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THE GIFT OF
J. I). WHITNEY,
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COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
I>ARI>-. - IMPRIMERIE DE GAUTlllEH-\ ILLARS, RIE DE SEINE-SAIMT-GERMAIIV, 10, WIÈS L INSTITUT.
COMPTES RENDUS
HEBDOMADAIRES
DES SÉANCES
DE L ACADÉMIE DES SCIENCES
PUBLIÉS,
CONFORMÉMENT A UNE DÉCISION DE L'ACADÉMIE
cat vake vu -i3 çmiue-t *835,
PAR MM. LES SECRÉTAIRES PERPÉTUELS.
-y— —
TOME SOIXANTE-CINQUIÈME.
JUILLET - DÉCEMBRE 1867.
PARIS
GAUTHIER- VILLARS , IMPRIMEUR-LIBRAIRE
DES COMPTES RENDUS DES SEANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SUCCESSEUR DE MALLET-BACHELIER,
(Juai des Augustins, 55
18G7
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE LACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI Ie' JUILLET 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMRRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Serret, en présentant à l'Académie le premier volume des OEuvres
de Lagrange, s'exprime ainsi :
« J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie le premier volume des OEuvres de
Lagrange, que je publie au nom de l'État, conformément à un Arrêté de
Son Excellence le Ministre de l'Instruction publique.
» Les importants Mémoires qui figurent dans ce volume intéressent à la
fois les Géomètres, les Astronomes et les Physiciens; en voici les titres :
» I. Recherches sur la méthode De maximis et minimis.
» IL Sur l'intégration d'une équation différentielle à différences finies,
qui contient la théorie des suites récurrentes.
» III. Recherches sur la nature et la propagation du son.
» IV. Nouvelles recherches sur la nature et la propagation du son.
» V. Addition aux premières recherches sur la nature et la propagation
du son.
» VI. Essai d'une nouvelle méthode pour déterminer les maxima et les
minima des formules intégrales indéfinies.
» VIL Application de la méthode exposée dans le Mémoire précédent à
la solution de différents Problèmes de Dynamique.
( 6 )
» VIII. Solution de différents Problèmes de Calcul intégral, avec une
application à la théorie de Jupiter et de Saturne.
» IX. Solution d'un Problème d'Arithmétique.
» L'impression des OEuvres de Lagrange a été confiée à M. Gauthier-
Villars; grâce à ses soins et à ceux de M. Bailleul qui s'est consacré presque
exclusivement à cette publication, nous avons pu atteindre, sous le rapport
de l'exécution typographique, à une perfection que l'Académie pourra
apprécier. »
« M. le Baron Charles Dupin, Doyen de la Section de Mécanique, exprime
la reconnaissance qu'éprouvent les géomètres français pour la magnifique
publication qui fait tant d'honneur aux soins éclairés de notre éminent
confrère M. Serret, aux presses de M. Gauthier-Villars, successeur de
M. Mallet-Bachelier, ainsi qu'au prote distingué M. Bailleul.
» Un pareil concours était réclamé parla mémoire d'un des plus grands
mathématiciens des temps modernes, qui fait rejaillir sur l'Académie des
Sciences une gloire immortelle.
» Les anciens élèves de l'Ecole Polytechnique se rappelleront toujours de
l'avoir eu pour professeur, et d'avoir entendu pour leçons sa théorie des
fonctions analytiques : théorie qui complétait, et j'oserais presque dire qui
démontrait Leibnitz et Newton, les inventeurs du calcul infinitésimal. »
paléontologie. — De l'ostéoc/raphie du Mesotherium et de .ses affinités
zoologiques. — Colonne vertébrale ; par M. Serres. (Première Note.)
« J'ai déjà entretenu l'Académie du Mesotherium, animal fossile recueilli
dans le limon des pampas aux environs de Buénos-Ayres, par M. Seguin,
voyageur très-intelligent et zélé pour la science. J'ai donné dans les Comptes
rendus, un aperçu sommaire de ses affinités zoologiques, en cherchant à lui
assigner sa place dans la classe des Mammifères. Ainsi que je l'ai avancé,
et comme une observation approfondie me l'a confirmé, le Mesotherium
est réellement un animal paradoxal, réunissant en lui plusieurs caractères
de différents ordres de Mammifères, et qui, au premier abord, ne paraît se
rattacher d'une manière certaine à aucun des groupes de cette classe.
Bravard, paléontologiste distingué, auquel on doit la première connaissance
positive de cet animal, frappé de i hétérogénéité de structure osseuse de cet
( 7 )
être singulier, l'avait nommé Typolherium, semblant indiquer qu'il consi-
dérait le genre auquel il appartient comme une forme entièrement à part et
constituant un type hors ligne.
» Nous n'avons pas été porté à partager cette manière de voir, et, de
prime abord, tout en reconnaissant dans l'animal qui nous occupe un être
d'une ambiguïté manifeste, nous avons jugé qu'on devait le considérer
comme un chaînon intermédiaire pouvant établir la liaison entre deux
ordres de Mammifères distincts, et, en raison de cette considération, nous
lui avons assigné le nom de Mesotherium.
» Nous avons incliné dès l'abord à voir dans cet animal un genre nou-
veau se rapportant plus particulièrement aux Rongeurs par un grand nombre
de détails d'organisation, un peu plus grand que le Cabiai, et présentant
quelques indices de transition aux Pachydermes. C'est pour justifier ce rap-
port zoologique, que nous nous sommes décidés à présenter avec détail l'os-
téographie de ce singulier animal des temps anciens (i).
» Colonne vertébrale. — On nomme rachis ou colonne vertébrale, une
série continue d'os courts, unis entre eux par une substance fibro-cartila-
gineuse intermédiaire, et renfermant dans leur canal la partie de l'axe
cérébro-spinal nommée moelle épiniêre. Pris en particulier, chacun de ces
os porte le nom de vertèbre.
» Quoique construites sur un type commun, les vertèbres diffèrent entre
elles selon la région du corps où elles se trouvent. De sorte qu'à la rigueur
il n'existe ni chez l'homme, ni chez les Mammifères deux vertèbres qui
soient identiques. C'est dans toute son exactitude l'expression de la loi de
la diversité dans l'unité.
» L'unilé typique des vertèbres, se décèle dans leurs formes géné-
rales. Ainsi on trouve à la région cervicale, dorsale et lombaire, le corps de
la vertèbre, portion considérable de leur ensemble, de forme cylindrique ou
ovalaire, épais, large, donnant attache en avant et en arrière aux fibro-
cartilagesqui occupent les espaces intervertébraux, plus ou moins convexe
en bas où se voit une espèce d'enfoncement transversal que bornent deux
rebords assez saillants et dans lequel sont divers trous nourriciers, plane ou
concave dans sa partie supérieure qui répond au canal rachidien et qui
offre aussi des trous nourriciers, dont deux plus volumineux, décèlent chez
l'animal adulte la dualité primitive de cette partie avant la disparition de la,
(i) Je suis secondé dans ce travail par M. le Dr Sénéchal, préparateur au Muséum, très-
savant en ostcologie comparée.
(8 )
corde dorsale. Ce corps vertébral, est continu sur les côtés avec le reste de
l'os, par une espèce de pédicule.
« Au-dessus du corps de la vertèbre, on observe cbez les Mammifères le
trou rachidien qui concourt à former le canal du même nom, et au-dessus
encore de ce trou, toujours dans la ligne médiane, se voit l'apophyse épi-
neuse saillante au-dessus de l'os; apophyse de forme et de direction va-
riées suivant les régions, et laissant entre elles et la suivante un intervalle
rempli par des muscles ou par des ligaments.
» On remarque sur chaque côté des vertèbres deux éminences articu-
laires : l'une antérieure, l'autre postérieure; une apophyse transverse et
une lame plus ou moins épaisse dont la réunion avec sa congénère consti-
tue l'apophyse épineuse. Sur chaque côté du pédicule on constate égale-
ment deux échancrures, l'une en avant assez superficielle, l'autre en
arrière toujours plus profonde, destinées à former les trous de conjugaison.
Un peu négligées par les anatomistes, ces échancrures pédiculaires sont de-
venues, comme on le sait, le type de la formation des trous dans les lois de
l'ostéogénie.
» En décrivant d'après cette méthode le rachis du Mesolherium, nous
indiquerons les différences et les particularités que les parties éprouvent
dans les diverses régions.
» Région cervicale. — Chez tous les Mammifères, les deux premières ver-
tèbres cervicales, l'atlas et l'axis, offrent des particularités qui leur sont
propres. Chez le Mesotheriwn, le corps de l'atlas forme un arc épais légère-
ment échancré en avant, se prolongeant un peu en arrière; sa hauteur me-
sure 4 centimètres. Il est convexe en bas ou en dehors et présente inférieu-
rement un vestige de tubercule. En haut et en dedans, le corps est concave,
et cette concavité forme la facette articulaire pour recevoir l'apophyse
odontoïde qu'elle embrasse avec une précision notable. J'ai montré dans les
lois de l'ostéogénie que, jusque vers la fin de la vie fœtale de l'homme, le
corps de l'atlas offrait une suture médiocre qui était la trace de sa dualité
primitive. Cette suture que j'ai déjà remarquée sur l'atlas du Glyplodon,
qui manque chez le Toxodon et le Scelidotherium, est si marquée chez le
Mesotheriwn, qu'elle traverse de part en part le corps de la vertèbre. L'éten-
due du trou rachidien constitue, chez tous les Mammifères, le caractère spé-
cifique de l'atlas; mais il est diminué, comme on sait, d'un tiers environ
par le ligament transverse qui délimite inférieurement la logeodontoïdienne.
L'arc supérieur, beaucoup moins épais que l'inférieur, présente en haut
un tubercule bifide, vestige rudimentaire de l'apophyse épineuse et termi-
(9)
naison de la suture des deux lames, plus marquée que celle du corps. Il
résulte de la permanence tardive de ces deux sutures, que l'atlas du Meso-
therium est divisé en deux moitiés parfaitement symétriques. Les facettes
articulaires antérieures sont profondes, large?, séparées en haut par la lar-
geur des lames, et beaucoup plus rapprochées en bas. Leur excavation
reproduit exactement la saillie des condyles occipitaux; les facettes articu-
laires postérieures sont larges, presque planes et dirigées un peu oblique-
ment en dehors. Les apophyses transverses, larges, très-fortes, sont échan-
gées en arrière; leur pédicule, large aussi, est fort, épais, et dans leur
écartement se trouve le trou vertébral plus évasé en avant qu'en arrière,
formant un très-petit canal direct, qui transperce la base de l'apophyse
transverse.
» L'apophyse odontoïde, est le caractère spécifique de Taxis. Dans cette
vertèbre, le corps est très-épais, surtout en arrière. Sa hauteur est de
23 millimètres; sa largeur dans sa partie moyenne, de 29 millimètres. En
arrière, il présente deux tubercules saillants destinés aux insertions muscu-
laires, et séparés l'un de l'autre par une rainure. Dans cette partie, il se
déjette manifestement en bas et en arrière. L'apophyse odontoïde qui le
surmonte antérieurement est conique, mesurant à sa base i5 millimètres
et longue de i3 millimètres. La face supérieure est moins haute que l'infé-
rieure, très-légèrement concave; elle offre en avant l'apophyse odontoïde
un peu inclinée en bas. A l'union du tiers postérieur avec les deux tiers
antérieurs, on y voit deux trous vasculaires très-rapprochés l'un de l'autre.
En arrière, la surface occupée par le fibro-cartilage est inclinée de haut en
bas, large et plane. Le trou rachidien est cordiforme ou triangulaire. L'apo-
physe épineuse verticale, haute, large, se termine supérieurement par un
boni arrondi. Elle est mince en avant et épaisse en arrière. Les pédicules
sont courts, larges et épais; leur échancrure superficielle en avant est,
au contraire, très-profonde en arrière. Les lames sont épaisses et con-
caves. Les apophyses articulaires supérieures, larges, convexes, sont très-
inclinées d'avant en arrière; les postérieures, dirigées dans le même sens,
sont très-concaves. Les apophyses transverses bien prononcées, presque
styloïdes, sont dirigées en arrière, et leur base est perforée par le trou ver-
tébral.
» Les cinq vertèbres cervicales qui suivent l'axis sont, moins l'apophyse
odontoïde, la répétition de celte vertèbre. Ainsi, dans toutes, le corps est
allongé transversalement plus qu'en tout autre sens. Dans la troisième et
C. R., 1867, Ie Semestre. (T. LXV, N° 1.) 2
( io )
la quatrième principalement, sa surface inférieure offre de chaque côté,
comme dans l'axis, un tubercule saillant dirigé en arrière et terminant une
crête oblique. Dans le milieu on remarque trois petites surfaces; la
moyenne pour le ligament vertébral antérieur, les deux latérales pour les
muscles longs du cou. La face supérieure du corps est presque plane, les
deux trous nourriciers sont faiblement marqués. Des deux surfaces où se
fixent les fibro -cartilages, l'antérieure, un peu échancrée en devant, est
légèrement bombée, un peu triangulaire dans la troisième; dans les quatre
suivantes elle est ovalaire, et à grand diamètre transversal; dans toutes, elle
est oblique d'avant en arrière. La postérieure, plane dans les trois pre-
mières, est légèrement excavée dans la sixième et surtout dans la septième.
Dans le centre de la sixième, on remarque un trou, traversant presque toute
l'épaisseur du corps; dans la septième il s'élève un peu moins haut. Ce trou
insolite, est évidemment la trace, sur ces deux vertèbres, du petit canal
qu'occupe primitivement la corde dorsale.
» Le trou rachidien est triangulaire, à angles arrondis et d'un diamètre
assez grand. Les apophyses épineuses étaient d'une dimension médiocre
dans les quatre avant-dernières vertèbres cervicales; dans la septième, elle
est, au contraire, très-développée et dirigée verticalement.
» Dans ces cinq vertèbres, les pédicules sont épais et très-bas; leur
échancrure antérieure est peu accusée, tandis que la postérieure est presque
convertie en trou. Les apophyses articulaires antérieures, sont planes, et
dirigées en haut et en dedans. Les postérieures, également planes, sont aussi
dirigées en sens inverse des précédentes. Dans la septième, elles deviennent
convexes et se relèvent du côté de leur bord externe. A la base des lames
et entre les apophyses antérieures et postérieures, on observe une éminence
tuberculeuse, qui est le rudiment de l'apophyse sus-articulaire que nous
venons de voir extrêmement prononcée dans les autres régions.
» Les apophyses transverses, sont presque styloïdes et dirigées en arrière,
dans la première et dans la seconde vertèbre cervicale; elles deviennent
graduellement de plus en plus larges, delà troisième à la sixième, en même
temps qu'elles se dirigent transversalement, et se renforcent à leur extré-
mité Dans la sixième, cette apophyse est extrêmement forte, et dirigée en
bas. Le trou de l'artère vertébrale est assez marqué. Ce trou manque dans
la septième vertèbre cervicale, dont l'apophyse transverse, considérable-
ment décrue par rapport à la précédente, se présente comme une petite tige
renforcée à son extrémité; sa direction est transversale.
» Région dorsale. — Les vertèbres dorsales, sont au nombre de quatorze.
( "I )
Leur corps, décroît d'une manière assez rapide, de la première à la dernière.
Leur face inférieure est légèrement convexe, etpourvue décrètes et de tubé-
rosités d'insertions musculaires dans les deux premières. Dans la seconde, on
voit commencer une crête médiane, qui s'accuse et devient plus pro-
noncée dans les suivantes jusqu'à la fin de la région. Les faces latérales,
surtout vers la fin de ce groupe vertébral, sont légèrement déprimées; d'où
il résulte que, dans toutes les vertèbres dorsales, le diamètre vertical l'em-
porte, relativement plus que dans la région cervicale, sur le diamètre trans-
versal. Les facettes articulaires costales sont Irès-prononcées, et disposées
pour emboîter exactement la tété des côtes. La face supérieure se creuse un
peu, de la cinquième vertèbre dorsale à la treizième; elle est plane dans la
quatorzième. La face antérieure est légèrement convexe, dans toute la
région; sa forme est carrée dans la seconde; dans les suivantes, jusqu'à la
douzième, elle prend un aspect triangulaire; dans les dernières elle s'ar-
rondit. Dans les quatre premières vertèbres dorsales, on remarque un léger
enfoncement central, dernier vestige du trou de la corde dorsale, que nous
avons précédemment signalé. La face postérieure, à peine excavée dans les
trois premières vertèbres, est exactement plane dans toutes les autres; son
tracé, irrégulièrement ellipsoïde dans les trois premières, se rapproche de
la forme triangulaire dans les autres.
» Le canal rachidien est nettement triangulaire, dans les trois premières
vertèbres dorsales; dans les autres il est de même forme, mais plus petit et
comme un peu comprimé. Son diamètre est au minimum de développe-
ment dans le milieu de la région, et partout il est très-inférieur au dévelop-
pement qu'il offre dans la partie cervicale.
» Les apophyses épineuses sont longues, très-fortes et prismatiques dans
les sept premières vertèbres dorsales; après celles-ci, elles tendent à deve-
nir quadrilatères, et elles le deviennent de plus en plus en s'accourcissant
graduellement jusqu'à la fin de la région. De la première à la douzième
vertèbre dorsale, ces apophyses sont inclinées en arrière; dans la treizième
et la quatorzième surtout, elles sont verticales. Comme dans la région pré-
cédente, les pédicules sont également larges et très-épais; les échancrures
antérieures et postérieures sont à peu près égales dans la première. Les
apophyses articulaires antérieures, sont très-étendues et redressées fortement
du côté de leur bord externe ; dans toutes les suivantes elles sont planes, à
peu près exactement horizontales, et un peu relevées en haut à leur partie
postérieure. Les apophyses articulaires postérieures, longues, à grand dia-
mètre antéro-postérieur, sont bien séparées l'une de l'autre, un peu dépn-
2..
( 12 )
niées transversalement. On remarque dans plusieurs vertèbres dorsales une
inégalité très-notable dans l'étendue de ces apophyses. L'éminence articu-
laire est très-prononcée, mais tuberculeuse jusqu'à la onzième vertèbre
dorsale; dans la douzième, cette apophyse s'élève sensiblement, et dans les
deux dernières elle se convertit brusquement en une large languette osseuse
dirigée en haut et un peu en avant; elle est également un peu contournée
en dedans à son extrémité. Excepté dans la dernière et l'avant-dernière
vertèbre dorsale, où elles forment un pédicule bien distinct et dirigé en
dehors, les apophyses transverses très-peu développées se confondent dans
une sorte de masse commune avec le pédicule et l'éminence sus-articulaire.
La facette costale est très-prononcée et concave dans la première vertèbre,
dans la deuxième et un peu dans la troisième; dans les vertèbres dorsales
suivantes, elle est plane et ovalaire. Les lames vertébrales, dans cette région,
sont courtes et épaisses.
» Région lombaire. — Cette région, se compose de huit vertèbres. La
face inférieure des corps vertébraux, est fortement creusée en gouttière
dans le sens transversal; on y remarque une crête mousse antéro-posté-
rieure. La face supérieure est plane. Les faces antérieures et postérieures
sont arrondies, planes et coupées verticalement. Le canal rachidien est
arrondi, et plus large que dans la région dorsale. Dans les six premières
vertèbres lombaires, les apophyses épineuses sont tout à fait quadrilatères,
à peu près exactement de même hauteur et de même largeur entre elles,
renforcées à leur bord supérieur, principalement en arrière, et légèrement
inclinées dans ce sens; dans les deux dernières vertèbres, l'épine est un
peu moins large et plus haute que dans les précédentes, et leur sommet
est arrondi. Les pédicules sont extrêmement larges, mais peu épais. Les
gouttières postérieures sont très-développées par rapport aux antérieures.
Les apophyses articulaires antérieures, sont presque planes clans la première
vertèbre lombaire; elles sont disposées en gouttières dirigées d'avant en
arrière dans toutes les autres. Les apophyses articulaires postérieures, sont
demi-cylindriques, débordant à peine la base de l'apophyse épineuse.
Quant aux apophyses sus-articulaires, elles sont disposées en longues lan-
guettes osseuses, comme à la fin de la région précédente, mais elles sont
d'une dimension plus forte; celles de la partie moyenne de la série lom-
baire portent trois tubercules, dont deux antérieurs, à leur extrémité. Les
apophyses transverses sont planes, assez longues à leur base; elles sont
un peu rétrécies à leur partie moyenne, renforcées à leur extrémité, et
dirigées légèrement en bas et en avant. Les lames, très-larges, sont médio-
crement épaisses.
( '3 )
» Sacrum, — - Le sacrum est très-long et paraît composé de neuf ver-
tèbres, qui sont extrêmement fusionnées entre elles. Il est encore plus
abaissé à son extrémité postérieure, que clans les Agoutis et leCabiai. 11 donne
appui en avant à l'iliaque, par les deux premières vertèbres sacrées, et un
peu par la troisième par ankylose; mais, comme dans les Edentés et dans
quelques Marsupiaux, on voit l'ischion, se souder d'une manière très-intime
avec une vertèbre sacrée, la septième. Cette soudure s'accomplit, toutefois,
avec des circonstances remarquables; car on observe qu'elle a lieu du côté
du sacrum par des rudiments, reparaissant dans cette partie, des apophyses
sus-articulaires et transverses de la région vertébrale précédente, disposition
qui détermine l'existence d'un trou complet dans le point d'appui et de
fusion du sacrum et de l'ischion.
» La première vertèbre sacrée est très-distincte par la moitié de sa partie
antérieure; elle montre encore son apophyse sus-articulaire assez saillante,
évidée du côté antérieur et renflée à son extrémité. Le canal rachidien est
médiocre; il présente une très-longue étendue en avant; il est largement
ouvert, mais en arrière il est extrêmement atténué et réduit à un canal
très-étroit. La crête présente une série de renflements très-marqués, sur-
tout à la partie moyenne, qui indique le nombre des apophyses épineuses
conjuguées. Le bord latéral, décroissant en largeur d'avant en arrière
entre les points fixes, offre une ligne alternative mince et légèrement renflée.
« Récjion coccygienne. — Nous n'avons pu la juger que par quatre ver-
tèbres, dont deux incomplètes, les seules qui se trouvassent dans le sque-
lette que nous décrivons. Ces vertèbres, qui ne se suivent pas en série
continue et dont il manque les intermédiaires, montrent que la queue du
Mesolherium était très-courte et que les segments étaient rapidement dé-
croissants. Nous portons à huit le nombre de ces segments. Les trois pre-
miers présentaient un canal rachidien, avec des rudiments d'apophyses
dégénérés en tubercules et non susceptibles de s'articuler entre eux. Dans
les autres, toute trace de canal, ainsi que l'apophyse épineuse, ont disparu,
et il ne reste plus que des vestiges des apophyses latérales sous forme de
tubérosités.
MESURES DES DIFFÉRENTES PARTIES DES VERTÈBRES.
Atlas.
m
Largeii r transversale o , 1 1 o
Hauteur verticale o ,c*4o
Largeur de l'aire inférieure o,oa3
Epaisseur du même arc 0,01 1
( '4 )
Hauteur du trou rachidien, mesuré en avant 0,026
Largeur transversale du même trou 0,024
Largeur de l'aire supérieure 0,020
Épaisseur du même arc immédiatement en arrière de ses tubérosités 0,004
Longueur de l'apophyse transverse 0,026
Longueur de la même apophyse à sa partie moyenne o ,o36
Largeur transversale d'une facette articulaire antérieure 0,026
Largeur transversale d'une apophyse articulaire postérieure 0,022
Axis.
m
Largeur transversale d'une extrémité à l'autre des apophyses transverses 0,070
Longueur de l'extrémité de l'apophyse odontoïde à la face postérieure du corps. . . o,o5o
Hauteur de la face postérieure du corps • 0,020
Largeur transversale du corps 0,029
Largeur du canal rachidien, mesurée en arrière o,023
Hauteur du même canal, prise au même point 0,017
Hauteur de l'apophyse épineuse o ,027
Largeur transversale de la facette articulaire antérieure 0,022
Hauteur de l'apophyse odontoïde o,oi3
Largeur de l'apophyse odontoïde à sa base o,oi5
Longueur de l'apophyse styloïde : 0,020
Cinquième dorsale.
m
Hauteur du corps 0,020
Longueur de la même partie o ,025
Largeur transversale, mesurée en arrière et y comprenant les facettes costales. . . . o,o45
Longueur de l'apophyse épineuse o,o65
Largeur du trou rachidien 0,018
Hauteur du même trou o ,014
Huitième lombaire.
m
Largeur transversale du corps o ,037
Hauteur de la même partie 0,020
Largeur du trou rachidien 0,018
Hauteur du même trou o,oi3
Hauteur de l'apophyse épineuse o,o3o
Largeur de la même apophyse o ,o3o
Longueur de l'apophyse épineuse o,o34
Quatrième coccygienne.
m
Hauteur 0,018
Largeur o,o36
Épaisseur 0,017
» Considérations générales. — De la considération des os de la colonne
( i5 )
vertébrale en particulier, dérivent certaines dispositions générales, que nous
devons brièvement indiquer, De même que chez tous les Mammifères,
cette colonne décrit, chez le Mesollierium, une courbure générale dont la
concavité est en bas, et la convexité en haut. De plus, diverses inflexions
s'y rencontrent; ainsi, à la région cervicale, l'épaisseur plus marquée des
corps vertébraux en bas qu'en haut, produit une convexité marquée dont
la disposition favorise le support de la tète, et, au contraire, l'épaisseur in-
verse du corps des vertèbres de la région dorsale, donne naissance à une
concavité qui règne dans toute sa longueur, et qui s'affaiblit en arrière, où
commence une convexité nouvelle, correspondant à la région lombaire,
dans laquelle les corps vertébraux, reprennent la disposition qu'ils ont à la
région cervicale. Enfin la concavité de la région dorsale, reparaît an sacrum
et finit en mourant aux vertèbres caudales.
» Quatre courbures en sens opposé, se rencontrent à la partie supérieure
de la colonne vertébrale. Leur disposition dépend, évidemment, de l'inéga-
lité d'élévation des apophyses épineuses.
» D'après la disposition du canal rachidien, il est évident, aussi, que la
moelle épinière était chez le Mesotherium plus volumineuse à la région
cervicale que dans la région dorsale, puis, qu'elle se renflait de nouveau à
la région lombaire, pour diminuer graduellement ensuite jusqu'à la région
caudale.
a Tout se tient, et se suit, dans l'admirable organisation des animaux. Si
les dimensions du canal rachidien, nous permettent de déterminer avec-
quelque certitude, celles de la moelle épinière dans les diverses régions ver-
tébrales, celle-ci à son tour, nous conduit à établir le volume que devaient
avoir chez le Mesotherium les nerfs qui en provenaient. Ainsi les nerfs cer-
vicaux, dont la destination principale est d'aller constituer le plexus ner-
veux du membre antérieur, devaient avoir une dimension plus forte que
ceux de la région dorsale, qui ne se portent que dans les muscles inter-
costaux et rachidiens; et de même, les nerfs de la région lombaire, destinés
aux muscles du membre postérieur, devaient acquérir une dimension pro-
portionnée à celle de ce membre. Enfin la dimension des nerfs sacrés, devait
être en rapport, avec celle des muscles dans lesquels ils allaient se dis-
tribuer.
» Les ganglions intervertébraux, devaient présenter les mêmes inégalités
de développement. Volumineux au cou, ils devaient s'amoindrir au dos,
se renfler aux lombes, et s'affaiblir de nouveau dans la région du sacrum.
» Tous ces rapports, se déduisent nécessairement les uns des autres, et la
( i6)
considération des inégalités d'ouverture des trous de conjugaison, leur
donne une certitude anatomique. Dans mon ouvrage sur l'anatomie com-
parée du cerveau, j'ai démontré, par l'observation directe, la solidarité
entière de toutes ces parties, et leur assujettissement à l'axe nerveux d'une
part, et d'autre part à l'anneau du segment vertébral qui leur correspond.
Ainsi dans le cou l'anneau que forme la vertèbre est plus grand qu'au dos;
il s'agrandit de nouveau aux lombes, et décroît ensuite graduellement dans
la région sacrée et dans la région caudale. D'où il suit, comme règle géné-
rale chez les Mammifères, que ce qui est vrai pour un segment de la moelle
épinière, pour les vertèbres qui le revêtent et ses dépendances, est égale-
ment exact, pour tous les segments, pour toutes les vertèbres et pour toutes
les parties qui les environnent. C'est exactement ce que reproduisent, les
considérations des anneaux vertébraux du Mesotlierium. Mais ce qui se
reproduit aussi d'une manière rigoureuse sur cet animal des temps anciens,
ce sont les inégalités d'ouverture des trous de conjugaison. Dans les lois de
l'ostéogénie, j'ai décrit avec détail le mécanisme de la formation de ces trous,
et j'ai montré comment, de la superposition des deux échancruresdes pédon-
cules vertébraux, résulte une ouverture dont chacun d'eux fournit un des
éléments. J'ai montré ensuite que le diamètre de ces trous, est dans un rap-
port direct, avec l'évasement et la profondeur de ces échancrures. D'où il
suit, comme conséquence immédiate de ce fait, que chez tous les Mammi-
fères, la plus grande dimension des échancrures des pédoncules dans les
régions cervicales et lombaires, explique la grandeur des trous de conju-
gaison, et leur faiblesse dans les régions dorsale et sacrée rend raison de
leur étroitesse relative. C'est exactement, ce que nous ont montré les
inégalités de ces trous, dans le squelette du Mesotherium. Or les trous de
conjugaison servant de couvercle aux ganglions intervertébraux, il s'ensuit
que leur ouverture, donne la mesure exacte de la grosseur de ces ganglions.
Un trou insolite existe chez le Mesotlierium à la partie postérieure du sa-
crum et, conformément à cette règle générale, sa formation résulte de la
fusion des rudiments des apophyses transverses, avec le bord interne de
l'ischion.
» Il en est de même des cavités articulaires ; deux pièces au moins se
réunissent pour concourir à leur formation : or, chez le Mesotherium, la
cavité articulaire de l'atlas, et plus manifestement encore, celles destinées à
recevoir la tète des côtes, nous ont donné la confirmation de cette règle.
» Pour la détermination des éléments osseux du squelette, l'ostéogénie
est obligée de recourir à l'étude comparative du fœtus des animaux. Or les
( «7 )
ossements fossiles ne nous offrant cet organisme qu'à son état adulte, il en
résulte que nous serions privés, chez eux, de cette connaissance, si une autre
règle ne nous venait en aide pour arriver à cette détermination. Cette
règle est celle de la solidescence. Chez les animaux adultes vivants, la par-
tie la plus solide des os, est toujours celle par laquelle a commencé leur
ossification. D'où il suit que sur les os composés, leur différence de densité
indique les points précoces ou tardifs de leur manifestation. Cette règle,
appliquée au Mesotherium, nous montre avec évidence que l'ossification
commençait, comme chez tous les Mammifères, par les masses latérales
des vertèbres, et ne se manifestait qu'en second lieu, sur les corps de ces
mêmes os.
» Faisons remarquer à ce sujet, toute l'importance pour la paléontologie
de cet accord, dans les temps anciens et présents, des lois qui président à
la formation des organismes dans les deux ordres d'animaux. Le plan est
le même, l'exécution est semblable, il n'y a de différente que la différence
des êtres dont les uns ont disparu, pour faire place à d'autres, qui leur ont
succédé. »
ANATOMIE végétale. — Des vaisseaux propres dans les Térébenthinées;
par M. A. Tréccl.
« Dans les plantes de ce groupe j'ai trouvé les vaisseaux propres de la
tige : i° dans l'écorce seulement (Rluts aromatica, suaveolens, Cotinus, coria-
ria, virens; Pistacia vera , Lentiscus ; Schinus molle); i° dans l'écorce et la
moelle à la fois (Rhus toxicodendrpn, typhina, glauca, elegans, semialata);
3° dans la moelle seulement [Ailanlus glanclutosa, Brucea ferrurjinea) ;
/|° dans l'écorce, le bois et la moelle (Rhus viminalis). Les racines quejJai
examinées ne m'ont présenté de vaisseaux propres que dans l'écorce.
» Dans ma communication du 6 mai, j'ai dit que dans les jeunes racines
de 1' ' Aralia edulis les premiers vaisseaux propres apparaissent vis-à-vis des
premiers rayons médullaires. Il n'en est pas de même dans les Rhus toxico-
dendron, aromaliea, Colinus, eleqans, Pislacia vera, etc. Le corps ligneux de
leurs racines, d'abord divisé en quatre, cinq ou six faisceaux primaires par
autant de rayons médullaires, n'offre dans l'écorce qu'un vaisseau propre
opposé au milieu de chaque faisceau fibrovasculaire (i). Dans des racines
(i) Pour faciliter l'observation, on ioclera les préparations. L'amidon des ravons médul-
laires étant bleui, la position relative des parties sera plus marquée.
C. R., 1867, i' Semestre. (T. LXV , N° 1.) 3
( i8 )
un peu plus âgées des Riais toxicodendron et Cotinus il existait en outre,
dans l'écorce interne, deux vaisseaux propres vis-à-vis de chaque faisceau
primaire, un pour chaque moitié de celui-ci. Dans une racine de 8 milli-
mètres de diamètre du Pistacia vera il y avait de ces laticifères sur trois
lignes concentriques. Ceux du cercle le plus externe étaient opposés aux
faisceaux primaires; ceux du deuxième cercle l'étaient aux faisceaux secon-
daires; ceux du troisième cercle correspondaient aux faisceaux tertiaires,
mais il n'y en avait pas vis-à-vis de tous ces derniers faisceaux. Dans une
racine de 25 millimètres de diamètre, les vaisseaux propres étaient sur six
plans différents. Ceux des quatre plans externes, mêlés aux groupes de
fibres du liber, n'accusaient pas de lignes concentriques. Ceux de l'écorce
la plus interne se montraient seuls rangés suivant une ligne circulaire ou
suivant deux telles lignes concentriques çà et là interrompues. Une racine
de Rhus elegans, de 8mm, 5 de diamètre, avait ses vaisseaux propres les plus
externes épais, mais son écorce interne en présentait sur quatre lignes cir-
culaires plus ou moins étendues. Dans une racine plus âgée, de i5 milli-
mètres de diamètre, les vaisseaux propres, sur six à sept plans différents,
n'étaient manifestement en ligne circulaire que dans le plan le plus interne.
Ces vaisseaux propres des racines se montrent fréquemment anastomosés
sur des coupes tangentielles. J'y ai même vu des réticulations dans les
racines des Pistacia vera, Rhus toxicodendron, aromatica; mais les plus beaux
réseaux m'ont été donnés par les racines du Rhus elegans.
» La racine du Ptelea trifoliata ne contient pour tous vaisseaux propres
que des cellules isolées, éparses, pleines d'oléorésine, et semblables par
leur forme, leur dimension, l'épaisseur de leur membrane, aux cellules
environnantes, qui sont remplies d'amidon. Dans la tige au contraire,
l'oléorésine est contenue dans des cavités globuloïdes ou elliptiques qui
ont transversalement de omiD,6 à omm, 23 sur o™,io, et longitudinalement
oram,io sur omm,o6 à oram, 25 sur omm,n. Elles sont dépourvues de mem-
brane propre, et entourées de quelques rangées de cellules comprimées.
Ces organes de la tige, décrits par M. de Mirbel, sont situés dans le paren-
chyme vert externe.
» La tige des Zanthoxylum Pterota et fraxineum offre des organes de
même nature, et pleins aussi d'oléorésine. Ces plantes possèdent en outre,
dans leur écorce sous-libérienne, des cavités analogues, mais oblongues et
remplies de globules d'oléorésine qui ont de omm,ooi à omm,oi5. Ces der-
nières cavités ont omm,o5 à omm,i2 de long sur o,um,oi à omm,o4 de large,
et sont plus nombreuses que celles de l'écorce externe. Il continue d'ail-
( '9 )
leurs de s'en former, à mesure que l'écorce interne s'accroît, dans un
rameau de deux ans de Z. Pterota par exemple.
» Dans la tige des Rhus, Pistacia, Schinus, etc., les vaisseaux propres de
l'écorce ne sont jamais extralibériens. Les premiers apparaissent dans les
faisceaux corticaux eux-mêmes, à peu près en même temps que les tra-
chées au côté interne du faisceau. Ils se montrent d'abord, au moins dans
les faisceaux principaux, vus sur des coupes transversales, sous la forme
de fentes linéaires d'abord sans suc propre, étendues radialement et bor-
dées d'une rangée de cellules beaucoup plus larges que les environnantes.
De ces cellules limitantes plus larges les accompagnent à tous les âges, car
à l'état parfait ces vaisseaux propres ont ordinairement pour paroi, sinon
toujours, des utricules plus grandes que les cellules comprimées qui for-
ment autour d'elles plusieurs rangées. Dans les faisceaux les plus petits de
quelques espèces, ces vaisseaux propres externes commencent par une
courte ligne noire sinueuse, environnée aussi de plus larges cellules. Cette
ligne ou fente, par l'écartement des parois, devient un méat irrégulier si la
ligne était courte et sinueuse, ou semblable à une boutonnière un peu ou-
verte si la fente était droite et plus longue. Cette ouverture se remplit de
suc propre bien avant d'avoir atteint la largeur des cellules qui la bordent,
ce qui paraît exclure toute idée de destruction utriculaire.
» Ces premiers développements s'observent surtout avec facilité dans le
Rhus toxicodendron, qui donne aisément des coupes très-nettes. L'évolution
des vaisseaux propres de la moelle de cette plante conduit aussi à la même
conclusion. Il se forme d'abord un petit groupe de cellules plus étroites
que les autres utricules médullaires, puis une courte fente sinueuse appa-
raît vers le milieu du groupe; elle s'élargit un peu, montre du suc propre
à globules très-ténus avant d'avoir acquis la largeur des cellules margi-
nales. L'ouverture, d'abord irrégulière, grandit, et un canal de largeur
variable en résulte; mais il est limité par les cellules les plus étroites, et
non par de plus larges, comme le sont celles qui bordent les premiers vais-
seaux propres de l'écorce des Pistacia vera, Rhus aromalica, etc. Toutefois,
ces vaisseaux propres de l'écorce, dans quelques espèces surtout, ne sont
pas toujours entièrement bordés par des cellules plus larges; il n'en existe
parfois que sur une partie de leur pourtour. Alors ces plus grandes cel-
lules sont saillantes dans la cavité, mais celle-ci se régularise en avançant
en âge.
» Ces vaisseaux propres corticaux primaires, comprimés parallèlement
au rayon dans l'origine, sont presque toujours déprimés dans le sens op-
3..
( 20 )
posé après leur parfait développement. Chacun d'eux est placé sous un
faisceau arqué de fibres du liber épaissies dans le rameau de l'année, ainsi
que l'a figuré M. de Mirbel dès 1808 pour les Rhus typhina et semialala.
v A mesure que l'écorce interne s'accroît en épaisseur, il y naît des vais-
seaux propres en quantité variable suivant les espèces, et ils y sont d'abord
fréquemment disposés en cercles avec plus ou moins de régularité, ou sur
des portions de circonférence plus ou moins étendues; mais plus tard,
l'élargissement de l'écorce détruisant Tordre primitif, ils paraissent épars.
Ces vaisseaux de l'écorce interne se montrent anastomosés en réseau paral-
lèlement à la circonférence de la tige dans diverses plantes (Schinus molle,
Rhus semialala, viminatis, elegans, glauca, virens, coriaria). L'une des plus
favorables pour l'étude de ces réticulations est le Rhus typhina, d'après
lequel M. Lestiboudois les a décrites en 1 863 (Comptes rendus, t. LVI,
p. 821). D'autres espèces, tout en présentant assez souvent des anasto-
moses, ne laissent apercevoir que très-rarement des mailles (Pislacia vera,
Lentiscus).
» Parmi les plantes qui possèdent des vaisseaux propres dans l'écorce
et dans la moelle, la plus remarquable sous ce rapport est le Rhus semialala,
qui m'a offert 58 de ces vaisseaux au voisinage de l'étui médullaire. Dans
le Rhus typhina j'en ai vu jusqu'à 25 dans la même position ; mais dans les
Rhus viminatis, glauca, elegans, ils y sont plus rares. Dans le Rhus viminatis,
je n'en ai vu que de 5 à 12, très-irrégulièrement distribués dans la moelle.
L'un d'eux est opposé au faisceau médian de la base de chaque feuille, et,
quand il se ramifie, la coupe transversale peut en présenter deux ou même
trois dans le plan radial ; les autres sont épars dans la moelle. Le Rhus glauca
montre aussi quelque variation à cet égard : tantôt il existe un seul vais-
seau propre dans la moelle, et il est vis-à-vis du faisceau médian de la feuille
voisine; tantôt il en offre deux opposés dans la même situation. D'autres
fois il y en a un opposé au faisceau médian d'une autre feuille voisine, et
dans quelques coupes vis-à-vis d'un troisième et d'un quatrième faisceau. Au
contraire, vis-à-vis de certaines feuilles, il n'en existe pas du tout, bien que
plus bas on en observe encore. Un rameau de deux ans m'a fait voir vis-
à-vis du faisceau médian des anciennes feuilles tantôt un seul vaisseau
propre, et tantôt, en opposition avec des feuilles plus élevées, jusqu'à trois
et même cinq vaisseaux propres. Le Rhus elegans est non moins singulier.
Deux rameaux de l'année, longs, l'un de 4 centimètres, l'autre de io, ne
montraient dans la moelle, sur les coupes transversales, qu'un seul vais-
seau propre opposé au faisceau médian de la feuille voisine. Un autre ra-
( 21 )
meau plus vigoureux avait un vaisseau propre vis-à-vis de chacun des trois
faisceaux qui allaient à la feuille examinée, et aussi vis-à-vis des trois fais-
ceaux de la feuille qui venait après, et même vis-à-vis de plusieurs autres
faisceaux. Un autre rameau long de 19 centimètres avait, vis-à-vis du fais-
ceau médian de chacune des cinq feuilles supérieures, deux vaisseaux
propres opposés suivant le plan radial : le plus interne était le plus grand,
comme c'est l'ordinaire dans ce cas. Ce qui est remarquable, c'est qu'il
n'existait plus de vaisseaux propres dans la moelle, dans tout le rameau
au-dessous de la cinquième feuille, et dans un autre rameau au-dessous
de la septième. Dans le Rhus toxicodendron, les vaisseaux propres sont
épars irrégulièrement dans le parenchyme médullaire, et leur nombre a
varié de 3 à 12. Pendant leur développement dans de jeunes rameaux, je
n'en ai quelquefois pas observé sur certaines coupes transversales, et pour-
tant j'en trouvais dans des coupes prises plus haut et plus bas; néan-
moins j'ai vu de ces canaux anastomosés entre eux dans des rameaux plus
âges.
» Les vaisseaux propres peuvent être au nombre de 4o à 60 à la péri- •
phérie de la moelle de ÏÀilanlus glandulosa. Ils sont situés entre la parlie
saillante des faisceaux trachéens, où ils commencent avec l'apparence de
méats très-irréguliers dans leur section transversale et suivant leur lon-
gueur. Dans le Brucea femiginea les vaisseaux propres occupent une posi-
tion semblable autour de la moelle. Leur largeur variait, sur une même
coupe transversale du rameau, depuis l'aspect d'une simple fente jusqu'à
omm,35 sur omm,20 d'ouverture (le grand diamètre est ordinairement paral-
lèle aux rayons de la tige). La largeur d'un même vaisseau est souvent
aussi très-différente à des hauteurs diverses, et l'une des extrémités de la
partie dilatée est quelquefois le point de jonction de deux branches, tandis
que l'autre extrémité peut s'atténuer au point de sembler se terminer en
cône, ou en tube grêle, ou en une fente plus ou moins étroite comme
celles que je viens de signaler.
» Les Rhus semialata, viminalis, ylauca, typhina m'ont fait voir la commu-
nication des vaisseaux propres de la moelle avec ceux de l'écorce à travers
l'espace laissé libre dans le corps ligneux par l'écartement des faisceaux
qui vont aux feuilles. J'ai dit précédemment qu'il existe souvent un vais-
seau propre opposé au faisceau médian de chaque feuille du Rhus glauca,
et que ce vaisseau se ramifie vis-à-vis de l'aisselle de la feuille. Dans ce cas,
une des branches suit le faisceau médian de celle-ci, tandis que l'autre
branche plus forte monte plus haut et se bifurque de nouveau : la plus
{ 22 )
faible branche passe dans l'écorce, s'étend au-dessous du bourgeon où elle
se ramifie; l'autre branche au contraire continue de se prolonger par en
haut dans la moelle. Le Rhus semialala m'a offert à la fois sur la même
coupe transversale jusqu'à 4 vaisseaux propres allant de la moelle dans
l'écorce. Il y en avait deux quelquefois dans un même passage intraligneux
latéral, un de chaque côté, et dans l'autre passage latéral un vaisseau propre
venant de la moelle se bifurquait au milieu, d'où ses deux branches arri-
vaient dans l'écorce. Là, dans l'aisselle de la feuille, les laticifères présen-
tent de fréquentes anastomoses. Dans le Rlms viminalis, on trouve souvent
plusieurs vaisseaux propres de la moelle réunis en réseau vis-à-vis de l'inser-
tion de la feuille. Ils y subissent fréquemment, par la destruction de cel-
lules environnantes, des élargissements qui atteignent jusqu'à omm,5o
sur oIura,25, d'où partent plusieurs branches dans des directions diffé-
rentes. Les réticulations de ces vaisseaux propres se continuent même
dans le passage intraligneux médian, et les branches qui en émanent sont
en relation avec les vaisseaux de l'écorce, de la feuille et du bourgeon.
» Ce Rhus viminalis m'a fourni un cas bien digne de fixer l'attention des
phytotomistes. J'y ai trouvé de ces vaisseaux propres dépourvus de mem-
brane, passant de l'écorce dans le bois, comme dans les plus beaux
exemples de laticifères munis d'une membrane particulière. Par des coupes
radiales on obtient souvent des vaisseaux propres qui, verticaux dans
l'écorce, à des profondeurs diverses, se courbent à angle droit et pénètrent
dans le bois en suivant les rayons médullaires. Ailleurs, c'est un vaisseau
vertical aussi, qui émet latéralement, et de même à angle droit, une branche
parfois plus large que lui, laquelle entre dans le corps ligneux. J'ai même
vu un de ces vaisseaux horizontaux du bois qui, dans l'écorce, traversait
en croix un autre vaisseau propre vertical, puis, un peu rétréci, allait se
terminer plus à l'extérieur dans une partie élargie, qui devait être un point
d'union avec un autre laticifère. Ce qu'il y a de singulier, c'est que ces
vaisseaux, dont il y a quelquefois deux dans le même rayon médullaire,
ne communiquent pas avec ceux de la moelle. Par conséquent, en relation
avec le bois et l'écorce seulement, ils ne sont pas destinés à faire commu-
niquer les laticifères de l'écorce et de la moelle, comme on a pu le croire
pour ceux que j'ai décrits antérieurement, en parlant des laticifères à mem-
brane propre du Figuier, des Dorstenia, du Beaumonlia, etc. Ils ne peuvent
avoir pour objet (ainsi que ces laticifères des Euphorbes, qui, partant de
l'écorce, décrivent une courbe dans le bois et reviennent à l'écorce) que de
mettre les vaisseaux propres de cette écorce en relation avec le corps
( 23 )
ligneux. Ces vaisseaux transverses ne paraissent pas exister dans le bois des
rameaux de première et de deuxième année de ce Rhus. Je ne les ai vus
apparaître que dans les rameaux de trois ans, et ils sont plus nombreux dans
les branches de quatre et de cinq ans.
» Le nombre des faisceaux qui passent de la tige dans la feuille est de
trois dans les Rhus virens, elegans, viminaiis, Schinus molle, etc., de sept dans
le Rhus typhina, etc. Chaque faisceau possédant un vaisseau propre dans sa
partie corticale, il importerait de décrire ici la distribution des faisceaux
dans le pétiole pour connaître celle des laticifères dans cet organe, mais
l'espace ne me permet pas d'aborder en détail une telle description. Je dirai
seulement que ces faisceaux disposés en arc, isolés comme d'ordinaire, et
dépourvus de fibres du liber très-épaissies dans la base renflée du pétiole,
s'y multiplient par division (i). Leurs ramifications se rangent, les unes sur
la corde de l'arc, vers la face interne du pétiole, les autres entre les faisceaux
primaires. Tous ces faisceaux complètent la zone ligneuse pétiolaire. Dans
cette zone, les vaisseaux propres sont situés au-dessous des fibres du liber
épaissies de chacun des faisceaux, au moins des principaux. Le Rhus
semialata a de plus, sur le côté interne médullaire de ses plus gros faisceaux,
un, deux et trois vaisseaux propres, qui ont jusqu'à omm, o65 de largeur.
Il est à peine nécessaire de dire que Y Ailantus glandulosa et le Bruceafer-
ruginea, qui n'ont pas de vaisseaux propres dans l'écorce des rameaux,
n'en offrent pas davantage dans celle du pétiole.
» Dans la moelle du pétiole du Brucea en particulier, il y a un et souvent
deux vaisseaux propres entre la partie saillante des faisceaux vasculaires.
Le pétiole de Y Ailantus a une structure plus compliquée. Des sept à neuf
faisceaux qu'il reçoit du rameau, il en naît un assez grand nombre qui pro-
duisent, outre la zone fibrovasculaire normale, en dedans de laquelle sont
des vaisseaux propres, une zone de faisceaux ligneux intramédullaire, très-
irrégulière, avec d'autres faisceaux épars dans la moelle qu'elle enserre, et
quelques vaisseaux propres. Tout ce système intramédullaire se dégrade
insensiblement vers le haut du rachis.
» Vers la base de la nervure médiane de chaque foliole de Y Ailantus, le
système fibrovasculaire forme trois arcs : l'inférieur, qui est le plus grand,
est ouvert vers la face supérieure, et a deux vaisseaux propres dans sa région
(i) Sans savoir qui le premier a signalé la division des faisceaux à la base du pétiole, je
crois devoir rappeler cpie j'en ai parlé dès 1846 [Jnnalcs des Sciences naturelles, 3e série,
t. VI, p. 344.. ligne 1).
( A )
médullaire; le supérieur, qui est le plus petit, et tourné en sens inverse, a
aussi deux vaisseaux propres vers sa région trachéenne. Le troisième, de
grandeur moyenne, et placé entre les deux, est tourné dans le même sens
que le premier. Il peut être considéré comme représentant la zone vascu-
laire intramédullaire du pétiole. Une zone libérienne, divisée en faisceaux
vers la face externe, continue sur les côtés et vers la face supérieure de la
feuille, embrasse tout ce système fibrovasculaire. Les nervures secondaires
n'ont pas de vaisseaux propres.
» La feuille du Bruceaferruginert présente aussi quelque intérêt. Sa ner-
vure médiane a sept à huit faisceaux vers sa base, où ils forment une zone
un peu déprimée sur la face supérieure. Six vaisseaux propres intramédul-
laires sont opposés ordinairement chacun àun intervalle cellulaire séparant
deux faisceaux. Selon la coutume, cette nervure se dégrade vers le sommet,
où elle a à peu près la structure des nervures secondaires. Celles-ci n'ont
que deux ou trois petits faisceaux presque juxtaposés, dans choque intervalle
desquels il y a un vaisseau propre. Dans les nervures plus petites, de troi-
sième ou de quatrième ordre, les éléments fibrovasculaires sont épanouis
autour de l'unique vaisseau propre, de manière que les trachées elles-
mêmes sont disposées en demi-cercle autour de la moitié supérieure de ce
laticifère, dont elles ne sont tout au plus séparées que par les cellules
pariétales de ce vaisseau propre.
» Dans la nervure médiane des Rhus toxicodendron et semialata, le système
fibrovasculaire est partagé en deux parties : l'une supérieure, formée de
trois faisceaux réunis, est munie de trois vaisseaux propres placés sous le
liber; l'autre inférieure, composée de sept faisceaux rangés en arc, a aussi
sept laticifères. Dans la nervure médiane des folioles du Rhus typhina et du
Pislacia vera, il y a un seul vaisseau propre sur le côté supérieur, et cinq
sur le côté inférieur. Dans celle des Rhus aromatica, qlauca et viminalis, il
n'y a de même qu'un seul vaisseau propre au côté supérieur, mais seule-
ment trois à l'inférieur. Dans les Rhus Cotinus, virens, Pislacia Lentiscus, etc.,
il n'y a pas de vaisseaux propres au côté supérieur, et il y en a trois au côté
inférieur, ou accidentellement quatre. Dans la nervure médiane daSchinus
molle, qui n'a que deux faisceaux au côté inférieur, et un faisceau rudimen-
taire au côté supérieur, il n'existe que deux vaisseaux propres, un dans
chaque faisceau inférieur.
» Dans les Rhus, Pislacia, Schinus nommés ici, toutes les nervures autres
que la nervure médiane n'ont qu'un vaisseau propre, qui est sur le côté
inférieur. Les tout à fait petites nervures ne m'ont pas présenté de laticifère
( «fi )
(Rhus aromalica). Chez deux de ces plantes, les Rhus glauca et semialata,
j'ai constaté que leurs vaisseaux propres sont réticulés comme leurs ner-
vures.
» On sait que dans les folioles du Plelea (rifoliala et des Zanlhoxylmn sont
éparses des glandes oléorésineuses semblables à celles qui existent dans
l'écnrce des rameaux; mais ce qui n'a pas été observé, je crois, c'est que,
au moins dans le Z. Pterota, il y a au contact des nervures, sur leurs côtés
et sur leurs faces supérieure et inférieure, des cavités oblongues pleines de
globules de suc propre, semblables à celles que j'ai signalées dans l'écorce
sous-libérienne de la même plante. Ces cavités, ou vaisseaux propres, s'élar-
gissent un peu à la jonction des nervures, quand elles s'y trouvent.
» Il me reste à mentionner un fait remarquable qui commence à se mani-
fester avant la chute des feuilles. Il consiste dans l'obstruction des vaisseaux
propres à la base du pétiole. Cette obstruction est effectuée par une multi-
plication utriculaire qui débute par l'agrandissement des cellules pariétales
des vaisseaux propres. Les cellules agrandies se divisent; les nouvelles en
produisent d'autres à leur tour, et bientôt les vaisseaux propres sont tout à
fait pleins de parenchyme, à l'insertion même de la feuille, bien qu'à
petite distance ces vaisseaux aient l'aspect normal et soient remplis de suc
propre (Pislacia vera } Rhus semialata, Cotinus, coriaria, loxicodendrou ,
typhina, suaveolens, aromatiea). »
MÉTÉOROLOGIE. — Pays électriques et aperçus sur leur rôle météorologique;
par M. 3. Fournet.
« 1. Considérations préliminaires. — Il ne peut pas être indifférent pour
la science de savoir s'il existe ou non des pays plus électriques que d'autres,
car, indépendamment de l'étrangeté du fait, il n'est nullement impossible
que, même à de très-grandes distances, des réactions météorologiques
résultent de ces inégales distributions du fluide électrique.
» A cet égard, les persévérantes études de M. de Saussure, combinées
avec celles de divers physiciens, ont fait connaître assez exactement ce qui
arrive chez nous en temps ordinaire. D'autre part aussi, quelques voya-
geurs ont signalé certains effets fort curieux, qui se manifestent normale-
ment dans des contrées éloignées. Enfin, amené à agrandir la sphère de nos
connaissances par suite de mes recherches sur le rôle orageux du sud-ouest,
j'ai dû me familiariser avec l'idée qu'il pourrait bien nous apporter l'élec-
tricité puisée dans les régions situées de l'autre côté de l'Atlantique, et dès
C. R. , 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 1.) 4
( *6 )
lors il ne me restait plus qu'à examinerai existe réellement ici des causes
de nature à confirmer ces présomptions; quitte a les gênera hser en ut
. 2 Phénomènes mexicains. - En consultant d'abord 1 important tra
vail sur l'hydrologie du Mexique dont on est redevable à M. H. de aussur
petit-fils du grand explorateur des Alpes, on voit qu a la fin de Ihxver k
sécheresse devient excessive sur les plateaux élevés du pay ou 1 évapora
tion est immense. Les vapeurs n'y troublent plus la pureté du ciel , e t la
production des étincelles an contact des objets s'y manifeste, par moments,
avec une remarquable intensité.
» 3 Cette tension se soutient même en pleine saison des pluies, car, en
août ,856, M. H. de Saussure, faisant avec M. Peyrot l'ascension duNevado
de Toluca, malgré les avis réitérés des habitants du pays ils ne tardèrent
ps à être enveloppés par un brouillard glacial, symptôme menaçant de
Forage qui se préparait. Bientôt, un vent violent, un grésil, puis des éclairs,
des coups de tonnerre, roulant presque sans interruption *""£*£
épouvantable, les obligèrent à descendre, poursuivis par la enn* de
décharges. Plus bas, l'orage parut se calmer un instant, et nos voyageurs
furent enveloppés par un brouillard ou nuage gris, accompagne de grésil,
dans lequel on vit les chevaux des guides indiens s'agiter comme pour se
soulever ; bientôt aussi survint un bruit sourd, indéfinissable, d abord taible,
quoique général, mais de plus en plus fort, très-distinct, et même inquié-
tant C'était une crépitation universelle, du genre de celle qu auraient faite
les petites pierrailles de la montagne si elles s'étaient entrechoquées. Enfin,
à cette rumeur, d'une durée de cinq à six minutes, succédèrent de nouveaux
tonnerres et des pluies qui se soutinrent jusqu'à la limite supeneure des
forêts, où l'orage devint plus supportable, parce que d'une part la distance
du foyer électrique était devenue plus grande et que, d'un autre cote, les
décharges partielles se trouvaient multipliées et favorisées par la végétation.
. 4 Déjà antérieurement, M. Craveri, physicien de Mexico, avait assiste a
un spectacle semblable, et, en particulier, le 19 mai i845, le phénomène
était amené subitement par un nuage venant de l'ouest. Les sensations élec-
triques qu'éprouvèrent ses guides et lui, à toutes leurs extrémités, aux doigts,
au nez aux oreilles, furent aussitôt suivies d'un bruit sourd, et pourtant le
tonnerre ne grondait pas encore; les longs cheveux des Indiens se tenaient
roides et hérissés, en donnant à la tète de ces hommes une grosseur énorme,
de façon que la vue de cet effet aggrava leur terreur superstitieuse. Enfin, le
bruit devint fort intense, paraissant général dans la montagne et toujours sem-
blable au claquement que produiraient des cailloux alternativement attires
( =7 )
et repousses par l'électricité; mais il était très-probablement dû au pétille-
ment des myriades d'étincelles jaillissant d'un sol rocailleux. Ici intervint
encore une fois le grésil.
» D'ailleurs^ le même observateur avait éprouvé, le i5 septembre 1 855,
près du sommet du Popocatepetl, un autre orage, qui différait des précé-
dents en ce que, se trouvant alors sur des champs de neige, le bruit de la
crépitation des pierres ne se produisit pas.
» 5. En définitive, ces phénomènes mexicains, qui nous- reportent à quel-
ques effets moindres observés dans les Alpes, ont été signalés en mai, août
et septembre, c'est-à-dire dans notre période la plus orageuse de l'Europe,
et l'on comprendra sans doute que cette coïncidence n'était pas à négliger.
On remarquera également que celui du 19 mai i845 fut amené par un vent
occidental, à peu près comme chez nous, de sorte que déjà ces accords sont
un premier acheminement vers la solution du problème qui nous occupe.
Sans doute, ils sont encore imparfaitement étudiés, mais la perfection ne
s'obtient pas du premier coup, et, en ce genre, c'est déjà avoir acquis un
point essentiel que d'être parvenu à indiquer le sens dans lequel les obser-
vations doivent être dirigées.
» 6. Phénomènes des Etats-Unis. — Des phénomènes d'un autre genre
ont été observés à Chihuahua, dans la confédération mexicaine. Mais, plus
au nord, New-York a fourni au professeur Loomis un ensemble de faits
non moins curieux, au sujet de la présence d'une excessive quantité d'élec-
tricité dans l'atmosphère.
» En hiver, les cheveux sont fréquemment électrisés, et spécialement
lorsqu'ils ont été peignés avec un peigne fin. Souvent ils se dressent, et
plus on les travaille pour rendre la chevelure unie, plus ils refusent de
se tenir en place. Ils se dirigent alors vers les doigts qu'on place devant
eux, et pour remédier à cet inconvénient il suffit de les mouiller.
» Dans cette même saison, toutes les parties des vêtements de laine, les
pantalons surtout, attirent les duvets, les poussières qui flottent dans l'air;
ces particules se fixent principalement vers les pieds, et la brosse ne fait que
les rendre plus adhérentes. Une éponge humide est toujours le seul remède
à appliquer en pareil cas.
» Pendant la nuit, les tapis épais des salons chauffés font entendre de
petits craquements; ils brillent lorsqu'on s'y promène, et si l'on passe
deux ou trois fois avec rapidité, le jet peut atteindre quelques centimètres
de longueur, de façon à faire sentir une piqûre cuisante. Un objet en mé-
tal, comme, par exemple, le bouton d'une porte, envoie une étincelle à la
4..
( ^8 )
main qui s'en approche, et parfois ces étincelles effrayent les enfants. On
peut même quelquefois allumer un bec de gaz avec son doigt après s'être
promené sur le tapis isolant.
» Au surplus, la plupart de ces phénomènes sont si familiers à New-
York, qu'ils n'excitent plus aucune surprise; mais déjà ils avaient fixé
l'attention de Volney à la fin du siècle dernier.
» Alors, ce célèbre voyageur faisait remarquer que la quantité de fluide
électrique constitue une différence essentielle entre l'air du continent amé-
ricain et celui de l'Europe. « D'ailleurs, dit-il, les orages en fournissent
a des preuves effrayantes par la violence des coups de tonnerre et par l'in-
» tensité prodigieuse des éclairs. » A Philadelphie, le ciel semble en feu
par leur succession continue ; leurs zigzags et leurs flèches sont d'une lar-
geur et d'une étendue dont il n'avait pas d'idée, et les battements du
fluide sont si forts, qu'ils semblaient à son oreille et à son visage être le
vent léger que produit le vol d'un oiseau de nuit. Leurs effets ne se bornent
pas à la démonstration ni au bruit ; les accidents qu'ils occasionnent sont
fréquents et graves. Pendant l'été de 1797, depuis juin jusqu'à la fin d'août,
il compta, dans les papiers publics, dix-sept personnes tuées par la foudre,
et M. Bâche, à qui il fit part de sa remarque, lui dit avoir compté quatre-
vingts accidents graves.
» 7. Phénomènes de diverses contrées. — L'extrême sécheresse de tous les
plateaux des Andes provoque des effets du même genre, et, selon M. Phi-
lippi, on voit souvent, dans le désert d Atacama, au Chili, les cheveux des
hommes se hérisser ou bien des lumières jaillir du sol.
» D'après le Dr Livingslone, au printemps, époque de la grande séche-
resse, les déserts de l'Afrique méridionale sont souvent traversés par un
vent du nord chaud et tellement électrique, que les plumes d'autruche
se chargent d'elles-mêmes, au point de produire de vives commotions ; la
seule friction du vêtement fait jaillir des gerbes lumineuses. Et, comme le
fait observer Volney à l'égard de l'Amérique, on ne peut pas dire que la
chaleur de la saison ou du tropique soit une cause nécessaire de cette abon-
dance du fluide, puisqu'il n'y est jamais si manifeste que par le vent froid
de nord-ouest, et que, d'après les observations des savants russes, Gmelin,
Pallas, MulJer et Georgi, il n'est pas moins excessif dans l'air glacial de la
Sibérie.
» 8. Enfin, dans une partie de l'Inde anglaise, l'établissement des lignes
télégraphiques éprouve de singulières difficultés par suite des perturba-
tions électriques de l'atmosphère. Ces perturbations sont d'une telle ihten-
( ^9 )
site, que les instruments semblent pris de délire et fonctionnent à tort et à
travers. Les orages, dont l'effroyable violence jette le désordre dans les
lignes, arrachent les poteaux et vont jusqu'à fondre les fds conducteurs.
Après cela, ajoute le narrateur, soyez donc surpris si les télégrammes
indiens sont parfois aussi indéchiffrables qu'une brique assyrienne, chargée
de caractères cunéiformes de la troisième espèce.
» 9. Il serait facile d'augmenter les citations de ce genre, mais celles-ci
suffisent pour faire comprendre qu'à l'est, au sud, aussi bien qu'à l'ouest,
les foyers électriques ne manquent pas pour les besoins de la météorologie,
et dès lors il m'est permis de croire que leur qualité doit nous être appor-
tée par les vents tout comme la température, ainsi que les vapeurs des
espaces qu'ils ont parcourus. »
M. Ch. Saixte-Claire Deville communique l'extrait suivant d'une Lettre
publiée par le journal A Persuasuo, de Saint-Michel (Acores).
« Angra, 7 juin 1867.
» Depuis le 26 mai, nous avions de forts tremblements de terre..., mais
dans la nuit du ier au 2 de ce mois, une bouche volcanique se déclara
à 9 milles nord-ouest de Serreta, qui conserve encore son activité, et
occupe une zone de plus de 2 \ milles dans la direction de l'ouest.
» Elle se trouve en mer, par une latitude de 38°52' et une longitude ouest
Greenw. de 27°f>2', en ligne droite de Tercera à Gracioza.
» Elle rejette constamment de grandes pierres et d'énormes masses de
lave, dont l'accumulation peut produire un nouvel îlot, qui sera très-dange-
reux. En différents points apparaissent quelques jets de vapeur et d'eau en
ébullifion, et à une certaine distance on ressent une odeur très-prononcée
de soufre.
» De temps en temps, on entend dans le sol un bruit qui ressemble à
des décharges répétées d'artillerie.
» L'intendant de marine, les ingénieurs civils et militaires, et plusieurs
capitaines sont allés observer cette nouvelle apparition volcanique, mais le
danger les en a bientôt éloignés. »
Sik David Brewster fait hommage à l'Académie d'une brochure qu'il
vient de publier et qui a pour titre : « Histoire de l'invention des phares
dioptriques et de leur introduction dans la Grande-Bretagne ».
( 3o )
M. Mares fait hommage à l'Académie de son Rapport à la Société cen-
trale d'Agriculture de l'Hérault sur le vinage des vins.
MÉMOIRES LUS.
CHIMIE ATOMIQUE. - Sur le rôle spécial de l'hydrogène dans les acides en géné-
ral, et en particulier dans les acides pol/basiques; par M. M.-A. Gaudin.
(Extrait par l'auteur.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Becquerel, Poncelet,
Delaunay, Daubrée.)
« 11 y a quelques années, lorsque je voulus construire la molécule de
l'acide éthylpicrique, je ne pus y parvenir qu'en plaçant un atome d'hy-
drogène isolé à chaque extrémité de l'axe, sans atome d'aucune espèce au
centre. J'en étais là, lorsque j'eus un entretien avec M. Wurtz sur la dis-
position des atomes dans les molécules organiques, et je fus frappe de la
latitude qu'il prenait pour l'arrangement des atomes, en les supposant gui-
dés par l'atomicité ou principe de saturation. Ne pouvant, de mon cote,
admettre aucune intervention étrangère à la mécanique générale, capable
d'engendrer la moindre difformité dans les groupes atomiques composant
les molécules, je me proposai de rendre compte, à mon point de vue,
de la constitution des glycols et aussi des acides polybasiques du phos-
phore, sur lesquels M. Chevreul m'avait interrogé. Il en est resuite que
je puis aujourd'hui résoudre tous ces problèmes.
» Dans la combinaison d'un acide hydraté mono ou polybasique avec
la potasse, la soude ou l'oxyde d'argent, je dis qu'il y a substitution effective
et locale de i atome métallique double à , atome d'hydrogène double
» L'élément principal des corps organiques est ce que j appelle le carb-
hyde, molécule idéale, composée de i atome de carbone réuni a a atomes
d'hydrogène, correspondant à l'oxyde de carbone, par substitution de
, atome d'oxygène à » atomes d'hydrogène, qui n'a pu encore être isolée.
, Ces molécules de carbhyde, réunies par 2, par 3, par 4, par V ••' l™1
3o, forment les hydrocarbures simples, en se plaçant, à partir du nombre 3,
parallèlement entre elles. Par l'addition à ces hydrocarbures de i atome
d'oxygène, qui occupe le centre du système, on obtient les aldéhydes et les
acétones. Par l'addition de i molécule d'eau qui forme l'axe, on obtient
les alcools. Et enfin, par l'addition de.2 atomes d'oxygène avec lesquels
! atome d'hydrogène double, placé au centre, forme l'axe, on obtient les
( 3i )
glvcols en vapeur, qui sont intermédiaires entre les aldéhydes et les alcools.
» En effet :
OC2H4 aldéhyde vinique
+ OC2H6 alcool viuique
= 02H- -h C'H8 glycol butylique en vapeur.
» Les figures suivantes i, 2 et 3, dans lesquelles chaque lettre désigne
un atome correspondant, représentent respectivement l'aldéhyde vinique,
l'alcool vinique et le glycol butylique; mais, dans les deux premières, les
atomes d'hydrogène doivent être placés au nombre de quatre et de six per-
pendiculairement à l'axe qui est formé, dans chacune, par 1 atome d'oxy-
gène situé entre 2 atomes de carbone. La fig. 3 du glycol butylique, qui
porte en tète le chiffre 2, montre que c'est la coupe d'une molécule carrée,
qui se prête à deux coupes perpendiculaires entre elles.
Aldéhyde.
H H
! I
c _ 0 — g
Fig. 1.
» La fig. 3bis est un glycol potassique, qui résulte de la substitution du
potassium 2 atomes à l'hydrogène 2 atomes, ce qui signifie que le glycol
est le type de l'acide le plus simple. La fig. 4 représente la molécule de l'es-
prit de bois en vapeur, qui est composée de 1 molécule d'eau réunie à
1 molécule de carbhyde, et \&fig. 5 montre une autre forme de l'alcool
vinique, qui est un octaèdre aigu à base carrée, comme l'indique le
chiffre 2 placé en tète.
Alcool.
Glycol.
2
H H
1 1
H
1
H — 0 — H
1 1 1
1
C — 0 -
1 1
■ C
1 1
G - H - G
1 1 1
i i
1 1
H - 0 — H
Fig. 2.
Fig. 3.
2
Glvcol Potassique.
2
fi
H
1
C
H - 0 — H
1 1 1
H
1
-GO —
H
H — 0 -
G - KR — G
1 1 1
i
H
1
G
H — 0 — H
Fig. 3 [bis).
Fig. A.
1
H
Fig. 5.
H
» A partir de 3 molécules de carbhyde, le parallélisme de ces molécules
linéaires est forcé, pour les aldéhydes, les acétones, les alcools et les gly-
( te )
cols, comme pour les hydrocarbures, et les atomes étrangers se placent
au centre ou clans l'axe.
» Dans i molécule d'acide phosphorique monohydraté, il y a 2 atomes
de phosphore, 6 atomes d'oxygène, plus 1 atome d'hydrogène double :
en plaçant celui-ci au centre, on a la fig. 7 qui est un dodécaèdre obtus a
triangles isocèles, se prêtant à trois coupes semblables, comme l'indique le
chiffre 3 placé en tête.
» Dans l'acide phosphorique bihydraté, la molécule est composée de
1 atomes de phosphore, 7 atomes d'oxygène et deux fois 1 atome d'hydro-
gène double, qui se placent au-dessus comme au-dessous de l'axe fig. 8, for-
mant un dodécaèdre aigu à triangles isocèles. A cause du nombre impair
des atomes d'oxygène, il faut que l'un d'eux soit au centre, et dès lors l'axe
ne peut se constituer autrement qu'il est représenté.
Bi-basique.
3
Mono-basique. p
H 3 |
I P il
H— COC— H j
| 0 — H - 0 0-0-0
H I I
Fig. 6. P »
Fig- "?. J,
Fig. 8.
.. Dans l'acide phosphorique trihydraté, il y a 1 atomes de phosphore,
8 atomes d'oxygène et trois fois 1 atome d'hydrogène binaire, qui ne peu-
vent donner lieu qu'à la fig. 9, prisme carré doublement pyramide, qui se
prête à deux coupes perpendiculaires entre elles.
» Enfin les monophosphates, les biphosphates et triphosphates, acides
ou saturés, potassiques ou sodiques, sont représentés par \esfig. 10,11,
32, 10 et i4-
Tri-basique. Bi-phosphàte.
2 3
p Mono -phosphate. p
3 J
. 0 — H - 0 P KK
I I !
H 0 — KK - 0 0 — 0 — 0
! I I
0 — H — 0 P M
l Fig- 10. I
Fig. 9. Fig. 11.
33
Tri-phosphate.
P
Tri-phosphate.
P
Tri-phosphate.
-2
P
0 _ H — 0
0 — RK — 0
0 _ KK — 0
i
KK
1
H
i
l
Na Na
|
0 — H — 0
1
1
0— NaNa —0
i
0 _ KK — 0
i
1
p
Fig. 12.
1
P
Fig. 13.
1
P
Fig. 14.
» Il existe en ce moment la plus grande confusion dans la représentation
des formules chimiques; certains auteurs très-estimés les doublent ou les
dédoublent, pour se conformer à leurs théories favorites. La composition
atomique des corps, tant en vapeur que liquides et solides, est la chose la
plus importante à connaître; cependant c'est le point sur lequel on ne
s'accorde pas du tout.
» Dans une conférence faite par M. Hofmann, à la Société royale de
Londres, sur l'atomicité, ce célèbre chimiste a attribué aux composés
organiques des formules que je considère comme vraies, mais qui sont
pour M. Berthelot des formules brutes, parce qu'elles ne représentent pas,
dit-il, 4 volumes de vapeur. M. Berthelot en doublant ainsi les formules
que je dirai, moi, naturelles, arrive à admettre a atomes d'oxygène dans
les alcools, dans les aldéhydes et dans les acétones, tandis qu'il n'existe
qu'un seul atome d'oxygène dans leur molécule à l'état de vapeur; et,
dès lors, l'acide carbonique n'entre pour rien dans la formation des acé-
tones, puisqu'il ne peut y être figuré, bien que M. Berthelot en fasse la
base de sa théorie de la formation de ces acétones.
» D'un autre coté, M. Hofmann , qui me semble dans le vrai pour les
molécules organiques en vapeur, dédouble, je ne sais pour quel motif, les
molécules minérales. Ainsi, pour lui, i molécule de perchlorate ne renferme
que 4 atomes d'oxygène avec un seul atome de chlore; et, par conséquent,
si le perchlorate est à base de chaux, de zinc, de fer, etc., il n'existera dans
sa molécule que \ atome de calcium, de zinc, de fer, etc., ce qui est en
désaccord complet avec la chimie minérale.
» Si de plus M. Hofmann a voulu, par les figures qui accompagnent son
texte, montrer que l'atomicité intervient dans l'arrangement des atomes, je
dirai que cette atomicité n'a rien à voir dans ce phénomène, et qu'il n'y a
C. R.. 1867, a' Semestre. (T. LXV, N» I.) 5
( 34 )
pas lieu d'admettre ces constructions, qui sont en contradiction avec l'har-
monie universelle.
» En résumé, les constructions organiques que j'envisage aujourd'hui
ont pour avantage principal de vérifier par le fait les formules chimiques
réelles, écrites suivant les exigences de la théorie des substitutions, et je
montrerai dans une autre communication l'extension de ce principe aux
cyanures et aux composés ammoniacaux. »
anatomie comparée. — Note sur fanatomie du membre antériew du grand
Fourmilier (Myrmecophaga jubata); par M. G. Pouchet.
(Renvoi à la Section d'Anatomie et de Zoologie.)
« Le i/| novembre 1 865, mourait a la ménagerie du Muséum le troisième
Fourmilier Tamanoir qui soit venu vivant en Europe. Nous avons pu com-
pléter, sous la direction de M. Serres, l'étude anatomique de cet animal,
déjà faite en partie par M. R. Owen sur les deux individus morts au Jardin
zoologique de Londres.
» L'animal était extrêmement maigre. Le système adipeux n'était pas même
représenté dans ses lieux d'élection ordinaires, ni sous la peau, ni entre les
organes abdominaux, ni derrière le globe oculaire, ni aux pelotes plantaires.
» La peau était le siège d'une sorte de pityriasis caractérisé par des amas
de cellules épithéliales desquammées, engainant les poils à leur racine. 11 est
difficile de dire si cela était pathologique ou simplement la conséquence de
la captivité, et si les froissements de la vie libre n'auraient pas fait dispa-
raître ces lambeaux de tissu mort.
» Une incision faite à gauche du sternum, à la hauteur du coeur, péné-
tra dans la plèvre gauche, en partie remplie de sérosité. Le péricarde, re-
foulé en arrière, contenait aussi une abondante quantité de liquide, où
flottaient de gros caillots fibrineux. Les antres organes n'offraient aucune
altération visible. L'animal avait, selon toute apparence, succombé à ce
double épanchement dans la plèvre et dans le péricarde.
» Nous nous proposons aujourd'hui de signaler les particularités sail-
lantes que nous a présentées le membre antérieur du Tamanoir. L'attitude
singulière qui le caractérise diffère entièrement de celle du Fourmilier di-
dactyle et n'a d'analogie prochaine qu'avec l'espèce Tamamlua. Toute-
fois les combinaisons propres au mode de station de ce dernier animal
n'avaient jamais été elles-mêmes complètement étudiées. On n'avait, sur ce
sujet, que deux plauches assez peu satisfaisantes de Cuvier et Laurillard, sans
( 35 )
texte, et la description sommaire des plus gros muscles par Rapp. Nous
avons pu faire l'anatomie complète du membre antérieur du Tamanoir et
en particulier de sa main si étrangement contournée.
» L'animal s'appuie au sol par le bord cubital des doigts latéralement
infléchis en dedans, de telle sorte que ses longues griffes recourbées soient
couchées sur la terre. Le métacarpe forme un angle avec les doigts et se
tient dans le prolongement des os de l'avant-bras.
» Malgré cette attitude de la main, on trouve, sur le squelette, que les os
et les articulations du poignet, du coude, de l'épaule, ressemblent beau-
coup à ceux des Primates. Toute la construction osseuse du membre pec-
toral paraît favoriser des mouvements étendus et faciles, au point d avoir
induit Cuvier en erreur. Effectivement, sur ces leviers si mobiles en appa-
rence, des puissances musculaires considérables agissent pour donner la ré-
sistance et la rigidité à un membre qui n'est qu'un organe de soutien.
Cuvier, sur la seule inspection des os, avait assigné une grande étendue
aux mouvements de rotation de l'avant-bras : ils sont très-restreints. Tous
les muscles rotateurs de l'avant-bras existent, et même plus puissants que
chez l'homme; mais prenant leur point fixe en bas, ils ne travaillent en
réalité qu'à assurer la rigidité, non la mobilité du membre. Quanta l'usage
que ferait, dit-on, le Tamanoir de ses griffes, pour déchirer la terre et trou-
bler les habitations des insectes, c'est une histoire qui mérite d'être confir-
mée, à en juger par la pointe toujours vive de ses ongles et surtout par leur
direction en dedans, tandis que les animaux fouisseurs les ont généralement
tournés en dehors. Par la construction de sa main, sinon par son genre de
vie, le Tamanoir serait plutôt un grimpeur comme les deux autres espèces
du genre où on le range.
» Le muscle fléchisseur des doigts a une puissance extraordinaire. Son
tendon, au moment de franchir le poignet, est plus gros que le tendon
d'Achille d'un homme. Il a 2 centimètres carrés de section. Au dos de la
main, le doigt médius a, pour lui seul, deux tendons extenseurs distincts,
dans deux gaines placées l'une à côté de l'autre.
» Les muscles propres de cette main à peine mobile sont cependant
presque aussi nombreux que chez l'homme : on en compte dix-sept. Chaque
doigt est muni, en dedans et en dehors, d'un muscle analogue aux interos-
seux de l'homme. Ceux des trois doigts médians qui portent le poids du
corps sont volumineux. Tous se placent très-obliquement, de manière à
maintenir et à exagérer par leur contraction l'angle que forment les doigts
couchés sur le sol avec les métacarpiens.
.>..
( 3G)
» Le pouce est flottant, grêle; l'incidence de ses deux muscles propres,
considérable; le second doigt est le seul qui se prête à des mouvements de
flexion et d'extension un peu étendus.
» Le cinquième doigt plonge tout entier dans une pelote de tissus la-
mineux très-élastique, sur le bord cubital delà main. Cuvier n'avait marqué
à ce doigt qu'une seule phalange, Rapp de même : il en existe deux. Cette
rectification est importante, parce que la seconde phalange, quoique très-
petite, a ses muscles, dont un spécial, sorte de fléchisseur, très-intéressant
en ce qu'il va s'insérer superficiellement au ligament annulaire du carpe.
» La distribution des nerfs du membre antérieur n'offre aucune particu-
larité notable. Dans celle des vaisseaux, on retrouve ces réseaux admira-
bles artériels dont M. Hyrtl a signalé la fréquence chez les Édentés. Ils ont
même un développement remarquable, et surtout une netteté de distribu-
tion qui pourra contribuer peut-être à éclairer leur rôle physiologique.
L artère numérale va de l'épaule à la paume de la main, sans cesser d'ac-
compagner le nerf médian et sans diminuer notablement de volume. Et
cependant, au-dessous du coude, elle donne naissance à deux réseaux admi-
rables, composés chacun d'un faisceau de cinq ou six artères qui descendent
à droite et à gauche du tronc principal jusqu'au poignet. Le volume total
de ces douze ou quatorze artères satellites égale, s'il ne dépasse, le volume
de l'artère médiane. Il semble, en conséquence, qu'on doive voir dans celte
disposition moins une circulation complémentaire qu'un appareil de déri-
vation du sang, qui suivrait ainsi tantôt une voie et tantôt l'autre, dans des
circonstances qu'il reste à déterminer, et sons l'influence du système ner-
veux réglant la contraction des parois artérielles.
» Quant au développement du membre, un embryon, âgé probablement
de deux mois environ, que possède la galerie d'Anatomie du Muséum,
nous a présenté les faits suivants : le cinquième doigt, qui disparaîtra plus
tard, est encore visible à l'extérieur sous la forme d'un repli cutané, recou-
vrant en partie, vers la face dorsale de la main, la naissance du quatrième
doigt. Les ongles ont déjà leur volume proportionnel normal : ils sont
dressés, mais une disposition spéciale les rend inoffensifs pour les mem-
branes de l'œuf : chacun d'eux repose sur une pelote arrondie résistante,
qui fait corps avec lui et en dépasse la pointe; cette pelote est formée
par un épaississement considérable de l 'épidémie de l'extrémité du doigt.
Le microscope permet de distinguer très-nettement les deux tissus. Quand
on arrache l'ongle, la pelote et l'ongle viennent ensemble, laissant à nu
une matrice conique, très-grêle. Par la suite la pelote s'efface; mais alors
( 37 )
les ongles, au lieu de rester dressés, se recourbent fortement sur la main.
C'est ainsi, du moins, que nous les trouvons sur un ïamandua nouveau-né
et sur un fœtus de Fourmilier didactyle presque à terme, des collections du
Muséum.
» Nous ajouterons enfin que, au point de vue de l'application biotaxique,
toute l'anatomie du Tamanoir accentue ses analogies avec le Tamandua. Il
n'est pas' jusqu'à la disposition écailleuse de la queue de celui-ci qu'on ne
retrouve indiquée sur l'embryon de deux mois dont nous venons de parler.
Au contraire, la troisième espèce de Fourmilier diffère considérablement
des deux autres. Si tontes trois offrent des caractères nettement tranchés,
il n'est pas moins évident que la distance qui les sépare a une valeur très-
inégale. En d'autres termes, et pour parler un langage conforme aux doc-
trines de Lamarek et de M. Darwin, le Tamandua et. le Tamanoir représen-
tent, dans l'évolution de la grande et antique famille des Edentés, une
parenté spécifique beaucoup plus rapprochée que celle qui leur est com-
mune avec la troisième espèce, le Fourmilier didactyle. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Des moyens propres à annuler les perturbations
produites dans le mouvement des machines par les pièces de leur mécanisme;
par M. H. Arnoux.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Poncelet, Piobet t, Morin,
Combes, Delaunay.)
« Depuis longtemps on a reconnu que dans toutes les machines qui tra-
vaillent à grande vitesse, et notamment dans les locomotives, les mouve-
ments perturbateurs produits par le mécanisme ont une importance excep-
tionnelle. Dans le cas des locomotives ils peuvent même devenir \me cause
de dangers, et on ne peut espérer dépasser, avec sécurité, les vitesses
actuelles que si on parvient à annuler ces mouvements.
» Nous avons énoncé dans une communication précéwcnte (i) que, con-
trairement à ce qui était admis jusqu'à présent, ce résultat pouvait être
atteint complètement.
» En dernier lieu, nous avons étudié la réalisation pratique de cette so-
(i) Comptes rendus, 1866, t. LXIII, p. i83.
(38 )
lution, spécialement en ce qui concerne les locomotives, et nous proposons
les dispositions suivantes :
» i° Une forme spéciale donnée aux manivelles des machines à cylindres
intérieurs, ou, pour les machines à cylindres extérieurs, des contre-poids
placés comme ceux dont on se sert déjà entre les rais des roues.
» 20 Deux systèmes de contre-poids doubles, placés symétriquement au-
dessus et au-dessous des glissières mêmes de chaque tige de piston. Ces
contre-poids reçoivent un mouvement inverse de celui du piston, et, comme
l'ensemble des pièces nouvelles satisfait à la double condition de ne pas
s'élever plus haut que la manivelle et de ne pas dépasser sensiblement les
plans verticaux qui limitent longitudinalement les glissières, cette disposi-
tion paraît devoir être d'une application générale.
» 3° Deux systèmes de contre-poids doubles, placés deux à deux à égale
distance d'un axe de rotation sur des glissières horizontales. Lorsque les
deux premières dispositious ont été prises, ces contre-poids peuvent être
placés à une hauteur quelconque, dans un plan vertical quelconque per-
pendiculaire aux essieux. Le levier de chacun de ces systèmes de contre-
poids reçoit son mouvement d'un petit levier coudé, calé sur un des essieux
moteurs à 90 degrés de la manivelle.
» Nous terminerons cet exposé par quelques indications numériques sur
les mouvements qu'il s'agit d'annuler. Ces chiffres s'appliquent à une ma-
chine à cylindres extérieurs, marchant à une vitesse de 3,6 tours par se-
conde, ce qui, pour des roues motrices de 2m,io, répond à 90 kilomètres
à l'heure, pour des roues motrices de im,5o à 64 kilomètres, et pour des
roues de im,2oà 5 1 j kilomètres. On peut donc considérer ces résultats
comme atteints usuellement.
» A cette vitesse, la machine subit un effort constant de 2700 kilo-
grammes, s'exerçant successivement suivant toutes les directions contenues
dans un plan vertical. Un de ses effets indirects est de faire patiner les roues
motrices, et son intensité augmente à peu près comme le nombre des
essieux moteurs.
» Un mouvement d'arrière en avant et d'avant en arrière est produit
alternativement par une force qui peut s'élever à 5427 kilogrammes. Cette
force doit être une des causes principales des mouvements incommodes
que l'on ressent daus les trains qui marchent à grande vitesse. C'est le mou-
vement de tangage.
» Un couple dont l'intensité maxima peut être évaluée à un effort de
2878 kilogrammes, •-.'. xerçant sur un bras de levier de 1 mètre, tend à pro-
( 3<j )
duire un mouvement de rotation autour de l'essieu moteur ou mouvement
de (jalop. Ce couple est une cause puissante de l'irrégularité du mou-
vement.
» Un couple qui peut s'élever à 25o5 kilogrammes tend à produire un
mouvement autour d'un axe longitudinal ou mouvement de roulis.
» Enfin un couple qui peut atteindre 7600 kilogrammes peut produire
un mouvement de rotation autour de la verticale ou mouvement de lacet.
L'amplitude de ce dernier mouvement peut atteindre 6 centimètres au
moins pour les roues d'avant.
» Tous ces mouvements seraient détruits simultanément par les disposi-
tions que nous venons d'indiquer.
» Nous avons donné les règles relatives aux divers types de machine
usités. Nous en concluons que les machines à trois cylindres dont les mani-
velles sont calées à 120 degrés l'une de l'autre constituent un excellent
type de machines à grande vitesse, car les mouvements oscillatoires per-
pendiculaires aux manivelles, les mouvements de tangage et de galop se
trouvent naturellement annulés, mais les mouvements de roulis et de lacet
subsistent toujours et rendent nécessaire l'application des deux premières
règles citées plus haut. »
hygiène publique. — Marche et mode de propagation du choléra quia éclaté
à Marseille en i865. Eludes cliniques et statistiques à Marseille et à Aix
en Provence. Conséquences recueillies sur place en juin 1867; par M. G.
Grimaud, de Caux. (Extrait.)
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
» A Marseille, aujourd'hui, en 1867, on trouverait difficilement un
médecin ayant donné, par ses travaux, des gages sérieux à la science, dis-
posé à soutenir que le choléra de i865 n'est pas venu directement d'Alexan-
drie. Pour le démontrer, il doit suffire d'interroger les écrits livrés à la
publicité par des hommes sérieux. L'Académie remarquera combien les
deux suivants sont considérables.
« I. Après avoir fortement penché, dans le principe, pour une opinion
contraire, M. le Dr V. Seux n'hésite point à affirmer maintenant que « le
» choléra de i865 a été importé à Marseille par les provenances d'Alexan-
» drie. » Le livre de M. V. Seux est une œuvre de clinique appliquée.
M. Seux est médecin en chef des hôpitaux, professeur à l'École de Médecine
( 4o )
et président de l'Association médicale des Bouches-du-Rhônc. ( Voyez le
Choléra dans les hôpitaux civils de Marseille, p. 137.)
» II. M. Bourguet a suivi la propagation du choléra dans l'arrondisse-
ment d'Aix. Il est chirurgien en chef de l'hôpital d'Aix, médecin des épi-
démies et secrétaire du Conseil d'hygiène et de salubrité. Dans cette posi-
tion officielle, il a pu, non-seulement recueillir les faits qui se sont produits
dans les diverses communes de son arrondissement, mais encore entourer
ces faits de caractères incontestables d'authenticité. (Voyez Etudes sur ta
marche et le mode de propagation du choléra dans l'arrondissement d'Aix
«»i 865.)
» 17 communes sur 58 ont été atteintes, et, avec une population de
70084 habitants, elles ont fourni 242 cholériques dont 1 53 morts et 89 gué-
ris. Dans 7 de ces communes, on a pu constater avec certitude que le
choléra y avait été importé, savoir : pour 6, de Marseille; pour 1, d'Arles
(commune de Lambesc). Dans les 10 autres communes on n'a pas décou-
vert les traces de l'importation. En séparant ainsi les faits dans lesquels les
traces de l'importation ont été évidentes, de ceux où on ne les a pas décou-
vertes, on arrive à une conséquence pratique d'une haute valeur.
» S'il est des cas dont on ignore l'origine, et contre l'invasion desquels
on ne saurait imaginer de précautions, il en est d'autres où cette origine
est manifeste et dont évidemment la propagation peut être empêchée par-
la méthode des contraires, sagement conçue et sagement pratiquée.
» Des faits recueillis par le Dr Bourguet, je ne veux, pour le moment,
tirer que cette conséquence. Il m'était imposé d'ailleurs de les signaler à
l'Académie, parce qu'ils confirment, nettement et sans ambiguïté aucune,
mes propres études, précisément dans la direction où je les ai conduites.
» Qu'il me soit permis de le rappeler en terminant : s'il n'avait pas
été démontré que le navire la Stella était parti le 2 juin d'Alexandrie; que
ce navire avait pris son chargement dans un camp de pèlerins où le choléra
avait déjà fait des victimes ; s'il n'avait pas été constaté que deux de ces
pèlerins étaient morts, l'un en mer, l'autre en débarquant, et mort d'une
maladie appelé dyssenterie, pour ne point effrayer soit les passagers, soit la
population, les moins convaincus douteraient encore aujourd'hui si le
choléra ne s'est point développé spontanément dans Marseille. Et peut-être
cette opinion erronée aurait-elle causé quelque embarras au gouvernement,
quand, dans sa sagesse, il a voulu instituer ces nouvelles lois sanitaires qui
nous ont déjà évité de nouvelles invasions.
» Quoi qu'il en soit, le succès, je n'hésite point à le dire, est dû à la
( 4> )
méthode d'analyse que j'ai suivie. Au moyen de cette méthode obligeant
l'observateur à exclure tout autre côté de la question, soit pathologique,
soit curât if, soit de préservation, pour n'être attentif qu'à la question de
provenance, le choléra a été surpris, pour ainsi dire, au moment ou il
touchait terreau fort Saint-Jean, à Marseille.
» Mais il faut avoir le courage de s'isoler, pour éviter toute influence
d'opinion préconçue ou dictée par des considérations locales. Celui qui a
ce courage s'expose à rester seul de son opinion pendant quelque temps :
il s'expose à être contredit, mais il vient un moment où la vérité acquise
sert de point de départ pour l'avancement de la science et la solution du
problème qu'elle a posé.
» P. S. — Si je suis bien informé, l'application des nouvelles mesures sa-
nitaires aurait déjà profité à Marseille. Des personnes dignes de foi m'affir-
ment que le choléra a été étouffé, au moins une fois et tout dernièrement
à Pomègne, apporté par un navire mis en quarantaine. »
MÉCANIQUE MOLÉCULAIRE. — Sur la tension des lames liquides ;
par M. Van der Mensbrcgghe.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Regnault, Morin, Combes.)
M. Van der Mensbrugghe, en adressant à l'Académie une seconde Note
sur la tension des lames liquides, présentée par lui à l'Académie de
Bruxelles, joint à cet envoi les remarques suivantes :
« Dans ma première Note sur ta tension des lames liquides, j'avais démontré
qu'un fil flexible inextensible, sans poids et uniquement sollicité, à son
contour extérieur, par la force de contraction d'une lame liquide en équi-
libre, dessine une courbe qui partout a le même rayon de courbure; depuis,
M. Lamarle a fait remarquer que cette courbe représente en même temps
une ligne aspnptolique de la surface laminaire, c'est-à-dire une ligne telle,
que la section normale passant par la tangente au fil ait partout un rayon
de courbure infini. L'objet du travail actuel est de rechercher si les pro-
priétés des lignes d'équilibre de tension peuvent se concilier avec la nature
de la surface minima sur laquelle on opère.
» A ce point de vue, j'étudie successivement le plan, fhélicoïde gauche
à plan directeur et le caténoïde. Pour le plan, toutes les conditions sont
satisfaites, si le fil a la forme circulaire. Quant à l'hélicoïde gauche, il n'est
pas altéré quand le fil peut prendre la figure d'une hélice parallèle à l'hélice
directrice; toute autre courbe dessinée par le fil amène dans la surface une
G, R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° I . °
( 4* )
déformation qui diminue, à la vérité, à mesure qu'on s'éloigne davantage
du fil flexible. Enfin le calénoïde n'admet aucune ligne suivant laquelle le
fil puisse se disposer sans produire d'altération dans la forme de la surface.
» De nombreuses expériences, faites toutes avec des fils de cocon de peu
de longueur, ont complètement vérifié les déductions théoriques qui pré-
cèdent. »
La Note se termine par la description d'un effet assez curieux de la
tension, en vertu duquel une boule creuse de verre très-légère s'engage
toujours dans une lame liquide suivant la plus grande section possible.
SÉRICICULTURE. — Sur la saccharijîcation du corpuscule vibrant de la pébrine;
par M. A. Béchamp.
(Renvoi à la Commission de Sériciculture.)
« Le corpuscule vibrant se comporte avec le sucre de canne comme
d'autres ferments organisés; si, comme ceux-ci, il est un végétal, il doit
contenir une partie saccharifiable ; c'est ce que j'ai essayé de démontrer.
» Je me suis procuré environ vingt vers à soie corpusculeux, morts et
desséchés. Pour empêcher la naissance d'autres cellules végétales, je les ai
fait tremper dans de l'eau créosotée. Une fois ramollis, ils ont été malaxés
pour en dégager les corpuscules. Après un nombre suffisant de traitements,
les liqueurs ont été passées au travers d'un linge fin, et les corpuscules ont
été séparés par lévigation de toute matière étrangère. Les corpuscules s'étant
déposés une dernière fois, je m'assurai par l'examen microscopique qu'ils
étaient exempts de débris de ver et dépourvus de productions organisées
étrangères. Pour dégager les matières albuminoïdes de la portion végétale
des corpuscules, j'ai ajouté au liquide qui les contenait environ le vingtième
de son poids de potasse caustique pure. Après une demi-heure d'ébullition
soutenue, les corpuscules furent lavés par décantation. Les eaux de lavage
n'étant plus alcalines, j'ai évaporé pour dessécher les corpuscules. La des-
siccation terminée, le résidu refroidi, j'ai ajouté, en broyant sans cesse,
quelques gouttes d'acide sulfurique pur et concentré. Les corpuscules,
qui avaient jusque-là conservé leur forme (i), entrèrent en dissolution sans
(i) Le fait <le l'organisation du corpuscule a été nié; on a soutenu qu'il n'était pas formé
d'une membrane renfermant un contenu ; la ligne noire se résolvant en granulations que
l'on voit dans le sens du grand axe a également été niée. Pour se convaincre, il suffit d'exa-
miner les corpuscules qui ont bouilli avec la potasse; dans mes expériences j'ai aperçu dans
taris les corpuscules, qui s'étaient seulement un peu ratatinés, un novau bien distinct.
(43)
coloration sensible, dans l'acide ; après une heure de contact, le liquide vis-
queux a été étendu d'eau et soumis à une ébullition prolongée. Après une
heure d'ébullition, à volume à peu près constant, la liqueur acide a été satu-
rée par le carbonate de baryte, filtrée et évaporée. Le résidu sirupeux m'a
paru incristallisable; il est soluble dans l'alcool à 86 degrés centésimaux.
L'alcool ayant été évaporé à son tour, le nouveau résidu a été repris par
l'eau pure; la dissolution additionnée de potasse caustique brunit, comme
le ferait le glucose, sous l'influence de la chaleur; de plus, elle réduit le
réactif cupropotassique bien avant la température de 100 degrés.
» J'ai répété la même expérience avec des corpuscules extraits de pa-
pillons corpusculeux. Le résultat a été le même; seulement, dans ce cas,
les corpuscules retiennent, même après le traitement par la potasse, une
matière qui noircit par l'acide sulfurique, devient poisseuse et s'élimine
complètement par le dernier traitement, c'est-à-dire la saturation par la
craie ou le carbonate de baryte.
» J'aurais voulu faire fermenter le sucre produit, mais j'ai eu trop peu
de matière à ma disposition, environ 3 centigrammes dans chaque expé-
rience. Mais je crois que, nonobstant l'absence de ce complément de
preuve, les précédentes expériences établissent suffisamment que le cor-
puscule vibrant contient de la cellulose. »
M. Reimaw adresse de Berlin une Note relative à des expériences sur
la teinture du coton avec les matières colorantes dérivées de l'aniline.
(Renvoi à la Section de Chimie.)
M. de la BowiMr ni; de Beaumo.vt adresse un nouveau « Mémoire sur la
nutrition des jeunes Salmonidés, au moyen d'une larve de l'eau courante,
du genre des Diptères titulaires, voisin desSunulies », et prie l'Académie de
vouloir bien substituer la rédaction actuelle à celle qui a été adressée par
lui le 9 juillet 1866.
(Commissaires précédemment nommés : MM. Milne Edwards, Coste,
Blanchard.)
M. Conté adresse d'Aiguillon (Lot-et-Garonne) une Note « sur les végé-
taux médicamenteux de provenances diverses, inscrits dans le tableau
annexé au décret du 8 juillet i85o ».
(Renvoi à la Section de Médecins. )
6 .
( 44 )
M. Esmenjaud prie l'Académie de vouloir bien ouvrir un pli cacheté,
déposé sous son nom le ier mai 1867.
Ce pli, ouvert en séance par M. le Secrétaire perpétuel, contient une Note.
relative à une question d'entomologie, Note qui est renvoyée à la Section
de Zoologie.
M. Aug. Vaillant adresse de Melun une Note relative à la navigation
aérienne.
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
AI. BoiYiean adresse de Chambéry un Mémoire relatif au choléra, et prie
l'Académie de vouloir bien l'admettre au concours du legs Bréant pour
1867, quoique le terme assigné pour l'envoi des pièces destinées à ce con-
cours soit expiré.
(Renvoi à la Commission, qui jugera s'il y a lieu d'admettre ce Mémoire
au concours de 1867.)
MAI. KREUzet Parker adressent chacun une Note relative au choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
CORRESPONDANCE .
AI. LE AIlNISTRE DE l' AGRICULTURE; DU COMMERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS
adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, le tome LV1I des Brevets d'in-
vention pris sous l'empire de la loi de 1844.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — No le sur l'action réciproque de deux molécules;
par AI. Boussixesq.
« Je me propose, dans cette Note, de chercher la formule la plus géné-
rale qui puisse représenter l'action réciproque de deux molécules, dans un
milieu isotrope un peu dérangé de sa position primitive d'équilibre.
» Soient : M une molécule d'un tel milieu; x, y, z ses coordonnées
rectangulaires primitives; u, v, w les augmentations reçues par les coor-
données à l'époque t, ou les déplacements suivant les axes de la molécule :
u, i>, iv sont fonctions de x, y, z. Les actions exercées par M sur une antre
molécule très-voisine M' dépendent généralement : i° des positions rela-
tives d'équilibre de ces deux molécules, c'est-à-dire de leur distance ini-
( 45 )
tiale Ç et des cosinus a, /3, 7 des angles que la droite qui joint M à M' fait
avec les axes; i° de la manière dont les déplacements z/, v, w varient dans
un très-petit espace comprenant les molécules M et M', ou, ce qui revient
au même, de la valeur qu'ont au point M les dérivées partielles - — —
» 1 • I 1 dix, y, z)
Celles-ci étant supposées très-petites, on peut développer l'action de M
sur M', suivant leurs puissances ascendantes, par la série de Taylor, et
s'arrêter aux termes du premier degré. Les coefficients seront des fonctions
de Ç et de a, (i, 7 qui ne changeront pas, à cause de l'isotropie du milieu,
lors de toute transformation des axes rectangulaires en d'autres également
rectangulaires. Si donc nous adoptons la droite MM' pour axe des z, ce
qui donne a = o, j3 = o, 7 = 1, et que nous changions ensuite le sens
de l'axe des x ou celui de l'axe des y, la formule de l'action de M sur M'
devra rester la même. Ces transformations font changer de signe les termes
ilv dw dw du du dv . . 1 1 r 1
en —, — 1 — > -7-) -r' -7-1 qui ne peuvent par suite entrer dans Ja formule.
dz dy dx dz dy dx * ' '
De plus, les termes en — - et — doivent avoir même coefficient, car on
1 d.r dy
peut échanger entre eux les axes des x et des y sans modifier la formule.
Donc celle-ci peut être mise sous la forme
_ (du dt> rfuA _, div
A + B(,77 + ^ + ^) + C^'
où A, B, C désignent des fonctions arbitraires de 'Ç. Observons que la
parenthèse du second terme exprime la dilatation, c'est-à-dire le rapport,
changé de signe, à la densité primitive p, de son accroissement âp, et
que — est le rapport à la distance initiale £ de l'accroissement c?£ de cette
distance. L'action réciproque des deux molécules devient ainsi
A(Ç)-^0> + C(Ç)?-
La somme des deux premiers termes peut s'écrire j (Ç, p ■+- dp), f dési-
gnant une fonction arbitraire; et ensuite celui-ci peut être sensiblement
If \f
dédoublé en deux autres, j '(Ç -4- c?Ç, p -+- dp) et — -r- Ç — • Le second de
ces derniers, joint au terme en C(Ç), donnera une somme de la forme
F (Ç) — î où F désigne une fonction arbitraire. L'action réciproque des
deux molécules sera ainsi exprimée par
/(Ç + cîÇ,(3 + ^)+F(Ç)|.
( 46 )
» L'action moléculaire, dans un milieu isotrope, se compose donc de
deux forces : l'une, f [Ç -+- &Ç, p +■ cfy), ne dépend pas de la distance ini-
tiale des molécules, mais dépend seulement de leur distance actuelle et de
la densité; l'autre, F(Ç)y> varie avec la distance initiale des molécules
et leur écartement.
» La première n'agit pas dans les mouvements qui ont lieu sans chan-
gement de densité, du moins si l'on suppose que l'action moléculaire
s'étende à un grand nombre de molécules. En effet, pendant toute la durée
d'un pareil mouvement, chaque molécule est constamment en rapport avec
une même quantité de molécules placées de la même manière. Ainsi la pre-
mière force n'empêche pas le glissement des molécules les unes sur les
autres : elle constitue l'élasticité des fluides.
» Mais il n'en est pas ainsi de la deuxième force. De quelque manière
que varie la distance de deux molécules, elle tend à ramenei' cette distance
à sa valeur initiale et à faire occuper aux molécules les mêmes places rela-
tives. C'est par conséquent cette deuxième force, fonction de la distance
initiale et de l'écartement, qui constitue la solidité.
» Les fonctions y7 et F peuvent n'être pas les mêmes chez les divers corps
isotropes. A une distance finie, deux molécules agissent, quelle que soit
leur nature, d'après la loi simple de l'attraction newtonienne : leur action
mutuelle ne dépend alors que de leurs masses et de leur distance. Mais,
lorsque celle-ci devient insensible, il y a peut-être d'autres éléments à
considérer, ainsi que l'indique la complication des phénomènes physiques.
« Navier et Poisson, dans leurs Mémoires sur l'élasticité des corps solides,
ne comptaient que les actions de deuxième espèce, et c'est pourquoi ils ne
trouvaient dans l'expression des forces élastiques qu'un seul coefficient.
En tenant compte, en outre, de celles de première espèce, on a les formules
à deux coefficients de M. Lamé, et, de plus, les forces normales con-
tiennent un terme constant, de grandeur arbitraire, qui représente chez les
fluides la pression dans l'état primitif. »
physique mathématique. — Théorie des expériences de M. Poiseuille sur
l'écoulement des liquides dans les tubes capillaires; par M. Boussixesq.
« On sait que M. Poiseuille est arrrivé à des lois très-précises sur l'écou-
lement permanent des liquides dans les tubes capillaires mouillés par ces
liquides. Ces lois sont que la dépense dans l'unité de temps varie : i° en
raison inverse de la longueur du tube; 2° proportionnellement à la diffé-
( 47 )
rence des pressions exercées à ses deux extrémités et à la quatrième puis-
sance de son rayon. On peut les déduire très-simplement des formules de
Navier sur le frottement dans les liquides; mais il est nécessaire de modi-
fier les équations à la surface, en supposant la vitesse nulle près d'une paroi
mouillée. Cette supposition est très-naturelle; car, si une différence très-
petite de vitesse entre molécules liquides très-voisines développe une
force sensible, une différence finie de vitesse entre les molécules de la paroi
et celles du fluide en contact développerait un frottement tangentiel incom-
parablement plus considérable. Ce frottement, devant faire équilibre à l'ac-
tion tangentielle exercée par le liquide sur sa surface, devra donc corres-
pondre à une vitesse très-petite et analytiquement nulle.
» Cela posé, désignons par V la vitesse, par x et y deux coordonnées
rectangulaires prises dans un plan normal aux génératrices du tube, par p
la différence des pressions exercées aux deux extrémités, par / la longueur
du tube, et enfin par H le coefficient de frottement. Les formules de Navier
donnent pour équation du mouvement rectiligne permanent, en négligeant
l'action très-petite de la pesanteur,
(> 77 + -7-t -+- 5-, = o.
</>■' rly' H /
Si le tube est elliptique et a pour équation
a' b-
la valeur de V, qui vérifiera l'équation (i) et sera nulle sur la paroi, est
2 H/ a' -h b1 \ a' /,-)
On en déduit la dépense dans l'unité de temps
D- * >'
4 H / «'+£=
Si h — a ou que le tube devienne circulaire de rayon a, on a la formule
trouvée expérimentalement par M. Poiseuille,
\8H
pa'
T'
» La valeur de ^ pour l'eau est 743o, l'unité de longueur étant le milli-
mètre, et l'unité de force le milligramme. La pression H sur i millimètre
( 48 )
• > ,ki' pï suri mètre carré, -^-; le coefficient de frottement
carre est^^^' et'sur ' meneca,r ' 749°
de l'eau est donc excessivement petit.
» On voit que les expériences de M . Poiseuille démontrent l'exactitude des
formnlesdeNavier^partlesmodfficationsquedoiventrecevoirlesequations
à la surface. Si les mêmes formules n'expliquent pas simplement les mouve-
ments permanents de l'eau dans les rivières et dans les tuyaux de conduite,
cela tient sans doute à ce que ces mouvements ne peuvent pas être supposes
rectilignes. En effet, le coefficient H étant extrêmement petit il faudrait
une excessive inégalité entre les vitesses supposées rectilignes des diverses
couches liquides, pour produire un frottement capable de neutraliser ac-
tion de la pesanteur. Or, bien avant que des vitesses si inégales aient pu
s'établir, les plus petites irrégularités du lit causent des chocs suffisants
pour détruire l'accélération due à la pesanteur. 11 résulte de là une vitesse
moyenne assez uniforme, mais très-différente de celle qui s établirait s, le
mouvement était recliligne. »
A 4 heures trois quarts, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. E. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du ,- juillet .867, les ouvrages dont
les titres suivent :
OEuvres de Lagrange, publiées par les soins de M. L-A. Sebret, sous les
auspices de S. Exe. le Ministre de l'Instruction publique. T. I . Pans, 1807,
in-4° cartonné.
in-4 cartonne.
Question du vinage. Rapport à la Société centrale d' Agriculture de l Hérault
SUr la demande de la Chambre syndicale des Agriculteurs de betteraves pourfaire
'abaisser à ao francs le droit sur les alcools destinés au vinage, en soumettant
tous les bouilleurs de cru à l'exercice, parB. MabèS, Correspondant de 1 In-
stirut. Montpellier, 1857; br. in-8?.
{La suite du Bulletin au prochain numéro.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 8 JUILLET 1867.
PKËSIDENCE DE M. CHEVREUIL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
histoirk DES académies. — Note historique sur l'établissement des
Académies; par M. Chasles.
« Le sujet de la lecture que devait faire notre confrère, M. Babinet, dans
la séance trimestrielle de l'Institut de mercredi dernier, savoir, l'établisse-
ment de i Académie des Sciences, m'a l'appelé que je possédais un document
qui, sans se rapporter directement à notre Académie, n'y est pas absolu-
ment étranger, parce qu'il concerne l'établissement de l'Académie fran-
çaise, sœur ainée des Académies fies Inscriptions, et des Sciences. Il s'agit
de deux Lettres de Rotrou, adressées au cardinal de Richelieu . Dans la
première, Rotrou parle des Jeux floraux institués à Toulouse par Clémence
Isaure en i324, et de l'utilité qu'il y aurait à fonder de telles Académies,
ou au moins une à Paris. Dans la seconde, Rotrou félicite le cardinal d'avoir
accueilli l'idée qu'il lui a communiquée. « Ce sera, dit-il, un grand bien
» faire aux Lettres. Et je ne doute pas que la postérité vous en saura beau-
» coup de gré. » La noble idée du grand citoyen et du grand poète a
donc contribué à l'établissement des Académies et au lustre que leurs tra-
vaux ont répandu sur le XVIIe siècle. Je prie l'Académie d'agréer ces deux
Lettres et d'en ordonner le dépôt dans les archives de l'Institut. L'Académie
C. K., l 8G7 , -2* Semestre. (T. LXV, >» 2.) 7
( 5o )
veut-elle ine permettre d'y joindre deux autres Lettres de Rotrou, qui ont
aussi de l'intérêt, mais à un autre point de vue? Celles-là sont adressées à
Corneille, et Rotrou y prédit ce que réalisera le génie du jeune Pocquelin.
» Je pourrais ajouter que Corneille aussi a porté un pareil jugement, en
engageant son jeune ami à persévérer dans son dessein dentier dans la
carrière dramatique. Mais j'abuserais des moments de l'Académie eu m'é-
cartant plus longtemps de nos travaux habituels. »
Sur la proposition de M. le Secrétaire perpétuel, M. le président décide
que les deux Lettres adressées au cardinal de Richelieu seront reproduites
à la suite de cette communication.
« Les voici textuellement, c'est-à-dire avec les négligences qui se ren-
contrent souvent dans les correspondances familières de l'époque :
Ce 22 avril.
MONSEIGNEUR
,1e vous ay dit qu au moyen âge il se forma des Sociétés ou académies pour juger du
succès de reluy des scavans qui avoit le mieux traicté ce quon appeloit alors le chant Roval.
Ce fust en 1824 que Clémence Isaure de la maison des comtes de Toulouse convoqua lous
les poêles et les trouvères du voisinage de Toulouse, et promist de donner une violette d'or
a celuy qui feroit les plus beaux vers. Elle donna un fond dont le revenu devoit estre
employé a ce prix. Après la mort de cette illustre dame, dont la mémoire est si célèbre, les
magistrats de Toulouse ordonnèrent que tout ce quelle avoit institué seroit exactement observé
a (advenir. Ceux qui jugeoient des ouvrages estoient appelés les mainteneurs de la gaye
science. Celuy qui remportoit le prix estoit reçu docteur en science gaye; on demandoit le
doctorat, on estoit reçu et les lettres estoient expédiées en vers Celuy qui remportoit le pre-
mier prix estoit honoré du nom de Roy. Telle est Monseigneur, le commencement de ces
sociétés ou académies. Ne vous semble-t-il pas qu'il seroit bien d'en establir de semblables
ou si nom une à Paris. Je vous laisse y penser. Je suis monseigneur votre très humble
serviteur. Rotrou.
A monse.ig le C"' rie Richelieu
Ce 27 avril.
Monseigneur
J approuve l'idée que vous avez conçue destablir à Paris une académie à l'instart de celle
qu'establit Clémence Isaure a Toulouse et ce sera un grand bien faire aux lettres. Et je ne
doute pas que la postérité vous en scaura beaucoup de gré. Je m'estime heureux que ma
précédente lettre vous ay suggéré cette noble idée. Vous nie mandez si dans les recherches
que jay faites au subjet de la fondation de ces sortes de sociétés ou académies, jay trouve
comment se pratiquoit les statuts ou plustost les règlements de ces sociétés et dans quelle con-
dition se faisoit cet espèce de combat demulation. Selon ce que j'ay observé : on faisoit
ordinairement un chant de trois ou quatre stances; le dernier vers de la première devoit ser-
vir de Refrain aux autres, et cet ouvrage estoit appelé chant Royal, parce que ordinairement
( 5r 1
on ladclressoit au Rov. On fit ensuite des Balades qui estoient moins longues que le chant
Royal. Ordinairement a fin de ces poèmes on mettoit en cinq vers un abbregé du sujet quon
appeloit envoy, parce quon ladressoit au Roy pour se le rendre favorable. Voila monsei-
gneur ce que je scay. Jay bien lhonneur destre votre très humble serviteur.
Rotrou.
A monseisr le cardinal de Richelieu.
» A la suite de la communication de M. Chasles, M. le Président de-
mande à son confrère s'il lui conviendrait, sans attendre qu'un travail
dont il a parlé il va quelque temps, concernant la découverte des lois de
l'attraction par Pascal, soit achevé, de dire dès ce moment quelques mots
de ce grand fait de la science qui date, comme l'établissement des Acadé-
mies, du XVIIe siècle. M. Chasles répond que d'autres occupations urgentes
ne lui ont pas permis de donner suite à ce travail, mais que voulant satis-
faire au désir naturel de M. le Président, il mettra sons les yeux de l'Acadé-
mie, dans la prochaine séance, quelques écrits de Pascal, notamment une
Lettre adressée au célèbre physicien Robert Boy le, qui contiennent l'énoncé
des lois de l'attraction en raison directe des masses et en raison inverse
du carré des distances. »
physicO-chimik. — Troisième Mémoire sur les effets chimiques produits clans
les actions électro-capillaires ; par M. Becquerel.
§1. — Causes physiques et chimiques qui interviennent dans la réduction métallique.
« La réduction des métaux dans les espaces capillaires, dont j'ai déjà eu
l'honneur d'entretenir l'Académie, ne saurait être expliquée, comme on a
essayé de le faire, en faisant intervenir seulement l'attraction moléculaire:
elle est due aux actions combinées des affinités, de l'attraction moléculaire
et de l'électricité.
» Je reviens dans ce Mémoire sur ce triple concours, afin de donner de
nouvelles preuves à l'appui de celles que j'ai déjà présentées, et de démon-
trer surtout l'intervention de l'électricité dans le phénomène de la réduc-
tion des métaux. J'exposerai ensuite de nouveaux faits relatifs aux actions
chimiques qui ont lieu dans les espaces capillaires et à la production des-
quels l'électricité ne paraît pas jouer un rôle direct, si toutefois elle inter-
vient, comme dans la réduction.
» Rien n'est plus simple que de démontrer l'influence de l'électricité
dans la production de ce phénomène. On emploie à cet effet l'appareil
composé d'un tube de verre fêlé, rempli d'une dissolution métallique, de
7-
( 5a )
nitrate de cuivre, par exemple, que l'on plonge dans une éprouvette con-
tenant une dissolution de monosulfure de sodium; si l'on plonge dans
chacune d'elles l'un d^s bouts d'un fil de cuivre, on forme alors un couple
électrochimique simple, composé de deux dissolutions réagissant l'une sur
Faillie par l'intermédiaire des fissures du tube, et d'un fil de cuivre. La
dissolution acide rend libre de l'électricité positive, et l'autre de l'électri-
cité négative. Le bout du fil de métal qui se trouve dans la dissolution
alcaline étant attaqué est le pôle positif, tandis que l'autre bout, qui plonge
dans la dissolution métallique, est le pôle négatif et se recouvre de cuivre;
de l'autre côté, il y a production d'hyposulfite de soude et de nitrate de
soude; en peu de temps, la dissolution de nitrate de cuivre est décompo-
sée. Pendant ces réactions, la fissure n'agit que pour établir le contact des
deux dissolutions et transmettre le courant électrique résultant de cette
réaction et de l'action chimique du monosulfure sur le cuivre; on n'aper-
çoit aucune trace de cuivre métallique dans l'intérieur de la fissure et sur
la portion de la surface intérieure du tube qui l'environne. Vient-on à re-
tirer le fil de cuivre et à supprimer ainsi tout conducteur métallique, on
observe aussitôt les effets suivants : la fissure se remplit de petits cristaux
de cuivre métallique, ainsi que la paroi intérieure du tube; celle-ci se
recouvre même quelquefois d'une couche brillante de cuivre ; on voit donc
qu'en l'absence du fil de cuivre, certaines parties de la fissure en rem-
plissent les fonctions. Le couple se compose alors de deux dissolutions et
des parois de la fissure, dans laquelle pénètrent ces dernières par l'action
capillaire; ces liquides se trouvent dans un état moléculaire différent de
celui qu'ils présentent en dehors et au milieu de la fissure, condition qui
suffit, comme je l'ai démontré il y a déjà longtemps, pour constituer un
couple sans métal.
» Dans le cas actuel il y a deux courants qui s'ajoutent, parce qu'ils sont
dirigés dans le même sens, l'un dû à la réaction des liquides, l'autre pro-
venant de l'oxydation du métal. Lorsque la fissure est remplie de métal, il
arrive quelquefois qu'aucun contact n'existe entre les deux liquides; alors
le couple cesse de fonctionner. Avec l'appareil à deux plaques de verre ou de
cristal, et dont Tune est creusée au milieu pour recevoir la dissolution mé-
tallique, le système plongeant dans une dissolution de monosulfure de
sodium, les effets de réduction quelquefois sont continus et complets, quel-
quefois ils ne le sont qu'imparfaitement; cela tient sans aucun doute à la
difficulté qu'éprouvent les deux dissolutions à se joindre ça et là dans l'in-
tervalle capillaire d'une grande étendue, difficulté qui n'a pas lieu dans
( 53 )
une fêlure. L'expérience réussit parfaitement quand l'intervalle capillaire
entre les deux lames est rempli de la dissolution métallique et qu'il se forme
un bourrelet de sulfure métallique sur les bords.
» J'ajouterai une observation qui n'est pas sans quelque importance, et
qui vient à l'appui de la conclusion à laquelle je suis parvenu : dans le
couple formé de deux dissolutions et d'un fd de cuivre, le bout du fil qui
est dans la dissolution de monosulfure est fortement attaqué et se recouvre
de sulfure noir. Il en est de même dans le couple où le fil de cuivre est
remplacé par la fissure; la face du cuivre déposé dans celle ci, et qui se
trouve en contact avec la dissolution de monosulfure, est également noire
et par conséquent sulfurée.
» Les effets dont on vient de parler sont les mêmes avec d'antres disso-
lutions métalliques, notamment avec celles de nitrate d'argent. On conçoit
d'après cela qu'aussitôt qu'il y a quelques parcelles d'argent de déposées
dans les premiers temps, il y a double effet de produit : un effet résultant
du couple formé par les deux liquides et par les parcelles de métal, et un
autre dû au couple fonctionnant avec les deux mêmes dissolutions et la
fissure.
» Ces expériences prouvent de nouveau cpie les espaces capillaires et
deux liquides différents qui communiquent ensemble par leur intermé-
diaire constituent un couple voltaïque pouvant produire des actions chi-
miques, mais avec cette différence toutefois que ces espaces étant beaucoup
moins bons conducteurs de l'électricité que les fils métalliques à section
égale, les effets électrochimiques doivent être beaucoup moindres.
» Il est donc bien démontré maintenant que, dans les conditions où mes
expériences ont été faites, la réduction des métaux est bien due au concours
simultané des affinités, de l'action capillaire et de celle de l'électricité dé-
gagée dans la réaction l'une sur l'autre desdeux dissolutions qui pénètrent
dans la fissure du verre.
» Il résulte de là, comme j'en fournirai plus loin des preuves, que dans
les appareils simples dont je me sers depuis quarante ans pour former des
composés insolubles cristallisés, dont un certain nombre ont leurs analogues
dans la nature, on peut remplacer les diaphragmes en kaolin d'une cer-
taine épaisseur et placés au bas des tubes pour retarder autant cpie possible
le mélange des dissolutions, par des fêlures ou espaces capillaires très-
étroits.
» Je reviendrai, dans le dernier paragraphe de ce Mémoire, sur les effets
produits parce mode de communication, qui n'est efficace que lorsque les
( 54 )
espaces capillaires n'ont pas une étendue suffisante pour que le mélange
des liquides se fasse rapidement.
§ II. — Dispositions diverses et emploi d 'une. lame métallique dans l'intervalle capillaire,
» On peut disposer l'appareil composé de lames ou plutôt de plaques de
cristal, de manière à forcer l'introduction du liquide dans l'intervalle ca-
pillaire oùs'opère la réduction des métaux, dans le but surtout de prolonger
cette action. Voici comment on obtient ce résultat : On prend uuki plaque
de cristal de i centimètre d'épaisseur et de 7 à 8 centimètres de côté, et
percée au milieu de part en part d'une ouverture de 5 millimètres de dia-
mètre, puis L'on fixe sur l'une des faces de cette ouverture, avec du mastic
appliqué à chaud, un tube de verre ayant un diamètre un peu plus grand
de 1 décimètre de hauteur, et on applique sur la face opposée de la plaque
une lame de verre pour fermer l'ouverture, que l'on assujettit dessus avec
des fils croisés perpendiculairement; l'espace capillaire où doit s'opérer la
réduction se trouve entre la plaque et la lame. Cette préparation faite, on
verse dans le tube la dissolution métallique sur laquelle on veut opérer,
afin de remplir cet espace et de chasser l'air, avant l'immersion de l'appareil
dans la dissolution de monosulfure de sodium; aussitôt après, il se forme
autour des plaques un bourrelet de sulfure qui s'oppose à la sortie de la
dissolution métallique et facilite les réactions. On modère la hauteur de la
colonne liquide dans le tube, de manière à ne pas vaincre l'action capillaire
et à provoquer la sortie de la dissolution métallique de l'appareil.
« Malgré celte addition, il arrive encore souvent que la dissolution mé-
tallique ne se répand pas uniformément sur la surface de la plaque et sur
celle de la lame en contact avec elle, parce qu'il existe ça et là de l'air ou
des corps étrangers sur ces surfaces qui s'y opposent. Il y a un moyen fort
simple de rendre l'action réductive uniforme: il suffit d'appliquer sur la lame
de verre qui ferme l'ouverture delà plaque une feuille d'orou de platine, afin
d'ajouter les effets provenant de l'action capillaire à ceux produits par l'ac-
tion du couple formé des deux dissolutions et de la feuille métallique. Celle
disposition a permis d'obtenir une espèce d'application de métal sur un
autre métal, comme dans la dorure à la pile; c'est là le premier indice
des applications qu'on pourrait en faire. On a pu ainsi déposer du nickel sur
une feuille d'or et du cuivre sur une feuille d'argent.
» On voit par là comment il peut se faire que l'action chimique de l'é-
lectricité vienne en aide à celle qui est produite par l'action capillaire. Ce
concours de l'attraction capillaire et de l'électricité dans l'étude du phéno-
f 55
mène dont je m'occupe sera d'un grand secours quand les phénomènes
auront une faible intensité.
§ Ht. — Des effets obtenus en substituant nu, monosulfure de sodium d'autres dissolutions,
et de divers autres effets produits dans les espaces capillaires,
» Lorsque l'on remplace la dissolution de monosulfure de sodium ou
celle de sulfhydrate d'ammoniaque, qui donne des effets rapides, par une
autre de potasse ou de soude caustique, la réduction métallique n'a pas
lieu ; il se dépose seulement sur la paroi intérieure du tube qui contient la
dissolution métallique, celle de nitrate de enivre par exemple, de très-
petits cristaux d'hydrate de cuivre, puis de l'oxyde noir ou deutoxyde
anhydre de cuivre, qui forme un bouirelet assez épais sur et autour de la
fêlure. Ces effets se produisent également avec les appareils électrochi-
miques simples, quand le courant électrique n'a plus qu'une faible inten-
sité, soit parce que le dégagement de l'électricité est faible, soit parce que
la conductibilité est devenue moindre.
» H suit de là qu'à conductibilité égale, [dus l'affinité des deux dissolu-
tions qui réagissent l'une sur l'autre sera grande, plus les effets éleclrochi-
miques seront marqués.
» La dissolution du glucose dans la soude caustique avec celle de nitrate
de cuivre et l'appareil à lames de verre produisent difficilement et lente-
ment la réduction du cuivre; cette réduction, toutefois, présente des dif-
férences avec celle cpie l'on obtient avec le monosulfure de sodium; le
métal se dépose sur les bords des lames en couches excessivement minces
et très-brillantes. Cette réduction n'est pas due à la réaction immédiate
des deux dissolutions l'une sur l'autre, sans l'intervention capillaire, car si
l'on mêle ensemble les deux dissolutions, on a un simple précipité sans
réduction métallique, même au bout de plusieurs jours.
» L'eau salée concentrée et le nitrate de cuivre, avec l'appareil à tube
fêlé, donnent un bourrelet de très-petits cristaux qui appartiennent proba-
blement à l'hydrate de ce métal.
» Il est facile d'expliquer, suivant moi, pourquoi les effets sont plus
marqués avec les sulfures qu'avec toute autre dissolution; deux causes
concourent à la production d'un courant, l'action chimique d'une des dis-
solutions sur le métal oxydable et la réaction des deux dissolutions l'une
sur l'autre : or les expériences de mon fils Edmond prouvent qu'en pre-
nant pour dissolution les liquides suivants, on a pour la force électro-
motrice résultant de leur réaction réciproque :
( 56 )
Force
électromotrice.
Eau saturée de sulfate de cuivre et eau acidulée par l'acide sulfuriqueau 1!ï. 5 , 5o
Eau acidulée au dixième et acide azotique ordinaire, de 19,5.5 à 21
Dissolution de protosulfale de fer et eau chlorée saturée 47 >00
Dissolution de persulfure de potassium et acide azotique ordinaire.. . . 72,50
» On voit par là combien la dissolution de sulfure de potassium
l'emporte sur les autres dissolutions pour donner un courant électrique
intense dans son action sur d'autres dissolutions.
» Je rapporterai maintenant des effets d'un autre genre qui ont leur
degré d'intérêt dans l'étude des phénomènes électro-capillaires.
» Lorsqu'on introduit dans un tube fêlé, fermé par un bout à la lampe,
une dissolution de bicarbonate alcalin, et qu'on le plonge dans une éprou-
vette contenant un acide quelconque concentré ou non concentré, l'acide
traverse la fissure, réagit sur le bicarbonate avec dégagement de gaz acide
carbonique, tandis qu'il ne se produit aucun dégagement dans l'éprou-
vette ; la dissolution de bicarbonate ne traverse donc pas la fissure.
» L'appareil préparé avec le papier à dialyse donne les mêmes effets.
Si l'on évapore l'acide, à peine trouve-t-on des traces de matière saline.
a Concluons-en que, dans les conditions où j'ai opéré, et lorsque la
fêlure est partout uniforme et très-étroite, les dissolutions de carbonate
sont privées de la faculté de traverser les fêlures. Il y a deux manières
d'expliquer cette propriété :
» i° En admettant que les espaces capillaires exercent une action attrac-
tive plus grande sur les acides que sur les dissolutions salines; dans ce cas,
ces dernières sont en quelque sorte expulsées de ces espaces, l'acide pénètre
dans la dissolution, ou le dégagement de gaz a heu précisément à la sortie
de la fêlure, comme on l'observe.
» 2° En s'appuyant sur la théorie électiochimique : le couple voltaïque
étant formé des deux dissolutions et de la fissure par l'intermédiaire de
laquelle elles agissent l'une sur l'autre, la partie intérieure de cette fissure
est le pôle positif du couple, puisqu'elle est en contact avec la dissolution,
qui se comporte comme un alcali par rapport à l'acide; il parait donc
naturel que le dégagement de gaz ait lieu comme on l'observe, c'est-à-dire
sur la face intérieure de la fissure.
» Dans une autre expérience, on a substitué à la dissolution de bicar-
bonate, dans le tube, de l'eau colorée par la teinture de tournesol; à l'in-
stant de l'immersion du tube dans l'acide, on a vu la couleur bleue virer
au rouge près de la fêlure, tandis que l'on n'a observé aucune coloration
( 57 )
dans l'acide, preuve que l'eau et la matière colorante n'ont pas traversé
sensiblement l'espace capillaire pendant la durée de l'expérience.
» Enfin, en remplaçant l'eau qui se trouve dans le tube par une disso-
lution de potasse caustique marquant 10 degrés à l'aréomètre et colorée
par la teinture de tournesol, l'acide n'a présenté non plus aucune trace de
coloration en ronge.
§ IV. — Des effets produits avec divers diaphragmes.
» Les diaphragmes que j'ai particulièrement essayés, à part le papier à
dialyse dont j'ai déjà parlé, sont le verre et le quartz broyés en parties
ténues, le sable fin et le plâtre gâché, et dont les interstices sont des espaces
capillaires.
» Avec du sable fin ou du quartz pilé introduit dans des tubes fermés
avec un morceau de toile fixé avec un fil sur la paroi extérieure, et formant
des diaphragmes de 4 à 5 centimètres «le hauteur, on a obtenu les résultats
suivants avec diverses dissolutions métalliques placées dans le tube, et la
dissolution de monosulfure de sodium dans Péprouvette, en faisant remar-
quer, toutefois, qu'une première condition à remplir est que le sable soit
assez fin et que la hauteur de la colonne soit suffisante pour que le mélange
des deux dissolutions soit très-lent à s'effectuer.
» En donnant la hauteur indiquée à la colonne de sable, on opère dans
de très-bonnes conditions et on a l'avantage surlout, quand la dissolution
métallique contient plusieurs métaux, de voir une séparation assez nette
entre les différents métaux réduits, leurs dissolutions ne jouissant pas toutes
également, au même degré, de la faculté d'être décomposées dans ces appa-
reils.
» Presque tous les métaux sont réduits de leurs dissolutions avec l'ap-
pareil à colonne de sable et la dissolution de monosulfure de sodium.
» Le cuivre est réduit d'une dissolution de nitrate, sous forme de den-
drites, dans toute la hauteur de la colonne de sable, lors même qu'elle
a 5 centimètres de hauteur; il en est de même de l'or, de l'argent, du
cobalt, du nickel, etc.
» Une dissolution à parties égales de nitrate de cuivre et de nitrate d'ar-
gent donne d'abord de l'argent en dendrites ou en plaques; le cuivre vient
ensuite, mais longtemps après.
» Avec le plâtre gâché, on obtient la réduction du platine, du cobalt, etc.,
et des indices de réduction du chrome.
C R., 1X117, 2« Semestre. (T. LX.V, N° 2.) S
( 58 )
» La nature des parois des intervalles capillaires ne paraît exercer
aucune influence sur le phénomène de la réduction métallique; car, en
opérant avec des laines de verre, si l'on interpose entre elles une feuille de
papier, on bien si l'on applique sur l'une d'elles une couche très-mince de
vernis, le métal se dépose soit sur la feuille de papier, soit sur la couche
de vernis.
§ V. — De la substitution des fêlures des tubes aux diaphragmes en kaolin humides, dans les
appareils électrochimiques simples.
» Les appareils électrochimiques simples qui m'ont servi jusqu'ici à for-
mer un grand nombre de produits insolubles cristallisés sont composés d'un
tube de 1 centimètre environ de diamètre, fermé à la partie inférieure par
de l'argile ou du kaolin humide retenu avec de la toile fixée sur la paroi
extérieure avec du fil. Ce tube rempli d'une dissolution plonge dans une
éprouvette contenant une autre dissolution; dans chacune d'elles plonge
une lame de métal différent, les deux lames sont mises en communication
pour former un couple électrochimique. On peut supprimer maintenant le
diaphragme d'argile et se borner a opérer avec un tube fêlé, fermé par en
bas à la lampe; la fissure par laquelle les deux dissolutions réagissent très-
lentement l'une sur l'autre remplace le diaphragme; les effets varient sui-
vant l'étendue de la fissure en largeur, c'est-à-dire suivant l'action capil-
laire qu'elle exerce.
» Le couple dit couple à gaz oxygène, qui est un des premiers couples à
courant constant que j'ai fait connaître, est composé d'un tube fermé par un
bout avec une membrane ou du kaolin et rempli d'une dissolution de po-
tasse caustique et plongeant dans une éprouvette contenant de l'acide ni-
trique ordinaire, puis d'un fil de platine qui complète le circuit dont
chaque bout plonge dans l'un des deux liquides; il se dégage aussitôt du
gaz oxygène sur le bout du fil de platine qui plonge dans la dissolution de
potasse; tandis qu'il se produit du gaz nitreux dans l'éprouvette, par suite
de la réaction de l'hydrogène, qui se dégage à l'autre bout, sur l'acide ni-
trique. On obtient les mêmes effets en opérant avec un tube fêlé, fermé par
un bout à la lampe au lieu de l'être avec du kaolin.
» Avec l'appareil électrochimique simple et la fermeture du tnbe avec le
kaolin, on obtient, comme je l'ai démontré anciennement, les sulfures et
iodures simples et doubles; il en est de même avec le tube fêlé, mais avec
cette différence toutefois que la fissure quand elle est excessivement étroite,
conduisant très-mal l'électricité, on obtient quelquefois des résultats dif-
( 5<) )
férents; ainsi, en expérimentant avec l'iodure de potassium, on obtient tou-
jours avec le premier appareil d'abord un double iodure de potassium cl
de plomb, en aiguilles très-blanches, d'un blanc satiné, puis l'iodure jaune
de plomb cristallisé; avec le deuxième appareil, le double iodure est quel-
quefois nettement cristallisé par suite d'une action très-lente.
Résumé.
» Il est démontré dans ce Mémoire :
» i° Qu'un espace capillaire placé entre une dissolution métallique et
une dissolution de monosulfure alcalin constitue nu couple vollaïque; cet
espace se comporte comme le fil métallique dans un couple électrochimique
simple.
» Dans le premier cas, le métal est réduit sur les parois de cet espace et
les parties adjacentes; dans le second il l'est sur le bout du métal qui plonge
dans la dissolution métallique et il n'y a aucun eftet produit par la fissure.
La fissure dans le tube fêlé remplace donc le fil métallique, et vice versa,
avec cette différence toutefois que l'action est plus intense avec le fil qu'avec
la fissure, en raison d'une meilleure conductibilité et d'un courant plus
énergique puisqu'il est produit par deux causes; tandis qu'avec la fêlure
une seule cause intervient pour la formation du courant, la réaction des
deux dissolutions l'une sur l'autre.
» 2° La nature des parois capillaires est sans influence sur le phénomène.
» 3° Le papier à dialyse se comporte comme les autres espaces capil-
laires, mais l'action est plus tumultueuse, plus rapide; les produits formés
s'altèrent beaucoup plus rapidement, en raison de la grande proximité des
dissolutions, des déchirures ou des altérations qui peuvent se produire dans
le papier et que l'expérimentateur ne peut prévoir.
» 4° Les acides franchissent plus facilement les espaces capillaires que
les dissolutions salines et les couleurs végétales.
» 5° Les principes qui ont été exposés dans le précédent Mémoire et dan.,
celui-ci serviront probablement à expliquer certains phénomènes géologi-
ques de décompositions et de formations de minéraux, dans des roches qui
se laissent pénétrer par des eaux tenant en dissolution de l'air ou des sub-
stances enlevées aux filons ou aux roches qu'elles traversent.
» 6° L'étude de la physiologie eu général peut en recevoir un utile con-
cours, car tous les êtres organisés présentent les éléments nécessaires pour
constituer des couples électrochimiques donnant lieu à des phénomènes
,S..
( 60 )
non interrompus de décompositions et de recompositions, qui probablement
interviennent dans les phénomènes de la vie. j>
COSMOLOGIE. — Classification adoptée pour la collection de météorite* du
Muséum; par M. Daubrée.
« Les corps qui nous arrivent des espaces planétaires, et que l'on com-
prend sous le nom général de météorites, ont été depuis longtemps rap-
portés à deux grandes divisions, les /ers et les pierres.
•> C'est là, eu effet, la division qui paraît à la fois la plus simple et la
plus naturelle.
» Toutefois, en examinant un certain nombre de ces masses, plusieurs
savants ont jugé convenable, il y a quelques années, d'établir une troi-
sième, division intermédiaire entre les deux précédentes, à laquelle ils ont
donné les noms de mésosidérites , de lilhosidériles ou de sidérolithes pour
caractériser cette nature mixte.
» Quelque commode que paraisse ce dernier système de division, dès
qu'on cherche à en faire usage sur une série nombreuse de chutes, on se
trouve dans l'embarras. Les passages qui relient les termes extrêmes de
cette série, d'une part le fer massif, d'autre part la pierre exempte de
fer, conduisent à un véritable arbitraire. C'est ainsi que certains échantil-
lons placés par les uns dans la division intermédiaire le sont par les autres
dans la troisième ou dans la première. Si l'on refuse d'admettre cette divi-
sion intermédiaire, les difficultés sont plus grandes, particulièrement poul-
ies fers, tels que celui de Pallas, où des grains pierreux commencent à se
montrer disséminés au milieu de la masse métallique, et qui servent ainsi
de premier chaînon entre les fers et les pierres.
» En installant la collection des météorites du Muséum dans le nouveau
meuble qui vient d'être construit pour la recevoir, j'ai voulu remplacer
l'arrangement purement chronologique qui avait été adopté jusqu'à pré-
sent, par une classification qui permît de saisir les rapports généraux et
particuliers qui existent entre les termes déjà nombreux de cette suite d'é-
chantillons planétaires.
» Pour indiquer le principe de cette classification, sans entrer aujour-
d'hui dans des détails, je me bornerai à donner succinctement les carac-
tères des quatre grandes divisions qui ont été adoptées.
» J'ai dû donner à chacune de ces divisions des noms particuliers.
» Quelque regrettable qu'il soit d'introduire dans la science des noms
nouveaux et parfois compliqués, on doit souvent en reconnaître l'utilité,
( 6i )
tant pour faire sentir à l'instant la nature d'un corps et son caractère sail-
lant, que pour en rendre l'étude commode dans les divers pays. Les noms
scientifiques doivent en effet tendre à devenir cosmopolites ; c'est du reste
ainsi qu'est établie la nomenclature chimique, qui rend tant de services, et
il n'y a pas à craindre de tenter de suivre un aussi bon exemple.
» Bien qu'il ne nous parvienne à la surface du sol que des météorites
solides, on doit évidemment admettre comme possible, et même comme
très-probable, l'arrivée dans notre atmosphère de matières gazeuses ou li-
quides, accompagnant les masses solides, ou au moins ayant la même ori-
gine. L'état de nos connaissances au sujet de ces fluides d'origine extra-
terrestre est trop imparfait pour qu'il y ait lieu de les faire entrer, au moins
dès à présent, dans une classification d'ensemble.
» De plus, parmi les météorites affectant l'état solide, on en a cité à di-
verses reprises qui sont tombées avec le même cortège de lumière et de
bruit, non en masse cohérente, comme des météores ordinaires , mais à
l'état de poussière. Comme ces poussières météoriques n'ont pas été conve-
nablement étudiées et distinguées des poussières d'origine terrestre, que
d'ailleurs leur nature peut être modifiée par suite de leur combustion dans
l'air, nous les passerons également sous silence.
» C'est donc exclusivement des météorites solides et cohérentes que nous
nous occuperons ici.
» Le fer métallique, qui d'une part manque dans tontes les roches ter-
restres, et cjui, d'autre part, appartient à presque toutes les météorites, m'a
paru fournir la base le plus naturelle des grandes divisions, tant par sa dis-
position et son mode d'association à la matière pierreuse que par sa pro-
portion relative.
» Nous appellerons sidériles (r) les météorites qui renferment du fer mé-
tallique, et, par opposition, asidérites celles qui en sont dépourvues.
» Les sidériles peuvent être privées de toute matière pierreuse, ou du
moins n'en pas renfermer qui soit visible à l'œil nu. Dans ce dernier cas, elles
en renferment parfois une très-petite quantité que l'analyse chimique décèle
seule, par les résidus qu'elles laissent aux acides. Ces masses de fer con-
stituent les fiotosidères (2), correspondant aux fers météoriques proprement
dits et représentées, par exemple, par les masses de Caille et de Charcas.
» Lorsque les sidérites renferment des silicates, le fer peut s'y trouver
( 1 ) De mi'siçaç, fer.
(2) De 0*0?, tout : rappelle que la tuasse >jst complètement métallique, quant à son éclat.
( 62 )
soit sous forme de masse continue, semblable à une éponge dont la ma-
tière pierreuse occuperait les vacuoles^ soit à l'état de grains plus ou moins
gros, disséminés dans une gangue pierreuse.
» Dans le premier cas, les sidérites appartiennent à la division des sys-
sidères(i); elles appartiennent à celle des sporadosidères (2) dans le second.
» Les syssidères elles-mêmes peuvent renfermer la pierre à deux états
qui correspondent à ceux qui viennent d'être indiqués pour le fer, soit
en grains distincts, disséminés, comme on l'observe dans le fer de Pallas,
dans celui du désert d'Atacama, dans celui de Tuczon, etc.; soit sous
forme d'une masse continue, d'un réseau qui s'enchevêtre avec le réseau
de fer, ainsi qu'il arrive pour le fer de Rittersgrùnn, par exemple, comme
je l'ai reconnu récemment à l'aide d'un procédé particulier.
» La division des sporadosidères renferme le plus grand nombre des mé-
téorites connues. Pour en faciliter l'étude, j'ai cru devoir la subdiviser en
trois sous-groupes sous les noms de polysidères (3), olic/osidères (4) et cryp-
tosidères(S), suivant que le fer y est en grande quantité (Sierra de Chaco),
en petite quantité (Saint-Mesmin, Âumale, etc.), ou enfin en proportion
indiscernable à la vue [Juvinas (6), Chassigny (7)].
» Disons que ces trois subdivisions sont loin d'avoir la même valeur que
celle dont il vient d'être question , car elles ne peuvent être basées, comme
ces dernières, sur des caractères bien tranchés. Toutefois, chacune d'elles
correspond à des variations très-sensibles de la densité.
» La quatrième subdivision des météorites cohérentes est celle des asi-
dères correspondant aux asidérites, qui, comme on l'a vu plus haut, est
caractérisée par l'absence du fer métallique. A mesure qu'on étudie plus
attentivement les météorites au point de vue de la présence du fer métal-
lique, le nombre des échantillons de ce dernier groupe se réduit davan-
tage. Il est à peu près restreint aujourd'hui aux météorites charbonneuses
(Alais, Orgueil.)
(1) De <nt, avec, rappelle que le métal forme une masse continue.
(2) De r%t>ça.ç, disséminé.
(3) De aroAur, beaucoup.
(4,) De oXtyoi, peu.
(5) De xçusrj-of, caché.
(6) Comme l'a reconnu M. Gustave Rose [Beschreibung (1er meteoriten Sammlung zu
Berlin, p. 12g).
(7) D'après un examen fait récemment au laboratoire du Muséum par M. Lawrence
Smith.
(63 )
» Tel est le principe sur lequel est basée cette classification. On a cherché
à y exprimer, sous une forme simple et pratique, tomme il convenait pour
l'arrangement d'une collection, les différences et les rapports qui existent
entre les deux types de météorites.
» Ces différences et ces rapports, cjui sont rendus numériquement sen-
sibles par la variation de la densité, sont exprimés dans le tableau qui suit :
Météorites solides et cohérentes.
I Ne renfermanl
pas de ma-
tières pier-
reuses
SOl'S-GP.OIPES.
rxrupi.Es. DENSITES.
Sidérites.
Météorites renfer-
mant du fer à
l'état métalli-
que
Asidérites.
Météorites ne ren-
fermant pas de
fer à l'état mé-
tallique
I. Holosidkres Charcas.
Le fer se pré-
sente sous I
forme d'une / II. Svssidep.es. .
' Contenant à la
fois du fer et
des matières
pierreuses. .
masse conti-
nue
Polysidères, ]
La quantité de fer
est considérable.
Sierra
Chaco. . .
Le fer se pré- J 1 Oligosidères.
senteengraîns \ III. Spoiudosidères. / La quantité de fer { Aumale.
disséminés. . . . ! est faible.
Kryptosidères. ) Chassigny. .
Le fer est indiscer- j
nable à la vue.. ) Ju*>nas. ...
IV. Asidêres Orgueil.
7,0 a o,o
Rittersgrûnn.. 7,1 h 7,8
6,5 à 7.0
3,i à 3, S
3,o à 3,2
1.9 à 3,0
ASTRONOMIE. — Sur In nébuleuse lïOrion; par le P. Secchi.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un dessin de la nébuleuse
d'Orion, qui vient d'être fait au Collège romain, et qui sera publié dans
quelque temps, après mon retour à Rome, pour y faire les dernières rec-
tifications, s'il en est encore besoin, ce que je ne crois guère.
» Ce dessin est le résultat des observations combinées que nous avons
faites, le R. P. Ferrari et moi, de sorte que rien n'y a été mis qui n'ait
été parfaitement constaté par nous deux.
>' Pour ce qui concerne la structure île la nébuleuse, l'analyse spectrale
prouve bien son état gazeux, état qui lui est commun avec les autres
( 6î )
masses nébuleuses qu'on voit dans le Sagittaire, et dans les nébuleuses
planétaires.
m Je dirai seulement que le trapèze, quoi qu'il paraisse situé dans un
espace obscur, doit avoir autour de lui une forte nébulosité, car le spectre
nébulaire est très-accusé et n'est nullement diminué par la présence du
spectre stellaire des étoiles. Cet isolement des étoiles n'est donc qu'appa-
rent, et dû à l'excès de lumière de la nébuleuse sur celle des étoiles. »
MEMOIRES LUS.
chimie ORGANIQUE. — Sur la benzoine et ses dérivés; par M. N. Zinix
(Commissaires : MM. Dumas, Regnault, H. Sainte-Claire Deville.)
a Dans ces derniers temps je me suis livré à de nouvelles études sur la
benzoine et le benzyle, et je suis arrivé à quelques résultats qui me parais-
sent intéressants.
» J'ai démontré qu'un atome d'hydrogène dans la benzoïne est aisé-
ment remplacé par les groupes des acides organiques; des corps, tels que
l'acétobenzoïne, se forment dans l'action des chloranhydrides sur la ben-
zoine. Ces benzoïnes copulées se laissent facilement nilrer, et on peut sup-
poser avec beaucoup de probabilité que la substitution de NO3 à l'hydro-
gène s'effectue dans le groupement benzoïne et non pas dans celui de
l'acide; tout au moins le produit de l'action du cbloronitrobenzoyl sur la
benzoïne diffère par ses propriétés des produits nitrés cpii se forment dans
l'action de l'acide nitrique sur la benzoylobenzoïne. Je ne suis pas encore
parvenu à remplacer l'hydrogène dans la benzoïne par un groupe alcoo-
lique; en essayant entre autres l'action de l'iodure d'éthyle sur une disso-
lution de la benzoïne dans le pétrole bouillant à 172 degrés centigrades, à
laquelle j'ajoutais du sodium, j'ai vu cpie la plus grande partie de la ben-
zoïne dissoute se précipitait de la dissolution après l'addition du sodium,
que l'hydrogène ne se dégageait pas et que le résultat final de la réaction
était un corps résineux.
» Le benzyle se dépose sans altération de sa dissolution dans un chloran-
hydride bouillant.
» La réaction du penlachlorure de phosphore sur le benzyle est très-
nette : tout le benzyle se trouve transformé en un corps qui n'est autre
chose que le produit de la mi' iilution de 2 atomes de chlore à 1 atonie
( 65 )
d'oxygène. Ce corps, le chlorobenzyle, est intéressant par le .'édouble-
ment qu'il éprouve sous l'action de la potasse caustique :
c'^H^oci5 + 2KH0 = aKci -+- ;c7iro- + c7h6o j.
Chlorobenzyle. Acide Aldéhyde
benzoïque. benzoique.
» La réaction du PhCl5 sur la benzoïne n'est pas aussi simple ; le chloro-
benzyle formé est toujours mélangé avec une grande quantité d'un produit
liquide et résineux.
» Par l'action des agents réducteurs, le benzyle est transformé en ben-
zoïne; ces agents attaquent aisément la benzoïne même. Le zinc et l'acide
chlorhydrique agissant sur ce corps, eu dissolution alcoolique, lui enlèvent
1 atome d'oxygène. Je nomme désoxybenzoïne le produit formé dans
cette réaction. Le même corps se forme dans la réaction du sulfhydrate
d'ammoniaque sur le benzyle; mais cette dernière réaction est loin d'être
aussi nette que la première. Il importe de remarquer que les mêmes agents
réducteurs, c'est-à-dire le zinc et l'acide chlorhydrique, agissant sur l'al-
déhyde benzoique ou sur l'essence d'amandes amères, produisent un corps
qui, d'après sa composition et ses propriétés, doit être nommé hydro-
benzoïne (sa formule est C'*H,402); l'action des agents oxydants le con-
vertit facilement en benzoïne. La transformation de l'aldéhyde benzoïque
en benzoïne, qui s'effectue dans cette réaction, me paraît offrir un intérêt
particulier. Je suis parvenu à obtenir l'hydrobenzoïne en chauffant l.i ben-
zoïne à l'abri du contact de l'air atmosphérique, dans un tube scellé à la
lampe, avec une dissolution alcoolique de potasse caustique. Il se forme
ici avec l'hydrobenzoïne de l'acide benzylique mêlé avec plus ou moins
d'acide benzoïque selon 1 énergie de la réaction, ainsi qu'une petite quan-
tité d'autres produits encore peu déterminés.
» La désoxybenzoïne peut être mise en ébullition avec une dissolution
concentrée de potasse caustique sans s'altérer; mais lorsqu'on la soumet à
l'action prolongée de cet agent, même à la température ordinaire, elle
donne des produits dont l'étude n'est pas encore terminée. L'action de
l'acide azotique sur ce corps est digne d'être remarquée : la désoxybenzoïne
se dédouble dans ce cas en deux produits : l'un est un acide nitrobeuzoïque
qui déjà, par sa solubilité dans l'eau, se distingue beaucoup de l'acide
nitrobenzoique normal; l'autre est un mononitrobenzyle [sa composition
est exprimée par la formule C11 (H9N02)02]; la réaction est nette, cepen-
dant comme produit accessoire il se forme toujours un peu de benzyle.
C. R., 1867, 1" Semestre. (T. LXV, N" 2.) 9
( 66)
» Jusqu'à présent, on n'a pas obtenu de produits nitrés bien déter-
minés par la réaction de l'acide azotique sur la benzoïne; selon la concen-
tration de l'acide et l'énergie de la réaction, la benzoïne se transformait ou
en benzyle ou en un corps résineux. En taisant réagir sur la benzoïne i\}\
acide azotique très-concentré, d'un poids spécifique égal à i,5, je suis par-
venu à obtenir des produits bien déterminés. L'expérience doit être exé-
cutée de la manière suivante : on prend environ 10 grammes de benzoïne.,
on les jette dans 3o à 35 grammes d'acide bien refroidi, et aussitôt que la
benzoïne est dissoute et qu'une vapeur rouge commence à se dégager, on
verse la solution dans de l'eau froide. Le produit traité par l'étber et
l'alcool peut être séparé en deux corps nitrés : l'un est résineux, très-
soluble dans les deux dissolvants mentionnés; l'autre, qui est au contraire
peu soluble, n'est autre chose que le mononitrobenzyle dont nous avons
déjà parlé. Remarquons bien que, par l'action de l'acide azotique con-
centré sur le benzyle, on obtient deux produits nitrés qui sont différents du
précédent; celui-ci est intéressant par le dédoublement qu'il éprouve sous
l'action de la potasse caustique :
CM (H9N02)02 + HHO = C7H'NH02 + CTH5H03.
» Les deux corps formés dans cette réaction sont : le premier un acide
oxybenzoïque : le second un acide azobenzoïque, insoluble dans l'eau et
dans l'alcool; son sel de potassium est presque insoluble dans l'alcool;
l'acide nitrique concentré le transforme en acide mononitrosobenzoïque,
insoluble dans l'eau, très-soluble dans l'alcool.
» En chauffant de i3o à 160 degrés centigrades la benzoïne avec de
l'acide chlorhydrique concentré, dans un tube fermé, j'ai obtenu un corps
peu soluble (sa formule est C28H20O) ; il paraît être formé par un double-
ment du groupement benzoïne. Ce corps, que je nomme lépidène, à cause
de la forme de ses cristaux qui se présentent en écailles nacrées, est très-
stable ; il distille sans altération ; la potasse caustique fondue ne paraît pas
agir sur lui, pourtant il se comporte tout autrement en contact avec les
agents oxydants : par une action ménagée de l'acide azotique, il est trans-
formé, même à froid et sans se dissoudre, en un corps qui prend la forme
d'aiguilles ternes, dont la composition est exprimée par la formule
C28H20O2; c'est un oxylépidène; les agents réducteurs le transforment sur-
le-champ en lépidène. Il est beaucoup moins stable que ce dernier; fondu
et un peu surchauffé, il est déjà altéré et transformé en d'autres compo-
sés; la potasse caustique, en dissolution alcoolique, le décompose aisé
( «7 )
ment. Le brome donne avec le lépidène un produit de substitution dont la
composition est exprimée par la formule C28H,8Br20; ce corps se laisse
oxyder presque aussi facilement que le lépidène.
» Le poids de la benzoïne soumis à l'action de l'acide chlorhydrique
égale le poids des produits formés dans la réaction : en même temps que le
lépidène, il se produit ici du benzyle et une matière huileuse qui n'est pas
encore étudiée. Dans cette réaction, la formation du benzyle, corps relative-
ment plus oxygéné que la benzoïne, permet déjà de comprendre celle du
lépidène, corps moins oxygéné.
» Les faits nouveaux que je viens de faire connaître, quoique insuffi-
sants encore pour déterminer la nature des radicaux qui concourent à la
formation de la benzoïne et de ses dérivés et la nature de leur liaison dans
ces corps, conformément aux théories admises actuellement dans la chimie
des composés carboniques, me paraissent néanmoins démontrer jusqu'à l'évi-
dence que le groupement de la benzoïne ou du benzyle, dérivé du benzoyl
par un doublement, se dédouble dans certaines réactions en donnant lieu
à la formation des produits dont les groupements rentrent pour la plu-
part dans la série benzoyl, et que le groupement même de la benzoïne pos-
sède encore la propriété de se doubler.
» Qu'il me soit permis d'ajouter ici quelques mots sur l'action du
chlore humide et de l'acide sulf'urique fumant sur l'essence d'amandes
amères; le corps qui se forme dans ces réactions n'a pas été obtenu, jusqu'à
présent, dans un état de pureté suffisant pour qu'on en ait pu déterminer
exactement la nature : on l'a nommé le benzoate de l'hydrure de benzoyl.
En reprenant l'étude de ce corps, j'ai fait réagir l'acide chlorhydrique con-
centré sur l'essence d'amandes amères, et j'ai obtenu le corps précédent en
grande quantité et à l'état de pureté parfaite ; l'identité de ce corps avec le
composé qui se produit dans l'action du chlore et de l'acide sulfurique sur
l'essence d'amandes amères a été constatée par des expériences réitérées. Ce
corps est neutre aux papiers réactifs, insoluble dans l'eau, soluble dans
l'alcool et dans l'éther, ainsi que dans une solution de potasse caustique;
les acides le précipitent de cette solution sans altération, même après une
ébullition assez prolongée; mais sous l'action des acides, il est bientôt altéré,
surtout à chaud, et converti en un corps huileux.
« Je demande à l'Académie la permission de ne décrire les propriétés de
ces derniers corps, ainsi que des produits de décomposition de la désoxy-
benzoïne et de quelques autres composés de la même série, que dans une
prochaine communication que j'aurai l'honneur de lui faire. »
9-
( 68 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
mécanique appliquée. — Sur les appareils de distribution à un seul tiroir.
Mémoire de M. Deprez, présenté par M. Combes. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
« On sait que, pour appliquer aux machines locomotives le principe de
la détente variable, on emploie universellement l'appareil connu sous le
nom de coulisse de Slephenson, dont la théorie est maintenant parfaitement
connue, grâce aux travaux de MM. Phillips, Zeuner, etc. La coulisse pri-
mitive, dite coulisse mobile, a subi plusieurs modifications dont le but était
de rendre plus régulière et plus symétrique la distribution des deux côtés
du piston; ces modifications sont : la coulisse fixe ou coulisse renversée,
la coulisse droite d'Allen, l'appareil de Sharp et Stewart, et l'appareil Wals-
chaërt qui est très-répandu en Belgique. Dans la coulisse mobile, l'avance
linéaire, ou, en d'autres termes, la quantité dont le tiroir a démasqué les
lumières quand le piston est au point mort, varie depuis la plus grande
admission jusqu'à la plus petite, tandis que, dans les quatre autres systèmes
que je viens de citer, l'avance linéaire est constante pour tous les crans de
la détente. Mais, à part cette différence, tous ces appareils de distribution
à un seul tiroir présentent dans leur fonctionnement les particularités sui-
vantes : à mesure que l'étendue de l'admission diminue, l'ouverture des
lumières est de plus en plus rétrécie, la période d'échappement anticipé
augmente; il en est de même de la période de compression et de celle de
l'admission anticipée. Je me suis proposé de trouver un appareil qui ap
portât quelques améliorations à cette distribution et, pour cela, je me suis
appuyé sur la considération suivante : Si l'on suppose que le piston soit à
l'une des extrémités de sa course et la coulisse fixée au cran de plus grande
admission, lorsque le piston commencera à se mouvoir, les lumières seront
démasquées très-rapidement; si alors on prend le levier de relevage et si
l'on place la coulisse dans une position plus voisine du point milieu, les
lumières seront fermées plus tôt qu'elles ne l'auraient été si la coulisse
n'avait pas été déplacée, mais, pour éviter que la compression ne commence
trop tôt, il faudra relever la coulisse pour la replacer au cran où elle était
d'abord; le piston achèvera alors sa course, et cette succession de mouve-
ments recommencera dans la course inverse. On voit que la coulisse devra
faire deux oscillations pendant que le piston n'en fera qu'une.
» Dans le premier des appareils que j'ai l'honneur de présenter à l'Aca-
(«9)
demie, ce mouvement est très-simplement réalisé par une disposition qui
m'a conduit en même temps à supprimer les excentriques. A la crosse du
piston est liée une tige dont un point est guidé verticalement (je suppose
qu'il s'agit d'une locomotive), suivant la droite qui passe par le milieu de
la course du piston. Cette tige est prolongée au delà du point guidé d'une
quantité qui dépend de l'avance linéaire et du recouvrement du tiroir, et
elle forme l'un des côlés d'un parallélogramme articulé dont un autre côté
est formé par une portion de la bielle elle-même. Au côté opposé à la bielle
et au point où elle s'articule avec la tige liée à la crosse du piston est soudée
d'équerre une coulisse rectiligne. Pour transmettre le mouvement de cette
coulisse au tiroir, j'emploie le système suivant : le coulisseau est lié à
l'extrémité d'une bielle dont l'autre extrémité est guidée suivant le prolon-
gement de l'axe de la tige du tiroir; c'est au milieu de celte bielle que vient
s'articuler la bielle qui mène le tiroir et qui est moitié moins longue. 11
résulte de cette disposition que le tiroir se meut toujours comme la pro-
jection verticale du point de la grande bielle mené par la coulisse, et que,
par conséquent, l'avance linéaire est invariable puisque la coulisse est ver-
ticale quand le piston est au point mort. Dans mon Mémoire, je donne la
tbéorie de cet appareil, et, moyennant certaines restrictions, j'arrive à
l'équation du mouvement du tiroir, qui est de la forme
Asina -+- Bcosa + f{a),
A et B étant des constantes, et f{ot) une fonction perturbatrice produite
par le mouvement vertical de la coulisse et qui améliore la distribution.
» Je donne ensuite la description de plusieurs autres appareils qui dé-
rivent de celui-ci, et je termine par l'appareil que j'ai nommé épicycloïdal,
et dans lequel j'emploie un excentrique et un engrenage. Il jouit de pro-
priétés très-remarquables et permet d'obtenir, au moyen d'un seul tiroir,
une distribution aussi bonne que celle des appareils à deux tiroirs
» Je vais donner ici quelques résultats obtenus sur un modèle du système
à parallélogramme, sans excentriques, que j'ai décrit plus haut et que je
comparerai avec une très-bonne distribution à coulisse renversée. Les élé-
ments fixes du modèle sont : recouvrement, \nmm^5 à gauche et 16""", 5 à
droite; avance linéaire, 2"'"1, 5 à gauche et 3 ',5 à droite. Je prends la
moyenne entre l'admission des deux côtés du piston en prévenant que les
écarts ne dépassent jamais l\ pour 100 de la course; il en est de même de
la compression :
( 7° )
Appareil nouveau. Coulisse renversée.
Durée de l'admission en centièmes delà course.. 5o 33 22 48 33 22
Durée de la compression en centièmes de la course. 16 a5 37 18 25 33
Ouverture maxima des lumières en millimètres. . 11 7,5 5 7,7 5 1,7
» Pour comparer la coulisse à cet appareil, j'ai ramené le recouvrement
à 17 millimètres dans les deux cas. On voit qu'à détente égale les deux
systèmes donnent lieu à la même compression, mais que le nouveau donne
des ouvertures de lumière plus grandes d'environ 45 pour 100. Je dois dire
que le mouvement vertical de la coulisse droite du modèle n'est égal qu'aux
0,1 3 delà course du piston.
» Je donne maintenant le même tableau pour l'appareil épicycloïdal :
Appareil nouveau. Coulisse renversée.
Durée de l'admission en centièmes de la
course 5o 3cj ?4 2 ' ' 8 • '
Durée de la compression en centièmes
de la course 3,4 (*) 12 ?o 9 (*) 28 5,3 *)
Rapport de l'ouverture maxima des lu-
mières au recouvrement t ,63 2,84 1 0,72 o,33 0,1 4
» On voit combien ces résultats sont supérieurs à ceux que donnent les
appareils connus à un setd liroir, et en même temps quelle latitude ils lais-
sent, relativement à la détente et à la compression qu'on peut faire varier
d'une façon presque arbitraire. »
M. Darget adresse de Sainte-Radegonde (Gers) une nouvelle rédaction
de sa démonstration du Poshttatum d'Euclide.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
M. de Saixt-Lac.er adresse, pour le concours des prix de Médecine et
de Chirurgie, un exemplaire complet de ses « Études sur les causes du cré-
tinisme et du goitre endémique » et prie la Commission de vouloir substi-
tuer cet exemplaire à celui qui avait été adressé par lui le 9.7 mai dernier.
L'auteur indique, dans la Lettre d'envoi, les éléments nouveaux qu'il croit
avoir apportés à la solution de la question.
(Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie).
(*) Les chiffres marqués d'un astérique correspondent aux cas où l'on a cherché, à ré
duire la compression.
( 7< )
M. Béchamp, dont la Note insérée an Compte vendu du 10 juin dernier a
été renvoyée à la Commission de Sériciculture, exprime le désir que ses
Notes antérieures du 29 avril et du 20 mai soient soumises à l'examen de
la même Commission.
Ces deux Notes seront renvoyées à la Commission de Sériciculture.
M. Alliot adresse un complément aux Noies qu'il a adressées le 17 juin
dernier sur diverses questions de médecine.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
CORRESPOND ANCE. *
GÉOLOGIE — Etudes de physique terrestre au volcan de Sanlorin. [Suite ([ ).]
Extrait d'une Lettre de M. Janssen à M. Edm. Becquerel.
« Indépendamment des recherches d'analyse spectrale dont les prin-
cipaux résultats ont été présentés à l'Académie par M. Ch. Sainte-Claire
Deville, j'ai étudié le volcan au point de vue du magnétisme terrestre, des
mouvements du sol, des températures, etc.
» L'île de Santorin est formée par les bords d'un grand cratère de sou-
lèvement. Ce cratère rompu en plusieurs endroits a livré passage aux eaux
de la mer qui y forment un bassin intérieur au centre duquel s'élèvent les
kameni ou îlots volcaniques. Ces îlots, ou plutôt les centres érnptifs qui leur
ont donné naissance, sont sensiblement distribués suivant une ligne droite
qui marque la direction de la grande fissure d'éruption de l'île.
» Or, on sait que les laves et roches dvorigine volcanique jouissent en
général de propriétés magnétiques plus ou moins marquées. Une grande
fissure du sol profond qui serait devenu le siège d'épanchements de ma-
tière magnétique devrait donc agir plus fortement que le sol environ-
nant sur l'aiguille aimantée. Telle est l'idée fort simple que j'ai soumise a
Santorin au contrôle de l'expérience.
» Les éléments magnétiques étudiés sont : la déclinaison, l'inclinaison et
l'intensité dans le plan horizontal. Mais ces déterminations qui exigent
beaucoup de temps et de rigueur étaient rendues bien difficiles par des
causes perturbatrices de tous genres: l'existence fréquente d'un vent violent,
la chute des pierres, le tremblement du sol, etc. J'ai pu heureusement me
(1) Voir le numéro du 24 juin 1867, \\. i3o3.
( 72 )
rendre maître de ces difficultés, et l'ensemble des mesures obtenues
indique avec évidence une action magnétique plus forte suivant la direc-
tion du plan éruptif actuel dont la direction a été reconnue par M. Fou-
qué et qui se trouve jalonnée par les centres éruptifs de Micra, Georges,
Aphroessa, etc. Pour l'inclinaison notamment, j'ai obtenu des différences
de plusieurs degrés entre les points de l'île qui se trouvent tout à fait en
dehors de l'axe d'éruption et ceux qui, comme l'îlot de Micra, sont placés
sur sa direction. Ce dernier point a même donné une inclinaison plus forte
de 5 degrés.
» L'étude géologique d'une région située près d'Aphroessa avait fait
soupçonnera M. Fouqué l'existence, en ce point, d'une fissure secondaire.
J'ai étudié cette région au point de vue magnétique, et les mesures sont
venues, en effet, confirmer les prévisions de ce géologue distingué.
» En résumé, monsieur, il me paraît que ces études de magnétisme appli-
qué à l'élude des volcans et des terrains d'origine volcanique promettent de
conduire à d'intéressants résultats. Elles constituent comme une sorte de
sondage magnétique des couches profondes du sol, sondage très-propre à
éclairer sur leur véritable nature, et qui apportera à la géologie de très-
utiles lumières.
» J'ai fait aussi quelques études sur les vibrations du sol au moment des
explosions. Sans avoir à cet égard des déterminations suivies, j'ai pu
néanmoins constaterd'une manière très-certaine que les vibrations avaient
presque toujours lieu dans un sens perpendiculaire à la direction de la
grande fissure d'éruption. Ainsi, en considérant cette fissure comme les
deux bords d'une plaie, l'effet des forces volcaniques serait de soulever et
d'ouvrir les bords de cette plaie. Ce résultat nie paraît indiquer d'une
manière très-simple comment les fissures se produisent et se propagent, et
du reste il est tout à fait en accord avec la théorie de M. Élie de Beaumont
sur le mécanisme de la formation des volcans.
» Pour compléter les études de physique terrestre que je devais faire à
Santorin, j'ai mesuré les températures de l'eau de la mer à diverses profon-
deurs, et j'ai fait des sondages dans les points où ces mesures présentaient
de l'intérêt; enfin, je rapporte les éléments d'une carte de l'état de l'éruption
au moment de mon départ. Ces documents, rapprochés de ceux que M. Fou-
qué a obtenus de son côté avant mon arrivée, permettront de suivre les
phases du phénomène volcanique pendant la période de nos études. »
( 73 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Recherches sur l'isomérie dans la série acélyléniqite,
Note de MM. Reboul et Truchot, présentée par M. Bâtard.
« L'objet de cette Note est de montrer qu'à côté du groupe acétylé-
nique G"H5"-2 dont l'acétylène G2W est le premier terme, viennent se ran-
ger parallèlement une série d'hydrogènes carbonés isomères dont la con-
stitution, essentiellement binaire, peut être représentée par la formule
, ._ , j destinée à indiquer qu'ils son! formés par l'accolement de deux
radicaux hydrocarbonés identiques. L'exposant du carbone s'y trouvant
forcément pair, il en résulte qu'à chaque terme delà série acétylériique ne
correspond point un isomère dans la nouvelle série, mais seulement à ceux
dont n est pair, («'==- ), c'est-à-dire de deux en deux.
» Le premier exemple de cette isomérie est fourni par l'Iiexnylène G6 H'°,
€3 H6 1
homologue supérieur du valérylène, et le diallyle £,, Hs i s' bien étudié
par M. Wurlz.
» La Note publiée par M. E. Caventou dans les Comptes rendus de 1864
nous avait complètement échappé, de sorte que nous avons refait son tra-
vail sans le connaître. Nos résultats concordent d'ailleurs avec les siens;
mais comme il y en a quelques-uns qui sont nouveaux, on nous permettra
de les signaler d'une manière rapide.
» Le bromure d'hexylène, décomposé par la potasse alcoolique, donne
de l'hexylène brome CH^Br mélangé d'hexylène que l'on sépare par des
distillations fractionnées. L'hexylène brome, liquide bouillant à i38 degrés
environ, d'une densité de 1,17 a 1 5 degrés, chauffé pendant une douzaine
d'heures en vases clos et à i5o degrés avec de la potasse alcoolique, four-
nit de l'hexoylène en perdant H Br.
» L'hexoylène est un carbure d'une densité 0,71 à i3 degrés, d'une
odeur alliacée très-pénétrante, bouillant à 76-80 degrés. Le diallyle bout
bien plus bas, à 5g degrés.
» Lorsqu'on ajoute peu à peu du, brome à de l'hexoylène refroidi au
moyen d'un mélange réfrigérant, et qu'on s'arrête dès que la couleur du
brome commence à persister, le liquide résultant, lavé à l'eau alcaline,
puis séché, présente très-sensiblement la composition du dibromure
G6H,0Br? (1) (mélangé d'un peu de tétrabromure). Ce liquide, mis eu
(1) Un dosage de brome a donnt ; Br = 68,5 pour too. La formule G6H'°Br2 exige
Br = 66,i pour 100.
(i. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 2.) ' °
( 74 )
contact avec un excès de brome, en fixe une nouvelle proportion en don-
nant un dégagement très-notable d'acide bromhydrique et se convertit en
tétrabromure liquide (i). L'hexoylène se comporte donc vis-à-vis du
brome comme son homologue, le valérylène, et point du tout comme le
diallyle qui du premier coup donne dans le mélange réfrigérant un tétra-
bromure cristallisé.
» Voici un second exemple. M. Bauer, en décomposant par la potasse
alcoolique le bromure de diamylène (CH'^Br1, a obtenu un hydrogène
carboné bouillant vers i 5o degrés, d'une odeur de térébenthine, et qu'il a
nommé rutylène. Ce carbure se produit par l'élimination de aHBr de la
molécule de bromure de diamylène, et dès lors on peut regarder comme
très-probable qu'il est constitué par l'accolement des deux résidus amy-
liques 8 , comme le diallyle £,StiS est le résultat de l'accolement des
deux résidus propyliques €3H6. Le rutylène serait un homologue supérieur
du diallyle et non de l'hexoylène.
» C'est en effet ce qui paraît avoir lieu, et on peut l'établir en préparant
le carbure C°H1S, homologue supérieur de l'hexoylène, par la méthode
générale qui donne naissance à ces hydrogènes carbonés. On commence
par se procurer du décylène G10HSO par le procédé indiqué par MM, Pelouze
et Cahours dans leur beau travail sur les pétroles d'Amérique, et qui con-
siste à transformer par le chlore l'hydrure de décyle en chlorure de décyle
qu'on décompose ensuite par la potasse alcoolique. Le décylène obtenu
est traité, après purification, par le brome, qui le transforme en bromure
G10HS0Bra qu'on décompose à son tour par la potasse alcoolique, après
l'avoir préalablement chauffé jusqu'à ce qu'il commence à se décomposer.
En distillant ensuite au bain d'huile et précipitant par l'eau, on obtient un
liquide qui est un mélange de décylène et de décylène brome qu'on sépare
par des distillations fractionnées.
» Le décylène brome €!0H19Br (2) est un liquide incolore quand il vient
d'être rectifié, mais qui brunit peu à peu, d'une densité 1,109 à la tempé-
rature de i5 degrés. Il bout sans décomposition vers 21 5 degrés. Chauffé
à 180 degrés en vases clos pendant six heures avec 3 volumes d'une
(1) Après quinze heures île contact, le liquide obtenu, lavé avec une solution alcaline,
séché et analysé, a donne Br — 78,6 pour 100. La formule €eH10Br* exige Br = 79,6
pour 100.
(2) Un dosage de brome a donné Br = 37 pour 100. La théorie exige 36,5 pour 100.
( 7* )
solution alcoolique de potasse saturée à chaud, il a fourni un mélange
de décyléne brome inaltéré, de carbure Gl0Hls et d'un éther mixte
€10H19. G5HsO. On sépare le carbure, beaucoup plus volatil que les deux
autres produits, par une suite de distillations fractionnées, et on enlève les
dernières traces de brome par une digestion prolongée en vases clos et a
ioo degrés avec un peu de sodium.
» L'hydrogène carboné ainsi obtenu est un liquide plus léger que l'eau,
d'une odeur faible rappelant celle de l'oignon. Il bout vers i65 degrés,
c'est-à-dire quelques degrés plus haut que le décyléne; il est au décyléne
ce que l'hexoylène est à l'hexylène, ce que le valérylène est a l'amylène.
Son analyse a fourni des nombres qui concordent avec la formule
£10H18 (i). Nous le nommerons décénylène.
» Traité peu a peu par le brome dans un mélange réfrigérant jusqu'à
ce que la couleur du brome persiste, il se transforme en un liquide qui offre
sensiblement la composition du dibromurè G10H18Bi ! (2 . Ce liquide, mis
en digestion avec un excès de brome pendant plusieurs jours, en a fixé deux
nouveaux équivalents en donnant un dégagement trés-nolable d'acide
bromhydrique et s'est transformé en un liquide épais, dense, qui donne à
l'analyse des résultats qui concordent avec ceux qu'exige la formule du
tétrabromure 610H,8Br* (3).
» Entre le décénylène, bouillant vers i65 degrés, et le rutylène, bouil-
lant vers i5o degrés, on trouve dans le même sens et à peu près au même
degré la différence des points d'ébullition de l'hexoylène et du diallyle. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur te fjroloiiilfure de cobalt. Note de 31. Th.
Hiortdahl, présentée par M. H, Sainte-Claire Deville.
« On ne connaît guère exactement Je protosulfure de cobalt anhydre.
1 Trouvé.
Calculé.
G = 86,96
H = 13,04
(2) Trouvé. Calcule.
Br=53,7
Il est probablement mélangé avec une petite quantité de tétiabromuiv.
C3) Trouvé. Calculé.
G = 26,0 G = 26,2
H= 4,1 H= 3,9
Br = 7o,i Br 1=69,9
10.
( 76)
Le sulfure qu'on obtient en fondant le cobalt métallique avec du soufre se
présente, d'après Proust, avec l'éclat métallique et une couleur grise. Ber-
zélius indique qu'il est d'un jaune grisâtre. D'après Berthier, le sulfure
qu'on obtient en réduisant le sulfate avec du charbon est un corps gris et
magnétique.
» Mes expériences montrent qu'il y a, outre le protosulfure, un autre
sulfure moins riche en soufre, dont la formule est
co*s3 = ;coas-H 2C0S).
Il est probable que les sulfures que je viens de citer appartiennent à ce
dernier degré de sulfuration du cobalt.
» Lorsque l'on fait passer un courant d'hydrogène sulfuré sur l'oxyde
noir de cobalt (oxyde du commerce) chauffé au rouge, il se sépare un
sulfure en globules fondus, d'une couleur jaune-laiton et d'un vif éclat
métallique. Il est fortement attiré par l'aimant. La composition est
trouvée :
Cobalt, p. d. . . - 7 1 ,4
Soufre 28,6
La formule Co*S3 exige :
Cobalt 7 1 , 09
Soufre 28,91
Ce produit est évidemment identique au sulfure de Proust, dont la com-
position est :
Cobalt 71,5
Soufre 28 , 5
» Pour avoir le protosuifure de cobalt, il faut recourir au procédé par
double décomposition indiqué par MM. H. Sainte-Claire Deville et Troost.
Lorsqu'on fond le sulfate de cobalt anhydre avec du sulfure de baryum et
un excès de chlorure de sodium, on trouve, après le refroidissement, un
grand nombre de cristaux prismatiques très-minces implantés dans la masse
fondue. Quelquefois, par refroidissement lent, le sulfate de baryte, formé
par la réaction, se sépare en cristaux lamellaires qui sont perforés par le
sulfure prismatique. Le protosulfure, dont les cristaux ont ordinairement
une longueur de 4 à 5 millimètres, a un éclat métallique très-prononcé et
une couleur gris-acier, avec une nuance de jaune-bronze. Il se dissout
dans les acides et môme, quoique lentement, dans l'acide acétique. En pré-
sence de l'eau, il se transforme peu à peu en sulfate.
x L'analyse a présenté un peu de complication, parce qu'il m'a été
( 77 )
impossible de séparer complètement de petites quantités de sulfate de
baryte et de sulfure de baryum accompagnant la matière. Deux analyses,
faites sur les cristaux les mieux triés, ont donné, en faisant abstraction des
quantités de sulfate de baryte et de baryte dissous, les nombres suivants :
i. n.
Cobalt 62,6 64,5
Soufre, p. d 37,4 35,5
La formule CoS exige :
Cobalt 65 , 22
Soufre 34 , 78
» Les cristaux du protosulfure ne sont pas attirés par l'aimant, tandis
que le sulfure jaune Co4S3 en est fortement attiré. Voilà une différence entre
les deux sulfures de cobalt qui est tout à fait analogue à celle que pré-
sentent le pyrite magnétique et le pyrite de fer ordinaire.
« La forme du protosulfure en prismes minces et allongés ressemble
beaucoup à celle du sulfure de nickel qu'on trouve dans la nature : millerite,
haarkies (pyrite en cheveux) des Allemands, qui cristallise en prismes
hexagonaux terminés par un rhomboèdre. Les petites dimensions des
cristaux n'ont permis de mesurer que la zone verticale. L'angle du prisme
a été trouvé de 120 degrés environ. Il est donc très-probable que le proto-
sulfure cristallisé, que je viens de décrire, correspond au millerite, et qu'il
y a ainsi de l'isomorpliisme entre les sulfures du cobalt et du nickel, un
nouveau fait dans la série des analogies qui réunissent ces deux métaux.
» Le monosulfure de cobalt est, du reste, connu des minéralogistes. Il
se trouve en masses non cristallisées à Rajpootanah, dans les Indes orien-
tales, et il a reçu le nom de syejjoorite. »
PATHOLOGIE. — De l'influence des rétrécissements de l 'orifice pulmon nue sur
la formation de tubercules pulmonaires . Note de M. Lebert, présentée
par M. Velpeau.
« Occupé depuis quelque temps de nouvelles recherches sur les affec-
tions tuberculeuses, j'ai étudié avec un soin particulier les éléments méca-
niques de leur étiologie, comme par exemple l'irritation pulmonaire à tous
les degrés chez les tailleurs de pierre, les mineurs de houille, etc. A cette
occasion, j'ai été frappé de la fréquence des tubercules pulmonaires dans
les cas de rétrécissement congénital, soit du cône, soit de l'orifice de l'ar-
tère pulmonaire. Si dans les temps passés on y faisait moins attention, et
(78 )
si les exemples de cette coïncidence rapportés par Favre et Travers, par
Grégory, par M. Louis, par Creveld, paraissaient isolés, les cas observés
depuis vingt ans la montrent dans la proportion d'un tiers, et souvent dans
des circonstances dans lesquelles tout autre élément éliologique de tuber-
culisation ne peut plus exister. J'ai pu réunir, pour ma part, vingt-quatre
faits de ce genre, nombre imposant, si l'on tient compte de la rareté rela-
tive de cette affection. Le développement fréquent des tubercules dans
cette maladie est d'autant plus frappant, que rien n'est plus rare que de ren-
contrer des tubercules pulmonaires dans les maladies aussi variées que
communes des orifices du cœur gauche, que l'on observe presque exclusi-
vement après la vie intra-utérine. Tous ces cas se trouvent à peu d'exceptions
près, jusqu'à l'âge de vingt-cinq ans, presque aussi fréquents chez la femme
que chez l'homme. Dans vingt et un cas le rétrécissement pulmonaire était
considérable, deux fois il est incomplètement décrit, et une fois l'abord du
sang dans l'orifice pulmonaire était considérablement gêné par une altéra-
tion congénitale de la valvule tricuspide, qui elle-même était rudimentaire;
mais une grande membrane de nouvelle formation, munie de muscles papil-
laires et de tendons, divisait le ventricule droit en deux moitiés qui ne
communiquaient que par des ouvertures étroites, ce qui gênait notable-
ment le passage du sang du ventricule dans le cône artériel de l'ar-
tère pulmonaire. Ce cas a été observé à l'hôpital de Breslau, et fort bien
décrit par M. le Dr Ebstein. Un autre cas d'étroitesse congénitale très-no-
table de l'artère pulmonaire, avec vaste communication des deux ventri-
cules et des deux oreillettes, a aussi été observé dans notre hôpital et a été
décrit très au long par moi dans les Archives de Virchow. Il y a surtout trois
formes de rétrécissement congénital à distinguer, l'étroitesse primitive de
l'artère pulmonaire, munie alors de deux valvules seulement, espèce de
malformation, puis le rétrécissement du cône pulmonaire artériel, et enfin
celui de l'orifice de cette artère. Ces deux derniers états sont dus à une in-
flammation intra-utérine, soit myocardite, soit endocardite, et comme
ordinairement la cloison interventriculaire manque ou se trouve largement
ouverte, cette phlegmasie doit avoir lieu avant la fin du troisième mois de
la vie intra-utérine, époque à laquelle la cloison sépare complètement les
deux ventricules entre eux. Le trou oval reste souvent ouvert aussi, le canal
artériel plus rarement. Il résulte de tout cela une circulation irrégulière,
troublée, incomplète pour les poumons. La dilatation des artères bron-
chiques, œsophagiennes, coronaires du cœur, de la sous-clavière même, ne
fournit qu'une circulation collatérale incomplète et qui, à la longue, altère
( 79 ) •
la nutrition des poumons; aussi les a-t-on souvent notés comme petits et
incomplètement développés dans cette altération congénitale. C'est donc
cette circulation irrégulière, inégale, incomplète par places, qui fait naître
les altérations que nous allons décrire, tandis que l'hyperémie pulmonaire
la plus intense et la plus étendue dans l'altération des orifices veineux
bicuspidal et tricnspidal ne conduit point au développement des tubercules.
Je ne connais ni âge ni maladie qui offre, d'un autre côté, cette fréquence
d'un tiers de tubercules pulmonaires, et, par conséquent, on est en droit
de la mettre en rapport avec la sténose pulmonaire.
» L'étude clinique, aussi bien que l'anatomie pathologique, prouvent
en outre qu'il ne s'agit point là de quelques granulations disséminées,
mais d'une maladie longue, progressive, fatale. Entre dix et vingt-cinq
ans, c'est même une des causes de mort des plus importantes dans le rétré-
cissement pulmonaire. La marche rapide de trois et de quatre mois est la
rare exception : le plus souvent l'affection tuberculeuse a duré pendant
des années. La fréquence des hémoptysies est surtout remarquable dans
ces observations. Une amélioration pendant la bonne saison n'est pas rare
pendant les premiers temps, mais plus tard la fièvre hectique et le ma-
rasme augmentent ou persistent jusqu'à la fin. Tandis qu'à l'ordinaire c'est
le poumon droit qui est atteint le premier de tubercules, dans la sténose
pulmonaire c'est le poumon gauche : celui qui est essentiellement com-
primé est atteint le premier et pendant longtemps seul. Un cas observé
par moi paraît faire exception, mais il confirme cette règle en ce sens que
le cœur était placé de façon à comprimer essentiellement le poumon droit.
Les signes physiques, les symptômes secondaires dans d'autres organes
n'offrent rien d'exceptionnel.
» Les caractères anatomiques sont les mêmes que dans les autres formes
de tuberculisation, que je regarde de plus en plus comme un travail phleg-
masique lent, par foyers pneumoniques petits et disséminés ou par granu-
lations nombreuses, la plupart du temps consécutives aux foyers mention-
nés, phlegmasie toute de faiblesse et de cachexie, sauf quelques exceptions,
comme, du reste, en général ou au moins très-souvent, l'inflammation
chronique, comme, par exemple, clans la cirrhose du foie, dans l'inflam-
mation parenchymateuse des reins, même dans beaucoup de cas de phleg-
masie lente des os et des articulations, est bien plutôt due à un mauvais état
de la constitution qu'à un état sthénique.
» On trouve dans les diverses observations, et assez souvent même dans
les poumons du même individu, tous les passages entre des foyers petits,
( 8o )
disséminés et d'autres volumineux, confluents; d'autres, enfin, en plein
travail ulcéreux, jusqu'à des cavernes volumineuses; souvent des cavernes
plus petites, nombreuses, s'y trouvent à côté des cavités étendues. Le ra-
ramollissement, le commencement d'ulcération s'observent surtout b:en
dans des foyers petits encore. Tout autour des foyers le tissu pulmonaire
est, ou condensé, ou le siège d'une inflammation et induration interstitielle
ou péribroncbique. Dans les lobes inférieurs il n'est pas rare de rencontrer
dos granulations grises ou jaunes, fermes ou déjà un peu molles. Des
tubercules de la plèvre, la pleurésie sous toutes les formes, ont été obser-
vés. Des granulations de la muqueuse bronchique sont plus rares. On a
aussi noté des granulations tuberculeuses à la surface du cœur, des tuber-
cules jaunes dans le cerveau, dans la rate, dans les intestins, dans le mésen-
tère, le péritoine, dans le foie et les reins.
» Il est donc bien digne d'intérêt de constater que le rétrécissement de
l'artère pulmonaire à son origine tend indubitablement à produire une
tuberculisation pulmonaire étendue et progressive, aussi bien caractérisée
par les caractères cliniques que par l'anatomie pathologique. »
PHYSIOLOGIE. — Sur l'action physiologique du bromure de potassium, établie
par l'expérimentation sur les animaux. INote de M. J.-V. Laborof.,
présentée par M. Ch. Robin.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie une relation sommaire des
principaux résultats de nombreuses expériences entreprises dans le but de
déterminer l'action physiologique du bromure de potassium. Ces expé-
riences ont été réalisées sur les divers types de l'échelle animale et sur
l'homme lui-même, en ma propre personne; mais, bien que les résultais
obtenus dans ces diverses conditions offrent, quant aux points essentiels,
une concordance, qui en garantit et la signification et la portée, je ne don-
nerai ici que ceux qui m'ont été fournis par l'expérimentation sur les ba-
traciens; car, chez ces animaux surtout, les effets produits se manifestent
avec une netteté et une individualisation qui ne sauraient permettre le
doute tant sur la réalité que sur la nature de ces effets 1
(i) Dès le mois de mars dernier, nous avons commencé, à la Société de Biologie, une
série de communications sur ce sujet, lesquelles se trouvent consignées aux Comptes rendus
des séances de celte Société savante. >"ous y avons également répète, publiquement; et plu-
sieurs fois, nos expériences.
( 8. )
» Lorsqu'on soumet à l'action du bromure de potassium une grenouille
(Ranaviridis), en lui faisant absorber, par un procédé sur lequel je revien-
drai, de 20 à 40 centigrammes de cette substance (selon la force du sujet),
voici ce que l'on observe :
» Premièrement, et dès le début, c'est-à-dire quatre ou cinq minutes
après l'administration du bromure, des phénomènes d'excitation de nature
tétanique, tels que roideur et renversement du tronc en arrière ou en
avant, courbure en arc de cercle, fermeture convulsive des paupières, etc.
» La période marquée par ces accidents n'est point constante, bien qu'elle
existe le plus souvent; en tout cas, elle est de peu de durée et est bientôt
suivie d'une deuxième période, qui peut être appelée période de collapsus,
et dans laquelle se révèlent les phénomènes qui paraissent véritablement
caractériser l'action spéciale du bromure de potassium dans l'état physio-
logique; ces phénomènes sont les suivants :
» La flaccidité et l'abandon des membres postérieurs, lesquels demeurent
allongés, inertes, et, par conséquent, ne se tiennent plus dans la flexion
tonique qui caractérise la pose normale de l'animal au repos;
» Le défaut de réaction (à un degré progressif) aux excitations de toute
sorte (piqûre, pincement, déchirure, électrisation , etc.) portées sur ces
mêmes membres.
» Ce défaut de mobilité réactionnelle, complet d'abord aux pattes pos-
térieures, ne tarde pas à s'étendre aussi aux membres antérieurs, et même
(le plus fréquemment) aux deux yeux, l'excitation de la cornée et de la
sclérotique ne provoquant plus la fermeture des paupières.
» Les mouvements qui sont du ressort de la spontanéité de l'animal sont
néanmoins conservés, car il est permis de constater leur manifestation non-
seulement partielle, mais même totale, se traduisant par le saut réitéré et
énergique.
» Les mouvements respiratoires du flanc, qui, dès le début de l'intoxica-
tion, s'accélèrent très-notablement, subissent bientôt après un ralentisse-
ment progressif, jusqu'à cessation complète; à ce moment, c'est-à-dire
dans un temps qui peut varier d'une demi-heure à trois quarts d'heure à
partir des premières manifestations toxiques, l'animal tombe dans l'état de
mort apparente, et tonte manifestation motrice volontaire ou provoquée
a complètement cessé.
» Cependant la poitrine ouverte montre le cœur continuant à fonction-
ner avec le rhythme, sinon avec ie nombre normal de ses battements; ce
1'.. P.., 1867, 2e Srmesire. (T. LXV, N° 2.) I '
( 8a )
nombre, en effet, est manifestement diminué, et s'atténue progressivement,
ce qui n'empêche pas le cœur de survivre encore durant une, deux et
quelquefois trois heures. L'importance de ce fait ne saurait être méconnue;
il démontre que le bromure de potassium n'agit point à la façon des poi-
sons dits musculaires ou poisons du coeur.
Si, d'ailleurs, on interroge l'état des propriétés du tissu musculaire avant
la manifestation des accidents ultimes qui précédent la mort apparente,
puis bientôt réelle de l'animal, on constate que ces propriétés, notamment
la conlraclilité, sont parfaitement conservées; il est également facile de s'as-
surer, par l'irritation des nerfs périphériques mis à nu, que les nerfs n'ont
point perdu leur excitabilité propre, puisqu'on provoque de cette façon des
contractions énergiques dans les pattes postérieures.
» De cette relation succincte, dans laquelle nous avons négligé, à des-
sein, un certain nombre de phénomènes secondaires, se dégagent deux faits
principaux qui méritent surtout d'être mis en évidence; ce sont :
» i° L'atténuation progressive, puis l'abolition complète des mouvements
réflexes;
» 2° La persistance, et par conséquent la conservation des mouvements vo-
lontaires.
» Or, ce dernier fait montre clairement que ce n'est point en agissant
directement et primitivement sur V encéphale que le bromure de potassium
manifeste les effets qui lui sont propres; ce n'est pas non plus, nous venons
de le voir, en abolissant les propriétés du tissu musculaire et des cordons
nerveux périphériques; d'où \\ est permis de conclure, en dernière analyse,
que le bromure de potassium exerce primitivement son actioïi sur la moelle épi-
nière, et que cette action a pour résultat essentiel d'annuler ou de détruire, dans
cet organe, la propriété qui lui appartient de présider aux manifestations fonc-
tionnelles dites réflexes.
» Pour compléter ces recherches, j'ai fait une étude comparative de l'ac-
tion physiologique des substances qui se rapprochent le plus, par Jeur
composition et leurs attributs chimiques, de la précédente, et qu'en raison
de cette parenté l'on pourrait être entraîné à considérer (ce qui a déjà été
fait) comme succédanées les unes des autres : tels sont l'iodure de potassium
et le bromure de sodium. Tout en réservant les détails de cette étude pour
une communication ultérieure, je dirai ici, par anticipation, que les résul-
tats donnés par l'expérimentation ne confirment nullement les prévisions
fondées sur l'analogie. Ainsi, à dose double et même triple, le bromure de
sodium, quoique plus soluble encore que le bromure de potassium, ne pro-
(83 )
duit, chez la grenouille pas plus que chez certains mammifères (cabiai,
chien), aucun trouble appréciable et caractéristique, et laisse l'animal sain
et sauf; quant à l'iodure de potassium, s'il entraîne assez rapidement la
mort chez les batraciens, et si, par cet effet de pure léthalité, il se rap-
proche du bromure de potassium, il en diffère totalement par les phéno-
mènes physiologiques qu'il engendre, lesquels sont caractérisés principale-
ment par l'excitation et l'exaltation de la motilité dans ses divers modes.
» Je pourrais, des à présent, montrer l'importance des déductions que
ces résultats expérimentaux entraînent dans le domaine des applications à
la thérapeutique, but final de nos recherches; mais cette partie complé-
mentaire du travail que je prépare sur ce sujet exigerait des développements
que ne comporte point cette simple Note. Il importe de dire un mot, en
terminant, du procédé à l'aide duquel nous faisons pénétrer la substance en
expérimentation dans l'organisme animal.
» L'injection sous-cutanée est assurément le meilleur moyen qui puisse
être employé chez les mammifères, et c'est celui auquel nous avons eu
habituellement recours; mais, chez les batraciens, cette méthode, tout en
conduisant en définitive aux résultats essentiels que nous avons consignés
plus haut, présente plusieurs inconvénients dont les principaux sont : i° de
provoquer des phénomènes localisés au point de l'introduction de la sub-
stance, phénomènes qui sont de nature à donner le change à un observateur
peu ou point prévenu; a° de prêter à des objections relatives au mode d'ab-
sorption par pure imbibition, objections dont la portée a été, d'ailleurs,
singulièrement exagérée par quelques auteurs.
« Quant à nous, nous plaçons, sur la membrane interdigitale préalable-
ment étalée de la grenouille, la dose voulue du sel en nature finement pul-
vérisé; la dissolution en est rendue très-rapide par la projection de quelques
gouttes d'eau, et l'absorption se révèle bientôt, en quelques minutes, et par
la disparition complète de la substance, et par le début des phénomènes
généraux par lesquels l'agent chimique en expérimentation manifeste son
action.
» Ce procédé, qui, s'il a été déjà mis en usage, n'a pas été du moins
mentionné, à notre connaissance, en même temps qu'il met à l'abri des
inconvénients et des objections dont nous avons dit un mot précédemment,
ne saurait permettre le moindre doute relativement au mode de pénétra-
tion et de dissémination dans l'organisme, par la circulation générale, de la
substance employée. »
i r.
(84 )
M. Blondix adresse une Note relative à un bois de cerf gigantesque qui
existe dans l'une des tours du château d'Amboise :
« Ces restes, bien conservés jusqu'ici, appartiennent, dit-il, à une espèce
certainement détruite et ont été envoyés d'Allemagne sous Charles VIII :
ils paraissent beaucoup plus grands que ceux du Cerf à liois gigantesque du
Muséum — Ces débris figureraient avec honneur dans la belle collection
du Muséum, et probablement cette translation serait d'autant plus facile
que le château d'Amboise appartient à l'État. »
M. Trémaux adresse quelques remarques au sujet de la communication
récente de M. Boussinesq sur l'action réciproque de deux molécules.
M. Schulz adresse une Note, écrite en allemand, sur une question
d'analyse mathématique.
Cette Note sera soumise à l'examen de M. Chasles.
M. Bastian adresse de Wissembourg une Note extraite d'un Traité
d'apiculture qu'il vient de publier; cette Note est relative à la parthéno-
genèse.
A 4 heures et demie, l'Académie se forme en Comité secret.
COMITE SECBET.
Au nom de la Section de Chimie, M. Chevreul, son Doyen, fait la com-
munication suivante :
a La Chimie est cultivée avec ardeur; il n'est guère de séance de l'Aca-
démie qu'elle ne soit l'objet de communications importantes. Après l'exa-
men des travaux des chimistes résidant à Paris, la Section reconnaît qu'en
dehors des trois premiers candidats, dont les titres à la place vacante sont
incontestables, s'il lui était ordonné de classer ceux qu'elle juge dignes
d'appartenir à l'Académie, il lui serait impossible de le faire avec équité,
en ce moment, tant la difficulté est grande d'apprécier respectivement des
titres anciens et des titres récents; l'embarras où elle se trouve tient à
la fois au nombre des savants et à la diversité de leurs travaux pour les-
quels elle a une grande estime : évidemment les rangs qu'elle leur assigne-
( 85)
rait aujourd'hui pourraient être bientôt intervertis par des travaux en cours
d'exécution.
» La Section s'est donc décidée à soumettre seulement au choix de l'Aca-
démie les chimistes qu'elle a déjà désignés à ses suffrages dans une précé-
dente circonstance.
» En conséquence, elle présente la liste suivante de candidats pour la
pince vacante dans son sein par suite du décès de M. Pelouze.
En première ligne M. Wurtz.
En deuxième ligne, ex œquo, et (M. Berthelot.
par ordre alphabétique (M. Cahours. »
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la séance prochaine.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du ier juillet 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Nouveaux documents sur les limites de la période jurassique et de la période
crétacée; par M. J.-F. Pictet, Correspondant de l'Académie des Sciences.
Genève, 1867; br. in-8°.
Ville de Paris. Bulletin de statistique municipale, publié par les ordres de
M. le Baron Haussmann. Mois de janvier 1867. Paris, 1867; iu-4°-
Sur quelques questions telatives aux fondions elliptiques; par M. E. Catalan.
Rome, 1867; in-4°- (Extrait des Atti deïï A ccademia pontifie a de' Nuovi
Lincei. )
Animaux fossiles et géologie de l'Altique; par M. Alb. GAUDRY. Livraisons 17
et 18, texte'et planches. Paris, 1867; in-4°.
Histoire du service de santé de la marine militaire et des Ecoles de médecine
navale en France depuis le règne de Louis XIV jusqu'à nos jours (1666- 1867) ;
par M. A. LefÈvue. Paris, 1867; 1 vol. in-8" avec 12 plans, cartes et i'ac-
simile.)
( 86 )
Eludes sur l'Exposition de 1867, ou les Archives de l'Industrie au XIXe siècle.
publiées sous la direction de M. Eng. Lacroix. ie fascicule, 10 juin 1867.
Paris, 1867; grand in-8°.
Sur la tendon des lames liquides; par M. G. Van DER MENSRRUGGHE. 2* Note.
Bruxelles, 1867; br. in-8°.
Restitution du calendrier hébraïque tel qu'il était au siècle qui précéda la ruine
de Jérusalem (70 de l'ère chrétienne); par le P. MÉMAIN. Paris, 1867;
br. in-8°.
Etude sur la marche et le mode de propagation du choléra dans l arrondisse-
ment d'Aix en iS65 ; par le Dr Bourguet. Aix, 1867; br. in-8°.
The history... Histoire de l'invention des phares dioptriques et de leur intro-
duction dans la Grande-Bretagne; par sir David Brewster. Londres, 1867;
br. in-8°.
Index seminum quœ Hortus bolanicus imper. Pelropolitanus pro mutua com-
mutations offert. Accedunt animadversiones botanicœ nonnullœ. Sans lieu ni
date; br. in-8°.
Besults... Résultats déduits des observations météorologiques faites en diverses
stations de la colonie du Cap de Bonne-Espérance dans les années 1861 à i8G5,
réunies par une Commission nommée par h' Gouvernement. Saiislieuni date;
in-4°.
L'Académie a reçu, dans la séance du 8 juillet 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Floride du Finistère; par MM. P.-L. CRQUAN et H. -M. Crouan. Paris et
Brest, 1867; 1 vol. grand in-8° avec planches.
Etudes sur l'Exposition de 1 867, ou les Archives de l'Industrie au xixe siècle,
publiées sous !a direction de M. E. Lagroix. 3e fascicule, 3o juin 1867.
Paris, 1867; grand in-S° avec planches.
La météorologie pratique, ses applications faciles au point de vue de l'agri-
culture et de la marine; parM. ChapelaS-Coulvier-Gravieu. Soissons, 1867;
br. in-8°.
Mémoire sur l'influence que te sol géoloqupie peut exercer sur la culture et les
produits de la vit/ne dans certaines contrées du sud-ouest de la France; par
M. A. Leymerie. Toulouse, sans date; br. in-8°.
( 87 )
Lettre à M. de Verneuil : i° sur l'extension du type garwnnien ; 20 sur la
véritable place du plan de séparation entre tes étages inférieur et moyen du ter-
rain tertiaire ; par M . Leymerie. Toulouse, 1867; opuscule iu-8°.
Annuaire de l' Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts
de Belgique. 1867, 33e année. Bruxelles, 1867; in-ia.
De l'homœopathie; par M. J. Brenier. Gand, 1867; bi\ in-8°.
Etudes sur les affinités chimiques; par MM. C.-M. GULDBERG et P. WaaGE.
Christiania, 1867; in-4°.
Commissao... Commission géologique de Portugal. Mollusques fossiles. Gas-
téropodes des dépôts tertiaires du Portugal; par M. Pereira da Costa.
•2e cahier. Lisbonne, 1867; in-4° avec planches. (Présenté par M. de Ver-
neuil.)
Memoir. .. Mémoires sur les spermogons et les pycnides des lichens filamen-
teux, frutescents et foliacés; par M. W. Lauder LlNDSAY. Edimbourg, i85g;
in-4° avec planches. (Extrait des Transactions de la Société royale d'Edim-
bourg, t. XXII.)
On the. . . Sur les houilles tertiaires de la Nouvelle-Zélande ; par M. W. Lau-
der LlNDSAY. Edimbourg, 1 865; in-4°. (Extrait des Transactions de la Société
royale d'Edimbourg.)
On the... Sur les houilles tertiaires de la Nouvelle-Zélande; par M. W.
LAUDER LlNDSAY. Sans lieu ni date; opuscule in-8°. (Extrait des Comptes
rendus de la Société royale d'Edimbourg, t. XXIV.)
Observations... Observations de nouveaux lichens et champignons recueillis
dans la province d'Ottago (Nouvelle-Zélande) ; par M. W. Lauder LlNDSAY.
Edimbourg, 1866; in-4°. (Extrait des Transactions de la Société royale
d'Edimbourg, t. XXIV.)
Observations... Observations sur les lichens de la Nouvelle-Zélande; par
M. W. Lauder LlNDSAY. Londres, 1866; in-/(° avec planches. (Extrait des
Transactions de la Société Linnéenne, t. XXV.)
The... Flore d'Islande; par M. W. Lauder Lindsay. Edimbourg, 1861 ;
opuscule in-8°.
On... Sur /'Arthonia melaspermella; par M. W. Lauder Lindsay. Lon-
dres, sans date; br. in-8°. (Extrait du Journal de la Société Linnéenne,
t. IX.)
Monograph... Monographie du genre Abrothallus; par M. W. Lauder
Lindsay. Perth, i856; br. in-8°.
( «8 )
Experiments... Expériences sur la transmission du choléra de l'homme aux
animaux; par M. W. Lauder Lindsay. Edimbourg, 1 854; br. in-8°.
Suggestion... Suggestions pour des observations à faire sur l'influence du
choléra et d'autres virus épidémiques sur les animaux ; par M. LAUDER LlND-
SAY. Edimbourg, 1 85^ ; br. in-8°. (Reproduit du Journal médical d'Edim-
bourg. )
On the... Sur la transmission des maladies entre l'homme et les animaux;
par M. W. Lauder Lindsay. Edimbourg, i858; opuscule in-8°.
On the... L'action des eaux pesantes sur le plomb; par M. W. LaUDER
Lindsay. Edimbourg, 1859; br. in-8°.
Histology... Histologie îles évacuations cholériques de l'homme et des ani-
maux ; par M. W. Lauder Lindsay. Edimbourg, 1866; br. in-8°.
On the... Sur l'éruption du Kolluqja, volcan d'Islande, en mai 18G0; par
M. W. Lauder Lindsay. Edimbourg, 1861 ; br. in-8°.
On the... Sur la géologie des Champs-d'Or d'Oltago {Nouvelle-Zélande);
par M. W. Lauder Lindsay. Edimbourg, 4 pages in-8°. (Extrait des Comptes
rendus de l'Association britannique de Cambridge.)
The place... De la place et de l'influence de l'histoire naturelle au point de
vue de la colonisation, avec applications particulières à Ottago [Nouvelle-Zé-
lande); par M. W. Lauder Lindsay. Edimbourg, i863; br. in-8°.
On the... Sur les asiles d'aliénés en Norvège; par M. W. Lauder Lindsay
Londres, 1868; br. in-8°.
Murray... Institution royale Murray pour les aliénés à Perth. Rapports mé-
dicaux annuels. Pré/ace; par M. W. Lauder Lindsay. Sans lieu ni date;
1 feuille d'impression.
Thirty... Rapports annuels faits au Directeur de l'Asile royal Murray des
aliénés à Penh; par M. W. Lauder Lindsay. 33e, 34e, 35e Rapports.
Perth, 1860, 1861, i863; 3 br. in-8°.
The... Histologie du sang des aliénés; par M. W. Lauder Lindsay. Sans
lieu ni date; opuscule in-8u.
(La suite du Bulletin au prochain numéro.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE LACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 15 JUILLET 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. ie Président de l'Institut invite l'Académie des Sciences à désigner
l'un de ses Membres pour la représenter, comme lecteur, dans la séance
publique annuelle qui doit avoir lieu le i5 août prochain.
HISTOIRE DE l'astronomie. — Note sur la découverte de l'attraction;
par M. Chasi.es.
« J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie quelques écrits
de Pascal, qui montrent qu'il s'est beaucoup occupé de la recherche des
lois de l'attraction, et qu'il les a connues.
» L'idée d'une attraction réciproque entre tous les corps était dans Ions
les esprits depuis l'apparition du livre immortel de Copernic, qui a fondé
l'Astronomie moderne, et où cette idée se trouve nettement exprimée (i).
Tycho-Bralié, Kepler, Bacon, Roberval, Descartes dans son système des
(i) Gravitas quid sit. — Eqnidem existimo gravitaient non aliud esse, quam appetentiam
quandam naturalem partibus inditam a divina Providentia opificis universornm, ut in uni-
tatem integritatemqne suam sese conférant in formam globi roéuntes. Quam affeclionem cre-
dibile est etiam Soli, Lunae, caeterisque errantium Fnlgoribus inesse, ut ejus efficacia in ea
qua se représentant rntunditate permaneant, quae nihilominus muitis modis suos èffîcîunt
circuitus. (Livré I, chap. ix.)
(•. K., iHf.;, ■?.' Semestre. (T. LXV, N° 5.) ' 2
( 9° ;
tourbillons, Boulliau, Hévélius, Wren, Hook, admettaient ce principe d'une
attraction générale. Mais quelle était la cause première de cette attraction?
Comment était-elle produite? Exigeait-elle, par exemple, l'intermédiaire
d'un fluide? Suivant quelles lois s'exerçait-elle?
» Il paraît que ces questions ont préoccupé vivement Pascal. Il en
parlait en i636, quand il avait à peine treize ans, dans une Lettre écrite en
commun avec Roberval, imprimée dans les œuvres de Fermât (i). En
outre, une Lettre adressée à Descartes le 2 juin i6/j6, et une autre adressée
à Boyle le 2 mars 1648, Lettres inédites, se rapportent aussi à l'attraction.
Mais les documents suivants renferment des résultats formels et l'énoncé
des deux lois de l'attraction.
» En i652, Pascal écrit à Boyle qu'il a un bon nombre d'observations
dont personne n'a encore parlé, et, partant eu connaissance, sur l'attrac-
tion et ses lois. « Je vais vous en faire pari, dit-il. Vous trouverez ci-joint
» ces expériences au nombre de plus de cinquante. » Pascal entend par
expériences les noies, les raisonnements, les démonstrations qu'il consi-
gnait sur des feuilles détacbées.
» Dans une autre Lettre adressée à Boyle, le 2 septembre, sans millésime,
les lois de l'attraction sont énoncées ainsi : « Dans les mouvements célestes,
« la force, agissant en raison directe des masses et en raison inverse du
» quarré de la distance, suffit à tout et fournit des raisons pour expliquer
» toutes ces grandes révolutions qui animent l'univers. »
Dans une Lettre du 8 mars i654, Pascal envoie à Boyle plusieurs obser-
vations sur le ressort de l'air, et ajoute : « Vous y trouverez aussi diverses
» notes toucbant les lois de l'attraction, dont Copernic avoit déjà eu une
» idée. »
» Enfin, dans une Leltre du 2 janvier iG55, qui se rapporte à l'attraction
à petite distance, il dit : « Je vous ai déjà entretenu plusieurs fois des lois
» de l'attraction. Ainsi, comme je vous le disois, l'attraction est une verlu
» propre à la matière... Les attractions de la gravité, du magnétisme et tle
>• l'électricité s'étendent jusqu'à des distances fort sensibles. C'est pour
».cela qu'elles ont été observées par des yeux vulgaires. 11 peut y avoir
» d'autres altractions qui s'étendent à de si petites distances qu'elles ont
(1) P. i?.5. « La commune opinion est que la pesanteur est une qualité qui réside dans
» le corps même qui tombe; d'autres sont d'avis que la descente des corps procède de l'at-
» traction d'un autre corps qui attire celui qui descend, comme la terre. Il y a une troi-
» sième opinion, qui n'est pas hors de vraisemblance, que c'est une attraction mutuelle
n entre les corps, causée par un désir naturel (pie les corps ont de s'unir ensemble — »
( 9' )
» échappé jusqu'ici à nos observations. Et peut-être que l'attraction élec-
» trique peut s'étendre à ces sortes de petites distances sans même être
» excitée par le frottement. Je vous envoie avec cette lettre un bon nombre
» de notes... »
» La Lettre du i septembre me parait précéder nécessairement cette
Lettre du i janvier 1 655, qui ne se rapporte plus qu'aux attractions à
petite distance.
» Est-elle antérieure à celle du 8 mars i65/j, et a-t-elle fait suite aux cin-
quante notes sur les lois de l'attraction, envoyées en i652? ou bien doit-elle
être placée entre le 8 mars i654 et le 2 janvier i655? J'ai de fortes raisons
de croire qu'elle a été antérieure à i65/{. Mais la question est ici sans im-
portance, et je ne m'y arrêterai pas.
» Je passe à quelques notes relatives à la gravitation et à ses consé-
quences dans l'étude des mouvements des corps célestes. Ces notes ne sont
pas sans intérêt, indépendamment des deux lois de l'attraction qui s'y
trouvent, comme dans la Lettre du 2 septembre. Elles peuvent avoir fait
partie des cinquante notes envoyées par Pascal à Boyle en i652, et elles
seront revenues avec les Lettres mêmes de Pascal. »
Après avoir donné lecture de quatre Notes, M Chasles ajoute :
« J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie les deux Lettres du 8 mai i652 et
2 septembre et ces Notes de Pascal, qui se conserveront et pourront être
consultées dans les Archives de l'Institut. »
L'Académie décide que ces écrits de Pascal seront reproduits dans le
Compte rendu de la séance. Les voici :
Ce 8 may i65s.
Monsieur,
Je pourrois faire voir par plusieurs exemples que nos physiciens naturalistes avancent
beaucoup de choses sans en faire un examen suffisant, et sans autre fondement que l'autorité
de ceux qui les ont précédés. J'ay pour le prouver un bon nombre d'observations de toutes
sortes dont personne n'a encore parlé, et partant eu connaissance, tant sur l'attraction et de
ses lois avec les phénomènes. Je viens vous en faire part. Vous trouverez ci-joint ces expé-
riences, au nombre de plus de cinquante. Je vous prie les examiner et m'en dire vostre
sentiment.
Je vous prieray aussy, Monsieur, m'informer de vos nouvelles découvertes. Vous n'igno-
rez pas combien j'ay de plaisir à les recevoir.
Je suis, Monsieur, comme toujours, vostre très-humble et très-affectionné serviteur,
Pascal.
A M Boyle.
12..
( <P )
Ce 2 septembre.
MoNSIEtm,
Dans les mouvements célestes, la force agissant en raison directe des masses et en raison
inverse du quarré de la distance sufit à tout et fournit des raisons pour expliquer toutes ces
grandes révolutions qui animent l'univers. Rien n'est si beau selon moy ; mais quand il s'agit
des phénomènes sublunaires, de ces effets que nous voyons de plus près et dont l'examen
nous est plus facile, la vertu attractive est un Protée qui change souvent de forme. Les
rochers et les montagnes ne donnent aucun signe sensible d'attraction. C'est, dit-on, que ces
petites attractions particulières sont comme absorbées par celles du globe terrestre, qui est
infiniment plus grande; cependant on donne comme un effet de la vertu attractive la
mousse qui flotte sur une tasse de caffé, et qui se porte avec une précipitation très-sen-
sible vers les bords du vase. Est-ce là votre sentiment? Je suis, Monsieur, votre très-
affectionné Pascal.
A Monsieur Boyle.
Note.
Le corps en vertu de la tendance au mouvement que l'attraction lui imprime est capable
de parcourir un espace donné dans un temps donné. Sa vitesse initielle sera donc proportion-
nelle à l'intensité de l'effort ou de la tendance imprimée par la puissance attractive; et cette
intensité sera elle-même proportionnelle à la masse attirante à égale distance, et (à) diffé-
rentes distances, comme la masse attirante divisée par les quarrés de ces distances.
Pascal.
Les observations astronomiques apprennent que toutes les planètes se meuvent dans une
courbe autour du centre du Soleil; qu'elles sont accélérées dans leur mouvement à mesure
qu'elles approchent de ce globe, et qu'elles sont retardées à proportion qu'elles s'en éloi-
gnent, tellement qu'un rayon tiré de chacune de ces planètes au Soleil décrit des aires ou des
espaces égaux en temps égaux. Mais afin que ces grands corps décrivent celte courbe autour
du Soleil, il faut qu'ils soient animés par une puissance qui fléchisse leur route en ligne
courbe et qu'elle soit dirigée vers le Soleil même. Et comme cette puissance varie toujours
de la même manière que la gravité des corps qui tombent sur la terre, on doit conclure
qu'elle n'est autre chose que la gravité même des planètes sur le Soleil. D'où il suit, suivant
la théorie de la gravité, que la puissance de la pesanteur des planètes augmente comme le
quarré de la distance du Soleil diminue. Pascal.
Note.
On connoît la puissance de la gravité sur la terre, par la descente des corps pesans, et en
évaluant la tendance de la lune sur la terre, ou son écart de la tengente à son orbite, dans
un temps donné quelconque. Cela posé, comme les planètes font leur révolution autour du
Soleil et que deux d'entre elles (Jupiter et Saturne) ont des satellites, en évaluant par leurs
mouvements combien une planète a de tendance vers le Soleil ou s'écarte de la tangente dans
un temps donné, et combien quelques satellites s'écartent de la tengente de leur orbite, dans
le même temps, on peut déterminer la proportion de la gravité d'une planète vers le Soleil,
et d'un satellite vers sa planète, à la gravité de la lune vers la terre, et leurs distances
respectives. Pascal.
(93 )
Note.
J'ay dit que comme les planètes font leur révolution autour du soleil, et que deux d'entre
elles ayant des satellites, en évaluant par leur mouvement combien une planète a de tendance
vers le soleil, on s'écarte de la tengente dans un temps donné, etc. Il ne faut pour cela que
conformément à la loi générale de la variation de la gravité, calculer les forces qui agiraient
sur ces corps à distances égales du soleil, de Jupiter, de Saturne et de la terre. Et ces
forces donnent la proportion de matière contenue dans ces différents corps. C'est par ces
principes qu'on trouve que les quantités de matière du soleil, de Jupiter, de Saturne et de
la terre sont entre elles comme les nombres
-»
1067 3o2i 169282
Pascal.
MÉCANIQUE appliquée. — Note sur les machines à vapeur à trois cylindres égaux
avec introduction directe dans un seul; par M. Dcpuy de Lôme.
« En étudiant l'Exposition internationale au point de vue des machines
marines, on a pu remarquer que les appareils à hélice construits pour la
marine impériale française, aussi bien dans les ateliers de l'industrie pri-
vée que dans l'usine de l'État à Indret, présentent tous une disposition
principale nouvelle qui en est le trait caractéristique.
» Cette disposition principale consiste dans l'application que j'ai faite
du système de Woolff, en opérant la détente de la vapeur dans des cylindres
séparés de celui où se fait l'introduction directe, mais en modifiant ce sys-
tème pour les machines marines, de manière à employer trois pistons de
même diamètre et de même course, conjugués sur un même arbre, sans
qu'aucun des points morts se correspondent.
» J'ai pensé qu'il était intéressant de présenter à l'Académie l'exposé
des dispositions principales qui constituent ce système. La plupart de ces
dispositions prises isolément ne sont point, sans doute, des inventions nou-
velles, mais leur ensemble réalise un progrès important.
» Les résultats principaux que je me suis attaché à obtenir, par ces ma-
chines à trois cylindres avec introduction directe dans un seul, sont :
» i° Economie de combustible;
» 2° Faculté de reculer la limite du nombre de tours qu'on peut obtenir
pour les hélices sans engrenage multiplicateur;
» 3° Équilibre statique presque complet des pièces mobiles autour de
l'axe de l'arbre, quelle que soit au roulis la position du navire.
» J'emploie trois cylindres égaux de même diamètre et de même course,
( 94 )
placés côte à côte, avec leurs axes dans un même plan, et leurs trois
pistons agissant sur un même arbre de couche à trois coudes. Les deux
coudes des pistons extrêmes sont placés entre eux à angle droit, et celui
du piston milieu (qui reçoit seul directement la vapeur) est placé à l'op-
posé de cet angle droit, dans le prolongement de la ligne qui le divise en
deux parties égales. Enfin deux condenseurs munis chacun d'une pompe
à air sont destinés à condenser la vapeur à l'issue des deux cylindres
extrêmes.
» En sortant des chaudières, la vapeur, séparée du contact de l'eau
bouillante, circule dans un appareil sécheur pratiqué à la base de la che-
minée; cet appareil utilise une partie de la chaleur des gaz chauds, en leur
en laissant encore assez pour le tirage naturel et en procurant à la vapeur
une légère surchauffe. La tension de la vapeur correspondant à la charge
des soupapes est de 2liim,,]5, 209 centimètres de mercure, soit i33 sur les
soupapes de sûreté. C'est la limite supérieure des tensions compatibles
sans danger avec l'alimentation à l'eau salée. La température de la vapeur
saturée correspondante à cette tension serait de i3i degrés; le sécheur
amène cette vapeur à la température de 1 56 degrés, ce qui représente une
surchauffe de 25 degrés.
» La vapeur venant du sécheur se bifurque dans deux tuyaux égaux, qui
la conduisent dans deux chemises-enveloppes disposées autour de chacun
des deux cylindres extrêmes.
» La vapeur circule dans ces enveloppes à l'effet d'échauffer le métal des
cylindres extrêmes, dans lequel elle laisse une portion de sa température
de surchauffe, et c'est à la sortie de ces enveloppes qu'elle arrive des deux
côtés dans la boîte du tiroir du cylindre central. Deux valves de vapeur sont
placées à la sortie des chemises des cylindres extrêmes, c'est-à-dire à l'en-
trée de la boîte du tiroir du cylindre milieu.
» Par cette disposition, lorsqu'on réduit l'ouverture de la valve pour
modérer l'allure de la machine, on conserve néanmoins à l'intérieur des
chemises, pour chauffer les cylindres extrêmes, de la vapeur a une tension
élevée, ce qui est d'une grande importance.
» Lorsque les valves sont ouvertes en grand et que la pression de la
vapeur aux chaudières est poussée à son maximum, elle arrive au cylindre
central à une tension d'environ 200 centimètres de mercure.
» La vapeur, après avoir poussé le piston du cylindre central, s'évacue
en se partageant entre les deux cylindres extrêmes, en arrivant à leurs
boites à tiroirs par de larges passages dont le volume fait, en partie, fonction
(95 )
de réservoir intermédiaire. Enfin, après avoir poussé les pistons des cylindres
extrêmes, elle sévacue dans le condenseur correspondant.
» La durée de l'introduction de vapeur dans les cylindres, abstraction
f;iite des petites différences entre le dessus et le dessous qui sont dues à
l'obliquité des bielles, est réglée ainsi qu'il suit :
Pour le cylindre central o,84 de la course réalisant 0,80
Pour chacun des cylindres extrêmes.. . 0,78 de la course réalisant 0,^5
» Avec cette régulation, avec la tension de vapeur précitée, avec la posi-
tion décrite pour les trois manivelles de l'arbre de couche, avec des pompes
à air bien disposées, comme je l'indiquerai plus loin, avec des sections suf-
fisamment larges pour tous les passages de vapeur, c'est-à-dire avec une
ouverture pour l'introduction représentant, à la position extrême des tiroirs,
3 ~ pour 100 de la surface du piston, multipliée par la vitesse moyenne de
ce piston exprimée en mètres par seconde, enfin avec des passages pour
l'évacuation un peu supérieurs à la section précitée, on obtient (les valves
ouvertes en grand) des pressions moyennes effectives qui sont de 88 centi-
mètres de mercure sur le piston du cylindre central, et de 82 centimètres
pour chacun des cylindres extrêmes, ce qui fait pour les trois pistons une
pression moyenne effective de 84 centimètres, répartis en trois diagrammes
à très-peu près identiques à ceux que représente la figure ci-jointe. En
réalité, il y a de légères variations de la contre-pression au cylindre central,
mais elles sont négligeables, et les diagrammes ci-contre indiquent bien
en moyenne le travail obtenu.
» Pour la machine de ce système qui fonctionne à l'Exposition, le dia-
mètre des trois cylindres à vapeur est de am, 10 et la course de leurs pistons
de i,u,3o. Avec ces dimensions et des pressions moyennes de o'D,84 de
mercure sur les pistons, il faut faire 57 f tours par minute pour développer
4ooo chevaux de ^5 kilogrammètres mesurés à l'indicateur.
» La vitesse moyenne des pistons est alors de am,5o par seconde, et leur
vitesse maximum à mi-course est de 3m,g3.
» Cette machine est destinée au Fikdland, frégate cuirassée de premier
rang, qui, avec son chargement complet de munitions et de charbon,
pèsera 7200 tonnes. L'hélice a 6™, 10 de diamètre et 8ID,5o de pas. A
57 | tours par minute, elle imprimera à cette frégate, par calme, une vitesse
d'environ \[\ l2 nœuds, ce qui fait un peu plus de 27 f kilomètres à
l'heure.
» Le poids de cet appareil complet, comprenant l'hélice, les parquets
( 96 )
et tous les accessoires, se compose de :
4i5 tonnes pour la machine proprement dite,
280 » pour les chaudières, sécheur, cheminée,
1 1 5 » pour l'eau des chaudières.
Total. . 810 tonnes, soit 2o3 kilogrammes par force de cheval de 7 5 kilo-
grammetres, eau comprise.
» Je ferai voir à l'instant qu'une machine ordinaire à deux cylindres
de même puissance aurait au moins le même poids.
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« Examinons maintenant les causes qui font que ces machines a trois
cylindres possèdent les qualités que j'ai énumérées ci-dessus.
» D'abord on y fait travailler la vapeur en la détendant dans le rapport de
4 à 10, tandis que, dans les machines marines ordinaires à deux cylindres,
( 97 )
afin d'obtenir la puissance voulue «ans l'emploi de pistons présentant un
moment d'inertie trop considérable en raison de leur poids ou de leur course,
on introduit la vapeur jusqu'à 0,70 de la course lorsqu'on veut faire déve-
lopper à la machine toute sa puissance. Ce n'est que pour les vitesses
réduites qu'on y emploie des introductions plus courtes. Mais, dans cette
circonstance, les machines cpii détendent la vapeur dans le même cylindre
dans lequel se fait l'introduction à pression élevée sont loin d'obtenir de
cette détente le même avantage que procure la détente dans des cylindres
séparés de celui où se fait l'introduction directe. C'est à tel point que, dans
les machines marines ordinaires, lorsqu'on les fait fonctionner à grande
détente, la puissance ainsi obtenue ne coûte guère moins en charbon que
celle qu'on aurait également en étranglant les valves et marchant à une
pression moindre avec l'introduction à 0,70 qui sert à toute vitesse, et cela
malgré les chemises et les appareils de surchauffe, qu'on ne saurait rendre
très-énergiques sans s'exposer au danger de faire gripper les cylindres. Le
refroidissement produit sur les parois internes des cylindres par l'emploi
des longues détentes est la cause du peu d'économie qu'elles produisent
dans les machines à moyenne pression et à condensation.
» Il est vrai qu'en introduisant à 80 pour 100 de la course dans le cylindre
milieu de la machine à trois cylindres, au lieu d'une introduction seule-
ment à 5o pour 100 qui serait nécessaire pour éviter la chute de pression
entre la fin de la course du cylindre central et le début des cylindres ex-
trêmes, j'ai accepté une perte de travail d'environ 4 pour 100. Je l'ai fait
afin de ne pas avoir de cylindres trop grands ou des pressions dépassant
aatm,75 à des chaudières que je continuais à alimenter avec de l'eau de mer.
» J'en arrive aujourd'hui, pour des machines nouvelles en construction,
à employer des condenseurs à surface, par suite à alimenter les chaudières
avec de l'eau distillée , ce qui permet d'aborder sans danger des pressions
plus élevées. Dans ces nouvelles machines, l'introduction dans le cylindre
central pourra être coupée à 5o pour 100, ainsi que dans les cylindres
extrêmes.
» L'économie de combustible dans les machines actuelles à trois cylindres,
malgré cette chute brusque de pression, entre le cylindre central et les
cylindres extrêmes, tient donc essentiellement à ce qu'on évite d'y intro-
duire la vapeur à une forte tension dans des cylindres dont les parois in-
ternes seraient refroidis par la détente et par l'évacuation dans le vide de
l'humidité déposée sur ces parois.
C. R., 1867, i* Semestre. (T. LXV , N° 3.) I 3
( 98 )
» C'est pour empêcher le refroidissement de ces parois internes, par suite
d'un dépôt d'humidité et de sa vaporisation dans le vide, qu'il importe
d'employer, autour des cylindres où se fait le vide, des chemises avec un cou-
rant de vapeur, à une tension plus élevée que celle agissant dans ce cylindre.
» Dans les machines en question, la vapeur arrive dans les chemises des
cylindres extrêmes avec une tension de 200 centimètres de mercure et une
température d'environ 148 degrés, ayant déjà perdu 10 centimètres de
pression et 7 ou 8 degrés de chaleur depuis sa sortie du sécheur.
» Les parois des cylindres extrêmes tendent donc à se mettre à une tem-
pérature d'au moins 1 45 degrés, tandis que, dans l'intérieur de ces cylin-
dres, la vapeur, n'y arrivant qu'à une pression maximum de ioo centimètres
de mercure, n'aurait besoin que d'une température de 107 degrés pour ne
pas déposer d'humidité sur les parois internes. Au contact de ces parois,
cette vapeur à 100 centimètres de pression aurait donc plutôt une tendance
à se dilater.
» En résumé, les machines marines à deux cylindres les mieux entendues,
avec sécheur de vapeur et chaudières alimentées avec de l'eau de mer,
consomment à toute vapeur au moins ikU,6o de bonne houille par heure
et par cheval de 75 kilogrammètres mesuré sur les pistons.
» Cette consommation pour les machines à trois cylindres que je viens
de décrire ne saurait être évaluée à plus de 1 kl1, 28 , ce qui fait une écono-
mie de 20 pour 100.
» Cette conséquence réagit sur le poids des appareils à trois cylindres,
qu'on serait d'abord porté à croire plus élevé que celui des machines à
deux cylindres de même puissance.
» Pour des machines à deux cylindres de 4°°° chevaux de 75 kilo-
grammètres, en supposant qu'on puisse avec deux cylindres aborder,
sans danger d'échauffement, le même nombre de tours de 57 f par minute
à toute vitesse, en supposant toujours des chaudières alimentées à l'eau
de mer avec la même pression, en s'abstenant de chemises aux cylindres,
on économiserait sur les poids de la machine proprement dite 90 tonnes.
Elle pèserait ainsi 325 tonnes au lieu de £\\B\ mais les chaudières devront
être accrues dans le rapport de ces consommations, c'est-a-dire dans le
rapport de 160 à 128; elles pèseraient ainsi 35o tonnes au lieu de 280. Le
poids de l'eau de ces chaudières, accru dans le même rapport, serait de
i43 tonnes au lieu de 1 i5. En résumé, le poids total de cet appareil à deux
cylindres, avec chaudières pleines, serait de 818 tonnes, tandis que celui
de l'appareil à trois cylindres de même puissance est de 810 tonnes.
( 99)
» L'économie de combustible, avec les nouvelles macliines, reste donc
tout entière à l'avantage du chargement du navire.
» En ce qui concerne la limite plus éloignée du nombre de tours auquel
on peut lancer la machine à hélice à trois cylindres, sans être arrêté par
deséchauffements des coussinets des bielles et de l'arbre de couche, cette
faculté tient a la réduction considérable de pression sur les coussinets,
résultant des dispositions nouvelles, pour une même puissance développée.
» A cet égard, il ne faut pas seulement considérer les pressions moyennes,
mais bien les pressions maxima initiales.
» Avec la machine à trois cylindres, la tension initiale dans le cylindre
milieu est de »98 centimètres
la contre-pression de 102 »
il reste pour la pression effective 96 »
» Dans les cylindres extrêmes, la tension initiale
est de ïoo »
la contre-pression minimum de 10 »
il reste pour la pression initiale 90 »
» Avec une machine à deux cylindres égaux en diamètre et en course à
ceux de la machine à trois cylindres et faisant le même nombre de tours, il
faudrait accroître la pression moyenne dans le rapport de 3 à 1 ; elle serait
donc de 126 centimètres au lieu de 84-
» Mais en outre, pour obtenir ce diagramme moyen de 126 centimètres,
même avec une introduction à 0,70 et une contre-pression réduite à
10 centimètres, il faudrait la même tension initiale de 198 centimètres,
donnant une pression effective de 188 centimètres; nous venons de voir
que, dans la machine à trois cylindres avec une introduction directe dans
un seul, cette pression est de 96 centimètres, c'est-à-dire qu'elle est réduite
à près de moitié.
» Or, sur un piston de î^-io de diamètre, dont la surface est de
346oo centimètres carrés, une pression de 188 centimètres de mercure
forme un total de 85 728 kilogrammes, et dans la machine à trois cylindres
cet effort initial aux points morts est réduit à Ifî 776 kilogrammes.
» Si on ajoute que le diamètre des touillions de bielle ainsi chargé est
de 4* centimètres, et que, à 57 f tours par minute, la vitesse circonféren-
tielle de ces tourillons est de im,27 par seconde, on comprendra l'impor-
tance de cette réduction dans la pression exercée aux points morts sur les
i3..
( IO° )
coussinets Je (ète de bielle; cette pression, quoique réduite ainsi à moitié,
est encore de plus de /jo kilogrammes par centimètre carré.
» Le troisième avantage que j'ai signalé pour la machine à trois cylindres
est l'équilibre statique presque complet que présentent toutes les pièces
mobiles autour de l'arbre de couche, aussi bien durant les mouvements de
roulis du navire que lorsqu'il se maintient vertical.
» Il est évident que cet équilibre serait complet si les trois manivelles
étaient entre elles à une distance exacte de 120 degrés. Mais, pour obtenir
un fonctionnement plus régulier, sans l'emploi d'un grand réservoir inter-
médiaire dans lequel viendrait s'évacuer la vapeur sortant du cylindre cen-
tral avant de s'introduire dans les boîtes à tiroir des cylindres extrêmes,
j'ai reconnu préférable de placer, comme je l'ai dit, les deux manivelles
extrêmes à 90 degrés entre elles et les manivelles du cylindre central divi-
sant en deux parties égales cet angle à l'opposé. Avec cette division, l'équi-
libre n'est plus parfait, mais la situation à ce point de vue est évidemment
bien plus favorable que s'il n'y avait que deux pistons attelés sur deux
manivelles à angle droit qui, à certain moment, sont ensemble toutes deux
du même côté de la verticale.
» C'est en raison de cette disposition que la grande machine du Fried-
land, qui figure à l'Exposition, peut fonctionner régulièrement, depuis
moins de 10 tours jusqu'à plus de 60 tours par minutes, sans avoir de tra-
vail sérieux de résistance à vaincre et sans autre volant que l'hélice dont
le moment d'inertie est insignifiant par rapport aux moments des poids
des pièces douées d'un mouvement alternatif.
» Une machine à deux cylindres, avec manivelles à angle droit, serait,
dans ces conditions, hors d'état d'échapper à l'alternative ou de s'arrêter si
la pression de vapeur était insuffisante, ou de partir avec une violence dan-
gereuse si on ouvrait les valves assez pour relever les pièces mobiles au
moment où les deux manivelles remontent à la fois.
» Cette propriété des machines à trois cylindres ne présente pas seule-
ment un intérêt de curiosité, elle est des plus précieuses pour les manœuvres
à très-petites vitesses et pour la régularité du mouvement des machines par
grosse mer.
» Enfin, il me reste à parler des dispositions des pompes à air qui per-
mettent d'obtenir les plus beaux vides, malgré la grande vitesse des pistons
de ces pompes.
» Dans la machine du Friedland, dont les pompes à air horizontales sont
attelées directement sans balancier sur les pistons à vapeur, la vitesse de
( IOT )
ces pistons à 5y f tours par minute est, comme je l'ai dit, de am,5o par
seconde en moyenne, mais à mi-course cette vitesse est de 3m,93.
» Si cette pompe se composait d'un piston plein ordinaire, fonctionnant
dans un corps de pompe, fût-il ouvert par les deux bouts de tout son dia-
mètre, l'eau, poussée par une pression aussi faible cpie celle de 10 centi-
mètres qu'on vent obtenir dans le condenseur, ne suivrait pas le piston à
mi-course, quelle que soit la somme des orifices des clapets de pied; de là
des chocs, des pertes notables dans le volume théorique décrit par le piston
de la pompe à air, et finalement vide insuffisant dans le condenseur.
» On évite ces inconvénients, quelle que soit la vitesse du piston de la
pompe à air, en le transformant en piston plongeur, fonctionnant dans
deux larges boîtes à clapet, séparées par une cloison que traverse ce piston
plongeur porté sur un coussinet formant presse-étoupe.
» Les mouvements horizontaux du piston plongeur se transforment en
mouvements verticaux de montée et de descente de l'eau dans les boites à
clapet, et avec la faculté que l'on a de donner à la somme de ces clapets
conservés petits la surface que l'on veut, l'excellence du vide des conden-
seurs n'est plus limitée par la vitesse du piston des pompes à air. »
M. Cl. Gay fait hommage à l'Académie du second volume de « l'His-
toire physique et politique du Chili (Agriculture) » qu'il vient de publier.
M. Mac-Lear, auquel l'Académie a décerné le prix Lalande, dans la
dernière séance publique annuelle, pour ses travaux concernant la vérifi-
cation et l'extension de l'arc du méridien mesuré au Cap de Bonne-Espé-
rance par Lacaille, adresse ses remercîments.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Mem-
bre qui remplira, dans la Section de Chimie, la place devenue vacante par
le décès de M. Pelouze.
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 53,
M. Wurtz obtient 46 suffrages.
M. Berthelot 3
M. Cahours a
Il y a deux bulletins blancs.
( 102 )
M Wcrtz, avant réuni la majorité des suffrages, est proclamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la Domination d'une Corn-
„„sslon de deux Membres pour la révision des comptes de 1 année ,866.
MM. Mathieu et Brongniarl réunissent la majorité des suffrages.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS
CHIMIE appliquée. - Sur un nouveau ciment magnésien. Note de M. Sobel,
présentée par M. Dumas.
(Renvoi à la Section de Chimie.)
' « J'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie un nouveau
ciment qui est fondé sur le principe du ciment à l'oxychlorure de zinc que
je lui ai présenté en .855. C'est un oxychlorure de magnésium basique et
hy!rOn' forme ce ciment en gâchant de la magnésie avec une solution
de chlorure de magnésium plus ou moins concentrée ; le ciment est d autant
plus dur que la solution est plus dense. Dans la plupart des cas, , emploie
du chlorure marquant de 2o à 3o degrés à l'aréomètre de Baume.
. On peut, dans le nouveau ciment, en tout ou partie, remplacer le chlo-
rure de magnésium par plusieurs chlorures ou sels, ayant pour bases des
métaux compris dans les trois premières sections de la classification de
Tlicnsrcl
„ Ce ciment magnésien est le plus blanc et le plus dur de tous les ciments-,
il se moule comme le plâtre. On obtient des objets moulés qui ont la dureté
et la couleur du marbre, en mélangeant avec ce ciment des matières cou-
venables. Ce ciment pouvant prendre toutes les couleurs, je 1 emploie a
former des mosaïques du plus bel effet, des imitations d ivoire, des billes
de billard, etc. D'après les échantillons que j'ai l'honneur de mettre sons
les yeux de l'Académie, elle peut apprécier l'importance industrielle du
nouveau produit. ■ >.x n„r,\„i\
, Le nouveau ciment possède au plus haut point la propriété aggluti-
native, ce qui permet de former des masses solides à des prix peu élevés
en agglomérant, dans de grandes proportions, des matières de peu de
valeur : une partie de magnésie peut agglomérer, de manière a forme, des
blocs durs, plus de vingt parties de sable, de calcaire et autres matières
( <o3 )
inertes; tandis que les chaux et ciments ordinaires ne peuvent agglomérer
que deux ou trois fois leur poids de matières étrangères.
» Au moyen des matières agglomérées, on pourra bâtir là où les maté-
riaux de construction manquent. Pour cela, il suffira de transporter, s'il
ne s'en trouve pas sur les lieux, de la magnésie et du chlorure de magné-
sium, et avec cela du sable, des galets et autres matières plus ou moins
dures se trouvant sur place ou dans le voisinage; on moulera d'excellents
matériaux de construction qui représenteront des pierres de taille.
» Voici une autre application du nouveau ciment qui est très-importante,
et qui a la sanction de près de deux ans d'expérience : c'est son emploi au
durcissement des murs en calcaires tendres et des plâtres. Pour cela, on
emploie le ciment à l'état très-fluide et composé spécialement pour cet
objet, et on l'applique au moyen d'une brosse, comme si c'était un badigeon
ordinaire.
» Le ciment magnésien, qui résiste à l'action de l'eau, peut être
obtenu à très-bas prix, surtout en employant de la magnésie extraite
des eaux mères des salines, soit par l'ingénieux procédé de M. Balard, au
moyen duquel on obtient en même temps de la magnésie et de l'acide
chlorhydrique, soit en décomposant les eaux-mères, formées en grande
partie de chlorure de magnésium, au moyen de la chaux vive ; de là résulte
une double décomposition qui produit de la magnésie et du chlorure de
calcium. J'emploie les eaux mères à 20 degrés, et je mets moins d'un équi-
valent de chaux pour un équivalent de chlorure de magnésium, afin qu'il
ne reste pas de chaux indécomposée et qu'il reste du chlorure de magnésium
dans l'eau mère. J'obtiens, par ce procédé, outre de la magnésie hydratée,
qu'il faut calciner, du chlorure de calcium contenant une certaine quantité
de chlorure de magnésium. Ce mélange ou chlorure double étant en grande
quantité, j'ai cherché à en tirer parti, et j'ai trouvé qu'en y ajoutant un
peu de magnésie et d'autres matières en poudre, telles que de la craie ou
de la chaux, on en formait un excellent badigeon très-adhérent et qui
durcit la surface des murs sur lesquels on l'applique. On peut aussi em-
ployer ce liquide avec la magnésie pour former un ciment.
» On voit que, par mes procédés, on donne de la valeur à des choses qui
n'en ont pas; ces procédés procureront à l'industrie une nouvelle matière
première et des éléments dont une grande partie ne proviendra pas de la
croûte solide du globe, mais de l'eau de la mer qui est inépuisable. La
matière première du nouveau ciment ne manquera donc jamais; il n'en est
pas de même pour les carrières et les mines, qui diminuent chaque jour et
finiront certainement par s'épuiser complètement.
( io4 )
■> Il est de mon devoir de ne pas terminer cette communication sans dire
combien j'ai été très-heureux de rencontrer M. Ménier; c'est grâce à son
concours éclairé autant que désintéressé que j'ai pu faire des essais sur une
grande échelle. »
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. —Note sur un nouvel ellipsoïde qui joue un grand
rôle dans la théorie de la chaleur; par M. Bocssixesq.
(Commissaires : MM. Duhamel, Bertrand, Fizeau) (i).
« Il existe, dans tout milieu homogène, un ellipsoïde qui représente
l'aptitude plus ou moins grande du milieu à transmettre la chaleur dans
les diverses directions.
» Désignons par u la température, et prenons pour axes des coordonnées
ceux de l'ellipsoïde que M. Lamé appelle principal. Les flux de chaleur qui
traverseront, en un point (jc, y, z), les éléments plans perpendiculaires
aux axes, en venant des parties positives de ceux-ci, auront leurs expres-
sions de la forme
.,_, , du du du
F^a'di+VdJ-lJ'dl'
_, . „ au . au au
F2 = oa — -4- A — - v —,
du . du du
dy dz dx
du du v du
dz ' dx dy
» Le flux F, qui traverse au même point un élément dont la normale
fait avec les axes des angles ayant pour cosinus m, n, p, est donné, comme
on sait, par la formule
(i) F=/nF1 + fiF,+/>Ft.
» Cela posé, admettons que le milieu soit traversé par un courant unique
de chaleur, suivant une direction quelconque, définie par les cosi-
nus (j, g, h) des angles qu'elle fait avec les axes. Les flux seront nuls sur
tout élément plan dont la normale sera perpendiculaire à la direc-
tion (f, g, h) ; ce qui, d'après la formule (i), signifie que F(, F2, F3 seront
proportionnels kf, g, h. On aura ainsi
„ du du du , .. du . du du „ du du , du
a t + v ~, !J-~r b-— + 1- v — cÀ — -4- u. -. / -j-
, . dx dy ' dz dy dz dx _ dz ' dx dy
(v — y- ~-~ -y- "=- ~T~
(i) Les deux Notes adressées par M. Boussinesq le i" juillet ( p. 44 et 4^ ) sont renvoyées
à la même Commission.
( io5 )
» Appelons À- l'une de ces fractions, et résolvons par rapport à — -» -—■> — ■
Nous obtiendrons, pour ces dérivées partielles, des valeurs dont la pre-
mière sera
du _ ,b2c2f+lSlf—-jc2g + pb'ti
d~r ~ ~ a2b'cl -4-SX2«2
» Le symbole S désigne, afin d'abréger, la somme de trois termes ana-
logues à celui qui est écrit sous le signe. Les surfaces isothermes, u= const.,
sont des plans parallèles entre eux, dont la direction est parfaitement déter-
minée en/, g, h par des cosinus proportionnels aux expressions des déri-
vées partielles de u. La température ne dépend donc plus que de sa valeur
aux divers points d'un axe OZ, mené par l'origine et dans la direction
même (j,g, h) du courant. La dérivée partielle suivant cette direction est
fo> du g rdu __ , Sb'c'f-h (S>/)a
v i dl ~ J dx à> b' c2 -+- SX' a'
» D'autre part, le courant de chaleur est mesuré par le flux qui traverse
un élément perpendiculaire à la même direction. D'après les formules (i)
et (2), ce flux est
F = S/À/ = A,
ou bien, en éliminant A parla relation (3),
S).2«2
1 +
a2 b' c' du
/2 (SUT dl
11' a- b- c-
» Le coefficient de —, dans l'expression de F, peut être appelé coeffi-
cient de conductibilité linéaire pour la direction (J,g,h). Il caractérise
l'aptitude plus ou moins grande du milieu à laisser passer la chaleur dans
cette direction.
» Si l'on porte à partir de l'origine, dans chaque direction, une ligne
égale à la racine carrée du coefficient deconductibilité correspondant, le lieu
formé par les extrémités de ces lignes est l'ellipsoïde
j:- _ (Six)' _ SVn2
a- a- b2 r-
» On peut l'appeler ellipsoïde des conductibilités linéaires. 11 joue le prin-
cipal rôle dans les phénomènes les plus observables, c'est-à-dire dans ceux
que présentent les barres et les plaques. Par exemple, si plusieurs barres
G, R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 5.) l4
( '«6 )
égales, taillées à partir de l'origine dans un même milieu, et chauffées
simultanément à cette origine, sont couvertes d'une couche de vernis qui
leur donne la même conductibilité extérieure, les points d'égale tempéra-
ture pour toutes ces barres seront sur des ellipsoïdes semblables à celui
des conductibilités linéaires et semblablement placés. Si de même une
plaque indéfinie, taillée dans le même milieu, est chauffée dans un très-petit
espace autour de l'origine des coordonnées, les courbes isothermes seront
situées sur les mêmes ellipsoïdes.
» L'ellipsoïde des conductibilités linéaires a des rapports intéressants
avec l'ellipsoïde principal S — = i, qui joue, dans les milieux à trois di-
mensions, le même rôle que lui dans les milieux à une ou à deux dimen-
sions. Ces deux ellipsoïdes sont coupés suivant deux courbes semblables
par le plan SXx = o, et le diamètre conjugé à ce plan est le même dans les
deux surfaces.
» Tous ces résultats sont développés dans une thèse que j'ai présentée à
la Faculté des Sciences de Paris. »
M. L. Aubert adresse un « Mémoire sur le calcul de la résistance des
fers en double T » .
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
M. Dupuis soumet au jugement de l'Académie une soupape hermétique
pour l'air et pour l'eau.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
M. Blanchard adresse de Bologne-sur-Marne une Note relative au traite-
ment de l'infection purulente.
(Renvoi à la Section de Médecine.)
RI. (i. Hinrichs adresse un Mémoire, écrit en allemand, concernant la
mécanique moléculaire.
(Commissaires: MM. Regnault, Combes.)
RI. Dois adresse, par l'intermédiaire du Ministère de l'Agriculture, du
Commerce et des Travaux publics, un « Mémoire sur le traitement du cho-
léra asiatique ».
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
( io7 )
M. Glals-Bizoix transmet à l'Académie un opuscule de M. Le Morvan sur
le choléra, et demande que ce travail, adressé d'abord par erreur à l'Aca-
démie de Médecine, soit admis au concours du prix Brénnt pour 1867.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant^ qui jugera s'il est possible d'ad-
mettre encore ce travail au concours de l'année 1867.)
M. F. Thomas annonce l'envoi d'une boîte contenant un échantillon de
son « préservatif contre le choléra ».
(Renvoi à la Commission du legsBréant.)
M. F. de Marigny adresse une Lettre concernant son « Mémoire sur
l'origine et le mode de formation des gîtes métallifères », Mémoire pour
lequel une Commission a été nommée le 23 mai 1864.
Cette Lettre sera soumise à la Commission, qui se compose de MM. Elie
de Beaumont, Regnault, Daubrée.
CORRESPONDANCE .
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, la première partie du cinquième volume des Matçrialien
zùr Minéralogie Russtdnds de M. de Kokscharow.
CHIMIE. — Sur de nouvelles combinaisons manganiques. Note de
M. J. Nicklès, présentée par M. Dumas.
« En signalant l'existence des composés singuliers du groupe des chlo-
roïdes (Comptes rendus, années 1 865 et 1866), j'ai reconnu que les perio-
dures sont moins stables que les perbromures, qui le sont moins que les
composés correspondants du chlore ou j)erchlorures. Ces derniers offrent
le plus de stabilité; aussi en comptent-ils quelques-uns qui sont sans action
sur l'or, tandis que les composés du brome et de l'iode attaquent ce métal
avec une facilité plus ou moins grande.
» La stabilité du composé singulier est donc en raison inverse du poids
de l'équivalent de l'élément chloroïde qui entre dans la combinaison.
» Une autre conclusion se dégage de ces recherches, c'est qu'avec la
stabilité se développe une tendance à quitter le caractère de corps neutre
et à jouer le rôle d'acide; c'esl, entre autres, ce que m'ont appris mes
Recherches sur le perchlorure de plomb (Comptes rendus, t. LXIII, p. 1 118).
14..
( io8 )
» Le fluor ayant un équivalent moindre que le chlore, j'ai cherché à
obtenir, dans un but de contrôle, certaines de ses combinaisons qui cor-
respondent aux chlorures, etc., singuliers, déjà reconnus et étudiés; on
verra, par ce qui va suivre, que les nouveaux composés se comportent
comme des acides.
» Acide fluomanganeux MnFl2. — Il se produit :
m i° Par l'acide fluorhydrique et le perchlorure de manganèse éthéré.
De vert qu'il était, le liquide devient brun dans sa partie inférieure qui est
aqueuse; c'est la couleur de l'acide fluomanganeux en dissolution.
» 2° Par l'acide fluorhydrique concentré et le peroxyde de manganèse.
La dissolution s'opère peu à peu sans qu'il soit possible de neutraliser
complètement l'acide employé; il en reste toujours Un excédant qui, toute-
fois, ne gène en rien la manifestation des propriétés du nouveau fluorure.
Ces propriétés ressemblent à celles des perchlorures, c'est dire qu'il déco-
lore l'indigo et est décoloré par le sulfate ferreux, qu'il donne avec l'acétate
de plomb un précipité blanc devenant brun à chaud (voir plus bas), qu'il
rougit la brucine, donne des réactions colorées avec l'aniline, la naphty-
lamine, etc.
» Il brûle partiellement l'acide phénique et le transforme en une résine
brune, dichroïque, verdissant en présence de l'hypochlorite de soude ;
mais il se conserve indéfiniment en présence du glucose, de la gomme et
d'autres carbohyd rates.
» L'alcool le dissout, mais l'éther ne s'y unit que quand l'eau est ab-
sente. En présence de beaucoup d'eau, l'acide fluomanganeux se décom-
pose. La réaction est favorisée par la présence d'un alcali libre ou carbo-
nate. Les eaux calcaires sont dans ce cas. Il se détruit aussi dans les
solutions des chlorures alcalins.
» Dans toutes ces circonstances, il se forme du peroxyde très-divisé, qui
communique au liquide une coloration brune.
» En voyant la facilité avec laquelle le peroxyde de manganèse se sépare
du liquide fluorhydrique qui le contient, on pourrait être disposé à n'y
voir qu'une dissolution; ce qui suit prouvera, je pense, le contraire.
» Flitomanr/anites. — Si, dans le susdit liquide, on verse du fluorure de
potassium, on obtient aussitôt un précipité rose, contenant tous les élé-
ments en présence; c'est une combinaison définie, laquelle, séchée à ioo de-
grés centigrades, est anhydre et composée d'équivalents égaux d'acide
fluorhydrique et de fluorure alcalin.
» Le fluorure d'ammonium donne des résultats analogues; cependant
( iog )
le produit est plus solnble que le précédent. Avec le fluorure de sodium,
on n'obtient de précipitation qu'autant qu'il y a de l'alcool en présence.
« Les halosels qu'on obtient ainsi partagent les propriétés de l'acide
fluomanganeux; comme lui, ils se décomposent en présence de beaucoup
d'eau et se dissolvent en violet dans l'acide phosphorique sirupeux. Ils se
comportent aussi comme des corps oxydants.
» Les fluorures alcalins leur donnent de la stabilité, si bien qu'on peut
impunément les faire bouillir dans une solution aqueuse de ces derniers;
tous se décomposent sous l'influence de la chaleur. Le sel ammonique
donne un résidu d'oxyde et de fluorure; le sel potassique fond et perd de
l'acide fluomanganeux; après une fusion prolongée, j'ai obtenu un fluosel
basique de la formule
MnFl2 + 4KFl.
» On obtient un composé analogue en faisant fondre du peroxyde de
manganèse avec du fluorhydrate de potasse.
» Le fluomanganite de potassium parait bleu quand il est en fusion ; il
reprend sa couleur rose par le refroidissement. Fondu avec du chlorure de
calcium, il produit, au contraire, un bleu persistant.
» Le fluomanganite de sodium fond difficilement et perd alors, à jamais,
sa couleur rose.
» Il existe aussi des fluomanganites des métaux pesants. Celui de plomb
est un précipité rose, qui brunit en présence de beaucoup d'eau; il est
solnble dans une solution concentrée de fluorure de potassium. On le
prépare avec l'acide fluomanganeux susdit et une solution alcoolique
d'acétate de plomb.
» Neutralisé par une base organique, cet acide donne lieu à un fluo-
manganite semblable aux précédents, à moins que la base ne soit altérable
à la manière de la brucine, de la naphtylamine, par exemple.
» J'ai obtenu ainsi le fluomanganite de quinine à l'état de précipité rose
que l'eau brunit et que l'alcool détruit partiellement; celui de triméthyla-
mine, qui se comporte à peu près de même. En général, l'affinité des bases
organiques pour l'acide fluomanganeux n'est pas bien prononcée. La
caféine et la strychnine ne m'ont rien donné de satisfaisant.
» Fluoxjrmanganiles. — Si, dans une solution bouillante de fluorure
de potassium ou d'ammonium, on laisse tomber goutte à goutte du per-
chlorure de manganèse, il se précipite une poudre rose qui partage, en
général, les propriétés du précèdent. On pourrait même s'y tromper, si
l'analyse n'accusait une grande différence dans la proportion des éléments
( no )
en présence. Elle nous apprend que, dans ces composés, un équivalent de
fluor est remplacé par un équivalent d'oxygène, en sorte que nous sommes
en présence d'un acide qui doit être appelé fluoxymanganeux, à raison de
sa composition représentée parla formule
Mn(OFl).
» Composés élliérés. — Les deux acides dont il vient d'être parlé sont
solubles dans l'éther, pourvu qu'il n'y ait pas d'eau en présence. Pour effec-
tuer une pareille dissolution, on opère avec le sel potassique sec que l'on
traite par de l'éther anhydre saturé de gaz fluosilicique. Par l'agitation, le
liquide devient brun, avec un ton violet. Une petite quantité d'eau le dé-
colore en s'emparant de l'acide. L'eau en excès le décompose, ainsi qu'on
l'a vu, et l'acide phosphorique sirupeux le dissout en se colorant en violet.
En un mot, les propriétés de la solution éthérée se calquent sur tout ce
qui précède.
» Sesquifhiomanq anales et sesquioxyfluomanganates. — De même que les
sesquichloi ures, bi'omureset iodures de manganèse, le sesquifluorure se com-
porte comme un composé singulier, à cela près que ses tendances acides
sont très-prononcées. Il forme donc avec les fluorures alcalins des fluo-
sels et des fluoxvsels, de la même manière et dans les mêmes conditions que
les combinaisons qui précèdent. Les propriétés aussi sont, à peu de chose
près, les mêmes et l'analyse seule permet de distinguer tous ces composés.
Le tableau suivant contient mes résultats analytiques :
MnFl'KFI. MnFIOK.Fl. MnsFlsO + 2K.Fl.
Calculé. Trouvé. Calculé. Trouve. Calculé. Trouvé.
FI 4(>>'5 46*27 33,75 33,19 35,02 35,o4
Mn 3t2,26 ?-2,9 2-4,44 2i>32 25,34 25,23
K. 3 1 ,58 29,90 34,66 » 35,94 36,54
O » » » » 3,(>8 »
» Ajoutons que c'est toujours à l'un ou à l'autre de ces composés qu'on
arrive quand on attaque le permanganate de potasse par l'acide fluorhy-
drique.
» Rouge d'abord, le liquide pâlit peu à peu, en émettant de l'ozone, et
se garnit du précipité rose dont la nature est maintenant connue.
» En résumé :
» Dans les haloïdes singuliers du manganèse, la stabilité auginentecomme
l'équivalent diminue; très-faible chez les iodures, elle augmente graduel-
lement à mesure qu'on remonte l'échelle, au point que, avec le^/z/or, dont
( III )
l'équivalent est plus de huit fois plus petit que celui de Yiode, les composés
singuliers résistent même à l'aclion réductrice île la chaleur et de beaucoup
de matières organiques en dissolution dans l'eau.
» Nous avons vu que l'acidité se développe dans le même ordre. Très-
nette chez les fluorures singnliers, elle ne commence à se manifester que
chez le chlore, avec PbCl2, dont la stabilité n'est garantie que par le con-
cours d'un grand nombre d'équivalents de chlorure alcalin. »
chimie générale. — Expériences de sur saturation, (Deuxième article. )
Note de M. Lucoq de Boisuaudrax, présentée par M. H. Sainte-
Claire Deville.
« Après avoir examiné (i) l'action des sels isomorphes sur chaque sul-
fate magnésien (2) en dissolution sursaturée, j'ai pensé qu'il serait intéres-
sant d'étudier aussi cette action sur des liqueurs contenant deux de ces sels
pris, soit clans le même groupe, soit dans des groupes différents. Il était à
présumer que de tels mélanges participeraient en général des propriétés
cristallogéniques de leurs éléments, mais aussi que, dans les mélanges for-
znés de deux sulfates de groupes différents, le passage d'un type à l'antre
offrirait un intérêt tout particulier. Les faits suivants découlent d'assez
nombreuses expériences que j'ai faites à ce sujet.
» I. J'ai mélangé en diverses proportions les sidfates de cuivre et de
nickel et fait agir sur ces liqueurs sursaturées les isomorphes cristallisés.
Avec du sulfate de nickel contenant -^ (ou moins) de sulfate de cuivre,
on obtient : i° des rhombes transparents (type sulfate de fer à 7 HO);
20 des cristaux à 6HO (3) (type sulfate de nickel à base carrée); 3° des
aiguilles orthorhombiques (type sulfate de zinc à 7 HO); chacun de ces
types détruit les précédents.
» Avec 5 parties de sulfate de nickel et 1 partie de sulfate de cuivre, j'ai
obtenu : i° des cristaux à 6 HO; 20 des rhombes (type sulfate de fer) qui
ont détruit les cristaux à 6HO; au bout de sept ou huit jours cependant,
un ou deux petits cristaux d'un vert plus foncé se sont montrés à la surface
des rhombes et se sont accrus régulièrement, bien que lentement, jusqu'à
entière disparition du type sulfate de fer. Ces nouveaux cristaux étaient en
(1) Comptes rendus, 17 juin 1867.
(2) Sulfates de FeO, NiO, CuO, CbO, MgO, ZnO.
(3) Dans ma Note du 17 juin, j'ai déjà fait observer que je n'avais |>as encoie terminé
l'élude de ces cristaux.
( M2 )
pyramides à base carrée, tronquées parallèlement à leur base; l'analyse a
indiqué environ 5| équivalents d'eau (i). Voilà donc le type 6 HO, d'abord
détruit par le type sulfate de fer, redevenu prédominant. J'ai observé dans
d'autres circonstances cette influence du temps sur la formation des types
cristallins et je compte y revenir plus tard.
» Lorsque la quantité de sulfate de cuivre atteint environ ~ de la masse
totale, le type fer paraît décidément être le plus stable; il détruit alors
tous les autres, y compris 7IIO orthorbombique et 5 HO clinoédrique,
types des sels constituants. Ce fait est d'autant plus remarquable que les
sulfates de cuivre et de nickel isolés sont très-instables sous la modification
clinorbombique.
» En employant 4 parties de sel de nickel et 3 parties de sel de cuivre,
on obtient plusieurs types avec une facilité presque égale. On peut ainsi
produire en même temps des formes cristallines distinctes en touchant le
liquide avec plusieurs isomorphes à la fois. Chaque modification croît jus-
qu'à ce que la liqueur soit désursaturée par rapport au type le moins
stable (2) ; celui-ci commence alors à se redissoudre, tandis que les autres se
développent ; bientôt un second type cesse à son tour de s'accroître, et il ne
reste à la fin de l'expérience qu'une seule espèce de cristaux. Dans le pré-
sent mélange, les aiguilles ortborhombiques sont assez promptement dé-
truites par les rhombes du type fer, mais il faut plusieurs jours pour que
ces derniers soient complètement transformés en cristaux clinoédriques,
lesquels représentent le type le plus stable.
» On peut donc, en changeant les proportions des deux sels, faire varier
considérablement l'ordre de stabilité des diverses modifications; on obtient
ainsi simultanément et avec une facilité presque égale : les types sulfate de
fer (clinorbombique) et sulfate de zinc (orthorbombique), ou bien encore
(5HO à base carrée et zinc orthorhombique. Dans cette dernière expé-
rience, l'isomorphe à ajouter est simplement du sulfate de nickel ordinaire
(légèrement opaque) qui agit alors par les deux types cristallins qu'il ren-
ferme et produit, soit des octaèdres carrés, soit des aiguilles orthorhom-
biques, soit ces deux formes en même temps, suivant les proportions de
cuivre et de nickel contenues dans la liqueur.
» Enfin, dans les solutions où le cuivre domine, il peut se déposer :
( 1 ) La dessiccation de ces cristaux avait été poussée un peu trop loin, car ils m'ont paru
s'être très-leyèrcment effleuris.
(2) Ou, ce qui revient au même, le plus soluble.
( "3 )
i°des aiguilles (type sulfate de zinc); 2° des octaèdres carrés à 6 HO; 3° des
clinorhombiques à 7HO; 4° des clinoédriques (ordinaires du sulfate de
cuivre). On voit que le mélange de deux sels peut fournir quatre espèces
de cristaux, tandis qu'avec les sels isolés je n'ai réussi à produire que
trois modifications seulement.
« Les mélanges de nos autres sels, pris deux à deux, donnent des résul-
tats analogues à ceux qui ont été obtenus avec les sulfates de cuivre et de
nickel. Je ne citerai donc que les quelques exemples suivants.
» II. Avec 7 parties de sidfate de cuivre et 5 parties de sulfate de zinc, on
obtient : i° des aiguilles (type zinc); i° des octaèdres (ou pyramides) car-
rés; 3° des rhombes (type fer); 4° des clinoédriques (type cuivre). Chacune
de ces modifications détruit les précédentes.
» III. Une solution contenant i\ parties de sulfate de nickel et 1 partie
de sulfate de fer peut produire : i° des cristaux à 6HO; 20 «les rhombes
(type fer); 3° des aiguilles (type zinc); ces dernières sont les (dus stables.
Avec 1 parties de sel de fer et 3 parties de sel de nickel, l'ordre de stabilité
devient : i° cristaux à 6HO; 2" aiguilles (type zinc); 3° type fer clinoi boni -
bique qui détruit les deux autres.
» IV. Un mélange de 1 partie sulfate de nickel et 2 \ parties sulfate de
zinc donne : i° des cristaux 6 HO, base carrée ; i° des rhombes (type fer) ;
3° des aiguilles (type zinc).
» Si l'on prend quantités égales des deux sels, l'ordre est changé et devient:
i° clinorhombiques (type fer) ; 2" cristaux 6 HO, base carrée; 3° aiguilles
(type zinc).
» On peut, dès à présent, appliquer les notions, précédentes à l'analyse
qualitative de quelques mélanges salins, en les faisant agir sur diverses solu-
tions sursaturées. Cette méthode possède, outre une grande sensibilité, le
précieux avantage d'indiquer la forme cristalline et te degré d'hydratation de
parcelles très-ténues ou disséminées flans une masse considérable de corps
étrangers. De semblables déterminations seraient complètement impossibles
avec les anciens procédés. De plus, les faits que je viens d'exposer ne sont
pas particuliers à une seule famille cristalline; ils sont généraux, et lors-
qu'on aura étudié à ce point de vue les principaux sels connus, il est per-
mis d'espérer qu'on obtiendra une méthode analytique complète, d'une
délicatesse comparable à celle de l'analyse spectrale et permettant d'entre-
prendre des recherches d'un ordre tout nouveau. »
C. R., 18(17, 1' Semestre. (T. LXV, N° ."..1 I 5
( ix4 )
SÉRICICULTURE. - Sur un moyen très-simple de constater la présence ou l'ab-
sence des corpuscules citez les papillons de vers à soie. Note de M. Balbiam,
présentée par M. Ch. Robin
« On sait que la conclusion pratique des recherches de M. Pasteur sur
la maladie des vers à soie se résume dans ce précepte qu'il donne aux séri-
ciculteurs, de n'employer pour leurs éducations que des graines provenant
de papillons privés des organismes parasites connus sous le nom de cor-
puscules vibrants. Pour s'assurer si les papillons se trouvent dans cette der-
nière condition, il recommande d'examiner au microscope la plupart, sinon
la totalité de ceux d'une même chambrée, après les avoir broyés dans un
mortier avec quelques gouttes d'eau.
,, En attendant que l'expérience ait prononcé sur la valeur de cette nou-
velle méthode, je désire faire connaître ici un moyen aussi sûr et beaucoup
plus expéditif que le broyage des papillons pour reconnaître s'ils renferment
ou non des corpuscules parasites. Je me hâte de le porter à la connaissance
des sériciculteurs, afin qu'ils puissent l'expérimenter encore avant la fin de
la campagne actuelle. Ce moyen se fonde sur les deux faits suivants, dont un
grand nombre d'observations me permettent de garantir la parfaite exacti-
tude, savoir : i° tout papillon qui présente des corpuscules dans l'intérieur
de ses ailes en renferme aussi dans ses organes profonds; 2° tout papillon
dont les ailes sont dépourvues de corpuscules n'en présente pas non plus
dans ses parties internes.
,, J'ai été conduit à formuler ces deux propositions en étudiant collaté-
ralement la marche de la production parasitique dans l'intérieur des chry-
salides et le mode de développement des ailes de l'insecte parfait, dévelop-
pement qui coïncide, au moins pour la plus grande partie, avec cette même
période de l'évolution des vers. En effet, chez tous ceux de ces animaux
qui n'ont pas déjà succombé à une époque antérieure, c'est pendant l'état
de nymphe que la généralisation des corpuscules dans l'intérieur des tis-
sus fait le plus de progrès; aussi peut-on affirmer qu'il n'est pas un seul
des organes de la chrysalide, y compris, par conséquent, les ailes, qui ne
renferme une plus ou moins grande quantité de ces petits corps. Souvent
même j'ai réussi à constater leur présence dans ces appendices à une époque
encore moins avancée de leur développement, c'est-à-dire lorsque la che-
nille vient d'accomplir sa dernière mue. On sait, en effet, depuis les obser-
vations d'Oken, de Carus et de Newport, que les ailes existent déjà chez
celle-ci, dans leur état le plus rudimentaire, sous la forme de petits tuber-
( itt)
cules ayant à peine le volume d'une tète d'épingle et cachés sous les tégu-
ments qui recouvrent les parties latérales des deux derniers anneaux thora-
ciques.
» Pour apprécier l'état des papillons d'après l'examen des ailes, il suffit
d'enlever, à l'aide de ciseaux, une partie d'un de ces appendices ne dépas-
sant pas le tiers de sa largeur totale, de placer cette portion coupée sur un
porte-objet, puis, après l'avoir humectée d'un peu d'alcool pour la rendre
transparente, de la recouvrir d'une lamelle de verre mince et de la porter
sous le microscope. Si elle renferme des corpuscules, il suffit souvent du
premier coup d'œil pour les apercevoir, soit dans l'épaisseur de sa trame,
soit, si le papillon est frais, dans le contenu des nervures que l'on a fait sor-
tir par leur extrémité coupée à l'aide d'une pression exercée sur la lamelle
de verre qui recouvre le fragment d'aile enlevé. Dans le cas où les écailles
masqueraient plus ou moins la transparence de la membrane sous-jacente,
on les éloignerait en grattant celle-ci avec la pointe d'une aiguille. Grâce à
ce procédé fort simple, on arrive aisément, avec un peu d'habitude, à exa-
miner décent à cent cinquante papillons dans une heure. En outre, comme
il ne compromet nullement l'existence ni même aucune des fonctions de
l'insecte, on peut l'employer également chez les papillons à l'état vivant.
Il en résulte qu'il n'est pas nécessaire d'ajourner l'examen des individus
reprodticleurs jusqu'après le moment où le grainage a eu lieu, mais que
tout sériciculteur possède ainsi le moyen d'opérer une sélection aussi par-
faite que possible de sa graine, par la faculté qu'il a de déterminer, d'avance
et au moment même de l'éclosion des cocons, quels seront les papillons
qu'il faudra conserver pour la reproduction, et ceux qu'il devra, au con-
traire, rejeter. «
GÉOLOGIE. — Découverte d'une fontaine ardente dans l'arrondissement de
Narbunne. Note de 31. Touknal.
« Narbonne, 11 juillet 1861.
» On vient de découvrir près de Salles d'Aude (arrondissement de Nar-
bonne), en creusant un puits artésien, une fontaine ardente. Le gaz hvdro-
gène carboné se dégage, en bouillonnant, d'une eau purgative chargée
de sulfate de magnésie; il brûle avec une flamme rougeâtre et fuligineuse,
mais sans aucune espèce d'odeur de bitume ou d'hydrogène sulfuré.
» Le puits a été foré sur la rive gauche de l'Aude, dans une vaste plaine
située à 1 mètres seulement au-dessus du niveau de la mer, et formée par
les alluvions limoneuses de cette rivière.
r5..
( »i6 )
» La sonde a traversé d'abord 6 mètres de limon, puis une terre noi-
râtre renfermant des débris de bois à demi carbonisés. Venaient ensuite,
par ordre de succession, des calcaires lacustres, blancs, tertiaires, avec
marnes el cristaux de gypse, puis enfin des marnes bleues, avec coquilles
marines et débris de grandes huîtres.
» C'est à 70 mètres que l'on a rencontré la source d'hydrogène carboné :
l'eau magnésienne, de laquelle le gaz se dégage, a un moment jailli à la
surface du sol; elle se maintient en ce moment à 1 mètre au-dessous.
» La présence d'une fontaine ardente qui surgit des terrains tertiaires
les plus récents, au centre d'une vaste plaine formée par les alluvions de
l'Aude, et qui était recouverte il y a quelques siècles à peine par l'eau de
la mer, serait difficile à expliquer s'il n'existait pas à une petite distance,
sur le versant méridional des collines qui séparent la commune de Nissan
de la basse vallée de l'Aude, des failles et des bouleversements de tout
genre, dont l'influence a dû se faire ressentir à une assez grande distance.
Ces bouleversements peuvent seuls expliquer l'ordre de succession des
couches traversées par la sonde, puisque les marnes bleues marines ter-
tiaires qui, dans les départements de l'Aude et de l'Hérault, reposent sur
les calcaires d'eau douce et les dépôts gypseux, ont été rencontrées
au-dessous.
» Je crois devoir rappeler, à cette occasion, qu'un puits artésien creusé
dans la même plaine (sur la place même de la commune de Coursan), à
5 kilomètres de celui de Salles, a mis à jour une source jaillissante d'eau
bicarbonatée sodique et ferrée, et que les plâtrières de Filon (Aude) ren-
ferment des veines et des amas de magnésie sulfatée cristallisée. »
ARCHÉOLOGIE. — Découverte d'une pointe de flèche en obsidienne, et d'un vase
paraissant remanier à Vœje de bronze, à Àingeray (Meurlhe). Extrait d'une
Lettre adressée à M. Élie de Beaumont, par M. Guéiux.
« Nancy, 11 juillet 1867.
» J'ai eu l'honneur déjà de vous entretenir l'an dernier de la décou-
verte curieuse qui avait été faite aux environs de Lunéville de nucleus et
de lames d'obsidienne.
» Jusqu'alors cette découverte semblait un fait isolé, lorsqu'il y a un
mois, explorant pour la recherche des silex un plateau non loin d'Ain-
geray, petite commune de la Meurthe, je rencontrai des fragments de
vases d'une pale et d'une forme particulière qui me firent penser qu'il
( "7 )
avait bien pu y avoir là un ou plusieurs tumulus, et à quelques pas de là
je trouvai une pointe de flèche en matière vitreuse, légèrement brisée à In
base. Cette flèche, d'une forme particulière, est aussi régulièrement taillée
que possible.
» Quant au vase, autant que me l'ont permis quelques morceaux assem-
blés, il me paraît avoir eu cette forme (dont un croquis est joint à la Lettre)
qui a déjà été trouvée dans des tombelles de l'âge de bronze en Alsace.
» La pâte en est gris jaunâtre ; le vase semble fait au tour, mais déprimé
par une pression (des doigts?) agissant latéralement, et il est entaillé par
des fragments très-nombreux de petits cailloux blancs. »
La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 8 juillet 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Excelsior... Excelsior, Gazette littéraire des pensionnaires de i Institution
royale Murray des aliénés à Perth. N"s 1 à 6, 7 à 12, i3 à 18. Perth, 1860
à 1 864 ; 3 br. in-/4°.
Bulletin de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg. T. X,
n°9 1 à 4; t- XI, nos 1 et 2. Saint-Pétersbourg, 1866; in-4°avec planches.
Mémoires de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pélersboun/. T. X,
n°9 i-3 à i5. Saint-Pétersbourg, 1866; in-4° avec planches.
Ubersicht... Coup d'œil sur les travaux qui se sont faits à l'Observatoire
Nicolas dans les vingt-cinq premières années qui ont suivi sa fondation; par
M. Otto Struve. Saint-Pétersbourg, 1 865 ; in-4° avec portrait photo-
graphié.
Jahresbericht... Compte rendu annuel du Comité de l'Observatoire Nicolas
fait au nom du Directeur; par M. V. Dollen. Saint-Pétersbourg, i865;
br. in-8°. (Traduit du russe en allemand.)
Zoogeographische. .. Mémoires de Zoogéographie et de Paléontologie , par
M. J.-F. Brandt. Saint-Pétersbourg, 1867; in-8°.
Nochmaliger... Nouveaux renseignements concernant l'extermination du
Lamantin du Nord ou Stellère (Rhytina borealis); par M. J.-F. Brandt.
Moscou, 1866; br. in-8°.
( n8 )
Ueber Sur la différence présumée du Bison du Caucase (Zuber, autrement
dit Aucrochsen) et du Bison de Lithuanie (Bos Bison sêu Bonasus); par M. I.-F.
Buandt. Moscou, 1866; br. in-8°.
Eiuige Quelques mots pour servir de supplément à ma communication sw
l'histoire du Mammulh; par M. J.-F. BraKdt. Sans lieu ni date; opus-
^BVrichtê . Histoire de l'annonce faite de la découverte d'un Mammuth avec
sa peau et de l'expédition oui a pour objet d'assurer la conservation de celte
nièce ^M.L-E. VON Baer. Saint-Pétersbourg, 1866; in-8-avec planche s.
Ueber Sur la nature chimique des eaux de Bàle, eaux stagnantes, eaux de
ruisseaux, de fleuves ou de sources; par M. F. GOPPELSRODER. Bàle, .867;
iii~8°
Ast'ronomische... Notices astronomiques; par le D1 B. Wolf. N° a3.
Avril 1867: in-8°. . . , . , ,
For.eckning... Liste des cours et lectures faits à l'Université impériale de
Finlande; du ,« septembre ,865 au 3, mai ,866, avec les noms des prof es-
seurs. Helsingfors, 1 865; ni-4°. .,,,-, 1 ■
Botaniska. • Recherches botaniques pour servir à l histoire de la climatologie
de la Finlande; par M. De^vs. Helsingfors, ,8b5;,n-40-
0„,.. Sur quelques affections syphilitiques du cerveau et de la moelle épi-
mère;p«r M. G. Bonsdorf. Helsingfors, ,865; in^». Sv.MlJUHG
Om... Sur les dilatations des vaisseaux sanguins; par M. G. SvaNUUNG.
Helsingfors, i866;br. in-8°.
Om • Sur les ulcérations du col de l'utérus ; par M . N . FEODOROF. Hels.ng-
fors, 1866; in-8°. ,9fifi.
Om... Sur la fièvre récurrente; par M. J. MlCKWlTZ. Helsingfors, 1866,
H1 Om... Sur la vaccine; par M. M.-M.-W. CaLONIUS. Helsingfors, t865;
111 Resultate . Résultats des observations météorologiques faites en divers lieux
duroraumede Saxe entre les années ,760 et ,865 e* en ,865, dans les vmgt-
Jeux stations royales de la Saxe, rédigées par M. C. Bhuh.s d après es noUces
mensuelles adLées au Bureau de Statistique du Minier, de 1 Inteneur.
Gamtoni. Milan, 1867; br. in-8°.
Su 5«r f isolent des mocte» &*^«« « /"""»" »'■ Not* d" P";
fesseurCANTONi. Milan, 1867; br. in-8°.
( "9 )
Rapport soumis à la Commission organisatrice sur le programme de la 6e ses-
sion du Congrès international de Statistique; par M. Pierre Maestri. Flo-
rence, 1867; br. in-8°.
Dell'... Analyse chimique de l'eau thermale acidulo-sulfurée de l'antique
Querciolaja près Bapolano (Toscane), suivie d'une indication des principales
propriétés médicales; par M. G. Campani. Sienne, 1857; br. in-8°.
L'Académie a reçu, dans la séance du i5 juillet 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Rapport présenté à S. Exe. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et
des Travaux publics, par l'Académie impériale, de Médecine, sur les vaccina-
tions pratiquées en France pendant /' année 1 865. Paris, 1 8G7 ; in- 8°.
Académie française. Inauguration de la statue de Rotron à Dreux, le di-
manche 3o juin 1867. Discours de M. DE Falloux. Paris, 1867; in-4°.
Mémoire sur ta thermodynamique; par M. G.-A. Hirn. Paris, 1867;
in-8°.
Sur la vitesse du flux nerveux dans la sensation et l'acte de la volition; par
M. G.-A. HlRN. Angers, sans date; br. in-8°. (Extrait des Annales de la
Société linnéenne de Maine-et-Loire.)
Théorie analytique et élémentaire du gyroscope; parM. G.-A. Hirn. Paris,
sans date ; in-4° avec planches.
Mémoire sur la détente de la vapeur d'eau surchauffée; par MM. G.-A. Hirn
et A. Cazin. Paris, 1866; br. in-8°. (Ces ouvrages de M. Hirn sont pré-
sentés par M. Combes.)
La science et les savants au XVIe siècle. Tableau historique; jiar M. P. A.
Cap. Tours, 1867; in-8°. (Présenté par M. Cloquet.)
Rapport/ait, les 4 décembre 1866 et 8 janvier 1867, par M.Trouessart, sur
un ouvrage intitulé : Qu'est-ce que le soleil? Peut-il être habile'? par M. Coy-
TEUX. Réponseà ce Rapport et notes critiques; par M. COYTEUX. Poitiers, 1867;
in-8°.
Les Merveilles de la Science; par M. Louis FIGUIER. 1 3e série. Paris, 1867;
in-4° illustré.
Annales de la Société impériale d'Agriculture. Industrie, S<ience, Arts et
Belles-Lettres du département de la Loire. Année 1866. Saint-Étienne, 1866-
1867; 1 vol. in-8u.
Le choléra. Préservation, traitementj causes, suivi de la première et seule
( 120 )
étude qui ait été faite jusqu'ici sur le choléra des Alpes; par M. Jacquemoud.
Moutiers, 1867; 1 vol. in-8°.
Des applications de la mécanique à V horlogerie ; par M. H .RESAL. P;iris, 1867;
br. in-8°.
Académie impériale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Marseille. Discours
d'ouverture prononcé dans la séance publique du 2 juin 1867; par M. l'abbé
AOUST. Marseille, 1867; in-8°.
De l'existence de deux loess distincts dans le nord de la France ; par M J. De-
LANOUE. Paris, 1867; in-8°. (Extrait du Bulletin de la Société Géologique de
France.)
De la signification morphologique des différents axes de végétation de la vigne;
par M. D.-A. Godron. Nancy, 1867; br. in-8°.
Sur les trois floraisons du Wistaria chinensis, D. C. ; par M. D.-A. Go-
dron. Nancy, 1 865 ; opuscule in-8°.
De la pélorie des Pelargonium; par M. U.-A. Godron. Nancy, 1866;
br. in-8°.
Nouvelles expériences sur l'hybridilé dans le règne végétal, faites pendant les
années 1 863, 1864, 1 865 ; par M. D.-A. Godron. Nancy, 1 866 ; br. in-8°.
Tlistoria... Histoire physique et politique du Chili; par M. C. Gay. Agri-
culture. T. II. Paris, i865; 1 vol. in-8°.
Sul... Sur le choléra. Brèves observations de M. N. PlETRAVALLE. Campo-
basso, 1867; br. in-8".
Silzungsbericbte... Comptes rendus des travaux de l'Académie impériale des
Sciences, classe des Sciences mathématiques et naturelles. T. LV, 2e partie : Ma-
thématiques, Physique, Chimie, Physiologie, Météorologie, Géographie phy-
sique et Aslroiwnie. T. LV, 2e partie : Minéralogie, Botanique, Zoolo'.jie, Ana-
tomie, Géologie et Paléontologie. Vienne, 1867; 2 vol. in-8° avec planches.
Denkschriften... Mémoires de l'Académie impériale des Sciences, classe des
Sciences mathématiques et naturelles. T. XXVI. Vienne, 1866; 1 vol. in-4°
avec 49 planches et 1 carte.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 22 JUILLET 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMRRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HISTOIRE DE l'astronomie. — Suite des Notes de Pascal sur les lois de
l'attraction et leurs conséquences.
M. Duhamel, à propos des Lettres et des Notes de Pascal insérées dans le
dernier Compte rendu, demande à M. Chasles si les manuscrits qu'il a entre
les mains font connaître ce que Pascal entendait, lorsqu'il disait que la
puissance qui anime les planètes vers le Soleil, varie toujours de la même manière
que la gravité des corps qui tombent sur la Terre.
« Cette dernière étant constante pour les corps voisins de la surface de la
Terre, il faudrait supposer que Pascal veut comparer cette force à celle qui
aurait lieu à la distance où est la Lune. Mais il aurait trouvé que le rapport
de ces deux forces n'est pas le rapport inverse des carrés des distances, à
cause de l'inexactitude de la valeur qu'on attribuait au diamètre de la Terre.
Fernel avait trouvé pour la valeur d'un arc du méridien 56746 loises et
Snell 55 021; et c'est précisément là ce qui fit abandonner à Newton ses
recherches pendant plusieurs années. Il ne les reprit que lorsque Picard eut
trouvé 57060 toises au lieu des nombres précédents; et il reconnut alors
que les forces étaient exactement en raison inverse des carrés des distances
au centre de la Terre.
» Or, peut-on supposer que Pascal eût une mesure du diamètre de la
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 4.; ' 6
( 122 )
Terre, plus exacte que celle que l'on connaissait en France et en Angleterre,
et dont les historiens de la science n'ont pas parlé? La comparaison des
forces aux distances aurait donc plutôt éloigné Pascal de la loi qu'il énonce.
Ce n'est donc pas cette comparaison qui lui en a donné l'idée. D'où lui
est-elle donc venue ?
» Ajoutons que ces raisonnements seraient fondés sur la supposition que
la Terre attire les points à sa surface, comme si toute sa masse était réunie
à son centre. Or, cette proposition fondamentale n'a pas été démontrée
avant Newton. Pascal n'aurait donc pas été fondé à admettre que le
centre d'attraction est celui de la Terre, et que les distances des deux corps
situés l'un à la surface de la Terre, l'autre sur l'orbite lunaire, sont à des
distances du centre d'attraction, respectivement égales aux rayons de la
Terre et de l'orbite lunaire.
» Il faut donc penser, ou que Pascal avait d'autres raisons, qu'il aurait
dû mentionner, ou que sa théorie était basée sur des aperçus vagues, dont
il aurait lui-même senti l'insuffisance, puisqu'il n'a rien publié sur ce sujet.
» On serait d'autant plus porté vers cette dernière opinion, que dans la
Lettre du i septembre il est dit : « La force en raison directe des masses et en
k raison inverse du quarré de la distance, suffit à tout... » Il semblerait donc
que sa conception ne serait pas fondée sur des preuves directes et con-
cluantes, mais seulement sur son accord avec les phénomènes. Ce serait
certainement beaucoup si elle avait satisfait à tout; mais on se demandera
comment Pascal aurait reconnu qu'une pareille force ferait décrire des
ellipses ayant le Soleil pour foyer. Newton n'a pu le faire qu'après avoir
établi sa belle formule entre la force centrale et certains éléments infini-
ment petits de la trajectoire. Pascal n'avait donc aucun moyen de faire cette
vérification de sa loi; comment aurait-il pu dire qu'elle suffisait à tout,
lorsqu'il était incapable d'en déduire le simple phénomène du mou veinent
elliptique? La lettre du i septembre, attribuée à Pascal, semble donc inex-
plicable.
» Quant à la proportionnalité aux masses, les fragments communiqués
parM. Chasles ne permettent pas de juger si Pascal l'admettait comme assez
naturelle, ou s'il y a été conduit par des analogies suffisantes. Et c'est une
idée qui ne se présentait pas d'elle-même, puisque d'autres attractions bien
connues, celles qui proviennent du magnétisme ou de l'électricité ne sont
nullement proportionnelles aux masses des corps attirés.
» Cette loi de proportionnalité est déduite par Newton de celle de la
chute des corps, découverte par Galilée, et des expériences variées qu'il
( '*3 )
a faites lui-même sur les oscillations du pendule, qui, en négligeant les
petites aberrations dues à des causes bien connues, sont indépendantes
de la densité et de la masse des corps oscillants.
» M. Duhamel, à la suite de cette discussion, témoigne de l'étonnement
que Newton n'ait pas fait un usage plus complet des trois lois de Kepler,
et ait négligé celle qui se rapporte aux trajectoires relatives qui sont des
ellipses dont le Soleil occupe un des foyers. Il avait si bien établi, que sous
ces conditions, un mobile est attiré vers le foyer par une force en raison
inverse du carré de la distance, que l'on ne voit pas pourquoi il n'a pas
appliqué cette conséquence rigoureuse au cas des orbites elliptiques, plutôt
que de se borner à des orbites circulaires qui ne sont qu'une approxima-
tion des orbites des planètes, ou de leurs satellites. Il serait arrivé immé-
diatement à la loi des distances, et la troisième loi de Kepler lui aurait
donné la loi des masses.
» C'est ainsi qu'on expose aujourd'hui cette grande théorie. Newton sa-
vait parfaitement qu'il pouvait l'exposer ainsi. Pourquoi ne l'a-t-il pas fait?
Serait-ce qu'il n'avait pas autant de confiance dans la seconde loi de Kepler
que dans la troisième? Cassini a bien supposé que les planètes ne décri-
vaient pas des ellipses autour du Soleil; et il a imaginé de leur faire suivre
des courbes très-différentes, auxquelles on a quelquefois donné le nom de
cassinoides.
» Mais cette question est étrangère à la discussion actuelle, sur laquelle
je résumerai mon opinion, en disant qu'en admettant l'authenticité des
Lettres déposées par M.Chasles, et en supposant même qu'elles eussent été
publiées avant le livre des Principes, elles ne donneraient pas le droit de
dire que Pascal a établi le premier la loi de la gravitation universelle. La
gloire en restera toujours à Newton. »
M. Faye prend alors la parole et s'exprime comme il suit :
« Si l'Académie me permet de faire une simple remarque historique sur
cette intéressante discussion, je rappellerai que le point culminant de l'his-
toire de l'attraction n'est pas précisément la découverte de la loi elle-
même, telle qu'on peut la déduire de la chute de la Lune vers la Terre,
comparée à celles des corps pris à sa surface, ou même de la troisième loi de
Kepler; cette découverte ne dépassait pas les ressources de la science à
l'époque dont il s'agit : aussi a-t-elle été faite par plusieurs savants célè-
bres bien avant Newton, et je comprends qu'un génie supérieur comme
16..
( 124 )
Pascal, attentif au mouvement des esprits de son temps, ait résolu le pre-
mier un problème de cet ordre. Newton lui-même, si ma mémoire me sert
bien, reconnaît, dans une des éditions de ses Principes, la priorité de Wren,
de Hooke et de Halley. Il faudra désormais inscrire le nom de Pascal avant
ces trois noms-là. Mais la vraie difficulté, celle qui dépassait la force des
hommes de cette époque, celle surtout dont la solution devait ouvrir à la
science des voies toutes nouvelles, c'était le problème posé par la seconde
loi de Kepler et la question inverse. Il fallait là l'emploi des calculs supé-
rieurs dont Newton était seul en possession, non sans doute à l'époque de
ses premiers essais en i665, mais longtemps avant la publication de ses
Principes. C'est de là que date réellement la théorie de l'attraction, c'est-à-
dite la mécanique céleste dont l'accès était impossible à tout autre que
l'inventeur du calcul des fluxions.
» Pour ce qui est de savoir si Pascal a pu réellement faire, les calculs
indiqués dans ses Notes, je ne pense pas que l'insuccès de Newton en i665
puisse nous être objecté. On avait alors en France des idées plus justes
qu'en Angleterre sur les dimensions du globe terrestre. Le mille anglais,
dont Newton s'est servi en i665 , et dont les Anglais ont conservé l'usage,
est en erreur de £ de sa valeur : au lieu de 60 au degré comme Newton
le croyait, il n'est que de 70 au degré. La mesure de Fernel lui-même, pour
ne citer que celle-là parmi celles que Pascal avait à sa disposition, doit être
beaucoup plus exacte, bien que je ne puisse la citer de mémoire. Je sup-
pose également que Pascal avait sur les temps périodiques et les moyennes
distances des satellites de Jupiter des documents bien suffisants (1). »
a M. Chevreul, en remerciant M. Chasles de la communication qu'il
fait à l'Académie de plusieurs Lettres et Notes de Pascal, insiste sur l'in-
térêt qu'il y aurait à ce qu'on recherchât si l'Angleterre ne posséderait pas
quelques pièces relatives à la correspondance de Pascal avec Robert Boyle.
L'influence du savant anglais sur les sciences expérimentales a été consi-
dérable. Si la chimie l'a beaucoup occupé, si son livre du Chimiste sceptique
renferme d'excellentes critiques des opinions alchimiques et une distinction
parfaite de la combinaison d'avec le mélange, il faut reconnaître cepen-
(1) Quant à Saturne, la chose me semble plus difficile, car la découverte du deuxième
satellite (le premier par ordre de date) n'a eu lieu quîen i655, et je ne sais à quelle époque
Huyghens a fait connaître les éléments indispensables de son orbite. Il y a la sans doute un
moyen de contrôle, ou du moins un moyen de fixer à peu près les dates qui manquent aux
Notes en question.
( 125 )
dant qu'il a étudié les corps plus en physicien qu'en chimiste, et qu'en
plusieurs de ses écrits il a émis des opinions pour expliquer mécaniquement
des effets de neutralisation qui sont essentiellement chimiques. Au reste les
deux traités de Pascal : De l'équilibre des liqueurs et De ta pesanteur de la
masse de l'air, devaient être pour leur auteur des titres bien puissants de
recommandation à l'estime du savant anglais, car ils étaient, a tous égards,
conformes au genre habituel de ses travaux scientifiques. »
« M. Chasles, en répondant à ces observations et à quelques autres qui
lui sont également faites en séance par M. Le Verrier, dit qu'il pense que
Pascal a possédé tous les éléments nécessaires pour en conclure les lois de
l'attraction énoncées dans la Lettre du 2 septembre et dans les Notes déjà
communiquées. En effet, il suffisait de connaître les lois de Kepler et l'ex-
pression de la force centrifuge; et M. Chasles ajoute que Pascal a connu
cette expression, savoir -, et qu'il a su en conclure, par la troisième loi
de Kepler, comme l'a fait aussi Newton dans le corollaire VI de la IVe pro-
position du Ier livre des Principes mathématiques, etc., la loi- de la gravita-
tion en raison inverse du carré des distances.
» Pour répondre au désir de quelques Membres, accueilli par l'Aca-
démie, M. Chasles dit qu'il insérera, dans le Compte rendu même de la
séance, les Notes de Pascal qui paraissent se rapporter à cette question. »
Voici ces Notes, toutes écrites sur des feuillets différents, et ne portant
aucunes marques qui puissent indiquer dans quel ordre elles se sont pré-
sentées à l'esprit de Pascal.
La U.; de l'attraction n'est point nouvelle. Elle a esté enseignée par plusieurs scavans de
l'antiquUé. N'est-ce pas l'attraction qu'Empedocle désignoit par l'amour qui selon lui unit
tous les corps dans l'univers comme la haine les sépare et les désunit? On peut dire aussi
que c'estoit la doctrine de plusieurs autres scavans au temps de Platon, puisque ce philosophe
dans son Tintée s'attache à la réfuter. p
L'attraction est le principe et la base de toutes les opérations de la nature. Dans les siècles
précédents on s'en servoit pour expliquer les phénomènes de la nature, sans les entendre.
Selon moi, l'exp Jrience la plus convaincante en faveur de l'attraction est celle du fer entraîné
par l'aimant. p
J'ai dit quelque part que l'expérience la plus convaincante en faveur de l'attraction étoit
celle du fer entraîné par l'aimant. Cependant en examinant les choses avec plus d'attention
il est aisé de reconnoitre que l'attraction prétendue n'y a aucune part, et que le mouvement
d'impulsion est cause de tous les phénomènes de l'aimant. p
( i«6)
Expérience touchant l'attraction.
Si l'on attache transversalement une bande de papier ou un petit bâton d'ozier à un
cheveu long de cinq à six pouces, que l'on suspend par l'autre bout au fond d'une cloche
de verre, lorsque le papier ou bâton est parfaitement en repos, on approche d'une de ses
extrémités quelque autre corps que ce soit, sans le faire toucher, le papier ou bâton sera
repoussé dans le moment. J'ay réitéré plusieurs fois cette expérience, elle m'a toujours
réussi de la même manière. Pascal.
Expérience.
Pour prouver que tous les corps ne s'atlirent point réciproquement, attachez transversa-
lement une bande de papier ou un petit bâton d'osier à un cheveu long de cinq à six pouces
que l'on suspend par l'autre bout au fond d'une cloche de verre. Lorsque le papier ou bâton
est parfaitement en repos, si on approche d'une de ses extrémités quelque autre corps que
ce soit sans le faire toucher, le bâton ou papier sera repoussé dans le moment. J'ai réitéré
plusieurs fois cette expérience. Pascal.
Note.
Platon attribue au mouvement circulaire causé par la continuité des corps tous les effets
qu'on attribuait de son temps à l'attraction, comme la respiration, l'opération des ventouses,
la chute des corps pesants, la variété des sons, l'origine et le cours des fontaines, le ton-
nerre, l'électricité, le magnétisme, etc. Il assure qu'il ne se fait en toutes ces choses aucune
attraction, comme il n'y a aussy aucun vuide dans la nature. L'attraction est le principe et la
base de toutes les opérations de la nature. Pascal (i).
Expérience qui prouve l'existence nu fluide magnétique.
Si l'on place dans l'axe magnétique, c'est-à-dire si on incline à 78 degrés au-dessous de
l'horizon de Paris, une barre de fer non aimantée, dans cette position elle acquiert, natu-
rellement et dans l'instant, les propriétés de l'aimant; et pour lors si l'on présente le pôle
nord d'une aiguille aimantée à la partie supérieure (sud) de cette barre, l'aiguille s'appro-
chera de la barre. Si l'on renverse ensuite la barre de bout en bout toujours selon la direc-
tion de l'axe magnétique, l'aiguille présentée par le pôle nord à la même extrémité de la
barre devenue inférieure sera repoussée. Pascal.
Note touchant l'attraction.
Quelques personnes regardent le fluide magnétique comme imaginaire, mais voici une
expérience qui en prouve l'existence. Si l'on place dans l'axe magnétique, c'est-à-dire si l'on
incline à -8 degrés au-dessous de l'horizon de Paris une barre de fer non aimantée, dans
cette position elle acquiert naturellement et dans l'instant les propriétés de l'aimant. Pour
(1) Dans une autre Note, toute semblable jusqu'au mot magnétisme inclusivement, il y a
après ce mot magnétisme : <■ Il assure, réfutant celte doctrine, qu'il ne se fait en toutes ces
choses aucune attraction, comme il n'y a aussi aucun vuide dans la nature. Pascal. »
(•ta? )
lors si l'on présente le pôle nord d'une aiguille aimantée à la partie supérieure de cette barre,
l'aiguille s'approchera de la barre. Si on renverse ensuite la barre de bout en bout, toujours
selon la direction de l'axe magnétique, l'aiguille présentée par le pôle nord à la même extré-
mité de la barre devenue inférieure sera repoussée. Ce n'est donc pas l'attraction qui fait
approcher le fer de l'aimant, mais la ressemblance de configuration des pores de ces deux
corps, qui sont plus propres à donner passage au mesme fluide que l'air intermédiaire.
Pascal.
Note.
Les aristotéliciens méritent d'estre blâmés, en ce qu'ils ont assigné pour causes de la gra-
vitation et cohésion, comme de la pesanteur, des attractions magnétiques et électriques, des
fermentations, etc., certaines qualités qu'on suppose être cachées dans les corps, et qu'on
suppose aussi résulter de l'essence ou de la forme spécifique des choses, arrestent le progrès
de la philosophie naturelle, et c'est avec raison qu'on les doit rejetter. Car ce n'est rien dire
du tout que nous dire que chaque espèce de choses est douée d'une qualité occulte, spécifique,
par laquelle elle agit et produit des effets sensibles. Pascal.
La gravité de l'air est le principe de la plupart des phénomènes qu'on attribuent autrefois
à l'horreur du vuide, et ce principe est manifeste quoique la cause de la gravité de l'air soit
encore inconnue. Les aristotéliciens méritent d'estre blâmés en ce qu'ils ont assigné pour
cause de tels principes, comme de la cohésion, de la pesanteur, des altraciions magnéti-
ques et électriques, des fermentations, etc., certaines qualités que je suppose (i) estre cachées
dans les corps. Pascal.
Note.
Les lois de l'attraction de la gravitation et la cohésion sont les principes d'un très-grand
nombre de phénomènes. Rien n'est plus manifeste que l'existence de ces principes : car
certainement rien de plus ardent que l'existence de la gravitation et de la cohésion dans les
corps. Quoique l'existence de ces principes soit manifeste, leur cause jusqu'à présent a
toujours été inconnue. La gravité de l'air, par exemple, est le principe de la plupart des
phénomènes qu'on attribuait à l'horreur du vuide : et ce principe est manifeste, quoique la
cause de la gravité de l'air soit encore inconnue. Pascal.
La gravitation et la cohésion sont le principe d'un très-grand nombre de phénomènes.
Rien n'est plus manifeste que l'existence de ces principes. Car certainement il n'est rien de
plus ardent que l'existence de la gravitation et de la cohésion dans les corps. Quoique
l'existence de ces principes soit manifeste, leur cause nous est encore presque inconnue.
Pascal.
Remarques.
1. La gravitation et la cohésion sont les principes d'un très-grand nombre de phéno-
mènes.
(i) Il est évident qu'il y a ici un lapsus, et que Pascal a voulu dire « que l'on suppose »
car c'est ce qu'il dit dans la Note précédente, et ce qu'il répète dans une des Notes ci-après.
D'ailleurs il blâme les aristotéliciens d'avoir fait cette hypothèse.
( >a8)
2. Rien n'est plus manifeste que l'existence de ces principes; car certainement rien de
plus évident que l'existence de la gravitation et de la cohésion dans les corps.
3. Quoique l'existence de ces principes soit manifeste, leur cause nous est encore incon-
nue. La gravité de l'air par exemple est le principe de la plupart des phénomènes qu'on
attribue à l'horreur du vnide. Et ce principe est manifeste quoique la cause de la gravité de
l'air soit encore inconnue.
k. Les Aristotéliciens méritent d'estre blâmés en ce qu'ils ont assigné pour cause de tels
principes, comme do la cohésion, de la pesanteur, des attractions magnétiques et électriques,
des fermentations, etc., certaines qualités qu'ils supposèrent cachées dans les corps.
5. Ces sortes de qualités qu'on suppose résulter de l'essence ou de la forme spécifique des
choses arrestent le progrès de la philosophie naturelle, et doivent être rejetées avec raison.
Car ce n'est rien dire du tout que nous dire que chaque espèce de choses est douée d'une
qualité occulte, spécifique., par laquelle elle agit et produit des effets sensibles.
Pascal.
Note.
Nous concevons que les corps qui s'approchent et qui se fuient peuvent obéir à l'impres-
sion d'un fluide qui les entraîne. Mais faute d'expériences et d'observations, nous ne pouvons
déterminer la nature particulière de ce fluide, ies changements dont il est susceptible, son
influence sur les corps, eu égard à la disposition de leurs parties, de leurs pores et de leurs
atmosphères. L'électricité fournit un exemple bien sensible de cette vérité.
Pascal.
Note.
Pour des philosophes qui se piquent de géométrie, ce n'est pas raisonner conséquemment
que de conclure l'existence d'une cause imméchanique de l'impossibilité d'en assigner une
méchanique, tandis que cette impossibilité n'est que relative à nos connaissances qu'on
convient de part et d'autre estre très-bornée. Pascal.
Pour reconnaisse que l'impulsion est la cause de tous les phénomènes de l'aimant, il ne
faut que se servir de l'expérience si familière de la limaille de fer répandue légèrement sur
une feuille de papier sous laquelle on présente un aimant. Si l'aimant atliroit véritablement
le fer, toute cette limaille qui paroist suivre le mouvement de l'aimant devroit s'amasser
enfin dans un seul peloton vis-à-vis l'aimant. Mais elle ne fait que se ranger en forme
d'aiguilles séparées l'une de l'autre, qui présentent une pointe à l'aimant, l'autre se tenant
•levée. Pascal.
J'ai dit que si l'on met sur une feuille de papier de la limaille de fer, et que si l'on passe
de l'aimant dessous, toute cette limaille se range en forme d'aiguilles séparées l'une de
l'autre, qui présentent nue pointe à l'aimant, l'autre se tenant eslevee. L'attraction se montre-
t-elle dans celte expérience? Ne doit-on pas plutôt en inférer qu'un fluide qui circule dans
cet aimant se forme extérieurement une espèce d'atmosphère dans laquelle rencontrant des
corps dont les pores sont susceptibles de son passage, il les pénètre et les unit ensemble
selon sa direction jusqu'à ce que leur pesanteur interrompe celte continuité.
Pascal.
( ,29 )
Note touchant l'attraction.
L'expérience qu'on allègue comme la plus convaincante en faveur de l'attraction est celle
du fer entraîné par l'aimant. Mais en examinant les choses avec plus d'attention, il est
aisé de reconnaître que l'attraction n'y a aucune part, et que le mouvement d'impulsion est
la cause de tous les phénomènes de l'aimant. Il ne faut que se servir de l'expérience si
familière de la limaille de fer répandue légèrement sur une feuille de papier sous laquelle
on présente un aimant. Si l'aimant attiroit véritablement le fer, toute cette limaille qui
paroit suivre le mouvement de l'aimant devroit s'amasser en un seul peloton vis-à-vis l'ai-
mant, tandis qu'elle ne fait que se ranger en forme d'aiguilles séparées l'une et l'autre, qui
présentent une pointe à l'aimant, l'autre se tenant élevée. L'attraction se montre-t-elle dans
cette expérience? Ne doit-on pas plutost en inférer qu'un fluide qui circule dans cet aimant
se forme extérieurement une espèce d'atmosphère dans laquelle rencontrant des corps dont
les pores sont susceptibles de son passage, il les pénètre et les unit ensemble selon sa
direction, jusqu'à ce que leur pesanteur interrompe cette continuité.
Pascal.
Note touchant l'attraction.
Comme le mouvement une fois imprimé dure toujours, quoique l'action qui l'a produit
vienne à cesser, on en doit dire autant de la tendance au mouvement. Si l'on ajoute que
cette tendance est détruite à chaque instant par la réaction du plan, je réplique qu'en sup-
posant le corps et le plan parfaitement durs, cette réaction ne scauroit avoir lieu.
Pascal.
La réaction naît de la résistance qu'un corps oppose au changement qui commence à s'in-
troduire en son état. Or il est évident qu'un corps dur ne change rien à l'état d'un plan dur,
capable de le soutenir. Le plan ne peut donc sentir en aucune façon l'action du corps sur
lui, ni déployer par conséquent la faculté résistante pour réagir. p
J'ai déjà dit que la réaction naît de la résistance qu'un corps oppose.... (Le reste comme
ci-dessus.) Pascal-
Note.
Je dis que l'effet immédiat de la puissance attractive n'est pas la production du mouvement
actuel, ni une force vive dans le corps attiré; mais seulement une force morte, un simple
effort, une simple tendance au mouvement. L'obstacle venant à céder, le corps tombera de
suite, et ce premier mouvement sera l'effet immédiat de cet effort ou tendance au mouvement
que l'attraction lui imprimoit quand il estoit retenu sur le plan. Pascal.
J'ai dit que le mouvement imprimé dure toujours, quoique l'action qui le produit vienne
à cesser, et qu'on en pouvoit dire autant de la tendance au mouvement. Si l'on ajoute que
cette tendance est détruite à chaque instant par la réaction du plan, je réplique qu'en suppo-
sant le corps et le plan parfaitement durs, cette réaction ne scauroit avoir lieu.
Pascal.
J'ai dit que la tendance au mouvement que la gravité imprime à un corps est une force
C. K. , 1867, 2« Semestre. (T. LXV, Nu 4.) ' 7
( i3o)
moite, une vraie puissance, une réalité qui ne seau roi t s'étendre d'elle-même et par la seule
absence de la cause qui la produit, elle ne peut estre détruite que par une force contraire.
Cette tendance n'a pas moins de réalité que le mouvement actuel ; et comme le mouvement
une fois imprimé dure toujours quoique l'action qui l'a produit vienne à cesser, on en doit
dire autant de la tendance au mouvement. Pascal.
Observation.
La gravité affecte toute la masse des corps également; et c'est une propriété inhérente à
la matière, puisqu'elle n'agit pas seulement sur la surface des corps, mais qu'elle pénètre
intimement leur substance et qu'elle affecte leur partie interne avec la m< sine force que les
externes, sans que son action puisse être altérée par aucun corps inleiposé ou par aucun
obstacle. La puissance de cette propriété est proportionnelle à la quantité de matière. Ainsi,
il est possible d'estimer toutes les puissances du système du monde dirigées à leur centre
d'action, en déterminant la proportion de la quantité de matière des corps célestes, à celle de
noslre terre, par les règles que j'établiray. Pascal.
Note touchant l'attraction.
On doit mettre l'attraction au rang des qualités occultes dont on se servoit dans les siècles
précédents pour expliquer les phénomènes de la nature sans les entendre, disent quelques
savants. Moi je crois qu'on peut en tirer meilleur parti, ainsi que je le démontrerai dans
un autre endroit. Pascal.
Note.
Je pourrais faire voir par plusieurs exemples que nos physiciens naturalistes avancent
beaucoup de choses sans en faire un examen suffisant, et sans autre fondement que l'autorité
de ceux qui les ont précédés. J'ai pour le prouver quelques observations dont personne n'a
encore parlé et dont j'ai dessein de faire part un jour au public, si Dieu me le permet (i).
P.
Observation.
Si la vitesse d'une planète est double de celle d'une autre planète et que son orbite soit
quatre fois plus courbe que la sienne, sa gravité vers le soleil doit estre seize fois plus
grande, quoique sa distance au soleil ne soit que quatre fois moindre que celle de l'autre.
En comparant ainsi les mouvements de toutes les planètes, on trouve que leurs gravités dimi-
nuent connne les quarrés de leurs distances au soleil augmentent. Pascal.
Note.
J'ai dit (jue la force de projection qu'on nomme force centrifuge varie continuellement,
parce que l'attraction est plus ou moins grande suivant que les planètes s'approchent ou
s'éloignent du soleil. Tour concevoir comment cette révolution s'opère, supposons qu'une
planète soit à la partie de son orbite (ou de l'ellipse qu'elle parcourt) la plus proche du soleil,
(i) On voit qu'il s'agit ici des observations que Pascal a envoyées à Boyle le 8 mai i65a.
Comptes rendus, p. 91 . )
( i3r )
la force attractive est dans cet état plus grande que dans toute autre situation, à proportion
que le quarré de la distance est moindre. Elle devrait donc faire tomber la planète sur le soleil,
mais la force centrifuge produite par le mouvement circulaire autour du soleil augmente en
plus grande proportion. Pascal^
Note.
A ce que j'ai dit touchant l'attraction et de ses lois avec, les phénomènes, on dira peut estre
que l'effort ou la tendance imprimée au premier instant se détruit et ne fait que se renou-
veller au second, et qu'ainsi il ne scauroit y avoir d'accumulation. Mais cette tendance au
mouvement, que la gravité imprime à un corps, est une force morte, une vraie puissance,
une réalité qui ne scauroit s'étendre d'elle-même, et par la seule absence de la cause qui 1 a
produite, elle ne peut estre détruite que par une force contraire. Celte tendance n'a pas
moins de réalité que le mouvement actuel; et comme le mouvement une fois imprimé dure
toujours, quoique l'action qui le produit vienne à cesser, on en doit dire autant de la ten-
dance au mouvement. Si l'on ajoute que cette tendance est détruite à chaque instant par la
réaction du plan, je réplique qu'en supposant le corps et le plan parfaitement durs, celte
réaction ne scauroit avoir lieu. Pascal.
Note. — Les lois de l'attraction.
La force de l'argument consiste en ceci, que l'effort ou la tendance au mouvement, que je
prouve eslre l'effet immédiat de l'attraction de la terre sur le corps grave, est absolument
la même, soit que le corps tombe perpendiculairement, soit qu'il descende par un plan in-
cliné. Or, comme dans ce dernier cas il n'y a qu'une partie de cet effort employée à produire
un mouvement actuel, il faut que le reste s'exerce à produire une pression sur le plan, d'où
il suit que la pression qui s'exerce au premier instant de la chute est l'effet immédiat de cet
effort, et non de la vitesse initielle décomposée. Ce qui paroît encore par cette raison, que
la pression sur le plan est d'autant plus forte que le plan est plus incliné, et la vitesse ini-
tielle par conséquent moindre. Il suffit que la chose doive arriver de même au second instant,
et ainsi de suite, pour que mon raisonnement subsiste en toute sa force.
Pascal (i).
Note.
La force centrifuge est en raison inverse des distances composées ensemble; elle augmente
donc plus promptement lorsque la planète descend vers le soleil par la force de la gravité,
que la force attractive elle-même : et, quoique suivant les proportions de la force centripète
(c'est celle de la gravité) et de la force centrifuge, la première prévale dans la partie supé-
rieure de l'orbite de la planète, la force centrifuge l'emporte à son tour dans la partie infé-
rieule- Pascal.
Note.
Bien loin que les phénomènes nous autorisent à regarder la gravité comme une propriété
intrinsèque de la matière, au contraire ils paraissent nous en indiquer la source méchanique
(i) Une autre Note, qui n'a pas de titre, est absolument semblable, mais s'arrête au mol
décomposée.
( i3a )
dans la seule manière naturelle de concilier la raison directe des masses avec l'inverse du
quarré des distances. Pascal.
Note.
La géométrie nous dévoilant le principe qui détermine les qualités, comme la lumière, le
son et les odeurs, à suivre la loi du quarré dans leur propagation, nous donne lieu de croire
que la gravité qui suit la même loi est assujettie au même principe, et qu'elle est produite
par des rayons de pression ou de vibration qui de la circonférence vont aboutir au centre.
Pascal.
Observation.
Ce n'est pas seulement à une puissance attractive que les corps célestes sont en proie : ils
sont encore livrés à un mouvement ou une force de projection qui les fait circuler autour
du soleil, et qui combinée avec la force attractive les oblige de décrire une ellipse dont cet
astre occupe le foyer. Pascal.
Note.
La force de projection qu'on nomme force centrifuge varie continuellement parce que
l'attraction est plus ou moins grande suivant que les planètes s'approchent ou s'éloignent du
soleil- Pascal.
Observation.
La puissance qui agit sur une planète plus proche du soleil est ordinairement plus grande
que celle qui agit sur une planète plus éloignée, tant parce qu'elle se meut avec plus de
vitesse qu'à cause que son orbite est moindre et qu'elle a plus de courbure. En comparant
les mouvements des planètes, on trouve que la vitesse d'une planète plus proche est plus
grande que la vitesse d'une planète plus éloignée, en raison de la racine quarrée du nombre
qui exprime la plus grande distance à la racine quarrée de celuy qui exprime la moindre
distance, de sorte que si une planète estoit quatre fois plus éloignée du soleil qu'une autre
planète, la vitesse de la première serait de moitié de celle de la seconde, et la vitesse de
celle-ci serait double; et comme le ravon de son orbite est quatre fois moindre que le rayon
de la planète la plus éloignée, son orbite serait quatre fois plus courbe.
Pascal.
Observations.
Les corps célestes sont en proie à deux forces centrales et opposées. L'une tend à les faire
tomber dans le soleil, c'est la force centripète; l'autre tend à les écarter de la ligne de leur
chute perpendiculaire, c'est la force centrifuge. Du concours de ces deux forces dérive la
courbe que les planètes décrivent, ainsi que la loi de leur mouvement. Ce système de l'attrac-
tion se remarque facilement dans le Traité des tourbillons de Descartes, qui tant prête à
l'imagination. Pascal.
On trouve par ces règles que la proportion de la force de l'attraction ou gravitation réci-
proque du soleil, de Jupiter et de la terre à leur surface respective, est en raison de ces nom-
bres, iooo, g43, 529, 435 respectivement. Ce qui fait voir que la force de la gravité
vers ces corps très inégaux entreux, approche beaucoup de l'égalité à leur surfaee; telle-
ment que quoique Jupiter soit plusieurs centaines de fois plus grand que la terre, la force
( i33)
de la gravité à sa surface n'est guère plus que du double de ce qu'elle est à la surface de
la terre, et la force de la gravité à la surface de Saturne n'est qu'environ un quart plus
grande que celle des corps célestes. Pascal.
Note.
Comme le globe de la terre a une rotation diurne sur son axe, on remarque que la gra-
vité des parties sous l'équateur est diminuée par la force centrifuge produite par la rotation;
que la gravité des parties de l'un ou de l'autre coté de l'équateur est moins diminuée à me-
sure que la vitesse de rotation est moindre; que la force centrifuge qui en résulte, agit
moins directement contre la gravité de ses parties, et que la gravité sous les pôles n'est
point du tout affectée par la rotation. Pascal.
La terre est plus dense que Jupiter, et Jupiter plus dense que Saturne, de façon que les
planètes les plus proches du soleil sont les plus denses. La proportion des quantités de ma-
tières contenues dans ces corps estant ainsy déterminée, et leur volume étant connu par les
observations astronomiques, on calcule aisément combien de matière chacun d'eux contient
dans le même volume. Ce qui donne la proportion de leurs densités qu'on exprime par ces
nombres : 100, 94 \, 67 et 4oo. Pascal.
Note.
Quand un corps tombe près de la terre, on peut négliger et on néglige en effet dans la
théorie de la gravité la différence des distances, et on regarde comme uniforme l'action de la
gravité. Pascal.
Observation.
On peut conjecturer et même inférer qu'il y a une puissance semblable à la gravité des
corps pesants sur la terre, qui s'étend du soleil à toutes les distances et diminue constam-
ment comme les carrés de ces distances augmentent. Le même principe de la gravité doit
avoir lieu dans les satellites qui circulent autour de la terre, de Jupiter et de Saturne. Il
règne la mesme harmonie dans leurs mouvements comparés avec leurs distances, que dans
les planètes principales. Chaque satellite décrit des aires égales en temps égaux, par un
rayon tiré du centre de la planète autour de laquelle il circule, selon lequel sa gravité est
par conséquent dirigée. Ces satellites doivent aussi graviter vers le soleil : car ils ne pour-
roient avoir un mouvement aussi régulier qu'ils ont s'ils n'estoient assujettis à l'action de
la mesme puissance à laquelle est en proie la planète autour de laquelle ils font leur révo-
lution- Pascal.
Note.
La gravité prévalant dans la partie la plus éloignée du soleil, fait approcher la planète de
cet astre ; et la force centrifuge l'emportant sur elle dans le point le plus proche l'en fait csloi-
gner; et par leurs actions la planète fait continuellement sa révolution de l'un à l'autre de ces
deux points extrêmes de son orbite. Pascai il
(1) Il se trouve une seconde Note absolument semblable.
( i34 )
Note.
C'est par la théorie de la gravité et de la force de projection ou centrifuge, qu'on explique
le mouvement des planètes. Il n'est pas si aisé de rendre raison de celui de leurs satellites.
Ces petites planètes sont en proie à la force centrifuge et à deux forces attractives, celle du
soleil et celle de leurs planètes principales autour desquelles elles font leur révolution. L'ac-
tion de ces deux forces est surtout sensible dans la lune, qui est le satellite de la terre.
Pascal (i).
Note.
L'orbite de la lune qui est le satellite de la terre, et son mouvement changent continuelle-
ment à mesure qu'elle s'approche et qu'elle s'éloigne du soleil : et il est très-difficile de déter-
miner ces variations. Comme elles sont plus connues cependant que celles des satellites de
Jupiter et de Saturne, il suffit d'expliquer la théorie de la lune pour qu'on puisse juger de
celle de ces satellites. Pascal.
Observation sur les effets de la pesanteur respective des divers corps de cet univers.
La pesanteur respective que donne à la lune sa place constante dans le tourbillon de la
terre, au tourbillon de la terre sa place dans celui du soleil, et à celui du soleil sa place par
rapport au reste de l'univers. Or à ne considérer dans chaque globe particulier que le simple
effort de la pesanteur respective des diverses substances qui les composent, la terre, comme
plus pesante, devrait s'affaisser et se tenir exactement ramassée autour de son centre. L'eau
plus légère que la terre devroit l'envelopper; et l'air plus léger encore devroit se répandre
également au-dessus de la terre et de l'eau. Pascal.
Note.
Un corps, sous l'équateur, perd au moins ~; ae sa gravité, L'équateur doit estre par con-
séquent V77 fois pour le moins plus élevé que les pôles. Et en calculant d'après ces principes
les dimensions des deux axes ou diamètres de la terre, on trouve que le diamètre de l'équa-
teur est au diamètre aux pôles, comme 23o à 229. Pascal.
Il faut pour déterminer la route des comètes faire quelques observations pour s'assurer de
leur mouvement, et on trouve ensuite que la loi de la gravitation a lieu ici comme pour les
planètes. Mais cette loi paraît bien plus exactement observée dans le mouvement de la terre.
Pascal.
a Observations. I. Dans la quatrième Note de la page 1 33, Pascal dit que
la direction de la gravité tend au centre du corps attirant, en vertu de
la loi des aires égales décrites en temps égaux. (C'est la proposition II du
livre Ier des Principes mathématiques de la Pliilosophie naturelle.)
» II. La dernière Note de la page i3o exprime que la force centrifuge
augmente quand la dislance diminue; et la troisième Note de la page i3i,
que la force centrifuge est en raison inverse de la distance.
1 1 , Cette Note est reproduite dans une autre, qui n'a pas de titre, et dans laquelle ne
se trouve pas la dernière phrase.
( '35 )
» La première Note de la page i33 dit que la force centrifuge diminue
avec la vitesse.
» Le calcul de l'effet de la force centrifuge à l'équateur, dans l'avant-
dernière Note, page 1 34, qui conduit Pascal au rapport des deux axes de la
terre, a exigé la connaissance de l'expression exacte de la force centrifuge,
en raison directe du carré de la vitesse, et en raison inverse de la distance.
» III. Quant à l'expression de la gravité en raison inverse du carré de la
distance, énoncée dans la Lettre du i septembre et dans plusieurs Notes,
sa démonstration se conclut de la proposition suivante énoncée dans la
quatrième Note de la page \"ài : « En comparant les mouvements des
» planètes, on trouve que la vitesse d'une planète plus proche est plus grande
» que la vitesse d'une planète plus éloignée, en raisoii de la racine carrée du
» nombre qui exprime la plus grande distance, à la racine carrée de celui qui
» exprime la moindre. »
» C'est-à-dire que - = ^-=-; V et v étant les vitesses de deux planètes, et
R, r les distances au Soleil.
T2 R3
» Cela résulte de la troisième loi de Kepler, d'après laquelle ona- = -,
T et t étant les temps des révolutions périodiques.
» En effet, en considérant des orbites circulaires, ainsi qu'a fait Newton,
011 a V _ R . r __ R . T R . Ry/R V _ , \/r
v T ' t " r * t '' ' ry/r ' " ~ ' y/r '
ou enfin - = *-=-•
* \jr
» Cela posé, le rapport des forces centrifuges, et conséquemment des
attractions exercées sur deux planètes, est
e- _ V: v1 m r R . '' 1 . t
r 'R ~ V1 ' R" 7 • R = 7' ■ R^'
c'est-à-dire que les attractions sont en raison inverse des carrés des distances.
» Cette démonstration est celle que donne aussi Newton dans le corol-
laire VI de son théorème IV (livre Ier des Principes).
» Aujourd'hui c'est du mouvement sur l'ellipse, ou deuxième loi de
Kepler, qu'on conclut cette loi de l'attraction : et le rapport des carrés
des temps périodiques aux cubes des moyennes distances sert à démontrer
immédiatement la loi des masses.
» IV. On remarquera que Pascal dit, dans la première Note de la
page i34, que c'est par la théorie de la gravité et de la force de projection
ou centrifuge, qu'on explique le mouvement des planètes. »
( «36)
M. Chevreul fait hommage à l'Académie d'un opuscule relatif à son
enseignement du Muséum, et s'exprime comme il suit :
« Aux termes du décret du 29 de décembre 1 863, art. 10, relatif à l'orga-
nisation de l'administration du Muséum, chaque professeur doit un Rap-
port au Ministre de l'Instruction publique sur son enseignement de l'année.
Un tirage à part du mien me permet de faire hommage d'un exemplaire
de ce Rapport à l'Académie. Depuis trente-sept ans que je professe au Mu-
séum, j'ai eu constamment en vue de mettre mes leçons en harmonie avec
l'ensemble des sciences naturelles auquel cet établissement est consacré.
Les objets généraux que j'ai eus surtout en vue sont les suivants :
» i° La définition de L'espèce chimique relativement à des considérations de
trois ordres, la nature des éléments, leurs proportions, et leur arrangement.
Dans cette dernière considération je comprends le nombre des atomes.
» Cette définition m'a conduit depuis plus de quarante ans à restreindre
la science chimique abstraite uniquement à l'histoire des espèces parfaitement
définies, indépendamment de leur origine. J'ai donc effacé de la science
ainsi délimitée la distinction d'une chimie minérale d'avec une chimie végé-
tale et une chimie animale.
» L'étude des espèces au point de vue de leur stabilité présente deux
groupes extrêmes.
» Le premier comprend les espèces les plus stables : les principes de
celles-ci, doués d'une forte opposition électrique, ne renferment qu'un petit
nombre d'atomes.
» Le seccnid comprend les espèces les moins stables : les principes de ces
espèces ne sont doués que d'une faible opposition électrique, et leurs atomes
sont toujours en nombre plus ou moins grand.
» L'étude des espèces chimiques au point de vue dynamique s'oppose à
ce qu'on puisse les coordonner à l'instar des espèces vivantes, lesquelles
sont représentées par des individus dont l'étude, respectant toujours leur
intégrité, est fort différente de l'étude des espèces chimiques qui par l'ana-
lyse et par la synthèse dont elles sont susceptibles présentent un nombre
indéfini d'espèces.
» i° Les espèces sont étudiées au point de vue de leurs ]>ropriétés physiques,
de leurs propriétés chimiques et de leurs propriétés organolepliques.
» 3° Les propriétés des espèces chimiques sont envisagées aux points de
vue absolu, relatif et corrélatif.
» A cette occasion je montre l'impossibilité d'effacer de la science ce
qu'on a nommé le dualisme, qui en définitive n'est que la corrélativité de
( 137 )
deux propriétés, de deux activités, de rfeicr états, comme sont les propriétés
comburante et combustible, Validité et Y alcalinité , les c/eux électricités et les
dei/jr macjnétismes.
» 4° £es compositions équivalentes, dont la recherche au double point de
vue de la critique et de la science a tant d'importance.
» En effet, la mise en équation de divers arrangements moléculaires ob-
tenus du produit d'une analyse élémentaire qui en est le premier terme, est
avantageuse comme vérification de cette analyse d'abord, et ensuite comme
recherche de l'arrangement définitif des atomes donnés par cette analyse.
» Car si cet arrangement des atomes dans l'espèce chimique est ce qu'il
y a de moins certain, il faut convenir que la tendance à le déterminer est
un des buts principaux de la philosophie chimique
» 5° Causes auxquelles on rattache les actions chimiques.
» Pour éviter le danger des hypothèses dans l'explication des phéno-
mènes chimiques, j'admets en principe l'attraction moléculaire agissant au
contact apparent, distinguée en forces de cohésion et d'affinité. Elles sont
chimiques , et en lutte avec une force répulsive attribuée à la chaleur.
» Incontestablement, dans l'état actuel de nos connaissances, nous n'a-
vons aucune idée claire de l'état de la chaleur, de la lumière, de l'électri-
cité, du magnétisme, dans un corps que nous considérons à l'état dit naturel.
» Mais comme nous voyons un corps pris dans cet état s'échauffer, de-
venir lumineux ou visible, électrique et magnétique, nous trouvons moins
d'inconvénient à dénommer la chaleur, la lumière, l'électricité et le magné-
tisme Jorces physiques, qu'à leur assigner un rôle défini dans un corps pris
à l'état naturel.
» 6° Effets d'union qui ne rentrent pas clairement, du moins complètement,
dans les actions chimiques rapportées à l'affinité.
» Les effets dont je veux parler sont ceux que présentent des liquides
pénétrant des solides, soit que ces solides appartiennent à l'organisation des
êtres vivants et doivent à l'eau les propriétés qui les rendent propres aux
fonctions vitales des êtres organisés, soit que ces solides soient des poudres
inorganiques ou organiques réunies en pâte par des liquides.
» 70 affinités capillaires.
» J'ai rattaché tous les phénomènes que présente un solide qui s'unit à
un corps liquide ou gazeux sans changement apparent de forme, à une
force attractive de surface que j'ai qualifiée d'affinité capillaire, parce que
dans l'état actuel de la science, s'il n'y a pas un fait évident d'affinité chi-
mique, comme cela a lieu à mon sens incontestablement, lorsqu'un corps
C. R. , 1867, 2e Semestre. (T. LXV , N» 4.) '°
( i38 )
qui était en solution dans un liquide quitte ce liquide pour s'unir à un
solide, il y a certainement une force physique qui agit lorsqu'un corps so-
lide condense un fluide élastique qui, sans la présence de ce corps solide,
aurait conservé l'état aériforme.
„ 8" Application de mes recherches physico- chimiques à ta connaissance
des phénomènes de l'économie organique.
„ Je résume en peu de mots la manière dont j'ai procédé pour atteindre
ce but, en concluant que le mystère de la me ne réside pas tant dans la connais-
sance de la nature des forces du corps vivant que dans la coordination de ces
forces, en vertu de laquelle une forme spécifique, plante ou animal, vit depuis
l'état de germe jusqu'à la mort, en conservant cette forme spécifique et en la
propageant par des formes semblables dans l'espace et dans le temps.
» 9° Application de mes recherches à l'explication de plusieurs phénomènes
de physiologie et de psychologie.
,, Je parle ici de l'extension dont sont susceptibles mes recherches sur
les mouvements musculaires exécutés sans la participation de la volonté. Je
parle de la conclusion de ces recherches à l'expl.cation du pendule explo-
rateur, des tables tournantes, etc., aux expériences scientifiques auxquelles
nos organes ont quelque part, et de l'extension dont sont susceptibles
mes observations sur la vision des couleurs
io°, ii°, i2° et i3°.
» Je rattache à ces numéros le résumé de mes recherches applicables a
la méthode que j'ai qualifiée de A POSTERIORI expérimentale.
„ Le point de départ est la proposition que nous ne connaissons la ma-
tière que par des propriétés physiques, des propriétés chimiques el des pro-
priétés organoleptiques;
>, Que nous partons de l'analyse du concret pour le connaître;
„ Que d'une propriété séparée par l'analyse qu'en fait l'intelligence, et
que l'on compare en intensité à une propriété sembUibk» séparée de même
de divers corps qui la possèdent, on arrive à la bien connaître, et qu'une
fois bien connue par la synthèse qu'en fait l'intelligence, on restitue cette
même propriété, étudiée par la méthode comparative, aux corps divers qui
- la possèdent;
„ Que toute propriété, toute qualité, tout rapport étant une abstraction,
cette abstraction bien définie est un fait.
„ Du fait ainsi défini, je déduis la distribution des sciences en quatre
catégories, en faisant pressentir la marche à suivre pour porter les sciences
( i3g )
naturelles au delà des limites que plus d'une classification d'êtres concrets
tend à immobiliser. »
M. Chevreul, en faisant hommage à l'Académie d'un opuscule qu'il a
publié en 1866 concernant les arts du tapissier des Gobelins et du tapis-
sier de la Savonnerie, s'énonce de la manière suivante :
« Un article sur l'exposition des tissus des Manufactures impériales a
paru dans un journal à la louange de ces produits. Le Membre de l'Institut
signataire de l'article, par un sentiment de bonté, veut bien appeler mon
attention sur le peu de fixité des couleurs de ces beaux ouvrages. Plein de
reconnaissance pour son bienveillant appel, je me permettrai de lui faire
observer que le conseil est donné un peu tardivement, puisque celui auquel
on l'adresse entrera dans sa quatre-vingt-deuxième année avant un mois
et demi. Quoi qu'il en soit, l'opinion du critique sur le fait qu'il me dé-
nonce est tellement la mienne, que, chargé depuis quarante-deux ans de la
direction des teintures des Gobelins, j'ai publié un ensemble de travaux
qui, s'ils ne sont pas bons, ont du moins le mérite de la bonne foi et de la
persévérance de leur auteur; ils composent plus de trois volumes des Mé-
moires de V Académie des Sciences. Certes, je respecte trop le temps de mes
confrères, et pratique trop la tolérance pour infliger à aucun la peine
de les lire; cependant, de la part de ceux qui voudraient écrire sur les pro-
duits des manufactures des tissus de la couronne, un examen attentif de
travaux spéciaux entrepris pour les Gobelins et qui n'auraient pu l'être au
dehors de cet établissement me serait précieux à l'égard des recherches
qui me restent encore à publier. C'est conformément à ce désir que j'ai
l'honneur de faire hommage à la Bibliothèque de l'Institut d'un opuscule
intitulé : Des arts qui parlent aux yeux au moyen de solides colorés crime
étendue sensible^ et en particulier des arts du tapissier des Gobelins et du tapis-
sier de la Savonnerie, publié l'année dernière. Cet opuscule présente un
résumé méthodique et très-concis des recherches que j'ai entreprises rela-
tivement à ces arts; il montre combien la structure des éléments employés
par le tapissier et par les artistes qui assemblent des verres colorés et des
prismes pour la mosaïque apporte de différence à la mise en œuvre, eu
égard aux procédés de la peinture exécutée avec des matières colorées divi-
sées à l'infini pour ainsi dire.
» Je serais heureux que ceux qui prendront la peine de lire cet opus-
cule voulussent bien me dire si j'ai eu tort de tirer de la surface cannelée
des tapisseries des Gobelins et de Beauvais des conséquences relalives au
18..
( i/So )
choix des modèles, résultant de la circonstance que cette structure est un
double obstacle pour faire des ombres aussi vigoureuses et des clairs aussi
lumineux que ceux qu'il est possible d'obtenir en peignant sur une surface
unie; s'il n'est pas vrai que, pour reproduire exactement les couleurs
d'un modèle, il faut qu'elles le soient autrement qu'on ne les voit; enfin,
si la perfection des tapisseries et des tapis n'exige pas l'accord parfait des
trois éléments qui concourent à leur confection, à savoir : l'élément artis-
tique, l'élément technique et l'élément scientifique, et si cette perfection
n'exige pas impérieusement que l'on tienne compte de l'altération inhérente
aux couleurs que l'on emploie, en ayant égard à cette circonstance que la
même couleur qui est solide dans les tons foncés, comme l'est l'indigotine,
par exemple, est altérable dans les clairs, et qu'en ternissant la plupart des
couleurs franches par du noir, on s'expose après quelque temps à n'avoir
plus que des couleurs passées.
» Je terminerai en répétant ce que j'ai eu plusieurs fois l'occasion de
dire, c'est qu'étranger au choix des modèles et aux travaux du tapissier,
mes fonctions se bornent exclusivement à faire teindre des laines et des
soies aussi absolument conformes que possible aux échantillons que je reçois
de l'Administration. »
PALÉONTOLOGIE. — De l'ostéograpliie du Mesotherium et de ses affinités
zoologiques; description de la tête; par M. Serres. (Deuxième Mémoire. )
« Après la détermination zoologique des animaux des temps anciens, la
paléontologie doit se préoccuper essentiellement de leur explication phy-
siologique, les considérer en eux-mêmes et indépendamment, jusqu'à un
certain point, de la paléontologie stratigraphique.
» Quelque difficile que soit cette étude en présence du seul organisme
(le système osseux) qui soit soumis à nos investigations, la science doit
l'entreprendre pour chercher à se rendre compte du degré d'avancement
dans la vie des animaux qui ont apparu dans la suite des temps sur la
scène du monde.
» En déterminant le rang que les animaux des temps anciens occupent
dans la série, la zoologie a déjà répandu une lumière assez vive sur la
fonction capitale de la nutrition, qui est la source même de la vie. A l'ana-
tomie comparée incombe le devoir d'essayer d'éclairer à son tour les fonc-
tions de relation qui nous mettent sur la voie d'apprécier leur degré d'in-
telligence, ainsi que les instincts qui dirigent leurs actions.
» C'est surtout d'après la considération des Mammifères que l'on a pu
( i4i )
dire que le système nerveux est tout l'animal. C'est pour lui et autour de
lui, en se mettant en quelque sorte sous sa dépendance, que les autres
systèmes organiques se groupent et se construisent. Cuvier, analysant mon
ouvrage sur l'anatomie comparée du cerveau, fit ressortir l'appui qu'il
apporte à cette vue générale, en montrant, comme je l'avais fait, que l'axe
cérébro-spinal de ce système en résume et en réfléchit les données princi-
pales relativement à la composition de l'ensemble de ces animaux supé-
rieurs. La composition de l'ensemble de leur tête en reçut particulière-
ment un degré de certitude, déjà préparé par les belles applications que
notre grand anatomiste avait faites de l'angle facial de Camper, aux varia-
tions nombreuses de cette partie importante de l'organisation de ces ani-
maux. Je vais montrer aujourd'hui que la composition si singulière de la
tète du Mesotheriitm rentre dans ces données générales, et trouve en quelque
sorte son explication dans l'antagonisme qui existe entre la faiblesse de la
loge de l'encéphale et l'exagération des réceptacles osseux des organes des
sens.
» Le mécanisme de la composition du cerveau des Mammifères peut être
exprimé de la manière qui suit : Tirez une ligne au niveau du corps calleux
de manière à diviser cet organe en deux parties. Sur cette ligne représentée
dans la nature par le corps calleux même, tracez deux courbes, l'une su-
périeure, l'autre inférieure. La première de ces courbes exprimera le degré
d'élévation des hémisphères cérébaux, dont l'angle facial de Camper
pourra donner la mesure. La seconde vous donnera l'étendue du lobe
sussphénoïdal ou de l'hypocampe, dont le développement chez les Mam-
mifères a constamment lieu en raison inverse de celui des hémisphères cé-
rébraux.
» Or, suivez d'après cette donnée fondamentale les dimensions que
prennent les os de la tête, destinés à encaisser l'encéphale et les organes
des sens, et vous trouverez dans leur balancement alternatif et opposé la
raison des variations successives que présente la tète des Mammifères à
partir des Quadrumanes jusqu'aux Rongeurs et aux Edentés. Vous y trou-
verez en particulier la raison de la composition de la tête du Mesotlierium.
>/ Face supérieure de la tèle. — La tête de ce nouveau genre d'animaux
des temps anciens est caractérisée par l'affaissement complet de la voûte du
crâne; au lieu d'une élévation, d'un bombement des os qui la composent
chez tous les Mammifères, c'est une excavation profonde qui la remplace;
excavation divisée en deux par une crête très-saillante nommée sagittale, et
qui s'étend d'arrière en avant, depuis la protubérance occipitale jusqu'à
( '4* )
l'espace interorbitaire où elle se termine insensiblement. C'est d'après la
saillie très-marquée de cette crête que je désigne l'espèce que je décris, et
qui sert de type au genre, sous le nom de Mesolhevium çristatum. Mais ce
caractère d'une voûte du crâne renversée, à quoi tient-il? Il tient évidem-
ment à l'affaissement des hémisphères cérébraux qui ont nécessité l'affais-
sement des os qui leur servent de couverture, et produit une concavité là
où la saillie des hémisphères, si elle avait existé, eût déterminé une con-
vexité. Il est donc probable, il est même certain, d'après les coupes faites
sur d'autres têtes, que cette partie principale du cerveau était réduite à sa
moindre expression, et tout porte à croire qu'il devait être privé de la grande
commissure qui les relie ou du corps calleux. Tout porte à croire égale-
ment que cet affaiblissement si grand des hémisphères cérébraux coïncidait
avec un développement considérable du lobe de l'hypocampe. En un mot,
pour traduire ces résultats en langage psychologique, l'intelligence était
sacrifiée aux sens et aux instincts chez le Mesotlwriutn. Le peu d'étendue de
la cavité cérébrale confirme ces aperçus, car sur une tète où la cavité a
été mise à découvert, elle mesure seulement 65 millimètres d'avant en ar-
rière, et 5o millimètres transversalement sur 35 millimètres verticale-
ment.
» Au point où se termine en avant la crête sagittale, l'espace méso-orbi-
taire est concave, ce qui fait ressortir d'une manière extraordinaire le
rebord supérieur de l'orbite qui simule l'origine des deux cornes du bélier
par l'hiatus qui le sépare du bord supérieur de l'arcade zygomatique ,
quoique cet hiatus, si ouvert chez les Lépusiens, ne mesure chez le Meso-
tlierium que 4 millimètres.
» En avant de l'espace méso-orbitaire, une bosse nasale se relève tout à
coup et forme une espèce de voûte qui se termine insensiblement à l'extré-
mité du museau. La saillie de cette voûte produit une dépression sensible
sur les côtés des os nasaux, séparés au reste sur la ligne médiane par une
suture très-marquée. Elle indiquait chez cet animal toute l'étendue du sens
de l'olfaction, comme la saillie du rebord orbitaire traduit déjà sur cette
surface le volume exagéré de l'organe de la vision.
» La fosse temporale qui remplace chez le Mesotlierium la voûte du
crâne est assez régulièrement ellipsoïdale, un peu plus large cependant en
avant qu'en arrière; elle est profonde et encadrée de toutes parts. Son
plancher, qui est presque horizontal et qui occupe environ l'étendue du
tiers postérieur de cette surface, se dérobe brusquement en avant aux
confins de la fosse zygomatique. On observe dans la fosse temporale la
( i43 )
suture temporo-pariétale : elle est seulement bien distincte en avant, et
dans sa partie moyenne à peu près à égale distance de la branche horizon-
tale de la racine postérieure de l'arcade zygomatique et de la crête sagit-
tale. On distingue aussi dans la même fosse, mais uniquement à son tiers
postérieur, plusieurs orihces vasculaires. Sur une portion de tète que nous
avons sons les yeux, deux de ces orifices ont une grande dimension : ils
sont situés à la jonction des sutures des os qui composent la fosse tempo-
rale, conformément à la règle ostéogénique de la formation des trous
osseux. Leur existence me paraît spécifique, et, d'après ce caractère remar-
quable, je donnerai à cette seconde espèce le nom de Mesotfierium perfo-
ratum.
» Cette particularité a de l'analogie avec ce que l'on voit dans les Eden-
tés, et spécialement chez les grandes espèces fossiles de cet ordre, qui sont
de tous les Mammifères ceux chez lesquels le système vasculaire osseux
accuse la prépondérance la plus marquée.
» La vaste ouverture temporo-zygomatique servira de passage de la face
supérieure à la face latérale de la tète du Mesotherutm.
» Face latérale. — L'orbite presque à fleur de tête, disposée dans un plan
qui approche de l'horizontal, occupe le milieu de cette face. Il est extrê-
mement grand, de forme presque triangulaire, saillant en avant par son
angle inférieur, et regardant en haut et un peu en dehors. Son pourtour,
formé de bords irréguliers, épais, excepté à sa partie supérieure et
moyenne, produit, par l'exubérance et le prolongement de l'apophyse orbi-
taire externe, un cadre presque complet et qui laisse à peine subsister entre
l'extrémité de cette apophyse et l'arcade zygomatique un intervalle d'au
plus 4 millimètres.
» Conformément aux règles de l'ostéogénie, l'ouverture de cette vaste
cavité est formée par l'assemblage de trois os distincts : premièrement, en
haut et un peu en avant, par l'apophyse orbitaire interne; secondement, en
devant et en bas, par le jugal; troisièmement, en bas et en arrière, par la
partie antérieure de l'arcade zygomatique. Cette arcade est caractéristique
chez le Mesoiherium ; elle a d'abord dans cet animal des proportions très-
fortes, surtout dans le sens vertical, mais ensuite, selon la remarque heu-
reuse et très-juste de M. le Dr Sénéchal, elle donne lieu, au delà de la cavité
condyloïdienne de la mâchoire, dans son union avec la face mastoïdienne
du temporal, à une large surface qui affecte exactement la forme et les
contours d'un S italique.
» Le jugal, nettement délimité et distinct, dirigé régulièrement dans le
( '44 )
sens antéro-postérieur et vertical, est large, très-légèrement convexe dans
sa partie antérieure, où il se rétrécit graduellement jusqu'à sa jonction avec
l'apophyse orbitaire interne. Il est un peu déprimé en dedans, d'avant en
arriére, dans sa moitié postérieure. Son bord supérieur, libre, mousse,
concave à peu de chose prés, est exactement semi-circulaire; il ne concourt
que pour une tres-faible part, le quart environ, au périmètre du cadre de
l'orbite. Le bord inférieur, au contraire, très-étendu, découpé avec une ex-
trême régularité, est épais dans ses deux tiers antérieurs, remarquablement
taillé en biseau aux dépens de la partie interne dans son tiers postérieur.
Il décrit aussi un parcours curviligne qui équivaut à une demi-circonfé-
rence. Enfin, l'articulation du jugal avec la branche zygomatique du tem-
poral se présente sous l'aspect d'une trace linéaire presque complètement
droite et comprenant plus de la moitié de toute la partie supérieure de
l'os.
» En arrière de l'hiatus de l'apophyse orbitaire interne, l'arcade zygoma-
tique forme un rebord saillant qui s'élève jusqu'au niveau de l'épine sagit-
tale; elle se termine ensuiteinsensiblement sur la ligne courbe supérieure de
l'occipital. Au-dessous de la racine postérieure de l'arcade, la région mas-
toïdienne forme un promontoire saillant, limité en avant par la racine ver-
ticale de l'arcade, en arrière par une dépression marquée, terminé en avant
par l'apophyse styloïde, et offrant en arrière et en bas l'ouverture évasée
et assez grande du conduit auditif externe. La saillie de ce promontoire,
bien inférieure toutefois à celle que l'on remarque chez le Chinchilla et la
Gerboise, nous paraît due à l'élévation des canaux semi-circulaires de
l'oreille interne, et dénote la puissance que devait avoir l'audition chez le
Mesolhe.rium. En arrière et en bas du trou auditif externe est un pertuis qui
donnait passage à la branche stylo-mastoïdienne du nerf facial.
» Le conduit auditif externe est lisse, profond, infundibuliforme, mais
restant évasé dans une grande partie de son trajet. On y remarque, en haut
et du côté antérieur, une scissure tres-prononcée qui l'accompagne dans
toute sa longueur. Serait-ce la fissure de Glaser? Dans tous les cas, c'est la
persistance de la suture de l'os que j'ai découvert dans la composition du
cadre du tympan, os auquel Etienne Geoffroy Saint-Hilaire a donné le nom
de sériai. Intérieurement, ce conduit débouche dans une vaste caisse,
laquelle, sur un individu dont nous avons ht pièce sous les yeux, mesure :
sur sa face antéro-postérieure, 45 millimètres, et sur sa face verticale,
3o millimètres seulement. Quelle conformité de l'oreille moyenne avec la
Gerboise et le Chinchilla?
( ï45 )
« L'étude des conditions de structure osseuse de l'articulation temporo-
maxillaire fournissant en anatomie comparée et en paléontologie un élé-
ment de beaucoup de valeur pour la distinction des différents ordres de
Mammifères, son examen mérite une attention particulière.
» L'apophyse articulaire du temporal du Mesotherium offre une assez
longue surface snbovalaire, un peu convexe verticalement. Sa direction,
oblique de dehors en dedans et d'avant en arrière, regarde dans ce sens
et un peu en bas. Cette surface articulaire semble comme écrasée, et elle
déborde légèrement, sous forme d'une crête mince, en avant et en arrière.
Il y a, dans cette conformation, une disposition manifestement étrangère
aux Rongeurs, chez lesquels on observe, dans cette partie, une sorte de
coulisse plus ou moins parfaitement réalisée, à direction antéro-postérieure
et à faible étendue transversale, disposée principalement pour effectuer
des mouvements d'avant en arrière du maxillaire sur la tète. Il suit de là
qu'il existe une grande différence dans les moyens affectés à la trituration
des aliments chez les Rongeurs et le Mesotherium. C'est seulement avec les
Pachydermes, et particulièrement les Solinèdes, que le Mesotherium présente
les plus grands rapports de conformité dans la disposition de l'apophyse
articulaire temporale. La scissure de Glaser n'existe pas dans la cavité glé-
noïde, d'ailleurs peu accusée.
» La région du maxillaire supérieur est très-étendue, lisse, irrégu-
lière; sa limite postérieure correspond avec beaucoup d'exactilude au
point médian de la longueur de la tète : elle est sssez largement débordée
et recouverte par la saillie antérieure du jugal. Cette partie est fortement
déprimée et comme pincée dans sa moitié antérieure, principalement
au-dessus de la première molaire où se trouve la fosse canine; au-dessous
de cette fosse, on observe, sur et entre la première molaire et la base de
l'incisive, le bord inférieur du maxillaire légèrement arqué et mousse. C'est
la barre que je nomme mésodonle, dont la disposition rappelle celle des
Rongeurs chez le Mesotherium, et qui offre à son tiers postérieur les traces
de la suture incisivo-maxillaire. En outre, on observe sur le maxillaire
quatre faibles reliefs verticaux assez prononcés, qui répètent sur les alvéoles
la saillie de l'angle antérieur des quatre dernières molaires.
» En arrière et en haut delà fosse canine se trouve le trou sous-orbilaire,
qui est assez ouvert. Sa position est caractéristique. Situé au niveau de la
troisième molaire, ce rapport reproduit fidèlement celui des Pachydermes,
tandis qu'il s'éloigne beaucoup de celui des Rongeurs, chez lesquels il est
C. R., 1867, a« Semestre. (T. LXV, N» 4.) 1 1>
( i46 )
porté plus en avant et correspond inférieurement an niveau de la première
molaire. Si on ajoute à ce changement de rapport du trou sous-orbitaire,
que chez le Mesolherium, de même que chez les Pachydermes, le fond de
la fosse canine manque complètement de l'arcade pré-orbitaire, si développée
chez les Pacas et les autres Caviens, on trouvera dans cette disposition une
des raisons qui nous ont porté à placer cet animal fossile entre ces deux
ordres de Mammifères.
» Le bord supérieur du maxillaire a une étendue considérable; il forme,
à peu près à l'union de ses deux tiers antérieurs et de son tiers postérieur,
une large échancrure anguleuse, et il présente dans tout son parcours un
bourrelet très-manifeste qui proémine légèrement nu-dessous de l'os nasal.
Les rapports de ce dernier et du maxillaire ne constituent une articulation
réelle que tout à fait en arrière; en avant, c'est-à-dire même dans les trois
quarts antérieurs de l'articulation naso-maxillaire, ces deux os sont seu-
lement juxtaposés.
» La région prémaxillaire ou incisive est constituée par une surface peu
étendue, lisse, convexe, très-inclinée en dedans par son bord supérieur,
légèrement rentrante dans le même sens du côté de son bord postérieur, où
elle est en partie limitée par la suture incisivo-maxillaire que nous venons
d'indiquer. Cette région est entièrement occupée par la racine de l'in-
cisive, dont elle traduit très-distinctement la position, la forme et les
dimensions.
» En arrière du maxillaire supérieur, on trouve la fosse orbitaire et la
fosse zygomatique confondues entièrement l'une avec l'autre; mais on
reconnaît néanmoins que la partie qui correspond à la première prédo-
mine beaucoup sur la seconde. La partie qui représente la cavité orbitaire
est constituée par deux larges surfaces : l'une latérale et l'autre inférieure.
La première forme une vaste surface, comme en haut, se portant en arrière
et en dedans, et arrivant à se rapprocher tellement du plan médian, qu'en
arrière les deux fosses orbitaires ne sont séparées l'une de l'autre que par
une simple lame osseuse. A la partie antérieure de cette surface, à environ
2 centimètres en dedans du pourtour de l'orbite, on trouve un orifice
assez prononcé, qui est évidemment l'orifice supérieur du canal nasal.
» On voit très-distinctement à la partie supérieure et externe de cette
surface, à peu de distance de la partie inférieure de l'orbite, une trace de la
suture jugo-maxillaire; en bas, principalement du côté externe, on y dis-
tingue la suture sphéno-maxillaire qui descend jusque auprès du talon pos-
térieur de la dernière molaire.
( '47 )
» La fosse zygomatique a peu d'étendue. Elle présente un fond plat,
encaissé en arrière par la saillie du pariétal et par le développement con-
sidérable de l'aile externe de l'apophyse ptérygoïde. On voit à la partie
supérieure de la surface plane, l'orifice du trou optique.
» Nous terminerons l'exposé de la face latérale de la tète du Mesolhe-
rium par un aperçu sommaire du maxillaire inférieur.
» Maxillaire inférieur. — Cet os est très-développé, surtout dans les
parties qui se rapportent à ses branches; il est dans son ensemble réguliè-
rement triangulaire. Le corps est robuste; ses faces externes sont planes et
presque verticales; ses faces internes un peu convexes. Son épaisseur est à
peu près partout égale; sa hauteur est aussi sensiblement la même dans
toute la partie qui correspond aux molaires. Le trou mentonnier est
simple, médiocre et immédiatement situé au-dessous du bord antérieur de
la première molaire.
» L'espace intermandibulaire est régulièrement triangulaire et très-
large en arrière. Du côté antérieur, il se continue au-dessus de la partie
symphysaire en une profonde gouttière, demi-conique, à sommet posté-
rieur, présentant un talon saillant du côté externe et antérieur, et se ter-
minant en s'épaississant (au plus 5 millimètres) au bord antérieur des
grandes incisives. Nous signalons ce dernier point, car il constate une dis-
position inverse de ce qui a lieu cliez les Rongeurs.
» La partie postérieure de la symphyse est très-élevée; elle comprend
une portion principale, verticale et un peu concave, et une portion infé-
rieure formant une fossette très-prononcée à grand diamètre transversal. Il
n'y a pas de véritable apophyse géni. Sur les parties latérales et inférieures
de la région symphysaire, on observe une sorte d'étranglement donnant
lieu à une gorge transversale située près du bout de la mâchoire.
» La face supérieure de la symphyse est presque d'un tiers plus longue
que l'inférieure. Sur aucune des mâchoires ou fragments de mâchoires
inférieures que nous avons entre les mains, on ne découvre aucun vestige de
la séparation des deux mandibules. Liinion de ces parties est très-intime,
comme chez les Pachydermes. Ce point est encore à remarquer, car dans
les Rongeurs ordinaires les deux parties de la mâchoire inférieure sont
toujours indépendantes et séparables aisément l'une de l'autre. Les bran-
ches du maxillaire inférieur sont très-larges et hautes. Excepté sur leur
base antérieure et leur partie inférieure, elles sont partout assez minces.
Leur tace externe, présentant deux larges dépressions, et tout à fait en bas et
en avant un tubercule osseux très- saillant , indique une grande surface
19..
( i4» j
d'insertion pour le muscle masse ter. Leur face interne, presque plane, pré-
sente en sens opposé une surface également très-étendue pour l'insertion
des muscles ptérygoïdiens.
» L'orifice interne du canal dentaire est situé à la partie moyenne de la
ligne de jonction du corps et des branches du maxillaire inférieur.
» Le bord antérieur est très-irrégulier et parcouru par plusieurs crêtes
très-prononcées. On y remarque en bas, entre les deux lignes obliques
maxillaires internes et externes, une vaste fossette. Le bord postérieur est
très-régulier; il décrit à peu près une demi-circonférence. Sa propulsion
en avant rappelle un peu ce que l'on observe dans le genre Glyplodon.
» L'apophyse coronoïde est large, légèrement tordue et incurvée en
arrière et en dedans à son sommet. L'échancrure sygmokle est petite, elle
décrit environ un quart de cercle et ne descend pas au-dessous de la base
du conclyle. Celui-ci est fort, tuberculeux et ovalaire; son grand axe est
dirigé presque transversalement. Il est dépourvu de toute trace de collet et
se porte un peu en avant. »
cosmologie. — Contribution à l'anaiomie des météorites; par M. Daubkée.
« Pour appliquer avec certitude aux masses météoriques contenant à la
fois des parties pierreuses et des parties métalliques la classification que j'ai
proposée dans lavant-dernière séance (i), il est nécessaire de savoir si le
fer y est en masse continue ou à l'état de grains isolés. Si pour certaines
météorites, telles que celles de Pallas et de la Sierra de Chaco, il est facile
de décider qu'elles font partie des syssidères ou des sporadosidères, pour
d'autres, au contraire, la conclusion, dans l'état actuel des méthodes ana-
lytiques, ne peut être que provisoire.
» On a essayé de résoudre la question en pratiquant dans la masse des
sections planes dans diverses directions, puis en les polissant. Mais cette
méthode est loin d'être satisfaisante. Il y a toujours une partie du 1er qui
reste cachée aux yeux, et l'on ne peut pressentir dans quelles conditions
elle se trouve. Ce procédé appliqué au fer trouvé à Rittersgrùn, en Saxe,
conduirait à affirmer qu'il fait partie des sporadosidères, ou, en d'autres
termes, que le fer y est en grains séparés les uns des autres. On va voir que
cette conclusion, justifiée en apparence par l'examen d'un bel échantillon
que possède le Muséum, est erronée.
(i) Comptes rendu/! de l'académie des Sciences, t. LXV, p. 60 (1867).
( '49)
« En présence de ces faits, il est clair que le seul moyen de savoir avec
certitude si une masse sidérolithique est un syssidère ou un sporadosidère,
c'est d'arriver à séparer exactement le fer de toute la matière pierreuse, sans
altérer l'état, ni même la forme du métal. En d'autres ternies, il s'agit de
réaliser, au point de vue de la disposition du fer dans la matière pierreuse,
une véritable anatomie de la masse. J'ai cherché à atteindre ce résultat avec
la coopération de M. S. Meunier, aide naturaliste du Muséum, que je me
fais un plaisir de remercier.
» La première pensée est de recourir à des moyens purement chimiques,
et, comme on va le voir, ils ne sont pas en très-grand nombre.
» J'avais songé d'abord à l'emploi de l'acide fluorhydrique pour attaquer
le silicate, dont il serait ensuite facile de se débarrasser. Mais les résultats
n'ont pas été conformes à ce qu'on pouvait attendre. Dans plusieurs expé-
riences où l'on opérait sur des masses renfermant du péridof, on avait pré-
cisément l'inverse de ce qu'il s'agissait d'obtenir, c'est-à-dire que le fer
était attaqué pendant que le silicate restait intact. Pour d'autres masses ren-
fermant du pyroxène, comme celles de Brahin, en Russie, le silicate était
attaqué, et il suffisait de vernir le fer pour le préserver de l'action de l'acide.
Mais, même dans ce cas, le procédé n'est pas applicable à cause de sa
lenteur.
» J'ai mis ensuite en usage l'action de la potasse caustique en fusion,
qui n'a que peu d'influence sur le fer et attaque au contraire les silicates
avec facilité. Les résultais ont été meilleurs que ceux obtenus précédem-
ment, mais le réactif a l'inconvénient d'être trop énergique. Lorsque le fer
est disposé en petites fibres ou en petites écailles, comme il arrive, par
exemple, dans la masse de la Sierra de Chaco, celles-ci sont souvent rom-
pues, par suite de l'oxydation que subit le fer et qui est assez grande pour
convertir ces minces attaches en un oxyde que l'alcali désagrège complè-
tement.
» On a un réactif moins énergique en remplaçant l'alcali fondu par une
lessive concentrée, mais la réaction, qui devient alors lente, est difficile à
conduire.
» L'acide nitrique fumant, dans lequel, comme on sait, le fer devient
passif, constitue aussi un réactif lent, mais qui a sur le précédent l'avan-
tage de ne pas demander une température supérieure à la température
ordinaire. Toutefois il ne parait pas possible de l'adopter, à cause du dépôt
de silice gélatineuse sur la pierre attaquée, qui arrête bientôt l'action.
» En résumé, parmi les moyens chimiques, je n'ai pas rencontré de pro-
( i5o )
cédé répondant complètement au but à atteindre, et j'ai dû tenter une nou-
velle série d'essais dans une voie différente.
» Un procédé purement physique, aussi rapide que commode, me
paraît répondre complètement à la question. Voici en quoi il consiste :
» Un fragment de la météorite à étudier étant donné, on le place dans
un creuset de platine que l'on chauffe rapidement au rouge vif, au moyen
d'une lampe à gaz. Lorsque la pierre a atteint une température égale à celle
du creuset, c'est-à-dire lorsqu'elle est bien rouge, on la plonge rapide-
ment dans de l'eau très-froide, jusqu'à refroidissement complet.
» Par cette simple manipulation, le silicate, étonné, s'est fendillé en
tous sens, et l'on peut, sans la moindre difficulté, l'enlever d'une manière
complète avec des pinces.
» Des expériences assez nombreuses, faites sur des météorites différentes,
m'ont prouvé que ce procédé est général et donne de très-bons résultats.
» Le seul inconvénient qu'il présente est d'oxyder un peu la surface
du fer, par suite du contact de l'eau. L'inconvénient disparaît, si l'on
remplace l'eau par le mercure, qui opère un étonnement peut-être plus
complet. Lorsqu'on fait usage de mercure, il est nécessaire de fixer
l'échantillon en expérience à l'extrémité d'un gros fil de fer qui permet,
malgré la différence des densités, de le plonger au fond du bain métal-
lique. Dans quelques expériences j'ai opéré au moyen d'un appareil parti-
culier rempli d'acide carbonique, et alors on peut considérer l'oxydation
du fer comme nulle.
» Il nie reste à rapporter les principaux résultats qui m'ont été fournis
par cette sorte d'anatomie des lithosidérites.
» Un échantillon de la Sierra de Chaco s'est converti en un grand
nombre de petites grenailles parfaitement terminées en tous sens, c'est-à-
dire ne faisant pas continuité. Malgré la forte proportion de fer que cette
météorite renferme, elle n'en reste donc pas moins un sporadosidère.
» Le fer d'Atacama^ au contraire, a manifesté par ce procédé les carac-
tères qui font les syssidères. La pierre y constitue des grains séparés qui
sont disséminés au milieu d'une masse continue de fer.
» La météorite de Rittersgrùu, qui, comme on l'a vu plus haut, parait
appartenir au groupe des sporadosidères, m'a donné un résultat digne
d'être mentionné. Un échantillon, traitécomme il vient d'être dit, a montré
que tous les grains de fer, qui tout d'abord semblaient parfaitement indé-
pendants les uns des autres, sont tous reliés entre eux. La météorite con-
stitue donc un syssidére, et ce premier résultat est à signaler.
( i5i )
» Toutefois, le fer de Rittersgrùn diffère essentiellement de celui d'Ata-
cama ou de celui de Pallas. Dans ceux-ci, comme on sait, la pierre est en
grains séparés. Il n'en est pas de même dans le fer de Rittersgrùn. Ici, la
pierre est continue tout aussi bien que le fer lui-même : ce sont deux
réseaux, l'un pierreux, l'autre métallique, qui s'enchevêtrent mutuelle-
ment. Ce caractère suffit pour que les masses qui le présentent ne restent pas
confondues avec les syssidères dont le fer de Krasnojarsk, dit de Pallas, est
le type.
» La méthode que je viens de décrire peut, dans beaucoup de cas, être
étendue aux météorites du type commun. Elle permet d'isoler toutes les
grenailles métalliques sans les altérer, et par conséquent d'en étudier la
forme. On sait que cette forme n'est pas sphérique,mais tuberculeuse; peut-
être son étude fournira-t-elle quelque nouvelle notion sur les conditions
dans lesquelles ces grenailles se sont produites. »
électro-physiologie. — Sur le pouvoir électromoteur secondaire des nerfs
et son application à i 'électro-physiologie ; par M. Cn. Matteucci. (Premier
extrait.)
« En 1860 (1) j'ai communiqué pour la première fois à l'Académie des
expériences sur ce sujet, expériences que j'ai reprises de nouveau en
1861 (2) et en 1 863 (3).
» Tout dernièrement encore , à l'occasion du cours d'éleetro-physio-
logie que j'ai fait au Musée de Florence dans les mois de mai et de juin
de cette année, j'ai continué cette étude et j'ai demandé la permission à
l'Académie de lui communiquer les nouveaux résultats auxquels je suis
parvenu.
» Après avoir prouvé que le passage du courant électrique dans un nerf
détermine presque instantanément l'électrolysation de tous les points de ce
tissu et que les produits de cette électrolysation développés et recueillis sur
ces points donnent lieu à des réactions chimiques et à des courants élec-
triques secondaires dès que le courant électrique a cessé de passer, il était
impossible de ne pas entrevoir toute l'importance de l'introduction d'un
phénomène physico-chimique hien connu dans le champ encore si obscur
de l'électro-physiologie. Cette partie de la physique, comme toutes les appli-
(1) Comptes rendus, t. L, p. 4'2.
(2) Comptes rendus, t. LU, p. 23i; t. LUI, p. 5o3.
(3) Comptes rendus, t. LVI, p. 760.
( i5a)
cations de celte science aux phénomènes de l'organisme vivant, ne peut
consister, en définitive, que dans l'explication deces phénomènes par l'appli-
cation d'un principe ou d'une loi physique dans des conditions déterminées.
» Je crois nécessaire d'abord de rappeler aussi brièvement que possible
les résultats principaux de mes Mémoires précédents.
» J'ai montré, par des expériences très-faciles à répéter et qui n'exigent
qu'un galvanomètre à 24 ou 3oooo tours, et deux petits verres auxquels
sont fixés deux coussins en laine ou en papier imbibés de la solution de
sulfate de zinc et communiquant par une couche d'amalgame de zinc
aux extrémités du galvanomètre; j'ai montré, dis-je, que tout corps ayant
une structure capillaire et imbibé d'un liquide conducteur, une fois
qu'il a été traversé par un courant électrique, est devenu dans tous ses
points un électromoteur secondaire. On fait l'expérience en posant ce
corps, réduit en forme de prisme ou de cylindre, ou sur deux fils de platine
parfaitement dépolarisés avec la chaleur, ou mieux sur deux petits coussins
en laine ou en papier, imbibés ou d'une solution de sel marin ou d'une solu-
tion de sidfate de zinc : avec ce dernier liquide, que j'emploie aujourd'hui
le plus souvent, on est sûr de ne pas introduire dans les expériences de
liquides différents. Je fais passer, à travers ces deux coussins et le corps que
je soumets à l'expérience, le courant d'une pile de huit à dix petits éléments,
et j'ai dans le circuit un galvanomètre pour être sûr du passage et de l'in-
tensité du courant. L'expérience a été faite sur des couches de carton, d'ar-
gile, de laine imbibés d'eau; sur des tiges végétales, sur des tranches de
pommes de terre, de betteraves, de courges, de tissu musculaire et sur
les nerfs de différents animaux. Dans tous les cas sans exception, le corps
qui a été traversé par le courant, porté ensuite sur un support de gulta-
percha sur les coussins du galvanomètre, donne lieu à un courant élec-
trique dont la direction est toujours en sens contraire de celle de la pile.
Évidemment ce courant est dû aux réactions chimiques qui ont lieu entre
les produits de l'électrolysation après que le courant a cessé de passer, réac-
tions qui se produisent tantôt directement à travers le corps électrolysé,
tantôt entre les produits de l'électrolysation recueillis sur les extrémités
du corps assujetti au courant et le liquide des coussins du galvano-
mètre (1).
(1) L'analyse do ces courants et leur interprétation dans ces différents cas exigeraient
encore de nouvelles recherches : il v aurait surtout à voir comment les courants secon-
daires développés dans des corps soumis au passage du courant électrique et posés sur
( 1*3 )
» Il est facile de reproduire ces résultats en mouillant, d'acide nitrique
d'un côté, et d'une solution de potasse de l'autre, les extrémités d'un
quelconque des corps que j'ai nommés, et en le portant ainsi préparé sur
les coussins du galvanomètre ou sur deux fils de platine réunis, au lieu des
coussins, aux extrémités du galvanomètre.
» L'objet principal de mes expériences a toujours été d'étudier le
pouvoir électromoteur secondaire développé dans les nerfs, et cela non-
seulement en vue des applications à l'électro-physiologie, mais aussi parce
que le fait qui m'a frappé dès le commencement a été que le nerf produi-
sait ce phénomène avec une intensité et une persistance beaucoup plus
grandes que tous les autres corps que j'ai nommés. En effet, il suffit de dire
que, tandis qu'avec les corps les mieux doués des polarités secondaires on
n'a, toutes les autres conditions étant égales, qu'une déviation de 25 ou
3o degrés au plus à mon galvanomètre, déviation cessant après quelques mi-
nutes, avec le nerf sciatique d'un poulet, d'un lapin, d'une brebis, le courant
secondaire pousse l'aiguille à 90 degrés et persiste à la tenir déviée de i5
à 20 degrés, même après plusieurs heures. Le nerf pris sur un animal mort
depuis vingt-quatre heures et sur un animal lue avec le curare, le nerf qui
a été dans un mélange frigorifique à — 10 ou — 12 degrés centigrades, qui
a été dans l'eau chauffée à -+- 25 ou + 3o degrés centigrades, le nerf in-
tègre et pris sur l'animal vivant, le nerf pris sur un animal tué avec les
décharges d'un appareil d'induction, le nerf coupé et réuni ensuite par le
contact, acquièrent dans tous ces cas le pouvoir électromoteur secondaire
dans tous leurs points, et cela, en ne faisant passer le courant que pendant
une fraction très-petite de seconde. J'ai décrit dans mes Mémoires les
légères différences trouvées en agissant dans les circonstances que j'ai
nommées. Il n'y a qu'une manière d'enlever au nerf cette propriété :
c'est de détruire sa structure ou par la compression, ou par la chaleur de
l'eau bouillante. Pour détruire les polarités secondaires, il est également
nécessaire de recourir à la chaleur ou à l'immersion dans l'eau chaude, ou
à la compression.
» On peut s'assurer facilement qu'un nerf posé sur les deux coussins et
des couches humides, ont la même direction lorsqu'ils sont portés au galvanomètre tantôt
sur deux fils de platine, tantôt sur les coussins. Mais ces recherches m'auraient éloigné, sans
grand profit, de l'étude que j'ai voulu faire des courants secondaires des nerfs et de leurs
applications.
G. R., 1867, a» Semestre. (T. LXV, N° 4.) ^O
( i54 )
traversé par le courant se comporte comme un fil de platine ou d'un autre
métal sujet à la polarisation. On sait que si on place, sur le coussin qui
communique au pôle positif de la pile un morceau de papier rouge de
tournesol , et sur 1 autre coussin communiquant vers le pôle négatif un
morceau du même papier bleu, on voit apparaître, après le passage du
courant,, une tache bleue au-dessous du fil métallique du côté du pôle
négatif. J'ai mis tous mes soins à faire et à varier cette expérience avec des
nerfs. Pour cela les fils de la pile ne plongent pas directement dans le
liquide, qui est de l'eau fortement salée, mais ils sont introduits dans
deux tubes de verre remplis de sable et plongés dans ce liquide ; je prends
ces précautions pour empêcher que les produits électro-chimiques déve-
loppés sur les électrodes ne se répandent dans le liquide et sur les coussins :
il faut aussi, pour que le nerf continue longtemps à conduire le courant
sans se dessécher, opérer sous une cloche et dans l'air saturé d'humidité.
Pour que le résultat soit net, il faut prolonger l'expérience pendant deux
ou trois heures. On trouve alors que la moitié du nerf, et surtout l'extré-
mité par laquelle entre le courant, donne une réaction alcaline bien mar-
quée, et cela même dans l'intérieur du nerf; l'autre moitié, celle tournée
vers le pôle négatif, donne une réaction acide plus faible.
„ J'ai constamment vérifié que le pouvoir électromoteur secondaire est
beaucoup plus fort dans, les points du nerf rapprochés du pôle positif que
dans ceux qui sont rapprochés du pôle négatif.
„ On peut montrer facilement cette expérience dans un cours en faisant
usage de la méthode différentielle bien connue. Pour cela, on prépare sur
un poulet ou sur un lapin l'expérience qu'on fait si souvent en électro-
physiologie pour montrer que le passage du courant inverse donne heu a
des contractions très-violentes lorsqu'on ouvre le circuit, tandis que autre
nerf, qu'on appelle direct, perd bientôt Irritabilité et cesse d éveiller les
contractions, soit en ouvrant, soit en fermant le circuit. Quand on a fait
passer par cette préparation, a travers les nerfs d'un poulet ou d un lapin,
un courant électrique de huit ou dix éléments de Daniell pendant v.ngt-
cinq ou trente minutes et même davantage, en conservant l'air humide
autour des nerfs, on coupe rapidement les deux nerfs cruraux et on les
place, l'un à la suite de l'autre, sur une lame de gutta-percha en renversant
la position d'un de ces nerfs relativement à la position qu'il avait pendant
le passage du courant. On porte enfin les extrémités de ce double nerf en
contact des coussins du galvanomètre; on obtient constamment un tres-jort
courant différentiel dans le sens du nerf inverse.
( «a )
jj Ces résultats sont certainement de nature à intervenir dans l'explication
des phénomènes qui s'éveillent à l'ouverture du circuit dans le nerf et dans
le membre inyerse, et qui ont été si longuement étudiés par Ritter, Maria-
nini et par moi-même plus tard.
» En effet, il est certain, et c'est là l'expérience même des polarités se-
condaires des nerfs, qu'au moment où l'on ouvre le circuit, ces courants
secondaires commencent à circuler, et ont une intensité qui est, jusqu'à un
certain point, proportionnelle au temps que le courant a continué à passer
et aux différences des pouvoirs électromoteurs secondaires développés
dans les différents points du nerf II n'y a qu'à porter rapidement le nerf
d'une grenouille galvanoscopique au contact des nerfs qui ont été élec-
trolysés, et surtout du nerf inverse, pour voir à l'instant des contractions
éveillées dans cette grenouille par les courants secondaires directs,, qui cir-
culent immédiatement après que le circuit a été ouvert. De là l'explication
ou la déduction de l'action des courants secondaires sur les nerfs et des
phénomènes qui se produisent dans les nerfs électrolysés à l'ouverture du
circuit.
» Nous sommes aujourd'hui en mesure d'ajouter de nouvelles considé-
rations à ce propos. Dans les livres de galvanisme, et surtout dans celui de
M. de Humboldt,il est dit que les alcalis augmentent l'excitabilité des nerfs
et que les acides l'affaiblissent. Voici des expériences bien nettes à cet égard.
J'ai préparé et versé dans deux assiettes, d'un côté une solution très-diluée
de potasse qui ramenait à peine au bleu le papier rouge, et de l'autre une
solution également diluée d'acide chlorhydrique, et j'ai placé les nerfs de
huit à dix grenouilles galvanoscopiques, préparés à peu près au même mo-
ment, dans ces deux liquides. L'expérience que je vais décrire a été faite
après avoir prolongé cette immersion depuis trente secondes jusqu'à deux
ou trois minutes. Je retire les grenouilles, je lave les nerfs dans de l'eau
distillée, je les essuie avec du papier, et je les place ensuite sur une lame de
verre en faisant toucher deux à deux les nerfs des deux assiettes. Alors,
je porte une goutte d'eau salée en contact avec les nerfs. Dans un grand
nombre de ces expériences, j'ai vu constamment les contractions s'éveiller
dans les grenouilles dont les nerfs auraient été dans l'eau alcaline, et
ces contractions être les plus promptes et lesplus fortes; dans les autres gre-
nouilles, dont les nerfs avaient été dans la solution acide, les contractions
ont été retardées, et souvent elles ont manqué ou elles ont été plus faibles.
» Or, nous l'avons vu, le nerf inverse, les nerfs électrolysés dans les points
où le courant pénétre, montrent au papier réactif la présence de l'alcali
20..
( '56 )
qui est un produit de l'électrolysalion, et par conséquent ces nerfs acquiè-
rent ainsi dans ces points un pouvoir plus grand d'excitabilité. On doit donc
aussi tenir compte de cette propriété pour concevoir le phénomène décou-
vert par M. Pflugger de l'excitabilité d'un nerf exaltée dans les points rap-
prochés de l'électrode négatif où l'alcali se dégage, et de la moindre exci-
tabilité du nerf auprès du pôle positif où les acides se développent.
« Je m'arrête ici, ne voulant pas aller au delà des conclusions et des
applications rigoureuses : dans une seconde et très-prochaine communica-
tion je ferai connaître des expériences également rigoureuses et qui ex-
pliquent la véritable nature d'un phénomène très-connu en électro-physio-
logie, c'est-à-dire de la production d'un courant électrique dans un nerf
au delà des points électrolyséset dans la direction du courant électrolysant.
» En achevant cet extrait, je ne puis m'empècher de faire remarquer com-
bien nos connaissances sur les phénomènes électro-physiologiques doivent
gagner en étendue et en clarté à l'aide du principe du pouvoir électro-
moteur secondaire des nerfs et de ses effets électriques et chimiques. Nous
savons que la présence des alcalis dans l'organisme favorise les actes chi-
miques de la nutrition ; par conséquent, ce n'est pas trop s'abandonner à
des vues hypothétiques que d'imaginer que les ramifications nerveuses
recouvertes d'une couche alcaline à la suite de l'électrolysation sont ainsi,
comme l'expérience le prouve, dans des conditions plus favorables pour
exciter la respiration et la contraction musculaire, que ne le sont les ra-
mifications nerveuses chargées d'acide. »
MÉTÉOROLOGIE. — Note sur tes orages du sud-est; par M. J. Fourxet.
« Depuis Mariotte, on a admis que le vent de sud-ouest est notre vent
essentiellement orageux, et en effet, à ma connaissance, on n'a jamais
signalé un orage, dans la plus grande partie de la France, sans que les nuées
fussent poussées par ce vent. Je dis les nuées, car il importe pour notre
objet actuel de faire abstraction des vents inférieurs.
» Toutefois, en i845, pendant un voyage que je faisais dans le Tyrol,
j'eus à supporter un orage de sud-est, et mes idées trop absolues au sujet de
la puissance exclusive du sud-ouest commencèrent à se modifier; mais
avant de hasarder une opinion sur un fait isolé, j'eus recours à l'inépuisable
complaisance de M. Boue. Habitant près de Vienne, dans la partie où les
plaines de l'Autriche vont se fondre à celles de la Valachie et de la Hon-
grie, et par suite dans une région où le vent de sud-est peut pénétrer
( 'S? )
librement, il devait, mieux que tout autre, nie permettre d'espérer une
solution satisfaisante.
» Par sa réponse, j'appris que, dans cette région, les orages du sud-ouest
sont les plus nombreux, ceux du sud-est n'étant pas exclus. Dès lors, mes
incertitudes cessèrent et j'eus, de plus, une sorte de mesure de la puis-
sance relative de chacun de ces deux agents.
» Plus tard, en i855, en traversant l'Esterel, je fus de nouveau assailli
par le sud-est, et comme, au point de vue de notre météorologie, la ques-
tion de son entrée dans les parties méridionales du bassin du Rhône était
d'une importance majeure, je m'adressai à MM. Zurcher et Margollé, de
Toulon. Les données de ces météorologistes distingués furent conformes
à celles de M. Boue.
» Enfin, avec les renseignements que me procura M. Bonnet, ingénieur
en chef des Ponts et Chaussées, et ceux que je recueillis dans la Statistique
des Bouches-du-Rhone de M. Toulouzan, je pus arriver jusqu'aux plaines de
la Cran ; mais comme, au delà de ces parties riveraines de la Méditerranée,
il n'est plus question que du sud-ouest, je dus admettre qu'il faut des cir-
constantes exceptionnelles pour que le vent oriental dépasse leBhône. Ainsi
en fait d'orages le reste de notre pays constitue le vrai domaine du vent
occidental.
» Libre désormais de mes anciennes préoccupations, je puis entrer dans
les détails sur les particularités de nos orages tyroliens et provençaux. On
aura bientôt saisi les différences, malgré l'apparente identité de leurs
vents; mais aussi on remarquera qu'il ne s'agit jusqu'à présent que de
deux faits, dont il serait téméraire de tirer des conclusions trop générales.
Mon but consiste surtout à diriger l'attention des observateurs vers une voie
nouvelle, laissant à l'avenir le soin de préciser les lois qui régissent ces
météores.
■> Orages tyroliens. — Les météorologistes qui ont l'avantage de posséder
les belles cartes de Berghaus s'assureront facilement de l'existence d'une
bande teintée en noir et étendue sur les Alpes orientales. Elle représente
une zone à pluies nombreuses et abondantes, qui est aussi celle que j'avais
à traverser pour me rendre de Trente à Predazzo, en août 1 845.
» L'orage en question commençait à se manifester, pour moi, au moment
où j'allais quitter Trente, le 27 août, car, dans la nuit, j'entendais le ton-
nerre et je voyais des éclairs au nord comme au sud.
« Le 28 au matin, la pluie était forte; puis à Lavis, le ciel demeurait cou-
vert d'un épais et sombre stratus poussé par le nord-ouest. Enfin, à 3 heures
( i58 )
du soir, sur le chemin de Cembra, la pluie reprenait de façon à devenir bat-
tante, et dans la nuit la neige couvrit les sommités qui dominent la vallée
de l'Avisio.
» Le 29, à 6 heures du matin, la pluie était momentanément arrêtée, de
façon que je pus arriver à Valda, sans avoir autre chose en vue que le
cumulo-stratus bas du nord-ouest, avec quelques ondées par intervalles.
Mais, à 8h3ora, un coup de vent sud-est provoqua un surcroît d'inten-
sité pluviale. La route se défonçait sous mes pieds; des éboulis survenaient
à côté de moi; les torrents se glorifiaient en charriant des arbres, et, au lieu
de se modérer, l'exaspération devenait croissante, à 1 1 heures du matin
vers Cipriana. D'ailleurs, les nuées affluant toujours du sud-est, pendant
toute la soirée, le mal allait croissant au lieu de s'amoindrir le soir. Enfin,
à Cavalèse, où je dus coucher, j'appris que ce mauvais temps durait depuis
l'instant où j'avais vu les éclairs de Trente.
» Le 3o, à Cavalèse, la pluie était arrêtée à 7 heures du matin, mais les
nuages venant encore du sud-est, elle reprit à 8 heures par un stratus uni-
forme. Cependant, vers 3 heures du soir à Tesero, le nord-ouest reparut, de
façon à remplacer les calmes du sud-est; mais aussi il ne fit qu'augmenter
l'intensité des pluies, si bien que j'arrivai à Predazzo vers 4 heures du soir,
pendant une énorme averse. Enfin, cette infernale intempérie ne cessa que
dans la nuit par suite de la prépondérance qu'acquérait le nord-ouest, qui
me permit de continuer tranquillement mon voyage dans les journées sui-
vantes. Jusqu'alors, j'étais si bien mouillé, malgré mon manteau, qu'il
fallait à chacune de mes stations, vers midi et le soir, me déshabiller pour
faire sécher mes vêtements. Il était inutile d'ouvrir le havre-sac, son
contenu se trouvait aussi consciencieusement trempé que le reste.
» Il m'est donc permis de dire que bien rarement autour de Lyon j'ai
vu une pareille persistance dans la conduite d'un temps orageux. Ici une
colonne passe, et le tonnerre cesse de se faire entendre. S'il en revient une
seconde, puis une troisième, c'est avec un intervalle de repos et, de plus,
la partie intense du phénomène est limitée. Là-bas, au contraire, le tonnerre
était tantôt lointain, tantôt rapproché, à droite ou à gauche, devant ou
derrière, sans aucun siège appréciable, sans modulations, comme diffus
d'un côté ou de l'autre, bien qu'il y eût quelques coups violents.
» Les intervalles de temps entre les roulements étaient d'ailleurs assez
longs, et surtout on n'apercevait pas les éclairs correspondants, ou bien
ceux qui apparaissaient de loin en loin se montraient très-ternes. En un
mot, tout indiquait une grande uniformité, une extrême densité dans la
( i59 )
couche des nuages, manière d'être que démontrait d'ailleurs le seul aspect
de son ensemble; par suite, ces explosions rentrent parfaitement dans le
cadre des tonnerres sans éclairs d'Arago.
» On a vu que le sud-est a régné en haut, depuis son installation par le
coup de vent du 29 matin, jusque dans la soirée du 3o. C'était donc lui qui
amenait les vapeurs de l'Adriatique, et, s'il s'est montré fort calmeau milieu
de la vallée de l'Avisio, on ne peut guère expliquer le fait autrement qu'en
faisant intervenir le profond encaissement du bassin entre de hautes crêtes,
en même temps que sa faiblesse générale. En un mot, aucune tempête ne
s'est manifestée.
» D'ailleurs, ce calme a été la cause de la production d'un autre phéno-
mène, savoir, celui de l'établissement de brouillards locaux qui m'envelop-
paient subitement, de sorte que je dus les considérer comme se formant sur
place, mais sans pouvoir découvrir la cause qui les faisait nailre. Tombait-il
alors des pluies plus froides qu'en d'autres moments ? Quelques torrents
latéraux apportaient-ils avec eux les eaux réfrigérantes des hauteurs ?
S'agissait-il de certaines expositions tièdes et évaporantes ? Ce sont là autant
de questions qu'il était impossible de résoudre dans ma situation.
» Cependant ils ne demeuraient pas immobiles, même pendant les plus
grands calmes. Loin de là, ils montraient une grande tendance à toujours
monter et, en sus, leur ascension devenait très-rapide pendant les pluies les
plus fortes. Je ne pus donc les comparer mieux qu'avec les colonnes bru-
meuses qui s'élevaient, le 16 septembre i83g, dans le fond du Val-Sésia,
autour d'Alagna, après les énormes pluies par lesquelles fut dévastée la
région du Simplon et du mont Rose. Celles-ci, que je pouvais voir tour-
billonner gravement près de moi, affectaient les formes de colonnes torses, eu
produisant l'effet d'immenses vis mises en mouvement pour rattacher le
ciel à la terre.
» Orage provençal. — Avant de détailler les particularités du phénomène
tyrolien, j'ai annoncé que celui de la Provence en différerait d'une façon
très-notable. Il eut surtout cela de remarquable, que l'électricité se dégageait
non-seulement des nuages, mais aussi du sol, coïncidence assez rare, sans
l'être pourtant au point de devoir être considérée comme une merveille.
» C'est pourquoi, sans m'arrêter davantage sur ce sujet, j'explique qu'en
allant de Marseille à Nice je quittai la première de ces villes le 3 sep-
tembre i8/j5, par un temps plus ou moins couvert, pluvieux, les nuages
arrivant du sud par des températures de 24°, 3 a 22°4, observées à Auriol
et au Plau-Rougier.
( i6o )
» Le 4, entre midi et 2 heures du soir, ces nuages tournèrent au sud-est
et, à la nuit tombante, au delà du Luc, les éclairs apparurent sur tous les
points visibles de l'horizon, se succédant coup sur coup, souvent très-
élendus, diffus, blancs, quelquefois roses, avec quelques traits de foudre el
par un veut faible.
» A notre arrivée sur l'Estérel, l'averse devint plus violente; des illumina-
tions étranges, dont le bruit se confondait avec celui de la pluie, sortaient
des buissons ou des arbres, semblables aux feux que pourraient produire
des tas de poudre allumés à de courts intervalles, et la foudre tombant
même sur la route à quelques pas de distance, le postillon et le conduc-
teur durent conduire les chevaux à la main, afin d'éviter les accidents.
L'orage continuait encore à Draguignan et ne cessa qu'à 4b 3oIU du matin,
avec le jour naissant. Je note d'ailleurs expressément qu'à 6 heures du
matin, à Cannes, des cumuli bas cheminaient encore du sud-est, se
détachant de la région alpine et s'avançant vers le zénith sous un ciel du
reste assez pur, blanchâtre, avec un soleil un peu pâle. Ce fut seulement à
o, heures du matin, par une température de 22°,8, au Pont-du-Var, qu'il
me fut possible de distinguer des cumuli progressant avec lenteur, les uns
de l'est, les autres de l'ouest, la brise inférieure demeurant toujours faible.
Enfin à Nice, sous les influences d'un soleil ardent et d'une température
très chaude, l'éclaircie s'était complétée de façon à produire un ciel bleu
dans lequel n'apparaissaient que de rares files de cumuli cheminant tous
de l'ouest assez vite. Il s'agissait donc réellement, durant l'orage, d'ex-
plosions électriques produites par le sud-est, circonstance qui s'accorde
avec des données communiquées depuis par MM. Zurcher et Margollé
pour ces contrées riveraines de la Méditerranée.
)> Chemin faisant, je profitai de ces éclairs si amples^ si lents et si mul-
tipliés pour examiner la polarisation de leur lumière. Elle m'a paru
constamment nulle, qu'ils fussent blancs ou roses ; les deux anneaux du
polariscope n'indiquaient que des teintes correspondantes, ainsi que je
devais d'ailleurs m'y attendre, et j'ajoute que c'est la seule occasion dans
laquelle il m'ait été possible de réaliser l'expérience recommandée par
Arago. En effet, dans les circonstances ordinaires, les éclairs trop instan-
tanés, trop peu rapprochés, ne laissent guère le temps de viser assez
juste pour permettre d'asseoir un jugement convenable. Je suppose même
que, si l'illustre physicien, richement pourvu en instruments, a laissé à
d'autres le soin de réaliser son idée, c'est qu'il s'est trouvé aux prises avec
les mêmes difficultés que moi.
( i6i )
» Remarques finales. — Laissant désormais de côté les détails de mes
observations, pour ne m 'arrêter que sur les faits essentiels, je fais remarquer
que mes deux orages du sud-est présentent des phénomènes tellement
ressemblants à ceux du sud-ouest, qu'il n'y a pas lieu de discuter sur leur
identité, malgré la provenance disparate des vents respectifs.
» Ceci posé, je rappelle que le sud-ouest, étant le contre-alizé de notre
hémisphère, joue, par cela même, un rôle des plus simples. Il nous amène,
de la manière la plus directe, les vapeurs ainsi que l'électricité des espaces
intertropicaux et surtout celles du golfe mexicain.
» Il n'en est pas de même du sud-est, que sa marche, de même que celle
de son contre-courant, ne met pas directement en rapport avec nos contrées.
En tout cas, pour y arriver, il doit venir du côté de l'Asie où il aurait à
vaincre les obstacles qui lui sont opposés par les zones dites des calmes,
de l'alizé nord-est, et même par les moussons alternantes de l'océa/) Indien,
difficultés d'autant plus grandes que ce sud-est n'est, à proprement parler,
qu'un vent des régions basses de l'atmosphère.
» En présence de ces complications, il s'agit, sinon de renoncer com-
plètement au sud-est océanique, au moins de lui trouver un passage com-
mode, et, dans l'hypothèse d'un rejet radical, il faut découvrir nii espace
capable de le faire naître, tout en lui offrant une issue jusqu'aux contrées
orientales de l'Europe.
» Eh bien! en jetant les yeux du côté voulu, on voit tout d'abord le
massif abyssin, véritable barrière où les brises partout dérangées par de
hautes sommités, par de puissants contre-forts, par des vallées profondes,
ne sont guère susceptibles d'affecter une marche normale.
» D'autre part_, davantage vers l'est, surgit l'immense Himalaya avec
ses ramifications où les mêmes causes doivent reproduire les perturbations
indiquées pour l'Abyssinie.
» Mais comme, entre ces deux groupes montagneux, se trouvent les
dépressions de la mer Rouge, des golfes d'Oman et Fersique, ainsi que le
bas plateau de l'Arabie, on voit qu'en définitive c'est là qu'il faut spé-
cialement diriger son attention.
» Or, ce plateau doucement déclive vers le golfe d'Oman est parfaitement
disposé pour donner naissance à des vents particuliers. Là règne, entre
autres, l'impétueux et brûlant samyel, qui étale au loin les sables issus de
la mer, de façon à stériliser une partie de sa surface. S'avançant même jus-
qu'à la mer Rouge, ces formidables tourbillons s'abattent sur les ponts
des vaisseaux qu'ils couvrent de leurs poussières ardentes.
C. R., 1867, -2e Semestre. (T. LXV, N" 4.1 2 I
( i6a )
» D'ailleurs, la concavité qu'occupe cette mer est précisément orientée du
sud-est au nord-ouest, et de plus, ses moussons, loin d'affecter les directions
de celles du littoral indien, alternent dans les deux sens indiqués par son
encaissement. Plus particulièrement, du côté de l'Yémen, ce sud-est qui
règne pendant huit mois est si violent, qu'il rend impossibles les communi-
cations entre ports, pour les petits navires marchands.
» C'est donc ici que je suis porté à chercher le principal point de départ
du vent en question. Plus loin, la Méditerranée et surtout l'Adriatique,
également alignée du sud-est au nord-ouest sur l'axe de la mer Rouge, lui
livrent leurs vapeurs qui en font le siroco dalmate ou italien, chaud, éner-
vant, et amenant dans les saisons froides des brumes fréquemment accom-
pagnées de tonnerre et d'éclairs.
« Plus loin, les Alpes lui opposent leurs altitudes ; mais comme elles
s'abaissent vers la Méditerranée, c'est encore vers leur bout maritime que
le sud-est pénètre dans la Provence où nous avons observé son caractère
orageux, tandis que les parties de son courant qui vont se heurter contre
les Alpes orientales y déposent les immenses pluies mentionnées dès le
début.
» Toutefois, si la barrière alpine préserve l'intérieur du bassin du Rhône
contre les excès, son influence n'est pas pour cela absolue. En effet, nous
ne sommes pas entièrement à l'abri du vent torpéfiant, et d'autre part, dans
les averses de nos débordements, celui-ci intervient avec le sud-ouest et le
sud, de manière à composer un ensemble à la fois chaud et humide. Ce
concours n'est pas oublié dans la description de la grande tempête qui fait
dire à Virgile
Una Eurusque Notusque îuuut, creberque procellis
Africus
et pourtant il y manque quelque chose qu'Homère n'a pas oublié. C'est le
/toréas, qui est nécessaire pour effectuer la condensation des vapeurs apportées
par les trois autres. A mon avis, cette addition suffit pour faire ressortir la
supériorité du marin grec sur le colon latin, envisagés au point de vue du
génie observateur que l'on accorde à tous les deux.
» Enfin de longues explications ne seront pas nécessaires pour faire com-
prendre que, du moment où les évaporations de la mer des Antilles, du
golfe mexicain et de l'Atlantique ont été considérées comme suffisantes pour
constituer les colonnes électriques du sud-ouest, la même puissance doit
être accordée aux émanations des golfes Persique, Arabique, delà Médi-
terranée et de l'Adriatique. En cela pourtant il sera nécessaire de tenir
( i63)
compte des différences qui existent entre les surfaces et les températures res-
pectives ; mais les appréciations de ce genre étant faciles, on se sera bientôt
expliqué comment il se fait que, même en Italie et en Autriche, le sud-est
est moins souvent orageux que son antagoniste, et par là se complète
notre tâche du moment. »
Sm David Brewster fait hommage à l'Académie de deux Mémoires
extraits des Transactions de la Société royale d'Edimbourg, et relatifs, l'un aux
couleurs des bulles de savon, l'autre aux figures d'équilibre des lames
liquides.
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com-
mission qui sera chargée de décerner les prix de Médecine et de Chirurgie
(fondation Montyon) pour l'année 1867.
MM. Velpeau, Cloquet, Serres, Rayer, Nélaton, Andral, Robin, Longet,
Cl. Rernard, réunissent la majorité des suffrages.
MEMOIRES LUS.
PHYSIQUE. — Note sur un nouveau siphon; par M. Zaliwski-Mikorski.
(Extrait.)
« Le mode ordinaire d'amorcement du siphon par aspiration menace
d'introduire dans l'organisme des substances nuisibles; avec le système que
j'ai l'honneur de présenter à l'Académie, au lieu d'aspirer, on souffle.
» Pour cela, à l'extrémité inférieure de la petite branche, un tube acces-
soire s'adapte de bas en haut. On souffle par ce tube, le liquide monte et
l'instrument s'amorce. Il suffit que la partie coudée ne soit pas trop éloignée
du liquide.
» Cet instrument pourra trouver place dans les laboratoires, pour trans-
vaser les acides. Lui seul, d'ailleurs, m'a permis de résoudre le problème
des piles à auge à deux liquides, car ici ce n'est pas assez de vider chaque
liquide séparément, il faut encore agir commodément et sans danger. "
21..
( '64 )
HYGIÈNE APPLIQUÉE. — Etude comparative des résultats de l'élimination des
eaux publiques dans les villes de Paris, Vienne, Londres, Marseille et Venise;
parlSl. G. Grimacd, de Caux.
« Le présent travail est la continuation de mes études concernant l'hy-
giène des grandes villes. Il fait suite aux Notes que j'ai eu l'honneur de
présenter à l'Académie sur le même sujet, et dont deux sont relatives à la
construction d'une carte hygiénique de la France (i).
» Une conséquence capitale de l'exercice de la vie dans les êtres orga-
nisés, c'est la séparation continuelle d'un caput mortùum qu'il faut ou éloi-
gner ou neutraliser au fur et à mesure qu'il se produit.
» Dans certains cas, il est entraîné par les eaux publiques dans les voies
ouvertes à leur élimination. Mais, quel que soit le mode, il en résulte des
difficultés qui varient selon les pays et s'accroissent toujours en raison
directe de la population concentrée dans une même localité.
» Les conditions du problème sont donc variables.
» A Paris et à Vienne, villes situées sur de grands cours d'eau, ce sont
les fleuves cpii contribuent principalement à l'élimination. Ici, une circon-
stance est à noter : le volume et la vitesse de l'eau sont [dus grands dans le
Danube que dans la Seine, tandis que c'est le contraire pour la population,
quatre fois moins nombreuse à Vienne qu'à Paris, ce qui fait, pour Paris,
une masse plus considérable de matières, et, pour les emporter, un cours
d'eau moins rapide et moins abondant. Mais, dans l'une et l'autre ville, les
conditions hygiéniques n'en réclament pas moins des améliorations fonda-
mentales, ayant pour objet surtout '< de ne plus corrompre les rivières (a). »
» A Londres, la situation est plus grave encore. C'est également à la
rivière qu'on a confié l'élimination. Mais la ville est située au fond d'un
golfe, à l'entrée de la grande mer, et la Tamise vient, avec son cours lent, se
perdre dans l'eau salée au beau milieu de cette capitale, juste au point où
l'Océan ne fait plus sentir l'influence de ses puissantes marées. Là, l'eau
douce, repoussée par l'eau salée à marée haute, reste stationnaire et fait
(1) Comptes rendus, t. LVI, p. 820 et 1023, et t. LX, p. 616.
(2) « On ne veut plus corrompre les rivières pour assainir l'air. Ou reste, toute agglomé-
ration urbaine considère d'abord le coins d'eau sur lequel elle s'est établie comme un égout.
Elle ne renonce à celte opinion qu'au moment où l'infection de la vase la met en péril, ce
qui arrive tard si le cours est rapide, plus tôt s'il est lent. » [Rapport adresse au nom delà
Commission des engrais à S. Exe. M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des
Travail c publics, par AI. Dumas, Sénateur, Vice-Président de la Commission; t. II de l'en-
quête, p. XXVIII. )
( '65 )
fonction d'étang deux fois par jour. Pendant ces moments de tranquillité,
où le flot étale, les troubles apportés par les égouts vont au tond et se
déposent naturellement le long des rives, obéissant seulement aux lois de
la pesanteur. Dans le principe, les inconvénients de cette situation ne se
sont point manifestés, la population étant relativement peu considérable.
Mais un jour est arrivé où 3ooooo maisons, peuplées de 3oooooo d'habi-
tants, sont venues verser leurs produits dans les égouts, et la Tamise a
dû recevoir quotidiennement, non sans danger pour la santé publique,
plus de 400000 mètres cubes de matière à fermentation et à miasmes.
» Tel est l'état de Londres aujourd'hui. On a cherché à y remédier, en
portant les efforts de l'élimination jusqu'à l'endroit où le flot de la mer,
au-dessous de Londres, se faisant sentir dans toute sa pureté, le courant
ne manifeste plus trace d'eau douce. Il doit être permis de rappeler que
l'indication de ce procédé neutralisateur a eu lieu ici même, il y a sept ans.
(Voyez Comptes rendus, t. L, p. 1 47 • ) Nous dirons comment aujourd'hui il
y aurait encore autre chose à faire.
» Marseille aussi est côtoyée par l'eau salée; de plus, ses édifices em-
brassent, sur une longueur de plus d'un kilomètre, un port intérieur abri-
tant constamment de nombreux navires. Les trois quarts des rues de cette
grande et belle cité sont disposées sur le penchant de plusieurs collines,
formant des vallées dont les thalweg rayonnent vers le port intérieur,
comme vers leur centre véritable. Le port intérieur reçoit ainsi les affluents
de la plus grande partie de la ville. S'il y avait un flux et un reflux, s'il y
avait un courant, une pareille disposition topographique serait éminem-
ment favorable à l'élimination. Mais l'eau du port n'est point renouvelée
par le flot. Les inconvénients résultant de cet état de choses étaient déjà
sensibles en 1779. Nous avons là-dessus le témoignage du Dr Ray-
mond, dans les Mémoires de l'Académie royale de Médecine, grande autorité
alors. Aujourd'hui, d'un côté la population de Marseille est six fois plus
considérable; et, d'un autre côté, par le développement du commerce, le
port est encore plus garni. Aussi, nul ne le conteste, l'inconvénient est bien
près de devenir un danger.
» On suppose qu'en introduisant, par jour, dans le port intérieur, un vo-
lume d'environ i3o 000 mètres cubes d'eau de la Durance, i5oo litres par
seconde, on y établira un courant susceptible de remédier à tout. Mais, en
agissant ainsi, on ne ferait que substituer un mal à un autre. L'eau douce
venant peu à peu prendre la place de l'eau salée, au moins en partie, le
danger pour la salubrité publique serait considérablement accru. L'eau
( '66 )
salée en effet neutralise les matières fermentescibles, tandis que l'eau douce
en favorise le développement, et nul n'ignore combien le mélange des eaux
douces avec des eaux salées est funeste aux populations soumises à leur
influence.
» Ainsi à Marseille, quoique la mer soit tout près, l'élimination n'est
pas dans des conditions normales. Heureusement, il y a des moyens cer-
tains, non pas seulement de garantir, mais encore d'accroître la salubrité
générale. Avec son port intérieur, Marseille est dans les conditions des cités
qui ont des rivières à leur portée; or, de même que, dans le Rapport déjà
cité, M. Dumas a dit avec tant de raison : « On ne veut plus corrompre
» les rivières pour assainir l'air, » de même il faut qu'à Marseille on dise :
a On ne veut plus corrompre le port, » car le salut du port et celui de la
ville sont à ce prix.
» Venise, je ne fais que le rappeler, est située au milieu de l'eau salée,
dans une lagune demi-circulaire, où la marche du flot entrant par les
divers ports a déterminé la formation de trois bassins. Le bassin du milieu
est parfaitement salubre ; il est alimenté exclusivement par l'eau de mer.
Les deux bassins latéraux le sont infiniment moins, parce que les eaux
douces affluentes, rejetées par de grands travaux aux extrémités de l'hémi-
cycle, y font sentir leur influence. J'ai détaillé les circonstances de ce fait
hygiénique très-remarquable dans une lecture intitulée : Du climat, et en
particulier des lieux de Venise (Comptes rendus, t.:LVII, p. 89). Je le rappelle
ici, parce qu'il constitue une démonstration permanente de deux vérités
capitales, savoir: que l'eau salée est un agent des plus précieux pour dé-
barrasser instantanément les populations des substances qui constituent la
matière de l'élimination, et que, par tout pays, le mélange des eaux douces
avec les eaux salées est une cause certaine d'insalubrité.
» Depuis mille ans, à Venise, l'élimination se fait dans les canaux, au
pied même des habitations. Quelle accumulation de matières fermentes-
cibles n'aurait-il pas dû se former, et quels dangers n'aurait pas courus
une population condensée dans un espace relativement très-exigu, si l'eau
de mer n'avait pas été un puissant élément de neutralisation? Venise est
donc dans des conditions normales quant à l'élimination. Mais de ces con-
ditions elle retire seulement le bénéfice, à la vérité immense, qui se rap-
porte à la salubrité de l'un des trois éléments de son climat.
» Résumé. — A Paris et à Vienne, c'est par des cours d'eau et dans des
fleuves que se fait l'élimination.
» A Londres, c'est par un cours d'eau douce confinant à l'eau salée.
( '67 )
» A Venise, c'est exclusivement par l'eau salée.
» A Marseille, la majeure partie des produits de cette élimination se
rend dans un port intérieur, exposé à recevoir de plus en plus l'influence
de l'eau douce.
» Comme on le voit, les conditions sont très-diverses; mais il y a ici un
lien scientifique commun. Les principes qui ressortent. du sujet présent
intéressent au suprême degré l'hygiène générale, la haute hygiène; sans
compter que (on le verra sans peine) l'influence de leur application ne
saurait être bornée à l'hygiène seulement. Mais il faut démêler ces prin-
cipes des faits qui les révèlent, et, si l'Académie veut bien le permettre, je
consacrerai à cette étude une prochaine communication. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Equations des petits mouvements des milieux
isotropes comprimés ; par M. Roussinesq.
(Commissaires : MM. Duhamel, Bertrand, Fizeau.)
« Concevons un milieu homogène et isotrope, parfaitement élastique ou
non. Pour fixer les idées, supposons-le de forme rectangulaire, et prenons
trois axes de coordonnées x, y, z parallèles aux trois arêtes. Admettons
qu'on soumette les dçux faces perpendiculaires aux x à une pression nor-
male et constante représentée par P, sous l'unité de surface, et de même
les faces perpendiculaires aux y et les faces perpendiculaires aux z à des
pressions V, et P3. Les déplacements correspondants aux positions d'équi-
libre que prendront les molécules seront de la forme
(i) u = ax, v±=by, w — cz.
Nous supposerons les coefficients a, b, c assez petits pour qu'on puisse
négliger leurs carrés et leurs produits. Le corps ne sera généralement plus
isotrope par rapport aux nouvelles positions d'équilibre. Si même il n'est
pas parfaitement élastique, ces positions, ainsi que les formules de ses forces
élastiques et les équations de ses petits mouvements, changeront avec le
temps. Quoi qu'il en soit, pour tous les corps exactement pareils et soumis
aux mêmes pressions, ces positions, ces formules et ces équations se trou-
veront les mêmes au bout d'un même temps : elles seront, pour tous, les
mêmes fonctions de P,, P2, P3 ou des coefficients a, />, c des premiers
déplacements d'équilibre.
( i68 )
« Cherchons les équations des petits mouvements de ces corps, un cer-
tain temps (le même pour tous) après que l'on a eu appliqué les pressions
extérieures. Nous appellerons u, v, w les projections sur les axes des dépla-
cements par rapport aux positions d'équilibre [x, y, z) au moment consi-
déré.
» Les milieux seront restés homogènes, et ils seront même symétriques
par rapport aux plans coordonnés; car les déplacements primitifs (1) pro-
duisent des effets de rapprochement ou d'écartement exactement pareils
dans toute l'étendue de chaque corps, et ils auraient la même expression
si on prenait, au lieu d'un quelconque des axes, son prolongement. Donc
les modifications survenues dans la constitution physique du corps, à la
suite de ces déplacements, sont les mêmes partout, et s'exprimeraient de la
même manière si l'on changeait le sens d'un quelconque des axes.
d2 II
» La première équation du mouvement doit donner l'accélération — - en
fonction linéaire des dérivées partielles du second ordre de u, v, w en
x, y, z. Si on observe qu'on a le droit de changer x en — x et u en — u,
ou y en — y et v en — v, ou z en — z et w en — w, sans que cette équation
varie, on la mettra sous la forme
d"u . d'u .. d'u d'u _ d2v _, d2w
dp dx2 dy2 dz2 dxdy dxdz
Chacun des coefficients A, B,... aura deux parties : l'une identique à la
valeur du coefficient dans le milieu primitif isotrope-, l'autre, très-petite,
dépendant de a, b, c. Celle-ci se composera de trois termes, qui seront
respectivement en a, b, c. Comme le milieu primitif était isotrope, la pre-
mière équation du mouvement restera la même si les deux axes des y et
des z échangent leur nom, c'est-à-dire si on permute à la fois y et z, v et w,
b et c. Il faut donc que, daus l'expression de A, b et c aient même coeffi-
cient. Pareillement, a aura coefficient égal dans l'expression de B et dans
celle de B, ; b et c auront respectivement dans B mêmes coefficients que
c et b dans B, ; enfin a dans C et C,, b dans C et c dans C,, c dans C et b
dans C, auront encore deux à deux coefficients égaux.
» D'après cela, désignons la somme a-h b -h c par Sa, et nous pourrons
mettre les expressions de A, B,... sous les formes suivantes :
B =ix-hpu-\-ab-h xSa,
B,= [j. -+- pa -\- ce -+- zSa,
C = ). + \x -t- l'a + vb -+- r'Sa,
C,= À + fjH-À'fl + vc + r'Sa,
A = X -+- 2/x -+- pa -+- aa -+- rSa -+- l'a ■+■ v« + r'Sa ■+■ ka ■+■ k'Sa.
( I&j )
La première équation du mouvement deviendra
d' U /i /r. r / n dO i o x .
— = (A + u. •+- r Sa -h X rt) y- -+- (//, -+- rSrt -+- pa) A, <■/,
a-^ -h b — -h c-—) -+- v — ; 1- ika + k'Sa -— ■
d.r' dy' dz' j d.r x ' d.x'
ht J ' • e± ii i_ ' an .du dv dw _, du
JNous désignons, ahn d abréger, par 0 I expression - — h - — | , par Sa —
° o ' i i ,./,. (iy (iz r r/a.
., . du , du dw , ., . d'u d2u d'u
1 expression a - — \- h - — h c — et par A, u 1 expression — — + 1 — — .
r d.r dy dz l r d.r- dy1 dz-
» La deuxième et la troisième équation du mouvement se déduiront
de celle-là par une et par deux permutations circulaires, effectuées sur les
lettres x,)', z; u, r, \v; <-z, b, c. Cela résulte de l'isotropie du milieu pri-
mitif.
» Supposons que les deux quantités a et b soient égales. Alors les pre-
miers déplacements d'équilibre garderont la même expression si on fait
tourner d'un angle quelconque, autour de l'axe des z, le système des deux
autres axes coordonnés. Donc le milieu, après sa déformation, sera isotrope
par rapport à l'axe des z, et les équations de son mouvement devront rester
les mêmes si on fait tourner d'un très-petit angle autour de cet axe le
système des deux autres. Il est aisé de voir que cette condition revient à
poser
ka -+- k'Sa = o,
ou bien, a et c étant quelconques,
k = o, k' = o.
Remplaçons, pour simplifier, X -+- [j. -+- r'Sa par X, et \j. -+- rSa par u. ; les
équations définitives des mouvements seront
d. Sa —
d'u ,- -, , <78 , . . / d'u ,d'u d'u \ d.r
c du
d ■ S a. —
d-v ,. ,,,.<-/? , ... / d'v , d'v d'f\ d.r
— ={l + Xb)-+([i + pb)*iV + c(a — +/,— +c-^- j + v-j^- ,
du
, , d.Sa —
d'à' dO , . . I d2K' . d'.iv d!ir\ d.r
» Je montre, dans le Mémoire d'où sont extraites ces équations, que le
milieu pourra propager dans chaque direction une onde plane quasi longi-
C. R., 1867, s* Semestre. (T. LXV, N° ■i.) 9-a
f 170 )
tudinale et deux ondes planes quasi transversales, régies par des lois qui
comprennent, comme cas particuliers, celles de la double réfraction dans
la théorie de Fresnel et dans la théorie de MM. Mac-Cullagli et Newmann. »
M. A. Gérard adresse de Liège : 1" deux Notes relatives à un nouveau
crochet pour relier entre eux les wagons des chemins de fer, et à un nou-
veau système de traction; i° une Note sur les pendules électromoteurs et
le télégraphe autographique, exposés par lui en ce moment au Champ de
Mars.
(Renvoi à la Section de Mécanique, à laquelle M. Edm. Becquerel est prié
de s'adjoindre.)
M. Abeille adresse un Mémoire « sur le traitement médical du croup ».
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
M. Pool adresse, sur les matières explosibles qu'il a obtenues, de nou-
veaux documents qu'il désire soumettre à la Commission chargée d'exami-
ner sa communication du 17 juin dernier.
Cette Note sera renvoyée, comme les précédentes, à la Section de Chimie.
M. Triger adresse une Lettre concernant son travail sur les profils des
chemins de fer de l'ouest de la France transformés en coupes géologiques,
travad pour lequel une Commission a été précédemment désignée.
Cette Lettre sera transmise à la Commission, qui se compose de MM. d'Âr-
chiac, Ch. Sainte-Claire Deville, Daubrée.
CORRESPONDANCE .
PHYSIQUE. — Sur un moyen pratique de déterminer les constantes vollaïqucs
d'une pile quelconque. Note de M. J. Rayxac», présentée par M. Edm.
Becquerel.
« On détermine, en général, les constantes voltaïques d'une pile, par
rapport à celles d'un élément constant, en comparant les intensités des
courants produits dans des circuits dont on fait varier la résistance, inten-
sités que l'on mesure à l'aide de boussoles des sinus ou des tangentes. Ce
procédé présente de nombreuses difficultés dans l'application. La méthode
suivante permet de substituer aux boussoles un galvanomètre sensible, et
se réduit à ramener exactement l'aiguille aimantée à la position o° — 1800,
( >7< )
en faisant varier convenablement la résistance des circuits que l'on com-
pare : elle est analogue à la méthode de mesure des résistances des con-
ducteurs, bien connue sous le nom de pont de T'Vheathtone.
» i° On forme deux piles distinctes avec les éléments dont on cherche la
résistance, l'une de ri, l'autre de n' éléments, 72 étant >«'. Les pôles de
même nom sont réunis ensemble; les pôles négatifs communiquent direc-
tement avec la terre; les pôles positifs communiquent aussi avec la terre,
mais par l'intermédiaire d'un rhéostat. Enfin on place un galvanomètre sur
le trajet du fil qui réunit les pôles positifs. R étant la résistance à donner
au rhéostat pour que l'aiguille reste au zéro, E et E' les forces électro-
motrices des deux piles, et r la résistance propre de la pile E, on a, d'après
le» lois de Ohm ou de Kirchhoff,
E'=E*tIf
Si E = ne, E' = n'e et r = nx, on a
d'
ou
R (n
X = ! —
» Cette méthode est indépendante de la résistance de la petite pile E' et
de celle du galvanomètre; de plus, le courant de E' étant nul, cette pile
n'éprouve aucune polarisation. Enfin, si n et n' sont suffisamment grands,
R peut varier dans des limites assez étendues sans que la valeur de x en
soit affectée notablement.
» En l'appliquant à la mesure de la résistance d'un élément Daniel!,
modèle télégraphique en service, la pile E étant de 5o éléments, et prenant
E' successivement de 47» 46, 45, etc., et enfin de i élément, la valeur de
la résistance x a toujours été comprise entre 10 et 1 1 unités mercurielles (*).
» 2° La résistance r d'un élément constant étant déterminée ainsi, on
pourra comparer la force électromotrice E' de, piles très-petites à la force
électromotrice E d'un élément constant. Ce moyen me paraît très-propre
à faire connaître, à un moment donné, la force électromotrice de courants
tels que ceux produits par l'attaque de l'eau de mer sur les métaux, etc.
» 3° On peut enfin passer facilement de cette méthode à celle dite de
( ) L'unité mercurielle est une colonne de mercure de i millimètre de diamètre et de
i mètre de longueur à zéro (unité Siemens).
22..
( tp )
compensation de Pogqendorff. En effet, E et /' étant la force électromotrice
et la résistance de la pile à mesurer, E' la force électromotrice de la pile
constante, il suffira d'employer deux rhéostats et de faire aboutir la branche
du galvanomètre, partant du pôle positif de E', entre les deux rhéostats.
» L'équilibre galvanométrique étant établi pour des résistances p et R
des deux rhéostats, on a
/ \ E _ r-t- p -l-R
\X> V~~ R
Ajoutant alors une résistance â au premier rhéostat, et mesurant la résis-
tance A à ajouter au second pour rétablir l'équilibre, en compensant la pre-
mière différence, on a évidemment
(2)
E __r+(p+i] + (R + i)
E' " R -1- A
d'où,
en vertu de (i),
(3)
E A -+- o ?
E' - A - ' ' A "
CHIMIE. — Sur la reproduction de la mimetèse et de quelques cldoroarséniates.
Note de M. G. Lechaktier, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« MM. H. Sainte-Claire Deville et Caron ont reproduit l'apatite et la
wagnérite, qu'ils ont été conduits à considérer comme les types des deux
groupes de minéraux suivants ( i ) :
Apnlitcs. Wngnérites.
3(PhO% 3R0)(C1R). (Ph0%3R0) ^CIR).
Apatite de chaux. Wagnérite de chaux.
Apatite de plomb. Wagnérite de magnésie.
Apatite de strontiane. Wagnérite de manganèse.
Apatite de baryte. Wagnérite de fer et de manganèse.
» Les apatites cristallisent sous la forme de prismes hexagonaux régu-
liers, les wagnérites sous la forme de prismes droits à base rbombe. Ces
chimistes ont montré que le fluor pouvait remplacer le chlore en partie ou
en totalité, sans que la forme fût en général altérée.
» Les arséniates accompagnent très-souvent les phosphates dans la nature
et leur sont intimement unis par leur composition et par leur forme ci is-
talline. La pyromorpliite, en particulier, est presque toujours accompagnée
(i) Comptes rendus, t. XLVII, p. 986.
( *?3
d'un chloroarséniatedeplombdemêmeforme cristalline, auquel M. Wœhler
a trouvé la même composition. Ce minéral a été appelé mimetèse, à cause de
sa ressemblance avec le chlorophosphate de plomb. Il était donc probable
que l'on pourrait obtenir des chloroarséniates et des fluoarsétuates ana-
logues aux composés précédents.
» Déjà M. Debray, dans son travail sur les phosphates et sur les arsé-
niates (i), a reproduit un chloroarséniate de chaux, qu'il a appelé apatile
arséniée. Il l'a obtenu par voie humide, en chauffant à 25o degrés, dans
un tube fermé, de l'arséniate de chaux (AsO5 2CaO, HO) avec une disso-
lution de chlorure de calcium et par voie sèche, en fondant de l'arséniate
de chaux avec un excès de chlorure de calcium.
» Le procédé général que MM. II. Sainte-Glaire Deville et Caron ont
employé pour faire cristalliser les chlorophosphates m'a permis de pré-
parer les chloroarséniates correspondants. Il m'a été possible de substituer
dans l'apatite arséniée de chaux et dans la wagnérite arséniée de magnésie
une certaine quantité de fluor à une proportion équivalente de chlore.
» Les chloroarséniates se partagent en deux groupes identiques à ceux
que forment les chlorophosphates correspondants. La forme cristalline du
premier groupe est celle de l'apatite, le prisme hexagonal régulier; la forme
cristalline du second est celle de la wagnérite, le prisme rhomboïdal
droit :
Apatites arséniées. Composition.
I 3 (AsO5, 3CaO) (CICa)
Apatite arséniée de chaux \ (CICa
| o(As05, 3CaO) F1Ca
Apatite arséniée de plomb (mimetèse) 3 (AsO, 3PbO) (ClPb)
Apatite arséniée de strontiane 3 (AsO5, 3 Sr O) (Cl Sr)
Apatite arséniée de baryte 3( AsO5, 3Ba O) (CIBa)
ff^ag/iérites arséniées.
Wagnérite arséniée de chaux (AsO5, 3CaO) (CICa)
/ (AsO5, 3MgO)(CIMg)
Wagnérite arséniée de magnésie \ l Cl Ma
| CAsOS3MSp)jF1^
Wagnérite arséniée de manganèse. ....... (AsO5, 3MnO)(ClMn)
» Dans ces composés, de même que dans les carbonates et dans les chlo-
rophosphates, la chaux sert d'intermédiaire ou de pivot, comme l'a dit
M. Ch. Sainte-Claire Deville, entre le groupe des oxydes arragonitiques et
(i) Annales de Physique et de Chimie, 3e série, t. LXI.
( i74 )
celui des oxydes spatliiques. Mais tout chloroarséniate de chaux, dans lequel
il entre une certaine quantité de fluor, prend toujours la forme et la com-
position de l'apatile. La magnésie, malgré la présence du fluor, conserve
à la combinaison dont elle fait partie la forme de la wagnérite.
o La densité de l'apatite arséniée de chaux est 3,55.
» Celle de la wagnérite arséniée de magnésie est 3,45.
» Ces densités sont voisines des nombres 3, r4 et 3, 12, qui ont été trou-
vés pour les chlorophosphates correspondants.
» La densité de l'apatite arséniée de plomb est 3,73.
» Les arséniates se dissolvent, au rouge, dans les chlorures de même
base et se combinent à une portion de ces chlorures pour donner naissance
à des chloroarséniates qui cristallisent dans la matière fondue, au moment
de sa solidification. Dans la préparation des chloroarséniates de chaux, de
baryte et de plomb, l'arséniate préparé d'avance est mélangé directement
au chlorure. Pour obtenir l'apatite arséniée de slrontiane, les wagnérites
arséniées de magnésie et de manganèse, il est avantageux de fondre l'arsé-
niate d'ammoniaque avec un excès de chlorure. Les arséniates correspon-
dants donnent une cristallisation incomplète.
» La fusion s'opère dans un creuset de porcelaine placé au centre d'un
creuset de terre, que l'on porte au rouge. Après le refroidissement, on place
le creuset dans l'eau qui dissout le chlorure excédant et met en liberté les
cristaux. L'emploi des creusets de charbon, si avantageux surtout lorsque
les matières que l'on chauffe renferment des fluorures, est impossible parce
qu'il y a réduction de l'acide arsénique. Les creusets de porcelaine sont
attaqués par les fluorures, et les cristaux que l'on obtient sont mélangés de
quelques fragments de matières amorphes, mais on peut séparer facilement
les cristaux et les avoir purs pour l'analyse.
» Tous ces chloroarséniates sont solubles dans l'acide azotique étendu;
la détermination du chlore se fait donc facilement au moyen du chlorure
d'argent. L'analyse s'achève par les procédés dont MM. H. Sainte-Claire
Deville et Caron se sont servis pour les chlorophosphates.
» La seule différence que j'aie observée dans les circonstances de produc-
tion des chloroarséniates et des chlorophosphates est relative à l'apatite et
à la wagnérite de chaux. Lorsqu'on fond ensemble du phosphate de chaux
et du chlorure de calcium sans mélange de fluorure, on obtient de l'apatite
mélangée à de la wagnérite.
» Par la fusion de l'arséniate de chaux et du chlorure de calcium, i!
m'a été possible d'obtenir isolément, soit des cristaux d'apatite arséniée,
( i75)
soit des cristnnx de wagnérite arséniée, ainsi que le montrent les deux ana-
lyses suivantes :
Apatite 3(AsOs, 3CaO) (CICa)..
Observé- Calculé.
Chlorure de calcium 8,4 8,5
Arséniate de chaux 91 ,5 gi ,5
99,9 ioo,o
Wagnérite (AsO5, 3CaO)ClCa.
Chlorure de calcium. 21,7 21,8
Arscniate de chaux 78,3 78,2 "
100,0 100,0
» A une température élevée, il ne se produit que des cristaux d'apatite;
à une température plus basse, peu supérieure à la fusion du chlorure de
calcium, il ne se forme que de la wagnérite; à des températures intermé-
diaires, on obtient un mélange des deux espèces de cristaux. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Nouvelles recherches sur le glycocjène, Note de
M. Bizio, présentée par M. Balard.
« Depuis quelque temps j'ai achevé mes études sur le glycogéne, au
sujet duquel j'ai fait une communication dans la séance du 19 mars 1866.
» La substance amylacée, que j'ai découverte dans les animaux inverté-
brés, est vraiment le glycogéne, puisqu'elle en présente toutes les qualités.
Une particularité digne cependant dètre notée, c'est que le glycogéne s'a-
grége toujours en une masse gommeuse transparente, lorsque, après sa pré-
cipitation par l'alcool, on le laisse se dessécher lentement en plein air, et de
manière qu'après l'évaporation de l'alcool il puisse s'imbiber de l'humi-
dité de l'atmosphère. L'état pulvérulent dans lequel on l'a presque tou-
jours remarqué dépend de son rapide dessèchement.
» Je croyais qu'au contact de l'albumine et de la caséine il devrait
éprouver promptement la fermentation lactique, comme je l'avais observé
avec les huîtres et les autres animaux que j'ai cités dans mon précédent travail,
et qui contiennent abondamment du glycogéne; mais au contraire l'action
dans ce cas est très-lente, et plusieurs jours s'écoulent avant qu'on remarque
le moindre indice d'acidité, bien qu'il se produise une substance qui a le
pouvoir de réduire le lartrate cupro-potassique, et de fermenter par la
levure de bière.
» Mais ce qu'il importait surtout de déterminer, c'était sa composition
( >?6 )
élémentaire, puisqu'il y a encore sur ce sujet quelque incertitude. A cet
effet j'ai voulu analyser le glycogène dans différents états de dessiccation.
» J'ai analysé le glycogène desséché à la température de ioo degrés ou à
la température ordinaire dans le vide sec, et les résultais obtenus se rap-
portent à la formule G6 H10©5.
» J'ai desséché aussi le glycogène à la température ordinaire, dans l'air,
sur le chlorure de calcium, après l'avoir auparavant parfaitement hydraté
par une exposition à l'air humide. La combustion n'en a été faite que
lorsque la diminution du poids avait cessé. Les résultats des analyses exé-
cutées à de longs intervalles, sur une substance maintenue dans ces condi-
tions de dessiccation, m'ont conduit à la formule CuH"0".
» Une molécule d'eau restait donc, dans ce cas,unieau groupe G12H20Ô10.
le double de la formule déjà admise pour le glycogène desséché à ioo de-
grés, et qui me paraît exprimer la véritable composition de ce corps. Cela
serait aussi en parfaite harmonie avec les recherches et les déductions de
Musculus à l'égard de la dextrine, et avec les idées actuellement dominantes
sur la conslitntion de plusieurs composés dont la composition se ramène à
du carbone et de l'eau, et dont la formule a été aussi douhlée et même
triplée.
» Je me suis occupé enfin du composé qu'on obtient par la précipitation
du glycogène au moyen de l'acétate tribasique de plomb. Son analyse m'a
donné la formule G12H18Pb"Ô'\ ».
CHIMIE ANALYTIQUE, — Note sur une méthode Irès-simple pour reconnaître
l'iode et le brome dans une même solution; par M. Phipson.
« Cette méthode, qui permet de constater la présence du brome et de
l'iode dans une eau minérale ou dans toute autre solution étendue dans
laquelle ces deux corps se trouvent, est extrêmement sensible; elle repose
sur ces faits reconnus par l'auteur, savoir : qu'en présence du sulfure de
carbone et du chlore libre les iodures sont décomposés d'abord, les bro-
mures ensuite, et, de plus, que le chlorure agit sur l'iode dissous dans le
sulfure de carbone pour former du quintichlorure d'iode, qui se dissout et
laisse le sulfate de carbone incolore. Mais, s'il y a un bromure dans la solu-
tion, le sulfure de carbone prend une couleur orangée.
» On prend un tube à réactif long de deux pieds, dans lequel on verse
un peu de la solution à examiner : s'il ne s'agit pas d'une eau naturelle,
on doit la diluer fortement; on l'acidulé avec de l'acide chlorhydrique et
( '77 )
l'on y verse un peu de sulfure de carbone. Ensuite on y introduit, par
petites quantités à la fois, une solution saturée de chlorure de chaux, et,
bouchant le tube avec le doigt, on le fajt traverser en tout sens par le sul-
fure de carbone après chaque addition d'hypochloriîe. Le sulfure prend
d'abord la couleur violet-pourpre de l'iode, laquelle, sous l'influence d'une
quantité graduellement croissante de chlore, devient de plus en plus faible,
puis disparaît complètement, et en ce moment, s'il y a du brome en pré-
sence, le sulfure prend la couleur orangée due à ce corps. Si au con-
traire il n'y a pas de brome dans la solution, le sulfure de carbone reste
incolore.
» Cette méthode, dont je me sers depuis quatre ou cinq ans dans mon
laboratoire, permet de reconnaître les plus petites quantités d'iode et de
brome. Dans certains cas, j'ai pu ainsi mettre ces deux corps en évidence
au bout de quelques minutes, lors même que l'analyse spectrale ne donnait
aucun résultat. »
PHYSIOLOGIE végétale. — Sur les mouvements de la Sensitive (Mimosa
pudica, Linn.). Note de M. P. Bert, présentée par M. C. Robin.
« I. Les pétioles primaires de la Sensitive, après s'être abaissés dans les
premières heures de la nuit, se relèvent avant le jour bien au-dessus du niveau
qu'ils conservent pendant la période diurne, celle-ci étant, contrairement
à ce qu'on enseigne d'ordinaire, caractérisée par l'abaissement progressif
et non par l'élévation des pétioles primaires.
» Exemple. (8 septembre, 5h45m du soir: angle inférieur du pétiole
primaire avec la tige, T25 degrés; 8b i5m, 120 degrés; 10 heures, n5 de-
grés. 19 septembre, ib3om du matin, 1 25 degrés; 5b 1 5œ, i65 degrés; 9h45m,
i45 degrés; 3h45mdusoir, io5 degrés; 5hi5m, io5 degrés; 7biom, ^ode-
grés; 10 heures, 120 degrés. 20 septembre, /j heures du matin, 1 55 de-
grés; 7hi5m, i5o degrés; i2h45m, io5 degrés. 7 heures du soir, 1 ro degrés.
22 septembre, 8 heures du soir, 100 degrés; 9h3om, 90 degrés; minuit,
100 degrés; 5 heures du matin, i5o degrés; 8 heures, n5 degrés; midi,
1 10 degrés, etc.
*> IL Les renflements moteurs situés à la base des pétioles et des folioles
peuvent être considérés comme composés de ressorts faisant effort pour
pousser la partie qu'ils meuvent du côté opposé à celui qu'ils occupent.
(Lindsay, Dutrochet...). Dans les pétioles primaires, la valeur du ressort
C. R., 1867, 2" Semestre. (T. LX.V, N° 4.) 23
( 178 1
supérieur est à celle du ressort inférieur, dans l'état diurne, comme
i est à 3.
» III. Le mouvement provoquera lieu par suite d'une perte d'énergie de
l'un des ressorts, celle du ressort antagoniste n'étant nullement augmentée
et peut-être même étant un peu diminuée. Il n'existe aucun tissu contrac-
tile, déterminant le mouvement.
» Considérons comme exemple le renflement de la base d'un pétiole
primaire. Enlevons jusqu'au bois le ressort supérieur: le pétiole peut en-
core s'incliner par l'irritation : donc l'action du ressort supérieur n'est pas
indispensable au mouvement. Sur un autre renflement, enlevons le ressort
inférieur: le pétiole tombe à une position qui ne peut plus varier par l'ir-
ritation; donc celle-ci n'augmente pas la valeur du ressort supérieur.
» Un renflement ayant été privé du ressort supérieur et redevenu bien
mobile, inclinons la plante jusqu'à ce que le plan de mouvement du pétiole
soit dans le plan horizontal ; aucune excitation n'est alors capable de chan-
ger la situation du pétiole; donc il n'existe pas de muscle tirant en bas le
pétiole; mais celui-ci s'affaisse, dans la position normale, par sa propre
pesanteur, que ne contre-balance plus l'action du ressort inférieur affaibli
par l'irritation même.
» IV. Les mouvements nocturnes ont lieu par suite d'une augmentation
de tension des renflements moteurs. Dans les pétioles primaires, le ressort
supérieur augmente d'énergie pendant la nuit; le ressort inférieur, après
avoir un peu diminué, augmente aussi consécutivement. De la puissance
réciproque de ces ressorts dépend la position du pétiole aux divers instants
de la nuit et du jour. Ces assertions sont faciles à vérifier sur des pétioles
privés soit du ressort supérieur, soit du ressort inférieur.
» V. Les mouvements rapides provoqués par une excitation et les mou-
vements lents spontanés qui constituent l'oscillation quotidienne sont donc
des phénomènes d'ordre tout à fait différent. Brucke seul avait aperçu
cette vérité (Milliers Jrchiv, 1848); mais sa démonstration était incom-
plète et n'avait pas entraîné la conviction des physiologistes. Mais le doute
ne peut subsister en présence de ce fait que l'éther sépare l'un de l'autre
ces deux ordres de mouvements, abolissant les mouvements provocables,
respectant les mouvements spontanés.
» Exemple. L'angle inférieur fait avec la tige par le pétiole d'une Sensi-
tive placée sous une cloche avec de l'éther est, à 4b45m du soir, i iode-
grés; à io heures, 55 degrés; à 4 heures du matin, 180 degrés; à 8 heures,
( '79 )
iao degrés. Or, pendant tout ce temps, la Sensitive est restée complète-
ment inexcitable.
» VI. Les mouvements spontanés reconnaissent pour phénomène anté-
rieur une modification dans l'afflux du liquide que contient le parenchyme
des renflements. Les mouvements provocables n'ont pu être encore rap-
portés à une cause prochaine.
» VIL La Sensitive se rapproche des êtres animés par la présence d'élé-
ments qui transmettent les excitations (faisceaux fibro-vasculaires) et déter-
minent le mouvement (cellules des renflements) ; elle leur ressemble encore
par ce fait, que l'excitabilité n'appartient chez elle qu'aux éléments doués
de motricité ou de transmissibilité. Pour obtenir un mouvement, en effet,
il faut irriter ou les faisceaux fibro-vasculaires, ou les renflements basi-
laires.
» VIII. Elle s en éloigne par l'absence d'éléments contractiles et parles
rapports anatomiques et fonctionnels directs qu'affectent ses éléments
excitables, transmetteurs et excitateurs, avec ses éléments moteurs. Il n'y
a, en effet, rien chez elle qui ressemble à des centres nerveux intermédiaires
entre l'excitation extérieure et le mouvement.
» L'action des anesthésiques éloigne la Sensitive des animaux au lieu de
la rapprocher d'eux. »
GÉOLOGIE. — Sur l'action des anciens glaciers dans la Sierra Nevada de Cali-
fornie et sur l'origine de la vallée de Yo-Semite. Note de M. W. P. Bi.ake,
présentée par M. Daubrée.
« Les traces des glaciers anciens sont fortement gravées dans les régions
élevées de la Sierra Nevada de Californie. Presque toute la surface de ces
montagnes, sur des centaines de milles carrés, est moutonnée, striée et
polie.
» La région clans laquelle ces effets peuvent être observés est la masse
centrale de montagnes à l'est de San-Francisco, et entre 36 et 38 degrés
de latitude nord. C'est la partie de la chaîne la plus élevée, et il s'y trouve
plusieurs pics ou sommets de i3ooo pieds (4ooo mètres) de hauteur et
plus. C'est la région alpestre des États-Unis, et elle est remarquable pour la
grandeur du paysage et le nombre de ses vallées et de ses gorges abruptes.
Le versant occidental de ces montagnes descend vers la grande vallée inté-
rieure de Californie; le versant oriental rejoint la région déserte du grand
bassin intérieur. Le versant occidental, étant sous l'influence des vents de
23 .
( 'Ho )
l'Océan, est couvert de magnifiques forets, tandis que l'autre versant est
comparativement stérile. La roche principale des parties élevées et centrales
de la chaîne est le granité compacte, généralement porphvroïde, dont les
cristaux de feldspath, atteignant quelquefois 3 ou 4 pouces (i décimètre)
de dimension , font saillie à la surface de la roche. C'est cette roche grani-
tique qui a été modelée et polie par l'action de la glace. L'effet est partout
visible au delà de 6000 pieds anglais (1800 mètres) d'élévation, jusqu'à une
hauteur de 11000 pieds (33oo mètres) et peut-être plus.
» En traversant là chaîne pour se rendre de la vallée du Yo-Semite au
lac Mono, la vue s'étend sur une surface immense de sommets tous arrondis
par l'action des glaces et en grande partie si bien polis, qu'ils brillent au
soleil comme un miroir. Ces surfaces, anciennement soumises à l'action
des glaciers, présentent tous les phénomènes habituels et qui ont été étu-
diés dans beaucoup d'autres contrées. Elles sont comme rabotées, sillon-
nées et striées, généralement dans la direction des vallées.
» Près du col qui sert de passage entre Yo-Semite et le lac Mono, à une
altitude d'environ 8000 pieds (a4oo mètres), se trouvent plusieurs crêtes
subordonnées de granité qui ont été couvertes par des glaciers de la base
au sommet, probablement 2000 pieds (600 mètres) au-dessus de la vallée.
Leurs flancs ne sont pas seulement striés et polis, mais ils sont encore pro-
fondément échancrés et creusés, et sur une si grande étendue., qu'ils ne
laissent aucun doute qu'ils doivent leur relief actuel à l'action de la glace.
» L'action des glaciers a été gigantesque, et les phénomènes sont suffi-
sants pour démontrer qu'elle n'était pas confinée seulement dans les vallées
profondes, mais que les glaciers couvraient de vastes surfaces et qu'ils
étaient d'une épaisseur très-considérable. Un des buts de ce Mémoire est
d'attirer une attention spéciale sur cette conclusion.
» Il y a aussi eu îles glaciers limités ayant rempli de nombreuses vallées,
comme cela est suffisamment indiqué par les moraines et les surfaces polies
qu'ils ont laissées.
» Le phénomène glaciaire a été plus énergique sur la pente occidentale.
Cela parait montrer que, pendant la période glaciaire comme à l'époque
actuelle, l'eau météorique était plus abondante sur le versant de l'Océan
que du côté du continent.
« Il n'existe pas actuellement de glaciers dans ces montagnes. La neige
qui tombe l'hiver à une grande profondeur fond et disparait vers la fin de
l'été, excepté à l'ombre et dans les gorges profondes.
» Une des parties les plus intéressantes de ces régions des anciens glaciers
( i8i )
est située dans la fameuse vallée du Yo-Semite. Cette vallée est maintenant
un but pour les touristes. Son caractère pittoresque est suffisamment montré
par la belle série de vues photographiques exécutées par M. Watkins, qui
figurent à l'Expos'tion universelle et dont quelques-unes sont ici jointes.
» Cette vallée est une gorge étroite, longue de 6 milles ou io kilomètres
environ, où le voyageur peut contempler une succession de murailles ou
falaises de granité de 2000 à 4000 pieds (600 à 1200 mètres) de hauteur.
Les sommets de ces falaises ont la forme de dômes, et il est facile de recon-
naître que c'est une partie de cette région moutonnée par les anciennes et
très-étendues mers de glace.
» Les surfaces polies par la glace se trouvent dans les vallées tributaires
du Yo-Semite, et elles ne manquent pas sur les parois de la vallée elle-
même. On peut en conclure que cette vallée paraît due à une érosion sous-
glaciaire, due à l'écoulement des eaux provenant de la fonte des glaces
supérieures.
» On a pensé que la vallée du Yo-Semite était le résultat d'une grande
cassure ou fissure transverse à la direction générale de la chaîne de mon-
tagnes. L'énorme action des glaces dans cette vallée et les régions voisines,
ainsi que le fait que sa partie supérieure est divisée en deux ou plusieurs
gorges, qui maintenant reçoivent les eaux de cette sorte de drainage des
gorges et des vallées supérieures, ne rend plus nécessaire d'avoir recours
à d'autre explication. »
M. Humbert désire soumettre au jugement de l'Académie une décou-
verte qu'il pense avoir faite et qu'il croit de nature à apporter une amélio-
ration importante dans la navigation; il demande quelles formalités il
devrait remplir pour être admis au concours du prix extraordinaire de
six mille francs sur l'application de la vapeur à la marine militaire, prix à
décerner en 1868.
On fera savoir à l'auteur qu'il lui suffira d'adresser au Secrétariat, avant
le ier juin 1868, tous les documents qui peuvent être de nature à éclairer
la Commission.
A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B.
( i8a )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 11 juillet 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Rapport de M. Chevreul sur ses cours du Muséum en général et en par-
ticulier sur son cours de 1866. Paris, 1867; br. in-8°.
Des arts qui parlent aux yeux au moyen de solides colorés d'une étendue
sensible, et en particulier des arts du tapissier des Gobelins et du tapissier de la
Savonnerie; par M. E. Chevreul. Paris, 1867; in-/j°- ! Extrait du Journal
des Savants.)
Le Jardin fruitier du Muséum ; par M. J. Decaisne, Membre de l'Institut.
90e livraison. Paris, 1867; in-4° avec planches.
Extraits de géologie; par MM. Delesse et A. DE LAPPA.RENT. Sans lieu ni
date; br. in-8°.
Rapport sur les progrès de l'hygiène militaire ; par M. M. Lévy. Publication
faite sous les auspices de M. le Ministre de l'Instruction publique. Paris, 1867;
grand in-8°.
Nécessité d'améliorer les races chevalines en France. Rapport présenté au
Sénat sur une pétition de M. Richard (du Cantal) ; par M. Drouyn de Lhuys.
Paris, 1867; opuscule in-8°. (Extrait du Bulletin de la Société impériale il' Ac-
climatation. )
Statistique des prisons et établissements pénitentiaires pour l'année i865; si-
tuation au jer janvier 1866. Paris, 1867; 1 vol. grand in-8°.
M émoires de l'Académie impériale des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon.
2e série, t. XII et XTII, années 1864 et i865. Dijon, 1 865 et 1866; 2 vol.
in-8°.
Mémoires de la Société académique d'Agriculture, des Sciences, Arts et
Belles-Lettres du département de l'Aube. T. XXX de la collection. I. III,
3e série, année 1866. Troyes, in-8°.
Thèse de pharmacie présentée et soutenue à l'Ecole supérieure de Pharmacie,
le 20 juillet 1867; /w M. Armand Fumodze. De la cahtharide officinale.
Paris, 1867; in-/|°. (Présenté par M. Ch. Rohm.)
Association Scientifique de France. Compte rendu des travaux de la session
de Montpellier; par M. L.-H. DE Martin. Montpellier, 1 867 ; in-8".
( i83 )
De la nutrition végétale au point de vue de la loi de restitution. Examen cri-
tique des théories de M. George Ville; par M. P. Madinier. P;iris, 1867;
br. in-8".
Destruction îles inondations; par M. Abel Duveau. Saumur, 1867;
br. in-8°.
Le terrain crétacé des Pyrénées; par M. HÉBERT. Paris, 1867; br. in-8°.
Mémoire à l'Empereur Napoléon III, acte notoire, etc. ; par M. le Dr Bar-
racano. Naples, 1867; br. in-8°.
Question de priorité'. Propriétés désinfectantes des permanganates alcalins ;
par M. H. Bollman-Condy. Paris, [867; br. iu-8°.
On the... Sur les couleurs des bulles de savon,- par sir David Brewster.
Edimbourg, 1867; in-4° avec une planche.
On the. . . Sur les figures d'équilibre dans les membranes liquides , par sir Da
vid Brewster. Edimbourg, [867; in-4° avec une planche.
(Ces deux brochures sont extraites des Transactions de la Société royale
d'Edimbourg.)
ERRATA.
(Séance du 8 juillet 1867.)
Page 69, ligne 9, en descendant, au lieu de et au point où elle s'articule, lisez et au point
où ce côté s'articule.
Page 70, ligne to, en descendant, supprimez les accolades et les titres: Appareil nouveau,
Coulisse renversée.
Page 70, note au bas de la page, ajoutez à la fin les mots : autant que possible.
(Séance du i5 juillet 1867. j
Page 95, ligne 3, en remontant, au lieu de 27 { kilomètres, lisez 26 { kilomètres.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 29 JUILLET 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une ampliation du
Décret impérial qui approuve la nomination de M. Ad. fVurlz pour rem-
plir, dans la Section de Chimie, la place laissée vacante par le décès de
M. Pelouze.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Wurtz prend place parmi ses
confrères.
HISTOIRE DE l'astrokomie. — Suite des communications relatives aux écrits
de Pascal sur tes lois de i attraction; par M. Ciiasles.
« Les considérations présentées par M. Duhamel, dans la dernière
séance, pourraient paraître à quelques lecteurs impliquer une réfutation
de ma communication du i5 juillet. Je désire donc rappeler l'objet et le
sens propre de cette communication. J'ai annoncé simplement que des
documents émanés de Pascal prouvaient qu'il s'était beaucoup occupé de
la question de l'attraction des corps célestes, et qu'il en avait connu les lois.
Je n'ai rien dit de plus, et je n'ai pas prononcé le nom de Newton, n'ayant
pas pour but d'établir un parallèle entre ces deux grands génies, dignes
tous deux de l'admiration et du respect des géomètres de tous les temps et
C. R., 1807, 2e SemeJire. (T. LXV, N° S.) 24
( i86)
de tous les pays; car la science a pour patrie le monde entier. Je crois que
les deux faits que j'avais à prouver ont été parfaitement constatés par les
Lettres et les quatre Notes de Pascal insérées au Compte rendu de la séance.
» J'ai annoncé qu'il y avait beaucoup d'autres Notes sur le même sujet.
Cependant je remarque ce passage de M. Duhamel : « Il faut supposer que
» Pascal avait d'autres raisons qiiit aurait dû donner, ou que sa théorie était
» basée sur des aperçus vagues, dont il aurait lui-même senti l'insuffisance,
». puisqu'il n a rien publié sur ce sujet. »
» A l'égard de ces mots : qu'il aurait du donner, je ferai remarquer que
les deux Lettres et les quatre Notes en question ne renferment pas tout le
travail de Pascal, et que l'on ne peut donc pas conclure qu'il a ignoré ce
qui ne s'y trouve pas. Mais c'est surtout ce membre de phrase final : puis-
qu'il n'a rien publié, qui peut paraître avoir ici de l'importance aux yeux de
ceux qui ne sauraient pas que Pascal négligeait de publier ses ouvrages,
tellement que ses deux Traités de l'Equilibre des liqueurs et de la Pesanteur
de la masse d'air, achevés en i653, n'ont été imprimés qu'après sa mort;
que. le Traité du triangle arithmétique et diverses autres pièces ont été trouvés
imprimés parmi ses papiers, et n'avaient jamais été répandus; que ce n'est
qu'après sa mort qu'ils ont été publiés (en i665); que ses écrits intitulés :
Tactiunes spltericce, Tacliones conicœ, Loci plani ac solidi, Perspectivœ me-
tltodus,et d'autres, sont perdus.
>> Dans une Lettre inédite, Leibnitz dit que Newton possède des écrits
de Pascal, et que lui-même en possède aussi.
» J'ajouterai que Pascal avait composé un écrit sur l'astronomie phy-
sique, mentionné dans une des Lettres qui vont suivre. Cet écrit résumait
sans doute ses recherches sur l'attraction qui, comme il a dit dans les Notes
précédentes, suffit à tout dans l'explication des phénomènes du mouvement
des corps célestes. On ne peut donc pas inférer, de ce que Pascal n'a rien
publié, qu'il n'avait pas démontré ce qu'il annonce dans les Notes citées.
» Je passe à un autre point des observations de M. Duhamel. Notre
confrère dit : « On se demande comment Pascal aurait reconnu que l'at-
» traction en raison inverse du carré de la distance ferait décrire des
» ellipses ayant le Soleil pour foyer, Newton n'ayant pu le faire qu'après
» avoir établi sa belle formule entre la force centrale et certains éléments
» infiniment petits de la trajectoire. »
» Je crois pouvoir répondre simplement que ce n'était pas là un calcul
difficile pour Pascal, puisqu'il n'implique que la considération d'un arc
infiniment petit, et que Pascal avait bien su démontrer l'expression de la
( i87 )
force centrifuge, ainsi que la loi de l'attraction en raison inverse du carré de
la distance, par le même raisonnement que Newton.
» M. Duhamel ajoute : « Comment Pascal, aurait-il pu dire que la loi de
» l'attraction suffisait à tout lorsqu'il était incapable d'en déduire le simple
« phénomène du mouvement elliptique? »
» Cette assertion, que Pascal était incapable du calcul en question, est la
reproduction de l'idée déjà émise. Je ne m'y arrête pas.
» Mais ce sont ces mots : Comment Pascal aurait-il pu dire, qui doivent
fixer mon attention. S'il y avait simplement : Comment Pascal a-l-il pu dire, je
répondrais que ses autres Notes renfermaient peut-être les éclaircissements
demandés. Et il faut remarquer que ces Notes étaient fort nombreuses; car
d y en avait cinquante et plus avec la Lettre de iG52, diverses autres avec
celle du 8 mars i654, et un bon nombre avec celle du i janvier i655. Mais
le mot aurait-il semblera peut-être impliquer des doutes sur l'authenticité
des documents. Ces doutes seraient permis, certainement, quoique notre
confrère déclare qu'ils n'ont pas été dans sa pensée.
» Aussi je n'hésite pas à déclarer formellement qu'il ne peut y avoir au-
cun doute ; c'est-à-dire que toutes ces pièces sont bien de la main de Pascal ;
que cela m'est prouvé non-seulement par le nombre de ces pièces et les
sujets qu'elles traitent, mais surtout par une correspondance de dix années
entre Pascal et Newton ; par des Lettres de Miss Anne Ascough, la mère de
Newton, qui remercie Pascal des conseils qu'il veut bien donner à son fils;
par des Lettres d'Aubrey, savant littérateur anglais, qui rend compte à
Pascal des visites qu'il a faites, à sa demande, au jeune étudiant de l'école
de Grantham ; par des Lettres de Pascal à Boyle et à Hoolœ, qu'il prie
aussi d'aller visiter le jeune écolier; par des Lettres de Pascal à Gassendi,
assez nombreuses; enfin par une correspondance entre Newton et divers
personnages de l'époque, ou un peu postérieurs à Pascal, tels que Rohault,
Mariotte, Clerselier, Malebranche, Mme Perrier, l'abbé Perrier son fils,
l'abbé de Vallemont, et d'autres.
» J'ajouterai que je possède beaucoup d'autres écrits de Pascal sur divers
sujets, et de très-nombreuses Lettres adressées à Mme Perrier, à sa sœur
Jacqueline, au P. Mersenne, à Gassendi, à Arnauld, à Nicole, à Hamon,
de Port-Royal, à Descartes, à la reine Christine (plus d'une vingtaine);
au père du jeune Labruyère, au jeune Labruyère lui-même dont il recon-
naît les belles qualités et les grandes dispositions qui doivent en faire un
homme célèbre : prédiction qui s'est réalisée, comme celle que Pascal faisait
en fondant les plus grandes espérances sur le génie du jeune Newton.
M--
( i88 )
Ton les ces Lettres, toutes ces pièces en nombre considérable, sont de la même
main que celles que j'ai communiquées à l'Académie, et toutes sont bien de
Pascal, sans parler ici d'un grand nombre de pensées inédites et de longues
Notes relatives à la polémiqup qui fait le sujet des Lettres provinciales (i).
» Indépendamment des Lettres de Pascal et de Newton, quelques Lettres
de Leibnitz, dont l'écriture est bien connue, suffiraient pour prouver qu'il a
existé des relations entre Pascal et Newton. Ces Lettres sont des dernières
années de Leibnitz. Des Lettres de Des Maizeaux, l'ami de Newton, renfer-
ment de pareilles preuves. Il ne pourra donc subsister aucun doute sur la
réalité des relations en question, et l'authenticité des nombreuses pièces
émanées de Pascal.
» J'ai dit que la jeunesse de Newton n'est pas connue, que son génie, son
goût, son aptitude pour les sciences ont été très-précoces, bien que l'on
croie le contraire ; et qu'à cet égard les détails biographiques qui se repro-
duisent encore aujourd'hui sont très-erronés. Ou s'explique par deux rai-
sons les causes d'erreur. C'est, d'une part, la longue carrière de Newton,
qui a survécu à tous les contemporains de sa jeunesse et de son âge mûr,
et d'autre part l'isolement dans lequel il a vécu, dépourvu de famille. C'est,
comme on le sait, le mari de sa nièce, étranger à sa propre famille, qui après
sa mort a donné quelques détails sur sa jeunesse, c'est-à-dire sur un temps
éloigné de près de quatre-vingts ans, détails qui se sont trouvés fort incer-
tains et en grande partie inexacts. Par exemple, c'est en t654 que Newton,
ayant à peine onze ans, a écrit à Pascal et à Gassendi. Il se trouvait alors à
l'école de Granlham, sa mère l'en avait retiré une première fois pour qu'il
s'accoutumât à l'administration de son bien, ayant perdu son père, et l'y
avait remis parce qu'il n'avait pas de goût pour ce genre d'occupation. Et
c'est en 1 655 que, sur le conseil de Pascal, il a été envoyé à l'Université de
Cambridge, et non le 5 juin 1661, comme on le croit.
» Mais je passe ici sur ces détails, pour faire connaître quelques Lettres qui
montreront l'étendue et la continuité des relations qui ont eu lieu entre
Pascal et Newton, et entre celui-ci et Rohault.
(1) Il se trouve parmi ces pièces le manuscrit de Y Essai pour les coniques, imprimé par
l'abbé Bossut; la Lettre h lu reine C/iristine, sur la machine arithmétique; la Lettre à
M. Perrier, du i5 novembre i(i^~ , sur les expériences du Puy-de-Dôme; un Traité du
jeu de trictrac , écrit pour M'"6 Perrier; des fragments de l'écrit sur l'esprit .géométrique ;
et de nombreuses Notes sur ^Histoire des Mathématiques , Notes écrites pour le jeune
Newton. La Lettre autographe de Leibnitz à M. Perrier, sur le Traité des coniques,
imprimée par Bossut, se trouve aussi parmi ces papiers, ainsi qu'une Lettre de Sluze, impri-
mée aussi dans le tome V des OEuvrcs de Pascal.
( '%)
Ce 6 janvier (i).
Monsieur
J'ay reçu dernièrement une lettre accompagnée d'un mémoire d'un jeune estudiant Anglois
traitant du calcul de l'infini, un autre sur le système des tourbillons, et un troisième sur
l'équilibre des liqueurs et la pesanteur. J'ai remarqué dans ces divers mémoires des traits
de lumière qui m'ont véritablement surpris surtout de la part d'un jeune homme à peine
sorti de l'enfance. Car on m'a dit qu'il avait à peine treize ans. C'est au point que j'ai esté
un instant tenté de croire que ces travaux devaient venir d'un savant fort versé dans ces
matières, mais qui sans doute par mystification aurait emprunté le nom de ce jeune estu-
diant. Il en est de vos compatriotes qui ont de si bizarres idées; passez moi l'expression.
Quov quil en soit, comme je vous l'ai déjà dit, ces travaux sont pleins de lumière et l'on voit
que l'auteur a non seulement estudié avec soin Kepler et Descartes ainsi que mes expériences
sur la pesanteur de l'air, mais que par lui mesnie il a du observer avec soin les effets com-
pliqués de la nature et faire de nouvelles expériences. Ce qui me semble fort pour un jeune
homme. Du reste vous le connaissez sans doute. Il s'appelle Isaac Newton. Je serois bien
aise que vous me donniez quelques renseignemens sur ce jeune savant si précoce. Car je
désire savoir à qui j'ai affaire, avant que de répondre. Je suis monsieur vostre bien affec-
tionné. Pascal.
A M. Robert Bnyle.
Paris ce Qo may i65J.
Mon jeune ahv
J'ai appris avec quel soin vous cherchiez à vous initier aux Sciences mathématiques et
géométrique, et que vous desiriez approfondir sciemment les travaux de feu M. Descartes. Je
vous envoyé divers papiers de luyqui m'ont esté remis par une personne qui fui un de ses
bons amis. Je vous envoyé aussi divers problesmes qui ont esté autrefois l'objet de mes
préoccupations touchant les lois de l'abstraction (2), afin d'exercer vostre génie. Je vous prieray
m'en dire vostre sentiment. Il ne faudrait pas cependant, mon jeune aniy, fatiguer trop
vostre jeune imagination. Travaillez, estudiez; mais que cela se fasse avec modération. C'est
le meilleur moyen d'acquérir, et de profiter des connaissances qu'on acquiert. Je vous parle
par expérience. Car nioy anssy dès ma jeunesse, javais haste d'apprendre, et rien ne pouvait
arrêter ma jeune intelligence, si je puis parler ainsy. Aujourd'huy je ressens avoir par trop
surchargé ma mémoire, et elle commence à me faite défaut, au moment où j'en aurais le plus
besoin.
Je ne vous dis point cela, mon jeune amy, pour vous détourner de vos estudes, mais pour
vous engager à estudier modérément. Les connaissances insensiblement et avec le temps. Ce
sont les plus stables. Je ne vous en dis pas davantage, mon jeune amy, si ce n'est d'estre
assuré de mon affection. Pascal
Au jeune Newton, estudiant à Grantham.
(1) Le millésime de cette Lettre est couvert d'encre ; mais on peut dire qu'il doit être
l654, parce que Pascal demande des renseignements sur le jeune Newton avant de lui ré-
pondre, et que de nombreuses Lettres de l'un et de l'autre sont datées de cette même
année t654, notamment la suivante.
(2) Pascal a voulu dire évidemment Vnttractin-i ; ce qui est prouve notamment par les
Lettres des 2 décembre 1657 et 22 novembre i658, ci-après.
( '9° )
Ce 1 may |655.
Monsieur et jeune amy
Ce que l'on m'a raconlé de voire génie précoce m'a esté très agréable et m'a rappelé
d'heureux souvenirs de mon enfance. Qu'il estoit beau cet âge où ayant entendu faire l'éloge
de quelques grands hommes, j'aspirois à marcher sur leurs traces. Et maintenant je me dis :
heureux celui dont l'imagination est hardie, vive, agissante, et qui a la noble ardeur de
vouloir s'élever à la gloire! Ces violents transports qui nous portent à souhaiter de la répu-
tation sont des préjugés avantageux qui annoncent qu'on le méritera un jour. Mon jeune
ami, retenez bien ce que je vais vous dire. Tout homme qui n'aspire pas à se faire un nom
n'exécutera jamais rien de grand. Quand on marche avec nonchalance et avec froideur dans
la carrière qu'on a embrassée, on souffre toutes les peines, tous les dégoûts de sa profession,
sans en avoir l'honneur ni la récompense. Il faut donc par de grands objets donner de
l'ébranlement à l'âme. Nous devons autant qu'il nous est possible, comme l'a fort bien
dit Longin, un des grands hommes de l'antiquité, nous devons, dis-je, toujours nourrir
nostre esprit au grand ; le tenir plein et enflé d'une certaine fierté noble et généreuse. Sur-
tout bannissons la trop grande méfiance; elle est une langueur de l'âme qui l'empêche de
prendre l'essor et de se porter avec rapidité vers le but qu'on désire. Elle est par rapport
aux talens ce que le froid est pour la terre; elle les gène, elle les étouffe; elle empêche d'en-
trevoir ce qu'on est, et de sentir ce qu'on pourrait estre un jour. Mais la rosée du matin
est moins utile aux fleurs, que l'émulation ne l'est aux talents. Elle les met en liberté, et
elle les fait cclore, vive et féconde source du mérite. Sur ce, mon jeune amy, je vous engage
à lire avec soin nos bons auteurs qui ont escrit sur les sciences. Estudiez avec soin Euclide,
Archimède, Copernic, Descartes, Galilée, etc., et informez-moi des inspirations que ces
auteurs vous auront suggérées. Je suis vostre bien affectionné. Pascal.
Au jeune Newton.
Ce 2 décembre 1637.
Mon jeune amy,
Je vous fais parvenir par l'intermédiaire d'un de mes amis qui va faire un voyage en An-
gleterre, une liasse de petits escrits que j'ai reunis à vostre intention et pour servir à votre
instruction, ainsy que vous me l'avez tesmoignépar une de vos lettres. Ce sont des notes, ré-
flexions et pensées touchant les sciences, entr'autres les lois de l'attraction et de l'équilibre.
Je vous engage à les lire avec attention, et j'ose espérer que vous y trouverez quelque chose
qui vous sera agréable et vous portera à réfléchir sur le système du monde. Tel est mon
désir. Je vous prie, mon jeune ami, m'escrire chaque fois que vous en trouverez l'occasion.
C'est vous dire assez combien vos lettres me sont agréables. Je suis comme toujours votre
bien affectionné. Pascal.
Au jeune Newton, estudianl.
Ce 22 novembre 1638.
Monsieur et jeune amy-,
Lorsque Copernic eut découvert et annoncé que la terre obéissoit à trois mouvements
principaux, il estoit naturel d'après les principes de mécaniques déjà connus, de poursuivre
les phénomènes nécessairement résultants de chacun de ces mouvements, et d'en apprécier
les influences réciproques. De là naquirent les explications et les expériences sur la variation
( -9' )
de la pesanteur dont je vous ay déjà entretenu et dont vous trouverez encore ci-joint quel-
ques observations. De là est venu aussy tout l'ordre et la division de l'astronomie, en mou-
vements périodiques, en mouvements de rotation et en oscilalions, auxquels sont assujettis
les axes de rotation de toutes les planètes. C'est donc le système de Copernic bien médité
et approfondi qui ouvrit la carrière de toutes les recherches faites depuis luy et qui a donné
le fil à un grand nombre de vérités reconnues maintenant. Je ne vous dit rien plus aujour-
d'huy. Ci-joint vous trouverez de nouvelles observations à ce sujet, et un escrit touchant
l'astronomie physique dont je vous fais part. Je suis votre bien affectionné.
A Mo fis. Isaac Neivtoti.
Ce 20 janvier (i65g ) ( i).
Monsieur et jeune amy
Vous qui savez gouster les charmes de la méditation, écoutez moi : pénétrons ensemble
dans cet asyle qu'entoure le silence, où l'âme de Descartes est profondément occupée d'ob-
jets sublimes, et se trouve plongée dans les doux ravissements inconnus du vulgaire. Le
voilà qui jouit d'un contentement qu'il n'est pas au pouvoir des Bois d'acheter : l'empreinte
auguste de la réflexion est sur son front; la lumière de la pensée brille dans ses yeux; son
esprit éclairé des plus purs rayons de la raison humaine est dans un glorieux entretien avec
la nature, avec Dieu mesme. En ce moment son oeil perce au plus haut des cieux; cherche
les nœuds secrets, les principes cachés, l'enchaînement merveilleux des causes et des effets;
embrasse l'univers, qui n'est pas plus vaste que son génie. Suivons- le dans ses travaux, dans
ses méditations; examinons-les avec soin. C'est un guide bon à suivre; et depuis fort long-
temps j'ay essayé de faire une étude approfondie et de sa vie et de l'histoire de sa philo-
sophie, et de ses autres ouvrages. C'est pourquoy j'ai recueilli tout ce qui a pu lui arriver
de plus remarquable dans le cours de sa carrière. J'ai donc un grand nombre de notes à
ce sujet, que je vous communiqueray si vous le desirez. Adieu. Pascal
Monsieur, dernièrement il me vint en pensée de vérifier un calcul dont je vous ay déjà
entretenu, qui est d'examiner selon quelle ligne descend un corps qui tombe d'un lieu eslevé,
en faisant attention au mouvement de la terre autour de son axe, et dont une de vos Notes
m'a donné l'idée. Comme un tel corps a le même mouvement que le lieu d'où il tombe apar
une révolution de la terre, il doit donc estre considéré comme estant projette en avant et en
mesme tems attiré vers le centre de la terre. Cette recherche, qui a beaucoup de rapport
avec le mouvement de la lune, m'a entraisné à reprendre ce travail. Pour y procéder en
sûreté, je n'ay point voulu establir aucun principe, ny faire aucune supposition. J'ay con-
sulte la nature elle-mesme. J'ay suivi avec soin mes opérations, et je n'ay aspiré à découvrir
ses secrets que par des expériences choisies et répétées. Bien affermi dans mon projet, j'ay
résolu de n'admettre aucunes objections contre une expérience évidente, qui fussent déduites
de réflexions métaphysiques. Tel est le plan d'estude que je me suis formé et que je veux
(i) Cette Lettre est nécessairement de i65(); deux raisons le prouvent : d'une part, elle
est la première d'une série de Lettres sur Descartes, dont la suivante porte la date du
8 mars 1659; d'autre part, une Lettre de Newton du 1 février i65g qui va suivre, est
en réponse à cette Lettre du 20 janvier.
( •ÇP )
suivre doresnavant. Si je ne craignois de vous importune)', je vous enverrois comme par le
passé mes expériences. J'attens votre réponse à ce sujet. Je suis, Monsieur, vostre très-
humble et bien affectionné. Isaac Newton.
A Monf B. Pascal.
Ce 2 février i65g.
Monsieur,
Les diverses Notes qu'il vous a plu m'envoyer touchant feu M. Descartes m'ont esté si
agréables que je me permets de venir vous mander la permission de les conserver encore
quelque temps, désirant les relire de nouveau, et je vous prie aussy de me donner de nou-
veaux renseignemens sur cet illustre personnage qui a été connu de vous en particulier
sans doute, et qui avez si bien scu l'apprécier. Certes Descaries est le plus grand génie de
notre siècle; personne ne le peut contester, aussy est-ce un grand plaisir pour moy de con-
noistre tontes les particularités de son existence. Je ne vous escrit rien pics cejourd'huy,
Monsieur. J'attens de vous une réponse qui me sera bien agréable, si vous voulez bien m'en-
Iretenir de feu M. Descartes et ne me rien cacher de ce que vous en scavez. Je serois bien
ayse descavoir aussy où. se peut trouver ses papiers qu'on m'a assuré estre revenus en France
il v a quelques années.
J'ay trouvé icy parmy les papiers du chevalier d'Igby qui eut différentes conférences avec
M. Descartes et qui estait au nombre de ses principaux amis, j'ay trouvé, dis je, certaines
lettres fort curieuses qui me l'ont mis en estime. Si par hazard vous connoissiez les lettres
que le chevalier d'Igby a escrites à M. Descartes, je vous serois très obligé de m'en instruire,
car je serois bien aise de les connoistre. Je suis, Monsieur et très-bon conseiller, de vous
le très-humble serviteur et amy. Isa\c Newton.
A Mons' Pascal.
Ce 12 mars 1CG1 .
J'ai appris, monsieur, à mon grand déplaisir que vous estiez toujours souffrant. C'est
sans doute là le motif pour lequel puis long temps je nay reçu de vos lettres. Me sera-t-il
possible d'en recevoir encore? Ce serait cependant un grand plaisir pour moi. Si ce n'est la
cause de vostre maladie qui vous empesche de mescrire, serois-ce que vous auriez à vous
plaindre de quelque chose à mon vis à vis? Je ne crois l'avoir mérité en rien. Les services
que m'avez rendu sont trop grands pour que jaye usé d'insivilité envers vous; ou alors
ce seroit par ignorance, mais non par volonté. Je scay que vous m'avez escrit autrefois
que vous aviez abandonné les scient es pour vous livrer à d'autres-estudes qui ne sont sans
doute plus en rapport avec les miennes. Si c'est là le motif, je le regrette; mais n'en suis et
n'en seray pas moins toute ma vie votre admirateur, et votre très humble et très affectionné
serviteur, Isaac Newton.
A monsieur Pascal.
Ce 8 may iCGi .
Monsieur
J'ay appris par un de vos amis, et cela avec beaucoup de peine, l'eslat de souffrance où
vous nous trouvez. J'en suis très affecté, je vous assure : vous à qui je dois tant de bons
conseils et de bons enseignements ; aussy soyez bien assuré que je vous en garderay une
éternelle reconnaissance. Monsieur, je n'ai pas oublié qu'il y a quelques années vous m'avez
( i{)3 )
fait remettre plusieurs manuscrits et un grand nombre de Notes; 200 pour le moins. J'ay
consulté et compulsé avec soins et beaucoup d'intérêts tous ces documens, qui m'ont initiés
à certaines connaissances que j'ignorais et auxquels j'en suis redevable. Mais je ne me rap-
pelle plus si vous m'avez permis de garder ces précieux documents, ou si je dois vous les
retourner. C'est à quoi je vous prie de me faire une réponse, sil vous plaist. Car j'aurais
un remord de conscience de les garder sans estre bien assuré de vostre intention a ce sujet.
J'attens, monsieur, votre réponse avec grande impatience, et l'attendant soyez assuré que je
suis et seray toujours vostre très humble, très oblige et très affectionné serviteur.
. u, • x> , t> ■ Isaac Newton.
A monsieur Biaise Pascal a Paris.
Ce 2 juin 1669.
Monsieur,
Malgré que vous semblez ignorer que Descartes a esté un des génies les plus éminents du
monde entier, cependant et en conscience vous le savez anssv bien que moy. C'est à luy que
nous sommes redevables des progrès que les sciences ont fait en ce siècle cy. Malgré tous les
obstacles qui lui vinrent en opposition, il a scu joindre la fermeté du courage à l'élévation
du génie. Toutes ses vues ne tendoient qu'à la vérité. Plein d'ardeur pour la tirer d'escla-
vage, il a osé eslablir pour principe que le commencement de la philosophie est de rejetter
toutes les opinions reçues jusqu'alors; de remonter à un scepticisme général, non pour
demeurer dans cet estât de Pyrrhonien incompatible avec les lumières naturelles, mais pour
n'admettre au nombre des vérités que celles qui sont fondées sur des notions claires, certaines
et évidentes. René Descartes, par ce seul principe, porta le coup mortel aux descisions
philosophiques fondées sur les préjugés.
Tel est, monsieur, mon sentiment sur ce grand génie que vous semblez ne pas connoistre :
ce qui paroist d'autant plus étonnant que vous semblez vouloir cependant marcher sur ses
brisées. Je ne vous dis rien plus cejourd'huy, et suis votre très humble serviteur,
j Jl-r 7ir RoHACLT.
A Monsieur Newton.
Ce 8 novembre (après 1G72).
Monsieur
Vous n'ignorez sans doute pas quelle importance il y a d'évaluer la vitesse de la lumière,
et combien elle peut influer sur les progrès de l'astronomie, et étendre la sphère de nos idées
sur la constitution de l'univers. Il faut aussy que je vous fasse connoitre un fait important
touchant la pesanteur. Un de vos compatriotes et que vous connoissez sans doute, c'est
M. Richer, ayant été envoyé en 1672 par vostre gouvernement, à Caienne, pour y observer
la parallaxe de Mars, m'esci ivit alors qu'il s'estoit aperçu que son horloge éprouvé et réglé à
Paris avant son départ, avoit retardé près de l'équateur, près de 3 minutes en 24 heures; il
faut de là conclure que la pesanteur varie dans les différentes latitudes des lieux; qu'elle va
en augmentant de l'équateur aux pooles, et qu'elle diminue des pooles à l'équateur. Ce phé-
nomène est étonnant, mais c'est une démonstration du mouvement diurne de la terre, et
cela doit nous faire connoistre la figure réelle de notre planète. Qu'en pensez-vous? Déjà
depuis long temps on m'avoit fait appercevoir cette vérité. J'en trouvay des traces dans
certains escrits qui me furent communiqués par feu M. Pascal; et cette observation de
C. R., 1867, Ie Semestre. (T. LXV, N° S.) 25
( '94 )
M. Richer vient confirmer ce fait. Je ne vous en diray rien déplus, et vous laisse y penser.
Je suis de vous,
Monsieur,
Le serviteur bien humble. I. Newton.
A Monsieur Rohau.lt.
» Observation. — On remarquera que dans plusieurs de ces Lettres il
est question de l'attraction.
» Le 20 mai i65/j, Pascal envoie à Newton divers problèmes qui ont été
autrefois l'objet de ses préoccupations touchant les lois de l'attraction.
» Le 2 décembre 1657, il envoie une liasse de Notes, réflexions et pen-
sées touchant les sciences, entre autres les lois de l'attraction et de l'équi-
libre.
» Et le 21 novembre i658, il envoie de nouvelles observations, c'est-à-
dire de nouvelles Notes, sur les phénomènes des mouvements célestes, et en
outre un écrit touchant l'Astronomie physique.
» Une partie de ces Notes envoyées à Newton en i654, 16Ï7 et [658
peuvent se trouver parmi les cinquante et plus insérées dans les Comptes
rendus des séances des i5 et 22 juillet. De sorte que Pascal a pu se servir
du mouvement du secotid satellite de Saturne, connu en iG55 seulement,
pour calculer la masse de cette planète, de même qu'il a calculé la niasse de
Jupiter et de la Terre. Cette remarque suffit pour lever la difficulté dont a
parlé M. Faye, sans en faire une objection toutefois, dans la dernière séance
[Comptes rendus, p. 124). »
« M. Duhamel répond que ces nouvelles communications de M. Cbasles
n'infirment aucune des observations qu'il a présentées dans la précédente
séance, et il persiste à regarder Newton comme le premier qui ait démon-
tré la loi de la gravitation universelle, qui avait bien été soupçonnée et
énoncée avant lui, mais dont aucune preuve rigoureuse n'avait été
apportée. »
ÉLECTRO-PHYSIOLOGIE. — Sur le pouvoir électromoteur secondaire des nerfs et ses
applications à la physiologie ; par M. C11. Matteccxi. (Deuxième extrait.)
« C'est principalement du phénomène découvert par M. du Bois-Rey-
mond et qu'il a appelé éleclrotone, que je vais m'occuper dans la deuxième
partie de ce Mémoire. En faisant voir, dans les premières expériences sur les
polarités secondaires des nerfs, qu'on obtient aussi des courants dus à ces
polarités, en dehors des électrodes, et qui sont dans le sens même du cou-
( '95 )
rant de la pile, je ne pouvais m'empècher de faire voir que les phénomènes
de l'éleetrotone pouvaient bien rentrer dans les effets de ces polarités. Je
crois aujourd'hui avoir mis ce point en évidence.
» Je rappelle ici, comme je l'ai dit dans mes Mémoires précédents, que
l'éleetrotone n'exige pas, pour se produire, que le nerf soit encore excitable
et doué du pouvoir électromoteur. Il est en effet facile de s'assurer que les
nerfs des oiseaux et des mammifères donnent des effets plus forts et plus
persistants d'électrotone que les nerfs de grenouille; qu'un nerf d'un ani-
mal tué par le curare, ou par de fortes décharges électriques, ou mort
depuis longtemps, présente aussi l'éleetrotone. Comme pour les polarités
secondaires, l'éleetrotone manque lorsque le nerf a été altéré dans sa struc-
ture par une forte compression ou par l'action de la chaleur. De même
que pour les polarités secondaires, on peut s'assurer facilement que, parmi
les corps poreux humides organisés ou inorganisés, le nerf est celui qui
jouit au plus haut degré de la propriété de développer l'éleetrotone. On
peut même dire que, à part des traces bien manifestes de ces mêmes effets,
obtenues avec la moelle épiniere, avec des tranches de matière cérébrale,
avec la vessie urinaire, avec des ovaires de grenouille, l'éleetrotone appar-
tient presque exclusivement aux tissus nerveux.
» Quand on dispose, dans le circuit où l'on fait naître l'éleetrotone, un
commutateur qui permet de fermer d'une manière tout à fait sûre, tantôt
le circuit de la pile, tantôt celui du galvanomètre, et qu'on voit, en opérant
convenablement, naître et persister ce phénomène après que le circuit de
la pile est ouvert, on ne peut plus se refuser à admettre que l'éleetrotone
et les courants secondaires en dehors des électrodes soient des phénomènes
de même nature.
» J'ai fait un grand nombre de ces expériences, et toujours avec les
mêmes résultats, en opérant sur les nerfs sciatiqûes de poulet, de lapin, de
brebis, et avec une pile de huit à dix éléments de Grove. Il est à peine néces-
saire de faire remarquer qu'en prolongeant ces expériences pendant une
demi-heure et davantage, il faut tenir au-dessous du nerf une éponge im-
bibée d'eau légèrement chaude, ou maintenir d'une manière quelconque l'air
saturé d'humidité autour du nerf. En prolongeant l'expérience de l'éleetro-
tone dans de .telles conditions, on voit l'aiguille du galvanomètre s'arrêter
aune déviation à peu près fixe; c'est alors qu'en ouvrant le circuit on ne
voit plus l'aiguille descendre immédiatement à zéro. Au contraire, la dévia-
tion persiste, ou bien elle ne diminue que très-lentement, et on ne réussit
pas à l'intervertir brusquement en changeant la direction du courant delà
2.5..
( '96 )
pile, comme il arrive dans les premiers moments de l'électrotone. Pour
y réussir, il faut auparavant laver plusieurs fois le nerf dans de l'eau et
l'essuyer.
» Je rappellerai encore une autre analogie remarquable entre les pola-
rités secondaires et l'électrotone. J'ai prouvé qu'en prolongeant le passage
du courant voltaïque dans un nerf, les courants secondaires qu'on obtient
en dehors des électrodes finissent par avoir la même direction que le cou-
rant secondaire formé entre les électrodes, c'est-à-dire par être tous en sens
contraire de celui de la pile : on sait aussi que ce renversement des courants
secondaires se montre d'abord dans les points les plus rapprochés de l'élec-
trode positif. C'est ce même phénomène qu'on obtient sur un gros nerf de
brebis ou de chien, en opérant avec un courant assez fort et en prolongeant
l'expérience assez longtemps. La déviation due au courant de l'électro-
tone, malgré le passage du courant, diminue très-lentement et finit par
avoir heu dans le cadran opposé. Ici encore, les phénomènes de l'électro-
tone rentrent dans ceux des polarités secondaires en dehors des électrodes.
» Quelle est donc la particularité de structure du nerf qui peut rendre
compte de la propriété qu'il possède presque exclusivement de donner lieu
à la polarisation et à l'électrotone?
» Dans ma dernière communication à l'Académie sur ce sujet, j'ai mon-
tré qu'un fil de platine très-mince, d'un tiers de millimètre de diamètre en-
viron, recouvert d'une double couche de fil de lin ou de coton imbibée d'eau
de source ou légèrement salée, est un conducteur propre à acquérir les
polarités secondaires avec une grande intensité. J'ai fait dernièrement un
grand nombre d'expériences sur des conducteurs ainsi préparés, et j'ai au-
jourd'hui la conviction qu'une véritable analogie physique existe entre ces
conducteurs et les nerfs, dont le erlinder axis représente le fil métallique, et
que l'électrolysation se fait d'une manière semblable dans le nerf et dans
les conducteurs formés comme je l'ai dit.
•• D'abord il est très-facile de prouver qu'en substituant au fil central
de platine un fil de zinc parfaitement amalgamé, enveloppé aussi d'une
couche de fil de lin ou de coton imbibée de la solution de sulfate de zinc,
ce fil ne jouit, à aucun decjré, du pouvoir électromoteur secondaire, et que,
tandis que le conducteur formé avec le fil de platine reproduit avec une si
grande intensité les polarités secondaires et l'électrotone des nerfs, cela n'a
pas lieu également avec un fil de zinc.
p Je tiens à rapporter ici une expérience qui me paraît décisive à cet
égard. J'ai pris un fil de platine de i mètre de longueur et d'un deini-milli-
( '97 )
mètre de diamètre, et je l'ai enveloppé, comme je l'ai déjà dit, d'une couche
de fil de lin ou de coton imbibée d'une solution de sulfate de zinc. J'ai
disposé avec ce fd l'expérience de l'électrotone, en employant, pour les
électrodes de la pile et pour ceux du galvanomètre, deux coussins imbibés
de la même solution de sulfate de zinc. Les deux coussins ou électrodes
de la pile étaient à la distance de 25 à 3o millimètres entre eux et touchaient
à une des extrémités du fd de platine; à l'autre extrémité, c'est-à-dire à
80 millimètres au moins de la pile, étaient placés les deux coussins du
galvanomètre. Au moment où le circuit de la pile, qui était de huit à dix
petitséléments, était fermé, l'aiguille commençait à se dévier par i\n courant
d'électrotone et allait se fixer à 5o ou 60 degrés. En s'approchant avec
la pile des coussins du galvanomètre, ou vice versa, la déviation devenait
beaucoup plus forte. Si le circuit était ouvert, immédiatement l'aiguille
retournait au zéro. En renversant alors la direction du mouvement de la pile,
le courant de l'électrotone se produisait aussi clans le même sens que celui
de la pile, et avec la même intensité que dans l'expérience précédente.
» En prolongeant le passage du courant voltaïque, on observe une
différence notable suivant que l'électrotone se produit du côté du pôle
positif ou du côté du pôle négatif de la pile : dans le premier cas, en prolon-
geant le passage du courant voltaïque, le courant de l'électrotone persiste
après qu'on a ouvert le circuit voltaïque, tandis que dans le second cas,
c'est-à-dire du côté de l'électrode négatif, on observe constamment, en
ouvrant le circuit, que le courant d'électrotone cesse, et l'aiguille va rapi-
dement se fixer dans le cadran opposé.
» A part ces particularités, dont l'explication sera donnée lorsqu'on
aura appris la distribution inégale des produits de l'électrolysation en dehors
des électrodes, je m'empresse de donner les résultats obtenus avec le fil de
zinc. Ce fil, bien amalgamé, recouvert de la couche de fil de coton ou de
lin imbibée de sulfate de zinc, est disposé pour l'expérience de l'électrotone
exactement comme on l'a dit pour le fil de platine. Le résultat est qu'on
n'obtient aucune trace de courant d'électrotone avec le fil de zinc, même en lais-
sant une très-petite distance, comme pour le nerf, entre les coussins du
galvanomètre et les coussins de la pile. Il est donc évident que, là où les
polarités secondaires manquent, le phénomène de l'électrotone manque
aussi, et que, pour obtenir ce phénomène avec une grande intensité,
il tant disposer un conducteur de manière que les polarités secondaires s'y
développent facilement et sur une grande surface.
» Il m'est impossible de rapporter ici toutes les expériences que j'ai
( '9«)
effectuées pour vérifier et varier ces conclusions; je me bornerai à en
décrire les principales.
» Pour obtenir l'éleclrotone et les polarités secondaires, il suffit d'em-
ployer un fil de platine n'ayant que 3 centièmes de millimètre de diamètre,
et de recouvrir ce fil d'une couche de fil de coton ou de lin, ou d'un vernis
di' gomme, de dextrine, etc. Au lieu de fil de platine, j'ai employé avec le
même succès une tige très-mince de coke ou de graphite, introduite dans
un intestin de grenouille, ou placée entre deux couches très-minces de car-
ton, de courge, de pomme de terre. Dans tous ces cas on obtient, et d'une
manière bien plus marquée qu'avec le nerf, le courant de l'électrotone et
les polarités secondaires, comme je les ai trouvés dans le nerf entre les élec-
trodes et en dehors des électrodes. Il n'est pas sans intérêt d'ajouter qu'on
peut facilement s'assurer du rôle que joue le conducteur axial dans ces
expériences : je commence par déterminer le courant secondaire qu'on
obtieut avec une couche de carton imbibé d'eau salée, qui est un des corps
dont la polarité est très-faible et souvent incertaine. Si, avant de porter le
carton qui a été électrolysé aux coussins du galvanomètre, on place sur lui
le fil de platine bien dépolarisé, on verra que le courant secondaire du
carton n'est pas sensiblement modifié. Ce résultat ne doit pas étonner, si l'on
réfléchit à la résistance très-grande de tout le reste du circuit, relativement
au fil de platine qu'on a superposé au carton. Si ce fil de platine est placé
sur le carton avant le passage du courant, on obtient immédiatement un
courant inverse, qui fait dévier l'aiguille de tout le cadran. Et la même chose
a lieu pour les courants secondaires en dehors des électrodes.
» Il suffit donc d'avoir dans l'axe d'un conducteur un cylindre beau-
coup plus mince et meilleur conducteur, sur lequel les polarités secondaires
puissent se produire, pour obtenir immédiatement les propriétés de l'élec-
trotone et des courants secondaires, dans des corps qui ne les auraient pas
données auparavant.
» On obtient des preuves irrécusables de la théorie de ces phénomènes
en cherchant avec des papiers réactifs les traces des produits électro-
lytiques. Je décrirai à ce propos une seule expérience. Je prends un fil de
platine, préparé comme je l'ai dit avec la couche de coton ou de lin im-
bibée d'eau salée. Pour détruire les traces d'électrolysation dans le fil
ainsi préparé, on le maintient pendant un certain temps dans de l'eau
bouillante. Je pose ce fil, long de i mètre sur une lame de verre, et je le
fais toucher vers le milieu sur àeux fils de platine, qui sont les électrodes
de la pile fixés à la distance de 3o à 4° millimètres entre eux. Je coupe des
( »99' )
rubans très-étroits de papier tournesol, bien et rouge, et je les pose sur le
fil de platine, ou mieux au-dessous, entre la lame de verre et le fil. Je
place deux grosses gouttes d'eau salée au contact des extrémités du fil,
pour que celui-ci reste toujours légèrement mouillé. Je mets en dehors de
l'électrode positif le papier rouge, et en dehors de l'électrode négatif le
papier bleu. Entre les deux électrodes et immédiatement au contact du fil, je
mets du papier bleu du côté du pôle positif, et, au contact du pôle négatif,
du papier rouge; entre ces deux papiers, je place encore une couche rouge
vers le pôle positif et une couche bleue vers le pôle négatif. Je ferme le circuit
de la pile qui est de huit à dix éléments de Daniel 1; après deux ou trois mi-
nutes de passage, les colorations sont déjà parfaitement marquées; après
quinze ou vingt minutes, ces colorations ont parcouru tout le fil, c'est-à-
dire 3o ou 4o centimètres en dehors de chaque électrode. Immédiatement
dans les points touchés par les électrodes on voit des traces d'alcali d'un
côté, d'acide et d'ozone de l'autre; mais à une distance un peu plus grande
de ces points, c'est-à-dire en dehors et entre les électrodes, ce sont des traces
décoloration allant en diminuant de largeur, d'alcali du côté du pôle positif
et d'acide vers le pôle négatif. Ces traces ne sont pas égales autour des deux
pôles et les différences offertes par cette distribution expliquent les diffé-
rences des courants secondaires et des courants d'électrotone cpie nous
avons signalées.
» Je ne crois pas nécessaire d'insister sur ces phénomènes pour les expli-
quer, comme on peut facilement le faire après les célèbres expériences de
Beccpierel, de de la Rive et de Nobili, en recourant aux actions chimiques
et électriques qui se développent, après la cessation du courant volt;iïque,
entre les produits de l'électrolysation et les liquides interposés.
» Je résume ces deux extraits :
» i° Les polarités secondaires et l'électrotone sont des phénomènes de
la même nature;
» 2° Le nerf jouit à un haut degré de la propriété des polarités secon-
daires et de l'électrotone, parce que, suivant toutes les probabilités, il a
une structure qui le rend propre au développement des polarités secon-
daires, comme c'est le cas d'un fil de platine enveloppé d'une couche
humide ;
» 3° L'augmentation d'excitabilité du nerf inverse, et les contractions
tétaniques qui s'éveillent dans ce membre à l'ouverture du circuit, dé-
pendent, suivant toutes les analogies, des courants secondaires qui par-
courent le nerf dans ce moment dans les conditions favorables, et de Fin-
( 200 )
fluence exercée sur les propriétés physiologiques des nerfs et sur les actions
chimiques du muscle par les produits de l'électrolysation recueillis sur les
dernières ramifications nerveuses.
» J'espère pouvoir bientôt communiquer à l'Académie d'autres re-
cherches que j'ai déjà entreprises en poursuivant dans cette voie nouvelle
l'étude de l'électro-physiologie. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com-
mission qui sera chargée de décerner le prix dit des Arts insalubres (fonda-
tion Montyon) en 1867.
MM. Chevreul, Combes, Dumas, Payen, Balard réunissent la majorité
des suffrages.
M. Axdral, ne pouvant prendre part aux travaux de la Commission
nommée dans la séance précédente pour décerner les prix de Médecine et
de Chirurgie (fondation Montyon), prie l'Académie de vouloir bien accepter
sa démission de Membre de cette Commission, et lui nommer un remplaçant.
M. Milne Edwards, qui avait réuni le plus de voix après M. Andral, le
remplacera dans la Commission.
MÉMOIRES LUS.
chirurgie. — Histoire des instruments de chirurgie trouves à Herculanum et
à Pompéi; par M.. H. Scoitette.w (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
a Après avoir fait remarquer que les ouvrages des médecins de l'anti-
quité contiennent de nombreux documents qui attestent une longue expé-
rience, éclairée par une science profonde, M. Scoutetten décrit rapide-
ment les événements occasionnés par l'éruption du Vésuve, en l'an 79 de
notre ère, et la destruction de trois villes, Stabie, Herculanum et Pompéi,
occasionnée par cette catastrophe.
» Ce ne fut qu'en 1^55 que le hasard fit découvrir des débris de maison
de l'ancienne Pompéi, et, quarante-deux ans pins tard, en creusant un
puits, les ruines d'Herculanum. C'est dans ces deux villes qu'on a trouvé,
( 201 )
en parfait elat de conservation, de très-nombreiïx objets servant aux besoins
usuels de la vie des Romains et, en outre, une collection d'instruments de
chirurgie qui offrent un grand intérêt pour l'histoire de la science.
» Ces instruments sont en grand nombre; on possède aujourd'hui plus
de trois cents exemplaires, mais beaucoup ne sont que la répétition d'une
même espèce; il n'y a véritablement que soixante échantillons constituant
des types spéciaux.
» La fragilité de ces instruments, que la rouille a rongés, pouvait faire
craindre qu'ils ne disparussent en tombant en poussière, perte qui serait
irréparable. Hour diminuer autant cpie possible les regrets qu'inspirerait
cette destruction, M. Scoutetten a eu la pensée de les faire photographier.
Il a obtenu des autorités de l'Italie la permission indispensable pour l'exé-
cution de ce travail et, aujourd'hui, il possède, avec tous leurs détails de
construction, la représentation exacte des instruments dont se servaient les
chirurgiens de l'antiquité. Il a aussi (ait reproduire par la photographie une
fresque retrouvée dans un état parfait de conservation; elle représente Enée
blessé, un chirurgien l'opérant en voulant lui enlever, à l'aide de fortes
pinces, une flèche qui a pénétré dans la cuisse. Ascagne, fils d'Énée, pleure
à coté de son père resté debout pendant qu'on l'opère, comme pour attes-
ter son courage; des guerriers forment le fond du tableau, et la Gloire,
représentée par une femme tenant des fleurs à la main, s'approche du héros.
« M. Scoutetten passe ensuite à l'étude particulière de chacun des instru-
ments-, il expose rapidement l'histoire de la sonde; il rapporte, en s'ap-
puyant sur un passage de Galien, l'invention de cet instrument, due à
Érasistrate, médecin d'Antiochus, fils aîné de Sélèucus; il ioue l'habile
disposition des courbures, qu'il tient pour supérieures à la construction
des sondes de nos jours, et dépose sur le bureau un exemplaire en bronze
de cet instrument, qui est la reproduction exacte du modèle existant dans
le Musée royal de Naples. M. Scoutetten présente également plusieurs
planches lithographiées, représentant des sondes et des spéculums à deux
et trois valves. »
t;. r., 1867, ï' Semestre. 1. i.w, v ;;.
( 202 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
histoire de l' ASTRONOMIE. — Lettre adressée à M. le Président au sujet des
Notes manuscrites de Pascal communiquées par M. Chasles; parM. Faugeke.
(Cette Lettre est renvoyée à l'examen d'une Commission composée de
MM. Chasles, Duhamel, Le Verrier, Faye, et a laquelle le bureau est prié
de s'adjoindre. )
« Si vous voulez bien vous souvenir des travaux que j'ai consacrés à
restituer les Pensées de Pascal et à mettre en lumière certains points de la
biographie de ce grand homme, vous me pardonnerez, je l'espère, de ve-
nir vous soumettre quelques observations au sujet des communications que
votre savant confrère, M. Chasles, a faites à l'Académie dans ses dernières
séances.
» Aussitôt cpie j'en ai eu connaissance, j'ai pensé à vérifier l'écriture des
documents attribués à Pascal ; j'ai fait part de mon désir à M. Chasles qui,
avec une parfaite courtoisie, a bien voulu me permettre de les examiner à
loisir. Il est résulté pour moi, et de ma première impression, et de l'examen
attentif auquel je me suis livré, que la signature mise au bas de ces docu-
ments n'est pas celle de Pascal, et qu'ils sont d'une autre écriture que la
sienne.
» Ma conviction à cet égard est tellement complète, que je considère
comme une véritable obligation d'en instruire l'Académie. Si elle jugeait
convenable de nommer des Commissaires pour l'édifier sur ce point essen-
tiel, je m'empresserais de mettre à leur disposition tous les éléments d'ap-
préciation que je possède. Ils pourraient d'ailleurs consulter le manuscrit
autographe de Pascal qui est conservé à la Bibliothèque impériale.
» Votre éminent confrère, M. Chasles, qui n'apporte dans cette question
que le désir de rendre un nouveau service à la science, sera le premier,
j'en suis assuré, à demander que cette vérification soit faite avec tout le soin
qu'exige l'intérêt suprême de la vérité. La gloire de deux grands génies,
j'allais dire de deux nations, y est également intéressée, puisqu'il s'agit de
Pascal et de Newton. »
« M. Chasles, après la lecture de cette Lettre, dit que M. Faugère a bien
voulu le prévenir de sa démarche auprès de M. le Président, et demande à
( 2o3 )
communiquer à l'Académie la Lettre qui! a adressée à ce sujet à M. Fau-
gère. La voici :
« Paris, 27 juillet 1867.
» Monsieur,
» Puisque votre conviction est formelle, je trouve tout naturel que vous
» la fassiez connaître à l'Académie; et moi-même, d'après l'avis que vous
» me faites l'honneur de me donner par votre Lettre de ce jour, je regarde-
» rais comme un devoir d'en informer l'Académie dans la prochaine séance
» (lundi 29). Car tout le monde sait, Monsieur, de quel poids doivent être,
» dans une pareille question, voire compétence et votre dévouement à la
« science, comme à la vérité, sa compagne inséparable. Mais je crois devoir
» aussi, Monsieur, vous renouveler l'assurance cpie je n'ai aucun doute
» sur la parfaite authenticité des pièces insérées dans les Con)/)tes rendus des
» deux dernières séances de l'Académie (i5 et 22 juillet), non plus que de
» celles que j'ai eu l'honneur de vous communiquer.
» Veuillez agréer, etc. »
histoire de l'astronomie. — Lettre adressée à M. le Président au sujet des
Notes manuscrites de Pascal communiquées par M. Chasles; par M. Bé.varo.
(Cette Lettre sera soumise à l'examen de la Commission nommée pour la
Lettre précédente.)
» Évreux, le 27 juillet 1867.
» L'Académie des Sciences a décidé que certains écrits, attribués à
Pascal, seraient reproduits dans le Compte rendu de sa séance du i5 juillet
1867.
» Je regrette vivement cette publication, car, les pièces en question se-
raient-elles authentiques, qu'on ne pourra jamais prouver complètement
leur authenticité. La question est trop importante pour que l'amour-propre
national des Anglais cède devant une confrontation de style, d'ortho-
graphe, d'écriture et même de papier. D'ailleurs, les documents produits
par M. Chasles sont certainement fabriqués à plaisir, et même par un falsi-
ficateur assez malhabile. Je ne suis pas assez versé dans l'histoire des
sciences pour affirmer que Pascal n'eût pas écrit, au milieu du XVIIe siècle,
une phrase comme celle qui termine la quatrième Note : <> C'est par ces
» principes qu'on trouve que les quantités de matière » (ailleurs on trouve
le mot masse) « du soleil, de Jupiter, de Saturne et de la terre sont entre
20" .
20/j
) elles, comme les nombres
' i 069 3o2i 169282
» Tout cela ne semble-l-il pas copié dans un Traité moderne de cosmo-
graphie1 On se sera contenté d'altérer grossièrement le dernier nombre.
Mais comment Pascal aurait-il pu calculer le 2 janvier 1 655, au plus tard,
la niasse de Saturne à l'aide des révolutions d'un satellite qui ne fut décou-
vert que le a5 mars de la même année et dont les premières tables, publiées
en i65g par Huyghens, étaient encore très-imparfaites?
» Si le fabricateur de ces pièces était un de ces mauvais plaisants que
l'on voit surgir de temps en temps, et qui cherchent à jeter du ridicule sui-
tes savants en abusant de leur sincérité, on s'en consolerait facilement en
méprisant les sarcasmes des impuissants et des sols. Mais malheureusement
la fraude que je prends la liberté de vous signaler doit cacher une vile
perfidie. L'origine anglaise des lettres attribuées à Pascal me paraît mani-
feste, a Je vous prie les examiner et m'en dire vosîre sentiment Je vous
» prieray aussy, Monsieur, m' informer, etc.. » [Examine,! pray Inform,
1 pray....)
» L'auteur doit être aux aguets pour recueilli)' le bruit qu'elles feront
en France, et, comme il nous arrive souvent de réclamer pour les nôtres
des inventions que les Anglais s'attribuent, il mettra sous les veux de sa
nation les pièces du procès actuel, en avouant sans honte sa supercherie,
et il dira au peuple anglais : Voilà le fonds qu'il faut faire des revendica-
tions des Français! en ayant soin, bien entendu, de passer sous silence
les documents incontestables que nous pouvons leur opposer sur d'autres
sujets. C'est ainsi que l'on ne conteste plus à Papin ses découvertes, mais
on fait remonter l'invention des machines à vapeur au marquis de Wor-
cester, en citant la lettre ridicule de Marion Delorme a Cinq-Mars comme
le seul document que les Français puissent mettre en avant pour réclamer
leur part dans cette invention.
» Cette Lettre, Monsieur le Président, vous est adressée personnellement,
et je laisse à votre haute sa«e.-*se le soin de décider si les réflexions que ia
lecture du Compte rendu m'a suggérées doivent être communiquées à l'Aca-
démie en séance publique. »
» M. Chasles, après la lecture de cette Lettre, dit qu'à l'égard de l'au-
thenticité contestée des pièces en question, il s'en réfère aux considérations
( 205 )
rléveloppées clans la communication de ce jour (p. 187), et à la déclaration
comprise dans sa Lettre à M. Faugère, reproduite ci-dessus. »
M. P. Verdeil adresse wne nouvelle Note relative aux résultais de quel-
ques expériences faites sur le pendule.
(Renvoi à la Section de Mécanique.)
M. L. Aitbeut adresse un Mémoire « sur le calcul de la résistance des
solides soumis à la flexion ».
(Renvoi à la Section de Mécanique, à laquelle M. Delaunay est prié de
s'adjoindre.)
M. Moreau adresse une Note relative à deux instruments destinés à con-
stater un effet nouveau du rayonnement solaire.
(Renvoi à la Section de Physique.)
M. L. Darget adresse une nouvelle Lettre concernant sa démonstration
du théorème relatif à la somme des angles d'un triangle.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
M. Cramoisy adresse un Mémoire contenant soixante-dix nouvelles obser-
vations de choléra, recueillies sur des malades traités par Y alcoolàture
d'aconit nnpel, durant l'épidémie de 1866.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
CORRESPONDANCE .
M. le Secrétaire perpétuée signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
1" Une brochure de M. ./. Boucher de Pertltes, avant pour titre : « Exposi-
tion des produits de l'industrie de l'arrondissement d'Abbeville en 1 833 :
le Président de la Société d'Émulation aux Ouvriers « ;
20 Un opuscule, imprimé en italien, de M. Zantedeschi, ayant pour
titre : « Du climat de Catane». Ce climat serait, suivant l'auteur, le plus
doux de tonte cette partie de l'Europe.
( ao6
ÉLECTRICITÉ. — Sur (a durée des couranlsd' induction. Noie do M. P. Bi.aserna,
présentée par M. Regnault.
« Dans la théorie des courants d'induction on admet jusqu'à présent:
» i° Qu'ils se forment à l'instant même de la clôture ou de l'interrup-
tion du courant primaire;
»> i° Qu'ils ont une durée infiniment petite.
» J'ai tâché de vérifier ces deux données par l'expérience, à l'aide
d'un appareil tournant, qui est construit à peu près comme celui dont
M. Guillemin s'est servi pour ses recherches sur la propagation du courant
de la pile, et aussi comme celui de M. Hipp dans ses expériences sur la
vitesse des courants d'induction dans les grandes lignes télégraphiques.
Deux cylindres de hois, A et B, de 8 centimètres de diamètre et i centi-
mètre de largeur, étaient montés sur un même axe, auquel j'imprimais une
grande vitessede rotation, de vingt jusqu'àcent cinquante lours parseconde.
Sur la circonférence du cylindre A était encastrée une lame de laiton qui
occupait une moitié de la circonférence, à peu près 180 degrés; sur celle
du cylindre B se trouvait également une lame de laiton très-mince, qui re-
présentait i degré de circonférence. Pour faire varier les circonstances,
j'avais encore plusieurs cylindres de rechange, avec des lames plus minces
et plus larges. A chaque cylindre était réuni solidement un cylindre a, b, de
diamètre heaucoup plus petit, en buis et recouvert de laiton sur toute la
circonférence, de sorte que tout l'appareil se composait du petit cylindre a,
des cylindres A et B et du petit cylindre &, disposés tous sur le même axe, et
ayant un bon contact métallique entre a et A et entre B et b. Quatre ressorts
métalliques appuyaient sur ces quatre cylindres, pour fermer ou interrompre
les courants. Ils étaient pressés sur les circonférences des cylindres par des
coussinets de papier qui étouffaient les vibrations.
» Le courant principal, fourni par plusieurs couples de Bunsen, passait
par un commutateur, par le gros fil d'une petite bobine d'induction sans
interrupteur, par une boussole des tangentes, par les ressorts des cylindres a
et A, et revenait à la pile. Il était donc ouvert ou fermé selon que le res-
sort A touchait sur le cylindre de bois ou sur la lame de laiton. Le courant
d'induction se formait alors dans la bobine, passait par les ressorts B et b,
puis par un galvanomètre très-sensible, et revenait à la bobine. Un le mesu-
rait sur le galvanomètre. En faisant donc varier la vitesse de rotation, et en
donnant à la lame en B une position quelconque de relard sur celle en A,
on pouvait étudier le mode de formation des courants d'induction.
( 207 )
» Je vais indiquer les premiers résultats auxquels je suis arrivé, tout en
me réservant de continuer ces recherches avec un appareil beaucoup plus
parfait que je fais construire dans ce moment-ci :
» i° AusMlùt qu'on ferme ou qu'on ouvre le courant principal, il se
forme un courant d'induction. Le temps qui s'écoule, entre le moment de
la clôture ou de l'ouverture du courant principal et le moment où le cou-
rant induit se produit, est tellement petit, que je n'ai pas pu le déterminer.
En tout cas, il est inférieur à vôTTilïï ae seconde.
» 20 Mais, à ce moment, le courant induit n'est pas terminé; il croît
encore, puis il diminue assez rapidement et continue un certain temps en
devenant très-faible.
» 3° La durée totale du courant induit est toujours très-appréciable.
Dans certains cas j'ai constaté un faible courant, même ^ de seconde
après la clôture du courant principal, et il est probable qu'il dure encore
plus longtemps.
.. Si l'on veut représenter graphiquement le courant induit, en prenant
les temps pour abscisses et les intensités correspondantes pour ordonnées,
on a une courbe formée, pour les temps inférieurs à —-^ de seconde, d'une
ligne droite à peu près perpendiculaire à l'axe des abscisses, qui se courbe
en montant encore, qui arrive bientôt à un maximum, qui descend en-
suite rapidement, et, après une inflexion, s'approche indéfiniment de l'axe
des abscisses, sans qu'il soit possible de fixer exactement le point où elle
se confond avec cet axe. En tout cas, ce point correspond à un temps très-
appréciable. »
chimie minérale. — Sur un sable tilanifère de l'île portugaise de Santiago,
de l'archipel du Ont-Vert. Note de M. R.-D. Silva, présentée par
M. Balai d.
« Parmi les nombreuses colonies que le Portugal possède dans l'océan
Atlantique, se trouve le groupe volcanique des îles du Cap-Vert, situé entre
1 3 et 17 degrés de latitude nord, -il\ et 27 degrés de longitude ouest, comp-
tés du méridien de Paris. Ceux qui ont visité l'exposition portugaise ont
eu l'occasion devoir l'importante collection des produits coloniaux placés
dans l'annexe. Toutes les îles de cet archipel s'y trouvent représentées par
la variété et l'importance de leurs produits. Je dois à l'obligeance de
M. Pinto de Magalhaès, membre de la Commission portugaise, chargé de
l'exposition des colonies, des échantillons de produits végétaux et miné-
( ao8 )
taux, parmi lesquels j'ai trouvé un sable noir, exposé par M. Borges, de
Santiago, sous le titre de aréa jtreta. L'étude de ce corps fait l'objet de cette
Note.
)- Le sable eu question se présente en grains très-petits, d'un noir fonce,
dépourvus de forme cristalline, renfermant fies parcelles un peu colorées,
qui semblent s'y trouver accidentellement. Ce sable étant attiré par le bar-
reau aimanté, j'ai commencé par en séparer complètement la partie magné-
tique. De 162 grammes de sable, tel qu'il se trouve dans la nature et tel
qu'il a été envoyé à l'Exposition, j'ai séparé, au- moyen d'un aimant,
82 grammes de sable magnétique. Il y a donc de ce dernier corps un
rendement de 55 pour 100. Après avoir fait la séparation, j'en ai étudié
successivement les deux parties.
» Partie magnétique. — La partie magnétique est constituée de grains très-
petits, d'un noir foncé et doués d'éclat métallique, très-durs, mais assez cas-
sants pour être pnlvérisés. La densité, prise vers 20 degrés et ramenée à
-f- 4 degrés par le calcul, a été trouvée égale à 4i7°2- Sa poudre tache les
doigts en noir, elle-même étant d'un noir foncé. L'acide çhlorhydrique
concentré l'attaque à une température élevée, surtout dans une fiole munie
d'un tube allongé; cependant il y a des points colorés qui ne sont point
attaqués, et il semble se former en même temps, au sein de la solution çhlor-
hydrique, un précipité blanc. Ce précipité disparait quand on verse dans
la solution surnageante une petite parcelle de zinc, et alors la solution prend
une teinte violette. L'analyse qualitative de cette dernière m'a indiqué la
présence du fer, de l'acide titanique, de la magnésie, de l'alumine et de traces
de manganèse. C'est la composition d'un fer titane.
» L'analyse quantitative m'a fourni, eu centièmes :
Acide tilanique • 1 , jl >
Fer (métal ). 52, 5o
Magnésie . . , ;
Alumine 2,20
Partie insoluble (émeri 1 1 , 20
Manganèse traces
» La constitution généralement admise du 1er tiiane pouvant être repré-
sentée par la formule fi, Fe -+- nfe2, de l'analyse précédente on déduit les
chiffres suivants :
( 2°9 )
Acide titanique 21 ,46
Protoxyde de fer 18,84
Peroxyde de fer 54 , 07
Magnésie. 2,i3
Alumine 2,20
Émeiï 1,20
Manganèse. traces
99-9°
-> J'ai dit que le résidu insoluble dans l'acide chlorhydrique est de
l'émeri; en effet, formé de petites parcelles un peu colorées en ronge, très-
dures, résistant à l'action de l'acide chlorhydrique concentré, il s'est dissous
dans du bisulfate de potasse maintenu en fusion. La solution du produit
de cette fusion étant soumise à l'ébullition ne produisit aucune précipita-
tion et donna les réactions d'alumine et de fer.
» Partie non magnétique. — La partie non magnétique, qui d'ailleurs n'a
pas un aspect homogène, est formée de grains noirs dépourvus de l'éclat
presque métallique que l'on remarque dans la partie magnétique. Ils sont
moins durs et peuvent être réduits en poudre plus aisément. La densité,
déterminée dans les mêmes conditions que le fer titane déjà étudié, a été
trouvée égale à 3,434- La poudre a une couleur un peu rougeâtre et ne
tache point les doigts; peu fusible au chalumeau, elle est attaquable à chaud
par l'acide chlorhydrique concentré, qui en dissout seulement une partie.
Dans le but de rendre attaquable toute la matière, je l'ai fondue avec du
carbonate de soude, comme pour le cas d'un silicate, et le produit de la
fusion a été traité, à la manière ordinaire, par de l'acide chlorhydrique.
Après avoir séparé, du résidu insoluble dans l'acide chlorhydrique, la par-
tie qui s'y dissout, j'ai constaté, dans cette dernière, la présence du fer, de
l'acide titanique, de la chaux, de la magnésie, et de quelques traces de man-
ganèse. La partie insoluble dans l'acide chlorhydrique restant toujours un
peu colorée en rouge, après avoir été soigneusement lavée à l'eau bouil-
lante, m'a paru renfermer une autre substance outre l'acide silicique; je
l'ai fait bouillir dans une solution de potasse caustique, qui en a dissous la
silice, et il en est resté, selon mes prévisions, un résidu insoluble. Ce résidu,
insoluble dans la potasse et dans l'acide chlorhydrique, s'est dissous dans
du bisulfate de potasse maintenu en fusion. En faisant bouillir le produit
de cette fusion dans l'eau, j'ai obtenu un précipité blanc très-abondant, que
j'ai séparé par filtration. Ce précipité donna les réactions d'acide titanique,
C. R., 1867, -2e Semestre. (T. LXV, N° S.) 27
( 2IO )
et le liquide filtré celles d'alumine et de fer. Dans cette phase de l'analyse,
j'ai déterminé et la quantité d'acide titanique et celle d'alumine ferrugi-
neuse. Voici les résultats de cette analyse, pour ioo de la matière inso-
luble :
| Acide titanique 49 ' ' 3
/ Alumine et fer (émeri) 5o,85
9!) >98
L'analyse quantitative de la partie non magnétique ayant d'abord fourni
les nombres suivants :
Acide titanique (trouvé dans la solution
chlorhydrique) 4 >6o
Acide silicique 3 1 , 20
Fer ( métal ) 12 ,89
Chaux 10, 5o
Alumine 4i4^
Magnésie o , 5o
Résidu insoluble 29>7a
Manganèse traces
» Si l'on tient compte de l'analyse («), je pense que l'on peut conclure
que la partie non magnétique est formée de rutile, d'un silicate de chaux et
d'alumine et d'émeri. Si on admet cette constitution, le fer doit s'y trouver
à l'état de sesquioxyde; si, de plus, on tient compte de l'acide titanique
qui, dans l'analyse précédente, est compté comme résidu insoluble, la vraie
composition centésimale de la partie non magnétique sera :
Acide titanique 19,22
Acide silicique 3i ,20
Peroxyde de fer 18,84
Chaux 1 o , 5o
Alumine 4 >45
Magnésie o ,5o
Émeri 1 5 , 1 2
Manganèse traces
99,83
» Le minerai qui est l'objet de ce travail me semble présenter un certain
intérêt scientifique et être susceptible de devenir matière à une industrie
très-importante, à cause du fer et de l'acide titanique qu'il renferme;
d'après les analyses que j'ai données plus haut des deux parties magnétique
et non magnétique, on déduit que le corps, tel qu'il se trouve dans la
( 31, )
nature, renferme, en 100 parties :
Acide titanique. 20, 45
Fer métallique 35 ,00
» Si, comme je pense, celle variété de sable noir se trouve en grande
abondance flans la plupart des îles du Cap-Vert, elle pourra être l'objet
d'une exploitation très-importante : en donnant les résultats de mes ana-
lyses, je fais des vœux pour qne mes prévisions se réalisent, et je serai heu-
reux, dans la continuation de mes recherches, de faire tourner au profit de
mon pays les indications scientifkjues que la nature de mes études m'aura
procurées. »
chimie organique. — Sur les dérivés nilrés des éthers benzyliques. Note de
M. Ed. Grimaux, présentée par M. Balard.
« On connaît deux acides isomères de la formule C7 H5 (AzO2) Oa, l'acide
nitrobenzoïque et l'acide nitrodracylique. Le premier s'obtient par l'action
île l'acide nitrique sur l'acide benzoïque; le second par l'oxydation du ni-
trotoluène : tous deux, du reste, prennent naissance en même temps dans
l'action de l'acide azotique fumant sur le toluène.
» A chacun d'eux doivent correspondre des éthers, une aldéhyde, un
alcool nitrés. De tous ces corps on ne connaît cpie l'hydrure de nitroben-
zoïlc de Bertagnini, et je me suis occupé de préparer ces dérivés intéres-
sants au point de vue de l'isomérie des combinaisons aromatiques. J'ap-
prends aujourd'hui, par une communication particulière, que M. Beilstein
a entrepris l'étude de ces dérivés; aussi je me borne à rapporter les quel-
ques faits que j'ai observés, le droit de poursuivre ces recherches apparte-
nant au chimiste distingué qui a fait l'étude approfondie de l'acide nitro-
dracylique.
» On peut préparer l'alcool nitrobenzylique par une réaction analogue
à celle qui a permis à M. Cannizzaro de transformer l'hydrure de benzoïle
en alcool benzylique. Lorsqu'on dissout l'hydrure de benzoïle nitré dans
une solution alcoolique de potasse, le mélange s'échauffe et se prend au
bout de quelques instants en une masse tantôt grenue, tantôt gélatineuse,
de nitrobenzoate de potassium (Bertagnini). Par l'addition d'eau on dis-
sout le nitrobenzoate, et on sépare une huile épaisse, colorée, qui doit être
l'alcool benzylique nitré; en effet, on a :
2 [C'H5 (AzO2) O] + KHO = C7H4 (AzO2 )02K -f C7H7 (AzO2) O.
Hydrure de nilrobenzoïle. Nitrobenzoalo de potassium. Alcool nilrobcnzylique.
27..
( 212 )
» C'est une huile visqueuse, qui, abandonnée longtemps dans le vide
sec, ne présente aucune trace de cristallisation. Elle se décompose à la dis-
tillation sous la pression ordinaire; sous une pression de 3 millimètres elle
passe entre 178 et 180 degrés, en prenant une coloration ambrée; le per-
chlorure de phosphore l'attaque vivement, en donnant une huile chlorée,
jaune, non volatile sans décomposition. La petite quantité de cet alcool
que j'ai eue jusqu'à présent à ma disposition ne m'a pas permis de le puri-
fier suffisamment, et il a donné à l'analyse un chiffre trop élevé de carbone.
Cet alcool correspond à l'acide nitrobenzoïque, ainsi que l'indique son
mode de formation.
» En traitant le chlorure de benzyle C7 H7 Cl = C6 Hs, CH2Cl par l'acide
azotique fumant, on obtient un dérivé nitré déjà signalé par M. Beilstein,
et qui, suivant ce chimiste, donne par l'oxydation lacide nitrodracylique.
Pour le distinguer du chlorure qui donnerait par oxydation l'acide nitro-
benzoïque, on peut l'appeler cldorure de nilrodracéthylc et appliquer aux
autres termes de la série le nom de composés nilrodracéthyliques.
» Le chlorure de nilrodracélhyle s'oblient lorsqu'on- verse peu à peu du
chlorure de benzyle dans quatre ou cinq fois son poids d'acide nitrique
fumant; il est bon de refroidir le ballon dans lequel on opère, pour éviter
une trop vive réaction. Après une heure ou deux on précipite la solution
acide par l'eau, et il se sépare une huile jaune, épaisse, qui se prend en une
masse butyreuse du jour au lendemain. Si on la jette sur un filtre, elle
abandonne un liquide jaune, épais, tandis que la matière solide reste sur
le filtre; on la purifie par compression et par des cristallisations dans l'al-
cool. Le liquide formé en même temps renferme en solution une grande
quantité du produit solide, qui s'en sépare pendant les froids de l'hiver.
» Le chlorure de nitrodracéthyle C6H* (AzO2) CH% Cl (1) cristallise en
fines aiguilles blanches ou en lames minces nacrées; il est très-soluble dans
l'alcool bouillant et dans l'éther.
» Il fond à 70 degrés et peut rester liquide jusqu'à 60 ; si à cette tempé-
rature on l'agite avec un thermomètre, il se solidifie brusquement, et le
thermomètre remonte à 69 degrés. Fondu, il a une odeur aromatique
agréable; par le refroidissement, il se prend en aiguilles radiées. 11 produit
sur la peau, et principalement sur les muqueuses, une sensation de brulùre
(0
Trouvé.
Calculé.
C = 49,o3
48. 98'
H= 3,63
3,5o
( 2l3 )
très-vive. Chauffé pendant quelques heures avec une solution alcoolique
d'acétate de potassium, il donne du chlorure de potassium, et la solution
renferme l'acétate de nitrodracéthyle C°H4 (Az()2), CH2 (C2H302) (i).
» Celui-ci est un peu soluble dans l'eau bouillante, assez soluble dans
l'eau alcoolisée, très-soluble dans l'eau et l'élher. 11 se sépare de ses solu-
tions en feuillets minces, brillants, blancs ou jaunâtres. Il fond à 85 degrés
et se prend en grandes lames.
» En traitant l'acétate de benzyle par l'acide azotique fumant, dans le
but d'obtenir l'isomère du corps précédent, j'ai eu une huile épaisse d'où
se sépare un corps blanc, solide : l'étude de ces corps n'a pas encore été
faite. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les dérivés métliyliques, éthylitjues et amyliques de
t'orcine. Note de MM. V. de Lvyxes et A. Lionet, présentée par M. H.
Sainte-Claire Deville.
« Les composés désignés sous le nom générique de phénols possèdent
des propriétés intermédiaires entre celles des alcools et des acides. En effet
ils réagissent sur les chlorures acides comme les alcools proprement dits,
en formant des composés dans lesquels un ou plusieurs équivalents d'hy-
drogène sont remplacés par le radical acide avec élimination d'un nombre
égal d'équivalents d'acide chlorhydrique. D'autre part ils s'unissent aux
bases, et par conséquent doivent être regardés comme susceptibles de réa-
gir sur les alcools pour engendrer des composés analogues aux éthers.
» L'orcine, au contact des chlorures acides employés en excès, donne,
comme l'un de nous l'a démontré (2 ), des combinaisons diacides qui, sou-
mises à l'action des bases, se décomposent en mettant en liberté leurs élé-
ments générateurs. Ainsi l'orcine diacétique, traitée par la chaux, se résout
en orcine et en acide acétique qui s'unit à la chaux. Ces composés, dans
lesquels l'orcine fonctionne comme un alcool, présentent donc par leur
mode déformation, leur composition chimique et la décomposition qu'ils
[1) Trouvé.
I. II. Calculé.
C = 54,87 54,83 55,38
H= 5,io 4,48 4,6i
[2.) Annales de Chimie et de Physique, 4e série, t. VI, p. 184.
( «4 )
subissent ;iu contact des bases, une constitution semblable à celle des
éthers.
» Nous nous étions proposé flans ce travail de préparer des composés
dans lesquels l'orcine jouerait le rôle d'acide vis-à-vis des alcools ordi-
naires. Les combinaisons que nous avons obtenues diffèrent par leur con-
stitution et leur nombre de celles dont on aurait pu prévoit' la formation
d'après les idées généralement admises sur la nature des phénols. C'est
pourquoi, bien que notre travail ne soit pas terminé, nous croyons devoir
en présenter les premiers résultats à l'Académie.
» La méthode que nous avons employée consiste à faire réagir à une
température convenable l'orcine cristallisée sur un mélange d'équivalents
égaux de potasse et de l'éther iodhydrique de l'alcool sur lequel on opère.
» Lorsque l'orcine est en excès, on obtient un composé qu'on peut con-
sidérer comme dérivant de l'orcine par la substitution de i équivalent du
carbure correspondant à l'alcool à 1 équivalent d'hydrogène de l'orcine.
Eu opérant ainsi avec les iodures de méthyle, d'éthyle et d'amyle, nous
avons obtenu les composés suivants :
i° La méthylorcine C'H'fC'H»)©'
2° L'éthvlorcine CMH'(C'H5)0'
3° L'amylorcine C"H'tC,0H")O'
>j Les deux premiers corps sont liquides et sirupeux, le troisième cris-
tallise en aiguilles très-nettes qui se forment lentement au milieu du liquide.
» En opérant sur un mélange formé de i équivalent d'orcine et de
2 équivalents d'iodure et de potasse, nous avons préparé des corps qui
dérivent de l'orcine par la substitution fie 2 équivalents de carbure à 2 équi-
valents d'hydrogène de l'orcine. Ce sont :
1" La diéthylorcine C"H' (C'H'J'O1
2° La diamylorcine C"H6(Cl(,H")J0,
» Ces deux corps ont une consistance sirupeuse; la diéthylorcine distille
entre -24° et 2Ô0 degrés sans changer de composition.
» Enfin, lorsque le mélange d'iodure et de potasse est en grand excès
par rapport à l'orcine, les composés qu'on obtient peuvent être regardés
comme de l'orcine dont 3 équivalents d'hydrogène sont remplacés par
3 équivalents de carbure. Nous avons aussi préparé :
i° La trimétbylorcine C"Hs(C!H3)30'
a" La tiiéthylorcine C"Hs(C'Hs)»0'
3° La triaraylorcine C14Hi(Cl,H")J01
( *>5 )
» La Iriméthylorcine est liquide et distille sans altération sons la pres-
sion ordinaire, vers 25o degrés; la Iriélhylorcine bont vers ^65 degrés.
Quel que soit l'excès d'iodure employé, nous ne sommes jamais arrivés
à une substitution plus avancée. Tous les produits précédents ont été
analysés.
» On voit que si les deux premières séries de combinaisons peuvent être
rattachées aux éthers par leur composition et leur mode de formation, il
est impossible de faire rentrer dans la même classe les produits de la troi-
sième série. Nous ajouterons que jusqu'à présent nous n'avons pas pu
reproduire, au moyen de tous ces composés, l'orcine et l'alcool générateur.
Nous proposons donc de les considérer jusqu'à nouvel ordre comme des
produits de substitution des carbures d'hydrogène alcooliques à l'hydro-
gène de l'orcine.
» Nous citerons en terminant une réaction intéressante au point de vue
de la constitution de l'orcine. Lorsqu'on fait agir de l'orcine diacétique sur
un alcool sodé, on obtient l'étlier acétique correspondant à l'alcool, de la
soude et un corps soluble dans l'eau qui paraît ne pas être de l'orcine. Il
ne se forme pas de produit de substitution du carbure d'hydrogène de
l'alcool employé.
» Ces expériences ont été faites au laboratoire de recherches et de per-
fectionnement de la Faculté des Sciences de Paris. »
pathologie. — Importation en France du Tîalsahuate. Note de
M. J. Lehaire, présentée par M. Chevreul. (Extrait.)
« Il existe au Mexique un petit insecte, appelé par les Indiens Tîalsahuate.
Cet insecte vit dans le gazon. Il est presque imperceptible à l'œil nu. Il at-
taque l'homme et se fixe presque toujours aux paupières, aux aisselles, au
nombril et au bord libre du prépuce. Sa présence est annoncée par la dé-
mangeaison ; puis surviennent de la rougeur, du gonflement et quelquefois
de la suppuration. Ces phénomènes morbides durent ordinairement six
jours et restent toujours locaux, ce qui me paraît indiquer que cet insecte
ne s'y multiplie pas. Il suffît de l'enlever pour que les phénomènes mor-
bides cessent. Les Mexicaines se servent le plus ordinairement pour cela
d'une aiguille ou d'une tige de graminée.
» Cette maladie, pour laquelle les Mexicains ne réclament point les soins
des médecins, est très-commune dans les terres tempérées et est inconnue
dans les terres chaudes.
( »l6 )
» Je tiens tous ces renseignements de M. et M™' L. Biart, qui ont habité
le Mexique pendant longtemps. M"'p Biart, qui a été élevée dans la terre
chaude, n'en avait jamais vu avant son habitation à Orizava.
» Je n'ai rien trouvé, dans les ouvrages de médecine et d'histoire natu-
relle que je possède, qui ait pu m'éclairer sur l'histoire de ce petit insecte.
Il me parait inconnu des médecins français.
» J'arrive maintenant au fait que j'ai constaté.
» Samedi dernier (i3 juillet), M,ue Biart me présenta sa fille, âgée de
quatre ans, qui se plaignait d'une assez vive démangeaison à la paupière
de l'œil gauche. J'y constatai, entre les cils, un peu de rougeur et de
gonflement, dans une étendue de 5 à 6 millimètres. Pensant alors, d'après
les renseignements qui me furent donnés, que ces effets pourraient bien
être ceux du Tlalsahuate, et me rappelant que M. Biart avait reçu de nom-
breuses caisses du Mexique, que des nattes et d'autres objets qu'elles
contenaient avaient séjourné assez longtemps à côté de la pelouse de leur
jardin, où jouent constamment leurs enfants, je cherchai à découvrir le
petit insecte. Alors, nous aidant d'une loupe, nous découvrîmes le Tlalsa-
huate fixé entre deux cils et placé au centre de la rougeur dont j'ai parlé.
Sa forme est oblongue et d'une couleur jaune-orangé très-vive. M. et
Mme Biart le reconnurent très-bien. Je désirais le recueillir pour l'étudier et
en déterminer l'espèce, mais je le laissai tomber et il nous fut impossible
de le retrouver. 11 est probable qu'il en existe d'autres et que nous serons
assez heureux pour nous en procurer un et pour pouvoir l'étudier.
» De tout ce qui précède il résulte ce fait important, qu'un très-petit
insecte qui, au Mexique, produit une maladie de la peau, a pu être im-
porté en France, sans doute à l'état d'œuf, par des collections d'objets ina-
nimés et y reproduire cette maladie inconnue en France. »
M. Chevreul après avoir exposé à l'Académie le fait contenu dans la
communication qui précède, ajoute les remarques suivantes :
« Ayant toujours cru à l'existence d'un grand nombre de maladies qui
sont dues à des matières (inorganiques, mortes ou vivantes) prises au de-
hors par des êtres vivants, et ayant toujours été étonné des objections
faites à celte opinion dans un grand nombre de cas qui me semblaient la
confirmer, j'ai toujours été fort attentif à recueillir des faits incontestables
propres à en démontrer l'exactitude.
» Le fait que j'ai l'honneur de communiquer à l'Académie au nom du
Dr J. Lemaire est de cet ordre. »
( 217 )
M. Chevrecl, à propos d'expériences faites par M. J. Lémûire sur les
propriétés de l'acide phénique, présente les observations suivantes :
« M. J. Lemaire, qui s'occupe des applications qu'on peut faire de l'acide
phénique, m'a mis à portée de constater quelques faits intéressants.
» Après avoir touché, avec un pinceau imprégné de parties égales d'alcool
et d'acide phénique, l'ombilic d'une pèche qu'il venait de détacher de l'ar-
bre le 10 de septembre 1866, il la plaça sur un tesson de porcelaine, au fond
d'un pot de verre cylindrique; il le recouvrit d'un verre renversé, coula
dans l'espace annulaire des deux vases une couche de suif fondu de 3 cen-
timètres de hauteur, et, après que le suif fut figé, il le couvrit de 2 centi-
mètres d'huile d'olive.
» Le i/( de juillet de cette année (1867), la pèche semblait bien conservée,
à en juger par sa fraîcheur et sa couleur rosée; mais, après qu'elle eut été
extraite du vase, on vit que la partie inférieure était molle et brunâtre, et
que l'huile d'olive formait une couche de 1 millimètre d'épaisseur environ
depuis l'ombilic jusqu'au sommet du fruit, entre la face intérieure de la pel-
licule et la partie succulente. Pour le démontrer il suffit de mettre une sec-
tion du fruit, faite perpendiculairement à l'axe, sur un papier : celui-ci pré-
senta une tache huileuse circulaire, tandis qu'une autre section passant
par l'axe laissa une tache huileuse formée de deux courbes formant un
angle. La partie succulente comprise entre l'huile et le noyau ne contenait
que des traces d'huile; elle était très-succulente, mais à peine sucrée et
d'un goût détestable, à cause d'une odeur forte de rance provenant à la fois
de l'huile d'olive et du suif. Je m'explique la pénétration de l'huile dans
le fruit de la manière suivante : l'huile avait passé entre les parois intérieures
de l'espace annulaire et le suif jusqu'au fond du pot à confiture, duquel,
par capillarité, elle avait pénétré le fruit; l'huile d'olive s'était imprégnée
de l'oléine odorante du suif; de là sa mauvaise odeur.
» Enfin un phénomène remarquable me frappa; après une demi-heure,
l'extérieur du fruit avait perdu par le contact de l'air toute sa fraîcheur et
sa couleur rosée; l'intérieur, devenu d'un roux brun, avait perdu sa fer-
meté première.
» Une seconde et une troisième pêche, conservées dans de la poudre de
charbon de terre renfermée dans un vase de fer-blanc à fermeture hydrau-
lique garnie de suif, donnèrent lieu aux observations suivantes : la totalité
du suc et de la pulpe des fruits avaient été pompée par le charbon ; il ne
G. R., 1867, 2« Semestre. (T. LXV , N° S.) 28
( -2 1 S
restait plus que les noyaux et les pellicules. Enfin quelques cavités du char-
bon de terre étaient tapissées de mycélium.
» Les pellicules qui avaient résisté à l'altération de la partie succulente
m'ayant rappelé que M. Vauquelin avait signalé, dans d'excellentes recher-
ches analytiques sur les pousses du marronnier d'Inde et les graines de lé-
gumineuses, des combinaisons de tannin et de matières azotées, j'ai été ainsi
conduit à constater que les pellicules de la pèche, de l'abricot et de la cerise
se teignent en noir quand on les plonge dans de l'eau tenant un sel de fer, et
de plus que, si ces pellicules donnent un produit acide à la distillation, elles
donnent un produit alcalin si on les distille après les avoir mêlées de
poudre de strontiane Je ne doute point, d'après cela, que ces pellicules
rentrent par leur composition dans les combinaisons signalées par M. Vau-
quelin.
» Des cerises qui avaient été mélangées avec de la poudre de charbon
de terre présentèrent un résultat tout à fait semblable au précédent, tandis
que d'autres cerises conservées de la même manière n'avaient rien perdu
de leur suc et de la fermeté de leur parenchyme. Mais leur couleur était de-
venue livide, elles retenaient peu de sucre, et il s'était produit une quan-
tité considérable d'acide butyrique qui leur donnait une odeur excessive-
ment désagréable. »
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
L'Académie a reçu, dans la séance du 29 juillet 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
De la température du corps de C homme sain et malade; variations de la cha-
leur pendant et après le bain d'eau minérale; influence de l'altitude des lieux
sur les fonctions physiologiques; par M. H. ScoUTETTEN. Paris, 18G7;
br. in-8°.
Essai critique sur les principes fondamentaux de la Géométrie élémentaire,
ou Commentaire sur les XXXII premières j impositions des Eléments crEuclide ;
par M. J. Houel. Paris, 1867; in-8°.
( 2,9 )
Premiers habitants de ï Europe; par M. Ch. Contejean. Niort, 1867;
br. in-8°.
Les noms des oiseaux expliqués par leurs mœurs, ou Essais étymologiques ur
l'ornithologie; par M. l'abbé Vincelot. Angers, 1867; 1 vol. in-8°, 3e édi-
tion. (Présenté par M. Clievrenl.)
Truite pratique des maladies des ovaires et de leur traitement, précédé d'un
aperçu analomique et physiologique de ces organes. Ovariotomie ; par M. A.
BoilSET. Paris, 1867; in-8°. (Présenté par M. Delaunay pour le concours de
Médecine et de Chirurgie, 1868.)
De l'origine de la végétation du globe; par M. D. CLOS. Toulouse, 1867;
br. in-8°.
Troisième fascicule d'observations tératoloqiques ; par M. D. CLOS. Tou-
louse, 1867; br. in-8°. (Extrait des Mémoires de T Académie impériale des
Sciences de Toulouse. )
Deux démonstrations élémentaires du Postulatum r/'Euchde; par M. H. de
Pretis de Sainte-Croix. Menton, 1867; br. in-8°.
Relation des températures des vapeurs saturées avec leurs tensions corresjion-
dantes ; par M. L.-M.-P. COSTE. Paris, 1867; in-8°.
Etudes sur l'Exposition de 1 867, ou les Archives de l'Industrie au XIXe siècle,
publiées sous !a direction de M. E. Lacroix. 4e fascicule, 20 juillet 1867.
Paris, 1867; gr. in-8°.
Exposition publique des produits de l'industrie. Le Président de la Société
d'Emulation aux ouvriers, i833; parM. Boucher de Perthes. Paris, 1867;
br. in-8°, 3° édition.
Memoria... Mémoire sur la discussion des équations algébriques des troi-
sième et quatrième degrés; par M. D.-J. Sanchez-Trapero. Madrid, 1866;
in-8°.
Ueber... Sur les travaux, concernant les sciences naturelles, de la Societas
physica Helvetica; par M. F. Burckhardt. Bâle, 1867; in-8°.
Die... La découverte du thermomèlr e et sa configuration au XV IIe siècle; par
M. F. Burckhardt. Bâle, 1867; '"-4".
La triangulation des environs de Berlin, publiée par le Bureau de triangu-
lation. Berlin, 1867; in-4°.
( 2 20 )
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT
LE MOIS DE JUILLET 1867.
Annales île Chimie et de Physique; par MM. CHEVREUL, Dumas, Pelouze,
Roussingault, Regnault ; avec la collaboration de M. Wurtz; juin et
juillet 1867; in-8°.
Annales de V 'Agriculture française ; n° ta, 1867; in-8°.
Annales de la Propagation de la foi; juillet 1867; in-12.
Annales de la Société d' Hydrologie médicale de Paris; comptes rendus des
séances, 1 Ie livraison ; 1867; in-8°.
Annales du Génie civil; juillet 1867; in-8°.
Annales météorologiques de l'Observatoire de Bruxelles; n° 6, 1867; in-4°.
Annuaire de la Société Mctéorologi/pie de France,- feuilles 1 à 1 1, t. XIII;
feuilles 1 à 10, t. XV; 1867; in-8°.
Bibliothèque universelle et Bévue suisse. Genève, h° 1 i/j, 1867; in-8°.
Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; nos des 3o juin et i5 juil-
let 1867; in-8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; nos 5 et 6, 1867; in-8°.
Bulletin de la Société académique d'Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et
Arts de Poitiers ; nos 1 1 5 et 1 16, 1 867 ; in-8°.
Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Saillit,
2e série, t. II, 1867; in-8°.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale; mai
1867; in-4°.
Bulletin de la Société de Géot/raphie; juin 1867; in-8°.
Bulletin de la Société française de Photographie; juin et juillet 1867;
in-8°.
Bulletin de la Société Géologique de France; feuilles 17 à 24, 1867; in-8°.
(La suite du Bulletin ou prochain numéro.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE LACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 5 AOUT 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
ASTRONOMIE. — La cause et l'explication du phénomène des taches doivent-elles
être cherchées en dehors de la surface visible du Soleil? par M. Faye.
« Il y a six mois, un savant illustre a adressé sur ce sujet à l'Académie
une Lettre à laquelle j'ai essayé de répondre, séance tenante (i), avant de
quitter Paris pour un long voyage. Depuis mon retour j'ai relu cette ré-
ponse, et tout en trouvant bien suffisantes ies simples remarques que j'ai
opposées à l'hypothèse propre de M. Rirchhoff, il m'a paru qu'il me restait
quelque chose d'essentiel à dire sur son objection. C'est ce que je désire
faire aujourd'hui : personne ne s'étonnera qu'avec un tel adversaire il faille
s'y reprendre à deux fois.
» Cette objection, déjà formulée il y a deux ans par les astronomes an-
glais, revêt un grand intérêt quand on en considère les conséquences. Au
fond il s'agit ici de deux systèmes diamétralement opposés, l'un s'efforçant
de rattacher les phénomènes superficiels du Soleil à des causes internes,
prises dans sa masse même et dans son mode intime de refroidissement;
l'autre cherchant ces causes en dehors de la photosphère. Le premier se
présente naturellement à l'esprit quand on prend pour objectif l'énormité
( i ) Séance du 4 mars dernier.
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, iN° C.) 20,
( W2. )
et la constance séculaire de la radiation solaire. Le second, c'est-à-dire
1 hypothèse des causes externes, est une simple conséquence de l'objection
dont nous allons nous occuper. INul esprit, en effet, ne s'aviserait d'aller
chercher au loin, à grand renfort d'imagination et d'analogies douteuses, la
cause des phénomènes grandioses de la photosphère, s'il ne s'était tout
d'abord laissé détourner de l'idée des causes internes par une objection qui
lui aura paru fondamentale et décisive. Je me propose donc d'examiner
cette objection en elle-même, puis les hypothèses auxquelles elle a donné
lieu récemment en Angleterre pour remplacer celle de M. Kirchhoff. Cet
examen sera uniquement basé sur des faits. Si ma discussion atteint son
but, elle aura l'avantage de montrer clairement les voies que la science
doit éviter et celle où elle a chance d'arriver peu à peu à la vérité.
» Voici d'abord l'objection du savant allemand : « M. Faye se figure le
» noyau qui est entouré par la photosphère aussi chaud, plus chaud même
» que la photosphère, mais obscur. Pour lui ce noyau est gazeux; eu égard
» au faible pouvoir émissif des gaz, M. Faye regarde ces deux propriétés
» comme compatibles dans le noyau gazeux du Soleil. En réalité eilessonl
» incompatibles, quel que soit l'état d'agrégation du Soleil. De la relation
» existant entre le pouvoir émissif et le pouvoir absorbant des corps, il ré-
» suite d'une manière absolument certaine que, alors qu'en réalité la lumière
» émise par le noyau solaire est invisible pour notre œil, ce noyau, quelle
» que soit d'ailleurs sa nature, est parfaitement transparent, de manière que
» nous apercevrions, par une ouverture située sur la moitié de la photo-
» sphère tournée de notre côté, au travers de la masse du noyau solaire,
» la face interne de l'autre moitié de la photosphère, et que nous perce-
» vrions la même sensation lumineuse que s'il n'y avait pas d'ouverture. »
» Il suffira, je crois, d'indiquer un point faible de ce raisonnement.
Pour qu'un rayon émis par la face interne de la photosphère, sous une in-
cidence quelconque, parvienne à l'œil de l'observateur, ce n'est pas assez,
comme l'admet M. Kirchhoff, que la masse interne soit parfaitement
transparente : il faut encore qu'elle ait partout la même densité. Or la
densité moyenne du Soleil étant un peu plus grande que celle de l'eau, et
celle de ses couches extrêmes n'étant pas beaucoup plus grande que celle
de notre air (i), il en résulte que la densité va en croissant rapidement vers
le centre, et qu'elle est là supérieure à la densité moyenne, c'est-à-dire à
(i) foir mes recherches sut lu réfraction solaire, Comptes rendus- des séances du 26 mars
et du 3o juillet 1866.
( 223 )
celle de l'eau. Par conséquent cette densité centrale doit être plusieurs
centaines ou même plusieurs milliers de fois supérieure à celle de la couche
superficielle où se forme la photosphère. Ce milieu diffère donc considé-
rablement en réalité du milieu supposé tacitement par l'objection, et c'est
une question de savoir si un tel milieu laissera sortir les rayons qui sont
censés, à première vue, le traverser de part en part. Pour en juger, pre-
nons dans la Mécanique céleste l'équation différentielle de la trajectoire
lumineuse clans un milieu gazeux formé de couches sphériques, homogènes
et concentriques, dont la densité varie avec la profondeur,
cdr
dv = — ,
où (p représente le pouvoir réfringent variant avec le rayon r et q2 une
constante annexée à l'intégrale. Supposons, uniquement pour fixer les
idées, que ce pouvoir soit inversement proportionnel au cube du rayon :
le dénominateur pourra, à certaines conditions, se réduire à r2\Jq3 ei
l'équation de la trajectoire se réduira elle-même à v = h const. Ainsi,
dans ce cas spécial, la trajectoire lumineuse, au lieu de sortir de la photo-
sphère, se rapprocherait indéfiniment du centre. Cet exemple, si particu-
lier qu'il soit, ne paraîtra pas excessif si l'on veut bien se rappeler que, dans
notre propre atmosphère, une modification très-faible et même réalisable
dans la succession des densilés suffirait pour qu'un rayon parvenu sous
une faible obliquité dans une couche quelconque continuât à s'y mouvoir
indéfiniment sans pouvoir en sortir. M. Biot a même montré, dans un
Mémoire déjà ancien, mais bien connu des physiciens (i), qu'il existe une
infinité de manières d'obtenir ce résultat, et il s'en est servi pour expliquer
divers phénomènes atmosphériques dont on n'avait pas la clef avant lui.
Si donc on considère que tous les rayons émis vers l'intérieur, par la face
interne de la photosphère, commencent toujours par s'infléchir vers le
centre et arrivent ainsi à quelque couche plus ou moins profonde sous une
incidence rasante, il paraîtra qu'au lieu d'être en droit d'affirmer que ces
rayons parviendraient à notre œil avec tout leur éclat, à travers l'immense
masse du Soleil, il faudrait au contraire nous faire voir comment ils pour-
raient en sortir. M. Kirchhoff me paraît avoir simplement négligé le fait
capital et caractéristique de la constitution du Soleil.
(i) Mémoires de la première classe de l'Institut, 1808.
29 ..
( ™\ )
» Examinons maintenant les conséquences de l'objection ; c'est
M. Kirchhoff lui-même qui les tire : « Quelle que soit la constitution
» du Soleil, les taches ne peuvent s'expliquer que par un abaissement
» local de température approchant ou dépassant la limite de l'incandes-
» cence (i). » Or la masse interne ne peut donner lieu à un refroidisse-
ment local : c'est donc hors de la photosphère qu'il faut chercher la cause
des taches.
» Qu'y a-t-il hors de la surface visible du Soleil? Pas autre chose que
l'atmosphère du Soleil, un peu de matière cométaire ou météorique, et les
planètes.
» Du rôle attribué à l 'atmosphère du Soleil dans la production et les mouve-
ments des taches. — Il pourrait s'y former, selon M. Kirchhoff, des courants
horizontaux ; selon les astronomes anglais de l'Observatoire de Kew, des
courants verticaux (2). La première hypothèse, suivant laquelle il se formerait
localement des nuages de condensation à la rencontre de courants opposés
d'inégale température, nuages qui produiraient les taches, a été suffisam-
ment discutée; j'ose espérer que le savant auteur de cette tentative a renoncé
lui-même à la soutenir. Quant à la seconde hypothèse, actuellement en
faveur en Angleterre, nous allons la comparer aux faits. On suppose que
des courants verticaux venant à se former dans l'atmosphère entraînent
jusque sur la face brillante du Soleil des matériaux froids enlevés aux cou-
ches extrêmes et y produisent des extinctions locales. Je ne m'arrêterai
pas, non plus que tout à l'heure, à opposer à cette hypothèse la constitu-
tion même de la photosphère, c'est-à-dire ces espaces noirs qui séparent
(1) On sait aujourd'hui que la photosphère est loin d'être continue : elle se compose de
très-petits amas de matière incandescente séparés par des intervalles obscurs très-sensililes.
C'est l'irradiation qui produit l'illusion de la continuité. Or ces intervalles obscurs sont tout
à fait analogues aux taches; il faudrait donc qu'ils fussent produits par le même procédé
d'extinction locale. D'autre part, les taches elles-mêmes sont souvent traversées par des filets
lumineux ou par des amas très-brillants de matière photosphérique passant au-dessus, en
plein abaissement local de température : ces filets, ces amas si brillants devraient donc y
subir les premiers l'extinction qu'on suppose s'exercer localement sur la photosphère. Mais
je n'ai pas l'intention de produire ici tous les faits contraires à l'idée que je discute : je me
contente d'en faire ressortir et apprécier le plus simplement possible la conséquence la
plus saillante.
(2) Les astronomes anglais ont adopté, je crois, ces courants verticaux pour rendre
compte de la profondeur des taches, tandis que M. Kirchhoff, qui n'avait pas pensé sans
doute à celte condition-là, avait été conduit à supposer des courants horizontaux, l'un po-
laire, l'autre équatorial, par analogie avec ce qui se passe dans notre propre atmosphère.
( ii5 )
les points lumineux et qui offrent assez bien en petit l'aspect des taches
elles-mêmes, ni ces ponts lumineux qui passent au-dessus des taches, et qui
devraient être les premiers à s'éteindre en pénétrant dans le courant froid :
je me bornerai à la loi du mouvement des taches, laquelle est indépen-
dante de toute théorie. Cette loi est pour les taches ordinaires :
,. i • ( = i4°j2q — an,62siir).
Mouvement diurne angulaire { •
b \ = 1 1°,67 + 2°,62cos2X.
» S'il s'agit de la première tache d'un groupe en voie de formation, on a
[Compte rendit du 4 mars 1867, p. 3y5)
Mouvement propre angulaire = 1 i°,6y -f- 2°,62 cos'->. -t- i°J'(t),
f[t) étant une fonction inconnue qui se réduit à 1 ou 2 au début de l'ap-
parition, et à zéro au bout de quelques jours.
» Les courants atmosphériques descendants apportent avec eux un excès
de vitesse linéaire dans le sens de la rotation générale, et cet excès impri-
mera aux taches un excès de vitesse angulaire correspondant aux termes
variables de la loi ci-dessus. Le moins qu'on puisse faire en raisonnant
toujours dans cet ordre d'idées, c'est d'attribuer à la photosphère comme à
la masse entière du Soleil une rotation générale de n°,67 par jour, et aux
taches l'excès de 2°,62 cos2X, avec 1 ou 2 degrés eu plus s'il s'agit de la pre-
mière tache d'un groupe pris à son début. Cet excès doit donc aller sou-
vent, pour les taches voisines de l'équateur, à 4°)62, c'est-à-dire à -ffî= ou
à plus de j de la vitesse de rotation du Soleil. Un pareil excès répond à
une hauteur de chute de plus de ± du rayon solaire; en d'autres termes, ce
serait à une hauteur égale à plus du tiers de ce rayon qu'il faudrait aller
chercher la couche atmosphérique dont l'excès de vitesse linéaire (sur la
zone inférieure de la photosphère) expliquerait le mouvement en avant
des taches.
» Ce n'est pas tout : une portion de la couche extrême de l'atmosphère
ne saurait tomber sur la surface visible du Soleil avec tout son excès de
vitesse linéaire de rotation : en traversant les couches sous-jacentes, sur
une épaisseur de plus de 5oooo lieues (le tiers du rayon), cette portion
refroidie tendra à perdre peu à peu son excès de vitesse et n'arrivera
au sol éblouissant qu'avec une petite fraction de l'excès primitif. Con-
cluons donc, sans nous arrêter à d'autres difficultés, que la hauteur d'où
ces masses doivent tomber est nécessairement beaucoup plus grande que le
tiers du rayon solaire, ce qui nous amène à supposer autour du Soleil une
atmosphère gigantesque.
( 226 )
» Une telle atmosphère n'existe pas.
» Si elle existait, elle produirait îles réfractions considérables; or on
n'en a jamais pu trouver la moindre trace dans les mouvements des taches
les mieux étudiées et les plus régulières.
» Si elle existait, elle aurait intercepté toutes les comètes à courte dis-
tance périhélie; ces comètes, en pénétrant dans celte gigantesque atmo-
sphère, y eussent subi le sort des étoiles filantes qui viennent heurter la
nôtre.
» Si elle existait, on la verrait dans les éclipses totales; or on ne la voit
pas : l'auréole, ou la gloire des éclipses, ne ressemble nullement à une at-
mosphère, comme on peut aisément s'en convaincre en parcourant les des-
sins si variés qu'en ont faits les observateurs.
» Ici je demande à faire une courte digression pour montrer qu'il est
facile aujourd'hui de se rendre compte de ces mystérieuses auréoles des
éclipses, avec leurs panaches, leurs rayons aussi mêlés qu'un écheveau em-
brouillé, leurs appendices en forme de lyre ou d'aigrettes, leurs faisceaux de
rayons qui divergent en forme de paraboles, ou convergent en forme de
cônes droits et obliques, etc. S'il n'existe pas autour du Soleil d'atmosphère
gigantesque faisant corps avec lui, pesant sur lui, tournant avec lui, en
revanche, l'espace circumsolaire es! peuplé de courants de matière très-
rare, de nébulosités impalpables circulant suivant les lois de Kepler, tout
comme les planètes ou plutôt les comètes. Ce sont des courants de ce genre
que la Terre traverse à certaines dates fixes, et qui, d'après les récentes dé-
couvertes de M. Schiaparelli et de M. Le Verrier, produisent les flux pério-
diques des étoiles filantes. Si l'on a pu compter déjà une centaine de ces
courants dans l'étroite bande que la Terre parcourt annuellement, com-
bien n'y en a-t-il pas dans le vaste espace qui nous sépare du Soleil! Eh
bien, cette matière ténue, filant dans toute sorte d'orbites directes ou ré-
trogrades, inclinées de toutes les manières possibles sur l'écliptique, ayant
toutes les distances périhélies imaginables, depuis l'unité jusqu'au rayon
de la dernière couche du Soleil, cette matière, dis-je, est aussi bien illu-
minée par le Soleil que les comètes elles-mêmes. Là où ces courants se
resserrent et se superposent optiquement en se croisant, pour notre œil,
dans tous les sens, près du Soleil en un mot, la perspective très-compli-
quée qu'ils dessinent sur la voûte céleste pendant les éclipses doit ressem-
bler très-bien aux dessins des auréoles dont je viens de parler. Telle est
l'explication toute naturelle que les derniers progrès de la science nous
suggèrent pour cette auréole si singulière, si changeante, et jusqu'à présent
( «7 )
si mystérieuse ( i ); mais rien ne ressemble moins à une atmosphère que ces
rares matériaux cosmiques. La lumière qu'ils nous renvoient peut et doit
être polarisée par réflexion (Prazmowski), mais à coup sûr ils ne sauraient
dévier les rayons qui les traversent comme le ferait une atmosphère quel-
conque. Ils peuvent agir à la longue sur les mouvements des comètes
(Encke), mais non les intercepter. Enfin ils circulent autour du Soleil, mais
à coup sur ils ne tournent pas avec lui, ne pèsent pas sur lui, et ne peuvent
en aucun cas tomber sur sa surface en manière de courants verticaux, de
tourbillons ou de cyclones.
» Passons à la seconde série de matériaux extérieurs à la photosphère.
» Du rôle des planètes et de leurs aspects dans la formation des taches. —
Personne plus que moi n'estime les travaux des astronomes de Rew, et les
trésors d'observation qu'ils amassent pour l'avenir de la science; qu'ils
me permettent néanmoins de différer d'opinion avec eux sur quelques par-
ties de leurs savantes recherches de physique solaire. Quand un phénomène
offre une périodicité bien accusée, par cela même il donne quelque prise
sur lui, au moins indirectement; car, en l'absence de toute autre ressource,
on peut toujours chercher si d'autres phénomènes ne présenteraient pasla
même période, et, en cas de succès, prononcer que ces deux ordres de faits
dépendent de la même cause. Tel a été le cas des marées et des passages de
la Lune au méridien. Mais, pour que la conclusion soit légitime, il faut
qu'il y ait coïncidence étroite entre les périodes moyennes, autrement il n'y
a rien à tirer d'un tel rapprochement à posteriori. Employons cette règle,
que je crois ici d'application stricte, pour le cas qui nous occupe. La période
des taches, découverte par M. Schwabe,et si savamment établie par M.Wolf,
de Zurich, a pour valeur moyenne 1 13"5, 1 1 ; celle de Jupiter est de i iani,8622.
Je ne vois pas ce que l'on peut tirer de ce rapprochement : après une coïnci-
dence plus ou moins prolongée entre les taches et certaines positions de
Jupiter (le périhélie, par exemple), le désaccord devient inévitable. De même
les astronomes de Kew ont trouvé que la superficie occupée par les taches
sur le disque visihle du Soleil varie assez régulièrement avec le temps, et a
présenté une période de 18 à 12 mois pendant les années d'observation
qu'ils possèdent. Or la révolution synodique de Vénus est de i9mol9,465;
nous sommes loin d'une coïncidence, et, par suite, nous ne saurions
conclure avec les savants anglais que les retours de la Terre et de Vénus
(1) Voir, à ce sujet, mon deuxième article Sur les caractères gén'éraux du phénomène des
étoiles filantes, séance tlu 18 mars 1867, p. 555.
( 228 )
aux mêmes positions relatives nient de l'influence sur la formation des taches
«lu Soleil.
r, Ce n'est pas à dire que la méthode en question doive toujours être
prise à la rigueur et que de simples approximations dans l'égalité des pé-
riodes soient toujours à rejeter. Il en serait autrement si l'on avait à priori
quelque raison de soupçonner une dépendance quelconque entre les deux
phénomènes considérés : on serait alors en droit, pour confirmer ce soup-
çon, de se contenter d'une simple ressemblance, quitte à établir plus tard
l'égalité effective des périodes comparées. Mais ici nous ne sommes point
dans ce cas, attendu qu'il est impossible de soupçonner à priori la moindre
connexion entre les taches et les aspects des planètes. Serait-ce l'attraction?
Mais Jupiter et Vénus ne produisent pas sur le Soleil des marées de plus de
i centimètre(i). Serait-ce la chaleur? Mais à titre d'écran capable d'affecter
la libre radiation solaire vers l'espace, toutes les planètes réunies n'offrent
pas, vues du Soleil, une surface de i minute carrée, tandis que l'espace
libre en comprend plus de 148 millions. Je ne parle pas de l'électricité, du
magnétisme et de toutes les forces que l'action du Soleil éveille sur nos
planètes, et dont la réaction sur le Soleil lui-même doit être totalement
insensible.
» Enfin ces matières cométaires, dont les éclipses totales, d'accord avec
le phénomène merveilleux des étoiles filantes, décèlent l'existence autour
du Soleil, ne pourraient-elles, en heurtant cet astre, produire les taches?
Assurément non, car, s'il arrivait un tel conflit, ce ne serait pas du froid et
de l'obscurité qui en résulteraient, mais bien de la chaleur et de la lumière.
» Nous venons d'épuiser tout ce qui existe hors de la photosphère, et
nous n'avons rencontré que des hypothèses ou gratuites, ou impossibles.
Le raisonnement de M. Rirchhoff n'est donc pas admissible, puisqu'il nous
conduit à chercher les causes là où elles ne sont certainement pas, c'est-à-
dire hors de la photosphère. Quanta la théorie opposée, celle des causes in-
ternes, elle n'a pas encore, que je sache, rencontré la contradiction d'un
seul fait ( ce qui ne veut pas dire assu rémen t que je sois parven u à les expliquer
tous). Sa formule est celle-ci : étudier le Soleil, c'est étudier une des phases
successives (la plus frappante certainement) que présente le refroidissement
continu d'une masse, gazeuse portée primitivement à une température de
(i) Le calcul en a été fait par M. Hoek, d'Utrecht, à l'aide des formules de mon savant
ami M. Roche, de Montpellier. Voir le numéro du 8 mars dernier des ùionthly Notices of
tlie royal Astron. Society, p. 210.
( "9 )
dissociation complète, et animée d'un mouvement de rotation. Quant à la
méthode, elle consiste principalement à étudier les phénomènes mécaniques
de cette masse d'après les mouvements si remarquablement réglés qui se
produisent à sa surface. Notre beau problème se trouve ainsi ramené à une
question de mesures et de calcul, voie un peu lente qui comporte les
épreuves les plus délicates pour une théorie, mais qui nous offre en
échange les chances les plus sérieuses de découvertes réelles. C'est pourquoi
j'oserai adresser aux savants astronomes de Rew l'instante prière de
publier aussitôt que possible le trésor des observations photographiques et
des mesures qu'ils ont recueillies depuis tant d'années avec un zèle et une
persévérance si louables. Cette publication, destinée à continuer l'œuvre
capitale de M. Carrington que l'Académie a si justement couronnée il y a
trois ans, aurait certainement une influence décisive sur les progrès de
la physique solaire. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission qui sera chargée de décerner le prix de Physiologie expéri-
mentale (fondation Montyon) pour 1867.
MM. Longet, Milne Edwards, Ch. Robin, Cl. Bernard, de Quatrefages
réunissent la majorité des suffrages.
MÉMOIRES LUS.
mécanique. — Sur tes groupes de mouvements ; par M. C. Jordan.
(Commissaires : MM. Chasles, Bertrand, Delafosse.)
« On sait que tout déplacement d'un corps solide dans l'espace est un
mouvement hélicoïdal; et, deux semblables mouvements étant donnés,
on construira aisément le mouvement résultant, qui sera lui-même héli-
coïdal.
» Je viens de résoudre à ce sujet le problème suivant, dont M. Bravais
avait déjà traité plusieurs cas importants dans ses Eludes cristallograpliiques :
» Déterminer un groupe de mouvements tels, que deux mouvements du groupe
aient pour résultant un troisième mouvement faisant lui-même partie du groupe.
» Il est aisé de voir que ce problème est identique au fond avec celui de
C. R. , 1867, 2e Semestre. (T. LXV N» G.) 3o
( 23o )
la symétrie géométrique. En effet, imaginons une molécule M située d'une
manière quelconque dans l'espace; soient M', M",..., d'autres molécules
identiques, occupant les diverses positions où M serait amenée par les divers
mouvements d'un même groupe : chacun de ces mouvements superposera
à lui-même le système des molécules M , M', M", Le problème pourrait
donc être mis sous cet autre énoncé :
» Déterminer tous les systèmes de molécules qui soient superposables à eux-
mêmes de plusieurs manières différentes.
» La proposition la plus essentielle et la plus délicate à établir dans cette
recherche est la suivante :
» Soient P et P' deux mouvements choisis à volonté. On pourra en gé-
néral, et sauf quelques exceptions, obtenir un mouvement quelconque par
une combinaison convenable des deux mouvements P et P'.
» Il résulte de cette proposition que les groupes cherchés, dont le nombre
est évidemment illimité, se réduisent pourtant à un nombre limité de types
distincts. Ces types sont au nombre de 1 74, parmi lesquels il en est i~i par-
ticulièrement remarquables, que l'on peut appeler groupes principaux, et
dont voici l'énumération :
» Premier groupe. — Il contient tous les mouvements possibles
» Deuxième groupe. — Il contient toutes les rotations possibles autour
d'un point.
» Troisième groupe. — Il contient les it\ mouvements qui superposent à
lui-même un octaèdre régulier.
» Quatrième groupe. — Il contient les 60 mouvements qui superposent à
lui-même un icosaèdre régulier.
» Cinquième groupe.— Il contient les mouvements du quatrième groupe,
joints à toutes les translations possibles.
» Sixième groupe. — Ses mouvements résultent de la combinaison de
trois translations distinctes t, t,, ?,, non situées dans le même plan.
» Septième groupe. — Ses mouvements superposent à lui-même un assem-
blage cubique, et résultent de trois rotations de 90 degrés, exécutées autour
de trois axes concourants rectangulaires, et de trois translations de même
longueur Q, respectivement parallèles à ces trois axes.
» Huitième groupe. — Ses mouvements résultent d'une rotation binaire
autour d'un axe A, combinée à deux translations distinctes t et tt, toutes
deux normales à A.
» Neuvième groupe. — Il s'obtient en combinant les mouvements du pré-
cédent avec une translation Q parallèle à A.
( 23l )
» Dixième groupe. — Ses mouvements résultent de la combinaison d'un
mouvement hélicoïdal quelconque autour d'un axe A, avec une rotation
binaire autour d'un axe B qui coupe A normalement.
» Onzième groupe* — Il se déduit du précédent en supposant que le
mouvement hélicoïdal autour de A se réduise à une rotation dont l'ampli-
tude soit égale à — '-■> n étant un entier.
» Douzième groupe. — Il est formé de la réunion des mouvements des
deux groupes précédents.
» Treizième groupe. — Il se déduit du onzième, en supposant que le
mouvement hélicoïdal se réduise à une translation 6.
» Quatorzième, quinzième, seizième et dix-septième groupes. — Ils s ob-
tiennent en combinant les mouvements des quatre groupes précédents avec
l'ensemble des translations perpendiculaires à A.
« Dix-huitième groupe. — Ses mouvements résultent de la combinaison
de rotations binaires, autour de trois axes rectangulaires concourants A, B, C,
avec des translations t et th respectivement parallèles à B et à C. Ils super-
posent à lui-même le réseau plan rectangulaire formé sur t et t,.
» Dix-neuvième groupe. — Ses mouvements s'obtiennent en combinant
ensemble : i° une rotation d'amplitude^- autour d'un axe A; 2° une rota-
tion binaire autour d'un second axe B qui coupe le premier normalement;
3° une translation t parallèle à B. Ils superposent à lui-même un réseau plan
dont la maille est un triangle régulier formé sur le côté t.
» Vingtième groupe. — Ses mouvements s'obtiennent en combinant en-
semble : i° une rotation d'amplitude— autour de A; a° une rotation binaire
autour de B; 3° une translation t parallèle à B. Ils superposent à lui-même
le réseau à maille carrée formé sur le paramètre t.
» Vingt et unième, vingt-deuxième et vingt-troisième groupes. — Ils s'ob-
tiennent respectivement en combinant aux mouvements des trois précé-
dents une nouvelle translation 0 parallèle à A.
» La plupart des 23 groupes que nous venons d'énumérer contiennent
certains paramètres, -, 0, t, /,, t2. Quels que soient les systèmes de valeurs
finies que l'on donne à ces paramètres, le type du groupe ne sera pas essen-
tiellement changé; mais il le sera si l'on suppose ces paramètres infiniment
petits. On obtiendra par là de nouveaux groupes, se rattachant très-natu-
rellement aux précédents.
3o..
( 23» )
» Cela posé, ceux des i 74 groupes qui ne sont, ni principaux, ni dérivés
des principaux comme il vient d'être dit, sont tous des groupes mérié-
driques, c'est-à-dire contenant une fraction déterminée des mouvements de
quelqu'un des précédents. Ainsi, le groupe des il\ mouvements qui super-
pose l'octaèdre régulier à lui-même contient un groupe hémiédrique formé
des 1 2 mouvements qui superpose le tétraèdre régulier à lui-même.
» On peut citer encore, comme groupes mériédriques remarquables,
ceux qui sont contenus dans le groupe principal qui superpose à lui-même
un assemblage cubique : ils sont à eux seuls au nombre de 22. »
ZOOLOGIE. — Recherches sur l'organisation du Cryptoprocta ferox de Mada-
gascar; par MM. Alph. Milne Edwards et Alf. Graxdidier. (Extrait.)
(Renvoi à la Section d'Anatomie et de Zoologie.)
« Le Cryptoprocta ferox était complètement inconnu lorsqu'en 1 833 le
zoologiste anglais Bennett en reçut un individu sur lequel il appela l'at-
tention des naturalistes; mais cet exemplaire unique était tellement jeune,
qu'il fut impossible de bien apprécier ses affinités zoologiques, car le sys-
tème dentaire, qui est d'un si grand secours pour la classification des
Mammifères, n'avait pas encore revêtu chez lui sa forme définitive, et par
conséquent ne fournissait pas les caractères qu'il aurait été indispensable
de connaître. Bennett crut devoir ranger cette espèce dans la famille des
Viverrides à côté des Paradoxures et, tout en indiquant quelques points de
ressemblance avec les Félidés, il en forma le genre Cryptoprocta.
» Quelques années après, M. de Blainville obtint de la Société Zoolo-
gique de Londres un dessin de la tète osseuse du jeune individu dont nous
venons de parler, et il le fit représenter dans le bel atlas de son Ostéographie.
L'étude des caractères anatomiques de cette pièce l'amena à partager
l'opinion émise précédemment par Bennett.
» Le jeune Cryptoprocta dont nous venons de parler est, jusqu'à présent,
le seul individu de cette espèce que l'on ait pu observer. Il éiait donc d'un
grand intérêt de se procurer l'animal adulte et surtout d'avoir son squelette.
Pendant son voyage dans le sud-ouest de Madagascar, l'un de nous (1)
a pu combler cette lacune, car non-seulement il a rapporté la dépouille
d'un Cryptoprocta adulte, mais il a aussi préparé deux squelettes de cet
animal. Ces nouveaux matériaux d'étude nous ont montré que les affinités
( 1 ) Alfred Grandidier.
( 233 )
du genre Cryploprocla ne sont pas celles que l'on admettait généralement
jusqu'ici. Le système dentaire de l'adulte prouve que ce Carnassier ne peut
prendre place à côté des Viverrides; en effet, ces derniers sont caractérisés
par l'existence de deux arrière-molaires tuberculeuses à la mâchoire supé-
rieure et d'une seule à la mâchoire inférieure. Chez le Cryploprocta la
mâchoire supérieure ne porte qu'une seule de ces dents. La mâchoire infé-
rieure en est totalement dépourvue.
» Les incisives sont, comme d'ordinaire, au nombre de six ; en haut,
celles du côté externe sont très-fortes, sans atteindre cependant le dévelop-
pement qu'elles acquièrent chez les Hyènes; mais elles sont relativement
aussi grandes que dans le genre Felis. A la mâchoire inférieure, l'espace
occupé par les incisives est très-étroit, et ces dents, au lieu de s'insérer sur
nne seule ligne comme chez les Viverrides, les Canidés et quelques grands
Chats, sont disposées sur deux rangs, les secondes étant placées notablement
en arrière des autres, comme chez les Fouines et les Martres. Ce défaut
d'alignement se voit aussi chez quelques espèces de Chats, mais dépend
alors d'une disposition différente; car les secondes incisives, au lieu
d'être situées en arrière des autres, occupent le premier rang.
» Les canines sont grandes, pointues, très-solidement implantées dans
les maxillaires, et par leur forme, ainsi que par leur direction, elles res-
semblent à celles des Félidés plus qu'à celles des Viverrides.
» Il existe à chaque mâchoire cinq molaires ainsi réparties :
prémolaires ■»» carnassière-» tuberculeuse--
Par conséquent, cette formule dentaire ne diffère de celle des Chats que
par la présence d'une prémolaire supplémentaire à la mâchoire supérieure
et de deux à la mâchoire inférieure. Il est même à remarquer que celte
différence tend à s'effacer par les progrès de lage, car en haut, aussi bien
qu'en bas, la première avant-molaire tombe peu de temps après son appa-
rition, son alvéole s'oblitère, et, chez les vieux individus, on n'en trouve
plus aucune trace.
» Les dents carnassières sont tranchantes et comprimées de façon à
pouvoir agir l'une sur l'autre comme des lames de ciseaux et, en cela, elles
ont un aspect tout à fait félin qui dénote des mœurs sanguinaires; leur
bord préhensile toujours aiguisé prouve qu'elles ne servent pas à briser d'os,
mais seulement à couper des chairs molles.
» La carnassière supérieure porte à sa partie antérieure et interne un
tubercule en forme de talon beaucoup moins fort et moins bien limité que
( 23/, )
chez les Hyènes. La carnassière inférieure porte en arrière un talon ana-
logue, niais bien plus petit que celui des Hyènes; enfin elle ne présente au-
cune trace du tubercule interne, qui dans ce dernier genre donne à cette
dent un aspect très-particulier.
» L'arrière-molaire ou tuberculeuse fournit, comme on le sait, des ca-
ractères très-importants pour le classement méthodique des Carnassiers.
Les particularités qu'elle présente chez le Oyptoprocte indiquent qu'elle
n'avait dans la mastication qu'une action faible. Elle offre en effet un ca-
chet tout à fait félin et en rapport avec les habitudes de l'animal. De même
que chez les Chats, elle est refoulée en dedans, dirigée transversalement le
long du bord postérieur de la voûte palatine, et elle forme avec la carnas-
sière un angle droit, de façon à se trouver entièrement cachée lorsque l'on
regarde la tête de côté. Elle est petite, élroite, et sa couronne faiblement
bilobée est dirigée très-obliquement en dedans, particularité qui ne se re-
trouve pas chez les Hyènes.
» Nous ne pouvons insister ici sur les caractères que nous a fournis le
reste du squelette, il nous suffira de dire qu'ils concordent avec ceux du
système dentaire, ce qui nous permet d'établir d'une manière précise la
place que le genre Cryploprocla doit occuper parmi les Carnassiers. Sa
dentition le sépare nettement de tous les représentants du groupe des Vi-
verrides et indique un animal à habitudes plus féroces; en effet, abstrac-
tion faite de ses dents caduques, s'il avait à la mâchoire inférieure une
prémolaire de moins, son crâne ne différerait en rien de celui des Chats.
» Pour le classement méthodique de l'ordre des Carnassiers, les zoolo-
gistes accordent, avec raison, une grande importance au nombre et à la
disposition des dents, qui offrent, sous ce rapport, une constance remar-
quable chez tous les membres d'une même famille naturelle. Cependant
on doit aussi prendre en sérieuse considération la conformation de l'ex-
trémité des membres. Le Cryploprocta ferox est un Carnassier complètement
plantigrade; par conséquent on doit le séparer des Chats malgré les analo-
gies qu'il présente avec ces derniers au point de vue de la composition de
son appareil masticateur.
» Le groupe des Félidés est peut-être l'un des plus naturels du règne
animal et constitue plutôt un grand genre qu'une famille; tous ses repré-
sentants offrent entre eux la plus grande similitude, et on lui enlèverait
son caractère naturel, on en forcerait aussi les limites, si on introduisait
dans son sein un animal d'une organisation aussi singulière que le Cryplo-
procta.
( *35 )
» Ce Carnassier remarquable devra donc former un groupe particulier
beaucoup plus rapproché des Chats que de tous les autres types du même
ordre, et il nous semble que pour représenter d'une manière exacte les
rapports zoologiques qu'il présente avec les Félis, il serait nécessaire de le
réunir à ces animaux dans une même tribu qui serait ensuite subdivisée en
deux familles, l'une comprenant les Félins digitigrades, la seconde coin-
posée des Félins plantigrades et ne renfermant jusqu'à présent que le seul
genre Cryptoprocla » .
M. Tkémaux lit un Mémoire ayant pour titre : « Causes du crétinisme et
des actions vitales ».
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
MEMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE MATHÉMATIQUE. — Théorie nouvelle des ondes lumineuses; par
M. Boussinesq. (Extrait.)
(Commissaires précédemment nommés : MM. Duhamel, Bertrand, Fizeau.)
h Je considère l'éther libre comme un milieu isotrope, pouvant propager
des vibrations longitudinales ou transversales d'une amplitude extrêmement
petite; et la matière pondérable comme composée d'atomes nombreux, entre
lesquels pénètrent ceux de l'éther. J'admets aussi qu'il se produit, pendant
le mouvement vibratoire, des actions s'exerçant à de très-petites distances
entre la matière pondérable et l'éther.
» Les ondes lumineuses se propagent dans l'éther libre avec une rapi-
dité immense : par conséquent, l'élasticité de ce milieu doit être presque
infinie par rapport à sa densité, pour les vibrations de très-petite ampli-
tude. D'ailleurs, ces vibrations occasionnent dans la matière pondérable
des changements considérables, tels que la fusion, la volatilisation, etc. ;
donc, les actions qui s'exercent entre ces deux espèces de matière sont très-
puissantes, relativement à la petitesse des mouvements dont il s'agit. Mais
ces actions sont-elles considérables en valeur absolue? Je ne l'e pense pas;
car, dès que les excursions des molécules pondérables acquièrent une gran-
deur sensible, comme dans les ondes sonores ou dans les mouvements finis
des corps, il est impossible de reconnaître physiquement la moindre résis-
tance opposée à ces molécules par l'éther. On doit donc, ce me semble,
( *36 )
considérer cet agent comme doué d'une élasticité puissante pour des vibra-
tions de très-petite amplitude, mais admettre en même temps que ses forces
élastiques cessent d'être proportionnelles aux écarts, avant que ceux-ci de-
viennent appréciables, et que, par suite, elles restent toujours très-petites
en valeur absolue. La petitesse de ces actions et de celles de l'éther sur
la matière pondérable n'empêchera pas leurs effets sur celle-ci, si elles
sont beaucoup plus grandes, lors de très-petites vibrations, que les forces
élastiques de la matière pondérable.
» Cela posé, concevons un corps homogène, créé au milieu de l'éther
libre en repos. S'il existe pendant le repos des actions réciproques entre
ces deux espèces de matière, ce que nous ne savons pas, l'éther contenu
dans l'intérieur du corps sera soumis à des actions sensiblement égales dans
tous les sens, et dont la résultante sera nulle; mais celui qui se trouvera
près de la surface sera comprimé ou dilaté par l'action des couches sous-
jacentes de matière pondérable. D'après la pensée énoncée ci-dessus, cette
action devra être extrêmement petite, et il est probable qu'elle ne changera
pas d'une manière appréciable l'état de l'éther. Nous admettrons donc que
l'éther d'un corps est sensiblement identique à l'éther libre.
» Supposons actuellement qu'une onde lumineuse vienne à pénétrer dans
un tel milieu. Celui-ci sera parfaitement transparent si l'onde y continue
sa marche sans s'éteindre ni se diviser. Cela arrivera dans deux hypothèses
différentes : d'abord si le corps est tellement constitué, que les molécules
pondérables restent immobiles pendant les vibrations de l'éther, et, en
deuxième lieu, si la matière pondérable y vibre en concordance avec l'éther.
La première hypothèse est très-invraisemblable ; car on ne conçoit pas com-
ment les molécules pondérables pourraient rester immobiles dans un milieu
agité; nous admettrons donc la seconde, qui nous expliquera très-simple-
ment tous les phénomènes lumineux.
» Quand nous disons que les vibrations de la matière pondérable, dans
les corps transparents, sont concordantes avec celles de l'éther, nous en-
tendons que, dans les mouvements périodiques de tres-peu d'amplitude,
la position des molécules pondérables dépend à chaque instant de celle des
molécules d'éther. Or, en un point [x, y, z) du milieu, et tout autour dans
le rayon très-petit des actions moléculaires , la position des molécules
d'éther est définie : a une première approximation, par les déplacements
suivant les axes (u, v, w) de la molécule d'éther dont les coordonnées pri-
mitives sont (x, y, z); à la deuxième approximation, par les déri-
d[u,v, «') ...... , ,, . , , d-[u, t',«')
vees -7 -; a la troisième, par les dérivées secondes — -7 — •»••••
( ^1 )
Ainsi les déplacements suivant les axes de la molécule pondérable située
primitivement en (x, y, z)>, déplacements que je désigne par a,., v,., w,,
seront
d(u,v, «■) d- [u, v, «')
u,, i»,, w, — des fonctions de (u, v, ci';,
» Je me propose maintenant d'obtenir les équations du mouvement de
1 ether. Si nous désignons par ). et p. les coefficients d'élasticité de celui-ci,
ûi il. .• du do div ., H- d" d"
par&la dilatation — -h— + — 5par A, 1 expression symbolique— + -, — h—'
etx ilv dz l - ' •> ' dx2 dy2 dz'
par p, la densité de la matière pondérable, par p la densité de 1 ether, je
trouve pour première équation du mouvement de l'éther,
/« , dB d'à, d2u
On substituera à a,, dans le premier membre, son expression suivant les
premières puissances de a, *•, w et de leurs dérivées partielles des divers
ordres par rapport à jc, r, z.
» On obtiendra pareillement les deux autres équations en v et w.
» Je suis arrivé très-simplement aux expressions de a,, t>,, w, pour le
cas d'un milieu isotrope et pour celui d'un milieu presque isotrope et
presque symétrique.
» J'appelle ici milieu isotrope celui où les équations du mouvement
gardent la même forme quand on fait tourner d'une manière quelconque
autour de l'origine les axes des coordonnées, en les laissant toujours rectan-
gulaires et de même sens relatif. Des ondes planes, de direction diverse,
s'y comportent de la même manière, et l'on peut se contenter d'étudier
celles qui sont parallèles au plan des xy. Alors les valeurs de «,.. v(, tv,
sont de la forme
u, = Aa -h B — -+- A' — -+- B' — + A" — - + . . . ,
dz dz' dz3 dz'
« r> du . d2r d3ll ... d]v
v, =Av-B- + A' — -B'— +A'— + ...,
dz dz2 dz2 dz'
w, = Au- -f- C 77 + C" -r- + . . . ;
dz2 dz'
tous les coefficients A, A', A",..., B, B',..., C, C",..., sont arbitraires.
» Ces valeurs, portées dans les équations du mouvement, donnent
l'explication de la dispersion et de la polarisation rotatoire, avec les lois
trouvées expérimentalement. De plus, A étant évidemment positif, il en
C. R. , 1867, 2° Semestre. (T. LXV, N° 6.) 3 I
( 238 )
résulte pour la lumière une vitesse plus grande dans l'éther libre que dans
les corps, ce qui est encore conforme à l'expérience.
« J'appelle milieu symétrique celui dont les équations de mouvement,
pour un certain système d'axes rectangulaires, ne changent pas si l'on
change la direction d'un quelconque des axes en son opposée. Enfin un
milieu presque isotrope et presque symétrique est celui dont les équations
de mouvement sont presque les mêmes pour tout système d'axes rectan-
gulaires de même sens, et qui, parmi ces systèmes, en admettent un pour
lequel ils s'écartent bien moins que pour tous les autres d'être symétriques.
En s'arrêtant aux termes qui contiennent les dérivées secondes de u. v, w,
et en négligeant ceux qui sont insensibles, d'après la définition du milieu,
j'obtiens les expressions suivantes de u,, c, , wK :
l / \ n / du <Yii'\ „ d9 _
m, = A i -t- a) m -t- B - +C3- + DAo u,
x ' \ dz dy J d.r
» / \ ™ {du dv\ ^dH ^ A
tv,= A(i + 7)u'+B(— - — j+C- + DA2«-;
tous les coefficients A. a, — D sont distincts; de plus, a. /3, 7, B sont
très-petits.
» Les valeurs de //,, t>,, tv,, portées dans les équations du mouvement
de l'éther, donnent la théorie de la double réfraction rectiligne de Fiesnel
lorsque B = o, et la théorie de la double réfraction elliptique, avec des lois
confirmées par les expériences de M. Jamin, quand B est seulement très-
petit. De plus, les termes négligés produisent le phénomène appelé disper-
sion des axes optiques.
» Ainsi, notre théorie explique simplement tous les phénomènes lumi-
neux qui se produisent à l'intérieur des corps transparents. Quant à ceux
qui se produisent à la surface de séparation, Cauchy a fait voir que, pour
obtenir les lois de ces phénomènes, il faut joindre aux équations des pe-
tits mouvements de l'éther des conditions relatives à la surface, qu'il ap-
pelle conditions de continuité. Elles consistent à admettre que les dépla-
cements m, (-•, w des molécules d'éther, et les dérivées premières par
rapport à x, y, s de ces déplacements, sont égaux chacun à chacun
en chaque point de la surface, de part et d'autre de celle-ci. Ces con-
ditions s'obtiennent naturellement dans notre manière de concevoir
l'éther. En effet, cet agent, ayant dans deux corps adjacents la même
( »3$.)
élasticité et la même densité, forme un milieu unique où les u, v, w ne
peuvent varier brusquement d'un point aux points voisins. Donc les dépla-
cements doivent être les mêmes de part et d'autre de la surface de sépara-
tion. Supposons, pour fixer les idées, que celle-ci soit le plan des rz. Les
valeurs de //, v, w seront égales de part et d'autre de ce plan, et il en sera,
par suite, de même des dérivées de u, v, w par rapport à y et à z. Si
actuellement on découpe par la pensée, en un point quelconque de la sur-
face, un cylindre très-plat de matière, ayant des bases parallèles au plan
des yz, et situées respectivement dans l'un et l'autre corps, les actions
exercées sur ces deux bases devront très-sensiblement se faire équilibre.
Cela entraîne l'égalité, de part et d'autre du plan de rz, des composantes
élastiques de l'éther, que M. Lamé appelle N,, T3 , T2. Ces composantes
sont respectivement
/i ^ du , -, fd.> div\ (du do\ f dw du\
t j ' • ' .-il dp </< f du du , , . . , ,
Les dérivées partielles j-, —, —, — sont déjà égales de part et d autre
de la surface de séparation ; donc il en sera de même de --, —, — • »
dx dx dx
M. Jcllien adresse une Note relative à quelques passages de la commu-
nication faite par M. Chevreul sur son enseignement au Muséum.
(Renvoi à la Section de Chimie. )
CORRESPONDANCE .
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i° Un nouveau volume publié par le Geological Survey du Canada, sous
la direction de sir JV.-E. Logan, et qui a pour titre : « Figures et descrip-
tions des fossiles organiques du Canada, décade II, Graptolites du groupe
de Québec », par M. James Hall: ce volume est adressé à l'Académie par
M. Slerrj Hunt;
20 Un exemplaire, transmis par M. le Ministre de l'Instruction publique,
de l'ouvrage sur la triangulation des environs de Berlin, publié par le
Bureau de Triangulation de cette ville;
3° Un Mémoire de M. A. Bèrigny sur l'ozonométrie, extrait de « l'An-
nuaire de la Société Météorologique de France ».
3i..
( 240 )
M le Secrétaire perpétuel donne lecture d'un article du testament de
M. Benoît Foumeyron, relatif à un legs de cinq cents francs de rente, fait à
l'Académie, pour la fondation d'un prix de Mécanique appliquée, à décerner
tous les deux ans.
Cette pièce est renvoyée à la Commission administrative, qui en fera
l'objet d'une proposition à l'Académie.
MÉTÉOROLOGIE. — Chute d'aérolilhes dans la plaine de Tadjera {Amer Gue-
bala) à i5 kilomètres sud-est de Sétif, te g juin 1867, vers ioh 3om du
soir; par M. Augeraud.
« Le dimanche 9 juin 1867, vers ioh 3ora du soir, une lueur éclaira le
ciel pendant quelques secondes; elle était accompagnée de bruits compa-
rables au grondement du tonnerre, ou à celui de voitures pesamment
chargées et roulant sur le pavé; ces bruits se terminèrent par trois déto-
nations aussi fortes que des coups de canon.
» Ce phénomène fut visible des points les plus opposés; voici les divers
renseignements que nous avons recueillis :
» i° Sétif, à i5 kilomètres nord-ouest du point de chute. — Beaucoup de
personnes ont vu cette lumière éclatante, et ont tous entendu le bruit qui
l'accompagnait, ainsi que les détonations. Quelques habitants crurent que
l'explosion devait avoir eu lieu au-dessus de la ville et furent le lendemain
visiter les environs de la maison occupée par les Ponts et Chaussées, espé-
rant y trouver des aérolithes. Les recherches n'eurent aucun résultat.
« 20 Ouled Salah (annexe de Takitount), à 60 kilomètres du point de
chute. — Les indigènes entendirent les détonations, crurent que des coups
de canon étaient tirés du côté de Sétif et demandèrent le lendemain,
10 juin, au chef de l'annexe, s'd savait pourquoi des coups de canon
avaient été tirés. Plus tard ces indigènes lui dirent avoir appris que trois
boules d'or étaient tombées du ciel, et qu'on les avait remises au com-
mandement.
3° Eulma, à 20 kilomètres ouest du point de chute. — Des indigènes en
grand nombre virent la lumière, comparable, dirent-ils, à celle du jour, en-
tendirent le bruit, puis les détonations, après lesquelles le globe de feu se
divisa en douze ou treize parties.
» Le phénomène leur parut durer une minute environ ; quant aux déto-
nations, elles leur semblèrent tellement fortes, qu'ils étaient surpris que
l'officier, à qui ils en parlèrent le lendemain, n'eût pas été éveillé par elles.
( *4i )
» 4° fi°u Saàda, à 160 kilomètres nord-est du point de chute. — Des ob-
servations plus précises ont été laites par M. Gorréard, du 3e tirailleurs.
» Le bolide fit son apparition dans le ciel, à environ 60 degrés au-
dessus de l'horizon, parcourut 20 à a5 degrés célestes pendant cinq à huit
secondes en suivant une direction sud-est nord-est, et cessa d'être appa-
rent à 4o degrés au-dessus de l'horizon. Le météore avait, en son point
le plus lumineux, environ trois fois le volume apparent de Vénus; il était
accompagné d'une traînée lumineuse apparente de 5 a 10 degrés, dont !e
diamètre variait entre deux fois et deux fois et demie le diamètre de
Vénus. La lumière qu'il projetait était blanche, irradiée au noyau, légère-
ment jaune en s'éloignant du centre; elle était assez intense pour éclairer et
rendre distincts à quelques mètres de distance des objets de la grosseur du
poing. La traînée blanche diminuait d'intensité du noyau à la queue;
du centre de la traînée à ses extrémités latérales, des étincelles blanches,
bleuissant en s'éloignant du foyer de la traînée, s'échappaient en forme
de larmes.
» Le météore éclata avant de disparaître, et on entendit des détonations
faibles et courtes. Quelques personnes pensaient pouvoir affirmer que, à
cet instant, le bolide avait dû tomber à peu de distance de S'Mila, entre
70 et 80 kilomètres; il tombaità 160 kilomètres, ce qui expliquerait pour-
quoi les détonations ont paru faibles.
» 5° Tadjera, près Guidjell (point de chute). — Les indigènes, vers 10
heures du soir, aperçurent vers le sud-ouest une lumière partageant le ciel
et assez éclatante pour que tous les objets fussent éclairés comme en plein
jour; en même temps des détonations se firent entendre, semblables à des
roulements de tonnerre ou à des coups de canon extrêmement rappro-
chés. Un corps lumineux semblait tomber du ciel vers le sol; mais arrivé à
une certaine hauteur, il se brisa en fragments étincelants; c'est là qu'eurent
lieu les détonations.
» Le phénomène semble aux Arabes avoir duré deux minutes. Tous se
sont crus menacés par la chute du bolide. Aux environs de Guidjell, les
indigènes, qui n'avaient fait qu'entendre ces détonations, crurent que le
bordj du caïd s'était écroulé. Ils montèrent à cheval pour porter secours
au besoin, et, le trouvant debout et intact, pensèrent à une catastrophe
arrivée à Sétif.
» Bien que les pierres apportées à Sétif et jointes an présent Rapport
n'aient pas été ramassées au moment même où elles sont tombées, il est im-
possible de les confondre avec celles, bien rares du reste, que l'on aperçoit
( *fa )
dans la plaine de Tadjera. Ce sont bien des aérolithes tombés le 9 juin
1867, après l'explosion accompagnée de trois détonations entendues à
vingt lieues à la ronde. »
M. le Secrétaire perpétuel, après avoir donné lecture de la communi-
cation précédente, qui a été transmise à M. le Ministre de l'Instruction
publique par M. le Maréchal de France, Gouverneur général de l'Algérie,
lit en outre un passage de la Lettre d'envoi d'après lequel un fragment de
ce bolide, déposé au Musée d'Alger, pourrait être mis à la disposition de
l'Académie, si elle le désire.
On transmettra à M. le Gouverneur général, avec les remercîments de
l'Académie, son acceptation pour l'offre qu'il veut bien lui faire.
PHYSIOLOGIE. — Expériences faites à la ménagerie des Reptiles du Muséum
d'Histoire naturelle, sur des Batraciens urodèles à branchies extérieures, du
Mexique, dits Axolotls, et démontrant que la vie aquatique se continue sans
trouble apparent après l'ablation des houppes branchiales. Note de M. Aug.
Du.méril, présentée par M. Milne Edwards.
« Depuis l'époque où j'ai eu l'honneur d'informer l'Académie que les
Batraciens urodèles à branchies extérieures du Mexique, dits Axololts, qui
n'avaient jamais été vus vivants en Europe, s'étaient reproduits à la Ména-
gerie des Reptiles du Muséum d'Histoire naturelle, et que plusieurs de ceux
qui y sont nés avaient subi des métamorphoses {Comptes rendus, t. LX,
p. 765, et t. LXI, p. 775), de nombreuses naissances y ont en lieu, et d'au-
tres transformations semblables aux premières s'y sont produites. Ainsi, on
a vu, jusqu'à présent, seize de ces animaux se couvrir de taches d'un blanc
jaunâtre tranchant sur la teinte générale qui est foncée, puis perdre com-
plètement leur appareil branchial, ainsi que la crête membraneuse du dos
et de la queue. En même temps, les organes internes ont éprouvé des
changements comparables à ceux qu'on observe sur les Batraciens urodèles
lorsqu'ils passent de l'état de larve à l'état adulte. Des quatre arcs qui sup-
portent les branchies flottantes au dehors, trois ont disparu; le plus externe
reste seul et constitue l'article postérieur de la corne thyroïdienne. La face
antérieure du corps des vertèbres est devenue moins creuse. Comme chez
tous les autres Batraciens salamandriformes, une modification s'est produite
dans la disposition de l'appareil dentaire de la voûte du palais : les dents
vomériennes se sont déplacées. Elles étaient réunies, de chaque côté, der-
( 243 )
rière l'os intermaxillaire, en une petite bande un peu oblique d'avant en
arrière et de dedans en dehors; mais, après la métamorphose, elles forment,
au delà des orifices internes des fosses nasales, une rangée presque trans-
versale, disposition qui, avec l'absence de dents palatines postérieures, se
rencontre uniquement chez les Tritons de l'Amérique septentrionale dits
Ambystomes, dont les Axolotls semblent, par conséquent, être les têtards.
A la mâchoire inférieure, à droite et à gauche de la symphyse, derrière la
rangée marginale, il y avait un groupe de petites dents qu'on ne voit plus.
» Tel est, sons une forme très-résumée, l'ensemble des faits caractéris-
tiques d'une métamorphose jamais observée jusqu'alors, et qui offre un in-
térêt particulier en ce qu'elle confirme la justesse de la supposition de
Cuvier, quand il disait, sans avoir pu cependant en obtenir la preuve di-
recte, que l'Axolotl considéré comme un Batracien pérennibranche devait
être une larve.
» Je n'ai point à aborder ici l'examen des différentes questions que sou-
lèvent les résultats de ces observations inattendues poursuivies depuis près
de deux ans à la Ménagerie des Reptiles, et dont la plus importante, au
point de vue de la physiologie, est, sans contredit, celle qui démontre le
développement de la puissance génératrice d'animaux non encore arrivés
à leur forme définitive. Ces questions ont été étudiées dans un Mémoire pré-
senté à l'Académie et inséré dans les Nouvelles Archives du Muséum, t. II,
p. 265-292, PI. X.
» Aujourd'hui, je prends la liberté de lui soumettre le récit sommaire
d'expériences auxquelles j'ai été amené par l'étude des faits que je viens
de signaler.
» L'atrophie des houppes branchiales, puis leur disparition graduelle,
étant les premiers signes de la métamorphose qui va se produire, je me
suis efforcé, par diverses tentatives, de provoquer un changement dans le
mode de respiration, en obligeant les animaux à se servir de leurs organes
pulmonaires. Je fis d'abord quelques essais infructueux : ils consistaient, soit
à diminuer progressivement la quantité d'eau où se tiennent les Axolotls,
afin de ne leur laisser, au bout d'un certain temps, qu'une couche de sable
humide; soit à disposer, dans leur aquarium, un large refuge qui leur per-
mît de vivre alternativement immergés ou hors du liquide.
» Pour arriver à un résultat, une autre expérience restait à faire. Il fallait
détruire les branchies, afin de constater si, devenus forcément animaux à
respiration pulmonaire, les Axolotls subiraient les modifications que je
viens d'énumérer.
( M/» )
» En conséquence, le 4 juillet 1866, je pratiquai l'ablation complète des
trois tiges branchiales du côté gauche sur deux Axolotls, et de celles du
côté droit sur un troisième; puis, du 14 au 28, je coupai, de semaine en
semaine, une des tiges branchiales du côté opposé. A cette dernière date,
les Axolotls auraient été complètement privés de leurs branchies, si, du-
rant les vingt-quatre jours écoulés depuis le moment de la première opéra-
tion, la force étonnante de régénération dont les Batraciens urodèles sont
doués n'avait déterminé un commencement de reproduction des organes
enlevés. Aussi, pour maintenir les Axolotls dans l'état où je voulais les
placer, afin qu'il me fût possible d'apprécier les résultats de l'expérience,
j'excisai successivement, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, les tiges bran-
chiales nouvelles aussitôt qu'elles commençaient à être assez saillantes pour
pouvoir être emportées par le tranchant des ciseaux. Depuis le 28 juillet
1866 jusqu'au 24 mai 1867, c'est-à-dire dans une période de dix mois, je
fus obligé d'opérer, soit à droite, soit à gauche, trois, quatre, ou même
cinq fois. Pendant l'hiver, le travail de reproduction était devenu beaucoup
plus lent.
» Le 10 août 1866, je coupai, sur six Axolotls, les trois liges branchiales
droites, et voulant exercer une action plus générale et plus prompte, j'en-
levai, le 17 août, également d'un seul coup, les trois branchies du côté
gauche. Comme chez les autres mutilés, il n'y eut, en quelque sorte, pas
d'hémorrhagie; aucun accident ne survint; la cicatrisation fut prompte et
la force de reproduction ne tarda pas à se manifester.
» Les sections suivantes ont été faites, sur les six animaux, à la fois : à
droite, le 21 septembre, et le 28 à gauche.
» Les branchies, à partir de l'époque de la seconde ablation, se sont à
peine développées, et plusieurs des opérés ont commencé à prendre un
nouvel aspect par suite de l'apparition de quelques taches jaunes sur les
téguments. Deux de ces individus se sont de plus en plus tachetés, ont
perdu leur crête, et, enfin, sont devenus semblables aux Axolotls précé-
demment transformés. Les quatre autres Axolotls de la même série, et deux
en particulier, présentent, comme les précédents, quelques taches, sans
aucune autre trace de métamorphose; leurs branchies ayant pris un peu de
développement, j'en pratiquai l'amputation à gauche, le 8 mars, et à droite
le 5 avril.
» En seul de ces Axolotls reste bien tacheté, mais sans autre change-
ment marqué; la régénération ds ses branchies est presque nulle. Chez les
trois autres, elle est un peu plus évidente, et le 24 mai, j'en fais l'excision
( a45 )
de chaque côté, puis le 22 juin, de petits bourgeons s'éfant développés.
» Le résultat des expériences qui précèdent est donc le suivant :
» Sur six Axolotls privés de leurs branchies et chez lesquels on a eu soin
de s'opposer à la restauration des parties perdues, deux de ces animaux se
sont métamorphosés complètement dans l'espace de quatre à cinq mois, et
un troisième, au bout de prés d'un an, semble devoir éprouver les mêmes
changements, tandis que les trois autres, après le même laps de temps, sont
dans un état qui laisse l'observateur encore incertain sur le résultat défi-
nitif de l'expérimentation. Il semble même probable que, comme les trois
Axolotls de la première série, ils ne se transformeront pas et que, par con-
séquent, trois seulement, sur neuf privés de leurs branchies, auront passé
de l'état de larve à l'état parfait.
» Une semblable proportion est beaucoup plus forte que celle qui se
remarque parmi les individus chez lesquels aucun trouble n'a été apporté
par des lésions traumatiques. Je constate les faits, sans vouloir cependant
en tirer la conclusion que la perte des houppes branchiales soit une condi-
tion très-favorable pour l'accomplissement de la métamorphose. La plupart
des transformations d'ailleurs n'avaient pas été précédées par des désor-
dres fonctionnels résultant de mutilations.
» Revenant maintenant aux résultats immédiats de l'ablation des bran-
chies, j'ajoute que leur résection, qui semblerait devoir entraîner des acci-
dents redoutables et compromettre l'existence, peut être pratiquée, sans
inconvénient, d'une façon plus expéditive. J'ai enlevé, le 7 juin 1867, la
totalité des houppes branchiales des deux côtés à la fois chez huit Axolotls.
Rien de particulier n'a été observé depuis ce moment, et, les 22 juin et
6 juillet, j'ai pratiqué l'ablation de tous les bourgeons de formation nou-
velle, qui commencent déjà à se reproduire.
» Les mutilations dont il s'agit me paraissent offrir de l'intérêt. Voici, en
eflet, des animaux qui privés, dans un court espace de temps ou même
subitement, de leurs organes de respiration aquatique, n'éprouvent, quel-
ques-uns du moins (six sur neuf) (1), aucun trouble et continuent à vivre
comme si les branchies n'avaient point été enlevées. Ne venant pas plus
(1) Je ne dis rien ici des huit derniers Axolotls chez lesquels l'opération n'a amené aucun
desordre dans l'accomplissement des fonctions et ne détermine, jusqu'à ce jour, nul change-
ment appréciable; mais peut-être les signes précurseurs d'une métamorphose se montreront-
ils plus tard. Tous les détails relatifs aux expérimentations seront exposés dans le quatrième
cahier du tome VU de la cinquième série des annales des Sciences naturelles.
C. R., 1867, a» Semestre. (T. LXV, N° 6. 32
( 246 )
souvent que les Axolotls non opérés prendre de l'air à la surface de l'eau,
ils n'ont offert, dans leurs allures et dans leur genre de vie, aucune modi-
fication apparente, la respiration cutanée remplaçant la respiration bran-
chiale. »
ZOOTECHNIE. — Sur la cire qu'on peut obtenir de la Cochenille du Figuier
[Coccus Caricœ auct. (i)]. Note de M. H. Takuioxi-Tozzetti, présentée
par M. Em. Blanchard.
« On connaît la cire employée en Chine sous le nom de cire des arbres,
provenant d'un insecte qui a déjà reçu plusieurs dénominations en Europe
(Coccus cereus, Walk.; C. Pela, C. sinensis, Westw; Eurycerus Pela, Guérin),
et que j'ai moi-même appelé Pela cerifera dans la même intention, mais
ne connaissant pas le nom de M. Guérin.
» On connaît aussi des Cochenilles à cire du Cap (Coccus Myricœ, Fabr.),
et d'autres rencontrées plus récemment à la Jamaïque, au Chili, au Brésil.
La Cochenille du Figuier, très-commune dans le midi de l'Europe (Coccus
Caricœ, L.), dont on a fait plusieurs espèces en prenant ses états différents,
et que j'ai décrite sous le nom de Columnea cerifera, va s'ajouter à celles
des autres pays, pouvant donner à l'éther ou à l'eau bouillante 60 à 65
pour roo de son poids d'une espèce de cire jaunâtre, ferme, soluble dans
1 éthersulfurique complètement, soluble dans l'alcool seulement en partie,
fusible à 5i-52 degrés centigrades.
» Cette substance, analysée par M. Fausto Sestini, d'après l'indication
de l'auteur de cette Note, se divise par l'alcool en :
Matière soluble à froid (eéroléine) 5 1 ,3
Matière soluble dans le liquide bouillant, fusible à 78 degrés centigrades
(acide cerotique) I2j7
Matière insoluble dans l'alcool, même bouillant (myricine ou palinitate de
myricile), fusible de - 1 à 7 3 degrés centigrades! 35,2
Perte 0,8
» En portant vis-à-vis de cette composition celle de la cire des Abeilles,
on trouve :
Cire des Abeilles. Cire de la Cochenille du Figuier.
Céroléine 0,4 à o,5 (Lewy). Céroléine 5i ,33 pour 100.
Acide cerotique. . 0,22 (Brodie). Acide cerotique .. . «2,7 »
Myricine impure. 0,^3 Myricine 35,2 »
Perte 0,8 »
(1) La cire et ses principes immédiats, extraits par M. Sestini, se trouvent exposés au
Champ de Mars dans la section italienne, classe 44-
( *47 )
» D'où l'on voit que le trait caractéristique de la composition de cette
espèce de cire repose dans la proportion très-considérable de la céroléine.
» On n'a pas, jusqu'ici, d'analyses complètes des autres espèces de cire
de Cochenille. Celle du Coccus Pela, fusible à 184 degrés Fahrenheit, se
dissout seulement en partie dans l'alcool; celle du Coccus Psidii, Chav.,
fond à 60 degrés Réaiimur, et, par son aspect ainsi que par sa propriété
de s'électriser par frottement, elle se rattache probablement bien plus aux
résines qu'à la cire.
» Les cires ou les résines des Cochenilles du Brésil ne sont pas récol-
tées ; on recueille cependant en Chine le Coccus Pela et son produit, et je
crois qu'il serait très-praticable de récolter celui de la Cochenille du Figuier
en répandant l'insecte sur des plantations de Figuier à l'instar de ce qu'on
fait pour la Cochenille tinctoriale en Amérique et ailleurs ( 1 ).
PHYSIOLOGIE. — D'un phénomène comparable à la mue chez les Poissons.
Note de M. E. Baudelot, présentée par M. Ém. Blanchard.
« Ceux qui s'occupent de l'étude des Poissons ont pu observer que chez
beaucoup d'entre eux la peau devient, à certaines époques de l'année, le
siège d'une éruption parfois très-confluente de petits tubercules durs et
blanchâtres.
» Cette particularité a été surtout signalée chez des espèces appartenant
à la famille des Cyprins. Elle a été observée également cbez quelques Pois-
sons du groupe desSalmones, ceux du genre Coiecjonns, par exemple. Dans
plusieurs circonstances, ces tubercules ont été l'occasion de méprises assez
singulières. Ainsi Lesueur, apercevant trois de ces productions sur les côtés
du museau d'un Catostome, fit de ce Poisson une espèce distincte sous le
nom de Catostomus tuhercutatus.
» Le même auteur donna le nom de Leuciscus spinicephalus à un autre
Cvprin qu'il décrivit et dont le caractère principal, d'après lui, était d'avoir
la tète hérissée de nombreux tubercules.
» Une erreur semblable fut commise par Rùppel. Voyant avec surprise
des tubercules cornés sur la partie antérieure du museau d'un Labéon du
Nil, et ignorant sans doute la généralité de cette production dans tous les
Cyprinides, les Ables surtout, il pensa que la présence de ces tubercules
(1) Voir, sur diverses Cochenilles, un Mémoire de M. Tnigioni-Tozzetli, Jtti délia I!.
Accad. dei Georgqfili di Firenze, 1866; et une Note de M. Fausto Sestini, Nuovo Ci-
mento, 1866.
02..
( 248 )
était suffisante pour faire distinguer génériquement des autres Làbéôns le
Poisson qu'il observait, et il exprima le caractère saillant du nouveau
genre par l'épithète de V aricorhinus .
» Tous les ichthvologistes, cependant, ne partagèrent pas ces erreurs ;
des observateurs plus attentifs reconnurent que les tubercules en question,
loin d'avoir une existence permanente, n'ont au contraire qu'une durée
passagère, limitée seulement à l'époque du frai.
» Cette remarque fut faite par M. Valenciennes sur le Gardon, la Che-
vaine, l'Able Jesse. Au sujet du Vengeron, il fait observer que ces aspérités
tombent peu après la saison des amours. « Une singulière particularité,
» dit M. Blanchard, se manifeste chez les Corégones à l'époque du frai.
» C'est une sorte d'éruption cutanée qui détermine sur chaque écaille une
» saillie blanche, allongée. Tout disparaît bientôt lorsque est passé le
» temps de la reproduction. »
» Mon but n'est pas de contrôler chacune de ces différentes observa-
tions, mais de les compléter en cherchant à déterminer la nature du phé-
nomène qu'elles se bornent à signaler. Que sont, en effet, ces tubercules ?
Quelle en est la structure ? Sont-ils l'expression d'un état normal ou patho-
logique? Telles sont les seules questions que je me propose d'envisager ici.
» Afin de mieux préciser, je choisirai comme exemple le Nase [Chon-
drostoma iiasus), Poisson chez lequel le phénomène en question se ma-
nifeste avec une intensité remarquable, et sur lequel, par conséquent,
il sera facile de vérifier les faits que je vais signaler.
» Presque tous les Nases que j'ai pu observer ainsi m'ont offert de nom-
breux tubercules sur la peau. Sur la tète du Poisson on aperçoit un nombre
plus ou moins considérable de tubercules blanchâtres qui proéminent assez
fortement au-dessus du niveau de la peau et rendent celle-ci très-rude au
toucher. La forme de ces tubercules est celle de petits cônes à base circu-
laire et à sommet mousse. Leurs dimensions sont très-variables. Les plus
grands atteignent et dépassent même i millimètre de diamètre; les plus
petits ne sont bien visibles qu'à la loupe et ressemblent à de petits points
blancs disséminés dans l'intervalle des plus gros tubercules. Entre ces
dimensions extrêmes, il est possible néanmoins d'observer une loule de
grandeurs intermédiaires.
» En général, l'éruption couvre ainsi tout le dessus de la tète et s'étend
jusque sur la lèvre supérieure; elle descend aussi sur les joues, mais en
perdant beaucoup de son intensité; elle cesse d'être visible dans la région
inférieure de la tète.
( ^49 )
» La peau qui recouvre chaque écaille présente toujours un certain
nombre de tubercules de même nature que ceux de la tète. Seulement ces
tubercules restent toujours beaucoup plus petits, et ils offrent ceci de par-
ticulier, qu'au lieu de se trouver disséminés au hasard à la surface de
chaque écaille, ils se trouvent généralement disposés sur une seule ligne
parallèlement au bord postérieur, en avant duquel ils forment comme une
rangée de petites perles. Ces tubercules s'aperçoivent aisément avec une
loupe, ainsi qu'à l'œil nu, dans toute la région dorsale, mais ils sont beau-
coup moins apparents sur la région ventrale.
» Chaque tubercule adhère assez fortement à la peau sous-jacente;
néanmoins, à l'aide d'un frottement un peu rude, on parvient à l'en déta-
cher assez aisément; au point où il se trouvait implanté, on aperçoit alors
un petit enfoncement au fond duquel la peau reste parfaitement intacte.
» Si l'on fait une coupe soit verticale, soit horizontale, de l'un de ces
tubercules, on reconnaît aisément, à l'aide d'un grossissement de 20 à
3o diamètres, qu'il est formé de couches superposées mais fortement adhé-
rentes les unes aux autres. Au premier abord, la matière qui constitue ces
couches me parut amorphe et je la pris pour du mucus desséché ; mais en
raclant la surface de l'un de ces tubercules et en soumettant les lamelles
ainsi obtenues à un grossissement de 3oo à £00 diamètres, je reconnus
qu'elles étaient formées uniquement par des cellules d'épithélium aplaties
et très-intimement unies entre elles.
» J'acquis ainsi la certitude que les tubercules en question ne sont autre
chose que de petites productions épithéliales, et par conséquent une
dépendance de l'épiderme.
» L'expérience suivante m'a permis d'établir avec précision quels sont
les rapports de ces tubercules avec l'enveloppe épidermique générale. Je
pris un Nase dont la tête et le corps étaient couverts de ces tubercules cor-
nés, et je l'immergeai pendant vingt-quatre heures environ dans de l'eau
très-faiblement alcoolisée. Au bout de ce temps, \\ me suffit d'une tres-
faible traction pour détacher l'épiderme de toute la surface du corps. Cette
membrane, formée d'une seule pièce et assez résistante, comprenait dans
son épaisseur tous les tubercules dont la peau se trouvait revêtue, ceux des
écailles aussi bien que ceux de la tête. Je pus ainsi obtenir le moule exté-
rieur du Poisson avec tous les reliefs qu'il présentait à sa surface. Il me
semblait avoir sous les yeux une de ces enveloppes dont les Reptiles se
dépouillent au moment de la mue.
» Ayant porté sous le microscope un lambeau de la membrane ainsi
( a5o )
détachée, je pus [n'assurer aisément que son tissu était uniquement com-
posé de cellules d'épi t hélium pavimenteux renfermant à l'intérieur un
noyau arrondi et de très-fines granulations.
» Apres l'ablation de cette membrane extérieure, la surface du corps
était redevenue lisse, luisante, et la peau se montrait dans un état d'inté-
grité parfaite.
» Nous pouvons donc admettre que les tubercules de la peau et l'épi-
démie sont un même tissu, et que les premiers ne sont autre chose qu'un
épaississement partiel du second. D'autre part, comme ces tubercules
n'existent que pendant une certaine époque de l'année, et comme la nature
cornée de leur tissu ne permet pas d'admettre qu'ils puissent être résorbés,
leur disparition ne peut avoir lieu que par l'effet de leur chute, et l'on peut
établir avec certitude que chez un certain nombre de Poissons il existe au
moins une mue partielle. Je dis partielle, mais lorsqu'on songe aux rap-
ports intimes par lesquels les tubercules se trouvent unis au reste de l'épi-
derme, et à la facilité avec laquelle celui-ci se détache de la peau, il est plus
que probable que le revêtement épidermique tout entier tombe à l'état
normal, et qu'il existe chez les Poissons, aussi bien que chez les Batraciens
et chez les Reptiles, une véritable mue. On sait, du reste, qu'à l'époque de
la reproduction, la peau acquiert toujours, chez les Poissons, un surcroît
d'activité, ce qui explique très-bien l'apparition des tubercules pendant le
temps du frai. »
PHYSIOLOGIE. — Influence de l'électricité à courants intermittents et à courants
continus sur les fibres musculaires de la vie végétative et sur la nutrition.
Note de M. Ommcs, présentée par M. Ch. Robin.
« Influence de l'électricité à courants intermittents et à courants continus
sur le grand sympathique. — L'influence indirecte de l'électricité sur la nu-
trition est due à son action sur les fibres musculaires qui se trouvent dans
les parois des vaisseaux sanguins et qui par leur contraction ou leur dila-
tation déterminent un afflux de sang plus ou moins considérable. Cette in-
fluence est complètement différente selon que l'on emploie l'électricité à
courants continus ou à courants interrompus.
» En électrisant le grand sympathique au moyen de courants intermit-
tents, on obtient un abaissement de température dû au resserrement des
vaisseaux périphériques. Les courants continus, au contraire, appliqués
( a5i )
sur le grand sympathique, déterminent une augmentation de tempéra-
ture (i).
» L'électrisation du grand sympathique au moyen de ces courants dé-
termine une contraction spasmodique, tétanique, de toutes les fibres mus-
culaires qui se trouvent dans les parois des vaisseaux sanguins, et par suite
un resserrement qui empêche l'afflux du sang.
» Les courants continus au contraire ne produisent jamais cette contrac-
tion permanente ni pour les muscles striés, ni pour les muscles lisses. Ils
font même cesser la contracture produite par les courants intermittents, et
(i) C'est ce que montrent les expériences suivantes. Sur un lapin nous mettons le ganglion
cervical gauche à nu et nous l'élecirisons au moyen d'un courant forme par deux piles Re-
mak. Pendant ce temps, la température reste la même des deux côtés de la tète; elle est de
33 degrés, comme avant l'électrisation. Elle était de 34 degrés avant qu'on eût fixé l'animal,
et qu'on lui eût fait une plaie au cou. Nous employons alors l'électrisation d'induction : la
température diminue d'environ un demi-degré. Puis nous électrisons de nouveau pendant
près de deux minutes avec un courant continu fourni par quatre piles Remak: la température
s'élève au même degré que précédemment, mais sans dépasser la température du côté op-
posé. L'animal est mis en liberté. Une heure après, on observe une différence de tempéra-
ture entre les deux oreilles. Du côté sain, la température est de 3i degrés; elle est de
33°,3o du côté électrisé. Le lendemain matin, la température est de 3a degrés du côté sain
et de 34°, 4o du côté électrisé. Au bout de vingt-quatre heures à partir de l'opération, on
ne trouve plus entre les deux oreilles de différence de température. Sur un autre lapin, la
température étant avant l'électrisation de 34 degrés, nous soumettons le ganglion cervical
supérieur, d'un côté, à l'action d'un courant continu fourni par deux piles Remak, pendant
une minute et trente secondes. L'animal est mis en liberté. Au bout d'une heure, la diffé-
rence de température est de o°,8o en faveur de l'oreille du côté opposé. Au bout de cinq
heures, il n'y a plus de différence entre les deux, côtés de la tète. En électrisant alors de nou-
veau le même ganglion pendant deux minutes avec un courant fourni par six piles, on
observe au bout de quarante minutes une différence de i°,5o entre les deux oreilles;
la température du côté électrisé est de 36 degrés; elle est de 34°, 5o du côté sain. Le lende-
main matin, cette différence de température n'existe plus.
On voit par ces expériences que la différence de température est d'autant plus grande et
dure d'autant plus longtemps que l'électrisation a été plus forte et plus prolongée. Nous
ferons également remarquer que la température n'est jamais aussi élevée que dans les cas de
paralysie du grand sympathique, et qu'elle ne dépasse guère la température normale. Ces
expériences pourraient paraître contradictoires à celles de MM. Claude Bernard, Broivn-
Sequard et d'autres physiologistes, mais elles ne les contredisent en rien. L'électricité à cou-
rants intermittents a toujours été employée jusqu'à présent pour l'électrisation du grand
sympathique. Or cette électricité sur les fibres musculaires lisses des vaisseaux agit de la
même façon que sur les fibres musculaires striées, c'est-à-dire qu'elle détermine des con-
tractions énergiques, permanentes, qui souvent même produisent le tétanos du muscle.
( 252 )
les contractions tétaniques que détermine l'empoisonnement par la strych-
nine. La contractilité est ainsi augmentée, mais il ne se produit aucune
contraction spasmodique et permanente; les fibres musculaires lisses con-
tinuent à avoir la contraction vermiculaire, seulement ce mode de con-
traction qui leur est propre est exagéré, et par conséquent la progression.
du courant sanguin se trouve facilitée.
» Influence de l'électricité sur les mouvements périslalliques de l'intestin. —
Cette différence d'action de l'électricité à courants intermittents et à cou-
rants continus se voit parfaitement sur les mouvements péristaltiques de
l'intestin,
» Les courants intermittents n'agissent que localement et déterminent
une contraction violente de la partie de l'intestin que l'on électrise. Cette
partie blanchit complètement, se resserre sur elle-même et reste ainsi con-
tractée sans pouvoir opérer le mouvement de dilatation et de contraction
qui lui est propre. Ce resserrement dure quelque temps encore après qu'on
a cessé l'électrisation, et lorsque le tube intestinal a repris son calibre nor-
mal, les fibres de cette partie sont comme fatiguées, car les mouvements pé-
ristaltiques deviennent moins énergiques.
» Les courants continus ne déterminent jamais, même en employant un
courant très-énergique, de contractions aussi fortes. Le tube intestinal con-
tinue à se dilater et à se resserrer comme à l'état normal, mais ces mouve-
ments sont plus étendus. L'influence des courants continus ne reste pas li-
mitée aux points électrisés, elle s'étend sur les autres anses intestinales, sur-
tout sur celles qui sont placées dans la direction du courant, c'est-à-dire
celles qui se trouvent au-dessous du pôle négatif.
» Ces phénomènes persistent encore après qu'on a cessé de faire agir les
courants continus, et les parties ainsi électrisées sont celles qui conservent
le plus longtemps leurs mouvements péristaltiques.
» Action directe de l'électricité sur le cœur et les vaisseaux sanguins. — Appli-
quée directement sur le cœur d'animaux à sang froid, l'électricité d'induc-
tion détermine au moment même de son application deux ou trois con-
tractions ; mais aussitôt après, les mouvements du coeur cessent complète-
ment, et l'on voit l'oreillette surtout rester contractée énergiquement. Les
courants continus n'arrêtent nullement les mouvements du coeur; la dia-
stole est moins prononcée, mais les battements sont plus fréquents.
» Chez la couleuvre, où le cœur a une vitalité encore plus grande que celui
de la grenouille, le cœur reste en systole pendant plusieurs secondes après
l'action des courants intermittents, puis, de lui-même, il se remet à battre.
( a53 )
Ce temps d'arrêt peut être empêché par les courants continus; car si l'on
fait agir ceux-ci immédiatement après les courants intermittents, les mouve-
ments du cœur réapparaissent aussitôt. Donc, non-seulement les courants
continus n'arrêtent pas les mouvements du cœur, mais ils les font même
revenir lorsqu'ils sont arrêtés.
» En électrisant le pneumogastrique au moyen des courants continus,
on n'observe non plus l'arrêt du cœur, comme cela a lieu avec les courants
intermittents. Avec un courant continu très-fort on peut cependant obtenir
des battements beaucoup moins énergiques, mais la cause en est due aux
troubles que l'on observe du côté de la respiration, car l'électrisation du
pneumogastrique au moyen de courants continus amène l'arrêt des mou-
vements respiratoires.
» Lorsqu'on coupe le pneumogastrique, et qu'on électrise successive-
ment les deux bouts au moyen de courants continus de quatre à huit piles,
on observe les faits suivants :
» L'électrisation du bout inférieur par un courant ascendant ne produit
aucun changement ni dans la respiration, ni dans la circulation.
» Le courant descendant n'amène aucun phénomène du côté de la respi-
ration ; du côté du cœur les battements sont plus fréquents, mais la diastole
est moins énergique.
» L'électrisation du bout supérieur ou céphalique par un courant ascen-
dant produit une grande gêne de la respiration : celle-ci devient profonde
et haletante, et finit même souvent par s'arrêter complètement. Les mou-
vements du cœur sont consécutivement moins fréquents et moins éner-
giques. L'électrisation du bout céphalique par un courant descendant ne dé-
termine ces phénomènes que très-insensiblement. Il faut un courant deux
ou trois fois plus fort pour produire, avec un courant descendant, les
mêmes effets qu'avec un courant ascendant.
» L'action des courants continus sur le bout céphalique du pneumogas-
trique se rapproche donc de celle des courants intermittents; seulement,
pour les courants continus, la direction du courant influe d'une manière
très-marquée sur les différents phénomènes qui se produisent.
» En appliquant directement l'électricité à courants continus sur les
artères, on n'observe aucun changement notable chez les animaux à sang
chaud; chez la couleuvre, nous avons vu la contraction devenir assez éner-
gique pour resserrer complètement l'artère et empêcher, pendant quelque
temps, le passage du sang. Appliqués sur les veines, les courants continus
C. R., i8r,7, i» Semestre. (T. LXV, N° 6.) 33
( 254 )
ont, chez le lapin, déterminé pour la veine cave inférieure un resserrement
très-marqué. Chez la couleuvre, les veines abdominales, qui étaient lisses
et régulièrement cylindriques avant l'électrisation, présentaient, après, des
slries et des nodosités sur tout leur parcours (i). »
PATHOLOGIE. — Note sur la présence d'infusoires dons l'air expiré pendant
le cours de la coqueluche; par M. V. Poulet. (Addition à une Note
adressée à l'Académie le 2 avril dernier.)
« Une petite épidémie de coqueluche s'étant déclarée naguère dans la
localité que j'habite, me mit à même d'examiner la vapeur expirée par
plusieurs enfants atteints de cette maladie, réputée contagieuse par la
plupart des observateurs. Je citerai notamment une petite fdle de cinq ans,
parvenue depuis plusieurs semaines à la seconde période ou période con-
vulsive de la coqueluche, et une autre enfant, sœur de la précédente et
âgée de huit mois, au début de la maladie. L'une et l'autre portent sous
la langue l'ulcération caractéristique. Elles ont des quintes violentes d'un
quart d'heure de durée, pendant lesquelles la face devient turgescente et
violacée, et qui sont suivies de quelques mucosités lactescentes : celles-ci
(1) Le résultat de ces expériences concorde parfaitement avec les phénomènes observés
chez l'homme. Tandis que les courants intermittents ne déterminent qu'une augmentation
légère et passagère de la température due aux contractions musculaires qu'ils provoquent,
les courants continus, au bout de fort peu de temps, augmentent la température de tout un
membre. Cette augmentation est non-seulement sensible pour les malades, mais elle l'est au
thermomètre, comme nous l'avons constate. Remak insistait beaucoup sur cette activité de
la circulation, mais, quoique lui-même ait soutenu que les courants continus augmentaient
l'excitabilité du nerf, il en cherchait la cause dans la paralysie des nerfs vasomoteurs. Nous
crovons, au contraire, avoir démontré qu'elle est due à l'excitation des fibres vasomotrices
qui favorise la contraction autonome des artères. Les laits suivants nous paraissent encore
être une preuve de cette opinion. Tandis que ni les courants intermittents, ni la paralysie
des nerfs vasomoteurs ne déterminent l'érection des différents tissus érectiles, comme l'a
démontré M. le Dr Legros, les courants continus produisent très-souvent ce phénomène, dû,
d'après M. Legros, à I exagération de la contraction artificielle de ces tissus. Enfin, l'élec-
trisation au moyen des courants continus détermine une exagération de la sécrétion des
glandes, et nous avons observé quelquefois une salivation très-abondante qui persistait pen-
dant plusieurs jours, lorsqu'on avait précédemment applique les réophores sur la partie
supérieure du cou. Dans les expériences faites sur les animaux, l'élévation de température
ne devient apparente qu'une heure après l'électrisation. La même chose arrive chez l'homme
et, en général, tous ces phénomènes ne se manifestent que quelque temps après l'électrisa-
tion. Ce temps est très-variable, mais ne dépasse guère deux ou trois heures.
( 255 )
coulent en filant de la bouche à la fin des saccades. Enfin, de temps en
temps, les expirations de la toux sont interrompues par l'inspiration
bruyante qui, avec l'ulcération sublinguale, passe pour le caractère patho-
gnomonique de la coqueluche.
» Les vapeurs provenant de la respiration des petits malades, recueillies
par le procédé décrit dans mon précédent Mémoire, présentent à l'examen
microscopique un véritable monde de petits infusoires, identiques dans
tous les cas. Les plus nombreux, qui sont aussi les plus ténus, peuvent être
rapportés à l'espèce décrite par les uns sous le nom de Monas tenno, par
d'autres sous celui de Bacterium lermo. D'autres, en plus petit nombre,
s'agitent çà et là sous le champ de l'instrument. Ils ont une forme bacil-
laire, légèrement en fuseau; leur longueur est de 2 à 3 centièmes de mil-
limètre; leur largeur d'à peine \ centième de millimètre. C'est l'espèce
que Mùller nommait Monas punctum, Ehrenberg Bodo punclwn, et que
les micrographes rangent habituellement parmi les Bactéries, Bacterium
bacillus. Ainsi la coqueluche, par les altérations de l'air expiré, rentre
dans la classe des maladies infectieuses, parmi lesquelles j'ai déjà étudié,
au même point de vue, la variole, la scarlatine et la fièvre typhoïde. C'est
une vérité que la simple observation des faits avait déjà rendue évidente
et qui reçoit des études microscopiques une consécration irrécusable. »
M. le Directeur de la Revue Maritime et Coloniale prie l'Académie
de vouloir bien autoriser l'éditeur des Comptes rendus à prêter à cette Bévue
la planche qui a été faite pour la Note de M. Dupuy de Lôme sur la ma-
chine à trois cylindres.
Cette autorisation est accordée.
La séance est levée à 5 heures. E. D. B.
33.
( 256 )
BULLETIN liir.l ; U'IiH.M I .
L'Académie a reçu, dans la séance du 5 août 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Etudes sur les altérations des tissus dans la carie dentaire; par M. E. MaGI-
tot. Paris, 1867; br. in-8°.
Recherches ethnologiques et statistiques sur les altérations du système dentaire;
par M. E. Magitot. Paris, 1867; br. in-8°. (Ces deux brochures, présen-
tées par M. Robin, sont renvoyées au concours de Médecine et Chirurgie
1867.)
Nouveau procédé pour la préparation et la conservation des Mollusques; par
M. E. Dubrueil. Paris, sans date; opuscule in-8°.
Rapport sur les travaux du Conseil central d'hygiène publique et de salubrité
du département de la Loire-Inférieure pendant les années 1 865 et 1866, adressé
par M. Bourlon DE Rouvre. Nantes, 1867 ; 2 br. in-8°. (2 exemplaires.)
Mémoire sur l'ozonométrie; par M. A. BÉrigny. Versailles, sans date; br.
grand in-8°.
Rullelin de la Société Vaudoise des Sciences naturelles, t. IX, nos 55, 56.
Lausanne, 1866; 2 br. in-8°.
Traitement des maladies des voies respiratoires, des organes des sens et des
cavités naturelles chez l'homme et chez la femme; par M. le Dr J. Rengade.
Paris, sans date; br. in-8°.
Note sur le terrain triasique de la Savoie; par M. Al. Favre, suivie d'une
Lettre de M. Ch. Lory sur le même sujet. Sans lieu ni date; br. in-8°.
(Extrait des Archives des Sciences de la Bibliothèque universelle.)
Rapport sur les travaux de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de
Genève, de juin 1866 à mai 1867; par M. Al. Favre, Président. Sans lien
ni date; br. in-4°. (Extrait des Mémoires de la Société de Physique et d'His-
toire naturelle de Genève.)
Mémoire sur la déduction d'un seul principe de tous les systèmes cristal-
loqraphiques avec leurs subdivisions; par M. A. GADOLIN. Helsingfors, 1867;
in-4° avec planches. (Extrait des Mémoires de la Société des Sciences de Fin-
lande.)
( *7 )
Observaciones... Observations météorologiques effectuées en l'Observatoire
royalde Madrid, du iei décembre 1 865 au 3o novembre 1866. Madrid, 1867;
1 vol. in-i 2 cartonné.
Adunanza... Réunion générale de i Académie royale des Sciences de Turin
du iS juin 1867. Turin, 1867; in-40.
Caldaje... Chaudière solaire; troisième Mémoire; par M. J. MociiNlGO.
Vicence, 1867; opuscule in-8°.
Magnetische... Observations ma</nétiques et météorologiques de Prague.
26e année, du 1" janvier au 3 1 décembre 1866. Prague, 1867; in-4°.
Meleorologische... Observations météorologiques de l'Observatoire de Berne,
faites à l'Observatoire en septembre, octobre et novembre 1866. Berne, sans
date; 3 br. in-4°.
Geological... Relevé géologique du Canada. Figures et description des fossiles
organiques. Seconde décade : Giaptolites du groupe de Québec; par M. J.
Hall. Montréal, i865; 1 vol. in-4° avec planches, relié.
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR L7 ACADEMIE PENDANT
LE MOIS DE JUILLET I8G7.
Rutletin de la Société industrielle de Mulhouse; juin 1867; in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique; n" des 3ojuin et i5 juillet 1867 ; in-8°.
Rulletin hebdomadaire du Journal de /' Agriculture; n09 26 à 3o, 1867;
in-8°.
Bullettino meteorologico dell' Osservaiorio del Collegio romano , n° 6, 1 867 ;
in-4°.
Catalogue des Brevets d'invention; n° 1, 1867; in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences,
2e semestre 1867, nos 1 à 5; in-4°.
Cosmos; t. V, n° 26, t. VI, nos 1 à 4, 1867; in-8°.
Gazette des Hôpitaux; nos 74 à 88, 1 8G7 ; in-4°-
Gazette médicale de Paris; nos 26 à 3o, 1867; in-4°.
Journal d' Agriculture pratique; nos 26 à 3o, 1867; in-8°.
( *58 )
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; 3o juin
et i5 juillet 1867; in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; mai 1867;
111-80.
Journal de Mathématiques pures et appliquées; avril 1867; in-4°.
Journal.de Médecine vétérinaire militaire; juin 1867; in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie: juillet 1867; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; nos 19 et 20, 1867 ;
111-80.
Journal des fabricants de sucre; nos 11 à i5, 1867; hi-f".
Journal of the Franklin Institule ; n°5 1, 3, [\, 5. Philadelphie, 1867;
in-8°. (Présentés par M. Swaim.)
Kaiser liche... Académie impériale des Sciences de Vienne; nos 16 et 17,
1867; 1 feuille d'impression in-8°.
L'Abeille médicale; nos 26 .1 29, 1867; in-4".
La Guida del Poj>olo ; juillet 1867; in-8°.
L'Art dentaire; juin 1867; in-8°.
L'Art médical; juillet 1867; in-8°.
La Science pour tous; nos 3o à 34, 1867; in-4°.
Le Gaz; n° 5, 1867; in-46.
Le Moniteur de la Photographie ;nos 8 et 9, 1867; m-4u.
Les Mondes..., livr. 9 à i3, 18G7; in-8°.
Magasin pittoresque ; juin 1867; in-4°.
Matériaux pour V histoire positive et philosophique de l'homme; par M. G. DE
Mortillet; mai et juin 1867; in-8°.
Monatsbericht... Compte rendu mensuel des séances de l'Académie royale
des Sciences de Prusse. Berlin, avril 1867; in-8°.
Monthly... Notices mensuelles de la Société loyale d'Astronomie de Londres,
i4 juin 1867; iu-12.
Montpellier médical... Journal mensuel de Médecine; t. XIX, n° 1, 18G7;
in-8°.
Nouvelles Annales de Mathématiques; juillet 1867; in-8°.
Pharmaceulical Journal and Transactions; t. IX, n" 1, 1867; in-8°.
Presse scientifique des Deux Mondes; nos 26 à 3o, 1867 ; in-8°.
( »5g )
Répertoire de Pharmacie ; juin et juillet 1 867 ; in-8°.
Revue des cours scientifiques; nos 3i à 35, 1867; in-4°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale; nus 1 3 et i4, 1867; in-tf".
Revue maritime et coloniale; juillet 1867 ; in-8°.
Revue médicale de Toulouse; n° 6, 1867; in-8°.
Société reale di Napoli. Rendiconto detV Accademia délie Scienze fisiche e
matemaliche. Naples, mai 1867; in-4°.
Société d'Encouragement, Résumé des procès-verbaux, séances des 28 juin,
12 et 19 juillet 1867; in-8°.
The Laboratory ; nus i3 à 17, 1867; in-4°.
The Scientific Revicw; n° j 6, 1 867 ; in-4°-
ERRATUM.
(Séance du 22 juillet 1867.
Page 1 54 , ligne 7, au lieu de négatif, lisez positif.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 12 AOUT 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES M^EMHRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
FIISTOIRE DES SCIENCES. — Sur la prétendue correspondance entre Newton et
Pascal. Lettre de Sir David Brewster à M. Chevreul
« Alberly Melrose, 6 août 1867.
» J'ai lu avec plus que de la surprise la prétendue correspondance de
Pascal avec Boyle et Newton publiée dans le dernier numéro des Comptes
rendus. N'ayant pas les moyens déjuger de l'authenticité des nombreuses
Notes de Pascal, qui ont paru dans les deux précédents numéros, je ne me
hasarderai pas à exprimer les soupçons qu'elles ont pu m'inspirer ; mais,
quand j'ai lu les lettres de Pascal et de Newton, lettres datées et contenant
des faits sur lesquels j'étais en état de me former une opinion, j'ai senti
que c'était un devoir pour le biographe de Newton d'étudier la préten-
due correspondance.
» Ayant soigneusement examiné tous les papiers et la correspondance
de Sir Isaac Newton qui se conservent à Hui tsbourne Park, résidence d'une
personne de sa famille, M. le comte de Portsmouth, je n'hésite pas à dire
qu'aucune lettre de Pascal à Newton, ni aucune autre pièce contenant
le nom de Pascal n'existent dans cette collection. En 1837, M. Henri Fel-
lows, frère aîné du comte de Portsmouth, voulut bien m'aider à examiner
C. R., i8fi:, 2e Semestre. ( T. LXV, N° 7.) 34
( 2Ô2 )
ces papiers, et nous aurions été ravis de trouver la moindre lettre ou le
moindre document provenant d'un grand homme, d'un noble caractère
tel que Pascal. A une époque plus rapprochée, lord Portsmouth me per-
mit de garder en ma possession, pendant plusieurs mois, toutes !es pièces
que M. Fellows jugeait pouvoir m'ètre utiles pour écrire la vie de Newton,
et, dans ce second examen des manuscrits, je n'ai, pas plus que dans le
premier, trouvé le nom de Pascal.
» Je crois que jamais lettres n'ont été échangées entre Pascal et Newton,
et, s'il était prouvé que celles qui ont été publiées dans le Compte rendu
sont des productions véritables, il en résulterait que des trois seules per-
sonnes qui aient examiné les papiers de Portsmouth, M. Conduit t, le
Dr Horsley et moi, l'une ou l'autre aurait volontairement supprimé les
lettres de Pascal, afin de donner à Newton la gloire sans partage d'avoir
établi la loi de la gravitation universelle. Ce qui est dit des lettres de Miss
Anne Ayscouqli, mère de Newton, adressées à Pascal, pour le remercier de
ses bontés envers son fils, est tout à fait inexplicable. Newton avait à peine
quatre ans, quand sa mère cessa de porter le nom d'Ayscough, et ce serait
seulement sous son nouveau nom de femme, Hannah Srnilh, qu'elle aurait
pu correspondre avec Pascal.
» La lettre de Pascal à Boyle en date du 16 juin i65/J, où on lui fait
dire qu'il a reçu un Mémoire de Newton traitant du calcul infinitésimal, du
système des tourbillons, de l'équilibre des fluides et de la gravité, est évidem-
ment l'œuvre d'un faussaire, car Newton, alors âgé seulement de onze ans,
ne connaissait rien sur aucun de ces sujets. Les lettres de Pascal à Newton
datées du 20 mai i654, et les nombreuses lettres qu'on donne comme
échangées entre eux dans la même année, quand Newton avait moins de
onze ans et demi, sont également forgées, car Newton n'avait nulle con-
naissance des sujets qui y sont traités, s'occupant alors, d'une manière
bien plus convenable à son âge, de cerfs-volants, de petits moulins et de
cadrans solaires, et cela jusqu'en i658, où, comme il l'a dit lui-même à
M. Conduitt, il fit sa première expérience scientifique, consistant à mesurer
la différence de vitesse du vent par la différence de longueurs de deux sauts
consécutifs qu'il faisait, l'un dans le sens où soufflait l'orage, l'autre dans
la direction opposée.
» Ce fut seulement en 1661 qu'il montra ces dispositions et aborda
quelques-unes de ces études par lesquelles il devint plus tard si célèbre.
» Comme confirmation des raisons que je viens de donner, je ne crains
pas d'ajouter que ces lettres, tant celles de Newton que celles de Pascal,
( 263 )
annoncent par des caractères intrinsèques et rien que par leur style, qu'elles
ne sont point les productions de ces hommes distingués; j'espère en consé-
quence que M. Chasles publiera toutes les lettres en sa possession qui ont
rapport à Newton, afin que ses amis en Angleterre puissent montrer plei-
nement, même aux gens les plus crédules, que celles de Pascal, de Boyle
et de Newton sont de méprisables forgeries. »
Après la lecture de cette Lettre, M. Chasles s'exprime ainsi :
« Je ne dirai rien dans ce moment des pièces émanées de Pascal, dont
l'authenticité est soumise à l'examen d'une Commission.
» Mais la Lettre de l'illustre Associé de l'Académie, notre vénéré con-
frère M. Brewster, soulève une autre question à laquelle il ne m'est pas
possible de différer de répondre, savoir, s'il a réellement existé des rela-
tions entre Pascal et le jeune Newton.
» Cette question peut être traitée dès ce moment, indépendamment de
l'authenticité des Lettres et autres pièces de Pascal.
» Elle est grave; aussi l'Académie me permettra de produire de nom-
breux documents qui mettront hors de doute la réalité des relations an-
noncées.
» Je rangerai ces documents en quatre classes. Ce seront :
» i° Des Lettres de miss Anne Ascongh, la mère de Newton, et d'Aubrey
adressées à Pascal ; et des Lettres de Hobbes adressées à Mariotte et à Cler-
selier;
» i° Des Lettres de Newton adressées à Mme Perrier, à l'abbé Perrier, à
Robault, à Saint-Evremond, à Desmaizeaux, à Malebranche ;
» 3° Des Lettres adressées à Newton par Mme Perrier, par Rohault, par
Clerselier, par Mariotte;
» 4e Des Lettres de quelques savants et littérateurs des premiers temps
du siècle dernier: Montesquieu, Desmaizeaux, Rémond, Louis Racine.
I.
» Deux Lettres sont adressées à Pascal par miss Anne Ascough, comme
je l'ai déjà dit (i). Plusieurs sont d'Aubrey; en voici une :
(i) Compte rendu de la séance du ?.g juillet, ("es deux lettres sont signées miss Anne
Ascough Newton. La première est datée ce i juillet i654, et la seconde ce i septembre. Pas-
cal a écrit sur la première : « Cette lettre est de la mère du jeune Newton, P. », et sur la
seconde : <■ Lettre de la mère du jeune Newton. »
34..
( a6* )
J libre y à Pascal.
Le la may i654- — Me suis rendu suivant vostre désir auprès du jeune Isaac Newton,
et me suis entretenu longuement avec luy. Il est fort jeune encore, car a peine a-t-il onze
ans, et pourtant il raisonne fort sciemment sur les mathématiques et la géométrie. Je luy de-
manday de qui il tenoit les premières notions de ces sciences, et qui les lui avoit initiées.
Il me conta qu'en la maison de son père étoit venu habiter pendant quelques temps un
François, bon amy de son dit père, et qui lui enseigna les premiers principes du françois, et
qu'il lui avoit aussy enseigné les premiers éléments de la géométrie; et qu'un jour il luy
lit un tant bel éloge de Descartes, dont on venoit d'apprendre la mort, que cela luv donna
l'idée d'estudier dans les livres de ce grand philosophe et mathématicien tout à la fois; et
qu'alors cherchant partout les moyens de bien approfondir les connaissances de ce scavant
François, il eut recours à vous dont il avoit aussy entendu faire l'éloge. Voilà comment il luy
a pris envie de vous escrire. Il a aussy escrit, m'a-t-il dit, à M. Gassendi, mais celuy-cy ne
luy a encore rien répondu. Je puis donc vous assurer, monsieur, que le jeune estudiant de
l'école de Grantham est digne d'interest, et qu'il est de bonne maison, mais orphelin de
père. Voilà ce que j'ay a vous apprendre, monsieur, et suis votre bien affectionné.
Th. Hobbes à Mariotte.
Ce 8 mars 1676. — Je ne suis pas moins étonné que vous du silence de M. Newton sur
Descartes et Pascal, ses précurseurs, et auxquels pourtant il doit une partie de la réputation
qu'il a acquise. . . Il est à la connaissance de maintes personnes qu'il a eu des relations avec
M. Pascal ; que celui-cy, dans les dernières années de son existence et sur la recommanda-
tion qu'on lui fit du jeune Newton, génie précoce qui promettoit, il lui fit part de ses idées et
lui envoya bon nombre de ses observations. Je veux bien croire que M. Pascal n'a donné
que des idées, des projets, et qu'il a fallu à M. Newton retravailler, polir, refaire pour ainsi
dire les projets que lui avoit initiés M. Pascal. Mais ne jamais citer son nom dans ses écrits,
cela me semble extraordinaire. Car certes les noms de Descartes et de Pascal sont des
noms très-louables, et on ne doit pas craindre de les citer : et quoiqu'en puisse dire
M. Newton, ces deux génies sont ses précurseurs; et pour ne parler que de Descartes, on
lui devra toujours les plus belles connaissances. C'est à lui qu'on doit la méthode par la-
quelle on a découvert et on découvre tous les jours tant de vérités. C'est lui qui a allié la
physique avec les mathématiques, débrouillé le chaos de l'algèbre ancienne, etc., etc. Je
vous le répette, je ne comprend pas le silence ou plutôt le mépris que M. Newton a pour
Descartes. Je suis de vous, Monsieur, le bien affectionné.
Hobbes à Clersclicr.
Ce 28 mars. — Quant à ce qui est de Monsieur Pascal, avec lequel j'ai toujours eu
aussi de très-honorables relations, vous n'ignorez pas sans doute qu'il a pris en affection un
jeune écolier de l'Université de Cambridge, duquel on vante la précocité. Sur ce, je vous
dirai mon sentiment dans une autre Lettre.
II.
Newton à Mm° Perricr.
Ce Ier octobre. — Mercy, grand mercy du précieux don que m'avez fait d'un des escrits
( 265 )
trouvé es habits de M. Pascal .... Je vous assure aussy, Madame, que je feray beaucoup
de cas, et que j'ay grand respect pour tous lesescrits qu'il m'a envoyé en son vivant, et les
garderay aussi comme précieux souvenirs de luy Mr Pascal et de mon jeune aage en mesme
temps.
Ce 3o mars. — Desja dans le temps de la mort du très regrettable et bon amy de moy
M. Pascal, vous m'avez envoyé divers papiers de luy, dont je vous scay gré, et viens vous
en renouveller le remerciement. Mais j'ay appris que vous aviez encore de luy certains
escrits qui me feroient grand plaisir d'avoir. Je tiens cette révélation d'un mien amy, à qui
les avez communiqué, m'a-t-il dit. Je prie vous, Madame, me dire si cette personne, qui
est M. Rohaull, vous les a remis, et si vous voulez bien me les communiquer aussy. Du
reste, Madame, si vous me permettiez voir tous les papiers qui vous sont restés de Monsieur
vostre frère, je feray volontiers le voyage à Paris, pour les examiner par moy mesme. Et
vous prierav me dire aussy en quelles mains il peut s'en trouver d'autres. C'est vous dire
assez, Madame, la grande estime que j'avais pour feu M. Pascal, et la grande considération
de moy pour tout ce qui le touche. J'attens de vous, Madame, une réponse de suite, je
vous prie; et suis de vous excessivement le très affectionné et bien obligé serviteur.
Newton à M. Vabbé Perrier.
•
18 juin. — Je vous prieray m'envoyer, s'il vous plait, toutes les lettres de moy adressées
à M. Pascal. Ce sont des souvenirs de mon enfance que je désirerois garder devers moy.
Soyez donc assez bon, je vous prie, pour vous occuper de les rechercher parmy les papiers de
feu vostre oncle, et je vous en seray très reconnaissant. Veuillez ne point laisser cette affaire
en oubli, s'il vous plait, et soyez assuré de mon affection bien sincère.
Newton à Rohaalt.
Ce 25 août. — Il est vray, Monsieur, que lorsque je visitay M. Pascal il estoit desja
très malade. Je trouvay sa teste très fatiguée. Je reconnu qu'il n'avoit pas toutes ses facultés.
Aussy j'en fus fort peiné. Luy qui avoit escrit de si belles choses. Ce fut là une des raisons
qui m'ont empesché d'en parler dans mes œuvres. Quoy qu'il en soit, je reconnois qu'il fut
homme de grand mérite et qu'il eust une science profonde. Quand à M. Descartes duquel
je vous promis mon sentiment, selon moy il mesura d'un coup d'œil toute l'estendue des
conséquences de son système
Newton à Saint- Evremond.
Ce 12 may t685. — Vous me mandez tenir de plusieurs personnes de vos amis qui se
disent bien informées, que je dois avoir un bon nombre d'escrits de feu monsieur Pascal,
et aussi deMr Descartes. Cela est vray et je veux bien vous dire comment je les ai obtenu....
Non-seulement il (Pascal) m'a donné de bons conseils pour me diriger dans Pestude des
sciences; mais il m'a soumis maints projets à continuer, et comme je viens de vous le dire,
il m'a fait part d'un bon nombre d'observations que sur cela il avait fait, en m'engageant
de les mettre à exécution : ce que j'ai taché de faire autant qu'il m'est possible.
Newton à Desmaizeaux.
Ce 12 novembre 171c). — Vous me mandez tenir d'une personne bien assurée que je de-
vrais avoir, ou que j'aurois eu entre les mains des papiers de Descartes, de Kepler, de Pas-
cal, etc. Il est vray qu'il m'en est tombé autrefois quelques-uns entre les mains, principale-
i 266 )
nient de feu monsieur Pascal avec lequel je m'estois mis en relation, estant jeune encore. Cela
dura quelques années. Je n'eus qu'à me louer de ce scavant qui sembloit prendre intérest à
moi. Mais ayant entendu parler de sa démence, j'ay mis tous ces divers escrits de costé, pen-
sant que je ne devois pas en faire mention à cause de cet incident survenu à Mr Pascal, sur
la fin de sa vie. Quoi qu'il en soit, je veux bien vous avouer à vous que ces divers escrits
m'ont esté de quelque utilité pour mes travaux, et que j'y ai glané quelques idées qui m'ont
servi pour l'établissement de mon système. Mais depuis longtemps je ne sais ce que sont de-
venus ces papiers. Voilà pourquoy je ne vous les communique pas. Mais en récompense je
vous envoyé diverses pièces nouvelles relatives aux débats que j'ay eu autrefois avec Mr Leib-
niz. Vous pouvez les joindre comme appendix à celles que vous avez déjà et en disposer
comme vous l'entendrez. Je vous scay trop bon amy de moy pour doubter que vous en ferez
mauvais usage. Sur ce, Monsieur et cher Desmaizeaux, je vous prie estre bien assuré que je
suis, comme toujours, de vous le très-humble et très-dévoué serviteur.
Newton h Malebranche.
Monsieur et très-révérend père, comme l'a dit Mr P., dont déjà nous nous sommes entre-
tenu, si le mouvement croît ou diminue dans le Monde, il faut que l'action de Dieu croisse
ou diminue Ainsi que le dit encore Mr P. dans une des Notes qu'il m'a communiquées, si
la machine de l'univers étoit tellement construite que le mouvement y fût tantôt plus grand
et tantôt moindre, tous les inconvénients dont nous avons parlé dans une autre lettre se re-
trouveraient icy. Dieu seroil semblable à cet horloger....
III.
Madame Perrier à Newton.
Ce 4 uiav 1 663. — Vous me mandez, Monsieur, de vouloir bien vous donner connais-
sance des premières années de la vie de feu mon frère. Je le feray avec plaisir, quoyque
cela me rappelle des souvenirs qui aujourd'hui me sont pénibles, parce que je scay qu'en ces
derniers tems il m'a entretenu plusieurs foys de vous avec affection, et que parmy ses pa-
piers j'y ai tiouvé plusieurs lettres que vous luy avez adressées qui me tesmoigne que vous
avez aussy beaucoup d'affection pour luy.
Ce 8 septembre. — Vostre lettre m'a été si agréable, que je ne puis m'empescher d'obtem-
pérer à vos désirs. Il est bien vray, Monsieur, que quelques jours après la mort de mon très-
cher frère, Monsr Pascal, nostre domestique, en brossant son pourpoint pour le serrer,
s'aperçut que dans la doublure y avoit quelque chose qui paraissoit plus épais que le reste.
Alors il se mit à le découdre et y trouva un petit parchemin.... Je m'estois fait une loy de
garder cesdocumens fort précieusement, et j'en ai mesme réfusé la communication à plusieurs
personnes. Mais pour vous je fais exception en faveur de l'intérest et de l'amitié que feu mon
très-cher frère avoit pour vous. Je vous fais donc part d'une de ces pièces trouvées en ses
habits... (i).
(î) Cette pièce, écrite et signée par Pascal, est jointe à la Lettre de Mme Périer. Elle porte
cette annotation de Newton : « Ceci est à garder précieusement comme souvenir. C'est un
des escrits trouvé après la mort de Mr Pascal dans un de ses habits. 11 m'a esté envoyé par
Made Periers sa sœur. N. »
( 267 )
Clerselier h Newton.
Ce 8 mars. — Quoy que vous sembliez l'ignorer, sans Monsr Descartes on ne feroit en-
core que bégayer en physique. Mais Descartes a surpassé tous les géomètres et tous les phi-
losophes de l'antiquité, et aucun des modernes ne l'a encore effacé....
Je scay que vous avez des papiers de Descartes et de Pascal son émule; et ce qui m'étonne,
c'est que vous ne parlez jamais ni de l'un ni de l'autre. Ignorez-vous donc que la science
n'a point de patrie.
Mariotte à Newton.
Ce 18 mars. — Vous me mandez, Monsieur, que vous tenez à conserver les escrits qui
vous ont esté envoyés par Monsr Pascal, et que c'est pour ce motif que vous ne me les avez
pas envoyé. Et du reste, me mandez-vous, il n'y a rien dans ces escrits qu'on ne connaisse.
Quoy qu'il en soit, j'aurois esté bien satisfait d'en prendre connaissance, et si pour cela il ne
tenoit qu'à me rendre près de vous, je ferois le voyage d'Angleterre très-volontiers. Escri-
vez-moy donc à ce sujet, s'il vous plaît. Vous me mandez aussy que les escrits de Descartes
qui vous ont esté envoyé par M. Pascal sont aussy de chélive importance. Cependant dans
une de vos lettres que j'ay là sous les yeux, que vous avez escrites à M. Pascal, vous luy
marquez tout le contraire. Je ne m'explique pas très-bien ce virement d'opinion de voslre
part. Pardon de cette réplique, mais j'ayme la sincérité et la vérité en tout et partout. Et si
je vous fais cette observation, ce sont vos lettres qui me les ont inspirées et qui m'v oblige ;
et je suis d'advis aussy que tout ce qui est sorty de la plume de ces deux illustres scavans
n'est point de chétive importance : car tout ce que j'ay veu et leu d'eux me tesmoigne du
contraire. Je ne vous en diray rien de plus. J'aurois bien désiré connoistre les escrits que
vous avez de ces deux érudits qui ont fait faire un pas si grand aux sciences. Mais puisque
vous ne jugez pas à propos de me les communiquer, je m'en tiendray là. Je n'en suis pas
moins, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.
IV.
Montesquieu à Desmaizeaux.
Ce i8juin. — Ce que désirent savoir nos amis de France, c'est l'origine des idées- de
Newton ; c'est de savoir s'il les tient de son cru à lui, ou s'il les a empruntées de nos auteurs,
tels que Descartes, Pascal ou autres qui l'ont devancé; et surtout c'est de savoir pourquoi il
ne cite point les auteurs qu'il a cependant et certainement étudié. Vous qui avez des rela-
tions intimes avec lui, vous pourriez bien, je pense, nous instruire à ce sujet.
Montesquieu à Jordan.
26 novembre. — Il (Newton) étudia ces auteurs avec soin, et il y faisoit des remarques
en les étudiant. Ces remarques qu'il soumettoit à Pascal, et que celuy-cy commentoit et lui
expliquoit, conduisirent le jeune Newton à la découverte d'une suite ou série infinie, par le
moyen de laquelle il trouva la quadrature de toutes sortes de courbes, leur rectification, leur
centre de gravité, les solides formés par leurs révolutions et la surface de ces solides. Je vous
diray la suite dans une autre Lettre.
3 décembre. — Newton s'occupa longtemps de cette découverte, aidé par Pascal, qui en
fut le seul confident.
1 1 décembre. — Je vous ay dit, monsieur, précédemment que le manuscrit de Isaae New-
f 9.68 j
ton, sur les suites infinies, avoit esté communiqué à Mrs Colins et milord Brounker par
Barrow. Pascal estoit mort alors, et Newton avoit environ vingt ans. On lisoit en tète de ce
manuscrit ce titre : méthode que j'avois trouvée autrefois. Cette note est remarquable, parce
que cette méthode conduit à celle des fluxions ou des infiniment petits qu'il publia dans
la suite. Mais ce n'est pas à Newton seul qu'il faut attribuer cette découverte. J'ay lu un
grand nombre de notes que Pascal lui envoya et qui en parlent. Si cette découverte n'est pas
entièrement de ce dernier, toujours est-il qu'il en doitavoirsa bonne part. Il seroit à désirer
que toutes les notes de Pascal se retrouvent. Je ne vous dis rien de plus, monsieur, et je
suis votre bien affectionné.
Ce 24 janvier. — Il (Newton) indiqua dans ses leçons le germe de ses découvertes sur la
lumière et les couleurs. Mais ce ne fut qu'une lueur passagère, que dissipa une idée nouvelle
touchant la cause de la pesanteur dont déjà il avoit été initié par Pascal... J'ai trouvé cette
observation dans divers papiers de luy (Newton) qui me sont tombés entre les mains.
Ce 12 janvier. — A propos de Newton, il faut que je vous conte, Monsieur, qu'on a trouvé
parmy ses papiers un bon nombre de ceux de mon compatriote Biaise Pascal, et des lettres
fort curieuses de ce dernier audit Newton, alors qu'il estoit encore estudiant en l'université
de Cambridge. On voit par ces documents que non-seulement Newton a profité des travaux
du grand Descartes, mais aussy de ceux du célèbre Pascal. Avec de tels maistres on ne doit
plus être étonné s'il s'est acquis tant de science.
Ce 2 juin 1^32. — Je me rappelle vous avoir entretenu autrefois que j'avois appris que
parmy les papiers de Newton s'étoit trouvé une nombreuse correspondance de Pascal et aulres
scavants francois, tels que Bobault, Malebranche, etc.
Montesquieu au chevalier de Jaucourl.
2 novembre. — Je vous assure bien qu'il (Desmaizeaux) a en son cabinet non-seulement
des escrits de Descartes et de Pascal, mais aussi des lettres de Clerselier et de Rohault. Car il
me les a communiqués, il me les avoit même confiés pendant quelques jours.
Ce 1 janvier. — Je me suis occupé de lui (Newton), à propos de certaines découvertes
qu'on lui attribue, et dont je scay qu'il ne les doit qu'à un de nos compatriotes avec lequel il
avoit eu des relations en sa jeunesse, et dont il a su profiter après la mort de celui-cy.
16 novembre. — Ce fut surtout avec Pascal qu'il lia connaissance. Il luy écrivit, luy sou-
mit des observations auxquelles celui-cy répondit, parce qu'elles lui parurent de bon sens;
et ils entretinrent ces relations pendant plusieurs années, c'est-à-dire jusqu'en fin de la vie de
M. Pascal. Le jeune Newton avoit pris dans peu de temps beaucoup de goust pour l'étude,
sans doute par les encouragements que lui en donnoit Pascal.
Montesquieu à M...
Ce 12 mars. — J'ai rapporté d'Angleterre un bon nombre de lettres et de notes trouvées
parmy des papiers de Newton, et qui avoient été envoyées à ce dernier par Pascal. On voit
par ces divers documens l'appréciation que Pascal faisoit de Descartes, et les conseils qu'il
donna au jeune philosophe anglois de le prendre pour modèle. Je vous diray qu'on a déjà
bien écrit sur Descartes, mais je n'ai point encore trouvé une appréciation plus exacte, ni un
plus bel éloge qu'en fait Pascal.
( ^9 )
Ce 30 mars. — Il (Newton) étoit en relation avec tous les scavans. J'en ay eu la preuve
dans mon dernier voyage en Angleterre, ou j'ay examiné chez un de ses parens tousses pa-
piers, parmy lesquels j'ai remarqué des lettres de Pascal, Newton étoit jeune alors, du P.
Malebrançhe, des Gregorv, de Boyle, de Lock, de Lhospital, eLc.
(Des premiers jours d'avril.) — Je vous ay dit, monsieur, que lors de mon dernier voyage
en Angleterre j'avois visité la famille de feu Newton, el qu'on m'avoit communiqué ses
papiers, parmy lesquels se trou voient une grande quantité de lettres de plusieurs de nos sca-
vans de France, entr'autres de Pascal et de Malebrançhe. Ce qui m'a donné occasion, depuis
mon retour, de rechercher parmy les papiers de ces derniers les lettres qui pouvoient leur
avoir été escrites par Newton. J'ay en effet retrouvé une trentaine de lettres de Newton
parmy les papiers de Pascal, et environ une soixantaine parmy ceux du père Malebrançhe,
qui toutes sont fort intéressantes, comme on n'en peut douter. Car de tels correspondants ne
pouvoient s'escrire des frivolités. Mais je reviens au caractère de Newton. C'estoit un homme
qui observoit exactement tous les devoirs de la société; et il scavoit n'estre, lorsqu'il le fal-
loit, qu'un homme du commun. L'abondance où il se trouvoit par son patrimoine, par son
employ, par ses épargnes, ne luy donnoit pas inutilement les moyens de faire du bien. Il ne
croyoit pas que laisser par testament ce fut véritablement donner. Ce fut de son vivant qu'il
fit ses libéralités. Quand la bienséance exigeoit quelque dépense d'éclat, il estoit magnifique et
le faisoit sans regrets; hors de là le faste esloit retranché, et les fonds réservés pour les be-
soins des malheureux ou pour des usages utiles. Il aimoit estre entoure de documens : aussv
en faisoit-il la recherche partout, et il avoit une fort belle et riche bibliothèque. Quoiqu'il fut
attaché sincèrement à l'église anglicane, il n'eust pas persécuté les non conformistes, pour
les y amener. 11 jugeoit les hommes par les mœurs. Telle est, Monsieur, mon appréciation
de cet illustre philosophe. Je suis. Monsieur, vostre très-humble serviteur.
Ce 12 avril. — Newton étoit un grand observateur de toutes choses. Aussy prenoit-il notes
de tout ce qui luy présentoit quelque inleresl pour connaissances humaines. Lorsqu'on nie
fit voir ses papiers, j'y remarquay un grand nombres de remarques dont il ne se proposoit
point sans doute de faire un usage régulier, n'ayant d'autre vue que d'affermir sa mémoire
en les jettant sur le papier.
Dcsmaizeaux au clœvalicr de Jaucourt.
A Londres, ce i mars. — Je suis assez heureux d'avoir pu me procurer une partie des
papiers de l'eu Mr iNewton qui entretenoit un commerce de lettres très-suivi avec ses amis.
Tout cela sera à votre disposition
(Sans date). — Il (M. Newton) a laissé un bon nombre de papiers de toutes sortes; car
comme il aimoit s'instruire, il en amassoit beaucoup, et cherchoit à s'en procurer par toutes
les occasions. Un grand nombre de ces papiers font aujourd'hui partie de mon cabinet, et je
les tiendray à votre disposition.
Ce 2 juillet.— Il est vray que Newton, en son jeune aage, a eu des relations avec Monsr Pas-
cal, et qu'il a aussy connu des escrits de feu Mr Descartes, que Pascal lui avoit fait parvenir.
Comme vous, je ne m'explique pas pourquoi il n'a jamais parlé d'eux. Comme je vous l'ai
dit, Mr Newton estoit un homme de cabinet, il travailloit beaucoup dans la retraite. Il criti-
quoit souvent la méthode de traiter les matières géométriques par des calculs algébriques
C. R., 1S67, 2e Semestre. (T. LXV, K° 7. 35
( 27° )
Desmaizeaux à Rêmond.
Ce 2 juin. — Vous savez comme moi quelle estoitla méthode île travailler de M. Newton.
Vous n'ignorez pas combien il airnoit à accaparer des documens pris cà et là, pour s'en
servir au besoin. S'il n'a pas toujours cité les autheurs où il a puisé ses renseignemens, il
n'a fait en cela que ce que beaucoup d'autres ont fait. Descartes luy mesme n'a-t-il pas été
accusé de plagiat. Cependant, il faut en convenir avec le père Porée, qui a eu le plus de pé-
nétration et de sagacité que Descaries, le père de la nouvelle philosophie?
Saint- Evremond a Labruyère.
Ce 8 janvier 1692. — Il (Boyle) avoit beaucoup connu Monsr Pascal, et s'estimoit heureux
de cette connoissance. Et c'est par son intermédiaire que Monsieur Pascal a connu Mr New-
ton enfant.
Saint-Evremond à Baille/ .
Ce 20 janvier i6q3. — Je scay que M. Newton cherche partout les moyens de jeter du
ridicule sur cet auteur si célèbre (Descartes). Pourquoy cela? Je n'en scay rien. Mais je
suppose
Ce 22 janvier. — Puisque vous avez leu le mémoire dont je vous ai parle touchant l'his-
toire du cartésianisme qui fut envoyé à M. Vise, et que je scay avoir este fait par Mr New-
ton, vous avez du en juger comme nioy, et sans doute que vous n'y ajoutez pas plus de foy
que moy
Ce 20 mars. — Je veux bien croire, Monsieur, comme l'assure M' Newton, que Descartes
se soit permis d'emprunter à des auteurs qui l'ont précédé certaines choses dont il n'a rien
dit. Par exemple, qu'il doit son système des bestes à un auteur espagnol et que son silence
a fait croire qu'il estoit de luy. Mais Mr Newton est-il exempt de ce reproche. Je ne le croy
pas. Je croy au contraire qu'il doit beaucoup et à Descartes dont il a eu communication des
papiers par Monsieur Rohault qui les tenoit de son beau-père, et je scay aussy de bonne
part qu'il a aussv beaucoup profité des découvertes de nostre compatriote Pascal, avec lequel
il a eu des relations. Je suis loin de dire que Newton n'est pas un grand génie. Loin de moy
cette pensée...
Rêmnnd à Desmaizeaux.
Ce 12 janvier i^3o (ou 1^36). — Si M' l'abbé Conti avoist esté de mon caractère l'on
aurnit point vu messieurs Newton et Leibnitz mourrir brouillés, après avoir vescu pendant
longtemps très-honorablement ensemble. Si nions' Newton a este ingrat envers M1' Pascal,
cela doit intéresser médiocrement le public. Restons muet sur cet article.
Louis Racine a Desmaizeaux.
Ce 22 may 1 742- ~~ Le chevalier Newton n'a acquis de la considération que parce que
nos bons autheurs, tels que Descartes et Pascal, lui en ont donné les moyens. Un de mes
amis, M. le chevalier de Ramsav, me disoit, il y a quelque temps, en une de ses lettres,
qu'il avoit des preuves certaines que le chevalier Newton devoit tout son savoir à Pascal...
V.
» J'ai eu à citer des lettres de Newton adressées à Mme Perrier et à l'abbé
Perrier, à Rohault, à Desmaizeaux, à Malebra nche; d'autres sont adressées à
( 27' )
l'abbé de Vallemont, au cardinal de Polignac, à Saint- Évremond . On peut
s'étonner que ces nombreuses correspondances se trouvent réunies aux
lettres mêmes cpie Newton recevait de ses amis. Voici comment cela s'ex-
plique.
» Il paraît que Newton, qui s'était fait une ample collection de docu-
ments, comme le dit Desmaizeaux au chevalier de Jaucourt et à Rémond,
cherchait aussi, à la mort de ses amis, à faire rentrer les lettres qu'il leur
avait écrites. On a vu qu'il avait réclamé avec insistance de Mme Perrier el
de l'abbé Perrier ses lettres adressées à Pascal. On va voir, par quelques
autres citations, qu'il a réclamé de même ses lettres adressées à Mariotte, à
Malebranche et à Saint-Évreinond. Toutes ces lettres se sont donc trouvées
réunies à celles qu'il avait reçues; et, puisqu'à sa mort une grande partie
de ses papiers ont passé dans le cabinet de Desmaizeaux, qui nous l'apprend
par ses lettres au chevalier de Jaucourt, il est à croire que c'est de là que
sont sortis les documents qui reparaissent aujourd'hui.
» Il n'est point étonnant que ces documents aient été ignorés des
biographes.
» Qu'on me permette d'ajouter que quand j'ai dit que la jeunesse de
Newton était encore inconnue, et que certains détails biographiques étaient
erronés, je me suis exprimé d'une manière générale, sans vouloir faire
allusion à tel ou tel ouvrage, et notamment à celui de l'illustre Sir David
Brewster, dont le nom commande le respect de tous les savants, et parti-
culièrement de ses confrères de l'Institut de France.
Newton à Desmaizeaux.
Ce iq de may i68/j.. — Monsieur, je viens d'apprendre la mort de Monsieur Edme Ma-
riotte qui a fait faire, comme vous le scavez, de grands progrès à la Mécanique, et qui avoit
un talent tout particulier pour les expériences, et qui réitéra celle de l'eu M. Pascal sur le
mouvement des corps
Il a dû laisser un bon nombre d'escrits. Pouvez-vous m'instruire entre les mains de qui
ils sont en ce moment. Vous me feriez grand plaisir. . .
Newton à Saint- Evremond.
Ce 8 janvier i(i85. — Monsieur et cher Saint-Evremont, vous qui m'avez toujours
tesmoigné de l'intérêt et qui déjà m'avez rendu de signalés services, je viens encore en récla-
mer un de vostre bienveillance. Voici ce dont il s'agit. J'ai eu quelques relations avec un
abbé nommé Mariotte, physicien, un de vos compatriotes, et je lui ai adressé quelques
lettres. Je viens d'apprendre sa mort, que vous avez sans doute apprise aussi. Ses papiers
vont sans doute eslre dispersés, et j'aurois grand désir de retirer mes lettres, et autres rensei-
gnemens que je lui ai adressés, parce que j'en aurois besoin. Ne pourriez-vous pas par vos
35..
( 272 )
amis de Paris m'obtenir la remise de ces documens. Ce seroit me rendre un grand service,
duquel je vous garderai un éternel souvenir Je compte sur votre obligeance et vous salue.
Neivton à Desmaizeaux.
Ce 7 may 1 706. — Monsieur et cher ; es Maizeaux, je vous remercie bien d'avoir retire
des papiers de feu M. de Saint-Evremond les diverses leltres que je lui avois adressées, et de
me les avoir rendues. Mais il en est plusieurs que je me rappelle lui avoir escrite dans le
temps, et que je ne retrouve pas. Pourtant j'aurois esté très content de les avoir —
Ce 2.0 novembre 1 -j 1 5. — Je viens d'apprendre la mort du Révérend père Malebranche
Il m'a écrit plusieurs lettres, et il en a aussi un assez bon nombre de moy. Je serois bien aise
de savoir ce qu'elles sont devenues. Ne pourriez vous pas vous en informer. Je vous en
serois infiniment obligé, et demander en même temps si on pourrait se les procurer.
Labruyère à Saint-Evremond.
Ce 1 juin. — Je suis très-satisfait de la visite que m'a faite M1 Newton. C'est un homme
d'un raisonnement très sensé, et on voit qu'il est doué d'une science profonde. Il a fait ce
dernier voyage presque incognito, m'a-t-il dit, pour chercher certains documens mss qui lui
avoit esté signalés et qu'il a esté très-heureux de retrouver. Aussv m'en a-t-il paru très-con-
tent. L'amour des escrits renfermant des vérités est la passion des génies supérieurs : il fut
et sera toujours la source des plus belles découvertes dans les sciences....
Je profite aussy du retour de M. Newton pour vous faire parvenir de nouveaux caractères
de messieurs de la Chambre des comptes, que vous m'avez témoigné le désir d'avoir.
M. Duhamel demande la parole au sujet de cette communication.
« Je ne m'occuperai pas, dit-il, de l'authenticité de ces lettres, qui pré-
sentent Newton sous un jour odieux, et contre lesquelles je ne saurais
trop vivement protester. Mais quant aux assertions scientifiques qu'elles
renferment, elles ne pourraient être admises que par ceux qui ne connaî-
traient ni les travaux de Pascal, ni ceux de Newton. Les principales décou-
vertes mathématiques de Newton se rapportent à la théorie des équations,
des séries, des infiniment petits sous deux points de vue différents : il est le
créateur de la théorie du mouvement curviligne, ahsolu ou relatif; el c'est
en l'appliquant aux phénomènes connus par l'observation qu'il a été con-
duit à la découverte et à la démonstration de la gravitation universelle. Or.
aucun des travaux connus de Pascal ne se rapporte à ces théories : com-
ment pourrait-on supposer que Newton eût pu puiser dans ces ouvrages,
ou même dans les conversations de Pascal, le germe de la moindre (li-
ces théories.
» Newton devait beaucoup certainement à ses devanciers; mais c'est
Descartes et Fermât qu'il aurait fallu désigner, et non Pascal. Ces deux
graiuls génies ont fait faire un pas immense à la science, soit par leurs
écrits, soit même par leurs controverses. Le monde entier en a profité, et
( *73 )
Newton comme tout le monde : un homme de génie prend la science où
l'ont portée les hommes de, génie qui l'ont précédé; ce serait par trop fort
de lui en faire un reproche.
» Mais si L. Racine a écrit que le chevalier de Ramsay lui a dit qu'il
avait des preuves certaines que le chevalier Newton devait tout son savoir à
Pascal, ce qu'on peut dire de moins sévère, c'est qu'il s'est fait l'écho trop
crédule d'une mauvaise plaisanterie. »
PALÉONTOLOGIE. — De /' ostéoijraphie du Mesotherium et de ses affinités
zoolo/jiques : tête; par M. Serres. (Troisième Mémoire. )
« Nous terminons dans ce troisième Mémoire la description de la tête
du Mesotherium.
» Face inférieure ou gutturale. — Cette face est particulièrement affectée
au sens du goût. La région palatine a une longueur qui équivaut à plus des
deux tiers de la face inférieure de la tète. Elle est extrêmement concave
dans toute la partie limitée extérieurement par les rangées des dents mo-
laires; elle présente immédiatement en avant et en arrière de celles-ci
un resserrement transversal très-prononcé.
» La face inférieure de l'os incisif, dont la suture avec le maxillaire est
très-distincte dans cette partie, est un peu concave dans sa moitié anté-
rieure, et finit en décrivant une ligne courbe à convexité inférieure, à une
distance très-minime du bord inférieur de l'incisive.
» Le trou palatin antérieur est grand; il ne paraît pas être cloisonné, et
il n'empiète aucunement sur les maxillaires. La crête médiane palatine est
très-prononcée, et en arrière, dans la partie qui correspond à la jonction
des os palatins, elle s'exagère considérablement et devient une véritable
crête faisant saillie en arrière, et se continuant jusqu'au delà de l'orifice
postérieur des fosses nasales. La fosse méso-ptérygoidienne est très-petite.
» L'ouverture postérieure des fosses nasales est, par conséquent, très-
étroite, et l'on observe qu'elle se rétrécit brusquement d'arrière en avant.
» La fosse ptérygoïde est bien prononcée. Sa cloison externe, qui est
très-ouverte, se prolonge en haut jusqu'au point d'arriver à peu de dislance
de la crête qui sépare les fosses temporale et zygomatique; sa cloison in-
terne est. au contraire, très-basse, et son bord libre est demi-circulaire.
» Immédiatement à la base de la fosse ptérygoïde existe une fossette ellip-
soïdale, régulière, dirigée presque transversalement, tenant lieu du trou
déchiré antérieur et devant contenir l'orifice postérieur du conduit viilien
et l'orifice interne du canal carotidien. Cette fossette se continue en de-
( *74 )
hors sous forme d'une fissure qui se porte vers la cavité glénoïde, et qui
parait répondre à la partie interne de la scissure de Glaser.
» La portion pétreuse du temporal a un grand développement. Sa surface
externe et antérieure, ainsi que son bord inférieur, ont aussi une étendue
très-notable. En avant, il commence par une tubérosité conique très-effi-
lée à son sommet, lequel vient presque effleurer le crochet inférieur de
l'aile interne de l'apophyse ptérygoïde, de manière à constituer avec celui-ci
une véritable arcade. Le même bord du rocher constitue, depuis cette
épine, une série alternative de saillies et de dépressions; il offre dans sa
partie externe un sillon profond, dont une partie correspond au trou dé-
chiré postérieur et se continue jusqu'à l'orifice externe du conduit auditif.
L'orifice externe du canal carotidien est situé du côté externe et posté-
rieur de la base du rocher. Le bord interne du rocher s'unit d'une manière
très-intime avec une partie du corps du sphénoïde, et une grande portion
dé l'apophyse basilaire de l'occipital.
» Au point d'union du sphénoïde et de l'occipital, où se trouve une tubé-
rosité notable, on voit en avant une double crête unique, terminée posté-
rieurement par un tubercule.
» L'apophyse paramastoïde, qui se rapporte sans aucun doute à l'occi-
pital, est très-forte à sa base, presque styloïde à son sommet; elle a presque
autant de longueur, mais elle est plus robuste que dans le Cabiai. Les fos-
settes condyliennes antérieures sont très-marquées.
» Face antérieure. — Cette face paraît tronquée en avant, de sorte que
le bout supérieur des narines est au niveau des incisives, à peu près comme
dans le Lemminget dans le Spalax. L'ouverture antérieure des fosses nasales
est très-large , moins cependant que dans le Glyptodon, le Mylodon et le
Scélidothérium. Sa forme est irrégulièrement quadrilatère, recouverte en
haut par la terminaison mousse des deux os nasaux. Elle est constituée sur
les côtés par la branche de terminaison du prémaxillaire, dont la suture de
réunion avec les os du nez se termine par une échancrure assez prononcée.
En bas le plancher de cet orifice offre le trou incisif, dont la grande di-
mension atteste que cet animal devait avoir l'organe de Jacobson très-
prononcé.
» En avant et en bas de cet orifice on remarque le bord convexe et lisse
du prémaxillaire, dont la suture de réunion sur la ligne médiane, complè-
tement effacée, est remplacée par lin tubercule sur lequel devait s'insérer
le frein de la lèvre supérieure. Plus bas encore on voit l'incisive supérieure
et l'extrémité antérieure de la grande incisive inférieure.
( *75 )
;> Sur les côtés de cette face on remarque l'étendue de la fosse canine
pincée dans son milieu, concave et non convexe comme chez les Pachy-
dermes, limitée en arrière par le rebord de la partie antérieure de l'arcade
orbitaire, et sur le côté externe par la crête de la tubérosité malaire et l'au-
vent de l'os jugal. D'après cette disposition, la fosse canine est entièrement
distincte, chez le Mesotherium, de la cavité orbitaire, et par ce caractère il
rentre jusqu'à un certain point dans l'ordre des Pachydermes.
» Toutefois, faisons remarquer à ce sujet que dans le vaste champ de
l'anatomie comparée, quand il s'agit de déterminer les affinités zoolo-
giques des êtres, et en particulier celles des Mammifères, on se trouve sou-
vent arrêté par des analogies et des différences tout à fait imprévues dans
la méthode naturelle de classification. C'est ce que nous avons éprouvé en
cherchant à apprécier les affinités zoologiques du Mesotherium, inclinant
tantôt du côté des Pachydermes, et tantôt plus fortement du côté des Ron-
geurs.
» Cette tendance plus marquée du Mesotherium à se porter vers les Ron-
geurs, nous a conduit à faire de l'ostéographie comparée de ces derniers
Mammifères, une étude plus approfondie que celle dont les besoins en
zoologie s'étaient fait sentir jusqu'à ce jour. L'examen de la face antérieure
de leur tète va nous montrer un des résultats de cette comparaison, en
même temps qu'elle nous éclairera, sur les affinités zoologiques du nou-
veau genre d'animal fossile qui fait l'objet de ce travail.
» Considérés en eux-mêmes, l'ordre des Rongeurs se divise en deux
groupes très-distincts : le groupe dans lequel la cavité orbitaire et la fosse
canine communiquent largement l'une avec l'autre et se fusionnent com-
plètement; et un second, dans lequel ces deux cavités, entièrement indé-
pendantes l'une de l'autre, ont chacune leur délimitation tranchée.
» Si nous recherchons la cause d'une différence si tranchée dans cet
ordre de Mammifères encore si confusément délimité en zoologie, nous
trouvons qu'elle réside dans un cycloide osseux qui se place au devant de
l'orbite, forme un arc préorbitaire dont le pilier antérieur est situé au-
dessus de la première molaire. Cet arc constitue, avec le plancher du
maxillaire, un véritahle anneau qui s'ouvre dans la cavité orbitaire et
opère la fusion de cette cavité avec la fosse canine. Enlevez ce cycloïde
osseux, et aussitôt la cavité orbitaire se ferme en avant et s'isole de la fosse
canine. Ce mécanisme est simple, et il résulte du fait de la composition
primitive du maxillaire supérieur en cinq pièces, exposé dans les lois de
l'osléogénie, pièces dont le balancement exerce une si grande influence
( ^6)
dans la composition de la tète des Vertébrés en général, et rend raison en
particulier, jusqu'à un certain point, des variétés que présente dans cette
partie l'ordre des Rongeurs.
» De la présence ou de l'absence de ce cycloïde osseux, ou de cet arc
préorbitaire, l'ordre des Rongeurs peut se diviser naturellement dans les
deux sous-ordres qui suivent, et que nous établissons d'après l'obser-
vation directe de la belle collection de Rongeurs que nous possédons au
Muséum :
» Premièrement, le sous-ordre des Rongeurs cycloides, qui comprennent
les genres: Alactaga, Gerboise, Hélamys, Lemming, Ecbimys, Hyslrix, Paca,
Agouti, Cobaye, Cabiai, Myopolame, Kerodon, Cbinchilla, Lagostome, Vis-
cache, Lasiuromys, Cercomys, Cténodactyle, Clénomys, Abrocome, Lagomys,
Capromys, Plagiodonte, Daclylomys, Nelomys, Octodon, etc., chez lesquels
les deux cavités se fusionnent et se confondent par suite de la présence de
l'arc préorbitaire.
» Secondement, les Rongeurs acycloides privés de l'arc préorbitaire, com-
prenant les genres : Spalax, Rat, Hydromys, Ecureuil, Polalouche, Campa-
gnol, Lièvre, Ondatra, Otomys, Castor, Marmotte, Gerbille, Mérion, Loir,
Hamster, Saccomys, Géoryque, Oryctère, etc., chez lesquels, au contraire, il
y a une indépendance complète entre la fosse canine et la cavité orbitaire.
» Auquel de ces deux sous-ordres se rapporte le Mesotherium? Évidem-
ment aux Rongeurs acycloides, puisqu'il n'offre aucune trace de l'arc préor-
bitaire, et que, par conséquent, la fosse canine, quoique profonde, est
complètement isolée et indépendante de la cavité orbitaire. Ajoutons
que plusieurs genres de ce dernier sous-ordre peuvent servir de passage
des Rongeurs aux Pachydermes, et que le Daman, parmi ces derniers, en
est juste le point intermédiaire.
>< Face postérieure. — Cette face du crâne est demi-elliptique, comme
chez le Castor, la Marmotte, le Daman; elle est bornée en haut par la ligne
courbe supérieure de l'occipital, qui forme une protubérance épaisse et
rugueuse déjetée en arrière. Par ce déjettement, la face postérieure est
rendue profondément concave. On y voit sur la ligne médiane, et de bas
en haut, d'abord le trou occipital, irrégulièrement ovalaire, puis la crête
occipitale servant d'insertion au ligament cervical, et se terminant en haut
sur le rebord de la ligne courbe supérieure de l'occipital.
» Sur les côtés, et aussi de bas en haut, on remarque les condyles arti-
culaires de l'occipital, séparés en arrière par l'échancrure de la base du
trou occipital, et réunis en avant par un bourrelet qui continue la surface
( 277 )
articulaire. Néanmoins la confluence complète des deux condyles semble
n'exister nulle part. Dans les Rongeurs, ils sont en général bien séparés.
C'est chez les Pachydermes où ils se rapprochent le plus de ce que l'on ob-
serve chez le Mesotherium ; ainsi dans le Cheval et le Tapir, les condyles sont
presque confluents; ils le sont un peu moins clans le Rhinocéros, et moins
encore dans les Cochons. Chez les Ruminants, ils se rapprochent de la
confluence dans les Bœufs et les Cerfs, et s'en éloignent chez les Boucs, les
Moutons et les Girafes.
» Au-dessous du trou occipital et dans l'excavation profonde de cette
face du crâne, on remarque l'ouverture postérieure des fosses nasales, la
face interne des incisives supérieures et la branche horizontale du maxillaire
inférieur.
» Sur les côtés, il y a, en dehors des condyles, une échancrure pro-
fonde, qui les sépare de la parapophyse mastoïde dont la disposition sty-
loïdienne est surtout remarquable, vue de cette fare. Au-dessus des con-
dyles et du mamelon qui sert de base à la parapophyse mastoïdienne, la
surface très-concave de cette région présente des saillies et des enfonce-
ments qui agrandissent beaucoup le plan d'insertion des muscles posté-
rieurs de la tète, dont la force devait être proportionnée au volume de
cette partie. En dehors de la ligne courbe supérieure de l'occipital, on aper-
çoit le promontoire du rocher, l'orifice externe du trou auditif et le côté
interne de la branche montante du maxillaire inférieur, à laquelle s'in-
sèrent les muscles ptérygoïdiens.
» Enfin le bord arrondi et curviligne du maxillaire inférieur est au ni-
veau des condyles de l'occipital, ce qui donne à l'ensemble de cette face
la disposition quadrilatère qu'elle offre chez le Castor, la Marmotte et le
Daman, et montre par son étendue chez le Mesotherium combien d'une
part devait être grande la langue, organe principal du sens du goût, et
d'autre part combien devaient être puissants les organes de la mastica-
tion, adaptés aux usages du système dentaire qui fera l'objet du prochain
Mémoire.
Mesures des différentes parties de la tête.
01
De la protubérance occipitale externe au bout des os nasaux. . °)29
Longueur des os nasaux .... o , i5
Largeur transversale au devant de l'arcade zygomatique 0,07
Largeur transversale du milieu d'une arcade zygomatique à l'autre o, 16
Largeur transversale d'un trou auditif à l'autre o, i3
Largeur d'une apophyse orbitaire externe à l'autre o ,08
!.. R., 1867, i° Semestre. (T. LXV, N» 7.) 36
( *1* )
m
Dimension transversale de l'orbite o , o55
Dimension antéro-postérieure de l'orbite 0,057
Largeur de la fosse temporale à sa partie antérieure o,o4S
Largeur de la même fosse à sa partie postérieure o ,o3j
Profondeur de la même fosse à sa partie postérieure 0,018
Hauteur verticale de la tête au devant de la première molaire 0,042
Distance du bout du museau au bord antérieur de l'arcade zygomalique 0,10
Longueur de la barre (mésodonte) o,o5
Hauteur du sommet de l'apophyse paramastoïde à la crête sagittale 0,12
Longueur de l'arcade zygomatique, de son bord antérieur au trou auditif o , 16
Hauteur de la même arcade prise depuis la partie moyenne de l'orbite 0,047
Hauteur de la même arcade en arrière de l'apophyse articulaire du temporal 0,022
Profondeur de la fosse orbitahe 0,08
Epaisseur de la cloison séparant les fosses orbitaires 0,01
Dimension verticale du trou auditif o,oi4
Largeur de la partie inférieure de la tête en arrière des incisives o ,o54
Largeur de la voûte palatine en arrière des molaires 0,064
Profondeur de la même voûte à sa partie moyenne o,oi3
Largeur de la face inférieure un peu en avant de la fosse ptérygoïde o,o5
Largeur du sommet de l'aile externe de l'apophyse ptérygoïde, d'un côté à l'autre. 0,08
Hauteur de la fosse ptérygoïde o,o4
Mesure verticale de l'orifice postérieur des fosses nasales 0,023
Mesure transversale de la même partie °)0I7
Longueur de l'apophyse articulaire du temporal o ,o34
Epaisseur de la même apophyse à sa partie moyenne 0,012
Largeur transversale de la face postérieure de la tête o, 1 i5
Hauteur de la même partie 0,08
Dimension verticale du trou occipital 0,02g
Dimension transversale du même trou 0,27
Largeur de l'extrémité externe d'un condyle à l'autre 0,06
Longueur du maxillaire inférieur • 0,23
Hauteur des branches 0,17
Largeur des mêmes au niveau des molaires 0,10
Hauteur du corps au milieu de la rangée des molaires o,o56
Distance d'un coté interne à l'autre des condyles o, 124
Distance du milieu d'un bord postérieur des branches à l'autre 0,17
Écartement des branches en arrière de la dernière molaire 0.060
Ëcartement des branches au devant de la première molaire 0,02
Largeur de l'échancrure sygmoïde 0,02
Diamètre transversal du condyle . o,o3
Diamètre antéro-postérieur du même 0,02
( 279 )
ZOOLOGIE. — Sur une nouvelle collection d'ossements fossiles de Mammifères
recueillie par M. Fr. Seguin dans la Confédération Argentine. Note de M.Paul
Gervais.
« M. François Seguin, qui avait réuni, pendant un premier séjour dans
la Confédération Argentine, une fort belle collection d'ossements fossiles
actuellement déposée au Muséum d'Histoire naturelle, a réussi, durant ces
dernières années, à se procurer dans les mêmes contrées une nouvelle col-
lection non moins précieuse que la précédente. Il l'a également apportée à
Paris et en a placé quelques-uns des plus beaux spécimens à l'Exposition
universelle. Plusieurs Mémoires, parmi lesquels je me bornerai à citer ceux
dans lesquels M. le professeur Serres (i) a parlé du Glyplodon et décrit le
Mesotherium {Ty/jotlierium, Bravard), singulier genre éteint de Mammifères
dont M. Seguin a le premier rapporté le squelette en Europe, ont déjà été
consacrés aux objets dus à cet infatigable collecteur, et c'est sur la demande
de M. Seguin lui-même que je viens aujourd'hui signaler à l'Académie
quelques-unes des pièces qu'il a plus récemment découvertes.
» C'est surtout dans l'ordre des Édentés, si nombreux en espèces sud-
américaines, que la nouvelle collection dont nous parlons est riche en osse-
ments intéressants. On y remarque des squelettes plus ou moins complets
du Megatherium, du Mylodon, du Scelidotherium, ainsi que des divers genres
établis sur des espèces, également gigantesques mais cataphractées à la ma-
nière des Tatous, auxquels on a donné les noms de Glyptodon, Schislopleu-
rum et Cldamydotherium. Les carapaces et les autres débris des Glyptodons
appartiennent certainement à plusieurs espèces. Il y a aussi des Dasypidés
moins différents de ceux qui vivent encore aujourd'hui. Nous citerons
parmi eux un Tatou plus grand que le Priodonte ou Tatou géant, et qui se
distinguait de cette espèce, aussi bien que de celles qui ont survécu, par
quelques caractères faciles à saisir.
» Le crâne de ce grand Tatou est long de om, 26 et large de om, 1 1 . Il pos-
sède neuf paires de molaires supérieures, nombre beaucoup moindre que
dans le Priodonte géant, et la forme de ces dents est en même temps plus
semblable à celle des mêmes organes étudiés dans les autres genres de
Tatous; elles sont aussi un peu plus fortes que dans ces derniers, mais sans
avoir l'apparence sub-réniforme qu'on leur connaît chez le Chlamydothé-
rium, et par leur apparence elles rappellent sensiblement celles des Àpars
(1) Comptes rendus hebdomadaires.
36..
( 280 )
(genre Tolypeules); enfin la têlc approche, par son allongement, de celle des
Cachicames. Cependant elle est moins étroite que dans ces derniers, et sa
région palatine antérieure est aussi notablement différente. Les os maxil-
laires s'y prolongent de om,o4 en avant de la première dent molaire, avant
d'atteindre le bord postérieur des os incisifs, et l'angle que forme leur suture
avec ces derniers n'est pas tout à fait égal à un angle droit. Aucune dent
n'est, comme cela a lieu dans les Encouberts, insérée sur les os incisifs. Ne
trouvant dans les auteurs aucune indication qui s'applique à cette grande
espèce, je l'ai nommée Eutalus Seguini.
» En ce qui concerne les genres Mylodon et Scelidotherium , M. Seguin en
possède des ossements provenant de jeunes sujets, dont la comparaison
avec les squelettes d'adultes offrira un véritable intérêt. L'examen de leurs
dents non encore usées conduit à penser que c'est sur des pièces analogues,
plus particulièrement sur des molaires de Mylodon, que M. Lund a fait
reposer son genre Sphenodon.
» La nouvelle collection de M. Seguin renferme des débris tres-carac-
téristiques et en fort bon état de conservation qui appartiennent au Meso-
therium ainsi qu'au Toxodon, deux des types aberrants les plus remar-
quables de la faune sud-américaine. On y voit aussi des pièces osseuses et
des séries dentaires provenant d'un animal non moins curieux que ceux-là,
le Macrauchenia patachonica.
» Cette espèce, au sujet de laquelle M. Owen a le premier donné des
renseignements (i) et que M. Bravard a depuis lors appelée Opiilorhi-
nus Falconeri (a), atteignait à peu près les dimensions du Chameau, mais
ses affinités la rattachaient aux Pachydermes jumentés, et elle présentait, en
effet, dans sa dentition ainsi que dans la conformation de ses membres, les
principaux traits caractéristiques des Mammifères de cet ordre. C'est auprès
des Rhinocéros et des Chevaux qu'elle doit être placée; mais son système
dentaire offrait cette particularité curieuse, qu'au lieu d'être incomplet dans
la région des incisives et des canines, comme il l'est chez les Rhinocéros, il
possédait au contraire la formule normale et typique du groupe des Jumen-
3.17
tés : ■= i., - c, - m. On n'observe dans le Macrauchenia aucune trace de la
3 1 7
barre caractéristique des Chevaux, les dents étant rangées en série continue
(1) Owen, Voyage du Beagle (capitaine Fitzrov); et, plus récemment, P. Gervais, Voyage
de CasfAnau. — Burmeister, Ann. Mus, Bucnos-Ayres, i8(>4-
(2) Catalogue des espèces d'animaux fossiles recueillis dans /' Amérique du Sud. Parana,
1860.
( *8i )
comme dans les Anoplothériums, qui sont cependant des animaux d'un
autre ordre.
» Une autre singularité de ce genre résidait dans la forme -les dents
incisives qui étaien en palmeltes, proclives et un peu excavées sur leur
face interne, et dont les bords, avant d'avoir été entamés par l'usure,
étaient festonnés, ce qui leur donnait jusqu'à un certain point le faciès de
celles des Iguanodons et de certaines espèces actuelles de la famille des
Iguanes. Cette curieuse conformation est facile à constater sur une mâ-
choire inférieure réunissant à la fois les dents de la première dentition et une
partie de celles de la seconde.
» A en juger par la forme des molaires du Macrauchenia, on doit sup-
poser que c'est sur l'observation de quelques-unes d'entre elles prises
isolément que repose l'indication donnée par M. Bravard de l'ancienne
existence, dans l'Amérique méridionale, des genres Paléothérium et
Anoplothérium.
» Il v a dans la collection qui nous occupe divers ossements apparte-
nant au genre des Chevaux (Equus neogœus) et à celui des Mastodontes
[Maslodon Andium).
» M. Lund et moi avions précédemment indiqué la présence de Lamas
(genre Âuchenia) parmi les fossiles delà même région. Ils provenaient du
Brésil et de la Bolivie. M. Seguin en a trouvé dans la province de Buenos-
Ayres. Ils sont de trois espèces différentes : la première assimilable à
Y Auchenia // cddellii, P. Ger'v., dont la taille approchait de celle du
Chameau; la seconde à V Auchenia Castelnaudii , P. Gerv., et la troisième
au Lama ou à l'Alpaca actuels. Les restes de cette dernière espèce
viennent de la lagune de Chichi; ceux des deux précédentes sont du ter-
rain pampéen proprement dit. Les Auchenia Weddellix et Castelnaudii dif-
féraient des Lamas de nos jours ainsi que de la Vigogne par une particula-
rité digne d'être signalée et qui pourra les en faire séparer génériquement.
Leur mâchoire inférieure présentait, comme la supérieure, cinq paires de
molaires en série continue au lieu de quatre; je les comprendrai sous le
nom de Palœolama.
» Un Cerf peu difFérentdn Cervus paludosus (sous-genre Blaslocerus, Gray),
si même il n'est de la même espèce, est fossile dans la province de San ta-
Fé : on le trouve aussi dans l'Uruguay.
» L'ordre des Rongeurs, si irrégulièrement disséminé qu'il paraisse à la
surface du globe, n'est pas exempt de toute loi de répartition géographique.
Certaines de ses familles ou tribus sont spéciales à telle ou telle grande ré-
gion, et ses genres les plus cosmopolites ont leurs espèces, parfois même leurs
( 282 )
différents sous-genres, assez nettement cantonnés. On reconnaît parmi les
Mammifères fossiles dans l'Amérique méridionale des espèces congénères de
celles dont les familles caractérisent encore la faune de ce continent, et elles
paraissent dans la plupart des cas être identiques aver elles. Ce sont des
Cabiais (Hyd)oclut rus), des Kérodons, des Anœma ou Cavia proprement dits,
des Viscaches, des Myopotames, des Cténomjrs, etc.; ils sont associés, dans
la collection formée par M. Seguin, à quelques Muridés parmi lesquels
nous avons reconnu un Oxymyctère, c'est-à-dire une espèce de Rat apparte-
nant à un sous-genre actuellement propre au même pavs.
» Un Hydrochérus trouvé fossile dans la province de Santa-Fé était,
comme Y Hydrochœrus sulcidens rapporté du Brésil par M. Lund, notable-
ment plus grand que les animaux du même genre et d'époque récente que
nous conservons dans nos collections. La série de ses molaires inférieures
est longue de om,i2.
» M. Seguin possède cinq espèces fossiles de Carnivores : deux Canis com-
parables aux C. troglodytes et protalopex de M. Lund ; une Mouffette ré-
pondant à son Mephitis fossilis et aussi fort semblable à l'espèce encore vi-
vante dans la République Argentine que j'ai nommée Mephitis Feuillei; le
Machairodus neogœus, grande espèce perdue, répondant au Felis smilodon
de M. de Blainville, et le grand Ours, espèce également éteinte, auquel j'ai
donné le nom d'Ursus bonœriensis.
» Cet Ours n'était pas moins grand que VUrsus spelœus de nos con-
trées, si même il ne le dépassait en dimensions; mais il présentait des
caractères assez différents des siens, et l'on devra le classer dans un
autre sous-genre. Il appartient à la même division que le petit Ours des .
Cordillères que M. Fréd. Cuvier a décrit sous la dénomination à'Ursus or-
natus, c'est-à-dire à ma division des Tremactos. Il a en effet les molaires au
nombre de -? avec les avant-molaires persistantes, et son humérus a le con-
1
dyle interne percé d'un trou. C'est sans doute le même animal que
M. Bravard avait appelé, de son côté, mais postérieurement à la publication
de mon Mémoire, Arctotherium latidens (1).
» M. Bravard signalait dans les mêmes gisements plusieurs espèces d'Oi-
seaux et six espèces de Beptiles, savoir : un Crocodile, deux Ophidiens et
trois Emydes. M. Seguin a découvert dans la province de Santa-Fé, avec les
grands Mammifères éteints dont nous venons de parler, une Tortue de
grande taille, dont la carapace mesurait im,5o de long sur im,20 de haut. »
(1) Bravard, loco citalo.
( 283 )
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com-
mission qui sera chargée de décerner le prix Bordin (question concernant
la structure du pistil).
MM. Decaisne, Brongniart, Tulasne, Duchartre, Trécul réunissent la
majorité des suffrages.
L'Académie procède ensuite, également par la voie du scrutin, à la no-
mination de la Commission chargée de décerner le prix Barbier (découvertes
relatives aux sciences médicales, chirurgicales, pharmaceutiques, on à la
botanique appliquée à l'art de guérir).
MM. Velpeau, Nélaton, Brongniart, Robin, Andral, J. Cloquet réu-
nissent la majorité des suffrages.
MÉMOIRES LUS.
NAVIGATION. — Du magnétisme terrestre dans ses rapports avec les compas
des navires en fer; par feu M. Evan Hopkins.
(Benvoi à l'examen de la Section de Géographie et Navigation.)
« L'attention des Membres de la Société Royale de Londres a été appelée
récemment sur la quantité chaque jour croissante de fer employée dans la
construction et l'équipement des navires. La déviation du compas produite
par l'action du fer menace d'être fatale à la. vie et à la propriété de beau-
coup de personnes. Le nombre des navires que l'on construit en fer sur-
passe de beaucoup celui des navires en bois, surtout de ceux qui sont des-
tinés au transport des passagers.
» Des accidents nombreux ont eu lieu dans la Manche et ailleurs, et
plusieurs navires, pendant les dernières années, ont naufragé, en consé-
quence des grandes déviations de leur compas. Bien que ces faits soient à
présent bien constatés, on suppose cpie ce sont des maux incurables, insé-
parables des navires en fer et auxquels il faut se résigner parce qu'on ne
peut pas les éviter.
» C'est pourquoi les propriétaires de navires font si peu d'attention à cet
état de choses et se protègent moyennant leur police d'assurance flottante.
» De cette façon, le public en général est tenu presque dans l'ignorance
( 284 )
en ce qui regarde la vraie cause d'un grand nombre de naufrages. Rien ne
peut excuser la négligence des précautions dont on doit user pour assurer
la sûrelé à bord d'un navire; il est évident qu'un instrument aussi impor-
tant et indispensable que le compas exige qu'on prenne tout le soin néces-
saire pour le rendre exact et fidèle, et pour éviter qu'il devienne faux et
trompeur par l'influence déconcertante du magnétisme du navire et par
son mauvais emplacement.
« La vie des équipages et des passagers est souvent sacrifiée dans les
malheurs causés premièrement par les erreurs du compas, mais que l'on
attribue généralement au défaut de la sonde ou à quelque autre négligence
de la part des officiers.
» Les marins connaissent bien la difficulté d'appliquer à la déviation les
corrections mécaniques ou tabulaires; les navigateurs les plus expérimentés
n'accordent confiance à aucune des méthodes appliquées actuellement.
On emploie maintenant pour corriger la déviation deux procédés qui ont
chacun leurs avantages et leurs inconvénients; mais, à moins que les na-
vires ne fassent que de courts voyages sur la même parallèle, les deux pro-
cédés ne donnent que des corrections temporaires; et même dans ce cas on
ne peut compter sur elles que pendant un temps très-court, à cause des
changements rapides qui surviennent dans la polarité des navires en fer.
» Voici quels sont ces deux procédés.
» i° On obtient des tables de déviation en tournant le navire. Mais
comme la polarité acquise par le navire pendant sa construction est si pas-
sagère que son intensité diminue considérablement en quelques mois, si la
traversée est sujette à beaucoup de changements, les tables de corrections
faites à la sortie du port deviennent complètement inutiles, souvent trom-
peuses et très-dangereuses.
» ?.° Le système de compensation par des aimants ou barreaux fortement
aimantés est adopté dans presque toutes les marines. Le compas de route
est ordinairement placé près du gouvernail, où la déviation causée par la
polarité de l'axe est généralement excessive. On suppose que le compas ne
peut être ramené dans la direction de la méridienne que par des aimants
puissants. Lorsque ces aimants sont en place, le compas est maintenu en
équilibre par une puissante force antagoniste. Et quand il y a, pendant le
voyage, des changements dans la polarité des navires en fer et dans la posi-
tion des aimants par rapport au méridien, il se produit nécessairement de
grandes erreurs qui aggravent considérablement le mal, et qu'il est à pro-
pos d'écarter pour éviter des résultats funestes.
( a85 )
» Il v a quelques années que le commandant d'un navire en fer, faisant
le voyage de l'Australie après avoir traversé l'équateur, trouva que la ligne
centrale de l'arrière à l'avant du navire était toujours nord par le compas,
n'importe quelle direction avait le cap du navire. Heureusement il s'assura à
temps de ce fait et de sa cause, et de suite il écarta les barreaux et gouverna
sans aucune difficulté. J'ajouterai que plusieurs cas semblables ont eu lieu
dans la Manche irlandaise, dans la Méditerranée, la mer Rouge, l'océan
Indien, la mer Pacifique, et qu'il eût suffi de l'écart des barreaux pour em-
pêcher la confusion et le danger.
» Il reste maintenant à indiquer comment les difficultés provenant des
déviations peuvent être surmontées par la dépolarisation, et en plaçant
le compas de route à une hauteur plus grande et dans une position telle,
qu'il soit sous la seule influence du magnétisme terrestre.
» Les oscillations des aiguilles plates ordinaires, généralement employées
sur les navires, sont très-considérables et jointes à leur instabilité fréquente
pendant les tempêtes sont un grand obstacle à la manœuvre. Dans le troi-
sième Rapport présenté par le Comité du compas de Liverpool, au Minis-
tère du Commerce, nous trouvons la remarque suivante : « La cupule
» d'agate sur laquelle repose le pivot a été remplie de poussière de brique,
« pour donner, a-t-on dit, de la stabilité à la rose du compas, de sorte que,
» quand on l'a examinée, on a trouvé que la vibration de l'hélice et le
» broiement de la poussière de brique avaient complètement troué
» l'agate. «
» Je vais maintenant récapituler les remèdes proposés pour écarter les
difficultés provenant des perturbations éprouvées par les compas à bord du
navire en fer :
» i° Neutraliser ou détruire la polarité acquise par un navire en fer,
pendant sa construction, par le moyen d'un aimant en fera cheval.
» 2° Élever le compas de route à une hauteur telle, qu'il soit hors de
la sphère d'activité de l'attraction exercée par le fer forgé du navire.
» 3° Placer un réflecteur près du compas, de manière que la rose puisse
être vue comme le cadran d'une horloge, et lue exactement à une distance
de 20 pieds et plus du gouvernail.
» 4° Placer une rose muette en face du gouvernail pour établir la marche
du navire, pour guider le timonier, et éviter ainsi les méprises provenant
des indications verbales, la rose du compas et la rose muette étant réglées
pour correspondre l'une avec l'autre.
C. K., 1867, 2e Semestre. (T. LX.V, N" 7.) 37
( 286 )
» 5° Construire et employer des aiguilles aimantées ayant la plus grande
force directrice, pour éviter l'instabilité et les oscillations excessives.
» 6° Employer des aiguilles recourbées disposées pour la navigation
sous de hautes latitudes, où les aiguilles droites sont paresseuses dans leurs
mouvements, et, par suite, ont souvent une direction incertaine.
» Des aiguilles placées successivement, et oscillant de test à l'ouest, sur le
même pivot. — Elles furent déplacées délicatement, au moyen d'un aimant,
amenées de leur ligne de repos, dans le méridien magnétique, à un angle de
90 degrés à droite ou à gauche (est ou ouest), et laissées libres d'osciller
jusqu'à ce qu'elles fussent revenues et arrêtées dans leur position originale.
Elles furent placées sous des verres, pour empêcher toute force turbatrice
extérieure.
» Toutes les aiguilles étaient de la même longueur, 6 4 pouces. Les ré-
sultats suivants ont été obtenus :
Nombre Temps
de vibrations, employé.
Aiguilles plates, largeur 'r pouce, et -j^ de pouce d'é-
paisseur 60 42°"
La même aiguille, placée sur champ 20 1^5
Aiguille sur champ de même poids, mais plus mince
et plus large (f de pouce de largeur) 14 104
Aiguille sur champ très-mince, 1 { pouce de largeur. 12 90
Aiguille angulaire, avec rose en forme de cône. . . 10 -o
» En plaçant les aiguilles sur champ au lieu de les placer à plat, on di-
minue non-seulement leur tendance d'oscillation excessive, mais on aug-
mente la force de direction, et, par suite, elles coïncident plus exactement
avec le méridien magnétique. »
« M. Herm. de Schlagixtweit-Sakuxluxski présente une pièce encore
inédite appartenant aux « Illustrations de la Géographie physique de
l'Inde et de la haute Asie », un Tableau hypsométrique de l'Inde, de l'Hi-
malaya et du Thibet occidental, et il ajoute quelques remarques générales
sur les glaciers les plus bas de la haute Asie et leur relation aux lignes iso-
thermes. Une planche de l'atlas, montrant la région neigeuse du Kunliïn
dans ses différentes modifications, était mise en même temps sous les yeux
de l'Académie. Voici quelques-uns des principaux résultats qui ont été
observés :
» 1" Les glaciers les plus bas que l'on connaît jusqu'à présent dans ces
régions descendent à des élévations de 9900 à 10 000 pieds anglais, tels
que le Tchaya dans l'Himalaya, le Bépho dans le Thibet.
( 2«7 )
» 2° Les températures moyennes de l'année v varient de 8 degrés centi-
grades à 8°,9, tandis que pour les Alpes les descentes les plus excep-
tionnelles, comme celles des glaciers de Bosson et de Grindelwald, coïn-
cident avec une isotherme de 6°, 5, et 8 à 9 degrés centigrades sous les
températures de Klagenfurt, de Fribonrg en Suisse, de Tegernsee.
» 3° Il n'existe pas dans la haute Asie une période glaciaire, ou période
d'une descente considérablement plus basse; on voit plutôt que, mainte-
nant encore, les étendues des glaciers ne diffèrent pas beaucoup, quant à
la température, des positions les plus basses que nous connaissons pour
l'Europe dans la période glaciaire.
» 4° Dans la haute Asie, c'est spécialement l'étendue des bassins de
névé et des systèmes hydrographiques en général qui doit être considérée
comme la première cause de ces descentes extraordinaires. Même la diffé-
rence entre les précipitations atmosphériques de l'Himalaya et du Thibet
n'y fait pas de changement appréciable. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
GÉOGRAPHIE PHYSIQUE. — Lois des deltas; par M. de Villeneuve-Flayosc.
(Extrait par l'auteur. )
(Commissaires précédemment nommés : MM. Élie de Beaumont,
d'Archiac, Ch. Sainte-Claire Deville.)
« Dans les précédents Mémoires soumis à l'Académie des Sciences, a été
signalée la concordance théorique de la coordination des formes terrestres
étudiées soit au point de vue de la symétrie des longueurs, soit au point de
vue de la symétrie des angles. Les derniers travaux de M. Élie de Beaumont
viennent d'offrir une bien remarquable confirmation de la concordance
précitée.
» Les principales lignes de dislocation de la Provence, groupées par nous
d'après le principe de la symétrie des longueurs, sont reproduites avec un
degré d'approximation bien satisfaisant par les points d'intersection des
cercles orientés d'après le système du savant géologue.
» Quel que soit le résultat ultérieur des études à faire sur les formes des
autres portions de notre globe, un résultat désormais acquis à la science
est l'identité des lois de symétrie des angles et des longueurs.
» Dans nos précédentes communications, il a été établi que les lois des
subdivisions des thalwegs des bassins étaient les mêmes que celles des
saillies des continents. Le principal accident de la vallée de la Seine indi-
37..
( 288 )
que par le confluent île la Ma; ne est aux -^ de l'axe fluvial, mesuré de-
puis le départ des eaux du plateau de Langres, comme l'isthme de Suez,
principal accident de la ligne continentale de Behring au cap de Bonne-
Espérance, est aux -^ de la longueur de l'axe continental partant du détroit
de Behring.
» Malgré les apparences contraires, les lois géométriques des axes flu-
viaux ne sont point sensiblement altérées par les changements journelle-
ment opérés aux embouchures des rivières terminées par des deltas; et l'é-
tude des lois de ces deltas devient le complément logique de nos observa-
tions sur la symétrie des longueurs des lignes géographiques.
» On peut résumer de la manière suivante les conditions de la formation
des deltas :
» Première loi. — La limite générale des deltas est dessinée dès les pre-
miers temps de la formation rudimentaire des atterrissements. La frontière
de l'empire maritime et du domaine fluvial est dessinée par le cordon lit-
toral. Du côté du fleuve agit la puissance génératrice du fleuve apportant
ses limons; de l'autre s'exerce la force corrosive des courants marins, qui
corrodent les saillies trop avancées des sédiments formés. Le balancement
de ces deux forces opposées d'atterrissement et de corrosion est surtout
manifeste pour le Bhône et pour le Rhin.
» La corrosion des saillies du delta du Rhône se déduit des anciennes
cartes du delta faites par d'Anville et par Cassini, et publiées par M. Des-
jardins.
» Le déversement immédiat d'une partie des limons du Rhône dans la
mer placée bien au delà du delta a été constaté le i5 juin i86/j. Pendant
l'inondation du fleuve, les limons jaunâtres étaient portés en mer jusqu'à
25 et 3o kilomètres au sud-ouest de la grande embouchure. Sous la double
influence de la corrosion exercée sur les dépôts déjà faits, et du transport
direct des limons versésàla mer, il n'est laissé actuellement au delta qu'une
faible portion des matières apportées par le fleuve.
» Les deltas du Rhône et du Pô ne s'assimilent aujourd'hui que Je qua-
torzième des limons fluviaux. Les deltas du Nil et du Mississipi ne peuvent
guère s'assimiler que le quart ou le cinquième des limons qui leur sont ap-
portés. L'assimilation a été plus forte dans le passé, elle sera toujours plus
faible à l'avenir, parce que le courant corrosif présente plus d'énergie et la
mer plus de protondeur.
« Deuxième loi. — L'accroissement des fleuves à delta de l'hémisphère
boréal, soit que ces fleuves viennent du nord au midi comme le Rhône, le
( 289 )
Gange et le Mississipi, soient qu'ils coulent dn sud nu nord, comme le Rhin
et le Nil, cet accroissement se fait toujours par oblitération progressive des
branches fluviales, en marchant dans le sens de la droite à la gauche de l'é-
coulement. Cet ordre est régi par les effets de la rotation terrestre sur les
eaux versées à la mer. La branche de Péluse sur le Nil, celle d'Aigues-
Morles sur le Rhône, ont été les premières oblitérées; toutes deux sont pla-
cées à l'extrême droite du courant atteignant le bassin maritime.
» Troisième loi. — Les lois géométriques des longueurs et des axes flu-
viaux des fleuves à delta et sans delta sont les mêmes. Les longueurs observées
à l'extrémité du delta sont partout, encore aujourd'hui, inférieures à leur
dernière limite calculée; mais elles se rapprochent si bien de ces limites,
que l'on en voit sortir avec évidence la confirmation de lois de subdivisions
régulières causées parles vibrations de la Terre.
» Quatrième loi. — Les conditions générales de génération et de limites
géométriques des deltas assignent à tous ces sédiments le même âge. L'étude
minutieuse des sédiments du Rhône dans le présent et le passé ne permet
pas d'assigner au delta du fleuve une antiquité supérieure à QUARANTE-CINQ
SIÈCLES.
» Un tableau joint à notre Note offre le résultat des calculs comparatifs
appliqués au Rhône, au Pô, au Rhin, au Mississipi et au Nil. Le rap-
port de l'axe maximum du Rhône au rayon moyen de son delta offre les
proportions moyennes qui justifient le choix du delta rhodanien comme
type des autres deltas. »
M. Jules Coxté fait connaître les résultats qu'il a obtenus dans de nou-
velles expériences qui viennent confirmer les observations qu'il avait déjà
communiquées en 1864 au Comice agricole d'Agen sur les causes qui favo-
risent le développement de l'oïdium et la marche à suivre pour en préser-
ver la vigne. « J'avais remarqué, dit-il, comme circonstances favorisant le
développement de la maladie, toutes celles qui tendent à diminuer la vigueur
de la plante : défaut de fumure suffisante, herbes parasites croissant au
pied du cep, rameaux courant le long d'un plan horizontal, c'est-à-dire
dans une position contre nature. Mes nouvelles observations n'ont fait que
confirmer la justesse de cette vue, et en écartant toutes ces causes d'alan-
guissement, j'ai vu constamment les vignes bien portantes, quand d'autres
voisines et situées dans des conditions semblables, à ces trois points près,
ont été plus ou moins malades. »
(Renvoi à la Section d'Économie rurale.)
( 29° )
M. Miergites annonce de Bouffarik qu'il est parvenu à filer les cocons de
ver à soie dans l'eau froide en substituant dans le bain, à la potasse cans-
lique, à laquelle il a dû renoncer parce cpi'el le attaque les doigts des fileuses,
une solution de chlorure de zinc dans une proportion qu'il indique.
(Renvoi à la Commission des Vers à soie.)
M. Ajibroise adresse de Beauvais un Mémoire sur une théorie de la
vision, où il reproduit, sans le savoir, certaines idées depuis longtemps
abandonnées.
(Commissaires : MM. Pouillet, Regnault, Longet.)
M. Trémaux soumet au jugement de l'Académie une Note intitulée :
« Démonstration des actions qui donnent l'excentricité des orbites, et obser-
vations à propos des Notes de Pascal. »
(Commissaires précédemment nommés.)
M. Faire présente une Note sur une modification « dans les construc-
tions navales » cpii aurait, suivant lui, pour effet d'atténuer les effets désas-
treux des naufrages.
(Renvoi à la Section de Navigation.)
CORRESPONDANCE .
M. Chevreul présente au nom de l'auteur, M. Victor Fouque, un ouvrage
intitulé : » La vérité sur l'invention delà photographie. Nicépliore Niepce,
sa vie, ses essais, ses travaux, d'après sa correspondance et autres docu-
ments inédits. »
M. le Secrétaire perpétuée signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, de nouvelles livraisons des « Recherches anatomiques et
paléontologiques pour servira l'histoire des Oiseaux fossiles de la France ».
Ce sont les huitième et neuvième fascicules de l'ouvrage qui a valu à
M. Al\>h. M Une Edwards le grand prix des Sciences physiques décerné par
l'Académie en 1866.
M. le Secrétaire perpétuel présente, au nom de l'auteur, M. Félix
Plateau, un opuscule « Sur la transformation spontanée d'un cylindre
liquide en sphères isolées » et lit le passage suivant de la Lettre d'envoi :
« Dans la deuxième série de ses Recherches sur les figures d'équilibre d'une
( 29' )
masse liquide sans pesanteur, mon père a montré qu'un cylindre liquide très-
alloneé, ou plus généralement toute figure liquide dont une dimension est
considérable relativement aux deux autres, se transforme toujours sponta-
nément en une suite de sphères isolées, et c'est sur ce principe qu'il a fondé
la théorie de la constitution des veines lancées par des orifices circulaires.
Mais ses expériences exigent des instruments particuliers; or, le hasard m'a
mis sur la voie d'un procédé extrêmement simple, qui permet de constater
le phénomène sans aucun appareil spécial. C'est à ce procédé que se rapporte
l'opuscule dont je vous prie de vouloir bien faire hommage à l'Académie. »
M. le Secrétaire perpétuel communique une Lettre qui lui a été adres-
sée par M. L. Rêynaud à l'occasion d'un opuscule récent de Sir David
Brewster sur l'invention des phares lenticulaires.
« J'ai lu, dit M. Reynaud, la brochure intitulée : The fiistory of ihe
invention of llie dioptrie Lighls que vous avez présentée à l'Académie de
la part de son auteur, Sir David Brewster, et elle m'a causé une pénible
surprise, car je croyais que le savant écossais avait renoncé à ses préten-
tions à l'invention des phares lenticulaires depuis qu'Arago les avait,
victorieusement combattues dans les Annales de Chimie et de Physique
(t. XXXVII). Mon premier mouvement me portait à répondre à cette
regrettable insistance, et la tâche était bien facile; mais je ne me dis-
simulais pas ce qu'il y avait de délicat à entrer dans une polémique avec
un savant qui par son âge comme par ses travaux scientifiques a un
double titre à notre respect, et j'ai pris le parti d'en référer au frère de l'il-
lustre inventeur.
» Toutes réflexions faites, il nous a paru que nous devions nous abstenir,
tant par les considérations dont j'avais été frappé des l'abord, qu'eu égard
à une circonstance tout à fait exceptionnelle dans les affaires de cette
nature On trouvera d'ailleurs dans les œuvres d'Augustin Fresnel, dont
son digne frère poursuit la publication avec la plus grande sollicitude, les
arguments les plus décisifs à opposer à toutes les prétentions à la priorité
qui se sont produites jusqu'ici.
» Je me bornerai donc à rappeler la réponse faite par Arago aux pre-
mières réclamations de Sir David Brewster, en y ajoutant toutefois ce fait,
qu'ignorait votre illustre prédécesseur, que l'organe accessoire sur lequel
elles s'appuient plus particulièrement, c'est-à-dire les lentilles additionnelles
avec miroirs plans, loin d'être essentiel au système lenticulaire, en était la
( a92 )
partie faible et a été abandonné par Augustin Fresnel dès que lui fut venue
l'excellente idée d'y substituer les anneaux catadioptriques. On ne trouve
cet appendice dans aucun des appareils exécutés en France depuis celte
époque. »
M. Maisoxxel've prie l'Académie de vouloir bien le comprendre dans le
nombre des candidats pour la place d'Académicien libre vacante par suite
du décès de M. Civiale.
Cette demande sera soumise à la future Commission.
astronomie. — Spectroscopie stellaire. Note de MM. YVolf et Raykt,
présentée par M. Le Verrier.
« Parmi les nombreuses étoiles dont la lumière a été étudiée à l'aide du
prisme, on n'en connaît qu'une seule, 7 de Cassiopée, dont le spectre
offre constamment des lignes brillantes. Nous avons l'honneur de signaler à
l'Académie l'existence de semblables lignes dans trois étoiles de la constella-
tion du Cygne. Ce sont les étoiles suivantes du Catalogue de Bonn (i85o):
o 11 m s o
Argeiander. Zone + 35 8,5 X = 20.4.49» 3 ffî = -f- 35 45,i
Zone -f- 35 8,0 X = 20.6.27,3 (D = + 35.46,i
Zone -I- 36 8,0 X = 20.9. 6,7 (D = -(- 36. i3,3
» Elles ont été observées par Hessel, à Kœnigsberg; et alors, comme au-
jourd'hui, leurs grandeurs étaient celles qu'indique Argelander. Ces étoiles
ne doivent donc pas, jusqu'à nouvel ordre, être considérées comme varia-
bles. Elles ne présentent non plus aucune trace de nébulosité. Mais elles
se distinguent immédiatement de leurs voisines par leur teinte jaune : la
première est franchement jaune, la deuxième jaune orangé, la troisième
jaune verdàlre.
» Leur spectre se compose d'un fond éclairé dont les couleurs sont à
peine visibles, et qui parait manquer de rouge et de violet, sans doute à
cause de la faiblesse de la lumière. Ce fond semble interrompu par des
lignes noires, mais il est impossible de l'affirmer, et à plus forte raison
d'assigner la position de ces lignes. Tous trois présentent une série de
lignes brillantes.
» Le plus beau spectre est celui de la deuxième étoile. Il possède quatre
lignes lumineuses, dont nous avons pu déterminer les positions par rapport
( 293 )
aux raies du spectre solaire. Voici en parties du micromètre ces positions
relatives.
Raies solaires oP(D) « » » 406(6)675 (F) » l363(G)
Lignes brillantes . . •> 45p(v) 92(P) 282(5) » » 874(2)
» La ligne a. est très-large et très-vive; ]3 et y, très-voisines l'une de l'autre
dans le jaune orangé, sont belles encore ;c? est extrêmement pâle, et visible
seulement par moment. La ligne |3 est suivie d'un espace obscur, un autre
espace très-sombre précède ce.
» On retrouve dans le spectre de la première étoile les deux lignes x et â,
la première très-brillante, l'antre située dans le jaune, beaucoup plus belle
que dans l'étoile précédente. Le fond s'étend plus loin du côté du violet,
mais il se termine plus tôt du côté du rouge.
» Enfin, la dernière des trois étoiles ne présente bien visible que la
raie a, ici encore bien lumineuse ; on y soupçonne aussi la raie â.
» L'identification des lignes lumineuses de ces étoiles avec celles des
spectres des gaz incandescents nous a été impossible. Nous n'avons là ni
les lignes de l'hydrogène, ni celles de l'azote. Les positions îles principales
lignes du spectre du second ordre de ce dernier gaz sont les suivantes à
notre spectroscope, D étant toujours ramenée à op :
-i8p +23 104 214 5m 546 908
» Aucun des métaux alcalins ne donne de lignes situées comme celles de
nos étoiles. La ligne bleue de la strontiane est à g36.
» L'absence de deux au moins des quatre lignes brillantes dans deux de
nos étoiles, la variation considérable d'éclat de la ligne â d'un spectre à
l'autre, tandis que a reste toujours très-vive, porte à faire admettre que
cette dernière est l'indice de la présence d'un gaz incandescent particulier,
commun aux trois astres, les autres lignes plus faibles caractérisant la pré-
sence de deux antres gaz; à moins que la différence de température ne
soit suffisante pour expliquer des dissemblances aussi considérables des
spectres.
» Quoi qu'il en soit, et voulût-on mettre sur le compte des erreurs d'ob-
servation la non-concordance des raies avec celles d'un gaz connu, les
assimilations de cette nature paraîtront au moins très-hasardées dans
l'état actuel de nos connaissances chimiques, surtout si l'on observe que le
plus souvent on ne trouve dans les spectres des étoiles que quelques une-,
des lignes caractéristiques de la lumière de chaque gaz.
C. R., 1867, *' Semestre. (T. LXV N° 7.) 38
( 294 )
» Il est remarquable que nos trois étoiles se trouvent dans la même
région du ciel, et très-voisines les unes des autres.
» La recherche de ces astres singuliers, que l'on peut maintenant avoir
l'espoir de trouver assez fréquemment parmi les faibles étoiles, exige l'em-
ploi d'un spectroscope satisfaisant à deux conditions : il doit éteindre aussi
peu de lumière que possible, il doit permettre la substitution facile et
presque instantanée des oculaires ordinaires à l'appareil spectroscopique.
Nous employons un instrument d'une grande simplicité, puisqu'il se réduit
à un prisme multiple, sans fente ni lentille cylindrique. Qu'on puisse avec
un simple prisme étaler l'image d'une étoile sous forme de spectre ayant
une largeur considérable et d'une pureté presque parfaite, c'est ce qui
résulte de l'application des théorèmes de Gergonne et de Sturm.
» Lorsque des rayons lumineux homogènes issus d'un point ou normaux
à une surface ont traversé une série de surfaces réfringentes, ils sont en-
core, d'après le théorème de Gergonne, normaux à une même surface. Si
l'on ne considère qu'une portion très-restremte de cette surface, l'ensemble
des rayons regardés comme normaux au premier système des lignes de
courbure iront passer par un très-petit espace, dont une des dimensions est
infiniment petite par rapport à l'autre. 11 en est de même pour ces rayons
considérés comme normaux au second système des lignes de courbure :
tous les rayons, à deux distances différentes de la surface, iront donc
passer par deux petits espaces que l'on peut confondre avec deux droites
perpendiculaires l'une sur l'autre.
» Si l'ensemble des surfaces réfringentes forme un prisme dont la section
droite contient l'axe du faisceau conique incident, il est évident cpie l'une
des droites est dans cette section, l'autre perpendiculaire à cette même
section. Dans le cas d'un faisceau de lumière composée, on obtiendra donc,
derrière le prisme, deux spectres : le premier, linéaire, formé de petites
lignes placées bout à bout et en partie superposées, n'offrira aucune pureté
et ne présentera aucune raie, lors même qu'on l'étalera au moyen d'une
lentille cylindrique. Le second, au contraire, produit par la dispersion
d'une ligne perpendiculaire à la section droite du prisme, présentera les
raies avec une pureté très-grande et aura par lui-même une largeur finie.
Toutes ces déductions du théorème de Sturm sont confirmées par l'expé-
rience.
« Ainsi se trouve légitimée la position donnée au prisme en avant du
foyer dans le spectroscope du P. Secchi, dont la théorie n'avait point encore
éié, que nous sachions, donnée rigoureusement. Mais il en résulte aussi
( 295 )
que ce spectroscope peut être simplifié : la lentille cylindrique est entièrement
inutile, tant qu'on se borne à l'examen des spectres des étoiles.
» Il serait superflu d'ailleurs de vouloir examiner théoriquement d'une
manière rigoureuse la marche des rayons : il est bien clair que ce procédé
optique n'est pas d'une correction absolue comme l'emploi des collima-
teurs, et que l'expérience seule doit décider des limites entre lesquelles il
est avantageux de l'employer.
» Nous avons reconnu qu'il suffît, pour obtenir de très-beaux spectres
d'étoiles, de placer le prisme dans le tube de la lunette ou du télescope,
entre le foyer et l'objectif et très-près du foyer, et de chercher la position
de l'oculaire qui fait voir nettement le spectre produit par la petite ligne
parallèle aux arêtes du prisme.
» Le télescope newtonien de M. Foucault est l'instrument spécial de la
spectroscopie; tous les rayons étant réfléchis également par le miroir ar-
genté^ le spectre est partout également fourni et également pur. Or il se
prête merveilleusement à la substitution instantanée de l'oculaire spec-
troscopique à l'oculaire ordinaire. Un prisme multiple à vision directe est
monté dans l'axe de l'appareil, immédiatement en avant du prisme à ré-
flexion totale, du côté du miroir. Son support, situé dans le plan du porte-
prisme et du tube de l'oculaire, est brisé à charnière, de manière à pouvoir
se rabattre en partie derrière l'oculaire. On peut donc, après avoir reconnu
un astre, sans rien changer à l'appareil, en observer le spectre, ou inver-
sement.
» Avec le télescope de om,4o et un prisme composé, ou a pu appliquer des
grossissements de 3oo, Zjoo et 600 fois, sans que les lignes fines du spectre
d'Arcturus aient rien perdu de leur netteté.
» L'application des spectroscopes sans fente linéaire à la détermination
absolue de la position des raies n'a été obtenue jusqu'ici que par des pro-
cédés assez compliqués et qui exigent un réglage parfait de l'appareil op-
ticpie et du mouvement d'horlogerie Tels sont les procédés de M. Airy et
du P. Secchi. Mais on peut ramener la question à des termes beaucoup plus
simples par l'application de la méthode de comparaison qui sert à déter-
miner les positions des astres très-faibles. Supposons deux étoiles de même
déclinaison passant successivement dans le champ de l'instrument immo-
nde; si les spectres des deux astres, étalés suivant la direction du mouve-
ment diurne, présentent des raies identiques , la différence des temps des
passages de ces deux raies sera rigoureusement égale à la différence des
ascensions droites des deux étodes. Et il est facile de voir comment, par des
38..
( *& )
retournements du prisme, on pourra déterminer la différence de position
de deux raies, si elles ne se correspondent pas, de manière à éliminer l'in-
fluence de la différence d'obliquité des rayons au moment du passage. Il
suffira donc de choisir pour étoile de comparaison un astre assez brillant
pour que l'une de ses raies puisse être déterminée absolument par l'emploi
d'une fente et d'un micromètre; on en déduira les positions absolues de
toutes les raies de l'étoile faible.
» C'est par cette méthode cpie nous avons constaté d'abord l'identité des
raies les plus brillantes des étoiles i et 2, et que nous avons reconnu dans
la dernière que sa ligne unique est plus réfrangible que la raie F offerte par
une étoile voisine. Du reste, pour les étoiles à lignes brillantes, il est
presque toujours possible d'employer la fente et le micromètre; la lumière
de l'astre est pour ainsi dire toute concentrée dans certaines portions du
spectre, et, si l'on n'étale pas celui-ci par une lentille cylindrique, on voit
la ligne lumineuse comme parsemée de petites perles brillantes dont la
position se détermine aisément. »
physique. — Corrélations entre les boussoles électromagnétiques et les deux
procédés de Gauss et de Lamont pour calculer la force horizontale du magné-
tisme terrestre; par M. P. Voi.picelli.
a Parmi les procédés propres à déterminer la force horizontale X du
magnétisme terrestre, figurent : i° celui imaginé par Gauss {* ) en i83u;
i° le même procédé modifié par Lamont, proposé par lui dès 1 84 1 (**), et
auquel, par la suite, il donna des développements pour en manifester les
avantages (***).
» Selon le procédé de Gauss : i° le barreau aimanté déflecteur est tou-
jours fixe et perpendiculaire au méridien magnétique; 20 dans la première
disposition des deux barreaux entre eux, la distance entre leurs centres est
toujours perpendiculaire au méridien magnétique; 3° dans la seconde dis-
position, cette même distance est tout entière dans ce méridien.
» D'après le procédé de Lamont : i° le système des deux barreaux ma-
gnétiques pivote jusqu'à ce qu'ils se trouvent en équilibre à angle droit
entre eux; 20 dans la première disposition des deux barreaux entre eux,
(*) Annales de Chimie et de Physique, année 1 834, '■ LVII, p. 5.
(**) Lamont, Handbucli des Brdmagnetismus, p. 24.
(***) Uber das magnetische Observatorium in Munchen, p. 3^.
( 297 )
Ja distance entre leurs centres est toujours perpendiculaire au barreau
déflexe; 3° dans la seconde disposition, cette même distance est toujours
perpendiculaire au barreau déflecteur.
» Soient :
» 6 la durée d'oscillation du barreau déflecteur;
» / sa longueur;
» A sa largeur quand le barreau est parallélipipède;
» r son rayon quand il est cylindrique;
» V, v' les angles de déflexion pour la première et pour lu seconde dis-
position des barreaux dans le procédé de Gauss;
» <p, f' les mêmes angles dans le procédé de Lamout;
» R la distance, suffisamment grande, entre les centres des deux bar-
reaux ;
» p le poids du barreau déflecteur.
» Des formules démontrées dans mon Mémoire intitulé : Ricerche ana-
litiche sul bifilare, ecc. (*), il sera facile d'arriver à
l X = - 1/ — -. — i - — pour un barreau déflecteur parallélipipède,
I 6 V \ b j RMangi' ' lit'
v') \ et à
[ X = - 1/ [•=■ -\ — ) - — - pour un barreau déflecteur cylindrique.
\ S y \ 6 2 / RJ tang c ' J •
» Les formules (i) se rapportent à la première disposition des deux bar-
reaux dans le procédé de Gauss. En nous servant des mêmes dénominations,
nous pourrons, au moyen des formules du Mémoire précité, obtenir faci-
lement
I X = J y/^i_±! j RltjV, pour un barreau déflecteur parallélipipède,
» et
[ X= Ô V W + ï) Rotang/ Pour u" barrèai1 déflecteur cylindrique.
« Os formules (2) appartiennent à la seconde disposition des barreaux
dans le même procédé.
» Si nous passons au procédé Lamont, les mêmes moyens qui ont con-
(*) Alti deW Accad. pontif. de' Nuovi Lincei, année i865, t. XVII, p. 33 1, et t. XVIII,
p. 1 et 27 ; Comptes rendus, t. LXI, p. 4'8 (extrait).
( ^ )
(luit aux formules (i) et (2) conduiront à
X = -Kl ( — î— 1 — ^ — pour un barreau déflecteur parai lélipipède,
9 V \ 6 j R'sin? ' lit
(3) / et à
f X = -\./ (■7T + — ] — ^ — pour un barreau déflecteur cylindrique.
» Les formules (3) appartiennent à la première disposition des deux
barreaux aimantés flans ce procédé. Si nous retenons les mêmes dénomi-
nations, nous arriverons également à
X = -\i [— — I — -. — ; pour un barreau déflecteur parallélipipéde,
9 y \ 12 j R3sinu' » 111
{ et à
X = -Kl I H -7-1 s— -■ — ; pour un barreau déflecteur cylindrique.
» Les formules (4) appartiennent à la seconde disposition des deux bar-
reaux aimantés dans le même procédé.
» Après cela, nous pouvons passer à manifester les corrélations annoncées.
» i° Dans le procédé de Gauss, si l'on égalise entre elles les deux valeurs
de X appartenant ou au déflecteur parallélipipéde ou bien au déflecteur
cylindrique, dans chacun des deux cas nous aurons des formules (1) et (2)
range = 2tange', d'où v — iv1 .
» Dans le procédé de Lamont, à l'aide d'un raisonnement tout sem-
blable sur les formules (3) et (4), on aura
siiiffl = 2siny'.
» Par conséquent, dans le premier procédé, l'angle de déflexion, relatif
à la première disposition des deux barreaux, sera double de celui corres-
pondant à la deuxième disposition; tandis que dans l'autre procédé on
vérifiera le même résultat à l'égard des sinus de ces déflexions.
» 20 Dans le procédé Gauss, et aussi dans la boussole des tangentes, la
déflexion doit être faible; tandis que dans celui de Lamont, comme dans
la boussole des sinus, il est utile qu'elle soit grande.
» 3° L'intensité X dans le premier procédé est en raison inverse de la
tangente de déflexion, comme dans la boussole des tangentes; tandis que
dans l'autre procédé elle est en raison inverse du sinus de déflexion,
comme dans la boussole fies sinus.
( 399 )
» 4° Dans le procédé Gauss, comme dans la boussole des tangentes, la
position relative entre le corps déflecteur et le corps déflexe n'est pas fixe;
tandis que dans le procédé Lamont, et aussi dans la boussole des sinus,
cette position ne varie jamais.
» 5° Ainsi, de même que pour déterminer l'intensité i d'un courant
électrique on préfère la boussole des sinus à la boussole de tangentes, on
doit accorder au procédé de Lamont la préférence sur le premier.
» 6° Dans le procédé Gauss, le berreau déflexe est soumis, dans chacune
des deux dispositions, à l'influence des actions réciproques électrodynami-
ques, comme dans la boussole des tangentes; et l'on doit reconnaître qu'il
en est de même dans le procédé Lamont, par rapport à la boussole des
sinus. Par consécpient, les angles de déflexion dans les deux procédés
ont la même signification que ceux appartenant respectivement aux deux
boussoles.
» 70 Dans mon Mémoire précité, on obtient
X = "
fange
et de la boussole des tangentes nous avons
X K'
tan,;* w '
donc
. = Qiang.>
v ' tang v
où H,R, Q sont trois constantes, et oo l'angle de déflexion de l'aiguille dans
la même boussole.
» 8° Dans le même Mémoire on a obtenu
x= H'
sin o
et, pour la boussole des sinus, nous avons
K'i
A = - — p?
desquelles il résulte
(6) i=Q>*^±,
v ' ^- sin tf
où II', K', Q' sont trois constantes, et ^ l'angle fie déflexion de l'aiguille de
cette boussole.
n Les formules (5) et (6) donnent l'intensité i d'un courant électrique,
( 3oo )
au moyen des deux procédés indiqués, et des deux boussoles électro-
magnétiques qui leur sont relatives. »
PHYSIOLOGIE COMPARÉE. — Sur la physiologie de la Seiche (Sepia offici-
naiis, L.). Note de M. P. Bert, présentée par M. Ch. Robin.
« Digestion. — Les deux bras dits tenta culaires que la Seicbe porte tou-
jours enroulés dans des poches sur les côtés de la tête servent à la préhen-
sion de la proie; l'animal les projette par un mécanisme dont les excitations
électriques sur le cadavre n'ont pu me rendre compte.
» Les glandes salivaires produisent un liquide acide. Le premier esto-
mac est un simple gésier à parois épaisses, qui ne sécrète aucun liquide,
et dans lequel cependant se fait la digestion, grâce aux sucs acides qu'y
versent et les glandes salivaires et le caecum spiral. Les aliments ne s'en-
gagent jamais dans celui-ci, qui n'est donc qu'un réservoir sécréteur.
» Le tissu du foie est fortement acide, sur le vivant même; cette acidité
est due à une substance soluble dans l'eau. Il contient, en outre, beaucoup
de sucre.
» Je n'ai pu isoler ni la bile ni la sécrétion des appendices dits pan-
créatiques; mais l'intestin, d'un bout à l'autre, présente une réaction acide.
» Circulation. — Les veines caves, les veines efférentes branchiales, et,
bien entendu, les cœurs veineux et artériel avec leurs oreillettes, sont spon-
tanément contractiles et peuvent être excités; les artères aortiques et bran-
chiales ne sont contractiles ni spontanément ni à l'excitation. Les mouve-
ments vermiculâires des veines caves et branchiales sont aidés par l'action
de la peau cpii les recouvre.
» Les deux cœurs veineux battent ensemble, environ quarante fois par
minute; le cœur aortique bat dans les intervalles.
» La communication entre les artères et les veines se fait dans la peau,
dans les membranes de l'os et jusque sur les parois des grands sinus
vasculaires, par un réseau capillaire dont les ramifications ultimes ont
environ omm,oi5 de diamètre. C'est le diamètre moyen des globules du
sang (i).
(i) Sang. — Le sang est blanc, légèrement bleuâtre, surtout dans les veines branchiales;
an contact de l'air, il prend la teinte bien de ciel. Ce changement de couleur est dû au
sérum, qui est donc, au contraire de ce qui se passe chez les Vertébrés, le siège de l'absorp-
tion respiratoire. Ce sang donne spontanément un très-petit caillot plus lourd que le sérum;
( 3oi )
» Sécrétion du noir. — Elle est formée de cellules pleines de granula-
tions noires, qui finissent par devenir libres; aussi l'animal ne peut com-
plètement vider sa poche : les cellules des couches profondes restent adhé-
rentes aux trabécules du sac.
» Urine. — Chez tous les animaux, j'ai rencontré dans les sacs uri-
naires des agglomérations de cristaux donnant le murexide par les réac-
tifs ordinaires. L'urine filtrée est acide; l'ébullition y détermine un léger
trouble. Je n'ai pu y trouver d'urée.
» Liquides de l'œil. — Le liquide de là chambre antérieure est filant
comme du blanc d'œuf; cependant il ne se trouble ni par la chaleur, ni
par les acides : il laisse 4i pour 1000 de matières solides, qui ne sont
presque que des sels.
» L'humeur vitrée n'est point filante; elle ne contient pas non plus
de matières coagulables, elle laisse 37 pour 1000 de matières solides sem-
blables à celles du liquide antérieur.
» Gaz de l'os. — L'os frais contient des gaz qui, recueillis sous l'eau,
ne m'ont donné que des traces d'acide carbonique; le phosphore y absorbe
2 à 3 pour 100 d'oxygène : le reste est de l'azote (1).
» Contractilité. — Les muscles de la peau extérieure et intérieure au
manteau, ceux des chromatophores, les muscles des bras, de l'entonnoir,
des branchies, de la poche du noir, du pénis, du sac locomoteur, se con-
tractent à la façon des muscles striés des Vertébrés. Au contraire, les mus-
cles du tube digestif, des glandes rénales, de la glande dite pancréatique,
il se coagule en niasse par la chaleur ou les acides. Après la coagulation par l'ébullition, il
conserve sa teinte bleue, lorsqu'il a été au préalable exposé à l'air. Sa densité est envi-
ron ioio ; il contient : eau, 891; matières solides, 109, dans lesquelles : fibrine et glo-
bules, 3 à 4; albumine, 3i. Je n'y ai pas trouvé de plasmine.
(1) Articulation du sac locomoteur et de l'entonnoir. — L'adhérence des boutons cartila-
gineux du sac avec les boutonnières de l'entonnoir est due exclusivement à la pression
atmosphérique; une piqûre d'épingle suffit à la détruire. De petites fibres musculaires font
le même effet, en abaissant énergiquement la petite saillie du sac.
J'entouses. — Chaque ventouse possède deux muscles : un longitudinal, qui aspire; un
circulaire et marginal , qui fait détacher la cupule.
Locomotion . — Malgré des assertions récentes, elle a lieu exclusivement par les contrac-
tions du sac, en avant comme en arrière et sur les côtés; la direction de l'entonnoir règle
le mouvement de l'animal. C'est, au reste, ce qu'avaient déjà dit MM. Ch. Robin et Segond
(.848).
C. R., 18(17, •><= Semeitrt ,': . LXV, K° 7. 3o,
( 3oa )
présentent des contractions qui ne suivent pas immédiatement l'excitation,
et persistent avec propagation vermiculaire.
» Les muscles du sac locomoteur ne changent pas de volume pendant
la contraction.
» Innervation. — Des courants électriques qui sont incapables d'agir
directement sur un muscle le font contracter énergiqnement quand ils sont
portés sur son nerf.
» Les nerfs issus des ganglions sous-œsophagiens et palléaux paraissent
tout à la fois sensitifs et moteurs. La motricité nerveuse, sur l'animal qui se
meurt, se perd du centre à la périphérie (i).
» Le ganglion sus-œsophagien est insensible, et son excitation ne pro-
duit aucun mouvement. Son ablation totale ne trouble en rien ni les mou-
vements respiratoires, ni les mouvements de locomotion ; l'animal reste
sensible, se meut quand on l'excite, et défend même avec ses bras l'en-
droit lésé. Mais il a évidemment perdu toute spontanéité, et ne manifeste
plus nulle intelligence.
» La partie antérieure du ganglion sous-œsophagien (ganglion en patte
d'oie) est le centre principal de l'accommodation des mouvements des bras
à des usages d'ensemble. Les petits ganglions situés à la base de chaque
bras et reliés par un nerf circulaire sont aussi les centres d'actions réflexes
d'un bras sur un autre; enfin, les nerfs de chaque bras, qui contiennent
des cellules nerveuses, sont le lieu d'actions réflexes bornées à ce bras.
'■> Le ganglion sous-œsophagien est sensible et excitable; sa partie pos-
térieure est le centre des mouvements respiratoires; elle enlevée, ces mou-
vements s'arrêtent aussitôt. L'excitation d'un des nerfs palléaux a pour
conséquence, grâce à l'action réflexe sur cette moitié du ganglion, un
mouvement dans la branchie, la nageoire et le muscle du sac du côté
opposé (2).
» Mort. — Dans la mort par simple exposition à l'air, l'action volon-
(1) Les nerfs qui longent la grande veine pour se rendre au cœur artériel et aux cœurs
branchiaux arrêtent en diastole ces organes pendant une forte excitation galvanique.
(2) Je n'ai jamais pu obtenir d'actions réflexes dans les gros ganglions étoiles; mais ils
jouent le rôle de centres de renforcement. Un courant électrique très-faible, qui ne donne
aucune contraction quand on le porte sur le nerf palléal , fait agir le manteau quand on le
porte sur le ganglion étoile. Lorsque l'animal est mort, on peut obtenir des mouvements
en excilant le ganglion étoile bien après que le nerf palléal est devenu inexcitable. Je n'ai
pu obtenir de mouvements réflexes par l'action du ganglion stomacal.
( 3o3 )
taire disparaît la première; les fonctions réflexes des centres ne durent
guère qu'un quart d'heure; puis disparait en une demi-heure la motricité
nerveuse, du centre à la périphérie, comme il a été dit, avec conservation
pendant quelques minutes dans les ganglions étoiles. Les cœurs battent
pendant deux heures environ ; enfin la contractilité dure de trois à quatre
heures, se perdant d'abord aux viscères, et en dernier lieu à la peau. Les
cellules chromatophores se meuvent pendant une vingtaine d'heures (tem-
pérature de 20 à il\ degrés) (1).
« Mort par ta chaleur. — Les Seiches naissantes périssent par l'immersion
durant deux minutes dans l'eau de 38 à 3o, degrés. Elles sont encore con-
tractiles, et leurs chromatophores sont très-excitables. Sur une Seiche
adulte, d est facile de voir que la chaleur abolit successivement l'action des
centres nerveux, les battements du cœur, la motricité nerveuse, puis la
contractilité musculaire. Le muscle prend alors une réaction acide. Le
sang (une seule expérience) bleuit encore à l'air, mais s'y coagule spon-
tanément sans acidification.
» Morl par l'eau douce. — Immergée dans l'eau douce, une Seiche s'agite
violemment, et meurt en dix minutes environ. Les chromatophores sont
paralysés en diastole, les muscles de la peau immobilisés, les cœurs bran-
chiaux arrêtés; mais les muscles du sac et leurs nerfs sont à peu près
intacts.
» Poisons. — La strychnine et le curare agissent sur les Seiches de la
même manière que sur les Vertébrés. Seulement il faut pour les tuer une
dose énorme de curare, tandis qu'elles sont extrêmement sensibles à l'ac-
tion de la strychnine.
» Je ne puis terminer cette Note sans remercier la Société scientifique
d'Arcachon , présidée par M. le Dr Hameau, des moyens de travail dont
elle m'a permis de disposer dans le laboratoire annexé à son magnifique
aquarium. »
(1) La phosphorescence ne survient que de trente-six à quarante-huit heures après la
mort, à moins d'orage; elle n'a lieu que pour la peau, les muscles, les cartilages, la sclé-
rotique, tandis que la peau qui recouvre les viscères, les centres nerveux, les branchies, le
foie, le testicule, l'intestin, le cristallin, exposés à l'air, ne deviennent jamais phospho-
rescents.
39..
( 3o/4 )
physiologie VÉGÉTALE. — Sur P 'irritabilité des végétaux. Note de
M. Cii. Bi.oxdeau, présentée par M. Ch. Robin.
« Nous nous sommes livré, dans le courant de cette année, à un grand
nombre d'expériences sur l'irritabilité des végétaux, lesquelles nous ont
appris que la faculté que possèdent certaines plantes, et en particulier la
sensitive, d'exécuter des mouvements en apparence volontaires, pouvait
être suspendue par divers agents tels que l'éther, le chloroforme, l'oxyde
de carbone, le protoxyde d'azote, l'essence de térébenthine, cpii tous,
comme on le sait, agissent sur le système nerveux des animaux.
» Au nombre de ces expériences, il en est une qui nous a présenté assez
d'intérêt pour que nous ayons cru devoir la soumettre à l'appréciation de
l'Académie des Sciences, laquelle consiste à faire agir sur la sensitive (Mi-
mosa pudica) le courant de la pile.
» Pour exécuter nos expériences, nous avons fait choix de quatre pieds
de sensitive parfaitement développés, et dont la sensibilité était telle, que
le moindre contact, le frottement de l'aile d'une mouche, suffisait pour
faire fermer leurs folioles et même abaisser le pétiole de la feuille le long
de la tige. Après avoir placé, les vases dans lesquels ces plantes s'étaient
développées sur un support isolant, une plaque de verre, nous avons
attaché aux deux extrémités de la tige de chacune d'elles un petit fil de
cuivre dans le but de faire passer le courant engendré par un seul couple
de Bunsen. Lorsque après quelques instants d'attente la plante avait rou-
vert ses folioles et que le pétiole s'était redressé le long de la tige, nous
avons fait passer le courant en ayant bien soin d'éviter tout mouvement
qui eût pu agiter la plante. Dans ces conditions, nous n'avons observé au -
cun effet, les folioles ne se sont pas repliées, les pétioles ne se sont point
abaissés, et la plante a paru insensible à l'action de l'électricité.
» Nous avons alors varié l'expérience, et an lieu d'employer le courant
direct fie la pile, nous avons fait agir le courant d'induction, obtenu à
l'aide d'une bobine de Ruhmkorff de très-petite dimension. Alors les ré-
sultats ont été tout autres. A peine le courant a-t-il commencé à passer, que
l'on a vu les folioles s'appliquer les unes contre les autres, puis les pétioles
s'abaisser le long de la tige, et le mouvement se propager rapidement ('.'une
extrémité à l'autre du végétal. D'après ce résultat, la plante serait sensible
aux commotions électriques et se comporterait sons ce rapport tout a fait
comme les animaux.
» Nous avons voulu voir si le temps plus ou moins long pendant lequel
( 3o5 )
la plante serait soumise à l'électricité ne produirait pas en elle des phéno-
mènes dignes de remarque, et dans ce but nous avons fait agir le courant
d'induction sur trois de nos pieds de sensitive, et cela pendant des temps
différents. La première plante soumise à l'expérience a reçu pendant cinq
minutes les commotions produites par la bobine Ruhmkorff, et au bout de
ce temps elle a été abandonnée à elle-même. Pendant plus d'un quart
d'heure la plante est restée dans l'état de prostration auquel l'avait amené
l'action électrique, mais peu à peu les folioles se sont rouvertes, les tiges
se sont redressées, et, au bout d'une heure environ, la plante avait repris sa
position première, et ne paraissait nullement se ressentir des chocs aux-
quels elle avait été soumise.
» Une seconde sensitive a supporté la même épreuve, mais continuée
pendant dix minutes. Au bout de ce temps, le courant d'induction qui
traversait la tige a été suspendu et la plante abandonnée à elle-même. La
sensitive est restée dans l'état de prostration auquel l'avait amené l'action
du courant, pendant plus d'une heure, et ce n'est qu'au bout de ce temps
que les folioles ont commencé à s'ouvrir et les pétioles à se redresser, mais
ce mouvement s'est effectué plus lentement et plus péniblement que dans
le cas précédent. Evidemment la plante avait été fatiguée, car elle n'a pu
revenir à sa position première que deux heures et demie après que le cou-
rant avait cessé de la parcourir.
» Notre troisième sensitive a été soumise à l'action du courant induit
pendant vingt-cinq minutes, puis la plante a été abandonnée à elle-même.
Dans ce cas nous avons attendu vainement qu'elle revînt à sa position
première , l'action électrique trop prolongée avait suffi pour détruire
toute irritabilité, et même pour la faire périr, car le lendemain nous
avons trouvé notre sensitive desséchée et même noircie comme si elle avait
été frappée par la foudre. Il lui était arrivé dans ce cas ce que l'on observe
sur les animaux soumis pendant un temps trop long à l'action du courant
d'induction et qui finissent par mourir.
» Notre quatrième pied de sensitive avait été réservé pour une expé-
rience qui nous a prouvé que la commotion électrique agit sur les végétaux
comme sur les animaux.
» On sait que l'homme ainsi que les autres animaux soumis à l'action
anesthésiante de l'éther deviennent insensibles aux commolions produites
par des courants d'induction, même fort énergiques; nous avons voulu
voir s'il en serait de même pour la sensitive.
» Dans ce but, nous avons placé notre plante sous une cloche à i\eu\
( 3o6 )
tubulures par lesquelles pénétraient les fils de cuivre servant à faire passer
le courant d'induction au travers de la plante. Quelques gouttes d'éther
ont été versées dans l'intérieur de la cloclie, et au bout de peu de temps
la plante a ressenti les effets anestbésiants ilu liquide, car en l'agitant elle
ne fermait plus ses folioles et ne manifestait plus aucune sensibilité. C'est
dans cet état que nous l'avons soumise à l'action du courant d'induction,
et alors elle n'a donné aucun signe de sensibilité, les pétioles sont restés
droits et les folioles sont demeurées ouvertes.
» Ces nouvelles expériences viennent à l'appui de toutes celles qui ont
été faites sur le même sujet, et apportent un argument en faveur de
l'opinion de ceux qui pensent que les mouvements observés dans ces végé-
taux s'exerceraient par l'intermédiaire d'organes analogues à ceux que pos-
sèdent les animaux. »
A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures un quart. É. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 12 août 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Bulletin de Statistique municipale, publié par les ordres de M. le Baron
Haussmann. Mois de février et mars 1867. Par'si 1867; 2 br. in-4°.
Deuxième Noie sur les calcaires à Terebratula diphya de la Porte de France;
par M. Hébert. Paris, 1867; br. in-8°. (Extrait du Bulletin de la Société
Géologique de France.)
La Médecine à l'Exposition universelle de 1867. Guide-Catalogue publié par
la Société médicale allemande de Paris. Paris, 1867; in- 12.
Recherches sur l'ozone; par M. le professeur SCHOENBEIN. Paris, sans d;ite ;
opuscule in-8°.
Eloc/e de Yiete. Discours prononcé à ta distribution solennelle des prix du
Lycée impérial de Poitiers, le 10 août 1867, suivi d'une Note relative au ca-
lendrier de V iète ; par M. Atlégret. Poitiers, 1867; br. in-8°.
Etudes sur l'Exposition de 1 867, ou les Archives de l'Industi ie au XIXe siècle.
( 3o7 )
publiées sous la direction de M. Eug. Lacroix. 5e fascicule, 4 août 1867.
Paris, 1867; l>r. grand in-8°.
Viuifeclions. Mémoire par M. DeCROIX. Paris, 1867; opuscule in-12.
La vérité sur i 'invention delà photographie ; Nicéphore Niepce, sa vie, ses
essais, ses travaux, d'après sa correspondance et autres documents inédits; par
M. V. Fouque. Pans, 1867; 1 vol. in-8°. (Présenté par M. Chevreul.)
Mémoires de la Société de Physique et d'Histoire naturelle de Genève.
T. XIX, ire partie. Genève, 1867; 1 vol. in-4° avec planches.
Recherches anatomiques et paléontotogiques pour servir à l'histoire des
Oiseaux fossiles de la France; par M. Alph. MlLNE EDWARDS. Livr. 8e et 9e.
Paris, 1867; 2 vol. in-4° avec planches.
Essai critique sur les principes fondamentaux de la Géométrie élémentaire,
ou Commentaire sur les XXXII premières propositions cTEuclide; par M. J.
Houel. Paris, 1867; in-8°. (Présenté par M.Duhamel.)
Sur la transformation spontanée d'un cylindre liquide en sphères isolées; par
M. Félix Plateau. Sans lieu ni date; opuscule in-8°.
Mémoires d' Histoire naturelle de la Société d'Histoire naturelle de Harlem.
2e série, t. XIII et XX. Harlem, 1857 et i864; 2 vol. in-4° avec planches.
Memorie... Mémoire de Philosophienaturelle; par M. G. Gallo. Turin, 1 867;
in-8°. (2 exemplaires.)
Libros... Le Livre du savoir en astronomie du roi Don Alphonse X de
Castille, publié par ordre royal; par Don Manuel Rico y Siinobas. T. V,
ire partie. Madrid, 1867; in-folio. (Présenté par M. Le Verrier.)
ERRATA.
(Séance du 29 juillet 1S67.)
Page 188, ligne i3, au lieu du mot sciences , lisez mathématiques.
Page 197 , ligne 8, au lii-u de 80 millimètres, lisez 80 centimètres.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SEANCE DU LUNDI 19 AOUT 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMRRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HISTOIRE DES SCIENCES. — Sur les Lettres de Pascal ; par M. Chasles.
« La Commission nommée par M. le Président, pour l'examen des pa-
piers de Pascal, s'est réunie aujourd'hui, et M. Faugère s'y est trouvé. Je
dois déclarer, avec l'autorisation de M. Faugère, qu'il n'a reconnu comme
étant soit de Pascal, soit de Mme Perrier, soit de Jacqueline Pascal, aucune
des pièces qui lui ont été présentées, et qu'en outre il regarde ces pièces
comme étant toutes de La même main. Je ne dirai rien dans ce moment
de la discussion qui s'en est suivie, et qui a été interrompue par l'heure de
la séance. M. le Président doit prier M. Faugère de vouloir bien faire con-
naître à l'Académie, par une communication écrite, les considérations sur
lesquelles il fonde son jugement. J'attendrai cette communication, qui, je
le pense, aura lieu dans notre prochaine séance.
» J'ai fait connaître, dans la dernière séance, de nombreuses Lettres,
une quarantaine au moins, émanées de divers personnages, et qui toutes
prouvent la réalité des relations qui ont eu lieu entre Pascal et le jeune
Newton, relations qui étaient connues des savants à cette époque. Je pour-
rai faire encore d'autres citations semblables, sans parler des nombreuses
Lettres de Pascal à Newton, ni des nombreuses Lettres de celui-ci à Pascal
G. R-, 1867, 2e Semestre. (T. LX.V, N« 8.) 4°
( 3.o )
et à Rohault, Lettres que je publierai, puisque la demande formelle de
M. Brewster m'en impose l'obligation.
» J'ajouterai que les correspondances très-variées dans lesquelles j'ai
puisé les citations que je viens de rappeler ne consistent pas dans quelques
Lettres seulement, et qu'au contraire les Lettres y sont parfois très-nom-
breuses, traitant de sujets très-différents. Il n'y en a pas moins de deux à
trois cents de Montesquieu, sans compter des manuscrits inédits; autant de
Labruyère, sans compter des pensées et des réflexions, et la Clef de ses
Caractères, formée de centaines de petits feuillets.
» Un faussaire qui aurait fabriqué toutes ces Lettres, toutes ces pièces,
pour prouver qu'il a existé des relations entre Pascal et Newton, aurait eu
bien du talent, puisqu'il aurait fait tout à la fois du Pascal, du Newton, du
Labruyère, du Montesquieu, du Leibnitz, du Malebrancbe, du Saint-
Evremond (i), etc.
» Aussi, quelque affirmatives que soient les protestations de M. Faugère
en faveur de Pascal, et de Sir David Brewster en faveur de Newton, je
réitère à l'Académie l'assurance qu'elles ne font naître dans mon esprit
aucun doute, et qu'elles ne me causent aucune inquiétude. Mais je re-
grette vivement, j'en conviens, d'avoir à m'occuper dans ce moment de
cette polémique, que je n'avais pas prévue, parce que je pensais que la
multiplicité des documents, qui avait fait ma conviction, porterait la lu-
mière dans tous les esprits, et ne laisserait pas de place aux objections. »
« M. Chevreul pense que du moment où des Membres de la Commission
déclarent, comme le fait M. Le Verrier, avoir besoin, avant de prononcer
un jugement, de connaître des faits que M. Chasles considère comme étran-
gers à la question, il ne resterait plus à la Commission qu'à examiner les
écritures pour savoir si elles sont ou ne sont pas de Pascal. Or M. Chevreul
se déclare incompétent pour prononcer sur une telle question, sachant,
d'après une célèbre expertise à laquelle il se livra avec Gay-Lussac en i 820
ou en 1821, dans l'affaire des héritiers Lesurques, les difficultés de tous
genres qu'il faut surmonter avant d'avoir une conviction. Il pense donc
que la Commission a fait tout ce qu'il était possible de faire. Il écrira à
M. Prosper Faugère pour qu'il veuille bien écrire à l'Académie les raisons
qu'il a de révoquer en doute l'authenticité des lettres de Pascal. »
(1) M'objectera-t-on que «t le libraire Barbin demandait aux auteurs de lui envoyer du
Saint-Evremond? »
( 3n )
« M. Mathiec présente à l'Académie, de la part du Bureau des Longi-
tudes, la Connaissance des Temps de l'année 1869. Dans les Additions qui
terminent ce volume, M. Delaunay a inséré les expressions numériques des
trois coordonnées de la Lune qui résultent de sa théorie, et il les a com-
parées aux éléments qui servent de base à des Tables lunaires employées
en Europe et en Amérique. »
« M. Alph. de Candolle présente un recueil des bis de ta nomenclature
botanique, qu'il a rédigé sur la demande du Comité chargé d'organiser le
Congrès international de Botanique réuni à Paris, dans ce moment, par les
soins de la Société botanique de France. Ce recueil est composé de soixante
articles, disposés en chapitres et sections, selon leur nature, avec une in-
troduction et un commentaire.
» J'ai eu pour but, dit M. de Candolle, d'exposer aussi clairement que
possible les usages suivis en nomenclature par la plupart des botanistes mo-
dernes, de proposer quelques modifications à ces usages, et de préciser cer-
tains détails qui ont besoin d'être soumis à des règles pour obtenir plus de
clarté. J'espère que la discussion dans le Congrès, après l'examen d'une
Commission de savants de divers pays qui en fera connaître aujourd'hui
même les résultats, aura pour effet d'améliorer mon travail et de le rendre
plus acceptable par l'ensemble des botanistes. Je signalerai, comme un
fait intéressant pour l'histoire de la science, la diminution régulière de
la proportion des genres nouveaux dans la série des monographies qui
constituent le Prodromus systematis naluralis verjetabilium, du moins dans
les neuf volumes que j'ai publiés. Ces volumes, qui ont paru de 1 844
à 1866, ont présenté, les trois premiers (VIII à X), i5| pour 100 de
genres nouveaux ; les trois suivants, 10 -k , et les trois derniers 7,3. Ainsi
l'on approche d'une époque où tous les genres qui existent seront con-
nus , ce qui diminuera certainement la fréquence des changements de
noms génériques et spécifiques. La proportion des espèces nouvelles dans
ces monographies successives a plutôt un peu augmenté. Elle a varié de
19 à 23 | pour 100; d'où il résulte que les botanistes sont encore loin de
connaître toutes les espèces. »
4o..
( 312 )
MÉMOIRES LUS.
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur l'électricité animale; par M. Schultz-
ScHULTZENSTEIX .
(Commissaires : MM. Becquerel, Coste, Longet.)
« Les nouvelles recherches sur l'électricité animale que j'ai l'honneur
de communiquer à l'Académie ont pour résultat de prouver que tout ce
qu'on nomme électricité animale ne provient pas d'une action vitale des
nerfs ou des muscles, et n'est autre chose qu'une électricité purement chi-
mique ayant son origine dans le commencement et le progrès d'une décom-
position chimique des parties animales disséquées, en contact avec l'air;
elles montrent, de plus, que l'eau salée, tant par elle-même que par son
contact avec des parties animales, est un électromoteur, de sorte que le
prétendu courant musculaire n'est rien qu'un courant produit par une solu-
tion de sel ou des parties animales salées. On peut résumer le résultat de
ces expériences en ces termes :
» 1. La supposition que le muscle vivant produit de l'électricité qui
disparaît après la mort est une supposition erronée, ce qu'on voit par
l'expérience où des aiguilles fichées dans les muscles du pied d'un animal
vivant, et mises en communication avec les fils d'un galvanomètre, ne
donnent pas la moindre trace d'électricité.
» 2. Des muscles détachés d'un animal fraîchement tué et en contact
avec l'air font voir à un faible degré de l'électricité qui provient seulement
de l'influence de l'oxygène sur la chair, influence qui même agit déjà quand
les muscles retiennent encore quelque irritabilité; cette électricité ne cesse
pas comme on l'admettait, mais augmente à mesure que la viande se gâte,
devient acide et acquiert une mauvaise odeur; de manière que c'est la
viande putride qui fait dévier le plus l'aiguille astatique.
« 3. Les fils du galvanomètre plongés dans l'eau salée font dévier forte-
ment l'aiguille du galvanomètre.
» 4. La viande fraîche récemment salée devient plus électrique à mesure
que le sel la pénètre plus profondément.
» 5. Toute viande anciennement salée, par exemple du bœuf, du porc,
du poisson salé, est très-électrique.
» 6. Le sang vivant frais ne montre pas la moindre trace d'électricité.
Le sang vieux et mort devient de plus en plus électrique à mesure que sa
( 3i3 )
putrescence est plus avancée. L'addition du sel de cuisine augmente instan-
tanément l'électricité du sang.
» 7. Le derme nu de l'homme et des animaux devient plus électrique
en se dépouillant de son épidémie, parce que les couches de l'épiderme
mort forment un appareil galvanique. Les couches de l'épiderme détaché de
la grenouille sont très-électriques. L'électricité du derme augmente par
l'addition du sel ou de l'eau.
» 8. Les expériences physiologiques par lesquelles on croit prouver
l'existence d'une électricité animale produite par l'action vitale des mus-
cles ou des nerfs ne réussissent que par l'intervention du sel ou de l'eau
salée; sans le sel elles ne réussissent pas. L'électricité produite dans ces
expériences n'est donc pas une électricité animale, mais une électricité
chimique provenant du sel. L'électricité animale estime illusion.
» 9. Le prétendu courant musculaire de l'homme n'est rien autre chose
qu'un courant excité par le contact de l'eau salée avec la peau, où le sel agit
comme électromoteur.
» 10. Dans les maladies et les organes malades l'électricité qui se dégage
résulte d'une décomposition chimique. Ainsi la membrane muqueuse de la
bouche, dans les maladies de l'estomac, devient électrique. Il se dégage
encore beaucoup plus d'électricité dans les ulcères malins, par exemple
dans les ulcères cancéreux, syphilitiques, scorbutiques et putrides, comme
je l'ai fait voir dans mon Mémoire sur l'électricité dans les maladies (Fro-
rich's Tagesberichte ùber die Forlschrille der Natur- und Heilkunde; 1 85 1 ,
i Band, S. 367, ainsi que dans l'ouvrage : Leben, Gesundlieit, Krankheit,
Heiluncj; Berlin, 1 863, S. 325.)
» 11. Toutes les excrétions dépuratives de l'homme et des animaux sont
électriques, principalement l'urine. L'électricité de l'urine est si forte qu'elle
fait tourner l'aiguille du galvanomètre tout autour du cadran.
» 12. L'électricité des poissons dépend d'une sécrétion alcaline dans
les cellules des organes électriques, qui agit de la même manière que l'urine.
L'électricité une lois soustraite par le fil conducteur du galvanomètre a be-
soin d'une heure de temps pour se reproduire, elle ne dépend pas directe-
ment d'une influence nerveuse.
» 13. Dans tout dégagement d'électricité animale il y a donc quelque
chose de semblable à ce qui se passe dans la fermentation et la putréfac-
tion. Un commencement de décomposition chimique et des électromoteurs
chimiques sont les conditions de l'électricité animale. »
( 3i4 )
PHYSIOLOGIE. — Les battements du cœur et du pouls reproduits par la
photographie; par M. Ch. Ozanam. (Extrait.)
« Je vais expliquer en peu de mots par quel procédé j'ai réussi à réaliser
au moyen d'un nouvel appareil enregistreur la reproduction photogra-
phique des mouvements du cœur et du pouls.
» Il fallait, pour arriver au hut désiré : i° reproduire artificiellement
l'artère par un tube ou vaisseaux dont les parois fussent transparentes;
2° imiter le sang par une colonne liquide dont le niveau pût être influencé
à chaque instant par l'impulsion sanguine, et qui, s'élevant ou s'abaissant
dans le tube sans le mouiller ni colorer ses parois, lui laissât en même
temps toute sa transparence; 3° inscrire la ligne ondulante représentée
par la surface liquide, au moyen d'un appareil curseur portant un papier
ou verre préparé prêt à recevoir l'impression de la lumière partout où le
niveau abaissé du liquide lui permettrait de parvenir ; 4° renfermer ces
divers éléments dans une chambre noire disposée convenablement pour
l'opération. Ces quatre conditions ont été obtenues dans l'appareil que j'ai
l'honneur de soumettre à l'Académie. Une petite chambre noire de 3o cen-
timètres de long sur io de haut et 3 d'épaisseur renferme tout l'instru-
ment.... Vers le milieu de la longueur, un petit écran curseur couvre et
découvre à volonté une fente longitudinale, verticale, très-étroite, par la-
quelle seule la lumière doit pénétrer. C'est le long de cette fente que se
place l'artère artificielle et transparente, composée d'un tube de verre dont
la cavité, large de i millimètre, renferme du mercure pour simuler le
sang.
» L'extrémité inférieure du tube, évasée en un petit réservoir pyramidal,
s'applique directement sur l'artère ou sur le cœur. Une membrane de
caoutchouc vulcanisé, très-mince, fixée au pourtour du réservoir, maintient
le mercure et lui permet d'osciller librement à chaque impulsion arté-
rielle
m Ce tube peut être disposé de diverses manières, tantôt droit et de io cen-
timètres seulement de longueur, tantôt coudé à angle, pour que le réservoir
puisse plus facilement se fixer sur le cœur ou le poids. Tantôt, enfin, le réser-
voir et le tube peuvent être séparés l'un de l'autre, et réunis par un tube in-
termédiaire en caoutchouc permettant toutes les évolutions, toutes les posi-
tions désirables. Une seule condition est nécessaire, c'est que la pression
de l'artère contre le réservoir de mercure fasse monter celui-ci au point
d'affleurement de la fente verticale pratiquée dans la chambre noire, et que
( 3i5)
le tube de caoutchouc ne dépasse pas 25 à 3o centimètres de longueur
pour conserver sa sensibilité.
» L'appareil curseur que j'ai employé n'est autre que celui employé
déjà par le Dr Marey dans son sphygmographe, et construit par M. Bré-
guet; je l'ai employé d'abord parce qu'il était tout fait, mais je fais com-
poser en ce moment un nouvel appareil beaucoup plus perfectionné et
mieux adapté au sujet.
» La plaque photographique parcourt environ i centimètre par seconde;
l'image produite peut être sans difficulté amplifiée de 2, 4, i5 diamètres au
foyer du inégascope; une seule pulsation occupe dès lors un espace de
i5 centimètres
» Les épreuves schématiques jointes à cette Note représentent : la pre-
mière, le pouls normal d'un homme vigoureux, âgé de quarante-huit ans ;
la deuxième et la troisième, le pouls d'un homme de quarante-trois ans,
prises l'une dans un moment d'excitation, l'autre dans le calme; la qua-
trième, le pouls d'un homme de quarante-deux ans; la cinquième, le pouls
d'une demoiselle de vingt-cinq ans, mince et délicate ; la sixième, le pouls
d'une jeune fille de vingt ans; et la septième, celui de sa sœur, âgée de
dix-huit ans.
» Les autres images, agrandies et dessinées au mégascope à 10 et 1 5 dia-
mètres, permettent d'apercevoir de nouveaux détails, notamment les trois
ondulations du pouls.
» En effet, dans ces images, il nous est déjà facile de saisir un des carac-
tères particuliers du pouls, le dicrotisme, sur lequel je désire plus spéciale-
ment attirer l'attention aujourd'hui.
» Le dicrolisme, c'est-à-dire le battement double, a été décrit par le
Dr Marey comme un état normal du pouls ; avant l'invention du sphyg-
mographe, on ne pouvait l'observer que dans quelques cas pathologiques,
comme précurseur des hémorrhagies.
» Notre schéma photographique vient corroborer l'assertion de mon
savant confrère, mais en même temps résout la question d'une manière
plus complète. Il montre, en effet, que le pouls naturel est non-seulement
dicrote, mais triple dans certains cas; en effet, après être monté d'un seul
bond au sommet de l'échelle, il redescend par trois chutes successives au
niveau inférieur. D'après mes observations, déjà nombreuses, la première
ondulation correspondrait à l'impulsion du cœur gauche ; la deuxième
serait due à l'impulsion du cœur droit; la troisième est-elle due à l'élasti-
( 3.6)
cité des artères ou à la contraction des oreillettes? c'est ce qui n'est pas
encore démontré.... »
M. Zauwski-Mikorski lit une Note ayant pour titre : « Gravitation et
électricité». L'auteur présente cette nouvelle communication comme « ap-
portant la preuve de la gravitation par l'électricité, d'après la méthode à
posteriori expérimentale. »
(Renvoi à la Commission nommée pour de précédentes communications de
l'auteur sur le même sujet.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
« M. Conté adresse un supplément à sa Note sur la pathogénie de la
vigne dont une analyse a été donnée dans le Compte rendu de la séance pré-
cédente.
» Afin, dit-il, d'apprécier par des chiffres les effets produits par la flexion
horizontale de la branche à fruits comme cause de son affaiblissement, et
par conséquent comme cause aussi de sa plus grande aptitude à contracter
l'oïdium, j'ai comparé entre elles une rangée à long courson couché et une
rangée à coursons courts et à pampres fixés verticalement. Dans la pre-
mière rangée, chaque cep a ordinairement de 9 à 12 bourgeons, la seconde
n'en a que 6 ou 7. Ces deux rangées à taille différente sont placées à
4 mètres l'une de l'autre; la rangée à branche à fruits couchée compte
4i ceps oïdiés sur 5i dont se compose la rangée, tandis que les ceps à
coursons droits et courts ne comptent que 9 malades sur 46 ceps... »
(Renvoi, comme la précédente communication, à la Section d'Économie
rurale.)
M. C. Saix adresse un deuxième supplément à sa Note intitulée : « Mode
de cristallisation du carbone déterminant la formation du diamant ».
Dans cette nouvelle communication, l'auteur s'est proposé de répondre
d'avance à quelques objections qu'on pourrait faire à sa théorie à l'occasion
des diamants noirs.
(Renvoi à l'examen des Commissaires désignés dans la séance du 8 avril
dernier : MM. Pouillet, Balard, Delafosse, Fizeau.)
( 3r7 )
M. Kapfmann soumet au jugement de l'Académie un Mémoire sur l'in-
fluence mécanique de l'air dans quelques fonctions physiologiques où on
ne la fait pas d'ordinaire intervenir.
« Pour reconnaître, dit l'auteur, l'influence mécanique exercée sur
diverses parties de l'organisme par la pression de l'air, j'ai institué des
expériences aérométriques, les unes dans lesquelles je mesurais les oscilla-
tions produites dans divers états physiologiques ou pathologiques par la
variation de pesanteur de l'atmosphère, les autres dans lesquelles j'ai pro-
duit artificiellement ces variations. Celles dont je soumets aujourd'hui les
résultats à l'Académie se rapportent aux diverses périodes de la génération
chez les Mammifères, depuis le moment de la conception jusqu'à l'accom-
plissement du part. »
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
M. Cornill Woestyn présente une Note ayant pour titre : « Sur l'in-
fluence de la température de la source de chaleur dans l'ébullition des
liquides sucrés ».
(Commissaires: MM. Payen, Peligot, Thenard.)
M. Ti ititiKit adresse, de Saint-Remy de Provence, une Note sur un
élixir de sa composition qui a, dit-il, élé administré avec grand succès dans
le choléra; il y a joint diverses attestations de médecins relatives, les unes
au mode de préparation du remède, les autres aux effets qu'on en a
obtenus.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
CORRESPOND ANCE .
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur (a tem/iéralure des eaux courantes. Note de
M. Ch. Grad, présentée par M. Becquerel.
« Dans deux communications antérieures, j'ai eu l'honneur d'entretenir
l'Académie de la distribution de la pluie en Alsace et du rapport qui existe
entre le débit de l'Ill et les eaux météoriques tombées dans son bassin :
aujourd'hui je viens lui soumettre le résultat de mes observations sur la
température des eaux courantes de la même région. Ces observations, répé-
tées deux fois par jour, à 7 heures du matin et à 4 heures du soir, ont été
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 8.) 41
(3.8)
faites surtout sur les eaux de la Fecht. La Fecht est une rivière de nature
torrentielle, issue, dans les hautes Vosges, des flancs du Hohnech et du
Rothenbach,à plus de iooo mètres au-dessus du niveau de la mer, et qui se
jette dans l'IU à Illhœuseren, après un cours de 48 kilomètres. Pendant
plus de la moitié de son cours, la rivière coule au fond d'une vallée aux
versants granitiques. Son débit varie chaque année de i à 5o mètres cubes.
En été, la majeure partie de ses eaux, dont le volume ne descend pas au-
dessous de i mètre cube par seconde, passe en amont de Turckheim dans
le canal de dérivation du Logelbach, à 235 mètres d'altitude et à une tren-
taine de kilomètres de ses sources. C'est près de ce point que j'ai fait les
observations dont voici le résultat comparé à la température de l'air à la
même station :
1866-1867.
MAXIMUM.
MINIMUM.
MOYENNE.
AIR.
Juillet 1866
O
?3,5
.8,6
18,6
l6,9
1 i ,o
5,6
9.6
9>4
io,5
i3,8
21,5
22,8
O
i3,5
12 ,6
10,2
7.0
3,2
3,1
— 0,2
3,6
3,8
4)7
8,2
9,8
O
■ 7,5
.5,3
i4,6
'<>.9
7.3
4,2
3,4
6,5
7.8
9>3
l3,2
16, 1
0
22,6
22,1
■ 4,3
10,3
6,9
- ',7
°,7
7,2
6,0
12,2
.5,8
'9,2
Août
Septembre
Mai
9>6
21 ,5
23,5
18,6
— 0,2
4-7
9>8
3,2
4.7
10, 1
i6,3
10,9
2,1
1 1 ,3
21 ,3
io,5
Printemps
23,5
— 0,2
io,5
..,3
>. Seion ces chiffres, la température moyenne de l'eau a été de io°,5 cen-
tigrades, inférieure par conséquent deo°,8 à la température moyenne de
l'air à Turckheim. La différence entre la température la plus basse et la
plus élevée de l'année a été de 23°, 7. La plus grande variation mensuelle
s'est élevée, en mai, à i3°, 3, et la plus grande variation diurne a atteint
f 3,9 )
7°, 6, le 14 juillet. L'élévation de la température de l'air, qui a atteint, à
Turckheim, ii°,3, soit i°,2 déplus que le climat de Colmar pendant la
même année, provient de l'exposition de la première station située au
midi, au pied de collines granitiques qui l'abritent contre les vents du
nord. Sans cette circonstance, la température des eaux de la Fecht serait
supérieure à la moyenne annuelle de l'air, comme le démontrent les obser-
vations suivantes, recueillies par M. Rertin, sur la température du Rhin, au
pont de Kehl, et celle de 1*111, à Strasbourg :
1850 a 1859.
RHIN AU PONT DE KEHL.
ILL A STRASBOURG.
Eau.
Air.
Eau.
Air.
Janvier
3°,i
3,5
5,7
9,5
12,8
'9,2
>9>2
19,1
i6,5
12,9
7>°
4,5
0
1,0
2,5
5,3
10,8
'4,3
19,2
20,7
'9-7
■ 5,4
10,8
4,6
,,8
0
2,8
3,5
5,9
IO>9
■4,8
18,6
20,4
20,2
i5,8
12,2
5,7
3,3
0
0,2
I ,0
4,3
io,3
'4,5
.9,8
2I> 7
20,9
'5,7
'0,7
3,4
0,8
Juillet
Septembre
3,7
9,3
i8,5
'2,1
.,8
10,1
■9,9
io,3
3,2
10,2
»9>7
1 1 ,2
o,5
9,7
20,8
9>9
Été
Année
10,9
1
10,2
i
!
» En résumé, les observations faites dans le Rhin, 1*111 et la Fecht, com-
parées à la température de l'air, montrent que l'eau s'échauffe et se refroi-
dit moins vite que l'air; que la température de l'eau atteint son maximum
et son minimum après le minimum et le maximum de l'air; que l'ampli-
tude des oscillations est moins grande pour l'eau que pour l'air; que, pour
l'eau, ces variations sont plus fortes en été qu'en hiver, plus considérables
par un temps serein qu'avec un ciel couvert, et diminuent dans un même
4i..
( 3ao i
bassin à mesure que son débit augmente. Ajoutons que dans la Fecht les
pluies abaissent la température dps eaux courantes en été, et en hiver elles
i'élèvent. »
CHIMIE ORGANIQUE — Sur les monamines dérivées des aldéhydes.
Note de M. Hugo Schiff, présentée par M. Wurtz.
« L'action de l'ammoniaque sur les aldéhydes aromatiques donne lieu,
comme on sait, à la formation des hydramides. Il y a trois ans que j'ai
appliqué cette réaction à quelques aldéhydes de la série des corps gras et
que j'ai obtenu l'hydrcenanthamide N2 X'H1*)3 et un corps analogue
de la série amylique. Depuis ce temps, je me suis occupé de l'action de
l'ammoniaque sur l'aldéhyde acétique, réaction qui fait naître des sub-
stances différentes d'après les conditions variées. L'aldéhyde, exposée pen-
dant six mois à l'action d'une solution d'ammoniaque dans l'alcool absolu,
donne un liquide brunâtre. Ce liquide, distillé à la température de 60
à 70 degrés, fait passer de l'ammoniaque, accompagnée d'une autre base
très-volatile, douée d'une odeur de coniine décomposée, soluble dans l'eau
et de la composition C6 H9 N ou C6 H7 N (picoline). Le résidu de la distilla-
tion est une matière résineuse. Purifiée, elle se présente comme une poudre
jaune de propriétés basiques prononcées, se combine avec une molécule
d'acide sulfurique, avec une ou deux molécules d'acide chlorhydrique, efc
forme un chloroplatinate cristallisé. L'analyse de cette base a conduit à la
formule N2(C2H*)8. Elle n'a pu être obtenue à l'état de pureté parfaite,
parce qu'elle se décompose très-facilement avec l'eau et avec les acides
d'après l'équation
C6H<2N%aHCl + H20 = NH4Cl+C6H"NO,HCl.
La base nouvelle C6H" NO, séparée de son chlorhydrate, est une substance
amorphe, d'un jaune obscur, soluble dans l'eau. Cette base, selon ses réac-
tions avec les acides et avec le perchlorurede phosphore, et selon la composi-
tion des sels, ne peut être considérée comme un hydrate d'ammonium. La
base se comporte comme une monamine tertiaire, et elle peut être dérivée de
l'acétylure ammonique, si l'on considère ce dernier comme le dérivé éthv-
lidénique correspondant à l'oxyéthylénamine de M. Wurtz :
(C2H4OH /C2H*OH
N H + aC2H40 = aH20 + N C2H3
(H (C2H3
Aldébyile Nouvelle
ammonique. base.
( 321 )
Elle se forme, en effet, si l'on expose une solution alcoolique d'aldéhyde
ammonique, ajoutée d'aldéhyde, à une température de 5o à 60 degrés. Si
l'on décompose l'aldéhyde par l'ammoniaque alcoolique à 100 degrés,
alors il se forme deux autres bases C,0H,5NO et C8H,3NO, qui ressem-
blent à la base CG^nlNO et ont sans doute une constitution analogue. La
baseCsHl3NO a déjà été observée par MM. Heintzet Wislicenus.
» La hydroenanthamide N2(C7H,:!)3 se décompose facilement avec l'eau
bouillante et donne le composé N(C7Ht3 )2(C7Hl4OH), qui distille mais
qui n'a plus de propriétés basiques.
» A ces bases se rapprochent le valéral ammonique et le trioxyamylidène
de M. Erdmann, auxquels je donnerais les formules
(C5H,0OH (CsH"»OH
N H N C5H,uOH
(H (c5h,0oh
La réaction est un peu différente pour l'acroléine. Une molécule d'ammo-
niaque s'y combine directement, et la combinaison produite se décompose
en même temps avec une autre quantité d'acroléine
iC,H'°H <a(r»H«OHV
2N H + 2CSH*0 = 2H20 -h N2 y3" '
I ri ( 2Li II
Cette base ressemble à celles dérivées de l'aldéhyde acétique. La formation
des sels procède avec plus de difficulté, mais le chloroplatinate se forme
facilement.
» La décomposition des aldéhydes ammoniques par l'eau m'a conduit à
l'étude de la décomposition par l'hydrogène sulfuré. On sait que l'aldéhyde
acétique en ces conditions fait naître la thialdine. L'action du sulfhydrate
ammonique saturé sur les aldéhydes acrylique et œnanthique nous a donné
les bases correspondantes
C9H,3NS2 C2,H"NS2
Acrolhialdine. OEnan-
ihotbialdine.
Les thialdines acétique et acryliques sont des corps cristallisés qui se prê-
tent peu à l'étude des réactions; la thialdine œnanthique, au contraire, est
un corps liquide qui pèse 0,896 à 24 degrés,, qui ne distille pas sans décom-
position, mais qui forme un sulfate et un chlorhydrate bien cristallisé. Avec
ce corps, j'ai pu étudier les actions de l'eau à température élevée, de l'anhy-
( 322 )
dride sulfureux, de l'acide iodhydrique, de l'iode, des éthers iodhydriques,
des aldéhydes et du perchlorure de phosphore. Ces études font connaître
que les thialdines sont des monanimes tertiaires (Hofmann ), dans lesquelles
les trois atomes d'hydrogène typique ne sont pas substitués par un seul
radical trivalent, mais par trois radicaux qui contiennent le soufre sous
forme de sulfhydrile (SH), comme les bases oxygénées citées plus haut
contiennent l'oxygène à l'état d'oxydrile (OH). Les thialdines, dérivées des
aldéhydes C"HmO, ont la formule générale
C"HmSH (C'H^SH
N jCnH"'SH , par exemple l'œnanthique : N • C'H,4SH
et, de la même manière, on formulera les thialdines acétique, acrylique,
valérique, benzoïque et la thiacétonine. Ces composés représentent des
bases aldéhydiques sulfurées, qui peuvent être comparées dans un certaine
manière aux bases dioxyéthyléniques de M. Wurtz.
« La carhothialdine et la carbothiacétonine sont des corps analogues et
ont peut-être les formules
| C,v l CS"
N2 C2rTSH N2 C3H6"
C2H4SH f2(C3HeSH)'
» Les thialdines et les bases aldéhydiques oxygénées, distillées avec la
chaux potassée, donnent des bases liquides volatiles, en partie solubles dans
l'eau, et de réaction alcaline. Ces bases se rapprochent de celles que
M. Anderson a extraites de l'huile animale qu'on obtient par la distillation
sèche des os. «
chimie. — De i influence des divers rayons colorés sur la décomposition de
l'acide carbonique par les plantes. Note de M. L. Cailletet, présentée par
M. H. Sainte-Claire Deville.
« On a remarqué depuis longtemps que les parties vertes des végétaux,
exposées aux rayons directs du soleil, jouissent de la propriété de décom-
poser l'acide carbonique contenu dans l'air et de dégager une quantité à
peu près équivalente d'oxygène. Dans l'obscurité un phénomène inverse se
produit, l'oxygène de l'air est absorbé, et il se dégage de l'acide carbonique
qui provient de l'oxydation d'une partie du carbone de la plante.
•> Depuis Priestley, qui constata le premier que les végétaux exposés aux
( 3a3 )
rayons directs du soleil purifiaient l'air vicié par la respiration des ani-
maux, un grand nombre de travaux remarquables, et en dernier lieu ceux
de M. Boussingault, ont été publiés sur cette importante fonction de la
vie végétale.
» Dans les expériences que j'ai entreprises en vue de déterminer l'action
plus ou moins active des divers rayons colorés, sur la décomposition de
l'acide carbonique par les végétaux, je me suis attaché à me placer autant
que possible dans les conditions où la nature opère.
» J'ai dû disposer mes appareils en verre coloré de manière à diminuer
par un tirage d'air l'élévation considérable de la température qui se pro-
duirait dans des vases clos exposés aux rayons directs du soleil.
» J'ai observé, en effet, que sous une cloche en verre rouge la tempéra-
ture peut s'élever au-dessus de 70 degrés.
» Je me suis assuré par des expériences préalables qu'en prenant quel-
ques précautions, les feuilles détachées agissent sur les mélanges gazeux
comme si elles adhéraient encore à la plante qui les a produites; j'ai con-
staté également, afin de rendre les résultats de mes expériences comparables,
que des feuilles d'une même plante et de surfaces égales décomposent sen-
siblement les mêmes quantités d'acide carbonique lorsqu'elles agissent sur
des mélanges gazeux identiques exposés à une même source lumineuse.
« L'absorption de l'acide carbonique et le dégagement de l'oxygène plus
ou moins mélangé d'azote appartient exclusivement aux parties vertes des
végétaux; mais il est indispensable que ces organes soient intacts, car en les
écrasant, ou simplement en les froissant, on détruit sans retour cette
propriété. En découpant avec soin une feuille en fragments très-petits, on
voit encore l'action décomposante subsister, car chaque partie contenant
tous les éléments anatomiques agit comme une feuille entière. Une tem-
pérature de -+- 10 à i5 degrés est nécessaire à la manifestation de l'action
décomposante, mais les rayons de chaleur obscure ne sont pas suffisants
pour la produire. J'ai pu m'en assurer au moyen d'un appareil que je dois
à l'habileté de MM. Alvergniat frères.
« Cet appareil est formé de deux éprouvettes concentriques en verre
incolore, soudées par leur base. Dans l'espace compris entre ces deux vases
de diamètre différent est renfermée une dissolution concentrée d'iode dans
du sulfure de carbone. Sous cet écran, perméable seulement à la chaleur
obscure, on peut s'assurer que l'acide carbonique placé dans l'éprouvette
centrale n'est nullement décomposé par les feuilles, malgré l'action prolon-
gée des rayons solaires.
( 3a4 )
» Les divers rayons colorés ont au contraire une action spéciale et plus
ou moins active sur la dissociation de l'acide carbonique (i). En plaçant
sous des cloches en verre coloré des tubes contenant des feuilles d'une
même plante égale en surfaces, et un même mélange gazeux, on trouve
indécomposées, après huit ou dix heures d'exposition au soleil, les quan-
tités d'acide carbonique qui figurent au tableau ci-dessous :
AIR MÉLANGÉ d'aCIDE CARBONIQUE
OBSERVATIONS.
à 18 p. 100.
à 21 p. 100.
à 30 p. 100.
Iode dissous dans le
sulfure de carbone.
» bleu
» dépoli
.8
20
18
'7
7
5
0
21
3o
•9
i6,5o
5,5o
o
3o
37
28
27
23
l8
2
Le papier photographique ne
noircit pas.
Le chlorure d'argent se colore
lentement.
Le papier noircit tr. -rapidement
Le papier noircit tr. -rapidement
Ni le papier ni le chlorure d'ar-
gent additionné de nitrate ne
noircissent.
Le papier ne noircit pas.
Le papier se colore rapidement.
» L'examen de ce tableau démontre que les rayons calorifiques, ainsi que
les rayons chimiques, sont sans action sur l'étrange dissociation de l'acide
carbonique par les végétaux qui s'accomplit dans des conditions tout à fait
différentes de celles où nous savons la produire dans nos laboratoires; mais
les forces qui déterminent cette décomposition agissent sur les éléments de
ce corps composé, dissous dans les liquides de la feuille, et nous devons
avouer notre entière ignorance de l'état où sont ces éléments dans la dis-
solution. Il semble, à l'inspection des nombres consignés dans le tableau,
que les couleurs les plus actives au point de vue chimique sont celles qui
favorisent le moins la décomposition de l'acide carbonique.
» Je dois surtout insister sur l'action toute spéciale et complètement
imprévue de la lumière verte, soit que cette couleur soit obtenue par un
verre, par des feuilles de végétaux, ou par des dissolutions colorées. Sous
(1) Les fleurs et les feuilles sensibles à la lumière ne semblent cependant pas influencées
par les rayons diversement colorés.
( 3^5 )
cette influence l'acide carbonique n'est nullement décomposé, une nouvelle
quantité de gaz acide semble au contraire produite par les feuilles.
» En plaçant, en effet, sous une cloche en verre vert, éclairée par les
rayons directs du soleil, une éprouvette contenant de l'air pur et une
feuille, on obtient, après quelques heures, une quantité d'acide carbonique
peu inférieure à celle qui serait produite par les mêmes feuilles dans l'obs-
curité absolue.
» C'est probablement en raison de cette singulière propriété de la lumière
verte, qui doit produire au bout de peu de temps l'étiolement des plantes
sur lesquelles elle agit, que la végétation est généralement languissante et
chétive sous les grands arbres, quoique l'ombre qu'ils portent soit souvent
peu intense.
» Les résultats de mes expériences concordent avec les conclusions du
beau travail publié par MM. Cloéz et Gratiolet sur la végétation des plantes
submergées (i). J'ai pu seulement, en opérant sur des mélanges gazeux,
constater la curieuse propriété des rayons verts, que ces auteurs n'avaient
pu soupçonner en raison de la nature de leurs recherches spéciales. »
MÉTÉOROLOGIE. — Sur les étoiles filantes de ce mois, maximum des 9,10
et 11 août 1867; par MM. Coulvier-Gravier et Chapelas-Coulvier-
Gravier.
" Nous avons l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie des
Sciences les résultats de nos observations d'étoiles filantes apparues durant
le maximum des 9, 10 et 11 août de cette année.
DATES.
DURÉE
des
observa-
NOMBRE
des
étoiles.
CIEL VISIBLE.
HEURES
moyennes
des
NOMBRE
horaire
à
MOYENNE
du nombre
horaire
MOYENNE
générale
des
tions.
observations.
minuit.
à minuit.
9,10,1 1 août
1867.
Août 5
Il m
1 ,O0
"
4,7
h m
IO,00
16,2
9
2,O0
33
Lune
IO,45
37,0
33,7
2,75
ti3
9>°
1,37
3o,5
j
10
2,5o
1 ,5o
63
49
Lune et nuages
1,0
1 1 ,3o
I ,52
47,3
52,6
| 49.9
* 3i,4
1 1
3 ,5o
62
Lune
12,0
32,2
j 28,7
\
I ,25
39
6,5
2 , 22
25, I
s
(1) annales de Chimie et de Phys., 3e série, t. XXXII, p. 4'-
C. R., 1867, a« Semestre. ( T. LXV, N° 8.)
42
(3,6)
» Il résulte de l'examen de ce tableau que, dès le 5 août, le nombre ho-
raire moyen ramené à minuit par un ciel serein, c'est-à-dire corrigé de l'in-
fluence de la Lune et de la présence des nuages, était de 16 étoiles-^,
pour devenir de 33,7 ,e 9 aoutî de 49,9 le IO> et fle 28,7 le 1 1 . Ce qui
donne pour ces trois dernières nuits une moyenne de 37, 4. On trouve
donc sur l'année dernière une diminution de 2 étoiles -p-.
» Enfin, si l'on se reporte à 1848, qui avait donné pour nombre horaire
moyen à minuit 1 10 étoiles, on voit que la marche descendante du phéno-
mène a continué d'une manière très-sensible jusque entre cette époque et
aujourd'hui. Car on peut constater une diminution de 72 étoiles -^ au
nombre horaire moyen à minuit. Des observations ultérieures feront con-
naître les suites de cet intéressant et mystérieux phénomène. »
M. Jullien adresse une Lettre relative à sa Note du 5 août dernier,
qu'il croit avoir été renvoyée par erreur à l'examen de la Section de Chimie.
Suivant lui elle n'est pas de nature à devenir l'objet d'une décision de Ja
Section, et n'a pour but que de provoquer une simple déclaration de
M. Chevreul, savoir : si c'est volontairement ou par oubli que danssacom-
municalion du 22 juillet il a omis (p. 137) de rattacher aux affinités capil-
laires, comme il l'avait fait autrefois dans sa « Mécanique chimique » , les phé-
nomènes que présente un solide qui s'unit à un corps solide sans changement
apparent de forme. « M. Chevreul, poursuit l'auteur de la Lettre, ne refu-
» sera pas de dire s'il persiste dans son opinion antérieure ou s'il reconnaît
» que seul contre tous j'ai donné l'explication de la trempe. »
« M. Chevreul, dans la séance du 19 août, n'a connu la Lettre de M. Jul-
lien que par l'extrait (imprimé ci-dessus) que M. le Secrélairelui a commu-
niqué au moment de la lecture de la Correspondance.
» Aujourd'hui, 21 août, après avoir lu la Lettre en son entier, il juge su-
perflu de reproduire ce qu'il a dit dans la séance du 19, et il ajoute que ne
concevant rien à la question de M. Jullien, il est dans l'impossibilité d'y
répondre. »
M. Pelatan prie l'Académie de vouloir bien se faire faire tin Rapport
sur un opuscule qu'il a publié il y a près de vingt ans sous le titre de : « La
Science en défaut ». Il croit avoir relevé dans cet écrit une erreur grave
sur un point de physique qui depuis cette époque n'a pas cessé d'avoir cours
dans l'enseignement public, et qui sans doute en disparaîtrait bientôt si la
( 3.-7 ;
réfutation qu'il a donnée obtenait l'approbation de la Commission chargée
de l'examen.
On fera savoir à M. Pelatan que sa demande ne peut être prise en con-
sidération : un article du Règlement s'y oppose et ne permet pas qu'un
ouvrage écrit en français et publié en France devienne l'objet d'un
Rapport.
La séance est levée à 5 heures. C.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 19 août 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Connaissance des temps ou des mouvements célestes pour l'an 1869, publiée
par le Bureau des Longitudes. Paris. 1867; 1 vol. grand in-80. (Présenté
par M. Mathieu.)
Lois de la nomenclature botanique rédigées et commentées ; par M. Alph. DE
Candolle. Paris, 1867; br. in-8°.
Traité élémentaire de chimie expérimentale et appliquée; par M. J. Jacob.
Paris, sans date; 1 vol. in-12. (Présenté par M. Chevreul.)
Mémoires de l'Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles- Lettres
d'Aix;\. IX (2e partie). Aix, 1867; 1 vol. in-8°. (2 exemplaires.)
L'hiver à Cannes, les bains de mer de la Méditerranée, les bains de sable; par
M. A. Buttura. Paris et Cannes, 1867; 1 vol. in-8° cartonné.
Premières notions de météorologie et de physique du globe; par M. F. HÉ-
ment. Paris, 1868; in-12. (Présenté par M. Blanchard.)
Bulletin de la Société Vaudoise des Sciences naturelles, t. IX, n° 57. Lau-
sanne, 1867; br. in-8°.
De la guérison durable des rétrécissements de turèthre par la galvanocausli-
que chimique; par MM. F. Mallez et A. Tripier. Paris, 1867; br. in-8°.
Des types naturels en zoologie,- par M. A. Sanson. Paris, sans date; br.
in-8°. (Extrait du Journal de l'Anatomie et de la Physiologie de M. Ch.
Robin.)
Notes d'anatomie et de physiologie comparées; par M. Paul Bert. Paris,
1 867 ; br. grand in-8°.
( 3a8 )
Recherches sur les mouvements de la S 'emilive (Mimosa pudica, Linn.). Paris,
1867; br. grand in-8°.
La Science en défaut ou tes erreurs de l'enseignement moderne universitaire
sur la pression atmosphérique et le vide; par M. E.-S. PELATAN. Marvejols,
sans date ; br. in-8°.
Thelopsis, Bclonia, Weitenwehera et Limboria, quatuor Lichenum angio-
carpeorum gênera recognila iconilmsque ilhtslrala a Sanclo GAROVAGLIO.
Penitiores partes mici'oscopio investigavil iconesque confec.il J. GlBELLl. Medio-
lani, MDCCCLVII; in-4°.
Manzonia cantiana novum Lichenum angiocarporum g enu s proposition atque
description; auctore Sancto Garovaglio. Penitiores Lichenis partes microscopio
invesligavit iconibusque illustravit J. GiEKLLi. Mediolani, MDCCCXVI; in-4".
Tentamen disposilionis methodicae Lichenum in Longobardia nas< cntiitm...;
auctore Sancto Garovaglio, auct. operis iconogr. J. GiBELLIO. Mediolani,
MDCCCXVI; in-4°.
Memorie... Mémoires de l'Institut royal Vénitien des Sciences, Lettres et
Arts, t. XII, ire, 2e et 3e parties; t. XIII, ire et 2e parties. Venise, 1 865 à
1867; 5 vol. in-4°.
Atti... Actes de l'Institut Vénitien des Sciences, Lettres et Arts, t. X, 3e série,
cahiers 5 à 10; t. XI, 3e série, cahiers 1 à 10; t. XII, 3e série, cahiers 1 à
5. Venise, 1864 à 1867; 19 br. in-8°.
Atti... Actes de l'Athénée Vénitien, t. II, 2e série, livr. 3 et 4- Venise, 1860;
■2 br. in-8°.
Atti... Actes de l'Académie royale des Sciences de Turin, t. Ier, liv. 3 à 7,
janvier à juin 1866; t. II, livr. 1 à 3, novembre 1866 à février 1867. Turin,
1866 et 1867; 8 br. grand in-8°.
Memorie. .. Mémoires de /' Académie royale des Sciences de Turin, 2e série,
t. XXII. Turin, 1 865 ; 1 vol. in-4° avec planches.
Giornale... Journal des Sciences naturelles et économiques. T. II, i8(>(i,
fascicules 2, 3 et 4- Palerme, 1866; 1 vol. in-4° avec planches.
[La suite du Bulletin nu prochain numèto.)
COMPTE RENDU
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 26 AOUT 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMRRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Chevreul entretient l'Académie de la perte qu'elle a faite depuis sa
dernière séance dans la personne de M . Velpeau, décédé le 24 août. Ce
matin même ont été célébrées les obsèques, où plusieurs discours ont
été prononcés. M. Nélaton a parlé au nom de l'Académie des Sciences;
M. Longet, comme élève et ami du célèbre chirurgien; M. Husson, de
l'Académie des Sciences morales et politiques, au nom de l'Administration
de l'Assistance publique.
HISTOIRE DES SCIENCES. — Remarques au sujet des documents attribués à Pascal.
Communication de M. Emile Blanchard.
« M. Chasles m'a engagé à faire part à l'Académie d'une remarque à
laquelle m'a conduit la lecture de la Préface placée en tète du Traitez de
l'équilibre des liqueurs et de la pesanteur de la tuasse de Vair de Pascal, livre qui
paraît peu connu aujourd'hui.
» Des contestations touchant l'authenticité des Lettres et des Notes que
vient de publier M. Chasles s'étant appuyées sur des expressions que l'on
s'étonnait de voir employées par l'auteur, j'eus le désir de comparer le style
des nouveaux documents avec celui des écrits scientifiques de Pascal. Un de
C. R.. iS(i7, Ie Semestre. (T. LXV, N° 9.) 4^
( 33o |
mes élèves, M. J. Kùnckel, tenait de la bibliothèque de son père I ouvrage
que je viens de citer et me le remit entre les mains.
» Le Traitez rie l'équilibre des liqueurs, etc., a été imprimé très-peu de
temps après la mort de Pascal. Une édition, la première certainement, porte
la date de j 663, une autre la date de 1CG4 (1); celle qui m'a été confiée,
moins ancienne, est de 1698. Ces trois éditions, qui ne m'ont paru présenter
aucune différence, sont accompagnées d'une Préface sans signature, où l'on
trouve dans quelques parties des détails donnés par Mme Périer, dans la
« Vie de M. Pascal », placée en tète de la plupart des éditions des Pensées
et des Lettres à un provincial.
» Les lignes qui terminent cette Préface acquièrent une véritable impor-
tance dans la circonstance présente. Dans les discussions qui ont eu lien
au sujet des documents présentés à l'Académie par M. Cbasles, il a été
plusieurs fois répété que personne n'avait jamais entendu parler d'écrits
scientifiques inédits, laissés par Pascal ; le passage suivant delà Préface im-
primée en j663, dont je vais donner lecture, fournit à cet égard la meil-
leure réponse possible :
« Mais quoique depuis l'année 1647 jusqu'à sa mort il se soit passé
» près de quinze ans, on peut dire néanmoins qu'il n'a vécu que fort peu
» de temps depuis, ses maladies et ses incommodité/, continuelles luy ayant
» à peine laissé deux ou trois ans d'intervale, non d'une santé parfaite,
» car il n'en a jamais eu, mais d'une langueur plus supportable, et dans
» laquelle il n'estoit pas entièrement incapable de travailler.
> C'est dans ce petit espace de temps qu'il a écrit tout ce que l'on a de
» luy, tant ce qui a paru sous d'autres noms, que ce que l'on a trouvé
» dans ses papiers, qui ne consiste presque qu'en un amas de pensées dé-
» tachées pour un grand ouvrage, qu'il méditoit, lesquelles il produisoit
» dans les petits intervales (h1 loisir que luy laissoient ses antres occupa-
it tions, on dans les entretiens qu'il en avoit .avec ses amis. Mais quoique
» ces pensées ne soient rien en comparaison de ce qu'il eust fait, s'il eust
» travaillé tout de bon à ces ouvrages, on s'asseure néanmoins que si le pu-
» blic les voit jamais, il ne se tiendra pas peu obligé à ceux qui ont pris le
» soin de les recueillir et de les conserver, et qu'il demeurera persuadé
» que ces Fragmens, tout informes qu'ils sont, ne se peuvent trop estimer,.
» et qu'ils donnent des ouvertures aux plus grandes choses, et auxquelles
» peut-estre on n'auroit jamais pensé. »
■ 1) Ces deux éditions se trouvent ,1 la Bibliothèque de l'Institut.
(33i )
» Cet écrit, probablement de Mrae Périer, et dans tous les cas d'un
membre de la famille de Pascal, ne suffit pas sans doute à prouver l'authen-
ticité des documents aujourd'hui en la possession de M. Chasles, mais il
apporte la preuve irrécusable que Pascal a laissé des écrits ayant trait aux
sciences, des fragments qui « donnent des ouvertures aux plus grandes
» choses. » C'est déjà un point essentiel à rappeler. Des papiers de Pascal
auxquels la famille et les amis de ce grand homme attribuaient une haute
valeur, n'ont-ils pas dû être précieusement conservés? »
histoire DES sciences. — Sur les Lettres rie Pascal ; par M. Ciiasi.es.
« La Note lue par notre confrère M. Blanchard prouve donc que Pascal
avait laissé des ouvrages inédits. J'avais déjà rappelé les titres de quelques
ouvrages (indiqués par Bossut), qui ne nous sont pas parvenus (i). On a vu
en outre, par une lettre adressée à Newton (2), que Pascal avait composé
un écrit touchant l'Astronomie physique. J'ai annoncé que parmi ses papiers
se trouvait un petit Traité du jeu de trictrac composé pour Mme Perrier. Il
s'y trouve aussi un Traité des carrés magiques, en 22 pages de formats dif-
férents, que je mets sous les yeux de l'Académie, et un écrit sur sainte
Catherine de Sienne, composé pour sa sœur Jacqueline. Cet ouvrage n'est
pas autographe, c'est une copie, en 12 pages in-4°, d'une écriture très-fine.
On y lit, de la main de Pascal : Pour ma sœur Jacqueline; et sa signature
se trouve à la fin du Ms. Pascal avait entretenu sa sœur de la vie de sainte
Catherine de Sienne dans plusieurs Lettres consécutives, qui font partie de
celles que je ferai passer sous les yeux de l'Académie.
» On sait que Leibnitz écrivait à Jean Bernoulli qu'il possédait des écrits
inédits de Galilée, de Valerianus Magnus et de Pascal (3). J'ajouterai que,
dans une Lettre inédite, adressée à Desmaizeaux, Leibnitz dit encore qu'il
possède des écrits de Pascal, et en cite un. C'est un écrit sur les sons que
rendent certains corps, auquel avait donné lieu une observation faite par
Pascal dès l'âge de onze ans, écrit mentionné dans la Préface même du
Traité de l'équilibre des liqueurs que vient de citer M. Blanchard. Leibnitz, en
reproduisant ce fait, ajoute qu'il possède l'ouvrage. Cette Lettre de Leibnitz
n'est pas sans intérêt dans la question actuelle; en voici un extrait :
(1) Comptes rendus, t. LXV, p. 186.
(2) Ibid., p. igi.
(3) Leibnitii et Jo/i. Bernoulli Coimnercium philosophicum et mathematicum, t. II, p. 06.
Foucher de Careil, OEiwres inédites de Descartes; Paris, i85g, p. xn et xiv.
43.-
( 33a )
Leibniz à Desmaizeaux.
Ce 8 mars 1 7 1 5. — Il est vray, Monsieur, que j'ay eu mon cabinet quelques papiers de
feu M. Pascal, et je n'en fais pas mystère comme M. Newton, qui en a bien davantage,
et...-. . Lorsqu'il (Pascal) n'avoit encore que onze ans, quelqu'un ayant à table, sans y pen-
ser, frappé un plat de fayence avec un couteau, il prit garde que cela rendoit un grand son :
mais qu'aussilost qu'on mettoit la main dessus, ce son s'arrestoit. Il voulut en mesme temps
en scavoir la cause; et cette expérience l'ayant porté à en faire beaucoup d'autres sur les
sons, il y remarqua tant de choses qu'il en fit un petit traité qui fut jugé très-ingénieux et
très-solide. Je suis assez heureux de le posséder escrit de sa main.
» Labruyère, dans une Lettre inédile du 27 juin 1671, adressée à son
ami Molière, dit qu'il a dans ses papiers des Pensées de Pascal, « dont on
» pourrait faire un volume aussi gros que celui qu'a publié Mme Perrier. »
» Il est donc certain que Pascal avait laissé beaucoup d'écrits. Les Lettres
et les documents que je publierai en seront de nouvelles preuves irrécu-
sables, car elles feront connaître quelques-unes de ses découvertes, indé-
pendamment de celle des lois de l'attraction, qu'il communiquait avec tant
d'empressement et de générosité, dans le seul but de contribuer de cette
manière aux progrès de la science.
» Je désire soumettre à l'Académie quelques antres observations faisant
suite à mes communications précédentes. Je m'abstiendrai, bien entendu,
de toutes celles qui pourraient paraître faire allusion aux considérations
renfermées dans la communication que vient de faire l'honorable M. Fau-
gère, et à laquelle je répondrai dans la prochaine séance.
» Les Lettres de Pascal, m'a-t-on demandé, sont-elles sur un seul feuillet,
auquel cas elles auraient pu être écrites sur des feuillets détachés de Lettres
de l'époque? Plusieurs Lettres ont paru être d'une encre noire qui pourrait
n'être pas très-ancienne. Enfin, dans ce moment même, notre confrère,
M. de Tessan, a l'obligeance de me prévenir que l'on demande si ces Lettres
portent les plis ordinaires des Lettres missives?
» Pour répondre à ces questions, je mets sous les yeux de l'Académie de
nombreuses Lettres, de trois ou quatre pages, et conséquemment de deux
feuillets. La plupart de ces Lettres, de même que celles qui sont sur un
seul feuillet, présentent de très-beaux filigranes, et sur quelques-unes sont
des noms, des fabriques de papier probablement.
» Ces Lettres, déposées sur le bureau de l'Académie et examinées par
beaucoup de Membres, ont des plis, et même très-apparents sur la plu-
part, et qui parfois peuvent compromettre la pièce.
» L'encre est très-différente sur un grand nombre de Lettres, noire sur
( 333 )
les unes, blanchie sur d'autres; et le papier est aussi d'apparence très-
variable, quelquefois très-jauni, comme par exemple la copie autographe
de la longue Lettre à M. Perrier pour les expériences du Puy-de-Dôme,
copie que Pascal envoie à Chanut. La Lettre d'envoi est aussi très-jaune.
» On sait que l'on peut faire disparaître l'écriture sur un papier, pour
s'en servir de nouveau. J'exprime le vif désir que nos confrères qui ont
à leur disposition toutes les ressources de la chimie, veuillent bien sou-
mettre les Lettres de Pascal à toutes les épreuves que comporte la science;
non-seulement les Lettres de Pascal, mais aussi celles de tous les auteurs
que j'ai cités, surtout de ceux dont l'écriture est bien connue, tels que
Montesquieu, Saint-Évremond, Mariotte, Malebranche, etc.; je mettrai à
la disposition de nos confrères toutes les pièces qu'ils choisiront.
» Quant à l'écriture de Pascal, on sait qu'elle n'est guère connue que
par le manuscrit des Pensées existant à la Bibliothèque impériale, qui est
presque partout illisible. M. Cousin en a donné un Jac-simile, et y a joint
une signature de Pascal de 1647, signature très-forte, avec un P initial très-
étendu, barré par un trait horizontal, et un paraphe très-compliqué (1).
Depuis, M. Faugère a donné : i° un nouveau fac-similé d'une page du Ms.
des Pensées; 20 les deux dernières lignes d'une Lettre adressée en i643
à Mme Perrier, suivies d'une signature semblable à celle de M. Cousin, mais
sans paraphe; 3° une autre signature de 1647 avec paraphe et absolument
semblable à celle de M. Cousin; 4° enfin une troisième signature en petits
caractères, très-différente des deux premières (2). M. Faugère dit, au sujet
de la Lettre à Mœe Perrier, que, « dans sa jeunesse, Pascal avait une écri-
» ture remarquablement belle (3). »
» Il y a, comme on le voit, une grande diversité entre les trois signa-
tures connues, et une grande différence entre l'écriture de la Lettre de
1647 et ce"e des nombreuses pages du Ms. des Pensées.
» J'admets néanmoins comme réelles l'écriture et les trois signatures,
parce qu'un grand nombre des Lettres et des Notes que je mets sous les
yeux de l'Académie offrent les mêmes variétés. Toutefois la petite signature
se présente beaucoup plus souvent que les deux premières et paraît les
avoir remplacées vers 1648. Il est certain que l'écriture de Pascal a sou-
vent changé, et parfois dans le même moment, c'est-à-dire dans la même
(1) Etudes sur Pascal, 5e édition; ]85?.
(2) Pensées, fragments et lettres de B. Pascal, 1 vol. in-8, 1 844 5 Vùirt Ier, p. 4o8.
( 3) Ibid., p. xlii.
( 334 )
Lettre, soit qu'il prît une autre plume, ou que la variété et la vivacité de
ses pensées eût de l'influence sur les mouvements et l'agitation de sa main.
Je trouve de nombreux exemples de ces variations dans l'écriture; et, du
reste, Jacqueline Pascal les constate par une Lettre à Mme Perrier. Elle a
reçu de son frère une Lettre et des Notes (réflexions ou pensées) qu'elle ne
peut déchiffrer; elle les envoie à sa soeur, qu'elle prie de les transcrire (sa
lettre est du 2 juin 1659) : « Il est vraiment surprenant, dit-elle, comme
» notre pauvre frère a changé depuis quelques années; il s'est tué au tra-
» vail ; sa santé s'en ressent; il en est de mesme de son écriture qui a, dans
» l'espace de vingt ans, varié d'au moins trois ou quatre manières. »
» Si le Ms. des Pensées est presque toujours illisible, il s'y trouve parfois
quelques lignes qui font exception. J'y ai reconnu, et je crois que tout
le monde y reconnaîtra, un ensemble général semblable à un grand
nombre de mes documents, et beaucoup plus assurément que la Lettre
de 1647, dont deux lignes, comme je l'ai dit ci-dessus, sont reproduites en
fac-similé dans l'ouvrage de M. Faugère, et attestent une écriture remarqua-
blement belle.
» Il paraît qu'on ne connaît qu'une Lettre de Jacqueline Pascal, celle
dont M. Cousin a donné un fac-similé (1 ). J'en possède plusieurs, et surtout un
grand nombre de poésies, des cantiques qu'elle envoie à son frère. Il y a
parmi ces papiers un ouvrage considérable intitulé : Traité de l'obéissance.
C'est une copie de trois cents pages in-4°, d'une écriture fine et serrée. Elle
se termine par la signature autographe de J. Pascal, dite sœur Sainte-
Ettpliémie, et au-dessous est écrit : « Mon cher frère, je vous fais don de ce
» Traicté de l'obéissance, fait par moy, et vous prieray m'en donner vostre
» advis. J. Pascal. »
M. Regnault fait remarquer que dans certains cas où l'on peut supposer
des falsifications d'écriture, on tirerait bon parti de la photographie, qui
souvent, dans ses reproductions, fait reparaître ce que le faussaire croyait
avoir complètement effacé, et ce qu'en effet on ne découvrait pas à la vue
simple.
31. Morix cite à cette occasion une peinture à l'aquarelle qui, reproduite
par la photographie, et faisant disparaître dans l'image un vêtement bleu,
comme c'est toujours plus ou moins le cas pour cette couleur, laissait voir
(1) OEuvres de Victor Cousin; 4° série, Littérature, t. II, Jacqueline Pascal. Paris,
181g, iri-12.
( 335 )
le trait par lequel le dessinateur avait arrêté les contours du corps qu'il
ne voulait faire voir qu'habillé.
M. Balard ajoute que la chimie fournit également des moyens de faire
revivre d'anciennes écritures, mais que souvent les possesseurs des pièces
qu'on pourrait soumettre à cette épreuve s'y refusent dans la crainte, d'ail-
leurs peu fondée, qu'elles n'en sortent endommagées.
M. Chasles déclare que si quelques Membres de l'Académie désirent
soumettre à ce genre d'épreuves des autographes dont l'authenticité a été
contestée, il est tout prêt à mettre à leur disposition les pièces qu'ils lui
indiqueront, dussent-elles être endommagées ou même détruites dans les
expériences. Il lui suffira d'en conserver des copies certifiées.
M. Chevrecl rappelle à ce propos l'heureux résultat qu'ont eu, pour une
révivificatiori d'écriture, des opérations qu'il fit, conjointement avec
M. Gay-Lussac, par ordre de justice, dans l'affaire des héritiers Lesurques.
chimie ORGANIQUE. — Sur une nouvelle série a" homologues de lucide cyan-
hydrique. Lettre de M. A.-W. Hofmanjj à M. Dumas.
« Si l'on suppose se réalisant pour les homologues de l'acide cyanhy-
drique la transformation typique que cet acide éprouve sous l'influence
de l'eau, on cotiçoit que cette transformation puisse se produire sous deux
formes essentiellement différentes.
» Dans cette réaction typique, nous voyons la molécule cyanhydrique
s'approprier les éléments de l'eau pour se transformer en définitive en
acide formique et en ammoniaque. En admettant que, dans les homologues
de l'acide cyanhydrique, l'hydrogène de l'acide soit remplacé par un
groupe hydrocarboné, on peut se demander si, lors de la scission de la
molécule, ce groupe se portera sur l'acide formique ou sur l'ammoniaque.
Prenons, par exemple, le plus simple des homologues de l'acide cyanhy-
drique, le cyanure de méthyle : dans la décomposition de ce corps sous
l'influence de l'eau, le groupe méthylique se séparera-t-il sous la forme
d'acide méthylformique, c'est-à-dire d'acide acétique, ou sous la forme de
méthylammoniaque, c'est-à-dire de méthylamine? La transformation de
l'acide cyanhydrique étant exprimée par l'équation
_ CHÎ^-t- aH20 = Crl202 + H3N
Acide Acide
cyanhydrique. formique.
( 336 )
celle de son homologue méthvlique serait exprimée par l'une ou l'autre des
deux équations suivantes :
C2H3N + aH20 = C2H402 + H3N
Cyanure Acide
do mélhyle. mëlhylformiquc
(acétique).
C2H3N -+- 2H20 = CH202 -(- CH5N
Cyanure Acide Methyl-
de méthyle. formique. aminé.
>' La première de ces deux transformations est bien connue en chimie
Elle s'observe dans le groupe des éthers cyanhydriques ou nitriles. Pelouze
nous a fourni, par la découverte de l'éther éthyleyanhydrique, le premier
exemple de ce groupe. Les travaux que vous avez publiés avec MM. Mala-
guti et Le Blanc, et ceux de MM. Kolbe et Frankland nous ont appris que,
dans leurs métamorphoses, ces corps obéissent à la première des équations
mentionnées ci-dessus.
» Les recherches qui m'occupent depuis quelques semaines m'ont fait
voir que le second mode de transformation n'est pas moins fréquent, quoi-
que jusqu'ici il ait été encore à peine observé par les chimistes. Je trouve
en effet qu'à chacun des éthers cyanhydriques ou nitriles connus jusqu'ici
correspond un autre corps de composition identique, mais de propriétés
absolument différentes. Sous l'influence de l'eau, cette nouvelle série de
corps se scinde précisément selon la dernière des deux équations précé-
dentes.
» Une expérience heureuse m'a conduit a la découverte de ces nouvelles
combinaisons.
» Dans une de mes leçons, je voulais montrer la formation de l'acide
prussique au moyen du chloroforme et de l'ammoniaque : c'est l'expérience
qui a été réalisée par M. Cloëz, et qui est si instructive au point de vue de
nos théories modernes. Lorsque les deux corps seuls sont mis en présence,
la réaction ne marche qu'à l'aide d'une température élevée, et doit par
conséquent s'effectuer sous pression. Pour la simplifier et pour en faire
une expérience de cours, j'avais ajouté au mélange un peu de potasse, dans
l'espoir de fixer l'acide cyanhydrique; je fus heureux de constater que,
dans ces conditions, une simple ébullition suffisait pour obtenir ensuite
une abondante précipitation de bleu de Prusse. La facilité de ce procédé
me fit répéter l'expérience avec différents dérivés de l'ammoniaque, et en
particulier avec plusieurs tnonamines primaires; je fus étonné de voir, dans
(337 )
chacun de ces cas, s'accomplir une très-vive réaction : elle développait des
vapeurs d'une odeur particulière et presque intolérable, rappelant plus ou
moins celle de l'acide cyanhydrique. Quelques essais me suffirent pour
isoler ces composés. Ils sont les isomères des nitriles connus jusqu'ici.
» En présence du grand nombre des corps que ces premières expériences
faisaient entrevoir, il me parut avant tout nécessaire de préciser la nouvelle
réaction en cherchant à l'approfondir clans une série particulière.
» L'abondance de l'aniline, et aussi peut-être une ancienne prédilection,
m'ont fait choisir dans ce but la série phénylique. Permettez-moi de vous
donner ici la préparation et les principales propriétés du corps phénylique
de la nouvelle série.
» Cyanure de phényle. — Lorsqu'on soumet à la distillation un mélange
d'aniline, de chloroforme et d'une dissolution alcoolique de potasse, on
obtient un liquide d'une odeur pénétrante, à la fois prussique et aroma-
tique. Les vapeurs de ce liquide produisent sur la langue une saveur amère
toute particulière : de même que l'acide prussique elles exercent sur la
gorge une action étouffante.
» En rectifiant ce liquide, il passe d'abord de l'alcool et de l'eau, et en
dernier lieu il distille une huile renfermant encore, outre le nouveau corps,
une grande quantité d'aniline. On traite cette huile par l'acide oxalique;
l'aniline est changée en oxalate, dont la séparation laisse le corps odorant
sous la forme d'un liquide brun et huileux. Desséché par la potasse et pu-
rifié par distillation, ce corps se présente à l'état d'un liquide mobile, d'une
couleur verdâtre par transmission et d'un beau bleu par réflexion. La cou-
leur ne disparaît pas même après une distillation effectuée dans un courant
d'hydrogène. L'analyse de cette huile bleue conduit à la formule
CTH5N.
» Le corps a donc la composition du benzonitrile, découvert par Fehling,
mais il ne présente aucune de ses propriétés.
» Pour le distinguer du benzonitrile, je le désignerai sous le nom de cya-
nure de phényle, sans vouloir cependant pour l'instant me prononcer sur sa
constitution.
» La formation du cyanure de phényle au moyen de l'aniline et du
chloroforme est très-simple, et est exprimée par l'équation suivante :
C^rPN + CHCP = £H^N + 3HC1
A' ;ne. Chloro- Cyanure de
forme. phényle.
C. K., 1867, 2e Semestre, (T. LXV, «o 9.) 44
( 338 )
» Le cyanure de phényle ne peut pas être volatilisé sans décomposition.
Lorsqu'on le distille, la température se maintient quelque temps station-
naire à 167 degrés : cette température peut être considérée comme le point
d'ébullition du cyanure de phényle; mais bientôt le thermomètre monte
brusquement jusqu'à i'$o degrés, et il distille alors un liquide brnn sans
odeur : ce liquide se solidifie par refroidissement en une masse cristalline,
qu'on purifie facilement par l'alcool, mais dont je n'ai pas encore examiné
la nature.
» Le cyanure de phényle se distingue par la facilité avec laquelle il se
combine à d'autres cyanures : c'est surtout sa combinaison avec le cyanure
d'argent qui forme de beaux cristaux. Il est tout particulièrement caractérisé
par sa transformation sous l'influence des acides. Tandis qu'il est à peine
attaqué par les alcalis, il est décomposé par le simple contact des acides,
même dilués. Des acides concentrés donnent une réaction tellement vive,
que le liquide entre en ébullition. Après refroidissement, le mélange ne ren-
ferme que de l'acide formique et de l'aniline :
C7HSN -h 2H20 = CH202 + C6H7N
Cyanurede Acide Aniline,
pbényle. formique.
« On sait qu'au contraire le benzonitrile, isomère du nouveau corps,
est attaqué seulement avec lenteur par les acides, mais que les alcalis le
transforment rapidement en acides benzoïque et ammoniaque :
C'fFN + aH20 = C'H'œ ■+■ H3N
Cyanure Acide
de phényle. benzoïque.
» La métamorphose du benzonitrile en acide benzoïque, ainsi qu'en
général celle des nitriles en sels ammoniacaux correspondants, n'a pas
lieu d'un seul coup. Le benzonitrile, par la fixation de i molécule d'eau,
se change d'abord en benzamide :
CTH5N + H20 = C7H7NO
Bcnzoniirile. Benzamide.
» Dans notre nouvelle série isomère ne manquent pas non plus les termes
intermédiaires correspondant au benzamide. Dans le cas particulier qui
nous occupe, ce terme est la phényl-formamide ou formanilide, bien
connue par les recherches de Gerhardt :
CTHSN + H20 = C7H7NO
Cyanure Formanilide.
de phényle.
( 339 )
» Mais à côté du phényl-formamide figure en outre, dans notre nouvelle
série, un second produit intermédiaire qui n'a pas encore son représentant
parmi les dérivés du benzonitrile (i) : c'est la base bien définie que j'ai
décrite, il y a déjà quelque temps, sous le nom de mélhényl-diphényl-
diamine, et qu'on peut envisager comme une combinaison du nouveau
cyanure de phényle avec l'aniline. Les transformations qu'éprouve le cya-
nure de phényle sous l'influence de l'eau s'accomplissent donc dans la
succession exprimée par les équations suivantes :
C^H,0N- + 2H-O = CH202 -l- C,3HI2N2
1 molécules Acide loi inique. Mclhényl-
cyanure de phényle. diphényl-diumino.
C'3H,2N2 -f- H20 = C7H7NO 4- C°H7N
Méthényl- Phunyl-forraamide. Aniline.
diphényl-diamine.
CTITNO + HaO = CH202 + C6H'N
Phényl-formamide. Acide formique. Aniline.
» Un simple coup d'ceil jeté sur ces formules montre que la décompo-
sition du nouveau cyanure de phényl se fait d'une manière complètement
analogue à celle du cyanate de phényle, que j'ai examinée dans des recher-
ches antérieures :
C<«H,0N*Oa + aH20 _ CHu>0:, + c,3H,2N20
2 molécules Hydrate Urée
cyanate de phényle. carbonique. diphénylique.
C,3H,2N20 -+- H20 = C7H7N02 + C6H7N
Urée Carbonate anhydre Aniline,
diphénylique. d'aniline.
C'H'NO2 + H20 = CH203 + C6H7N
Carbonate anhydre Hydrate Aniline,
d'aniline. carbonique.
» En terminant, permettez-moi d'ajouter que j'ai fait agir le chloro-
forme sur l'éthylamine, l'amybimine et la toluidine, et que ces expériences,
(1) Dans son dernier travail, Gerhardt s'est occupé de l'action du perchlorure de phos-
phore sur les amides. Parmi les résultats que M. Cahoursa publiés après la mort de l'auteur,
je trouve que Gerhardt, en traitant la benzanilide par le perchlorure de phosphore, avait
obtenu un chlorure de benzanilide C'fiPNCl. Ce corps lui avait fourni, par l'action de
I ammoniaque, une combinaison cristalline. Il est presque certain que cette substance est
l'isomère de la méthenyl-diphényl-diamine CH^NCl -f- H3N = CI3H"N3 -f- HCI.
44-.
( 34o )
comme on pouvait s'y attendre, m'ont conduit à observer des phénomènes
tout à fait analogues. J'espère pouvoir vous entretenir très-prochainement
de ces résultats. Il n'est pas nécessaire de faire remarquer que cette même
réaction pourrait être appliquée à d'antres dérivés de l'ammoniaque, aux
amides, aux diamines, aux triamines, et même à quelques-uns des alca-
loïdes naturels : ou entrevoit ainsi toute une série de combinaisons. Je me
propose de soumettre à une étude particulière quelques-uns de ces corps,
dont la composition et les propriétés sont d'ailleurs bien fixées d'avance
par la théorie. »
MÉMOIRES LUS.
HISTOIRE DES SCIENCES. — Discussion de l'authenticité îles pièces présentées
récemment à i Académie comme provenant de Pascal et de ses deux sœurs.
Note de M. Fauc.ère.
« M. le Président a bien voulu me prier, au nom de l'Académie des
Sciences, de lui faire connaître les motifs sur lesquels je me fonde pour
ne pas admettre l'authenticité des documents qu'un illustre géomètre, votre
confrère, présente comme émanés de Pascal et de ses sœurs. Je ne saurais
mieux répondre au désir de l'Académie qu'en résumant les observations
que j'ai eu l'honneur de soumettre, le 19 de ce mois, à la Commission qui
avait d'abord été chargée d'examiner la question.
» A mon avis, il y a trois ordres de preuves à considérer :
» i° Les documents dont il s'agit étant donnés comme des originaux
autographes, et cette qualité supposée étant le principal, sinon le seul argu-
ment invoqué à l'appui de leur authenticité et de leur valeur, il me semble
que la première chose à faire, et la plus essentielle, doit être une vérification
d'écriture. A cet égard j'ose croire que l'on peut s'en rapporter au témoi-
gnage de quelqu'un qui a eu pendant quinze mois chez lui le manuscrit
des Pensées de Pascal, et a passé la plus grande partie de ce temps à le.
déchiffrer et à l'étudier.
n A défaut de ce manuscrit, que chacun d'ailleurs peut aller consulter
à la Bibliothèque impériale, j'ai mis sous les yeux des Membres de la Com-
mission divers fragments, également authentiques, du grand écrivain, et
particulièrement une signature mise au bas d'une quittance passée devant
notaire. Je regrette que, pressés par l'heure qui les appelait à la séance
publique, ou ne se jugeant pas compétents pour une comparaison d'écri-
tures, ils n'aient pu accorder au fait matériel qui leur était soumis toute
l'attention qu'il comportait.
( 34i )
» Cependant la vérification est ici d'autant plus facile, même pour les
yeux les moins exercés, que le fabricateur de ces documents ne s'est pas
astreint, ainsi qu'il arrive ordinairement, à contrefaire ou à imiter l'écriture
de Pascal. Agissant avec un sans-façon inouï, il s'est contenté de donner à
son écriture un caractère plus ou moins ancien, et d'employer une ortho-
graphe à peu près conforme à celle du temps de Pascal. C'est ce qui explique
comment il lui a été possible d'écrire un si grand nombre de lettres et de
notes : ce n'était plus pour lui qu'une affaire d'imagination. Le faussaire a
pris, comme de raison, du vieux papier, et c'était sans aucun doute pour
lui la plus- grande difficulté; mais, malgré toute son industrie, il n'est point
parvenu à consommer, entre une encre nécessairement nouvelle et un
papier ancien, cette combinaison que le temps seul peut produire; l'aspect
de l'encre, tantôt fraîche encore, tantôt jaunie outre mesure par un pro-
cédé mal déguisé, suffirait seul pour montrer la fraude.
» J'ajouterai, pour en finir sur ce premier ordre de preuves, qu'il suffit
de rapprocher les lettres attribuées aux sœurs de Pascal de celles qui sont
attribuées à Pascal lui-même, pour voir qu'elles sont toutes l'œuvre d'une
seule et même main. Je m'abstiens, par respect pour l'illustre et grave com-
pagnie h laquelle ces observations sont adressées, de relever une foule de
détails minutieux, de petites supercheries qu'il serait facile de signaler et
qui contribueraient à mettre en tout leur jour les preuves matérielles de la
falsification. Un pareil exposé ne serait d'ailleurs possible et utile que si
chacun des Membres de l'Académie pouvait avoir sous les yeux les pièces
elles-mêmes. A ce propos, je renouvellerai ici le vœu que j'ai exprimé dans
la Commission, que M. Chasles veuille bien joindre des fac-similé aux docu-
ments qu'il croira devoir publier.
» 20 Le second ordre de preuves se tire, suivant moi, des invraisem-
blances qui, au point de vue de la science, ressortent du fond même des
documents présentés.
» Ainsi que j'ai eu l'honneur de le dire au sein de la Commission, c'est
aux hommes éminents que l'Académie compte dans ses rangs qu'il appar-
tient de juger si, à un moment donné de l'histoire de la science, avec les
ressources alors acquises, telle ou telle grande découverte pouvait être
faite; ou si, au contraire, il y avait dans la succession et pour ainsi dire
dans l'échelle des travaux antérieurs des degrés qui manquaient, de telle
sorte que cette découverte se trouvât alors inaccessible, même pour un
génie tel que celui de Pascal.
» Mais, tout en reconnaissant mon incompétence à cet égard, je me suis
( 342 )
permis de faire remarquer à la Commission combien il serait étrange que
Pascal eût découvert et affirmé la loi de la gravitation universelle alors
qu'il n'admettait même pas comme démontré le mouvement de la Terre
autour du Soleil! Cette opinion de Pascal, que Condorcet et Voltaire lui
ont injustement reprochée comme un effet de sa superstition ou de la crainte
que lui inspirait l'inquisition, provenait uniquement d'une raison sévère
qui ne se trouvait pas suffisamment éclairée pour se dire convaincue.
Voici en effet comment s'exprime Pascal, dans sa dix-huitième Provinciale,
en s'adressant aux Jésuites :
« Ce fut en vain que vous obtîntes contre Galilée ce décret de Rome
» qui condamnait son opinion touchant le mouvement de la Terre. Ce ne
» sera pas cela qui prouvera qu'elle demeure en repos; et si l'on avait des
» observations constantes qui prouvassent que cest elle qui tourne, tous les
» hommes ensemble ne l'empêcheraient pas de tourner, et ne s'empèche-
» raient pas de tourner aussi avec elle — »
» Si je ne puis aller plus loin dans le domaine de la science, qu'il me
soit permis d'entrer un instant dans celui de l'histoire anecdotique pour
prendre en quelque sorte sur le fait l'audacieux et fécond fabricateur qui
prétend abriter ses falsifications sous le grand nom de Pascal. Il s'agit de
l'une des Notes que Pascal aurait envoyées à Boyle en i652.
« On donne, est-il dit dans cette Note, comme un effet de la vertu at-
» tractive la mousse qui flotte sur une tasse de café, et qui se porte avec
». une précipitation très-sensible vers les bords du vase.... » Une pareille
observation suppose que l'usage du café était déjà répandu en France du
temps de Pascal. Or, ce ne fut qu'en 1669, c'est-à-dire sept ans environ
après sa mort, que Soliman Aga, ambassadeur de Turquie auprès de
Louis XIV, introduisit dans la société parisienne l'usage du café.
» 3° Le dernier ordre de preuves sur lequel il me reste à m'expliquer
est tiré de l'examen du style. Ici toute l'industrie du faussaire a échoué .
comment contrefaire, en effet, le style de Pascal, cette expression nette,
substantielle, pure émanation de la pensée et du sentiment, empreinte
d'une puissance, d'une originalité toujours vivante? J'abuserais de l'atten-
tion de l'Académie en examinant une à une les Notes et surtout les Lettres
attribuées à Pascal. Je dois me borner à signaler sa prétendue correspon-
dance avec Newton alors ignoré et confondu dans la foule des enfants de
son âge. A part même les invraisemblances qui se présentent de toutes parts
pour mettre cette correspondance dans le domaine de la fiction et du ro-
man, il suffirait du style pour prouver jusqu'à la dernière évidence que
( 343 )
cette correspondance est l'œuvre d'un faussaire. Je laisse à nos voisins
d'outre-Manche le soin de nous dire si Newton écrivait en fiançais à un
âge surtout où très-probablement il n'avait guère écrit dans sa propre
langue. Je m'en tiens aux Lettres qui lui auraient été écrites par Pascal.
Voici par exemple comment il s'exprime dans celle qu'il aurait adressée, le
20 mai i654, à Newton qui n'avait qu'un peu plus de onze ans :
« Je vous envoie divers problèmes afin d'exercer votre génie. Je vous
» prierai m'en dire votre sentiment. Il ne faudrait pas cependant, mon
» jeune ami, fatiguer trop votre jeune imagination. Travaillez, étudiez;
» mais que cela se fasse avec modération Je vous parle par expérience;
» car moi aussi dès ma jeunesse j'avais hâte d'apprendre, et rien ne pouvait
» arrêter ma jeune intelligence, si je puis parler ainsi — Je ne vous dis point
» cela, mon jeune ami, pour vous détourner de vos études, mais pour vous
» engager à étudier modérément. Les connaissances insensiblement et avec le
» temps. Ce sont les plus stables »
» Ainsi, d'une part, Pascal enverrait à un enfant des problèmes pour
exercer son génie, et lui imposerait la charge bien lourde, on en convien-
dra, de les examiner et de lui en dire son sentiment, et d'une autre part
il lui recommanderait d'étudier modérément Comment reconnaître en
tout cela la logique et le langage de l'auteur des Provinciales? S'il est vrai
que le style est l'homme, je croirais volontiers que celui qui a écrit ces
lettres, loin d'être Pascal, ne serait pas même de nationalité française.
» I^a Lettre qui suit est encore plus étrangère, s'il est possible, au carac-
tère intellectuel et moral de Pascal. Le 1 mai 1 655, il aurait écrit à Newton :
« Ce que l'on m'a raconté de votre génie précoce m'a rappelé d'heureux
» souvenirs de mon enfance. Quil était beau cet dc/e où, ayant entendu faire
» l'éloge de quelques grands hommes, j'aspirais à marcher sur leurs traces.
» Et maintenant je me dis : heureux celui dont l'imagination est vive,
» agissante, et qui a la noble ardeur de vouloir s'élever à la gloire! Ces violents
» transports qui nous portent à souhaiter de la réputation sont des préjugés
» avantageux qui annoncent qu'on le méritera un jour. Mon jeune ami,
» retenez bien ce que je vais vous dire : tout homme gui n aspire pas à se faire
» un nom n'exécutera jamais rien de grand, etc. »
» Cette phraséologie de lieux communs ne fut jamais à l'usage de
Pascal. Non-seulement le faussaire se trouve ici pris au piège de son
propre style, mais il ignore que ce véhément amour de la gloire et de la
réputation était absolument incompatible avec le détachement de toutes
les choses du monde dont Pascal avait fait désormais ia règle suprême de
( -344 )
sa vie; il oublie que le a3 novembre précédent Pascal avait tracé la page
célèbre qui fut trouvée dans la doublure de son habit après sa mort, et où
on lit ces mots : « Oubli du monde et de tout, hormis Dieu ! » A cette
époque de sa vie, Pascal, entrant de plus en plus et pour toujours dans
l'étroit sentier de la religion austère, ne considérait plus les travaux ma-
thématiques qu'avec une sorte de dédain, et il n'était guère d'humeur à
vanter la gloire humaine, ainsi que l'eût pu faire un professeur appelé à
exciter l'émulation de ses élèves, un jour de distribution de prix.
« Il me serait facile de m'étendre sur ces rapprochements, en faisant
d'autres citations non moins significatives. J'aurais beaucoup à dire en-
core pour compléter cet exposé, mais je craindrais d'abuser des moments
que l'Académie veut bien m'accorder. Un dernier mot cependant. Un de
vos éminents confrères a été d'avis que la Commission ne pouvait agir
utilement, du moment que M. Chasles ne croyait pas devoir faire connaître
de qui il tenait les documents dont l'authenticité était mise en doute. As-
surément, il y aurait dans une pareille déclaration un élément précieux
d'information; mais que l'Académie, qui a adopté la manière de voir de
M. Le Verrier, me permette de dire qu'à la tin comme au commencement
de ce débat, il y a une opération toujours opportune, ou pour mieux dire
indispensable : c'est la comparaison des écritures. Cet examen, qui pour-
rait être fait par les soins de la Bibliothèque impériale, ne réclamerait que
quelques instants et serait décisif.
» On se trouve ici en présence d'une falsification sans exemple par son
audace et par son ampleur; elle ressemble à un vaste complot, tant le
faussaire a employé d'art et d'industrie à combiner toutes les parties de
son œuvre coupable. Mais malgré son habileté et son savoir, il n'aura
réussi qu'à surprendre un moment la loyauté et la bonne foi. La moralité
publique, encore plus que l'intérêt de la science, exige que la lumière se
fasse le plus tôt possible, de manière à frapper tous les yeux; je serais heu-
reux si mes faibles efforts y avaient contribué, et je remercie l'Académie
d'avoir bien voulu les encourager. »
( 345 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
OHiMlii. — Recherches sur la constitution chimique des composés fluorés et sur
l'isolement du jluor; par M. Prit.
M. Dumas, en transmettant ce Mémoire, en fait connaître l'objet dans
la Lettre suivante adressée à M. le Président de l'Académie :
« Permettez que je vous adresse le Mémoire de M. Prat sur le fluor,
en vous priant d'en confier l'examen à une Commission qui répéterait les
expériences annoncées et qui ferait opérer, au besoin, M. Prat devant
elle.
» M. Prat pense qu'on s'est trompé jusqu'ici sur la composition des fluo-
rures et sur la théorie du fluor.
>- Il considère les fluorures comme des oxyfluorures, et par conséquent
l'équivalent du fluor comme bien plus élevé qu'on ne l'avait supposé.
» En effet, M. Prat représente le fluorure de calcium par :
2 équivalents de calcium , 4°;°
i d'oxygène 8,0
1 du fluor nouveau 29>6
77>6
ce qui s'accorde avec les analyses du fluorure de calcium connues, puis-
qu'on a 5 1,5 de calcium pour 100 de fluorure.
» En doublant l'équivalent ancien du fluor 19, on aurait 38, c'est-
à-dire à peu près la somme des équivalents de l'oxygène 8 et du nouveau
fluor 29,6 = 37,6.
» Selon M. Prat, pour obtenir le nouveau fluor, il suffit de chauffer le
fluorure de calcium, par exemple, avec du chlorate ou plutôt du perchlo-
rate de potasse; car ce n'est qu'après la formation de ce dernier sel que
la réaction a lieu.
» Il se dégage de l'oxygène et un produit que l'argent absorbe. Le com-
posé ainsi formé est le fluorure d'argent, insoluble dans l'eau, soluble
dans l'ammoniaque, d'où il est précipité par l'acide azotique, et qui s'al-
tère à la lumière plus rapidement que le chiot ure d'argent. Le chlore et
l'oxygène ne l'attaquent pas, même au point de fusion du fluorure.
» Il est décomposé par la potasse, au rouge naissant, ce qui a permis de
C. R. , 1867, ae Semestre. (T. LXV, N» 9.) 45
( 346 )
l'analyser; il contient :
Argent 0,785 108,0 1 cquiv
Fluor o,2i5 29>6 1 cquiv.
Fluorure 1,000 ^7,0
» Ce fluorure d'argent insoluble et très-stable, ayant beaucoup d'ana-
logie avec le chlorure et les corps de la même famille, diffère essentielle-
ment du fluorure d'argent soluble des chimistes, lequel serait, d'après
M. Prat, un composé de
AgFl, AgO, HO, à l'état d'hydrate;
AgFl, AgO, à l'état anhydre.
» Le fluor se combine avec le chlore. Pour obtenir ce composé, il suffit
de verser l'acide fluorhydrique des chimistes, en dissolution faible, dans
une solution d'acide hypochloreux; il se forme
FI H, HO + CIO = 2HO + FI Cl.
» Le fluorure de chlore est gazeux, d'une couleur plus intense que celle
du chlore; il convertit l'argent en un mélange de chlorure et de fluorure.
» Le fluor s'obtient, d'après M. Prat, en chauffant le fluorure de plomb
des chimistes (1 partie), soit avec du nitre (5 parties), soit avec du bioxyde
de manganèse (2 parties). Il se dégage de l'oxygène et du fluor. Il faut
opérer dans un alambic de platine. On arrête l'oxygène au passage sur des
fragments de baryte chauffée.
» Le fluor est gazeux, presque incolore, d'une odeur chlorée, très-visi-
blement fumant à l'air, incombustible, plus lourd que l'air. Il décolore
l'indigo, rougit et décolore le tournesol.
» L'ammoniaque produit des fumées au contact du fluor et en signale
des tracts.
» Il décompose l'eau sur-le-champ à la température ordinaire.
» Il se combine à l'hydrogène à la lumière diffuse.
» Le fluor décompose le gaz chlorhydrique ; il élimine le brome et
l'iode de leurs composés.
» Le fluor s'unit au bore et au silicium, à tous les métaux des cinq pre-
mières sections, et, s'il agit sur l'or et le platine, son action réclame une
nouvelle étude.
» J'ai résumé dans cet exposé ce qui me semble caractéristique et essen-
tiel dans le travail de M. Prat. Il y a longtemps qu'il m'en a fait connaître
( 3',7 )
1rs premiers résultats, et je vois qu'il a poursuivi cette étude, comme je le
lui avais conseillé, sans se presser d'appeler trop vivement sur elle l'atten-
tion des chimistes.
» Qu'on puisse accepter sans discussion l'opinion de M. Prat, et que
ses expériences ne semblent pas susceptibles d'une autre interprétation, je
suis loin de le soutenir. Il serait facile de trouver dans les recherches de
M. de Marignac et dans bien d'autres considérations des raisons de douter.
» Mais l'enchaînement des faits, les études patientes qui les mit mis en
évidence aux yeux de l'auteur, la réserve même avec laquelle il expose
son travail, préviennent en sa faveur et m'autorisent à demander qu'une
Commission soit appelée à en dire son avis. Tout en désirant qu'il ait bien
vu et que le problème du fluor soit enfin résolu, tant qu'on n'aura pas con-
trôlé avec soin les faits sur lesquels il s'appuie, je m'abstiendrai de me
prononcer, et je réserve mon opinion. ><
M. le Président renvoie l'examen du travail de M. Prat à la Section de
Chimie : cet examen présentera d'autant plus d'intérêt que plusieurs chi-
mistes, notamment M. Nicklès, s'occupent du même sujet, et que M. Fremy,
il y a plusieurs années, a insisté sur la réaction du fluorure de calcium mis
en contact, d'une part, avec le gaz oxygène, et, d'une autre part, avec le
chlore, réaction qui, au jugement de M. Fremy, semble assigner au fluorure
une composition binaire et non ternaire, comme le pense M. Prat.
CHIMIE APPLIQUÉE — Sur une matière explosible brûlant comme la poudre
ordinaire et obtenue par l'action du chlorate et du nitrate de potasse sur la
colle ordinaire. Deuxième Note de M. Pool : Procédés pour obtenir des
mélanges qui ne soient ni déliquescents ni hjcjroscopiaues. (Extrait.)
(Renvoyé comme la première partie à l'examen de la Section de Chimie.)
« Premier procédé. — Après que la colle est lavée à l'eau froide, on la
chauffe doucement avec un peu d'acide nitrique; on évapore de nouveau,
on reprend à l'eau et on ajoute du carbonate de baryte pour neutraliser
l'acide. Un excès de BaOCO2 donne au mélange l'odeur des corps orga-
niques de la série des aminés. La baryte en excès s'empare des matières
hydrocarboniques et permet le dégagement de la matière azotée.
» On évapore à sec en ajoutant le soufre; on reprend de nouveau à l'eau
et l'on ajoute le nitrate nécessaire. J'ai pris la proportion de 2 parties
d'albuminoïde, de 1 partie de soufre et de 6 parties de nitrate de potasse
45..
( 348 )
» Deuxième procédé, sans acide. — On fond la colle à l'eau chaude. On
ajoute la moitié dn nitrate, après quoi on ajoute le soufre. On observera
que le soufre se prend aisément en masse avec l'albuminoïde. On chauffe
jusqu'à ce que la masse soit devenue une pâte homogène; c'est alors que
l'on ajoute l'autre moitié du nitrate.
» Ces deux mélanges sans chlorate ne peuvent donner qu'une combus-
tion lente, et comme il n'y entre point de charbon libre ils peuvent être
mêlés à la poudre ordinaire.
» J'ai essayé i partie dn mélange et 5 parties de poudre ordinaire
» Nos mélanges explosibles, en raison de la modicité de leur prix, pour-
ront être appliqués avec avantage aux feux d'artifice. On changera les pro-
portions selon le but qu'on se proposera d'atteindre. J'ai observé que la
couleur de strontiane est très-facile à obtenir de ces mélanges. Ainsi on
peut prendre : d'une pari 3 parties de nitrate de strontiate et i partie de
charbon; de l'autre 5 parties de colle, 7 de nitrate et 5 de chlorate de po-
tasse. 11 ne serait pas sans intérêt de voir ce que donneraient les autres
colorants, tels que la baryte, le cuivre, etc. »
M. Lespadin soumet au jugement de l'Académie une invention qui lui
semble de nature à faciliter les mouvements d'une armée en campagne et
à épargner, dans des circonstances qui se présentent assez fréquemment, la
vie des soldats.
Cette invention consiste à leur fournir certains retranchements artificiels
quand la nature des lieux leur refuse ceux que fournirait un pli de terrain
ou tout autre abri qui les mettrait à couvert jusqu'au moment d'aborder
l'ennemi.
Deux planches photographiées accompagnent cette Note et représentent,
l'une l'extérieur pris de face d'un fort portatif tout monté, l'antre la coupe
intérieure d'une chambre destinée à loger deux canons.
(Renvoi à la Section de Mécanique, qui jugera s'il y a, dans cette invention,
quelque fait nouveau qui soit du domaine de l'Académie des Sciences.)
CORRESPONDANCE .
M. Milne Edwards présente un travail de M. Fan der Hoeven sur le
Menobranchus , Batracien pérennibranche dont l'histoire offre beaucoup
d'intérêt.
( 349 )
MONNAIES. — Sur' le système métrique et son application aux monnaies.
Deuxième Note de M. Léon, présentée par M. Mathieu au nom de
M. Chasles.
« L'auteur de cette Note, après une discussion assez étendue, croit avoir
démontré :
» i°Qiie la combinaison qui consisterait à prendre pour unité monétaire
la fraction |y de gramme d'or, ou le poids de igr-|-f ,.est absolument inad-
missible;
» i° Qu'il est très-facile de maintenir dans les monnaies toutes les con-
ditions de notre système général de mesures, en substituant simplement le
gramme d'or au gramme d'argent, qui a été depuis l'an III notre véritable
unité monétaire. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une synthèse du toluène diélhylé. Note de
MM. Lippman.v et LouguiniiVe, présentée par M. Balar.d.
« M. Fittig, grâce à sa belle méthode de la synthèse des hydrocarbures
aromatiques, étant parvenu à produire un homologue supérieur du cymène,
l'amyl-phényle, il nous a paru intéressant de trouver une nouvelle mé-
thode pour compléter la réalisation des isoméries possibles dans la série des
hydrocarbures aromatiques, et de trouver en même temps une indication,
ne fût-ce que négative, sur la constitution du radical atnyle. Pour cela,
nous faisons réagir le chlorobenzol sur le zinc-éthyle. Dans le cas spé-
cial dont nous parlons aujourd'hui, nous sommes parvenus à produire
un corps isomère de celui de M. Fittig, et, de plus, nous croyons pouvoir
indiquer une méthode générale applicable à la production de tout un groupe
de corps isomères ou homologues de celui que nous décrivons présente-
ment. La réaction qui donne naissance au nouveau corps est la suivante :
C6H5.C Cl+Zn [ Xrr- =C6HS.C G5rF-HZnCP
( H I G H H
Chlorobenzol. Toluène-diéthyle.
» En employant du zinc-méthyle ou du zinc-amyle au lieu de zinc-éthvle,
on peut obtenir évidemment des homologues des corps que nous décrivons.
L'application de la même méthode au xylène dichloré donnera des corps
isomères, mais non identiques avec ceux du groupe que nous venons d'in-
diquer. Nous avons commencé par étudier les conditions de la réaction en
faisant réagir de petites quantités de chlorobenzol et de zinc-éthyle prépa-
( 35o)
rées d'après les méthodes ordinaires. La réaction fut tellement violente
dans ces conditions, que nous nous vîmes dans la nécessité de la modérer
en dissolvant le chlorobenzol ainsi que le zinc-éthyle dans une quantité
notable (de quatre à cinq fois le poids du chlorobenzol et du zinc-éthyle)
de benzine pure. Le chlorobenzol dissous dans la benzine fut mis dans un
ballon et entouré d'un mélange réfrigérant de glace et de sel. Le zinc-éthyle,
également dissous dans la benzine, fut ajouté en petites portions, de ma-
nière que la réaction ne fût pas trop violente. Nous avons ajouté de cette
manière un excès de zinc-éthyle comparativement à la quantité exigée par
la théorie, pour être sûrs de la transformation complète du chlorobenzol.
» La réaction achevée, nous avons vu que le contenu du ballon était
pris en une masse blanche et solide qui était imbibée de benzine et d'un
liquide ayant une odeur distincte de celle de la benzine. Pour séparer le
liquide de la masse solide, le contenu du ballon fut traité par une dissolu-
tion d'acide chlorhydrique pour dissoudre le chlorure et l'oxyde de zinc
(provenant de traces d'humidité).
» La couche huileuse qui se sépare de la partie aqueuse après cette opé-
ration est composée d'un mélange de benzine et de notre hydrocarbure.
Après l'après desséché avec du chlorure de calcium fondu, nous avons
séparé la plus grande quantité de la benzine par une distillation au bain-
marie. En distillant sur du sodium le liquide restant, nous sommes par-
venus à détruire en grande partie les matières oxygénée-, qu'il contenait
encore.
» Une distillation fractionnée nous a donné une quantité notable du
liquide passant entre i 80-1 85 degrés centigrades. L'analyse de ce coi ps
nous a donné les résultats suivants :
Expérience. Théorie pour C"H".
1 0 = 87,4 H=io,9 C = 8g,i M=io,8
II 0=87,6 H = 11,0
III 0 = 87,4 H = 11,1
IV 0 = 87,7 H = n,i
» Il était évident que nous n'avions pas encore une substance suffisam-
ment pure. La trop petite quantité de carbone que nous avons trouvée
peut être expliquée par la présence de matières oxygénées ou chlorées qui
n'ont pas pu être enlevées par les distillations du liquide sur du sodium. Pour
purifier complètement notre corps, nous l'avons chaulfé pendant trois ou
quatre jours en tube scellé à 200 degrés avec du sodium, en changeant ce
dernier jusqu'à ce qu'il restât parfaitement intact. Après cette opération,
( 35, )
le liquide distillait entre 175 et 180 degrés centigrades. La plus grande
quantité du liquide a été recueillie à 178 degrés centigrades, et soumise
à l'analyse, qui nous a donné les nombres suivants :
Trouvé.
Calculé pourO'H18.
I
TI.
C — 88,9 H— 10,9
.. C— 88,7 H— 11,0
C = 89,I H =10,
» Ces nombres nous conduisent à la formule C" H'6. Pour la confirmer,
nous avons pris la densité de vapeur du liquide distillant a 178 degrés.
Elle a été trouvée égale à 5,i 107; la théorie exige 5, 1-245.
» Le corps que nous avons obtenu est un liquide incolore ayant une
odeur aromatique; il est plus léger que l'eau, sa densité à zéro étant égale
à 0,8751. Nous avons nommé ce corps loluène-diéthyle, parce que son ori-
gine nous prouve que c'est du toluène (méthyl-phényle) dans lequel 2 hy-
drogènes du méthyle ont été remplacés par 2 éthyles. Le point d'ébullition
de l'amybphényle par Fittig diffère de i5 degrés de celui du toluène-dié-
thyle; il est égal à ip,3 degrés centigrades. Une aussi grande différence
entre le point d'ébullition de ces deux corps nous permet de conclure
qu'ils sont isomères et non identiques. Nous en concluons également que
la constitution de l'amyle ordinaire est différente de celle du groupe
( G2H5
C ] G*H5 qui se trouve combinée au phényle dans le corps que nous avons
( H
décrit. Une tentative que nous avons faite d'appliquer notre méthode à la
série grasse en faisant réagir le zinc-éthyle sur le chlorure d'éthyle chloré
(identique, d'après les recherches de M. Beilstein, avec le chlorure d'étbyli-
dène) ne nous a pas donné l'hydrocarbure CH14, hydrure d'hexyle ou
son isomère, que la théorie faisait prévoir, mais seulement des gaz, surtout
de l'éthylène.
» Ces recherches, que nous comptons continuer, ont été faites dans le
laboratoire de M. Wurtz. »
chimie ORGANIQUE. — Sur la formation de l'acide succinique en partant du
clilomre d 'élliylidène. Note de M. Maxwell Simpson, présentée pai
M. Balard.
« Il y a quelques années, j'ai trouvé qu'en traitant le bromure d'éthy-
lène successivement par le cyanure de potassium et par la potasse caustique,
( 352 )
on obtient l'acide succinique ordinaire (i). Cette réaction a été confirmée
depuis par M. Gentlier, qui a remplacé le bromure par le chlorure d'éthy-
lène (2).
» Il m'a semblé qu'il serait intéressant de s'assurer si le chlorure d'éthy-
lidène, soumis au même traitement, fournirait le même acide, ou bien
seulement un isomère. On serait naturellement porté à s'attendre à ce der-
nier résultat, puisque la constitution du chlorure d'éthylidène est diffé-
rente de celle du chlorure d'éthylène. Les formules suivantes rendront
claires cette isomérie des deux chlorures et la constitution probable de
l'acide isomérique qui pourrait en dériver :
CrPCy CHs(CGOH)'
(Chlorure
dVlhylène.
CH3
CrPCy
Cyanure
d'éthylène.
CH3
CrP(COOH)'
Acide succinique
ordinaire.
CH3
CHC1S
Chlorure
d'éthylidène.
CHCy2
Cyanure
d'éthylidène.
CH(CQOH)2
Acide isomérique.
» Il faut observer que dans la transformation du chlorure d'éthylène en
acide succinique ordinaire, le groupe C0OH prend la place de chaque
groupe cyanogène. Dans la transformation du cyanure d'éthylidène, on
pouvait supposer que chaque groupe cyanogène étant remplacé de même,
il se formerait un isomérique.
» C'est pour vérifier cette hypothèse que les expériences suivantes ont
été exécutées.
» On a mélangé 1 molécule de chlorure d'éthyle chloré, corps iden-
tique avec le chlorure d'éthylidène, avec 2 molécules de cyanure de potas-
sium et avec une grande quantité d'alcool. Le tout a été chauffé, dans un
matras scellé, pendant vingt-sept heures;» une température s'élevant de 160
à 180 degrés centigrades. On s'était assuré d'avance qu'une température
élevée était nécessaire pour déterminer la réaction. Au bout de ce temps
le matras a été ouvert et son contenu filtré. La liqueur filtrée a été traitée
par la potasse solide, à la température du bain-marie, aussi longtemps qu'il
s'est dégagé de l'ammoniaque.
(1) Philosopliical Transactions pour 1861.
(•2) Annalen der Chemic und Pharmacie, t. CXX, p. 268.
( 353 )
» On a ensuite distillé l'alcool et ajouté un excès d'acide azotique au
résidu. Ce dernier a enfin été évaporé à siccité à une basse température, et
l'acide organique libre a été dissous dans l'alcool. En le dissolvant dans
l'alcool absolu, et en le faisant cristalliser dans l'eau, on l'a obtenu pur. La
quantité obtenue n'a pas été très-considérable. Séché à ioo degrés, l'acide
a donné à l'analyse les nombres suivants :
Théorie. Trouvé.
C 48 40,67 40,86
Hfi 6 5,io 5,a5
ô1 64 54,23
118 100,00
•> Sa composition est donc celle de l'acide succinique. Les propriétés
suivantes prouvent assez que c'est l'acide succinique ordinaire. 11 fond à
179 degrés et se sublime sous forme d'aiguilles à une température plus
élevée. Les vapeurs, lorsqu'on les respire, provoquent la toux et une sen-
sation pénible dans les narines. L'acide neutralisé donne un abondant pré-
cipité lorsqu'on y ajoute du perchlorure de fer. Cette dernière réaction a
été essayée avant et après le traitement par l'acide azotique, avec le même
résultat.
» La seule explication que je puisse donner de la formation de l'acide
succinique ordinaire dans la réaction que nous venons d'étudier, c'est que
le chlorure d'éthylidène, porté à une température élevée en présence du
cyanure de potassium, s'est transformé partiellement en chlorure d'éthy-
lène, 1 atome d'hydrogène ayant changé de place avec 1 atome de chlore :
CH'H CH'Cl
I = I
CHCI* CH'Cl.
» Depuis que ces lignes ont été écrites, j'ai appris que M. Wichelhaus (1)
a obtenu l'acide succinique isomérique du véritable, en le dérivant de
l'acide cyanopropionique. Les différences qui existent entre ce nouvel
acide et l'acide ordinaire sont très-marquées. Son point de fusion est de
/»o degrés inférieur, et neutralisé il ne donne pas de précipité avec le per-
chlorure de fer.
» Ce travail a été fait dans le laboratoire de M. Wurtz. »
(1) Zeitschriftfùr Chenue, nouvelle série, t. III, p. 247.
C. U. , 18G7, 2e Semestre. (T. LXV, IV 9.) \(j
( 354 )
chimie. — Nouvelles recherches sur Visomérie. Note de M. A. Oppexheim,
présentée par M. Balard.
« L'isomérie entre le protochlorure d'allyle et le propylène monochloré,
que j'ai prouvée antérieurement (i) par une différence de 20 degrés dans
leurs points d'ébullition et par la manière dont ils se comportent vis-à-vis
de l'éthylate de sonde, m'a paru digne d'être étudiée plus amplement.
» Parmi le grand nombre de réactions qui se présentent comme propres
à comparer les propriétés chimiques de ces deux corps, mon choix s'est
arrêté sur celles quiont permis à plusieurs savants de transformer des hydro-
carbures en alcools ou pseudo-alcools. J'ai pu ainsi, tout en faisant l'étude
à laquelle je voulais me livrer, élucider mieux qu'on ne l'a fait jusqu'à pré-
sent la question de savoir si les moyens qui permettent de passer d'un hy-
drocarbure non salure à son alcool ou pseudo-alcool, permettent aussi de
passer d'un chlorure non saturé à un alcool ou pseudo-alcool chloré.
» On connaît six séries de réactions qui peuvent servira transformer un
hydrocarbure en alcool. On y parvient en faisant agir l'acide iodhydrique,
l'acide sulfurique, le brome, l'eau oxygénée, l'acide hypochloreux et
l'acétate de chlore. Je me borne à décrire dans cette Note l'action des deux
premiers de ces réactifs.
» I. L'acide sulfurique agit sur le propylène chloré d'une manière très-
remarquable et tout à fait inattendue. La première goutte d'acide sulfu-
rique ordinaire qu'on fait tomber sur ce corps produit un torrent de gaz
acide chlorhydrique. La réaction est complète à froid ; mais il faut chauffer
légèrement le mélange, qui se colore à peine, pour chasser l'acide chlorhy-
drique absorbé.
» Il est évident que le propylène chloré est scindé de cette manière en
gaz chlorhydrique qui s'en va, et en hydrocarbure C'H* qui reste combiné
ou à une ou à deux molécules d'acide sulfurique. Cette combinaison con-
situe-t-elle de l'acide allyl-sulftirique? Dans ce cas, nous pouvons nous
attendre à produire par l'action de l'eau sur cet acide un pseudo-alcool
allylique, de la même manière que le propylène combiné à l'acide sulfu-
rique donne le pseudo-alcool propylique.
» Mais la réaction se passe d'une tout autre manière. Le mélange d'acide
sulfo-conjugué et d'acide sulfurique concentré ayant été étendu de 8 fois
son volume d'eau et distillé, produit un liquide qui, saturé avec du carbo-
(1) Comptes rendus, t. LXII, p. 1082.
( 355 )
natc de potassium, donne une huile surnageante qui n'est que de l'acétone.
En effet, elle en a le point d'ébullition (56 à 58 degrés) et l'odeur caracté-
ristique, la composition et la propriété de se combiner au bisulfite de soude.
Pour compléter la preuve que c'est de l'acétone et non pas de l'alcool ally-
lique, on l'a traitée avec de l'oxyde d'argent humide et on a constaté la
formation du formiate d'argent.
» Le chlorure d'amyle, la chlorhydrine du glycol, le chlorobenzyle
agissent de la même manière sur l'acide sùlfurique, en dégageant du gaz
chorhydrique. Ces chlorures se comportent donc comme des alcools dont
l'hydroxyle HO forme de l'eau avec un atome d'hydrogène de l'acide
sùlfurique, tandis que les deux restes se combinent pour former des acides
conjugués. La généralité de cette réaction peut devenir d'une grande im-
portance. On prévoit qu'elle nous permettra de transformer les homologues
du propylène chloré en corps analogues à l'acétone, dont la nature révélera
la constitution des hydrocarbures C"H2".
» Le chlorure d'allyle.se comporte d'une manière toute différente.
L'acide sùlfurique en carbonise une petite partie et se combine avec la
partie principale. Le produit, distillé au bain-marie avant l'addition de
l'eau, donne une petite portion d'un chlorure qui bout entre o,3 et 96 de-
grés, point d'édullition du vrai chlorure de propylène C3H6Cl2, et l'ana-
lyse donne des chiffres qui correspondent à cette formule. Une portion du
chlorure d'allvle s'était donc combinée à l'acide chlorhydrique mis en
liberté par la destruction d'une autre portion.
» L'éthylène brome se combine avec l'acide bromhvdrique pour former,
non pas du bromure d'éthylène, mais du bromure d'élhyhdène (bromure
d'éthyle brome). Cette observation, encore inédite, que son auteur, M. Re-
boul, veut bien me permettre de citer, comparée avec celle que je viens
de décrire, établit une nouvelle différence entre les hydrocarbures chlorés
C"H-"_'C1 et leurs isomères de la série allylique.
» Je reviens sur la portion principale de l'action de l'acide sùlfurique sur
le chlorure d'allvle. Distillé avec 8 fois son volume d'eau, il donne un
produit soluble qu'on sépare de l'eau en ajoutant du carbonate de potas-
sium. Il bout presque entièrement entre 126 et 128 degrés, et il contient
du chlore. L'analyse lui assigne la formule de l'alcool chloré C3H7ClO,
qui est aussi celle de la chlorhydrine du propylglycol. Son point d'ébulli-
tion et toutes ses propriétés prouvent qu'il est identique avec cette combi-
naison, qui, d'après M. Oser, bout à 127 degrés. La potasse solide le trans-
forme en oxyde de propylène bouillant à 35 degrés et présentant toutes
46..
( 356 )
les propriétés de l'oxyde de propylène ordinaire. Ainsi, chauffé avec une
solution de chlorure de magnésium, il précipite de la magnésie.
» La synthèse que je viens de décrire décide pour la seconde des deux
formules possibles de la chlorhydrine propylénique :
(CH3-CHC1-CH2H0) et (CH:1 - CH . HO - CH2C1) ;
car, quelle que soit la constitution du chlorure d'allyle, son chlore est
nécessairement combiné avec un atome de carbone extérieur et pas du
milieu.
» II. L'acide chlorhydrique se combinant directement avec le chlo-
rure d'allyle pour donner du chlorure de propylène, on a pensé que
l'acide iodhydrique forme avec ce corps le chloroiodure de propylène dé-
crit par M. Simpson. Mais ce résultat est empêché par la réaction connue
de l'acide iodhydrique en excès, qui, dans l'iodure formé, substitue de
l'hydrogène à l'iode. Le chlorure d'allyle, mis en contact avec de l'acide
iodhydrique concentré, s'échauffe en mettant de l'iode et de l'acide chlor-
hydrique en liberté, et en formant de l'iodure d'isopropyle. C'est ce que
prouvent le point d'ébullition (88-92 degrés) et l'analyse du produit formé.
On peut exprimer cette réaction par l'équation
C3H5C1 + 3HI = C3H7I + P + HC1.
Elle est analogue à l'action de l'acide iodhydrique sur l'iodure d'allyle dé-
crite par M. Simpson.
» Le propylène chloré se combine facilement avec l'acide iodhydrique
en solution concentrée. Il suffit, pour ce but, de chauffer ces deux corps
dans un mat ras scellé pendant plusieurs heures à 100 degrés. Le produit
est une huile lourde, peu colorée, qui se décompose par la distillation,
même dans le vide. Sous la pression de 1 centimètre, il passe entre i 10 et
i5o degrés. La portion recueillie entre 110 et i3o degrés donne à l'ana-
lyse des chiffres correspondants à la composition C3H5CIHI.
» Espérant de former un acétate chloré, on l'a chauffé avec un équiva-
lent d'acétate de potasse en solution alcoolique; mais le produit obtenu
contient de l'iode. Le même résultat fut obtenu avec de l'acétate d'argent,
le résidu contenant de l'iodure et du chlorure d'argent. Le chlore du pro-
pylène chloré, qui ne peut pas être enlevé par l'action des sels d'argent, en
sort donc aussitôt que ce chlorure, combiné à l'acide iodhydrique, est
soumis à l'action des sels d'argent ou de potasse.
» Le produit obtenu par l'action de 2 équivalents d'acétate d'argent
( 357 )
ne se présentant pas dans un état propre à l'analyse, on a essayé l'action
de 2 équivalents de benzoate d'argent sur l'iodochlornre. On espérait
produire ainsi un corps cristallisé dont la forme pouvait être comparée
avec le benzoate de propylène décrit par M. Mayer. Ce résultat a été at-
teint. L'action se fait à la température ordinaire avec beaucoup d'énergie.
La solution dans l'étber donne par l'évaporation de beaux cristaux inco-
lores d'une largeur qui dépasse quelquefois un centimètre. Leur apparence
diffère essentiellement du bibenzoate de propylène dont elles ont la compo-
sition centésimale. Des mesures cristallographiques, que je dois à l'obli-
geance de mon ami M. Friedel, et que je donnerai ailleurs, confirment cette
différence. Le benzoate de propylène cristallise en prismes rectangulaires
droits, tandis que son isomère se présente en octaèdres rectangulaires
obliques. L'eau les transforme en acide benzoïque et un liquide soluble qui
a l'odeur de l'acétone. La relation de ce benzoate avec l'acétone devient plus
évidente par l'étude du chloro-iodure qui sert à sa formation. En chauffant
le chloro-iodure avec de l'oxyde d'argent humide, on le transforme en acé-
tone. L'iode comme le chlore est donc combiné avec l'atome de carbone du
milieu, et les réactions décrites se passent de la manière suivante :
(CH3 - CCI - CH2) + Hl = (CH3 - CCII - CH3),
(CH3 - CCII - CH3 + Ag20 = (CH3 - CO - CH3) acétone.
» Dans le benzoate le chlore et l'iode sont remplacés par 2 molécules
du reste benzoïque C7H502. On peut donc évidemment regarder ce corps
comme une combinaison de l'acétone avec l'anhydride benzoïque, analogue
à la combinaison découverte par M. Geuther de l'aldéhyde avec l'anhy-
dride acétique.
» L'iodochlorure décrit plus haut est naturellement différent du chloro-
iodure de propylène obtenu par M. Simpson par l'action du chlorure d'iode
sur le propylène. Cette combinaison doit donner des éthers glycoliques avec
des sels d'argent et de l'oxyde de propylène ou du glycol propylénique
avec de l'oxyde d'argent humide. L'action de l'oxyde d'argent sur l'iodo-
chlorure d'éthylène a donné en effet à M. Simpson du glycol ordinaire (1).
» L'iodochlorure que je viens de décrire a la densité de 1,824 à zéro;
celui de M. Simpson a la densité de 1,932. Le premier correspond au mé-
thylchloracétol de M. Friedel, obtenu par l'action du perchlorure de phos-
phore sur l'acétone. Pour rester dans la nomenclature introduite parce
(1) Je dois ce fait inédit à une communication verbale de I'auteui
( 358 )
chimiste, on doit le désigner par le nom de méthyliodochloracétol, et le
benzoate correspondant par le nom de méthylbenzacétol.
» L'action du méthyliodochloracétol sur l'oxyde d'argent correspond
au fait décrit par M. PfaunJler, que le bromhydrate d'éthylène brome se
transforme en aldéhyde par l'action de l'acétate de potassium.
» Ces recherches augmentent de quelques faits nouveaux nos connais-
sances de l'isomérie. Elles offrent, dans la combinaison de l'anhydride ben-
zoïque avec l'acétone, l'exemple d'une nouvelle classe de composés, et dans
l'action de l'acide sulfurique sur les chlorures une réaction qui, peu
étudiée jusqu'à présent, promet des applications nombreuses et fertiles. »
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur l'influence de la chaleur sur le travail méca-
nique du muscle de la grenouille. Note de M. J. Chmoulevitch, transmise
par M. Bernard.
« En étudiant l'influence de la température sur les muscles en repos (i),
j'ai été porté à admettre que toutes les qualités physiques éprouvent de
très-grandes variations, même dans des limites très-restreintes de change-
ments de la température. Il était nature! d'admettre à priori que ces varia-
tions devaient aussi déterminer des changements dans leurs fonctions phy-
siologiques. C'est pourquoi je me suis proposé d'étudier l'influence de la
chaleur sur le travail mécanique du muscle.
» Pour faire l'expérience, le muscle gastro-cnémien de grenouille est
fixé par son tendon dans un vase contenant une solution de chlorure de
sodium (o,65 pour ioo grammes) de température voulue. L'insertion
supérieure du muscle est fixée au petit bras d'un levier mobile autour d'un
axe horizontal, dont le grand bras inscrit sur un cylindre tournant les
hauteurs auxquelles le poids appliqué au même bras est soulevé. J'ai obtenu
les résultats suivants :
» 1. Le travail mécanique du muscle s'accroît avec l'élévation delà
température jusqu'à 3o à 33 degrés, selon sa longueur et sa tension.
» 2. L'accroissement de la hauteur à laquelle le poids est soulevé pen-
dant l'élévation de la température est d'autant plus considérable que le
poids est plus petit.
» 3. Pour chaque muscle en action il existe une certaine tension pour
laquelle il conserve la même longueur à des températures différentes.
(i'i Les résultats sn:;t publiés en forme de notices préliminaires clans le Ccntralblatt fur
die medicinischen fVissenschaften, c> février 1S67.
( 359 )
» 4. En élevant la température d'un muscle à plus de 3o à 33 degrés, on
voit que son travail mécanique commence à diminuer rapidement, et on
arrive bientôt à un degré tel que, supportant un certain poids, il ne se
contracte plus ; son travail est alors égal à zéro ; je le désigne sous le nom
de travail zéro.
» 5. Le travail zéro arrive d'autant plus vite, que le muscle supporte un
poids plus grand. Cela prouve que la perte de la propriété du muscle de
se contracter à certaines températures n'est pas une suite d'une action
chimique de la température sur la substance du muscle, dans lequel cas
la température serait constante et ne changerait pas avec le poids; elle est
plutôt une suite d'un changement de rapports purement physiques des
molécules musculaires, produit par la haute température. En faveur -Je
cette opinion est encore le fait que :
» 6. On n'a qu'à abaisser la température pour remettre les molécules
dans leurs rapports normaux, et rendre ainsi au muscle la facullé de se
contracter. Une coagulation au contraire ne pourrait jamais se dissoudre
momentanément.
» 7. En faisant une série d'expériences avec le même muscle, c'est-à-dire
en l'échauffant jusqu'au travail zéro et en le refroidissant plusieurs fois de
suite, j'ai remarqué que l'ordonnée la plus grande, celle où les travaux
mécaniques cessent d'augmenter et commencent à diminuer, apparaît dans
chaque expérience suivante à une température plus basse. J'ai trouvé la
cause de ce phénomène dans le remarquable fait que le muscle s'épuise
beaucoup plus rapidement à une température élevée qu'à une température
basse. J'ai prouvé ce fait en faisant travailler deux muscles du même poids
(autant que possible) sous la même tension, sous la même irritation, mais
à des températures différentes; les ordonnées étaient au commencement à
la température la plus élevée toujours plus grandes qu'à la température la
plus basse, c'est-à-dire que le muscle soulevait le poids à une hauteur plus
grande; mais l'abscisse était toujours plus courte à la température la plus
élevée : cela veut dire qu'alors le muscle a toujours cessé de travailler
plus tôt. En conséquence de ce fait :
« 8. Le travail total du muscle est toujours plus grand à une basse qu'à
une haute température, toutes les autres conditions étant égales d'ailleurs.
» 9. L'explication de l'augmentation du travail mécanique pendant l'élé-
vation de la température se trouve dans ce fait, que l'élasticité du muscle
en action augmente avec l'élévation de la température. »
( 36o )
MÉTÉOROLOGIE. — Sur un météorographe ancien et sur la théorie du baro-
mètre statique. Note de 31. R. Il ad 41 , présentée par, M. d'Abbadie.
« 11 v a peut-être quelque intérêt à constater que l'idée de construire un
appareil enregistreur de toutes les circonstances atmosphériques date du
siècle dernier. On la trouve développée dans un long Mémoire de Magellan
sur les baromètres, qui a été publié en français dans le tome XIX (année
1782) des Obseivations sur la Physique de l'abbé Rozier, et en allemand sous
forme de livre (Leipzig, 1782). Magellan insiste sur l'utilité d'un appareil
où tous les instruments météorologiques se trouveraient réunis de manière
à tracer des courbes parallèles sur un même tableau entraîné par une hor-
loge; il décrit les différents instruments qu'il veut employer et en donne
les dessins. Comme barographe, il choisit le baromètre statique : c'est un
tube de verre suspendu par un fil à l'une des extrémités d'un levier hori-
zontal dont l'autre extrémité porte un contre-poids; le tube plonge dans un
bain de mercure; une longue aiguille verticale indique la pression sur un
cadran divisé. En adaptant à cet appareil un crayon ordinaire, on le trans-
forme en barographe. Magellan ajoute qu'on peut obtenir plus d'effet en
élargissant le haut du tube par une chambre renflée. Pour enregistrer la
température et l'humidité de l'air, il emploie un thermomètre métallique
et un hvgroscope en bois de Whitehurst. Pour la pluie et l'évaporation, il
se sert de deux appareils à flotteurs dont les tiges verticales sont munies de
crayons. La force du vent est enregistrée à l'aide d'un anémomètre de
pression, et la direction à l'aide d'une girouette qui agit sur un cylindre à
chevilles, comme dans l'anémographe très-ingénieux que d'Ons-en-Brav ;i
présenté à l'Académie des Sciences en 1734. Un porte-crayon attaché à un
flotteur écrit encore sur le même tableau les fluctuations des marées. Tel
est l'appareil que Magellan a décrit en 1782 sous le nom de météorographe
perpétuel.
» Le baromètre statique dont il se sert pour enregistrer les variations de
la pression atmosphérique mérite une attention spéciale. Inventé par
Samuel Morland vers 1670, cet instrument se trouve décrit dans les dic-
tionnaires de physique sous le nom steelyard-barometer (baromètre à
romaine). Hutton et Gehler le représentent sous la forme d'un tube sus-
pendu en équilibre au bras court d'un fléau dont le bras long parcourt un
arc divisé. La forme adoptée par Magellan constitue un perfectionnement
dû à ce physicien. En 1 791 , le R. Arthur Maguire imagina de soutenir le
tube flottant à l'aide d'un manchon de bois, de l'élargir par une chambre
(36, )
renflée et de fixer an sommet un crayon destiné à enregistrer la pression
sur un tableau mobile. Le dessin de cet appareil se trouve dans les Trans-
actions de l'Académie de Dublin , mais il ne paraît pas remplir les condi-
tions nécessaires à la stabilité de l'équilibre. Une dernière modification
consiste à fixer le tube et à rendre la cuvette mobile : c'est la forme qu'un
certain Coxe donna à un grand baromètre qu'il exposa à Londres, et qui
remontait sans cesse une horloge.
» La théorie du baromètre statique n'a encore été donnée que d'une
manière soit incomplète, soit inexacte; j'espère donc qu'il me sera permis
d'entrer à ce sujet dans quelques détails. Considérons d'abord un tube
suspendu en équilibre, sous l'influence d'une pression moyenne S, à l'ex-
trémité d'un fil qui s'enroule sur une poulie et qui est tendu par un contre-
poids : c'est le système de Magellan. Si la pression augmente de m milli-
mètres, le tube s'enfonce de p millimètres, et le mercure monte à
l'intérieur d'une quantité h = p -+- m. Le principe d'Archimède exige que
B/j = C/j, en désignant par C la section de la chambre barométrique, et
par B la section pleine de la partie immergée du tube. 11 s'ensuit que toute la
quantité de mercure Bp déplacée par la base du tube pénètre à l'intérieur;
le niveau de la cuvette n'éprouve aucune variation, et p représente l'abais-
sement absolu du tube. On voit d'ailleurs quep = -; le mouvement du
tube peut servir à amplifier la variation barométrique rn.
» Dans un tube de verre ordinaire on a toujours B>C, mais le rapport
des deux sections B et C peut être modifié à volonlé par l'emploi d'une
chambre renflée et d'un manchon. On pourrait ainsi obtenir que C fût
plus grand que B. Dans ce cas, l'équilibre serait instable. Il faudrait, en
effet, que le tube montât d'une quantité p = _ pour que l'équilibre
eût lieu sous la pression |3 -+- m; or, la pression naissante le rendrait plus
lourd et le ferait descendre; il s'éloignerait donc de la position d'équilibre
au lieu de s'en rapprocher.
» Si, la pression restant la même, on ajoute un poids zs au sommet du tube,
il enfonce de p millimètres, le mercure monte à l'intérieur d'une quantité
égale, et l'équilibre a lieu pour p [B — C) =ro. Dans la cuvette, le niveau
s'élève alors de n millimètres, et l'on a En = /j(B — C)=w, eu désignant
par E la section pleine de la cuvette. Il s'ensuit
i i \ n E — B-t-C
B — C E
C. R., 1867, 2° Semestre. (T. LXV, N» 9.) 47
( 362 )
c'est l'abaissement absolu du tube sous l'influence d'un poids sr. Une
pression m = i millimètre le ferait descendre d'une quantité égale à
c A
jÎZTc} un P°'ds
CE
n°-E-B+c'.
appliqué de bas en haut, le ferait remonter de la même quantité et neutra-
liserait l'effet delà pression; le poids zs0 représente donc la force motrice
produite par une augmentation de pression égale à i millimètre.
» J'appelle ici poids un volume de mercure; pour avoir tû0 en grammes,
il faudrait encore multiplier l'expression précédente par i ,36, en suppo-
sant B, C, E exprimés en centimètres carrés. Ceci posé, il est clair qu'un
poids quelconque zs équivaut à une pression — •
» Prenons maintenant le baromètre à balance du P. Secchi. Je suppose le
fléau formé de deux bras r, R qui font entre eux l'angle c; le bras r, incliné
sous l'angle a, porte le tube, le bras R est lesté d'un contre-poids II. Soit en-
core ix le produit du poids total de la balance par la distance de son centre
de gravité au point de suspension. Une rotation p de la balance abaisse le
sommet du tube d'une quantité rcosa.p, et produit un moment de rota-
tion [j.p qui équivaut à un poids — _J*£_- agissant au sommet du tube; c'est
comme si la pression m était diminuée de — — — • Par suite,
1 CT0./COS«
rcos
ou bien
ap — - — ? [m - — y,
r B — C \ ut r cos a j
-C
in = p [ — - — rcos a
ra„./'COS(7
» L'abaissement du niveau extérieur est n = — - }' — ; le tube s'enfonce au-
K/cosrt
dessous de ce niveau d'une quantité p = p ircosa — — \i et le mer-
cure monte à l'intérieur de h = p ■+■ m millimètres. Ici la section C peut
être plus grande que B, pourvu que le rapport m '. p reste positif. Lors-
qu'on peut admettre que le poids de la balance se concentre aux extrémi-
tés des bras /', R, on a encore
IlRsinc /B — C nRsinc
a = et m = p — - — rcos a H — —
1 COSrt ' \ C CTu/'COS'H,
On voit que le rapport m'.p varie avec l'inclinaison du fléau. On pourrait
( 363 )
le rendre constant en déterminant l'une ou l'autre des sections B, C par la
relation m. == A /s, qui donnerait (*)
nRsinc/ B^C\ ._ , ._,
r 1 36 h g— J — ACcos2«-f- (B — C)rcos3rt = o.
On aurait en même temps (par intégration suivant p ou directement)
/ • \ nRsinc,
p = r(sma — sma0) ^-(tanga - tang«0) et h = p+k(a — a0).
» En combinant une série de valeurs de p ou de h avec les valeurs cor-
respondantes de B ou de C qui résulteraient de la relation m = A/3, on dé-
terminerait complètement la forme du manchon ou celle de la chambre
barométrique, et la rotation p serait, alors proportionnelle à m. Dans un
baromètre à sections cylindriques, on diminuera le défaut de proportion-
nalité en rendant le bras r horizontal pour les pressions moyennes.
» Il me reste à considérer l'influence de la température. Je supposerai
que le tube, le manchon et la cuvette sont en fer, et je rapporterai la posi-
tion du sommet à un repère marqué sur une échelle qui est solidaire avec
la cuvette. Dans cette hypothèse, la correction thermométrique est la même
pour un barographe du système de Maguire et pour un baromètre à ba-
lance, pourvu toujours que la balance et le tableau mobile soient soli-
daires avec le support de la cuvette. La réduction à zéro, qu'il faut retran-
cher delà pression observée pour chaque degré centigrade, devient
fa-e)P + (f-3e)|-(9-3«)ï'ï=^
T est un volume de mercure dont le poids est égal à celui du tube (diminué
par le contre-poids); V est le volume de mercure contenu dans la cuvette
(supposée pleine jusqu'au niveau moyen du bain de mercure); les coeffi-
cients q et e sont les coefficients de dilatation du mercure et du fer,
17 = 0,000179, e = 0,000012. On voit qu'il sera toujours possible de dé-
terminer V de manière que la correction soit nulle pour une pression
moyenne |3, ou que le baromètre soit compensé; il suffira pour cela de
prendre
C \q~3e' C
(*) Cette formule coïnciderait avec celle à laquelle le R. P. Jullien est arrivé par une
autre voie (Annules de Tortolini, 1861), s'il n'avait pas basé son calcul sur une expression
inexacte de l'abaissement n du mercure extérieur. L'erreur n'est peu sensible que si la
cuvette est très-large par rapport à la section B.
47"
( 364 )
» On voit aussi que pour diminuer autant que possible l'influence de la
température sur le baromètre à balance, il faudra resserrer l'orifice de la
cuvette autour du tube et en élargir au contraire le fond, afin d'agrandir
le rapport -• En diminuant la surface E, on augmentera en même temps la
force motrice du baromètre; la force motrice ne croît avec E que lorsque
B<C. »
ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE COMPARÉES. — Sur l' Amphioxus. Note de
M. P. Bert, présentée par M. Ch. Robin.
« La présence de Y Amphioxus a été constatée, au mois de mars de cette
année, dans les sables vaseux du bassin d'Arcachon, par MM. Fillioux et
Lafont. C'est la première fois, à ma connaissance, qu'on l'a trouvé sur les
côtes océaniques de la France.
» Du mois de mars au mois de mai, tous les individus avaient les or-
ganes génitaux remplis d'œufs ou de spermatozoïdes à des degrés divers de
développement. A partir de ce moment, ces organes sont vidés et atrophiés.
Comme tous les Poissons, les Amphioxus sont aptes à la reproduction
bien avant d'avoir atteint leur taille définitive.
» Aucune différence ne peut être constatée entre le mâle et la femelle,
alors même que les poches génératrices sont remplies de leurs produits, à
moins de s'aider des instruments grossissants.
» Le nombre de ces poches est, dans les deux sexes, de vingt-deux à vingt-
six. Celui des masses musculaires est de soixante et une paires; mais celui
des intervalles branchiaux varie considérablement avec la taille, comme on
le savait depuis longtemps (individu long de 20 millimètres, g3 intervalles;
de 38 millimètres, 1 5 3 ) . Cette augmentation se fait aux deux extrémités
de l'appareil branchial; on s'en assure aisément en prenant pour point de
repère l'extrémité antérieure du foie, qui correspond toujours à la seizième
masse musculaire.
» Au delà du pore abdominal, les parois du' corps n'embrassent pas étroi-
tement l'intestin, comme le dit M. de Qnatrefages; j'ai, au contraire, véri-
fié l'assertion de J. Mùller, qui décrit un prolongement de la cavité péri-
tonéale allant jusqu'à l'anus; il est vrai que jamais les particules qui ont
traversé le réseau branchial ne s'engagent dans cette voie, qu'oblitèrent
souvent les contractions des parois du corps.
» Par contre, je ne puis admettre l'existence du canal latéral, prolonga-
( 365 )
tion de la cavité générale, qui, selon divers anatomistes, s'ouvrirait du côté
de la bouche.
« Chacune des poches ovariques consiste en une mince paroi munie
d'un épithélium pavimenteux dont les cellules, très-pâles, mesurent environ
omm,oi ; au dedans se trouve, séparé de la poche par un intervalle plein
d'un liquide transparent, le sac ovigère, extrêmement mince, sans épithé-
lium, quand les œufs sont développés. Mais quand ceux-ci apparaissent, il
possède des cellules épithéliales (omm,oio à on"n,oi4); celles-ci se groupent
autour des jeunes œufs, qui paraissent naître seulement au contact de la
paroi. Les plus petits que j'aie vus avaient o'"m,o38, leur vésicule germina-
tive omm,oi6, et leur tache o,mn,oo4; j'en ai trouvé dans le même sac depuis
cette taille jusqu'à celle de omm,24, qui est celle de l'œuf mûr (vésicule
o™,09; tache ommJ)26); le vitellus devient opacpie lorsque l'œuf atteint
omm,o85. J'ai vu en même temps, dans le sac, des corpuscules isolés qui
avaient tous les caractères des vésicules germinatives. Quand les oaufs sont
mûrs, ils perdent leur tache et leur vésicide, et, comprimés dans le sac,
forment à sa surface une mosaïque élégante. Ils sortent alors par rupture
du sac et de la poche; dans les parois du premier se développent des gra-
nulations pigmentaires, puis il se rétrécit et devient invisible.
» Je n'ai pu suivre, dès le début, l'apparition des spermatozoïdes; je les
ai cependant vus, une fois, réunis par la tète, en grand nombre, dans leurs
cellules mères (ovules mâles); puis celles-ci se rompent, et les sperma-
tozoïdes se groupent en un seul faisceau dans un grand sac à parois minces,
sans épithélium. Entre ce sac et la poche testiculaire flottent un grand
nombre de corpuscules mesurant oram,oo45, dont la nature m'est inconnue.
» Je ne puis considérer la corde dorsale comme formée de cellules (de
Quatrefages), ni de rondelles (J. Mùller, etc.). Des coupes longitudinales y
montrent une structure plus régulière. Ce sont des lamelles composées de
matière amorphe demi-solide, réunies les unes aux autres par une matière
amorphe fluide. Mais ces lamelles, vers le centre de la corde dorsale, se
bifurquent à mesure qu'elles s'éloignent de ce centre, en donnant nais-
sance à des lamelles secondaires de plus en plus nombreuses, lesquelles
n'affleurent pas sur toute la surface de la corde dorsale. De là viennent ces
lignes parallèles qui ont fait croire à des rondelles juxtaposées, et qui,
n'embrassant qu'une portion de la circonférence, ont été regardées par
M. de Quatrefages comme délimitant de grandes cellules aplaties.
» Je ne saurais non plus partager l'opinion M. Marcusen, suivant lequel
les gros corps contenus dans les cellules de la nageoire, d'une part, et l'ex-
( 366 )
trémité renflée de la moelle épinière d'autre part, sont constitués par des
capillaires. D'abord, les gros corps sont translucides et homogènes, tandis
que l'extrémité renflée si bien décrite par M. de Quatrefages est remplie
de corpuscules tout à fait semblables à ceux qui frappent à première vue
dans la moelle épinière. De plus, sur des fragments d'Amphioxus coupés
depuis plusieurs jours, et bien vivants encore, ces parties conservent leurs
dimensions, ce qui n'aurait pas lieu si elles étaient composées de capil-
laires pleins de sang.
» La moelle épinière contient, dans les parties renflées comme dans les
parties rétrécies, des cellules , lesquelles sont très-difficiles à voir nette-
ment. Elles ne m'ont pas paru rondes, comme on le dit d'ordinaire, mais
anguleuses, polaires. J'ai vu, d'un angle de l'une d'elles, qui était tripolaire
et mesurait omm,oi5, partir une fibre primitive qui bientôt s'est bifurquée.
» La contradiction manifeste entre la description de M. de Quatrefages
et celle de M. Marcusen, touchant la terminaison des nerfs cutanés, me pa-
raît reposer sur une généralisation prématurée. Si l'on examine les nerfs
cutanés à la région moyenne et postérieure du corps, on les voit se ramifier
de plus en plus, perdre leur enveloppe propre, et devenir tellement fins,
que leur extrémité ne peut être distinguée. J'ai lieu de croire qu'ils
présentent, en route, des anastomoses. Mais les nerfs qui proviennent des
troncs de la face (deuxième, troisième, quatrième et cinquième paires de
M. de Quatrefages) se comportent autrement ; après un court trajet, ils ar-
rivent à des corps celluleux ovalaires, mesurant de omm, 012 à oimu,oi5, rem-
plis de granulations avec un ou deux noyaux de omm,oo4- Ces cellules si-
gnalées par M. de Quatrefages sont bien la terminaison même des filets
nerveux; mais elles n'existent que pour les filets faciaux, chez lesquels elles
révèlent sans doute une fonction particulière.
» La terminaison antérieure de la moelle épinière de l'Amphioxus, pour
n'être pas renflée, n'en joue pas moins le rôle d'un encéphale; si on la
tranche, l'animal, une fois reposé, reste immobile sur le sable, et sans nulle
trace de détermination volontaire. Mais il est encore extrêmement sensible,
et exécute régulièrement les mouvements des muscles du ventre qui aident
à la respiration. J'ai vu persister les mouvements réflexes généraux, pen-
dant plus de huit jours, chez un Amphioxus décapité.
» L'immersion d'un Amphioxus dans de l'eau de mer chargée de tour-
nesol bleu (méthode Vulpian) ne m'a pas montré de sécrétion acide dans
son tube intestinal, sinon peut-être dans la cavité buccale. Quant au grand
appendice verdàtre qu'on appelle d'ordinaire un foie, je n'ai pu, sous le
( 367 )
microscope, y apercevoir des taches violâtres par l'action de la teinture
d'iode acidulée; l'acide nitrique, à chaud, lui donne une coloration vert
bouteille un peu clair.
» Ni dans le foie, ni dans les excréments, ni dans les corps singuliers, dif-
férents d'un animal à l'autre en nombre, grandeuret position, cjueJ. Mùller
considère comme des reins, je n'ai pu déceler la présence d'acide urique
par la réaction microscopique du murexide.
» Je crois être le premier qui ait assisté au rejet du sperme : il sort par le
pore abdominal, d'un jet continu renforcé de pulsations dues aux muscles
abdominaux; les spermatozoïdes, libres et agiles, ont conservé leurs mou-
vements pendant vingt-quatre heures environ dans l'eau de mer (tempé-
rature, i5 degrés). Ils mesuraient alors : tête omm,oo3, queue omm,o4o à
omm,o48. La plupart avaient omm,o45. La constatation de cette émission
spontanée de sperme est importante, car elle force à considérer l'Amphioxus
comme une forme adulte et définitive.
» Si on ampute l'extrémité du corps d'un Amphioxus, la plaie ne se ci-
catrise pas ; au contraire, les tissus se dissocient de proche en proche. J'ai vu
des animaux, tronçonnés de la queue seulement, être graduellement rongés
jusqu'au milieu de la région branchiale, et vivre ainsi, sans intestins, sans
parois abdominales, sans branchies, pendant plusieurs jours. Dans cette des-
truction, les rondelles de la corde dorsale se détachent, les fibres muscu-
laires se dissocient, perdent leurs stries et disparaissent : la plaie prend une
coloration rosée.
» L'immersion pendant deux minutes dans l'eau à l\\ degrés tue les Am-
phioxus; mais, incapables de mouvements spontanés, ils sont encore con-
tractiles localement.
» L'eau douce les tue avec convulsions violentes en deux ou trois minutes;
ils deviennent alors opaques, roides, et leurs muscles ne se contractent plus,
même par des courants induits insupportables aux doigts secs. Si alors on
remet l'animal dans l'eau de mer, on voit, après quelques heures, revenir la
contractilité, puis la sensibilité. Si on a attendu la cessation du mouvement
des cils vibratiles, il reparaît dans l'eau de mer, mais la contractilité et la
sensibilité sont définitivement perdues.
» La présence dans l'eau d'une très-petite quantité de strychnine tue les
Amphioxus avec convulsions tétaniques; la morphine les engourdit (même
avec l'extrémité céphalique enlevée), tout en respectant, quand elle est
à faible dose, leur sensibilité; enfin, le curare les immobilise sans in-
fluer sur leur contractilité, et cela bien que leurs téguments soient intacts. »
( 368 )
HISTOIRE NATURELLE. — Recherches sur deux nouvelles espèces de végétaux
parasites ( Aspergillus flavescens et Aspergillus nigricans) de l'homme.
Noie de M. Robert Wreden, présentée par M. Cl). Robin. (Extrait.)
« Depuis le i5 novembre 18G4 jusqu'au 25 mai 1867, j'ai eu l'occasion
d'observer le développement de deux nouvelles formes de champignons
(genre Aspergillus) sur la membrane du tympan de dix personnes, dont
quatre atteintes de deux côtés. Ayant eu mainte fois la possibilité de sur-
veiller et d'étudier le développement de ces parasites depuis leur début
jusqu'à leur extinction définitive, je puis affirmer que celte végétation
parasitaire existait indépendamment de toute autre maladie, et constituait
une affection particulière et très-opiniâtre de l'oreille, accompagnée d'un
grand dérangement des fonctions et de souffrances multiples.
» Les deux espèces de champignons auriculaires, trouvées par moi, pré-
sentaient tous les caractères botaniques principaux de Y Aspergillus glau-
cus, Lk ; cependant elles en diffèrent par la coloration de leurs organes
de fructification, ce qui me porte à dénommer l'une d'elles A. Jlavescens,
et l'autre A. nigricans —
» Non-seulement le microscope, mais même l'œil nu permet de constater
l'existence d'une pseudomembrane parasitaire de l'oreille et de décider
d'avance si elle est produite par une végétation de VA. flavescens ou de
VA. nigricans. Dans les deux cas, la membrane parasitaire, extraite en
entier, porte l'empreinte très-reconnaissable de la membrane du tympan
et consiste en un tissu feutré, lardacé, blanc et luisant, facile à déchirer et
à éparpiller, couvert en plusieurs endroits de taches (spores) jaune-bru-
nâtre (A. flavescens) ou parfaitement noires [A. nigricans). Ces aggloméra-
tions de spores forment souvent sur la surface blanche, appliquée à la
membrane du tympan, un espace annulaire noir de 1 à 2 millimètres de
largeur, correspondant à la périphérie du tympan. En général, la disposi-
tion des couches dans chaque pseudomembrane parasitaire de l'oreille
prouve que le parasite croit de dehors en dedans, c'est-à-dire tend à s'en-
foncer dans le tissu de la membrane du tympan.
« VA. nigricans, dont les organes de fructification ont justement la même
couleur noire que ceux de VA. nigrescens, trouvé par Ch. Robin le jg février
1848 dans les sacs aériens d'un faisan, ne pourrait être confondu avec
celui-ci, parce que les filaments réceptaculaires de VA. nigrescens, Ch. B.,
sont formés de longues cellules articulées bout à bout et présentant à
l'endroit de leur contiguïté un rétrécissement notable. En outre, la cou-
( 369)
ronne de cellules basales autour des capitules n'est pas complète comme
chez Y A. nigricans.
» \J A. flavescens se rapproche beaucoup du champignon pulmonaire
de Virchow, que G. Fresenius a décrit, d'après les spécimens reçus
de Virchow, comme une espèce particulière qu'il nomme A . fumigatus
et qu'il identifie avec le champignon trouvé par lui dans les bronches
d'une Otis tarda du Jardin zoologique de Francfort. Cependant la descrip-
tion et les dessins que nous en donnent Virchow et Fresenius, et surtout la
pièce microscopique (la même qui a été envoyée à Fresenius et déclarée par
celui-ci pour A. fumigatus) que me montra le professeur Schenk, à
Wurzbourg, me donnèrent l'assurance parfaite que mon A. flavescens se
distingue nettement de Y A . fumigatus qui, en outre, a des spores brun-
verdâtre.
» Voulant savoir au juste si VA. flavescens et l'A. nigricans sont véritable-
ment de nouvelles espèces d' Asperqillus ou s'ils n'en représentent que de nou-
velles variétés, produites par la différence du milieu dans lequel ils
croissent, j'entrepris une série d'essais de culture avec mes champignons
auriculaires dans différents milieux. Le citron et l'orange douce se mon-
trèrent surtout favorables à ces expériences. Le résultat de ces essais, souvent
répétés et modifiés, fut très-net et constant. Chaque fois que je transplantais
Y A . flavescens ou Y A. nigricans de leur sol animal sur un sol végétal (tranche
de citron ou orange), ils retournèrent infailliblement tous les deux à la
même forme du moisi végétal, c'est-à-dire à Y A. glaucus, Lk. Tout carac-
tère distinctif entre Y A . flavescens et Y A. nigricans disparaissait à la suite de
leur transmutation en A. glaucus, dont ils ne sont par conséquent que des
variétés, résultant de la différence du milieu (animal ou végétal) dans le-
quel ils croissent. Que l'on ensemence une tranche de citron ou d'orange
avec Y A. flavescens ou Y A. nigricans, le résultat constant est le même dans
les deux cas (si l'on prend toutes les précautions nécessaires pour prévenir
un mélange d'autres spores microscopiques, surtout de celles de Pénicil-
lium glaucum, Lk., qui sont toujours suspendues dans l'atmosphère des
chambres) : quarante-huit heures après l'ensemencement, la surface de la
tranche de citron ou d'orange parait déjà couverte d'une couche de fila-
ments stériles de mycélium, fins, blancs et pareils à des fils de toile d'arai-
gnée. Dans trois fois vingt-quatre heures, cette couche blanche de mycélium
est recouverte d'une quantité innombrable de spores. On peut constater
alors, à l'aide du microscope, la présence des spécimens de Y Aspergillus,
r. R., 1867, 2e Semestre. ( T. LXV, N° 9.) 4$
( 37o )
dont les sporanges et les spores libres sont distinctement colorés en vert
brunâtre (A. glaucus, Lk.). Des cultures ultérieures (une seconde, troi-
sième, etc.) sur le même milieu végétal, ainsi que sur un autre, pourvu
qu'il soit végétal et convenable à la végétation de Y Aspergillus, n'amènent
aucune autre modification dans la forme et la couleur de Y A. glaucus.
» La végétation de l'Aspergillus dans l'oreille humaine constituant une
maladie très opiniâtre et réclamant l'emploi de parasiticides très-efficaces,
j'ai étudié l'action microchimique de divers agents sur l'Aspergillus Ces
essais m'ont conduit à reconnaître que :
» i° Les meilleurs parasiticides sont l'hypochlorite de chaux et l'arsénite
de potasse dont les solutions, même très-diluées, détruisent rapidement et
entièrement les cellules de l'Aspergillus..
» 2° L'acide phénylique et l'acide tannique viennent après les chlorures
et l'arsenic, dont ils n'ont pas l'action destructive. Ils déterminent en pre-
mier lieu la coagulation du protoplasma et consécutivement une sorte de
momification très-remarquable de tout le végétal.
» 3° Èe sublimé et le nitrate d'argent ne détruisent l' Aspergillus qu'en
solutions très-concentrées qui ne pourraient guère être employées sur
l'homme vivant.
» 4° Les solutions des sels de fer, cuivre et plomb n'ont aucune in-
fluence appréciable sur Y Aspergillus, dont les filaments fertiles sout assez
résistants pour n'être pas altérés par un séjour prolongé dans la teinture
d'iode pure.
» 5° L'alcool, recommandé par Kuchenmeister et Hallier comme le meil-
leur parasiticide, agit sur Y Aspergillus végétant dans l'oreille d'une ma-
nière très-incertaine et douteuse, île même que son action sur l'Aspergillus,
détaché de l'oreille, est presque nulle (légère décoloration).
« L'Aspergillus, végétant dans l'oreille de l'homme vivant, produit une
maladie tres-caractéristique, que j'ai nommée Mycomyiiugilis, v. Myringo-
mycosis aspercjillina, et qui se présente sous deux forme.-, selon qu'elle est
occasionnée par Y A. Jlavescens ou par l'A. nigricans. Le dernier produit
toujours des phénomènes morbides plus graves que le premier.
» Je dois dire que jusqu'à présent je n'ai jamais vu Y A . Jlavescens et
l'A. nigricans végétant simultanément dans la même oreille, de même que
je n'ai pu découvrir, malgré les recherches les plus assidues, la moindre
trace d'un mélange de Pénicillium glaucwn, Lk., avec l'Aspergillus,
quoique ce mélange se rencontre ordinairement dans les moisissures qui
recouvrent les substances végétales. Après avoir appris que Troeltscb, à
( 37r )
Wurzbourg, avait trouvé récemment sur le méat auditif d'uu malade une
moisissure constituée par un Âspergillus penicillatus, je me rendis sur les
lieux pour examiner les préparations microscopiques de ce parasite, et je
trouvai qu'elles ne présentaient qu'un mélange de Y Ascophora elecjans et de
Y Ascophora mitcedo.
» J'eus en outre l'occasion de constater sur le fait combien les moisissures
des chambres sont nuisibles à l'homme. Dans un cas étudié par moi, je fus
étonné de l'opiniâtreté inouïe avec laquelle les végétations de Y A. nicjricans
se régénérèrent pendant trois mois chez la malade, malgré l'emploi des
meilleurs parasiticides. Ne pouvant m'expliquer cette circonstance extraor-
dinaire que par une infection continuelle, je me rendis à l'hospice où
cette personne était surveillante. Je trouvai que de trois salles (dans les-
quelles trente-quatre vieilles femmes restaient jour et nuit) tous les plafonds
et les fenêtres, blanchis à la chaux, étaient entièrement couverts d'une
couche verte de moisi Pénicillium cjlaucum, tandis que tous les murs, peints
à l'huile, étaient totalement tapissés par une moisissure blanche (mycélium
soyeux) et noire (sporanges et sporules) qui présentait le même A. nicjricans
que l'oreille de la malade, seulement sous la forme Achorion (d'après
Hallier). Pourtant une seule culture dans la glycérine ou sur le citron suf-
fisait pour le changer en plante à sporanges bien développés (au lieu des
conidies que présentait le champignon des murs avant la culture). Il est
digne de remarque que le Pénicillium, qui prospère beaucoup plus sur un
sol humide cpie YAspergillus, s'était borné aux plafonds humides, blanchis
à la chaux, tandis que Y Aspergillus ne tapissait que les murs peints à l'huile,
qui évidemment n'absorbent pas l'humidité comme le fait la chaux. Un
lavage des murs et plafonds de ces salles avec une solution d'hypochlorite
de chaux, ainsi que l'emploi de cette solution pour l'oreille, et l'installa-
tion d'une bonne ventilation mirent aussitôt fin aux souffrances de la ma-
lade, sur qui avaient jusque-là échoué toutes mes ressources thérapeutiques. »
M. Jcluen adresse une nouvelle Lettre qui se rattache à ses précédentes
communications, et qui ne contenant, de même, ni aucun nouveau fait scien-
tifique, ni aucune réclamation sur laquelle l'Académie ait à se prononcer,
ne peut, par cette double raison, et non moins à cause de l'étrangeté de sa
forme, trouver place, même par extrait, au Compte rendu.
La séance est levée à 5 heures. C.
! 372 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 19 août 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Nota... Note sur la mesure de l'action électrique; par le prof. G. Bella-
vitis. Venise, 1 864 ; br. in-8°.
Determiuazionp... Détermination numérique des racines imaginaires des
équations algébriques ; parle prof. G. Bellavitis. Venise, 1 864 ; in-4°.
Délia... De l'instruction parla voie des yeux; Discours par M. le prof.
Bellavitis. Padoue, i865; br. in-8°.
Settima... Septième, huitième et neuvième Revues du journal du prof. G.
Bellavitis. Venise, sans date; 5 brochures in-8°.
Prospetto... Coup d'œil sur les travaux publiés par l'Institut depuis l'époque
de sa fondation; par le prof. G. BELLAVITIS. Venise, i863; br. in-8°.
Quali... Quels sont les faits principaux qui conduiraient à supposer que la
cause efficiente du choléra asiatique est une mucédinée vénéneuse; par M. G. Dora .
Nardo. Venise, i865; br. in-8°.
Nuove... Nouvelle règle pour l'exercice de l'art des accouchements ; par-
M. G. Dora. Nardo. Venise, 1867; br. in-8°.
Address... Discours prononcé dans la séance annuelle de la Société royale de
Géographie, le 27 mai 1867; par le Président sir B. I. Murchison. Lon-
dres, 1867; br. in-8°.
L'Académie a reçu, dans la séance du 26 août 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Notions d' Anatomie et de Physiologie générales; essai sur la physiologie
des épithéliums ; par M. E. Cabadé. Paris, 1867; br. in-8°. (Présenté par
M. Bobin comme pièce de concours pour les prix de Médecine et de Chi-
rurgie, 1868.)
ïext... Explication de la tourelle et du système de trépied du capitaine
Gowper P. Coles, destinés aux Juturs navires à tourelle; par M. C.-F. Hen-
WOOD, architecte naval, d'après les plans du Vice-Amiral Halsted, exposant
(annexe britannique, classe 66, n° 22). Paris, 1867; 1 vol. in-40 relié.
(Présenté au nom de M. Halsted par M. l'Amiral Paris.)
(La suite du Bulletin nu prochain numéro.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI 2 SEPTEMBRE 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie le tome LXIII de ses
Comptes rendus, et annonce que ce volume est en distribution au Secrétariat.
M. Dumas adresse à M. le Président, au sujet de la mort récente de
M. Faradav, la Lettre suivante, dont M. le Secrétaire perpétuel donne lec-
ture à l'Académie :
« M. Tyndall m'annonce la mort de M. Faraday. Dimanche matin il a ter-
miné sa noble vie si paisiblement, qu'on a pu croire qu'il s'endormait.
» M. Tyndall m'a paru désirer qu'en ma qualité de vieil ami de l'il-
lustre physicien, je fusse auprès de l'Académie l'organe de la famille de
M. Faraday. Si elle vous avait fait savoir le deuil qui l'afflige, veuillez con-
sidérer ma Lettre comme non avenue; dans le cas contraire, je désirerais,
me conformant à sa pensée, que l'Académie fût informée directement de
cette grande perte.
« Les titres du savant incomparable sont connus du monde entier. Le
caractère ineffable de l'homme si bon, si loyal, si naïf ne pouvait être
apprécié que dans l'intimité. Il y a près de cinquante ans, j'avais rencontré
M. Faraday pour la première fois. Depuis lors, nous nous étions souvent
C. R., 1867, i< Semestre. (T. LXV, N° 10.) 49
( 374 )
retrouvés. Je l'avais donc suivi pendant sa marche ascendante si glorieuse,
et j'avais vu sa modestie si naturelle e! si simple s'accroître dans la même
proportion que la force de son génie et la splendeur de ses services. Si ses
découvertes l'ont immortalisé et s'il laisse le souvenir d'un des plus féconds
esprits de ce siècle, il laisse aussi, au profit de la dignité des Sciences,
l'exemple d'une vie pure et d'un grand cœur.
» L'Angleterre ne sera pas seule à s'émouvoir de ce grand deuil. »
» M. le Président dit que l'Académie s'associe aux sentiments expri-
més dans la Lettre qu'on vient de lire, car en nommant Michel Faraday un
de ses Associés étrangers, elle décernait le plus beau titre dont elle dispose
à un homme qui, devant tout à lui-même, serait peut-être encore inconnu
si le célèbre H. Davy n'eût pas reconnu en lui des aptitudes particulières
lorsqu'il était simple relieur de livres. Je connus Michel Faraday eu i8i3,
lorsqu'il accompagnait sir H. Davy, qui avait obtenu de Napoléon Ier l'au-
torisation de passer par la France pour se rendre en Italie. Michel Faraday
n'a jamais oublié le laboratoire de chimie du Muséum, ou il assistait Davy
dans quelques expériences qu'il y fit.
» Faraday fut un homme de génie dont le cœur eut toujours des sympa-
thies pour les savants français, et j'aime à rappeler à l'Académie l'accueil
qu'il fit à un de nos jeunes compatriotes, dont malheureusement le nom
n'a point été inscrit parmi ceux des Membres de l'Institut de France : je
parle d'Ebelmen, de regrettable mémoire.
» Lorsqu'il se renditen Angleterre comme membre du jury international,
Faraday finissait les leçons dont il était chargé à l'Institution Royale. A la
dernière, il fit asseoir Ebelmen près de lui, et il annonça que le sujet de sa
leçon serait l'exposé d'une méthode imaginée par le jeune Français qui
siégeait à sa droite, au moyen de laquelle des composés appartenant au
groupe des pierres gemmes venaient enfin d être reproduits dans le labo-
ratoire (1). »
(i) Note de M. Chevreul. — J'ai pensé qu'une citation empruntée à la Notice sur Ebel-
men qui compose le troisième volume du Recueil de ses Mémoires (*) ne serait point dé-
placée, puisqu'elle honore à la fois la mémoire de M. Faraday en montrant ses sentiments de
sympathie pour le jeune savant que la France a perdu :
« Ebelmen, dès son arrivée à Londres, s'empressa de voir Faraday : il fut question de
» Paris, des amis nombreux qu'y compte le célèbre physicien et de leurs recherches scienti-
(*) Recueil des Mémoires aV Ebelmen, t. III, p. 87; chez Gauthier- Villars.
( 375)
HISTOIRE DES SCIENCES. — Réponse à la communication de M. Faugère;
par M. Chasles.
I.
« J'ai dit à l'Académie très-nettement et à plusieurs reprises (i) quelles
sont les considérations qui m'ont porté à regarder les Lettres et Notes de
Pascal comme authentiques. M. Faugère, dans sa communication lue
dans la dernière séance, ne tient nullement compte de ces considérations.
Qu'on me permette de les reproduire ici, comme base de ma réponse.
» i° Les Lettres de Pascal, en très-grand nombre, traitent de questions
très-variées, et sont adressées non point seulement au jeune Newton, mais
» tiques. Faraday invita le savant français à assister à la dernière leçon de l'année qu'il
» devait faire à l'Institution Royale. Le moment venu, Faraday fait asseoir Ebelmen à sa
» droite, et là, devant un auditoire d'élite composé de ce que la haute société de Londres
» compte d'amis des sciences, l'illustre professeur annonce que le sujet de sa leçon sera l'ex-
» posé des recherches que le jeune savant français, membre du jury international, qui est
» assis près de lui, vient d'accomplir avec succès en reproduisant dans le laboratoire des
» minéraux que jusque-là la nature seule avait formés.
» Quand on pense à la bassesse des sentiments d'un grand nombre de gens qui parlent
.) au nom des arts, des lettres et des sciences, en prenant comme mesure de leur valeur l'opi-
» nion qu'ils ont d'eux-mêmes, et auxquels tous les moyens conviennent pour grandir la
» médiocrité et décrier le mérite; quand on pense à ceux qui, au nom d'un patriotisme mal
» compris, invoquant la rivalité nationale, sont sans cesse occupés à prévenir tout accord
» qui pourrait réunir les hommes supérieurs, l'honneur des peuples civilisés, n'est-on
» pas satisfait de voir un des savants les plus éminents de l'Angleterre, dont la renommée
» déjà ancienne est le fruit de longs travaux, prendre pour ainsi dire sous son égide un
v savant français trop jeune encore pour avoir été apprécié à sa juste valeur dans son pays
» même, et saisir avec empressement l'occasion à lui offerte de le présenter à ses com-
» patriotes, non en le louant par de vaines paroles, mais en exposant ce qu'il a fait.
» Certes, si les hommes livrés à la culture des sciences ne doivent former qu'une famille
» indépendamment du langage et des institutions politiques et religieuses qui régissent leurs
» pays respectifs, ce sont des actes comme ceux de Faraday qui amèneront un rapproche-
» ment si désirable, et pour peu qu'ils se multiplient, ils finiront sans doute par établir entre
» les peuples des rapprochements de plus en plus intimes, depuis longtemps désirés de tous
» les amis éclairés de l'humanité. Ceux qui aiment à trouver dans l'avenir des consolations
» aux maux du présent dateront de l'année 1 85 1 une époque remarquable de l'histoire des
» peuples; ils remercieront la nation qui la première réalisa la pensée de convier dans sa
» capitale les représentants de l'industrie du monde, et sans doute nos successeurs seront
•> mieux placés que nous pour apprécier ce que cette exposition a fait pour la paix uni-
» verselle. «
(i) Comptes rendus, t. LXV ; p. 187, 263, 3io, 33 1 .
49-
(376)
aux savants et aux littérateurs les plus éminents de l'époque : à Royle, à
Hobbes, à Hooke, à Wallis, à Huygens, à Mercator, à Mme Perrier, à
Jacqueline Pascal, au P. Mersenne, à Descartes, à Gassendi, à la reine Chris-
tine, à Nicole, à Hamon, à Arnauld, à Lemaistre de Sacy, à Labruyère, etc.
En outre, il s'v trouve de nombreuses Notes scientifiques, une étude appro-
fondie de Montaigne dans plusieurs séries de Lettres adressées à divers per-
sonnages, de nombreux fragments relatifs à la polémique des Lettres provin-
ciales, des centaines de pensées ou réflexions, une Vie de sainte Catherine
de Sienne, un Traité des carrés magiques, etc.
» 20 Avec ces Lettres et autres pièces de Pascal sont des Lettres qui lui
ont été adressées par Newton (en très-grand nombre), par miss Ascough,
sa mère, par Aubrey, par Hobbes, par Royle, par Huygens, par Mercator,
par M°'e Perrier, par Jacqueline Pascal, et avec celles-ci de nombreuses
poésies.
» 3° Je possède en outre un grand nombre de Lettres de Newton adres-
sées à diverses personnes, à Muie Perrier, à l'abbé Perrier, à Rohault, à Ma-
riotte, à Saint-Évremond, à Desmaizeaux, à Malebranche, à Vizé, à l'abbé
de Vallemont, à Fontenelle, à Clarke, etc.; lettres dans plusieurs des-
quelles, dans un assez grand nombre même, il convient de ses anciennes
relations avec Pascal, comme on l'a déjà vu par quelques-unes (i). Avec ces
Lettres de Newton se trouvent beaucoup de Notes relatives à sa querelle
avec Leibnitz.
» 4° Des lettres de divers auteurs à Newton, parlant de ses relations
avec Pascal, savoir : deM"'e Perrier, de Royle, de Clerselier, de Mariotte,
de Rohault, de Fontenelle, etc.
» 5° Enfin, d'autres correspondances dans lesquelles il est question de
ces relations, savoir : des Lettres de Hobbes à Mariotte et à Clerselier, de
Montesquieu à Desmaizeaux, à Jordan, au chevalier de Jaucourt, à un
correspondant non dénommé; de Desmaizeaux, deRémond, de fontenelle,
de Labruyère, de Suint-Évremond, de Malebranche, de Maupertuis, etc.
» Voilà l'énumération des documents qui m'ont paru constituer des
preuves de l'authenticité notamment des Lettres et pièces émanées de Pas-
cal, de Mme Perrier et de sa sœur Jacqueline.
IL
» M. Faugère déclare que ces pièces de Pascal et de ses deux sœurs sont
de la même main, et l'œuvre d'un faussaire.
(>)
Comptes rendus, p. ir)3 et t(>4-?.66.
( 377 )
» Cependant, s'il possède une signature de Pascal eî un ou deux frag-
ments non signés, il n'a jamais vu, je crois, l'écriture de Mme Perrier, ni
celle de Jacqueline Pascal, dont on n'a connu jusqu'ici qu'un fac-similé
donné par M. Cousin.
» Et quant aux signatures de Pascal, dont M. Faugère a fait connaître
des fac-similé différents, comme je l'ai dit dans la dernière séance, mes
Lettres ont aussi ces trois signatures, dont l'une, la petite et la plus simple,
sans paraphe, me parait être devenue à peu près la seule à partir d'une cer-
taine époque, 1649011 i65o environ.
» Quant à Newton, M. Faugère pense qu'il n'a pu écrire si jeune les
Lettres que j'ai produites; et il cherche à prouver que Pascal n'aurait point
écrit celles que j'ai données : de sorte que M. Faugère regarde les Lettres
de Newton comme étant aussi l'œuvre d'un faussaire, mais sans dire si ce
faussaire est le même que l'auteur des Lettres de Pascal et de ses sœurs.
» Enfin M. Faugère passe absolument sous silence toutes les autres cor-
respondances que j'ai citées et dont j'ai donné de nombreux extraits. Ce-
pendant ces correspondances doivent être d'un grand poids dans la ques-
tion, car il suffira de quelques Lettres, reconnues authentiques, pour
prouver la réalité des relations qui ont existé entre Pascal et le jeune Newton.
Il faut donc croire que M. Faugère regarde aussi toutes ces correspon-
dances comme l'œuvre d'un faussaire, ou d'une association de faussaires :
ce qu'il appelle une falsification snns exemple par son audace et par son
ampleur, qui ressemble à un vaste complot. Aussi invoque- t-il les devoirs
qu'impose la moralité publique (1); de même qu'il provoque l'intervention
de nos voisins d'outre-Manche (2).
» Voilà, je crois, l'état du débat que M. Faugère est venu soulever.
Donne-t-il quelques preuves à l'appui de jugements prononcés avec une
telle assurance et une telle autorité? Aucune; on va le voir, quoiqu'il an-
nonce trois ordres de preuves :
» i° La vérification de l'écriture;
» i° Les invraisemblances, au point de vue de la science, résultant du
fond même des documents présentés;
» 3° L'examen du style.
III.
» Quant au premier ordre de preuves, l'écriture, M. Faugère se borne
(1) Comptes rendus, p. 344 -
(■2) Comptes rendus, p 343.
( 378)
à affirmer qu'elle est l'œuvre d'un faussaire, qui ne s'est pas même astreint
à imiter l'écriture de Pascal, qui, se contentant de prendre du vieux papier,
de donner à son écriture un caractère plus ou moins ancien et d'employer
une orthographe à peu près conforme à celle du temps de Pascal, s'est livré
à une industrie qui n'était plus pour lui qu'une affaire d'imagination (i).
» Quelle prodigieuse imagination a-t-il fallu pour traiter tout à la fois
des questions de mathémiques pures et appliquées avec Descartes, Gassendi,
Hobhes, Hooke, Boyle, Wallis, Huygens, Mercator, etc., indépendamment
des nombreuses Lettres adressées à Newton; pour composer un Traité du
jeu de trictrac , un Traité des carrés magiques; pour écrire une série de Lettres
à la reine Christine; composer une correspondance littéraire et philoso-
phique avec des hommes tels que Arnauld , Lemaistre de Sacy, Nicole,
Hamon, etc.; composer une Vie de sainte Catherine de Sienne; de nom-
breux fragments se rapportant à la polémique des Lettres provinciales, et
de nombreuse pièces sous les titres de Pensées, ou de Réflexions, adressées
par centaines à Labruyère, à Nicole, à Arnauld et à beaucoup d'autres; de
nombreuses Lettres sur Montaigne; enfin des poésies, la plupart des canti-
ques, un Traité de l'obéissance, ouvrage très-étendu, etc.!
» Le faussaire qui aurait dû tant de travaux à son imagination aurait
été un homme d'une bien grande modestie et- humilité, puisqu'il ne se
serait jamais fait connaître.
» Comment cette simple réflexion n'a-t-elle pas frappé M. Faugère?
» Loin de là, il parle de l'écriture trop noire sur des pièces, trop jaunie
sur d'autres par un procédé mal déguisé qui suffirait seul pour montrer la
fraude.
» Mais ici, comme sur tous les autres points de la question, M. Faugère
se borne à de simples affirmations. Il ignore que des encres de tous les
siècles peuvent être aussi noires qu'une encre fraîche; et il oublie qu'il en a
trouvé de telle dans le Ms. des Pensées qu'il dit avoir eu pendant quinze mois
chez lui (2).
IV.
» Je passe au deuxième ordre de preuves qui se tire des invraisem-
blances au point de vue de la science.
» M. Faugère dit qu'il serait étrange que Pascal eût découvert et affirmé
la loi de la gravitation universelle, alors qu'il n'admettait même pas comme
démontré le mouvement de la Terre.
(1) Comptes rendus, p. 34 1 -
(2) Comptes tendus, p. 34o.
( 3.7J )
» Et pour prouver que Pascal n'admettait pas même le mouvement de la
terre, M. Faugère cite ce passage de la XVIIIe Provinciale :
« Ce fut en vain que vous obtîntes contre Galilée ce décret de Rome
» qui condamnait son opinion touchant le mouvement de la Terre. Ce ne
» sera pas cela qui prouvera qu'elle demeure en repos; et si l'on avait des
» observations constantes qui prouvassent que c'est elle qui tourne, tous les
» hommes ensemble ne l'empêcheraient pas de tourner, et ne s'empêche-
» raient pas de tourner aussi avec elle. »
» Qui ne voit qu'il y a ici un blâme bien formel de la condamnation de
Galilée; et que cela suffit à Pascal, sans qu'il ait à traiter la question du
mouvement de la Terre. Il a grandement raison de ne point introduire dans
sa polémique une question étrangère, ce qui est l'habitude de ceux cpii
sentent la faiblesse de leur cause, ou qui veulent faire parade de ce qu'ils
savent, ou croient savoir. Mais je pourrais donner bien des preuves, si l'on
en doutait, que Pascal était un grand admirateur de Copernic et de Galilée,
et qu'il ne doutait nullement, et Descartes aussi, du mouvement de la Terre.
» Après l'observation de M. Faugère relative au mouvement de la Terre,
mon honorable contradicteur donne enfin une preuve proprement dite,
une véritable preuve, qui va prendre sur le fait l'audacieux et profond fa-
bricaleur (i). Cette preuve est tirée, dit-il, du domaine de l'Histoire anecdo-
tique. Il s'agit de l'une des Notes que Pascal aurait envoyées à Boyle en i652,
et dans laquelle il parle de la mousse qui flotte sur une tasse de café, et qui
se porte avec une précipitation très-sensible vers les bords du vase. « Une
» pareille observation, dit M. Faugère, suppose que l'usage du café était
»> déjà répandu en France du temps de Pascal. Or ce ne fut qu'en 166g,
» c'est-à-dire sept ans environ après sa mort, que Soliman Aga, ambassa-
» deur de Turquie auprès de Louis XIV, introduisit dans la société pari-
« sienne l'usage du café. »
» J'associerai à l'objection de M. Faugère celle d'un autre écrivain dis-
tingué, M. Ed. Fournier, qui plaide la même cause et affirme que mes
documents sont l'oeuvre d'un faussaire impudent et fort peu habile. « Pour
» le prouver, dit-il, je n'ai qu'à feuilleter le vocabulaire du temps de Pascal.
» La plupart des mots de science, tels que magnétisme, — pris dans le sens
» que lui donnent les Notes, — électricité, etc., ne s'y trouvent pas. On me
» répondra que Pascal, ayant découvert les choses, pourrait bien avoir
» aussi inventé les mots.... Soit, mais pour un autre fait, je défie la ré-
» plique. »
(i) Comptes rendus, p. 34a.
( 38o )
» M. Founiier cite alors la phrase relative à la mousse du café, et
ajoute : « La première mention que je connaisse à Paris de l'usage du café
» se trouve dans la Muse Dauphine du 2 décembre 1666, quatre ans après
» la mort de Pascal.... Comment des académiciens n'y voient-ils pas clair
« tout de suite! »
>» Ainsi me voilà condamné sur de véritables preuves, par M. Faugère
qui prend le faussaire sur te /ail, et par M. Fournier qui défie la réplique.
» Sans taire ici de l'érudition, qu'on ouvre simplement le Dictionnaire
deBouillet, on y lit : « On prit du café pour la première fois à Venise en
» 161 5, et à Marseille en 1 654 (0- Le voyageur Tbévenot l'apporta à Paris
» en 1657 ; mais ce fut l'ambassadeur ottoman Soliman Aga qui le mit tout
» à fait a la mode en iGGg. »
» Pascal a-t-il dû attendre cpi'd fût tout à fait à la mode pour faire son
observation contestée? Peut-on croire que quand on prenait du café à
Venise en i6i5, il ait fallu cinquante ans et plus pour qu'il fût connu et en
usage à Paris?
» Mais voici un document pris dans un ouvrage qui date de près de deux
siècles, et qui aura plus d'autorité que Y Histoire anecdotique et cpie la Muse
Dauphine.
» Un érudi't, littérateur et antiquaire, Dtifour, né en 1622, qui était en
relation principalement avec tous les voyageurs de son temps, composa en
167 1 un livre De l'usage du caphé, du thé, et du chocolaté , Lyon, 1671, in-12.
En 1G84, il réimprima cet ouvrage, avec de grands changements, sous le
titre de Traitez Nouveaux et curieux du café, du thé et du chocolaté; par Phi-
lippe Sylvestre Dufour, à Lyon, iG85, in-12; achevé d'imprimer pour la
première fois le 3o septembre i684- Je ne connais que cette édition, et j'y
lis:
« Le café n'a été connu en France que depuis environ quarante ans, et si
» je ne me trompe, il n'y en a guère plus de vingt-cinq qu'on a commencé à
» s'en servir. Apparemment il a été pendant plusieurs années en usage chez
» les particuliers, avant que de passer dans la connaissance du public. »
» Ainsi, d'après Dufour, le café avait été en usage chez les particuliers
environ quarante ans avant 1684, c'est-à-dire vers 1644 (2).
» On peut croire assurément que Pascal, qui était jeune alors, répandu
(1) L' Encyclopédie nouvelle de 1'. Leroux et Jean Reynaud dit i644*
(2) J'ai souvenir d'une antre mention, que je ne puis vérifier dans ce moment, savoir,
que « du temps de Louis XIII, il se vendait sous le Petit Chatelet une décoction de café,
» sous le nom de cahove.... »; ce qui concorde bien avec le passage de Dufour.
( 38, )
dans le monde et avide de tous progrès, n'aura point été des derniers à
connaître le café; qu'il l'a donc connu, goûté, expérimenté bien avant
l'année i65i, date attribuée à la Note où il en parle.
» Je remarquerai que le même auteur, Dufour, dit qu'on voit dans les
œuvres du chancelier Bacon que le café n'était encore connu en Angleterre
que de réputation et qu'on ne savait pas très-bien ce que c'était, non plus
que ses qualités. C'est en 161/j que Bacon dit cela (1), et c'est en i652
qu'un café public a été établi à Londres par un marchand nommé Daniel
Edwards (2). Il est à croire que le café était déjà en usage chez les parti-
culiers depuis plusieurs années.
» Le troisième ordre de preuves annoncé par M. Faugère est tiré de l'exa-
men du style des Lettres attribuées à Pascal. Ici, dit-il, toute l'industrie du
faussaire a échoué... (3). Il suffirait du style pour prouver jusqu'à la dernière
évidence que cette correspondance est l'œuvre d'un faussaire... (4). Cette
phraséologie de lieux communs ne fut jamais à l'usage de Pascal... Le
faussaire se trouve pris ici au piège de son propre style... Je croirais volon-
tiers que celui qui a écrit ces Lettres, loin d'être Pascal, ne serait pas même
de nationalité française (5).
» Je ne pourrais avoir la prétention de suivre M. Faugère sur ce terrain;
je dirai seulement que je suis persuadé que bien des littérateurs ne s'asso-
cieront point à son jugement, et loin de là se feraient honneur d'avoir écrit
notamment la Lettre sur Descartes que j'ai citée (6). Que l'Académie veuille
bien me permettre de mettre sous ses yeux deux ou trois autres Lettres qui,
je le pense, seront jugées dignes tout à la fois de Pascal et de Descartes,
et, en tout cas, pourront apporter quelques adoucissements dans les appré-
ciations et le jugement de M. Faugère sur la nationalité de l'auteur.
Note.
J'ai eu l'honneur d'estre il y a quelques années, le confident de monsieur Descartes, qui
(i) Dictionnaire de la conversation, 1" édition, i853.
(2) The encyclnpœdia britanniea, etc., 184?., in-4".
(3) Comptes rendus, p. 34?.-
(4) Comptes rendus, p. 342.
(5) Comptes rendus, p. 343.
(6) Comptes rendus, p. igi.
C. H., 1867, 2e Semestre. (T. LX.V, >>° 10.) 5o
( 382 )
m'a fait part de ses découvertes, de ses observations. Je ne m'y suis point rendu sans de longs
combats. Mais aujourd'hui je jouis paisiblement et sans nuages de la lumière dont il m'a
éclairé. Pascal.
i- décembre ifi58.
Monsieur et jeune amy,
Si nous arrestons nos regards sur les progrès étonnants de la science astronomique depuis
Copernic, en nous applaudissant de tant de conquestes faites sur la nature, nous appercevrons
dans le temple auguste de l'immortalité et de la gloire Kepler et Galilée, rangés autour de
l'autel de la vérité pour raviver et former en masse de lumière la première étincelle que
Copernic jeta au milieu des ténèbres. Mais c'est à Copernic qu'en doit revenir toute la gloire,
parce que c'est à luy que l'astronomie moderne doit l'impulsion nouvelle et la vraye direc-
tion imprimée aux esprits pour l'avancement rapide dans l'étude du ciel. Galilée luy-même
luy a reconnu cette impulsion, dans certains escrits que j'ay lus de ce dernier. Je ne vous
diray rien de plus. Je suis content que les dernières observations que je vous ay adressées
vous aye fait plaisir. C'est ce que je souhaitais. Je suis comme toujours, monsieur et jeune
amy, très souffrant; c'est pourquoi je ne puis vous entretenir plus longuement sur ce que
vous me mandez. Je suis vostre bien affectionné, Pascal.
A M. Newton.
Ce 20 mars 1659.
Je vous avois déjà dit, Monsieur, que j'avois abandonné mes anciens travaux scientifiques,
pour me livrer à d'autres études. Mais le désir que vous me témoignez de connaître mon
sentiment sur feu monsieur Descartes, et l'hommage que j'aime lui rendre, pareequ'il a
agité le flambeau du génie dans l'abîme de la science, et qu'il en a éclairé les profondeurs,
me fera quitter de temps à autre mes nouvelles estudes pour reprendre les anciennes. C'est
vous prouver combien je tiens à vous être agréable. Je fixerav d'abord vos regards sur les
travaux et les découvertes de ce grand génie; ensuite je vous les feray porter sur sa morale,
qui a le rare avantage d'avoir été confirmée par l'exemple de sa vie.
Avant Descartes les ténèbres étoient répandues sur la face de l'Europe; les hommes, aveugles
adorateurs d'Arislote, rampoient devant ses décisions obscures, et se traisnoient depuis deux
mille ans sur ses vestiges. La raison condamnée au silence se trouvait abattue sous l'autorité
qui protégeait l'erreur. Une démence plus triste qu'une ignorance absolue faisoit croire qu'on
pouvoit dans des livres inintelligibles embrasser la science universelle. Une espèce d'idolâ-
trie consacrait des mots vuides de sens, comme des oracles. Ceux qui par estât dévoient
éclairer la nation, lui présentoit des mots sans idées et dont ils se payoient les premiers. La
logique confuse, embarrassée, était barbare et ridicule; la métaphysique, un assemblage de
question bizarres et frivoles; la physique, malgré quelques lueurs, un enchaînement de rêve-
ries. C'estoient des qualités occultes qui régissoient la nature ; une doctrine subtile et raffinée.
Tel éloit l'aliment, vuide de substance, dont se nourrissoient des esprits opiniâtres et surtout
violemment amoureux de la dispute, au moment où Descartes fit briller une nouvelle clarté,
ainsy que nous le verrons. Je ne vous dit rien plus cejourd'huv, monsieur et jeune amy, et
suis vostre bien affectionné, Pascal.
A M. Newton.
( 383 )
Ce 29 may.
Je vous ay tlict, monsieur et jeune amy, que Descaries nous avoit donné la clef des hautes
sciences. Et en effet, c'est luy qui appliqua l'algèbre et la géométrie à la physique. Avec de
telles connaissances nous pouvons maintenant pénétrer dans les routes de l'infini, nous tenons
le fil de ces connaissances sublimes , qui étonnent ceux mesmes qui les trouvent. Par ce
moyen la marche de l'univers maintenant sera réglée, et l'esprit de l'homme est agrandi.
Descartes a plus fait en un instant que n'ont fait les siècles précédents. Il a découvert un
nouveau monde. L'Europe est partagée entre l'étonnement et l'admiration. Sa vue profonde
et sa sagacité l'ont déjà élevé au dessus de tous les esprits de nostre siècle. Ils ne conçoivent
pas même ce qu'il a imaginé. Il a fait ces grandes choses, et je le vois encore dans sa première
jeunesse, au milieu des murs de l'école, toujours guidé par cette justesse d'esprit qui le carac-
térisoit. Il forma le projet d'applanir les difficultés qui croisent les opérations de l'esprit;
ainsi que je vous le démontreray clan une autre lettre. Je suis, monsieur et jeune amy, vostre
bien affectionné, Pascal.
A M. Newton.
Ce 11 septembre iC5o.
Madame, selon moy l'art de penser est la base de l'art d'écrire. Les rhétoriciens qui ne
savent pas cela me font pitié. M. Descartes nous a rendu le double service de donner à la
pensée de la justesse et de la liberté. Sa méthode est si sure qu'il luy doit une partie des
charmes de son style. M. Descartes a été l'amy de M. de Balzac; et le philosophe escrivoit, à
mon sens, beaucoup mieux que l'homme de lettres. Je ne serois pas embarrassé de prouver,
si je le voulois faire, combien l'élégante simplicité de M. Descartes est préférable à l'emphase
pénible des lettres de M. de Balzac. J'examinerai cependant en son lieu le mérite de ce der-
nier. Mais je reviens à M. Descartes. En écrivant pour les hommes qu'il vouloit éclairer et
rendre meilleurs, il cédoit à un besoin impérieux; mais combien de fois il fut sur le point de
s'en repentir. Souvent il résolut de ne rien faire imprimer; et il ne céda jamais qu'aux plus
pressantes sollicitations de ses amis. Souvent il regretta son loisir qui luy échappoit, disoit-
il, pour un vain fantosme de gloire. Je ne veux rien vous dire de plus cejourdhuy, Madame,
sur ce grand homme, que du reste vous avez sceu apprécier. Je termine donc cette lettre en
vous assurant de mon affection. Je suis, madame, de vostre majesté le très-humble et très-
obéissant serviteur. Pascal.
A Sa Majesté la Royne Christine.
» M. Faugère dit qu'à partir de la tin de 1 654 Pascal ne regardait plus
les travaux mathématiques qu'avec une sorte de dédain (1). Il oublie que c'est
en i658 que Pascal a provoqué, par l'annonce solennelle de plusieurs
prix, les recherches des géomètres sur la cycloïde, et a composé lui-même
son admirable Traité des propriétés de cette courbe.
» M. Faugère s'étonne que Pascal ait correspondu avec Newton alors
(1) Comptes rendus, p. 344-
( 38/, )
ignoré et confondu dans la foule des enfants de son âge (i). Mais c'est cet
enfant qui, par l'initiative et sous la direction de son professeur, est sorti
de la foule pour s'adresser à Pascal et lui demander d'être son guide. On
a vu que Pascal avait eu des doutes, des craintes d'une mystification (2),
qu'il avait demandé des renseignements, notamment à Boyle, et que c'est
après information qu'il a écrit au jeune écolier (3). Il a pu penser néan-
moins que les premières Lettres de celui-ci et les questions qu'elles renfer-
maient étaient en grande partie l'œuvre du professeur. Il sut bientôt qu'il
en était ainsi; car je trouve dans une Lettre qu'il écrit à Wallis ce passage :
Pascal à Wallis.
Ce 29 aoust. — A propos de ce jeune estudiant (Newton), pouvez -vous me donner
de ses nouvelles, et principalement de ses dispositions. Quelques amis m'ont assuré que les
lettres qu'il m'a escrites et les questions qu'il m'a soumises émanoienl autant et peut-être plus
de son professeur que de lui. Je serois bien aise d'avoir un renseignement bien exact là-
dessus. Vous pourrez peut-être me donner ce renseignement. J'attends votre réponse
au plus tost.
» Pascal avait été bien renseigné. On le voit par une Lettre de Desmai-
zeaux à Fontenelle qui roule sur la jeunesse de Newton, et dont voici
un extrait :
Desmaizeaux à Fontenelle.
Ce 20 octobre 1727. — Celui-cy (le professeur) conseillai son jeune élève d'escrire
une lettre à M. Pascal, et de lui soumettre quelques questions géométriques ou problèmes à
résoudre. C'estoit le meilleur moyen, disoit-il, d'obtenir une réponse. La lettie fut donc
préparée de concert avec le professeur ainsi que les questions et envoyée par le jeune Newton
encore estudiant, à M. Pascal. Celui-cy trouvant sans doute la lettre et les questions extraor-
dinaires pour un enfant, et qui se rappela peut estre que lui aussy avoit été un enfant pré-
coce, ardent d'apprendre, cherchant partout des maistres pour s'instruire, fit donc une réponse
au jeune Newton. Ce fut ainsi que commença les relations de ces deux génies, relations qui
(1) Comptes rendus, p. 342.
(2) Je rappelle ce mot à dessein, parce qu'il a été le sujet de quelques observations: on
ne le trouve pas, m'a-t-on dit, dans les vocabulaires de l'époque. Mais est-ce que les voca-
bulaires font les mots? Est-ce qu'ils ne se bornent pas à inscrire ceux qui sont déjà suffisam-
ment en usage? ce qui n'arrive que longtemps après qu'ils se sont déjà trouvés dans quel-
ques ouvrages; et plus longtemps encore après qu'ils ont été employés pour la première
fois par quelque auteur. Beaucoup de mots de Montaigne n'ont-ils pas attendu plus d'un
siècle leur inscription aux vocabulaires? Pascal en fait l'observation, au sujet du mot enjoué,
dans une Lettre que je ferai connaître. Le mot mystification ne peut-il pas venir de Myste
employé plusieurs fois par Rabelais dans le chap. xlvi de son IIIe Livre de Pantagruel?
(3) Comptes rendus, p. 18g.
( 385 )
ont duré jusqu'à la mort de M. Pascal. Je veux bien croire que le professeur du jeune New-
ton y prenoit part. Il ne pouvoit estre autrement. Quoiqu'il en soit, et M. le chevalier New-
ton me l'a avoué luy-mesme, ce sont ces relations qui l'ont initié et engagé à suivre la car-
rière des sciences »
» J'espère qu'il ne me sera pas nécessaire de continuer plus longtemps
avec M. Faugère cette polémique, qui m'est pénible et que je m'applaudis
de n'avoir provoquée en aucune manière. Je pensais, en lui remettant
toutes les pièces qu'il a désiré consulter, et qui sont sous ses yeux, que la
question serait plus élucidée et qu'à la vue notamment des Lettres et Notes
à grosse signature avec paraphe, semblable à la signature qu'il possède,
toutes ses préventions cesseraient ; je pensais aussi que le grand nombre
de documents qui se rapportent à la question ferait quelque impression
sur son esprit peut-être un peu prévenu, et qu'il ne les passerait pas abso-
lument sous silence dans sa communication.
» Je publierai les Lettres de Pascal, de Newton et beaucoup d'aulres,
comme je l'ai annoncé (i). Néanmoins j'exprime de nouveau le vif désir (a)
que plusieurs de nos confrères veuillent bien, comme ils me l'ont promis,
faire sur ces papiers toutes les vérifications que comporte la science. »
météorologie. — Sur le météorographe et ses résultats; par le P. Secchi.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie les dernières feuilles obtenues
avec l'instrument météorographique installé au Champ de Mars. Les diffi-
cultés exceptionnelles de la localité ont nui au service régulier de l'instru-
ment jusqu'au commencement de juin, époque à laquelle le baromètre
a été bouilli, et l'anémomètre a été installé à sa place normale, relié par
un câble électrique de 3oo mètres de longueur avec les instruments indi-
cateurs du vent.
» Depuis cette époque, l'instrument n'a cessé de fonctionner régulière-
ment, même pendant une absence de trois semaines que j'ai dû faire, et
pendant laquelle il a été surveillé par un simple ouvrier horloger de
M. Détouche. Ce résultat prouve que, une fois installé, l'instrument ne
réclame de la part de celui qui en est chargé qu'un peu de soin, et une
habileté qui n'exige même pas les connaissances scientifiques les plus élé-
mentaires : c'est là un grand avantage pour cette espèce d'instruments.
\i) Comptes rendus, p. 3io.
(2) Comptes' rendus, p. 333 et 335.
( 386 )
» J'ai vu avec plaisir que les savants et le public l'ont fort bien reçu, et
j'espère qu'il se vulgarisera davantage : c'est en vue de cela que nous nous
occupons, M. Détouche et moi, de le rendre dans son exécution le plus
économique possible, en lui conservant le degré de précision voulu. La
nécessité de ces instruments a été sentie de tout temps : les curieux essais
des anciens, que l'on vient de déterrer dans les recueils scientifiques, et
qui étaient entièrement oubliés et ignorés par moi et par le monde savant,
accusent seulement ce sentiment général que des moyens de ce genre de-
vaient pouvoir servir au progrès de la science. Mais tous ces efforts n'a-
vaient encore pu aboutir à une forme pratique : c'est la réalisation de cette
forme qu'on ne pourra me contester, et je la crois surtout originale comme
application de l'électricité.
» La sensibilité de l'appareil et sa précision sont de nature à pouvoir
être appréciées par l'Académie. La double période diurne du baromètre y
est très-bien constatée dans les belles journées, et cette même période se
trouve toujours manifestée, même pendant les plus grandes vagues qui se
propagent à travers l'Europe, et pendant les bourrasques.
jj II permet encore de constater la période diurne du vent. Cette période
apparaît très-facilement avec mon système d'enregistrement, tandis que,
pour l'obtenir par les autres moyens connus, il faudrait faire une opération
graphique secondaire; cette opération est effectuée parla machine elle-
même.
» Je remarquerai qu'ici, à Paris, la période diurne du vent est essentiel-
lement différente de celle de Rome. La proximité de la mer, à Rome, donne
naissance à une période double, pendant qu'à Paris, qui est plus avancé
dans le continent, on a une période simple. Cette période se manifeste encore
dans les jours de bourrasques et de renforcement des vents soutenus. Son
maximum est dans l'après-midi, de 2 à 3 heures; le minimum vient un
peu après minuit.
■> La sensibilité du barographe a mis en évidence un fait qui avait
jusqu'ici échappé aux météorologistes, je veux dire les courtes variations de
pression atmosphérique qui accompagnent les averses de pluies : elles sont
dues sans doute au refroidissement rapide produit dans une région limitée
par les orages et les chutes soudaines des pluies.
» Je m'abstiens d'indiquer d'autres coïncidences entre les différents
phénomènes qui sont plus ou moins bien connus : je ferai observer seule-
ment que le lien de tous ces phénomènes apparaît si clairement dans ces
dessins, et ils se montrent si étroitement solidaires entre eux, qu'il suffit
( 387 )
d'en connaître un d'une manière parfaite pour deviner tous les autres.
Ainsi, par exemple, la régularité du vent quant à sa direction et à son
intensité est telle que, lorsqu'elle se trouve changée, on peut déjà entrevoir
quelles seront les indications du baromètre. C'est ce qui explique comment
les personnes du vulgaire peuvent arriver à une prévision conjecturale du
temps, même sans observer aucun instrument de physique. L'élément du
venta été un peu trop négligé par les météorologistes, et, faute d'un moyen
simple d'avoir la courbe horaire de son intensité, on n'en a pas tenu
autant de compte qu'il le mérite. Les mouvements des vents précèdent et
suivent les bourrasques, avec la même précision que les mouvements du
baromètre; ce résultat est conforme à la théorie et est sans doute bien facile
à comprendre, mais n'avait pas encore été nettement signalé comme il
devait l'être.
» Je n'insisterai pas longuement sur un fait que j'ai constaté autrefois,
savoir la propagation des grandes vagues atmosphériques à travers l'Europe.
Les courbes de Rome et de Paris, obtenues maintenant par des instruments
semblables, nous font voir que les grandes vagues se propagent ordinaire-
ment du nord-ouest au sud-est, et mettent, pour arriver de Paris à Rome,
environ deux jours. Ayant eu l'occasion de faire une visite en Angleterre à
Stonyhurst, près de Liverpool, j'ai constaté que, entre cette station et Paris,
il y a presque un jour. Cette propagation suppose un courant ayant la
direction indiquée à travers l'Europe, conclusion à laquelle était arrivé déjà
de son côté l'Amiral Fitz-Roy, et que la marche de ballons à longue course
autorise à admettre.
» Cependant ce régime n'est sûr et constant que dans l'hiver. Pendant
l'été, il est moins régulier, et ordinairement les grandes bourrasques ne se
communiquent pas au delà du massif des Alpes, ce qu'on peut voir en com-
parant, pendant les mois de juillet et août, les résultats de Rome et de
Paris, non-seulement de cette année, mais encore des autres. Cependant,
même dans la saison d'été, les grandes vagues, profondément modifiées,
manifestent encore un peu leur influence. Cela est dû sans doute à ce que
la partie méridionale de l'Italie, en été, rentre sous l'influence des vents
étésiens, qui sont une dérivation des alizés, et qui modifient le cours ordi-
naire du courant qui traverse l'Europe centrale.
» Il y a encore à résoudre, sur ce sujet, bien des questions douteuses que,
pour le moment, nous pouvons à peine poser; mais il est évident qu'elles
ne pourront jamais être résolues sans un système uniforme et régulière-
ment coordonné d'observations graphiques. Ce que je viens de dire a seu-
( 388 )
lement pour but (l'indiquer, par un premier résultat assez intéressant, ce
que la science peut attendre des moyens que j'ai proposés, pour la solution
de ces mêmes problèmes. Je compte continuer ces observations autant
que possible à Paris, et les comparer avec celles de Rome, avec plus de
loisir que je n'en puis avoir maintenant. »
ASTRONOMIE. — Les étoiles filantes du 10 août 1867; par le P. Secchi.
« Les observations des étoiles filantes de la période d'août ont été
faites cette année, au Collège Romain, par deux observateurs seulement.
On avait formé le projet d'en faire une étude plus complète, et d'employer
un plus grand nombre d'observateurs, mais l'épidémie cholérique qui a
sévi à Albano a distrait, pour le secours de notre ville affligée, une partie de
notre personnel.
» Voici les observations faites quand l'éclat de la Lune cessa d'entraver
les observations :
1 1 août, matin (comptit civil), de
Nombre dVtoiles
li m
2 . I I
à
h ra
2.25 l5
2.25
à
2 . 46 16
2.46
à
3.00 l5
3.00
à
3.20 21
3.20
à
3.3o 8
3.3o
à
3.45 11
» De sorte qu'on a observé 86 étoiles en quatre-vingt-quatorze minutes.
» Le jour suivant :
Nombre d'étoiles,
h m h m
12 août, matin (comptit civil), de 3.i5 à 3.3o i5
» •> 3. 3o à 3.45 11
3.3o à 3.46 3
» De sorte qu'en trente et une minutes on a ohservé 22 étoiles. Los
nombres horaires de ces deux jours seraient 54,9 et 42,6, ce qui s'approche
des maxima observés dans l'année 1861, qui ont été les plus considérables.
» Les heures du matin étant plus fécondes, on ne pourrait rigoureuse-
ment comparer les observations de cette année à celles des autres, dans
lesquelles on a observé le soir; mais on voit au moins que la différence ne
doit pas être très-grande entre cette année et les précédentes.
» Les météores divergeaient, pour la plupart, de l'espace entre Persée
et Cassiopée, mais il y en avait un grand nombre de sporadiques. On en
a remarqué plusieurs qui se suivaient de près, jusqu'à trois ou quatre
( 389)
à la fois. Les grandes traînées lumineuses ont été très-rares. On en a cepen-
dant vu trois très-belles, malgré la Lune, le soir du 10 à iob7m. »
astronomie. — Le spectroscope stellaire; par le P. Secchi.
« Dans différentes communications présentées à l'Académie, j'ai exprimé
la persuasion que, avec le spectroscope simplifié que j'ai imaginé, on pour-
rait faciliter l'étude des spectres stellaires, même aux observateurs fournis
d'instruments médiocres et sans mouvement équatorial.
» Cette persuasion est maintenant un fait réalisé. Je soumets à l'Académie
un oculaire spectroscopique, formé d'un prisme et d'une, lentille cylin-
drique construits par M. Hoffmann, et que M. Secretan a appliqué à une
lunette de o,5 millimètres d'ouverture. L'autre soir j'ai pu voir, avec ce
système, les bandes prismatiques principales dans les étoiles de première et
de deuxième grandeur, et surtout décomposer très-bien a Hercule et |3 Pé-
gase, et les raies atmosphériques dans la planète Jupiter.
» C'est un résultat qui n'est point inattendu pour moi; mais il assure le
succès de ce petit instrument, surtout pour les amateurs, qui désormais
pourront s'en servir avec la première lunette venue. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle classe a" homologues de l'acide
cyanhydrique. Deuxième Lettre de M. A.-YV, Hofmann à M. Dumas.
« Dans une Lettre que vous avez eu la bonté de communiquer à l'Insti-
tut, j'ai appelé l'attention sur une nouvelle série d'homologues et d'analo-
gues de l'acide cyanhydrique engendrés par l'action du chloroforme sur les
monamines primaires.
» Comme représentant de ce groupe de corps, je vous avais signalé le
cyanure de phényle, dont la formation et les propriétés avaient fait presque
exclusivement le sujet de mes recherches.
» J'ai poursuivi la nature de ces nouveaux corps, qui me sont devenus
de plus en plus chers à mesure que j'en ai approfondi la nature.
» Prenant naissance dans une réaction bien définie, cloués de propriétés
d'autant plus remarquables qu'elles étaient inattendues, stables dans cer-
tains cas, et d'une altérabilité extrême dans d'autres, ces corps, suscep-
tibles des transformations les plus diverses, réunissent toutes les conditions
qui engagent à en faire un examen détaillé. Me voilà donc au début d'un
travail de longue haleine; vous me permettrez de vous en communiquer
les résultats au furet à mesure qu'ils se présenteront.
C. R., 1867, a" Semeilre. (T. LXV, N° 10.) 5l
f 39o)
» Cyanure d'éthyle. — Après avoir précisé dans la série phényliqne les
caractères généraux delà nouvelle réaction, mon attention devait naturel-
lement se porter sur la série éthylique. Dans ce but, il m'a fallu d'abord
me procurer de l'étbylamine en assez grande quantité; heureusement la
coopération libérale tant de fois éprouvée de mon ami M. Nicholson, de
Londres, est venue à mon secours. S'intéressant, avec une cordialité dont je
ne puis assez le remercier, à la continuation de mes recherches sur les bases
éthyliques, M. Nicholson a mis à ma disposition le produit de l'action de
l'ammoniaque sur l'iodure d'éthyle, provenant d'une opération faite sur
20 kilogrammes d'iodure dans une de ses grandes autoclaves.
» Grâce à cette heureuse alliance de la science et de l'industrie qui
caractérise notre époque, je me trouvais à même de pouvoir étudier sur une
assez grande échelle la transformation de l'éthylamine sous l'influence du
chloroforme.
» En versant graduellement un mélange d'une solution alcoolique d'éthyl-
amine et de chloroforme dans une cornue contenant de l'hydrate potas-
sique pulvérisé, il s'établit une réaction des plus vives; le mélange entre
en ébullition, et il distille un liquide dont l'odeur pénétrante surpasse tout
ce qu'il est possible de s'imaginer.
» Le produit de la distillation renferme, outre ce corps odorant, de
l'éthylamine, du chloroforme, de l'alcool et de l'eau, et il faut un assez
grand nombre de rectifications pour isoler de ce mélange le cyanure
d'éthyle.
» Comme il s'agit ici d'une substance très-volalile, les fractionnements
deviennent une opération des plus pénibles, et plus d'une fois, pendant
que j'étais occupé de ces expériences, mon laboratoire était presque ina-
bordable.
» Une chaleur de 3o degrés étant survenue, j'ai trouvé convenable d in-
terrompre momentanément la préparation à l'état de pureté du cyanure
d'éthyle, pour la reprendre à une saison plus favorable.
» J'étais néanmoins curieux, même dès à présent, d'étudier un véritable
homologue du cyanure d'éthyle, pour comparer ses propriétés à celles du
cyanure phénylique.
» Les limites heureuses entre lesquelles se trouvent les points d'ébullition
des composés de la série amylique.la désignaient comme celle qui devait
présenter le plus de chances de succès.
» Cyanure d'amyle. — En soumettant l'amylamine à l'action du chloro-
forme, on observe en effet tous les phénomènes qui se sont présentés dans la
( 3gi )
réaction analogue entre le chloroforme et l'aniline. Une molécule d'amyl-
amine et une molécule de chloroforme renferment les éléments d'une mo-
lécule de cyanure d'amyle et de trois molécules d'acide chlorhydrique :
C^H'^N -+■ CHC13 = C°HnN + 3HC1.
Amylamine. Chloroforme. Cyanure
d'amyle.
» Le cyanure d'amyle est un liquide transparent, incolore, plus léger
que l'eau, insoluble dans l'eau, soluble dans l'alcool et l'éther, d'une
odeur accablante rappelant à la fois celle de l'alcool amylique et celle de
l'acide cyanhydrique. Sa vapeur possède, encore à un plus haut degré que
celle du cyanure de phényle, la propriété d'impressionner la langue d'une
amertume insupportable, et d'affecter la gorge du sentiment de suffocation
si caractéristique chez l'acide prussique.
» Le cyanure d'amyle peut être distillé sans décomposition; il bour
à 137 degrés centigrades, c'est-à-dire à une température de 8 degrés moindre
que celle du point d'ébullition du capronitrile, son isomère. Je rappellerai
que le point d'ébullition du cyanure du phényle est aussi plus bas que celui
de son isomère, le benzonitrile.
» Sous l'influence des alcalis et des acides, le cyanure d'amyle se com-
porte de la même manière que le cyanure de phényle; peu attaqué par les
alcalis, il est décomposé par les acides avec une violence presque explosive;
une légère ébtdlition, en présence de l'eau acidulée, suffit pour le trans-
former en acide formique et en amylamine :
C°H^N + 2H20 = CH202 + C5H,31N.
Cyanure Acide Amylamine.
d'amyle. formique.
Pour fixer cette équation par des chiffres, j'ai exécuté la réaction à l'aide
de l'acide sulfurique dilué; il distillait alors de l'acide formique qui fut
transformé en sel sodique et analysé à l'état de sel d'argent. Le résidu dans
la cornue a fourni, par l'addition d'un alcali, de l'amylamine en assez grande
quantité; elle fut identifiée avec celle provenant du cyanate d'amyle par la
détermination du point d'ébullition, et par l'analyse du sel platinique.
» La transformation du cyanure d'amyle, ainsi que celle du cyanure de
phényle, ne s'accomplit pas d'un seul jet; il se forme des combinaisons
intermédiaires, correspondantes à la méthényldiphényldiamine et à la
phénylformamide, mais je ne les ai pas encore obtenues à l'état de pureté.
» J'ai désigné le corps que je viens de décrire dans cette Lettre sous le
( 3ç)2 )
nom de cyanure d'amyle; je n'ignore pas que l'on a donné le même nom à
la substance qui se produit par l'action du cyanure de potassium sur les
sulfamylates ; mais comme ce dernier corps, par suite de sa transformation
en acide caproïque et en ammoniaque, a droit aussi bien au nom de capro-
nitrile, j'ai cru pouvoir distinguer, provisoirement au moins, le nouveau
produit par le nom de cyanure d'amyle.
» L'examen des cyanures d'amyle et de phényle établit d'une manière
assez positive la formation d'un groupe de corps isomères aux nitriles
dérivés des alcools ordinaires et des pbénols; aussi n'ai-je pas cru devoir
m'arrèter, pour le moment au moins, à l'étude des autres termes de ce
groupe, le champ ouvert par ces nouvelles observations présentant des
questions bien plus séduisantes. En effet, l'existence des nouveaux homo-
logues de l'acide cyanhydrique laisse entrevoir la formation de toute une
autre série d'homologues du cvanogène.
» Ces corps doivent prendre naissance par l'action du chloroforme sur
les diamines.
» L'éthylène-diamine, par exemple, se transformera de cette manière en
dicyanure d'éthylène :
C2H8N2 + 2CHC|3 _ c'rPN2 + 6HCI.
Chloroforme. Dicyanure
d'élhylène.
» Je m'occupe dans ce moment de l'étude de l'action du chloroforme
sur l'éthylène-diamine, et je me propose de vous communiquer prochaine-
ment, si l'expérience a confirmé les prévisions de la théorie. »
MÉGANIQUE APPLIQUEE. — De l'air chaud substitué à la vapeur comme
moteur, sans danger d'explosion ; par M. Birdi.v (Extrait.)
« Le calorique introduit dans l'air à la place de la vapeur pour servir
de moteur, on ne saurait trop le dire, nous rendrait des services immenses,
et notamment nous permettrait de traverser les mers en ne dépensant que
le \ ou le j du combustible dans ce moment employé.
» Mus par cette conviction, M. Bourget et moi, nous priâmes l'Aca-
démie, le 10 avril i865, de vouloir bien insérer dans son Compte rendu
une Note qui conseillait l'emploi d'un air pur préalablement com-
primé, puis échauffé dans un faisceau de tubes renfermé dans le canal
maçonné de la fumée sortant d'un foyer ordinaire. Cet air venant ainsi à
la rencontre de la fumée, ou se croisant avec elle dans sa marche, était
( 393 )
ensuite injecté clans un cylindre moteur dont le piston, mis à l'abri de la
chaleur, était rlisposé de manière à utiliser le travail dû au calorique, tout
en opérant la compression préalable du nouvel air remplaçant celni qui
venait de travailler à pleine pression et avec détente. Ce dernier, enfin,
était ensuite ramené au foyer avec la chaleur qui lui restait, laquelle cha-
leur diminuait d'autant la consommation du combustible.
» Soit que ce conseil ait été suivi, soit que notre pensée se soit offerte à
d'autres esprits, nous avons vu à la récente Exposition des tentatives de
machines dirigées dans la voie dont il s'agit : il est donc de notre devoir
de discuter autant que possible les conditions théoriques que doivent rem-
plir ces machines pour obtenir telle ou telle économie du combustible.
» Comme dans ce but notre Note du 10 avril 1 865 peut compléter l'in-
telligence de ce qui suit, tout en décrivant un cylindre et un piston tout à
la fois soufflet de l'air frais et récepteur du travail produit, nous la rappe-
lons ici avec nos précédentes communications à l'Académie.
» Dans tous les cas, en reproduisant ainsi ces communications, ce sera
pour nous une heureuse occasion de les perfectionner, de les rectifier et
au besoin d'y corriger les erreurs qui auraient pu nous échapper.
» Soit i mètre cube d'air ordinaire (à 10 degrés, par exemple) et pesant
ik'1,254 : si on le comprime d'abord, puis si on le chauffe à 800 degrés, par
exemple, avant de le faire travailler sur un piston, il pourra ensuite, à
pleine pression et avec détente jusqu'à la pression atmosphérique, produire
des travaux en sus de ceux préalablement exigés pour sa compression à froid
et pour son refoulement ou introduction dans ses tubes réchauffeurs (voir, à
propos des formules bases de nos calculs, en outre de lalNote précitée, celles
insérées, dès 1857, dans le tome XLV des Comptes rendus de l'Académie, et
aussi celle insérée le 18 avril i863).
» Supposons maintenant le piston du 10 avril 1 865 battant un coup par
seconde, par exemple, et dépensant les ika,254 ci-dessus à 800 degrés (le
travail réalisé croissant avec ces degrés).
» Admettons : i°que les tubes chauffeurs de cet air sont assez multipliés
ou présentent assez de surface extérieure pour pouvoir dans ce temps rece-
voir, de la fumée qui les lèche, toutes les calories qu'elle renferme, moins
celles emportées et perdues dans la cheminée ;
» 20 Que les mêmes tubes présentent un volume beaucoup plus considé-
rable que celui du gaz dépensé à chaque coup de piston, afin que, pendant
tout le temps de la détente (lorsque l'air moteur cessera momentanément
de cheminer vers l'extrémité la plus chaude desdits tubes ou vers le cylindre
( 39'i )
travaillant), leur pression intérieure n'en soit que très-peu augmentée, ainsi
que cela a lieu sur les locomotives et sans qu'on soit obligé de recourir à
des régulateurs ou pistons mobiles convenablement chargés;
» 3° Que la fumée se dépouille aussi uniformément que possible de son
calorique en faveur de l'air cheminant dans les mêmes tubes.
» En effet, le gaz n'étant plus débité ou s'arrêtant lors du travail en
détente sur le piston moteur, les parois métalliques prendront un léger
accroissement de température qui sera restitué plus tard, lors du travail à
pleine pression; bref, ces parois, aidées au besoin par des feuilles ou
rognures métalliques placées au dedans des tubes, uniformiseront la trans-
mission du calorique dans ce cas comme le font les volants emmagasinant
l'effort de nos machines quand il est trop considérable, pour le restituer
ensuite quand il est trop faible. Ces précautions prises dans deux machines
à 2j à 4 et à 6 atmosphères, nous allons trouver un travail un peu décrois-
sant, en même temps que nos tubes et nos cylindres deviendront de moins
en moins volumineux et moins pesants. En n'opérant qu'un peu au-dessus
de l'atmosphère, notre rendement serait considérable, il est vrai, mais l'en-
semble de l'appareil deviendrait trop encombrant pour obtenir le même
travail malgré l'économie réalisée dans le combustible ; c'est ce qu'on re-
connaît à la première inspection des formules desquelles nos chiffres sont
tirés.
» Soit un faisceau de tubes pleins d'air à ■?. atmosphères, rencontré
d'abord par la fumée à 923°, 22 puis à 73°, 22 -(- 5o lorsque cette fu-
mée les quittant gagne sa cheminée; la transmission du calorique se fera
alors du dehors en dedans avec une différence de température initiale
923°, 22 — 800 =123°, 22 et une finale 73°, 22 -+- 5o — 73°, 22 = 5o°
(73°, 22 étant la température due à la pression préalable 2 atmosphères de
l'air moteur, et 5o degrés étant, par exemple, l'excédant de température
qu'on est toujours obligé de laisser subsister chez la fumée chauffante par
123" *y "? 1 00
rapport à l'air chauffé). Bref, ■ = 86°, 6r sera, dans ce cas,
l'excédant moyen de la température extérieure des tubes par rapport à
la température intérieure, depuis leur extrémité la plus chaude jusqu'à
celle qui l'est le moins; enfin, depuis 800 degrés jusqu'à 73°, 22 observés
dans leur intérieur.
» 11"1, 254 d'air devant, dans ce cas, passer de la température 73°, 22 à
celle 800 degrés, il faudra donc que la fumée lui transmette petit à petit
1 ,254 -+- 0,24 (800 — 73, 22) = o,3oi -+- 726, 78 = 218, 76
( 395 )
à travers des parois assez multipliées ou étendues pour cela. Dans ce but,
la fumée n'aura pas besoin de peser i,s>.54, il suffira qu'elle en pèse une
fraction x donnée par l'équation
i,25/j.t X 0,24 X 923°, 22 = 1,254 X o,a4 X 726, 78
-+- I, 254*X 123,22
— I,254XO,24(l — x) X (598,63— 123,22),
ou par l'équation
923, 21X = 726,78 -+- t23,22JT — 475,409 ( I — x) ,
d'où l'on tire
» En effet, cette fumée, en outre des 2 1 8cal, 76 qu'elle doit fournir à l'air
du piston moteur par seconde, doit garder 123°, 22 à sa sortie au bas de -sa
cheminée; de plus, comme elle n'aura pas chauffé les tubes toute seule,
comme elle aura été aidée dans ce but par la partie (1 — x) 1, 254 d'air pur
moteur, qui n'a pas besoin d'entrer au foyer, et qui, conservant après son
travail en détente 598,629, pourra en céder
598,629— 123,22 = 4750, 4o6
auxdits tubes à partir des points chauffés à 475°, 409 — 5o jusqu'aux extré-
mités à 73°, 22 au bas de la cheminée de sortie ; on voit donc que grâce à ce
concours de l'air pur détendu se mêlant à la fumée pour lécher les tubes,
la fraction ci-dessus x va se trouver réduite à 0,77442 au-dessous de l'unité.
» Ainsi donc, en faisant entrer dans le foyer de l'air ordinaire à 10 de-
grés, il faudrait par seconde ou par coup de piston de la machine
(923,22 — 10) 0,24 X 0,77442 X i,254 calories seulement; mais comme
on emploie de l'air qui a conservé après son travail en détente 589°,629,
on n'aura plus besoin de demander au charbon consommé toutes
les calories ci -dessus; il suffira en effet que ce charbon en fournisse
0,77442 x i,254 X 0,24(923,22 — 598,629) = 75cal,662i6. Un mètre
cube d'air à 10 degrés, comprimé à 2 atmosphères et chauffé à 800 degrés,
devant, d'après nos Notes de 1857, produire un travail net et réalisable de
i6665 kilogrammètres, nous obtiendrons dans ce cas ,. . . — ; = 220kem, 26
0 75,bb2ib
oon On
par calorie, soit un rendement . ' = o, 5i8. Ainsi la machine de
( 396 )
— =— = 222,22 chevaux dont il s'agit ici ne brûle en théorie que | en plus
de kilogramme de charbon par heure et par force de cheval.
» Les calories acquises d'abord par l'air en sus de ses 10 degrés initiaux
et conservées lors de la sortie dans la cheminée étant
i,254 [0,77442 ■+- (1 — 0,77/442)] 0,24(123,22 — 10)
= 1 , 254 x o, 24 X 1 1 3, 22 = 34ca\ 079,
on pouvait conclure, sans recourir au travail ci-dessus i6665k6m, que
notre machine, sur 75,66126 calories fournies par son charbon, n'en utili-
sait que 75,66126 — 34,079 = 4ocal, 58 , d'où résulte un rendement
?',.,- = °> ^36 un peu supérieur à o, 5i8 par suite des décimales négligées
dans nos calculs successifs. On ne tient pas compte, dans ce cas, du poids
de charbon emporté par l'acide carbonique de la fumée, lequel poids serait
environ 3^ de cette dernière dans un foyer ordinaire (alimenté par trois fois
l'air strictement nécessaire, afin d'éviter l'oxyde de carbone) et qui, dans
notre machine, sera dans une proportion moindre à cause de la chaleur
apportée par le même air. Mais en prenant en considération un tel poids, on
voit que la fraction x, trouvée pins haut égale à 0,7744, serait par suite un
peu diminuée en augmentant d'autant le rendement que nous avons ob-
tenu ; bref, notre omission a réduit nos résultats calculés.
» Arrivant à 4 atmosphères, le mètre cube d'air moteur pesant iki',254
exigera par seconde et par coup de piston
( 800 — 1 5o) 1 , 254 X o, 24 = ' 95cal, 65
(i5o étant la température initiale de cet air préalablement comprimé).
» La fumée chargée de chauffer progressivement cet air pur avec un
excédant de température devra donc d'abord être à 1000 degrés en sortant
du foyer, pour arriver à i5o -+- 5o = 200 degrés vers l'extrémité la moins
chaude des tubes, vers la sortie dans la cheminée; le nouveau poids
x X ikil,254 de cette fumée sera ainsi déterminé par l'équation
1,254-v x 0,24 x 1000 =■ 1, 254 x 0,24 (800 — i5o)
-t- 1,254^' x o, 24 x 200
— 1 , 254. t x o, 24 (1 — x) (444 — 200)
ou par
iooox = 65o — (1 — x) il\l\x -+- 200X,
( 397 )
ce qui donne .1=0,73, dans cette machine produisant 2706g kilo-
gram mètres ou répondant a ^ ^ = 36i chevaux (444 degrés étant la
température qui reste à l'air moteur après sa détente, lesquels 444 se
réduisent à 244 lorsque la partie 1 — x de cet air aura léché les tubes,
réunie à la fumée venant du foyer).
» Le charbon consommé par seconde ne devra ainsi fournir que
1,244 X 0,24 X 073(1000 — 444) = i22cal,2, ce qui répond à un travail
— — - = 222,6774 par calorie, soit à un rendement à peu près égal au pré-
cèdent de la machine à 2 atmosphères. Les calories emportées par la fumée,
défalcation faite de sa chaleur initiale 10 degrés, étant
0,24 X i,254 (200 — 10) = 57cal, 19,
il en résulte donc une confirmation du rendement ci-dessus, puisqu'on a
122 2 Ol ÏQ
- — *- = o,53 environ. C'est moins de -j de kilogramme de charbon
122,2 ° o
par heure et par force de cheval.
« Comme on voit, en opérant à 4 atmosphères et surtout à 6 dans l'ap-
plication suivante, le rendement n'augmentera pas, il est vrai; mais comme
on aura une fumée sortant avec 200 degrés et 3oo°,4, il sera possible,
dans ces derniers cas, en ajoutant un simple cylindre à l'appareil, de pro-
fiter des fumées ci-dessus en élevant les rendements alors à 0,60 et plus,
ainsi qu'il va être expliqué.
» A 6 atmosphères, l'air frais à 10 degrés acquerra 2o3°,4i2, et après sa
détente dans le cylindre moteur il possédera 363°, 7656; le poids i,a54x de
la tumée sera donc donné par l'équation
io53,4ia^X 1,254 Xo,2J = 1,254x0,24 (8oo--2o3,4 12)
-i- 1,254 x x 0,24 x 253,4 12
— 1,254x0,24(1 — x) (363, 76562 — 253,4 12),
ou par l'équation
io53,4i2.r = (253, 412 + 1 io,35362)jc -1- 486,23438,
d'où l'on tire
x
486,23438
— — 0,705.
107 "
146,34641
» Les calories fournies par le charbon étant
1,254 x 0,24 x o,7o5(io53,4i2 -363,7656) = 146,3464,
(.. K., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N" 10.) 52
( 398 )
on a par calorie
, °"t ' = 208 kilogrammètres ,
14(3,3454 D
répondant à un rendement un peu au-dessous de o, 5, ainsi qu'il résulte
des calories emportées par la fumée, savoir :
1,254 x 0,24(253,412 — 10) = 73,267.
En résumé, la présente machine de °H_ ' = 4o5 chevaux dépensera \ de
70
kilogramme de charbon et par force de cheval.
» Nous arrêtant à la machine de 4 atmosphères, voici quelle va être la
surface totale des tubes employés en un seul ou en deux faisceaux à section
circulaire, si on craint qu'un seul cylindre de 1 mètre carré de base et
de 2m,67 de longueur intérieure fournisse des efforts trop variables à l'arbre
tournant.
» Pendant une seconds ou pendant le coup de piston, avons-nous dit,
il faut que 280,79 ^ — — ■ = igi0"1,! traversent les tubes de dehors en
dedans en passant de la fumée dans le poids ikil,a34 de l'air moteur. Si,
d'après la Physique industrielle de Péclet, 7 mètres carrés environ de sur-
face étaient nécessaires pour., dans une seconde, transvaser ainsi une calo-
rie avec une différence de température 5o degrés, il faudrait alors que
nos tubes présentassent à la fumée qui les lèche une surface totale de
535 mètres carrés (le piston moteur battant un coup par seconde).
» En effet, la différence de température entre le dehors et le de-
dans des tubes étant, au premier moment, 1000 — 800 = 200 degrés, et
200 — i5o= 5o degrés au dernier moment, la moyenne de cette différence
sera
200 + 5o t ,
■ = i2D degrés,
ce qui porte à
191,1 x 7X -^ = 535
la surface île transmission exigée dans ce cas.
» Péclet ayant essayé des surfaces ou des parois beaucoup plus épaisses
que celles (platinées ou argentées à leurs extrémités chaudes) de nos tubes,
on peut espérer que les 7 mètres carrés par calorie ne seront nullement
nécessaires dans ce cas, différent de ceux prévus par le physicien dont
il s'agit; toutefois, admettant, au pis-aller, les 7 mètres carrés, on déter-
( 399 )
minera le nombre n des tubes et leur diamètre d par les équations
ndx'5,i^i6 = et nd2 X 0,7854 = — >
qui donnent
d = om, 07478 et n= i348 environ
(2 mètres étant la longueur donnée à ces tubes, et 10 mètres cubes ou
10 fois la dépense d'un coup de piston étant leur volume total,, suffisant
pour prévenir les diminutions de pression en temps d'arrêt subit ou même
de renversement du gaz moteur).
» Le faisceau cylindrique de ces tubes^ un peu espacés pour laisser pas-
ser la fumée, ne pesant, au bout du compte, avec des parois épaisses de
om,ooo5, que 535 x 8oookil -+- o,ooo5 = 2140 kilogrammes, et ne recevant
pour diamètre que 2 à 3 mètres au plus, on voit que l'encombrement
de notre machine de 36i chevaux restera très-inférieur à celui d'une
machine à vapeur de même force, accompagnée de ses chaudières et
provisions d'eau.
» Notre piston moteur (voir Note de 1 865) cumule, a-t-on dit, les fonc-
tions de récepteur et de soufflet d'air frais; toutefois, comme, pour atteindre
ce double but, il nécessitera des mécanismes ou dispositions particulières;
comme, surtout, les deux cloches en terre recouvrant en haut et en bas
ledit piston éprouveront des coups ou des espèces de chocs lorsqu'elles
prendront les devants plus ou moins subitement, afin d'aspirer de l'air frais,
on leur préférera peut-être un cylindre soufflant ordinaire qui sera
mû séparément par une manivelle placée sur l'arbre tournant (sur celui des
hélices des vaisseaux, par exemple), en faisant alors un angle droit avec la
manivelle motrice du même arbre. Avec un soufflet ainsi distinct, les
cloches en terre susdites n'auront plus besoin de se séparer du piston
moteur qu'elles protègent contre la chaleur.
» La présente machine, a-t-on dit, perd dans la cheminée
1 ,254 X 0,24 X 200 = 6ocal,2.
» Pour éviter cette perte, au moins en partie, on pourrait recourir à de
nombreux tubes et à un deuxième cylindre ; on pourrait aussi refroidir la
fumée sous un récipient en y faisant agir le vide d'abord, puis en faisant
agir l'atmosphère sur le vide comme lorsqu'on condense la vapeur.
» Tout considéré, le mieux, suivant nous, sera d'ajouter dans ce cas à
notre appareil un cylindre travailleur à la fumée, comme l'était celui de
52..
( 4oo )
M. l'ingénieur Belon , quand à son tour il s'est livré avec un dévouement
très-méritant à la question importante de l'air chaud comme moteur. La
fumée étant dirigée ou aspirée dans ce cylindre, s'y détendant au-dessous
de l'atmosphère d'après la loi de Poisson, et s'y refroidissant de 200 à
4o degrés par exemple, on voit que le piston, poussé par cette fumée d'un
côté, et arrêté de l'autre côté par la fumée du coup précédent (laquelle,
grâce à un réfrigérant, sera de nouveau comprimée d'après la loi de Ma-
riotte, pour pouvoir être expulsée dans sa cheminée ou dans l'atmosphère),
on voit, dis-je, que ce piston, ainsi placé entre une certaine pression et
une contre-pression plus faible, produira un certain travail par différence
que nous allons calculer.
» 4o degrés étant ici laissés à l'air détendu, il en résulte que notre dé-
tente doit descendre jusqu'à 7 — - — d'atmosphère, et nue la course totale x.
du piston sera 2m,iy346.
» Opérant sur 1 mètre cube ci air a 200 degrés, l intégrale | - — ; — ■=-
donnera, pour le travail en détente dû à la pression sur le piston,
85i8kgm,4i 12, lequel, ajouté à io333xim dus à la pression de l'atmo-
sphère pendant l'entrée, donne 1 885 ik6m, 4' 12.
t ■* u s» • < j - 1 i + o,oo3665x4o „,. rc co
» Le metrecubed aira 200 degrés, devenu ^7^ — = omc,66i63
D i-t-o,oo3bb5X2oo
pendant ou après la contre-pression, fournira, d'après la loi de Mariotte,
un travail négatif (en sus de celui o,66i6xio333 causé par l'atmosphère
à la sortie) égala io333 X 0,6616 x 2,3 log (4.i333i) = 996ikBm, 3g;
ajoutant 0,6616 X io333 = 6836, 3i3, il vient 16527,7, qui, retranchés
de i885i,4ii2, donnent 2323k8'",7 pour le travail net du mètre cube
à 200 degrés, détendu au-dessous de l'atmosphère, en ne gardant que
4o degrés à sa sortie.
» Il résulte de là que i1"', 254 ou °,ue Ie volume
1 + o,oo3665 X 200 i,7 33
1 _ = U — 1 me 6" 1 2
1 4- o , oo3665 X 1 o i,o3665 ;
produira 2323,7 X 1,672 = 3885k8ra, 225, lesquels, ajoutés à 27069 kilo-
grammètres, élèveront le travail précité par calorie à
3o954,225=2
122,2 ' ^
et le rendement à
253, 14
452
= o,5956.
( 4oi )
» A 6 atmosphères, la fumée chaude à 253°, 412 ajouterait un travail
plus grand, bien entendu.
» Nous terminons en déclarant ici que M. Bourget, si compétent poul-
ies précédents calculs, a bien voulu nous aider de ses précieux conseils. »
géographie. — M. d'Auchiac présente à l'Académie, au nom de M. de
Tcliihntclieff, un exemplaire d'un ouvrage que vient de publier M. Kiepert,
et qui a pour litre : « Tracé des itinéraires de M. P. deTchihatcheff en Asie
Mineure, pour la construction de la carte hypsométrique de ce pays ».
A cet envoi, M. de Tchihatcheff joint la Note suivante :
« Wiesbaden, 14 août 1867.
» J'ai l'honneur de demander à l'Académie la permission de lui offrir
un exemplaire d'un travail que je dois à l'amitié de M. H. Riepert et qui
vient de paraître dans la Revue si avantageusement connue publiée à Gotha
par le D1' A. Petermann (1).
» En résumant dans ce travail tous les éléments topographiques de mes
longues pérégrinations en Asie Mineure, M. Riepert a en en vue, non-seule-
ment de faire connaître les matériaux à l'aide desquels il avait essayé de
construire une nouvelle carte de l'Asie Mineure qui a servi de base à la
carte géologique que j'ai publiée sur cette contrée, mais encore d'appeler
l'attention du public sur plusieurs de ces régions qui n'avaient pas été visi-
tées jusqu'ici par les savants. D'ailleurs, le travail de M. Riepert sert en quel-
que sorte de pièces justificatives à mon grand ouvrage sur l'Asie Mineure,
puisqu'en indiquant minutieusement la marche que j'aie suivie dans mes
explorations, ce travail permet d'apprécier jusqu'à quel point j'ai pu recueil-
lir sur les lieux mêmes les nombreuses données géologiques, botaniques,
météorologiques que j'ai successivement publiées dans les six volumes dont
se compose en ce moment cet ouvrage. Ce genre de contrôle, superflu pour
les pays situés en Europe où la vérification des faits énoncés peut se faire
plus ou moins aisément, a une importance toute particulière quand il s'agit
de ces contrées de l'Orient, destinées à demeurer pendant longtemps en-
core inaccessibles à la majorité des savants.
» Les itinéraires que l'éminent géographe de Berlin a groupés dans un
certain nombre de tables, afin d'en rendre l'appréciation plus facile, se rap-
(1) Communications sur les nouvelles et importantes explorations relatives aux sciences
géographiques ( Mittheilungen ùber ntchtige neue Erforscliungen , etc. ).
( fa* )
portent aux sept années de voyages accomplis en grande partie à pied, les
chevaux ne pouvant d'ailleurs avoir d'autre allure que celle d'un pas me-
suré. Ce n'est que de cette manière qu'ont été suivies les lignes analysées
dans le travail de M. Riepert et tracées sur la carte qui l'accompagne. La
longueur totale de ces lignes est de 353 1 lieues métriques ou i3Ô24 kilo-
mètres. Ce chiffre, comme on le pense, ne comprend point les nombreux
détours locaux, souvent nécessités par des recherches spéciales ; il n'exprime
que les principales coupes géologiques tracées à travers la péninsule, de
manière à en couvrir la surface d'un réseau plus ou moins serré de triangles
irréguliers que je m'efforçais de subdiviser autant que possible, afin de
réduire l'étendue des espaces intermédiaires laissés non explorés. Enfin
toutes les mesures hypsométriques que j'ai effectuées, et dont le nombre
porte sur 811 points déterminés, se trouvent indiquées en regard de
chaque localité à laquelle elles se rapportent. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com-
mission qui devra décerner le prix Godard pour l'année 1867.
MM. Nélaton, Serres, Coste, Longet, Cloquet réunissent la majorité des
suffrages.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com-
mission qui devra décerner le prix Savigny pour l'année 1867.
MM. Milne Edwards, de Quatrefages, Blanchard, Coste, Robin réu-
nissent la majorité des suffrages.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Note sur un nouveau mode de propulsion des navires
à vapeur; par M. H. Arxoi'x.
(Renvoi à la Section de Navigation. )
« Feu M. Claude Arnoux , mon père, se proposait dans ces derniers
temps d'appliquer aux navires à vapeur un nouveau mode de propulsion
par l'hélice. De part et d'autre de l'axe longitudinal du navire et au-dessous
( 4o3 )
de la ligne de flottaison, il disposait deux tubes cylindriques égaux, traver-
sant la coque de l'avant à l'arrière. Chacun de ces tubes était divisé en trois
parties : les parties extrêmes étaient fixes et la partie centrale était emboîtée
sur les deux autres , de façon à tourner librement autour de leur axe com-
mun. Cette partie centrale portait dans son intérieur une hélice, venue de
fonte avec elle, et, sur sa couronne extérieure, des dents d'engrenage. Une
machine unique, placée entre les deux tubes, commandait les engrenages
et par suite les hélices.
» Dans ce système, à la vérité, le déplacement du navire se trouve aug-
menté, mais en même temps l'aspiration de l'hélice devient très-favorable
à la marche, au lieu d'être nuisible comme dans l'hélice ancienne. L'action
propulsive de l'hélice est aussi beaucoup mieux utilisée, et nous verrons
plus loin qu'il en résulte d'autres avantages d'une importance majeure.
» Toutefois des difficultés sérieuses semblent s'opposer à l'adoption de ce
système. Tandis qu'on s'applique, dans les nouvelles constructions, à sup-
primer les engrenages, on paraît ici ne pas pouvoir s'en passer. La machine
devient plus compliquée et les joints des tubes mobiles donneront lieu à une
absorption de travail assez considérable.
» J'ai pensé qu'une disposition très-simple pouvait écarter ces inconvé-
nients et réaliser en même temps des perfectionnements importants. Dans
cette disposition, un tube fixe unique débouche à l'avant et se bifurque à
une certaine distance de l'avant : deux tubes jumeaux, de section moitié
moindre, partent de la bifurcation et suivent les flancs du navire jusqu'à
une certaine distance de l'arrière, où ils se réunissent de nouveau dans-un
tube unique de même diamètre que le premier. Dans le tube antérieur se
trouve placée l'hélice, comme dans un coursier, en sorte qu'elle agit à la
manière des vis d'épuisement. L'arbre de cette hélice repose sur deux por-
tées, l'une à son extrémité antérieure, l'autre au delà de la bifurcation des
tubes jumeaux, et sur son prolongement se trouve l'arbre moteur qui le
commande directement.
» Il devient inutile de prendre des dispositions pour affoler l'hélice :
quand on ne veut pas s'en servir, ou quand on veut la visiter et la réparer,
on ferme les tubes extrêmes par des obturateurs étanches. L'eau sortant du
tube postérieur est dirigée par une cloison de forme convenable, suivant
deux courants parallèles à l'axe du navire, de part et d'autre de l'étambot.
On voit de suite que le gouvernail recevant l'un ou l'autre courant agira
avec une grande efficacité. On pourra même augmenter encore son action en
se réservant le moyen de diminuer les sections de sortie de l'eau : toutefois,
( 4o4 )
comme ce moyen diminuera probablement le rendement de l'hélice d'une
fraction très-notable, .on ne l'emploiera que passagèrement.
» Il résulte de ces premières indications que les agencements généraux
doivent subir un véritable retournement. La machine doit être reportée à
l'avant et les chaudières doivent être reportées à l'arrière.
» Quelle sera la section du tube de l'hélice? Dans les grands navires, la
surface agissante de l'hélice actuelle, c'est-à-dire la somme des projections
de ses ailes sur un plan perpendiculaire à son arbre, équivaut au quart en-
viron de la section droite du cylindre décrit par les ailes, et cette même sur-
face agissante est la dix-septième partie du maître couple immergé.
» Dans la nouvelle hélice, si on néglige, pour abréger, le jeu de l'hélice
dans son coursier, la surface agissante sera la section même du tube anté-
rieur, et cette section sera par conséquent la dix-septième partie du couple
immergé. Probablement l'expérience apprendra que cette section peut être
réduite; toutefois on peut conjecturer, d'après les résultats déjà connus,
que cette réduction sera peu considérable.
» Quel sera le pas de la nouvelle hélice? Dans l'ancienne hélice, le pas
est égal tout au plus à une fois et demie le diamètre, mais le mode d'action
de la nouvelle hélice est totalement différent. Sans insister sur ce point,
nous dirons que, si on se fondait sur les résultats pratiques des vis d'épuise-
ment, on porterait l'inclinaison de l'hélice jusqu'à 60 degrés et le rapport
précédent jusqu'à 5,4. On ne peut considérer ces résultats que comme une
indication : mais, si on admet cpie la machine doit produire le même travail
effectif en agissant sur l'hélice ancienne et sur l'hélice nouvelle, on trouve
pour ce rapport le nombre 3. Nous pensons qu'on peut le porter à 3,3 au
moins.
» Pour un navire dont le maître couple immergé aurait une surface de
60 mètres carrés, le tube antérieur aurait un diamètre de iw, 1 2, les tubes
latéraux un diamètre de im,5o, le pas de l'hélice serait de 7 mètres, et, en
admettant le même recul cpie pour les meilleures hélices actuelles, le navire
progresserait de 6m,3o par tour, ce qui, pour une vitesse de 12 noeuds ou
de 6m, 1 7 par seconde, répondrait à une vitesse angulaire de 58, 7 tours par
minute.
" Nous pensons que, non-seulement la nouvelle hélice peut atteindre
un rendement supérieur au rendement de l'ancienne, mais aussi qu'elle
permettra d'augmenter très-notablement la vitesse et qu'elle pourra devenir
le point de départ d'un nouveau progrès dans l'art des constructions.
» Les principales causes qui limitent la vitesse sont le mode d'action de
( 4o5 )
la vapeur elle-même, les perturbations produites par l'inertie des pièces
du mécanisme et le mode d'action de l'hélice.
» Quant à la première cause, on sait que, dans sa machine à trois cylindres,
M. Dnpuy de I.ôme a su, non-seulement faire disparaître les inconvénients
de l'emploi d'une grande détente de la vapeur, mais encore régulariser le
couple moteur, en sorte que les pressions maxima sur les arbres sont con-
sidérablement atténuées. Quant à la seconde cause, nous avons montré, dans
un travail récent, qu'on pouvait en annuler complètement les effets. Sous
ce rapport encore, la machine à trois cylindres offre de grands avantages,
mais néanmoins elle laisse subsister deux mouvements de rotation parasites
et parmi ceux-ci le plus important de tous. Ces mouvements, entre autres
inconvénients, déterminent des mouvements anormaux de la masse entière
du bâtiment, et, comme l'intensité des forces qui les font naître croît pro-
portionnellement au carré de la vitesse angulaire de l'arbre moteur, il est
d'autant plus important de les annuler qu'on veut atteindre de plus grandes
vitesses.
» En ce qui concerne l'hélice, chaque fois qu'une des ailes en tournant
est masquée par l'étambot, il en résulte une diminution brusque de la
vitesse et un choc. On n'a pu qu'atténuer cet inconvénient en multipliant
le nombre des ailes : mais il disparaît dans la nouvelle hélice.
» Dans une hélice de grand diamètre, les rotations de l'eau sur les élé-
ments varient très-notablement avec la hauteur, et il résulte de ces diffé-
rences une pression sur l'axe qui contribue à réchauffement des paliers. Ces
différences se trouvent fort atténuées dans la nouvelle hélice.
» Afin de pouvoir affoler au besoin l'ancienne hélice, on se sert d'un
assemblage mobile et d'un vireur. Dès que ces organes ont pris du jeu, il
en résulte des vibrations qui sont fort aggravées par le porte-à-faux de
l'hélice. Ces organes deviennent inutiles dans la nouvelle hélice, et les pres-
sions peuvent être parfaitement réparties sur ses deux supports.
» Dans l'ancienne hélice, la position de l'arbre résulte en général forcé-
ment du diamètre de l'hélice, ou, si l'on veut, de la surface du maître couple
et de la hauteur d'eau qu'on doit laisser au-dessus des ailes (soit envi-
ron A du diamètre). -Il peut donc arriver que cet arbre ne soit pas placé à
la hauteur la plus convenable, c'est-à dire, suivant nous, à celle du centre
de pression de la section immergée. Il en résulte un couple qui nuit à la
marche. L'arbre de la nouvelle hélice pourra toujours être placé à la hau-
teur convenable.
« Nous conclurons donc qu'en combinant la nouvelle machine de
C. R., 1867, Ie Semestre. (T. LXV, N° 10.) 53
( 4o6 )
M. Dupuy de Lôme avec la nouvelle hélice et avec les dispositions propres
à faire disparaître l'influence de l'inertie des pièces du mécanisme, on pourra
construire des navires plus rapides, évoluant plus facilement et pouvant
marcher même par un vent debout. »
M. L. Aubert adresse un « Troisième Mémoire sur les solides soumis à
la flexion ».
(Renvoi à la Section de Mécanique, à laquelle M. Delainiay est prié de
s'adjoindre.)
M. Faitre adresse une nouvelle Note concernant la modification qu'il
propose d'apporter dans les constructions navales, pour atténuer les effets
désastreux des naufrages.
(Renvoi à la Section de Navigation.)
M. Kaufmann adresse une Note relative à la chaleur animale.
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
M. Barracano adresse, par l'intermédiaire du Ministère de l'Agricul-
ture, du Commerce et des Travaux publics, un certain nombre de pièces
relatives surtout au traitement du choléra.
(Renvoi à la Commission du legsBréant.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Instruction publique annonce à l'Académie que son
budget vient d'être accru, pour l'exercice 1 868, d'une somme de vingt-
quatre mille francs, destinée aux dépenses des Comptes rendus de ses
séances et de ses autres publications.
PHYSIQUE. — Recherches sur l'absorption de la chaleur obscure. Note de
M. P. Desains, présentée par M. Milne Edwards.
» Dans la séance du 27 mai dernier j'ai eu l'honneur de présenter à
l'Académie les résultats d'une série d'expériences relatives à l'action absor-
bante que plusieurs liquides volatils et leurs vapeurs exercent sur la chaleur
venue d'une lampe à cheminée de verre.
( 4o7 )
» Il résulte de ces expériences que pour la chaleur dont il s'agit et les
substances sur lesquelles j'opérais, l'absorption salit-fait à une loi très-
simple, savoir : que pour chacune de ces substances une colonne de
section et de poids déterminés exerce une absorption indépendante de
l'état physique du milieu qui la constitue. La colonne liquide est très-
courte, la colonne gazeuse est très-longue, mais elles produisent le même
effet.
» Il me paraissait important de chercher si cette égalité subsiste encore
dans le cas où les rayons sont beaucoup plus absorbables que ne le sont
ceux d'une lampe à double courant, déjà transmis à travers une épaisseur
de verre considérable; si elle subsiste, par exemple, dans le cas où le
rayonnement émanerait d'une lame de enivre noircie chauffée à 4oo degrés
environ.
» Mais une difficulté tout expérimentale se présentait alors. Cette cha-
leur obscure est trop absorbable par le verre pour qu'on puisse songer à
employer les appareils à fermeture de verre dont je faisais usage dans mes
recherches précédentes. Le sel gemme, il est vrai, a permis à M. Tyndall
d'obtenir de bonnes fermetures, parfaitement transparentes pour la chaleur
obscure. Mais, quoiqu'il ne faille pas s'exagérer les craintes que peut donner
la facilité avec laquelle ce corps absorbe l'humidité de l'air, il m'a paru
préférable de chercher à me mettre à l'abri de tout danger de ce côté; et,
heureusement, j'ai trouvé chez M. H. Soleil de très-beaux échantillons de
spath fluor incolore qui m'ont été fort utiles.
» Les expériences de Melloni indiquaient que sous une épaisseur de
2 millimètres ce corps laisse passer environ 5o pour ioo de la chaleur ve-
nue d'une lame de cuivre noircie chauffée à 4oo degrés.
« Je l'ai employé à fermer mes tubes et à former les lentilles et les auges
dont je devais me servir, et, grâce à son emploi, j'ai pu constater que sur
■la chaleur venue d'une lame noire chauffée environ à /joo degrés, l'éther
exerce des absorptions qui sont toujours indépendantes de l'état physique
sous lequel ce corps se présente. Cette absorption est considérable et s'é-
lève environ à 92 pour 100 pour une couche d'éther liquide de om,ooi 7 d'é-
paisseur à 25 degrés. Dans tous les cas, qu'on prenne l'éther à l'état liquide
ou à l'état de vapeur, l'action absorbante est la même pourvu que le
nombre de molécules actives que le rayon rencontre sur la route soit le
même.
» Ce caractère de l'absorption que les corps diathermanes étudiés en ce
travail exercent sur la chaleur, se présente sous bien des formes différentes.
53..
( 4o8 )
Ainsi, par exemple, en opérant sur le gaz de l'éclairage, j'ai pu constater
que dans un tube déterminé, un poids constant de ce gaz exerce une action
complètement indépendante de la quantité d'air plus ou moins grande avec
laquelle on le.méie. Avec la quantité d'air introduite change la pression du
fluide élastique intérieur; mais pourvu que rien ne sorte du tube, l'ab-
sorption reste invariable. On sait que l'action absorbante de l'air est si
faible, qu'on peut la négliger complètement. Enfin, en comparant dans
plusieurs conditions les actions absorbantes exercées par des colonnes de
gaz d'éclairage ayant même section et même poids, j'ai constaté que ces
actions étaient les mêmes, quoique les longueurs des colonnes et leurs
densités fussent très-différentes.
» Les tubes fermés par des plaques de spath fluor me paraissent destinés
à rendre de véritables services dans la démonstration des lois de l'absorp-
tion de la chaleur obscure.
» Dans mes expériences, l'action rhéométrique produite par le rayonne-
ment obscur, transmis à travers un tube de om,64 plein d'air, était de 20 de-
grés ; il descendait à 1 1 degrés quand j'employais le tube de gaz de l'éclai-
rage à la pression de om^r]6o. Avec la vapeur d'éther l'action est incompa-
rablement plus grande; un tube de longueur moitié suffirait pour la rendre
très- sensible.
» Qu'il me soit permis d'ajouter en finissant que des auges à liquide, fer-
mées par des plaques de spath fluor sont, à cause de leur inaltérabilité,
très-commodes à employer dans l'étude de l'absorption par les liquides.
En en faisant usage, j'ai constaté que le chlorure de carbone liquide est, à
épaisseur égale, plus facilement traversé par la chaleur obscure que ne l'est
le sulfure de carbone lui-même.
» Le chloroforme présente une diathermanéité assez grande, mais moin-
dre que les précédentes. La benzine et la glycérine au contraire, sous une
épaisseur de om,oi, arrêtaient d'une façon sensiblement complète la chaleur
venue de lame de cuivre noircie chauffée à 4oo degrés. »
chimie organique. •— Nouvelles recherches sur l'isomérie du protochlorure
tVallyle el du propylène monochloré. Note de 31. A. Oppexiieim, présentée
par M. Balard. (Suite.)
« Dans une communication précédente, j'ai rendu compte de l'action
des acides iodhydrique et sulfurique sur le propylène chloré et sur son iso-
mère le chlorure d'allyle. La formation des acides sulfoconjugués et leur
(4o9)
décomposition peut être représentée par les formules
CH3
I
H!S04 = C(S04)" -h H CI
1
CH3
CH3
I
C(S04)" + H20 = CO + H2S04
I I
CH3 CH3
II.
Acclone.
CH2
i
CH3
i
i
CH + H=
i
SO*
i
= CH(HSOV
i
1
CH2CI
1
CH2C1
Chlorure il'allyle.
CH3
CH3
i
1
CH(HSO')' +
i
H20
1
= CH.HO +
i
l
CH2C1
i
CH2Ci
H'SO1
Chlorliydrine
du propylglycol.
Toutefois, les formules des acides sulfoconjugués sont encore hypothé-
tiques et seront soumises à de nouvelles recherches.
» Je reviens maintenant sur l'action qu'exerce le brome sur les deux
chlorures isomères.
» On connaît par les recherches de M. Friedel le bibromure de propy-
lène chloré C3H5ClBr2 qui bout à 170 degrés. L'acétate de potasse en
solution alcoolique ne le transforme pas en acétate de propylène chloré.
Il ne fait qu'enlever une molécule d'acide bromhydrique, en formant en
même temps de l'éther acétique. Un corps restant C3 H4 CI Br, le propylène
monochloré, monobromé, bout entre io5 et 1 15 degrés (io5 degrés, Friedel).
En le chauffant longtemps avec un excès d'acétate de potasse en solution
( 4'o )
alcoolique, on le transforme en éther propargylique C3 H3 (C2 H5) O, qu'on
reconnaît facilement par sa réaction sur l'azotate d'argent ammoniacal.
Avec une solution simple d'azotate d'agent, il donne aussi un précipité blanc
cristallisé, qui ne se trouve pas décrit dans les recherches publiées jusqu'ici
sur les combinaisons de Téther propargylique.
» Le chlorure d'allyle entre dans une réaction violente avec le brome
en produisant du bromochlorure d'allyle C3H5ClBr2, liquide incolore qui
distille d'une manière constante à ig5 degrés. Ce point d'ébullition coïn-
cide avec celui indiqué par M. Morkownikoff pour l'éther éthylallylique.
Je n'ai pas réussi à le transformer en chlorure d'allyle brome pur par la po-
tasse, soit solide, soit dissoute dans l'alcool. L'analyse de plusieurs portions
de la distillation fractionnée du produit ainsi formé indique, comme point
d'ébullition probable de ce chlorure, une température entre 124 et i3o de-
grés. Un excès de potasse alcoolique le transforme en acide propargylique.
» Le peroxyde d'hydrogène, par un contact de plusieurs semaines, ne
s'est combiné ni avec l'un ni avec l'autre des chlorures isomères. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur le chlorhydrate d' 'acide <yan hydrique. Note de
M. Arm. Gautier, présentée par M. Balard.
« Dans deux communications insérées précédemment dans ce Recued,
j'ai décrit les iodhydrates et bromhydrates de l'acide cyanhydrique, et les
chlorhydrates, bromhydrates et iodhydrates de quelques nitriles gras qui
diffèrent entre eux et du premier par n GW. Je suis depuis parvenu à faire
disparaître l'exception que formait l'acide cyanhydrique dont le chlorhy-
drate n'avait pu être encore obtenu. C'est spécialement l'histoire de ce corps
qui fait le sujet de cette Note.
» Lorsqu'on fait passer de l'acide chlorhydrique sec à travers de l'acide
cyanhydrique anhydre, maintenu à — 10 degrés, une grande quantité du
premier se dissout; quand la liqueur en est saturée, on la retire de la glace
et Ion peut s'assurer par divers moyens, par la distillation par exemple,
qu'il n'y a pas eu de combinaison. Si l'on ferme alors très-solidement le ma-
Iras, qu'on le porte à 35 ou 4o degrés, puis qu'on le laisse de nouveau se
refroidir, il s'y produit à un moment donné une vive réaction; la liqueur
s'échauffe beaucoup et une masse blanche de cristaux envahit le liquide:
c'est le chlorhydrate d'acide cyanhydrique. En répétant plusieurs fois la
même opération on peut, ainsi transformer en chlorhydrate la majeure
partie de l'acide cyanhydrique.
» Il est remarquable que la combinaison des deux corps se fait d'autant
( 4" )
plus aisément que l'acide cyanhydrique est plus récemment préparé. Les
deux corps en vapeur ne m'ont pas paru réagir l'un sur l'autre.
» Pour obtenir le chlorhydrate pur et sec, on le place d'abord à 4o ou
5o degrés dans le matras ouvert où il a été produit, puis on le pulvérise
rapidement dans l'air sec, et on le soumet quelques minutes dans le vide à
la même température.
» Analysé dans ces conditions, il a donné les résultats suivants :
Expérience.
Produit Produit
récent. non récent. Théorie: CH2NC1.
G 18,17 » iS,85
H 3,6i • » 3,i5
Az . , 2I>99 21 ,o5 22, o5
ci 55,45 54,7 55,90
» La formule de ce composé est donc G AzH2Cl = CAzH + HCl. Son
extrême hygrométricité et sa facile dissociation à l'air sec expliquent les
différences entre l'expérience et la théorie.
» Le chlore doit être dosé par la méthode de Carius, en détruisant com-
plètement le cyanogène à 200 degrés en tube scellé par un mélange d'acide
nitrique, de bichromate de potasse et de nitrate d'argent.
« Le chloroplatinate d'acide cyanhydrique est un corps blanc, cristallin,
sans odeur, d'une saveur saline et acide, soluble dans l'eau, l'alcool anhydre
et l'acide acétique monohydraté, mais s'altérant rapidement dans chacun
de ces dissolvants. Dès les premiers instants de sa solution dans l'eau, et
s'il vient d'être préparé en évitant soigneusement l'accès de l'air humide, il
est neutre aux papiers. Il est parfaitement insoluble dans l'éther, et très-
hygrométrique.
» Soumis à l'action de la chaleur, il fond partiellement et se volatilise
presque aussitôt à la façon du sel ammoniac sans laisser de résidu. Mais une
portion se dédouble complètement et donne des produits d'odeur cyano-
génée et de l'acide chlorhydrique.
» Dans le vide sec, il se dissocie aussi peu à peu et disparaît au bout de
quelques jours.
» Dissous dans l'eau, le chlorhydrate d'acide cyanhydrique se décom-
pose presque aussitôt avec élévation de température d'après l'équation :
(GH* !H3 GH3U
Az" H -r-2H20 = Az H + H ô
| Cl ( Cl • ]_
Chlorhydrate Acide
d'acide i'ormîque.
cyanhydrique.
( 412 )
» En même temps une partie des deux générateurs se sépare, comme on
peut s'en assurer soit en recueillant les portions les plus volatiles du liquide,
soit en additionnant la liqueur de nitrate d'argent qui donne un excès de
précipité dû au cyanure qui se forme. (Cl calculé en admettant que le pré-
cipité soit du chlorure d'argent, 61,91 au lieu de 55, 90.)
» L'alcool absolu donne, à 3o degrés, une réaction très-vive et complète.
11 se produit le chlorure d'une nouvelle base à 2 atomes d'azote, €H5Az!Cl,
dont nous parlerons très-prochainement.
» Les acides minéraux monohydratés réagissent sur le chlorhydrate
d'acide cyanhydrique comme sur celui d'ammoniaque; ils ne dégagent ab-
solument que de l'acide eblorhydrique. L'acide sulfurique donne ainsi un
corps incolore, sirupeux, difficilement cristallisable, très-déliquescent, pos-
sédant les propriétés génériques du chlorhydrate, altérable comme lui
dans l'alcool absolu, niais que l'on n'a pas obtenu en état de pureté satis-
faisant pour pouvoir donner ici les résultats de son analyse.
i> L'acide acétique monohydraté dissout d'abord le chlorhydrate d'acide
cyanhydrique avec abaissement de température; mais si l'on vient à échauffer
cette solution à 5o ou 60 degrés, une vive réaction s'établit, l'acide chlorhy-
drique est chassé, et il se produit sans doute l'acétate correspondant; mais
ce corps, soumis à une température de i5o à 160 degrés pour le priver de
l'excès d'acide acétique, subit un changement isomérique et vin dédouble-
ment, car on obtient des liquides bouillant de 160 à 23o degrés et au-
dessus, que l'on a reconnus, par le fractionnement dans le vide et l'analyse,
être des mélanges de formiamide et d'acétamide. On a en effet
i&W"
€-H3© = Az +Az H, +Az -1-2GÔ
©H
Acétate. Formiamide. Acétamide. Diacctamide.
» Le dégagement d'oxyde de carbone vers 200 degrés a été constaté.
» La facile et prompte altération du chlorhydrate d'acide cyanhydrique
dans tousses dissolvants n'a pas permis d'obtenir par double décomposi-
tion les sels de ce singulier acide. On a toutefois fait réagir sur sa solution
alcoolique bien refroidie du cyanure de potassium dans le but d'obtenir
un acide dicyanhydrique, ou plutôt un cyanhydrate d'acide cyanhydrique;
on a aussi fait réagir en solution alcoolique l'acétate de potasse, mais les
résultats obtenus n'ont encore rien donné de satisfaisant.
» Le chlore et le brome réagissent à chaud par substitution sur le chlor-
(4i3 )
hydrate d'acide cyanhydrique et dégagent de l'acide chlôrhydrique et
bromhydrique; il se forme sans doute des corps analogues auxbibromures
on aux chlorobromures de propionitrile que M. Engler a déjà décrits.
» L'ammoniaque sèche agit à froid très-vivement sur notre chlorhydrate,
d'après l'équation
| &W"
Az H + 2AzrP = £AzH,AzH3 + AzH'Cl.
( Cl
» Nous avons obtenu une réaction analogue avec le chlorhydrate de
propionitrile. Quand on traite ce corps à froid par le gaz ammoniac, il se
forme du chlorure ammonique, et le cyanure d'éthyle, qui ne peut s'unir
ni à froid, ni à chaud, au gaz alcalin, comme nous nous en sommes assurés
directement, est mis en liberté :
/ e3H6'"
Az H +AzrI8=AzH4ClH-Az(G3H5)'".
I Cl
» La première de ces réactions est comparable, en chimie minérale, au
déplacement de l'oxyde de zinc par l'ammoniaque qui se combine avec lui',
la seconde au déplacement de l'oxyde d'argent par la même base.
» La potasse donne avec le chlorhydrate d'acide cyanhydrique du for-
miale et du chlorure de potassium, et de l'ammoniaque, mais pas de
cyanure.
» Une solution alcoolique de chlorhydrate d'acide cyanhydrique donne
avec le perchlorure platinique un précipité cristallin insoluble dans l'al-
cool, mais qu'il nous a toujours été impossible d'obtenir exempt d'une
très-grande quantité de chloroplatinate d'ammonium.
» N'ayant pas réussi à préparer par double décomposition les sels à
acides oxygénés de l'acide cyanhydrique, nous avons essayé de les obtenir
directement.
» L'acide sulfurique monohydraté se mélange aisément à froid à l'acide
cyanhydrique anhydre; mais au bout de quelques jours, à a5 ou 3o degrés,
le mélange brunit, se résinifie, et quand on ouvre le tube, il se délace des
torrents d'acide carbonique et sulfureux. On a, en effet,
Sôs ,2ÔH + AzCH = AzH3+ SO2 -+- €ÔS.
» L'acide acétique monohydraté ne réagit pas à froid, même au bout de
plusieurs mois, sur l'acidecyanhydrique. Si l'on chauffe ce mélange en tube
C. R. , 1867, 2« Semesire. (T. LXV , N° 10.) 54
(4i4 )
scellé vers 200 degrés pendant six à huit heures, il se produit de l'acéta-
mide et de l'oxyde de carbone :
Az€H + G2H30,OH = Azj J +W,
» En terminant, remarquons que les gaz chlorhvdrique, bromhydrique
et iodhydrique réagissent sur l'acide cyanhydrique comme sur les nilriles
alcooliques de plus en plus vivement, quoique clans la plupart des réac-
tions ordinaires leur activité chimique aille en décroissant du premier au
dernier.
» Ces expériences ont été faites au laboratoire de M. Wurtz. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une combinaison directe d'aldéhyde et d'acide
cyanhjdrique. Note de MM. Maxwell Simpson et Ami. Gautier, pré-
sentée par M. Balard.
« La synthèse de l'alanine par l'aldébydate d'ammoniaque et les acides
cyanhydrique et chlorhydrique, et celle de l'acide lactique par l'ébullition
d'une solution aqueuse de ces derniers acides en présence de l'aldéhyde
ordinaire, rendaient probable l'existence d'un corps intermédiaire résultant
de la combinaison de l'acide cyanhydrique avec l'aldéhyde, qui serait la
première phase des réactions précédentes. C'est ce corps qui fait le sujet
de cette Note.
» Lorsqu'on mêle 1 molécule d'aldéhyde ordinaire bien sèche à 1 molé-
cule d'acide cyanhydrique anhydre, les deux composés se dissolvent sans
réagir, et l'action de la chaleur à 100 degrés ne peut hâter leur combinai-
son. Mais si on laisse ces corps au contact pendant dix à douze jours à
20 ou 3o degrés, leur alliance se produit peu à peu, quoique le liquide
reste parfaitement transparent et incolore. Soumis alors à la distillation, il
commence à bouillir vers 160 degrés et passe presque entièrement de 174
à 1 85 degrés. Le point d'ébullition constant est entre 182 et 184 degrés.
» Si l'on redistille de nouveau le liquide bouillant à celte température,
on s'aperçoit alors qu'une grande partie passe de 4o à 60 degrés et qu'il
s'est reformé, par la simple vaporisation lente du corps bouillant à 1 83 de-
grés, un mélange contenant une notable proportion des corps générateurs
aldéhyde et acide cyanhydrique.
» Ce liquide ainsi dissocié, abandonné de nouveau à lui-même, redistille
au bout de quelques jours vers iS3 degrés.
(4.5 )
» Les portions bouillant rapidement à 180 degrés et i83-i8/j degrés ont
été analysées et ont donné les résultats suivants :
Produit bouillant Produit bouillant Théorie
à tSo degrés, à iS3-iS4 degrés. pour G AzH, G!H*0-.
C • 49>78 5l»70 5o,7l
H 7>44 7>64 7>°4
Az 20,42 » i9>83
» Ces analyses prouvent que notre corps résulte de la combinaison di-
recte de 1 molécule d'acide cyanhydiique à 1 molécule d'aldéhyde, et que
son vrai point d'ébullition est intermédiaire entre 180 et i84 degrés.
» Des essais faits avec différentes quantités relatives d'acide cyanhy-
drique et d'aldéhyde nous ont démontré qu'il se produit toujours le même
corps dans diverses circonstances de temps et de température. Nous fon-
dant simplement ici sur sa production synthétique, nous le nommerons
cyanhydrate d'aldéhyde.
» Propriétés. — Le cyanhydrate d'aldéhyde est un liquide incolore d'as-
pect huileux, d'odeur légère, rappelant celle des deux générateurs, de sa-
veur amère et acre; il ne cristallise pas à — i\ degrés, mais devient alors
sirupeux et épais. Il peut subir assez longtemps l'action de la chaleur à
i5o degrés sans s'altérer ni se dissocier sensiblement, mais à 180 degrés sa
tendance à se dédoubler devient assez grande, et l'on doit pousser rapide-
ment la distillation pour empêcher la dissociation d'une portion considé-
rable. Il est soluble dans l'eau et l'alcool absolu en toutes proportions.
L'air et le temps ne paraissent pas lui faire subir d'altération. Chauffé en
présence de l'eau à i5o degrés pendant trois à quatre heures, le cyanhy-
drate d'aldéhyde reste inaltéré, et peut en être séparé par distillation.
» La potasse caustique le dédouble d'abord en ses deux composants,
acide cyanhydrique et aldéhyde, produit du cyanure de potassium, dé-
gage ensuite de l'ammoniaque et donne de la résine d'aldéhyde.
» Le gaz ammoniac se dissout en assez forte proportion à — 10 degrés dans
le cyanhydrate d'aldéhyde. Il commence déjà à réagir à la température ordi-
naire. Si l'on scelle le tube qui contient le cyanhydrate saturé à — 10 de-
grés et qu'on le porte à 100 degrés, le gaz ammoniac est absorbé en majeure
partie, et la liqueur privée de l'excédant du gaz alcalin laisse un corps siru-
peux, jaunâtre, soluble dans l'eau et l'éther, de saveur amère, d'odeur
faible, se volatilisant déjà partiellement à 100 degrés, et qui possède une
réaction alcaline.
» Traité par l'acide chlorhydrique, ce sirop se prend en masse cristal-
54..
( 4i6 )
line de chlorhydrate; ce sel traité par le chlorure platinique donne un pré-
cipité assez soluble dans l'eau, et insoluble dans l'alcool éthéré.
» Les analyses de ce chloroplatinate n'ont pas été assez concordantes pour
que nous puissions avec confiance donner ici la composition de cette base.
» L'ammoniaque aqueuse paraît réagir de la même manière.
» L'acide chlorhydrique en solution concentrée agit avec une grande
activité à la température ordinaire sur le cyanhydrate d'aldéhyde; mais on
peut aisément mêler ces deux corps au-dessous de zéro. Si on laisse alors le
matras ouvert qui les contient se réchauffer peu à peu, la liqueur ne tarde
pas à se prendre en une masse cristalline.
» Ce mélange additionné alors d'eau, évaporé à sec, repris par l'alcool
absolu, filtré, et la solution évaporée encore au bain-marie, a laissé un ré-
sidu sirupeux, peu coloré, qui, étendu d'eau et traité par un excès d'oxyde
de zinc pur, a laissé déposer, après filtration, de jolis cristaux prismatiques
incolores d'un sel de zinc que l'on a reconnu être du lactate, d'après l'ana-
lyse suivante : Théorie
Expérience. pour G3H5Zn'Os.
■G 29i84 29)63
H 4,5a 4,i3
Zn' 26,77 26,75
» La réaction de l'acide chlorhydrique aqueux se passe donc d'après
l'équation
G AzH, €!H*0 •+- H€l + arl'O = AzH'Gl -+- 69H6Ô\
« L'insolubilité de notre lactate de zinc dans l'alcool, sa non-altération
à i5o degrés et sa forme cristalline nous permettent de conclure que nous
avons obtenu l'acide lactique de fermentation et non le sarco-laclique.
L'action de la potasse et celle de l'acide chlorhydrique prouvent donc que
notre corps est isomère et non identique avec la monocyanhydrine du
glycol.
» Nous avons essayé de prendre la densité de vapeur de notre combinai-
son, mais sa résinification au-dessus de 200 degrés nous a empêché de la
déterminer avec fruit. Si du poids de la vapeur contenue dans le ballon à
densité, on extrait celui du corps résineux qui s'y forme, on obtient par le
calcul la densité de vapeur de l'acide cyanhydrique. Toutefois il nous pa-
raît évident, d'après la décomposition de notre corps en acide lactique
sous l'influence de l'acide chlorhydrique, et son dédoublement facile par la
chaleur en acide cyanhydrique et aldéhyde ordinaire, qu'il est le résultat
( 4i7 )
de la combinaison d'une seule molécule de chacun des deux composants,
et non de l'acide cyanhydrique avec l'aldéhyde ou la paraldéhyde.
» Le cyanhydrate d'aldéhyde nous paraît un des exemples les plus inté-
ressants d'une combinaison organique que la chaleur dédouble à la tempé-
rature de sa vaporisation et que l'action prolongée du temps reproduit.
» Ce travail a été fait au laboratoire de M. Wurtz. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur quelques dérivés de l'acide isélliionique. Note de
M. J. Y. Bcchanax, présentée par M. Balard.
« Les expériences qui suivent ont été entreprises dans le but d'obtenir des
dérivés de l'acide iséthionique analogues à ceux que l'on connaît déjà de-
puis plusieurs années pour l'acide lactique, et dont on doit la découverte à
M. Wurtz. Ce savant a trouvé que, quand on traite un sel de l'acide lactique
( H4
avec du perchlorure de phosphore, on obtient le chlorure C2 CO.CI,
( Cl
qui, de son côté, traité avec de l'alcool absolu, donne l'éther de l'acide
CO.OC2 H5, et avec de l'éthylate de soude, l'é-
OI
ther de l'acide éthylolactique C2 \ r2T,s n .CO.OC2 H5. En traitant un sel
/ TT4
de l'acide iséthionique C2 .SO2. OH avec du perchlorure de phosphore,
( H4
M. Rolbe (i) a obtenu le chlorure C2 J .SO2 Cl, et, en traitant à son tour
(H4
ce corps avec de l'eau, l'acide chloréthylsulhirique C2 1 .SO2 OH. Au
(
lieu de décomposer ce corps par l'eau, M. Rolbe a essayé de faire réagir
l'alcool, et, même en chauffant dans des tubes scellés jusqu'à une tempéra-
ture de i5o degrés, il n'a pu séparer aucun éther.
» Dans l'intention de faire réagir de l'éthylate de soude sur ie chlorure
de l'acide chloréthylsulfurique, j'ai ajouté à ce dernier de l'alcool parfaite-
ment anhydre, et je fus étonné de remarquer une élévation de température
très-prononcée. En chauffant ce mélange, il se dégagea beaucoup de chlo-
rure d'éthyle, et, après avoir séparé l'alcool par distillation et par le vide, il
resta un liquide peu coloré ayant une odeur à la fois éthérée et acide. On
ne put distiller ce liquide, même dans le vide, et l'on obtint, par l'analyse de
[i) Annalen der Chemie und Pharmacie, t. CXXII, p. 33.
(4.8)
produits provenant de différentes préparations, des chiffres fort peu d'ac-
cord les uns avec les autres. Les résultats plaçaient ce liquide entre l'éther
et l'acide chloréthylsuifuriqne. Je crois que la réaction s'est passée de la
manière suivante. Il se forme premièrement de cet éther et de l'acide chlor-
hydrique, puis l'acide chlorhydriqne réagit sur l'alcool en excès; il se
forme ainsi de l'eau et du chlorure d'éthyle qui se dégage. Ensuite l'eau
décompose l'éther en régénérant en partie l'alcool et l'acide chloréthyl-
snlfuriqne.
» En mêlant ce liquide avec de l'eau, il s'échauffe et devient fortement
acide. J'en ai fait les sels de cuivre et de chaux, mais il me fut impossihle
de les ohtenir purs; ils semhlent avoir la propriété de se décomposer même
au bain-mnrie.
» Action de l 'éthytate de soude sur le chlorure de l 'acide cldorétliylsulfurique.
— J'ai fait réagir de l'éthylate de soude fortement étendu avec de l'alcool
anhydre sur le chlorure de l'acide chloroéthylsulfurique, jusqu'à ce que le
liquide possédât une réaction alcaline. Il se dépose du chlorure de sodium
en grande quantité; on le sépare en filtrant la solution chaude à travers
un filtre sec. Dans le liquide filtré il se sépare par le refroidissement des
cristaux blancs, déliquescents et peu solubles dans l'alcool absolu froid Ce
corps est le sel de sodium de l'acide éthyliséthionique. J'ai obtenu les chif-
fres d'analyses suivants, provenant de deux différentes préparations :
Trouvé. Calculé d'après la formule
l"' «T" C'J^^^.SO'.ONa.
C 26,36 26,21 27)27
H 5 , i.f 5,25 5,n
S 18,88 » 18,18
Na 12,88 » '3, 07
O » » 36,26
100,00
» Dans la préparation du chlorure il se forme toujours, comme M. Rolbe
l'a remarqué, de petites quantités de chlorure de l'acide iséthionique qui
naturellement réagissent sur l'éthylate de soude, en donnant naissance à l'i-
séthionate de sodium. La présence de ce dernier corps est très-probable-
ment la cause de la différence de 1 pour 100 dans la détermination du car-
bone.
» En chauffant à i5o degrés, dans des tubes scellés, ce sel avec un grand
excès d'acide iodliydrique très-concentré, j'ai obtenu de l'iodure d'éthyle
( 4i9 )
el un acide en quantité trop petite pour pouvoir déterminer avec exacti-
tude si c'était l'acide iséthionique ou l'acide éthv Isulfurique. En in'appuyanl
sur ces faits, je crois être autorisé à donner à ce corps la formule
C"!c>H*0S°'-0îi!'-
Je m'occupe maintenant de l'étude plus étendue de cet acide et de ses sels,
et j'espère prochainement publier les résultats de mes recherches.
» Ces expériences ont été commencées dans le laboratoire de M. Kolbe,
et continuées ici dans celui de M. Wurtz. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la présence du columbite dans le wolfram ; par
M. PlIIPSON.
« J'ai reconnu la présence du columbite (niobate de fer et de manga-
nèse) dans un échantillon de wolfram d'Auvergne que j'ai soumis dernière-
ment à l'analyse, et qui m'avait été donné il y a quelques années par
M. Pisani. J'avais déjà remarqué, depuis plusieurs années, que les wolframs
de différentes localités renferment tantôt de l'acide niobique, tantôt de
l'acide tantalique, que l'on peut mettre en évidence assez distinctement au
moyen de l'essai au chalumeau du résidu laissé, après qu'on a séparé l'a
plus grande partie du fer, du manganèse et de l'acide tungstique.
» De l'échantillon dont il est question ici, j'ai réussi à extraire, d'une
vingtaine de grammes environ, une quantité de columbite assez grande pour
en remplir une petite bouteille. La séparation de ce minéral rare est fondée
sur ce fait tout simple, savoir, que le wolfram est attaqué par l'eau régale,
tandis que le columbite ne l'est pas. On pulvérise donc finement i5 à
20 grammes de wolfram et on les traite par l'eau régale à chaud. Quand
l'attaque a été aussi complète que possible, on recueille le résidu, on en
sépare l'acide tungstique au moyen d'une solution d'ammoniaque, et on
soumet ce qui reste à un nouveau traitement par l'eau régale. On répète
ces opérations cinq ou six fois, tant qu'on peut extraire par l'ammo-
niaque une certaine quantité d'acide tungstique du résidu. Finalement, ce
dernier devient tout à fait noir et consiste alors presque entièrement en du
minéral columbite (ou niobite) mêlé à quelques grains de quartz trans-
parent.
» Après m'ètre asuré par l'analyse de la nature de ce résidu, je l'ai exa-
miné sous le microscope, et j'ai vu alors le minéral eu question sous son
( 420 )
aspect ordinaire. C'étaient des fragments anguleux, irréguliers, noir foncé,
plus ou moins métalliques, presque vitreux, non magnétiques, ressemblant
jusqu'à un certain pointa delà houille brillante; très-lourds, complètement
inattaquables par l'eau régale et mêlés à quelques grains de quartz transpa-
rent. Ils donnaient toutes les réactions du columbite devant le chalumeau.
» Il est très-intéressant de se rappeler qu'autrefois M. Gustave Rose
avait reconnu que le columbite et le wolfram sont isomorphes.
» A cette occasion, je demanderai la permission de rappeler aussi que le
métal columbiuin, appelé aujourd'hui niobium, fut découvert par le chi-
miste anglais Hatchett en 1801, et que le métal découvert en 1802 par Eke-
berg, et appelé tantale, était vraiment un métal nouveau, et non pas le
columbium de Hatchett, comme le Dr Wollaston l'avait avancé. Ce der-
nier est le niobium, métal devenu aujourd'hui remarquable par les persé-
vérantes recherches de Henri Rose, qui en a fait connaître toutes les réac-
tions caractéristiques. En comparant les observations de Hatchett avec ce
que l'on sait aujourd'hui du tantale et du niobium, grâce surtout aux
admirables études anal) tiques de Henri Rose, le fait historique que j'avance
devient, je crois, incontestable. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Note sur la composition de cjuanos de diverses origines
qui se sont présentés dans le port de Bordeaux depuis une douzaine d'années ;
par M. A. Bai dkimom . (Extrait.)
« Le prochain épuisement du gisement de guano des îles Chinchas,
connu sous le nom de guano du Pérou, a fait rechercher avec soin les dé-
pôts de cette matière fertilisante. . . .
» Les principaux guanos que j'ai examinés sont ceux de la Patagonie,
de la Californie, des îles Baker et Jervis, de l'île du Corail et de la Bolivie,
lien est encore d'autres, tels que ceux de Sardaigne, de Tenèsf Afrique), etc.,
que j'élimine parce qu'Us sont d'une autre origine.
» Tous les guanos que j'ai examinés sont d'une couleur fauve, plus ou
moins foncée; celle du guano des îles Baker et Jervis est très-claire; celle
du guano de la Bolivie, au contraire, est d'un brun foncé, d'une teinte
chaude ou dorée. Aucun de ces guanos ne présente d'odeur appréciable.
Parmi les caractères physiques qu'*il importe de signaler, j'appellerai l'atten-
tion sur le poids du décilitre de ces guanos. Ce poids, exigé par la vérifica-
tion des engrais du département de la Gironde, offre l'avantage, dans la
plupart des cas, de faire connaître immédiatement si un guano est falsifié.
( 42' )
Il représente une espèce de densité apparente; car, si l'on déplaçait la vir-
gule de deux rangs vers la gauche, il en serait l'expression réelle. Par
exemple, le poids d'un décilitre de guano tel que celui du Pérou étant de
70 grammes, sa densité apparente est de 0,70. D'une autre part, le décilitre
étant le millième d'un hectolitre, le gramme étant aussi le millième du kilo-
gramme^ si l'on multiplie l'un et l'autre par 1000, on a le poids de l'hecto-
litre exprimé en kilogrammes, parce que les grammes deviennent des kilo-
grammes et le décilitre un hectolitre. Le sable siliceux et ferrugineux, qui
est souvent employé pour falsifier les guanos, ayant un poids spécifique
apparent beaucoup plus grand que celui de ces derniers, il en résulte une
augmentation notable du poids spécifique du guano qui permet d'en soup-
çonner la falsification.
» J'ajouterai, comme caractères chimiques, que tous les vrais guanos
étant soumis à la calcination laissent un résidu blanc, presque entièrement
formé de phosphate tricalcaire, et que ce résidu, traité par les acides dilués,
tels que l'acide chlorhydrique on l'acide azotique, ne laisse qu'un faible
produit siliceux insoluble, qui n'a nullement l'apparence du sable, et qui
est quelquefois formé de carapaces d'êtres microscopiques.
» Le guano dePatagonie seul contient naturellement du sable, et l'on y
trouve même de petits cailloux roulés, noirs, qui paraissent être du silex;
aussi le poids du décilitre de ce guano est-il excessivement variable.
» A la suite de chaque analyse, je donnerai les poids maxima, niinima
et moyen du décilitre de chaque espèce de guano.
» Plusieurs guanos ne se présentant plus, ou ne se représentant que fort
rarement dans le port de Bordeaux, j'indiquerai les époques où les analyses
ont été faites.
» Toutes les analyses sont ramenées aux mêmes termes de comparaison :
l'humidité, l'azote, le complément organique qui, uni à l'azote, représente
la matière combustible des guanos; le phosphate de chaux, les sels so-
luhles qui sont généralement formés de sulfate calcique et de chlorure so-
dique ; le résidu inerte qui est le produit insoluble dans les acides indiqués,
et enfin le complément minéral qui, lorsqu'il existe, est généralement re-
présenté par de la chaux carbonatée.
» Dans les analyses officielles de la vérification des engrais, l'acide phos-
phorique figure à la place du phosphate tricalcaire, et la chaux qui s'y
trouve unie est reportée dans le complément minéral ; mais tous les gua-
nos ayant une composition semblable, j'ai cru devoir y faire entrer le phos-
C. R., 1867, a" Semestre. (T. LXV, N° iO.) ^5
( 4^ )
phate de chaux. L'acide phosphorique sera indiqué à part et comme ren-
Composition moyenne de diverses espèces de guanos.
seignement
Numéros d'ordre
Provenances
Dates
Nombre des analyses. . .
Humidité
Azote
Complément organique.
Phosphate tricaleaire. . .
Sels solubles
Résidu insoluble
Complément minéral.. .
Acide phosphorique
_ . , ( minimum
Poids
, ..... { maximum
du décilitre /
\ moven.. . .
PATAGONIE.
1855etl857
0,208
0,010
0,118
0,207
o , o36
0,260
0, 161
1 ,000
0,090
gr
63, 600
109,000
85,3oo
CALIFORNIE.
1856
0,192
o,ooy
0 , 080
0,498
0,0 • 5
0, l52
0,04/1
o,23o
79,000
S4,5oo
81 ,700
III.
ÎLES BAKER
ET JERVIS.
1860etl863
4
0, Lba
0,008
0,070
0,687
0,002
0,004
0,077
1,000
0,326
72,100
101 ,000
84,1 55
ILE
Dl CORAIL.
1865
0,120
0,010
o, i3o
o,6o3
0,000
0,000
o, 1 37
0,27s
- '| , :ioo
BOLIVIE,
ANCIENNES.
1856 et 1 860
2
0, 1 35
o,o3o
0, 106
0,549
0)097
0,060
0,023
I ,000
0,203
gr
70,500
96,000
S5,7jo
VI.
BOLIVIE,
RECENTES.
Août 1867
4
0, 112
o,oo5
0,009
0,490
o,'-'î
0,019
0,191
I ,000
0,226
Kl-
62,000
65, 400
63,270
» Conclusions. — Tous les guanos signalés dans cette Note sont des
sources considérables de phosphate calcaire excessivement divisé, accom-
pagné d'une quantité notable de matière organique et de sels solubles qui
peuvent être éminemment utiles à l'agriculture.
» J'appellerai spécialement l'attention de l'Académie sur le guano de Bo-
livie, qui existe sur les côtes de l'océan Pacifique, et dans un lieu où, dit-
on, il ne pleut jamais. En 1860, ce guano m'a donné jusqu'à o,oi35 d'azote.
Ce résultat donne lieu de penser que, lorsque l'on aura pénétré dans la
masse de ce guano, sa richesse en azote augmentera d'une manière très-
notable. »
ZOOLOGIE. — Sur un œuf </ Epiornis maximus vu récemment à Toulou 1 ,
par M. I\. Joly.
« Lorsque, en 1848, M. Dumareb affirmait à M. Jolitï, chirurgien du
Geyser, qu'on trouvait, mais très-rarement, à Madagascar, des œufs gigan-
( 4^3 )
tesques provenant d'un oiseau qui n'existait plus dans cette île, ce fait fut
considéré comme une fable inventée à plaisir par les Malgaches et adoptée
trop légèrement par notre compatriote. Cependant deux ans s'étaient à peine
écoulés, que M. Malavois, colon français de l'île de la Réunion, envoyait à
Paris deux de ces œufs extraordinaires trouvés à Madagascar par M. Abadie,
l'un dans le lit d'un torrent, l'autre dans des alluvions de formation récente.
Quelques ossements de l'oiseau qui les avait pondus étaient joints à cet
envoi. M. Is. Geoffroy Sain t-Hilaire étudia ces objets précieux, indiqua les di-
mensions des œufs et celles de l'animal auquel on devait les attribuer, et il
donna à cette espèce, éteinte selon les uns, devenue très-rare seulement
(ver/ verj rarely met Witli) selon d'autres, le nom significatif d'Epiornù
maximus. On sait en effet maintenant que l'Épiornis est ou était le géant
de la création ornithologique, puisque sa taille atteignait près de l\ mètres
de hauteur. D'après M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire, le volume de ses œufs est
égal à celui de six œufs d'Autruche, douze de Nandou, et cent quarante-
huit de Poule.
» Depuis l'intéressante Notice publiée en i85i par l'illustre auteur de
l' Histoire des anomalies, je ne sache pas que de nouveaux œufs d'Épiornis
aient été signalés à l'attention du monde savant. Or, grâce à l'aimable
obligeance de M. Nau, ricbe négociant de la Réunion, je viens d'avoir
l'heureuse fortune de pouvoir admirer et étudier de visu la merveille orni-
thologique à laquelle personne ne voulait croire il y a quinze ou seize ans.
L'œuf que j'ai tenu entre mes mains, que j'ai dessiné, et dont j'ai soigneu-
sement pris toutes les dimensions, a été trouvé, il y a onze ans, par M. Nau
lui-même dans des alluvions sablonneuses, à vingt lieues de la mer et à une
profondeur de im,3o. Il a la forme d'un ellipsoïde de révolution stricte-
ment, calculé. Sa coque, en parfait état de conservation (sauf en un point
où elle offre une ouverture de 2 ou 3 centimètres, par laquelle elle a dû se
vider), est de couleur blanc-jaunâtre; elle est veinée de quelques raies ou
stries d'un rouge brun qui simulent des dentrites, et qui évidemment ont
élé faites avant ou pendant l'enfouissement de l'œuf.
m
L'épaisseur de la coque est de o ,oo35
Le grand diamètre est de o,3io
Le petit est égaî à o , 255
La grande circonférence mesure 0,87
La petite circonférence mesure 0,76
« La capacité, que nous avons mesurée directement en y versant de l'eau
ordinaire, est de 81", 100, c'est-à-dire un peu moindre que celle indiquée
55..
( 4a4 )
pour les œufs d'Epiornis décrits par M. Is. Geoffroy Saint-Hilaire. Cependant
le nôtre, ou plutôt celui de M. Nau, paraît un peu plus gros que ceux du
Muséum. On en jugera par les tableaux que voici :
OEufs du Muséum de Paris.
OEuf ovoïde. OEuf ellipsoïde. OEuf de M. Nau.
m ot m
Grand diamètre.. o,3| o,3?. o,3n>
Petit diamètre o,225 o,a3 0,255
Grande circonférence o,85 o,S4 °»^7°
Petite circonférence 0,71 0,72 0,760
» M. Nau, qui est resté pendant treize ans prisonnier chez les Hovas, et
qui a parcouru dans tous les sens l'île de Madagascar, nous a assuré que
VEpiornis y est complètement détruit, et que ses œufs y sont devenus
d'une extrême rareté, si toutefois il en existe encore. D'après l'heureux
possesseur de ce trésor ornithologiqne, les Malgaches prétendent que la
femelle de l'Epiornis ne pondait qu'une seule fois et qu'elle mourait après
avoir pondu. Ils ajoutent que la rencontre d'un débris quelconque de cet
oiseau annonce un malheur certain, qui menace non-seulement celui qui
l'a faite, mais encore les divers membres de sa famille. Inutile de dire qu'il
faut renvoyer ces fables au pays d'où elles viennent. »
physiologie botanique. — Influente présumée de la rotation de la Terre sur
la forme des troncs d'arbres. Note de M. Ch. Musset. (Extrait.)
« On sait que les zones concentriques d'un tronc d'arbre ne sont pas
exactement uniformes, et que chacune n'est pas égale dans toute la circon-
férence L'observation directe de plus de quatre cents arbres me conduit
à affirmer que tons ont un tronc elliptique, et que le grand axe de l'ellipse
est sensiblement dirigé de l'est à l'ouest. Cette direction oscille entre des
limites restreintes, et ces variations, toujours légères, dépendent de causes
accidentelles qu'il est facile d'apercevoir L'observation signale le même
fait pour les branches, principalement pour les plus anciennes
» Puisque la force centrifuge développée par la rotation de la Terre
dévie de la verticale tout corps tombant en chute libre, et que la même
cause, selon M. Babinet, incline vers la droite les cours d'eau, il ne me
paraît pas irrationnel d'admettre que les arbres subissent la même influence:
si l'action de cette force est faible, n'oublions pas qu'elle est continue et de
longue durée. »
La séance est levée à 5 heures. C.
( 4^5 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, clans la séance du 26 août 1867, les ouvrages cl ont
les titres suivent :
Essai sur la séparation de l'acide nitrique et de l'acide lilanique; analyse de
iœschynile; par M. C. Marignac. Genève, 1867; br. in-S°.
Nouveau Dictionnaire de Médecine et de Chirurgie pratiques, publié sous
la direction du Dr Jaccoud. T. VU, CHAM-CLAU. Paris, 1867; 1 vol. in-8°
avec figures.
Histoire de l'arsenic, absorption et élimination de l'arsenic. Thèse par M. B.-V.
Dupuy. Paris, 18G7; br. in-8°. (Adressé pour le concours de Médecine et
de Chirurgie, 1868.)
Funérailles et sépultures. Histoire des inhumations chez les peuples anciens et
modernes ; par M. le Dr Favrot. Paris, 1868; 1 vol. in-8°.
Rapport présenté à la Société impériale ci agriculture, d'Histoire naturelle et
des Arts utiles de Lyon, au nom de la Commission des soies, sur ses travaux
en 1866. Lyon, 1867; br. grand in-8°.
Instrument pour la transfusion du sang, du D' ROUSSEL (de Genève). Sans
lieu ni date; opuscule in-/(° autographié. (Présenté par M. Ch. Robin pour
le concours des prix de Médecine et de Chirurgie, 1868.)
Choiera... Le choléra, ses symptômes, son histoire clinique; pathologie, dia-
gnostic, prognoses, traitement et prophylaxie de cette maladie; par S. -G. Chuc-
kerbutty. Calcutta, 1867; in-8°.
Untersuchungen... Recherches sur l'histoire naturelle de l'homme et des
animaux, publiées sous la direction de M. J. MOLESCllOTT. T. VI, 4e Hvr.
Giessen, 1867; br. in-8°.
Ontleed... Recherches nnatomiques et zoologiques pour servir à la connais-
sance du Ménobranche, le prothée îles lacs de l'Amérique du Nord; par M. Van
der Hoeven. Leyde, 1867; in-4° avec planches.
Annals... Annales de l'Observatoire de l'Infant Doii\ Luiz. T. IV, 18(17;
décembre, janvier et février. Lisbonne, 1867; in -4°.
L'Académie a reçu, dans la séance du 1 septembre 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences.
T. LXIII, juillet à décembre 188G. Paris, 186G; 1 vol. in-4°.
( 426 )
Bulletin de Statistique municipale, publié par les ordres de M. le Baron
Haussmann. Mois d'avril et mai 1867. Paris, 1867; 2 br. in-/|°.
Explication de la carte géologique de la province d'Or an, exécutée par
ordre du gouvernement; par MM. Rocard et Pouyanne, ingénieurs des
Mines, et Pomel, garde-mines. Paléontologie, Zoophytes; 3e fascicule, Spon-
giaires, texte et planches; Zoophjles, 2* fascicule; Et hinodermes, planches.
Oran, 1867; in-/j°. (Présenté par M. d'Archiac.)
Paléontologie française ou Description des animaux invertébrés fossiles de la
France. Terrain jurassique. 1 Ie livraison : Zoophytes; par M M. DE Fromestel
et Ferry. Texte, feuilles 10 à 12; atlas, planches XXXVII à XLVIII.
Paris, août 1867; in-8°. (Présenté par M. d'Archiac.)
Promenades préhistoriques à l'Exposition universelle ; par M. G. DE MOR-
tillet. Paris, 1867; in-8°.
L'Exposition universelle, poème didactique en quinze chants; par M. A.-G.
Belin. Paris, 1867; in- 12.
Sur une nouvelle collection d'ossements fossiles de Mammifères recueillie par
M. Fr. SEGUIN dans la Confédération Argentine; par M. P. Gervais.
Paris, 1867; in-/|°. (Extrait des Comptes rendus des séances de l'Académie
des Sciences.)
Notice sur le corail; par M. P. Gervais. Paris, 1867; in-8°. (Extrait du
Dictionnaire universel cV Histoire naturelle.)
Les Merveilles de la Science : la Galvanoplastie; par M. Louis FIGUIER.
14e série. Paris, 1867; in-4° avec figures.
Des divers modes de multiplication autres que ceux de la génération sexuelle
envisagés chez les animaux sous le point de vue physiologique ; par M. A.-L.
Donnadieu. Montpellier et Paris, 1867; br. in-8°.
Trisection et polysection de l'angle; quadrature du cercle ; ]iar M. J.-V. Lam-
bert. Épinal, 1867; hr. in-8°.
La Météorologie et le Météoroqraphe du P. Secchi à l'Exposition universelle.
Paris, 1867; br. in-8°. (Extrait des Eludes religieuses, historiques et littéraires.)
Musée Teyler. Catalogue systématique de la collection paléonlologique ; par
M. T.-C. Winkler. 6e livraison. Harlem, 1867; grand in-8°.
Archives du Musée Teyler. T. 1er, fascicules 1 et 1. Harlem, 1867; 2 bro-
chures grand in-8°.
Mittheilungen... Voyages de M. P. DE TCHIHATCHEF dans l'Asie Mineure
et l'Arménie, avec une nouvelle carte de l'Asie Mineure; par M. H. KlEPERT.
(Extrait des Communications de l'Institut Géographique de Juslus Perthes.)
Gotha, 18G7; in-4°.
( 4^7 )
Untersuchungen... Recherches sur l'alimentation de l'homme à l'état nor-
mal; pur MM. de Pettenkofer et C. Voit. Sans lieu ni date; in-8° relié.
Sulla... Sur répiichthyozo'ie existant clans la mer Adriatique entre Goro et
f^olano, et dans les valli di Marina,' par M. le prof. F. Carli. Comacchio,
sans date; br. in-8°.
Coralli... Coraux fossiles du terrain rtummulitique des Alpes Vénitiennes;
parle Dr A. d'Achiardi. Pise, 1867; in-4°. (Présenté par M. d'Archiac.)
PURI.ICATIOXS PÉRIODIQUES REÇUES PAR ^ACADEMIE PENDANT
LE MOIS D'AOUT 1867.
Actes delà Société d' Ethnographie ; 5 juillet 1867; in-8°.
Annales de V Agriculture française ; nos i3 et i4, 1 8(>7 ; in-8°.
Annales médico-psychologiques ; juillet 1867; in-8°.
Annales des Conducteurs des Ponts et Chaussées; n° 6, juin 1867; in-8°.
Bibliothèque universelle et Revuesuisse. Genève, nos 1 15 et 1 16, 1867; in-8°.
Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; nos 20 et 21; 1867; in-8u.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Ails de
Belgique; n° 7, 1867; in-8".
Bulletin de la Société de Géographie; juillet 1867; in-8°.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale; juin
1867; in-4°.
Bulletin de la Société française de Photographie; août 1867; in-8°.
Bulletin de la Société Géologique de France; feuilles 37 et 38, 1867; in-8".
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse ; juillet et août 1867; in-8".
Bulletin de la Société Philomalhique; janvier et février 1867; in-8°.
Bulletin des séances de laSociété impériale et centrale d'Agriculture de France;
n°8; 1867; in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique; 3o juillet, i5 et 3o août 1867; in-8".
Bulletin hebdomadaire du Journal de l'Agriculture; uos 3i à 35, 18G7;
in-8".
Bulletin international de l'Observatoire impérial de Paris, feuille aulo-
graphiée, avril à juillet 1867; in-4°-
Bulleltino meteorologico dell' Osservatorio del Collegio 10 ma no ; n" 7, 18G7;
in-4°.
Catalogue des Brevets d'invention; n" 1, 1867; in-8°.
( 4^8 )
Comptes rendus hebdomadaires des séances de i Académie des Sciences;
2e semestre 18G7, nos 6 à 9'; in-4°.
Cosmos; nos 5 à g, 1867; in-8°.
Gazette des Hôpitaux ; nos 89 à 102, 1867; 'n"40-
Gazette médicale de Paris; n09 3i à 35, 1867; in-40.
Il Niiovo Cimente. . Journal de Physique, de Chimie et d' Histoire naturelle ;
mai et juin 18G7. Turin et Pise; in-8°.
Journal d'Agriculture pratique; nos3i à 35, 1867; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie; août
1867; in-8°.
Journal de l'Agriculture, nos 26 et 27, 1867; in"8°.
Journal <le la Société impériale et centrale d'Horticulture; juin 1867;
in-8°.
Journal de l'éclairage au gaz; nos 9 et 10, 1867 ; in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées; mai et juin 1 867 ; in-4°.
Journal de Médecine de l'Ouest; 7e livraison, 1867; in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie: août 1867; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n032i à 2l\, 1867;
in-8°.
Journal des fabricants de sucre; n03 16 à 20, 1867; n>-f°.
Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de païenne; n°s 18 à ai,
1867; 1 feuille d'impression in-8°.
L'Abeille médicale; nos 3o à 35, 1867; in-4°.
La Guida del Popolo; août 1867 ; in-8°.
L'Art dentaire; juillet 1867; in-8°.
L'Art médical; août 1867; in-8°.
La Science pour tous; nos 35 à 39, 18G7; in-/|°.
Le Gaz; nos 6 et 7, 1867; in-4°.
Le Moniteur de la Photographie; nos 10 et 11, 1867; in-4°.
Les Mondes..., livr. i5 à 18, 18G7; in-8°.
L'Evénement médical; noa 23 à 27, 1867; in-f°.
Magasin pittoresque; juillet et août 1867; in-4°.
Mouatsbericht... Compte rendu mensuel des séances de l'Académie royale
des Sciences de Prusse. Berlin, mai 1867; >n-8°.
Montpellier médical... Journal mensuel de Médecine; août 1867; in-8°.
(La suite du Bulletin au prochain numéro.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 9 SEPTEMBRE 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
PALÉONTOLOGIE ANATOMIQUE. — De t'ostéograpliie du Mesotherium et de
ses affinités zontogiques : système dentaire; par M. Serres. (Quatrième
Mémoire. )
« L'importance du système dentaire pour la zoologie remonte à Aristote.
L'emploi des dents offre en effet un des signes les plus certains de la
nature intime des animaux : signes qui sont un des fondements de la science,
puisqu'ils le sont de sa méthode, ou de l'ordre des faits et de leurs liaisons,
conditions indispensables à l'existence de toute science.
» On conçoit dès lors tout l'intérêt qui se rattache à l'étude comparative
du système dentaire si singulier du Mesotherium, soit pour se rendre compte
de ce qu'il est en lui-même chez cet animal fossile, soit pour le rattacher
par ses rapports, aux ordres des Pachydermes et des Rongeurs dont il nous
paraît l'intermédiaire.
» Les dents sont des os. Cette détermination, mise hors de doute par la
découverte que nous avons faite des ostéoplastes dans le tissu dentaire, in-
dique que c'est dans les règles de l'ostéogénie que nous devons chercher
le mécanisme de la formation de ces petits corps. La loi des éminences
épiphysaires et celle d'homœozygie nous en donnent en effet l'explication.
C. R. , 1867, 2« Semestre. (T. LXV, NMI.) 56
( 43o )
Toute éminence épiphvsaire surajoutée à la diaphyse des os est le produit
d'un ou de plusieurs noyaux osseux développés dans la profondeur du car-
tilage, et associés ensuite par les progrès de l'ossification ; toute éminence
dentaire est également une épiphyse, se. soulevant des aspérités du bulbe
dont elle n'est que la transformation. Il y a ainsi sur le plateau de la cou-
ronne autant de noyaux dentaires distincts, isolés et indépendants, qu'il
existe d'aspérités bulbeuses. L'association honiœozyque fait cesser ensuite
cette indépendance, en réunissant les noyaux dentaires par un mécanisme
qui reproduit avec la dernière évidence celui de la fusion des noyaux osseux
épiphysaires. De la base, en effet, de chaque noyau dentaire, partent des
prolongements filoïdes marchant à la rencontre les uns des autres, et, arri-
vés au point de contact, se fusionnant avec une telle précision, que le mi-
croscope même ne peut plus en faire reconnaître les sutures. La cavité des
dents coniques ou des dents cylindriques, celle enfin du plateau des mo-
laires, sont le résultat de ce mode d'association intime des noyaux den-
taires primitifs.
» En ostéogénie plus que dans toutes les autres parties- de l'anatomie
comparée, les procédés divers que l'on met en usage pour dévoiler la struc-
ture des organismes ont en général pour résultat définitif de les ramener a
la simplicité primitive qu'ils avaient dès le début de leur formation. C'est
en particulier l'effet que nous obtenons dans les préparations microsco-
piques des dents. On retrouve dans ces préparations la direction oblique
et concentrique des fibres dentaires pour constituer le canal qu'occupe la
pulpe sur les dents coniques et leur direction longitudinale sur les dents
cylindriques. C'est en quelque sorte la reproduction de l'odontogénie des
dents simples.
» Avant mes recherches sur l'ostéogénie, les dents composées ou com-
plexes n'étaient pas ramenées à leur véritable composition.
» Que sont les dents composées comme les molaires? Ce sont des organes
complexes formés par l'association et la pénétration de plusieurs dents sim-
ples dont la couronne en conserve les caractères. Ainsi, tantôt, comme chez
les Carnassiers, la couronne des dents composées se rapproche plus des
canines que des incisives; tantôt, comme chez les Rongeurs et les Pachy-
dermes, la disposition inverse se rencontre. Qui ne reconnaît dans le moile
de formation des dents composées l'application de la loi d'homœozygie
qui préside, en zoologie, au développement des animaux associés, et en
tératologie à celui de la duplicité monstrueuse? En tout et partout la nature
s'assujettit à des règles fixes posées par la création. En organogénie, tout.
( 43. )
jusqu'à la solidescence des parties, a sa raison d'être, son but défini d'a-
vance. Depuis Enstachi, qui, le premier, a mis les anatomistes sur la voie
des progrès en odontogénie, tous ont constaté cpie l'ossification des dents
débute constamment par la couronne et se termine par les racines. Or, ce
lieu d'élection dans le développement primitif des dents, a sa raison dans la
résistance que doivent opposer ces corps, aux parties alimentaires dont se
nourrissent les animaux.
u II en est de même dans tout le système osseux. L'ossification com-
mence dans la partie où l'os doit offrir le plus de résistance. Tels sont le
milieu de la diapbyse chez les os longs, les masses latérales des vertèbres,
les parties latérales de l'occipital, le centre des côtes, la portion écailleuse
du temporal et le rocher, la partie centrale du pariétal, etc.; le fait est
général, et la couronne des dents en est l'expression la plus manifeste. D'où
il suit, comme conséquence immédiate, que les dents des Rongeurs, for-
mées uniquement parla couronne et sans racine, offrent, toutes choses
égales, un degré de résistance supérieur à celle des dents pourvues tout à
la fois de racines et de couronne.
» C'est d'après cette considération que nous allons passer à la descrip-
tion particulière du système dentaire du Mesotherium, dont la composition
offre une analogie si remarquahle avec les dents des Pachydermes et des
Rongeurs.
» Comme celui de ces derniers animaux, le système dentaire du Meso-
therium privé de dents canines, se compose, dans les deux maxillaires, d'in-
cisives et de molaires dont le nomhre est représenté dans la formule qui
suit :
2 O IO
et dont la répartition inégale dans les deux mâchoires rappelle en sens in-
verse pour les incisives la disposition que l'on ohserve chez les Lépusiens
et peut-être aussi chez le Daman. Dans le Mesotherium, en effet, la petite
incisive supplémentaire se trouve au maxillaire inférieur, située au côté
externe de la grande et sur la même ligne; tandis qu'elle occupe chez les
Lépusiens le maxillaire supérieur et se trouve placée, en manière d'un arc-
boutant, immédiatement en arrière et au-dessous de l'incisive principale.
Le Daman, avons-nous dit, se rapproche à cet égard des Lépusiens. Je
trouve en effet sur une tète adulte de Daman, en arrière des incisives, deux
petites alvéoles, et sur une jeune tète de Daman des bords du Nil, il va
dans ces alvéoles deux germes de dents très-rudimentaires. Je remarque
56..
( 432 )
que ce fait, important en lui-même, l'est surtout comme indice du pas-
sage des Rongeurs aux Pachydermes. Ces alvéoles se retrouvent également
sur une tète adulte de Marmotte.
» Si, à raison de leur position et de leur petitesse, les incisives supplé-
mentaires des Rongeurs sont sans utilité connue, il n'en est pas de même
de celles du Mesotherium placées à la mâchoire inférieure, en dehors et sur
la même ligne que les grandes; leur action devait puissamment aider ces
dernières dans la section des aliments.
» Au reste, la petite incisive de la mâchoire inférieure du Mesotherium
est un petit cylindre, à peine ouvert à sa partie supérieure; nous ferons
remarquer à celte occasion que la première molaire supplémentaire de la
mâchoire supérieure, est en grand la reproduction de la petite incisive du
maxillaire inférieur, dont la cavité est plus marquée : d'où il suit qu'il y a
le même nombre de dents aux deux mâchoires. Mais il y a transposition
de la dent supplémentaire de la mâchoire inférieure, qui abandonne les
incisives et forme la prémolaire du maxillaire supérieur.
» Cet échange de dents entre les deux mâchoires, mérite d'être signalé,
car, si d'une part il égalisait l'armature des deux maxillaires, de l'autre il
contribuait sans aucun doute à la perfection de la mastication des aliments
dont se nourrissait le Mesotherium; ajoutons de plus que la forme cylin-
drique de la petite incisive nous met sur la voie de la composition des
grandes.
» Les grandes incisives sont au nombre de deux à chaque mâchoire,
dans lesquelles elles sont fortement implantées; elles sont très-fortes, larges
et épaisses, très-cintrées dans leur longueur, beaucoup plus cependant
dans les supérieures que dans les inférieures. Dans les premières, le cintre
décrit à peu près une demi-circonférence, et ce sont elles qui déterminent
la forme busquée du chanfrein ou du mésodonte au maxillaire supérieur.
Les incisives inférieures sont beaucoup moins cintrées, ce qui explique
l'absence de la courbure du mésodonte au maxillaire inférieur. Comme les
incisives des Rongeurs, ces dents appartiennent à la sorte de celles que
l'on dit d'une seule venue, et qui, en effet, par la rigoureuse uniformité de
toutes les sections transversales qu'elles puissent fournir, sembleraient en
quelque sorte avoir été filées d'un bout à l'autre à travers les contours
d'un calibre unique. C'est le caractère des dents cylindriques.
» Chez le Mesotherium, la face antérieure des incisives, dépasse les alvéoles
de la moitié environ de leur longueur. Cette face est très-régulièrement
convexe dans le sens de sa longueur, et aussi un peu transversalement, sur-
( 433 )
tout du côlé du bord externe. L'émail qui la recouvre est brillant; vitreux
et nuancé de violet et de jaunâtre. On y observe de nombreuses stries pa-
rallèles, disposées par faisceaux d'inégale largeur, alternant avec des
rayures ou des espèces de cannelures plus marquées; les unes et les autres
sont dirigées de la manière la plus régulière, suivant l'axe vertical de la
dent. Leur face postérieure ou interne, dépassant à peine de 2 ou 3 centi-
mètres le rebord alvéolaire, est concave dans son ensemble, et présente
une large dépression à fond onduleux qui occupe près de ses deux tiers
internes. La couebe émailleuse de ce côté est mate et jaunâtre jaspé
de brun. Le bord interne est assez épais, et biseauté d'une manière assez
vive sur son angle antérieur et interne. Le bord externe ne constitue
qu'une espèce de crête mousse, dirigée en arrière.
■> A la terminaison de ces deux faces, et à leur partie active, les incisives
du Mesolherium offrent une disposition unique jusqu'à présent dans les
animaux éteints et vivants. Cette disposition consiste dans une fossette pro-
fonde, large et longue, dirigée transversalement et dont les parois obliques
ont à peu près la même hauteur en avant qu'en arrière. Cette singulière
excavation, qui paraît d'égale profondeur dans toute son étendue, offre
néanmoins dans son pourtour de petites inégalités dont deux plus saillantes
occupent le milieu. Ces aspérités de la matière osseuse de la dent, donnent
un aspect raboteux à cette cavité, dont le rebord antérieur décrit un arc
continu, tandis que dans le rebord postérieur cet arc est onduleux.
» Rien de semblable à cette fossette dentaire, que nous retrouverons
dans les dents molaires du Mesolherium, ne se rencontre en apparence dans
le règne animal éteint ou vivant. Or, toutes les fois qu'en anatomie compa-
rée, et particulièrement en paléontologie, on rencontre une forme insolite
et étrange, il devient utile de cherchera la ramener à la forme qui lui cor-
respond dans la composition ordinaire des parties. C'est ce que nous allons
essayer de faire.
« En odontogénie, on remarque que la couronne des incisives se détache
du bulbe par deux lames d'une minceur extrême, lesquelles se réunissent
sur les côtés, laissant entre elles et en haut un petit intervalle que le cément
remplit plus tard. Les incisives du Cheval sont celles cpii m'ont offert ce
mode de formation de la manière la plus claire. Elle est manifeste égale-
ment chez le Lapin ; mais la petitesse du bulbe en rend difficile la constata-
tion. Il suit de là que, chez les animaux adultes, les incisives sont le pro-
duit de deux lames en forme de plaques, appliquées l'une contre l'autre et
séparées par une couche très-mince de cément. De ces deux lames, l'une
( 434 )
est antérieure, l'autre postérieure, et sur un Castor adulte dont j'ai le crâne
sous les yeux, elles sont nettement séparées par un sillon très-accentué. Du
reste, chez le Castor, de même que chez la plupart des Rongeurs, la lame
antérieure est toujours plus émailiée que la postérieure. De plus, faisons
remarquer que, chez le Castor, la lame antérieure se distingue de la posté-
rieure par une couche de vernis d'un rouge jaunâtre foncé, qui ressemble à
une plaque d'acajou étendue sur cette face de la dent. Ce vernis rougeâtre
qui caractérise la lame antérieure de l'incisive des Rongeurs, se remarque
chez Y Hydromys , le Rai d'eau, la Marmotte, le Rat-Taupe , le Surmulot,
l'Écureuil, le Polalouche, le Campagnol, l'Ondatra, YOlomys, la Gerbille, le
Mérion, le Haut 1er, le Loir, le Saccomys, etc., dans le groupe des Acycloï-
diens, et chez le Porc-Epic d'Italie et du Cap, YUrson, le Paca, l'Agouti, le
Mypootame, le Mara, V Echimjs, le Cercomys, le Clénomjs, YsJbrocorne, le
Capromj's, h; Plagiostome, le Dactylomys, YOctodon, etc., parmi le groupe
des Rongeurs cycloïdiens.
« Ajoutons encore que chez le Toxodou, la lame antérieure, très-épaisse
et d'un blanc éburné, se sépare nettement de la postérieure, très-épaisse
aussi, d'une part par une coloration jaunâtre, dans toute son étendue, qui
contraste avec le blanc nacré de l'antérieure, et d'autre part par une suture
très-distincte qui établit la distinction des deux lames d'une extrémité à
l'autre. Enfin, ce cpii montre avec évidence l'indépendance de ces deux
lames, c'est que tantôt la lame antérieure nacrée forme seule toute la partie
antérieure de la dent, tandis que, de son côté aussi, la lame postérieure
jaunâtre compose à elle seule tout le cylindre de la dent.
» Si cette distinction des deux lames des incisives n'avait d'autre objet
que d'établir leur composition, nous n'insisterions pas comme nous le fai-
sons sur ce point d'os'éogénie ; mais un résultat important en ressort pour
la question qui nous occupe, de l'inégalité de leur développement. Tantôt,
en effet, ces deux lames s'élèvent à la même hauteur sur le rebord de la
dent; tantôt, au contraire, la lame postérieure s'arrête dans son ascension
à une distance plus ou moins grande de ce rebord. Dans ce dernier cas, qui
est le plus ordinaire chez les Rongeurs, l'intervalle qui sépare les (\v\i\
lames présente une surface oblique légèrement excavée au milieu; surface
que les anatomisles ont exprimée en disant que cette extrémité de la dent
était taillée en biseau. D'après ce mécanisme de formation, on conçoit que
l'étendue du biseau de la dent, est déterminée par le degré d'abaissement
de la lame postérieure qui en forme le talon : abaissement qui lui-même
n'est qu'un arrêt de développement de cette lame. Le Castor, la Marmotte
( 435 )
e! le Daman offrent les divers degrés de cette taille en biseau, de l'extrémité
antérieure des incisives des Rongeurs.
» D'après le premier cas, au contraire, c'est-à-dire lorsque les deux
lames également développées, s'élèvent à la même hauteur du rebord de l'ex-
trémité de la dent, la taille en biseau n'existe plus, mais elle est remplacée
par un sillon transversal qui rappelle l'excavation médiane du biseau et
qui est d'autant plus profond que les lames sont plus écartées et moins
épaisses. Le Cabiai, le Lièvre et le Lapin nous offrent des exemples remar-
quables de la disposition de ce sillon, qui n'est lui-même que le premier de-
gré de la fossette que nous offrent les incisives du Mesolherium. Mais c'est
surtout sur le Cheval ordinaire, et le Dauvv, que cette analogie se rapproche
de la similitude. Chez ce Pachyderme, en effet, les incisives de la première
dentition présentent aux deux mâchoires, principalement à la supérieure,
une fossetle profonde et transversale, dont les contours sont exactement la
reproduction de ceux de notre animal fossile. C'est aussi d'après ce carac-
tère, que dans notre Rapport sur la collection Seguin en 1857, nous avons
dit que le Mesolherium ressemblait à un très-petit Cheval.
» Mais si ce caractère peut servir de trait d'union de ce fossile aux Pa-
chydermes, d'un autre côlé le double cylindre qui paraît composer ses in-
cisives, le ramène jusqu'à un certain point vers les Rongeurs.
» Les incisives du Mesolherium ne sont pas en effet des dents simples,
elles sont visiblement formées par l'union intime ou la fusion de deux cy-
lindres dentaires associés, cylindres dont les petites incisives et les prémo-
laires peuvent nous donner l'idée. La description que nous avons faite de
la surface extérieure des incisives du Mesolherium cristalum, n'offre que de
faibles traces de cette composition, mais elle est si manifeste sur deux dents
isolées appartenant à d'autres espèces, que nul doute ne peut subsister à cet
égard. Dans la première, que sa forme très-convexe me fait regarder comme
une incisive supérieure, les faces antérieure et postérieure, indépendamment
des stries longitudinales, présentent un sillon si accentué dans toute la lon-
gueur de la dent, qu'il me paraît l'indice de la réunion des deux cylindres
primitifs. Cette opinion est confirmée par l'examen de l'extrémité inférieure
de la dent dont la cavité, qui loge le bulbe, est divisée en deux par un rppli
de la lame interne du cylindre. Cette dent, par sa brièveté et sa coloralion,
me semble devoir être rapportée au Mesolherium perjoralum.
» La seconde, à peine convexe, ce qui dénote une incisive inférieure, est
plus significative encore sous ce rapport, car, d'une part, le sillon de sépa-
ration est plus marqué sur les deux faces de la dent, et, d'autre part, il
( 436 )
existe à l'extrémité inférieure et bulbaire deux ouvertures distinctes ; chaque
cylindre a sa cavité indépendante, son ouverture isolée, de sorte que les
deux éléments dentaires, sont simplement adossés l'un à l'autre. Cette dent
appartenait peut-être à une troisième espèce, le Mesotlterium planum.
» La composition des incisives des Rongeurs paraît soumise à la même
règle. Le sillon de séparation des deux cylindres dentaires, est très-marqué
chez la Gerboise, la Gerbille, chez plusieurs espèces d'Ecureuils, chezl'O/o-
mys, le Saccomys, le Pseudostome, etc. ; il est même double chez ['Ulacode,
mais c'est particulièrement chez le Lièvre, le Lapin et le Cabiai que ce sillon
est le plus tranché; chez le dernier, les indices des deux cylindres sont
même très-apparents dans l'extrémité antérieure.
» Le mécanisme de la formation de ces dents composées ou complexes
nous est donné par le développement de l'os canon des Ruminants. Il y a
chez le fœtus, et quelque temps même après la naissance, deux os canons
très-distincts, très-isolês, lesquels, par la marche des développements, se
résolvent dans l'os unique que nous observons chez l'animal adulte. On
suit même pas à pas la marche de cette fusion. D'abord les deux os ca-
nons sont amenés au contact; puis la surface par laquelle ils se touchent
se détruit et disparaît peu à peu, enfin les deux cylindres osseux ne font
plus qu'un seul os, et leur pénétration est si intime, que les traces de leur
fusion sont à la fin complètement effacées. Il en est de même de l'os de
l'avant-bras et de la jambe chez les Batraciens. Il en est de même aussi,
en tératologie, de tous les organes complexes que la duplicité monstrueuse
présente à notre observation.
» Ce fait de la complexité des dents incisives du Mesotherium, et de leur
formation par l'association intime de deux cylindres dentaires, est porté au
dernier degré d'évidence par l'examen de la composition des dents mo-
laires du Toxodon. Chez cet animal fossile, presque aussi singulier que le
Mesotherium, on trouve, à la face concave d'une molaire supérieure que j'ai
sous les yeux, cinq cylindres dentaires parfaitement distincts, non-seule-
ment par les sillons profonds qui les séparent, mais, de plus, parla diffé-
rence de leur coloration. Trois d'entre eux sont d'un blanc mat et nacré;
les deux autres, intercalés entre les précédents, sont d'un jaune fauve. Dans
la molaire inférieure presque droite, je ne remarque à la face antérieure que
deux cylindres d'un blanc nacré, dont l'un a deux fois la largeur de l'autre;
mais, à la face postérieure, il en existe quatre plus distincts encore que
dans la dent précédente. Les deux du milieu sont d'un blanc brillant, les
deux latéraux d'un jaune fauve très-léger. A l'extrémité bulbaire, le feston-
( 437 )
nement des lames circonscrit nettement la démarcation de l'ouverture
de chaque cylindre.
» Cette composition des dents du Toxodon présente le fait de la com-
plexité organique porté au maximum de son développement, et, pour se
rendre compte du résultat de la combinaisan des éléments constitutifs, il
faut avoir recours à la loi de la formation des cristaux composés de noire
illustre Haùy.
» Dans le prochain Mémoire, nous appliquerons les données qui précè-
dent, à l'examen des dents molaires du Mesolherium. »
HISTOIRE DES SCIENCES. — Réponse à la communication deM. Faugère, de ce
jour; par M. Ciiasi.es (i).
« I. La première partie de la communication de l'honorable M. Fau-
gère roule sur le Ms. des Pensées de Pascal, existant à la Bibliothèque im-
périale, et auquel il suppose que je ne veux pas avoir égard.
» Je ne récuse nullement la comparaison de mes documents avec ce Ms.
« Loin de là, j'ai été examiner le Ms., et je me suis exprimé très-nette-
ment dans ma communication du i& août; j'ai dit que mes documents,
dans leur ensemble, avaient un aspect général beaucoup plus ressemblant
à l'écriture illisible du Ms., que les deux lignes de l'écriture magnifiquement
belle dont M. Faugère a donné un fac-similé.
» Que M. Faugère veuille bien que nous nous rendions ensemble à la
Bibliothèque impériale; je prierai ceux de nos confrères auxquels cette
discussion offre quelque intérêt, de s'y trouver; M. Faugèrey amènera telles
personnes qu'il voudra, et nous examinerons ensemble le Ms. et mes do-
cuments, et aussi, bien entendu, ceux que M. Faugère leur oppose. Nous
nous éclairerons mutuellement.
» II. M. Faugère dit qu'il a mis sous les yeux de la Commission un
cahier tout entier de la main de Mme Perrier.
« Je ne doute nullement que ce cahier se soit trouvé parmi les livres et
documents apportes par M. Faugère ; mais le fait est que nous n'avons point
eu le temps d'examiner ces documents et de les comparer avec les Lettres
de Pascal et de ses deux sœurs, que je me suis peut-être un peu trop em-
pressé de faite passer sous les yeux de la Commission et de M. Faugère. Si la
(i) On trouvera à la Correspondance, |>. {55, la Lettre de M. Faugère dont M. le Secré-
taire perpétuel avait donné lecture.
C. 1'.., -17, ae Semestre. (T. LXV, N° H.) 5y
( 438 )
comparaison de ces Lettres avec le cahier en question eût eu lieu, et qu'il
y eût eu dissemblance, j'aurais demandé à M. Faugère, on le conçoit, de
prouver l'authenticité du cahier.
<• III. Il suffit, ajoute M. Faugère, de rapprocher l'une de l'antre les trois
» écritures prétendues de Pascal et de ses deux sœurs pour reconnaître
» que c'est la même main qui les a tracées. >•
» C'est ici une simple appréciation à laquelle j'oppose, avec une
pleine confiance, une opinion toute contraire. Je crois que l'écriture
de Jacqueline Pascal, notamment, diffère absolument de l'écriture de
toutes nies Lettres de Pascal, et que, si l'on croit apercevoir entre l'écriture
de Mme Perrier et celle de quelques-unes des Lettres de Pascal certains
traits de famille, ce qui n'aurait rien d'étonnant, puisque, à une année de
distance d'âge, ils ont pu avoir le même maître, il y a néanmoins une dif-
férence très-marquée entre les Lettres deMme Perrier et le plus grand nombre
de celles de Pascal.
» IV. M. Faugère cite un nouveau passage de Pascal tendant à prouver
qu'il ne reconnaissait pas le mouvement de la Terre. Voici ce passage :
« Comme une même cause peut produire plusieurs effets différents, un
» même effet peut être produit par plusieurs causes différentes. C'est ainsi
» que, quand on discourt humainement du mouvement ou de in stabilité de
» la Terre, tous les phénomènes du mouvement et des rétrogradations des
» planètes s'ensuivent parfaitement des hypothèses de Ptolémée, deTycho,
» de Copernic et de beaucoup d'autres qu'on peut faire, de toutes les-
» quelles une seule peut être véritable. Mais uni osera faire un si tjrand dis-
» cernement, et qui pourra, sans danqer d'erreur, soustraire l'une au préju-
» dice des autres? »
» N'est-il pas évident, ajoute M. Faugère, que Pascal ne regardait pas
» comme démontré le mouvement de la Terre? »
« Ce qui est évident, à mon sens, c'est que Pascal ne regardait pas
comme des preuves les considérations que le tribunal de l'Inquisition avait
invoquées pour condamner Galilée. Voilà ce qui me paraît ressortir évi-
demment du passage cité.
» Ce passage implique, certainement, un blâme de la condamnation de
Galilée, comme je l'ai dit du premier passage pris de la XVIIIe Provinciale.
» Ce blâme, je le retrouve encore, implicitement exprimé, dans une des
Notes de Pascal, que voici :
Ce fut en i(>33 que Galilée fui condamné par l'Inquisition pour avoir enseigné le mou-
( 439 )
vement de la Terre. Il y avait alors quatre ans que M. Descartes avoit commencé ses tra-
vaux. S'il les eust abandonnés, l'esprit humain seroit resté dans ses cliaisnes peut-être encore
long temps. Pascal.
» On reconnaît dans ces paroles la grande estime de Pascal pour Des-
cartes. Elles n'affaiblissent la gloire ni de l'un ni de l'autre.
» Pascal dit qu'on peut faire beaucoup d'autres systèmes différents de
ceux de Ptolémée, de Tycho et de Copernic.
» Effectivement, il en avait fait un lui-même, admettant le mouvement
de la Terre, qu'il a communiqué à Descartes dans une Lettre de 1646, dont
voici un passage :
Par cette Lettre je veux vous proposer une hypothèse du mouvement de la Terre, diffé-
rente de celle de Copernic. Elle consiste à mettre les pooles de l'équateur dans une situa-
tion droite, à la place de ceux de l'écliptique; en sorte que le cercle variable du jour com-
prenne alternativement chaque poole dans l'hémisphère éclairé : le cercle du jour estant
immobile, les pooles de l'équateur passent alternativement dans l'hémisphère qui voit le
Soleil. La révolution diurne de la Terre décrit un parallèle, de mesme que le Soleil dans le
système de Tycho; et on n'a pas besoin d'un mouvement de plus du globe terrestre d'orient
en occident, introduit par Copernic... J'attens sur cette nouvelle hypothèse, plus simple
que celle de Copernic, vostre décision.
» Si Pascal évite de traiter formellement la question du mouvement de
la Terre, ainsi qu'a fait Descartes lui-même, bien qu'il l'admît dans son
système des tourbiiions, c'est qu'indépendamment de la condamnation de
Galilée, il existait une circulaire de la cour de Rome recommandant de
ne point s'occuper de la question,, dans un sens ni dans l'autre.
» C'est pour cela que le P. Mersenne qui, dans sou livre intitulé : Les
questions tliéologigues, physiques, morales et matltéinatiques, etc., Paris, i634,
avait consacré quatre chapitres à la question du mouvement de la Terre,
et où se trouvait une analyse des Dialogues de Galilée, a dû remplacer
trois de ces chapitres par d'autres sujets, et faire des cartons (1).
» Plus tard, l'Académie del Cimento ayant reconnu, dans ses expériences
sur le pendule, une déviation rotatoire du plan d'oscillation, qui était un
effet évident du mouvement de la Terre, s'est abstenue d'émettre même
1 J'avais communiqué, il y a une vingtaine d'années, à M. Arago, en présence de
M. de Humboldt, ce fait, constaté par trois exemplaires différents du livre du P. Mersenne,
l'un contenant le texte primitif; le second, les cartons; et le troisième, les cartons et le
texte primitif. L'illustre Secrétaire perpétuel fit passer sous les yeux de l'Académie les trois
volumes, que je pourrais encore remettre sous les yeux de nos confrères.
57..
( 44o )
une vue quelconque sur ta cause de cet effet, en disant simplement entre
parenthèses « quelle qu'en soit la cause » (r).
» Musschenbrock, en traduisant en latin, en 1731, les Saggi <H naturali
esperienze, a commenté l'abstention de l'Académie del Cimento, en disant :
« (Quelle qu'en soit la cause, nous ne voulons pas la chercher) » (2).
» Douze ans après, le marquis Poleni, dans un Mémoire contenant deux
nouveaux moyens de s'assurer si les pendules reçoivent quelque altération par
quelque force centrifuge, lu à la Société Royale de Londres le Ier février : 7-13,
dit : « J'avertirai que dans l'hypothèse du mouvement de la Terre le pendule
» ne décrit pas, dans une oscillation, un seul et même arc dans un même
» plan que le centre. Cependant, comme les différences qui viennent de là
» ne changent rien à ma démonstration, il suffit de les avoir indiquées. »
» On voit donc que, encore dans le premier tiers du xviue siècle et au
delà, on s'abstenait de se prononcer sur le mouvement de la Terre.
« Et si, en iy43, devant la Société Royale de Londres, Poleni dit simple-
ment : « Dans V hypothèse du mouvement de la Terre », peut-on s'étonner
que Pascal se soit exprime de même; et peut-on en conclure qu'il ne re-
connaissait pas le mouvement de la Terre?
» V. M. Faugère avait avancé qu'à partir de la fin de 1 654 Pascal ne
regardait plus les travaux mathématiques qu'avec une sorte de dédain. J'ai
dit simplement à ce sujet : « M. Faugère oublie que c'est en j658 que
>j Pascal a provoqué les recherches des géomètres sur la cyeloïde, et a com-
» posé lui-même sou admirable Traité des propriétés de celte courbe. »
» M. Faugère réplique : « Le fait est exact, mais il n'est pas exactement
« présenté. »
» Et pour prouver qu'i/ n'est pas exactement présenté, M. Faugère ajoute
un commentaire du fait, imaginé après la mort de Pascal dans la société
du duc de Roannez, à savoir, que ce beau travail sur la cyeloïde avait eu
deux causes : i° un mal de dents auquel Pascal avait voulu faire diversion,
(1) Saggi tli naturali esperienze Jatte neW Accademia del Cimento, etc. Firenze, il>(>(i,
in-P' : « Ma perché l'ordinario pendolo a un sol fiio in cjuella sua libertà di vagare
a (qualnnque se ne sia la cagione | insensibilmente va traviando dalla prima sua gita »
Cet ouvrage a eu de nombreuses éditions à Florence, Naples et Venise. La dernière de
Florence est de 184 .1. Grand in- j".
(2) Tentamina experimentorum naturalium captorum in Academia del Cimento, etc.
Lligd. Batav., 1781, in~4° : « Quia vero pendulum ordinarium ex uno suspensuni filo,
» libère eundo (quacunque ex causa investigare nolumus ) insensibilité!' déclinât a sua
» prima via . . . . »
( 44" )
et 2° le désir de faire servir cette œuvre mathématique au triomphe de la
religion.
» Si les travaux mathématiques devaient avoir une aussi grande utilité, il
semble que Pascal n'aurait pas affecté du dédain pour ces recherches qui,
du reste, avaient été la passion de toute sa vie.
» Mais Pascal fait connaître lui-même le mobile qui l'a porté à la publi-
cation de ses découvertes sur la cycloïde; et c'est là ce que j'aurais dit si le
simple fait de ses beaux travaux ne m'avait pas paru suffisant par lui-
même pour réfuter l'assertion de M. Faugère.
» Carcavi, qui cidtivait les mathématiques, et a été à ce titre Membre
de l'Académie des Sciences lors de son établissement en 1666, était lié
avec les géomètres de l'époque, Fermât, Roberval, Descartes, Pascal. Il a
été, pendant quelque temps, après la mort du P. Mersenne, le correspondant
de Descartes; mais celui-ci reconnut que ses liaisons avec Roberval ne com-
portaient guère cette correspondance intime. Ce fut Carcavi qui, frappé de
l'importance des beaux et nombreux résultats de Pascal concernant la cy-
cloïde, l'engagea à les produire dans l'intérêt de la science, et particulière-
ment de la méthode naturelle de découvrir et de démontrer; pensant que
celte méthode avait souvent été cachée par les Anciens, qui s'étaient plus
attachés à étonner qu'à guider dans l'art de découvrir. C'est Pascal lui-
même cpii nous fait connaître cette intervention active de Carcavi, au com-
mencement de son Traité de la cycloïde, sous le titre de Lettre de M. Dct-
toiwitle à M. de Carcavi. « Vous verrez, dit-il, non-seulement la résolution
» de ces problèmes, mais encore les méthodes dont je me suis servi et la
» manière par où j y suis arrivé. C'est ce que vous m'avez témoigné
» souhaiter principalement, et sur quoi je vous ai souvent ouï plaindre
» de ce que les Anciens n'en ont pas usé de même, ne nous ayant laissé
» que les seules solutions, sans nous instruire des voies et moyens par les-
» quels ils y étoient arrivés, comme s'ils nous eussent envié cette connais-
» sance. »
» Ainsi l'on voit cpie Carcavi, qui ne s'occupait que des choses mathé-
matiques, n'a point eu en vue les discussions de religion, en prenant part
à la publication du travail de son ami.
» J'ajouterai que Pascal, loin d'avoir du dédain pour les recherches
mathématiques, à partir de la fin de i654, entretenait correspondance, à
cette époque et dans les années suivantes, avec Wallis, Boyle, Hooke,
Hobbes, Huygens, Mercator, etc., sans excepter le jeune Newton, à qui
il adressait une longue série de Lettres et de Notes sur Descartes, une série
( 442 )
de Lettres et de Notes sur l'histoire des Mathématiques depuis Thaïes et
Pythagore, etc.
« Les extraits suivants de deux Lettres de Barrow, adressées à Pascal, en
font foi :
Ce 8 mars. — A mon retour à Londres (de ses voyages en Italie et en Turquie) je me
suis informé de vous, bien entendu, et là j'ai appris par un professeur de mes amis que vous
sembliez avoir abandonné l'étude des scienees exactes, où cependant vous excelliez tant,
pour des travaux littéraires; mais que cependant et de temps à autre, soit par habitude ou
récréation, vous reveniez encore à vos estudes de prédilection C'est pourquoi il m'a pris fan-
taisie de vous escrire et de soumettre à votre discernement quelques problesmes sur lesquels
je désire bien avoir votre avis.
Ce a juin 1661. — La dernière lettre de vous m'a fait grand plaisir. Les solutions que
vous donnez à mes problesmes me sont agréables. Mercy; et si je ne eraignois d'abuser de
vostre complaisance et aussy de fatiguer vous, j'en soumettrois d'autres; mais je m'en abs-
tiendray, à moins que m'y autorisiez. Le jeune Newton, vostre protège, m'a fait connoistre
vostre dernière lettre et m'a donné aussy communication des Notes et obsenations que vous
luy avez fait part. Ce jeune homme
» Voilà, par occasion, une nouvelle, preuve de la sollicitude généreuse
avec laquelle Pascal a dirigé le jeune Newton dans la carrière des
sciences.
» VI. Au sujet des documents si variés et si nombreux que j'ai dû pro-
duire, j'ai dit que l'on ne peut point admettre qu'un seul homme ait pu
composer une si grande masse d'écrits et de correspondances entre les
hommes les plus éminents dans les sciences, les lettres, les matières phi-
losophiques, théologiques, etc. Quelle fécondité d'imagination, quelle habi-
leté une œuvre pareille ne supposerait-elle pas?
» Cette objection est sérieuse, tout le monde le comprend. Elle méritait
une réponse sérieuse de M. Faugère. Voici sa réponse :
« Le faussaire a fait preuve, en effet, d'une extrême habileté, car au lieu
» de débiter en détail à diverses personnes les produits de sa vaste labri-
» cation, ce qui aurait fait découvrir la fraude presque aussitôt, il a eu l'arl
» de tout vendre à la fois à un unique acquéreur. »
» Voilà ce que mon honorable contradicteur appelle une, réponse.
» Il ajoute : « Il ne serait pas impossible que ces documents, écrits de
» la même main, eussent été composés par plusieurs personnes »
» Ainsi, M. Faugère suppose à priori, san.s avoir vu aucun de ces docu-
menls, qu'ils peuvent être écrits de la même main.
» Il ne doute pas, assurément, que s'il avait voulu prendre la peine de
( 443 )
faire une vérification, je me serais empressé de mettre à sa disposition
des Lettres de Mariotte , de Malebranche , de Saint-Évremond , de La-
bruyère, etc., ainsi que j'ai fait des Lettres de Pascal et de ses sœurs, qu'il
m'a demandées.
» Ce ne peut être que par précipitation et inadvertance, ce me semble,
que mon savant adversaire a émis l'idée que tous ces documents étaient
de la même main. Mais c'est là néanmoins un des traits caractéristiques de
cette discussion.
» Quant à l'idée, que le fabricateur en cbef a pu employer plusieurs per-
sonnes, géomètres, littérateurs, etc., pour composer ces documents, c'est
une idée neuve sur laquelle je crois inutile de m'arrêter.
» Je terminerai par une observation bien simple, qui devrait être agréée
par M. Faugère, et mettre fin à cette discussion trop prolongée. C'est que je
publierai les documents qu'il affirme être indignes du grand nom de Pas-
cal. Les juges compétents en feront justice, et mon éminent contradicteur
sera satisfait. »
MÉTÉOROLOGIE. — Réflexions sur l'histoire du baromètre statique;
par le P. A. Secchi.
« Dans la séance du a.6 août, M. Radau a présenté à l'Académie (r) une
Note contenant des détails historiques sur le baromètre statique. D'après
cet exposé très -rapide, on serait porté à croire que depuis longtemps Ma-
guire et Magellan avaient inventé tout ce qui concerne la construction du
baromètre à balance (nommé par Magellan baromètre statique), instrument
devenu précieux par les nombreuses applications qu'on en a faites. Il serait
inexplicable que des appareils si utiles pussent être alors tombés dans l'ou-
bli, pendant que, de nos jours, ils ont reçu tant de développement et ont
acquis une si grande perfection, depuis la première réalisation que j'en
ai donnée en 1857.
» J'ai donc voulu examiner, dans les sources originales, ces prétendues
découvertes anciennes. Je suis arrivé aux conséquences suivantes :
» i° Ces auteurs n'ont jamais bien compris le véritable principe d'ac-
tion du système de baromètres statiques qu'on leur attribue;
» 1° Ils ont proposé des constructions pratiquement impossibles à réa-
liser, et qu'ils n'ont jamais réalisées eux-mêmes;
» 3° Cette impossibilité justifie l'oubli dans lequel ces instruments étaient
tombés.
(1) Comptes rendus, t. LXV, p. 36o.
( 444 )
» Entrons dans quelques détails. Dans le tome IV des Transactions de
l'Académie royale d'Irlande, Maguire propose de faire un baromètre flottant,
composé d'un tube de verre élargi au niveau de la chambre supérieure, et
portant en bas un morceau de bois léger complètement plongé dans le mer-
cure, qui, par sa légèreté, puisse soutenir le tube flottant. Le tube lui-
même, pour qu'il ne chavire pas, est retenu par un anneau, près de son
milieu. L'orifice de la cuvette est plus étroit que le diamètre du bois,
et l'auteur ne dit pas comment cet agencement peut être pratiquement
réalisé.
» D'après cette description et d'après sa figure, on voit que le système
flotte dans \z mercure comme un aréomètre, ou plutôt comme une balance
de Nicholson : le système est donc supporté par le bois, comme il le serait
par un fil suspendu à une balance à bras égaux. Le flotteur n'a point pour
objet de changer le moment statique de l'instrument, puisqu'il est complè-
tement plongé : par suite, l'instrument rentre dans la catégorie des instru-
ments à manchon, dans lesquels le diamètre du manchon (constitué ici par
l'épaisseur du tube de verre) est plus petit que le diamètre de la chambre
du tube.
» Or, par cela même, la réalisation de l'instrument est pratiquement im-
possible, l'équilibre n'étant stable et possible qu'autant que le manchon a
un diamètre plus grand que la chambre. C'est donc là un appareil idéal,
qui peut être réalisé avec succès en employant un tube cylindrique, et qu'on
a cru, par analogie, réalisable avec un tube à section dilatée, sans s'aper-
cevoir qu'on introduisait une condition qui le rendait impossible.
» On voit que cet instrument ne peut donc être cité comme un instrument
sérieux, qui aurait précédé les modifications qu'ont fait subir à mon baro-
mètre à peson MM. King, Armellini et Cecchi, successivement, indépendam-
ment les uns des autres, et d'après l'indication que j'avais donnée moi-même
de l'utilité du flotteur. Le mérite de l'exécution pratique est resté au
E. P. Cecchi, dont j'ai adopté en partie la disposition dans le météoro-
graphe de l'Exposition, sans être cependant bien convaincu jusqu'ici de
la supériorité pratique de sou système sur le premier que j'ai employé à
Rome. En effet, si la construction à manchon a l'avantage de donner uuc
échelle uniforme, elle a le désavantage d'augmenter le frottement et de
donner naissance à une poussée latérale qu'il faut neutraliser mécanique-
ment; pour y parvenir avec précision, on est entraîné à de grandes dé-
penses de construction. Au contraire, le simple baromètre à peson est
assez exact, il ne s'y produit presque aucun frottement, et l'emploi d'une
( 445 )
échelle inégale est en réalité sans inconvénient dans un instrument diffé-
rentiel. Ce sera à l'expérience à décider entre ces avantages relatifs.
» Dans les baromètres statiques modernes à flotteur, le cylindre, en
sortant plus ou moins du bain de mercure, constitue l'élément régulateur
de l'instrument, ce que ne pourrait faire le flotteur plongé de Maguire;
si ce physicien avait réalisé son instrument, il aurait découvert son erreur.
L'impossibilité de construire un tel appareil devait bien en amener l'oubli
complet.
» Arrivons maintenant à Magellan, auquel on attribue le mérite d'avoir
proposé le baromètre à balance, avec double section (et par là il aurait
devancé de soixante-cinq ans mon baromètre, même pour la météorogra-
phie), et d'avoir en outre proposé un météorographe complet.
» Voyons ce qu'il y a de vrai dans tout cela. Magellan, dans son long
Mémoire publié dans le journal de Rozier [Observations sur la Physique,
1782, t. XIX), donne la description du baromètre de Morland à tube cy-
lindrique suspendu à deux secteurs de roue sur un tribomètre. Les bras du
levier sont égaux, et le système doit être balancé dans toutes les positions.
Il dit que ce baromètre double l'indication en hauteur par le mouvement
du tube, et il s'étonne qu'un instrument si utile ne se soit pas répandu, que
deux exemplaires seulement aient été construits, etc. Pour agrandir les indi-
cations par les variations d'un poids jilus grand de mercure, il propose, comme
il l'a lait pour le baromètre de Landriani, d'élargir la section supérieure
de la chambre. Cette proposition est faite simplement comme on la ferait
pour le baromètre à siphon ordinaire; il ne se doute pas de l'effet que cette
modification aurait eu, savoir de rendre son instrument impossible. C'est
sans doute pour cela qu'un autre auteur après lui (M. Minotto, je crois),
qui a proposé ce baromètre avec la chambre supérieure élargie, a aussi
élargi le tube à sa base, pour rendre l'équilibre possible avec le levier à
bras égaux balancés.
» Le projet de Magellan n'est donc pas plus heureux que celui de Ma-
guire, et il n'a pas fait non plus l'expérience qui l'aurait éclairé. Du reste,
l'idée d'élargir la chambre avait été déjà appliquée dans le baromètre à ca-
dran de Hook, pour lequel on n'avait pas à craindre ce qui se présente
pour les baromètres statiques. Ainsi, Magellan n'a pas non plus de droits
sérieux à la découverte des baromètres à balance modernes.
» Cependant il est juste de lui laisser ridée d'un météorographe. Il
avoue du reste lui-même que, pour des instruments spéciaux, il avait eu
C. R., 1S67, 2e Semestre. (T. LXV, N° il.) 58
( 446 )
bien des prédécesseurs. Mais il résulte de sa propre description qu'il n'a
lien exécuté. Les moyens qu'il propose pour les enregistrements ne sont
pas plus heureux. 11 propose le baromètre statique; mais, dans la construc-
tion de Morland, la force motrice n'était pas suffisante, et la sienne aurait
échoué. Tous les autres moyens d'enregistrement sont si faibles, qu'il re-
nonce à un enregistrement continu, et se borne à faire des enregistrements
par points, toutes les heures ou tous les quarts d'heure. En cela, il devance
plusieurs auteurs modernes : il fait même mieux qu'eux, car il obtient ces
points mécaniquement, sans employer les forces électriques qui compli-
quent inutilement les machines lorsqu'on ne leur fait exécuter que ce
travail.
» Mais, pour réaliser un bon instrument enregistreur, il ne suffit pas
d'en indiquer le projet, il faut arrivera l'exécution pratique, et les éléments
principaux qu'on doit avoir en vue, selon moi, sont les suivants :
» i° Obtenir sur le papier des résultats qui puissent être mis en circu-
lation parmi les météorologistes sans mutin travail additionnel de la part de
l'observateur.
« 2° Faire un instrument tel, qu'il place les phénomènes vis-à-vis l'un de
l'autre pour en manifester la liaison;
» 3° Donner à l'instrument une place commode par rapport à celui qui
doit l'observer, sans cependant compromettre les résultats par un mauvais
emplacement des appareils eux-mêmes.
» Or, tous les appareils imaginés jusqu'ici m'ont paru laisser beaucoup
à désirer sous ces divers rapports. Les enregistreurs qui marquent tous les
phénomènes sur des feuilles séparées exigent une nouvelle rédaction avant
la publication; pour plusieurs d'entre eux. il faut que les éléments soient
péniblement réunis, pour faire ressortir la loi des phénomènes. Tels sont
par exemple l'anémomètre d'Osier, les indications photographiques, etc.
» Ces instruments manquent encore de la comparaison directe, capable
de faire ressortir les liaisons des phénomènes entre eux, liaisons qui ne
peuvent être établies que par une nouvelle opération, toujours laborieuse.
» En général la plus grande partie des instruments demande encore
il être placée dans des lieux isolés, très-élevés et d'un accès difficile, ce qui
a les graves inconvénients : i° qu'on n'y peut suivre la marche des phéno-
mènes dans les moments les plus intéressants; 2° qu'ils sont souvent ou-
bliés et soustraits de la surveillance nécessaire.
» C'est pour cela que je mè suis astreint à la nécessité ingrate et dispen-
dieuse de créer un instrument qui réunisse les avantages indiqués. La
( 447 )
forme de mes tableaux décadiques est telle, qu'elle peut être livrée à la
publicité sans autre opération que le calque lithographique, si on en veut
conserver les dimensions; si on veut les réduire, comme on le fait au Col-
lège romain, on n'a qu'à employer un pantographe ordinaire.
» L'électricité nous offre un moyen de transporter toutes les indications
où nous voulons, et, sons ce rapport, le météorographe romain a subi
une sérieuse épreuve à l'Exposition, où tous les autres appareils sont res-
tés sans activité, sauf un seul, situé dans le parc, et placé justement clans
des conditions qu'on peut difficilement obtenir dans l'intérieur des villes,
et encore ces conditions sont-elles bien imparfaites.
» Si les météorologistes se décidaient à publier les résultats par des
courbes, on aurait le grand avantage, non-seulement de voir d'un coup
d'œil les phénomènes et leur marche selon les localités, mais encore d'éli-
miner, pour les différents pays, les difficultés des différences d'échelles qui
sont un obstacle sérieux au progrès de la météorologie.
» Sera-t-il possible d'ailleurs d'obtenir un tel accord entre les météoro-
logistes? Ceux qui ne se sont pu accorder ni sur les heures d'observations,
ni sur l'adoption d'une échelle unique, s'accorderont-ils à adopter un sys-
tème identique d'enregistreurs? Comment éliminer tous les amours-propres
des inventeurs, la question d'argent pour les constructeurs, l'habitude
des vieux instruments ? J'avoue que le passé n'est pas ici encourageant
pour l'avenir. Cependant j'aurais quelques raisons de l'espérer, après les
bonnes dispositions que j'ai trouvées dans un très-grand nombre de savants
et de professeurs. Quant à moi, je sacrifierais bien volontiers mes propres
inventions pour adopter celles des autres, comme j'ai déjà fait dans
quelques cas, lorsque je les ai jugées meilleures.
» Tout le monde est convaincu aujourd'hui qu'en continuant dans la
voie actuelle les observations resteront stériles, si même le temps qu'on
y consacre n'est pas complètement perdu. Il faut donc songer à une
réforme telle que, en nous mettant d'accord, nous puissions faire marcher
la science.
» En résumé, tout en laissant de côté des inventions qu'ils n'ont
jamais faites, nos ancêtres nous ont donné l'exemple assez bon de chercher
à enregistrer tous les phénomènes météorologiques par des méthodes gra-
phiques; nous les devons suivre dans cette voie, en employant tous les
moyens que la science moderne met à notre disposition, et arriver à un
système uniforme d'échelles et d'enregistrement, susceptible d'une rapide
communication avec un minimum de travail.
58..
( 448 )
» Quant à la théorie de M. Badau, je n'ai pas eu le temps de l'exami-
ner ; mais sa première formule est erronée. En effet, lorsque la pression
croît de m millimètres, la quantité de mercure augmente dans la chambre
de mC, en désignant par C sa section. Mais comme, par cette addition de
poids, le tube descend d'une quantité/;, il y a substitution d'une section
large de la chambre à la section plus étroite du tube qui était déjà en
place; la valeur du volume est donc p(C — T), en appelant T la section
du tube. Ces volumes ont un poids qui doit être balancé par le poids du
volume de mercure expulsé par le flotteur; en appelant B sa section annu-
laire pleine, son volume est pB, et l'équation véritable de l'équilibre est
pB = mC+ p(C — T);
le terme pT n'est pas négligeable dans les météorographes ordinaires, et
modifie l'équation pour les tubes cylindriques.
» Dans le tube cylindrique, C = T, et l'augmentation de l'indication sur
l'échelle pourra avoir lieu ou non, selon que C> ou <B; car p = - —
B
C'est ce qui est confirmé par l'expérience (*). »
chimie organique.— Sur une nouvelle série d'homologues de V acide cyanhy-
drique. Troisième Lettre de M. A.-W. Hofmaxn à M. Dumas.
« Les nouveaux cyanures formés par l'action du chloroforme sur les
monamimes primaires, que j'ai fait connaître dans deux communications
précédentes, tout en se distinguant des nitriles d'une manière bien carac-
téristique, offrent, néanmoins, une grande analogie avec ces derniers corps.
Cette analogie se manifeste surtout dans la transformation que les deux
groupes de combinaisons subissent sous l'influence de l'eau. La transfor-
mation similaire des deux séries devait nécessairement conduire à l'idée de
préparer les cyanures par le procédé qui fournit les nitriles. Si la méthode
générale dont vous avez doté la science nous permet de reproduire le
capranitrile, qui, sous l'influence de l'eau, se scinde en acide caproïque el
en ammoniaque, par la déshydratation du caproate d'ainmoniaque au
moyeu de l'acide phosphorique anhydre, ne pouvait-; m pas espérer qu'en
soumettant à un traitement semblable le formiate d'amy'amiue on engen-
drerait le cyanure d'amyle, dont la décomposition par l'eau, à son tour,
(*) Je trois devoir avertir ici que, dans la description que M. Radau a donnée de mon
instrument dans le Moniteur scientifique, se sont glissées plusieurs inexactitudes de fait que
j'ai indiquées à l'auteur et que, j'espère, il voudra bien corriger.
= aTPO + CMf'N.
( 449 )
donne naissance à l'acide formiqne et à l'amylaniine? En effectuant la pro-
duction du cyanure d'amyle par déshydratation, on aurait acquis la base
d'une conception plus générale des cyanures et des nitriles. En effet, le
cyanure d'amyle et le capronitrile se présentaient désormais comme les
anneaux extrêmes d'une chaîne d'isomères, entre lesquels toute une série
de termes intermédiaires venaient d'apparaître. Ces termes intermédiaires
devaient se produire par la déshydratation de l'acétate de butylamine, du
propionate de propylamine, du butyrate d'éthylamine, et du valérate de
métliy lamine :
C H2 02 + C5H,3N
C2R4 Qa + C4HnN
C3H0 Q2 +C3H9 N
CH8 O2 -f-C2H' N,
C5H,0O2 + C H5 N 1
C6H,202 -+- H3 n]
s Je n'ai pas encore réussi à réaliser la production de ces corps intermé-
diaires. L'acide phosphorique anhydre, qui attaque les sels ammoniacaux
avec une précision parfaite, provoque des altérations plus profondes en
réagissant sur les sels des monamines primaires. Probablement l'expé-
rience serait plus heureuse si on employait, au lieu des sels des mona-
mines primaires, les monaminamides correspondants.
» Quoi qu'il en soif, l'action du chloroforme sur les monamines pri-
maires est loin d'être le seul moyen d'engendrer les nouveaux cyanures.
En jetant un coup d'œil sur les travaux faits dans la série des corps
cyanhydriques, on s'aperçoit que les chimistes qui nous les ont fait con-
naître ont aussi entre les mains les cyanures isomères que j'ai signalés.
» En effet, tous ceux qui ont distillé des mélanges de sulfométhylate, stilf-
éthylateet sulfamylate de potassium avec le cyanure du même métal doivent
se rappeler l'odeur repoussante que possèdent les produits de la distillation.
L'odeur ne disparait qu'au fur et à mesure de la purification des produits,
et surtout après leur traitement à l'acide pour enlever l'ammoniaque, et à
l'oxyde de mercure pour les débarrasser de l'acide cyanhydrîque. Vous-
même, dans les recherches publiées conjointement avec MM. Malaguti et
Le Blanc, vous parlez de l'odeur insupportable que présentent les corps
cyanhydriques obtenus au moyen du cyanure de potassium; au contraire
les produits obtenus par la déshydratation des sels ammoniacaux, au moyen
de l'acide phosphorique anhydre, sont doués d'une odeur aromatique
très-agréable.
( 45o )
» Dans un travail fait avec mon ami M, Buckton sur les transformations
des amides et desnitriles sous l'influence de l'acide sulfurique, j'ai eu l'oc-
casion de préparer à plusieurs reprises l'acétonilrile (cyanure de méthyle
et le propionitrile (cyanure d'éthyle) parla distillation d'un sulfomélhylate
ou sulléthylate avec le cyanure de potassium. Dans notre Mémoire nous
mentionnons des corps à odeur formidable, qui apparaissent dans ces
réactions, et insistons sur les efforts que nous avons faits pour les isoler.
Mais comme ils ne se forment qu'en petite quantité, nous renonçâmes à
les séparer.
» M. E. Meyer(i),qui s'est également occupé du cyanure d'éthyle et qui
s'est servi d'une autre méthode de préparation, a rencontré les mêmes
corps. En faisant réagir, dans un tuhe scellé à la lampe, l'iodure d'éthyle
sur le cyanure d'argent, il obtenait, avec de l'iodure d'argent, une combi-
naison peu stable de cyanure d'argent et de cyanure d'éthyle; il s'était
formé dans la même réaction un liquide d'une odeur redoutable. Ce der-
nier, soumis à la distillation, a présenté les caractères d'un mélange dont
il a été impossible d'isoler un produit à point d'ébullition constant. En le
traitant par un acide, l'odeur disparut et la solution renferma de l'éthvla-
mine, qui fut identifiée par l'analyse du sel platinique. Nous avons là évi-
demment les caractères des cyanures qui se forment par l'action du chloro-
forme sur les monamines primaires, et on ne peut douter que M. Meyer
ait eu entre les mains un terme de la série des cyanures que je viens d'étu-
dier, soit dans la combinaison cyanargentique, soit dans le liquide complexe
dont elle était accompagnée.
» Si de tels résultats n'ont pas attiré davantage l'attention des chimistes,
c'est parce que l'auteur n'a pas pu réussir à isoler un corps défini, et à
constater le produit complémentaire de la formation de l'éthylamine, c'est-
à-dire l'acide formique. M. Meyer, du reste, dit lui-même que son travail
est resté inachevé, et on comprend que des expériences, d'ailleurs exécu-
tées avec précision, sont tombées dans un oubli tel, que ni lui ni aucun
autre chimiste ne les ont reprises depuis leur publication.
» Par l'examen plus approfondi des corps engendrés par l'action du
chloroforme sur les monamines primaires, ces anciennes expériences
acquièrent un nouvel intérêt, et il m'a paru, pour plus d'une raison, qu'il
était désirable de les étudier de nouveau, en mettant à profit les éclaircis-
sements fournis par mon dernier travail.
(i) Journal fur prahlische Chemie, t. LXVII, p. 147-
( 45. )
» Dans ce but, j'ai soumis le cyanure d'argent à l'action de quelques
iod tires organiques.
» L'iodure de méthyle et d'éthyle n'agissent que lentement sur le cya-
nure d'argent à la température ordinaire; mais la réaction a lieu à la tem-
pérature de l'eau bouillante. Après une digestion de dix heures, la trans-
formation est complète. Il s'est formé une matière brune solide de l'appa-
rence du paracyanogène, ainsi qu'une couche d'huile jaunâtre éminemment
douée de l'odeur des isomères des nitriies.
» Comme quelques expériences préliminaires m'avaient fait entrevoir
une réaction très-complexe et qu'il m'aurait été difficile de me procurer
assez de matière en opérant avec des tubes fermés, j'ai répété l'expérience
dans la série amylique, en supposant que le point d'ébullition supérieur
de l'iodure d'amyle le rendrait plus propre à l'attaque. Mon espoir, du
reste, s'est réalisé. 2 molécules de cyanure d'argent et 1 molécule d'io-
dure d'amyle réagissent avec une violence extrême au point d'ébullition
de l'iodure d'amyle; aussi est-il convenable d'opérer sur une échelle mo-
dérée, en se garantissant avec soin des gaz qui s'échappent et qui consistent
en volumes égaux d'acide cyanhydrique anhydre et d'amylène, entraînant
une faible quantité de cyanure d'amyle. J'ai fait l'expérience dans une
cornue s'adaptant à la partie inférieure d'un réfrigérant dont j'avais mis
la partie supérieure en communication avec une série de flacons laveurs.
Dans le premier se condense une petite quantité de cyanure d'amyle; le
second renferme de l'eau destinée à retenir l'acide cyanhydrique; le troi-
sième contient de l'eau et du brome, pour transformer Famylène en bro-
mure. J'ai pu ainsi en recueillir une assez grande quantité pendant le cours
de mes recherches. Après une heure de digestion, la réaction est terminée
et le résidu dans la cornue consiste en une masse visqueuse noirâtre, qui
devient presque solide par le refroidissement; c'est un mélange d'iod tire
d'argent et d'une combinaison de cyanure d'argent avec le cyanure
d'amyle. La réaction a donc eu lieu selon l'équation
C5H"I -f- AgCN = Agi + AgÇN, CSHHCN;
îoduro Cyanure Combinaison
d'amyle. d'argent. de cyanure d'argent
avec le cyanure d'amyle.
mais simultanément une certaine quantité du cyanure d'amyle s'est scindée
en amylène et acide cyanhydrique :
C5HnCN = C5H'° + CHN.
Cyanure Amylène. Aciile
d'amyle. cyanhydrique.
( 452 )
« Cette action secondaire dépend surtout de la manière dont on conduit
l'opération; elle peut donner lieu à une très-grande perte, si la réaction
est tumultueuse.
» Il s'agissait maintenant de séparer le cyanure d'amyle du résidu de
la cornue. Jusqu'ici, je n'ai pas trouvé d'autre moyen que de le soumettre
à la distillation sèche. Dans cette opération, il se dégage encore de l'acide
cyanbydrique et de l'amylène, et il distille un liquide qui , à la rectification,
bout entre 5o et 200 degrés. Par des fractionnements, on a reconnu que
la première partie renfermait encore de l'amylène, tandis que les derniers
produits étaient devenus inodores. La partie intermédiaire, rectifiée à plu-
sieurs reprises, a fini par avoir un point d'ébullition constant entre 1 35 et
1 3^ degrés. Le liquide distillé à cette température est du cyanure d'amyle
parfaitement pur. Il possède toutes les propriétés que j'ai indiquées dans
ma communication précédente; il se caractérise surtout par son odeur et
par la facilité avec laquelle, sous l'influence de l'acide cblorbydrique, il se
scinde en acide formique et en amylamine. Quant aux produits bouillant
à une température supérieure, je ne les ai pas encore complètement exa-
minés; mais tout porte à croire qu'ils consistent, en partie au moins, en
capronitrile.
» Les expériences que je viens de décrire démontrent d'une manière
positive que les mêmes corps peuvent être obtenus et par l'action du chlo-
roforme sur les monamines primaires, et parle traitement du cyanure d'ar-
gent parles iodurcs alcooliques. Dans le dernier procédé il se forme beau-
coup de produits secondaires, mais par une étude plus approfondie peut-
être arrivera-t-on à le modifier de manière à en diminuer la quantité.
» Quoi qu'il en soit, l'étude de l'action des iodures alcooliques sur les
sels d'argent demande à être reprise, et il est très- probable qu'on trouvera
dans quelques cas que les corps qui se forment ne sont que des isomères
des substances engendrées par les voies ordinaires.
» Dans des recherches spéciales où je suis engagé en ce moment, les
observations que je viens de faire sont d'un intérêt particulier. Elles per-
mettront de produire les cvanures isomères sans passer par les monamines
primaires; elles sont surtout d'une certaine importance au point de vue de
la génération des polycyanures. Les polyamir.es en effet sont peu ou point
connues jusqu'ici, tandis que les iodures, tels que les iodures de méthylène,
d'éthylène et l'iodoforme sont faciles à procurer.
» Si je n'ai pas encore réussi à préparer le dicyanure d'éthylène C*H'N"
isomère de celui de M. Maxwell Simpson, c'est parce que je n'ai pas eu à
( 453 )
ma disposition une assez grande quantité d'éthylène-diamine. Je peux espé-
rer maintenant obtenir ce corps en soumettant le cyanure d'argent à l'action
de l'iodure d'éthylène.
» En terminant, qu'il me soit permis d'énoncer comme très-probable
l'existence d'une série de corps isomères des sulfocyanures. Déjà M. Cloè'z
a démontré que l'action du chlorure de cyanogène sur Féthylate de potas-
sium donnait naissance à un cyanate éthylique doué fie propriétés absolu-
ment différentes de celles du cyanate étudié par M. Wurtz. En comparant
de l'autre côté la manière d'être des sulfocyanures métbyliques et éthy-
liques avec celle des sulfocyanures d'allyle et de phényle, il n'est pas permis
de mettre en doute qu'on a là les représentants de deux groupes de corps
entièrement différents, et que les termes des séries méthylique et éthylique
correspondant à l'huile de moutarde et au sulfocyanure de phényle sont
encore à découvrir. Des expériences, dont je m'occupe, démontreront si
ces corps ne peuvent pas s'obtenir par l'action des iodures de méthyle et
d'éthyle sur le sulfocyanure d'argent.
» Je ne veux pas terminer cette Lettre sans adresser mes remerciments à
MM. Sell et Pinner pour le concours dévoué qu'ils me prêtent dans ces
recherches. »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com-
mission qui devra décerner le prix Desmazières pour 1867.
MM. Brongniart, Decaisne, Tulasne, Duchartre, Trécul réunissent la
majorité des suffrages.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination de la Com-
mission qui devra décerner le prix Thore pour 1867.
MM. Blanchard, Milne Edvards, Decaisne, Tulasne, Trécul réunissent la
majorité des suffrages.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Raltard adresse des plans destinés à indiquer les dispositions
adoptées pour les paratonnerres de l'église Saint-Augustin. M. Baltard
désire savoir si, dans l'opinion des savants qui ont étudié cette question
C. R., 1867, a« Semestre. (T. LXV , N° il.) 5o,
( 454 )
d'une, manière spéciale, les précautions prises pour préserver le monu-
ment de la foudre peuvent être considérées comme suffisantes.
Ces pièces seront soumises à l'examen de la Commission nommée pour
toutes les questions relatives aux paratonnerres.
M. Portail adresse, pour le concours du prix des Arts insalubres (fon-
dation Montyon), un Mémoire relatif aux perfectionnements apportés par
lui dans l'outillage qui sert au percement des puits.
(Renvoi à la Commission du prix des Arts insalubres.)
M. L. Hfrmanx adresse, pour le concours des prix de Physiologie (fon-
dation Montyon), un ouvrage imprimé en allemand et ayant pour titre :
« Nouvelles recherches sur la physiologie des muscles et des nerfs ». Cet
ouvrage fait suite à une autre publication, présentée pour le même con-
cours il y a quelques mois. Le terme fixé pour la présentation des pièces
destinées au concours de l'année 1867 étant expiré, l'auteur désirerait que
ce nouveau Mémoire fût admis au concours de l'année 1868.
(Renvoi à la Commission des prix de Physiologie.)
M. L. Darget adresse une nouvelle Note concernant la théorie des
parallèles.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i° Le tome XXXIII des Novorum Actoruin publiés par l'Académie des
Curieux de la Nature.
20 Le troisième numéro du « Journal des Sciences mathématiques, phy-
siques et naturelles », publié sous les auspices de l'Académie royale des
Sciences de Lisbonne, et adressé par M. Barbie du Bocage.
3° Les Études et Mémoires lus dans la séance publique tenue le i3 août
1867 par la Société des Nuovi Filodidaci de Florence.
( 455 )
HISTOIRE DES SCIENCES. — Nouvelles observations concernant les pièces pré-
sentées à l'Académie comme provenant de Pascal et de ses sœurs. Lettre
adressée à M. le Président par M. Faugère.
« Je crois remplir un devoir envers l'Académie et vis-à-vis de cette
partie du public qui s'intéresse aux choses de la science et de l'esprit, en
vous adressant les principales observations que m'a suggérées la réponse
qui m'a été faite par l'honorable M. Chasles, dans votre dernière séance.
» Après l'avoir écouté avec autant de déférence que d'attention, je reste
plus que jamais convaincu qu'il n'est pas possible d'admettre dans l'héri-
tage de notre grand Pascal les documents qui font l'objet du présent débat.
» M. Chasles a dit, si je l'ai bien entendu, que je ne donnais pas de
preuves positives de mes assertions. Qu'il me soit permis de rappeler encore
une fois que la première de toutes les preuves, et la plus péremptoire,
consiste dans la comparaison des écritures. J'avais pensé, je l'avoue, que
mon honorable contradicteur s'unirait à moi pour réclamer avec instance
qu'il fût procédé à cette vérification. J'étais d'autant mieux fondé à l'espérer,
que, d'une part, il ne croit pas pouvoir dire de qui lui viennent les docu-
ments contestés, et que, de l'autre, il continue d'exprimer son entière con-
fiance dans la véracité de ces mêmes documents. Il y a, à la Bibliothèque
impériale, je ne nie lasserai pas de le répéter, un manuscrit dont l'authen-
ticité ne saurait être mise en doute par personne : c'est le registre dans lequel
ont été recueillies, dans le pêle-mêle de leur premier jet, les Pensées de
Pascal. Que l'on mette enfin en présence de ces reliques immortelles du
génie les pages fabriquées par une coupable industrie, et la question sera
bientôt jugée. J'accepte d'avance le résultat de cette épreuve, et encore une
fois je supplie M. Chasles de s'unir à moi pour la provoquer.
» Votre honorable confrère a paru surpris de ce que je niais également
l'authenticité des pièces qu'il présente comme émanées des soeurs de Pascal,
puisque, a-t-il ajouté, leur écriture m'était inconnue. Je dois voir l'effet
d'un oubli dans cette dernière assertion, car j'ai mis sous les yeux de la
Commission et de M. Chasles lui-même un cahier tout entier de la main de
M1De Perier, la sœur aînée de Pascal. Le manuscrit des Pensées contient
d'ailleurs plusieurs fragments écrits par elle sous la dictée de son frère. Là
encore, la vérification est des plus faciles. Pour ce qui concerne Jacqueline,
la sœur puînée de Pascal, j'ai présenté à la Commission un fac-sinule publié
par M. Cousin. Mais il suffit, ainsi que j'ai déjà eu l'honneur de le dire à
l'Académie, de rapprocher l'une de l'autre les trois écritures prétendues de
59..
( 456 )
Pascal et de ses sœurs, pour reconnaître que c'est la même main qui les a
tracées. Je ne puis, l'Académie le comprendra aisément, entier ici dans des
observations minutieuses qui ne seraient à leur place que devant une Com-
mission spéciale, avant sous les yeux les pièces, pour les comparer et les
apprécier.
» J'ai cité un passage de la dix-huitième Provinciale, pour montrer que
Pascal, loin d'avoir été conduit par ses travaux antérieurs à affirmer la loi
de la gravitation universelle, n'admettait même pas comme certain le mou-
vement de la Terre. Mon savant contradicteur a cherché à interpréter ce
passage de façon à en affaiblir la portée. J'apporte donc une autre citation
à l'appui de la première. Je l'emprunte à l'écrit de Pascal intitulé Réponse
au P. Noël :
« Comme une même cause peut produire plusieurs effets différents, un
» même effet peut être produit par plusieurs causes différentes. C'est ainsi
» que quand on discourt humainement du mouvement ou de la stabilité de la
» Terre, tous les phénomènes du mouvement et des rétrogradations des pla-
» nètes s'ensuivent parfaitement des hvpothèses de Ptolémée, de Tycho, de
» Copernic et de beaucoup d'autres qu'on peut faire, de toutes lesquelles
» une seule peut être véritable. Mais qui osera faire un si grand disceme-
» ment, et qui pourra, sans danger d'erreur, soutenir l'une au préjudice des
» autres (i)? »
» N'est-il pas évident, après cette citation, que Pascal n'admettait pas
comme démontré le mouvement de la Terre? Il y a plus, on trouve dans les
Pensées un passage ou il semble se prononcer expressément pour le système
contraire :
» Que l'homme, dit Pascal, contemple la nature entière dans sa haute et
» pleine majesté..., qu'il regarde cette éclatante lumière mise comme une
» lampe éternelle pour éclairer l'univers; que la Terre lui paraisse comme un
» point, au prix du vaste tour que cet astre décrit... (2). »
» Ces deux citations répondent suffisamment aux observations de
M. Chasles.
> A propos de la prétendu correspondance de Pascal avec un enfant
alors complètement ignoré et dans lequel personne, excepté un faussaire,
parlant après coup, ne pouvait pressentir le génie du grand Newton, j'ai
fait remarquer, entre autres invraisemblances, combien il était inadmissible
que Pascal, détaché, comme il l'était alors, de toute gloire humaine, eût
(1) OEuvrcs de Pascal, t. V, p. 85.
(2) Pensées de Pascal, t. II, p. (13.
( 457 )
prêché à cet enfant le culte d'une célébrité qu'il dédaignait et l'amour d'une
science qu'il ne considérait pins comme digne d'occuper son propre esprit.
» L'honorable M. Chasles me répond que Pascal, après avoir écrit en i654
la page mystique qui marque comme le point de départ de sa vie nouvelle,
avait résolu pourtant le problème de la roulette ou cycloïde, et avait
même annoncé sa découverte au monde savant en i658. Le fait est exact,
mais il n'est pas exactement présenté. Loin d'affaiblir mon objection, il la
confirme et en accroît la valeur. Je puis, à cet égard, opposer à M. Chasles
un témoignage qui ne lui sera pas sans doute suspect, car c'est celui d'un
écrivain qui fut aussi un savant géomètre. Voici ce que dit l'abbé Bossut
dans son Discours sur la vie et les écrits de Pascal (i).
» L'accroissement de ses maux commença par un horrible mal de dents
» qui lui ôtait presque entièrement le sommeil. Durant l'une de ses plus
» longues veilles, le souvenir de quelques problèmes touchant la roulette
» vint travailler son génie mathématique. // avait renoncé depuis longtemps
» aux sciences purement humaines; mais la beauté de ces problèmes et la né-
» cessité de faire quelque diversion à ses douleurs par une forte applica-
» tion, le plongèrent insensiblement dans une recherche qu'il poussa si
» loin, qu'aujourd'hui même les découvertes qu'il y fit sont comptées parmi
» les plus grands efforts de l'esprit humain....
» Ayant parlé de sa méditation géométrique à quelques amis, et en parti-
» culier au duc de Roannez, celui-ci conçut le projet de la faire servir au
» triomphe de la religion. L'exemple de Pascal était une preuve incon-
» testable qu'on pouvait être un géomètre du premier ordre et un chrétien
» soumis. Mais pour donner à cette preuve tout son éclat, les amis de Pascal
» arrêtèrent qu'on proposerait publiquement les mêmes questions en y attachant
» des prix; car, disaient-ils, si d'autres géomètres résolvent ces problèmes,
» ils en sentiront au moins la difficulté, la science y gagnera, et le mérite
» d'en avoir accéléré le progrès appartiendra toujours au premier inven-
» teur. Si, au contraire, ils ne peuvent y atteindre, les incrédules n'auront
» plus aucun prétexte d'être plus difficiles par rapport aux preuves de la
» religion, que l'homme le plus profond dans une science toute fondée en
» démonstrations. »
» Cette relation de l'abbé Bossut n'a pas besoin de commentaire, et je me
hâte d'aborder l'argument que mon honorable contradicteur tire du nombre
considérable des documents qu'il produit.
» La quantité ne saurait ici suppléer à la qualité. Du moment, en effet,
(l) OE livres de B. Pascal, t. I, p. 71 et ^3.
( 458 )
que toutes les pièces attribuées à Pascal sont, ainsi que l'a déclaré lui-même
M. Chasles, d'une même écriture, il suffit qu'une seule soit reconnue fausse
pour que toutes le soient. Et puis, ce nombre prodigieux de documents ap-
paraissant tout d'un coup n'est-il pas fait plutôt pour exciter la méfiance?
N'est-il pas vraiment extraordinaire que ces documents adressés à tant de
personnages divers soient venus des points les plus opposés se reunir dans
un seul et même dépôt? Par quelle bonne fortune, par exemple, les Lettres
que Pascal aurait adressées à la reine Christine de Suède se rencontrent-
elles là avec tant d'autres?
» Mais comment supposer, ajoute mon éminent contradicteur, qu'un
seul homme ait pu fabriquer une si grande masse de documents? Quelle
fécondité d'imagination, quelle habileté une œuvre pareille ne supposerait-
elle pas? Le faussaire a fait preuve, en effet, d'une extrême habileté, car
au lien dedébiter en détail àdiverses personnes les produits de sa vaste fabri-
cation, ce qui aurait fait découvrir la fraude presque aussitôt, il a eu l'art
de tout vendre à la fois à un unique acquéreur.
» Il ne serait pas impossible, au surplus, que ces documents, écrits de la
même main, eussent été composés par plusieurs personnes. Mais ce qui
me paraît manifeste, c'est qu'un même esprit a présidé à leur composition :
ils se répondent et s'accordent ensemble, pour ainsi dire, comme des faux
témoins qui se sont concertés pour étouffer la vérité et accréditer le men-
songe.
» Je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit du style des Lettres attribuées à
Pascal; ce sujet m'entraînerait trop loin. M. Chasles a exprimé l'avis que
bien des littérateurs ne s'associeraient pointa mou jugement et que même ils
tiendraient à honneur d'avoir écrit de semblables pages; à l'appui de cette
manière de voir, il a donné lecture de prétendues Lettres de Pascal. Je m'en
remets sur ce pointa l'appréciation de l'Académie et à celle du public(i). »
mécanique CÉLESTE. - Sur les orbites des comètes. Note de M. M. Lœwy,
présentée par M. Le Verrier.
« L'excellente méthode d'Olbers permet de trouver facilement une pre-
mière approximation des éléments d'une orbite cométaire par la détermi-
nation d'une valeur approchée du rapport m des distances raccourcies.
» Pour arriver à la connaissance rigoureuse de l'orbite, on fait varier
d'une quantité arbitraire dm le rapport m, et en remplaçant dans le cal-
Foir p. 437 la réponse de M. Chasles.
( 459 )
cul m par m -+- dm, on cherche les nouveaux éléments de l'orbite et le lieu
L' pour l'époque de l'observation intermédiaire. Si les différences de ces
deux systèmes d'éléments ne sont pas considérables, elles sont propor-
tionnelles aux différences dm des rapports et aux différences (1/ — L) des
lieux relatifs. En désignant par a: la correction qu'il convient d'appliquer
à m pour faire disparaître la différence O — L entre l'observation et le cal-
O — L
cul, on a x =
L'— L
» L'objet de ce Mémoire est d'établir une méthode systématique qui
permette de trouver sans empirisme une approximation supérieure, lors-
qu'une valeur approchée du rapport des distances raccourcies est connue.
Il ne sera plus nécessaire de déterminer les éléments dans chaque hypo-
thèse et de comparer les lieux intermédiaires calculés et observés.
» En regardant les différences entre les données de même nature, cor-
respondant à deux époques successives, comme des petites quantités du
premier ordre s, la méthode montre comment on peut, le rapport m étant
affecté d'une erreur em, arriver à un résultat qui ne soit plus entaché que
de l'erreur em+2.
» Soient L, L,, Lff et X, X,, Xw les longitudes et les latitudes géocentriques
de la comète aux époques t, tf, tu\ r, r, vu et â, <?, â:r les rayons vecteurs
et les distances raccourcies relatives; /, /, /(/ les longitudes de la Terre;
R, R(, R„ les distances relatives de la Terre au Soleil; n, ni , nu le double de
l'aire des triangles formés par le Soleil et les deux derniers lieux de l'astre,
le Soleil et les deux extrêmes, le Soleil et les deux premiers lieux :
log \J[J. = 2, 23558l4.
» Lorsqu'on intègre, entre les limites r et ru, r et //;, r et r, l'équation
fr2dv= \Jfj.p(t — t), on trouve, dans le cas de la parabole,
y/Xar.-p)* - y/(ar, — pf + Zp [s/zr^-p - \J2r — p] = 66,
V(3'-,-/>)3 - \J{2r- p)3 + 3p [)/ar,-p - y/zr — p] == 6 6,,
\l{2r, — pY — \J{ir- p'f-h Zp [s/a/; - p — s/zr — p]==66„;
posant ensuite
x = J2ru — pr~ \J2i\ — p, I je'1 — 6 (/'„-+- rt)x= — 116,
xt== V2'„ — P — V2'- — P-, on aura (I) j x3 — 6(r, + r) -r,= — \i6t,
x„= V'2'', - P- >i*r — p, \ a:„s — 6(r, ■+■#■)*;= — 12 0r.
( 46o )
» Ajoutant au groupe (I) d'équations la relation x — xi + xt / = o, on
arrive à ce résultat remarquable : Étant donnés dans la parabole les rayons
vecteurs correspondants à deux époques déterminées, on peut obtenir la
distance de l'astre au Soleil pour un temps quelconque.
» Il est important d'établir une méthode rapide pour trouver r , r et r
étant donnés. On peut obtenir r, directement, mais les calculs seraient
d'une complication extrême.
ii 2®y r — i 2 9:
» Posant x= > on aura '
X' 3 [r, + -r,Y
» j — i étant du second ordre, il sera facile de construire une table A don-
naut, pour toutes les valeurs de l'argument = » le logarithme de r.
» Substituant, dans l'équation [x -\- x uY = xf , les valeurs des cubes
xs, x? et xf tirés du groupe (I), on obtient i\ = r-\ - — (/*, — /■) — — -■
» Remplaçant en outre, dans l'équation x —xi-hxu = o, x, ;vt , xn par
2 9 r 2 9, r, 2 9. r.
— ^— , — ^-s " , on aura
r„+r, 7"// + r ri + r
Bjrr* _ 5, r, rf + 9„ 7// ,;? + [ rr, + rr„ + r, r,] [0 j - ^7, - 9, jj = o.
» On trouve aussi facilement 9 y — 6 y + 9 r = — 'r;J,f/.
j ui a j h ^
» Puisque — 4— - est du troisième ordre, on ne commettra dans l'éva-
luation du rayon r, qu'une petite erreur s2 lorsqu'on tire sa valeur de
l'équation 9r2-9t r2 + 9 u r; = o.
» y ety„, déterminés alors à l'aide de cette valeur approchée de r , se
trouvent entachés d'une inexactitude e*, et x et xu de l'erreur e3. Si l'on
porte ces valeurs dans l'expression r = r-\ - — (''„— r) — — -■> on voit
Xu -4- X 2
immédiatement que r ne se trouve affecté que d'une erreur e4.
» A l'aide de cette seconde valeur plus approchée de r , on reprendra le
calcul de xn et x, qui se trouveront alors affectés seulement d'une
erreurs5. Passant au calcul de rt> cette quantité, d'après ce qui précède,
sera connue avec une précision de plus en plus grande, et, au bout d'un
très-petit nombre de pareilles opérations, on constatera que les valeurs
de r ne varient plus.
» Il importe de montrer comment on peut, à l'aide de ces données r, r ,
ru et 9, 9t, 9it, trouver les rapports des secteurs paraboliques .y, st, st/ aux
(46i )
aires triangulaires ri, n-, nu. Partant de l'équation de la parabole, on a
2 \ ?.r 2 y 2 /', 2 V 2 /'
cos - =
et combinant ces relations avec x = sj-zr— p — \jzr — p, on trouvera fa-
cilement n = \/pô (3 — 2 _y) = j (3 — ajK).
» On peut construire aussi une table B donnant pour le même argument
2 82 Y
, ^— — ^ les rapports des secteurs paraboliques aux aires triangulaires.
» En transformant l'équation de Lambert, on arrive au résultat
» Le calcul de la corde peut donc également être facilité par la construc-
2 9a Y
tion d'une table C donnant pour le même argument = — -•
» Voici maintenant l'ensemble des formules servant à la solution du
problème :
(*) . «[tang>sin(L, - /,) + tang),, sin (/, - L)] -t- ^-L [nRsin (/,— /) + «„ R„sin(/, — /J]
/,\ m _ !» ° _
V * /»„[tangX„sin(/,— L,) + tangX,sin(L„, — /,)]
, \ " 9 3 — 2^-
w ^ - «; s^t'
(3) r2 = R2 + c?2séc2X- 2Rc?cos(L - /),
(4) /;; = R; + m <?; séc2 X„ - 2 m R„ è, cos ( L„ - l,),
(5) A; = r2 -+- /;; — 2»Jt?[cos(L// — L,) -+- cotXcotXJ
- amR(Jcos(L — /) — aD„tfcos(L — /J,
(6K = ^=r>J,(3-.r,)-
(7)^ = r+-^-(r-r)-^, £=i
.£., -+- .r v " 2
J3 3 fo + r,)' r„3 3 (r, + rj»
» — étant une pure fonction de r, /; et rt/, il y a autant d'équations que
d'inconnues; on peut donc déterminer r, ;;, rf/, ri, n , A;, â et <?w.
» En négligeant le second terme de/net en adoptantj-et jw égales à l'unité,
le rapport y se trouvera affecté d'une erreur du second ordre.
» Les équations (1), (3), (4), (5) et (6), résolues suivant la méthode ordi-
Theoriu motus de Gauss.
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 11.) 60
( 462 )
naire, donneront toutes les inconnues r, r , />• . o" et <? entachées d'une même
erreur, r , fourni par l'expression $/ 2 — 52/;- -+- 0itr; = o, aura la même pré-
cision.
» Calculant maintenant, à l'aide de /•, r , r„ entachés de l'erreur a2, le
rapport — au moyen de l'équation (2), cette valeur ne sera plus affectée
que de l'erreur s*. Par suite /*, r(/, kt, c? et âir seront obtenus par les équa-
tions (1), (3), (4), (5) et (6) avec le même degré d'exactitude. En introdui-
sant dans l'expression (7), pour r, x et xir calculés au moyen des rayons
vecteurs de la première approximation, et pour /et rv les valeurs plus pré-
cises obtenues, il est évident qu'on atteindra immédiatement par le premier
calcul, pour r , la précision de r et ru.
» On voit comment on peut à l'aide des tables A, B, C, partant de l'ap-
proximation s2, arriver facilement à l'approximation i." . Poursuivant la même
méthode, on passera de s" à £G, et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on trouve dans
deux approximations consécutivesdes valeurs identiques pour les inconnues.
» Il ne reste plus, en s'appnyant sur ce résultat obtenu, qu'à procéder
à la recherche des éléments suivant la méthode ordinaire, ou plus facile-
ment encore en utilisant tout le résultat acquis par la méthode précé-
dente (1). »
PHYSIQUE. — Note sur la polarisation des électrodes ; par M. J.-M. Gai-gain.
« Dans une Note que j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie il y a
déjà longtemps (Comptes rendus, il\ décembre 1 855 ), j'ai fait voir que la
force électromotrice qui résulte de la polarisation des électrodes ne pré-
sente pas une valeur constante, comme on le croyait généralement à cette
époque. Cette force varie avec l'intensité du courant qui produit la décom-
position de l'eau, et aussi avec le temps plus ou moins long pendant lequel
s'exerce l'action du courant; mais, pour un électrolyte et pour un système
d'électrodes donnés, il existe une limite qui ne peut être dépassée, quelles
que soient la durée de l'électrolyseet l'intensité du courant polarisateur. C'est
toujours cette valeur maxima de la force électromotrice que j'ai considérée
dans les nouvelles recherches dont je vais rendre compte.
» Plusieurs savants ont cherché à déterminer la part que chacune des
(1) Ce travail étant achevé, j'ai trouvé dans l' Annuaire de Berlin, année i833, quelques
recherches concernant le même sujet, laites par Enke d'une manière toute différente et n'ayant
pas abouti.
( 463 )
électrodes prend à la polarisation, et sont arrivés à des résultats différents :
M. Poggendorff a trouvé que les deux électrodes concourent également à
la production de la force électromotrice développée; MM. Lenz et Savel-
jew ont trouvé, au contraire, que la part de la cathode est plus grande
que celle de l'anode. J'ai essayé à mon tour de résoudre la question, en me
servant, comme dans mes précédentes recherches, de la méthode de l'oppo-
sition, et voici les dispositions que j'ai adoptées. Dans un vase cylindrique de
verre, je place un cylindre poreux d'un diamètre heaucoup plus petit, et
je remplis, avec le même liquide, le cylindre poreux et le vase extérieur.
Les lames de platine qui doivent servir à la décomposition du liquide sont
placées dans le vase extérieur, et j'introduis une troisième lame dans le
cylindre poreux; cette troisième lame, qui reste constamment en dehors du
circuit parcouru par le courant, n'éprouve point de polarisation et peut
être successivement comparée à chacune des électrodes, lorsque celles-ci
sont polarisées à saturation; cette comparaison donne la mesure des deux
polarisations de l'anode et de la cathode. La cloison poreuse sert à mettre
la lame neutre à l'abri de l'hydrogène dégagé par l'électrolyse.
» Voici les résultats que j'ai ohtenus de cette manière, dans une série
d'expériences exécutées sur un mélange de 9 parties en volume d'eau
distillée et de 1 partie d'acide sulfurique :
Par polarisation de l'anode ig3
» de la cathode 157
» totale. . 35o
» Il paraît indifférent d'ajouter, à l'eau que l'on électrolyse, une pro-
portion plus ou moins grande d'acide sulfurique, pourvu cpie cette propor-
tion ne s'ahaisse pas au-dessous d'une certaine limite; mais quand elle
devient extrêmement petite, la polarisation de la cathode augmente sans
que la polarisation de l'anode se modifie sensiblement. Voici les résultats
que j'ai obtenus en électrolysant de l'eau pure :
Polarisation de l'anode ig3
» de la cathode 243
» totale 436
» M. Matteucci a rappelé récemment à l'Académie [Comptes rendus,
14 janvier 1867) une expérience qu'il a faite en i838 et sur laquelle il se
fonde pour admettre que la polarisation provient des gaz qui adhèrent aux
électrodes. Je crois qu'en effet les métaux polarisés doivent être considérés
60..
( 4^4 )
comme des combinaisons fugitives formées par les métaux et les gaz, et
j'admets que clans les couples de polarisation aussi bien que dans la pile à
gaz de M. Grove, la force électromotrice est l'affinité exercée sur l'un des
éléments de l'eau par un gaz associé d'une façon particulière à un métal;
mais il y a lieu, ce me semble, de distinguer la combinaison qui se produit
sous l'influence du courant de celle qui se forme en raison des seules affi-
nités des corps mis en présence.
» Comme je l'ai indiqué dans une précédente Note (Comptes rendus,
25 février 1867), une lame de platine plongée dans une solution saturée
d'oxygène ne développe pas du tout de force électromotrice, tandis qu'une
lame de platine polarisée par l'oxygène peut développer, au contact de l'eau
pure ou acidulée, une force égale à i g3; le platine peut donc, sous l'influence
d'un courant, former avec les gaz des combinaisons différentes de celles qu'il
forme en vertu de ses seules affinités. Ajoutons que le platine est le seul
corps avec lequel on ait pu jusqu'ici former un couple à gaz, tandis que
tous les métaux peuvent être polarisés par l'hydrogène lorsqu'on les fait
servir comme cathodes à la décomposition de l'eau.
» La distinction que je viens d'établir me paraît utile pour expliquer
comment deux polarisations contraires peuvent en apparence se superposer
sur une même électrode. Supposons que l'on décompose de l'eau acidulée
en prenant pour électrodes deux lames de platine A et B ; si l'on fait passer
le courant pendant une dizaine de minutes dans une direction, puis qu'on
le fasse passer pendant un instant dans la direction contraire, et qu'ensuite,
au moyen d'un commutateur convenablement disposé,on mette rapidement
les électrodes polarisées en communication avec un galvanomètre, on ob-
tiendra d'abord une déviation passagère dans un sens, puis une déviation
persistante en sens contraire. Ce fait, qu'il est extrêmement facile de vérifier,
me paraît devoir être interprété de la manière suivante: lorsqu'un courant
d'assez longue durée marche à travers le liquide, de A vers B, l'électrode A
est polarisée par l'oxygène, l'électrode B est polarisée par l'hydrogène ; le
liquide qui baigne la lame A se charge d'oxygène, le liquide qui enveloppe
la lame B se charge d'hydrogène. Quand on vient à renverser pour un
instant la direction du courant, on détruit les polarisations existantes,
et on fait naître des polarisations inverses; mais on ne modifie pas
sensiblement l'état des couches liquides qui entourent les électrodes. Il
arrive alors qu'au moment où l'on établit la communication avec le gal-
vanomètre, l'électrode A polarisée par l'hydrogène est plongée dans une
solution d'oxygène, et qu'au contraire l'électrode B polarisée par l'oxy-
( 465 )
gène est plongée dans une solution d'hydrogène. Alors le courant qui se
manifeste d'abord est dû à la polarisation proprement dite; mais comme
cette polarisation est très-faible, elle se détruit en quelques secondes, et
quand la lame B s'est dépouillée de l'oxygène qu'elle avait absorbé sous
l'influence du courant, elle se combine, en vertu de sa seule affinité, avec
une portion de l'hydrogène contenu clans le liquide ambiant, et forme alors
un couple à gaz. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur divers carbures contenus clans le goudron de houille.
Note de M. Beisthelot, présentée par M. Bertrand. (Première partie.)
« Dans le cours de mes études sur les actions réciproques des carbures
d'hydrogène, j'ai été conduit à exécuter de nombreuses expériences sur les
produits contenus dans le goudron de houille. Je me suis spécialement
attaché à rechercher parmi ces produits les carbures qui résultent des ac-
tions réciproques entre la benzine, l'éthylène, le formène, ainsi que les
dérivés pyrogénés formés par la condensation de ces composés : je voulais
contrôler par là mes premiers travaux et soumettre à une vérification étran-
gère les faits et les théories qui en résultent. Ces recherches m'ont conduit
en effet, d'une part, à reconnaître certains carbures prévus par la théorie,
mais qui n'avaient pas été observés jusqu'à ce jour dans le goudron de
houille, tels que le styrolène et l'hydrure de naphtaline; d'autre part, j'ai
dû faire une étude nouvelle de la préparation de certains carbures contes-
tés, tels que le cymène, ou mal connus, tels que l'anthracène. Enfin les
mêmes recherches m'ont amené à découvrir des carbures inconnus jus-
qu'ici, tels que le fluorène et surtout l'acénaphtène, lequel présente une
grande importance au point de vue de la théorie générale, et en raison de
sa reproduction synthétique par l'union de la naphtaline et de l'éthylène.
Je vais présenter le résumé de mes expériences (1).
I. Styrolène, Cl6H8.
» Le styrolène^ l'hydrure de naphtaline et la benzine sont des carbures
polymères de l'acétylène et peuvent être obtenus par sa transformation
directe : or le goudron de houille renferme, comme on sait, la benzine;
j'ai pensé qu'il devait contenir aussi du styrolène. Cette prévision est véri-
fiée par l'expérience. Pour extraire le styrolène, on doit opérer sur les
(1) Le développement de ces recherches paraîtra clans les numéros de septembre et d'oc-
tobre des Annules de Chimie et de Physique.
( 466 )
huiles de houille avant qu'elles aient subi le traitement industriel par
l'acide sulfurique concentré. On change le styrolène en métastyrolène, puis
on le régénère par l'action de la chaleur, en suivant une marche décrite
dans mon Mémoire. J'ai ainsi obtenu le styrolène pur, doué des propriétés
chimiques et physiques très-nettes qui caractérisent ce carbure remar-
quable.
II. Cymène, CMH'\
>- La formation du styrolène se déduit de la condensation polymérique
de l'acétylène, ou, plus simplement, de l'action réciproque entre la ben-
zine et l'acétylène libres, laquelle donne naissance d'abord au styrolène,
puis, par une suite de combinaisons régulières que j'ai déjà exposées, à la
naphtaline et à lanthracène. C'est à une théorie analogue, celle de l'action
du formène naissant sur la benzine naissante, pendant la distillation sèche et
conformément à mes expériences, que se rattache la formation dans le
goudron de houille des homologues de la benzine : toluène, xylene, cumo-
lène. La même théorie indique encore le cymène ou tétraméthylbenzine.
» Jusqu'à ces derniers temps, la présence du cvmène dans le goudron
de houille ne paraissait pas douteuse, et l'on avait même assigné au corps
que l'on désignait sous ce nom un point d'ébullition voisin de 170 degrés.
Cependant les opinions des chimistes sur cette question ont été modifiées
tout récemment, par suite des travaux de MM. Beilstein et Kœgler, exécu-
tés avec une précision remarquable. Ces travaux, dis-je, ont établi que le
carbure volatil vers 166 degrés et contenu dans le goudron de houille était
identique avec le cumolene, C,8H'2. Les auteurs n'ont pas réussi à isoler
un autre carbure de la même série, à équivalent plus élevé.
» Cependant le cymène existe réellement dans le goudron de houille.
J'ai réussi à l'isoler, en faisant concourir à la fois les distillations fraction-
nées et la précipitation par l'acide picrique de la naphtaline à laquelle il
est mélangé. C'est un liquide qui bout vers 180 degrés et offre à l'égard
des acides sulfurique, nitrique, du brome, etc., les réactions ordinaires
des carbures benzéniques. Pour fixer sa constitution, j'ai eu recours à la
méthode universelle de réduction que j'ai découverte (1). J'ai donc chauffé
le cymène à 280 degrés avec 80 parties d'une solution saturée d'acide iod-
hydrique. Il s'est trouvé changé à peu près entièrement en hydrure de
décylène, C20H22, bouillant entre 1 55 et 160 degrés,
C20H" -h4H- = c20h22.
(1) Comptes rendus, t. LXIV, p. ^60.
( 467 )
» Celte transformation intégrale distingue la tétraméthylbenzine des
carbures métamères, tels que l'éthylxylène, le propyltolnène, etc., les-
quels ne seraient changés en hydrure de décylène que partiellement, une
autre portion se dédoublant en reproduisant les deux hydrures saturés
correspondant aux deux carbures générateurs.
III. Hydrure de naphtaline, C,0H'0.
» Voici d'autres corps, prévus par la théorie des actions réciproques des
carbures, soit entre eux, soit avec l'hydrogène, et qui se rencontrent en effet
dans le goudron de houille : je veux parler des hydrures dérivés des car-
bures incomplets, tels que la naphtaline, l'acénaphtène, l'anthracène. Je
vais m'attacher spécialement aux hydrures de naphtaline.
» Lorsque la naphtaline est soumise à l'influence ménagée des agents
hydrogénants, et spécialement à celle de l'acide iodhydrique, ou bien encore
aux réactions successives du potassium et de l'eau, elle se change en hy-
drure C20 H10,
CaoH8 -f-H» = C20H,°.
» L'existence de cet hydrure dans le goudron de houille peut donc être
prévue. Elle est encore prévue, en tant que cet hydrure représente un po-
lymère de l'acétylène.
» J'ai réussi, en effet, à extraire du goudron de houille ce même hydrure
de naphtaline, en suivant la même marche que pour le cymène, mais en
opérant sur les huiles lourdes Ce carbure bout vers 2o5 degrés; c'est un
liquide doué d'une odeur forte et désagréable, soluble dans l'acide nitrique
fumant, dans l'acide sulfurique fumant et même ordinaire, attaquable par
le brome, ne précipitant pas par la solution alcoolique d'acide picrique, etc.
Sa propriété la plus saillante est la suivante : ce corps, chauffé au rouge
dans un tube de verre scellé, régénère la naphtaline.
» D'après les essais auxquels je me suis livré, je suis porté à admettre
dans les huiles lourdes du goudron de houille l'existence d'un autre hy~
drurede naphtaline liquide, C20H12, correspondant.au perchlorure de naph-
taline; celle d'un hydrure d'aeénaphtène, C2''H12, liquide et bouillant vers
260 degrés, et celle d'un hydrure d'anthracène, C28H,/', liquide et bouillant
vers 285 degrés, etc.
IV. Fluo/ène.
» Le fluorène est un nouveau carbure cristallisé, qui se sépare dans les
rectifications des huiles lourdes. Je décris, dans mon Mémoire, la prépara-
( 468 )
tion de ce composé. C'est un beau corps blanc, lamelleux, cristallisé, doué
d'une magnifique fluorescence violette, possédant une odeur douceâtre et
irritante. Il fond à 1 13 degrés et bout à 3o5 degrés, nombres qui établissent
une différence décisive entre le fluorène et tous les carbures connus. Il est
assez soluble dans l'alcool bouillant, mais peu soluble dans l'alcool froid.
Les analyses ont fourni g3,5 à g4 de carbone, et 6,5 à 6,2 d'hydrogène,
c'est-à-dire à peu près les mêmes nombres que pour la plupart des carbures
pyrogénés : aussi je n'ose pas encore attribuer une formule au fluorène.
L'acide sulfurique, l'acide nitrique, le brome, l'iode, le potassium, l'atta-
quent de la même manière que les autres carbures pyrogénés solides.
» La solution sulfurique est presque incolore, si l'acide est pur; mais la
moindre trace de composé nitreux la colore en vert, et une quantité un peu
plus sensible, en violet. Je me suis assuré que les teintes vertes, bleues,
violettes, offertes par les dissolutions sulfuriques de divers carbures pyro-
génés, sont dues à la présence d'une trace de composés nitreux.
» Le fluorène forme avec l'acide picrique un composé cristallisé en belles
aiguilles rouges, fort soluble dans l'huile de houille, très-facilement dé-
composable par l'alcool. Avec le nouveau réactif anthracénonitré de
M. Fritzsche, le fluorène forme des lamelles rhomboidales spécifiques,
jaunes, avec une nuance brunâtre, mais qui présentent une teinte marron
lorsqu'on les voit par la tranche, sous le microscope.
» Le fluorène me paraît être un carbure de quelque importance; il se
produit dans la décomposition du rétène par la chaleur, en même temps
que l'anthracène, et dans quelques autres réactions pyrogénées. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle série d'isomères des éthers cyanhydriques
gras. Note de M. Aini. Gautier, présentée par M. Balard.
« Dans une Note précédente insérée aux Comptes rendus (26 novembre
1866), je disais en terminant : « Je me propose de donner bientôt le résul-
» tat de mes recherches sur une classe de corps qui paraissent être de
» nouveaux isomères des éthers cyanhydriques. »
» Des circonstances diverses, entre autres les propriétés extrêmement
vénéneuses de ces nouveaux corps, et l'altération de ma santé sous l'ac-
tion continue des préparations cyanhydriques, m'avaient fait attendre
quelque temps avant de remplir la promesse précédente.
» Dans l'intervalle, M. Naquet publiait dans son second volume de
Chimie organique (p. 4^i) les lignes suivantes :
( 469 )
« M. Gautier a découvert un cas d'isomérie très-remarquable; le eya-
» mire d'éthyle prépaie par l'action du cyanure d'argent sur l'iodure
« d'éthyle n'est point identique avec celui qui résulte de l'action du cya-
» nure de potassium sur le sulfovinale de potasse ; le premier est volatil à
« 82 degrés, a une odeur désagréable et se combine à froid instantané-
» ment avec l'acide chlorhydrique en développant de la chaleur comme
» l'ammoniaque; le second bout à 98 degrés, a une odeur éthérée qui
» n'est point désagréable, lorsqu'il est pur, et exige un certain temps pour
« s'unir aux hydracides : on s'expliquerait peut-être les différences entre
» ces deux isomères en représentant le cyanure d'éthyle ordinaire par la
C1V )
» formule (C3H5)'"Az, et le cyanure de M. Gautier par r2„5 j Az (commu-
» nication particulière). »
» Les nouveaux homologues de l'acide cyanhydrique dont M. W. Hof-
mann annonce la découverte dans l'avant-dernier numéro des Comptes
rendus me paraissent être, quoique obtenus par un procédé différent, iden-
tiques avec ceux que j'avais annoncés. En effet, leur odeur des plus pé-
nibles, leurs propriétés vénéneuses, leur transformation sous l'influence
des acides tant oxygénés qu'hydrogénés en présence de l'eau, en aminés
alcooliques et acide formique, leur propriété de donner un cyanure double
avec le cyanure d'argent, sont les caractères des corps que j'ai obtenus
dans la série grasse, et du nouveau cyanure de phényle que vient de dé-
crire M. W. Hofmann.
» Je ne m'étendrai pas sur leur préparation. Il me suffira de dire que,
lorsqu'on chauffe les iodures de méthyle ou d'éthyle, étendus ou non
d'éther anhydre, avec le cyanure d'argent hien sec, une réaction très-vive
s'établit vers 100 degrés. Pour le premier même, elle commence vers 60 de-
grés et elle est difficile à modérer. On obtient ainsi de l'iodure d'argent et
un corps presque liquide à chaud, cristallin \ froid, qui est un iodo-cya-
nure d'argent et de methyle ou d'éthyle.
» Le composé double, obtenu avec l'iodure d'éthyle, avait été déjà observé
par E. Meyer [Journal fur praklische Chemie, t. LXVII, p. 1 47)- H avait
même distillé ce composé et recueilli un liquide qu'il prit pour un mélange
de cyanure d'éthyle ordinaire et d'éthylamine, parce que, traité par les
acides, il obtenait des sels de cette base.
» Les nouveaux cyanures alcooliques que j'ai préparés par la distillation
à 160 degrés du cyanure double d'argent et de méthyle ou d'éthyle ne se
C. R., 1867, Ie Semestre. (T. LXV, N° il.) - 6l
(47° )
produisent pas seulement dans ces conditions. Je me suis assuré qu'il s'en
formait aussi une assez grande quantité par l'action du cyanure de potas-
sium sur l'iodure d'éthyle, et même par la distillation du sulfovinate de
potasse avec le cyanure de potassium; c'est principalement à cet isomère
qu'est due l'odeur si pénible du cyanure ordinaire brut. Bien plus, je me
suis assuré que la distillation du cyanure double d'argent et d'éthyle don-
nait réciproquement une petite quantité de propionitrile ordinaire bouil-
lant à 970, 5.
» Je n'ai obtenu encore que les nouveaux cyanures de méthyle et
d'éthyle. Ce sont des corps huileux, peu solubles dans l'eau, plus
légers qu'elle, d'une odeur alliacée intolérable, d'une telle activité sur
l'organisme, que le séjour des lieux où l'on travaille devient insupportable
et tres-dangereux ; le cyanure de méthyle nouveau bout vers 55 degrés, le
cyanure d'éthyle vers 79 degrés, leurs isomères acétonitrile et proprioni-
trile à 77 degrés et 97°,5. Après la distillation du cyanure double d'argent,
on sépare d'abord par le repos les nouveaux cyanures alcooliques d'une
résine noirâtre qui s'y produit, puis, par un froid de — 20 degrés, d'un
composé cristallisé au-dessous de zéro, et qui pourrait bien être un poly-
mère condensé des nouveaux corps.
» Les cyanures de méthyle et d'éthyle que j'ai ainsi obtenus se trans-
forment entièrement, sous l'influence d'une très-faible quantité d'acide, en
méthylamine et éthylamine, et donnent de l'acide formique.
» La théorie devait amener à prévoir l'existence de ces deux classes de
corps. Prenons comme exemple particulier le cyanure d'éthyle G3H5N. Dans
le proprionitrile ordinaire le carbone du cyanogène et celui de l'éthyle se
sont unis directement, le radical triatomique C3H!> s'est constitué, car les
actions chimiques puissantes les plus diverses ne peinent le disloquer. Le
corps fonctionne comme de l'ammoniaque où H3 est remplacé par l'équi-
valent triatomique (C3 H5)'":tde là les sels des nitriles, chlorhydrates, brom-
hydrates, etc., que j'ai décrits.
» Mais on comprend aussi que le carbone de l'éthyle puisse entrer dans
la molécule par soudure avec l'azote, auquel cas les actions dissociantes
laisseront intact le groupement AzC2H5 que nous ne savons encore dédou-
bler que par l'acide nitreux; la formule du nouvel isomère sera donc
Az'"-C*H» °u AzV-C'H>'
auquel cas les actions d'hydratation, celle de la potasse, par exemple, ou
( 47i )
mieux de l'acide chlorbydrique_, donneront d'abord
Az ï C2H5 + R2° = Az | C»H« + C°
Nouveau cyanure Ethylamine.
d'éibyle.
et l'oxyde de carbone à l'état naissant se combinera, comme on le sait, à
l'eau pour donner de l'acide formique
et l'on aura finalement
. tC»H« fC'H» COH)
Az)G +2H0 = Azj H2+ H|ô.
» Leurs propriétés toxiques, leur point d'ébullition et leur changement
en acide formique et aminés, sous l'influence des acides, paraissent faire de
ces nouveaux corps les vrais homologues de l'acide cyanhydrique.
» Au point de vue de la saturation réciproque des éléments, les nou-
veaux éthers cyanhydriques ont leurs analogues dans les éthers cyaniques.
» Les cyanures nouveaux correspondent aux carbimides alcooliques ou
cyanates de M. Wnrtz, où l'azote sert d'intermédiaire pour l'union indi-
recte de l'atome du carbone provenant du cyanogène et de ceux qui
entrent dans le radical alcoolique :
AzjC2fF Az|C2H5
Etliylcarbimide Nouveau cyanure
ou cyanate d'éthyle d'éthyle.
de M. Wnrtz.
» Tous deux doivent donner et donnent par les agents d'hydratation les
dérivés du reste
^C2H5
» Au contraire, les anciens cyanures ou vrais nitriles correspondent aux
isocyanates de M. Cloez, où l'azote n'est en rapport direct qu'avec l'atome
de carbure du cyanogène
A/J[C(OC2H3)] Az[C(C'Hs)]
lsocyanate d'éthyle. Propionilrile.
Ils ne peuvent reproduire les aminés alcooliques.
6r..
( 470
» Dans le cas où, comme je le pense, les cyanures nouveaux que je pro-
duis avec les iodures alcoolkjues et le cyanure d'argent seraient identiques
avec ceux que M. W. Hofmann vient d'annoncer pouvoir s'obtenir par une
autre méthode, les citations faites en commençant cette Note me per-
mettent, je l'espère, d'établir mon droit de priorité à la découverte de ces
nouveaux isomères des nitriles delà série grasse.
» Ces expériences ont été faites au laboratoire de M. Wurtz. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur une nouvelle base dérivée de i 'acide cyanhydrique.
Note de 31. Arm. Gautier, présentée par M. Balard.
» Lorsqu'on traite le chlorhydrate d'acide cyanhydrique par l'alcool
absolu, le sel se dissout tout d'abord, mais au bout de peu de temps à la
température ordinaire; et si l'alcool n'est pas en excès, une vive réaction
s'établit, le mélange s'échauffe beaucoup, et l'on peut, dans un mafias
fermé, avoir une explosion. Pour l'éviter, on ajoute au chlorhydrate un
excès d'alcool bien refroidi, et, après avoir scellé le matras, on laisse le
mélange se réchauffer peu à peu; une petite quantité de sel ammoniac,
qui se forme toujours sous l'influence d'un peu d'eau, annonce que la
réaction se produit : on la termine en portant le matras à 100 degrés.
» Si l'on sépare alors par filtration le sel ammoniac, et si l'on distille le
liquide, on en sépare successivement par fractionnements une portion
bouillant au-dessous de 20 degrés, et que l'on reconnaît être du chlorure
d'élhyle, et une autre portion bouillant à 55 degrés, insoluble dans l'eau,
d'odeur éthérée agréable, et qui se saponifie par la potasse en donnant du
formiate : ce liquide est donc du formiate d'éthyle. En même temps, l'éva-
poration de l'alcool, privé des deux composés précédents, laisse un résidu
fixe, fusible au-dessous de 1 00 degrés, qui, séparé d'un peu de sel ammoniac
par l'alcool absolu, et desséché ensuite bien exactement dans le vide au-
dessus du chlorure de calcium, laisse de petits cristaux grenus, incolores,
que l'on a analysés. Voici les résultats :
-€-.
H.
A/.
Cl.
Calcul pour
Expérience I .
Expérience il.
-G-n-Nsci.
1 5 , I J
14,76
14,91
6,63
6,5i
6,21
34,22
34,42
34,77
44>2?
a
44,09
1 00 , ?4
99 >98
( 473 )
» Ces analyses prouvent que la substance est exempte d'oxygène. Elles
conduisent à la formule CH3 JVC1, correspondante au chlorhydrate de cya-
nure d'ammonium GAzH, AzH3, HC1, ou d'un isomère. Cette substance se
produit d'après l'équation suivante :
i T^H s».€2H5 ) _ „„B. .„. C2H5 ) 6HOiA
2Az H + H j O = eH^CI + Q | + Q„_w j ô
^ Chlorhydrate — " ' — ' " •"— --~— - -
- — — — - , . ... Chlorure Formiate
... ,„ . j„.,„ de a nouvelle base.
Chlorhydrate d'éthyle. d'éthyle.
d'acide cyanhydrique.
C'est une substance incolore, cristalline, très-soluble dans l'eau, excessi-
vement hygrométrique, soluble dans l'alcool absolu. Elle fond vers 81 de-
grés, mais s'altère par des fusions successives et devient alors visqueuse.
Abandonnée longtemps à la température de ioo degrés, elle se décompose
peu à peu, et laisse finalement pour résidu du chlorure ammo'nique.
L'action de la chaleur ménagée la dédouble donc comme il suit :
GH6N!Cl = CAzH + AzH*Cl.
Toutefois on ne peut affirmer que ce soit à l'état d'acide cyanhydrique
proprement dit que se volatilise la portion carbonée de la molécule.
Chauffée à une température de 200 degrés environ, elle brunit, dégage,
entre autres choses, de la méthylamine, et laisse du chlorure ammonique.
» La solution dans l'eau du chorure précédent est neutre aux papiers,
mais s'acidifie ensuite peu à peu à l'air.
» On a essayé de séparer la base libre par la potasse caustique; mais
celle-ci dédouble, même à froid, la molécule; il se dégage de l'ammo-
niaque, et si, après avoir chauffé le mélange, on sature l'excès d'alcali par
l'acide chlorhydrique, si l'on reprend par l'alcool absolu et que l'on éva-
pore cette solution, on obtient du formiate de potasse.
» L'action de la potasse est donc représentée par l'équation
GH5Az2CI +H!0 + KHÔ= 2\zH3+- GHO j O
» Il ne se forme pas trace de cyanure de potassium.
» On obtiendrait sans doute l'hydrate de la base au moyen du chlo-
rure précédent et de l'oxyde d'argent; mais l'expérience n'en a pas été faite.
On peut obtenir ses sels par double décomposition avec les sels solubles
d'argent; il se précipite du chlorure d'argent, et l'on a en dissolution les
sels correspondants, en général difficilement cristallisables, très-déliques-
cents, et que la chaleur décompose peu à peu comme le chlorhydrate.
( 474 )
» On a fait le chloroplatinate de cette nouvelle base; pour cela, à la
solution aqueuse on a ajouté un excès de chlorure neutre de platine. Il ne
se forme pas de précipité, même dans une liqueur assez concentrée et par
l'agitation. Mais en évaporant à l'étuve à ioo degrés, on obtient une belle
cristallisation de cubo-octaèdres et de tétraèdres de couleur orangée,
solubles dans l'eau, un peu solubles dans l'alcool, insolubles dans l'alcool
éthéré, qui permet d'en séparer l'excès de chlorure platinique. Ce sel,
analysé, a donné les résultats Miivants :
Calcul pour
Expérience. 2 (-G-HsNJCl),PtCl\
Pt 39,87 3g,4o
Az 1 o , 80 11,20
Les petites différences tiennent à ce qu'il se produit toujours, sous l'in-
fluence de la chaleur, une certaine quantité de chlorure ammonique dont
le chloroplatinate salit le sel analysé, comme je m'en suis assuré.
» Le chlorure qui fait le sujet de cette Note est identique ou isomère
avec le corps que l'on obtiendrait par l'addition de l'acide chlorhydrique
anhydre au cyanure d'ammonium. Celui-ci doit, en effet, être représenté,
soit par la formule Az (C AzH*)'", correspondante à celle de l'acide cyanhy-
( -G H"'
drique Az(GH)'", soit par la formule, bien plus probable, Az"
^1 v 1 ' r r r l(AzH3)"
Dans les deux cas, la pentatomicité de l'azote doit permettre au cyanure
d'ammonium de donner un chlorhydrate représenté par
( (GAzH4)'"
Az H
I Cl
dans la première hypothèse, ou par
1 CH
Az AzH4
(ci
dans la seconde.
» Le facile dédoublement de mon composé, au-dessous même de roo de-
grés, en chlorure ammonique et AzCH, sa transformation par la potasse
en ammoniaque et acide formique, me font préférer pour mon chlorure la
dernière formule. Ce sera maintenant à l'expérience à déterminer si le cya-
nure d'ammonium peut le reproduire sous l'influence de l'acide chlor-
hydrique anhydre.
» Ce corps dérive d'une seule molécule d'ammoniaque : c'est le chlor-
( 475 )
hydrate primitif d'acide cyanhydrique, où H a été remplacé par son équi-
valent AzH. De même que l'on a par la chaleur
i G H
Az H = Az£H + HCl
I Cl
Chlorhydrate
d'acide cyanhydrique
on a aussi
GH
Az AzH1 = Azi; H + AzH'Cl.
! ci
u Parmi les nombreuses polyamines à radicaux diatomiques décrites par
W.Hofmann, aucune ne tend par lachaleur à se dissocier en deux ou plusieurs
aminés moins azotées; au contraire, les corps à 2 atomes d'azote, dérivant
d'une seule molécule d'ammoniaque, peuvent se reconnaître à ce qu'elles se
dissocient aisément, sous l'influence de la chaleur et des acides, en deux corps,
dont l'un au moins ne contient que 1 atome d'azote, et en ce qu'elles ne
!G0
„, et les diazo-
AzH4
tures à radicaux mouoatotniques découverts par Gerhardt (diazoture de
sulfophényle, de cumyle, d'argent et d'hydrogène, diazoture de sulfo-
phényle, de henzoïle, d'argent et d'hydrogène, etc.), qui se dédoublent en
ammoniaque et monamines.
» Le chlorhydrate dont nous venons de parler est le premier terme d'une
série homologue dont on connaît un terme encore, celui dans lequel le
radical (CH)'" est remplacé par le vinyle (G2 H3)'". Il a été découvert par
Strecker [Ann. Pliarm., CIII, 328). En soumettant en tube scellé, à la
température de 200 degrés, le chlorhydrate d'acétamide, on a l'équation
îG'H'NÔ + HC1 = G2H7iVCl + €2H;02
Acëlamide. Terme homologue. Acide
acétiqu?.
11 le nomme chlorhydrate dacédiamine. Ge corps a toutes les propriétés
de celui dont je viens de parler. Il est probable que l'on obtiendra la série
tout entière de ces chlorures, soit par l'action de l'alcool absolu, aidée de
la chaleur, sur les chlorhydrates ou bromîiydrates des nitriles alcooliques,
soit par la distillation sèche des chlorhydrates des amides supérieurs.
» Ge travail a été fait dans le laboratoire de i\T. Wurtz. »
( 476 )
ZOOLOGIE. — Observations sur le gisement des œufs de l'Epiornis. Note de
M. Alf. Grandidier, présentée par M. d'Archiac.
« L'attention de l'Académie a été appelée, à plusieurs reprises, par
M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, sur un oiseau gigantesque dont l'exis-
tence lui avait été révélée par des œufs de dimension colossale et par
quelques ossements brisés, envoyés de la région australe de Madagascar.
» Il n'a pas alors semblé impossible au savant Académicien que cet
oiseau, auquel il donna le nom d' Epiornis, vécût encore dans les contrées
inconnues du sud de l'île; la plupart des savants ont partagé son opinion.
Les dernières recherches détruisent toute espérance à cet égard.
» L'immense étendue comprise entre la mer d'une part, le 20e degré de
latitude sud et le 44e degré 3o minutes de longitude est de l'autre, qui était
jusqu'à ce jour restée inexplorée, est un vaste plateau aride, d'une altitude
de 142 mètres, coupé çà et là de bouquets d'arbres rachitiques, semé d'eu-
phorbiacées arborescentes et de nopals. Ce pays est peu habité ; il n'est pas
cependant tout à fait désert, et, de loin en loin, on rencontre quelques
misérables huttes, demeure des pauvres êtres qui végètent dans ces contrées
désolées.
» En voyant cette région nue, que l'homme parcourt chaque jour en
tous sens, on ne peut conserver aucun doute sur la disparition complète
de PEpiornis. Les Antandrouïs les plus âgés n'ont jamais entendu parler
du gigantesque oiseau; aucune fable^ contrairement à ce qui a souvent été
dit, ne circule parmi eux à ce sujet, ainsi que je m'en suis convaincu dans
plusieurs kabats ou assemblées publiques. Les vastes forêts du centre, cou-
pées de sentiers dans toutes les directions et fréquentées par les Ovas, ne
permettent pas non plus d'espérer qu'on puisse y retrouver plus tard cet oi-
seau, dont l'existence passée est attestée par les nombreux restes qu'on trouve
chaque jour sur la côte sud de Madagascar. Car, si les œufs intacts sont
rares, il n'en est pas de même des fragments, dont j'ai pu moi-même
recueillir une certaine quantité.
» Les œufs apportés en Europe ont tous été trouvés au milieu desébotdis
produits par des chutes exceptionnelles de pluies; les torrents accidentels
qui entraînent avec eux des sables laissent les œufs à découvert. Ce n'est
que sur la portion de côte comprise entre le cap Sainte-Marie et Machikora
qu'on a, à ma connaissance, trouvé des œufs ou des fragments d'ceufs; on
parle cependant de Mananzari, de l'île Sainte-Marie et de Port-Leven,
comme de points où il en a aussi été trouvé.
( 477 )
« En explorant les environs du cap Sainte-Marie, je me suis principale-
ment attaché à l'étude du terrain où j'ai fro„vé les restes que je'n.ets'soL
les yeux de 1 Académie; je n'ai pas été assez heureux, malgré tous mes
efforts, pour me procurer d'ossements.
» Sur un calcaire horizontal, s'élèvent d'immenses dunes, accumulées au
bord de la mer. Ce calcaire, qui s'étend presque à fleur d'eau jusqu'à une
centame de mètres du rivage, se continue sous les dunes elles-mêmes:
Wanc-jaunatre, à texture irréguhere, parfois très-compacte, sans fossile,
es , ça et la, creusé de trous circulaires dont quelques-uns contiennent
une brèche récente, formée de grains de quartz et de fragments de coquilles
réunis par un ciment calcaire.
» Les dunes qui s'étendent sur la côte sud de Madagascar, depuis /^W
jusqu a 43°2Ô' de longitude est, ne sont séparées de la mer que par une plage
«res-etroite, de 3 à 4 mètres au plus, et couverte d'un sable quartzeux, abon-
damment mêlé de grenat. Ces dunes, dont la pente mesure souvent plus de
bo degrés s élèvent à une hauteur de ,/,2 mètres; leur sommet parfaite-
ment rect.ligne leur donne l'aspect de fortifications faites de main d'homme,
plutôt que de 1 œuvre des vents. Elles sont formées de débris de coquilles
réduites en poussière impalpable et de grains de quartz très-fins. A leur base,
J ai recue.1 1. des Lucina tigerina, L., et un polypier du genre Favia, espèces
de la «1er des Indes; mais c'est sur les pentes que se trouvent les fragments
doeufs dEpiornis, mêlés à des débris et à des moules de coquilles ter-
restres (i- Buhmus Favanne, (,), Fér. ; 2° et 3° Bulimus s,, nov. a/finis,
B crasnlabns, Cray, B. Clavator, Petit, B. obluratus, Reeve ; 4« HeUx indé, . ;
5 Cjclostoma indét.). En creusant dans ce dépôt ou en parcourant le pla-
teau supérieur, j ai rarement trouvé des restes organiques
» Les pluies, ainsi que les vents, n'entraînent que le sable le plus fin et
tassent peu a peu s'accumuler sur les pentes rapides les coquilles et les
fragments d oeufs qu'ils ont dénudés; c'est en effet dans les parties dépour-
vues de végétation, surtout dans une petite ravine où les eaux ont laissé les
aces évidente * de leur effet, que j'ai recueilli la plupart des restes orga-
nquesqueja, 1 honneur de soumettre à l'inspection de l'Académie. Les
ndroits que protège contre l'entraînement des terres la végétation épineuse
e abongne des arb isseaux cai,cténstiques de ^ ^ ^
pas a beaucoup près la même abondance de subfossiles.
Mad~rUlime SUbf0SSUe ' C°nSerVe ™ Pa,,ie ~ C0U1— « -t encore dans ffl* de
Jagascar.
C. [t., iS6j, 2e Semestre. (T. LXV, N° il
) 62
( 473 )
» Aux coquilles se trouvent quelquefois mêlées des pierres calcaires
encore anguleuses, quoique roulées, dont la grosseur varie de celle d'une
halle à celle d'un boulet; mais, abondantes à la surface du plateau supé-
rieur et sur les pentes abritées par des arbrisseaux, elles sont assez rares
sur les pentes dénudées.
» Du haut des dunes, on n'aperçoit que des plaines couvertes d'arbris-
seaux rachitiques et de nopals. Plus au nord, l'aspect ne se modifie pas et
le plateau reste tout aussi uniforme, sans le moindre monticule. Sur ce pla-
teau, je n'ai vu aucun fragment d'oeuf d'Epiornis.
» La chaîne de montagnes qui longe la côte est semble toute granitique.
Les courants violents qui contournent celte côte et baignent le pied de ces
montagnes tendent à restreindre journellement l'île de ce côté. A l'abri de
cette chaîne, au sud de la masse centrale et des terrains secondaires, parfai-
tement caractérisés par une grande espèce de Nérinée de forme trochoïde,
dont j'ai reconnu l'existence par 23° 3o' latitude sud et 42°4°' longitude
est, se sont probablement développés des polypiers, comme il s'en développe
de nos jours sur la côte sud-ouest, et ils ont formé la base sur laquelle s'est
élevée la formation récente dont je viens de parler.
» L'accroissement journalier de la côte ouest est sensible; la présence de
deux lacs salés, situés à une dizaine de lieues de la côte, dont ils ne sont
séparés que par une plaine de sable, et où l'on retrouve les mêmes poissons
que dans la mer, l'immense delta aride qui se trouve entre le Kitoumbou et
le Manoumbe, le peu de profondeur qu'on trouve même à plusieurs milles
du rivage, le développement journalier des bancs de coraux, tout démontre
l'agrandissement de la région occidentale de Madagascar.
v Ainsi, tout en admettant la non-existence actuelle de lEpiornis, on
est amené à reconnaître que cet oiseau gigantesque a vécu à une époque
peu reculée, puisque ses débris se retrouvent dans les formations les plus
modernes dont on suit encore aujourd'hui le développement continu. Il
existait même peut-être au commencement de notre ère; mais lorsque le
pays s'est peuplé, il a dû être promptement exterminé, comme l'ont été les
Moa (Dinornis giganteus), etc., de la Nouvelle-Zélande. •>
M. Lf.tei.lier adresse la description de quelques expériences, faites par
lui et dont il tire cette conclusion : que le fumier d'une plante est nuisible
pour les individus de la même espèce, et salutaire pour des individus
appartenant à des familles végétales différentes.
La séance est levée à 4 heures et demie. C.
( 479 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 9 septembre 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Uisloire des instruments de chirurgie trouvés à Herculanum et à Pompéi;
parM. H. Scoutetten. Paris, 1867; opuscule in-12.
Rapport présenté à la Société industrielle de Mulhouse, par M. ElNGEL-
DOLLFUS, au nom du Comité d'utilité publique, sur la question des accidents
produits par les appareils recevant l'impulsion de la vapeur, séance du 25 fé-
vrier 1867. Mulhouse, 1867; in-8°.
Le choléra-morbus épidémique au Havre et dans l'arrondissement en i865
et 1866; par M. le Dr LECADRE. Paris, 1867; br. in-8°.
Programme d'un nouveau mode d'enseignement de la Géométrie élémentaire;
par M. Fuix. Amiens, 1867 ; br. in-8°.
Observations relatives au désévage des bois par immersion dans les eaux sa-
lées,etc.; par M. L. Besnou. Caen, 1867; br. in-8°.
Quelques mots sur la théorie des volcans et des tremblements de terre; par
M. P. Robin. Bruxelles, 1867; opuscule in-18. (2 exemplaires.)
Annuaire de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique. 1867, 33e année. Bruxelles, 1867; in-12.
Mémoire sur la température de l'air à Bruxelles; par M. E. Quetelet.
Bruxelles, 1867; 1 vol. in-/j0.
Météorologie de la Belgique comparée à celle du globe; par M. A. Quetelet
Bruxelles et Paris, 1867; 1 vol. grand in-8°.
Annales de l'Observatoire royal de Bruxelles, publiées aux frais de l'Etat;
par le Directeur M. A. Quetelet. T. XVII. Bruxelles, 1866; 1 vol. in-4°.
Des lois mathématiques concernant les étoiles filantes; par M. A. Quetelet.
Bruxelles, 1867; opuscule in-8°.
Étoiles filantes. — Publication des Annales météorologiques de l'Observatoire
royal. — Sur i 'héliographie et la sélénographie. — Orages observés à Bruxelles et
à Louvain du 7 février jusqu'à la fin de mai; par M. A. Quetelet. Bruxelles,
1867; opuscule in- 8°.
Observations des températures pour chaque jour de ta période décennale 1 854
à i8G3, faites à l'Observatoire royal de Bruxelles, au moyen de thermomètres
colorés. Bruxelles, 1867; opuscule in-8°.
Sur l'heure des chutes d'aérolithes; par M. A. Quetelet. Bruxelles, 1867;
opuscule in-8°.
( 48o )
Deux Lettres de Charles Quint à François Rabelais; par M. A. QUETELET.
Bruxelles, 1867; opuscule in-8°.
Observations des étoiles filantes périodiques de novembre 186G Bruxelles, 18G6;
opuscule in-8°.
Bulletins de V A endémie royale des Sciences, des Lettres cl des Beaux-.lrls
de Belgique. 35e et 36e années, 2e série, t. XXII et XXIII, 1866-18O7.
Bruxelles, 1866-1867; 2 vol. in-8°.
Mémoires de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique, t. XXXVI. Bruxelles, 1867; 1 vol. in-/,°.
Observations des phénomènes périodiques pendant l'année iS64- Sans lieu ni
date; in-4°.
Results... Résultats des observations météoroloqiques de vingt années, Jaites
à Hobart-Town, à l'Observatoire royal de Boss-Bank, de janvier i8/|i à dé-
cembre i854, et, dans un obseivaloire privé, de janvier 1 855 à décembre 1860
inclus. Hobart-Town, 1861; in-4°-
Results... Résultats de vingt-cinq années d'observations météorologiques
faites à Hobart-Town, avec le relevé, pour deux années, des princif aux mé-
téores atmosphériques et des aurores australes; par M. F. Abbott. Hobart-
Town, i866;in-4°.
Weitere... Nouvelles recherches sur la physiologie des muscles et des nerfs;
par M. L. HERMANH. Berlin, 1867; in-8°.
Statuts... Statuts de la Société scientifique, littéraire et artistique des Nuovi
Filodidaci. Florence, 1866; opuscule in-8°.
Novorum Actorum Academiœ Cœsareœ Leopoldino-Carolinœ Germaniiœ
nnturœ Curiosorum. Tomi tricesimi tertii, seu decadis quarlœ tomi quarti,
cum tabulis XXXII. Dresdae, MDCCCLXYII; in-4°.
PCCl.ICATIOXS PÉRIODIQUES REÇCES PAR l,' ACADEMIE PEXDAXT
LE MOIS D'AOUT 1867.
Nachrichten... Nouvelles de l'Université de Gœttingue ; juillet et août
1867; in-12.
Nouvelles Annales de {Mathématiques ; août 1867; in-8°.
Presse scientifique des Deux Mondes; nos 3i à 35, 1867; in-8°.
Bévue des cours scientifiques; nos 36 à 4o, 1867 ; in-4°.
Revue des Eaux et Forets; n° 8, 1867; in-8°.
(La suite du Bulletin au prochain numéro.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI 16 SEPTEMBRE 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M le PU» de l'Witct invite l'Académie des Sciences à désirer
1 un de ses Membres pour la représenter, comme lecteur, dans la quatril
séance trimestrielle qui doit avoir Heu le mercredi a octobre.
M. le PKÉsmEvr entretient l'Académie de la perte qu'elle a faite, depuis
a dernière séance, dans la personne de M. Rayer, décédé le ro septembre
Les obsèques ont eu lieu le jeudi Ia. M. Payen a pris la parole au nom de
Academ.e des Sciences; M. Roger, au nom de l'Académie de Médecine;
M. Bnrcq, au nom du Comité d'hygiène; M. Latcur, au nom de l'Associa
jon générale des Médecins de France; M. Bail, au nom de la SodeTde
B.o.og.e; M. Husson, au nom de l'Assistance publique; M. Michel Uvye
M. Brun, au nom des amis et des élèves du défunt.
POIDS ET mesures ET MONDES. - Communication relative aux Rapports
et proces-verbaux du Comté des poids et mesures et des monnaies dllZ
position universelle de 1867; Var M- Matiuec.
Comté? aV0^ FéSenté ' rACadémie 1CS RaPP°rtS 6t P-cès-verbaux du
Com t des po.ds et mesures et des monnaies de l'Exposition universelle
lv ilï.r TT ■ DePU1S UDe qUinZainC d'annéeS' da»S ^ E*P°^
amverselles, des hommes venus de toutes les parties du monde civilisé ont
C R. , 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 12.) 53
( 4*2 )
reconnu les inconvénients de la diversité des poids et mesures, et des
monnaies dans le passage d'un pays à un autre, d'une province a une
autre du même pays. Ces hommes éminents dans les sciences 1 industrie
et le commerce ont toujours exprimé des vœux en faveur de établis-
sement d'un système universel et uniforme de mesures décimales, pour
faciliter les transactions sociales et toutes les opérations du commerce
international. Aujourd'hui que les chemins de fer, les navires a vapeur et
les télégraphes électriques ont rendu si faciles, si prodigieusement ra-
pides, les communications de tout genre, l'uniformité des mesures est
devenue une nécessité comprise par tout le monde. Aussi on a institue a
l'Exposition universelle de 1867 un Comité spécialement charge de recher-
cher les moyens les plus efficaces pour l'adoption et la propagation d un
système uniforme de poids et mesures, et de monnaies. Ce Comité corn-
posé de plusieurs Membres de l'Institut et d'un grand nombre de délègues
étrangers, après avoir adopté trois Rapports sur les poids et mesures sur
les monnaies, enfin sur l'aréométne, a convoqué à des conférences libres
(au Palais de l'Industrie) des personnes d'une grande notabilité dans es
sciences et dans les diverses branches de l'économie politique. Les résolu-
tions formulées par le Comité et proposées à la conférence ont été adoptées
à l'unanimité pour le système métrique des poids et mesures et a une
très-grande majorité pour les monnaies. La question complexe de 1 unifor-
mité des monnaies a donné heu à une importante et remarquable discus-
sion à la suite de laquelle on a admis le principe d'un seul étalon
. Dans l'état actuel de la circulation monétaire en Europe et dans les
États-Unis d'Amérique, l'admission d'un étalon unique conduit naturelle-
ment à l'étalon d'or. L'argent devient alors une simple monnaie d appoint. .
A la suite de cette communication, M. Séguier demande la parole, et
s'exprime en ces termes :
« Alors que j'avais l'honneur d'être Membre du Comité consultatif des
Arts et Manufactures près le Ministère de l'Agriculture et du Commerce, et
qu'en cette qualité j'étais appelé à donner mon avis sur les nouveaux instru-
ments de pesage proposés au poinçonnage administratif afin de pouvoir
entrer en usage, la pensée m'était venue, ainsi qu'à mon honorable collègue
du même Comité, M. de la Morinière, de proposer a l'Administrat.on
d'adopter, pour des poids actuellement de plusieurs sortes de formes, une
forme unique applicable au plus grospoids réglementaire de 2o kilogrammes
jusqu'au petit poids de 1 gramme, et après mûres réflexions, connaissant
( 483 )
bien les exigences du service administratif, nous crûmes qu'un tronc de
cylindre, ayant pour hauteur un demi-diamètre, satisfaisait à toutes les
conditions légales et usuelles.
» En effet, les poids doivent être commodes à manier, les plus lourds
surtout; ils doivent pouvoir s'empiler sur le plateau d'une grande balance,
ils doivent être simples à ajuster, offrir des surfaces convenables pour
l'application du poinçon de recense ou vérification périodique; les petits
doivent, pour des pesées de précision, être maniables avec un intermédiaire
qui évite l'oxydation résultant du contact des doigts.
» Un tronc de cylindre de fonte de fer, pourvu sur sa section supérieure
d'une cavité hémisphérique traversée par une barre de fer ronde, suscep-
tible d'être saisie par les doigts engagés dans la cavité hémisphérique, com-
pose un poids de 20 kilogrammes d'un usage très-commode; il peut être
transporté ou roulé, il se superpose sur son semblable et peut devenir la
base de tout le système de poids, étages jusqu'au gramme les uns sur les
autres en forme d'escalier pyramidal.
» Une creusure annulaire, pratiquée sur la section supérieure, entre le
bord du cylindre et sa cavité hémisphérique, sert à recevoir le plomb
d'ajustage; il peut être commodément versé dans cette creusure annulaire
pendant que le poids repose sur le plateau de la balance de l'ajusteur. Ce
cercle de plomb suffît pendant longtemps, par son développement considé-
rable, à l'application successive du poinçon de vérification périodique.
a Le tronc d'un petit cylindre de cuivre compose le poids de 1 gramme;
sur la surface supérieure sont pratiquées, à la fraise, deux creusures en
forme presque de croissant, laissant entre elles une partie facile à pincer
entre les ongles, préférablement encore saisissable avec les extrémités re-
courbées d'une pince dite brucelles, pour éviter l'oxydation résultant du
contact des doigts.
» La forme que nous proposions, M. de la Morinière et moi, avait surtout
pour but d'accoutumer l'œil à reconnaître la valeur des poids à l'aspect de
leur simple volume. Par leur adoption, les enfants d'une école primaire ne
seraient plus obligés de se familiariser avec les aspects variés des diverses
séries de poids, à la forme prismatique du poids de 20 kilogrammes, à la
forme hexagonale, parfois pentagonale du kilogramme et de ses subdivi-
sions pour les poids de fonte de fer, à la forme d'un cylindre surmonté
d'un bouton pour les poids de enivre, à celle de petites cuvettes emboîtées
les unes dans les autres pour les poids de même matière dits poids de marc.
Notre plomb d'ajustage, placé sur la face supérieure du poids de 20 kilo-
63..
( 484 )
grammes et de toute la série de poids de fonte qui l'accompagne, reste vi-
sible pendant le pesage et évite les erreurs ou fraudes de pesées, commises
avec des poids dont le plomb d'ajustage est placé dans une creusure prati-
quée sous le poids, et qui s'est fortuitement dilaté ou a été frauduleuse-
ment amoindri.
» Notre barre de fer ronde, insérée dans la creusure hémisphérique de
nos gros poids de fonte au moment de leur coulée, remplace avantageuse-
ment les anses formées d'un anneau mobile, qui peut se détacher et être
remplacé par un autre, lequel ne forme plus le complément exact du poids.
» Au moment où la question de l'uniformité des poids et mesures préoc-
cupe tous les esprits, nous croyons que la proposition de l'unité de forme
doit être renouvelée. Déjà, Messieurs, il y a longues années, vous avez
honoré de votre approbation la pensée de M. de la Morinière et la mienne;
je la reproduis aujourd'hui devant vous, puisque l'occasion se présente
pour la tirer de l'oubli dans lequel elle est tombée. »
M. Mathieu prend ensuite la parole et s'exprime ainsi :
« Le Comité de l'Exposition universelle s'est renfermé dans les questions
de principes relativement à l'uniformité des poids et mesures; il n'a pas
voulu s'arrêter aux questions secondaires d'un caractère purement admi-
nistratif. »
chimie ORGANIQUE. — Sur une nouvelle série d'homologues de l'acide cran-
hydrique. Note de M. A.-W. Hofmann, présentée par M. Dumas.
« Dans une Lettre communiquée par M. Dumas à l'Académie, le g de ce
mois, j'avais signalé que l'action des cyanures d'argent sur les iodures
alcooliques, indiquée pour la première fois par M. Meyer, il y a quelques
années, donnait naissance au même corps que le traitement des monamines
primaires par le chloroforme. En rappelant les expériences de M. Meyer,
je disais :
« Si de tels résultats n'ont pas attiré davantage l'attention des chimistes,
» c'est parce que l'auteur n'a pas pu réussir à isoler un corps défini et à
» constater le produit complémentaire de la formation de l'éthylamine,
» c'est-à-dire l'acide formique. M. Meyer, du reste, dit lui-même que son
» travail est resté inachevé, et on comprend que des expériences d'ailleurs
» exécutées avec précision soient tombées dans un oubli tel,. que ni lui ni
» aucun autre chimiste ne les ont reprises depuis leur publication. »
( 485 )
» Au moment où j'écrivais ces lignes, j'ignorais que M. Gautier, dont
les recherches sur l'acide cyanhydrique sont bien connues des chimistes,
avait répété les expériences de M. Meyer. Le même numéro des Comptes
rendus où se trouve insérée ma troisième Lettre contient une Note de
M. Gautier, sur « une nouvelle série des éthers cyanhydriques gras ». Dans
cette Note il cite un passage de la Chimie de Nacpiet publiée il y a quelques
mois à peine. Le voici :
« M. Gautier a découvert un cas d'isomérie très-remarquable; le cyanure
» d'éthyle préparé par l'action du cyanure d'argent sur l'iodure d'éthyle
» n'est point identique avec celui qui résulte de l'action du cyanure de
» potassium sur le sulf'ovinate de potasse : le premier est volatil à 82 degrés,
» a une odeur désagréable et se combine à froid instantanément avec l'acide
» chlorhydrique, en développant de la chaleur comme l'ammoniaque ; le
» second bout à 98 degrés, aune odeur éthérée qui n'est point désagréable,
» lorsqu'il est pur, et exige un certain temps pour s'unir aux hydracides :
» on s'expliquerait peut-être les différences entre ces deux isomères en
m représentant le cyanure d'éthyle ordinaire par la formule (C3H5)"'Az,
CIV )
» et le cyanure de M. Gautier par Az. (Communication particu-
» Hère.) »
» Cet extrait prouve que M. Gautier a bien reconnu que, par l'action du
cyanure d'argent sur l'iodure d'éthyle, il se produit un corps isomère du
cyanure d'éthyle engendré par la distillation d'un sulféthylate avec le cya-
nure de potassium. Je m'empresse donc de faire cette rectification, mais je
ferai remarquer que là s'est bornée l'observation de M. Gautier. Le fait
capital de la réaction, à savoir, que le nouveau cyanure se scinde en étliy la-
mine et en acide formique, n'est pas mentionné par M. Naquet, et n'a été
annoncé par M. Gautier qu'après avoir eu connaissance de mon propre
travail qui précisait et généralisait à la fois ce dédoublement pour tous les
isomères des nitriles. Je dirai la même chose des considérations théoriques
qu'il introduit dans sa Note. S'il est parfaitement vrai que la théorie dût
faire prévoir les transformations de cette classe de corps, il n'est pas
moins vrai que M. Gautier n'a conçu ces prévisions théoriques qu après
que j'en ai eu fait connaître la réalisation.
» Je n'aurais pas fait ces observations sans la phrase par laquelle M. Gau-
tier finit sa communication :
« Dans le cas où, comme je le pense, les cyanures nouveaux que je pro-
» duis avec les iodures alcooliques et le cyanure d'argent seraient iden-
( 486 )
» tiques avec ceux que M. W. Hofmann vient d'annoncer pouvoir s'obte-
» nîr par une autre méthode, les citations faites en commençant cette Note
» me permettent, je l'espère, d'établir mon droit de priorité à la décou-
» verte de ces nouveaux isomères des nitriles de la série grasse. »
» Rien n'est plus loin de ma pensée que l'intention de chercher à dimi-
nuer l'importance des recherches de M. Gautier, mais je ne doute pas que
tous les chimistes ne reconnaissent avec moi que, dans la question qui nous
occupe, comme dans la plupart des questions scientifiques, on n'est pas
parvenu à la vérité d'un seul bond, mais pas à pas, et que, dans le cas ac-
tuel, son développement comprend trois phases bien distinctes.
» M. Meyer, en étudiant l'action de l'iodure d'éthyle sur le cyanure
d'argent, a découvert qu'il se formait dans cette réaction un corps à odeur
repoussante, ayant la même composition que le cyanure d'éthyle, dont il
diffère en ce qu'il donne une combinaison cristalline avec le cyanure d'ar-
gent et qu'il fournit de l'éthylamine sous l'influence des acides; mais il n'a
pu préparer ce corps dans un état suffisant de pureté pour pouvoir lui
trouver un point d'ébullition constant.
» M. Gautier, en répétant l'expérience de M. Meyer, a reconnu, comme
ce dernier, que le produit de la réaction diffère de celui qui résulte de
l'action du sulfovinate de potassium sur le cyanure de potassium. Il a en
outre préparé la substance pure, et il a déterminé son point d'ébullition
inférieur de 16 degrés a celui du cyanure d'éthyle ordinaire.
» Moi-même j'ai trouvé à mon tour que les monamines primaires
des séries aromatique et grasse se transforment sous l'influence du chloro-
forme en isomères des nitriles, et j'ai précisé la différence qui existe entre
les deux groupes, en démontrant que tous les deux donnent par leur dé-
composition un produit constant et un produit variable. Le premier est
l'ammoniaque pour les nitriles, et l'acide formique pour les cyanures
isomères. Le second est un acide des séries grasse ou aromatique pour les
nitriles, et une monamine alcoolique ou phénolique pour les cyanures.
» J'ai en outre démontré par l'expérience que les dérivés des mona-
mines primaires et les produits obtenus par le procédé de M. Meyer sont
les mêmes corps.
» Je crois que M. Gautier peut, sans amoindrir la gloire à laquelle ses
recherches lui donnent droit, laisser participer M. Meyer à l'honneur de
cette découverte, et admettre même que l'auteur de cette Note a, lui aussi,
fourni sa modeste contribution. Suiini cuique!
» En terminant, je prendrai la liberté d'ajouter que la réclamation de
( 487 )
priorité de M. Gautier ne saurait m'empècher de poursuivre mes recherches,
d'autant plus que dans ces derniers temps mes expériences sur les trans-
formations de nouveaux cyanures sous l'influence des agents chimiques
m'ont déjà conduit à des résultats très-nets. Je citerai le suivant.
» Les nouveaux cyanures peuvent, exactement comme les éthers cyani-
ques, fixer les ammoniaques en donnant naissance à une série de diamines
qui n'est ni moins nombreuse ni moins variée que le groupe des urées
composées, l'existence de ces corps étant d'ailleurs déjà indiquée par le
rapprochement des cyanures et des cyanates que j'avais fait dans ma pre-
mière Lettre à M. Dumas. »
HYGIÈNE MILITAIRE. — Des accidents produits par la chaleur dans l'infanterie
eu marche, et de leur aggravation dans les haltes par la position couchée ou
horizontale; pareil. Guyon. (Extrait.)
" I. Des accidents produits par la chaleur dans l'infanterie en marche. —
Depuis notre établissement en Algérie, en i83o, on a souvent observé,
dans l'infanterie en marche, des accidents produits par la chaleur. Dans un
ouvrage sur les épidémies du nord de l'Afrique, nous avons rapporté les
plus remarquables qui s'y soient présentés jusqu'à l'année 1846 inclusi-
vement (1).
» Ces mêmes accidents se sont renouvelés à notre armée d'Italie, en 1 85g,
où, dans la journée du l\ juillet, plus de 2000 hommes, tant officiers que
sous-officiers et soldats, tombèrent dans les rangs; il en mourut 26. Ceci se
passait dans la division du général d'Autemarre, la deuxième du cinquième
corps, forte de 12 5oo hommes; elle se trouvait alors à la hauteur de Va-
leggio (village), après son passage du Mincio sur un pont de bateaux.
« Dans un pays tout voisin du nôtre, en Belgique, il n'y a pas long-
temps, un régiment, dans le court trajet d'une étape à une autre, fut telle-
ment assailli par la chaleur, que 5oo hommes au plus, dans le plus déplo-
rable état, parvinrent jusqu'à l'étape.
» Les accidents produits par une haute température ne se bornent pas
aux troupes elles-mêmes : ils s'étendent aux animaux ou troupeaux qui
les suivent pour servir à leur alimentation journalière. Ils s'étendent égale-
ment aux chiens qui les accompagnent toujours en plus ou moins grand
nombre
(1) Histoire chronologique des épidémies du nord de l'Afrique, depuis les temps les plus
reculés jusqu'à nos jours, p. 25-43; Alger, i855.
( 488 )
» La température solaire à laquelle le fantassin est exposé dans la
marche n'est pas la seule qu'il ait à supporter : il y faut ajouter celle que
l'action musculaire développe dans son économie, tant pour la marche
que pour ses efforts incessants pour le port d'un poids considérable re-
présenté :
» i° Par des vêtements sans aucun rapport avec le climat, et par ceux
qu'il porte encore dans son sac et sur son sac;
» 2° Par divers objets de campement tels que traverse de bois pour l'in-
stallation de sa tente, toile de tente, etc.;
» 3° Par son armement, composé du fusil, de sa baguette et du sabre-
poignard (i);
» 4° Enfin, par une plus ou moins grande quantité de vivres, selon la
durée prévue de l'expédition pour laquelle il est en marche. Aussi, pour
obvier aux accidents dont nous parlons, ou du moins pour les amoindrir,
ce qu'il y aurait de mieux à faire, avant tout, ce serait d'alléger le fantassin,
dans ses vêtements d'abord, puis dans les objets qu'il porte et qui l'écrasent,
en quelque sorte (2).
» IT. De l'aggravation des accidents produits par la chaleur, dans les Imites
de l'infanterie, par la position couchée ou horizontale. — Indépendamment
de l'action directe du soleil reçue par le soldat en marche, il en reçoit en-
core l'action indirecte ou réfléchie par le sol. Or, la température du sol,
chauffé par le soleil, est toujours supérieure à celle de la couche atmosphé-
rique qui l'enveloppe immédiatement.
» Il ressort de ce que nous venons de dire que, chez l'homme debout,
ses parties inférieures sont soumises à une température plus élevée que ses
parties supérieures, mais que celles-ci prennent la même température que
les premières chez l'homme qui, debout, vient à se coucher. L'homme ainsi
couché reçoit donc une plus forte somme de calorique que lorsqu'il est
debout. De plus, dans la première de ces positions, l'homme respire un air
(1) Pesant ensemble 5kil,o4o. C'était le poids du fusil du chasseur d'Orléans, y compris sa
baguette et le sabre-poignard. A ce poids de 5kil,o4o il faut ajouter, savoir : pour le sac au
complet, 4o kilogrammes; pour la casserole dite de campement, 5oo grammes, et, pour le
paquet de cartouches, composé de 60 cartouches, 2kil,'i6o, soit 36 grammes pour chacune.
Le poids total de ces différents objets serait donc de 47kil,70o. Le fusil Chassepot, y compris
le sabre-baïonnette, ne pèse que 5 kilogrammes.
> I La première chose dont on pourrait-le débarrasser serait peut-être sa couverture de
laine qui, le jour, le surcharge outre mesure, sans que ce grave inconvénient soit compensé
par les avantages qu'il en retire la nuit.
(489 )
dont la température est, pour ainsi dire, celle du sol lui-même, air des plus
raréfiés et des plus faibles en oxygène par conséquent. Aussi l'homme, dans
cette position, pourrait être comparé à l'oiseau expirant, faute d'air, sous
la machine pneumatique.
« La différence de température à laquelle les parties supérieures et infé-
rieures du corps sont soumises, selon que nous sommes debout ou cou-
chés, varie selon la nature du terrain, l'état calme ou agité de l'atmo-
sphère; elle peut s'élever de 3 à 7, 8 et 9 degrés et plus, d'après quelques
expériences faites à la hâte en Algérie. Toutefois, comme, à température
égale, l'impression que nous recevons de la température n'est pas la même
selon des dispositions particulières (qu'il serait difficile de préciser), il ré-
sulte que, sous le double point de vue physiologique et pathologique, cette
impression peut être d'une plus grande valeur que celle donnée par la
graduation thermométrique
» De la différence de température à laquelle le fantassin est soumis, selon
qu'il est debout ou couché, que doit-il résulter? Que si, debout (que
ce soit en marche ou au repos) et commençant à ressentir les acci-
dents dont nous parlons, il vient à s'affaisser sur le sol, son état patho-
logique s'en augmentera d'autant, et cet état pourrait devenir ainsi son
coup de grâce, comme c'est celui du voyageur qui, après avoir longtemps
lutté contre le froid, s'arrête, n'en pouvant plus, et s'étend sur le sol. . . .
» En Algérie, les troupes, se rendant d'un point à un autre, font ordinai-
rement deux haltes désignées, savoir : la première, sous le nom de petite
halte, et la seconde sous celui de grande halte. La première est consacrée à
faire et à prendre le café, dans lequel le soldat détrempe son biscuit. D'au-
tres haltes peuvent être nécessitées par diverses circonstances, par une
attaque de l'ennemi, par exemple. Or, toutes choses égales d'ailleurs, les
accidents produits par la chaleur se manifestent plus particulièrement dans
les haltes que dans la marche. A quoi tient donc cette particularité? Évi-
demment à ce que, dans les haltes, la plupart des hommes, après avoir
vaqué à leurs plus pressants besoins, ne tardent pas à s'asseoir et à s'étendre
même de tout leur long sur le sol, sans toujours avoir la précaution de se
placer la tète sur leur sac. Est-il besoin de dire que le sac, ainsi placé sons la
tète, est, pour celle-ci, un précieux isoloir de la chaleur du sol?
» Un de nos anciens collaborateurs en Algérie, M. Ferdinand Delmas,
après avoir été souvent témoin, comme médecin d'ambulance, des accidents
C. K., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 12.) 64
( 49° )
qui se produisent clans les haltes, avait pensé qu'on pourrait les supprimer
en les remplaçant par un ralentissement dans la marche. Ce ralentissement,
selon les idées de l'auteur, devait rendre au soldat, par un moins de dé-
pense en forces, ce qu'on lui prendrait des forces réparatrices puisées dans
les haltes.
» Le maréchal Bugeaud, dont la sollicitude pour le soldat était grande, ne
voyait pas un avantage réel, au point de vue préventif desaccidents en ques-
tion, dans le ralentissement de la marche pour suppléer aux haltes. De plus,
quant à ces haltes elles-mêmes, il eût été plutôt d'avis de les multiplier que
de les supprimer. D'un autre côté, reconnaissant toute la valeur du danger,
pour le soldat, de la position horizontale dans les haltes, il était d'avis qu'il
restât dehout pendant toute leur durée (i). Cette position du soldat, dans
les. haltes, serait peut-être un pas de fait, comme moyen préventif des
accidents que nous avons en vue, mais à la condition, toutefois, que les
hommes fussent alors tenus en mouvement par quelque exercice com-
mandé par le chef de la colonne : dans le cas contraire, la position de-
hout ou verticale, pour peu qu'elle se prolongeât, ne serait pas, non plus,
sans avoir son côté vnlnérahle, au point de vue des accidents développés
par la chaleur. Alors, en effet, l'homme est privé du bénéfice de cet abais-
sement de température, avec renouvellement d'air, produit dans la marche,
et par la fente de l'atmosphère, et par l'agitation des vêtements.
» Augmenter le nombre des haltes, ce que le maréchal Bugeaud eût
préféré au ralentissement de la marche, serait sans doute une bonne me-
sure lorsqu'on a affaire à une forte journée de marche, puisqu'elle per-
mettrait au soldat de se reposer plus souvent, en même temps qu'il se dé-
chargerait de son pesant et embarrassant fardeau.
» C'est, du reste, au chef de la colonne en marche qu'il appartient de
scinder sa route selon la connaissance qu'il a des lieux, soit personnelle-
ment, soit par renseignements (2). Mais, quelles que soient ses dispositions
à cet égard, il importe qu'il ne s'arrête jamais à l'heure où la température
est la plus élevée dans la contrée où il opère Toutefois, quoi qu'on
fasse pour amoindrir, sur des troupes en marche, les effets d'une haute tem-
(1) Le maréchal Bugeaud a fait, de ce point d'hygiène militaire, le sujet d'un ordre du
jour. Cet ordre du jour, donné sous la date du 17 juillet ilS.jb, à Alger, a été inséré dans
le journal X Akhbar du 21 suivant.
(a) Je suppose qu'on expéditionne dans un pays peu ou point connu, ce qui avait lieu
dans les premiers temps de notre occupation de l'Algérie.
( 49« )
pérature, elles auront toujours plus ou moins à en souffrir. Aussi convien-
drait-il, les lieux et les circonstances le permettant, de ne faire marcher
les troupes que la nuit; le jour, ou pour mieux dire, la partie du jour la
plus chaude serait consacrée à leur repos sous la tente (i). C'est à cette sage
mesure que le général Marey-Monge, en Algérie, doit de ne pas avoir eu
un seul accident par la chaleur, pendant une expédition qui n'a pas duré
moins de quatre-vingts jours (2). Ceci se passait en ï 844» du l" ma' au
18 juillet, c'est-à-dire durant une partie des plus fortes chaleurs de l'été.
» Une fois bien établie, et c'est ce qui ressort de tout ce que nous avons
dit jusqu'à présent, que la position horizontale aggrave les accidents pro-
duits par la chaleur, le remède à cette aggravation est tout trouvé : distan-
cer le malade de la surface du sol, et le faire, tout à la fois, le plus possible
et le plus vite possible. Cette pratique, prescrite par le raisonnement, ne
l'est pas moins par des faits que nous ne nous arrêterons pas à produire. Il
va sans dire que, la cause de l'aggravation des accidents une fois écartée,
vient l'emploi des moyens propres à combattre l'état pathologique lui-
même, moyens dont nous n'avons pas à nous occuper ici.
» Les accidents qui font le sujet de cette communication sont particuliers
au fantassin : le cavalier, généralement, jouit du privilège d'en être à l'abri.
A quoi tient ce privilège, cette immunité? Sans doute, il est facile de le
dire : outre que le cavalier marche en colonne moins serrée que le fantassin,
il se trouve de la tète aux pieds dans une température moins élevée cpie celle
dans laquelle se trouve le fantassin. De plus, tandis que le dernier marche
péniblement, lui, le cavalier, reste paisiblement assis sur sa selle; il est, en
même temps, moins chargé que lui; il ne l'est même pas du tout, sa charge
et lui-même étant portés à la fois par sa monture. D'où résulte qu'il y a, pour
le cavalier en marche, absence du calorique développé chez le fantassin par
l'action musculaire, tant pour la marche que pour ses incessants efforts à
l'endroit du port de tout ce qui l'alourdit et l'entrave dans ses mouvements.
» Ajoutons que le cavalier, en même temps, respire un air dont la tem-
pérature est moins élevée, et qui, par conséquent, est aussi moins raréfié
que celui respiré par Je fantassin; la différence en est donnée par celle des
hauteurs différentes où l'un et l'autre respirent dans l'atmosphère, et qui
(1) Il est question ici de tentes plus ou moins vastes, non de ces petites tentes formées
chacune, par la réunion à celle de son camarade, de la moitié de tente que porte le soldat,
avec ses autres objets de campement.
(2) Les tentes du général abritaient, chacune, seize hommes.
64-
( 492 )
peut varier de 70 à 80 centimètres (1). En résumé, dans la marche, il y a
tout à la fois, pour le cavalier, à l'encontre du fantassin, et moins de calo-
rique reçu, et moins de calorique développé, avec plus d'oxygène respiré.
Ajoutons que, dans les halles, le cavalier trouve, dans l'ombre de son
cheval, un abri contre les ardeurs du soleil, tandis que le fantassin, lui, ne
cesse d'en recevoir l'action sans défense; car il ne faut pas perdre de vue
que, dans tout ce que nous avons dit jusqu'à présent de l'infanterie en
marche, nous l'avons toujours considérée comme opérant dans une contrée
absolument sans abri. »
M. Matteccci fait hommage à l'Académie du IIP volume des Mémoires
de la Société Italienne des Sciences, qui vient de paraître.
MÉMOIRES LUS
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur la nature des miasmes fournis par le corps de
l'homme en santé; par M. J.'Lemaire. (Extrait.)
« Les expériences dont cette Note est l'objet ont été faites par M. Lemaire,
le 19 septembre 1866, au fort de l'Est, situé dans la plaine d'Aubervilliers,
à côté de Saint-Denis, dans de bonnes conditions de salubrité. En choisis-
sant des militaires dans la force de l'âge, en activité de service, soumis en
temps de paix à une vie régulière, au même régime alimentaire, il réunissait
des individus qui présentaient toutes les conditions d'une bonne santé. Ses
recherches ont été faites en condensant, à l'aide du froid, la vapeur d'eau
atmosphérique et en étudiant sa composition au microscope.
» Il a opéré de 4 heures à 5h 3om du matin, pendant que les soldais
étaient au lit et leurs chambres closes. Ils s'étaient couchés à 9 heures du
soir.
» Trois expériences ont été faites simultanément dans les endroits sui-
vants : i° dans une chambre de la caserne, située au deuxième étage, con-
tenant vingt-quatre lits dont vingt étaient occupés. Elle cube environ
4ao mètres. Deux grandes fenêtres donnant l'une sur la plaine, l'autre sur
la cour du fort, et une grande porte intérieure, sont les seules ouvertures
(1) Sans doute, c'est à ceLle même différence de température et de raréfaction, entre l'air
respiré par le bœuf et celui respiré parle cheval, à raison de leur taille différente, que le pre-
mier, dans leurs communs travaux, est plus accessible que le second aux accidents produits
par la chaleur, comme l'établissent toutes les observations faites sur ce sujet en France et
ailleurs.
( 493 )
qu'elle présente. Point de cheminée, ni de ventilateurs. Ses murs et son pla-
fond avaient été récemment blanchis à la chaux. Au moment de l'expérience,
la température de cette chambre était de -f- 18 degrés centigrades. L'odeur
de son atmosphère, suigeneris, était désagréable, et l'impression qu'en res-
sentaient les poumons avait quelque chose de pénible. Il recueillit au
milieu d'elle environ 6 grammes de vapeur d'eau réduite à l'état liquide,
qu'il plaça dans une fiole neuve de 60 grammes de capacité, préalablement
lavée à l'eau distillée, et bouchée avec un linge neuf, également lavé.
» Au moment de sa condensation, le liquide était incolore, limpide; son
odeur était la même que celle qu'on avait perçue dans la chambre ; sa saveur
était légèrement piquante. Il n'exerça aucune action appréciable sur les
papiers réactifs.
» Un premier examen microscopique fut fait deux heures après la con-
densation. Il permit de constater l'existence d'un nombre considérable de
petits corps diaphanes, dont les formes peuvent être rapportées aux sui-
vantes : sphériques, ovoïdales, cylindriques, régulières ou irrégulières. Les
corps cylindriques avaient de 0,001 à 0,002 de millimètre de large, et
o,oo3 de millimètre de long. Le diamètre des corps sphériques et ovoïdaux
variait de 0,001 5 à 0,0020 de millimètre de diamètre. Ces corps, comme
on va le voir, sont des Microphytes et des Microzoaires en voie de dévelop-
pement.
» Un nouvel examen, fait six heures après la condensation, donna les
résultats suivants. Les corps diaphanes étaient beaucoup plus nombreux.
C'est par milliers qu'ils existaient dans une petite goutte de ce liquide. De
plus des Baclerium termo et Baclerium punctum s'agitaient ; de petits Vibrions-
baguettes exécutaient des mouvements d'ondulation assez rapides. On trouva
en outre un assez grand nombre d'une espèce d'animalcule qui a été
observée par Ehrenberg, et que Dujardin révoque en doute, parce qu'il ne
l'a jamais trouvé dans ses nombreuses expériences. Voici sa description.
Corps ovoïde, diaphane, ne présentant aucune ouverture ni filament appré-
ciable à un grossissement de 600 diamètres. Le plus grand nombre présen-
taient à la partie médiane une dépression circulaire très-prononcée, qui pa-
raît marquer la place d'une division pour sa reproduction. Ils exécutent des
mouvements rapides en tous sens. La dimension d'un individu ne présentant
point de dépression circulaire varie de 0,001 5 à 0,0020 de millimètre de
long et de 0,0010 à 0,001 5 de millimètre de large. Je pense, dit l'auteur,
que c'est la Monade ovoïde échancrée d'Ehrenberg. Pourrait-on considé-
rer cette Monade comme la cause du typhus? C'est ce qui reste à examiner.
( 4o4 )
» Un troisième examen de ce liquide, fait vingt-quatre heures après la con-
densation, a montré, dans une seule goutte, de nombreux Bacterium termo,
les uns isolés, d'autres réunis par groupes de dix, vingt et même d'une cen-
taine; de rares Bacterium calenula et pwictum, beaucoup de Vibrions-ba-
guettes et de Monades ovoïdes, les unes échancrées, les autres qui ne l'étaient
pas; enfin des spores ovoïdales, d'autres sphériques de o,ooi5 à o,oo35
de millimètre de diamètre. Les petits corps diaphanes, qui étaient si nom-
breux dans les premières heures, avaient diminué dans une proportion
considérable. Leur nombre est certainement en raison inverse de celui des
animalcules et des spores. Considérable au début de l'expérience, il dimi-
nue à mesure que celui des animalcules et des spores augmente. N'est-ce
pas la preuve que ces petits corps sont des infusoires à l'état rudimentaire,
les germes dont les auteurs admettaient l'existence sans les avoir vus?
» Cette expérience est intéressante, non-seulement par la grande quantité
deMicrophytes et de Microzoaires dont elle démontre l'existence, mais par
le peu de temps qu'il a fallu (six heures) pour leur développement complet,
tandis qu'il faut, à cette même température, quarante-huit heures au mini-
mum pour que de la vapeur d'eau recueillie dans l'atmosphère dans des
endroits sains présente des Bactéries, des Vibrions et des spores évidents.
« Une seconde expérience a été faite sur l'air d'une casemate contenant
trente-huit lits, dont dix-sept seulement étaient occupés. Dans cette expé-
rience, l'auteur a constaté, aux mêmes heures que dans la précédente, l'exis-
tence des mêmes Microphytes et des mêmes Microzoaires, mais en quantité
beaucoup moindre. Il attribue cette différence à la ventilation de la case-
mate (la chambre de la caserne ne Tétait pas) et au petit nombre de lits
occupés.
» Troisième expérience comparative, faite sur l'air extérieur. — Pendant
qu'on opérait dans la caserne et dans la casemate, un appareil rempli de
glace fonctionnait sur la partie la plus élevée de la fortification qui domine
la plaine, à la hauteur de la chambre de la caserne. C'était donc la même
couche d'air qui alimentait cette dernière. Le temps était beau et le venta
peine sensible. Au moment de la condensation le liquide était incolore, lim-
pide; son odeur et sa saveur étaient celles de l'eau fraîche et pure. On l'exa-
mina au microscope, aux mêmes heures que les précédentes. Ce n'est que
quarante-huit heures après sa condensation qu'on put y reconnaître quel-
ques Bacterium termo, de très-petits Vibrions-baguettes et de très-petites
spores, mais point de Monades ovoïdes.
» Si l'on compare ces résultats à ceux qui ont été obtenus dans les deux
( 495 )
autres expériences, on est frappé de la différence considérable qui existe
dans la composition de la vapeur d'eau recueillie à l'air libre, et celle de
l'air confiné de la caserne et de la casemate. Au bout de six heures, la vapeur
d'eau condensée dans l'air confiné contenait de nombreux corps diaphanes,
des animalcules et des spores. On constata même, dans l'air de la casemate,
l'existence de deux Bacterium catenula composés de cinq articles, et de deux
Vibrions-baguettes vivants. Cette différence s'est maintenue jusqu'à la fin
de ces expériences, qui ont été suivies pendant dix jours. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIOLOGIE BOTANIQUE. — Influence de la rotation de la Terre sur la forme
des troncs d'arbre; par'M. Cii. Musset. (Deuxième Note.)
(Cette Note est renvoyée, ainsi que la précédente, à la Section de
Botanique. )
« J'ai eu l'honneur d'adresser à l'Académie, le 2 septembre dernier, une
Note touchant l'influence présumée de la rotation de la Terre sur la forme
des troncs d'arbre. Aujourd'hui, ce n'est plus sur l'examen de quelques cen-
taines d'arbres, mais de plusieurs milliers, que je base mon hypothèse. En
effet, tous les arbres observés, soit par moi-même, soit par les personnes
compétentes auxquelles je me suis adressé, ont montré leur tronc aplati
très-sensiblement du nord au midi et renflé du levant au couchant.
» Dans le but de mieux déterminer la direction du renflement de la tige,
je me suis servi de la boussole, dont la déclinaison est à Toulouse d'envi-
ron i8°3o'; et je me crois en droit d'affirmer que cette direction est incli-
née vers le sud et correspond au rumb est-sud-est. L'angle qu'elle forme
avec l'est et l'ouest est donc de 22°3o', et égal à l'angle du plan de l'éclip-
tique sur le plan de l'équateur. Cette déviation constante, et que j'ai par
moi-même constatée sur toute espèce d'arbres vieux et non transplantés,
pris au hasard et à une exposition quelconque, peut d'abord ébranler la
conviction. Mais les expériences sur la chute des corps, faites en Italie par
Guglielmini et répétées en Allemagne par Bezemberg et Reich, prouvent
que le doute n'est pas fondé. Ces expériences, en effet, ont constamment
donné une déviation est-sud-est, et non point est, comme l'indiquaient
les calculs de Laplace et de Gauss. Ce parallélisme, entre la direction du
grand axe de l'ellipse des tiges et celle qu'imprime la force centrifuge
développée par la rotation de la Terre aux corps tombant en chute libre,
( 496 )
me semble démontrer que la forme des troncs d'arbre est réellement
due aux mouvements qui entraînent notre planète. Je ferai remarquer
seulement que les arbres dont l'écorce est lisse sont les plus propres à cet
examen. La forme elliptique des arbres à écorce rugueuse n'est sensible
à l'œil que lorsqu'ils sont vieux et non déformés par une cause purement
accidentelle. »
M. Ch. Depuis adresse une Note relative à un nouveau « siphon à évapo-
ration » .
(Renvoi à la Commission précédemment nommée pour les communications
analogues du même auteur.)
M. Cloquet présente, au nom de M. A. Chevalier, un Mémoire destiné
au concours pour le prix des Arts insalubres, et ayant pour titre : « Le cuivre
et les sels de cuivre sont-ils toxiques? Les instruments de cuivre sont-ils
dangereux? ».
(Renvoi à la Commission du prix des Arts insalubres.)
■S'
M. Cloquet présente également, au nom de M. E. Lisle, un « Mémoire
sur le traitement de la congestion cérébrale et des hallucinations par l'acide
arsénieux ».
(Renvoi à la Commission du prix Barbier.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel de l'Académie Stanislas de Nancy fait hom-
mage à l'Académie, au nom de cette Société, du volume de ses Mémoires
pour 1866.
« M. Milne Edwards informe l'Académie du prochain départ de M. A.
Bouvier pour les îles du Cap-Vert, où ce voyageur se propose de faire des
recherches scientifiques. M. Bouvier a déjà voyagé dans l'Amérique centrale;
il y a formé des collections intéressantes, et il possède les connaissances
nécessaires pour faire de bonnes observations sur l'histoire physique et natu-
relle des pays qu'Use propose d'explorer. 11 se métaux ordres de l'Académie
et il serait heureux si quelque Membre de cette Compagnie voulait bien
lui indiquer des sujets d'investigation. »
( 497 )
GÉOMÉTRIE. — Sur les courbes du quatrième ordre. Note de
M. E. de Hcnyadt, présentée par M. Chasles.
« La Note que je prends la liberté de communiquer aujourd'hui à l'Aca-
démie a pour but de compléter par quelques remarques un Mémoire que
j'ai eu l'honneur de présenter à l'Académie, et qui a été inséré en extrait
dans les Comptes rendus, t. LXIV, p. 218.
» 1. Dans le théorème IV du Mémoire cité, j'ai démontré que chaque
courbe du quatrième ordre a des courbes tangentes du troisième ordre,
qui ont un contact simple en six points avec la courbe du quatrième ordre.
Les six points en question sont les sommets d'un quadrilatère complet. Les
courbes tangentes se rangent cinq à cinq en un groupe, et leurs quadrila-
tères correspondants forment un pentagone qui est complètement inscrit à
la courbe du quatrième ordre.
» Les courbes tangentes du troisième ordre, cependant, sont non-seu-
lement différentes de celles du même ordre dont les six points de contact
sont situés dans une section conique, mais elles se distinguent aussi essen-
tiellement des courbes tangentes du troisième ordre découvertes par
M. Hesse.
» 2. La démonstration de cette allégation repose sur le théorème IV
déjà cité, ainsi que sur les théorèmes suivants, tirés d'un des plus beaux
Mémoires de M. Hesse (*).
» a). L'illustre géomètre de Heidelberg a fait la belle découverte, que l'on
peut mettre en relation la courbe plane du quatrième ordre avec une courbe
gauche du sixième ordre, laquelle est le lieu des sommets des cônes du
second ordre qui passent par sept points. Les deux courbes sont tellement
liées entre elles, qu'à un point II de la courbe plane du quatrième ordre
correspond un point P de la courbe gauche du sixième ordre, et récipro-
quement à chaque point P de la courbe gauche correspond un point II de
la courbe plane (§ II, p. 284).
» b). Aux quatre points d'intersection II d'une droite avec la courbe
plane du quatrième ordre correspondent quatre points P de la courbe
gauche du sixième ordre. Les quatre points P sont les sommets de quatre
cônes qui se rencontrent dans une même courbe (§ III, p. 286).
» c). Aux six points de contact des courbes tangentes du troisième ordre
(*) Ubcr die Doppeltangenten and Curven vierter Ordnung (Crelle Journal, t. XLIX,
P- 279)-
C. R., 1S67, 1" Semestre. (T. LXV, N° 12.; 65
( 49* )
(de M. Hesse) avec la courbe du quatrième ordre, correspondent, dans la
courbe gauche du sixième ordre, six points P qui sont situés dans un plan
(§ VI, p. 292).
» En effet, si l'on considère cinq courbes tangentes appartenant au même
groupe, avec leur pentagone correspondant, qui est complètement inscrit
à la courbe du quatrième ordre, et si l'on désigne par 1, 2, 3, 4» 5 les droites
composant le pentagone et par (/, k) le point d'intersection des droites /et
A-, on peut tirer les conséquences suivantes :
» Aux trois sommets (i3), (23), (34) du quadrilatère (1 2 3 4) corres-
pondent trois points P dans la courbe gauche du sixième ordre, dont les
cônes correspondants se rencontrent dans une même courbe gauche (b).
Les trois points P en question déterminent un plan qui rencontre la courbe
gauche du sixième ordre en trois autres points P'. Il reste donc à démon-
trer que les trois points P' ne peuvent jamais correspondre aux trois som-
mets (12), (i4)> (24) du quadrilatère (1 2 3 4) (c).
» Car, supposons un instant que les trois points P' soient des points cor-
respondant aux sommets (12), (i4)> (24) du quadrilatère (1 2 3 4)- On voit,
en considérant le quadrilatère (1 2 3 5), que celui-ci aura de commun avec
le quadrilatère (1234) les points (12), (i3), (23), lesquels déterminent en
même temps les deux plans correspondant aux deux quadrilatères (1 2 3 4)
et (1 2 3 5). D'où l'on peut conclure que les points (i4), (24)? (34) coïn-
cident, point pour point, avec les points (i5), (25), (35), ou, ce qui revient
à la même chose, les droites 4 et 5 coïncideraient, ce qui est contre la sup-
position.
» 3. On obtient la courbe gauche du sixième ordre, d'après M. Hesse,
par l'intersection de deux surfaces du troisième ordre; et d'après
M. Chasles (*), par l'intersection de deux surfaces du quatrième ordre. La
séparation de la courbe étant lieu des sommets des cônes qui passent par
sept points, des courbes étrangères à la question, est plus évidente dans la
représentation de M. Chasles.
» 4. L'équation (5) de mon premier Mémoire, qui s'écrit
a<p3 -+- ktyl = o (**),
(*) Sur la surface et sur la courbe à double courbure, lieu des sommets des cônes du se
cond ordre qui divisent harmoniquement six ou sept segments rectilignes pris sur autant de
droiles de l'espace [Comptes rendus, t. LU, p. iiGo, théor. VII).
(**) Par méprise, cette équation a été imprimée dans mon premier Mémoire sou^ la forme
suivante :
ç, -1- k^\ — o.
1
( 499 )
contient un théorème fort connu, si par a l'on comprend la forme ternaire
linéaire, par.ç>3 la forme générale cubique ternaire, par i]/2 la forme géné-
rale quadratique ternaire et par k une constante arbitraire.
» Ce théorème, qu'il serait superflu de développer, conserve encore sa
valeur, si la conique ij>2 '= o se décompose en deux lignes droites; chacune
de ces droites rencontre la courbe du quatrième ordre dans l'un des deux
points de contact de la double tangente a = o.
» En supposant que, dans chaque droite, deux points de contact de la
courbe tangente du troisième ordre avec la courbe du quatrième ordre
coïncident, on voit que la courbe tangente du troisième ordre aura un
contact du troisième ordre en deux points, et un contact simple en
même nombre de points avec la courbe du quatrième ordre. De l'autre
part on trouve que les deux droites en question sont devenues des tangentes,
menées des points de contact de la double tangente a = o à la courbe du
quatrième ordre. En observant finalement qu'à chaque point de contact
d'une double tangente on peut mener neuf tangentes simples à la courbe
du quatrième ordre, qui a vingt-huit tangentes doubles, on parvient au
théorème suivant :
« Chaque courbe du quatrième ordre a 9. 9. 28 = 2268 courbes tan-
gentes du troisième ordre, qui ont un contact du troisième ordre en deux
points, et un contact simple en un égal nombre de points avec la courbe
du quatrième ordre.
» Si cependant la courbe offre des singularités, ce nombre se réduit; par
exemple, si la courbe a trois points doubles ou trois points de rebrousse-
ment, le nombre se réduit à 12, voire à o. »
Géométrie. — Sur la théorie des systèmes de coniques. Note de
M. N. Salvatore-Dixo, présentée par M. Chasles.
« Si l'on a un système de coniques assujetties à quatre conditions
(Z,, Z,, Z3, Z,) =(/*, v),
le nombre de celles qui satisfont à une cinquième condition Z dépend de
la détermination de deux quantités a et /5 (paramètres), et l'on a toujours
identiquement
N (Z,, Z2, Z3, Z4, Z) = a\j. -4- ]3v.
» J'observe que, pour obtenir a et fi, il suffit de connaître les deux
nombres
N(4p.,Z) = m, N(4d.,Z) = re,
65..
( 5oo )
et alors
a = ^(an — m), /S = -(am — n).
En effet, l'on a
N(4p-, Z)=a-f- a/3, N(4d., Z) = 2« + j3,
donc
a +2/3 = m, aa-t-|S = /i,
et ensuite
a = ^(271 — m), |3 = r(2m-«).
Mais on peut demander : A quoi peut-il servir de substituer, à une seule
et unique recherche, faite sur le système
la double recherche des nombres N (4p-, Z) et N(4d., Z)?
» Je réponds : A pas grand'chose, à rien même, quand pour la re-
cherche des paramètres on se sert de la méthode géométrique. Mais il y
a quelquefois des conditions, desquelles il est bien difficile de tenir compte
géométriquement (par exemple, les conditions métriques), tandis que l'ana-
lyse s'y prête à merveille. Alors il est évident que c'est beaucoup simplifier
la question, quand on substitue au système (Z,, Z2, Z3, ZA) (duquel on ne
peut pas écrire l'équation) les deux systèmes (4p-)> (4d.)> <lui ont des équa-
tions connues et où il n'entre qu'une seule indéterminée, et au premier
degré encore.
» Si l'on pose
N(3p., id.,Z)=p, N(3d., ip.,Z)=y, N(ap., ad.,Z) = r,
on a, dans tous les cas,
p = 2 m, r = | (m ■+- n), q — in,
et l'on voit que les deux nombres m et n ne sont pas tout à fait indépen-
dants, parce que ^ (m -+- n) doit être un nombre entier.
» Applications. — I. Le nombre des coniques d'un système (p., v) qui
ont un axe constant est 3v.
» II. Le nombre des coniques d'un système (a, v) qui ont le produit des
axes constant est 3v.
» III. Le nombre des coniques d'un système (p., v), pour lesquelles est
constante la somme des carrés des axes, est 2v.
( Soi )
« IV. Le nombre des coniques d'un système (p., v), pour lesquelles est
constante la différence des carrés des axes., est /jv.
» M. le professeur Luigi Cremona a bien voulu me communiquer ce
dernier nombre.
» V. Le nombre des coniques d'un système (p., v), pour lesquelles est
constante la somme ou la différence des axes, est 4^- »
ASTRONOMIE. — Note relative à l'apparition d'une grande tache solaire, et à
quelques observations faites sur l'éclipsé de Lune du i3 septembre; par
M. CuACOKNAC.
« Conformément à ce que l'étude de la constitution physique du Soleil
indique, il s'est montré, à la dernière marée planétaire qu'a subie cet astre,
du 7 au 9 septembre,, un groupe de volcans, dans le point de la plus grande
dépression atmosphérique qui se soit formée depuis le minimum actuel de
l'apparition des taches.
» En effet, les taches solaires se développant par un phénomène de
rayonnement inégal de la photosphère solaire, les planètes Jupiter et la
Terre, d'une part, et Vénus et Mercure de l'autre, durent occasionner un
phénomène analogue : le couple de Jupiter et la Terre concourant à pro-
duire, avec celui de Vénus et Mercure, une dépression atmosphérique
maximum, il en est résulté un courant atmosphérique aux deux extrémités
de la résultante du couple; il y a eu, par suite, production de taches solaires
en ces points.
» La grande tache qui occupe aujourd'hui le centre du disque solaire a
pris naissance précisément en l'un de ces points, c'est-à-dire vers l'extré-
mité orientale de l'hémisphère visible.
» Cette tache, la plus considérable qui se soit présentée, durant ce mini-
mum, est visible à l'œil nu .
» L'éclipsé de Lune que j'ai observée hier n'a présenté rien de bien remar-
quable; des nuages ont presque constamment empêché l'observation. Ce-
pendant, vers le milieu de l'éclipsé, il a été possible de pratiquer l'observa-
tion que j'avais déjà instituée en i863, lors de l'éclipsé du ier juin. On sait
que les rayons solaires traversent, dans cette circonstance, toute l'épais-
seur de l'atmosphère terrestre sous l'incidence rasante, et qu'ils se pro-
jettent sur le disque lunaire après s'être réfractés dans l'atmosphère. D'a-
près la théorie, si le disque lumineux de la Lune éclipsé permet d'apercevoir
encore les raies du spectre, elles doivent être encombrées des faisceaux
( 5û2 )
telluriques qui s'aperçoivent au coucher du Soleil. Or il m'a été impos-
sible, malgré tous mes soins, de constater la présence de ces faisceaux. La
raie D, que j'ai particulièrement observée, n'a offert aucune trace de ces
faisceaux obscurs qui sont si nettement accusés lors du coucher du Soleil.
Ce fait se recommande à l'attention des astronomes, d'autant plus que voilà
deux observations qui se contrôlent.
» L'observation d'une éclipse totale de Lune offrira donc cette curiosité,
que les phénomènes les plus compliqués de la lumière pourront y être
étudiés à l'aide du spectroscope.
» La coloration du disque lunaire a été comme de coutume : la portion
la plus considérable du disque lunaire plongée clans l'ombre de la Terre était
colorée en rouge, et celle qui se trouvait à la limite de l'ombre était teintée
légèrement en violet. Entre ces deux extrémités, se trouvaient les couleurs in-
termédiaires, jaune, orangé, vert et bleu, confondues, qui résultent de la dé-
composition de la lumière solaire, par réfraction dans l'atmosphère terrestre,
laquelle se présente, en effet, sous forme prismatique, et décompose la lu-
mière solaire comme le prisme.
» Ces observations ont été faites à mon observatoire de Villc-Urbanne
(Rhône). »
MÉTÉOROLOGIE. — Nouvelles remarques sur le baromètre statique. Note de
M. R. Radau, présentée par M. d'Abbadie.
« La nécessité de me renfermer dans quatre pages m'avait forcé de
supprimer la démonstration des formules que j'ai eu l'honneur de sou-
mettre à l'Académie dans sa séance du 26 août; en voulant trop abréger,
j'ai causé une méprise à laquelle je ne pouvais pas m'attendre. Me sera-t-il
permis de rappeler au P. Secchi (comme je l'ai déjà fait de vive voix le
lendemain de la dernière séance) qu'il avait entre les mains deux publi-
cations où j'ai expliqué le raisonnement par lequel j'obtiens ces formules,
et qu'il lui suffisait d'y jeter un coup d'ceil pour se convaincre que sa for-
mule était identique avec la mienne ? En voici la preuve. J'ai dit que le baro-
mètre statique pouvait être considéré comme un corps flottant, autour
duquel la pression atmosphérique était équilibrée; que dès lors le principe
d'Archimède pouvait s'appliquer comme si le baromètre entier, tube et
mercure intérieur, représentait un solide à sections pleines; que le poids
du système était égal au poids du tube et de son contenu, et la poussée
égale au poids du mercure déplacé par la partie immergée du tube, cette
( 5o3 )
partie étant considérée comme un piston ou cylindre plein. Il s'ensuit que
Bp = C//, en désignant par B la section pleine ou totale de la partie im-
mergée, et par G la section intérieure de la chambre; on voit en même
temps que le liquide déplacé par le piston B pénètre en totalité dans la
chambre C, d'où il résulte que le mercure ambiant reste en repos, et que
le niveau extérieur ne peut pas varier. Cette fixité du niveau extérieur est
une propriété essentielle du baromètre statique; elle permet de prendre la
quantité p dont le tube s'enfonce, pour la quantité/) -+- n dont il se déplace
par rapport à une échelle fixe, puisque n = o. C'est cette dernière quantité,
et non l'autre, que l'on observe et que le barographe est destiné à enre-
gistrer.
» On voit que j'ai désigné par B ce que le P. Secchi désigne par B 4- T,
de sorte que sa formule n'est autre que la mienne. Elle est encore iden-
tique avec la formule que j'ai publiée en 1862 et que le P. Secchi a repro-
duite en 1866; j'y remplace les sections B et C par les carrés des rayons R
et r, ce qui montre à l'évidence qu'il s'agit de la section totale de la partie
immergée (1).
» Toutefois, si la formule du P. Secchi est identique avec la mienne, la
démonstration qu'il en donne me parait être un cercle vicieux qui admet
tacitement ce qu'il s'agit de prouver. En effet, le P. Secchi confond les deux
quantités p et p -+- 72, et oublie de démontrer que n = o. Sa démonstration
se rapporte à la quantité p, l'application qu'il fait de la formule se rapporte
à la quantité p -h n qui se lit sur l'échelle fixe; pour qu'il soit permis
d'identifier ces deux quantités, il faut que le niveau extérieur soit inva-
riable. Cette invariabilité résulte, il est vrai, de ma théorie; mais le P. Secchi,
dans sa Note, conteste cette théorie en même temps qu'il en accepte implici-
tement un résultat essentiel.
» Voici maintenant les observations que je demande la permission de
présenter au sujet des baromètres anciens. Le P. Secchi démontre que le
baromètre de Maguire ne remplit pas les conditions nécessaires à la stabilité
de l'équilibre, qu'il est irréalisable sous la forme indiquée; c'est exactement
ce que j'ai dit dans ma Note du 26 août. Quant au baromètre à peson
(sleelyard barometer) de Morland et au baromètre statique de Magellan, sur
lesquels M. Forbes a rappelé l'attention des savants dès le a mars 18^7,
je crois pouvoir affirmer qu'il ne s'agit pas ici de constructions impossibles
(1) Je désigne également par E la section pleine ou totale de la cuvette, y compris la
place occupée par le tube.
( 5o4 )
à réaliser, mais bien d'instruments qui ont servi. Il y a d'autant moins de
raisons pour en douter, que le premier baromètre à balance que le P. Sec-
cbi a exécuté lui-même, et dont il énumère les avantages pratiques dans
V Album (janvier 1867), se composait d'un tube ordinaire, suspendu à un
peson muni d'une longue aiguille qui parcourait un arc divisé, et que cette
description s'accorde de point en point avec celle du baromètre de Morland
chez Hutton et Gehler. Ce système, ou celui de Magellan, aurait pu, sans
inconvénient, servir à l'enregistrement des observations par le système
de Changeux (enregistrement par points, qui demande très-peu de force
motrice).
» L'agrandissement de la section supérieure du tube, proposé, mais non
essayé par Maguire et Magellan, détruit la stabilité de l'équilibre, et le
P. Secchi s'en est aperçu en faisant pour la première fois l'essai de cette mo-
dification. Pour rétablir la stabilité de l'équilibre, le P. Secchi a eu recours
au peson à fléau brisé; il propose aussi le manchon, qui conduit au même
but en ramenant le tube sous la forme stable (B > C). M. Minotto (1) est
arrivé au même résultat en donnant à la partie immergée la forme d'une
cloche; ce système semble destiné à éviter l'instabilité de l'équilibre dans
le sens horizontal, que doit entraîner l'emploi d'un manchon de bois. Il y
aurait enfin un quatrième moyen de rétablir la stabilité de l'équilibre lors-
qu'on agrandit la chambre barométrique : ce serait de lester l'aiguille ver-
ticale de la balance. Magellan n'avait qu'à abaisser la boule par laquelle il
balance cette aiguille, et l'équilibre serait redevenu stable avec la chambre
renflée. Dans cette hypothèse, l'équation du baromètre statique serait
m
=
1;
c;
<;
r +
nLcose
?
ra„r
en désignant par rie rayon des secteurs de cercle qui portent le baromètre
et son contre-poids, par L la longueur de l'aiguille, par II le poids dont elle
est lestée, par e l'angle dont elle s'écarte de la verticale. On aurait
m B— C ni,
— = — - — rcose H >
p (j n,r
si, à la place des secteurs de cercle, on employait une balance à fléau droit
EC
déforme ordinaire. La quantité zô0 est = isr,36-- -• On voit que le
rapport m : p restera positif (et l'équilibre stable), tant que le produit II L ne
descend pas au-dessous d'une certaine limite qui résulte des formules
(1) Dizionario tecnologico, t. II; Venise, i83l.
( 5o5 )
mêmes. Il n'est clone pas exact de dire, comme le P. Secchi l'a fait plusieurs
fois, que l'équilibre est impossible avec la balance à bras égaux, et qu'il est
rétabli par l'emploi des bras inégaux, lorsqu'on fait usage du tube à deux sec-
tions; mes formules montrent qu'il peut être stable avec les bras égaux et
instable avec les bras inégaux; la véritable condition delà stabilité, c'est que
le centre de gravité de la balance soit plus bas que le point d'appui. C'est
par erreur aussi que le P. Seccbi dit, une fois, que le baromètre statique est
indépendant de la température, et une autre fois, qu'il a la même correc-
tion que le baromètre ordinaire; j'ai montré qu'il a une correction spéciale
qui dépend de la forme de la cuvette.
» Rien n'est plus loin de ma pensée que de prétendre que les théories
puissent, dans les questions pratiques, remplacer l'expérience, mais elles
peuvent servir à éviter des tâtonnements coûteux, en faisant prévoir ce qu'il
sera possible d'atteindre. Je n'ai voulu en aucune façon déprécier le mérite
des recherches expérimentales du P. Secchi, comme je ne doute pas que,
de son côté, il n'approuve ma théorie lorsqu'il aura eu le temps de l'exa-
miner. »
PHYSIQUE APPLIQUÉE. — Sur une nouvelle action de la lumière. Sixième
Mémoire de M. J\iepce de Saint- Victoiî , présenté par M. Chevreul.
(Extrait par l'auteur.)
« J'ai publié, dans cinq Mémoires précédents, toutes les expériences que
j'avais faites pour constater que les corps poreux ou rugueux, qui avaient
été frappés par la lumière, conservent une activité capable d'opérer la ré-
duction des sels d'argent dans l'obscurité, comme s'ils étaient exposés à la
lumière directe.
» J'ai démontré que cette activité était persistante; qu'elle se conservait
plusieurs jours dans l'obscurité et à l'air libre ; que si un corps avait perdu
cette activité, on pouvait la lui faire reprendre en l'exposant de nouveau à
la lumière ; que si l'on insolait une feuille de carton imprégnée d'azotate
d'urane ou d'acide tartrique, et qu'on l'enfermât dans une atmosphère
confinée, par exemple dans un étui de fer-blanc hermétiquement fermé,
on constatait, après plusieurs mois, la même activité que le premier jour.
» Cette activité agit à distance_, dans l'obscurité, par exemple, et se
communique à un autre corps avec la même propriété, mais elle ne tra-
verse pas le verre.
» M. Arnaudon, chimiste de Turin, a répété quelques-unes de mes expé-
C. R., 1867, Ie Semestre. (T. LXV, N° 12.) "6
( 5o6 )
riences dans les différents gaz, et les résultats ont été les mêmes qu'à l'air
libre.
» Il serait bien important de faire une expérience dans le vide lumineux,
mais il ne m'a pas encore été possible de le faire.
» Je rappellerai que j'ai constaté la production de cette activité sur les
tranches d'une assiette de porcelaine fraîchement cassée, ainsi que sur une
lame de verre fortement dépolie, mais parfaitement nettoyée à l'eau distil-
lée. On ne peut donc pas dire dans ce cas qu'il y avait décomposition du
corps frappé par la lumière.
» J'ai démontré que les effets de lumière ne sont point dus à la phospho-
rescence, mais je n'ai pas dit d'où provenait cette activité.
» Beaucoup d'hypothèses ont été émises. Certaines personnes même
ont nié le fait, ce qui était plus simple; mais aucune n'a donné la solution
de ce phénomène.
» J'ai dit, dans mon premier Mémoire, qu'une gravure ou une simple
feuille de papier ayant été insolée et appliquée ensuite sur une couche sen-
sible à la lumière, telle que l'iodure ou le chlorure d'argent, réduisait dans
l'obscurité le sel d'argent, comme s'il était exposé à la lumière directe,
seulement beaucoup moins rapidement.
m Si la feuille est imprégnée d'azotate d'urane ou d'acide tartrique avant
d'être exposée à la lumière, la réduction du sel d'argent est très-prompte,
surtout avec la première substance.
» Voici maintenant l'expérience que j'ai faite. J'ai placé sur une feuille
de papier sept bandes de verre rouge, orangé, jaune, vert, bleu, indigo et
violet. Après l'insolation, j'ai appliqué cette feuille de papier sur une autre
feuille enduite d'iodure ou de chlorure d'argent, et je les ai laissées en
contact dans l'obscurité pendant douze heures. J'ai vu alors que les bandes
de verre rouge, orangé, jaune et vert n'avaient pas impressionné le papier
sensible, mais que les bandes bleu, indigo, violet avaient noirci la couche
sensible.
» J'ai répété cette expérience sur des papiers ou cartons imprègnes
d'azotate d'urane ou d'acide tartrique, et la couche sensible a été beau-
coup plus vivement impressionnée dans les parties correspondant aux
mêmes rayons que j'ai indiqués plus haut.
» Lorsque la feuille de papier contenant de l'azotate d'urane ou de
l'acide tartrique a été insolée, on peut facilement constater cette activité
en versant une solution d'azotate d'argent en forme de traînée sur la partie
insolée. On verra immédiatement une coloration très-forte dans les rayons
( 5i>7 )
bleu, indigo et violet, et rien dans les quatre premiers, à moins que l'expo-
sition à la lumière n'ait été très-prolongéé. Dans ce cas, une légère impres-
sion se manifeste dans les rayons vert, jaune et rouge, mais rien dans
l'orangé.
» Si l'on applique les bandes de verre sur une feuille de papier collé à
l'amidon, et qu'on l'expose à la lumière solaire pendant une heure environ,
on verra, en versant sur la partie recouverte des sept bandes de verre
une solution d'iodure de potassium, les parties de la feuille de papier
correspondant aux rayons violet, indigo et bleu, prendre une teinte
rouge brique, et aucune coloration dans les rayons vert, jaune, orangé et
rouge.
» Si l'on forme un iodure d'argent en versant de l'azotate d'argent avant
l'iodure de potassium, on verra, dans l'obscurité, l'iodure d'argent se colo-
rer dans les rayons les plus réfrangibles. On peut, par ce moyen, insoler une
feuille de papier sous un cliché et obtenir, dans l'obscurité, une épreuve
positive, laquelle peut se renforcer au moyen du sulfate de fer.
» Je dirai aussi que j'ai fait des expériences avec des verres colorés sur
des étoffes blanches et sur des étoffes colorées, et que les étoffes et les cou-
leurs ne se sont altérées par la lumière que dessous les verres violet, indigo
et bleu.
» Je dirai que la lumière a moins d'action sous un verre violet que sous
un verre blanc, et moins sous ce dernier qu'à la lumière libre.
» Conclusions. — On peut dire, d'après ces expériences, que la lumière
n'a d'action destructive que dans les rayons les plus réfrangibles. Cela est
connu, dira-t-on, mais cette activité persistante ne l'était pas avant mes expé-
riences, et aujourd'hui je démontre qu'elle est due aux rayons qualifiés
chimiques, et qu'elle produit le même effet que la lumière directe, pour
réduire les sels d'argent. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur divers carbures contenus clans le goudion de
liouille : l'acénaphtène et l'anthracène. Note de M. Berthelot, présentée
par M. Bertrand.
V. Âeénaphtène, C^fl10 (acèlylonaphtaline).
« L'acénaphtène est un beau carbure cristallisé que j'ai découvert dans
le goudron de houille, et que j'ai aussi formé synthétiquement par la réac-
tion de la naphtaline libre sur l'éthylène, à la température rouge :
CaoH8 + C'rP = C-"\\{0 + H2.
66..
( 5o8 )
» L'acénaphtène prend encore naissance, mais en vertu de réactions se-
condaires qui dérivent de la précédente, dans la réaction de la benzine
sur l'éthylène et sur l'acétylène.
» Je décrirai dans mon Mémoire (1) la marche que j'ai suivie pour ex-
traire l'acénaphtène du goudron de houille. La formule de l'acénaphtène
a été établie d'après son analyse et celle de son composé picrique
C2,H,0,C,2H3(AzO4)3O!.
» L'acénaphtène affecte la forme de beaux prismes incolores, brillants,
aiguillés et aplatis, terminés aux deux bouts par un double biseau; leur
longueur atteint parfois jusqu'à 8 à 10 centimètres. L'odeur de ce corps
est analogue à celle de la naphtaline, mais plus faible et moins aroma-
tique. Sa densité, soit à l'état solide, soit à l'état fondu, est plus grande
que celle de l'eau, à la même température. Son point de fusion est situé
à q3 degrés, et son point d'ébullition entre 284 et 285 degrés. Il est très-
soluble dans l'alcool bouillant; mais la solution refroidie ne retient guère
qu'un centième de son poids d'acénaphtène en dissolution.
» 11 se combine avec l'acide picrique, en formant de belles aiguilles
orangées, semblables au chlorochromate de potasse et dont on a donné
plus haut la formule.
» L'acide sulfurique fumant et même l'acide ordinaire dissolvent l'acé-
naphtène en formant un acide conjugué, dont les sels sont extrêmement
solubles dans l'eau. Avec l'acide nitrique fumant, j'ai obtenu l'acénaphtène
binitré, C'-*H8(Az04)2, cristallisé en fines aiguilles jaunes, presque inso-
luble dans l'alcool.
» Le sodium est sans action sur l'acénaphtène fondu. Au contraire, le
potassium l'attaque, avec dégagement d'hydrogène et formation d'acénaph-
tène potassé : C2*H9R.
» Le brome attaque violemment l'acénaphtène. En opérant avec cer-
taines précautions décrites dans mon Mémoire, on obtient un bromure
C24H,0Brc.
» L'action de l'iode est des plus remarquables. Ce corps, chauffé avec
l'acénaphtène à feu nu et même au bain-marie, le change en un polymère
brun et visqueux. L'iode agit donc sur l'acénaphtène comme sur le styro-
lène et sur divers autres carbures, actions qui peuvent être rapprochées de
celles que le même corps exerce sur le soufre et sur le phosphore.
(1) Annales de Chimie et de Physique, 4e série, t. XII, p. 226.
( 5o9)
» L'acide iodhydrique attaque l'acénaphtène dès ioo degrés, avec mise à
nu d'iode et formation d'un hydrure liquide et volatil vers 270 degrés
(C24 H12?) (1). A 280 degrés, l'acénaphtène, chauffé avec 20 parties du
même hydracide, donne naissance à de l'hydrure de naphtaline et à de
l'hydrure d'éthylène, produits principaux :
C2*H,0 + 3 H2 =C20II,04-C*H6.
» En présence de 80 parties d'hydracide, l'hydrogénation devient com-
plète, et on obtient de l'hydrure de décylène, produit principal :
C^H'0 + 9H2 = C20H22 + C4HG.
Je développe dans mon Mémoire ces diverses expériences.
» D'après ces résultats analytiques et synthétiques, l'acénaphtène doit
être représenté par la formule suivante : C4H2(C20H8). C'est un composé
de naphtaline et d'acétylène, au même titre que le styrolène est un com-
posé de benzine et d'acétylène : C*H2(C,2H6). Cette formule établit clai-
rement la différence entre l'acénaphtène et le phényle, carbure isomère, mais
dérivé de 2 molécules de benzine par substitution hydrogénée : C1 2 H '(C 2 H6)
dérivé de C,2H* (H2). La même formule répond aux réactions et à la capa-
cité de saturation de l'acénaphtène, comme je l'établis dans mon Mémoire
en me fondant sur une théorie nouvelle des corps aromatiques, laquelle
comprend à la fois la benzine, ses homologues et ses dérivés, le styrolène,
la naphtaline, etc.
VI. Anthracène, C:8 H10.
» Je désigne sous ce nom un carbure obtenu de la manière suivante.
» On opère sur les carbures solides du goudron de houille, moins vola-
tils que la naphtaline, et on les distille ; on recueille séparément ce qui
passe depuis 34o degrés jusqu'au point d'ébullition du mercure et un peu
au delà. On redistille ce produit jusqu'à ce que le thermomètre marque
35o degrés ; ce qui reste alors dans la cornue est constitué en grande
partie par de l'anthracène. On fait cristalliser cette masse quatre à cinq fois
dans l'huile légère de houille; puis on change de dissolvant, et on fait cris-
talliser une seule fois le produit dans l'alcool. Enfin on sublime le carbure,
dans une cornue maintenue à une température à peine supérieure à son
point de fusion.
(1) J'ai également observé que l'acide iodhydrique exerce sa réaction hydrogénante dès
100 degrés sur un grand nombre de carbures pyrogénés; mais les résultats sont moins
nets qu'a une plus haute température.
( 5io)
» On obtient ainsi mi carbure d'un blanc éclatant, lamelleux, cristal-
lisé en tables rhombdïdales, souvent tronquées sur deux sommets, ce qui
leur donne une apparence d'hexagones. Lorsqu'il est absolument pur, il
possède une fluorescence violette. Son point de solidification est situé vers
210 degrés (température corrigée), et son point d'ébullirion très-voisin de
celui du mercure (i).
» Ce corps répond à la formule C28H'°; ses réactions et ses propriétés gé-
nérales sont celles de l'anthracène de M. Anderson, et il me parait tout à (ait
identique avec un carbure étudié récemment par M. Fritzsche, lequel forme,
avec le nouveau réactif de ce savant, des lamelles rhomboïdales rose-vio-
lacé. Les mêmes lamelles peuvent être obtenues avec le carbure que j'ai
extrait du goudron de houille, mais à la condition de pousser la purifica-
tion jusqu'au bout (2). J'ai également réussi, dans ces derniers temps, à
reproduire les mêmes lamelles avec leur nuance caractéristique, tant avec
l'anthracène obtenu dans la décomposition pyrogénée du toluène qu'avec
le carbure formé dans la réaction du styrolène sur la benzine (3). On y
parvient en purifiant ces corps par une suite méthodique de traitements,
conformes à ceux que j'ai décrits tout à l'heure.
» J'ai cru devoir répéter avec l'anthracène absolument pur les réactions
et hydrogénations par l'acide iodhydrique que j'avais exécutées, il y a quel-
ques mois, sur un produit moins complètement purifié (4). J'ai obtenu
exactement les mêmes résultats, c'est-à-dire la production des hydrures
C28H30 et C,4H46. Je décris dans mon Mémoire ces expériences, ainsi que
diverses autres qui achèvent de fixer la formule de l'anthracène et sa con-
stitution, C'H2 (C,2H* [C,2H«]).
(1) Je suis porté à croire, d'après mes essais, que l'anthracène éprouve, sous l'influence
de la chaleur, quelque changement analogue à ceux que subissent le soufre, le phosphore, le
styrolène.
(2) Dans les premiers essais que j'ai faits avec le réactif de M. Fritzsche et au moyen d'un
échantillon de ce réactif donné par son auteur, j'ai observe à plusieurs reprises des échan-
tillons d'anthracène fusibles à aro degrés, doues des caractères ordinaires, mais fournissant
des lamelles bleues, circonstance qui m'avait inspire quelques doutes sur l'identité de l'an-
thracène el du carbure de M. Fritzsche. Mais, depuis, j'ai reconnu qu'il suffisait de faire re-
cristalliser une fois dans l'alcool mes échantillons, pour obtenir un carbure capable de fournir
des lamelles rose-violacé sans aucun mélange.
(3) J'ai encore vérifié cette réaction sur l'anthracène préparé suivant le procédé de
M. Limpricht, en décomposant par l'eau le toluène chloré.
(4) Comptes rendus, t. LX1V, p. "88.
( 5n )
>> La présence de l'acénaphtène et de l'anthracène dans le goudron de
houille, ainsi que la formation synthétique de l'acénaphtène au moyen de
la naphtaline et de l'éthylène libres et la formation synthétique de l'an-
thracène, soit au moyen du styrolène et de la benzine libres, soit au moyen
du toluène seul, fournissent de nouvelles preuves à l'appui des lois que
j'ai énoncées comme présidant aux actions réciproques et directes des car-
bures d'hydrogène. Il est évident que les réactions que j'ai observées entre
la benzine et l'éthylène sont les types d'une foule de réactions semblables
opérées d'abord entre ces mêmes carbures générateurs et les premiers
produits de leurs transformations, tels que le styrolène, la naphtaline, le
phényle, l'antliracène, le chrysène, etc.; puis, entre ces nouveaux car-
bures eux-mêmes, réagissant deux à deux, trois à trois, etc. Un nombre
illimité de carbures définis prennent successivement naissance par cet en-
chaînement méthodique de réactions nécessaires. »
CHIMIE. — Recherches sur In constitution chimique des composés fluorés. Extrait
d'une Lettre de M. Prat à M. Dumas.
« Je viens de m'apercevoir qu'en écrivant mon Mémoire sur le fluor,
j'ai commis une erreur assez grave pour qu'il me paraisse utile de la relever.
Cette erreur existe dans la composition du mélange fluorifère n° i : j'ai
écrit « oxyfluorure de plomb », tandis que je devais écrire « oxyfluorure
» de potassium ».
» L'oxyfluorure de plomb chauffé avec du nitre produit bien du fluor,
mais la double décomposition qu'opère la chaleur entre les deux sels pro-
duit presque en même temps du gaz hypoazotique en abondance.
» Il est peut-être regrettable que je ne me sois pas étendu davantage sur
le mode d'extraction du fluor.
» Du reste, j'ai pensé que, dans l'état actuel de la questionne point capital
ne repose pas exclusivement sur l'isolement pénible de cet élément, mais
aussi sur la connaissance entière de la constitution de ses dérivés, laquelle
seule pourra certainement conduire à la découverte, très-prochaine, je
l'espère, de moyens qui ne laisseront rien à désirer. »
M. Coxté adresse une Note relative à la viticulture, et aux procédés a
employer pour éviter l'oïdium, en ramenant toujours les vignes aux condi-
tions de la jeunesse.
La séance est levée à 5 heures. C.
( 5i2 )
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 16 septembre 1867, les ouvrages
dont les titres suivent :
Michel Faraday; par M. A. DE LA RlVE. Presinge, 1867; 1 page in-4°.
(Extrait du Journal de Genève. )
Mélanges paléontologiques ; par M. F.-J. Pictet. 3e livr. Eludes monogra-
phiques des Térébralules du groupe de la T. Diphya. Bâle et Genève, 1 867; in-4°
avec planches.
Exposilion universelle de 1867 à Paris. Comité des poids et mesures et des
monnaies. Rapports et procès-verbaux. Catalogue officiel. Paris, 1867; in-8°.
Tables des logarithmes à 27 décimales pour les calculs de précision; par
Fédor Thoman. Paris, 1867; grand in-8°. (Présenté par M. Bertrand.)
Mémoires de V Académie de Stanislas, 1866. Nancy, 1867; in-8°.
Recherches sur les causes primordiales du choléra épidémique ; par M. L.-G.
Delerue. Lyon, 1867; in-4°.
Curationde C aliénation mentale ; parM. J . ALL1X. Introduction. Paris, 1867;
br. in -8°.
Etudes sur l'Exposition de 1 867, ou les Archives de l'Industrie au XIXe siècle.
publiées sous la direction de M. Eug. Lacroix. 6e fascicule, 3i août 1867.
Paris, 1867; br. grand in-8°.
Tables générales et analytiques du recueil des Rulletins de l'Académie royale
des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique. 2e série, t. I à XX,
1857 à 1866. Bruxelles, 1867; in-8°.
Bulletin de la Société impériale des Naturalistes de Moscou, publié sous la
direction de M. le Dr Renard. 1866, nos III et IV. Moscou, 1866; 2 vol.
in-8° avec planches.
Memorie... Mémoires de la Société Italienne des Sciences^ fondée par
M. A. -M. Lorgna. ire série, t. III. Florence, 1867: 1 vol. in— 4° avec
planches.
On the... Sur la Nephila plumipes, amignée à soie de la Nouvelle- Caro-
line; par M. G. Wilder. Sans lieu ni date; br. in-8". (Extrait des Procès-
verbaux de la Société d'Histoire naturelle de Boston.)
ERRATUM.
(Séance du 9 septembre 1867.)
Paye 438, ligne 25, au lieu de soustraire, lisez soutenir.
— ^
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
■9QQr i
SEANCE DU LUNDI 25 SEPTEMBRE 1867.
PRESIDENCE DE M. CHEVREUL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HÉTÉKOGÉNIE. — Réponse à trois Noies de M. Nylander concernant la nature
des Amylobacter; par M. A. Trécul.
« Dans les Comptes rendus de i865, t. LXI, sont deux Notes dans les-
quelles j'ai décrit des plantules amyliferes, qui se développent pendant la
putréfaction des végétaux mis en macération dans l'eau. Quelques jours
après ma seconde communication à l'Académie, je fis voir à M. W. Nylan-
der quelques-unes de mes préparations et mes dessins ; puis je l'engageai à
étudier cette question. Il le fit, et, peu de temps après, il publia deux Notes
dans le Flora (ie série, t. XXXVIII), et une troisième dans le Bulletin de la
Société botanique de France, t. XII, dans lesquelles il met en avant deux
phénomènes importants : i° la mobilité de quelques Amylobacter ; 20 la
multiplication par division de quelques autres. De plus, il ne juge pas ces
corps essentiellement différents des Bactéries, et il ajoute que les faits qu'il
rapporte ne sont pas favorables à l'adoption d'une génération spontanée.
» J'ai attendu près de deux ans pour répondre. Avant de le faire, j'ai
voulu renouveler mes observations, et apporter, s'd était possible, de nou-
veaux faits. Je vais aujourd'hui examiner les principaux points de cette
discussion.
» J'ai le regret de trouver dans les Notes de M. Nylander des inexacti-
C R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 15.) 67
( 5i4 )
tudes de rédaction que je ne puis passer sous silence. Ainsi, dans sa pre-
mière Note (F/o77j, 1 8G5, p. 5^2) et dans sa troisième [Bulletin de la Société
botanique de France, t. XII, p. 3o,6), il me fait attribuer le nom de Clostri-
diumnux formes oblongues ou cylindriques des corps dont il s'agit. Il est
évident, comme le mot l'indique, que ce sont les formes en fuseau que j'ai
désignées par ce terme.
» L'auteur ajoute que dans le Spartiurn scoparium la forme de ces cor-
puscules est tellement variable, que les trois genres que j'ai établis se trou-
vent confondus cbez le même type. Cette assertion n'est pas fondée, car,
dans toutes les plantes que j'ai étudiées jusqu'ici, même dans le Sparlium
indiqué, les Amylobacter ont toujours été de même type dans un endroit
donné. Ils sont tous ou cylindroïdes, ou graduellement atténués d'un bout
à l'autre, ou fusiformes, ou capités. Quand ils sont capités, la tète est, dans
tous les individus, ou elliptique et la queue cylindrique, ou ovoïde et la
queue atténuée vers l'extrémité, on bien la tète est globuleuse et la queue
cylindracée.
» M. Nylander, qui ne cite que les Sparlium scoparium, Reseda odorata,
Dahlia variabilis, Pyrelhrum sinense et le Figuier, croit pouvoir dire : « Sint
» ita ea corpuscula multo quidem frequentiora et facilius obtenta quam
» crederes ex cominentariis clarissimi Trécul. » Rien dans mesdeuxNotes
ne justifie ces paroles. Il y a, au contraire, à la page 433 du Compte rendu,
un passage qui indique que toutes les plantes examinées par moi ont donné
des Amylobacter; et depuis je n'ai trouvé que des exceptions bien rares
parmi les Phanérogames, bien que sous le rapport de la quantité il y ait
beaucoup de diversité.
» En outre, M. Nylander affirme que les Amylobacter fusiformes du
Figuier et du Pyrethrum sinense sont mobiles à la manière des Bacterium,
auxquels il les assimile. Oui, les Amylobacter sont mobiles quelquefois, mais
beaucoup plus souvent ils ne le sont pas. Dans la très-grande majorité des
cas, à la surface des cellules et dans les méats, ils sont si pressés les uns
contre les autres, et souvent si adhérents à la paroi cellulaire, que tout mou-
vement est impossible. De plus, à de certaines places dans quelques plantes,
quand les utricules sont suffisammentécartées par la désagrégation, des Amy-
lobacter capités, tous dressés en grand nombre, et assez régulièrement espa-
cés sur la surface de certaines cellules parenchymateuses ou fibreuses,
simulent des forêts microscopiques (écorce du Sureau, écorce et moelle de
l' Aralia japonica, Thunb.). Une semblable disposition m'a été offerte aussi
à l'intérieur de nombreuses cellules dans la moelle de rameaux de deux
( 5i5 )
ans du Figuier. Sur toute la paroi interne étaient dressés et épars une
multitude d' ' Amyiobacter, dont la télé était dirigée vers le centre de la
cellule.
» Ces petits corps dressés, qu'ils soient à l'intérieur ou à l'extérieur de
la cellule, sont ordinairement de ceux qui ont la tète ovale, et sont fixés à
la membrane par l'extrémité atténuée de leur queue ou pédicule. Dans le
Sureau, j'ai obtenu quelquefois en même temps, mais beaucoup plus rare-
ment, et à des places spéciales, des Amylobocter à tête globuleuse, dressés
aussi à la surface des cellules. C'est même cette dernière forme qui, seule
jusqu'ici, m'a permis de suivre l'évolution de ces corpuscules dressés. J'ai
vu poindre sur les cellules des globules cpii, parvenus à un certain volume,
étaient soulevés peu à peu par le développement graduel du pédicule rela-
tivement épais. S'il ne m'est pas arrivé de surprendre à son début V Amylo-
bacter dressé à tête ovoïde, j'ai pu en observer le développement à l'état de
liberté dans des cellules parencbymateuses et des fibres du liber. J'en par-
lerai plus loin.
» M. Nylander, très-disposé à confondre ces corps avec les Bacterium,
demande s'ils ne seraient pas, ainsi que ces derniers, de simples éléments
anatomiques, ou des rudiments, des rejetons [proies) ou éléments de types
dont on ne connaîtrait pas tous les pbénomènes biologiques.
» La raison principale sur laquelle il s'appuie, outre le mouvement
spontané, c'est que dans le Spmiiiiin scoparium il a vu souvent deux de ces
corps bout à bout, d'où il a conclu, ajuste titre, qu'ils se multiplient par
division. Ces corpuscules s'allongent, dit-il, et. se séparent ensuite en deux
au moyen d'une constriction transversale.
» Dès 1 865 j'en ai figuré des séries de cinq et davantage. Les membres
de la Commission se rappelleront mes dessins, que je remets sous les yeux
de l'Académie. N'ayant pas vu alors la scission s'opérer, je me suis abstenu
de signaler cet état comme un mode de multiplication. J'ai même décrit
(Comptes rendus, t. LXI, p. 4M) et représenté, d'après le Lactuca altissima,
des rangées <1' Amyiobacter fnsiformes. Mais je suis convaincu qu'une telle
disposition en série peut provenir, dans quelques circonstances, d'un autre
phénomène que l'allongement et la section de corpuscules on de filaments
préexistants. J'en donnerai tout à l'heure un exemple.
» C'est donc sur une telle division, qui toutefois a réellement lieu chez
les Amylobacler cylindroïdes, que M. Nylander se base pour douter de
l'autonomie de nos plantules, dont cependant il ne connaît pas l'origine,
ainsi qu'il l'avoue à la page 523 du Flora par le passage suivant : « Si au-
67..
( 5.6 )
» tern de « plan tu lis » autonomis hic nugitur, res manet valde dubia, nam
» propagationis momenta omnino latent. »
» Malgré cet aven, qu'il renouvelle dans le Bulletin de la Société bota-
nique, p. 3g6, malgré aussi l'observation de Bactéries et de Vibrions dans
des cellules closes (non perforées) et même dans des fibres du liber épais-
sies (1), observation sur laquelle au contraire il s'appuie, M. Nylander croit
pouvoir dire : « Ces faits ne permettent aucunement, ce me semble,
» d'admettre une génération spontanée, car pour cela il faudrait d'abord
» connaître exactement toute l'histoire biologique des productions dont il
» s'agit, et nous n'en savons encore rien. »
» Que M. Nylander n'ait rien observé à cet égard, je le crois sans peine,
puisqu'à cette époque il n'a pu consacrer que quelques semaines à cette
étude (de la mi-septembre à la fin d'octobre, vers laquelle son envoi a dû
être fait au Flora). S'il n'eût pas été prévenu contre la théorie de l'bétéro-
génèse, il se serait rappelé que j'ai décrit l'origine des Amylobacter, non-
seulement d'après ce qui se passe dans des laticifères, mais aussi dans des
utricules et des fibres du liber fermées, dans lesquelles j'ai vu se développer
d'abord des corpuscules ou germes elliptiques, qui émettent une petite tige
ou queue, dont l'allongement s'effectue peu à peu.
» J'ai plusieurs fois depuis renouvelé cette observation. J'ai vu le germe
commencer lui-même par un petit point de substance jaunissant par l'iode,
lequel grossissait jusqu'à ce qu'il eût acquis le volume et la forme (ellip-
tique ou globuleuse) de la tête de Y Amylobacter ; puis latéralement, ou à
l'un des bouts s'il était elliptique, naissait une queue comme je viens de le
dire.
» J'ai en ce moment à ma disposition un bel exemple de la trans-
formation du latex en Amylobacter. Dans un laticifère d'Euphorbia
Characias, le suc laiteux, après s'être coagulé, se divise en corpuscules
elliptiques, dont bon nombre prennent déjà par l'iode, à des degrés di-
vers, la teinte caractéristique de l'amidon. [Voir la note de la page 433 du
tome LXI.)
» Ce qui se passe à l'intérieur des cellules s'accomplit aussi à l'extérieur;
et là les Amylobacter se développent, ou à la surface même de la mem-
brane cellulaire, ou dans le liquide que renferment les méats pendant la
(1) Des Bactéries et des Vibrions naissent fréquemment, et parfois même des Monades,
à l'intérieur des cellules de la moelle fendue longitudinalement de divers végétaux. Je
reviendrai l'année prochaine sur ce sujet.
( 5i7)
macération. Je vais décrire, de ce dernier cas, un exemple que chacun
pourra vérifier facilement.
» Quand on met avec de l'eau, dans des flacons de 60 à 90 grammes,
des tronçons de tige d'Helianthus tuberosus fendus longiludinalement par la
moitié, l'eau pénètre le tissu, chasse le gaz qui remplit les méats de la moelle;
et bientôt les cellules superficielles mises à nu par la section, et les méats
voisins, contiennent une multitude de globules extrêmement petits, qui
occupent à peu près toute la cavité des méats. Évidemment ces globules ne
sont pas venus du dehors, car pour cela il faudrait que des globules sem-
blables fussent répandus en innombrable quantité dans tout le liquide am-
biant du flacon, ce qui n'est pas. Leur substance a été prise par le liquide
aux cellules voisines. Ces granules ne tardent pas à s'allonger et à prendre
la forme de cylindres, qui, d'abord d'une grande ténuité, croissent en lon-
gueur et en épaisseur. Ces corpuscules sont alors jaunis par l'iode. Ce n'est
que plus tard, quand ils ont acquis un volume plus considérable, qu'ils se
colorent en bleu indigo par l'eau iodée. Ici, comme ailleurs, une extrémité,
ou même les deux, reste souvent incolore, ou est jaunie. Pendant leur
accroissement, à quelque période qu'on les examine, ils sont toujours
libres. A tous les âges la rupture du méat suffit pour les disperser, et ils
sortent isolés les uns des autres par la section transversale de la moelle.
Cependant, quand ils sont déjà cylindriques, mais encore jeunes, on les
trouve quelquefois disposés en séries longitudinales. Cette disposition ne
provient que de la juxtaposition accidentelle de ces petits corps pendant
leur accroissement, à laquelle s'adjoint probablement aussi la division en
deux de quelques-uns d'entre eux. Assez souvent, l'espace manquant à leur
élongation, ils sont recourbés par la pression; et parfois aussi le méat est
élargi sous l'influence de cette pression.
» Les granules primitifs remplissant à peu près le méat au début, tous
ne peuvent arriver à l'état Af Amylobacter parfaits , qui sont ici volumi-
neux. Beaucoup de ces corpuscules disparaissent donc pendant l'évolution
des autres. Assez fréquemment, toutefois, ceux qui ne s'accroissent pas
restent mêlés à ceux qui se sont développés. Il arrive même que ces der-
niers, étant rares, sont épars dans la masse des granulations. Dans d'autres
méats, des colonnes de granules, jaunissant par l'iode, alternent avec des
colonnes de gros Amylobacter bleuissants, comme dans certains vaisseaux
du latex.
» Des Amylobacter semblables naissent en immense quantité à l'intérieur
des cellules médullaires lésées par la section longitudinale de la moelle et
( 5i8 )
aussi à la surface de l'écorce, sur la cuticule. Dans ces deux endroits, où ils
sont en contact immédiat avec l'eau du flacon, les Amylobncler présentent
un phénomène que je n'ai observé nulle part ailleurs. Ils sont entourés
d'une matière gélatineuse incolore, qui leur donne, à la couleur près, l'ap-
parence d'une Nostochinée, d'un Palmella (i).
» Quelle est leur origine? Ils ne viennent certainement pas de propa-
gules, comme pourrait le croire M. Nylander. En effet, quand une Algue
ou un Champignon filamenteux se multiplie par segmentation, les propa-
gules ou spores qui en résultent ont leur petit diamètre au moins égal à la
largeur du filament segmenté. Ici, les segments de nos Amylobacter par-
faits en voie de division, bleuissant par Tiode, sont volumineux; ils ont de
(i) A cet égard, je dois faire remarquer qu'il se développe quelquefois à la surface du li-
quide des corpuscules elliptiques et des globuleux qui sont entourés aussi de gélatine. D'abord
isolés ou en nappes, ils se multiplient par division dans la matière gélatineuse qui environne
chacun d'eux, et peuvent donner ainsi naissanceà de longs filaments muqueux et incolores. En
files ou isolés, ces corps jaunissent par l'iode, ainsi que tout ce qui se forme à la partie supé-
rieure du liquide. On ne rencontre là que bien rarement des Amylobacter, et ils y sont sans
doute apportés par les bulles de gaz qui montent des tissus végétaux. Voici maintenant une
expérience qui tend à prouver que les productions de la surface du liquide naissent moins de
germes venus de l'atmosphère que de la matière organique soustraite par l'eau à la substance
végétale. Ayant mis en macération, par un temps chaud, dans plusieurs flacons, des tronçons
de tige d'Helianthus tuberosus qui furent tous. entièrement submergés, il y eut déjà de nom-
breuses productions vivantes [Vibrio baccillus, Monadiens, etc. )à la partie supérieure du li-
quide au bout de trente à trente-six heures, et la liqueur, d'abord troublée, s'était éclaircie.
Au contraire, les Amylobacter débutaient à peine par de rares granulations au pourtour des
tronçons de tige. Ayant enlevé les formations de la surface du liquide de deux flacons, d'abord
avec le manche d'un scalpel, ensuite en retirant l'eau superficielle, et celle-ci ayant été rem-
placée par de l'eau nouvelle dans un de ces deux flacons, il ne se produisit plus aucune
végétation pendant les six jours suivants. Des Monadiens seuls naquirent, et cependant les
Amylobacter se développèrent sur les tronçons de tige, et me permirent d'étudier toutes
les phases de leur évolution. Le temps étant devenu plus froid, l'expérience n'a pas réussi
depuis : il y a toujours eu production d'abondantes végétations. J'ai dit plus haut que ces
végétaux superficiels jaunissent par l'iode. Il n'en est pas de même au fond du flacon, où se
déposent des matières enlevées au tissu organique. Ces matières engendrent d'abondants
et superbes Amylobacter enveloppés de gélatine, dans les macérations d'Helianthus tuberosus.
Avec quelques autres plantes ce sont des Vibrions et des Spirillum qui sont produits, tandis
qu'avec certains végétaux ce sont des vésicules globuleuses qui sont formées. Quand on se
sert A'Euphorbia Characias, par exemple, ce sont les globules du latex qui paraissent sur-
tout produire ces vésicules. La constitution de ces différents dépots semble concorder très-
bien avec la production des divers ferments observes par notre savant confrère M. Pasteur,
pendant les fermentations.
( 5,9 )
omm,oo5 à o""u,oi de longueur sur om,u,oo2 de largeur. Au contraire, les
granulations par lesquelles ces Amylobacler commencent, dans nos macéra-
tions (Y Helimllius tuberosus, sont très-petites. Elles n'ont guère que omm,ooo8
dans tous les sens.
» Voici comment cesAmylobacter se développent : les tronçons de tige,
avant d'être placés dans l'eau, ne montrent rien qui puisse, à priori, être
soupçonné de les produire. On n'aperçoit, dans la substance superficielle
de la cuticule, qu'une sorte de chagrin irrégulier d'une extrême délicatesse,
qu'une grande attention peut seule faire remarquer. Mais, au bout de vingt-
quatre à trente-six heures, par un temps chaud, en août et septembre, de
fins granules se dessinent à sa place; puis, sur des étendues considérables
ou sur des espaces très-limités, ces granules semblent se vivifier, tous s'ac-
croissent. Ailleurs, et c'est le cas le plus fréquent, une partie minime seule
prend du développement. Ces granules s'allongent, et les petits cylindres
qu'ils forment se pressent, les uns côte à côte quand ils sont nombreux, les
autres bout à bout, ou bien obliquement les uns par rapport aux autres.
Ils donnent aussi lieu parfois à des figures d'une remarquable symétrie, qui
les feraient prendre pour des groupes de cristaux, s'ils ne jaunissaient ou
même bleuissaient déjà sous l'influence de l'iode. Dans quelques groupes
rares, les jeunes Amylobacler semblent tous rayonner du centre, sans ce-
pendant former des séries continues, bien que quelques-uns soient placés
bout à bout. Ailleurs, au lieu de rayonner, ils sont étendus dans la même
direction, ce qui pourrait faire croire qu'ils sont nés de la segmentation de
filaments parallèles ou tous dérivés successivement les uns des autres, si
l'on n'en connaissait pas l'origine, et si un examen attentif n'apprenait pas
que beaucoup alternent entre eux.
» Les Amylobacler cylindroïdes primitifs naissent donc isolés les uns des
autres; mais après s'être allongés à un certain degré, quelquefois de très-
bonne heure, d'autres fois seulement très-tard, ils se coupent en deux, et
les nouveaux formés se comportent de même.
>- D'abord nus, en apparence du moins, comme ceux des méats de la
moelle, ils sont plus tard entourés de gélatine. Alors ils sont comme dissé-
minés au hasard dans une couche assez épaisse de cette matière, dans
laquelle ils continuent de se multiplier par division. Quand on suit l'évo-
lution d'une telle couche, on remarque souvent que les plus externes sont
plus volumineux, moins grêles que ceux de la partie plus profonde de
la couche; que ces derniers jaunissent par l'iode, tandis que les externes,
plus gros, bleuissent; ce qui est dû à la continuation, pendant quelque
( 520 )
temps, de la formation primaire à la face interne de la couche. Assez
fréquemment, au lieu d'une couche très-étendue de ces productions, il
n'existe que de petites masses ou des groupes d'un petit nombre d' Amylo-
bacter entourés de même de gélatine.
» Il me paraît hors de doute, par ce qui précède, que ces petits corps
constituent bien réellement des plantules autonomes, puisqu'on les voit
naître, et puisque ces formes cylindracées, au moins, se multiplient par
division en conservant toujours la même figure.
» Ces petits corps enveloppés de gélatine sont certainement de même
nature que ceux qui en sont dépourvus dans les méats de la même plante.
Ils ont la même forme, la même constitution et le même mode de multipli-
cation par division. On peut se demander maintenant si ces Amylobacter,
qui ne sont pas doués de mouvement, peuvent être rapprochés des formes
en têtard et de celles en fuseau. Ils ont tous pour caractère commun, à
l'état parfait, de bleuir par l'iode et de conserver le plus souvent une sorte
de noyau plasmatique qui reste incolore ou qui jaunit, mais qui souvent
aussi devient amylacé. Le caractère différentiel le plus important me semble
résider dans le mode de multiplication par division dont me paraissent
jouir jusqu'ici les seules formes cylindroïdes. A cause de cela, le nomd'^mj-
lobacter proprement dits, que j'ai appliqué à ces dernières, est justifié, ainsi
que celui à'Urocephalum que j'ai donné aux formes en têtard, et celui de
Clostridium aux fusifornies.
» Le mouvement, que je n'ai pas encore aperçu chez les Clostridium,
bien que ce soit chez eux que M. Nylander l'a signalé, ne serait pas un
caractère distinctif, car il se rencontre chez des A mylobacter\ rais ou cylin-
driques, et chez des Uroceplialum du Figuier, longs de omm,02, à queue
flexueuse, et devenant tout entiers d'un bleu très-intense par l'eau iodée.
De plus, parmi ceux de ces corpuscules qui jouissent d'un mouvement
propre, et qu'il paraît difficile de séparer de ceux de même genre qui en
sont privés, les uns sont rigides et les autres flexueux.
» Je ne crois pas encore le moment venu de les décrire spécifiquement;
cependant je puis assurer qu'aucun d'eux ne se rapporte spécifiquement ni
génériquement aux Bactéries et aux Vibrions décrits par Ehrenberg et Du-
jardin.
» Outre les Amylobacter , j'ai encore observé, dans les cellules de la
moelle du Figuier, des corpuscules vibrioïdes cylindriques, fort grêles, de
longueurs très-variées, qui n'offrent aucune articulation, et qui plus tard
sont remplacés par de longs filaments aussi grêles qu'eux-mêmes, qui se
( 521 )
contournent clans les cellules et les remplissent quelquefois en grande
partie. Je ne les ai jamais vus bleuir par l'iode, ni se segmenter comme les
Amylobacter cylindracés décrits plus haut.
» J'ajouterai, en terminant, qu'il n'est pas indispensable, comme le croit
M. Nylander, de connaître toute l'histoire biologique d'un corps vivant,
pour admettre qu'il a été formé par hétérogénèse. Il suffit pour cela de le
voir naître, et de s'assurer qu'il n'est point un simple élément anatomique,
en un mot, qu'il est doué d'une existence propre. Or, les Amylobacter étant
quelquefois dotés d'un mouvement de translation, et montrant assez fré-
quemment un mode de multiplication, doivent être considérés comme des
êtres particuliers. D'un autre côté, comme ils sont formés par la modifica-
tion d'une partie de la substance des plantes employées, souvent contenue
à l'intérieur même de cellules dans lesquelles ils se développent, je conclus
qu'il y a là une démonstration de L'hétérogénie, qui, je crois, peut être dé-
finie ainsi : « une opération naturelle par laquelle la vie, sur le point d'aban-
» donner un corps organisé, concentre son action sur quelques-unes des particules
» de ce corps, et en forme des êtres tout différents de celui dont la substance a été
» empruntée. »
NOMINATIONS.
Plusieurs des Commissions chargées de décerner les prix pour 1867 étant
maintenant incomplètes, par suite du décès de M. Velpeau et de celui de
M. Rayer, M. le Président propose à l'Académie de désigner, pour remplir
les places vacantes dans ces Commissions, les Membres qui avaient obtenu
le plus de voix après ceux qui avaient été élus. Cette proposition est
adoptée.
En conséquence, M. Coste est désigné pour remplacer M. Velpeau dans
la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.
M. Bussy et M. Decaisne remplaceront M. Velpeau et M. Rayer dans la
Commission du prix Barbier.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIQUE appliquée. — Note sur la portée lumineuse de l'étincelle
électrique; par M. F. Lucas.
(Renvoi à la Section de Géographie et Navigation.)
« Nous voyons clans un foyer de lumière une source de vibrations uni-
formes, analogues à celles d'un corps sonore, bien qu'infiniment plus ra-
C. R., 1867, 2« Semestre. ( T. LXV, N° 13.) 68
( 522 )
pides. Ce mouvement présente trois qualités avec lesquelles sont en rapports
plus ou moins complexes tous les phénomènes qui dérivent de sa produc-
tion. Ce sont : i° l'amplitude L de la vibration, laquelle peut être repré-
sentée par la force vive transportée par l'onde à l'unité de distance (arbi-
traire) sur l'unité de surface (arbitraire aussi); i° le nombre n des vibra-
tions exécutées dans l'unité de temps (la seconde); 3° la durée t du
mouvement.
» Portée lumineuse d'un feu permanent. — La force vive / apportée par
l'onde à la distance ce serait — si le foyer rayonnait dans le vide. A cause
de l'absorption nécessairement exercée par le milieu ambiant, on a
(,) /=lJ,
a étant un coefficient moindre que l'unité.
» Pour qu'il y ait perception, il faut et il suffit que le choc apporté sur
la rétine par l'onde lumineuse ait une force vive assez grande pour que
l'ébranlement se propage, par les nerfs, optiques, jusqu'au sensorium, eu
surmontant les résistances interposées. Cette force vive doit donc au moins
atteindre un minimum X, constituant pour l'observateur un coefficient per-
sonnel. La portée lumineuse y est conséqueminent déterminée par la
formule
ay \
(2) F = r
» A une distance x moindre quejr, chaque onde lumineuse apporte à
a1
la rétine un choc dont la force vive est égale à L — • Une partie, égale à X,
de cette force vive est absorbée par la résistance nerveuse, en sorte qu'il
arrive au sensorium une onde douée d'une force vive seulement égale à
L— — X. D'après la loi de la vision (*), cette onde conserve, pendant toute
la traversée du sensorium, une force vive sensiblement constante dont la
valeur mesure l'énergie de la perception. La durée S de la traversée est
comprise entre £ et j de seconde, constituant pour l'observateur un coeffi-
cient personnel. La perception totale ou intensité apparente i est donc
égale à la somme des nô perceptions composantes. Elle est donnée par la
(*) Voir, dans les Mondes du 3o novembre i8(i5, la Théorie mathématique de la vision
des corps lumineux,
( 523 )
formule
(3) i=«e(L5-x
En faisant x = t dans cette formule, on obtient pour valeur de l'intensité
photométrique , ou intensité apparente à l'unité de distance,
(4) I = n0(aL — X).
Éliminant L entre les formules (2) et (4), on trouve sans difficulté
(5)
"X
ar
relation entre la portée lumineuse y d'un feu permanent et son intensité
photométrique I.
» Influence de la couleur du feu sur sa poi'tée lumineuse. — On voit par la
formule (5) que des feux permanents, doués d'une égale intensité photo-
métrique et rayonnant dans un même milieu, peuvent avoir pour un même
observateur des portées lumineuses différentes. Il en est ainsi si leurs pé-
riodes de vibration, desquelles dépendent les valeurs de n, ne sont pas
égales entre elles, circonstance qui se présente lorsque ces feux sont diver-
sement colorés. Au feu le moins réfrangible correspond la plus grande
portée lumineuse. La portée d'un feu rouge doit donc être, toutes choses
égales d'ailleurs, supérieure à celle d'un feu de toute autre couleur, simple
ou composée.
» Ce fait, signalé dès i858 à l'Académie des Sciences par M. l'inspecteur
général Léonce Reynaud, a été vérifié par de concluantes expériences, ainsi
qu'il est exposé dans le Mémoire sur l'éclairage et le balisage des côtes de
France.
« Portée lumineuse d'un feu de courte durée. — S'il s'agit, non plus d'un
feu permanent, mais d'un feu d'une très-courte durée t, moindre que Q, on
trouverait, en raisonnant comme précédemment, que l'intensité appa-
rente /,, à la distance x, est donnée par la formule
(6) it = nt{L--Xt
Faisant x = i, on trouve, pour valeur de l'intensité photométrique,
(7) I, = nt(La — X).
Éliminant L entre les formules (2) et (7), on trouve enfin
(8) 2£ = 4-i
68..
( 524 )
pour relation existant entre la portée lumineuse du feu et son intensité
photométrique.
» La durée t entre dans cette formule; il ne faut donc pas juger de la
portée d'un feu de courte durée d'après sa seule intensité apparente I,.
Habitués que nous sommes à n'observer photométriquement que des
feux permanents, et à trouver entre leurs intensités apparentes et les
énergies de leurs divers effets une proportionnalité constante , nous
serions tentés d'étendre la même loi aux feux de courte durée : ce serait
commettre une erreur. Il faut nous mettre en garde contre l'illusion que
fait naître notre organisme visuel. Celui-ci ne nous transmet qu'un phé-
nomène défiguré, d'une intensité trop faible et d'une durée trop longue
comparativement au phénomène réel.
» Pour pouvoir juger de la portée lumineuse d'un feu de courte
durée, il nous faut préalablement calculer l'intensité photométrique I
d'un feu permanent idéal, de même période vibratoire et équivalent en
portée.
» Il suffit pour cela d'égaler les seconds membres des formules (5)
et (8), ce qui donne, réductions faites,
(9) I/-I.5.
» Application à l'étincelle électrique. — « La durée d'un éclair ou d'une
» étincelle électrique est inférieure , >• dit Arago, « à un millionième de se-
» conde (*).» D'autre part, le nombre 0 est supérieur à {. On a donc, d'après
la formule (9), lorsqu'il s'agit de l'éclair,
l>-25ooool, ,
c'est-à-dire que la portée lumineuse d'une étincelle électrique est supérieure
(et peut être très-supérieure) à celle d'un feu permanent dont l'intensité
apparente égalerait 25oooo fois celle de l'étincelle.
» Signaux de feu pour les temps de brume. — Le foyer voltaïque actuelle-
ment employé pour éclairer nos nouveaux phares donne une lumière dont
l'intensité se mesure par 125 becs deCarcel. Une étincelle électrique douée
d'une intensité apparente de ~,— seulement de bec de Carcel l'emporterait
sur ce foyer en portée lumineuse.
» Dès lors on se demande quelle puissance n'aurait pas, pour percer les
brumes les plus épaisses, un signal de feu constitué par la décharge pério-
(*) Notice sur le tonnerre (Annuaire du Bureau des Longitudes, 1 838, p. 265 .
( 5^5 )
clique d'une forte batterie de bouteilles de Leyde. N'y aurait-il pas là la
solution d'un grand problème, vainement poursuivie depuis si longtemps?
» Cette incroyable énergie de l'étincelle électrique s'est déjà révélée
expérimentalement dans les recherches qui ont été faites, dans ces derniers
temps surtout, sur la phosphorescence produite par l'action de la lumière.
« La source de lumière la plus active, » dit M. Edmond Becquerel,
« c'est la lumière électrique, soit celle émanée de l'arc voltaique, soit
» celle des étincelles électriques, qui donne les effets les plus énergiques que l'on
» puisse produire {*). »
» Que reste-t-il à faire pour acquérir la certitude, si elle doit succéder à
la probabilité théorique? Une expérience bien simple que nous allons
indiquer.
» Expérience proposée. — Plaçons-nous dans un laboratoire. Établissons
à un bout de la salle, de droite et de gauche de son grand axe, un foyer
voltaique de 125 becs de Carcel et un appareil produisant une étincelle
de TiïVïï seulement de bec de Carcel. A l'autre bout de la salle disposons
un photomètre analogue à celui qu'emploie l'Administration des Phares.
La salle étant rendue inaccessible à toute lumière étrangère à celle de
nos deux foyers, nous verrons dans le photomètre deux raies lumineuses,
l'une très-intense, l'autre très-pâle, presque imperceptible à cause du
contraste.
» Interposant alors devant la fente du photomètre des plaques de verre
opalin, en nombre croissant, destinées à jouer le rôle d'un milieu absor-
bant, on verra, si la théorie a dit vrai, la raie lumineuse correspondante au
foyer de l'arc voltaique pâlir de plus en plus et finir par disparaître alors
que l'autre raie, correspondante à l'étincelle, sera perceptible encore. »
M. Goubaux adresse un « Mémoire sur les anomalies de la colonne
vertébrale chez les animaux domestiques. »
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
M. Cloquet présente, au nom de M. R. Castorani, un « Mémoire sur le
traitement des taches de la cornée». Ce Mémoire est destiné au concours
des prix de Médecine et de Chirurgie (fondation Montyon).
(Renvoi à la Commission qui devra juger le concours de l'année 1868.)
(*) La Lumière, ses causes et ses effets, p. a36.
( 526 )
M. D. Wagner adresse un « Mémoire sur l'application de l'oxyde de fer
soluble, dans les cas de choléra ».
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de la Guerre adresse à l'Académie le tome XVIII de la
3e série des « Mémoires de Médecine, de Chirurgie et de Pharmacie mili-
taires.
M. le Maréchal Gouverneur de l'Algérie annonce que, l'Académie ayant
accepté l'offre, faite par lui, d'un fragment du bolide tombé aux environs
de Sétif, il vient de donner les ordres nécessaires pour que cette météorite
lui soit adressée.
M. Piorry prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi les
candidats à la place vacante, dans la Section de Médecine et de Chirurgie,
par suite du décès de M. Velpeau.
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
PHYSIQUE. — Sur l'intensité de la radiation solaire. Note de M. J.-L. Soret;
présentée par M. Regnault.
« L'actinomètre dont je me suis servi dans ces recherches se compose
essentiellement d'un thermomètre dont la boule noircie est placée dans
une enceinte également noircie. Une ouverture de 2 centimètres de dia-
mètre, que présente cette enceinte, permet la libre entrée d'un rayon solaire
lequel vient tomber sur le réservoir du thermomètre. La température du
thermomètre s'élève jusqu'à ce qu'il perde, par rayonnement ou par contact
avec l'air ambiant, autant de chaleur qu'il en reçoit du soleil.
» Pour que l'instrument soit toujours dans des conditions identiques
quant au rayonnement, l'enceinte est entourée de glace fondante, en sorte
que le thermomètre n'est pas influencé par la réverbération des corps avoi-
sinants ou le rayonnement des diverses parties du ciel.
» Le contact de l'air ambiant, quoique le thermomètre soit à l'abri du vent,
contribue au refroidissement pour une proportion très-notable, qui varie
et augmente avec la pression atmosphérique. Si l'on faisait toujours les
observations dans le même lieu, on pourrait négliger de tenir compte de ces
( 5*7 )
variations; mais il n'en est pas de même si l'on opère à des altitudes diffé-
rentes. J'ai donc déterminé par des expériences directes, faites sur l'appa-
reil lui-même, l'influence que la pression barométrique exerce sur la tem-
pérature que prend le thermomètre. On peut ainsi corriger, par le calcul,
les indications de l'instrument et les ramènera ce qu'elles auraient été si le
thermomètre eût été entouré d'air à la pression de 760 millimètres.
» Je crois pouvoir admettre que, cette correction effectuée, le nombre de
degrés au-dessus de zéro marqués par le thermomètre donne une mesure
très-approchée de l'intensité de la radiation solaire directe.
» Observations faites à Genève. — Une série d'observations faites à Genève
m'a montré, entre autres résultats, que le degré d'humidité de l'atmosphère
influe sur l'intensité de la radiation solaire directe : en général, les autres
circonstances étant égales, plus l'air contient de vapeur d'eau, moins la ra-
diation est intense. Je me bornerai ici à citer quelques exemples.
>> En comparant le petit nombre d'observations que j'ai pu faire en hiver
avec celles d'été, on voit qu'à égalité dans l'intensité de la radiation, la
hauteur du soleil au-dessus de l'horizon était notablement plus grande en
été qu'en hiver.
» A plusieurs reprises, on a observé une radiation plus forte par un temps
sec que par un temps humide, quoique l'atmosphère fût incontestable-
ment plus pure et plus transparente dans le second cas que dans le premier.
Ainsi, la présence de particules solides ou liquides répandues dans l'air
ne sufflt pas à rendre compte des variations de la radiation solaire.
» Pour des hauteurs du soleil sensiblement égales, les minima de radia-
tion correspondent aux journées où la tension de vapeur d'eau était la plus
forte, et les maxima de radiation ont été observés par les temps les plus
secs (pendant ou immédiatement après les forts vents du nord). Ainsi,
pour des hauteurs du soleil supérieures à 60 degrés, le thermomètre a mar-
qué en minimum i4°, 82, le 2 juin dernier, la tension de vapeur étant de
14 millimètres, après une série de jours humides; il a marqué en maximum
i5°,o,3, le 10 juillet, lendemain d'un fort vent du nord pendant lequel la
température s'était abaissée à 7 degrés, et à la suite de journées exception-
nellement sèches et froides.
» Toutefois, comme ces variations ne sont pas considérables et que la
brume et le hâle exercent aussi une influence incontestable, il y aurait un
grand intérêt à avoir de longues séries d'observations, permettant d'établir
par des moyennes la dépendance exacte de l'humidité de l'atmosphère et
de l'intensité de la radiation solaire directe.
( 5a8 )
» La radiation présente une constance remarquable lorsque le soleil est
à une grande hauteur au-dessus de l'horizon et que les conditions atmo-
sphériques restent à peu près les mêmes. Ainsi, les observations faites entre
i i'1 3om et ih 3om, le soleil étant à plus de Go degrés au-dessus de l'hori-
zon, le ciel pur, la tension de la vapeur d'eau de 8 à 11 millimètres (en
exceptant le cas de forts vents du nord), m'ont constamment donné des
radiations comprises entre i5°,3i et i5°, 59. On peut donc admettre que
le chiffre de i5°,5 représente la radiation solaire à Genève dans ces circon-
stances.
» Observations à différentes attitudes. — La fréquence des nuages sur les
montagnes rend très-difficiles les observations à différentes altitudes; aussi
le nombre de celles que j'ai pu faire n'est pas considérable. Néanmoins,
particulièrement dans une ascension au mont Blanc, les 20 et 21 juillet
dernier, par un temps exceptionnellement favorable, je suis arrivé à des
résultats qui, si je ne me trompe, présentent quelque intérêt.
» Prenons d'abord les observations qui ont été faites pour une hauteur
du soleil de plus de 60 degrés au-dessus de l'horizon.
» Les 20 et 21 juillet, les conditions atmosphériques étant tout à fait
les mêmes que celles où, comme je l'ai dit plus haut, la radiation à
Genève est de i5°, 5 de mon actinomètre, on peut admettre ce chiffre
pour l'altitude de /j°° mètres au-dessus du niveau de la mer (r). Le
20 juillet, à ih i5m, sur le glacier des Bossons, à 25oo mètres d'altitude, le
thermomètre de l'actinomètre marquait i8°,63. Le 21 juillet, à 1 11' 3om, au
sommet du mont Blanc, le thermomètre de l'actinomètre marquait 210, i3.
Ces observations, étant faites sous des pressions barométriques très-diffé-
rentes, doivent être réduites, comme nous l'avons vu, à ce qu'elles auraient
été si le thermomètre eût été entouré d'air à 760 millimètres de pression.
Il convient également, pour rendre les résultats plus comparables, de cal-
culer pour chaque observation l'épaisseur atmosphérique (produit de la
hauteur barométrique par la sécante de la distance zénithale du Soleil).
Voici quelles sont ces données :
(1) On pensera peut-être que plutôt que d'adopter ce chiffre il eût mieux valu faire
faire des observations simultanées au pied de la montagne; mais, sans parler de la difficulté
d'y parvenir, je crois que des mesures prises dans une vallée étroite comme celle de Cha-
tnonix présenteraient moins de garanties d'exactitude.
( 5^9 )
ALTITCDE.
PRESSION
barométrique.
ÉPAISSEUR
almosptiérWlue
RADIATION
non corrigée. corrigée.
ni
4 00
2500
4800
mm
73o,o
563,3
i24,6
Soj
6/,5
.1-3
1 5 f 5o
18, 63
21 , i3
0
i5,3/|
17,32
iS,62
» Il résulte de ces chiffres, d'abord que, dans les conditions où j'ai
observé, le rapport de l'intensité de la radiation solaire sur le mont Blanc
et à Genève est de j environ. Ainsi la chaleur solaire, qui est arrivée jusqu'à
l'altitude de 4800 mètres au travers des couches supérieures de l'atmo-
sphère, subit une absorption de ^ en traversant, sous un angle de 60 à
65 degrés, les couches inférieures de l'atmosphère jusqu'à une altitude
de /joo mètres.
» On remarquera, en second lieu, que l'augmentation de la radiation
avec l'altitude est moins rapide que la diminution de la pression baromé-
trique et que la diminution de l'épaisseur atmosphérique. En prenant les
épaisseurs atmosphériques pour abscisses et les radiations corrigées pour
ordonnées, on obtient trois points représentant les trois observations rap-
portées ci-dessus. Si par ces trois points on fait passer une courbe, on voit
qu'elle est concave vers l'axe des abscisses (1). Le résultat est contraire à
ce que l'on peut déduire des observations que M. Forbes a faites, en i83a,
sur le Faulhorn et à Brientz (2).
» Je citerai encore deux résultats qui découlent d'observations failes
pour des hauteurs moindres du soleil au-dessus de l'horizon.
(1) En prolongeant cette courbe au sentiment, le point où elle vient couper l'axe des
ordonnées correspondrait à la radiation pour une épaisseur nulle. Le chiffre ainsi obtenu
serait de 20°,5 environ et représenterait l'intensité de la radiation à la limite de l'atmo-
sphère. Il est bien entendu que je ne présente ce résultat que pour ce qu'il vaut, et comme
une indication qui peut avoir quelque intérêt; il est évident, en effet, que, même en attri-
buant une précision absolue à mes trois observations, elles ne suffisent nullement pour déter-
miner avec quelque certitude la forme de la courbe représentant la loi de la radiation, loi
qui doit être très-complexe.
(2) Philosophical Transactions pour 1842, part. II, p. 225.
(.. K. , 1S67, 1' Semestre. (T. LXV, N° 15.) 69
( 53o )
» A épaisseur atmosphérique égale, la radiation observée à une altitude
élevée est incontestablement plus forte qu'à une altitude plus basse. Ainsi,
le 20 juillet, à 5h 3om du soir, aux Grands-Mulets (3ooo mètres), l'épaisseur
atmosphérique étant de 1 5oo, la radiation corrigée était de i5°,26. Or, à
Genève, pour une épaisseur égale, même dans les circonstances les plus
favorables, la radiation n'atteint guère que 14 degrés. Une observation
faite en hiver, sur le mont Salève, confirme ce résultat, qui est aussi con-
traire à ce que M. Forbes avait trouvé.
» La diminution de l'intensité de la radiation avec la hauteur du soleil
au-dessus de l'horizon est notablement moins forte à une grande altitude
que dans la plaine, en sorte que le rapport de la radiation observée dans
une station élevée, à la radiation observée dans une station plus basse, est
plus grand le matin et le soir qu'au milieu du jour. »
CHIMIE MINÉRALE. — Recherches sur te chlorure de chaux. Note
de M. J. lïoi.is. présentée par M. Dumas.
« Il y a sur la constitution des chlorures décolorants plusieurs théories
admises. La plupart ne diffèrent que par la manière dont on groupe les
éléments : chlore, calcium et oxygène. Ainsi le chlorure de chaux est tour
à tour considéré comme chlorure d'oxyde (CaO)Cl; comme bioxyde de
calcium Ca | modifié par substitution, Ca ; comme combinaison d'eau
oxygénée CaO,HO + Cl = CaCl + HO2; ou enfin comme combinaison
d'ozone Ca O, Cl = Ca Cl + 6 .
» Les beaux travaux de M. Balard et de Gay-Lussac ont amené ces sa-
vants à formuler ainsi le chlorure de chaux : 2CaO,CI =CaOClO + CaCl.
» Toutes ces théories s'accordent sur ce point, qu'au contact des acides
les plus faibles les chlorures décolorants abandonnent du chlore.
» Je décrirai rapidement ici les procédés d'analyse que j'ai employés
dans le cours de ce travail.
» Soit un chlorure de chaux pur et exempt de tout autre composé chloré :
le chlore se dosera très-exactement par la méthode chlorométrique de
Gay-Lussac. On peut encore le doser par les sels d'argent, après avoir
transformé par l'ammoniaque le chlorure de cbaux en chlorure de cal-
cium AzH3 + 3CaO, Cl = 3 CaCl + 3 HO + Az.
» Si le chlorure de chaux est pur, ces deux procédés présentent le pins
grand accord dans leurs résultats; mais si le chorure de chaux est mélangé
( 53. )
de chlorure de calcium, c'est-à-dire contient du chlore inactif, ce dernier ne
sera pas indiqué par le procédé chlorométrique, tandis qu'il le sera par les
liqueurs d'argent. La différence de chlore trouvé par les deux procédés
donne alors le chlore inactif.
» Le chlorate de chaux ne peut ici être dosé par les procédés ordi-
naires; mais j'ai trouvé un excellent mode de dosage dans une réaction si-
gnalée par MM. Fordosel Gelis : « L'hydrogène naissant décompose l'acide
» chlorique. » Il suffit donc, après avoir transformé par l'ammoniaque le
chlorure de chaux en chlorure de calcium, de traiter la liqueur étendue
par de l'acide sulfurique et du zinc, pour convertir tout le chlorate de chaux
en chlorure de calcium et le doser sous cet état.
» Le chlorure de chaux sec le plus riche que j'aie pu obtenir marque
123 degrés au chloromètre et correspond exactement à la formule :
aCl,3(CaO,HO), soit 2(CaO,HO,Cl) + CaO,HO.
» Une fois ce corps ainsi constitué, on ne peut en distraire ni l'eau, ni le
terme CaO,HO. Ce terme CaO,HO refuse toute absorption de chlore.
» A la température ordinaire, le chlore en excès n'a aucune action sur le
chlorure de chaux; le chlore en excès n'est donc pas une cause de trans-
formation du chlorure en chlorate.
» Le chlorure sec est nettement dédoublé par l'eau :
Aq -f- 2 Cl, 3CaO, HO — CaO,HO (qui se précipite)
-H 2 CaO, Cl (qui se dissout) + Aq.
» La véritable constitution du chlorure de chaux liquide est bien celle
indiquée par M. Balard : 2 CaO, Cl = CaO, Cl O + CaCl.
» En effet, soit du chlorure de chaux pur : sa dissolution étendue
donne une concordance parfaite dans les deux procédés d'analyse du
chlore cités plus haut. Si le chlorure de chaux est uniquement une combinai-
son de chlore et de chaux (CaO)Cl, et si au lieu d'une dissolution étendue
on fait une dissolution saturée, la concordance devra toujours exister. Si,
au contraire, le chlorure est un mélange d'hypochlorite et de chlorure al-
calin, l'eau se saturera isolément de chacun des deux composants, et, pour
peu qu'ils aient une solubilité différente, il en résultera un désaccord com-
plet entre les poids de chlore trouvés par les deux méthodes : c'est effecti-
vement ce qui a lieu; la liqueur saturée contient un excès considérable de
chlorure de calcium.
69..
( 53a )
» Si le chlorure de chaux liquide doit être formulé CaO, CIO -+- CaCl, il
ue faut pas se hâter d'en conclure qu'il en est de même du chlorure sec. Il
est fort possible que ce dernier soit une combinaison de chlore et de chaux,
combinaison qui ne se dédouble qu'au contact de l'eau. Ce fait a, en Chimie,
de nombreux précédents, et nous verrons plus loin que l'action si diffé-
rente de l'acide carbonique sur le chlorure de chaux sec ou liquide parait
précisément confirmer cette dernière supposition.
« Le chore à froid n'a aucune action sur le chlorure de chaux sec : il
n'en est pas de même avec le chlorure liquide. La réaction suivante se
passe :
(CaO, ClO -t- CaCl) + 2CI = aCaCl + 2CIO.
» L'acide hypochloreux libre reste dissous dans la liqueur.
» Il y a dans cette réaction un procédé très-commode pour préparer
l'acide hypochloreux.
» La chaleur transforme le chlorure de chaux sec en chlorate, suivant
l'équation bien connue : 6CaO,CI = 5CaCl -t- CaO,ClOb.
» Cette réaction non-seulement exige de la chaleur, mais elle en dégage :
cela explique pourquoi la transformation d'une molécule se propage de
proche en proche dans toute une masse de chlorure de chaux. Le chlorure
sec en se transformant en chlorate devient pâteux; il abandonne de l'eau,
probablement suivant l'équation :
6CaO, HO, Cl = CaO, ClO5 + 5Ca, Cl, HO + IIO.
» Le chlorure de chaux liquide est bien moins altérable par la chaleur;
on peut souvent le faire bouillir plusieurs heures sans le modifier.
» L'insolation n'a qu'une influence insignifiante sur le chlorure sec;
elle convertit très-nettement le chlorure liquide en chlorite, probablement
suivant l'équation
2 (CaO, ClO + CaCl) = CaO ClO3 + 3 Cad.
» L'insolation dans le blanchiment des tissus peut donc avoir sur ces
derniers une influence toute particulière.
» On admet que les acides les plus faibles agissent sur le chlorure de
chaux pour en chasser du chlore.
» Ainsi; soit 2CO2 -+- CaO ClO -+- CaCl, on suppose que
CO2 4- CaO ClO =CI0 + CaOCO-,
CO- -H CaCl +-C10 4-CaOCO2 = aCaOCO8-*- 2CI.
( 533 )
» Cette explication sacrifie complètement la stabilité de CaCI et admet
qu'il est décomposé par Cl O pour donner CaO et Cl.
» Pour démontrer ce qu'il y a d'erroné dans cette hypothèse, il suffit
de prouver que Ca Cl et Cl O peuvent parfaitement rester en présence sans
réagir l'un sur l'autre.
» Le procédé par lequel M. Williamson obtient Cl O en est une première
preuve : il est basé sur l'équation
CaO, CO2 + 2 Cl -+- Aq = CO2 + CaCI -+- ClO -t- Aq.
» La réaction que j'ai obtenue entre le chlorure de chaux liquide et le
chlore en est une seconde preuve :
CaOClO + CaCl + a Cl + Aq = aCaCl + 2CIO -+- Aq.
» J'ai particulièrement étudié l'action des acides sur le chlorure de chaux
liquide; je la définirai ainsi :
» i° Tous les acides déplacent, dans le chlorure de chaux liquide, l'acide
liypochloreux;
» %° Leur action s'arrête là, si l'acide hypochloreux mis en liberté ne se
trouve pas en présence d'acide chlorhydrique ou d'un acide oxydable;
« 3'J Si l'acide hypochloreux rencontre de l'acide chlorhydrique ou un
acide oxydable, il se dégage du chlore;
» 4° En tous cas, l'acide hypochloreux n'exerce aucune action sur le
chlorure de calcium.
» L'acide carbonique rigoureusement desséché et le chlorure de chaux
parfaitement sec donnent
2 (CaO Cl) + 2CO2 = 2 CaO, CO2 -f- 2 Cl.
» Mais à l'air libre, c'est-à-dire à l'air plus ou moins humide, le chlo-
rure sec se comporte comme le chlorure de chaux liquide et ne laisse dé-
gager que de l'acide hypochloreux :
(Ca O, CO2 -+- Ca Cl ) + 2 CO2 = CO2 + Ca Cl + Ca O CO2 -+- Cl O.
» Les sels oxydables s'oxydent aux dépens du chlorure de chaux, en le
transformant en chlorure de calcium.
» Exemple :
CaS + 2(CaOClO + CaCl) = CaOSO3 + 4 CaCI.
» Les matières textdes peuvent être blanchies au moyen du chlorure de
chaux par une réaction analogue et sans concours d'aucun acide.
( 534 )
» Le chlorure de chaux oxyde la matière résineuse et se convertit en
chlorure de calcium. L'opération réussit parfaitement en vase clos, exempt
d'air, et sans qu'il y ait aucun dégagement gazeux.
» Dans un prochain Mémoire, j'étudierai tout spécialement l'action
exercée sur les tissus par le chlorure de chaux employé seul ou accom-
pagné des acides. »
M. Triger demande et obtient l'autorisation de retirer du Secrétariat le
travail qu'il a adressé sur les profils des chemins de fer de l'Ouest de la
France transformés en coupes géologiques.
M. Pkister écrit de New-York pour prier l'Académie de vouloir bien
renvoyer à l'examen d'une Commission le Mémoire relatif au choléra qu'il
a adressé en 1 864.
On fera savoir à l'auteur que ce Mémoire a été compris parmi les pièces
du concours pour le prix Bréant en 1 864- Le jugement porté par la Com-
mission sur toutes les pièces de ce concours est exprimé dans le Rapport
qui a été publié à cette époque.
La séance est levée à 4 heures. C.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 23 septembre 1867, les ouvrages
dont les titres suivent :
Recueil de Mémoires de Médecine, de Chirurgie el de Pharmacie militaires,
rédigé sous (a surveillance du Conseil de sanlé, publié par ordre du Ministre de
la Guerre; 3e série, t. XVIII. Paris, 1867; 1 vol. in-8°.
Bulletin de Statistique municipale, publié par les ordres de M. le Baron
Haussmann, mois de juin et juillet 1867. Paris, i867;in-4°.
Recherches sur les surfaces du second ordre; par M. l'abbé Aousï; 2e par-
tie. Paris, 1867; br. in-8°.
L'ammoniaque dans Vinduslrie ; parM. Ch. Tellier; 2e édition avec figures
et planches. Paris, 1867; 1 vol. in-8°.
L'unipolarilé du fer dans les liquides, révélée par de nouvelles cotnbinaisons
voltdupies à double clément fer; par M. J.-E. Balsamo. Lecce, 1867; br. in- ,".
(Présenté par M. Peligol.)
( 535 )
Bulletin du Musée de l'Industrie, publié sous la direction de la Commission
administrative; juillet 1867. Bruxelles, 1867; br. grand in-8°.
The... L'Âthenœum, mois de mai, juin et juillet 1867. Londres, 1867;
3 fascicules in-4°.
List... Liste des Membres de la Société Linnéenne de Londres, 186G.
Londres, 1867; br. in-8°.
The... Journal de la Société Linnéenne: Botanique, t. IX, nos 38 et 3q.
Londres, 1866-67; 2 br. in-8°.
The... Journal de la Société Linnéenne : Zoologie, t. IX, livr. 34 et 35.
Londres, 1866-67 ; 2 br. in-8°.
The... Transactions de la Société Linnéenne de Londres, t. XXV, 3e partie.
Londres, 1866; iii-/>° avec planches.
General... Table générale des Transactions de la Société Linnéenne de
Londres, t. I à XXV. Londres, 1867; in-4°.
Proceedings... Procès-verbaux des réunions scientifiques de la Société Zoo-
logique de Londres. 1866, janvier à décembre. Londres, 1867; 3 parties
in-8°.
Transactions... Transactions de la Société Zoologique de Londres, t. VI,
ire, 2e et 3e parties. Londres, 1866-1867; ^ brochures in-4° avec planches.
Jornal... Journal des Sciences mathématiques, physiques et naturelles, pu-
blié sous les auspices de l'Académie royale des Sciences de Lisbonne; n° 3,
août 1867. Lisbonne, 1867; in-8° avec planches. (Présenté par M. Coste.)
Théorie... Théorie et pratique dans l'art et la science comme dans la vie;
par M. Th. Sciieehek. Freiberg, 1867; 1 vol. grand iu-8° cartonné.
On the... Sur les crânes déformes particulières des habitants de certains
groupes d'îles dans l'est de l'océan Pacifique; par M. J.-B. Davis. Harlem, 1866;
in-4° avec planches.
Untersuchungen... Becherches sur la foi me du bassin dans la femme java-
naise; par M. T. Zaaijek. Harlem, 1866; in-4° avec planches.
Die... Considérations sur la formation basaltique ; par M. L. DRESSEL. Har-
lem, 1866; in-4° avec planches.
Beitrâge... Matériaux pour servir à la connaissance de la formation feld-
spalhique, avec applications au mode de formation des trachytes et des porphyres
qwnizeux;parM. C.-E. Weiss. Harlem, 1866; in-4° avec planches.
Acta Universilatis Lundensis, i865; Sciences mathématiques et naturelles.
Lund, i865-66; 1 vol. in-4° avec planches.
( 536 )
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT
LE MOIS D'AOUT 18G7.
Benne de Thérapeutique médico-chirurgicale j noa i5 et 16, 1867; in 8°.
Revue médicale de Toulouse; nos 7 et 8, 1867 ; in-8°.
Sorielà reale di Napoli. Rendiconlo delV Âccademia délie Scienze fisiclie e
malemaliche; Naples, juin 1867; in-40.
Société d'Encouragement, Résumé des procès-verbaux, séances des 26 juil-
let, 2 et 9 août 1867; iu-8°.
The Laboralory ; nus 18 à 22, 1867; in-4°.
The Scientific Review; n° 1 7, 1 867 ; in-/J°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 50 SEPTEMBRE 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMRRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
histoire DES sciences. — Lettre de Sir David Brewster à M. Chevrenl,
au sujet des Lettres attribuées à Pascal et à Newton.
« Allerly Melrose, 24 septembre 1867.
» Etant très-désireux de mettre le caractère de sir Isaac Newton à cou-
vert des imputations qui le flétriraient justement si les Lettres qu'on donne
comme de lui dans la correspondance de Pascal étaient véritables, j'ai prié
M. Chasles de m'envoyer des copies photographiques de quelques-unes des
plus importantes, afin d'en pouvoir comparer l'écriture et les sig natures
avec celles des Lettres authentiques qui sont dans la possession du comte
de Portsmouth.
» M. Chasles, avec une parfaite obligeance, m'a envoyé quatre de ces
Notes portant les quatre signatures différentes qu'aurait eues Newton.
» J'ai transmis une de ces Notes au comte de Portsmouth, une autre au
comte de Macclesfield, qui possède les originaux des quarante-cinq Lettres
publiées dans la « Correspondence of the scienlific men of the XVIIe cenlury, »
et une troisième à sir Frédéric Madden, du British Muséum.
» En comparant les Notes envoyées de France avec les vraies Lettres de
Newton, lord Portsmouth et lord Macclesfield ont reconnu immédiatement
qu'il n'y a pas la moindre ressemblance entre les pièces forgées et les
Lettres authentiques. Lord Portsmouth eut la bonté de m'envoyer une vé-
C. R. , 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 14.) 70
( 538 )
ritable Lettre de Newton, que M. de Khanikof, juge impartial, déclara
être d'une écriture entièrement différente de celle des Notes fabriquées et
avec une signature non moins différente. J'ai eu aussi l'occasion de faire
voir ces Lettres à lord Colonsay et à lord Mure, un des juges de notre Cour
d'assises [one of the judges ofllie court of session), et tons les deux ont partagé
l'opinion de M. de Khanikof.
» Afin de mieux appuyer l'opinion émise par lord Macclesfield, ladv
Macclesfield m'a envoyé le calque d'une des Lettres de Newton (i), et aussi
des calques de cinq de ses signatures, et ces calques sont si fidèles, que moi-
même je ne pourrais les distinguer, soit pour l'écriture, soit pour la signa-
ture, de la Lettre qui m'a été envoyée par lord Portsmouth.
» Je vous envoie ces calques et ne doute point que MM. les Membres de
l'Académie, après y avoir jeté les yeux, ne restent convaincus que le faus-
saire n'avait jamais vu ni l'écriture ni la signature de Newton.
» A l'appui de cette opinion, je puis présenter encore la plus haute au-
torité qu'on puisse invoquer en cette circonstance, celle de sir Frédéric
Madden, qui, pendant quarante ans, a été attaché d'abord comme sous-
conservateur, puis comme conservateur, au département des manuscrits du
Britisli Muséum.
« Je connais parfaitement, m'écrit-il, la main de sir Isaac Newton ; quant
» à la Lettre en question commençant par ces mots : « Si l'on voulait exa-
» miner... », finissant par ceux-ci : « Le corps de l'homme », et signée
» Is. Newton, après l'avoir comparée à plusieurs Lettres autographes et si-
» gnatures de Newton que possède le Britisli Muséum, pièces dont l'authen-
» ticité est incontestable, je n'hésite pas à déclarer que c'est un faux pal-
» pable et même très-grossier, tant pour l'écriture que pour le papier. »
HISTOIRE des SCIENCES. — Réponse aux communications de M. R. Grant eicfe
Sir David Brewster; par M. Chasles(2).
I.
« M. R. Grant, dans sa Lettre adressée à M. Le Verrier, et transmise par
notre confrère à M. le Président, se propose de démontrer que la détermi-
nation des masses et des densités de la Terre, de Jupiter et de Saturne,
indiquées dans les Lettres et Notes de Pascal, ont été prises par le pré-
tendu falsificateur de ces lettres dans la troisième édition du livre des
(i) Celle de la Correspondance, t. II, p. 4°°-
(2) On trouvera à la Correspondance, page 5- 1, la Lettre de il. Grant, à laquelle répond
d'abord M. Chastes, et dont M. le Secrétaire perpétuel avait donné lecture.
( 539 )
Principes de Newton; et il en conclut que « la masse entière des documents
» communiqués à l'Académie est une pure imposture (pureforgeries). »
» Je rappellerai succinctement l'origine de cette question. Newton dit,
dans le scolie de la proposition IV du premier livre des Principes : « Le cas
» du corollaire VI (c'est-à-dire la loi d'attraction en raison inverse du
» carré de la distance) est celui des corps célestes, comme l'ont trouvé
» nos compatriotes Wrenn, Hooke et Halley. »
» N'était-ce pas pour moi un devoir de faire connaître que Pascal s'était
aussi beaucoup occupé des lois de l'attraction, en prenant pour point de
départ l'immortel ouvrage de Copernic, si explicite sur ce point, et pour-
tant si négligé de Newton et d'autres après lui, et de dire que Pascal avait
connu ces lois, qu'il méritait donc de prendre place à côté des géomètres
qui , comme Wrenn, Hooke et Halley, les avaient aussi connues après lui?
» J'ai cité à ce sujet deux Lettres et quatre Notes, que je prenais parmi
un grand nombre d'autres, et qui me paraissaient suffisantes pour justifier
mon assertion. — Voilà à quoi se bornait ma communication.
» Il n'y avait rien là qui pût offusquer les amis et les admirateurs de
Newton, au nombre desquels j'ai toujours été. Cependant notre confrère,
M. Duhamel, s'étant empressé d'élever des objections, comme si les six pièces
communiquées renfermaient tout le travail de Pascal, j'ai dû produire une
série des pièces relatives à la question, et montrer qu'elles renfermaient la
démonstration des lois de l'attraction, et que le corollaire VI notamment
s'y déduisait d'un énoncé fort remarquable. On a vu par là que je ne re-
doutais nullement la comparaison des Notes de Pascal et de l'œuvre de
Newton. C'est que je n'avais point agi légèrement, et que j'étais éclairé par
une masse de preuves très-diverses, et qui jusqu'à présent ne m'ont point
fait défaut.
» Des doutes ayant été émis sur l'authenticité de ces papiers de Pascal,
j'ai dû dire que j'en possédais beaucoup d'autres, et même des correspon-
dances de Pascal, notamment avec Newton. J'en donnai quelques exemples.
Je fis remarquer que les Notes envoyées à Newton par Pascal sur l'attrac-
tion s'étendent jusqu'au 20 novembre i658; que Pascal avait donc pu se
servir de la découverte du second satellite de Saturne pour ses calculs, ce
qui répondait à la seule observation pouvant impliquer quelque doute
de la part de notre confrère M. Faye.
» Dans la séance du 12 août vint la Lettre de Sir David Brewster, qui
contestait les documents cités de Pascal et de Newton.
» Comme, par suite d'une réclamation de M. Faugère en faveur du
70..
( 54o )
grand nom de Pascal, compromis, disait-il, par le style et le contenu des
documents produits, il était convenu qu'une Commission examinerait ces
documents, j'ai dû, pour répondre sur-le-champ à notre illustre Associé
étranger, laisser de côté les Lettres de Pascal, et j'ai dit que j'allais me bor-
ner à démontrer par un autre ordre de preuves la réalité des relations qui
avaient existé entre Pascal et Newton, et que niait M. Brewster. Car il y a
ici en effet deux questions distinctes : i° Les documents attribués à Pascal
sont-ils authentiques? 2° A-t-il existé des relations entre Pascal et Newton?
» Les preuves que je donnai étaient prises dans de nombreuses corres-
pondances de savants et de littérateurs de l'époque et même du siècle sui-
vant. Je citai des Lettres d'Aubrey, de Hobbes, de Mme Perrier, de Rohault,
de Mariotte, de Clerselier, de Desmaizeaux, de Labruyère, de Saint-Évre-
mond, de Montesquieu, etc., au nombre, je crois, d'une quarantaine.
« J'ai ajouté, dans la séance suivante (19 août), que les Lettres parlant
de Newton et de Pascal n'étaient pas les seules que je possédasse de chaque
auteur, et qu'on ne devait pas croire qu'elles aient été écrites en vue d'une
question qui pourrait s'agiter un jour, parce que j'en possédais beaucoup
d'autres de la plupart des mêmes auteurs; par exemple, quelques centaines
de Labruyère et de Montesquieu, roulant sur des matières littéraires, his-
toriques, philosophiques, etc., très-variées.
» Depuis, j'ai montré ces collections à beaucoup de nos confrères et à
d'autres personnes. On a vu qu'elles ne se bornent pas à celles seule-
ment où est prononcé le nom de Pascal ou de Newton; qu'il y en a de
Galilée, de Descartes, de Copernic, etc. On a pu comparer les écritures,
parmi lesquelles s'en trouvent de très-caractéristiques et de bien connues.
Si l'écriture de quelques auteurs a changé dans le cours de leur vie , si
quelques-uns ont eu à la fois deux écritures différentes, ce dont on a des
exemples, il en est d'autres dont l'écriture est toujours restée la même. Je
citerai Malebranche, Mariotle, Montesquieu, etc.
» J'ai eu occasion de dire plus d'une fois que je pourrais ajouter beau-
coup d'autres citations à celles que j'avais déjà produites, et j'ai fait obser-
ver qu'une seule de ces séries de Lettres, reconnue authentique, suffirait
pour prouver la réalité des relations qui avaient eu lieu entre Pascal et
Newton.
» C'est dans cet état de choses que M. Grant vient déclarer que tous mes
documents sont des impostures. Et il n'en a vu aucun, et il n'a fait prendre
aucune information !
» Mais j'arrive aux nombres des masses et des densités des planètes qui
font le sujet principal de la Lettre de ce savant astronome. Ces nombres
( 54. )
diffèrent de ceux des deux premières éditions du livre des Principes, et sont
pris, dit-il, dans la troisième édition, de 1727.
» Je répondrai que le prétendu auteur des nombreuses Lettres de Pascal
et de Newton, sans parler de toutes les autres correspondances, était néces-
sairement un homme d'un grand mérite, qui n'aurait point fait la faute de
se dévoiler, et de perdre ainsi le fruit d'un travail immense en copiant dans
le livre des Principes des nombres dont il n'avait aucun besoin, car il pou-
vait prendre à son gré, sans aucun inconvénient, des nombres plus ou moins
approchants de ceux-là. C'est donc évidemment Newton qui, après s'être
écarté, en 1687, des nombres de Pascal, qu'il connaissait (1), y est revenu
en 1727.
» Je vais faire un autre rapprochement entre les papiers de Pascal et le
livre des Principes, qui sera encore plus significatif.
» Il s'agit de la proposition IV, où Newton démontre que la force cen-
trifuge dans le cercle est proportionnelle au carré de la vitesse divisé par
le rayon. Après avoir donné neuf corollaires, suivis du scolie dont nous
avons parlé précédemment, il indique une autre démonstration de la pro-
position, qui consiste à faire décrire au mobile les côtés d'un polygone
régulier inscrit au cercle, et à supposer qu'en chaque sommet du polygone
le mobile est refléchi par le cercle. Il conclut de son raisonnement que si
le nombre des côtés est infini, l'expression de la force centrifuge devient
le carré de la vitesse divisé par le rayon.
» Eh bien ! ce raisonnement se trouve dans les papiers de Pascal, et il
s'y trouve avec un incident qui a une signification décisive; on va le voir.
» Après avoir fait un raisonnement juste, qui le conduit à l'expres-
sion de la force centrifuge, il commet une erreur. 11 croit avoir négligé
quelque chose; et il ajoute : « Si l'on calcule exactement toutes ces forces,
» on y verra quelque petite différence. » Puis il conclut le contraire de la
proposition vraie, à savoir, que « les forces centrifuges de deux globes qui
» se meuvent dans les circonférences de deux cercles différents ne sont pas
» entre elles comme les carrés des vitesses divisés par les rayons. »
» Croira-t-on que le falsificateura emprunté ce procédé de raisonnement,
avec les masses des planètes, du livre des Principes, pour conclure le con-
traire de ce qu'il y trouvait démontré de deux manières.
» Ne croira-t-on pas, au contraire, que c'est dans les Notes de Pascal que
Newton a pris le raisonnement qu'il a ajouté surabondamment à sa pre-
mière démonstration, et qui avait en effet son mérite?
(1) Ces nombres se trouvent dans des Notes de Newton lui-même, écrites pour lui,
» d'après M. P. », comme il le dit.
( 34? )
» Il n'y a point à s'étonner que Pascal, dans ses premières recherches
sur ces questions du mouvement, ait commis une erreur qu'il aura bientôt
reconnue de lui-même ou par les observations de l'ami auquel il les en-
voyait. Il n'avait d'autre but, en communiquant ainsi ses idées, ses aper-
çus, ses raisonnements, ce qu'il appelait ses observations, que de découvrir
la vérité par lui-même ou par les autres.
» Ces questions de dynamique qui prenaient naissance à cette époque
étaient fort délicates, et ont présenté longtemps des difficultés aux géo-
mètres. Je vais donner un autre exemple d'erreur qu'y a commise Pascal, et
qui sera encore, sinon une preuve aussi forte que toutes les autres, du
moins un indice des relations qui existaient entre lui et "Newton. Il s'agit de
l'expression de la quantité de mouvement d'un corps. Pascal, qui était en
correspondance avec Huygens depuis plusieurs années, lui écrit (en i65/|)
que la quantité de mouvement d'un corps est proportionnelle au produit
de la masse par le carré de la vitesse. Il confond donc la quantité de mou-
vement avec ce que l'on a appelé depuis la^brce vive.
» Huygens rectifie son erreur dans une Lettre du 2 juin i654, qui va
se trouver ci-dessous.
» Mais voici une coïncidence singulière.
» Après la mort de Pascal, Newton communiqua aussi à Huygens la
même expression de la quantité de mouvement, le produit delà masse par
le carré de la vitesse. Huygens lui répond le 2 novembre (sans millésime) :
« Cette observation m'avait déjà été faite par feu M. Pascal, à qui j'avais
» répondu. »
» Huygens, certainement, a été fixé aussitôt sur l'origine de cette commu-
nication posthume, car il connaissait parfaitement l'étendue des commu-
nications que Pascal avait faites à Newton ; on le voit par plusieurs de ses
Lettres, dont je donnerai plus loin quelques passages.
» Je conclus donc que le rapprochement que M. R.Grant m'a donné l'oc-
casion de faire entre les Notes de Pascal et l'ouvrage de Newton fournit de
nouvelles preuves des emprunts que le jeune géomètre a faits an savant
généreux qui le guidait dans la carrière des sciences.
Notes et Lettres de Pascal.
Si un corps est poussé à la fois par deux forces : que l'une d'elles ne lui soit appliquée que
pendant un instant, mais que l'autre force continue d'agir sur lui en dirigeant constamment
son action vers un même point, le corps cessera d'estre mu sur la ligne droite, il décrira le
périmètre ou contour d'un polygone; et à chaque changement de costé, il faudra que la
force qui lui est demeurée appliquée fasse sur nouvel effort pour le retenir sur le poly-
gone et Pempeseher de s'en éloigner. Pascal.
( 543 )
Ce 2o juillet.
Monsieur ,
L'hypoténuse, qui, selon tous les géomètres, est incommensurable aux deux costés du
triangle, leur doit donc être égale : l'axiome d'Archimède, qui dit que deux côtés d'un
triangle sont plus grands qu'un troisième, seroit donc absolument faux, quoique la vérité en
soit démontrée dans la géométrie élémentaire (i).Un autre principe qui a de grandes utilités
dans le système dont je vous entretiens, c'est que (quand) les cercles sont égaux, les forces cen-
trifuges sont comme les quarrés des vitesses, parce que le globe qui a le double de vitesse
décrit deux fois son cercle, lorsque l'autre ne le parcourt qu'une fois, et chaque coup doit
être le double de l'autre puisque la vitesse est double. Il y a donc de la force centrifuge
comme quatre qui est le quarré de deux ou de la vitesse exprimée par ce nombre. Tel est
mon advis. Je suis, monsieur, votre bien affectionné. Pascal.
Ce Ier août.
Monsieur ,
Je vous ay dit que les forces centrifuges sont comme les quarrés des vitesses, parce que
le globe qui a le double de vitesse décrit deux fois son cercle, lorsque l'autre ne le parcourt
qu'une fois, et chaque coup doit estre double de l'autre puisque la vitesse est double. Si l'on
calcule exactement toutes ces forces, on y verra quelque petite différence. Le mobile qui a
delà vitesse comme deux frappe deux fois chaque point de sa circonférence, lorsque l'autre,
qui n'a de la vitesse que comme un, ne frappe qu'une fois les côtés infiniment petits de son
cercle. Chaque coup est double; il a donc dans ces chocs de la force comme quatre. Il par-
court deux fois son cercle, égal au cercle de l'autre. Voilà de la force comme deux, qui
ajouté à quatre donne six, qui de l'aveu de tout le monde n'est point le quarré de la
vitesse exprimée par deux. D'où il suit que les forces centrifuges de deux globes qui se
meuvent dans les circonférences de deux cercles différents ne sont pas entrelles comme les
quarrés des vitesses divisés par les rayons, puisque ce n'est qu'un corollaire de la précé-
dente. Je suis, monsieur, votre bien affectionné. Pascal.
Huygens h Pascal.
Ce 2 juin iG54 •
Vous me mandez qu'il faut multiplier la masse par le quarré de la vitesse. C'est-à-dire que
la quantité de mouvement d'un corps est proportionnelle au produit de sa masse par le quarré
de sa vitesse. Plus j'examine cette règle, monsieur, et plus il me paroît qu'elle renverse de
fond en comble tous les principes de la statique, de l'hydrostatique et de l'hydraulique, et
qu'elle contredit ouvertement les expériences les plus constantes sur ces trois belles parties
de la physique.
Vostre règle pour trouver la quantité de mouvement ne me paroît pas non plus pouvoir
se concilier avec les principes de la statique, de l'hydrostatique et de l'hydraulique, ni avec
l'expérience. Il faudrait donc, selon moy, bannir de la physique ces trois parties qui en sont
comme l'âme, ou ajuster à vostre règle un nouveau système qui coûterait peut-être plus qu'il
n'aurait de solidité. J'en parlois il y a quelque temps avec M. Barrow, qui semble partager
mon sentiment, ainsi que ceci est constaté dans la lettre qu'il m'a escrite à ce sujet. Vous
(i) Cette phrase se rapporte évidemment à une Lettre qui a précédé celle-là. Le destina-
taire de ces Lettres n'est pas indiqué.
( 544 )
serait-il agréable, monsieur, de nie donner de nouvelles observations à ce sujet. Ce seroitme
faire grand plaisir; ou m'esclaircir celles que déjà vous m'avez fournies; car peut-estre que
je ne les comprend pas bien. Je suis comme toujours, monsieur, vostre très-humble et très-
affectionné serviteur. Ch. Hdygens.
Huygens à Newton.
Ce 1 novembre.
Vous dites que pour déterminer la quantité de mouvement d'un corps, il faut multiplier
la masse par le quarré de la vitesse; c'est-à-dire que la quantité de mouvement d'un corps
est proportionnelle au produit de la masse par le quarré de la vitesse. Cette observation
m'avoit déjà été faite par feu M. Pascal à qui j'avois répondu. Plus j'examine cette règle,
monsieur, et plus il me paraît qu'elle renverse de fond en comble les principes de la statique,
de l'hydrostatique et de l'hydraulique. Par exemple, deux corps, A et B, dont le premier a
un degré de masse et quatre de vitesse, et le second quatre de masse et un de vitesse, seroient
dans tous les cas possibles en équilibre. Ils ont donc des quantités de mouvement égales. Je
vous demande avis sur cela. Je suis, monsieur, votre bien affectionné.
Huygens.
Huygens h Boyle.
Ce 18 may 1682. — Vous n'ignorez pas sans doute qu'il est des gens, et je pourrais les
nommer, qui après s'être emparés des travaux des autres, osent les mépriser. J'en connois
un, et vous le connoissez aussy, qui se plaist à déclamer contre la matière subtile de Des-
cartes, dont il est néanmoins nécessaire d'admettre l'existence, si l'on ne veut pas tomber
dans l'absurde du vuide.
Ce 22 août 1686. — Quand bien mesme les principes de Monsieur Newton émaneraient
entièrement de luy, nous savons l'un et l'autre qu'il n'en est pour ainsi dire que le parain,
quand bien mesme, dis-je, ils émaneraient entièrement de luy, je n'en suis pas entièrement
partisan.
II.
» Je passe à la Lettre de Sir David Brewster, dont je viens de prendre com-
munication à l'instant.
» Notre illustre confrère conteste de nouveau l'authenticité de mes
documents. Il m'avait demandé de lui envoyer une Lettre ou nue photo-
graphie. Je lui ai envoyé quatre pièces portant les quatre variantes que je
trouvais dans les signatures de Newton, savoir: Newton, I. Newton,
Is. Newton et Isaac Newton. Le savant géomètre, orientaliste et voyageur,
M. de Khanikof, qui se rendait à la réunion de l'Association Britannique
à Dundee, a bien voulu se charger de ces pièces. Sir David déclare qu'elles
diffèrent absolument de l'écriture de Newton et qu'elles sont l'œuvre d'un
faussaire qui n'a même jamais vu ni l'écriture ni la signature du grand
géomètre. 11 ne motive nullement ce jugement, se bornant à envoyer le
calque d'une Lettre de Newton. Mais heureusement, M. de Khanikof, à son
retour, hier, m'a fait connaître en détail les objections que la comparaison
( 545 )
des quatre pièces et de deux autres que j'avais aussi envoyées, avec les
Lettres de Newton que possède la Société Royale, a fait naître. Il m'a
remis le fac-similé d'une de ces Lettres que l'éminent professeur de l'Uni-
versité de Londres, et Secrétaire général de l'Association Britannique,
M. J. Archer Hirst, a pris la peine de faire.
» Voici les différences que les Lettres de la Société Royale, et notam-
ment \e fac-similé, ont présentées avec les six Notes comparées :
» i° Sur ces Notes, le cl est droit, tel que d, tandis que dans les Lettres
il est rond, ainsi qu'on le fait actuellement dans l'écriture cursive.
» a° Sur les Notes l'e a la forme] actuelle, et dans les Lettres c'est tou-
jours la forme de l'epsilon.
» 3° Le w de la signature, dans les Notes, a deux pointes, tandis que
clans les Lettres la seconde pointe est arrondie.
» 4° L'aspect général des Lettres diffère notablement des Notes.
» En outre, a-t-on dit : d'une part, les Notes so/it copiées d'une Lettre
de Newton à l'abbé Conti, et d'une réplique de Clarke, imprimées dans le
Recueil de Desmaizeaux; et, d'autre part, Newton n'écrivait jamais en
français; il ne lisait même le français qu'à coups de dictionnaire.
» Je dis aussitôt à M. de Khanikof que ces Notes étaient prises d'une
liasse de papiers relatifs à la querelle de Newton et de Leibnitz, que je mis
sous ses yeux; j'ajoutai qu'une partie de ces papiers se trouvait imprimée
dans le Recueil de Desmaizeaux; notamment la plupart des Lettres de
Leibnilz, la Lettre de Newton adressée à Chamberlayne, et les Notes pré-
parées par Newton pour sa longue Lettre à l'abbé Conti, ainsi que beau-
coup de Lettres confidentielles et de Notes de Newton adressées à Desmai-
zeaux et à Clarke, à qui il transmettait les instructions nécessaires pour sa
défense; que c'était ainsi que les Notes envoyées à Sir David Brewster se
trouvaient imprimées. J'ajoutai que cette manière de travailler, par une série
de Notes préparatoires, était en usage à cette époque, comme je le vois par
des Notes semblables très-nombreuses de Copernic, de Galilée, de Descartes,
de Bacon, etc., sans compter celles de Pascal, où se trouvent notamment
les nombreux fragments qui lui ont servi pour son écrit intitulé : De
l'esprit géométrique, et pour la description de la machine arithmétique.
» Quant à la lettre d, M. de Khanikof trouva dans la même liasse une
loule de Notes ayant indifféremment le cl rond des Mss. de Londres et le cl
droit des quatre Notes. C'est par un pur hasard que ces quatre Notes n'a-
vaient qu'un des deux d.
» L'epsilon ne se trouvait pas sur ces pièces. Là donc semblait naître
C. R., 1867, a« Semestre. (T. LX.V, N» 14. 7 '
( 546 )
une objection fondée. Mais une heure après, j'eus la visite de notre confrère
le R. P. Secchi, qui m'apportait la photographie d'une Lettre de Newton
que M. Soret, de Genève, et lui avaient eu la bonne pensée de faire à
Genève pour établir une comparaison avec mes documents. Cette Lettre,
écrite en latin, m'a offert aussitôt un aspect très-rapproché de mes Lettres,
différent donc du fac-similé anglais. Elle tient le milieu, en quelque sorte,
entre l'écriture anglaise et l'écriture française. Mais, de plus, la lettre e y a
les deux formes, c'est-à-dire y est indifféremment un i et un e français. Pré-
venu ainsi de cette variation dans la forme de l'e, je cherchai deux Lettres
écrites en anglais qui ne font pas partie de la collection des Lettres en ques-
tion. L'une porte une annotation de neuf lignes de la main de l'abbé Conti;
l'autre est un ordre de payement d'une certaine somme. Ces deux Lettres
sont bien authentiques ; j'v trouvai les deux formes de l'e. Ces Lettres diffèrent
donc à cet égard de celles de la Société Royale. Elles en diffèrent aussi par
l'aspect général. .
» Puis, dans une autre liasse de mes documents, je trouvai une série de
Lettres et Notes avec les deux formes de le, et plus fréquemment même
l'epsilon des Lettres de Londres. Ces pièces, que je mets sous les yeux de
l'Académie, se rapportent à une correspondance de Newton avec le Roi
Jacques II, sur laquelle je reviendrai plus loin. Enfin, je vois, dans ce
moment même, que les deux formes de le se trouvent aussi dans le fac-
similé communiqué par AI. Brewster.
» En résumé, mes documents contiennent le d des Lettres anglaises, et
les deux formes de l'e, dont une seule se trouve dans les Lettres de la
Société Royale, bien que les deuxse trouvent dans mes deux Lettres anglaises,
dans la Lettre transmise par M. Brewster, et dans la Lettre latine de Genève.
Il est loin de ma pensée d'en inférer le moindre doute sur l'authenticité des
Lettres de Londres.
» Une objection semblable à celle à laquelle je réponds dans ce moment
ma été faite au sujet des Lettres de Pascal. Notre confrère, M. Balard, nie
demande deux ou trois pièces qu'il désire comparer avec le Ms. des Pensées,
de la Bibliothèque impériale. Là, on lui fait remarquer que la lettre /'dans
le Ms. a un crochet, et qu'elle n'en a pas dans ces pièces, où elle est formée
de deux traits différents, l'un vertical à peu près, et l'autre horizontal. Voilà
donc une question qui paraît résolue : les pièces sont fausses. M. Balard
revient, il demande à revoir la liasse d'où ces pièces ont été extraites, et
aussitôt il en trouve un grand nombre qui ont la lettre f à. crochet.
» Ces exemples, qui montrent à combien d'erreurs s'exposeraient les
experts en écriture qui ne consulteraient que la forme de quelques lettres
( 547 )
tracées, à des années d'intervalle, ou même dans des temps rapprochés;
erreurs qu'on pourrait ne pas reconnaître si les experts n'avaient que
quelques pièces à leur disposition. Très-heureusement, c'est l'œuvre de
toute la vie, en quelque sorte, de Pascal et de Newton que je possède.
» Quant à l'aspect général d'une écriture dans deux langues, il peut
être très-différent. On en trouvera beaucoup d'exemples. Je possède
plusieurs Lettres de Bacon écrites en français et une en latin (celle-ci
signée Fr. S'-Alban) : elles diffèrent considérablement du fac-similé an-
glais qui se trouve dans le beau Recueil d'autographes publié à Londres
en 1829 par Ch.-J. Smith. Une Lettre de la reine Jeanne Grey, écrite en
français en i552, est absolument différente du fac-similé du même Recueil.
Dans mes Lettres de Cromwell, écrites en français au cardinal de Richelieu,
à la reine Christine, l'e a toujours la forme actuelle, excepté dans la signa-
ture Oliver Cromwell où il y a deux s ; or, dans le fac-similé anglais,
l'e est toujours s; le d est toujours droit dans les Lettres françaises, et
toujours rond dans le fac-similé. Dans les Lettres françaises de la reine
Henriette-Marie et dans deux Lettres du roi Charles II, écrites dans la nuit
qui a précédé sa mort, le t est toujours fait comme actuellement, et dans
le fac-similé anglais il est très-différent. Il peut donc arriver qu'une même
main fasse toujours certaines lettres de deux manières différentes dans deux
langues différentes. Cela expliquerait que le double w de Newton fût un
peu différent dans les signatures anglaises et dans les signatures françaises.
Du reste, je remarque quelques signatures où la différence n'existe pas.
» On ne peut donc point conclure de l'aspect différent des lettres de
Newton écrites en anglais, en latin et en français, que ces dernières ne sont
point authentiques, ainsi que paraissent l'avoir fait les personnes dont Sir
David Brewster invoque le jugement (1).
» On a douté que Newton écrivit ou lût facilement le français. Cepen-
dant sa Lettre à Chamberlayne du Recueil de Desmaizeaux (t. II, p. 125;
3e édition) commence ainsi : « Je n'entends pas assez à fond la langue fran-
» çaise, pour sentir toute la force des termes de la Lettre de M. Leibniz ;
» mais je comprends qu'il croit que la Société Royale et moi, ne lui avons
» pas rendu justice. »
» J'ai dit ci-dessus que l'original de cette Lettre en français se trouve
parmi mes documents.
(1) M. de Khanikof a bien voulu me dire qu'il existe à Saint-Pétersbourg un Recueil de
Lettres de Voltaire, dont une, écrite en anglais, diffère tellement des autres, qu'on est tou-
jours porté à croire qu'elle n'est pas de la même main.
71..
( 548 )
» Dans une Lettre à Desmaizeaux, rapportée ci-après (Documents A),
Newton dit qu'il envoie plusieurs Notes qu'il a traduites en français.
» Dans une autre Lettre à Desmaizeaux (Documents C), il envoie encore
des Notes traduites en français.
» Dans une Lettre à un ami, et à qui il envoie des préceptes de voyage,
il dit que chaque fois qu'il trouve l'occasion de parler ou d'écrire en fran-
çais, il le fait pour se mieux familiariser avec cette langue (Documents B).
» Enfin nous citerons une Lettre d'Aubrey à Pascal, qui dit que le jeune
Newton entend déjà plusieurs langues, la française surtout (Documents B).
» Est-il nécessaire-d'ajouter que Newton aurait été honteux de ne pas écrire
en français, à une époque où tous les savants, et ses compatriotes notam-
ment, se servaient de cette langue?
III.
» Sir David Brewster a inséré, dans Y Athœneum du 28 septembre, une
Lettre datée des 17 et 26 septembre, dans laquelle il dit que les prétendues
Lettres de Newton ont dû être fabriquées après la publication du General
Dictionaiy, ou après l'année 1 84 1 , quand le Macclesfied Conespondence of tlie
scientific men du professeur Rigaud a paru. Il se fonde sur ce que c'est dans
ces ouvrages que le faussaire a dû connaître les quatre signatures de Newton.
» Cet aveu est précieux. Car il faut admettre qu'en très-peu de temps,
eu égard à son œuvre immense, le faussaire a pu composer une masse de
documents scientifiques, littéraires, historiques, philosophiques, etc., s'éten-
dant sur la vie des hommes les plus éminents du XVIIe et des premiers temps
du XVIIIe siècle. Il faut admettre, en outre^ que ce faussaire a pu se procu-
rer, et cela au moment même où il en avait besoin, une quantité considérable
de papiers de ces époques. Car presque toutes les Lettres, sinon tous les
petits carrés de papier sur lesquels sont les Notes de Pascal et de Newton,
ont des marques ou filigranes très-apparents, quelquefois d'une grande
étendue, notamment sur les Lettres de Pascal.
» La conclusion de notre illustre confrère ne paraîtra-t-elle pas la réfu-
tation de ses raisonnements antérieurs, et un argument en faveur de l'au-
thenticité de mes documents? carsi le faussaire n'a pu connaître les quatre
signatures que depuis 1 84 1 > il faut qu'elles soient l'œuvre de Newton lui-
même.
IV.
» Je rappellerai encore, en terminant, que je possède beaucoup d'autres
documents, émanés de Newton lui-même, ou dans lesquels se trouvent son
nom et des preuves des relations qu'il a eues avec Pascal.
( "49)
» D'assez nombreuses Lettres lui ont été adressées par le Roi Jacques II,
en résidence à Saint-Germain. Je rapporterai quelques pièces de cette cor-
respondance qui ne sont pas sans intérêt (Documents C).
» Je produirai aussi quelques Lettres de Pascal à Gassendi, qui montrent
avec quelle sollicitude, et je puis dire avec quel bonheur, en vue du pro-
grès des sciences, i! prodiguait ses conseils et les résultats de ses propres
recherches au jeune étudiant de Cambridge [Documents D).
» J'ai montré que de nombreuses preuves des relations qui ont existé
entre Pascal et Newton se trouvent aussi dans de nombreuses correspon-
dances traitant de matières très-diverses. Saint-Évremond, par exemple,
entretient Labruyère des poètes anglais, telle autre personne d'autres sujets ;
envoie des papiers de Shakspere à Molière, qui l'avait prié de rechercher
s'il ne restait rien de ce grand génie, ce qui donne lieu à une série de
Lettres sur ce poète « à la langue de miel, connu de tout le monde, et dont
» la vie privée est encore ignorée », dit Saint-Évremond.
» Si les géomètres regrettent de trouver quelque tache dans la vie de
Newton, les admirateurs de Shakspere se réjouiront, au contraire, des révé-
lations de Saint-Evremond.
Documents A.
Newton à Desmaizeaux.
Ce 9 mars.
Déjà je vous ay fait connoistre divers escrits, lettres et notes que j'avois envoyé soit à
M. Clarke, soit à M. l'abbé Conti et à M, de Saint-More et autres, relativement à mes dé-
bats et discussion avec M. Leibniz. Voicy encore de nouveaux escrits, que je vous envoyé
comme vous m'en avez tesmoigné le désir, persuadé que vous leur ferez bon accueil ; et je
nie persuade aussy que vous me servirez favorablement chaque fois que vous en aurez l'oc-
casion. Vous me ferez grand et agréable plaisir. Sur ce, je suis comme toujours, Monsieur
Desmaizeaux, votre bien affectionné. • Isaac Newton.
N". Je vous ay traduit moy même toutes ces lettres et notes afin de vous éviter la peine
de le faire, quoique je sache que vous estes fort initié à nostre langage. C'est parce que je
scay que vous aymez vostre langue.
à Monsieur Desmaizeaux.
Newton à M. Clarke.
Ce 6 mars.
Monsieur,
Vous trouverez ci-joint un bon nombre de Notes que vous pouvez vous servir pour la
réplique à faire à M. Leibniz. Je vous les recommande et vous prie les avoiren bonne con-
sidération. Je vous seray très-obligé de garder ces Notes sous le scel du mystère, jusqu'à un
certain temps, car je ne voudrois point que l'on scut que cette réplique vient de moy. Veuillez
donc, je vous prie, la rédiger de manière qu'elle vienne tout à fait de vous; enfin en faire
vostre œuvre, et je vous en seray très-obligé. Je suis, Messieurs, vostre très-humble et très-
affectionné amy. Isaac Newton.
( 55o )
Samedi. — Monsieur, faut répliquer à M. Leibniz que toute action consiste à donner
une nouvelle force aux choses sur lesquelles elle s'exerce
Vous trouverez ci-joint diverses Notes que devez aussy vous servir pour répliquer à ce
mesme escrit de M. Leibniz. Je me repose donc sur vous; et bien reconnaissant vous seray
toujours de ce que voulez bien vous charger de ma défense, et vous prie estre assuré de
mon affection. Cette Lettre et les Notes vous seront remises par un amy de moy, Monsieur
Desniaizeaux, avec lequel je vous prie de vous entretenir. C'est un François exile et réfugié
en Angleterre puis longtems, et qui pourra vous fournir des renseignements sur une foule
de choses, car il connoît beaucoup. C'est un homme de grand mérite et qui possède une
jolie bibliothèque et un cabinet fort riche.
Ce mardi soir. — Monsieur, voicy ce dont vous devez encore répondre à M. Leibniz. Si
par le terme de forces naturelles on entend icy des forces méchaniques, tous les animaux,
sans excepter les hommes, seront de pures machines, comme une horloge
Mardy. — Monsieur Clarke, vous pouvez encore mettre dans vostre réponse à M. Leibniz
que quoique deux choses soient parfaitement semblables, elles ne cessent pas d'eslre deux
choses
Note pour M. Clarke, affin de réponse à Leibniz. — i .2. La doctrine que l'on trouve icy
conduit à la nécessité et à la fatalité
Note pour M. Clarke, touchant un escrit de M. Leibniz. — 3.4. Si le raisonnemeni que
l'on trouve icy étoit bien fondé, il prouveroit que Dieu n'a crée aucune matière, et mesme
qu'il est impossible qu'il en puisse créer
Note pour la réplique à faire à M. Leibniz. — Dans une Lettre du 12 mai 16^6. . . .
Documents B.
Ce 2 septembre. — Vous désirez sçavoir de moy la inarche qu'il seroit bon de suivre dans
un voyage qn'avez dessein d'entreprendre. Je vais vous donner là-dessus mes instructions;
et permettez à moy vous les escrire en françois ; car je sçay que vous maniez bien cette
langue, et c'est grand plaisir pour moy de l'escrire, attendu que ce sont des François qui
les premiers m'ont initié le culte des sciences, comme déjà l'ay dit à vous; et chaque fois
que je trouve occasion de parler ou d'escrire en ce langage, je le fais pour mieux y familia-
riser moy : celuy qui me donna ces préceptes étoit homme de bon sens.
» Ces préceptes sont ceux que Newton donne aussi à Aston, dans une
Lettre écrite en anglais, rapportée par M. Brewster dans sa biographie
de Newton ; et encore à une troisième personne, dans une Lettre que je
possède. Les préceptes étaient de Pascal, et se trouvent sur six Notes de sa
main.
Aubreï h Pascal.
Ce 20 may.
Dernièrement j'ay reçu la visite de M. Barrow et du jeune Newton vostre protégé qui est
enchanté d'avoir fait vostre connoissance, et m'en a tesmoigné toute sa gratitude, puisque
j'ay un peu contribué à cette liaison, et je m'en estime heureux à cause de ce jeune homme
qui véritablement annonce des dispositions pour les sciences que je n'ay jamais remarqué
( 55i )
chez aucun autre enfant. II observe tout et cherche à approfondir toute chose : il est tres-
attentif à tout ce qu'on dit et ce qu'on fait, et quoique jeune encore il soutient fort bien la
conversation. 11 entend déjà plusieurs langues, la françoise surtout, et il la parle très-cor-
rectement. Nous nous sommes longement entretenu de vous. Je luj* ay dit que je vous es-
crirois, et m'engagea de le faire au plustost et de vous renouveller le tesmoignage de sa
reconnoissance et de vous engager à luy continuer vostre amitié et vos bons conseils qu'il
reçoit toujours avec grand plaisir et qu'il taschera de les mettre à profit. Soyez en mesme
temps assuré, Monsieur, de mon affection extrême; et de vous suis le très-humble servi-
,eilr- Jo. Aubrey.
Documents C.
Le Roi Jacques II à Newton .
A Saint-Germain, ce la janvier [68g.
Monsieur Newton, j'ay reçu vostre lettre l'autre hier. Je suis bien aise que vous conveniez
de vos relations avec feu M. Pascal. Du reste vous ne pouviez le nier, car on a icy des
lettres de vous à cet auteur, qui prouverais le contraire. Madame Perrier, sœur de Pascal,
les a encore. Du reste aussy on m'a asseuré que vous estiez bien au fait de ce qu'on disoit
en France à ce sujet. Quoy qu'il en soit, un jour que je me trouvois encore seul avec le Roy
de France, il a fait revenir la conversation sur cette affaire; ce qui me tesmoigne qu'il l'a à
cœur. J'ay fait tout ce qui dépendoit de moy pour vous excuser de cette expression dont
vous vous estiez servy vis-à-vis de Pascal. Je croy que vous feriez bien de la rétracter par
quelque moyen. Cela pourrait peut-estre appaiser les esprits. Car, croyez-moi, monsieur
Newton, les scavans de France sont tellement convaincus que Pascal s'estoit occupé avant
vous de ce dont vous parlez, qu'ils ne vous en donneront jamais le mérite. Il est resté des
preuves de cela entre les mains de plusieurs personnes à qui Pascal en avoit fait part. Il y a
donc apparence que vous serez repris. Je scay mesme une personne que je pourray vous
nommer si vous le desirez, qui prépare un travail à ce sujet. Je ne vous en dis rien plus
aujourd'huy. Veuillez m'écrire, s'il vous plaît, et sans nulle cérémonie. Car, comme déjà je
vous l'ay dit, cette manière m'est plus agréable avec vous; et croyez toujours à mon amitié.
Jacques R.
A Saint-Germain, ce iG janvier |685.
Monsieur,
Il y a quelques jours, j'avois préparé pour vous une lettre, lorsqu'on vint m'apporter la
vostre, ce qui m'obligea d'en escrire une nouvelle. Par l'une et l'autre de ces lettres je vous
entretenois des bruits qui circulent contre vous, non-seulement parmv les scavans français,
mais aussy à la cour, au sujet du mépris que vous avez cherché à jetter sur Pascal, qui est
un scavant fort estimé en France. Je vous engageois d'atténuer, s'il vous estoit possible, ces
bruits qui sonnent mal à mes oreilles et me font grand déplaisir, non-seulement à cause de
moy, mais aussy de l'intérêt que je vous ay toujours tesmoigne. On est outré contre vous,
et on ne peut s'expliquer pourquoy vous avez cherché à denier vos relations avec M. Pascal,
qui estoient, dit-on, si amicables, ainsy qu'on en a retrouvé les preuves parmy les papiers
de cet autheur mis en ordre par sa sœur, madame Perrier, et qui sont aujourd'hui entre les
mains de M. l'abbé Perrier. Icy je rectifie une erreur qui m'est échappée dans ma précédente
lettre. Je vous disois que ces preuves estoient encore entre les mains de madame Perrier.
f 55a )
C'est entre les mains île M. l'abbé Perrier que j'ay voulu dire.Quoy qu'il en soit, je vous le
repette, monsieur, on est très-irrité contre vous du mépris que vous avez voulu jeter sur
cet aulheur. Tachez donc d'atténuer cela s'il se peut. Car, je vous le repette, les propos
sonnent mal à mes oreilles. Je vous prie de me répondre le plustost possible.
Jacques R.
Newton à Desmaizeaux.
Mardy soir.
Monsieur et cher Desmaizeaux ,
J'ai reflechyet me suis enfin décidé a escrire au Roy de France pour m'excuser des expres-
sions dont je me suis servy dans ma lettre à M. Huygens, il y a quelques années, et qu'il a
eu la maladresse de communiquer. Du reste, vous le scavez vous mesme, je ne pensois pas
injurier si gravement Descartes et Pascal en cette lettre, et j'estois loin de croire que le corps
scavant françois en pouvoit estre offensé, et encore bien moins le Roy Louis XIV. Quoi qu'il
en soit, je tiens à m'excuser auprès de cette majesté, et j'ay pour cela préparé un projet de
lettre que je viens vous soumettre, pour que vous disiez à moy si elle est dans les conve-
nances. Car j'ignore les usages françois. Je vous communique aussy une douzaine de Notes
touchant le système du Monde, que j'ay translaté en françois pour les envoyer au Roi Jacques
qui m'atesmoigné le désir de les avoir en cette langue pour en faire part, m'a-t-il dit, à M. de
Colbert, qui se pique d'estre un scavant, à ce qu'on assure (i). Je vous prieray m'en dire
vostre advis. 11 n'est pas nécessaire que je vous envoyé mon texte original. Vous avez sans
doute encore la copie que je vous en remis autrefois. Lorsque vous aurez examiné tout
cela, venez me l'apporter vous-mesme, je prie vous, parce que je désir m'entretenir avec
vous. Tous ces bruits, ces propos m'inquiètent. J'avois pensé que la mort de Mrs. Rohault,
Clerselier, Mariotte auroit mis du calme dans les esprits en France sur cette affaire. Il n'en
est rien. Je ne suis pas esloigné de croire que M. Flamsteed est pour quelque chose en tout
cela. Avez-vous reçu des nouvelles du Père Malebranche? Je vous prieray m'en faire part.
En attendant le plaisir de vous voir, je suis comme toujours, Monsieur, vostre bien affec-
tionné Is. Newton.
Newton au Roi de France.
A sa majesté le Roy de France.
Sire,
Il est vray que dans une lettre adressée par moy à M. Huygens, il y a quelques années, en
luy parlant de Descartes et de Pascal, je me suis servy de certaines expressions qui ont pu
déplaire aux scavans de France et que vostre majesté en a aussy esté offensée, ainsy que le
Roy Jacques me l'a tesmoigne en une de ses lettres. Aussy je m'empresse de rétracter ces
expressions que je ne scavois estre aussy blessantes, ignorant la valeur de certains mots
françois; et j'espère que Vostre Majesté voudra bien m'excuser en faveur de cette ignorance
et de mon sincère repentir. Car je veux bien l'avouer à Vostre Majesté, je ne dois que des
louanges à Pascal, et je m'estime très-heureux d'avoir eu, alors que j'estois jeune encore,
quelques relations avec luy, et dont aujourd'hui je n'ay qu'à me féliciter.
( i ) Il s'agit sans doute ici de l'abbé de Colbert (1654-1707), frère du ministre, archevêque
de Rouen, membre de l'Académie française et de celle des Inscriptions.
( 553 )
Sire, sur ce je prie Dieu vous donner en santé bonne et longue vie, et prie Vostre Majesté
estre bien assurée que je suis, d'elle, le très-humble et très-obéissant serviteur.
Isaac Newton.
» Louis XIV envoya cette Lettre à M. l'abbé Bignon, en l'invitant à
prendre des informations et à lui en rendre compte. L'abbé Bignon écrivit
à Newton qtie le Boi agréait ses excuses et lui en témoignait sa gra-
titude.
» Je possède la Lettre du Boi à l'abbé Bignon et la minute de la Lettre
à Newton, sur laquelle on lit : Vu 6on, de la main du Boi. Je possède aussi
une Lettre de Huygens qui explique à Newton comment Cierselier avait vu
dans ses papiers la Lettre contenant les expressions sur Descaries et Pascal,
qui lui causent maintenant une polémique si ardente. Il conseille à Newton
de rétracter ses paroles.
Documents D.
Pascal h Gassendi.
Ce 20 avril 1654.
Monsieur,
Un jeune estndiant anglois nommé Isaac Newton m'envoya nagueres divers mémoires ma-
nuscrits, dont l'un traité du calcul de l'Infini si sciemment que l'on diroit plustot l'œuvre
d'un homme expérimentant depuis longtemps la science des mathématiques, que d'un jeune
élève à peine sorti de l'enfance. On voit par les divers mémoires qu'il m'a envoyés et les
diverses questions qu'il m'a posées et soumises pour en avoir mon ad vis (1), qu'il a déjà lu
et estudié avec soin et Kepler et Descartes, et qu'il est parfaitement pénétré de leur système.
Ses observations sont si sensées et si subtiles qu'elles m'ont porté à la réflexion, et qu'elles
m'ont donné l'idée de faire de nouvelles expériences, desquelles je vous feray part. Ce sera,
monsieur et cher Gassendi, si vous voulez bien me le permettre, l'objet de quelques nou-
veaux entretiens entre nous. Je suis, monsieur, votre bien affectionné. Pascal
à M. Gassendi.
Ce 24 janvier i655.
Monsieur,
Je vous ai déjà entretenu autrefois d'un jeune estndiant anglois nommé Isaac Newton qui
m'avoit soumis quelques mémoires sur le calcul de l'Infini; sur le traité du système des
tourbillons et sur l'équilibre et la pesanteur des liqueurs, etc., dans lesquels mémoires
j'avois trouvé des trails de lumière si sensés et si subtiles, que j'en élois resté tout stupéfait,
au point que je ne pouvois croire que ces travaux me vinsent d'un jeune homme encore
studiant. En ayant esté assuré par nostre amy Mr Boyle, alors je m'empresse de répondre à
ce jeune scavant; et comme il m'a tesinoigné le désir de faire vostre connoissance dans la
(1) On a vu, par une Lettre de Desmaizeaux à Fontenelle ( Comptes rendus, p. 384), rIue
les Lettres et Questions étaient dictées par le professeur; j'en possède d'autres preuves émanées
de Newton lui-même.
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, IN° 14.) 72
( 554 )
dernière lettre qu'il m'a écrite, et de vous faire parvenir une lettre qu'il vous destine, je vous
l'envoyé et vous recommande ce jeune scavant comme une jeune plante qu'il faut cultiver
avec soin dans l'intérest de la science. Je vous envoyé aussi diverses notes fruit de mes ob-
servations depuis quelque temps, que je vous prie avoir pour agréable. Je suis comme
toujours, monsieur et cher Gassendi, vostre bien affectionné Pascal.
Cc4may (i655?).
Monsieur,
Le jeune Isaac Newton dont je vous ay déjà entretenu autrefois comme estant d'un génie
extraordinaire, parce que sans avoir appris les premiers éléments des sciences en raisonnoit
en s,cavant fort expérimenté. Ce jeune scavant, dis-je, qui n'a pas plus de douze ou quinze ans,
vient d'estre placé dans l'université de Cambridge, ainsi qu'il me l'a escrit. C'est ce que je
l'avois conseillé de faire. Car il m'étoit pénible de voir un jeune homme ayant de si bonnes
dispositions pour les sciences rester à végéter dans une école inférieure. C'est vraiment un
génie extraordinaire, m'a-t-on assuré. Lorsqu'on luy mit entre les mains les Elémens d'Eu-
clide il les trouva si faciles qu'il les lut luy roesme rapidement et sans contention. Un seul
coup d'oeil sur l'énoncé des théorèmes a suffi pour qu'il en eut compris les démonstrations.
Je luy ay indiqué des ouvrages plus difficiles à entendre, et j'attens de luy une réponse
qui ne se fera sans doute pas iongtemps attendre; car il est impétueux de scavoir. Je vous
feray connoistre ses nouvelles observations. Je suis, monsieur, vostre très-humble serviteur.
Pascal.
« M. Duhamel admet bien que Pascal a pu énoncer comme Hook, Wren
et Halley, la loi de l'attraction universelle, mais non la démontrer. Newton
le reconnaît pour les trois derniers, et il n'aurait eu aucun intérêt à ne pas
le reconnaître pour Pascal, s'il avait reçu de ce dernier, communicalion de
cette même loi. Mais, pour la démontrer, il a fallu que Newton découvrît
le principe des aires, et ensuite la formule qui donne l'expression des forces
centrales, au moyen d'infiniment petits dépendant de la nature de la trajec-
toire. Or, on ne trouve rien qui ait rapport à ces importantes propositions,
ni dans aucun ouvrage antérieur au Livre des Principes, ni même dans les
Lettres attribuées à Newton; on doit donc en conclure que Pascal aurait
affirmé des choses qu'il ne pouvait prouver, ou que ces Lettres ne sont pas de lui.
M. Duhamel ne juge pas à propos de reproduire tout ce qu'il a établi dans
les discussions précédentes. Et quant à la multitude de Lettres de Montes-
quieu, Labruyère et plusieurs autres, elles prouveraient tout au plus qu'il
y a eu une correspondance entre Pascal et Newton et n'apprendraient rien
sur les propositions qui auraient été communiquées à Newton enfant, et
dont Pascal n'aurait parlé à aucun des géomètres français avec lesquels il
était en relation, parmi lesquels on peut citer particulièrement Roberval et
Fermât.
« C'est donc par la considération des choses mêmes contenues dans ces
( 555 )
Lettres, et non par une discussion d'experts, que M. Duhamel arrive à cette
conviction qu'elles ne peuvent être de Pascal. »
« M. Le Verrier rappelle que, dans la première séance qui suivit la pu-
blication des pièces astronomiques attribuées à Pascal, il exprima sa surprise
que la masse de Jupiter ainsi produite fût identique avec celle qui a été
établie plus tard par Newton et par Laplace, en se fondant sur une même
donnée qui n'était pas en la possession de Pascal, savoir, des observations
de Pound. Cette objection, développée par M. Grant et étendue par lui
aux masses de Saturne et de la Terre, ainsi qu'à la pesanteur à la surface
des corps célestes, semble avoir pris ainsi une importance décisive : il
paraît démontré qu'une partie des pièces astronomiques attribuées à Pascal
ne sont réellement pas de lui.
» Mais doit-on en conclure que toutes lespièces présentées par M. Chasles
manquent également d'authenticité? La conséquence serait, quant à pré-
sent, exagérée. Il se peut que dans la masse des documents venus en la
possession de M. Chasles, il s'en trouve un certain nombre qui soient réel-
lement de l'auteur des Pensées, et que, dans l'espoir coupable d'un gain illi-
cite, et à l'aide des documents véritables qu'on possédait, on en ait fabriqué
et ajouté une certaine quantité d'autres, ce qui rendait la supercherie dif-
ficile à découvrir au premier abord.
» M. Le Verrier prend la liberté de demander à son éminent confrère
M. Chasles de ne pas repousser cette manière de voir sans un nouvel exa-
men. Une expertise bien régulière des documents par des hommes spéciaux
pourrait jeter un jour sur cette question en faisant connaître s'il y aurait
effectivement dans les pièces un triage à opérer. »
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur l'aldéhyde mètlrylique; par M. A.-W.Hofmann.
« L'aldéhyde de la série méthylique n'existe pas ; les traités de chimie
l'affirment et moi-même, en bon professeur, je l'ai toujours ainsi enseigné
depuis vingt ans à mes élèves. Il n'est peut-être pas très-étrange qu'on n'ait
pas tenté plus d'efforts pour arriver à faire la connaissance de ce corps,
après le tableau de main de maître que Liebig a tracé de l'aldéhyde par
excellence, tableau dans lequel tous les membres de la série des aldéhydes
se trouvent indiqués d'avance. Cette substance, on ne saurait le mécon-
naîtrej présente cependant à plusieurs points de vue différents un très-
grand intérêt. Terme des plus simples de la série monocarbonique, occu-
pant une place intermédiaire entre le gaz des marais et l'acide carbonique,
72..
( 556 )
lien de transition entre l'alcool méthylique et l'acide formique, à la fois
aldéhyde ou acétone, suivant la manière dont, on l'envisage, la combinai-
son CH20 fait sauter aux yeux un ensemble de relations bien plus com-
plet qu'aucun autre aldéhyde des séries supérieures. Mais indépendamment
de ces titres qu'elle a toujours eus à notre attention, la méthylaldéhyde la
réclame aujourd'hui pour une nouvelle raison. La méthode adoptée pour
l'exposition de la chimie organique, les nécessités de son enseignement tel
qu'on le conçoit maintenant, ont créé cette obligation à laquelle on ne
peut se soustraire, de prendre pour point de départ la série méthylique. Le
représentant le plus simple des aldéhydes acquiert par ce fait une impor-
tance prépondérante, il devient le pivot de considérations importantes, et
son absence constitue pour tous ceux qui ont à professer cette science une
lacune vraiment douloureuse.
» Le besoin que j'ai éprouvé dans mes leçons de développer la notion
du genre aldéhyde, au moment même où j'aborde la série monocarbo-
nique, m'a fait faire dans ces dernières années plusieurs tentatives pour
obtenir la méthylaldéhyde. C'est pendant cet été seulement que les expé-
riences entreprises dans ce but ont atteint le résultat désiré.
» L'aldéhyde méthylique se forme avec une facilité très-grande lorsqu'on
dirige un courant d'air atmosphérique chargé de vapeurs d'alcool méthy-
lique sur une spirale de platine incandescente.
)> Le fond d'un flacon à trois tubulures, d'une capacité de deux litres,
est rempli jusqu'à une hauteur d'à peu près 5 centimètres avec de l'alcool
méthylique modérément chauffé. A la première tubulure est adapté, au
moyen d'un bouchon de liège, un tube qui vient affleurer la surface du
liquide; dans la seconde entre à frottement doux un bouchon de liège
porteur d'une spirale en platine qui descend presque jusqu'au niveau du
liquide; la troisième tubulure enfin communique avec un condensateur de
Liebig dont l'extrémité inférieure s'emmanche dans un récipient à deux
tubulures. Ce récipient, par sa seconde tubulure, est en communication
avec une série de flacons laveurs. Le dernier de ces flacons est muni d'un
robinet aspirateur par le moyen duquel on peut à travers tout le système
de l'appareil déterminer le passage d'un courant d'air.
» L'appareil ainsi disposé, on chauffe la spirale de platine jusqu'à ce
qu'elle soit au rouge blanc, et on l'introduit dans le flacon à trois tubu-
lures. Au bout de quelques instants à peine, la combustion lente de l'alcool
méthylique se révèle par la production d'une vapeur qui affecte vivement
la vue et l'odorat; en même temps tout l'appareil s'échauffe, et bientôt
( 557 )
quelques gouttelettes se condensent dans le récipient. La formation de la
méthylaldéhyde est dès ce moment en bonne voie, et si l'on a eu soin de
régler convenablement le courant d'air, la spirale de platine reste incandes-
cente pendant des heures et même des journées entières, et l'on peut, sans
difficulté, recueillir 5o ou ioo grammes d'un liquide très-riche en al-
déhyde méthylique.
» Au lieu de déterminer le courant d'air au moyen d'un robinet aspira-
teur, on peut se servir simplement, d'un bon soufflet; j'ai employé avec
avantage celui d'une lampe d'émailleur. Ce dernier mode satisfait parfaite-
ment aux exigences d'un cours. On a surtout besoin dans ce cas, en effet,
d'être tout à fait maître du courant d'air, de pouvoir l'activer ou le ralentir
à son gré; un simple mouvement du pied plus ou moins accéléré suffit pour
cela, et permet de maintenir la spirale vivement incandescente dans toute
sa longueur. Il m'est arrivé cependant, en opérant ainsi, de voir le mélange
gazeux du flacon faire explosion, mais tout le dommage s'est réduit à ce
que le bouchon qui porte la spirale a été projeté en l'air.
» Le liquide qui s'est condensé dans le récipient possède toutes les pro-
priétés que la théorie assignait à l'aldéhyde de la série méthylique, ou, à
plus proprement parler, à sa solution méthylalcoolique. Rendu faiblement
alcalin par quelques gouttes d'ammoniaque, et additionné de nitrate argen-
tique, il fournit, sous l'influence d'une chaleur très-douce, un miroir sans
défauts, et qui se forme, s'il est possible, plus facilement et plus sûrement
qu'avec l'aldéhyde éthylique. La réduction du nitrate d'argent se produit
dans ce cas en vertu de deux actions successives : l'aldéhyde se transforme
d'abord en acide formique, et l'acide formique se change lui-même ensuite
en acide carbonique. Si on a la précaution de prendre un petit appareil,
muni d'un tube abducteur, pour effectuer la réaction, la seconde phase se
manifeste clairement par un dégagement d'acide carbonique. L'évolution de
ce gaz est tout à fait caractéristique de l'aldéhyde méthylique, aucun autre
n'est susceptible de se brûler entièrement dans une réaction de ce genre.
» En chauffant la solution méthylalcoolique d'aldéhyde méthylique qui
se trouve dans le récipient avec quelques gouttes de potasse, la liqueur par
l'ébullition se trouble, acquiert une coloration jaunâtre, et bientôt on voit
se séparer des gouttelettes huileuses d'un brun jaunâtre, qui sont douées à
un très-haut point de l'odeur de la résine éthylaldéhydique.
» Quoiqu'il ne fût pas possible, après les constatations que je viens de
rapporter, de pouvoir conserver le plus léger doute sur l'identité du corps
ainsi obtenu avec la méthylaldéhyde, il était néanmoins nécessaire de faire
( 558 )
quelques déterminations numériques pour fixer sa composition. Le com-
mencement des vacances me laissant peu d'espoir d'arriver à préparer une
assez grande quantité de matière pour pouvoir obtenir à l'état de pureté
cette aldéhyde, qui doit être ou gazeuse ou extrêmement volatile, j'ai
dû me contenter de transformer cette substance en un de ses dérivés carac-
téristiques, accessible à l'analyse. Le peu de solubilité et le grand pouvoir
cristallin qui distinguent la sulfaldéhyde éthylique devaient diriger mon
attention sur le corps sulfuré correspondant.
» Lorsqu'on fait passer à travers la solution méthylalcoolique de celte
aldéhyde un courant d'hydrogène sulfuré, elle se trouble au bout de quel-
ques instants, par suite de la séparation de gouttelettes huileuses possé-
dant une odeur alliacée; si on laisse le liquide saturé d'acide sulfhydrique
reposer quelques heures, le trouble augmente et ces gouttelettes se ras-
semblent à la partie inférieure du flacon. En mélangeant alors la liqueur
avec -j volume d'acide chlorhydrique, et la chauffant à l'ébullition, elle
commence à s'éclaircir et se prend, par le refroidissement, en une splen-
dide masse d'aiguilles enchevêtrées et d'une blancheur éblouissante.
» Ces cristaux fondent à 218 degrés; ils se volatilisent sans décompo-
sition ; ils sont peu solubles dans l'eau, et davantage dans l'alcool. L'éther
est leur meilleur dissolvant. Pour les besoins de l'analyse, afin de les sé-
parer du soufre qu'ils auraient pu retenir, on les a fait recristalliser dans
l'eau. Les nombres obtenus démontrent clairement qu'ils constituent,
comme on devait d'ailleurs s'y attendre, le sulfaldéhyde de la série nié-
thylique
CH2S.
» La production de ce corps prouve, à son tour, que le composé oxygéné
correspondant existait dans la liqueur méthylalcoolique dans laquelle
nous avons fait passer l'hydrogène sulfuré.
» Par la découverte de la méthylaldéhyde et de son dérivé sulfuré, la
série méthylique reçoit un renfort qui sera, je n'en doute pas, le bienvenu
pour les chimistes. En effet, il suffit d'un coup d'œil jeté su. le tableau
suivant pour voir comme les deux nouveaux corps viennent heureusement
s'intercaler entre le gaz des marais d'un côté, l'acide carbonique et le sul-
fure de carbone de l'autre :
Gaz des marais CH=H- Hydrogène protocarboné.
Aldéhyde méthylique... CH20 CEPS Sulfaldéhyde.
Acide carbonique COO CSS Sulfure de carbone.
( 559 )
m Je me propose de reprendre, l'hiver prochain, l'étude détaillée de ces
deux corps. »
météorologie. — Réponse aux nouvelles remarques de M. Radau (i)
sur le baromètre statique; par le P. Secchi.
« Dans ma dernière communication sur le baromètre statique [Comptes
rendus, 9 septembre 1867), j'ai relevé l'inexactitude de la formule de
M. Rndau, relative à l'équilibre du baromètre à flotteur, en supposant tou-
jours que le sens du mot section pleine du manchon employé par lui était
celui de la section de la partie pleine. Mais d'après sa dernière déclaration,
il paraît que je me suis trompé, car il entend par cela aussi la partie vide
centrale. Cela étant, sa formule est exacte, et ma remarque n'a plus de raison
d'être; elle n'aura cependant pas été inutile, car elle a donné lieu à une
explication indispensable.
» Mais M. Radau conteste à son tour l'exactitude de la déduction de ma
formule; il prétend qu'elle offre un cercle vicieux, et soutient que la con-
stance du niveau dans la cuvette du baromètre ne peut se déduire que de
sa théorie. Je suis d'un avis contraire. Celte constance du niveau n'a besoin
d'être démontrée par aucune formule : elle résulte seulement de ce prin-
cipe bien évident que, puisque l'équilibre n'est établi que par une portion
du manchon qui s'enfonce pour se substituera une portion du liquide passé
dans le tube, les volumes de l'un et de l'autre sont égaux, et conséquem-
ment le niveau de la cuvette ne doit pas changer. Du reste, je n'ai jamais
contesté cette propriété dans le baromètre à manchon, mais seulement
clans le baromètre à peson, où, en effet, l'équivalence dépend d'un autre
principe.
» Pour le baromètre de Maguire, M. Radau prétend maintenant avoir
prouvé lui-même qu'il était réalisable; mais alors on peut dire : Pourquoi
est-on venu nous le proposer comme ayant un droit de priorité sur les
inventions modernes?
» Quant au baromètre de Morland avec levier à bras égaux, M. Radau
n'hésite pas à déclarer que je suis dans l'erreur en contestant qu'il soit réa-
lisable avec le tube élargi à la partie supérieure. Et, pour démontrer mon
erreur, il dit qu'il suffirait de lester l' aiguille avec un poids! Il paraît que l'au-
teur n'a pas réfléchi que, par ce moyen, il transformait le levier à deux bras
(1) V oir Comptes rendus, 16 septembre 1867.
( 56o )
égaux en un véritable levier à trois bras. Conséquemment,les deux bras rec-
tangulaires, formés parle support du contre-poidset par l'aiguille lestée, étant
composés ensemble suivant les règles de la statique, sont équivalents à un
seul bras diagonal, ce qui réduit le système à celui du peson. Le lecteur
jugera facilement de quel côté est l'erreur. Lorsque je parle de bras égaux,
j'emploie ce mot dans son sens statique rigoureux et je n'entends pas dési-
gner par là, d'une manière vague, une construction mécanique qui, en appa-
rence, remplirait ces conditions, mais qui, en réalité, serait bien différente.
» La source de toutes ces inexactitudes me paraît être que M. Radau n'a
pas assez apprécié la différence des deux constructions du baromètre : savoir
la construction à peson et la construction à manchon, et, en effet, elles sont
confondues dans la figure qu'il m'attribue dans le Moniteur scientifique (i),
et que je n'ai jamais imaginée. De là découle aussi la prétendue contra-
diction qu'il croit relever à propos de la correction de température. J'ai dit
qu'elle était sensible dans le baromètre de Rome, lequel est à peson ; mais
je crois cette correction nulle dans le baromètre à flotteur.
» Pour justifier cette conclusion, on n'a qu'à calculer les variations
que la température introduit dans le tube et dans la cuvette.
» Les mesures des différentes parties qui entrent dans mon appareil
sont maintenant assez difficiles à prendre, pendant que la machine est en
action, mais des valeurs approchées suffiront pour faire voir que ces cor-
rections sont pratiquement nulles. D'abord, il est évident que la masse sus-
pendue dans le tube serait équilibrée, indépendamment de la température,
si le diamètre du tube restait constant : le changement de hauteur dû à la
température n'est pas à considérer, car il ne change pas le poids de la niasse ;
mais il faut tenir compte de la variation de la section du tube qui intro-
duit une plus grande masse de mercure. La variation de la section est expri-
mée par 27r/,2e, en appelant e la dilatation linéaire du fer. Le tube étant à
double section, il faut calculer les augmentations dues à chaque partie en
particulier, en multipliant la variation de la section par la hauteur du cy-
lindre. Pour une pression de^Go millimètres la partie large a une section de
28 centimètres carrés et une hauteur de i5 centimètres, la partie étroite a
une section de 3cq, 14 et une hauteur de 61 centimètres, ce qui donne, en
définitive, une augmentation de poids de isr,974 ou 1 grammes pour
10 degrés centigrades de température.
» À cet accroissement de poids du tube, dû à la température, nous de-
(1) Moniteur scientifique, t. IX, p. ^05.
( 56, )
vons ajouter la variation dans la perte de poids, qui résulte de la diminu-
tion du poids spécifique du mercure déplacé par le manchon dans la cuvette.
Le volume du manchon enfoncé étant 770 centimètres cubes, on obtient
une variation de poids de igr,57; la somme totale sera donc de 3sr, 54 pour
jo degrés centigrades.
)) Cette quantité n'est pas à négliger, mais en pratique elle ne produit
pas un mouvement appréciable du crayon, car ce mouvement ne serait que
deomm,o42; il est en partie corrigé par la cuvette, comme on le verra par
le calcul de la quantité dont s'élève le niveau de la cuvette elle-même. La
section totale de celle-ci est 72 centimètres carrés. Le niveau du mercure
s'élève au-dessus de son fond de 3o, centimètres à peu près, et on peut éva-
luer à 285o centimètres cubes la quantité du métal. Celte masse est habi-
tuellement répartie en deux volumes à peu près égaux, mais de hauteurs
et de sections inégales : l'un a la section delà cuvette, et l'autre a une sec-
tion annulaire autour du manchon. La section du manchon est de 38 cen-
timètres carrés environ; il plonge de 20 centimètres. Ainsi la section annu-
laire, entre les deux parois, est de 34 centimètres carrés. Il en résulte
que, pour 10 degrés, nous aurons une augmentation de niveau, dans la
partie large, de omm, o3, et, dans la partie annulaire, de omm, 06; en toul,
deomm,oo,.
» Mais, comme la cuvette ne repose pas par son fond sur la charpente de
l'instrument, et qu'elle est soutenue par son bord, le niveau se déplacera,
relativement à un point fixe tracé sur la charpente elle-même, en descendant
de toute la dilatation linéaire de la cuvette, qui est de omm,o44; ainsi,
comme déplacement relatif, nous aurons omm,o56.
» Or, d'après l'évaluation du poids équivalent à 1 millimètre de pression
barométrique, qui dans l'instrument est de 84 grammes, le poids trouvé ci-
dessus pour la variation du tube représente une descente de. . ou"n,o/j2
et comme, par l'expansion de la cuvette, il doit remonter de. . omm,o56
il reste comme différence une élévation de omm,or4
c'est-à-dire un centième et demi de millimètre à peu près.
» Cette quantité est absolument insensible dans ces instruments, et
j'ai voulu seulement l'examiner en détail pour faire voir qu'elle ne
mérite pas que l'on s'en préoccupe, comme on l'avait pensé. Les mesures
seulement approchées que j'ai pu employer dans ce calcul ne peuvent
changer le résultat, car elles ne sont pas certainement erronées de manière
à le faire varier du double, ce qui donnerait encore un résultat négligeable.
C. R., 1867, 3e Semestre. (T. LXV, N° 14.) 73
( 56a )
On voit que, si on voulait tenir compte de tontes les corrections, il fau-
drait avoir égard aux changements des verges et des tiges qui portent le
crayon. Le calcul est possible, mais sera toujours inutile en pratique.
Comme le baromètre à peson avec cuvette à large orifice n'offre pas la com-
pensation de la cuvette, la correction de température peut être appréciable
dans le cours de l'année; mais, pour les observations diurnes, la machine
étant dans une chambre où la température ne change jamais de plus de
i ou 2 degrés dans un jour, elle est aussi tout à fait négligeable. Toutes ces
corrections présentent en outre de petites variations avec les différentes
pressions, mais, si la partie principale est négligeable, je crois qu'à plus
forte raison les variations le seront elles-mêmes. »
astronomie. — Spectres stellaires; par le P. Secchi.
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie un exemplaire de mon Mé-
moire sur les spectres des étoiles qui vient de paraître dans les publica-
tions de la Société italienne des Quarante de Modène.
« Ce Mémoire résume tous mes travaux sur les spectres des corps cé-
lestes, planètes, étoiles et nébuleuses. Une description succincte de chaque
étoile principale donne le résumé des observations relatives à son spectre et
à sa couleur. Cette description s'étend à 3i6 étoiles. Des figures donnent les
spectres des plus importantes. Les instruments et les moyens de rectifica-
tion sont décrits dans une longue introduction, ainsi que les conclusions
principales auxquelles je suis arrivé.
» Cet ouvrage, qui m'a occupé plus de deux ans, n'est qu'un travail pré-
liminaire pour une étude plus approfondie que je compte exécuter et pour
lequel je suis en train de faire construire actuellement des instruments plus
exacts et plus puissants. La plus grande partie de ces recherches a été faite
avec le spectroscope à vision directe; mais, comme on avait conçu des
doutes sur sa perfection sous certains rapports, j'ai tout dernièrement fait
construire par M. Hofmann un spectroscope à deux prismes à dispersion
ordinaire, pour en faire la comparaison. Le résultat de cette comparaison
a été que, à l'exception d'une plus grande dispersion, je nJai pas trouvé de
différence remarquable, et je suis sûr que les résultats indiqués sont indé-
pendants d'erreurs ou de défauts particuliers, tenant à cette espèce de
prismes.
» Je me permettrai ici de rappeler une observation curieuse que je viens
de faire sur le spectre d'une flamme terrestre, qui m'a vivement frappé à
( 563 )
cause de sa ressemblance avec le spectre de certaines étoiles jaunes et
rouges. Cette flamme est celle qui sort de la cornue dans laquelle on fait
l'acier Besserner. Ce spectre, bien connu des directeurs de forges, lorsque le
fer est complètement décarburé, présente une série de raies très-fines et
très-nombreuses, disposées par groupes et colonnades qui rappellent celui
de a Orion et a Hercule; seulement, il paraît renversé. Il est sans doute dû
à un grand nombre de métaux qui brûlent dans la flamme, et présente plu-
sieurs lignes bien connues et bien déterminées; je ne cite ce fait que d'une
manière générale, n'ayant pas eu le temps de l'étudier. Cette flamme est la
seule qui jusqu'ici m'ait présenté un spectre comparable à celui des étoiles
colorées; nous savons d'ailleurs que cela n'a rien d'improbable, surtout
en connaissant la composition des aérolithes où le fer prédomine. Mais il
m'a paru important de pouvoir signaler, dans nos flammes terrestres, une
si belle source d'études spectrales se rapprochant des spectres si extraor-
dinaires de certaines étoiles. Je dois cette observation à l'obligeance de
M. Lemonnier, directeur des travaux des forges de Terre-Noire, près Saint-
Etienne.
» A propos de recherches spectrales, je parlerai encore d'une autre
observation que j'ai faite et qui se relie à mes anciennes expériences sur la
couleur de l'eau de mer. J'avais constaté autrefois que le spectre de la cou-
leur de l'eau de mer est dépouillé de sa partie rouge aux petites profondeurs,
et successivement du jaune et du vert, au moins en partie, pour les plus
grandes, et qu'alors l'eau paraît d'un bleu violet. J'ai voulu voir si la
même absorption se présentait aussi dans les glaciers, et j'ai profité de l'oc-
casion d'une grotte artificielle, creusée dans le glacier du haut Grindelwald
en Suisse, pour faire quelques essais sur ce point. La grotte en question
avait environ ioo mètres de profondeur, et ses parois étaient transpa-
rentes et éclairées par la lumière solaire, transmise à travers la glace. Cette
lumière était d'une belle nuance bleue. Dans cette teinte, le rouge était ex-
trêmement faible, de sorte que, dans la grotte, les figures humaines avaient
une teinte cadavérique effrayante. En regardant l'entrée, d'une certaine
profondeur dans la grotte, elle paraissait éclairée d'une lumière rouge,
sans doute par un effet de contraste. L'effet d'ensemble de cette grotte est
féerique. Analysée au spectroscope, cette lumière a montré une absence
presque complète du rouge et une grande diminution du jaune. L'épais-
seur de la glace supérieure n'était pas assez grande pour produire un effet
plus complet ; on nous a dit que l'épaisseur était d'environ i5 mètres,
mais je la crois moindre. La glace était parfaitement compacte et continue
73..
( 564 )
dans sa texture; elle ét;iit limpide comme du cristal, et contenait seulement
çà et là des amas de bulles d'air. Sa dureté n'était pas très-grande : une
pointe de fer l'entamait avec facilité.
» Le résultat est donc bien identique avec celui qu'on obtient avec l'eau
de mer, à des profondeurs semblables, et comme, dans la glace des Alpes,
on ne peut supposer la présence de matières colorantes étrangères, qu'on
pourrait soupçonner dans l'eau de mer, il en résulte que la véritable cou-
leur de l'eau est un bleu mêlé de violet, qui devient de plus en plus foncé,
à mesure que la couche traversée est d'une plus grande épaisseur. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
BALISTIQUE. — Sur le passacje des projectiles à travers les milieux résistayils.
Note de M. Melsens, présentée par M. Dumas (i).
« J'ai constaté qu'une balle de plomb tombant, en chute libre, dans
l'eau, entraîne une notable quantité d'air. En opérant avec une balle sphé-
rique de 17 millimètres de diamètre et du poids de 29 grammes, tombant
d'une hauteur de 1 mètre avant de rencontrer une colonne d'eau contenue
dans un grand manchon, on peut constater que le volume d'air entraîné
est d'environ vingt fois supérieur au volume de la balle; en faisant ainsi
l'expérience, on constate qu'une partie de l'air se dégage avant que la balle
ait atteint le fond du manchon; mais lorsqu'elle touche ce fond, on voit
se dégager une très-grosse bulle d'air accompagnée de bulles plus faibles.
Je pense qu'on est dans des limites assez rapprochées de la vérité, en admet-
tant que la moitié de l'air qu'on recueille est entraîné à plus de i mètre
de profondeur.
» J'ai cherché à me rendre compte de la marche du phénomène lors-
qu'il s'agit d'un projectile lancé par une arme à feu et pénétrant dans l'eau
après avoir traversé une couche d'air de quelques mètres. Voici la disposi-
tion de l'expérience :
» Un cylindre de métal placé horizontalement porte deux tubes verti-
caux gradués et une tubulure latérale qui permet de le mettre en communi-
cation avec un réservoir d'eau sous une pression de plus de 1 mètre. L'une
des bases du cylindre est fermée par une lame en laiton mince, l'autre est
(1) L' Académie a d< .idé que cette communication, quoique dépassant les limites régle-
mentaire-, 51 mit rcprodii'c en entier au Compte rendu.
( 565 )
fermée solidement par une plaque de plomb très-épaisse. L'appareil et ses
tubes gradués étant remplis d'eau, on tire à faible charge une balle de
pistolet sur la lame de laiton; celle-ci est percée par le projectile, l'eau du
cylindre métallique en communication avec le réservoir d'eau sous pression
s'écoule sous forme de jet par l'ouverture pratiquée par la balle, et l'on
constate que le volume de l'air entraîné qui se rend dans les tubes gradués
est au moins cent fois plus grand que le volume du projectile.
» Ces expériences me paraissent prouver qu'on ne s'est peut-être pas
assez préoccupé du rôle important de l'air dans les actions de pénétration
des projectiles dans les milieux résistants et pendant leur passage à travers
des lames solides plus ou moins épaisses.
» J'ai exécuté une longue série de tirs dans des lames de nature très-dif-
férente, en employant des projectiles métalliques ou formés de matières
organiques : stéarine, bois, caoutchouc, etc., en faisant varier la nature
des milieux à pénétrer et la matière du projectile.
» Voici quelques faits :
» Si l'on tire avec une balle de plomb, lancée à grande ou à faible vitesse,
sur une ardoise ordinaire, le projectile la traverse sans la briser; les ouver-
tures rondes produites sont petites et peu différentes quelle que soit la vi-
tesse. On peut même faire un trou parfaitement rond sans briser l'ardoise,
bien que le projectile ne soit animé que d'une vitesse assez faible pour ne
pas pouvoir traverser l'ardoise. Cette dernière expérience exige que l'ardoise
soit maintenue dans un cadre de bois ou régulièrement soutenue sur plu-
sieurs points. En lançant au moyen d'un pistolet ou d'un fusil une balle de
plomb ou de fonte sur une lame de plomb, on observe : qu'aux grandes
vitesses correspondent dans le plomb les ouvertures les plus grandes, à tel
point que d'après la mesure du diamètre on pourrait avoir une donnée sur
la vitesse du projectile. La lame reste plane aux grandes vitesses, mais se
bombe à faible vitesse. Il se produit des rebarbes ou bavures des deux côtés
de la lame; celles qui se trouvent du côté de la face frappée sont sensible-
ment perpendiculaires à la trajectoire; celles de la face opposée lui sont
parallèles; en un mot, les rebarbes sont placées à peu près à angle droit.
» Les résultats des tirs dans les lames d'argile plastique sont des plus
inattendus, et ont surpris tous les officiers d'artillerie qui en ont été
témoins.
» i° A vitesses égales, les ouvertures sont d'autant plus considérables que
les lames traversées sont plus épaisses, jusqu'à une certaine limite, bien
entendu.
( 566 )
« 2° Le diamètre des ouvertures circulaires augmente avec la vitesse dont
le projectile est animé.
» Ainsi, une balle de pistolet (de 12 millimètres de diamètre, pesant envi-
ron 10 grammes) produit, dans une lame d'argile ordinaire très-plastique,
lorsqu'elle est lancée par une charge de poudre de oer, ido, une ouverture
d'un diamètre double environ de celui delà balle; le même projectile, lancé
par 2 grammes ou 2gr, 5 de poudre, y produit une ouverture telle, qu'on
la croirait due au projectile du canon de 4 de campagne.
» Les rebarbes sont tellement prononcées des deux côtés de la plaque,
qu'il est très-difficile de dire, après le tir, quelle face de la lame le projec-
tile a frappé.
» Ce phénomène est accompagné d'un autre non moins remarquable : une
partie de l'argile revient sur le tireur et est projetée à plusieurs mètres en
avant, dans le sens opposé k la marche du projectile.
« 3° Qu'on prenne deux lames d'argile de i5 millimètres environ d'é-
paisseur, de 25 à 3o centimètres de côté, et qu'on les colle ensemble en hu-
mectant légèrement les surfaces en contact :
» Si l'on fait passer une balle de pistolet, lancée par 2 grammes de poudre,
à travers ces lames accolées, les rebarbes se font comme dans l'expérience
précédente, mais les deux lames se séparent partiellement en se bombant
l'une et l'autre, mais en sens opposé, laissant ainsi entre elles un creux en
forme de lentille biconvexe, dont le centre correspond au trou formé par
la balle; l'ouverture circulaire due au passage du projectile atteint plus de
10 centimètres de diamètre.
» Avec des lames d'argile épaisses, l'ouverture présente une forme tron-
conique, mais, contrairement à ce qui arrive dans les cas de milieux
indéfinis, la grande base du cône se trouve du côté de la sortie.
» Dans les grands blocs on observe souvent une forme ellipsoïdale
ou un double cône, et à une assez faible profondeur on retrouve sen-
siblement le tracé déduit de la savante analyse et des célèbres expé-
riences de MM. Didion, Piobert et Morin.
» La forme générale et l'angle plus ou moins aigu du cône paraissent
dépendre de la densité du projectile. J'ai même produit des cavités se rap-
prochant d'un demi-ellipsoïde de révolution, lorsque, par exemple, on em-
ployait des balles de bois qui se brisaient.
» Je dois à l'obligeance de M. V. Regnault d'avoir pu vérifier les expé-
riences faites sur des argiles communes en opérant avec la pâte à porcelaine
de Sèvres, qu'on se propose de durcir au feu.
( 567 )
» Qu'il me soit permis d'exprimer ici au savant directeur de la Manufac-
ture impériale de Sèvres l'expression de ma reconnaissance.
» J'ai examiné dans ces derniers temps la forme de l'ouverture produite
par la fondre clans un carreau de vitre de 4 millimètres d'épaisseur, et j'ai
à ce sujet repris des expériences que j'ai faites depuis longtemps. Or, ces
expériences sont en opposition complète avec ce que l'on admet générale-
ment à l'égard des phénomènes de communication de mouvement (i).
» En effet, des centaines d'expériences, sans aucune exception, me per-
mettent d'établir que :
» i° Quand on exerce sur le centre d'un carreau une pression qui va en
augmentant insensiblement jusqu'au moment de la rupture, il se fait un
certain nombre de fentes qui rayonnent autour du centre de pression; ces
fentes sont en général en lignes à peu près droites.
» 2° Une balle de liège, lancée par une forte charge de poudre (igr,20o)
au moyen d'un pistolet, sur un carreau couvert sur l'une de ses faces d'un
papier collé, produit des fentes analogues aux précédentes ; parfois celles-ci
sont entrecoupées de fentes qui indiquent cpie le mouvement s'est com-
muniqué concentriquement au point frappé.
» 3° Si on lance avec le même pistolet, et avec une charge de poudre
très-faible, une balle de plomb sur un carreau suspendu au moyen de fils
métalliques, la vitre est trouée et brisée comme dans l'expérience n° i.
» 4° Toutes choses égales d'ailleurs, si on augmente la charge de
poudre jusqu'à en employer ogl',200 environ, la balle traverse le carreau et
y produit une ouverture plus ou moins grande, entourée de fentes courtes
presque rectilignes; les autres parties du carreau restent intactes et Je car-
reau reste suspendu.
)) 5° Si on augmente la charge de poudre jusqu'à 2gr, 5, par exemple,
toutes les autres conditions restant les mêmes, le carreau est brisé en une
multitude de fragments qui tombent à terre sans sortir sensiblement du
plan vertical qui contenait le carreau. Pour reconnaître la forme des débris,
il suffit de coller une feuille de papier sur l'une des faces ou sur les deux
(i) Voici ce qu'on lit dans l'excellent Traité de Mécanique élémentaire de BJ. Delaunav
(t. I, p. i56, 3e édition) :
« Une balle de plomb qu'on lancerait légèrement contre un carreau de fenêtre serait ren-
» voyée sans qu'il y ait rupture. Si on la lance fortement avec la main, elle traversera le
» carreau en déterminant un grand nombre de fentes qui rayonneront autour du trou par
» lequel elle aura passé. Mais si la balle est lancée par une arme à feu, elle ne fera dans
-> le carreau qu'un trou rond par lequel elle passera; le reste du carreau sera intact. »
( 568 )
faces de la vitre; les phénomènes principaux ne sont pasmodifi.es, et on
observe qu'avec des vitesses faibles le trou produit dans le papier est net et
rond, sans rebarbes du côté qui reçoit le choc, tandis qu'avec des vitesses
considérables il se fait de fortes rebarbes de papier des deux côtés.
» Ces expériences ont été faites avec des carreaux de toute dimension et
d'épaisseur variant entre i et 5 millimètres, suspendus, fixés dans des
cadres ou mastiqués. On peut même les incliner de 45 degrés sur la trajec-
toire sans que les phénomènes en soient essentiellement modifiés.
» En comparant ces expériences avec celles qui prouvent l'entraînement
de l'air, on est porté à admettre que l'air qui précède la balle commence
l'action, et peut-être prouvera-t-on que le carreau est troué dans certains
cas avant d'être réellement atteint par le projectile. Quoi qu'il en soit, il me
semble qu'on a par trop généralisé l'application de la célèbre expérience de
l'abbé Camus (i).
» On confond souvent, dans la question du choc des corps solides con-
sidérés au point de vue auquel je me place, l'effet de rupture ou le mouve-
ment moléculaire communiqué à la matière choquée, avec les effets de
translation de la matière qui se trouve dans la direction du projectile frap-
pant le corps immobile et le mouvement de translation de l'ensemble de ce
corps.
» Je dois à l'obligeance de mon ami, M. le commandant Caron, d'avoir
pu montrer mes expériences à plusieurs officiers d'artillerie et autres savants
français, après avoir installé les appareils dans le laboratoire de chimie
qu'il dirige au Comité de l'artillerie. »
1SAL1ST1QUE. — Observations relatives à (a communication faite par M. Dumas
au nom de M. Melsens; par M. le Géxékal Mokix.
« M. Morin fait remarquer que le fait du courant qui suit un projectile
ou un corps quelconque en mouvement dans un milieu fluide est la consé-
quence immédiate du déplacement de ce corps, qu'il est connu et observé
depuis longtemps, qu'il était utilisé dans les anciennes machines soufflantes
appelées trompes catalanes, qu'il se traduit d'une manière frappante par
la poussière soulevée par les boulets dans le tir des bouches à feu près de
la surface du sol, dans le mouvement des trains de chemins de fer, etc., etc.
(l) Une balle de mousquet qui perce une pièce de bois d'une épaisseur considérable, sans
lui communiquer de vitesse sensible. (Mémoires de l'Académie des Sciences, 1^38.)
( 569 )
» Mais il ne s'ensuit pas que lorsqu'un projectile pénètre, par un trou
qu'il y a pratiqué, dans un vase ou dans un réservoir rempli d'eau, il y
entraîne avec lui un volume d'air considérable. La densité, l'inertie du
liquide d'une part, de l'autre sa propre fluidité qui lui fait remplir le vide
laissé par le projectile et le fait sortir immédiatement par l'orifice ouvert,
s'opposent à l'introduction de l'air dans le réservoir.
» Dans les expériences exécutées en 1 834-35-36, à Metz, par la Com-
mission des principes du tir, dont les Rapporteurs ont été successivement
les capitaines Piobert, Morin et Didion, l'on a poursuivi sur une grande
échelle l'étude de la question de la résistance des milieux fluides, liquides,
mous, ductiles ou pulvérulents à la pénétration des projectiles.
» En ce qui concerne celle de l'eau, en particulier, les expériences ont
été faites en tirant horizontalement, parallèlement à la surface du niveau ,
à travers la paroi verticale du grand bassin qui avait servi aux belles
recherches de MM. Poncelet et Lesbros sur l'écoulement des fluides.
» Dans ce tir, où l'on a employé des projectiles pleins ou creux, animés
de vitesses qui se sont élevées jusqu'à 5oo mètres et plus en une seconde,
on n'a jamais observé que l'introduction du projectile déterminât celle
d'un volume d'air notable dont la sortie se serait évidemment manifestée
par un bouillonnement très-sensible à la surface, qui n'a jamais été per-
ceptible, même pour un expérimentateur placé près de cette surface et à
très-petite distance de la trajectoire du projectile.
» Quant aux effets signalés par M. Melsens sur les vides formés par des
balles de pistolet dans l'argile plastique, ils ne sont que la reproduction
fort en petit de ceux que déterminent dans le fer (voir aux expositions ma-
ritimes du Champ de Mais), dans le plomb, dans les terres argileuses, les pro-
jectiles de l'artillerie et qui , il y a plus de trente années, ont fait l'objet des
études de la même Commission des principes du tir et le sujet de Mémoires
présentés par les Rapporteurs à l'Académie des Sciences, avec l'autorisation
du Ministre de la Guerre. Dans ces Mémoires qui, sur le Rapport de M. Pon-
celet, ont obtenu la haute approbation de l'Académie, les auteurs ont non-
seulement signalé tous les effets reproduits par M. Melsens, mais ils ont
recherché et trouvé la loi de la résistance des divers milieux liquides,
mous ou solides, à la pénétration des projectiles, loi qui pour l'eau s'est
trouvée identiquement celle qui avait été reconnue par Newton dans des
expériences faites avec des corps sphériques. Ils ont montré que l'amplifi-
cation, parfois énorme, du diamètre et la forme du vide formé par le pro-
C. R., 1867, 2e Semestre. { T. LXV, N° 14.) 7 4
( 57o )
jectile étaient le résultat de la communication rapide de sa force vive aux
molécules qu'il déplaçait sur son passage, d'où il suit que l'air qui pouvait,
après le projectile, pénétrer dans le milieu résistant par la faible ouverture
laissée dans la paroi, n'entre pour rien dans la formation de ce vide.
» 11 n'est pas étonnant que M. Melsens, chimiste et physicien éminent,
n'ait pas eu connaissance des expériences faites à Metz, il y a plus de trente
années, et dans lesquelles on a pour la première fois étudié en grand les
lois de la résistance du fer en plaques épaisses, de la fonte et du plomb en
gros blocs au choc des projectiles; mais puisque l'occasion s'en présente, il
me semble opportun d'exprimer le regret que les conséquences et les lois
qui ont été déduites de ces longues recherches aient été trop souvent per-
dues de vue dans les travaux analogues exécutés plus récemment par les
services publics. »
« M. Chevrecl, après la discussion élevée à la suite de la communication
de M. Melsens, croit devoir rappeler à l'Académie les observations faites par
Mariotte dans son Traité du mouvement des eaux, publié après sa mort (par
de la Hire, 1690).
» Mariotte avait observé que les gouttes de pluie, en tombant à terre,
entraînent chacune avec elles un certain volume d'air (deux ou trois fois
autant que la goutte est grosse), et il citait pour preuve l'expérience d'une
balle de plomb qu'on laisse tomber dans un vase d'eau (1). M. Chevreul
ajoute que Mariotte a expliqué l'effet de la trompe des fourneaux à fondre
le fer spathique, par l'air que l'eau en mouvement entraîne avec elle, et que
cette explication, autant qu'il se le rappelle, a plus de précision que celle
que Chaptal a donnée (2). »
(1) Voici le texte de Mariotte [OEuvres de M. Mariotte; Leide, 1717, t. II, p. 353) :
« ....Chaque goutte (de pluie) entraîne, en tombant depuis la hauteur de la nuée, deux
» ou trois fois autant d'air qu'elle est grosse; ce qui se prouve par l'expérience d'une petite
» balle de plomb qu'on laisse tomber dans un seau d'eau : car dès qu'elle a touché le fond
« il s'en élève deux ou trois bulles d'air aussi grosses qu'elle, lesquelles ne peuvent procé-
» der que de l'air qui la suit jusques au fond de l'eau. Or l'on sait que dans beaucoup de lieux
» on se sert de certains soufflets pour faire fondre la mine de fer dans les fourneaux par
» la seule chute de l'eau, ce qui se fait ainsi... > Mariotte donne une explication exacte de
la trompe.
(2) Chimie appliquée aux arts, t. Ier, p. 164. En effet, si Chaptal reconnaît (p. 166) que
l'eau en mouvement entraîne de l'air, il dit, p. 167, que « l'eau la plus tranquille contient
» une quantité considérable d'air qu'on peut en dégager par le simple choc, ou par la chute
<> du liifuide. D
( 57i )
M. Didion soumet au jugement de l'Académie la suite de ses « Études
sur les roues hydrauliques à aubes courbes de M. le Général Poncelet
(suite de la première partie et deuxième partie) ». (Présenté par M. le
Général Morin.)
(Renvoi à la Commission précédemment nommée, Commission qui
se compose de MM. Poncelet, Piobert, Morin.)
M. C. Berman adresse de Dalfsen (Pays-Bas) une Lettre par laquelle il
offre à l'Académie de lui faire connaître le remède qu'il emploie contre le
choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
M. Faure adresse une nouvelle Lettre concernant la modification qu'il
propose d'apporter dans les constructions navales.
(Renvoi à la Section de Navigation.)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics
adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut, le tome LVIII et le n° 3 du
« Catalogue des Brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1 844 »•
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un ouvrage de M. G. Zeuner, de Zurich, ayant pour
titre : « Sur l'état de la vapeur d'eau surchauffée ou mêlée ».
HISTOIRE DES SCIENCES. — Observations sur tes documents relatifs à Pascal
et à Newton, qui ont été communiqués à L'Académie par M. Chasles.
Lettre de M. Grant à M. Le Verrier (i).
« Glascow. Observatoire, 12 septembre 1867.
» Permettez-moi de vous soumettre quelques remarques sur les docu-
ments relatifs à Newton qui ont été récemment communiqués à l'Aca-
démie des Sciences de l'Institut de France par M. Chasles. D'après ces
(1) L'Académie a décidé que cette communication, quoique dépassant les limites régle-
mentaires, serait reproduite en entier au Compte rendu.
74-
( 572 )
documents, Pascal aurait déterminé les masses relatives du Soleil, de
Jupiter, de Saturne et de la Terre, les densités de ces corps et la force de
gravité à leurs surfaces. Je vais essayer de prouver que les résultats ainsi
attribués à Pascal sont dépures inventions et des reproductions des nombres
correspondants contenus dans la troisième édition des Principia.
» Commençons par citer quelques dates qui ont rapport à la question.
» Pascal est né en 1623 et est mort en 1662. La première édition des
Principia fut publiée en 1687, la seconde en 1713 et la troisième en 1726.
Cette troisième édition est la dernière publiée du vivant de Newton, qui
mourut en 1727.
» Madame Périer, sœur de Pascal, qui a écrit une relation de la vie de
son frère, dit positivement que, à l'âge de trente ans, il abandonna les
recherches mondaines; que, pendant les cinq années suivantes, il se dévoua
entièrement aux études religieuses, et que, durant les quatre années qui
précédèrent sa mort, il était complètement incapable d'occuper son esprit
d'aucun sujet religieux ou mondain.
» Quoi qu'il en soit de ces faits, je prendrai l'année 1662 comme la date
des prétendues découvertes de Pascal en astronomie physique.
» J'établirai maintenant les éléments employés par Newton pour calculer
les niasses du Soleil, de Jupiter, de Saturne et de la Terre, les densités de
ces corps et la force de gravité à leur surface. Ce sont :
» i° Les distances relatives de la Terre, de Vénus, de Jupiter et de
Saturne au Soleil ; la période de révolution de Vénus autour du Soleil; la
parallaxe de la Lune, et sa période de révolution autour de la Terre;
» 20 I^es diamètres apparents du Soleil, de Jupiter et de Saturne; la
période de révolution et la plus grande élongation du quatrième satellite
de Jupiter; la période de révolution et le plus grand éloignement du
satellite huyghénien de Saturne, et la parallaxe solaire.
» J'ai divisé ces éléments en deux groupes pour la raison suivante : les
éléments du premier groupe peuvent être regardés comme étant restés
constants, au moins pour ce qui concerne les recherches des astronomes
pendant l'intervalle compris entre 1662 et 1726. D'un autre côté, les
éléments du second groupe ont été essentiellement affectés par la révo-
lution que l'astronomie pratique a éprouvée pendant la seconde moitié du
xviic siècle. Laissant donc de côté les éléments du premier groupe, exami-
nons quelles furent les meilleures mesures des éléments du second groupe
qui aient pu être à la portée de Pascal dans l'année 1662.
» C'est en i653 que fut publié l'ouvrage remarquable de Riccioli,
( 573 )
V Jlmageslum novwn. En i65(), Huyghens publia son Systema Saturnium.
Ces deux ouvrages peuvent être considérés comme fournissant les meilleurs
matériaux accessibles à Pascal pour former la base de ses recherches eu
astronomie physicpie. De ces deux autorités, Huyghens mérite la préférence.
Ses observations longtemps continuées de Saturne et de son anneau, et ses
observations du satellite de cette planète découvert par lui en 1 6 5 5", lui
donnent dans des mesures de cette nature une expérience qu'aucun autre
astronome de son temps ne possédait. En outre, il avait trouvé une espèce
de micromètre, lequel, quoique beaucoup moins parfait que l'instrument
qui devint d'un usage général quelques années plus tard, lui donna un
grand avantage sur les astronomes qui, avant la publication du Systema
Saturnium, ne connaissaient aucun de ces moyens de mesure.
» Comparons maintenant les éléments qui étaient à la portée de Pascal
avec les éléments correspondants de calcul employés par Newton dans la
première et la troisième édition des Priucipia.
» Huyghens mesurait les diamètres apparents du Soleil, de Jupiter et de
Saturne, et combinant les résultats ainsi obtenus avec les distances relatives
du Soleil à la Terre, Jupiter et Saturne, il déterminait les rapports des
diamètres linéaires du Soleil, de Jupiter et de Saturne. C'est de cette
manière qu'il trouva que le diamètre linéaire du Soleil est à celui de
Jupiter comme n est à 2, et que le diamètre linéaire du Soleil est à celui
de Saturne comme 37 est à 5. Admettant que ces diamètres sont ceux dont
Pascal s'est servi, et représentant, comme l'a fait Newton, le diamètre du
Soleil par ioooo, nous avons la comparaison suivante :
Soleil. Jupilcr. Saturne.
Pascal (1662) 10000 1818 1 35 1
Newton (1687) 10000 io63 889
Newton (1726) 10000 997 791
« Les chiffres de 1662 montrent combien Huyghens se trompait dans
ses mesures. Les mesures des diamètres apparents de Jupiter et de Saturne,
employés par Newton en 1687, lui furent fournies par Flamsteed. Les
nombres qu'il employa en 1726 furent les résultats des mesures exécutées
par Poiind et son neveu, le célèbre Bradley. Poiuul naquit en 1669. Les
observations de Pound et de Bradley furent faites avec un télescope de
12,3 pieds de longueur focale, muni d'un excellent micromètre.
» En disant queBiccioli a fait la valeur maximum du diamètre apparent
de Vénus égal à 4' 8", j'en ai dit assez pour montrer que Huyghens a été la
( 574 )
meilleure autorité sur laquelle Pascal ait pu s'appuyer pour des observa-
tions de cette nature.
» Examinons maintenant les observations accessibles à Pascal pour
déterminer la période et la plus grande élongation du satellite de Jupiter,
et la période et la plus grande élongation du satellite buyghénien de
Saturne.
» Huygbens n'a pas donné, dans son Systema Saturnium, une détermi-
nation des éléments du quatrième satellite de Jupiter. Riccioli fait la
période de ce satellite égale à 16 jours 19 heures 9 minutes et i5 secondes.
En admettant que cette valeur soit celle dont se soit servi Pascal, comparons-
la avec celles qu'a employées Newton en 1687 et 1726. Nous aurons :
Période.
Jours. Heures. Minutes. Secondes.
Pascal (1662) 16 19 g i5
Newton (1687) 16 18 o o
Newton (1726) 16 16 32 9
» La période de Newton de 1687 est probablement due à Cassini. La
détermination finale de 1726 est due à Pound et à Bradley, comme on peut
le voir en examinant les tables des satellites de Jupiter par ces astronomes,
lesquelles, quoique achevées en 1719, n'ont été imprimées qu'en 17^91 en
même temps que les Tables planétaires de Halley.
» Jetons maintenant un coup d'œil rapide sur les observations dont
Pascal a pu prohter pour déterminer la plus grande élongation du qua-
trième satellite de Jupiter. Riccioli a donné trois déterminations différentes
dans les termes du diamètre apparent des planètes. Galilée fait le plus grand
éloignement égala quatorze diamètres de la planète; Mario le fait égal à
treize diamètres, tandis que, d'après Schyrleus, il n'excède pas dix dia-
mètres. Ces valeurs, qui ne s'accordent pas, peuvent nous donner le moyen
de nous former une idée juste du vague des résultats qui ont pu servir à
Pascal. La valeur du plus grand éloignement employée par Newton en 1687
est de 8'i3", et est due à Flamsteed. La valeur de 1726, 8' 16", a été tirée
des mesures exécutées par Pound et Bradley. Il n'est pas nécessaire de
recourir en détail aux mesures de la période et de la plus grande élongation
du satellite huyghénien de Saturne. Nous pouvons supposer que les élé-
ments grossiers que Huyghens a déduits de ses observations ont été ceux
dont Pascal a pu se servir. Newton, en 1687, s'est vraisemblablement servi
des éléments de la planète donnés par Cassini. Les éléments mis en usage
( 575 )
par lui en 1726 furent certainement ceux qui furent communiqués par cet
astronome à la Société Royale, et publiés dans les Transactions philoso-
phiques pour 1687.
» Il nie reste à faire quelques remarques sur la valeur de la parallaxe
solaire qui doit avoir été considérée, du temps de Pascal, comme l'estima-
tion la plus probable de la vraie valeur. Kepler, dans les Tables de Rudolfi,
prend pour la parallaxe solaire i'i". Cette valeur peut être regardée comme
la meilleure détermination dont Pascal s'est servi. Vers la fin du XVIIe siècle,
alors que le télescope commença à être appliqué aux cercles divisés et que
les observations pour déterminer les positions îles corps célestes furent faites
exclusivement au méridien, une immense amélioration eut lieu pour la
précision des résultats, et il devint évident que la parallaxe solaire était
beaucoup moindre que Kepler ne l'avait cru. En 1687, Newton admettait
20 secondes comme valeur de la parallaxe solaire; en 1726 il employa
dans ses recherches une parallaxe solaire de 10 \ secondes seulement.
» Après avoir établi ainsi une comparaison entre les meilleurs éléments
de calcul qu'on peut supposer avoir servi dans le temps de Pascal, et les
éléments employés par Newton en 1687 et 1726, je vais maintenant com-
parer les résultats communiqués par M. Chasles à l'Académie des Sciences,
avec les résultats correspondants des recherches de Newton contenus dans
les éditions des Principia de 1687 et 1726.
» Comparons d'abord les masses du Soleil, de Jupiter, de Saturne et de
la Terre.
» Nous trouvons ainsi :
Soleil. Jupiter. Saturne. La Terre.
Pascal ( 1 662) 1 — 2- —, —
IOD7 J02I ID92O2
Newton (1687) 1 — — — ^- — -?—
1 100 2ibo 20700
Newton (1726) 1 — ^- 5 '
' 1007 5021 169202
» L'inspection de ces nombres montrera au premier coup d'oeil que l'une
des deux conclusions suivantes est inévitable : ou quelque observateur in-
connu a fourni à Pascal des éléments de calcul absolument identiques à
ceux que Newton a obtenus en 1726 de Cassini, de Pound et Bradley, et
alors Pascal a dû faire usage de la même valeur de la parallaxe solaire em-
ployée par Newton en 1726, c'est-à-dire 10 | secondes, ou bien les chiffres
communiqués à l'Académie des Sciences par M. Chasles doivent être de
( 576)
purs mensonges. La première de ces conclusions ne peut être acceptée. Les
éléments employés dans le calcul des chiffres ci-dessus indiqués, sans
parler des éléments du premier groupe dont il n'est pas besoin de s'occuper,
sont la période et le plus grand éloignement du quatrième satellite de Ju-
piter, la période et le plus grand éloignement du satellite huvghénien de
Saturne et la parallaxe solaire. Nous avons vu quelles mesures de ces élé-
ments ont pu être accessibles à Pascal; de plus, quelles raisons avait Pascal
de prendre pour la parallaxe solaire 10 1 secondes à une époque où l'astro-
nomie pratique n'avait pas avancé au delà de l'état où elle se trouvait du
temps de Tycho-Brahe. Enfin, il faut remarquer que les chiffres communi-
qués par M. Chasles sont identiquement les mêmes, non avec ceux que con-
tient l'édition première (original) des Principia, mais avec ceux établis par
Newton dans la troisième et la plus parfaite édition de cet ouvrage, lesquels
chiffres sont basés principalement sur des mesures exécutées par des astro-
nomes qui n'étaient pas nés à l'époque de la mort de Pascal. En prenant
ces circonstances en considération, il est impossible d'éviter cette conclu-
sion, que les chiffres communiqués par M. Chasles sont de grossières copies
(forgeries) des chiffres correspondants contenus dans la troisième édition
des Principia.
» Établissons maintenant une comparaison entre les densités du Soleil,
de Jupiter, de Saturne et de la Terre, telles qu'elles ont été communiquées
par M. Chasles à l'Académie des Sciences, et les densités établies par Newton
en 1687 et 172G :
Soleil. Jupiter. Saturne. La Terre.
Pascal ( 1 661 ) 1 00
Newton ( 1 687 ) 1 00
Newton (1726) 100
» Ici encore, bien que les diamètres apparents entrent comme éléments
de calcul, les chiffres communiqués à l'Académie des Sciences par M. Chasles
sont absolument identiques avec les chiffres correspondants donnés par
Newton dans la troisième édition des Principia.
» Finalement, établissons une semblable comparaison pour le cas de l'in-
tensité de la gravité aux surfaces des corps :
Soleil.
Pascal (166?) 10000
Newton (1682) 10000
Newion (1726) toooo
» Les éléments de ce calcul étant les mêmes dans ce cas que dans le pré-
mî:
67
400
76
60
387
94 1
67
4oo
tipiter.
Saturne.
La Terre.
943
529
435
804 1
536
8o5|
943
529
435
( 577 )
cèdent, on doit s'attendre à ce que les chiffres pour 1682 et 1726 seront
identiques dans ce cas aussi. Il restera cependant à résoudre la question :
d'où provient cette identité dans les deux cas.
» Il n'y a qu'une solution possible des difficultés que j'ai proposées, et
c'est la suivante : la niasse entière des documents communiqués à l'Aca-
démie des Sciences par M. Chasles est une pure imposture (pure for-
(jeries). »
ASTRONOMIE. — Découverte de la g4e petite planète faite à Ann-Arbor, Etats-
Unis d'Amérique. Lettre de M. C Watson, communiquée par M, Le
Verrier.
« J'ai observé les positions suivantes d'une nouvelle petite planète que
j'ai découverte le 6 septembre :
Temps moyen Ascension
1867. d'Ann-Arbor. droite. Déclinaison.
h ni 3 h m s
Septembre 6 1 4 • 48 .10,1 0.56.33,46 0
6 16.15.37,4 o.56.3i,34 -i-6.ii.i4,5
7 10.12.21,4 o.56. 6,99 6.10.42,2
8 9.59.29,2 o.55.33,4o 6. g. 54, 7
» La planète ressemble à une étoile de 1 Ie grandeur.
» J'ajoute une position de la planète @, découverte par moi le i!\ août :
Temps moyen d'Ann-Arbor, septembre 8 9h22m28s,8
Ascension droite de la planète (S) 23b55I1° 4%8i
Déclinaison de la planète @ —3° 42' 3o",i •
CHIMIE PHYSIOLOGIQUE. — Recherches sur la salive et sur les organes sali-
vaires du Dolium galea. Note de MM. S. de Luca et P. Panceri, pré-
sentée par M. Dumas.
« Ce Mollusque, connu de toute antiquité, porte le nom de lofa parmi
les pécheurs napolitains. Notre savant Délie Chiaje en a décrit la partie ana-
tomique dans le grand ouvrage de Poli. Deux glandes accouplées, qui oc-
cupent dans l'animal la place des organes salivaires, et dont les conduits
excréteurs, très-contractiles sur le vivant, débordent tout près des organes
masticateurs, renferment un liquide fortement acide. Cette acidité est due
à la présence de l'acide sulfurique libre qui, dans le liquide normal, s'y
trouve en une proportion supérieure de 3 pour 100.
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 14.) 7^
( 57«)
» Nos observations et nos expériences ont été faites sur deux individus
de Dolium galea, péchés dans le golfe de Pozznoles : en voici un court
résumé. Les glandes, au nombre de deux pour chaque animal, lorsqu'elles
sont remplies de liquide, ont chacune une grosseur remarquable, supérieure
à celle des œufs de poule ordinaires, et un poids de 70 grammes environ.
Elles sont formées de deux parties distinctes, l'une petite et opaque tout
près du point où le conduit excréteur sort de la glande, l'autre grande et
transparente à cause de la membrane qui l'enveloppe et qui est très-mince
et très-blanche. Lorsque, par des incisions, la partie intérieure des glandes
est mise au contact de l'air, on voit se dégager dans les tuyaux à cul-de-
sac, dont se compose la presque totalité de la glande, des bulles gazeuses
d'acide carbonique pur. Une glande du poids de 7 5 grammes a dégagé sous
l'eau 200 centimètres cubes d'acide carbonique.
» L'acidité du liquide contenu dans la glande du Dolium galea a été d'a-
bord constatée par sa saveur agréable au goût, et qu'on a comparée à celle
du jus de citron ou bien à celle de la limonée minérale ; par son action sur
le marbre, d'où se dégageait en abondance de l'acide carbonique, et par le
changement de couleur qu'il a causé au linge imprimé en couleur, lequel se
trouvait à la portée de nos expériences.
» Ensuite nous avons soumis le liquide provenant des glandes du Dolium
galea à une série d'expériences chimiques, dans le but de déterminer exacte-
ment la nature et la proportion de l'acide qui y était contenu. En voici
les résultats : Le liquide obtenu par la simple pression des glandes est inco-
lore, avec une légère opalescence qui est due à la présence d'une matière
organique, contenant du soufre et de l'azote, et précipitable par l'al-
cool. La saveur du même liquide est très-acide : il décompose les carbo-
nates, agit fortement, à la manière des acides minéraux, sur le sirop de
violettes et sur le tournesol, et neutralise les alcalis et les oxydes basiques.
Lorsqu'on l'évaporé sur une lame de platine, il produit des vapeurs irri-
tantes, blanches, très-denses et très-acides, en laissant un résidu peu sen-
sible et à peine noirâtre, qui perd cette teinte par l'action simultanée de la
chaleur et de l'air, et qui contient en très-petite quantité de la soude, de la
potasse, de la chaux, du fer, des phosphates, des sulfates, etc.
» Le même liquide, bien concentré, lorsqu'on le chauffe avec du
cuivre, dégage de l'acide sulfureux et produit du sulfate de cuivre so-
luble dans l'eau. Le liquide primitif donne avec les sels solubles de
baryte un précipité blanc, insoluble dans l'eau et dans les acides : ce
précipité, fortement chauffé avec du charbon, donne naissance à un corn-
( 579 )
posé soluble qui dégage de l'hydrogène sulfuré par l'action de l'acide
chlorhydrique.
» La composition centésimale du liquide normal, contenu dans lesglandes
du Dolium galea, est représentée par les chiffres suivantes :
i. li.
Acide sulfurique libre(S03) 3,42 3,3
Acide sulfurique combiné (MO, SO3) 0,2 0,1
Chlore à l'état de chlorure fixe (MCI) o,58 • 0,6
Potasse, soude, magnésie, fer, acide phosphorique, matière or-
ganique azoto-sulfurée, etc 1,8 2,4
Eau 94,0 93,6
1 00 , o 1 00 , o
« On savait déjà que le Dolium galea éjaculait par la bouche un liquide
qui produisait une vive effervescence avec les carbonates, et l'un de nous,
se trouvant à Nice en 1807, fut engagé par M. J. Mueller à répéter les ob-
servations relatives à la singulière fonction de ce Mollusque. Nous ne con-
naissions aucun autre fait au commencement de nos recherches; mais après
avoir constaté et démontré la présence de l'acide sulfurique libre dans les
glandes du Dolium galea, nous avons pensé qu'il était nécessaire de faire
des recherches dans le but de savoir si la constatation de cet acide avait
été faite avant nos expériences. Voici ce que nous avons pu trouver : M. Tro-
schel, à Messine, constata en 1 854 que le Dolium galea peut émettre par
la bouche un jet liquide de la longueur d'un pied. Une seule analyse faite,
sur l'invitation de M. Troschel même, par M. Bœdeker, montre que ce li-
quide contient 2,7 pour 100 d'acide sulfurique libre calculé à l'état d'hy-
drate (HO, SO3).
» Cette élaboration ou assimilation d'acide sulfurique par les glandes du
Dolium galea a été oubliée, et, on peut dire aussi, mise en doute; car, à l'ex-
ception de M. Bronn, aucun auteur à notre connaissance n'a fait mention
de ce fait singulier dans les plus récentes publications scientifiques, soit de
chimie, soit de physiologie animale.
» En soumettant à l'appréciation de l'Académie des Sciences ces premiers
résultats de notre travail, nous déclarons en continuer activement les re-
cherches au point de vue de l'anatomie physiologique et de la chimie; car
il est important, à notre avis, de connaître non-seulement l'origine de l'a-
cide sulfurique dans les glandes du Dolium galea, mais aussi desavoir à
quelles fonctions il est destiné dans l'économie de l'animal.
» C'est le premier animal qui, à notre connaissance, fabrique de l'acide
sulfurique par des procédés inconnus jusqu'à présent. »
■75..
( 58o )
CHIMIE. — Recherches sur les hypochlorites et sur les chlorures décolorants.
Note de M. A. Riche, présentée par M. Peligot.
« M. Balard, dans un remarquable travail publié en i834,a montré que
les combinaisons décolorantes, obtenues en faisant agir le chlore sur les
solutions de potasse, de soude et de chaux, avaient les propriétés des hypo-
chlorites, et il a envisagé ces composés comme résultant de l'union d'équi-
valents égaux d'hypochlorites et de chlorures alcalins. D'autres savants en
ont fait des chlorures d'oxvdes, des combinaisons de l'eau oxygénée avec
les chlorures alcalins, etc.
» Je me suis proposé, au commencement de cet été, d'étudier compara-
tivement l'action du soleil sur les hypochlorites faits directement et les
chlorures décolorants, et je dirai de suite que les unset les autresontfourni
des résultats identiques, et par suite que la théorie de M. Balard se vérifie
dans ce cas comme dans tous ceux où elle a été l'objet de vérifications.
» Les solutions de ces corps ont été soumises au soleil dans des fioles à
fond plat, de i5o centimètres cubes. On n'y plaçait que i3o centimètres
cubes de liqueur, afin qu'elle ne touchât pas le bouchon, et l'on recueillait
les gaz dans une cloche pleine d'eau, par l'intermédiaire d'un tube recourbé
qui se relevait jusque dans le haut de ce vase.
» Tous les deux ou trois jours on mesurait le gaz, après avoir absorbé le
chlore par une solution de potasse, de sorte que l'on avait l'oxygène mis
en liberté.
» Je vais donner seulement une série de chacune des expériences
comparatives, dont le détail paraîtra dans mon Mémoire.
» La suivante a duré du 26 août au 23 septembre. On a préparé l'acide
hypochloreux en recueillant dans l'eau froide le produit de l'action du
chlore sec sur l'oxyde jaune de mercure refroidi. On en a pris une quantité
constante, et on y a mêlé, en refroidissant, des quantités variables de potasse
de titre connu, réglées de façon à saturer, à des degrés divers, la solution
d'acide hypochloreux.
i° L'acide en quantité convenable pour saturer à moitié la potasse a dégagé 374",o
2" " u » aux trois quarts la potasse a dégagé 334cc,o
3° » » » totalement la potasse a dégagé 294cc,5
4° " « » sursaturer (un quart en excès) la
potasse a dégagé 28occ,o
» Comme on pouvait objecter à ces expériences que les solutions
( 58r )
exposées au soleil étaient loin d'avoir la même densité, on a fait une
deuxième série d'expériences, dans laquelle la quantité de potasse était con-
stante et la proportion d'acide hypochloreux variable. On étendait d'ail-
leurs avec de l'eau, comme dans la série précédente, de façon à avoir
dans tons les essais le même volume de liquide. Ainsi, pour le cas présent,
j'ai fait 240 centimètres cubes aveciao centimètres cubes de solution d'acide
hypochloreux, 5o centimètres cubes de potasse, quantités calculées de
façon à donner l'hypochlorite neutre et de l'eau distillée. Pour le sel
acide, on a mêlé aux 5o centimètres cubes de potasse 180 centimètres cubes
d'acide hypochloreux, et pour le sel basique il n'y avait que 60 centimètres
cubes d'acide pour la même dose de potasse :
i3o centimètres cubes du composé basique ont dégagé 25tcc,5 d'oxygène.
i3o centimètres cubes du composé neutre ont dégagé 3o4co d'oxygène.
i3o centimètres cubes du composé acide ont dégagé 355cc,o d'oxygène.
» Or, on voit que dans le premier cas, où la dose d'acide hypochloreux
est le tiers de celle qui se trouve dans le dernier, la quantité d'oxygène est
de beaucoup supérieure au tiers de 355, et il en est de même pour le se-
cond composé vis-à-vis du troisième.
» Nous en conclurons donc que le dégagement d'oxygène dans les
hypochlorites est d'autant plus considérable que le composé est plus
basique.
» Les chlorures décolorants se comportent de la même manière.
» On a employé la solution de potasse qui avait servi dans les expériences
précédentes, et on l'a soumise à un courant de chlore, en quantité suffi-
sante et nécessaire pour faire un chlorure décolorant neutre. On a traité la
même quantité de cette potasse par des poids de chlore calculés de façon à
donner des chlorures de saturation variable et déterminée; puis ou a
étendu ces liqueurs, de façon à en constituer le même volume.
Le chlorure décolorant saturé à moitié par le chlore a dégagé i35tc
Le chlorure décolorant saturé aux trois quarts par le chlore a dégagé i4icc
I.e chlorure neutre a dégagé '^g00
Le chlorure sursaturé par i,5 de chlore a dégagé io4€C
» Or, dans le premier liquide il n'y avait que le chlore fourni par
4^,105 de bioxyde de manganèse, tandis que dans le dernier il y a eu
iagr, i5 de bioxyde.
» En conséquence, les chlorures décolorants se comportent comme
( 582 )
les hypochlorites : plus ils sont basiques, plus ils dégagent d'oxygène.
>• Afin de pouvoir doser le chlore dans ces liquides, sans arrêter la déter-
mination de l'oxygène, on avait placé, à côté des appareils servant à ce
dernier usage, des flacons renfermant les mêmes liquides, et on les
essayait chlorométriquement aux mêmes époques.
» Le premier jour, au moment delà préparation des hypochlorites, l'essai
chlorométrique ne présentait rien de particulier, c'est-à-dire que l'acide
arsénieux était complètement oxydé avant que l'indigo fût décoloré.
» Mais les jours suivants une goutte du liquide chloré, un quart de goutte
même, produisait la décoloration.
» On rechercha alors l'acide arsénieux dans la liqueur, et on le trouva
entièrement inattaqué, comme cela arriverait s'il s'agissait d'une solution
d'acide chloreux.
» De plus, la liqueur mise avec un acide jaunit fortement, et répand
l'odeur d'acide chloreux, bien différente de celle des autres composés oxy-
génés du chlore.
« Par suite, les hypochlorites faits directement et les chlorures décolo-
rants se décomposent de la même façon, non pas en chlore et oxygène dont
une partie se dégage et dont l'autre forme de l'acide chlorique, niais inter-
médiairement, en un corps qui a les propriétés de l'acide chloreux.
» J'essayai alors le chlorure de chaux du commerce : les résultats furent
identiques.
» Le 27 août, on plaça au soleil i3o centimètres cubes d'une solution de
chlorure de chaux du commerce dont icc,7 était nécessaire pour attaquer
10 centimètres cubes d'acide arsénieux normal.
» Le lendemain soir, 3o centimètres cubes d'oxygène s'étaient dégagés, et
une demi-goutte de la liqueur décolorait déjà les 10 centimètres cubes de
liqueur arsénieuse colorée. Le 5 septembre, on avait recueilli 77e0, 5 d'oxy-
gène, et il fallait de deux à trois gouttes de cette solution au lieu d'une
demi-goutte. A ce moment d'ailleurs, la faculté décolorante, constatée au
moyen d'une solution aqueuse d'indigo, était réduite au sixième. Le 16 sep-
tembre, on avait obtenu g4cc, 5 d'oxygène; il ne s'en dégageait plus sensible-
ment, et la propriété décolorante était presque nulle.
» Un travail très-intéressant de M. Kolb, inséré dans le précédent
numéro des Comptes rendus, m'apprend que ce chimiste a reconnu de
son côté que le chlorure de chaux donnait du chlorite sous l'influence
du soleil. C'est ce qui me décide à publier un peu hâtivement ces premiers
résultats, afin qu'il me soit permis de continuer diverses expériences sur
( m )
l'eau de Javelle du commerce, la préparation de l'acide cldoreux, et la
production de l'ozone avec ces composés. »
La séance est levée à 5 heures trois quarts. C.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 3o septembre 1867, les ouvrages
dont les titres suivent :
Description des machines et procédés pour lesquels des Brevets d'invention
ont été pris sous le régime de lu toi du 5 juillet 1 844-> publiée par les ordres
de M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics,
t. LVIII. Paris, 1867; 1 vol. in-4° avec planches.
Sur les nombres de Bernoulli et c/'Euler, et sur quelques intégrales définies;
par M. E. Catalan. Sans lieu, 1867. (Extrait des Mémoires de l'Académie
royale de Belgique. )
De la pêcherie d'huîtres perlières de Tinnevellj, etc.; par MM. J.-L. Sou-
beykan et A. Delondre. Paris, sans date; br. in-8°.
Note sur la culture des Cinchonas dans les Indes britanniques; par MM. J.-L.
Soubeyran et A. Delondre. Paris, 1867; opuscule in-8°.
Nouveau Manuel de Chimie simplifiée, pratique et expérimentale; par
M. Emile Tournier. Br. in- 12 de 232 pages.
L Hippophagie, ses rapports avec i hygiène publique et i économie sociale; par
M. C. Hazard. Paris, 1867; br. in-18.
Découverte de i Astronomie positive basée sur la loi commune aux mouve-
ments des corps; par M. A.. Deryaux. Paris, 1867; br. in-8°.
Proceedings. . . Procès-verbaux de la Société d'Histoire naturelle de Dublin,
session de i86/|-65, t. IV, 3e partie. Dublin, i865; in-8°.
Sugli... Mémoires sur les spectres prismatiques des étoiles fixes ; par le
P.Secchi, Directeur de l'Observatoire du Collège de Rome. Florence, 1867;
in-4° avec planches.
Le due... Considérations sur les deux théories récentes des courants atmo-
sphériques; par M. Giov. Omboni. Milan, 1867; opuscule in-8°.
Natuurkundig... Journal d'Histoire naturelle des Indes néerlandaises, pu-
( 584 )
blié parla Société d'Histoire naturelle des Indes néerlandaises. XXIXe par-
tie, (6e série, IVe partie, livr. 2 à 4)- Batavia, 1866; in-8° avec planches.
Ueber... Sur l'action de la vapeur surchauffée; par M. G. Zeuner, de Zu-
rich. Sans lieu ni date; in-4°- (Tiré de la publication intitulée : l'Ingénieur
civil. )
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR L'ACADEMIE PENDANT
LE MOIS DE SEPTEMBRE 18G7.
Annaes do Observatorio do Infante D. Luiz; juin, juillet, août 1867 ; in-4°.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze,
Boussingault, Regnault ; avec la collaboration de M. Wurtz; août
1867; in-8°.
Annales de /' Agriculture française ; nos 1 5 à 17, 18675 in-8°.
Annales de la Propagation de la foi; septembre 1867; in- 12.
Annales du Génie civil; septembre 1867; in-8°.
Annales météorologiques de l'Observatoire de Bruxelles; n° 8, 1867; in-4°.
Annuaire de la Société Météorologique de France; feuilles i5 à 26; 1867;
in-8°.
archives néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, publiées par la
Société Hollandaise des Sciences de Harlem; t. Ier, 5e livraison; t. II, 1™
et 2e livraisons; 1867; in-8°.
Bulletin de i Académie impériale de Médecine; nos 22 et a3 ; 1867; in-8°.
Bulletin de la Société d' Anthropologie de Paris; février, mars, avril 1867;
in-8°.
Bulletin de la Société d' Encouragement pour l'industrie nationale; juil-
let 1867; in-4°.
Bulletin de la Société Géologique de France; feuilles 26 à 36, 1867; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; avril et mai 1867; in-8°.
Bulletin des séances de la Société impériale et centrale d'Agriculture de France;
n°9; 1867; in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique; i5 et 3o septembre 1867; in-8°.
Bulletin hebdomadaire du Journal de l' Agriculture; nos 36 à 3g, 1867;
111-80.
{La suite du Bulletin au prochain numéro.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
SÉANCE DU LUNDI 7 OCTOBRE 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMRRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HISTOIRE DE l' ASTRONOMIE. — Suite de la réponse aux Lettres de M. R. Grant
et de Sir David Brewster; par M. Ciiasles.
« Les observations de nos confrères MM. Duhamel et Le Verrier con-
signées dans le Compte rendu de la dernière séance, à la suite de ma commu-
nication, donnent naturellement du poids aux Lettres de MM. R. Grant et
Brewster, auxquelles je répondais, et m'obligent de revenir sur ce débat(i).
» M.Duhamel « conclut que Pascal aurait affirmé des choses qu il ne pou-
» voit pas prouver, ou que les Lettres ne sont pas de lui, » et « arrive à cetle
» conviction qu'elles ne peuvent être de Pascal. »
» M. Le Verrier est moins absolu ; il rappelle qu'il a déjà fait remarquer
que la masse de Jupiter donnée par Pascal nécessitait la connaissance des
observations de Pound-, et il ajoute que cette objection, développée par
M. Grant et étendue aux masses de Saturne et de la Terre, ainsi qu'à la pe-
santeur à la surface des corps célestes, semble avoir pris ainsi une impor-
(i) Je placerai ici une très-Iegère rectification. En parlant des Lettres de Voltaire ( Comptes
rendus, p. 547), dont une, écrite en anglais, diffère considérablement des autres, j'ai sup-
posé que celle-là se trouvait aussi à Saint-Pétersbourg. M. de Khanikof m'informe que
c'est au British Muséum même, en présence de M. Hamilton, conservateur des Mss. de ce
grand établissement, qu'il a vu cette Lettre et a fait la remarque dont il s'agit.
C. R., .867, 2e Semestre. (T. LXV , N° 18.) 7"
( 586 )
tance décisive. Il lui parait démontré qu'une partie des pièces astronomiques
attribuées à Pascal ne. sont réellement pas de lui; mais il se peut, ajoute-t-il,
qu'il s'en trouve un certain nombre qui soient réellement de l'auteur des
Pensées. Il demande un examen.
» J'ai toujours dit que je montrerais ces documents à qui voudrait les
voir; et beaucoup de nos confrères, ainsi que d'autres personnes, les ont
déjà vus, étudiés et comparés soit avec le Ms. des Pensées et les fac-similé
qui en ont été donnés par M. Cousin et M. Faugère, et dans l'isographie,
soit avec les fac-similé de Malebrancbe, Mariotte, Montesquieu, Saint -
Evremond, Fontenelle, le Roi Jacques, etc.
» J'ai répondu jusqu'ici à toutes les objections qui ont surgi, et l'on
n'a pas encore répliqué à aucune de mes réponses. C'est que l'on s'est tou-
jours borné à énoncer des doutes, des opinions, des assertions, comme,
par exemple, la prétendue ignorance de Newton de la langue française, etc.;
sans jamais donner aucunes preuves.
» Il n'est qu'un argument qui ait pu faire impression jusqu'ici, c'est celui
des nombres qui font le sujet de la Lettre de M. Grant.
» Ces nombres se trouvent sur les Notes de Pascal transmises à Newton,
et sur des Notes de celui-ci faites, d'après celles de Pascal, comme je
l'ai dit dans la dernière séance (p. 540 : us se trouvent aussi clans une
Lettre de Newton adressée à Rohanlt.
» Newton ne s'est pas servi de ces nombres en 1687. Cela peut s'expli-
quer de deux manières :
» Ou bien il a jugé prudent de ne pas reproduire ces nombres, à cause
des reproches que lui avaient adressés Rohanlt, Mariotte, Clerselier, et qui
se continuèrent même au delà de 1687, comme on l'a vu par la corres-
pondance du Roi Jacques II (dernière séance, Documents C);
» Ou bien il n'avait pas la démonstration de ces nombres, il ne savait
pas sur quelles données Pascal les avait calculés, et son propre calcul lui
indiquait des nombres différents.
» Voilà deux raisons plausibles.
» Et quant à la supposition que le prétendu faussaire, auteur des Lettres
de Pascal, aurait pris ces nombres dans la troisième édition de 1727 du
livre de Newton, elle est par trop invraisemblable, pour ne pas dire
plus, comme je l'ai montré dans notre dernière séance.
» M. Grant dit que Newton s'est servi, pour calculer ces nombres, de
telles et telles observations de Pound, de Cassini, etc. Mais qu'en sait-il?
Connait-il ces observations? Peut-il prouver ce qu'il avance?
( 587 )
» Il ajoute que Pascal n'aurait pas pu faire le calcul de ces nombres,
parce que les éléments, les observations astronomiques, qui n'ont été faites
que plus tard, n'existaient pas.
» Sans doute les observations faites depuis n'existaient pas; mais qu'est-ce
qui prouve que Pascal n'en possédait pas qui lui permissent de faire ses
calculs?
» C'est encore ici une assertion de M. R. Grant. C'est toujours le même
système : des opinions, des jugements personnels, des assertions; mais des
preuves réelles, aucune jusqu'ici dans toute cette longue polémique.
» On va voir quel peut être le danger d'une discussion passionnée,
hâtive, irréfléchie, dans laquelle on se borne à des assertions sans preuves.
Car il se pourrait que je n'eusse pas d'autres témoignages à l'appui des
Notes de Pascal qui renferment les nombres contestés, que les Notes de
Newton mentionnées dans la dernière séance (que je fais passer sous les
yeux de l'Académie). Pour ceux donc qui nient l'authenticité des Lettres
de Pascal comme de celles de Newton, l'assertion de M. Grant, fortifiée de
celle de M. Le Verrier, serait déclarée décisive. Tous mes documents,
comme le dit M. Grant, seraient faux, y compris cette masse de Lettres de
Montesquieu, de Labruyère, de Malebranche, etc.
» Eh bien, heureusement je puis produire un autre ordre de documents
se rapportante ce calcul de Pascal. Et l'admiration pour Pascal s'en accroî-
tra encore, car c'est à l'âge de dix-huit ans qu'il a trouvé ces nombres.
C'est en i64', en basant ses calculs sur des écrits inédits de Kepler, et des
observations astronomiques que lui transmettait Galilée.
» C'est le témoignage de Galilée lui-même, ce sont ses propres Leltres
que je vais produire. Des Lettres de Pascal et d'autres documents successifs
y feront suite jusqu'à Newton lui-même, cpii viendra apporter son propre
témoignage.
» Galilée, comme on va le voir, a eu l'idée que l'ellipse de Kepler
pourrait bien être la conséquence d'une attraction en raison inverse
du carré de la distance; et il a communiqué cette idée à Pascal. Celui-ci
donnant suite à cette ouverture a confirmé pleinement les prévisions de
Galilée, par des découvertes qui le placeront désormais sur le premier rang
parmi les fondateurs de l'Astronomie.
76.
( 588 )
Lettres de Galilée a Pascal.
» Galilée parle d'abord de la machine arithmétique de Pascal, de Viviani,
de Torricelli, puis il ajoute :
Co i janvier i6;ji.
Je vous fais part aussy de diverses nouvelles expériences de moy touchant les forces de la
pesanteur, au moyen de laquelle on peut en raison du quarré de la distance reconnoistre
qu'une planète doit se mouvoir dans une ellipse autour du centre de force placé dans le
foyer inférieur de l'ellipse, et décrire par une ligne tirée au centre des aires proportionnelles
au tems. Je vous recommande ces diverses observations, qui au moyen du rapport trouve
par Kepler entre les révolutions des corps célestes et leurs distances à un centre, on pourroit
ce me semble trouver la démonstration de cette règle parla théorie de la gravité (i). Car selon
moy, la force centripète a sur un mesme corps une action variable suivant les différentes
distances à ce centre, dans la raison renversée du quarré de ces distances. Je vous fais part
d'un bon nombre de mes observations à ce sujet. Je vous envoyé aussy plusieurs escrits que
je me trouve avoir de Kepler touchant ce mçsme sujet. Je vous prieray me les retourner
quand vous en aurez pris connaissance. Je ne vous en escrits pas davantage, car je me sens
les yeux bien fatigués. Ma vue s'en va. N'oubliez pas de me faire part de la description de
vostre machine aristhmétique. Je suis, Monsieur, vostre bien affectionné.
Galilée Galilei.
A Monsieur Pascal, à Rouen.
Florence, ce 20 may 1641.
Monsieur,
Je viens de prendre connaissance de vos dernières expériences touchant la pesanteur de
l'air; et de plus en plus j'y vois combien elles peuvent estre utiles aux observations astro-
nomiques. Mais malheureusement pour moy il ne me sera sans doute pas possible d'en suivre
longtems les progrès. Ma vue s'en va de plus en plus, et c'est avec toutes les peines du monde
que j'escris
J'ay bien essayé autant qu'il a dépendu de moy de faire faire un pas à l'œuvre de ce
génie créateur (Copernic). Mais j'avoue ma faiblesse depuis vos nouvelles expériences. On
rencontrait bien par cy par là des idées vagues de l'attraction dans les escrits des Anciens,
mesme dans Lucrèce. Mais par vos expériences, je ne doute plus qu'on arrive à la démon-
trer d'une manière irrécusable. Voilà ce qui fait, Monsieur, que j'attens avec tant d'impa-
tience vos nouvelles expériences. Je suis vostre bien affectionné.
Galilée Galilei.
Florence, ce 7 juin 1641.
Monsieur, je viens de prendre connaissance de vos nouvelles expériences touchant la pe-
santeur de la masse de l'air. J'en suis bien satisfait. Elles confirment mes prévisions. Ouy,
cela est un tesmoignage que l'air est pesant; que sa pesanteur peut estre la cause de tous les
effets qu'on a jusqu'alors attribués à l'horreur du vuide, et que cette mesme cause de la
pesanteur peut agir sur toutes les planètes. Par exemple, que la Lune pesé sur la Terre,
(1) Cette phrase incorrecte est rapportée ici textuellement.
( 589)
comme les corps célestes : que les satellites de Jupiter pèsent sur cette planète, comme la
Lune sur la Terre : les satellites de Saturne sur Saturne, et enfin toutes les planètes ensemble
sur le Soleil. Or donc cela posé : comme nous connoissons la puissance de la gravité sur la
Terre, par la descente des corps pesans, en évaluant, comme vous l'avez établi, la tendance
de la Lune sur la Terre, ou son écart de la tangente à son orbite dans un certain laps de
tems, et comme nous scavons aussy que les planètes font leur révolution autour du Soleil,
que deux d'entre elles, Jupiter et Saturne, ont des satellites, en évaluant par leurs mouve-
ments combien une planète a de tendance vers le Soleil ou s'écarte de la tangente dans un
tems donné, et combien quelques satellites s'écartent de la tangente de leur orbite, dans le
mesme tems, alors on peut déterminer, comme vous l'avez démontré du reste dans vostre
traité, on peut, dis-je, déterminer la proportion de la gravité d'une planète vers le Soleil et
d'un satellite vers sa planète, à la gravité de la Lune vers la Terre, à leurs distances respec-
tives. J'ay examiné avec beaucoup de soin vos calculs des forces qui peuvent agir sur ces
corps à distances égales du Soleil, de Jupiter, de Saturne et de la Terre; et ces forces
donnent parfaitement la proportion de matière contenue dans ces différens corps confor-
mément à la loi générale de la variation de la gravité, comme j'en avois l'idée. C'est donc
par ces principes qu'on trouve que les quantités de matière du Soleil, de Jupiter, de Saturne
et de la Terre sont entre elles comme les nombres i, — 77- 5 ■= 1 — r= — s- 1 ainsy que vous
1007 3o2i 109202 *
le démontrez fort bien en vostre traité. Or donc la proportion des quantités de matières
contenues dans ces corps estant ainsy déterminée et leur volume estant connu par nos
observations astronomiques, on peut calculer aisément combien de matière chacun d'eux
contient dans le mesme volume. Ce qui donne la proportion de leurs densités qu'exprimez
par les nombres 100, g4 t> 67 et 4oo. Ainsy la Terre est plus dense que Jupiter, et Jupiter
plus dense que Saturne, de façon que les planètes les plus pioches du Soleil sont plus denses.
Voilà, Monsieur, les brillans résultats que nous ont amenés vos observations sur la masse
de l'air, que je vous engage à continuer. Vous trouverez ci-joint quelques nouvelles obser-
vations à ce sujet, et une lettre de mon amy M. Toricelli. Continuez-nous, je vous prie, vos
nouvelles expériences. Je suis toujours très-souffrant; je n'y vois presque plus. Je suis
comme toujours, Monsieur, vostre très-affectionné. Galilée Galilei.
A Monsieur Pascal.
« Ces Lettres de Galilée nous révèlent des faits du plus haut intérêt.
» i° Il paraît qu'il avait déjà pu reconnaître par quekpies considéra-
tions théoriques que l'attraction en raison inverse du carré des distances
satisfaisait à la loi des aires de Kepler : conception que nous retrouverons
dans une Lettre au P. Mersenne.
» 20 II possédait des observations astronomiques qu'il envoya à Pascal,
en l'invitant à donner suite à ses propres conjectures.
» 3° Il envoya aussi à Pascal des écrits de Kepler. Il est certain, en
effet, que Kepler avait laissé des écrits assez nombreux. Descartes en parle
dans une série de Lettres au P. Mersenne, que je possède. La veuve de
( 59o )
Kepler les lui a communiqués; puis lui en a cédé une partie. Il y en a de
fort intéressants, dit-il.
» 4° On voit que Galilée, à qui l'on devait déjà la découverte des quatre
satellites de Jupiter, avait aussi découvert des satellites de Saturne. Ce qui
est resté ignoré, et ce qui ne diminue point le mérite de la découverte de
Huygens, faite en i655.
» 5° Enfin, on remarquera que Galilée parle du Traité dans lequel
Pascal a renfermé ses merveilleux calculs. Nous allons retrouver ce petit
Traité dans les documents suivants, qui confirment tous les Lettres de
Galilée et la grande découverte de Pascal.
Pascal à Fermât.
Du i(i avril 164S.
Je viens d'apprendre que Monsr Descartes, dans une lettre qu'il vient d'escrire à un de
ses amis, dit que c'est lui qui m'a donné l'initiative de faire des observations sur la masse
de l'air, sur sa pesanteur. Vous scavez vous mesme le contraire. Car il y avoit déjà plusieurs
années que j'avois fait des expériences à ce sujet, lorsque il y a environ un an, peut estre
davantage, j'eus un entretien avec lui sur ce mesme sujet, et que je lui fis part de mes obser-
vations. Comme il trouva que toutes ces expériences dont je lui parlois estoient assez con-
formes aux principes de sa pbilosophie il me donna avis de continuer de faire d'autres expé-
riences sur la masse de l'air. C'est alors que j'en fis de nouvelles tant à Paris qu'ailleurs, et
que j'ordonnai à mon beau-frère, M. Périer, d'en faire sur le Puy de Dosme en Auvergne,
comme vous le scavez. Voilà la vérité. Mais comme je crois vous l'avoir déjà dit, ce fut
Galilée qui le premier m'initia cette idée dans une lettre que je conserve, qui est de l'année
1641 • M. Toricelli, un de ses disciples, et sans doute sous l'initiative de Monsr Galilée, avoit
déjà fait quelques expériences à ce sujet et reconnu que l'air estoit pesant, et que sa pesan-
teur pouvoit estre la cause de bien des effets qu'on avoit jusqu'alors attribués à l'horreur
du vide. Il m'en fit part : je réitérai plusieurs fois ces expériences. Je fis part de mes obser-
vations à Monsr Galilée par un petit traité que je composai alors, où j'expliquois à fond toute
cette matière: car je démontrois qu'en effet la lunepesoit sur la terre comme les corps célestes,
et que la mesme cause de la pesanteur agissoit sur toutes les planètes ; que les satellites de
Saturne pesoient sur cette planète, comme la lune sur la terre, et les satellites de Jupiter sur
Jupiter, et enfin toutes les planètes ensemble sur le soleil. Galilée trouva belle cette démons-
tration, et tout à fait conforme à ses prévisions. Il examina ou fit examiner mes calculs à ce
sujet qu'il trouva conformes aux siens, m'envoya de nouvelles observations avec une lettre
que je conserve encore. Ce qui est un tesmoignage que ce n'est point M. Descartes qui m'initia
ces expériences sur la pesanteur de la niasse de l'air, puisque déjà je les avois quand je l'en
entretins. Du reste, je crois lui en avoir déjà parlé dans une ou deux lettres que je lui avois
adressées longtems avant nostre entretien. Voilà la vérité.
Pascal à M' . . .
Ce 2 juin îGtio.
Vous me mandez par une de vos lettres avoir vu M. le docteur Barrow et avoir tenu un
( 59« )
long entrelien avec luy, dans lequel il vous a fait quelques observations au sujet des calculs
que j'ay adressé au jeune Newton, touchant les causes de la pesanteur, et comment l'action
de la pesanteur pouvoit retenir les planètes dans leurs orbites. Pour cela il ne s'agit que de faire
une suite d'observations et consulter aussy la nature même. Mais je veux bien vous avouer
que les chiffres que j'ai donné dans mes Notes au jeune Newton ont été emprentés par moy
ou de Kepler ou de Galilée, desquels j'ai divers escrits manuscrits. Il doit même y en avoir
de l'un et de l'autre. Car tous deux^ comme vous savez, se sont occupés d'astronomie. Mais
vous dire duquel des deux j'ai pris tels ou tels calculs du mouvement des planètes et de
leurs satellites, je ne puis vous le préciser. Il me faudroit pour cela rechercher parmi mes
papiers, qui sont assez nombreux, les escrits de ces auteurs, traitant de cette affaire. Je ne
le puis en ce moment. D'abord je suis très-souffrant; puis je suis très-préoccupé de travaux
d'un autre genre. Du reste lisez le rapport trouvé par Kepler entre les révolutions des corps
célestes et leurs distances au centre, vous y verrez la démonstration comme quoi la lune
pèse sur la terre comme les corps célestes, et que les mesmes causes de la pesanteur agissent
sur toutes les planètes. Du reste voicy quelques nouvelles Notes que je vous adresse touchant
ce sujet. Peut-estre y trouverez-vous ce que vous désirez savoir : je le désire. Je ne vous
écris rien de plus, pour la raison que je viens de vous dire. Je suis toujours votre bien
affectionné. Pascal.
Huygens à Neivton.
Ce 12 novembre 1681.
Il est vray, monsieur, que je connoissois intimement feu Mr Pascal, et que je me suis
entretenu maintes fois et en particulier avec luy. Vous me mandez si je say où il a pu puiser
ses observations astronomiques. D'abord vous n'ignorez pas sans doute, que par luy mesme
c'estoit un grand observateur en toute chose, et qu'il a fait de nombreuses expériences sur
les propriétés de l'air et de la pesanteur; ce qui a pu luy donner l'idée des forces de la gra-
vité et de la loy attractive. Je vous diray aussy qu'il a eu quelques relations avec Galilée,
qui lui a fait passer plusieurs de ses observations astronomiques, et qu'il avoit aussy dans
son cabinet un assez bon nombre d'escrits de Kepler et de Copernic. Certes qu'il a pu trouver
parmy ces divers escrits divers calculs touchant les observations astronomiques dont vous
me parlez. Je ne puis rien vous dire plus à ce sujet. Je suis, Monsieur, comme toujours
vostre très affectionné serviteur. Ch. Huygens.
à Mons' Newton.
Mariotte à Flamsteed.
Ce 1 novembre i6H3.
11 est vray, Monsieur, que parmi les divers papiers de feu M. Pascal qui me furent remis
autrefois par Made Perier sa soeur, il s'est trouvé diverses lettres et observations touchant
l'astronomie, adressées à M. Pascal par Galilée. Il s'est trouvé aussy parmi ces mesmes papiers
des escrits de Kepler, que sans doute M. Pascal s'estoit procuré, touchant la mesure de la
terre. Je veux bien vous communiquer ces escrits de Galilée et de Kepler pour que vous
puissiez les compulser. Peut estre y trouverez-vous quelque chose qui vous sera utile; c'est
ce que je désire. Vous me les retournerez ensuite, je vous prie, parce que je tiens à les con-
server. Vous verrez par ces escrits que ces deux auteurs ont opéré chascun à leur manière,
et que leurs observations ne sont pas les mêmes. Du reste vous en jugerez. Tout ce que je
désire, c'est de vous estre agréable. Je suis, Monsieur,
Vostre très affectionné serviteur.
a Monsieur Flamsteed. Mariotte.
( 592 )
Newton à des Maizcaur .
Ce 29 juio 1720.
Monsieur et cher des Maizeaux,
Je me rappelle avoir vu autrefois entre les mains de M. Flamsteed des escrits qui luy
furent envoyés par Mr Mariotte, qui les avoit trouvé, dit-on, parmy ceux de M. Pascal. Ces
escrits estoient des observations faites par Kepler et Galilée touchant l'astronomie. Je n'ay
point lu ces papiers, mais je crois, autant que j'ay pu ,1e remarquer depuis, qu'ils ont dû
servir de guide à Mr Flamsteed. Taschez donc de vous les procurer; vous me feriez grand
plaisir. J'ai vu il y a quelques jours M. Bradley qui m'a chargé de présenter à vous ses très
humbles respects. Il ne seroit pas fasché d'avoir aussy connoissance de ces divers escrits.
Ainsy, comme vous le voyez, vous rendrez service à deux personnes pour une. Je compte sur
vostre obligeance. Du reste, je n'ay qu'à me louer des services que vous m'avez toujours
rendu jusqu'à présent, et de l'interets que vous m'avez toujours tesmoigné. Aussi je vous en
garderay une éternelle reconnaissance. Je vous transmets une lettre de monsieur Halley. Je
vous prierav me la retourner, ou me la rapporter vous mesme; ce qui me feroit grand
plaisir. Car je desirerois vous entretenir en particulier. Je suis de vous comme toujours, le
très humble serviteur. Is. Newton.
L'abbé de Polignac à Newton (1).
Ce 2 décembre. — J'ay lu avec beaucoup de soin vostre Livre des Principes mathéma-
tiques de la Philosophie naturelle ; et comme vous m'avez tesmoigné de scavoir mon sen-
timent sur cet ouvrage, je veux bien vous dire Mais permettez-moy de vous dire que
cette règle fut déjà démontré autrefois non-seulement par M. Hooke, qui vous a disputé
cette gloire, mais aussy par Mr Pascal, ainsy que cela appert d'un petit traité manuscrit
qu'on me montra l'autre jour. Je ne scay si vous connoissez ce manuscrit. Mais il y a beau-
coup de rapport entre ce manuscrit et vostre démonstration.
Malebranchc à M. l 'abbé de Polignac.
A Paris le 1 1 may. — Je vous ai déjà dit que ce n'est point M. Newton qui a étably la
pesanteur de la Lune et des planètes; que c'est à Pascal qu'il a emprunté, sans mot dire, ce
travail. Nous en avons des preuves que je puis communiquer. Par exemple des Lettres en
assez bon nombre, principalement celles de Galilée à Pascal, qui démontre que dès lors cette
règle estoit déjà connue. Mais je vous diray aussi que le binôme, qu'on appelle aujourd'hui
binôme Newton, fut imaginé par Pascal. C'estoil en 1 654 1u'i' faisoit cette découverte
» Conclusion. — Ces Lettres de Pascal, d'Huygens, de Mariotte, de Newton,
du cardinal de Polignac et de Malehtanche, s'accordent toutes à confirmer
les Lettres de Galilée. Elles prouvent toutes que Pascal avait composé, en
se servant des écrits de Kepler et des observations de Galilée, un petit
(1) J'ai dit dans mes premières communications (séance du 12 août) que Newton étaiten
correspondance avec le cardinal de Polignac. On le voit aussi par la Lettre latine apportée
de Genève par le R. P. Secchi (Comptes rendus, p. 546).
( 593 )
Traité renfermant les valeurs numériques des masses et des densités des
planètes, qui ont été reproduites par Newton dans l'édition de 1727 de son
Livre des Principes. Telle est ma réponse aux objections, prétendues déci-
sives, de Téminent astronome de Glascow. »
paléontologie anatomique. — De l'osléographie du Mesotherium, et de
ses affinités zootogiques : suite du système dentaire; par M. Serres. (Cin-
quième Mémoire.)
« Dans l'ensemble du système dentaire des Mammifères, on observe d'une
manière générale que la forme des dents molaires est très-différente de celle
des incisives. Le Mesotherium nous offre, à cet égard, une exception remar-
quable. Chez notre animal fossile, en effet, l'analogie la plus grande existe
entre ces deux espèces de dents; de sorte que, la composition des incisives
étant donnée, nous avons presque celle des molaires. Néanmoins, malgré
cette analogie de composition, une complication assez grande existe dans
l'arrangement des molaires, et cette complication a sa raison dans le ren-
versement de ces dents, qui s'effectue en sens inverse dans les deux mâ-
choires. C'est donc ce renversement et ses effets, que nous devons examiner
avec soin pour apprécier l'arrangement des molaires chez le Mesotherium.
» Revenons, à cet effet, à la disposition que nous présentent les inci-
sives. Ces dents, chez notre fossile, ont leur convexité en avant et leur con-
cavité en arrière. — Changez leur position, placez le long du maxillaire
supérieur la face convexe en dehors et la face concave en dedans, et vous
aurez, par ce déplacement, la disposition des molaires supérieures. —
Retournez maintenant ces molaires supérieures, c'est-à-dire placez le long
du maxillaire inférieur la convexité des dents en dedans et la concavité en
dehors, vous aurez, par ce retournement, la disposition des molaires infé-
rieures, et la clef pour ainsi dire de la singulière disposition de la dentition
de cet animal des temps anciens. Il suit, en effet, de ce retournement
exécuté en sens inverse dans les deux mâchoires, que, lors de leur rappro-
chement pour la mastication, le bord extérieur des molaires supérieures
était en contact avec le bord interne des molaires inférieures, et vice versa,
de sorte que le côté externe des unes correspondait au côté interne des
autres. Or, à la mâchoire supérieure, le bord externe étant un peu plus
élevé que l'interne, il suit encore de ce renversement que le plateau des
molaires supérieures est incliné de dehors en dedans, tandis que l'incli-
G. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° ISO 77
( 594)
naison fin plateau des molaires inférieures aura lieu de dedans en dehors
par la raison que la lame interne dépasse la hauteur de l'externe. C'est, en
effet, ce qui est chez le Mesotherium , et ce qui explique, comme nous al-
lons le voir, le contraste que nous offrent les molaires dans les deux mâ-
choires.
» Les dents de la mâchoire supérieure, au nombre de cinq, ont une
forme prismatique; elles sont arquées et légèrement courbées selon leur
largeur et d'une seule venue. Leur surface externe est très-convexe dans
les deux premières, un peu moins dans la troisième; elle offre dans la qua-
trième et la cinquième une dépression en avant qui les rend très-légèrement
concaves. Ces effets sont dus à la présence des sillons qui sont les indices
des cylindres constitutifs de ces dents. La première n'a pas de sillon, la
seconde en a un médian faiblement marqué; la troisième, la quatrième et
la cinquième en ont deux assez accentués. Leur longueur, mesurée d'après
la quatrième, qui est à découvert sur une autre pièce que celle de notre
squelette, est de 57 millimètres. Leur largeur va en augmentant de la pre-
mière, qui est la plus étroite, à la quatrième, qui est la plus large. La cin-
quième égale la largeur de la troisième. Leur épaisseur suit une progression
à peu près analogue; elle mesure sur la première 8 millimètres, sur la se-
conde 1 1 millimètres, sur la troisième également 1 1 millimètres, sur la qua-
trième i3 millimètres, et sur la cinquième 12 millimètres. Ces dents, très-
déchaussées en dehors, débordent l'alvéole d'une manière à peu près égale
de la première à la quatrième. La cinquième est un peu moins découverte.
Leur bord antérieur, oblique, forme en avant une saillie anguleuse très-vive.
Leur bord postérieur, mousse, rentre en dedans et s'applique étroitement
à la dent qui la suit. Dans la dernière ce bord est échancré dans sa partie
moyenne. Toutes ces dents sont fortement imbriquées, c'est-à-dire qu'elles
rentrent en partie les unes dans les autres, et se recouvrent mutuellement
à la manière des tuiles d'un toit. La face interne des molaires supérieures
est concave et inégale; cette inégalité est produite par le relief et les rai-
nures des cylindres qui les constituent. La première n'a pas de rainure,
elle semble formée par un seul cylindre. La seconde a une rainure pro-
fonde qui délimite les deux cylindres. La troisième a deux sillons servant
de démarcation aux trois colonnes des cylindres. La quatrième et la cin-
quième ont trois sillons qui séparent les quatre colonnes des cylindres.
Ainsi la première est unicylindrique , la seconde duocylindrique, la troi-
sième tricylindrique, la quatrième et la cinquième quatricylindriques.
» L'imbrication des dents est moins prononcée sur cette face interne que
( 595 )
dans la précédente; mais elle est festonnée par la convexité des cylindres
et les sillons qui les délimitent; leur surface déborde peu les alvéoles. Entre
les deux faces externe et interne, se trouvent en haut les fossettes dentaires,
dont la profondeur égale presque celle des incisives. Leur surface est
coupée très-obliquement aux dépens du côté externe, ce qui fait déverser
les fossettes en dedans. Dans la première molaire, la fossette est unique.
Dans les quatre qui suivent, le fond de la fossette creusé en bateau est iné-
gal, et cette inégalité est produite par le rebord supérieur des cylindres
qui, partant du bord interne de la dent, se dirige vers le bord externe.
Dans la seconde, ce rebord forme une arête oblique d'arrière en avant, qui
divise la fossette en deux cavités égales. Dans la troisième, il y a deux arêtes :
l'une antérieure, peu marquée, et en forme de tubercule; l'autre posté-
rieure, plus saillante, et oblique aussi d'arrière en avant. Ces deux arêtes
divisent la fossette en trois petites cavités : la première, antérieure, un peu
ovale, ayant son fond tourné en avant; la seconde, médiane, arrondie,
placée en dedans; la troisième, ovalaire comme la première, mais ayant son
fond en arrière, de sorte que les deux petits bouts de l'ovale se confondent
en haut et en dehors. Dans la quatrième molaire, il y a trois arêtes arron-
dies, placées sur la dent, et dessinant les quatre dépressions de la partie
supérieure des cylindres. Ces quatre dépressions, très-marquées également
dans la cinquième molaire, sont délimitées par trois arêtes, qui en forment
les lignes de démarcation. Cette description des fossettes est faite d'après
l'arcade dentaire supérieure d'un crâne que nous rapporterons au type
que nous nommerons Mesotherium subcristatwn, chez lequel les arêtes sont
beaucoup mieux accentuées que chez le Mesotherium cristatum.
» En résumé : ces fossettes réunies forment une gouttière profonde, à
fond inégal, qui déverse en dedans, et dont la largeur va en augmentant
de la première à la dernière molaire. Les deux arcades dentaires formées
par l'alignement des molaires supérieures ont une disposition légèrement
demi-elliptique. Les cinq dents qui composent chacune d'elles forment
une série croissante de la première à la quatrième, et décroissante dans la
cinquième. Elles sont très-découvertes et excèdent largement l'alvéole du
côté externe, surtout dans les quatre premières. A leur côté interne, où
elles constituent des bordures à peu près d'égale hauteur dans toute leur
étendue, elles sont, au contraire, très-peu déchaussées, et descendent très-
médiocrement au-dessous du rebord du palais. Par l'effet de leur courbure,
elles tendent d'une manière très-prononcée à converger vers le plan mé-
dian de la voûte palatine. Par cette inclinaison, leur surface triturante
77--
( 596)
regarde notablement en dedans. Elles sont serrées, autant qu'il peut être
possible, les unes contre les autres, et même comme refoulées entre elles
par leurs parties adjacentes ; et elles chevauchent et se débordent fortement
par leur saillie anguleuse antérieure, qui se porte à la fois en dehors et en
avant, et les fait paraître comme étagées l'une au devant de l'autre du côté
externe.
» L'extrémité inférieure, ou bulbaire, des molaires supérieures est lar-
gement ouverte; et cette ouverture reproduit en bas l'empreinte des cylin-
dres que les dépressions des fossettes nous ont montrée en haut. La première
molaire n'offre qu'une seule ouverture arrondie; la seconde en présente
deux; la troisième en montre trois: une antérieure, arrondie et très-bien
circonscrite, une postérieure plus grande, divisée en deux par une languette
osseuse; enfin, la quatrième et la cinquième molaires en ont chacune quatre:
deux aux extrémités, bien distinctes, et une plus étendue au milieu, et
divisée en deux comme dans la dent précédente.
» A la mâchoire inférieure les molaires, au nombre de quatre, sont moins
épaisses et moins fortes que celles de la mâchoire supérieure. Leur forme
est prismatique, et chaque dent est le produit de la fusion des éléments cy-
lindriques qui forment le radical des dents du Mesolherium. Le volume des
dents va en augmentant graduellement de la première à la quatrième mo-
laire; elles sont larges d'avant en arrière, droites, d'une seule venue, et
uniradiculées. Leur longueur, d'environ 45 millimètres, est égale pour
toutes, ainsi que leur épaisseur, qui mesure environ 8 millimètres. L'arcade
qu'elles forment par leur alignement est presque droite et dirigée oblique-
ment d'arrière en avant.
» Mais ce qui distingue essentiellement les molaires inférieures des supé-
rieures, c'est que les premières, comparées aux secondes, sont renversées,
c'est-à-dire que la face externe des supérieures devient l'interne des infé-
rieures; et vice versa : que la face interne des inférieures correspond à la
face externe des supérieures. C'est d'après cette disposition inverse que
nous [allons présenter les particularités des molaires inférieures du Meso-
lherium.
» Ainsi, la face externe est légèrement concave; elle offre, vers son mi-
lieu, un sillon profond qui divise la dent dans toute sa longueur en deux
cylindres très-distincts; de ces deux cylindres, l'antérieur est sur les quatre
molaires moins grand que le postérieur, et le cylindre postérieur de la
quatrième offre une dépression médiane qui semble le diviser. La largeur
des dents va en augmentant de la première à la quatrième : la première
( 597 )
mesure i3 millimètres; la deuxième 16 millimètres; la troisième 19 milli-
mètres; la quatrième 28 millimètres ; leur épaisseur a io millimètres.
» L'imbrication des dents, peu marquée, a lieu de dedans en dehors.
Elles sont déchaussées et dépassent l'alvéole de 11 à 12 millimètres.
» La face interne, légèrement convexe, est plus lisse que la précédente.
Néanmoins on remarque sur la première molaire une dépression médiane
qui indique la séparation des deux cylindres. La seconde, la troisième et la
quatrième molaires ont deux sillons très-apparents dans toute leur longueur,
ce qui dénote, sur ces dernières dents, l'existence de la fusion de trois
cylindres pour constituer la molaire. L'imbrication est aussi peu accentuée
sur cette face que dans la précédente.
» Dans la face supérieure, les fossettes dentaires sont moins profondes
que sur les dents de la mâchoire supérieure. Il en est, à cet égard, des mo-
laires comme des incisives. Le plateau des molaires inférieures est coupé
très-obliquement de dedans en dehors, de sorte que toutes les fossettes dé-
versent en dehors d'une manière très-marquée et en sens inverse du déver-
sement des molaires supérieures. Cet effet du déversement des molaires aux
deux mâchoires est des plus remarquables. Considérées sur chaque dent
en particulier, les fossettes offrent des différences peu accentuées, mais
en rapport avec le nombre des cylindres constitutifs des dents. Ainsi,
sur la première molaire, la demi-fossette antérieure est ovalaire et com-
munique en haut avec la cavité de la demi-fossette postérieure, qui est
arrondie et plus grande. Dans la seconde, la demi-fossette antérieure est
ovalaire aussi, et le cercle du cylindre est complet; la demi-fossette posté-
rieure est subtriangulaire, plus large en avant qu'en arrière, et, à son tour,
elle se divise en deux enfoncements peu marqués qui correspondent à la co-
lonnette médiane et postérieure que l'on remarque sur la face interne de la
dent. Il en est de même de la troisième et de la quatrième molaires. Sur
cette dernière, la demi-fossette postérieure, plus étendue que les précé-
dentes, accuse d'une manière plus accentuée les deux enfoncements qui
correspondent aux deux colonnettes des cylindres postérieurs. Ainsi, de
ces deux demi-fossettes, l'antérieure est toujours la plus petite, la posté-
rieure la plus grande. La première est ovalaire et s'accroît graduellement de
celle-ci à la seconde, à la troisième et à la quatrième. Chez toutes le rebord
d'adossement proémine sur le fond de la demi-fossette. Ces dernières ont une
forme subtriangulaire dont la base est adossée en arrière de la précédente:
leur étendue s'accroît également de la première à la quatrième, laquelle
se termine par une épine saillante qui était reçue, lors de la mastication,
( 598 )
dans l'enfoncement du bord postérieur de la dernière molaire supérieure
« Ainsi que nous l'avons dit, toutes ces fossettes sont inclinées en de-
hors. Cette inclinaison est produite par l'élévation du bord interne des
dents, et par l'abaissement de leur bord externe. 11 suit de cette disposi-
tion que le plateau des molaires inférieures, au lieu de former une gout-
tière presque continue, comme à la mâchoire supérieure, représente, au
contraire, une double série d'enfoncements et d'aspérités alternatives qui
en rendait la surface très-raboteuse. L'imbrication n'est pas continue; ainsi,
à la face externe, les deux molaires postérieures chevauchent seules les
unes sur les autres. Il n'y a pas de chevauchement dans les deux premières.
Le contraire se remarque sur la face interne : ce sont les deux premières
qui sont imbriquées; les deux dernières ne le sont pas. En outre, du côté
externe, l'imbrication a lieu d'arrière en avant, tandis que, du côté interne,
elle s'opère d'avant en arrière. Il n'est pas nécessaire de faire observer
combien ce chevauchement alterne est utile, pour prévenir l'ébranlement
des dents pendant l'acte de la mastication.
» Relativement à la composition cylindrique des dents, il est nécessaire
de faire remarquer que, dans la face externe, on ne voit que la délimita-
tion de deux cylindres constitutifs de ces trois dernières dents, tandis que
les trois colonnettes de la face interne en font supposer trois.
» Quant à leur structure, elle consiste dans un noyau de substance
osseuse, enveloppé de deux couches superposées sur ce noyau : l'une, la
plus immédiate, de cortical, d'une couleur jaunâtre; l'autre, la plus externe,
d'une enveloppe d'un émail noirâtre et plus ou moins brillant, qui s'étend
jusque sur les aspérités des fossettes dentaires. Si la couche noire est en-
levée, la surface de la dent est jaune; si l'on détache le cortical, le noyau
osseux est mis à nu et présente des stries très-fines.
» Le renversement des dents molaires aux mâchoires supérieure et infé-
rieure du Mesotherium est une des anomalies les plus singulières que nous
offre le système dentaire de ce nouveau genre de fossile; il se liait sans
doute au perfectionnement de la mastication. Mais ce but est sans appli-
cation à son étiologie. Après l'avoir constaté sur l'Ulacode, chez lequel il
est très-prononcé, et avoir cherché sans succès son influence sur l'ensemble
de l'ostéographie du Mesotherium, je l'ai trouvé parfaitement décrit chez le
Cabiai et X Anœma, dans le beau travail de Frédéric Cuvier sur les dents
des Mammifères; travail riche de faits pris sur nature, et remarquable par
cette sage philosophie qui, en anatomie comparée et en zoologie, consiste
à ne forcer ni les analogies ni les différences.
( 599)
» Dans la revue que nous venons de faire des dents molaires du Meso-
therium, on a dû voir la justification de ce que nous avons avancé, savoir,
que le renversement de ces dents aux deux mâchoires en constitue le ca-
ractère dominant. Si donc nous avions cru devoir désigner ce nouveau
genre de fossile d'après son système dentaire, nous aurions pu le nommer
Uptiodon (i) (dents renversées). Mais, dans l'état présent de la Paléontologie
anatomique, ce n'est pas à isoler les animaux fossiles que la science doit
s'attacher, mais bien à les relier par leurs principaux caractères aux ani-
maux vivants, dont ils ne sont que les prédécesseurs. C'est d'après cette
considération importante, que l'Anatomie comparée ne doit pas perdre de
vue, que j'ai substitué au mot absolu de Typolherium, qui isolait cet animal
de toute la création des temps passés et présents, celui de Mesoiheriuw, qui
le ramène vers les conditions actuelles de la vie des Mammifères.
» Quelque ambiguïté que nous offre, en effet, ce singulier animal, res-
semblant i° aux Rongeurs par la disposition de ses incisives, du mésodonte,
et par les dents uniradiculées; 20 aux jeunes Pachydermes par la forme
générale, et le rudiment des fossettes des incisives et des molaires; 3° aux
Edenlés, ses contemporains, par la masse, la lourdeur de sa tète et de ses
membres, ainsi que par la bifurcation de la dernière phalange, enfin 4° aux
Cétacés, d'une part, par l'enfoncement de l'occiput, l'affaissement de la
voûte du crâne et la petitesse de l'encéphale, qui en est la condition pre-
mière, et, d'autre part, par le nez large et court, un peu ouvert en dessus,
ce qui concorde avec l'idée de M. le Dr Sénéchal qui pense que le Meso-
therium était, peut-être, un animal aquatique; néanmoins, au milieu de ces
conformités si diverses, celles qui le rapprochent plus particulièrement des
Rongeurs et des Pachydermes dominent tellement les autres, que c'est
entre ces deux ordres de Mammifères que nous croyons qu'il doit être placé
comme un anneau intermédiaire qui les relie. Cet anneau serait-il, selon la
pensée de Blain ville, un des chaînons perdus de la série animale? »
médecine. — Rappel d'une communication faite à V Académie, le 3 1 juillet i8/j S,
sur la transmission de la morve du cheval à l'homme et de l'homme au cheval;
par M. Guyon.
« La communication que je viens rappeler à l'Académie a pour sujet un
cas de morve transmis du cheval à l'homme, et à des expériences qui ont eu
(1) ïwtiooj, renverser; oSovs, têttros, dent.
( 6oo )
pour résultat la transmission de la même maladie, de l'homme au cheval.
Ces différents faits se sont produits à Alger, en i843. Nous les résumerons
en peu de mots.
» Un capitaine du train des équipages militaires était chargé de la direc-
tion de l'infirmerie des chevaux et mulets de son escadron ; il donnait en
même temps des soins particuliers à quelques chevaux farcineux qui lui
appartenaient. Sur ces entrefaites, il tombe malade et s'alite. Après plusieurs
mois de soins infructueux chez lui, son état s'aggravant toujours, il entre
à l'hôpital militaire du lieu. La maladie, dans son cours, offre bien des
incertitudes au médecin traitant, le Dr Brée, ainsi qu'à ceux de ses con-
frères qu'il appelait quelquefois en consultation; elle ne fut bien recon-
nue que dans les derniers jours du capitaine. C'était la morve la mieux
caractérisée, la plus complète, si je puis m'exprimer ainsi (i).
» Du sang et différents produits morbides, pris sur le cadavre du capi-
taine, sont inoculés sur deux juments, un cheval et une mule (2). Ces quatre
bêles, réformées du service de l'armée, avaient été mises à notre disposition
par l'autorité militaire. La maladie se reproduisit sur le cheval, sur la mule
et sur l'une des deux juments; peut-être se serait-elle reproduite aussi sur
l'autre, si on ne s'était un peu trop hâté de l'abattre. On abattit en même
temps la première, ainsi que la mule; quant au cheval, il était mort depuis
plusieurs jours ; il avait succombé à une morve gangreneuse (3).
» Sans doute, je n'ai pas besoin de faire ressortir l'importance de ces
faits, surtout pour l'époque où je les ai fait connaître (1 843), et je n'y re-
viens aujourd'hui que pour les accompagner d'un autre qui s'y rattache
(1) Voir, dans notre communication du 3i juillet i843, l'historique du mal et le résultat
de la nécropsie.
(2) L'inoculation, sur les quatre bètPS, fut faite par des piqûres dans les narines et par
un séton passé dans le tissu cellulaire du poitrail, savoir : i° sur le cheval, avec du sang
pris dans les cavités du cœur ; 2° sur la mule, avec du pus provenant de pustules de la
face et delà cuisse ; 3° sur une jument, avec du pus pris en partie dans un abcès sous-cutané,
et en partie dans un abcès intermusculaire ; 4° sur l'autre jument, avec des mucosités des
fosses nasales.
(3) Les expériences eurent lieu le i3 juin, et les animaux furent abattus le 10 juillet.
A cette date, une jument était fortement glandée et morveuse; la mule était farcineuse à
un haut degré ; tout le poitrail était garni de gros boutons farcineux, avec ulcération de
bon nombre; de gros boutons, de la même nature, se voyaient au-dessus et au-dessous du
séton pratiqué pour l'inoculation chez les deux bêtes ; les articulations étaient fortement
prises, la marche était difficile et l'amaigrissement très-grand. Le cheval était mort dans la
nuit du 3o juin au 1" juillet, d'une morve gangreneuse, comme nous l'avons déjà dit.
( 6di )
immédiatement, et en complète, en quelque sorte, la série. Ce fait, le voici,
sauf une réserve que nous énoncerons après son exposition.
» Assez longtemps après que les premiers se présentaient, un médecin
militaire qui, avec nous, avait pris part à la nécropsie du capitaine, ainsi
qu'aux expériences précitées, tombe insensiblement malade. Il était alors
en France, rentré dans ses foyers, où il vivait dans les meilleures conditions
d'existence. Sa maladie fut longue, présentant des phénomènes étrangers à
la pathologie humaine, tels que des engorgements glandulaires, avec érup-
tion suppurante, sur différents points du corps; une turgescence particu-
lière du nez, avec suppuration abondante de sa muqueuse, suppuration
s'angmentant chaque jour davantage. Tous ces phénomènes et d'autres
encore, que nous nous dispensons d enumérer, ne peuvent être rapportés
qu'à la morve. Comment le médecin l'avait-il contractée? Ce ne fut que
lorsque la maladie ne laissa plus de doutes sur sa nature que notre mal-
heureux confrère se rappela s'être fait une piqûre à la main en prenant
part à la nécropsie et aux expériences auxquelles elle donna lieu, blessure
fort légère, il est vrai, et qui n'avait nullement appelé son attention dans le
moment.
» La mort n'eut lieu que près de onze ans après la blessure : le malade
mourut le 21 avril i854, à l'âge de cinquante-neuf ans. Que si, à raison
de ce long temps écoulé, sinon entre la blessure et le début du mal, lequel
fut des plus lents, du moins entre la blessure et la mort, le dernier fait
ne pouvait être rattaché aux premiers, force serait de le considérer comme
un cas de morve spontanée, ce qui constituerait un phénomène tout à fait
anormal, étrange dans la pathologie de l'homme.
» La série des faits qui précèdent pourrait se résumer ainsi :
» i° Transmission de la morve du cheval à l'homme par la surface
cutanée ou, en d'autres termes, par le contact immédiat, et peut-être aussi,
et en même temps, par la surface pulmonaire, ou, en d'autres termes, par
le contact médiat, c'est-à-dire par l'interposition de l'air (1) ;
» i° Transmission de la même maladie de l'homme au cheval et à
l'homme, par l'inoculation du sang et de différents produits morbides. Je
remarque que le premier de ces liquides, le sang, qui fut inoculé au cheval,
(1) Outre que, journellement, le capitaine était dans les rapports les plus immédiats avec
les animaux malades, il vivait dans une atmosphère saturée de leurs émanations, à raison du
peu d'espace et du manque d'aération du local qui leur était affecté. Voir encore, sur ce
sujet, la communication précitée.
C. R., 1867, 2" Semestre. (T. LXV, N° 15.) 78
( 602 )
donna lieu à une morve aiguë et promptement mortelle (i), de sorte que le
sang, jusqu'à ce que de nouvelles expériences viennent l'infirmer, pour-
rait être considéré comme plus apte à reproduire la maladie que les diffé-
rents produits morbides qui en proviennent. »
Sir D. Bkewster fait hommage à l'Académie de deux Mémoires extraits
des «Transactions de la Société royale d'Edimbourg», et qui ont pour titre:
« Sur les mouvements et les couleurs des lames minces d'alcool, d'huiles
volatiles et d'autres fluides », et « Description d'un appareil bolophote
double pour les phares, et d'une méthode d'introduire la lumière élec-
trique ou d'autres lumières ».
« M. Dacbrée donne communication d'une Lettre, dans laquelle M. de
Quatrefages signale l'apparition d'un bolide très-éclatant, qu'il a observé à
Arcachon, le n septembre, à 9 heures du soir, ainsi que quelques circon-
stances du phénomène; aucune détonation n'a été entendue. »
M. Dauiikée fait hommage à l'Académie d'une brochure qu'il vient de
publier et qui a pour titre: « Classification adoptée pour la collection des
roches du Muséum d'Histoire naturelle de Paris ».
MÉMOIRES LUS
PHYSIOLOGIE. — Note sur la putréfaction des œufs et sur tes produits organisés
qui en résultent; par NI. Al. Donné.
« J'ai communiqué successivement à l'Académie le résultat de mes expé-
riences sur les œufs abandonnés à la putréfaction et sur les êtres organisés
auxquels ils donnent naissance ; j'ai peut-être eu tort, car ces résultats sont
contradictoires, et on pourrait dire qu'il est de la dignité de cet illustre
corps qu'on ne lui apporte que des travaux achevés et complets. Mais les
communications que l'on fait à l'Académie n'ont pas seulement pour but la
publicité; elles ont aussi pour effet de provoquer la critique, de suggérer
des idées, et je n'aurais probablement pas poussé mes recherches aussi loin
que je l'ai fait, si je n'avais pas soumis les résultats de mes expériences au
jugement de cette Assemblée, à mesure qu'ils se présentaient.
(1) En moins de dix-huit jours, l'inoculation ayant été pratiquée le i3 au matin, et la
mort ayant eu lieu dans la nuit du 3o au i" du mois suivant.
( 6o3 )
» J'ai d'abord étudié les œufs abandonnés à eux-mêmes, à la température
de l'été, dans le climat de Montpellier ; n'ayant jamais vu cette substance ani-
male, si essentiellement propre à l'organisation, donner naissance à des êtres
organisés, j'avais conclu dans le sens des expériences de M. Pasteur, c'est-à-
dire que la matière animale la plus propre à se transformer en êtres vivants
ne donnait pas lieu à des générations spontanées. Plus tard, frappé de cette
circonstance que les œufs abandonnés à eux-mêmes se desséchaient plutôt
qu'ils ne se corrompaient, que les propriétés vitales de l'air contenu dans
l'œuf s'altèrent par le dégagement de gaz impropres à la vie, et qu'enfin la
présence de l'eau était nécessaire pour permettre aux animalcules infusoires
et aux moisissures de se développer, j'entrepris une nouvelle série de
recherches. Etait-il possible de fournir à la matière de l'œuf l'air et l'eau
indispensables, tout en se mettant à l'abri des germes répandus dans l'at-
mosphère? Je crus me placer dans ces conditions par plusieurs procédés que
je ne rappellerai pas ici en détail, me bornant aux faits les plus simples et
les plus concluants.
» Je pris donc des œufs déjà vieux, je pratiquai au sommet une petite
ouverture par laquelle j'introduisis de l'eau distillée bouillante, et je fermai
immédiatement l'ouverture avec de la cire ramollie; il me semblait que ces
précautions étaient suffisantes.
» En effet, j'avais toujours de la matière animale très-complexe, dans
son état naturel, c'est-à-dire n'ayant subi l'action ni d'agents physiques, ni
d'agents chimiques; n'ayant été soumise ni à une haute température, ni à
des acides ou autres réactifs capables d'anéantir ses propriétés vitales; je
n'opérais pas, en un mot, sur de la matière cuite, comme le disait si bien
M. Pasteur, ni sur de la matière réduite à l'état de produit chimique impropre
à la vie. Je la mettais, il est vrai, en contact avec l'air extérieur, mais pen-
dant un moment très-court, et je lui fournissais de l'eau ayant un double
effet: i°de mettre la matière animale en présence de l'élément nécessaire
au développement des infusoires; i° de tueries germes qui auraient pu
s'introduire, au moyen de cette eau bouillante que je versais. Ayant rencon-
tré dans les œufs ainsi préparés des myriades d'infusoires après deux ou trois
jours d'abandon, je me crus en droit de conclure à la production spontanée
de ces animalcules, les conditions de l'expérience me paraissant la mettre à
l'abri de toute erreur. Toutefois, on pouvait encore dire et on a dit que,
dans l'instant très-court pendant lequel l'œuf restait ouvert, il avait pu
s'introduire des germes de l'extérieur, et que la température de l'eau bouil-
lante n'était peut-être pas suffisante pour les tuer? Donc, tant cpi'on n'ar-
78..
( 6o4 )
riverait pas à mettre les œufs dans les conditions favorables à la production
d'être organisés vivants, sans ouvrir la coquille, sans donner accès à l'air
extérieur, ne fût-ce qu'un moment, le doute serait permis et la question de
la génération spontanée resterait indécise. Il fallait trouver un mode d'ex-
périmentation tel, que de l'air et de l'eau pussent être introduits dans l'inté-
rieur de l'œuf, sans rompre en aucun point la coquille.
» Les expériences suivantes, dont l'idée m'a été suggérée par M. Balard,
répondent complètement à ces conditions du problème. lOn prend des œufs
déjà vieux, on les secoue fortement afin de mêler le blanc et le jaune, ce
qui favorise leur putréfaction, ainsi que je l'ai démontré; on plonge ces
œufs dans un vase à moitié rempli d'eau distillée; le vase est mis sous le
récipient de la machine pneumatique. A mesure que l'on fait le vide, on voit
la surface des œufs se couvrir de fines bulles d'air, sortant de l'intérieur par
les pores de la coquille. On maintient les œufs pendant plusieurs heures
sous la cloche, sans qu'il soit nécessaire que le vide soit parfait. Quand on
a ainsi fait sortir en grande partie les gaz de l'œuf, on donne accès à l'air
extérieur dans la cloche ; on retire le vase et on laisse les œufs plongés dans
l'eau pendant deux ou trois heures; il est facile de voir que l'eau pénètre
dans l'œuf, car il augmente de poids, il s'enfonce plus ou moins dans l'eau;
alors on le retire, on l'essuie et on l'abandonne à lui-même, placé dans un
coquetier. Il n'est pas douteux que l'air, mieux encore que l'eau, pénètre
dans l'œuf sous l'influence de la pression atmosphérique. On fait ainsi à
volonté sortir et rentrer l'air dans les œufs^ en même temps qu'on y intro-
duit de l'eau, et cela sans faire aucune ouverture à la coquille; et cet air ne
pénètre qu'à travers un filtre tellement fin qu'aucun corps étranger ne
peut s'introduire.
» Des œufs ainsi traités se décomposent et se pourrissent avec une grande
facilité ; abandonnés à eux-mêmes, soit dans une étuve à 3o ou 35 degrés,
soit à la température du mois de juillet à Montpellier, avec l'influence de
la lumière dont l'action est peut-être nécessaire à la vie, ils exhalent, au
bout de huit ou quinze jours, quelquefois trois semaines, selon les circon-
stances, une odeur fétide; souvent même la matière intérieure suinte à tra-
versas pores de la coquille. Depuis six mois, j'ai opéré de cette manière sur
un grand nombre d'œufs; bien des douzaines ont été mises en expérience,
soit à l'étuve, soit à l'air libre, en variant de plusieurs manières les détails
du procédé. Eh bien , dans aucun cas, et quel que fût le degré de putré-
faction auquel l'œuf fût arrivé, putréfaction qui allait souvent jusqu'à ré-
pandre l'odeur la plus fétide ; dans aucun cas, dis-je, cette matière décom-
( 6o5 )
posée n'a offert la moindre trace d'êtres organisés, dn règne végétal on du
règne animal; pas la plus petite moisissure, pas une seule monade, ni un
seul vibrion, rien enfin d'organisé, d'animé ou de vivant ne s'est montré au
sein de la matière examinée avec le plus grand soin au microscope. Dans
de telles conditions, si éminemment favorables à de nouvelles combinaisons
de la matière organique, à la production d'êtres nouveaux, puisque l'on a en
présence une substance animale très-complexe, naturelle, non soumise à
l'action destructive du feu ou des agents chimiques, avec de l'air et de
l'eau, de la température et de la lumière, aucune génération n'a lieu, tant
qu'on ne met pas l'intérieur de l'œuf en communication avec l'extérieur,
par une ouverture capable d'admettre les germes répandus dans l'atmo-
sphère. J'ai poussé les choses plus loin encore : au lieu d'abandonner les
œufs à l'air libre, je les ai laissés plongés dans l'eau. En deux ou trois jours,
cette eau se troublait, devenait d'une odeur fade, et dans une goutte sou-
mise au microscope on apercevait un peuple de monades et de vibrions;
mais quant à l'œuf lui-même, en pleine décomposition putride, il ne pré-
sentait aucune trace de vie ni d'animation. Ma conclusion définitive est
donc celle-ci :
» Mes dernières expériences sont une confirmation, que je puis dire
éclatante, des résultats obtenus par M. Pasteur et qui, jusqu'à présent,
repoussent la théorie de l'hétérogénie. »
PATHOLOGIE. — Mémoire sur les tumeurs cirsoïdes artérielles, spécialement
étudiées chez les adolescents et les adultes; par M. Gosseli.x.
« Dupuytren a rappelé devant l'Académie des Sciences, en i8a5, ce qu'il
avait entendu désigner sous le nom de tumeurs érectiles, et Breschet,
en i832, a appelé l'attention sur une autre variété de dilatation artérielle,
qu'il appelait anévrisme cirsoïde.
» Or, entre ces deux lésions, dont la première se produit aux dépens des
capillaires cutanés, et la seconde aux dépens des grosses branches arté-
rielles, s'en trouve une autre un peu plus fréquente, quoique rare encore,
dont Dupuytren et Breschet ne se sont pas occupés et dont l'histoire n'a
pas été complétée jusqu'à ce jour. Je veux parler de la dilatation insolite
des artères au voisinage de leur terminaison, dans cette partie du système
artériel qu'en anatomie classique nous appelons artérioles ou ramuscules.
Cette dilatation forme des tumeurs distinctes, avec lesquelles coïncide sou-
vent, il est vrai, les deux lésions signalées par Dupuytren et Breschet. Elles
( 606 )
sont l'occasion d'accidents sérieux et nécessitent une intervention chirur-
gicale particulière.
» Sans cloute elles n'ont pas été absolument inconnues jusqu'à ce jour.
Mais leur histoire est restée obscure parce qu'on les a comprises tantôt dans
la description des tumeurs érectiles ou fongueuses sanguines, comme l'ont
fait en particulier J. Bell et Roux, tantôt dans la description des varices
artérielles ou anévrismes cirsoïdes, comme l'ont fait de nos jours Robert,
le Dr Décès, et la plupart des auteurs français.
» Il y a lieu, pour les besoins de la pratique, de décrire à part et sous un
nom réservépour elles les tumeurs formées par les artérioles. J'accepte celui
de tumeur cirsoïde artérielle, qui a été employé déjà dans un travail exclusi-
vement analomo-pathologique dû à M. Robin. Je viens aujourd'hui donner
les caractères cliniques de ces tumeurs, et montrer que leur étude séparée
est d'autant plus nécessaire, que nous pouvons substituer avec succès, aux
opérations dangereuses entreprises jusqu'à présent contre elles, un moyen
beaucoup moins grave, que la thérapeutique moderne a emprunté à la chi-
mie, je veux parler de l'injection du perchlorure de fer dans la trame même
de ces tumeurs.
» Dans un premier chapitre, consacré à l'anatomie pathologique, je signale
la situation fréquente de ces tumeurs à la tète, et leur siège dans le tissu
cellulaire sous-cutané, le volume remarquable auquel arrivent les ramus-
cules anormalement dilatés, les flexuosités qu'ils décrivent, leurs anasto-
moses et surtout leur agglomération en amas ou paquets sous la peau. Je
fais voir que ces agglomérations donnent à la tumeur ses caractères spé-
ciaux : car, soulevant la peau et finissant par lui adhérer, les vaisseaux
anormaux s'ouvrent facilement et donnent des hémorragies, auxquelles
exposent beaucoup moins les varices artérielles des branches, lesquelles
marchent isolées les unes des autres et à une certaine profondeur sous
la peau.
» Dans le deuxième chapitre, consacré à l'étiologie et à l'évolution, je
fais remarquer que si, dans quelques cas, la maladie a paru avoir une ori-
gine traumatique, le plus souvent elle s'est développée spontanément et en
vertu d'une aptitude particulière absolument inexplicable. Quelquefois la
tumeur a été précédée d'une tache de naissance ou naevus. Le plus souvent
elle coïncide avec une dilatation des branches circonvoisines (varices pro-
prement dites) ; mais cette dilatation lui est comme subordonnée, car elle
peut diminuer et même disparaître complètement, sans qu'on ait rien fait
pour elle, lorsque la tumeur cirsoïde vient à perdre ses pulsations.
( &>7 )
» J'insiste sur cette particularité, que les tumeurs dont il s'agit ne nous
sont montrées que par des sujets de dix-huit à quarante ans. Si, comme cela
est certain, elles commencent beaucoup plus tôt, si par exemple elles existent
déjà pendant la première et surtout pendant la seconde enfance, elles n'ont
pas encore pris, à cette époque de la vie, un développement assez considé-
rable pour [constituer une difformité et donner lieu à des hémorragies.
C'est seulement lorsque ces deux circonstances se sont produites, c'est-à-
dire à la fin de l'adolescence ou au commencement de l'âge adulte, que les
malades sont obligés de réclamer les secours de la chirurgie.
» Le chapitre suivant est consacré aux symptômes et au diagnostic. Les
premiers sont tous de l'ordre physique : saillie plus ou moins volumineuse
et étendue, présentant des pulsations isochrones à celles du pouls, dépres-
sible, offrant sous les doigts la sensation de cordons flexueux multipliés qui
disparaissent par la pression, donnant enfin à l'auscultation un bruit de
souffle tantôt intermittent comme celui des anévrismes ordinaires, tantôt
continu-saccadé, comme celui des anévrismes variqueux.
» Ces symptômes pourraient faire confondre la maladie dont je m'oc-
cupe avec les anévrismes ou avec l'encéphalocèle. J'indique les moyens qui
permettent d'éviter ces erreurs.
» Arrivé au traitement, auquel est consacré mon dernier chapitre, je fais
remarquer que la fréquence et le danger des hémorragies indiquent la né-
cessité d'une intervention chirurgicale , que réclament beaucoup moins
souvent les varices proprement dites, puisqu'elles saignent rarement et n'oc-
casionnent aucun accident.
» Je rejette les opérations conseillées et employées jusqu'à ces derniers
temps, savoir :
» La ligature de toutes les branches qui alimentent la tumeur;
» La ligature des troncs principaux, de l'une des carotides primitives ou
des deux, par exemple;
» L'ablation totale de la tumeur, en prenant soin de lier, à mesure qu'elles
sont divisées, toutes les artères afférentes.
« La première n'a pas donné de succès; la seconde expose à des dan-
gers sérieux; la troisième peut être suivie d'accidents, et n'est guère ap-
plicable quand la tumeur a une grande étendue en surface.
» Je donne la préférence à une opération beaucoup moins dangereuse et
qui n'a jusqu'à présent donné que des succès, savoir : l'injection plusieurs
fois répétée, dans la trame même de la tumeur, avec le perchlorure de fer.
» L'idée d'employer le perchlorure dans les cas de ce genre a dû cer-
( 6o8 )
tainement se présenter à l'esprit de tous les chirurgiens de notre époque.
Elle découlait nécessairement des belles notions qui nous ont été données
par Pravaz sur l'action coagulante de cette substance, des tentatives qui ont
été faites pour arrêter, au moyen de cette action, la circulation dans lesané-
vrismes et dans les veines variqueuses, des succès qu'elle a donnés dans le
traitement des hémorragies. D'ailleurs, sur un des malades dont je rapporte
les observations, ce moyen avait été employé déjà par MM. Nélaton et Michon
qui avaient commencé le traitement avant moi.
» Je ne viens donc pas réclamer la priorité du traitement par l'injection
du perchlorure; je désire seulement en établir les règles, en démontrer les
avantages par l'observation, et signaler quelques phénomènes consécutifs
dont on ne s'est guère occupé jusqu'à présent.
» L'un de ces phénomènes, et le plus curieux, c'est l'apparition fréquente,
aprèsles injections, de petits ulcères bourgeonnants et très-rebelles, parlés-
quels s'échappent une partie des caillots dus au contact du perchlorure.
Ces ulcères retardent longtemps la guérison, mais ne l'empêchent pas de
se compléter.
» Un autre est la possibilité d'une terminaison par suppuration de la
phlegmasie que provoque le perchlorure, et celle d'une hémorragie con-
sécutive. En pareil cas, je n'hésite pas à employer le fer rouge, tant en vue
d'arrêter l'hémorragie qu'en vue de compléter l'oblitération de la tumeur
vasculaire, et je cite un fait dans lequel cette opération complémentaire a
mis fin à la maladie.
» Mon travail se termine par la relation détaillée de trois faits, dans les-
quels j'ai employé avec succès ce traitement par les injections cinq ou six
fois répétées de perchlorure de fer. »
M. Pozxanski donne lecture d'une Note intitulée : « Des effets de l'acide
cyanhydrique sur l'organisme à l'état physiologique et à l'état patholo-
gique ». L'auteur conclut, des observations faites par lui, à l'efficacité de
l'emploi de l'acide cyanhydrique, comme médicament, dans le choléra et dans
les fièvres intermittentes qui ont pour caractères les stases sanguines et la
carbonisation du sang. Ses expériences sur des chiens et le traitement d'un
grand nombre de cholériques lui ont montré que la dose représentant une
demi-goutte d'acide cyanhydrique pur, administrée convenablement, ne
saurait porter atteinte à la santé d'un homme adulte, et peut au contraire
amener la guérison de cholériques arrivés à la période algide.
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
( Go9 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. Deprez adresse une nouvelle Note concernant les « appareils de dis-
tribution de la vapeur à un senl tiroir ». (Présenté par M. Combes.)
Cette Note est renvoyée, comme la précédente, à la Section de Méca-
nique.
M. Phillips adresse un « Mémoire sur un théorème général de la théorie
de l'élasticité, qu'on peut appeler théorème de la superposition des effets
des forces ». (Présenté par M. Combes.)
(Renvoi à la Section de Mécanique, à laquelle M. Delaunay est prié de
s'adjoindre.)
M. Radau adresse une nouvelle Note concernant la réponse faite par
le P. Secchi à ses remarques sur le baromètre statique. Cette Note est rela-
tive, en particulier, aux corrections de température, que M. Radau calcule
autrement que le P. Secchi, et qui seraient d'un ordre de grandeur ne
permettant pas de les négliger.
Cette Note est renvoyée, ainsi que les précédentes, à une Commission
composée de MM. Pouillet, Rcgnault, Delaunay.
M. Melsens adresse à M. le Président une Lettre relative à sa Note sur
le passage des projectiles au travers des milieux résistants (i). L'auteur fait
remarquer que les expériences de M. le Général Morin ont été citées dans
cette Note; il croit d'ailleurs qu'il existe, entre ces expériences et les siennes,
des différences notables.
Cette Lettre est renvoyée, ainsi que la Note de M. Melsens, à la Section
de Mécanique.
M. Philipeaux adresse, pour le concours des prix de Médecine et de Chi-
rurgie (fondation Montyon), un ouvrage imprimé ayant pour titre : " Traité
de thérapeutique de la coxalgie », et joint à cet envoi une indication ma-
nuscrite des parties qu'il considère comme originales dans cet ouvrage.
(Renvoi à la Commission.)
(i) Comptes rendus, 3o septembre 1867, p. 564-
C. R., 1867, î" Semestre. (T. LXV, N°|15.) 79
(6io)
M Villemin adresse un exemplaire imprimé du travail dont le manuscrit
a été déposé précédemment par lui, pour le concours des prix de Médecine
et de Chirurgie (fondation Montyon), et qui a pour titre : « Etudes sur la
tuberculose, preuves rationnelles et expérimentales de sa spécificité et de
son inoculabilité ».
(Renvoi à la Commission.)
M. Buaisonnier adresse la description d'un instrument destiné à rem-
placer le graphomètre, et d'un maniement plus facile pour la mesure des
hauteurs ou pour celle des distances entre des points inaccessibles.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre de la Guerre adresse, pour la Bibliothèque de l'Institut,
le XVIe volume du « Recueil de Mémoires et observations sur l'hygiène et
la médecine militaires ».
M. le Secrétaire perpétuel présente à l'Académie le fragment du bolide
tombé aux environs de Sétif, qui vient d'être adressé par M. le Maréchal
Gouverneur de l'Algérie.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, deux brochures de M. d'Eichivald, l'une imprimée en
allemand et ayant pour titre : « Complément à l'histoire de la géognosie et
de la paléontologie en Russie», l'autre imprimée en langue russe et ayant
pour titre : « Sur les peuples finnois de la Russie ».
MÉTÉOROLOGIE. — Halos et couronnes solaires et lunaires observés à Angers
du 3o août 1866 au 3o août 1867; par M. C. Decharme (i).
« Les halos et couronnes observés à Angers dans l'espace d'une année
sont assez nombreux et peuvent être partagés en trois groupes d'après leur
nature et leur aspect, savoir :
(1) Ces météores ont été observés par M. Albert Clieux, d'Angers. Quoique M. Decharme
n'en ait vu lui-même qu'un petit nombre, il croit pouvoir se porter garant de l'exactitude
des faits consignés dans la présente communication.
( 6n )
» i° Grands halos, au rayon de ^6 degrés, dits halos extiaordinaires,
assez rares dans nos climats;
» 2° Petits halos, au rayon de 22 à a3 degrés, ou halos ordinaires, fré-
quents dans nos contrées;
» 3" Couronnes solaires ou lunaires, au rayon variable, ordinairement
blanches ou peu irisées et dont les couleurs sont disposées en sens inverse
de celles des halos, le rouge étant ici en dehors et le bleu en dedans.
» Du 3o août 1866 au 3o août 1867, on a observé à Angers : 2 grands
halos au rayon de 46 degrés; 27 halos ordinaires, au rayon de 23 degrés;
4 couronnes solaires ou lunaires; en somme, 33 météores.
«... Dans une communication que j'ai eu l'honneur de faire à l'Aca-
démie (1) au sujet du grand halo solaire observé à Angers le 3o août i866; je
terminais en disant que « dans la nuit du 3o au 3i et dans la matinée du 3i ,
» il avait plu abondamment, comme il arrive d'ordinaire pour les météores
» de cette espèce. »
» Je crois pouvoir ajouter aujourd'hui que cette remarque s'applique
aussi aux petits halos et aux couronnes, comme le prouvent les observations
précédentes, rapprochées de celles où l'on a enregistré avec soin les jours
de pluie et la quantité d'eau ou de neige tombée le jour ou les jours qui
suivent ceux de l'apparition de ces divers météores.
» J'ai pu, en eflet, avec mes notes particulières et à l'aide des feuilles
mensuelles d'observations météorologiques faites à l'École normale d'An-
gers (feuilles que M. le directeur de cet établissement à bien voulu me con-
fier), faire les recherches nécessaires à la vérification que j'avais en vue.
» Je n'ai pas jugé nécessaire de joindre ici aux observations précédentes
le tableau un peu long qui établit la corrélation entre l'apparition des halos
et couronnes, leur intensité et la chute prochaine de la pluie; j'en donnerai
seulement le résultat, à savoir que, dans tous les cas, les halos petits ou
grands et les couronnes solaires ou lunaires ont été suivis de pluie ou de
neige, le jour même ou le lendemain, ou, au plus tard, le surlendemain
pour un très-petit nombre.
» Il résulte aussi des mêmes observations comparatives qu'en général
la pluie est d'autant plus prochaine et sera plus abondante, le vent d'au-
tant plus fort, que le météore lumineux aura été plus brillant.
» Ces résultats sont-ils généraux ou s'appliquent-ils seulement au climat
vaporeux de l'Anjou? C'est ce que j'ignore.
(1) Comptes rendus, séance du 17 septembre ifc>66, p. 5oi.
79-
(6.2)
» J'ajouterai enfin, comme dernière remarque, que les halos solaires
sont beaucoup plus fréquents qu'on ne le pense communément. Un grand
nombre d'entre eux échappent, en effet, aux observations par suite de la
difficulté de les examiner lorsqu'ils sont faibles et quand le ciel est forte-
ment éclairé. Il faut, pour les bien voir, armer l'œil d'un écran opaque,
percé d'une petite ouverture ou muni d'une fente étroite en forme d'arc de
cercle, ou bien regarder à travers deux petits trous d'épingle, pratiqués
dans une feuille de papier épais et éloignés l'un de l'autre de la distance de
deux yeux, environ 65 millimètres.
» En résumé, l'étude des halos peut fournir de précieuses indications
comme pronostics du temps. Cette seule considération, indépendamment
de l'intérêt purement scientifique qui s'attache à l'observation de ces beaux
météores, mérite qu'on ne les néglige pas »
« M. Chevreul fait observer que la remarque de M. Decharme sur la
fréquence des halos plus grande qu'on ne le pense communément, parce
qu'il en est un grand nombre qu'on n'aperçoit pas à cause de leur faible
intensité, est de toute justesse.
» A cette occasion, il regrette qu'on n'ait pas toujours parlé de pinsieurs
autres phénomènes de vision comme il lui semble qu'on aurait dû le faire;
par exemple, il est des phénomènes de contraste simultané de couleur, qu'on a
considérés comme des exceptions et qu'on a nommés couleurs accidentelles,
et dans ces derniers de couleurs subjectives, qu'il faudrait selon lui présenter
comme dérivés d'une loi de notre organisation, en les énonçant de la ma-
nière suivante :
» Lorsque l'œil voit une couleur sur un fond, il a tendance à voir la
couleur bordée de sa complémentaire, et celle-ci, d'un ton bien plus faible
que le ton de la première, va en s'affaiblissant à partir du bord de la pre-
mière couleur. C'est cet affaiblissement qui en empêche la perception dans
deux cas extrêmes, celui où le fond réfléchit trop de lumière blanche et celui
où il n'en réfléchit pas assez. Ce sont donc là deux accidents opposés à la
manifestation d'un phénomène régi par une loi dérivée de la bonne orga-
nisation de l'œil humain.
» M. Chevreul doit insister d'autant plus sur la nécessité de la lumière
blanche d'une certaine intensité pour la manifestation du phénomène, que
dans des livres récemment publiés à l'étranger sur le contraste des couleurs,
on a parlé de ses recherches, certainement sans les avoir lues, du moins
complètement. Ainsi, dans deux ouvrages, on insiste sur la nécessité de cette
(6,3 )
lumière blanche corame/ai/ no«i»efl«, et cependant M. Chevreul a parfaite-
ment mis ce fait en évidence dans plusieurs de ses écrits : il se borne dans
ce moment à citer son livre : «De la loi du contraste simultané des couleurs »
(i839)(i). »
PHYSIQUE. —S ur un nouveau baromètre à mercure. Note de 31. Faà de Bruxo,
présentée par M. Hermite.
a Le nouveau baromètre que j'ai inventé, et qu'on peut voir chez M. Sal-
leron, constructeur d'instruments de physique, me semble destiné à rendre
de grands services aux voyageurs, aux météorologistes en campagne, et à la
marine. Pouvant être construit en fer, et se composant de deux tubes con-
centriques, dont l'intérieur sert de cuvette et l'extérieur de colonne baro-
métrique, il n'est pas susceptible de se casser ou de déverser du mercure
n'importe sous quelle inclinaison ou secousse. L'envoi de ces instruments
pourra se faire dans toutes les parties du monde avec toute sécurité, et sans
crainte de rupture de la part des acheteurs. Le problème d'un baromètre
à mercure transportable me paraît recevoir ainsi une solution satisfaisante.
» Si le tube extérieur est suspendu et contenu dans un autre cylindre
fermé et pressé d'air, nous aurons une balance barométrique, nouvel instru-
ment qui pourra servir à peser toute sorte de gaz ou de vapeurs. Cet in-
strument figure dans l'Exposition italienne, à côté d'un baromètre différentiel
sur lequel je reviendrai une autre fois. »
physique appliquée. — Moyen d'obtenir des creux et des reliefs à dessin, cjal-
vaniquement, sans réserve de vernis; par M. Balsamo.
« Tout le monde sait que, dans les lames vibrantes, on peut faire naître
des points où l'ébranlement est presque nul, et des points où l'agitation est
très-grande, c'est-à-dire des lignes nodales et des ventres. On y parvient
en pressant du doigt un point quelconque du bord de la lame mise en
vibration par un archet. Comme la pression mécanique sur les lames vibrantes
produit symétriquement des lignes nodales, correspondantes au point de
pression, j'ai pensé que les lames métalliques plongées dans les bains gal-
vaniques devraient éprouver une certaine inertie dans les points où l'on
(i) Voir les pages i65 et 446-449- — Ces passages expliquent la couleur des ombres colorées
au lever et au coucher du soleil, et montrent que Vazur du ciel n'est pour rien, comme on
l'a prétendu, lorsque les ombres sont bleues.
(6i4 )
exercerait une pression. Les faits ont répondu à mes prévisions, car les
lames métalliques frappées par l'électricité dans leur immobilité apparente
émettent des notes que nous n'entendons pas, mais qui peuvent décrire gra-
phiquement des dessins sur leur surface, dans des conditions déterminées.
» Voici comment j'ai fait l'expérience dont je soumets les résultats à
l'examen de l'Académie. Dans une solution d'acétate de fer, additionnée
de quelques grammes d'acide phosphatique et de quelques fragments de
phosphore, j'ai plongé deux lames de fer ordinaire, dont l'une commu-
niquait au pôle négatif, et l'autre au pôle positif d'une pile de Bunsen de
trois éléments. Entre ces deux lames, et perpendiculairement à leurs sur-
faces, j'ai fixé une lame de verre, longue de 210 millimètres et large de
35 millimètres, de manière qu'elle pressât par son tranchant les deux lames
de fer suspendues aux pôles contraires. Je dois avertir que, pour mieux
faire venir au contact les deux lames de fer avec le tranchant de la lame,
de verre des deux côtés, j'enfonçais des pièces de bois entre les parois du
vase qui contenait la solution ferrugineuse et les surfaces extérieures des
lames métalliques; les pièces de bois servaient d'appui aux deux lames,
pour les empêcher de s'éloigner de la lame de verre qui les tenait à dis-
tance, et pour exercer sur elles une pression constante. Après deux jours
d'action voltaïque, le fer métallique s'est déposé sur la lame suspendue au
pôle négatif, en bandes verticales parallèles aux deux côtés du bord de la
lame de verre, un sillon vide alternant avec un sillon plein. Les vides
correspondaient à l'espace occupé par le tranchant de la lame de verre,
et les pleins aux côtés de cette même lame. Les lignes vides, c'est-à-dire
sur lesquelles ne se déposait pas le fer métallique, étaient par conséquent les
lignes nodules, et les lignes sur lesquelles le fer se précipitait étaient les
lignes de vibration ou les ventres. On dirait les cordes d'une harpe fabri-
quée dans le silence mystérieux des retraites moléculaires.
» J'ai substitué encore, au verre droit, un verre courbé en S, de telle
sorte que les points de contact du verre sur le fer formassent une ligne
sinueuse. J'ai obtenu alors un dépôt curviligne de fer, avec alternative de
sillons sinueux vides et pleins, comme auparavant j'avais obtenu un dépôt
rectiligne avec des sillons droits, la lame de verre étant droite. A la vérité,
les traits courbes dessinés par le fer n'étaient ni aussi nets, ni aussi tran-
chés que les traits rectilignes, parce que le tranchant de la lame de verre
mal courbée ne se trouvait pas tout entier dans un même plan, et qu'une
bonne partie de cette lame n'était pas en contact avec la lame de fer. De
plus, le courant de la pde était affaibli et le bain un peu épuisé, ce qui a
( 6x5 )
dû influer sur le peu de netteté des lignes nodales et des lignes vibrantes.
Les échantillons que je présente à l'Académie montrent suffisamment la
formation de ces bizarres dépôts galvaniques.
» La pression uniforme du tranchant d'une lame de verre a donc suffi
pour rendre inertes des espaces entiers de fer, qui ont refusé de recevoir
les molécules de fer prêtes à s'y déposer. Si cela est arrivé sur des lignes
droites et sur des lignes courbes, on ne doit pas douter qu'en formant des
dessins avec du verre, et peut-être aussi avec de l'argile ou de la porce-
laine, toutes les parties qui seront en contact avec le bord des dessins ne
viennent à être préservées des dépôts métalliques. Il est encore probable que
le même dessin aurait été reproduit sur la même surface, un nombre de fois
d'autant plus grand que l'espace laissé libre par les contours comprimants
aurait été plus étendu.
» Le damasquinage, les dessins en relief ou en creux qui se répètent sur
la même surface pourraient s'obtenir de cette manière, par la simple appli-
cation du type négatif contre la lame suspendue au pôle négatif. Ce qui arrive
dans le bain galvanique d'acétate de fer pourrait sans doute se reproduire
dans le chlorure de fer et dans des solutions salines d'autres métaux. Ne peut-
on pas espérer que ce procédé pourra rendre de véritables services dans la
gravure électrotypique, en dispensant de l'emploi du vernis préservateur? »
M. Trapero adresse, de Madrid, une Note manuscrite sur les formules
du troisième et du quatrième degré.
La séance est levée à 4 heures trois quarts. C.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 7 octobre 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Becueil de Mémoires et observations sur l'hygiène et la médecine vétérinaires
militaires, rédigé sous la surveillance de la Commission d'hygiène publique
et publié par ordre du Ministre secrétaire d'État au département de la
Guerre, t. XVI. Paris, 1867; 1 vol. in-8°.
Etudes sur la tuberculose, preuves rationnelles expérimentales de sa spécificité
et de son inoculabilité ; par M. J.-A. VlLLEMIN. Paris^ 1867; 1 vol. in-8°.
(Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie 1867. )
(6,6 )
Traité de thérapeutique de la coxalgie; par M. R. Philipeaux. Paris, 1 867 ;
1 vol. in-8° avec figures.
Les destructeurs des arbres d'alignement; par M. E. Robert. Paris, 1867;
in-18 cartonné.
Catalogue des instruments de précision de M. DuCRETET. Paris, 1867;
br. in-8°.
Annales des Mines ou Recueil de Mémoires sur l'exploitation des mines,
6e série, t. XI. Paris, 1867; in-8°.
Les Merveilles de la Science; par M. Louis Figuier, \ 5e série. Paris, 1867;
in-4° avec figures.
Société littéraire et scientifique de Castres (Tarn); Mémoires, t. VI.
Castres, 1867; in-8°.
Corallarj... Coraux fossiles du terrain nummulilique des Alpes Vénitiennes.
Mémoire par M. A. d'Achiardi. Milan, 1866; in-40 avec planches.
Beitràge... Matériaux pour servir à l'histoire de l'analomie et de la phy-
siologie microscopique du système nerveux ganglionnaire de l'homme et des
vertèbres en général; parM. C. ÀXMANN. Berlin, 1 853 ; in-8°.
Zur... La question du choléra; par M. C. AXMANN. Erfurt, 1867;
br. in-8°.
Die... Etude pathologique sur le choléra indien et le système nerveux gan-
glionnaire, suivi de remarques sur la prophylaxie du choléra; par M. C. AXMANN.
Erfurt, 1867; in-8°.
Abhandlungen... Mémoires de la classe des Sciences physiques et mathéma-
tiques de l'Académie royale des Sciences de Bavière, t. X, ire livraison. Mu-
nich, 1866; in-4° avec planches.
Ueber... Sur le parti qu'on peut tirer des documents publiés dans différents
Etats de l'Europe relativement au recrutement pour juger du développement et
de l'état sanitaire de la population de ces pays; par M. L.-V. BiSCHOFF. Mu-
nich, 1867; br. in-8°.
Het... Sur la Lamina spiralis membranacea considérée dans son dévelop-
pement et dans son état complet; par M. H. V. Middendorp. Groningen, 1 867;
in-4°avec planches.
ERRATA.
(Séance du 3o septembre 1867.)
Page 55i, ligne 3o, au lieu de i685, lisez 1689.
Page 55q, ligne 27, au lieu de réalisable, lisez irréalisable.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE LACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 14 OCTOBRE 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HISTOIRE DE l'astronomie. — Réponse à la Lettre de M. Faugère, de ce
jour (i); par M. Chasi.es.
I.
« M. Faugère m'a demandé, par une Lettre du 10 de ce mois, de lui
confier la pièce trouvée dans l'habit de Pascal, et envoyée à Newton par
Mme Perrier, désirant en faire faire un fac-similé. Il m'a demandé en outre
de lui confier, jusqu'au lendemain, la Lettre du Roi Jacques II à Newton,
du 12 janvier 1689. Je lui ai envoyé sur-le-champ, parle porteur de sa
Lettre, ces deux pièces, lui disant qu'il n'était nullement nécessaire qu'il
me renvoyât dès le lendemain la Lettre du Roi Jacques, comme il me le
marquait. J'exprimais en outre l'espoir que M. Faugère pourrait trouver
dans les archives des Affaires étrangères quelque trace de l'intervention du
Roi Louis XIV, au sujet des reproches adressés à Newton.
» On vient de me remettre, à mon arrivée à l'Académie, une Lettre par
laquelle M. Faugère veut bien me prévenir que la comparaison de la Lettre
(i) Foir\ai Lettre de M. Faugère, lue en séance par M. le Secrétaire perpétuel, ci-après
>age 643.
C. K., 1HK7, 2" Semestre. (T. LXV, N<> 16.) 8o
( 6,8 )
du Roi Jacques avec une Lettre qui existe au Ministère des Affaires étran-
gères montre une différence radicale, et qu'il croit devoir en dire un mot
dans une Lettre qu'il adresse à M. le Président de l'Académie.
» J'ai pensé, en apprenant ainsi que M. Faugère s'adressait de nouveau
à l'Académie, qu'il allait enfin répondre aux réfutations que j'ai faites en
détail de tous les points de sa Lettre du 9 septembre, comme j'avais fait au-
paravant de sa lettre du 26 août : réfutations toujours appuyées de preuves,
et qu'un contradicteur qui a pris l'initiative de l'attaque dans une question
où il se reconnaît incompétent sur le point principal, tout mathématique,
et qui vante si haut son respect de la vérité, ne devrait point laisser sans
réponse..
» Mais M. Faugère, dans sa Lettre dont M. le Secrétaire perpétuel vient
de donner lecture, ne répond encore à rien, et continue son système d'arti-
culations sans donner aucune preuve. Il dit que la Lettre du Roi Jacques
comparée avec la mienne est autographe, et « parfaitement authentique,
» puisqu'elle fait partie du dépôt des Affaires étrangères. »
» Que la Lettre soit parfaitement authentique, je l'admets; mais qu'elle
soit autographe, qu'est-ce qui le prouve? Car c'est là la question. Voilà
donc encore une assertion sans aucune preuve. M. Faugère n'indique pas
même la date de cette pièce; à qui elle est adressée; quel en est le sujet;
si le Roi était encore sur le trône ou à Saint-Germain quand elle a été
écrite.
» L'affirmation que la Lettre est autographe est-elle plus sérieuse que
Y Histoire anecdotique qu'invoquait M. Faugère pour prendre le faussaire sur
le fait? On peut en douter, et tout le monde sera porté à penser le contraire;
car on sait que les correspondances diplomatiques, et cette pièce en est
une probablement, puisque c'est aux Affaires étrangères qu'elle se trouve,
ne sont autographes que dans des circonstances très-particulières. Les mi-
nutes des Lettres peuvent être de la main du souverain, mais il les fait
expédier; il signe simplement les copies, en y mettant quelquefois le com-
pliment autographe (1).
» Eh bieu, il existe dans V Isographie un fac-similé d'une Lettre du Roi Jacques
à Catinal, du 17 août 1697, existant à la Bibliothèque impériale; et cefac-
simile est conforme à la Lettre que M. Faugère a encore entre les mains.
(1) J'ajouterai que les souverains onl eu des secrétaires qui imitaient leur écriture et leur
signature, et qu'on appelait les secrétaires 'le in main. C'est ainsi qu'on s'est mépris pend inl
un temps sur des Lettres de Henri IV et de Louis XIV, que l'on croyait autographes, et qui
( 6.9)
Puis— je espérer qu'il voudra bien faire la vérification que j'indique, et en
rendre compte à l'Académie dans sa prochaine séance ? Te possède plus
d'une trentaine d'autres pièces dont celle-là fait partie : il y a encore des
Lettres à Newton et des Notes autographes signées, qui se rapportent à des
recherches historiques dont on sait que s'occupait le Roi Jacques, qui était
fort instruit.
II.
» M. Faugère demande formellement à l'Académie que M. le Président
écrive officiellement à M. le Directeur de la Bibliothèque impériale, et l'in-
vite à soumettre à l'examen des membres les plus compétents de son admi-
nistration mes documents, et avant tout les écrits attribués à Pascal.
« Il est évident, ajoute-t-il, que les écrits prétendus de Pascal une fois
» reconnus apocryphes, tous les documents qui sont cités à l'appui et qui
» s'y réfèrent devront, par cela même, être regardés comme étant égale-
» ment faux. »
» C'est-à-dire que M. Faugère ne veut pas qu'on recherche s'il a existé
des relations entre Pascal et Newton. Pour lui, la cpiestion est résolue
à priori, indépendamment de tous les documents qui s'y rapportent. Ces
documents, il les déclare tous faux, comme M. R. Grant. Et il ne les connaît
pas, il ne veut pas les connaître, car il sait fort bien que je me serais em-
pressé de les mettre sous ses yeux.
» M. Faugère donne un spectacle bien singulier. Quand j'ai annoncé
que Pascal devait être mis au nombre des géomètres cités par Newton
comme ayant découvert, ainsi que lui, les lois de l'attraction, et que je
produisais deux Lettres et quatre Notes à l'appui de cette communication,
l'Académie m'a invité à compléter ces premières preuves qui devaient
associer Pascal à la gloire d'une grande découverte. En effet, le vœu de tous
ici devait être unanime. Eh bien, M. Faugère, qui se déclare incompétent
dans la question mathématique, qui dès lors ne peut en apprécier l'im-
portance et juger les documents qui s'y rapportent, renouvelle néanmoins
ses protestations contre mes efforts en réponse aux objections de nos voi-
sins d'outre-Manche, dont il avait invoqué l'intervention.
» Il renouvelle, dis-je, ses protestations, quand il a pu voir dans nos
étaient d'un secrétaire de la main. Depuis, on y a regardé de plus près; et l'on sait distinguer
les véritables autographes. Il en a été de même des Lettres de Mule de Maintenon, dont une
partie ont été écrites et signées, pendant un temps, par M11' d'Aumalc, son amie et sa
confidente.
80..
( 62o )
Comptes rendus que, jusqu'à présent, j'ai répondu à toutes les objections
qui sont venues de part ou d'autre. Et c'est quand cette longue polémique
s'épuise, touche à sa fin, que M. Faugère vient protester et demander une
enquête.
» Cette demande est la continuation adoucie d'une espèce de dénoncia-
tion qu'il a déjà tentée dans sa lecture du 26 août.
» Puisque ce mot dénonciation semble provoquer un doute de la part
d'un de nos confrères, je vais le justifier. M. Faugère a dit, au sujet de mon
refus de faire connaître à M. Le Verrier de qui je tenais mes documents :
» Assurément, il y aurait dans une pareille déclaration un élément précieux
» d'information. » Qu'a entendu par là M. Faugère? Il le dit clairement
quelques lignes plus bas, quand il invoque les devoirs qu'impose « la mora-
» lité publique encore plus que l'intérêt de la science. » Personne n'a pu se
méprendre sur la signification de pareilles phrases. Mais voici quelque
chose de plus significatif encore.
» A la suite de notre réunion du 19 août, au moment où M. le Pré-
sident nous quittait pour se rendre à la séance, M. Faugère me demanda
de qui je tenais mes documents. Je lui répondis : La question est de juger
les pièces que je produis; le nom de M. Paul ou de la famille Paul, de qui
je les tiens, n'y est pour rien; M. Paul, d'ailleurs, pourra vous dire
qu'il n'a pas de comptes à vous rendre. « Ah! reprit M. Faugère, répon-
» dant à M. Paul, vous n'avez pas de comptes à me rendre! eh bien, vous
» êtes un faussaire, et je vais vous dénoncer à la justice. » Eh bien, ai-je
répliqué, prenez que je suis le faussaire.
» Voilà la signification de l'appel de M. Faugère aux devoirs qu'impose
la moralité publique, qu'il reproduit aujourd'hui sous forme d'enquête
officielle qu'il demande à M. le Président d'ordonner.
III.
» Quant à cette enquête, je répondrai très-nettement, sans avoir besoin
de rappeler les détails sur les erreurs en fait de vérification d'écritures dont
il a été question dans notre séance du 3o septembre, que je ne regarde
point M. l'Administrateur et MM. ses collègues de la Bibliothèque impériale
comme des experts en écriture; ce sont tous des érudits, des savants, des lit-
térateurs distingués, mais je doute qu'ils s'attribuent un autre titre, et qu'ils
veuillent se charger de résoudre la question qui s'agite au sujet des travaux
de Pascal et de Newton.
» Ils savent que les éléments leur manqueraient absolument; car ils
( 6a i )
n'ont point de collections proprement dites d'autographes. C'est ainsi qu'il
n'existe point, je crois, à la Bibliothèque impériale, de Lettres de Montes-
quieu; il ne s'y trouve qu'une seule pièce sans signature, contenant des notes
qui semblent ne pas se faire. suite. De même il n'existe qu'une seule Lettre de
Malebranche. Je pourrais étendre considérablement ces citations. Cepen-
dant il est bien évident, comme on l'a vu dans la séance du 3o septembre,
qu'il fout plus d'une Lettre et même plus d'une série de Lettres d'un au-
teur, pour inférer, avec quelque probabilité, que telle pièce est ou n'est pas
de lui.
» Mais si j'ai regardé l'enquête restreinte et à huis clos demandée avec
tant d'insistance par M. Fangère, comme inadmissible clans une telle ques-
tion, je rappelle que j'ai invoqué, et j'invoque de nouveau une enquête
générale, de la part de toutes les personnes qui veulent bien prendre intérêt
à la question. Je communiquerai, comme je l'ai déjà dit, et fait déjà avec
succès, mes documents à qui voudra les voir. Que ceux qui voudraient
alléguer qu'ils ne sont pas compétents pour juger par eux-mêmes de l'écri-
ture ou de l'ancienneté des papiers, amènent avec eux des experts qui
les éclaireront. Que puis-je faire mieux? De plus, je prépare la publication
qu'a demandée Sir David Brewster, et je prendrai des mesures pour que mes
documents puissent être toujours consultés. S'ils sont indignes du grand
nom de Pascal, le triomphe de M. Fangère et de la vérité, qui seule l'inspire,
n'en sera que plus éclatant, et se perpétuera. Que peut-il demander de plus?
IV.
» Je reviens sur l'origine des documents. J'ai déjà dit (séance du 1 2 août ,
p. 271), et on l'a vu du reste par une foule de citations, que ces papiers pro-
venaient du cabinet de Desmaizeaux, qui a été l'ami et le confident de New-
ton. Il n'a jamais refusé de convenir que Newton avait eu des relations avec
Pascal ; il a même montré la totalité des pièces se rapportant à ces rela-
tions, à plusieurs de ses amis, notamment à Montesquieu; mais plus tard il
y a mis plus de réserve, et a refusé, avec franchise, d'en donner commu-
nication, alléguant qu'il ne s'en considérait que comme dépositaire. Je pos-
sède à ce sujet plusieurs correspondances de Desmaizeaux, dont il n'y a
point eu jusqu'ici nécessité de parler. Après la mort de Desmaizeaux, ses
papiers ont été vendus. Un Français, grand collectionneur (1), en a acquis
(1) Le chevalier Blondeau de Charriage, qui s'attachait principalement aux pièces généa-
logiques et se les procurait souvent par des échanges, en donnant des pièces autographes
( 622 )
sinon la totalité, au moins une grande partie, où se trouvait celte masse
de documents concernant Newton. Un savant anglais (i) a fait des dé-
marches, écrit des Lettres, que je possède, pour acquérir tout ce qui pro-
venait du cabinet de Desmaizeaux. Il lui a été répondu que ce cabinet
n'était plus intact, qu'une partie des pièces avait été cédée. Il a demandé
dans quelles mains avaient passé les papiers de Newton. Il lui a été répondu
que le nouveau possesseur les conservait. Plus tard un savant historien (2)
dont j'ai aussi une Lettre, se trouvant à Paris, a fait une démarche sem-
blable, qui a échoué. Voilà ce qui concerne l'origine première de ces pa-
piers, dont je n'avais point à parler d'abord, parce qu'elle est étrangère au
contenu des documents, qui devait seul fixer l'attention des savants et des
esprits sérieux. On le comprend aisément; car si j'avais négligé de pro-
duire ces documents, et qu'on les eût trouvés après moi, aurait-on dû les
détruire, quelque intérêt qu'ils présentassent, parla raison que je n'étais plus
là pour en dire l'origine ?
» Quant à leur origine immédiate à mon égard, il me suffit de dire que la
famille, des plus honorahles, dans laquelle ils se trouvaient, a pensé qu'à
raison de la nature de mes travaux ces papiers pouvaient m'ètre agréables,
et me les a fait proposer.
» Je rappellerai, en terminant, que mes adversaires s'obstinent à ne pas
vouloir aborder franchement l'examen de la question capitale de ce débat,
savoir: Y a-t-il eu des relations entre Pascal et Newton?
» Chaque série de mes documents, les Lettres de Montesquieu, comme
celles de Mariotte, de Malebranche, de Labruyère, du Roi Jacques, de
l'abbé Bignon, et beaucoup d'autres, suffit pour prouver ces relations.
» Comment interpréter cette persistance de MM. Faugère et Le Verrier,
comme de MM. R. Grant et Brewster, à déclarer les documents faux sans
vouloir en examiner aucun?
» N'accuse-t-elle pas la crainte d'y trouver la preuve de leur erreur, et
la réfutation de leurs assertions non suffisamment réfléchies?
» M. Le Verrier, qui a annoncé qu'il allait répondre à ma communica-
tion de la dernière séance, relative aux nombres de Pascal reproduits dans le
livre des Principes de Newton, refuse maintenant de le faire, parce qu'il a été
littéraires. Sa collection a été décrite dans quatre volumes : Dictionnaire de titres originaux...
ou Inventaire général du cabinet du chevalier Blondeau de C/iarnage, ci-devant lieutenant
d'infanterie. Paris, 1764, 4 vo'- in-12. Il a paru depuis un 5e volume.
( 1) J. Winthrop, professeur de Mathématiques.
(aj William Robertson.
( 623 )
interrompu. Je l'invite très-vivement à reprendre la parole; j'ai en main les
documents que j'ai pensé pouvoir me servir pour ma réplique. M. Le Ver-
rier refuse absolument; j'en exprime le regret. »
HISTOIRE DES SCIENCES. — Observations relatives aux Lettres écrites
par les souverains ; par M. le Général Morin.
« À une époque assez éloignée, il a été souvent d'usage, chez les souve-
rains, que des Lettres en apparence écrites et signées par eux-mêmes le fussent
par des personnes de confiance qui savaient imiter leur écriture. Le Roi
Louis XIV, entre autres, semble avoir adopté cet usage, et c'est ce qui peut
expliquer les nombreux détails d'administration dans lesquels il parait être
entré. Entre autres exemples que l'on en peut citer, je crois devoir faire
connaître l'existence, dans les Archives de la ville de Saverne, de plusieurs
ordres de marche ou simples feuilles de route, avec indication des gîtes et
des lieux de séjour, donnés à des détachements de vingt à vingt-cinq
hommes partant des points les plus éloignés du territoire, pour le recrute-
ment de l'armée réunie à Phalsbourg. Ces pièces portent la signature du
Roi et le contre-seing du ministre Letellier de Louvois. Qu'elles aient été
signées par le Roi lui-même ou par un délégué, elles n'en montrent pas
moins la part considérable et directe que prenait alors le souverain à l'or-
ganisation des armées, de même qu'aux autres branches de l'administration
du pays, et elles peuvent servir à expliquer des différences, dans l'écriture
de pièces qui n'en sont pas moins l'expression réelle de la pensée de celui
qui était censé les avoir écrites. »
« M. Le Verrier déclare de nouveau que l'injure qui serait faite au
caractère de Newton n'est basée sur aucun document sérieux.
» En se fondant sur des pièces attribuées à Pascal et à Galilée, et de la
vérité desquelles on ne peut donner aucune preuve, sinon qu'elles se certi-
fieraient les unes les autres, on conclut que Newton aurait attribué à
Cassini, entre autres, des observations qu'il aurait reçues de Pascal, et cela
dans l'intention frauduleuse d'enlever à Pascal l'honneur de la découverte
de faits importants pour le système du monde.
» Newton expose nettement, dans son édition du livre des Principes
donnée en 1726, que les observations et les mesures sur lesquelles il
s'appuie sont de Cassini, et il le fait en deux endroits différents. N'y eût-il
que cette déclaration du grand géomètre produite en présence de ses con-
temporains, qui savaient à quoi s'en tenir, on ne devrait pas hésiter à s'y
( 62/, )
fier plutôt qu'à des pièces dénuées de preuves et venant on ne sait d'où.
d Mais les observations de Cassini existent, et il suffit de les consulter
dans les Mémoires de notre Académie pour reconnaître qu'elles sont iden-
tiques à celles données par Newton en 1726. Cassini fait connaître ses in-
struments, donne les dates et les détails de ses observations qui ont été
faites entre la première et la dernière édition du livre des Principes.
» Aucun doule ne peut donc être permis. Newton a été sincère; les
observations qu'il rapporte comme étant de Cassini sont bien de cet astro-
nome français. Et en conséquence, les pièces prétendues de Galilée et de
Pascal, et qui n'auraient pu être vraies qu'à la condition que les observa-
tions citées par Newton n'auraient pas été de Cassini mais bien de Pascal,
sont controuvées; celles attribuées à Galilée autant et plus que les autres. »
OPTIQUE. — Lettre à M. Élie de Beaumont, au sujet des appareils de phares;
par Sut David Brewster.
« Allerley-Melrose, le 21 août 1867.
» Je regrette que M. Reynaud ait soumis à l'Académie les observations
qu'il voulait faire sur la brochure que j'ai eu l'honneur de lui adresser.
L'Académie, je le crois, n'acceptera pas la mission de décider la question
qui a été portée inconsidérément devant elle, et le Compte rendu n'est pas le
journal dans lequel elle devrait être discutée.
» M. Reynaud a gracieusement déclaré que, s'il n'était pas retenu par
mon âge et mon honorabilité, il aurait entrepris la tâche facile de répondre
à ma brochure. Je l'invite à revenir sur sa résolution et à suivre sa pre-
mière impression. Dans ses rapports sévères avec les intérêts et la réputa-
tion des individus, la vérité ne peut avoir d'égards pour l'âge, et l'âge
devant sa lumière abdique ses privilèges.
» M. Reynaud trouvera la tâche qu'il désire entreprendre moins facile
qu'il ne l'imagine : je suis prêt à lui résister devant quelque tribunal que
ce soit, et, afin de faciliter son entreprise, je demande la permission de lui
faire connaître les difficultés qu'il aura à combattre.
» i° C'est un fait positif qu'en 181 2 j'ai décrit un appareil de lentilles
et de miroirs, au moyen duquel un rayon de lumière ou plusieurs rayons
parallèles pouvaient être entièrement condensés en un foyer, et par lequel
la lumière de ces foyers pouvait être entièrement renvoyée en un rayon ou
en plusieurs rayons parallèles. Deux exemplaires de l'ouvrage dans lequel
cette invention est décrite ont existé à Paris, l'un dans la Bibliothèque de
( 625 )
l'Institut, et l'autre dans celle de M. Biot. L'appareil qui y est décrit est
exactement le même que l'appareil du phare soumis par Fresnel à l'Académie
des Sciences le 29 juillet 1822.
» 20 On dira que j'ai appliqué cet appareil seulement à la lumière du
soleil et non à l'éclairage des phares. Cela est complètement faux. J'ai
donné la preuve directe et circonstanciée, et acceptée comme irrésistible
par les jurisconsultes, les ingénieurs et les autorités navales et militaires,
qu'entre 1812 et 1820 j'ai été en communication fréquente avec les ingé-
nieurs du Bureau des Phares de l'Ecosse et avec le Bureau lui-même, les
pressant d'appliquer mon appareil à leurs phares.
» M. Reynaud peut à peine faire un appel sérieux à une opinion de
M. Arago, qui n'avait jamais vu ou entendu parler d'aucun des documents
sur lesquels ma réclamation est appuyée. Ses observations ont été publiées
à une époque où lui et moi étions engagés dans une controverse; mais, plus
tard, ce grand homme, que j'aimais et admirais, exprima son regret des
relations dans lesquelles nous nous trouvions, me fit un noble présent, et,
comme le savent tous les Membres de l'Académie, devint mon avocat le
plus chaud et mon ami.
» C'est avec beaucoup de chagrin que je me vois obligé de soutenir une
réclamation dans laquelle les amis de Fresnel voient une atteinte à sa mé-
moire. Comme auteur de perfectionnements et comme inventeur des appa-
reils de phares, ce grand homme, grand sous tant d'aspects, n'a pas d'égal,
et on ne pourrait accroître la réputation européenne dont il jouit à ce titre
en enlevant à un collaborateur l'honneur d'une invention qui lui est due
incontestablement. »
HYDRAULIQUE. — Sur les travaux de conduite d'eau exécutés récemment
à Alatri, près de Rome; par le P. Secchi.
« Je demande à l'Académie la permission de l'entretenir d'un travail
hydraulique considérable qui vient d'être accompli dans les États ponti-
ficaux, auquel j'ai pris quelque part et au sujet duquel j'ai reçu des infor-
mations qui pourront être utiles à la pratique et à la science. Il s'agit
d'une conduite exécutée pour fournir l'eau potable à deux villes de la pro-
vince de la Campagna liomana, Alatri et Ferentino. Ces deux villes sont
placées sur les sommets de montagnes isolées, et séparées des sources les
plus voisines par des vallées larges et profondes. On a dû mettre en usage les
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N« 16.J 8 I
( 626 )
moyens les plus perfectionnés qu'ait imaginés l'industrie moderne, et une
profonde connaissance des théories hydrauliques.
» La partie la plus difficile du problème était de réussir à porter l'eau
au sommet de la ville d'Alatri, car le reste ne présentait aucune difficulté
vraiment sérieuse.
» Ce résultat avait déjà été obtenu en partie par les anciens Romains,
qui, à une époque d'environ deux cents ans avant Jésus-Christ, avaient fait
un aqueduc forcé à siphon renversé, dont le point le plus bas était déprimé
de 100 mètres au-dessous de la débouchée de. l'eau pour approvisionner
la partie basse de la ville. J'ai eu le bonheur de retrouver les traces de cet
aqueduc jusqu'à la prise d'eau, et de le suivre jusqu'aux réservoirs faits
dans Alatri. S'il n'y avait eu qu'à desservir la ville d'Alatri, le parti le plus
simple eût été de suivre l'ancien tracé de l'aqueduc, qui était fait avec des
tuyaux en terre cuite, renforcés par une couche d'un béton de demi-mètre
d'épaisseur, et les procédés modernes n'auraient pas eu grand'peine à
obtenir un bon résultat.
» Mais il s'agissait encore de desservir Ferentino ; pour cela, il fallait
porter l'eau à un point plus élevé au moins de 34 mètres, et, à cause des dif-
ficultés suscitées par les propriétaires de l'ancienne prise d'eau, il a fallu
abandonner l'ancienne source et se servir d'une autre, beaucoup plus éloi-
gnée.
» Le nouveau tracé de la conduite présentait de graves difficultés, car il
exigeait trois siphons renversés l'un à la suite de l'autre, disposés de façon
que le sommet de la courbe intermédiaire restait notablement au-dessous
de la débouchée de l'eau au sommet de la ville.
» Toutes ces difficultés étaient bien propres à décourager dans une telle
entreprise ; mais je l'ai toujours soutenue, puisque nous pouvions compter
déjà sur la résistance des tubes français en fonte de M. Festugère de Brous-
sevalle, et des jonctions en caoutchouc de M. Petit. En effet, nous avons
déjà à Anagni une conduite de cette espèce, qui fonctionne sous l'énorme
pression de 3oo mètres d'eau, et dans laquelle l'eau est lancée d'un seul
jet jusqu'au sommet, par une pompe mue par une chute d'eau. La con-
duite d'Alatri ne demandait pas une force plus considérable. Les autres
difficultés auraient été facilement vaincues par l'habileté de l'ingénieur
directeur, M. Olivieri.
» En effet, il s'est très-bien acquitté de celte tâche, et l'eau jaillit depuis
plusieurs mois au sommet de la ville, à la grande satisfaction des habitants.
» Voici quelques éléments relatifs à la ligne de conduite :
(627 )
Ordonnée de la source dite de Travalle 6qo,ooo
Ordonnée du point où finit la conduite en fonte du diamètre
de o,n,io, et où commence la conduite forcée du diamètre
de om,i5 218,477
Ordonnée au fond du premier siphon 00,261
Ordonnée au sommet, entre le premier et et le deuxième siphon. 106,649
Ordonnée au fond du deuxième siphon 67 260
Ordonnée au sommet, entre le deuxième et le troisième siphon. 100,279
Ordonnée au fond du troisième siphon, et au point le plus bas. i,75^
Ordonnée de la porte de la ville au réservoir romain 100,242
Ordonnée au sommet de la ville, à l'ancienne Acropolis, où se
trouve la sortie de l'eau i34 010
» L'aqueduc a environ i5 kilomètres. Au commencement, sur une
longueur de io35 mètres, il est en maçonnerie ayant une' section de
om,25xom,3o, avec une pente de | pour 100. Le reste a une pente moyenne
de 4,3 pour 100, ce qui a permis de réduire le diamètre des tubes à om,io,
sur une longueur de 3718 mètres.
» Depuis ce point, la conduite a un diamètre de om,i5 sur une longueur
de 10094 mètres. La partie qui est forcée a 9600 mètres environ. Cette der-
nière longueur forme un grand siphon principal avec deux siphons secon-
daires, comme nous l'avons dit. Au sommet des siphons secondaires, fonc-
tionnent des soupapes de Betancourt. Cette conduite se prêtera, avec le
temps, à desexpériences hydrauliques, très-intéressantes pour la vérification
des formules théoriques; mais jusqu'ici ces expériences n'ont pu être entre-
prises, afin de ne pas interrompre le service de la ville, qui manque encore
de réservoir, et encore parce que l'eau, à cause de la grande sécheresse des
derniers étés, n'atteignait pas son volume normal. Il paraît cependant, dès
maintenant, que la hauteur du battant ou de la charge dans le bras le plus
long du siphon est un peu plus grande que ne l'indiquent les formules. La
conduite a été essayée à s3 atmosphères, et elle a parfaitement résisté.
» Le débit normal doit être de 14 litres par seconde, quantité qu'on a
réellement atteinte avec une élévation de charge de quelques mètres seule-
ment plus grande que l'élévation calculée. Des recherches plus exactes
seront faites bientôt.
» Ce grand travail a été exécuté sous la surveillance des ingénieurs du
gouvernement pontifical, et sous la direction de M. Joseph Oltvieri, qui
s'était déjà acquitté de travaux pareils, à une moindre échelle, àPatricaet
à Ceccano. Les dépenses ont été faites par la ville, avec une subvention de
100 000 francs donnée par le Saint-Père sur sa cassette.
81..
( 628 )
» Le succès de ces conduites forcées, exécutées pour la première fois à Ana-
gni, complètement aux frais du Saint-Père, a encouragé les autres villes des
mêmes montagnes, qui bientôt seront toutes pourvues de cet élément si né-
cessaire à la vie. Déjà depuis deux ans, Serre jouit de ce bénéfice et a une
conduite forcée de 9 kilomètres, avec un siphon d'environ 100 mètres de
pression au-dessous de la débouchée, construite par l'ingénieur J. Armel-
lini, d'après le tracé que je lui avais indiqué Le même ingénieur est main-
tenant employé à la conduite pour Ferentino.
» Ces expériences en grand décideront la question de la meilleure mé-
thode de jonction des tubes. Le système à caoutchouc ne laisse rien à dé-
sirer sous le rapport de la sûreté. On doute de sa durée, mais l'expé-
rience a prouvé qu'après quatre ans de service les tubes se trouvent
très-bien soudés par une espèce de mastic très-résistant, formé par la
matière de la gomme avec le fer et le soufre, et parfaitement étanche.
Quelques-unes de ces conduites fonctionnent depuis quatorze ans, sans dé-
faut appréciable et sans que rien indique leur détérioration. La seule con-
dition est qu'elles soient abritées de la lumière et de l'air: or c'est ce qui
a lieu effectivement dans la pratique, les tubes étant profondément enterrés.
Cet enfouissement sert aussi à conserver l'eau fraîche, ce qui ne saurait
être trop recommandé, car, dans ces grandes chutes, réchauffement dû à la
transformation de l'action de la gravité en chaleur n'est point négligeable.
Ainsi, à Patrica, pour une chute d'environ 400 mètres, l'eau s'échauffe de
plus de 1 degrés.
» Tous ces travaux ont été éminemment patronnés par le Souverain Pon-
tife, qui a prodigué dans cette circonstance les subventions et les facilités
de toute espèce pour en déterminer le succès, en laissant à la charge des
populations le moins possible de dépenses. »
MÉTÉOROLOGIE. — Suite des aperçus sur les pop électriques;
par M. J. Foi'rnet.
« Dans ma précédente Note sur les pays électriques, j'ai spécialement
porté mes investigations du côté des régions lointaines. Il me reste donc
actuellement à concentrer le champ de ces recherches en faisant remarquer
qu'il existe, dans les montagnes du bassin du Rhône et dans leurs annexes,
quelques espaces qui se distinguent par des dégagements électriques d'une
intensité parfois très-remarquable, tandis que jusqu'à présent le silence le
plus absolu règne pour d'autres, malgré l'apparente identité des surfaces.
( 629 )
Je désire que les détails dans lesquels je vais entrer excitent l'attention
des observateurs, de façon à produire enfin l'établissement de quelque
loi météorologique.
» Laissant à cet égard de côté les détails déjà mentionnés par M. Arago,
je fais immédiatement ressortir ce qui concerne le groupe alpin et juras-
sien, quitte à revenir plus tard sur les parties occidentales de nos contrées.
ÉLECTRICITÉ ALPINE.
» r° Illumination des rochers du mont Blanc. — A. Dans la nuit du
il août i854, M. Blackwel stationnant sur les Grands-Mulets (altitude,
3455 mètres), le guide F. Ir. Couttet sortit de la cabane vers 1 1 heures du
soir et vit les crêtes de ces montagnes tout en feu. Il parla aussitôt de son
observation à ses compagnons; tous voulurent s'assurer du fait, et effective-
ment ils virent qu'en vertu d'un effet d'électricité produit par la tempête,
chacune des saillies rocheuses des alentours semblait illuminée. Leurs vête-
ments étaient littéralement couverts d'étincelles, et lorsqu'ils exhaussaient
les bras, les doigts devenaient phosphorescents.
» A cette même heure, nous avions à Lyon une assez forte pluie, avec
le tonnerre par le sud-ouest, et l'ensemble de la journée avait été très-
orageux.
» B. D'après les renseignements dont je suis redevable à l'obligeance de
M. V. Payot, naturaliste connu de tout le monde, le guide lr. Couttet, de
Chamounix, lors de son ascension au mont Blanc du 25 août 1 84 1 , avec
M. Chenal, fut surpris aux Grands-Mulets par un orage qui leur fit courir
un danger réel à cause des éclairs et des tonnerres qui les enveloppaient
sans relâche. Toutes les pierres autour d'eux avaient leurs étincelles élec-
triques, et pourtant la cime du mont Blanc aussi bien que le ciel étaient
d'une sérénité parfaite.
» a° Electricité sur le Brev en . — En 1767, pendantun temps Irès-orageux, de
Saussure, Jalabert et Pictet se trouvaient sur leBreven (altitude, a52omètres).
Là ils n'avaient qu'à élever la main et à étendre un doigt pour sentir une
sorte de picotement à son extrémité. Cette remarque, d'abord faite par Pic-
tet, fut bientôt suivie d'une autre, en ce sens que la sensation devint plus
vive; elle était même accompagnée d'une espèce de sifflement. A son tour,
Jalabert, dont le chapeau était garni d'un galon d'or, entendit autour de sa
tète un bourdonnement effrayant. On tirait des étincelles du boulon de ce
même chapeau, aussi bien que de la virole de sa canne.
» Enfin, l'orage grondant avec violence dans le nuage qui planait sur
( 63o )
leurs tètes, il fallut descendre du sommet jusqu'à 20 ou il\ mètres plus bas,
où l'on ne ressentit plus les influences de cette électricité.
» 3° Electricité des neiijes étalées sur le sol de In Jungfrau. — La neige
couchée à terre n'est pas opposée à ces manifestations; c'est du moins un
fait qui ressort des détails suivants : le 10 juillet i863, M. Watson, accom-
pagné de plusieurs autres touristes et de guides, visitait le col de la Jung-
frau. La matinée avait été très-belle; mais, en approchant du col, ils aper-
cevaient de gros nuages qui s'y amoncelaient, et au moment de l'atteindre,
la caravane fut assaillie par un fort coup de vent, accompagné de grêle.
Au bout de quelques minutes, la retraite dut s'effectuer, et pendant la
descente la neige continuait de tomber en telle quantité que la petite troupe,
se trompant de direction, chemina pendant quelque temps dans le Latoch-
Sittel.
» A peine eut-on reconnu cette erreur, qu'un formidable coup de ton-
nerre retentit, et, bientôt après, M. Watson entendit une espèce de siffle-
ment qui partait de son bâton : ce bruit ressemblait à celui que fait une
bouilloire dont l'eau en ébullition chasse vivement la vapeur au dehors. On
fit une halte, et l'on remarqua que les cannes ainsi que les haches, dont
chacun était muni, émettaient un son pareil. Ces mèniesobjets, enfoncés dans
la neige par l'une de leurs extrémités, n'en continuèrent pas moins à pro-
duire ce singulier sifflement. Alors un des guides ôta son chapeau, en s'é-
criant que sa tète brûlait. En effet, ses clieveux étaient hérissés comme
ceux d'une personne qu'on électrise sous l'influence d'une puissante ma-
chine, et chacun éprouva des picotements, une sensation de chaleur au vi-
sage aussi bien que sur d'autres parties du corps. Les cheveux de M. Wat-
son se tenaient droits et roides; le voile qui garnissait le chapeau d'un
autre voyageur se dressa verticalement, et l'on entendait le sifflement élec-
trique au bout des doigts agités dans l'air.
» La neige elle-même émettait un bruit analogue à celui qui se serait
produit par la chute d'une vive ondée de grêle. Cependant, aucune appari-
tion de lumière ne se manifesta ; mais certainement il n'en eût pas été ainsi
durant la nuit. D'autres coups de tonnerre arrêtaient subitement tous ces
phénomènes, qui pourtant recommençaient avant même que le grondement
de la foudre se fit entendre dans les échos des montagnes. D'ailleurs, tous
éprouvèrent un choc électrique plus ou moins violent sur divers points; le
bras droit de M. Watson en fut paralysé pendant quelques minutes, jus-
qu'à ce que l'un des guides l'eût poussé violemment avec la main ; mais une
douleur se fit encore sentir à l'épaule durant plusieurs heures. Enfin, à midi
( 63. )
et demi, les nuages s'éloignèrent et ces effets finirent par disparaître après
avoir duré vingt-cinq minutes environ.
» A Lyon, une forte brise nord neutralisait complètement les manifesta-
tions orageuses.
» 4° Electricité du Piz Surley. — Un peu plus à l'est on arrive aux Grisons,
qui touchent à l'Italie. Ici je dois laisser parler M. H. de Saussure, dont
j'ai déjà mentionné les observations faites au Mexique et qui vient de me
transmettre la Note suivante :
« Le 22 juin i8(>5, partant de Saint-Moritz (Grisons), je fis l'ascension du
» Piz Surley, montagne granitique dont le sommet plus ou moins conique
» s'élève à l'altitude de 23oo mètres. Pendant les journées précédentes le
» nord avait régné avec persistance; il devint variable le 22, et le ciel se
» chargea de nuages errants. Vers midi ces vapeurs augmentèrent, se réu-
» nirent au-dessus des cimes les plus élancées, en se tenant d'ailleurs assez
» élevées pour ne pas voiler la plus grande partie des sommités de l'Enga-
» dine, sur lesquelles tombèrent bientôt des averses locales. Leur aspect de
» vapeurs poussiéreuses, avec une demi-transparence, nous fit supposer qu'il
» ne s'agissait que de giboulées de neige ou de grésil.
» En effet, vers 1 heure du soir, nous fûmes assaillis par un grésil fin,
» clair-semé, en même temps que des giboulées analogues enveloppaient
» la plupart des aiguilles rocheuses telles que les Piz Ot, Piz Julier, Piz Lau-
» guard et les cimes neigeuses de la Bernina; tandis qu'une forte averse
» de pluie fondait sur la vallée de Saint-Moritz.
» Le froid augmentait, et à ih3om du soir, arrivés au sommet du Piz
» Surley, la chute du grésil devenant plus abondante, nous nous dispo-
» sâmes à prendre notre repas près d'une pyramide en pierres sèches qui
» en couronne la cime. Appuyant alors ma canne contre cette construction,
» j'éprouvai dans le dos, à l'épaule gauche, une douleur fort vive, comme
» celle que produirait une épingle enfoncée lentement dans les chairs, et
» en y portant la main, sans rien trouver, une piqûre analogue se fit sentir
» dans l'épaule droite. Supposant alors que mon pardessus de toile conte-
» nait des épingles, je le jetai ; mais loin de me trouver soulagé, les douleurs
» augmentèrent, envahissant tout le dos d'une épaule à l'autre, et elies
» étaient accompagnées de chatouillements, d'élancements douloureux
0 comme ceux qu'aurait pu produire une guêpe ou tout autre insecte se
» promenant dans mes vêtements, où il me criblait de piqûres.
» Otant à la hâte mon second paletot, je n'y découvris rien qui fût de
» nature à blesser les chairs, tandis que la douleur prenait le caractère
( 63a )
» d'une brûlure. Sans v réfléchir davantage, je nie figurai que ma chemise
» de laine avait pris feu et j'allais me déshabiller complètement, lorsque
» uotre attention fut attirée par un bruit qui rappelait les stridulations des
» bourdons. C'étaient nos bâtons qui chantaient avec force, en produisant
» un bruissement analogue à celui d'une bouilloire dont l'eau est sur le
» point d'entrer en ébullition; tout cela peut avoir duré environ quatre
» minutes.
» Dès ce moment, je compris que mes sensations douloureuses prove- ^
» liaient d'un écoulement électrique très-intense, qui s'effectuait par lesom-
» met de la montagne. Quelques expériences improvisées sur nos bâtons ne
» laissèrent apercevoir aucune étincelle, aucune clarté appréciable de jour,
» mais ils vibraient dans la main de façon à faire entendre un son intense.
» Qu'on les tînt verticalement, la pointe soit en haut, soit en bas, ou bien
» horizontalement, les vibrations restaient identiques, mais le sol demeurait
» inerte. Alors le ciel était devenu gris dans toute son étendue, quoique
» inégalement chargé de nuages.
» Quelques instants après, je sentis mes cheveux et ma barbe se dresser en
.> produisant sur moi une sensation analogue à celle qui résulte d'un rasoir
> passé à sec sur des poils roides. Un jeune homme qui m'accompagnait
» s'écria qu'il sentait tous les poils de sa moustache naissante, et que, du
» sommet de ses oreilles, il partait des courants très-forts. D'autre part, eu
» élevant la main, je vis des courants non moins prononcés s'échapper de
» mes doigts. Bref, une forte électricité s'écoulait des bâtons, habits, che-
» veux, barbe et de toutes les parties saillantes de nos corps.
» Un coup de tonnerre lointain vers l'ouest nous avertit qu'il était temps
» de quitter la cime, et nous descendîmes rapidement jusqu'à une centaine
» de mètres. Nos bâtons vibrèrent de moins en moins à mesure que nous
» avancions, et nous nous arrêtâmes lorsque leur son fut devenu assez
» faible pour ne plus être perçu qu'en les approchant de l'oreille. La dou-
« leur au dos avait cédé dès les premiers pas de la descente, mais j'en con-
» servais encore une impression vague. Dix minutes après le premier, un
» second roulement de tonnerre se fit entendre encore à l'ouest dans un
» grand éloignement, et ce furent les seuls. Aucun éclair ne brilla, et, une
» demi-heure après notre départ de la cime, le grésil avait cessé; les nuages
» se rompaient. Enfin, à 2h 3om du soir, nous atteignîmes de nouveau le
» point culminant du Piz deSurley pour y trouver le soleil. Mais, le même
» jour, il régnait un violent orage sur les Alpes bernoises, où une dame
u anglaise fut foudroyée.
( 633 )
» Au surplus, nous jugeâmes que notre phénomène devait s'être étendu
» sur toutes les hautes cimes rocheuses de la chaîne des Grisons, même
» jusqu'à l'horizon où divers pics rocailleux étaient, comme celui que nous
» occupions, enveloppés par des tourbillons de grésil, taudis que les
» grandes sommités neigeuses de la Bernina semblaient en être exemptes
» malgré les nuages déchirés qui les couronnaient.
» Le phénomène électrique qui vient d'être décrit, et que l'on pourrait
» appeler le chant des bâtons ou le bourdonnement des 7'oches, n'est pas rare
» dans les hautes montagnes, sans pourtant y être très-fréquent. Parmi les
» guides que j'ai interrogés à ce sujet, les uns ne l'avaient jamais observé,
» les autres ne l'ont entendu qu'une ou deux fois dans leur vie. Toutefois,
» il convient de faire observer qu'il se présente précisément dans les jour-
» nées où le ciel menaçant éloigne les voyageurs des cimes culminantes.
» Quoi qu'il en soit, comme il n'a encore été que rarement enregistré
» d'une manière positive par la science, j'ai cru devoir insister sur ces
m détails.
» Déjà, au Nevado de Toluca, j'avais assisté à des scènes du même genre,
» mais beaucoup plus intenses, à cause de sa position sous les tropiques et
d de son altitude de 454$ mètres.
» Cependant le rapprochement des diverses observations permet de dis—
» tiuguer entre elles plusieurs points communs.
« Ainsi: i° L'écoulement de l'électricité par les roches culminantes se
» produit sous un ciel orageux chargé de nuages bas, enveloppant les
» cimes ou passant à une très-petite distance au-dessus d'elles, mais sans
» qu'il y ait de décharges électriques à proximité du lieu où se mani-
» feste l'écoulement continu.
» 2° Dans tous les cas observés, le sommet de la montagne était enveloppé
» par une giboulée de grésil, ce qui pourrait faire supposer que l'écoule-
» ment continu de l'électricité du sol vers les nuages n'est pas étranger à
» sa formation. Ainsi, pendant l'observation du 22 juin i865 en particu-
« lier, toutes les aiguilles rocheuses se trouvaient dans les mêmes condi-
» tions météorologiques, tandis que les vallées situées entre les pics rece-
» vaient de fortes ondées de pluie. Cependant il faut aussi faire ici la
» part de la température plus élevée de ces bas-fonds, où le grésil allant se
» fondre tourne à l'état de pluie. Il v a longtemps cpie M. de Charpentier
» a fait ressortir la portée du fait, et, grésil ou neige, les résultats doivent
» être les mêmes. »
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 16.) 82
( 634 )
ELECTRICITE J URASSIF.NXE.
» 5° Electricité des prairies près de Courtavon. — En vertu de la loi du
parallélisme des axes montagneux si catégoriquement détaillée par M.Élie
de Beaumont, les principales inflexions des Alpes sont représentées dans
le Jura, et, chose curieuse, les épanchements électriques, si prononcés
dans l'angle du mont Blanc, se reproduisent dans l'angle correspondant
du Jura compris entre Porentruy et jNeufchâtel, comme le démontrent les
observations suivantes, bien qu'elles aient été faites sur des surfaces d'une
nature fort différente des précédentes.
» Prenons donc d'abord les espaces herbeux qui se couvrent d'éclairs
rasants, d'où la dénomination d'éclairs de prairies.
» A. Un fait de ce genre a été très-bien observé dans les environs de
Porentruy, au pied du Jura et près de Courtavon. Là se trouve, à ioo
mètres au-dessus d'une vallée, l'antique château de Morimont, dont la res-
tauration a été confiée à M. l'Ingénieur des Mines Quiquerez de Délémont,
savant bien connu par ses beaux travaux miniers et archéologiques. Etant
occupé à diriger les ouvriers, le 25 août i865, il fut surpris par deux
orages successifs, entre 9 heures et midi. A 3 heures du soir, il en survint
un troisième avec des nuases excessivement bas. Alors l'électricité se ma-
nifestait d'une façon effrayante sur toute l'étendue des prés du voisinage;
les étincelles se succédaient coup sur coup, sous la forme de rapides traî-
nées lumineuses courant sur les gazons au lieu d'être en l'air. Le bruit gé-
néral était tel, que les crépitations particulières ne se distinguaient en
aucune façon. D'ailleurs, il ne pleuvait pas; mais on se trouvait presque
dans le nuage, et tout avait été mouillé par les averses de la matinée.
» B. Dans cette même journée, à 3 ou 4 lieues à l'est du Morimont
et sur le prolongement de la même chaîne du Jura, mais quelques minutes
plus tard, on remarqua également avec épouvante des éclairs qui couraient
sur les prés et sur les champs, comme si le terrain était embrasé. M. Qui-
querez n'est donc pas le seul qui ait observé le phénomène, et j'ajoute que
les orages s'étendirent jusqu'à Lvon.
« 6° Electricité des tacs près de Neufchâtel. — Des diffusions du même
ordre se manifestent sur les lacs, et déjà M. Arago a mentionné le fait pour
un étang de Parthenay (Vendée), dans sa Notice sur le tonnerre, p. 3^1 .
» La Société d'Histoire suisse en vit un exemple, le 2 août i85o, en navi-
guant sur le lac de Moret, à 8 ou 9 heures du soir. Alors le tonnerre se fai-
sait entendre à Montbéliard, Châlon et Bourg.
( 635 )
» Pareillement sur le lac de Bienne, des bateliers deNidau ont cru, un
moment, traverser une nappe de feu. Malheureusement, je ne trouve pas
aujourd'hui la date de l'événement, de sorte qu'il faut me borner à le men-
tionner comme s'étant produit à une époque très-récente.
APERÇUS CONJECTURAUX.
» On vient de voir qu'à l'égard de ces dégagements de l'électricité ter-
restre se reproduit l'indifférence déjà signalée dans ma première Note au
sujet des coups de foudre. Ceux-ci tombent du ciel sur des surfaces mi-
nérales, aqueuses, boisées, tout comme, réciproquement, le fluide émane
d'emplacements delà nature la plus variée, rocheux, herbeux, lacustres et
neigeux.
» Mais pourquoi cette prédilection pour les points d'entre-croisement
des dislocations alpines et jurassiennes? Et d'ailleurs, je note en passant
que les vastes massifs de laJungfrau, ainsi que ceux de la Bernina, sont eux-
mêmes des bombements provenant d'effets complexes.
» Avant de m'aventurer dans cette voie, en quelque sorte géologique,
qui semblait s'ouvrir devant moi, j'ai voulu savoir si d'autres nœuds,
non moins singuliers, ne seraient pas assujettis à des relations pareilles.
La magnifique aiguille du mont Viso se présentait d'une façon assez nette
pour m'engager à consulter un bon observateur, curé des environs, et dont
il sera question dans une autre occasion. Sa réponse a été que les illumina-
tions ou phénomènes du genre de ceux dont je lui parlais étaient parfai-
tement inconnus dans sou district. Ainsi donc, sachons encore attendre. »
CHIRURGIE. — De l'ah talion des malléoles fracturées, dans les luxations du
pied compliquées de l'issue des os de la jambe au travers des téguments;
par M. Ch. Sédillot. (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
« Résumé et conclusions. — i° La résection des surfaces articulaires tibio-
péronières et l'ablation des malléoles fracturées semblent les indications
les plus favorables au traitement des luxations du pied compliquées de
plaie et de l'issue des os de la jambe.
» 2° Des incisions longitudinales doivent être étendues aux deux côtés de
la jambe, au delà des extrémités osseuses, afin d'ouvrir largement l'articu-
lation tibio-tarsienne et d'offrir une libre issue aux liquides épanchés dont
la rétention et la putridité sont prévenues.
82..
( 636 )
» 3° Ces incisions font cesser la tension et l'étranglement des téguments et
favorisent la réduction. La résection des surfaces osséo-cartilagineuses per-
met également de replacer plus aisément les os luxés, relâche les tissus et
tend à rendre la guérison plus simple et plus prompte.
» 4° Si l'astragale était brisé, il faudrait enlever les fragments mobiles,
ou même la totalité de l'os; on se bornerait à en détacher la couche osséo-
cartilagineuse supérieure ou tibiale, si l'on ne constatai! pas de fracture et
que l'opération n'entraînât ni trop de délabrement, ni trop de diffi-
cultés.
» 5° Les fibro-cartilages articulaires se séparent des os subjacents, en
totalité ou en partie, dans les articulations ouvertes et snppurées, et jouent
alors le rôle de corps étrangers, ou sont absorbés sur place. Ces change-
ments exigent habituellement un temps assez long, et on peut espérer
l'abréger par la résection.
» 6° La conservation (\u périoste des extrémités des os de la jambe
et des malléoles n'aurait aucun avantage et peut être négligée.
» 7° Parmi les indications curatives auxiliaires, l'immobilité lient le
premier rang. La réduction doit être complète et le pied maintenu à angle
droit sur la jambe et très-légèrement incliné en dedans, comme il l'est natu-
rellement.
» 8° Les attelles plâtrées, embrassant la partie postérieure delà jambe, le
talon et la face plantaire du pied, semblent le meilleur moyen de conten-
tion. Il est nécessaire de les doubler de coton et de les recouvrir d'un vernis
imperméable pour en empêcher le ramollissement. On les renouvelle des
qu'elles étranglent les parties, font obstacle au libre écoulement du pus ou
cachent des lésions (ulcérations et abcès) qu'il importe au chirurgien de
reconnaître et de combattre.
« 9° L'ankylose est en général le résultat le plus désirable à obtenir.
Chez les jeunes gens cependant, et lorsque les plaies sont fermées rapidement
et sans accidents, on pourrait tenter la formation d'une pseudarthrose par
des mouvements provoqués et renouvelés. Les cellules régénératrices restent
à l'état fibreux et fibro-cartilagineux, et une certaine mobilité s'établit entre
le tibia et l'astragale, et remplace, au moins en partie, la jointure du cou-
de-pied. Dans tous les cas, les articulations médio-tarsienne etastragalo-
scaphoïdienne aident, par leur laxité, au rétablissement des usages du
membre, et la marche, favorisée par un talon un peu élevé, s'exécute faci-
lement.
» io° Nous ne parlons pas des accidents ordinaires primitifs, et consé-
(637 )
cutifs, si fréquents à la suite des luxations compliquées du pied; l'histoire
en est tracée dans tous les ouvrages de chirurgie, et les procédés que nous
avons proposés ont pour but d'en prévenir le plus grand nombre.
» ii° Nous ne croyons pas avoir résolu toutes les questions que nous
venons d'exposer. L'expérience seule, et une expérience prolongée, pourra
en fixer définitivement la valeur. Mais nous sommes convaincu de l'avan-
tage, dans les sciences expérimentales et pratiques comme la nôtre, d'ap-
peler l'attention et la controverse sur les difficultés qui se présentent chaque
jour et que l'on n'est pas encore parvenu à résoudre. Chacun s'efforce alors
d'apporter sa part d'observation aux points en litige, et la science et l'art
s'éclairent et se perfectionnent. »
M. Haidincer adresse de Vienne deux opuscules imprimés en allemand,
et relatifs aux météorites du cabinet minéralogique de la cour.
Ces opuscules seront soumis à l'examen de M. Daubrée pour en faire,
s'il le désire, l'objet d'une communication verbale à l'Académie.
MÉMOIRES LUS
PHYSIOLOGIE. — Recherches sur ta nature des miasmes fournis par le corps de
i homme en santé; par M. J. Lemaire. (Suite.) (Extrait par l'auteur.)
(Renvoi à la Section de Méilecine et de Chirurgie, à laquelle M. Pasteur
est prié de s'adjoindre.)
« Partis des corps qui les fournissent, c'est à la surface du corps, en
dehors des organes, que les Microphytes et les Microzoaires se développent
sur l'homme en santé.
» Le dépôt, vulgairement appelé crasse, que la sueur, les poussières
atmosphériques et celles qui sont contenues dans le linge produisent sur la
peau de tout le monde, et qui s'y accumule chaque jour, fournit des myriades
de ces petits êtres. Us sont d'autant plus nombreux que cette crasse est plus
abondante. Ce dépôt, qui contient une matière albuminoïde provenant de
la sueur, est constamment entretenu à l'état humide on semi-liquide par
la transpiration insensible et par les glandes sudoripares, activées dans le
jour par l'exercice, la nuit par la chaleur du lit. Le contact de l'air et la
température moyenne du corps, voisine de + 37 degrés centigrades, font
que ce dépôt est dans les conditions les plus favorables à la fermentation,
( 638 )
par conséquent pour que les Microphytes et les Microzoaires s'y déve-
loppent.
» En l'étudiant sur des hommes et des femmes de trente à soixante-dix ans,
qui avaient négligé pendant huit et quinze jours les soins de la toilette,
voici ce que j'y constatai, après avoir provoqué la transpiration au moment
de l'examen : odeur fétide aux régions ano-périnéale, inguino-scrotale,
inguino-vulvaire et aux pieds, produite par la matière qui s'y était amassée.
Elle rougissait faiblement le papier de tournesol. Le microscope y révélait
l'existence, en grand nombre, de corps diaphanes, sphériques, ovoïdes et
cylindriques, semblables à ceux dont j'ai constaté l'existence dans l'air con-
finé, au fort de l'Est; de plus, des myriades de Bactéries (Bacteriu-n termo,
Bacterium calenula, formés de deux, trois, quatre et cinq articles; Bacterium
piinctum), des Vibrions, des Spirillum volulans et des Monades ovoïdes, dont
quelques-unes étaient échancrées.
» La matière recueillie sous les aisselles rougissait le papier de tournesol
et contenait des spores ovoïdes, des corps diaphanes et de rares Bacterium
termo. Celle qui s'était amassée sur le devant de la poitrine, à l'épigastre,
sur l'abdomen et aux régions lombaires et dorsales, rougissait fortement
le papier de tournesol. Elle contenait des spores rondes, offrant un noyau
central qui les fait ressembler à des pièces de monnaie : ces spores ont de
o,oo4 à o,oo5 de millimètre de diamètre; puis d'autres spores ovoïdes,
dont un certain nombre était en état de bourgeonnement et dont quelques-
unes étaient bij liguées : leur longueur variait de o,oo35 à o,oo45 de milli-
mètre et leur largeur de 0,0026 à o,oo35 de millimètre. Point d'animalcules.
J'attribue leur absence à la grande acidité de cette crasse.
» Le cérumen ne contenait ni corps diaphanes, ni spores, ni animalcules.
» L'air confiné se sature assez vite de la vapeur d'eau fournie par les
poumons et par la peau. Alors, l'atmosphère ne pouvant plus en prendre,
l'enveloppe cutanée se couvre de sueur. Ces conditions favorisent à la fois
le développement des Microphytes et des Microzoaires sur la peau et dans
l'air confiné, dont la température est plus élevée que celle de l'atmosphère
extérieure.
» Dans des expériences que j'ai laites sur les fermentations alcooliques et
putrides, j'ai démontré que les gaz et les vapeurs qui s'en dégagent entraî-
nent en grande quantité des propagules, des spores, des corps reproduc-
teurs de Microzoaires et même des animalcules, entièrement développés.
C'est de celte manière que ceux qui existent sur la peau me paraissent se
répandre dans l'atmosphère.
( 639 )
» J'ai fait des expériences à l'air libre, à Paris, par une température de
+ 35 à -+- 36 degrés centigrades, sur de la viande, des solutions d'albu-
mine et sur d'autres matières fermentescibles. Dans ces conditions, j'ai
constaté que douze heures suffisent pour le développement de Bacterium
U'rmo et de Vibrions. La présence d'animalcules, entièrement développés
six heures après la condensation de la vapeur d'eau recueillie dans les
chambrées du fort de l'Est, peut être expliquée par la température élevée du
corps 'de l'homme et par l'existence d'une grande quantité de vapeur
d'eau dans cet air, conditions qui hâtent leur développement.
» Les effets rapides et pernicieux produits par les miasmes des pays chauds
et par ceux cpii sont fournis par le corps de l'homme en santé pourraient
bien tenir à ce qu'ils sont plus vigoureux, ce qui est démontré parce qu'ils
arrivent plus vite à l'état adulte que ceux des pays tempérés, dont les effets
sont beaucoup moins redoutables.
» Le dépôt qui se forme dans la vapeur d'eau condensée au-dessus des
marécages, dans les salles de dissection d'hôpital et dans l'air confiné, a été
considéré comme une substance azotée qui se putréfie. Je me suis assuré
que, dans tous ces cas, il est le résultat du développement de Microphytes
et de Microzoaires.
» Je n'ai pas trouvé de ces petits êtres dans le mucus provenant des
fosses nasales, du pharynx, de la cavité buccale, de l'urètre, du vagin , ni
clans les crachats bronchiques d'hommes et de femmes en parfaite santé.
J'en ai conservé dans de petites bouteilles bouchées, renfermant de l'air, et
j'ai constaté qu'ils résistent plus longtemps à la décomposition que la
viande et d'autres matières organiques.
m Des micrographes ont signalé l'existence de Bactéries et de Vibrions
dans la matière pultacée qui s'amasse sur les dents, ainsi que dans les restes
d'aliments. J'ajouterai que, sur les individus qui ont des dents cariées et les
gencives irritées ou malpropres, on y trouve en outre des Spiriltum vola-
tans et des Monades en grand nombre.
« Je me suis assuré que les produits de la respiration qui traversent une
bouche en cet état entraînent non-seulement des corps reproducteurs de
Microzoaires, mais même de ces petits êtres entièrement développés.
» On pense généralement que, dans la vapeur d'eau qui se dégage des
poumons, lorsqu'elle est ramenée à l'état liquide à l'aide du froid, il se
forme, au bout de quelques jours, un dépôt de matière azotée qui se pu-
tréfie. Les expérimentateurs ont été induits en erreur. Le dépôt qui s'est
formé dans leurs expériences tient au développement d'infusoires provenant
( 64o )
de l'air ambiant et de la bouche. Ces derniers sont entraînés par les pro-
duits de l'expiration.
» Si l'on nettoie préalablement la cavité buccale et la gorge, avec de l'eau
contenant i pour ioo d'acide tartrique, qui tue les Microzoaires, et qu'on
lave ensuite ces parties largement avec de l'eau pure; cette précaution prise,
si l'on aspire l'air par les narines, et. que l'on fasse passer le produit de
l'expiration dans un tube à boules entouré de glace, dont une extrémité est
maintenue enlre les lèvres, et que l'on évite d'y introduire de la salive, la
vapeur d'eau de la respiration condensée dans ces conditions ne donne
naissance ni à un dépôt, ni à des Microphytes, ni à des Microzoaires. J'en
ai conservé pendant un an dans un flacon bouché à l'émeri, qui est resté
toujours limpide. »
MEMOIRES PRÉSENTÉS.
GÉOLOGIE. — Sur des instruments de silex trouvés à la Treiche. près Toul;
par M. R. Guérix. (Extrait d'une Lettre à M. Élie de Beanmont.)
(Commissaires : MM. Milne Edwards, d'Archiac, Daubrée.)
« Le plateau de la Treiche, près de Toul, est un immense atelier de fabri-
cation d'instruments de silex, d'une superficie de plus de 5o hectares. Le
silex qui y a été employé appartient au pays et a son gisement à quelques
pas de ce plateau. C'est un calcaire siliceux appartenant à l'étage de la
lerre à foulon. Il forme des masses lenticulaires de i 5 à 35 centimètres d'é-
paisseur, noyées dans un grès très-compacte qui fait corps avec lui.
» Ces lentilles, lorsqu'on les brise, affectent un mode de fragmentation
presque toujours plus ou moins cubique, sans que pour cela le grès qui
fait corps avec lui s'en détache.
» L'extrême dureté de cette matière, en même temps que le peu de vo-
lume d'un bloc matrice et la courte longueur des éclats, en rendaient le tra-
vail pénible et nuisaient singulièrement à la rectitude des objets; mais tout
bruts que paraissent être de prime abord tous ces instruments, on ne tarde
pas à reconnaître des objets accusant le travail de l'homme d'une façon
incontestable, et ce ne sont pas pour la plupart des ébauches, mais bien
des objets parfaitement achevés.
)> Grâce à une fort belle collection que je dois à l'obligeance de
M. Léveillé, du Grand-Pressigny, j'ai pu établir une série d'instruments par
comparaison, et j'ai été étonné de trouver une analogie aussi frappante
( 64i )
entre ces deux ateliers si éloignés et employant des matières si différentes;
analogie si grande, que, quoique je possède des échantillons de presque
tous les ateliers du littoral de l'Atlantique, je n'hésite pas à considérer le
plateau de la Treiche comme synchronique du Grand-Pressigny .
» Voici maintenant quels sont les objets jusqu'à présent recueillis :
» Marteaux, nucléus, poinçons, racloirs, très-abondants; ciseaux, rares;
perçoirs, très-communs; haches, coins, flèches, rares; en outre, une variété
assez singulière d'instruments dont je ne vois guère l'usage. J'ai dit
plus haut que le silex avait une cassure plus ou moins cubique; or, on
rencontre une quantité de ces cubes dont toutes les arêtes, les angles et
même les faces sont retouchés à petits éclats ; je ne pense pas cependant, vu
leur forme, qu'on puisse y voir des marteaux.
» Le sol où se trouvent ces silex est un diluvium gris à cailloux, très-
commun sur tous les plateaux environnants, et qui a pénétré jusque dans
les galeries des grottes de Sainte-Reine, où il m'a fourni d'admirables instru-
ments de ce même silex, mais appartenant à la période lacustre de la pierre
taillée; ils sont bien mieux taillés et bien mieux finis que leurs voisins du
plateau de la Treiche, et reposent en contact avec le bœuf, le cheval, l'hyène,
l'ours, le sanglier, etc.
» Plusieurs présentent un polissage partiel, et à ce propos je ferai re-
marquer que le grès qui accompagne presque toujours ces instruments a
dû, par un choc ou un frottement, révéler à son possesseur ses propriétés
particulières de très-bonne heure. Quoi qu'il en soit, on trouve, dans les
grottes Sainte-Reine, des plaques de ce grès qui attestent l'usage qu'on en a
fait.
» Lorsque ces instruments sortent de l'argile des grottes, ils sont brun
chocolat et ont une patine brillante et très-adhérente; cette même patine
cesse d'exister lorsqu'ils sont recouverts par ce même diluvium gris; ils
n'acquièrent alors qu'une teinte jaunâtre.
» Les conclusions qui me paraissent résulter de ces faits sont les sui-
vantes :
» iu Le plateau de la Treiche, sur une superficie de plus de 5o hectares,
a servi d'atelier de fabrication à des instruments de silex qui sont les syn-
chmniques du Grand-Pressigny.
» 20 Ces instruments sont antérieurs, d'après leur forme et leur fini, à
ceux que contiennent les grottes de Sainte-Reine.
» 3° On ne rencontre sur ce plateau que très-peu de cailloux diluviens
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 16.) &$
( 642 )
travaillés et point d'ébauches d'instruments de silex des grottes de Sainte-
Reine, quoiqu'il y ait des milliers d'échantillons travaillés.
» 4° Le même silex a été transporté dans tout le département à l'époque
lacustre et forme, concurremment avec le silex de la craie, la base de tous
les instruments de celte période. »
M. de Villeneuve-Flayosc adresse une Note qui a pour litre : <• De la
gravitation universelle et du principe delà moindre action ».
(Commissaires : MM. Liouville, Le Verrier, Bertrand.)
M. Francisque adresse une « Note complémentaire sur le système harmo-
nique de Pythagore ».
(Renvoi à la Commission nommée pour les communications précédentes du
même auteur.)
M. Bacaloglo adresse à l'Académie une Note concernant une « propo-
sition relative à la locomotion aérienne ».
(Renvoi à la Commission des aérostats.)
CORRESPOND ANCE .
M. Sédillot prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi les
candidats à la place vacante dans la Section de Médecine et de Chirurgie
par suite du décès de M. Velpeau.
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
La Société des Sciences de Fixlaxde adresse à l'Académie deux volumes
formant le tome VIII de ses Mémoires, et sollicite la faveur d'être comprise
au nombre des Institutions avec lesquelles l'Académie fait l'échange de
ses publications.
(Renvoi à la Commission administrative.)
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance :
i° Un Mémoire de feu M. J. Plana, extrait des Mémoires cie l'Académie
des Sciences de Turin, et ayant pour titre : « Sur les formules du mouve-
ment circulaire et du mouvement elliptique, libre, autour d'un point excen-
( 643 )
triquepar l'action d'une force centrale». Ce Mémoire est offert à l'Académie
par la fille de l'auteur;
i° Un opuscule adressé par M. Sterrj Hunt « sur la Chimie de l'âge pri-
mordial »;
3° Une brochure de M. Baudrimont qui a pour titre : « Théorie de la
formation du globe terrestre pendant la période qui a précédé l'apparition
des êtres vivants ».
histoire DES SCIENCES. — Lettre adressée à M. le Président au sujet des écrits
attribués à Pascal; par M. Faugère.
« De retour h Paris, après quelques semaines d'absence, j'ai pris con-
naissance des derniers Comptes rendus de l'Académie, et je suis beureux de
voir que M. Le Verrier a reproduit dans la séance du 3o septembre, avec
l'autorité qui lui appartient, la proposition que je n'ai cessé de faire dès le
commencement de ce long débat.
» Ce n'est, en effet, que par l'examen comparé des écritures, et, comme
l'a dit votre très-éminent confrère, qu'au moyen d'une expertise régulière
des documents contestés, qu'il est permis d'arriver à la constatation irrécu-
sable de la vérité. C'est au moyen de cette comparaison, en ce qui concerne
les pièces attribuées à Pascal, que j'ai moi-même arrêté ma conviction; mais
quoique je sois absolument désintéressé dans une question où je n'ai d'autre
mobile que le respect de la gloire de Pascal, et celui de la vérité, qui n'est
ni française ni anglaise et appartient au monde entier, je comprends que
M. Chasles ne s'en rapporte pas à mon appréciation.
» J'ai donc l'honneur de demandera l'Académie de vouloir bien autoriser
son Président à écrire officiellement à M. le Directeur de la Bibliothèque
impériale pour l'inviter à soumettre à l'examen des Membres les plus
compétents de son administration les documents insérés par l'honorable
M. Chasles dans les Comptes rendus des séances de l'Académie, et avant tout
les écrits attribués à Pascal.
» Dans les communications que j'ai eu l'honneur de soumetre à l'Aca-
démie, je n'ai parlé que de ces derniers écrits, voulant me renfermer dans
les limites de ma certitude personnelle. Il est évident, d'ailleurs, que les
écrits prétendus de Pascal une fois reconnus apocryphes, tous les documents
qui sont cités à l'appui et qui s'y réfèrent devront par cela même être
regardés comme étant également faux. Je me permets d'autant mieux d'in-
sister sur cette considération, que l'Académie n'aura pas manqué de remar-
83..
( 644 )
quer que l'honorable M. Chasles, depuis le commencement du débat, cite
constamment à l'appui de documents contestés d'autres documents prove-
nant de la même origine, et dont l'authenticité devrait être au préalable
également établie.
« Votre éminent confrère a produit, par exemple, dans une des dernières
séances, des Lettres de Jacques IF à Newton. Grâce à son obligeance, j'ai
pu comparer une de ces pièces avec une Lettre autographe de Jacques II,
parfaitement authentique, puisqu'elle fait partie du dépôt des Affaires
étrangères, et cette comparaison m'a démontré que les Lettres insérées au
Compte rendu, sous le nom de Jacques II, n'ont pas été écrites par lui.
» L'Académie, s'il en était besoin, verrait sans doute dans cette assertion,
que chacun de ses Membres peut venir vérifier par lui-même, un nouveau
motif d'aviser à une vérification qui devient de plus en plus nécessaire. »
M. le Président renvoie cette Lettre de M. Faugère à la Commission
administrative.
astronomie. — Sur les taches solaires. Note de M. G. Kirchhoff, présentée
par M. H. Sainte-Claire Deville.
« J'ai eu l'honneur de soumettre à l'Académie, dans sa séance du !\ mars
dernier, une Note dans laquelle j'ai essayé, en me plaçant au point de vue
du physicien, de réfuter les objections que M. Faye a soulevées contre
l'hypothèse sur les taches solaires soutenue par moi; j'ai essayé également
de démontrer que les taches solaires ne peuvent s'expliquer comme le lait
ce célèbre astronome. Je croyais qu'il suffirait, pour atteindre ce dernier
but, de formuler d'une manière plus précise l'objection déjà faite à la théo-
rie de M. Faye par M. Spencer, et d'invoquer le théorème dont cette objec-
tion est une conséquence presque immédiate, c'est-à-dire mon théorème
de la constance du rapport des pouvoirs émissif et absorbant.
» M. Faye a répondu à ma Note, séance tenante; je n'ai pas répliqué de
nouveau, parce que je pensais qu'il était sans intérêt pour la science de
prolonger cette discussion. Mais comme M. Faye a repris le même sujet
dans la séance du 5 août, je crains qu'en passant sous silence les objections
qu'il a faites à mes déductions, je ne paraisse acquiescer à sa manière de
voir; je prie en conséquence l'Académie de vouloir bien donner place dans
ses Comptes rendus aux remarques qui suivent.
» Comme on le sait, suivant M. Faye, le noyau du Soleil est gazeux et
possède une température qui n'est pas plus basse que celle de la photo-
sphère; une ouverture qui s'est formée dans la photosphère constitue une
( 645 )
tache obscure, parce que le pouvoir émissif du noyau gazeux est très-fnible.
L'objection dont il s'agit contre cette théorie est la suivante : Si le pouvoir
émissif du noyau gazeux est imperceptible, son pouvoir absorbant l'est éga-
lement; en conséquence, les rayons de la face interne de la photosphère
traversent le noyau et l'ouverture; il doit en résulter que l'ouverture n'est
pas moins éclairée, moins brillante que les parties environnantes de la
photosphère.
» Dans sa communication du 5 août, M. Faye accorde que cette objec-
tion serait fondée si le noyau du Soleil était homogène, et si, par consé-
quent, les rayons lumineux émanés de la photosphère le traversaient en
ligne droite. Pour sauver sa théorie, il s'appuie sur le fait que la densité du
noyau va en croissant de la circonférence au centre : il suppose que, dans
le noyau, tous les rayons, une fois émis par la photosphère, sont réfractés
en traversant des couches de densité différente, de manière qu'ils ne ren-
contrent pas une seconde fois la photosphère, et que, par conséquent, ils ne
peuvent pas sortir des ouvertures qui s'y trouvent.
» M. Faye tâche de rendre probable cette supposition en partant de
l'équation différentielle de la trajectoire lumineuse dans un milieu formé
de couches sphériques, homogènes et concentriques, dont la densité varie
de l'une à l'autre; mais les conséquences qu'il en tire ne sont point con-
cluantes. M. Kummer a donné une discussion rigoureuse de cette équation
dans un Mémoire sur la réfraction atmosphérique; il a prouvé que, dans
les conditions supposées par M. Faye, les rayons lumineux ne se propagent
pas comme ce savant le croit.
» Pour que mon objection contre la théorie de M. Faye soit fondée, il
ne faut nullement que la masse du noyau solaire ait partout la même den-
sité. Pour le prouver, partons du théorème déjà cité, relatif aux pouvoirs
émissif et absorbant. Dans le Mémoire où j'ai démontré ce théorème, j'en
ai tiré la conséquence suivante : « Lorsqu'un espace est limité de toutes
» parts par des corps ayant la même température, et que l'enceinte ainsi
» formée est opaque, chaque faisceau dans l'intérieur de l'espace se trouve,
» eu égard à s:i qualité et à son intensité, exactement dans la même con-
» dition que s'il émanait d'un corps absolument obscur et possédant la
» même température. Il ne dépend, par conséquent, ni de la forme ni de
» la nature des corps, mais seulement de leur température.
» Soit l'espace dont d s'agit une petite portion du noyau gazeux près de la
photosphère; soit l'enceinte composée de l'autre partie du noyau et de la
photosphère ; si la température de toute la masse du Soleil est la même, les
( 646 )
rayons ne dépendent, dans ledit espace, ni de la nature ni de la distribution
de la masse du noyau. Lorsqu'une ouverture se forme dans l'enceinte, une
partie de ces rayons la traverse et la fait briller du même éclat que si, au lieu
du noyau, il y avait un espace vide ou un gaz parfaitement transparent.
C'est donc à tort que M. Faye m'adresse le reproche d'avoir, e combat-
tant sa théorie des taches solaires, supposé implicitement le noyau du Soleil
homogène et d'avoir « simplement négligé le fait capital et caractéristique
» de la constitution du Soleil. »
» M. Faye essayede réfuter d'une autre manière les mêmes objections dans
sa réponse du l\ mars. 11 y a des cas exceptionnels auxquels le théorème
de la constance du rapport des pouvoirs émissif et absorbant n'est pas
applicable. J'ai précisé ces cas en démontrant le théorème. M. Faye, dans
le Mémoire cité, a recours à l'hypothèse que la matière solaire se trouve
dans l'un de ces cas exceptionnels, et que c'est pour cela que les taches
sont obscures. Mais comme il ne peut pas indiquer la raison pour laquelle
l'état exceptionnel qu'il suppose à la matière solaire a une telle consé-
quence, son hypothèse équivaut à l'aveu de l'impossibilité dans laquelle
il se trouve d'expliquer les taches obscures du Soleil. »
VOYAGES SCIENTIFIQUES. — Sur un voyage fuit aux Acores et clans la péninsule
Ibérique. Extrait d'une Lettre de M. Jaxssen à M. Elie de Beaumont.
« Madrid, 10 octobre 1867.
» J'ai l'honneur de vous donner des nouvelles du voyage aux iles Acores
pour lequel j'avais reçu une mission de l'Académie.
» L'éruption qui s'était manifestée le 2 juin dernier, entre les iles de Ter-
ceira et de Graciosa, n'a duré que six jours; elle ne présentait plus, lors
de mon arrivée sur les lieux, aucun intérêt sérieux, au point de vue des
applications que j'aurais voulu faire, là comme à Santorin, des recherches
physiques à l'étude d'une bouche volcanique en activité. Nous avons donc
profilé, M. Ch. Sainte-Claire Deville (1) et moi, d'une courte relâche du
paquebot qui dessert mensuellement ces îles, pour visiter la côte nord-ouest
de Terceira et, plus particulièrement, la pointe de Serreta, la plus voisine du
lieu de l'éruption, afin d'y recueillir tous les documents qui pouvaient nous
être fournis par les témoins oculaires.
» L'objet principal de ma mission n'était point atteint, mais la visite gêné-
( 1) M. Ch. Sainte- Claire Deville avait obtenu de M. le Ministre de l'Instruction publique
l'autorisation de visiter, sous ses auspices, l'archipel volcanique des Acores.
(647 )
raie des îles m'a bientôt démontré que mon voyage pouvait avoir encore
d'utiles résultats.
» En effet, l'archipel des Acores, malgré d'importants travaux, offre en-
core d'intéressants sujets d'étude : il est peu de points sur le globe qui
aient été le siège de plus grands et de plus beaux phénomènes éruptifs.
» Ces phénomènes, dont les manifestations n'ont jamais cessé d'une ma-
nière complète, sont encore représentés aujourd'hui, en plusieurs lieux
de l'archipel, par des caldeiras ou dégagements de vapeur et de gaz à tem-
pérature plus ou moins élevée. L'île de San-Miguel est la plus remarquable
sous ce rapport; on y rencontre plusieurs caldeiras, surtout au centre de la
grande cavité cratériforme de Fumas, située dans la partie est de l'île. Là, sur
une foule de points, des dégagements gazeux à température élevée se frayent
violemment un passage à travers les fissures du sol et élèvent souvent jusqu'à
l'ébullition la température des eaux au sein desquelles ils jaillissent. Ces
manifestations prouvent que c'est ici le lieu de l'archipel où les forces érup-
tives ont conservé l'action permanente la plus active. Nous avons donc
pensé, M. Ch. Sainte-Claire Deville et moi, qu'il y aurait intérêt à faire de
Fumas l'objet d'une étude spéciale; aussi, y avons-nous séjourné le temps
nécessaire, et nous rapportons les éléments d'un travail séparé sur cette loca-
lité remarquable.
» Une visite sommaire de l'archipel a permis à M. Ch. Sainte-Claire
Deville d'en déterminer les caractères géologiques généraux.
» De mon côté, j'ai continué aux Açores les études de magnétisme
appliqué à la géologie, commencées à l'île de Santorin. Dans la vallée de
Fumas et aux environs, comme aussi à l'île de Pico, j'ai trouvé la valeur
des éléments magnétiques très-variable; l'aiguille d'inclinaison accuse des
différences très-sensibles à des stations souvent fort rapprochées. Ces diffé-
rences, qui sont dues aux actions variables des roches qui forment le sol
profond, pourront donner des indications utiles sur la nature de ces roches
et fournir à la géologie un nouvel élément de discussion.
» Enfin, je profite en ce moment de mon passage en Portugal, en
Espagne et dans le sud de la France, pour y mesurer, en quelques stations
principales, la valeur actuelle des élémenls magnétiques. Ces éléments ont
été déterminés, il y a une dizaine d'années, par M. Lamont, savant profes-
seur de Munich. Les déterminations actuelles, rapprochées des siennes,
montreront, au moins d'une manière générale, la variation des coefficients
et la marche des courbes magnétiques dans cette partie occidentale de
l'Europe. «
( 6/,8 )
CHIMIE. — Observations relatives aux communications récentes de .'. Kolb
et de M. Riche, concernant les propriétés des chlorures décolorants ; par
MM. Fokdos et Gélis.
« Dans le Compte rendu de la séance du 3o septembre dernier, M. Riclie
parle de la transformation des hypochlorites en chlorites, sous l'influence
de la lumière. Il dit avoir été décidé à publier un peu bâtivement la décou-
verte de ce fait, parce qu'il se trouve mentionné dans un travail commu-
niqué à l'Académie par M. Kolb, dans la séance du i'5 septembre.
» En présence de ces deux communications, qui tendent à faire consi-
dérer la découverte de cette réaction comme nouvelle, nous croyons utile de
rappeler que la connaissance de la transformation dont il s'agit est acquise
à la science depuis près de douze ans.
)> En effet, nous avons publié en novembre 1 855, dans le Journal de
Pharmacie et de Chimie, un travail ayant pour titre : « Noie sur la chloromé-
» trie et sur la transformation spontanée des hypochlorites en chlorites ».
Nous avons montré, dans cette Note, que cette curieuse transformation
est souvent une cause d'erreur dans les essais commerciaux des hypochlo-
rites qui se font au moyen de la liqueur normale d'acide arsénieux, et
nous avons été conduits à rejeter, dans ces essais, l'emploi de cette liqueur,
et à la remplacer par une autre liqueur titrée, préparée avec l'hyposulfite
de soude.
» Ce sel joint, à l'avantage de ne présenter aucun danger d'empoisonne-
ment, celui d'indiquer d'une manière plus exacte les propriétés oxydantes
et décolorantes des byposulfites. »
M. le Président de la Société scientifique d'Aucaciion écrit à M. le Pré-
sident pour le prier de vouloir bien faire savoir à ceux qui désireraient
faire quelques recherches, que cette Société tient à leur disposition son
Musée, un aquarium d'eau de mer et un laboratoire.
M. Yalat adresse une Note relative à la somme des angles d'un triangle
et au postulatum d'Euclide.
Cette Note sera soumise à l'examen de M. Cbasles.
M. Boileau adresse, de Breuches (Haute-Saône), la description d'un
appareil propre à faciliter l'enseignement du système métrique.
Cette Note sera soumise à l'examen de M. Mathieu.
( 649 )
M. Mat abon adresse une Lettre concernant quelques appareils de sau-
vetage qu'il désirerait soumettre au jugement de l'Académie.
Cette Lettre est soumise à l'examen de M. deTessan.
M. Haton de la Goupillière demande et obtient l'autorisation de retirer
du Secrétariat le manuscrit de son Mémoire sur les procédés de transforma-
tion en Géométrie et en Physique mathématique, présenté le ?>o mai 1 864,
en échange duquel il fait hommage à l'Académie d'un exemplaire imprimé
de ce Mémoire, extrait du « Journal de l'École Polytechnique ».
La séance est levée à 5 heures. É. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du i4 octobre 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Classification adoptée pour la collection des roches du Muséum d'Histoire
naturelle de Paris; par M. A. Daubp.ée., Membre de l'Institut. Paris, 1867;
br. in-8°.
Mémoire sur les formules du mouvement circulaire et du mouvement ellip-
tique, libre, autour d'un point excentrique par l'action d'une force centrale; par
Jean Plana. Turin, 1866; in-4°.
Notice sur les titres et les travaux scientifiques du Dr Ch. SÉDILLOT. Paris et
Strasbourg. 1867; 1 br. in-4°.
Des chemins de fer d'intérêt local du département de la Somme; par M. J.
Fuix. Amiens, 1867; 1 vol. in-4° avec planches, cartonné.
Théorie de la formation du globe terrestre /tendant la période qui a précédé
l'apparition des êtres vivants; par M. A. Baudrimont. Bordeaux, 1867;
1 vol. in-12.
Méthodes de transformation en géométrie et en physique mathématique ; par
M. Haton de la Goupillière. Paris, 1867; in-4°.
Géographie du département de l'Aude; par M. J. DELMAS, accompagnée
d'une carte dressée par M. V. Barthez. Marseille, 1867; 1 vol. in-12.
C. R., 1S67, ■>.<= Semestre. (T. LXV, N" ICI $4
( 65o )
Annales du Conservatoire impérial des Arls et Métiers, n° 27, janvier 1867,
t. VII, 3e fascicule. Paris, 1866-67; in-8°. (Présenté par M. le Généra!
Morin.)
Eludes sur l'Exposition de 1867, ou les Archives de l'Industrie au XIXe siècle,
publiées sous la direction de M. Eug. Lacroix , 7e et 8e fascicules,
10 octobre 1867. Paris, 1867; grand in-8° avec planches.
Description... Description d'un appareil holophote double pour les phares
et d'une méthode d'introduire ta lumière électrique ou d'autres lumières; par
Sir David Brewster. Edimbourg, 1867; br. in-4°.
On the... Sur les mouvements et les couleurs dans les pellicules minces d'al-
cools, d'huiles volatiles et d'autres fluides; par Sir David Brewster. Edim-
bourg, 1 867 ; in-4°.
Travaux au sujet des produits du Brésil qui sont à l'Exposition universelle de
Paris en 1867; par M. 3. DE Saldanha da Gama. Paris, 1867; br. in-8°.
Classement botanique des plantes alimentaires du Brésil; par M. J. DE SaL-
danha da Gama. Paris, 1867; in-4°.
Brève... Aperçu sur la collection des bois du Brésil représentés à l'Exposi-
tion universelle de 1867. Rio-de-Janeiro, 1867; br. in-8°.
Anales... Annales du Musée public de Buenos- Aires, faisant connaître les
objets d'histoire naturelle nouveaux ou peu connus conservés en cet établisse-
ment; par M. G. Burmeister, 2e partie. Buénos-Aires, 1867; in-4°.
Atti... Actes de l'Académie pontificale des Nuovi Lincei, 19e année, du
3 décembre 1 865 au 3 juin 1866. Rome, 1866; in-/,°.
Acta Societalis Scientiarum Fennicœ, t. VIII , ire et 2e parties. Helsing-
fors, 1867; 2 vol. in-4° cartonnés.
Beitrag... Complément à l'histoire de la qéocjnosie et de la paléontologie en
Russie; par M. E. d'Eichwald. Moscou, 1866; br. in-8°.
Sur les peuples finnois de la Russie; par M. E. d'Eichwald. Moscou, i855;
br. in-4°.
. ( 65i.)
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR I.' ACADEMIE PENDANT
LE MOIS DE SEPTEMBRE 18G7.
Catalogue des Brevets d'invention; n° 3, 1867; in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'académie des Sciences,
2e semestre 1867, nos 10 à 1/4; in-4°.
Cosmos; nos 10 à t3, 1867; in-8°.
Gazette des Hôpitaux; n05 io3 à 1 13, 1867; in-4°.
Gazette médicale de Paris; n05 36 à 3c), 1867; ûi-4°.
Gazette médicale d'Orient; nos 3 et l\, 1 Ie année, 1867 ; in-4°.
Journal d' Agriculture pratique; nos 36 à 3g, 1867; in-8°.
Journal de Chimie médicale , de Pharmacie et de Toxicologie; septembre
i867;in-8°.
Journal de V Agriculture , nos 28 et 29, 1867; in-8°.
Journal de la Section de Médecine de la Société académique du département
de la Loire-Inférieure, livraisons 229 à 232, 1867; in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; juillet 1867;
in-8°.
Journal de l'éclairage au gaz; nos 1 1 et 12, 1867 ; in-8°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées; juillet 1867 ; in-4°.
Journal de Médecine de l'Ouest; 8e livraison, 1867; in-8°.
Journal de Médecine vétérinaire militaire; juillet et août 1867; in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; septembre 1867; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; nos 2 5 et 26, 1 867 ;
in-8°.
Journal des fabricants de sucre; nos 21 à 24, 1867; in-f°.
L'Abeille médicale; nos 36 à 3g, 1867; in-4°-
La Guida del Popolo; septembre 1867; in-8°.
L'Art dentaire; août 1867; in-8°.
L'Art médical; septembre 1867; in-8°.
La Science ]>our tous; nos l[0 à 43, 1867 ; in-4°.
Le Moniteur de la Photographie ;nos 12 a i5, 1867; in~4°.
Les Mondes..., livr. 1 à 4? 1867; in-8°.
L'Evénement médical; nos 28 à 3i, 1867; in-f°.
Magasin pittoresque; septembre 1867; in-4°.
Matériaux pour l'histoire positive et philosophique de l'homme; par (\. DE
Mortillet; juillet et août 1867; in-8°.
652
Monatsbericht... Compte rendu mensuel des séances de l'Académie royale
des Sciences de Prusse. Berlin, juin 1867; in-8°.
Montpellier médical... Journal mensuel de Médecine; septembre 1867; in- 8°.
Nouvelles Annales de Mathématiques; septembre et octobre 1867; in-8°.
Pharmaceutical Journal and Transactions; t. IX, n° 2, 1867; in-8°.
Presse scientifique des Deux Mondes; nos 36 et 37. 1 867 ; in-8°.
Proceedings oj 'the Royal Society , t. X, n° 6, t. XI, nos 1 à 5. Londres,
1867; in-8°.
Répertoire de Pharmacie; août 1867; bi-8°.
Revue des cours scientifiques ; nos f\i à 44-» 1867 ; in-4°.
Revue des Eaux et Forêts; n° 9, 1867 ; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale; n08 1 7? et 18, 1867; in-8".
Revue maritime et coloniale; septembre 1867 ; in-8°.
Società reale di Napoli. Rendiconto delV Accademia délie Scienze fisiche e
malematiche. Naples, juillet 1867; in-4°.
Société impériale de Médecine de Marseille. Bulletin des travaux; n° 3 ; juillet
1867; in-8°.
The Laboratory; nos 23 et 24, 1867; in-4°.
The Quarterljr Journal oj the Geoocjical Society; t. XXIII, n°' 89 à 91,
1867; in-8°.
The Scientific Review ; n° 18, 1867; in-4°.
ERRATA.
(Séance du 3o septembre 1867.)
Page 554, ligne 1 1 en remontant, 011 lieu de Newton, lisez Pascal.
(Séance du 7 octobre 1867.)
Paye 612, ligne 22, tiu lieu de et dans ces derniers de couleurs subjectives, lisez et dans
ces derniers temps couleurs subjectives.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 21 OCTOBRE 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMRRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Serret fait hommage à l'Académie du premier volume du «Cours
de Calcul différentiel et intégral » qu'il vient de publier.
HISTOIRE DES SCIENCES. — Nouvelle Lettre de Sir David Brewster à
M. Chevreul , au sujet des rapports qui auraient existé entre Newton et
Pascal.
« Allerly Melrose, i5 octobre 1867.
« Nous n'en avons pas fini avec la controverse Pascal ; deux grands
monarques viennent de descendre dans l'arène pour gourmander et pour
conseiller Sir Isaac Newton, ce qui met ses partisans dans l'obligation d'étu-
dier d'un peu près ce nouveau et très-divertissant fragment de la plus auda-
cieuse imposture qui ait jamais été ourdie.
» Nous y voyons d'abord Sir Isaac Newton accusé d'avoir, dans une
Lettre à Huyghens déjà vieille de quelques années, fait usage d'expressions
blessantes pour la réputation de Descartes et de Pascal. Apprenant l'accu-
sation qui pèse sur lui, cet excellent homme, que l'évêque Burnet désigne
comme l'âme la plus candide qu'il ait jamais connue, cherche à s'excuser,
nous dit-on, en alléguant son ignorance du sens précis de certains mots
français. Notons que ce petit commérage épistolaire est communiqué à
C. R., 1S67, 2e Semestre. (T. LXV, N» 17. 85
( 654 )
Louis XIV par Huyghens lui-même, l'ami de Newton, dont il trahit ici la
confiance. Le Roi de France et sa cour, à ce qu'on nous assure, avaient
été offensés des expressions employées par Newton, qui, apprenant le royal
déplaisir, prépare une Lettre d'apologie, et, après l'avoir soumise à Des-
maizeaux, la fait parvenir au Roi. «Je m'empresse, dit-il, de rétracter des ex-
» pressions que j'étais loin de croire aussi injurieuses, faute de connaître le
» sens précis de certains mots français. » Le Roi envoie cette Lettre à l'abbé
Bignon, qui fait savoir à Newton que Sa Majesté a accepté l'apologie et lui
en a su gré.
» Il faudrait, nous le pensons, une bonne dose de foi, même chez les
compatriotes de Pascal, pour croire que Louis XIV, ce vice-gérant de Dieu
sur la terre, ait poussé la condescendance jusqu'à s'occuper de ces pauvres
débats scientifiques.
» Une autre allégation, non moins faite pour surprendre et non moins
difficile à croire, c'est que Jacques II d'Angleterre ait écrit à Newton ces
nombreuses Lettres qui sont aujourd'hui aux mains de M. Chasles. Dans
une de ces Lettres, qui est datée de Saint-Germain, le 16 janvier 1 685, et
signée Jacques R., Newton est taxé d'injustice envers Pascal et exhorté à se
rétracter. Or cette Lettre est évidemment une pièce forgée : en janvier i685,
Jacques II n'était pas à Saint-Germain, et, s'il y eût été, il n'eût apposé à
aucune Lettre semblable signature, car il était alors duc d'York, n'ayant
succédé à Charles II que le 6 février i685.
» Il se peut, il est vrai^ que cette date de i685 n'ait été qu'une faute
commise à l'impression ; laissant donc au fabricateur le bénéfice de cette
supposition, examinons l'autre Lettre royale de Jacques, datée de Saint-
Germain, le 1 2 janvier 1689, et demandant également à Newton une rétrac-
tation de ses injustes paroles à l'égard de Pascal. A cette date, sans doute,
le Roi était à Saint-Germain, mais arrivé depuis quinze jours seulement,
lorsqu'il venait d'être renversé du trône et qu'il avait bien d'autres devoirs
à remplir que celui de prendre la défense d'un étranger, d'écrire des Lettres
dans son intérêt.
» Ajoutons que ce moment était justement celui où il faisait les prépa-
ratifs pour sa descente en Irlande, qu'il effectua en effet dans le mois sui-
vant, en février 168g. Si ces deux Lettres sont tenues pour vraies, il n'y a
pas de raison pour qu'il ne s'en produise bientôt quelque autre, datée du
champ même de la bataille de la Boyne!
» Mais, s'il est incroyable que l'infortuné monarque ait écrit, à cette
époque si agitée de sa vie, de nombreuses Lettres à Newton, il ne l'est pas
( 655 )
moins que Newton en ait écrit à Jacques. Newton avait toujours été l'en-
nemi de ce prince et n'aurait jamais pu devenir un de ses correspondants.
Quand Jacques II, en 1687, entreprit d'humilier l'Université de Cambridge,
Newton s'opposa à sa volonté, et, bientôt après, il fit partie de la députation
envoyée à Londres à cet effet, députation qui obtint pour l'Université de
ne point obéir à un ordre arbitraire. Dans cette même année où on nous
le montre occupé à écrire de nombreuses Lettres au Roi exilé, nous savons
qu'il travaillait, et très-activement, à Cambridge, à rallier les Jacobites au
parti de Guillaume d'Orange!
» Dans la Lettre adressée à Desmaizeaux pour lui demander conseil sur
les excuses à faire au Roi de France, l'auteur insinue que Flamsteed pour-
rait bien être pour quelque chose dans cette affaire, et c'est encore là une
de ces réflexions par lesquelles se décèle involontairement la fausseté de la
pièce. J'ai relu attentivement toute la correspondance entre Newton et
Flamsteed, et je ne crains pas d'établir comme un fait incontestable qu'en
1689 Flamsteed et Newton étaient grands amis. Ce fut seulement vers le
milieu de l'année 1691 que survinrent entre eux des différends qui auraient
pu justifier chez ce dernier des soupçons sur la sincérité de son ami. «
HISTOIRE DES SCIENCES. — Réponse à la Noie de M. Le Verrier. — Obser-
vations relatives à la dernière Lettre de M. Faugère. — liéponse à la Lettre
de ce jour de Sir David Brewster; par M. Chasles.
I.
« Je m'applaudis que M. Le Verrier ait cédé aux instances du Bureau et
de moi-même, et ait inséré dans le Compte rendu de la séance les objec-
tions qu'il avait annoncées.
» Et je m'empresse dédire que, loin que ces objections soient décisives,
comme il le pensait, elles montrent qu'il s'est mépris sur l'état de la ques-
tion.
» Effectivement, je lis cette phrase qui me concerne : « En se fondant
» sur des pièces attribuées à Pascal et à Galilée, on conclut que Newton
» aurait attribué à Cassini, entre autres, des observations qu'il aurait reçues
» de Pascal. »
» Je n'ai point dit que Newton avait attribué a Cassini des observations
qu'il avait reçues de Pascal. J'ai dit qu'il avait employé les nombres donnés
par Pascal, ce qui est tout autre chose; et je l'ai dit en ces termes qui ne
laissent aucune incertitude :
85..
( 656 )
« Ces nombres se trouvent sur les Notes de Pascnl transmises à Newton,
» et sur des Notes de celui-ci faites d'après celles de Pascal : ils se trouvent
» aussi dans une Lettre de Newton adressée à Rohaull. »
» Je ne parle donc que des nombres de Pascal, et non des observations
qui lui ont servi à les calculer.
» La phrase finale de nia communication reproduit la même idée; car
j'y dis que les différentes Lettres de Pascal, d'Huygens, de Mariotte, du car-
dinal de Polignac et de Malebranche, que j'ai citées à la suite des Lettres
de Galilée, « s'accordent toutes à prouver que Pascal avait composé, en se
» servant des écrits de Kepler et des observations de Galilée, un petit Traité
» renfermant les valeurs numériques des masses et des densités des planètes,
» qui ont été reproduites par Newton en 1726. «
» Il est donc bien constaté que je n'ai parlé que des nombres calculés
par Pascal, et non des observations dont il s'était servi. Il y a donc eu mé-
prise fie M. Le Verrier sur ce point fondamental de sa Note.
« Il en est de même, ce me semble, de la manière dont M. Le Verrier
fait parler Newlon, et qui peut induire les lecteurs en erreur (involontaire-
ment de sa part, sans nul doute), car il dit : <c Newton déclare nettement,
» dans l'édition du Livre des Principes de 1726, que les observations et les
» mesures sur lesquelles il s'appuie sont de Cassini, et il le fait en deux
» endroits différents. »
» On croirait, d'après cette phrase de M. Le Verrier, que Newton cite
Cassini d'une manière générale comme l'auteur des observations dont il
s'est servi. Eh bien, ce n'est pas là ce que dit Newton. Il cite Cassini deux
fois et Pound une fois, et cela pour des observations déterminées et qu'il
rapporte numériquement.
» Or, ces observations, qui ne concernent que les temps des révolutions
périodiques des satellites de Jupiter et de Saturne, et les plus grandes élon-
gations héliocentriques de ces satellites à leur planète, ne sont pas les seules
dont Newton avait besoin. Il en fallait d'autres; la question exigeait d'autres
éléments que ces temps des révolutions périodiques, et que ces élongations
héliocentriques. M. Grant l'a bien compris, car il a ajouté aux noms de
Cassini et de Pound celui de Bradley, dont Newton n'a pas parlé. C'est pour
cela que j'ai répondu : Qu'en sait M. Grant?
» Je viens de montrer, comme je l'avais annoncé, que M. Le Verrier s'est
mépris sur l'état de la question telle que je l'ai traitée.
» Mais j'ajouterai ici que dans un entretien particulier, à la suite de la
séance, j'ai vu qu'en citant Cassini seul, et non Pound, cité par M. Grant,
( 657 )
notre confrère avait entendu ne parler que de la détermination dépendante
d'un satellite de Saturne, et non des autres déterminations données par
Pascal et Newton. Il y a donc eu simplement inadvertance clans la rédac-
tion de sa Note.
» M. Grant, au contraire, avait embrassé d'une manière générale, dans
ses calculs, toutes les déterminations, c'est-à-dire les six nombres en
question.
» Il se proposait deux choses : i° de prouver que Pascal, à la fin même
de sa carrière, en 1662, aurait manqué des moyens de faire le calcul de
ces nombres ; i° de prouver que Newton avait fait ce calcul avec les obser-
vations connues de 1687 à 1726.
» Sur ce dernier point, M. Grant n'a rien prouvé; et cependant les
calculs qu'il aurait dû faire étaient des plus simples. Il ne s'agit pas ici
d'un de ces calculs des perturbations de la Lune qui demandent des mois :
une matinée pouvait suffire. Aussi je ne me suis point arrêté sur cette partie
de la Note de M. Grant, et je me suis borné à dire que c'était une simple
assertion sans preuve, comme toujours.
» Quant à la prétendue impossibilité où aurait été Pascal de trouver les
nombres en question, les calculs de M. Grant pouvaient faire quelque im-
pression, quoiqu'il ne prouvât nullement que Pascal n'avait pas pu pos-
séder des documents inédits, soit de Kepler ou d'autres. Je nomme Kepler
parce qu'on sait qu'il avait laissé beaucoup d'écrits. J'ai fait connaître,
dans notre séance du 7 de ce mois, qu'effectivement c'a été avec le se-
cours de certains écrits de Kepler et d'observations de Galilée, que Pascal
a fait sa merveilleuse découverte. J'ai cité à ce sujet deux Lettres de Galilée,
puis une série d'autres Lettres, jusqu'à une de Newton lui-même, de 1720,
qui toutes confirment les deux de Galilée. J'aurais pu ajouter d'autres
documents; mais ceux-là suffisaient. Je réserve les autres pour le moment
où M. Grant apporterait les calculs qu'il affirme que Newton a faits avec
les observations de Cassini, de Pound et de Bradley.
IL
» Je passe à une autre phase de la question. Je m'étonne qu'il n'y ait
point aujourd'hui une communication de M. Fa 11 gère, relative à la Lettre
du Roi Jacques qu'il a trouvée dans un volume des Affaires étrangères, et
qui accuse, dit-il, la fausseté de celle que je lui ai communiquée. J'ai dit
que celle-ci, comme une trentaine d'autres que je possède, est conforme à
une Lettre à Catinat, de la Bibliothèque impériale, dont le fac-similé a été
( 658 \
donné dans Vlsoqraphie. J'ai invité M. Faugère à en faire la vérification. De
plus, j'ai dit qu'il y avait grande probabilité que la Lettre des Affaires étran-
gères n'était point autographe, puisqu'elle paraissait être une pièce diplo-
matique. J'ai demandé quelques détails sur cette Lettre, tels que sa date,
le sujet dont elle traite, etc.; j'aurais pu dire la langue dans laquelle elle est
écrite.
» Il semble qu'une réponse de M. Faugère sur ces différents points était
un devoir envers l'Académie. J'ai cru qu'il l'avait compris ainsi, quand
j'ai vu qu'il avait fait insérer sa Lettre de lundi dans les journaux (même
dès mercredi), sans dire un mot de la réfutation, ou du moins des objec-
tions que j'avais produites à l'instant même, en sa présence.
» Cette publication anticipée, qui ne peut venir que de M. Faugère, car
les journaux ne connaîtront qu'aujourd'hui même la Lettre insérée au
Compte rendu, ne pourrait s'excuser qu'autant que M. Faugère aurait re-
connu indubitablement que la Lettre qu'il allègue est bien autographe et
que les miennes sont fausses; et je devais croire qu'il en donnerait avis
aujourd'hui à l'Académie.
» Je maintiens de nouveau que mes Lettres du Roi Jacques sont parfai-
tement authentiques. Les preuves à ce sujet ne me manquent point. J'au-
rais attendu cependant, pour ne pas fatiguer l'Académie de ces détails, que
M. Faugère eût répondu à ma demande de la dernière séance, si la Lettre
de M. Brewster ne me ramenait pas sur ce point de la discussion.
III.
» La nouvelle Lettre de Sir David Brewster vient de m'ètre commu-
niquée il n'y a qu'un instant. Si j'en avais été prévenu, j'aurais apporté
les documents qui doivent me servir dans ma réponse. Je me bornerai
donc à les indiquer aujourd'hui, et je les produirai dans la prochaine
séance.
» Quant à la Lettre, dont il vient d'être donné lecture par M. le Secré-
taire perpétuel, la première phrase m'autorise à dire tout d'abord qu'elle
décèle une intention injurieuse et presque badine, mais qu'elle ne ren-
ferme rien de sérieux, quoique l'auteur se dise « dans l'obligation d'étudier
» d'un peu près ce nouveau et très-divertissant fragment de la plus auda-
» cieuse imposture qui ait jamais été ourdie. »
» Je n'y répondrais pas plus qu'à certaines autres attaques, si le nom de
M. Brewster et l'insertion de sa Lettre dans nos Comptes iwuius ne m'en
faisaient un devoir envers l'Académie.
( 659 )
« Je citerai d'abord l'altération d'un fait. M. Brewster dit : « Notons que
» ce petit commérage épistolaire est communiqué à Louis XIV par Huygens
» lui-même, l'ami de Newton, dont il trahit ici la confiance. »
» Je n'ai point dit qu'Huygens avait communiqué à Louis XIV la Lettre
de Newton. Celui-ci ne le dit pas non plus, dans sa Lettre à Desmaizeaux,
que j'ai rapportée. Quant à la manière dont la Lettre a été connue, je
l'ai dit en ces termes : « Je possède une Lettre de Huygens qui explique
» à Newton comment Clerselier avait vu dans ses papiers la Lettre conte-
» nant les expressions sur Descartes et Pascal qui lui causent mainte-
» nant une polémique si ardente. 11 conseille à Newton de rétracter ses
» paroles. » C'est donc Clerselier qui a eu connaissance fortuitement de la
Lettre, et qui en a parlé à ses amis. Quelques années après, il a été ques-
tion de cette Lettre en présence du Roi Louis XIV, qui s'en est ému, a
fait faire une enquête par Boulliau, et s'en est plaint au Roi Jacques, comme
on le verra par les documents que je produirai. Je donnerai aussi la Lettre
de Huygens à Newton, que j'ai seulement mentionnée.
» M. Brewster ajoute : « Il faudrait une bonne dose de foi pour croire
» que Louis XIV, ce vice-gérant de Dieu sur la terre, ait poussé la condes-
» cendance jusqu'à s'occuper de ces pauvres débats scientifiques. » Je passe
sur l'offense intentionnelle de M. Brewster à l'égard du fondateur de
l'Académie des Sciences. Je ne crois pas que M. Brewster regarde la ques-
tion actuelle comme de pauvres débats scientifiques. Je crois, au contraire,
qu'il en comprend l'importance et les conséquences, mais que sachant son
impuissance à combattre les preuves que j'apporte, il veut la masquer par
des assertions auxquelles il cherche à donner une tournure plaisante,
assertions, du reste, toujours dépourvues de preuves.
» Une erreur typographique de date dans la seconde Lettre du Roi
Jacques, i685 au lieu de 1689, 1mse reconnaissait immédiatement, puisque
cette Lettre mentionne expressément la première portant la date de 1(189
(erreur corrigée dans le Compte rendu suivant), est une bonne fortune que
M. Brewster ne laisse pas échapper; elle lui a permis, enfin, de citer un
fait, que le 16 janvier i685 le Roi Jacques était encore duc d'York.
» M. Brewster ajoute que le 12 janvier 1689 « le Roi Jacques avait bien
» d'autres devoirs à remplir que celui de prendre la défense d'un étranger
» (Newton) et d'écrire des Lettres dans son intérêt. »
» On verra, par les documents que j'ai annoncés, que quelles que pus-
sent être les préoccupations du Roi Jacques (dont il parle plus tard dans
une Lettre à Newton), il devait être tres-désireux de donner satisfaction
( 66o )
au Roi Louis XIV, qui avait pris à cœur les expressions injurieuses du
géomètre de Cambridge.
« S'il est incroyable, continue M. Brewster, que l'infortuné monarque ait
» écrit à cette époque de nombreuses Lettres à Newton, il ne l'est pas
» moins que Newton en ait écrit à Jacques, parce qu'il avait toujours été
» l'ennemi de ce prince, et lui avait fait de l'opposition. » Effectivement
le Roi dit à Newton , dans une de ses Lettres : « Vous m'avez fait de
» l'opposition, vous étiez dans vos droits; et je n'ai pas de rancune; vous
» n'ignorez pas combien je m'attache à votre gloire. »
» Mais, d'abord, il semble que Newton n'était pas, en 1687, l'ennemi
si prononcé du Roi Jacques, que le dit M. Brewster, puisqu'il inscrit le
nom du Roi, pompeusement et volontairement, en tète du Livre des Prin-
cipes : « Et auspiciis potenthsimi Monarchœ Jacobi II florenti. » Ensuite, il
semble encore que les rancunes politiques devaient être moins vives chez
Newton que celles que pouvait susciter son amour-propre scientifique.
Son indifférence sur ce point est assez connue, et se retrouve dans l'al-
locution suivante, rapportée par M. Bertrand dans sa savante Notice sur
Newton et ses travaux : « L'allégeance et la protection sont réciproques;
» le Roi Jacques ayant cessé de nous protéger, nous cessons de lui rien
« devoir. C'est Guillaume aujourd'hui qui nous protège, c'est à lui que
» nous devons obéissance; je n'ai pas à juger les opposants; si le fait est
» blâmable, il est accompli, et je me borne à dire : Qiiod fieri non debuit
» faclum valet. »
« Quant à l'amitié entre Flamsteed et Newton, on n'a pu l'apprécier
seulement que depuis la publication du manuscrit de Flamsteed, retrouvé
il y a une quarantaine d'années, quoiqu'il existât déjà auparavant des bio-
graphies de Newton. M. Brewster n'a point réclamé sur ce qu'en ont dit
notamment MM. Biot et Arago, et dans ces derniers temps encore M. Ber-
trand. Je possède moi-même des Lettres de Flamsteed et des Lettres à lui
adressées que je pourrai avoir à produire dans une autre phase de la ques-
tion, si elle se présente.
>. Puisque Sir David m'en donne l'occasion je me permettrai de lui
adresser une demande.
s La question dominante dans cette longue polémique, je l'ai dit dès
le premier jour où est intervenu Sir David, et répété depuis plusieurs
fois, est de savoir s'il a existé des relations entre Pascal et Newton. Eh
bien, M. Brewster n'a jamais dit un mot sur ce point capital. Quand il a fallu
juger des écritures, il s'est adressé aux différents membres de la famille de
(66, )
Newton, et a rapporté leur dénégation. J'ose espérer qu'il voudra bien
recourir encore à cette noble famille, et s'enquérir si l'on ne pourrait pas
retrouver quelques traces de ces relations qui auraient existé entre Pascal
et Newton : et, ce qui pourrait être plus facile encore, puisque le fait ne
date que d'un siècle environ, si l'on ne retrouverait pas aussi, soit dans la
famille de Newton, soit dans les archives du British Muséum, où existe,
dit-on, la plus grande partie du riche cabinet de Desmaizeaux, des traces
des démarches qui ont été faites auprès du chevalier Blondeau de Char-
nage pour obtenir la rétrocession des papiers qu'il avait acquis de la famille
de Desmaizeaux.
» Comme tout le monde savant, que préoccupe cette question, je serai
très-reconnaissant de l'active intervention de Sir David Brewster, et de ses
efforts pour mettre au jour la vérité sur un fait bien simple en lui-même. »
histoire DES SCIENCES. — Note sur l'époque précise de l'établissement de la
loi de l'attraction; par M. Babinet.
« En 1666, Newton, retiré à la campagne, dirigea pour la première
fois ses réflexions sur le système du monde. Plusieurs auteurs avaient déjà
énoncé prématurément la loi de l'attraction en raison inverse du carré de
la distance. Newton, en essayant de vérifier cette loi sur la chute de la
Lune comparée à la chute des corps pesants, la trouva fausse et, par suite,
abandonna ses recherches théoriques.
» Plus tard, en 1670, il reconnut, au moyen de la mesure française de
Picard, que cette importante loi était parfaitement rigoureuse, et dès lors,
mais seulement alors, la loi de l'attraction fut définitivement établie.
» On sait qu'à la réception du résultat de Picard, Newton fut tellement
ému, qu'il fut obligé de prier un de ses amis d'achever le facile calcul qui
vérifiait la grande loi. On doit donc fixer à l'an 1670 l'époque précise de
l'établissement de la loi de l'attraction en raison inverse du carré de la
distance. »
ASTRONOMIE. — Simple remarque sur ta dernière Lettre de M. Rirchhoff ;
par M. Faye.
« M. Rirchhoff motive sa dernière communication sur ce qu'il craindrait
que son silence ne fût pris pour un acquiescement à ma dernière réponse :
il maintient donc l'objection qu'il a opposée à mon explication des taches
C. R. , 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° VJ .) 86
( 662 )
solaires. Je me contenterai de mon article du 5 août (i), laissant volontiers
à l'illustre physicien le dernier mot : seulement je désire aussi que mon si-
lence actuel ne soit pas pris pour un acquiescement tacite. Mais je tiens
surtout à constater devant l'Académie que M. Rirchhoff abandonne sa
propre théorie des taches, puisqu'il ne croit pas devoir faire de réserves à
ce sujet, tandis qu'il a grand soin d'en faire pour l'objection qu'il m'adresse.
Je considère cet abandon comme le plus important résultat de notre dis-
cussion, attendu que cette théorie ne tendait à rien moins qu'à faire dévier
la science de sa véritable voie. Il y a, en effet, entre l'objection maintenue
contre moi par M. Rirchhoff et celles que j'ai faites à sa théorie, une grande
différence. Il est certain, à mes yeux, que mon explication des taches so-
laires, quoique vraie au fond, et dans ce qu'il y a de plus essentiel à la
question, laisse à désirer dans une foule de détails, et qu'elle est loin de
tout expliquer; mais je compte, pour lever ces difficultés, sur les progrès
futurs de la science et sur les modifications qui en résulteront dans mes
idées elles-mêmes. Il en était tout autrement des doctrines de M. Rirchhoff
sur les taches solaires. Ces doctrines se trouvaient en contradiction radi-
cale avec les faits qui doivent ici servir de base et de point de départ à
toute théorie : nous avions vu les astronomes partisans des idées de
M. Rirchhoff tourner le dos à ces faits et mettre en doute jusqu'aux me-
sures géométriques les plus précises que nous possédions, parce que les
faits et les mesures venaient contredire la doctrine. Je m'applaudis donc
de voir que M. Rirchhoff renonce à soutenir une théorie à laquelle sa
grande et légitime autorité avait donné un moment trop d'influence sur la
direction de nos travaux. C'était là le but que je me proposais principa-
lement en soutenant cette discussion. »
GÉOLOGIE. — Récit de l'éruption sous-marine qui a eu lieu, le i" juin 1867,
entre les îles de Terceira cl de Graciosa, aux Açores; par MM. Ch. Sainte-
Claire Deville et Janssen.
« Après l'intéressante communication de M. Fouqué (2), l'Académie
nous permettra peut-être de lui soumettre quelques détails sur l'historique
(1) Foir le Compte rendu du 5 août 1867, t. LXV, p. 221, à l'article intitulé : « La
cause et l'explication du phénomène des taches doivent-elles être cherchées en dehors do la
surface visible du Soleil? »
(2) Voir pageÔ74i à la Correspondance, la Lettrede M. Fouqué dont M. Ch. Sainte-Claire
Deville a donné lecture à l'Académie.
( 663 )
de l'éruption du Ier juin 1867, aux Acores, détails que nous avons
recueillis, sur les lieux mêmes, de la bouche d'un témoin oculaire.
« Presque tous les renseignements qui suivent sont dus, en effet, à
M. Joâo Guilherme da Costa, vicaire chargé de la paroisse de Serreta.
Placé mieux que personne pour observer, de jour et de nuit, les diverses
phases du phénomène, cet ecclésiastique, non-seulement nous a obligeam-
ment communiqué les notes écrites qui lui avaient été suggérées par le
spectacle qu'il avait sous les yeux, mais il a bien voulu répondre, avec
une clarté parfaite, à toutes les questions que nous lui avons adressées.
» Des nombreuses relations qui ont paru dans les journaux açoriens et
portugais, une seule (le Rapport officiel transmis au gouvernement par le
Directeur des travaux publics à Terceira, M. Nogueira Soarès) paraît due
à un témoin oculaire, l'auteur ayant observé de loin l'éruption pendant la
journée du 5 juin. Nous ferons de très-courts emprunts à son récit (1).
» Les premiers indices précurseurs de l'éruption remontent au 24 dé-
cembre 1866. On ressentit à Serreta, vers 10 heures du soir, deux légères
secousses, puis quatre autres le 2 janvier suivant. Depuis lors jusqu'au
i5 mars, chaque jour fut signalé par des mouvements du sol, dont le
nombre variait de quatre à dix. Il y eut alors un repos d'un mois environ.
Le 18 avril, puis le ai, on ressentit de faibles secousses : du 21 avril au
25 mai, il s'en produisait de huit à douze par jour. Le 25 mai, à partir de
2h3om du soir, elles devinrent si nombreuses, que de 5h 3om à minuit on
en compta cinquante-sept.
» Du 25 mai au 1e1 juin, le sol de Serreta et des paroisses voisines était,
pour ainsi dire, dans une agitation continuelle. Les secousses se sentaient
à peine à Porto Judeu, villa de San Sebastiào, Fonte Bastardo, Cabo da
Praia et Praia ; mais à Serreta et à Raminho, quelques-unes furent très-
violentes, et particulièrement le 3i mai. Des fentes se produisirent dans
le sol, des blocs de rochers se détachèrent avec fracas: presque tous les
bâtiments (comme nous avons pu le constater nous-mêmes en traver-
sant celte pointe nord-ouest de l'île) furent endommagés ou entièrement
ruinés.
» M. da Costa estime à quatre-vingts le nombre des maisons détruites
(1) Nous devons ajouter que nous étions accompagnés par un jeune habitant très-dis-
tingué de San Miguel, licencié de la Faculté des Sciences de Paris, M. José do Canto, qui ,
par sa connaissance de la langue et du pays, nous a grandement aidés à tirer un bon parti
du court séjour (douze heures) que nous avons fait à Terceira.
86..
( 664 )
sur la paroisse de Serreta : toutes les antres ont été ébranlées, ainsi que
l'église et le presbytère, qui devront être reconstruits.
» Il ne paraît pas, au reste, qu'il y ait eu de victimes, si ce n'est quel-
ques personnes blessées d'une façon assez peu grave.
» L'avis général est que la direction des secousses était du nord-ouest au
sud-est. Mais nous devons ajouter la circonstance suivante, signalée par
M. da Costa.
» Près de la côte, entre Serreta et Raminho, en un lieu appelé Feijào,
se trouve une source thermale ferrugineuse qui dégage une telle quan-
tité d'acide carbonique, qu'il y a cinq ans trois personnes y ont été
asphyxiées. Or, c'est de ce lieu ou d'un point voisin que les mouvements
du sol semblaient diverger dans les deux directions de Serreta et de
Raminho.
» On conçoit tout l'intérêt d'une telle affirmation, puisqu'elle indique-
rait l'existence d'un certain espace, situé sur la côte (ou en mer à peu de
distance de la côte), vers lequel auraient convergé les diverses manifes-
tations (i).
» Quoi qu'il en soit, le Ier juin, vers 8 heures du matin, on ressentit un
tres-violent tremblement de terre, qui fut suivi, dans le cours de la jour-
née, par plusieurs autres beaucoup plus faibles, et enfin, ce mémo jour, à
10 heures du soir, l'éruption éclata.
» Le point, en mer, qui en a été le centre n'est malheureusement pas
déterminé d'une manière certaine. En effet, nous trouvons bien, dans la
relation officielle dont il a été question plus haut, que la position de ce
lieu a été fixée approximativement par 38° 52' de latitude et 290 53' de lon-
gitude (Paris), ce qui donnerait, par la construction, un point situé au
nord-ouest du village de Serreta, et à une distance d'environ i85oo mètres.
Mais nous nous sommes assurés sur les lieux qu'aucune mesure précise
n'avait été prise durant l'éruption. On s'était contenté de déterminer par
un seul alignement la direction du point central de l'éruption. Nous avons
même, guidés par M. da Costa, retrouvé, à une faible distance de l'église
de Serreta, la marque tracée alors sur les rochers pour fixer cette direction.
Nous l'avons relevée avec le plus grand soin à la boussole (en tenant compte
de la variation de la déclinaison depuis i844> date des cartes anglaises), et
nous arrivons ainsi à une orientation faisant avec le méridien de Serreta
(1) L'un de nous a signalé une circonstance tout à fait analogue lors du grand tremblement
de terre qui détruisit la Pointe-à-Pitre, le 8 février i843.
( 665 )
un ongle de 48° 2 5' ouest. Cette direction, rapportée sur la carte, passe
en effet sensiblement sur le point fixé par M. Nogueira Soarès.
» Une autre concordance se trouve entre les deux indications : M. da
Costa écrit que l'éruption a eu lieu en dehors du bas-fond (1) placé sur les
cartes au nord-ouest de Serreta, et la ligne déterminée comme nous venons
de le dire passe sur ce point. Il uous semble donc qu'il y a peu de doutes
sur l'orientation.
» Quant à la distance à la côte, qui a été évaluée approximativement à
9 milles ou environ 16700 mètres, elle serait beaucoup moindre d'après
M. da Costa, qui l'évalue seulement à 6 on 7 milles, c'est-à-dire à environ
12000 mètres.
» La Lettre de M. Fouqué, qui vient d'être communiquée à l'Académie,
nous fournit un nouveau terme de comparaison. Si l'on construit sur la
carte, aussi exactement que possible d'après ses indications, le point en
mer qui lui a présenté un dégagement de gaz combustible, ce point tombe
sur une position éloignée de Serreta d'environ 65oo mètres, et dans une
direction qui ferait avec la première un angle de 21 degrés environ. Cette
discordance nous semble dépasser de beaucoup l'incertitude des deux dé-
terminations. Il est donc probable que le point où M. Fouqué a observé le
dégagement des gaz n'est pas le même que celui où s'était établi le centre
de l'éruption.
» Quant aux phénomènes eux-mêmes, voici ce qu'a observé M. da Costa.
» Tout a commencé, le Ier juin au soir, par des détonations semblables à
des décharges d'artillerie. L'obscurité de la nuit ne permettait pas, d'ail-
leuis, de rien distinguer à cette distance; c'est seulement le lendemain,
vers 5 heures du matin, qu'on s'est aperçu que la mer était recouverte
de soufre (2). A 6 heures on distinguait une ébullition, faible d'abord et
qui ne se manifestait qu'à d'assez longs intervalles; puis, elle s'est accrue
progressivement et a atteint son maximum le 5 juin.
» Le 2 juin, vers 9 heures du soir, on a vu, trois fois dans l'intervalle
d'un quart d'heure, un jet d'eau s'élancera une grande hauteur, et partant
d'un point situé entre la côte et le lieu de l'éruption. Jusqu'au 4 juin, on
(1) Ce bas-fond n'a qu'une profondeur de 8 mètres.
(2) Nous rapportons l'expression même du témoin oculaire, mais sans pouvoir affirmer
que la matière, jaunâtre ou verdàtre, qui constituait une légère pellicule à la surface de la
mer fût réellement du soufre. On verra même, par ce qui sera dit plus loin, que cette sub-
stance était vraisemblablement plus complexe que ne semble le croire M. da Costa.
( 666 )
ne pouvait, de Serreta , distinguer qu'avec des lunettes les pierres peu
volumineuses qu'entraînait la vapeur. Mais le 4» à 1 1 heures du matin,
on a commencé à voir à l'œil nu de grosses pierres qui étaient projetées
à une certaine hauteur, et dont l'ensemble, dit M. da Costa, « présentait
» la forme d'un bateau de pèche qu'on aurait renversé. »
» La disposition des bouches était la suivante :
« Au centre, une bouche principale, et autour d'elle, placées très-irré-
gulièrement, sept autres, qui délimitaient un espace d'environ trois ou
quatre lieues de tour, ou d'un peu plus d'une lieue en diamètre. Vers ce
centre, où le bouillonnement était continuel, la mer blanchissait, tandis
que vers la circonférence elle devenait verdàtre ou noirâtre. « Il semblait,
w nous dit M. da Costa, que les pierres rebondissaient sur la mer à me-
» sure qu'elles en atteignaient la surface et qu'elles s'accumulaient sur
» cette circonférence, où elles paraissaient dessiner une ombre, comme
» s'il eût existé, vers le milieu, un bassin profond entouré d'un mur cir-
» culaire. »
» C'est cette apparence, qui durait plusieurs jours encore après l'érup-
tion, qui a évidemment donné lieu à l'assertion, reproduite dans plusieurs
récits de l'événement, qu'il s'était formé un banc ou un ilol disparu
depuis.
» L'éruption était accompagnée d'une odeur sulfurée tellement pronon-
cée, qu'à certains moments il était difficile de la supporter près de la
côte. Relativement à la nature de cette odeur et des exhalaisons qui la pro-
duisaient, les nombreuses questions que nous avons adressées à M. da Costa
ne nous ont laissé aucun doute possible : l'odeur était celle des œufs
pourris, et, par conséquent, l'acide sulfhydrique était un îles gaz domi-
nants dans l'émanation.
» Quant aux flammes, M. da Costa, qui les aurait sans doute distinguées
pendant les longues heures de nuit qu'il a passées à considérer le phéno-
mène, en nie formellement l'existence. Rien même, dans son récit ni dans
les explications qu il a bien voulu nous donner verbalement, n impli-
quait l'observation d'une incandescence quelconque dans les matières
rejetées.
» Des substances très-diversement colorées recouvraient la surface de la
mer : quelques-unes étaient jaunâtres, d'autres rouges de feu; d'autres,
enfin, étaient irisées. « Ce soufre, ajoutait M. da Costa, est venu jusqu'à la
» côte. » Malheureusement, personne n'a eu la pensée d'en recueillir quel-
que portion.
( 667)
» Ces indications sont confirmées par les détails que donne M. Nogueira
Soarès sur sa visite à l'éruption, le 5 juin.
« Je fus observer le phénomène, dit-il, dans une embarcation , accom-
» pagné de l'intendant de marine et de plusieurs autres personnes. Sur une
» ligne de plus de a milles de longueur, dirigée à peu près du nord est
» au sud-ouest, sortaient avec impétuosité, et à quelque distance l'une
» de l'autre, six énormes colonnes de vapeur qui, à une certaine hauteur,
» cédaient à l'impulsion du vent, comme une fumée blanche et épaisse.
» Du pied d'une de ces colonnes, on voyait continuellement s'élever à
» quelques mètres de la surface de la mer, et retomber immédiatement,
» de grands et nombreux flocons ou tourbillons noirs (i) J'ai distingué
» une fois à la lunette, au milieu des masses de vapeur blanche, des masses
» noires informes (2), qui apparaissaient et disparaissaient rapidement, et
» que j'ai considérées comme de grosses pierres vomies par le cratère.
» Ce terrible jeu de la nature était accompagné de détonations répétées,
» semblables à celles de l'artillerie. . . .
» A la distance de plus de 10 milles du lieu de l'éruption, l'eau avait
» déjà des teintes diverses vertes ou rouges, dues sans doute à la présence
» des sels de fer. A mesure qu'on s'approchait, on sentait plus nettement
» l'odeur du soufre.
» Un grand nombre de poissons morts ou mourants flottaient à la sur-
» face de l'eau (3). »
» Le 5 juin a été le jour où le phénomène a présenté son maximum
d'activité. Ce jour, déjà, la projection des gros blocs cesse et la vapeur
n'entraîne plus de pierres visibles, à l'œil nu, de Serreta. Puis, tout dimi-
nue graduellement. Le 7, il n'y avait plus de pierres lancées, et, le même
jour, vers 10 heures du soir, les vapeurs elle-mèmes avaient disparu. La
portion la plus active de l'éruption avait duré sept jours.
« Depuis lors, il est vrai, plusieurs personnes disent avoir vu, en juillet
et en août, s'élancer de la mer des colonnes de vapeur : mais M. da Costa,
si bien placé pour les observer, nous a affirmé n'avoir rien remarqué de
semblable.
(1) Grandes e numerosos Jlocos negros.
(2) Vultos negros.
(3) Nous n'avons pu nous procurer aucun échantillon de ces poissons, qu'on a laisses
se putréfier, tandis qu'il eût été sans doute fort intéressant de savoir, par leur détermination
exacte, si quelques espèces, habitant les grandes profondeurs, ne sont pas nouvelles. »
r 668 )
» Les agitations du sol ont diminué aussi, mais sans cesser entièrement.
Parmi les secousses, en général assez faibles, qui se sont fait sentir,
M. da Costa en a remarqué deux assez violentes et accompagnées de bruit
souterrain, savoir : le 12 juin, à 10 heures du soir, et le i3, à 9 heures
du matin. Le même jour du i3 juin, à l\ heures du soir, on éprouva une
secousse faible, puis une autre le 27 juin, à 3 heures du soir. Enfin, après
un assez long intervalle, le 18 août, à iob45m du soir, il y eut encore une
dernière très-violente. Du 18 au 26 août, jour de notre passage à Terceira,
rien ne s'était produit de nouveau.
» Tels sont les documents, relatifs à cette courte éruption^ qui nous ont
semblé de nature à être communiqués à l'Académie et à intéresser les géo-
logues. »
« M. Chevreul, après avoir suivi avec tout l'intérêt qu'il comporte le
récit des phénomènes volcaniques observés dans la mer, près de Terceira,
demande à M. Ch. Sainte-Claire Deville s'il pourrait donner quelques dé-
tails sur la réaction possible entre : i° un produit sulfuré dont la présence
s'est évidemment manifestée par l'odeur; et 20 une matière semblant appar-
tenir à quelque sel de fer. Il est certain que du soufre est mis en liberté
quand l'acide sulfhydrique ramène les sels de sesquioxyde de fer à l'état
de sels de protoxyde, et que dès lors les pellicules d'épaisseur variable,
signalées par M. da Costa, pourraient avoir eu cette origine; quant à la
production d'un sulfure de fer aux dépens d'un protoxyde, il aurait fallu
que l'acide sulfhydrique fût à l'état de sel. Il est possible que les matières
noirâtres très-divisées fussent du sulfure et eussent cette origine, mais il est
possible encore que ce composé fût le résultat de l'action d'un sulfure alcalin
sur le sesquioxyde de fer des argiles ou des sables de la nier. M. Ch. Sainte-
Claire Deville doit voir, par ces questions que je lui soumets, l'intérêt que
j'attache aux recherches qu'il vient de communiquer à l'Académie. »
( 669 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
astronomie nautique. — appréciation pratique de la méthode de M. de Lit-
trow pour trouver en mer l'heure et la latitude. Note M. Lemoine, présentée
par M. Faye.
(Renvoi à la Seclion de Géographie et Navigation.)
En présentant cette Note. M. Faye s'exprime comme il suit :
« J'ai l'honneur de présenter à l'Académie une remarquahle appréciation
de la méthode de M. de Littrow pour trouver en mer l'heure et la longi-
tude, méthode cpiej'aieu l'honneur de présenter à l'Académie en mars 1864.
L'auteur de ce travail, M. Lemoine, enseigne de vaisseau, a eu de fré-
quentes occasions d'appliquer la méthode de M. de Littrow dans ses tra-
versées de Toulon à la Vera-Cruz, et dans le golfe de Mexique où il a long-
temps navigué. Le tableau ci-joint de ses ohservations comprend deux pariies.
Du 12 juillet 1 865 au 12 août suivant, la méthode de M. de Littrow a été
comparée à la méthode ordinaire au mouillage, dans les circonstances les
plus favorables à la précision des observations : le rapprochement des ré-
sultats prouve que, dans ces conditions-là, la première rivalise d'exactitude
avec la seconde. L'autre série, beaucoup plus étendue, du 9 février 1 865
au 20 juin 1867, comprend les observations faites pendant la marche, dans
les circonstances les plus variées; un coup d'ceil suffit pour voir que les dif-
férences que présentent alors les deux méthodes sont très-faibles et tout à
fait négligeables dans la pratique. Je vais maintenant donner lecture du
Mémoire de M. Lemoine, dont le témoignage si compétent aura certai-
nement pour effet de recommander aux marins la méthode que mon savant
confrère de Vienne m'avait prié de faire connaître en France. »
« Sur une rade foraine (à Bagdad, Rio-Grande, golfe du Mexique), après
avoir déterminé la position du bâtiment à bord duquel je me trouvais, par
des angles et des relèvements, j'ai pu établir des comparaisons entre la
méthode des angles horaires et la méthode Littrow.Le tableau du 12 juillet
ï 865 au 12 août suivant donne une idée de la concordance de leurs résul-
tats. La configuration de la côte dans cette partie du gobe tacilitait mes
opérations. Le bâtiment était mouillé à une grande distance de terre, la-
<'.. R., 1867, a" Semestre. (T. LXV, N° 17.) ^7
( 670 )
Tableaux comparatifs des longitudes obtenues par In méthode littrow et la méthode des angles horaires,
du mois de février i865 au mois de juin 1867.
LM\<;m;DES.
Littrow.
Angles
horaires.
L VTIÎl'DL
du lieu
de
l'observa-
tion.
De Toulon à Alger, 1865 v aller et retour)
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Ier mars. . .
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De Toulon à Vera-Cruz, 1865.
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7.10.30
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22.29.45
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27.32. 1 5
29.55.45
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37.52. 0
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43.46.1 5
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75. 2. 0
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98.31. 0
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54. 0
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2.4 ,
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15.36
Horizon très-mau-
vais le malin
Golfe du Mexique (rade de Bagdad, Rio-Grande ).
2 juill. 1 865
1 5 . . .
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8 août .
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99.27. 0
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25.57. °
REMARQUES.
En rade de Ba;
Suite
Golfe du Mexique. — De Bagdad à Vera-Cruz, de Vera-
Cruz à Tuxjan, Tampico, Bagdad ; de Vera-Cruz à la
SVontera, à Carmen, à Campêche, à Sisol, à la Havane ;
de la Havane à Brest.
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( 67i )
quelle court à peu près nord et sud du monde, dans le nord du golfe du
Mexique. Je pouvais doue prendre des hauteurs jusqu'après le passage du
Soleil au méridien du lieu.
» Il est bien évident que la méthode Littrow ne peut suffire seule à tous
les besoins. Nul ne songe à avancer une telle proposition. Mais ce qui est
manifeste, c'est qu'elle est d'une aide bien puissante. En apportant une
longitude exacte, elle donne le moyen de contrôler la longitude obtenue
par la méthode des angles horaires ou une méthode quelconque; elle
fixe, pour ainsi dire, l'opinion de l'officier des montres sur le résultat de
ses observations; elle donne une plus grande certitude à une chose reçue
pour vraie.
» Il est facile d'atteindre une grande précision lorsqu'on se sert de cette
méthode pour obtenir une longitude. Il suffit de mesurer avec soin h et h'
rr* TV
et d'avoir un bon état absolu avec lequel on calcule - — . Quant aux élé-
ments & et cp, on peut toujours les bien connaître, ainsi que l'équation du
temps E.
» Combien de fois, dans la longue campagne que je viens défaire, ai-je
eu à me louer d'avoir à ma disposition cette simple et intelligente méthode
de M. de Littrow! Combien de fois ai-je été obligé de n'avoir recours qu'à
cette seule méthode, afin d'obtenir une longitude, le Soleil n'étant pas
brillant ou ne paraissant pas au moment favorable des angles horaires, ou
bien encore lorsque l'horizon du matin était nébuleux, tandis que celui
des environs de midi était presque dégagé de toute espèce dévoiles atmo-
sphériques! Les capitaines de bâtiment sous les ordres desquels j'ai servi
ont souvent manifesté leur surprise lorsque je leur remettais, à midi du
lieu, une longitude obtenue par l'emploi de la méthode en question, alors
qu'il était matériellement impossible d'en obtenir à l'aide d'un autre pro-
cédé. Quel est le marin qui, dans ses longs voyages en mer, n'a pas éprouvé
d'inquiétude en ne voyant pas apparaître le Soleil dans les circonstances
favorables? Cette grande responsabilité du bâtiment et du personnel, qui
pesait alors sur lui, n'eût-elle pas été facile à supporter s'il avait su qu'en
déterminant la latitude on pouvait déterminer la longitude par un calcul
extrêmement simple (avec un peu d'habitude, on le fait en cinq minutes)?
C'est dans les circonstances critiques de la navigation que l'on reconnaît
l'habileté et la supériorité de cette méthode autrichienne. C'est quand
le bâtiment fréquente les parages malsains ou n'en est que peu éloigné,
quand il est entouré de récifs, de bancs, d'une terre dont on ne connaît
87..
(672 )
qu'imparfaitement les dangers, qu'il est urgent de savoir la position réelle
que ce bâtiment occupe.
» En pleine mer, à 600 ou 700 lieues des côtes par exemple, un capitaine
de navire pourra abréger sa traversée en ayant recours à la méthode Littrow.
C'est un avantage dont elle dispose, et voici comment. Dans certaines parties
du globe, le Soleil ne se montre pas dans les moments favorables aux angles
horaires. Ce phénomène se manifeste quelquefois pendant plusieurs jours
de suite, dans des conditions de brises fraîches avec lesquelles le navire
atteint une très-grande vitesse. Le bâtiment navigue alors un peu au
hasard, d'après l'estime; on mesure la vitesse et la dérive; c'est à laide de
ces renseignements imparfaits qu'on détermine une position géographique
chaque jour à midi. Qu'arrive-t-il? Les erreurs s'accumulent de jour en
jour dans l'estimation du point .ainsi déterminé; le bâtiment ne peut plus
suivre sa vraie route; en s'en écartant, il décrit sur la carte marine une sé-
rie de crochets, pour me servir de l'expression employée par les marins,
dont le résultat est d'augmenter la durée de la traversée, et de multiplier
ainsi les chances d'accidents graves.
» En résumé, je conseillerai aux marins, toutes les fois que j'en trouve-
rai l'occasion, l'emploi de la méthode Littrow, dont le calcul est si facile et
dont les résultats sont si surprenants. Plusieurs officiers de marine à qui je
l'ai communiquée ont été, comme moi, surpris des avantages constants
qu'elle offre en mer. »
M. Bocssinesq adresse un Mémoire «sur les vibrations rectilignes dans
les milieux isotropes, et sur la diffraction ».
L'auteur établit, par le calcul, que « les lois spéciales aux ondes trans-
versales sont : i° que les vibrations se font le long d'un même rayon sui-
vant des droites parallèles; 20 que l'amplitude varie aux divers points d'une
même ligne de vibration en raison inverse de la distance de cette ligne à la
ligne de vibration voisine. Ces lois ont pour conséquence de réduire le
nombre des surfaces qui peuvent ètresurfacesd'ondes;ainsi,les seules ondes
correspondantes à des vibrations dirigées suivant leurs lignes de courbure
sont, ou des plans parallèles, ou des cylindres circulaires concentriques,
ou des sphères concentriques, c'est-à-dire les mêmes que pour les vibrations
longitudinales.
« Quand les ondes sont des sphères concentriques, les lignes de vibration
peuvent être quelconques sur l'une d'elles. Si, en particulier, ces lignes
sont des cercles parallèles, l'amplitude sera constante sur chacune, mais
( 673 )
variera arbitrairement d'une ligne à l'autre. On pourra, par exemple, sup-
poser l'amplitude nulle partout, excepté sur une bande très-mince. D'une
onde à l'autre, et sur un même rayon, elle décroîtra en raison inverse de
la distance an centre
» Ces lois ne sont d'ailleurs applicables que pour les ondes d'un rayon
supérieur à une quantité déterminée très-petite.
» Quant au phénomène de la diffraction, les formules établies par Fresuel
pour l'expliquer sont à peu près exactes dans la théorie de la lumière, tandis
qu'elles ne le seraient pas dans celle, du son ».
(Commissaires précédemment nommés : MM. Duhamel, Bertrand, Fizeau.)
M. Saix soumet au jugement de l'Académie une méthode qu'il croit
propre à obtenir, avec les courants d'induction, la fusion ou la volatilisation
de certains corps réfractaires.
(Renvoi à la Section de Physique.)
M. H. Meyer adresse, de Charleston, un Mémoire relatif à nue loi
générale de formation des quantités algébriques.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
M.Tavicnot adresse un « Résumé de ses recherches sur l'ophtlialinie scro-
fuleuse due à l'action réflexe, née elle-même de l'évolution dentaire ».
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
M. Portail, qui a adressé précédemment, pour le concours du prix des
Arts insalubres, un Mémoire relatif aux perfectionnements apportés par lui
dans l'outillage qui sert au percement des puits, exprime le désir que son
travail puisse être soumis à la Commission chargée de juger le concours
de 1867.
(Renvoi à la Commission du prix des Arts insalubres.)
CORRESPOND ANCE .
M. HucuiER prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi les
candidats à la place vacante dans la Section de Médecine et de Chirurgie
par suite du décès de M. Velpeau.
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie,
( <'74 )
M . le Chaxcelieii de la légation des Pays-Bas adresse à l'Académie deux
nouvelles feuilles de la Carte géologique des Pays-Bas, avec un exemplaire
de la légende traduite en français.
MÉCANIQUE. — Note relative au théorème de la surperposition des effets des
forces appliquées à un corps solide élastique, théorème pour lequel la priorité
doit être attribuée à M. de Saint-Venant; par M. Phillips. (Extrait d'une
Lettre à M. Combes.)
« Depuis la présentation de mon Mémoire sur la superposition des
effets des forces appliquées à un corps solide élastique, mon attention a été
appelée sur certains passages des travaux de M. de Saint-Venant dont je
n'avais pas connaissance, et dans lesquels il a donné avant moi le théorème
de la surper position. Il n'est donc que juste de ma part de le reconnaître
et de déclarer que la priorité de ce théorème lui appartient. »
GÉOLOGIE. — Sur les qaz qui se dégagent, en mer, du lieu de l'éruption qui s'est
manifestée aux À cor es, le \" juin 1867. Extrait d'une Lettre de M. Focque
à M. Ch. Sainte-Claire Deville.
0 Angra, 22 septembre 1867.
» Je suis arrivé à Terceira le 20 septembre, et, dès le 21, j'ai fait une
excursion le long de la côte sud-ouest de l'île; j'y ai observé plusieurs cônes
d'éruption et de nombreuses coulées de laves dont M. Hartung ne dit que
peu de mots et qui m'ont paru fort intéressants à étudier. J'ai mesuré les
hauteurs des cônes, déterminé la direction des fissures des diverses érup-
tions qui ont engendré chacun d'eux, et recueilli un grand nombre d'échan-
tillons de roches —
» ... Au retour de mon excursion, j'ai trouvé des bateliers avec lesquels
j'avais fait prix la veille pour me mener sur le lieu de l'éruption. Nous nous
sommes embarqués à minuit, et, à 7 heures du matin, nous étions sur
le point de l'éruption, que ces gens connaissaient fort bien, car ils m'ont
mené droit à l'endroit où elle a eu lieu. L'alignement de la côte nord par
rapport au Pico de Pinto, et celle de la Punta de Negrita par rapport au
Pico Rachado, permettent facilement de retrouver ce lieu qui est à 5 kilo-
mètres de la côte de l'île, tout près du point où la carte anglaise donne un
sondage de i65 brasses. De là, la crête de la montagne de la Caldeira de
Santa-Barbara est vue faisant avec l'horizon un angle de 6° 4o', et les deux
tangentes menées à la côte nord et à la côte sud-ouest de l'île de Terceira
font entre elles un angle de 72 degrés.
( 675 )
» Un sondage exécuté eu cet endroit m'a donné fond par 2o5 brasses.
Plusieurs autres sondages effectués près de là dans diverses directions me
paraissent indiquer nettement que le fond de la mer n'a pas changé par
suite de l'éruption, puisqu'on retrouve sensiblement les cotes indiquées
sur la carte anglaise.
u Je vous transmets ci-joint un croquis qui indique remplacement des
soudages que j'ai effectués sur le lieu de l'éruption et autour.
» Il n'existe plus aucun phénomène éruptif violent; l'eau de la mer était
à 21 | degrés, là comme partout dans le voisinage. Le seul indice d'acti-
vité volcanique qui subsiste encore est un dégagement de gaz très-irrégulier,
formé d'une myriade de petites bulles, qui s'échappent toutes les quatre ou
cinq minutes par bouffées, sur un rayon d'en vironio mètres. La mer était d'un
calme parfait, et, malgré cela, j'ai eu toutes les peines du monde à recueillir
de quoi remplir un seul tube. Il fallait avoir l'œil au guet et courir après
le dégagement, aussitôt qu'il se montrait quelque part. Le plus souvent,
j'avais l'ennui de le voir s'opérera quelques mètres de moi avant d'avoir pu
l'atteindre. Je suis resté ainsi cinq heures penché sur le bord du bateau,
et faisant seulement de temps en temps soutenir l'entonnoir renversé par
mes hommes, lorsque je me trouvais par trop fatigué de la position pénible
que j'étais forcé de prendre.
» J'ai fait un essai sur 5 centimètres cubes de gaz qui me restaient après
avoir rempli mon tube; j'ai constaté l'absence d'acide carbonique, la pré-
sence de l'oxygène en proportions notables (environ i5 à 20 pour 100) et la
combustibilité du résidu.
» Toutes ces opérations faites, nous avons repris la direction d'Angra
où nous somme arrivés ce matin à la pointe du jour. J'espérais trouver, avant
le mois prochain, un bateau à voile pour me transportera Payai, mais je
vois bien qu'il ne faut pas me faire illusion; les occasions de transport sont
tellement rares, qu'il n'y faut pas compter. Je suis donc résigné à passer un
mois à Terceira. »
ANATOM1E. — Recherches sur quelques muscles à fibres lisses qui sont annexés
à l'appareil de la vision; par M. C. Sappey.
« Cinq muscles à fibres lisses sont annexés à cet appareil. L'un d'eux
est situé dans l'intérieur du globe de l'œil : c'est le muscle ciliaire, qui pré-
side aux phénomènes de l'accommodation ; ce muscle étant aujourd'hui bien
connu dans sa disposition et ses attributions, je dois me borner à le men-
tionner.
( <J7G )
» Le second appartient à la paupière supérieure. Il s'attache par ses
deux extrémités à la circonférence de la base de l'orbite, d'où le nom de
muscle orbito-palpébral sous lecpiel je le désignerai.
» Le troisième et le quatrième correspondent aux faisceaux tendineux
par lesquels l'aponévrose orbitaire s'attache aux parois de cette cavité : ce
sont les muscles orbitaires interne et externe.
» Le cinquième occupe la fente sphéno-maxillaire dans toute sou éten-
due : c'est le muscle orbitaire inférieur.
» i° Muscle orbito-palpébral. — Ce muscle, situé dans l'épaisseur delà
paupière supérieure, s'étend de l'extrémité antérieure de son élévateur vers
le bord adhérent du cartilage tarse, et, dans le sens transversal, de la paroi
interne à la paroi externe de l'orbite. Il affecte la forme d'un segment an-
gulaire de sphère, tronqué à ses extrémités. Sa hauteur varie de 12 à
i4 millimètres pour sa partie moyenne. Sa direction cependant n'est pas
verticale, mais oblique de haut en bas et d'arrière en avant.
» Sa face antérieure ou convexe, tournée en haut, se trouve en rapport
avec le ligament large auquel elle adhère inférieuremeut, mais dont elle
est séparée, dans le reste de son étendue, par un espace angulaire que
remplit un peloton de tissu adipeux; c'est ce peloton adipeux qui, en aug-
mentant progressivement de volume, refoule le segment supérieur de la
paupière sur son segment inférieur, en sorte que le premier descend par-
fois jusqu'au voisinage des cils, et recouvre alors presque entièrement le
second.
» Sa face postérieure concave répond à laconjonctive palpébrale, qui lui
adhère faiblement en haut, mais d'une manière de plus en plus intime à
mesure qu'on se rapproche du cartilage tarse.
>J Son bord supérieur, convexe et dirigé en arrière, reçoit l'attache du
relèvent* de la paupière, avec lequel il se continue, et dont le muscle or-
bito-palpébral a été regardé comme un prolongement par un grand nombre
d'auteurs qui l'ont décrit sous les noms de tendon, d'expansion tendineuse
du releveur. Sur le même bord, vient s'insérer le faisceau tendineux du
droit supérieur, faisceau qui constitue une dépendance de l'aponévrose or-
bitaire, d'où il suit que le muscle orbito-palpébral a été considéré aussi
comme le prolongement de cette aponévrose par Hénon et plusieurs ana-
tomistes modernes. Mais il n'est un prolongement ni de l'un ni de l'autre,
puisqu'il diffère essentiellement de tous les deux par sa structure. Son
bord inférieur s'insère sur le bord adhérent du cartilage tarse.
» Des deux extrémités de ce muscle, l'une se fixe à la paroi externe de
( 677 )
i orbite un peu en arrière du rebord de cette cavité; l'autre a Ja parc, ,„-
terne de cette cavité immédiatement en arriére du ligament large L r
nsertzon se fan de chaque côté sur une ligne courbe, obliquement dirigé
en bas et en avant, longue de 5 à 6 millimètres §
. Le muscle orbito-palpébral est composé, sur toute sa largeur et dans
T ^d nont fibrfmUSCU,aireS HSSeS' «* - S-P- U form
un très-grand nombre de fa.sceaux. Ces faisceaux, de volume très-iné.al
se du.gent de haut en bas, c'est-à-dire du re.eveur de la paupière s,e
cartilage tarse. Dans leur trajet ils se divisent et s'envoien réc prou, ement
des fascicules par lesquels ils s'unissent entre eux. Ainsi constitué, il ep
sente sous l'aspect d'une membrane rétiforme, dont les mailles irr Sè-
ment elliptiques se dirigent pour la plupart de haut en bas *
» Quels sont les usages du muscle orbito-palpébral? Il est digne de re-
coXr le" mUSClC °ffre 'e ^^ m°de dG W**»; les m ms
rr r de ^ ""m T* *" *' ^^ ^ *** ™"'*«™ et en
b ire MnP F ^ *** ^ ^V" "^ de l'arcade
ad 'sol e TS " COnt,m,S' ^ Cartilage Ct 'e '""Sde *>™»* un
Tn imn oP ' P" ^ T™^ ^ P*™ de 1Vbite> C™P^"
ent .mmob.le par conséquent dans le sens transversal, très-mobile au con-
tre dans le sens vertical. Ce segment de sphère, dont la concavité s'ap-
tZT^T SUr ^ rlér°IiqUe' °SCllle d0"C a- la P»- ^ fa-
culté de 1 equateur vers le pôle de l'œil, et du pôle vers l'équateur Le
ninsc e orbito-palpébral a pour destination principale, en un ZZÙ
bl.r des rapports toujours parfaitement exacts entre l'oeil et la paupière
supérieure, dans toutes les attitudes si diverses qu'ils peuvent prend Tun
ar rapport a 'autre, ,« de consolider le mode de conforma on de cette
SX '?S ^f S ***«*■ W* P-nd sur les parois de l'orbite
r i: es facf t crséquences ^e p°u-ait «*•»■* ™ ^
onnation, 3 de rendre les deux organes qui se meuvent l'un sur l'autre
L;eqcTtieremeïlt md^d^> « de aliter ainsi leurs mouvement
môuvPemeirraCt,0nS' '' T* orbi^P">P&r.l joue en outre, dans les
nouveneu.sde a paupière supérieure, un rôle qui n'est pas sans impor-
te. Lor , onf paJpébml est largement Quver^ ^ ^ P
v2TPTT rmé' '' S'all6nge aUSSi; Par -— équent, il &est à la fois
1 n tag mste des deux muscles qui tiennent cet orifice sous leur dépen-
dance. Il modère leur action à la manière d'un contre-poids et contribue, par
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV , N° 17.) iiji
( 678 )
cet usage, à graduer les mouvements des paupières, en leur donnant à la fois
plus de régularité et de précision.
» 2° Muscles orbitaires interne, externe et inférieur. — Ces trois muscles à
fibres lisses se présentent sous des dimensions beaucoup plus réduites que
le précédent. Ils sont loin aussi d'offrir la même importance.
o Le muscle orbitaire interne occupe l'extrémité terminale du prolonge-
ment par lequel l'aponévrose orbitaire vient s'attacher à la crête de l'os
unguis. Il est situé immédiatement en arrière de l'insertion correspondante
du muscle orbito-palpébral, et se compose de faisceaux qui suivent pour la
plupart une direction transversale. Ces faisceaux sont du reste très-courts;
leur longueur varie de 2 à 3 millimètres.
» Le muscle orbitaire externe, un peu plus volumineux que l'interne,
offre la même disposition. Il forme l'extrémité terminale du prolongement
par lequel l'aponévrose vient se fixer en dehors au rebord de l'orbite. Ses
faisceaux sont aussi transversalement dirigés en avant; ils se confondent en
partie avec ceux du muscle orbito-palpébral, dont ils se distinguent surtout
par leur direction perpendiculaire à celle de ces derniers.
» Le muscle orbitaire inférieur occupe la fente sphéno- maxillaire. Il a
été signalé par M. H. Muller, en i85g. La description qu'en a donnée cet
anatomiste est très-exacte. Mais il ne paraît pas en avoir cherché, ou du
moins il n'a pas réussi à en déterminer les usages. Or ce muscle, beaucoup
plus considérable que l'externe et l'interne, puisqu'il s'étend de l'une à
l'autre extrémité de la fente sphéno-maxillaire, semble se rattacher comme
ceux-ci à l'aponévrose orbitaire. On voit naître, en effet, de sa partie
moyenne, des faisceaux qui se portent en haut, en avant et en dedans, dans
l'épaisseur du prolongement par lequel la gaine fibreuse du petit oblique
s'insère au plancher de l'orbite. Ces faisceaux sont évidemment les ana-
logues de ceux qui constituent les muscles orbitaires internes et externes.
Tous les trois forment une dépendance de cette aponévrose, qui n'est elle-
même qu'une annexe de l'appareil moteur du globe de l'œil. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Remarque sur la formation des cristaux de gypse.
Note de M. A. Droxee, présentée par M. Chevreul.
« C'est par hasard que j'ai eu l'occasion de faire une observation très-
digne de remarque sur le temps nécessaire à une gangue non cristallisée
pour se transformer en cristal. Je vais indiquer les circonstances dans les-
quelles s'est effectuée cette transformation.
( 679 )
» La construction des fortifications extérieures du fort Ehrenbreitstein
(Coblence) date de 1828. La forteresse qu'on nomme Pleidtenberg est
située sur le plateau vers le nord-est. Cette petite forteresse était formée
par une casemate entourée par des remparts et des fossés. On fit usage de
cette casemate comme magasin à poudre; elle était couverte par un lit
d'argile (c. 3 décimètres) pour empêcher la pénétration de l'eau dans les
voûtes. Sur ce lit d'argile était entassée de la terre (c. i5 à 17 décimètres).
Dans la nouvelle construction des forteresses de Coblence, la couverture
de cette casemate fut eidevée pendant l'été de cette année, et on trouva
que l'argile était traversée dans toutes les directions par des cristaux innom-
brables de gypse. Ces cristaux s'étaient formés à la surface : quelques-uns
avaient une grandeur de 12 à 14 centimètres.
» L'argile qui avait formé la couverture avait été prise sur les descentes
du plateau d'Ehrenbreitstein vers le nord- ouest; elle est située sur la
« grauwacke », comme toute l'argile des nombreuses mines voisines de
Coblence. L'argile de cette mine contient beaucoup de gypse, comme le
prouve l'analyse chimique, mais elle ne contient pas un cristal. Si les cris-
taux avaient été dans l'argile avant qu'elle fût placée sur la casemate, ils au-
raient été détruits par la préparation même que cette argile eut alors à
subir; en effet, elle fut mêléea vec de l'eau et pilée sur le plafond de la
casemate, comme le montre encore la structure produite par le pilon.
Par conséquent, il faut supposer que les cristaux ont été formés pendant
la courte période qui s'est écoulée de 1828 à 1867. Il m'a été impossible
de trouver pourquoi ces cristaux se sont formés dans la couverture de la
casemate et ne sont pas formés dans les mines.
» Cette formation de cristaux n'a pas encore été observée, que je sache;
elle me paraît très-intéressante et très-importante pour la géologie. »
« M. d'Archiac pense qu'avant de se prononcer sur la formation de
cristaux de gypse d'aussi grandes dimensions, dans un laps de temps com-
parativement si court, il serait important d'avoir des renseignements précis
sur les caractères de la roche argileuse au moment de son exploitation, sur
la préparation qu'elle a pu subir et sur la manière dont elle a été employée.
Les personnes qui ont concouru à la construction pourraient seules, si elles
ont conservé un souvenir bien exact du fait, donner ces renseignements
avec toute l'authenticité désirable en pareil cas, et faire cesser des doutes
qui, sans cela, paraîtront toujours justifiés. »
( 68o )
M. de Jonvelle adresse le spécimen d'une écriture autographique,
obtenue à l'aide d'un papier quadrillé, et qui réduirait la composition à an
simple calque.
La séance est levée à 5 heures. C.
BULLETIN' BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 21 octobre 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Cours de Calcul différentiel et intégral; par M. J.-A. Serret, Membre de
l'Institut. T. Ier, Calcul différentiel. Paris, 1868; in-8°.
De l'influence. des émanations volcaniques sur les êtres organisés, particulière-
ment étudiée à Santorin pendant l'éruption de 1866; par M. L. Da CAROGNA.
Paris, 1867; in-8°. (Présenté par M. H. Sainte-Claire Deville.)
Rapport sur l'emploi des eaux d'égoul de Londres; par M. Ch. DE Frey-
cinet, publié par ordre de S. Exe. le Ministre de l'Agriculture, du Com-
merce et des Travaux publics. Paris, 1867; in-8°.
La force, deux conférences de M. John Tyndai.l, traduites par M. l'abbé
Moigno. Paris, br. in- 12.
Radiation. Calorescence, influence des couleurs et de la condition mécanique
sur la chaleur rayonnante ; par M. John Tyndall. Traduction de M. l'abbé
Moigno. Paris, 1867, br. in-12. Ces deux brochures sont présentées par
M. Faye.
Département de la Moselle. Compte rendu des travaux du Conseil central et
des Conseils d'arrondissement d'hygiène publique et de salubrité depuis le
Ier janvier 1 863 jusqu'au 3i décembre 1866, 4e Bulletin. Metz, 1867;
1 vol. in-8°.
Exposé des travaux de la Société des Sciences médicales du département de la
Moselle, 1866. Metz, 1867; 1 vol. in-8°.
Mémoire de la Société impériale d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers
(ancienne Académie d'Angers), nouvelle période, t. X, 2e trimestre. An-
gers, 18G7; in-8°.
(La suite du Bulletin nu prochain numéro.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 28 OCTOBRE 1867.
PRÉSIDENCE DE M. ClIEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HISTOIRE DES SCIENCES. — Documents relatifs à ma Réponse à la Lettre
de Sir David Brewster; par M. Chasi.es.
« M. Brewster s'est proposé, an sujet des deux Lettres du Roi Jacques
citées dans ma communication du 3o septembre, « d'étudier d'un peu près
» ce nouveau et très-divertissant fragment de la plus audacieuse imposture
» qui ait jamais été ourdie. »
» A quoi cette étude, annoncée comme sérieuse, a-t-elle conduit
M. Brewster? A des dénégations, à des assertions tirées de son propre
fonds, dénuées de preuves, comme toujours, et émises avec une sorte de
légèreté par laquelle il a cru masquer son impuissance à atténuer l'autorité
de mes documents.
» Je pourrais, à l'appui de la réponse que j'ai faite sur-le-champ à la
Lettre de Sir David, me borner aujourd'hui à mettre sous les yeux de l'Aca-
démie deux séries de Lettres, toutes relatives à la question, et dont l'en-
semble défiera tous les doutes. Ces Lettres sont du Roi Jacques et du Roi
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, K» 18.) 89
( 682 )
Louis XIV. L'écriture de Louis XIV surtout est parfaitement connue, et
doit l'être de M. Faugère, si elle ne l'est pas de M. Brewster.
» La simple vue, je le répète, de cette double série de Lettres suffirait,
indépendamment de tous les autres documents déjà produits depuis le
commencement de cette longue polémique, pour résoudre la question des
emprunts que Newton a faits à Pascal.
» Mais, comme il s'agit ici d'un épisode de la vie de Newton, fort impor-
tant dans l'histoire de la science, je vais en faire connaître les détails.
II.
» Dans une Lettre adressée à Huygens, antérieure à 1G84 et en réponse
à certaines observations de celui-ci, Newton avait employé des expressions
blessantes à l'égard de Descartes et de Pascal. Clerselier, en parcourant des
papiers d'IIuygens dans lesquels il cherchait les écrits de Descartes, vit cette
Lettre, et en parla à ses amis, à Mariotte notamment. Le mécontentement
des géomètres français parvint à Newton, qui en écrivit à Huygens. Celui-ci
s'excusa de l'indiscrétion de Clerselier, et engagea Newton à rétracter ses
paroles.
» Newton ne suivit point ce conseil. Il crut qu'après la mort de Ma-
riotte (en 1684), de Clerselier et de Mme Perrier (i685), il serait à l'abri de
nouvelles plaintes. Mais lorsque son Livre des Principes parut, l'omission
absolue du nom de Pascal dans cet ouvrage, dont on connaissait l'origine
première, réveilla les souvenirs assoupis. De nouvelles plaintes se produi-
sirent et parvinrent même jusqu'à Louis XIV. Celui-ci demanda des ren-
seignements à Boulliau, son conseil ordinaire clans les questions concer-
nant les sciences, et son ambassadeur auprès des savants étrangers qu'il
désirait faire venir à Paris (1). Il écrivit donc à Boulliau de venir le voir.
11 parait que l'affaire traînait en longueur, car Louis XIV s'adressa direc-
tement à Huygens. Il lui écrivit qu'il voudrait voir la Lettre même de
Newton, et l'invita avenir passer quelques jours à Paris et à apporter
(1) Je possède plusieurs Lettres de Louis XIV à Boulliau. Il est possible que ces Lettres
soient celles dont il est question dans une Lettre du célèbre chimiste suédois, Bergman, du
2 novembre 1778, où il est dit qu'un ami de l'abbé de Saint-Léger possédait trois volumes
in-4° de Lettres adressées à Boulliau, de 1660 à 167 î, par Desnovers, secrétaire des com-
mandements de la Reine de Pologne, et un Recueil de Lettres du Roi Louis XIV au même
P. Boulliau, fort intéressantes. Bergman ajoute que cet ami a cédé les trois volumes à
l'abbe de Saint-Léger, qui désirait les offrir au Roi, mais qu'il n'a voulu céder les Lettres de
Louis XIV à aucun prix.
( 683 )
cette Lettre. Huygens, comme on le sait, avait résidé près de quinze ans à
Paris, ayant un logement au Louvre et une pension du Roi; il ne s'était
retiré en Hollande que par suite de la révocation de l'éclit de Nantes. Le
Roi alors avait fait auprès de lui une démarche personnelle pour le détour-
ner de sa résolution de quitter Paris, lui annonçant qu'en tout cas sa pen-
sion lui serait continuée. Il le prie donc de venir passer quelques jours en
France. La santé d'Huygens, alors atteint d'un mal aigu, ne lui permettait
aucun voyage. Il écrivit à Roulliau pour le prier de l'excuser auprès du
Roi. Sa Lettre contient le récit de la jeunesse de Newton et de ses relations
avec Pascal. Cette Lettre est du 20 décembre; on la trouvera plus loin.
» Le 12 janvier suivant, Louis XIV écrit à Huygens pour le remercier des
renseignements qu'il lui a donnés au sujet des relations de feu M. Pascal
avec M. Newton. Mais il ajoute que, comme complément de ces renseigne-
ments, il voudrait voir de ses yeux la Lettre en question ou sinon une
copie, et qu'à cet effet il envoie auprès de lui M. Boulliau. Effectivement,
dès le 29 décembre, le Roi avait écrit à Boulliau pour le prier de se rendre
en Hollande auprès d'Huygens.
» Le Roi informa de cette mission l'abbé Bignon, en lui demandant où
en est l'enquête dont il l'a chargé touchant les bruits qui circulent sur
M. Newton.
» 11 paraît que c'est à la suite de ces informations que Louis XIV a entre-
tenu le Roi Jacques, récemment arrivé en France, de l'affaire et du mécon-
tentement qu'il en éprouvait; ce qui a donné lieu aux Lettres du Roi
Jacques à Newton que j'ai citées dans la séance du 3o septembre. J'avais
cru inutile alors d'entrer dans les détails qui précèdent et de parler des
nombreuses Lettres qui s'y rapportent, et que je suis obligé de produire
aujourd'hui.
» J'ai cité, dans la même séance, la Lettre que Newton a écrite au Roi
de France, et j'ai dit que l'abbé Bignon lui avait répondu que le Roi agréait
ses excuses et l'en remerciait.
» Dans le même temps, Louis XIV écrivit au Roi Jacques qu'il acceptait
très-volontiers les excuses de M. Newton, et il s'excuse lui-même auprès
du Roi de la susceptibilité qu'il avait montrée dans cette circonstance.
» Bien que l'affaire parût ainsi terminée en 1689, des rumeurs se sont
reproduites quelques années après ; c'est ce qu'indiquent une très-longue
Lettre du Roi Jacques à Newton, du 2-1 juin i6g3, et une seconde Lettre
de Louis XIV au Roi Jacques, portant simplement la date du 12 janvier.
La première de ces deux Letties est fort intéressante, par certains détails
89-
( 684 )
qui nous paraissent indiquer l'ordre dans lequel doivent être placées les
différentes Lettres dont nous avons eu à parler, qui presque toujours man-
quent de millésime. Nous devrons donc reproduire cette Lettre intégrale-
ment (i).
III.
» On voit, par cet exposé, que deux causes principales ont donné lien
aux plaintes dirigées contre Newton : d'abord les expressions blessantes
dont il s'était servi à l'égard de Descartes et de Pascal, puis l'omission du
nom de Pascal dans le Livre des Principes, quand il était encore à la con-
naissance de quelques survivants à Rohault, Mariotte, Clerselier, que, plus
de trente ans auparavant, les bases du système du monde exposé dans cet
ouvrage avaient été communiquées à Newton par Pascal.
IV.
» Lorsque j'ai eu à prouver, en réponse à la première Lettre de Sir David
Brewster (séance du 12 août), qu'il avait existé des relations entre Pascal
et Newton, je l'ai fait sans avoir besoin d'invoquer les propres Lettres de
l'un à l'autre. Il m'a suffi d'apporter divers documents émanés d'auteurs
contemporains ou du siècle dernier; documents au sujet desquels, je dois
le rappeler ici, on s'est toujours abstenu de prendre aucune information,
de faire aucune réponse, si ce n'est que tout cela est faux. Je m'adresse ici
à M. Faugère, de même qu'à MM. Grant et Brewster.
» Dans la circonstance actuelle, ces deux séries de Lettres, de Louis XIV
et du Roi Jacques, suffisent pour rendre indubitables les faits relatifs aux
paroles reprochées à Newton, et la part qui revenait à Pascal dans l'œuvre
cl 1 1 Livre des Principes.
V.
» Je possède beaucoup d'autres documents relatifs explicitement à la
même question, ou dans lesquels se trouvent des traces qui s'y rapportent,
et que j'invoquerais au besoin. Je les réserve : car je me suis toujours borné
jusqu'ici à repousser les attaques et les allégations de mes adversaires, et je
n'ai point cherché à fatiguer l'Académie par des publications partielles
et anticipées, que ne justifiaient pas les nécessités du moment. Je vais
m'occuper désormais exclusivement de la publication des nombreux docu-
ments que j'ai annoncés et qui me sont demandés.
(ij Je possède plus d'une trentaine d'autres pièces du Roi Jacques. Ce sont ses minutes.
Il s'y trouve des fragments historiques; des Notes sur le caractère des Anglais : « caractère.
» de l'ouvrier anglois, des savants anglois, des femmes angloises, du négociant anglois, etc. »
( 685 )
» Qu'on me permette de renouveler ici une observation qui aurait dû
frapper mes adversaires.
» M. Brewster a conclu de ses informations que le faussaire, que
M. Faugère a le mérite d'avoir imaginé le premier (en invoquant toutefois
l'intervention « de nos voisins d'outre-Manche »), avait dû accomplir son
œuvre depuis 1841 •
» Sans parler de la prodigieuse activité et des connaissances sur (ouïes
choses dont il aurait fait preuve, ne me suffit-il pas d'invoquer ce style d'il
y a deux siècles, ce style empreint du génie de Pascal dans toutes les
phases de sa vie scientifique et littéraire, que le faussaire aurait su repro-
duire? Où l'aurait-on trouvé, ce faussaire?
» Cette seule considération n'aurait-elle pas dû rendre plus circonspects
les ennemis de la gloire de Pasca^ et M. Faugère surtout ?
VI. — Documents.
Huygens à Newton.
Ce 2 juillet.
J'estois loin de penser, monsieur, que la communication de la lettre que vous m'avez
adressé, et dans laquelle vous jettez quelques blasmes sur feu Mrs Descartes et Pascal, soulè-
verait contre vous une polémique aussy ardente. Veuillez bien croire, monsieur, que ce
n'est point avec l'intention de vous nuire, que je l'ay fait. Mais un jour Mr Clerselier, grand
admirateur de Descartes, comme vous ne l'ignorez pas, sans doute, estant venu me faire
visite, et dans l'entretien me manda à voir quelques escrits de son auteur favory, que je luy
dis avoir, ainsy que de Pascal son émule. C'est en cherchant ces lettres ensemble, que le
hazard fit qu'il rencontra la vostre, et qu'alors se dévoila ce que vous avez dit contre ces
deux auteurs, dont les françois sont fiers, et cela avec raison. Je ne fais pas un mystère de
vous le dire, voilà comment la chose s'est fait. Quand à cette malheureuse lettre que vous
me réclamez, je veux bien vous la restituer, si vous y tenez ; mais à quoy cela peut-il vous
servir maintenant? Le coup est porté. Je crois que ce qu'il y aurait de mieux à faire dans
tout cela maintenant, serait de rétracter vos expressions. Je regrette d'estre pour quelque
chose dans cette affaire, je vous assure; mais c'est bien involontairement. Veuillez m'en ex-
cuser, et eslre assuré que je suis vostre bien affectionné. Ch. Huygens.
Louis XIV a Boulliau.
Monsieur l'abbé, quoy que vous soyez dans une retraite profonde, vous n'ignorez pas sans
doute qu'un scavant anglois, monsieur Newton, que vous connaissez, puisque vous m'en
avez parlé maintes fois, naguères a jette un mépris inique, et s'est mesme permis des expres-
sions outrageantes contre nions' Pascal, d'illustre mémoire, au point que plusieurs scavans
sont venus s'en plaindre à moy ; et on fait mesme courir certains bruits à ce sujet, dont je
serais bien aise d'éclaircir. Pascal fut vostre ami. Vous l'avez connu en son particulier;
partant vous pouvez me fournir quelques renseignemens que je serais bien aise d'avoir à cet
égard sur cela. Je vous prie donc de venir me trouver demain. Une de mes voitures vous
( 686 )
prendra pour vous amener irv. Veuillez, je vous prie, n'y point faillir. C'est vous dire assez
combien j'av cette affaire à contre-cœur. Je compte sur vous. Versailles ce 2() aoust.
Louis.
Louis XIV h Haygens.
Monsieur Huvgens, j'ai appris qu'un anglois, monsieur Newton, vous avoit escrit une
lettre où se trouvoit non-seulement du mépris, mais d'infâmes calomnies contre feu monsieur
Pascal, qui cependant, au dire de tous ceux qui l'ont connu personnellement, estoit un
homme pétri de génie et de bon sens. Vous mieux que tous autres devez le scavoir et pour-
riez le tesmoigner, si on n'avoit maintes preuves du contraire de ce qu'en a pu dire nions1,
Newton. Du reste les oeuvres de Pascal en font foy. Mais j'ai fortement à cœur cette calomnie,
au point que je me demande si réellement les faits ne sont point exagérés. Car vous le sca-
vez, on grossit toujours les choses. C'est pourquoy je desirerois bien vous voir, et je vous
prie d'apporter avec vous cette lettre qu'on dit si malveillante. Et je voudrois aussy con-
noistre de voslre bouche quelles ont esté les relations de feu nions' Pascal et de celuy qui
aujourd'hui semble lui jetter la pierre. Revenez donc passer quelques jours en France; car
j'éprouve réellement un besoin de vous voir, de m'entrelenir avec vous. Vous n'ignorez pas
l'estime que j'ay pour tous ceux qui se vouent au culte des sciences, des arts, des lettres, et
enfui pour tout ce qui part des nobles sentimens du cœur. Venez donc et serez le bien venu,
comme vous n'en pouvez douter. Ce 2.4 may. Louis.
22 décembre.
Monsieur l'abbé, un de mes bons amys qui vous remettra cette Lettre se rend à Paris pour
y estudier les sciences et les lettres. Je vous le recommande. Je n'ignore pas l'estime qu'a
pour vous Sa Majesté le Roi de France, et dans quelle intimité vous estes avec luy. Je vous
prie luy tesmoigner tous mes regrets de ne pouvoir me rendre à ses vœux, en ce moment.
Un mal aigu qui me fait souffrir terriblement ne me permet pas de faire aucun voyage.
Veuillez bien dire à Sa Majesté qu'aussitost que je pourray entreprendre ce voyage, ce sera
avec grande satisfaction. Veuillez bien dire aussy à Sa Majesté qu'en ce moment je n'av la
lettre dont Elle me demande communication; mais qu'aussitost que je l'auray, je la luy
enverrav, selon ses désirs. Quand à ce que Sa Majesté me mande aussy des relations qui ont
pu exister entre Mrs Pascal et Newton, et qui seroient à ma connoissance, celle chose estoit
connue alors de bon nombre de personnes. Il est vray que beaucoup sont mortes. Quand à mov
je reconuois avoir servi parfois d'intermédiaire à ces relations. Tout un chascun sçait que
sur la fin de sa carrière, et vous mesme, Mr l'abbé, le sçavez aussy, Monsr Pascal, quovque
jeune encore, avoit abandonné le culte des sciences pour se livrer à d'autres occupations.
C'estoit, si je ne nie trompe, vers l'an i653. Sur ces entrefaites Monsr Pascal reçut d'Angle-
terre une Lettre d'un jeune estudiant qui luy soumettoit quelques problesmes à résoudre. Ce
jeune estudiant étoit Monsr Newton qui ayant entendu faire l'éloge de Mr Pascal, désiroit
faire sa connoissance J'ai sçu depuis qu'il v avoit esté engage par son professeur, qui par là
trouvoit un moyen d'entrer en relation avec le scavant françois dont tout le monde parloit.
Cette lettre frappa l'attention de ce dernier qui prit des informations auprès de quelques
Anglois pour scavoir quel estoit ce jeune érudit. Ces personnes amplifièrent beaucoup la pre-
caucité du jeune Newton, ainsy qu'ils le font ordinairement de toute chose qui touche leur
nation. Je veux bien croire que le jeune Newton estoit studieux et observateur; mais il n'y
( 687 )
avoit rien de très-extraordinaire dans sa précaucité. Quoi qu'il en soit M. Pascal se rappelant
sans doute de l'ardeur qu'il avoit en luy en son jeune âge pour l'étude, prit le jeune Newton
en affection, et croyant sans doute trouver en luy un second luy-mesme, luy fit part de ses
projets, luy envova grand nombre de ses escrits, résultat de ses expériences : ce qui initia
beaucoup le jeune Newton'au culte des sciences. Et qu'arriva-t-il? Selon mon penser, quand
M. Newton fut plus apte de comprendre les sciences, il fit un amalgame de tous les escrits de
feu Mr Pascal, qui du reste luy avoit dit d'en disposer comme bon luy semblerait. Il a tra-
vaillé cet amalgame; et il en est sorty le système du monde qu'il a donné au public. Voilà
selon moy comment cela s'est fait. A qui la gloire en est-elle due? Pour moy, je la partage
entre Pascal et Mr Newton; et c'est à la suite d'une observation que je fis à ce dernier à ce
sujet, qu'il m'a escrit la lettre en question, lettre fort mal inspirée et qui tesmoigne l'ingra-
titude de ce dernier, pour lequel depuis je n'ay eu grande estime, quoiqu'il semble conti-
nuer d'en avoir pour moy. Voilà, Monsieur l'abbé, la vérité sur cette affaire, et ce que j'au-
rois dit au Rov, si j'avois pu me rendre auprès de luy, ainsy qu'il le désiroit. Je suis comme
toujours, vostre bien affectionné. Ch. Huygeîvs.
Louis XIV h Huygens.
Monsieur Huvgens, puisque vous ne pouvez vous rendre à mes désirs en ce moment, ce qui
me cause de grands regrets, j'envoye devers vous IeR.P. Boulliau qui vous dira combien j'en
suis contrarié, et qui vous exprimera tout le plaisir que j'aurais eu de vous revoir. Veuillez
croire tout ce qu'il vous dira comme étant l'expression de mon cœur. Je vous remercie bien
sincèrement des renseignemens qu'il vous a plu me communiquer au sujet des relations de
feu M' Pascal avec M. Newton. Ils me sont très -agréables, et je sçay maintenant d'où m'en
tenir là-dessus. Mais c'est la lettre en question que je désir voir de mes propres yeux, quoi-
que je ne doute point que les bruits qui courent à ce sujet soient vrais. C'est donc pour
obtenir cette lettre que j'envoye devers vous le R. P. Boulliau, ou sinon une copie. J'attens
de vous cette satisfaction. Ce 12 janvier. Louis.
Louis XIV h l'abbé Bignon.
Monsieur l'abbé, où en est l'affaire dont je vous ay chargé de faire une enquête touchant
les bruits qui circulent contre Mr Newton. Je désir que cette affaire soit éclaircie le plus
tost possible. Veuillez donc vous en occuper activement et m'apporter vostre rapport vous
mesme; car je désir avoir un entretien avec vous à ce sujet. Je vous diray quej'ay envoyé
Mr l'abbé Boulliau devers Monsr Huygens, pour de luy avoir aussy quelques éclaircisse-
mens. Versailles mardy soir. Louis.
Louis XIV h Boulliau.
Monsieur l'abbé, vous sentez-vous la force et le courage de vous rendre en Hollande au-
près de Monsr Huygens? Car je tiendrais beaucoup à voir de mes yeux la lettre à lui escrite
par Mr Newton. J'ay cette affaire trop à cœur, pour ne pas chercher tous les moyens de
Péclaircir. Escrivez-moy de suite, je vous prie, à ce sujet. Versailles, ce 29 décembre.
Louis.
» C'est ici que doivent être placées les Lettres du Roi Jacques à Newton,
en date des ra et 16 janvier 1689, et la Lettre de Newton au Roi de France,
rapportées dans le Compte rendu delà séance du 3o septembre (p. 55i et 55a).
( 688 )
Louis XTTr à l'abbé Bigntm.
Monsieur,
Voicv une lettre que j'ay reçue de Mr Newton, qui s'excuse près de moy de ce que je
m'estois plaint auprès du Rov Jacques, de certaines expressions qu'il avoit lancées contre
feu Mr Pascal, et dont plusieurs savans vos confrères ont été scandalisés. Veuillez lire
cette lettre; prenez des informations, et venez me faire vostre rapport, afin de répondre à
ce sujet. De Versailles, ce 8 may (i). Louis.
L'abbé Bignon h Newton. Ce .0 aoust.
Monsieur,
Comme membre protecteur de l'Académie des Sciences, et chargé par le Roy de son
inspection, Sa Majesté m'a fait part de la lettre que vous lui avez adressée pour vous justi-
fier de certains propos que vous eonnoissez, et qu'il n'est pas nécessaire de vous rappeler
icv, et dont il est vray que Sa Majesté en avoit tesmoigné son mécontentement au Roy Jacques.
Sadite Majesté me charge de vous dire qu'Elle agréoit vos excuses, et qu'Elle vous en tes-
moignoit toute sa gratitude.
Agréez, je vous prie. Monsieur, ma considération distinguée. L'arbé Bignon (2).
Tu bon (3 1.
Louis XIV au Roy Jacques.
Mon frère, je n'ai pas de peine à croire ce que vous m'escrivez, aussv j'accepte très- volon-
tiers et mesme avec grande satisfaction les excuses de Monsr Newton touchant les expres-
sions blessantes dont il s'est servy vis à vis de Mr Pascal. Si je me suis permis de vous faire
ces observations, c'est que je me suis senti blessé, voyant les injustices et mesme le mépris
portés envers un homme qui a fait faire un pas aussy grand aux sciences et aux lettres. Non
seulement ce génie appartient à la France, mais à l'Europe entière. Vous m'excuserez, je
vous prie, de m'estre permis telles observations, en faveur de l'intérêt que je porte à mon
royaume, et de mon amour pour les sciences et les lettres. Vous sravez trop bien quels sont
les devoirs du souverain, pour ne pas ni'excuscr cette observation, et c'est pour ce que je sçay
l'estime que vous avez pour nions' Newton, que je m'estois permis de vous la faire, persuade
que vous lui en feriez la remontrance. J'avois chargé monsieur l'abbé Bignon d'examiner
cette affaire dont quelques membres de l'Académie des Sciences, ses confrères, s'estoient
indignés. Je vais lui recommander de faire son possible d'étouffer cette affaire, et de faire
en suite qu'elle passe inaperçue. Sur ce, mon frère, je prie Dieu vous avoir en ses sainles
grâces. Louis.
Samedi soir.
Le Roy Jacques à Newton.
A Saint-Germain, ce i\ juin iHo.3.
Monsieur Newton, j'ay reçu dernièrement la visite d'une personne d'Angleterre, qui m'a
(1) Cette Lettre n'est pas autographe.
(■?.) Cette minute, signée de la main de l'abbé Bignon, n'est pas autographe.
(3) De la main du Roi.
( 689 )
apporté de vos nouvelles ; ce qui m'a fait beaucoup de plaisir. Nous nous sommes longue-
ment entretenu de vous; ce qui doit vous tesmoigner comme déjà je vous l'ay dit, que j'ay
dans un entier oubly l'opposition que vous m'avez faite alors que j'estois sur le trosne d'An-
gleterre. Cette personne dont je vous parle et qui vous porte beaucoup d'intérest aussy, m'a
questionné, de vostre part si je ne me trompe, si l'on faisoit encore circuler les bruits d'au-
trefois contre vous. Il n'en arrive plus rien à mon oreille. Mais puis j'en suis sur ce chapitre,
et entre nous soit dit, je vais dire aujourd'huy comment tout cela s'est passé. Car dans les
différentes lettres que je vous ay escrites à ce sujet, c'estoit dans des momens de préoccu-
pations, de trouble. J'ay pu tronquer les choses. Je vais les rétablir par cette lettre, afin que
vous schachiez bien où vous en tenir. Il y a de cela environ cinq ans, comme vous le scavez.
Vous veniez de publier vostre grand ouvrage des Principes, pour lequel on vous glorifioit
en Angleterre. Mais il n'en estoit pas de mesme en Fiance. Les scavans, encore sous l'im-
pression d'une Lettre que vous aviez escrile quelques années avant, à un de vos amis, et
dans laquelle vous aviez flétri la mémoire de deux scavans fort estimés en France, Descartes
et Pascal, (ne) faisoient cas de vostre ouvrage que pour dire que c'estoit l'œuvre d'un fran-
çois accommodé à l'angloise. Lorsque j'arrivay en France en 1688 ces bruits me parvenoient
jusqu'à l'oreille, pour ce qu'on en parloit mesme à la Cour, où se trouve toujours maints
beaux esprits. Je demanday ce que cela vouloit dire. On me l'expliqua. Sur quoy je vous
escrivis dans les premiers jours du mois de janvier 1689, vers le 5 on le 6, je crois, pour
vous prévenir de cette affaire, et cela malgré mes grandes préoccupations d'alors, ce qui doit
vous tesmoigner l'estime que j'ay toujours eu pour vous, malgré l'opposition que vous me
faisiez; et je voyois le blasme jeté sur vous avec tant de déplaisir, que je vous escrivis de
nouveau à la date du 13 du mesme mois une lettre par laquelle je vous engageois de tâcher
d'atténuer ces bruits par quelques moyens. Les choses en estoient là lorsque je partis pour
une expédition qu'il n'est pas nécessaire de rappeler ; et à mon retour plus d'un s'estoit
passé, les mesmes bruits revinrent. Un jour j'entendis mesme quelques cris séditieux partis
d'un groupe de jeunes estudiants de l'université. J'en entretins le Roy qui luy mesme s'estoit
préoccupé de cette affaire, pour ce qu'il a l'amour des sciences et la gloire de son rovaume,
et je me permis de vous escrire de nouveau à ce sujet, et de faire connoislre la vérité, ce
que vous avez fait, à mon grand plaisir, car depuis je n'ai plus rien entendu dire ; ou du
moins rien n'arrive à mes oreilles, et je jouis d'une tranquillité parfaite dans ma retraite.
Ainsy donc, Monsieur, taschons de ne point réveiller le chat qui dort. Quoi qu'il en soit, je
vous prie de me faire part de vos nouveaux travaux. J'ai appris que vous aviez dessein de
refaire vostre livre. Je serois bien aise d'estre informé des changemens que vous voidez luy
faire subir. Enfin escrivez-moy chaque fois que vous pourrez; et cela en françois, et sans
cérémonie. J'ay des raisons pour cela. Sur ce, je prie Dieu, Monsieur Newton, vous avoir
en ses bonnes grâces. Jacques R.
Louis XIV au Roy Jacques.
Mon frère, il y a eu bien des disputes depuis quelque tems, au sujet de certains propos
dits par monsieur Newton contre un de nos scavans françois les plus estimés. Je me suis
meslé de cette affaire pour ce qu'elle avoit froissé l'esprit de plusieurs membres de l'académie
des sciences. Je me suis fait rendre un compte exact de ce qui avait donné lieu à cette
dispute. Maintenant que tout est éclairci, que l'auteur a reconnu ses torts, je désire qu'il
C. R., 1867, 2« Semestre. (T. LXV, N° 18.) 90
( 690 )
n'en soit plus nullement mention, et que cela reste anéanti. Ainsy doresnavant il n'en sera
plus nullement mention clans nos entretiens. Je vous fais cette lettre pour vous en prévenir.
Sur ce, mon cher frère, je prie Dieu vous en avoir en ses bonnes grâces. Louis.
Versailles, ce 12 janvier.
VII.
» J'ai réuni les chemises sous lesquelles se trouvaient les différentes pièces
relatives à Pascal ou à Newton dans une Collection formée dans le siècle
dernier, d'où j'ai extrait les divers documents mis successivement, depuis
trois mois, sous les yeux de l'Académie.
» Il ne sera pas sans intérêt de donner ici un aperçu des pièces qui se
trouvaient dans ces chemises, et de leur provenance, qui parfois est indi-
quée. Toutes les Notes dont je vais donner lecture sont de la main du Col-
lectionneur, et la plupart de ces papiers ont des filigranes, parfois très-
beaux, et toutes les apparences de vétusté.
Liasse /[1, contenant 52 Lettres de Pascal à Nicole, au sujet des Provinciales.
N° 43 bis. Liasse contenant le Traité de la roulette, avec des Lettres sur le jeu de trictrac,
et autres combinaisons algébriques de Pascal. Le tout trouvé chez Madame veuve Perier sa
sœur.
N° 102. Liasse contenant 100 Lettres et Notes de Biaise Pascal, qui m'ont été cédées par
M. Dreux du Radier. — M. Dreux du Radier. . . est l'auteur, entre autres, de la Table
du journal de Verdun, en recompense de quoy M. Ganneau, l'éditeur de ce journal, lui
remit toutes les Lettres et manuscrits qui ont servi à cette publication, et dont j'ay une
grande partie.
N° 57. Liasse contenant des Lettres en vers et en prose escrites par Jacqueline Pascal àson
frère. Ce recueil fort curieux m'a esté cédé en 1^55 par M. de Marigny qui l'a trouvé parray
les papiers de Mme de Pompadour.
Liasse contenant environ 200 Lettres et divers escrits de Pascal et ses amis.
N" 27 bis. Liasse contenant 200 Lettres et autres documents de Pascal et de sa sœur Jac-
queline, trouvés parmi leurs papiers chez Mme Perrier, leur sœur. Parmv ces Lettres il s'en
trouve de très-intéressantes. Ce sont celles qui parlent de Montaigne, apprécié par Pascal. 11
en est aussy traitant de science.
Liasse contenant quelques Lettres de Pascal, avec environ 3oo Pensées très sages el très-
sensées qui sont inédites, ayant sans doute esté inconnues à Mu,e Perrier sa sœur. Elles ont
esté trouvées parmy des papiers provenant de l'abbaye de Port-Royal. — 11 y a de plus en
cette même liasse des vers de Jacqueline Pascal.
Liasse contenant 2 Lettres et 122 Pensées inédites de Pascal envoyées à M. de Labruyère,
père de l'auteur des Caractères.
Divers papiers de Pascal trouvés, après la mort de M. de Labruyère, parmi les siens. Il y
a 200 pièces diverses en 4 liasses.
( 691 )
4o8 pièces. Liasse contenant les papiers île Lâbruyère trouvés chez Michallet. Il v a en
cette liasse la suite de ses Caractères . . . , un grand nombre de Réflexions et de Pensées dudit
Lâbruyère, parniy lesquelles il s'en trouve aussy un bon nombre de Pascal.
Documens de divers auteurs tels que Galilée, Descartes, Pascal, etc., touchant la per-
sonne et les escrits de Copernic, composant un total d'environ 600 pièces. Ils furent com-
muniqués à M. le prince Radziwill qui me les avait mandés et qui me les retourna en 1 789,
après les avoir gardés dix-huit mois.
Liasse renfermant des Lettres et des Notes envoyées par Pascal à Newton, touchant Des-
cartes et ses écrits. I! y a 226 pièces. On voit par ces documens l'appréciation que Pascal faisait
de Descartes, et les conseils qu'il donne au jeune Newton de le prendre pour modèle. (Ecrit
au crayon) : 228 pièces qui m'ont esté cédées par M. Gaillard en 1784.
Liasse 29 bis. Lettres et Notes de Newton, au nombre de 120, trouvées parmy les papiers
de M. Desmaizeaux.
N° 102. Liasse contenant 120 Lettres et diverses Notes de Newton, auteur anglois connu
comme grand mathématicien. Toutes ces Lettres et Notes sont relatives aux sciences, et
traitant du système du monde.
N° 220. Liasse contenant divers Mémoires scientifiques et 3a Lettres de Newton à Pascal,
escrites lesdites Lettres de i654 >d 166 1 . Ces pièces sont très-intéressantes. On y voit le com-
mencement de la carrière scientifique de Newton, et l'estime qu'il avoit pour les ouvrages
de Pascal, Descartes et Keppler, et autres savans.
Lettres et Notes de Newton sur un petit écrit de Pascal.
Liasse contenant 4o Lettres du P. Malebranche et de Newton touchant la philosophie de
Descartes. Il y a aussi quelques Lettres des auteurs contemporains traitant du même sujet.
Liasse contenant les Lettres de Rohault à Newton, au nombre de 33, avec quelques Notes.
Liasse contenant 62 Lettres de Leibniz au P. Malebranche, dans lesquelles il est question
de sa querelle avec Newton et de la comparaison qu'il fait de Descartes à Spinoza.
Liasse contenant 88 Lettres et des Notes de Leibniz, au sujet de sa dispute avec Newton,
et envoyées par luy à M. Desmaizeaux : trouvée parmy les papiers de ce dernier à sa mort
en 1745.
Liasse renfermant 42 Lettres ou projets de Lettres du Roy Jacques II d'Angleterre. Elles
sont fort intéressantes.
Recueil de Lettres et de projets de la main du Roy Louis XIV touchant les sciences, les
arts et les lettres. On voit par ces Lettres escrites à divers scavans le soin qu'il prenoit pour
les attirer en son royaume, à l'instar de Charlemagne et de François Ier.
N° 3oo. Liasse contenant 200 pièces de Descartes. Ce sont des Notes, fragments de Lettres
et autres escrits, trouvés parmy les papiers de Rohault.
Liasse contenant 210 pièces de la main de Galilée; ce sont des Lettres et des Notes trou-
vées parmy les papiers de Descartes.
Liasse renfermant des papiers de Kepler, au nombre de 1 24 pièces, tant Lettres que Notes,
qui ont esté retrouvées parmi les papiers de Descartes.
N° 73. Liasse renfermant la correspondance de Galilée avec le P. Mersenne, contenant
90..
( 692 )
12?. pièces, tant Lettres que Notes, plus 2 Mss. de Galilée. Le tout trouvé parmi les papiers
du P. Mersenne, et qu'il avoit confié à Descartes son amy.
Liasse contenant des Lettres et des Notes de Me Rabelais, touchant l'astronomie des Anciens
et le sytème du Monde. Ces pièces, au nonilve d'environ 200, furent envoyées h Nicolas
Copernic. C'est un travail fort curieux, par lequel on voit que Rabelais avoit fait beaucoup
de recherches sur l'astronomie des Anciens.
Etc., etc.
» Post-scriptum. — Un premier paragraphe de cette communication, In
à l'Académie, se rapportait an silence gardé par M. Fangère sur mes de-
mandes du i4 octobre, renouvelées il y a huit jours. Je ne l'ai pas reproduit
ici, parce que, dans le cours delà séance, quelque temps après que j'avais
terminé cette longue lecture de documents, une Lettre de M. Fangère a
été apportée, dont M. le Secrétaire a donné lecture (1).
» M. Fangère dit que la Lettre qu'il a comparée aux miennes est de 1677.
Dès lors, on le conçoit, elle peut présenter des différences. Il en cile trois
autres de 1687, 1690 et 1692, qui montrent, dit-il, que l'écriture de
Jacques II ne s'était pas sensiblement modifiée. Mais ce sont ces trois Lettres
que M. Fangère aurait dû comparer avec la Lettre de 1690, qu'il a encore
sous les yeux, et comparer aussi avec \o fac-similé que je lui signalais. Il
semble que, sur ces deux points qui constituent la question, il ne donne
aucune explication. Il ne dit même pas quelles sont les dilférences qui lui
ont paru n'être pas suffisamment sensibles pour être prises en considération.
» Je répète que, quel que soit le jugement de M. Fangère, je n'ai aucun
doute sur l'authenticité de mes documents du Roi Jacques, non plus que
sur les Lettres de Louis XIV que j'ai citées, et qui, seules, me suffiraient
encore. »
PHYSIQUE appliquée. — Osmose dnns tes sua-eries; par M. Payev.
« Dans une récente occasion, j'ai cru devoir signaler à l'attention de
l'Académie, parmi les objets importants qui ont peu fixé les regards, à
l'Exposition universelle, les fibrilles et membranes en cellulose pure,
extraites avec leur structure primitive de diverses plantes herbacées on
ligneuses et constituant de nouvelles matières premières pour la fabrica-
tion du papier.
» Un autre objet, non moins intéressant au point de vue scientifique et
pratique, demeure en ce moment presque inaperçu dans cette vaste et ma-
gnifique Exposition.
(1) Voir ci-après cette Lettre de M. Faugère, à la Correspondance, p. -02.
( 693 )
» Je veux parler de Vosmogène perfectionné, appareil très-remarquable
dû au génie inventif de M. Dubrunfaut, associé regnicole de la Société im-
périale et centrale d'Agriculture de France.
» Ce savant physicien et chimiste manufacturier, qui a le premier appli-
qué la découverte de Dutrochet à l'analyse, notamment pour séparer du
sucre les sels contenus dans les sirops incristallisables des sucreries indi-
gènes, a démontré un fait important, entre beaucoup d'autres, ainsi spé-
cifié : « La mélasse rebelle à la cristallisation, quoiqu'elle contienne en gé-
» lierai 5o pour ioo de sucre cristallisable , peut, après avoir subi
» l'épuration osmotique, cristalliser et fournir ainsi la moitié du sucre
» qu'elle renferme, c'est-à-dire environ 23 pour 100 (1).
» L'osmogène, installé dans plusieurs sucreries, est en voie de se pro-
pager dans beaucoup d'autres; cet appareil ne borne pas son action à épu-
rer les mélasses : on l'applique plus avantageusement encore pour éliminer
les sels des sirops obtenus par égouttage forcé des première et troisième
cristallisations, car alors ces sirops donnent plus vite des cristaux plus
abondants, plus purs et d'une plus grande valeur; il en résulte qu'on peut
économiser une partie du dispendieux matériel des cristallisoirs et des réci-
pients qui encombrent les usines.
» Après avoir constaté l'influence nuisible des sels de la betterave, !\1 . Du-
brunfaut a fondé une méthode d'essai des sucres bruts qui tient compte
non-seulement de la quantité totale de sucre indiquée par la saccharimé-
trie usuelle, mais encore des quantités de sels minéraux, en admettant ce
fait que 1 partie du résidu salin de l'incinération correspond en moyenne
à la formation de 7,46 de mélasse qui retiennent 3,73 de sucre ainsi rendu
incristallisible, tant qu'il se trouve en présence des composés salins.
» Cette méthode, généralement adoptée aujourd'hui par les raffineurs,
fait donc connaître, outre le sucre qu'ils peuvent extraire, les quantités
qui resteront engagées dans les derniers sirops incristallisables.
» De telle sorte que ce n'est plus, comme autrefois, sur le sucre réelle-
ment contenu dans les sucres bruts, mais seulement en raison du sucre
extractible, que l'on fixe maintenant la valeur de ces produits bruts avant
de les soumettre au raffinage.
» Dès lors les transactions reposent sur des appréciations mieux moti-
(1) Les mélasses provenant des sirops soumis une ou plusieurs fois à l'osmose, retenant
moins d'azotates que les mélasses de la fabrication ordinaire, sont préférables à celles-ci pour
la préparation de l'alcool, car on doit bien moins redouter à leur égard l'action réductrice
qui occasionne les fermentations nitreuscs.
f 694 )
vées, et l'intérêt bien entendu des fabricants les engage à éliminer le plus
possible de leurs produits les substances salines. C'est un encouragement
à de nouveaux efforts en vue de perfectionner leurs procédés d'extraction
et de première épuration.
» Tout en adoptant cette base de l'essai des sucres, plusieurs fabricants
en France et à l'étranger ont, d'après leurs propres expériences, les uns
élevé, les autres abaissé le coefficient indiqué par M. Dubrnnfaut.
» Ce n'est pas tout : un membre de l'Association des fabricants de
sucre du Zollverein, s'appuyant de l'autorité du Dr Scheibler, déclarait,,
dans une de leurs dernières réunions, qu'il avait été reconnu expérimen-
talement que les sels de la mélasse, notamment les nitrates et les chlorures,
n'empêchent pas la cristallisation du sucre (1).
» En présence des incontestables effets de l'osmose, de cette assertion
contradictoire de la part d'un habile expérimentateur, et de quelques autres
divergences, il semble que des différents côtés l'on n'ait pas opéré dans les
mêmes conditions.
» En se rappelant, d'ailleurs, les observations précises de M. Peligot
relativement aux combinaisons entre les sucres et les chlorures alcalins,
combinaisons qui peuvent faire passer dans les mélasses pour 1 équivalent
de sel 2 équivalents de sucre, il était probable qu'on trouverait la cause de
ces divergences si l'on étudiait séparément les influences des nitrates et des
chlorures alcalins ; car il se pourrait que, suivant les proportions des deux
sortes de composés salins dans les sirops, les effets des uns eussent été for-
tement modifiés par l'influence prédominante des autres.
» Eu opérant suivant cette direction et variant à dessein les relations
entre le sucre et les différents sels, toutes choses égales d'ailleurs, on a été
conduit aux mêmes conclusions qui permettent d'expliquer les contradic-
tions apparentes précitées.
» Avant de publier nos expériences (2) et leurs résultats numériques, je me
propose de les multiplier encore et de les varier, de façon à les rapprocher
des conditions, variables elles-mêmes, des opérations manufacturières, et de
plus d'essayer de tenir compte des composés à bases minérales et acides or-
ganiques que contiennent les sirops incristallisables des sucreries. Il y
faudra consacrer un temps assez long, car, à mesure que des substances
1 Voirie n" i(i, Ier août 1S67, de l'excellent recueil consacré aux progrès de l'indus-
trie saccharine européenne et coloniale, intitulé : Journal des fabricants de sucre.
(2) Entreprises avec le concours de MM. Champion et H. Pellet.
( 695 )
étrangères dissoutes s'opposent à la cristallisation du sucre ou la ralentissent,
l'état de sursaturation se développe à tel point parfois, tpie ces liquides
sirupeux laissent, pendant le cours de mois entiers, former graduellement
et déposer des cristaux de sucre dans les cristallisoirs ou dans les citernes.
» En attendant, il m'a paru utile de faire connaître les principales con-
clusions de nos recherches relatives aux influences cp.ie peuvent exercer iso-
lément les sels minéraux de la betterave, afin que l'on puisse comparer ces
faits avec ceux cpii se manifesteront durant la campagne des sucreries indi-
gènes qui vient de s'ouvrir.
» Les résultats directement obtenus paraissent établir que l'azotate de po-
tasse en proportions variées ne s'oppose pas à la cristallisation du sucre : les
cristaux des deux origines se déposent simultanément lorsque les quantités
excèdent ce que la solution en peut retenir à froid.
» Le chlorure de potassium ralentit la cristallisation du sucre, ou y met
obstacle en augmentant la viscosité des sirops.
» Le chlorure de sodium exerce une influence bien plus énergique à cet
égard, au point de retenir engagé dans le sirop incristallisable, ou dans des
cristaux impropres à la consommation, au moins six fois son poids de sucre.
» Dans ces trois cas il importe beaucoup d'éliminer par l'exosmose les
composés salins nuisibles à différents degrés, car, si l'on se contentait d'ex-
traire simplement, par voie de clairçage, même le moins nuisible d'entre
eux, on obtiendrait toujours un sirop saturé à froid de nitre et de sucre non
consommable en cet état.
» En raison de l'intérêt qui s'attache à la détermination des chlorures
alcalins, il conviendrait de renoncer au moyen d'essai assez généralement
usité, en Allemagne surtout, qui consiste à incinérer les sucres bruts avec
une addition d'acide sulfnrique, car en agissant ainsi on confond en-
semble les chlorures et les nitrates; il serait bien préférable de suivre sur
ce point la méthode indiquée depuis longtemps par M. Chevreul, c'est-à-
dire de carboniser d'abord, sans élever trop la température, d'extraire par
l'eau les sels du charbon que Ion incinère ensuite facilement, enfin de
soumettre séparément à l'analyse les produits du lavage et de l'incinération.
» Suivant les circonstances locales de terrains et d'engrais, et suivant les
saisons, les proportions des différents sels peuvent varier dans les racines
des betteraves, au point que la masse cristalline lotale, obtenue de leur
traitement manufacturier, renferme soit autant de salpêtre que de sucre (i),
i) foirle j;ranil Dictionnaire technologique, 1820, t. III, p. '\o, en note.
( G96 )
soit des proportions telles de chlorures alcalins, que la plus grande partie
du sucre demeure incristallisable dans les sirops.
» Le premier cas pourrait expliquer les résultats des expériences du
D'Schleiber. Dans la deuxième condition se sont trouvées les betteraves cul-
tivées non loin de la mer, qui ont donné si peu de produits cristallisés, que
l'on a dû cesser l'exploitation de la sucrerie. Mais ces conditions exception-
nelles ne sauraient infirmer les résultats des nombreuses analyses des-
quelles M. Dubrunfaut a déduit comme moyenne générale les données qui
servent de guide à la saccharimétrie, complétées par le coefficient 3,^3 des
sels contenus dans les sucres bruts.
» Cependant, si l'on considère l'emploi du sel marin en agriculture, re-
commandé, parfois, avec trop d'insistance, l'application des engrais salins
des mines de Stassfurt, et d'autres encore, trop préconisée peut-être, enfin
l'amoindrissement dans plusieurs contrées de la richesse saccharine coïnci-
dant avec des proportions plus fortes de sels minéraux dans les betteraves,
on admettra sans doute que tous ces faits tendent à signaler quelques dan-
gers pour l'avenir de nos sucreries indigènes. On reconnaîtra peut-être
alors qu'il y aurait un intérêt réel, surtout dans les localités où déjà ces
inconvénients se manifestent, à doser séparément dans les betteraves et
dans les produits bruts des usines les chlorures et les nitrates alcalins.
» Ces appréciations, devenues plus facilement praticables à mesure qu'un
plus grand nombre de jeunes chimistes se trouvent attachés aux opérations
des sucreries et des raffineries, pourraient apporter leur très-utile concours
aux progrès de l'une de nos plus importantes industries agricoles.
» Le double problème à résoudre scientifiquement au point de vue agri-
cole et industriel, est de fournir à la plante salifère les composés minéraux
qui conviennent à son développement normal comme à la sécrétion sac-
charine, sans atteindre l'excès qu'elle peut absorber, mais qui s'oppose à
l'extraction du sucre, et d'un autre côté d'éliminer économiquement des
jus sucrés la plus grande partie des sels qui forment cet obstacle.
» On peut donner une idée de l'importance de ce dernier progrès manu-
facturier en montrant que sur la production annuelle (moyenne des deux
dernières années), s'élevant à 2^5 millions de kilogrammes, la quantité de
sucre demeurée incristallisable représente environ 60 millions, dont on
aurait pu obtenir facilement ao millions de kilogrammes en éliminant par
voie d'exosmose la plus grande partie de» matières salines. »
(697 )
CHIMIE appliquée. — Examen comparatif d'une soie d'origine française et
d'une soie d'origine japonaise, relativement à leur aptitude à prendre la tein-
ture; par M. E. Chevrecl.
« Les essais auxquels je soumets les étoffes de soie commandées par
l'administration du mobilier de la Couronne à l'industrie lyonnaise m'en
ont fait reconnaître, dans le cours de l'année dernière (1866), dont la cou-
leur n'était point assez résistante à l'action des agents atmosphériques pour
être d'un bon usage. Ce résultat de mes essais, ayant été transmis à deux
honorables fabricants de Lyon, a été l'objet de leur part de la Lettre sui-
vante :
Émus par les reproches que vous nous adressiez dans voire dernière Lettre, nous avons
voulu nous éclairer sur une question qui nous intéresse nous-mêmes à tous les points de vue.
Or, il résulte de l'enquête minutieuse à laquelle nous venons de nous livrer, que nos
teinturiers sont aussi innocents que nous d'un vice qui ne sautait provenir que de la nature
même de la soie.
Bien que nous vous livrions des produits fabriqués avec des soies arrivant des Cévennes,
ces soies ne sont bien, en réalité, que des soies du Japon. Car il est notoire aujourd'hui que,
dans toute la région des Cévennes et dans les sept huitièmes des pays séricicoles, on n'a mis
à l'éclosion que des graines japonaises. L'ancienne graine, donnant ces magnifiques cocons
jaunes qui avaient fait la réputation des soies de France, n'existe plus aujourd'hui, on peut
le dire; elle a donné des résultats si désastreux, pendant nombre d'années, que l'éducateur
s'est vu forcé de l'abandonner. Aussi nous, fabricants, sommes-nous les premiers à pâtir de
la variété de races dont nous sommes inondés : nous ne trouvons de garanties ni dans le
nom du filateur, ni dans la provenance de la soie. L'expérience et l'usage du maniement de
la soie peuvent seuls nous guider, et encore souvent ne nous mettent-ils point à l'abri de
l'erreur.
Or, pour en revenir au sujet qui nous occupe, ces soies, en général, prennent très-mal la
teinture; certaines nuances même ne peuvent réussir, le blanc entre autres, tandis que, par
anomalie, en soie de Chine il réussit admirablement.
Si donc les soies du Japon, ou originaires par la graine de ce pays, ont tant de répulsion
à s'assimiler certaines nuances, pourquoi n'y aurait-il pas des degrés dans cette facilite
d'assimilation? L'opinion même de M. Chevreul serait pleinement confirmée : certaines
nuances se teindraient médiocrement, d'autres très-médiocrement.
Ce qui corroborerait encore notre opinion, c'est que nos teinturiers n'ont nullement été
surpris de nos reproches, et même en ont deviné la source, car il paraît que nos confrères
n'avaient pas été plus heureux que nous dans leurs fournitures au Garde-Meuble; aussi
ne pouvons-nous que souhaiter tous ensemble la cessation d'un fléau qui ruine notre in-
dustrie.
» Une copie de cette Lettre m'ayant été adressée par M. l'Administrateur
C. R., 1867, a" Semestre. (T. LXV, N° 18.1 91
f 698 )
du mobilier de la Couronne, je répondis en lui exprimant le désir que ries
échantillons de soie d'origine française et de soie d'origine japonaise, bien
authentiques, me fussent adressés, afin que je pusse constater, par un examen
comparatif, si l'opinion qui semblait devoir proscrire les soies d'origine
japonaise était vraie. Ce sont les résultats de, cet examen que j'ai l'honneur
de présenter à l'Académie, afin qu'elle apprécie elle-même l'exactitude des
conclusions auxquelles il m'a conduit, examen que je me suis empressé de
faire aussitôt que j'ai eu à ma disposition les deux échantillons demandés;
et c'est conformément à cet état de choses que, dans la séance du 1 8 de mars
1867 de l'Académie, à propos d'une communication faite à la Commission
des vers à soie, je montrai la nécessité que la Commission étendît son exa-
men à l'aptitude que les diverses sortes de soies soumises à ses études ont à
prendre les couleurs de la teinture.
» L'organsin d'origine française était jaune, d'une excellente qualité à
tous égards; la soie d'origine japonaise était d'un blanc grisâtre, évidem-
ment moins belle.
» Toutes les deux furent décreusées au savon à raison de 5o à 60 pour 100
de soie; le décreusage se fit à peu près égalementbien, cependant l'avantage
était en faveur de la soie française.
» On teignit comparativement, dans un même bain, deux écheveaux
de même poids; tout fut donc égal pour les cinq couleurs suivantes :
» i° Cochenille : soies alunées (on ajouta au bain un peu de bitartrate
de potasse);
» 20 Bois de Brésil : soies alunées;
» 3° Bois de Campèche : soies alunées;
» 4° Gaude : soies alunées;
» 5° Acide sulfo-indigotique : soies non alunées.
» Les résultats sont résumés dans le tableau suivant; les couleurs sont
exprimées en gammes et en tons.
» En outre, chaque couleur a été soumise comparativement à deux
essais, connus sous le nom de rléhouillis, prescrits par les anciens règle-
ments, celui à l'alun et celui au savon :
» Pour 1 partie d'étoffe, on a employé 4 d'alun et 128 d'eau.
» Pour 1 partie d'étoffe, on a employé 2 de savon et 128 d'eau.
» L'étoffe est restée cinq minutes exposée à l'action du réactif bouillant.
» En outre, d'autres échantillons ont été soumis à l'exposition à l'air et
à la lumière; la durée de l'exposition jusqu'ici ne me permet pas d'en
donner le résultat, mais je le suivrai pendant six mois au moins.
(699 )
_ , „ . , . Soie de France. Soie du Japon.
Cochenille. Soie alunée -+- tartre aioute
ion. _ ion.
au bain 4 violet rouge. 1 2,00 4 violet rouge. 1 1 ,5o
Débouilli à l'alun 3 violet 9>5o 3 violet 8,00
Débouilli au savon violet rouge. . io,oo violet rouge. . i),25
Brésil. Soie alunée, sans tartre. ...... rouge 12,00 rouge. ...... 1 i,5o
Débouilli à l'alun 5 rouge 2,25 A 5 routte 2,25 -'-
Débouilli au savon 3 violet 5, 00 3 violet 5, 00
Campéchc. Soie alunée, sans tartre. ... 2 violet i5,oo violet. ...... t4>75
Débouilli à l'alun 4 violet 2,5o ~ 4 violet ?.,5o fj
Débouilli au savon 1 bleu violet. . 1 2,00 1 bleu violet. . 1 1 ,5o
Garnie. Soie alunée, sans tartre jaune 9>°° jaune 8,5o
Débouilli à l'alun jaune 3,a5 jaune 3,25
Débouilli au savon jaune 8,^5 jaune 8,25
Acide sulfo-indigotique. Soie alunée,
sans tartre 1 bleu i2,5o 1 bleu 12,00
Débouilli à l'alun bleu 10,00 bleu 9'°°
Débouilli au savon . . ' 2 bleu 1 ,00 1 bleu ...... 1 ,00
» Conclusions. — i° Évidemment la soie d'origine française donne à la
teinture des résultats supérieurs à ceux de la soie d'origine japonaise ; mais,
évidemment encore, la différence est trop faible pour justifier ce qu'on a
pensé, ce qu'on a dit delà mauvaise qualité de la dernière relativement à la
teinture; car je ne doute pas que des étoffes de soie d'origine française, qui
ont été acceptées comme bonnes, n'étaient pas supérieures à la soie d'ori-
gine japonaise qui a été le sujet de mon examen.
» 20 Les débouillis faits suivant l'ancienne ordonnance qui les régissait
sont absolument conformes à la première conclusion.
» 3° Je ne doute pas que l'épreuve de l'exposition à l'air n'y soit aussi
conforme: j'en connais trop l'importance pour la négliger; j'en ajourne sans
crainte la publication à six mois et à un an.
» L'intérêt que je porte à l'industrie, et en particulier à celle du pays,
m'a convaincu de la nécessité de la connaissance de la vérité, pour le produc-
teur aussi bien que pour le consommateur. Effectivement, leur intérêt com-
mun est que le consommateur connaisse aussi bien la valeur intrinsèque de
l'objet qu'il veut acheter que le producteur lui-même, afin qu'il paye cette
valeur et qu'il n'exige pas pour se la procurer un prix qui y serait réellement
inférieur. Cette connaissance de la valeur delà production est surtout néces-
saire pour le commerce des étoffes de soie destinées à l'ameublement, et qui,
91..
( 7°° )
dès lors, pour la plupart des fortunes, doivent avoir une certaine durée. Le
consommateur doit donc savoir la différence existant entre une étoffe de
grand teint et une étoffe de petit teint. Si la première est généralement
moins belle, moins brillante que la seconde, surtout quand il s'agit des
couleurs ronge, violette et bleue, dérivées de l'aniline, il doit savoir que ces
dernières, après quelques jours seulement d'exposition à un soleil d'été,
ont perdu absolument cette supériorité, de sorte qu'elles rappellent le vers
du grand poète : si elles ont l'éclat du verre, elles en ont la fragilité. D'où la
conséquence, que le consommateur ne doit jamais regarder à payer un peu
plus cher l'étoffe pour meuble teinte avec la cochenille,* la gaude, l'indigo
et même le bleu de Prusse sur soie, qu'il ne payerait une étoffe de petit
teint, quel qu'en soit l'éclat.
» Pour qu'il n'y ait pas de malentendu, je répète que je ne proscris pas
la teinture des soies en couleurs dérivées de l'aniline, mais je voudrais qu'on
ne les employât que pour étoffes destinées à l'habillement des femmes, et
non pour étoffes destinées à l'ameublement : il est désirable qu'à la marque
de fabrique de ces mêmes étoffes, l'origine de la couleur, cochenille, gaude,
garance, indigo, ou bleu de Prusse, soit indiquée.
» Pour justifier mon opinion, je donnerai encore à l'appui une observa-
tion que je viens de faire, et qui a été aussi nouvelle pour moi qu'elle l'a été
pour un grand nombre de personnes au courant des faits relatifs à la tein-
ture et à la fabrication des étoffes de soie.
» Un damas a été commandé pour le mobilier de la Couronne; l'exécution
qu'on en a faite ne laisse rien à désirer, je crois, au point de vue du tissage
et du brillant de la soie. Malheureusement, la teinte que la mode recherche
en ce moment, appelée havane, a été exécutée non-seulement en petit teint,
mais, par un fait dont je n'expliquerai pas la cause, le fond uni du damas,
qui est un satin par la chaîne, a été exécuté avec deux sortes de soie de la
même couleur, mais qui certainement avaient subi des opérations diffé-
rentes avant de recevoir une teinte uniforme; aussi le fond satin du damas,
soumis aux débouillis de l'alun et du savon, est-il sorti rayé des deux
épreuves, et les raies se sont-elles manifestées par l'exposition de l'étoffe à
l'air lumineux, depuis le 17 de septembre jusqu'au 17 d'octobre (1867).
fl y a plus, il suffit de laisser quelques jours le damas exposé à la lumière
diffuse du jour, pour que les raies commencent à devenir visibles, et si,
alors, on en expose quarante-huit heures à l'air lumineux, les zones sont
devenues très-sensibles. Ces résultats sont constatés par les échantillons
que je mets sous les yeux de l'Académie.
( 7°' )
» En terminant cette communication, qu'on me permette de faire remar-
quer que si j'ai pu apprécier à sa juste valeur les différences de teinte que
présentent la soie d'origine française et la soie d'origine japonaise, c'est à
l'usage des cercles chromatiques que je le dois ; et en le disant devant l'Aca-
démie, c'est lui exprimer un sentiment de reconnaissance, puisque, sans sa
libéralité, ces cercles n'eussent point été connus du public. C'est donc grâce
à l'atlas qui accompagne le trente-troisième volume de son recueil, consacré
en entier à l'exposé d'un moyen de définir et de nommer les couleurs, atlas dont
elle a fait les frais, que le public a pu connaître ce moyen autrement que
par un simple texte.
» Si, à mon grand regret, des circonstances indépendantes de ma volonté
m'ont empêché de mettre sous les yeux du public de l'Exposition des cercles
chromatiques en couleurs inaltérables, j'exposerai bientôt à l'Académie des
observations qui pourront faciliter l'exécution de ces cercles lorsque je ne
serai plus là pour le faire.
» En attendant, si des personnes qui se livrent à l'éducation des vers à
soie d'une manière expérimentale, c'est-à-dire en cherchant à se rendre
compte des circonstances qu'elles croient exercer de l'influence sur la pro-
duction de la soie, m'envoyaient aux Gobelins des échantillons de ces soies
filées, je serais toujours heureux de les soumettre aux épreuves qui me sem-
blent nécessaires pour prononcer d'une manière définitive sur leurs qualités
respectives. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. L. Aubert adresse un « quatrième Mémoire sur les solides soumis à
la flexion : sections équivalentes ».
(Renvoi à la Section de Mécanique, à laquelle M. Delaunay est prié de
s'adjoindre.)
M. Poggioli prie l'Académie de vouloir bien comprendre, parmi les pièces
destinées au concours des prix de Médecine et de Chirurgie, le Mémoire
qu'il a adressé précédemment «sur le développement physique et intellectuel
chez les jeunes sujets » . La Lettre est accompagnée d'une nouvelle copie de
ce Mémoire.
(Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
MM. Rubini, Schmitt et Price adressent diverses communications rela-
tives au choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
( 7«2 )
CORRESPONDANCE .
L'Académie impériale de Médecine adresse le tome XXVI11 (première
partie ) de ses Mémoires.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, quatre nouveaux volumes du «Système silurien de la
Bohème, par M. Barrande». Ces volumes contiennent les parties de cet
ouvrage qui sont relatives aux Céphalopodes et aux Ptéropodes.
histoire DES SCIENCES. — Nouvelle Lettre à M. le Président, au sujet des
documents attribués à Pascal ; par M. Faugère. (Extrait.)
« J'apprends, en lisant le Compte rendu de votre dernière séance, que
l'honorable M. Chasles m'a invité, en des termes fort pressants, à taire
connaître à l'Académie si la Lettre de Jaccpies II, dont j'ai parlé dans ma
communication du 18 de ce mois, était vraiment autographe, quelle en
était la date, dans quelle langue et à qui elle était écrite.
» Cette Lettre, ainsi que je l'ai dit, est parfaitement authentique et auto-
graphe; elle ne pourrait même pas être écrite par la main d'un secrétaire,
puisqu'elle est datée du i5 décembre 1677, c'est-à-dire d'une époque où
Jacques était encore duc d'York, qu'elle est adressée à Louis XIV, et
qu'elle a pour objet d'annoncer au grand roi la mort d'un enfant. L'adresse,
le cachet et le lacs de soie sont encore intacts sur le verso du second
feuillet. Enfin elle est écrite en français. J'ajoute que l'écriture de Jac-
ques II ne s'était pas sensiblement modifiée, comme j'ai pu m'en assurer
en comparant la Lettre de 1677 à quatre autres Lettres pareillement écrites
en français par Jacques II, la première de Dublin en 1687, les trois autres
de Saint-Germain en 1690 et 1692.
» Or, il suffit de rapprocher de ces divers autographes la Lettre que
l'honorable M. Chasles présente comme ayant été adressée par le roi Jac-
ques à Newton le 12 janvier 1689, pour faire ressortir la fausseté évidente
et matérielle de ce dernier document.
» Aie proposant de publier bientôt une Note, avec pièces à l'appui, au
sujet des documents dont je nie l'authenticité, je m'abstiendrai d'entrer ici
plus avant dans cette discussion. »
( 7°3 )
météorologie. — Atlas météorologique de l'Observatoire impérial. (Troisième
partie.) Observations faites dans les stations françaises, du ier juin 1866 011
3i mai 1867. Discussion par M. G. 1\ayet. Note présentée par M. Le
Verrier.
« I. Observations pluviométriques. — La connaissance de la distribution
des pluies à la surface de la France est d'une grande importance pour la
climatologie de notre pays et pour l'agriculture. Dès que les observations
météorologiques ont été commencées dans les Écoles normales, l'Observa-
toire impérial de Paris s'est appliqué à l'étude de cette distribution, pour
chacune des saisons de l'année. D'intéressants résultats ont déjà été obtenus.
» Nous présentons d'abord nue carte complète des stations où des udo-
mètres sont aujourd'hui observés régulièrement et dans de bonnes condi-
tions. Le service météorologique de l'Observatoire fournit 70 stations
établies par ses soins, soit dans les Écoles normales, soit par quelques
personnes désireuses de contribuer aux progrès de la météorologie. Les
Commissions météorologiques départementales, MM. les ingénieurs des
Ponts et Chaussées, M. Belgrand en particulier, ont envoyé la liste des sta-
tions ndométriques de leurs départements. Enfin les journaux scientifiques
(Bulletin de la Société météorologique de France, Journal de Pharmacie et de
Médecine militaire, Journal d'Agriculture de M. Barrai) et les publications
spéciales de MM. Fournet et Raulin ont permis d'ajouter quelques stations
à celles indiquées par les correspondants de l'Observatoire.
» Nous avons ainsi pu dresser une carte qui donne la position de
5^5 udomètres. Elle se trouve jointe à notre travail.
» Si, à l'aide des observations recueillies dans ces nombreuses stations,
on construit pour chaque saison la carte de distribution des pluies, on est
d'abord frappé des irrégularités que semble présenter le phénomène. Un
examen plus attentif fait reconnaître qu'elles tiennent à la configuration du
sol, et l'on arrive à formuler les règles suivantes, propres à indiquer si,
dans une région donnée, une localité aura des pluies relativement abon-
dantes ou faibles.
» i° Toutes choses égales d'ailleurs, les quantités de pluie croissent avec
l'altitude.
» i° En arrière des surélévations du sol opposées à un vent pluvieux, on
rencontre toujours un minima relatif. Les nuages, essuyés en quelque sorte
par la montagne le long de laquelle ils se sont élevés, ne peuvent donner
de chutes d'eau qu'après un certain parcours.
( 7°4 )
>' 3° Les montagnes on les vallées dont la disposition facilite aux masses
d'air un parcours déterminé sont une cause de maxiina de pluie pour les
régions sur lesquelles les nuages sont ainsi condensés.
» Ces lois résultent de l'étude minutieuse des Cartes pluviométriques
des quatre saisons météorologiques comprises entre le Ier juin 1866 et le
3i mai 1867.
» II. Observations thermomélriques . — Le calcul exact de la température
moyenne d'un jour déterminé exige des observations continues; mais si
l'on cherche seulement la moyenne d'une période un peu longue, un mois
ou une saison, les compensations entre les perturbations accidentelles
donnent à la marche diurne et moyenne du thermomètre une régularité
suffisante pour que la quadrature de la courbe qui figure cette marche
puisse s'effectuer par des procédés abrégés. En général, les météorologistes
déduisent la température de chaque jour d'un petit nombre d'observations
faites à des heures choisies.
h L'examen du degré d'exactitude des résultats ainsi obtenus par la
combinaison d'un petit nombre d'observations rentrant dans le système
trihoraire a fait l'objet de longs calculs. Dans ces recherches, nous avons
admis que des observations horaires de jour et de nuit satisfont à toutes
les exigences, et que la moyenne arithmétique des vingt-quatre obser-
vations est égale à la moyenne rigoureuse déduite d'observations bien plus
répétées.
» Un premier résultat fondamental est que la moyenne de huit obser-
vations trihoraires, faites à partir de minuit, ne diffère pas de la moyenne
des vingt-quatre observations et peut lui être substituée dans toutes les
saisons.
» Dans le cas où les observations sont seulement au nombre de six (1),
depuis 6 heures du matin jusqu'à 9 heures du soir, la détermination de la
moyenne diurne exige une hypothèse particulière sur la loi de la marche
diurne du thermomètre. On peut alors restituer en quelque sorte les obser-
vations de minuit et de 3 heures du matin, et le calcul s'achève comme si les
observations de nuit n'avaient pas été supprimées.
» En admettant que la variation diurne du thermomètre est représentée
par une fonction trigonométrique, sinus et cosinus, de l'arc et du double de
l'arc horaire qui répond à l'intervalle de deux observations, la moyenne
(1) Ceci a lieu dans la majeure partie des Écoles normales; dix-huit d'entre elles ont fait
ou ont entrepris de faire, pendant une année au moins, des observations de jour et de nuit.
( 7°5 )
diurne est donnée par la formule
9 = o,5 (<t, -f- a,) — 0,3538 (n, — <r3),
dans laquelle
a, désigne la demi-somme des observations de iahM. à 3b S.
"1 » » « g11 M. à 6h S.
"a » » » fih M. à 9h S.
» Les nombres obtenus par ce mode de calcul, un peu trop faibles en été
et un peu trop forts en hiver, sont en général trop faibles de o°, 1 environ,
si l'on considère la période de l'année entière.
» Dans toutes les saisons, la demi-somme des maxima et minima donne
une moyenne diurne trop élevée.
» La moyenne des trois observations de 6 heures du matin, midi, 9 heures
du soir fournit des résultats qui, assez exacts en hiver, sont trop faibles
dans les autres saisons.
» Nous ajouterons encore que la moyenne des quatre observations de
9 heures du matin, midi, 9 heures du soir et minuit donne des résultats
fort exacts.
» III. Observations psychrométriques. — En été, le degré hygrométrique
de l'air décroît d'une manière continue depuis 4 heures du matin (maxi-
mum) jusque vers 3 heures du soir (minimum), pour augmenter ensuite.
» En hiver, le degré hygrométrique moyen est plus grand qu'en été, et
la variation diurne semble offrir une double période d'autant plus sensible
que la station d'observation est à une altitude plus élevée. Il y a deux
maxima, l'un vers le lever du soleil, l'autre vers 9 ou 10 heures du soir;
un premier minima s'observe vers 3 heures du matin, et un second à
1 heures du soir.
» La moyenne psychrométrique diurne coïncide très-exactement avec
la moyenne des huit observations trihoraires et le tiers de la somme des
observations de 6 heures du matin, 3 et 9 heures du soir.
» Le travail que nous avons l'honneur de présenter à l'Académie ren-
ferme, outre les tableaux numériques nécessaires aux discussions précé-
dentes sur le calcul des températures moyennes diurnes et de l'humidité
moyenne de l'air, l'ensemble des observations pluviométriques employées
à la construction des cartes, la température moyenne, l'état hygrométrique
moyen et la hauteur barométrique moyenne à midi, pour les Écoles nor-
males et les stations qui nous ont transmis des observations non interrom-
pues depuis le ier juin 1866 jusqu'au 3t mai 1867. »
C. R., 1867, 2e Semestre. ( T. LXV, N° 18.) 92
( ?o6)
météorologie. — Atlas météorologique de l'Observatoire impérial. (Deuxième
partie. Zones des orages à grêle. Note de M. J.-B. Baille, présentée par
M. Le Verrier.
« La seconde partie de l'Atlas de 1866 renferme le tracé des zones des
orages à grêle dans dix-sept départements.
» Il y a quelque temps, M. Becquerel présentait à l'Académie une série
de grands travaux météorologiques, dans lesquels il avait recherché l'in-
fluence bienfaisante des forêts sur la température et le régime des pluies et
des orages d'une contrée. M. Becquerel avait clos ces éludes en montrant
comment les forêts préservaient des ravages de la grêle les régions situées
derrière elles. Avec une grande quantité de documents qu'il avait rassem-
blés tant dans les archives des préfectures que dans les livres des compa-
gnies d'assurance, il avait tracé les zones des orages à grêle dans quatre
départements et montré l'influence des forêts sur ces zones. Le travail que
nous présentons à l'Académie est, pour ainsi dire, la suite et la généralisa-
tion de ces remarquables études.
» Nous avons reproduit d'abord les cartes de M. Becquerel, en les trans-
formant pour les rendre conformes au modèle uniforme que nous avions
adopté; puis nous avons construit les zones d'orages à grêle dans treize
autres départements. Ces dernières cartes sont moins complètes que celles
de M. Becquerel; nous n'avons pu, en effet, recueillir que le relevé des
sinistres conservé aux archives des préfectures; mais, même avec ces docu-
ments incomplets, on peut apprécier assez bien le régime des orages ordi-
naires, surtout lorsque la période de temps comprise par ces documents
est assez étendue.
» On a pu ainsi, non-seulement vérifier la loi énoncée par M. Becquerel
sur les forêts, mais encore préciser l'influence des vallées et des montagnes
sur la marche des orages à grêle. Le plus souvent, les orages remontent les
vallées; on voit les grêles s'épuiser, devenir plus rares et moins désas-
treuses à mesure qu'on se rapproche des sources de la rivière. De même,
les montagnes préservent souvent une large région derrière elle; quoique
moins évidente (pie celle des forêts, l'influence des montagnes est encore
très -caractérisée.
» A l'aspect des cartes, on peut conclure que les causes locales agissent
d'une façon mécanique, à part peut être les forêts qui peuvent de plus mo-
difier l'état électrique des nuages.
» Les reliefs du sol dévient les nuages inférieurs et leur font toujours
( 7°7 )
prendre à peu près les mêmes directions : c'est ainsi que l'on peut expliquer
la constance des effets des orages dans une même localité. En outre, les
nuages inférieurs étant déviés sans que les nuages supérieurs le soient, il
arrive, par suite des sinuosités des reliefs du sol, que la direction des nuages
inférieurs devient presque normale à la route générale : c'est alors que se
produisent les grêles. On voit, en effet, que les points les plus fréquem-
ment atteints sont aux coudes des rivières, aux confluents de deux val-
lées, etc. Cette explication, qui paraît évidente pour les vallées, peut être
étendue aux forêts et aux montagnes.
» Nous continuons ces études, et nous leur donnerons les développe-
ments que comportent les documents recueillis par les Commissions météo-
rologiques départementales. »
« M. Le Verrier, en présentant les deux documents qui précèdent, dil
que l'Atlas météorologique de l'Observatoire impérial gagne cette année en
importance. Tandis que l'an dernier il se rapportait uniquement à la marche
des orages ordinaires, cette étude formera seulement la première partie du
présent Atlas; la seconde comprend la détermination des zones des orages
à grêle; la troisième est relative à l'étude du climat de la France. M. Le
Verrier regrette que la première partie ne soit point encore achevée.
» Les hases de ces diverses études reposent sur les documents recueillis
par les Commissions météorologiques départementales, par les Écoles
normales et par les personnes qui s'intéressent aux progrès de la science.
On doit compter parmi elles, en particulier, MM. les ingénieurs des
Ponts et Chaussées et des Mines. Plusieurs des Commissions météorologi-
ques départementales nous adressent des documents complets et suscepti-
bles d'être immédiatement insérés sous leur nom dans l'Atlas météorolo-
gique. Nous désirons vivement que le nombre de ces documents aille en
s'accroissant d'année en année. L'Observatoire impérial ne prend pour lui
que ce qu'on lui laisse, et la part qu'il est ainsi forcé d'accepter sera tou-
jours trop considérable.
» A la suite des excellents travaux sur les grêles publiés par M. Becquerel,
et dont les cartes ont été gravées aux frais de l'Académie, M. Le Verrier
s'empressa d'offrir à son éminent confrère les documents qu'il avait déjà
recueillis sur les grêles, en priant M. Becquerel de continuer ses travaux
et prenant la liberté de lui assurer le concours matériel de l'Observatoire.
Mais c'est le contraire quia eu lieu. Entraîné par les nouvelles découvertes
qu'il venait de faire au sujet des actions chimiques développées par la
cp..
( 7°8 )
capillarité, M. Becquerel a exigé que nous prenions complètement la suite
des travaux, en nous promettant le concours de ses conseils et de son auto-
rité, concours qui ne nous a pas fait défaut. L'Atlas contient une Note
spéciale de M. Becquerel sur ce sujet. »
MÉTÉOROLOGIE. — Remarques sur tes colorations ozonoscopiques obtenues à l'aide
du réactif de Jame [de Sedan) et sur V échelle ozonométrique de M. Bérigny ;
Lettre de M. A. Poey à M. Elie de Beaumont, présentée, en l'absence
de M. le Secrétaire perpétuel, par M. Le Verrier.
« Dans la séance du 6 avril i863 (i), en rendant compte à l'Académie
des observations ozonométriques effectuées en 1862 à l'Observatoire de la
Havane, je faisais la remarque suivante : « L'échelle de M. Bérigny, bien
» supérieure à toutes celles en usage jusqu'ici, est cependant un peu en
» défaut, du moins sous cette latitude et à la ville, par la prédominance du
» ton bleuâtre, surtout dans les six dernièrement fournies par M. Salleron.
» J'ai trouvé, d'après des expériences simultanées, que le ton violet pré-
» dominait à la ville dans la teinte de l'ozone ou du réactif, tandis
» qu'en rase campagne et dans la végétation c'était au contraire le ton
» bleuâtre qui devenait très-sensible. Ces variations de teintes paraissent
» être intimement liées aux causes multiples qui développent l'oxygène
» naissant.
» Un autre défaut de l'échelle de M. Bérigny (je fais toujours allusion à
» cette localité) est que très-souvent le réactif ozonoscopique se colore
» d'une teinte tellement foncée, qu'elle dépasse le n° 20 du ton extrême
» de ladite échelle. Cette forte coloration a lieu subitement dans les orages
» électriques, à l'instant même que le vent et les cumulus effectuent leur
» rotation azimutale du sud-ouest à l'ouest et au nord-ouest. »
» Depuis 1862 je n'ai cessé de signaler cette erreur, qui a toujours enta-
ché les observations ozonoscopiques. Mais en 1866, ayant fait partie de
l'expédition scientifique du Mexique, j'ai pu encore la confirmer dans
cette nouvelle localité.
» Cette imperfection consiste en ce que toutes les nuances ozonoscopi-
ques du réactif Jame (de Sedan) qui dépassent la teinte n° 11 de l'échelle
de M. Bérigny sont entièrement incalculables, c'est-à-dire qu'il est vrai-
ment impossible de reconnaître d'après cette échelle le ton de l'action de
(1) Comptes rendus, t. LVI, p. 645.
( 7°9 )
l'ozone qu'accuse le réatif. Ce fait, que j'ai parfaitement établi sous la zone
torride, depuis le niveau de la mer à la Havane jusqu'à 2280 mètres sur le
plateau de Mexico, ne me paraît pas être sans importance, au double point
de vue de l'origine de l'ozone et de la méthode qui a été suivie jusqu'ici
pour reconnaître sa présence dans le sein de l'atmosphère. Une autre cir-
constance donne encore une triple valeur à ces indications, c'est que
M. Bérigny m'assure que les lectures qu'il a faites à Versailles depuis douze
ans coïncident parfaitement avec son échelle, la même dont j'ai toujours
fait usage.
» Ces discordances des teintes ont lieu très-généralement avant ou pen-
dant le développement des orages, surtout s'ils sont accompagnés de mani-
festations électriques assez intenses. La production de l'ozone est ainsi tel-
lement liée à la formation des orages, qu'à Mexico, plus encore qu'à la
Havane, le réactif ne commence à se colorer qu'à l'approche de la saison des
pluies d'avril à mai, et peu avant les heures des orages, après midi; puis
elle diminue presque entièrement dans la saison de la sécheresse, à partir
d'octobre; pendant les jours parfaitement sereins, elle est nulle.
» C'est donc à ces époques critiques et orageuses, lorsqu'on a précisé-
ment le pins grand intérêt à recueillir les maxima de l'impression ozono-
scopique, que toute comparaison et toute lecture deviennent impossibles
à l'aide de l'échelle de M. Bérigny construite par M. Salleron.
» Ces anomalies de coloration se présentent généralement par un excès
de bleu ou de violet dans le ton du réactif, comparé au ton de l'échelle ozo-
nométrique. Dans quelques cas, plus rares, on aperçoit sur le réactif une
légère nuance rousse, rose clair ou jaunâtre. Les excès de coloration en
bleu ou en violet se reproduisent chaque fois que l'action de l'ozone aug-
mente, aussi bien avec des réactifs préparés à différentes époques que sur
les mêmes bandelettes qui avaient déjà servi à recueillir des impressions
pins faibles. Il est donc évident que ces anomalies ne peuvent provenir ni
de l'âge du réactif, ni de l'imperfection de sa préparation; mais au contraire
elles paraissent dépendre de l'action de l'oxygène naissant ou de tout autre
agent chimique agissant simultanément sur la préparation iodnrée.
» Quelle que soit la cause de ces différentes teintes, le fait est que l'é-
chelle ozonométrique de M. Bérigny, destinée à la comparaison des impres-
sions de l'ozone, n'atteindrait ce but qu'à la condition expresse de ne
point dépasser son n° 11. Conséquemment, elle ne servirait qu'à l'ap-
préciation de faibles développements d'ozone et cesserait dès lors d'être
une échelle comparative applicable à toutes les parties du monde, comme
( 7IQ )
l'est, par exemple, le cyanomètre de Saussure, dont j'ai fait un très-bon
usage au Mexique.
» En présence de l'insuffisance de cette échelle, il m'aurait été impossible
de recueillir aucune des fortes impressions de l'ozone, si l'idée ne m'élait
venue de recourir aux gammes chromatiques bleu violet de M. Chevreul.
Mais cette nouvelle comparaison n'a été encore qu'appoximative, car, pas
plus la gamme de M. Chevreul que l'échelle de M. Bérigny n'ont pu me
fournir le ton exact de l'action ozonoscopique. Cependant, à l'aide des
chiffres que j'ai obtenus d'après la gamme de M. Chevreul, il sera plus facile
d'établir une nouvelle échelle ozonométrique, en perfectionnant celle de
M. Bérigny.
» Maintenant les nos 12 et i3 de la gamme bleu violet de M. Chevreul
sont ceux qui se rapprochent le plus du ton des fortes impressions de
l'ozone atmosphérique en temps d'orage, suivant que les teintes bleu ou
violet prédominent dans le réactif. Ces teintes 12 et i3 sont en même temps
celles qui ont le plus de rapport avec les nuances comprises dans les nos 16 à
20, et plus particulièrement dans les n09J7 à 18 de l'échelle de M. Bérigny.
» Je signalerai une autre erreur de construction, qui consiste en ce que
les échelles qui m'ont été fournies par M. Salleron pour ma campagne du
Mexique diffèrent, dans la teinte générale, de celles qu'il m'avait déjà livrées
pour l'Observatoire à la Havane. Dans les anciennes échelles, le bleu pré-
domine sur le violet, et dans les nouvelles échelles c'est au contraire le violet
qui prédomine sur le bleu. Je me suis donc vu, pour apporter toute la cor-
rection possible à mes comparaisons, dans la nécessité de recourir à trois
numérations distinctes, celle de l'ancienne et de la nouvelle échelle de
1M. Salleron et celle de la gamme de M. Chevreul, ce qui complique con-
sidérablement l'étude d'un phénomène qui est déjà sujet à bien d'autres
causes d'erreurs.
» Dans le but de vérifier, avec le même réactif que j'avais employé au
Mexique, si les mêmes anomalies que j'y avais observées se reproduiraient
également en Europe, j'ai effectué chez moi, à Passy, rue Basse, n° 3q, pen-
dant les mois de juin à août derniers, une nouvelle série d'observations ozo-
noscopiques. Le réactif se trouvait placé en plein air, dans un endroit élevé,
dominant la cime des arbres du vaste jardin d'un établissement des aliénés
et au milieu de cette puissante végétation que l'on remarque sur le derrière
de la plupart des maisons qui font face au quai de Passy.
» Eh bien, dans ces conditions aussi favorables que possible au déve-
loppement de l'oxygène naissant, j'ai pu constater à Passy les mêmes réac-
( 7" )
tions de l'ozone atmosphérique sur les réactifs Jame (de Sedan), et j'ai
éprouvé la même difficulté dans la comparaison des teintes ozonoscopiques
avec l'échelle de M. Bérigny, soit avec l'ancienne, soit avec la nouvelle
échelle construite par M. Salleron. Ainsi il est bien prouvé maintenant qu'à
la Havane, au Mexique et même à Passy, chaque fois que le ton du réac-
tif ioduré dépasse le n° n de l'échelle de M. Bérigny, on se trouve dans
l'impossibilité de le rapporter à aucune des nuances de ladite échelle. On
manque donc complètement de moyen d'exprimer la présence dans l'air
d'une forte impression ozonoscopique, qui est d'autant plus importante à
saisir qu'elle affecte une modification de teinte qui n'est pas sans rapport
de cause et d'effet avec certaines dispositions orageuses du temps; car tan-
tôt c'est le bleu qui prédomine dans l'impression iodurée, et tantôt c'est au
contraire le violel qui l'emporte. J'ai déjà signalé plus haut qu'à la Havane,
à la ville, j'observais une prédominance du ton violet et à la campagne du
ton bleu. Sur le plateau de la vallée de Mexico situé à 2280 mètres et en-
touré d'une forte chaîne en pleine végétation pendant toute l'année, c'est
encore la prédominance du ton bleu que j'ai retrouvée, et enfin au milieu
de la végétation de Passy, j'ai obtenu aussi un excès très-marqué de colo-
ration bleuâtre. Cependant j'ai encore trouvé à Mexico une autre nuance
bleu violet, se rapprochant encore plus des nos 12 à 1 3 de la gamme bleu
violet de M.- Chevreul, qui est assez rare à la Havane et à Passy. Il y a donc
avant, pendant et après la formation des orages, certaines influences élec-
triques qui se traduisent sur le réactif ioduré par un surcroît de bleu, de
violet, de bleu-violet ou autres nuances, et qui paraissent influer puissam-
ment sur le développement de l'ozone et sur les impressions ozonosco-
piques. »
« A la suite de cette communication, M. Le Verrier rappelle que la
détermination de l'ozone par les papiers réactifs en usage, à l'iodure de po-
tassium et à l'amidon, donne lieu à d'autres difficultés encore que celles qui
sont signalées par M. le Directeur de l'Observatoire de la Havane.
« Au mois de mai dernier, dans la session de l'Association Scientifique
de France qui fut tenue à Metz, les difficultés de l'ozonoscospie furent dis-
cutées en la présencede M. Schœnbein. L'illustre chimiste de Bâle reconnut
ce qu'elles avaient de sérieux et exposa avec détail de nouvelles recherches
sur les différents états allotropiques de l'oxygène. M. Schœnbein indiqua un
nouveau réactif ozonoscopique : le protoxyde de thallium, dont la dissolu-
tion incolore jaunit sous l'influence de l'oxygène actif en se transformant
( 712 )
en peroxyde. Ce réactif n'est pas influencé par les composés nifreux comme
le papier ioduré. Malheureusement, le procédé de M. Schcenbein n'était
point encore amené à l'état pratique. L'auteur nous a promis de chercher
à donner à ce moyen d'épreuves la simplicité nécessaire pour que des per-
sonnes étrangères à la chimie puissent en faire usage.
» Il a d'ailleurs été fait sur ma demande, dit M. Le Verrier, et pendant une
année entière, des observations ozonoscopiques dans un très-grand nombre
de stations en France. Leur examen, leur classement est confié à M. Rayet.
J'espère en pouvoir produire les résultats devant l'Académie avant la fin de
l'année. Les documents originaux seront en même temps mis à la disposi-
tion des météorologistes qui voudraient les consulter et les discuter à un
autre point de vue que celui où nous nous serons placés.
» Je saisis cette occasion de dire que les observations météorologiques ré-
gulières faites par les Écoles normales, et dont nous ne pouvons donner que
les résultats généraux, sont également tenues à la disposition des météoro-
logistes qui pourront y puiser aussi largement qu'ils voudront. »
« M. Chevrecl, dans la communication qu'il fera prochainement à l'Aca-
démie sur ses cercles chromatiques, expliquera la cause des difficultés que
M. Poéy a rencontrées dans l'appréciation des couleurs qu'il a voulu faire
avec des échelles de couleur qui n'ont point été construites d'après un
même principe. »
physiologie. — Recherches sur la salive et sur les organes salivaires du Dolium
galea. Note de MM. S. de Luca et P. Panceri, présentée par M. Milne
Edwards.
« Par une précédente communication du 3o septembre dernier, nous
avons fait connaître à l'Académie les résultats des premières recherches sur
la composition du liquide des glandes salivaires du Dolium galea (Tonne can-
nelée), et en particulier sur l'acide sulfurique libre qui s'y trouve dans la
proportion de 3 à 4 pour 100. Une nouvelle analyse du liquide salivaire de
ce même Mollusque a donné en centièmes :
Acide sulfurique 4>°5
Chlore 0,02
Potasse, soude, chaux, magnésie, acide phosphorique, fer,
matières organiques azotées et sulfurées, etc 6,43
Eau.... 89,50
100,00
( 7'3 )
» Il est à remarquer que l'acide sulfurique libre a été constaté dans l'es-
tomac, qui reçoit le produit des glandes. Dans le Dolium, les glandes ont un
volume et un poids considérable relativement au volume et au poids de
l'animal. Voici en effet les rapports que nous avons trouvés chez deux indi-
vidus de Dolium (jalea, péchés dans le golfe de Pozzuoles, et dont l'un
pesait i kilogrammes environ, et l'autre 855 grammes.
i. tt.
Mollusque i3o5 grammes. 5ao grammes.
Coquille 55o ,, 0.i5
Glandes i5o » 80 »
aoo5 855
» Le conduit excréteur des glandes, de même que la tunique dont elles
sont revêtues, a unecontractilité très-manifeste, qui persiste quelque temps
après la mort de l'animal ; il suffit de toucher avec le doigt un point quel-
conque de la surface des glandes, pour observer un mouvement de con-
tractilité qui se propage dans toute la masse.
» Dès que les glandes ont été détachées de l'animal et mises au contact
de l'air, on voit se former au-dessous de leur tunique externe, qui est blanche
et transparente, des bulles dont le nombre augmente peu à peu, ainsi que
le volume. Si l'on introduit ces glandes dans des éprouvettes, sous l'eau ou
sous le mercure, le gaz qui se dégage lentement et sans interruption pré-
sente toutes les propriétés de l'acide carbonique pur; et en effet, il est en-
tièrement absorbable par la potasse. Le même gaz se dégage plus facilement
lorsque les glandes sont en contact avec un acide très-étendu, ou lorsqu'elles
sont soumises à la chaleur modérée d'un bain-marie.
» Si l'on ouvre des glandes de Dolium galea, en les coupant ou en y pra-
tiquant des incisions, le dégagement gazeux devient abondant et produit
une effervescence comparable à celle de la bièr.e ou du vin de Champagne
sous la pression ordinaire de l'atmosphère.
» Ainsi, le tissu des glandes mis en contact avec le liquide acide semble
se comporter comme une matière analogue aux carbonates soumise à l'ac-
tion des acides libres. Cette matière est-elle de nature minérale ou orga-
nique? L'acide carbonique se trouve-t-il à l'état de combinaison, ou est-il
libre et retenu en dissolution sous la pression que la tunique extérieure
exerce sur les parties internes des glandes? Le sang apporte-t-il dans les
glandes cet acide carbonique, et, dans ce cas, sous quelle forme? Ces ques-
tions et plusieurs autres ne pourront être résolues que par les recherches
ultérieures que nous nous proposons d'entreprendre.
G. !!., 1867, ?,<■ Semestre. (T. LXV, N° 18.) Ç)3
( 7>4 )
» Les glandes de notre pins grand Dolium (celui qui pesait 20o5 grammes)
ont fourni en totalité 343 centimètres cubes d'acide carbonique, sans tenir
compte de la quantité de gaz qui n'a pu être recueillie au commencement
des expériences. Une seule glande, pesant 70 grammes, en a donné 206 cen-
timètres cubes, ce qui équivaudrait pour les deux à un volume de l\\i cen-
timètres cubes de gaz. Les glandes du Dolium qui pesait 855 grammes,
détachées de l'animal six heures après sa mort, ne dégageaient pas d'acide
carbonique.
« Le Dolium galea n'est pas le seul Mollusque dont les glandes salivaires
contiennent de l'acide sulfurique libre; nous avons constaté que le même
acide se trouve également à l'état de liberté dans les glandes des Gastéro-
podes suivants :
» Tritonium nodiferum, Lk. ; Tritonium corrugatum, Lk. ; Tritonium cuta-
ceum, Lk. ; Tritonium hirsutum, Fab. Col. (1); Cassis sutcosa Lk. ; Cassidaria
ecliinophora, Lk. ; Murex trunculus, L. ; Murex brandaris, L. ; Aplysia came-
lus, Cuv.; etc., etc., etc.
» Le liquide salivaire du Dolium galea a une propriété importante : il
n'est pas putrescible comme le sont en général les liquides organiques des
animaux. Il ne s'altère nullement au contact de l'air. Au bout de trois
mois, ce liquide conservé ne révélait aucune odeur désagréable. On doit
même le regarder comme conservateur, car de l'albumine coagulée, des ma-
tières animales, quelques fragments d'organes d'autres Mollusques, main-
tenus dans ce liquide pendant plusieurs semaines, n'ont manifesté aucune
altération apparente.
» L'acide sulfurique libre se trouve donc comme élément nécessaire aux
fonctions organiques dans une classe nombreuse de Mollusques, vivant au
voisinage de localités pierreuses, et portant une coquille formée presque
exclusivement de carbonate de chaux avec des traces de carbonate de ma-
gnésie. Cet acide énergique se trouve en présence d'un acide faible, l'acide
carbonique, qui peut agir sur les calcaires pour les rendre solubles et par
conséquent assimilables par l'organisme animal. Il est hors de doute que
l'acide sulfurique, aussi bien que l'acide carbonique, doit remplir des fonc-
tions importantes dans les organes dont il est question, fonctions sur les-
quelles nous ne possédons aucune notion précise.
(1) Fabii Columne, Aquatilium et terrestrium a/if/, animalium aliorumq. nal. rer. obscr-
mtiones, tab. fol, XII ,Bua. hirsutum . I . Opéra F.iphrasis minus cognit. rariorumq. stirp.
Roinae, i(ii6.
( 7'5 j
» Mais, à notre avis, ce qu'il y a de plus important, c'est de chercher à
déterminer l'origine de l'acide sulfurique libre dans les glandes salivaires
de ces Mollusques. Cette production est probablement due à une oxy-
dation du soufre des matières sulfureuses, ou bien à la décomposition des
sulfates contenus dans les eaux de la mer, provoquée par une action
d'électrolyse, comme cela se réalise dans nos laboratoires. Four résoudre
cette question, nous poursuivrons notre travail, en profitant des rensei-
gnements que les savants voudront bien nous communiquer, et en mettant
en pratique les conseils de M. MUne Edwards à ce sujet. »
M. Bourguet, en adressant à l'Académie un Mémoire imprimé sur les
« divers modes d'assainissement des marais et des pays marécageux et
insalubres », joint à cet envoi une analyse manuscrite de son travail.
A 5 heures, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures un quart. C.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 21 octobre 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Note sur la chlorométrie et sur la transformation spontanée des hypochlo-
riles et Montes; par MM. M.-J. Foedos et A. Gélis. Paris, 1 855 ; 4 pages
in-8°.
Carte géologique de la Néerlancle; par W.-C.-H. Staring, exécutée par le
Bureau lopographique du département de la Guerre, publiée par ordre de
S. M. le Roi, feuilles 22 et 27. Harlem, 1838-1867 ; 2 feuilles avec légende
in-18.
Die... Sur les météorites du cabinet minéralogique de la cour; par M. Hai-
dinger. Vienne, 1867 ; 2 opuscules in-8°.
Zur... Sur la météorologie orograpliique; par M. A. Muhry. Vienne., sans
date; 1 feuille in-8°.
Die... Les maisons d'école A l'Exposition universelle de Paris, examinées
nu point de vue de l'hygiène; par M. H. Cohn. Berlin, 1867; br. in-8°.
Catalogo... Catalogue des corollaires fossiles du terrain nummulitique des
( 7'(i
Alpes Vénitiennes, formé par M. A. d'Achiardi. Esquisse critique; pa>- M, F.
Molon. Vicenze, 1(867; demi-fouille in-8".
On the... Sur la chimie <le l'âge primordial; pai M. Steret Hunt. Sans
lieu, 1867; opuscule in-8°.
Treatise... Traité de philosophie naturelle; par MM. W. Thomson et
GUTHRIETAIT, t. Ier. Oxford, 1867; ' vo'- l0'8" relié.
L'Académie a reçu, dans la séance du 28 octobre 1867, les ouvrages
dont les titres suivent :
Système silurien du centre de la Bohême ; par M. Joachim BARRANDE. i1p par-
lie : Recherches paléontologiques. T. Il, texte : Classe des Mollusques. Ordre des
Céphalopodes; 1 vol. in-4°. Planches I à CVII, ire série, 1 vol. in-40; plan-
ches CVIII à CCXLIV, 2e série, 1 vol. in-4". T. III, texte avec 16 planches :
Ordre des Ptéropoiles. Prague et Paris, 18G7; 4 vol. in-4° reliés.
Mémoires de i 'Académie impériale de Médecine, t. XXVIII, ire partie.
Paris, 1867 ; in-4° avec 3 planches.
Optique physiologique; pat M. H. Helmholtz, traduite par MM. E. JavaE
et N.-T. Klein. Paris, 1867; 1 vol. in-8° avec figures et allas. (Présenté
par M. MUne Edwards. )
Métamorphoses des Batraciens urodèles à branchies e.\ lérieures du Mexique,
dits Axolotls, observés à la ménagerie des Reptiles du Muséum d'Histoire natu-
relle; par M. A. DuMÉniL. Paris, 18(37; n1-^°- (Extrait des Annales des
Sciences naturelles.) (Présenté par M. Milne Edwards.)
Description de diverses monstruosités observées sur les Axolotls; par M. A.
DUMÉRIL.
Prodrome d une monographie des Esturgeons et description des espèces de
l'Amérique du Nord qui appartiennent au sous-genre Antaceus; par M. A.
DOMÉRIL.
Expériences démontrant que la vie aquatique des Axolotls batraciens urodèles
à branchies extérieures se continue, sans trouble apparent, après l'ablation des
houppes branchiales; par M. A. DUMÉRIL; 3 brochures in-4" avec planches.
(Extrait des Nouvelles Archives du Muséum.
(La suite du Bulletin nu prochain numéro.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SÉANCE DU LUNDI 4 NOVEMBRE 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HISTOIRE DES SCIENCES. — Lettre à M. Chevreul, an sujet des relations qui
auraient existé entre Pascal et Newton ; par Sir David Rkf.wstkr.
« Comme M. Chasles a demandé mon « intervention » pour savoir avec
certitude s'il existe quelques traces des relations qui auraient existé entre
Pascal et Newton dans les archives du Musée Britannique et dans les manu-
scrits de Newton que possèdent Lord Comte de Portsmoutli et Lord Comte
de Macclesfield, je me suis immédiatement adressé à ces nobles personnages
pour leur demander les renseignements que M. Chasles désire obtenir. Je
me suis aussi adressé aux autorités du Musée Britannique, et je viens de
recevoir de M. Bond, conservateur au département des manuscrits de cet
établissement, une réponse dans laquelle il me dit :
« Que le Musée Britannique possède une partie des papiers de Desmai-
» zeaux. Ils consistent en neuf volumes de Lettres originales de Desmaizeaux
« avec quelques extraits ou copies faits par lui depuis l'année 1698 jusqu'il
» l'époque de sa mort. Leibnitz est du nombre des correspondants, el il
» se trouve des Lettres de lui, lesquelles sont relatives à sa controverse avec
» Newton. »
C. R., 18G7, 2e Semestre. (T. LXV, N° 19.) o/l
( 7'8 )
» Je n'ai pas en de réponse de Lord Portsmonth, ni de Lord Maccles-
field (i). J'ai déjà déclaré à l'Académie que j'avais examiné jusqu'au moindre
des papiers (every scrap) de Newton qui existent à Hartsbourne-Park, et
que le nom de Pascal ne se trouve jamais dans aucun d'eux. Comme Lord
Portsmonth a connaissance de ce fait, il considérera sans aucun doute mon
témoignage comme suffisant. Je suis également certain que s'il y avait eu
quelques Lettres relatives à Pascal dans lacollection de Hartsbourne-Castle,
le professeur Rigaud les aurait publiées dans la « Correspondance des
» savants » que j'ai déjà mentionnée.
» Dans ma prochaine communication je produirai des faits d'une grande
importance, montrant qu'il est probable que Desmaizeaux lui-même a été le
fahricaleur [forger) des documents que possède M. Chasles, et que cette fabri-
cation a été faite entre les années 173 (2) et 1 7 4^, époque à laquelle Des-
maizeaux mourut à Londres.
» Je prouverai que Desmaizeaux était un collectionneur et un trafiquant
en manuscrits; que le célèbre déiste Anthony Collins, l'ami de Locke, laissa
ses manuscrits à Desmaizeaux pour être publiés après sa mort, et que cet
archi-faussaire les vendit pour 5o livres sterling à la veuve de Collins, qui,
à ce qu'il paraît, les détruisit.
» Nous voyons maintenant la raison pour laquelle les quatre signatures
authentiques de Newton données dans sa Vie, dans le Dictionnaire gênerai
auquel contribua Desmaizeaux, sont précisément celles qui se trouvent
dans les Lettres fabriquées.
» Allerly Melrose, 3i octobre 1867. »
Après la lecture de cette Lettre, M. Chasles présente les observations
suivantes :
« Dans notre séance du 21 octobre, j'avais exprimé le vif désir que notre
illustre confrère Sir David Brewster, qui prenait part si chaleureusement à
la polémique relative à Pascal et Newton, voulût bien s'enquérir, premiè-
rement s'il ne subsisterait pas dans la famille de Newton quelques traces
des relations qu'il aurait eues avec Pascal, et secondement si l'on ne trou-
verait pas aussi des traces, soit dans cette noble famille, soit dans les
Archives du British Muséum, des démarches qui auraient été faites dans le
(1) Voir ci-après, p. 757, une Lettre de Lady Macclesfield, transmise à M. Chevrenl posté-
rieurement à la Lettre de Sir David Brewster.
■-■>.) Année illisdile sur l'original.
( 7'9 )
siècle dernier, notamment par le professeur J. Winthrop et l'historien
W. Robertson , auprès du chevalier Blondeau de Charnage, pour obtenir la
rétrocession des papiers concernant Newton qu'il avait acquis de la famille
de Desmaizeaux , après la mort de celui-ci.
» Sir David a bien voulu accueillir le vœu que je prenais la liberté de
lui adresser. Je lui en exprime ici ma très-vive et sincère gratitude. Quoi-
qu'il n'ait pas encore obtenu tous les renseignements qu'il a sollicités, sa
Lettre néanmoins me cause une grande satisfaction, parce qu'elle m'ap-
prend que parmi les papiers de la collection de Desmaizeaux cpie pos-
sède le Brilish Muséum, se trouvent des Lettres et copies de la main de
Desmaizeaux , et des Lettres de Leibnilz relatives à sa controverse avec
Newton.
« Comme je possède d'assez nombreuses Lettres de Desmaizeaux, dont
une partie se rapporte à la question de Pascal et Newton, et des Lettres
de Leibnitz relatives à sa controverse avec Newton, la comparaison de
ces deux séries de Lettres avec celles du Brilish Muséum ne permettra plus
de dire : « Tout cela est faux. »
» Je dois ajouter qu'en parlant des papiers cédés au chevalier Blon-
deau de Charnage, je n'ai pas entendu dire que tous les documents que j'ai
eu à citer depuis le commencement de cette polémique provinssent de
cette source unique. Les notes apposées dans le siècle dernier sur les
liasses cpie j'ai fait connaître dans notre dernière séance indiquent des
provenances très-diverses; par exemple, de Dreux du Radier, de M. de
Marigny, de Mmc Perrier, de l'abbaye de Port-Royal, du P. Mersenne, de
Michalet, libraire de Labruyère, etc. Les Lettres de Louis XIV et celles du
Roi Jacques sont dans le même cas.
» L'Académie se rappelle que plusieurs de nos confrères, MM. Balard et
Regnauit notamment, s'étaient proposé de soumettre les Lettres de Pascal à
plusieurs expériences chimiques et photographiques. Leur absence de l'Aca-
démie s'étant prolongée, j'ai prié un photographe fort instruit et exercé,
M. A. Muriel, de faire à ce sujet toutes les expériences cpie comporte son
art. Il les a laites sur quatre Lettres qu'il a choisies, et dont je mets sous les
yeux de l'Académie douze reproductions dues à des temps de pose diffé-
rents. M. Muriel conclut cpie les taches mises en évidence ont été faites par
métallisaiion dans l'intérieur du papier; qu'elles sont anciennes, ainsi
que les teintes que la photographie a rendues visibles; que les papiers
n'ont point servi à un usage antérieur et n'ont point été lavés. Il motive ces
conclusions en termes techniques que je ne rapporte pas ; mais je désire que
94-
( 72° )
nos confrères compétents veuillent bien soumettre ce travail à leur examen
et à leur jugement. •>
ÉLECTRO- CHIMIK. — Troisième Mémoire sui les actions électro-capillaires
produites dans les corps inorganisés et les corps organisés; par M. Becquerel.
(Extrait.)
« Les actions chimiques produites par des effets électro-capillaires, et
dont j'ai déjà eu l'honneur d'entretenir l'Académie dans les séances du
1 3 juin et du 8 juillet derniers, dépendent de trois causes :
» i° De l'attraction moléculaire exercée, sur les parois d'espaces capil-
laires placés entre deux liquides différents, par ces mêmes liquides;
» 2° De l'électricité dégagée au contact de ces liquides clans les espaces
capillaires ;
» 3° De la conductibilité électrique de ces parois recouvertes d'une
couche liquide, laquelle est analogue à celle des corps solides, à l'intensité
près.
« L'attraction moléculaire est considérée, ici, comme on le fait ordinai-
rement en physique, dans la théorie des phénomènes capillaires, abstraction
faite par conséquent de toute idée d'affinité élective, de la part des solides,
pour quelques-unes des substances tenues en dissolution dans les liquides;
affinités que notre confrère M. Chevreul a parfaitement définies dans son
Mémoire sur les phénomènes d'affinités capillaires, communiqué à l'Aca-
démie dans la séance du g juillet 1866, lesquels peuvent exercer quelque-
fois une influence sur les phénomènes électro-capillaires.
» L'affinité capillaire, suivant cet illustre chimiste, est celle qui est
exercée par un corps solide, liquide ou gazeux, sans que sa forme soit sen-
siblement changée.
» Parmi les nombreux exemples d'effets produits par ce genre d'affi-
nités, je me borne à citer ceux relatifs à la teinture, parce qu'ils sont carac-
téristiques.
» Lorsqu'on plonge le coton, la laine et la soie, convenablement pré-
parés, dans certains bains de teinture, non-seulement ces corps s'appro-
prient la matière colorante, mais encore ils le font en quantités différentes,
comme on en juge à la vue. Il y a donc, dans ces phénomènes, indépen-
damment de l'attraction moléculaire, une affinité élective.
» Or, dans les appareils électro-capillaires, si l'on employait des liquides
capables de produire de semblables effets, c'est-à-dire des dépôts de sub-
stances diverses, en couches infiniment minces, sur les parois des espaces
( 7--» )
capillaires, les phénomènes décrits dans mes précédents Mémoires pour-
raient être plus ou moins modifiés, attendu que la conductibilité électrique
des parois recouvertes d'une couche liquide le serait également. C'est ce
que j'ai eu effectivement l'occasion de remarquer, quand les espaces ca-
pillaires sont obstrués par des précipités résultant de la réaction des deux
liquides l'un sur l'autre.
« Il peut se faire néanmoins que les affinités capillaires exercent aussi
leur action dans les appareils électro-capillaires; mais les causes principales
des effets produits sont bien celles que j'ai indiquées au commencement de
ce Mémoire.
» Telles sont les considérations générales que j'ai cru devoir présenter
avant d'exposer mes nouvelles recherches sur les phénomènes chimiques
produits dans les appareils électro-capillaires. Le Mémoire dans lequel elles
sont exposées est divisé en deux chapitres : le premier traite des effets
électro-chimiques dus à des actions électro-capillaires dans les corps inor-
ganisés, le second dans les corps organisés.
Chapitre I. — Des effets électro-chimiques clans les corps inorganisés.
» § T. Des couples simples formés de deux dissolutions et d'un corps non
oxydable conducteur de l'électricité. — Ces couples ne se rattachent pas di-
rectement à la question des appareils électro-capillaires; cependant ils ont
un côté de commun, les effets électro-chimiques produits avec un courant
résultant de la réaction de deux dissolutions l'une sur l'autre, avec le
concours d'un corps conducteur non oxydable.
» Ces couples sont disposés comme il suit :
« On prend un tube de 5 à 6 millimètres de diamètre cjue l'on ferme par
un bout avec un tampon de papier à filtrer mouillé, de manière à ne pas
laisser passer la dissolution métallique qu'on y met, de nitrate de cuivre
par exemple; un fil de platine appliqué sur la paroi du tube traverse le
tampon et le dépasse des deux côtés de quelques centimètres; on voit ainsi
le fil dans toute sa longueur. On plonge ensuite le bout tamponné dans une
dissolution de monosulfure ou de persulfure de sodium marquant io de-
grés à l'aréomètre. On voit apparaître immédiatement sur le bout du fil de
platine qui est en contact avec la paroi du tube un dépôt de cuivre métal-
lique qui augmente peu à peu, surtout dans la partie la plus rapprochée de
la surface de contact des deux dissolutions, dans le tampon de papier, et
où a lieu le dégagement d'électricité, cause de la réduction; tout le fil se
recouvre ensuite de cuivre. On prouve que ce couple agit très-rapidement
( 722 >
en préparant plusieurs couples semblables et réunissant le bout posilif de
l'un avec le bout négatif de l'autre, de manière à former une pile; quand
on réunit les deux bouts du fil avec les deux extrémités d'un galvanomètre,
le circuit devient métallique, et on n'a aucun effet sensible sur l'aiguille;
on ne pourrait observer effectivement qu'un courant dérivé qui, dans ces
conditions, est trop faible pour être observé, la recomposition ayant lieu
dans l'uitérieur de chaque couple.
» Les nitrates d'argent, de nickel, de cobalt, et la plupart des dissolu-
tions métalliques sont également décomposées dans le même appareil, avec
réduction des métaux. Les effets sont les mêmes, mais plus intenses, en
substituant au fil de platine un fil de cuivre. Dans ce cas, il y a deux cou-
rants au lieu d'un seul qu'on obtient avec le fil de platine; l'un est dû à
l'oxydation du cuivre, l'autre à la réaction des deux dissolutions l'une sur
l'autre.
» Avec des couples de ce genre, on peut déposer sur des corps conduc-
teurs, de nature quelconque, dans l'intérieur de chaque couple, des couches
épaisses et adhérentes de différents métaux.
» § IL Perfectionnements apportés à la préparation des appareils électro-
capillaires. — Lorsqu'on opère avec des tubes de verre fêlés, décrits dans
mes Mémoires antérieurs, dont la fente est tellement étroite que les deux
dissolutions, celles de monosulfure de sodium et de nitrate de cuivre, ou
toute autre dissolution métallique, ne peuvent se mêler immédiatement, on
obtient les effets de réduction décrits dans ces Mémoires; mais si la fente
est encore plus étroite, on arrive à un degré tel qu'il n'y a plus de réduc-
tion, mais bien production d'un courant, comme dans le cas où les deux
dissolutions réagissent l'une sur l'autre, courant dont il sera question
dans le paragraphe suivant.
>< Mais lorsque la fissure est telle, que la réduction métallique a lieu ainsi
que d'autres réactions chimiques, et qu'il se produit en même temps un mé-
lange des deux dissolutions qui apporte une perturbation dans la marche des
phénomènes, on rend les actions plus lentes, en même temps qu'on les ré-
gularise, en remplissant le tube fêlé de sable très-fin ou d'argile pure, telle
que le kaolin; on voit alors tout ce qui se passe sur la paroi du tube, rela-
tivement aux effets de réduction; dans ce cas, les dissolutions, avant de
réagir l'une sur l'autre, pour dégager l'électricité qui est nécessaire à la for-
mation du courant, ont deux actions capillaires à vaincre; l'une est celle
des parois de la fissure pour la dissolution de monosulfure, l'autre l'attrac-
tion des grains de sable pour la dissolution métallique.
( 7*3 )
» Le courant électrique, produit dans les conditions que l'on vient d'in-
diquer, donne lieu nécessairement à différents produits résultant de l'oxy-
dation des deux éléments du monosulfure, tels que du nitrate de sonde,
de l'hyposiilfite de soude et du sulfure noir de cuivre qui reste adhérent
à la paroi extérieure du tube. Quanta la paroi intérieure, elle se recouvre
de cuivre ou de tout autre métal réduit, qui se sulfure dans le voisinage
de la fissure, quand celle-ci, s'élargissant, donne passage à la dissolution
de monosulfure.
» Il arrive quelquefois, comme la dissolution de nitrate de cobalt en est
un exemple, qu'il se forme, avant la réduction, un sous-sel ou un oxyde qui
est ramené ensuite à l'état métallique par l'action électro-capillaire.
» Ce mode d'expérimentation permet d'obtenir d'autres effets que des
réductions; ainsi on parvient à obtenir, cristallisés ou à l'état cristallin, le
sulfate de plomb, le silicate de zinc, etc., etc. On peut imiter ainsi les di-
verses productions qui se forment dans les interstices des roches, par des
infiltrations excessivement lentes de dissolutions qui réagissent sur les élé-
ments de ces roches, quand elles peuvent céder quelques-unes de leurs par-
ties constituantes. Il peut se faire que, dans certains cas, les affinités capil-
laires ne jouent pas le principal rôle; en effet : lorsqu'un corps fêlé se trouve
entre deux dissolutions ayant une forte affinité l'une pour l'autre, il peut
arriver que la réaction produise immédiatement des composés insolubles
qui cristallisent; dans ce cas, les effets sont dus à des infiltrations très-
lentes, et rentrent dans la théorie que M. Chevreul a donnée de la produc-
tion de cristaux d'oxalate de chaux dans les végétaux (Mémoire sur les
phénomènes d'affinités capillaires, Comptes rendus des séances de l'Académie
desScieîices, 9 juillet 1866).
» § III. Des courants électriques produits dans les fissures des vases fêlés, sans
l'intervention apparente dune action chimique. — Dans toutes les expériences
que j'ai faites jusqu'ici sur les propriétés électro-chimiques des espaces ca-
pillaires placés entre deux dissolutions, il en est toujours résulté des effets
de réduction métallique ou autres; mais il arrive des cas, comme on l'a dit
précédemment, où la petitesse de la fêlure est telle, qu'il ne se produit
aucun effet chimique apparent, bien qu'il y ait des effets électriques
de produits. C'est là un fait important sur lequel j'appelle l'attention de
l'Académie.
» Supposons qu'on ait préparé un petit bocal fêlé dans des conditions
semblahles, et que, l'ayant rempli de nitrate de baryte, on le plonge dans
un autre contenant de l'acide sulfurique étendu ; il ne se forme pas de sul-
( 7^4 )
fate de baryte dans la fêlure ni sur les bords, et néanmoins on obtient un
courant électrique en plongeant clans chaque liquide une lame de platine
en communication avec un galvanomètre; le sens du courant est le même
que s'il y avait eu réaction chimique entre les deux dissolutions. On a ob-
tenu des effets semhlahles avec les dissolutions suivantes :
» i° Une dissolution de cyanoferrure potassique et une dissolution de
proto ou de persulfate de fer;
« 9.° Une dissolution de chromate de potasse et une autre de nitrate de
plomb, etc., etc.
» S'il y avait eu réaction chimique entre les dissolutions de chaque
groupe, on s'en serait aperçu au précipité et à sa couleur; or, comme la
réaction n'a pas lieu en apparence, il faut en conclure que l'action chimique
qui a produit le courant n'est pas appréciable.
» Il ne faut pas croire cependant que les vases fêlés qui ont servi aux ex-
périences précédentes ne soient pas aptes à laisser réagir certaines disso-
lutions les unes sur les autres; en effet, on applique sur la surface extérieure
du vase fêlé, sur la fêlure même, une bande de papier tournesol que l'on
fixe au moyen d'un fil enroulé autour du vase, et que l'on remplit d'acide
nitrique, puis on plonge ce vase dans un autre contenant de l'eau conduc-
trice par l'addition d'un sel; le papier lournesol ne tarde pas à virer au
rouge, ce qui annonce que l'acide nitrique a traversé la fissure très-lente-
ment à la vérité.
» On reconnaît en outre, avec les lames de platine, la production d'ef-
fets électriques; pendant la réaction de l'acide nitrique sur la dissolution,
l'acide dégage de l'électricité positive, l'eau de l'électricité négative.
» Il est prouvé par là que la fêlure qui n'a pas livré passage à la disso-
lution du cyanoferrure potassique et à celle du sulfate de fer, ou la disso-
lution de chromate de potasse et celle de nitrate de plomb, a laissé filtrer
l'acide nitrique. 11 s'est produit là un effet semblable à celui que présentent
les gaz qui ne jouissent pas tous au même degré de la propriété de tra-
verser les fissures.
» On a essayé de démontrer dans le Mémoire que la production du cou-
rant sans action chimique apparente pouvait provenir d'une réaction chi-
mique excessivement lente, dont les effets ne seraient sensibles qu'au bout
d'un certain laps de temps.
» Quelle tine soit l'explication que l'on donne du phénomène, le fait en
lui-même a une certaine importance. Tous les effets dont il est question va-
riant avec les dimensions de la fissure, on a senti la nécessité de les mesurer
( 7^5 )
avec exactitude pour indiquer la largeur nécessaire à la production de tel
ou tel effet. C'est ce dont on s'occupera dans un prochain Mémoire.
» § IV. Des effets électro-chimiques produits dans les fissures des corps par
des courants provenant d'appareils indépendants. — On a vu précédemment
que dans les appareils composés d'un vase contenant une dissolution dans
laquelle plongeait un tube ou vase fêlé contenant une autre dissolution
ayant une forte affinité, la fêlure pouvait être tellement étroite que la réac-
tion chimique n'était pas appréciable, et cependant il passait un courant
résultant de cette réaction; on pouvait inférer delà qu'on devait pouvoir
transmettre au travers des deux dissolutions et de la fêlure, au moyen de
deux lames de platine, un courant provenant, d'une pile composée de plu-
sieurs couples : l'expérience a confirmé cette conjecture.
» Ayant démontré, d'un autre côté, que les espaces capillaires placés
entre deux liquides, du moins leurs parois humides, se comportaient comme
des conducteurs solides, mais étaient cependant beaucoup moins bons con-
ducteurs que les corps métalliques, on pouvait admettre que, dans les
décompositions chimiques, ces mêmes parois devaient agir comme des con-
ducteurs intermédiaires placés entre des électrodes servant à transmettre
un courant, lesquels conducteurs se polarisent et deviennent le lieu d'une
décomposition électro-chimique : l'expérience a confirmé cette conjecture,
mais il faut pour cela que les fissures aient une largeur déterminée.
« Cette propriété des fissures est importante à noter.
» On sait aujourd'hui, d'après les expériences faites par divers physi-
ciens, et notamment par M. Matteucci, au moyen des conducteurs aériens
des lignes télégraphiques d'une station à une autre, qu'il circule continuel-
lement dans la terre des courants électriques qui troublent le service des dé-
pèches transmises par le télégraphe électrique. Ces courants doivent se rami-
fier dans toutes sortes de directions où se trouvent des liquides et des roches
fissurées en contact avec ces liquides; il doit se produire alors une infinité
de couples semblables à ceux dont on vient de parler.
» Il existe en outre, dans le sol, des racines, des plantes décomposées
qui produisent également des courants dérivées donnant lieu à des effets
électro-chimiques.
Chapitre II. — Des coulants électro-capillaires dans les végétaux, et des effets d'oxydation
et de réduction tjui ont lieu sur les deux surfaces.
» § I. Considérations générales sur l'intervention des forces phrsico-chi-
miques dans les phénomènes de la vie. — Rechercher la part des forces phy-
C. R., 1867, Ie Semestre. (T. LXV, N° 19.) g5
( 7*6 )
sico-chimiques clans les phénomènes de la vie est une question tellement
complexe, qu'on ne saurait s'entourer de trop de documents, pour entre-
voir seulement le rôle qu'elles peuvent jouer. Ces forces étant sans cesse
modifiées par celles dites de tissu, il faut commencer par se rendre compte,
d'une manière générale, du mode d'organisation de ces tissus, de leurs rap-
ports mutuels, d'abord dans les végétaux, dont l'organisation étant plus
simple que celle des animaux, présente par conséquent moins de diffi-
cultés dans l'étude de la question. Le principe précédemment exposé est
celui qui va encore être invoqué.
» Lorsque deux dissolutions ou liquides différents sont séparés par des
espaces capillaires, tels que membranes, tissus, etc., il en résulte des effets
électro-chimiques qui dépendent de l'étendue de ces espaces et de la nature
des liquides, effets qui continuent sans interruption, tant que les espaces
capillaires n'éprouvent aucun changement et que les liquides sont sans
cesse renouvelés par la circulation de la sève. La vie vient-elle à cesser, les
tissus se relâchent, l'imbibition commence, le mélange des liquides s'effectue
et la décomposition finit par être complète.
» La question n'est pas encore assez avancée pour essayer de reproduire,
à l'aide de ce principe, quelques-uns des composés les plus simples qui se
forment dans l'acte de la végétation ; on s'est borné à indiquer les faces des
tissus sur lesquelles s'opèrent des oxydations et des réductions.
» Le corps ligneux se compose d'un nombre considérable de cônes em-
boîtés l'un dans l'autre, et qui, coupés transversalement, offrent autant de
couches concentriques. D'après les observations de Dutrochet, chacune
des couches est formée de deux parties principales : i° d'une zone de tissu
arrondi, situé du côté intérieur; 2° d'une zone de fibres ou de faisceaux, et
de cellules allongées situées du côté extérieur.
» La couche la plus intérieure ou la plus ancienne constitue la moelle;
une zone de moelle sépare donc deux zones de fibres de deux années suc-
cessives.
» Les couches ligneuses qui se trouvent entre la moelle centrale et l'é-
corce constituent le bois proprement dit.
» Le système cortical a la même organisation que la partie centrale du bois,
si ce n'est qu'elle est en sens inverse; il est formé effectivement de couclies
ayant chacune une zone fibreuse à l'intérieur, et une zone cellulaire à l'ex-
térieur. En un mot, dans le corps de l'arbre, la moelle est au centre, et dans
l'écorce, le parenchyme, qui est formé également de tissu cellulaire, occupe
la partie extérieure C'est là le point essentiel pour mes recherches, n'ayant
( 727 )
nullement l'intention d'entrer dans l'examen très-compliqué de l'organi-
sation de l'écorce et du ligneux.
» A cette inversion dans l'organisation correspondent des effets électri-
ques inverses, comme je l'ai déjà fait voir.
» Les principaux résultats obtenus anciennement par moi ont été vérifiés,
étendus, discutés, sous le point de vue des effets électro-capillaires; on a
opéré comme il suit : on prend une coupe transversale faite sur une tige d'un
jeune peuplier, de chêne ou d'érable en pleine sève; on introduit deux
aiguilles de platine non polarisées, et en rapport avec un galvanomètre
très-sensible, l'une dans la moelle centrale, l'autre dans l'une des enveloppes
on couches ligneuses; il se manifeste aussitôt un courant électrique, dont
la direction indique que la moelle est toujours positive relativement aux
autres parties. On a le maximum d'effet quand la seconde aiguille est pla-
cée ensuite entre le ligneux et l'écorce. L'état positif des couchesva en aug-
mentant jusqu'à la moelle.
» En expérimentant sur l'écorce dont on a enlevé l'épiderme, on trouve
de même que le parenchyme, qui est analogue à la moelle et qui se trouve
à l'extérieur, est positif comme cette dernière l'est relativement aux autres
parties.
» On peut donc admettre en principe que, dans les végétaux, le tissu
cellulaire est toujours positif dans son contact avec les couches contigués;
de là les conséquences suivantes :
» i° Le liquide qui humecte la moelle et en général le tissu cellulaire est
plus oxygéné que celui qui se trouve dans les autres parties du végétal.
» i" D'après les observations de M. Dutrochet, une zone de moelle sépa-
rant deux zones de fibres de deux années consécutives et la première étant
toujours positive à l'égard des deux autres, il en résulte que les deux faces
de la moelle sont les pôles négatifs, et les faces contigués des couches
ligneuses les pôles positifs de deux couples accolés pour ainsi dire l'un à
l'autre.
» D'après les principes précédemment exposés, les éléments aqueux du
ligneux tendent sans cesse à s'oxyder aux dépens de l'oxygène ou des com-
posées oxygénés qui arrivent sur la face qui est positive, tandis que les
éléments du tissu cellulaire, du moins du liquide qui l'humecte, tendent
sans cesse à se désoxyder, à cause des principes hydrogénés qui arrivent
sur leur face extérieure, qui se comporte comme le pôle négatif d'un
couple.
» Les feuilles sont les principaux organes de l'évaporation aqueuse, de
95..
( 7*8 )
la décomposition des gaz et des sucs, et par conséquent de la nutrition; leur
squelette est formé d'un tissu fibreux, l'intervalle des nervures des diffé-
rents ordres est rempli de tissu cellulaire qui constitue le parenchyme.
L'expérience démontre encore que le tissu cellulaire est positif par rapport
aux autres parties. On indique dans le Mémoire un procédé très-simple à
l'aide duquel il est possible de se rendre compte des altérations qu'éprouve
la sève qui remplit le parenchyme, au contact de l'air.
» L'expérience démontre que, dans la réaction de la sève qui a été
oxydée à l'air, sur celle qui se trouve dans le parenchyme de la feuille, la
première prend l'électricité négative, la seconde l'électricité positive,
comme, on devait s'y attendre ; le même procédé peut servir à étudier les
altérations rapides que peuvent éprouver, au contact de l'air, les divers
liquides qui se trouvent dans les végétaux. Mais si l'on veut se rendre
compte des changements que la sève peut éprouver dans son parcours, de-
puis l'instant où elle entre par les spongioles dans les racines, il faut voir
quels sont les rapports électriques qui existent entre le liquide qui humecte
le sol et celui qui se trouve dans les racines.
» Les racines sont terminées par des spongioles formées d'un tissu cellu-
laire très-serré et composé de cellules arrondies ou ovales et qui a une
grande tendance à absorber les liquides avec lesquels les racines sont en
contact. Ces dernières, à cause de leurs spongioles, se trouvent dans les
conditions voulues pour que le phénomène capillo-électrique ait lieu avec
une certaine intensité.
» De nombreuses expériences faites sur divers végétaux prouvent que la
terre est toujours positive par rapport aux racines, à la tige et aux feuilles,
c'est-à-dire par rapport aux liquides qui les humectent ou qui se trouvent
dans leurs tissus. On voit par là que l'eau du sol et les substances qu'elle
tient en dissolution sont plus oxygénées, avant d'entrer dans les racines par
les spongioles, que les liquides qui s'y trouvent introduits : la face de ces
spongioles en contact avec la terre est donc le pôle négatif du couple électro-
capillaire, et la face opposée, du côté des racines, le pôle positif; c'est de ce
côté où s'opère probablement l'oxydation, qui serait le premier degré d'éla-
boration de la sève.
» J'ai étudié ensuite les effets électriques dans les racines tubéreuses,
comme la pomme de terre, la carotte, etc., etc. On trouve également
la terre positive à l'égard des parties intérieures du tubercule, et dans
leurs tissus intérieurs les mêmes effets électriques que dans les tiges des
végétaux.
( 729 )
» La pomme de terre paraît avoir une organisation régulière: on y dis-
tingue à la loupe un épidémie, une zone cellulaire analogue à l'écorce,
quelques vaisseaux épars représentant le ligneux, une masse cellulaire
formant la plus grande partie du tubercule et que l'on compare à la moelle
des tiges; on y distingue enfin plusieurs couches concentriques dont les ru-
diments seulement sont sensibles. Chacune de ces parties, dans leur con-
tact mutuel, possédant une électricité contraire, leur composition chimique
ne doit pas être la même. On trouve que la partie extérieure du tubercule
est toujours positive à l'égard des parties intérieures.
» Ces effets sont inverses de ceux que l'on obtient avec des tiges de végé-
taux dicotylédones, puisque la moelle qui est au centre est positive par rap-
port aux couches ligneuses; sous le rapport électrique elle paraît avoir la
même organisation que l'écorce.
» Les cellules qui contiennent les grains de fécule participent à cet état
électrique, du moins les liquides qui s'y trouvent. Celles qui sont les plus
rapprochées du centre sont les moins positives; ainsi, de deux cellules con-
tigués, celle qui est la plus rapprochée du centre est négative par rapport
à l'autre; la surface intérieure de la cellule la plus près du centre est le pôle
positif, et l'autre le pôle négatif. Les produits oxydés sembleraient donc
augmenter en s'éloignant de la surface.
» Tels sont les effets d'oxydation et de réduction observés jusqu'ici dans
l'intérieur des végétaux, sous l'influence des actions électro-capillaires. Ces
effets sont autant de points de repère auxquels devront se rattacher les
expériences faites dans le but d'étudier la formation de divers composés
dans les tissus des végétaux sous l'influence de ces actions. »
CHIMIE AGRICOLK. — Sur la répartition de la potasse et de la soude dans les
végétaux ; pur M. Eue. Pemgot.
« Les plantes empruntent au sol diverses matières minérales et y laissent
d'autres substances qui, bien qu'aussi abondantes, échappent à la faculté
d'assimilation des végétaux. La restitution à la terre, cpii les a fournies, des
matières qui concourent au développement des plantes est aujourd'hui le
but des efforts de tons les agriculteurs.
» La science moderne nous a conduit à placer ces matières au nombre
des principes nutritifs des végétaux. Guidé par l'analyse du résidu laissé par
leur incinération, Th. de Saussure a établi le premier qu'il existe dans le
sol fertile un certain nombre de produits minéraux qui, de même que les
( 73o)
éléments organiques, le carbone, l'hydrogène, l'oxygène et l'azote, sont
nécessaires à l'existence de tout le règne végétal. Ces produits ne se trouvent
pas accidentellement et comme par hasard dans les différentes parties des
plantes, ainsi qu'on l'admettait avant lui.
» La justesse des ces vues a été confirmée par les travaux très-nombreux,
bien qu'encore incomplets, qui ont été faits dans cette voie depuis un demi-
siècle; l'analyse des cendres fournies par les végétaux est devenue l'une des
branches les plus importantes de la chimie agricole.
» Au nombre de ces principes minéraux se trouvent les alcalis, la po-
tasse et la soude. On admet que ces deux bases existent l'une et l'autre dans
les plantes sous forme de sels à acides minéraux ou organiques; elles s'y
trouvent inégalement réparties, la potasse étant presque toujours plus
abondante que la soude. Comme ces deux corps agissent parallèlement
dans un grand nombre de phénomènes chimiques dans lesquels la potasse
peut remplacer la soude et celle-ci la potasse, on a élé conduit à ne pas
les séparer dans le rôle qu'on leur attribue pour le développement des
végétaux.
» Cette opinion est-elle fondée? Repose-t-elle sur des faits bien observés?
Les deux alcalis peuvent-ils se remplacer mutuellement dans les phéno-
mènes agricoles comme dans la plupart des phénomènes chimiques? Ont-
ils la même efficacité, la même valeur dans le sol et dans les engrais? Je me
suis proposé de répondre à ces questions, dont l'importance n'échappera à
personne, en soumettant à une étude attentive la répartition de la potasse
et de la soude dans un grand nombre de plantes et dans les différentes par-
lies d'une même plante.
» En ce qui concerne la potasse, cette recherche ne pouvait conduire à
aucun résultat nouveau. Le nom d'alcali végétal, que les anciens chimistes
avaient assigné à ce corps, donne une idée précise de son origine indus-
trielle et se trouve justifié par sa présence dans les diverses parties de tous
les végétaux. Abondante dans les racines, on retrouve la potasse en propor-
tion relativement plus grande à l'autre extrémité de l'échelle végétale, dans
les graines. Des éléments minéraux qui. avec elle, concourent le plus effi-
cacement à la vie des plantes, l'acide phosphorique, la magnésie et la chaux,
c'est celui qu'on trouve dans la proportion la moins variable dans leurs
différentes parties.
« Il en est tout autrement de la soude. On admet généralement la pré-
sence de cette base dans les racines auxquelles on attribue la faculté d'em-
prunter au sol la plupart des éléments solubles qu'il renferme. Plusieurs
( 73' )
plantes, qui se plaisent particulièrement dans les terrains salés, fournissaient
autrefois à l'industrie toute la soucie qu'elle consommait. Mais en ce qui
concerne, l'ensemble delà production végétale, les analyses de cendres exé-
cutées depuis une trentaine d'années, si nombreuses qu'elles soient, laissent
indécises les questions que je viens d'énoncer.
» En effet, si l'on consulte les analyses de cendres végétales exécutées,
pour la plupart, par les chimistes allemands qui ont cherché à établir les
relations qui peuvent exister entre le sol, les engrais et la nature des prin-
cipes minéraux absorbés par les plantes, il semble que toutes les parties
des végétaux fournissent des cendres plus ou moins riches en soude. Ainsi,
sans parler des racines, diverses espèces de bois, notamment le hêtre, le
pin sylvestre, le mélèze; les tiges des pois, du colza, du lin, du froment;
la canne à sucre; les feuilles du tabac, du trèfle, du noyer, du houblon;
les graines du froment, du colza, des pois, du chèuevis, du lin, de la ga-
rance; les pommes de terre, etc., contiendraient, d'après les recherches de
divers auteurs dont il n'est pas utile de rappeler les noms, des proportions
notables de soude. Mais plusieurs de ces résultats sont en contradiction
av_ec ceux qui ont été obtenus par d'autres chimistes. Ainsi, M. Rammels-
berg, dans un travail sur la distribution fies substances inorganiques dans
les différentes parties des plantes, n'a pas trouvé de soude dans les graines
des pois et du colza, bien qu'il admette l'existence de ce corps dans les
tiges de ces plantes. M. Wolf a constaté aussi que le fruit du marronnier
d'Inde fournit des cendres qui ne contiennent d'autre alcali que la potasse.
Enfin plusieurs chimistes, et parmi les plus autorisés, Berthier et M. Bous-
singault, se sont abstenus le plus souvent d'effectuer la séparation de la
potasse d'avec la soude, désignant prudemment sous le nom d'alcalin le
résidu qu'ils dosaient par différence, après la séparation des autres sub-
stances que les cendres renfermaient.
» Ainsi ces appréciations sont, en général, basées sur des données
insuffisantes et incertaines; elles sont presque toujours le résultat de
dosages indirects dans lesquels la soude est déterminée par différence.
En laissant de côté, d'une part les plantes telles que la salicorne et les
diverses variétés de salsola qui, depuis un temps immémorial, fournissent
à l'industrie la soude dite naturelle, et, d'autre part, la betterave, dont
le salin renferme, comme on sait, une très-notable proportion de sels de
soude, et qui appartient d'ailleurs à la même famille botanique, aucune
expérience directe n'a été faite, à ma connaissance, dans le but d'éta-
blir la présence de cet alcali dans les cendres des végétaux. La plupart
( 7^ )
des chimistes qui se sont occupés de ces questions n'ont pas mis en doute
que ce corps dût nécessairement s'y trouver en même temps que la
potasse; on ne s'est pas assez arrêté à l'idée que la soude pouvait ne pas
se rencontrer dans les plantes, bien qu'elle existe dans le sol et dans les
engrais.
» On sait que pour doser la potasse et la soude des cendres, on lait
usage d'un procédé d'analyse par différence qui consiste à peser ces deux
corps à l'état de sulfates et à séparer sous forme de sulfate de baryte
l'acide sulfurique qu'ils contiennent. Ces deux éléments permettent de
calculer, au moyen d'une formule bien connue, le poids de chacun des
alcalis.
» Or, si ce mode de dosage donne des résultats exacts quand les sulfates
sont bien purs et bien neutres, il n'en est pas de même lorsque ces sels
renferment une petite quantité de magnésie ou de chaux. On sait que la
séparation complète de la magnésie d'avec la potasse et la soude est une
opération fort difficile : l'emploi de l'acétate ou de l'azotate de baryte pour
précipiter l'acide des sulfates alcalins est aussi une cause d'erreur bien
connue. Comme l'équivalent chimique de la magnésie est relativement très-
faible, et comme toute quantité d'acide sulfurique supérieure à celle que
doit renfermer le sidfate de potasse se traduit , par le calcul , en une pro-
portion souvent imaginaire de sulfate de soude, ces causes d'erreur
amènent dans l'interprétation des résultats une grande perturbation, et
conduisent à admettre la présence de la soude dans un résidu consistant
en sulfate de potasse, lorsqu'il renferme en très-petite quantité soit de
l'acide sulfurique, soit du sulfate de magnésie.
» En raison de ces difficultés, je me crois autorisé à énoncer cette pro-
position, que dans les cendres des végétaux on a très-souvent déterminé la
proportion d'un corps qui n'y existe pas. Aussi, quoique la quantité de
soude se trouve spécifiée dans un grand nombre d'analyses, on ne peut en
conclure, dans mon opinion, que ce corps s'y rencontre réellement, les
auteurs ayant négligé de s'assurer préalablement de sa présence au moyen
d'expériences directes, qui sont à la vérité d'une exécution longue et difficile.
On sait que la soude a toujours été l'une des substances les plus difficiles
à reconnaître, attendu qu'elle ne possède presque aucun de ces caractères
tranchés qui servent à constater la présence des autres éléments minéraux.
>' Le désir d'arriver à des résultats moins incertains m'a fait entre-
prendre ce travail, dont le but est simplement de constater la présence ou
l'absence de la soude dans les cendres des végétaux.
( 733 )
» Cette recherche ne peut se faire utilement qu'autant que les plantes
sont incinérées à une température peu élevée, afin d'éviter la volatilisation,
même partielle, des alcalis qu'elles peuvent contenir. 11 est en outre néces-
saire de brûler une assez forte quantité de la plante à examiner, la recher-
che de la sonde étant d'autant plus difficile qu'on dispose d'une moindre
quantité de matière. Pour les bois, on en brûle plusieurs gros morceaux
dans un poêle en fonte; l'incinération du blé et des autres graines est
longue et. difficile, surtout quand on opère, comme je l'ai fait, sur 200 à
5oo grammes; plusieurs fois j'ai dû hâter par l'emploi de l'acide sulfurique
ou du nitre la destruction très-lente de la matière charbonneuse. Les
feuilles et les tiges des plantes sont facilement brûlées dans un petit four-
neau en terre dont on supprime la grille et dont le cendrier reçoit un jet
de gaz enflammé. Le résidu charbonneux qu'on obtient ainsi est ensuite
plus complètement incinéré dans une capsule de platine qu'on chauffe à
l'entrée d'un moufle.
» Traitées par l'eau, les cendres laissent un résidu qu'on sépare par fil—
tration d'avec la partie soluble qui renferme les sels alcalins.
» La recherche de la soude a été faite par diverses méthodes : celle à
laquelle j'ai donné la préférence consiste à ajouter à la lessive alcaline un
excès d'eau de baryte qui précipite les acides qu'elle contient sous forme de
carbonates, de sulfates et de phosphates alcalins. Aprèsavoir séparé parfiltra-
tion le précipité barytique, on fait passer dans la dissolution un courant
d'acide carbonique qui sépare la baryte en excès, sauf une petite quantité
qui reste dissoute à la faveur de l'excès d'acide carbonique; celle-ci se sé-
pare à son tour quand la liqueur est soumise à une évaporation partielle.
» Après une nouvelle filtration, on sursature la liqueur par l'acide azo-
tique, et on la concentre de manière à obtenir sous forme d'azotate cristal-
lisé la plus grande partie de la potasse contenue dans les cendres. L'azotate
de soude, qui est, comme on sait, beaucoup plus soluble, se trouve dans
l'eau mère qui accompagne les cristaux de nitre. C'est donc dans celle-ci
que la soude doit être cherchée.
» Dans ce but, cette liqueur est traitée par l'acide sulfurique. Le résidu
provenant de son évaporation est fortement calciné, de manière à avoir les
sulfates à l'état neutre. On reprend par l'eau et on sépare à l'état cristallisé
la majeure partie du sulfate de potasse ; l'eau mère qui reste après la sépa-
ration de ces cristaux est abandonnée à l'évaporation spontanée : si les cen-
dres sont exemptes de soude, elle fournit des prismes transparents de sul-
C. R., 1867, a« Semestre. (T. LXV, N° 19.) 9,b'
( 7^4 )
fate de potasse; dans le cas contraire, le sulfate de soude, qui cristallise en
dernier, apparaît sous forme de cristaux qui s'effleurissent peu à peu et
qui, par leur aspect mat et farineux, se distinguent facilement d'avec les
cristaux limpides de sulfate de potasse. Quelquefois la soude a été cherchée
dans le résidu insoluble dans l'eau; elle pouvait, en effet, s'y rencontrer
sous forme de silicate. Pour l'en séparer, on a fait usage d'acide sulfurique
concentré qu'on a ensuite séparé par l'eau de baryte. Le résultat a toujours
été négatif.
» Ces procédés peuvent donner lieu à une sérieuse objection, On peut se
demander s'il n'existe pas un ou plusieurs sulfates doubles de potasse et
de soude, se produisant dans ces conditions et donnant, comme le sulfate de
potasse, des cristaux non efflorescents. On sait que des sels doubles de cette
nature ont été signalés par plusieurs chimistes, notamment par M. Penny,
par M. Hauer et par M. Grandeau. La forme cristalline de ces composés,
pour lesquels on n'est pas bien certain que la substitution d'une base à
l'autre se fasse toujours suivant des proportions définies, a été soigneuse-
ment déterminée par M. Des Cloizeanx. Cette forme est hexagonale, tandis
que le sulfate de potasse pur présente toujours la forme rhombique à deux
axes optiques.
» J'ai fait, pour répondre à cette objection, un grand nombre d'essais syn-
thétiques en mélangeant le sulfate de potasse avec du sulfate de soude dans
des proportions variées. Toutes ces dissolutions, soumises à des cristallisa-
tions successives, ont fourni des cristaux efflorescents par l 'évapora tion
spontanée des eaux mères. J'ai constaté qu'un mélange de sulfate de
potasse et de sulfate de soude ne renfermant que 2 pour 100 de ce dernier
sel donne encore dans ses dernières portions le caractère de l'efflorescence
d'une façon sensible. J'ajouterai que les sulfates doubles de potasse et de
soude se produisent dans des conditions exceptionnelles, tellement rares
que M. Des Cloizeaux a eu beaucoup de peine à s'en procurer quelques
échantillons. C'est surtout lors de la cristallisation des sulfates en présence
d'une liqueur alcaline contenant du carbonate de potasse et du carbonate
de soude que ces sels ont été quelquefois obtenus. Ces conditions se trou-
vent réalisées dans les usines où l'on raffine les potasses provenant dis
salins de betteraves.
» Je ne prétends pas, d'ailleurs, être arrivé par cette méthode à des résul-
tats d'une précision absolue. Il n'est pas impossible qu'une très-petite quan-
tité de soude qui représenterait quelques millièmes du poids des cendres
échappe à ce mode d'investigation. Néanmoins, l'accord des résultats qui'
( 735 )
j'ai obtenus avec ceux qui résultent de l'emploi de deux autres méthodes que
j'ai employées également m'inspire quelque confiance sur sa valeur relative.
» L'une de ces méthodes consiste à saturer par l'acide chlorhydrique la
liqueur qui a été soumise au traitement barytique, à précipiter la potasse
sous forme de chlorure double de platine et de potassium, et à laver le
précipité au moyen de l'alcool additionné d'éther. La dissolution, évaporée
et légèrement calcinée, ne laisse aucun résidu autre que le platine, quand
les cendres ne contiennent pas de soude.
» L'autre procédé, qui donne des résultats satisfaisants, mais dont l'exé-
cution est longue, est une application de la méthode des dissolvants qu'on
doit à M. Chevreul. Après avoir séparé par cristallisation la plus grande
partie de l'azotate de potasse provenant du traitement des cendres par l'eau
de baryte, l'acide carbonique, etc., on fait cristalliser la totalité de l'eau
mère qui accompagne ce sel, et l'on traite ce résidu par une quantité d'eau
froide insuffisante pour dissoudre toute la matière saline. Cette dissolution
saturée est pesée, puis abandonnée à l'évaporation spontanée; elle fournit
un poids de nitre qu'on compare à celui que donne, dans les mêmes con-
ditions de température, une dissolution saturée de nitre pur. Si le poids
est le même, on peut admettre que la première dissolution ne contenait
que du nitre et que les cendres étaient exemptes de soude.
» En employant ces divers procédés, je crois avoir constaté que la cendre
fournie par l'incinération de la plupart des végétaux est exempte de soude.
» Les produits que j'ai examinés ont été pris d'abord un peu au hasard;
j'ai étudié des végétaux usuels que j'avais sous la main. Plus lard, j'ai eu re-
cours à l'obligeance de notre confrère M. Decaisne, qui m'a guidé dans
le choix des plantes dans lesquelles la soude semblait devoir plus particu-
lièrement se rencontrer, et qui a mis à ma disposition un certain nombre
d'échantillons provenant des cultures du Muséum.
» Je n'ai pas trouvé de soude dans les cendres provenant des produits
végétaux qui suivent :
» Le blé (grain et paille, examinés séparément); l'avoine (idem); la
pomme de terre (tubercules et tiges) ; les bois de chêne et de charme ; les
feuilles de tabac, de mûrier, de pivoine, de ricin; les haricots; le souci des
vignes ; la pariétaire ; la Gypsophila pubescens; le panais (feuilles et racines).
» L'examen des cendres de cette dernière plante montre que l'idée qu'on
se fait du pouvoir absorbant des racines pour tous les produits solubles
contenus dans le sol est erronée. On ne peut objecter que le terrain dans
lequel elle a été cultivée ne renferme pas de soude, car on a récolté à côté
96..
( 736)
de ces panais quelques-unes des plantes riches en soude que j'ai maintenant
à mentionner.
» Ces plantes appartiennent presque toutes à la même famille, celle
des Alriplicées ou des Chénopodées. C'est un fait remarquable, et qui té-
moigne en faveur des caractères qui ont guidé les botanistes dans la classi-
fication de ces plantes. En effet, les cendres de l'arroche, de Y Alriplex hns-
lata, du Chenopoilium murale, de la tétragone, renferment une notable
quantité de soude. Ces cendres sont très-fusibles, ce corps s'y rencontrant
surtout sous forme de sel marin.
» Néanmoins, cette concordance entre la classification botanique et la
présence de cet alcali n'a rien d'absolu; car j'ai vainement cherché la soude
dans le Cheno/iodium Quinoa et dans les épinards, qui appartiennent à la
même famille.
» La betterave fait partie du même groupe botanique : c'est une plante
littorale, de la famille des Atriplicées. On sait que les salins bruts de bette-
raves sont riches en sels de soude. Les feuilles de cette plante en contiennent
aussi une grande quantité.
» La mercuriale et la zostère, qui appartiennent à d'autres familles, ren-
ferment également de la soude. 11 en est de même des diverses espèces de
fucus qui fournissent la soude de varech. On sait que ce produit, malgré
son nom, est surtout formé de sels de potasse. Rien ne prouve mieux assu-
rément la préférence que les plantes accordent à la potasse, que l'existence
d'une quantité prédominante de cette base dans des plantes qui vivent dans
l'eau de mer, dans un milieu très-riche en soude et très-pauvre en sels
de potasse. Si on pouvait arriver à séparer de ces plantes l'eau salée qui
les baigne et qu'elles ont absorbée pour ainsi dire mécaniquement, on arri-
verait peut-être à établir que la soude ne se trouve pas au nombre des
principes minéraux localisés par les organes de ces plantes.
» Quoi qu'il en soit, je conclus de l'ensemble de ces expériences que la
soude est beaucoup moins répandue dans le régne végétal qu'on ne le sup-
pose généralement. Son rôle y est fort limité; il n'est nullement comparable
à celui de la potasse. Il me parait impossible d'admettre désormais que l'une
de ces bases peut remplacer l'autre. Il semble, au contraire, qu'à l'excep-
tion d'un petit nombre de plantes qui se plaisent au bord de la mer et dans
les terrains salés, les végétaux ont pour la soucie une indifférence, je dirai
même une antipathie dont il faut grandement tenir compte dans le choix
du sol, des engrais, des amendements et des eaux qui doivent concourir à
leur développement.
( 7^7 )
» Je n'ai pas besoin de faire remarquer que cette opinion ne concerne
que le sel marin et le sulfate de soude : je ne mets pas en doute l'efficacité
de l'azotate et du phosphate de soude; mais ces corps n'agissent qu'en rai-
son de l'action fertilisante de l'acide qu'ils renferment.
» Quelle est la cause de cette répulsion? Pourquoi la soude est-elle dé-
laissée par les végétaux qui absorbent les sels de potasse et de magnésie
qui l'accompagnent dans le sol? Est-ce parce que les sels de soude y
seraient moins abondants? Cette explication n'est pas acceptable, car tous
les engrais d'origine animale et la plupart des engrais artificiels contiennent
une notable quantité de sel marin. C'est presque toujours sous cette forme
que la soude se rencontre dans le sol ou dans les engrais. Est-ce à la sta-
bilité du chlorure de sodium, à son inertie pour former des composés nou-
veaux, qu'il faut attribuer le rôle négatif qu'il joue dans les phénomènes
de la végétation ? Cela est plus vraisemblable ; car je suis disposé à croire que
c'est presque toujours sous forme de sel marin que la soude pénètre dans
les plantes.
» Plusieurs importantes questions agricoles, depuis longtemps débattues,
recevront peut-être de cette étude quelques-uns desélémentsqui manquaient
à leur élaboration. Je demande à l'Académie la permission de les énumérer
brièvement.
» Je parlerai d'abord de l'emploi du sel comme engrais. La question de
savoir si le sel est nécessaire à l'agriculture, en dehors de son emploi comme
condiment pour l'entretien du bétail, est une de celles qui ont donné nais-
sance aux expériences les plus anciennes, les plus nombreuses, et, on peut
ajouter, les plus contradictoires. A une époque peu éloignée de nous, il sem-
blait que la suppression ou la diminution de l'impôt qui frappe cette ma-
tière première devait être pour notre agriculture une nouvelle et inépuisable
source de prospérité. A l'appui de cette thèse, qui s'étayait sur des consi-
dérations auxquelles la politique était moins étrangère que la science, on
citait l'exemple des agriculteurs anglais, qui, ayant à leur disposition le sel à
bon marché, s'en servaient avec avantage, disait-on, pour l'amélioration de
leurs terres. Un Rapport lumineux, publié en i85o par M. Milne Edwards, a
fait justice de ces exagérations.
» Depuis cette époque on a consulté l'expérience. Celle-ci a quelquefois
répondu conformément aux désirs ou aux intérêts des expérimentateurs.
Plus souvent les résultats ont été négatifs. Il a été même constaté qu'au
delà d'une quantité très-limitée, l'addition du sel soit à la terre, soit aux
engrais, exerce un effet plutôt nuisible qu'utile. Des faits observés par
( 738 )
M. Becquerel ont mis en évidence son action désastreuse sur la germination
des plantes.
» D'autres essais, à la vérité, ont donné des résultats favorables à l'em-
ploi du sel comme engrais. Mais on peut se demander si ces bons résultats
ne sont pas dus plutôt aux matières qui accompagnent ce corps qu'au sel
lui-même, c'est-à-dire au chlorure de sodium. Ainsi, tout le monde sait que
le sel brut renferme toujours des sels de magnésie. Or, si l'efficacité des sels
de soude me parait douteuse, il n'en est pas de même de la valeur agricole
des composés magnésiens. Contrairement aux opinions qui ont été long-
temps en faveur sur le rôle delà magnésie dans les phénomènes de la végé-
tation, je considère cette base comme nécessaire au développement des
corps organisés au même titre que l'acide phosphorique et la potasse. Elle
s'accumule, en effet, en grande quantité dans les œufs des animaux, dans
les graines des plantes, à l'exclusion même de la chaux qui ne s'y rencontre
qu'en faible proportion, et qui, pour les plantes, paraît surtout utile au dé-
veloppement des feuilles. Je suis même disposé à attribuer à la magnésie une
bonne partie des avantages que l'emploi de la chaux ou de la marne procure
à certaines terres dans lesquelles, bien que l'élément calcaire y existe déjà en
abondance, les composés magnésiens qui font défaut peuvent être apportes
par l'adjonction de ces amendements cpii renferment toujours une petite
quantité de carbonate de magnésie.
« Ces considérations s'appliquent, à plus forte raison, aux résidus prove-
nant des salines dvi Midi, dont l'effet utile serait dû exclusivement aux sels
de potasse et de magnésie qu'ils renferment, et aussi aux nouveaux engrais
salins des mines de Stassfurt, dont les agriculteurs allemands consomment
actuellement des quantités considérables.
» Il en est de même pour l'engrais humain. Je ne suis pas de ceux qui
n'attribuent qu'à un préjugé, qu'à une ignorance traditionnelle la préfé-
rence que les agriculteurs de tous les temps et de tous les pays accordent
aux déjections des animaux herbivores, au fumier de ferme. Bien que l'en-
grais humain soit le plus ancien, le plus simple, le moins coûteux de tous
les engrais, on en est encore à discuter son efficacité. Comme il contient
une forte dose de sel marin, si les faits que je viens d'exposer sont exacts,
on peut se demander si son usage prolongé ne doit pas avoir pour résultat
de ruiner la terre au bout d'un certain nombre de récoltes qui, en ahsor-
bant les matières fertilisantes, y laissent le sel marin. Or celui-ci, accumulé
dans le sol, exerce sur la végétation un effet nuisible.
» On sait combien l'emploi de l'engrais flamand est considérable dans
( 7^9 )
nos départements du Nord et en Belgique. Il semble donc que si l'opinion
que je viens d'énoncer est fondée, l'agriculture de ces contrées, jusqu'ici
prospère, aurait à subir, à une époque plus ou moins éloignée, un mouve-
ment rétrograde. Les symptômes de ce mouvement se feraient déjà sentir,
au dire d'un certain nombre d'agriculteurs du Nord, en ce qui concerne
la qualité des betteraves, qui contiendraient aujourd'hui moins de sucre
qu'elles n'en renfermaient autrefois et qu'elles n'en contiennent quand
elles viennent d'autres localités qui ne font pas usage du même engrais.
J'ajoute que, dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, bon
nombre de fabricants de sucre imposent au cultivateur l'obligation de ne
pas fumer avec cet engrais les terres qui lournissent les betteraves qu'ils
leur achètent.
» Je dois, d'ailleurs, placer ici une remarque bien curieuse: c'est la coïn-
cidence qui existe dans le nord de la France, en "Belgique et en Allemagne,
entre la culture de la betterave et l'emploi d'engrais chargés de sel marin,
comme sont l'engrais humain et les résidus des mines de Stassfurt. La bet-
terave est précisément une plante d'une nature exceptionnelle, originaire
des bords de la mer, c'est-à-dire de terrains chargés de sel marin. Aussi,
elle se prête mieux au régime de ces engrais qu'aucune autre plante culti-
vée; elle présente même cet avantage considérable de débarrasser le sol
d'un trop grand excès de chlorure de sodium, de le nettoyer, pour ainsi
dire, de manière à le rendre propre à d'autres cultures qu'on demande,
d'ailleurs, dans le Nord, à d'autres engrais, notamment aux tourteaux et au
fumier. La proportion de soude qui existe dans les salins bruts extraits des
mélasses de betteraves varie notablement, en raison même de la nature des
engrais; ainsi, d'après les analyses de M. Corenwinder, les salins qui vien-
nent du département du Nord contiennent en moyenne l\o pour ioo envi-
ron de sel marin et de carbonate de sonde; ceux de l'Aisne et d'Allemagne
3o pour ioo; tandis que ceux qui proviennent des betteraves du départe-
ment du Puy-de-Dôme, dont le terrain est riche en potasse et pauvre en
soude, ne contiennent que i5 pour ioo de ces mêmes sels et sont, par
conséquent, bien préférables pour l'extraction de la potasse qu'ils renfer-
ment en proportion beaucoup plus grande.
» J'ajoute cpi'il est généralement admis que, dans les mêmes condi-
tions de culture, les betteraves dont les cendres contiennent le plus de
soude sont celles qui contiennent le moins de sucre. Ce sont aussi celles
qui en fournissent le moins au fabricant; car les observations que j'ai
faites il y a longtemps sur les combinaisons du sucre avec les chlorures
( 74o )
alcalins ont établi combien ces composés sont nuisibles à l'extraction du
sucre.
» En résumé, si les engrais contenant une forte proportion de sel marin,
employés avec discrétion et discernement, sont avantageux pour la culture
de la betterave, si même ils sont utiles dans quelques cas pour entretenir
dans le sol un degré convenable d'humidité et pour faciliter l'absorption de
quelques principes fertilisants, il ne me semble pas prudent d'en trop
généraliser l'emploi. Ce n'est peut-être pas sans raison que les déjections
humaines qu'on transforme en poudrette sont soumises à des manipula-
tions incommodes, coûteuses, qui nous semblent barbares, en raison des
pertes de matière fertilisante qu'elles entraînent. Ces opérations ont, en dé-
finitive, pour résultat d'en séparer la plus grande partie des composés
solubles et, avec eux, le sel marin.
» Sous ce rapport, on peut aussi se demander si les eaux impures et salées
qui sortent des égouts des villes ont bien toute la valeur agricole qu'on
s'accorde aujourd'hui à leur attribuer. Sans doute, si les terrains qu'elles
doivent arroser sont très-étendus, si leur perméabilité et celle de leur sous-
sol est suffisante, si les cultures sont variées, ces engrais liquides doivent
fournir d'abondantes récoltes; mais si ces conditions ne sont pas remplies,
il faut compter avec le sel et redouter pour l'avenir l'influence de son accu-
mulation, malgré les apparences d'inépuisable fertilité qui résulteraient
d'abord de l'emploi de ces nouveaux engrais. »
PALÉONTOLOGIE ANATOM1QUE. — De t 'ostéograpliie du Mesotherium, et de
ses affinités zoolocjujues : membre antérieur; par M. Serres. (Sixième
Mémoire. )
« Dans la considération des appareils locomoteurs des Mammifères, on
est inévitablement entraîné vers la répétition des parties qui les constituent.
Ainsi, en dehors de toute hypothèse, l'épaule est l'analogue du bassin, le
bras répond à la cuisse, l'avant-bras correspond à la jambe, et, dans la
composition de la main et du pied, le carpe est l'analogue du tarse, le mé-
tacarpe est l'analogue du métatarse, et les phalanges, qui portent le même
nom aux deux extrémités, résument en elles le plan de conformité d'après
lequel ont été construits les appareils de la locomotion. De cette confor-
mité elle-même, découlent à leur tour les analogies plus ou moins accen-
tuées des autres appareils organiques, que la locomotion met en jeu.
» Mais les deux extrémités prennent-elles une part égale dans cette fonc-
( 74i )
tion si importante chez les animaux? Nullement : l'une, la postérieure, ser-
vant de point d'appui et d'impulsion dans les grands mouvements, est soli-
dement fixée au sacrum; l'autre, l'antérieure, plus spécialement affectée à
la mobilité, est libre et suspendue au milieu des muscles chez les Mammi-
fères privés de clavicule, et simplement articulée au haut du sternum chez
les clavicules. De là des modifications essentielles, dans l'exécution du plan
de conformité des membres antérieurs et postérieurs, et des différences
essentielles aussi dans les parties actives de la locomotion.
» Aristote avait déjà signalé les rapports généraux qu'avaient entre elles
les deux paires de membres. Galien, si absolu dans l'usage des parties qui
constitue la physiologie moderne, sans rejeter entièrement leur répétition
dans Jes deux extrémités, les subordonna à leur usage et au but qu'elles
devaient concourir à remplir. Vicq d'Azyr, une des gloires anatomiques de
la France, prit la question de plus haut; il envisagea anatomiquement les
membres en ce qu'ils ont de conforme et de différent, et les plaça dans la
position anatomique dans laquelle leurs analogies ou leurs différences
peuvent être ramenées aux conditions qui les déterminent. Ainsi, la condi-
tion première de cette étude est le renversement des membres antérieurs et
postérieurs, et leur position inverse par rapport au tronc. De ce renverse-
ment dérivent, en effet, des différences commandées par le retournement,
mais ce retournement modifie les parties aux deux extrémités, sans chan-
ger ni leur nature, ni leur signification analogique. L'exemple que nous en
a présenté le Mesolheiïum dans le renversement de ses molaires, en est une
preuve manifeste.
» Sans reproduire ici les applications que nous avons faites, en embryo-
génie et en zoogénie, du principe de répétition dans la formation des Inver-
tébrés, nous ferons remarquer que, dans l'ensemble des Vertébrés, le côté
droit et le côté gauche ne sont qu'une répétition l'un de l'autre, et que
certaines de leurs parties se multiplient quelquefois par ce procédé : telles
sont, par exemple, les phalanges des doigts chez les Ichthvosaures et les
Plésiosaures.
» Si donc les extrémités thoraciques et abdominales sont évidemment
construites sur le même type, néanmoins leur diversité de fonction en-
traîne nécessairement des différences correspondantes. C'est à ce point de
vue, qu'une description succincte des membres du Mesolherium offre de
l'intérêt.
» L'épaule forme une ceinture osseuse, destinée à fournir son point
d'appui au membre thoracique. L'omoplate, qui en constitue la partie
C. R., 1867, 2" Semestre. (T. LXV , N° i9.; 97
( 7^ )
essentielle, est robuste dans tontes ses parties chez le Mesotherium, et d'une
forme triangulaire. Son bord antérieur, un peu aminci, est convexe. Son
bord postérieur, un peu concave, est débordé fortement en haut par l'angle
spinal postérieur, et en bas par le pourtour postérieur de la cavité glé-
noïde; cavité située au bord inférieur, disposée en virgule allongée et pro-
fondément creusée en arrière, de manière à s'ajuster avec une extrême pré-
cision sur la tète de l'humérus. Le bord supérieur, court, très-convexe,
est très-épais dans ses deux tiers postérieurs.
» L'épine de l'omoplate forme, chez le Mesotherium, une arête osseuse
très-élevée, étendue dans presque toute la longueur de l'os. En s'inclinant
en dehors, elle divise la face externe de l'os en deux fosses à peu près égales,
servant d'insertion aux muscles épineux antérieurs et postérieurs. Un peu
en bas de sa partie moyenne, elle présente une saillie anguleuse, une espèce
de crochet dirigé en arrière et un peu en dedans, formant une éminence
subépineuse assez prononcée qui ramène le Mesotherium vers les Pachy-
dermes, chez lesquels cette éminence récurrente, variable dans sa position,
est portée an maximum de son développement, particulièrement dans
l'Éléphant et le Rhinocéros. Chez l'Agouti parmi les Rongeurs, elle se rap-
proche de la terminaison antérieure de l'épine; chez le Lièvre, le Lapin,
et aussi chez le Morse, etc., elle en occupe le sommet.
» L'acromion se présente, chez notre fossile, sous l'aspect d'une longue
tige subtriangnlaire, s'étendant au-dessous de la cavité glénoïde, en se
dirigeant parallèlement dans le sens de l'apophyse coracoïde. Celle-ci,
chez le Mesotherium, forme un crochet osseux peu volumineux, à saillie
inférieure rangée dans le même plan que la partie antérieure de l'os, et de
manière à venir s'engager dans le sommet de la coulisse bicipitale, dans
l'extension complète de l'humérus sur l'omoplate. Quant à la fosse sous-
scapulaire, elle est lisse et presque plane, excepté tout à fait en arrière,
où elle fuit en dehors et devient brusquement convexe.
» Un fait physiologique, ressort de cette description de l'omoplate. Ce
fait est relatif aux moyens différents employés par la nature pour fortifier
l'action des muscles anté-épineux et post-épineux, et qui s'excluent réci-
proquement. Dans le premier cas, la force de l'anté-épineux est produite
par la jonction et la soudure de l'acromion et de l'apophyse coracoïde, don-
nant lieu à une arcade complète pour l'insertion des faisceaux musculaires;
arcade acromio-coracoïdienne que nous offrent les grands Edentés fossiles,
le Megatherium, le Mytodon, le Scelidothèrium , et que l'on rencontre aussi,
plus ou moins complète, chez nos Bradypes actuels.
( 743 )
» Dans le second cas, quand l'action du muscle post-épineux doit être
augmentée, l'arcade acromio-coracoïdienne disparait : et la surface d'inser-
tion des faisceaux musculaires est agrandie : d'une part, par la profondeur
en arrière de la fosse post-épineuse, et, de l'autre, par cette apophyse récur-
rente de l'épine de l'omoplate dont l'Éléphant nous donne le type le plus
élevé, et cpii se trouve chez le Mesolherium dans une proportion moyenne.
» Les clavicules du Mesotherium sont fortes, longues et légèrement con-
tournées en S dans leur longueur. Leur moitié interne, presque arrondie,
se termine par une partie renflée, sur laquelle on voit, inférieurement, une
trace de fossette articulaire; leur moitié externe va en s'aplatissanl gra-
duellement du milieu de l'os jusqu'à son extrémité acromiale, qui finit un
peu en manière de crosse, et ne présente qu'une faible trace de surface
articulaire.
» Si, par l'existence de l'apophyse récurrente de l'omoplate, le Mesothe-
rium se rapproche des Pachydermes, on voit que la présence de clavicules
si bien constituées, l'en éloigne définitivement pour le ramener vers les
Rongeurs parfaitement clavicules, dont le Castor nous paraît le véritable
type. Ce fait important nous indique que notre fossile ne se servait pas
seulement de ses extrémités antérieures pour marcher, mais que, comme
tous les animaux clavicules, il pouvait les porter en avant, et s'en servir,
soit pour saisir les objets, soit pour exécuter tout autre travail.
» L'humérus du Mesotherium est très-volumineux et rendu inégal, par
des saillies extrêmement prononcées, qui dénotent en lui une disposition
très-robuste. Il est sensiblement rétréci et comme étranglé, un peu au-des-
sous de la partie moyenne du corps.
» La crête deltoïdienne est très-étendue, et en grande partie dirigée en
avant; elle se termine très-inférieurement, à la jonction des deux tiers su-
périeurs avec le tiers inférieur de la diaphyse, par une forte tubérosité
versant du coté interne, et rappelant par sa déclivité ce que l'on observe
chez le Mylodon, le Scelidotherium et le Mecjalonyx. A peu près sur le milieu
du bord externe de cette crête, on observe une éminence saillante, sem-
blable à celle qui existe sur l'humérus de plusieurs animaux aquatiques, et
notamment chez le Castor. La face externe de l'os, qui est la plus étendue,
présente une longue et large gouttière tordue dans sa partie moyenne, re-
gardante!] arrière dans sa partie supérieure, et en avant dans sa moitié infé-
rieure. La face interne, tournée en dedans d'un bout à l'autre, est presque
plane dans ses deux tiers supérieurs, et élargie à sa partie supérieure, où
la coulisse bicipitale ne règne que sur un très-court trajet. Dans sa partie
97-
( 744 )
moyenne, elle présente une empreinte très-marquée, qui paraît être l'at-
tache inférieure du coraco-brachial.
d La face postérieure de l'humérus, limitée en dehors par une crête
très-vive qui se continue avec l'épitrochlée, est très-étroite en haut, et
s'élargit graduellement en avant vers l'extrémité inférieure de l'os. La
grosse tubérosité numérale, dirigée d'avant en arrière, se continue en saillie
arrondie sur la partie médiane de la face antérieure du corps, et présente,
en arrière et en dehors, une dépression profonde, dans laquelle glissait le
tendon du biceps. Cette tubérosité s'élève aussi beaucoup au-dessus de la
tète articulaire. La petite tubérosité, écartée de la précédente, forme, en
dessous et en avant, un simple relief tuberculeux. La tète est presque hémi-
sphérique, très-nettement délimitée à ses côtés interne et inférieur par une
arête tres-prononcée; sa surface articulaire se redresse sur la grosse tubé-
rosité, et se prolonge un peu en avant, en formant une gouttière qui corres-
pond à l'apophyse coracoïde; sa direction est, en outre, parallèle à l'axe
de l'os.
» L'extrémité inférieure, est un peu plus large que la supérieure. L'épi-
condyle forme en dehors une saillie très-forte, en manière d'aileron arrondi
qui remonte au-dessus du tiers inférieur de l'os. L'épiirochlée est forte, el
offre un trou aplati à sa partie supérieure. La fosse olécranienne est vaste,
profonde, et percée d'une ouverture qui la met en communication avec la
fosse coronoulienne, très-étendue aussi. La trochlée est oblique et très-
considérable, comme chez les animaux nageurs; son pourtour interne, qui
est très-accusé et qui se prolonge notablement en bas et en avant, décrit
presque exactement les deux tiers d'un cercle. Pour le condyle, il est hé-
misphérique et regarde directement en avant.
» D'après cette description, on voit que l'humérus du Mesolherium se
rapporte à la forme et aux conditions de structure, que cet os nous présente
dans les espèces appelées par leur nature à fréquenter l'élément liquide,
telles que le Castor, et surtout la Loutre d'Amérique.
» Les deux os de l'avant-bras du Mesolherium, sont aussi très -robustes.
L'espace interosseux qui les sépare est très-ouvert et prolongé, de sorte
qu'ils peuvent se mouvoir très-librement l'un sur l'antre à leurs deux ex-
trémités.
» Le radius est arrondi dans sa moitié supérieure, et subtriangulaire
dans sa moitié inférieure. Son extrémité numérale a son plus grand diamètre
dirigé transversalement; elle présente, à son côté externe, un bourrelet ar-
rondi, très-marqué, el la facette articulaire qui la termine est subdivisée
( 745 )
inégalement par une crête mousse, dont la partie externe, qui est concave
et environ deux fois plus grande que l'autre, s'articule avec le condyle de
l'humérus, tandis que l'interne glisse sur sa trochlée. La tubérosité bicipi—
taie est presque nulle. La facette sygmoïde est très-large, mais à peu près
plane. L'extrémité carpienne est très-élargie transversalement; on y re-
marque, en dessus, une accentuation outrée des coulisses tendineuses. En
dessous, elle est uniquement constituée par un renflement transversal. La
face articulaire est adaptée pour recevoir seulement le scaphoïde et le se-
milunaire, sans nulle trace de facette articulaire sygmoïde; d'où il suit
que, dans leurs relations naturelles, les extrémités inférieures des deux
os de l'avant-bras étaient tenues à une légère distance l'une de l'autre : dis-
position favorable à un animal nageur, et dans laquelle la force est sacrifiée
à la mobilité.
» Le cubitus est large, mais plat, et parcouru en dedans et en dehors
par une vaste gouttière; il est, en même temps, fortement convexe par son
bord postérieur. L'olécrane est très-développé, plat, large et tuberculeux
à son extrémité. La grande échancrure sygmoïde est très-considérable, et
très-ouverte; en même temps elle s'étale d'une manière très-prononcée, en
avant à son côté interne, et en arrière à son côté externe. La petite échan-
crure sygmoïde est très-oblique, et presque plane. L'extrémité inférieure du
cubitus est assez fortement courbée, et portée en dedans ; elle est aussi for-
tement renflée et tuberculeuse, près de sa terminaison du côté externe. La
facette articulaire qu'elle présente, est en grande partie très-concave et
large; elle emboîte ainsi exactement le pyramidal, et l'une des deux facettes
de l'articulation du pisiforme pouvait se mouvoir sur elle.
» Le carpe du Mesotherium est très-large, et mesure environ, dans le
sens transversal, trois fois sa hauteur verticale. Le nombre des os qui le
composent est normal; leurcoaptation s'opère avec une précision assez rigou-
reuse, et ils sont très-nettement disposés sur deux rangées parallèles. Le
pisiforme a une longueur exagérée, et il présente deux facettes articulaires,
carpienne et cubitale, à peu près d'égale étendue et très-distinctes l'une de
l'autre.
» Le métacarpe est également très-large, très-étalé; il est composé de cinq
os assez longs : les quatre externes sont extrêmement forts, et, en outre,
larges et aplatis en dessus comme chez les Pachydermes. Le métacarpien
du pouce, ou la phalange qui en tient lieu selon quelques anatomistes, est,
au contraire, très-grèle et effilée; elle est disposée, par son articulation
carpienne, pour jouir d'une abduction tres-prononcée, de même qu'on le
( 746)
remarque dans les animaux nageurs, et particulièrement dans la Loutre
d'Amérique, dans ses membres abdominaux.
» Les premières phalanges, dans les quatre doigts externes, sont extrê-
mement courtes, robustes, à peu près exactement de même largeur, symé-
triques, sans aucune trace de facettes articulaires pour les os sésanioïdes;
elles sont pourvues, à leur extrémité antérieure, d'une poulie assez mar-
quée. La même phalange du pouce est assez longue et grêle. Les phalanges
moyennes sont entièrement semblables aux précédentes, et n'en différent
qu'en ce qu'elles sont environ moitié moins fortes.
>. Enfin les phalanges unguéales du Mesotherium, par la singularité de
leur structure, vont écarter cet animal fossile des Pachydermes et des Ron-
geurs pour le ramener vers les Edentés. Ces phalanges, en effet, au nombre
de quatre, moins fortes que les précédentes, ont cela de remarquable
qu'elles sont ouvertes, bifidées, et comme divisées en deux parties dans
leur moitié antérieure, exactement comme on observe les mêmes os chez
le Pangolin et le Macrotherium. Leur surface articulaire est disposée, en
outre, de manière que la flexion pouvait se faire en dessous.
» Ce sont les caractères donnés par les phalanges unguéales qui ont
fourni à Cuvier les applications les plus remarquables du principe de la cor-
rélation des parties à la paléontologie anatomique, principe, sur lequel re-
pose l'édifice merveilleux de cette nouvelle science. Rien n'est plus curieux
dans les sciences naturelles que la reconstruction que fit Cuvier de la main
du Mecjalonjx avec quelques phalanges isolées; et rien ne montre mieux
toute la puissance d'un principe général, même dans les sciences d'ob-
servation, que la diagnose qu'il prépara du Macrotherium d'après une seule
phalange unguéale.
« Telle est, en effet, dans l'œuvre de la création, la perfection de l'indi-
vidualité de chaque animal, que, d'une part, chaque os principal, presque
chaque dent, est suffisamment caractéristique pour déterminer la forme
générale de l'individu, et que, d'autre part, les habitudes ou les facultés
des animaux impriment leurs particularités sur les parties que met en action
leur exercice. Le Mesotherium va nous fournir un nouvel exemple de cette
dernière proposition, en nous montrant, dans la description que nous ve-
nons de faire de son extrémité supérieure, que cet animal fossile, devait
être tout aussi apte à la vie aquatique que la Loutre d'Amérique.
» La nature aquatique du Mesotherium nous est, en effet, dévoilée :
i° par la direction de l'articulation supérieure de l'humérus, qui montre
que cet os devait avoir une position horizontale; 2° par In disposition de
( 7^7 )
son avant-bras, qui était très-large, très-mobile et se rapprochait, à certains
égards, de la conformation particulière du Phoque; 3° par l'écartement
des doigts, qui permettait à la main de s'étaler à plat; 4° par la disposi-
tion du pouce, qui était long, grêle, et dont l'abduction très-prononcée
semble indiquer, entre lui et 1 index, l'existence d'une membrane; 5° enfin
par l'articulation bout à bout, et sur la même ligne, des os de l'avant-bras,
de ceux du carpe, du métacarpe et de toutes les phalanges.
MESURES DES DIFFÉRENTES PARTIES DU MEMBRE ANTÉRIEUR.
Omoplate.
111
Hauteur 0,17
Largeur à la partie moyenne de l'os 0,09
Hauteur de l'épine à la partie moyenne de sa largeur o,o4
Distance de la partie inférieure de la base de l'épine à la cavité glénoïde ... 0,02
Longueur de la cavité glénoïde o , o45
Longueur de l'apophyse coracoïde 0,016
Clavicule.
Longueur 0,12
Longueur à l'extrémité acromiale 0,01 5
Humérus.
Longueur 0,21
Largeur à la partie supérieure o , o65
Largeur à la partie inférieure o ,0^5
Mesure du sommet de la grosse tubérosité à la partie inférieure de l'empreinte
deltoidienne o , 1 4
Epaisseur transversale du corps à sa partie moyenne 0,025
Radius.
Longueur 0.19
Largeur à la partie supérieure o,o4
Largeur à la partie inférieure o,o45
Épaisseur du corps à la partie moyenne 0,02
Cubitus.
Longueur . . 0,26
Largeur à la partie moyenne o,o35
Hauteur de la grande échancrure sygmoïde 0,0 j 3
Longueur de l'olécrane o ,o5
Métacarpiens.
Longueur moyenne 007
Premières phalanges.
Longueur 0,022
Largeur en arrière 0,018
( 748 )
Phalanges moyennes.
Longueur 0,014
Largeur o,oi5
Phalanges unguéales .
Longueur 0,0 18
Largeur à la base 0,01
ANATOMIE VÉGÉTALE. — Réponse à une Lettre de M. Schultz concernant les
vaisseaux du latex; par M. A. Tkécll (i).
« Quand, il y a dix ans, c'était en i8rJ7, je fis connaître mes premières
observations sur les rapports des laticifères avec le système fibrovascu-
laire, je ne connaissais de M. C. H. Schultz que le Mémoire couronné par
l'Académie en 1 8 3 3 , et publié seulement en 1 84 1 • J'avais donc quelque
raison de croire que dans ce travail devaient être réunis tous les faits im-
portants constatés par ce savant. Les assertions qui font l'objet des récla-
mations de M. Schultz m'étaient tout à fait inconnues, ainsi qu'à tous les
botanistes, même allemands, cpii ont parlé des phénomènes que j'ai décrits.
Quand j'annonçai ces faits, ils furent unanimement désapprouvés; et au-
jourd'hui que, grâce à mes recherches, ils sont vérifiés sur un grand nombre
de végétaux, et qu'ds sont présentés aussi par les canaux oléorésineux, que
l'on rejetait alors loin des laticifères, on m'en contesterait même l'observa-
tion, si c'était possible (2). Loin de moi l'idée de priver M. Schultz du béné-
(1) loir ci-après, à la Correspondance, p. 757, la Lettre de M. Schultz à laquelle répond
M. ïrécul.
(2) Je n'ai pas la prétention d'avoir signalé le premier les vaisseaux propres dans le corps
ligneux des végétaux; tous les phvtotomistes savent que Malpighi et Duhamel en avaient
une certaine connaissance. Il n'est donc pas sans intérêt de rappeler ici les passages suivants
de nos plus anciens devanciers. Voici quelques lignes de Malpighi Anatomcs plantarum
idca, p. a3; Op. oinn., Lugd. Bat., in-4°, 1687) : « An expositi humoris concoctio in utri-
culis celebrata nntritivuin illum succum edat, quem in cupresso, pino et abieto, térében-
thine specie miramur; in aliquibus, ut ficu, tithymalo, cichorio, apio rustico, etc., lactis
instar, dubitari potest. Peculiaria enim liœc vascula (arteriarum, vel saltem nervorum,
instar} non solùni corticem, sed et lignum, et reliquas vegetantium partes irrigant, et con-
cocto turgent succo, qui longé elaboralior videtur ac est humor ligneis fistulis contentus. »
D'après Duhamel [Physique des arbres, t. I, p. 4t; Paris, 1788) : " Le corps ligneux
n'est pas seulement forme de l'entrelacement des vaisseaux lymphatiques avec le tissu cel-
lulaire ou les productions médullaires; on aperçoit encore dans cette substance une autre
espèce de vaisseaux dont nous avons fait mention en parlant de l'écorce, et que nous avons
nommés vaisseaux propres ^ Pin, Picea, Figuier). » Et, page 68, il ajoute : « Outre la
lymphe..., on découvre encore dans le bois, et principalement dans l'écorce, une liqueur
( 749 )
fice de ses travaux; mais il me place dans l'obligation de montrer ce que
ses ouvrages contiennent en réalité.
» Sa Lettre peut être résumée en quatre propositions :
» i° M. Schultz a décrit des laticifères partant de l'écorce et se répan-
dant dans le bois, où ils se ramifient et s'anastomosent entre les vaisseaux
et à leur contact, île manière à y donner lieu à la cyclose.
» 2° Il a signalé l'union des laticifères de la moelle avec ceux de l'écorce •
par l'intermédiaire de rameaux simples, qui s'étendent à travers les rayons
médullaires ou entre les vaisseaux du bois.
» 3° Il n'admet, dans aucun cas, l'existence de communications directes,
par des ouvertures, entre les laticifères et les éléments du corps ligneux.
» 4° Il »ie la présence du latex à l'intérieur des vaisseaux ponctués,
réticulés, spiraux, ou autres organes que les laticifères proprement dits,
dans les plantes où je l'ai indiqué.
» A l'appui de la première proposition, M. Schultz cite des observations
qu'il a faites sur les racines des Papavéracées en général, du Sanguinaria
et de la Chélidoine en particulier, des Ombellifères, des Sumacs et des Com-
posées. Quelques lignes plus bas, il désigne aussi les Figuiers et les Asclé-
piadées comme renfermant des vaisseaux du latex dans le bois de leurs
jeunes pousses.
» Je vais successivement examiner la constitution des plantes ici nom-
mées. Je ferai remarquer tout d'abord que le mot Papavéracées n'existe
pas dans le texte de i8a3. Puisqu'il est dans la Lettre, jetons un coup d'ceil
sur la distribution des laticifères dans les racines de diverses plantes de
cette famille.
» En admettant la cyclose comme l'entend M. Schultz, elle ne peut être
reconnue que là où l'on aperçoit le latex. Ce suc n'étant pas visible dans
le corps fibrovasculaire des racines des Papaver Rhœas, somniferum, Esch-
schollzia crocea, Argemone grandiflora, etc., on ne saurait, jusqu'à présent,
qu'y supposer des laticifères. Ces vaisseaux ne sont apparents que dans
l'écorce de ces racines (i).
fort différente, qu'on pourrait en quelque façon comparer au sang des animaux. Cette
liqueur est blanche et laiteuse dans le Figuier et les Tithymales; gommeuse dans le Ceri-
sier, etc.; résineuse dans le Térébinthe, etc.... » Il est évident que Malpighi et Duhamel
n avaient pas une Motion exacte des vaisseaux propres dans les plantes qu'ils nomment Nous
allons voir que M. Schultz n'en avait aussi qu'une connaissance bien imparfaite.
(i) Il est à noter que les parties aériennes de VEschscholtzia sont privées du beau latex
C. 11., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, K° J9.) 9&
( 75o )
« Bien que des laticifères soient perceptibles d;>ns le corps vasculaire
des racines des Macleya cordala, Glaucium fulvum et Jlavum, la cyclose ne
peut néanmoins y avoir lieu, parce que ces laticifères n'y sont pas tubuleux.
Ils consistent en cellules isolées ou réunies deux à deux, éparses entre les
vaisseaux ou à leur contact, et dans les rayons médullaires. Dans l'écorce,
il n'y a de même que de telles cellules à suc jaune ou orangé, isolées et
dispersées dans le parenchyme. On ne trouve de laticifères composés de
séries de cellules, ou même tubuleux et anastomosés, qu'entre les cellules
les plus superficielles de l'écorce des deux dernières plantes.
» Dans la Chélidoine, il y a bien quelques vaisseaux propres dans le
corps central des racines; mais ces laticifères sont beaucoup plus abon-
dants entre les vaisseaux rayés, ponctués ou spiraux de la souche, et à leur
contact, où ils sont formés de séries souvent sinueuses de cellules, et fré-
quemment unis les tins aux autres. Bien qu'on les trouve quelquefois reliés
aussi à ceux de l'écorce, il est fort remarquable que dans cette saison, par
exemple, le suc de ces deux parties soit de couleur très-différente. Il est
jaune pâle dans l'écorce interne, et orangé dans les laticifères du corps fibro-
vasculaire.
» Dans le rhizome du Sanguinaria, les laticifères, composés aussi de cel-
lules superposées, quelquefois très-aiguës aux deux bouts dans l'écorce
externe, sont répandus dans le parenchyme cortical et médullaire, où ils
sont reliés de manière à former un réseau. Malgré tout le désir que j'avais
de trouver ceux de l'écorce réunis avec ceux de la moelle, mes efforts ont
été vains. Je crains donc qu'en cela M. Schultz se soit laissé induire en
erreur, d'autant plus qu'il n'a pas aperçu tout ce que les laticifères de ce
rhizome ont d'intéressant. Il n'a pas vu, par exemple, qu'outre ces vais-
seaux propres formés de séries de cellules il y a dans l'écorce et dans la
moelle de nombreuses utricules isolées, semblables à celles du parenchyme
environnant, et qui sont pleines d'un beau suc rouge identique à celui des
laticifères.
» De toutes ces Papavéracées, la Chélidoine seule, par ses laticifères ser-
pentant entre les vaisseaux rayés, ou spiraux, coïncide assez bien avec la
description donnée par M. Schultz. Mais si cet anatomiste a assez bien vu
jaune <jui existe dans l'écorce des organes souterrains, dont les laticifères assemblent beau-
coup à ceux des racines de la Chélidoine et de VArgemone.
Voulant être bref, je renvoie à la description que j'ai donnée des vaisseaux du latex de
ces deux dernières plantes, dans le tome LX, page 5ai>, des Comptes rendus.
( 75i )
les vaisseaux propres du rhizome de ce Clietidonium (ce qui ne veut pas dire
qu'il en a parfaitement interprété la constitution en tous points), il a tout
à fait méconnu ceux de la tige aérienne.
» Dans le Mémoire de 1 833, par exemple [Recueil des Savants étrangers,
t. VII, p. ^4), il les décrit comme constituant ce que l'on appelle assez com-
munément aujourd'hui le tissu cribreux de chaque faisceau ; et à la page 25 il
les compare à ce tissu des faisceaux du Mays, cpii est interposé entre le
groupe des fibres du liber et le groupe des vaisseaux ponctués et spiraux.
» Dans son Mémoire de 1 84 1 sur la cyclose {Nova Acta Ac. C. L. C. Nat.
Car., t. XVIII, Snppl. 2) il admet la même opinion. On y lit comme expli-
cation de la fig. 1, PL XVI: « Coupe transversale de la tige du Chelido-
» niuni majus. Chaque faisceau vasculaire est composé : en a, de latiei-
» fères, dans le milieu du faisceau; en b, de vaisseaux spiraux vers l'inté-
» rieur, et en c, défibres du liber comme couverture au pourtour... » (1).
» Il y a bien, éparses dans l'endroit désigné, quelques cellules grêles,
contenant du suc jaune; mais ce n'est pas tout ce tissu sous -libérien qui
constitue les laticiféres. Les principaux vaisseaux du latex, dans cette tige
et dans les pétioles, sont distribués çà et là autour de chaque faisceau fibro-
vasculaire, à la périphérie de la partie libérienne aussi bien qu'à celle de
la partie vasculaire, ce que Moldenhawer avait déjà reconnu en 181 2.
» Des Composées M. Schultz ne cite que des Chicoracées. Pour la tige de
ces plantes, la méprise de ce savant est à peu près la même que pour celle
du Chelidonium. En effet, à la page .24 (S av. étr., t. VII), les laticiféres sont
représentés par le tissu cribreux, par ce tissu que dans le Dracœna, les
Palmiers, etc., il désigne aussi comme laticiféres. Il n'a pas remarqué que
les vaisseaux du latex de la tige des Chicoracées sont placés à la surface
même des faisceaux du liber, où ils forment un réseau en s'anastomosant
entre eux et avec ceux des faisceaux voisins. Il est vrai que dans la tige de
certaines plantes^ surtout vers la base [Sonchus tenerrimus, Pkridium tirigi-
tanum, etc.; voir le tome LXI des Comptes rendus, p. 786), il y a aussi des
laticiféres épars dans le tissu sous-libérien. En passant de la tige dans la
racine, le liber à fibres épaissies, quand il existe, s'efface graduellement. Au
contraire, le tissu dit cribreux devient plus abondant, et les vaisseaux du
latex, qui y sont disséminés, deviennent aussi plus nombreux. Mais là, pas
(1) Dans la tige des Papavcr, des Argemone et des Rœmeria hybrida et réfracta, les vais-
seaux du latex existent seulement dans le tissu sous-libérien. Comme il n'y en a ni dans
l'écorce ni dans la moelle, ils ne peuvent communiquer de l'une à l'autre de ces deux parties
98..
( 1^ )
plus que dans les racines des Ombellifères et des Sumacs, ainsi que nous le
verrons tout à l'heure, il n'existe de vaisseaux du latex dans le corps fibro-
vasculaire central.
» M. Schultz a été non moins malheureux pour les deux derniers groupes
de plantes que je viens de nommer, que pour les Chicoracées; car il a mé-
connu entièrement les organes qui renferment leur suc laiteux. « Dans les
» Ombellifères, dit-il, il faut bien distinguer les canaux résineux des vais-
» seaux laticifères contenant un latex laiteux. » Il cite comme exemple
YOEiianthe crocnta, Y Angelica Archangclka et le Ciruta virosa, dans les-
quels les laticifères seraient aussi, pour M. Schultz, ce groupe de cellules
qui est au côté externe du faisceau ligneux, et sons le liber vrai quand il
existe.
» Il est du même avis dans son ouvrage de 1 84 t (Nova Acla, loc. cit.),
dont il invoque un passage dans sa Lettre. Il y représente (PL XXI, fuj. 3,
et PL XXII, fig. i) les vaisseaux du latex par un groupe de cellules qui
appartient au système libérien.
» Malgré la négation de M. Schultz, ce sont les canaux oléorésineux qui
enserrent le suc laileux. Et, comme dans les racines des Ombellifères ils
n'existent que dans l'écorce, M. Schultz n'a pu voir circuler le suc laiteux
dans le bois de ces racines.
» Il en est de même pour les Sumacs et les Térébinthacées à moi connues.
Dans le Mémoire de i833, M. Schultz rappelle, à la page 36, que M. de
Mirbel a reconnu que le suc propre du Schinus molle est un mélange de
deux liqueurs, l'une blanche, l'autre incolore et transparente. « Ces deux
» sortes de liqueurs, dit M. Schultz, dont l'une est le latex blanc ou laiteux,
» et l'autre, transparente et incolore, (est) la résine liquide, se trouvent
» aussi, comme le fait voir une section transversale du Schinus molli
» (PL X, fig. 7), dans des organes différents. En c (fig. 7 et 8) sont h?s canaux
» oléorésineux, qui se distinguent facilement par leur grandeur et leur
» structure cellulaire. Ils sont complètement environnés de vaisseaux lali-
» cifères a On voit une organisation semblable dans le Rhus Co-
» riaria. »
» Ainsi, point de doute, les laticifères des Sumacs (Rhus) sont différents
des canaux résineux, d'après M. Schultz, puisque, suivant lui, ils entourent
ces derniers. Eh bien, dans les racines des Térébinthacées -nommées les
canaux résineux n'existent que dans l'écorce. M. Schultz n'a donc pu voir
dans le bois les laticifères qui les entourent. Je n'ai pas besoin d'ajouter
qu'ici encore les prétendus laticifères de ce phytotomiste sont le tissu sous-
e
( 753 )
libérien, et que de même que dans les Ombellifères ce sont les canaux
oléorésineux qui contiennent le suc laiteux.
» Si maintenant, faisant une double hypothèse, nous admettions pour
un instant que 31. Schultz ait pu prendre des canaux oléorésineux pour des
laticiferes en état d'expansion, et qu'il les ait vus passer delà moelle à
l'écorce, à travers les espaces formés dans le corps ligneux parl'écartement
des faisceaux qui se rendent aux feuilles, nous serions tout de suite portés
à renoncer à cette hypothèse par la pensée que. si M. Schultz avait réelle-
ment vu ce passage dans une position aussi remarquable, aussi bien déter-
minée, il n'eût pas manqué de le décrire.
» J'arrive au second point de la discussion :
« La connexion des vaisseaux du latex de la moelle avec ceux de
» l'écorce s'effectue par l'intermédiaire de rameaux simples, qui passent à
» travers les rayons médullaires, ou entre les vaisseaux spiraux du bois. »
» Dans \es Nova Acla de. i 84 ' , où cette proposition est émise à la page 276,
M. Schultz renvoie à son ouvrage de 1823 (Die Natur, etc.), qui ne contient
que ce qui suit (p. 5p,i) :
« Du foyer du système de la circulation qui vient d'être décrit, le latex
» se répand dans toutes les parties de la plante par les anastomoses des
» vaisseaux. Ainsi l'intérieur du bois n'est nullement dépourvu de latex,
» seulement on n'observe plus la circulation dans le bois durci. » C'est
là une proposition générale, que l'auteur applique à tous les végétaux pour-
vus de latex. Un peu plus loin (p. 592), il y a : « A mesure que la moelle
» se dessèche et vieillit, ou que les rayons médullaires se répartissent entre
» le nouveau bois, le mouvement s'affaiblit et le courant cesse. » On le voit,
il n'est pas du tout question de laticiferes simples cheminant à travers les
rayons médullaires ou entre les vaisseaux.
» Ce passage est appuyé sur l'examen de la racine des Ombellifères, des
Sumacs, de la Chélidoine et du Sanguinaria. Nous avons vu plus haut ce
que l'on en doit penser. Examinons maintenant si les Figuiers et les Asclé-
piadées, que l'auteur cite aussi, l'ont servi beaucoup. « Le latex, dit-il en
» 1823 et dans sa Lettre, est plus abondant dans la moelle vivante des jeunes
» pousses des arbres que dans le bois, par exemple dans les Figuiers, les
» Asclépiadées, les Sumacs. » Les laticiferes existeraient donc dans le bois
de toutes ces plantes (1).
^i)Nohs pouvons négliger les Sumacs, puisque j'ai dit que leur sue laiteux est renfermé
dans les canaux oléorésineux, qui ne sont pas des laticiferes pour M. Schultz.
( 75/. )
» On remarque tout d'abord que dans cette phrase il n'est pas davantage
question de vaisseaux du latex allant de l'écorce à la moelle à travers les
rayons médullaires, mais des laticifères anastomosés signalés plus haut,
courant entre les vaisseaux du bois, et dans lesquels aurait lieu la cyclose.
N'est-il pas évident que si M. Schultz avait réellement constaté, dès 1823,
l'existence de laticifères effectuant la cyclose dans le bois ou à travers les
rayons médullaires, il n'aurait pas manqué de décrire cet important phé-
nomène dans son travail couronné par l'Académie en t 833 ; et pourtant il
n'est pas fait la moindre allusion à ce sujet dans ce Mémoire, ni pour les
Asclépiadées, ni pour les Apocynées, ni pour les Euphorbes, ni pour les
Figuiers, ou toute autre plante que ce soit.
» Voici le passage qui concerne le Figuier (Sav. étr., t. VII, p. 28 et 29) :
« Dans le Ficus Carica aussi ces vaisseaux (du latex) sont en faisceaux et
» appliqués à l'entour de la plus jeune couche ligneuse; mais ces faisceaux
» se réunissant en anneau — » Cet anneau est celui du système libérien et
cribreux. L'auteur ajoute : « ... Et, outre cela, il y a encore des vaisseaux
» isolés dans la moelle et dans la périphérie de l'écorce. » De l'union de
ces vaisseaux du latex de l'écorce et de la moelle à travers les rayons mé-
dullaires, il n'est pas dit un mot, non plus que de laticifères dans le bois, je
le répète.
» Pour confirmer mon assertion, je renvoie au Rapport de M. de Mirbel.
» Il est donc prouvé qu'avant 1 833 M. Schultz n'avait pas observé de
laticifères traversant le corps ligneux à la faveur des rayons médullaires.
Voyons maintenant sur quoi il fonde son assertion de 184 1 -
» Chose singulière! c'est précisément sur ses observations de 1823. En
effet, après avoir dit (p. 276, Nova Acta, 18/41), comme en 1823, que des
laticifères vont du foyer de l'écorce dans tous les organes (1), et que quel-
ques-unsse développent assez souvent à l'état d'expansion dans la moelle des
jeunes rameaux des Sambucus Ebahis, Glycine Apios, Rhus typhinum, Ficus
Carica, F. populifolia et Euphorbia atropurpurea, d'où il conclut que la jeune
moelle contient une grande quantité de latex, il ajoute : « La connexion de
» ces laticifères de la moelle avec ceux du foyer dans l'écorce est effectuée
» par des vaisseaux du latex simples répandus dans les rayons médullaires
» et entre les vaisseaux spiraux, dont j'ai déjà décrit la marche (Tapies les
(1) Dans tous les organes veut (lire dans la feuille et les autres organes appendiculnires,
oar cela ne peut signifier dans tous les organes de la lige dont dépend l'écorce, ce qui n'au-
rait pas de sens.
1
f 755 )
» OmbeUifères, la Chélidoine, le Sanguinaria, clans l'ouvrage intitulé : Die
« Naiur der lebendigen Pflanze. » Ainsi, c'est sur ses observations de 1823,
faites sur des racines des plantes citées (qui n'ont pas de moelle, à moins
qu'il ne parle de rhizomes ) que M. Schultz base son assertion, qu'il a en-
core le tort de généraliser.
» Comme nous avons vu que le corps ligneux des racines des OmbeUi-
fères ne contient pas de vaisseaux du latex, ni même de canaux oléorési-
neux, c'est donc seulement sur la Chélidoine et le Sanguinaria que repose
l'affirmation de M. Schultz. Eh bien! là même je crois que M. Schultz est
allé au delà de la vérité, car, malgré tout le désir que j'avais de généraliser
mes propres observations, je n'ai pu trouver de laticifères passant de l'é-
corce dans la moelle du Sanguinaria canadensis, et, dans la souche de la
Chélidoine, il n'existe pas de vaisseaux propres allant directement de la
moelle à l'écorce, mais seulement des laticifères étendus iongitudinalement,
plus ou moins sinueux, se mêlant aux vaisseaux rayés ou spiraux.
» Si M. Schultz n'a pas vu de vaisseaux du latex aller directement, hori-
zontalement, de la moelle à l'écorce, comme ceux que j'ai si souvent
décrits, il a pu en soupçonner l'existence de 1 833 à 184 1. Et tous les savants
savent que du soupçon à l'affirmation il n'y a pas toujours loin.
» Dans le passage des Nova Acla que je viens de citer, l'auteur nomme
YEuphorbia atropurpurea, et donne (PI. V , fig. 2) une coupe transversale
de la tige de cette plante. S'il avait vu les laticifères passer de l'écorce
dans la moelle, chez cet Euphorbe, n'est-il pas évident qu'il l'eût déclaré?
Il ne le dit pas, il ne le représente pas, et pourtant cette fig. 1 de la PI. V
montre quatre fragments de laticifères qui, partant de l'écorce interne,
aboutissent à la couche génératrice, vis-à-vis deux rayons médullaires. 11
y a deux laticifères opposés à chaque rayon, sans y entrer. Il demeure donc
prouvé que M. Schultz ne les y a pas vus pénétrer. Il a supposé peut-être
qu'ils traversaient ces rayons médullaires; mais il a été assez consciencieux
pour ne pas l'exprimer. I! s'est contenté d'assimiler à ce fait ce qu'il avait
observé dans la Chélidoine, et malheureusement de le généraliser. Or, ce
grand Mémoire de M. Schultz (18.41) renferme 33 planches, et son travail
de i833 en contient 23, ce qui fait un total de 56 planches, dont les nom-
breuses figures (296) sont dessinées avec art, et dont pas une ne représente
le passage des laticifères dont M. Schultz réclame aujourd'hui le bénéfice
de l'observation.
» Même en admettant que j'aie eu connaissance de l'assertion sans
preuve de M. Schultz, en présence des nombreuses planches que je mets
( 756 )
sous les yeux des Membres de l'Académie, lesquelles planches représentent
tant de fois le phénomène dont il s'agit, on voit que ma part serait encore
assez belle.
» Je passe à un antre point pour lequel M. Schultz n'adresse pas de
réclamation, qui, dans ce cas pourtant, serait mieux fondée.
» Il existe sur les côtés des faisceaux épars dans les tiges aériennes ou
dans les pétioles des Aroïdées des laticiféres qui s'anastomosent souvent en
réseau dans certaines espèces. Ces laticiféres anastomosés envoient assez
fréquemment des branches latérales qui arrivent au contact des vaisseaux
spiraux. Dans les Comptes rendus de 1 865 (t. LXI, p. i 166), tout en donnant
de nouveaux exemples de ce fait, j'ai attribué à M. Hanstein la découverte
de ces points de contact dans cette famille, ne sachant pas que M. Schultz
en avait décrit et figuré en i8/ji, d'après les Arum maculalwn, purpurascens
etCaladium esculentum . Je m'empresse de lui rendre cette justice.
» A présent, pour répondre à la négation des ouvertures qui établissent
la communication entre les laticiféres et les éléments du bois, je dirai à
M. Schultz et aux botanistes qui refusent d'admettre l'existence d'une mem-
brane autour des grains de chlorophylle, d'aleurone et même des grains
d'amidon, qu'en général, pour trouver un objet, il faut le chercher où il
est, ou du moins où il a été signalé comme facile à observer, et ne pas
s'obstiner à en nier tout à fait l'existence, parce qu'on ne l'observe pas
dans des cas donnés. En ce qui concerne les ouvertures dont je viens de
parler, il eût été facile à M. Schultz de se convaincre de leur réalité, lors
de son dernier voyage à Paris, si, prolongeant d'une demi-heure la visite
qu'il me fit, il eût pu jeter un coup d'œil sur les préparations que je con-
serve.
» Quant à la présence du latex dans les vaisseaux ponctués, rayés et
spiraux, je maintiens mon affirmation, et j'en ferai connaître de nouveaux
exemples dans une de mes premières communications sur les vaisseaux
propres. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. J. Gcipox adresse, pour le concours des prix de Médecine et de Chi-
rurgie, un ouvrage intitulé : « De la maladie charbonneuse de l'homme »,
et joint à cet envoi une indication manuscrite des points sur lesquels il
désire attirer plus particulièrement l'attention de la Commission.
(Renvoi à la future Commission, pour le concours de 1 868.)
( 757 )
MM. Pécholier el Saintpierre, qui ont présenté à l'Académie divers
ouvrages pour le concours des prix de Médecine et de Chirurgie, adressent
une analyse manuscrite des parties qu'ils considèrent comme nouvelles
dans leurs recherches.
(Renvoi à la Commission.)
CORRESPONDANCE .
M. L. Gosselin et M. A. Vilpian prient l'Académie de vouloir bien les
comprendre parmi les candidats à la place vacante dans la Section de Mé-
decine et de Chirurgie par suite du décès de M. Velpeau.
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
msTOinr-: DES SCIENCES. — Lettre de Lady Ma*:ci.esfiei.i> à Sir David Brewster
au sujet des relations qui auraient existé entre Pascal et Newton.
■ Shirbnm Castle Tetvvortli, 3o octobre 1867.
» "Vous avez parfaitement raison de croire que le nom de Pascal ne se
trouve dans aucun des manuscrits de Sir Isaac Newton qui sont dans la
collection de Lady Macclesfield.
» Nous avons examiné toutes les Lettres avec grand soin, ce matin même,
et nous n'y avons trouvé aucune mention du nom de Pascal, ni par consé-
quent rien qui ait rapport à ce savant. »
anatomie végétale. — Sur les rapports des vaisseaux lalicifères avee le
bois et avec les vaisseaux spiraux. Lettre de M. Schui.tz-Schui.tzensteix à
M. Trécul (1).
« Dans une conversation que nous avons eue, au sujet de vos belles ob-
servations et de vos dessins sur les vaisseaux laticifères, vous avez émis quel-
ques doutes sur la publication de mes observations concernant l'entrée des
vaisseaux lalicifères dans le bois et leur distribution entre les vaisseaux spi-
raux. Pour tenir la promesse que je vous ai donnée, j'ai l'honneur de vous
indiquer ici quelques passages de mes ouvrages qui t/occupent de la situation
réciproque des vaisseaux spiraux et laticifères, avec la traduction française
(1 1 La réponse faite ;ï cette Lettre, dans cette séance, par M. Trécul, est insérée plus haut,
parmi les communications des Membres de l'Académie, p. 748-
L, K., 1S67, ■>.' Semestre, (T. LXV, N° 19.) 99
( 75H )
que vous ferez comparer facilement avec les originaux. Dans l'ouvrage : Die
Nalur dér lebendigen Pflanze (La nature de la plante vivante, t. Ier : la Fie de
l'individu; Berlin, i8a3), vous trouverez, p. 5g r , § 1 64 : « Du foyer de la cir-
» culation (cyclose) auparavant décrit (comme se trouvant dans l'écorce), le
» latex se distribue dans toutes les parties de la plante par les ramifications
» et les anastomoses des vaisseaux laticifères. Ainsi l'intérieur du bois n'est
» nullement dépourvu de latex, quoiqu'on ne voie plus la cyclose dans le
» vieux bois endurci. Mais dans le bois des jeunes racines de la Chélidoine,
» des Ombelliféres, des Composées, Papavéracées (Sanguinaria), l'observa-
» tion de la cyclose se fait très-bien. Les vaisseaux laticifères se distribuent
» par leurs ramifications dans le bois entre les vaisseaux spiraux et sont
» situés à côté d'eux; on voit, même à l'œil nu, couler le latex du bois
» après avoir fait une section transversale d'une telle racine.
» Le latex est plus abondant dans la moelle vivante des jeunes poussesdes
» arbres que dans le bois, par exemple, dans les Figuiers, les Asclépiadées,
» les Sumacs, où on voit très-bien la cyclose dans des lames minces. Les
» vaisseaux laticifères de la moelle ne sont pas réunis en faisceaux comme
» dans (le foyer de) l'écorce, mais séparés et écartés dans le tissu cellulaire.
» La PL IF, fig. 4, donne une représentation de la marche de la cyclose dans
» la moelle du Ficus populifolia. Les anastomoses des laticifères sont ici plus
» rares, mais ils ne manquent jamais. A mesure que la moelle devient
» vieille, qu'elle se meurt et se dessèche, la cyclose s'affaiblit et cesse. »
» Dans l'ouvrage : Die Cyclose des Lebenssafles in den Pflanzen (inséré
dans les Actes de l'académie des Curieux de la nature, i84i), vous trou-
verez, p. 276, une exposition de la distribution des laticifères dans le
bois, et de la connexion des laticifères de l'écorce et de la moelle au
moyen des ramifications qui traversent le bois. Je ne cite que ces mots :
« La connexion des vaisseaux laticifères de la moelle avec le foyer dans l'é-
» corce se fait par des rameaux simples de ces vaisseaux qui traversent les
» rayons médullaires et les vaisseaux spiraux du bois dont j'ai décrit la
» direction » (1).
» Vous voyez ainsi que je n'ai pas négligé le rapport des vaisseaux latici-
fères et spiraux, et qu'il y a seulement une différence d'opinion sur les ob-
servations. Vous croyez qu'il existe une embouchure des laticifères dans les
vaisseaux spiraux; moi, je ne concède qu'une juxtaposition de ces deux sortes
(1) M. Schultz aurait ilù ajouter : « D'après Iti Chélidoine, lus Ombelliféres, le Sangui
naria », qui sont nommés dans le passage cité.
( 7%)
de vaisseaux. Je nie l'embouchure des uns dans les antres, non-seulement
faute d'observation, mais aussi à cause de la diversité des sucs contenus
dans les deux sortes de vaisseaux. Les vaisseaux spiraux du bois contiennent
la lymphe ou sève sucrée que j'ai nommée succus xylinus (Holzsaft), suc du
bois, qui coule du bois de la Vigne, de l'Érable, etc. Les laticifères ne con-
tiennent jamais autre chose que le latex, dont la composition est si singulière
qu'elle ne se trouve nulle autre part. Jamais on ne trouve la sève dans les
laticifères, jamais le latex dans les vaisseaux spiraux. Le latex qui coule du
bois des jeunes racines ne vient que des laticifères qui traversent le bois, et
que j'ai considérés comme les vaisseaux nutritifs au bois. »
ÉLECTRICITÉ. — Dialyse des courants d'induction. Note de M. E. Bouchotte,
présentée par M. Edm. Becquerel.
» La machine à courants d'induction, qui a servi dans les expériences
suivantes, sort des ateliers de la Compagnie ^Alliance. Elle porte huit
bobines, ayant chacune une hélice de 160 mètres de longueur en fil de
cuivre de i millimètre de diamètre. Huit aimants en fer à cheval agissent sur
les bobines et déterminent, pour chaque tour de l'axe, huit courants positifs
et autant de courants négatifs. Cet appareil de Nollet est mis en mouve-
ment par une roue hydraulique qui fonctionne jour et nuit avec une grande
régularité : il peut être soumis à des vitesses de rotation variant entre 25o
et 800 tours par minute ; mais jusqu'à présent on l'a maintenu à la vitesse
de 5oo tours.
» Nous avons d'abord voulu nous rendre compte du pouvoir électro-
moteur de l'appareil. Dans ce but, nous avons adapté un commutateur
destiné à donner le même sens à tous les courants dans le réophore. Le
circuit comprenait une batterie de trente-six éléments de sulfate de cuivre,
dont à volonté on opposait ou on ajoutait le travail à celui de la ma-
chine d'induction.
» Ceci posé, F étant la force électro-motrice de l'appareil de Nollet et y
celle de la batterie à sulfate de cuivre, en mesurant, à l'aide d'une boussole
de sinus, l'intensité du courant dans les deux cas, on obtient facilement
une valeur approximative de F en fonction de /. Nous avons trouvé
ainsi F = l\j , c'est-à-dire que la machine d'induction, fonctionnant avec
les courants redressés, possédait un pouvoir électro-moteur équivalent à
cent quarante-quatre éléments à sulfate de cuivre.
» Quand on met en jeu ce même appareil sans le commutateur, lescou-
99 •
( 76o )
rants agissant alors par groupe de deux, en sens inverse les uns des autres,
dans le réophore, ne peuvent déterminer une déviation permanente et
apparente de l'aiguille aimantée, à moins que celle-ci ne soit très-sensible.
On sait également que si un voltamètre à gaz est interposé dans le circuit,
chaque électrode fournit un mélange d hydrogène et d'oxygène.
» Dans un voltamètre à sulfate de cuivre, l'électrolyse devient également
impossible. Mais il est facile de prévoir que si, par une disposition spéciale
du circuit voltaïque, et sans rompre, en apparence, ce dernier, on parvient
à absorber l'une des séries de courants, les effets de l'autre série apparaîtront
avec autant de netteté que si l'on empruntait l'électricité à une pile ou bien
encore à une machine d'induction à courants redressés.
» Or, on peut obtenir ce résultat remarquable par différents moyens :
entre autres, si l'on fait intervenir dans le circuit un voltamètre à eau aci-
dulée, dont les électrodes consistent en fil de platine suffisamment fin. Ces
électrodes sont attachés à des supports qui permettent de les immerger plus
ou moins dans le liquide.
» L'un des fils étant plongé dans le voltamètre, si on met l'antre en
contact avec la surface du liquide, sa pointe devient incandescente. En
faisant descendre ensuite cet électrode d'environ 7 à 8 millimètres dans
l'eau acidulée, il s'entoure d'une gaine lumineuse. Dès ce moment on pos-
sède un courant ou plutôt i\ne série de courants parfaitement polarisés.
L'aiguille du galvanomètre dévie fortement dans un sens qui montre que
l'électrode à gaine lumineuse prend l'électricité positive. En faisant inter-
venir dans le circuit un autre voltamètre à sulfate de cuivre, on reconnaît
que la lame qui est en contact métallique avec l'électrode lumineux se dis-
sout, tandis que l'autre se charge de cuivre métallique.
» Cette série de courants, ainsi débarrassée de la série de signe contraire,
traverse jusqu'à trente-six éléments à sulfate de cuivre que l'on dispose
par opposition.
» L'expérience qui vient d'être citée réussit indifféremment avec l'un ou
l'autre des électrodes, ce qui montre que l'on peut à volonté modifier les
effets de chaque série de courants.
d Enfin, si l'on fait plonger davantage le fil dans le voltamètre, la gaine
lumineuse disparaît et la série de courants qui était absorbée cesse de l'être.
» Dans une prochaine communication nous indiquerons la mesure
exacte de la force électro-motrice fournie par la série de courants mise en
liberté, la quantité d'électricité produite, ainsi que la quantité considé-
rable de chaleur qui se dégage dans le voltamètre. »
( 76i )
anatomie. — Recherches sur les nerfs du névrilème ou nervi nervorum.
Note de 31. C. Sappey, présentée par M. Ch. Robin.
« Le névrilème reçoit des filets nerveux cpii sont aux nerfs ce que les
vasa vasorum sont aux vaisseaux, d'où le nom de nervi nervorum sons le-
quel je propose de les désigner. Leur existence dans la gaine fibreuse des
nerfs n'avait pas encore été signalée; elle est constante cependant et peut
être facilement démontrée.
■I La disposition qu'affectent les nervi nervorum dans le névrilème diffère
peu du reste de celle que présentent les ramifications nerveuses dans les
autres dépendances du système fibreux. Comme celles-ci, ils suivent en
général les artères; comme elles aussi, ils échangent dans leur trajet de
nombreuses divisions par lesquelles ils s'anastomosent, en sorte que sur
certains points on observe de petits plexus à mailles irrégulières et iné-
gales.
» Ce n'est pas seulement sur la gaine commune ou principale qu'on les
rencontre, mais aussi sur celles qui entourent les faisceaux principaux et
les faisceaux tertiaires. J'ai pu les poursuivre jusque sur la gaine des fais-
ceaux secondaires. Mais à mesure que le calibre des gaines diminue, ils
deviennent beaucoup plus déliés et plus rares. On ne les voit jamais
s'étendre jusqu'à l'enveloppe des faisceaux primitifs, enveloppe bien dif-
férente des précédentes, qui a été étudiée du reste et très-bien décrite par
M. le Professeur Ch. Robin sous le nom de périnèvre [Comptes rendus,
i85/,)-
» L'abseoce des nervi nervorum sur la gaine des faisceaux primitifs nous
explique pourquoi ils font défaut sur toutes les divisions nerveuses dont le
diamètre n'atteint pas un demi-millimètre. Les tubes qui les composent
sont remarquables par leur extrême ténuité. Chacun d'eux cependant se
compose d'une enveloppe, d'une couche médullaire et d'un cylinder axis.
» Nervi nervorum du nerj optique. — On sait que ce nerf possède deux
enveloppes fibreuses : i° une enveloppe externe, très-épaisse, qui s'étend du
trou optique au globe de l'oeil, et qui constitue pour ce dernier organe une
sorte de ligament; 2° une enveloppe interne ou profonde, très-mince, de
laquelle partent des cloisons qui, en se divisant, se subdivisant et s'unis-
sant les unes aux autres, forment des canaux longitudinaux, tous à peu
près du même diamètre.
» Cette seconde enveloppe, qui se comporte à l'égard du nerf optique
comme le névrilème à l'égard des autres nerfs, ne reçoit aucun ramuscule
( 762 )
nerveux. L'enveloppe externe en reçoit au contraire un grand nombre qui
tirent leur origine des nerfs ciliaires.
» Ces nervi nervorum de la gaine externe cheminent d'abord dans ses
couches superficielles. Par leurs divisions et leurs anastomoses ils forment
dans cette première partie de leur trajet un plexus à mailles inégales et
irrégulières, mais souvent très-serrées, qui s'entremêlent à celles des vais-
seaux sanguins. En s'avançant dans les couches profondes de cette gaine
ils continuent de se ramifier, mais deviennent bientôt si grêles qu'ils ne
sont plus représentés que par des groupes de deux, trois ou quatre tubes.
» En résumé, la gaine externe des nerfs optiques, si riche en nervi ner-
vorum, est remarquable aussi par l'abondance des fibres élastiques qui
entrent dans sa composition. C'est bien à tort par conséquent qu'elle a été
considérée par les anciens comme un trait d'union entre la dure-mère et la
sclérotique, c'est-à-dire comme prolongeant l'une et comme prolongée par
l'autre. Elle en diffère très-notablement : i° par ses fibres élastiques qui
font défaut dans toutes deux; 20 par ses nervi nervorum, qui sont d'une
extrême rareté dans la dure-mère crânienne, et dont on n'observe aucun
vestige dans la sclérotique. L'analyse anatomique, loin de confirmer l'ana-
logie qu'avaient cru entrevoir un si grand nombre d'anatomistes, atteste
donc qu'elle se distingue au contraire des deux membranes avec lesquelles
elle se continue, par des caractères qui lui sont propres. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Action exercée par le courant d' induction sur les
végétaux. Note de M. Cii. Blondeau, présentée par M. Robin. (Extrait.)
« D'après le résultat de nos expériences, il nous parait bien prouvé
que le courant d'induction ne produit l'effet d'un agent destructeur sur les
organes des végétaux, que lorsqu'en raison de la mollesse des tissus et de la
grande quantité d'eau qui les imprègne, il peut se propager avec facilité
dans leur intérieur ; mais il ne produit pas d'action sensible lorsqu'il agit
sur des tissus solides qui opposent quelque résistance à son passage. Cepen-
dant, en augmentant l'intensité du courant, en prolongeant la durée de son
action, les tissus des plantes ligneuses peuvent eux-mêmes être désorga-
nisés, et la plante être frappée de mort comme si elle avait été atteinte par
la foudre.
» Nous avons poursuivi nos études en examinant l'action qu'exerce le
courant sur les fruits et sur les graines.
» En agissant sur les fruits, le courant hâte leur maturité, ainsi que nous
( 763 )
nous en sommes assuré en électrisant des pommes, des poires et des pèches,
lesquelles sont parvenues à un état complet de maturité, alors que des
fruits portés sur le même pied, et qui n'avaient pas été soumis à la même
épreuve, étaient encore fort loin d'être mûrs.
» Mais les résultats les plus curieux sont ceux que nous avons obtenus
en électrisant des graines avant de les enfouir dans le sol. Après avoir
rendu ces graines conductrices en les faisant séjourner quelque temps dans
l'eau, nous les avons soumises pendant quelques minutes à l'action du
courant. Nos expériences ont porté sur des graines de pois, de haricot et
de blé. Après les avoir ainsi électrisées, nous les avons semées dans des pots
pleins d'une bonne terre de jardin, et pour terme de comparaison nous
avons placé dans la même terre et dans les mêmes conditions de chaleur et
d'humidité des graines qui n'avaient pas ressenti l'action de l'électricité.
u Les graines électrisées ont germé toujours plus tôt que celles qui ne
l'avaient point été, le développement de la plante a été plus rapide, les
tiges et les feuilles plus vertes et plus vigoureuses.
» Quelques-uns des haricots électrisés nous ont présenté une particularité
très-curieuse : ils ont germé la tète en bas et la racine en l'air, c'est-à-dire
que la gemmule entourée de ses cotylédons est restée dans le sol, tandis
que la racine, séparée de la gemmule par une petite tige, s'est dressée dans
l'air. Ce fait nous parait avoir son importance, en ce sens qu'il nous donne
quelque indication au sujet de cette tendance si inexplicable qui force les
plantes à diriger leurs racines vers le centre de la terre, tandis que leur
tige se dresse verticalement dans l'air. Cette tendance est si prononcée, que
tous les efforts que l'on fait pour la contrarier sont infructueux; cepen-
dant le choc électrique a suffi pour la vaincre, de la même manière qu'il
eût interverti les pôles d'un aimant. D'après cela on serait tenté d'assimiler
l'embryon à un petit aimant ayant sa ligne neutre et ses deux pôles, l'un
chargé d'une espèce particulière de fluide qui dirigerait ses organes vers le
centre de la terre, et dont l'autre les porterait vers le ciel. »
BOTANIQUE. — Hybridation artificielle dans le genre Gossypium. Note de
M. J.-E. BalsaxMO, présentée par M. Duchartre. (Extrait.)
« La province de Terra d'Otranto, mon pays natal, l'une des contrées
les plus méridionales de l'Italie, cultive le Cotonnier depuis un temps
immémorial. Les procédés de culture qui y sont généralement suivis ré-
pondent bien à la nature de cette plante, et sur ce point il n'y a rien à mo-
( 7^4 )
difier. Mais les espèces de Cotonnier ne sont pas des mieux choisies; on y
cultive peu le Gossypium herbaceum à courte soie, et plus communément
le G. hirsutum, qui est préférable au premier pour ses qualités textiles.
Néanmoins, ce dernier est loin d'avoir la longueur, la finesse, la souplesse
et le brillant du coton du Gossypimn barbadense, vulgairement nommé Sea-
Island ou coton à longue soie. Pendant la guerre d'Amérique, j'ai expéri-
menté beaucoup de variétés de cotons d'Amérique, spécialement du Sea-
Jsland, du Cotonnier de la Nouvelle-Orléans et de celui de la Louisiane,
et j'ai distribué une grande partie de la semence que j'ai obtenue aux culti-
vateurs de ma province. Les deux dernières de ces variétés, qu'on peut
rapporter pour quelques caractères au type siamois, ont prospéré; le Sea-
Island, qui est moins rustique et mûrit plus tard, n'a pas réussi partout.
La plupart de ses capsules s'ouvrent aux mois de septembre et octobre, et
les pluies d'automne en gâtent la soie. Il m'est venu alors la pensée de ma-
rier les deux types à longue et à courte soie, dans l'espoir d'obtenir une
variété de coton qui réunisse la précocité et la rusticité du Louisiane ou
siamois à la longueur, à la finesse et au reflet soyeux du Sea-htand. Les
six bvbri'des et métis que je présente à l'Académie, pris parmi beaucoup
d'autres que j'ai obtenus, proviennent de la récolte de l'été dernier et sont
des croisements du Gossypium hirsutum, variété de Siam blanc amélioré,
et variété à coton roux on nankin, et du Gossypium barbadense. J'ai choisi
à dessein le nankin, parce que, comme il est roussâtre, par les différentes
nuances des teintes des cotons hybrides on peut mieux juger de la pré-
dominance du type roux ou du type blanc des parents. C'est le caractère le
plus saisissahle pour ceux qui sont peu habitués à distinguer les diffé-
rences organiques, botaniques et physiques des produits hybrides.
» Chaque espèce de Cotonnier a cinq pétales et un grand nombre d'éta-
mines monadelphes, portant toutes des anthères qui environnent le pistil à
différentes hauteurs. Elles semblent être comme autant de rayons im-
plantés obliquement sur le cylindre ou faisceau central, formé par le style.
Il y a autant de styles que de stigmates, et l'on peut aisément les séparer
avec la pointe d'un canif. Ils se reconnaissent à l'œil nu sous la forme de
trois, quatre ou cinq petites nervures déliées et soudées entre elles du côté
intérieur. Je dis trois, quatre ou cinq, parce qu'on observe sur différentes
plantes de Cotonnier un nombre différent de styles soudés. Le nombre des
loges de chaque capsule correspond sans exception à celui des styles. Il y a
donc intérêt à choisir les capsules cpii ont le plus de loges pour obtenir
un plus grand nombre de flocons de soie.
( 765 )
» La position oblique et la direction presque rayonnante des étamines
rendent difficile une fécondation artificielle, à cause de la difficulté qu'on
éprouve à les couper toutes jusqu'au fond du calice, et de les retirer sans
qu'il tombe un peu de poussière séminale sur les stigmates. Néanmoins,
j'ai réussi à éviter le contact des anthères avec ceux-ci, et j'ai transporté le
pollen sur le pistil des fleurs auxquelles j'avais enlevé toutes leurs étamines.
J'ai pris la précaution de cultiver dans des points éloignés les espèces des-
tinées à être fécondées entre elles, et d'attendre le moment de la sortie du
pollen, qui a lieu ordinairement vers midi, lorsque la fleur s'entr' ouvre.
Ce sont donc les heures les plus chaudes du jour qui sont celles de la dé-
hiscence des étamines. Pendant et après la fécondation, les pétales se re-
ferment, les étamines prennent une position plus verticale, et le pistil abaisse
ses stigmates vers les étamines qui sont au-dessous; la corolle vire du jaune
au rouge-rose, et, le lendemain, elle tombe flétrie. Si par hasard il vient à
pleuvoir le jour de la floraison du Cotonnier, l'eau qui séjourne dans la
fleur altère et noircit le pollen. Alors la fécondation naturelle elle-même
peut manquer, et la fleur flétrie ne tombe pas, ou tombe très-tard. Les
vents forts, en emportant la plus grande partie du pollen, peuvent aussi être
cause que la fécondation naturelle sort imparfaite; dans ce cas, la capsule
reste riulimentaire, se flétrit et tombe au bout de quelques jours.
» Mes six plantes hybrides obtenues du Cotonnier nankin fécondé par le
pollen, soit du Cotonnier de Siam, soit du Gossypium barbadense, et du
Gossypium barbadense fécondé par le pollen du Cotonnier nankin, mon-
trent, dans la couleur, la souplesse, l'élasticité et la longueur de la soie,
dans la nudité des graines et la forme des feuilles, qu'elles tiennent des deux
types qui les ont produites. Il est bon d'avertir que, dans les organes
floraux de ces hybrides, je n'ai observé aucune déformation ni modifica-
tion : seulement les nervures du style offraient une déviation hélicoïdale à
l'extrémité.
» M'occupant des Cotonniers, j'ai voulu étudier l'influence de la lumière
sur la germination de leurs graines. J'ai choisi celles du Gossypium barba-
dense, qui sont noires et plus faciles à suivre dans les changements qu'elles
éprouvent pendant la germination. Je me suis servi d'un grand vase de
cristal, dans lequel j'ai mis de la terre végétale homogène. J'ai introduit
des graines de Cotonnier à différentes hauteurs, de manière qu'étant en
contact avec la paroi intérieure du vase je pusse en voir un côté de de-
hors. Une partie de ces graines étaient mises à l'abri des rayons chimiques
de la lumière, au moyen de morceaux de papier jaune collés extérieure-
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 19.) I OO
( 766 ï
ment sur les points correspondants aux graines. Une autre partie est restée
à découvert et exposée à la lumière. Le vase était en plein air et arrosé tous
les trois jours. Cette expérience a été commencée le i5 mai 1857; le
24 mai, les graines couvertes par le papier ont commencé à montrer la ra-
dicule et la plumule, tandis que celles qui étaient exposées à la lumière
n'ont pas présenté le moindre signe de germination. Les premières ont
prospéré dans leur végétation ; les secondes, retirées au bout de dix jours,
se sont montrées sensiblement altérées. Il parait donc que la lumière nuit
à la germination du Cotonnier. »
La séance est levée à 5 heures un quart. C.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 28 octobre 1867, les ouvrages
dont les titres suivent :
Catalogue de 1008 ouvrages, brochures ou écrits sur les ouragans et tes tem-
pêtes cycloniques; par M. A. Poëy, Paris, 1866, br. in-8. (Présenté par M. Le
Verrier. )
Généralités sur le climat île Mexico, et sur l'éclipsé totale de Lune du 3o mars
dernier; opusc. de M. A.Poëy.
Sur la non-existence, sous le ciel du Mexique, de la grande pluie d'étoiles
filantes de novembre 1866, et du retour périodique du mois d'août; opusc. de
M. A. Poëy.
Etude médico-légale sur les assurances sur la vie; par M. LEGlUND DU
Saulle. Paris, i8Ô7;br. in-8".
Des divers modes d'assainissement des marais et des pays marécageux cl insa-
lubres; par M. E. Bourguet. Aix, 1867; br. in-8°.
De la double série de polyèdres demi-réguliers qui servent de complément aux
recherches d'Archimède et de Kepler sur le même sujet; par M. Valat.
Bordeaux, 1867; br. in-80-
Plan d'une Géométrie nouvelle, ou réforme de l'enseignement de la géomé-
trie élémentaire; par M. V. alat. Bordeaux, 186G; br. in-8°.
Des hypothèses dans la science; par M. Valat. Bordeaux, 1867 ; br. in-8°.
( 767 )
Mémoires de l 'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg, 7e série,
t. X, n° 16; t. XI, nos 1 à 8. Saint-Pétersbourg, 1867; 9 brochures in-/(°
avec planches.
Bulletin de l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg, t. XIII,
nos 1, 3, 4. Saint-Pétersbourg, 1867; 3 brochures in-4° avec planches.
Observaciones... Observations méridiennes des étoiles v3, a, 20, i, y du
Grand Chien, recueillies à l'Observatoire national du Chili dans les années 1864,
i865, 1866; par M. J.-.T. Vergara. Santiago, 1866; in-8°.
Un a . . . Une propriété nouvelle des arcs de cercles cpù ne dépassent pas 90 de-
grés, ou résolution de quelques problèmes importants de géométrie; par M. G.
Adamo. Cosenza, 1867; br. in-8°.
Statistica... Statistique des malades atteints du choléra- morbus et guéris par
le seul emploi du camphre, à Naples, à la Real Albergo de Poveri, dans le 3e ré-
giment suisse et en ville; par M. R. Rubini. Naples, 1866; in-12. (Renvoi au
concours Bréant, 1867.)
L'Académie a reçu, dans la séance du 4 novembre 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Mémoires de l'Académie impériale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres
de Toulouse, 6e série, t. V. Toulouse, 1867; 1 vol. in-8°.
De la maladie charbonneuse de l'homme, causes, variétés, diagnostic, traite-
ment; par M. J.-J. Guipon. Paris, 1867; i vol. in-8°. (Adressé pour le
concours des prix de Médecine et de Chirurgie.)
La nomenclature médicale des Arabes . Lettres à M. le professeur A. SÉDILLOT;
par M. leD1 Favrot. Paris, 1868; br. in-8°.
Sur l'éclipsé de Soleil du 6 mars 1867 observée à Villeurbanne-lès-Lyon ; par
M. Chacornac. Lyon, 1867; br. in-8° avec planches.
Note sur la configuration des groupes de taches solaires; par M. CHACORNAC.
Lyon, 1866; 3 pages in-8° avec une planche.
Note sur la périodicité des taches solaires; par M. Chacornac. Lyon, 1866;
opuscule in-8°.
Physiologie pathologique. Becherches expérimentales sur la présence des
infuîoires et l'étal du sang dans les maladies infectieuses (deuxième Mémoire);
par MM. L. Coze et V. Feltz. Strasbourg, 1867; br. in-8°. (Renvoi à la
Commission de Médecine et de Chirurgie.)
( 76« )
Meteorologische... Observations météorologiques de V Observatoire de Berne,
décembre 1866 à février 1867. Berne, sans date; 3 brochures in 4°-
Schriften... Publications de la Société royale physico-économique de Kce-
nigsberg. 6e année, i865, i™ et 2e parties; 7e année, 1866, 1" et 2e parties.
Kœnigsberg, 1 865- 1866; 4 br. in-4°.
PUBLICATIONS PÉRIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT
LE MOIS D'OCTOBRE 18G7.
Annales de Chimie et de Physique; par MM. Chevreul, Dumas, Pelouze,
BoussiNGAULT, Regnault ; avec la collaboration de M. Wurtz ; sep-
tembre et octobre 1867; in-8°.
Annales de /' Agriculture française ; n° 18, 1867; in-8°.
Annales du Génie civil; octobre 1867; in-8°.
Annales médico-psychologiques; septembre 1867; in-8°.
Annales météorologiques de l'Observatoire de Bruxelles; n° 9, 1867; in-4°.
Bibliothèque universelle et Revue suisse. Genève, nos 1 17 et 1 18, 1867; in-8°.
Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; nos 24 et iS ; 1867; in-8u.
Bulletin de l'Académie royale de Médecine de Belgique, nos 5 à 7, 1867;
in-8°.
Bulletin de la Société académique d'Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et
Arts de Poitiers ; nos 1 1 7 et 1 18, 1867 ; in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie; août et septembre 1867; in-8°.
Bulletin de la Société de l'Industrie minérale; octobre à décembre 1867;
in-8° avec atlas in-fol.
Bulletin de la Société d'Encouragement pour l'industrie nationale; août
1867; in-4°.
Bulletin de la Société française de Photographie; septembre 1867; in-8°.
Bulletin de la Société Géologique de France; feuilles 37 à 46, 52 à 55,
1867; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; septembre 1867; in-8°.
Bulletin de la Société Philomathique; mars à mai 1867; in-8°.
(La suile du Bulletin au prochain numéro.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI II NOVEMBRE 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMRRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
« ASTRONOMIE ET MÉTÉOROLOGIE. - M. Le Verrier présente à l'Aca-
démie le tome XXI des observations faites à l'Observatoire impérial, année
i865. Il présentera dans la prochaine séance le tome de 1866 et en prendra
occasion de développer quekp.es remarques sur la marche du travail. »
histoire des sciences. -- Lettre à M. Le Verrier, concernant les relations
qui ont existé entre Jacques Cassini et Newton ; par Sir Dav.d Brewster.
» Allerly Melrose, 2 novembre 1867.
» Je pense que vous recevrez avec plaisir la Lettre suivante de Cassini
le jeune, laquelle clôt la controverse entre vous et M. Chasles et venge l'hon-
neur de Newton.
« Jacques Cassini le jeune fit un voyage à Londres dans le commence.
- ment de 1698, comme il appert de la courte Note suivante, dans laquelle
» il communique, d'après son père, les éphémérides {periodic-times) des
» cinq satellites de Saturne, qui diffèrent légèrement de celles publiées
» dans la 2e édition (1) des Principia, page 960. (Sir D. Brewster, Vie de
» Sir haac Newton, 1" édition, t. Iï, p. 207, note.)
(1) Ce serait plutôt la première.
C. R., 1867, 1' Semestre. (T. LXV, Nu 20.) I OI
( 77° )
» Au très illustre sir Izah Newton, Jacques Cassini S. P. D.
» En arrivant ici en revenant de Londres en France, j'ai reçu de mon père une Lettre
» contenant les indications des plus grandes élongations des satellites de Saturne que vous
» m'aviez demandées. Permettez- moi de vous les adresser et de vous témoigner ma grati-
» tude de votre bienveillance à mon égard. Je me suis présente chez vous pour vous voir,
» mais le malheur a voulu que vous fussiez absent. »
n Douvres, 6 avril 1690. S. N. n
histoire des sciences. — Lettre à M. le Président concernant les documents
attribués à Pascal et à Newton; par Su» David Brewster.
« Allerly Melrose, 6 novembre 1867.
» Voici un aspect de la controverse relative à Pascal sous lequel elle
n'avait pas encore été envisagée.
» M. Chasles nous assure que les documents qu'il possède proviennent
de la collection de M. Desmaizeaux; il s'ensuit nécessairement qu'ils étaient
en possession de ce dernier depuis 1727, année de la mort de Newlon,
jusqu'en 1740, époque où il mourut lui-même.
» M. Desmaizeaux fut un collaborateur actif du Dictionnaire général,
publié de 1734 à 174°, comme il appert de la préface de cet ouvrage
et aussi d'une de ses propres Lettres qui ont été publiées. Il écrivait des
articles pour ce Dictionnaire et fournissait des matériaux pour des articles
faits par d'autres auteurs.
» En supposant que sa collection de Lettres fût autbenlique (qenuine),
il était en son pouvoir de communiquer au public des connaissances les
plus originales et de la plus grande valeur que personne autre que lui ne
possédait, en écrivant les articles Descartes, Galilée, Huyghens, Leibnitz,
Newton et Pascal, ou en fournissant des matériaux aux auteurs qui s'en
étaient ebargés.
» D^s biographies fort étendues de ces hommes distingués ont été
publiées dans le Dictionnaire général de 1734 à 174°! celle de Pascal occu-
pant dix pages in-folio d'une impression très-serrée, et celle de Newton con-
tenant un grand nombre de ses Lettres; mois aucune de ces biographies ne. con-
tient la moindre allusion aux nombreux faits nouveaux dans l'histoire de
l'Astronomie et aux nombreux incidents NOUVEAUX dans les vies de ces six savants
(philosophers) qui étaient alors en la possession de Desmaizeaux.
» M. Chasles (t), avec son habituelle et merveilleuse dextérité, pourra
(1) Mr Chasles, wiih his usuul and wonderful dexterity, may be able 10 explain tlii-.
( 77' )
expliquer cette extraordinaire suppressio veri, — cette réserve des faits les
plus intéressants qu'il était de son devoir, à M. Desmaizeaux, de communi-
quer aux personnes qui remployaient, qu'il était de son honneur de com-
muniquer au public, comme compatriote de Pascal et de Descartes.
» Quoi que puisse dire M. Chasles, les amis de Newton ont une explica-
tion à eux propre. Desmaizeaux réservait son ramas de mensonges (his bud-
get qf lies) pour être vendu par lui ou par sa famille à M. le chevalier Blon-
deau de Charnage pour la somme de 200 livres sterling, dans l'espoir qu'il
ne verrait jamais le jour; mais il n'a pas eu le courage d'immortaliser son in-
famie en les déposant (ses mensonges) [embalsaming tliem.) dans le Diction-
naire général et en noircissantla mémoire deses victimes les plus distinguées.
» Je demande la permission d'ajouter (ce qui aurait été beaucoup plus
à sa place dans ma première Lettre) la déclaration de Lord comte de Ports-
mouth relative à sa collection de manuscrits de Newton :
« Je puis confirmer votre dire que dans la collection des papiers de New-
» Ion existant à Hatsbourne, il n'existe rien qui puisse donner la plus
» légère trace d'une correspondance entre Newton et Pascal. »
» M. Bond, conservateur du département des manuscrits au Musée Bri-
tannique, en réponse à ma demande, déclare que « dans les neuf volumes
« de la Correspondance de Desmaizeaux, il n'y a rien qui ait trait à Pascal, et
» naturellement aucune pièce relative à la prétendue correspondance entre
« lui et Newton. » M. Bond m'assure aussi que « la prétendue Lettre de
» Leibnilz que le professeur Hirst a reçue de M. Chasles n'est pas de l'écri-
» ture de Leibnitz. »
« M. Balard, après la lecture de ces Lettres, prend la parole pour expri-
mer à M. Chasles, au nom d'un grand nombre de ses confrères, le désir de
le voir laisser imprimer, sans y faire de réponse immédiate, les observa-
tions que peuvent amener ses communications antérieures. Il servira, dit-il,
bien mieux les intérêts de la science et de la vérité en donnant tous ses
soins à la publication qu'il a promise des documents nombreux qu'il a entre
ses mains; qu'il renvoie sa réponse aux observations critiques suggérées par
cette publication à l'époque où elle aura pu être jugée dans son ensemble.
M. Balard exprime le vœu que cette publication complète, avec tous les
exlraordinai y suppressio veri, — this réserve of mosl înterestin^ facts which lie was bonne!
in duty to communicate to his employers, and which lie was boiind in honour to commn-
nicate to the public as the eonntryinan of Pascal and Descartes.
IOI .
( 772 )
documents à l'appui, ait lieu le plus tôt possible, ainsi que le vif désir devoir
M. Chasles ne pas user dans une polémique incessante une santé et une vie
si précieuses à la science et si chères à l'Académie. »
HISTOIKE DES SCIENCES. — Réponse aux deux Lettres de Sir David Brewster;
par M. Chasi.es.
« Je ne me rends pas dès aujourd'hui aux conseils de mes amis qui m'invi-
tent à ne plus m'occuper désormais que des soins que demande la publica-
tion des nombreux documents qui mettront hors de doute, nonobstant
tous les efforts contraires, les relations qui ont existé entre Pascal et
Newton. Mes confrères m'excuseront, j'ose l'espérer, de ne point rester
sous le coup de nouvelles dénégations et interrogations de M. Brewster.
Je prie donc l'Académie de me permettre de répondre rapidement à ses
deux Lettres.
» Sir David dit que sa première Lettre « clôt la controverse entre M. Le
» Verrier et moi, et venge l'honneur de Newton. »
» Il est dans l'erreur; sa Lettre n'ajoute rien à ce qui a été dit par
M. Grant et par M. Le Verrier. Il paraît ne s'èlre pas rendu compte de
l'état de la question.
» M. Grant a dit que pour Saturne, Newton s'était servi, en 1726, des
observations de Cassini insérées dans les Transactions philosophiques pour
1687 ( 1). M. Le Verrier a dit de même, en indiquant les Mémoires de notre
Académie, au lieu des Transactions philosophiques, en ces termes : « Les
» observations de Cassini existent, et il suffit de les consulter dans les Mé-
» moires de notre Académie, pour reconnaître qu'elles sont identiques à
» celles données par Newton en 1726 (2). »
» M. Brewster n'ajoute donc absolument rien à ce qui a été dit très-
expressément par M. Grant, puis par M Le Verrier.
» Voilà un nouvel exemple de la précipitation et de la confiance sans
bornes avec laquelle Sir David a toujours cru détruire ce qu'il s'est plu à
appeler des impostures. Mais ce mot ne se trouve plus dans ses Lettres de ce
jour; et je suis heureux d'en faire la remarque.
» Je passe à la seconde Lettre.
» Sir David avait avancé, dans la dernière séance, « qu'il produirait des
» faits d'une grande importance, montrant qu'il est probable que Desmai-
(1) Comptes rendus, séance du 3o septembre, p. 5^5.
(2) Comptes rendus, séance du i4 octobre, p. 623.
( 773 )
» zeaux lui-même a été le fabricant des documents que possède M. Chasles. »
» Je signalerai d'abord une inexactitude de fait dans la phrase suivante :
« M. Chasles nous assure que les documents qu'il possède proviennent de
» la collection de M. Desmaizeaux. » J'ai dit, en premier lieu, que les
Lettres que Newton avait écrites à divers savants, et les Lettres que ceux-ci
lui avaient adressées s'étaient trouvées réunies clans ses propres mains,
parce qu'il avait coutume, à la mort de chacun de ses correspondants, de
redemander ses Lettres (i), et qu'il a eu le bonheur de survivre à tous, à Pas-
cal, à Rohanlt, à Mariotte, à Vizé, à Saint-Évremond, etc. J'ai dit ensuite
que cette collection de Lettres et de documents de Newton avait passé dans
le cabinet de Desmaizeaux, puis avait été vendue au chevalier Blondeau de
Charnage, et m'était ainsi parvenue (2). Mais je n'ai point dit que tous les
documents que j'ai eu à citer , tels que les Lettres de Montesquieu, de La-
bruvère, du Roi Jacques, du cardinal de Polignac, de Malebranche,
vinssent de la même source. Loin de là, on a vu par l'indication précise
des annotations apposées sur ces liasses de Documents par le Collection-
neur du siècle dernier, qu'ils proviennent de sources très-variées (3).
» M. Brewster dit que si Desmaizeaux avait possédé les documents rela-
tifs à Newton, il aurait dû en faire usage dans le Dictionnaire général publié
de 1734 à 1740; et « qu'il était de son honneur, comme compatriote de
" Pascal et de Descartes, de les communiquer au public. »
» Sur ce dernier point, je partage le sentiment de Sir David. Ses paroles
me rappelleraient mon devoir, comme compatriote aussi de Descartes et de
Pascal, si je ne l'avais pas compris de moi-même, soit à ce titre particulier,
soit au point de vue plus général de la vérité et de la justice qui font la dignité
du domaine des sciences.
» Sir David ajoute :
« M. Chasles, avec son habituelle et merveilleuse dextérité, pourra
» expliquer cette extraordinaire suppression de la vérité. »
» Cette explication est toute simple; je l'ai déjà donnée; j'ai dit que
Desmaizeaux avait d'abord montré à quelques personnes, notamment à
Montesquieu, la totalité de ses papiers concernant Newton, qu'ensuite il y
a mis plus de réserve, et a refusé toute communication, alléguant qu'il ne se
considérait que comme dépositaire de ces papiers (4)- C'est la réponse qu'il
(1) Comptes rendus, séance du 12 août, p. 271.
(2) Comptes rendus, séances du 12 août, p. 271, et 14 octobre, p. 621.
(3) Comptes rendus, séance du 28 octobre, p. 690.
(4) Comptes rendus, séance du i4 octobre, p. 621.
( 774 )
a faite à Fontenelle, notamment, en lui écrivant « pour rien an monde je
» ne voudrais rien dire qui put nuire à la réputation de M. Newton, main-
» tenant si bien rétablie. » Ce refus se retrouve dans plusieurs correspon-
dances de Desrnaizeaux dont il n'y a point eu jusqu'ici nécessité de parler,
comme je l'ai déjà dit.
» Sir David dit que « les amis de Newton ont une explication à eux
» propre. Desrnaizeaux réservait son amas de mensonges pour être vendu
»> par lui ou par sa famille à M. le chevalier Blondeau de Charnage, pour
» la somme de 200 livres sterling. »
» Voilà effectivement un fait d'une grande importance, comme l'avait
annoncé M. Brewster. Ainsi il a trouvé des traces de la vente faite au che-
valier Blondeau de Charnage, et de plus le prix de cette vente, 200 livres
sterling. Voilà un document précieux dont je sais gré à Sir David. Mais ce
serait un pas de plus vers la découverte tout entière de la vérité, si Sir-
David voulait bien, comme je l'en ai prié, rechercher les traces qui peuvent
subsister des démarches qui ont été faites par le professeur Winthrop et
l'historien Bobertson, pour obtenir la rétrocession des papiers cédés au
chevalier Blondeau de Charnage. C'est là la question même que je m'élais
permis de lui adresser.
» On vient de voir que Sir David parle de ma dextérité habituelle, .le ne
sais ce qu'il veut dire par là. Je me suis borné à être toujours dans le vrai,
à citer des faits : ces faits sont les documents que je possède, et qu'il m'a
suffi de produire au fur et à mesure que les objections et les attaques de
mes adversaires m'obligeaient d'y recourir; ce que j'ai fait avec une exac-
titude si scrupuleuse, que je n'ai pas à rectifier ni à atténuer aucune des
considérations que j'ai présentées, aucun des faits que j'ai produits.
» Mais, j'en conviens, la marche de M. Brewster a été différente : il a cru
que, comme historien de la vie de Newton, et « défenseur du caractère mo-
ral et intellectuel du grand géomètre », il pouvait toujours s'en rapporter
à son propre jugement, et se borner, à mon égard, à des assertions et à des
dénégations, sans jamais donner aucune preuve des unes comme des autres.
» Il s'est emparé de l'argument du café, imaginé par M. Faugère, de
l'ignorance prétendue de Newton dans la langue française ; il s'est empressé
de déclarer que le faussaire, signalé aussi par M. Faugère, n'avait même
jamais vu ni l'écriture ni la signature de Newton; et il a annoncé que son
oeuvre s'était faite de 1734 à 1740, ou depuis i84>-
» Cette seconde hypothèse, de 1841, donnait lieu à bien des difficultés
qui auront fait impression sur l'esprit de Sir David. Aussi il adopte la pre-
mière; et il éloigne résolument de plus d'un siècle la fabrication des pièces;
( 775 )
etcest Desmaizeaux lui-même, bien qu'il connût l'écriture de Newton,
qu'il déclare le falsificateur.
» Ces affirmations si subites, si inattendues et surtout dépourvues de
preuves, comme toujours, ne semblent-elles pas indiquer que Sir David n'est
pas dans une bonne voie?
» On a vu avec quelle légèreté il a parlé d'un incident de la pins haute
importance, l'intervention de Louis XIV et du Roi Jacques dans cette ques-
tion des relations qui avaient existé entre Pascal et Newton.
» Je serais heureux que Sir David voulût bien prendre en plus sérieuse
considération cet épisode de notre longue polémique, et ne plus se borner à
dire que Louis XIV et le Roi Jacques n'avaient pas le temps de s'occuper de
Newton ; car une telle allégation ne sert qu'à prouver l'impuissance absolue
où l'on est de soutenir la thèse qu'on s'est faite. J'ai déjà dit, et je répète
ici, que je pourrai produire de nombreux documents qui se rapportent à
cette même intervention des deux Rois; car la Reine Marie et la princesse
Anne, à la sollicitation de leur père, ont aussi fait leurs remontrances à
Newton; celui-ci a aussi écrit plus d'une Lettre à ce sujet : la Reine Chris-
tine de Suède a aussi apporté son propre témoignage; etc.
» Je passe à un point de la seconde Lettre de Sir David Brewster, relatif
à Leibnitz.
» Je possède les originaux de plusieurs Lettres de Leibnitz, insérées dans
les deux volumes de 1720, de Desmaizeaux. M. Hirst m'a demandé, il y a
un certain temps, de lui communiquer une de ces Lettres qu'il désignait.
Je me suis empressé de la lui envoyer, de même que je lui ai envoyé aussi
différents écrits de Newton, qui avaient déjà été entre ses mains et qu'il m'a
redemandés. La phrase finale de la communication de M. Brewster m'ap-
prend que ma Lettre est fausse : « M. Rond (conservateur du département
» des Manuscrits au Musée Britannique), dit-il, m'assure que la prétendue
» Lettre de Leibnitz, que le professeur Hirst a reçue de M. Chasles, n'est
• pas de l'écriture de Leibnitz. »
» Cette déclaration incidente, dans une question sérieuse, me paraît bien
laconique. M. Bond est-il expert en écriture? Avec quelle série de Lettres
de Leibnitz, de quelles dates et sur quels sujets, a-t-il comparé celle dont
il s'agit et qui se rapporte à la querelle de Leibnitz et de Newton? Tout le
monde s'étonnera du laconisme de M. Brewster dans cette circonstance.
» Je rappellerai que M. Faugère, en déclarant fausse la Lettre du Boi
Jacques, du 12 janvier 1689(1), l'avait comparée à une Lettre de 1677, diffé-
(1) Comptes rendus, séance du i4 octobre, p. 644-
( 776 )
rente au moins de signature, quand la signature Jacques R est toujours la
même et caractéristique; il n'avait donné aucune indication quelconque
sur la date, le sujet de cette Lettre, etc. C'est sur ma demande, réitérée avec
insistance, qu'il s'est décidé à en dire quelques mots, sans répondre à mes
diverses questions. Il fait un travail, dit-il, sur ces Lettres du Roi Jacques (i).
Et le travail n'a pas encore paru. M. Faugère devrait comprendre qu'il ne
peut lui suffire de dire que l'écriture du Roi Jacques n'a pas sensiblement
changé. Quelleest l'étendue de ce sensiblement? Sera-t-elle la même à d'au-
tres yeux qu'à ceux de M. Faugère? Y aurait-il lieu aussi à un sensiblement
dans le jugement porté par M. Bond ? 11 faut que tout cela soit mis au jour.
» Je répèle à l'Académie que, si cette longue polémique m'afflige et me
cause de grandes contrariétés à raison d'autres occupations urgentes qui
sont aussi un devoir pour moi, je n'ai aucune inquiétude sur le résultat final,
et sur le jugement qui, un jour, deviendra unanime.
» Il ne m'est pas possible de prendre connaissance dans ce moment
même de la Lettre de M. Grant, déposée sur le bureau. Ce sera pour notre
prochaine séance. »
astronomie. — Considérations sur la position topoc/inpbique de l'Observatoire
impérial de Paris. Lecture faite à V Académie des Sciences, par M. Le
Verrier, à l'occasion du second anniversaire séculaire de la fondation de
r Observatoire en 1667.
« On lit dans les Mémoires de /' Académie des Sciences pour l'année 1667 :
« Si une espèce de pompe et de cérémonie peut être comptée pour quel-
» que chose en ces matières (astronomiques), rien ne fut plus solennel que
» les observations qui se firent le 21 juin, jour du solstice. Le Roi, pour fa-
» voriser pleinement les sciences et particulièrement l'astronomie, avait
» résolu de faire bâtir un observatoire, et la place en était déjà marquée au
» faubourg Saint-Jacques. Comme ce bâtiment devait être tout savant et
» qu'il était principalement destiné aux observations astronomiques, on
» voulut qu'il fût posé sur une ligne méridienne et que tous ses angles ré-
» pondissent à certains alimuths. Les mathématiciens (Picard, La Hire)se
.. transportèrent donc sur le lieu, le i\ juin. Ils tirèrent une méridienne et
» huit alimuths avec tout le soin que leur pouvaient inspirer des conjec-
» tures si particulières. Ils trouvèrent la hauteur méridienne du Soleil de
» 64° 4»' au moins, ce qui donne pour la hauteur du pôle à l'observatoire
(1) Comptes rendus, séance du 28 octobre, p. 702.
( 777 )
» 48° 4g' 3o" en supposant que la vraie déclinaison du Soleil fût de 23° 3o'
» et la réfraction à cette hauteur d'une demie-minute seulement. On trouva
» que la déclinaison de l'Éguille aimentée était de i5 minutes à l'occident.
» Toutes ces observations furent la consécration du lieu.
» Les fondements de l'édifice furent aussi jetés cette année, et l'on en
» frappa une médaille avec ces mots : Sic itur ad astra. »
» La situation au midi de la capitale était bien choisie pour l'installa-
tion d'un observatoire, Le plus grand nombre des observations s' effectuant
vers le sud, on ne serait pas gêné dans cette position par les fumées de la
capitale, d'autant plus que les beaux temps se présentant surtout par le
vent d'est, les vapeurs ne seraient point amenées sur l'établissement. La
colline Saint- Jacques était d'ailleurs assez élevée, et les alentours n'étaient
point bâtis ou n'étaient occupés que par quelques établissements religieux
qui ne pouvaient gêner en rien.
» La masse du monument fut achevée en 1671. L'abbé Picard avait pro-
jeté d'y établir de grands cercles muraux, de grands secteurs, etc., tous
les instruments nécessaires au développement de l'astronomie de précision.
Dominique Cassini, appelé d'Italie, dirigea au contraire les observations
vers les recherches physiques, et les dispositions du bâtiment furent telles,
qu'il n'a jamais servi et ne pourra servir à abriter un instrument de préci-
sion. On sait les véhéments reproches adressés à Cassini par notre illustre
confrère M. Biot, qui allait jusqu'à déclarer en toute occasion que la venue
de Cassini en France avait été une calamité pour l'astronomie de notre
pays.
» Lorsqu'en 1732 on voulut établir un quart de cercle mural de 2 mè-
tres de rayon, on ne trouva dans le grand édifice aucun endroit propice.
L'Académie des Sciences, au nom de laquelle agissait le directeur, dut faire
bâtir un cabinet extérieur attenant à la tour orientale.
» Le même embarras se représenta en 1 742 et en 1 7G0, et fut résolu pa-
reillement par l'établissement de petites constructions extérieures.
» En 1784 cependant, les voûtes du grand bâtiment tombaient en ruine
et leur restauration fut décidée. Cassini proposa de raser l'étage supérieur
dont l'élévation est plus nuisible qu'utile. Des raisons politiques firent re-
jeter ce projet; on ne voulait pas toucher à l'ensemble architectural d'un
édifice construit par Louis XIV. La restauration s'opéra de 1786 à 1793.
» Cette situation eut certainement une influence regrettable sur l'oubli
ou on laissa en France pendant un siècle la lunette méridienne inventée
a Paris par Rcemer. Les Anglais s'en emparèrent en 1760 par les mains de
<:. R., 1867, a" St-mestre. (T. LXV, N° 20.) '02
( 77« )
leur grand astronome Rradlev, qui leur a assuré ainsi une avance considé-
rable clans les travaux de l'astronomie de précision.
» Lorsqu'enfin, en 1800, Bouvard commença une série d'observations à
la lunette méridienne, les instruments durent être placés comme par le
passé dans des cabinets latéraux situés à l'est du grand édifice. C'est sur le
même emplacement que trente ans plus tard a été établie, par les soins de
M. Arago, la salle des instruments méridiens.
» Les conditions de l'observatoire primitif, en ce qui concerne son isole-
ment, se sont modifiées avec le temps. Les constructions de la capitale ont
peu à peu progressé vers le sud, elles ont entraîné l'ouverture de voies
nouvelles, et celles-ci à leur tour ont facilité l'établissement de nombreuses
habitations. Aussi M. Biot avait-il émis plusieurs fois la pensée qu'on devrait
enlever l'Observatoire à Paris, et le transporter au loin en pleine campagne ;
tout en déclarant, dans ce style imagé qu'il possédait, qu'une fois le nouvel
établissement construit dans le désert, on ne trouverait pas de moines pour
un pareil couvent.
» Lorsqu'en 1 854, on dut entreprendre de nouveaux travaux, on exa-
mina, avant de rien décider, l'opportunité d'une translation de l'Observa-
toire. On considéra avec tout le soin nécessaire les conditions d'existence
d'un personnel qui est loin de réaliser l'idéal des moines de M. Biot,
l'avantage qu'on avait à Paris de se trouver au centre de la vie scientifique
et à portée des artistes dont on a un besoin incessant. On consulta même la
Ville de Paris, et de tout cet examen on conclut que dans les conditions
de voisinage où se trouvait l'Observatoire, il pouvait être conservé à la ca-
pitale, pourvu qu'en temps et heu on prît les dispositions préservatrices
nécessaires.
» Au commencement de 1860, la Ville avait résolu de prolonger le bou-
levard de Sébastopol jusqu'au carrefour de l'Observatoire, de prolonger
également le boulevard Montparnasse, et d'ouvrir au midi un boulevard
allant à la barrière d'Enfer et passant tout près de notre limite sud. Il ét;iit
facile de comprendre que les conditions primitives étaient changées, et
qu'après l'ouverture de ces voies de communications les terrains qui nous
avoisinent seraient rapidement bâtis. Nous aurions manqué à notre premier
devoir envers la Science et envers l'Académie, si nous ne nous étions occupé
de cette situation.
» Nous avons étudié dès lors avec le plus grand soin et avec le concours
de nos collaborateurs, nous avons fait dresser par M. l'arcliitecte Guénepin et
proposé un plan d'isolement que nous plaçons aujourd'hui sous !<•> yeux de
( 779 )
l'Académie. Pour bien faire comprendre les conditions exclusivement scienti-
fiques qui nous ont guidé, nous supposerons qu'il s'agisse de chercher un
emplacement pour la très-grande lunette dont l'objectif est confié à notre
confrère M. Foucault. Je dois dire que les considérations que j'ai à pré-
senter à ce sujet ont été bien des fois discutées avec lui, et que nous
sommes complètement d'accord.
« Le nord est tout d'abord exclu. L'immense bâtiment de l'Observatoire
masquerait le sud, c'est-à-dire la partie du ciel dans laquelle on observe.
» Se placer sur le haut de l'Observatoire lui-même serait impossible.
Outre qu'on ne voit pas comment on lui superposerait encore une construc-
tion de 17 mètres de hauteur et de diamètre, il est bien établi que les grands
murs étant échauffés dans le jour par le soleil, il en résulte même pendant
la nuit des courants d'air chaud qui ne permettent pas de tirer des grands
instruments tout le parti qu'on en doit attendre en leur appliquant de
forts grossissements; ceux-ci ne servant la plupart du temps qu'à mettre
en évidence l'influence pernicieuse de l'air avoisinant la tour.
» Il résulte de ce premier examen qu'on ne pourrait s'établir que dans
l'espace au sud du bâtiment. De ce côté même il sera indispensable de
s'éloigner autant qu'on le pourra, non-seulement de l'édifice, mais de la
rue Saint-Jacques, du nouveau boulevard au sud, et en outre d'une rue
transversale projetée pour la réunion de la rue d'Enfer au boulevard du sud,
boulevard auquel on a donné le nom d'Arago.
» Du côté de l'édifice on peut a-ssurément sacrifier un peu de l'horizon
nord, sans qu'il soit permis néanmoins de l'abandonner en entier. Du côté
des rues on éprouve les embarras du bruit, de la poussière, des trépida-
tions et surtout de l'éclairage. Ce dernier obstacle est à vrai dire le plus
considérable. En observant au-dessus d'une ligne de becs de gaz situés par
trop près, il serait impossible d'apercevoir de faibles astres, quelle que fût
la puissance de l'instrument, à plus forte raison de mesurer leurs mouve-
ments.
« D'un autre côté, on peut voir sur le plan que la rue Saint- Jacques est
oblique vers le sud-est, et que son prolongement l'amenant promptement
en face du bâtiment, il ne reste de place utilement disponible qu'au sud-
ouest. Mais, pour que ce lieu lui-même soit propice, il est indispensable
que la rue transversale du sud-ouest, destinée à joindre la rue d'Enter au
boulevard Arago, ne longe pas de trop près nos terrains.
» Et ainsi on est amené a cette conclusion que la condition d'un iso-
lement convenable de l'Observatoire est que la rue transversale soit re-
102..
( 78° )
poussée à une certaine distance de l'angle sud-ouest de notre enceinte ac-
tuelle. Nous demandions un écart de ,o mètres, et c est dans cette hypo-
thèse qu'est tracé le plan que nous mettons sous les yeux de 1 Académie.
» Du reste, nous ne réclamions pour l'Observatoire la possession d au-
cune partie des terrains qui se trouveraient ainsi limités par notre enceme
actuelle, d'une part, par les rues Saint-Jacques, transversale et le boule-
vard Arago, de l'autre; nous proposions d'en former un petit square al u-
saKe du pubhc, faisant remarquer que lorsqu'on a construit, avec raison
d< Si eu», tant de squares d'embellissement dans la ville de Pans en abat-
tant des maisons à grands frais, il semblait naturel d'en etabhr un la ou il
est indispensable à la science et pour ainsi dire tout forme par les jardms
^f Aul'ieu et place de ce projet, l'Administration municipale de Paris en
rédigea un autre, dans lequel il ne fut pas assez tenu compte des besoins
de 1 astronomie, mais beaucoup trop des conditions de symetne et de via-
^f Dans ce projet de l'Administration municipale, tracé aussi sur le plan
que je présente, on voit qu'on se propose d'élargir, en prenant sur les ter-
rains actuels de l'Observatoire, la rue Saint-Jacques, qui est déjà trop p.es
de nous. Au sud-ouest, non-seulement on n'éloigne pas de ao mètres a rue
transversale, comme nous l'avons demandé, mais on la fait passer su, nos
terrains actuels, afin d'en faire la symétrique delà rue Saint-Jacques, con-
dition fort intéressante assure-t-on, mais détestable à notre point de vue
puisque les grands instruments à élever seraient alors places dans un
angle, entre deux lignes de feux.
! Il est très-vrai que d'après le même projet on veut bien nous accorde,
un vaste terrain au nord, une partie de l'avenue de l'Observatoire; mais
nous avons exposé que l'astronomie ne saurait rien faire de ces terrains.
, Userait inutile d'entretenir l'Académie des nombreuses négociations
intervenues depuis 1860 jusqu'à ce jour pour obtenir une modification dans
le plan formulé par l'Administration municipale de Paris et de nos in-
stances réitérées chaque année : en 1861, en 186,, en ,863, en 1864, en
,865 en ,866 et en ,867. Puissent-elles n'avoir pas paru importunes.
» Le plan de l'Administration municipale, maintenu par elle, est en
pleine voie d'exécution. Nous croyons que toute discussion à ce sujet serait
désormais inutile.
. Nous n'aimons pas les plaintes stériles, et nous n entendons pas en
faire une ici. Nous nous sommes occupé des moyens de tirer part, de la
( 7«* )
situation nouvelle, de manière que l'astronomie n'ait pas à en souffrir, ce
qui est le seul point à considérer. Nous croyons y être parvenu, et nous
espérons que l'Académie l'estimera ainsi quand il nous aura été possible
de lui lire très-prochainement la seconde partie de cette communication. »
MÉMOIRES LUS.
PHYSIOLOGIE végétale. — Etudes sur les Jonctions des racines des végétaux;
par M. B. Corenwinder. (Extrait par l'auteur. )
(Commissaires : MM. Brongniart, Decaisne, Boussingault.)
« On admet depuis longtemps une théorie relative aux racines des
plantes, qui n'a jamais été démontrée expérimentalement, et qui cependant
n'est contestée par personne. Je veux parler de la propriété qu'on leur
attribue d'absorber dans le sol de l'acide carbonique.
» Depuis plusieurs années, je me suis livré à des recherches sur ce sujet.
Retenu par un sentiment de prudente circonspection, je n'ai pas osé jus-
qu'à aujourd'hui faire connaître les résultats de ces recherches, parce qu'ils
sont en contradiction avec des opinions accréditées dans les ouvrages les
plus sérieux. Cependant, comme l'intérêt de la science exige que les faits
acquis par la méthode expérimentale prennent la place des théories spécu-
latives, je ne crois pas devoir hésiter plus longtemps à publier des obser-
vations qui infirment un système très-spécieux, il est vrai, mais contraire
aux lois naturelles.
» J'ai la conviction aujourd'hui que les racines des plantes n ont pas la
propriété d'absorber dans le sol de l'acide carbonique, ou au moins que la
quantité qui peut pénétrer dans leurs tissus par cette voie ne doit pas être
considérée pour elles comme une source importante de carbone.
» ...M. Boussingault a constaté, il y a quelques années, que le sol est un
réservoir immense d'acide carbonique. Dans une de ses expériences il en a
trouvé près de 10 pour ioo dans de l'air confiné au sein d'une terre meuble
et fertile, riche en principes organiques.
» On est conduit à se demander ce que devient cet acide si les racines
n'ont pas la propriété de l'absorber.
» Il me paraît probable qu'il s'exhale du sol, surtout lorsque celui-ci est
récemment ameubli. Les labours, les hersages, les pluies, etc., le dépla-
cent et le ramènent près de la surface, d'où il se répand dans l'atmosphère.
( 7&» )
» Si la terre est couveite de feuilles, comme dans un champ de betteraves
et de tabac, par exemple, ces organes l'absorbent au passage. Cependant
le savant éminent que je viens de citer a fait une expérience, que j'ai con-
firmée, dont il semblerait résulter que l'air qu'on aspire à la surface du sol
ne contient pas plus d'acide carbonique que celui qu'on peut recueillir en
même temps à quelques mètres d'élévation.
» Il faut remarquer que, lorsqu'au moyen d'un aspirateur on fait arriver
dans un récipient contenant de l'eau de baryte un volume d'air déterminé,
on ne fixe que la très-petite quantité d'acide carbonique que cet air peut
contenir; mais dans la nature le phénomène est différent. Les feuilles, en
vertu de leur affinité pour l'acide carbonique, forment un centre d'attrac-
tion vers lequel celui-ci se précipite. Lorsqu'une molécule d'acide est
absorbée, un vide se fait pour les molécules de même nature qui, possé-
dant une élasticité propre et indépendante de celle de l'air dans lequel elles
sont raréfiées, se dirigent vers ce point central.
» Dans mes nombreuses expériences, j'ai remarqué que l'air atmosphé-
rique ne renferme quelquefois que des traces d'acide carbonique, et cepen-
dant si l'on y expose au même moment un vase ouvert contenant de l'eau
de baryte, celle-ci se couvre en peu d'instants de particules de carbonate
de baryte. Ce phénomène s'explique de la même manière.
» J'ai effectué sur le même sujet un grand nombre d'autres expériences
qui confirment les observations précédentes. Elles feront l'objet d'un second
Mémoire, que j'aurai l'honneur de présentera l'Académie. »
MEMOIRES PRESENTES
M. A. Netter adresse une Note intitulée : « Du gargouillement de la fosse
iliaque droite dans la fièvre typhoïde, considéré comme indication théra-
peutique ».
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
M. Eo. Robin adresse un Mémoire auquel il donne le titre : « Nouvelles
observations sur la durée de la vie, sur les moyens de retarder la vieillesse,
sur les propriétés physiologiques, hygiéniques, thérapeutiques et toxiques
des antiputrides; sur le choléra, s.i nature, ses causes et son traitement;
voie par laquelle les modérateurs de l'hématose arrivent à exercer les pou-
( 783 )
voirs diurétique, purgatif, vomitif, excitateur des contractions utérines, etc.
Utilisation des venins et d'antres poisons, etc. »
(Renvoi à la Section de Médecine, à laquelle M. Blanchard est prié de
s'adjoindre.)
M. Maisonnier adresse une nouvelle Note relative à un instrument qu'il
considère comme pouvant remplacer le graphomètre.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
M. Lacranin adresse une Note concernant diverses questions de théra-
peutique.
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
M. Ch. Legros adresse un travail complémentaire au Mémoire « sur
les tissus érectiles et leur physiologie » qu'il a déjà présenté pour le con-
cours du prix Godard. L'auteur joint à cet envoi un résumé manuscrit des
faits qu'il considère comme nouveaux dans ces deux Mémoires.
(Renvoi à la Commission du prix Godard.)
M. Levasseur adresse, pour le concours des prix de Médecine et de Chi-
rurgie (fondation Montyon), une brochure ayant pour titre : « De la mort
apparente et des moyens de la reconnaître ». L'auteur joint à cet envoi une
indication manuscrite des points qu'il considère comme nouveaux dans son
travail.
(Renvoi à la Commission.)
M. Pé<:hoi.ier adresse, comme document destiné à la Commission des
prix de Médecine et de Chirurgie, une Note manuscrite sur les points qu'il
considère comme nouveaux dans les Mémoires qu'il a publiés en son nom
personnel.
(Renvoi à la Commission.)
M. C. Arlotti adresse un T.lémoire, écrit en italien, snr le choléra.
(Renvoi à la Commission du legs liréant.)
( 7«4 )
CORRESPONDANCE .
M. Dubrunfaot prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi
le.- candidats à la place vacante dans la Section d'Économie rurale par
suite du décès de M. Rayer.
(Renvoi à la Section d'Économie rurale.)
M. Maisoxneuve prie l'Académie de vouloir bien le comprendre parmi
les candidats à la place vacante dans la Section de Médecine et de Chi-
rurgie par suite du décès de M. Velpeau.
(Renvoi à la Section de. Médecine et de Chirurgie.)
HISTOIRE DES SCIENCES. — Lettre à M. Le Verrier, concernant les observation*
astronomiques dont Pascal et Newton ont pu faire usage; par M. Graxt(i).
« Observatoire de Glascow, 3i octobre 1867.
« Je vois, par les remarques faites par M. Chasles dans la séance dit
3o septembre et dans les séances suivantes, qu'il continue à avoir la con-
viction que les Notes sur l'Astronomie physique que l'on allègue avoir été
écrites par Pascal, ainsi que la masse de correspondance relative à Newton
qui les accompagne, sont des productions authentiques (genuine). A l'ap-
pui de cette opinion, il soutient que c'est principalement de Galilée que
Pascal obtint les observations astronomiques qu'il a employées pour cal-
culer les résultats contenus dans les Notes qui lui sont attribuées ; que
Newton était en possession des résultats de Pascal lorsqu'il publia la pre-
mière édition des Principia en 1687, mais qu'il jugea convenable de retar-
der leur publication jusqu'à l'année 1726, époque à laquelle il les inséra
dans la troisième édition de son ouvrage. M. Chasles, en outre, fait d'autres
remarques, relativement à ce que j'avais établi touchant les observations
faites par Cassini, Pound, etc., que Newton déclare avoir emplovées pour
le calcul de ses résultats : « Que sais-je sur cette matière? Est-ce que je
» connais les observations ? Puis-je prouver ce que j'ai avancé? » C'est en
raisin de ces expressions de M. Chasles que je demande la permission de
présenter quelques observations additionnelles.
■> Les éléments employés dans le calcul dis résultats attribués à Pascal,
(1) L'Académie a décidé que cette Lettre, bien que dépassant les limites réglementaires,
serait* reproduite en entier au Compte rendu.
( 785 ;
dont j'ai parlé dans ma première communication, abstraction faite de toule
considération des éléments, qu'on peut supposer n'avoir pas varié entre le
temps de Pascal et l'année 1726, sont les suivants :
)> i° Les diamètres apparents du Soleil, de Jupiter et de Saturne;
» i° Les éléments d'un des satellites de Jupiter;
» 3° Les éléments d'un des satellites.de Saturne;
» 4° La parallaxe solaire.
» Examinons ces groupes d'éléments isolément, pour savoir si Galilée
était capable de fournir à Pascal des évaluations de ces éléments cpii pussent
conduire à des résultats identiques à ceux que contiennent les Notes attri-
buées à Pascal.
» 1 . Dans le troisième de ses fameux dialogues sur les systèmes de l'uni-
vers de Ptolémée et de Copernic, Galilée exprime ainsi ses vues sur la gran-
deur delà parallaxe du Soleil et sur la grandeur du diamètre apparent du
Soleil :
« Et d'abord je suppose, avec Copernic lui-même, et d'accord avec les
» adversaires, que le demi-diamètre du grand orbe, qui est la distance de
» la Terreau Soleil, contienne 1208 demi-diamètres de la même Terre.
» Secondement, j'admets, avec l'assentiment des mêmes et avec la vérité, que
» le diamètre apparent du Soleil dans sa distance moyenne est d'environ
» un demi-degré, c'est-à-dire de 3o minutes, qui sont 1800 secondes ou
» 108000 tierces. »
» J'ai maintenant à m'occuper de la valeur que Galilée assigne à la pa-
rallaxe solaire. En ce qui toucbe le diamètre apparent du Soleil, il estime
qu'il est d'environ 3o minutes. Ce résultat était parfaitement d'accord
avec les mesures du même élément faites de son temps. Avant l'application
du télescope aux instruments divisés, les observations pour déterminer le
diamètre apparent du Soleil étaient nécessairement assez grossières (0/ «
rude character). Il est important d'avoir présent à l'esprit que le télescope,
tel qu'il était employé par Galilée, consistant en une lentille convexe et
une lentille concave, convenablement combinées ensemble, était essentiel-
lement inapplicable à des mesures exactes, puisque dans aucune partie de
sa construction on n'aurait pu introduire un objet qui pût être vu avec la
même netteté que l'image de l'objet observé. C'est le caractère particulier
de la forme képlerienne du télescope à réfraction qui consiste en une com-
binaison de deux lentilles convexes, que l'image de l'objet observé est for-
mée dans une certaine position définie dans l'intérieur du tube du téles-
cope, et où conséquemment aucun autre objet qui s'y trouverait placé ne
C. R., i«fi7, 2" Semestre. ( T. LXV, !V0 20.) I o3
( 7«6 )
peut être vu avec une égale netteté. De là il découle que ce fut cette forme
de télescope qui suggéra l'idée de l'intersection de deux fils croisés au foyer
pour déterminer les positions exactes des corps célestes, et aussi l'invention
du micromètre pour la mesure des petites quantités angulaires. Or, ce ne
fut que vers l'époque de la mort de Galilée que la forme képlerienne du
télescope commença à être mise en usage comme instrument pour l'obser-
vation, et il s'écoula encore un quart de siècle avant qu'il reçût les impor-
tants perfectionnements dont je viens de parler. L'avantage de l'emploi du
télescope dans les observations astronomiques est facilement mis en évidence
par les valeurs suivantes du demi-diamètre apparent du Soleil correspon-
dant à la distance moyenne de la Terre, telle qu'elle a été déterminée avant
et après les déterminations exactes qu'il permit de faire :
Diamètre apparent
Autorités. du Soleil.
Tycho-Brabe ( 1600) 3i . 0,0
Galilée (i63a) 3o. 0,0
Riccioli ( 1 65 1 ) 3i .5o,o
Huyghens (1659) 3o.3o,o
Cassini (1687) 3a. 12,0
Cassini (1726) 32. 8,0
Valeur moderne 32 . 3,6
» Les quatre premières valeurs dans la liste ci-dessus avaient été déter-
minées sans le secours du télescope. Dans chacune des trois dernières, le
diamètre apparent du Soleil fut observé avec un télescope muni de deux
fils s'entre-croisanl à angles droits au foyer de l'instrument. Les valeurs de
1687 et de 1726 données par Cassini sont celles dont Newton s'est servi
dans la première et dans la troisième édition des Principia.
» Pascal ne pouvait avoir obtenu de Galilée ni d'aucun de ses contem-
porains une valeur du diamètre apparent du Soleil comparable pour la pré-
cision aux valeurs de cet élément employé par Newton en 1687 et 1726.
La conséquence naturelle de cette circonstance, c'est que les résultats nu-
mériques contenus dans les Notes communiquées par M. Chasles, représen-
tant les densités de Jupiter, de Saturne et de la Terre, et l'intensité de gravité
à leurs surfaces doivent être considérés comme controuvés (fictitions) .
» Galilée ne possédait aucun instrument pour mesurer le diamètre
des planètes. Les éclipses des satellites de Jupiter auraient pu, il est vrai,
lui fournir une indication du diamètre apparent de cette planète; mais
( 787 )
quant au diamètre apparent de Saturne, il ne connaissait absolument au-
cune méthode quelconque pour en déterminer la valeur, et il a dû néces-
sairement se contenter d'une simple estimation à l'œil nu. Nous pouvons juger
facilement combien il est difficile d'arriver à quelque chose approchant de
la précision, lorsque nous voyons que Galilée estime que le diamètre appa-
rent de Vénus, lorsqu'elle est dans sa conjonction inférieure, ne dépasse
pas 10 secondes. Riccioli, comme je l'ai dit dans ma première communica-
tion, estime que le diamètre apparent de cette planète, lorsqu'elle est dans
la même position, s'élève à 4' 8". On verra combien ces résultats diffèrent
des déterminations modernes. Enfin Galilée estimait le diamètre appa-
rent d'une étoile de première grandeur à 5 secondes, ce qui est au moins
cent fois plus que la valeur réelle.
» 2. Les périodes de révolution des satellites de Jupiter peuvent être fa-
cilement trouvées par leurs éclipses. Galilée, par cette méthode, a déter-
miné leurs valeurs avec une exactitude remarquable, et cela dès l'année 1612
(Discorso intorno aile cose que slanno suCacque, ecc). Il est difficile de savoir
au juste quelles étaient les valeurs exactes qu'il assignait aux plus grandes
élongations des satellites. Nous devons, dans tous les cas, regarder comme
très-improbable qu'il ait fourni à Pascal une mesure du diamètre apparent
de la planète et des mesures de la période et de la plus grande élongation
du quatrième satellite, pouvant conduire à des résultats numériques iden-
tiques à ceux que contient la troisième édition des Principia, plus spéciale-
ment lorsqu'on se rappelle que la détermination de Pound de la plus grande
élongation du quatrième satellite, sur laquelle les résultats de Newton sont
en grande partie basés, a été trouvée sensiblement erronée dans ces der-
nières années. M. Chasles, il est vrai, refuse d'admettre l'authenticité des
observations de Pound, et, suivant cette route, il soutient que Newton fut
redevable de sa connaissance des éléments des satellites de Jupiter, non à
Pound, mais à Pascal. Je vais cependant démontrer que cette opinion est
absolument insoutenable, en citant les observations originales de Pound et
de Bradley, et en montrant leur parfaite concordance avec les éléments
dont Newton s'est servi pour les calculs définitifs contenus dans la troisième
édition des Principia.
» 3. Nous avons maintenant à examiner jusqu'à quel point Galilée était
en position de fournir à Pascal les observations astronomiques nécessaires
pour calculer les résultats relatifs à Saturne contenus dans les documents
communiqués à l'Académie des Sciences par M. Chasles. Il paraîtrait, d'a-
près certaines Lettres supplémentaires communiquées par M. Chasles dans
o3.
( ?8« )
la séance du 7 octobre, que Galilée découvrit deux satellites de Saturne, et
que ce fut par le moyen des éléments de ces corps, qu'il avait reçu du sa-
vant italien, que Pascal détermina la masse de la planète. Examinons ce
point un peu plus attentivement. Dans ses fameux dialogues sur les systèmes
de l'univers de Ptolémée et de Copernic, Galilée a passé en revue tous ses
travaux astronomiques antérieurs. Dans aucune partie de cet ouvrage nous
ne trouvons d'allusion, même la plus éloignée, à aucun satellite de Saturne.
L'auteur, il est vrai, fait mention des deux globes latéraux qui accompa-
gnent la planète, paraissant et disparaissant périodiquement (como lo sco-
prirsi et ascondersi ci mostra); mais ce n'étaient que les parties extrêmes de
l'anneau, que les télescopes de Galilée ne permettaient pas de voir, même
sous la forme d'anses (ansœ) ou de lunules, comme elles s'offrirent à Heve-
lius quelques années après, avant la découverte d'IIuyghens. Mais la publi-
cation du célèbre ouvrage dont je viens de parler eut pour effet d'attirer
sur son auteur la colère de l'Église catholique, et ce ne fut que vers la fin
de i633 qu'il lui fut permis de reprendre le cours paisible de ses travaux
scientifiques, lors de son retour à Arcelri, dans le voisinage de Florence.
D'un autre côté, c'est un fait parfaitement établi que, au mois de jan-
vier 1637, Galilée fut atteint d'une maladie des yeux qui amena une cécité
complète avant la fin de la même année, et que, durant le reste de sa vie,
il continua à être absolument privé de la vue. 11 suit de là que la décou-
verte de deux satellites de Saturne, si elle a eu lieu réellement et n'est pas
une fiction, aurait dû avoir lieu dans l'intervalle des trois années comprises
entre le commencement de 1 634 et 'a fin c'e i636. Mais l'histoire nous ap-
prend que les satellites de Saturne ne furent découverts que vers les temps
du passage de la planète à travers l'un des nœuds de l'anneau, et lorsque
conséquemment l'anneau ou était tout à fait invisible, ou ne présentait plus
que l'apparence de deux bras ou barres radiales, s' étendant dans des direc-
tions opposées à la planète. Telle était la position occupée par la planète et
l'apparence que, conséquemment, présentait l'anneau en i655, 1671, 1672,
1789 et 1848, époques auxquelles les huit satellites connus de la planète
furent découverts par Huyghens, Cassini, Herschel, Lassell et Rond. Mais,
en i635, qui est l'année moyenne de la période durant laquelle Galilée au-
rait découvert les satellites de Saturne, l'anneau avait atteint sa plus grande
ouverture. On doit donc regarder comme très-improbable que Galilée, avec
l'aide d'un télescope qui ne montrait les anses (ansœ) de l'anneau que sous
la forme de deux globes latéraux, ait pu découvrir deux satellites de Saturne
à un moment où la phase de l'anneau avait acquis un tel développement,
( 789)
qu'il a constitué un obstacle absolu à des découvertes de cette nature pour
les astronomes qui sont venus depuis. Mais il est impossible que Galilée ait
pu faire aucune semblable découverte pour les deux raisons suivantes : d'a-
bord, il n'existe aucun témoignage historique que Galilée ait communiqué
cette découverte à personne. Quoique atteint d'une cécité complète depuis
l'année 1637 jusqu'à sa mort, en 1642, le célèbre savant italien continua
à occuper activement son esprit de recherches scientifiques, et entretint
avec ses amis une correspondance sur différents sujets; bien qu'il éprouvât
toujours un grand plaisir à exposer aux hommes de science, et au public
en général, les résultats de ses travaux, il n'a nulle part fait la moindre al-
lusion à la découverte qui, pour la première fois, lui est attribuée ici. M'ap-
puyant sur cette raison seule, je soutiens que la découverte de deux satellites
de Saturne par Galilée doit être regardée comme purement controuvée
[ficlitious).
» En second lieu, dans les deux Lettres qu'on lui attribue, Lettres
datées du a janvier 164 1 et du 20 mai 1 64 ï (Comptes rendus, oc-
tobre 1867), Galilée fait mention du mauvais état de sa vue et de la fatigue
que lui cause aux yeux l'action d'écrire. Mais c'est un fait parfaitement
authentique que, depuis la fin de 1637 jusqu'à sa mort, en 1 6Zj2, le savant
italien resta constamment et complètement privé de la vue.
» La contradiction manifeste qui se présente ici, entre les documents
communiqués par M. Chasles et les faits établis de l'histoire, suffirait seule
pour nous autoriser à conclure que la correspondance entière est apo-
cryphe.
» 4. J'ai déjà cité un passage d'un des ouvrages de Galilée, d'après le-
quel il estime que la distance du Soleil à la Terre s'élève à 1208 demi-dia-
mètres de la Terre. Ce chiffre indiquerait, pour la valeur de la parallaxe
du Soleil, 2'5i", résultat tout à fait d'accord avec les déterminations cor-
respondantes des astronomes contemporains. En effet, avant l'usage de la
forme képlerienne du télescope à réfraction, muni de fils croisés au foyer
pour observer les positions exactes des corps célestes, et l'emploi du micro-
mètre à vis dans la mesure des petites quantités angulaires, toutes les déter-
minations de la parallaxe solaire peuvent n'être considérées que comme de
simples conjectures. Huyghens, après avoir fait voir combien peu étaient
convenables les méthodes employées par les astronomes pour fixer la valeur
de cet élément, s'abstint sagement de calculer la somme probable, recon-
naissant franchement que c'était une question sur laquelle il se sentait
absolument incapable de jeter aucun jour. Ce ne fut que. vers l'année 1670
( 79° )
que les progrès faits dans l'astronomie pratique commencèrent enfin à lai-
ser entrevoir la possibilité d'une solution satisfaisante du problème. La mé-
thode proposée par Cassini, pour la détermination de la parallaxe solaire
par des observations de la planète Mars, faites soit en deux points diffé-
rents de la surface de la Terre, soit dans un même lieu, mais plusieurs
fois répétées des deux côtés du méridien, fut mise en pratique en 1671 avec
l'énergie et le talent des astronomes français; et les résultats de leurs tra-
vaux établirent ce fait important que la parallaxe du Soleil ne dépasse pas
10". Cassini fixa sa valeur à 9" \. La liste suivante contient quelques-unes
des valeurs de la parallaxe solaire, telles qu'elles furent déterminées avant
et après cette mémorable recherche :
Tycho-Brahe (1600) la faisait égale à 3'. o"
Kepler (1627) 1 . 1
Galilée ( 1 632 ) 2 . 5 1
Bouillant! ( 1 645 ) 2.21
Cassini (1672) o. 9, 5
Pound et Bradley (1721) o.io,3
Passages de Vénus (1 761-1769) o. 8,6
Détermination moderne o . 8,9
» Dans la recherche de cette valeur attribuée à Cassini dans le tableau
ci-dessus, les améliorations apportées dans la manière d'observer en astro-
nomie avaient été mises en pratique pour la première fois.
» La valeur de la parallaxe solaire adoptée par Newton dans la troisième
édition des Principia était de 10" \. J'ai à peine besoin de faire remarquer
combien est grande la différence entre cette valeur du même élément et celle
qui était adoptée par Galilée ou par tout autre astronome de son temps. Il
est donc évident que la détermination de Galilée pour la parallaxe solaire
ne pouvait conduire Pascal aux résultats numériques relatifs à la niasse de
la Terre, à sa densité et à la force de gravité à sa surface, tels qu'ils sont
donnés dans la troisième édition des Principia.
» J'ai démontré ainsi que les résultats numériques contenus dans quel-
ques-unes des Notes sur l'Astronomie physique, attribuées à Pascal et
communiquées par M. Cbasles à l'Académie des Sciences, n'avaient pu
être déduits des observations astronomiques de Galilée ni d'aucun des astro-
nomes contemporains, et que, comme ils sont absolument identiques avec
les résultats correspondants donnés par Newton dans la troisième édition
des Principia, lesquels sont basés sur des observations faites par Cassini.
Pound et Bradley, plusieurs années après la mort de Pascal, nous sommes
(79' )
complètement autorisés à considérer les Notes qui contiennent ces ré-
sultats comme entièrement controuvées [as pure forgeries). De plus, lors-
que l'on considère que la totalité des documents relatifs à Newton qui ont
été communiqués par M. Chasles à l'Académie des Sciences, et qui ont été
publiés dans les Comptes rendus, outre qu'ils émanent, comme on l'avoue,
d'une source commune, se distinguent touspar un caractère commun, à savoir
une tendance à rabaisser Newton sous le rapport moral et intellectuel, et à
lui faire perdre le rang qu'il occupe dans l'histoire, celle d'un homme d'un
caractère sans tache et d'un auteur de découvertes originales dans les
sciences, je soutiens que, s'il nous est possible de démontrer par une preuve
irrécusable que les documents dans plusieurs cas sont absolument apo-
cryphes, nous sommes légitimement autorisés, par cette circonstance, à
étendre la même conclusion à la masse des documents.
» Il me reste maintenant à répondre en peu de mots à l'invitation de
M. Chasles, défaire connaître les sources originales des observations dont
Newton s'est servi en calculant les résultats contenus dans la troisième édi-
tion des Principia.
» Le diamètre apparent du Soleil correspondant à la moyenne distance
de la Terre a été tiré des Tables astronomiques de Cassini (J.-D.). Les dia-
mètres apparents de Jupiter et de Saturne correspondant également à la
moyenne distance de la Terre ont été fournis parPound. Les détails origi-
naires de ces observations se trouvent dans les Mélanges et la Correspondance
de Rigaud (Miscellaneous Works and Correspondance, in-4, Oxford, 1 83a). Les
diamètres apparents des deux planètes ont été trouvés, d'après les obser-
vations, être respectivement de 3c/' et 18". Cependant Newton n'admet pour
leur valeur réelle que 3f et 16", déduisant i" dans chaque cas pour l'effet
de l'irradiation. Cette manière de procéder n'était pas arbitraire de la part
de Newton; elle lui avait été suggérée par une série d'observations expéri-
mentales, faites avec beaucoup de soin par Pound et Bradley, comme cela
est évident d'après le passage suivant, extrait du journal de leurs obser-
vations : « Par le passage du premier satellite sur le disque de Jupiter, le
» i o mars 1719, la distance du quatrième satellite de Jupiter est de 28,8 demi-
» diamètres de Jupiter, et parle passage observé le 19 avril 1719, la distance
» du quatrième est de 26,6; et d'après la moyenne de ces observations et
» la plus grande élongation du quatrième satellite déjà mentionné, le plus
» grand diamètre de Jupiter à sa distance moyenne du Soleil est de 3n", 1;
» d'où il résulte que le diamètre de Jupiter observé au micromètre semble
» être trop grand de i"\ ou 2" (p. 34g). »
( 792 )
» J'ai établi dans une précédente communication que la période du qua-
trième satellite de Jupiter, dont Newton s'est servi dans ses calculs, avait été
tirée des Tables des satellites, de Bradley. La plus grande élongation avait été
déterminée d'après des observations faites par Pound et Bradley dans les
mois de mars, avril et mai 17 19. La valeur résultante fut trouvée être
8' 16", 1 (Bkadley's Miscellaneous works and Correspondance, p. 349) > cest
la valeur adoptée par Newton. J'ai démontré dans une précédente occasion
que la période du satellite huyghenien de Jupiter, adoptée par Newton, était
celle que l'on doit à Cassini, et je renvoyais au volume des Transactions
philosophiques de la Société Royale, où elle se trouve. La plus grande élon-
gation du satellite peut être considérée comme due à Cassini ou à Pound.
» La valeur de la parallaxe solaire adoptée par Newton dans la troisième
édition des Principia est de io"{. Cette valeur a été évidemment suggérée
par les recherches de Cassini, Pound et Bradley. J'ai déjà dit que Cassini
déterminait la valeur de la parallaxe solaire comme étant 9" -§■. Pound et
Bradley tirent des observations de Mars (à l'est et à l'ouest du méridien),
les i4et 17 août 1719. Halley, qui était présent au moment des obser-
vations, remarque qu'elles démontraient l'extrême petitesse de la pa-
rallaxe solaire, qui n'aurait pas pu être plus grande que 12" et moindre
que 9" [Transactions philosophiques, t. XXXI, p. 1 i4)- La moyenne de ces
valeurs donnerait 10" -|, valeur adoptée par Newton. Lors de l'opposition
suivante de Mars, en octobre 1721, des observations fure-nt faites, dans le
même but, pendant quatre nuits différentes, les i/|, i5, 20 et 25 octobre,
et la valeur résultante de la parallaxe solaire, calculée par Bradley, fut
trouvée être 10" £ (Bradley s Miscell. works, p. 353). Ces différentes déter-
minations de la parallaxe solaire par Cassini, Pound et Bradley rendent
facilement compte de la valeur de cet élément que Newton a adoptée pour
ses calculs. »
ASTRONOMIE. — Observations de i éclipse de Soleil du 2()aoiiià Rio de Janeiro,
et calcul de la longitude de cet Observatoire y par M. E. Liais.
« Athalaïa (Rio de Janeiro), 6 septembre 1867.
« Je m'étais proposé d'aller observer à Montevideo l'éclipsé totale de
Soleil du 29 août dernier, mais une maladie m'a empêché d'entreprendre
le voyage en temps nécessaire. A Bio de Janeiro, quoique l'éclipsé fût par-
tielle, elle était cependant digne d'intérêt, et mon savant ami, M. le baron
de Prados, l'a observée avec moi à mon observatoire d'Atalaïa, qui est situé
par 22°53'4i",2 de latitude sud, d'après une détermination directe que j'ai
( 793)
faite par les étoiles. En longitude, ce même observatoire est à i5% 5 à l'est
du fort de Villegagnon, dont, en i858, j'ai trouvé la longitude de 3h im32s, 4
par rapport au méridien de Paris.
» Un temps splendide nous a favorisés, et le premier contact s'est nette-
ment prononcé en coïncidence sensible avec le battement de la seconde du
chronomètre à S1^™)5 de cet instrument, qui avançait en cet instant de
i im i6a, 65 sur le temps moyen. Cela donne pour heure du premier contact,
1867, 28 août, 20h22m44%35.
» Pour le dernier contact, la différence de nos observations n'a été que
de 0% 2, M. le baron de Prados l'ayant noté seulement 0% 2 plus tard que
moi. La moyenne de nos deux observations corrigée de l'état du chrono-
mètre en cet instant donne, 1867, 28 août, 23h4m58s,62.
» Comme dans le n° i5g5 des Astronomische Nachrichlen, M. Oppolzer a
fait voir l'existence de quelques erreurs dans les tables du Soleil en usage,
j'ai eu soin d'observer cet astre dans les journées des 28, 29 et 3o août, et
j'en ai déduit, à l'aide du mouvement donné par les tables, les'positions pour
les instants sidéraux des contacts qui m'étaient connus sans intervention de
la longitude du lieu. Par ce moyen, j'ai éliminé toute influence des tables
du Soleil sur les résultats du calcul de la longitude. Je dois dire, au reste,
que les corrections tabulaires ont été presque nulles dans le cas présent, car
les positions du Soleil calculées après coup par les éphémérides n'ont dif-
féré que de os,og (en plus) en ascension droite, et o",8 (en moins) en décli-
naison de celles que l'observation directe avait données. Ceci montre que
les erreurs à craindre, sans être complètement négligeables, sont sans grande
influence sur le résultat.
m En calculant, avec les positions ainsi obtenues pour le Soleil, et avec
celles de la Lune fournies par la connaissance des temps, et en éliminant la
somme des deux demi-diamètres entre les deux équations de condition four-
nies par les deux contacts, afin d'éliminer les incertitudes de toute nature
que cette somme introduit, tant celles qui existent sur les diamètres tabu-
laires, que l'influence de grossissement des lunettes, etc., j'ai obtenu pour
la longitude L d'Atalaïa par rapport à Paris
L = 3him28s,35 + os,6470(D - os, 534 o> - is,63oc?AR,
équation dans laquelle âï), dp et c?AR représentent les nombres de secondes
d'arc d'erreur sur la déclinaison, la parallaxe et l'ascension droite de la
Lune, prises dans les tables. Je ferai remarquer qu'il y a dans les données
précédentes tout ce qu'il faut pour vérifier cette équation.
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 20.) I °4
I 794 )
» A mon retour à Rio, j'ai retrouvé en parfait état de conservation les
épreuves photographiques de l'éclipsé de i858, que j'aurais emportées en
Europe, si j'avais cru qu'une discussion s'élevât sur la longitude de Rio. En-
core aujourd'hui ces épreuves, faites à l'aide d'une monture parallactique,
montrent de la manière la plus nette le fait déclaré dans le Rapport de la
Commission brésilienne, savoir, que l'angle de la ligne des cornes et du dia-
mètre nord-sud du Soleil n'a pas varié d'un demi-degré pour les épreuves
les plus voisines de la totalité, ce qui prouve que la plus courte dislance des
centres ne s'est pas élevée à o",8, et la petite variation constatée donne pour
celte plus courte distance o", 6 (à l'est delà ligne centrale). L'incertitude
n'atteint pas o",i .
» Or, ce simple fait nous donne par l'éclipsé de 1 858 une détermination
indépendante de toute erreur d'observation pour la longitude de Paranagua,
car elle fixe notre station centrale sensiblement à l'intersection de son pa-
rallèle avec la ligne centrale de l'éclipsé, ou plus exactement à l'intersec-
tion du parallèle du lieu et de la ligne sur laquelle la distance des centres
était de o",6 du côté de la limite nord de la totalité.
» En 1861, j'ai effectué le calcul de la longitude de cette intersection,
mais comme je ne veux pas aujourd'hui faire intervenir mes calculs, pas plus
que mes observations, je prends cette longitude sur la table du parcours de
l'éclipsé de 1 858, donnée par M. Carrington, pour la côte orientale d'Amé-
rique, à la page 27 de sa brochure sur cette éclipse (1), table calculée à l'aide
des tables du Soleil et de la Lune de Hansen, et je trouve en remarquant
qu'il a fixé les limites de la totalité pour 14 secondes de distance minimum
des centres, que le point d'intersection de la ligne en question et du paral-
lèle de la station était par 3b 1 3m43s, 5a de longitude ouest de Greeuwich
ou 3h23m4%5 de Paris. En retranchant de ce nombre la différence 2im2iV
entre notre station centrale de Paranagua et le fort de Villegagnon, on a
pour la longitude de Rio 3him43sJ4 par les positions tabulaires non corrigées
et par les calculs de MM. Carrington et Harley (2).
» J'ai obtenu pour cette longitude, en tenant compte, pour les correc-
tions tabulaires , des diverses équations fournies par les observations de
(1) Information and suggestions adressai to persans who may lu able to place tkemselves
within t/ie shadoiv of the total éclipse ofthe Sun on september, n, i858.
(2) M. Mouchy donne ii"'2.cf,i pour la différence des méridiens île Rio et de notre sta-
tion. Cela vient probablement de ce qu'il aura pris un autre point de la vaste baie de Para-
nagua pour celui de notre station. En tout cas, son nombre ne ferait que réduire encore le
maximum que je veux établir ici.
( 79^ )
l'éclipsé sur les deux côtes d'Amérique, et en ayant égard aux corrections
obtenues à Greenwich aux environs de cette époque. 3him32s, 4- La diffé-
rence des deux calculs provient des différences dans les positions des astres
employées. Mais, comme aujourd'hui je ne veux qu'un maximum, je ne les
discuterai pas, et je me contenterai de constater qu'il résulte de cette diffé-
rence que les corrections tabulaires, sur la grandeur exacte desquelles on
sait qu'il règne d'ailleurs toujours quelques doutes, étaient toutefois de
nature à diminuer la longitude au lieu de l'augmenter. Ainsi, le nombre
de 3uim43s, 4 pourrait être regardé comme trop grand, mais non comme
trop petit. Par conséquent, l'ancien nombre de la Connaissance des Temps,
3ll2mos, est certainement trop grand de 16 à 20 secondes ou de 4 à 5 mi-
nutes d'arc : les épreuves de l'éclipsé de 1 858 sont encore là pour le prou-
ver, et c'est un témoignage d'une force immense qu'à la prochaine occasion
je communiquerai à l'Académie, qui a déjà, dans le Rapport signé de mes
collègues de la Commission de Paranagua, l'attestation de la grandeur
des angles de position qu'on peut encore vérifier sur les épreuves.
» Je ferai remarquer que je n'ai pas ici le moins du monde l'intention
de défendre la valeur que j'ai antérieurement donnée pour la longitude de
Rio, mais uniquement celle de tâcher de parvenir à la vérité. J'ai eu soin
de rapporter toutes mes cartes au premier méridien de Rio de Janeiro, et
mes positions relatives sont déterminées indépendamment de celles de ce
méridien, de sorte que si l'on changeait non pas seulement de quelques
secondes, mais même d'une heure, la position du méridien en question, je
n'aurais aucun changement à faire dans mes cartes. Je suis d'ailleurs d'au-
tant plus désintéressé dans la question que ce n'est qu'incidemment et à
propos de l'éclipsé de 1 858 que j'ai donné la longitude de Rio, et, si je
n'avais eu pour la fixer que les quelques culminalions lunaires que j'ob-
servai en novembre 1 858 , je n'aurais jamais parlé de cette longitude. Ces
culminations, toutefois, s'accordèrent assez bien avec le nombre donné par
l'éclipsé, de sorte que j'ai, comme il était naturel de le faire, mentionné
cet accord. Mais leur nombre était trop petit pour qu'elles pussent servir
à perfectionner le chiffre donné par l'éclipsé, d'autant plus que dans les
quatre observations, l'état de l'atmosphère n'avait pas permis de noter le
passage à tous les fils, ce qui fait que je ne les ai pas employées et que j'ai
conservé intact le nombre fourni par l'éclipsé. Il est donc bien évident que
si je reconnaissais qu'il s'est glissé une erreur dans ma longitude de
Rio, je pourrais aujourd'hui la faire connaître, puisqu'elle ne rejaillirait
sur aucun de mes résultats. Au reste, l'unique chose qui, pour moi, ait
104 •
( 796 )
quelque valeur dans mes recherches sur la longitude de Rio, n'est pas le
nombre que j'ai trouvé, mais bien les méthodes nouvelles que j'ai imagi-
nées, et dont l'utilité ne serait en rien détruite quand même je les aurais
mal mises en pratique; en un mot, ce à quoi je tiens, c'est à avoir le pre-
mier appliqué la photographie à l'astronomie de précision, et cela sur
une plage presque déserte, à a5oo lieues de la France, et il y a neuf ans,
quand aujourd'hui on ne le fait pas encore dans les grands observatoires,
malgré les instances réitérées de M. Faye.
>» Ainsi, on voit que tout en étant disposé à faire très-peu de cas de mon
ancien nombre et tout prêt à considérer au besoin comme nuls son accord
si remarquable avec la longitude de M. Moesta , accord prouvé par deux
voies différentes, et son accord non moins remarquable avec une foule
d'autres déterminations de Beechey, de King, de Hewett, de Hegwood,
de Brisbane et Rumker, etc., etc., je suis obligé d'arriver à la conclusion
suivante, que ne peut affaiblir un nombre quelconque d'observations
visuelles. Tant qu'on n'aura pas prouvé que la photographie peut rendre
parallèles deux lignes faisant entre elles un angle de plusieurs degrés, il
faut admettre que la longitude de Villegagnon ne peut dépasser 3him4os que
de 3 ou 4 secondes au plus. En outre, si mon ancien nombre de 3bim32s,4
n'est pas rigoureusement le vrai, il est bien près de la vérité, et la différence
ne peut être que d'une dizaine de secondes en plus ou en moins, gran-
deur que j'ai toujours considérée comme exprimant l'erreur possible.
» L'observation que je viens de faire avec M. le baron de Prados sur la
dernière éclipse confirme la nécessité de diminuer l'ancienne longitude de
3h2mos pour Villegagnon, car cette observation donne 3h im438,85, si l'on
néglige les corrections des tables de la Lune, qui doivent d'ailleurs être
petites. Ce nombre aussi a sa limite d'incertitude due aux corrections des
tables. Donc, notre observation nouvelle ne sera pas en désaccord avec
celle de l'éclipsé de 1 858. »
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur la /icnélralion des bulles d'air dans tes liquides;
par M. F. Laroqce.
« M. Melsens a présenté à l'Académie, dans sa séance du 3o septembre
1867, une Note dans laquelle il cite, comme nouveau et inexpliqué, le phé-
nomène de la pénétration des bulles d'air dans l'eau au moment où un pro-
jectile pénètre dans ce liquide avec une force vive suffisante. Je ne dois pas,
dans la courte Note que je soumets aujourd'hui à l'Académie, faire l'his-
( 797 )
toire critique de cette question. Mais je tiens à rappeler que M. G. Mngnus
s'en est beaucoup occupé, et qu'il a fait connaître les résultats de ses expé-
riences dans ses Mémoires, intitulés : Recherches hydrauliques, et principa-
lement dans celui qui a été inséré, in extenso, dans les Annales de Poi/r/en-
dorff (i), et par extrait dans les Annales de Chimie et de Physique (2).
» D'après M. Magniis, lorsqu'un projectile pénètre dans l'eau, il y pro-
voque une excavation dont il forme le fond, et qui se ferme à la surface
avant qu'elle soit devenue complète. L'air enfermé dans celte excavation
remonte plus tard à la surface. Or, comme la section droite de cette exca-
vation est toujours plus grande que celle du projectile, et augmente avec
sa force vive, il en résulte que le volume de l'air ainsi emprisonné peut être
plusieurs fois plus grand que celui du projectile.
» Telle est donc, d'après M. Magnus, la cause unique de la pénétration
de l'air dans l'eau lorsqu'un projectile est lancé dans ce liquide. Nous de-
vons ajouter que le même savant a vérifié, par diverses expériences, que l'air
ne peut pas être introduit dans l'eau par entraînement latéral du projectile.
» Mais l'air ne pénètre-t-il pas aussi dans l'eau parce qu'il y est poussé
par le projectile? Au premier abord, ce mode de pénétration parait ration-
nellement impossible. 11 fallait donc, avant de le rejeter absolument, con-
sulter l'expérience. J'ai entrepris, à ce sujet, des recherches expérimentales
dont j'ai communiqué les résultats à l'Académie de Toulouse, dans sa
séance du 23 juillet 1 85y (3). Je reproduis ici textuellement l'exposé d'une
expérience que j'ai signalée, à cette époque, dans mon Mémoire :
« On laisse tomber d'une hauteur de quelques centimètres dans une
» masse d'eau tranquille, contenue dans une large éprouvette à pied,
» un long cylindre de moelle de sureau, dont la base inférieure plane est
» remplacée par une calotte sphérique de plomb. Le poids spécifique
» moyen du système est plus petit que celui de l'eau. La chute accélérée
» dans l'air, se retarde dans l'eau, s'arrête, et le système remonte. Pendant
» la chute dans l'eau une partie du cylindre reste hors du liquide, et l'on
» voit, malgré cela, des bulles d'air au-dessous de la base sphérique, on
» en voit même qui sont lancées à plusieurs centimètres au-dessous de cette
» base, et qui remontent moins vite que le cylindre. »
(1) Poggendorff's Annalen, t. XCV, p. i, mai i855.
(a) Annales de Chimie et de Physique, 3e sci'ie, I. XLVII.
(3) Mémoires de l'Académie impériale des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Tou-
louse, 5e st'rie, t. I, 1857.
( 798)
» Ces bulles n'ont fait partie ni de la masse d'air contenue dans la cavité
fermée derrière le projectile, ni de l'excavation annulaire formée autour
du cylindre, puisque cette excavation ne se ferme pas par en haut. C'est,
du reste, ce qui est confirmé par une autre expérience. En effet, quand la
partie continue d'une veine liquide pénètre dans une masse d'eau parfaite-
tement tranquille, il n'y a pas, en même temps, pénétration des bulles d'air
dans l'eau. Il faut donc admettre, d'après l'expérience faite avec le cylindre
de moelle de sureau, que l'air qui pénètre dans l'eau y est poussé par le
projectile.
« En résumé, lorsqu'un projectile est lancé dans l'eau avec une force
vive suffisante, l'air pénètre en même temps dans le liquide, i° parce qu'il
y est poussé en avant par compression ; 20 parce qu'il y est entraîné dans la
dépression engendrée par le projectile et qui s'est fermée derrière lui.
» Quant au volume total de l'air entraîné dans le liquide, ce volume doit
varier avec le poids spécifique et la cohésion du liquide, et enfin avec la
force vive que possède le projectile au moment du choc. »
CHIMIE AGRICOLE. — Sur l'utilité du sel marin en agriculture, fondée sur sa trans-
formation en carbonate de soude, et ultérieurement en nitrate de soude. Note
de M. Velter, présentée par M. Peligot. (Extrait.)
« Dans un travail très-important, publié dans le dernier numéro des
Comptes rendus, M. Peligot met en doute que le sel marin soit utile à la
végétation. 11 pense que, si dans certaines circonstances le sel a produit de
bons effets, cela peut tenir à ce que le sel marin est toujours accompagné
de sels magnésiens dont l'action sur la végétation est favorable.
» Une transformation du sel marin indiquée par Berthollet, que je viens
de vérifier, peut expliquer l'effet favorable du sel marin sur la végétation.
» Le sel marin , dans une terre calcaire et riche en matières organiques,
se transforme en carbonate de soude. Le chlorure est entraîné dans le sous-
sol à l'étal de chlorure de calcium, et le carbonate alcalin formé (retenu par
la terre) agit sur les matières organiques dont l'oxydation devient facile;
il se forme alors du nitrate de soude.
» Or, rien de semblable ne se passe dans une terre dans laquelle le sel
marin fait défaut; dans une semblable terre, l'oxydation de la matière azotée
est très-lente, et finalement la quantité d'acide azotique qui doit être fournie
à la plante est très-limitée.
» Le rôle du sel marin dans son action sur la végétation est donc ainsi
( 799 )
défini : formation de carbonate de sonde; transformation des matières
azotées en produits ammoniacaux facilement oxydables; enfin, production
de nitrate de soude.
» Cette transformation du sel marin en carbonate de sonde dans une
terre calcaire chargée de matières organiques n'exige pas un temps très-
long pour être complète. Elle s'est effectuée, dans les circonstances où nous
étions placé, en l'espace de deux mois environ.
» Je me propose de revenir sur ce sujet, et je me borne à noter une
transformation que j'ai déjà entrevue pour le chlorure de potassium placé
dans les mêmes circonstances. »
M. Chevreul, à la suite de la présentation de cette Note, faite par
M.Peligot, présente à l'Académie une Note publiée par lui le 10 juillet 1867,
dans les « Mémoires de la Société impériale et centrale d'Agriculture ».
M. Chevreul remet à la prochaine séance les observations qu'il comptait
d'abord faire à ce sujet.
CHIMIE APPLIQUÉE. — De l'emploi du sous-sulfate d'alumine, pour constater
la présence et évaluer la proportion de certaines matières organiques dans
les eaux. Note de M. F. Bellamt, présentée par M. Peligot.
« La matière organique que renferment les eaux provient principalement
des détritus en voie de décomposition. Elle est en général de la même na-
ture que les matières dites humiques, incristallisablc comme elles, décom-
position mal définie, colorée, plus ou moins brune, et capable de former
avec l'alumine des laques insolubles dont la teinte plus ou moins foncée
peut servir à indiquer la richesse de l'eau en matières organiques. L'alun,
à moins que les eaux ne soient très-impures, se décompose trop difficile-
ment, il vaut mieux lui substituer un sous-sulfate d'alumine. On le prépare
en ajoutant, peu à peu, dans une solution faite avec 8 grammes d'alun
pour 100 d'eau, 12 centimètres cubes d'une solution de potasse caus-
tique à 10 pour 100. A chaque addition de potasse, il se forme un précipité
qui se dissout de plus en plus lentement. On obtient ainsi une solution lim-
pide et qui se conserve bien. Ce sous-sulfate renferme à peu près moitié
plus de potasse que l'alun; aussi l'alumine y est-elle dans un état tout à fait
instable, prête à être éliminée sous la plus légère influence.
« On verse 5 centimètres cubes de cette solution dans 1 litre de l'eau
à essayer. La décomposition du sel se fait sous la triple influence de la masse
( 8oo )
de l'eau, des bicarbonates terreux et de la matière organique. Celle-ci se
dépose dans l'espace de quelques heures, entraînée par l'alumine à laquelle
elle est combinée. On recueille le précipité dans des tubes fermés, de i5
à 16 millimètres de diamètre; on le laisse s'y affaisser. L'abondance du pré-
cipité, que l'on évalue avec une précision suffisante par la hauteur qu'il
occupe dans le tube, est en rapport avec la somme des impuretés minérales
ou organiques de l'eau. Pour pouvoir juger de la coloration des précipités,
on a soin qu'ils nagent toujours dans le même volume d'eau. On retire
donc de l'eau ou l'on en rajoute, de manière qu'elle arrive à une hauteur
moyenne de 8 centimètres, ou 5 seulement si le précipité est rare, 12 s'il
est au contraire très-abondant. On agile bien pour le mettre en suspension.
La coloration se perçoit mieux par transparence que par réflexion. Elle
varie du gris au brun foncé, suivant la nature, mais surtout suivant la pro-
portion des matières organiques de l'eau. Quelquefois elle est très-faible
et n'est sensible que mise à côté d'un précipité d'alumine pure. Cependant,
les eaux qui paraissent limpides et incolores manquent rarement de donner
un précipité légèrement coloré. On obtient des termes de comparaison assez
commodes en traitant par le sous-sulfate de l'eau colorée par une quantité
déterminée de matière organique, l'extrait de gentiane par exemple.
» L'alumine n'entraîne pas toutes les matières organiques; celles des eaux
étant très-complexes, on conçoit qu'elle soit sans action sur quelques-unes,
mais elle réussit mieux que tout autre agent analogue. Ce qu'elle entraîne
de préférence, ce sont les matières de nature humique, la macération de
fumier, l'égout des terres, etc., et c'est à celles-ci qu'il faut attribuer la
coloration qu'elle acquiert dans l'eau. Une fois le précipité rassemblé, on
peut dissoudre l'alumine par quelques gouttes d'acide chlorhydrique, la
matière organique reste souvent intacte; on peut l'étudier et reconnaître sa
nature et sa provenance.
» Cette méthode, toute défectueuse qu'elle soit, a cependant l'avantage
d'être simple, facile, de n'exiger ni appareils, ni long travail, et de fournir
des indications intéressantes. Elle permet de suivre les variations de la ma-
tière organique dans les eaux, jour par jour, ce à quoi l'on ne saurait arriver
par les autres méthodes, qui ne sont pas plus exactes, et ont l'inconvénient
d'être très-longues. Il me semble donc qu'un pareil essai complète avanta-
geusement l'essai hydrotimétrique, et qu'on obtient ainsi des données plus
exactes sur la valeur d'une eau. »
( 8or )
CHIMIE organique. — Sur les urées condensées. Note de M. Hugo Schiff,
présentée par M. Wurlz.
« J'appelle urées condensées une nouvelle série de composés dans les-
quels plusieurs molécules d'urée sont rivées ensemble par des résidus d'al-
déhydes. La formule générale des urées condensées est
xCH4N20 +jC"H'"0 -jH20.
» On obtient les termes de condensation inférieure par l'action des aldé-
hydes soit sur l'urée elle-même, soit sur sa solution alcoolique; les termes
de condensation supérieure sont obtenus par l'action des aldéhydes sur
les termes inférieurs.
» Une solution saturée d'urée dans l'alcool absolu donne avec l'aldé-
hyde cenanthique des aiguilles microscopiques incolores. Lavées avec l'eau
froide et l'éther, elles représentent la diurée cenanthique,
mr-
NH
co
co
P7TII4
nh r
NH2
soluble dans l'alcool, insoluble dans l'eau et dans l'éther, et fusible vers
1 6G degrés. L'élher la précipite de la solution alcoolique.
» L'action directe de l'œnanthol sur l'urée transforme cette dernière
complètement en une poudre cristalline blanche. Cette poudre est la
Uiurée diœnuntltique,
'NH2
j NH
CO
coiNH
LO I NH
co!NH
CU NH2
C7HM
CTH"
» Elle fond à 162 degrés et se comporte comme la combinaison précé-
dente.
» Si les combinaisons indiquées sont chauffées au bain-marie avec un
peu d'œnanthol, elles se transforment en des substances cornées. On les
purifie en les réduisant en poudre et en les lavant par l'éther anhydre. De
cette manière, on réussit à souder ensemble deux molécules de diurée ou
C. R., 18G7, 2e Semestre. (T. LXV, N° 20.) I<>5
( 8oa )
de triurée, et l'on obtient les composés remarquables :
ro(NH'2 NH(C7H,i
C° i NH ) CO * N
("H" I NH i
( NH \ CH"
m ' , \h
CH1' I NH i
f, (NH U ™ C'H"
CO NH CONH'
' 'CH1' I NH /
C0iNH' NH G'H"
'NH=- CO '
r 22 C' H"
rétrurée triœnanttuque. ( ]^4JJ \
c^Inïp^_
Hexurce pentœnanthique.
» Ces deux corps se gonflent dans l'eau et dans l'alcool, et prennent
entièrement l'aspect de l'albumine coagulée; il se forme encore d'autres
urées plus condensées et solnbles dans l'éther. A une certaine concentra-
tion, la solution se prend en une masse transparente comme la colle forte.
» L'aldéhyde benzoïque donne lieu à la formation d'une série analogue
de polyurées. Jusqu'à présent ont été analysées :
La diurée benzoïque 2CH*N20 + C7H60 - H20,
La triurée dibenzoïque. . . . 3CH*N20 + 2C7HcO — aH20,
La tétrurée tribenzoique. . . 4CH4N20 + 3C7 HcO — 3H20.
» Les deux premières sont indistinctement cristallines, la troisième est
une poudre blanche.
» J'ai aussi constaté l'existence de polyurées valériques. Tous ces com-
posés se dédoublent avec l'eau bouillante en aldéhyde et en urée. Au-dessus
du point de fusion, elles se transforment en produits pyrogénés de l'urée
et en dérivés ammoniacaux des aldéhydes.
» On conçoit que ces combinaisons puissent servir de point de départ
pour la préparation d'une grande série d'autres composés. Déjà j'ai con-
staté que deux molécules de diurée et de triurée peuvent être soudées
ensemble par un aldéhyde différent, que les aldéhydes agissent sur les
urées substituées, et que l'aldéhyde benzoïque uitré agit comme l'essence
d'amandes amères. Plus tard, j'aurai l'occasion de décrire ces composés.
» Enfin l'oxamide se prête de même à la condensation. On doit consi-
( 8o3 )
dérer comme un composé de ce genre la combinaison C°Hl0N''O* obtenue
par MM. Berthelot et Péan de Saint-Gilles par l'action du cyanogène sur
l'aldéhyde acétique humide; elle représente la dioxamide élhylidénique,
c*o-iNH2
Vuff
L ° I NH2
et c'est sans doute une oxamide condensée analogue qui forme le terme
intermédiaire dans la formation de l'oxamide, moyennant l'action de l'al-
déhyde acétique sur la solution aqueuse de cyanogène, transformation
décrite en 1 85g par M. Liebig. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur la fabrication du chlorure de chaux et sur
la chlorométrie. Note de M. A. Bobierke.
« Absent depuis plusieurs semaines, je n'ai pu avoir connaissance que
fort tardivement des travaux de MM. Rolb, Riche, Fordos et Gélis, consi-
gnés dans les Comptes rendus des 23 et 3o septembre et du i4 octobre. Les
questions soulevées par ces chimistes se rattachant à des observations que
j'ai faites naguère lorsque j'ai dû installer et diriger une importante fabri-
cation de chlorure de chaux à Nantes, j'ai cru opportun d'appeler l'atten-
tion de l'Académie sur quelques points de cette industrie; aussi bien ces
observations ont un intérêt chronologique, comme il me sera facile de le
démontrer.
» En ce qui concerne tout d'abord le chlorure de chaux sec, dont la pro-
duction m'a surtout occupé en 1843, je treuve sur mon registre de labora-
toire la relation des fails suivants :
» i° Tl n'est pas indifférent, comme le pense M. Rolb, de faire passer un
excès de chlore sur du chlorure de chaux au maximum de saturation, c'est-
à-dire marquant 123 à 125 degrés chlorométriques. J'ai pu remarquer, et
bien des fabricants l'ont fait comme moi, qu'un excès de chlore abaisse le
titre du produit, et qu'une faible élévation de température favorise cette
modification de la substance décolorante.
» 20 Le fabricant rie chlorure de chaux sec doit être en garde contre
l'élévation de température qui facilite la production de chlorate et de
chlorure de calcium; cette élévation de température coïncide, pendant l'ab-
sorption du chlore, avec un déplacement notable de l'eau de l'hydrate de
io5..
( 8o4 )
chaux, et Berzélius estimait qu'il fallait éviter qu'elle atteignît iH degrés
centigrades. J'avais, en vue de la diminuer, installé des appareils circulaires
dans lesquels quatre râteaux en fer plombé, représentant deux diamètres
se coupant à angle droit, permettaient de diviser les surfaces de la matière
absorbante et d'empêcher son agglomération sous des épaisseurs trop con-
sidérables. Je dois mentionner que cette disposition ne m'a pas donné les
résultats que j'en attendais, et la simple précaution de n'employer l'hydrate
de chaux qu'en couches peu épaisses m'a permis d'obtenir un chlorure de
bonne qualité.
» 3° Les nombreux essais chlorométriques que j'ai dû effectuer pen-
dant plusieurs années m'ont permis de constater que les chlorures de chaux,
dont le titre dépassait 1 10 degrés environ, se comportaient d'une telle manière
au contact de l'eau, dans le mortier d'essai, qu'une action chimique spé-
ciale en paraissait la cause. En pareille circonstance, en effet, et si la quan-
tité d'eau n'est pas trop forte, la masse s'empâte, s'échauffe, et olfre tous
les caractères d'une substance soumise à une réaction d'ordre chimique.
Je croirais que la combinaison simple dn chlore et de l'hydrate de chaux,
formant totalité ou portion de la matière essayée, se dédouble, comme le pense
M. Kolb, au contact de l'eau. Toutefois, si, comme l'affirme ce chimiste,
le terme CaO,HO ne peut être distrait de la composition
2(CaO,HO,Cl) + CaOHO
qu'il assigne au chlorure de chaux à 123 degrés, comment expliquer
le déplacement d'une portion notable de HO de l'hydrate lorsque, clans
la fabrication, le chlore intervient en présence de cet hydrate? Il y a là un
point dont l'éclaircissement est désirable.
» 4° Lorsque je procédais aux essais chlorométriques, j'opérais devant
une fenêtre largement insolée le matin, et j'avais souvent remarqué l'abon-
dance des bulles d'oxygène qui se dégageaient de mes carafes jaugées. Ce
que je constatai également bientôt, c'est qu'en répétant les titrages sur des
dissolutions de chlorure insolées, j'arrivais a des chiffres évidemment faux.
"Voici, en effet, quelques résultats que je trouve sur mon registre du mois
de décembre i 845 :
Le 2 décembre on expose au soleil i litre de solution de chlorure de chaux au titre de 109°
o
Le 3, au matin, T = -+- 12 ,o Insolation produite. Titre = 2080
Le4>"T=-(-io,o » „ = 4oo"
Le 5, » T = -l- 9,5 » .. = 9980
Le 6, » " » » = 10000
( 8o5 )
» Le 7 décembre, une carafe de solution à i i i degrés est exposée a la
fenêtre insolée; le 8, le degré s'élève à 2o,3, et l'odeur caractéristique de la
substance est notablement modifiée. J'ai à peine besoin d'ajouter cpie les
différences de titre apparent coïncident avec un dégagement considérable
d'oxygène.
» Voulant me rendre un compte exact de ce qui arriverait si la liqueur
chlorée était soustraite à l'action solaire, je pris deux carafes contenant des
solutions à ioo degrés. L'une fut placée, le 10 décembre iSZjS, près de la
fenêtre, et la seconde dans une boîte de fer-blanc. Le 12, la liqueur insolée,
essayée avec la solution arsénieuse de Gay-Lussac, donnait 101 degrés,
celle de la boîte de fer-blanc avait conservé son premier titre, soit 100 de-
grés. En exposant cette dernière à la lumière diffuse, son degré s'éleva
très-lentement, mais je remarquai que, pendant l'essai, et contrairement à
ce qui arrive d'ordinaire, si, après la décoloration du sidfate d'indigo, on
ajoutait une nouvelle quantité de ce réactif, le liquide redevenait bleu; son
odeur, du reste, comme celle du liquide insolé, accusait une différence très-
notable de composition avec une solution normale de chlorure.
» Je soumis du chlorure de chaux sec à l'action solaire d'une part, et à
l'action de l'air de l'autre, et je pus constater, contrairement a l'opinion de
M. Rolb, que ce chlorure se modifie d'une manière lente et moins nette,
mais se modifie toutefois par l'insolation de manière à offrir un titre appa-
rent trop élevé. L'action se complique par l'influence de l'air humide et
chargé d'acide carbonique, et je reconnus que tel chlorure pulvérulent, à
100 degrés, exposé à l'air pendant quatre jours, devenait humide et n'ac-
cusait plus que 90 degrés, tandis que, recouvert d'une légère couche de
chaux vive hydratée, qui se carbonatait peu à peu, il n'avait rien perdu pen-
dant le même temps.
» Je me disposais à publier les résultats de ces observations, lorsque le pre-
mier volume de la Chimie élémentaire du regrettable Dupasquier me tomba
sous les yeux ; j'y vis que M. Vautier avait constaté, dès l'été de 1840, dans
la fabrique de MM. Estienne et Jalabert, de Lyon, des faits identiques à
ceux qui m'avaient frappé; j'y vis également que ces faits avaient été com-
muniqués par M. Vautier au Coiujrès scientifique, dont la session de 1 844
avait été tenue à Lyon ; j'appris enfin que, sur la relation de résultats ana-
logues qui lui furent adressés par M. Caron, blanchisseur à Beauvais, Gay-
Lussac déclara reconnaître la cause des erreurs fournies par son procédé
chlorométrique. Dans l'opinion de Gay-Lussac, « l'hypochlorite alcalin se
» transformerait, sous l'influence de l'insolation, en hypochlorate CIO',
» lequel peut réagir sur les matières colorantes en raison de l'oxygène
( 806 )
» de son acide, mais n'exerce pas d'action oxydante sur l'acide arsé-
» nieux. »
» Quoi qu'il en soit de celte transformation, que du chlore devienne
acide chloreux ou que de l'acide bypochloreux prenne naissance comme
le pensait Gay-Lussac, il n'en est pas moins vrai que le fait principal, c'est-
à-dire la formation d'un composé oxygéné décolorant l'indigo, mais n'oxy-
dant pas l'acide arsénieux, était nettement constaté à Lyon et à Beauvais,
en 1 84 1 , par MM. Vautier et Caron, à Nantes, en i845, par moi, et enfin,
en 1 855, à Paris, par MM. Fordos et Gélis. Il m'a paru intéressant de
l'établir, car des observations nombreuses, faites à différentes époques et
conduisant au même résultat, ne peuvent que donner un poids nouveau
aux assertions récemment produites devant l'Académie. »
PISCICULTURE. — Sur un nouvel appareil destiné à servir d'abri aux poissons,
el désitjné sous le nom t/'aquariséré; par M. de Séré.
« TJaquariséré est un abri, une maison de domestication pour L'habitant
des eaux, comme le colombier, le poulailler ou l'étable pour les habitants
de l'air et du sol.
» Par une disposition spéciale, applicable dans une maison pourvue
d'une cave, dans un jardin ou une serre, dans une prairie, au bord d'un
ruisseau ou d'un fleuve, dans un lac ou même dans la mer, les animaux
aquatiques ont le choix entre la liberté avec les conditions que leur offrent
les eaux à ciel ouvert, et la vie dans un abri qu'ils partagent avec l'homme.
» Ils viennent s'y réfugier en vertu d'un instinct naturel qui leur est
commun avec beaucoup d'autres animaux (i). Cet instinct les engage à re-
chercher l'obscurité pendant le jour, tandis que la nuit, dit-on, ils viennent
à la lumière en vertu d'une loi d'attraction tout opposée.
» Le principe de la construction de cet appareil repose sur la division
d'une étendue d'eau quelconque en deux parties : l'une close et l'autre à
ciel ouvert. La partie close est obtenue au moyen d'une fermeture hermé-
tique, produite soit, par le simple affleurement à la surface de l'eau du
corps solide constituant l'abri, soit par son introduction plus ou moins
avant dans sa profondeur. Cependant la partie inférieure de l'élément li-
quide demeure accessible à ses habitants et en permet le libre parcours de
l'extérieur à l'intérieur et réciproquement.
» Cette disposition ressemble à celle d'un colombier dans lequel le pi-
geon pénètre sans changer de milieu; il y trouve de l'air à une température
(i) Le rat, le lapin, etc.
( 8o7 )
différente, et une demi-obscurité qui repose sa vue de l'éclat du jour dans
la pénombre de l'éclairage limité d'une lucarne.
» Dans l'aquariséré, l'éclairage a lieu d'après le même principe, et la lu-
mière passe graduellement de l'extérieur à l'intérieur par des demi-teintes;
du clair-obscur à l'obscurité complète. La température de l'air y est uni-
forme et par conséquent fraîche en été, chaude en hiver, comme dans une
cave, une caverne, et il n'y gèle jamais. On peut, du reste, la modifier selon
le besoin. Dans ces conditions, la surface de l'eau enfermée et aussi l'eau
qui est en rapport immédiat avec les parois prennent la température de l'air
intérieur avec lequel elles sont en contact. Mais toute la niasse n'en subit l'in-
fluence que graduellement et de proche en proche, ce qui permet à l'instinct
des animaux aquatiques, vivant dans un milieu différent du nôtre, de choi-
sir eux-mêmes le degré de température et de lumière qui leur convient.
» Quant à l'aquiculteur, placé dans l'ombre d'où il voit sans être vu, son
action s'étend non-seulement à la surface, mais encore à toutes les profon-
deurs de l'eau, soit qu'il y plonge la main, soit qu'il agisse au moyen des
engins divers dont il dispose. Tandis qu'à la faveur de l'obscurité le miroite-
ment disparait, son regard plonge sans obstacle dans la masse tout entière ;
il voit les poissons et les autres corps contenus dans Peau apparaître et se
détacher sur le fond éclairé de l'ouverture comme des corps opaques à tra-
vers un milieu translucide.
» L'aquariséré est un appareil d'examen, de pèche et de cueillette en
même temps, où la culture se fait à huis clos. On y sème et on y soigne un
produit stable dont la récolte a lieu à son temps; sur cette récolte, comme
cela se pratique dans la bonne culture, on prélève avant tout la semence.
» Il est permis dès lors d'espérer que le pêcheur, qui n'est le braconnier
des eaux que parce qu'il n'est pas certain de rattraper les produits de sa
pêche, deviendra un aquiculteur dès qu'il aura la certitude de l'avenir. »
CHIMIE ANALYTIQUE. — Analyse d'un certain nombre d'échantillons
de houilles prussiennes; par M. Cu. Mène.
« J'ai été assez heureux pour me procurer à l'Exposition universelle
de 1867 un certain nombre d'échantillons de houille de la Prusse, par l'in-
termédiaire de M. Siébold, ingénieur des aciéries Krupp et Cie, auquel je
ne saurais trop faire de remercîments à cet égard. J'ai analysé ces échan-
tillons, et je m'empresse d'en porter les résultats à la connaissance de
l'Académie, persuadé que ces documents seront accueillis avec intérêt, peu
d'analyses existant à ce sujet, du moins en France.
( 808 )
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( 8o9 )
organographie végétale. — Sur le Naias major (Roth). Note de
RI. Akth. Gris, présentée par M. Brongniart.
•< Le hasard m'ayant fait rencontrer sur les bords de la Seine quelques
fragments flottants de Naïade, je constatai immédiatement que la structure
du fruit est inexactement décrite dans la Flore parisienne, d'ailleurs si jus-
tement estimée, de MM. Cosson et Germain de Saint-Pierre.
» J'observai de plus près ces parties, je consultai les auteurs et je vis que
les opinions étaient partagées, mais très-inégalement partagées sur les
points d'organisation fondamentaux d'une plante si commune qui font le
sujet de cette Noie.
» En effet, le fruit du Naias major a été considéré comme une capsule
uniloculaire et monosperme (de Jussieu, Loiseleur-Deslongchamps ),
comme un cariopse (Ach. Richard), comme un fruit à noyau, drupe ou
nucule.
» Cette manière de voir a, du reste, été généralement adoptée, car elle a
pour soutiens L.-C. Richard [Analyse botanique des embryons endorhizes,
181 i), Mirbel (Examen de la division des végétaux en endorhizes et exorhizes),
Runth (Enumeralio plantai um f 84 1), Nées d'Esembeck (Gênera planta-
rum jlorœ germaniœ), Endlicher (Gênera plantarum, i836-i84i), Meisner
(Plautarum vascularium gênera, i836-i843), Grenier et Godron (Flore de
France, i856), Parlatore (Flora italiana, 1860), Cosson et Germain (Flore
des environs de Paris, 1861), etc., etc.
» Tous ces auteurs attribuent au fruit des parties qui appartiennent
réellement à la graine, et réduisent celle-ci à une trop grande simplicité de
structure. Pour eux, le premier serait muni d'un épicarpe membraneux et
séparable, d'un mésocarpe mince et charnu, d'un endocarpe dur qui serait
un véritable noyau. La seconde ne serait revêtue que d'un tégument mem-
braneux extrêmement mince. Si grande que soit l'autorité des savants pré-
cédemment cités, je n'hésite cependant pas à dire que l'interprétation qui
vient d'être signalée repose évidemment sur une erreur d'observation. Je ne
puis du reste m'expliqner la cause de cette erreur et croire qu'elle n'a pas
été relevée quelque part.
» Lorsque je présentai celle Note à M. Brongniart, il voulut bien me
faire voir de très-belles analyses et une description de la Naïade, faites par
lui dès l'année 1823 et malheureusement demeurées inédites. J'eus le plaisir
de voir que mon excellent maître a évité l'erreur commune et très-exacte-
C. K., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 20.) 1 06
( 8io )
ment distingué les parties appartenant au péricarpe de celles qui sont réelle-
ment propres à la graine.
» Après ce préambule nécessaire je demande à l'Académie la permission
de lui soumettre un très-court résumé de mes principales observations.
» L'ovaire du Naias major renferme un seul ovule sessile et dressé au
fond de sa cavité. Cet ovule se compose d'un nucelle et de deux membranes
enveloppantes; le micropyle est près de son point d'insertion et la chalaze
n'est pas précisément opposée à ce micropyle, mais rejetée latéralement au-
dessous du sommet de l'ovule. La primine est épaisse, revêtue d'un épi-
derme très-apparent qui prendra plus tard un grand développement et pro-
duit une sorte de petit obturateur micropylaire papilleux, qui doit aider au
phénomène de la fécondation.
» Cet ovule se transforme en graine, sans jamais se confondre avec la
paroi membraneuse du fruit. Cette paroi tout entière n'est autre chose
que le prétendu épicarpe des auteurs.
» La graine, qui, comme on sait, est dépourvue de périsperme, présente
autour de l'embryon trois assises tégnmentaires principales.
» L'assise superficielle consiste en une seule couche de grandes cellules
perpendiculaires à la surface de la semence, à parois minces, et qui sont
gorgées de liquide. Cette couche, que les auteurs ont considérée comme le
mésocarpe du fruit, n'est autre chose que l'épiderme de la primine.
» L'assise moyenne solide, résistante, est formée de cellules fortement
épaissies, criblées de ponctuations, de couleur olivâtre, et résultant de la
transformation des cellules parenchymateuses de la primine. C'est la partie
que les auteurs ont considérée comme représentant le noyau ou l'endocarpe
du fruit.
» Enfin, l'embryon macropode, dont la fente cotylédonaire est tres-
visible et dont la gemmule munie de plusieurs petites folioles a été parfaite-
ment vue par Adrien de Jussieu dans son beau Mémoire sur les embryons
monoeotylédonés, est enveloppé dans un sac membraneux très-mince. Les
auteurs ont considéré ce sac comme le tégument unique de la graine : il est
muni d'un disque chalazien latéral, que L.-C. Richard a pris pour le hile de
la graine (graine qu'il considérait dès lors comme suspendue), et, selon
toutes les probabilités, il doit avoir sa principale origine dans ce qui reste de
la secondine et du nucelle. »
( 8n )
GÉOLOGIE. — Examen comparatif des alluvions anciennes de Tout et de quel-
ques-unes de celles du bassin de la Seine, par rapport à l'ancienneté de
l'homme; par M. Hussox.
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
« Non-seulement il m'a semblé nécessaire de compléter mes recherches
sur l'origine de l'homme, dans les environs de Toul, par un examen com-
paratif de nos premiers instruments de l'âge de pierre avec ceux qui figurent
à l'Exposition universelle et au Musée impérial de Saint-Germain, mais j'ai
cru devoir étendre cet examen à quelques-uns des terrains du grand bassin
de la Seine : Sablières de Moulin-Quignon, de Saint-Acheul, du Pecq et de
Poissy. Or voici ce qui résulte de cette étude, en prenant pour terme de
comparaison le sol diluvien de Toul.
" Sablière de Moulin-Quignon. — On se rappelle que, bien des années
avant la découverte de la mâchoire de Moulin-Quignon, cette exploitation
a été classée parmi les terrains-meubles.
» Sablière de Saint-Acheul. — Peut-être l'argile exploitée pour briques
et qui recouvre le dépôt caillouteux correspond-elle à notre diluvium post-
alpin. Quant au sous-sol, sans prétendre que tous les composants d'un
diluvium doivent avoir leurs bords arrondis ou émoussés, voici ce que nous
pensons de ladite couche. L'état du plus grand nombre des cailloux cassés
(ils constituent la majeure partie du dépôt); leurs arêtes vives formant,
sous ce rapport, un contraste si remarquable soit avec les galets restés
intacts, soit simplement avec les portions non éclatées, soit surtout avec
notre diluvium alpin regardé comme type, ne permet guère de rappor-
ter la carrière de Saint-Acheul à ce dernier cataclysme; mais, d'autre part,
la contre-partie des fractures ou éclats ne se retrouve pas à côté du caillou,
et ces deux considérations m'ont déterminé à conclure ainsi :
» i° Ce brisement n'est point dû à ce que les cailloux se sont délités dans
l'emplacement même qu'ils occupent aujourd'hui;
» 20 Les fragments n'ont point été roulés depuis qu'ils ont pris leur forme
actuelle;
» 3° Cet amas est du dilivium alpin remanié, c'est-à-dire un dépôt meuble
appartenant à la période qui s'est écoulée entre les cataclysmes alpin et post-
alpin, et dont j'ai eu à citer un exemple dans les environs de Toul.
» Sablière du Pecq. — Ce gisement est un autre exemple des remanie-
ments subis par le diluvium alpin du bassin de la Seine. Un caillou-mar-
106..
(8,2 )
teau qui provient de cette carrière figure au Musée de Saint-Germain et, si
réellement on en a fait usage, il est aisé de voir, par l'état de l'empreinte
comparé à celui du reste du caillou, que c'est seulement après avoir été roulé
que celui-ci a servi.
» Sablière Dailly, à Poissy. — Mais voici, en faveur de mon opinion, une
preuve plus péremptoire encore. M. Beaune, conservateur du Musée de
Saint-Germain, dont j'ai eu a apprécier l'extrême bienveillance, possède,
dans son cabinet particulier, divers ossements de ladite sablière : les uns
sont des molaires d'éléphants ne renfermant certes plus de matière orga-
nique à l'état d'osséine, ce dont je me suis assuré du reste par l'analyse
d'un os de la carrière du Pecq; l'autre, au contraire, parait en contenir
encore une assez forte proportion, circonstance qui indique un intervalle
de bien des siècles entre le moment où vivaient ces animaux, alors cepen-
dant que leurs débris sont aujourd'hui pèle-mèle. Cet os est une partie de
tibia de cheval (?), fracturé en long; il m'a fourni 19 pour 100 d'osséine,
c'est-à-dire à peu près moitié moins qu'un humérus de bœuf récent; il a été
trouvé à 4 mètres de la surface du sol, dans une couche de sable fin, très-
épaisse, qui a fourni au Musée de Saint-Germain les objets suivants : dents
de cheval, corne d'auroch, ossements et belle dent de Rlnnoccros, frontal du
Cervus megaceros, molaire iVElejilms primigenius. Le surplus de la carrière,
au-dessus comme au-dessous du sable, se compose de gros gravier.
» Tel est l'exposé succinct d'une excursion géologique flans le bassin de
la Seine et qui, combinée avec mes observations dans les environs de Toul,
me semble ne laisser aucun doute sur les points suivants :
» A. La connaissance exacte des terrains est une des conditions les plus
indispensables pour arriver à la solution de la question relative à l'époque
de l'apparition de l'homme sur la terre.
» B. Souvent les alluvions diluviennes ont été soumises, au moins ça et là,
et à des époques différentes, à des perturbations qui y ont introduit des
objets d'époques diverses et les ont transformées en de véritables dépôts
meubles.
» C. Un dépôt meuble n'est pas toujours facile à distinguer d'un sol 71011
remanié.
» D. Les ossements dudiluvium alpin non remanié, et dans les mêmes con-
ditions que celui de la vallée de l'Ingressin, ne contiennent plus de matière
organique à l'état d'osséine; en sorte qu'il est permis d'établir, en principe,
que toute alluvion contenant des os avec osséme est un dépôt meuble pos-
térieur à ce cataclysme.
( 8i3 )
» E. La propriété que possèdent les silex, certaines variétés surtout, de se
diviser naturellement par éclats, par tranches et par lames, donne lieu àdes
produits qui imitent, on ne peut mieux, nos instruments primitifs. Aussi,
selon moi,
» i° Parmi les silex paraissant déceler l'action de la main de l'homme, il y
a une foule de ludi;
» i° Et la présence seule d'un silex à forme d'instrument humain, dans une
alluvion, n'est pas toujours une preuve de l'existence de l'homme à l'époque
de la formation du terrain.
« F. L'Exposition universelle, le Musée de Saint-Germain, celui de
Cluny, etc., fournissent un enseignement très-précieux :
» i° Aucun instrument qui y figure n'a été roulé après avoirété façonné
et ne peut, par conséquent, à la seule inspection, être regardé comme anté-
rieur au cataclysme alpin;
» 2° Sur tous ceux qui conservent encore, au moins en partie, la forme
du galet dont ils proviennent, on constate aisément que le caillou avait été
roulé quand la main de l'homme l'eut transformé;
» 3° En sorte que pas un instrument n'affecte les caractères d'une origine
antédiluvienne alpine, et que beaucoup, au contraire, ont incontestable-
ment le cachet post-diluvien.
» G. L'opinion de Cuvier et de M. Élie de Beaumont, sur l'époque de la
disparition de l' Elephas primigenius et sur celle de l'apparition de l'homme,
se trouve entièrement confirmée dans les environs deToul. Ainsi :
» \J Elephas primigenius ne se rencontre, parmi les alluvions non rema-
niées, que dans le diluvium alpin; mais il n'en est pas de même du Rltino-
ceros tichorhinus^ de l'Ours et de l'Hyène des cavernes, etc.
» Quant à l'homme, il est incontestablement de date post-diluvienne, ce
qui ne l'empêcherait pas d'avoir été le contemporain de certaines espèces
animales aujourd'hui éteintes. En effet, plusieurs de celles qu'on croyait
avoir été détruites par le cataclysme alpin lui ont survécu ; il y en a même
qui ont dû se retrouver encore après le post alpin.
» Ces divers faits du paragraphe G sont de la dernière évidence, et l'ana-
lyse chimique vient en aide à la géologie pour les prouver.
» H. Toul est des plus avantageusement placé pour l'étude de la question
relative à l'origine de l'homme. On y trouve tous les éléments nécessaires
qui suivent :
>. i° Belles couches de diluvium en place (Scandinave, alpin, post-alpin)
fouillées en tous sens, pendant longtemps et sur une grande étendue;
( m )
» 20 Dépôts meubles de toutes les époques, c'est-à-dire depuis la période
Scandinave et celle écoulée entre le diluvium alpin et le post-alpin, jusqu'à
nos jours;
» 3° Cavernes à ossements et brèches osseuses humaines;
» 4° Armes et instruments des différentes phases de Y âge de pierre :
pierre éclatée, pierre taillée, passage de la pierre taillée à la pierre polie,
pierre polie.
» /. J'allais oublier une autre conclusion d'une extrême importance, et
que me remet en mémoire une circonstance récente. A côté des causes
d'erreurs qui sont le fait de la nature, il y a aussi cellesémanant de l'homme
et qui compliqueront de plus en plus la question. »
En présentant à l'Académie la Note de M. Husson, M. le Secrétaire
perpétuel rappelle, comme il l'a déjà fait plusieurs fois, qu'il croit souvent
devoir insérer dans les Comptes rendus des articles dont le contenu , à ses
yeux digne d'intérêt, lui paraît cependant, à certains égards, susceptible de
discussion.
géométrie. — De In courbure inclinée d'un système de lignes coordonnées et
du rôle de cette courbure dans la théorie des lignes tracées sur une surface.
Note de M. l'abbé Aocst, présentée par M. Le Verrier.
« I. De la courbure inclinée. — Soient une surface p2, et un système de
lignes coordonnées p, p,, tracées sur cette surface; d?, dc{ les arcs élémen-
taires de ces lignes, le premier provenant de la variation de p, le second de
la variation dep,; -p l'angle de ces deux éléments. Nous avons appelé
[Comptes rendus, t. LIV, p. ^62) angle de contingence inclinée de la
courbe dn suivant la direction de, l'angle des tangentes aux deux courbes
de la série (p) menées par les extrémités de l'arc ds; courbure inclinée de la
même courbe snivantla même direction, le rapport de l'angle de contingence
inclinée à l'arc «ra, la direction de cette courbure étant celle de l'arc de cercle
de rayon ch, décrit du sommet de l'angle entre ses deux côtés. Nous représen-
tons cette courbure par — , et par — , - ses composantes suivant le plan tan-
gent et suivant la normale à la surface p2; par — ? —, -, la courbure incli-
née et ses deux composantes tangentielle et normale de la ligne dn , sui-
vante. D'après cela, Ion a dans le système cartésien les deux équations
( 8i5 )
suivant l'axe des x
:o
cos.(^.r d
m-
cos 4^_ i x d
Idx
-C da
\dli
et deux couples d'équations analogues, l'un par rapport à l'axe des r et
l'autre par rapport à l'axe des z. Ces écpiations font connaître ces courbures
et leurs directions.
» II. Relations fondamentales. — i° La première relation est donnée par
l'équation :
(2) - = '-,
{ ' II,
qui se traduit ainsi : Quel que soit le système de coordonnées tracées sur
une surface, les composantes normales à la surface des courbures incli-
nées des deux lignes coordonnées suivant leurs directions réciproques sont
égales.
11 u° Soient ^ : -g-> - la courbure de la courbe de et ses composantes tangen-
rJX. MX f
tielle et normale à la surface p.,; -—■> —■> - les courbures analogues de la
1 <5H, R, r, "
ligne da,\ —, — les deuxièmes courbures géodésiques des lignes du, de, ;
on a les relations
(3)
1 cos'f siritp 1 costp sin:p
7 " ~~ ~ "^r ' 7 " ~ ^T '
» Ces expressions montrent la différence essentielle qui existe entre la com-
posante normale de la courbure inclinée d'une des lignes coordonnées et la
deuxième courbure géodésique de cette ligne. Ces deux courbures ne sont
égales que dans un système orthogonal de coordonnées. La propriété prin-
cipale de ces deux équations est de montrer que la courbure y qui, dans
chaque système de coordonnées, a une traduction simple qui permet d'en
calculer facilement l'expression analytique, a aussi une signification indé-
pendante de tout système, laquelle est exprimée par les seconds membres
de ces équations.
» III. avantages résultant de la courbure inclinée. — Quand on cherche
dans un système curviligne p, p,, les équations des lignes jouissant de pro-
priétés relatives aux diverses courbures, l'analyse donne des moyens sûrs
de calculer ces équations différentielles en dp, dp, ; mais les coefficients de
ces équations fonctions de p, p, ne portent aucune trace des opérations qu'il
( 8.6 )
a fallu faire pour les obtenir ; l'introduction de la courbure inclinée prodiul
un double avantage. Le premier et le plus grand, est que ce tte courbure
donne le sens géométrique des différents coefficients de ces equat.ons -
rentielles, lesquelles ne se rapportant pas plus a un système qu a un autre
sont, par cela même, écrites dans un système quelconque. Le < second avan-
tage est que, cette courbure se prêtant a une traduction analytique face,
le passage de l'équation générale à celle qu, se rapporte au système parU-
culier que l'on considère se fait sans effort et tout naturellement.
, IV. Des lignes de courbure. - La courbure inclinée permet d'obtenir
l'équation la plus générale de ces lignes dans un système que conque : de
coordonnées, tout en lui conservant un caractère de grande implicite. Cette
équation est
(4) (i_^)^+(l-i)^^-(7-?)^=°-
„ Si l'on veut passer à l'équation relative au système cartésien, ce pas-
sage se fait en quelque sorte intuitivement ; il n'y a qu'à apprécier lestes
des lignes coordonnées déterminées sur la surface par les deux plans x =
r = P et les courbures de ces arcs ; on obtient immédiatement, en appe
L, suivant l'usage, p, ,, r, s, t, les coefficients différentiels du premier
et du second ordre de l'équation de la surlace,
da> = {l+p*)df, dc] = {l + qn<i?l dad*tCOS?=pqd?dpi
de' i O ,/ç< ' - /cos/r — — L =scosm>,
lesquelles, substituées dans l'équation précédente, conduisent à l'équation
connue des lignes de courbure.
. On obtiendra avec non moins de facilité l'équation de ces lignes dans
le système de coordonnées polaires.
» L'équation qui nous occupe donne toute la théorie des lignes de cour-
bure qui résulterait de la discussion de cette équation; elle montre auss.
toutes les simplifications dont cette recherche est susceptible, et les intro-
duit dans le calcul. ,
„ !« Si l'une des courbes coordonnées du est une ligne ,1e courbure, la
deuxième courbure géodésiqne de cette courbe étant nulle, on a, d après
les équations (3), ) nul, et, conséquemment,
/
52!i=o.
( «'7 )
» Cette condition réduit l'équation, qui devient
(5) da, cosœ — da = o,
qui représente l'équation des lignes de courbure du second système; on
reconnaît que c'est la trajectoire orthogonale des courbes p, = const., ce
qui est vérifié dans les surfaces développables, et fournit une équation dans
laquelle les variables sont séparées.
« 2° Si l'une des lignes de coordonnées est asymptotique, et l'autre leur
trajectoire orthogonale, l'équation devient
,/>> da: di da, da
I ?■ 1
= O,
laquelle s'applique aux surfaces réglées quelconques. En effet, si l'on ap-
pelle dt l'angle de deux génératrices rectilignes infiniment voisines, dp leur
plus courte distance, dm l'angle de deux plus courtes distances infiniment
voisines, dq\cm plus courte distance, -/ l'angle de la normale à la surface
avec celle menée par le point central situé sur la même génératrice, dp, la
distance de deux trajectoires orthogonales infiniment voisines, on a
da, . du . da , . , ,
-— = aPty, — = — «scosy, -=apy — dw, dp = da cosy,
et l'on obtient
dp , : d'i — d'j) ) -+- de dp = o ,
qui est la forme connue des lignes de courbure des surfaces réglées dans le
système dont il s'agit.
» 3° Si les deux ligues coordonnées sont l'une et l'autre asymptotiques,
l'équation devient
(7) da\ - du2 = o,
c'est-à-dire le double système des lignes bissectrices des angles des lignes
coordonnées. Si, par exemple, on considère l'hyperboloïde à une nappe :
a- b- c-
les équations des deux génératrices rectilignes sont :
ï-ï=K,+^)' ï+h^-ï)-'
p et p, étant les deux paramètres variables. L'équation différentielle des
C. R., 1867, îe Semestre. (T. LX.V, K° 20.) io7
( 8.8 |
lignes de courbure dans le système p, p, devient donc, après avoir repré-
•j tl- ^jï _1_ f<"t
sente par ka l'expression — j~2 — — 5
dp r/p,
» C'est l'équation de Lagrange; elle s'intègre par les procédés connus et
donne, en appelant A la constante de l'intégration,
\/i-h2k- p'+p'' -+- v/n-2À:2p; -\- p* = (p, — p) \Jâ-+- p,-+- p)2 .
» Si l'on passe aux coordonnées cartésiennes, et qu'on cherche les pro-
jections des intersections de cette surface avec l'hyperboloïde sur les trois
plans coordonnés, on obtient le système de coniques connu.
» V. Des lignes dont la deuxième courbure géodésique est itonnée. — Ce
problème contient le problème des lignes de courbure comme cas parti-
culier, puisque ces lignes sont caractérisées par cette condition que leur
deuxième courbure géodésique est nulle. Soit donc — la fonction de p et
de p, , qui en chaque point de la ligne sera sa deuxième courbure géo-
désique : l'équation différentielle de cette courbe sera
. ., / sinm I cos» \
^î hf + 7-T
(8) .
» En appliquant cette formule au tore, dont l'axe coïncide avec la
ligne des z et dont le rayon du cercle parallèle est t, on reconnaît :
» i° Que si V est proportionnel au quotient de z par t, la projection de
la courbe sur un plan perpendiculaire à l'axe est la spirale parabolique;
» i° Que si V est proportionnel à /, la courbe est la trajectoire des méri-
diennes sous angle constant:
» 3° Que si V est proportionnel au rectangle tz, on obtient la spirale
logarithmique;
» 4° EuBn, que si V est proportionnel au carré de /, la projection de la
courbe est la spirale sinussoïde.
» Remarque. — On pourrait éliminer la courbure - des équations (4)
et (8) au moyen des formules (3); mais les simplifications introduites par
cette élimination ne seraient qu'apparentes. »
( S '9 )
M. R. Woi.f adresse de Zurich une Lettre relative à une erreur histo-
rique commise, selon lui, dans un ouvrage de M. Bertrand.
M. Laurent demande et obtient l'autorisation de retirer du Secrétariat le
Mémoire qu'il a adressé sur les « séries doubles ».
La séance est levée à 5 heures. È. D. R.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 1 1 novembre 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Société Impériale et centrale d' agriculture de France, annexe au procès-
verbal de la séance du 10 juillet 1867; par M. Chevueul, Paris, 1867;
br. in-8°.
Annales de l'Obsewatoire impérial de Paris, publiées par M.U.-J. Le Verrier :
Observations ,t. XXI, i865. Paris, 1866; 1 vol. in-4°.
Notice sur Michel Faraday, sa vie et ses travaux; par M. A. de la Rive.
Genève, i86y;br. in-8°.
Recherches expérimentales sur les machines à vapeur. i'e partie : Machine à
vapeur surchauffée de M. Hirn. Rapport présenté par M. G. Leloutre à la
Société industrielle de Mulhouse. Mulhouse, 1867; 1 vol. grand in-8°.
(Présenté par M. Combes.)
Rapport sur les cas de mort survenus à Lyon depuis la découverte de l'anes-
thésie et qui peuvent être misa la charge de l'éther; par M. Gayet. Lyon, 1867;
br. in-8°. (Présenté par M. Robin.)
Leçons de Mécanique analytique; par M. l'Abbé MoiGNO, rédigées principa-
lement d'après les méthodes c/'Augustin Cauchy, et étendues aux travaux les
plus récents : Statique. Paris, 1868, in 8°. (Présenté par M. Faye.)
Société impériale d'acclimatation. La production animale et végétale : Etudes
faites à l'Exposition universelle de 1867. Paris, 1867; in-8°.
De la mort apparente et des moyens de la reconnaître; par M. P. Levasseur.
Rouen, 1867; br. in-8°. (Adressé pour le concours des prix de Médecine
et de Chirurgie.)
Mémoire sur l'anatomic et la physiologie du tissu érectile dans les organes
1 07. .
( 820 )
génitaux des Mammifères, des Oiseaux et de quelques autres Vertébrés; par
M. Ch. LEGROS. Pans, 1867; br. in-8° avec planches. (Extrait du Journal
de ï Anatomie et de la Physiologie.) (Adressé au concours Godard.)
Illusions et réalités de la thérapeutique, par M. PÉCHOLIER. Paris et Mont-
pellier, 1862; br. in-8°.
Sur l'emploi de l'alcool dans le traitement de la pneumonie ; par M. PÉCHO-
LIER. Paris et Montpellier, 1 8G7 ; br. in-8°.
De Information de la Terre; par M. L.-S. Desrivières. Paris, 1867;
br. in-8°.
Les Merveilles de la Science; par M. Louis FiGUlER. Les Aérostats. 1 6e série.
Paris, 1867; in-4° avec figures.
Memoirs... Mémoires de l'Académie nationale des Sciences de Washington,
t. Ie1'. Washington, 1866; 1 vol. in-4°.
Journal... Journal de l'Académie des Sciences naturelles de Phila-
delphie, nouvelle série, t. VI, ire partie. Philadelphie, 1866; in -4° avec
planches.
Armais... Annales de i Observatoire astronomique du Collège Harvard, t. II,
2e partie, t 854- f 855. Cambridge, 1867; in-4°.
Aimais... Annales de l'Observatoire astronomique du Collège Harvard, t. V.
Observations de la nébuleuse d'Orion. Cambridge, 1867; in-4° avec une
planche.
Recherches géologiques sur ta Chine, le Mongol et le Japon; par M. Ra-
phaël Pumpelly. Washington, 18GG; in-4° avec figures et planches.
The... Ephémérides américaines de l'Almanach nautique pour l'année 1868.
Washington, 1866; 1 vol.iii-8°.
Smithsonian.. . Collection de mélanges de l'Institution Smithsonienne, t. VI
et VII. Washington, 1867; 2 vol. gr. in-8°.
Animal... Rapport annuel des Directeurs et des Régents de l'Institution
Smithsonienne. Washington, 1866; 1 vol. in-8° relié.
Transactions... Transactions de l' Académie des Arts et des S< iences du Con-
necticnl, t. Ier, ire partie. New-Haven, 1866; in-8°.
Memoirs... Mémoires de la Société d'Histoire naturelle de Roston, t. Ier,
iie et 2e parties. Boston, 186G et 1867; 2 vol. in-4° avec planches.
On the... Sur l'osléologie et la myologie du Colymbus torquatus; par
M. Elliott Coues. Cambridge, 18GG; in-4° avec planches.
( 8a. )
Proceedings... Procès-verbaux de l'Académie des Sciences naturelles de
Philadelphie, nos i à 5, janvier à décembre 1866. Philadelphie, 1866; 5 bro-
chures in-8°.
Proceedings... Procès-verbaux de l'Institut d'Essex, t. IV, nos 1 à 3, 5 à 8.
Salem, 1864 à 186G; in-8°.
Annals... Annales du Lycée d'Histoire naturelle de New-York, vvs 1 1 à i/j,
juin à décembre 1866, New-York, 1866-1867; 1 brochures in-8°
Proceedings... Procès-verbaux de V Académie des Sciences naturelles de
Californie, t. III, 2e et 3e parties. San-Francisco, 1 864-1 866; 2 brochures
in-8°.
Observations... Observations sur le genre Unio, avec des descriptions de
nouvelles espèces dans les familles des Unionidées, etc.; par M. Isaac Lea, t. XI,
avec a/j planches. Philadelphie, sans date; 1 vol. in-4°.
Catalogue... Catalogue des publications des sociétés et des ouvrages pério-
diques appartenant à l'Institution Smithsonienne, ier janvier 1866. Washing-
ton, 1866; 1 vol. in-8°.
Report.. . Rapport annuel du Ministre de la Guerre, avec les documents cor-
respondants. Washington, 1866; 1 vol. in-8° relié.
Forty-Eighth. .. Quarante-huitième Rapport annuel des inspecteurs des écoles
publiques du premier district scolaire de Pensylvanie, comprenant la ville de
Philadelphie, année 1866. Philadelphie, 1867; 1 vol. in-8°.
(Tous ces ouvrages sont transmis par l'Institution Smithsonienne de
Washington. )
Nautical Almanach et éphémériiles astronomiques pour l'année 1871, avec
un Appendice contenant les éléments et les éphémérides de Cérès, Pallas,
Junon, Vesta et Astrée. Londres, 1867; in-8°.
Tabulée quantitalum besselianarum pro annis 1 865 ad 1874 computalœ ;
edidil Otto Stuuve. Petropoli, 1867; in-8°.
Jahresbericht... Rapport annuel fait le 20 mars 1866 par le Comité de
/' Obsematoire astronomique Nicolas, traduit du russe en allemand par M. Otto
Struve. Saint-Pétersbourg, 1866; in-8°.
Sterfte atlas... Tableau mortuaire des Pays-Bas, publié par l'Association
médicale des Pays-Bas. Amsterdam, 1866; in-folio. (Présenté par M.Charles
Robin.)
Sul... Sur le port Saïd. A M. Ferdinand DE Lesseps, Président et Direc-
( 822 )
leur fie la Compagnie universelle du canal maritime de Suez. Lettre <le
M. A. ClALDl. Rome, 1867; br. in-8°. (Présenté par M. deTessan.)
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l' ACADEMIE PENDANT
LE MOIS DOCTOBRE 1867.
Bulletin des séances de laSociété impériale et centrale d'Agriculture de France;
n° 10; 1867; in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique; i5 et 3o octobre 1867; in-8°.
Bulletin hebdomadaire du Journal de V Agriculture; nos /jo à 44, 1867;
in-8°.
Bullettino meteorologico deli Osservalorio del Collegio romano; du Ier an
12 octobre 1867; in-4°.
Catalogue des Brevets d'invention ; n° /\, 1867; in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
2e semestre 1867, nos 1 5 à 18; in-4°.
Cosmos; 5, 12, 19, 26 octobre 1867; in-8°.
Gazette des Hôpitaux; nos 1 i5 à 128, 1867; in-4°.
Gazette médicale de Paris; nos 40 à 43, 1867; in-40.
Gazette médicale d'Orient; n"s 5 et 6, 11e année, 1 867 ; in-4°.
Journal d'Agriculture pratique; nos4oà44» 1867; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; octobre
1867; in-8°.
Journal de l'Agriculture, n"s 3o et 3i , 1 867 ; in-8°.
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; août 1867:
in-8°.
Journal de l'éclairage au gaz; u"s 1 3 et (4- 1867; in-4°.
Journal de Mathématiques pures et appliquées; août 1 867 : in-4°.
Journal rie Médecine de l'Ouest; ûe livraison, 1867; in-8°.
Journal de Médecine vétérinaire militaire; septembre 1867; in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie; octobre 1867; in-8°.
Journal des Connaissances médicales et pharmaceutiques; n"' 27 à 3o, i 867 :
in-8°.
( 8a3 )
Journal des fabricants de sucre; nos ?,5 à 29, 1 8(>7 ; in-f°.
Raiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; n° 22, [867;
in-8°.
L'Abeille médicale; nos /jo à /j3, 18G7; i»-4"-
La Guida del Popolo; octobre 1867; in-8°.
L'Art médical; octobre 1867; in-8°.
La Science pour tous; nos (\[\, 4^> et /|8, 1 8(>7 ; in-4".
Le Gaz; n° 8, 1867 ; in-4"-
Le Moniteur de la Photographie ; nos 1 4 et i5, 1867; in-/j°.
Les Mondes..., livr. 5 à 8, 1867; in-8".
L'Evénement médical; nos 32 à 35, 1^67; in-f°.
Magasin pittoresque; octobre 1867; in-4°.
Monthly... Notices mensuelles de la Société royale d'Astronomie de Londres,
n° 9, 1867; in-8°.
Montpellier médical .. . Journal mensuel de Médecine; octobre 1867; in 8°.
Pharmqceulical Journal and Transactions ; t. IX, n"s 3 et i\, 1867; in-8°.
Répertoire de Pharmacie; septembre 1867; in-8°.
Revue des cours scientifiques; n°5 45 à 48, 1867 ; in-4°.
Revue des Eaux et Forêts; n° 10, 1867; in-8°.
Revue de Sériciculture comparée; n"s 10 et 11, 1866; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale; nos ig à 21; 1867, in-8".
Revue maritime et coloniale; octobre et novembre 1867; in-8".
Revue médicale de Toulouse ; nos 9 et 10, 1 867 ; in-8°.
Société d'Encouragement, Résumé des procès-verbaux, séance dn 18 octobre
1867; in-8°.
The Quar 1er ly Journal 0/ the Geooyical Society; octobre 186O à sep-
tembre 1867 ; in-8°.
The Scientific Review; n° 20, 1867; in-4u.
[ 824 )
ERRATUM.
(Séance du 7 octobre 1867.)
Page 610, ligne 7, au lieu de 1\1. Buaisonnier, lisez M. Maisonnier.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
iH8-e<
SÉANCE DU LUNDI 18 NOVEMBRE 1807.
PRÉSIDENCE DE M. CUEVREUL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMRRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
HISTOIRE des sciences. — Lettre à M. Clievrenl, au sujet de l'authenticité de$
pièces attribuées à Pascal et à Newton ; par Sut David Brewstek.
« Allerly-Mclrose, i4 novembre 1867.
» Comme l'objet principal de l'Académie a été de discuter l'authenticité
des Lettres de Pascal et de Newton, et non de découvrir la personne qui
les a fabriquées, j'ai pensé qu'il était préférable de communiquer au Times
les raisons pour lesquelles j'ai attribué ces Lettres à Pierre Desmaizeaux. Je
renferme aujourd'hui dans ma Lettre un exemplaire de cette communica-
tion, pour que vous l'examiniez, et vous pourrez la communiquer à l'Aca-
démie si vous la jugez digne de son attention.
» Si, dans les Lettres que je vous ai adressées et cpie vous avez reçues
avec tant de bienveillance, je me suis exprimé avec la chaleur (warmth) non
motivée que M. Chasles m'a attribuée, j'ai la confiance que mes collègues
penseront qu'il doit exister quelque différence entre les impressions de
celui qui défend un grand et excellent homme contre des calomnies sans
fondement et de celui cpii ne plaide que pour l'authenticité des manuscrits
qu'il a achetés, et qui, en les donnant au monde, n'a à défendre que sa
discrétion (... Has lo défend only his discrétion in giving tliem lo llie world).
» P. S. — Lettre de lord Portsmouth :
« Je puis confirmer votre assertion que, dans la collection des papiers
(<. R., i86j, 2e Semestre. ( T. LXV, N° 21.) ' °°
( 826 j
» de Newton à Hartsbourne, il n'existe rien qui puisse donner le plus léger
» indice d'une correspondance entre Newton et Pascal.
» Eggesford House, N. Devon, le 3 novembre 1867. »
histoire DES sciences. — Réponse à la nouvelle Communication de
M. R. Grant; par M. Chasles.
I.
« Il s'agit des nombres donnés par Pascal pour les masses et les densités
des planètes, et qui se trouvent dans l'édition du Livre des Principes de
Newton, de 179.7.
» Est-ce Newton qui a emprunté ces nombres des écrits de Pascal, ou
bien le prétendu faussaire, auteur de tous mes documents, qui les a pris
de Newton ? Telle est la question.
» Lors de la première Lettre de M. Grant (séance du 3o septembre),
qui signalait ces nombres comme une preuve irrécusable de l'imposture
de ces documents, j'ai fait remarquer que d'autres points de l'ouvrage de
Newton se trouvaient identiques aux Notes de Pascal; et j'ai cité notam-
ment le raisonnement de la deuxième démonstration de la proposition IV,
tout à fait semblable à celui qui se trouve dans des Lettres de Pascal, avec
cette différence fort significative, que Pascal, après avoir raisonné juste,
ajoute une remarque erronée qui le conduit précisément à l'infirmation
de la proposition vraie.
» Est-il croyable que le faussaire, qui certainement aurait été un homme
d'un talent profond et très-varié, puisqu'il aurait fait des œuvres de Pascal
et de tous les savants de l'époque, est-il admissible, dis-je, que ce faussaire
aurait rectifié ainsi Newton, précisément pour détruire la proposition qui
est le fondement de tout l'ouvrage, et mettre à nu sa coupable et inepte
industrie?
» Cette remarque était d'un grand poids, et j'aurais pu m'y arrêter, en
attendant du moins que M. Grant voulût bien en dire son sentiment. Mais
quelques observations de nos confrères MM. Duhamel et Le Verrier m'ont
engagé à produire sur-le-champ des documents qui faisaient connaître
l'idée première et le point de départ du travail de Pascal, ainsi que les
éléments dont il s'était servi. C'étaient des écrits inédits de Kepler (1) que
(1) J'ai dit (séance du 7 octobre , sur le témoignage de plusieurs Lettres de Deseartes
au P. Mcrsenne, que Kepler avait laissé de nombreux manuscrits. Descartes en avait acquis
( 827 )
lui envoyait Galilée, et des observations de Galilée lui-même. J'ai cité à ce
sujet trois Lettres de Galilée, puis diverses Lettres de Pascal, de Huygens,
de Mariotte, du cardinal de Polignac, de Malebranche el de Newton lui-
même, qui confirmaient ces Lettres de Galilée.
» Ces documenls, par leur ensemble, ont une grande importance qui
me paraissait devoir entraîner la conviction de M. Grant, sinon de
M. Brewster. Mais il n'en est rien; et j'ai à répondre à une nouvelle commu-
nication du savant astronome.
» M. Grant. présente à l'appui de sa thèse primitive trois ordres, je ne
dirai pas de preuves, mais d'objections, à savoir :
» i° Que les Lettres de Galilée à Pascal sont fausses, et conséquemment
aussi toutes celles que j'ai produites comme confirmant celles-là.
» i° Que Pascal, de même que Galilée et Kepler, ne possédait point d'in-
struments d'observation qui permissent de faire les déterminations dont il
s'agit.
» 3° Que Newton a pris, dans les observations de Pound, de Bradley et
de Cassini les éléments cpii lui étaient nécessaires, et que l'on ne possédait
point auparavant.
» Conclusion de M. Grant : les Lettres de Galilée étant fausses, toutes
les autres le sont aussi.
» Je vais suivre l'ordre de ces propositions.
IL
» M. Grant dit que mes Lettres de Galilée adressées à Pascal, en i6Zji,
sont fausses, parce que c'est un fait parfaitement établi, parfaitement authen-
tique, qu'au mois de janvier 1637, Galdée fut atteint d'une maladie des
de la veuve de Kepler quelqus-uns, et comptait revenir en prendre d'autres. Mais il paraît
qu'ils sont restés en Allemagne, et qu'on avait formé le projet de les publier : on voit, dans
le tome III du Journal littéraire de La Haye, année r 7 14 > que ces manuscrits formaient
vingt-cinq volumes. Le premier volume renfermait des Démonstrations sur les grandeurs et
les dislanres réciproques du Soleil, de la Lune et de la Terre.
On lit à ce sujet la Note suivante : « Kepler avait eu dessein de donner ces démonstra-
» tions sous le nom d'Hipparque. Elles servent de fondement à sa théorie, comme il le re-
» connaît dans ses commentaires de Stella Martis, et dans son abrégé d'Astronomie de
» Copernic. On y trouvera plusieurs observations sur le diamètre apparent du Soleil et de
» la Lune, sur les parallaxes, l'ombre de la Terre, etc. *
Ce sont peut-être ces écrits que possédait Galilée, et qu'il a communiqués à Pascal. Il
semble que le sujet est le même.
108 .
( 828 )
yeux qui amena une cérité complète ; et que depuis la fin de 1 637, jusqu'il sa
mort, en 1642 (le 8 janvier), il resta constamment et complètement privé de
la vue.
» Je suis en mesure de prouver que Galilée n'a point été atteint d'une
cécité complète dès la fin de 1637, mais seulement dans le dernier mois
de 1G41.
« Mais auparavant je ferai remarquer que M. Grant procède encore ici,
comme M. Brewsler, et comme il l'a déjà fait lui-même, par des affirmations
sans preuves. Où a-t-il vu qu'il soit parfaitement établi, parfaitement authen-
tique, que Galilée ait été atteint d'une cécité complète dès la fin de 1637?
Cette assertion lui a-t-elle paru de trop peu d'importance pour mériter qu'il
voulût bien faire connaître la teneur des documents sur lesquels il la
fonde ?
» Est-ce sur le Rapport de l'inquisiteur de Florence adressé au saint Père,
à la suite d'une visite faite, à Pimproviste, à Galilée dans sa retraite d'Arcctri,
le i3 février 1 638? Ce Rapport prouve, au contraire, que la cécité n'était
point complète, quoique l'inquisiteur, dans une intention bienveillante,
comme dans toutes les autres parties du Rapport, dise : « Je l'ai trouvé
)) totalement privé de la vue. »
» Pour que l'on en juge, il me faut mettre le Rapport même sous les yetrx
de l'Académie; le voici :
Florence, i3 février i638.
Pour satisfaire plus entièrement au commandement de Sa Sainteté N. S., je suis allé en
personne, à Pimproviste, avec un médecin étranger, mon confident, reconnaître l'état de Ga-
lilée dans sa villa d'Arcetri, persuadé que de cette manière je pourrais non-seulement faire
un Rapport sur la qualité de ses indispositions, mais encore pénétrer et examiner les éludes
auxquelles il s'applique, et les habitudes de son régime de vie, pour découvrir jusqu'à quel
point, en venant à Florence, il pourrait semer dans les sociétés et les entretiens sa damnée
opinion du mouvement de la Terre. Je l'ai trouvé totalement privé de la vue, et bien qu'il
espère se guérir, n'v ayant pas plus de six mois que la cataracte lui est tombée sur les yeux,
cependant le médecin, attendu son grand âge de soixante quinze ans, tient le mal pour pres-
que incurable. En outre, il a une très-grave hernie, des douleurs continuelles et pour la vie,
avec une insomnie telle, que, d'après ce qu'il affirme et ce qu'en rapportent les gens de sa
maison, sur vingt-quatre heures, il n'en dort jamais une entière. Enfin, il est réduit à un si
mauvais état qu'il a plutôt la forme d'un cadavre, que celle d'une personne vivante. Sa
maison de campagne est loin de la ville et dans un lieu peu commode. Aussi ne peut-il que
rarement, avec difficulté et beaucoup de dépense, avoir la commodité du médecin. Ses études
sont interrompues par sa cécité, bien que parfois il se fasse lire quelque chose... Je crois
donc que si Sa Sainteté usait envers lui de son infinie bonté, en lui permettant de résider à
Florence, il n'aurait pas l'occasion de faire des réunions, et quand il l'aurait, il est tellement
( 829 )
mortifié, qu'afin de s'assurer contre cela, et le tenir en bride, il suffira d'une bonne admo-
nestation ( i ) .
» On voit que ce Rapport est bienveillant clans toutes ses parties, et que
les infirmités ont été plutôt amplifiées qu'amoindries. Et quant à la vue, dont
Galilée serait privé totalement, il est évident qu'il y a exagération, soit du
fait de l'inquisiteur lui-même, soit dans la déclaration de Galilée; car une
cataracte qui ne date que de six mois peut se prolonger et empirer pendant
plusieurs années avant de devenir complète. Ce qu'il faut remarquer sur-
tout, c'est que Galilée espère se guérir. Cet espoir paraîtra, assurément,
très-significatif. Il faut remarquer encore que l'inquisiteur n'a point inter-
rogé, sur la déclaration de cécité, les personnes de la maison de Galilée,
comme il a fait pour les insomnies.
» Il est donc certain qu'il n'y avait pas cécité complète. Dès lors, Ga-
lilée pouvait continuer d'écrire, plus ou moins difficilement, avec des verres
plus ou moins grossissants.
» Il dit effectivement à Pascal, dans chacune des trois Lettres citées
précédemment (2), que sa vue s'en va, que c'est avec toutes les peines An
monde qu'il écrit, qu'il n'y voit presque plus.
» Ces détails seront confirmés par des Lettres de Viviani, qui, après la
mort de son excellent maître, a entretenu correspondance avec Pascal.
III.
» M. Grant répoiulra-t-il que si Galilée pouvait encore écrire, du moins
il ne pouvait plus faire d'observations, et que cependant il en envoie à
Pascal; que ces observations doivent être d'une date antérieure à 1637, et
que dès lors Galilée les aurait fait connaître plus tôt.
» Ce sont les Lettres même de Viviani cpii préviendront ces objections.
Il dit, en effet, qu'il a été attaché à Galilée, et ne l'a point quitté pendant
trois ans au moins, jusqu'au moment de sa mort ; et que c'était lui, ou quel-
quefois Torricelli, qui faisait les observations, et que Galilée les écrivait.
» Ce n'est que très-peu de temps avant sa mort, que Galilée a perdu la
vue, à la suite d'une opération (de la cataracte probablement) qui n'a pas
(1) J'emprunte ce texte de l'excellent travail de M. Trouessart, professeur à la faculté
des Sciences de Poitiers, qui a été le sujet d'une conférence faite à Angoulème en 1 865, sous
le titre de : Galilée, sa mission scientifique, sa via et son procès ,
(2) Comptes tendus, séance du 7 octobre, p. 5'Stf.
( 83o )
réussi. De vives douleurs et une profonde tristesse ont accru son état mal-
heureux, et hâté sa fin, arrivée le 8 janvier \6'\i.
» Viviani écrit à Pascal, puis à Boulliau, que Galilée a laissé divers
ouvrages, la plupart en italien ou en latin; qu'il s'en trouve d'écrits en
français, et même en anglais et en allemand ; car Galilée, ajoute-t-il, possé-
dait toutes ces langues. On sait en effet que Galilée, quoique profond géo-
mètre et grand astronome, avait un esprit littéraire très-cultivé. Il avait fait
des œuvres dramatiques, des commentaires du Tasse et de l'Arioste dont il
savait par cœur les principaux morceaux ; et il n'aurait point voulu rester
inférieur à qui que ce fût, notamment dans la connaissance de la littérature
française. Je fais ici cette remarque parce qu'on m'a objecté dans des
communications particulières que sa correspondance était toujours en latin
ou en italien ; d'où l'on concluait qu'il n'écrivait pas en français. Il me suffit
d'opposer à cette objection, que l'on ne connaît aucune de ses Lettres
ni au P. Mersenne, avec qui il a eu la correspondance la plus étendue, ni à
Descaries. Mais je puis dire que ces Lettres sont en français : car elles se
trouvent dans les liasses dont j'ai donné l'indication (séance du 28 octobre).
Viviani parle de ces deux correspondances.
IV.
» Quanta l'appareil instrumental, qui, au dire de M. Grant, aurait manqué
à Galilée, ce qui suffit pour prouver la fausseté des Lettres à Pascal, je
répondrai que c'est Galilée lui-même qui a imaginé l'instrument qui lui a
servi dans ses dernières observations, et que voyant qu'il ne pouvait plus
espérer en faire usage lui-même, il l'a envoyé à Pascal, qu'il jugeait,
avec raison, le plus digne de recevoir un tel dépôt, avec la mission de le
faire servir aux progrès de la science. Il lui dit, en effet, de le communi-
quer à ses amis ; ce que Pascal a fait fidèlement. Ces deux grands noms de
Galilée et de Pascal seront désormais inséparables dans l'histoire de la
grande découverte du xvne siècle.
» Les deux Lettres de Galilée que j'ai à citer, dont l'une annonce l'en-
voi de l'instrument d'observation dont il s'agit, pourront, comme les pre-
mières, défier l'examen des plus difficiles juges en fait d'écritures. Du reste,
je n'aurai pas à craindre les erreurs possibles dans de pareilles questions, car
les deux Lettres seront authentiquées, comme les premières, par une suite
d'autres documents très-variés et du plus haut intérêt historique. Ce sont
des Lettres de Boulliau et d'Huygens, puis de Boulliau à Flamsteed. et de
Cassini à Boulliau et à Flamsteed, qui font toutes mention de l'instrument et
( «3. )
de la vérification des observations envoyées par Galilée à Pascal, vérifica-
tion faite en premier lieu par Pascal et Boulliau, puis par Huygens,
Flamsteed et Cassini.
» On apprend par ces Lettres qu'Hnygens a apporté un certain perfection-
nement à l'instrument de Galilée, cpii lui a permis de. voir très-distinctement
le satellite de Saturne cpie Galilée avait déjà signalé, et qu'avait aperçu par
conséquent son fidèle disciple Viviani. Huygens, dont le caractère a ton-
jours été honoré, a voulu donner à ce satellite le nom de Galilée ; et c'est
Boulliau cpii lui a dit que cela n'ajouterait rien à la gloire de Galilée, et
que d'ailleurs c'était le perfectionnement apporté à l'instrument par Huygens
lui-même qui lui avait procuré la vue distincte au satellite. Cette double
raison émise avec sincérité parait avoir décidé l'adhésion d'Huygens.
V.
» J'arrive au troisième point de la thèse de M. Grant; que Newton n'a
tien emprunté de Pascal, et a pris dans les observations de Pound, de Cas-
sini et de Bradiey les déterminations qui lui étaient nécessaires.
» D'abord, je demanderai pourquoi Newton qui prend soin de citer les
observations précises de Cassini, sur lesquelles il s'appuie, et celles de Pound,
et qui rapporte surabondamment des observations de Borelli et de Townley,
ne dit rien de plusieurs autres qui lui sont nécessaires. Il y a là une lacune
que M. Grant n'explique nullement.
» Mais sans m'arrèter à ces détails, à ces objections, quelque fondées
qu'elles soient, je prouverai directement que Newton a eu connaissance
des nombres de Pascal et de leur origine, et a su que les observations de
Cassini, relatives à Jupiter et à Saturne, de même que celles de Flamsteed,
n'étaient que la vérification de celles de Galilée, déjà vérifiées par Pascal
et Boidliau. »
» Je rangerai les documents qui suivent en trois séries, A, B, C, corres-
pondantes aux trois propositions de M. Grant auxquelles ils se rapportent.
Série A.
Viviani à Pascal.
■i décembre i(!.}i.
Je vous fais cette lettre de part monsieur Galilée mon maistre, qui, comme vous le sçavez,
depuis plus de deux ans, avoit la vue très-foible. Mais maintenant il n'y voit plus entière-
ment. On luy a fuit une opération, il y a quelques jours, qui a achevé de la détruire. Il m'a
chargé de vous remercier de la communication que vous ave/, bien voulu luy faire de vos
dernières expériences. Il en a entendu la lecture avec beaucoup d'attention, et m'a charge
( 832 )
de vous en tesmoigncr sa satisfaction, et de vous prier, quoiqu'il en soit, de luy continuer
vos communications, en mesme temps que vostre amitié, en échange de la sienne. Pour ma
part, Monsieur, je sei-ois très-content que vos relations ne soient interrompues; car cela me
donnera sans doute la satisfaction d'en prendre connoissancc, car j'ay résolu de ne point
abandonner Monsieur Galilée, mon maistre, qu'au tombeau. C'est vous dire assez l'estime
que j'ay pour luy, et aussy' pour tous ceux qui lui en tesmoigne. Monsieur Toricelli se
joint a moy pour vous féliciter de vos nouvelles expériences, et vous envoyé les siennes
nouvellement faites. Je suis, Monsieur, vostre bien affectionné et très-humble serviteur.
V. VlVIANI.
Au même.
Ce 16 janvier 16^2.
Je ne viens point répondre à vostre aimable lettre aujourd'huy : car c'est le cœur bien
triste que je vous escrit pour vous annoncer la perte de nostre très- bon amy, mon illustre
maistre, le célèbre Galilée. C'est une perte immense pour les sciences en général, et pour
raov en particulier, qui luy avoit voué toute mon amitié. C'estoit un si bon maistre. Il
scavoit si bien vous inculquer la science. Sa conversation enjouée estoit si agréable, qu'il ne
falloit le voir qu'un instant, pour qu'aussitost on s'attachât à luy par la plus sincère amitié.
Ouv, je le répette, c'est une perte immense pour les sciences qu'il cultiva avec tant de soins,
et pour lesquelles il avoit une si violente inclination. Il ne m'appartient pas de faire
aujourd'huy son éloge. Je suis trop sous le poids de la douleur. Je vous dirav seulement
qu'il m'a laisse bon nombre de ses escrits, dont je vous parleray dans ma prochaine lettre.
Je suis avec estime, Monsieur, vostre très-humble et bien affectionne serviteur.
VlVIANI,
Disciple de Galilée.
An même.
Ce 10 février 16^2.
Dans ma précédente lettre, par laquelle je vous annonçois la perte que nous avons faite
du très-célèbre Galilée, nostre amy commun, je vous disois qu'il m'avoit laissé un bon
nombre de ses escrits, résultat de ses expériences et observations, au nombre desquels se
trouve sa correspondance avec le P. Mersenne et Descarte, et autres sçavants. Ces escrits
sont en latin ou en italien, pour la plupart. Mais il s'en trouve aussy en franr.ois, eu alle-
mand, et mesme en anglois. Car il n'estoit point estranger à ces langues, estant en relation
avec presque tous les sçavants du monde. J'v ay trouvé aussy un bon nombre de lettres de
M. Gassendi. J'ay commencé à mettre de l'ordre dans ces divers escrits. C'est pourquoy je
ne vous en diray rien de plus aujourd'huy. Vous n'ignorez pas sans doute que M. Galilée,
mon très-illustre maistre, cullivoit tous les arts agréables. Tous les excellents poètes luy
estoient familiers. Il scavoit de mémoire les plus beaux morceaux de l'Arioste et du Tasse. Il
aimuit beaucoup l'architecture et la peinture. Il dessinait assez bien. L'agriculture avoit
aussi des charmes pour lu v. La géographie lui doit beaucoup pour les observations astrono-
miques ; et la mécanique pour la théorie de l'accélération. Vous sçavez que depuis environ
trois ans il avoit presque perdu la vue. Il ne pouvoit donc plus faire par luy-mesme ses
observations astronomiques; mais il me les faisoit faire et les escrivoit encore luy-mesme. Ce
n'est que l'an dernier que la vue l'ayant entièrement abandonne, qu'alors il tomba dans une
si grande apathie, que cela contribua beaucoup à sa fin dernière. Je ne vous dis rien de plus
( 833 )
aujourd'hui, mais prochainement j'espère vous faire l'énumération des escrits qu'il a laissé
entre mes mains. Je suis, Monsieur, vostre bien affectionné serviteur. Viviam,
Disciple de Galilée.
Au même.
Ce a aoust i6'|8.
Ce grand génie (Galilée) avoit presque perdu la vue. Il ne pouvoit plus faire ses expé-
riences luy-mesme, quoiqu'il pouvoit encore parfois mettre la main à la plume, en se ser-
vant de lunettes très-fortes. Mais comme je crois déjà vous l'avoir dit dans le temps, à la
suite d'une opération qu'on luy fit, je crois dans le courant du mois de décembre i64i, il
en ressentit des douleurs si vives, qu'il en mourut peu de temps après.
Viviani a Bouillait.
Monsieur l'abbé, vous me tesmoignez le désir de sçavoir quels furent les derniers momens
de la vie de feu mon illustre maistre, le très-célèbre Galilée : je vais essayer de vous satis-
faire. Vous sçavez sans doute déjà qu'il passa les huit dernières (années) de sa vie dans quel-
ques lieux du voisinage de Florence, et aussy en partie à Sienne. Son application à faire
continuellement des observations et la fraîcheur des nuits luy affaiblirent extrêmement la
vue, au point que quelques années avant que de mourir, c'est-à-dire qu'au tems où j'entray
chez luy vers l'an i638, sa vue commençoil déjà à faiblir; et c'étoit moy ou M. Toricelli
qu'il chargeoit de faire ses expériences. Mais il ne perdit la vue que l'année devant sa mort,
c'est-à-dire plusieurs mois avant que de mourir. Il languit trois mois d'une maladie dont il
fut attaqué, et mourut, comme vous ne l'ignorez pas sans doute, à Arcetri près de Florence,
le 8 janvier 1642. Pendant tout le temps que je restay avec luy, trois ans environ, pour le
seconder dans ses expériences que je faisois à sa place et sous ses observations et indications,
puisque, comme je viens de vous le dire, sa vue estoit devenue très-faible, il supporta ce
malheur avec une constance vraiment philosophique, se divertissant à méditer et préparant
quantité de matériaux qu'il avait dessein de publier, lorsqu'enfin la maladie dont je viens de
vous parler vint l'attaquer et le conduire au tombeau. Il avoit un sçavoir fort étendu.
J'admirois principalement en luy deux qualités qu'on trouve rarement réunies. C'étoit la
clarté et la pénétration. Il joignoit à un grand jugement une profonde connoissance de ce
qu'il y a de plus abstraict dans la géométrie. C'est luy qui a commencé, comme vous le
sçavez sans doute, qui le premier a étendu les limites de cette science. C'est luy quia com-
mencé à rappeler aux loix de la géométrie la résistance des solides. Il m'a laissé une grande
partie de ses escrits dont quelques-uns sont imprimés. Mais il y fit des modifications et des
additions. Je vous les feray connoistre. Je suis, avec beaucoup de respect, Monsieur, vostre
très-humble et bien affectionné serviteur. Viviant,
Disciple de Galilée.
SÉRIE B.
Galilée à Pascal.
Ce 2 septembre \6$i.
Vos nouvelles observations me font de plus en plus plaisir, et me tesrnoigne que bientost
il se fera une nouvelle révolution dans les sciences qui anéantira, ou plutost non, qui conlir-
(,. H., 1S67, 2e Semestre. (T. LXV, N° 21.) ' °9
( 834 )
niera ce que Copernic a dévoilé touchant le mouvement île la Terre. Vos observations sur
la masse de l'air, la gravitation de l'atmosphère que vous avez remarquées, sont des phé-
nomènes d'une nouvelle espèce et de la plus grande importance. Ces principes, je n'en
doute pas, ouvriront un vaste champ de connaissances utiles à l'astronomie; et par ce
moyen on parviendra, je n'en doute pas, à expliquer une grande variété de phénomènes
que auparavant nous ne pouvions appercevoir. Continuez donc vos observations, et conti-
nuez aussy à m'en faire part. Car quoyque je ne vove presque plus rien, je n'en parviens
pas moins à déchiffrer vos escrits moy mesme, tant a sur moy de force l'amour de la science
et le désir de son progrès. Vous trouverez ci joint de nouvelles notes louchant mes obser-
vations, avec un petit manuscrit dans lequel j'ay consigné mon opinion sur l'astronomie des
Anciens et Modernes.
Je vous le répèle encore une fois, Monsieur, continuez avec assiduité vos observations
sur la masse de l'air; et les principes de la théorie du mouvement estant plus entendus
fourniront d'excellens éclaircissemens sur les parties abstraites de la Géométrie et de l'As-
tronomie.
Je suis votre bien affectionné serviteur Galilée Galilei.
Au même,
Ce 2 novembre 164 1.
Je vous envoyé mes dernières observations faites avec un nouvel instrument que j'ay ima-
giné; et je vous prieray en faire part à vos amis, et entre autres au P. Boulliaud que je
scay estre un sçavant astronome. Vous me rendrez compte de ce qu'il en aura dit, je vous
prie. Je vous envoyé aussy un petit manuscrit touchant le système du Monde, de Copernic,
et quelques escrits de ce dernier, qui m'estoient tombé entre les mains. Je vous fais part
aussy de plusieurs Lettres que je viens de retrouver, qui me furent envoyées par Kepler;
pource que je scay qu'entre vos mains ou celles de vos amis elles ne seront point déplacées.
C'est vous dire assez combien j'estime les sçavans français, et parlant la France, dont les
souverains, depuis Charlemagne, ont toujours eu le bon esprit de prendre sous leur égide
les sciences et les lettres.
J'ay appris par certaines Lettres, escrites dans le temps à Copernic par un certain person-
nage de vos compatriotes bien connu(i), qu'il avoit trouvé certains escrits touchant l'astro-
nomie, fort précieux; entre aulres d'un certain Arzachel qui le premier découvrit un chan-
gement dans le lieu de l'apogée ou de la plus grande distance de la Lune au Soleil, et il
avoit cru que ce mouvement esloit alternatif: lanlost direct d'Occident en Orient, lantost
rétrograde. Je regrette bien de n'avoir pas eu connoissance de ces escrits plus tosl, car
j'aurais cherché ;i les connoistre. Copernic occupé pendant dix ans de ce genre d'observa-
tions, reconnut et démontra que l'astronome Arzachel s'estoit trompé en supposant que le
(1) Il s'agit ici de Rabelais, qui fut en correspondance pendant plus de vingt-cinq ans
avec Copernic, à qui il adressa de nombreuses Notes sur l'astronomie ancienne, et pour qui
il traduisit même des traités d'astronomie arabe. Ce fut lui qui conseilla à Copernic de dédier
son ouvrage au pape Paul III. Galilée a connu les Notes de Rabelais, il en parle dans plu-
sieurs Lettres, et dit qu'elles sonl d'un bon entendement, et qu'elles ont été utiles à Copernic.
Tycho Brahé les a connues aussi.
( 835 )
mouvement de l'apogée estoit tantost direct, tantost rétrograde, et que cette erreur
venoit de celles des observations d'Albategnius, dont Arzachel avoit déduit son résultat. Il
prouva que le lieu de l'apogée avoit toujours un mouvement direct d'Occident en Orient
dans le temps de la marche annuelle de la Terre autour du Soleil, et il fixa sa quantité
de mouvement à 24-3. Mes observations à ce sujet confirment pleinement l'opinion de
Copernic quand au mouvement direct de l'apogée; mais la quantité annuelle de ce mou-
vement rapportée aux estoiles fixes, je ne l'ay trouvée (pie de 12". Mais s'il y a erreur de
la part de Copernic dans ses nombres, il n'y en a point dans la chose mesme. Or nous
devons l'excuser, car une erreur de calcul pour luy estoit impossible à éviter, à raison de
la grossièreté des instruments dont il se servoit dans une observation aussy délicate. Te ne
puis vous en dire plus; car mes yeux sont excessivement faibles. Je suis vostre bien
affectionné Galilée Galtlei.
jRoutliau à Huygcns.
Un de mes amis, monsieur Pascal, qui avoit quelques relations avec Galilée, a reçu de
ce dernier un instrument qui grossit prodigieusement les objets, et au moyen duquel on
apperçoit près de Saturne quelque chose qui me semble extraordinaire. Galilée a fait aussy
cette mesme observation , mais il n'a pu la définir, à cause de la foiblesse de sa vue. Il a
mesme cru apercevoir un satellite de la planète de Saturne, faisant sa révolution autour de
cette planète, ainsi qu'il l'a marqué en note, en l'espace de i5 jours 22 heures f. J'ay
maintes fois cherché à vérifier la véracité de ce fait, et n'ay pu encore y arriver. Voyez
donc par vous mesme si plus heureux serez. Alors la gloire vous en appartiendra. Ci joint
vous trouverez une instruction faite par Galilée lui mesme, au sujet de ce nouvel instru-
ment. Et je vous envoyé aussi l'instrument mesme, pour que vous puissiez l'examiner, et
voir si vous serez plus heureux que moy à vous en servir. Vous me le retournerez le plus
tost possible, je vous prie, avec le résultat de vos observations. Veuillez me faire part aussy
de vos nouvelles découvertes. Je suis comme toujours vostre très humble et très affectionne
serviteur. Boulliau.
Ce 17 juin.
Huygens h Boulliau.
Ce 2 décembre.
L'instrument que vous m'avez envoyé, qui fut, m'avez vous dit, imaginé par Galilée, sur
la fin de sa carrière, et pouvant grossir les objets d'une manière prodigieuse, m'a été très
agréable; et après l'avoir essayé pendant plusieurs mois, je me suis mis à l'estudier et à le
perfectionner, au point de grossir les objets plus de cent fois. Dernièrement par un temps
clairet magnifique, je me suis remis à observer Saturne, et non seulement j'ay revu l'an-
neau dont je vous avois déjà entretenu, mais j'ay découvert parfaitement le satellite que
Galilée disoit avoir apperçu. Il n'y a plus de doute. J'ay suivi cette observation pendant
plus de deux mois, et j'ay remarqué que le temps périodique de ce satellite autour de
Saturne estoit bien de 1 5 jours 22 heures f. Or donc Galilée avoit dit vray- Je vous retourne
vostre instrument, modifié, ainsi que vous le verrez. Vous pouvez donc vous-mesme faire
de nouvelles observations à ce sujet et vous convaincre de ce fait que je n'ai encore révélé
à personne J'attens de vous un conseil ; et ce sera d'après le conseil que vous me donnerez
que je prendrai une décision. Mon intention seroit de donner le nom de Galilée à ce satellite
109..
( 836 )
de Saturne. Mais je vous le repette, Monsieur l'abbé, j'attens vostre réponse avant que de
communiquer cette découverte à la Société.
Je suis, Monsieur l'abbé,
Vostre très humble et très affectionné serviteur.
Ch. Huygens.
Boulliau à Huygens.
Ce 22 décembre.
.l'ai reçu vostre aimable lettre, et aussi l'instrument en question, que vous avez perfec-
tionné. J'en ay fait l'essay aussitost que le tems me l'a permis, et j'ay enfin apparu le
satellite que vous m'annoncez, et qui déjà avoit esté remarqué, mais très superficiellement
par le très célèbre Galilée. Vous me demandez un conseil, au sujet de cette découverte. Déjà
je vous en ay dit un mot, dans une précédente lettre. Je ne retire pas ce mot. La gloire dfi
Galilée est à son apogée. Lui attribuer cette découverte, cela n'augmentera en rien cette
gloire; et à vous dire vray, s'il vivoit encore, je ne doute pas qu'il refusât cette glorifica-
tion, pour ce qu'il n'a donné, pour ainsy dire, que l'idée de cette découverte, et non le
résultat qui vous appartient. Vous me comprenez. Quand à moy, au sujet de cette affaire,
vous pouvez compter sur ma discrétion. Du reste, je suis d'avis que la gloire de cette décou-
verte vous appartient, d'autant plus que vous n'enlevez rien de celle de Galilée. Il en est de
cela comme des loix de l'attraction, dont il entrevit l'idée, mais qui furent plus amplement
démontrées par M. Pascal. Selon moi c'est à ce dernier qu'on en devra la reconnoissance.
Je vous donne cecy comme principe. Je ne vous en dirav pas davantage. Mais je me pro-
pose aller vous visiter d'icy peu, et nous causerons de cela ensemble. Je suis comme tou-
jours, Monsieur, vostre très humble et bien affectionne serviteur. Boulliau.
Boulliau à Flamsteed.
Ce 21 avril 167 .
Vous me mandez, monsieur, vostre désir de faire le voyage de France exprès pour me
consulter sur certaines choses touchant l'astronomie, et pour m'entretenir d'un instrument
qui autrefois fut envoyé à Mr Huygens par Pascal, afin de scavoir, si j'ay eu connaissance
de ce nouvel instrument, et si je m'en suis servv dans mes observations. Je veux bien vous
prévenir que en effet j'ai beaucoup connu Mr Pascal. Il me soumettait ses expériences,
comme je luy soumettais les miennes. Nous en avons mesme fait ensemble. Galilée, avec qui
il avoit eu quelques relations intimes, sachant apprécier son grand génie, lui avait suggéré,
je veux dire lui avoit fait part de ses idées sur certaines choses qu'il avait cru apercevoir;
lui rit mesme part aussy d'un instrument au moyen duquel les objets étoient grossis d'une
manière prodigieuse ; il m'en fit part à son tour; il en fit part aussy à son amy Mr Huy-
gens, qui encore modifia cet objet, et au moyen duquel non seulement il découvrit l'anneau
de Saturne, mais son satellite, auquel il donna le nom de Galilée, pour ce que ce fut ce der-
nier qui l'entrevit premièrement. Mais la gloire en resta à Huygens, parce que c'est luy qui
le démontra. C'est sans doute décela dont vous voulez m'entretenir. Je suis tout disposé à
vous recevoir; et ce sera mesme avec beaucoup de plaisir, car déjà on m'a parle maintes fois
de vostre amour pour la science astronomique. Venez donc et vous serez le bien venu. Il
n'est pas nécessaire que je vous en dise davantage. En attendant que j'aye le plaisir de vous
voir, soyez assuré que je suis, Monsieur, vostre très humble et très affectionné serviteur.
Boulliau.
( H37 )
Au même.
Ce 26 juin.
j'ay examiné avec beaucoup de soin les chifres que vous m'avez envoyés touchant les
distances des planètes entre elles et grosseurs. J'ay comparé ces nouveaux calculs avec ceux
que je fis autrefois, en commun avec feu Mr Pascal, d'après la donnée que luy en avait fait
Galilée. Je suis heureux de vous dire que cette mesure concorde parfaitement, ce qui me
démontre sa véracité. Monsieur Cassini a fait les mesmes expériences, et se trouve du mesme
accord. Or donc il ne doit plus y avoir de doute à ce sujet. Je vous prie de me tenir au cou-
rant de vos nouvelles découvertes. Je suis comme toujours votre bien affectionné serviteur.
Boulliau.
Cassini à Boulliau.
Monsieur l'abbé,
Je viens de recevoir vos manuscrits, dans lesquels se trouvent vos expériences touchant
la pesanteur, faites en compagnie avec Mr Pascal, ainsi que vos observations astronomiques
et vos calculs sur les distances des planètes entre elles. J'ay lu avec attention ce travail qui
m'a fait grand plaisir. Je vous diray que maintes fois j'ay fait et répété ces nouvelles obser-
vations astronomiques, et j'ay vu avec plaisir que mes calculs se sont trouvé juste ou à peu
près avec les vostres : ce qui me tesmoigne le caractère indubitable de nos observations.
Pouvez-vous, Monsieur, me laisser quelque temps vos manuscrits, afin que je puisse les
compulser et examiner avec soin, et faire des comparaisons. Je vous en serai très obligé.
Car je compte renouveler encore ces observations astronomiques et je vous feray part du
résultat. Je suis, Monsieur l'abbé, votre très humble et très affectionné serviteur.
Cassini.
Cassini à Flamstecd.
Ce 22 mars.
Je viens de recevoir vos calculs touchant les distances des planètes entre elles et leurs
satellites. Je les ay comparés avec les miens, et je n'ay rencontre qu'une très faible différence
entr-eux. Je vous fais part de mes dernières observations astronomiques. Réciproquement
j'espère que vous me ferez connaître les vostres. A propos, je viens de recevoir une lettre
de Londres par M. Desmaizeaux, qui me mande qu'un de ses amis desireroit savoir d'où
viennent les calculs que j'ay insérés dans mon dernier mémoire. Cette question m'a semblé
extraordinaire, et a lien de me surprendre. Pourriez-vous savoir quel est cet amy de M. Dez-
maizeaux, et quel intérêt particulier il a dans cette affaire ? Les calculs sont connus, nous les
avons confirmés l'un et l'autre. Le sçavant P. Boulliau les a aussi reconnu. Est-ce que l'aniy
de M. Desmaizeaux voudrait les contester? Taschez donc de savoir cette affaire. Je suis
comme toujours, Monsieur, vostre très affectionné serviteur. Cassini.
SÉRIE C.
Cassini à Desmaizeaux.
Ce 22 mars.
Vous me mandez par vostre lettre que l'on vient de me remettre, qu'un de vos amis qui
a lu attentivement, me dites vous, mon traité sur les planètes, desireroit savoir si les calculs
( 838 )
que j'y donne sont le résultat de(i) expériences. Cette personne, me dites-vous, (auroit) esté
bien contente de le sçavoir, pour des raisons a elle particulières : mais monsieur, il me semble,
que je m'explique assez clairement dans mon traité; et à moins que cette personne dont vous
me parlez n'en ait vu qu'une copie fautive, comme cela arrive encore assez souvent, elle a
du voir que ces calculs sont le résultat de nouvelles expériences, ne datant que de quelques
années. Du reste, si cet amy dont vous me parlez est un observateur, il a dû s'en convaincre
par luv mesme. Veuillez luy dire, s'il vous plaist, que je serais bien aise de connaître ses
raisons particulières à ce sujet ; et je ferai tout ce qui dépendra de moy pour le satisfaire s'il
m'est possible. Je suis, Monsieur, vostre 1res humble et très obéissant serviteur.
C.ASSINI.
Cassini à Newton.
Ce 2 septembre.
Il y a quelque tems j'ay reçu une Lettre de Mr des Maizeaux, par laquelle il me deman-
doit, au nom d'un de ses amis, me disoit-il, quelques renseignemens au sujet des calculs
que j'ay produits dans un Mémoire touchant les planètes. Depuis j'ay appris que cet amy
dont parloit M. des Maizeaux estoit vous. C'est pourquoy, Monsieur, je me permets de vous
escrire cette Lettre pour scavoir de vous quelles raisons particulières vous avez au sujet de
ces calculs. Alors je vous fourniray les éclaircissemens que vous desirez. J'attens donc,
Monsieur, voslre réponse à ce sujet. Je suis votre très humble serviteur.
Cassini.
Newton à Cassini.
Ce 20 octobre.
Il est vray, Monsieur, que c'est moy qui avois priay Monsieur des Maizeaux de s'informer
près de vous, je dis prendre quelques renseignemens au sujet des calculs donnés par vous
dans un Mémoire touchant les Planètes. La raison pourquoi je désirois ces renseignemens,
c'est que j'ay trouvé ces mesmes calculs dans des escrits qui furent remis à moy, il v a quel-
ques années. J'ay d'abord eu l'intention dans faire usage dans le système du monde par moy
establit et m'en suis abstenu, pour ce que n'estant certain de leur véracité. Or les voyant
reproduits par vous, tout à peu près semblables, voilà pourquoy j'ay cherché à avoir ces
renseignemens, pour ce que ayant intention de faire nouvelle édition de l'œuvre dont j'ay
parlé, me suis mandé si ces calculs ne conviendraient pas mieulx que ceux anciens par mov
mis en ma ire édition. Voilà, monsieur, le motif pourquov j'avois fait mander à vous ces
renseignemens, afin de scavoir l'origine de ces calculs, et leur véracité. Je prie vous, Mon-
sieur, excuser moy, si j'ay pris un détour pour connoistre cette chose, et prie vous eslre
assuré que je suis le très humble très dévoué et très affectionné serviteur de vous.
Isaac Newton.
Cassini à Newton.
Ce 8 novembre.
Je ne suis nullement contrarié que vous m'ayez fait demander des renseignemens sur l'ori-
gine et la véracité des calculs touchant les Planètes, que j'ay produits dans mon Mémoire.
C'est au contraire pour moy une satisfaction, puisque cela m'a procuré l'honneur d'une Lettre
de vous. Je ne fais mystère de rien, parce que je suis plus touché du progrès des sciences que
(i) Une déchirure a emporté un mot : nouvelles, peut-être.
( 839 )
de ma gloire. Je tiens ces calculs d'un amy qui me les donna à vérifier. J'ay fait plusieurs
expériences et maintes observations astronomiques à ce sujet, qui ont confirmé la véracité
de ces calculs, et j'en ay fait usage dans mon Mémoire. Voilà la vérité. Maintenant vous
dire qui le premier en a eu l'idée, cela me serait difficile. Je les tiens du Père Boulliau.
Est-ce luy qui le premier les a fait? Je ne puis rien vous en dire; et sur cela je n'av d'autres
renseignemens à vous donner. Mais, à mon tour, je serois bien aise de scavoir de qui vous
tenez ceux que vous dites avoir. Vous me ferez plaisir de me renseigner à vostre tonr sur ce
sujet. Je suis, Monsieur, votre très humble et très affectionné serviteur.
Cassini.
Newton à Fontcnelle.
Ce 8 mars
Je puis vous assurer que les observations astronomiques qui vous ont esté adressées par
Mr. Flamsteed, non seulement ne sont pas justes, mais il en est qui ne doivent pas estre
considérées comme des découvertes nouvelles; car je pourrais vous donner des preuves que
quelques-unes ont déjà esté observées il y a plus de cinquante ans. J'ay des escrits qui en
sont un témoignage; et si les premiers observateurs ne les ont pas divulguées au public,
c'est qu'apparemment ils n'estoient pas assez surs de leur véracité, et qu'ils attendoient avoir
des expériences mieux fondées. Mr Flamsteed a esté moins délicat. Je m'abstiens d'en dire
davantage.
Quand à ce qui est des couleurs, . ... Isaac Newton.
» On ne doutera point que les observations de Flamsteed, dont parle ici
Newton, ne soient celles dont il est question dans sa Lettre à Cassini, de
même que dans plusieurs des autres Lettres, notamment dans celle de
Cassini à Flamsteed; et que les écrits des premiers observateurs, qui
datent de 5o ans, et que possède Newton, ne soient les écrits de Pascal,
» Voilà donc incidemment une preuve que Newton a connu les écrits
de Pascal.
n J'ose espérer que cette preuve, indépendamment de tous les documents
parmi lesquels elle se présente, fera impression sur M. Grant, et que je ne
serai plus obligé de continuer ces publications partielles et anticipées. Du
reste, la variété de mes documents n'est point épuisée. »
ASTRONOMIE. — Note sur la parallaxe du Soleil ; par M . Delaunay.
« La parallaxe du Soleil est un des éléments les plus importants de nos
connaissances astronomiques. Malgré tous les efforts qui ont été faits pour
en déterminer la valeur précise, on n'y est pas encore parvenu d'une manière
satisfaisante, et les astronomes attendent avec impatience les prochains
passages de Vénus sur le Soleil, en 1874 et en 1882, pour faire les obser-
vations qui doivent nous fixer sur la vraie valeur de cette parallaxe. Mais
( 84 o )
en attendant ils ne négligent rien pour approcher autant que possible de la
valeur de cet important élément, par les divers moyens que leur offre la
science, et qui peuvent jusqu'à iin certain point suppléer à la remarquable
méthode fondée sur l'observation des passages de Vénus.
» C'est ainsi que M. Simon Newcomb, astronome des États-Unis d'Amé-
rique, vient de se livrer à une savante et minutieuse discussion des obser-
vations de la planète Mars, faites en 1862, sur le plan proposé par M. Win-
necke, en vue de la détermination de la parallaxe du Soleil. Dans son
Mémoire, qui forme un appendice au volume d'observations publié par
l'Observatoire de Washington pour 1 865, il donne Ions les détails de cette
discussion, et compare le résultat auquel elle le conduit à ceux que four-
nissent les autres méthodes qui permettent d'atteindre le même but. L'ac-
cord entre tous ces résultats obtenus par des voies diverses est très-remar-
quable. Il paraît montrer que la question dont il s'agit est bien plus près
d'être résolue avec toute la précision nécessaire aux besoins de l'astro-
nomie qu'on ne pouvait le supposer. J'ai pensé que l'Académie apprendrait
avec satisfaction cette importante conséquence du travail de M. Newcomb;
c'est ce qui m'a engagé à lui communiquer un résumé succinct du Mé-
moire de ce savant astronome.
» Les observations méridiennes de la planète Mars, faites en 1862 et
discutées par M. Newcomb, proviennent, les unes de l'hémisphère nord
de la Terre (Observatoires de Pulkowa, Helsingfors, Leyde, Greenwieh,
Ajbany et Washington), les autres de l'hémisphère sud (Observatoires de
Williamstown, du cap de Bonne-Espérance et de Santiago du Chili), ha
valeur qu'elles donnent pour la parallaxe du Soleil est de 8", 855, avec une
erreur probable, en plus ou en moins, de o",020.
» En rapprochant cette valeur de celles que fournissent d'autres mé-
thodes, M. Newcomb a formé le tableau suivant : Erreur
Parallaxe. probable.
Par les observations méridiennes île Mars, en 1862 8", 855 ±o",o2o
Par les observations micrométriques de Mars, en 186?. [ discus-
sion du professeur Hall) 8", 8.4'.! ±o",o4o
Par l'inégalité parallactique de la Lune (en la supposant de
125", 49* et la comparant aux expressions analytiques de
Plana et Delaunay) '. 8", 838 rto",028
Par l'équation lunaire de la Terre (en la supposant de 6", 52). 8", 809 ±o",o54
Par le passage de Vénus, de 1769 (discussion de Powalky). . . . 8", 860 ±o".o jo
Par l'expérience de Foucault sur la lumière. 8", 860 »
» En tenant compte des fiouls divers qu il convient d'attribuer à ces dit-
( »4> )
férents résultats, M. Newcomb en conclut que, clans l'état actuel de la
science astronomique, la valeur la plus probable de la parallaxe horizontale
équatoriale du Soleil est 8", 848, ou, en nombre rond de centièmes,
8", 85,
avec une erreur probable de
±o",oi3.
A celte parallaxe correspond une distance du Soleil à la Terre égale à
a33o7 rayons de l'équateur terrestre, ou un peu plus de 148 millions de
kilomètres.
» Parmi les conséquences que M. Newcomb tire de cette valeur de la
parallaxe solaire, je citerai les suivantes :
» Si l'on prend la masse de la Terre pour unité, on a, pour la masse du
Soleil,
3 26 800, ± i36o,
et, pour celle de la Lune,
8i,44±o,33
» Si l'on prend la masse du Soleil pour unité, l'ensemble des masses de
la Terre et de la Lune est de
1
322800
PALÉONTOLOGIE ANATOMIQUR. — De V ostéographie du Mesotherium el de ses
affinités zoologiques : membre postérieur; par M. Serres. (Septième et
dernier Mémoire.)
« Le bassin forme une ceinture au membre intérieur, analogue à celle
que l'omoplate et la clavicule forment au membre supérieur. Mais, autant
cette dernière parait disposée pour la mobilité, autant la première est dévo-
lue à la solidité et à la fixité. De cette différence dans le but à remplir
dérivent, comme nous l'avons déjà dit, des diversités concomitantes dans
les os qui la constituent.
» Comme en général, dans le jeune âge, chez les Mammifères, le bassin
du Mesotherium est constitué par la réunion de trois pièces osseuses, qui
sont l'iléon, l'ischion et le pubis. Ces pièces, de même aussi que chez les
Mammifères, convergent toutes vers la cavité cotyloïde, qui, comme on le
sait, nous a servi de critérium pour établir le mode de formation des cavités
et des ouvertures du squelette. En outre, j'ai découvert chez les Carnassiers
C. R., 1867, a» Semestre. (T. LXV, N° 21.) ' lo
( 842 )
un quatrième os très-distinct, placé au point de jonction des trois pièces
précédentes, et je l'ai nommé os cotyloïdien ou cotyléal. Ainsi, chez ces
derniers animaux, quatre pièces concourent à la formation de la cavité
cotyloïde.
« La cavité cotyloïde est évidemment l'analogue de la cavité glénoïde;
j'ai confirmé cette analogie en trouvant chez les jeunes Pachydermes un
petit os, le glénoïdal, qui, dans la formation de la cavité articulaire de
l'omoplate, est le représentant du cotyléal.
» Au reste la cavité cotyloïde du Mesolherium est ovalaire, très-grande,
très-profonde; son échancrure, très-ouverte et tout à fait inférieure, inter-
romp le rebord cotyloïdien dans le tiers environ de son parcours. On voit,
d'après cette disposition, que la tète du fémur était solidement articulée
chez cet animal fossile. Son bassin, considéré dans son ensemble, est très-
vaste et offre, supérieurement, une direction horizontale. Inférieurement, le
petit bassin a une ampleur exagérée. Son attache au sacrum est constituée
par une ankylose complète d'une grande partie de la symphyse sacro-
iliaque. Cette soudure osseuse, éminemment favorable à la solidité, se
remarque également chez les Ursidés sur l'Ours des cavernes, chez beau-
coup de Marsupiaux et chez tous les Édentés, excepté l'Oryctérope, qui, a
beaucoup d'autres égards encore, manque de plusieurs des caractères
ostéologiques du groupe auquel il est associé.
» Immédiatement en arrière de l'articulation sacro-iliaque, l'iléon, en
acquérant une horizontalité plus parfaite jusqu'à ses dernières limites, se
rétrécit d'une manière très-marquée, et forme, en ce point, du côté externe,
un angle très-ouvert. L'épine iliaque antérieure et inférieure, regardant
directement en dehors, est représentée par un renflement osseux qui pré-
cède immédiatement la cavité cotyloïde. Les branches verticales et horizon-
tales du pubis, sous-jacentes à cette cavité, sont constituées par des lames
minces et larges. L'éminence iléo-pectinée est peu marquée, tandis que
l'épine pubéale est très-prononcée. Enfin la symphyse du pubis présente,
chez le Mesolherium, une particularité insolite chez les Mammifères éteints
et vivants. Ses extrémités sont soudées et réunies sur la ligne médiane, et
ses parties moyennes, tenues à distance, donnent naissance à une grande
ouverture de forme triangulaire, qui est le début de la séparation de ces
deux os, si caractéristiques de la classe entière des Oiseaux.
« Le trou sous-pubien est grand et d'une forme circulaire. Le corps de
l'ischion est grêle, et aplati transversalement. La grande écliancrure ischia-
tique est convertie en trou comme chez les Tatous, le Paresseux et les Pan-
( 843 )
golins. L'épine sciatique est bien accentuée et saillante seulement en arrière.
La réunion des branches du pubis e! de l'ischion, qui constituent la face
postérieure du bassin, forme, de chaque côté, une longue branche à trajet
presque droit, et qui commence en haut, vers l'extrémité du sacrum.
» De même que la symphyse du pubis, la tubérosité de l'ischion pré-
sente, chez le Mesotherium, une de ces particularités insolites que l'on ne
rencontre que chez cet animal fossile. Cette particularité consiste dans
l'existence d'un trou, ou plutôt d'un canal osseux, qui peut recevoir la
moitié du petit doigt, et qui transperce cette tubérosité. Ce canal servait de
conducteur au muscle ischio-coccygien, et résnlte, conformément aux lois
de l'ostéogénie, de la réunion de l'ischion avec une expansion aliforme des
apophyses transverses et articulaires des dernières vertèbres du sacrum.
» Chez les Mammifères, à partir des Quadrumanes, l'acte de la parturi-
tion paraît favorisé par l'étendue que prend chez eux le bassin postérieur,
et cette étendue elle-même est donnée par celle que prend, chez les ani-
maux, le diamètre antéro-postérieur ou sacro-pubien de cette cavité. Ce
diamètre, autant que le mauvais état de conservation du bassin permet de
le voir, mesure im. \f\ chez le Mesotherium, et le transverse est de olu,09.
» Relativement à la parturition chez les Mammifères, le tableau suivant
(p. 844)1 qui donne comparativement les mesures du diamètre transverse
et du diamètre antéro-postérieur ou sacro- pubien, éclaire la partie physio-
logique de cet acte.
» Un fait important à noter, c'est que, chez les Édentés, où se rencontre,
comme chez le Mesotherium, la soudure des éléments du bassin, les bran-
dies verticales du bassin sont faibles, ce qui dénote des muscles droits ab-
dominaux peu énergiques, et constitue, par conséquent, une condition dés-
avantageuse pour la parturition. Ce désavantage n'est-il pas compensé par
^élargissement que prend, dans ce cas, le petit bassin?
» Le fémur est un peu plus long que l'humérus. Cet os est droit, et montre
tune tendance à l'aplatissement plus ou moins prononcée dans toutes ses
parties. Sa diaphvse, qui est unie, demi-cylindrique, conserve à peu
près la même largeur dans toute son étendue. Le sommet du grand tro-
chanter et celui de la tète sont au même niveau, ils sont aussi exactement
disposés, de manière à se ranger sur une ligne transversale au corps de
l'animal, et très-écartés l'un de l'autre. 11 existe un col assez marqué. La
cavité digitale est très-vaste en tous sens. Le petit trochanter, sous forme
d'une très-forte crête prenant sa racine à la base de la tète de l'os, est forte-
ment retroussé en arrière, et couvert entièrement de faibles aspérités à son
1 10..
( 844
Tableau comparatif de diamètres antéro-postérieur et transverse
dit bassin des Mammifères .
NOM DE L'ANIMAL.
DIAMETRE
transverse.
DIAMETRE
antéro-
postérieur.
Orang-Outang
Id
Semnopithèque Eut elle
ht
Magot commun ... .
Id
Cj nocéphale Va pion . .
Id
Id
Ours noir
Id
Chien
Id
Tigre royal . .
Chat domestique
Phoque ii ventre blanc .
Castor
Id
Tatou 11 six bandes. . . .
'Tatou à neuf bandes. . .
On ctérope
Fourmilier Tamanoir . .
Kangourou géant
Eléphant
Id
Cheval
Id
Id
('hameau à dette bosses.
Chameau
Girafe
Id
Taureau
Vache commune
Femelle adulte
Jeune âge. . . .
Mâle
Femelle
Al aie adulte. . .
Femelle adulte.
Mâle adulte. .
Mâle jeune. . . .
Femelle jeune.
Adulte
Jeune
Adulte mâle. .
Femelle adulte
Adulte. .
Adulte
Mâle. . .
Femelle.
Femelle.
Mâle adulte
Femelle adidte
Mâle. Grande taille. .
Femelle. Petite taille
Très-jeune
Adulte
Jeune
Taille moyenne.
io5
4°
38
56
45
(15
85
6;
5a
8o
38
5o
6o
8o
25
45
45
53
3o
3o
48
48
7°
:io
4oo
235
235
45
70D
120
260
170
i3o
l32
77
53
75
7°
100
67
52
85
63
7°
80
100
35
82
95
72
62
65
1 10
i45
io5
290
47o
'4°
85
190
■ 4o
33o
n5
220
220
( 845 )
côté interne. Le petit Irochanter accessoire, qui existe et se trouve juste à
la même hauteur que le précédent, dont il est précisément la répétition in-
verse, est aplati et comme tronqué à sa partie supérieure et externe. A par-
tir de son tiers inférieur, le fémur va en s'élargissant asssez régulièrement
jusqu'à l'extrémité inférieure des tubérosités. On remarque, à la partie in-
férieure du bord interne de l'os, une saillie assez marquée pour l'insertion
du muscle grand adducteur. La tubérosité externe est notablement plus
prononcée et plus irrégulière que l'interne. Les condyles atteignent, l'un et
l'autre, un niveau horizontal. La trochlée est très-considérable en hauteur
et en largeur; sa direction est assez oblique, et la partie externe de sa gorge
l'emporte notahlement en étendue sur l'externe. Quant à l'échancrure inter-
condylienne, nous ferons remarquer sa tendance à glisser sur le côté posté-
rieur de l'os. D'après l'exposé des détails précédents, si nous comparons
le fémur du Mesotherium à celui d'une espèce actuellement vivante, nous
trouvons que c'est avec celui du Castor qu'il a le plus de rapports.
» La rotule, très-massive, est surtout remarquable par l'irrégularité et
les aspérités multipliées de sa face sous-cutanée. Son asymétrie est très-
prononcée. Sa face supérieure, très-large, est taillée horizontalement. Sa
partie articulaire, qui est limitée par un rebord très-marqué, et qui occupe
environ les deux tiers de la face postérieure de l'os, a les deux côtés de
poulies à peu près d'égales dimensions : l'externe est seulement un peu plus
creuse. Toute la portion de l'os sous-articulaire, qui comprend environ le
tiers de sa hauteur, se convertit brusquement en une sorte de pédicule
aplati, semblable à celui que l'on observe chez les Rongeurs.
» Le tibia est de forme triangulaire, robuste dans sa partie supérieure,
et va en décroissant régulièrement jusqu'au niveau de son tiers inférieur,
qui est son point le plus faible. A partir de ce point, il reprend une certaine
force, jusqu'au voisinage des malléoles. Sa face externe, qui devient anté-
rieure un peu au-dessous de la moitié de son étendue, est médiocrement
large etexcavée. Sa face postérieure, plus étroite que la précédente, est pro-
fondément creusée en gouttière jusque vers son milieu. La face interne,
la plus large des trois, est lisse et conserve partout la même direction. Ce
que le tibia du Mesotherium offre de plus caractéristique, c'est une extrême
cambrure latérale, qui a pour effet d'exagérer démesurément l'espace inter-
osseux, et, conséquemment, l'emplacement et la surface d'intersection des
muscles antérieurs et postérieurs de la jambe. Les condyles de cet os, dis-
posés sur un même plan, sont presque exactement plats. L'épine est assez
saillante. La facette péronière supérieure est très-étendue, et plus portée en
( 8/,6 )
dehors qu'en arrière. L'extrémité tibiale inférieure attire l'attention sur un
point principal, savoir : l'absence rie facette péroniére inférieure, ce qui est
la répétition rie ce que nous avons déjà vu à l'extrémité de l'avant bras,
entre le cubitus et le radius.
)» Le péroné, ou second os de la jambe, est presque exactement droit; le
côté interne de son corps présente dans toute sa moitié supérieure, et par-
ticulièrement en haut, un profond sillon; ses extrémités supérieure et infé-
rieure, la première surtout, prennent un fort volume. L'extrémité infé-
rieure porte un signe diagnostique, qui, sans être, il est vrai, spécifique,
doit être noté : elle est pourvue, indépendamment de la facette astraga-
lienne ordinaire, d'une facette calcanéenne accessoire, d'une étendue inu-
sitée. Cette complication articulaire, que l'on observe dans le Chimpanzé,
chez quelques Pachydermes, et surtout dans les Marsupiaux, manque chez
les Rongeurs.
» Le tarse est composé de sept os normaux, très-distincts, et dans leurs
rapports ordinaires, soit entre eux, soit avec les métatarsiens.
» L'astragale est étalé; il est surmonté, à sa partie supérieure, d'une arête
de poulie très-saillante; et ses parties articulaires, tibiale et péroniére, sont
équivalentes.
» Le calcanéum est très-fort en tous points; il est relevé, à son côté ex-
terne, par des crêtes très-vigoureuses; sa facette cnboïdienneest très-oblique
et excavée. Il existe, comme principal caractère du même os, une facette
péroniére.
» Les doigts qui sont complets, sont au nombre de cinq, comme au mem-
bre antérieur; ils sont, en même temps, très-divergents et disposés à plat
sur le sol. Les métacarpiens sont médiocres en longueur, mais forts. Celui
du pouce, cependant, comme les autres pièces de ce doigt, est très-grêle.
Le métacarpien du petit doigt présente une tubérosité très-considérable,
pour l'insertion du tendon du muscle long péronier.
» Les premières et moyennes phalanges, qui sont très-fortes et accen-
tuées par des saillies très-marquées, sont plus allongées, et ont une forme
moins cubique que leurs correspondantes au membre antérieur.
» La phalange onguéale, dont nous ne possédons qu'un exemplaire, que
nous rapportons au doigt médius, est plate, élargie à son extrémité ongui-
fère, qui est comme pénicillée. Elle rappelle assez exactement la forme qu'on
lui observe dans le Cabiai.
» De même que le membre antérieur, l'extrémité postérieure du Meso-
therium, dans ses détails et dans son ensemble, nous montre cet animal
( 847 )
très-bien disposé pour la natation. Afin de prouver celte assertion, en ce
qui concerne le membre postérieur, nous rappellerons la forme singulière-
ment plate et élargie de l'iléon; l'obliquité de la trochlée fémorale; la tor-
sion du tibia, qui détermine une adduction permanente de cette partie;
enfin la large surface du pied et la grande divergence des doigts. D'après
ces dispositions anatomiques, le Mesotherium nous parait avoir été particu-
lièrement avantagé pour fréquenter les eaux, puisque chez lui, par une
sorte d'exception, les pieds, antérieurs et postérieurs, sont également bien
conformés pour remplir l'office d'instrument de natation.
MESURE DES DIVERSES PARTIES DIT MEHRRE POSTÉRIEUR DU MESOTHERIUM.
Bassin.
m
Longueur de l'extrémité antérieure de l'iliaque à la tubérosité isehiatique °>29
Largeur de 1 iléon à sa partie moyenne o ,0/jo
Hauteur de l'ischion à la partie postérieure du pubis o, 14
Diamètre antéro-postérieur du trou sous-pubien o ,o65
Hauteur de l'ischion entre la cavité cotyloïde et la tubérosité isehiatique o,oo3o
Distance de l'extrémité du bord externe de la crête iliaque d'un côté à l'autre. . . o,a3
Diamètre bis-ischia tique du bassin o, i3
Diamètre antéro-postérieur o, '4
Diamètre transverse o , oc)
Fémur.
Longueur du sommet du grand trochanter à l'extrémité du condyle externe ° »24
Largeur à la partie supérieure de l'os o ,07
Largeur à la partie moyenne o ,o3
Largeur à la partie inférieure o ,0-
Tibia .
Longueur 0,2
Largeur à la partie supérieure 0,06
Largeur au niveau du tiers inférieur o,o3
Largeur à la partie inférieure o,o35
Péroné.
Longueur o, 19
Épaisseur de la partie moyenne 0,01
Tarse.
Longueur ° » '
Largeur ° > "55
Métacarpien du médius.
Longueur 0,00
Largeur à la partie moyenne o ,0 1 5
( 848 )
Première jilmlange du médius. m
Longueur o,o3
Largeur o,oi5
Deuxième phalange du médius.
Longueur 0,02
Largeur 0^15
Phalange nnguéale du médius.
Longueur •■ 0,02
Largeur à son extrémité ... o,oi5.
« M. Paul Gervais fait hommage a l'Académie des cinq premières li-
vraisons de l'ouvrage dont il a commencé la publication, sous le titre de
Zoologie et Paléontologie générales.
» Ces livraisons sont exclusivement consacrées à l'Ancienneté de l'homme
dans nos régions, ainsi qu'aux Animaux de la période quaternaire. Dans
celles qui suivront, l'auteur s'occupera de différents groupes d'animaux
vertébrés envisagés dans plusieurs de leurs espèces les moins connues, les
unes propres à la France et les autres étrangères, que ces espèces existent
encore aujourd'hui ou qu'elles aient été anéanties à des époques plus ou
moins reculées. L'examen des caractères anatomiques propres aux espèces
éteintes et la discussion de leurs affinités respectives lui permettra d'abor-
der, comme il l'a fait dans ses précédentes publications, diverses questions
de Zoologie générale auxquelles conduit la comparaison des faunes an-
ciennes avec les faunes actuelles.
» Ce nouvel ouvrage est accompagné de planches lithographiées. »
NOMINATIONS
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'une
Commission qui devra présenter une liste de candidats à la place d'Acadé-
micien libre, laissée vacante par la mort de M. Civiale. D'après le règle-
ment, cette Commission doit se composer du Président de l'Académie, de
deux Membres pris dans les Sections de Sciences mathématiques, de
deux Membres pris dans les Sections de Sciences physiques, et de deux
Académiciens libres.
MM. Mathieu, Becquerel père, Longet, Decaisne, de Verneuil, Séguier
réunissent la majorité des suffrages.
( 849 )
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
PHYSIOLOGIE. — Noie sur le rôle physiologique de la gaine fibro-musciilaire
de l'orbite,- par MM. «I.-L. Prévost tt F. Joi.yet.
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
« Dans une Note présentée à l'Académie dans la séance du 21 oc-
tobre 1867, M. Sappey décrit plusieurs faisceaux de muscles lisses qu'il a
observés dans l'orbite de l'homme.
» Chez certains mammifères, comme l'ont démontré M. H. Millier (1) et
M. Turner (2), ces muscles sont plus développés que chez l'homme. C'est à
ces fibres musculaires lisses cpie M. Mùller attribue la projection de l'œil en
avant, et l'écartement des paupières lors de l'électrisation du bout supé-
rieur du nerf grand sympathique cervical, phénomène sur lequel M. CI.
Bernard avait insisté, soit dans ses cours, soit dans des Noies présentées à
la Société de Biologie.
» Dans des expériences faites sur des chiens curarisés, nous avons pu
étudier cette projection de l'œil et apporter de nouvelles preuves à l'opi-
nion avancée par M. Millier sur le rôle des muscles lisses de l'orbite.
Nous résumerons nos observations dans les conclusions suivantes :
» 1. L'électrisation du bout supérieur du grand sympathique cervical
produit, outre la dilatation de la pupille, la congestion de la conjonctive
et l'écartement des paupières, une projection du globe de l'œil en avant.
» Ce mouvement offre les caractères des mouvements produits par les
muscles de la vie organique; en effet :
" i° Il ne débute que quelques secondes après l'excitation du nerf
grand sympathique.
» 20 II se produit d'une manière lente et graduelle.
» 3° 11 dure un certain temps après la cessation de l'excitation du nerf.
» 4° Enfin, il se produit sur les animaux curarisés, chez lesquels, par
conséquent, l'action des nerfs sur les muscles striés est abolie.
» II. Ce mouvement de projection de l'œil en avant est bien dû aux
(1) H. Muli.er, Sur un muscle tisse de l'orbite de l'homme et des mammifères [Journal
de Physiologie du D'' Brown Sequarci; 1860, p, 176; et 1861, p. 279).
(2) Tobnkr [Joitrnnl de Physiologie, i8t>2, p. 56a).
C. P.., 1867, Ie Semestre. (T. LXV, N° 21.) ' ' '
( 85o )
fibres musculaires lisses qui font partie de l'aponévrose orbitaire, qui con-
stitue une véritable gaine fibro-musculaire; car :
» i° Il se produit par l'électrisation directe de cette gaine.
» 2° Il cesse complètement quand, par une incision longitudinale, on l'a
ouverte dans toute son étendue.
» III. Nous pensons que le mécanisme de la projection de l'œil en
avant est le suivant :
» Les fibres musculaires lisses, disséminées dans la plus grande étendue
de l'aponévrose orbitaire et rassemblées en faisceaux plus distincts en cer-
tains points, transforment cette aponévrose en une sorte de manchon con-
tractile de forme conique, à base fixe dirigée en avant, manchon qui, en se
rétrécissant, presse sur la partie postérieure du globe de l'œil et le projette
en avant. »
M. Rocssel adresse une Note relative à un « Instrument pour la trans-
fusion du sang ». (Présenté par M. Ch. Robin.)
(Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
M. Biarnais adresse une Note concernant un système de frein destiné à
arrêter presque subitement les trains des chemins de fer.
(Renvoi à la Commission nommée pour les questions relatives aux acci-
dents des chemins de fer.)
M. Tigri adresse de Sienne une réclamalion de priorité, concernant les
résultats obtenus récemment par M. Pasteur.
(Renvoi à la Commission de Sériciculture.)
M. G. Grigoi-ato adresse, de Rovigo, par l'entremise de M. le président
de l'Académie scientifico- littéraire de cette ville, une copie d'une Note in-
sérée, au mois de novembre 1866, dans le « Répertoire italien de Chimie
et de Pharmacie » publié à Florence, Note qui a pour titre : « Observa-
tions microscopiques et chimiques sur les feuilles du mûrier blanc ».
(Renvoi à la Commission de Sériciculture.)
M. Zantedeschi adresse une Note, écrite en italien, concernant un
« Procédé expérimental pour détruire ou affaiblir l'influence des miasmes
cholériques ».
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.
[ 85. )
M. ISi'oiiET prie l'Académie de vouloir bien retirer du concours actuel
des prix de Médecine et de Chirurgie la partie de son Mémoire qui est rela-
tive au rein et à la sécrétion urinaire chez les Mammifères.
(Renvoi à la Commission des prix de Médecine et de Chirurgie.)
CORRESPONDANCE .
M. le Mixistke de l'Instruction publique transmet à l'Académie les am-
pliations des deux Décrets qui l'autorisent à accepter le legs de cinq cents
francs de rente fait par M. Fournerron, et le legs de trois cents francs de
rente fait par M. de la Fons-Mélicocq, pour la fondation de prix à décerner
conformément aux intentions des testateurs.
M. le Ministre de l'Instruction publique autorise l'Académie à prélever,
sur les reliquats disponibles des fonds Montyon, conformément à sa de-
mande, la somme destinée à subvenir aux frais des observations faites à la
nouvelle île qui a surgi près des Açores.
M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics
adresse, pour la bibliothèque de l'Institut, le tome LIX et le numéro VI du
Catalogue des brevets d'invention pris sous l'empire de la loi de 1 844-
M. Richard (du Cantal) prie l'Académie de vouloir bien le comprendre
parmi les candidats à la place vacante, dans la Section d'Économie rurale,
par suite du décès de M. Rayer.
(Renvoi à la Section d'Économie rurale.)
M. Larkev et M. Sichel prient l'Académie de vouloir bien les com-
prendre parmi les candidats à la place d'Académicien libre, devenue
vacante par la mort de M. Civiale.
(Renvoi à la Commission nommée.)
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un ouvrage de M. Rambosson ayant pour litre : « Histoire
et Légendes des plantes utiles et curieuses ».
M. Dausse écrit a M. ie Président pour le prier de vouloir bien faire
111..
( 852 )
hommage à l'Académie d'une brochure qu'il vient de publier, et qui a pour
titre : « Réponse au Rapport de M. Réhic sur les inondations ».
MÉTÉOROLOGIE. — Sur i apparition d'étoiles filantes qui était attendue en
novembre 1867; par MM. Coclvier- Gravier et Chapelas-Coblvier-
G RAVIER.
« La première grande apparition observée du phénomène de novembre
date de 1766; la deuxième, de 1799; elle a été constatée par MM. de
Humboldt et Bonpland. Par conséquent, si ces apparitions devaient être
vraiment périodiques, ces deux observations fourniraient une période de
33 ans.
» Mais, à partir de 1799, il faut arriver jusqu'en 1 833 pour enregistrer
un phénomène comparable, phénomène qui a servi de base aux calculs du
savant Olbers et par lesquels il pensait être en mesure d'affirmer que la pé-
riode du phénomène de novembre était définitivement de 3/j ans el que le
premier retour devait s'effectuer en 1867.
» Aujourd'hui, la vérité nous force à publier que l'illustre astronome
n'avait pas dit juste, car cette année, malgré une observation rendue fort
difficile par la présence de la Lune et l'état brumeux de l'atmosphère, nous
n'avons pu constater qu'un véritable minimum.
» L'année dernière, l'apparition assez belle, quoique fort inférieure à
celle de i 833, avait engagé plusieurs observateurs à la présenter comme le
retour si vivement attendu. Cependant, nous appuyant de l'autorité d'Ol-
bers, delà valeur du nombre horaire obtenu, de beaucoup inférieur à celui
de i833, ainsi cpie d'une courbe montrant un mouvement ascendani très-
prononcé dans le phénomène, nous étions en droit, avant de nous prononcer,
d'attendre à 1867. Or, l'époque est arrivée, et tous les observateurs ont pu
constater comme nous que le phénomène de novembre ne s'était pas pro-
duit. 11 faut peut-être, par prudence et dans l'intérêt de la vérité, remettre
à quelques années encore la solution de ce curieux problème, dont les as-
tronomes se sont trop légèrement emparés pour étayer leurs théories aujour-
d'hui si diverses. »
MÉTÉOROLOGIE. — Observations d'étoiles filantes dans la nuit du i3 au
i4 novembre. Note de M. Wolf, présentée par M. Le Verrier.
« Le phénomène ne devant se produire que vers le lever du soleil, nous
n'avons commencé à observer qu'après minuit, avec MM. Rayet, Lucas et
( 853 )
André. L'éclat de la Lune, qui était pleine le i 2, plus tard la brume et linéi-
ques nuages, ont certainement empêché de voir la plupart des bolides. On
ne distinguait qu'avec peine quelques étoiles de quatrième grandeur. Aussi
tous les bolides aperçus sont-ils de première et de deuxième grandeur. On
soupçonnait de nombreuses apparitions de météores plus faibles.
« Le manque de repères assez nombreux n'a pas permis de déterminer
en général la direction des étoiles filantes avec une précision suffisante
pour obtenir exactement la position du point radiant. Ce point n'est pas
éloigné de y Lion, mais nous ne pouvons rien dire de plus.
» La première étoile filante a apparu à ih23m temps moyen. Voici les
nombres de bolides aperçus pendant les heures successives :
De 1 à 2 heures 4 aucun ne venant du Lion.
i 7 venant du Lion.
De 2 à 3 heures . . 11 1 en direction opposée.
I 3 en direction quelconque.
_, „ . , , [ n venant du Lion.
De o a i heures ci -, ,.
( 2 en direction opposée.
! 1 1 venant du Lion.
De 4 à 5 heures iq 1 en direction opposée.
f 7 en direction quelconque.
_ , (21 venant du Lion.
De 5 a o heures ;" ! ,
( O en direction quelconque.
De 6 à 6h3om 5 tous venant du Lion.
Total 75
» A partir de 6 heures, l'éclat du jour naissant, joint à celui de la Lune
et à l'état brumeux du ciel, ne permettait plus île voir qu'un petit nombre
d'étoiles. Beaucoup de bolides ont dû alors nous échapper.
» La marche presque régulièrement croissante du nombre total des
étoiles filantes, et surtout l'accroissement régulier du nombre de celles qui
venaient du Lion, font voir que le maximum du phénomène n'était proba-
blement pas atteint à 6 heures, et que, conformément aux prévisions, la
rencontre de l'essaim par la Terre ne s'est produite qu'ultérieurement.
» Les couleurs des étoiles ont été le blanc, le bleu, le vert et le jaune.
Quelques-unes ont laissé des traînées d'un vif éclat: mais aucune ne s'est
montrée assez persistante pour qu'il nous ait été possible de faire l'analyse
île sa lumière. »
( «54 )
algèbre. — Résolution graphique des équations numériques d'un degré quel-
conque aune inconnue. Note de 31. E». Lill, présentée par M. Hermite.
« Soit kxm 4- B.r'n-' -+- Cx'"-- +•... + Ma: 4- N = o une équation du
degré m, dont les coefficients A, B, C, . . . , M, N sont des nombres donnés.
» Divisons-la successivement par x et posons :
— (A.r"'-1 4- Bx'"-- 4- C.r"'-3 -+- .
. 4-L.r) =) ,
X
4- M,
- (Axm-2 4- Ba:m~s 4- Cx'"-'1 + .
. 4-K.r) = l'j
= \y<
4-L,
— (A.x'"-{' + Bxm~' + Cx'"-'J 4- .
. 4- ]x) =J3
i
4-K,
— (Ax! 4- Bx)
= y m-.
= :r,n-
, + c,
— A.T
== J m —
,4-B,
- A
— -.'»'-
-1
On peut regarder chacune des équations finales, telles que j\ = -N4-M,
comme étant, dans un système de coordonnées rectangulaires, l'équation
d'une droite, dont l'ordonnée est yK et l'abscisse N, qui est inclinée sur
l'axe des X d'un angle dont la tangente trigonométriqne est l , et enfin qui
intercepte sur l'axe des Y un segment égal à M.
» L'inspection des équations (i) donne lieu aux remarques suivantes :
u i° Toutes les droites qu'elles représentent ont la même inclinaison,
savoir arc tang -• sur l'axe desX auquel on les rapporte.
» 2U Cette tangente, prise négativement, a pour valeur commune
» 3° Coiiséquemment le numérateur et le dénominateur de chacune de
ces fractions peuvent être regardés comme étant les deux côtés tWin
triangle rectangle, et tous les triangles ainsi formés sont semblables.
» Cela posé, imaginons qu'on décrive un contour polygonal rectan-
gulaire, dont les côtés successifs oi, 12, 23,..., 67 (le lecteur est prié de
faire la figure) aient respectivement des longueurs proportionnelles aux
( 855 )
valeurs des coefficients A, B, C, D, . . . , M, N. Si l'on connaissait l'angle
OKi = m, dont la tangente trigonométrique est égale à ( \- oc étant une
des racines de l'équation, on pourrait former le second contour poly-
gonal oz(3y...kl-], qui détache, dans l'intérieur du premier, les triangles
rectangles 01 y., oczfi, |33y,..., dont il a été question ci-dessus; ce nouveau
contour aboutirait donc exactement au point 7, qui est l'extrémité du
premier, et la longueur ia (01 étant pris pour l'unité) serait une racine
de l'équation proposée.
» La résolution graphique de cette équation se réduit donc à chercher,
sur le côté 12 du contour primitif, un point a tel, que le nouveau con-
tour rectangulaire, dont le premier côté est oa et dont les sommets s'ap-
puient consécutivement sur les autres côtés 23, 34, etc., du contour or 23... 7,
ait pour dernier côté une droite passant par l'extrémité de celui-ci. Autant
on trouvera, sur le côté 12 ou sur son prolongement, de points u satis-
faisant à cette condition, autant on obtiendra de racines réelles de l'équa-
tion proposée.
» Un instrument très-simple, dont les Nouvelles Annales de Mathéma-
tiques, t. VI, 2e série, 1867, ont donné la description, permet de réduire à
quelques minutes le temps nécessaire à ces tâtonnements.
» Le sens, dans lequel on doit tracer chacun des côtés successifs du con-
tour primitif, dépend du signe du coefficient qu 'il représente. La règle à ce
sujet est fort simple. Supposons qu'on ait adopté les directions 01 et 12 des
quatre côtés d'un carré oi23 pour représenter les deux premiers coeffi-
cients, tous ceux qui occupent dans l'équation le rang l\n-{-\, \n •+- 2,
L\n -Y- 3, 4"> suivront les directions 01, 12, 23, 3o, respectivement, s'ils
sont positfs, et les directions opposées s'ils sont négatifs.
» Si un coefficient est nul, le rang des termes et, par conséquent, le
sens des côtés qui suivent n'en sont pas changés.
» D'après ces conventions, qui n'ont rien d'arbitraire, à chaque con-
tour ainsi construit il ne correspond qu'une seule équation, et réciproque-
ment ; et par conséquent on peut dire qu'un tel contour rectangulaire
représente graphiquement une équation déterminée.
» Revenons à la recherche de la valeur 1 a, et supposons qu'au lieu
d'avoir choisi précisément celle qui convient pour que le second contour
se ferme exactement au point final 7, on en ait pris une qui fasse aboutir
son dernier côté à un point 8 situé sur le côté 67. On peut dire que la
distance 78 représente l'erreur finale de l'hypothèse. Appelons-la Q, et
( 856 )
cherchons son expression analytique : elle est, comme on va le voir, fort
remarquable.
» Les triangles rectangles semblables oia, a2|3, j33*y,.. donnent la suite
de rapports égaux
01 a 2 (3 3 \ . fi
la 2 [i 3 7 6-7
on, si l'on fait ia = X, et si l'on remplace les longueurs oi , r?., -23,... par
leurs valeurs A, B, C,...,
c-»(!W(î
x °(ÎHr)' °g -»(rVHr
!.6 "
-Œ)---arL»(rr+A(!
6-7 Hf^_L^V + ... + cC?r'-B^V"'+A^
(x)
,Ay Va,/ Va/ Va
d'où l'on conclut, pour la valeur de Q,
Q=7.8 = N-6.7 = N-M(ï) + L(£)'-...-HB(!)"l-A(!
et enfin, en posant f — — J = x',
Q = Ax"" -+- B.r""-' h- Cr""-2 4- . . . -+- L.r'2 + Mf + N;
c'est-à-dire que la valeur de Q est précisément celle que prend le polynôme
donné, quand on y substitue pour x la valeur I ) on I — )• Donc, si
cette valeur de Q est nulle, c'est-à-dire si le second contour aboutit au
même point final 7 que le premier, la quantité ( ~\ est une racine de
l'équation proposée.
» La construction annoncée plus haut se trouve ainsi démontrée. On voit
en outre, que la racine obtenue est négative, si la longueur trouvée \v.
tombe sur la partie positive de 12, et vire versa.
» Si l'on connaît déjà r racines de l'équation proposée, et qu'on ne puisse
plus obtenir aucun résultat nouveau de la construction et des tâtonnements
ci-dessus, on devra en conclure que les m — r racines restantes sont imagi-
naires. Dans ce cas, le dernier côté du contour inscrit ne peut plus
atteindre l'extrémité du premier. Son point de rebroussement sur le der-
nier côté de celui-ci indique une des limites des racines réelles pour le
coefficient N.
( «57 )
» Il existe plusieurs analogies remarquables entre les propriétés des con-
tours rectangulaires qui viennent de nous occuper et certains théorèmes
connus de la théorie générale des équations. Mais il faut abréger, et nous
nous bornerons à montrer, sur un exemple, comment le procédé graphique
que nous avons décrit permet souvent de décomposer sans difficulté un
polynôme donné en facteurs du second degré.
« Soit oi2345 (le lecteur est prié de faire la figure) le contour rectangu-
laire qui représente l'équation du quatrième degré
AxA h- Bx3 + Cr2 -+- Doc ■+- E = o,
et supposons que les contours inscrits oa'j3'y'5 et o«"|3"y"5 correspondent
à deux racines réelles de cette équation.
» Projetons en 6 et 7, 8 et 9, sur les côtés 12 et 23, a3 et 34, les points \).
et v, où se coupent les côtés de même ordre a'|3', «"jS", et |3'y', /3"y" de ces
derniers contours.
» On peut regarderies contours rectangulaires oirijji, [J.'jSv, vg45 comme
représentant des équations du second degré, dont les racines sont res-
pectivement ia', ia"; 7/3', 7/8"; 97', 97", 01 ou A étant pris pour unité.
Ces trois trapèzes sont évidemment semblables entre eux, d'où l'on conclut
que le contour of/.v5 est rectangulaire en p. et en v. Ce contour est donc
un contour de résolution, aussi bien par rapport à oa'/3'y'5 que par rapport
à oa"|3"y"5; donc il représente le quotient de la division du polynôme
donné par le polynôme du second degré que représente l'un ou l'autre des
trois trapèzes, etc.
» La méthode graphique, qu'on vient d'exposer, peut être utile pour
trouver promptement une première approximation des valeurs des racines
réelles d'une équation numérique, algébrique, d'un degré quelconque. A
ce titre, elle sera, nous l'espérons, favorablement accueillie des géomètres.
» Dans le cas de l'équation du second degré, elle fournit la solution
suivante, qui est alors rigoureuse : après avoir tracé le contour rectangu-
laire 01 a3, qu'on décrive une demi-circonférence sur o3 comme diamètre,
et soient a, a' les deux points (réels ou imaginaires) où cette circonférence
coupe le côté 12; les longueurs \a, itx' sont les deux racines de l'équation,
01 étant pris pour unité. »
C. R., 1867, 2» Semestre . (T. LXV, N° 21.) ' I2
( 858 )
astronomie. — Perturbations et éphémérides de la planète @ Eugénie.
Note de M. Lœvy, présentée par M. Le Verrier.
« Depuis le dernier travail rectificatif de l'orbite d'Eugénie, il y a eu trois
oppositions de l'astre, l'opposition en février 1 865, l'opposition en juin 1866
et l'opposition en septembre 18G7. Les positions que j'avais assignées à la
planète dans le ciel lors de ces trois oppositions se trouvèrent entièrement
d'accord avec le mouvement réel de l'astre clans l'espace. La différence est
si faible, que la théorie la plus rigoureuse ne pourrait la rendre plus petite.
Une nouvelle correction de l'orbite, ne pouvant donner un résultat plus
précis, est donc superflue; ainsi les éléments peuvent être regardés comme
satisfaisant d'une manière rigoureuse à l'ensemble des observations de
neuf apparitions de l'astre entre le mois de juin 1837 et le mois de sep-
tembre 1867.
» Voici la comparaison de l'orbite a la moyenne des observations de
neuf apparitions.
Différences entre l'orbite adoptée et les observations.
Observation — Calcul
Lieux normaux.
I
)ates.
dL
dX
1
1857
Jllill.
'7
— 0,3
+ 2*9
2
1857
Août
'7
— o,3
■+■ 3,3
3
1858
Sept.
3
+ 2.9
— 0,1
4
1860
Janv.
6
- 4.°
-+- 2,2
5
1801
Avril
10
-r-i,i
+ 1,8
6
1861
Avril
22
■+• 0,7
- 1,0
7
1862
Août
2
- 3,o
- 1,2
8
1863
Nov.
26
-+- 2,0
+ 2,8
9
1865
Fev.
'7
- 2,9
+ 1,8
10
1860
Juin
6
-i-o,3
- 2,7
1 1
1867
Sept.
22
+ 3,9
-+- 0,0
m La position conclue pour le G janvier 1860 se compose du plus petit
nombre d'observations, dont quelques-unes ne possèdent pas une très-
grande précision. La différence plus notable entre le lieu normal et la théo-
rie provient donc uniquement de l'erreur accidentellement plus grande
dont les observations de l'année 1860 se trouvent entachées. Les positions
normales des années i865, 1866 et 1867 sont déduites provisoirement pour
la plupart des observations faites à l'Observatoire impérial de Paris.
( 859 )
Eléments d'Eugénie se rapportant à Véquinoxe moyen de 1870.
Epoque : i85S,o janvier. T. m. de Berlin.
M = 6443 '.6"8i
w = a3o. 2.0, go
Q = i48.i5.3o,3o
1. = 6 . 34 . 5 1 , 5o
p. = o. i3 . io,,-3i32
? = 4.40.59,37
» Les valeurs numériques des perturbations pour les années 1 865, 18G6,
1867 et 1868 sont déterminées au moyen du précédent système d'éléments.
L'éphéméride annuelle pour 1868 a été calculée par M. Périgaud, l'éphé-
méride de l'opposition par moi.
Suite des perturbations de Jupiter et Saturne fondées sur les éléments oscillateurs de i85t,
Ier juillet, et se rapportant à Véquinoxe moyen de 1870.
Dale.
5
r,
S
1868 Janv.
20
+
76236
—
22o555
-+-
7 368
Fév.
'9
+
98860
—
2o6g44
+
4888
Mars
20
+
119910
—
igi6i5
-t-
2*438
Avril
■7
-r-
i3g3oo
—
i747i4
_i_
35
Mai
'9
+
156953
—
i56378
—
23lO
Juin
18
+
172790
—
i36733
—
4584
Juill.
18
-t-
186735
—
1 i5go2
—
6776
Août
■7
+
198704
—
g4oo6
—
8879
Sept.
16
+
208610
—
71170
—
10881
Oct.
16
-f-
2 1 635g
—
47526
—
12776
Nov.
i5
-+-
22l85l
—
23216
—
i455o
Dec.
i5
4-
224986
-+-
1600
—
1 6 1 g4
186!) Janv.
■4
4-
225660
+
26743
—
i76g3
« |, fi et Ç, exprimées en unités de la septième décimale, sont les per-
turbations correspondantes aux coordonnées écliptiques _r, y et z.
1 1 -i
( 86o )
(46) ElGÉNIE.
Éphéryp'ride pour l'opposition.
12h
Temps moyen
de Berlin.
Ascension
droite.
1868 Dec.
1869 Janv
6
7
8
9
io
1 1
la
i3
'4
i5
16
'9
20
21
22
23
24
9.5
26
27
28
29
3o
3[
1
9.
3
4
5
6
7
8
9
10
G.
6.
6.
6.
6.
6.
5.59
5.58
5.57
5.56
5.55
5.54
5.53
5.52
5.5i
5.5o
5-49
5.48
5.48
5.47
5.46
5.45
5.44-
5.43.
5.42.
5.41.
5.40.
5.3g.
5.38.
5.38.
5-37.
5.36.
5.35.
5.34.
5.34.
5.33.
5.32.
.49, 3i
57,17
. 4,25
. 10.61
. 16, 3o
.21,39
.25,g5
.3o,o3
.33,70
.37,o3
.40,07
,42,88
.45,54
.48,12
.50,67
.53.27
.55,98
.58,86
• 1,98
. 5,4o
• 9-19
. i3,4o
.18,08
.23,29
. 29 , 09
.35,55
.42,70
. 5o,6o
.59,32
.8,90
• ' 9 ■ 4 1
.30,89
.43,39
.56.95
1 1 ,61
27,43
44,44
Différence.
— 52, 14
— 52,92
— 53,64
- 5t,3i
- :>4,9i
.- 55,44
— 55,g2
— 56,33
— 56,67
— 56,g6
— 57,19
— 57,34
— 57,42
- 57,45
— 57,4o
- 57,29
— 57,12
— 56,88
— 56,58
— 56,2i
- 55,79
— 55,32
- 54,79
— 54,20
- 53,54
— 5a, 85
— 52,io
— 5 1,28
— 5o , 42
- 49,49
- 48,52
- 47, 5o
- 46,44
- 45,34
— 44,i8
— 42,99
Distance
polaire.
Différence
75.i6
7.). 16
75.l6
7.5.16
75. 16
75. 16
75. i5
75. 1 5
75.14
75.14
75.i3
75.i3
75. 12
75.1,
76.10
75. 9
75. 8
75. 7
75.
75.
75.
75.
75.
75.
6
5,
4.
3.
1 .
o.
74-58.
74.57.
74-55.
74.53.
74.52.
74.5o.
74-48.
74-46.
74-44-
7 i- i>-
74- i".
74-38.
74.36.
.46,3
.46,3
.42,4
.34,6
.22,9
7-2
47,6
24,1
.56,6
.25,2
•49,8
.IO,5
.27,2
.40,0
-48,9
.53,9
.55,0
.52,3
• 45,8
.35,5
.21,3
• 3,4
• 4i,8
.16,6
■47=7
.l5,2
.39,2
.59,6
.16,6
, 3o, 1
.40,2
|6,g
5o,2
5o , 2
47,°
4o,5
3o,g
0
. O
,0
0
. 3
,9
0
. 7
,8
0
.11
>7
0
.i5
• 7
0
•'9
,6
0
.23
,5
0
.97
5
0
.3i
.4
0
.35
,4
0
-3g
,3
0
.43
,3
0
• 47
,2
0
.5t
1
0
.55
0
0
.58
9
2
/
6
5
10
3
14
3
17
9
21
6
25
2
28
9
32
5
36
0
39
6
43
0
46,
5
49,
9
53;
3
56,
7
2.
0,
0
2.
3,
2
2.
6,
5
2.
9,
6
Lo;;. de la distance
d'Eugénie
à la Terre.
0,28862
0,287 7°
0,28684
0.286 04
o,285 3i
0,284 64
0,284 °3
0,283 49
0,283 02
0,282 62
0,282 28
0,282 01
0,281 80
0,281 67
0,281 60
0.281 60
0,281 67
0,281 81
0,282 01
0,282 28
0,282 61
0,283 01
0,28348
0,284 01
0,284 61
o,285 26
o , 285 99
0,28677
0,286 i3
0,28852
0,289 48
0,290 5o
0,291 59
0,292 72
0,293 91
0,295 i5
0,296 45
Temps
d'aberr.
68,5
5.
5.56,5
5.54,6
5.52,8
5.5i ,2
5.49,8
5.48,4
5.47,3
5.46,,
5.45,3
5.44,6
5 .44. 0
5.43,6
5.43,3
5.43,1
5.43,i
5.43,3
5.43,6
5.43.9
5.44.6
5.45,3
5.46,2
5.47,2
5.48,4
5,49.7
5 . 5 1 , 1
5 . 52 . 7
5.54,/j
5.56,3
5.58,3
6. 0,4
6. 2.3
6. 5,1
6. 7.6
6.10.3
6.i 3,o
6. 16,0
Opposition le
19 liée. 10
grandeur 1 1 ,3.
( 86 1 )
(45) Eugénie.
Oh
Log. de
a distance
Temps moyen
—
Passage
Arc
de Berlin.
Ascension droite.
Déclinaison.
à la Terre.
au Soleil.
au méridien.
demi-diurne
1868.
h m
h ni
Janv. o
o.l3.29
- if.'aM
0,4593
o,4643
5.35,0
5.4,
10
0.22.21
— 3. i5,o
0,4802
0,4649
5. 4,5
5.47
20
O. 32.25
— 2. 2,8
o,4995
0,4654
4.35,2
5.53
3o
0.43.24
— 0.46, 1
0 , 5 1 70
0,4660
4. 6,8
6. 0
Févr. g
0.53. 10
+ 0.33,7
o,5328
o,4664
3.39,2
6. 7
J9
1. 7.36
+ i.55,8
0,5467
0,4669
3. 12,3
6.14
29
1 . 20 . 36
+ 3.18,9
0,5589
0,4673
2.46,0
6.21
Mars io
1.34. 4
+ 4-4i,8
0 , 5692
0,4676
2.20, 1
6.28
20
1.47-58
+ 6. 3,8
°>5779
0,4679
i.54,6
6.36
3o
2. 2. i3
+ 7.23.8
o,5849
0,4682
1.29,5
6.43
Avril 9
2. 16.45
+ 8.41,4
0 , 590 1
0,4684
1- 4,7
6.5o
'9
2.3i.32
+ 9-55,4
o,5g38
0,4686
0 . 40 , 1
6.57
29
2.46.32
+ 11. 5,4
o,5g58
0,4688
0.15,7
7. 3
Mai 9
3. 1.41
+ 12. 10,7
0,5962
0,4689
23.47.6
7- 9
>9
3 . 1 6 . 5g
+ i3.io,7
0,5951
0,4689
23.23,6
7.. 5
29
3.32. 19
+ i4- 4,9
0,5924
0,4689
22.59,5
7.20
Juin 8
3.47.39
+ i4.53,o
o,588i
0,4689
22.35,5
7.25
18
4. 2.53
+I5.34, 5
0,5821
0,4689
22. T I , 4 '
7-29
28
4.18. 3
+ 16. 9,4
0,5748
0,4688
21.47,2
7.33
juill. 8
4.32.58
+ 16.37,3
o,5658
0,4686
21 .22,8
7.36
18
4-47-32
+ 16. 58, 2
o,5552
o,4685
20.57,9
7.38
28
5. 1.40
+ 17.12,3
0,5429
0,4682
20 . 32 , 7
7.37
Août 7
5.i5.i5
+ i7-'9-7
0,5290
0,4680
20. 7,0
7.40
17
5.28. 9
+ 17.20,8
o,5i3G
0,4677
I9.4o,5
7.40
27
5.4o. 10
+ i7-i5,9
0,4961
0,4673
19.l3,2
7.40
Sept.. 6
5.5i. 8
+ 17. 5,8
o,4773
0 , 4669
18.44,8
7-39
iG
6. o.52
+ i6.5i,3
0, 4569
0 , 4665
i8.i5,t
7.37
2G
6. 9. 6
+ i6.33,5
o,435i
0,4660
17.44,1
7.35
Oct. G
6.15.35
+ 1 6 . 1 3 , 3
0,4122
o,4655
17.11,2
7-33
1G
6.20. 3
+ l5.52,2
0,3887
o,465o
16. 36, 4
7-3.
2G
6.22.1 5
+ i5.3i,7
o,365o
0,4644
i5.5g,2
7 '-9
Nov. 5
6.21 .56
+ i5.i3,i
0,3421
o,4638
i5. 19,6
7.27
i5
6.19. 2
+ i4-58,o
o,32io
o,463i
i4.37,4
7.25
25
6. i3.39
+ i4.47,9
o,3o33
0,4624
i3.52,7
7.25
Dec. 5
6. G. G
+ i4-43,5
0,2901
o,46i;
,3. 5,9
7.24
i5
5.57. 5
+14-45,3
0,2827
0,4609
12.17,5
7.24
25
5.47.33
+14.53.9
0,2821
0,4617
11.28,7
7.25
35
5.38.34
+ i5. 8,6
0,2880
0, 4609
10.41 , 1
7.27
( 862 )
CHIMIE ORGANIQUE. — Sur les nouveaux nilriles fie la série grasse. Deuxième
Note de M. Arm. Gautier, présentée par M. Wurtz.
« Les isomères des nitriles de la série grasse que j'ai annoncé le pre-
mier se produire quand on soumet à la distillation sèche les sels doubles,
analogues à celui qu'observa pour la première fois M. E. Meyer en 1 855
(Thèse inaugurale, Berlin; De Basibus organicis quœ arle gigmtnlur...), en
faisant réagir le cyanure d'argent sur l'iodure d'éthyle, ne peuvent s'obtenir
ainsi ni purs, ni en quantité notable. Il n'est même possible de produire
ainsi que des traces du nouveau cyanure de méthyle, à cause du boursou-
flement et de l'altération profonde que fait subir la chaleur à son sel double.
» J'ai maintenant un procédé qui permet d'obtenir très-approximative-
ment la quantité théorique des nouveaux nitriles, et à l'état de pureté
parfaite.
» On traite pour cela, de i3o à i/jo degrés pendant quelques heures en
vase clos, deux molécules de cyanure d'argent par une molécule d'iodure
alcoolique additionnée des § de son volume d'éther. Le sel double cris-
tallin, à peine grisâtre, ainsi formé, est desséché et additionné de la moitié
de son poids de cyanure de potassium pur et d'une petite quantité d'eau.
On distille le tout au bain-marie; le nitrile combiné est déplacé par le cya-
nure de potassium , qui donne, avec production de chaleur, le sel dou-
ble CyK, CyAg; on le sépare d'un peu d'eau, on le sèche, on le rectifie,
et on s'aperçoit alors qu'il est presque absolument pur et exempt de divers
corps cristallisables, mais surtout d'une résine noirâtre qui se dépose dans
celui obtenu par la distillation sèche, malgré de très-nombreuses distilla-
tions et même au bout de cinq à six mois.
» J'ai essayé en vain de remplacer le cyanure d'argent par ceux de zinc
et de mercure; des sels doubles se produisent aussi, mais leur dédouble-
ment ne donne lieu qu'à une petite quantité des nitriles anciens.
» Ainsi obtenus, les nouveaux cyanures, auxquels on pourrait donner
le nom de nilriles formyliques, qu'a bien voulu me suggérer M. Berthelot,
et qui indique leur liaison directe avec les formiales des aminés alcooli-
ques, dont ils sont en effet les nitriles, les nouveaux cyanures jouissent de
propriétés et de réactions bien définies.
r„3 bout à la température de 58 à
5o, degrés. C'est un corps incolore, bien fluide, d'une horrible odeur, rap-
pelant à la fois l'artichaut et le phosphore, fort amère à la gorge, d'une ac-
( 863 )
tion sur l'organisme des plus délétères; il produit aussitôt des nausées, des
vertiges, la céphalalgie, l'abattement.
» Il est un peu soluble dans l'eau et plus léger qu'elle.
» Obtenu, comme je l'ai dit ci-dessus, il contient un peu de méthyla-
mine, dont on le prive aisément par des lavages; sa réaction au papier rouge
humecté d'eau est alors très-légèrement alcaline, puis la couleur rouge re-
paraît ; sous l'influence de l'eau du papier, l'une des deux réactions, ou
plutôt, comme j'en dirai tout à l'heure la raison, les deux réactions sui-
vantes ont sans doute lieu :
et
€ + 2rL0- AzIiM0.
et ces réactions donnant lieu à un sel neutre, l'acidité du papier re-
paraît.
» Le nitrile formo-élhylique Azl „!f,5 se prépare comme le précédent, et
jouit des mêmes propriétés organoleptiques. Il est comme lui un peu alca-
lin; il bout à 78-79 degrés.
» Les nitriles formyliqUes sont de véritables bases saturant instantané-
ment les acides tant hydrogénés qu'oxygénés. Les acides chlorbydrique,
bromhydrique... bien secs, donnent des chlorhydrates, bromhydrates...
blancs et cristallins. Pour obtenir ces sels purs, il faut refroidir considé-
rablement les nitriles, et faire arriver le courant gazeux de l'acide à une
certaine distance de leur surface.
» Il est difficile d'obtenir purs les sulfates des nitriles formyliques; la
réaction de l'acide monohydraté est des plus violentes; elle paraît trans-
former isomériquement une partie des corps non encore transformée.
» L'eau décompose ces divers sels; elle produit à leur contact une grande
émission de chaleur. Bien plus, il m'a paru que sa réaction, au lieu de
donner lieu à un mélange d'un sel d'une aminé alcoolique et d'acide for-
'&
'1'
mique, comme l'indique la réaction ci-dessous,
Azv|^s„5, HC1 + H20 ■ = AzïiïT.„, , HCl+eH2|o,
( t ri ( tr_rl' ri )
ne donne qu'une faible quantité d'acide formique, et qu'il se produit en
même temps les dérivés du chlorhydrate du nitrile ordinaire, c'est-à-dire de
l'acide propionique et du chlorure ammonique. En ce cas, sous l'influence
Az(€Hw) et Az
( 864 )
de la chaleur due à la vive réaction, les restes alcooliques G H3, €sHb...
quittent l'azote pour s'unir au carbone formyliquc et produire les nitriles
ordinaires
Az(G.-GH8)'", Az(G. GSH5)'"...
et leurs dérivés; ce qui confirmerait cette observation, c'est la remarque que
j'ai faite que ces corps échauffés quelque temps à 180 degrés en tube scellé
tendent à acquérir l'odeur des anciens nitriles, et que, par des distillations
répétées, le point d'ébullition des nitriles nouveaux semble s'élever et tendre
vers celui des nitriles ordinaires correspondants, qui représenteraient alors
un état d'équilibre plus stable de la molécule.
» Si nous connaissons déjà deux cyanures d'éthyle et de méthyle, nous
devons pouvoir obtenir aussi deux acides cyanhydriques, dont la constitu-
tion serait représentée par les deux symboles
G
H'
le second correspondant, du reste, aux nitriles formyliques. J'ai fait réagir,
pour tâcher de l'obtenir, l'acide iodhydrique sec ou en solution concentrée
sur le cyanure d'argent. J'ai ainsi obtenu, dans les deux cas, l'acide cyanhy-
drique ordinaire, auquel on donnerait, d'après cette expérience, la consti-
tution précédente, si l'on ne se souvenait que j'ai observé que dans ces
réactions il se produit toujours un peu des nitriles ordinaires. Je viens de
dire d'ailleurs que les nouveaux nitriles paraissent tendre à se transformer
dans les anciens. Dans l'expérience que je rapporte, il reste, en solution
dans l'eau, un sel d'argent qui se décompose avant 100 degrés en déposant
du cyanure d'argent et dégageant de l'acide cyanhydrique et qui est peut-
être une combinaison de ces deux corps correspondant aux cyanures dou-
bles alcooliques. Toutefois, je n'ai pas réussi à unir directement l'acide cyan-
hydrique au cyanure d'argent en les chauffant ensemble de 100 à j 80 de-
grés. J.,es sels doubles CyAg, CyR; CyAg, CyNa. . . seraient les sels de cet
hydracide argen tique.
» Les nouveaux isomères des éthers cyanhydriques, dont je viens de
parler, ne sont pas les seuls qui puissent exister. Prenons le cyanure de
propyle pour exemple, dont la formule brute est AzG'FT. Nous aurons
d'abord les trois isoméries principales suivantes :
A**(G*IT) AzV|^H^ Azï | €'H«
Bulyronitrile. Nitrile Cyanhydrate
l'ormo-propylique. de propylène.
( 865 )
» Ce sont des isoméries qui se différencient les unes des autres en ce que
l'azote, noyau polyatomique principal de la molécule, a ses affinités satu-
rées par des radicaux polyatomiques divers. Mais, pour chacun de ces iso-
mères doivent exister des isoméries secondaires, qui se passeront dans les divers
radicaux eux-mêmes.
» Il existe, comme l'indique la théorie, deux isomères du propyle
(CH3, CH2, CH2') et (CH% CH, CH3),
il doit donc exister deux isomères du nitrile formo-propylique que l'on ob-
tiendra en traitant par le cyanure d'argent l'iodure de propyle ordinaire et
celui d'isopropyle, ce dernier étant celui de M. Morkownikow. J'en dirai
autant du cyanhydrate de propylène. J'ai tenté de réaliser la troisième des
isoméries ci-dessus en chauffant ensemble l'amylène avec l'acide cyanhy-
drique anhydre; mais ces deux corps agissent difficilement dans ces condi-
tions. Je pense toutefois qu'on pourrait obtenir cet isomère par la réaction
du cyanure d'argent sur l'iodhydrate d'amylène de M. Wurtz.
CHIMIE minérale. — Sur la production des cyanures. Note de M. de
Ro.mii.i.y, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« La production dn cyanure de potassium se fait en grand par la calci-
nation des matières minérales azotées en présence de la potasse.
» Mais il existe d'autres modes de génération du cyanogène. En 18/ji
[Annales de Chimie et de Physique), M. Langlois fit passer du gaz ammo-
niac sur des charbons ardents et obtint du cyanure d'ammonium. Il rap-
pelle, du reste, que l'idée de faire passer le gaz ammoniac sur des charbons
est très-ancienne, et que Liebig l'attribue à Scheele. Il est à remarquer que,
dans l'expérience de M. Langlois, la dessiccation parfaite du gaz ammoniac
est donnée comme la condition indispensable à la formation du cyanure.
» Comme suite à ces recherches, j'ai fait les expériences suivantes :
» On fait barbotter le gaz d'éclairage clans de l'eau ammoniacale, puis
sortir par un orifice étroit, où il est allumé. Le gaz allumé forme une flamme
qui s'élance avec une certaine énergie. On fait tomber cette flamme sur de
l'eau tenant en dissolution de la potasse, de la soude, ou sur un lait de
chaux. Au bout de quelques minutes, cette eau se trouve chargée de cya-
nure de potassium, de sodium ou de calcium que les sels de fer révèlent.
On produit donc ainsi immédiatement les cyanures, non-seulement de
C. R. , 1867, Ie Semestre. (T. LXV, N° 2i.) ' ' 3
( 866 )
potassium, mais encore de sodium et de calcium. Dans cette expérience,
l'ammoniaque se trouve, comme dans l'expérience de M. Langlois, portée
à une haute température en présence du carbone, et la non-dessiccation
des gaz ne paraît point avoir d'influence sur le résultat.
» Si la flamme est projetée sur de l'eau potassée, dans laquelle on main-
tient en suspension par l'agitation du fer en poudre, on obtient à la fois
du evanoferrure et une quantité notable de cyanoferride de potassium.
» L'expérience se fait surtout bien comme il suit : on fait tourner un cy-
lindre de fer dont l'axe est horizontal par un moyen mécanique quelconque,
de telle sorte que le bas du cylindre plonge dans une dissolution de potasse
contenant du fer en pondre; le mouvement de rotation entretient toujours
le cylindre mouillé d'eau potassée ; devant ce cylindre, à hauteur du dia-
mètre horizontal, on établit une rampe formée d'un tube de fer percé de
trous qui projettent de petites flammes ammoniacales sur le cylindre en
mouvement. Au bout d'un temps assez court, on recueille de notables quan-
tités de cyanoferrure et de cyanoferride de potassium.
» D'après ces expériences , le contact de la flamme ammoniacale avec
l'eau chargée d'une base énergique pourrait sembler indispensable. L'ex-
périence suivante démontre qu'il n'en est pas ainsi. On fait passer la flamme
ammoniacale dans un long tube, par une aspiration qui fait ensuite barhotter
les produits de la combustion refroidis dans une dissolution alcaline ou un
lait de chaux. L'analyse, après peu de temps, marque la présence des cya-
nures tout aussi abondante. Si l'on recueille les produits de la combusli mi
dans un récipient ne contenant que de l'eau distillée, on a alors du cyanure
d'ammonium. On peut en tirer cette conclusion que la combinaison se fait
dans la flamme. Il se produit du cyanure d'ammonium, dont on a constaté
la résistance aux plus hautes températures.
» Cette expérience montre l'extrême importance qu'il y a de retirer, des
produits de la distillation, devant donner le gaz d'éclairage, le gaz ammo-
niac qui est toujours mêlé à ces produits; puisqu'il peut y avoir, dans la
combustion des deux gaz mêlés, une cause d'intoxication.
» Dans toutes ces expériences, les flammes étaient toujours fuligineuses.
Lorsqu'on se servait de la flamme invisible et parfaitement brûlée d'un bec
de Bunsen, on ne recueillait pas de cyanures. Cependant, lors de la pro-
jection de cette flamme sur de l'eau potassée, par suite du rapide refroidisse-
ment qui empêchait la combustion complète, une faible quantité de cya-
nure put être constatée. Or, il est à noter que le gaz d'éclairage n'est par-
faitement brûlé que dans certaines conditions d'accès d'air. Lors donc
( 867 )
que ces conditions ne sont pas réalisées, la flamme fuligineuse peut donner
naissance à du cyanure d'ammonium, un des poisons les plus énergicpies,
si l'on n'a pas pris soin de priver absolument le gaz, de l'ammoniaque qui
se produit toujours pendant sa fabrication.
» L'huile et les autres hydrocarbures se comportent comme le gaz
d'éclairage dans les expériences précédentes.
» On peut, de ces expériences, tirer les conclusions suivantes :
» i° En brûlant un mélange de gaz ammoniac et de gaz d'éclairage,
l'azote se combine au carbone dans la flamme même, si la flamme est fuli-
gineuse;
« 20 L'humidité des gaz n'empêche pas la combinaison d'avoir lien ;
» 3° La combinaison donne naissance à du cyanure d'ammonium qui,
lorsque la flamme rencontre de la potasse, de la soude ou de la chaux,
donne des cyanures de potassium, de sodium et de calcium. »
phisiologie végétale. — Note sur la respiration des plantes aquatiques.
Note de M. Vax Tieghem, présentée par M. Duchartre.
« Il y a un an, j'avais l'honneur de communiquer à la Société Botanique
(séance du g novembre 18G6) quelques observations sur la respiration des
plantes submergées; j'ai pu depuis compléter par quelques faits nouveaux
les résultats alors obtenus, et c'est un résumé de ces recherches, dont rien
n'a encore été imprimé, que je demande à l'Académie la permission de lui
présenter aujourd'hui.
» On sait que l'appareil végétatif des phanérogames aquatiques est par-
couru dans toute sa longueur par un système de canaux lacuneux aérifères,
tantôt libres, tantôt fréquemment entrecoupés par des planchers transver-
saux percés à jour; une atmosphère intérieure s'étend ainsi sans disconti-
nuité d'un bout de la plante à l'autre, du sommet des feuilles à l'extrémité
des racines. Et si l'on remarque que les feuilles et les racines adventives de
la partie inférieure du végétal se détruisent peu à peu à mesure qu'il se déve-
loppe de nouvelles branches, tandis qu'une foule de petits animaux se fixent
sur les jeunes organes dont ils rongent le tissu, on comprendra que le sys-
tème lacunaire se trouve le plus souvent ouvert en plusieurs points dans le
milieu extérieur. Or, si l'on expose au soleil dans de l'eau chargée d'acide
carbonique un plan ramifié d'un de ces végétaux, YElodea canadensis, par
exemple, on voit, au bout de quelques instants, s'échapper par chacune de
ces ouvertures accidentelles un courant continu de bulles gazeuses qui s'ac-
[|3..
( 868 )
célère d'abord, puis se soutient avec une constance parfaite tant que dure
l'action directe de la lumière solaire; le gaz dégagé contient environ -^ de
son volume d'azote, et -fa d'oxygène. Aucune bulle n'apparaît pendant tout
ce temps ni sur les feuilles intactes de la plante, ni en aucun autre point non
troué de la surface; l'exhalation gazeuse superficielle y demeure insensible.
C'est donc dans le système lacunaire que vient se rendre tout l'oxygène formé
par les cellules vertes sous l'influence de la lumière; c'est par les points où
ce système s'ouvre dans le milieu ambiant que ce gaz, sous l'action de la
pression croissante de l'atmosphère intérieure, trouve une issue au dehors;
et comme ces points, bien que situés le plus souvent dans les régions infé-
rieures en voie de destruction, se rencontrent aussi sur les jeunes organes de
la partie supérieure et quelquefois au cœur même du bourgeon terminal,
on voit que la direction des courants internes, loin d'être toujours descen-
dante comme l'ont pensé MM. Cloé'z et Gratiolet, ne dépend que de la
situation des orifices d'échappement; le gaz remonte la tige si l'ouverture
est au sommet, il la descend au contraire si elle est à la base. On ramène
d'ailleurs tous ces courants naturels à un seul si l'on pratique dans la tige
une section vive où les lacunes largement béantes offrent au gaz une plus
facile issue; tout l'oxygène formé dans toutes les cellules vertes de la plante
vient alors se dégager en un seul et unique point, et l'observation, ainsi con-
centrée, de la vitesse du phénomène respiratoire et des variations qu'elle
subit avec les conditions extérieures en acquiert une très-grande netteté.
» C'est cette netteté qui m'a fait choisir ces plantes comme les plus propres
à élucider les questions que je cherchais à résoudre (i).
» Il est indispensable de faire remarquer d'abord que, si l'on a soin de
se mettre à l'abri des réflexions produites parles nuages, tant que la lumière
solaire directe n'a pas frappé les plants iYElodea canadensis, le végétal ne
dégage pas de courants d'oxygène; sa respiration se borne à une exhalation
superficielle insensible. Si vive qu'elle soit, la lumière diffuse de l'atmo-
sphère est donc impuissante à provoquer chez cette plante une réduction
sensihle d'acide carbonique. Il en est de même pour le Ceralophyllum denier-
sum, le Polamogelon lucens, le Vallisneria spiralis. Ce résultat s'explique
(i) Ce mode de respiration sous forme de courants réguliers, propre aux plantes aqua-
tiques, a été déjà utilisé par M. Sachs pour l'étude de l'action des rayons diversement colo-
rés [BoUinischc Zeitung, i864), et par M. Von Wolkoff pour la démonstration de la loi de
proportionnalité qui lie les variations du phénomène respiratoire avec celles de l'intensité lu-
mineuse de la lumière incidente ( Pringsheim's Jahrbucher,t.Y, 1866).
( 869 )
d'ailleurs par la constitution même de la lumière diffuse, que les expériences
de AI. Roscoé ont montré être très-riche en radiations très-réfrangibles, et
très-active par conséquent, sur les papiers photographiques, mais très-
pauvre au contraire en radiations jaunes et rouges, les seules qui, ahsorbées
par la chlorophylle, soient transformées par elle en un travail chimique
équivalent, la réduction de l'acide carbonique.
» Ceci posé, que se passera-t-il quand, après un certain temps d'insolation,
nous soumettons ces plantes à l'action de la lumière diffuse de l'atmosphère?
» Le 3 février 1866, à 8h3om du matin, la température de l'eau étant de
18 degrés, un plant ramifié d'Elodeacanadensis est placé au soleil; un quart
d'heure après il dégage, par quatre de ses points, des courants rapides. A
1 ih3om, la plante, soustraite à l'action du soleil, est soumise à la lumière dif-
fuse de l'atmosphère à côté d'un autre flacon contenant des plants ù'Elodca
maintenus depuis le matin à l'abri du soleil. A 2 heures les quatre courants
continuent avec la même vitesse; à. 5 heures leur activité s'est à peine af-
faiblie, les bulles se succèdent encore en chapelets serrés; vers 5h3om le
jour tombe ; à 6 heures les courants persistent, visiblement ralentis ; à 7 heures,
ils dégagent encore chacun de quinze à vingt bulles par minute ; à 8 heures,
trois d'entre eux sont éteints, le quatrième produit encore çà et là une
bulle; enfin vers 8h3om, tout est terminé. Le dégagement d'oxygène n'a
donc cessé que neuf heures après la fin de l'insolation. Pendant ce temps
aucune huile ne s'est montrée dans le hocal placé comme témoin à côté
du premier.
» Cette expérience, un grand nombre de fois repétée, tant sur la plante
précédente que sur le Ceralophylhim demersum, le Potamogeton lucens ,
le Vcdlisneria spiralis, a toujours donné des résultats analogues. Il paraît
en résulter que la lumière diffuse de l'atmosphère, incapable de provo-
quer par elle-même la décomposition de l'acide carbonique dans les
plantes submergées, peut cependant prolonger le phénomène respiratoire
pendant un temps considérable, une fois qu'il a été commencé par la
lumière solaire directe.
» Il devenait, dès lors, intéressant, pour légitimer la conclusion précé-
dente, de rechercher si le dégagement d'oxygène continue encore quand on
met la plante à l'obscurité.
» Le 26 avril 1866, la température de l'eau étant de 18 degrés, un plant
d'Elotlea canadensis reçoit la lumière diffuse jusqu'à midi, sans qu'aucune
huile apparaisse sur la section de sa tige; de midi à 3 heures l'action directe
du soleil y détermine un courant très-actif. On met la plante à l'obscurité;
( 870 )
le courant s'arrête d'abord brusquement, mais il s'écbappe de nouveau
après quelques secondes et reprend à peu près sa vitesse primitive; à 4 heures
il ne s'est pas sensiblement ralenti; à 5 heures son activité est fort affaiblie,
mais il ne s'éteint qu'à 6 heures. Ainsi trois heures après avoir été soustrait
à l'action directe du soleil et placé à l'obscurité, VElodea canadensis con-
tinue encore à réduire l'acide carbonique et à en dégager l'oxygène.
» Le 1 1 juin 1867, une branche de Ceratophyllum demersum mise au soleil
à 8 heures du matin dégage par sa section un courant très-actif; elle est
placée à l'obscurité à 8h45ID; à g heures le courant donne 200 bulles par
minutes; à gh3om, ia5 bulles; à 10 heures, 75 bulles; à 1 1 heures, 25 bulles;
a 1 [t45m, il se dégage encore 2 à 3 bulles par minute; on remet la plante
à la lumière diffuse et le courant s'accélère aussitôt. Ici encore, ce n'est
donc qu'après plus de trois heures de séjour à l'obscurité que l'effet produit
par une insolation de moins d'une heure a pu être épuisé.
» Cette expérience, répétée un grand nombre de fois avec des résultats
analogues (1), démontre qu'une fois excités par l'action directe du soleil, la
réduction de l'acide carbonique et le dégagement consécutif d'oxygène
peuvent se continuer à l'obscurité pendant un temps fort long. Mais comme
ce temps est de beaucoup inférieur à celui de la prolongation à la lumière
diffuse de l'atmosphère, il en résulte que cette lumière possède réellement
par elle-même un effet continuateur, quoiqu'elle soit trop pauvre en radia-
tions actives pour provoquer le phénomène.
» La force vive de la lumière solaire peut donc se fixer, s'emmagasiner
dans les plantes vivantes pour agir après coup dans l'obscurité complète, et
s'épuiser peu à peu en se transformant en un travail chimique équivalent,
comme elle se fixe et s'emmagasine dans les sulfures phosphorescents pour
apparaître ensuite au dehors sous forme de radiations moins réfrangibles
([11e les radiations incidentes (expériences de M. Becquerel), et dans le pa-
pier, l'amidon et la porcelaine, pour se manifester après un temps qui peut
être très-long par la réduction à distance des sels d'argent (expériences de
M. Niepce de Saint-Victor). La propriété dont se montrent revêtues les cel-
lules vertes des plantes aquatiques n'est donc pas isolée ; elle n'est qu'un
cas particulier de la propriété générale que possède la matière de fixer dans
sa masse, sous une forme inconnue, une partie des vibrations incidentes et
(11 .le m'occupe en ce moment de la construction d'un appareil enregistreur qui me per-
mettra d'obtenir un trace où toutes les circonstances du phénomène respiratoire seront in-
scrites et lixees par la plante elle-même.
( 87i )
de les conserver en les transformant, pour les émettre plus tard, soit sous
forme de radiations moins réfrangibles, soit sous forme de travail chimique
ou mécanique équivalent. Le phénomène que nous étudions est donc une
phosphorescence, mais une phosphorescence particulière, qui diffère des
autres phénomènes du même ordre, non-seulement par le mode de transfor-
mation et d'emploi, mais encore par la qualité des vibrations absorbées.
Dans nos plantes ce sont, en effet, les radiations lumineuses les moins ré-
frangibles, jaunes et rouges, qui sont fixées par la chlorophylle et qui sont
conservées dans la cellule, non pas pour être émises au dehors, mais pour
être consommées au dedans et transformées en un travail chimique équiva-
lent, la réduction de l'acide carbonique.
» Désirant continuer ces recherches, je dois me borner, pour prendre
date, à l'exposé de ces premiers résultats. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Lettre à M. le Président, ait sujet d'une éruption qui
a eu lieu au Vésuve, le i3 novembre 1867; par M. P. Pisani.
« Je viens à l'instant de recevoir la Lettre suivante, au sujet d'une éruption
qui a eu lieu au Vésuve le i3 novembre, et je m'empresse de la conunu-
quer à l'Académie :
» Résina, i3 novembre 1S77.
» Cette nuit, minuit et demi, à droite des deux cônes de l'éruption du Vésuve de l'an-
née passée, s'est ouvert un nouveau cratère. A la moitié du grand cône, du côté de Bosco
Reale, s'est ouvert également un autre cratère, d'où est sorti un courant de lave. Dans la
même direction, et précisément dans le plan de la lave de l'année passée, se sont formés
deux autres petits cratères qui lancent beaucoup de pierres. Le cône principal est tout cre-
vassé, par suite des fortes secousses qu'il a reçues. »
M. le Ministre de la Marine et des Colonies transmet à l'Académie un
Rapport du capitaine du navire le Cosla-Bica, d'après lequel ce navire, se
trouvant, le 9 juin 1867, à 7 heures du soir, par 38 degrés de latitude sud
et 100 degrés de longitude ouest, a éprouvé une trépidation de quelques
secondes, comme si le bâtiment avait touché sur un banc ou heurté un
corps flottant. Cette partie de l'océan Pacifique étant des plus sûres, et le
navire n'ayant d'ailleurs aucune trace d'abordage, on a dû attribuer le
phénomène à un tremblement de terre sous-marin.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. B.
872
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 18 novembre 1 8G7, les ouvrages dont
les titres suivent :
Description des machines et procédés pour lesquels des Brevets d invention
ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1 844-. publiée par les ordres
de M. le Ministre de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics,
t. LVIII. Paris, 1867; 1 vol. in— 4° avec planches.
Le Jardin fruitier du Muséum; par M. Decaisne, 91e livr. Paris, 1867;
in-4° avec planches.
Zoologie et paléontologie générales. Nouvelles recherches sur les animaux
vertébrés dont on trouve les ossements enfouis dans le sol, etc.; par M. P. Ger-
vais, ir* série, livr. 1 à 5. Paris, 1867; 5 livraisons in-/j° avec planches.
Mélanges de chirurgie; par M. le Baron LARREY. Paris, in-/j°, relié.
Rapport sur l'état sanitaire du camp de Chàlons, sur le service de santé de la
garde impériale et sur l'hygiène des camps, adressé à S. Exe. le Maréchal
Ministre de la Guerre, par M. le Baron LaRREY. Paris, 1 858; 1 vol. grand
in-8° relié.
Histoire chirurgicale du siège de la citadelle d'Anvers; par M. le Baron
Larrey. Paris, i 833 ; 1 vol. in-8" relié.
Mèlanijes de chirurgie; j>ar M. le Baron Larrey. Paris; in-8° relié.
Helation chirurgicale des événements de juillet i83o à l'hôpital militaire du
Gros-Caillou; par M. le Baron Larrey. Paris, i83i; in-8° relié.
Commission hydrométrique et des orages de Lyon, 18G6, 23e année.
Lyon, 1867; 1 vol. grand in-8°.
Histoire et légendes des plantes utiles et curieuses; par M. J. BajMROSSon.
Paris, 1868; 1 vol. grand in-8" avec figures et planches.
( La suite du Bulletin au prochain numéro.
ERRATA.
(Séance dii 11 novembre 18G7.
Page 8o5, ligne 10, <ut lieu de 101 degrés, lisez 1001 degrés.
Page 806, ligne 4, "" '"" <l<' acide hypochloreux, lisez acide h\|
îorliliii'Kllie.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES.
SEANCE DU LUNDI 25 NOVEMBRE 18G7.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMRRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Delacnay fait hommage à l'Académie du « Rapport sur les progrès
de l'Astronomie » qu'il vient de publier, et, qui fait partie du Recueil de
Rapports sur les progrès des Lettres et des Sciences en France public sous
les auspices du Ministère de l'Instruction publique.
astronomie. — M. Le Verrier, en présentant à l'Académie le tome XXII
des Annales de i Observatoire pour 1866, s'exprime ainsi :
« Ce volume comprend des observations faites au grand Instrument mé-
ridien pendant le jour et qui portent sur le Soleil, la Lune, du matin et du
soir, Vénus et Mercure, et les étoiles de comparaison nécessaires. Dans le
service du soir, les positions des planètes et principalement celles des pe-
tites planètes ont été observées conjointement avec Greeuwich, comme on
le sait.
» Les observations intéressant la détermination des longitudes ont été
continuées à la Lunette de Gambey, tandis que les observations pour la
détermination des latitudes ont été poursuivies au Cercle. L'azimut et la
latitude de Saint-Martin-du-Tertre ont été déterminés.
C. R., 1S67, 1" Semestre. (T. LXV, N° 22.) I '4
(«74)
» Les conclusions pour les positions des étoiles fondamentales, du Soleil,
de la Lune et des planètes ont été déduites avec soin.
» Les observations météorologiques et magnétiques sont rapportées et
discutées. La température moyenne de l'année 18G6, savoir ii°,33, est
supérieure de o°,6g à la température moyenne et normale déduite de vingt-
deux années d'observations, ce qui lient à la prédominance des vents équa-
toriaux, en 18G6.
» Les travaux d'observation et de calcul de ce volume sont dus à
MM. Yvon Villarceau, Wolf, Lœvy, Périgaud, Folain, Gaillot et Rayet.
» Les travaux de la succursale de Marseille ayant commencé au Ier juil-
let de l'année 1866, il a été entendu avec M. Stepban que les travaux des
six derniers mois de 18GG et ceux de l'année 1867 paraîtront simultané-
ment dans le tome XXIII.
» Le volume de l'année 1866, déjà imprimé depuis deux mois, paraît
dans le courant de 1867, conformément à nos règlements, auxquels nous
nous conformons toujours, sur tous les points et de la manière la plus
ponctuelle.
» Nous croyons utile de faire connaître à l'Académie que le volume pré-
sent de 1866 est le dernier qui doive paraître sous la forme donnée jusqu'ici
à notre publication. Les travaux effectués par divers astronomes à un même
instrument étaient publiés en un seul fascicule et classés à la suite les uns
des autres, suivant l'ordre des dates. Au commencement de l'année 1867,
le nombre des instruments dont on dispose a permis d'agir autrement. Un
même travail et un même instrument ne sont confiés qu'à une seule per-
sonne, qui seule peut disposer des appareils, pourvoit à leur entretien et à
leur amélioration, réduit et publie ses propres observations. En consé-
quence, dans le volume de 1867, les Chapitres seront classés par nom d'au-
teur. Ainsi cbacun est libre, mais responsable de son travail.
» On sait qu'il y a soixante-dix ans, Lalande détermina à l'observatoire
de l'École militaire un très-grand nombre d'étoiles du ciel dont il a publié
les données dans Y Histoire céleste française. Ces observations ne pouvaient
point, à l'origine, être d'une grande utilité aux astronomes, parce qu'elles
n'étaient pas calculées et qu'il fallait un travail considérable pour trouver,
au milieu des zones , une étoile donnée, si toutefois elle y existait : un cal-
cul de réduction pénible était ensuite nécessaire. On doit à l'Association
britannique anglaise d'avoir entrepris le calcul des observations de La-
lande : elle en a déduit et nous a donné en 1847 un Catalogue régulier de
48000 étoiles.
( «75 )
» Il est nécessaire qu'après soixante-dix années les étoiles de ce Cata-
logne soient observées à nouveau. Celle révision donnera lieu à des consé-
quences importantes à l'égard du phénomène de la précession. En outre,
elle fournira chemin faisant, à l'astronome intelligent et zélé, l'occasion
de faire un grand nombre de remarques sur les mouvements propres
des étoiles, indiquant celles dont on pourrait soupçonner le voisinage et
sur lesquelles, par conséquent, d'importantes recherches -pourraient être
pratiquées. Le changement de grandeur de certaines étoiles pourra mettre
aussi sur la voie d'étoiles changeantes; les étoiles doubles seront no-
tées, etc., etc.
» Nous avons commencé ce travail depuis plusieurs années, mais sans
pouvoir le conduire avec une vigueur suffisante. Tant que nous n'avons eu
que la Lunette méridienne et le Cercle de Gambey à notre disposition, nous
avons dû surtout les employer aux observations de la Lune, du Soleil, des
planètes, et aussi à fixer la position des 3o6 étoiles fondamentales que nous
avons choisies dès i854 pour leur rapporter les positions des astres
mobiles.
» Plus tard, quand nous avons disposé de notre grand Instrument mé-
ridien de g pouces d'ouverture pour les observations régulières du Soleil,
de la Lune, des grandes et des petites planètes, les Instruments de Gambey
ont été encore en grande partie utilisés aux observations correspondantes
pour la détermination des longitudes et aussi pour fixer les positions des
étoiles qui ont servi de termes de comparaison dans la détermination des
longitudes et des latitudes; la précision absolue à laquelle on est arrivé a
exigé à Paris un travail aussi considérable que dans les départements.
i5ooo étoiles de Lalande environ ont été cependant observées dans les
intervalles disponibles. Dès qu'au commencement de l'année actuelle les
Instruments de Gambey sont devenus libres, nous les avons affectés à ce
service, n'en connaissant pas d'autre plus important, plus intéressant et
qui réclame plus de précision.
» Lorsqu'on entreprend un tel travail de longu» haleine, on doit tou-
jours examiner à l'avance les conditions dans lesquelles il peut être exécuté
sérieusement.
» Nous n'avons en moyenne, à Paris, qu'une belle nuit d'observations
sur trois, soit i 20 belles nuits par année. Il semble possible que dans cha-
cune d'elles un astronome observe pendant quatre heures; et, dans cette
condition, comme on peut très-bien se contenter des deux microscopes
horizontaux du Cercle de Gambey, rien de plus simple que d'observer en ces
1 r 4 . .
( 876)
quatre heures 48 étoiles. En défalquant 8 étoiles fondamentales propres à
fixer l'état de la pendule ou l'erreur de collimation du Cercle, il reste
4o étoiles du Catalogue qui se trouvent ainsi déterminées. En 120 jours on
peut donc observer 4800 étoiles, soit au Cercle, soit à la Lunette, pourvu
que chacun de ces instruments soit pourvu d'un observateur distinct, ce
qui ne constitue en réalité que 2400 déterminations complètes pour chacun
d'eux.
» En dix ans, le Catalogue complet peut et doit être achevé.
» En admettant que nous ayons déjà observé i5ooo étoiles dans les
circonstances irrégtilières où nous nous trouvions placés, les étoiles res-
tantes pourraient être observées en sept ans. Notre ambition serait de
donner, au bout de ce laps de temps au plus, le Catalogue des 48000 étoiles
de Lalande, observées à nouveau, et qui constitueraient un point de départ
précieux pour les recherches astronomiques.
» Nous sommes convaincu que l'Académie partagera notre manière de
voir à cet égard. Et dès lors elle n'approuverait pas plus que nous n'avons
pu le faire un système dans lequel il faudrait vingt années au lieu de sept
avant d'en finir. »
ASTRONOMIE. — Sur la parallaxe du Soleil; par M. Deladnay.
« A la suite de la communication que j'ai faite dans la dernière séance
sur la parallaxe du Soleil, j'ai été amené à parler dune Lettre que j'ai reçue
de M. Simon Newcomb. D'après le désir qui en a été exprimé par M. Le
Verrier, j'ai dû apporter aujourd'hui cette Lettre pour la communiquer à
l'Académie. En voici la traduction, aussi fidèle que possible :
» U. S. Naval Observatory, Washington, 3i octobre 1867.
» Je vous prie d'accepter un exemplaire de ma brochure Sur la parallaxe du Soleil que je
vous envoie. J'appellerai spécialement votre attention sur la grande différence entre la
valeur de la parallaxe solaire obtenue par M. Le Verrier dans ses Tables du Soleil et celle
que j'ai trouvée par la même méthode.
» De la valeur conclue de l'inégalité lunaire de la Terre P =6", 52, je tire 7r = 8",Sog.
u Si j'avais adopté P = 6", 5o, nous aurions eu 7r = 8",78; tandis (pie de P = 6",5o
M. Le Verrier déduit ic = 8",q5, valeur qui a été adoptée par le Nautical Almanac comme
nombre fondamental [as the Standard).
» Cette différence provient principalement de deux sources :
» i° De l'influence de la variation sur la valeur de P. Dans les Annales de l'Observa-
toire, vol. IV, p. 47, nous trouvons
3v = -, —, cosi sin (v — v).
m ■+- m' tt' '
( «77 )
» Soit / la longitude moyenne du Soleil,
/' » de la Lune,
T) = l'—l.
En tenant compte des termes ayant poui' argument 2D, nous trouvons
v' =/'-f- 237i"sin?.D,
7r' = lt', -+- 2^",6cOS2D.
Ce sont les seuls termes qui affectent sensiblement le coefficient de D dans le dévelop-
pement de Sv. Posant donc v = /, 7r = t70, nous avons
in ' G \
1 —?— C0S2D ) sin(D -+- 237i"sin2D).
Mais
sin (D -4- 237 1 "sin 2 D) = 1 ,0057 sinD -I- 0,0057 sin3D,
27", 6
1 ,0057 sinD X — —, — C0S2D = — o,oo4o sinD -I- o,oo4o sin 3D;
§j = -, coss' —r (1 ,0097 sinD + 0,0017 sin 3 D).
» La partie fractionnaire du facteur 1 ,00^7 paraît avoir été négligée par M. Le Verrier.
Son origine géométrique peut être exprimée ainsi : En réalité, l'orbite delà Lune est allongée
dans la direction des quadratures; de plus, en raison de l'inégalité 237i"sin2D, elle occupe
une plus grande proportion de son temps dans le voisinage des quadratures. Par suite de
ces deux causes, la valeur de P est systématiquement plus grande que si la Lune se mouvait
dans son orbite moyenne.
i> 20 II m'a été tout à fait impossible de reproduire, ou même de trouver à peu près [lo
reproduce or even to trace), l'équation de M. Le Verrier de la page 10 1 :
q's
log— =8,35199.
Je ne puis trouver autre chose pour ce logarithme que 8,35488, différence qui correspond
au facteur 1,0067. Ainsi nous avons le facteur i,oi65, par lequel la parallaxe solaire
semble être multipliée dans le résultat de M. Le Verrier, outre l'erreur signalée par
M. Stone.
« Cette erreur « signalée par M. Stone » altère le résultat de o",o4.
Pour voir en quoi elle consiste, on peut se reporter à ce que M. Stone en a
dit dans les Monthly Notices de la Société Astronomique de Londres, cahier
du 12 avril 1867 (vol. XXVII, p. a4i). »
( 878 )
ASTRONOMIE. — Considérations sur tes progrès de la théorie du système solaire
et planétaire; par M. Le Verrier. (Résumé de l'exposé fait par lui à
l'Académie.)
« L'illustre astronome de Kcenigsberg, Bessel, avait souvent exprimé le
désir que l'on comparât rigoureusement les théories des planètes avec les
observations, et qu'on ne se bornât pas à dire que tout marchait parfaitement
d'accord, à moins qu'on n'en eût fourni des preuves positives. La théorie
du Soleil, ajoutait Bessel, n'a point fait les progrès qu'on était en droit
d'attendre du grand nombre et de la bonté des observations.
» Cette étude du système planétaire, la comparaison de toutes les données
fournies par le calcul et l'observation, ont été l'objet d'études attentives
de la part de M. Le Verrier. Sans parler d'Uranus et de Neptune, dont il
s'est occupé, il croit avoir mis quelque ordre dans nos connaissances rela-
tives au système des quatre planètes inférieures.
» Le travail demandé par Bessel a exigé que pour chacun des astres on
reprît en entier la discussion des observations, l'examen des théories ana-
lytiques, et en troisième lieu la comparaison des théories avec les obser-
vations. Cette comparaison est la partie la plus épineuse de la question,
parce qu'on se trouve aux prises avec l'incertitude des observations. Elle a
conduit à des conséquences physiques et a permis de rédiger des Tables
astronomiques qui sont partout en usage.
» Comme les positions des astres sont, dans les observations, rapportées
aux étoiles, il importe que les Catalogues auxquels on emprunte ces points
de repère soient parfaitement précis. Si l'on avait pu et) répondre, toute
conclusion à laquelle on serait ultérieurement arrivé, et qui aurait accusé
une divergence entre les observations et la théorie, aurait été frappée d'in-
certitude. Il a donc fallu revoir d'abord le Catalogue des ascensions droites
des étoiles fondamentales donné, pour 17^5, par Bradley dans ses Funda-
menta astronomiœ, et, pour 1 845, par Airy. Qu'on nous excuse de rap-
peler que nous avons reconnu dans le Catalogue des Fundamenla la néces-
sité d'un assez grand nombre de corrections, dont quelques-unes s'éle-
vaient jusqu'à 4 secondes d'arc. La vérification des corrections que nous
avions indiquées a été donnée au concours en Allemagne. Ce concours a
fait ressortir l'exactitude de notre travail.
» Avons-nous besoin de dire que la nécessité de ces corrections, mise en
évidence par un examen scrupuleux, n'a pu nuire en quoi que ce soit à la
( «79)
puissante autorité des Fundamenla astronomice et à la réputation de l'illustre
Bessel. C'est le sort de toutes les grandes œuvres d'être ultérieurement rec-
tifiées sur des points de détail, sans cpie le mérite du travail original en
puisse souffrir en quoi que ce soit.
» Nos Tables du Soleil ont été données en 1 858. Nous avons été entraîné
par les difficultés de la question à discuter successivement un nombre im-
mense d'observations, gooo environ, comprenant des observations de Bra-
dley, Maskelyne, Pond, Airy, Bessel, et des observations de Paris. La con-
clusion a été inverse de ce qu'on pouvait supposer. Après bien des essais,
nous avons reconnu que la théorie suffisait à représenter les observations
dans les limites de leur exactitude. Une discussion approfondie a montré
que, même pour un seul observateur et dans le même observatoire, il se pré-
sente tout à coup dans les observations du Soleil des solutions de conti-
nuité de 2 secondes d'arc et dont la cause reste cachée; du moins est-on
réduit à des hypothèses à cet égard.
» Le changement d'une seule constante a été indiqué par la discussion,
celui de la valeur de la parallaxe du Soleil. Le Directeur regretté de l'Ob-
servatoire de Berlin, Encke, a discuté toutes les observations du passage de
Vénus sur le Soleil, en 1769, et en avait conclu pour la valeur de la paral-
laxe 8", 58. Ce nombre a été reçu dans l'Astronomie, comme étant la vraie
valeur de la parallaxe et le chiffre le plus exact que l'on pût tirer des obser-
vations des passages de Vénus. Or, j'ai conclu, par la discussion des observa-
tions du Soleil, que la parallaxe horizontale et moyenne de cet astre devait
être plus considérable cpie celle donnée par Encke, et je l'ai portée à 8",o,5.
» La théorie de Mercure et sa comparaison avec les observations est
l'un des travaux qui m'ont donné le plus de peine et de soucis. J'y suis
revenu à diverses reprises pendant vingt années. Je suis arrivé à cette con-
clusion fondamentale que toutes les observations pouvaient être représentées
par la théorie à une seule condition, qu'on donnât au périhélie de la pla-
nète un mouvement direct plus rapide que celui qu'on déduit des actions des
planètes perturbatrices, calculées avec les valeurs des masses les plus fortes
qu'il soit possible de leur attribuer. Nous reviendrons sur cette question.
» La théorie de Vénus refaite en son entier et comparée à son tour avec
les observations de la planète discutées à nouveau, a montré de même que
les observations pouvaient être représentées par la théorie à cette condition
seulement, qu'on accroîtrait la valeur de la masse de la Terre des j^ de
celle qu'on lui attribue.
» Mais on sait qu'il n'est pas possible d'accroître ainsi la masse de la
( 88o )
Terre sans donner en même temps à la valeur attribuée à la parallaxe un
accroissement égal au tiers du précédent, savoir j-f^ de la valeur reçue.
Les conclusions tirées de l'étude de la marche de Vénus conduisent
ainsi à cette conséquence que la valeur de la parallaxe solaire doit être
portée à 8", 83.
» La planète Mars enfin a été l'objet de la même discussion. La révision
des observations, la constitution de la théorie et la comparaison de l'en-
semble de ces données a montré qu'ici encore tout marcherait d'accord
à une seule condition : qu'on ajoutât quelque chose au mouvement du
périhélie de Mars, tel qu'il résulterait de l'action des planètes voisines,
calculée avec les masses qu'on leur attribue.
» En admettant que cet accroissement du mouvement du périhélie de
Mars exige un accroissement de la masse de la Terre elle-même, il serait
égal au 0,138 de la masse reçue pour notre planète, et toujours d'après le
même principe, il faudrait en conclure que la parallaxe du Soleil devrait
être portée à 8", 96. Mais il faut remarquer que ceci suppose que la masse
des anneaux d'étoiles filantes qui rencontrent la Terre ou qui circulent
autre part dans le ciel, et qui pourraient avoir une action sur Mars, soit
très-faible. On peut l'admettre aujourd'hui que nous savons que les étoiles
filantes ne sont que des débris de comètes; on l'ignorait à l'époque où
nous avons donné notre travail.
» Il faut admettre encore que l'action de la masse des petites planètes
situées entre Mars et Jupiter soit insensible. Plus rigoureusement, on doit
dire que dix fois la correction de la masse de la Terre, plus trois fois la
masse de l'ensemble des petites planètes distribuées en moyenne, d'après ce
qu'on en sait aujourd'hui, doit faire une somme égale à 1 ,38 ; l'unité étant la
masse admise pour la Terre quand on la déduit de la parallaxe d'Encke, 8", 58.
» La question se trouvait en cet état, tout indiquant la nécessité d'un
accroissement de la valeur attribuée à la parallaxe, lorsque nous avons for-
tement engagé notre éminent collaborateur, M. Léon Foucault, à presser
l'exécution des travaux qu'il avait entrepris pour la mesure de la vitesse de
la lumière à la surface de la Terre. On savait que cette mesure devait con-
duire, combinée avec la valeur de l'aberration, à une détermination d'une
quantité de la valeur de la parallaxe solaire. Et il était à désirer, disions-
nous, que cette mesure intervint avant celles qu'on pourrait déduire de
l'observation prochaine de Mars en opposition.
« M. Foucault voulut bien se rendre à notre désir. Et aprè$ une suite de
travaux, dont nous avons suivi les importants résultats à mesure qu'il les
( 88, )
obtenait, il communiqua à l'Académie, le %-i septembre 1862, le résultat de
ses opérations, dont il déduisait 8", 86 pour la parallaxe solaire.
» En ce moment même, Mars était en opposition, et il était l'objet de l'in-
vestigation attentive des astronomes.
» C'est avec l'assentiment des astronomes de profession, et par une ré-
serve indispensable, que l'Observatoire de Paris ne s'est pas mêlé de ces der-
nières observations. L'histoire astronomique nous apprend en effet cpie
lorsqu'un observateur éprouve quelque préoccupation, les mesures délicates
auxquelles elle se rapporte en souffrent toujours d'une manière systématique.
L'astronome très-consciencieux se défend contre le résultat qu'il croit de-
voir obtenir, observe en quelque sorte à minimâ, et obtient un nombre en
deçà de la vérité. L'observateur moins scrupuleux se laisse aller sans s'en
douter au penchant contraire et passe au delà de la vérité.
>> Par la discussion des observations faites il Greenvvich et dans l'hémi-
sphère austral, M. Stone trouva la parallaxe 8", g3, qu'il communiqua à la
Société Astronomique de Londres dans la séance du 10 avril 1 863.
» En même temps, M. Winnecke, par la discussion des observations faites
à Poulkowa et dans l'hémisphère austral, avait obtenu, et publié dans les
Asironomiche Nachrichten du 7 avril, la valeur 8", 96 de la parallaxe.
» Enfin le 12 juin de la même année, dans le n° 8 des Monthly Notices
de la Société Astronomique, à la demande de M. Stone, l'éminent astro-
nome de Gotha, M. Hansen, concluait que la parallaxe du Soleil, qu'il
avait déjà élevée à 8", 66 en l'adoptant pour base de ses calculs théoriques,
devait être portée à 8",g7.
» Telles sont les valeurs primitivement publiées et concourant toutes à
la nécessité d'accroître la valeur de la parallaxe attribuée au Soleil. G est
en partant de ces données que les Observatoires de Paris et de Greenwich
sont tombés d'accord sur la convenance d'attribuer désormais dans les cal-
culs la valeur 8", 94 à la parallaxe solaire.
» Aujourd'hui ces déterminations ont été revues. On a porté certaines
approximations plus loin, corrigé quelques fautes de calculs ou de réduc-
tions, et on conclut qu'il faudrait attribuer à la parallaxe la valeur 8", 85. La
nécessité d'accroître la valeur 8", 56, qui était considérée comme définitive,
est donc reconnue, ce qui est l'important; car la différence entre les va-
leurs 8", 94 et la valeur 8", 85, qu'on obtient en réduisant les déterminations
astronomiques et en particulier celles de Winnecke, Stone et Hansen, est si
minime, que nous ne croyons pas qu'on en puisse répondre.
» M. Powalky a revu de son côté la détermination de la parallaxe par
0. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 22.) ' ' ^
( 882 )
les passages de Vénus, et au lieu du nombre 8", 5G trouvé par Encke, il
est arrivé précisément au nombre 8", 8(5 donné par M. Léon Foucault.
Cette coïncidence, que M. Powalky nous permette de le dire, sans lui
en faire aucune espèce de reproche, est trop grande. S'il s'était borné à re-
prendre les calculs d'Encke en conservant toutes les observations employées
par l'astronome de Berlin, introduisant seulement les changements reçus
dans les valeurs des longitudes terrestres, et qu'il fût arrivé ainsi au
nombre 8", 86, ce résultat aurait assurément une très-haute valeur. Mais
M. Powalky ne s'est point borné là. Il a éliminé toutes les observations qui
lui paraissaient douteuses. Il ne nous a pas paru qu'il fût suffisamment fondé
à cet égard, et il serait désirable que M. Powalky pût nous montrer, ce qui
lui sera sans doute facile, que son élimination ne s'est pas ressentie d'une
idée préconçue, influence qu'on subit trop souvent malgré soi. Nous vou-
drions que M. Powalky nous fit connaître le résultat auquel on arriverait
si l'on conservait toutes les observations (i).
» Ce n'est pas que nous n'eussions éprouvé une certaine satisfaction à
voir la parallaxe solaire portée à une valeur moins élevée, car alors on
aurait pu arriver à une certaine connaissance de la masse totale de la ma-
tière des petites planètes situées entre Mars et Jupiter, ainsi que nous
l'avons dit plus haut. Mais malheureusemenr, soit qu'on admette la paral-
laxe 8", g4, soit qu'on admette la parallaxe 8",85, la différence est si minime,
qu'elle ne laisse entre les théories et les observations que des écarts dont
on ne peut guère répondre.
» Pourra-t-on obtenir une approximation plus considérable par l'obser-
vation du passage de Vénus sur le Soleil en 1874? Les astronomes feront,
sans aucun doute, tous leurs efforts pour y parvenir, mais sans être cer-
tains d'y arriver, et il n'y a à cela aucun inconvénient grave; car, si l'on
ne peut pas se prononcer au sujet d'une très-minime différence, c'est qu'elle
n'a qu'un effet insensible dans les observations et les théories, sans quoi
l'on arriverait à décider à son égard.
» Le méridien, pour lequel le milieu du passage de Vénus sur le Soleil
en 1874 l,lll'a l'eu à midi, passe en Russie, où il traverse le lac Baïkal.
(1) Nous recommanderons à. M. Delaunay deux choses :
i° Si l'on adopte la parallaxe S", 86, l'équité veul qu'on l'attribue franchement à M. Fou-
cault et nuii à M. Powalki ;
2° Il est à désirei qu'on ne conserve pas en même temps l'ancienne valeur de la niasse
de la Terre, ce qui est une grosse erreur.
( 883 )
Comme on sera en décembre et que la journée sera très-courte, il ne sera pas
possible, si l'on vent observer à la fois l'entrée et la sortie, de monter plus
au nord que le sud du lac, et, si l'on s'éloigne du méridien en tirant vers le
Japon, il faudra descendre en même temps vers le sud. Le concours des as-
tronomes russes est assuré de ce côté. Dans l'hémisphère austral, les obser-
vations correspondantes pourront être faites au sud de la Nouvelle-Hol-
lande ou à l'ile de Kervéguen. Le concours de la Marine impériale est
assuré pour ces travaux scientifiques.
» Diverses circonstances ont contraint M. Le Verrier à exprimer devant
l'Académie le regret qu'un des Membres, M. Delaunay, s'arroge ici ou
accepte ailleurs la mission de contrôler et de juger les travaux et les actes
scientifiques de ses collègues. On ne saurait, à aucun égard, lui reconnaître
le droit d'en agir ainsi.
» En présence d'immenses travaux scientifiques (qu'on excuse cette
épithète), M. Delaunay va chercher de misérables bribes de calculs et s'ef-
force de faire croire au public, étranger à la science, que ce sont là de grosses
choses, propres, selon lui, à compromettre un homme; comme si on n'en
avait pas trouvé autant et davantage dans les travaux de Bessel même.
M. Delaunay ressemble à celui qui, ayant à juger d'un monument, refu-
serait de lever les yeux et, cherchant à terre dans quelques assises quelque
pierre écornée, ne voudrait voir qu'elle.
» La situation que prend M. Delaunay, à l'Académie et ailleurs, autorise
à lui dire qu'il échappe trop facilement aux inconvénients qu'ont éprouvés
tous ceux qui ont travaillé dans les diverses parties de l'Astronomie. Les
étoiles, les planètes, les comètes, et surtout toute cette grande question
des observations, sont lettre morte pour lui. Il ne s'en est jamais occupé.
Dans la Lune même, le seul problème où il soit resté cantonné, il n'a point
comparé sa théorie avec les observations; il aurait donné un volume entier
de faux sur deux, que personne n'en saurait rien quant à présent.
» Aussi nos Tables du Soleil, de Mercure, de Vénus, de Mars sont-elles
employées pour la rédaction des éphémérides étrangères et pour celle de
la Connaissance des Temps du Bureau des Longitudes, tandis que le Bureau
est obligé d'accepter pour la Lune les Tables allemandes de M. Hansen.
Et certes M. Delaunay n'accusera pas le Bureau de partialité contre lui.
« Mais je suis impartial, nous dit M. Delaunay, à mon point de vue, bien
» entendu. » La vérité lui échappe ici. C'est précisément son point de vue
qu'il appelle de l'impartialité, et qui n'est que de la passion. L'Histoire qu'il
présente aujourd'hui à l'Académie sera examinée ultérieurement. Nous
1 1 5 . .
( 884 )
nous bor lerons ici à montrer par un souvenir ce que c'est que l'impar-
tialité de M. Delaunay.
» M. Le Verrier a donné, avons-nous dit, une nouvelle théorie de Mer-
cure. Comme il devait y avoir un passage de cette planèle sur le Soleil le
la novembre i8Gr, il en calcula à l'avance les phases, notamment l'entrée
sur le disque, et annonça le résultat de ce calcul à l'Académie. Il y avait
3 minutes de différence entre l'instant déduit de ses Tables et celui qui était
inséré dans la Connaissance des Temps et conclu des anciennes Tables en
usage. M. Le Verrier attendit, non sans une certaine émotion, la confirmation
de l'expérience, et lorsqu'il reçut de son collègue de Rome, le P. Secchi,
une Lettre empressée lui annonçant que Mercure avait paru sur le discpie
du Soleil à l'heure, à la minute, à. la seconde même annoncée, il porta ce
résultat à l'Académie avec la confiance qu'on lui rendrait justice.
» Mais il avait compté sans M. Delauuay, qui, ne voulant pas lui laisser
pour un seul instant le bénéfice de cette exactitude, se leva pour dire que
cela ne prouvait rien du tout. s
» Or, comme il n'est pas douteux que si le phénomène ne tût pas arrivé
à l'heure prévue, M. Delaunay se serait levé pour le reprocher à M. Le Ver-
rier, quelle preuve veut-on de plus que M. Delaunay est décidé quand
même à attaquer son collègue?
» Et quelle justification encore voudrait-on de plus de la persistance
que nous mettons et que nous mettrons à le récuser comme appréciateur
officiel de nos actes scientifiques?
» L'année dernière, M. le Ministre avait bien voulu nous offrir d'écrire
nous-même l'Histoire scientifique dont il a ultérieurement chargé M. De-
launay, et que celui-ci vient de présenter à l'Académie. M. Le Verrier
déclina cette offre, donnant pour motif qu'il lui faudrait juger un adver-
saire, M. Delaunay, et ne serait pas accepté comme historien impartial.
M. Delaunav n'a pas de ces scrupules. M. Le Verrier préfère son rôle et s'y
tient, résolu, comme il Ta promis à l'Académie, de. ne pas attaquer, mais
de se défendre très-énergiquement quand on s'en prendra à lui avec ini-
quité. »
31. Mattf.i'cci fait hommage à l'Académie de la première Partie du Cours
d'éleclro-pli) siolocjie qu'il a fait, cet été, au Musée de Physique et d'Histoire
naturelle de Florence. Cet envoi est accompagné de la Lettre suivante,
adressée à M. Chevreul :
« Cette première Partie traite de l'action de l'électricité sur les nerfs et
( 885 )
sur les muscles. Dans la septième Leçon j'ai exposé mes dernières recherches
sur le pouvoir électromoteur secondaire des nerfs et ses applications à
l'électrophysiologie. Ce sujet, dont je ne cesse de m'occuper, a introduit
dans cette partie de la physicpie physiologique un point de vue nouveau et
cpii doit jeter heaucoup de lumière sur l'explication de phénomènes jus-
qu'ici très-ohscurs. Il s'agit de découvrir et d'étudier les changements*
chimiques qui se produisent dans les nerfs et dans les muscles par le pas-
sage de l'électricité, et de voir les effets de ces changements sur les phéno-
mènes électro-physiologiques. En un mot, ou doit rattacher l'électro-phy-
siologie aux phénomènes très-connus de l'électro-chimie.
» Dans la Leçon cpie j'ai citée, j'ai exposé quelques expériences diffé-
rentes de celles qui ont été communiquées dernièrement à l'Académie, sur
l'électroionc des nerfs, qui est aujourd'hui sans aucun doute un phénomène
de polarité secondaire. Pour le démontrer, il suffit de prendre deux fils, un
de platine et l'autre de zinc, de un à deux millimètres de diamètre. On re-
couvre d'amalgame le fil de zinc et on enveloppe les deux fils d'une couche
de fil de chanvre. Ces deux fils ainsi préparés sont imbibés à la surface
d'une solution de sulfate de zinc. On sait qu'avec des fils de platine le pas-
sage du courant électrique développe des courants secondaires très-forts,
tandis qu'on n'obtient pas ces courants en opérant s\ir des fils de zinc.
On dispose alors l'expérience de l'électrotone en faisant passer le courant
de la pile à une extrémité du fil et en posant les électrodes du galvano-
mètre à l'autre extrémité. Je suis allé, pour cette distance entre le courant
de la pile et les électrodes du galvanomètre, jusqu'à un mètre, et^ avec le fil
de platine, j'ai toujours obtenu des signes d'un courant qui marchait dans le
même sens que celui de la pile et dont l'intensité augmentait considérable-
ment en diminuant cette distance. Les papiers réactifs montrent qu'au con-
tact du pôle positif, par exemple, il y a une très-forte réaction acide, tandis
que plus loin, en dehors de l'électrode, le courant voltaïque, qui circule
dans la couche humide externe pour entrer dans le fil central de platine,
manifeste sa présence par une réaction alcaline. C'est entre ces deux pro-
duits électrolytiques que se développe le courant d'électrotone, en dehors
des électrodes, c'est-à-dire de l'alcali à l'acide, suivant les très-anciennes
expériences de MM. Becquerel et Nobili. On explique de même le courant
en dehors de l'étrectrode négatif. Il est toujours très-remarquable de voir
ces produits électrolytiques s'étendre si rapidement, à une si grande dis-
tance des électrodes de la pile, et se manifester par des courants électro-
chimiques. Rien de pareil avec le fil de zinc, qui ne donne pas les polarités
( 886 )
secondaires : avec ce fil et tout en mettant la pile et les électrodes du gal-
vanomètre très-rapprochés, on n'a pas de courant d'électrotone.
» Je m'occupe dans ce moment de l'étude des changements chimiques
des muscles qui ont été soumis au passage continu du courant électrique
directet du courant électrique inverse. J'ai déjà acquis la certitude que ces
.changements sont hien différents entre eux, et cela d'une manière con-
stante.
» J'espère pouvoir bientôt communiquer ces résultats à l'Académie. »
MÉMOIRES LUS
chirurgie. — Note sur un nouvel appareil propre à rendre usuelle l'occlusion
pneumatique dans le traitement des plaies exposées; par M. J. Guérir.
(Extrait par l'auteur,)
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
« Dans nue première communication que j'ai eu l'honneur de faire à
l'Académie, le 5 novembre 186b, j'ai fait connaître un système d'appareils
propres à réaliser l'occlusion pneumatique à la surface du corps humain.
» Inspirée par la méthode sous-cutanée dont elle est la conséquence
pratique la plus générale, l'occlusion pneumatique, considérée dans ses
applications à la chirurgie, a pour but de convertir en plaies sous-cutanées
toutes les plaies exposées, c'est-à-dire celles qui sont faites avec une divi-
sion correspondante de la peau.
» L'Académie sait depuis longtemps que le caractère physiologique des
plaies pratiquées par la méthode sous-cutanée est de réaliser la cicatrisa-
tion des plaies sans inflammation suppurative, et suivant un mécanisme
auquel j'ai donné le nom d'organisation immédiate. L'occlusion pneumatique,
dont tous les éléments tendent au même résultat, a donc pour but de réa-
liser la cicatrisation immédiate des plaies exposées.
» Ce bul, qu'on peut considérer comme le dernier mot, l'idéal de la mé-
thode, est quelquefois traversé par des obstacles qui ne permettent de l'at-
teindre qu'imparfaitement, soit parce que la plaie a déjà subi quelque
temps l'influence de l'air, soit parce qu'elle renferme des éléments de com-
plications qui la rendent fatalement tributaire de l'inflammation suppu-
rative. Dans ces cas, comme dans ceux où les conditions physiologiques
sont rigoureusement réalisées, l'occlusion pneumatique est susceptible de
( 887 )
rendre des services qui sont en rapport avec les moyens dont elle dispose,
moyens qui se résument dans le double fait d'une protection incessante de
la surface de la plaie, et d'un appel exercé sur les gaz et liquides excrétés
par cette surface.
» Telle est donc la signification et en quelque sorte la formule physiolo-
gique et thérapeutique de l'occlusion pneumatique, appliquée au traitement
des plaies exposées.
» Je me propose de faire connaître dans la prochaine séance, si l'Aca-
démie me le permet, les principaux résultats pratiques auxquels est arrivée
jusqu'ici l'occlusion pneumatique, entre mes mains et entre les mains des
chirurgiens qui l'ont appliquée
» Pour aujourd'hui, je demande à l'Académie la permission de lui sou-
mettre un nouvel appareil qui doit compléter l'arsenal de la nouvelle mé-
thode, et qui est surtout propre à en rendre l'emploi facile, usuel et très-
général.
» Dans le système primitif, l'appareil principal consistait en un récipient
pneumatique d'une capacité assez considérable pour suffire de lui-même,
pendant vingt- quatre heures, à toutes les éventualités et à toutes les exi-
gences de chaque cas particulier. Imaginé surtout pour les premières expé-
riences, pour celles qui devaient démontrer, avec la précision scientifique,
les propriétés et l'efficacité de la méthode, il offrait le double inconvénient
de coûter cher et d'être d'un entretien compliqué. Il était pour ce double
motif difficile à introduire dans la pratique des hôpitaux.
» L'appareil que je viens soumettre à l'Académie a précisément pour
but de parer à ces deux inconvénients. Il consiste dans un ballon hémi-
sphérique de cristal, offrant trois tubulures. L'une, centrale, plus con-
sidérable, est occupée par un manomètre; les deux autres sont destinées,
l'une à mettre le malade en communication avec l'appareil, et l'autre à
mettre l'appareil lui-même en communication avec un réservoir central de
vide. Avant de considérer le système en fonction, j'appellerai l'attention de
l'Académie sur le manomètre accusant le degré de vide de l'appareil.
» Ce manomètre consiste en un tube barométrique, terminé par une
poire en caoutchouc, l'un et l'autre remplis de mercure. L'extrémité supé-
rieure du tube est ouverte à l'air, et l'extrémité inférieure et la poire qui
la termine plongent et sont renfermées hermétiquement dans la cloche en
verre. A mesure que le vide s'opère dans le ballon, la boule en caoutchouc
se dilate sous l'influence de la pression atmosphérique, et, ses parois ayant
une épaisseur uniforme et suffisante pour résister à une pression de (rois
( 888 )
quarts d'atmosphère, elle laisse descendre la colonne de mercure le long
d'une échelle graduée sur le tube et sur le côté de son étui protecteur. On
a eu soin, avant d'établir la graduation, de fixer par un temps d'épreuve
suffisant la concordance de la dilatabilité et de l'élasticité de la poire en
caoutchouc avec les différents degrés de la pression atmosphérique.
» Gel appareil, particulier pour chaque malade dans un hôpital, est,
comme je l'ai dit, en rapport avec un appareil central, réservoir collectif de
vide; de telle façon cpie, lorsque le manomètre en caoutchouc accuse une
insuffisance de vide dans le petit appareil, il suffit d'ouvrir le robinet de
communication avec l'appareil central pour rétablir le vide au degré
voulu.
» Une disposition importante à réaliser, c'était, tout en isolant l'action
pneumatique au degré voulu pour chaque malade, de pouvoir isoler
également les matières excrétées par la plaie de chacun d'eux, et de mon-
trer toujours aux yeux la quantité et la qualité de ces matières : sang, séro-
sité ou pus. C'est ce que réalise mon nouvel appareil.
» On peut donc par ce système munir toute une salle d'hôpital du bé-
néfice de l'occlusion pneumatique au moyen d'un appareil central, d'un
tube commun régnant tout le long de cette salle et d'autant de tubes d'em-
branchement qu'il y a de lits dans la salle.
« Comme détail économique, j'ajouterai que chaque appareil ne revient
pas à plus de 25 francs, et le système entier à 5oo francs.
chirurgie. — Note sur la méthode d'aspiration continue et sur ses avan-
tages pour la cure des grandes amputations ; par M. Maisonmîuve. (Extrait
par l'auteur.)
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
« Dans un travail récent que j'ai eu l'honneur de présentera l'Académie,
j'exposais :
» Que les accidents fébriles si nombreux et si variés qui compliquent le
plus grand nombre des blessures, et qui constituent le principal danger
des opérations chirurgicales, étaient toujours le résultat d'un empoison-
nement.
» Je faisais voir comment les liquides exsudés de la surface des plaies,
mouraient au contact de l'air extérieur; comment ensuite ils se putréfiaient
et devenaient ainsi des poisons redoutables, .le tirais enfin cette conclu-
sion que si l'on pouvait empêcher les liquides morts de se putréfier ta la sur-
( 889 )
face des plaies, les plus grandes opérations de la chirurgie, telles, par
exemple, que les amputations des membres, pourraient être pratiquées sans
compromettre la vie des malades.
» Il s'agissait donc de trouver un procédé simple et pratique qui remplît
cette indication, sinon pour tous les groupes d'opérations, au moins pour
quelques-uns des plus dangereux.
» Ce procédé, je crois qu'il est trouvé pour le groupe redoutable des
amputations des membres. Il consiste à soumettre le moignon du membre
amputé à une aspiration continue, laquelle entraîne les liquides sécrétés
par la plaie, au fur et à mesure qu'ils se produisent, et les transporte dans
un récipient avant qu'ils aient eu le temps de se putréfier.
» Voici comment on l'exécute : après avoir, comme d'habitude, arrêté
l'écoulement du sang au moyen de la ligature des vaisseaux, on nettoie la
plaie avec le plus grand soin, on la lave avec de l'alcool, on l'essuie avec
un linge sec, on en rapproche doucement les bords au moyen de quelques
bandelettes de diachylon , mais sans mettre obstacle à l'écoulement des li-
quides; on applique ensuite une couche de charpie imbibée de liquides
antiputrides, tels que la teinture d'arnica, le vin aromatique ou toute autre
substance analogue; puis on maintient le tout avec quelques bandes de
linge, imbibées des mêmes liquides. C'est seulement après ce pansement
préliminaire, qui n'est guère que le pansement usuel, que l'on procède à
l'application de l'appareil aspirateur.
» Cet appareil se compose : i° d'une sorte de bonnet de caoutchouc
muni d'un tube de même substance; 2° d'un flacon de trois ou quatre
litres de capacité, muni d'un bouchon percé de deux trous; 3° d'une
pompe aspirante, munie aussi d'un tube flexible.
» Le moignon d'amputation, enveloppé de son pansement, est d'abord
coiffé du manchon de caoutchouc. L'orifice de .celui-ci embrasse exacte-
ment le pourtour du membre, tandis que l'extrémité de son tube est adap-
tée à l'une des tubulures du flacon. A l'autre tubulure, on adapte le tuyau
de la pompe aspirante, puis on fait agir le piston.
» Bientôt, l'air contenu dans le flacon est en partie aspiré ou chassé. Les
liquides du pansement, mêlés à ceux qui suintent de la plaie, sont aspirés
eux-mêmes et viennent tomber dans le flacon. Le manchon de caoutchouc,
privé de l'air qu'il contenait, s'affaisse et s'applique exactement sur le moi-
gnon. Le poids de l'atmosphère exerce par son intermédiaire une compres-
sion puissante, qui maintient en contact les surfaces divisées, et qui, com-
C. R., 1867, ?E Semestre. (T. LXV, N» 22.) ■ ' 6"
( 890 )
binée avec l'aspiration continue produite par la raréfaction de l'air du
flacon, empêche toute collection de liquides de se produire, et favorise ainsi
la prompte cicatrisation.
» C'est le même mécanisme que celui dont M. Guérin se sert pour sous-
traire les plaies au contact de l'air; mais le mode de pansement préalable
en rend les résultats complètement différents. Clore la plaie est le but de
M. Guérin; extraire les matières putréfiables est le nôtre. »
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
\\\TOMlE COMPARÉE.— Recherches anatomiques sur quelques Coléoptères
aveugles; par M.. Ch. Lespès. (Extrait par l'auteur. 1
(Renvoi à la Section de Zoologie.)
« Les naturalistes connaissent un assez grand nombre d'animaux qui
manquent du sens de la vue. Beaucoup d'insectes sans yeux ont été décrits
depuis quelques années, et parmi eux les Coléoptères ont surtout attiré
l'attention. Les uns vivent dans les cavernes, les autres se trouvent dans la
terre, et quelques uns sont les animaux domestiques des Fourmis.
» L'absence de l'œil n'est pas le caractère d'une famille distincte, et
plusieurs genres appartenant à des familles différentes offrent la même
anomalie. Aucun de ces insectes n'avait été jusqu'ici le sujet d'études ana-
tomiques : j'ai examiné le système nerveux de cinq espèces, les seules que
j'aie pu me procurer en nombre suffisant ; plusieurs autres sont d'une taille
si petite, qu'on ne peut les disséquer. Ces cinq espèces appartiennent
à quatre familles de Coléoptères; trois vivent dans les cavernes, ce
sont: Y Aphœnops Leschenaullii (Carabique), Y Adelops pyrenœus et le Pho-
lenon Querilhuci (Sylphales); une vit avec les Fourmis, c'est le Claviger
Duvalii (Psélaphien); la dernière se trouve profondément sous terre, c'est
le Langelandia anophthalma (Latridien).
» Chez tous ces insectes, l'œil manque entièrement. L'avorlemenl de
l'organe a entraîné la disparition du nerf optique et même celle d'une
partie des centres nerveux, car les ganglions cérébroïdes, au lieu de former
une sorte de masse transversalement disposée dans la tète, ont la forme de
deux corps ovales allongés placés presque parallèlement. Cette forme rap-
pelle les ganglions cérébroïdes de quelques larves qui sont aveugles, tandis
que les insectes parfaits des mêmes espèces possèdent des yeux. »
( 8gi )
M. Jayet adresse, pour le concours du prix de Statistique : i° trois Rap-
ports sur la situation de l'Instruction primaire dans le département de
l'Indre, pendant les trois dernières années scolaires; i" une brochure inti-
tulée : « Des moyens de déterminer la population scolaire ».
(Renvoi à la future Commission.)
M. J. Gauneau adresse, pour le concours des prix de Médecine et de
Chirurgie, une brochure intitulée : « Éducation physique et morale des
nouveau-nés », et joint à cet envoi une analyse manuscrite de l'ouvrage.
(Renvoi à la future Commission.)
M. Hiette adresse, pour le concours du prix Bréant, un exemplaire
imprimé de ses « Recherches sur l'importation, la transmission et la propa-
gation du choléra en province par les nourrissons de Paris », ouvrage dont
le manuscrit a été précédemment adressé à l'Académie.
(Renvoi à la Commission du legs Rréant.)
31. Gagnage adresse un Mémoire ayant pour titre : « Assainissement des
centres de population : question des abattoirs ».
(Commissaires précédemment nommés : MM. Boussingault, Payen.)
CORRESPONDANCE.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance : i° les « Recherches sur l'anatomie de l'hippopotame », par
feu M. Gratiolet, adressées, au nom de Mme Gratiolet, par M. Alix auquel a
été confiée la publication de ces recherches; 2° un ouvrage de M. H. Ber-
thoud, ayant pour titre : « Les hôtes du logis ».
M. S. Laugier et M. Bkoca prient l'Académie de vouloir bien les com-
prendre parmi les candidats à la place vacante dans la Section de Médecine
et de Chirurgie, par suite du décès de M. Velpeau.
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
i ib..
( >V )
CHIMIE ORGANIQUE. — De l'électrolyse des acides organiques el de leurs sels.
Note de M. E. Bourgoin, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« D'après les théories généralement admises, l'action du courant élec-
trique sur les sels organiques serait bien différente de celle qu'il exerce
sur les sels minéraux, puisqu'il mettrait en liberté les composés les plus
divers, tels que des radicaux qui se doubleraient au moment de leur for-
mation, des aldéhydes, des carbures d'hydrogène, etc.
» J'ai reconnu par expérience que le courant n'a en réalité qu'une action
unique, fondamentale, sur tous les acides et les sels, soit minéraux, soit or-
ganiques; il sépare l'élément basique qui va au pôle négatif, tandis que les
éléments de l'acide anhydre et l'oxygène qui répond à l'hydrogène basique
ou an métal se rendent au pôle positif.
» Telle est l'action fondamentale du courant électrique.
» Si cette grande loi qui domine toute l'électrolyse n'a pas été mise jus-
qu'ici en évidence d'une façon aussi nette et aussi générale, il faut en cher-
cher la cause dans la nature même des acides organiques. En effet, dans le
cas d'un sel minéral, du sulfate de potasse, par exemple, il n'y a pas d'oxy-
dation possible au pôle positif, et l'oxygène qui répond à l'élément basique
se dégage en liberté. Dans le cas d'un sel organique, la réaction reste la
même ; seulement on conçoit que l'oxygène à l'état naissant puisse donner
lieu à des phénomènes d'oxydation et réagisse soit sur le carbone, soit sur
l'hydrogène de l'acide ou même sur ces deux éléments à la fois.
u Si, d'autre part, on remarque que, lorsque cette combustion a lieu,
l'oxygène se porte de préférence sur le carbone, et qu'il se trouve avec ce
dernier dans un rapport établi par la composition même de l'acide et par
sa basicité, on voit qu'il pourra en résulter une réaction nettement définie
et facile à formuler. Celte oxydation normale constitue ce que l'on peut
appeler la réaction caractéristique de l'acide organique. Mais il ne faut pas
oublier que ce n'est qu'une action secondaire, étrangère à l'action du
courant. En voici des exemples :
Acide acétique aOH'O' + 0, = 2C!0, + C fi (Kolb).
Acide succinique. . . C8 H'O6 -+- O2 = 2 C-Ô' -+- C 11 (Kekulé).
Acide tartrique C"H,0'°-l-0, = 2C01 + C'H'O' (Bourgoin).
» C'est à cet ordre de réactions qu'il faut rapporter la plupart des faits
qui ont été publiés jusqu'à ce jour sur l'électrolyse des sels organiques.
» Indépendamment de cette oxydation normale, l'expérience m'a dé-
( «93 )
montré qu'il se produit encore d'autres oxydations donnant lieu à de nou-
velles réactions secondaires. On se rendra compte de ces faits, qui compli-
quent quelquefois singulièrement les éleclrolyses, en ayant égard aux
considérations suivantes.
» Lorsque l'on électrolyse un sel organique en présence d'un excès
d'alcali, ce dernier, d'après mes expériences, se comporte à la manière d'un
sel, subit l'action du courant, et donne de l'oxygène au pôle positif : l 'oxy-
dation des éléments de l'acide pourra donc être ici plus profonde que dans
le cas normal, celui où le sel est seul décomposé; et on conçoit même que
la combustion de l'acide puisse être complète, comme cela peut avoir lieu,
par exemple, avec l'acide succinique :
C8IP06 + 60- = 3C-01 + GH)--t-2II202.
» Entre cette oxydation profonde et l'oxydation normale se produisent
des combustions intermédiaires; ainsi s'explique dans l'élcctrolyse précé-
dente la formation de l'acétylène, qui accompagne toujours l'éthylène:
C8ir04H- 202 = 2C20A + C4H2 + H202.
» 3 'ajoute que les trois séries de phénomènes que je viens de formuler,
savoir : l'action fondamentale du courant, l'oxydation normale de l'acide
organique, et les antres réactions secondaires peuvent se produire simulta-
nément dans l'électrolyse, et que, suivant les conditions dans lesquelles on
opère, en peut, en général, faire prédominer telle ou telle réaction, l'action
du courant étant bien entendu dans tous les cas primordiale et fondamen-
tale.
» Le tableau suivant résume d'une manière simple et précise la théorie
cpii précède :
Action fondamentale du courant.
Sels et ackles minéraux et organiques . .
Pôle N. . . . Métal ou hydrogène basique.
i Éléments de l'acide anhydre
Pôle P et
' Oxygène de l'acide ou du sel.
Acides et sels organiques. (Réactions secondaires.)
» Premier cas. — Oxydation normale par l'oxygène de l'acide ou
du sel :
Pôle N Métal ou hydrogène basique.
i Eléments de l'acide anhydre
et
Oxygène de l'acide ou du sel.
Acide carbonique.
Carbure, aldéhyde, acide, etc.
( 894 )
» Deuxième cas. — Oxydations secondaires par l'oxygène de l'acide ou
du sel et par celui de l'eau alcaline décomposée simultanément :
( Métal ou hydrogène basique,
( hydrogène de l'eau.
i Acide et oxygène de l'acide ou du sel ] „ . . , .
• ° f Produits secondaires
_...., d oxydation.
Oxygène de I eau.
» Cette théorie, qui n'est cpie l'expression d'un ensemble d'expériences
faites au laboratoire de M. Berthelot, se dégagera de mes i echerches avec
une évidence telle, qu'elle sera, je l'espère, admise sans difficulté par les
physiciens et les chimistes. Elle permet de formuler d'une manière très-
simple et très-générale l'action fondamentale du courant électrique sur les
acides organiques et leurs sels, tous les autres phénomènes électrolytiques
en dehors de cette action n'étant que des combustions qui n'apparaissent
plus dès lors que comme un cas particulier de l'oxydation des matières
organiques. »
CHIMIE APPLIQUÉE. — Expériences sur la fabrication du chlorure de chaux.
Note de M. A. ScHEintER-KESTXEn, présentée par M. Balard.
« Les diverses communications qui ont été faites à l'Académie sur ce
sujet, et qui sont consignées dans les Comptes rendus des 23 et 3o septembre,
par MM. Kolb et Riche; du 14 octobre par MM. Fordos et Gélis, et du
ii novembre par M. Bobierre, m'engagent à faire connaître des expé-
riences que j'ai faites dans le courant de l'année i865.
» Ces expériences avaient pour but de déterminer l'élévation de tempé-
rature qui a lieu dans la masse pendant l'action du chlore sur l'hydrate de
calcium; et l'influence de cette élévation sur la richesse chlorométrique
du produit obtenu.
» J'ai fait construire une caisse carne ayant 5o centimètres de côté et
10 centimètres de hauteur; ouverte par le haut et par un des côtés, elle
portait sur une des parois latérales huit ouvertures dans lesquelles on pou-
vait engager des thermomètres. Les huit thermomètres employés étaient
des instruments à maxima, système Walferdin.
» La caisse était exactement remplie d'hydrate de calcium, dont la te-
neur en eau avait été préalablement déterminée; les thermomètres ayant
été introduits dans les ouvertures pratiquées à cet effet, reposaient chacun
dans une couche différente; ils donnaient par conséquent, après l'expé-
( 895 )
rience, la température maxima atteinte par chaque couche clans le courant
de l'opération.
» La caisse ainsi disposée a été introduite dans une chambre à chlorure
au milieu de l'hydrate de calcium, afin que la couche d'hydrate qu'elle
renfermait se trouvât dans les conditions habituelles de la préparation in-
dustrielle du chlorure de chaux.
» Lorsque l'opération était terminée, on retirait la caisse; l'hydrate
qu'elle renfermait était très-exactement partagé en huit tranches horizon-
tales correspondant à la position des thermomètres; et on déterminait le
degré chlorométrique des différentes couches, ainsi que la température
indiquée par les maxima des thermomètres.
» Le tableau suivant a été construit sur ces données :
OBSERVATIONS.
N°l. Surface légère-
ment humide.
N° 2. Idem
N°3. Surface sèche. .
N°4. Idem
N° 5. Idem
1865
18 sont.
2T »
26 »
AO »
7 oct.
EPAISSEUR
totale
de la
couche
60
100
100
100
1"
TRANCHE
49,5
1,0
5,0
30,0
i9,5
2 '|,0
11C
3e
TRANCHE.
-1,5
TRANCHE.
j9,6
5,0
'|0j0
5 «
3y,o
i4,o
,0,0
(i, 5
8e
TRANCHE.
,1,0
'9,0
37,5
N. B. Dans les deux premières expériences, l'hydrate renfermait un excès d'eau; dans les trois dernières,
l'hydrate était monohydraté.
» La température maxima atteinte par la masse est de 55°, 1 dans l'ex-
périence n° 3. Malgré cette élévation considérable de température, le chlo-
rure de chaux obtenu était de très-bonne qualité; et le degré chlorométrique
de la tranche qui avait subi cette élévation de température est monté
à 11G degrés. J'ignore pourquoi, dans certaines opérations, la température
la plus élevée se produit dans les tranches supérieures^ tandis que, dans
d'autres, elle s'établit surtout dans les tranches inférieures.
( 896 )
» Dans toutes ces expériences le gaz se renflant clans les appareils était
refroidi de manière à ce que sa température ne dépassât que de quelques
degrés la température de l'atmosphère.
» La chaleur observée est due à la combinaison du chlore avec l'hydrate
de calcium; elle est en raison de la vitesse avec laquelle arrive le gaz; en
faisant dégager du chlore dans un flacon dont le fond est couvert d'une
couche d'hydrate de calcium, de manière à ce que le gaz arrive en grand
excès, la température de la couche calcaire arrive promptement à 80 degrés
et même go degrés centigrades; mais le produit obtenu de cette manière
est en voie de décomposition; il verdit la dissolution arsenicale bleuie par
l'indigo, et la décolore avant que l'oxydation de l'acide arsénieux soit
achevée.
» Il est donc démontré par ces expériences que s'il faut éviter un trop
fort dégagement de chaleur, par l'arrivée lente du gaz, on peut impunément
laisser monter la température jusque vers 55 degrés. Bien plus, d'après les
essais qui figurent au tableau, le degré chlorométrique maximum n'a été
atteint que par les tranches les plus chaudes ; une certaine élévation de tem-
pérature parait donc favorable à l'absorption du chlore.
» D'un autre côté, un excès de chlore abaisse le titre chlorométrique du
produit, une fois qu'il a atteint son maximum, même quand il n'y a pas
surélévation de la température. C'est ce qui résulte bien clairement des
essais qui précèdent. Les tranches supérieures du produit, en contact im-
médiat avec le gaz, et qui auraient dû être les plus riches, ont été constam-
ment inférieures en degré aux tranches placées immédiatement au-dessous.
Cette tranche supérieure décolore l'indigo comme du chlorure partielle-
ment décomposé; et pour en prendre le titre exact, il est nécessaire de ra-
jouter delà dissolution d'indigo, chaque fois qu'elle a été décolorée, jus-
qu'à ce que la décoloration persiste.
» 11 arrive ordinairement que lorsque le chlorure de chaux possède celle
propriété, l'indigo verdit avant la décoloration, ce qui 11 a pas lieu lorsqu'on
a allaite à du chlorure de chaux de bonne qualité. J'ai remarqué aussi qu'il
y a décoloration simple, tandis que le liquide provenant d'un essai de chlo-
rure de chaux de qualité ordinaire devient jaune dès que l'oxydation de
l'acide arsénieux est achevée.
» Les essais précédents ont été faits avec de l'hydrate de calcium dont
l'eau avait été déterminée; l'hydrate des deux premières expériences, dont
le produit était légèrement humide à la surface, renfermait un léger excès
d'eau ; tandis que pour les trois suivantes je nie suis servi d'hydrate mono-
( 897 )
hydraté. L'observation fie M. Bobierre sur le déplacement notable de l'eau de
l'hydrate pendant l'absorption du chlore, se trouve donc confirmée; mais,
d'après mes expériences, ce déplacement n'a lieu que lorsque l'hydrate est
trop hydraté.
» J'ai fait d'autres observations sur les degrés chlorométriques des diffé-
rentes tranches de la couche de chlorure de chaux; et toujours la tranche
supérieure avait un degré inférieur à celui des tranches placées immédiate-
ment au-dessous.
» Voici le résultat de sept expériences différentes faites dans ce sens :
Degré chloronii'trique.
Numéros , ,i —
des essais et dates. ire tranche. ?e tranche.
5 août 1 865 ,t 1 08 1 1 8
7 » » 2 t i o 1 1 a
8 » » 3 118 t22
q » » 4 ! 20 1 23
I O » >. 5 I 1 4 129.
it » " 6 1 1 3 1 24
12 » •) 7 1 1 o 1 24
» Il est évident que cette diminution de degré dans la tranche supérieure
peut provenir, en partie, de l'eau employée en excès dans la préparation
de l'hydrate des couches inférieures ; mais elle est souvent trop considérable
pour pouvoir être attribuée à cette cause unique. »
GÉOLOGIE. — Sur une nouvelle éruption du Vésuve; par M. L. Pai.mieri.
(Extrait d'une Lettre à M. Ch. Sainte-Claire Deville)
« Naples, 17 novembre 1867.
» Depuis l'année 1861, mémorable par le désastre deTorre del Greco et
par les phénomènes singuliers qui l'ont accompagné, les forces éruptives
de notre planète se sont manifestées à l'Etna, à Santorin et aux Açores, sans
disparaître entièrement du Vésuve, puisque, le 10 lévrier 1864, le profond
cratère resté après les éruptions de 1 858 et de 1 86 1 s'était rouvert et avait
donné naissance à une éruption qui, à travers des phases diverses, s'est pro-
longée jusqu'au mois de novembre de l'année passée. Les matières incan-
descentes [ilfuoco) qui sortaient avec force du fond de ce gouffre étaient
peu visibles de Naples, et quand le cratère fut comblé par la lave, sur la-
C. R., 1SG7, Ie Semestre. (T. LXV, N° 22.) 1 ' 7
( «H» )
quelle s'élevaient des cônes éphémères à des niveaux de plus en plus éle-
vés, l'activité du volcan s'éteignit graduellement (i).
» Le 12 novembre dernier, l'éruption se réveille et semble continuer les
phénomènes précédents. Vers la fin du mois d'octobre, la température des
anciennes bouches s'était élevée, et, de temps à autre, il en sortait pendant
quelques heures de notables quantités de vapeur. Dans les premiers jours de
novembre, les dégagements deviennent continuels et de plus en [dus abon-
dants : le sol est agité par de petites secousses signalées par le sismographe de
l'Observatoire, et enfin le feu (ou les matières incandescentes), soulevant
d'énormes masses de lave compacte qui remplissaient l'ancien cratère, s'ouvre
de nouvelles issues, et tonne quatre cônes : trois petits, qui, en peu de temps,
se rejoignent, et un plus grand, qui, avec des détonations assez fortes, projette
dans l'air des fragments de lave et donne, par une ouverture inférieure,
issue au courant lui-même. Celui-ci, après avoir franchi en quelques points
les bords de l'ancien cratère, se répand sur le plan supérieur du Vésuve,
que traversent plusieurs fissures d'où s'échappe la vapeur.
» Quelques fumerolles, éloignées d'environ i5o mètres de la bouche de
l'éruption, et qui donnaient de l'acide carbonique (2), continuent à en
donner, il semble, en plus grande abondance.
» Les petites secousses du sol et les agitations des aiguilles de l'appareil
de variation deLaniont sont devenues plus fréquentes et plus intenses depuis
le commencement de l'éruption. Le sismographe indique, en moyenne, dix
secousses par jour.
» P. S. Au moment de fermer ma Lettre, les laves se déversent sur le
flanc du grand cône, du côté où se fait l'ascension et dans la direction des
bouches de 1 855. »
géologie. — Récit dune excursion au sommet <lu Vésuve, lu 11 juin 1867;
par M. A. Mauget. (Extrait d'une Lettre à M. Ch. Sainte-Claire Deville.)
« Le grand cratère est presque comblé par les coulées de lave sorties
à diverses époques du cratère adventif, qui en occupe à peu près le centre.
Du côté de la punta del Palo, ces laves, fissurées, brisées, renversées, dépas-
sent le bord du grand cratère de 4^5 mètres; du côté opposé, au contraire,
(1) ï'oiry>\m loin l'état du cratère supérieur du Vésuve, en juin 1867, d'après les obser-
vations de M. Mauget. (Ch. S.-C. D.)
(a) Ce sont les fumerolles des petites laves de rS|i à iN:j<)> dont il va être question dans
la Lettre ci-dessous de M. Mauget. (Ch. S.-C. D.)
{ y99 )
Ja distance du fond du même cratère à son bord le plus élevé est encore
d'une vingtaine de mètres environ. Le pourtour du grand cratère actuel,
mesuré à la roulette, a été reconnu de 900 mètres, très-exactement. L'inté-
rieur est tapissé de chlorures, principalement du côté de Torre detï Annun-
ziata. Le sommet du cône du cratère adventif dépasse les bords du grand
cratère d'une dizaine de mètres à peine; et sa profondeur (je suis descendu
au fond) n'est pas de plus de 5 mètres. Il est donc aussi à peu près
rempli, tout en conservant cependant la forme parfaite d'un entonnoir à
l'intérieur.
» Le pourtour du cône adventif est également recouvert de chlorures de
fer, jaunes, rouges, verdàtres. On y observe la présence de l'acide chlorhy-
drique et de l'acide sulfureux, et une température d'au moins 100 degrés.
Les chlorures sont tellement ahondants, que les paysans des environs en
font une exploitation parfaitement organisée. Les chlorures, descendus à
dos d'homme dans de petits sacs jusqu'à Pocjijio Caualli, sont ensuite
chargés sur des mulets et transportés à Résina. Là, ils sont mélangés avec
la fleur de soufre, et ce mélange frauduleux est vendu aux paysans pour le
soufrage de leurs vignes.
» Nos essais se sont portés successivement sur la fumerolle D (1) et sur
les fumerolles situées à i3o mètres du grand cratère, sur une ligne droite
qui, passant par son centre, se prolongerait dans la direction du Campo
Santo de Naples, et dessine une fissure très-visible au sommet du "Vé-
suve (2).
Fumerolle B.
(Température, 45 degrés.)
1.
11.
Gaz ( recueilli à
. l'aspirateur) . .
19,20
20, 10
20, 10
>< Ce gaz, en passai)! dans l'eau de chaux, ne la blanchit pas. Il ne con-
tient donc plus aujourd'hui que de l'air chaud et de la vapeur d'eau en très-
grande quantité.
Fumerolles des petites laves de iiS4' " 1849.
» Les émanations ne sont pas acides et ne noircissent pas le papier
(1) f'oirhi Ggure citée Quinzième Lettre à !\i. Elie de Beaumont, Comptes rendus, t. LXIII,
p. 149.
(2) Ce sont les fumerolles que j'ai mentionnées bien souvent, clans la série de mes éludes
antérieures, sous le nom de fumerolles des petites laves de 1841 à i84ç). (Ch. S.-C. D.)
.17..
( 9°° )
d'acétate de plomb :
(Température, 53 degrés.)
I. II. III-
Acide carbonique 2,75 2,01 3, 18
Oxygène «8,i3 19,60 20, o5
Azote 79>12 78>39 76>77
ioo, 00 100,00 100,00
,, Le 23 mars 1867, une analyse des gaz de la même fissure, faite par
.non ami, M. Diego Franco, aide du professeur Luigi Palmieri à l'Observa-
toire du Vésuve, et qui a bien voulu me la communiquer, avait donne :
Acide carbonique 2 >20
Oxygène I9'^1
Azote 78»29
100 ,00
>» Deux autres émanations, situées sur la même fissure, l'une à 72 mè-
tres (1), l'autre à 55 mètres des bords du cratère, donnent un gaz à une
température de 53 degrés, qui blanchit aussi fortement l'eau de chaux. »
M. Ch. Sainte-Claire Deviixe présente, au sujet des deux précédentes
communications, les réflexions suivantes :
« L'Académie peut se rappeler que, dans ma Quinzième Lettre à M. Elie
de Beaumont (2), et dans la Note qui lui fait suite, sur la succession des
phénomènes éruplifs dans le cratère supérieur du Vésuve, après l'éruption
de décembre 1861 (3), la discussion de mes propres observations et celle
des documents assez nombreux dus à plusieurs savants (MM. Fouqué,
Mauget, Guiscardi, Vom Rath, de Verneuil et Pignant) m'amenaient à
cette conclusion (4), que le Vésuve était revenu aujourd'hui à cet état
d'activité slrombo tienne , alternant avec la phase solfatarienne, que l'on voit
bien souvent se reproduire dans son histoire, et qui, en particulier, en a
été le trait caractéristique entre 18/41 et 18/19.
» Les deux Lettres précédentes montrent que cette phase strombolienne,
qui a été inaugurée le 10 février 1864, d'après M. Palmieri (5), se pour-
(1) L'orifice de celle-ci était recouvert de cadavres de Coccinelles.
(2) Comptes rendus, t. LXIH, p. 77 et ifà.
(3) Comptes rendus, t. LXIII, p. 237.
(4) Comptes rendus, t. LXIII, p. i54 et 243.
(5) Ce serait en février i865, c'est-à-dire un au plus lard, d'après la Lettre de notre
( 9°' )
suit encore, et le tait signalé par M. Palmieri est tout à fait l'analogue de
celui qui est survenu le 4 février 1846, et qui a déversé, pour la première
fois, dans cette série de petites éruptions, la lave du sommet sur le flanc
ouest du cône supérieur (1).
» Je me propose, au reste, de continuer l'étude que j'ai commencée, dans
les communications citées précédemment, de l'histoire éruptive du cratère
supérieur du Vésuve, lorsque de nouveaux documents, recueillis avec le
même soin que ceux que je viens de présenter à l'Académie, seront venus
s'ajouter à ceux-ci. »
chimie organique. — Sur les isomères des nitriles de la série grasse. Note
de M. Aksi. Gautiek, présentée par M. Wurtz.
« Je demande la permission à l'Académie de compléter ma Note pré-
sentée à la dernière séance par les observations suivantes :
» Je crois pouvoir maintenir mon droit de priorité à la découverte des
nitriles formyliques. J'ai été le premier, en effet, à dire qu'il existe des
isomères des nitriles gras, et qu'ils se produisent lorsqu'on soumet à la dis-
tillation sèche les sels doubles qu'on obtient avec le cyanure d'argent et
les iodures alcooliques.
» E. Meyer, en i855, avait produit le sel double €3rFN, G AzAg, et
l'avait même distillé, mais il prit le corps qui en résulte pour du cyanure
d'éthyle ordinaire mélangé de diverses impuretés. A cette époque, du reste,
on admettait, avec Pelouze, que le propionitrile bouillait à 82 degrés au
lieu de 97 degrés : cette différence des points d'ébullition était en grande
partie due au mélange des deux cyanures avec l'alcool.
» Lors de la publication de mon premier Mémoire, M. W. Hofmann
venait de trouver, par la méthode du chloroforme et de la potasse, les nou-
veaux cyanures aromatiques. J'ai publié aussitôt ce que je savais de ceux
de la série grasse, dont M. Naquet avait, en mon nom, annoncé depuis plus
de six mois déjà l'existence, la méthode de production et les réactions né-
cessaires pour établir clairement leur isomérie avec les anciens cyanures.
» La citation de mes travaux qu'a bien voulu faire, dans son ouvrage, à
savant confrère, M. de Verneuil, citée t. LXIII, p. a3g. Mais ce malentendu sera très-facile
à éclaircir.
(1) Voir Annales des Mines, Ie série, t. XVII, p. 372, la traduction, par M. Damour,
de l'excellent Mémoire de M. Scacchi.
( 9°2 )
mon insu du reste, M. Naqtiet, est moins destinée à décrire les propriétés
de ces corps qu'à donner les caractères nécessaires et suffisants pour éta-
blir leur isomérie. La formule Az I ; qui y est adoptée, indique bien
que je connaissais déjà, à cette époque, leur constitution et leurs dédou-
blements.
» D'ailleurs l'action complexe des acides et de l'eau sur les nitriles nou-
veaux ne produit pas seulement, comme je le disais dans ma Note du
18 novembre dernier, des aminés alcooliques et de l'acide formique, mais
elle paraît donner en même temps les dérivés des nitriles ordinaires, et la
réaction de ces acides en présence de l'eau, indiquée par M. W. Hofmann
comme caractéristique, et qui est très-importante en effet, ne me paraît
être qu'une partie de la vérité, et permet de différencier moins aisément
ces nouveaux nitriles des anciens que par leur propriété de se combiner
directement et violemment à toits les acides; or cette réaction est déjà donnée
dans la Note de M. Naquet, écrite il y a plus d'un an.
» Je n'ai nullement la prétention, ni surtout le désir, de voir 31. W. Hof-
mann abandonner l'étude de cette série intéressante. La métbode du chlo-
roforme, du reste, lui donne des droits positifs; mieux que tout autre, cet
éminent chimiste saura faire fructifier cet intéressant sujet. Je réclame
seulement ma modeste place.
» Je profite de cette occasion pour ajouter quelques explications qui
pourront éclaircir certains points que les limites restreintes dans lesquelles
j'ai été obligé de me renfermer ne m'ont pas permis de préciser.
» Le nom de nitriles formyUques, cpie j'ai proposé pour les nouveaux
isomères, exprime un fait très-probable, mais non encore réalisé, celui de
représenter les dérivés des formiates de méthylamine, d'éthylamine par
soustraction de deux molécules d'eau. Il n'indique pas leur constitution,
qui est mieux exprimée, sans doute, par les noms de mélhylcarbyla-
mine Az" < rvj3i éthylcarbjrlamine Az"" '\ r s) qui ont l'avantage aussi de
/ vj ri ( xs - ri
mieux indiquer leurs propriétés basiques. J'ai pris, dans la Note précitée,
iG l G
^tt35 v\.zv ! poirs! mais il est bien entendu que je n'y in-
dique la penta-atomicité de l'azote que pour exprimer les combinaisons pos-
sibles que ces corps peuvent contracter avec les acides, leur constitution à l'état
^- G" -~- -G"
libre étant mieux représentée par les formules Az"'^^,j3; Az ;'"^ niiis' de
mon premier Mémoire. »
(9°3 )
histoire des sciences. — Note relative à un papyrus égyptien contenant
un fragment d'un Traité de Géométrie appliquée à l'arpentage; par
M. F. Lexormaxt.
« Je pense que l'Académie des Sciences apprendra avec quelque in-
térêt l'acquisition que vient fie faire le Musée Britannique d'un papyrus
égyptien en écriture hyératique, contenant le fragment d'un Traité de
Géométrie appliquée à l'arpentage, avec figures. Ce fragment, que j'ai en
ces jours derniers l'occasion d'étudier à Londres, comprend les méthodes
pour mesurer l'aire d'un carré, d'un parallélogramme, de diverses espèces
de triangles, pour mesurer la superficie d'un terrain de forme irrégulière
au moyen de triangles, et pour déterminer le volume d'une pyramide. Le
type paléographiqne de l'écriture reporte ce manuscrit au temps de la XIIe
dynastie, c'est-à-dire le fait environ contemporain de Salomon ; de plus,
une Note qu'il contient dit qu'il est la copie d'un texte notablement plus
ancien.
» Ce papyrus, si précieux pour l'histoire de la Science et qui nous fournit
les premières données positives sur l'antique géométrie égyptienne, va être
publié prochainement en fac-similé par les soins des trustées du Musée
Britannique. »
M. Bourgeois, par une Lettre écrite à M. Milne Edwards, adresse la Note
suivante, au sujet d'une communication récente de M. Blondin :
« M. Blondin a publié, dans les Comptes rendus du 8 juillet dernier, une
Note relative à un bois de cerf colossal qui existe dans l'une des tours du
château d'Amboise. Ces restes bien conservés, dit-il, appartiennent à une
espèce certainement détruite et beaucoup plus grande que celle du cerf
à bois gigantesques.
» Je crois devoir prévenir les paléontologistes que ce bois de cerf, autre-
fois suspendu comme trophée de chasse dans la chapelle du château qui est
dédiée à Saint-Hubert, est artificiel. »
M. Chapei.as-Coulvier-Gravier adresse quelques remarques au sujet de
la communication de M. Wolf, présentée par M. Le Verrier dans la séance
précédente, sur les étoiles filantes de novembre. Dans cette communication,
on insistait sur ce point que le nombre des météores avait été plus grand
vers le matin qu'à minuit : d'où l'on concluait que, si le grand retour
de 1 833 n'avait pas eu lieu déjà, il avait dû se produire dans la journée du
( 9°4 )
]4 novembre. Ces conclusions sont au moins hasardées, suivant M. Cha-
pelas : elles sont fondés sur de simples soupçons, puisque l'état du ciel ne
permettait pas de compter les météores; elles sont, en outre, en contra-
diction avec la loi de la variation horaire, en vertu de laquelle le nombre
des étoiles filantes, à une époque quelconque de l'année, va toujours en
augmentant du soir au matin, jusqu'à 3 heures du matin, heure à laquelle
il atteint son maximum.
A 5 heures un quart, l'Académie se forme en Comité secret.
La séance est levée à 5 heures et demie. C.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 1 8 novembre 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Recherches sur la fécondation des floridées; par MM. E. Rornkt et G.
Thuret. Paris, 18G7; br. in-8°.
Réponse au Rapport de M. Réhic sur les inondations; par M. Dausse.
Bruxelles, 1867; in-8".
Note sur le traitement des arbres affectés ri' insectes xylophai/cs ; par M. E.
Robert. Paris, sans date; opuscule in-8°.
Note sur le rôle important que joue la configuration du sol à l 'égard des
engrais naturels ou artificiels; par M. E. Robert. Paris, 1867; 4 pages
in-8°.
Observations sur l'action destructive des limaces dans les années très- humides ;
par M. E. Robert. Paris, 1867; demi-feuille in-8°.
Rapprochement entre les bois flottés qui échouent sur les côtes des terres arc-
tiques et les iignites de ces mêmes régions ; par M . E. Robert. Paris, sans date;
demi-feuille in-8°.
Silex taillés; pai M. E. Robert. Clichy, sans date; demi-feuille in-8°.
Bulletin de la Société des Sciences naturelles de Neuchâtel, t. VII, 3e cahier,
Neuchâtel, 1867; in-8u avec tableaux.
Procès-verbaux des séances de la Commission permanente de l'Association
( 9°5 )
géodésique tenues à Berlin les 27 et 18 septembre et te 6 octobre 1867. Neu-
châtel, 18G7; in-4°.
Procès-verbaux: de la conférence géodésique internationale pour la mesure îles
degrés en Europe, réunie à Berlin du 3o septembre au 7 octobre 1867. Neu-
châtel, 1867; in-4°.
Sur le fer météorique du Cap de Bonne-Espéram c ; par M. II. Von Baum-
hauer. Sans lieu ni date. (Extrait des archives néerlandaises, 1 867.) (Présenté
par M. Daubrée.)
Transactions. . . Transactions et procès-verbaux de la Société royale Victoria,
t. III, impartie. Melbourne, 1867; in-8°.
Notes... Notes minéralogiques; par le Rév. S. HauGHTON. Dublin, 1866;
br. in-8°.
Essay... Essai de pétroloqie comparée; par M . DUROCHER, traduit du fran-
çais par le Rév. S. HauGHTON. Dublin, 1859; br. in-8°.
On the... Sur la composition chimique et minéralogique de ta pierre météo-
rique de Dhurmsalla ; par le Rév. S. HauGHTON. Dublin, 1S66; br. in-S°.
On the... Sur le changement d excentricité de l orbite terrestre considère'
comme une cause de changement de climat; par le Rév. S. HauGHTON. Du-
blin, 1866; br. in-8°.
Nota... Notes sur la mécanique animale; par le Rév. S. HauGHTON. Sans
lieu ni date, in- 8°.
Report .. Ba/port sur les canaux et chennns de fer interocéaniques, entre les
océans Atlantique et Pacifique; par le Contre-Amiral Davis, Directeur de
l'Observatoire naval. Wasbington, 1867; in-8° relié. (Envoyé au nom de
l'auteur.)
Notulen... Notices concernant les assemblées de ta Société Batavienne des
Sciences et des Arts, t. II, parties 1 à 4 ; t. III, parties 1 et 2 ; t. IV, ire par-
tie. Batavia, 1864 à 1866; 5 brochures in-8°.
Tijdschrift... Journal sur les langues, les pays et les populations de /' Inde,
publié par la Société Batavienne des Sciences et des Arts, t. XIV, parties 5
et 6; t. XV, parties 1 à 6; t. XVI, ire partie. Batavia, 1864 à 18G6; 6 bro-
chures in-8° avec planches.
Catalogus... Catalogue de la Bibliotlieque batavienne des Sciences et des
Arts, dressé par M. J.-A. Van der Chus. Batavia, 1 864 ; in-8°.
Verhandelingen... Comptes rendus de la Société Batavienne des Sciences et
des Arts, t. XXXII. Batavia, 1866; in-4° avec planches.
(.. S".., 181.7, 2e Semestre. (T. LXV, N° 22.) ' l8
I 9°G )
Genesi... Genèse de la courbe circulaire et la ligne droite découverte par
M. Fr. Malatesta da Martirano. Catanzaro, 18G7; in-3°. (Transmis par
M. le Ministre de l'Instruction publique.)
L'Académie a reçu, dans la séance du 9.5 novembre 1867, les ouvrages
dont les titres suivent :
Recueils de Rapports sur les progrès des Lettres et des Sciences en France. Rap-
port sur les progrès de l' Astronomie ; par M. Delaunay. Publication faite sous
les auspices du Ministre de l'Instruction publique. Paris, 18G7; gr. in-8°.
Annales de l'Observatoire impérial de Paris, publiées par M. U.-J. Le
VERRIER, Directeur de l'Observatoire. Observations, t. XXII, i86(i. Paris,
1867; in-4°.
Lois de la nomenclature botanique adoptées par le Congrès international de
botanique, tenu à Paris en août 1867; par. M. Alph. DE CaNDOLLE. Genève et
Bâle, 1867; br. in-8°.
Bulletin de Statistique municipale, publié par les ordres de M. le Baron
HAUSSMANN, mois d'août et septembre. Paris, 1867; 2 brochures in-/|".
Recherches sur L'anatomie de l'hippopotame; par M. L.-P. Gratiolet; pu-
bliées par les soins de M. Edm. Alix. Paris, 1867; in-4° avec 12 planches.
Les hôtes du logis; par S. Henry BerthouD. Paris, 1868; gr. in-8° avec
dessins de Yan Dargent.
Recherches sur l'importation, la transmission et la propagation du choléra en
province par les nourrissons de Paris, et sur les moyens propres à empêcher la
transmission; par M. Huette. Montargis, 1867; br. gr. in-8°. (Envoyé au
concours Bréant, 1867.)
Des moyens de déterminer la population scolaire; par M. Fayet. Paris, 1 86G;
br. gr. in-8°.
Situation de l'instruction primaire dans le département de l'Indre en 1864-
1 865 : Rapport de M. Fayet. Châteauroux, 1 865 ; br. in-8".
Situation de l'instruction primaire dans le département de l'Indre en 1 865-
1866 : Rapport de M. Fayet. Châteauroux, i856; br. in-8".
Situation comparée de l'instruction primaire dans le dép irtemenl île l'Indre :
Rapport de M. Fayet. Châteauroux, 1867; br. in-80'
(Ces quatre ouvrages sont adressés par l'auteur au concours de Statisti-
que, 1868.)
( 9°7 ;
De la glycérine, de ses applications à lu chirurgie el à la médecine ; par
M. DemarQUAY; 3e édition. Paris, 1867; i;i-8" relié.
Remarques sur les problèmes physico— mathématiques de la physiologie hu-
maine; parM. G. PERRY. Paris, 1867; '"'• 'n"^°-
De V acclimatation des Cinchonas dans les Indes néerlandaises et britanniques ;
par MM. J.-L. Soubeiran et A. Delondre. Paris, 1867; br. gr. in-8°.
Les produits végétaux du Brésil considérés au point de vue de l'alimentation
el de la matière médicale,- par MM. J.-L. SOUBEIRAN et A. DELONDRE.
Paris, 11867; br. gr. in-8°.
De la nacre et des localités qui nous en approvisionnent; par MM. J.-L. Soi-
BEiliAN et A. DELONDRE. Paris, sans date; br. in-8°.
Les huiles de poisson ; par MM. J.-L. Soubeiran et A. Delondre. Paris, 1 867;
br. gr. in-8°.
Lu fièvre jaune ù la Havane, sa nature el son traitement; par M. Ch. BELOT.
Paris, 1 86"> ; br. in-8°. (Envoyé au concours de Médecine et de Chi-
rurgie, 1868.)
Education physique et morale îles nouveau-nés el de la nécessité de l'allaite-
ment pour la mère; par M. J. GauNEAU. Paris, 18G7; in-12. (Envoyé au
concours de Médecine <jt de Chirurgie, 18G8. "
Notice sur les titres, services el travaux scientifiques de M. H. Baron Lahrey.
Paris, 1867 ; in-4°.
Aperçu systématique des combinaisons dites inorganiques ; par M. C. Welt-
zien, édition française publiée avec le concours de M. Ed. WiLLM. Paris, 1867;
in-4°. Édition allemande du même ouvrage. Heidelberg, 1867; m~4°-
Suir... Sur l 'électro-physiologie; lecture de .' . Matteucci. Milan, 1867;
br. in-8°.
Principii... Principes de la théorie mécanique de l'électricité et du magné-
tisme; par M. le professeur Marco FELICE. Florence, 1867; in-12.
Quadratura... Quadrature du cercle découverte par M. C. Anselmi. Pia-
cenza, 1867; br. in-8°.
Noti... Notes et réflexions concertant la théorie astronomique des étoiles
filantes; par M G.-V. Schiaparelli. Florence, 1867; in-4°.
COMPTE RENDU
DES SEANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 2 DÉCEMBRE 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
« 31. Le Verrier a présenté antérieurement la seconde et la troisième
Parties de V Atlas météorologique de l'Observatoire impérial concernant les
grêles et le climat de la France. 11 présente aujourd'hui la première Partie,
relative à la marche des orages pendant l'année 1 86(5. Ce travail a été
effectué par MM. Fron et Moureaux.
>, L'étude tles orages est basée, en 18G6 comme en i865, sur les docu-
ments recueillis par les observateurs cantonaux. Ces documents, réunis
aux chefs-lieux, sont discutés par les Commissions météorologiques dépar-
tementales, puis transmis par MM. les Préfets à l'Observatoire impérial,
qui se charge du travail d'ensemble.
» Vingt-huit cartes sont consacrées en 1 866 à la représentation générale
de la marche des orages à travers la France. Une partie de ces météores a
été suivie dans le Luxembourg et jusqu'en Hollande, grâce aux documents
adressés par M. Colnet d'Huart, Secrétaire de la Société des Sciences de
Luxembourg, et par M. Buvs-Eallot, directeur de l'Institut météorologique
d'Utrecht.
» En commençant, suivant l'usage, l'année météorologique au Ier dc-
C. R., l86j, 2« Semestre. ( T. LXV, N° 25.) ' ' 9
( 9IQ )
cembre, nous trouvons pour le nombre des journées orageuses pendant
les différents mois :
1865 Décembre . . 4 jours. 1866 Juin 3o jours.
1866 Janvier io u » Juillet 28 »
» Février '7 * " Août 26 »
» Mars....'.. 24 » » Septembre... 26 »
» Avril 25 » Octobre 14
» Mai 24 » Novembre. . 1 »
En tout 229 journées orageuses.
» Indépendamment de ces vingt-huit cartes générales, il a été inséré
vingt cartes départementales choisies parmi les plus complètes des Com-
missions.
» Quinze mille de ces grandes cartes in-folio sont distribuées aux obser-
vateurs cantonaux pour les tenir au courant de la marche du travail, leur
montrer à quoi servent leurs observations et les encourager à persé-
vérer.
» Outre le Rapport sur l'étude des orages en 1866, rédigé par M. Fron
et inséré en tète du travail, nous avons reproduit les meilleures discussions
dues aux Commissions départementales, et propres à bien faire connaître
la nature des tempêtes électriques dans les diverses contrées de la France.
Ces Rapports sont dus à MM. Delafosse, ingénieur en chef de l'Allier; de
Tastes, professeur au lycée de Tours (Indre-et-Loire); Jollois, ingénieur
des Ponts et Chaussées, à Blois (Loir-et-Cher); Sainjon, ingénieur des
Ponts et Chaussées, à Orléans (Loiret); Poincaré, ingénieur des services
hydrauliques, à Bar-le-Duc (Meuse); Fournet, professeur à la Faculté des
Sciences de Lyon, président de la Commission météorologique du départe-
ment du Rhône. Nous désirons que le nombre de ces documents s'accroisse
d'année en année, et nous aurons toujours le plus grand soin de les mettre
en lumière.
» Dans les travaux d'ensemble, la question d'organisation et de régularité
est une condition fondamentale du succès. Les fonds nécessaires pour les
études des orages sont donnés avec bienveillance par les Conseils généraux
dans les départements. Mais il y a été mis une condition, acceptée par nous
avec d'autant plus d'empressement qu'elle est indispensable à la marche
scientifique du travail. C'est que la discussion des observations soit main-
tenue à jour, et que l'Atlas qui en résulte soit mis chaque année sous les
yeux des Conseils généraux. Ainsi seulement, on ne se laissera pas encom-
brer sous une masse de documents inutiles, et on évitera cet écueil que
( 9" )
signalait avec raison M. le Maréchal Vaillant. L'Atlas météorologique d'une
année paraîtra désormais le i5 août de l'année suivante au plus tard. »
M. Le Vekrier entretient l'Académie du service des avertissements mé-
téorologiques adressés aux ports.
« Depuis qu'il a donné connaissance, en 1866, de la dernière forme
attribuée au service en raison de l'expérience acquise, l'Académie n'a plus
entendu parler de cette question; il faut l'attribuer sans doute à ce que
l'organisation du travail a subi presque partout, et même en Angleterre,
un temps d'arrêt. Il y a lieu de croire qu'on va le reprendre dans divers
pays, et cela est vivement à désirer. M. Le Verrier saisit cette occasion de
faire connaître que l'organisation du service de Paris a été maintenue intacte
avec la plus grande persévérance.
» On sait que les premiers arrangements avaient, donné lieu à des cri-
tiques; il n'en pouvait être autrement dans une matière si nouvelle.
M. le Maréchal Vaillant et M. Matteucci entre autres se plaignaient qu'on
voulût donner chaque jour un présage pour le lendemain, présage qu'ils
trouvaient trop incertain dans les circonstances où les conditions de l'atmo-
sphère n'offraient rien de tranché. Nous répondions qu'il ne fallait pas être
surpris si les prévisions se ressentaient des incertitudes d'une atmosphère
calme, et qu'il y avait à cela peu d'inconvénients. Toutefois la marine ne
cessait de répéter que son désir était qu'on se bornât, lorsqu'aucune tem-
pête ne menaçait, à donner aux divers ports l'état du ciel et de la mer dans
les pays voisins de chacun d'eux, se réservant d'annoncer la tempête à la
veille du jour où elle éclaterait.
>> C'est en tenant compte de ce qu'il pouvait y avoir de fondé dans ces
vues, et des vœux de la marine qui doivent avant tout nous guider dans
une telle question, que le service du jour et du soir a été organisé en 1866.
D'après les Lettres que nous avons reçues de nos collaborateurs de l'étran-
ger, nous ne voyons aucune innovation à introduire pour le moment :
l'utilité du service et le succès de chaque jour dépendent uniquement du
zèle et de la conscience de ceux qui sont chargés du travail.
» Nous ne pensons pas qu'en réduisant les prévisions à l'annonce de
la tempête, on put toujours le faire avec sécurité dans nos climats, vingt-
quatre ou trente heures avant l'arrivée du fléau, qui dans ce laps de temps
parcourt un chemin trop considérable; mais avec la possibilité d'un con-
trôle, le soir, la responsabilité ne nous paraît pas trop grande pour qu'elle
ne puisse pas être acceptée.
119 .
( 912 ï
» Samedi 3o novembre 1867, les vents soufflaient du snd-sud-est sur
les côtes françaises de la Manche, et ils n'avaient pris de la force qu'en un
seul point, an Havre. La mer était assez belle. Néanmoins l'étude des
courbes d'égales pressions indiquait l'arrivée d'une tempête, et à midi la
dépêche suivante fut transmise aux ports compris entre Granville, Brest
et Lorient :
» Les gros temps abordent la Manche; ce matin, sud fort; mer grosse à
« Penzance. Depuis hier quinze millimètres de baisse à Valentia (Irlande),
» et dix à Brest. Le baromètre baisse rapidement à Paris, et la bourrasque
» va sévir sur les côtes sud de l'Angleterre. »
« La tempête était déclarée le dimanche matin, et toute la journée elle a
sévi avec violence sur le nord de la France. Dans l'après-midi du 2 les mau-
vais temps se sont étendus à la Méditerranée et à l'Adriatique. Ces derniers
ports, prévenus dès le Ier an matin qu'ils étaient menacés (dépêches de
M. Rayet), recevaient en outre dans la soirée un télégramme annonçant
que la tempête faisait de nouveaux progrès et soufflait avec violence. »
ASTRONOMIE. — Réponse à la J\ote rie M. Le Verrier insérée nu dernier
Compte rendu (p. 878); par M. Delaunay.
c Mon rôle, en répondant aux improvisations de M. Le Verrier et à
la reproduction qu'il en fait dans nos Comptes rendus, consiste presque
toujours à rétablir la vérité des faits, qu'il a le talent de travestir de la
façon la plus étrange. Les circonstances actuelles en offrent un exemple
remarquable.
» Le lundi 18 novembre, j'ai fait part à l'Académie des résultats fort
intéressants contenus dans un beau Mémoire de M. Simon Newcomb sur
la parallaxe du Soleil. M. Le Verrier s'est plaint alors, avec une certaine
vivacité, de ce que, en faisant cette communication, je n'avais pas parlé de
la valeur 8",g5 qu'il avait trouvée lui-même pour la parallaxe solaire,
disant entre autres choses que lorsqu'on faisait l'historique d'une question,
on devait y mettre plus d'impartialité. J'ai répondu à M. Le Verrier que
je regrettais qu'il prît les choses de cette manière; qu'en communiquant les
résultats obtenus par M. Newcomb dans son Mémoire, je ne faisais pas un
historique de la question ; que M. Le Verrier, eu réclamant ainsi pour qu'il
fût fait mention de sa parallaxe de 8", 93, me mettait dans la nécessité de
dire ce que je voulais passer sous silence : a savoir, que ce nombre 8",ç>5 de
M. Le Verrier a été trouvé erroné par M. Newcomb. Cet éminent astro-
(9'3)
nome, ai-je dit, m'a écrit à ce sujet une Lettre où il montre que l'inexacti-
tude du résultat de M. Le Verrier tient à deux fautes de calcul et à l'omis-
sion d'une quantité non négligeable. J'ai ajouté que, n'ayant pas l'inten-
tion de parler de cette Lettre ni de son contenu, je l'avais laissée chez moi,
et que si l'Académie le désirait, je la lui communiquerais dans sa pro-
chaine séance. « Certainement, a répliqué aussitôt M. Le Verrier, il faut
» que ce document soit produit. »
» Lundi dernier, en effet, d'après le désir qui en avait été exprimé d'une
manière si formelle, j'ai lu à l'Académie la Lettre de M. Newcomb, et c'est
cette lecture qui a amené, de la part de M. Le Verrier, la longue disserta-
lion que l'Académie a entendue et qui est assez fidèlement reproduite dans
le Compte rendu.
» Après avoir ainsi rétabli la vérité dans toute sa rigueur, voyons com-
ment M. Le Verrier a su la respecter.
« En présence d'immenses travaux scientifiques, dit-il, M. Delaunay va
» chercher de misérables bribes de calculs et s'efforce de faire croire au
» public, étranger à la science, que ce sont là de grosses choses, propres,
» selon lui, à compromettre un homme; comme, si on n'en av;iit pas
» trouvé autant et davantage dans les travaux de Bessel même. M. Delaunay
» ressemble à celui qui, ayant à juger d'un monument, refuserait de lever
» les yeux, et, cherchant à terre dans quelques assises quelque pierre
» écornée, ne voudrait voir qu'elle. »
» M. Le Verrier se garde bien de dire que, si je suis allé chercher ces
misérables bribes de calculs, c'est qu'il m'y a contraint en se plaignant avec
tant de vivacité de ce que je n'en parlais pas. Il y attachait alors une im-
portance extrême; mais maintenant que ers calculs sont reconnus fautifs,
c'est moi qui m'efforce défaire croire au public, étranger à la scient e, que ce
sont là de c/rosses choses. J'ajouterai que M. L!> Verrier se trompe quand il
dit cpie, ayant à juger du monument scientifique dont on lui est redevable,^
refuse de lever les yeux, et que, cherchant à terre dans iptclques asssises quelque
pierre écornée, jene veux voir qu elle. Dans mon Rapport sur les progrès de
l'Astronomie en France depuis vingt-cinq ans, dont j'ai offert un exemplaire
à l'Académie dans sa dernière séance, et cpie je livre avec confiance à l'ap-
préciation de mes confrères, j'ai parcouru dans toutes ses parties le monu-
ment scientifique de M. Le Verrier, signalant partout ses beautés, et détour-
nant mes regards des nombreuses pierres écornées qu'il m'eût été si facile
de faire toucher du doigt au public. J'ai fait tous mes efforts pour me placer
au point de vue de l'historien qui raconte des faits passés bien longtemps
( 9*4 )
avant lui; j'ai voulu imiter l'œuvre du temps qui laisse dans l'ombre et
condamne à l'oubli les parties plus ou moins défectueuses des travaux pu-
bliés par les savants, tandis qu'elle met en relief les idées neuves, les dé-
couvertes qu'ils renferment et qui servent tôt ou tard de point de départ
pour des découvertes ultérieures. En ce qui concerne la question actuelle,
je n'ai pas oublié dans mon Rapport de mettre en lumière le résultat auquel
M. Le Verrier est parvenu pour la parallaxe solaire. Si mon travail eût été
publié quelques mois plus tard, fidèle à la règle que je m'étais tracée, j'au-
rais purement et simplement supprimé le passage qui a trait à ce résultat de
M. Le Verrier; j'aurais fait semblant de ne pas voir cette pierre, qui m'a-
vait paru saine tout d'abord, et que nous savons maintenant être triple-
ment écornée.
» M. Le Verrier chercbe ensuite à établir un contraste frappant entre le
nombre et la grandeur de ses travaux astronomiques sur les étoiles, les pla-
nètes, les comètes, et le problème unique, lu Lune, où je suis resté cantonné.
Pourquoi M. Le Verrier n'a-t-il pas ajouté que ce problème ne présente aucune
difficulté? Le tableau eût été complet. Pour toute réponse à ce passage de
sa Note, je me bornerai à dire que M. Le Verrier, qui a touché à tout en
astronomie, même aux étoiles filantes, n'a jamais osé toucher à la Lune,
et ce n'était certes pas faute d'envie. J'ajouterai que, malgré l'inégalité
apparente qu'il s'efforce de faire ressortir dans cette répartition des ques-
tions d'astronomie théorique entre lui et moi, j'ai de fortes raisons de penser
que ma part lui semble beaucoup trop grande au gré de ses désirs.
» De même que M. Le Verrier avait compté sur le défaut de mémoire des
Membres de l'Académie pour ce qui s'est passé dans la séance du 18 no-
vembre dernier, de même il espère sans doute qu'ils n'auront pas recours
au Compte rendu du 25 novembre 1861 pour y lire ce qui concerne la ques-
tion du passage de Mercure du 12 du même mois. Qu'on se reporte à la
Note que j'ai insérée dans ce Compte rendu, et à laquelle je déclare n'avoir
pas à retrancher ni à modifier une seule phrase, un seul mot, et on verra
quelle singulière interprétation M. Le Verrier en donne aujourd'hui. <■ Lors-
» qu'il reçut, dit-il, de son collègue de Rome, le P. Secchi (1), une Lettre
» empressée lui annonçant que Mercure avait paru sur le disque du Soleil
» à l'heure, à la minute, à la seconde même annoncée, il porta ce résultat
1 M. Le Verrier se trompe ici. Ce n'est pas le P. Secchi, mais bien M. Calandrelli qui
lui a écrit. La Lettre, écrite à cette occasion par le P. Secchi a été adressée à M. Élie de
Beaumont [Comptes rendus de l'Académie, t. LUI, p. 943 et suivantes).
( 9'5 )
» à l'Académie avec la confiance qu'on lui rendrait justice. Mais il avait
« compté sans M. Delaunay, qui, ne voulant pas lui laisser pour un seid
» instant le bénéfice de cette exactitude, se leva pour dire que cela ne prou-
» vait rien du tout. »
» Voici la vérité sur ce point, telle qu'elle ressort de ma Note du a5 no-
vembre 1861. M, Le Verrier venait de mettre la dernière main à ses Tables
de Mercure, et, pour les faire accorder convenablement avec les observa-
tions, il avait dû y introduire une circonstance de nature empirique (un
mouvement progressif du périhélie de Mercure, de 3^ secondes par siècle,
qu'aucune considérât ion théorique n'avait indiqué). Se fondant sur ces Tables,
il avait calculé à l'avance les époques précises du commencement et de la
fin du passage de la planète sur le Soleil, qui devait avoir lieu le 12 no-
vembre 1 86 1 . L'observation du phénomène s'accorda aussi bien que pos-
sible avec la prédiction tirée des Tables de M. Le Verrier. Ai-je nié la réalité
de cet accord? ai-je nié l'exactitude actuelle des Tables mise en évidence
par cette confirmation? Pas le moins du monde. Mais M. Le Verrier ne vou-
lait pas se contenter d'avoir constaté cet accord ; il voulait en tirer des con-
séquences qui me paraissaient inadmissibles. Il avait donné une explication
du mouvement séculaire de 37 secondes attribué empiriquement au péri-
hélie de Mercure : suivant lui ce mouvement progressif du périhélie était dû
à l'existence d'un anneau d'astéroïdes entre Mercure et le Soleil. De
ce que l'annonce du passage du 12 novembre avait exactement con-
cordé avec l'observation, il en concluait, non-seulement l'existence réelle
de son équation empirique, mais encore une grande probabilité en faveur
de l'anneau d'astéroïdes à l'action duquel il attribuait cette équation. C'est
là que j'ai voulu l'arrêter, et je ne puis mieux faire que de citer les termes
mêmes dont je me suis servi pour cela : « L'accord complet entre l'an-
» nonce du dernier passage de Mercure, tirée des Tables de M. Le Verrier,
» et l'observation qui en a été faite à Rome, ne prouve à mes yeux qu'une
» seule chose : c'est que les calculs effectués pour déterminer numérique-
» ment l'équation empirique dont j'ai parlé ont été bien faits. Mais on
» aurait tort, je crois, d'en conclure cpioi que ce soit en faveur de l'exis-
» tence d'une cause capable de produire précisément cette équation. » Il
y a loin de là à prétendre, comme le dit aujourd'hui M. Le Verrier, que
cela ne prouvait rien du tout.
» Cette opinion que je formulais en novembre 1861, rien n'est venu
l'ébranler dans mon esprit; je puis dire d'ailleurs que c'est l'opinion de
tous les astronomes Quand on construit des Tables du mouvement d'un
( 9'6 )
astre, on fait ce qu'on peut [jour les faire accorder avec les observations; si
la théorie ne suffit pas pour cela, on y joint une ou plusieurs équations em-
piriques. L'accord, une fois obtenu, se conserve plus ou moins longtemps;
mais la confirmation qui en est faite peu de temps après la construction des
Tables ne fournit absolument aucun indice sur la durée ultérieure de cet
accord, et par suite sur l'existence réelle des équations empiriques auxquelles
on a eu recours pour l'obtenir.
« Les autres allégations contenues dans les deux pages si bien remplies que
M. Le Verrier m'a spécialement consacrées [voir ci- dessus, p. 883 et 884),
et en particulier celle que renferme le dernier alinéa de la seconde de ces
deux pages, pourraient être l'obet de remarques analogues a celles que je
viens de présenter; mais je ne veux pas insister davantage sur ce point, de
peur d'abuser des moments de l'Académie. Ce qui précède montre suffi-
samment, ce me semble, que M. Le Verrier n'a pas la main heureuse dans
ses discussions avec moi. Il se tient toujours, je ne sais pourquoi, plus ou
moins éloigné de la vérité. C'est un mauvais moyen pour me déterminer à
profiter des admonestations qu'il m'adresse, des conseils qu'il veut bien me
donner. Il atteindrait bien plus sûrement son but, s'il ne me mettait pas ainsi
constamment dans la nécessité de rectifier ses assertions, pour rendre aux
fails leur signification véritable.
» Venons au fond île la question, c'est-à-dire à la valeur de 8",g5 que
M. Le Verrier a trouvée en 1 858 pour la parallaxe solaire. Voici comment
il en parle dans sa Note du dernier Compte rendu : « Or, j'ai conclu, par
>- la discussion des observations du Soleil, que la parallaxe horizontale et
» moyenne de cet astre devait être plus considérable que celle donnée par
» Encke, et je l'ai portée à 8", 95 [voir ci-dessus, page 879). » Cela est,
non pas inexact, mais incomplet. M. Le Verrier aurait dû dire qu'il avait
conclu, par la discussion des observations du Soleil, que l'équation lunaire
du mouvement de cet astre devait être fixée à 6",5o; et que de là il avait
déduit pour la parallaxe du Soleil une valeur de 8", 90. Or, c'est dans cette
dernière partie du travail, dans ce passage du nombre 6",5o au nombre
8", 95, que l'on a reconnu l'existence de trois fautes. Il ne s'agit pas ici
d'une discussion dont le résultat présente plus ou moins d'incertitude,
mais bien d'un calcul qui comporte la rigueur des opérations mathémati-
ques. M. Le Verrier a trouvé, en faisant ce calcul, que la parallaxe solaire,
cette quantité dont la connaissance précise est d'une si grande importance
en astronomie, et qu'on croyait élre de 8", 58 d'après Encke, devait être
portée à 8", ç)S : c'était o",'i~ d'augmentation. Mais au lieu de 8", 95, c'est
( 9*7 )
8", 78 qu'il aurait dû trouver, suivant M. Newcomb ; il y avait donc o", 17,
près de moitié de trop dans cette augmentation indiquée par M. Le
Verrier. Si l'on ne tient pas compte de la grandeur de l'augmentation de la
parallaxe solaire, reste-t-il au moins à M. Le Verrier le mérite d'avoir
fait connaître la nécessité de cette augmentation? Mais en novembre 1 854,
c'est-à-dire plus de trois années auparavant, M. Hansen avait dit de la
manière la plus explicite que la valeur adoptée pour la parallaxe du Soleil
était trop petite (Lettre de M. Hansen à M. Airy, Monlhly Notices,
cahier de novembre 1 854)- C'est pour ces motifs que, si j'avais à faire un
historique de la question de la parallaxe du Soleil, je n'aurais pas un mot
à dire de l'intervention de M. Le Verrier dans cette question.
» Je demande pardon à l'Académie d'avoir interrompu le cours de ses
travaux par cette longue réponse qui m'est toute personnelle. Mais, en
présence de la conduite incroyable de M. Le Verrier à mon égard, il ne
m'était pas possible de garder le silence. Comment! à l'occasion d'une
communication que je fais des résultats intéressants obtenus par un astro-
nome étranger, M. Le Verrier vient me reprocher de ne pas parler de lui,
et cela avec une violence de langage que personne n'a oubliée ; puis, après
m'avoir forcé à rompre le silence et à m 'expliquer au sujet de. son étrange
interpellation, dès qu'il reconnaît cpie mes explications ne lui sont pas
favorables, il vient prétendre que c'est moi qui l'attaque, et m'accuse d'aller
chercher fie misérables bribes de calculs pour le compromettre devant le public!
En vérité! cela dépasse toutes les bornes, et je ne pouvais faire moins que
de venir protester énergiquement contre une pareille conduite. »
ASTRONOMIE. — Examen d'un travail présenté à i Académie, dans la dernière
séance, par M. Delaunay, et relatif aux Progrès de l'Astronomie en France.
Quelques mots de réponse à des critiques du même auteur; par M. Le
Verrier.
« Avant d'entretenir l'Académie de la brochure que M. Delaunay lui a
offerte dans la dernière séance, il sera possible de répondre en quelques
mots aux critiques qu'il a lues aujourd'hui. On devra toutefois se borner
à ce qu'on en a entendu, M. Delaunay ayant lu une partiede sa Note avant
l'arrivée de sou contradicteur. On complétera la réponse dans la prochaine
séance, s'il y a lieu.
» M. Delaunay insiste de nouveau sur les remarques qu'il présentait
!.. R., 1867, Ie Semestre. (T. LXV, N° 25.) ' 2°
(9*8 )
en t 86 1 , à l'occasion du passage de Mercure sur le Soleil. Ce pas-
sage étant arrivé à l'heure, à la minute et à la seconde annoncées par
M. Le Verrier, M. Delaunay se leva dans l'Académie pour contester qu'on
en pût conclure quoi que ce soit en faveur des Tables nouvelles. Cet acte
étonna le monde astronomique, parce qu'il était évident que M. Delau-
nay se serait levé à plus forte raison pour exprimer un blâme si le phé-
nomène n'était point arrivé à l'heure dite, et qu'on était dès lors contraint
à voir dans sa conduite un regrettable parti pris de critique quand même.
» Le sens des objections de M. Delaunay à ce sujet échappe à ceux qui
sont au courant de ces matières. Quand un astronome a tiré des observa-
tions et de la théorie tout ce qu'elles comportaient, il a rempli son devoir,
et tonte critique est dénuée de fondement.
» Les observations de Mercure n'étaient pas représentées par la théorie
basée sur les actions des masses connues du système planétaire. Mais où
gisait la difficulté? La théorie était-elle incomplète, ou bien les observa-
tions inexactes? Si aucune erreur n'était à craindre ni d'une part ni de
l'autre, fallait-il admettre que l'incertitude provenant d'une action inconnue
portait sur tous les éléments employés dans les calculs, ou bien était-il
possible de concentrer la difficulté sur un point déterminé? Et quel était
ce point?La solution de ces questions a arrêtéM. LeVerrier pendant vingt
années. M. Delaunay, qui ne s'est jamais occupé des observations ni de
leur comparaison avec la théorie, ne se fait pas une juste idée des embarras
que l'on rencontre dans des discussions de cette nature, et combien elles
sont souvent plus délicates que des développements purement analytiques,
comme ceux qu'il a seuls considérés.
» La certitude de la théorie basée sur les actions connues ayant été
établie, la bonté des observations ayant été mise hors de doute, M. Le
Verrier, après avoir examiné successivement les divers éléments de la
question, est parvenu à montrer que toutes les difficultés s'évanoui-
raient et que les observations marcheraient d'accord avec la théorie, à
cette seule condition qu'on ajouterait au mouvement séculaire du péri-
hélie 38".
» M. Delaunay conteste-t-il cette conséquence?... Non. Tout est donc
inattaquable dans ces recherches; car si le mouvement séculaire du périhélie
est réellement plus fort de 38" que celui que l'on déduirait îles actions des
masses connues, que peut-on réclamer autre chose du savant que d'avoir
reconnu la vérité? Ce point étant acquis, M. Le Verrier examine à quelle
cause l'excès du mouvement du périhélie de Mercure pourrait être attribué,
( 9*9 )
et comme il navigue alors au milieu de l'inconnu, il ne peut que présenter
les diverses considérations qui se rattachent à la question.
» Il indique, premièrement, qu'on satisferait aux exigences du problème
en augmentant la masse de Vénus de ~ environ de sa valeur reçue; mais
il en résulterait dans la variation séculaire de l'obliquité de l'écliptique
des difficultés qui répugneraient peut-être aux astronomes.
» Pour ceux qui ne peuvent admettre cette solution, il indique en ces
termes une cause plus probable :
« Une planète, ou si l'on veut un groupe de petites planètes, circulant
» dans les parages de l'orbite de Mercure serait susceptible de produire la
» perturbation anormale éprouvée par ce dernier astre. Examinons d'abord
» l'effet d'une masse perturbatrice.
» La masse troublante, si elle existe, n'a point d'effet sensible sur la
» Terre. Nous ignorons si elle aurait quelque action sur Vénus, et, en
» attendant que ce point put être éclairci, nous admettrons que cette
» action soit insensible ou du moins plus faible que sur Mercure. Dans
» cette hypothèse, la masse cherchée devrait se trouver au-dessous de l'or-
" bite de Mercure. Si de plus on veut que son orbite ne s'enchevêtre point
» avec celle de Mercure, il faudra que sa distance aphélie n'excède point
» les -^ de la distance moyenne de Mercure, c'est-à-dire les -^ de la dis-
» tance de la Terre au Soleil. »
» Après avoir déterminé la valeur de la masse perturbatrice suivant la
distance à laquelle elle peut se trouver du Soleil, l'auteur poursuit ainsi :
« Il est toutefois indispensable d'examiner si sous le rapport physique
» toutes les solutions sont également admissibles.
» A la distance moyenne 0,17, la niasse troublante serait précisément
» égale à la masse de Mercure. La plus grande élongation à laquelle elle
» pût atteindre serait un peu inférieure «à io degrés. Doit-on croire qu'une
» planète qui brillerait d'un éclat plus vif que Mercure aurait nécessaire-
» ment été aperçue après le coucher ou avantle lever du Soleil, rasant l'ho-
» rizon? Ou bien serait-il possible que l'intensité de la lumière dispersée du
» Soleil eût permis à un tel astre d'échapper à nos regards?
» Plus loin du Soleil, la masse troublante est plus faible, et il en est de
» même de son volume sans doute; mais l'élongation est plus grande. Plus
» près du Soleil, c'est l'inverse; et si l'éclat du corps troublant est augmenté
» par la dimension de ce corps et par le voisinage du Soleil, l'élonga-
» tion devient si petite, qu'il serait possible qu'un astre dont la position
120..
( 92° )
» est inconnue n'eût pas été aperçu dans les circonstances ordinaires.
» Mais, dans ce cas même, comment un astre qui serait doué d'un très-
« vif éclat, et qui se trouverait toujours très-près du Soleil, n'eùl-il point
« été entrevu durant quelqu'une des éclipses totales? Un tel astre enfin ne
» passerait-il point entre le disque du Soleil et de la Terre, et n'eût-on pas
» dû en avoir ainsi connaissance?
» Telles sont les objections qu'on peut faire à l'hypothèse de l'existence
» d'une planète unique comparable à Mercure pour ses dimensions et cir-
» culant en dedans de l'orbite de cette dernière planète. Ceux à qui ces
» objections paraîtront trop graves seront conduits à remplacer cette pla-
» nète unique par une suite d'astéroïdes dont les actions produiront en
» somme le même effet total sur le périhélie de Mercure. Outre que ces
» astéroïdes ne seront pas visibles dans les circonstances ordinaires, leur
» répartition autour du Soleil sera cause qu'ils n'introduiront danslemou-
» vement de Mercure aucune inégalité périodique de quelque impor-
» tance.
» L'hypothèse à laquelle nous nous trouvons ainsi amenés n'a plus rien
» d'excessif. Un groupe d'astéroïdes se trouve entre Jupiter et Mars, et
» sans doute on n'a pu en signaler que les principaux individus. Il y a lieu
» de croire mêmâ que l'espace planétaire contient de très-petits corps en
» nombre illimité circulant autour du Soleil. Pour la région qui avoisine
» l'orbite de la Terre, cela est certain.
» La suite des observations de Mercure montrera s'il faut définitivement
» admettrequede telsgroupes d'astéroïdesexistent aussi plus près du Soleil.
» Peut-être la discussion des observations de Vénus portera-t-elle, de son
» côté, quelque lumière sur le même sujet, bien que la petitesse de l'excen-
» tricité de l'orbite de cette planète ne permette guère de l'espérer. Dans
» tous les cas, comme il se pourrait qu'au milieu de ces astéroïdes il en
» existât de plus gros que les autres et qu'on n'aurait d'autre moyen d'en
» constater l'existence que par l'observation de leurs passages devant le
» disque solaire, la discussion présente devra confirmer les astronomes dans
» le zèle qu'ils mettent à étudier chaque jour les apparences de la surface
» du Soleil. Il est fort important que toute tache régulière, quelque minime
» qu'elle soit, et qui viendrait à paraître sur le disque du Soleil, soit suivie
» pendant quelques instants avec la plus grande attention, afin de s'assurer
» de sa nature pat' la connaissance de son mouvement. »
» 11 n'y a rien à retrancher aujourd'hui à ces diverses considérations.
( 921 )
Mais on peut ajouter que le même mode de discussion a montré la néces-
sité d'accroître le mouvement du périhélie de Mars, et que ce résultat a
déjà été confirmé.
» Un nouveau passage de Mercure sur le Soleil aura lieu le 4 no-
vembre 1 868. A quoi bon en calculer les phases, puisque, soit que le phéno-
mène arrive à l'heure dite, soit qu'il s'en écarte, on peut à l'avance inscrire
M. Delaunay pour critiquer le résultat quel qu'il soit!
» A l'égard de quelques légères inexactitudes de détail qui ne peuvent
manquer de se rencontrer dans de grands travaux, étendus à des sujets longs
et variés (n'en a-ton pas trouvé dans Bessel, et dans la Mécanique céleste
elle-même, parce que cela tient à la nature humaine), on ne comprend pas
l'assurance avec laquelle M. Delaunay se charge de relever ces points avec
tant d'àpreté. Car si l'on a dit que M. Delaunay n'avait traité aucune ques-
tion en dehors de la Lune, a-t-U cru qu'on avait pour cela oublié son inter-
vention dans une autre affaire, mais uniquement pour y introduire deux
erreurs? C'était dans la théorie d'Uranus. M. Delaunay annonçait à l'Aca-
démie qu'on avait omis dans les perturbations de cette planète des termes
considérables, s'élèvant non pas a des centièmes de seconde mais à plus de
5 secondes chacun! Et il ajoutait : « D'après cela, il devient nécessaire pour
» la formation des tables d'Uranus de reprendre complètement la théorie
» de ses perturbations. Je viens d'entreprendre ce travail, et dès qu'il
» sera achevé je m'empresserai de le soumettre au jugement de l'Aca-
démie. »
» Mais depuis lors, M. Delaunay a gardé le silence à cet égard, et il a
bien fait; car sa communication consistait en deux grosses erreurs, non
point de calcul, mais de théorie.
» On ne comprendrait pas que ceux qui ont de telles choses sur la con-
science voulussent s'occuper de régenter les autres, s'il ne devait rester
éternellement vrai qu'on voit la paille dans l'oeil du voisin, mais non pas
la poutre qu'on a dans le sien.
» Venons au Rapport sur les Progrès de l'Astronomie en France pendant
les vingt-cinq dernières années.
» Il suffirait pour ainsi dire de montrer à l'Académie cette minime bro-
chure de trente-huit pages pour faire comprendre à tous que ce ne peut
pas être là l'histoire des astronomes français pendant les vingt-cinq der-
nières années. Nous n'y trouvons pas l'historique de nos prédécesseurs pen-
( 922 )
dant la période de 1842 à 1 854 » nous n'y trouvons pas sérieusement celui
des astronomes de 1 854 à 1867. L'Académie comprendra que nous ne
pouvons nous dispenser de faire à cet égard les revendications néces-
saires.
» Pour aujourd'hui, en raison des travaux qui forcent d'abréger la
séance, nous nous bornerons à indiquer deux des nombreuses lacunes
existant dans un travail qui n'a demandé que le temps de l'écrire; dans
les séances ultérieures, nous lirons à l'Académie les historiques qui sur di-
vers points doivent de toute nécessité être substitués aux appréciations tron-
quées de M. Delaunay.
» Voici d'abord l'article intitulé Moyens ef observation : il occupe tout
juste trente-quatre lignes!
» Il en résulterait que, de i852 à 1 854» n°-s prédécesseurs à l'Obser-
vatoire de Paris n'auraient rien fait du tout à cet égard; c'est une lacune
dont nous laissons la responsabilité à l'auteur du Rapport.
» Nous disons, nous, que le Rapport n'est pas sérieux; et nous en don-
nons cette explication que l'auteur, ainsi que nous l'avons dit, ne s'étant
jamais occupé d'observations, non-seulement pratiquement mais dans les
calculs, n'était pas en mesure de traiter la question. Nous approuverions
cette réserve, si on avait laissé le sujet complètement de côté, en disant
franchement le motif.
> Le second article que nous nous contenterons de signaler aujourd'hui
à l'Académie est intitulé Figure de la Terre. V oici en leur entier les seize lignes
accordées à la Géodésie de la France : " Le Bureau des Longitudes, ne vou-
» lant pas rester en arrière de cet immense mouvement géodésique, a soumis
» à un examen approfondi les opérations à effectuer, pour donner au magni-
» fique réseau géodésique français toute la valeur que le perfectionnement
» des moyens d'observation peut lui permettre d'acquérir. Son attention
» s'est fixée principalement sur la grande utilité qu'il y aurait à effectuer
■> de nouvelles déterminations Ue la latitude, de la longitude et de l'inten-
» site de la pesanteur aux stations principales du réseau. Un Rapport
» détaillé sur cette question a été adressé au gouvernement pour provoquer
» l'exécution du projet élaboré par le Bureau des Longitudes. Ce projet
est déjà en partie exécuté. M. Yvon Villarce au a repris et déterminé stic-
» sivement, pour un certain nombre de points, la latitude, la longitude
» ainsi que l'azimut d'un côté principal du 1 éseau ; les stations où il a opéré
( 9^3 )
» sont : Dunkerque, Brest, Strasbourg, Talmay (Côte d'Or), Rodez, Car-
» cassonne, Saligny-le-Vif (Cher) et Lyon. »
» Cet article, malgré sa nullité, ou à cause d'elle, soulève tant de motifs
de réclamations, que nous ne savons par où les aborder. Mentionnons-
les en partie, comme elles se présenteront :
» i° Le Dépôt de la Guerre chargé des triangulations a fait des travaux,
notamment en Algérie : pourquoi ne leur accorder aucune mention? Est-ce
que l'Algérie n'est pas française? ou bien est-ce en vertu de ce principe de
l'auteur qu'il a supprimé tout ce qui n'était pas bon? Le Dépôt de la Guerre
en devra être très-flatté.
» 20 Le Dépôt de la Guerre et l'Observatoire s'étaient entendus pour
entreprendre en France les déterminations des longitudes des stations géo-
désiques, en y faisant concourir l'emploi des signaux électriques transmis
par les lignes télégraphiques. Les deux établissements ont exécuté, en
i856, la détermination de la longitude de Bourges sur la méridienne de
France.
» 3° Dans les années suivantes, des négociations sont suivies pour obte-
nir du Ministre de la Guerre, au nom des deux établissements, des me-
sures qui permettent de continuer les travaux. Ces négociations n'abou-
tissent pas; et le Dépôt laissant désormais à l'Observatoire le soin de
marcher seul, la détermination des longitudes est reprise en 1861.
» 4° Le Bureau des Longitudes, que nous ne critiquons en rien (c'est
l'historien que nous blâmons), fait, en 1862, un Rapport détaillé sur les
questions d'astronomie géodésiqne. « Ce projet, ajoute M. Delaunay, est
» déjà en partie exécuté. M. Yvon Villarceau a repris et déterminé pour un
* certain nombre de points, etc »
» Nous faisons nettement ici à l'auteur le reproche d'avoir calculé sa
phrase pour cacher aux lecteurs que tons ces travaux de M. Yvon Villarceau
sont des travaux de l'Observatoire impérial dont on ne dit pas un mot.
» L'Observatoire a construit et étudié les instruments. Il a perfectionné
les méthodes d'observaiion, il leur a donné une précision nouvelle. Il a
fallu faire à l'Observatoire des observations correspondantes en aussi grand
nombre que celles effectuées dans les départements. Les travaux ont été
exécutés et publiés par l'Observatoire.
» 5° Les opérations faites dans l'ouest de la France sont supprimées, no-
tamment celles qui ont été exécutées à Biarritz, et qui ont présenté cette cir-
constance particulière qu'on a déterminé à la fois deux longitudes, celles
de Paris et de Madrid, par rapport à Biarritz.
f 924 )
» 6° D'ailleurs suffisait-il d'énoncer le fait des opérations? N'ont-elles
pas été discutées et n'en a-t-il pas été tiré des conséquences qn'il importe-
rait au lecteur de connaître?
» On se contentera de dire, à cet égard, que le vaste ensemble des travaux
accomplis, auxquels M. Yvon Vill.ircean a pris une part si brillante, et qui
nous ont nous-mème beaucoup occupé, a été discuté théoriquement par
M. Yvon Villarcean avec une supériorité remarquable. Il est parvenu à un
théorème qui lui a servi de til conducteur pour démêler, au milieu des diffé-
rences qui se présentaient entre les résultats de la Géodésie et ceux que
fournissait l'Astronomie, de quel côté pouvaient être les erreurs et si elles
provenaient d'irrégularités dans la figure de la Terre. Est-ce donc que ces
résultats scientifiques n'importaient pas autant au lecteur qu'un sec et in-
complet énoncé du nom des stations?
» Mais ce n'est, pas tout. Il est résulté de l'ensemble de ces travaux une
conclusion d'une haute importance et qu'il ne faut pas oublier. Il est in-
dispensable, si nous voulons maintenir notre rang dans la géodésie, de
vérifier et de rectifier certaines parties de notre méridienne deFrance, sur-
tout dans le Midi.
» L'Académie sait combien j'ai insisté devant Elle sur la nécessité de
reprendre les mesures de quelques parties de notre réseau de triangles. Il y
a eu un moment où j'étais seul de mon avis, et où l'on me reprochait amè-
rement de compromettre le mètre légal : comme si Delambre lui-même n'en
avait pas fait autant avant nous, et comme si ce n'eût pas été le plus grand
des malheurs pour le mètre légal qu'on eût dû arrêter en son nom le mou-
vement de la science.
» J'aurais donc été surpris, si je n'avais été habitué aux inconséquences de
la critique, en nie voyant maintenant reprocher de négliger l'importante
question géodésique. Il n'en est rien. Que l'Académie me permette de ter-
miner en le prouvant péremptoirement :
» Les mesures astronomiques de longitudes et de latitudes ne condui-
raient désormais à rien de plus que ce qu'on sait, tant qu'on n'aura pas
repris les parties défectueuses delà triangulation. L'exactitude delà partie
astronomique ne peut trouver d'application en présence des incertitudes
de certains points de la géodésie.
» Mais les opérations géodésiques ne dépendent pas de nous, et nous
n'avons pas mission pour les entreprendre. Ne nous ;i-t-on pas accusés au-
trefois de nous être emparés de la Géodésie astronomique sans droit?
( <p5 )
C'était une erreur. On a vu plus haut que nous n'avions pris que ce qu'on
nous avait abandonné avec bienveillance.
» Nous avons donc dû adresser à M. le Ministre de l'Instruction publique
des propositions, et, tant qu'il n'aura pas été possible de statuer à leur
égard, nous ne pouvons qu'attendre.
» Les représentants de la Géodésie dans divers Etats de l'Europe se sont
rassemblés à Berlin, au mois d'octobre dernier. Les deux présidents de cette
conférence internationale, M. le général de Bayer pour la Prusse et
M. Struve pour la Russie, avaient bien voulu antérieurement se réunir
avec nous à l'Observatoire impérial de Paris le 1 1 août dernier. Là nous
avons examiné, avec un soin scrupuleux, la situation géodésique en
ce qui concernait la France, et nous sommes tombés unanimement
d'accord que la première contribution qu'on devait demander à notre
pays était de revoir certaines parties de ses triangles, comme nous l'avons
proposé.
» On voit donc qu'il y a un complet accord entre la Conférence de
Berlin et la France en tant qu'il dépend de l'Observatoire de Paris. Puisse
cette partie de notre communication parvenir à rassurer ceux qui, après
avoir soutenu naguère que la Géodésie française était terminée et qu'il n'y
avait pas lieu d'y rectifier quoi que ce soit, font entendre aujourd'hui des
doléances parce que la France n'est pas allée prendre des ordres à Berlin.
On s'est entendu à Paris. »
HISTOIRE DES SCIENCES. — Lettre adressée à M. Chevreul, au sujet des pièces
relatives à Newton et à Pascal, pièces considérées comme provenant de la
collection de Desmaizeaux, par Sir David Brewster.
« Je renferme dans ma Lettre une autre Lettre sur les Mémoires de
Pascal dont vous pourrez faire tel usage qu'il vous plaira (i). J'ai offert à
M. Chasles de faire ce qu'il m'a demandé, c'est-à-dire de faire une recherche
au sujet de l'offre du « fameux historien William Bobertson », d'acheter du
chevalier Blondeau Charnage les papiers de Desmaizeaux pour /|OOoo francs,
comme il est dit dans les Mondes du 24 octobre, p. 3/iH- Tour cela, j'ai de-
mandé une photographie ou les originaux des Lettres de Robertson, qui
doit avoir été un de mes prédécesseurs comme principal de l'Université
(1) Cette Lettre est adressée à l'éditeur du Times et a paru dans ce journal le a 1 novembre.
C. K., 1867, 2e Semestre . (T. LXV, Nu 25.) ' 'A '
( 9»6 )
d'Edimbourg. S'il l'a été, en effet, j'ai plusieurs de ses Lettres qui pourront
être comparées à celles qui sont entre les mains de M. Cliasles.
» Allerly-Melrose, le 23 novembre 1867. »
HISTOIRE DES SCIENCES. — Obseivation relative ù la Lettre de Sir David
Brewster. — Deux mots sur une Lettre de M. Govi (1); par M. Chasles.
« Sir David Brewster a accueilli, avec beaucoup d'obligeance, le désir
que j'avais exprimé, qu'il voulût bien s'enquérir s'il existerait encore des
traces des démarches faites par le professeur Winthrop et l'historien Ro-
bertson pour obtenir la rétrocession des papiers de Desmaizeaux acquis
par le chevalier Blondeau de Charnage. Il m'a informé, le 20 novembre,
qu'il ferait ces recherches, me demandant des copies des Lettres qui auraient
été écrites à ce sujet. Sir David a ajouté qu'il présumait que je parlais du
célèbre historien qui a été son prédécesseur comme principal de l'Univer-
sité d'Edimbourg.
» En envoyant les copies des deux Lettres de Winthrop et de Robertson,
j'ai eu l'honneur de dire à Sir David que je pensais qu'effectivement il
s'agissait du célèbre historien, et que, pour qu'il en jugeât, je lui enverrais
une photographie de la Lettre de Robertson. J'ai dans ce moment entre les
mains la première épreuve de cette photographie, et j'en attends d'autres
plus soignées, que j'adresserai à Sir David.
» Je passe à la Lettre de M. Govi, et je vais être très-bref, puisque c'est
la condition à laquelle M. le Président me donne la parole, à raison de
l'heure avancée et du Comité secret qui va avoir lien.
» Je dois signaler un passage de cette Lettre qui renferme une insinuation
grave, qu'on s'étonnerait de trouver dans les Comptes rendus sans une obsei-
vation de ma part.
» M. Govi dit : « M. Chasles possède, JE CROIS, quelques autographes vé-
» ritables de Galilée, il doit avoir entre autres, si je ne me trompe, une Lettre
» de ce savant adressée au prince Cesi, fondateur de l'Académie de Lincei;
)- la comparaison de ces documents avec les cinq Lettres de 1 64 1 pourra,
» je l'espère, dissiper tous les doutes. »
» Je prie M. Govi de vouloir bien dire très-nettement, très-explicitement
ce qu'il entend par là ; ce qui l'autorise à croire
» J'ajouterai, sans abuser des moments de l'Académie, qu'un autre pas-
(1) Voir ci-après cette Lettre de M. Govi , à la Correspondance, page g53.
( 927 )
sage de la Lettre de M. Govi renferme une erreur de fait, également fort
grave, qu'il ne pourra manquer de reconnaître. »
HtiTÉROGÉNlE. — Examen de quelques objections qui pourraient être faites
à mon travail sur l'origine des Amyhbacter ; par M. A. Tréccl.
« Je désire aujourd'hui communiquer à l'Académie la réfutation de
quelques objections qui pourraient être faites à mon travail sur l'origine
des Amyhbacter. La publication de ces réflexions devait suivre immédia-
tement ma communication du 23 septembre; mais la pensée que j'eus
d'ajouter quelques mesures comparatives de certains éléments de la dis-
cussion îii'engagea à différer la présentation de cette Note. Les expériences
qui devaient me fournir ces mesures n'ayant pas réussi à cause de l'abais-
sement de la température, je me décide à faire la présente publication.
» La première objection pourrait être tirée de la persistance de la vie
dans la substance végétale, et des modifications que celle-ci éprouve pen-
dant la putréfaction.
» Il existe, en effet, dans tout corps vivant une force qui préside à son
entretien et à son accroissement, et qui aussi s'oppose à toutes les causes
de destruction qui peuvent venir du dehors. C'est par cette force que, dans
beaucoup de végétaux, l'écorce reproduit, sous ses parties externes qui
doivent mourir, de nouvelles couches péridenniques destinées à protéger
les parties internes contre les agents extérieurs. C'est aussi la même force
qui, dans quelques autres plantes, engendre des zones d'un périderme
semblable autour de points nécrosés épars, et oppose ainsi à l'invasion du
mal, dont elle retarde la marche, une barrière qu'elle renouvelle à mesure
que celui-ci détruit graduellement les tissus qui lui sont successivement op-
posés. C'est encore cette même force qui réagit sous une autre forme quand
un arbre, après avoir été abattu, émet des bourgeons et des feuilles, en uti-
lisant les matières nutritives accumulées dans son sein.
» Pendant la dégénérescence gommeuse, les cellules qui sont en voie de
transformation grandissent souvent beaucoup; mais ici l'on peut soutenir
qu'il y a une simple modification chimique, durant laquelle les éléments
constitutifs subiraient une sorte de désagrégation donnant lieu à l'extension
de la cellule. Toutefois, dans les lacunes qui sont creusées par résorption
dans le tissu générateur des Amygdalées, où la formation immédiate de la
gomme est souvent presque nulle d'abord, certaines cellules limitant la ca-
vité s'allongent considérablement en travers des lacunes, se divisent parfois
en deux ou Irois cellules, tendant ainsi à réparer, à fermer la plaie faite
121..
( 9^ )
par la désorganisation. Une telle production de cellules bien plus remar-
quable encore peut être observée dans des lacunes engendrées par la même
cause à travers l'aubier du Cerisier.
» pendant les macérations dans l'eau, on trouve des signes non équivo-
ques de la même puissance conservatrice. La vie, en possession de la ma-
tière, cherche à s'y maintenir par des efforts manifestes. La conduite de
l'titriciile protoplasmique (dite utricule primordiale) durant la putréfaction
dans l'eau (ou même dans une faible solution de sulfate de fer, où la des-
truction est plus lente) en donne également des preuves évidentes. En se
contractant, cette utricule protoplasmique prend un aspect qui semble
accuser son inertie. Néanmoins on observe fréquemment, quelque temps
après, qu'elle se révivifie. Les sinus dus à la contraction s'arrondissent; ils
se ferment du côté interne par une membrane semblable à celle qui est
produite pendant la division ordinaire des cellules, et il en résulte plu-
sieurs petites ntricules ou vésicules qui continuent de vivre plus ou moins
longtemps, réunies entre elles ou complètement séparées. Ce que je viens
de décrire s'accomplit non-seulement chez des cellules qui possèdent en-
core leur membrane cellulosique, mais aussi chez des organes qui ont déjà
perdu cette membrane, désorganisée par la putréfaction.
» Les vésicules ou granules contenus normalement dans les cellules
prennent quelquefois un accroissement considérable pendant la macéra-
tion, avant de disparaître. Il semble souvent y avoir là quelque chose de
plus qu'une simple extension par modification chimique. Il y a un grand
accroissement, acquisition de nouveaux éléments sous l'influence de la vie
prolongée.
» En étudiant à l'état normal les granules contenus dans les fibres du
liber de quelques Apocynées et Asclépiadées, j'ai trouvé quelquefois que
les plus gros de ces granules bleuissaient par l'iode dans YÀmsonia tnti-
folia. Dans d'autres plantes, les plus gros granules exigeaient en outre,
pour bleuir, l'influence de l'acide sulfurique. La putréfaction produit le
même effet que l'addition de cet acide. Elle fait même très-souvent beau-
coup plus efficacement que lui bleuir tous les granules d'une même fibre,
quand ces granules ne sont pas trop petits [Apocynum venetum , cannabi-
mim). Y a-t-il ici une simple action chimique, ou la continuation, l'accélé-
ration du phénomène vital (i,? J'avoue que j'incline vers la seconde opi-
(i) Cette coloration des granules après la macération est représentée dans mes dessins
de i865.
( 929 )
nion. Ce qui se passe dans la production des Amylobacter, surtout à l'in-
térieur des fibres du liber (Apocynum, Figuier), tend à la justifier; car ce
sont souvent les très-fines granulations préexistantes qui grossissent, de-
viennent elliptiques, s'allongent en conservant leur diamètre acquis, ou
bien en s'atténuant en un appendice en forme de queue amylacée dès le
début, ou qui le devient plus tard. Néanmoins, je dois faire remarquer
qu'il y a entre ces deux faits une différence importante. Dans le premier
cas, ce sont des grains déjà relativement volumineux qui, sans grossir, ac-
quièrent la propriété de bleuir par l'iode seul. Dans le second cas, ce sont
de fines granulations qui grossissent et émettent latéralement un appendice
qui fréquemment seul bleuit par l'iode, le corpuscule initial restant inco-
lore ou devenant jaune.
» Ici se présente la première objection. Si je n'avais que de tels phéno-
mènes à donner en exemples, les adversaires de l'hétérogénie pourraient,
avec quelque apparence de raison, répliquer qu'ils ne voient dans la pro-
duction de ces Amylobacter qu'une dégénérescence des éléments anato-
miques normaux.
» Ils pourraient même soutenir qu'il y a génération complète d'élé-
ments anatomiques monstrueux quand les Amybolacler naissent dans un
liquide cellulaire qui ne contient pas du tout de granules en suspension,
par exemple dans les cellules de la moelle du Figuier vers la fin de l'été.
Mais il ne peut plus être question d'éléments anatomiques quand les Amy-
lobacter se développent en dehors des cellules. Là, très-souvent adhérents à
la paroi, couchés sur elle, ou dressés à sa surface, où ils sont attachés par
leur extrémité inférieure comme des plantes parasites, on ne saurait, sans
forcer les analogies, les assimiler aux grains d'amidon ou de chloro-
phylle, etc., toujours renfermés à l'intérieur des cellules. Il ne serait pas
plus rationnel de vouloir considérer leur évolution comme un mode de
multiplication utriculaire particulier à ces cellules en voie de mourir.
Outre que ce mode serait tout à fait insolite, ces corpuscules ne rappellent
en rien, par leur forme, par leur dimension, par l'aspect de la matière
amylacée amorphe qui y est incluse, les cellules de la plante mère sur les-
quelles ils sont nés.
» Si après ces réflexions il pouvait subsister encore quelque doute,
celui-ci devrait cesser en voyant de ces corps bleuissant par l'iode se mou-
voir dans toutes les directions au milieu du liquide du porte-objet, ou
même à l'intérieur des cellules quand ils s'y sont développés.
» Prétendrait-on alors qu'ils constituent des éléments anatomiques
(93°)
jouissant d'un mouvement de translation, nés de cellules qui n'en produisent
jamais de semblables à l'état normal, et qui les engendreraient quand ces
cellules sont en voie de désorganisation et sur le point de disparaître? Cette
hypothèse est inadmissible.
» D'un autre côté, en fait d'organites ou éléments anatomiques mobiles,
on ne connaît en physiologie que les spermatozoaires, les anthérozoïdes et
des sortes de spores qui comme eux jouent un rôle dans la reproduction de
l'espèce. Tous ces corps mobiles naissent dans des conditions physiolo-
giques, et à l'intérieur d'organes spécialement destinés à les sécréter. Les
Amylobacter, au contraire, sont engendrés pendantla putréfaction des tissus
aux dépens desquels ils se développent. Il serait impossible de leur assigner
un but, s'ils ne sont pas des êtres particuliers; et l'on ne voit pas pourquoi
la force qui résiste à la destruction, qui réagit avec tant de persistance
jusque dans les dernières molécules vivantes de protoplasma, ne pourrait
pas produire des êtres nouveaux destinés à vivre dans le milieu où les cir-
constances ont placé ces dernières molécules.
» Ce qui précède offre déjà un ensemble de faits bien favorables à l'ac-
ceptation de l'autonomie de nos corpuscules, et par conséquent à l'idée
de l'hétérogénèse. Si à cela l'on ajoute que des Amylobacter cylindroco-
niques, qui naissent de la même manière que les précédents, et qui, avec le
mouvement dont ils jouissent aussi quelquefois, dans la moelle du Ficus
Carica par exemple, possèdent encore la faculté de se multiplier par divi-
sion, il ne peut plus guère y avoir de place pour le doute, surtout quand
leur génération s'accomplit à l'intérieur de cellules non poreuses. J'ai vu
cette multiplication s'opérer dans des fibres du liber fortement épaissies du
Figuier, qui, de l'aveu de M. Nylander, peuvent ne pas olfrir de perfora-
tions, par lesquelles les Vibrions observés par ce savant, ou les Amylobacter
que j'ai décrits, auraient pu pénétrer. Et puis, je le répète, il est aisé de
trouver le contenu plasmatique ou granuleux de ces fibres ou d'autres or-
ganes cellulaires, ainsi que celui des vaisseaux du latex en voie de transfor-
mation.
» J'arrive maintenant à un autre fait que l'on pourrait opposer à l'opi-
nion que je soutiens. Comme il ne se présente pour ainsi dire qu'à l'état
d'accident dans la seule plante qui me l'a montré, et qu'il paraît y être assez
rare, j'aurais pu garder le silence à son égard ; mais l'ayant observé, je dois
le faire connaître. Au reste, dans le cas présent, l'argument que l'on en
voudrait tirer serait de nulle valeur, comme on en pourra juger, parce que
les Amylobacter dont il s'agit naissent à l'extérieur des utricules, ou plus
( 931 )
exactement du plasma des utricules ouvertes par la section. Je veux parler
d'un exemple d' Arnylobacler cpii passent à travers des membranes de cel-
lules munies de perforations, et qui vont se propager par division dans les
utricules voisines. Ce phénomène est si facile à constater quand il existe, que
je ne crains pas que des observateurs sérieux, ne jugeant que par l'inspection
directe des faits, puissent l'invoquer contre l'opinion que je défends. J'ai dit
dans ma communication du 23 septembre (p. 517) que, dans les cellules mé-
dullaires mises à nu et lésées par la coupe longitudinale de tronçons de tige
d' Heliantfms titberosus, des Arnylobacler naissent en immense quantité sous
la forme de fines granulations, que celles-ci s'allongent en petits cylindres,
qui grossissent promptement, et finissent par acquérir la propriété de se
colorer en bleu par l'eau iodée. Les granulations qui se changent en ces
Arnylobacler, apparaissent à la surface des parois utriculaires, ou dans les
résidus plasmatiques subsistant encore dans l'intérieur de ces cellules. Or,
ces utricules présentent de nombreuses ponctuations, qui semblent assez
souvent complètement perforées, et pourtant dans presque la totalité des
cellules, les Arnylobacler appliqués en foule contre la paroi ne la traver-
sent pas. Cependant j'en ai vu quelquefois la traverser. Des Amylobacter
bien développés étaient évidemment engagés dans la petite ouverture, et
avaient déjà donné lieu à quelques multiplications dans l'utricule adja-
cente (1).
C'est en vain, je le répète, que les adversaires de l'hétérogénie voudraient
soutenir que, si un tel passage à travers la membrane cellulaire a lieu une
fois, il peut s'opérer dans tous les aatres cas sans être aperçu. Non, cela
n'est pas, attendu que des pores, quelque petits qu'ils soient, sont toujours
aisément visibles, surtout dans les fibres du liber fortement épaissies; et
parce que, je le redis encore, la matière contenue dans ces cellules ou dans
les laticifères peut être facilement observée en voie de transformation, et
parce que aussi les Arnylobacler en naissent le plus fréquemment manifeste-
ment isolés les uns des autres.
(1) Telle n'est pas l'origine des Amylobacter que renferment certaines cellules non enta-
mées par la section de la moelle; car il s'en développe aussi, et c'est le cas le plus fréquent,
dans le plasma qu'elles peuvent contenir. Toutefois le développement intracellulaire des
Amylobacter ne s'effectue guère ici que dans quelques cellules de la première, de la deuxième,
ou tout au plus de la troisième rangée au-dessous de la surface de section.
Des Arnylobacler ainsi produits, au lieu de se séparer entièrement en se multipliant par
division, restaient réunis de manière à représenter des petites plantes ramifiées, dont l'aspect
général rappelait la figure d'un Opuntia, et dont quelques-unes, après un temps froid, jau-
nissaient seulement par l'iode. >
( 9^ )
» Lu naissance des Amylobacler de V Helianthus tuberosus à l'intérieur des
cellules médullaires lésées par la section, ou à l'extérieur de la cuticule, se
prête singulièrement à l'objection tirée de l'origine atmosphérique ou exté-
rieure des germes. En effet, pourquoi ces beaux Amylobacler de Y Helianthus,
qui se développent avec tant de profusion dans les places que je viens d'in-
diquer, ne naissent-ils cpi'assez peu communément dans les cellules médul-
laires entières les plus rapprochées de la surface de section, et pas du tout
ou bien rarement dans celles qui sont situées plus profondément? J'avoue
n'en pas connaître la raison. C'est peut-être que le plasma qui les produit a
besoin de l'influence des gaz dissous dans l'eau du flacon.
» Au reste, ces mêmes cellules médullaires nous fournissent aussi un excellent
argument contre la facile pénétration des prétendus germes venus de t 'extérieur,
puisque toutes ces cellules sont perforées, et que, malgré cela, nos granulations
génératrices riy entrent pas!
» D'autre part, je suis convaincu que des myriades de germes, qui se
développent simultanément, et dans l'espace de vingt-quatre à trente-six
heures en temps chaud, ne sauraient être apportés par le liquide employé,
puisqu'il n'en présente pas de trace. On ne saurait soutenir non plus que ces
germes ont été déposés sur la plante vivant à l'air libre, puisque l'on n'en
découvre aucune indication, quand on examine la tige avant de la mettre en
macéraration, et parce que les granulations qui constituent ces germes apparais-
sent EN MÊME TEMPS, et en aussi grande quantité, sur les cellules de la moelle
fendue longitudinalemenl. li est évidemment impossible que ces derniers
germes aient une autre origine que la matière organique de ces cellules en
contact avec l'eau, puisque, je le répète, cette eau n'en contient pas.
« Aucun micrographe sérieux n'oserait supposer qu'une telle quantité de
granules, suspendus dans l'air où on ne les voit pas, aient pu traverser le
liquide en aussi peu de temps, et soient venus se déposer et s'attacher à
la surface des tronçons de tige immergés (i).
» Ces germes, qui n'existaient ni sur la plante, ni dans l'eau employée,
(i) Quand des spores de parasites existent à la surface des plantes, on les observe aisé-
ment. \1 Helianthus tuberosus en fournit un bel exemple. La partie inférieure de la tige est
dépourvue de ses poils originels, et c'est de cette partie principalement que je me servais
dans mes expériences; mais plus haut, où ces poils existent, ils protègent souvent les spores
d'un champignon filamenteux que j'ai souvent vus en germination. Ces spores, relativement
très-gros, ne sont nullement comparables par leur volume et par leur végétation avec les
fines granulations par lesquelles commencent nos Amylobacter. — Il y a aussi des Monades
fixées par leur filament à la surface de l' Helianthus.
( 933 )
et qui n'ont pu venir de l'air à travers le liquide du flacon, ont donc de
toute nécessité été engendrés par la substance végétale elle-même. Et d'ail-
leurs, on peut voir les fines granulations succéder à l'aspect irrégulièrement
et délicatement chagriné de la substance cnticulaire superficielle.
» Il me reste maintenant à examiner une dernière question. Les Amyto-
bacter mobiles rigides sont-ils des Bactéries, et les flexueux des Vibrions?
» Pour Ehrenberg, un Bacterium est « un animal de la famille desVibrio-
nides, prenant par la division spontanée la forme d'un fil articulé raide. »
Pour Dujardin, un Bacterium est un corps filiforme, raide, devenant plus
ou moins distinctement articulé par suite d'une division spontanée impar-
faite, et, de plus, ayant un mouvement vacillant non ondulatoire.
» Ce mouvement vacillant de Dujardin n'est pas suffisamment défini, car
il peut s'appliquer au mouvement moléculaire de bascule des corpuscules
allongés.
» Nos corps rigides, bleuissant par l'iode, qui ont un véritable mouve-
ment de translation, ne sont ni filiformes, ni articulés de la manière dont
les figure Ehrenberg. Ils sont ou capités ou cylindroconiques.
» Les Amylobacter cylindracésqui, se multipliant par division, ont offert
plusieurs cellules bout à bout, n'étaient pas mobiles. Quant aux Amylo-
bacter fusiformes, je ne les ai pas vus se mouvoir; et les formes en têtard,
mobiles ou non, à queue rigide ou flexueuse, ne peuvent pas plus se rap-
porter aux Bactéries qu'aux Vibrions, puisque ces deux sortes de corps
sont filiformes d'après Ehrenberg et Dujardin. D'un autre côté, comme les
Amylobacter cylindriques à mouvement flexueux, ne sont pas articulés, ils
ne peuvent en aucune façon représenter la chaîne filiforme, dont les Vi-
brions rappellent l'aspect d'après Ehrenberg. 11 y a d'ailleurs tout lieu de
penser que, sous le nom de Vibrion, il a été désigné souvent des corps mo-
biles de nature très-diverse; et il me paraît probable que ce sont des Amy-
lobacter mobiles que M. Nylander a vus grouiller dans les fibres du liber du
Figuier, et qu'il signale comme des Vibrions. J'en ai rencontré de tels qui
étaient d'une grande ténuité. Un peu renflés vers l'une des extrémités,
très-at ténues vers l'autre, ils s'agitaient comme une fourmilière avec une
grande vivacité. La plupart ne bleuissaient pas encore par l'iode. Quelques-
uns seulement, bien rares et des plus volumineux, bleuissaient par l'eau
iodée dans leur partie atténuée, tandis que l'extrémité renflée restait in-
colore. A l'intérieur de nombreuses fibres libériennes du Figuier aussi,
tous les Amylobacter bleuissaient, étant beaucoup plus volumineux; mais un
petit nombre étaient en mouvement. Ces derniers s'avançaient entre les
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 23.) * 22
( 9^4 )
autres dans toutes les directions, semblant s'arrêter capricieusement çà et là
comme de petits Poissons, dont ils rappelaient bien plutôt la forme que
celle de Vibrions. »
RAPPORTS.
HYDIiAULIQUE. — Rapport sur deux Mémoires présentés par M. le Général
Didion sous le titre c/'Études sur le tracé des roues hydrauliques à aubes
courbes de M. Poncelet.
(Commissaires : MM. Poncelet, Piobert, Morin rapporteur.)
« L'Académie nous a chargés, MM. Poncelet, Piobert et moi. d'examiner
deux Mémoires qui lui ont été présentés par M. le Général d'artillerie
Didion, dans ses séances du 3 juin et du 3o septembre 1867, sous le titre
à'Étucles sur le tracé des roues hydrauliques à aubes courbes cie M. le Général
Poncelet; nous venons nous acquitter de celle mission.
» L'Académie sait qu'en 1824, à une époque où la plupart des moteurs
hydrauliques en usage dans l'industrie étaient encore construits de la ma-
nière la plus imparfaite, notre illustre confrère, M. Poncelet (1), appliquant
<à la théorie de ces moteurs le principe des forces vives suivant la marche
indiquée par Borda, et y joignant des considérations nouvelles sur les mou-
vements d'introduction, de circulation et d'évacuation du liquide, proposa
de substituer aux roues à aubes planes recevant l'eau en dessous, si fré-
quemment employées alors, des roues à aubes courbes, dont l'effet théo-
rique devait être le double de celui des anciennes roues. Des les premières
applications de ces nouveaux récepteurs hydrauliques, l'expérience justifia
en très-grande partie les prévisions de l'auteur, et l'Académie, justement
frappée de l'importance des résultats que ce nouveau mode de construc-
tion devait avoir pour l'industrie, accorda, à cette époque (janvier 182 5 .
la plus haute approbation aux recherches de M. Poncelet.
» Les conséquences des principes exposés par notre confrère dans son
(1) Mémoire su/- les roues verticales h aubes courbes, mues par-dessous, suivi d'expé-
riences m pi lit sur les effets mécaniques de ers /vues, présente par le Secrétaire perpétuel,
M. Arago, en décembre 1824, à l'Académie des Sciences, qui ;t décerné, l'année suivante, à
son auteur le prix de Mécanique institué par feu M. île Montyon; imprimé en 1 8 > ~> dans
les .lunules de Chimie et de Physique, dans le Bulletin de In Société d' Encouragement, dans
les Annales des Mines, .1 Vienne, etc.
La deuxième édition, accompagnée de considérations pratiques, a été imprimée à Met/, en
avril 1827.
( 935 )
Mémoire de 182^ et dans le cours de machines qu'il professa plus tard à
l'École de l'Artillerie et du Génie de Metz, s'appliquaient si directement
aux autres récepteurs hydrauliques, qu'elles ont depuis servi de bases à la
théorie et au tracé de ces moteurs, et en particulier pour l'étude et la con-
struction de ceux qui sont connus sous !e nom de turbines, et dans lesquels
le mode d'action de l'eau circulant sur des directrices et sur des aubes
courbes, est soumis à des conditions analogues à celles que M. Poncelet
s'était imposées pour sa roue à aubes courbes.
» Quoique les premiers résultats obtenus par le tracé qu'il avait indiqué
pour le coursier et pour les aubes courbes de ses roues eussent déjà réalisé
un progrès considérable sur le mode de construction antérieur des roues
qui reçoivent l'eau en dessous, M. Poncelet cherchant à obtenir, pour
l'ensemble des filets fluides dont se composent les veines de om,i5 à om, 20,
d'épaisseur que la pratique conduit à employer, les mêmes conditions d'in-
troduction sans choc et de sortie sans vitesse, proposa, dès i838, un nou-
veau tracé dans lequel le coursier, au lieu d'être formé par un plan incliné,
avait pour profil, dans le sens perpendiculaire à l'axe de la roue, une déve-
loppante de cercle dont il indiquait la construction.
» Cette modification, qui conduisait à placer plus haut que précédem-
ment le seuil de l'orifice, outre l'avantage de satisfaire à la première condi-
tion de l'introduction de l'eau sans choc, avait suhsidiairement celui
d'abaisser le point où l'eau abandonne la roue, comme le montre le travail
dont nous rendons compte, ainsi que nous le dirons tout à l'heure.
» Ce dernier résultat ne pouvait être mis en évidence que par la déter-
mination et le tracé de la courbe que suivent les molécules fluides, et, par
exemple celles du filet moyen de la veine, et cette détermination avait été
l'objet de longues et difficiles recherches analytiques, auxquelles s'était livré
M. Poncelet.
» Malheureusement, cette loi du mouvement d'une molécule fluide intro-
duite, avec une vitesse relative donnée, sur une aube courbe animée d'un
mouvement de transport général autour d'un axe parallèle à ses généra-
trices, soumise de plus à l'action de la gravité et à celle de la force centri-
fuge (en faisant même abstraction de la résistance des parois), ne peut être
exprimée que par des relations algébriques tellement compliquées, que leur
solution a jusqu'ici échappé au pouvoir et aux ressources de l'analyse, même
dans les mains de notre savant confrère, qui se vit arrêté dans cette
recherche par ces difficultés.
» Tel était l'état de la question lorsque M. le Général Didion, que ses
11..
( 936 )
longues et savantes études de balistique et de physique mécanique ont de-
puis longtemps familiarisé avec les secours que la géométrie peut, dans de
pareilles questions, prêter à l'analyse en défaut, entreprit de résoudre
celle-ci par des tracés graphiques, et parvint ainsi à des résultats qui, très-
suffisants pour guider les constructeurs, ont en même temps mis en évi-
dence les avantages du nouveau dispositif indiqué par M. Poncelet.
» D'une autre part, dès l'année i83i, notre savant confrère, s'occupant
de la théorie des roues à augets à grande vitesse, alors fort en usage encore
pour les forges à l'allemande et pour les scieries de montagnes, avait montré
que les molécules fluides contenues dans les augets, et emportées dans leur
mouvement de rotation, tendaient à s'établir, sous l'action de la gravité et
de la force centrifuge, selon des surfaces de niveau cylindriques à arêtes
parallèles à l'axe de la roue, et dont l'axe était, pour une même vitesse an-
gulaire, à une distance verticale constante de celui de la roue et exprimée
par la formule très-simple ^- dans laquelle V, est la vitesse angulaire sup-
posée constante de la roue, g = o,m,8o88.
» Il n'est pas inutile de dire que cet important et remarquable théorème,
combiné avec le principe de Borda sur les pertes de force vive éprouvées
par l'eau à son entrée dans les augets, conduisit ainsi M. Poncelet à une
théorie complète des roues à augets à grande vitesse, théorie dont l'un de
nous a pu, en i832, par des observations directes, constater le complet
accord avec l'expérience.
» Partant de ce théorème, qui donne, pour chaque position de la molé-
cule fluide, la direction de la résultante de la gravité et de la force centri-
fuge, et connaissant les accélérations qui lui sont communiquées par ces
deux forces, M. le Général Didion est parvenu, à l'aide de constructions
graphiques très-simples, à tracer fort approximativement par points la tra-
jectoire décrite par les molécules du filet moyen, depuis leur entrée sur
l'aube jusqu'au moment où elles la quittent, après avoir été emportées avec
elle dans le mouvement, de rotation de la roue.
» On sait que, dans ces récepteurs, les molécules d'eau introduiles sur
les aubes, vers le bas de la roue, se rapprochent d'abord du centre et delà
circonférence intérieure de la couronne, mais d'une quantité toujours très-
notahlement moindre que le quart de la hauteur due à leur vitesse d'af-
fluence sur la roue, et que, dans ce mouvement, elles perdent graduelle-
ment leur vitesse relative de glissement sur l'aube ; leur trajectoire doit donc
présenter un point culminant où cette vitesse est nulle, et au delà duquel
( 9^7 )
leur mouvement de descente sur l'aube s'accélère de plus en plus sous
l'action de la force centrifuge et de la gravité jusqu'au moment où elles
quittent la roue.
» C'est en recherchant les positions qu'une molécule du filet moyen oc-
cupe lorsqu'elle a d'abord perdu successivement des degrés égaux et peu
différents de sa vitesse primitive, et celles où elle a repris les mêmes degrés
de vitesse, que M. le Général Didion parvient à tracer la trajectoire entière.
» La seule hypothèse, évidemment très-voisine de la vérité, qu'il se per-
mette, c'est de substituer, pour chacun de ces intervalles, pour lesquels la
distance de la molécule à l'axe de rotation varie assez peu, la valeur
moyenne de sa vitesse à ses valeurs variables; ce qui lui permet de consi-
dérer, pour ces petits intervalles, la force centrifuge comme constante,
et ayant alors une valeur que l'on peut calculer. Dès lors, il lui est facile
de déterminer le chemin parcouru, d'un mouvement moyen, d'une position
à l'autre par la molécule dans le sens de la direction de la résultante de la
force centrifuge et de la gravité. En composant ensuite ce déplacement
avec celui qui résulte du mouvement de transport de l'aube autour de l'axe
de la roue, il obtient la position qu'occupe la molécule après qu'elle a
perdu une portion déterminée de la vitesse qu'elle avait au commencement
de l'intervalle considéré.
» En passant ainsi de proche en proche du point d'introduction du filet
moyen, ou de tout autre, à ceux où la vitesse varie de quantités données à
l'avance, M. le Général Didion obtient par points, avec toute l'approxima-
tion désirable, la trajectoire entière parcourue par une molécule quel-
conque.
» La place qu'occupe cette trajectoire sur le plan du profil transversal
de la roue dépend évidemment de la position de son origine, qui est le
point d'introduction de l'eau sur la roue, lequel est déterminé par l'empla-
cement du seuil. Or, selon que cette trajectoire se trouve reportée plus ou
moins du côté d'amont par rapport à la verticale qui passe par l'axe de la
roue, le point de sortie où l'eau quitte l'aube se trouve plus haut ou plus
bas, en même temps que la vitesse absolue avec laquelle les molécules
abandonnent la roue se trouve plus petite ou plus grande; ou, ce qui re-
vient au même, le travail moteur perdu par l'élévation inutile de l'eau et
celui qui correspond à la force vive absolue d'évacuation se trouvent tous
deux plus faibles ou plus forts.
» Il importait donc, pour l'étude des conditions les plus favorables de la
construction, de tracer des trajectoires correspondant à diverses positions
( 938 )
du seuil, les autres éléments de la question restant les mêmes. C'est ce qu'a
fait dans ses deux Mémoires M. le Généra! Didion, d'abord pour le cas
données suivantes relatives à une roue établie conformément à ces prin-
cipes à la poudrerie d'Esquerdes :
Diamètre de la roue 3m,5o
Chute im,8o
Vannage incliné à 4^°
Angle des premiers éléments des aubes avec la circonférence. . . 260
Levée de vanne habituelle à. . . om,i6
« Sans rappeler ici eu détail les résultats de la discussion établie par
l'auteur au sujet de l'influence de l'élévation de ce point d'introduction de
l'eau sur l'effet utile, nous nous bornerons à indiquer les valeurs des ren-
dements théoriques de la roue pour différentes hauteurs de ce point :
Hauteur du point d'admission du filet moven / m_ m „ m„ m , ,-
1 } 0,000 o,iC|5 o,3io 0,425
au-dessus du bas de la roue I
Rendement théorique de la roue 0,662 0,770 0,838 0,872
» Ces chiffres mettent suffisamment en évidence l'influence directe de la
position de ce point d'arrivée de l'eau, et, comme le tracé du coursier
indiqué par M. Poncelet avec des levées de vanne de om,i5 à om,25, que
l'expérience d'ailleurs a indiquées comme les plus convenables, conduit
précisément à assigner à ce point une position suffisamment élevée, les
études géométriques de M. le Général Didion ont apporté aux dispositions
nouvelles indiquées par M. Poncelet une confirmation directe, à la fois
intéressante par la méthode qu'a adoptée l'auteur, et précieuse pour la
pratique.
» Dans son second Mémoire, l'auteur a appliqué la même méthode à
cinq roues existantes, dont quatre aux poudreries d'Esquerdes, deVouges,
du Ripault et d'Angoulème, et la cinquième au moulin des Onze-Tournants
delà ville de Metz, modifié d'après ces conditions. Ces nouvelles applica-
tions et des expériences directes laitesau frein de Prony, sur la roue d'An-
goulème, ont complètement confirmé les avantages du nouveau tracé pro-
posé par M. Poncelet et les considérations théoriques de M. le Général
Didion.
« Sans entrer dans de plus longs développements sur la discussion de
ces résultats, nous nous bornerons à indiquer les conséquences qui en dé-
coulent au double point de vue de la théorie el de la construction des
roues à aubes courbes.
( 9%)
» Les principales conclusions que M. Didion tire de la comparaison des
cinq roues à aubes courbes d'Esquerdes, de Vonges, de Ripault, de Metz
et d'Angoulème, peuvent se résumer ainsi qu'il suit :
» i° Le rendement augmente avec le rapport de l'élévation du filet
moyen de la veine fluide à la hauteur de la chute;
» 2° Ce rapport doit être de 0,20 à 0,16, et alors le rendement peut
atteindre et dépasser 0,80;
» 3° Dans le cas où des circonstances particulières auraient conduit à
adopter pour la roue un rayon notablement moindre que la chute, on de-
vra donner à la circonférence de la roue une vitesse égale seulement à o,5o
tle celle de l'eau affluente et au premier élément de l'aube, avec inclinaison
de 27 ta 28 degrés sur la circonférence : on évitera ainsi d'avoir un seuil trop
relevé du côté d'amont;
» 4° h*e rayon des aubes doit être généralement égal au tiers de la hau-
teur de chute mesurée du niveau d'amont au point d'admission de l'eau sur
la roue : mais, pour qu'à sa rencontre avec la circonférence intérieure l'aube
ne présente pas une concavité trop prononcée, il sera souvent convenable
de former la courbure de cette aube avec deux rayons, dont le premi r,
égal au tiers de la chute, servirait à tracer un arc de 45 degrés, et dont le
second, plus grand, serait, choisi de manière que l'élément correspondant
langent au premier à son origine fît, à sa rencontre avec la circonférence
intérieure, un angle droit avec celle-ci ;
» 5° Le point inférieur delà circonférence de la roue peut être habituel-
lement placé un peu au -dessous du niveau moyen des eaux d'aval de -^ à -^
environ de la hauteur de la chute;
» 6° Le vannage devra être incliné à un de base sur un de hauteur, et
aussi rapproché que possible de la circonférence de la roue.
» En satisfaisant à ces diverses conditions et en suivant les indications
données par M. le Général Poncelet pour le nouveau tracé qu'il a adopté,
l'on pourra obtenir de ces récepteurs, d'une construction simple et écono-
mique, un rendement pratique de 0,70 du travail moteur absolu fourni par
le cours d'eau, c'est-à-dire égal à celui des meilleures turbines.
» En résumé, l'on voit que M. le Général Didion, par un heureux emploi
des tracés géométriques, est parvenu à résoudre, avec toute l'exactitude que
l'on peut désirer dans les cpiestions de mécanique appliquée, le difficile pro-
blème du mouvement absolu des molécules fluides emportées par des
aubes courbes sur lesquelles elles circulent, problème pour la solution
duquel les ressources de l'analyse ont été jusqu'ici insuffisantes.
( 94o )
» En montrant parce nouvel exemple tout le concours que la géométrie
peut apporter à l'analyse, et en mettant en évidence les avantages du nou-
veau mode d'établissement des roues à aubes courbes, l'auteur a donc fait
une œuvre à la fois utile à la science et à la pratique.
» En conséquences, vos Commissaires vous proposent d'accorder votre
approbation aux deux Mémoires de M. le Général Didion, et d'en ordonner
l'impression dans le Recueil des Mémoires des savants étrangers. »
Les conclusions de ce Rapport sont adoptées.
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHIRURGIE. — Occlusion pneumatique par aspiration continue dans le traite-
ment des plaies; par M. J. Gcérix.
« Dans la communication qu'il a faite lundi dernier à l'Académie, sur
l'aspiration continue appliquée aux grandes amputations, M. le Dr Maison-
neuve a cru pouvoir établir une différence entre cette méthode et l'occlu-
sion pneumatique , dont j'avais fait antérieurement des applications, dans
son service même, à l'Hôtel-Dieu.
» Les résultats obtenus postérieurement par M. Maisonneuve, qui « dans
» cinq amputations de cuisse, a vu la cicatrisation se produire en quel-
» ques jours sans accidents, et même sans fièvre traumatique », sont trop
importants pour que je ne m'empresse pas de dissiper, aux yeux de l'Aca-
démie, la méprise un instant commise par mon savant compétiteur.
» Uocclusion pneumatique, telle que je l'ai exposée devant l'Académie, et
telle que je la pratique depuis plusieurs années, satisfait simultanément
aux deux indications capitales : l'occlusion hermétique et l'aspiration conti-
nue : l'une est inséparable de l'autre, parce que l'une ne peut être produite
que par l'autre. Dans les différents écrits dont la méthode a été l'objet, j'ai
insisté sur les deux actions mécaniques, comme sur les deux résultats phy-
siologiques qu'elle réalise. Enfin, dans les différentes observations pratiques
que j'ai rapportées à l'appui de mon système, j'ai insisté sur les deux ordres
de résultats qui en assurent le succès. Il ne saurait donc plus rester le moin-
dre doute sur l'identité des deux méthodes. C'est ce que l'honorable chi-
rurgien de l'Hôtel-Dieu a explicitement reconnu. Apres s'être rendu plus
complètement compte de l'action de ma méthode, et après avoir pris une
plus ample connaissance des textes où elle est exposée, il a bien voulu
m'atlresser la Lettre suivante que je mets sous les yeux de l'Académie :
( 94' )
« Paris, iç) novembre 1867.
» Mon cher confrère,
» Dans le travail que j'ai lu à l'Académie, je n'ai point contesté les pro-
» priétés aspiratrices de votre appareil ; j'ai dit au contraire que cet appa-
» reil réalisait l'aspiration continue. Seulement, les fails dont j'avais été
» témoin m'avaient fait croire que, dans votre préoccupation de l'occlu-
» sion des plaies, ou de leur soustraction au contact de l'air, vous n'aviez
» pas remarqué cetle propriété aspiratrice de voire appareil, ou que, dans
» tons les cas, vous ne la mettiez pas à profit, puisque vous fermiez les
» plaies avec des sutures très-exactes, avant d'appliquer le manchon en
» caoutchouc.
» Cependant, depuis que j'ai lu votre travail de 1866, il est évident pour
» moi que les propriétés aspiratrices de votre appareil y avaient été par-
» faitement indiquées. C'est donc à vous qu'appartient l'honneur d'avoir
» réalisé /' occlusion par aspiration continue.
» Recevez, etc. Signé : MAISONNEUVE. »
» La déclaration de M. Maisonneuve, aussi explicite que loyale, ne
laisse donc aucun prétexte à l'équivoque, et elle assure au contraire à la
méthode de Yocclusion pneumatique le bénéfice des succès si remarquables
obtenus par l'habile chirurgien de l'Hôtel— Dieu.
» Permettez-moi, Monsieur le Président, de profiter de cette occasion
pour prier l'Académie de vouloir bien me comprendre parmi les candidats
à la place actuellement vacante dans la Section de Médecine et de Chirurgie.
Aux titres que j'ai déjà présentés à l'appui de ma candidature, je me pro-
pose d'en ajouter de nouveaux que je soumettrai à l'Académie, si elle me
fait l'honneur de m'accorder la parole dans une prochaine séance. »
MÉCANIQUE MOLÉCULAIRE. — Note sur la théorie moléculaire des corps; par
M. GuLDBEKG.
(Commissaires : MM. Regnaull, Duhamel, Combes.)
« Un problème d'une grande importance est la détermination des équa-
tions qui ont lieu entre la pression, le volume et la température d'un corps.
Il est évident que chaque état d'agrégation a son équation spéciale. Je vais
exposer une méthode nouvelle pour déterminer ces équations à deux va-
riables indépendantes, et je montrerai comment on trouvera les équations
à une seule variable indépendante, dans les cas spéciaux où le corps passe
C. K., 1867, 2e Semestre. (T. LXV,JNU25.) l 2^
( 94* )
d'un état d'agrégation à un autre, par exemple les équations des vapeurs
saturées.
» Les résultats de cette méthode sont assez remarquables, car ou trouve
des formules générales qui comprennent les formules proposées par MM. Hirû
et Zeuner, et ces savants ont démontré que leurs équations s'accordent
avec les expériences.
» Désignons par
» p la pression spécifique d'un corps;
» v le volume de i kilogramme du corps;
" ï = 2730 -l- t° la température absolue;
» cp la capacité calorifique à pression constante;
» cv la capacité calorifique à volume constant;
« c la capacité calorifique réelle;
» l la chaleur latente interne ou le travail interne mesuré eu calories;
» A = j-j l'équivalent mécanique de la chaleur.
» On démontrera facilement que l'équation d'un corps quelconque
s'écrit
(1) pv = ïïï-hX,
où R est une constante et X désigne une fonction de deux variables, les-
quelles peuvent être choisies arbitrairement entre p, v et T. D'après la
théorie mécanique de la chaleur, on sait qu'en échauffant 1 kilogramme
d'un corps, iU aut dépenser une quantité de chaleur dQ ou
( 2 ) ciQ = cd T + dl -+- kp dv.
» En introduisant r/Q = cpdT et dQ = c„dT et en regardant / comme
une fonction de v et de T, on trouvera
:3> *=«+(S(h) + h+v(»
(4) c;=c+(±
» En appliquant le procédé de Carnot, on démontrera facilement l'équa-
tion suivante :
<5> G=«a-v
» J'omets la démonstration de cette équation importante, parce qu'elle
est tout à fait analogue à celle de l'équation (17), qui est bien connue
( 943 )
dans la théorie mécanique de la chaleur. Si l'on fait une hypothèse sur la
fonction /, on peut la vérifier par cette équation.
» Toutes ces équations sont communes à tous les corps; maintenant
j'établis une relation entre X et / :
F(X,7,/>,e,T) = o,
et alors on peut déterminer la fonction inconnue X à l'aide des équations ( i )
et (5).
» Corps gazeux ou vapeurs surchauffées. — Pour les corps gazeux, je pose
(6) dl = adX + edT,
où a. est une constante et 0 est une fonction inconnue de v et deT; mais
puisque dl et dX sont tous deux des différentielles totales, il s'ensuit que
( -r ) = o; 0 dépend seulement de T.
» Posons
X =f(p, o),
on trouve, en éliminant — et '-p- à l'aide des équations (i), (5) et (6),
» L'intégrale générale de cette équation est
(8) x = P V\x*"A
où f désigne une fonction arbitraire. Parmi les intégrales particulières, je
ne citerai que
x= vci^ll!,
où C et n sont des nombres quelconques, et s = i H Une forme simple
de X est la suivante :
(9) X = j3p"r+7^-%
où fj et -/sont des grandeurs constantes, et cette formule renferme les for-
mules de MM. Hirn et Zeuner. Si l'on regarde X connue une fonction de v
19.3..
( 944 )
et de T. on trouvera par la même méthode, en employant les équations (i),
(5) et (6),
("0 x"W(i;
où /désigne une fonction arbitraire.
» En introduisant la valeur de dl tirée de l'équation (6) dans l'équa-
tion (2), on trouvera en éliminant X à l'aide de l'équation (1),
(11) dQ= (c — «R -+- 0) dT -+- ad (pv) -h Apdv.
» Dans le cas spécial, où c — y.R-\-Q = o, on aura la loi de M. Him. En
transformant les équations (3) et (4), on trouve
, - t. rx (x +A) R
(12) r,= c-aR + e +
L(—)
P \ df )
cv = c-».R + 6h
P
aR
» Il est bien évident que la loi de Dulong et Petit s'applique à la capacité
calorifique réelle, et point du tout à cp ou cv qui sont des grandeurs va-
riables. Désignons par m le poids d'une molécule d'un corps et par i le
nombre des atomes du corps; je pose
cm
(i4) — = const.
Quand les gaz sont assez éloignés de leur point de saturation, ils suivent
la loi de Mariotte et de Gay-Lussac, c'est-à-dire, on peut négliger X dans
l'équation (1). D'après la théorie chimique des volumes moléculaires, on
conclut
(i5) B-in = const.
» Cas spécial. — Supposons 0 = o et X = o. En donnant des valeurs
préalables aux constantes des équations (i4) et (i5), on peut écrire
... 2 , 4 1 i + 2
' m
Par cette formule, j'ai calculé les nombres inscrits dans le tableau suivant.
T^e rapport — devient
R _ <> c + AR 0,8299
(945 )
» Les différences entre les valeurs de c-t-AR et de cp (trouvées par
M. Regnault) sont dues à ce que les gaz ne suivent pas exactement la loi
de Mariotte et de Gay-Lussac, et peut-être parce que 0 n'est pas zéro.
Formules. ni i c-t-A.R <• observ.
H2 2 2 3,4'00 3,4090
O2 3a 2 0,2 c 3 1 0,2175
N< 28 2 o,3436 0,2.438
CO 28 2 0,2436 0,2450
co- 44 ^ 0,200,8 0,2025
NO 3o 2 0,2273 0,2.317
N;0 44 3 0,2098 0, 22.38
SO- 64 3 0,1442 o,i553
HCI 36,5 2 0,1869 o,i85a
» Vapeurs saturées. — Quand la vapeur est saturée, sa pression p et
son volume v sont déterminés par la température ï, que nous regardons
comme la variable indépendante. De même pour le liquide à son point
d'ébullition, sa pression p' et son volume u dépendent seulement de sa tem-
pérature T'. Soit pv = RT -F- X l'équation de la vapeur surchauffée (ou non
saturée), et soit />'« = ST'+ Y l'équation du liquide en général, on aura
pour le passage de l'état liquide à l'état gazeux, les équations suivantes :
^ = RT + X, p'u = ST + Y, p = p>, T = T', (g) = (JQ.
En déterminant les valeurs de \ jL) et de ( — — • |
(16)
» Ce système d'équations résout complètement le problème; car on a
trois équations entre quatre variables, r, u, p et T. La chaleur latente in-
terne que la vapeur absorbe se trouve à l'aide de l'équation (5); en dési-
gnant cette quantité de la chaleur par p, on aura
pv = RT + X,
pu = ST -f- Y,
R-
dv T fdX\~\ „ du
b-m
-m
-m
•1) p=[at(±)-a,
[v — «),
formule bien connue dans la théorie mécanique de la chaleur.
( 946 )
» Les formules (16) s'appliquent au cas où un corps solide passe à l'état
liquide; elles déterminent la pression p et le volume odu liquide à son point
de solidification et la pression p et le volume n du corps solide à son point
de fusion, et l'équation (17) donne la chaleur latente interne de fusion. »
économie RURALE. — Sur V introduction et l'acclimatation des vers à soie du
chêne; par M. Guérin-Méneviixe. (Extrait d'une Lettre à M. Chevreul.)
(Renvoi à la Commission de Sériciculture, j
« Comme l'année dernière, les expériences faites par moi et par mes col-
laborateurs de divers pays ont été contrariées par les perturbations clima-
tériquesdont on se plaint presque partout, et l'on a observé malheureuse-
ment dans ces essais plus de cas d'insuccès que de réussites.
» Cependant mes collaborateurs sont loin de se décourager. Ils ont tous
compris que les maladies qui ont atteint la plupart des éducations du
Bombyx Yama-maï dépendent de conditions générales très-difficiles à dis-
cerner (1), mais qui, heureusement, ne se sont pas produites partout. Les
résultats I; vorables qui ont été obtenus, dans quelques localités, avec les
mêmes œufs dont les vers avaient péri ai! urs 1), leur ont montré que l'ac-
climatation de celte belle espèce est possible, et ils ont résolu de persévérer
dans leurs tentatives. Ils pensent, comme moi, que les causes, de vérita-
ble force majeure, qui ont fait échouer une partie notable de leurs essais,
cesseront tôt ou tard, et que nous réussirons enfin à donner au pays et à
l'Europe une véritable source de richesse, exploitée avantageusement et
depuis des siècles par les populations chinoises, japonaises, etc.
» J'ai déjà entretenu plusieurs fois l'Académie de cette importante ques-
tion, mais, depuis, j'ai reçu de nouveaux renseignements prouvant que l'un
des vers à soie du chêne, celui qui nous vient du Japon et que j'ai fait con-
naître le premier sous le nom de Borhi ) me , est bien réellement
en voie d'acclimatation chez nous. Cette acclimatation, entravée aujour-
d'hui par des conditions climatériques anormales, n'eu es! pas moins réelle,
comme le prouvent des faits qui mont déjà été signalés.
(1) Probablement les mêmes qui, depuis plusieurs années, ont diminué sensiblement le
nombre de beaucoup d'espèces d'il lin ■ jn <■ l'ont remarqué les entomolo-
gistes collecteurs.
(2) Des faits semblables ont éti à soie ordinaires du mûrier et,
entre autres, par M , le Maréchal \ aillant, qui ei etenail la Société impériale et centrale
d'Agriculture de France, dans sa séance du 2! aoûl i <S( >- .
M )
» Le l'ait le plus capital de la campagne de 1867 est la continuation des
succès obtenus en Hongrie par M. le baron de Bretton. Cet expérimenta-
teur est parvenu à conserver l'espèce depuis que je lui eu ai envoyé des
œufs, en 1 863, et, cette an re, arrivés à la cinquième génération,
ces vers Yama-rndi ont donné un résultat des plus satisfaisants, qui se tra-
duit par la récolte de plus de quatre mille cotons, qu'il a consacrés tous à
la reproduction, et "dont les papillons lui ont donné plus de trois cent
mille œufs pour ses expériences de l'année prochaine. Il aurait entrepris
des éducations sur une plus gi belle et dans diverses localités de
l'Autriche, s'il n'avait pai él obli; absenter, pour venir a Paris étudier
l'Exposition universelle
» Outre le Bombyx Yama-maï, une autre espèce, celle qui donne, dans
l'Inde anglaise, la soie dite iussah, le Boni mylitla, a été mise en expé-
rience cet automne. Des cocons vivants, envoyés par M. Perrottet, de Pon-
dichéry, ont donné à M. Chavannes, de Lausanne, des œufs fécondés. Chez
M. Maumenet, à Nîmes, l'éducati ::i a parfaitement réussi e! lui a donné
quelques cocons. Chez M. E. de Sanlcy, à Metz, les chenilles se sont très-
bien développées, mais ce développement a été moins rapide à cause delà
latitude où se fait l'éducation dans cette saison avancée, et il est à craindre
que la chute des feuilles n'arrive avant que ces chenilles aient eu le temps
de faire leurs cocons. •■
M. Woroxtzoff adresse une Note « Sur la somme des produits des
nombres x, x + 1, x -+- 2, . . ., x ■+- p — 1 , combinés n à n.
(Commissaires : MM. Liouville, Chasles, Hermite.)
M. Chuakd adresse quelques détails 1 de grisou qui a eu
lieu, il y a quelques semai' de Villars, aux environs de
Saint-Étienne. Cette explosion, qui s'est produite à une profondeur de
3oo mètres, a tué sur le coup trente-huit ouvriers, et renversé les boisages
et les supports en pierre. L'auteur pense que le gaz devait être dans la
proportion d'un douzième ou un dixième : il rappelle que la lampe inventée
par lui, à peine supérieure en volume à celle de 1 pi enir les
explosions les plus violentes, qui ont lieu à la proportion d'un huitième.
(Renvoi à la Commission des Arts insalubr
M. Mougkot adresse une NoU un liqui ruisselle, au
moment du dégel, des feuil i di espèces de Bégonia ie plus fortement
( 948 )
colorées en rouge. Ce liquide, d'un rouge magnifique, d'une odeur faible
et suave, d'une saveur légèrement sucrée et assez fortement acide, a été, de
la part de l'auteur, l'objet d'une étude assez approfondie, et lui a fourni,
avec les mordants ordinaires, de Irès-beaux roses et des rouges intenses.
(Renvoi à la Section de Botanique.)
M. L. Aubert adresse des « Notes additionnelles au quatrième Mémoire
sur les solides soumis à la flexion (sections équivalentes) ».
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. L. Larroque adresse, de Santiago, une liste d'écbantillons recueillis
par lui au Chili, avec les numéros des couches géologiques où ils ont été
recueillis. Il annonce, en outre, l'envoi d'une caisse d'échantillons géolo-
giques avec empreintes végétales, adressée à M. Élie de Beaumont : cette
caisse est aujourd'hui parvenue en bon état, et sera transmise à la Com-
mission nommée pour examiner l'ensemble de ces observations.
Cette Commission se compose de la Section de Minéralogie, à laquelle
M. Elie de Reaumont est prié de vouloir bien s'adjoindre.
M. Marco-Felice adresse, avec un ouvrage imprimé en italien et intitulé :
« Principes de la théorie mécanique de l'électricité et du magnétisme », une
Note manuscrite sur les conséquences cpii découlent de cette théorie.
(Renvoi à la Section de Physique.)
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre de l'Instruction publique transmet à l'Académie une série
de brochures de M. Al. Perrey, comprenant une ;> INote sur les tremble-
ments de terre en i865, avec suppléments pour les années antérieures
de i843 à 1864 » et les « Observations météorologiques laites a Dijon,
de i858à 1866».
L'Institut royal Météorologique des Pays-Bas adresse un exemplaire
de « l'Annuaire météorologique des Pays-Bas pour 1866 ».
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, 1" une brochure de M. Monliijny ayant pour litre :
( 949 )
« Corrélation entre le pouvoir réfringent et le pouvoir calorifique de
diverses substances » ; i° une brochure de M. Husson intitulée : « Origine
de l'espèce humaine dans les environs de Toul, par rapport au diluvium
alpin ».
ASTRONOMIE. — Découverte de la planète (§), qui a reçu le nom rf'Arethusa;
par M. Robert Luther. (Lettre à M. le Secrétaire perpétuel.)
« Observatoire de Bilk-Dùsseldorf, le 3o novembre 1867.
» J'ai l'honneur d'annoncer à l'Académie ma découverte de la pla-
nète ® de io-ne grandeur, faite le i?> novembre, à 9 heures.
» Mes premières observations de cette planète sont :
Temps moyen
Ascension
1867
23 nov. . .
de
Bilk-Dùsseldorf.
h m 5
9.48.i5,7
droite.
Il m s
4-1-32,00
Déclinaison.
0 / n
-+- 21 .3o. 17 ,
Comparaisons
I 1
a3 nov. . .
1 1 . 1 1 . i,6
4.1 28,81
"I- 2 I.2g. 53;
0
IO
Mouvement d:
iurne. . . —
5is
- 7',6 '
» M. le professeur Galle et M. le Dr Gùnther, astronomes de l'observa-
toire de Breslau, ont donné à ma nouvelle planète le nom d' Arethusa. »
ASTRONOMIE. — Observations physiques faites à A 'lalaia (Rio- Janeiro) sur
l'éclipsé du 29 août 1867 ; par MM. de Prados et Emm. Liais.
« Indépendamment des deux contacts de l'éclipsé que nous avons
observés, le premier à 8h9.aœ44%35 du matin, et le deuxième à 1 ib4m58s,62
(moyenne de nos observations), nous avons entrepris de faire quelques
observations physiques sur le phénomène.
» Nous nous étions proposé surtout de tâcher de reconnaître si, en
employant un grossissement plus fort que celui dont on a l'usage de se
servir pour les observations d'éclipsés, nous ne pourrions pas distinguer,
soit dans le passage de la Lune devant quelque tache solaire, soit dans une
déformation des cornes, quelque fait qui pût servir à vérifier la question
de l'existence ou de l'absence d'une atmosphère lunaire. Malheureusement
le Soleil n'a pas montré la moindre tache, et les rides de sa surface se dis-
tinguaient à peine. La recherche a donc dû se réduire à un examen des
cornes, pour lequel nous avons employé concurremment l'observation
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 25.) ' 24
(95o)
directe avec un grossissement de 635 fois, et une projection de l'astre très-
amplifiée.
» Or, pendant que les cornes se sont montrées aiguës, nous avons cru
remarquer, à diverses reprises, une déformation appréciable se manifestant
par une incurvation de la corne à sa pointe extrême, incurvation reportant
cette pointe en dehors. Ce phénomène se montrait parfois avec persistance
et assez de netteté, affectant l'une des cornes seulement, sans que l'autre
nous semblât en montrer de trace. Quoique nous ayons observé le lait aux
deux cornes, nous l'avons plus fréquemment noté à la corne supérieure.
D'autres fois, ni l'une ni l'autre des cornes ne montrait ce phénomène,
bien distinct de celui des troncatures par les montagnes lunaires, dont nous
avons vu aussi des traces à diverses reprises. La grandeur de la portion
d'arc déformée était trop petite pour pouvoir être mesurée exactement,
d'autant plus que les ondulations du bord se seraient opposées à la mesure
précise d'une si faible déviation. Ce sont même ces ondulations qui nous
empêchent d'être plus affirmalifs sur l'existence du phénomène, quoique
nous devions dire qu'il nous a paru assez distinct pour ne conserver
aucun doute sur sa réalité à l'instant de son observation. Toutefois, comme
on ne peut trop se prémunir contre les illusions, nous citons aujourd'hui
ce fait plutôt pour appeler sur lui l'attention des observateurs lors des
éclipses partielles, que pour en tirer des conséquences. Il arrive souvent que
les bords du Soleil se montrent moins ondulés qu'ils n'étaient alors, et,
dans une telle circonstance, on parviendrait à une certitude complète, qui
lèverait tous les doutes qui peuvent nous rester.
» Dans le phénomène dont nous venons de parler, ce n'est pas seulement
l'existence de la déviation qui méritera une attention spéciale, c'est aussi
son défaut de persistance, car si d'un côté l'existence bien constatée de
la déviation doit indiquer une petite réfraction par une faible atmosphère
lunaire, le défaut de persistance de cette même déviation montrerait que
cette atmosphère atteindrait à peine, ou du moins ne dépasserait pas sensi-
blement, la hauteur des montagnes de la Lune. On sait, en effet, que si ces
montagnes ne se montrent pas ordinairement plus apparentes sur le bord
extrême de notre satellite, cela vient de leur projection les unes sur les
autres, de telle sorte, par exemple, que les creux entre les montagnes de
l'extrême bord se trouvent dissimulés par les sommets qui, en avant ou en
arrière, les recouvrent ou les remplissent. Lors donc qu'une corne est
formée par une région élevée ou montagneuse de la Lune, il est clair que la
partie la plus dense de l'atmosphère n'atteint pas le contact apparent. Lors-
( 95' )
qu'au contraire ce contour est formé par une de ces surfaces assez unies et
basses qu'on a appelées des mers, l'atmosphère, si elle existe, doit déborder
le contour apparent et y produire des traces de réfraction se manifestant
par un rejet en dehors de l'extrême pointe de la corne. Or, comme dans
une éclipse les parties du contour de la Lune qui forment les cornes varient
d'une manière incessante, on voit que dans le cas d'une petite atmosphère
lunaire, la déviation ne peut être continue.
» Nous avons cherché à voir le bord de la Lune en dehors du Soleil.
Nous n'avons pu l'apercevoir avec le plus fort grossissement; mais nous
l'avons discerné sur une étendue de 3 à 4 minutes vers le maximum
de la phase en employant un grossissement de 4° fois. Dans cette obser-
vation, il n'y a rien que d'analogue à ce qui a été signalé dans la plupart
des éclipses. Nous nous contenterons seulement de faire remarquer que
cette visibilité, pour laquelle on n'a pas donné jusqu'ici de raison satisfai-
sante (i), serait facilement explicable dans le cas d'une petite atmosphère
lunaire, qui, lors des éclipses, serait nécessairement éclairée sur le contour
de la Lune et dessinerait ce contour, surtout près des cornes.
» Nous n'avons pas vu sur le bord de la Lune en projection sur le Soleil
de montagnes isolées comme on en voit quelquefois, et comme nous en
avons vu nous-mêmes dans des éclipses antérieures, avec des grossissements
moindres que celui que nous avons employé le 29 août. Mais certaines par-
ties du contour lunaire nous ont paru finement dentelées. Il est assez re-
marquable de voir que le bord de la Lune, en général si uni avec les faibles
grossissements, quand il est éclairé en face par le Soleil, se montre toujours
moins uniforme en projection sur ce dernier astre. Même avec les fortes
amplifications qui pourtant permettent de distinguer des dentelures sur le
bord de la Lune éclairée de face, ces dentelures sont plus accentuées quand
la Lune se projette sur le Soleil. Si c'était l'irradiation seule qui effaçât les
dentelures, le contraire cependant devrait avoir lieu, car la vive lumière du
Soleil donne plus d'irradiation que celle de la Lune. Il y a donc une autre
cause, et probablement là encore il faudra chercher l'explication dans une
petite atmosphère lunaire qui remplirait les creux du bord d'une quantité
de lumière assez appréciable dans le cas de l'éclairage de face ; car, même
en supposant cette atmosphère trèsd)asse et très-peu dense, chaque couche
(1) La projeclion sur l'auréole solaire ne peut suffire, puisque celle-ci est invisible dans
le cas dont nous parlons, et, de plus, la lumière cendrée de la Lune compense encore par-
tiellement la différence d'éclat avec la région voisine.
I24--
( 9^ )
atmosphérique est toujours, au bord extrême, traversée sur une grande
épaisseur par le rayon visuel. En projection sur le Soleil au contraire, cette
quantité de lumière serait négligeable par rapport à celle de ce dernier astre,
et les montagnes se projetteraient en noir sur le fond lumineux, comme s'il
n'y avait pas d'atmosphère.
» Les ondulations passagères du bord projeté de la Lune dues à notre
atmosphère n'empêchaient pas de distinguer les dentelures fines et persis-
tantes de ce bord. Ces mêmes ondulations, qui semblaient courir sur le
contour des deux astres, ne pouvaient manquer de nous rappeler ce qu'on
a dit des ombres mouvantes dans des éclipses plus voisines de la totalité.
Sans nul doute, elles auraient produit de telles ombres si le croissant so-
laire avait été beaucoup plus petit.
» En approchant du maximum de la phase, la coloration générale de
l'atmosphère et des objets a subi les modifications déjà constatées dans une
multitude d'éclipsés, et ce fait a été accompagné d'un phénomène déjà
observé par l'un de nous lors de l'éclipsé du i5 mars i858, c'est-à-dire
d'un affaiblissement général des raies du spectre de l'atmosphère près de
l'horizon, au point que ces raies, si visibles avant et après l'éclipsé, étaient
à peine perceptibles au moment du maximum de la phase.
» Arago a expliqué les changements de teinte pendant les éclipses en se
fondant sur ce qu'alors la lumière atmosphérique fournie par les couches
voisines de l'horizon devient, quand une portion du Soleil est couverte, une
fraction plus grande de la lumière directe. Cela a lieu, en effet, dans une
éclipse centrale -, mais il n'en est plus de même dans le cas où nous étions,
car tandis que, du côté du sud où l'éclipsé finissait par devenir totale, l'at-
mosphère était éclairée par une moindre portion de la surface solaire qu'à
notre station, le contraire avait lieu du côté du nord où le Soleil était moins
caché qu'à Rio, de sorte que la moyenne répondait sensiblement à l'éclai-
rage de notre propre station. A l'explication d' Arago, il faudra donc joindre
d'autres causes, et comme il est impossible d'attribuer le fait à une diffé-
rence de coloration du centre et du bord du Soleil, qui ne présentent en
outre aucune différence dans leurs raies spectrales, il est clair que l'expli-
cation devra en être recherchée à la surface de la Terre. Ne serait-ce pas à
la transformation de radiations qu'il faudrait attribuer ce phénomène? Pre-
nons pour exemple celle que la chlorophylle des plantes fait subir à la
lumière. Si la quantité de travail de la végétation n'est pas diminuée par
l'éclipsé (peut-être même une diminution de la quantité de lumière aug-
mente-t-elle ce travail, car un soled trop vif parait blesser les plantes), la
( 953 )
quantité des radiations absorbées ou transformées est une constante, mal-
gré la diminution directe de la lumière du Soleil. Cette remarque, appli-
quée de la même manière à la surface de la mer, à l'atmosphère même
peut-être, suffirait pour faire concevoir le phénomène et expliquer la dimi-
nution d'intensité des raies dans le spectre solaire réfléchi par l'atmosphère,
car des radiations terrestre se substitueraient en plus grande proportion que
dans le cas normal aux radiations manquantes dans la lumière solaire. Nous
ferons remarquer, au reste, que si, dans l'étendue du spectre lumineux
visible, il y a peu de différence entre l'intensité du centre du Soleil et celle
du bord , il existe une plus grande différence pour les radiations extrêmes,
comme l'accusent les épreuves photographiques de cet astre et la distribu-
tion de la chaleur à la superficie de son disque. De là aussi peut-être une
modification dans les diverses proportions de radiations transformées à la
surface de la Terre, suivant que le Soleil éclaire par sa surface totale ou par
un de ses bords seulement. Mais nous ne nous arrêterons pas davantage sili-
ces explications : notre but était surtout de signaler le phénomène.
» Le baromètre n'a pas été sensiblement modifié dans sa marche par
l'éclipsé ; son maximum diurne a coïncidé à peu près avec celui du phé-
nomène , ce qui était l'heure normale de ce maximum. La température, qui
avait atteint dans la nuit le minimum de i5°, r, était montée, à 8 heures
10 minutes, à 2o°,2.De là au maximum de l'éclipsé, à 9 heures 4o minutes,
elle est restée presque constante, car le thermomètre marquait alors 20°, 7.
A partir de cet instant, la température a monté, et, à la fin du phénomène,
elle était de 110, 6. A 3 heures du soir, elle avait atteint 25°, 5. L'humidité
relative est aussi à peu près restée constamment égale à 0,82 depuis ie com-
mencement de l'éclipsé jusqu'au maximum, après quoi elle a diminué ra-
pidement. »
HISTOIRE DES SCIENCES. — Observations concernant les Lettres sicjnées du nom
de Galilée qui ont été publiées; par M. Chasles. par M. Gilbert Govi.
« Turin, ce 29 novembre 1867.
» M. Chasles a publié (Comptes rendus, t. LXV, p. 588 et suiv., et
p. 834 et suiv.) cinq Lettres signées de Galilée Galilei, adressées a Pascal
et datées de Florence le 2 janvier, le 20 mai, le 7 juin, le 2 septembre et le
2 novembre 1641 ; elles sont écrites en français et paraissent devoir
être regardées comme autographes, puisqu'elles contiennent des passages
tels que ceux-ci : « Je ne vous en écris pas davantage, car je me sens les
» yeux bien fatigués. Ma vue s'en va. » ... « Ma vue s'en va de plus en
( 954 )
» plus, et c'est avec toutes les peines du monde que j'écris. » ... « Je ne puis
» vous en dire plus ; car mes yeux sont excessivement faibles. »... etc., etc.
>. Or, toute considération scientifique à part, les objections soulevées par
M. Grant contre l'authenticité de ces Lettres me semblent être tout à fait
concluantes.
» Et d'abord, Galilée 11 a jamais écrit en français. La Collection des ma-
nuscrits de ce grand homme, qui se trouve à la Bibliothèque nationale de
Florence, et que j'ai eu l'occasion d'examiner minutieusement à plusieurs
reprises, ne contient pas une seule ligne en langue française, écrite de la
main de Galilée ; on y rencontre même parfois les noms des savants fran-
çais passablement défigurés. Gassendi, Peirese, Carcavi, Boulliau, Beau-
grand employaient eux-mêmes la langue latine ou l'italienne lorsqu'ils
s'adressaient à Galilée, qui leur faisait réponse dans les mêmes langues. Il
est vrai que le comte de Noailles lui écrivait en français, mais les Lettres de
Galilée à ce gentilhomme sont en italien. Je ne connais pas de correspon-
dance entre Galilée et le Père Mersenne, Pascal ou d'autres savants de
France. On peut consulter là-dessus tout ce quia été publié par Galilée
dans la dernière édition de ses OEuvres et dans quelques ouvrages plus ré-
cents, et l'on verra que jamais le Mathématicien du grand duc de Florence
n'écrivait autrement qu'en italien ou en latin.
» Ses biographes, Viviani,Gberardini, Brenna, Nelli, Targioni, etc., etc.,
si empressés à tenir compte de tout ce qui pouvait accroître la gloire de
Galilée, ne lui attribuent guère la connaissance de la longue française. Si
M. Chasles affirme le contraire, ce n'est que sur la foi des documents iné-
dits qu'il possède, et dont l'authenticité est loin d'être démontrée.
» Mais il y a plus : les cinq Lettres sont datées de Florence; or, depuis le
mois de décembre i633, Galilée vivait près d'Arcetri, dans une villa de la
famille Martellini, appelée le Giojello, où l'illustre vieillard expira le 8 jan-
vier 1642. Les Lettres que Galilée écrivit pendant ces huit ans sont datées
(ÏArcelri. Je n'en connais qu'une seule, adressée à Elie Diodati, qui porte la
date de Florence (le 7 août 1 638 ). C'est une Lettre dictée pendant un des
très-courts séjours qu'il fit dans sa maisonnette de la Costa, à la suite de la
permission que la Cour de Borne lui en avait octroyée le 9 mars i638. J_.es
quatre-vingt-treize autres Lettres publiées sont écrites (YArcetri, et vous
pouvez en voir deux échantillons authentiques, quoique non autograpbes,
aux feuillets 99 et 10 1 du XIXe volume de la Correspondance de Boulliau à la
Bibliothèque impériale. Galilée profita si peu de la permission de se rendre
à Florence, que la plupart de ses biographes n'en parlent guère, et qu'on le
( 9*5 )
représente toujours comme enfermé dans sa villa d' Jrçetri, depuis son dé-
part de Sienne, en i633, jusqu'à sa mort.
« Quant à la cécité du pauvre grand homme, elle n'était, hélas! que
trop vraie, et si M. Chasles veut bien se donner la peine de consulter la
correspondance de Galilée, il y verra que dès l'année i632 {Opère di
Galileo; edizione compléta; Firenze i842-i856, t. VI, p. 391) ses yeux
avaient été frappés d'une altération assez grave pour lui ôter le pouvoir de
lire et d'écrire sans souffrance. Ce n'était donc point une cataracte (en
admettant qu'il y eût cataracte) qui ne datait que de six mois, celle dont
parle dans son Rapport l'Inquisiteur Jean Muzzarelli da Fanano, cité par
M. Chasles à l'appui de sa thèse. Il faut d'ailleurs beaucoup de bonne
volonté pour reconnaître à ce Rapport une intention bienveillante, et pour
trouver que les infirmités de Galilée y sont plutôt amplifiées qu'amoindries. La
traduction de M. Trouessart, reproduite par M. Chasles, n'en est pas aussi
exacte qu'il l'aurait fallu en pareille occurrence, car elle dit, par exemple :
«Je l'ai trouvé totalement privé de la vue» tandis que le texte italien (Opère di
Galileo, t. X, p. 280) s'exprime ainsi : « Jo l'ho rilrovalo tntalmente privo
» di vista, e cieco affatto. », c'est-à-dire : « Je l'ai trouvé totalement privé
» de la vue, et complètement aveugle». Ce qui revient à déclarer que, non
seulement Galilée ne pouvait pas reconnaître les objets extérieurs, mais
qu'il n'avait même plus la faculté de percevoir la lumière, ce qui, d'ailleurs,
est confirmé pour un grand nombre de passages de ses Lettres authentiques,
et de celles de ses correspondants. Je passe sur d'autres inexactitudes de
la traduction reproduite dans les Comptes rendus, et m'en vais citer un autre
Rapport du même Inquisiteur (Opère di Galileo, t. X, p. 3oZj) où se montre
le passage suivant : «... ritrovandomi egli (Galileo) totalmente cieco, e pin
» con la testa nella sepoltura che con l'ingegno aglistudi matematici »...
» étant (Galilée) complètement aveugle et la tête dans le tombeau,
» plutôt que l'esprit aux études mathématiques ». Pourquoi l'Inqui-
siteur aurait-il répété que Galilée était aveugle, si la chose n'eût pas été
vraie ?
» On a au surplus quelques Lettres de Pierre-Baptiste Borghi, ami du
noble vieillard, où il est question de sa cécité et de l'opinion d'un célèbre
chirurgien nommé Jean Trullio de Veroli (près de Frosinone), qui demeu-
rait à Rome au service du cardinal Barberini, et dont l'avis était d'abord
qu'on essayât l'opération de la cataracte, qui suggéra ensuite un traitement
interne, mais qui se ravisa plus tard lorsqu'on lui eut fait comprendre qu'il
ne s'agissait point d'une véritable cataracte, mais bien d'une sorte d'albugo
( 956)
ou à'onglet, qu'il conseilla alors de traiter par de légers détersifs (sucre
candi, os de seiche, tutie (oxyde de zinc), solution de vitriol de Chypre (sulfate
de cuivre), huile de papier, etc., qui eussent été tout à fait inutiles dans le
cas d'une cataracte. Il ne fut donc fait à Galilée aucune opération dans le
but illusoire de lui rendre la vue, et son ami Gherardini, et le Viviani de
l'histoire [Opère cli Galileo t. XV, p. 36o-36i) sont en cela complètement
en désaccord avec le Viviani du manuscrit de M. Chasles.
» Galilée, complètement aveugle à la fin de 1637, n'a plus rien écrit de
sa main, si ce n'est quelques signatures. J'en connais deux, apposées au bas
de deux Lettres. La première, du 23 janvier i638, adressée à Élie Diodati,
l'autre du i3 mars 1640, écrite au prince Léopold de Toscane à Pise. Cette
dernière signature est telle qu'un aveugle peut la faire; elle n'est point
parallèle aux lignes de la Lettre, mais transversale et assez péniblement
tracée. Il faudrait supposer au pauvre vieillard un esprit de mystification,
que M. Chasles ne voudra certes pas lui attribuer, pour admettre qu'il
s'amusât à jouer à l'aveugle, lorsqu'il eût pu encore écrire des Lettres et
enregistrer des observations.
» Galilée qui n'écrivait jamais en français, Galilée qui, depuis i633, datait
ses Lettres d'Arcetri, Galilée qui, dès la fin de 1637, avait entièrement perdu
l'usage de ses yeux et qui ne le recouvra plus, peut-il avoir écrit les cinq
Lettres produites par M. Chasles comme authentiques et autographes?
M. Chasles possède, je crois, quelques autographes véritables de Galilée, il
doit avoir entre autres, si je ne me trompe, une Lettre de ce savant adressée
au prince Cesi, fondateur de l'Académie des Lincei; la comparaison de ces
documents avec les cinq Lettres de 1641 pourra, je l'espère, dissiper tous
les doutes.
» Je n'allongerai pas davantage cette Lettre, déjà passablement longue,
parce que les preuves que je viens de donner suffisent, à mon avis, pour
ôter aux cinq Lettres de Galilée publiées par M. Chasles tout caractère d'au-
thenticité.
» Si toutefois on ne les trouvait pas assez convaincantes, je demande-
rais la permission à l'Académie de lui en soumettre d'autres, se rapportant
aux matières scientifiques dont il est question dans les prétendues Lettres de
Galilée. Les documents ne nie feront point défaut, pour démontrer que celui
qui avait découvert les satellites de Jupiter n'en connut jamais les éléments
avec assez de précision ; qu'il n'eut pas la moindre notion de l'existence
d'un premier satellite de Saturne, dont il ne soupçonna même pas la véri-
table constitution, quoiqu'il l'eût déjà vu en forme d'olive avec deux taches
( 957 )
noires aux deux côtés du disque central ; que la pesanteur de l'air ne devait
guère le surprendre en 1 64 1 5 puisqu'il l'avait déterminée lui-même avec
une approximation suffisante, plusieurs années auparavant; que Pascal ne
pouvait avoir substitué à cette époque la pression de l'air à l'horreur du
vide, puisqu'il n'était pas encore de cet avis en 1647,' lorsqu'il pi'blia ses
Nouvelles expériences louchant le vide, et n'y songea qu'en 16/(8, lors de sa
célèbre expérience du Puy-de-Dôme ou de l'équilibre ries liqueurs, etc., etc. »
ANALYSE CHIMIQUE. — Détermination simultanée du carbone , de l'hydro-
gène et de l'azote dans l'analyse élémentaire des matières organiques. Note
de M. Tu. Schlœsixg, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« L'analyse élémentaire des matières organiques azotées exige, comme
on le sait, deux opérations, l'une ayant pour objet la détermination de
l'hydrogène et du carbone, l'autre affectée spécialement au dosage de
l'azote à l'état de gaz ou sous la forme d'ammoniaque. Sans vouloir modi-
fier, au moins dans leurs principales dispositions, des méthodes auxquelles
d'illustres chimistes ont attaché leurs noms, j'ai pensé que je pourrais
fondre les deux opérations en une seule, c'est-à-dire recueillir l'azote à la
suite des tubes chargés d'absorber l'eau et l'acide carbonique provenant de
la combustion de la matière, si je parvenais à remplir deux conditions
indispensables : d'abord il fallait proscrire les courants d'air ou d'acide
carbonique en usage pour balayer les appareils, et les remplacer exclusi-
vement, au début et à la fin de l'analyse, par l'oxygène pur et sec ; ensuite,
je devais trouver un appareil et un réactif permettant l'élimination rapide
et exacte du volume considérable de ce gaz, qui serait forcément recueilli
en même temps que l'azote. Je vais dire comment j'ai réalisé ces deux
conditions.
» L'oxygène devant être pur et sec et produit en quantité assez grande, je
le prépare dans une petite cornue contenant 3o à 35 grammes de chlorate
de potasse, et fixée par un bouchon à l'extrémité du tube à combustion.
L'emploi de l'oxygène pour purger les appareils soulève deux objections :
i° Quand il faudra chauffer la colonne de cuivre réduit dans une atmosphère
d'oxygène, le métal porté au rouge absorbera tout le gaz et le tube sera
écrasé par la pression atmosphérique. J'évite cet inconvénient en introdui-
sant dans le tube, près de l'extrémité qui reçoit la petite cornue, une nacelle
de platine contenant un poids déterminé, 4°o à 5oo milligrammes, de carbo-
nate de plomb pur et sec ; je chauffe d'abord ce composé, et à ce moment je
C. R., 1867, ae Semestre. (T. LXV, N° 25.) ' 2->
(958 )
ralentis beaucoup le courant d'oxygène; bientôt la production d'acide car-
bonique dépasse ce que le tube en peut contenir, et je puis chauffer le cuivre
sans danger d'absorption. 2° Quand il s'agira de chasser les restes des gaz de
la combustion hors du tube et de conduire l'azote au delà des appareils d'ab-
sorption de l'eau et de l'acide carbonique, l'oxygène s'arrêtera sur le cuivre,
et les gaz n'iront pas plus loin. Pour lever cette autre difficulté, il me suffit
d'éteindre le feu sous la colonne de cuivre et à quelques centimètres au
delà, lorsque je juge aux signes connus que la combustion est terminée;
pendant que l'oxygène, dont j'accélère alors le dégagement, réoxyde la
planure réduite par la matière, la température du cuivre a le temps de des-
cendre au dessous du degré de chaleur auquel l'absorption de l'oxvgène
peut se produire.
» Quant à la séparation de l'azcte et de l'oxygène, je me suis arrêté,
après avoir comparé entre eux divers réactifs propres à absorber ce der-
nier, aux dispositions suivantes : Deux flacons A et B, de 200 à a5o centi-
mètres cubes tubulés près du fond, sont réunis par leurs tubulures à l'aide
d'un tube de caoutchouc de 5o à 60 centimètres de long; A est surmonté
d'un robinet de verre, et est exactement rempli de petits tubes verticaux faits
avec des lames de cuivre ; B porte un petit tube à boules contenant quelques
gouttes d'eau qui forment une fermeture hydraulique. Une solution concen-
trée de chlorhydrate d'ammoniaque, additionnée d'un quart de son volume
d'ammoniaque ordinaire, remplit environ les deux tiers de la capacité de
chaque flacon. Le cuivre mouillé par une telle dissolution absorbe rapi-
dement l'oxygène ; mais comme du cuivre poli retiendrait peu de réactif à
sa surface, je confectionne mes tubes avec le cuivre perforé de trous ronds
en usage pour la fabrication des tamis : quand le niveau vient à descendre,
les trous qui émergent demeurent pleins de réactif, et j'ai ainsi une quan-
tité de réservoirs suspendus dans le gaz qui dispensent de renouveler les
liquides superficiels par l'agitation. Les trous qui se vident parfois de réac-
tif s'en remplissent de nouveau quand on fait remonter le niveau, lors du
transvasement de l'azote dans une cloche graduée, et ne retiennent pas de
gaz.
» S'agit-il d'analyser avec cet appareil un mélange d'oxygène et d'azote,
de l'air, par exemple, mesuré d'avance dans une cloche, sons l'eau. En éle-
vant B, on fait arriver le liquide en A jusqu'à l'orifice du robinet que l'on
ferme; alors on adapte à celui-ci, au moyen d'un caoutchouc rempli d'eau,
un tube capillaire également plein d'eau et recourbé comme celui qui ter-
mine la pipette Doyère. L'extrémité du tube étant engagée dans la cloche,
( 959)
on abaisse B, ce qui produit l'aspiration du gaz en A. L'eau entre à son tour
dans le tube à la suite du gaz; on ferme le robinet à l'instant où elle com-
mence à pénétrer dans le flacon. Le transvasement inverse se fait sembla -
blement, mais en élevant le flacon B. Je citerai deux analyses d'air faites de
cette manière; la durée du contact entre le gaz et le réactif a été de quinze
minutes.
I. h.
Air Air
du laboratoire. extérieur.
Volume d'air à zéro, sec, sous la pression 760. ... 1 i/f,9<) 1 12,88
Volume après absorption 91 ,07 89,22
Absorption 23 ,92 23 ,66
Taux pour 100 d'oxygène 20,80 20,96
» Voyons maintenant comment l'appareil s'applique au dosage de l'azote
d'une substance organique. Je place, à la suite du tube à potasse et de son
témoin, un très-petit tube en U contenant de la ponce sulfurique, afin de
retenir les vapeurs ammoniacales et l'humidité qui pourraient passer du
flacon A dans le tube à potasse, lorsqu'à la fin de l'analyse l'absorption se
manifeste; puis je purge à froid avec l'oxygène; j'en fais passer, pendant
une demi-heure, environ -| litre; je recueille les gaz sur l'eau, simplement
pour m'assurer que ce \ litre a été effectivement débité; j'établis ensuite la
communication entre le petit tube à ponce sulfurique et mon flacon A,
exactement plein de réactif jusqu'au bout du robinet; j'ouvre celui-ci, et
l'analyse commence par la décomposition du carbonate de plomb. Après
ce que j'ai dit, je n'ai pas besoin d'entrer dans de nouveaux détails sur la
conduite de l'opération ; il me suffit d'ajouter qu'après la combustion, lors-
que l'oxygène a fini son travail de réoxydation et que le courant recom-
mence dans les tubes d'absorption, je maintiens le dégagement pendant
vingt minutes, après lesquelles je ferme le robinet et je sépare le flacon A
du reste de l'appareil à analyse. Je puis élever et abaisser le flacon B a vo-
lonté, ce qui me permet de maintenir, pendant toute la durée de l'analyse,
une légère pression dans les appareils, 2 à 3 centimètres d'eau. Je suis donc
assuré de ne jamais avoir de rentrée d'air. J'ai supprimé le bouchon dans
lequel on engage d'ordinaire le tube à ponce sulfurique; je préfère relier
celui-ci par un caoutchouc au tube à combustion, qui est effilé à cet effet;
pour chasser l'eau retenue à l'endroit du joint, je l'entoure, à la fin de
l'analyse, d'un manchon en clinquant, dans lequel j'injecte de la vapeur
d'eau. Un léger graissage des extrémités des tubes me dispense de la liga-
1 2
5..
( 960 )
ture dos caoutchoucs, pourvu que ceux-ci ne présentent à leur intérieur
aucune trace de leur soudure. Le dégagement de l'oxygène doit être main-
tenu pendant tonte l'analyse; de la sorte, si le bouchon de la cornue perd,
on est certain du moins de ne perdre que de l'oxygène.
» Au début de l'analyse, il y a un temps d'arrêt dans le dégagement des
gaz, pendant lequel le réactif cuivrique tend à remonter clans les appareils
à potasse : j'évite tout accident en introduisant d'avance en A un volume
de 5o à 60 centimètres cubes d'air mesuré dans la cloche où l'azote sera
transvasé plus tard.
» Il m'a semblé inutile de faire un grand nombre d'analyses de corps
azotés bien définis pour vérifier l'exactitude du dosage de l'azote que je
propose. En effet, je ne change rien aux conditions qui assurent la trans-
formation complète d'une matière organique en eau, acide carbonique et
azote; quelle que fût donc la matière, il me suffisait de constater que ces
trois corps, sortant d'un tube à combustion, sont exactement dosés avec
mes dispositions : c'est ce dont je me suis assuré par les analyses sui-
vantes :
« Analyse de bimalate d'ammoniaque pilé et séché vingt-quatre heures
sur du chlorure de calcium.
Matière 612, 5
Carbonate de plomb. . . 63i , 75 = io4 CC" Trouvé. Calcule.
Eau 336,5 H.. 6,10 5,96
Acide carbonique 818 —104= 714 CO2 C. . . 31,78 31,78
Azote (volume corrigé). 4^", 5^ = 57'ne, 24 Az' • 9>34 9>27
» Analyses de nicotine :
1. 11.
me mg
Matière 539,5 367
Carbonate de plomb « 665,5 = 109,5 CO"
Eau 427 29J
Acide carbonique » 1102—109,5 = 992,5
Azote (volume corrigé) 75«,53 = 94m',87 5i",54 = 64,">s,73
d'où 1. II. Calcule.
H 8,81 8,81 8,64
C » ;3,76 74*°8
Az "7.58 '7,63 17,28
( 96' )
chimie minérale. — Des hydrates slanniques. Note de M. Miscci.cs,
présentée par M. Boussingault.
« L'acide stannique forme deux hydrates que l'on désigne sous les noms
d'acide stannique et d'acide métastanniqne. Ces combinaisons présentent un
grand intérêt dans l'histoire de la Chimie, parce qu'elles ont été le premier
exemple de deux corps qui ne possèdent pas les mêmes propriétés, quoique
ayant la même composition. Berzélius remarqua ce fait dès 1811 et lui donna
pour la première fois le nom d'isomérie. Plus tard, M. Fremy examina par-
ticulièrement les combinaisons de ces hydrates avec les alcalis et reconnut
qu'ils n'avaient pas la même capacité de saturation. Il donna la formule
SnO2 HO à l'acide stannique ordinaire, que l'on obtient en précipitant une
solution de bichlorure d'étain par un alcali ou une solution de stannate de
potasse par un acide, et la formule Sn50,05[ïO à l'acide qui se produit
quand on attaque l'était) par l'acide azotique. Ce travail important a permis
aux chimistes de soupçonner l'existence d'autres hydrates intermédiaires
entre Sn02HO et Sn50'°5HO. La découverte de ces corps inconnus a été
le but de mes recherches.
» On sait que l'acide stannique se transforme rapidement en acide méta-
stannique quand on le fait bouillir avec de l'eau, plus lentement quand on
le sèche à la température ordinaire.
» L'acide stannique, fraîchement lavé, est soluble dans les acides azo-
tique et chlorhydrique concentrés, ainsi que dans la potasse caustique, dont
un grand excès produit un précipité cristallin (hydrate n° 1).
» Si on conserve cet hydrate dans l'eau, et si on l'essaye de nouveau
après quelques heures ou après un jour, suivant la température de l'air, on
s'apL>rçoit qu'il a changé de propriétés : il est devenu insoluble dans l'acide
azotique concentré, il est resté soluble dans l'acide chlorhydrique ainsi que
dans la potasse caustique; mais le précipité que l'on obtient avec un excès
de potasse caustique solide n'est plus cristallin (hydrate n° a).
» Après cinq ou six jours, l'hydrate a encore changé de propriétés.
Non-seulement il est maintenant insoluble dans l'acide azotique, mais cet
acide le précipite même de sa solution dans la potasse caustique. Il est
également insoluble dans l'acide chlorhydrique au maximum de concen-
tration (hydrate n° 3).
» Après cela, les propriétés de l'acide métastannique commencent à se
manifester (hydrate n° 5). Les hydrates nos 1 et 3 deviennent solubles dans
les acides azotique et chlorhydrique concentrés en présence des chlorures
( 962 )
alcalins. L'hydrate métastannique reste insoluble dans ces conditions et se
distingue ainsi des autres. Cette proprité sert en même temps à prouver que
les hydrates nus i et 3 sont bien des corps nouveaux, et non des mélanges
d'acide stannique ordinaire et d'acide métastannique, car il suffit de mêler
un peu de ce dernier acide dans le premier, de dissoudre le tout dans la
potasse caustique, pour obtenir un précipité avec l'acide chlorhvdrique
concentré, et mieux encore avec l'acide azotique, après y avoir versé préa-
lablement un peu d'acide chlorhydrique, ce qui n'a pas lieu avec les
hydrates nos i et 3.
» En combinant ces hydrates avec la potasse, on obtient des stannates
qui, pour une même quantité d'alcali, renferment des quantités d'acide
stannique Sn02HO qui sont comme i, a, 3 et 5, de sorte que l'on peut
insérer entre les deux hydrates connus Sn02HO et Sn50'°5HO les termes
Sn204aHO et Sn3063HO.
» MM. Schiff et Tschermak ont analysé un stannate d'étain auquel ils
ont donné la formule Sn80,2SnO + 3HO ou 4HO. MM. Weber et Rose
ont obtenu un stannate de potasse KOSn'O14 -h 3HO en versant de la
potasse caustique dans une solution chlorhydrique d'acide métastannique
jusqu'à dissolution du précipité, puis de l'alcool. Le nombre des hydrates
stanniques serait alors de six et formerait une série analogue à celle que
M.Wurlz a construite pour les acides siliciques dans ses Leçons de Philo-
sophie chimique :
Hydrates siliciques.
Hydrates stanniques.
s"!o4 SnS|o8 Sn3io- ^u5>a*» Sn,ia» Sn7|a»
» Eu attaquant l'acide métastannique avec la potasse caustique ou l'acide
chlorhydrique, on le ramène à l'état d'acide stannique ordinaire. Si, au lieu
de faire agir la potasse caustique en fusion, on emploie une solution aqueuse
concentrée et bouillante, on constate la formation des stannates intermé-
diaires, qui se déposent successivement, car ces sels deviennent de plus en
plus solubles à mesure que la molécule se simplifie, et ce n'est que quand
la solution est tout à fait concentrée que l'on voit apparaître les cristaux
de stannate KOSnO2.
» L'acide chlorhydrique agit de la même manière. En faisant bouillir
( 963 )
l'hydrate métastannique avec cet acide pendant une demi-heure environ,
on obtient un premier dépôt, cpii est l'acide métastannique uni à de l'acide
chlorhydrique. On décante et on fait passer dans la liqueur claire un cou-
rant d'acide chlorhydrique sec jusqu'à saturation; il se forme alors un
nouveau précipité, qui ne contient plus d'acide métastannique, mais de
l'hydrate Sn3Oe3HO. Le liquide acide, décanté de nouveau et évaporé,
fournit une masse cristalline très-déliquescente, qui se dissout en partie
dans l'éther et dont on retire un hydrate soluble complètement dans l'acide
chlorhydrique au maximum de concentration, mais en partie insoluble
dans l'acide azotique concentré. C'est donc un mélange de bichlorure
d'étain cristallisé et d'hydrate Sn204aHO chlorhydrique.
» La potasse caustique et l'acide chlorhydrique agissent autrement sur
ces hydrates; ils ne font plus que les dissoudre sans produire de combi-
naisons.
» En effet, d'après Berzélius, il suffit de i partie de potasse caustique
pour dissoudre 16 parties d'acide stannique, ce qui ne fait même pas i équi-
valent pour 10. D'un autre côté M. Fehling a observé que l'acide stannique,
en dissolution dans l'acide chlorhydrique dilué, se transforme en acide
métastannique comme s'il était libre. Ces hydrates ont donc très-peu d'affi-
nité, soit pour les bases, soit pour les acides, et les combinaisons que l'on
obtient n'ont aucune stabilité.
» Ainsi tous les stannates de potasse sont décomposés par l'acide carbo-
nique de l'air et par une solution de sulfate de soude neutre; les stannates
insolubles sont décomposés par l'eau. Les composés chlorhydriques perdent
une partie de leur acide à l'air et sont complètement décomposés par l'eau,
même le bichlorure d'étain cristallisé.
» Les hydrates stanniques se combinent mieux avec le protoxyde d'étain
pour former des oxydes salins beaucoup plus stables et possèdent des cou-
leurs variées : ils sont jaunes, verts, bleus, etc. »
ÉLECTRICITÉ. — Sur un appareil destiné à démontrer que l'étincelle électrique
ne passe pas dans le vide abiolu ; par MM. Aivergniat frères.
« On a longtemps discuté la question de savoir si l'étincelle électrique
passe dans le vide absolu. M. Gassiot à réussi dans ces dernières années à
construire un appareil dans lequel l'étincelle, n'est pas transmise. Il fait
le vide dans cet appareil en le remplissant d'acide carbonique, qu'il absorbe
lentement au moyen de la potasse.
(9^4 )
« Nous avons réussi à construire un appareil dans lequel le même
résultat est atteint d'une manière plus facile et beaucoup plus rapide. Il
suffit, en effet, de faire le vide à l'aide de la machine pneumatique à mer-
cure que nous avons imaginée, et que tous les physiciens de Paris connais-
sent aujourd'hui. A l'aide de cet appareil, on amène le vide à un degré
presque absolu dans le tube destiné à l'expérience, et qui est muni de deux
fds de platine placés à 2 millimètres de distance. Une demi-heure suffit pour
arriver au degré nécessaire. A ce moment, et conformément à un conseil
qui nous a été donné, il y a trois ans, par M. d'Almeida, nous chauffons
le tube jusqu'au rouge sombre. Cet échauffement peut être produit, soit à
l'aide de charbon, soit, et plus commodément, à la lampe spéciale que
M. Berthelot emploie pour les analyses organiques, cette lampe permet de
graduer la chaleur en augmentant la température très-lentement et réguliè-
rement jusqu'au rouge, sans risquer de casser le tube ou de le fondre.
Quand le tube est porté au rouge naissant, nous continuons à faire le vide,
et nous faisons passer l'étincelle jusqu'au moment où elle cesse de passer
par l'intérieur du tube. A ce moment nous fermons à la lampe la communi-
cation entre le tube et la machine.
» Dans un tube ainsi préparé, et malgré la faible distance qui sépare les
deux pointes de platine (2 millimètres), l'électricité cesse absolument de
passer.
» Dès aujourd'hui nous tenons ces appareils à la disposition des profes-
seurs qui voudraient répéter l'expérience; ils démontrent, fie la manière la
plus positive, que l'électricité ne passe pas dans un vide parfait, et sont spé-
cialement disposés pour la démonstration. »
CHIMIE MINÉRALE. — Sur la formation du cyanure d'ammonium;
par M. Langlois.
« Dans une Note présentée le 18 novembre à l'Académie, M. de Ro-
milly signale le cyanure d'ammonium comme un des produits de la com-
bustion du gaz d'éclairage, contenant de la vapeur ammoniacale. Il veut
bien rapprocher ce résultat de celui que j'ai obtenu, il y a déjà longtemps,
en faisant passer du gaz ammoniac sur des charbons incandescents; mais
il donne à ma pensée une interprétation inexacte, lorsqu'il dit que j'ai
considéré la dessiccation du gaz ammoniac comme la condition indispen-
sable de la formation du cyanure. J'ai indiqué, en effet, la nécessité de
remplir cette condition pour avoir du cyanure d'ammonium cristallisé,
(965 )
mais nullement pour en déterminer la production. Si le gaz est humide et si
le charbon n'a pas été préalablement calciné, on obtient, au lieu de cris-
taux, un liquide plus ou moins coloré, exhalant l'odeur d'acide prus-
sique, et renfermant du cyanure d'ammonium dont il est facile de constater
l'existence.
» En présentant ces remarques à l'Académie, j'ai pour unique but de
maintenir à mes recherches, déjà anciennes, leur caractère particulier,
mais sans vouloir diminuer en rien l'importance des faits que M. de
Romilly vient d'observer. »
GÉOLOGIE. — Sur les phénomènes volcnniques observés à Terceira (îles /Icores);
par M. Fouqué. (Première Lettre à M. Ch. Sainte- Claire Deville.)
(Extrait.)
« Angra, 20 octobre 1S67.
» Je vais quitter Terceira, après un mois bien employé J'ai pu visiter
» toute la région centrale de l'île, dans laquelle M. Hartung n'avait pas
» pénétré Mais il est impossible de poursuivre mon travail pendant
» l'hiver, parce que les excursions dans les montagnes parles nombreux
» jours de brunie de cette saison deviennent très- pénibles et presque inu-
» tiles. Après avoir passé un mois à Fayal et à Pico, et jeté un coup d'oeil
» sur San Miguel, je reprendrai donc la route de France.
» Je n'ai à vous signaler, en fait de phénomène volcanique nouveau,
» qu'un tremblement de terre très-fort, dirigé est-ouest, qui a eu lieu
» le 22 septembre, à 3 heures du matin, précisément pendant que j'étais
» en mer. Ce tremblement de terre a été senti clans toute l'île, mais
» surtout dans la partie ouest. Il n'a causé aucun dommage.
» Quant aux phénomènes anciens, on en observe en trois points situés
» sur une même ligne droite dirigée nord 65 degrés ouest, et passant à
» peu de distance du centre de l'éruption du 2 juin, soit qu'on adople
a sur la situation du lieu du phénomène l'opinion de M. Nogueira, soit
» qu'on préfère la mienne.
» Le premier de ces points est la soufrière de Furnas d'Enxofre, où
» il se dégage des quantités considérables d'acide carbonique. Je suis sûr,
» d'après des essais faits sur place, que les tubes que je rapporte de cette
h localité contiennent un gaz riche de plus de 80 pour 100 en acide car-
» bonique, avec des traces seulement d'acide sulfhydrique.
» Le second point est l'ouverture d'un ancien cratère coupé à pic sur
C. II., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 25.) l 20"
( 966 )
» le bord de la mer, entre la Punta Serreta et la Punta Negrita, et qui
» et qui se trouve représenté dans la PI, IX, ficj. 3, de l'Atlas de Harîung.
» Le cône en qviestion est formé de scories et traversé dans sa partie cen-
» traie par un double dyke de lave dense noire avec cristaux de feldspath
» vitreux; et, le long du dyke, existe une crevasse étroite, qui est le siège d'un
» dégagement très-abondant d'acide carbonicjue. Cette crevasse n'est autre
» chose que la fissure de l'éruption qui a causé la production du cône; on
» peut y pénétrer, dans l'épaisseur de la falaise, jusqu'à une distance de
» quelques mètres, et alors on voit qu'elle se prolonge encore inférieure-
» ment et forme comme une sorte de puits irrégulier rempli de gaz délétère.
» L'acide carbonique n'est pas le seul produit volcanique que l'on
» observe dans cette fente; car, à une profondeur de 6 mètres, un vase
» suspendu à l'extrémité d'une corde rencontre une nappe d'eau chargée
» de bicarbonate de soude et épaisse d'environ i mètres. Cette eau est à
» une température très-peu différente de la température ordinaire du lieu.
» Le dégagement d'acide carbonique paraît varier considérablement dans
« son degré d'activité; quelquefois, il est tellement abondant qu'il devient
» dangereux d'essayer de puiser de l'eau alcaline, et, il y a six ans, trois
» individus de Serrata sont morts asphyxiés en voulant effectuer cette opé-
» ration (i).
» Le troisième point où s'opère encore un dégagement d'acide carbo-
» nique est un ancien cratère situé au pied et un peu au nord-ouest du
» Pico Nigrâo, sur le territoire de Serreta, très-près du cône qui a donné
« naissance à la grande coulée de trachyte de Serreta, lequel n'est pas le
» Pico Nigrâo, comme semblent l'indiquer la carte anglaise et aussi la
» PI. IX, fig. 3, de Hartung, mais un cône très-irrégulier, bouleversé même
» par une éruption postérieure, qui se trouve au-dessous et au nord-est du
» Pico Nigrâo. Le cratère où s'opère le dégagement d'acide carbonique
» dont je vous parle est ouvert au ras du sol; il n'a fourni que très-peu
» de scories, entassées principalement vers l'est, et deux petites coulées de
>• lave basaltique de 25 à 3o mètres de longueur seulement. Ce cratère,
» nommé Furnice, a la forme d'un puits de io mètres d'ouverture environ,
» et, à 5 ou 6 mètres de profondeur, il se rétrécit encore. La profondeur
» totale est d'environ 3oo mètres, comme on peut le conclure du chiffre
» de huit secondes, temps que met une pierre pour tomber au fond de ce
(i) Ce gisement est évidemment le même que celui que nous avons mentionné, M. Janssen
et moi, dans notre récente communication. (Séance du ■?. i octobre i<Srj-.) Ch. S.-C. D.
( 967 )
» petit gouffre. La pierre, au bout de sa chute, rencontre une nappe d'eau.
» Ce cratère, si remarquable déjà par sa forme, l'est aussi par la présence
» de l'acide carbonique qui le remplit, car une lanterne allumée s'éteint
» aussitôt qu'on essaye de l'y enfoncer. »
» M. Fouqué entre ensuite dans d'assez longs détails sur la partie topo-
graphique et descriptive de son travail, et sur les caractères lithologiques
des matériaux volcaniques de l'île de Terceira, et il ajoute :
a L'île de Terceira n'est pas absolument dénuée de terme de compa-
» raison pour apprécier l'âge des éruptions qui en ont formé le sol , car
» dans les tufs du mont Brazil on trouve des fossiles; mais ces débris sont
» rares et le plus souvent brisés et profondément altérés. Je n'en possède
» qu'un exemplaire complet, dépourvu toutefois de la partie superficielle
» de son test; c'est un murex qui m'a été donné par M. Nogueira. Les frag-
» ments que j'ai trouvés moi-même appartenaient tous à des Gastéropodes,
» mais ils étaient indéterminables.
» Je ne puis terminer cette Lettre sans vous dire un mot d'un fait géolo-
» gique qui m'a beaucoup intéressé, parce que je n'avais pas encore eu l'oc-
» casion d'observer rien de semblable, au moins avec un tel développe-
'» ment. Je veux parler de deux conduits souterrains qui s'observent à la
» porte de sortie de la Caldeirào, et qui n'ont pas moins de 3oo à 4oo mètres
» de longueur, avec une largeur de 5 à 10 mètres et une hauteur moyenne
» de 8 mètres. I^es laves péridotiques vomies par les cratères situés dans
» l'angle nord-ouest de la Caldeirào, après avoir traversé et comblé en
» partie cette vaste enceinte, se sont précipitées sur le plateau sous-jacent
» à l'est, en franchissant l'étroite ouverture que je viens d'appeler la porte
s de la Caldeirào; or, cette ouverture est encore rétrécie par un cône de
» scories plus ancien que les laves en question, de telle sorte que celles-ci
» ont coulé de chaque côté, en offrant en ce point une augmentation
11 d'épaisseur. Leur surface s'est solidifiée, et la matière qui remplissait
» leur intérieur s'étant écoulée, il en est résulté ces espèces de gaînes
» creuses que l'on observe aujourd'hui sur cet emplacement. J^es parois
» internes de ces conduits sont recouvertes d'un enduit ondulé de lave
» vitreuse, leur voûte est garnie de milliers de stalactites d'origine ignée;
11 et, latéralement, on y voit de longues bandes rectilignes situées à égale
» hauteur de chaque côté, d'autant plus saillantes qu'elles sont situées à
» un niveau plus bas : ce sont les indications des différents niveaux occupés
» successivement par le liquide igné au fur et à mesure de son écoulement.
» Le sol est souvent recouvert de scories irrégulières; souvent aussi il est
126..
(9^8)
» formé par des petites coulées de laves qui y ont circulé en dernier lieu
» et sont les restes du grand courant qui remplissait auparavant toute la
» cavité, (les galeries servent aujourd'hui, pour ainsi dire, de tuyaux de
» drainage à la Caldeirâo; aussi des filets d'eau y jaillissent-ils de tons
» côtés des fentes de la roche, et au fond coule un ruisseau abondant. »
géologie. — Sur les phénomènes volcaniques observés à Terceira [îles Açores) ;
jjctr M. Fouqué. (Deuxième Lettre à M. Ch. Sainte-Claire Deville.)
(Extrait.)
« Fayal, 24 octobre 1867.
» Toute la première partie de cette Lettre est consacrée à une descrip-
tion très-intéressante et très-instructive du grand cirque de Santa-Barhara,
à Terceira. Cette description, que les limites imposées à ces communica-
tions ne nous permettent pas d'insérer ici, trouvera sa place dans les publi-
cations ultérieures et plus étendues que l'auteur fera des résultats de son
voyage. Nous donnons seulement la fin de sa Lettre :
« Un autre sujet, dont je veux encore vous parler, c'est la consti-
» lotion du mont Brazil. Je vous ai déjà dit nu mot de ses fossiles, mais je
« dois ajouter ici quelque chose de plus sur l'emplacement dans lecpiel on
» les recueille.
» Le mont Brazil est un cratère d'éruption entièrement formé de scories
» et de cendres le plus souvent agglomérées fortement en couches par un
« cimenl que je me propose d'examiner (je le crois calcaire). Les laves
» de l'éruption qui lui ont donné naissance ont coulé, d'une part, au sud
» vers la mer, comme l'indiquent les sondages; d'autre part, au nord vers
» la ville. Là, elles forment la base du sol de l'isthme, qui réunit le mont
» Brazil à l'île principale, et elles sont recouvertes par deux couches de
" cendres et de lapilli aussi distinctes par leur composition que par leur
» couleur. La couche inférieure, de 8 mètres d'épaisseur en moyenne,
» est de couleur jaune ou rougeàtre ; elle ne contient que des fragments de
» roche trachytique; il est très difficile d'y trouver des morceaux de roche
» contenant un seul grain de péridot. La couche supérieure d'épaisseur
» très-variable, en moyenne de 5 à 6 mètres, est d'un gris foncé, plus fine-
» ment stratifiée que la précédente; les lapilli qu'elle renferme sont essen-
» tiellement péridoliques. On y trouve une glande quantité de fragments
» brisés de la roche sous-jacente, laquelle est remarquable par l'ahondance
>.> des cristaux de pyroxène et de péridot qu'elle renferme, et l'ahsence à
» peu près complète de tout feldspath apparent.
( 9^9 )
» Sur le mont Brazil lui-même, la première de ces deux assises acquiert
» un très-grand développement , puisqu'elle constitue cette éminence
» presque tout entière, et y forme des bancs qui sont exploités en plu-
» sieurs points. L'une de ces carrières, située sur la crête nord-est, a une
» altitude de i4o mètres; c'est là que l'on trouve les fossiles fortement
» engagés dans le tuf. Ces fossiles sont pliocènes ou quaternaires, mais ils
» n'appartiennent certainement pas à l'éocène ni au miocène, dont les fos-
» siles me sont mieux connus. Ils doivent provenir du sol fondamental de
» l'île dont quelques fragments auraient été arrachés par les éruptions en
» même temps que les débris feldspathiquesen contact. L'assise supérieure
» de tuf péridotique se retrouve aussi par places sur le mont Brazil, soit sur
» les pentes extérieures, soit dans l'intérieur du cratère; elle n'offre que
» des couches mal agglomérées, qui ont dû être facilement désagrégées par
» les agents atmosphériques lorsqu'elles étaient pins épaisses. Aussi n'en
» trouve-t-on pour ainsi dire que des lambeaux. Elle ne contient pas de
» fossiles/mais, en revanche, on y trouve de gros blocs usés et roulés de la
» lave produite dans l'éruption cpii a donné naissance au cratère. En ré-
» sumé, l'éruption du mont Brazil, sinon à son début, au moins après une
» émission de laves périodiques très-cristallines, a été accompagnée de pro-
» jections de tuf trachytique mélangé de débris de l'ancien sol calcaire ;
» puis d'autres projections péridotiques, c'est-à-dire d'un caractère tout
» différent, ont en dernier lieu succédé à celles-ci et clos l'éruption.
» Après avoir parlé de l'éruption du mont Brazil, dont la date, quoique
» relativement récente, est antérieure à la découverte de l'île deTerceira,
« je vais vous entretenir brièvement de l'éruption de 1761 .
'> Les cônes de cette éruption sont au nombre de cinq principaux, diri-
» gés, suivant une ligne droite inclinée ouest 20 degrés sud à est 20 degrés
« nord, qui réunirait le Pico-Norte et le sommet culminant de la crête de
» la Caldeira de Sauta-Barbara. Ces cônes sont formés de scories vitrifiées
» à la surface, caverneuses à l'intérieur, semblables de tout point à celles
» qui constituent les autres cratères plus anciens du voisinage, et dont on
» voit un type parfait dans celui qui est coupé à sa base par la route qui va
» d'Angra à Biscoito. Ces scories sont ce que les habitants de Terceira ap-
» pellent de la bagacine; tous les cônes à laves péridotiques dont j'ai eu
» l'occasion d'observer des coupes à Terceira sont tous, sans exception,
» formés de ce genre de scories. Un sixième cône, constitué de même que
» les précédents, est situé un peu au sud-est, en dehors delà ligne qui réunit
» ceux-ci. Les laves de l'éruption sont très-riches en péridot; elles cou-
( 97° )
» tiennent aussi du pyroxène et même une assez grande quantité de feld-
» spath (je crois que c'est du labrador, mais je n'oserais l'affirmer, n'ayant
» jamais pu voir les stries caractéristiques de ce système cristallin). Elles
» sont denses, noires. Elles ont coulé en nappes minces et étroites. Leur
» épaisseur dépasse rarement 2 mètres ; leurs surfaces inférieure et supé-
» rieure sont très-scoriacées. Généralement, elles forment des chaires
» étroites, parfaitement caractérisées. Elles sont sorties à la base des cônes
» et le plus souvent du côté sud, de telle sorte qu'elles ont été obligées de
» contourner ceux-ci pour couler vers le nord en suivant la pente du ter-
» rain. Tant que ces laves ont coulé sur le plateau élevé où elles avaient
■> leurs orifices d'origine, leurs chaires se sont juxtaposées de manière à ce
» qu'elles forment une nappe assez large, au milieu de laquelle quelques
» îlots de l'ancienne surface du terrain restent à découvert. Arrivées près
» de la pente, elles se présentent divisées en trois bras principaux. Le plus
» occidental s'est arrêté avant la descente, mais les deux autres se sont réu-
» nis et ont coulé dans une gorge étroite limitée à l'ouest par une ancienne
» lave basaltique, et à l'est par l'épaisse coulée de trachyte, qui de l'autre
» côté se trouve taillée à pic dans le vallon de Chaîna. La pente du cou-
» rant, le long de la descente, ne s'élève guère au delà de 10 degrés; elle
» monte cependant jusqu'à 22 degrés en quelques points, sans que les al-
» lures de la coulée soient sensiblement modifiées.
» Enfin, après avoir traversé le village de Biscoito, elle va se jeter à la
>• mer, où elle forme une sorte de promontoire peu élevé qui contourne à
» l'est l'ancienne côte de formation trachytique. Ce grand courant de lave,
» qui n'a pas moins de 8 kilomètres de longueur, est aujourd'hui cou-
» vert de plants de vigne, de jardins et de maisons sur toute sa partie in-
» clinée. La portion située sur le plateau est seule inculte, mais par des rai-
» sons d'ordre économique qui n'ont aucun rapport avec la géologie. Cette
» grande éruption a duré plusieurs mois d'après la tradition, et l'on raconte
» que, même sur les pentes les plus inclinées, la lave en fusion ne s'avan-
w çait qu'avec lenteur, et que l'on pouvait sans danger s'approcher de la
» masse iguee en mouvement.
» Sur le prolongement de la ligne qui joint les cinq cônes principaux,
» on voit encore aujourd'hui les restes d'une petite éruption en miniature
» contemporaine de la grande. La colline trachytique, située à l'est, pré-
» sente une fente de quelques mètres près de sa base; il en est sorti une
» petite coulée de lave d'environ a mètres de largeur et 20 mètres de
longueur.
( 971 )
» Le plus élevé des cônes de l'éruption de 1761 a 55 mètres de hauteur
» au-dessus de sa base, et son pied est environ à 54o mètres au-dessus du
» niveau de la mer. »
M. F. Pel adresse une Note relative à un projet d'horloge qui se remon-
terait spontanément, sous l'action des rayons solaires.
Cette Note sera soumise à l'examen de M. Delaunay.
M. Trémacx adresse une Note concernant une découverte paléon-
tologique faite à Chagny (Saône-et-Loire).
A 5 heures, l'Académie se forme en Comité secret.
COMITÉ SECRET.
Au nom de la Commission composée de MM. Chevreul, Mathieu, Bec-
querel père, Longet, Decaisne, de Verneuil et Séguier, M. Longet, rappor-
teur, présente la liste suivante de candidats à la place d'Académicien libre,
vacante par suite du décès de M. Civiale :
En première ligne M. le Baron Larrey.
En deuxième ligne, ex aequo, et par ( M. Lartet.
ordre alphabétique j M. Sichel.
Les titres de ces candidats sont discutés.
L'élection aura lieu dans la séance prochaine.
La séance est levée à 5 heures et demie. É. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 2 décembre 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Notice sur les calcaires de la Porte de France et sur quelques gisements voi-
sins; par M. F.-J. Pictet. Genève, 1867 ; br. in-8°.
Note sur les tremblements de terre en 1867, avec suppléments pour les an-
nées antérieures de i843 à 1864; par M. Alexis Perrey. Bruxelles, 18G7;
in-8°.
Observations météorologiques faites à Dijon pendant les années 1 855 à r 858,
1860 à 1866; par M. Al. Perrey.
( 97a )
Société des Sciences médicales de V arrondissement de Gannat [Allie?'):
Compte rendu des travaux de l'année 1 866- 1 867 ; par M. le Dr LORUT, 21° an-
née. Gannat, 1867; in-8°.
Recueil des actes du Comité médical des Bouches-du-Rliùnc, publié sous la
surveillance du Président, M. le Dr Go-URIAN, t, VII, Ier fascicule, janvier à
avril. Marseille, 1867; in-8°.
L'Algérie à l'Exposition universelle de Paris en 1 867, avec la liste des expo-
sants auxquels il a été décerné une récompense; par M. O. Mac-Cartiiy.
Paris, 1867 ; in-4°-
Corrélation entre le pouvoir réfringent et le pouvoir calorifique des diverses
substances ; par M. Montigny. Bruxelles, 1867; in-8°.
Origine de l' espèce humaine dans les environs de Tout par rapport au dilu-
vium alpin; par M. HUSSON. Paris, 1867; in-8°.
Perte dans le produit de la soie par suite des défauts des systèmes usuels et
appréciation des nouvelles méthodes cellulaires isolatrices; par M. M. DELPR1NO.
Acqui, 1867; br. in-8°.
Résultat du nouveau système pour V éducation des vers à soie; jiar M. M.
Delprino. Acqui, 1867; br. in-8°.
La nouvelle sériciculture; par M. M. DELPRINO. Paris, sans date; in-8°
relié.
Philosophicah.. Transactions philosophiques de la Société Royale de Lon-
dres, t. CLVII, ire partie. Londres, 1867; in-4° avec planches.
The royal... Société Royale de Londres: Liste des Membres au 3o no-
vembre 1866. Londivs, 1867; in-4°.
Proceedings. . . Procès-verbaux de la Socité Royale de Lon</res, t. XV, n° g3 ;
t. XVI, n° 94. Londres, 1867; 2 brochures in-8".
Report... Rapport de la trente-sixième réunion de l'Association Britannique
pour l'avancement de la Science, tenue à Nottingham en août i 866. Lon-
dres, 1 867 ; in-8° cartonné.
Experienze... Expériences pour démontrer la loi des oscillations dans un
corps élastique; par M. R. FELICI. Pise, 1867; in-4".
ERRATUM.
(Séance du a5 novembre 1867.)
Page qo3, ligne 12, au lieu de au temps de la XIIr dynastie, c'est-à-dire le fait environ
contemporain de Salomon, lisez au temps de la XX!!' dynastie, c'est-à-dire. . . .
COMPTE RENDU
DES SEANCES
DE LACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI î) DÉCEMBRE 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Président entretient l'Académie de la perle douloureuse qu'elle
vient de faire dans la personne de M. Flourens, Secrétaire perpétuel de
cette Académie et Membre de l'Académie Française, décédé le 5 décembre
1867. Ce matin même ont eu lieu les obsèques. M. Chevreul a pris la
parole au nom de l'Académie des Sciences, du Muséum d'Histoire natu-
relle, du Collège de France et du Journal des Savants; M. Patin, au nom
de l'Académie Française; M. Élie de Beaumont, en qualité de collègue
de M. Flourens, comme Secrétaire perpétuel; M. le Baron Cli. Poisson, au
nom du Conseil municipal de la ville de Paris.
« M. Decaisne, au nom de M. le Dr Le Maout et au sien, fait bommage à
l'Académie d'un exemplaire du Traité général de Botanique analytique et
descriptive qu'ils viennent de publier. Cet ouvrage, résultat de plus de
trente années d'études, se compose de deux parties distinctes : l'une
est un abrégé d'Organographie, d'Anatomie et de Physiologie; l'autre,
beaucoup plus étendue, est consacrée à la description et à l'histoire des 3oo
et quelques familles dans lesquelles le Règne végétal estactuellement divise.
C. R., 1867, 2« Semestre. (T. LXV, N" 24.) ' 27
( 974 )
Dans un travail de cette nature, des figures explicatives sont le complément
presque obligé du texte, aussi les y avons- nous pour ainsi dire prodiguées:
l'ouvrage en contient plus de 55oo, toutes originales et dessinées d'après
nature au Muséum. »
M. Em. Blanchard, en offrant à l'Académie son ouvrage intitulé; Méta-
morphoses, mœurs et instincts des Insectes (Insectes, Myriapodes, Arachnides
et Crustacés), présente les remarques suivantes à ce sujet :
« Ce livre contient une exposition de tous les faits les plus remar-
quables concernant l'organisation, les métamorphoses, les habitudes et
les facultés instinctives des Animaux articulés. L'ouvrage est accompagné
de nombreuses figures, et ces figures représentent autre chose que ce que
l'on est accoutumé à voir dans les livres de sciences naturelles. On s'est
appliqué, d'après l'observation constante d'individus vivants, à montrer les
espèces sous leurs différents états, dans leurs véritables attitudes et dans
les conditions ordinaires de leur existence. Sous le rapport de l'exécution
des dessins, dont il est juste de faire honneur à l'habileté des artistes ainsi
qu'au bon goût et aux soins de l'éditeur M. Germer-Baillière, il a été
obtenu un degré de perfection au moins égal à celui qui a été atteint dans
de belles publications récentes, le surpassant, si l'on considère qu'ici de
minutieux détails ont été rendus avec une extrême précision.
» On trouvera dans ce livre un certain nombre d'observations neuves,
et, d'autre part, on verra que l'auteur est entré dans un ordre de considé-
rations très-négligées jusqu'à présent par les naturalistes. Il s'agit des rela-
tions qui existent chez les espèces entre leurs habitudes et leur conforma-
tion, ou, en d'autres termes, des adaptations organiques à des conditions
d'existence particulières. Deux ou trois exemples permettront de donner
une idée exacte de certains résultats consignés dans l'ouvrage sur les méta-
morphoses, les mœurs et les instincts des Insectes.
» De tout temps on a reconnu que des membres élargis, plus ou moins
convertis en rames, appartenaient a des animaux nageurs, que des appen-
dices, larges, courts, garnis de dents, servaient a fouir ; mais, en réalité, on
n'avait pas poussé bien loin la recherche des coïncidences entre le genre
de vie de l'animal et une infinité de détails de conformation. Cette sorte
d'étude a appris qu'il suffisait de l'examen, chez une larve d'Insecte, par
exemple, d'une ou de deux pièces de sa bouche pour être en situation de
déterminer avec certitude non-seulement la nature de son régime, mais
(975)
encore la manière dont elle prend sa nourriture. Ainsi, deux chenilles
d'espèces voisines dévorent la même plante : l'une attaque les feuilles par
leurs bords, l'antre ronge par la surface le calice de la fleur ou de la graine;
le labre et les mandibules de ces deux Insectes, adaptés à un usage quelque
peu différent, portent des signes caractéristiques très-appréciables. L'exa-
men d'une patte permet de reconnaître si l'Insecte marche sur un feuillage,
plus ou moins dur, s'il marche simplement à la surface des feuilles ou s'il
grimpe après les tiges. A cet égard, les indices les plus certains sont four-
nis par les griffes des appendices locomoteurs. Pour les espèces capables
d'exécuter des travaux, comme il y en a en si grand nombre parmi les
Hyménoptères, une étude de leurs instruments, plus minutieuse que celle
qui a été faite, conduit à reconnaître, avant l'observation directe, la plu-
part des habitudes de l'espèce vue pour la première fois, si différente qu'elle
puisse être des espèces déjà connues. Ailleurs des conditions d'existence
sont révélées par la situation et par une foule de détails de la conforma-
tion des orifices respiratoires.
» Avant nous, on avait représenté scrupuleusement les positions extrê-
mement variées qu'offrent les yeux des Arachnides, avec la seule préoccu-
pation de fournir un moyen de caractériser les genres, l'observation
comparative des organes de la vision et des mœurs des espèces a permis
de déterminer le but de la nature dans chaque disposition particulière.
L'animal est-il chasseur, destinéà une vieerrante, sesyeux rapprochés, postés
sur une éminence arrondie, lui permettent d'apercevoir à la fois dans toutes
les directions et la proie et l'ennemi; doit-il demeurer à découvert et tou-
jours à peu près à la même place, ses yeux sont largement disséminés;
doit-il se tenir à l'affût dans un tube, ses yeux sont rangés tous en avant,
sur le front, et le nombre en est amoindri; ceux que l'on trouve placés en
arrière, chez les espèces qui ne se tiennent pas presque toujours cachées,
étant devenus inutiles, ont disparu.
» Les Arachnides fileuses, les Aranéides, ne construisent pas de toiles
semblables. Pour les unes, c'est un tissu serré; pour les autres, un réseau
à mailles écartées; pour les autres encore, quelques fils seulement jetés à
peu près au hasard. Les griffes jouent le plus grand rôle dans la confec-
tion des toiles; simples chez les espèces qui n'en fabriquent pas, elles
ressemblent à des peignes ou à des cardes chez les espèces qui font des
tissus serrés, elles présentent des fourches chez les espèces qui font des
réseaux lâches. Partout, enfin, il existe une relation si précise entre l'in-
strument et le travail, que le naturaliste, parvenu à l'apprécier, arrive, de
f27..
( 976 )
la connaissance acquise en certains cas, à faire une application sûre, là ou
l'observation n'a pu porter que d'un côté.
» En constatant, entre des espèces toutes voisines par l'ensemble de leur or-
ganisation, des habitudes assez différentes, rendues inévitables par quelques
particularités de conformation en apparence d'ordre secondaire, il est im-
possible de ne pas se convaincre que les idées émises touchant de préten-
dues transformations indéfinies des espèces ne sont pas nées d'une étude
approfondie. Car par leur conformation, les espèces sont en général con-
damnées à vivre dans des conditions auxquelles elles ne peuvent se sous-
traire sans périr. »
ASTRONOMIE. — Nouvelle Note sur la parallaxe du Soleil; par M. Delacnay.
« L'Académie n'attend pas de moi que je suive M. Le Verrier dans les
digressions diverses auxquelles il lui plaît de se livrer, et que je vienne dis-
cuter avec lui sur toutes choses à propos de la parallaxe du Soleil dont \\
ne dit plus un seul mot.
» Et d'ailleurs, à quoi bon discuter avec M. Le Verrier? il ne se préoc-
cupe en aucune manière des réponses qui lui sont faites. Ainsi j'ai eu beau
chercher à le ramener sur le terrain de la vérité au sujet du passage de
Mercure sur le Soleil en i86i,il n'en persiste pas moins à m'attribuer, après
comme avant, la même opinion presque diamétralement contraire à celle
cpie j'ai formulée, il y a six ans, devant l'Académie. Je n'ai rien à ajouter à
ce que j'ai dit. Les faits sont là; chacun peut en juger.
» Je n'entreprendrai pas non plus de réfuter les critiques que M. Le
Verrier a déjà présentées, et celles qu'il se propose de présenter encore, au
sujet de mon Rapport sur les Progrès de l'Astronomie. Nos points de vue à
cet égard sont totalement différents. M. Le Verrier aurait voulu y trouver
{'histoire des astronomes français pendant les vingt-cinq dernières années;
tandis cpie, suivant moi, je n'avais à parler que des Progrès </< l'astronomie
en France pendant ce laps de temps. Malgré tout l'intérêt qui aurait pu
s'attacher à une histoire des astronomes français depuis vingt-cinq ans,
histoire qui n'eût certes pas manqué de curieuses péripéties et d'enseigne-
ments utiles, je n'ai pas pu avoir la pensée de l'écrire dans les circon-
stances où je me trouvais. Je n'ai pu faire autre chose que de me conformer
au programme qui m'était tracé, et qui est indiqué sans équivoque par le
titre même du travail qu'on me demandait. Ce n'est pas d'ailleurs à des
dissertations de ce genre, sur le point de vue auquel l'auteur d'un Rapport
( 977 )
sur les progrès d'une science aurait pu ou dît se placer, que doivent être
consacrées les séances de notre Académie. Son rôle consiste avant tout
à s'occuper de la recherche de la vérité et de la discussion des moyens em-
ployés, des efforts tentés pour arriver à sa découverte; on ne saurait écarter
avec trop de soin tout ce qui tend à la détourner île ce noble but.
» Cela dit, je reviens à la parallaxe du Soleil. Je veux présenter à l'Aca-
démie quelques considérations qui me paraissent utiles pour éclairer la
question.
» La parallaxe du Soleil est, comme on sait, un des éléments les plus
importants de nos connaissances astronomiques. De sa valeur dépend la
grandeur de la distance qui nous sépare du Soleil. Or celle distance est la
base dont nous nous servons pour déterminer les dimensions des diverses
parties de notre système planétaire. On comprend par là tout l'intérêt qui
s'attache à la connaissance précise de la parallaxe du Soleil, c'est-à-dire de
l'angle sous lequel, étant placé au centre du Soleil, on verrait, de face un
rayon de l'équateur de notre Terre.
» Cet angle est très-petit : il ne s'élève pas à 9 secondes de degré. Il en
résulte tpie, pour ne pas nous en tenir à une trop grossière approximation
relativement à la distance du Soleil à la Terre, nous avons besoin de le con-
naître à une petite fraction de seconde près. Chaque centième de seconde
ajouté à sa valeur diminue notre distance au Soleil de 26 fois le rayon de
la Terre : ce n'est donc pas trop de vouloir arriver à la connaissance exacte,
non-seulement du chiffre des dixièmes de seconde, mais aussi du chiffre
des centièmes; et les moyens dont nous disposons pour y parvenir nous
permettent d'espérer que ce degré d'approximation n'est pas impossihle à
atteindre.
» Pour arriver à i\n pareil résultat, nous ne pouvons pas employer le
procédé de mesure directe, qui ne réussit bien que pour des astres moins
brillants et aussi moins éloignés, tels que la Lune, ou les planètes Vénus et
Mars, lors de leur plus grande proximité de la Terre. Pour le Soleil, il nous
faut recourir à des moyens détournés: nous déterminons par l'observation
la valeur d'un nombre auquel la parallaxe du Soleil est intimement liée;
puis, de la connaissance de ce nombre, nous concluons par le calcul la
valeur de la parallaxe cherchée. On comprend que le résultat de cette
opération complexe sera plus ou moins précis, suivant que le nombre
auxiliaire dont il vient d'être question sera plus ou moins bien déterminé.
Toutes choses égales d'ailleurs, plus ce nombre auxiliaire sera grand,
mieux cela vaudra pour l'exactitude finale.
( 97» )
» Comparons, sous ce rapport, les diverses méthodes dont nous dispo-
sons.
» Par l'observation des passages de Vénus sur le Soleil, nous faisons
dépendre la valeur de la parallaxe solaire de la détermination de la diffé-
rence de durée des passages observés en divers lieux de la Terre. Or, cette
différence de durée peut aller à plus de vingt minutes de temps, nombre
susceptible d'être obtenu avec une très-grande approximation : cette
méthode est la meilleure de toutes.
» Par l'équation parallactique de la Lune, nous ramenons la recherche
de la parallaxe du Soleil à la détermination de cette équation, qui est
d'environ 126 secondes, nombre plus de quatorze fois plus grand que la
parallaxe cherchée.
» La mesure directe de la parallaxe de Mars en opposition peut conduire
à la connaissance de la parallaxe du Soleil; dans ce cas la parallaxe solaire
se déduit d'un nombre qui n'atteint pas trois fois sa valeur.
» Quand on veut déduire la parallaxe du Soleil de l'équation lunaire du
mouvement de la Terre, qui ne s'élève qu'à 6", 5o, on est loin des conditions
plus ou moins favorables que présentent les trois méthodes précédentes; au
lieu de passer du grand au petit, on passe du petit au grand, savoir de
6",5oà un nombre qui approche de 9''. De plus, cette dernière méthode,
fondée sur l'emploi de l'équation lunaire de la Terre, présente une cause
d'incertitude spéciale. Le calcul qui sert à passer de l'équation lunaire à
la parallaxe du Soleil ne peut se faire qu'autant qu'on connaît le rapport
de la masse de la Lune à la masse de la Terre; or, ce rapport, qui est mal
connu, a une influence considérable sur le résultat [voir la Note de
M. Stone, Monthty Notices, cahier d'avril 1867). On comprend par là
combien cette méthode, basée sur l'emploi de l'équation lunaire de la
Terre, est inférieure en précision aux autres méthodes précédemment indi-
quées; il n'y a donc pas lieu d'attacher une grande importance aux
résultats auxquels elle conduit. >■
« RI. Le Verrier, retenu au Conseil Impérial de l'Instruction publique,
n'a pu venir que tardivement à la séance. Il n'a pas entendu la nouvelle
lecture faite par M. Delaunay. Il ignore ce qui a pu être répondu au sujet
des erreurs sur Uranns et sur les singulières omissions laites dans le pré-
tendu historique des Progrès de l'Astronomie. Il en prendra connaissance
au Compte rendu et répondra, s'il y a lieu, dans la prochaine séance.
» Dans l'article inséré au dernier Compte rendu, M. Delaunay se plaint
( 979 )
que M. Le Verrier réponde à ses lectures par des improvisations, dans les-
quelles il aurait le talent de travestir la vérité des faits, et dont il insère
la reproduction dans les Comptes rendus.
» Il est au contraire fort regrettable que M. Delautiay ne veuille pas
improviser lui-même ses répliques; car alors toute la discussion se serait
terminée en une séance, tandis qu'en prenant chaque fois huit jours pour
répondre on peut éterniser le débat. D'ailleurs, en improvisant, M. De-
launay se serait promptement aperçu que nul n'a assez de talent en pareil
cas pour travestir .la vérité des faits. Pour pouvoir improviser une bonne
réponse, il faut deux choses : d'abord connaître à fond son sujet, et ensuite
avoir la justice et la vérité pour soi.
» A l'égard de la nécessité d'accroître la valeur de la parallaxe solaire,
il n'est au pouvoir de personne de supprimer ce qui suit:
» En 1 858, M. Le Verrier a conclu cette nécessité des observations du
Soleil ;
» En t86i, il l'a déduite delà théorie de Vénus;
» En 1862, il l'a déduite de la théorie de Mars, avec une restriction que
commandait la nature i\u sujet;
» Enfin, c'est à la suite de ces travaux que M. Foucault a été conduit à
hâter sa belle expérience sur la vitesse de la lumière.
» Si donc M. Delaunay assure qu'ayant à faire l'historique de cette ques-
tion, il ne dirait pas un mot de l'intervention de Ni. Le Verrier, il faudrait
y voir un développement sans importance du procédé par lequel M. De-
launay a supprimé la moitié des travaux de nos astronomes dans son pré-
tendu historique de l'Astronomie en France. »
ASTRONOMIE. — Note sur les spectres stellaires et les étoiles filantes;
par te P. A. Secchi.
« Dans mon Mémoire sur les spectres stellaires, publié dans les Memoric
délia Sociela Italiana, j'ai dit (p. 33 de l'Extrait) et j'ai également annoncé à
l'Académie des Sciences, que les trois raies principales de l'hydrogène
coïncident avec les raies noires des étoiles blanches du premier type,
comme </. Lyre, Sirius, etc.
» Cependant l'identification de ces raies n'était certaine que pour celle
du vert-bleu, la raie F, et très-probable pour celle du violet. Celle du rouge
Ha n'avait pas encore pu être bien constatée, à cause de la faiblesse de la
lumière dans cette extrémité du spectre. C'était là une lacune à remplir.
( 9»° )
» Après mon retour à Rome, j'ai cherché à perfectionner le spectroscope
à vision directe simplifiée, et m'étant aperçu cjue les oculaires ordinaires
en grossissant dans toutes les directions du champ diminuent trop l'in-
tensité du ronge, j'ai essayé d'un oculaire cylindrique. Il consiste dans une
lentille cylindrique achromatique, de 7 centimètres environ de longueur
focale, que j'ai mise à la place de l'oculaire ordinaire, dans mon spectro-
scope simplifié.
>> Le résultat a été des plus surprenants : cette lentille conserve une
puissance remarquable aux extrémités du spectre, et j'ai pu immédiatement
constater la raie noire du rouge Ha à sa place, dans les étoiles a de la
Lyre, a. Pégase, Algol, et dans plusieurs autres étoiles de ile grandeur.
» Comme vérification, j'ai voulu voir y Cassiopée, pour laquelle les raies
brillantes occupent la place des raies noires, comme je l'ai montré autre-
fois. J'ai pu en effet voir la raie rouge brillante se détacher sur le fond
très-faiblement lumineux. Il est curieux que, avec cet oculaire, on voie
moins bien la raiejf lumineuse, mais cela s'explique parla grande lumière
de toute la région vert-bleu sur laquelle cette raie se projette, et qui,
étant extrêmement renforcée, empêche la raie de se détacher. Ainsi se
trouve confirmée l'observation de M. Huggins sur cette raie, qui lui-même a
confirmé ma découverte de la raie brillante F dans cette étoile singulière.
» J'espère pouvoir étendre ces observations, si le beau temps continue.
J'ajouterai que 0 de la Baleine, qui est maintenant de 3e grandeur à peu
près, présente un magnifique spectre du troisième type, comparable en
beauté à ]3 de Pégase et à x d'Orion, et aussi facile à résoudre. Ce spectre
ayant l'apparence d'une colonnade, je dirai que, en partant de la petite
colonne près de U, dans le jaune, on trouve trois magnifiques colonnes
du côté du rouge, et cinq du coté du violet-* toutes résolubles en lignes
plus fines; en tout, au moins neuf colonnes. C'est l'un des spectres les plus
curieux que présente l'observation du ciel. J'ai déjà rémarqué ailleurs que
les étoiles variables (excepté Algol) appartiennent à ce type.
» Les observations des étoiles litanies ont été ici assez contrariées par le
mauvais temps, et aussi par la Lune. Dans une petite portion du ciel, qui
était découvert au sud, le malin du iZj, un observateur a compté seize
étoiles de xre grandeur entre 5 heures et 6ul5m. Cela suppose un grand
nombre de petites, d'où l'on peut conclure que l'apparition n'a pas
manqué. Pour plus de détails, je renverrai au Bulletin Méléoroloijique du
Collège romain. »
( 9»' )
« M. Élie de Beaumoxt fait hommage à l'Académie, au nom rie sir Rode-
rick Murchison, de la 4e édition de son important ouvrage intitulé Siluria.
» Dans cette publication nouvelle d'un ouvrage déjà très-connu, le sa-
vant Correspondant de l'Académie a enrichi de nouveaux détails l'exposé
des longs travaux par lesquels, en établissant le système silurien, il a si fort
agrandi le domaine de la géologie, et rendu la connaissance des dépôts
sédimentaires les plus anciens et les plus recouverts presque aussi com-
plète que celle des terrains les plus modernes et les plus accessibles.
» 11 a surtout développé, avec une parfaite lucidité, dans le XXe cha-
pitre, qui est le dernier de l'ouvrage, les vues que son expérience semi-
séculaire l'a conduit à adopter sur l'ensemble des phénomènes géologiques
et paléontologiques.
» Il y précise, d'après l'observation, l'ordre dans lequel les formes or-
ganiques se sont succédé sur notre globe, en éprouvant un développement
et un perfectionnement graduels. Dans les plus anciennes couches on ne
trouve aucune trace de végétaux terrestres ni d'animaux vertébrés. Des
Poissons, très-imparfaits encore, ont laissé quelques restes dans les assises
supérieures du système silurien. Des Poissons plus nombreux et moins
imparfaits ont existé pendant la période dévonienne. Dans les périodes
subséquentes, l'organisation des Poissons s'est encore perfectionnée. Alors
ont apparu les Reptiles, et enfin les Mammifères qui ne remontent pas au
delà des couches supérieures de la formation du trias, placées à peu près au
milieu de la série géologique.
» Dans ce même chapitre, sir Roderick Murchison résume avec beau-
coup de rigueur les laits tendant à établir que les forces qui ont occasionné
les phénomènes géologiques, quelle qu'ait pu être leur ressemblance avec
celles qui agissent de nos jours, ont présenté, pendant les périodes géolo-
giques, avec une intensité supérieure à celle avec laquelle elles agissent pen-
dant la période actuelle (... a greater intensily qf former causation.,.). »
NOMINATIONS.
L'Académie procède, par la voie du scrutin, à la nomination d'un Membre
libre qui remplira la place devenue vacante par suite du décès de M. Civiale
Au premier tour de scrutin, le nombre des votants étant 5S,
M. La-rrey obtient 45 suffrages.
M. Sichel io »
M. Lartet 3 »
C. R., 1S67, '2e Semestre. (T. LXV, N° 2-î.) l 2°
( 9^2 )
M. Lakuey, ayant obtenu la majorité absolue des suffrages, est pro-
clamé élu.
Sa nomination sera soumise à l'approbation de l'Empereur.
MÉMOIRES LUS.
MÉTÉOROLOGIE. — Réponse à la Xole adressée récemment pur M. Poév (i),
sur les colorations ozonoscopiqu.es, obtenues à l'aide du réactif Jame <le
Sedan), et sur l'échelle ozonométrique de M. Bérignr; par MM. Bérh;\y
et Sallekon.
« La Note de M. Poè'y traite deux questions bien distinctes : i° des
différentes colorations prises par le papier Jame dans des conditions atmo-
sphériques différentes ; 20 de l'insuffisance de notre échelle chromatique,
quant aux nuances qui dépassent le n° 11 et le défaut de ressemblance entre
les gammes livrées par M. Salleron à plusieurs années d'intervalle.
» Quant à ce qui concerne la première question, nous ne pouvons ré-
pondre que d'une manière générale aux passages de cette Note qui traitent
du papier ioduré et amidonné préparé par M. Jame; car, sans vouloir
affirmer que ce réactif soit irréprochable, et sans avoir besoin d'invoquer
l'opinion de M. Schcenbein, qui, dans la session scientifique de Metz, disait,
au mois de mai dernier, que, jusqu'au moment où un réactif irrécusable
sera découvert, « il faudra bien se contenter du papier ioduré et ami-
» donné, qui, en général, suffira pour indiquer la plus ou moins grande
» quantité d'ozone contenue dans l'air, car on doit admettre avec certi-
<> tude que le bleuissement est dû à l'ozone atmosphérique et nullement à
» l'acide hyponitrique, <> il est permis de supposer qu'un grand nombre
des causes perturbatrices énumérées par M. Poéy peuvent bien provenir
du mode opératoire suivi par les observations qui ont été faites jusqu'au-
jourd'hui.
» En effet, le papier réactif étant exposé pendant douze heures dans une
atmosphère chargée d'ozone, il peut subir des décompositions fort compli-
quées de ses éléments constituants. 11 en serait, sans doute, tout autrement,
si l'on modifiait le moyen expérimental actuel ; peut-être, alors, élimine-
rait-on ces causes perturbatrices. Nous allons décrire plus loin un procédé
que nous étudions depuis quelque temps.
(i) Comptes mutas, t. LXV, p. 708.
( 9« )
» Les différentes colorations violettes, bleues, roses, jaunâtres prises par
le papier, lorsqu'on le plonge dans l'eau distillée, après douze heures
d'exposition à l'air, proviennent, probablement, de la décomposition que
l'iodure d'amidon peut éprouver après sa formation.
» Si le papier réactif est exposé dans une atmosphère fortement impré-
gnée d'ozone, l'iodure de potassium est rapidement décomposé, et si la
bande de papier n'est plongée dans l'eau que plusieurs heures après, il est
possible que l'iodure d'amidon soit altéré, et alors ne donne plus lieu à
des colorations normales, surtout si l'atmosphère contient beaucoup d'hu-
midité. Il eût été facile à M. Poëy de se rendre compte de cette anomalie,
en comparant ces colorations avec l'état hygrométrique de l'air, ainsi cpie
nous l'avons fait et publié nous-mêmes. Au reste, cette cause perturbatrice
est inhérente, il faut bien le reconnaître, au mode d'observation actuel.
» Relativement à la deuxième question soulevée par M. Poëy, celle qui
concerne les variations subies par notre échelle depuis sa création, nous
dirons qu'il y a dix ans nous avons essayé de l'établir sur des bases fixes
qui puissent la rendre précise et d'une reconstitution toujours facile en
comparant la couleur ozonométrique aux cercles chromatiques de M. Che-
vreul. Nous rapportant à des cercles chromatiques du commerce, nous
avons estimé que la teinte que nous cherchions se trouvait dans la gamme
du 3e bleu-violet du cercle à -^ de noir; mais on conçoit que la repro-
duction commerciale île gammes aussi délicates ne puisse être jamais par-
faitement identique, à moins de recourir pour chaque tirage aux cercles
types des Gobelins.
» Eu égard à cette difficulté matérielle, nous avons cherché le moyen
de nous passer de gammes chromatiques. Au lieu de déterminer la quan-
tité d'ozone par la teinte uniforme que prend une feuille de papier Jame
exposée durant douze heures à l'air, il est préférable de mesurer le laps de
temps d'exposition nécessaire pour que le réactij prenne une couleur fixe et dé-
terminée. Supposons que nous choisissions pour type le ton l\ du ier violet
des Gobelins, et qu'aujourd'hui il faille exposer une bande de papier pen-
dant une heure pour obtenir ce ton de couleur : si, demain, il faut une ex-
position de deux heures pour avoir ce même ton, nous pourrons en con-
clure que la proportion d'ozone contenue dans l'air sera moitié moindre
que la veille. De même une exposition d'une demi-heure correspondra a
un nombre double, de telle sorte que les quantités d'ozone seront inverse-
ment proportionnelles aux durées d'exposition du réactif.
» On comprend de suite les avantages de cette méthode d'observa-
ra8..
( 9^4 )
(ion, qui ne laisse plus craindre les altérations de l'iodure d'amidon lorsque
le papier reste trop longtemps en expérience; puis, les nombres obtenus
ne sont plus arbitraires comme ceux qui sont donnés par la gamme chro-
matique; ils sont proportionnels entre eux, de sorte que le jour où l'on
possédera le moyen de doser l'ozone, il sera facile de leur assigner une
valeur absolue.
» Une seule couleur fixe et déterminée suffit donc pour les observations
ozonométriques; elle pourra être exactement dénommée; il sera facile
d'en imprimer, d'un seul coup, une quantité suffisante pour les observa-
tions d'un grand nombre d'années, et des échantillons pourront en être en-
voyés à tous les Observatoires du globe, de telle sorte qu'elle ne puisse ja-
mais être perdue ou modifiée.
» Maintenant, nous allons faire connaître l'instrument que nous propo-
sons, lequel, par un moyen simple et facile d'expérimentation, donnera la
détermination du temps nécessaire pour que le papier prenne une teinte
fixe sans compliquer le mode d'observation, point important. Ce moyen,
qui n'est pas absolument nouveau, puisque nous en avons communiqué le
principe, il y a deux ans, à M. Poéy lui-même, est fort simple : sur l'un
des mobiles d'une petite pendule portative, nous ajoutons deux petits rou-
leaux de laminoir qui ont pour fonction de faire avancer une bande de pa-
pier Jame et de la faire sortir de la boite qui enveloppe le mécanisme avec
une vitesse uniforme et déterminée.
» Supposons que la bande de papier marche avec une vitesse d'un cen-
timètre par heure; après douze heures d'exposition, nous aurons, en de-
hors de l'appareil, une bande de réactif de 12 centimètres de long, dont
le premier centimètre aura subi, pendant douze heures, l'action de l'atmo-
sphère; le second n'aura été impressionné que pendant onze heures; le
troisième pendant dix heures, et ainsi de suite jusqu'au dernier centimètre,
qui n'aura été exposé que pendant une heure. Si nous détachons cette bande
et si nous la plongeons dans l'eau distillée, elle se colorera d'une couleur
dégradée, variant depuis le blanc jusqu'à une teinte violette plus ou moins
foncée; cherchons quelle est la partie de la bande de papier réactif dont la
teinte est semblable à notre couleur type, et la position de cette partie, par
rapport à la longueur de la bande, nous fera connaître immédiatement la
durée d'exposition correspondante.
» On voit bien vite, nous le répétons, que l'emploi de cet instrument,
très-simple et peu coûteux, qu'on pourrait appeler Chronozonomèlre , ne
complique pas la méthode expérimentale employée jusqu'aujourd'hui.
( 985 )
» Il nous reste à faire connaître quelle est la teinte type que nous adop-
tons. Tout d'abord nous avons choisi une nuance peu colorée, afin qu'elle
puisse servir sous toutes les latitudes et quelle que soit la proportion
d'ozone contenue dans l'atmosphère. Puis, pour qu'elle ne soit jamais ni
modifiée ni perdue, nous avons réclamé île l'honorable bienveillance et de
la haute autorité de M. Chevreul de vouloir bien la déterminer au moyen
de cercles chromatiques qu'il a établis à la manufacture des Gobelins. A la
suite de comparaisons réitérées, dirigées par M. Chevreul lui-même, le
4e ton du ier violet a été adopté comme représentant exactement la nuance
prise par le papier ozonométrique après quelques heures d'exposition
dans une atmosphère peu chargée d'ozone. Nous joignons à notre Mé-
moire une feuille ainsi colorée, et nous la déposons dans les archives de
l'Académie.
» Avant de terminer, nous devons faire remarquer que le chronozono-
metre permet, à la rigueur, d'observer simultanément suivant la méthode
nouvelle et suivant la méthode ancienne, puisqu'on comparant à notre
échelle la partie de la bande de papier qui a reçu pendant douze heures
l'actiou de l'atmosphère, on obtiendra les nombres inscrits dans les obser-
vations ozonométriques qui ont été faites jusqu'aujourd'hui. Seulement, il
faut le reconnaître, les nombres jusqu'à présent ne sont que relatifs, tandis
que ceux que fournira la nouvelle méthode seront absolus. »
M. Piorry donne lecture d'un travail qui a pour titre : « Mémoire relatif
à un instrument nouveau, destiné à porter des médicaments et des caus-
tiques dans l'intérieur du larynx, sur les parties profondes du pharynx, sur
la région postérieure des fosses nasales, et qui peut servir aussi à la cauté-
risation de divers organes, tels par exemple que le rectum, le côlon, la
cavité utérine, l'œsophage, etc. »
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
M. J. Lucas adresse un Mémoire concernant « les radiations, et le phos-
phoroscope de M. Edm. Becquerel ».
• (Renvoi à la Section de Physique.)
M. Zaxtedeschi adresse une nouvelle communication relative au choléra
(Renvoi à la Commission du legs Bréant. )
( 9«6)
MM. Estor et Salntpierre adressent une Note indiquant les parties
qu'ils considèrent comme neuves dans les travaux imprimés qu'ils ont
présentés an concours des prix de Médecine et de Chirurgie.
(Renvoi à la Commission.)
M. F. Lefort adresse une Note relative à un Mémoire manuscrit de fen
M J.-B. Biot, Mémoire qui a été communiqué par lui à l'Académie au
mois d'avril 1864, et pour l'examen duquel une Commission a été désignée.
Cette Note sera transmise à la Commission.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de la Guerre prévient l'Académie qu'en exécution de
l'article 3y du décret du 3o novembre 1 863, M. Combes et M. Chastes sont
nommés Membres du Conseil de perfectionnement de l'École Polytechnique,
au titre de Membres de l'Académie des Sciences.
31. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, un volume écrit en italien, et ayant pour titre : « bref dis-
cours sur l'institution d'un prince et Compendium de la Science civile;
par Fr. Picrolomini; avec huit Lettres et neuf dessins des taches solaires, de
Galileo Galilei, publiés pour la première fois par M. Santé Piernlisi ».
M. le Directeur de l'Observatoire de Palerme adresse les travaux
météorologiques exécutés dans cet Observatoire pendant les années 1 865
et 1866, et les premiers cahiers de 1867, qui contiennent la relation des
phénomènes observés pendant l'éclipsé de Soleil du 6 mars.
M. Recquerei. présente à l'Académie un volume de .1/. Alfred Becquerel,
et s'exprime comme il suit :
•< En présentant à l'Académie un exemplaire de la 4e édition du Traité
élémentaire d'hygiène privée el publique, du l)r Alfred Beccpierel, mon fils,
je dois lui faire observer que des additions assez considérables ont été faites
à cet ouvrage, par M. le Dr Beaugrand, sur les bibliographies, qui ont été
complétées autant que possible, et sur le chapitre des maladies profession-
nelles comprenant : l'hygiène des couturières (machines à coudre); celles
( 987 )
du travail du zinc, de l'arsenic, du phosphore, du soufre, du bichromate
de potasse, du sulfure de carbone, de la nitro-benzine et de l'aniline, et
enfin celle des aiguilleurs. Rien n'a donc été négligé pour exposer succinc-
tement et avec clarté tout ce qui intéresse la santé de l'homme, soit
dans la vie privée, soit dans les arts et manufactures. »
HISTOIRE des sciences. -- Observations relatives aux Lettres qui sont attri-
buées à Huv gens et à Boulliau, et qui ont été publiées par M. Chasles; par
M. Haktixg. (Extrait d'une Lettre à M. Le Verrier.)
« Utreclit, ce 2g novembre 1867.
» C'est avec une bien vive surprise que je viens île lire, dans les Comptes
rendus du 18 novembre dernier, les deux prétendues Lettres de Boulliau à
Huygens et de Huygens à Boulliau, que M. Chasles a tirées de son inépui-
sable collection.
» J'aurais cru que le caractère bien connu de Huygens, lequel, d'après
le témoignage unanime de tous ceux qui l'ont connu, était celui d'un
homme intègre et loyal, exempt de toute vanité, l'aurait mis à l'abri d'in-
sinuations comme celles qui sont contenues dans ces deux Lettres,
« Tous les détails de la découverte du satellite de Saturne par Huygens
sont parfaitement connus. Il suffirait de renvoyer tout homme qui désire
connaître la vérité, aux deux écrits où Huygens a publié sa découverte.
Mais de plus, ses manuscrits existent; ils sont conservés à la bibliothèque
de l'Université de Leyde. Parmi eux se trouve mainte Lettre où il est fait
mention de ses premiers essais pour construire des objectifs télescopiques.
Feu M. le professeur Nylenbroch en a fait connaître en partie le contenu
en 1 838 dans les Notes ajoutées à son Oratio de Chrisliano alque Constanlino
Hugenio, arlis dioplricœ cultoribus.
» D'autres détails sont mentionnés dans un Mémoire de M. le professeur
F. Kaiser, publié en 1846 dans Het Instituai, etc., p. 3g6.
» J'ajoute enfin que le premier objectif construit par Huygens, celui
avec lequel il a fait la découverte du satellite et de l'anneau de Saturne,
vient d'être retrouvé dans le cabinet d'instruments de physique de l'Uni-
versité d'Utrecbt. Une Note sur cet objectif a été publiée par moi, il y a
quelques mois, dans le Album der Natuur, p. 237 et 343. Sur cet objectif
se trouve inscrit l'anagramme bien connu : Admovere oculis distantia salera
nostris, par lequel Huygens annonça sa découverte, ainsi que la date de
son achèvement : 3 febr. 1 (555 .
( 9** )
»> Cette inscription, dont déjà mention est faite dans la Fila Hugenii de
S'Gravesande, est de la main de Huygens, ce dont je me suis assuré en la
confrontant à ses manuscrits.
« Ces renseignements suffiront à ceux qui ne connaissent pas les écrits
sur Huygens publiés en Hollande, et qui désirent connaître la vérité dans
cette affaire.
» Je me bornerai aux deux remarques qui suivent.
» C'était le 25 mars, c'est-à-dire environ sept semaines après l'achève-
ment de son premier objectif, que Huygens aperçut pour la première fois
le satellite; mais les observations des jours suivants étaient nécessaires
pour en établir la véritable nature. D'abord il lui attribua une révolution
de seize jours et quatre beures. Ce ne fut que quelques années plus tard
qu'il lui assigna un temps de révolution à peu près égal à celui qui est men-
tionné dans la Lettre que M. Chasles vient de faire connaître, et qui cer-
tainement est d'un faussaire, et même d'un faussaire peu habile, puisqu'il
puise ses données numériques dans les secondes éditions.
>■ Dans la dernière moitié de la même année 1 655, Huygens faisait son
premier voyage en France. Il avait alors vingt-six ans, et le but de ce voyage
était d'être reçu docteur en droit à l'Université d'Angers. Ce but atteint, il
passa à Paris, et c'est de ce temps-là que datent ses relations avec plusieurs
savants de France, dont quelques-uns devinrent, onze années plus tard, ses
collègues à l'Académie, dont il fut un des premiers Membres.
» Il est certainement douloureux que, plus de deux siècles plus tard,
un Membre de cette même Académie vienne attaquer sa mémoire avec des
armes plus que suspectes.
» Quant à moi, si j'avais encore pu entretenir quelques doutes touchant
les autres Lettres, par lesquelles la réputation de Newton se trouve com-
promise, ils sont maintenant tout à fait dissipés. C'est ici le cas de dire :
Qui veut prouver trop, ne prouve rien. J'espère bien que M. Chasles con-
tinuera ses publications, puisqu'elles serviront sans doute, non à dévoiler les
fautes des grands hommes qui ont été nos prédécesseurs dans les voies de
la science, mais à faire enfin comprendre à tous les hommes de bonne foi
qu'il s'agit dans toute cette affaire d'une énorme mystification, dont
M. Chasles a été la dupe.
» C'est à vous que j'adresse cette Lettre, Monsieur, parce que vous avez
fail preuve en cette affaire d'une impartialité et d'une liberté d'espril qui
me font espérer cpie vous voudrez bien en communiquer le contenu à
l'Académie. »
( 989 )
HISTOIRE DES SCIENCES. — Sur certaines des pièces qui attribuent à Pascal les
découvertes de Newton. Note de M. Tu. -H. Martin, présentée par M. F,e
Verrier.
« J'entreprends de prouver, autant que l'espace nie le permettra : i° que,
parmi de nombreuses pièces destinées à flétrir la mémoire de Newton et
incapables d'augmenter la gloire de Pascal, certaines Lettres attribuées à
Pascal et à Montesquieu sont l'œuvre d'un faussaire qui savait mal le fran-
çais; 20 que certaines Lettres attribuées à Galilée pour le même but sont
l'œuvre d'un faussaire cpii connaissait mal la biographie de Galilée; 3°qti'en
ce qui concerne l'histoire de l'Astronomie, les faits contenus dansées pièces
et dans d'autres pièces de la même collection sont incompatibles avec des
faits incontestables.
» i° Dans une Lettre prétendue de Montesquieu, on lit [Comptes rendus
des séances de l'académie des Sciences, 12 août 1867, p. 269) : « Newton
» était un grand observateur de tontes choses. Aussi prenait-il notes de tout
» ce qui lui présentoit quelque intérest pour connaissances humaines. » Dans
cette phrase anglaise en mots français, le mot notes est au pluriel, comme
on aurait dit en anglais : Took notes ; dans les mots pour connaissances hu-
maines, l'article manque, parce qu'on dit en anglais : Forhuman knowledge,
sans article. Dans une autre Lettre prétendue de Montesquieu (Comptes ren-
dus, p. 268), on lit : « Ils (Newton et Pascal) entretinrent ces relations
» pendant quelques années, c'est-à-dire jusqu'enfin de la vie de Pascal »
Le rédacteur a supprimé l'article, comme en anglais : Tdl death, jusqu'à la
mort; il a mis la préposition en pour la préposition à, parce qu'il a sup-
posé qu'en français on devait dire : jusqu'en fin de la vie de Pascal, comme
on aurait dit jusqu'en 1662. Dans une Lettre delà même collection, l'Anglais
Aubrey écrit : « Je lui demandai (à Newton) de qui il tenoit les premières
» notions de ces sciences et qui les lui avoit initiées. » Soit : un Anglais peut
faire des fautes de français. Mais le rédacteur prête à Pascal cette phrase
{Comptes rendus, 7 octobre 1867, p. 590) : « Ce fut Galilée qui le premier
» m'initia cette idée, etc. » Aubrey et le faux Pascal avaient sans doute
étudié à la même école, et, pour parler comme eux, je puis bien dire qu'on
leur avait mal initié la langue française. Quant au faux Montesquieu, pour
parler comme lui, je devrais dire qu'il n'est pas mieux initié DE la langue fran-
çaise ; car il écrit (Comptes rendus, 12 août 18G7, p. 268) : « Une idée
» nouvelle touchant la cause de la pesanteur, dont déjà «'/(Newton) avait
» été initié par Pascal ». Le faux Pascal n'a pas été plus heureux, quand il
C. R., 1867, 1' Semestre. ( T. LXV, N° 24.) « 29
( 99° )
a voulu se mettre en frais de beau style, par exemple (Comptes rendus, i sep-
tembre 1867, p. 382), quand il montre à Newton « dans le temple aurpisle
» de l'immortalité el de la gloire, Kepler et Galilée, rangés autour de l'autel
» de la vérité, pour raviver et former en masse de lumière la première étincelle
» que Copernic jeta au milieu des ténèbres » ; ou bien quand, dans une
autre Lettre (même page), il dit à Newton que « feu Monsieur Descartes a
» agité le /lambeau du génie dans l'abime de la science ». Comment croire que
ces phrases, plus ampoulées que celles de Thomas dans les passages les plus
pompeux de ses Eloges, soient de Pascal dans des Lettres adressées à Newton
âgé de seize ans ? Ce n'est pas par un style trop brillant que pèchent d'au-
tres phrases voisines, par exemple celle-ci (p. 382) : « Je suis content que
0 les observations que je vous ai adressées vous aje fait plaisir. » Aye au
singulier avec un sujet au pluriel! Dans une Lettre prétendue de Pascal à
Boyle (Comptes rendu!, 12 août 1867, p. 267), on lit cette phrase : « J'ay
» pour le prouver un bon nombre d'observations de toutes sortes, dont
» personne n'a encore entendu parler, et partant eu connoissance, tant sur
» l'attraction el de ses lois avec les phénomènes. » Cette fin de phrase si
baroque se retrouve avec une petite variante dans une Note prétendue de
Pascal (Comptes rendus, 22 juillet 1867, p. i3i) : « A ce que j'ai dit tou-
» chant l'attraction et de ses lois avec les phénomènes, on dira peut-estre, etc. ».
Je m'arrête, quoique j'aie sous la main beaucoup d'autres fautes de fran-
çais tirées des pièces attribuées à Pascal et à Montesquieu.
» 20 Avant d'examiner les Lettres prétendues de Galilée à Pascal, consta-
tons d'abord quelques faitsétablis par des documents authentiques. Galilée
a été complètement aveugle depuis le commencement de iG38 jusqu'à sa
mort. Séquestré dans sa villa d'Arcetri, à un mille de Florence, depuis le
16 décembre i633, il n'était pas rentré à Florence depuis sa condamnation.
Enfin, pour des raisons urgentes de santé, le 9 mars i638, Galilée obtint ce
que l'Inquisition lui avait toujours refusé jusqu'alors : il put se faire trans-
porter à sa maison de Florence, où sa séquestration fut plus rigoureuse. Il
revint à Arcetri avant la fin de 1 638, et depuis lors il n'est pas allé à Flo-
rence. Toutes les nombreuses Lettres qu'il a écrites ou dictées depuis le
16 décembre i633 jusqu'au 9 mars i638 et depuis le commencement
de 1G39 juscIu'à sa mort sont datées d'Arcetri. En tète de sa Lettre du
20 janvier 164 1 à Cassiano dal Pozzo (t. VU, p. 35 1 des OEuvres, éd.
Albéri), on lit : « De la villa d'Arcetri, ma prison continuée elmon (lieu d')
» exil hors de la ville (de Florence) ». Maintenant examinons les Lettres
prétendues de Gahlée a Pascal. Trois d'entre elles ont été publiées (Comptes
v 991 )
rendus, 7 octobre, p. 588-5go) ; elles sont datées du 1 janvier, du 20 mai
et du 7 juin 1G/41 ; la première ne porte pas d'indication de lieu; mais les
deux autres sont datées de Florence, où Galilée n'était pas et ne pouvait pas
être en 164 1 - Dans la première, on lit : « Je ne vous en escrits pas davan-
» tage; car^'e me sens les jeux bien fatigués ». Dans la seconde, on lit :
« Ma vue s'en va de plus en plus, et c'est avec toutes les peines du monde
« que j'escris ». Depuis trois ans, Galilée était entièrement aveugle. Ajou-
tons que des nombreuses Lettres authentiques de Galilée à des Français, à
des Allemands, à des Hollandais, à des Espagnols, il n'y en a pas une qui
ne soit en italien ou en latin. Ainsi, ces trois Lettres à Pascal ne sont pas
plus de Galilée que les Lettres examinées plus haut ne sont de Pascal et de
Montesquieu.
» 3° Ces Lettres de Montesquieu, de Pascal et de Galilée, d'autres Lettres
de Galilée connues par une courte Notice [Comptes rendus, p. 588-589) et
d'autres pièces de la même collection prouveraient, si elles étaient authen-
tiques, que Kepler étant mort en i63o, une partie de ses manuscrits pos-
thumes aurait été cédée par sa veuve à Descartes, qu'une autre partie au-
rait passé aux mains de Galilée, qui en aurait envoyé uue partie à Pascal
avec des manuscrits de Galilée lui-même : Pascal y aurait trouvé des obser-
vations excellentes, qui, rapprochées des lois de Kepler, lui auraient suffi
pour faire toutes les découvertes d'astronomie théorique attribuées à
Newton; il aurait communiqué ces découvertes à Galilée avant 164 1, et à
Newton de i65i à r 6 5 4 ; phis tard, Newton les aurait publiées comme
siennes. Mais une Lettre authentique du fils de Kepler à Galilée (OEuvres
de Galilée, t. X, p. 265-269) établit qu'en février 1 638 il avait encore tous
les manuscrits de son père, dont la veuve était morte en i636, et qu'il les
avait cachés hors de chez lui, pour les soustraire à la rapacité du P. Scheiner
et de l'Empereur d'Allemagne : réduit à la misère, il voulait fuir en Italie
avec ces manuscrits qu'il désirait publier; il offrait d'en céder quelques-
uns au grand-duc de Toscane pour prix de son assistance, qu'il implorait.
Les œuvres de Galilée et sa correspondance jusqu'à sa mort prouvent qu'il
n'a jamais connu ni les observations astronomiques que les pièces apocry-
phes lui prêtent, ni en particulier les satellites de Saturne, ni le calcul des
masses des planètes d'après les lois de l'attraction universelle. Si Pascal
avait eu ces mêmes connaissances avant 164 1, si seulement il avait lu avec-
attention le Dialogue sur les systèmes du monde, publié par Galilée en i632,
il n'aurait pas hésité entre les trois systèmes; il n'aurait pas écrit en 1647
(Réponse au P. Noël) que celui de Ptolémée satisfaisait aux phénomènes,
129..
( 992 )
comme ceux de Tycho-Rrahé et de Copernic, tandis que les phases de Vénus
et les variations des diamètres apparents de Mars et de Jupiter le condam-
nent ; il n'aurait pas persisté, en 1G57 (Provinciales), à douter du mouve-
ment de la Terre, tout en se moquant audacieusement du décret de Rome
contre Galilée. En dehors des Lettres apocryphes et des pièces de même ori-
gine, il n'y a nulles traces de relations entre Galilée et Pascal. Un docu-
ment cité [Comptes rendus, 26 août 1867, p. 33o) pour prouver que dans
les derniers temps de sa vie Pascal avait beaucoup écrit sur les sciences, dit
au contraire que Pascal n'avait laissé presque rien d'inédit qu'un amas de
pensées détachées pour un grand ouvrage (sur la religion ), fragments précieux
qui sont les Pensées de Pascal. Si Newton avait reçu de Pascal, en i654, des
données astronomiques de Kepler et de Galilée aussi exactes que celles de
Cassini, de Pound et de Bradley, employées par Newton en 1725 dans la
troisième édition de ses Principes, Newton n'aurait pas employé, en 1687,
dans sa première édition, des données très-inférieures, et surtout il n'aurait
pas été découragé, comme il le fut en 1666, par les données trop inexactes
d'après lesquelles il avait cru trouver en défaut la loi de l'attraction uni-
verselle.
» Ainsi, des Lettres ont été fabriquées pour déshonorer Newton par une
fable insoutenable. Toutes les pièces qui ont trait à cette fable sont donc
convaincues de fausseté. Quant aux autres pièces delà même collection, leur
origine les rend suspectes; mais, dans l'intérêt de la fraude, on a pu joindre
aux pièces fausses beaucoup de pièces vraies. Qui faut-il accuser? Sir
Brewster a soupçonné Desmaizeaux, mort à Londres en 1 7 /| 5 , et de qui la
collection paraît provenir. Il avait eu le temps de désapprendre un peu le
français aux bords de la Tamise; mais certaines phrases citées plus haut
font supposer la collaboration d'un Anglais, et quelques Lettres déclama-
matoires semblent trahir une main plus récente. En effet, soit pour le plai-
sir de tromper, soit pour donnera la collection plus de valeur vénale, on a
pu continuer l'œuvre des faussaires primitifs. Des fabrications de ce genre
sur une grande échelle sont loin d'être sans exemples. Ensuite la collection
a pu passer en des mains irréprochables avant d'arriver entre celles d'un
savant éminent, qui s'est passionné avec la plus honorable bonne foi pour
une cause qu'il a cru être celle de la vérité et celle de la gloire légitime de
la France. «
(993 )
analyse. — De quelques formules de probabilité; par M. C. Jordan.
« Considérons les divers événements qui peuvenl se présenter dans une
question de probabilités, et plus spécialement quelques-uns d'entre eux,
en nombre p, E,,..., Ep.
» Soit N le nombre total des combinaisons différentes d'événements que
le problème comporte; il est permis d'admettre que chacun des événe-
ments E,,..., E/; ne se présente pas plus d'une fois dans aucune de ces com-
binaisons; car si E,, par exemple, se présentait plusieurs fois dans l'une
d'elles, on pourrait considérer les répétitions de cet événement comme
constituant autant d'événements particuliers distincts les uns des autres, et
l'on ajouterait au besoin à la série E,,..., Ep les nouveaux termes Ep+I,...
qui représentent ces événements.
» Cela posé, soit Ar le nombre de celles des combinaisons possibles
d'événements dont font partie r événements de la suite considérée E,,..., E„;
Br le nombre de celles de ces combinaisons dont font partie au moins r évé-
nements de ladite suite, on aura évidemment
Ar = Br — Br+, .
» D'autre part, considérons spécialement r événements déterminés, pris
dans la suite E,,..., E/;; cherchons le nombre X des combinaisons qui con-
tiennent ces événements, puis faisons varier !e choix de ces r événements
parmi ceux de la suite E,,..., E^, et sommons les valeurs correspondantes
de X; soit Cr la somme obtenue. Les quantités Br et Cr sont liées entre elles
par les relations générales suivantes :
(,) R -P _ÎP | r(r + *)n r(r + i)(r + 2)
{ I ) &r — <-, — T W+l ■+- — ^r+2 t 2 3 W+3 +
Considérons, en effet, une combinaison qui contienne r -h p événements
déterminés pris dans la suite E,,..., E^; cette combinaison est comptée une
1.2. . .p
(r+l)...(/--t-p) r K+2)...(/- + p) *•(/• + !) (r-h3).. .(r-hp)
fois dans Br, et Test évidemment IJ' ' — £- fois dans Cr : elle sera
I . 2. . .p
donc comptée en tout
1.2... p I 1.2. ..(p — l) 1.2 1.2. ..(p — 2)
fois dans le second membre et une fois seulement dans le premier; mais
l'expression ci-dessus se réduit identiquement à i, car elle est du degré p
en r et se réduit ;. l'unité pour p ■+- i valeurs de r, à savoir pour r = o,
— i,..., —p.
( 994 )
» En renversant les relations (i), on obtient celles-ci
J/--t-2 ■
(2) Cr = Br + - Br+1 +■ -ij-^-i Br
qu'on vérifie d'ailleurs aisément en constatant l'égalité évidente
(r+ i). . .(r-t-p) _ r r,r-h 1). ■ .(r + p — 1) _
I .2. . . p 1 1.2. . . p
» On a ensuite
(3) Ar = Br — B,.^ = Cr 1 — Cr+, -I — Cr+2. . . ,
d'où
(4) Cr = Ar + ^A^ + ^p^Ar+2+....
» Enfin, le nombre des combinaisons dans lesquelles ne se présente au-
cun des événements considérés sera égal à
(5) N-B, =N- C, + C0-C3 +-.... »
ANALYSE. — Théorème sur une intégrale double définie. Note de M. Crofton,
présentée par M. Hermite.
« Soit un contour convexe de forme quelconque, dont la longueur totale
est L, et qui renferme un espace û; si l'on appelle 6 l'angle des deux tan-
gentes menées d'un point extérieur (.r, y) à ce contour, on aura l'intégrale
fi (0 — sinô) dxdy
L2- 7TÛ
pour toute la surface du plan, extérieure au contour.
» L'auteur a été conduit à ce théorème par des recherches sur la théorie
des probabilités, en ce qui regarde des lignes droites menées au hasard
dans un plan. Dans ce calcul, on peut envisager une infinité de droites me-
nées au hasard comme composées d'un nombre infini de système de pa-
rallèles, dont la direction change depuis zéro jusqu'à n, par une différence
infinitésimale et constante <?y; les parallèles de chaque système sont infini-
ment rapprochées, leur distance commune et constante étant dp.
» Sous ce point de vue, on peut donner une démonstration du théorème
ci-dessus, sous une forme purement géométrique, et indépendante de tonte
considération sur la théorie des probabilités, à l'aide des théorèmes sui-
vants.
( 995 )
» Théorème I. — En supposant le plan recouvert d'une infinité de li-
gnes droites disposées comme j'ai dit, le nombre de celles qui rencontrent le.
contour L sera proportionnel à L : nous prendrons donc L pour mesure de
ce nombre.
» Théorème II. — Les intersections de toutes ces lignes qui rencontrent le
contour L formeront une infinité de points dont tout le plan sera recou-
vert : or, le nombre de ces intersections qui tombent sur Ici surface Q, que le
contour renferme, sera ttQ.
» Théorème III. -- La densité de ces points sera évidemment uniforme
sur la surface intérieure Lï : mais pour un point quelconque extérieur, leur den-
sité sera : 9 — sinS.
» Le nombre donc d'intersections extérieures à Q sera représenté par
l'intégrale (d — sinô) dS, si dS est l'élément de la surface : or, le nom-
bre des lignes étant L, celui de leurs intersections sera -L2 : on aura par
conséquent <
l- L2 = rrQ -+- f C{6 - sin6)dxdj. »
PHYSIQUE. — Dialyse des courants d'induction. Note, de M. E. Iîouchotte,
présentée par M. Ed. Becquerel.
« Nous avons indiqué précédemment (i) ce fait remarquable : que l'in-
troduction d'un voltamètre à eau acidulée dans le circuit d'un appareil
magnéto-électrique donne lieu à des phénomènes de polarisation très-éner-
giques; qu'il suffit, pour obtenir ce résultat, d'employer comme électrode
du fil de platine suffisamment fin; que l'électrode, plongeant de 7 à 8 mil-
limètres dans le liquide, l'autre étant complètement immergé, s'entoure
d'une gaine lumineuse et prend au voltamètre l'électricité positive.
» Afin de régler plus facilement la surface de contact du fil de platine
avec le liquide, il suffit d'introduire, à glissement doux, l'électrode dans un
tube de verre; la quantité de métal en dehors du tube est seule soumise à
l'action électrolytique. Cette disposition permet de sonder toutes les parties
du voltamètre et de constater que les effets de polarisation du courant sont
indépendants de la position de l'électrode.
» En continuant ces recherches, nous sommes arrivé aux résultats sui-
vants :
[1) Voir Comptes rendus, p. ^5g de ce volume, séance du 4 novembre.
( 996 )
» i° Quand on introduit dans le circuit un second voltamètre à gaz, cet
appareil fournit de l'hydrogène et de l'oxygène dans le rapport de 2 à 1.
Ce résultat montre que la décomposition électrolytique s'accomplit dans les
conditions qui caractérisent le travail des piles ou des machines magnéto-
électriques à courants redressés.
» Dans un voltamètre à sulfate de cuivre, il y a dissolution de métal à
un pôle et dépôt électro-chimique de cuivre à l'autre.
» 20 11 n'est pas nécessaire d'employer dans le voltamètre dialyseur de
l'eau acidulée pour constater les faits qui viennent d'être signalés. La plu-
part des sels que nous avons employés modifient l'action normale des cou-
rants alternatifs; mais tous jouissent de la propriété de déterminer les
extra-courants à chaque série.
» L'emploi de la dissolution de chlorure de magnésium donne naissance
à une lumière de la plus grande beauté. L'électrode qui plonge de quel-
ques millimètres dans le liquide se recouvre de magnésium; celui-ci se
consume immédiatement en répandant un vif éclat. Dans cette expérience,
on peut remplacer le fil de platine par un fil de fer, qui alors lui-même
brûle lentement en augmentant la puissance de la lumière; malgré cela, la
combustion du fer est assez lente pour permettre, en l'introduisant gra-
duellement dans le liquide, d'obtenir un effet lumineux des plus constants.
» Après avoir étudié ces propriétés particulières des courants d'induc-
tion à l'aide d'un appareil magnéto-électrique à forte tension, il était néces-
saire de rechercher si l'on mettrait en évidence les mêmes phénomènes en
employant une source d'électricité douée d'un pouvoir électromoteur plus
faible. Dans ce but, nous avons fait fonctionner une machine de Nollet,
armée de huit bohines comme la précédente, mais entourée d'un fil à
faible résistance. Cette machine possède un pouvoir électromoteur équi-
valent à celui de 22 éléments au sulfate de cuivre.
« Avec le voltamètre dialyseur à eau acidulée, le phénomène de l'ab-
sorption de l'une des séries est également apparu. Mais nous avons obtenu
des effets de quantité beaucoup plus intenses par l'emploi, comme liquide,
d'une dissolution de bichlorure de mercure dans l'eau salée. On peut, dans
ce cas, plonger dans le voltamètre une plus grande quantité du fil qui
prend l'électricité positive; la résistance diminue par ce fait.
» Au début de l'expérience, il y a formation de protochlorure de mer-
cure qui, un peu plus tard, se redissout sous l'action du chlore mis en
liberté. Dès ce moment, on voit le mercure se fixer autour de l'électrode,
s'en séparer lorsqu'un globule assez volumineux s'est formé, et le cou-
( 997 )
rant prendre une intensité dont nous allons pins bas donner la mesure.
Le liquide du voltamètre acquiert une température élevée sous l'action des
courants; si l'on ne règle pas convenablement la position de l'électrode,
il arrive un moment où les deux courants conservent leurs propriétés nor-
males; dès lors l'aiguille du galvanomètre n'accuse plus de déviation. Mais
en donnant à l'électrode qui prend l'électricité positive une position déter-
minée dans le voltamètre, on réussit facilement à le maintenir dans un mi-
lieu liquide, à la température convenable.
» En procédant ainsi, nous sommes arrivé en faisant agir le système sur
un bain de sulfate de cuivre à obtenir un dépôt électro-chimique de 7 à
8 grammes par heure.
» Le passage de courants dans une bobine de Ruhmkorff mérite une
attention particulière.
» L'interrupteur de cette bobine étant supprime, l'appareil deNollet
détermine dans le fil induit des effets de tension si faibles, que l'on obtient
difficilement une étincelle de plus de \ de millimètre de longueur. Mais
vient-on à introduire dans le circuit le voltamètre dialyseur, l'expérience
change d'aspect. On obtient, en effet, une étincelle de plusieurs centi-
mètres ; le courant induit passe dans les tubes de M. Ed. Becquerel,
aussi bien que dans ceux de Geissler, tant que l'une des séries de courants
conserve uue action indépendante à l'autre série. Les pôles dans les tubes
sont bien caractérisés. Mais si on augmente la conductibilité du dialyseur
tous les courants passent avec leurs propriétés normales, pour agir con-
curremment sur les bobines.
» Il semble résulter de ces faits cpie l'introduction du dialyseur dans le
circuit donne naissance aux extra-courants de l'une ou l'autre des séries, ou
encore de toutes deux : ceci à la volonté de l'opérateur.
» De toute manière, il est permis de dire que ce dialyseur appliqué à la
bobine de Ruhmkorff fonctionne avec la perfection des meilleurs interrup-
teurs. Il faut ajouter que si on ne tient pas à absorber l'une des séries de
courants, tous les liquides bons conducteurs conviennent également.
» Afin d'obtenir une première évaluation des effets du voltamètre dia-
lyseur, nous avons introduit dans le circuit un élément de Bunsen qui pou-
vait, au moyen du commutateur, agir tantôt dans le sens des courants de
la machine, tantôt par opposition à ces courants.
» Dans le premier cas la boussole de sinus à indiqué une déviation de
3i degrés, dont le sinus = 5, ! 5; dans le second, une déviation de 20 degrés,
C. R., 1867, 1' Semescre. (T. LXV, N'° '24. ) I JO
( 99» )
dont le sinus = 3,/|2,d'où résulterait pour le rapport entre la force électro-
motrice de la série de courants et celle de l'élément de Bunzen, le nombreS.
» Nous avons vu plus haut que le pouvoir électromoteur de l'appareil
magnéto-électrique à gros fils représentait celui d'une batterie de 22 élé-
ments à sulfate de cuivre, dont l'effet est lui-même équivalent, d'après les
données de M. Edmond Becquerel [Annales du Conservatoire des Arts cl
Métiers, p. 271), à celui de i3^ éléments de Bunsen. D'après cela, l'effet
utile obtenu au moyen du dialyseur serait les ~ de celui que l'on peut at-
tendre du redressement des courants.
» Les nouvelles expériences qui se préparent modifieront peut-être un
peu cette conclusion. Mais il est permis de dire que chaque fois que l'opé-
rateur disposera d'une force motrice économique, au risque de perdre de
l'effet utile des appareils magnéto-électriques, il aura intérêt à renoncer
au redressement des courants, qui exige l'emploi d'un commutateur dont
l'usage entraîne de nombreux inconvénients.
CHIMIE ORGANIQUE. — Electrolyse de l'acide acétique; /jnrM.E. Bouugoin.
« Dans une précédente communication, j'ai donné la théorie générale
de P electrolyse des acides et des sels organiques; je vais développer à
l'appui l'électrolyse de l'acide acétique.
» L'appareil que j'ai imaginé pour étudier toutes les phases du phéno-
mène se compose d'un tube percé à sa partie inférieure d'une petite ouver-
ture de omra,4 et fermé à sa partie supérieure par un bouchon en caoutchouc
traversé par un petit tube à dégagement, un siphon presque capillaire,
un fil de platine terminé intérieurement par une lame de platine formant
l'un des électrodes; ce tube est entouré d'un autre tube dont la capacité
est telle, que lorsque le gaz intérieur se dégage sous une pression de 4 centi-
mètres, les volumes de la dissolution saline contenue dans chaque compar-
timent sont égaux. Dans l'espace annulaire constituant le compartiment
extérieur plonge le second électrode.
» Cet appareil permet : i° de recueillir à volonté les gaz qui se dégagent
à chacun des pôles; de faire des prises de liquide sans interrompre l'action
du courant.
» Ceci posé, voici les détails de l'expérience.
» I. Acétate neutre. — Pour mettre en évidence l'action véritable du
courant électrique sur les acétates, il faut soumettre à l'électrolyse une
dissolution neutre et concentrée d'acétate de potassium.
' 999 )
c . ,. ,. ( Pôle P 2q",5
Solution saline { „., _
( Pôle N 59", 5
1 centimètre cube donne SK.O* = o,4'cp- Acétate 0,472
» En faisant passer le courant produit par 4 éléments ordinaires, la
décomposition commence immédiatement. Après six heures d'action, j'ai
puisé près de chaque pôle 5 centimètres cubes de liquide que j'ai soumis à
l'analyse.
» Première prise, après six heures :
Liquide positif fortement acide).
1 centimètre cube donne SKO1 = 0,412. . . . Acétate 0,4640
Acide libre dans 1 centimètre cube 0,0101
Liquide négatif [très-alcalisé 1.
1 centimètre cube donne SKO' = o,43o. .. . Acétate 0,4840
Alcali libre dans 1 centimètre cube . . 0,0093
Or les nombres o,3 et 10 1 sont sensiblement entre eux comme les équi-
valents de la potasse (K.H02) et de l'acide acétique; d'où l'on peut con-
clure que le résultat final de l'action du courant est la séparation de l'acide
qui se rend au pôle positif, tandis que le métal s'accumule au pôle négatif
en réagissant sur l'eau à la manière ordinaire; en d'autres termes, que la
décomposition de l'acide en acide carbonique et en carbure d'hydrogène a
été sensiblement nulle.
» Les analyses qui précèdent conduisent à un résultat fort remarquable.
On sait que Daniell et Miller ont découvert que dans l'électrolyse miné-
rale les pertes de sel sont inégales dans chaque compartiment, le pôle né-
gatif éprouvant la perte la plus grande. Ce phénomène a été étudié par
MM. Pouillet, Hittorf, d'Alméida. Or un seul fait en chimie organique est
connu dans cette direction : c'est celui que l'on doit à M. Hittorf, et qui a
trait à l'électrolyse de l'acétate d'argent, dans laquelle le pôle positif
éprouve la perte la plus grande; mais ce résultat n'a pas été généralement
admis.
» D'après les analyses que je viens de rapporter, on voit que le pôle
positif éprouve la perte la plus grande, contrairement à ce qui a lieu dans
les mêmes conditions pour les sels minéraux :
. (au pôle P.. . 0,472— 0,464 =0,008
Perte de sel dans 1 centimètre cube .. „ . , .„. r. ,
I au pôle > . . . 0,472 — (0,404 — o,oibj = 0,004
» Il y a plus : à mesure que l'on prolonge l'expérience, la différence
i3o..
( IOOO )
devient de plus en plus grande, de telle sorte que la perle totale a lieu
presque exclusivement aux dépens du pôle positif.
» La régénération de l'acide acétique au pôle positif étant un fait d'une
importance capitale, puisqu'il met en évidence l'action fondamentale du
courant, il était opportun de chercher une nouvelle vérification, et j'ai
pensé qu'elle me serait donnée par l'étude des gaz qui prennent naissance
dans la réaction. Voici la composition du gaz dégagé au pôle positif (20 cen-
timètres cubes environ) :
Oxvgène 87 ,4
Acide carbonique 10, 4
2,2
» Le résidu 2,2 était trop faible pour être analysé. Il a brûlé avec une
flamme bleue indiquant la présence de l'oxyde de carbone.
« Cette analyse vient à l'appui des conclusions qui précèdent; elle dé-
montre que le courant a pour effet de séparer l'élément basique et d'accu-
muler le reste du sel au pôle positif, une très-petite quantité seulement
d'acide étant détruite par l'oxygène.
» Afin d'étudier la marche de la décomposition, une deuxième prise a
été faite après vingt-quatre heures, puis une troisième après soixante-quatre
heures. Les résultats ont été du même ordre que ceux qui précèdent.
Voici, pour abréger, les pertes de sel a chaque pôle dans 1 centimètre cube
à la fin de l'expérience :
„ , , ( au pôle P <>,472 — O,3o6 =0,166
Perte de sel '
) au pôle N 0,472 — (o,635 — o, 171) = 0,008
» II. Acétate et alcali. — Lorsqu'on électrolyse une solution concentrée
faite à équivalents égaux d'acétate de potassium et d'alcali, il ne se dégage
que de l'oxygène au pôle positif. Le résultat reste le même quand on aug-
mente la proportion d'alcali.
» Si maintenant on opère avec une solution saturée faite avec 2 équi-
valents d'acétate pour 1 seul équivalent d'alcali, les résultats que l'on
obtient sont bien différents. C'est alors que la réaction annoncée par
M. Kolb devient le phénomène prépondérant, comme on peut le voir ci-
après :
IOOI )
GAZ.
12"
18"
24"
30à36"
48"
5G"
GO"
04"
72"
801"
9fi"
0"
C'O'
1 5 j 5
5,3
79. 2
6,o
5 , i
88,9
3.7
fl
4,3
92>a
n
ii
4,3
95,5
II
n
3,7
c)6,3
II
II
2,4
97,6
2 , I
3,8
9 1,'
1 1 i
3,2
3 ,7
9- ,°
4,7
,3,8
3,6
:*■<>
5,o
i7,3
3,4
74,3
8,a
■7,6
3,o
71 ,2
c 0;
C* H"
» Pour terminer ce qui a trait à l'électrolyse des acétates, j'ajouterai que
M. Kolb émet l'opinion qu'il se forme des vapeurs d'éther acétique et
peut-être aussi une petite quantité d'éther méthylique. Je n'ai observé dans
aucun cas la formation de semblables produits. Par contre, l'oxyde de
carbone prend constamment naissance, ce qui explique l'erreur que Fou
trouve reproduite dans tous les Traités, a savoir : que le carbure des
acétates brûle avec une flamme bleuâtre. Débarrassé de l'oxyde de carbone
qu'il contient, ce carbure brûle avec une belle flamme, analogue à celle
de l'étbylène, mais moins éclairante toutefois, et sans donner lieu à un
dépôt de charbon.
» III. Acide acétique libre. — L'acide acétique libre est de tous les acides
organiques que j'ai examinés jusqu'ici celui qui s'électrolyse le plus diffi-
cilement.
» Au maximum de concentration, il ne paraît susceptible d'éprouver
aucune action. Il en est de même de l'acide tres-concentré.
» Étendu de son volume d'eau, il s'électrolyse, mais avec difficulté. On
obtient alors au pôle positif un gaz principalement formé d'oxygène mêlé
à une petite quantité d'acide carbonique :
Oxygène ,
Acide carbonique.
Après deux jours. Trois jours. Quatre joars.
97,0 95,8 92,2
2,3 2,7 4,7
0,7 2,5 3,i
Les résidus 2,5 et 3, 1 (ou oco,25 et occ,3i) étaient trop faibles pour être
analysés; ils ont brûlé avec une flamme bleuâtre en produisant une légère
détonation.
a Les liquides électroly tiques ont donné les résultats suivants :
i Liquide primitif o,43og
Acide libre clans 1 centimètre cube. Liquide positif 0,4565
| Liquide négatif o,4a52
» Ces dosages, d'accord avec les analyses gazeuses qui précèdent, dé-
( 1002 )
montrent que l'électrolyse directe de l'acide acétique est en principe
identique à celle de l'acide sulfurique : il y a concentration de l'acide an
pôle positif, la seule différence ayant liait à la combustion par l'oxygène
d'une très-petite quantité d'acide acétique.
» En résumé :
» i° Le courant agit sur l'acétate de potassium comme sur un minéral;
» 2U Dans une solution modérément alcaline, l'oxygène réagit sur les
éléments de l'acide anhydre et donne lieu à une oxydation normale, d'où
résulte de l'acide carbonique et de l'hydrure d'éthylène :
C8rP06 + 02 = aC20' + C4H6;
» 3° Une certaine quantité d'acide subit une combustion totale sous
l'influence de l'oxygène provenant soit du sel, soit de l'eau alcaline;
» 4° Ijes deux pôles éprouvent des pertes inégales, la presque totalité
du sel qui disparaît appartenant au pôle positif;
» 5° Le courant agit sur l'acide acétique libre de la même manière que
sur l'acide sulfurique; il concentre l'acide* au pôle positif:
( S2H208 = (S20° + 02)-4- H2,
2C*H
■HJ
= (C
11
30(
Pôl(
' +
O2
) 4- H2.
Pôle N.
! P.
(S2
O5
+
O2)
4-
H2
O2
=
S2H208
4-
O2
(C8He
0°
■+-
0=)
+
H2
o2
=
2C4H4(V
+
Oa
anatomie comparée. — Recherches sur l'appareil circulatoire de i 'étoile de mer
commune (Asteracanthion rubens). Note de M. S. Jourdain, présentée
par M. de Quatrefages.
« J'ai l'honneur de soumettre a l'Académie le résultat de recherches que
j'avais entreprises sur l'appareil circulatoire de l'astérie commune (Astera-
canlhion rubens, Mùll. et Troscb).
» La cavité générale du corps de cette astérie est complètement close,
ainsi que M. Milne Edwards l'a constaté jadis. Elle renferme un liquide
limpide tenant en suspension de nombreux globules villeux, d'un diamètre
moyen de ^ de millimètre. Ces globules sont mis en mouvement par des
cils vibratiles, dont la cavité générale est tapissée et qui déterminent dans
le liquide cavitaire des courants dont la direction a été exactement indiquée
par Sharpey. A la surface des téguments on aperçoit, distribués par
( ioo3 )
groupes, une multitude de coecums à parois minces, de 2 millimètres envi-
ron de longueur, qui sont autant de diverticulums de la cavité générale.
Quand l'animal est plongé dans l'eau, ces coecums se redressent. Le fluide
cavitaire y pénètre, et y éprouve un mouvement de cyclose produit par les
cils vibrantes qui garnissent les parois internes. Si l'astérie est retirée du
liquide, ces appendices s'affaissent et se vident. Le rôle important qu'ils
paraissent jouer dans l'oxygénation du liquide nourricier leur ont fait don-
ner le nom de cœcums respiratoires.
» Malgré des recherches longtemps poursuivies, je n'ai pu, à ma grande
surprise, retrouver le système vasculaire si complexe admis par les anato-
mistes sur la foi de ïiedemann et de Volkmann. Le prétendu coeur de
l'astérie commune est un organe de structure évidemment glandulaire, re-
couvert par un repli membraneux de nature fibreuse; les vaisseaux qu'on
y rattache ne sont antre chose que des faisceaux musculaires ou des tractus
tendineux; enfin l'anneau vasculaire dorsal pourrait bien n'être qu'une dé-
pendance de l'appareil reproducteur. Je n'ai jamais rencontré qu'un anneau
vasculaire buccal unique, auquel se rattache un ensemble de tubes complète-
ment distincts et séparés de la cavité générale. Cet ensemble de cavités vas-
culiformes, que je désignerai sous le nom d'appareil hydrolymphalique am-
bulucral, communique avec l'extérieur.
» Cet appareil est composé de l'anneau buccal, dont je viens de parler,
lequel est situé en dehors du collier nerveux et reçoit cinq canaux qui occu-
pent la ligne médiane inférieure des rayons de l'astérie. Ces canaux radiaux
qui s'étendent au-dessus des nerfs du même nom émettent, au niveau de
chaque espace interambulacraire, une paire de branches [branches ambula-
craires) qui débouchent dans les ambulacres correspondants, au point de
jonction de ce prolongement tubuleux avec la vésicule contractile qui lui
est annexée. Je ne décrirai pas le jeu bien connu de cette vésicule; je me
bornerai à mentionner un repli vasculaire, placé à l'entrée du rameau ambu-
lacraire, et qui a pour effet de s'opposer au reflux du liquide dans le canal
radial, au moment de la contraction de la vésicule. I^es différentes cavités
vasculiformes que nous venons d'indiquer sont, ainsi que l'intérieur de
l'ambulacre, tapissées par un épithélium à cils vibratiles.
» Comment le système hydrolymphalique ambulacral communique-t-il
avec l'extérieur, autrement dit par quelle voie l'eau de mer peut-elle péné-
trer jusque dans le canal circumbuccal? Des observations multipliées
m'ont démontré que l'introduction du liquide ambiant s'effectue par l'in-
termédiaire de la plaque madréporique et du tube calcaire flexueux qui en
( ioo4 )
dépend. Ce tube, connu sous le nom de canal du sable, mais que je propose
d' appeler tube hydrophore, s;1 compose d'une série d'anneaux qui lui donnent
assez l'apparence d'une trachée en miniature, avec cette différence que
chaque anneau est lui-même généralement formé de quatre segments. Sur
la paroi interne du tube s'élève une lame qui règne dans toute sa longueur
et cpii se divise en deux feuillets, lesquels, après s'être écartés comme les
branches de la lettre Y, s'enroulent sur eux-mêmes. Par son extrémité infé-
rieure le tube hydrophore débouche dans le canal circumbuccal; aussi
voit-on une injection, poussée avec les précautions convenables par l'un des
canaux radiaux, remplir le tube et sourdre en fines gouttelettes à la sur-
face externe de la plaque madréporique. C'est qu'en effet l'extrémité supé-
rieure du tube hydrophore, celle qui se soude à la plaque madréporique,
est percée de plusieurs orifices conduisant dans des canaux rayonnants et
ramifiés, creusés horizontalement dans la table externe de cette plaque et
correspondant exactement aux cannelures qui en sillonnent si élégamment
la surface externe. La voûte de ces canaux rayonnants est, à son tour, percée
départ en part par un grand nombre de canalicules, dirigés perpendicu-
lairement à la plaque, et dont les embouchures sont parfaitement visibles
au fond dessillons extérieurs de celle-ci. Ces canalicules, tout en admettant
l'eau de mer, s'opposent à l'introduction des corps étrangers d'un certain
volume.
» En définitive, l'eau entre par les pertuis de la plaque madréporique,
parcourt les canaux rayonnants dont elle est creusée, passe dans le tube
hydrophore, puis se mélange avec le liquide contenu dans l'appareil ambu-
lacral.Ce liquide, qu'on pourrait appeler hydrolymphe, présente beaucoup
de ressemblance dans sa constitution avec celui de la cavité générale, et esl
soumis de même à un mouvement de transport imprimé par des cils vibra-
tiles. Je penche donc à regarderies ainbulacres comme des organes de res-
piration accessoires, jouant probablement un rôle important quand l'as-
térie est émergée et ne peut plus utiliser ses ccecums respiratoires. »
chirurgie. — Sur un cas d' extirpation complète de lu rate hypertrophiée, suivie
de guérison. Note de M. Péax, présentée par M. Robin.
« Le but de cette Note est de faire connaître les conditions dans les-
quelles a été faite l'ablation d'un kyste splénique avec extirpation com-
plète de la rate hypertrophiée, pratiquée par M. l'é.ui, le (> septembre
1867, sur une jeune femme âgée de vingt ans, d'une constitution profondé-
( ioo5 )
ment débilitée par la souffrance, chez qui la maladie datait de deux ans et
avait résisté à l'emploi de tous les moyens médicaux.
» L'opération était aussi complètement indiquée que possible : le kyste,
qui était entouré de bosselures semblables à celles des kystes multilocu-
laires, dépendait, d'après toutes les données de la symptomatologie, de
l'ovaire gauche. Il semblait peu probable que le kyste eût pris naissance
dans le mésentère ou dans les reins, en raison de la rareté des kystes volu-
mineux développés dans ces organes. Quant à la supposition qu'il put
dépendre de la rate, elle n'était même pas acceptable, puisqu'il occupait
dans l'hypogastre une situation complètement semblable à celle de l'utérus
arrivé au terme de la gestation, qu'il s'était développé de bas en haut et
qu'il était entouré, sur tout son contour supérieur, d'organes sonores à la
percussion. La ponction, qui d'ailleurs n'a pas été pratiquée, n'eût pas
dissipé les doutes, car l'examen des liquides, fait ultérieurement par un
habile anatomiste, M. le Dr Ordoilez, démontra que sa composition était
analogue à celle des liquides contenus dans les kystes de l'ovaire.
» L'opérateur incisa la paroi abdominale au niveau de la ligne blanche,
entre l'ombilic et le pubis, et ponctionna le kyste à travers i'épiploon, trop
adhérent pour être écarté. Cette ponction donna issue à 3 litres de
liquide visqueux, d'un brun jaunâtre. La main, introduite dans la cavité
pelvienne, constata que la tumeur était indépendante des ovaires, des reins
et du mésentère. Dans l'impossibilité de reconnaître le siège exact du kyste
et de l'amener au dehors, le chirurgien se résolut a prolonger l'incision jus-
qu'à 5 centimètres au-dessus de l'ombilic. Il put alors se convaincre que
la tumeur s'était développée dans le tissu de la rate hypertrophiée. Plutôt
que d'abandonner la malade à une mort certaine, l'opérateur conçut la
pensée de pratiquer l'extirpation complète de l'organe malade, ce qu'il ne
put réaliser qu'en deux temps, à cause de la mauvaise situation de la plaie
et du grand volume de la tumeur. Se rappelant tpie les artères ne s'anas-
tomosent pas entre elles dans les différentes portions de la rate, il lia celles
qui se distribuaient dans le kyste et les veines volumineuses qui rampaient
à la surface (l'une d'elles avait le volume du pouce) aussi près que possible
de la scissure, et resséqua les deux tiers inférieurs de la rate sans effusion
de sang. Le deuxième temps consista à exciser, puis à détruire par le fer
ronge le tiers restant, ce qui fut fait, après qu'eurent été placées dans I'épi-
ploon gastro-plénique quatre ligatures métalliques intéressant tous les
autres vaisseaux, aussi loin que possible de la grosse tubérosité de l'estomac
C. R., i8fi7> 2° Semestre. (T. LXV,N»24.) ' 3 I
( ioo6 )
el de la queue du pancréas. Ces fils furent coupés ras et laissés clans l'ab-
domen après l'opération. La plaie fut complètement fermée. L'opération
avait duré deux heures. La portion de rate dans laquelle était implantée la
tumeur pesait plus de 2 kilogrammes.
» Aucun accident grave ne vint entraver la guérison, qui fut rapidement
obtenue. Depuis cette époque, la santé de l'opérée n'a rien laissé à désirer,
ainsi que l'ont constaté plusieurs médecins, et en particulier M. Nélaton.
» En résumé : i° cette observation contribue à montrer de quelles dif-
ficultés est entouré le diagnostic des tumeurs abdominales, et surtout celui
des kystes qui prennent naissance dans les organes contenus dans l'abdo-
men ; 20 elle montre qu'en présence d'un cas imprévu il importe de prendre
rapidement une détermination, quelle que soit la gravité de la situation, en
vue d'assurer les chances de succès, si faibles d'abord quelles paraissent;
3° elle agrandit le cadre de la chirurgie et servira désormais à l'histoire des
moyens de traitement applicables aux tumeurs abdominales; 4° elle prouve
que l'induction fondée sur le résultat de quelques extractions plus ou
moins complètes ou avérées de rates normales chez l'homme, à la suite de
plaies pénétrantes, et de nombreuses vivisections qui avaient montré que la
vie n'était pas incompatible, chez les animaux, avec l'ablation de la rate,
pouvait logiquement mener à conclure que la splénotomie était une opéra-
ration praticable sur l'homme, même dans le cas de vastes dégénérescences;
5° enfin elle fournit à l'examen des physiologistes un sujet d'études d'au-
tant plus importantes que nous ne connaissons pas d'autres personnes
vivant actuellement dans de telles conditions. A ce point de vue, nous pou-
vons affirmer que la privation de la rate n'a produit aucun trouble notable
dans la santé de l'opérée, car l'apparition anticipée des menstrues, qui eut
lieu quelques jours après l'opération, et qui fut suivie d'un retard d'un
mois, ainsi que l'œdème douloureux qui survint dans le membre gauche
cinq semaines après l'opération, sont des phénomènes peu importants et
que l'on observe fréquemment après l'ovariotomie. Le fait le plus remar-
quable, c'est que l'état de névropathie générale dont la malade était
atteinte ne fut rappelé que par l'apparition, dix jours après l'opération,
d'une douleur siégeant dans l'orbite gauche, qui réapparut deux fois, à huit
jours d'intervalle, et qui, à chaque accès, se jugea par un épistaxis. »
« M. d'Archiac présente, de la paît de M. Alph. Favre. professeur à
l'Académie de Genève, un ouvrage intitulé : Recherches géologiques dans les
parties île la Savoie, du Piémont et de la Suisse voisines du Mont-Blanc. Cet
( loo7 )
ouvrage, composé de trois volumes de texte etd'un atlas in-folio de 32 plan-
ches, avait été précédé, en 1862, d'une carte topogràphique et d'une carte
géologique de cette même région, qui appartient aujourd'hui presque entiè-
rement à la France.
» L'auteur, qui depuis plus de vingt ans s'occupait de rassembler les ma-
tériaux de ce travail, a d'abord donné la description détaillée des massifs
montagneux au nombre de quinze, dont les limites sont indiquées sur une
réduction de sa grande carte, placée en tète de l'atlas. Il commence par les
environs de Genève, le Salève, les Voirons, etc., et termine par les deux
Saint-Bernard et la Maurienne. Le Mont-Blanc, le plus important de tous,
et dont M. Favre s'est occupé spécialement, est le onzième de ces groupes
montagneux étudiés ainsi successivement dans tous leurs caractères physi-
ques et géologiques.
» Mais comprenant aussi que cette marche simple, si utile et si commode
pour ceux qui viendraient après lui, pouvait laisser à désirer au point de
vue de la méthode d'exposition, de l'ensemble et de la chronologie géné-
rale des faits, l'auteur a consacré la seconde moitié du troisième volume à
l'énumération de ces mêmes faits, rangés alors d'après l'ordre de leur an-
cienneté, puis au développement et à la discussion des théories qui s'y
rapportent.
» L'atlas de vues et de coupes, exécutées avec le plus grand soin, ren-
ferme toutes les preuves graphiques sur lesquelles s'était appuyé M. Alph.
Favre pour la construction de sa carte géologique. En mettant en regard les
profils donnés par divers auteurs des parties les plus difficiles de ces
montagnes, entre autres de celles que domine le Mont-Blanc, le savant
professeur fait aussi juger d'un coup d'œil les différentes explications qui
ont été données des principaux accidents orographiques et stratigra-
phiques. Les planches de fossiles secondaires du mont Salève, décrits par
M. de Loriol, ajoutent encore un vif intérêt paléonlologique à celui des
autres parties.
» Enfin cette région des Alpes-Occidentales, qui, depuis Bénédict de Saus-
sure, doit à la magnificence de ses paysages, aussi bien qu'aux phénomènes
géologiques les plus grandioses dont elle a été le théâtre, le rare privilège
d'attirer à la fois les savants les plus éminents et les touristes de tous les
pays, n'avait pas encore été l'objet d'une œuvre aussi complète. <•
« M. Edm. Becquerel présente à l'Académie, de la part de M. Trouvé,
un appareil d'induction électromagnétique, destiné à produire des effets
i3t ..
( ioo8 )
physiologiques et médicaux; cet appareil est très-portatif, et, sous un très-
petit volume, donne des effets très-énergiques. »
La séance est levée à 5 heures et demie. E. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 9 décembre 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Traité général de Botanique descriptive et analytique. i,e partie : abrégé
d'organographie, d'anatomie et de physiologie ; ae partie : Iconographie, des-
cription des familles; par MM. Emm. Le Maoot et J. Decaisne, Membre de
l'Institut. Paris, 1868; 1 vol. in-4°, contenant 55oo figures.
Métamorphoses, mœurs et instincts îles insectes (Insectes, Myriapodes, Arach-
nides, Crustacés); par M. Emile Blanchard, Membre de l'Institut.
Paris, 1868; 1 vol. grand in-8°, avec 200 figures et 40 planches.
Paléontologie française ou Description des animaux invertébrés fossiles de la
France. Terrain jurassique. 12e livraison : Gastéropodes, t. III, par M. PlETTE;
texte, feuilles 7 a 9; atlas, planches 25 à 36; i3eet i4eliv., par M. G. Cot-
TEAU; texte, feuilles 1 à G; atlas, planches 1 à 24. Paris, 1867; 3 liv.
in-8". (Présenté par M. d'Archiac.)
Mémoire sur la cautérisation clans lu cavité du larynx et sur un nouvel in-
strument propre à la pratiquer; par M. PlORRY. Paris, 1867; opuscule in-8°.
Note sur de nouveaux instruments propres à l'observation de divers organes
de l'œil ainsi que la manifestation des images cutoptiques; par M. Robert
IIoudin. Blois, 1867; br. in-8°. (Présenté par M. Cloquet.)
Eléments de géométrie; par M. P. -F. COMPAGNON- Paris, 1868; 1 vol.
in-8°.
Abi égé des éléments de géométrie; par M. P. -F. COMPAGNON. Paris, 1868;
1 vol. in-8°.
Les grandes usines; par M. ToRGAN ; 7e série. Paris, 1867; 1 vol. in-4°
avec figures.
Les Merveilles de la Science; par M. Louis Figuier. 17e série. Paris, 1867;
in-4° avec figures.
Les Poissons, les Reptiles et les Oiseaux; par M. Louis FIGUIER. Paris, 1868;
1 vol. grand in-8° avec 4oo figures et i(\ planches. (Présenté par M. Blan-
chard. )
( IO°9 )
Derniers temps de l'à/je de la pierre polie dans l'Aveyron; parM. P. CAZAL1S
de Fondouce. Montpellier et Paris, 1867;')!-. in-8°, avec planches. (Pré-
senté par M. de Quatrefages.)
Gheel ou une colonie d'aliénés vivant en famille et en liberté: Elude par
M. Jules Duval. Paris, 1867; in-ia. (Présenté par M. de Quatrefages.)
Menus propos sur les sciences; par M. Félix HÉMEINT. Paris, 1868; 2e édi-
tion, in-12. (Présenté par M. de Quatrefages.)
Traité élémentaire d' hygiène publique et privée; par M. Alfred BECQUEREL,
4e édition; par M. E. Beauregard. Paris, r868; in-12 relié. (Présenté par
M. Becquerel.)
La vérité sur les objets de l'âge de la pierre polie des cavernes de Tarascon,
exposés sous le nom de M. Filhol (père) ; par M. F. Garrigou. Paris, 1867;
br. in-8°.
Sur l'âge du bronze et du fer dans les cavernes des Pyrénées ai riégeoises ; par
M. F. Garrigou. Paris, 1867; br. in-8°.
Lettres sur l' Exposition universelle de 1867; par M. F. Garrigou. Paris, 1867;
br. in-8". (Ces trois ouvrages sont présentés par M. d'Archiac.)
Examen de la situation de la caisse des retraites des employés de la ville de
Metz: R-pporlparM. le général Didion. Metz, 1866; in-4°. (Présenté par
M. Bienaymé.)
Recherches géologiques dans les parties de la Savoie, du Piémont et de la
Suisse voisines du Mont-Blanc; par M. Alphonse Favre. Paris et Genève, 1 867;
3 vol. grand in-8°, avec atlas in-folio contenant 32 planches. (Présenté par
M. d'Archiac.)
Oscillations des quatre grands glaciers de la vallée de Chamounix ; par M. V.
Payot. Lausanne, 1867; opuscule in-8°.
Etudes sur F Exposition de 1867, 11e fascicule, 3o novembre 1867; par
M. Eug. Lacroix, Paris, 1867; grand in-8° avec planches.
Guide pratique de la culture du saule et de son emploi en agriculture, avec
un appendice sur la culture du roseau; par M. J.-P.-J. Roltz. Paris, 1867;
in-12.
Les droits des inventeurs en France et à l'étranger; par M. H. DUFRENÉ.
Paris, 1867; in-12.
Guide pratique pour le choix de la vache laitière; par M. E. Dubos.
Paris, 1867; in-12. (Ces trois ouvrages sont offerts par l'éditeur M. E.
Lacroix. )
Recherches sur plusieurs molybdates nouveaux ou peu connus, et sur les prin-
cipaux fluoxymolybdates ; par M. Marc Delafontaine. Genève, 1867;
bf. in-8°.
( IOIO )
Siluria... Siluria: Histoire des roches les />lus anciennes dans les îles Bri-
tanniques et antres pays, avec un coup d'ail sur l'origine et lu distribution de
/j'or natif, sur la succession générale des formations géologiques et sur les chan-
gements siti venus à lasurfact de la terre; par M. R. J.Muuchison. Londres, 1867;
in-8° avec figures et cartes.
Figures... Figures et caractères des fossiles de la Grande-Bretagne, accom-
pagnés de remarques descriptives; par M. W. Hellieb Bajly. Londres, 1867;
in-8°;
Athenœum, août et septembre 1867; 176e et 177e parties. Londres, 1867;
in-4°.
Catalogne... Catalogue du Muséum médical de l'année, / réparé sous la di-
rection du chirurgien général; par 'M. Alfred WOODHULL. Washington, 1866;
in-4° relié.
Stigli... Sur tes spectres prismatiques des étoiles fi.\cs, par le Père A. Secchi,
Florence, [867; in-4°.
Sul... Sur les phénomènes observés à l'occasion de l'éclipsé solaire du 6 mars
1867; par M. G. CACGIATORE. Païenne, 1867; in-/|".
Bulletino... Bulletin météorologique de l'Observatoire royal de l'iderme:
ilc année, 1 865. Païenne, r 865 ; 1 vol. in-folio cartonné.
Bulletino... Bulletin météorologique de l'Observatoire royal de Palerme :
2e année, t. II, 1866. Palerme, 1867 ; in-4".
Brève... Bref discours sur l'institution d'un prune et Compendium de la
science civile; par Fr. PlCCOLOMINI, ;ivec huit Lettres et neuf dessins des
(;iches solaires par Galileo Galilei ; le tout publié pour la première fois
par M. Saute Pieralisi. Rome, i858; in-8°.
Intorno... Sur rélectricité induite cl sur l'influencé des strates aériennes
entourant, en forme d'anneau, une nuée qui se résout eu jiluie, neige ou grêle;
par le professeur Zantedeschi. Venise, [867; opuscule in-8°.
Nederlandsch... Annuaire météorologique néerlandais pour l'année 1866,
publié par l'Institut royal météorologique néerlandais; ire partie : Observa-
tions météorologiques en Xccrlandc ; 2e partie : Variations thermomëlriques et
barométriques en divers points de l'Europe, avec des obsetvations de la pluieet
des vents. Utrecht, 18O7; ■?. vol. in-/|° oblong cartonnés.
Verhandelungen... Transactions de la Société des Naturalistes de Baie ;
4e partie, 4e livraison. Bâle, 1867; in-8°.
Sulla... Note du D' G. Curiom sur la carte agronomique des environs de
Paris et sur la carte lilholoi/ique des mers de Fr nue exécutée par M. Delesse.
Milan, 1867; br. in- 8°.
( ïo*î )
Cenni... Note sur quelques expériences concernant les surfaces de capilla-
rité; par M. R. FELICI. Pise, 1866; br. in-8°.
Cenni... Note sur quelques expériences électriques ; par M. R. Felici; sans
lieu ni date; br. in-8°.
Monographie... Monographie du groupe Senna, famille des Cassiacées,
par M. B. BaKNA. Prague, 18G6; in-8° avec planches.
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l'aCADEMIE PENDANT
LE MOIS DE NOVEMBRE 1867.
Actes delà Société d'Ethnographie ; octobre 1867; in-8°.
Annales de /' Agriculture française ; nos iç) à 21, 1867; in-8°.
Annales de la Propagation de la foi; novembre 1867; in- 12.
Annales de la Société d'Hydrologie médicale de Paris, Comptes rendus des
séances, ire livraison ; 1867; in-8°.
Annales des Conducteurs des Ponts et Chaussées; septembre 1867; in-8°.
Annuaire de la Société Météorologique de France; feuilles 27 à 36. 1867;
in- 8°.
Bibliothèque universelle et Revue suisse. Genève, n° 1 19, 1867; in-8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique ; nos g, 10, 1867; in-8°.
Bulletin de la Société d' Anthropologie de Paris; avril à juin 1867; in-8°.
Bulletin de la Société de Géographie; octobre 1867; in-8°.
Bulletin de la Société ci Encouragement pour l'Industrie nationale; sep-
tembre 1867; in-4°.
Bulletin rie la Société française de Photographie; octobre 1867; in-8°.
Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse; octobre-novembre 1867;
in-8°.
Bulletin des séances de laSociété impériale et centrale d' Agriculture de France;
n° 1 1, 1867; in-8°.
Bulletin général de Thérapeutique; i5 et 3o novembre 1867; in-8°.
Bulletin hebdomadaire du Journal de l'Agriculture; nos 45 à 48, 1867;
in-8°.
Catalogue des Brevets d'invention; nos 5 à 7, 1867; in-8°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
2e semestre 18G7, nus 17 à 22; in-4°.
( IOI2 )
Cosmos; nos des 2, 9, 7, 16, 23, 3o novembre 1867; in-8°.
Gazette des Hôpitaux ; nos 1 29 à 1 4 1 , 1 867 ; in-/(°.
Gazelle médicale de Paris; nos /|4, 46 à 48, 1 8G7 ; in-4°.
Journal d' Agriculture pratique; nos45 à 48, 1867; in-8°.
Journal de Chimie médicale, de Pharmacie et de Toxicologie ; novembre
1867; in-8°.
Journal de l'Agriculture, n"s 3a et 33, 1867; in-8°.
Journal de l'Eclairage au Gaz; n°3 1 5 et 16, 1867; in-4".
Journal de la Société impériale et centrale d'Horticulture; septembre 1 867;
in-8°.
Journal, de Médecine vétérinaire militaire; octobre 1867; in-8°.
Journal de Pharmacie et de Chimie: novembre 1867; in-8°.
Journal des Connaissances médicales e' pharmaceutiques; nos 3i à 33, 1867 :
in-8°.
Journal des Fabricants de Sucre; nos 3o à 33, 1867; in-l".
Journal of (lie Royal qeological Society of Ireland; t. Ie', 3e partie.
Kaiserlicbe... Académie impériale des Sciences de Vienne; nos a4 à 26,
[867; in-8°.
L'Abeille médicale; nos 44 à 48, 1867; in-4°.
La Guida de! Popolo ; novembre 1867; in-8°.
L'Art dentaire; octobre 18G7; in-8°.
L'Ait médical; novembre 1867; in-8°.
La Science pour tous; noa 49 a 5a, 1867; in-4u.
Le Gaz; n° 9, 1867 ; in-4°.
Le Moniteur de la Photographie ;nos iGet 17, 1867; in-40.
Les Mondes..., nos 9 à i3, 1867; in-8°.
L'Événement médical; nl,s 3G à l\o, 1867; in-f°.
L'Imprimerie; 1867; in-/j°.
Magasin pittoresque; novembre 1867; in-4°.
Monatsbericht... Compte rendu mensuel des séances de l'Académie royale
des Sciences de Prusse. Berlin, juillet 1867; in-8°.
Montpellier médical... Journal mensuel de Médecine; novembre 1867; in 8".
Nouvelles Annales de Mathématiques; novembre 1867; in-8".
(La suite du Bulletin ou prochain numéro.)
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 16 DÉCEMBRE 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MÉMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. le Ministre de l'Instruction publique transmet une ampliation du
Décret impérial qui approuve la nomination de M. Larrey à la place d'Aca-
démicien libre laissée vacante par le décès de M. Civiale.
Il est donné lecture de ce Décret.
Sur l'invitation de M. le Président, M. Larrey prend place parmi ses
confrères.
M. Delaunay lit la Note suivante, en réponse à M. Le Verrier :
« .La Note insérée par M. Le Verrier dans le dernier Compte rendu m'o-
blige, à mon grand regret, à donner encore quelques explications dont il
aurait bien dû me dispenser.
» Si je distingue ses improvisations et la reproduction qu'il en fait dans
nos Comptes rendus, c'est que malheureusement, ainsi que j'ai eu à le con-
stater à plusieurs reprises, ces deux choses sont souvent bien différentes.
» Quant au désir que M. Le Verrier exprime de me voir improviser
comme lui mes réponses, pour ne pas éterniser le débat, il sait fort bien que
je ne puis y consentir. Je n'ai nullement le désir d'éterniser un débat, quel
qu'il soit; mais je suis bien décidé à ne laisser sans réponse aucune des
assertions qui peuvent altérer le véritable caractère de nos discussions, et
C. R., 1867, a" Semestre. (T. LXV, N° 2S.) 1 32
( ioi4 )
induire en erreur les personnes qui lisent nos Comptes rendus sans avoir
assisté à nos séances. Dès les premières discussions que j'ai eues avec M. Le
Verrier, en 1860, j'ai pris le parti de ne jamais répondre qu'aux choses
imprimées, et d'y répondre par écrit; c'est, je crois, la marche la plus
sage à suivre, et je m'en suis fort bien trouvé. Plus tard, en novembre 1861 ,
à l'occasion du passage de Mercure, dont il a été question dans les dernières
séances, je me suis laissé aller à présenter immédiatement quelques obser-
vations à la suite de la communication de M, Le Verrier relative à ce phé-
nomène. Or, mes remarques, que j'ai reproduites aussi fidèlement que
possible dans le Compte rendu de la séance, avaient été provoquées par des
paroles de M. Le Verrier, qu'il s'est bien gardé d'insérer dans ce Compte
rendu. Il avait parlé des conséquences qui lui semblaient résulter de l'accord
de ses Tables de Mercure avec l'observation, de la probabilité que cela lui
paraissait donner à l'existence de l'anneau d'astéroïdes auquel il attribuait
le mouvement du périhélie introduit empiriquement dans ses Tables; il
avait de plus, en me répliquant, critiqué la qualification d'empirique que
j'avais appliquée, suivant le langage usuel des astronomes, à ce mouvement
du périhélie non indiqué par la théorie. Or, on peut s'assurer que, dans la
Note qu'il a rédigée après la séance et fait insérer au Compte tendu, il n'y a
absolument aucune trace de ces deux points. De sorte que, dans mes obser-
vations imprimées à la suile de sa Note, j'ai l'air de combattre des fantômes.
Si M. Le Verrier n'avait dit à la séance que ce qu'il a mis au Compte rendu,
je n'aurais eu aucune observation critique à présenter. Le parti que j'ai pris
de ne jamais répondre à M. Le Verrier qu'au bout de huit jours me semble
suffisamment justifié par ce que je viens de dire. Il faut que les Comptes
rendus de nos séances donnent à leurs nombreux lecteurs la véritable phy-
sionomie des discussions qui ont lieu dans le sein de l'Académie. »
« M. Le Verrier expose qu'au commencement de la séance notre émi-
nent confrère, M. le Maréchal Vaillant, lui avait demandé si la discussion
que M. Delaunay vient de reprendre n'était pas enfin terminée. M. Le
Verrier avait répondu que nul plus que lui ne le désirait, qu'il croyait même
qu'une question de ce genre devrait toujours être réglée en une séance.
Mais qu'avec le système de M. Delaunay, de s'y reprendre constamment
au bout de huit jours de réflexion, la discussion pourrait s'éterniser.
M. Delaunay assure qu'il en agit ainsi pour mettre plus de précision dans
ses réponses. On va voir ce qu'il en faut penser.
« Nous avons fait remarquer à l'Académie, et il n'est personne qui n'eût
( ioi5 )
remarqué avant nous, combien est insuffisant, tronqué, et même nul sur
plus d'un point, l'historique des progrès de l'Astronomie en France pen-
dant les vingt-cinq dernières années, publié par M. Delaunay. Nous avons
examiné en particulier les articles intitulés : Figure de la Terre et Moyens
d'observation; pendant ces vingt-cinq ans, dont moitié appartiennent à la
direction de M. Arago et moitié à mon administration, l'Observatoire n'est
pas même cité! Et nous avons ajouté que cette minime brochure de 38 pages,
présentée par l'auteur, suffisait pour faire comprendre à tous que ce ne
pouvait être là I'iustoire des astronomes français pendant les vingt-cinq
dernières années.
>> Eh bien! que répond à tout cela M. Delaunay? Rien! Les huit jours
de réflexion ne lui ont rien suggéré autre chose qu'une équivoque sur le
mot histoire. Il suppose que j'ai entendu réclamer l'histoire personnelle
des astronomes, et répond fièrement qu'il n'avait à s'occuper que des pro-
grès de l'Astronomie.
» Personne, pas plus que l'auteur, ne s'est trompé à ce mot histoire, et
l'ancienne Académie n'en employait pas d'autre au sujet du compte rendu
de ses travaux. Du reste, j'ai indiqué ce qui eût dû être compris dans l'ar-
ticle intitulé : Figure de la Terre [Comptes rendus, p. 922), et il ne se trouve
dans cette énumération rien autre chose que des questions scientifiques.
» Nous avouons toutefois que des équivoques de cette nature ne s'im-
provisent pas, et qu'il faut du temps pour en découvrir l'emploi. Il est
d'ailleurs certain cpi'on ne pourrait répliquer d'une telle façon et immédia-
tement à côté d'un exposé qui vient d'être fait sans soulever les réclamations
de l'auditoire tout entier. Mais c'est une raison de plus pour que nous insis-
tions sur l'utilité et la convenance de terminer de suite et verbalement de
telles discussions quand elles s'élèvent.
» Le point le plus regrettable en tout ceci, c'est devoir l'Astronomie fran-
çaise ainsi... amoindrie dans une brochure portant une attache officielle. «
chimie organique, — Synthèse de la névrine , par M. Ad. YVurtz.
« On sait que M. Oscar Liebreich a retiré du cerveau une substance
cristallisable, définie, renfermant du phosphore et de l'azote au nombre de
ses éléments, et à laquelle il a donné le nom de protagon (1). Soumis a
l'action de l'eau de baryte concentrée, ce corps se dédouble en acide
( 1) Annalen der Ckemie und Pharmacie, t. CXXXIV, p. 29; 1 8(55 .
1 3a.
( roi6 )
phosphoglycérique et en une base énergique à laquelle M. O. Liebreicli a
donné le nom de névrine (i). M. Ad. Baeyer (2) a démontré récemment que
la névrine est une base oxéthylénique et qu'elle représente de l'hydrate
d'oxéthyl-ammonium, dans lequel 3 atomes d'hydrogène seraient rem-
placés par 3 groupes méthyliques :
H j CH3
AzOH Xr3 AzOH
H I CH3
C2H'(OH)| C2H4(OH
Hydrate Hydrate
d'oxéthyl-ammonium. d'oxéthyl-trimélhyl-ammonium.
» Cette donnée l'a conduit à supposer qu'on pourrait réaliser la synthèse
de la névrine en traitant par l'iodure de méthyle l'hydrate d'oxéthyl-
ammoniiun qui se forme, comme je l'ai démontré, en même temps que
d'autres bases oxéthyléniques, par l'action de l'oxyde d'éthylène sur l'am-
moniaque. Mais jusqu'ici je n'ai réussi qu'à obtenir de petites quantités de
celte base pure ou de son chlorure, qu'il est difficile de séparer du chlo-
rure de dioxéthyl-ammonium. J'ai indiqué pour la préparation des bases
oxéthyléniques un autre procédé qui consiste à traiter par l'ammoniaque le
glycol monochlorhydrique. Cette méthode m'a conduit à une synthèse fort
élégante de la névrine. Le chlorhydrate de cette base, c'est-à-dire le chlo-
rure d'oxéthyl-triméthyl-ammonium prend naissance par l'addition directe
des éléments de la chlorhydrine du glycol (glycol monochlorhydrique) et
de la trimélhylamine.
CH3 \ ^H3 J
CrW\ ^H + CH3 Az = CHj AzCj
monochlorhydrique. Chlorure
de Irimélhyl-oxélhyl-
ammonium.
» 5 grammes de trimélhylamine ont été chauffés au bain-marie dans
un tube fermé avec 10 grammes de chlorhydrine du glycol. Au bout de
vingt-quatre heures, on a laissé refroidir et on a vu le tube se remplir de
beaux cristaux prismatiques parfaitement incolores. Ces cristaux se dis—
(1) Le mot allemand Neurin doit se traduire par névrine.
(2) Annalen der Chenue und Pharmacie.
( IOI7 )
solvent abondamment dans l'alcool absolu bouillant, et s'en séparent en
partie par le refroidissement si la solution est très-concentrée. L'éther pré-
cipite cette solution; mais pour peu que le liquide renferme une trace d'eau,
le précipité se rassemble au fond sous la forme d'un liquide épais. Les cris-
taux dont il s'agit, et qui sont le chlorure d'oxéthyl-triméthyl-animoniuni,
sont en effet très-déliquescents.
« Lorsqu'on ajoute à la solution aqueuse de ce chlorure une solution
moyennement concentrée de chlorure d'or, il se forme immédiatement un
précipité cristallin d'un jaune pur. Ce précipité, qui est caractéristique,
comme l'a montré M. Ad. Baeyer, se dissout dans l'eau bouillante, qui le
laisse déposer par le refroidissement sous forme de petites aiguilles jaunes.
C'est le chlorure double d'or et d'oxétliyl-triméthyl-ammonium
(CH3)3(C2H4OH)'AzCl + Au Cl3 (i).
» J'ai comparé ce chloroaurate à un produit que je dois à l'obligeance
de M. Liebreich, et qui avait été préparé avec de la névrine provenant du
cerveau. Les deux sels ont cristallisé sur le porte-objet du microscope en
lamelles rhomboïdales qui paraissaient identiques, sauf la dimension des
cristaux.
» Lorsqu'on ajoute à une solution concentrée de chlorure d'oxétliyl-
triméthyl-ammonium une solution de chlorure de platine, il ne se forme
pas de précipité, et la liqueur ne laisse déposer des cristaux qu'après con-
centration en consistance sirupeuse; mais lorsqu'on y ajoute de l'alcool, il
se forme un précipité qui a donné à l'analyse 3i,8 pour ioo de platine.
La formule
(CH3)3 (C2H4OH) Az,CI -+- Pt Cl2
exige 3 1,8 pour ioo de platine.
» Lorsqu'on décompose le chlorure d'oxéthyl-triméthyl-ammoniuni par
l'oxyde d'argent humide, on met en liberté l'hydrate d'oxélhyl-trimélhyl-
(i ) Voici les nombres que ce sel m'a donnés à l'analyse :
Expérience.
Théorie. — — ""^ — - — '" —
0 60 l3,54 '3,72 13,27
H" 4 3,l6 3,22 3,28
0 16 3,6i
Az 1 4 3 , 1 6 3 , 34 »
Cl* 142 32,o8 » »
au 197 44, 45 44.9°
443 100,00
( ioi8 )
ammonium, qui reste après l'évaporation sous forme d'un liquide sirupeux.
Celui-ci se décompose, lorsqu'on chauffe, en répandant une vive odeur
ammoniacale.
» Les analyses que j'ai citées, ainsi que le mode déformation de la base
oxéthylénique qui font l'objet de ce Mémoire, me paraissent lever tous
les doutes au sujet de sa composition , qui est bien celle de la névrine. Il
reste maintenant à faire une comparaison très-attentivedes deux corps pour
décider la question de savoir s'il n'y a point là un cas d'isomérie très-fine.
» Je me propose d'approfondir l'étude de l'hydrate d'oxéthyl-triméthyl-
ammonium et celle des bases analogues qu'on pourra obtenir en rem-
plaçant la triméthylamine et la chlorhydrine du glycol par leurs homo-
logues. »
HISTOIRE DES SCIENCES. — Observations sur les documents relatifs à Galilée
qui ont été publiés par M. Chasles. Lettre du P. Secchi à M. le Secrétaire
perpétuel.
« Rome, ce 3o novembre 1867.
» Je vois que la querelle relative à Newton et à Pascal a été transportée
d'Angleterre en Italie. Jusqu'ici j'avais résolu de garder un silence absolu,
niais je trouve de telles erreurs à propos de l'histoire des sciences en
Italie, qu'il m'est impossible de ne pas protester.
» Ainsi, des dernières Lettres de M. Chasles, il résulterait que Yiviani
etTorricelli aidaient Galilée à faire ses observations et que Galilée lui-même
les écrivait. Or cela est impossible : en effet, il résulte des faits historiques
que Torricelli n'arriva à Florence qu'en 164 1 , au mois d'octobre; il s'adjoi-
gnit à Galilée, et l'aida à composer la cinquième journée de ses Dialogues;
il n'est pas question d'observations. Cela ne dura que trois mois, car Ga-
lilée mourut le 8 janvier 1642. Personne ne niera que Galilée fût com-
plètement aveugle pendant cette période de sa vie. Voici ce que Galilée
écrivait le dernier mars 1640 au prince Léopold de Toscane (voir Venturi,
I. II, p. 3o3) :
Prcgo «'lie sia servi ta cl I accettare la mia scusa coudonando mtto l'indugio alla mia mise-
rabil perdita délia vista, per il cui mancamento mi è forza ricorrere ail' aiuto ilegli occhi e
délia penna di altii, dalla quai nécessita ne seguita un grau dispendio di tempo, e massime
aggiuntovi l'attro mio difetto di aver per la grave età diminuita gran parte délia memoria, si
che nel far deporre in carta i miei concetti, moite e moite volte mi bisogna far rileggere i
periodi scritti avanti, per poter soggiupgere gli altri seguenti e schirar di non ri peter più
volte le cose dette.
■a On voit donc que Galilée à l'époque en question ne pouvait pas écrire,
( 1019 )
puisqu'il ne pouvait pas même lire, et qu'il faisait tout à l'aide de secrétaires;
c'est à cet effet qu'il avait appelé Torricelli, qui n'arriva que très-tard. D'ail-
leurs Galilée, avec ce caractère si ardent pour ses découvertes, n'aurait
jamais passé sous silence une découverte aussi considérable que celle d'un
satellite de Saturne, découverte qui complétait, si bien le système solaire,
s'il en avait en outre déterminé la période. Toute cette histoire de la lunette
envoyée à Pascal et à Huyghens est donc un roman. C'est encore un roman
que l'entretien de Galilée avec Pascal au sujet des observations de Torri-
celli sur le poids de l'atmosphère, car Torricelli s'en occupa dans l'an-
née i644» après la mort de Galilée.
» En outre, est-il possible d'admettre que, si Galilée avait découvert ce
satellite avec la fameuse lunette envoyée à Pascal, ses élèves Castelli,
Viviani, Torricelli, eussent gardé le silence, surtout lorsqu'on sait que Tor-
ricelli avait acquis une grande habileté pour travailler les verres, habileté
dont il gardait le secret? (Voir la préface aux Lezioni academiclie d'Evan-
gelista Torricelli; Firenze, 1 71 5. ) Nous connaissons d'ailleurs la date de
la complète cécité de Galilée : il perdit complètement son second œil avant
le 2 janvier iG38; Viviani ne fut admis près de Galilée que vers le com-
mencement de 1639, et avant lui Galilée s'était servi comme secrétaire du
P. Ambrogetti. [Voir p. 87 et 99 et 84 de l'ouvrage de Torricelli la Scienza
universelle délie proporzioni. ) Nous savons encore quelles étaient les occu-
pations de Galilée, quelles sont les théories qu'il traitait dans les dernières
années de sa vie : elles n'ont rapport qu'à la mécanique et non pas aux
attractions célestes.
» Aujourd'hui que les falsifications de toute espèce sont arrivées à une
telle perfection, on ne peut plus croire à une écriture, sans avoir des docu-
ments étrangers qui en prouvent l'authenticité. Voici un fait que je puis
citer à ce propos : je tiens du bibliothécaire de la Barberinienne de Rome
que, il y a quelques années, un inconnu français est venu copier une des
Lettres de Galilée conservées dans la bibliothèque, et il l'a fait avec telle
perfection, qu'il aurait été impossible de distinguer la copie de l'original!
Fiez-vous donc à des autographes !
» J'aurais plusieurs autres choses à dire, mais ce qui précède suffit pour
démontrer la fausseté de ces documents présentés à l'Académie : comme
tous les autres, ils ont paru après que la nécessité s'est montrée de sou-
tenir quelque proposition avancée.
» Comme je l'ai dit au commencement, je ne viens pas pour continuer
un débat aussi inutile que déplorable, mais seulement pour protester, en
ma qualité d'astronome italien, contre ces impostures. »
( I020 )
;iistoire des scien'CES. — Réponse aux communications de MM. H. Martin,
Harting, le P. Secchi et Gilbert Govi (i) ; par M. Chasles.
I.
« La communication de M. H. Martin me paraît ne renfermer aucune
notion historique, aucune objection qui n'ait été produite et à laquelle il
n'ait été répondu. Seulement il récuse l'authenticité des Lettres de Montes-
quieu, dont on n'avait encore rien dit; ces Lettres, comme celles de Pascal,
sont l'œuvre d'un faussaire qui savait mal le français. Les phrases sont la
traduction de phrases anglaises; dans une est un pluriel au lieu d'un sin-
gulier; dans une autre, c'est un article qui fait défaut.... M. H. Martin pa-
raît regarder ces Lettres comme l'œuvre d'un Anglais. J'avais pensé au
contraire que ces Lettres de Montesquieu étaient un des documents les pins
irréfutables à cause de leur grand nombre, quatre cents au moins, traitant
de sujets très-variés, et adressées à des personnages différents, et aussi parce
qu'indépendamment de ces Lettres il se trouve trois ouvrages manuscrits
de l'Auteur, qui sont des copies, mais portant des annotations autographes
signées, parfaitement conformes à l'écriture des Lettres.
» Ce que je dis de l'authenticité des Lettres de Montesquieu, je le dirai
aussi de celles de Labruyère, de Saint-Évremond, de Malebranche, de
Maupertuis, etc., qui parlent incidemment des relations qui ont eu lieu
entre Pascal et Newton.
» Quant à Pascal, M. IL Martin reproduit cet argument de M. Faugère,
qu'il ne croyait pas an mouvement de la Terre: il dit que le style de telle
Lettre est ampoulé, qu'il y a des phrases baroques, un singulier pour un
pluriel, etc. On voit que M. H. Martin n'admet pas qu'il puisse se trouver
des négligences dans les correspondancesfamilieresduxviieetduxviiiesiècle.
» Cependant des juges des plus compétents dans une telle question recon-
naissent dans le style et les sujets si variés de ces nombreuses Lettres, qui
embrassent une période de plus de vingt-cinq ans, le génie de Pascal. Et
l'aspect général de l'écriture comparée à celle du manuscrit presque illisible
des Pensées, indépendamment des trois signatures connues qui s'y trouvent,
confirment ce jugement.
» Le savant critique ne dit rien des Lettres de Newton. On se rappelle que
M. Faugère a reconnu que l'écriture était de nationalité étrangère; de sorte
qu'il y aurait eu deux faussaires, l'un Anglais, qui aurait fait les Lettres de
(i) Voir la nouvelle Lettre de M. Govi, p. 1041.
( 1021 )
Pascal et de Montesquieu, et l'autre, sans doute Français, qui aurait fait
les Lettres de Newton. M. Martin reconnaît que quelques Lettres décla-
matoires semblent trahir une main plus récente; de sorte qu'il doit 5 avoir
eu un troisième faussaire qui a continué l'œuvre des faussaires primitifs.
Sur ce point M. Faugère a la priorité; il a eu recours le premier à une as-
sociation de faussaires.
» Quant à Galilée, M. IL Martin dit qu'il va « constater d'abord quel-
» ques faits établis par des documents authentiques, » savoir : i° que Ga-
lilée a été complètement aveugle depuis le commencement de i638 jusqu'à
sa mort; 2° que depuis la fin de iG38 il n'est pas allé à Florence. Quelles
preuves doune-t-il de ces deux assertions, déjà produites, du reste? Aucune,
conformément à toutes les objections qui m'ont été opposées.
» Eh bien! quant à la première, j'ai montré qu'il faut conclure du Rapport
officie! de l'Inquisiteur, qui avait pour but de faire obtenir à Galilée la per-
mission de venir à Florence, et qui dans cette vue était biemeillant dans
toutes ses parties, que la cécité n'était point complète, tellement que Galilée
espérait se guérir.
» J'ajouterai qu'il existe, dans un des volumes d'une riche collection
d'autographes (de M. Boutron) connue de beaucoup de Membres de l'Aca-
démie, une Lettre de Galilée datée d'Areetri du 9 mai 1637; et que la
régularité et la fermeté de l'écriture protestent contre l'idée que l'auteur
aurait été atteint, quelques mois après, d'une cécité complète.
» Quant à la seconde assertion, que, depuis la fin de i638 Galilée, n'est
pas allé à Florence, il me suffira de citer un fait : c'est que les deux Lettres
de Galilée à Boulliau, non autographes et seulement signées, qui se trou-
vent dans le tome XIX de la Correspondance de Boulliau, à la Bibliothèque
Impériale, sont datées de Florence, ainsi: Florenliœ kal. januar. i638;
Florentiœ penullime decembris 1639.
» Si la première date est antérieure à la limite posée par M. H. Martin,
la seconde, 1639, lui est postérieure. Elle prouve donc le contraire de son
assertion. Avais-je raison de demander des preuves?
» Comment peut-on admettre que toutes les circonstances de la vie de
Galilée se trouvent relatées dans les biographies, qui la plupart du temps
se copient sans ajouter rien de nouveau?
» Au sujet des écrits de Kepler que Galilée aurait envoyés en 1641 à
Pascal, M. IL Martin m'oppose qu'une Lettre du fils de Kepler à Galilée
établit qu'en février i638 il avait encore tous les manuscrits de son père;
que, réduit à la misère, il voulait fuir en Italie avec ces manuscrits; et qu'il
C. R., 1867, Ie Semestre. (T. LX.V, K" 2o.) l^^
( 1022 )
offrait d'en céder quelques-uns au grand-duc de Toscane pour prix de
l'assistance qu'il implorait.
» Je ne puis que savoir gré à M. H. Martin de ce passage : il vient à
l'appui de nies Lettres de Galilée qui envoie des écrits de Kepler à Pascal.
Car de février j 638 à janvier 16/11, Galilée, qui était avide de connaître les
écrits de Kepler, de même que ceux de- Copernic, avait eu le temps de
s'en procurer, d'autant pi us que le fils de Kepler les offrait pour en retirer
quelque soulagement à sa misère. Déjà plusieurs de ces écrits avaient été
cédés à Descartes, comme je l'ai dit précédemment.
» M. H. Martin répète, après d'autres, que les Lettres publiées de Galilée
sont toutes en italien ou en latin, d'où il conclut que les Lettres adressées
à Pascal ne sont pas plus de Galilée que les Lettres, dont il a été question
d'abord, ne sont de Pascal et de Montesquieu.
» D'après cette manière de raisonner, comme on n'a publié aucune
Lettre du P. Mersenne à Galilée, non plus qu'aucune réponse de Galilée, on
serait fondé à dire qu'il n'y a pas eu de correspondance entre eux.
» Je possède de nombreuses Lettres de Galilée écrites en français, non-
seulement au P. Mersenne, mais à Descartes, à Pascal, à Boulliau, à M"e de
Gournay, à Louis XIII, etc., et en outre de nombreuses Notes et réflexions
sur l'ouvrage de Copernic, cpie Galilée adressait à Descartes.
» J'ajouterai qu'après la condamnation de Galilée, le Roi Louis XIII et
le cardinal de Ricbelieu lui ont écrit et ont même envoyé auprès de lui
l'archevêque de Lyon, frère de Richelieu et lui-même cardinal, pour l'en-
gager à venir résider en France. 11 s'est excusé sur son grand âge, ses infir-
mités et ses habitudes trop enracinées. Après sa mort, Viviani a fait don à
Louis XIV, qui avait témoigné le désir d'en prendre connaissance, des
Lettres adressées à Galilée par Louis XIII et le cardinal de Richelieu, ainsi
que par quelques savants français, Descartes, Pascal, Gassendi, etc. Je
publierai ces Lettres, que j'ai montrées à beaucoup de personnes.
» M. IL Martin dit que sans doute il se peut trouver au nombre de mes
documents plusieurs séries de Lettres authentiques, destinées à faire ad-
mettre les Lettres fausses, comme celles de Pascal, de Galilée et de Montes-
quieu. M. Faugere, au contraire, voulait qu'un seule série de Lettres
entraînât la fausseté de toutes les autres; de sorte que sur ce point la critique
s'adoucit.
» Mais il y a un tel accord, un tel enchaînement dans toutes les Lettres
que j'ai eu à citer, tantôt pour répondre directement à une objection, tan-
tôt pour corroborer par une accumulation de preuves un premier résultat,
( 1023 )
que je crois qu'au contraire, une seule série de mes documents, reconnue
authentique, bien entendu, suffirait pour rendre indubitable chacune des
deux propositions que j'ai annoncées, savoir, premièrement, qu'il a existé
des relations entre Pascal et Newton; et secondement, que Pascal a décou-
vert les lois de l'attraction, bases du système du Monde.
» Et si, dans mes nombreuses séries de documents, il s'en trouvait quel-
ques-unes qui fussent simplement des copies d'une écriture naturelle et non
imitée, ce qui pourrait être, parce que Desmaizeaux , notamment, faisait
faire des copies soit pour Newton, soit pour ses nombreux correspondants
avec lesquels il faisait de fréquents échanges, ces séries pourraient être écar-
tées sans qu'elles eussent à porter la moindre atteinte aux autres.
II.
» La communication de M. Harting ne renferme rien qui infirme
aucun point des Lettres de Boulliau et d'Huygens auxquelles elle se rap-
porte.
» M. Harting dit qu'Huygens construisait lui-même ses objectifs; et il
donne la date, 3 février 1 655, de l'achèvement de l'objectif avec lequel il a
fait la découverte du satellite de Saturne.
» Les Lettres citées ne disent rien de contraire, puisque, d'une part,
Huygens écrit à Boulliau qu'il a étudié l'instrument qu'il lui a envoyé, et
l'a perfectionné au point de grossir les objets plus de cent fois. Et d'autre
part, que Boulliau lui répond qu'avec la lunette perfectionnée il est parvenu
à apercevoir aussi le satellite qu'il n'avait pu voir avec l'instrument de
Galilée; et que si Galilée a donné pour ainsi dire l'idée de cette découverte,
le résultat appartient à Huygens.
» Non-seulement le contenu de ces Lettres n'est infirmé en rien par la
communication de M. Harting, mais on va voir qu'il est confirmé par une
Lettre d'Huygens sur laquelle ne pourra planer aucun doute, car elle se
trouve dans un volume de la Correspondance de Boulliau, conservée à la
Bibliothèque Impériale.
» Le volume de cette collection renferme une vingtaine de Lettres
d'Huygens. La première est datée de la Haye, 26 décembre 1657. Il devrait
s'en trouver d'autres, antérieures à cette date. Mais, sans parler ici des
causes de cette lacune, passons outre, pour dire que cette Lettre de iôS^
renferme un passage très-important.
» Après avoir parlé des horloges, Huygens fait connaître à Boulliau
l'aspect sous lequel il a vu l'anneau de Saturne après que la planète a passé
( I02/| )
sur le Soleil. Puis il parle du premier satellite, et c'est ce passage sur
lequel j'appelle l'attention de l'Académie.
Le in décembre, j'ay vu Saturne avec ma grande lunette, pour la première fois après
qu'il a passé le Soleil ; et me suis réjoui en le trouvant justement de la forme que j'avais
prédite suivant mon hypothèse de l'anneau. (Ici Huygens fait connaître par une figure la
foi nie de la planète et de son anneau, et ajoute : ) Le satellite ne semble pas suivre toujours
le plan de cet anneau, qui est parallèle à l'équateur, mais quelque autre, ainsi qu'il en arrive
de mesme à noslre Lune. Je m'estimerais heureux de vous avoir encore pour tesmoin de ces
observations, et espère toujours que le printemps vous nous pourra ramener. Cependant je
vous supplie de ne communiquer à personne ce que vous sçavez du monde saturnien, nv
mesme de faire veoir la figure que je viens de vous tracer, jusqu'à ce que j'auray publié tout
le système.
» Il résulte de là rpie Huygens avait déjà découvert le satellite, et que
Boulliau avait été témoin d'observations antérieures. 11 faut remarquer que
Huygens le supplie de ne point communiquer ce qu'il sait de ces obser-
vations.
» Cette recommandation ne peut-elle pas paraître se rapporter à la
Lettre de Boulliau incriminée par M. Ilarting ?
» On pourra se demander comment la Lettre que j'ai citée ne s'est pas
trouvée avec les Lettres de Huygens réunies dans le tome IX de la Corres-
pondance de Boulliau.
» C'est là un épisode de la sollicitude de Desmaizeaux et de Newton à
l'égard de certains documents qu'ils retiraient des collections particulières,
comme on l'a déjà vu par divers exemples (i), auxquels j'aurai à en ajouter
d'autres. Pour ne pas fatiguer l'Académie de ces détails, je les passerai sous
silence dans ce moment; parce qu'il me suffit de constater qu'il est cer-
tain qu'il manque dans la correspondance d'Huygens et de Boulliau des
Lettres auxquelles celle du 26 décembre 1657, dont il vient d'être ques-
tion, faisait suite.
III.
» Je passe à la Lettre du P. Secchi dont il vient d'être donné lecture.
» Le P. Secchi ne peut pas s'empêcher de protester contre ions les
égarements et les faussetés à l'égard de l'histoire des sciences en Ttalie que
renferment mes communications.
» Torricelli n'arriva à Florence qu'en octobre 1G41.
« Galilée ne pouvait ni lire ni écrire à cette époque.
(1) Comptes rendus, t. LXV, p. 2- i ; séance du 12 août 1867.
( ioa5 )
» Je sais parfaitement que Torricelli n'est resté que- trois mois auprès de
Galilée; cela se trouve notamment dans deux Lettres de Viviani à Pascal,
de 1648, que je n'avais point à citer. Galilée l'avait lui-même écrit ;'<
Boulliau, comme on le voit par les deux Lettres suivantes :
Boulliau à Pascal.
Ce 10 octobre 1 64 1 - — Je viens de recevoir une Lettre de nostre amv commun M. Galilée,
qui m'a chargé de vous assurer de son amitié. Par la mesme occasion j'av anssy reçu une
Lettre de M. Torricelli, qui s' st rendu de Rome à Florence auprès du très illustre astro-
nome, où il compte se fixer pour l'aider dans ses expériences et achever différents travaux
que M. Galilée n'aurait pu terminer sans le secours d'un homme habile. Car il paroist, si
j'en crois M. Torricelli, que M. Galilée est devenu bien caduc. La vue l'abandonne de plus
en plus. Il y voit encore pour lire et escrire, mais nullement pour faire des expériences as-
tronomiques. TU. Galilée ne pouvoit choisir un homme plus capable que M. Torricelli pour
recueillir ses grandes connoissances : et j'espère que de cette union de deux génies aussy
sublimes, il en sortira des fruits délicieux au progrès des sciences.
Avec sa Lettre M. Torricelli m'envoye quelques théoresmes sur les solides, où il esclaircit
et estend avec sa facilité naturelle la doctrine d'Archimède dans son Traité de la sphère et du
cylindre
Pascal à Fermât.
Ce 16 octobre 1641- — Je viens d'apprendre par l'intermédiaire du R. P. Boulliau, des
nouvelles du très docte Galilée qui lui mande que M. Torricelli qu'il attendoit depuis quel-
que temps est enfin chez luy en ce moment, pour l'aider dans ses travaux et estre le com-
pagnon de ses estudes avec le jeune Viviani. Selon moi, et à en juger par les quelques
Lettres que j'ai déjà reçues de luy et par les éloges que m'en a fait le P. Castelli dans ses
Lettres, Torricelli est l'homme le plus capable de recueillir les grandes connaissances et les
spéculations sublimes que le grand âge de M. Galilée, la faiblesse de sa vue el ses autres
infirmités ne lui permettent plus de faire luy mesme. Car il est devenu très caduc, et il
paroist qu'il ne voit que très peu maintenant; il peut encore lire et escrire, mais non estu-
dicr les astres.
» Lm seconde assertion'du P. Secchi, que Galilée ne pouvait ni lire ni
écrire en i6/ji, a déjà été émise par MM. Govi et H. Martin; j'y ai répondu
suffisamment.
» Le P. Secchi termine sa Lettre par cette réflexion : Un Français a fait,
il y a quelques années, à la Bibliothèque Barberinienne, une copie d'une
Lettre de Galilée, avec une telle perfection qu'il aurait été impossible de
distinguer la copie de l'original. Fiez-vous donc à des autographes!
» Il ajoute: Ce qui précède suffit pour démonlrer les faussetés de ces
documents présentés à l'Académie, qui, comme tous les autres, ont paru
après que la nécessité s'est montrée de soutenir quelque proposition avancée.
( IO26 )
» Ainsi, ce que semble faire entendre le P. Secchi, c'est que les pièces
que je produis pour répondre aux objections sont fabriquées au furet à
mesure qu'il y a nécessité.
» Le P. Secchi dit que « c'est en sa qualité d'astronome italien qu'il pro-
» teste contre ces impostures. »
» M. Grant a parlé en astronome ; mais non le P. Secchi, qui se borne à
rapporter ce qu'il a lu, comme tout le monde, dans les biographies. Et je
doute que personne lui sache gré du ton, pour ne pas dire de la pensée,
qui le distinguera dans l'histoire de cette polémique.
IV.
» J'arrive enfin à la Lettre de M. Govi, dont M. le Secrétaire perpétuel
a donné lecture, et que M. Govi a eu l'obligeance de m'annoncer par une
Lettre particulière.
» La Lettre de M. Govi, qui donne lieu à celle de ce jour, a été pré-
sentée dans notre séance du 2 décembre; l'heure avancée et le Comité secret
qui allait avoir lieu ne m'ayant permis de prendre la parole que quelques
instants, j'ai dû me borner à signaler une insinuation grave, dans une
phrase que j'ai citée, et que je reproduis ici : « M. Chasles possède, je CROIS,
» quelques autographes véritables de Galilée, il doit avoir entre autres, si je ne
» me trompe, une Lettre de ce savant adressée au prince Cési : la compa-
» raison de ces documents avec les cinq Lettres de 16.41 pourra, je l'espère,
» dissiper tous les doutes. »
» Cette phrase faisait entendre que j'avais entre les mains quelques auto-
graphes de Galilée, entré autres, une Lettre adressée au prince Cési, qui
devaient prouver la fausseté des cinq Lettres de 1 64 1 que j'avais produites
comme véritables.
» Eh bien, la vérité est que je n'avais point quelques autographes, comme
le disait M. Govi, et que je n'avais pas même la Lettre entière qui
aurait fait partie de ces quelques autographes, mais seulement le dernier
feuillet d'une Lettre adressée à Velser, sur les taches du Soleil, compre-
nant une demi-page à peu près. Ce feuillet m'a été envoyé par un ami
d'Italie, en octobre i85o,.
» C'était pour attirer l'attention de M. Govi, qu'en rapportant la phrase
ci-dessus, j'avais mis en italiques ces mots : quelques autographes véritables,
il doit avoir entre autres. Ce sont ces mots qui renfermaient l'insinuation
que je devais signaler; mais M. Govi les passe sous silence dans sa Lettre
( 1027 )
de ce jour, car il dit simplement : « Comment pouvais-je assurer que la
» Lettre de Galilée à laquelle je faisais allusion fût encore entre les mains
» de M. Chasles. »
» Quant à l'erreur de fait que j'ai annoncée, elle est bien simple; M. Govi
dit que les cinq Lettres de Galilée cpie j'ai citées sont datées de Florence,
quand, en réalité, il n'y en a que deux qui soient datées de Florence, la
seconde et la troisième, et non les trois autres.
» Je puis signaler une autre erreur de fait plus importante encore. RI. Govi,
après avoir dit que toutes les Lettres de Galilée écrites pendant huit ans, de
décembre i633 au 8 janvier 1642, époque de sa mort, sont datées d'Arcetri,
et qu'il n'en connaît qu'une qui porte la date de Florence (le 7 août j638),
ajoute que deux Lettres qui se trouvent à la Bibliothèque Impériale, dans
la Correspondance de Boulliau, tome XIX, feuillets 99 et 101, sont datées
d'Arcelri. C'est là où est l'erreur, car ces deux Lettres sont datées de Flo-
rence, l'une des calendes de janvier 1 638, et l'autre de l'avantdernier jour de
décembre i63g, comme je l'ai dit ci-dessus en répondant à M. H. Martin. »
MÉMOIRES LUS.
CHIKURGIE. — Résumé des applications faites jusqu'à ce jour de l'occlusion
pneumatique au traitement des plaies exposées; par M. J. Guéiîin (i).
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
« L'Académie sait maintenant en quoi consiste l'occlusion pneumatique)
elle connaît son point de départ, les principes qui lui servent de base, les ap-
pareils qu'elle emploie, les résultats physiologiques quelle produit; il ne me
reste plus qu'à lui faire connaître les résultats pratiques auxquels elle a donné
lieu jusqu'ici. Mais, avant de procéder à cette exposition, j'ai besoin de
rappeler et de définir en quelques mots, empruntés au premier Mémoire
que j'ai lu devant l'Académie de Médecine, le G février 1866, les deux prin-
cipaux modes d'action de la méthode : l'occlusion hermétique et Vaspiralion
continue; car à ces deux modes se rattachent deux ordres de résultais dif-
férents :
» Par Yocclusion hermétique, « les plaies sont constamment maintenues
(1) L' Académie a décidé que cette communication, quoique dépassant les limites régle-
mentaires, serait reproduite en entier au Cui/iptc rendu.
( 1028 )
» à l'abri du contact de l'air : les altérations des liquides, résultant de
» l'action des gaz ou des levains organiques qu'il tient en suspension, sont
» empêchées. La compression uniforme et graduée qu'elle permet favorise
» le dégorgement des parties enveloppées et le rapprochement des parties
» séparées; finalement, elle prévient l'inflammation suppurative de la plaie
» et provoque d'emblée le travail d'organisation immédiate lorsque les tissus
» lésés ne sont le siège d'aucune complication pathologique capable de
» remplacer sous une autre forme l'incitation puogénique de l'air. »
» Voilà pour l'occlusion; voici pour l'aspiration :
« L'aspiration continue du récipient pneumatique favorise l'exhalation
» et les sécrétions cutanées; elle empêche la stagnation de ces produits et
» celle des liquides épanchés ; elle exerce sur la surface de la plaie une
» double et caractéristique influence : elle favorise la sécrétion plastique ré-
» paratrice; elle prévient, par le mouvement rétrograde qu'elle provoque,
» toute absorption ou résorption des gaz ou des liquides épanchés, ou des
» substances toxiques, ou virulentes déposées à leur surface. »
> Tels sont les effets de l'aspiration continue; et, pour que son action ne
puisse être empêchée ou interrompue par une application trop directe de
la poche imperméable, j'ai toujours soin de placer une enveloppe intermé-
diaire perméable, « dont le rôle est de favoriser sur toute l'étendue de la
» partie enveloppée la circulation des gaz ou des liquides sécrétés, et de
» maintenir ainsi les surfaces enveloppées, en rapport incessant avec le
» récipient pneumatique. »
» Il ne peut donc rester aucune incertitude sur la double action de
l'occlusion pneumatique appliquée au traitement des plaies exposées; et si,
par une circonstance imprévue, l'une ou l'autre de ces deux actions pouvait
être empêchée ou suspendue, ce serait contre le but delà méthode, et cette
interruption serait une indication immédiate à la recherche de la cause ou
des causes de cette interruption, et à l'emploi des moyens de la faire cesser :
c'est à la lumière de ces principes que l'occlusion pneumatique a été ap-
pliquée aux différentes catégories de plaies exposées, que je vais faire con-
naître à l'Académie.
» Ces catégories sont jusqu'ici au nombre de quatre :
» Dans la première, sont comprises les plaies et les opérations chirurgicales
simples, c'est-à-dire qui n'intéressent que la peau et le tissu cellulaire,
telles que les grandes coupures, les incisions, les ablations de cicatrices
ou de tumeurs sous-cutanées, les extractions de corps étrangers des arti-
culations.
( 'oa9 )
« Dans la seconde catégorie, sont comprises les opérations graves, telles
que les amputations de membres et les plaies accidentelles de la même im-
portance.
» Dans une troisième catégorie, sont les plaies confuses avec ouverture
de la peau, les fractures compliquées simples, c'est-à-dire avec perforation
de la peau, les os simplement rompus.
» Dans une quatrième catégorie, sont les plaies par armes à feu, avec
dilacération et destruction des tissus, fractures comminutives et broie-
ment des os, plaies réunissant les plus graves complications des lésions
traumatiques.
» A. Parmi les faits appartenant à la première catégorie, je citerai :
» i° L'extirpation d'une tumeur fibreuse extrêmement douloureuse,
siégeant derrière la malléole interne d'une dame qui avait consulté dès
longtemps MM. Velpeau et Nélaton. L'enlèvement de la tumeur avait laissé
une excavation incomplètement recouverte par la peau. Après quatre jours
d'occlusion pneumatique, l'espace occupé par la tumeur était comblé, et
au huitième, la guérison était complète.
» 20 L'ablation de quatre brides cicatricielles de la main, suites de brû-
lures, chez l'enfant d'un employé de la Compagnie de Lyon : les plaies ré-
sultant des opérations pratiquées suivant ma méthode par déplacements de
cicatrices étaient complètement guéries après onze jours de traitement.
» 3° L'extraction de concrétions hydatiformes du poignet, chez un mar-
chand de vin du Vésinet, lequel avait reçu à plusieurs reprises et successi-
vement les conseils et les soins de MM. Velpeau, Nélaton et Laugier.
» L'opération, cpie l'on considère généralement comme une des plus
dangereuses de la chirurgie par les moyens ordinaires, a été faite en pré-
sence de MM. les docteurs de Ranse et Sales Girons. La plaie était com-
plètement cicatrisée le quatrième jour. Six semaines après, la tumeur s'étant
reformée, sous l'influence de quelques granulations restées dans la tumeur,
dût être réopérée. Le quatrième jour, la nouvelle plaie, pratiquée dans un
autre endroit du poignet, était complètement cicatrisée, et la seconde,
comme la première opération, n'avait donné lieu à aucun accident, à au-
cun symptôme d'inflammation suppurative.
» 4° Une opération semblable, mais pour une tumeur beaucoup plus con-
sidérable, siégeant au devant du poignet et datant de vingt-deux ans, fut
pratiquée par moi le 27 juin 18G6, à l'hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, en
présence de M. le Dr de Roubaix, chirurgien en chef, e! des autres chirur-
C. R., 1SG7, ae Semestre. ( T. LXV, N° 23.) x ^4
io3o )
giens de cet hôpital. Le troisième jour, la plaie était cicatrisée, et le cin-
quième jour, l'opéré quittait l'hôpital sans avoir éprouvé le plus petit accès
île lièvre, le moindre accident.
» 5° Toujours dans la même ealégorie, je citerai une dame belge qui
s'était présentée a la consultation de M. Maisomieuve, à l'Hôtel-Dien, et
que j'ai ensuite opérée en présence de cet habile chirurgien et de M. Mi Ilot,
interne de l'Hôtel-Dieu. Cette dame était atteinte depuis plusieurs années
d'un corps étranger du genou, très-douloureux, et qui l'empêchait de mar-
cher. L'extraction en fut faite à l'aide d'une incision directe : la guérison
était complète le septième jour.
» Je ferai remarquer cpie les trois derniers opérés de cette première ca-
tégorie avaient consulté bon nombre de chirurgiens, lesquels, parfaitement
convaincus des dangers inhérents aux opérations qu'ils auraient dû prati-
quer, avaient engagé les malades à temporiser et à recourir à des traite-
ments palliatifs.
» B. Parmi les faits appartenant à la seconde catégorie, je citerai trois
groupes d'amputations; des amputations articulaires (désarticulations), des
amputations de bras ou de jambe, et des amputations de cuisse.
» i° Les désarticulations, au nombre de deux, ont été pratiquées : une,
la désarticulation du gros orteil, par M. Michaux, professeur à l'Université
de Louvain ; l'autre, l'amputation partielle du pied, méthode de Chapart,
par M. de Rouhaix, chirurgien en chef de l'hôpital Saint-Pierre; l'une et
l'autre, traitées par l'occlusion pneumatique, ont également et très-rapide-
ment guéri, mais avec quelques particularités étrangères à la méthode, et
que ]'aurai à mentionner plus tard.
» 2° Deux amputations du liras et de la jambe, opérées par M. le Dr Mai-
sonneuve à l'Hôtel-Dieu, chez lesquelles la cicatrisation des plaies a suivi la
marche indiquée par la méthode, mais dont la première, chez un sujet
mort ensuite du choléra, a permis de constater, par la dissection cl 1 1 moi-
gnon, un résultat curieux, propre a révéler un nouvel ordre d'avantages
inhérents à l'occlusion pneumatique.
■> Chez cet opéré, M. le l)r Maisonneuve, a ma demande, et d'après les
expériences que j'avais faites sur les animaux, s'était abstenu de faire la
ligature des deux artères du membre, la radiale et la cubitale. Il s'était
borné a replier sur elles-mêmes, avec le moignon dans lequel elles étaient
comprises, les tU'u\ artères. A l'autopsie, au quinzième jour de l'opération,
elles furent trouvées complètement oblitérées. Cette méthode, qui m'a été
{ io3i )
suggérée par le besoin d'écarter des plaies soumises à l'occlusion pneuma-
tique Ions corps étrangers comme les ligatures, me paraît susceptible (rein-
appliquée à toutes les artères. Elle exempterait les amputations d'une
complication opératoire souvent longue et difficile, et qui n'est pas tou-
jours exempte d'inconvénients et même d'accidents.
» 3° Dans cette catégorie, je rappellerai une première et décisive appli-
cation de la méthode, une amputation de cuisse pratiquée par M. le Dr De-
marquay, à la Maison municipale de santé, et dont l'observation a déjà
figuré dans mon premier Mémoire, lu à l'Académie de Médecine le 6 fé-
vrier 1866. Chez cet amputé, la réunion s'est effectuée en sept jours sans
fièvre traumatique, sans inflammation suppurative, et il nous a été donné
d'observer de très-près le mécanisme physiologique de sa guérison. An
septième jour, la réunion des lambeaux était complète, moins le point
pour le passage des ligatures. L'appareil fut enlevé; mais, à la visite du
lendemain, on trouva les lambeaux éraillés dans une partie de leur circon-
férence; l'écartement était de 1 centimètre environ. On pouvait distinguer,
entre les bords écartés, le tissu cicatriciel sous forme de colonnes char-
nues, rougeàtres, homogènes, et ne laissant pas exsuder de liquide. Le
moignon fut replacé dans l'appareil, et le dix-huitième jour la plaie était
complètement guérie. Dans l'excellent ouvrage cpi'il a publié postérieu-
rement sous le titre de Traité de Pneumaioloqie médicale, M. le Dr Demar-
quay, faisant allusion à ce fait, l'a donné comme complément confirmatif
de ma méthode et de mes principes.
» Les autres amputations de cuisse, traitées par l'occlusion pneuma
tique, ont été pratiquées par M. Vanhouter, chirurgien de l'hôpital Saint-
Pierre de Bruxelles, et les dernières, par M. Maisonneuve, à l'Hôtel-Dieu
de Paris.
» L'amputé de M. Vanhouter était dans l'état de santé le plus déplo-
rable, affecté, depuis quatre années, d'une désorganisation du tibia. L'af-
faiblissement du malade était tel, au rapport de M. "Vanhouter, que le ma-
lade disait lui-même n'avoir plus deux heures à vivre. L'amputation, traitée
par l'occlusion pneumatique, n'a donné lieu à aucun accident de fièvre
traumatique. Huit jours après l'opération, la réunion était complète, à
l'exception du point pour le passage des fils, et au treizième jour l'appa-
reil pouvait être enlevé, et la réunion était complète et solide.
» Des six amputations de M. Maisonneuve, trois ont été traitées sous
mes yeux et avec mon concours; les trois autres, par le chirurgien de
l'Hôtel-Dieu, seul. Mais, depuis qu'il a eu la loyauté de reconnaître que ces
i34..
( io32 )
trois amputés l'ont été conformément à mes principes et à ma méthode, je
puis les considérer comme une confirmation de ceux cités plus haut; et la
question de priorité, un instant soulevée à cette occasion, est devenue
une simple question d'hospitalité. Sur ce terrain, je me plais à reconnaître
que mon savant confrère a toujours été de ceux qui ont rendu justice
à la méthode sous-cutanée et à toutes les déductions qu'elle a suggérées.
» Je ne puis me dispenser de m'expliquer ici sur l'insuccès cité par
M. Maisonneuve, et qui aurait été l'occasion de la méprise un instant com-
mise par mon savant confrère. Dans le cas dont il s'agit, les lambeaux de
l'amputation étaient trop longs, ainsi que je l'ai fait remarquer le jour
même de l'opération. Il en est résulté que la réunion, qui s'est faite immé-
diatement à la circonférence, a laissé au centre du moignon un espace creux
où s'est accumulée une grande quantité de liquides qui se sont altérés.
C'est la résorption de ces liquides qui a occasionné la mort. Lorsque les
lambeaux sont taillés de façon à ce que cet espace central n'existe pas, il
n'y a pas de vide, pas d'accumulation de liquides, le moignon est plein et
la greffe a lieu immédiatement dans toute l'étendue des surfaces de la plaie.
Pour prévenir d'ailleurs le retour de pareils accidents, je place, dans l'in-
térieur du moignon, un tube aspirateur, percé de trous, de verre ou autre
matière incompressible, lequel a pour objet de maintenir en communica-
tion incessante le centre du moignon avec l'intérieur de l'appareil. De cette
façon, l'aspiration s'exerce sans interruption sur les liquides épanchés au
centre du moignon, quoique l'affrontement complet des surfaces puisse
être retardé par une trop grande laxité des lambeaux.
» Au demeurant, les cinq amputations de cuisse pratiquées par
M. Maisonneuve ont été, comme chez les amputés de MM. Demarcpiav et
"Vanhouter, cicatrisées en peu de jouis, et elles n'ont donné lieu à aucun
symptôme de fièvre traumatique.
» C. La troisième catégorie des plaies guéries par l'occlusion pneuma-
tique comprend des cas de plaies pénétrantes des articulations, des plaies
contuses avec déchirures des chairs, et des plaies de la peau résultant de
fractures compliquées. Parmi ces dernières, je citerai le cas d'une femme,
qui, en se jetant par la fenêtre, s'est fracture le crâne, la cuisse, et s'est ou-
vert l'articulation du genou. Admise à l'hôpital Saint-Jean de Bruxelles,
elle y fut amputée de la cuisse par M. Rossignol, chirurgien en chef, et sou-
mise par M. le D' Buvs, pour la plaie pénétrante du genou et l'amputation,
à l'occlusion aspiratrice. La malade mourut le quatrième jour des suites
( io33 )
de sa plaie du crâne; niais la plaie résultant de l'amputation, presque com-
plètement réunie, n'avait pas suppuré, et la plaie de l'articulation du genou
élait fermée. La dissection du genou fit voir cpie la plaie articulaire était
tellement bien cicatrisée, qu'on en distinguait à peine des traces.
» Dans la même catégorie de faits, j'ai rapporté, dans mon Mémoire lu à
l'Académie de Médecine, le cas d'un enfant atteint d'une fracture compli-
quée de l'avant-bras avec issue des fragments du radius à travers une ou-
verture de la peau ; dès le troisième jour, la plaie cutanée était complète-
ment fermée, et la consolidation de la fracture s'effectua dans l'espace d'un
mois, comme si c'eût été une fracture simple.
» D. Je termine cette énumération rapide par un fait considérable, ap-
partenant à la quatrième catégorie, c'est-à-dire aux plaies par armes à feu,
avec dilacération et destruction des tissus, fractures comminutives et broie-
ment des os : celait montre la dernière limite des applications efficaces de
la méthode.
» Le 28 août 1 865, je fus mandé par dépèche télégraphique à Reims,
pour un négociant qui venait d'avoir la paume de la main emportée par
l'explosion d'une cartouche. La charge, en se frayant un passage avait broyé
les chairs, coupé les artères, dilacéré les nerfs et les tendons, et produit la
fracture comminutive des os. La peau, déchirée et retirée du dos de la
main, laissait à découvert les articulations, et l'ensemble de la main, hor-
rible à voir, ne présentait plus qu'une masse informe où l'on distinguait
à peine les doigts gonflés et déchirés. Après les premiers soins donnés
par MM. les DIS Galliet et Strappart, professeurs à lÉcole de Médecine de
Reims, les ligatures d'artères opérées, la plaie nettoyée et quinze sutures
exécutées, la main revêtue d'un pansement convenable fut introduite dans
l'appareil, celui-ci mis en rapport avec le récipient pneumatique, à 65 de-
grés. Le pansement avait duré de minuit à 3 heures. Aussitôt terminé,
le blessé s'endormit jusqu'à 7 heures du matin. A son réveil, il était
calme, n'avait éprouvé aucune apparence de fièvre, la main médiocrement
sensible.
» L'occlusion pneumatique fut régulièrement continuée par MM. Gal-
liet et Strappart. Je revis le malade huit jours après l'accident; il n'y avait
eu aucune apparence de fièvre, aucun accident traumatique; les parties
mortes, les liquides excrétés avaient passé dans le répicient pneumatique,
et les bourgeons charnus se montraient. Dès la quatrième semaine, la plaie
était comblée et de niveau avec la surface de la main. Le trente-cinquième
( io34 )
jour, la plaie, entièrement cicatrisée, n'offrait plus d'autres traces que les
lignes marquant les points de jonction des parties. Cinq mois après, le
sujet fut présenté à l'Académie de Médecine, el tout le monde a pu con-
stater que sa main avait l'aspect d'une main normale; la cicatrice, tres-
caractéristique de la méthode employée, offrait les apparences de la peau
naturelle.
» Tels sont les faits qui mettent en évidence les propriétés physiologiques
et les avantages pratiques de l'occlusion pneumatique appliquée au traite-
ment des plaies exposées, et qui marquent les limites de son efficacité. Sans
vouloir entrer ici dans beaucoup de détails sous ces deux rapports, il est
permis d'établir une grande division entre les résultats produits par la mé-
thode, et de les rapporter à deux ordres distincts.
» Dans les conditionsles plus normales, l'occlusion pneumatiqueproduil
la cicatrisation des plaies sans fièvre traumatique, sans inflammation sup-
purative, c'est-à-dire qu'elle réalise Yorgnnisalion immédiate sans le préa-
lable obligé de la suppuration. Telle est la première catégorie des résultats
qui lui sont propres.
« Dans des conditions moins favorables, comme lorsque la plaie a déjà
été quelque temps exposée, ou bien lorsqu'elle renferme des corps étran-
gers, ou enfin lorsqu'elle est compliquée d'états morbides antérieurs, elle ne
peut prévenir un certain degré d'inflammation suppurative; mais, en vertu
de l'aspiration continue qu'elle exerce, elle s'oppose à tout accident résul-
tant delà putréfaction et de la résorption des liquides altérés; et, dans
tous les cas, elle favorise et rend beaucoup plus rapide la cicatrisation ou
organisation consécutive des plaies.
• En terminant cette communication, que l'Académie me permette de le
lui faire remarquer : la méthode de l'occlusion pneumatique est une suite
de mes recherches physiologiques el chirurgicales commencées sous ses
auspices, il y a bientôt trente ans : c'est en quelque façon la conclusion
finale de ces recherches. Et pour lui prouver que ce travail n'est pas une
éclosion de circonstance, je lui demanderai très respectueusement de vou-
loir bien faire ouvrir un pli cacheté que j'ai déposé le 4 novembre 1 844-»
et où elle verra la véritable date de l'occlusion pneumatique par aspiration
continue. »
M. le Secrétaire perpétuel, conformément à la demande de M. Gué-
tin, procède à l'ouverture du pli cacheté déposé le 4 novembre i 844- E;'
( io35 )
Note qui y est contenue a pour titre « Perfectionnement de la méthode
de traitement des plaies par occlusion hermétique », et est conçue ainsi
qu'il suit :
« Quand on se borne à enfermer les plaies extérieures récentes ou sup-
purantes sous une membrane en baudruche, en caoutchouc ou en peau,
les gaz et les fluides fournis par la portion de peau et la plaie enfermées,
s'altèrent et empêchent la cicatrisation de s'effectuer régulièrement et im-
médiatement comme dans les véritables plaies sons-cutanées. La connais-
sance de ce fait m'a conduit à adapter à mon mode de pansement un appa-
reil à succion continue, destiné à aspirer les gaz et les liquides produits
entre la peau et la membrane qui la recouvre au fur et à mesure que leur
exhalation et leur suintement s'effectuent. A l'aide de ce perfectionnement,
il est possible de ramener le plus grand nombre des plaies découvertes aux
conditions des plaies sous-cutanées, et d'assurer aux premières les pro-
priétés et avantages dis secondes. »
M. Tue.mbi.ay donne lecture d'un nouveau Mémoire concernant le sau-
vetage maritime.
(Renvoi à la Section de Géographie et Navigation, à laquelle MM. Piobert
et Moi in sont priés de s'adjoindre.)
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
CHIMIE APPLIQUÉE. — Sur une modification à introduire dans le traitement des
pulpes de betterave. Note de M. Champonxois, présentée par M. Payen.
(Commissaires : MM. Boussingault, Payen, Pasteur.)
« Mes anciennes observations, dans ma longue pratique de l'industrie
sucriere, et surtout celles que j'ai puisées dans les applications diverses de
mon système de macération pour la distillerie, m'ont confirmé dans cette
pensée, qu'il était possible, en appliquant les mêmes principes qui servent
de base à la macération par les vinasses, de conserver à la pulpe, sinon la
totalité, au moins la majeure partie des matières extractives et azotées, et
même des sels entraînés ordinairement avec le jus.
» Un fait qui est à la connaissance de, tous les distillateurs, opérant la
macération au moyen des vinasses, c'est que dans le travail à l'eau, par
lequel on commence nécessairement la macération, on n'obtient jamais le
( io36 )
même rendement en alcool qu'avec l'emploi des vinasses; ce rendement
augmente avec la densité des vinasses, soit que cette densité résulte des
sels contenus dans la betterave, soit qu'elle provienne des sels ajoutés, du
sel marin, par exemple.
» D'autres analogies viennent aussi confirmer cette plus grande affinité
de la matière végétale pour telle substance plutôt que pour telle autre.
» Dans les fruits à l'eau-de-vie, ne voit-on pas le fruit s'assimiler de
préférence la partie alcoolique, tandis que le liquide ambiant reste beau-
coup plus sucré.
» Voici, d'après ces bases, les expériences qui ont été faites, à plusieurs
reprises, dans le laboratoire de MM. Périer et Possoz, et répétées plus ré-
cemment dans le laboratoire dn Conservatoire des Arts et Métiers, sous
les yeux de M. Payen, par MM. Champion et Pellet, ses préparateur et
élève.
» La quantité de betterave mise en œuvre a toujours été de Jeux kilo-
grammes. On a commencé par râper ces 2 kilogrammes, en y ajoutant
3o pour 100 d'eau ; la pulpe en a été pressée comme à l'ordinaire, et le jus
déféqué par la double carbonatation. Le jus, filtré au papier, a été con-
centré, avec addition de 1 pour 100 de noir fin, épuration qui est consi-
dérée comme équivalente à une filtration ordinaire, en fabrique sur gros
noir. Ce sirop a été concentré à 21 degrés Baume, filtré, et cuit à n5 de-
grés du thermomètre, puis mis a l'étuve pendant cinq à six jours, et, après
cristallisation, a été purgé de son sirop d'égout.
» Pour la seconde opération, comme pour toutes celles qui ont suivi, ce
sirop d'égout a été dilué dans environ 60 pour 100 d'eau du poids de la
betterave; cette solution chauffée au bairi-marie, et mélangée à la pulpe
de 2 kilogrammes de betterave, a été entretenue pendant dix à quinze
minutes, à la température de 70 à 80 degrés. Toute la masse a été press v
et traitée par les mêmes moyens de défécation, carbonatation, concentration
et cuite, que pour la première opération.
» Un caractère bien déterminé, et qui est aussi un indice de la bonne
qualité du travail, c'est que les sirops d'égout sont francs et sans saveur
désagréable, comme tous ceux de même nature qui proviennent du travail
ordinaire et des meilleures fabriques.
» Ce sirop est très-sec, aussi fluide que le sirop vert qui s'écoule des
raffinés, et la purgation en est très-rapide. Les moindres parcelles de ce
sirop, restant adhérentes à la capsule, après la cuite, cristallisent entière-
ment et en cristaux bien déterminés, ainsi que les sirops les plus riches.
( ro37 )
» Ne doit-on pas conclure de ces résnltats, qu'il y a en fixation des sels
dans la pidpe? autrement leur accumulation, après sept opérations succes-
sives, n'aurait-elle pas rendu la masse cuite presque incristallisable, et le
goût du sirop n'en eût-il pas été fortement affecté?
» Toutes ces expériences, répétées dans des conditions diverses : à la fin
de la dernière campagne, avec des betteraves conservées; au milieu de l'été,
avec des betteraves en pleine végétation, et enfin, récemment, an moment
de la grande fabrication, ont donné les mêmes résultats. N'est-on pas,
dès lors, fondé à espérer une réalisation pratique, industrielle de ce mode
de travail ?
» Avec le mode actuel de fabrication, le jus enlève, en albumine et en
sels, le double environ de la quantité retenue par la pulpe; toutes ces ma-
tières sont séparées par la défécation, ou restent dans les mélasses, et sont,
par conséquent, perdues comme matière alimentaire.
» Les pulpes obtenues par le nouveau traitement conservent, au con-
traire, toutes ces matières, et ont un poids bien plus réduit que la pulpe
ordinaire; elles peuvent donc, en retournant à la ferme, lui rendre les
principes alibiles, et notamment les sels, dont sont rapidement épuisées les
terres qui exploitent des betteraves, même quand on leur restitue la quan-
tité de pulpes ordinaires proportionnelle au poids des betteraves qu'elles
ont produites, car cette proportion ne correspond qu'au tiers, tout au plus,
des principes utiles que renfermait la betterave.
» L'intérêt agricole se trouve donc complètement satisfait, puisqu'on ne
laissera à la fabrique que le sucre, de même que par la distillation on n'y
laisse que l'alcool, toutes matières auxquelles on peut substituer, pour
Falimentation, des substances plus communes et de peu de valeur.
» L'intérêt industriel n'y trouve pas une moindre satisfaction; en effet :
» Par le recbargement continu des sirops, on supprime le travail des
bas-produits, lequel entraîne des frais et un outillage dispendieux, bacs et
citernes, et purgeries très-spacieuses, qui exigent un cbauffage continu poul-
ies maintenir à une température élevée.
» Le seul inconvénient que ce travail entraîne réside dans la proportion
d'eau qui est double environ de celle qu'on emploie ordinairement ; mais
l'augmentation de dépense qui en résulte, se traduit simplement en une
proportion de charbon que le calcul fait ressortir à i franc de plus par
i ,000 kilogrammes de betteraves, et en des dimensions un peu plus grandes
à donner aux appareils qui reçoivent les jus.
» Ces frais sont insignifiants, en comparaison de tous les avantages qui
G. K., 18(17, 2e Semestre. (T. LXV, N° 23.) ' *5
( io38 )
ressortiraient du nouveau travail, au point de vue des deux intérêts agricole
et industriel. »
MM. Eugène et Auguste Pelletier adressent un Mémoire sur la théorie
de la fabrication du chocolat.
(Commissaires : MM. Boussingault, Payen, Peligot.)
M. H. Meyer adresse, de Çharleston, la solution de quelques problèmes
indéterminés du premier degré.
(Renvoi à la Section de Géométrie.)
M. Dupuls adresse une Note relative à un effet particulier dû aux actions
capillaires.
(Commissaires précédemment nommés: MM. Fouille!, Regnault, Séguin
M. Brate adresse une nouvelle Note relative à la résolution des triangles
(Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
rectangles
M. Frémaux adresse deux nouveaux exemplaires, avec des corrections
manuscrites, de l'ouvrage qui a déjà été adressé par lui au mois d'avril
dernier pour le concours du prix Bréant.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
M. Sch.mitt adresse un complément à sa communication du iri octobre
dernier, sur le traitement du choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
CORRESPOND ANCE .
M. Séihllot écrit pour annoncer k l'Académie qu'il relire sa candidature
à la place laissée vacante dans la Section de Médecine et de Cbirurgie par
le décès de M. Velpeau.
M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi les pièces imprimées de la
Correspondance, une série de Cartes géographiques du sud et du nord de
( ro39 )
l'empire du Brésil, adressées par M. le Directeur du Bureau des Travaux
publics au Ministère de l'Agriculture, du Commerce et des Travaux publics
du Brésil, et transmises à l'Académie par M. L.-H. Castrioto.
« M. Le Verrier communique une Lettre qu'il a reçue de M. Gaillard,
de la Pointe-à-Pitre, en date du 22 novembre, et dans laquelle on lit ce cpii
suit :
« Le passage de la Terre dans le groupe d'astéroïdes a eu lieu le i4 au
» matin. Depuis la veille, jusqu'à 3 heures du matin, pas une étoile filante
» n'avait été aperçue; des nuages s'étant levés alors, nous pensions n'avoir
» plus rien à espérer, quand vers 5 heures, le ciel s'étant complètement
» éclairci, on vit des myriades d étoiles filantes parcourant le ciel en tous
» sens. Le plus grand nombre, près du "zénith, paraissaient s'enflammer
» dans les constellations du Cancer et du Lion. Malgré l'éclat de la Lune
» le spectacle était magnifique', et le phénomène n'a cessé de paraître que
» lorsque le jour a été complet.
» Le 18 de ce mois, vers 3bi8m de l'après-midi, nous avons ressenti à la
» Pointe-à-Pitre un faible tremblement de terre; il a duré deux minutes,
» au moins. On a constaté deux oscillations: l'une de l'est à l'ouest, l'autre
» du nord au sud.
» En même temps ce tremblement se faisait sentir de l'ouest au sud de
» l'île; la mer baissait de 2 mètres dans certaines localités et de 4 mètres
» dans d'autres, mettant à nu des fonds jusqu'alors constamment recouverts.
» En revenant la mer a occasionné de grands dégâts. Aux petites îles des
» Saintes, situées dans le sud de la Pointe-à-Pitre, et qui ne sont séparées
» de la Guadeloupe que par un canal d'environ 1 lieues de large, le
» flot a pénétré dans le bourg, renversé plusieurs maisons, et, en se re-
» tirant, a laissé à sec une quantité prodigieuse de poissons. Le va-et-vient
» de la mer a duré plus d'une heure, et chose curieuse, dans le port de la
<> Pointe-à-Pître, où le calme de la mer permet de reconnaître la moindre
» perturbation, c'est à peine si un faible gonflement s'est fait sentir.
» D'ici on voyait la soufrière de la Guadeloupe projetant une colonne de
». fumée blanche, qui s'élevait perpendiculairement à une grande hauteur,
» car le temps était fort calme. »
» L'observation d'un flux considérable d'étoiles filantes, le 14 au matin,
a été faite en d'autres points de l'Amérique, et notamment à l'Observatoire
de Washington. « L'apparition des météores de ce matin, dit M. l'Amiral
i35..
( io/jo )
Davis, a été la plus brillante qu'on ait contemplée dans ce pays depuis
la grande manifestation céleste du commencement de ce siècle — On a
marqué sur les cartes ii5 météores avant 4b3om du matin, moment où
ils vinrent à passer en nombre énorme; on compta 1000 météores dans
les vingt et une minutes qui s'écoulèrent entre 4hi4m et 4h35œ. Ensuite
il a fallu pour compter ioo météores les temps suivants : 2/jo, 33o, 335,
344» 423, 577, 63i, 1080 et 1200 secondes.
»> Lorsque l'on compta le premier mille, on essayait encore de dessiner
leur route sur la carte, ce qui en fit perdre un grand nombre. Il est pro-
bable que la moitié échappa; on peut donc estimer qu'il en tomba
deux mille en 1260 secondes. Le temps du maximum est de4h25m. C'est
environ deux heures plus tard que le temps indiqué par les observations
faites en Europe l'an dernier, ce qui montre que la position du courant
a éprouvé une légère déviation. Le point d'émanation [le radiant) a été
bien défini. Son ascension droite est de iohim, et sa déclinaison de
220 3o'.
» L'année prochaine l'apparition ne commencera qu'à 10 heures du
matin, temps moyen de Washington. On ne la verra que dans l'océan
Pacifique. Plusieurs météores étaient remarquables par leur éclat, et
laissaient une traînée brillante, qui généralement s'évanouissait au bout
de quelques secondes, et qui, dans un ou deux cas, dura quelques mi-
nutes. Les plus brillants et les plus nombreux venaient de la constel-
lation du Lion, qui était à environ 60 degrés au-dessus de l'horizon. Quel-
ques-uns venaient de la constellation du Petit-Chien (où se trouve l'étoile
Procyon) et de la cbevelure de Bérénice. La course des météores était
généralement nord-est; cependant on en a vu quelques-uns dispersés
dans d'autres directions. »
» D'après une Lettre de M Denzade l'Observatoire de Moncalieri, on n'a-
vait pas été plus favorisé en Italie qu'à Paris, et l'on en voit la raison qui
avait été prévue avec sagacité par M. Wolf. Dans l'un des précédents
Comptes rendus, nous avons fait remarquer, d'après M. Wolf, que le nom-
bre horaire des étoiles filantes venant de la constellation du Lion avait été en
croissant pendant la nuit du i3 au i4 jusqu'à 6 heures du matin; d'où
M. Wolf concluait que la rencontre de l'essaim d'astéroïdes par la Terre
avait pu n'avoir lieu que pendant le jour. Cette réflexion se trouve pleine-
ment, confirmée par les observations faites à la Pointe-à-Pître et à Washing-
ton x\n peu avant le jour. Il était alors 9 à 10 heures du matin à Paris.
<> A l'égard du tremblement de terre ressenti le 18 novembre et signalé
( io4i )
par M. Gaillard, on a appris que depuis cette date jusqu'à la fin du mois,
de nombreuses secousses se sont fait sentir en plusieurs îles de l'Archipel,
et notamment à Saint-Thomas. »
« M. Le Verrier dit quelques mots sur le coup de vent rpii a régné sur
la Manche, hier matin dimanche, 1 5 décembre, et qui n'a été que passager.
Ce coup de vent a été produit par une bourrasque dont le centre a passé au
nord des Iles-Britanniques. Les ports depuis Dunkerque jusqu'à Granville
ont été prévenus le samedi i/j, au matin, du passage de cette bourrasque. Le
soir du même jour une dépèche supplémentaire a confirmé l'arrivée du mau-
vais temps (dépèches de M. Rayet). »
HISTOIRE DES SCIENCES. — Observations relatives à la réponse faite par
M. Chasles à une communication précédente ; par M. G. Govi.
n Turin, ce i3 décembre 1867.
» C'est avec un sentiment de regret bien profond que j'ai In, dans les
Comptes rendus (p. 926), les deux mots de M. Chasles à mon adresse. Je ne
comprends pas comment il a pu découvrir une insinuation grave dans le
passage de ma Lettre qui l'a plus particulièrement frappé. J'y employais la
forme dubitative « je crois, » parce que je m'en rapportais à mes souvenirs,
et que la mémoire peut tromper. Et d'ailleurs, comment pouvais-je assurer
que la Lettre de Galilée, à laquelle je faisais allusion, fût encore entre les
mains de M. Chasles?
» Il s'agissait d'une Lettre authentique de Galilée, dont un mien ami
m'avait raconté dans le temps s'être dessaisi en faveur du savant académi-
cien. J'ai écrit à cet ami, et je viens de recevoir sa réponse. Mes souvenirs
n'avaient point été trompeurs, la Lettre de Galilée avait bien été donnée à
l'illustre géomètre ; elle était bien authentique, seulement elle n'avait d'au-
tographe que la signature. Cela fait que, si M. Chasles la possède encore,
elle ne pourra pas servir à une confrontation sérieuse avec les autres docu-
ments attribués à Galilée. J'ai même réfléchi, après avoir envoyé ma Lettre
à l'Académie, que, comme il s'agissait d'une pièce datée de 161 3, son écri-
ture, fût-elle tout entière de la main de Galilée (âgé alors de quarante-neuf
ans), ne pourrait guère être utilement comparée avec celle des Lettres
de 1641, écrites par un vieillard de soixante-dix-sept ans, presque aveugle,
comme il le dit lui-même dans les documents publiés sous son nom par
M. Chasles.
( I042 )
» Il sera maintenant facile de se convaincre que je ne faisais point d'in-
sinuation grave en parlant, sous forme dubitative, d'une Lettre de Galilée
que je croyais être et qui est probablement encore entre les mains de
M. Chasles, et (pie, si je doutais de quelqu'un et de quelque chose, c'était
de moi-même et de la fidélité de mes souvenirs.
» Je viens d'écrire dans ce sens, mais avec plus de détails, à M. Chasles,
et j'espère que, de sa voix autorisée, il voudra bien certifier l'exactitude dé
mes explications, qui ne sauraient porter d'ailleurs aucune atteinte, ni a
son honorabilité, pour laquelle j'ai le respect le plus profond, ni même aux
moyens de conviction qu'il pourrait vouloir invoquer à l'appui des ma-
nuscrits qu'il possède.
» Quant à l'erreur de fait également fort (/rave que M. Chasles me re-
proche, sans en rien dire davantage, j'attendrai, pour la reconnaître, qu'il
veuille bien me l'indiquer. Si toutefois il s'en rapportait, pour la prouver,
aux documents inédits qu'il possède, je croirais pouvoir me permettre de
n'accepter ce témoignage que lorsqu'il en aura démontré la parfaite au-
thenticité. »
physique DU GLOBE. — De la variation diurne solaire de UaiguilL
aimantée près de l'équateur magnétique ci dans différentes latitudes;
par 31. J.-A. Broun.
« L'Académie des Sciences s'est occupée autrefois de la variation
diurne de l'aiguille aimantée, et de la manière par laquelle cette variation
change en passant d'un hémisphère à l'autre. Les résultats suivants pour-
raient avoir quelque intérêt, étant dérivés de douze années d'observa-
tions faites, sous ma direction, près de l'équateur magnétique (;;, et
d'une comparaison de mes observations avec d'autres laites, pendant
plusieurs années, dans neuf observatoires différents (dont quatre entre les
tropiques).
» A Trivandéram, dans les quatre mois de novembre à février, la pointe
nord de l'aiguille marche depuis 7 heures du matin jusqu'à 1 heure ou
2 heures du soir vers l'est, retournant après ces heures-là jusqu'à 7 heures
du matin vers l'ouest. Ce sont les mouvements moyens pour chaque mois
qui sont considérés, et j'omets les oscillations secondaires.
» Dans les six mois d'avril à septembre, l'aiguille marche au contraire
(1) A Trivandéram, observatoire de S. A. le MaTia-Rajah de Travancore! Latitude, 8°3i'
nord; longitude, 5h 8m est de Greenwich.
( io43 )
vers l'ouest, depuis 7 heures du matin jusqu'à iah 3om, retournanl (excepté
entre 5 heures et 8 heures du soir) à l'est jusqu'à 7 heures du matin.
» Le passage de l'un de ces mouvements à l'autre a lieu en mars et
en octobre. Dans le mois de mars, l'amplitude de l'oscillation moyenne est
un minimum; en mars 1864, elle n'était que de 3 dixièmes de minute (o',3).
En octobre, la diminution de l'amplitude est moins grande qu'en mars,
sa plus petite valeur ayant été d'une minute (i',o) pour octobre 1857.
» Dans ces faits, on pourrait trouver une base pour une approximation
à l'idée, si longuement entretenue par feu Arago, d'une courbe sur la sur-
face terrestre où l'aiguille aimantée resterait à peu près stationnaire toute
la journée, limitant le fait à ces deux époques de l'année (mars et octobre).
La courbe alors est probablement l'équateur magnétique. Cette approxi-
mation est cependant moins marquée que les amplitudes données ci-dessus
l'indiquent, puisque les mouvements considérés sont les moyens de tous
les mouvements pour chaque jour du mois, et ces mouvements prennent
des formes très-variées, surtout dans le mois de mars, ayant souvent des
directions opposées dans deux jours consécutifs.
» Les mois d'amplitude maximum sont août et janvier ou décembre.
Quand on prend les moyennes des amplitudes pour chaque jour des mois
de maximum et de minimum pour les douze années (i853-64), on a :
Mois. Amplitude moyenne. Rapport à Mars.
Janvier 3,07 i,4g
Mars 2,06 1,00
Août 3,99 1,94
Octobre 2,27 r,io
» Afin de mieux comprendre les changements delà loi de variation, en
procédant d'une station à une autre, je supposerai les mouvements projetés
en courbes, où les maximums indiquent les positions extrêmes vers l'orient
et les minimums vers l'occident, et je considérerai ces points extrêmes un
à un, commençant toujours au nord et passant au sud.
» Les changements de la loi du mouvement paraissent se faire de trois
manières différentes :
» i° Dans les mois de novembre à février, le changement a lieu au nord
de l'équateur, entre 35 degrés nord et 12 degrés nord, dans un mouvement
qui est une combinaison des mouvements pour les hautes latitudes du nord
et du sud. Ainsi, dans les hautes latitudes du nord, un minimum secon-
daire se présente entre 2 heures et 7 heures du matin; ce minimum devient
( io/,4 )
le principal près de 3o degrés nord (latitude magnétique, 4o degrés nord),
et continue de l'être jusqu'aux plus hautes latitudes sud, arrivant dans l'hé-
misphère entre 8 heures et 9 heures du matin. Le minimum principal au
nord arrive bientôt après midi et disparaît assez soudainement vers l'équa-
teur magnétique (8°3o'nord). Entre ces deux minimums, un maximum
se développe, qui est le plus marqué entre les latitudes 40 degrés nord et
10 degrés nord.
» Le maximum principal, dans les hautes latitudes du nord, a lieu vers
10 heures du soir; la branche ascendante de la courbe, entre 1 heure et
10 heures du soir s'aplatit graduellement, avec quelques inflexions, en
allant vers le sud jusqu'à l'équateur, où le maximum arrive vers 2 heures,
et il arrive entre cette heure-là et midi dans l'hémisphère du sud.
» 20 Dans les mois de mai à septembre, le changement est peu marqué
entre 57 degrés nord et [\-x degrés sud ; il y a un déplacement du minimum.
Le maximum principal a heu vers 7 heures à 8 heures du matin, depuis
la plus haute latitude (nord) jusqu'au sud du cap de Bonne-Espérance; à
Hobarton (43 degrés sud), ce maximum devient secondaire. Le minimum
principal arrive vers 1 heure du soir à la plus haute latitude du nord, entre
cette heure et midi jusqu'à l'équateur, et entre midi et 10 heures du matin
dans l'hémisphère du sud. Un maximum secondaire se présente vers
6 heures à 10 heures du soir au nord, qui devient plus marqué en allant
au sud, arrivant graduellement plus tôt au sud de l'équateur, jusqu'à ce
qu'il devienne le maximum principal à Hobarton, vers 3 heures du soir.
» Dans ces mois, les courbes (pour l'aiguille librement suspendue dans
la direction de la force magnétique) s'emboîtent assez régulièrement : il y
a un déplacement des époques qui, pour le maximum principal , n'est plus
guère que d'une heure, et pour le minimum de trois heures, ce dernier
déplacement ayant lieu principalement au sud de l'équateur. Tout consi-
déré, on ne peut pas dire que la loi est intervertie entre les latitudes de
5y degrés nord et 43 degrés sud.
» Dans les mois de mars, avril et octobre, le changement de loi a lieu
approximativement dans un passage par le zéro de mouvement ou par une
quasi-extinction près de l'équateur magnétique. Ainsi, depuis 57 degrés
nord (Makerstoun) jusqu'à i3 degrés nord (Madras), le maximum a lieu de
8 heures à 9 heures du matin, et le minimum vers 1 heure du soir, tandis
qu'à Sainte-Hélène (i5 degrés sud) et au sud, ce sont les heures de mini-
mum et de maximum respectivement.
» Dans ce troisième changement de la loi, on retrouve l'idée d'Arago, et
( io45 )
dans le second quelque chose de la conclusion de M. de Tessati (i), seu-
lement sans qu'une véritable inversion ait lieu.
» Quand on examine les courbes représentant les mouvements hori-
zontaux moyens pour chaque mois de l'aiguille librement suspendue dans
la direction de la force magnétique, on peut aisément conclure que les ampli-
tudes ne sont pas égales partout sur le même méridien, comme M. deTessan
l'avait supposé probable (2), mais que l'amplitude est plus petite :
En janvier, à Simla, 3i degrés nord = 1 , 22
En février, à Madras, i3 degrés nord — 0,06
En mars, à Trivandéram, 8° 3o' nord — 0,7g
En avril, à Singapore, o degré — 1 , 1 3
En mai-août, depuis le cap de / ,
t> t? v tt u 34 degrés sud — A3 degrés sud. . . = 1,87
Bonne-Esperance à Hobarton, j ° t b >";
En septembre, à Singapore, o degré - 2 ,07
En octobre, à Trivandéram, 8° 3o' nord — i ,27
En novembre, à Bombay, 19 degrés nord. . . — 0,90
En décembre, à Simla, 3 1 degrés nord — o , 78
» Aussi l'amplitude est la plus grande :
En janvier, à Hobarton — 4 ,0
En février et mars, à Sainte-Hélène ou entre Sainte-Hélène et le cap île
Bonne-Espérance — 4 6
En avril-septembre, à Bombay ou à Madras, ou entre les deux stations. . — 4,1 à 5,4
En octobre, à Sainte-Hélène = 4, 1
En novembre et décembre, à Hobarton = 4 j '
» Ainsi, on peut tracer sur la surface terrestre deux courbes où l'ampli-
tude de la variation diurne de Y aiguille libre est un minimum et un maxi-
mum, deux courbes changeant de place avec l'époque de l'année entre les
latitudes de /jo degrés nord et 4o degrés sud pour le minimum, et de
4o degrés sud à 20 degrés nord pour le maximum, ces courbes d'oscil-
lation minimum et maximum passant l'équateur, l'une allant vers le
sud, l'autre vers le nord, près des équinoxes; la courbe de maximum fai-
sant un saut de Sainte-Hélène à Madras ou Bombay (mars, avril), et de
Bombay ou Madras à Sainte-Hélène (septembre, octobre). »
(1) Voyage sur la frégate la Vénus. — Physique, par M. de Tessan, vol. V, p. <f 17 et 461 ;
.844-
(2) Physique, vol. V, p. 461. — Voyage sur la frégate la Vénus,
C. R., 1867, 'Ie Semestre. (T. LX.V, Nu 2tf.) ' ^b
( io46 )
astronomie. — Taches solaires. Réponse aux dernières remarques de M. Faye,
Note de M. G. Kirchhoff, présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Je regrette d'avoir à revenir encore une fois sur la discussion qui
s'est engagée entre M. Faye et moi. Je suis surpris de lire dans le Compte
rendu de la séance du i\ octobre, dont je viens seulement de pouvoir
prendre connaissance, les conclusions que M. Faye tire de ma dernière
Lettre (i).
« Je tiens surtout, dit M. Faye, à constater devant l'Académie que
» M. Kirchhoff abandonne sa propre théorie des taches... Je m'applaudis
» donc de voir que M. Kirchhoff renonce à soutenir une théorie à Ia-
» quelle... C'était là le but que je me proposais principalement en soute-
» nant cette discussion. »
» C'est sans doute parce que je n'ai pas fait dans ma dernière Lettre de
nouvelles réserves au sujet de ma théorie, que M. Faye croit pouvoir dire
que j'y renonce. En réalité, dans une communication présentée à l'Acadé-
mie dans la séance du 4 mars, je me suis exprimé à cet égard si claire-
ment, qu'il semblait superflu d'ajouter quelque chose à ce sujet. Malgré les
déductions que M. Faye a faites dans les séances des 4 mars et 5 août, je
maintiens, sans aucune restriction, chacun des mots de ma communication,
et je suis convaincu que tout lecteur compétent et dépourvu d'idées pré-
conçues m'accordera son assentiment. »
CHliMlE ORGANIQUE. — Sur faction de Vacide liypocliloreux aqueux sur
l'essence de téiébenthine et sur le camphre. Note de M. C.-li. Wheeler,
présentée par M. Wurtz.
« I. Essence de térébenthine. — Quand, à une solution peu concentrée
d'acide hypochloreux ,on ajoute de l'essence de térébenthine, celle-ci prend
une coloration jaune, augmente de poids et vient former au fond du vase
un liquide visqueux qui est probablement un mélange d'essences bi et
trichlorées. L'eau retient en même temps un autre produit résultant de la
réaction et qu'on peut isoler en agitant la solution aqueuse avec de
l'éther qui le dissout et l'abandonne ensuite comme résidu, par la distilla-
tion, à l'état d'un corps neutre, sirupeux, jaunâtre, très-soluble dans l'éther
et dans l'alcool, un peu soluble dans l'eau. L'analyse fait voir que ce cora-
(i) Compte rendu du 14 octobre 1867.
( io47 )
posé est la dichlorhydrine de l'essence de térébenthine, C'° H18 Cl2 O2 :
Théorie.
Expérience
4g» 79
48,93
7.46
7,53
29,46
29,00
13,29
»
100,00
G" 1 20
H18 18
C1J 71
0; 3?
» Cette chlorhydrine ne peut être distillée sans décomposition; elle perd
dans ce cas de l'acide chlorhydriqne. L'acide azotique l'oxyde en produi-
sant une substance résineuse. Il est difficile, par les moyens ordinaires,
d'enlever tout le chlore que renferme cette dichlorhydrine; je n'ai pu le
faire qu'en traitant sa solution éthérée par le sodium pendant plusieurs
heures. J'ai obtenu ainsi un acide qui paraît être le composé C,0H,6O3;
mais le rendement a été trop faible pour me permettre d'en faire un exa-
men décisif.
» II. Camphre. — Camphre monochloré. — Lorsqu'on ajoute peu à peu
du camphre à une solution assez concentrée d'acide hypochloreux, il se
liquéfie, tombe au fond du liquide, et, après peu de temps, surtout par
l'agitation, il se prend en une masse qui présente l'apparence du camphre
lui-même. On obtient ce produit à l'état de pureté en le soumettant à deux
ou trois cristallisations dans l'alcool. C'est le camphre monochloré
C,0H15C10, ainsi que le monlre l'analyse :
O" 120
H" i5
Cl 35,5
O 16
Il se forme en vertu de l'équation
C'°H,6O + C,lHO = C,0rl,5ClO + H20.
» Le camphre monochloré est un corps blanc, indistinctement cristallisé,
soluble dans l'éther et dans l'alcool, presque insoluble dans l'eau; il cris-
tallise beaucoup mieux dans l'alcool étendu d'un peu d'eau que dans l'al-
cool absolu. Il fond à o,5 degrés et se décompose vers 200 degrés en émet-
tant des vapeurs d'acide chlorhydriqne. Son odeur et sa saveur rappellent
celles du camphre. L'acide azotique, même bouillant, l'attaque difficile-
ment. 11 est soluble à la température ordinaire dans l'acide sulfurique con-
i36..
Théorie.
Expérience,
64,35
64,54
8,07
8,18
i9,o3
18,70
8,58
"
100,00
Théorie.
Expérience.
-1,43
71,02
9,5a
9,36
19,05
»
( T048 )
centre'" et se sépare de nouveau par addition d'eau. Sa solution alcoolique,
traitée à l'ébnllition par l'azotate d'argent, donne du chlorure d'argent.
Traité par l'ammoniaque, à 121 degrés, le camphre monochloré donne du
sel ammoniac et un dérivé soluble dans l'eau.
» Oxycamphre. — Le camphre monochloré, traité par une solution al-
coolique de potasse vers 80 degrés pendant six à huit heures, fournit des
produits qui ne contiennent plus de chlore; ces produits sont au nombre
de deux, peut-être de trois; mais jusqu'à présent, je n'ai réussi à isoler avec
certitude que l'un d'eux, l'oxycamphre, qui se précipite par l'addition d'eau
à la solution alcoolique ; on l'obtient à l'état de pureté après plusieurs
cristallisations dans l'alcool. Soumis à l'analyse, ce composé a donné les
résultats suivants :
C10 120
H' 16
O1 32
100,00
Sa formation s'explique par l'équation
G,0H,6ClO + ROII =C,0H,6O2 4- KC1.
» L'oxycamphre cristallise en aiguilles blanches solubles dans l'alcool,
insolubles dans l'eau, fusihles à 1 3y degrés; on peut le sublimer sans dé-
composition; cette sublimation peut se faire en le distillant avec de l'eau. 11
possède une odeur et une saveur analogues à celles du camphre. Les cris-
taux obtenus par sublimation sont très-beaux et souvent assez volu-
mineux.
» L'oxycamphre est un isomère de Yncide camplùnique que M. Berthelot
a obtenu par l'action d'une solution alcoolique de potasse sur le camphre
dans un tube scellé chauffé à 180 degrés. Il n'en a pas donné d'analyse,
mais il rend compte de sa formation par l'équation suivante :
2(C,0H,6O) + KOH = C,0H,8O + C,0H,5R02.
Camphre. Bornéol. Camphinale de
potasse.
» D'après cette, méthode, j'ai obtenu, outre le bornéol, un composé
demi-solide ayant tous les caractères de l'acide camphinique décrit par
M. Berthelot. Sa dessiccation était très-difficile; aussi les analyses ont-elles
toujours accusé un peu trop peu de carbone :
( i°49 )
Théorie. Expérience.
C" 7I,43 no,5o
H'8 9>9! 9'5a
O- 19, o5
Le camphinate de plomb forme une poudre blanche insoluble qui a donné
38,77 f'e pl°I11D » la formule en exige 38, 26 pour 100.
» On voit, par ce qui précède, que, dans le cas du camphre, on obtient
un produit de substitution, le camphre monochloré C'"Hl5ClO, tandis
que l'essence de térébenthine donne naissance à un produit d'addition
directe avec l'acide hypochloreux
Cl ) H10 ) ri2
C,0H'6 -f- % O = C10H,8Cl2O2 ou C'°
H \ W- )02
» Il est très-probable qu'avec le camphre il se forme également un pro-
duit d'addition restant dissous dans l'eau, mais en quantité très-petite; ce
composé se décompose au-dessous de 100 degrés en perdant de l'acide
chlorhydrique.
» Dans l'action de l'acide hypochloreux Cl HO, les produits d'addition
sont, en général, les moins abondants; ce sont les produits de substitution
qui dominent. M. Cari us est arrivé à des résultais analogues avec la benzine ;
car, en partant de ce corps, il a obtenu par cette action la chlorhydrine
correspondante, en même temps que beaucoup de benzine monochlorée
(Zeitschrift fur Cliemie, 1866, p. 67).
» J'espère, en opérant sur de plus grandes quantités de camphre ou en
modifiant le mode d'action, arriver à obtenir ce produit d'addition en
quantité assez considérable pour me permettre d'en faire une étude plus
complète. J'ai également l'intention de faire agir HClO sur le camphène
inactif de M. Berthelot isomère du térébenthène, dans l'espérance d'obtenir
une dichlorhydrine cristallisée.
» T^es relations chimiques des corps dont il vient d'être question peuvent
être mises en évidence par les formules suivantes :
11
Térébenthène, camphène C10 H'°.
Camphre-oxycamphène C" Hl60.
Oxycamphre-dioxycamphène C'"HIC O2 = C" ,„„> ! O.
Acide camphinique Cl0H"cO° = (C'Hl5)CO,OH.
Camphre monochloré C" H'5 CIO.
Dichlorhydrine du térébenthène. . . C" H" C1'0!.
» Ces recherches seront continuées au laboratoire de M. Wurtz. »
( io5o )
GÉOLOGIE. — Sur les phénomènes volcaniques observés aux Açores ; par
M. Fouqué. Troisième Lettre à M. Ch. Sainte-Claire Deviile. (Extrait.)
« Horta (île de Fayal), 27 novembre 1867.
» Pendant le mois qui vient de s'écouler, j'ai fait une étude atten-
» tive des deux îles de Pico et de Fayal, et les ai parcourues pas à pas. J'ai
» commencé par faire l'ascension du pic. Parti à trois heures du matin, à
» pied, du bord de la mer, j'étais, à onze heures et demie, au sommet du
» cône terminal. Pendant la matinée, le temps était couvert; mais, peu
» d'instants après mon arrivée au sommet, il s'est subitement éclairci : de
» telle sorte que j'ai pu jouir tout à mon aise de la magnifique vue que
» l'on a de la cime du pic. J'ai recueilli le gaz qui se dégage au fond
» du petit cratère terminal; c'est de l'acide carbonique, avec une trace
» imperceptible d'acide sulfhydrique. J'ai constaté une température de
» 82 degrés. Le gaz est mélangé d'une proportion considérable de vapeur
» d'eau et aussi d'une grande quantité d'air ; mais je crois que ce mélange
» d'air tient surtout à ce qu'il est impossible de recueillir à l'état de pureté
» le gaz provenant des entrailles du sol, à cause des vides qui existent entre
» les gros blocs pierreux entassés au fond du cratère. Malgré tous mes
» efforts pour obtenir le gaz le plus pur possible, le mélange que j'ai re-
» cueilli ne contient que 8 pour 100 d'acide carbonique.
»» Quand vous êtes monté au sommet du pic, vous aurez, sans doute, été
» frappé comme moi de la disposition de cette enceinte à pic qui entoure
» le cône central, et aussi de l'aspect singulier des laves qui en couvrent le
» fond. Je voulais photographier tout cela; mais j'avais à peine installé
» mon appareil, que je me suis trouvé de nouveau enveloppé dans la brume,
» et il a fallu renoncer à l'idée d'obtenir une épreuve.
» Ce qui m'a bien étonné au sommet de la crête circulaire qui entoure
» le pic vers le sud et l'ouest, c'est la richesse des laves en cristaux de
» peridot. et de pyroxène et l'énorme dimension de ces cristaux, dont plu-
» sieurs ont 2 et 3 centimètres de longueur. Le groupement des cristaux
» de feldspath, que je n'ai vu semblable nulle part ailleurs, me paraît aussi
» fort remarquable.- Vous aurez sans doute été frappé comme moi de ces
» groupements disposés sous forme d'étoiles à huit rayons. J'ai cru plu-
» sieurs fois voir ces cristaux de feldspath munis des stries caractéristiques
» du sixième système cristallin; mais j'ai plus de confiance dans une ana-
» Use pour déterminer la nature de ce feldspath, que dans mes yeux armés
( ,o5. )
» de là meilleure loupe. Je me réserve doue à plus tard pour affirmer
» quelque chose à cet égard.
« Toutes ces laves contournées et bizarrement tordues, qui couvrent les
» pentes est, sud et ouest de la montagne, n'y présentent très-probablement
» qu'une faible épaisseur; et voici ce qui me porte à adopter cette idée.
» A la fin de mon séjour à Pico, je suis remonté au sommet du pic du côté
» nord, et j'ai été tout surpris de ne trouver que des lapilli et des scories.
» En arrivant près de l'escarpement à pic qui termine la montagne de ce
» côté, on voit que cet escarpement seul est formé par une couche de lave
» compacte d'une dizaine de mètres d'épaisseur, qui forme comme le plan-
» cher de l'enceinte circulaire du plateau du sommet. Les pluies de l'hiver
» entraînent constamment les lapilli sous-jacents, de sorte que cette lave
» fait saillie du côté septentrional du pic comme une sorte de corniche, et,
» de temps en temps, quand la saillie devient trop prononcée, le poids de
» la roche surplombante en amène la rupture, et les blocs détachés roulent
» très-loin sur la pente. On les rencontre à plus de iooo mètres au-dessous
» de leur point d'origine. La coupe de la montagne, que l'on observe du
» côté nord, montre donc, de toutes parts, la lave recouvrant le sol sous
» une épaisseur relativement fort petite, et je ne puis que m'associer à
» l'opinion de Hartung, lorsqu'il pense que le pic de l'île de Pico est en
» grande partie formé de lapilli et de déjections plus ou moins fines. Les
» laves ne constituent à la surface qu'une sorte de manteau ouvert du côté
» nord.
>> J'ai quitté le sommet du pic à trois heures de l'après-midi, et à neuf
» heures du soir, j'étais de retour à Arealarga.
» Le lendemain matin, j'ai commencé mon excursion autour de l'île.
» J'ai mis quinze jouis pour faire cette tournée; j'ai non-seulement par-
» couru la côte, mais traversé plusieurs fois la chaîne centrale. Sur cette
» chaîne ou lombo, comme on l'appelle ici, on rencontre une série de
» cônes d'éruption, dont la situation est assez exactement figurée sur la
» carte anglaise. Les laves qui en sont sorties sont toutes, sans excep-
» tion, très-riches en péridot; mais c'est surtout dans la partie occiden-
» taie de l'île et dans les éruptions modernes que ce minéral abonde.
» La Caldeira de Santa-Barbara, située au nord-est de la ville de Lagens,
» me parait être le point central de l'île et le lieu d'une division naturelle
» entre les deux régions de l'est et de l'ouest. Cette Caldeira a l'apparence
» d'un vaste cirque elliptique, ouvert vers le sud-ouest. On y distingue deux
» parties situées à deux niveaux différents; c'est pourquoi ou la divise en
( I052 )
» haute et basse Caldeira. Une lave de couleur foncée peu cristalline, dis-
» posée en bancs horizontaux mal définis, en forme les parois et constitue,
» vers le nord-ouest, une chaîne qui se prolonge au sud-ouest jusqu'à la
» mer. Le pic Topo, qui s'élève comme un coin au milieu de cette chaîne,
» me paraît d'origine plus récente, la lave qui le forme étant beaucoup
» plus péridotique et riche en gros cristaux de pyroxène. »
» Après avoir donné le résultat sommaire de ses observations sur deux
autres Caldeiras moins importantes et signalé un grand nombre de galeries
souterraines dans les laves de cette île, particulièrement dans la lave de 1 720,
l'auteur de la Lettre ajoute :
« J'aurais beaucoup d'autres choses à vous dire de Pico; mais ces détails
» seront mieux placés dans le travail que j'aurai à faire sur cette île, et que
» je vous prierai de présenter à l'Académie. Je vais maintenant vous dire
» quelques mots de Fayal.
» La Caldeira de Fayal est fort curieuse ; c'est une grande cavité circu-
» laire complète, de 3oo mètres de profondeur, dont les parois sont pres-
» que à pic. Le diamètre en est d'environ 2 kilomètres. On y trouve vers
» le sud, dans la composition de sa paroi, une masse de trachyte à divi-
» sions verticales, ayant l'apparence d'un amas conique. Tout le reste de
» l'enceinte est formé par des assises peu épaisses, horizontales, de lave
» plus ou moins cristalline et très-feldspathique. Les pentes extérieures sont
» recouvertes d'une épaisseur considérable de lapilli et de cendres, que les
- eaux pluviales ont sillonnée de profonds ravins, principalement vers le
» nord, et, au-dessus de tout cela, s'étend une couche de pierre ponce d'en-
» viron 1 mètre ou 2 de puissance, que l'on retrouve à la surface de l'île
» tout entière. Cette pierre ponce renferme de nombreux cristaux de feld-
» spath et de fins cristaux d'amphibole. Je ne doute pas que, d'après ce que
» l'on peut observer aujourd'hui, la Caldeira de Fayal n'ait constitué pri-
» mitivement une montagne conique comme Pico, et que toute sa partie
» centrale n'ait été projetée par l'explosion qui a recouvert l'île de pierre
» ponce. Il existe, dans l'intérieur de sa cavité, un petit cône muni d'un
» cratère, mais ce petit cône est évidemment d'une formation bien posté-
» rieure à celle de l'enceinte de la Caldeira. »
» Dans l'impossibilité de reproduire ici les remarques que contient la
Lettre de M. Fouqué sur la Serra de Caboco, sur celles de Riùeiriitlta, à'Es-
palamaca, et sur plusieurs autres chaînes trachytiques ou .semi-trachyliques
de l'île de Fayal, nous nous bornons à citer les passages suivants :
» La pierre ponce forme presque partout la couche la plus superficielle
( ro53 )
» du sol. 11 n'y a que certaines roches très-péridotiques, et particulière-
» ment celles de l'éruption de 1672, à Capello, qui soient évidemment pos-
» térieures.
» La partie de l'île qui forme la pointe avancée de Capello est fort cu-
» rieuse à voir à cause de la multiplicité et de l'alignement régulier des
» cônes de scories qui la traversent de l'est à l'ouest. 11 y a évidemment là
» une grande déchirure du sol, qui se rouvre de temps en temps, en donnant
» lieu à des éruptions dont la dernière et l'une des plus terribles a été celle
» de 1672.il y a eu deux temps très-distincts dans cette éruption : dans le
» premier, le siège principal des explosions se trouvait être le cône appelé
» Pico do Fogo, et les laves sortaient d'une éminence déchirée irréguliè-
» renient à sa surface et située immédiatement à la base de ce pic vers
» l'ouest. Dans le second temps, l'éruption s'est transportée plus bas, con-
» fermement à la loi remarquable de Carlo Gemrnellaro, et un nouveau
» cône s'est formé au pied oriental d'un ancien cône désigné sur la carte
» anglaise sous le nom de Pico do Fonte. Les laves sorties à la base de ce
» dernier foyer se sont surtout répandues vers le nord : elles sont superpo-
» sées à celles qui viennent du Pico do Fogo.
» A la pointe sud-est de l'île, près de la ville de Horta, il existe aussi
» plusieurs cônes de scories. Le plus à l'est de tous, le Pico-Guia, est formé
« de couches de tuf identiques d'aspect à celles du mont Brazil à Terceira,
» et je ne doute pas que l'eau de la mer n'ait joué le plus grand rôle dans
« sa formation. Je suis surpris qu'on n'y ait pas encore trouvé de fossiles,
» bien qu'il y ait plusieurs carrières exploitées dans ce tuf. Le mont Guia
» à Fayal et le mont Brazil à Terceira sont, à mon avis, deux cônes formés
» dans des conditions toutes différentes de celles qui ont présidé à la for-
» mation de la plupart des cônes volcaniques.
» Je termine cette Lettre à San-Miguel, où nous arrivons seulement au-
» jourd'hui a décembre. Nous avons eu une tempête affreuse dans le port
» même de Terceira, les navires à voile y ont été brisés comme du verre
» contre les rochers; il a fallu nous sauver au loin à toute vapeur. »
STATISTIQUE. — M. Bienaymé, en présentant à l'Académie le Compte rendu
statistique de V Administration des hôpitaux de la villa de Rome pour l'an-
née 1 865, s'exprime comme il suit :
« Le P.Secchi, notre savant Correspondant, m'a chargé de présenter à
l'Académie le « Compte rendu statistique de l'Administration des hôpitaux
C. R., i8(i;, 2e Semestre. (T. LXV, P.0 28.) ' J7
( io54 )
de la ville de Rome pour Tannée 1 865 (i) ». La partie principale de ce vo-
lume est une statistique médicale très-détaillée qui offre par mois, ou par tri-
mestre, tous les renseignements que l'on exige aujourd'hui des statistiques de
celte espèce. Elle parait ressembler beaucoup aux tableaux statistiques que
publie l'Administration de l'Assistance publique de Paris, dont deux volumes
ont déjà paru. Il serait à désirer que le rapprochement des tableaux de ces
deux publications importantes pût être rendu complet et facile malgré la
différence du langage. Ce qui achève de donner du prix à la publication
romaine, c'est un résumé historique très-curieux de la fondation du grand
établissement de bienfaisance qui porte le nom de Santo Spirito in Sassia, et
des vicissitudes plus ou moins favorables qu'il a subies depuis 1204, époque
où le créa Innocent III. C'est à cette date que remonte la fondation de
l'assistance des enfants exposés en Italie. En France, l'hospice de Dijon
conserve encore un acte d'un pape, qui règle le service des enfants trouvés,
et qui ne doit pas s'éloigner de la même date. Le Compte statistique des
hôpitaux de Rome fait honneur à M. de Cinque Quintili, secrétaire de la
Commission, sous la direction de laquelle ces hôpitaux ont été réunis il y a
peu d'années, et qui est présidée par Monsignor Ach. M. Ricci. »
M. Hoppe écrit de Bâle pour demander à l'Académie que l'ouvrage pré-
cédemment adressé par lui, ouvrage écrit en allemand et ayant pour titre :
« La logique complète », soit soumis à l'examen de l'un de ses Membres.
L'ouvrage sera adressé à M. Regnault pour en faire, s'il y a lieu, l'objet
d'un Rapport verbal.
M. E. Lorenz adresse une Note concernant une Méthode rationnelle
de conservation de la viande, question que l'auteur croit avoir été proposée
pour l'un des prix décernés actuellement par l'Académie.
On fera savoir à l'auteur que ce sujet n'a pas été proposé comme question
de concours; quant au procédé qu'il a employé, il sera sommis à l'examen
d'une Commission, s'il juge à propos d'en faire l'objet d'un travail complet
adressé à l'Académie.
M. II. Coun soumet au jugement de l'Académie un ouvrage écrit en
allemand et contenant les résultats de l'examen des yeux de 10060 élèves
d écoles.
Cet ouvrage sera adressé à M. Claude Bernard pour en faire, s'il \ a
lieu, l'objet d'un Rapport verbal.
(1) Resoconto statistico per l'anno 1 865, degli Ospedali ut Roma, in-folio.
( io55 )
M. Falb adresse une Noie relative à quelques questions d'astronomie.
Cette Note sera soumise à l'examen de M. Delaunay.
M. Gangneux adresse quelques photographies de fossiles recueillis dans
les environs de Royan.
La séance est levée à 5 heures et demie. E. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance du 1 6 décembre 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Le Pandrnamomètre, appareil propre à déterminer le travail mécanique pro-
duit par un moteur ou consommé par une machine; par M. G. -A. Hiiiis. Paris,
1867; br. in-8°. (Présenté par M. Combes.)
Fies des Savants illustres; par M. Louis FiGUIER. La Renaissance. Paris, 1868;
1 vol. grand in-8°, illustré. (Présenté par M. Cloquet.)
De l'imperméabilité de l'épithélium.vésical: Thèse présentée à la Faculté de
Médecine de Strasbourg, par M. J.-J.C. SusiNi. Strasbourg, 1867. 1 Pré-
senté par M. Ch. Robin pour le concours des prix de Médecine et Chi-
rurgie, 1868.)
L'intelligence des animaux , par M. E. Menault. Paris, 1868; 1 vol. in-12.
(Présenté par M. Blanchard.)
Recherches expérimentales et cliniques sur la cause prochaine de iépilepsie;
par M. V. Poulet. Paris, 1867; br. in-12.
Indicateur planétaire, ou Recueil de tables calculées dans l'hypothèse du
mouvement elliptique cl fournissant, du Ier janvier 1 865 au Ier janvier 1900,
la dislance angulaire du Soleil aux planètes principales, évaluée en ascension
droite; par M. Ch. Girault. Caen, 1867; br. in-8".
Du choléra au point de vue de la contagion; par M. Léon Rieux.
Lyon, 1867; br. in-8°.
Recherches sur les générations spontanées et sur la matière, ses propriétés
et ses lois; par M. M.-H. Deschamps. Paris, 1867; br. in-8°. (Présenté par
M. Cloquet.)
Dix-sept années de pratique aux Eaux-Bonnes; par M. E. Cazenave de la
Roche. Paris, 1867; in-8°. (Adressé au concours des prix de Médecine et
Chirurgie.)
( 1"'
Souvenirs de Lavoisier dans le Blésois,- par M. A. DuprÉ, bibliothécaire de
la ville de Blois. Blois, 1867; br. in- 12.
Resoconlo... Comptes rendus statistiques pour /'année i865 des Hôpitaux de
Rome dépendant de la Commission instituée par Sa Sainteté N.-S. le Pape
Pie IX. Rome, 1866; in-folio. (Présenté par M. Bienaymé.)
Recherches sur les yeux de 10060 écoliers, avec des indications pour l'amé-
lioration de l'installation des écoles, dans ce qu'elle peut avoir de nuisible pour
la vue; par M. H. Cohn. Leipzig, 1867; 1 vol. in-8° relié.
Anatomie. . Anatomie de la puce de chien, avec un coup d'œil rétrospectif
sur diverses espèces et différents genres; par M. L. LâNDOIS. Dresde, 1866;
in-40 avec planches. (Adressé au concours Thore, 1868.)
PUBLICATIONS PERIODIQUES RECITES PAR l' ACADEMIE PEXDAXT
LE MOIS DE NOVEMBRE 18G7.
Répertoire de Pharmacie; octobre et novembre 18G7; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; n° 22 et a3, 1867; in-8°.
Revue des cours scientifiques; nos 49 à 53, 18G7 ; in-4°.
Revue îles Eaux et Forêts; n° 11, 18G7; in-8°.
Revue maritime et coloniale; décembre 1867; in-8°.
Revue médicale de Toulouse ; n° 11, 18G7 ; in-8°.
Société d'Encouragement, Résumé des procès-verbaux, séance des 23 octobre
et 8 novembre 1867; m-8°.
Société impériale de Médecine de Marseille, Bulletin des travaux; n" 4.
octobre 1867 ; in-8°.
The Scieutific Review ; n° 20 et 21, 1867; in-4°.
ERRATA.
(Séance du 2 décembre 18G7.)
Page 954, ligne 1 1, au lieu de Peirese, lisez Peiresc.
Page 954, ligne 17, au lieu de par Galilée, lisez de Galilée.
Page 954, ligne 23, au lieu de ne lui attribue guère, lisez ne lui attribue pas.
Page 954, ligne 38, au lieu de n'en parlent guère, lisez n'en (lisent rien.
Page i)55, ligne 22, au lieu de pour un grand nombre, lisez par un grand nombre
Page 955, ligne a5, au lieu de montre, lisez rencontre.
Page 955, ligne 26, au lieu de ritrovandomi, lisez ritrovandosi.
Page 957, ligne 6, au lieu de n'v songea, //.ver ne s'y rangea.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SÉANCE DU LUNDI 25 DÉCEMBRE 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE LACADÉM1E.
M. le Président fait part à l'Académie de la perte douloureuse qu'elle
vient de faire dans la personne de M. Poncelet, décédé le 9.2 décembre.
M. le Président de l'Institut informe l'Académie que la première
séance générale trimestrielle de 1868 aura lien le mercredi 8 janvier, et
la prie de vouloir bien désigner l'un de ses Membres pour la représenter,
comme lecteur, dans cette séance.
« M. Balard demande la parole à l'occasion de la lecture du procès-
verbal de la séance précédente; il regrette qu'en insérant la Lettre du
P. Secchi dans le Compte rendu on y ait laissé quelques insinuations qui,
selon lui, n'auraient pas dû y trouver place. M. le Secrétaire perpétuel, à
qui la Lettre était adressée, avait lui-même voulu les supprimer, et il ne
les a conservées que pour satisfaire au désir formel exprimé par M. Chasles,
de voir la Lettre reproduite dans tout son entier. M. Balard espère que son
éminent confrère M. Cbasles lui permettra de dire que son désir de voir
la discussion rester absolument libre lui a fait pousser la délicatesse trop
loin.
» M. Balard rend, du reste, au P. Secchi la justice de croire que, dans
C. R., 1867, Ie Semestre. (T. LXV, N» 26.) 1 38
.o58 )
cette circonstance, il a plutôt répété quelques bruits vagues qui s'étaient
produits autour de lui qu'exprimé une opinion réfléchie. Si quelques per-
sonnes qui n'ont jamais vu la collection de M. Chasles ont pu dire que
quelques-unes des pièces qu'il a produites semblaient avoir été faites pour
corroborer les précédentes, cette opinion ne pouvait naître dans l'esprit
du P. Secchi, qui, admis chez M. Chasles, a pu a plusieurs reprises manier
et examiner les documents qu'il possède, et s'assurer qu'ils présentent tous
les caractères de manuscrits anciens. Quelque opinion qu'on ait à l'égard
de ces pièces, soit qu'on les regarde comme vraies, soit qu'on les prenne
comme l'œuvre d'un faussaire qui aurait imité tant d'écritures diverses et
coordonné tous les documents avec une habileté infernale, il n'en est pas
moins évident pour tous ceux qui ont vu ces Lettres qu'elles ne datent pas
d'hier. M. Balard avait vu déjà dans la collection de M. Chasles quelques-
unes de ces pièces avant que son confrère eût été amené à leur donner de
la publicité par suite d'une discussion, sans laquelle elles seraient restées
longtemps encore dans les cartons, à côté de bien d'autres aussi anciennes
qu'elles. Plus d'une fois, exprimant à M. Chasles quelques-uns des doutes
que ces questions soulèvent naturellement dans tous les esprits, il l'a vu
prendre immédiatement dans sa collection une Lettre qui répondait a ces
objections.
» L'Académie sait bien, mais il n'y a peut-être pas de mal à le redire,
avec quelle confiance M. Chasles communique ses autographes ; il ne se con-
tente pas de les laisser examiner et étudier chez lui, il les livre aux savants
qui veulent les scruter de plus près et les laisse circuler au dehors il en
envoie à l'étranger à ceux qui veulent les comparer avec leurs propres
pièces, et dans le cas où, l'une d'elles lui paraissant plus précieuse, il ne
voudrait pas l'exposer aux chances de la voir égarer, il la multiplie par la
voie de la photographie, et la lait parvenir à tous ceux qu'elle intéresse.
Que peut-il faire de plus?
» \I. Balard espère que la nécessité de soutenir cette polémique inces-
sante ne détournera pas M. Chasles du projet de publier tous ses docu-
ments, comme il l'a promis à l'Académie. Elle attend avec impatience que
la totalité des documents qui intéressent la question soulevée avant été
publiée, on puisse rechercher la vérité avec l'espérance de la trouver. Or
la chose n'est pas possible tant que la discussion restera limitée dans la
série de petits cercles spéciaux où l'enferme chacun îles documents parti-
culiers qui viennent à se produire. Il pense que l'Académie elle-même
devrait mettre fin a cette discussion qui, ainsi restreinte, ne peut aboutir
( '°59 )
à rien, et de décider que dorénavant, enregistrant la réception des pièces
qui lui seront envoyées sur ce sujet, elle ne les insérera plus dans les Comptes
rendus jusqu'à ce que la publication dont s'occupe M.ChasIes soit. terminée.
Les documents étant connus dans leur ensemble, la discussion aura alors
une base solide, et amènera, dans un sens ou dans l'autre, des convictions
qui ne peuvent se former aujourd'hui. Les Académies sont instituées pour
rechercher la vérité; mais l'Académie des Sciences ne pourrait être accusée
de manquer à cette mission si, pour un temps limité, elle refusait d'in-
sérer dans ses Comptes rendus, dont tant de pages ont déjà été consacrées
à ces débals, des documents qui pourraient aisément trouver ailleurs un
genre analogue de publicité. »
« M. Le Verrier se fait un devoir d'adhérer aux remarques de M. Ba-
lard sur l'ensemble des pièces possédées par leur confrère M. Chastes.
Lorsqu'il a présenté des objections au nom de M. Grant, ou bien en son
nom personnel, il en a quelquefois entretenu M. Chasles, et son confrère
n'a pas hésité à lui communiquer à l'avance des pièces dont il ferait usage
quand cela deviendrait nécessaire. Aussi M. Le Verrier est-il convaincu
que le P. Secchi n'a point eu l'intention de dire autre chose, sinon que
les documents n'étaient produits qu'à mesure des besoins de la discussion,
ce qui ne pouvait être autrement.
» A l'égard delà discussion elle-même, M. Le Verrier verrait des incon-
vénients à ce que l'Académie y mît fin 'Y autorité , mais il est tout à fait d'avis
avec M. Balard qu'il est à désirer que le débat se limite. Les savants qui
veulent bien écrire à l'Académie connaissent nos Comptes rendus, et ils
doivent à l'Académie et à eux-mêmes de ne pas reproduire des arguments
auxquels M. Chasles a déjà fait une réponse, que chacun est libre de trou-
ver bonne ou insuffisante. Les convenances exigent que ceux qui n'auraient
rien de neuf à nous communiquer veuillent bien s'abstenir. »
Un Membre de l'Académie fait observer que le P. Secclu étant Corres-
pondant de l'Académie, le Secrétaire perpétuel ne pouvait réduire sa Lettre
à un simple extrait.
M. Élie de Beaumont déclare que, comme Secrétaire perpétuel, il exé-
cutera toujours ponctuellement les décisions de l'Académie; mais il ajoute
que, dans son opinion personnelle, il serait convenable de n'apporter au-
cune entrave à une discussion qui se rapporte à des questions scientifiques
i '^8..
( io6o )
importantes, et ne saurait être mieux placée que dans le sein de l'Académie
des Sciences.
Après une discussion à laquelle prennent part successivement MM. Élie
de Beaumont, Combes, Balard, Chasles, Faye, Regnault, Le Verrier, la
proposition de M. Balard, mise aux voix par M. le Président, n'est pas
adoptée par l'Académie.
ASTRONOMIE. — De la nécessité de transporter l'Observatoire impérial Iwrs de
Paris; par M. Y von Villarceau (i).
« Dans la communication faite par M. Le Verrier à l'Académie ,
séance du 1 1 novembre 1867, notre illustre confrère a présenté la question
du déplacement de notre principal établissement astronomique, comme
résultant d'incompatibilités entre les exigences des travaux de l'Observa-
toire et les projets d'embellissements de la ville de Paris.
» Il serait assurément regrettable qu'une question de cette importance
n'eût pas été agitée plus tôt, s'il avait été possible de recueillir, dans les pre-
miers temps, tous les éléments d'une bonne solution. Les méthodes d'ob-
servation, la construction et l'établissement des instruments, l'influence des
circonstances locales, tels étaient les principaux éléments à considérer.
Pour ne rien laisser de douteux dans les conclusions, il fallait consulter
l'expérience, et cela a nécessairement exigé du temps.
» On ne s'étonnera pas que la question du déplacement de l'Observa-
toire surgisse seulement à l'heure qu'il est, si l'on veut bien se rappeler
l'emploi qui a été fait des treize dernières années : les premières de cette
période ont été employées à l'amélioration des anciens instruments; plus
tard, la construction d'instruments nouveaux a provoqué la création d'un
atelier de construction des grands appareils astronomiques; enfin, pendant
les six dernières années, des instruments méridiens portatifs ont été installés
dans des stations présentant de grandes variétés sous le rapport de la con-
figuration et de la nature du sol, de l'altitude, du voisinage de la mer ou
des rivières.
» Je viens demander à l'Académie la permission de lui présenter le
résultat auquel m'a conduit une expérience de vingt-deux ans consacrés,
tant a la construction et à l'emploi des instruments astronomiques, qu'à leur
(1) L'Académie a décidé que celte communication, bien que dépassant les limites régle-
mentaires, serait reproduite en entier au Compte rendu.
( io6i )
installation dans des conditions très-variées. Je m'efforcerai d'écarter toute
question de l'ordre (jurement administratif.
» L'Observatoire de Paris est une des plus utiles créations de l'Académie.
Pour cette seule raison faudrait-il en réclamer le maintien dans l'emplace-
ment qu'il n'a cessé d'occuper depuis sa fondation? Personne assurément
ne voudrait le soutenir. De toutes nos institutions, l'Académie des Sciences
est peut-être celle qui s'est toujours montrée la plus favorable au progrès
des connaissances humaines : elle provoque, par tous les moyens qui sont en
son pouvoir, le perfectionnement des appareils et des méthodes scienti-
fiques. Jusqu'à ces dernières années, elle a conservé dans ses collections
les instruments qui ont joué un rôle important dans l'histoire de la science;
mais elle n'a, en aucun cas, prétendu en perpétuer indéfiniment l'usage,
par respect de la mémoire des savants qui les ont inventés ou employés.
Qu'il me soit permis ici d'assimiler un observatoire à un appareil scienti-
fique : un observatoire est effectivement une collection de tels appareils;
les instruments, les piliers, les murailles, le sol environnant doivent être
considérés comme un ensemble. Or, les diverses parties de cet ensemble,
auxquelles il faut joindre les constructions ou plantations existantes dans
un certain rayon, exercent des influences diverses sur les travaux d'obser-
vation, les unes dans un sens favorable, les autres dans un sens nuisible.
L'Académie ne verra donc, dans l'examen d'un projet de déplacement
de l'Observatoire, qu'un travail rentrant complètement dans les attribu-
tions de ceux de ses Membres qui s'intéressent aux questions astrono-
miques.
» A diverses reprises, les astronomes qui ont illustré l'Observatoire de
Paris ont fait entendre des réclamations, soit au sujet des constructions, soit
au sujet de l'emplacement : ne voulant pas les reproduire ici, je me borne-
rai à emprunter quelques lignes au Rapport de la Commission chargée,
en i853, d'examiner les améliorations qui pourraient être apportées dans
l'organisation scientifique et administrative de l'Observatoire de Paris (i).
« La situation de l'Observatoire au sein delà capitale, dans une atmo-
» sphère viciée et sur un sol agité, est un inconvénient auquel échappent
» et l'Observatoire de Greenwich et celui de Saint-Pétersbourg, de-
» depuis qu'on l'a rebâti, il y a quinze ans, à quatre lieues de cette der-
(i) Voir le Moniteur universel, n" du 3 février i854-
( 1062 )
» mère ville. Les trépidations du sol sont incompatibles avec l'emploi
» d'instruments dont la première condition est la stabilité; et le funeste
» effet de ces ébranlements extérieurs se fait d'autant plus sentir, qu'on
» amplifie davantage le pouvoir grossissant des instruments, et qu'on les
» place sur des constructions plus élevées.
» Si la Commission ne demande pas la translation de l'Observatoire,
» c'est qu'elle espère que les inconvénients signalés pourront être atténués
» ou détruits par quelques dispositions bien conçues, prises soit à l'inté-
rieur même de l'établissement, soit dans le voisinage de son périmètre,
» où il sera nécessaire de macadamiser les rues. Toutefois, comme rien ne
» saurait remédierai! défaut de transparence de l'atmosphère, elle fait re-
» marquer que l'abandon du grand bâtiment central, si improprement
» appelé l' Observatoire, ne causerait aucun regret aux amis de l'astronomie.
» L'imagination du public a beau y voir le sanctuaire de la science, la
» vérité est qu'on n'y a jamais fait d'observations suivies. Cette masse 1110-
» numentale est même si complètement impropre à un tel office, que son
» seul emploi a consisté jusqu'ici à servir d'habitation aux astronomes, et
v Dieu sait comment on est parvenu à pratiquer quelques logements incom-
» modes et insuffisants dans ce donjon, dont les épaisses murailles ne se
» prêtent pas plus aux exigences de la vie domestique qu'à l'installation
» des instruments de précision....
» Enfin , la Commission estime que l'état actuel des logements affectés
» aux astronomes observateurs n'est pas acceptable. Il faut leur assurer,
» clans le voisinage <le leurs instruments, une habitation décente et salubre.
» Les réduits informes qui leur sont affectés ne remplissent ni l'une ni
» l'autre de ces conditions. »
» La Commission espérait que les inconvénients signalés pourraient être
atténués ou détruits par quelques dispositions bien conçues, prises, soit
dans l'intérieur de l'établissement, soit dans le voisinage de son périmètre.
Toutefois, elle laissait les observateurs aux prises avec les difficultés prove-
nant du défaut de transparence de l'atmosphère : rien ne peut, en effet, sup-
pléer à ce défaut de transparence. Quant aux dispositions dont il s'agit et
qui se rapportent aux observations faites par réflexion au moyen d'un
bain de mercure et intéressent plus particulièrement la détermination si
importante de la direction de la verticale, voyons jusqu'à quel point les
espérances de la Commission ont pu être réalisées. Les dispositions prises
à l'origine, pour éviter les vibrations de la surface du mercure, n'avaient
rempli leur but que très-imparfaitement; on pourrait même dire qu'elles
( jo63 )
étaient des plus propres a assurer la propagation des vibrations : elles
consistaient à isoler le bain de mercure, du parquet de la salle méridienne,
en le faisant porter par les piliers des cercles muraux. Or, il a été reconnu
depuis, qu'il suffit de poser simplement le bain de mercure sur le parquet
lui-même, pour diminuer considérablement les vibrations. Dans cette cir-
constance, le mouvement imprimé au parquet, par une personne marchant
dans le voisinage du bain, a bien pour résultai de faire osciller les images
réfléchies, mais il ne les fait pas disparaître. Ainsi, les mouvements vibra-
toires ne sont pas transmis : cela tient aux nombreuses solutions de conti-
nuité que présente l'assemblage des feuilles de parquet. A cette nouvelle
disposition intérieure, complétée par l'emploi des vases circulaires, d'après
les remarques du colonel Hossard, ont été associées des dispositions [irises
à l'extérieur : les rues avoisinantes ont été macadamisées. L'expérience a
appris, sous ce rapport, que ce ne sont pas en particulier les mouvements
des voitures autour de l'Observatoire, qui gênent le plus, dans les observa-
tions par réflexion, mais la circulation qui a lieu, sur une bien plus grande
échelle, dans les autres quartiers de Paris. En effet, à l'époque où la rue
Saint-Jacques était empavée, si l'on observait le Nadir, le matin de très-
bonne heure, il était facile de constater que chaque cahot, produit par une
lourde voiture de carrier, déterminait une disparition instantanée de l'image
des fils, après laquelle l'image reparaissait immédiatement. La disparition
de l'image des fils, pendant un certain temps, exigeait donc que les cahots se
succédassent, sans intermittence, durant le même temps. Or, ce résultat était
réalisé, pendant le jour et une grande partie de la nuit, par la circulation
dans les autres quartiers de la ville; car, le soir, par exemple, la circula-
tion des lourdes voitures cessait dans la rue Saint-Jacques, et le bain de
mercure était néanmoins agité. C'est donc principalement la trépidation
produite par les voitures, à une assez grande distance de l'Observatoire,
qui trouble d'une manière permanente la surface du mercure. Voici une
autre preuve de la propagation des vibrations à grande distance. Etant à
Ihuikerque, installé à plus de i5oo mètres des bords de la mer, j'ai toujours
rencontré de plus grandes difficultés à observer le Nadir, même aux heures
où la circulation des voitures avait cessé, que dans d'autres stations beaucoup
plus éloignées de la mer : les jours où la mer était forte coïncidaient avec les
vibrations les plus prononcées du bain de mercure. Aces causes il faudrait
peut-être ajouter les bruits d'une grande ville. En effet, lorsque j'obser-
vais à Brest, sur le glacis des fortifications, à un peu moins de 800 mètres
de la cathédrale, j'ai constaté que chaque coup de cloche déterminait une
( io64 )
disparition instantanée de l'image des fils, dans l'observation du Nadir .
près de la même station et dans les fossés des remparts, des militaires étaient
venus se livrer à l'exercice de la trompette; or, pendant tout le temps de
ces exercices, il était absolument impossible d'observer le Nadir (j'ai dû
recourir à l'intervention du commandant de place pour me débarrasser de
ce voisinage incommode). Parmi les bruits de tonte nature qui se font
constamment entendre le jour et de très-loin, dans une grande ville, n'en
est-il donc pas qui puissent faire vibrer la surface du mercure , comme il
arrive avec les sons musicaux?
» Quoiqu'il en soit, les observations nadirales sont souvent impossibles
pendant le jour, dans la salle méridienne de l'Observatoire de Paris : il
m'est arrivé quelquefois d'attendre plus de dix minutes, sans réussir à dis-
tinguer les images réfléchies des fils, et de ne les apercevoir qu'un temps
insuffisant pour en effectuer le pointé. Le Nadir ne peut guère être observé
d'une manière satisfaisante qu'à partir de i heure du matin.
» S'il n'est pas absolument certain que les bruits de Paris empêchent de
voir les images produites par réflexion sur le bain de mercure, on ne con-
testera pas, du moins, qu'ils n'empêchent d'entendre les battements des pen-
dules à certaines dislances dépendantes de la finesse de l'ouïe des obser-
vateurs. Parmi ces bruits, il en est de fort gênants, ce sont ceux des
cloches. On lit à ce sujet, dans les Annales de l'Observatoire de Paris, t. I,
p. 20 : « Les cloches beaucoup trop nombreuses dans le voisinage immé-
» diat de l'Observatoire, troublent aussi les observations, et notamment
» celles du Soleil, à midi, en empêchant d'entendre les battements de la
» pendule. » J'ajouterai que ces inconvénients n'ont fait qu'augmenter,
depuis quelques années, avec le nombre des établissements religieux qui
sont dans l'usage de sonner des cloches et qui se sont fixés autour de
l'Observatoire.
» On ne peut pas songer à supprimer les inconvénients des trépidations et
du bruit, en remplaçant l'emploi du bain de mercure par celui du niveau
à bulle d'air et recourant à l'enregistrement électrique du temps. H fau-
drait, pour cela, que les cercles muraux fussent établis de manière à rece-
voir l'application des niveaux, chose incompatible avec ce genre d'instru-
ments, et l'on se priverait ainsi du secours d'un précieux appareil : enfin
il est impossible actuellement de renoncer en toutes circonstances à l'es-
time du temps; aucun directeur d'observatoire n'y voudrait consentir.
>» Passons maintenant à des considérations d'un ordre plus élevé. Dans
( io65 )
son Rapport sur l'Observatoire de Paris, M. Le Verrier expose « combien la
» précision des observations importe à l'avenir de la science. » Extrayons
seulement des belles pages qu'il a écrites sur ce sujet, les lignes sui-
vantes (i) :
« Il serait certainement peu grave en soi, que nos Tables fissent erreur
» d'une demi-seconde sur le temps du passage d'un astre au méridien, si,
» au point de vue scientifique, l'importance de cette erreur ne résidait dans
» son degré de certitude, bien plus que dans sa grandeur. Tout écart
» décèle une cause inconnue et peut devenir la source d'une découverte.
» Si ces écarts devaient grandir considérablement avec le temps, nous
» pourrions, il est vrai, attendre leur entier développement, pour lire avec
» plus de sûreté, dans leur marche progressive, la cause qui les produit.
» Mais nous laisserions ainsi à nos neveux le soin de perfectionner la
« science et l'avantage de connaître de nouvelles vérités. En outre, cer-
» taines actions étrangères peuvent se manifester par des effets toujours peu
» sensibles, et si nous dédaignions ces effets, la cause dont ils dépendent
» nous resterait éternellement inconnue Nous souhaitons vivement
» que, dans ce champ de luttes pacifiques, la France se porte au premier
» rang et soutienne sa vieille renommée scientifique. Qu'on le sache toute-
» ibis, l'entreprise est grande et difficile, et mieux vaudrait s'abstenir,
« plutôt que de la tenter avec des demi-moyens qui conduiraient inévila-
« blement à un échec. »
» Ainsi s'exprimait M. Le Verrier il y a quatorze ans, et rien, dans sa
dernière communication ne porte à supposer qu'il ait changé d'avis.
» Pour faire sentir la grande importance qui s'attache à la précision,
prenons un exemple dans la détermination des positions des étoiles dites
fondamentales. C'est à ces étoiles que l'on rapporte les positions des autres
étoiles, des nébuleuses, du Soleil, de la Lune, des planètes et des comètes ;
or ces astres sont loin d'être absolument fixes, comme le nom d'étoiles fixes
semble l'indiquer : il importe de mesurer avec soin leurs déplacements. Le
mouvement annuel s'obtient en divisant l'espace décrit dans un temps
donné, par la durée de ce temps; dès lors, ne voit-on pas immédiatement
que le temps nécessaire pour obtenir un degré de précision, dans l'évalua-
tion du mouvement annuel d'une étoile, est en raison inverse du degré de
précision des observations employées? S'il est nécessaire aujourd'hui d'at-
tendre cinquante ans pour obtenir un résultat, il suffira de vingt-cinq ans,
(i) Annales de V Observatoire de Paris, t. I, p. 10.
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 26.) I 3o,
( io68 )
qoo valeurs de la latitude obtenues au Cercle de Gambey, pendant six années
(i856 janvier i, à 1 86 1 décembre 3i); les excès des résidtats mensuels sur
la moyenne générale se présentent comme il suit :
Janv.
Févr.
Mars.
Avril.
Mai.
Juin.
— o",a3
- o",o6
— o",o3
— o",o3
+ o",io
+ o",u;
Juillet.
Août.
Sept.
Octob.
Novemb.
Décemb.
H- o",25
+ o",i6
-t-o",i3
- o>7
— o",ii
- 0",27
» D'après cela, il existerait une différence de près d'une demi-seconde,
entre les latitudes observées en janvier et en juillet! Si une telle différence
était réelle, il y aurait à rechercher les erreurs de la théorie du mouvement
de rotation de la Terre, qui n'accuse aucune période annuelle ; mais la va-
riation observée à Paris n'a encore été signalée, à notre connaissance, par
aucun autre observatoire. C'est donc dans les influences atmosphériques et
locales qu'il en faut rechercher la cause. Malheureusement la grande diffé-
rence dé la constitution de l'atmosphère, au nord et au sud de l'Observa-
toire, ne peut laisser aucun espoir d'éclaircir cette difficulté, tant que l'on
persistera à en conserver l'emplacement. Aussi, ai-je pu dire, sans rencon-
trer de contradicteur, en présentant à l'Académie un Mémoire sur la lati-
tude de Saiiit-Martin-du-Tertre (i) : « Nos propres essais nous donnent la
» conviction que l'on n'obtiendra la vraie latitude de Paris, qu'en s'instal-
» lant successivement , à quelque distance de la ville, dans deux ou trois
» localités où les constructions et les arbres n'opposeront aucun obstacle
« à la libre circulation de l'air, et rattachant, par des triangles, les positions
» des stations à l'Observatoire impérial. »
» Si, des observations méridiennes, nous passons à celles qui se font aux
équaloriaux, nous rencontrerons des difficultés plus grandes encore. L'é-
quatorial de la Tour de l'Ouest, dont l'objectif a om,3o5 d'ouverture et
5m,25 de foyer, est construit pour recevoir des grossissements allant jusqu'à
goo et peut-être 1000 fois. Or, il m'est souvent arrivé, pendant les belles
soirées d'été, de ne pouvoir y appliquer utilement des grossissements de
200 à 3oo fois, tant les images étaient ondulantes; les ondulations diminuaient
graduellement et permettaient d'employer, graduellement aussi, des grossis-
sements de 3oo à 4oo fois, et finalement, c'est-à-dire au lever du Soleil,
5oo fois; jamais je n'ai pu réussir à utiliser un grossissement de 600 fois.
Voici ce qui se passe dans ces circonstances : les murs de la tour, échauffés
(1) Comptes rendus, t. LXIV, p. 564-
( Io69 )
par la chaleur du jour, élèvent la température de l'air qui les environne;
l'air ainsi échauffé forme des nappes ascendantes, au travers desquelles se
font inévitablement les observations : l'effet nuisible de ce courant ascen-
dant diminue évidemment avec l'excès de sa température.
» Alors que nous sommes ainsi limités dans nos moyens d'observation,
les astronomes de Russie emploient, à Dorpat et à Poulkowa, des grossisse-
ments de 600 à 800 fois et exceptionnellement de 1000, i5oo et même
2000 fois. On se rappelle une belle comète qui est restée visible en 1861,
pendant six mois. Eh bien, cette comète est restée invisible à Paris, dans le
dernier mois, tandis qu'en Grèce, avec une lunette beaucoup moins puis-
sante que la nôtre, on continuait encore à l'observer. La cause principale
de notre insuccès était évidemment due à l'illumination des vapeurs dissé-
minées dans l'atmosphère, par les nombreux becs de gaz qui brûlent tout
autour de l'Observatoire.
» Quand je suis entré à l'Observatoire en 1846, la partie de l'atmosphère
illuminée par l'éclairage de Paris ne s'étendait guère qu'à 6o° de hauteur;
je l'ai vue graduellement atteindre et dépasser le zénith vers 1 858 , et je
prédis alors à M. Le Verrier que désormais on ne découvrirait plus aucune
comète télescopique à l'Observatoire de Paris : ma prévision s'est jusqu'ici
réalisée. Aujourd'hui les chances de découvertes de ce genre sont absolu-
ment nulles, puisque l'horizon entier de l'Observatoire est envahi, tant par
l'éclairage de la ville et de ses anciens faubourgs, que par la fumée des
usines environnantes.
» Les considérations qui viennent d'être présentées, et qu'il serait inutile
de résumer, prouvent surabondamment la nécessité de rechercher un em-
placement plus favorable, pour y transporter l'Observatoire. Dans cette re-
cherche, je pourrais invoquer les notions déjà acquises à la science; je pré-
fère, pour plus de brièveté, recourir à ma propre expérience, qui, du-reste,
les confirme pleinement. Parmi les nombreuses stations où j'ai fait des
opérations astronomiques depuis six ans, tant en France qu'à l'étranger,
j'en distingue trois, sous le rapport de la précision que j'y ai obtenue dans
la mesure des azimuts en particulier : ce sont les stations de Brest, de Rodez
et de Saint-Martin-du-Tertre. Je cite en particulier les azimuts, parce qu'ils
comprennent à la fois les observations faites sur les étoiles et celle d'une
mire méridienne ou les observations à l'horizon. La détermination des azi-
muts a présenté, dans ces stations, une précision tout à fait exceptionnelle,
et telle, que des écarts de os,02 à o\o3 semblent devoir être attribués, plutôt
( 1070 )
à un dérangement dans les piliers de mire, qu'aux erreurs des observations.
Or, ces stations se distinguent des antres par les circonstances suivantes :
leurs altitudes relatives sont prononcées, pas d'obstacles à la libre circula-
tion de l'air dans le sens des vents dominants, grande dépression du terrain
entre les piliers de mire ou entre la station et un signal éloigné, absence de
grands murs en contre-bas de la station ou de grands bois dans le voisinage.
Quant aux autres stations, où les azimuts n'ont pas atteint un si haut de-
gré de précision, la déclivité du terrain était à peine sensible vers le sud,
ou même dirigée dans le sens opposé (Dunkerque, Talmay, Carcassonne,
Lyon, Saligny-le-Vif). A Strasbourg, le mur extérieur des fortifications
était en contre-bas de la station, du côté sud. En ce qui concerne la nature
du sol, j'ai constaté, à Dunkerque et à Saint-Martin-du-Tertre, que le sable
fin et homogène que l'on y rencontre à une faible profondeur, constitue
une excellente assise pour la fondation des piliers d'un instrument astro-
nomique.
» De l'exposé de ces faits, il est facile de conclure qu'il est avantageux
de choisir un point culminant, tel qu'un plateau peu étendu, que l'on puisse,
au besoin, dégager des arbres et des maisons qui s'y trouveraient. A quel-
ques centaines de mètres, et du côté sud préférablement, devrait se pré-
senter un autre point culminant d'altitude peu différente (à défaut de cette
sommité, il faudrait pratiquer une dépression de quelques mètres de pro-
fondeur entre les piliers des mires méridiennes). Parmi les diverses loca-
lités qui rempliraient ces conditions, on devrait donner la préférence à celle
dont l'altitude absolue serait la plus grande, afin d'échapper aux couches
atmosphériques inférieures qui sont le plus chargées de vapeurs. Il faudrait
éviter le voisinage immédiat des villes, des rivières et des grands bois, et
celui des bords de la mer; accepter ou même préférer les terrains de sable
homogène, comme moins susceptibles de propager la chaleur que les
rocheë et autres terrains compactes.
» Telles sont les règles qu'il paraît utile d'appliquer dans le choix d'une
localité, quand la circonscription territoriale à explorer est donnée. Il reste
à définir la circonscription à laquelle doit appartenir l'Observatoire de
Paris. Le soin de présenter une pareille définition peut sembler superflu;
cependant il n'est pas inutile de prévenir les objections.
» Les grandes capitales en Europe, aussi bien que celles d'un assez
grand nombre de petits États, possèdent des observatoires astronomiques.
Depuis longtemps déjà, les plus importants de ces établissements ont été
relégués hors des enceintes des villes, mais à des distances qui permissent
( I°7I )
encore aux astronomes de fréquenter les Académies et les Facultés, les bi-
bliothèques et les ateliers de construction. Tels sont ceux de Poulkowa,
Greenwich, Bogenhausen, par rapport à Saint-Pétersbourg, Londres,
Munich. Ainsi, les principaux observatoires d'Europe sont établis dans
les capitales ou leur voisinage : il en est de même dans les autres parties du
monde. Cet état de choses a sa raison d'être, dans l'abondance des ressources
de toute nature qu'offrent les capitales, et il se perpétuera nécessairement.
Le sort des observatoires principaux est inévitablement lié à celui des cen-
tres principaux de l'activité humaine.
» Le principal observatoire de France ne peut donc être établi ailleurs
cpie dans le voisinage de la capitale. Bien que le climat de Paris ne soit
peut-être pas le plus favorable des différents climats de la France, on peut
cependant affirmer qu'il n'est pas inférieur à celui des principales villes de
Russie, d'Angleterre et d'Allemagne; les observations faites à Saint-Martin-
du-Tertre prouvent qu'il permet d'atteindre une haute précision. On sait
d'ailleurs qu'un seul observatoire ne peut suffire aux besoins de l'Astro-
nomie, et l'on peut prévoir le moment, peut-être très-prochain, où la
France possédera un certain nombre d'observatoires astronomiques. Mais
l'Observatoire de Paris sera évidemment la pépinière où viendront se former
et se recruter les astronomes des observatoires de province.
)> Nous sommes ainsi conduits à rechercher, tout près de la capitale,
quelques localités remplissant les conditions énoncées plus haut.
» Ici la considération des vents dominants restreint notablement le
champ des explorations : les venls dominants sont ceux de l'ouest et du
sud. Pour échapper à l'atmosphère viciée de la ville de Paris, il faut donc
éviter de s'établir à l'est ou au nord ; on aurait d'ailleurs à l'est le voisinage
de la Marne, au nord celui de la Seine : du côté de l'ouest, on rencontre
deux fois le cours de la Seine; au sud-est on retrouve la Seine et la Marne.
Ce n'est donc que dans les directions comprises entre le sud et l'ouest-sud-
ouest, que l'on peut espérer de trouver des emplacements convenables.
» En consultant la Carte du Dépôt de la Guerre à l'échelle du 400i00., on
remarque, dans l'espace indiqué, un certain nombre de sommités ou de pla-
teaux plus ou moins étendus. Si l'on exclut ceux qui se trouvent dans le
voisinage immédiat des grands bois et des cours d'eau de quelque impor-
tance, on ne peut guère mentionner que les suivants :
( i"72 )
DÉSIGNATION DE LA LOCALITÉ.
A i kil. au N.-E. de Bouviers
Plaine de Satory
A /|00nl au S. de Vélizy
Tour de Giscy, au N.-IV.-O. de Rièvres.
Pavé blanc (route de Chatillon à Rièvres).
Moulin à vent de Plessis
Moulins à vent de Fontenay-aux-Roses.
Plateau de la ferme des Granges
Butte Chauni', au N.-N.-0. de Champlan.
Sommité au N. de Lonjumeau
Monticule entre Massy et Vissoux
Monticule ii i6oom au S. de Morangis j
REMARQUES.
Sources de la Bièvre.
La Ricvre au S
La Bièvre à i200m au S.
L'Yvette à idoo1*1 au S...
L'Yvette à goom au S . - O .
L'Yvette à i5oom au S. . .
R
B
H
mil
'79
'79
>73
169
169
162
i55
i38
106
L'Yvette à iGoom au S.-O..
et à 2oom du méridien de Paris.
Moulin d'Argent-Blanc (*) | La Seine à 23oom à l'E.-S.-E.
H g0-
km
20,0
18,5
,2/,
12,0
9.5
8.7
G, 5
i5,6
i4,5
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1
,4
I
,2
I
.7
3
,4
2
,6
2
.9
1
,8
2
,8
STATIONS
de chemins de fer.
Saint-Cyr.
Saint-Cyr.
Yiroflay.
Palaiseau.
Meudon.
Fontenay-aux-Roses.
Sceaux et Fontenay.
Fou tenay- aux-Roses .
Palaiseau .
Palaiseau.
Massy.
Massy.
Antony .
Savigny-sur-Orge.
Choisy-le-Roi.
(*) Cette station ne devrait pas figurer dans un tableau qui exclut la direction S.-E. Nous ne l'avons indiquée,
que pour montrer qu'on n'a négligé aucune des localités recommandables par quelque avantage particulier; elle
figure ici, à cause de son altitude relative et de sa faible distance à l'Observatoire de Paris.
» Entre ces diverses localités, il en estime qui réunit, à l'exclusion des
autres, les principaux avantages relatifs à l'altitude, à l'éloignement des
cours d'eau et des grands bois, au voisinage de Paris et à la facilité des com-
munications; c'est celle des Moulins à vent de Fontenay-aux-Roses. Dans
cette localité, le terrain consiste en un banc de sable homogène, d'une épais-
seur de cinquante mètres, suivant M. Delesse; or ce terrain est très-favo-
rable à la stabilité des instruments, d'après ce qui a été dit plus haut. Avant
de fixer définitivement le choix de cet emplacement, il serait nécessaire d'y
établir, pendant quelques semaines, un instrument méridien transportable,
pour constater exactement la stabilité du sol et s'assurer si les mouvements
vibratoires, dus à la circulation des voitures dans Paris, se propagent ou non
jusqu'à cette distance.
» Les solutions admissibles étant ainsi déterminées, il est aisé de répondre
aux objections concernant l'éloignement des principaux centres de relation
des hommes de science. On remarquera tout d'abord que ces centres sont
distribués dans l'espace compris entre la rive gauche de la Seine et l'an-
cienne enceinte de la ville de Paris : or, les chemins de fer qui desservent
( r°73 )
les localités énûmerées ci-dessus, ont précisément leurs gares à Paris, dans
ce même espace. On objectera sans doute qu'il sera pénible aux jeunes ob-
servateurs de faire un voyage, pour assister aux cours des Facultés et du
Collège de France : niais, si l'on remarque que, depuis plusieurs années, la
plupart de nos professeurs ont fixé leurs habitations dans les localités voi-
sines du parcours des chemins de fer d'Orsay, de Sceaux et de Versailles
rive gauche, on ne devra pas trouver le déplacement dont il s'agit, plus pé-
nible pour les élèves qu'il ne l'est pour les professeurs : ces déplacements
équivaudraient, du reste, aux voyages que l'on est obligé de faire journel-
lement dans Paris.
» Il est un dernier point dont je ne puis me dispenser de dire un mot. On
a l'habitude, dans nos administrations, de ne pas prendre au sérieux un
projet de fondation ou de déplacement d'un établissement public, quand il
n'est pas accompagné d'un devis estimatif des dépenses nécessaires. Je n'ai
qu'une simple remarque à faire à ce sujet. Les terrains de l'Observatoire
de Paris sont estimés valoir plusieurs millions (4 à 5, dit-on); or, si ces ter-
rains sont vendus, soit à la ville pour ses embellissements, soit aux parti-
culiers, le prix de vente couvrira largement celui de l'acquisition de ter-
rains employés à la culture des céréales et des plantes maraîchères, ou
pouvant contenir quelques habitations de peu d'importance. Une partie de
la différence serait affectée à lacquisition de nouveaux instruments, à la
construction des bâtiments destinés à les recevoir et des logements des ob-
servateurs et des calculateurs en titre ; le reste pourrait constituer une
fondation destinée aux besoins futurs du nouvel observatoire (personnel
et matériel). Quant aux bâtiments constituant l'Observatoire proprement
dit, nous serons d'accord avec tous les astronomes observateurs, en disant
qu'ils doivent se réduire à de simples abris suffisamment solides, au lieu de
présenter des monuments d'architecture que l'on hésiterait plus tard à sa-
crifier aux exigences de la science, si de nouveaux progrès venaient à en
réclamer la suppression ou le déplacement. »
ASTRONOMIE. — L'Observatoire impérial de Paris , sa situation et son avenir;
par M. Le \rEimiEK.
« La fondation et la vie de l'Observatoire de Paris sont intimement liées
à l'origine et au développement de notre Académie des Sciences. A peine
constituée en 1666, l'Académie tourne ses premières préoccupations vers
C. K., 1867, 2e Semenre. (T. LXV, N° 26.) ' 4°
( io74 )
l'Astronomie, et, dès l'année suivante, en 1667, elle jette les fondements
de l'Observatoire. Deux siècles se sont écoulés depuis lors sans que la di-
rection de l'établissement ait cessé d'appartenir aux Membres de notre
Société; et c'est toujours au sein de l'Académie que nos astronomes sont
venus rendre compte de leurs travaux et chercher l'approbation, la force
et l'autorité dont ils avaient besoin pour remplir leur mission. Aussi l'his-
toire de l'Observatoire occupe-t-elle une notable partie des Mémoires de
l'Académie. •
» Rien n'est plus entraînant que la lecture de ces grandes pages de
l'histoire de nos devanciers. C'est d'elles qu'il faut dire aux jeunes astro-
nomes : Noctttrnd versale manu, vénale diurnâ. L'étude des satellites de
Jupiter, la découverte de la vitesse de la lumière, celle des satellites de
Saturne, de leurs mouvements et de leurs lois, sont l'œuvre des premiers
temps. Plus tard vient l'étude de la figure de la Terre, et cette suite de
grands travaux qui s'y rattachent et qui ont le plus honoré l'Académie et
l'Observatoire : la première détermination de la méridienne de France, sa
vérification et la construciion de la grande carte qui porte le nom de Cas-
sini. En l'année 1800, Méchain et Bouvard entreprennent une nouvelle
étude attentive et précise du cours des astres, et qui depuis lors a été pour-
suivie assidûment. Les travaux de M. Arago sont l'honneur de nos Mé-
moires et de nos Comptes rendus. L'Académie sait avec quel soin nous avons
maintenu nous-même cette tradition, en lui rendant un compte scrupuleux
des travaux exécutés sous notre direction.
» La renommée même de l'établissement et l'intérêt national qui s'y
attache ont été cause qu'à diverses reprises on s'est préoccupé de la situa-
tion physique de l'Observatoire, et qu'on s'est demandé à quelles condi-
tions les intérêts de Y Astronomie pourraient être sauvegardés en France.
Dès longtemps on a fait remarquer que la niasse du bâtiment offrait des
inconvénients, et nos prédécesseurs les Cassini, les Méchain, et plus tard
Arago, y ont remédié en faisant construire des cabinets d'observation en
dehors de l'édifice : nous avons suivi cet exemple. A un autre point de
vue, les progrès de la ville vers le sud nous apportent plus de mouvement,
plus de bruit. Les difficultés qui en résultent ont dû être étudiées, et il
importe de savoir quelles mesures ils ont suggérées.
» L'Académie approuvera que nous continuions aujourd'hui devant Elle
l'examen que nous avons commencé dans la séance du 11 novembre der-
nier. Cette question a d'ailleurs, il faut le dire, donné lieu a une agitation
qui ne pouvait produire aucun bon résultat pour la science. Les avis qui se
( io75 )
sont produits ont été empreints d'une vivacité et d'une passion dans les-
quelles on voyait trop facilement percer certaines ambitions et certains
intérêts personnels. Il est temps de les écarter de la question, de la dé-
battre et de la résoudre avec le calme nécessaire.
» Lorsqu'en 1 854 on dut pourvoir à de nouvelles entreprises, on exa-
mina, avant de rien décider, l'opportunité d'une translation de l'Observa-
toire (1). On reconnut que l'établissement se trouvait encore dans des
conditions propres à l'exécution de grands et bons travaux, et qu'il pour-
rait être conservé à la Capitale, pourvu qu'on prît en temps et lieu les dis-
positions nécessaires. Cette conclusion, qui avait été appuyée par l'adminis-
tration municipale, fut accueillie avec satisfaction. Il ne faut, pas sans mo-
tifs urgents, détruire les monuments scientifiques d'une nation, faire table
rase de rien de ce qui a été son légitime orgueil, et anéantir ce qui rappelle
au pays ses gloires pacifiques ou ses gloires militaires.
» Ce n'est pas qu'il faille non plus sacrifier l'intérêt du présent à celui
des souvenirs. Cette faute n'a pas été commise. Disons comment il a été
pourvu à toutes les nécessités, puisque cela paraît être ignoré, même par
des astronomes préoccupés d'un point de vue exclusif.
» Tant que nos instruments restèrent de grandeur modérée, nous
n'eûmes point une occasion définitive de résoudre les difficultés soulevées
par la situation particulière de l'Observatoire. Ce fut seulement lorsque
(i) Cette détermination de conserver l'Observatoire de Paris n'a point été prise sans
avoir recueilli l'opinion des hommes les plus prudents. Qu'il nous soit permis de dire à
cette occasion qu'il en a toujours été ainsi dans les affaires considérables, et d'en citer un
exemple.
On sait que le grand objectif de i/\ pouces, acheté avant nous, a dû être mis de côté
comme impropre au service. Avant de nous résigner ace sacrifice, nous avons consulté deux
Commissions spéciales : la première a eu à se prononcer sur les qualités ou plutôt sur les
défauts astronomiques de l'objectif; nous avons entre les mains un procès-verbal signé
d'Elle, et, en particulier, par le constructeur de l'objectif, et qui le déclare hors d'usage.
Cette situation lâcheuse provenant d'une décomposition qui s'effectue à la surface du
verre, nous avons voulu consulter, au point de vue de la valeur de la matière, une autre
Commission spéciale que notre confrère, M. Dumas, a bien voulu présider, et a laquelle
notre confrère, M. Peligot, a bien voulu également donner le concours de ses lumières.
Cette Commission a été unanime à reconnaître que ce serait peine perdue de chercher à
retravailler un verre dont la matière avait commencé à se décomposer; et c'est seulement
alors que nous nous sommes décidé à considérer l'objectif comme définitivement et complè-
tement condamné.
M. Dumas et M. Peligot, présents à la séance, confirment l'un après l'autre le dire de
M. Le Verrier.
r4o..
( io76 )
notre éminent confrère. M. Léon Foucault, eut construit des télescopes rie
plus en plus puissants, qu'il devint nécessaire d'aviser. Il se présenta en
effet telle circonstance où, un de ces instruments venant d'être établi, il
fui nécessaire d'attendre des mois entiers avant qu'on en pût faire usage.
L'état du ciel s'opposait à toute observation avec des moyens puissants.
Et il faut le dire, ce n'était pas l'illumination de l'atmosphère qui nous arrê-
tait, mais bien l'inconstance de la situation météorologique.
» Nous décidâmes en conséquence, après de longues conférences avec
M. Foucault, qu'il fallait faire le sacrifice du plus grand de nos instruments,
et chercher ailleurs une succursale où l'on pût en tirer un bon parti. Et
qu'on veuille bien le remarquer, ce ne fut pas dans les environs de Paris,
dans la vallée de la Seine que nous nous avisâmes d'aller chercher une
station. Nous n'aurions pas rempli notre but. Quand on fait tant que de se
déplacer, il faut se diriger vers le sud. On y trouve un meilleur ciel; en
outre, les constellations observables au nord venant successivement passer
au méridien supérieur ne sont pas réduites en étendue, tandis que la
zone sud s'élargit d'autant de degrés qu'on s'avance vers le midi. L'étendue
du ciel observable se trouve donc ainsi accrue.
» Ce fut en conséquence aux rivages de la Méditerranée que nous allâmes,
M. Foucault et moi, chercher une nouvelle station, une succursale de
l'Observatoire de Paris qui permît d'utiliser les plus grands instruments
pour l'observation des phénomènes les plus délicats. L'important était
d'avoir un ciel plus pur que celui de la vallée de la Seine.
» Sur l'annonce de cette mission, trois villes offrirent spontanément une
contribution pour obtenir l'érection chez elles de la nouvelle station astro-
nomique : Montpellier, Marseille et Toulon. Il y avait à considérer non-seu-
lement retendue de ces avantages, mais encore le climat; et l'on objec-
tait que si les offres de Marseille étaient les plus élevées, cette ville était
sujette au mistral qui ne se faisait point sentir ailleurs. Toutefois, ce vent
étant venu précisément à souffler pendant notre séjour, nous parcourûmes
rapidement la côte depuis Montpellier jusqu'à Hyères; nous trouvâmes le
mistral partout et avec le même degré d'intensité. En présence de cette
situation, les offres de Marseille furent acceptées. L'Observatoire de Paris
possède aujourd'hui dans la capitale de la Provence, sur la hauteur de
Longchamp, à y5 mètres au-dessus du niveau de la mer, une succursale
où l'on peut instituer les observations les plus délicates (i).
» Cette succursale abrite entre autres \i\) instrument particulier, d'une
(i) La ville de Marseille nous avait d'abord attribué, pour l'établissement de l'Observa-
( io77 )
construction spéciale pour la recherche des astres nouveaux, planètes et
comètes, et en dix-huit mois on a pu en découvrir trois.
» Le grand télescope de om, 80 de diamètre de M. Foucault y est installé
dans d'excellentes conditions. Il sert aux observations des astres les plus
faibles, et il a déjà permis d'ajouter aux catalogues certaines nébuleuses
que l'extrême faiblesse de leur éclat n'avait point laissé apercevoir ailleurs.
>> Cet exposé montre qu'on n'a point attendu les excitations qui surgissent
aujourd'hui, pour donner à la science française les satisfactions nécessaires,
et il va nous guider pour reconnaître ce qu'il convient de. faire à l'avenir.
» Dès que les entreprises de la ville de Paris se sont avancées vers le
sud, nous avons demandé des garanties pour notre établissement. On nous
a laissé seul soutenir le poids de ces réclamations. Il nous sera permis de
répondre, avec l'autorité que nous donne le passé, à ceux qui en présence
de certaines difficultés, au lieu de s'appliquer à les résoudre, veulent tout
détruire et renverser. Nous ne savons pas traiter ainsi les questions en bloc
et appliquer à toutes le même procédé. 11 importe d'examiner les différents
genres de travaux qu'on rencontre en astronomie, et de traiter chacun
d'eux suivant la méthode qui lui convient.
» Nous diviserons ces travaux en trois classes : la première, de beaucoup
la plus nombreuse, comprenant les questions qui pourront parfaitement
bien continuer d'être traitées dans l'établissement actuel; la seconde ren-
fermant les travaux qui réclament pour leur exécution une station plus
méridionale; la troisième limitée à deux ou trois questions spéciales à la
géographie et à la physique de Paris.
» Il n'est pas besoin de dire que tout ce qui concerne nos affaires théo-
riques et de calcul n'a nul besoin d'être déplacé. Une des plus grandes
œuvres actuelles de l'Observatoire, c'est de constituer le catalogue systéma-
tique des nombreuses observations insérées dans les vingt-deux volumes que
nous avons publiés. Ce travail souffrirait d'un bouleversement. Ne parlons
toutefois que des observations, et, pour plus de clarté, prenons un exemple.
» L'étude des petites planètes a imposé aux astronomes un travail
toire, un emplacement pris sur les terrains du parc du château Borelly. Mais dès que nous
eûmes reconnu que les montagnes bordant le sud nous feraient perdre quelques degrés de
l'horizon, et nous retrancheraient une partie Au ciel austral sur lequel nous avions compté
en venant dans le Midi, nous avons insisté pour changer le lieu de l'établissement, el (-'est
alors que la ville, faisant un sacrifice considérable, nous a attribué un emplacement sur le
plateau de Longchamp.
( 'o78 )
d'observations extrêmement considérable. Pour en venir à bout, nous
l'avons réparti également, d'un commun accord, entre l'Observatoire de
Paris et celui de Greenwich; chacun des établissements faisant alternative-
ment le service pendant quinze jours consécutifs. Nous avons sous les
yeux le tableau des positions des petites planètes déterminées à Paris et
à Greenwich pendant la première période de 1867. Or nous en trouvons
cent deux du côté de Paris, et trente-trois seulement du côté de Greenwicli.
» Hâtons-nous de le dire, si ce n'avait été qu'une question de zèle, de
talent et de science, nos collègues de Greenwich ne nous auraient pas laissé
une telle supériorité. L'avantage nous vient exclusivement de notre meil-
leure situation physique et de notre organisation, qui, dès lors, ne sont pas
si fort à dédaigner qu'on veut bien le dire. Et quant à l'exactitude des
observations, elle est la même de part et d'autre; quand une série de Paris
vient prendre la suite d'une série de Greenwich, ou réciproquement, on
n'y perçoit aucune différence.
» Mais, dira-t-on, les travaux de la ville de Paris vont jeter dans
l'atmosphère une illumination plus grande, et qui modifiera ces résultats
avantageux. Il est très-vrai que nous eussions vivement désiré qu'une cer-
taine rue à ouvrir au sud-est fût reportée vingt mètres plus loin. Si nous
ne l'avons pas obtenu, s'ensuit-il qu'il faille jeter le manche après la co-
gnée, et parce que quelque opération astronomique qu'on aurait pu con-
server à Paris devra peut-être se trouver attribuée à la succursale de Mar-
seille, faut-il donc détruire et raser l'établissement actuel?
» Nous avons préféré réfléchir aux moyens de parer à la nouvelle diffi-
culté, et nous avons trouvé qu'on y parviendra en défilant notre terrasse
d'observations des lumières des nouvelles voies.
» M. Dumas prend ici la parole, et veut bien dire qu'il a été entendu
dans le Conseil municipal, à l'occasion delà discussion récente du
budget de la ville de Paris, que ce défilement, destiné à garantir
l'Observatoire contre la lumière des rues avoisinantes, sera exécuté
avec le plus grand soin, les becs de gaz devant d'ailleurs être munis
de réflecteurs destinés à rejeter la lumière sur le sol.
» Nous remercions, reprend M. Le Verrier, notre confrère, président du
Conseil municipal de la ville de Paris, de cette déclaration. Elle prouve que
ce Conseil et son illustre président veulent conserver l'Observatoire à la
Capitale, et qu'il en est de même de M. le préfet de la Seine, qui a seul pu
( '°79 )
parler au Conseil de ce défilement des lumières. Nous ne doutons pas que,
cette opération étant bien exécutée, l'Observatoire se trouvera dans les
mêmes conditions qu'aujourd'hui. Les travaux tels que ceux qui con-
cernent l'observation des petites planètes télescopiques, à plus forte raison
l'observation des grandes planètes et de la Lune, s'y feront avec le même
avantage que par le passé, et nous avons prouvé par des chiffres que cet
avantage est sérieux.
m 11 convient de rappeler ici une mesure indiquée dans un autre écrit et
qui donnerait des facilités pour l'établissement des grands instruments. On
doit les éloigner des rues le plus possible et autant que le permet la hau-
teur du bâtiment qui limite l'horizon an nord. On gagnerait beaucoup à
cet égard si l'on croyait pouvoir déraser l'étage supérieur ainsi que l'avait
proposé Cassini dès i 786 ; car, tout en conservant la même étendue à l'hori-
zon nord on pourrait rapprocher davantage les instruments du centre des
terrains et les soustraire à l'influence du bruit et des lumières (1).
» Eu mettant en avant ce projet, nous n'avons eu d'autre intention que
d'indiquer toutes les voies d'améliorations qui nous paraissaient accep-
tables. Noiis ne tenons personnellement en rien à ce qu'on réalise une
telle proposition et nous avons même vu avec plaisir qu'elle ait été combat-
tue; car nous ne doutons pas que ceux qui ne veulent point consentir à
une simple diminution de la hauteur de l'édifice, favorable au service astro-
nomique, ne se joignent à nous pour combattre à plus forte raison la
démolition complète, la vente des matériaux et des terrains, en un mot,
l'anéantissement du tout!
» Avons-nous besoin d'ajouter que le grand établissement central de
météorologie, dont rien n'existait avant nous et que nous avons constitué
à i'Observaloire, n'a besoin d'aucune translation?
» Que si malgré tout, sans nécessité réelle, on voulait transporter en
masse l'Observatoire de Paris, il serait absurde de le conserver dans fa
vallée de la Seine et de ne point profite)' de l'opération pour le transférer
plus an sud. On n'aurait point ainsi évité les brumes trop fréquentes de cette
vallée, qui sont l'obstacle le plus grave aux observations des phénomènes
délicats, et l'on serait toujours réduit à porter une partie de ces dernières
observations dans le Midi. Lorsqu'on s'éloigne de Paris, à i5 ou 20 lieues
(1) Avec les matériaux provenant du simple dérasement de l'étage supérieur, on pourrait
constituer au nord une nouvelle façade où l'on leliouverait avec avantage les installations
nécessaires.
( io8o )
de la Seine, on jouit souvent dans la soirée d'un ciel parfaitement pur,
on voit briller les étoiles au ciel, tandis qu'en revenant sur les bords du
fleuve on trouve une brume humide. Nous le répétons, le plus grand in-
convénient de l'Observatoire de Paris pour l'observation de certains phé-
nomènes spéciaux, c'est le climat, et Ton ne gagnerait pas grand'cbose à
se déplacer de quelques kilomètres.
» Ainsi, les phénomènes que nous avons rangés dans la seconde classe,
ceux dont l'observation est délicate, ou bien parce que la lumière de l'astre
est faible, ou bien parce qu'un instrument puissant et un grossissement
considérable sont nécessaires, devront toujours, quoi qu'on fasse, être étu-
diés dans le Sud, où l'on trouvera d'ailleurs toutes les facilités désirables.
» Déjà la recherche des astres d'un faible éclat et l'observation des phé-
nomènes délicats sont, avons-nous dit, installées à Marseille. Cette station
fait partie de l'Observatoire impérial, comme si elle était établie dans les
jardins mêmes de Paris. Les terrains sont concédés à perpétuité à l'État, les
instruments sont inscrits sur nos catalogues, et les astronomes sont les
nôtres, il n'y a, pour donner satisfaction à tous les besoins de la science,
qu'à développer cette organisation, dont l'initiative, prise par nous il y a
plus de cinq années, montre qu'on a devancé les réclamations qui viennent
aujourd'hui de diverses parts avec plus de zèle que de sagesse et de mesure.
•> En ce moment même, un nouveau développement de la succursale de
Marseille va s'effectuer grâce aux fonds qui nous ont été votés par le Corps
législatif, sur la demande du Ministre de l'Instruction publique. Une nou-
velle et belle lunette, dont l'objectif est déjà en nos mains, va être installée
à Longchamp. Immédiatement après, un astronome de plus sera attribué à
l'établissement.
» Mais cela ne suffit-il pas? Un traité a été fait avec la ville de Mont-
pellier, dans des conditions qui permettraient d'y créer un établissement
sérieux, et il dépend de l'État de passer à l'exécution. La ville de Bordeaux,
nous en sommes certain, ne refuserait pas non plus son concours.
» Enfin, sous les auspices de M. Arago, M. Petit a établi sur les hauteurs
de Toulouse un observatoire qui a coûté fort cher et dont la salle méri-
dienne est à peu près identique à celle de Paris. Il ne faut pas douter de
l'excellent accueil qui serait fait par les éddes de la cité toulousaine à un
projet de mise en activité de cet Observatoire, qui manque totalement
d'instruments.
» On a bien souvent exprimé le désir que des observatoires fussent cou-
( ro8i )
stitués dans les départements. On y arrivera par cette voie, dans laquelle
nous sommes entré depuis 1862.
» Reste donc à examiner quelques opérations particulières et spéciales
à la station de Paris et qui demanderaient à être traitées dans la plaine.
Nous n'en voyons guère qu'une à vrai dire, et encore son utilité n'est-elle
pas certaine.
» On assure que la latitude de l'Observatoire, telle qu'elle a été dé-
terminée par nos prédécesseurs et par les astronomes actuels, pourrait
être incertaine de quelques dixièmes de seconde, et que pour s'en assurer
il faudrait aller refaire les observations dans la plaine en un lieu qu'on
rattacherait par une simple opération trigonométrique à la position de
notre Cercle actuel.
» Admettons si l'on veut celte incertitude En ce cas qu'y a-t-il à faire?
Il faut tout simplement s'en aller dès à présent dans la plaine avec les instru-
ments nécessaires, sans oublier le bain de mercure, qui n'est indispensable
que pour cette opération, établir le tout dans la cabane destinée à ce genre
de travail et exécuter les observations en usage. Il faut répéter ce qu'on a fait
à Saint-Martin-du-Tertre et ailleurs. Il serait d'autant plus absurde de vou-
loir entraîner tout un grand observatoire à la suite de cette simple opéra-
tion, qu'en le supposant, construit, ce qu'il y aurait de plus simple pour
en déterminer la latitude ce serait de le laisser de cùté et de s'installer au
dehors.
» Nous i;e saurions donc comprendre quel avantage il pouvait y avoir à
créer autour de l'Observatoire de Paris une agitation stérile, à laquelle sont
venus se mêler des hommes incompétents, des opinions intéressées et des
polémiques passionnées dont le mobile n'a rien de commun avec la science.
Nous ne pouvons nous laisser aller à ces entraînements, et en écrivant ces
lignes dans les lieux illustrés par ceux qui nous ont précédé depuis deux
cents ans, il nous semble que nous parlons au nom de tous en défendant
l'un de nos plus anciens et de nos plus grands établissements scientifiques.
Au moment indiqué par les nécessités de la science, cet établissement
national a été complété par l'adjonction d'une succursale dont le climat
ne laisse rien à désirer. 11 n'y a qu'à donner à cette institution ses déve-
loppements naturels et prévus pour maintenir notre pays à la hauteur du
rôle scientifique qui lui convient. »
C. R., 1867, 3° Semestre. (T. LX.Y , N" 20.) ' ' '
( io8a )
M. Delaunay donne lecture de la Note suivante :
« Je ne puis laisser passer sans protester l'accusation que M. Le Verrier
porte contre moi, d'avoir amoindri l'astronomie française dans mon Rap-
port sur les progrès de cette science. J'ai dit, et je répète, que je livre ce
Rapport avec confiance à l'appréciation de mes confrères.
» Si l'astronomie a été amoindrie en France, ce n'est pas à moi qu'il
faut s'en prendre. J'ai la conscience d'avoir fait tout ce qui dépendait de
moi pour lutter contre cet amoindrissement. »
« M. Le Verrier, en ce qui concerne les nouvelles remarques faites par
M. Delaunay sur son histoire des Progrès de l'Astronomie, se borne à faire
observer que les défauts et l'insuffisance de cet ouvrage étant trop clairs,
le débat n'offre plus aucun intérêt, et que, dans cette situation, il appar-
tient au plus sage de renoncer à le continuer.
« Mais M. Delaunay, qui tient absolument à ne pas laisser chômer la dis-
cussion, introduit une nouvelle plainte fondée sur ce que, dans une récente
occasion, M. Le Verrier n'aurait pas nommé la personne qui, dans notre
succursale de Marseille, a rencontré ia o,te petite planète. On a dit très-
nettement, au sujet de la 89e, qu'elle avait été trouvée par M. Stéphan,
notre savant et zélé collaborateur, placé à la tête des travaux de la succur-
sale. C'est par un parti très-arrêté qu'on en a agi autrement au sujet de
la 91e. La recherche des petites planètes et des comètes a été, en effet,
organisée à l'Observatoire de Marseille de telle manière que des personnes
n'ayant aucune connaissance en Astronomie peuvent y être employées.
Ces personnes ont droit à un traitement proportionné à leur zèle, et ce
serait leur rendre un mauvais service à elles-mêmes que de les poser en
face du public comme étant des astronomes. Il est de notre devoir de ne
reconnaître comme tels, que ceux qui ont une instruction suffisante et
qui savent marcher seuls.
» Tel était assurément l'honorable M. Goldschmidt : il avait lui-même
établi tous ses moyens d'observations, son observatoire, sa lunette et ses
cartes, et ne devait rien à personne. Ce fut même à grand'peine qu'à une
époque déjà avancée de sa carrière, nous parvînmes à lui faire accepter
une pension offerte par le Ministre d'État M. le comte Walewski. »
« M. Mathieu présente à l'Académie, de la part du Bureau des Longi-
tudes, Y Annuaire pour l'année 1868. Les Notices scientifiques qui le ter-
( io83 )
minent renferment le discours sur la Lune, son importance en astronomie,
que M. Delaunay a lu le 11 mars 1867 dans la séance publique annuelle
de l'Académie. On trouve ensuite des Notes explicatives, sur différents
points qui ne pouvaient être présentés avec étendue dans une lecture pu-
blique. »
M. Mathieu fait hommage à l'Académie, au nom de M. Seguin aine,
l'un de ses Correspondants, d'un opuscule intitulé « Réflexions sur l'hypo-
thèse de Laplace relative à l'origine et à la formation du système plané-
taire qui se trouve compris dans l'espace qui a pour limite les lieux où
l'attraction du Soleil domine celle des autres étoiles dont il est envi-
ronné ».
31. Bkewsteu fait hommage à l'Académie de deux ouvrages qu'il vient
de publier et qui ont pour titre « le Siéréoscope, son histoire, sa théorie
et sa construction », et « ie Kaléidoscope, son histoire, sa théorie et sa con-
struction ».
MÉMOIRES PRÉSENTÉS.
ÉCONOMIE RURALE. — Sur les ravages produits à l'île de la Réunion par des
insectes qui attaquent tes cannes à sucre. Lettre adressée à M. le Président,
par M. Éd. Morin.
(Commissaires : MM. Paye», Decaisne, Blanchard.)
« La colonie de l'île de la Réunion, si prospère naguère, grâce à la fer-
tilité de son sol et à l'intelligente activité de ses habitants, est, depuis
quelques années, et particulièrement depuis 1863-66-67, ravagée par des
fléaux qui, en détruisant le produit îles cultures, tarissent les sources de sa
richesse.
» L'insectequi est connu sous le nom de Borer, et que l'on croit y avoir
été importé de l'île Maurice, avec des cannes que l'on en avait fait venir, y
perfore les tiges de cannes, en altère complètement les tissus et les fait
périr. Mais à ses ravages, encore limités, se joint, depuis deux ans, une
sécheresse tout à fait exceptionnelle, qui favorise le développement à
l'infini d'un plus petit insecte, vulgairement nommé le Pou à poche blanche,
qui détruit les feuilles et arrête sa végétation.
» Tous les moyens essayés jusqu'à ce jour ont été impuissants pour cou-
141..
( io84 )
jurer ces fléaux, et quoique l'on puisse espérer que le retour d'un état
météorologique normal, au point de vue des alternatives de pluie et de
sécheresse, doive contribuer à en atténuer les effets, j'ai pensé que le se-
cours de la science, qui peut nous être d'une si grande utilité, ne nous serait
pas refusé.
» Je prends donc la liberté de mettre à la disposition de l'Académie :
» i° Une collection de cannes de divers âges et de diverses prove-
nances, dont quelques-unes, encore vivantes, sont susceptibles d'être
replantées ;
» a° Une collection d'échantillons des terres où les cannes ont été cul-
tivées ;
» 3° Des Borerset des Pous à poche blanche, conservés dans l'alcool.
» J'y joins quelques renseignements sur les circonstances de la culture
des échantillons. »
M. Prat adresse « un Mémoire sur une méthode générale ayant pour
objet le dosuge volumétrique de l'azote dans ses diverses combinaisons et
sur un nouveau procédé pour préparer ce gaz à l'état de pureté dans les
laboratoires ».
(Renvoi à la Section de Chimie.)
M. Marco-Felice adresse une nouvelle Note concernant diverses ques-
tions d'Astronomie physique.
( Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
M. Gaudix adresse une Note relative à un procédé géométrique pour
partager un angle donné en 2, 3, 4> 5, 6, 8, 10, 12, etc., parties égales.
(Commissaires : MM. Dupin, Morin, Combes.)
31. ISekmax adresse une Note relative à un remède à employer contre
le choléra.
(Renvoi à la Commission du legs Bréant.)
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre de l'Instruction PUBi.iyuE autorise l'Académie à em-
ployer pour l'acquisition de nouvelles rentes sur l'État,' en accroissement
de capital, les reliquats en caisse des fondations Jecker, Bordin, Bréant et
Barbier.
( io85 )
La Société des naturalistes de Modèxe fait hommage à l'Académie des
deux premiers volumes de son « Annuaire ».
MÉCANIQUE. — Noie sur un théorème de Jacobi énoncé dans les Comptes rendus
de l'Académie en i836;/>arM. Bresse.
« Voici d'abord en quoi consiste le théorème :
» Soit un système de points soumis i° à leurs attractions mutuelles, sui-
vant une loi qui dépend uniquement de la dislance; 2° à l'action de cen-
tres mobiles dont la réunion forme un système solide tournant uniforme
ment autour d'une droite; si l'on prend des axes coordonnés rectangulaires,
parmi lesquels celui des z coïncide avec l'axe de rotation ci-dessus men-
tionné, on aura pour le système de points dont il s'agit
î2> [(!)a + (i y+ (iyj - *i> (■« •% -.' s) =u + v+ co»st-'
en nommant n la vitesse constante de la rotation des centres mobiles, U le
potentiel des actions réciproques des points entre eux, V le potentiel des
actions réciproques des points et des centres mobiles.
» Maintenant voici la démonstration, dans laquelle j'écarterai comme
inutile l'hypothèse de l'invariabilité de n. Soient :
» C le moment d'inertie du solide attirant, relativement à l'as e de rotation;
» N le moment total, relativement au même axe, des forces extérieures qui
sollicitent ce solide, indépendamment des réactions qu'il éprouve de la part
du système de points.
» En appliquant à l'ensemble total formé par les points et le solide, d'une
part le théorème sur les forces vives et le travail des forces, d'autre part le
théorème sur les moments des quantités de mouvement par rapport à l'axe
des z, on aura les deux équations
dy
On multipliera la seconde par n, et on la retranchera de la première; la
différence étant intégrée donnera immédiatement le théorème de Jacobi.
» Il est à peine besoin de remarquer que rien ne serait changé si le po-
tentiel U comprenait, outre les actions mutuelles des points, celles de divers
centres fixes, ou plus généralement des forces quelconques; mais il faudrait
( io86 )
toujours que la somme de leurs travaux élémentaires fût la différentielle
exacte d'une fonction des coordonnées. »
physique. — Noie sur l'amalgamation des piles électriques;
par M. E. Demaxce.
« M. Colletet, dans une Note communiquée naguère à l'Académie sur
l'amalgamation du zinc des piles, a proposé un moyen qui consiste à utiliser
l'amalgame de sodium, en présence d'un dégagement d'hydrogène.
» Je crois devoir, à cette occasion, signaler une méthode plus simple
encore, que j'emploie avec succès depuis plus de douze aimées.
» Voici en quoi elle consiste : je verse dans le vase de la pile qui reçoit
le zinc quelques gouttes de mercure; l'amalgamation se renouvelle pres-
que instantanément. Le courant obtenu est alors d'une constance remar-
quable; ledégagement extérieur d'hydrogène est très-faible, et enfin, comme
j'ai pu m'en assurer par de nombreuses expériences, l'intensité du courant
est manifestement supérieure à celle d'une pile d'un même nombre d'élé-
ments établie dans les conditions ordinaires.
■> L'élément zinc sort de la pile recouvert d'un amalgame parfaitement
net, uniforme et brillant; il peut servir pour autant d'opérations ultérieures
que l'on voudra, sans la moindre préparation, jusqu'à ce que le métal soit
entièrement usé; déplus le cuivre reste intact, ce qui n'a pas toujours lieu
lorsque l'on a recours à la méthode par immersion.
» Quand les zincs sont nouveaux, je me contente de les mettre dans le
circuit avec des éléments anciens; après avoir servi deux ou trois fois, ces
zincs sont parfaitement amalgamés.
» Un fait à remarquer, c'est que l'amalgamation ne se produit (pie sous
l'influence du courant; il y a comme un phénomène de transport, et la
surface du métal, au contact de l'eau acidulée, se trouvant, pour ainsi dire.
à chaque instant, comme à l'état naissant, l'amalgamation se produit faci-
lement. Le mercure étant en excès, la surface du zinc reste constamment
brillante, les actions secondaires locales sont éloignées, et Ton ne trouve
plus en retirant le zinc celle espèce de mousse qui en souille d'ordinaire la
surface, et qui est c\ae en grande partie aux corps étrangers que renferme ce
métal.
» Avec mon procédé la dépense de mercure est insignifiante; une quan-
tité de métal de 3oo à /joo grammes me sert depuis des années; j'ai soin,
n vidant les vases, de jeter le contenu dans un verre placé dans une ter-
( i°87 )
rine; le mercure, relativement plus dense, reste au fond du verre. Je le
sépare facilement alors de l'eau acidulée au moyen d'un entonnoir.
» Comme presque toutes ces remarques ont été faites sur des piles de
Bunsen, je me suis demandé si l'acide azotique, filtrant à travers le vase
poreux et venant former de l'azotate de mercure, ne serait pas l'une des
causes du phénomène, en se décomposant ultérieurement, partie par l'ac-
tion du courant, partie par la présence du zinc; j'ai fait de minutieuses
recherches à cet égard, et je n'ai jamais pu trouver la moindre trace de sels
mercuriels dans l'eau acidulée.
» Mon but, en faisant cette communication, est d'épargner aux personnes
qui ont occasion de se servir des piles de Bunsen, les ennuis d'une des plus
désagréables manipulations que je connaisse. »
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE. — Sur le mouvement des gaz dans les plantes aquatiques.
Note de M. G. Lechartier, présentée par M. H. Sainte- Claire Deville.
« Je demande à l'Académie la permission de lui faire connaître quelques
expériences qui prouvent que, indépendamment des gaz qui peuvent être
puisés dans l'eau, par les feuilles, il y a des gaz qui sont absorbés, soit par
les racines, soit par la tige, et qui traversent la plante pour être exhalés
par les feuilles. Toutes les expériences citées dans cette Note ont été faites,
au mois d'août dernier, sur des Nymphœa végétant en pleine rivière,
fixées au sol dans leur position naturelle, et se trouvant, par conséquent,
dans leurs conditions normales de végétation.
» La tige des Nymphœa rampe sous la vase et se termine à son extré-
mité par un bouquet de feuilles dont les pétioles plus ou moins longs
s'insèrent tous presque à la même hauteur sur la tige. Tantôt les feuilles
sont complètement submergées, et alors elles sont plissées, tantôt leur
limbe fixé à l'extrémité d'un long pétiole vient s'étaler à la surface de l'eau,
la face supérieure de la feuille en contact avec l'air atmosphérique. Des
canaux lacuneux s'étendent sans interruption dans le pétiole, depuis la tige
jusqu'à l'intérieur du limbe, à tel point qu'on peut gonfler la feuille en
insufflant de l'air dans le pétiole que l'on a séparé de la tige.
» i° Le a3 août, à midi, sur un pied de Nymphœa complètement immergé,
on enlève une des feuilles les plus rapprochées de la surface de l'eau, en
coupant le pétiole près du limbe, il se produit immédiatement un dégage-
ment rapide de bulles gazeuses, qui se régularise bientôt. L'extrémité du
pétiole est à 1 4 centimètres au-dessous du niveau de l'eau. On l'introduit
( io8cS )
dans un long tube de verre gradué et plein d'eau. Le gaz, en s'accumulant
dans Péprouvette, arrive jusqu'au pétiole; à partir de ce moment l'ouver-
ture béante est dans le gaz. Le dégagement continue, mais avec une aug-
mentation de la pression du gaz à l'intérieur de la plante. Le dégagement,
commencé avec une force élastique i\u gaz égale à la pression atmosphé-
rique augmentée de i4 centimètres d'eau, continue encore lorsque la force
élastique du gaz à l'intérieur de la plante surpasse de 26 centimètres d'eau
la pression atmosphérique.
» Le dégagement se produit sans interruption, pendant toute l'après-
midi, dans la lumière diffuse, et ne cesse que lorsque l'obscurité est com-
plète. C'est là le phénomène si bien analysé par M. Van Tieghem.
» La force élastique du gaz reste stationnaire pendant la nuit à l'intérieur
de la plante. A 7 heures du soir, l'extrémité du pétiole est au milieu du gaz
contenu dans le tube, et le niveau du gaz est à 0.1 centimètres an-dessous
du niveau de la rivière. Le lendemain, à C'So01 du matin le niveau est en-
core le même. Le dégagement recommence vers 8b 3om sous l'influence
des rayons solaires pour continuer de la même manière que le jour précé-
dent.
» Voici la composition du gaz recueilli le o.'\ août, de 8b 4 5m à 1 1 heures :
Oxygène I2io
Azote S8,o
100,0
» La totalité du gaz recueilli depuis le 23, à midi, jusqu'au soir du 9.4,
a été 220 centimètres cubes.
» Voilà le phénomène tel qu'on l'observe sur un pied de Nymphœ
dont on n'a coupé qu'une seule feuille et qui en porte plusieurs autres.
» 20 On enlève d'autres feuilles <\n même pied en coupant les pétioles a
une distance de la surface de l'eau plus grande» que pour le premier pé-
tiole. Il ne sort pas de gaz de ces nouvelles ouvertures faites dans la plante,
et le gaz continue à se dégager du pétiole le plus élevé.
» On peut donc enlever toutes les feuilles d'un même pied et couper
tous les pélioles, de telle sorte que le dégagement de gaz ne se produise
que par l'un d'eux.
» Ce phénomène s'explique par cette remarque que le gaz, pour sortir
d un pétiole, doit avoir une force élastique suffisante pour vaincre la pres-
sion atmosphérique augmentée d'une hauteur d'eau égale à la dislance de
son extrémité à la surface du liquide. Le dégagement qui s'est produit dans
( io89 )
le pétiole le plus élevé a déterminé à l'intérieur de la plante une certaine
force élastique, qui est trop faible pour que le gaz puisse sortir par les pé-
tioles voisins dont les extrémités supportent une pression plus forte,
» 3° Le 21 août, à midi, sur un pied de Nymphœa portant des feuilles
submergées et une feuille flottant à la surface de l'eau , on coupe la
feuille flottante près du limbe, et on introduit dans un long tube plein
d'eau l'extrémité béante du pétiole, de manière à l'élever un peu au-dessus
du niveau extérieur de l'eau. Le dégagement du gaz se produit; on coupe
alors toutes les autres feuilles près du point d'insertion du pétiole sur la
tige. Rien ne se dégage par les nouvelles sections faites dans la plante, et le
mouvement gazeux primitif n'est pas altéré : il avait commencé sous une
pression inférieure à la pression atmosphérique, et il continue sous une
pression supérieure de 12 centimètres d'eau à la pression atmosphérique.
» De midi à 7 heures, il se dégage 26a centimètres cubes de gaz. A
7 heures, le mouvement s'arrête, recommence le lendemain avec la même
intensité, et on l'a observé ainsi jusqu'au 24 août à 7 heures du soir.
Le 23, la force élastique du gaz est devenue assez forte pour surpasser de
18 centimètres d'eau la pression atmosphérique.
» Le gaz recueilli le 23, de ih5ra à 5 heures du soir, avait pour corn-
position :
Oxygène 10,0
Azote 90 , o
100,0
» La totalité du gaz dégagé a été de 1028 centimètres cubes.
» Tous ces phénomènes : volume du gaz dégagé, variation de pression à
l'intérieur de la plante, composition du gaz, régularité dans les intermit-
tences du dégagement, se produisent identiquement de la même manière,
que la plante porte des feuilles ou qu'elle en soit complètement privée.
» 4° J a' P11 analyser séparément le gaz existant à diverses profondeurs
dans un pied de iSymphœa.
» Le 20 août, sur un pied de Nymphœa dont toutes les feuilles flottent
à la surface de l'eau et dont les pétioles ont environ im, 60 de longueur,
on coupe un pétiole près du limbe. La face supérieure des feuilles étant en
contact avec l'atmosphère, la force élastique du gaz intérieur n'est pas su-
périeure à la pression atmosphérique. Si l'on maintient l'ouverture du pé-
tiole à 1 centimètre au-dessous du niveau de l'eau, il ne se dégage aucune
bulle gazeuse. Mais si l'on fait pénétrer le pétiole dans nn long tube plein
C. R., 1867, l« Semestre. (T. I.XV, N° 26.) r42
( 1090 )
d'eau, de manière à placer son extrémité au-dessus du niveau extérieur de
l'eau, le dégagement commence, et si cette extrémité est portée à 10 centi-
mètres au-dessus du niveau extérieur, le dégagement se fait avec une telle
rapidité, que l'on peut, en quinze minutes, remplir dix tubes contenant
chacun 60 centimètres cubes de gaz, c'est-à-dire recueillir 600 centimètres
cubes. Dans ce temps se trouve compris celui qui est nécessaire pour rem-
plir les éprouvettes d'eau. La dixième éprouvette se remplit de gaz aussi
rapidement que la première.
» A 6h 3om du matin, on fait une récolte de gaz comme il vient d'être dit,
et on analyse le gaz de la première, de la cinquième et de la dixième
éprouvette :
Éprouvelte I. Éprouvetle V. Éprouvette X.
Acide carbonique 1 ,0 3,o 2,5
Oxygène 7,7 8,1 8,2
Azote 9'>3 88,9 ^9>3
too,o 100,0 100,0
» A 1 ih3om du matin, récolte de gaz faite sur le même pied. Analyse du
gaz contenu dans les éprouvettes I, V et X :
Éprouvette 1. Éprouvette V. Éprouvelte X.
Acide carbonique 0,5 2,5 2,4
Oxygène 9,0 9,7 9,7
Azote 9°i5 87,8 ^7.')
100,0 100,0 100,0
» A sh3om, même récolte sur le même pied. Analyse du gaz des éprou-
vettes I et V :
Éprouvelte 1. Éprouvette V.
Acide carbonique o,5 2,0
Oxygène 16,8 >o,7
Azote 82,7 87,3
100,0 100,0
» Après chaque expérience, le pétiole qui avait servi au dégagement du
gaz était coupé assez bas au-dessous de l'eau, pour que, d'une expérience à
l'autre, il ne pût pas sortir de gaz par l'ouverture faite dans la plante. La
totalité du gaz, sorti de la plante en moins de quarante-cinq minutes, s'est
élevée à 1} litre.
» De ces analyses il résulte que le gaz contenu dans la tige est plus
riche en acide carbonique que le gaz qui est renfermé dans le pétiole. A un
même point de l'intérieur de la plante, la proportion d'acide carbonique
( '091 )
diminue, et celle de l'oxygène augmente à mesure que l'action solaire s'est
prolongée plus de temps; mais la même différence de composition s'observe
toujours entre le gaz sorti du pétiole et celui qui s'est dégagé des parties les
plus profondes. La proportion d'oxygène est faible, plus faible même que
dans l'air atmosphérique. Ces analyses montrent donc bien que les gaz ont
été puisés dans les couches profondes et vaseuses de l'eau. »
CHIMIE VÉGÉTALE. — Sur In fermentation gallique,- par M. Pu. Van Tieghem.
« Depuis que M. Pelouze a montré que l'acide gallique résulte de la
transformation lente du tannin au contact de l'air, les opinions les plus
diverses ont été émises tant sur la cause prochaine de cette métamor-
phose, que l'on a tour à tour attribuée à une oxydation lente et à l'action
d'un ferment soluble préexistant, que sur les produits qui en résultent, et
où les uns ont admis et les autres nié la formation du sucre.
>< J'ai pensé qu'en présence d'opinions aussi divergentes, il y avait lieu
d'entreprendre un examen approfondi de ce phénomène, et je demande à
l'Académie la permission de lui en présenter les principaux résultats.
» 1. Le tannin ne se transforme pas à l'abri de l'air.
» Introduisons, en effet, une dissolution aqueuse de tannin ou une infu-
sion filtrée de noix de galle dans une série de flacons que le liquide rem-
plit entièrement ; soumettons ces flacons au vide pendant vingt-quatre heures
pour éliminer l'air dissous; faisons-y entrer de l'acide carbonique qui sa-
ture les liqueurs, et, après les avoir soigneusement bouchés, plaçons-les à
l'étuve, en ayant soin, quand ils en auront pris la température, de luter les
bouchons à la cire. Ainsi préparés, ces liquides se conserveront indéfini-
ment; j'en possède où le tannin n'a subi, depuis plus de quatre mois, au-
cune altération. La conversion de ce corps, quand elle s'opère, n'est donc
pas due à l'action d'un ferment soluble qui préexisterait dans la noix de
galle, et nous pouvons désormais, en toute sécurité, porter nos liquides à
l'ébullition.
» 2. Le tannin ne se transforme pas au seul contact de l'air.
» Introduisons la dissolution dans une série de ballons à col étiré et
recourbé suivant le procédé de M. Pasteur, et, après l'avoir fait bouillir
pendant quelques minutes, abandonnons-la dans un lieu tranquille à une
température d'environ i5 degrés; le tannin s'y conservera indéfiniment. Je
possède des ballons préparés dans ce but le 24 avril 1864, et où ce corps,
après un séjour de trois ans et huit mois au libre contact de l'air, est inal-
142..
( »og2 )
téré comme au premier jour. Le tannin ne se change donc pas en acide
galliqne par oxydation lente.
» Mais s'il n'y a ni action d'un ferment soluble, ni oxydation lente, si
l'oxygène de l'air est nécessaire à la transformation et s'il ne suffit pas à la
produire, quelle en est donc la cause prochaine?
» 3. Pour que le tannin se transforme il faut et il suffit qu'un mycélium
de mucédinée se développe dans sa dissolution.
» Deux champignons apparaissent naturellement dans les dissolutions de
tannin abandonnées à l'air, toutes les fois qu'il s'y forme de l'acide gal-
liqne; il s'agit d'en semer les spores et d'en suivre le développement; ce
sont le Pénicillium glaucum, et un Aspergillus à spores hérissées, voisin par
conséquent de Y Aspergillus glaucus, mais qui, par la couleur noirâtre que
ces spores conservent dans les milieux les pins divers, et par quelques
autres caractères, m'a paru, ainsi qu'à M. le Dr Léveillé, dont je suis heu-
reux de pouvoir invoquer ici la grande autorité, constituer une espèce dis-
tincte et nouvelle; appelons-le Aspergillus niger.
» Semons maintenant dans un des ballons de la seconde expérience qui,
laissés à eux-mêmes, ne s'altèrent jamais, quelques spores de l'une ou de
l'autre de ces mucédinées, et nous verrons, en même temps que ces spores
développeront dans le liquide de beaux flocons de mycélium, le tannin
subir une destruction progressive, qui se trahira bientôt par la formation
de cristaux de plus en plus nombreux d'acide gallique et qui, après quelques
jours, sera complète. Comme ce mycélium exige pour se développer une
petite quantité d'oxygène libre, on comprend que si l'on interdit rigoureu-
sement l'accès de l'air, comme on le fait dans la première expérience, la
dissolution devra se conserver indéfiniment, bien qu'on puisse y avoir dé-
posé à l'avance d'innombrables spores des deux mucédinées actives; mais
que l'on débouche les flacons et l'on verra ces spores germer, développer
un mycélium floconneux et provoquer en même temps la transformation
corrélative du tannin.
» Ainsi l'air tout seul est inactif; seules les spores du Pénicillium et de
Y Aspergillus demeurent impuissantes; il faut que la dissolution reçoive
à la fois une spore de la mucédinée active et le contact d'une quantité
d'oxygène suffisante pour faire germer cette spore et la développer en
un abondant mycélium. C'est donc l'air qui apporte au tannin les deux
principes dont l'action commune est nécessaire à sa destruction, les spores
et l'oxygène; il est à la fois véhicule et aliment.
» 4. Sous l'influence de la vie et du développement de ce mycélium, le
( 'oç)3 )
tannin se dédouble en acide gallique et en glucose, avec fixation des élé-
ments de l'eau comme dans l'expérience de M. Strecker. On retrouve en
effet, quand la transformation est accomplie, la totalité de l'acide gallique
indiquée par l'équation, mais le glucose y est toujours en proportion moin-
dre et un peu variable; la plante s'en est assimilé une partie pour constituer
ses propres tissus. C'est donc au sucre du tannin que le mycélium prend
les aliments bydrocarbonés qui sont nécessaires à sa vie, et cette circon-
stance explique le mécanisme du dédoublement.
« 5. Pour que le dédoublement du tannin s'opère, il faut que la plante
vive et se développe dans l'intérieur de la dissolution; dans ce cas, le poids
du mycélium formé est toujours très-faible, -j-~ environ' du poids du tannin
transformé. Quand, au contraire, la plante s'étale à la surface et qu'elle y
fructifie en y formant une couche épaisse, son mode d'action est bien diffé-
rent. Elle brûle alors directement le tannin en exhalant de grandes quan-
tités d'acide carbonique; il ne se fait de dédoublement que celui qui cor-
respond au faible développement des parties plongées du mycélium, et le
glucose qui en résulte est brûlé, lui aussi, et plus rapidement que l'acide
gallique; de sorte que tout ce qu'on retire d'une dissolution concentrée de
tannin après quelques jours d'une végétation superficielle active, c'est une
faible quantité d'acide gallique et des traces de sucre; mais alors le poids de
la plante formée est très-considérable et peut atteindre -^ du poids du tan-
nin détruit.
» 6. Il nous reste à montrer que c'est bien par le fait même de sa vie
et de son développement que le mycélium dédouble la tannin et non par
l'action de principes solubles sécrétés par lui et capables d'agir en dehors
de l'organisme.
» Introduisons dans une dissolution de tannin un mycélium abondant
extrait d'une fermentation en activité, et traitons ensuite le liquide comme
il est indiqué dans la première expérience, nous verrons qu'il demeure
inaltéré. Ainsi, dans les circonstances où elle peut agir chimiquement, mais
où tout développement lui est interdit, puisqu'elle ne possède pas trace
d'oxygène, la plante reste inactive. Elle n'agit donc que par le fait même
de son développement, et nullement par l'action chimique des liquides
qu'elle renferme. La même impuissance se révèle si l'on broie le mycé-
lium avec un peu d'eau et si l'on ajoute le suc filtré à une dissolution de
tannin sur laquelle on fait ensuite le vide. De notre première expérience
combinée avec celle-ci il résulte donc qu'il ne saurait être question ici
de ferment soluble d'aucune sorte, ni préexistant dans la noix de galle,
( '°94 )
ni contemporain de la vie du mycélium, ni postérieur à sa destruction;
c'est la nutrition même île la plante, et cette nutrition seule qui provoque
le dédoublement.
» En résumé, nous voyons que la transformation du tannin à la tempé-
rature ordinaire est toujours un dédoublement en acide gallique et en glu-
cose, avec fixation des éléments de l'eau, et que ce dédoublement est tou-
jours corrélatif de la vie et du développement d'un être organisé végétal
qui a, cette fois, sa place bien connue dans nos classifications; c'est le
mycélium du Pénicillium glaucum ou celui de Y Aspercjillus nicjer. A ce titre
ce phénomène rentre sous l'énoncé général des fermentations proprement
dites, telles que les travaux de M. Pasteur nous les ont fait connaître;
mais il se présente ici une circonstance intéressante, qui caractérise un type
nouveau. Notre plante, en effet, a besoin pour vivre de l'oxygène de l'air;
dans la fermentation alcoolique et dans toutes celles qui se rattachent au
même type, la levure en est au contraire indépendante. Les vues théoriques
de M. Pasteur sur le mode d'action des ferments n'en subsistent pas moins,
pourvu qu'on en généralise l'application. Dans les fermentations ordinaires,
le ferment prend l'oxygène qui lui est nécessaire à la substance fermentes-
cible, dont l'équilibre se trouve dès lors détruit et qui se résout en groupe-
ments nouveaux; ici, ce n'est point l'oxygène, c'est le sucre que notre fer-
ment enlève au tannin, parce que lui seul peut lui fournir l'aliment hydro-
carboné indispensable à la constitution de ses tissus, d'où encore rupture
d'équilibre et dédoublement. Nous avons donc maintenant, sans parler des
combustions totales que M. Pasteur a étudiées le premier, et dont j'ai donné
plus haut un nouvel exemple, trois types distincts de fermentations accom-
plies par les êtres vivants : fermentation acétique, fermentation alcoolique
et ses congénères, fermentation gallique; et celle-ci nous introduit pour la
première fois dans le domaine de végétaux beaucoup plus élevés en orga-
nisation que les ferments actuellement connus. Je ne saurais, toutefois, ter-
miner cet exposé sans rapprocher le phénomène que nous venons d'étudier
de celui que, d'après les recherches de M. Pasteur, le Pénicillium glaucum
réalise quand il décompose le paratartrate acide d'ammoniaque en ses
tartrates droit et gauche constituants, pour détruire le sel droit et isoler
le sel gauche (i). »
(i) Dans des expériences encore inédites, M. Pasteur a reconnu : i° que le Pénicillium
peut détruire à son tour le tartrate gauche; 2" que les tartrates gauches de chaux et d'am-
moniaque peuvent, eux aussi, fermenter, quoique beaucoup plus difficilement que les sels
droits correspondants.
( 1095 )
M. Coulvier-Gravieb adresse l'extrait d'une Lettre d'après laquelle on
n'aurait pu constater à l'île Maurice l'apparition d' étoiles filantes au mois
de novembre dernier (i).
M. Zantedeschi adresse une brochure, imprimée en italien, « sur l'Ac-
tion de la lumière solaire sur les corps ». ♦
Ce travail sera soumis à l'examen de MM. Decgisne et Edm. Becquerel.
M. Valat adresse une <i Note supplémentaire sur le postulatum d'Eu-
clide ».
Cette Note sera renvoyée, comme la précédente, à l'examen de M. Chasles.
M. Gag\age adresse une Note relative à l'utilisation des engrais.
M. Layrle adresse une Note relative à diverses questions d'Astronomie.
La séance est levée à 6 heures. É. D. B.
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séancedu %3 décembre 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
Le Jardin fruitier du Muséum; par M. DECAISSE; liv. ga. Paris, j866;
in-40.
Bulletin de Statistique municipale, publié par les ordres de M. le Baron
Haussmann, mois d'octobre 1867. Paris, 18G7; in-4°.
Mécanique céleste. Réflexions sur t' hypothèse de Laplace relative à l'origine
et à la formation du système planétaire; par M. SEGUIN, Correspondant de
l'Institut. Paris, 1867; br. in-4°.
Mémoires d'agriculture et d'économie rurale et domestique, publiés par la
Société impériale et centrale d'Agriculture de France, année i8G5. Paris,
1867; in-8°.
(1) Ce résultat concorde parfaitement avec ceux qui ont été communiqués h l'Académie
par divers observateurs, si l'on tient compte de l'heure où l'apparition s'est produite dans
les points où elle a été signalée, et de la différence de longitude entre l'île Maurice et ces
divers points.
( !oç)6 )
Les monstres marins; pur M. Armand Landrin. Paris, 1867; in- 12,
illustré.
Annuaire pour l'an 1 8(38, publié par le Bureau des Longitudes. Paris, 1 867;
in- 12.
Leçons élémentaires d'Agriculture; par M. F. Mazure, t. II. Paris, 1867;
in- 12 illustré.
Notice sur le phénomène diluvien dans le bassin de Lavilledieu et dans les
parties afférentes des vallées de la Garonne, du Tarn et de l'Ave) ion; j/ar
M. A. Leymerie. Toulouse, 1867 ; br. in-8°.
Mémoire sur l'influence que le sol géologique peut exercer sur la culture et
les produits de la vigne dans certaines contrées du sud-ouest de la France; par
M. A. Leymerie. Toulouse, 1867; br. in-8°.
Société impériale et centrale d'Agriculture de France. Programme général
des concours 1867. Paris, 1867; br. in-8°.
Exposition universelle de Paris, 18G7. Catalogue des produits exposés par la
Guyane anglaise, publié par le Comité de correspondance de la Société
royale d'Agriculture et de Commerce. Londres, 1867; in-8°. (2 exem-
plaires.)
The... Le kaléidoscope: histoire, théorie et construction ; par Sir David
Brewster. Londres, i 858; in- 12 avec figures, relié.
The... Z-e stéréoscope : histoire, théorie et construction ; par Sir David
Brewster. Londres, i856; in-12 avec figures, relié.
Annuario... Annuaire de la Société des Naturalistes de Modem, i,e et
ie année. Modène, 1867; 2 vol. grand in-8° avec planches.
Anales... Annales du musée public de Buenos-Ayres; par M. G. Burmeis-
ter, 4e bvr. Buenos-Ayres, 1867; 111-4° avec planches.
Piccoli... Courte note sur le choléra-morbus et sur une méthode curative;
parM. C. Coco. Catane, 1867; opuscule in-8°. (Envoyé au concours Bréant.)
Dell... De l'action de la lumière solaire sur les corps; par M. le professeur
Zantedescht. Catane, 1867; br. in-/j°.
COMPTE RENDU
DES SÉANCES
DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES
SEANCE DU LUNDI 50 DÉCEMBRE 1867.
PRÉSIDENCE DE M. CHEVREUL.
MEMOIRES ET COMMUNICATIONS
DES MEMBRES ET DES CORRESPONDANTS DE L'ACADÉMIE.
M. Pakis fait hommage à l'Académie de la première partie d'un ouvrage
qu'il publie et qui a pour titre: L' Art naval à l' Exposition universelle de
Paris en 1867. Description des derniers perfectionnements et inventions
maritimes.
PHYSIQUE. — Note sur le passage des courants électriques au travers des
gaz incandescents ; par M. Edm. Becquerel.
« M. E. Bouchotte a observé dernièrement ce fait très-intéressant (1)
que l'introduction d'un voltamètre à eau acidulée dans le circuit d'un ap-
pareil magnéto-électrique produisant les deux séries de courants alternati-
vement inverses, peut ne donner lieu qu'à la circulation d'un seul groupe
de courants, ou du moins peut ne laisser prédominer que les courants d'un
même sens. Il suffit, pour obtenir ce résultat, d'employer comme une des
électrodes, un fd tin de platine qui plonge légèrement dans l'eau acidulée,
de façon à s'entourer d'une gaine lumineuse, et alors cette électrode est
positive et les courants qui correspondent à cette distribution électrique
sont seuls appréciables.
[1 Voir Comptes rendus, pages 75g et gy5 île ce volume.
C. R., i3fi?, 2e Semestre ( T. LXV, ?• ■ 27.1 I 4^
( io98 )
» Ayant été témoin de ces effets, j'ai pensé qu'il était possible de s'en
rendre compte en ayant égard à l'inégale conductibilité électrique des va-
peurs et des gaz incandescents suivant la grandeur relative des électrodes
et suivant le sens des courants électriques; j'ai montré, en effet, dans un
travail publié en 1 853 (i) qu'à partir de la température rouge les gaz de-
viennent conducteurs de l'électricité, et qu'en employant comme électrodes
un tube en platine contenant le gaz échauffé et un fil de platine tendu trans-
versalement suivant l'axe du tube, avec l'air, à égalité de tension électrique,
la conductibilité est plus grande quand le fil central est positif que lorsqu'il
est négatif. La gaîne lumineuse, dans les expériences ci-dessus, étant
formée de matières gazeuzes incandescentes sert de conducteur, le liquide
ambiant et le fil central formant les deux électrodes. Avec l'eau acidulée,
le fil positif doit donner lieu au maximum de conductibilité, puisqu'une
série de courants l'emporte complètement sur l'autre.
» Si, comme je le pense, on peut expliquer ainsi ce phénomène, pour
rendre compte de ce fait que certains liquides donnent des courants dans
lesquels le fil entouré d'une gaîne lumineuse devient négatif, ou bien trans-
mettent simultanément et en égale proportion les deux systèmes de cou-
rants induits inverses, il faut donc que les pouvoirs conducteurs et les effets
qui ont lieu au passage des électrodes et des matières gazeuzes changent
avec la nature des matières gazéifiées.
» M. Bouchotte a vu que la lumière produite quand les courants passent
ainsi entre un fil fin de platine ou de fer et des dissolutions salines était
plus ou moins vive; avec le chlorure de magnésium, principalement, la lu-
mière est très-blanche et indique une décomposition polaire du sel de
magnésium ainsi que la présence de ce composé dans l'étincelle.
» On peut observer facilement les mêmes effets lumineux avec une bobine
d'induction ordinaire, en faisant éclater une succession rapide d'étincelles
entre un fil de platine positif et une surface liquide contenant un sel aisément
décomposable, comme le chlorure de sodium, de potassium, de calcium,
de strontium, de cuivre, etc., et alors les étincelles se colorent de façon
à faire apparaître les nuances caractéristiques que l'on observe avec les
substances salines volatilisées dans les flammes. Cet effet est tellement net,
qu'en disposant de petits tubes de 10 à i5 millimètres de diamètre conte-
nant diverses dissolutions aqueuses salines et en excitant à l'aide d'une
bobine d'induction une succession très-rapide d'étincelles formant comme
i) Annales de Chimie et de Phjsique, 3" série, t. XXXIX, p. 3^ i ; i853.
( io99 )
une espèce d'arc entre la pointe d'un fil positif en platine convenablement
isolé du tube de verre et la surface du liquide, on peut, au moyen d'un
spectroscope, reconnaître la nature des substances dissoutes.
» Pour faire l'expérience avec facilité, le tube, fermé par le bas, est tra-
versé par un fil de platine qui fait communiquer le liquide remplissant en-
viron la moitié du tube avec une des extrémités du fil induit; le fil de pla-
tine, qui pénètre par en haut dans le tube, passe dans l'intérieur d'un tube
capillaire et ne dépasse le tube que d'une longueur d'un millimètre environ ;
son extrémité est placée à quelques millimètres seulement de la surface du
liquide. Pour observer ces effets le fil isolé extérieur doit être positif et le
liquide négatif, c'est la position qui donne le maximum d'action; si les
étincelles passent en sens inverse, une fois le fil décapé, on peut n'observer
aucun effet semblable ou du moins on a un effet plus faible. Il est pos-
sible que la dissolution subisse une décomposition électro-chimique polaire
et qu'à la surface du liquide les matières basiques décomposées viennent
colorer les étincelles.
» Ces résultats, donnent un moyen facile de reconnaître par l'analyse
optique, autrement qu'à l'aide des flammes ordinaires, la nature de cer-
taines matières salines renfermées dans des dissolutions conductrices de
l'électricité. »
ASTRONOMIE. — Remarques au sujet de la Note insérée dans le dernier
Compte rendu, sous le titre : « L'Observatoire impérial de Paris, sa
situation et son avenir »; par M. Y von Villarceau.
« Dans cette Note, à laquelle je ne puis me dispenser de répondre, on a
divisé les travaux astronomiques en trois classes : « la première, de beau-
» coup la plus nombreuse, comprenant les questions qui pourront par-
» faitement bien continuer d'être traitées dans l'établissement actuel ; la
» seconde renfermant les travaux qui réclament pour leur exécution une
» station plus méridionale; la troisième limitée à deux ou trois questions
» spéciales à la géographie et à la physique de Paris. »
» Sans nous astreindre à suivre tout d'abord cette classification, passons
en revue les divers travaux d'observation qui doivent et peuvent être
faits dans un grand établissement astronomique, tel qu'il convient à la
France d'en posséder un, tel qu'est le magnifique Observatoire de Poul-
kova, établi à 4 lieues de Saint-Pétersbourg. Ces travaux comprennent :
la détermination directe des positions des étoiles dites fondamentales, aux-
i43..
( I I oo )
quelles se rattachent celles des autres astres, les observations du Soleil,
des planètes, des comètes et des nébuleuses , les mesures micrométriques
des étoiles multiples et des diamètres des planètes, la recherche si délicate
des parallaxes, la vérification ou la correction des constantes de la réfrac-
tion, de l'aberration et de la natation, les observations nécessaires à la for-
mation oa à l'extension des catalogaes d'étoiles, enfin les observations non
moins importantes d'astronomie physique. Tous ces travaax s'exécutent,
avec un succès non égalé jusqu'ici, dans l'observatoire de Poulkova,
et leur concentration dans le même établissement a permis d'y former
complètement à la pratique des observations astronomiques, une généra-
tion d'astronomes qui continuent dignement la tradition de l'illustre fonda-
teur de cet observatoire, W. Struve. A quelle condition ce résultat a-t-il
pu être obtenu? Il a fallu simplement prendre le parti de fonder le nouvel
observatoire hors de l'enceinte delà ville et sur l'une des collines que l'on
rencontre dans son voisinage.
» De tous les travaux qui viennent d'être énumérés, les seuls qui puis-
sent encore continuer à être exécutés à l'Observatoire de Paris et qui for-
ment la première classe, se réduisent aux observations des planètes et des
comètes douées d'an certain éclat et des étoiles à catalogaer. L'Observa-
toire de Paris, ainsi restreint, prend le rang d'an observatoire de deuxième
ou même de troisième ordre; car les localités où s'établissent les observa-
toires du second ordre sont généralement choisies de manière à échapper
aux inconvénients multiples que présente l'installation au sein d'une grande
capitale : fumée des usines, vapeurs illuminées ou non, bruit, poussière,
trépidation du sol, voisinage des maisons, etc.
» Dans la deuxième classe, où figurent, d'après la Note sus-mentionnée,
« les travaux qui réclameraient pour leur exécution une station plus méri-
» dionale », il faudrait des lors ranger la détermination directe des fondamen-
tales, les observations des planètes et comètes trop faibles pour être obser-
vées à Paris, celles des nébuleuses, les mesures micrométriques des étoiles
doubles et des diamètres des planètes, la recherche des parallaxes, la véri-
fication ou la correction des constantes de la réfraction, de l'aberration et
de la nutation, les observations des étoiles faibles et les travaux d'astronomie
physique. Si une telle concentration s'effectuait dans la succursale actuelle
de l'Observatoire de Paris, cette succursale ae prendrait-elle donc pas la
place de l'établissement principal! On paraît vouloir éviter cet inconvé-
nient en dispersant le matériel astronomique et les observateurs à Mont-
pellier, à Bordeaux, à Toulouse, etc., où l'on compte voir s'établir des obser-
( MO, )
vatoires que l'on parviendrait à annexer à l'Observatoire de Paris, comme
on l'a déjà pratiqué à l'égard de celui de Marseille. Dans ce système, l'Ob-
servatoire actuel serait constitué en une sorte de Ministère de l'Astro-
nomie, dont les bureaux occuperaient le bâtiment central et où le travail
astronomique le plus utile se réduirait véritablement à celui des calculs.
» Je ne veux pas examiner, pour l'instant, les nombreux inconvénients
du système des annexions en matière d'observatoires astronomiques : cha-
cun saisira aisément les plus graves d'entre eux.
» La troisième classe se trouverait « limitée à deux ou trois questions spé-
» ciales à la géographie et à la physique de Paris ». D'après cet énoncé, il est
difficile de deviner sur quoi peuvent porter ces questions; mais on trouve
plus loin, que cette classe ne comprend, « à vrai dire », qu'une seule opé-
ration, celle de la mesure de la latitude, dont les déterminations, suivant
l'auteur de la Note, « pourraient être incertaines de quelques dixièmes de
« seconde»; tandis que, selon moi, l'incertitude atteint o", 7. Or une telle
incertitude est, de nos jours, inacceptable quand il s'agit du principal
observatoire d'une grande nation.
» Je n'éprouve pas le besoin de répondre au singulier reproche qui
m'est adressé, celui de vouloir entraîner en plaine, tout un grand obser-
vatoire, dans le seul but de déterminer plus exactement la latitude de
Paris.
» Si je propose la fondation d'un grand établissement astronomique,
c'est qu'une longue expérience et de nombreuses méditations m'ont con-
vaincu de l'impossibilité d'accomplir, dans l'Observatoire actuel, les tra-
vaux qui font la gloire d'un observatoire de premier ordre. En provoquant
un déplacement de « quelques kilomètres », j'ai eu en vue, non de trouver
un climat un peu meilleur, mais d'échapper aux difficultés inhérentes à
l'établissement actuel. J'ai déjà fait remarquer que le climat de Paris n'est
pas inférieur à celui des principales villes de Russie, d'Angleterre et d'Al-
lemagne, et qu'il permet d'atteindre une liante précision; je dois faire
remarquer, en outre, qu'en s'élablissant à un niveau plus élevé de
100 mètres que celui de l'Observatoire de Paris, on échapperait à l'influence
pernicieuse des basses régions de l'atmosphère. Si le climat de Paris se
trouvait être le plus favorable que l'on pût imaginer, il n'en serait pas
moins nécessaire de provoquer la translation de l'Observatoire hors de
l'enceinte d'une ville si considérable.
» Les opinions que je viens d'exprimer ne me sont pas exclusivement
personnelles; mes collègues de l'Observatoire les partagent.
( I I 02 )
» Il me reste à repousser une assez grave imputation, celle d'avoir tenu
un trop faible compte des respects dus aux souvenirs de nos devanciers.
J'avais pensé la prévenir en invoquant des précédents; il paraît que je n'y
ai point réussi. Mais je dois avouer que j';ii été encouragé dans mes propo-
sitions par la lecture des phrases suivantes, que l'on trouve dans les Annales
de l'Observatoire impérial : « Si la Commission ne demande pas la translation
» de l'Observatoire, c'est qu'elle espère, etc.; elle fait remarquer que
» I'abandon du grand bâtiment centril, si improprement appelé l'Ob-
» servatoire, ne causerait aucun regret aux amis de l'Astronomie. L'ima-
» GINATION DU PULLIC A BEAU TVOIR LE SANCTUAIRE DE LA SCIENCE, LA VÉRITÉ
» est qu'on n'y a jamais fait d'observations suivies ». On lit encore, dans
une communication sur le même sujet, faite à l'Académie, séance du 1 1 no-
vembre dernier : « Dominique Cassini, appelé d'Italie, dirigea les obser-
» vations vers les recherches physiques, et les dispositions du bâtiment
» furent telles, qu'il n'a jamais servi et ne pourra servir à abriter un in-
» strument de précision. On sait les véhéments reproches adressés à Cas-
» sini, par notre illustre confrère M. Biot, qui allait jusqu'à déclarer en
» toute occasion , que la venue de Cassini en France avait été une
» calamité pour l'astronomie de notre pats... ». En présence d'un
tel jugement, le respect dû aux souvenirs pourrait-il donc remonter au
delà de quatre-vingts ans? On lit plus loin : « Cassini proposa de raser
» l'étage supérieur, dont l'élévation est plus nuisible qu'utile ». Enfin
la Note insérée dans le dernier Compte rendu contient ce passage : « On
» gagnerait beaucoup à cet égard, si l'on croyait pouvoir déraser l'étage
» supérieur, ainsi que l'avait proposé Cassini dès 1786 ».
» Passant sur toutes les insinuations étrangères à la partie scientifique
du sujet qui nous occupe, je vais maintenant demander à l'Académie la
permission de lui communiquer une Note faisant suite au Mémoire que
j'ai lu dans la dernière séance. »
ASTRONOMIE. — De la nécessité de joindre une succursale à l'Observatoire
de Paris; par M. Yvox YiLLAitcEAC.
a 1 /établissement d'une succursale de l'Observatoire de Paris, dans les
conditions qui vont être définies, me parait offrir l'occasion de faire faire
un grand pas à l'Astronomie de précision. C'est ce qui résultera, je l'espère,
des considérations suivantes.
» Dans mon précédent Mémoire, j'ai montré que de nouvelles tenta-
( no3 )
tives pour perfectionner les instruments astronomiques seraient à peu près
sans objet, tant qu'on négligera la considération des influences locales.
Imaginons que l'on établisse des instruments méridiens les plus perfection-
nés, dans la localité jugée la plus favorable, et que des observateurs très-
exercés y fassent l'application des meilleures métbodes pour la détermina-
tion des positions des étoiles dites fondamentales ; on peut être certain à
l'avance, que les résultats obtenus dans ces conditions seront d'une préci-
sion supérieure à celle que l'on peut atteindre à l'Observatoire de Paris,
cet Observatoire ne possédant pas les instruments méridiens les plus per-
fectionnés et se trouvant établi dans des conditions locales défavorables.
Une exactitude donnée ne s'y obtiendrait qu'au prix d'un bien plus grand
nombre d'observations.
>> Mais, quand on aura ainsi obtenu la précision requise, ou même atteint
la limite de précision résultant de l'impossibilité d'échapper complètement
aux influences atmosphériques, sera-t-on également certain d'avoir utilisé
toute la précision des instruments et des méthodes? Cela est tout au moins
douteux. En effet, bien que la partie accidentelle des erreurs dues aux
influences locales s'élimine de la moyenne d'un grand nombre d'observa-
tions, il faut cependant reconnaître que cette moyenne devra conserver des
traces des influences prédominantes : l'accord dans les moyennes partielles
de plusieurs années d'observations, s'il existe, prouvera simplement que la
cause prédominante a agi avec la même efficacité. Comment donc s'assurer
du degré de précision obtenu? Je n'aperçois d'autre solution de ce pro-
blème, que celle qui consiste à faire exécuter le même genre d'observations,
dans une autre localité aussi différente que possible de la première, au point
de vue des circonstances atmosphériques et locales. La précision des instru-
ments, des méthodes, et l'exactitude des observateurs devraient être égales
des deux côtés. On sent qu'un pareil but ne saurait être atteint par la
comparaison des observations faites dans deux observatoires indépendants
l'un de l'autre. Que de difficultés n'aurait-on pas à vaincre s'il fallait déci-
der un autre observatoire à abandonner le cours de ses travaux, pour entrer
dans une nouvelle voie de recherches!
» Si l'on accepte ce nouveau point de vue, on trouvera que la succur-
sale créée à Marseille ne doit pas seulement servir à l'établissement des
grands appareils astronomiques qui ne pourraient- fonctionner utilement à
Paris, mais qu'il faut encore que Paris et sa succursale soient dotés d'un
système d'instruments méridiens perfectionnés et destinés à fonctionner en-
semble, dans les meilleures conditions locales possibles ; ce qui implique,
( iro4 ).
dans ma conviction, la nécessité du transfert de l'Observatoire hors de
Paris.
» Tel paraît être le senl moyen de résoudre les difficultés qui s'opposent
aujourd'hui aux progrès de l'Astronomie de précisioxi. Que plusieurs cou-
ples d'établissements astronomiques soient semblablement installés chez
nos voisins, qu'ils soient institués sur des bases différentes, en ce qui
concerne les instruments, et l'on reconnaîtra si les observations conservent,
ou non, quelques traces d'erreurs systématiques que l'on aurait négligées.
Alors, sans doute, on pourra atteindre le degré de précision que la condi-
tion d'observer au travers de l'atmosphère, et par des températures inces-
samment variables, ne permettra jamais de dépasser. Tout nous autorise à
penser qu'en appliquant, dès à présent, les méthodes connues d'investiga-
tion, ce résultat serait bien près d'être obtenu. Essayons d'en caractériser
l'importance.
» Les astronomes savent que dans la plupart des recherches de méca-
nique céleste ou, tout au moins, d'astronomie stellaire, on néglige d'avoir
égard aux observations antérieures à l'époque de Bradley ; c'est qu'en effet,
le défaut de précision de ces observations n'est pas compensé par la gran-
deur du temps qui nous en sépare. Par la même raison, les observations
de Bradley seront abandonnées à leur tour, dès que les astronomes seront
en possession d'observations tellement précises, que l'infériorité relative
des observations de Bradley ne soit plus rachetée par leur ancienneté.
Est-ce à dire que toutes les anciennes observations soient successivement
destinées à ne plus servir de base aux calculs astronomiques? Évidemment
non ; car dès l'instant où la limite de précision sera atteinte, toutes les ob-
servations qui jouiront de cette précision seront appelées à contribuer indé-
finiment aux progrès des théories astronomiques.
» L'époque où ces importants résultats seront acquis à la science est
peut-être encore éloignée; mais l'établissement de succursales telles
que je viens de les définir paraît offrir la voie la plus rapide de les réa-
liser. »
M. Delaunay ht la Note suivante :
« Lundi dernier, après avoir donné lecture d'une Note très-courte [voir
ci-dessus, p. 1082), j'ai ajouté quelques explications verbales, en décla-
rant que je ne les insérerais pas au Compte rendu. J'ai parlé notamment de
la découverte de la 910 petite planète. Rappelant la Note par laquelle
( no5 )
M. Le Verrier a annoncé cette découverte à l'Académie (séance du 5 no-
vembre 1866) j'ai dit : ■< Qui n'eût cru, d'après cette Note, que la planète
avait élé découverte par M. Stéphan? Et cependant il n'en est rien; elle a
été trouvée par un jeune observateur dont M. Le Verrier n'a pas voulu
nous faire connaître le nom. »
» Cette assertion a causé une stupéfaction générale, et a été accueillie
par des marques visibles d'incrédulité.
» M. Le Verrier, loin de démentir le fait, a eu la prétention de le justi-
fiera l'aide d'une théorie étrange qu'il n'a pas craint de livrer à la publi-
cité en ces termes :
'< M. Delaunay, qui tient absolument à ne pas laisser chômer la discus-
» sion, introduit une nouvelle plainte fondée sur ce que, dans une récente
» occasion, M. Le Verrier n'aurait pas nommé la personne qui, dans notre
» succursale de Marseille, a rencontré la gie petite planète. On a dit très-
» nettement, au sujet de la 8c/, qu'elle avait été trouvée par M. Stéphan,
» notre savant et zélé collaborateur, placé à la tète des travaux de la suc-
» cursale. C'est par un parti très-arrêté qu'on en a agi autrement au sujet
» de la 91e. La recherche des petites planètes et des comètes a été, en
» effet, organisée à l'Observatoire de Marseille de telle manière que des
» personnes n'ayant aucune connaissance en astronomie peuvent v être
» employées. Ces personnes ont droit à un traitement proportionné à leur
» zèle, et ce serait leur rendre un mauvais service à elles-mêmes que de
» les poser en lace du public comme étant des astronomes. Il est de notre
» devoir de ne reconnaître comme tels que ceux qui ont une instruction
» suffisante et qui savent marcher seuls. »
» Ainsi M. Le Verrier nous apprend qu'il emploie à Marseille, pour les
observations, des jeunes gens n'ayant aucune connaissance en astronomie;
que ces jeunes observateurs ne peuvent même pas aspirer au titre d'astro-
nomes. Leur rôle, qui consiste à faire des découvertes dans le ciel pour le
compte de l'Observatoire, rappelle le fameux sic vos non vobis du poète.
« La doctrine exposée par M. Le Verrier dans cette circonstance est vé-
ritablement une énormité. J'affirme qu'on ne trouverait pas dans le monde
entier un seul directeur d'observatoire qui consentît à se compromettre au
point de lui donner son approbation. Si j'ai pris la parole aujourd'hui, ce
n'est pas pour perpétuer la discussion, comme paraît le croire M. Le Ver-
rier , mais c'est pour qu'on ne s'imagine pas à l'étranger qu'il ne s'est élevé
au sein de notre Académie aucune protestation contre la façon dont le
C. R., 18G7, Ie Semestre. (T. LX.V, IN" 27.) r44
( no6 )
Directeur de notre premier établissement astronomique entend faire pro-
spérer la science. »
« M. Le Verrier, venu d'assez bonne heure à la séance, regrette qu'on
n'ait pas pu l'attendre pour reprendre les questions en discussion, puis-
qu'on jugeait opportun de le faire (t). Il ne connaît que la fin du discours
de M. Delannay, et ne voit pas dans l'exagération des mots et des phrases
une raison de répondre de nouveau à des arguments déjà réfutés. On main-
tient le droit, pour le Directeur d'un observatoire, d'appliquer à la révision
ordinaire des parties du ciel de simples employés. M. Delaunay donne
d'ailleurs l'exemple en appelant à son secours, pour la théorie de la Lune,
d'honorables géomètres dont il ne nous a pas encore dit les noms.
» Du reste, le débat s'agrandit, et, d'un autre côté, on propose de sup-
primer, non plus le Directeur, mais l'Observatoire lui-même, de le raser
et d'en vendre l'emplacement à tant le mètre! Cela produira des millions!
» L'Académie n'approuverait pas sans doute que je désertasse cette seconde
partie du débat, la seule importante, et que je fisse défaut à la défense du
grand établissement national fondé en même temps que l'Académie, et par
Elle, il y a juste deux siècles. On m'excusera donc de reprendre la parole
autant qu'il sera nécessaire. Nous regretterions seulement que cette seconde
discussion, entièrement impersonnelle, ne conservât pas son caractère pu-
rement scientifique. Afin de le lui garder autant qu'il est en nous, nous ne
considérerons que la nature des arguments qui pourront venir de divers
points, et nous y répondrons sans nous occuper de leurs auteurs. Nous
serions heureux que nos contradicteurs voulussent bien en user de même à
notre égard.
» Nous avons, dans la séance du 23 décembre [Comptes rendus, p. 1073),
fait connaître notre opinion au sujet de la question soulevée. Nous ne
voulons pas de la destruction de l'Observatoire de Paris; il est possible d'y
conserver avec avantage la plus grande partie de nos entreprises, et c'est
dans le Midi, dans l'établissement créé à cet effet, qu'il faut effectuer les
recherches réclamant un ciel pins pur. Nous avons donné nos raisons avec
un développement suffisant, et nous n'avons quant à présent qu'à répondre
(1) C'est même seulement le lendemain de la séance qu'un confrère a appris à INI. I.e
Verrier qu'on était aussi revenu sur la question du transport de l'Observatoire, mais sans
pouvoir lui dire en quoi. On ne s'étonnera donc pas s'il n'a pu répondre aux nouveaux
points qu'on avait pu toucher, puisqu'il les ignore.
( "°7 )
à quelques objections que nous rencontrons dans le mèine numéro 26
du Compte rendu.
» i° On assure (p. 1060) que « dans la communication qu'il a faite à
» l'Académie, séance du 11 novembre 18(37, ^- ^e Verrier a présenté la
» question du déplacement de notre principal établissement astronomique,
« comme résultant d'incompatibilités entre les exigences des travaux de
» l'Observatoire et les projets de la ville de Paris. » Or, comme le 23 dé-
cembre suivant nous avons combattu l'idée du transfert de l'Observatoire,
on se donnerait ainsi la satisfaction de nous mettre en contradiction avec
nous-mème.
» L'assertion est inexacte et la contradiction n'existe pas. Il n'y a pas, en
effet, dans l'article du 1 1 novembre un seul mot qui puisse laisser croire
que je voulusse du transfert. Loin de là, je termine cet article comme il
suit : « Nous nous sommes occupé des moyens de tirer parti de la situation
» nouvelle, de manière que l'Astronomie n'ait pas à en souffrir. Nous croyons
» y être parvenu. » C'eût été, on en conviendra, un singulier moyen de tirer
parti d'un établissement que de le détruire. Au reste, l'auteur de cet argu-
ment inexact et personnel connaissait parfaitement nos intentions.
» i° On assure qu'il serait impossible de déterminer la latitude à l'Obser-
vatoire de Paris, qu'on la trouve sans doute trop faible d'un quart de seconde
en janvier et trop forte de la même quantité en juillet. Et l'on présente à
l'appui de cette opinion un relevé que M. Le Verrier, à la requête de l'au-
teur de l'objection, aurait fait préparer mois par mois des goo valeurs de la
latitude obtenues au Cercle de Gambey pendant six années.
» Il y a là plus d'une erreur.
» Le relevé dont il s'agit a été fait lorsqu'on a calculé la latitude résultant
des observations de six années, et sur une demande adressée par le dépôt
de la Marine. Je voulus savoir si la saison exerçait une influence sur la
valeur déterminée pour la latitude. Un examen préliminaire, incomplet,
suffit pour montrer que la saison n'avait aucune influence sérieuse, et il
fut dès lors mis de côté.
» C'est cette pièce qui, plusieurs années après, a été communiquée à
l'auteur de l'objection sur sa demande, pièce bonne pour le but que nous
nous nous étions proposé, mais insuffisante pour toute autre conclusion.
Nous ne l'avons pas publiée, et nous devons regretter qu'on en ait fait cet
usage sans notre assentiment, puisqu'on nous a ôté ainsi l'occasion de
prévenir que cette étude aurait eu besoin d'être complétée avant d'être
présentée à l'Académie.
144..
( no8 )
» Admettons au reste, si on le veut, cette différence d'un quart de
seconde sur lu latitude mesurée en janvier. Il faut qu'on sache que ce
quart de seconde n'est pas, sur la circonférence du Cercle de Gambev, la
huit-centième partie d'un millimètre, qu'il représente moins de huit mètres
sur la surface de la Terre, et qu'à ce point on atteint aux dernières limites
d'exactitude dont on puisse répondre. Dans la construction du Cercle, dans
la variation de la ligne de collimation avec la température, dans la varia-
tion des flexions, dans la disposition de la salle méridienne, dans les erreurs
des catalogues, on peut trouver l'explication de différences aussi minimes
sans avoir à faire peser cette terrible accusatiou sur la situation topogra-
phique de l'Observatoire.
» 3° On ajoute, du reste (p. 1068), « qu'on n'obtiendra la vraie latitude
» de l'Observatoire de Paris qu'en s'installant successivement à quelque
» distance de la ville, dans deux ou trois localités. »
» Mais s'il en était ainsi, il est bien clair qu'une fois le nouvel Observa-
toire construit, il faudrait encore s'en aller dans deux ou trois autres loca-
lités pour en déterminer la latitude, et dès lors pourquoi ne pas le faire de
suite pour l'Observatoire de Paris même?
» Nous le laisserons faire si on le désire, et nous déclarons qu'on est,
en ce qui nous concerne, parfaitement libre d'entreprendre de suite cette
opération, afin de profiter de l'hiver pour en varier les conditions. Mais
nous ne la prescrirons pas, attendu que son utilité nous paraît douteuse,
et que nous ne nous engagerions pas à substituer le résultat ainsi obtenu à
la latitude aujourd'hui bien déterminée.
» 4° Ija comète de 1861, dit-on, a été observée à Athènes lorsque déjà
la faiblesse de sa lumière ne permettait pas de la voir à Paris (p. 1069).
» Aucun exemple ne pouvait être mieux choisi pour montrer tout le
contraire de ce que l'auteur de l'objection veut établir. Les observations
de la comète ont été interrompues par le mauvais temps et non par 1 éclat
de l'atmosphère.
» La comète de 1861 a été suivie avec le plus grand soin depuis le mois
de juillet jusqu'à la fin de décembre par M. Lœvy et par moi. Nous en
avons encore fait chacun six observations en décembre. Déjà nous men-
tionnons en ce mois que l'état presque toujours défavorable du ciel a rendu
l'observation très-difficile, et plus tard il l'a rendue tout à fait impossible,
comme on va le voir.
» L'observation ne pouvait avoir lieu, chaque jour, qu'après le coucher
du Soleil, vers 6 heures du soir. Nos observations météorologiques nous
( i'°9 )
font connaître quel a été à cette heure, à partir du 28 décembre 1 861 , jour
de la dernière observation de la comète, l'état du ciel. Le voici :
Ciel à
Ci heures du soir.
1801
Dec.
29
3o
3i
Couvert.
Très- vaporeux.
Couvert.
18(52
Janv
1
3
Couvert.
Couvert.
3
Beau, vapeurs.
(A g heures, le ciel est très-nuageux.
4
Couvert.
5
Couvert.
6
Couvert.
7
Couvert.
8
Couvert.
9
Couvert.
10
Couvert.
1 1
Couvert.
Etc.
» Ainsi donc l'observation de la comète a été abandonnée, parce que le
ciel était couvert ou vaporeux. On sait qu'on n'observe pas une comète
faible par un temps brumeux.
» Il est très-vrai qu'on a revu ultérieurement la comète à Athènes, ville
plus méridionale que Tans, et où le ciel est d'une beauté exceptionnelle.
Ce fait a été pour nous un enseignement; nous avons compris qu'il fallait
faire observer les comètes, à la (in de leur apparition, ailleurs qu'a Paris.
Mais nous n'aurions pas atteint notre but en nous en allant en villégiature à
Fontenay-aux-Roses.
» Quand on se rend a Marseille par l'express, on voit la transparence du
ciel s'accroître à mesure qu'on progresse vers le Midi, et à mesure aussi
augmente l'éclat des étoiles. Marseille est plus méridional que Paris de 6 de-
grés, et Athènes est encore plus méridional que Marseille de 5 autres degrés.
Si l'on veut observer les comètes plus avant dans les profondeurs du ciel,
c'est dans le midi de la France qu'il faut aller. Or, c'est ce qui a été réalisé
quand on a organisé à Marseille un Observatoire où l'on a établi le télescope
le plus puissant. Les intérêts de l'Astronomie française ont été bien sauve-
gardés.
» 5° On aurait prédit (p. 1069) qu'on ne découvrirait plus de comètes
télescopiques à l'Observatoire de Paris, prévision, dit-on, réalisée jusqu'ici.
» De telles pi évisions sont vraiment trop faciles pour celui qui sait qu'on
( iiio )
ne cherche pas de comètes à l'Observatoire de Paris, et qu'on n'y en doit
pas chercher, non plus qu à Greeiiwich.
» La venue des comètes est surveillée avec un très-grand soin dans di-
verses contrées, et la découverte appartiendra toujours à ceux qui, après une
suite de mauvais jours, auront les premiers l'éclaircie du ciel. Or, cène
sont pas nos régions de l'ouest qui jouissent de cette faveur, et voilà pour-
quoi les fonctionnaires qui seraient chez nous employés à la recherche
des comètes perdraient leur temps à Paris et le perdraient tout aussi bien
à Fontenay. Nous avons organisé la recherche des comètes là où elle était
possible, c'est-à-dire à Marseille, où on en a déjà découvert une. Nous
demandons instamment qu'on ne vienne pas mettre le trouble dans cette
bonne organisation fondée sur la division du travail, en raison des lieux et
des aptitudes individuelles.
» 6° Lés terrains de l'Observatoire actuel, dit-on, sont estimés valoir 4
à 5 millions. On les vendra soit à la Ville, soit aux particuliers.... Avec le
prix ou construira entre autres à Fontenay des logements pour les obser-
vateurs et les calculateurs en titre... (une maison par personne, tel serait
le projet, assure-t-on d'une autre part).
» Nous avons protesté, nous protestons de nouveau contre ce vanda-
lisme, sans nier que cet établissement de petites maisons de campagne n'ait
dû rallier plus d'un suffrage.
» Si l'on veut bien rapprocher ces réponses de l'article inséré par nous
dans le numéro précédent, p. 1073, on verra que nous avons réfuté tous les
arguments apportés jusqu'ici. Nous continuerons dans le prochain numéro,
s'il y a lieu, à l'égard des arguments de même nature qui pourraient se trou-
ver dans le numéro actuel, arguments que nous ne connaissons pas en ce
moment et contre lesquels ce qui précède permet de se mettre en garde. »
« M. Yvox Villarceait demande à l'Académie la permission de remettre
sa réponse à l'époque où M. Le Verrier aura formulé les objections que
pourra lui suggérer le Mémoire lu dans la séance de ce jour. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur le tremblement de terre du 18 novembre 1807
aux Antilles; par 31. Ch. Sainte-Claire Deville.
« M. Ch. Sainte-Claire Devilie désire ajouter aux renseignements qui ont
été donnés sur ce phénomène par M. Le Verrier, dans la séance du 16 dé-
cembre dernier, quelques détails aux extraits de pièces imprimées ou
manuscrites de sa correspondance.
( IIII )
» La Lettre de M. Gaillard, citée par M. Le Verrier, ne s'appliquait
qu'à la Pointe-à-Pître. D'après ce document, la secousse, quoique faible,
aurait duré deux minutes au moins. Cette longueur, relativement considé-
rable, du phénomène (le grand tremblement de terre du 8 février i8/j3,
qui a détruit l'a Pointe-à-Pitre de fond en comble, n'a duré que io5 se-
condes) ne semble pas confirmée par les autres documents venus de la
Guadeloupe.
» Le journal le Commercial, de la Pointe-à-Pître, dit simplement : « Nous
» avons ressenti, à la Pointe-à-Pitre, une ou même, dit-on, deux secousses
» de tremblement de terre. »
» Voici l'extrait de deux correspondances de la Basse-Terre :
« Nous avons eu ici un phénomène très-singulier. Vers 3 heures de
» l'après-midi, la mer s'est tout à coup retirée à une assez grande distance,
» et, après un certain temps, elle a repris son niveau. La population a été
» très-effrayée ; mais il n'y a eu aucun mal Quelques personnes pré-
» tendent avoir senti une secousse assez violente. »
« Un phénomène extraordinaire s'est produit hier sur notre rade. La mer
» s'est enflée sans aucun signe extérieur : pas de lames, pas de ressac. Son
» niveau s'est élevé environ d'un mètre dans l'espace de cinq minutes, et
» a fait flotter plusieurs canots halés sur le rivage. Son niveau s'est ensuite
» abaissé pendant à peu près le même temps, et la mer s'est retirée de
» huit à dix mètres au delà de sa limite ordinaire, laissant découverts des
» espaces qui sont toujours submergés. Le même phénomène s'est reproduit
» une seconde fois dans les mêmes conditions, et tout a repris sa place
» accoutumée J'ai assisté à ce spectacle, j'en ai saisi toutes les phases,
» et j'eslime que la différence des niveaux extrêmes n'a pas été moindre de
» deux mètres Quelques personnes en ville assurent avoir ressenti un
» tremblement de terre à peu près à la même heure. »
» Dans le port de la Pointe-à-Pitre, le déplacement relatif de la mer et
de la côte a été encore moindre, puisque, d'après M. Gaillard, « c'est à
» peine si un faible gonflement s'y est fait sentir. »
» Il en a été tout autrement dans le nord de l'île. Un habitant de
Sainte-Rose (M. Gibault) écrit : « Aujourd'hui, vers 3 heures de l'après-
» midi (plus exactement à 31' i8m, d'après M. Gaillard), la mer s'est subi-
» tement retirée à plus d'une centaine de mètres du littoral ; ce retrait fut
» précédé de légères oscillations de tremblement de terre, dont la durée
» peut être estimée à cinq ou six secondes. Puis, soudain, une première lame,
( IH2 )
» d'an moins 60 pieds d'élévation, se levant au nord à 3 milles à peu
» près au large, a roulé violemment vers la terre, où elle est venue se
« briser, immergeant tout le littoral et inondant les maisons qui s'y
« trouvent placées. Embarcations tirées à terre, filets, bois, matériaux, etc.,
11 tout partit alors en dérive Une seconde et une troisième de ces
» énormes lames, roulant du nord au sud, suivirent, à de courts inter-
» valles, la première, renversant tout sur leur passage. »
» De Deshaies, placé aussi dans le nord de l'île, on écrit : « Grand
» désastre! La mer a ravagé et enfoncé presque toutes les maisons du
» bourg...; il n'est plus possible d'avoir du pain : les habitants sont
» réfugiés dans l'église. »
» Les petites îles des Saintes, situées au sud de la Guadeloupe, ont
aussi éprouvé avec une certaine violence ce déplacement de la mer, ainsi
qu'il résulte de la Lettre de M. Gaillard à M. Le Verrier, et comme l'at-
teste l'extrait suivant d'une correspondance. « Toute la partie du Fond-
» du-Curé a été submergée; l'eau a envabi les maisons à une hauteur
» d'un mètre et les habitants se sont enfuis devant cette marée montante. »
Il n'y est pas fait mention du tremblement de terre.»
» Bien que ces extraits, ajoute M. Ch. Sainte-Claire Deville, n'aient
peut-être pas un caractère exclusivement scientifique et présentent quel-
que vague, on en peut certainement conclure que, dans le groupe des îles
delà Guadeloupe, le phénomène capital a été, le 18 novembre dernier,
le changement relatif de niveau des terres et de la mer, et que l'ébranlement
du sol a été très-faible. Il en avait été tout autrement lors du tremblement
de terre du 8 février i8/|3, qui n'a pas laissé à la Pointe-à-Pître une seule
maison debout. Le sol avait, pendant io5 secondes, subi des mouvements
très-violents d'oscillation et c!e trépidation : mais la mer, tout en subis-
sant et transmettant la secousse (1), avait à peine paru se mouvoir par
rapporl à la côte.
(1) On me permettra de citer ici quelques lignes du Mémoire que j'ai publie, en i<Sj >, .1
la Basse-Terre, sous l'impression tonte récente de l'événement : * La mer a subi et transmis
•> avec assez, de violence le mouvement imprimé au sol. Les personnes qui étaient en rade
» ou à proximité de terre l'ont toutes ressenti et ont comparé l'impression produite à
» celle qu'on éprouve lorsqu'un navire touche. On cite même une goélette qui, se trouvant
» à peu de distance, sous le vent de la Guadeloupe, aurait, dit-on, été choquée assez forte-
1. ment pour avoir fait de légères avaries.
» Néanmoins, le mouvement de la mer sur les côtes a été, eu somme, assez faible, même
» à la Pointe-à-Pitre. L'eau a envahi à peine de quelques pas les quais de la ville, qui étaient
( »i3 ;
» Le tremblement de terre du 18 novembre dernier a, comme on sait,
été extrêmement violent dans les îles Sons-le- Vent, à partir des îles Vierges,
et dans tontes les grandes Antilles. Voici un extrait d'une Lettre écrite de
Saint-Thomas par un des notables négociants de l'île, M. Laferrière, en date
du 21 novembre :
« Le 18, à 3 heures de l'après-midi, un violent tremblement de terre
» menaçait de nous engloutir et venait achever l'œuvre de destruction
» commencée le 29 octobre (jour de l'épouvantable ouragan cpii a fait tant
» de ruines aux Antilles). Nous n'avons eu que le temps de nous jeter sur
» le warf (quai), où, pour rester debout, il fallait se tenir étroitement
» embrassés. Notre magasin se brisait partout; plusieurs magasins s'effon-
» draient, presque toutes les maisons étaient lézardées. La ville présentait
» une scène de désolation, tout le monde fuyant sur les mornes pour se
» mettre à l'abri des secousses, qui se répétaient de cinq en cinq minutes
» pendant les premières vingt-quatre heures. Depuis hier, elles se ralentissent
<• et n'ont plus la même violence (1)... Ce qui a contribué à augmenter
>> la terreur, c'est que, un quart d'heure après la grande secousse de
» 3 heures, la mer produisit à l'entrée de la rade une barre écumanle de
» plus de 100 mètres de hauteur (?), qui se précipitait sur la ville comme
» une avalanche, chassant navires, embarcations et tout sur son passage.
» Heureusement, le flot, brisé par les roches blanches cpii sont au milieu
» de la passe, s'est amorti. Pourtant la mer sautait par-dessus les quais,
» cependant peu élevés au-dessus de son niveau. » Il en avait été de même à la Basse-Terre,
aux Saintes, à la Dominique, à Antigua, etc.
(1) Les Lettres arrivées depuis lors de Saint-Thomas mentionnent la prolongation de ces
faibles secousses. Voici l'extrait d'une Lettre écrite de Saint-Thomas, par M. de Aldecoa :
0 Depuis le grand tremblement de terre du 18 novembre, des secousses au nombre de dix
» à douze, par jour, ont eu lieu jusqu'au Ier décembre. Alors elles ont redoublé d'intensité,
» et ont graduellement diminué jusqu'au 12 : ce jour, trois secousses très-violentes se sont
» fait sentir et toute la population a fui ses foyers. Le i3, rien; pendant la nuit suivante,
» quelques mouvements. » Un télégramme du 16, arrivé, par voie de la Havane, à Paris
le a4 décembre, annonce que les secousses continuent, mais avec moins de force.
Les mêmes phénomènes se sont produits à Puerto-Rico, et principalement dans les parties
nord et est de l'île. A San-Juan, le château du gouverneur menaçant ruines, a dû être dé-
moli dans sa partie supérieure, comme aussi le clocher de la cathédrale. A Ponce (côte sud
de l'île), sur 80 cheminées de sucreries, 70 sont tombées. Les autres sont endommagées...
A Arroyo, le 18 novembre, la mer a présenté le même phénomène qu'à Saint-Thomas...
L'eau des rivières dans l'île s'est élevée de trois à cinq pieds.
C. R.. 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 27. l/|5
( >"4 )
» entrant dans tous les magasins à une hauteur de plusieurs pieds, avariant
» les marchandises et traînant au milieu de la grande rue les chaloupes et
» embarcations de navires. »
» On voit, d'après cet extrait, que, dans les parages des îles Vierges, les
deux phénomènes (agitation du sol et déplacement relatif du niveau de la
mer) ont été concomitants et se sont fait également sentir.
» Dans cette courte Note, que j'ai présentée surtout pour obéir au désir
exprimé par le Bureau de l'Académie, qu'il fût fait mention de ces phé-
nomènes dans ses Comptes rendus, je ne puis songer à analyser les causes
qui influent sur le développement inégal, dans le même temps ou dans le
même lieu, de ces deux manifestations du même phénomène : inégalité dont
on pourrait, d'ailleurs, citer une foule d'exemples. Je désire seulement faire
remarquer que, dans cette explication, on devra tenir compte de deux
ordres de circonstances possibles : i° l'axe de propagation du tremblement
de terre peut tantôt affecter directement les terres émergées, tantôt se faire
uniquement sentirai! sol sous-marin dans leur voisinage; 20 les terres ébran-
lées peuvent l'être ou par un simple mouvement d'oscillation horizontale,
ou par un double mouvement d'oscillation et de trépidation, ou menu'
par un simple mouvement d'oscillation dans le sens vertical. On conçoit
qu'une bien faible secousse dans ce dernier sens, une secousse à peu près
imperceptible, pourrait amener un déplacement relatif assez considérable
entre les terres émergées et l'eau qui les entoure. »
physiologie végétale. — Observations sur la Note présentée à l'Académie
j>ar M. Van Tieghem, et relative à la respiration des plantes aquatiques;
par M. Lecoq.
« M. Van Tieghem a présenté, dans une des dernières séances, une
Note très-intéressante sur la respiration des plantes aquatiques. Il dit, en
terminant, qu'il désire prendre date en faisant cette présentation.
» J'ai l'honneur de rappeler à l'Académie que, dans sa séance du
î>5 mai 18.57, je lui ai adressé une Note sur la circulation de l'air dans les
tubes aérif ères des plantes aquatiques, Note dans laquelle une partie des faits
indiqués par M. Van Tieghem ont déjà été signalés et dans laquelle j'ai
appelé l'attention des physiologistes sur ce curieux phénomène. Le fait
général que M. Van Tieghem communique à l'Académie sous le nom de
respiration était donc connu depuis dix ans sous le nom de circulation.
» Mon intention n'est pas de discuter ici sur des mots, et de rechercher
( i"5 )
celui qui s'applique le mieux aux phénomènes que M. Van Tieghem et
moi avons observés, mais de montrer toute l'importance de cette question
en faisant ressortir les différences qui existent dans les détails de nos expé-
riences. Je suis persuadé que JM. Van Tieghem ne connaissait pas mes
observations sur le Myriophyllum spicatum et sur le Potamogelon crispum. Les
siennes ont eu lieu sur YElodea Cauariensis , sur le Ceralophyllum demersum,
sur le Potamocjeton tucens, etc.
» M. Van Tieghem plonge ses plantes dans de l'eau cbargée d'acide carbo-
nique, et il considère le gaz qui se dégage des tubes aérifères comme de
l'oxygène mêlé d'un peu d'azote (9 parties d'oxygène, 1 partie d'azote),
oxygène obtenu sous l'influence des rayons solaires par la réduction de
l'acide carbonique contenu dans l'eau. Il ajoute que les effets de la radia-
tion solaire peuvent se continuer quelque temps après que la plante a été
soustraite à l'insolation.
» Il est regrettable que M. Van Tieghem n'ait pas analysé les gaz de l'eau
dans laquelle il a plongé ses plantes. Cette eau pouvait contenir de l'oxy-
gène, et il n'est pas certain que ce gaz, dégagé parles plantes, provienne de
la décomposition de l'acide carbonique. Dans mes expériences, l'eau ne
contenait pas d'acide carbonique, mais de l'air composé de 32,25 d'oxy-
gène et 67,75 d'azote. Mes plantes croissaient naturellement dans cette
eau, et les gaz recueillis sortant des tubes étaient composés de :
Pour le Potamogelon. Pour le Myriophyllum.
Oxygène 29,60 Oxygène 38,63
Azote 70, 5o Azote 61,37
100,00 100,00
» J'ai des doutes sur la décomposition de l'acide carbonique dans les
expériences de M. Van Tieghem , car j'ai obtenu, le 4 mai 1857, du Pota-
mogelon crispum, une grande quantité de gaz par un temps très-sombre et
un ciel très-couvert succédant à la nuit. Il n'y avait donc pas eu excitation
solaire préalable. Le dégagement de gaz augmenta tout à coup par une
pluie d'orage abondante et toujours sans soleil.
» Dans le Myriophyllum, j'ai vu le gaz se dégager jusqu'à minuit, le
5 mai 1857.
» Mes observations tendent à démontrer que le parenchyme des plantes
submergées sépare de l'eau l'air qui s'y trouve en dissolution, et le laisse
ensuite dégager par les nervures de ces mêmes feuilles en quantité consi-
dérable. Le dégagement n'a pas lieu aux mêmes heures pour toutes le?.
145..
( '"6 )
plantes; il ne dépend pas exclusivement de l'action solaire, et il y a, selon
les espèces, une sorte de sélection dans les gaz de l'eau, puisque le gaz dé-
gagé du Potamogelon contient moins d'oxygène que le gaz de l'eau, et que
celui du Myriophyllum en contient plus.
» Mes observations n'infirment en rien les résultats obtenus par M. Van
Tieghem ; elles prouvent seulement que cliaque espèce de plante submer-
gée a sa manière propre de se comporter avec les gaz contenus dans l'eau,
et que l'étude de ce genre de phénomènes est loin d'être épuisée. »
M. Lecoq, en adressant à l'Académie l'ouvrage qu'il vient de publier
sur « les époques géologiques de l'Auvergne », joint à cet envoi la Lettre
suivante :
« J'ai l'honneur d'offrir à l'Académie un travail que je viens de termi-
ner, et qui a pour titre : Les époques géologiques de l'Auvergne; il forme
5 volumes grand in-8°, avec i 70 planches.
» Cet ouvrage, réuni aux deux volumes que j'ai publiés sur les eaux mi-
nérales, et à la grande carte géologique dont l'Académie a bien voulu aussi
accepter l'hommage, complète l'ensemble de mes observations sur la géo-
logie du plateau central de la France.
» La division par époques, que j'ai adoptée, m'a permis de décrire suc-
cessivement les divers terrains dans l'ordre de leur superposition, c'est-à-
dire dans l'ordre à peu près général de leur succession sur le globe.
» J'ai été amené ainsi à écrire un véritable Traité de géologie dans le-
quel tous les faits et tous les phénomènes que j'ai pu observer pendant qua-
rante ans ont été intercalés.
» Je n'ai pu donner à toutes les époques la même extension. Les épo-
ques tertiaire, quaternaire et volcanique, très-développées dans le centre
delà France, occupent une grande place dans cet ouvrage. J'ai cherché à
coordonner la longue série des éruptions volcaniques qui ont com-
mencé avec les trachytes pour finir avec les cônes de scories les plus mo-
dernes.
» J^a partie de l'ouvrage qui traite de tous ces terrains ignés est la plus
développée, car, dans aucune contrée, on ne peut voir un plus merveilleux
ensemble de tous les produits évidemment formés par le feu.
» Je pense avoir indiqué aussi les roches et les minéraux si variés de ce
vaste territoire.
» Je suis loin, cependant, d'avoir la prétention de ne rien laisser à
( "<7 )
l'étude de ceux qui viendront après moi; l'Auvergne est une grande école
de géologie où les accidents du sol sont nombreux et réunis sur un espace
relativement assez restreint pour que l'on puisse facilement en saisir l'en-
semble. Heureux si j'ai posé quelques jalons qui puissent guider les géo-
logues futurs dans cette belle contrée.
» J'ai ajouté à mon livre 170 planches ou dessins, la plupart tirés à plu-
sieurs teintes, et que j'ai pris moi-même sur les lieux les plus remarquables.
On y reconnaîtra l'influence de la nature des roches et des phénomènes
volcaniques sur les caractères des sites et sur leur originalité.
» Deux tables très-étendues terminent le cinquième volume ; l'une, al-
phabétique, indique les noms des lieux et la nomenclature des roches et des
minéraux ; l'autre, géographique, peut être considérée comme un itiné-
raire détaillé pour tous les cantons du département du Puy-de-Dôme. »
MEMOIRES LUS.
anatomie PATHOLOGIQUE. — Recherches sur un nouveau groupe de tumeurs
désigné sous le nom d'odonlômes; pareil. P. Brocca. (Extrait.)
(Renvoi à la Section de Médecine et de Chirurgie.)
« Je désigne sous le nom d'odonlômes les tumeurs constituées par l'hy-
pergénèse des tissus dentaires transitoires ou définitifs.
» Les odontômes sont la conséquence d'une hypertrophie générale ou
partielle des organes générateurs des tissus dentaires. Suivant l'époque ou
elle débute, suivant l'étendue et le degré de gravité des lésions qu'elle dé-
termine, la maladie qui frappe ces organes peut détruire ou laisser subsister
la propriété qu'ils possèdent normalement de produire les éléments de la
dentification. Il y a donc des odontômes qui restent toujours à l'état de
tumeurs plus ou moins molles, tandis que d'autres odontômes se deutifient
en totalité ou en partie, en constituant des masses dentaires irrégulières,
informes, dont le volume est quelquefois considérable. Cette dentification
ne survient ordinairement que lorsque le travail hypertrophique des tissus
odontogéniquesest parvenu à son terme, et il en résulte que l'évolution des
odontômes dentifiables présente toujours trois périodes : i° une période de
formation et de croissance, pendant laquelle ce sont des tumeurs molles,
vasculaires dans toute leur étendue et tendant à s'accroître; 20 une période
de denlijkation, où leur croissance est sinon tout à fait arrêtée, du moins
notablement ralentie, et où des tissus dentaires définitifs viennent former,
( r«* )
au sein delà masse morbide ou à sa surface, une substance éburnée qui se
développe aux dépens de leur première trame; 3° enfin une période d'état
où la dentification est achevée, et où la tumeur devient entièrement sta -
tionnaire dans sa structure comme dans son volume.
» Eu passant de la première à la troisième période, les odontômes den-
tifiables subissent une transformation complète, qui ne laisse persisteraucnn
de leurs caractères primitifs. Il n'est donc pas étonnant que les observa-
teurs aient méconnu jusqu'ici l'évolution de ces tumeurs, et qu'ils aient
attribué à une différence de nature les différences de structure qui existent
entre les odontômes non dentifiéset les odontômes dentifiés
» Le résultat le plus général de mes recherches peut se résumer dans la
proposition suivante : Toute tumeur formée d'un seul ou de plusieurs tis-
sus dentaires, est due à la dentification d'une tumeur molle de même
forme et de même volume, qui ne renfermait dans l'origine que des
tissus odontogéniques, hypertrophiés ; cette tumeur hypertrophique a
joué, par rapport a la tumeur dentifiée, le rôle que joue le bulbe dentaire
normal par rapport à la dent normale. Si les odontômes cémentaires de
l'homme semblent au premier abord faire exception à la règle, c'est parce
que le cément des dents humaines n'est pas produit par un organe spécial :
mais chez les herbivores pachydermes, qui possèdent un organe du cément,
l'hypertrophie de cet organe constitue toujours la première phase de la
formation des odontômes cémentaires.
» L'anatomie pathologique et la pathologie m'ont conduit à prendre
pour base de la classification des odontômes l'époque odontogénique ou
débute le travail d'hypergénèse qui leur donne naissance. Pour cela, j'ai
d'abord divisé l'évolution normale des follicules dentaires en quatre pé-
riodes, savoir : i° la période embiyoplastique ; 2° la période odonto plastique ;
3° la période coronaire, et 4° la période radiculairc.
» i° Pendant la période embryoplastique les organes générateurs de la
dent, savoir : l'organe de l'ivoire et l'organe de l'émail, auxquels s'ajoute,
chez les herbivores, l'organe du cément, ne possèdent encore que la struc-
ture commune des tissus embryoplastiques. Les odontômes nés pendant
cette période, qui précède l'apparition des éléments odontogéniques pro-
prement dits, n'ont aucune tendance à la dentification. Je les désigne sous
le nom d'odontômes embryoplastiques. Ils peuvent rester indéfiniment à l'état
fibro-plastique, ou passer à l'éiat fibreux. Ils ont été décrits par Dupuytren
s. .us les noms de corps fibreux enkystés et de corps fibro-celtuieux enkystés des
mâchoires.
( i«9 )
» 2° La période odontoplastique commence au moment où se développe,
entre l'organe de l'émail et celui de l'ivoire, la couche odonlogénique con-
stituée par les deux rangées des cellules de l'émail et de l'ivoire, que sépare
la membrane amorphe dite préformative ; elle finit au moment où débute,
dans cette couche, la formation de l'ivoire. Les odontômes qui se forment
pendant cette seconde période méritent le nom d' odontômes odontoplastiques,
parce que la couche odontogénique dont ils sont revêtus, conservant en
général sa propriété de dentification, tend presque toujours à les faire den-
tifier lorsque leur croissance est terminée. Cette dentification, toutefois, peut
faire défaut lorsque la tumeur hypertrophique exerce sur la couche odon-
togénique une pression assez forte pour en déterminer l'atrophie. Dans ce
dernier cas, l'odontôme, privé des éléments spéciaux de la dentification
proprement dite, reste à l'état de tumeur molle, mais il peut encore deve-
nir le siège d'un dépôt, quelquefois très-considérable, de grains denlinaires.
Les deux variétés d'odontômes odontoplastiques non dentifiés, avec ou sans
grains dentinaires, ont été décrites en 1860 par M. Piobin.
» Les odontômes dentifiés diffèrent notablement chez l'homme et chez
les herbivores. Chez l'homme, le follicule dentaire, à cette période, ne ren-
ferme qu'un seul organe vasculaire : c'est le bulbe; il en résulte que tous
les odontômes odontoplastiques de l'homme sont bulbaires et ne peuvent
renfermer, après dentification, que de l'ivoire et de l'émail. Mais chez les
herbivores, un second organe vasculaire, l'organe du cément, peut devenir
le siège d'un travail d'hypertrophie, et donner naissance à des odontômes
cémentaires, dont la dentification est constituée surtout par le tissu du
cément.
» Les odontômes odontoplastiques peuvent se dentifier en une si nie
masse ou en plusieurs masses distinctes.
» 3° Dans la troisième période, ou période coronaire, qui correspond à
la formation de la couronne, une ou plusieurs lamelles d'ivoire, connues
sous le nom de chapeaux de dentine, apparaissent sur le sommet du bulbe,
et ne tardent pas à constituer une coque qui se recouvre d'une couche
d'émail, et qui s'étend progressivement à toute la surface du bulbe,
jusqu'à sa base. La partie vasculaire du bulbe, devenant ainsi bien
distincte de la partie dentifiée, prend désormais le nom de pulpe den-
taire. Les odontômes coronaires, qui naissent pendant cette troisième
période, sont toujours plus ou moins dentifiés, puisqu'ils débutent à un
moment où la dentification est déjà commencée. La partie de la cou-
ronne qui était déjà formée ne subit aucune altération, et se retrouve, par-
( i iao )
faitement reconnaissable, en un point rie la surface de la tumeur Celle-ci,
chez l'homme, est constituée par l'hypertrophie de la pulpe, et ne renferme,
après la dentification, que de l'ivoire et de l'émail. Mais chez les herbi-
vores, la tumeur peut dépendre de l'hypertrophie de l'organe du cément, et
se transformer ensuite en une masse de cément. Les odontômes coronaires
peuvent donc, comme les odontômes odontoplastiques, se diviser en deux
groupes secondaires, savoir : les odontômes coronaires cémentaires, qui ne
s'observent que chez les herbivores, et les odontômes coronaires pulpaires ou
dentinaires, les seuls qui puissent se former chez l'homme.
« Les premiers présentent deux variétés, ou plutôt deux formes, suivant
que l'hypertrophie cémentaire porte sur la partie extérieure de l'organe du
cément (pdontôme extra-coronaire), ou sur la partie de cet organe qui pénètre
dans les cornets de la dent [odontômes inlra-coronaires).
» Les odontômes coronaires dentinaires peuvent se présenter aussi sous
deux formes essentiellement distinctes : la forme diffuse et la forme cir-
conscrite. Ceux qui sont diffus résultent de l'hypertrophie de toute la pulpe.
Ils consistent en une tumeur relativement assez volumineuse, que sur-
monte la portion de couronne déjà formée avant leur apparition. Occupant
toute la pulpe jusqu'à sa base, ils opposent un obstacle presque absolu à
l'achèvement de la couronne, et par conséquent à la formation des racines.
Ce caractère, du reste, leur est commun avec tous les odontômes dont j'ai
déjà parlé.
» Il n'en est pas de même des odontômes coronaires circonscrits. Ils ré-
sultent d'une hypertrophie très-limitée, qui donne lieu seulement à une
petite végétation latérale. Le développement de la couronne, perturbé au
niveau de cetle végétation, continue partout ailleurs. La couronne s'étend
peu à peu jusqu'à la base de la pulpe; après quoi, la racine se forme d'une
manière à peu près normale, et l'évolution de la dent s'achève régulière-
ment, à cela près que l'existence d'une petite tumeur latérale, surmontant
l'un des côtés de la couronne, peut rendre l'éruption un peu plus labo-
rieuse. Ces tumeurs, décrites sous le nom de tumeurs verruqueuses des dents
par des auteurs qui n'en soupçonnaient pas la nature, différent des antres
odontômes par leur forme aussi bien que par leur marche; mais ces carac-
tères distinctifs ne sont qu'accessoires : ils dépendent du siège et non de la
nature du travail pathologique.
» 4° A 'a quatrième et dernière période, ou période radiculaire, pendant
laquelle se développent les racines des dents, correspond le groupe des
odontômes radiculaires. C'est dans cette période, et dans cette période seu-
( "-ai )
lement, que le cément naît sur les dents humaines; les odontômes radicu-
laires sont donc les seuls qui, chez l'homme, puissent, après dentification,
renfermer du cément. En revanche, ils ne peuvent plus renfermer d'émail,
l'organe de l'émail ne dépassant pas le niveau de la couronne.
» Les follicules dentaires surnuméraires qui se développent quelquefois
chez le cheval et chez quelques ruminants, dans la région crânienne, au
niveau ou à la circonférence de l'os temporal, et qui ont été étudiés surtout
par M. Goubaux, sont plus exposés que les follicules normaux au dévelop-
pement des odontômes. Je désigne ces tumeurs singulières, dont l'origine
était jusqu'ici indéterminée, sous le nom d'odontômes hétérotopiques. Au
point de vue de leur évolution, ils rentrent aisément dans les divers groupes
que je viens d'établir.
» Je désigne enfin sous le nom d'odonlontes composés des tumeurs qui
sont évidemment de la nature des odontômes, mais qui, par la complexité
de leur structure, par la diversité des lésions qu'elles produisent à la fois
sur plusieurs follicules adjacents, échappent à toute définition, et dont la
détermination du reste est encore obscure. Je ne connais jusqu'ici qu'un
seul cas d'odontôme composé; c'est celui qui a été décrit en 1 859 par
M. Forget et par M. Robin.
» L'interprétation méthodique des faits nombreux et divers que je viens
de passer en revue, faits inexpliqués jusqu'ici pour la plupart, ou rattachés
à des théories inexactes, n'a été rendue possible que par les progrès ré-
cents de l'odontogénie, et je me plais à dire en terminant que, si mes re-
cherches ont pu réaliser quelques progrès, j'en suis redevable en grande
partie aux notions si précises d'odontogénie que MM. Robin et Magitot ont
consignées dans leur grand Mémoire sur la Genèse et l'évolution des folli-
cules dentaires. »
ZOOLOGIE. — Mémoire sur un Psillacien fossile de iile Roderigues ; par
M. Alph. MiLx\e Edwards.
« A une époque peu éloignée de nous il existait, dans plusieurs îles de
l'hémisphère sud, des oiseaux appartenant à des espèces qui, aujourd'hui,
paraissent être complètement éteintes; tels sont l'Épiornys de Madagascar,
le Dronte de l'île Maurice, et le Solitaire de l'île de Roderigues. Les décou-
vertes récentes, dues à M. Clark, ont permis aux naturalistes d'étudier
d'une manière approfondie l'organisation et les caractères zoologiques du
Dronte. Par l'examen d'une mandibule inférieure, trouvée dans le même
t:. K., .8(17, i« Semestre. (T. LXV. r\u T.. *-»6
( 1 122 )
gisement que ce dernier oiseau, on a pu constater que jadis l'île Maurice
était habitée par un Psittacien différent de toutes les espèces de la même fa-
mille connues actuellement, et les recherches, faites l'année dernière dans les
cavernes de l'île Roderigues, ont fourni à M. E. Newton, auditeur général
à Maurice, de nombreux ossements du Solitaire (Pezopha^s), à l'aide des-
quels ce voyageur et son frère, M. A. Newton, professeur à l'Université de
Cambridge, nous feront bientôt connaître avec détail presque toutes les
parties du squelette de cet oiseau remarquable. Les débris du Solitaire
ne sont pas les seules pièces ostéologiques que ces fouilles ont mises au
jour, et parmi les os tirés ainsi des terrains meubles de l'île de Roderigues se
trouve un fragment de mandibule que le savant professeur d'anatomie
comparée de Cambridge a bien voulu mettre à ma disposition, et que
j'ai étudié avec beaucoup d'intérêt. En effet, il était facile de reconnaître
au premier coup d'oeil que ce débris, de même que la mandibule inférieure
trouvée à Maurice avec les ossements du Dronte, appartient à un Perro-
quet, genre d'oiseau qui paraît ne plus exister à Roderigues, et j'étais dési-
reux de savoir s'il me serait possible de déterminer le sous-genre ou même
l'espèce de Psittacien dont il provenait. Cela me semblait fort douteux, car
le fragment unique trouvé par M. Newton ne consiste que dans une portion
de la mandibule supérieure, et, d'ailleurs, dans l'état actuel de la science,
l'anatomie comparée ne nous fournit pas les lumières nécessaires pour
juger de la valeur des caractères ostéologiques que ce débris pouvait pré-
senter. J'ai pensé, néanmoins, que je ne devais pas négliger l'occasion
qui m'était offerte par M. Newton de scruter une question importante
pour l'ornithologie ancienne, et je crois être arrivé à des résultats satis-
faisants.
» Dans cette investigation, j'ai suivi la marche que j'avais déjà adoptée
pour l'étude de la mâchoire inférieure du Psiltacus Mauritianas, c'est-à-dire
que j'ai cherché d'abord à me rendre bien compte des particularités de
structure que la partie correspondante de la tête osseuse offre dans les
différentes divisions naturelles de la famille des Psittaciens, puis j'ai com-
paré à ces divers types le fragment soumis à mon examen par M. Newton.
» La portion antérieure et moyenne de la mandibule supérieure de ces
oiseaux fournit moins de caractères que ne m'en avait offert la partie corres-
pondante de leur mâchoire inférieure ; elle peut cependant suffire pour la
détermination des principaux types. Ainsi j'ai constaté que la disposition
de l'articulation maxillo-palatine présente chez ces divers types des parti-
cularités fort tranchées et fort utiles à noter dans les recherches de cet
( na3 )
ordre; les caractères que l'on en tire ont une grande fixité et me semblent
avoir plus d'importance que tout autre.
» Pour ne pas abuser de l'attention que l'Académie veut bien m'accorder,
je ne décrirai pas ici les particularités ostéologiqnes propres au genre
Cacatoès, Calyptorhynque , Ara , Chrysotis, Eclectus, Comirus, Nestor,
Microglosse, etc. Je me bornerai à dire que, chez ces Psittaciens, les diffé-
rences de conformation que l'on constate dans la portion de la tète corres-
pondant au fragment découvert par M. Newton, dans une caverne de l'île
Roderigues, sont assez considérables pour pouvoir servir comme caractères
génériques et même spécifiques. Par conséquent, sans pousser plus loin cel
examen général de la famille des Psittaciens, je me suis appliqué à com-
parer le débris dont je cherchais la détermination aux principales espèces
vivant aujourd'hui dans la région géographique qui comprend l'îlot où ce
fossile a été trouvé. Or il résulte de cette comparaison que le Perroquet de
Roderigues n'appartient certainement pas au groupe naturel des Cacatoès;
il est non moins distinct des Calyptorhynques, des Nestors et des Micro-
glosses; par l'ensemble de sescaracteresosteologiquesconnus.il ressemble
davantage au Psittacus erythacus de l'Afrique occidentale, au Poiocephalus
robustus du cap de Bonne-Espérance, au Mascarinus, et au Coracopsis vasa
de Madagascar, mais il s'en distingue nettement par certaines particularités
de structure. J'ai comparé également le Psittacus Rodericanus à beaucoup
d'autres espèces, et par voie d'exclusion j'ai acquis la conviction que cet
oiseau diffère spécifiquement de tous les membres de la famille des Perro-
quets connus actuellement. Pour avoir à cet égard une certitude, il m'aurait
fallu pousser cette comparaison plus loin que je ne l'ai pu faire avec les
pièces ostéologiqnes dont je disposais; mais j'ai eu sous les yeux tous les
principaux types, et les résultats obtenus de la sorte rendent extrêmement
probable que le Psittacus Rodericanus, de même que le Psittacus Mauri-
tianus de l'île Maurice, est une espèce éteinte.
» Jje Psittacus Maurilianus n'est connu que par un fragment de sa
mâchoire inférieure, et on ne possède du Psittacus Rodericanus qu'une
portion de la mandibule supérieure. Ces deux espèces n'ont pu, par consé-
quent, être comparées directement entre elles; mais l'examen de la mâ-
choire inférieure permet de déterminer approximativement quelle devait
être la conformation de la mâchoire opposée, et il me semble indubitable
que les deux Perroquets dont les débris ont été trouvés, d'une part, avec les
■ os du Dronte, d'autre part, avec les restes du Solitaire, sont des espèces
parfaitement distinctes.
146..
f H24 )
» Le Psitlacus Rodericanus me paraît devoir appartenir au petit groupe
dont Wagler a formé le genre Ecleclus, ou tout au moins s'en rapproche
beaucoup, et par conséquent prendre place dans ia division des Loris; si
je ne craignais de dépasser les conclusions légitimes que l'on peut tirer de
l'examen d'un fragment si minime du squelette, je serais donc disposé à
inscrire cette espèce éteinte dans nos catalogues ornithologiques sous le
nom d'Eclectus Rodericanus, mais provisoirement je crois préférable d'em-
ployer une désignation moins précise; et en l'appelant Psitlacus Roderica-
nus, j'entends indiquer seulement que le Psitlacus des cavernes de l'île
Roderigues est une espèce nouvelle.
» Roderigues, comme on lésait, est un petit ilôt perdu pour ainsi dire au
milieu de l'immense Océan qui sépare Madagascar de l'Australie. Il appar-
tient au groupe des îles Mascareignes; mais, situé à l'est de Maurice et de
l'île de la Réunion, il est très-éloigné de toute autre terre. Au premier abord
on peut donc s'étonner de voir qu'il ait possédé jadis une faune ornitho-
logique particulière caractérisée déjà par le Solitaire, aussi bien que par le
Psitlacus Rodericanus, et que cette faune ait disparu.
» A une époque très-rapprochée de nous, environ un siècle et demi, il en
était de même pour chacune des autres îles Mascareignes, et les oiseaux
qui alors habitaient ces points du globe si circonscrits et si i=olés diffé-
raient spécifiquement ou même génériquement de ceux de Madagascar et
de toutes les autres parties du globe. On ne peut donc supposer que ces
animaux leur seraient venus d'ailleurs; mais lorsqu'on est familiarisé avec
le mode de distribution des espèces zoologiques, il paraît également diffi-
cile de croire que des îles si petites, et en apparence si peu favorables à la
prospérité de leurs faunes respectives, aient été chacune le berceau pi i-
mitif de ces espèces si bien caractérisées et si différentes de tout ce qui
existe ailleurs. Il me semble plus probable que chacun des cônes volcani-
ques qui constituent le noyau de ces îles éparses clans le grand Océan, an
lien de s'être élevé du fond des eaux, préexistait à l'abaissement de terres
d'une étendue considérable, et ont servi de dernier refuge à la population
zoologique de la région circonvoisine aujourd'hui submergée. Des consi-
dérations analogues, fondées sur l'élude de la faune carcinologique des
îles Gailapagos, avaient conduit M. Milne Edwards à dire, il y a plus de
trente ans, que ce petit archipel était probablement les restes de quelque
continent, et les observations plus récentes de M. Darwin et de M. Dana
sur le mode de formation des récifs de corail semblent indiquer qu'effet! i- •
vement la croûte solide du globe s'est affaissée graduellement dans diverses
( in5 )
parties de la région occupée aujourd'hui par l'océan Pacifique. Il eu résulte
que l'étude des débris plus ou moins modernes de la faune de chacune
des îles isolées comme le sont Roderigues, Maurice, la Réunion, les Galla-
pagos, me semble offrir un intérêt considérable pour le géologue aussi bien
que pour le zoologiste , et je remercie sincèrement le savant professeur
d'anatomie de Cambridge d'avoir bien voulu me fournir l'occasion d'ajou-
ter, à l'histoire de l'une de ces faunes, un fait nouveau. »
MÉMOIRES PRÉSENTES.
ÉCONOMIE RURALE. — Mémoire sur les dommages causés à l'agriculture par
le hanneton et sa larve ; mesures à prendre pour la destruction de cet insecte.
Note de M. J. Reiset, présentée par M. Chevreul (i).
(Renvoi à la Section d'Économie rurale.)
« Pendant les trois années qui viennent de s'écouler, le hanneton et sa
larve ont été pour les populations agricoles de notre département un véri-
table fléau.
» Au printemps de i865, les hannetons, s'abattant par nuées sur les
chênes, sur les hêtres et sur les ormes, en ont dévoré toutes les feuilles;
quelques semaines ont suffi pour accomplir cette oeuvre de dévastation, et,
dès le mois de juin, les arbres, entièrement dépouillés de leur verdure,
présentaient le triste aspect de l'hiver.
» Après avoir assisté aux ravages faits par ces insectes, dans nos bois et
sur nos arbres, nous avons en la douleur de constater, pendant la cam-
pagne de 1866, l'effroyable destruction que produisait, dans nos récoltes,
le travail souterrain des larves si nombreuses déposées en terreau printemps
(':<■ 1 865. Les cultures les plus soignées, telles que les cultures maraîchères,
étaient attaquées comme les antres; un grand nombre d'arbres fruitiers
périssaient, les mans, ou vers blancs, avaient dévoré leurs racines; le ren-
dement des betteraves était nul pour certaines contrées, et n'atteignait pas
pour les plus favorisées la moitié du produit, d'une année ordinaire; le blé,
le colza et l'avoine avaient grandement souffert; on voyait la récolte se
flétrir sur pied avant la maturité; les jeunes trèfles disparaissaient ; enfin
les beaux herbages, ordinairement si verdoyants, de la Normandie, ne pré-
(1) L'Académie a décidé que cette communication, quoique dépassant les limites régle-
mentaires, serait reproduite en entier an Compte rendu.
( i r 26 )
sentaient plus généralement aux bestiaux qu'une nourriture sans sève, fa-
née, et déjà presque entièrement détachée du sol.
» Pour donner une idée de l'immense dommage que ces insectes font
éprouver à la richesse publique, je citerai le Rapport de M. le Sénateur,
Préfet de la Seine-Inférieure, déclarant au Conseil général que les consta-
tations faites pendant l'année 1866, dans cent soixante et une communes seu-
lement, ont porté à la somme de 1 638 702 francs les pertes occasionnées par
les maris. Ce chiffre, déjà considérable, est certainement très-loin de la vé-
rité, et je n'hésite pas à déclarer que, si l'on faisait une expertise pour dé-
terminer la valeur des récoltes dévorées et anéanties par les larves des han-
netons dans une année comme celle que nous avons traversée en 1866, on
arriverait, pour un département comme le nôtre, à une évaluation qui
dépasserait 25 millions.
» Dans ma seule exploitation, qui comprend une étendue de too hec-
tares, j'ai estimé une perte de 18000 francs, qui porte principalement sur la
culture des betteraves. La récolte a été, par hectare, de 7000 kilogrammes
de mauvaises racines, au lieu de /joooo kilogrammes, qui est le rendement
ordinaire. Les cultivateurs de la contrée étaient frappés d'une manière
aussi désastreuse : plusieurs fermiers, invoquant le cas de force majeure,
se croyaient en droit de refuser le payement de tout ou partie de leur
fermage.
» En présence des plaintes si vives que faisaient entendre les populations,
le Conseil général de la Seine-Inférieure ne pouvait hésiter à prendre toutes
les mesures capables d'arriver le plus promptement et le plus sûrement
possible à la destruction des hannetons et des mans. Un large crédit fut mis
à la disposition du Préfet, M. le baron Le Roy, que l'on trouve toujours
plein de sollicitude pour les grands intérêts qui lui sont confiés. Par ses
soins, une Commission spéciale était chargée d'étudier la question (1). Des
instructions, rendues publiques, étaient concertées; une prime de 10 francs
était accordée par 100 kilogrammes de mans ramassés; enfin des Commis-
sions municipales étaient chargées de constater la livraison et la destruction
des insectes. C'est ainsi que, du 4 septembre 1866 au 26 août 1867, on a
distribué, à titre de primes, une somme de 3^035 francs, qui correspond à
^7000 kilogrammes de mans. Le poids d'un seid ver étant de 2SI',2 en
(1) Cette Commission était composée de : MM. Jules Reiset, président; Poucliet, Corres-
pondant de l'Institut; Corneille, conseiller de préfecture; Fauchet, membre de la Société
centrale d'Agriculture de la Seine-Inférieure; Métaver, chef de bureau à la Recette générale,
secrétaire.
( "27 )
moyenne, le nombre des insectes détruits s'élève au chiffre de 168 millions.
Ce résultat a son importance, et témoigne de l'empressement qu'ont mis les
cultivateurs et les habitants des campagnes à profiter de l'avantage cpii
leur était offert.
» Pour combattre la grande levée tle hannetons qui aura lieu, selon tonte
probabilité, l'année prochaine, une prime de 8 francs sera accordée par
100 kilogrammes de ces insectes livrés aux Commissions municipales.
» L'intérêt de premier ordre qui est engagé dans cette œuvre de pro-
tection agricole m'a amené à entreprendre quelques recherches, ayant
pour but de diriger avec pins de certitude nos efforts communs.
» J'ose donc espérer que l'Académie voudra bien accueillir, avec une
bienveillante indulgence, cette communication, qui n'a d'autre mérite que
son utilité pratique.
Pour atteindre l'ennemi, il importait surtout de déterminer, avec une
certaine précision, les évolutions et les métamorphoses qu'il effectue au
sein même de la terre.
» On sait que le mau se trouve presque à la surface du sol, par les temps
humides et chauds, tandis que, par instinct de conservation, il fuit la grande
sécheresse et le froid, en s'enfonçant assez profondément.
» L'histoire naturelle du hanneton et de sa larve a été écrite par de sa-
vants entomologistes. Parmi eux, notre confrère M. le Dr Pouchet, plus
particulièrement préoccupé des ravages que cause cet insecte, a publié
en 1 853 une brochure fort intéressante et fort utile au double point de vue
de la science et de la pratique agricole. Mais dans ces différentes monogra-
phies, les naturalistes ou les forestiers ne disent rien de bien précis sur les
évolutions de la larve du hanneton dans le sol, sur les profondeurs qu'elle
peut atteindre pour s'abriter et sur la température du milieu où s'accom-
plissent ses actes biologiques.
» Afin d'éclairer ces questions, j'ai fait pratiquer méthodiquement des
fouilles sur des surfaces connues, à des profondeurs déterminées et à des
époques différentes, en tenant un compte exact de tous les insectes trouvés.
» Un grand thermomètre à alcool muni d'un long réservoir fut établi
d'une manière permanente, en plein champ, à une profondeur de 5o cen-
timètres; le point /.éro affleurait la surface du sol ; on pouvait ainsi obser-
ver la température moyenne de la couche de terre servant d'habitation aux
larves. Un nouveau thermomètre, placé dans l'air ambiant, indiquait la
température atmosphérique; la double observation était faite chaque matin
à 8 heures.
( 1128 )
PROFONDEUR
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25 mars 1867.
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à Écorchebceuf.
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5C6 un très-grand nombre de vers blancs,
l'avoine et le trèfle
avaient et
3 ravagés;
mais vers
la fin d(
1 septembre, on avait hersé pour semer
iln trèlle incarnat; <
ette sîmp
e opérât i
on a détr
lit presqu
e toutes les larves qui se trouvaient en-
coie à cette époque
à la surf;
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erre.
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 27.)
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19 août 1867.
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Superficie : 3 mètres.
19 août 1867.
A Éeorchebœut' dans un pâturage
de vieux trèfle.
Superficie : 3 mètres.
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25 août 1867.
A Gouville.
Superficie : 3 mètres.
l,o
25 août 1867.
A Gouville.
Superficie : 3 mètres.
26
92
13 DÉCEMBRE 1S67.
Pâturage à Ecorchebœuf.
Superlicie : 3 mètres.
Poids de 10 hannetons vivants
Poids de 10 mans (ponte de l'année)
SBr,700
4sr,15o
l/|7..
( i i3a >
» On trouve dans ces tableaux d'intéressantes indications sur les méta-
morphoses du hanneton et sur la diffusion de sa larve.
» En Normandie, l'insecte met trois années à accomplir les actes biolo-
giques qui rendent son organisation complète.
» Les hannetons si nombreux, du printemps de i8G5, ont produit les
larves qui, échappant aux rigueurs d'un premier hiver, ont fait les grands
ravages constatés dans nos récoltes de 1866. Ces mêmes larves ont passé un
second hiver, celui de 1867, à une profondeur moyenne deom,/jo. Le ther-
momètre placé sous le sol dans ce milieu n'a jamais atteint le point zéro
comme minimum, alors que la température de l'air est descendue pendant
plusieurs jours à i5 degrés au-dessous de zéro. Il est vrai que la terre était
couverte de neige. On comprend que dans ces conditions les larves peuvent
résister parfaitement à des gelées persistantes.
» En mars et avril 1867, la charrue mettait à découvert les mans très-
développés qui remontaient déjà à la surface. Une destruction considérable
a été faite alors par les cultivateurs qui prenaient le soin de faire ramasser
les vers blancs dans les labours.
» Dès le mois de juin 18G7, les mans devenus adultes ont regagné une
profondeur moyenne de 35 centimètres, pour se transformer en chrysalides ;
ce changement d état paraît s'opérer en moins de deux mois; car dans une
fouille ouverte le 19 août on ne trouve plus qu'un seul man adulte pour
m chrysalides; à côté de cette même fouille, le i3 décembre dernier, nous
avons pu constater que toutes ces chrysalides étaient déjà transformées en
hannetons; nous avons compté dans la fouille 1 18 hannetons parfaitement
en vie et tout prêts à s'envoler.
» L'insecte a accompli sa dernière métamorphose en octobre et en no-
vembre. Dans les labours faits au mois d'octobre, nous avions déjà remar-
qué un certain nombre de hannetons très-vivaces. Arrivé à l'état parfait, ce
coléoptère reste ainsi sous terre pendant cinq ou six mois et attend, avec
une grande patience, pour prendre son vol, que l'épanouissement delà na-
ture lui fournisse sa nourriture.
» Quand les larves commencent à opérer leur mouvement de migration
vers les profondeurs du sol, elles semblent, pour ainsi dire, prévoir que la
saison approche où l'abaissement de la température deviendra successif et
ira chaque jour en augmentant; elles prennent la précaution de s'abriter en
octobre, alors que le thermomètre sous sol indique encore 10 degrés au-
dessus de zéro; puis à mesure que la couche de terre vient à se refroidir,
par la fonte des neiges ou les pluies glaciales, elles gagnent peu a peu des
profondeurs plus grandes, pour remonter ensuite vers la surface des qu'elles
( ri 33 )
éprouvent le sentiment d'une élévation continue de la température. Ce mou-
vement ascensionnel est déjà très-accusé le 23 février 1867, encore bien
que le thermomètre sous sol n'indique que -+- 70, 1. Cette température
est inférieure à celle où les larves ont commencé à descendre en octobre,
mais elle est de beaucoup supérieure à la moyenne fournie par le thermo-
mètre sous sol pour le mois de janvier. Cette moyenne atteint seulement
-+-20, 8; on a compté pendant ce mois quinze jours de gelée avec neige, et
huit jours de pluie.
» Il est nécessaire de remarquer qu'.en quittant la surface du sol dans le
courant d'octobre, les mans se retiraient gorgés d'aliments, tandis que leur
empressement à remonter, vers la fin de février, peut s'expliquer assez na-
turellement par un besoin de nourriture dont l'insecte vorace a été privé
depuis cinq mois. Cependant, il me paraît difficile de nier l'influence de la
température sur les évolutions de la larve.
» Nous avons à faire ressortir maintenant le côté pratique et agricole de
ces observations.
» Avant de commencer les travaux de la saison, tout agriculteur soucieux
de ses intérêts devra faire pratiquer des fouilles, pour savoir exactement à
quelle profondeur se trouve l'insecte qui existe dans sa terre. Les moyens à
employer pour sa destruction devront, en effet, varier suivant que le man
sera plus ou moins enfoncé dans le sol.
» Supposons le cultivateur occupé à préparer les terres qui devront rece-
voir le colza et le blé en septembre et en octobre. Nous avons vu qu'à cette
époque la presque totalité des mans se trouvait encore à la surface. Un
premier labour très-superficiel, suivi d'un hersage énergique, peut amener
dans ce cas une destruction très-complète et très-économique; tandis qu'un
labour profond, pratiqué immédiatement dans ces conditions, aurait pont-
résultat de renfouir tous les insectes et de les soustraire ainsi aux recherches
qu'on aurait pu faire.
» Les cultures données à la terre en février et mars, pour les céréales de
printemps et les racines, ne peuvent généralement mettre à découvert les
larves qui ne remontent que lentement du fond vers la surface. Une fouille
pratiquée alors peut donc seule indiquer le nombre des insectes qui reste-
ront au-dessous du labour et, si ce nombre est grand, le laboureur intelli-
gent n'hésitera pas à attendre quelques semaines, afin d'avoir la possibilité
d'atteindre un ennemi qui ne manquerait pas de choisir le moment propice
pour ravager la récolte, confiée trop tôt à la terre. Cette année, des le
6 avril, nous avons pu atteindre la couche des mans avec un labour de 18
( n34 )
à 20 centimètres, et à la fin de ce même mois, le labour devait être encore
moins profond, pour mettre à fleur de terre le plus grand nombre possible
de mans à ramasser.
» On pourrait croire pr. sque superflu d'insister sur la nécessité de re-
chercher les moyens pratiques de détruire le hanneton et sa larve; mais on
rencontre d'un coté l'apathie des cultivateurs, généralement trop disposés
à laisser passer le fléau sans se donner la peine de lutter, et, d'un autre
côté, certains esprits forts, qui vont même jusqu'à déclarer inutiles les me-
sures administratives les plus sages; ignorant complètement les mœurs de
ces insectes et leur merveilleux instinct de conservation, ils ne craignent
pas d'affirmer que quelques nuits froides ou pluvieuses suffisent pour
anéantir des légions de hannetons ou de mans.
» Nous persisterons cependant à conseiller de chercher à détruire les
vers blancs cantonnés dans la terre; ils sont l'ennemi le plus redoutable
des récoltes.
» J'ai déjà indiqué dans quelles circonstances un hersage énergique peut
amener la destruction presque complète des mans, mais c'est le plus sou-
vent dans les labours qu'il faut rechercher avec soin et ramasser l'insecte;
je dois ajouter que, quand même le secours d'une prime ne viendrait pas
stimuler et aider le cultivateur, il aurait encore un intérêt immédiat à déli-
vrer sa terre.
» Pendant la campagne de 1866, j'ai trouvé dans mon exploitation des
pièces de terre qui contenaient en moyenne 23 mans par mètre superficiel
ou 2J0 000 de ces rongeurs par hectare. Or, comme dans cette étendue
de terrain on cultive environ 100 000 pieds de betteraves, chaque racine
peut être dévorée par deux mans; et comme dans un hectare on élève en-
viron 80000 pieds de colza, chaque plante oléagineuse peut être attaquée
par plus de deux vers blancs. Ces chiffres montrent combien est funeste
l'incurie de ceux qui ne croient pas devoir combattre ce redoutable fléau.
» Nous avons pu constater les bons résultats obtenus en ramassant avec
soin les mans dans une pièce de terre qui en était infestée; trois labours
avaient précédé la plantation d'un colza, effectuée dans les premiers jouis
d'octobre 1866. Deux femmes suivant la charrue avaient ramassé dans
ihec,,4o de terre :
Au 1" labour 170 kilog. de mans.
Au 2e labour 1 1 1 » »
Au 3': labour 63 » »
Total 344 kilog. (U mans.
» Quinze journées de femmes employées pour exécuter ce travail ont
( n35 )
coûté i6fr,5o, ce qui représente une dépense de iifr,8o pour ramasser les
m an s dans un hectare de terre ayant reçu trois labours successifs. Cette
minime dépense devait assurer la récolte du colza, dont le produit a été
excellent, tandis que plusieurs fermiers voisins, qui avaient dédaigné de
prendre les mêmes soins, ont vu leurs plantations déjà très-compromises
avant l'hiver et entièrement perdues au printemps.
» Dans le plus grand nombre des cas, pour ramasser les uians, il suffit
défaire suivre la charrue par une seule femme, ou mieux encore par deux
enfants. En supposant qu'il soit nécessaire d'effectuer deux labours à dif-
férentes profondeurs, dans la même pièce de terre, la dépense atteint à
peine le chiffre de 5 francs par hectare. Le cultivateur ne peut donc ren-
contrer qu'une seule difficulté sérieuse pour l'exécution de ce travail, c'est
la pénurie des bras, qui devient chaque jour, pour l'agriculteur, une entrave
plus alarmante.
» La quantité de m an s qu'une seule femme peut ramasser dans une
journée derrière la charrue varie nécessairement suivant l'abondance de
ces insectes, qui sont souvent agglomérés par places. Dans ma ferme, j'ai
vu le produit de la chasse descendu de a5 à 4 kilogrammes d'un jour à
l'autre; mais on peut admettre qu'une seule femme a ramassé en moyenne
10 kilogrammes de vers blancs par journée de labour, pendant la campa-
gne de 1866 à 1867.
» Il convenait de tenir compte de la valeur que l'on doit attribuer
comme engrais à cette masse de matière annualisée, extraite de la terre à
l'état de mans. Voici le résultat de mes analyses quant à l'eau et quant à
l'azote contenus dans les larves du hanneton.
» J'ai trouvé que les mans à l'état naturel contiennent en centièmes :
eau, 86,06, et matières solides sèches, 18, 9/1. La matière solide desséchée
à 120 degrés donne en moyenne 7,06 d'azole pour 100. On en déduit que
100 kilogrammes de mans, à l'état naturel, contiennent 1 337 kilogrammes
d'azote. Cette proportion d'azote représente une valeur de 3 francs pour
ioo kilogrammes de mans, alors que le guano, dosant iZj pour 100 d'azote,
est payé 3i francs les 100 kilogrammes. En admettant, comme je l'ai in-
diqué, un produit moyen de 10 kilogrammes de vers blancs par journée
de femme, la valeur de l'engrais à déduire de la dépense représente
3o centimes.
» Environ 3 000 kilogrammes de mans, ramassés dans ma seule com-
mune, pendant la dernière campagne, ont été mélangés par couches avec
de la chaux vive et de la terre pour en faire un composé dont j'attends un
( ..36)
bon effet, et qui sera employé au printemps prochain sur les terres de ma
ferme.
» On a préconisé, tour à tour, certains engrais spéciaux, certains pro-
duits plus ou moins chimiques, dont l'emploi devait assurer la destruction
des vers blancs. La plupart de ces procédés ont été reconnus ou dangereux
pour la végétation, ou inefficaces, ou impossibles à employer dans la grande
culture.
» Cependant M. Marsaux, directeur de la pépinière forestière de Ver-
sailles, a publié des expériences fort intéressantes sur l'emploi de la
naphtaline que livrent en masses cristallisées les usines à gaz de Paris. Ces
expériences ont été l'objet de Rapports favorables, présentés à la Société
d'Horticulture de Seine-et-Oise (i).
» Le procédé employé par M. Marsaux consiste à enfouir dans le sol,
par mètre carré, 230 grammes de naphtaline avec un poids double de sable
pour obtenir une répartition plus uniforme. Dans ces conditions, M. Mar-
saux a constaté que la végétation des plantes maraîchères ou agricoles
n'était pas compromise et que les mans renfermés dans la couche arable
étaient généralement tués ou obligés de fuir.
» J'ai pu vérifier l'exactitude de ces faits : incorporée dans le sol à la dose
de 4oo grammes par mètre carré, la naphtaline n'a exercé aucune influence
fâcheuse sur la végétation des plantes maraîchères ou d'agrément les plus
délicates, et de plus cette substance est un véritable poison pour les mans
qui sont soumis à son action.
» Voici quelques expériences très-nettes à cet égard. Le 18 mai .8GG,
j'ai placé trois gros vers blancs dans un kilogramme de terre contenant
5 grammes de naphtaline. Ces trois vers ont été trouvés morts dans les
vingt-quatre heures. J'ai obtenu le même résultat dans un mélange de terre
qui ne contenait que ^Vû c'e naphtaline; en opérant avec des doses plus
fortes, le poison agit en quelques heures. Toutefois il faut remarquer que la
naphtaline est très- volatile et perd assez rapidement son effet préservateur,
surtout par de grandes chaleurs. J'ai plusieurs fois observé que peu de
semaines suffisent pour que le terrain empoisonné soit de nouveau envahi
par les mans, qui s'attaquent aux racines de certaines plantes avec plus de
voracité que jamais.
» Dans tous les cas, l'emploi de la naphtaline présente quelques avan-
1 Jrmrinil de In Société d'Horticulture de Seine-ct-Oise, novembre et décembre i^ii!;
juillet et août, novembre et décembre 186 \'.
( "37 )
tages clans les pépinières, les cultures maraîchères et les jardins , sou prix
n'étant que de 60 francs les 1000 kilogrammes. Mais, à ce prix même, la
grande culture ne peut en tirer bon parti, la dépense devant s'élever par
hectare à 3oo francs environ, sans obtenir un résultat complet.
» Plusieurs animaux sont considérés comme d'utiles auxiliaires à con-
server pour la destruction des hannetons et des mans. Parmi eux, les cor-
beaux et les taupes se signalent particulièrement par un grand empresse-
ment; cependant on a bien quelques méfaits à leur reprocher Dans noire
contrée, les corbeaux sont nombreux, et je dois déclarer que tout en
rendant quelques services, ils compromettent souvent très-gravement les
récoltes.
» L'emploi de poulaillers mobiles pour cantonner les poules et autres
volailles de la basse-cour, au milieu des champs, a été indiqué comme un
moyen économique de nettoyer les terres. Les volailles recherchent en
effet avec avidité les vers blancs et les hannetons; mais, sous l'influence de
cette alimentation, les oeufs prennent une couleur et une saveur repous-
santes. Ce moyen de destruction est d'ailleurs tout à fait insuffisant.
» Beaucoup de cultivateurs attendent encore que des hivers rigoureux
ou des intempéries exceptionnelles les délivrent d'un ennemi si redoutable.
Nous devons espérer qu'un certain nombre d'insectes périt ainsi chaque
année. J'ai indiqué dans les tableaux de mes fouilles une destruction assez
notable de mans trouvés morts et envahis par un byssus. Mais malheureu-
sement il est facile de voir que des légions entières de ces insectes nuisibles
résistent aux mauvais jours.
» Je suis amené ainsi à conclure qu'il faut lutter énergiquement contre
le fléau. Il n'est sans doute pas au pouvoir de l'homme de le conjurer en-
tièrement; mais, on peut espérer entraver sa marche progressive et l'amoin-
drir dans une proportion importante.
» Ramasser avec persévérance les mans et les hannetons nous paraît en-
core le moyen le plus sûr, le plus économique et le plus pratique. Mais il
est nécessaire que le travail d'extermination se poursuive partout avec
ensemble. Nous ne pouvons nous dissimuler que tout ce qui a été fait dans
la Seine-Inférieure ne sera pas suffisant, si les autres départements négligent
d'entrer dans la même voie. Frappés de cette vérité, beaucoup de bons
esprits avaient pensé qu'une loi devrait intervenir pour rendre le Hannc-
tonnocje obligatoire. Mais Us ont ensuite reconnu que ces mesures de répres-
C. R., 1867, Ie Semestre. (T. LXV , N° 27.) '48
( u38 )
sion, édictées par une disposition législative, présenteraient de graves
inconvénients. On sait, d'ailleurs, le peu d'efficacité des lois sur l'éche-
nillage et l'échardonnage, qui sont pour ainsi dire tombées en désuétude.
Il semble qu'en pareille matière il y a lieu d'agir plutôt par voie d'encou-
ragement et de persuasion que par voie de coercition.
» Que l'Administration supérieure, les Conseils généraux, les Communes,
les Comices, les grands propriétaires, réunissent leurs efforts pour encou-
rager et protéger l'entreprise! Les intérêts de notre agriculture sont gra-
vement engagés. Jamais, d'ailleurs, on n'aura donné aux populations
rurales une assistance plus urgente et plus essentielle. »
M. Emile Blanchard fait, au sujet de la présentation du Mémoire de
M. Reiset, les remarques suivantes :
« Je m'associe pleinement à M. le Président, dit-il, pour signaler l'impor-
tance des recherches de M. Reiset, et pour déclarer que la précision
avec laquelle tous les faits ont été constatés par le savant agronome a un
caractère vraiment scientifique. Cependant, s'il était intéressant de noter
scrupuleusement à quelle profondeur les vers blancs se logent dans la
terre, suivant les saisons et surtout suivant la température, il importe de
ne pas laisser croire que les naturalistes sont demeurés jusqu'ici dans
l'ignorance des habitudes des larves qui se nourrissent de racines. On sait,
en effet, que les larves séjournant dans le sol à une faible profondeur, tant
que la température reste douce, s'enfoncent aux premières atteintes du
froid et descendent très-profondément en terre dans les hivers rigoureux, de
façon à toujours échapper à la gelée. Depuis longtemps, dans de nombreux
écrits, on a cherché à détruire l'idée absolument fausse, répandue parmi les
cultivateurs, que le froid fait périr les Insectes. Cette remarque, au reste,
n'enlève rien de la valeur des observations de M. Reiset, dont j'ai eu con-
naissance et que j'ai citées dans mon ouvrage récent sur les Métamorphoses
des Insectes. M. Reiset est entré dans une excellente voie, et si son exemple
était suivi dans toutes les parties de la France, nous verrions en peu d'an-
nées presque disparaître, et tout au moins, diminuer considérablement les
vers blancs, le plus grand fléau de l'agriculture. »
M. Ciievkecl prend alors la parole, et s'exprime comme il suit :
« Je me serais bien mal exprimé si j'avais donné a entendre que
*1 Reisel avait prétendu que les naturalistes ignoraient, avant lui, les habi-
tudes des larves, de s enfoncer d'autant plus profondément en terre que le
( "39)
froid de l'atmosphère a plus d'intensité, et qu'il eût prétendu encore relever
une erreur du public savant auquel il aurait prêté la croyance que le froid
détruit les larves du hanneton. Je proteste contre l'assertion de M. Blan-
chard : rien dans l'écrit de M. Reisot, rien dans le compte rapide que j'ai
rendu d'un travail suivi par son auteur avec tant de persévérance, de talent
et d'utilité, ne peut donner à penser que M. Reiset a cru combattre le pre-
mier une erreur, et que, dupe moi-même de cette croyance, je suis venu
louer devant l'Académie l'auteur auquel M. Blanchard l'attribuait. La vérité,
la voici :
« La production agricole, horticole et maraîchère du département rie la
Seine-Inférieure a été frappée par un véritable fléau : la multitude des han-
netons en 1 865 et les mans ou larves, sortis de leurs œufs, ont causé une
perte qui a été estimée dépasser 25 millions. ,
» Pour combattre de tels ennemis, M. le Préfet Le Roy a nommé une
Commission sous la présidence de M. Reiset; l'ensemble des recherches
dont l'Académie a autorisé l'impression est un bel exemple de la lumière
qu'une SCIENCE PRÉCISE, fruit de l'expérience, est susceptible de répandre sur
la PRATIQUE AGRICOLE.
» M. Reiset a placé deux thermomètres à alcool, l'un à réservoir allongé
dans le sol, de manière que le zéro en affleurât Je niveau; le second dans
l'air.
» Des fouilles ont été faites couche par couche jusqu'à om,g de pro-
fondeur sur une étendue de 3 mètres superficiels. On compte, pour cha-
cune des couches que l'on découvre, ce qu'on y a trouvé : i" de larves
vivantes; 2° de larves tuées par un byssus; 3° de chrysalides ; 4° de hanne-
tons, en ayant égard à la date des jours, aux températures du sol et de
l'atmosphère. Ces expériences ont été suivies pendant plus d'un an et dans
diverses localités du département, comme on le voit dans les tableaux du
Mémoire. M. Reiset constate que la température de l'air ayant été quelques
jours à i5 degrés au-dessous de zéro, la température du sol, dans une pro-
fondeur, je crois, de om,5o, n'a pas été au-dessous de zéro; à la vérité la
terre était couverte de neige, et, dans cette circonstance, la gelée n'a pas
atteint les larves.
» Eh bien! c'est après i 'observation de tels faits, entrepris dans l'intérêt de
l'agriculture, que M. Reiset, en s'adressanl à des cultivateurs de lu Seine-
Inférieure qui se reposent sur le froid pour purger leurs terres des MANS. leur
dit qu'ils se trompent, et que c'est à eux d employer des moyens pour détruire le
fléau qui menace leurs récoltes.
» M. Reiset, en agissant ainsi, a fait ce qu'il devait. Ce n'est donc pas
i48.
( n4o )
aux entomologistes de l'Académie, je pense, ce n'est point à l'honorable
professeur d'entomologie du Muséum que M. Keiset a prétendu, comme
on le suppose, venir apprendre que le froid ne tue pas les larves des
hannetons.
» Voilà des recherches précises. Voyons l'application qu'en a faite
M. Reiset à la culture.
» Des ensemencements se font en automne et au printemps.
>> En automne, M. Reiset, sachant que les mans sont dans la première
couche du sol, prescrit des labours légers et un hersage énergique; deux
femmes ou quatre enfants suivent la charrue et ramassent dans des paniers
les mans mis à découvert.
» D'une pièce de terre de ihect,4°% on a retiré, au moyen de trois la-
bours,*^ kilogrammes de mans, et le salaire des femmes a été de 16 fr. 5o c,
ce qui ne fait pas 12 francs par hectare. Cette pièce a donné une excellente
récolte de colza en 1867, tandis que la pièce voisine, dont les mans n'avaient
pas été enlevés, a donné une récolte nulle.
» Pour préparer la terre au printemps, en février et en mars, époque où
les mans ne sont plus dans la première couche du sol, le cultivateur doit
faire une fouille afin de savoir s'il y a des mans, et dans ce cas recon-
naître la profondeur où ils se trouvent. Au lieu de procéder à un labour
qui devrait être profond pour les atteindre, M. Reiset lui conseille d'at-
tendre quelques semaines afin que les mans remontent dans la première
couche, là où il est possible de les mettre à découvert par un léger la-
bour.
» Voilà, certes, des conseils positifs qui sont le résultat d'expériences
précises sur la température de l'air et celle du sol, et d'observations égale-
ment précises sur les mouvements des mans de haut en bas et de bas en haut
déterminés par les relations de ces mêmes températures.
» M. Reiset a non -seulement évalué par l'expérience la dépense de faire
ramasser des mans par des femmes ou des enfants; mais en faisant un
examen chimique de ces mans au point de vue de l'engrais des terres, il a pu
diminuer cette dépense en en retranchant le prix du nouvel engrais.
» Je ne m'étendrai pas davantage sur ce travail. Il suffit de ce que je
viens de dire pour qu'on ne croie pas que M. Reiset ait jamais eu la naïveté
de croire qu'en communiquant son travail à l'Académie, il prétendait
apprendre au monde savant (pie le froid ne, tue jias les insectes qui sont
en terre 1 . »
1 In écrivant cette proposition j'y apporterai, dans un prochain Compte rendu, une
( "4i )
M. Moreau de Joxnès, Membre de l'Institut (Académie des Sciences
morales et politiques), prie l'Académie de vouloir bien admettre au con-
cours du prix de Statistique (fondation Montyon) un ouvrage qu'il vient de
publier et qui a pour titre « Etat économique et social de la France depuis
Henri IV jusqu'à Louis XIV ».
(Renvoi à la Commission. )
31. Zaliwski-Mikorski adresse une Note concernant la formation des
alliages. Selon l'auteur, un alliage n'est possible que si le métal électro-
positif est le plus fusible.
(Renvoi à la Section de Chimie.)
M. Brate adresse une nouvelle Lettre concernant ses recherches sur la
construction des triangles.
( Renvoi à la Commission précédemment nommée.)
CORRESPONDANCE .
M. le Ministre de l'Instruction pitblique annonce à l'Académie que,
conformément au désir exprimé dans la Lettre qu'elle lui a transmise, il
tient un exemplaire des OEuvres de Lagrange à la disposition de l'Observa-
toire de Washington.
M. le Ministre de l'Instruction publique transmet à l'Académie un plan
météorologique, indiquant la direction suivie par les vents dans la vallée
d'Anjou au mois de mai dernier, et dressé par M. André, d'Arc-en-Barois.
Ce travail sera soumis à l'examen de M. Becquerel.
MM. les Curateurs de l'Universite de Leyde adressent, an nom de
l'Université néerlandaise et des Athénées d'Amsterdam et de Deventer, uu
exemplaire de leurs Annales pour 1862-63.
L'Académie des Sciences d'Amsterdam adresse trois nouveaux volumes
de ses publications périodiques.
restriction relative au grave inconvénient de ces propositions données si souvent en agri
culture ou ailleurs comme absolues.
( I>42 )
minéralogie. — Sur la Woodwardite du Cornouailles. Note de M. F.Pisaxi,
présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« Parmi les minéraux nouveaux découverts depuis peu au Cornouailles,
M. Ghurch a décrit (Journal oj chemicat Society, IV, p. i3o) une substance
à laquelle il a donné le nom de Woodwardite. Ce minéral forme sur le
ktllas des croûtes amorphes, d'un bleu verdâtre, à surface ondulée, ayant
environ 5 à 8 millimètres d'épaisseur. Sa composition est la suivante :
Cu 46,87 S i2,5o Al 17,66 H 22,86
» D'après la formule. que M. Chnrch donne à ce minéral, ce serait un
sulfate de cuivre associé à un hydrate de la même base, plus un hydrate
d'alumine.
» Ayant reçu cette année dp M. R. Talling, aux recherches duquel on
doit la découverte de plusieurs minéraux intéressants dans le Cornouailles,
une substance trouvée dans les mêmes conditions de gisement que la
Woodwardite et lui ressemblant singulièrement quant à l'aspect et à la
texture, mais seulement d'une couleur verte assez claire, j'ai pensé qu'il
serait de quelque intérêt d'en faire une étude comparative avec le minéral
décrit par M. Church.
» Essayé qualitativement, le nouveau minéral m'a donné, outre les élé-
ments de la Woodwardite, une quantité de silice assez grande pour pro-
duire une gelée avec l'acide chlorhydrique dans une liqueur concentrée;
seulement on voit par la couleur de la solution qu'il contient bien moins
de cuivre.
» Je pensai dès lors que la Woodwardite n'était pas un minéral bien
défini, mais seulement un mélange, à proportions variables, d'un sous-
sulfate de enivre avec un hydrate d'alumine. Néanmoins je recherchai la
présence de la silice dans la Woodwardite, mais j'en trouvai seulement
une quantité assez petite, insuffisante pour constituer un silicate avec
l'alumine.
» Une analyse faite sur la Woodwardite m'a donné les nombres
suivants :
Oxygène. Rapports.
Oxyde de cuivre 4^>^ 9-4 4'
\i ride sulfurique ' ' >7 7 >° 3
Alumine '3,4
Silice , i ,-.)
Eau »
( "43 )
» Les rapports d'oxygène entre l'acide sulfurique et l'oxyde de cuivre
sont comme 3 : l\. Ce rapport est le même que celui que j'ai donné pour
la Langite.
» Voici maintenant le résultat de l'analyse du minéral nouveau ressem-
blant à la Woodwardite :
Oxygène. Rapports.
Oxyde de cuivre .... 17,4 3,52 4
Acide sulfurique 4,7 2,82 3
Alumine 33,8
Silice 6,7
Eau 38,7
ioo,5
» Dans cette analyse, on voit que la quantité d'alumine n'est plus en
rapport avec celle trouvée dans la Woodwardite, tandis que les quantités
d'acide sulfurique et d'oxyde de cuivre sont proportionnellement les
mêmes; on peut donc considérer le nouveau minéral comme un mélange
o
de Langite (Cu'S H- 4 H) avec un silicate d'alumine très-basique, analogue
à la Scarbroïte ou à la Schrotterite (variétés d'allophane) , ou avec un
hydrate d'alumine mêlé d'un silicate du genre allopbane ou halloysite.
Quant à la Woodwardite, on doit la considérer comme un mélange ana-
logue, dans lequel, au lieu d'un allophane très-basique, il y aurait un
hydrate d'alumine avec un peu de silice.
» La Langite qui se trouve au Cornouailles sur le killas a donc dû,
dans certaines circonstances, se déposer avec un hydrate d'alumine ou un
silicate très-basique pour former ces mélanges de couleur variable qui
constituent la Woodwardite et le minéral qui lui ressemble.
» On doit conclure de ces faits que la Woodwardite ne peut en aucune
manière constituer une espèce nouvelle; et de même qu'on voit fréquemment
dans différentes localités des allopbanes colorés par plus ou moins d'oxyde de
cuivre, il y aurait également au Cornouailles des allophanes ou des hydrates
d'alumine mêlés de Langite, comme cela a lieu pour les deux minéraux
dont j'ai fait l'étude. Eu outre, la quantité de silice continue dans les
allophanes étant très-variable (2^ à 10 pour 100), rien n'empêche de sup-
poser que les variétés pauvres en silice contiennent un mélange d'hydrate
d'alumine qui serait très-dominant dans la Woodwardite, dont Yallophane
aurait un minimum en silice ; ce qui complète l'analogie de constitution
entre les deux minéraux qui font l'objet de cette Note. »
( n44 )
chimie organique. — Electrolyse de l'acide tartrique. Note de M. E.Bourgoin,
présentée par M. H. Sainte-Claire Deville.
« L'action du courant a été étudiée sur le tartrate neutre, sur un mélange
de tartrate et d'alcali, enfin sur l'acide tartrique libre.
» I. Tartrate neutre de potasse. — Pour reconnaître l'action fondamentale
du courant électrique sur l'acide tartrique, il convient d'opérer sur une
dissolution concentrée et neutre de tartrate de potasse. Cette solution a été
analysée en la traitant par un mélange d'acide sulfurique et d'acide azo-
tique fumant. L'acide organique est détruit, et il reste du sulfate de potasse.
On arrive par cette méthode à un dosage rigoureux, si l'on opère avec
précaution.
„ . . ... < Pôle P 2Q«,5
Solution saline „., • ' ,.
{ Pôle N 29", 5
1 centimètre cube contenant C H' K'O" o,683
» Dès que le courant passe, la réaction s'établit, et la solution devient
alcaline au pôle négatif. Il ne se produit qu'un dégagement médiocre de
gaz aux deux pôles.
» Le phénomène principal, celui qui met dans tout son jour l'action
fondamentale du courant, c'est la formation d'un précipité blanc, qui se
détache lentement, mais continuellement, de l'électrode positif. L'analyse
démontre que ce dépôt est entièrement constitué par de la crème de tartre.
La solution positive reste sensiblement neutre pendant tout le cours de
l'expérience : elle ne doit sa légère acidité qu'à la faible quantité de crème
de tartre qu'elle retient en dissolution.
» Afin d'étudier les modifications que subit la dissolution, l'expérience
a été arrêtée aptes vingt-quatre heures. Voici le résultat des analyses :
» i° Gaz positif.
De 1 heure à 20 heures. Ue 20 heures à 24 heures.
C20! 61,2 Su, 7
0> 7,8 7,2
C^O' 26,3 11,6
Az ... 2,7 0,5
» 20 Liquides.
Positif [acidité sensiblement nulle .
2 centimètres cubes donnent. . . S^K'O8 =10,424 Csll'R-Ou = o,563
Négatif (très-alcalin .
2 centimètres cubes donnent. . . S-K206 = o,58o C"H4K'0" = 0,753
Alcali libre dans 1 centimètres cubes o,o4'
( "45 )
On déduit de là,
Perte de sel ^ a" P0'e P o, 683 -o, 563 =0,120
) au pôle N o, 683 — (0,753 — o,o83)=o,oi3
» Ainsi, la presque totalité du sel décomposé est fournie par le pôle
positif. On retrouve donc ici d'une façon très-nette un phénomène ana-
logue à ceux qui ont été signalés par MM. Daniell et Miller, étudiés par
MM. Pouillet et d'Almeida.
» En résumé, on a pour l'électrolyse du tartrate neutre :
Réaction fondamentale C»H'K!012 = (C'H'CT-f- 0-). . . + K»,
Réaction secondaire C'HiO" + H!0I = C,H'0,!.
» L'acide tartriqne régénéré au pôle positif forme avec le sel neutre de
la crème de tartre, sauf une certaine quantité qui est détruite par l'oxygène
avec production d'acide carbonique, d'oxyde de carbone et d'eau, d'après
une réaction analogue à la suivante :
C8H80,2-t-302 = aC204 + 2c202-+-3H202.
,» II. Tartrate neutre et alcali (4C8H4 K.2 O12 + KHO2). - Lorsqu'un
électrolyse une solution très-concentrée et alcaline de tartrate de potasse
faite dans les proportions ci-dessus, les résultats obtenus sont bien diffé-
rents de ceux qui ont été signalés dans le paragraphe précédent, bien que
la réaction fondamentale reste la même. Il se dégage au pôle positif un
mélange d'acide carbonique, d'oxyde de carbone, d'oxygène et d'hydrure
d'éthylène.
Après 24 heures. Après 3 jours.
C30< 81,98 61, i5
C'O' 9,60 18,47
O1 6,68 iS,i8
C'H' 0,61 1 ,20
Az 1 , 1 3 1 ,00 ni
» Quelle est l'origine de l'hydrure d'éthylène? Il est facile de répondre
à cette question. En effet, si on examine le liquide contenu dans le com-
partiment positif, on constate qu'il renferme une grande quantité d'acide
acétique, ou mieux d'acétate de potassium. Ce sel, à mesure qu'il se (orme.
1 .l'ai remis à 31. Berthelot un échantillon de ce gaz privé d'oxygène et d'acide carbo-
nique. Mon savant maître, dont l'habileté est si grande, n'a pu déceler dans ce gaz la pré-
sence de l'acétylène. Ce fait est important, car il démontre que l'oxyde de carbone dans ces
phénomènes électrolvtiques peut prendre naissance indépendamment de l'acétylène.
C. R.. 1R67, 1' Semestre, (T. LXV, N<> 27.) • '»<)
( i>46 )
s'électrolyse en partie, conformément à la réaction observée par M. Kolb
pour la première fois.
» III. Acide tarlrique libre. — Une solution concentrée et faite à froid
d'acide tartrique donne, dès le début, au pôle positif, un gaz dans lequel
domine l'acide carbonique :
GAZ.
]« GAZ.
48 HEURES.
72 HEURES.
4 JOURS.
CO'
co-
o-
Az
89,2
6,9
2,2
■>7
82,0
1 0 , ( >
6,6
°'9
72,1
19,1
8,2
0,6
95>4
4,1
1)
0,5
La quantité d'oxyde de carbone diminue encore si on prolonge l'expé-
rience, et, après le cinquième jour, on recueille de l'acide carbonique sen-
siblement pur.
» Le dosage acidimétrique indique que les deux pôles ont perdu une
certaine quantité d'acide; mais ce dosage ne peut donner ici la valeur
exacte des pertes éprouvées par chaque pôle. En effet, sachant déjà par
expérience que l'acide acétique ne s'électrolyse qu'avec une extrême diffi-
culté, j'ai pensé que si l'électrolyse de l'acide tartrique a lieu dans le même
sens que celle des tartrates, on doit trouver de l'acide acétique au pôle
positif. Cette prévision a été confirmée par l'expérience : après le cinquième
jour, le compartiment positif renfermait une grande quantité d'acide acé-
tique, qui a été isolé à l'état d'acétate de baryte cristallisé.
» En résumé, l'acide tartrique libre s'électrolyse de la même manière
<pie les tartrates, et sa décomposition par le courant doit s'exprimer ainsi :
» i° Réaction fondamentale :
C8H60,2 _ (c8H*0'° -+- O2)... -4- H2;
» 2" Réaction secondaire :
C8H4O,04-O2 = 2C20*-4-C*H404. »
PHYSIQUE DU GLOBE. — De la variation diurne lunaire de l'aiguille aimantée
près de l'équateur magnétique; par M. J.-A. Broun.
« On croit généralement que la variation diurne due à la Lune est si
petite, que l'on peut bien la négliger, jusqu'à ce que l'on en sache davantage
( "47 )
au sujet de la variation diurne solaire. J'ai trouvé cependant que cette niibon
(bonne ou mauvaise) n'existe pas, et que la variation diurne lunaire esl
quelquefois plus grande que la variation diurne solaire.
» Ce fait peut donner plus d'intérêt aux résultats suivants, déduits
de plusieurs années d'observations, et qu'il faut bien considérer avant
de présenter une théorie sur les causes de ces mouvements.
» Selon les idées généralement reçues jusqu'ici (et par analogie avec la
variation solaire), on pouvait supposer qu'à l'équateur la variation pro-
duite par la Lune devait changer de direction quand la Lune passe d'un
hémisphère à l'autre. Il n'en est rien.
» i° Dans les mois de novembre à février, la déclinaison orientale est
un maximum vers les heures où la Lune passe les méridiens supérieurs et
inférieurs ; seulement, selon que la Lune est dans l'hémisphère nord ou
l'hémisphère sud, les valeurs relatives des maximums et minimums chan-
gent. Le maximum au passage supérieur est le plus grand quand la Lune
est le plus au nord, et le plus petit quand la Lune est le plus au sud ; les
minimums dans les deux cas sont à peu près égaux. Quand la hune passe
l'équateur, allant au sud, le minimum au couchant de la Lune esl le plus
marqué; et quand elle passe l'équateur allant au nord, c'est le minimum
de la Lune levant qui est le plus fort; les maximums dans les deux cas sont
à peu près égaux.
» 20 Dans les mois de mai à septembre, c'est l'inverse qui a lieu. Les
minimums de la variation orientale arrivent vers les passages du méridien,
et les maximums vers le levant et couchant.
» 3° Il y a donc une inversion de la loi de variation des mois de mars
nu avril au mois d'octobre. Ce n'est pas quand la Lune passe d'un hémi-
sphère à l'autre que la variation diurne lunaire est intervertie, mais bien
quand le Soleil effectue ce passage, exactement comme pour la variation
diurne solaire (i).
» De ce fait, publié il y a six ans, et de cette liaison entre les variations
solaires et lunaires, il suivait que la variation diurne lunaire devait être
dans des directions opposées dans les hautes latitudes des deux hémi-
sphères, et que l'amplitude devait être plus grande pendant l'été de chaque
hémisphère que pendant son hiver. Ces deux conclusions ont été vérifiées
depuis, indépendamment, par les recherches d'autres personnes.
(i) On pourrait rapporter ces inversions des lois solaires et lunaires à la position de la
Terre dans son orbite, plutôt qu'à la déclinaison du Soleil.
i49..
( i.i48 )
» Dernièrement, j'ai trouvé que la variation diurne lunaire est quelque-
fois plus grande pendant toute une lunaison que la variation diurne solaire,
et que son amplitude augmente et diminue avec une grande rapidité d'une
lunaison à une autre. On trouvera plus de détails sur les variations solaires
et lunaires à l'équateur magnétique dans le volume des Transactions de la
Société loyale d'Edimbourg qui va paraître.
» Me sera-t-il permis de terminer ce résumé un peu rapide des faits
résultant de mes recherches par quelques réflexions qui pourraient peut-
être avoir un rapport avec ceux qui se rapportent à la constitution du
Soleil, question qui occupe beaucoup les esprits dans ce moment.
» On sait que les nombres des taches solaires présentent une période
qui est synchronique avec celle des valeurs des oscillations de l'aiguille
aimantée, et que toutes deux se rattachent aux temps des révolutions des
planètes. Je ne crois pas que l'on puisse négliger ces faits en étudiant la
question de la constitution de la photosphère du Soleil et la cause des taches.
« L'électricité a été tellement exploitée comme cause de tout ce que
l'on ne peut pas expliquer, qu'il faut quelque hardiesse pour la mettre en
avant de nouveau; mais il me paraît peu probable que les actions qui
s'opèrent dans la photosphère du Soleil, quelque hypothèse que l'on
adopte, ne soient pas une source énergique d'électricité. J'ai donc, il y a
dix ans, proposé cette question (i) : « Est-ce que les taches du Soleil ne sont
» pas dues à des ruptures des courants électriques dans l'atmosphère du So-
» leil, dépendant des positions des planètes relativement au plan de l'équa-
» teur solaire? » Ces décharges, comme je les avais appelées, dépendant
aussi de la tension électrique des électrosphères du Soleil et des planètes,
devraient produire des éruptions à travers la photosphère du Soleil et les
atsmosphères des planètes (comme l'aurore polaire), ressemblant à des
éruptions volcaniques, comme M. Chacornac les considère.
» Il faut, à ce qu'il me semble, quelque hypothèse pareille admettant
une grande variation d'action, pour expliquer l'accroissement que j'ai
trouvé de deux à quatre fois de l'amplitude de l'oscillation diurne lunaire,
d'une lunaison à une autre. Ces actions mutuelles entre le Soleil et les
planètes, et entre la Terre et son satellite, me paraissent si probables, que
je désire attirer sur ce point l'attention des hommes de science qui s'oc-
cupent plus particulièrement de l'électricité. Si de telles actions existent,
les mouvements d'électricité ainsi produits entre les corps en question,
i) Philosophical Magazine, July i858. Lettre datée des Indes, 21 décembre 1857.
( "4g)
combinés avec les rotations des astres, ne peuvent que produire des cou-
rants électriques expliquant les mouvements réguliers et irréguliers de
l'aiguille aimantée. »
PHYSIQUE. — Sur le rétablissement spontané de rare voltaïque après une
extinction d'une courte durée. Note de M. F. -P. Le Roux, présentée par
M. Edm. Becquerel.
« On sait que dans les circonstances ordinaires l'électricité fournie par
les piles ne jaillit pas spontanément entre deux conducteurs si rapprochés
qu'ils soient ; pour que le courant d'une pile puisse franchir l'espace, il
faut que les conducteurs soient d'abord amenés au contact, et c'est au
moment où on écarte ceux-ci que se forme l'arc voltaïque. C'est seule-
ment avec une pile de 35oo éléments, isolés avec des soins particuliers, que
M. Gassiot a réussi à produire des étincelles pouvant spontanément fran-
chir la faible distance d'un demi-millimètre.
» Dans certaines machines magnéto-électriques, on utilise les courants
pour la production de la lumière électrique, et cela sans les redresser, c'est»
à-dire sans ramener à un même sens ces courants qui en changent un grand
nombre de fois par seconde. Or, le changement de sens impliquant néces-
sairement le passage par une valeur nulle, il faut que pendant un certain
temps le courant cesse effectivement dépasser: ce temps est à la vérité très-
court, et dans les machines bien construites il doit être compris entre un et
deux dix-millièmes de seconde. D'un autre côté, les courants d'induction
dont il s'agit ont une tension supérieure à celle des piles hydro-électriques
employées dans le même but, et dont le nombre d'éléments ne dépasse ordi-
nairement pas cinquante. On pouvait donc se rendre compte delà lumière
qu'on observe dans lecas de l'emploi des courants discontinus des machines
fondées sur l'induction, en l'attribuant, soit à la tension relativement consi-
dérable des courants employés, soit à la durée excessivement courte de
l'interruption, qui empêcherait le milieu que franchit l'électricité d'être
modifié d'une manière sensible dans ses propriétés.
» J'ai eu l'idée de rechercher si le courant d'une pile ne pourrait pas
se prêter aux mêmes effets que les courants d'induction ; l'expérience
a réussi, même au delà de mon attente. Avec une pile à acide azotique de
5o éléments, telle qu'on l'emploie ordinairement pour la production de
la lumière, on peut interrompre le courant pendant un temps qui peut
s'élever jusqu'à ■— de seconde environ, et le courant jaillit ensuite sponta-
( i,5o)
Dément d'un charbon à l'autre, quoique la distance qui les sépare soit
presque de 3 millimètres.
« Ce fait ne serait peut-être pas sans intérêt au point de vue des applica-
tions de la lumière électrique; j'y vois une solution du problème infruc-
teusement poursuivi jusqu'ici du fractionnement de cette lumière. En atten-
dant nous pouvons déduire de cette expérience quelques conséquences :
» Quand le courant passe entre deux conducteurs de manière à produire
l'arc voltaïque, il paraît dès maintenant probable que la condition de ce
passage n'est pas l'arc voltaïque lui même, mais l'élévation de la tempé-
rature. La conductibilité du milieu interpolaire n'est peut-être qu'une
extension de celle que M. Edm. Becquerel a constatée dans les gaz échauffés,
et qui se trouverait considérablement accrue par suite de l'élévation énorme
de la température; peut-être aussi le charbon qui forme les électrodes a-t-il
une tension de vapeur sensible à cette température, et cette vapeur vient-
elle accroître la conductibilité du milieu.
» L'expérience peut se faire en interrompant le courant simplement à la
main ; il vaut mieux employer des petits charbons que des gros; sans doute,
parce que les petits perdent moins que les gros tant par rayonnement que
par conductibilité et qu'ils atteignent une température plus élevée. »
chimie appliquée. — Sur la présence des phosphates solubles dans la
fibre du coton, les graines, etc. Note de M. F. C. Calvert, présentée
par M. Chevreul.
« Les chimistes savent depuis longtemps que les phosphates existent
dans les graines, et qu'ils y sont en plus grande quantité que dans toutes
les autres parties des plantes. On admet aussi généralement que la présence
des phosphates ne peut être mise en évidence qu'en détruisant préalable-
ment la matière organique.
» Les résultats des expériences que je vais décrire tendent à prouver
que la plus grande partie, sinon la totalité, de l'acide phosphorique ou
des phosphates qui se trouvent dans les graines y est retenue mécanique-
ment par les substances organiques et par l'enveloppe externe de la graine,
de la même manière que le serait le sel marin dans une toile de lin qu'on
en aurait imprégnée.
» J'ai été amené à ces recherches par l'analyse de fils de coton, envoyés
à mon laboratoire pour y être examinés dans le but de savoir si l'on n'y
avait pas ajouté quelques matières étrangères capables d'en augmenter le
( M5i )
poids. On laissa tremper pendant plusieurs heures dans l'eau distillée une
quantité déterminée de ces fils, et dans la solution, examinée avec beaucoup
de soin, mon préparateur, M. C. Bowdler, découvrit une grande quantité
de magnésie.
i) Ma première impression fut qu'on avait introduit dans les fils de coton
du chlorure de magnésium, qui devait donner plus de poids en raison [de
ses propriétés hygrométriques, mais, comme je ne trouvais pas une quan-
tité de chlore ou d'acide sulfurique (pour le cas où l'on eût employé le sul-
fate de magnésie) proportionnelle à la quantité de magnésie trouvée dans la
solution, je poursuivis mes recherches.
» Je découvris alors une forte proportion d'acide phosphorique, ce qui
m'amena à penser que le coton n'avait pas été chargé de magnésie, mais
que la magnésie et l'acide phosphorique existaient naturellement dans la
fibre. Quelques essais approximatifs confirmèrent cette idée, et je me déter-
minai à faire une série d'expériences dont j'ai l'honneur de présenter à
l'Académie la première partie.
» Afin d'éliminer toute influence de climat ou de sol, je me procurai, par
l'entremise d'un des premiers courtiers de Liverpool, sept échantillons de
coton provenant de diverses parties du monde, et je les fis carder dans une
de nos filatures de Manchester pour les débarrasser des graines et de toutes
les autres impuretés.
» ioo grammes de chaque échantillon de coton furent lavés avec de
l'eau distillée, jusqu'à ce que toutes traces de matières minérales fussent
enlevées; les solutions furent évaporées à siccité, et les résidus calcinés avec
un peu de carbonate de soude et de nitrate de potasse; je dosai ensuite
l'acide phosphorique à l'état de phosphate d'uranc, et j'obtins les résultats
suivants :
ioo grammes de coton d'Egypte m'ont donné. . . . o,o55 de phosphate.
* coton de la Nouvelle-Orléans. .. . 0,049 "
» coton du Bengale o ,o55 »
» coton de Surat.. . 0,027 "
>. coton de Carthagène o , o35 »
» coton de Carthagène o,o5o •>
» coton de Chypre o ,o5o »
Ces résultats montrent que l'acide phosphorique est un composant de la
fibre de coton, de quelque partie du monde qu'elle provienne; que la
quantité est partout à peu près la même, puisque sur sept échantillons
examinés, cinq contenaient la même quantité d'acide, soit environ o,o5
pour 100.
( ir5a )
» Afin de m'assurer si l'acide phosphorique était combiné avec la ma-
gnésie, je fis les expériences suivantes :
» Je lavai une certaine quantité de coton blanc cardé de Chypre à l'eau
distillée, jusqu'à ce que tous les sels fussent enlevés. La dissolution fut éva-
porée et le résidu dissous dans l'acide nitrique étendu, j'ajoutai de l'ammo-
niaque; le précipité formé fut redissous dans l'acide acétique, et la chaux
précipitée par l'oxalate d'ammoniaque. Après filtration, j'ajoutai un excès
d'ammoniaque; il se forma un précipité abondant de phosphate ammo-
niaco-magnésien, qui fut pesé comme pyrophosphate. Après séparation du
sel double de magnésie et d'ammoniaque, j'ajoutai du phosphate de soude,
j'obtins un nouveau précipité, mais trop faible pour être estimé.
» J'ajouterai qu'après l'extraction complète des sels solubles par l'eau,
les cotons des diverses provenances furent séchés et brûlés; je cherchai
dans les cendres la présence des phosphates et n'en trouvai qu'une trace.
» Quoique ces résultats tendent à prouver que l'acide phosphorique est
réellement combiné à la magnésie, j'admets cependant qu'ils ne sont pas
complètement concluants, mais j'ai l'intention de continuer mes recherches
et j'espère arriver à la solution du problème.
» J'ai aussi déterminé la quantité d'acide phosphorique que l'on peut
enlever, par des lavages à l'eau, aux graines de coton concassées, et j'ai
apprécié également, les quantités de phosphates solubles et insolubles dans
l'eau qui existent dans les capsules extérieures renfermant la fibre de coton :
j'ai obtenu les résultats suivants :
» ioo parties de graines de coton donnent 3,5ao de cendres contenant :
Phosphate de magnésie 0,652
de Fe:03 o,o53
» alcalin o , 387
Autres sels 2,428
3,520
Donc les graines contiennent 1,092 de phosphate.
» 100 parties d'enveloppe corticale donnent un total de o,3oo de phos-
phate, dont 0,178 solubles et composés de phosphate alcalin, avec traces
de phosphate de magnésie, et de 0,122 de phosphates insolubles, presque
entièrement composés de phosphate de fer.
» La fibre de coton donne o,o5o d'acide phosphorique ou 0,086 de
pyrophosphate de magnésie.
» Il résulte de ce qui précède que dans les capsules les phosphates
existants seraient en partie solubles, en partie insolubles.
( ii 53 )
» Enfin, j'ai encore constaté la présence de l'acide phosphorique et de
la magnésie dans l'eau distillée avec laquelle on avait lavé à chaud des
grains de froment concassés, des haricots verts en gousses, ainsi que dans
l'eau où avaient séjourné pendant quarante-huit heures des noix et des
noisettes.
» J'espère être bientôt à même de présenter à l'Académie une Note con-
tenant les quantités d'acide phosphorique et de magnésie contenues dans
les différentes graines, non-seulement à leur maturité, mais à différentes
époques de leur développement. »
GÉOLOGIE. — Sur tes phénomènes volcaniques observés aux Scores; par
M. Focqué. Quatrième Lettre à M. Ch. Sainte-Claire Deville. (Extrait.)
« Lisbonne, ao décembre 1867.
» J'ai consacré les derniers temps de mon séjour aux Açores à l'étude
géologique de l'île de Saint-Michel. Après avoir visité Furnas et les lagoas
de Cougro et de Fogo, j'ai séjourné plusieurs jours à Sete-Cidades, ce qui
m'a permis d'étudier avec soin le vaste cirque volcanique au fond duquel
est bâti le village qui porte ce nom, et de parcourir toute la côte ouest de
l'île. Près du village de Mosteiros et au pied du pic de Camarinhas, j'ai
observé deux sources abondantes d'eau thermale, l'une à 48 degrés, l'autre
à 52 degrés, toutes les deux non gazeuses, légèrement sulfureuses, et eu
relation avec des laves basaltiques, dont les cratères d'éruption sont situés
tout près delà. Ces laves, très-riches en péridot, sont, ainsi que les cônes de
scories dont la formation a accompagné leur sortie, comme implantés au
milieu de masses énormes de trachyte.
» Les relations d'origine et de gisement de ces deux genres de laves seront
pour moi l'objet de considérations que je me propose de soumettre à l'Aca-
démie, lorsque j'aurai préalablement fait l'analyse de ces roches et celle
des feldspaths qui entrent dans leur composition.
» Avant de vous parler de la situation probable du siège de l'éruption
sous-marine de Terceire, j'ajouterai quelques mots à ce que j'ai déjà eu
précédemment l'honneur de vous écrire relativement à l'emplacement du
point où j'ai trouvé un dégagement de gaz combustible.
» De cet endroit, une ligne droite menée vers le Pico Nigrào longe le bord
méridional de la grande coulée trachylique qui aboutit à la Punta Negrita.
et passe par le cratère représenté sur la carte anglaise au-dessous du Pico
Nigrào. Déplus, les deux tangentes menées de là à l'île de Terceire font
C. R., 1867, 2e Semestre. (T. LXV, N° 27.) ' ^°
( rV54 )
entre elles un angle de 72 degrés, et le point culminant de la Caldeira de
Sauta-Barbara est vu dans une direction faisant un angle de 6° l\o' avec
l'horizon. Enfin, la plage basse formée par des laves modernes qui consti-
tuent le promontoire désigné sur la carte anglaise sous le nom de Rua-
Longa, près de Biscoito, est vu faisant légèrement saillie vers le nord par
rapport au Pico do Pinto. Enfin, les sondages que j'ai effectués m'ont per-
mis de retrouver à l'ouest de l'île de Terceire la forme du fond de la mer
figurée sur la carte anglaise, et le dégagement de gaz s'opérait à la limite
septentrionale du relèvement sous-marin qui particularise d'une manière
si remarquable cette partie voisine de la côte.
» Toutes ces données me paraissent plus que suffisantes pour établir
d'une façon positive l'emplacement du dégagement de gaz entre les deux
points voisins où le capitaine Vidal a trouvé fond à 1 65 et à 228 brasses
(voir les cotes de la carte anglaise).
» D'après plusieurs autres indications recueillies soit à Serreta, soit à
Biscoito sur la côte de Terceira, il me semble fort probable que l'éruption
a eu pour siège principal une ligne parallèle à la crête de relèvement sous-
marin qui existe près de la côte occidentale de l'île de Terceira et à la
limite nord de la partie septentrionale de cette crête de relèvement. Cette
ligne serait dirigée à peu près E. 5 à 10 degrés N. C'est la direction qui lui
a été déjà attribuée par M. Nogueira Soarès; seulement, tandis que M. No-
gueira regarde l'éruption comme ayant eu lieu à une distance de neuf milles
de la côte, je suis porté à penser que son centre était au plus environ à une
distance de quatre à cinq milles. »
« A la suite de cette communication, M. Ch. Sainte-Claire Devili-e fait
observer qu'elle confirme pleinement les déductions auxquelles avait con-
duit M. Janssen et lui la discussion comparative des éléments observés par
M. Fouqué sur l'emplacement du dégagement de gaz combustible, et des
données recueillies par eux, de la bouche des témoins oculaires, sur la po-
sition probable du centre de l'éruption. (Voir séance du 21 octobre,
p. 665.) »
M. Anselmier adresse une Note concernant une « Morsure de vipère
chez un saltimbanque algérien en représentation à Paris ».
Le saltimbanque, mordu à la langue le 2^ octobre dernier, a pu être
traité dix minutes après l'accident ; quatre à cinq jours ont suffi pour ame-
ner la guérison complète.
( ii 55 )
« Dans celte observation , comme dans quatre autres cas semblables
déjà signalés par l'auteur, deux ordres de systèmes constants se sont ma-
nifestés, savoir :
» i° La sidération des fonctions nerveuses ;
» 20 L'œdème ecchymotique diffus et envahissant, ayant la morsure
venimeuse pour point de départ.
» Ces symptômes ont présenté une intensité plus ou moins grande, selon
l'espèce de serpent et la manière plus ou moins parfaite dont s'étaient
faites l'inoculation du venin et son absorption. Ces cinq malades ont guéri.
Le traitement a consisté dans l'emploi de moyens destinés à remplir les trois
indications suivantes :
« i° S'opposer le plus possible à l'absorption et à la diffusion du venin
en agissant sur la plaie venimeuse par la ligature du membre, si elle est pos-
sible, par la succion de la plaie, le débridement des piqûres et leur cau-
térisation ;
« 2° Combattre énergiquement la prostration et la torpeur du système
nerveux, par les cordiaux, les tisanes chaudes et excitantes, les stimulants
diffusibles et les essences aromatiques;
« 3° Restreindre la diffusion du venin par le sang altéré, et faciliter son
élimination par l'application prudente de ventouses scarifiées, les sangsues,
les purgatifs, etc.
» Quant à l'emploi de remèdes spécifiques, j'en ai essayé un grand
nombre dans les recherches expérimentales sus-mentionnées, et rien ne m'a
démontré qu'il existât quelque substance méritant ce nom; les plus cé-
lèbres dans les colonies sont des breuvages stimulants, et comme le prin-
cipal péril vient de la sidération des fonctions nerveuses, il n'est pas sur-
prenant que leur propriété stimulante soit l'explication de leur utilité
empirique. »
M. Maffre adresse un « Mémoire sur le postulatum d'Euclide. »
Ce Mémoire sera soumis à l'examen de M. Chasles.
A 5 heures et demie, l'Académie se forme en comité secret.
La séance est levée à 5 heures trois quarts. E. D. H.
5o..
1 1
56 ï
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
L'Académie a reçu, dans la séance dn 3o décembre 1867, les ouvrages dont
les titres suivent :
L' Art N avril à l'Exposition universelle rie Paris en 1867. Description des
derniers perfectionnements et inventions maritimes ; par M. le Vice-Amiral
Paris, Membre de l'Institut : ire partie, texte et atlas. Paris, 1867; grand
in-8°, allas in-folio oblong.
Les époques géologiques de l'Auvergne; par M. Henri Lecoq, Correspon-
dant de l'Institut. Paris, 1867; 5 volumes grand in-8° avec figures et
planches.
Etude clinique et expérimentale des Emliolies capillaires; par M. V. Feltz.
Paris, i8C>8; grand in-8". (Présenté par M. Ch. Robin au concours de Mé-
decine et de Chirurgie, 1868.
Eléments d'Osléoloqie descriptive et comparée de l'homme et des animaux
domestiques ; par M. Thomas (de Tours). Paris, 1 865 ; 1 vol. in-8°, avec
atlas in-4° cartonné. (Présenté par M. Ch. Robin.)
Mémoires de la Société Linnéenne du nord de la France. Amiens, 1867;
in-8°.
Etat économique et social de la France depuis Henri IV jusqu'à Louis XIV,
1 589 « 1 7 1 5 ; par M. A. MOREAU DE Jonnès. Paris, 1867; 1 vol. in-8".
(Adressé au Concours de Statistique, 1868.)
Proceedings... Procès-verbaux des réunions scientifiques de la Société Zoo-
logique de Londres : ireet 2e parties, janvier à mai. Londres, 1867; 2 vol.
iu-8° avec planches.
Transactions... Transactions de la Société Zoologique de Londres, t. \'I,
4e partie. Londres, 1867; in-4° avec planches.
PUBLICATIONS PERIODIQUES REÇUES PAR l' ACADEMIE PENDANT
LE MOIS DE DÉCEMBRE 1867.
Annales de V Agriculture française ; nos 11 à 23, 1867; in-8°.
Annales de la Société d 'Hydrologie médicale de Paris, Comptes rendus des
séances, ie livraison ; 1867; in-8".
Annales météorologiques de l'Observatoire de Bruxelles; 11e livraison,
1867; in-4°.
( "57 )
Annales médico-psychotoniques ; novembre 1867; in-8°.
Bibliothèque homœopntique ; janvier 1868; in-4°-
Bibliothèque universelle et Revue suisse. Genève, n° 120, 1867; in-8".
Bulletin de l'Académie impériale de Médecine; nos 27 à 29, 18G7; in-8°.
Bulletin de V Académie royale de Médecine de Belgique, nos 8 et 9, 1867;
in-8°.
Bulletin de l'Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de
Belgique; n° 11, 1867; in-8°.
Bulletin de la Société d' Agriculture, Sciences et Arts de la Snrthe; 3e tri-
mestre; 1897 ' bi-8°.
Bulletin de la Société française de. Photographie; novembre 1867; in-8°.
Bulletin hebdomadaire du Journal de l'Agriculture; nos 4g à 52, 1867;
11.-8".
Bulletin général de Thérapeutique; i5 el 3o décembre 1867; in-8°.
Butlellino meteorologico dell ' Osservatorio del Collegio romano , n° ri;
1867; in-4°.
Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des Sciences;
nos 23 à 27; 2e semestre 1867; in-4°.
Cosmos; nos des 7, i4, ai, 28 décembre 1867; in-8°.
Gazette des Hôpitaux ; nos 1 43 à i52, 1867; in-4°.
Gazette médicale de Paris; noS 49 à 5a, 1867; in-4°.
Gazette médicale d'Orient; nos 7 et 8, 11e année, 1867 ; in-4°.
Journal d' Agriculture pratique; nos 4g à 5i, 1867; in-8°.
Journal de l'Agriculture, nos 34 et 35, 1867; in-8°.
Journal de l'Eclairage au Gaz; nos 17 et 18, 1867; in-/|°.
Journal de Mathématiques pures el appliquées; septembre et octobre 1867;
in -4".
Journal de Médecine de l'Ouest; 11e livraison, 1867; in-8°.
Journal des Connaissances médicales e< pharmaceutiques; nos 34 et 35, 1 867 ;
in-8°.
Journal des Fabricants de Sucre; nos 34, 36, 37, 1867; in-f°.
Kaiserliche... Académie impériale des Sciences de Vienne; nos 27, 1867;
in-8°.
L'Abeille médicale; nos 49 ;' 5a, 1867; in-4°.
La Guida del Popolo ; décembre 1867; in-8°.
L'Art dentaire; novembre el décembre 1867; in-8°.
L'Arl médical; décembre 1867; in-8°.
La Science pour tous; 1 3e année, nos 1 à l\, 1867; in-4°.
( 1,58 )
Le Gaz; n° 10, il, 1867; in-4°.
Le Moniteur de ta Photographie ;n°s 18 et ,9, 1867; in-4°.
Les Mondes..., nos \\ à 17, 18G7; in-8°.
L'Evénement médical; nos l\i à 44? '867; in-f°.
L' Hahnemannisme. Journal de la Médecine homœopathique, n° ier, 1867;
in-8°.
L'Imprimerie, n° 46, 18G7; in-4°.
Magasin pittoresque; décembre 1867; in-4°.
Monatsbericht... Compte rendu mensuel des séances de l'Académie royale
des Sciences de Prusse. Berlin, août 1867; in-8°.
Monthly... Notices mensuelles de la Société royale d'Astronomie de Londres,
numéro du 8 novembre, 1867; in-8°.
Montpellier médical. .. Journal mensuel de Médecine; décembre 1867; in 8°.
Nachricbten... Nouvelles de l'Université de GœUingue ; novembre 1867;
in-12.
Nouvelles Annales de Mathématiques; décembre 1867; in-8".
Observatorio... Publications de l'Observatoire météorologique de l'Infant
don Lui: à l'Ecole Polytechnique de Lisbonne; septembre et octobre 1867;
in-P.
Revue des cours scientifiques; 4e année, n° 54; 5e année, nos 1 à 4 ; 1867;
in -4°.
Revue des Eaitx et Forêts ; n° 12, 1867; in-8°.
Revue de Thérapeutique médico-chirurgicale ; nu il\, 1867; in-8".
Società reale di Napoli. Rendiconto delV Accademia délie Scienze fisiche e
malemalichc. Naples, octobre 1867; in-4°.
Société d'Encouragement, Résumé des procès-verbaux, séance du i3 dé-
cembre 1867; in-8°.
FIN DU TOMK SOIXANTE-CINQUIÈME.
COMPTES RENDUS
DES SÉANCES DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES,
TABLES ALPHABÉTIQUES.
JUILLET — DÉCEMbKK 1867.
TABLE DES MATIÈRES DU TOME LXV.
Pages.
Acétylénique (Série). — Recherches sur
l'isomérie dans la série acétylénique;
par MM. Rcboul et Trachot 73
Acide cyanhydrique. — Sur une nouvelle
série d'homologues de l'acide cyanhy-
drique; Notes de M. Hofmann
335, 38g, 448 et 484
- Sur le chlorhydrate d'acide cyanhydri-
que ; Note de M. Gautier 410
— Sur unecombinaison directe d'aldéhyde et
d'acide cyanhydrique; Note de MM. Max.
Simpson et Gautier 4 1 4
— Sur une nouvelle base dérivée de l'acide
cyanhydrique ; Note de M. Gautier: . . . 472
Acide iiypochloreux. — Action qu'exerce
sur l'essence de térébenthine et sur le
camphre l'acide Iiypochloreux aqueux;
Note de M. Wlieeler. 1046
Acide iséthionique. —Sur quelques dérivés
de cet acide ; Note de M. Buchanan. . . 417
Acide phé.mque. — Observations de M. Clic-
vreul concernant des expériences de
M. ternaire sur les propriétés de l'acide
phénique 217
Acide succiniqoe.. — Sur la formation de cet
acide en partant du chlorure d'éthylène;
Note de M. Simpson 35i
Acide tartrique.— Èlectrolyse de cet acide;
Note de M. Bourgoin 1 1 44
Acier. — Note de M. Jullien concernant la
question de la trempe et adressée à l'oc-
C. R., 1B67, ame Semestre. (T. LXV.)
Pages,
casion d'une communication de M. C/w-
vretd 239
— Lettre de M. Jullien relativement à cette
Note qu'il croit avoir été renvoyée par
erreur à l'examen de la Section de Chi-
mie 326
— Nouvelle Lettre sur les affinités capil-
laires considérées par rapporta la théo-
rie de la trempe ; par le même 371
Aéronautique. — Note concernant la navi-
gation aérienne adressée par M. Aug.
I aillant 44
— Note de M. Bacaloglo concernant une
« Proposition relative à la navigation
aérienne » 642
Air chaud. — Note de M. Burdin ayani pour
titre : « De l'air chaud substitué à la va-
peur, sans danger d'explosion » 3g2
Aldéhydes. — Sur les monamines dérivés
des aldéhydes; Note de M. H. Scliiff. . . 320
— Sur une combinaison directe d'aldé-
hyde et d'acide cyanhydrique; Note de
MM. Simpson et Gautier 4'4
— Sur l'aldéhyde méthylique ; Note de
M. Hofmann 555
Alliages. — Note de M. Zalitvski-Mikorski
relative à la formation des alliages. ... 1141
Allyle. — Nouvelles recherches sur l'iso-
mérie du protochlorure d'allvle eL du
propylène monochloié; par M. Oppen-
lieim 354 et 408
i5i
947
994
io38
( "
Pages.
Alumine (Sels d'). —Note de M. Bellamy
sur l'emploi du sous-sulfate d'alumine
pour constater la présence et évaluer la
proportion de certaines matières orga-
niques dans les eaux 799
Analyse mathématique. — Sur une loi géné-
rale de formation des quantités algébri-
ques; Note de M. Meyer 673
— Sur la somme des produits des nombres
x, x~\- 1 , x -+■ 1 . . . x -+- p — 1 combi -
nés n à n ; Note de M. Worontzoff. . . .
— Note de M. Jordan sur quelques formules
de probabilité 993
— Théorème sur une intégrale double défi-
nie ; par M. Crofto/i
— Solutions de quelques problèmes indé-
terminés du premier degré ; Note de
M. Mcvcr
— Note de M. Trapero sur les formules du
troisième et du quatrième degré 61 5
— Note allemande de M. Schuh sur une
question d'analyse 84
— M. Laurent demande et obtient l'autori-
sation de reprendre un Mémoire précé-
demment présenté sur les séries doubles.
Anatomie. — Recherches sur quelques mus-
cles à fibres lisses qui sont annexés à
l'appareil de la vision ; Note de M. Sap-
pey
— Recherches sur les nerfs du névrilème
ou nervi nervorum; par te même
— Addition de M. Legros à son Mémoire sur
les tissus érectiles
— Sur l'anatomie du membre antérieur du
grand fourmilier; Note de M. Pouchet.
— Sur les anomalies de la colonne verté-
brale chez les animaux domestiques;
Note de M. Goubaux 525
— Recherches anatomiques et physiologi-
ques sur V Amphioxus ; Note de M. Bert.
— Recherches anatomiques sur quelques co-
léoptères aveugles ; par M. Lespès. . . .
— Recherches sur l'appareil circulatoire de
l'étoile de mer commune ; par M. Jour-
dain
Appareils divers. — Sur une soupape her-
métique pour l'air et pour l'eau. — Sur
un nouveau siphon à évaporation; Notes
de M. Dupuis 106 et
— Note sur un nouveau siphon; par M. Za-
Uwski-Mikorski
— Sur des retranchements artificiels desti-
nés à remplacer pour une troupe en
campagne les abris que ne lui fournit
point la configuration des lieux, et mé-
nager ainsi la vie du soldat. Description
et figures présentées par M. Lespadm.
— Description d'un instrument destiné à
819
6-5
76.
783
34
364
890
496
i63
348
60 )
remplacer le graphomètre et d'un ma
niement plus facile pour la mesure des
hauteurs et pour celle des distances
inaccessibles; Note de M. Maisonnier
(écrit par erreur Buaisonnier). 610 et
— Sur un nouvel appareil destiné à servir
d'abri aux poissons ; communication de
M. de Scré
— Projet d'horloge qui se monterait spon-
tanément sous l'action des rayons so-
laires ; Note de M. F. Pel
Astronomie. — Sur la nébuleuse d'Orion;
Note du P. Secchi
— M. Mathieu, en présentant, au nom du
Bureau des Longitudes, la « Connais-
sance des Temps » de l'année 186g, an-
nonce que dans les Additions qui termi-
nent ce volume M. Delaunay a inséré
les expressions numériques des trois
coordonnées de la Lune qui résultent de
sa théorie
— Note de M. Chacornac relative à l'appa-
rition d'une grande tache solaire et à
quelques observations faites sur l'éclipsé
de Lune du 1 3 septembre
— Considérations sur la position topogra-
phique de l'Observatoire impérial de
Paris ; Note de M. Le Verrier lue à l'oc-
casion du deuxième anniversaire sécu-
laire de la fondation de l'Observatoire
en 1667
— Note sur la parallaxe du Soleil ; parM. De-
launay
— M. Delaunay fait hommage d'un exem-
plaire de son Rapport sur les « Progrès
de l'Astronomie », publication faite sous
les auspices de M. le Ministre de l'In-
struction publique
— Sur la parallaxe du Soleil ; Note de M. De-
launay
— Note de M. Le Verrier accompagnant la
présentation du tome XXII des u An-
nales de l'Observatoire »
— Note de M. Le Verrier accompagnant la
présentation de la première Partie de
l'Atlas météorologique de l'Observatoire
impérial
— Considérations sur les progrès de la théo-
rie du système solaire et planétaire ; par
M . Le Verrier
— Note de M. Delaunaj en réponse à celle
de M. Le Verrier
— Note de M. Le Verrai ayanl pour litre :
« Examen d'un travail présenté à l'Aca-
démie dans la dernière séance (î5 no-
vembre) et relative aux progrès de l'As-
tronomie en France; quelques mots de
Pages.
783
806
97'
63
3u
5oi
776
S39
873
876
873
909
878
912
réponse à des critiques du même au-
teur »
Nouvelle Note lue par M. Delaanay dans
la séance du 9 décembre, sur la paral-
laxe du Soleil
Observations de M. Le Verrier relatives à
la Note lue par M. Delaunay dans la pré-
cédente séance (9 décembre) 978
Réponse de M. Delaunay ioi3
Réplique de M. Le renier 1014
Remarques de M. Delaunay sur la ré-
plique précédente 1082
Nouvelle réplique de M. Le Verrier
( 23 décembre ) 1082
Réponse de M. Delaunay à la Note de
M. Le Verrier insérée dans le Compte
rendu de la séance du 23 décembre. . . 1 104
Nouvelles remarques de M. Le Verrier
se rattachant à la môme discussion. . . 1106
( 1161 )
Payes.
9'7
976
Pages. •
— Observation de l'éclipsé de Soleil du
29 août à Rio-Janeiro et latitude de
l'observatoire ; Note de M. Liais 792
— Observations d'astronomie physique faites
à. Rio-Janeiro sur l'éclipsé du 29 août
1867; par MM. de Prados et Liais 949
— Note de M. Falb sur quelques questions
d'astronomie io55
— Note de M. Marco Fclice concernant di-
verses questions d'Astronomie physi-
que 1084
Voir aussi l'article Observatoire im-
périal.
Azote. — Méthode générale pour le dosage
volumétrique de l'azote dans ses diverses
combinaisons, et nouveau procédé pour
préparer ce gaz à l'état de pureté dans
les laboratoires; Mémoire de M. Prat. . 1084
B
Balistique. — Sur le passage des projec-
tiles à travers les milieux résistants;
Note de M. Melsens 564
— Observations de M. Morin à l'occasion
de cette communication; rappel d'expé-
riences analogues, mais sur une plus
grande échelle, faites en 1 834-36 à Metz
par la Commission du tir et auxquelles
il a participé avec MM. Piobert et Di-
ction 568
— A l'occasion de la part attribuée par
M. Melsens à l'air entraîné par le pro-
jectile, M. Ckevreul rappelle un passage
de Mariotte sur quelques faits analo-
gues 570
— Lettre de M. Melsens relative aux re-
marques qu'avait faites M. Morin sur sa
précédente Note 609
— Sur la pénétration des bulles d'air dans
les liquides; Note de M. Laroque à l'oc-
casion de la communication de M. Mel-
sens 796
Benzoï.ne. — Note sur la benzoïne et ses dé-
rivés ; par M. Zinin 64
Bolides. — M. Daubrée communique une
Lettre de M. de Quatrrfagcs concernant
l'observation faite à Arcachonle 11 sep-
tembre d'un bolide très-brillant 602
Voir aussi l'article Météorites.
Botanique. — Note de M. de Candolle ac-
compagnant la présentation d'un opus-
cule sur les « Lois de la nomenclature
botanique » 3u
— Sur la répartition de la potasse et de la
soude dans les végétaux; Mémoire de
M. Peligot 729
— Note de M. Decaisne accompagnant la
présentation qu'il fait au nom de M. Le
Maout, son collaborateur, et en son pro-
pre nom du « Traité général de Bota-
nique analytique et descriptive » qu'ils
viennent de publier 973
Brome. — Sur une méthode simple pour re-
connaître l'iode et le brome dans une
même solution ; Note de M. Phipson. . . 176
Bromures. — Sur l'action physiologique du
bromure de potassium ; Note de M. La-
borde 80
Bulletin birliographique. — Voir aux pa-
ges 48, 84. 117, 182, 218, 256, 3o6,
327, 372, 425, 479, 5i2, 534, 583, 6i5,
64g, 680, 715, 766, 814, 872, 904, 971.
1008, io55, 1095 et 11 56.
Candidatures. — M. Maisonneuve prie l'Aca-
démie de vouloir bien le comprendre
dans le nombre des candidats pour la
place d'Académicien libre vacante par
suite du décès de M. Ciriale 292
MM. Larrcr et Sielicl adressent de sem-
blable demandes 85 1
MM.Piorry, Sédillot, Huguier, Vttlpian,
loi..
( n62 )
Pages.
Gosselin, Maisonneuve, Laugier, Brocn
demandent chacun à être compris dans
le nombre des candidats pour la place
vacante dans la Section de Médecine et
de Chirurgie par suite du décès de
VL.Velpeau. 5a6, 642.673,757, 784 et 891
— M. Sédilht prie l'Académie de ne plus le
considérer comme candidat pour la place
vacante to38
— M. Dubrimfaut et M. Richard, du Cantal,
puent l'Académie de vouloir bien les
comprendre parmi les candidats pour
la place vacante dans la Section d'É-
conomie rurale par suite du décès de
M. Rayer 784 et 85 1
Capillaires (Actions). — Troisième Mé-
moire de M. Becquerel sur les effets
chimiques produits par les actions élec-
tro-capillaires.. 5i
— Lettre de M. Jullirn concernant les affi-
nités capillaires considérées par rapport
à la théorie de la trempe et 371
— Sur un effet particulier dû aux actions
capillaires ; Note de M. Dupuis io38
Carbures contenus dans le goudron de houille.
— Note de M. Brrthcht sur quelques-
uns de ces carbures : styrolène, cimène,
hydrure de naphtaline, fluorène, acé-
naphtène, anthracène 465 et 507
Chaleur. — Sur un nouvel ellipsoïde qui joue
un grand rôle dans la théorie de la cha-
leur; Note de M. Boussinesq 104
— Recherches sur l'absorption de la chaleur
obscure ; par M. Desains 4U^
— Influence de la chaleur sur le travail mé-
canique du muscle de la grenouille : Note
de M. Chmoulevitch 358
Chemins de fer. — Notes de M. Gérard sui-
des perfectionnements à apporter aux
chemins de fer 170
— Sur un système de freins pour les che-
mins de fer; Note de M. Blâmais.... 85o
Chimie. — Lettre de M. Jullicn relative à
quelques passages de la communication
faite par M. Chevreul sur son enseigne-
ment au Muséum 239
— Lettre de M. Jullicn à l'occasion de la
précédente qu'il croit avoir été renvoyée
par erreur à l'examen d'une Commis-
sion, M. Chevreul seul étant en mesure
d'y répondre 3î6
— M. Chevreul déclare qu'après avoir pris
lecture de cette nouvelle Lettre, il n'a
pas compris sur quoi portait la récla-
mation et n'a pas de réponse à faire. . . 3î6
Chimie botanique. — Mémoire sur la répar-
tition de la potasse et de la soude dans
les végétaux : par M. Peligot 729
Pages.
Chirurgie. — Sur le traitement des taches
de la cornée; Mémoire de M. Cnstorani. 5s5
— Sur les tumeurs cirsoïdes artérielles,
spécialement étudiées chez les adoles-
cents et les adultes ; Mémoire de M. Gos-
selin 6o5
— De l'ablation des malléoles fracturées, dans
les luxations du pied compliquées de
l'issue des os de la jambe au travers
des téguments; Mémoire de M. Sédillot. 635
— Note de M. /. Guérin sur un nouvel ap-
pareil propre à rendre usuelle l'occlu-
sion pneumatique dans le traitement, des
plaies exposées *>S6
- Sur la méthode d'aspiration continue et
sur ses avantages pour la cure des
grandes amputations; Note de M. Mai-
sonneuve 888
- Occlusion pneumatique par aspiration
continue dans le traitement des plaies;
Mémoire de M. /. Guérin 940
- Résumé des applications faites jusqu'à ce
jour de l'occlusion pneumatique au trai-
tement des plaies exposées; par le
même 1027
— Sur la demande de M. /. Guérin un pa-
quet cacheté déposé par lui en 1844 est
ouvert le 16 décembre 1867, et se trouve
contenir une Note sur le perfectionne-
ment de la méthode du traitement des
plaies par l'occlusion hermétique io34
— Sur un cas d'extirpation complète de la
rate hypertrophiée, suivie de guérison ;
Note de M. Péan 1004
— Recherches sur un nouveau groupe de
tumeurs désigné sous le nom d'odon-
tômes; Mémoire de M. Broca 111;
Voir aussi l'article Instruments de
chirurgie et l'article Pathologie.
Chloro-arsémates. — Sur la reproduction
de la mimelèse et de quelques ohloro-
arséniates; Note de M. Lechartier 172
Chlorures. — Recherches sur le chlorure
de chaux ; par M. Kolb 53o
— Recherches sur les hypochlorites et sui-
tes chlorures décolorants ; Note de
M. Riche 58o
Observations relatives aux deux précé-
dentes communications; par MM. For-
dos et Gélis 648
— Sur la fabrication du chlorure de chaux
et sur la chlorométrie ; Note de M. /;>.-
hierre 8o3
Expériences sur la fabrication du chlo-
rure de chaux ; par M. Scheurer-Kestner. 894
Chocolat. — MM. /:'. et A. Pelletier adres-
sent un manuscrit portant pour titre :
( n63
Pages.
« Mémoire sur la théorie de la fabrica-
tion du chocolat >< io38
Ciioléra-morbus. — Marche et mode de pro-
pagation du choléra qui a éclaté à Mar-
seille en 1 865 ; Études cliniques et sta-
tistiques à Marseille et à Aix en Pro-
vence recueillies sur place en juin 1867 ;
Mémoire de M. Grimant/, de Caux.... 3o,
— Nouvelles observations de cholériques
traités par l'alcoolature d'aconit Napel
durant l'épidémie de 186G; Mémoire de
de M. Cramoisy 2o5
— Sur l'application de l'oxyde de fer soluble
dans les cas de choléra ; Mémoire de
M . Wagner 5î6
— M. Prister demande qu'un Mémoire' sur
le choléra qu'il a précédemment pré-
senté soit soumis à l'examen d'une
Commission. Ce Mémoire a fait partie
des pièces de concours pour le prix
Bréanlen 1864, et est tacitement jugé
par le silence de la Commission qui a
fait le Rapport 534
— Sur le choléra-morbus. Procédé expéri-
mental pour détruire ou affaiblir l'in-
fluence des miasmes cholériques ; Notes
de M. Zantedesclii 85o et g85
Voir aussi l'article Legs Bréant.
Ciment magnésien. — M. Sorel met sous les
yeux de l'Académie différentes applica-
tions de ce ciment qui est un oxychlo-
rure de magnésium basique hydraté. . . 102
Cibe de cochenille. — Sur la cire qu'on
peut obtenir de la Cochenille du Figuier;
Note de M. Targioni Tozzctti 246
Cobalt. — Note sur le protosulfure de co-
balt ; par M. Hiortdahl 75
Colobantes (Matièbes). — Sur une liqueur
rouge qui au dégel s'écoule des feuilles
de certaines espèces de Bégonia; Note
de M. Mougeot 947
Columbite. — Sur sa présence dans le wol-
fram ; Note de M. Phipson 419
Comètes. — Sur les orbites des comètes;
Note de M. Lœvy 458
Commission des comptes. — MM. Mathieu
et Brongniart sont nommés Membres
de la Commission pour la révision des
comptes de l'année 1866 102
Commissions des prix. — Prix de Médecine
et Chirurgie ( fondation Montyon ). Com-
missaires: MM. VelpeaUjCIoquet, Serres,
Rayer, Nélaton, Andral, Robin, Longet,
Bernard '63
— M. Andral est, sur sa demande, dispensé
de faire partie de cette Commission et
)
âges.
remplacé par M. Milne Edwards, qui
avait réuni après les Membres nommés
ci-dessus le plus grand nombre de suf-
frages 200
— Prix des Arts insalubres (fondation Mon-
tyon). Commissaires : MM. Chevreul,
Combes, Dumas, Payen, Balard 200
— Prix de Physiologie expérimentale. Com-
missaires : MM. Longet, Milne Edwards,
Bobin, Bernard, de Quatrefages 229
— Prix Bordin (question concernant la
structure du pistil ). Commissaires :
MM. Decaisnc, Brongniart, Tulasne, Du-
chartre, Trécul 283
— Prix Barbier. Commissaires : MM. Vel-
peau, Nélaton, Brongniart, Robin, An-
dral, J. Cloquet 283
— Prix Godard. Commissaires : MM. Né-
laton, Serres, Coste, Longet, J. Clo-
quet 4°2
— Prix Savigny. Commissaires : MM. Milne
Edwards, de Quatrefages, Blanchard,
Coste, Robin 4°^
— Prix Desmazières. Commissaires :
MM. Brongniart, Decaisne, Tulasne, Du-
cliartre, Trécul 453
— Prix Thore. Commissaires : MM. Blan-
chard, Milne Edwards, Decaisne, Tu-
lasne, Trécul 453
Commissions modifiées. — M. Coste rem-
place feu M. Fe/peau dansh Commission
des prix de Médecine et de Chirurgie.
— MM. Bussy et Decaisne remplacent
MM. Velpcau et Rayer dans la Commis-
sion du prix Barbier 521
Commissions spéciales. — Commission char-
gée de préparer une liste de candidats
pour la place d'Académicien libre va-
cante par suite du décès de M. Ciria/e :
Commissaires, MM. Mathieu et Becque-
rel, Longet et Decaisne, de Verneuil et
Séguier, et M. Chevreul comme Prési-
dent en exercice 848
— Cette Commission présente : en première
ligne M. Larrey; en seconde ligne ex
œquo MM. Lartet, Sichel 971
Constructions. — Sur les travaux de con-
duite d'eau exécutés récemment à Ala-
tri, près de Rome; Note du P. Secchi.. 625
Crétinisme. — Mémoire sur les causes du
crétinisme et des actions vitales; par
M. Trémau.v 235
Cristaux. — Remarques sur un cas parti-
culier de formation de cristaux de gypse:
Note de M. Dronhe C78
— M. D'Jre/uach'n observer qu'avant d'ad-
mettre une formation aussi rapide de
( n64 )
Pages.
cristaux il serait nécessaire d'avoir des
renseignements plus complets sur les
circonstances flans lesquelles le phéno-
mène s'est produit 679
Pages.
Cyanures. — Note de M. de Rnmilly sur la
production des cyanures 865
— Sur la formation du cyanure d'ammo-
nium ; Note de M. Langlois 964
D
DÉCÈS de Membres et de Correspondants de
V Académie . — M. Chevreid entretient
l'Académie de la perte qu'elle a faite de-
puis sa dernière séance dans la personne
de M. Velpeau, décédé le 24 août. . . . 329
— M. le Président donne lecture d'une
Lettre de M. Dumas annonçant à l'Aca-
démie la perte qu'elle vient de faire d'un
de ses huit Associés étrangers, M. Fa-
raday, décédé le 25 août 3j3
— M. le Président entretient l'Académie de
la perte qu'elle a faite dans la personne
de M. Rayer, décédé le 10 septembre. 481
— M. le Président entretient l'Académie
de la perte qu'elle vient de faire dans
la personne d'un de ses Secrétaires per-
pétuels, M. Fhurens, décédé le 5 dé-
cembre 973
— M. le Président annonce ( séance du
23 décembre) une nouvelle perte que
vient de faire l'Académie dans la per-
sonne de M. Ponce/et, décédé le 22. . . . 1057
Décolorants (Agents). — Recherches sur
les hypochlorites et sur les chlorures
décolorants; par M. Riche 58o
Décrets impériaux. — Décret confirmant la
nomination de M. Wurtz à la place va-
cante dans la Section de Chimie par
suite du décès de M. Pelouze i85
— Décret confirmant la nomination de
M. Larrey à la place d'Académicien
libre devenue vacante par suite du dé-
cès de M. Civiale ioi3
— M. le Ministre de l'Instruction public/ne
transmet l'ampliation de deux décrets
impériaux autorisant l'Académie à ac-
cepter les legs qui lui ont été faits pour
fondations de prix, par M. Fowneyron
et par M. de la Fons-Melicoq 85 1
Diamants. — Supplément à une Note précé-
demment présentée par M. Saix sous le
titre de « Mode de cristallisation du
carbone déterminant la formation du
diamant» 3i6
E
Eaux purliques. — Étude comparative des
résultats de l'élimination des eaux pu-
bliques dans les villes de Paris, Vienne,
Londres, Marseille et Venise; Mémoire
de M. Grimaud, de Caux 164
— Emploi du sous-sulfate d'alumine pour
constater la présence et évaluer la pro-
portion de certaines matières organiques
dans les eaux; Note de M. Bellamy. . . 799
École Polytechnique. — M. le Ministre de
la Guerre annonce que MM. Combes et
Chastes sont nommés Membres du Con-
seil de perfectionnement de l'École Po-
lytechnique au titre de .Membres de l'Aca-
démie des Sciences g8G
Économie rurale. — Sur les anomalies de la
colonne vertébrale des animaux domes-
tiques ; Note de M. Goubaux 525
— Sur les principales causes qui favorisent
le développement de l'oïdium et sur les
moyens par lesquels on peut en défen-
dre la vigne; Notes de M. ./. Conté. . .
289, 3i6 et 5n
— Influence fâcheuse attribuée au fumier
provenant de la décomposition d'une
plante sur les plantes de la même es-
pèce ; Note de M. Letellier 478
— Sur l'utilité du sel marin en agriculture;
Note de M. J'elter 798
— Sur l'hybridation artificielle dans le genre
Gossypium; Note de M. Balsamo 7G3
— Sur les ravages produits à l'île de la
Réunion par des insectes qui attaquent
la canne à sucre; Note de M. Ed. Morin. io83
— Sur l'utilisation des engrais; Note de
M. Gagnage >og5
— Sur les dommages causés à l'agriculture
par le hanneton et sa larve; mesures à
prendre pour la destruction de cet in-
secte ; Mémoire de M. Rciset 1 125
— Remarques de M. Blanchard § l'occasion
de cette communication 1 1 38
— Réponse de M. Ckevreul aux remarques
de M. Blanchard n38
Écriture. — M deJouvelle adresse le « spé-
cimen d'une écriture autographique ob-
( u65
Pages
)
tenue au moyen d'un papier quadrillé,
ce qui réduirait la composition à un
simple calque » G8o
Électricité. —Sur les effets chimiques pro-
duits dans les actions électro-capillaires.
— Sur les actions électro-capillaires
produites dans les corps inorganisés et
les corps organisés ; Mémoires de M. Bec-
querel 5 i et 720
— Sur un moyen pratique de déterminer
les constantes voltaïques d'une pile quel-
conque ; Note de M. /. Raynaud 170
— Sur la durée des courants d'induction ;
Note de M. Blaserna 206
— Note de M. folpicelli ayant pour titre :
« Corrélations entre les boussoles élec-
tro-magnétiques et les deux procédés de
Gauss et de Lamont pour calculer la
force horizontale du magnétisme ter-
restre » 296
— Sur le passage de l'électricité au travers
des gaz incandescents ; Note de M. Edm.
Becquerel 1097
— Sur la portée lumineuse de l'étincelle
électrique; Note de M. Lucas 52i
— Sur une nouvelle méthode destinée à ac-
croître les courants d'induction; Note
de M. Saix Gy3
— Dialyse des courants d'induction ; Note
de M. Boucliolte 759 et 995
— Sur un appareil destiné à démontrer que
l'étincelle électrique ne passe pas dans
le vide absolu; Note de M. Alvergniat. 963
— De l'électrolyse des acides organiques et
de leurs sels. — Électrolyse de l'acide
acétique. — Électrolyse de l'acide tar-
trique; Notes de M. Bourgoia
892, 998 et 11 44
- Sur le rétablissement spontané de l'arc
vollaïque après une extinction de courte
durée ; Note de M. Le Roux 1 149
— Sur la polarisation des électrodes ; Note
de M. Gaugain 462
— Sur l'amalgamation des piles; Note de
M. Demance 1086
— Action exercée par le courant d'induction
sur les végétaux ; Note de M. Blondeau. 762
— M. Marco Fe/ice envoie, avec un, ou-
vrage imprimé ayant pour titre : « Théo-
rie mécanique do l'électricité et du ma-
gnétisme », une Note manuscrite sur les
conséquences qui se déduisent de cette
théorie 984 et 1084
— Note de M. Gérard sur des appareils élec-
tro-magnétiques construits par lui 170
— Appareil d'induction électro-magnétique
destiné à produire des effets physiologi-
3i6
194
Pages.
ques et médicaux, présenté, au nom de
M. Trouvé, par M. Edm. Becquerel 1007
— Note de M. Zaliwski-Mikorski avant pour
titre : « Gravitation et électricité »...
Électro-physiologie. — Sur le pouvoir élec-
tromoteur secondaire des nerfs et son
application à l'électro-physiologie; Noie
de M. Matteucci i5i et
— Note de M. Matteucci accompagnant l'en-
voi et donnant l'analyse de la première
partie de son « Cours d'électro-phvsio-
logie fait au Musée de Physique etd;His-
toire naturelle de Florence » 884
— Influence de l'électricité à courants inter-
mittents et à courants continus sur les
fibres musculaires de la vie végétative
et sur la nutrition; Note de M. Onimus. 25o
— Recherches sur l'électricité animale; par
M. Schultz-Schultzenstein Z11
Errata. — Compte rendu de la séance du
7 octobre 1867, page 610, ligne 7, au
lieu de Buaisonnier, lisez Maisonnier.
— Voir aussi aux pages i83, 259, 307,
616, 652, 824, 872, 972, io56. — Voir
enfin, pour les corrections correspon-
dant au numéro du 3o décembre 1867,
{'errata placé à la fin du premier nu-
méro de 18O8 (t. LXVI, p. 5i).
Étain. — Note de M. Musculus sur les hy-
drates stanniques 961
Éthers. — Sur les dérivés nilrés des éthers
benzyliques ; Note de M. Ed. Grimaux, 211
— Sur une nouvelle série d'isomères des
éthers cyanhydriques gras; Note de
M. Gauthier 468
Étoiles filantes.. — Sur les étoiles filantes
du 10 août 1867; Note du P. Secchi. . 388
— Sur les spectres stellaires et sur les étoiles
filantes ; Note du P. Secchi 979
— Sur les étoiles filantesdumoisd'aoùt 1867,
maximum des 9, 10 et 11; Note de
MM. Coulvier-Gravier et Chapelas . . . . 325
— Sur l'apparition d'étoiles filantes dans la
nuit du i3 au 14 novembre 18G7; Noie
de MM. Coulvier-Gravier et Chapelas.
— Observations d'étoiles filantes dans la nilil
du i3 au 14 novembre 18O7; Note de
M. Il'olf.
— Remarques adressées au sujet de cette
communication par M. Chapelas go3
M. Coulvier-Gravier adresse t'extrait
d'une Lettre d'après laquelle on n'aurait
pu constater à l'île Maurice l'apparition
d'étoiles filantes au mois de novembre
dernier iog5
- Note de M. Gaillard à M. Le Verrier
concernant les étoiles filanles du 14 no-
vembre 1867 io3q
852
852
( n66 )
Explosibles (Substances).— M. Pou/adresse
de nouveaux documents sur les matières
explosibles qu'il a obtenues par l'action
du chlorate et du nitrate de potasse sur
la colle ordinaire 170 et
Pages.
347
Pages.
Explosibles (Gaz). — Sur l'explosion de
grisou qui a eu lieu récemment près de
Saint-Étienne, et sur une nouvelle lampe
de sûreté; Note de M. C huant 947
1091
5n
Fermentation. — Note sur la fermentation
gallique; par M. Van Tieghem
Fluor. — Recherches sur la constitution
chimique des composés fluorés et sur
l'isolement du fluor; par M. Prat. —
Lettre de M. Dumas donnant une idée
de ce travail 345 et
— Remarques de M. Chevreul à l'occasion
de cette communication 347
Fossiles (Restes organiques). — Del'ostéo-
graphie du Mesotherium et de ses affini-
tés zoologiques; Mémoires de M. Serres :
I. Colonne vertébrale du Mesotherium.
II et III. Description de la tète. 140 et
IV et V. Système dentaire... 429 et
VI. Membres antérieurs 740
VII. Membres postérieurs 841
— Sur une nouvelle collection d'ossements
6
273
593
fossiles de Mammifères recueillie par
M. F. Séguin dans la Confédération Ar-
gentine; Note de M. Gavais 279
Sur un bois de cerf gigantesque conservé
au château d'Amboise; Note de M. Blon-
din 84
Note de M. Bourgeois au sujet du bois
de cerf mentionné par M. Blondin go3
Sur un œuf A'Epiornis maximus vu ré-
cemment à Toulouse ; Note de M. Joly. 422
Observations sur le gisement des œufs
à'Epiornis ; par M. Grandidier 4/6
Sur un Psittacien fossile de l'île Roderi-
gues ; Note de M. Alp. Milne Edwards. 1 121
M. Cagneux adresse quelques photogra-
phies de fossiles recueillis dans les en-
virons de Royan io55
Galvanoplastie. — Note de NL. Balsamo ayant
pour titre : « Moyen d'obtenir des creux
et des reliefs à dessin, galvaniquement,
sans réserve de vernis » 6i3
Gaz. — Note de M. Lechartier sur le mouve-
ment des gaz dans les plantes aquatiques. 1087
— Sur le passage de l'électricité au travers
de gaz incandescents ; Note de M. Edm.
Becquerel 1097
Géographie physique. — Tableau hypsomé-
trique général de l'Inde, de l'Himalaya
et du Thibet occidental; par M. Schla-
ginttveit-Sakiinliïnski 286
— Sur les lois des deltas; Mémoire de M. de
fïlleneuve-Flayosc 287
— Note de M. de Tchiliatcheff accompa-
gnant l'envoi d'un exemplaire d'un
Tracé de ses itinéraires en Asie Mineure :
ce tracé est l'œuvre de M. Kiépert. . . . 401
— Détermination de la latitude de l'obser-
vatoire de Rio-Janeiro; par M. Liais. . . 792
Géologie. — Lettre de M. de Marigny con-
cernant son précédent Mémoire « sur
l'origine et le mode de formation des
gîtes métallifères » 107
— Lettre de M. Trigcr concernant son tra-
vail sur la géologie de l'ouest de la
France 1 70
Sur l'action des anciens glaciers dans la
Sierra Nevada de la Californie, et sur
l'origine de la vallée deYo-Semite; Note
de M. Blake 1 79
M. Triger demande et obtient l'autorisa-
tion de reprendre un travail précédem-
ment présenté sur « Les profils des che-
mins de fer de l'ouest de la France trans-
formés en coupes géologiques » 534
M. Dautirée fait hommage à l'Acédémie
d'une Notice qu'il vient de publier sous
le titre de : « Classification adoptée pour
la collection des roches du Muséum
d'Histoire naturelle de Paris » 602
Examen comparatif des alluvions an-
ciennes de Toul et de quelques-unes de
celles du bassin de la Seine par rap-
port à l'ancienneté de l'homme; Note
de M. Husson 8 1 1
Observation faite, à l'occasion de la pré-
sentation de cette Note, par M. Élic de
Beaumont 8 1 4
Liste d'échantillons géologiques recueillis
au Chili par M. Laroque 948
( II
Pages.
— Note de M. Elie de Beaumont accompa-
gnant la présentation d'un exemplaire
de la 4e édition de l'ouvrage de Sir R.
Murchison intitulé : Siluria 981
- Note de M. d'Archiac accompagnant la
présentation d'un ouvrage de M. A.
Favre intitulé : « Recherches géologi-
ques dans les parties de la Savoie, du
Piémont et de la Suisse voisines du mont
Blanc » 1 00G
— M. Lecoq fait hommage à l'Académie de
son ouvrage « Sur les Époques géolo-
giques de l'Auvergne » 1 1 1 G
Voir aussi aux articles Paléoetlino-
logie et Physique du glnbe.
Géométrie. — Sur les courbes du quatrième
ordre ; Note de M. de Hunyadv. ..... 497
— Sur la théorie des systèmes de coniques ;
Note de M. Salvatore-Dino 4 99
— M. Hilton de la Goupillière demande et
obtient l'autorisation de retirer un Mé-
moire précédemment présenté : 0 Sur les
procédés de transformation en géomé-
trie et en physique mathématique »... 649
— De la courbure inclinée d'un système de
lignes coordonnées et du rôle de cette
courbure dans la théorie des lignes tra-
cées sur une surface; Note de M. l'abbé
Amist 814
— Résolution graphique des équations nu-
67)
Pages,
mériques d'un degré quelconque à une
inconnue; Note de M. LUI 854
— Note de M. Brate sur la résolution des
triangles rectangles io38
— Recherches sur la construction des trian-
gles ; par le même 1 1 4 •
- Procédé géométrique pour partager un
angle en 2, 3, 4, 5, 6, 8, 10, imparties
égales; Note de M. Gandin 1084
- M. Darget adresse de nouvelles rédac-
tions de sa Note concernant le Postula-
tmn d'Euclide 70, 205 et 454
— Notes de M. Valat concernant la somme
des trois angles d'un triangle et le Pos-
tulatum d'Euclide O48 et iog5
-- Mémoire de M. Majfre sur \e Postultitum
d'Euclide 1 1 55
Glycogène. — Nouvelles recherches sur ce
corps ; par M. Bizio 1 75
Gravitation. — Note sur la gravitation uni-
verselle et sur le principe de la moindre
action; par M. Villeneuve-Flayosc... 642
Voir aussi l'article Histoire des
Sciences.
Guano. — Composition des guanos de di-
verses origines qui se sont présentés
dans le port de Bordeaux depuis une
douzaine d'années; Note de M. Baudri-
mont 420
H
Halos. — Note de M. Decharme concernant
des halos et couronnes solaires et lu-
naires observées à Angers du 3o août
i8G6 au 3o août 1867 610
— M. Chevreul rappelle à cette occasion di-
vers phénomènes de vision et notam-
ment des phénomènes de contraste si-
multanés de couleurs 612
Histoire des sciences. — Note historique
sur l'établissement des Académies; par
M. Chastes 49
— M. Chastes, à la suite de la précédente
communication et conformément au dé-
sir exprimé par M. Chevreul, annonce
qu'il mettra sous les yeux de l'Académie
quelques écrits de Pascal et un en par-
ticulier qui contient l'énoncé des lois de
l'attraction 5i
— Note sur la découverte de l'attraction;
par il. Cliasles, et production des pièci s
annoncées 89
C. R., 1S67, ime Semestre. (T. L\\
Remarques de M. Duhamel à l'occasion
des pièces mentionnées dans le précé-
dent article 121
M. Chastes insiste, à cette occasion, sur
les éléments que possédaient Pascal et
Newton pour la solution du problème.. 123
Remarques de M. Chevreul sur l'intérêt
qu'il y aurait à rechercher s'il n'existe
pas en Angleterre de pièces relatives à
la correspondance de Pascal et de Boyle. 124
Réponse de M. Chastes aux remarques
précédentes, et communication de nou-
velles Notes de Pascal relatives à la
même question 1 25
Suite des communications faites par
M. Chastes de Notes de Pascal relatives
aux lois de l'attraction 1 85
M. Duhamel déclare que ces nouvelles
communications ne lui paraissent infir-
mer aucune des remarques qu'il a pré-
sentées dans la précédente séance 194
l52
( n68 )
Pages.
Histoire des sciences. — Lettre de M. Fau-
gère relative aux Notes manuscrites de
Pascal communiquées par M. Chasles.. 202
— Lettre de M. Chastes à M. Faugère en
réponse à la précédente 202
— Lettre de M. Bénard relative aux mêmes
communications de M. Chasles 2o3
— Remarques de M. Chasles à l'occasion de
la Lettre de M. Bénard 204
— Lettre de Sir David Brewster sur la pré-
tendue correspondance entre Pascal et
Newton 261
— Note de M. Chasles accompagnant la pro-
duction de nouvelles pièces concernant
cette correspondance 263
— Remarques de M. Duhamel sur le peu de
vraisemblance que Newton doive quel-
que chose à Pascal 2-2
— M. Chasles déclare que M. Faugère per-
siste à soutenir la non-authenticité des
Lettres attribuées à Pascal, à Mme Pas-
cal, à M"e Perrier, dont lui au contraire
ne saurait douter 3og
— M. Chevreul pense, comme M. Le Ver-
rier, que la Commission qui avait été
chargée de s'occuper de cette question
ne peut, en l'absence de renseignements
qu'elle juge nécessaires, poursuivre son
enquête plus avant et doit être considé-
rée comme n'existant plus 3io
— M. Blanchard appelle l'attention de l'A-
cadémie sur un passage de la Préface
mise en tète d'un « Traité de l'équilibre
des liqueurs », ouvrage posthume de
Pascal publié très-peu de temps après
sa mort : il est question dans cette Pré-
face de fragments dans lesquels ses amis
croyaient voir des aperçus très-nouveaux
sur des questions importantes 329
— Nouvelle communication de M. Chasles
sur les Lettres de Pascal et leur authen-
ticité 33i
— MM. Regnault, Marin, Balard, Chevreul
parlent à cette occasion des secours
qu'on peut tirer d'une part des repro-
ductions photographiques, de l'autre des
réactions chimiques pour faire reparaître
des traits effacés et ainsi parfois déjouer
les espérances d'un faussaire 334
— M. Chasles annonce qu'jl mettra à la dis-
position de ses Confrères toutes les
pièces qu'ils voudraient soumettre à ce
genre d'épreuves 335
— M. Faugère lit une Note intitulée : « Dis-
cussion de l'authenticité des pièces pré-
sentées récemment à l'Académie comme
provenant de Pascal et de ses deux
sœurs » 34o
Pages.
Réponse de M. Chasles à la Note de
M. Faugère 375
Nouvelles observations de M. Faugère
concernant les pièces présentées à l'Aca-
démie comme provenant de Pascal et de
ses deux sœurs 455
Réponse de M. Chasles à la Lettre pré-
cédente 437
Lettre de Sir D. Brewster à M. Chevreul
au sujet des Lettres attribuées à Newton. 537
Lettre de M. Grant à M. Le, Verrier au
sujet des documents relatifs à une cor-
respondance entre Pascal et Newton ... 571
Réponse de M. Chasles aux deux com-
munications précédentes 538
Observations de M. Duhamel relative-
ment à la part attribuée à Pascal dans
l'établissement de la loi de la gravitation
universelle 554
Observations de M. Le Verrier relatives
à la même discussion 555
Communication de M. Chasles faisant
suite à sa réponse aux Lettres de
M. Grant et de Sir D. Brewster 585
Lettre de M. Faugère à M. le Président
au sujet des écrits attribués à Pascal . . 643
Réponse de M. Chasles à la Lettre de
M. Faugère 617
Observations de M. Morin relatives aux
Lettres écrites par des Souverains 623
Observations de M. Le Verrier relatives
aux écrits attribués à Pascal 623
Nouvelle Lettre de Sir D. Brewster à
M. Chevreul au sujet de la même cor-
respondance 653
Communications de M. Chastes : réponse
à la Note de M. Le Verrier et à la
Lettre de Sir D. Brewster; observations
relatives à la dernière Lettre de M. Fau-
gère: production de documents relatifs
à la Lettre de Sir D. Brewster. 655 et 681
Sur l'époque précise de l'établissement
de la loi d'attraction; Note de M. Ba-
binet 661
Nouvelle Lettre de M. Faugère au sujet
des documents attribués à Pascal 702
Nouvelle Lettre de Sir D. Brewster à
M. Chevreul au sujet des relations qui
auraient existé entre Pascal et Newton. 717
Sir D. Breivstcr transmet une Lettre de
Ladv Macclesfield , qui elle-même n'a
trouvé, dans les papiers parmi lesquels
elle avait été invitée à chercher, la trace
d'aucunes relations entre Newton et
Pascal 757
Remarques de M. Chastes sur la dernière
Lettre de Sir D. Brewster 718
Lettre de Sir D. Brewster à M. Le Ver-
( n69)
rier au sujet des relations qui ont existé
entre Jacques Cassini et Newton
- Lettre de Sir D. Brewster à M. Chevreul
au sujet des documents attribués à Pas-
cal et à Newton
■ Réponse de M. Chastes aux deux Lettres
de Sir D. Brewster
• Observations de M. Balard relativement
à la continuation de cette discussion. .
■ Lettre de SI. Grant à M. Le Verrier con-
cernant les observations astronomiques
dont Pascal et Newton ont pu faire
usage
• Lettre de Sir D. Brewster à M. Chevreul
au sujet de l'authenticité des pièces at-
tribuées à Pascal et à Newton
Communication de M. Chastes en réponse
à une Lettre de M. Grant relative au
même point de critique historique. . . .
Lettre de Sir D. Brewster à M. Chevreul
au sujet des pièces relatives à Newton
et à Pascal : pièces considérées comme
provenant de la collection Desmaizeaux.
Observations de M. Chastes à l'occasion
de la Lettre de Sir D. Brewster et d'une
de M. Govi
Remarques sur les Lettres signées du
nom de Galilée qu'a publiées M. Chasles;
Lettres de M. Govi g53 et
Observations relatives aux Lettres pu-
bliées par M. Chasles, comme de Huy-
gens et de Boulliau ; Note de M. Harting.
Lettre de M. H. Martin sur certaines des
pièces qui attribuent à Pascal les dé-
couvertes de Newton
Observations du P. Sccchi sur les docu-
ments relatifs à Galilée publiés par
M. Chasles
Réponse de M. Chasles aux communica-
tions de MM. H. Martin, Harting, Secchi
et Govi
M. Bâtard demande à l'Académie rie dé-
cider qu'on ne publiera plus doréna-
vant dans les Comptes rendus les com-
munications relatives aux documents
l'aies.
770
784
8a5
826
g-25
926
1041
9S7
989
1018
Pages,
historiques communiqués par M. Chasles
jusqu'au moment où ces documents au-
ront été publiés complètement u>j;
— Remarques de MM. Le Verrier, Étie de
Braumont et de plusieurs autres Aca-
démiciens relativement à la prolongation
de la discussion 1059 et 1060
— Remarques de M. Reynaud à l'occasion
d'une publication récente de M. Brewster
sur l'invention des phares lenticulaires. 291
- Lettre de Sir D. Brewster à M. Élie de
Beaumont au sujet des appareils des
phares 624
— Histoire des instruments de chirurgie
trouvés à Herculanum et à Pompéi ;
Mémoire de M. Scoutetten 200
— Lettre de M. fVolf 'au sujet d'une erreur
historique commise selon lui dans un
ouvrage de M. Bertrand 819
— Lettre de M. Lenormant relative à un
papyrus égyptien contenant un frag-
ment d'un traité de Géométrie appli-
quée à l'arpentage 903
Houille. — Anal) se d'un certain nombre
d'échantillons de houilles prussiennes ;
par M. Mène 807
Hydrauliques (Appareils). — Études sur
les roues hydrauliques à aubes courbes
de M. le Général Poncelet; par M. Di-
ction ( 2e partie ) 5yi
— Rapport sur ce travail; Rapporteur
M. Morin 934
— Sur les travaux de conduite d'eau exécu-
tés récemment à Alatri, près de Rome;
Note du P. Secchi 6i5
Hydrogène. — Sur le rôle spécial de l'hy-
drogène dans les acides en général et en
particulier dans les acides polybasiques;
Note de M. Gandin 3o
Hygiène publique. — Assainissement des
centres de population : question des
abattoirs; Note de M. Gagnage 891
— Lettre de M. Colin accompagnant l'envoi
d'un ouvrage écrit en allemand sur l'hy-
giène de la vue dans les écoles io54
Infusoires. — Sur la présence d'Infusoires
dans l'air expiré pendant le cours de la
coqueluche; Note de M. Poulet 254
Institut (Séances trimestrielles de l). —
Lettres de M. le Président de l'Institut
concernant la quatrième séance trimes-
trielle fixée au 2 octobre 1867 et la pre-
mière de 1868 qui doit avoir lieu le
8 janvier 481 et 1057
| Instruments de chirurgie.
Note de
M. Roussel concernant un instrument
pour la transfusion du sang 85o
- Mémoire rie M. Piorry sur un instrument
destiné à porter des médicaments et ries
caustiques dans les parties profondes
des divers organes g85
Instruments de physique. — Sur deux in-
struments destinés à constater un effet
l52..
( "
Pages.
nouveau du rayonnement solaire; Note
de M. Moreau 2o5
Instruments de physique. — Sur un météo-
rographe ancien et sur la théorie du ba-
romètre statique; Note de M. Radau.. 36o
— Sur le météorographe et ses résultats. —
Sur le spectroscope stellaire; Note du
P. Secchi 385 et 38g
— RéDexionssnr l'histoire du baromètre sta-
tique ; par le même 443
— Nouvelles remarques de M. Radau sur le
baromètre statique 5o2
— Réponse du P. Secchi aux dernières re-
marques de M. Radau 55g
7o )
Pages.
— Remarques de M. Radau à l'occasion de
cette réponse 609
— Sur un nouveau baromètre à mercure;
Note de M. Faa de Bruno 61 3
Iode. — Sur une méthode simple pour re-
connaître l'iode et le brome dans une
même solution; Note de M. Phipson.. . 176
Isomébie. — Recherches sur l'isomérie dans
la série acétylique; Mémoire de MM. Re-
boiil et Truchot j3
— Nouvelles recherches sur l'isomérie du
protochlorure d'allyle et du propylène
monochloré; par M. Oppenheim. 354 et 4°8
Legs Bréant.— Mémoires et communications
concernant le choléra-morbus ou les
dartres adressés comme pièces de con-
cours pour ce prix par MAI. Grimaud,
de Caux, Bonjean, Kreuz, Parker,
Doin, Le Mo/van, Thomas, Cramoisy,
Tarrier, Barracano, Berman, Rubini,
Schmiilt, Prier, Arlotti,Huelte, Schmitt.
3g, 44, 10G, 107, 2o5,
317, 406, 571, 701, 783, 891, io38 et 1084
Legs pour fondation- de nouveaux prix a
décerner par l' Académie. — AI. le Se-
crétaire perpétuel donne lecture d'un
article du testament de AI. Benoit Four-
neyron relatif à un legs de 5oo francs
de rente pour la fondation d'un prix
biennal de Mécanique appliquée 240
- Décrets impériaux autorisant l'Académie
à accepter ce legs et un autre legs fait
par AI. de la Fons-Melicoq, également
pour la fondation d'un prix 85 1
Liquides (Spher.es). — Lettre de AI. Plateau
accompagnant son nouvel opuscule « Sur
la transformation spontanée d'un cylin-
dre liquide en sphères isolées » 290
Lumière. — Sur une nouvelle action de la
lumière; sixième Mémoire de M. Niepce
île Saint-Victor 5o5
— Sur la partie lumineuse de l'étincelle
électrique ; Note de AI. Lucas 5s>i
— Alémoire de M. Lucas concernant « Les
radiations et le phosphoroscope de
M. Edm. Becquerel )> g85
M
Machines à vapeur. — Sur les appareils de
distribution de la vapeur à un seul ti-
roir ; Notes de AI. Deprcz 68 et 609
— Sur les machines à vapeur à trois cy-
lindres égaux avec introduction directe
dans un seul ; Alémoire de M. Dupuy de
Lôme g3
— AI. le Directeur de la Reçue Maritime et
Coloniale demande et obtient l'autori-
sation d'emprunter la planche faite poul-
ie Alémoire de AI. Dupuy de Lôme.. . . 255
AIagnétisme terrestre. — De la variation
diurne lunaire de l'aiguille aimantée
près de l'équateur magnétique ; Note de
M. Broun 1 1 4C
Manganèse. — Note sur de Nouvelles combi-
naisons manganiques; par AI. Nicklès,. 107
Mécanique analytique. — Sur les groupes
de mouvements; Note de M. Jordan. . 22g
— Équations des petits mouvements des mi-
lieux isotropes comprimés ; Note de
AI. Boussinesq 167
— Sur un théorème de Jacobi énoncé dans
les « Comptes rendus hebdomadaires de
l'Académie » (année i836); Note de
AI. Bresse io85
— Sur un théorème général de la théorie
de l'élasticité qu'on peut appeler 0 Théo-
rème de la superposition des effets des
forces » ; Mémoire de AI. Phillips Gog
- Note de AI. Phillips relative au théorème
de la superposition des effets des forces
appliquées a un corps solide élastique,
théorème pour lequel la priorité doit
être attribuée à AI. de Saint-Venant — 674
— Note de AI. de Villeneuve-Flayosc sur la
gravitation universelle et le principe
de la moindre action 642
( 'i7
Pages.
— Sur la résistance des fers en double T ;
Mémoire de M. Aubert 10G
— Mémoires sur le calcul de la résistance
des solides soumis à la llexion; par le
même 2o5, 406. 701 et 948
— Des moyens propres à annuler les per-
turbations produites dans le mouvement
des machines par les pièces de leur mé-
canisme ; Mémoire de M. Àrnoux 3y
Mécanique céleste. — Sur les orbites des
comètes ; Note de M. Lœcy 458
MÉCANIQUE MOLÉCULAIRE. — Note SUT la tCIl-
sion des lames liquides; par M. Van der
Mensbrugglie 4 1
— M. G. Hinrichs adresse une Note écrite
en allemand concernant la Mécanique
moléculaire 106
Météorites. — Classification adoptée pour
la collection de météorites du Muséum
d'Histoire naturelle; Note de M. Dau-
bréc 60
— Contribution à l'anatomie des météorites ;
par le même 1 48
— Chute d'aérolithes dans la plaine de Tad-
jera (Amer Guebala) à i5 kilomètres
sud-est de Sétif le 9 juin 1867; Lettre
de M. Augeraud '24°
— M. le Secrétaire perpétuel, après avoir
communiqué cette Lettre, annonce à
l'Académie que M. le Maréchal Gouver-
neur de l'Algérie se propose de lui faire
don d'un fragment de ce bolide 242
— M. /c Gouverneur de l'Algérie annonce
l'envoi de ce fragment 525
— M. le Secrétaire perpétuel présente, dans
la séance du 7 octobre, le fragment
adressé par M. le Gouverneur de l'Al-
gérie 610
Météorologie. — Aperçus sur les pay s élec-
triques et leur rôle météorologique ;
par M. Fournet 25
— Note sur les orages du sud-est; par le
même 1 56
— Sur le météorographe et ses résultais;
Note du P. Secchi 385
— Atlas météorologique de l'Observatoire
impérial. Troisième partie, observations
faites dans les stations françaises du
Ier juin 1866 au 3i mai 1867, par
M. Rayet; seconde partie, zones des
orages à grêle, par M. .Baille. 703 et 70O
l )
Pages.
— Remarques de M. Le Verrier sur l'Atlas
météorologique de l'Observatoire 707
— Note de M. Le berner accompagnant la
présentation de a l'Atlas météorologique
de l'Observatoire pour i86(> (première
partie) 909
— Sur le service des avertissements donnés
aux ports; par le même qi 1
— M. Le Verrier donne quelques détails sur
une bourrasque qui s'est produite le
i5 décembre 1867 dans l,i Manche.... 1041
— M. le Ministre de l'Instruction publique
transmet un plan météorologique dressé
par M. André, donnant la direction
suivie par les vents dans le mois de
mai 1867 dans la vallée d'Aujon 1 1 41
Métrique (Système). — Note de M. Boileau
sur un appareil destiné à faciliter l'en-
seignement du système métrique 648
Voir aussi l'article Poids et Mesures.
Mimetése, chloro-arséniate de plomb, ainsi
appelé à cause de sa ressemblance avec
le chlorophosphate. Note de M. Lecltar-
tier sur la reproduction artificielle de
quelques chloro-arséniates 172
Minéralogie. — Sur un sablé1 titanifère de
1 île portugaise de Santiago, archipel du
Cap-Vert ; Note de M. Silva 207
— Sur la Woodwardite du Cornouailles;
Note de M. Pisani 114a
Moléculaires (Actions). — Remarques de
M. Trémaux à l'occasion d'une com-
munication récente de M. Boussinesq
sur l'action réciproque de deux molé-
cules 84
Moléculaire (Théorie). — Note de M. Guld-
bergsur la théorie moléculaire des corps. 941
Monamines. — Note de M. H. Schiff sur les
monamines dérivés des aldéhydes 320
Monnaies. — Nouvelle communication de
M. Léon sur le système métrique el
son application aux monnaies 349
Moteurs. — De l'air chaud substitué à la
vapeur comme moteur, sans danger
d'explosion ; Note de M. Burdin 392
Musique. — Sur le système harmonique de
Pylhagore; Note de M. Francisque ser-
vant de complément à une précédente
communication 642
N
Navigation.— M. l'Amiral Paris faithommage
à l'Académie de la première partie de son
ouvrage intitulé : u L'Art naval à l'Expo-
sition universelle de Paris en 1867 »...
1097
( "
Pages.
Navigation. — Des déviations produites dans
l'aiguille de la boussole par l'action du
fer entrant dans la construction du n
avire et des moyens de s'en garantir ;
Note de M. Ecan Hopkins 283
— Appréciation pratique de la Méthode de
M. Littrow pour trouver en mer l'heure
et la latitude; Note de M. Lemoine. . . 669
— Sur un nouveau mode de propulsion des
navires à vapeur; Note de M. Arnoux. 402
— Sur une modification dans les construc-
tions navales supposée propre à atténuer
les désastres des naufrages ; Note de
M. Faure 290, 406 et 571
72 )
— Lettre de M. Humbert concernant le
concours pour le prix sur le perfection-
nement de la navigation par la vapeur.
Névrine — Note de M. fVurtz sur la syn-
thèse de la névrine
Nitriles. — Notes de M. Gautier sur les ni-
triles de la série grasse et leurs iso-
mères 862 et
Nomination de Membres et Correspondants
de V Académie. — M. Wurtz est nommé
à la place vacante dans la Section de
Chimie par suite du décès de M. Pelouze.
— M. Larrey est nommé Académicien libre
en remplacement de feu M. Civiale...
Pages.
181
ioi5
001
0
Observatoire impérial. — Considérations
sur la position topographique de l'Ob-
servatoire de Paris; Note de M. Le
Verrier à l'occasion du deuxième anni-
versaire séculaire delà fondation de cet
Établissement 776
— De la nécessité de transporter hors de
Paris cet Établissement ; Mémoire de
M. Yvon Villarceau 1060
— L'Observatoire de Paris, sa situation et
son avenir; Note de M. Le Verrier. . . 1073
— M. Dumas mentionne à cette occasion
une décision du Conseil municipal con-
cernant des travaux qui seront prochai-
ment exécutés dans l'intérêt de l'Obser-
vatoire 1078
— Remarques de M. Yvon Villarceau au su-
jet de la communication de M. Le Ver-
rier i°99
— De la nécessité de joindre une succursale
à l'Observatoire de Paris; Note de
M. Yvon l 'Marceau 1 102
— Réponse de M. Le Verrier à la commu-
nication de M. Yvon Villarceau 1106
Voir aussi l'article Météorologie.
Orbites planétaires. — Mémoire de M. Tré-
maux ayant pour titre : « Démonstra-
tion des actions qui donnent l'excentri-
cité des orbites et observations à propos
des Notes de Pascal » 290
Orcine. — Sur les dérivés méthyliques,
éthyliques et amyliques de l'orcine;
Note de MM. de Lianes et Lionet . ... 213
Organiques (Substances). — Détermination
simultanée du carbone, de l'hydrogène
et de l'azote dans l'analyse élémen-
taire des matières organiques; Note de
M. Schlœsing 937
— Sur une méthode de conservation de la
viande; Note de M. Lore/iz io54
Organographie végétale. — Des vaisseaux
propres dans les Térébenthinées ; Mé-
moire de M. Tréeul 17
— Réponse à trois Notes de M. Nilander con-
cernant la nature des Amylobacter; par
le même 5 1 3
— Note de M. Tréeul concernant quelques
objections qu'on croirait pouvoir faire
à ce travail 927
— Sur les rapports des vaisseaux laticifères
avec le bois et avec les vaisseaux spi-
raux; Lettre de M. Schultz Schultzen-
stein 757
— Note de M. Tréeul en réponse à la Lettre
précédente 748
— Sur le Naias major; Note de M. Gris. . . 809
Osmose. — Note de M. Payen intitulée :
« Osmose dans les sucreries » 692
Ozone. — Remarques de M. Poey sur les
colorations ozonoscopiques obtenues à
l'aide du réactif de Jame, et sur l'échelle
ozonométrique de M. Bérigny 708
— Observations de M. Le Verrier à l'occa-
sion de la communication précédente. . 711
— M. Clierreul annonce l'intention de faire
connaître prochainement la cause des
difficultés qu'a rencontrées M. Poey
dans l'appréciation des couleurs obte-
nues dans ces expériences 712
— Note de MM. Bérigny et Salleron en ré-
ponse à la Note de M. Poey 982
( "73)
, Pages.
Paleoethnologie. — Note de M. Guérin sur
la découverte faite à Aingeray ( Meurthe )
d'une pointe de flèche en obsidienne
paraissant appartenir à l'âge de bronze, i iG
— Note sur des instruments en silex trouvés
à la Treich, près Toul ; par le même.. 640
— Examen comparatif des alluvions an-
ciennes de Toul et de quelques-unes
de celles du bassin de la Seine par rap-
port à l'ancienneté de l'homme; Mé-
moire de M. Husson 81 1
— Remarques de M. le Secrétaire perpétuel
à l'occasion de cette communication. . 814
— Note de M. Ttémaux concernant une dé-
couverte paléontologique faite à Chagny
(Saône-et-Loire) g7i
Paquets cachetés (Reprise ou ouverture
de). — Sur la demande de M. Esmen-
jaudun paquet cacheté déposé par lui le
i" mai 1867 est ouvert le icr juillet et
renferme une Note relative à une ques-
tion d'entomologie 44
— Un paquet cacheté déposé par M. /. Gué-
rin en 1844 et ouvert sur sa demande le
16 décembre 1867 renferme une Note
sur le perfectionnement de la méthode
de traitement des plaies par occlusion
hermétique ,034
Parasites (Animaux). — Importation du
Tlalsahuate du Mexique ; Note de M. Le-
'»«>'■<' 2l5
Parasites (Végétaux). — Recherches de
M. Wreden sur deux nouvelles espèces
de végétaux parasites de l'homme, l'As-
pergillus flavescens et l'A. nigricans.. 368
Paratonnerres. — M. Brtltard consul te l'Aca-
démie relativement aux dispositions
adoptées pour les paratonnerres de l'é-
glise Saint-Augustin 453
Pathologie. — De l'influence des rétrécisse-
ments de l'orifice pulmonaire sur la
formation de tubercules pulmonaires ;
Mémoire de M. Lebert 77
— Sur la présence d'infusoires dans l'air
expiré pendant la coqueluche; Note de
M. Poulet 254
— Sur certaines affections de l'oreille résul-
tant du développement de végétaux pa-
rasites sur la membrane du tympan;
Note de M. Wreden 368
— Des accidents produits par la chaleur
dans l'infanterie en marche et de leur
aggravation dans les halles par la posi-
599
Pages,
lion couchée ou horizontale; Note de
M. Guyon /g_
— M. Guyon rappelle une communication
qu'il avait faite à l'Académie en 1843
sur la transmission de la morve du che-
val à l'homme et de l'homme .ni che-
val
- Recherches sur la nature des miasmes
fournis par le corps de l'homme en
santé; Note de M. Lemaire 4ga
- « Recherches sur l'ophthalmie scrofu-
leuse due à l'action réflexe, née elle-
même de l'évolution dentaire » ; résumé
d'un Mémoire de M. Tavignot G73
— Analyse donnée par M. Bourguet de son
ouvrage « Sur les divers modes d'assai-
nissement des marais et des pays maré-
cageux et insalubres » 7I5
- Analyse donnée par M. Guipnn de son
ouvrage intitulé : « De la maladie char-
bonneuse de l'homme » -,55
- Analyse adressée par MM. Pécholier et
Suint pierre des ouvrages déjà présentés
par eux au concours pour les prix de
Médecine et. de Chirurgie 757
- Note adressée par M. Pécholier sur les
travaux qui lui sont propres et ont. été
présentés au même concours 783
— Analyse donnée par MM. Estor et Saint-
pierre des travaux imprimés qu'ils ont
présentés au concours pour les prix de
Médecine et de Chirurgie q8G
— Note de M. Anselmier concernant une
« Morsure de vipère observée à Paris sur
un saltimbanque algérien » 1 154
Pendule. — Note de M. Verdeil concernant,
les résultats de quelques expériences
faites sur le pendule 205
Phares. — Lettre de M. Reynaud à l'occa-
sion d'un opuscule sur l'invention des
phares lenticulaires, récemment adressé
à l'Académie par Sir D. Brewster 29J
- Lettre de Sir D. Brewster à M. Élie de
Beaumont au sujet des appareils de
phares et à l'occasion de la Lettre de
M. Reynaud 624
— Sir D. Brewster fait hommage à l'Aca-
démie de deux Mémoires, dont l'un a
pour titre : « Description d'un appareil
holophote double pour les phares, et
méthode pour y introduire la lumière
électrique ou une autre lumière » . . . . 60a
1174
3i4
4oG
358
454
G37
Pages.
Phares.— Nouvelle Lettre de Sir D. Bretvster
à M. Élie de Beaumont au sujet des ap-
pareils de phares 624
Phosphates. — Sur la présence des phos-
phates solubles ilans la fibre du coton,
les graines, etc. ; Note de M. Cal-
vert "5o
Physiologie. — Mémoire de M. Ozanam
sur la reproduction parla photographie
des battements du eœur et des artères,
et sur les services que peut rendre à la
physiologie cette méthode d'observa-
tion
— Sur l'influence mécanique de l'air dans
les fonctions de reproduction chez les
Mammifères; — sur la chaleur animale;
Notes de M. Kaufmann 3 17 et
— Influence de la chaleur sur le travail mé-
canique du muscle de la Grenouille;
Note de M. Chmoulevitch
— Nouvelles recherches sur la physiologie
des muscles et des nerfs; par M. Her-
mann
— Sur la nature des miasmes fournis par le
corps de l'homme en santé; Note de
M. Lemaire 4î)2 et
— Lettre de M. Poggioli concernant son Mé-
moire « Sur le développement physique
et intellectuel des jeunes sujets » 701
— Mémoire de M. Ed. Robin concernant la
durée de la vie et diverses questions de
physiologie et de médecine 782
— Sur le rôle physiologique de la gaine fibro-
musculaire de l'orbite ; Note de MM. Pré-
vost et Jolyet
— Note relative à un instrument employé
pour la transfusion du sang ; par
M. Roussel 85o
Physiologie comparée. — Sur la parthéno-
genèse considérée chez les Abeilles;
Note de M. Bastion
— Expériences faites à la ménagerie du
Muséum sur des Batraciens urodèles
à branchies extérieures [hxolotls du
Mexique ) démontrant que la vie aqua-
tique se continue sans trouble apparent
après l'ablation des houppes branchiales;
par M. Duméril
— D'un phénomène comparable à la mue
chez, 1rs Poissons; Noie de M. Baudelot.
— Sur la physiologie de la Seiche [Sepia
officinalii < : Noir de M. Bert 3oo
_ Recherches sur la salive et sur les or-
ganes salivairesdu Dolium y/Ira: Note
• de MM. De LucaeX Panceri. . 377 et 712
Pnvsioi.or.iE végétale. — Sur les mouve-
849
84
24"-*
24;
Pages,
ments de la sensitivel Mimosa pudica :
Note de M. P. Bert 1 77
— Sur l'irritabilité des végétaux; Note de
M. Ch. Blondeau 3o4
— De l'influence des divers rayons colores
sur la décomposition de l'acide carbo-
nique par les plantes ; Note de M. C.
Caillctet 322
— Action fâcheuse exercée sur une espèce
de plantes par un fumier provenant de
la décomposition de plantes de cette es-
pèce ; Note de M. Letellier 4;8
— Notes de M. Trécul en réponse à trois
Notes de M. Nylander concernant la
nature des Amylobacter. — Examen de
quelques objections qui pourraient être
faites à l'opinion émise sur l'origine des
Amylobacter 5 1 3 et 927
Action exercée par le courant d'induc-
tion sur les végétaux ; Note de M. Blon-
deau 762
- ll\ bridalion artificielle dans le genre Gos-
sypium ; par M. Balsamo 7(1 3
Études sur les fonctions des racines des
végétaux ; par M. Corencvinder 781
— Sur la respiration des plantes aquati-
ques ; Note de M. Van Tieghem 8G7
— Note de M. Lecoq relative à cette com-
munication 11 16
— Note sur la fermentation gallique ; par
M. Fan Tieghem 1091
— Sur le mouvement des gaz dans les
plantes; Note de M. Lechartier 1087
Physique du globe. — Découverte d'une fon-
taine ardente dans l'arrondissement de
Narbonne; Note de M. Tournai 1 1 5
— Tableau hypsométrique général de l'Inde,
de l'Himalaya et du Thibet occidental :
par M. H. de Schlaginttveint-Sakùn-
liinski 286
— Sur les lois des deltas ; Mémoire de M. de
I illeneuve-Flayosc 287
— Sur la température des eaux courantes:
Mémoire de M. Grad 317
- Influence présumée de la rotation de la
terre sur la forme du tronc des arbres ;
Note de M. Musset 42a et |g5
Vperçus sur les pays électriques; com-
munication de M. Fournet, faisant suite
a une communication précédente du
même auteur , G28
— De la variation diurne solaire de l'aiguille
aimantée près de l'équateur magnétique
et dans différentes latitudes; Note de
M. Broun i" 1 '
Phyisque mathématique. — Note sur l'ac-
( II
Pa^es.
tion réciproque de deux molécules ; par
M. Boussinesq 44
— Théorie des expériences de M. Poiscuille
sur l'écoulement des liquides dans les
tubes capillaires; par le même 46
— Équations des petits mouvements des
milieux isotropes comprimés; par le
même 1 G7
— Théorie nouvelle des ondes lumineuses;
par le même 235
— Note sur les vibrations rectilignes dans
les milieux isotropes et sur la diffrac-
tion ; par le même 672
Pisciculture. — Nouvelle Note de M. delà
1 Bonninière de Beaumont concernant la
nutrition des jeunes Salmonidés au
moyen de larves d'une espèce du genre
Diptère qui vivent dans les eaux cou-
rantes 43
Planètes. — Découverte de la 94e petite pla-
nète, à Ann-Arbor (États-Unis d'Amé-
rique) ; Note de M. Watson 577
— Perturbations et éphémérides de la pla-
nète Eugénie ; Note de M. Loevy 858
— Découverte de la 95e petite planète qui
75 )
Pages.
a reçu le nom à'Jret/iusa; Lettre de
M. R. Luther g4g
Poids et mesures. — Communication de
M. Mathieu relative aux Rapports et
Procès-verbaux du Comité des poids et
mesures et des monnaies de l'Exposi-
tion universelle de 1867 481
- M. Séguier rappelle à cette occasion la
proposition qu'il a faite autrefois avec
M. de In Marinière d'adopter une forme
unique pour les poids 482
- Remarques de II. Mathieu on réponse
aux observations de M. Séguier 484
Potasse. — Sur la répartition de la potasse
et de la soude dans les végétaux ; Mé-
moire de M. Peligot 729
Propylène.— Nouvelles recherches de M. Op-
penheim sur l'isomérie du protochlo-
rure d'allyle et du propylène mono-
chloré 354 et 408
Puits artésiens. — Mémoire et Lettre de
M. Portail concernant les perfection-
nements apportés par lui dans l'outil-
lage qui sert au percement des puits. . .
. . 454 et 673
Sauvetage. — Lettre de M. Matabon con-
cernant quelques appareils de sauvetage
qu'il désire soumettre au jugement de
l'Académie 649
— Nouveau Mémoire de M. Tremblay sui-
tes sauvetages maritimes io35
Sections de l'Académie. — La Section de
Chimie présente comme candidats pour
la place vacante par suite du décès de
M. Pelouze : i° M. Wurtz ; 20 MM. Ber-
thelot, Cahours 84
Soleil. — « La cause et l'explication du
phénomène des taches doivent-elles être
cherchées en dehors de la surface visible
du Soleil? » Note de M. Paye 221
— Sur l'intensité de la radiation solaire ;
Note de M. Soret 526
— Note sur les taches solaires; par M. Kir-
c/dmff. 044
*- Remarques de M. Paye sur la Lettre de
M. Kirchhoff <'>Gi
— Réponse de M. Kirchfmff u>40
Soies. — Voir aux articles Teinture et / en
à soie.
Soude. — Sur la répartition de la potasse et
C. R., 1867, 2me Semestre. (T. LXV.)
de la soude dans les végétaux ; Mémoire
de M. Peligot 729
— Sur l'utilité du sel marin en agriculture
basée sur sa transformation en carbo-
nate de soude, et ultérieurement en ni-
trate de soude; Note de M. f'elter à
l'occasion du précédent Mémoire 798
— M. Chevreul présente un travail publié
par lui sur quelques questions analo-
gues 799
Spectrale ( Analyse ). — Nouvelles recher-
ches sur la spectroscopie stellaire; par
MM . // 'olf et Rayet 292
— Le spectroscope stellaire ; Note du P.
Secchi 389
— Note du P. Secchi accompagnant la pré-
sentation d'un exemplaire de son .Mé-
moire « Sur les spectres stellaires » im-
primé dans les publications de la So-
ciété des Quarante de Modène 502
- Note du P. Secchi sur les spectres stel-
laires et sur les étoiles filantes 979
Spontanées (Générations dites). — Sur la
putréfaction des œufs et sur les pro-
duits organisés qui en résultent; Note
de M. Donné O02
i53
( "76)
Pages.
Statistique. — M. Bienaymé en présentant
le compte rendu statistique de l'Admi-
nistration des hôpitaux de Rome pour
i865 indique le caractère de cet ou-
vrage i o53
— M. Moreau de Jonnès adresse, pour le
concours du prix de Statistique un ou-
vrage intitulé : « État économique de
la France depuis Henri IV jusqu'à
Louis XIV » 1 1 4 1
Sucres. — « Sur l'influence de la tempéra-
ture de la source de chaleur dans l'ébul-
Pages.
lition des liquides sucrés » ; Note de
M. C. // bestyn 3i-
— L'osmose dans les sucreries; Note de
M. Pare/i 692
— Sur une modification à introduire clans le
traitement des pulpes de betteraves;
Note de M. Champonnois io35
Sulfures. — Sur le protosulfure de cobalt;
Note de M. Hiortdahl 7r>
Sursaturation. — Deuxième Note de M. Le-
coq de Boisbaudran sur des expériences
de sursaturation 111
Tannin : Sa transformation en acide gallique.
Voir l'article Fermentation.
Teinture. — Sur des expériences relatives
à la teinture du coton avec les matières
colorantes dérivées de l'aniline; Note
de M. Relmann 43
— Examen comparatif d'une soie d'origine
française et d'une soie d'origine japo-
naise relativement à leur aptitude à
prendre la teinture ; communication de
M. Chevreul 697
Tératologie. — Sur les anomalies de la co-
lonne vertébrale des animaux domes-
tiques; Note de M. Goubaux 525
Thérapeutique. — Note de M. Conté sur
les végétaux médicamenteux de prove-
nances diverses inscrits dans le tableau
annexé au décret du 8 juillet i85o. ... 43
— Action physiologique du bromure de po-
tassium établie par l'expérimentation sur
les animaux; Mémoire de M. Laborde. 80
— Sur le traitement de l'infection puru-
lente ; Note de M. Blanchard 106
— Mémoire sur le traitement du croup; par
M. Abeille 1 70
— Note de M. Turrier sur un élixir de sa
composition, spécialement employé con-
tre le choléra 317
— Sur le traitement de la congestion céré-
brale et des hallucinations par l'acide
arsénieux; Mémoire de M. E. Lis/e. . . 496
— Des effets de l'acide cyanhydrique sur
l'organisme à l'état physiologique et à
l'état pathologique; Note de M. Poz-
nanski 608
— Indications thérapeutiques fournies rela-
tivement à la fièvre typhoïde, par le
gargouillement de la fosse iliaque droite;
Note de M. Netter 782
— Note de M. Lauranin concernant diverses
questions de thérapeutique 783
Toluène. — Sur une synthèse de toluène
diôthylé; Note de MM. Lippmann et
Louguinine 349
Toxicologie. — Mémoire intitulé : « Le cui-
vre et les sels de cuivre sont-ils toxiques?
Les instruments de cuivre sont-ils dan-
gereux? » par M. Chevalier 496
Tremblements de terre. — M. le Ministre
de la Marine transmet le Rapport d'un
capitaine de navire concernant un trem-
blement de terre qu'il a ressenti en mer
le 9 juin 1867 871
— Sur le tremblement de terre du 18 no-
vembre 1867 aux Antilles; Note de
M. Ch. Sainte-Claire Deville 1 110
u
Urées. — Note de M. Hugo Schiff 'sur les urées condensées 801
Végétaux (Composition chimique des). —
Sur la répartition de la potasse et
de la soude dans les végétaux: Note de
M. Peligot
Végétaux (Structure des). — Voir l'article
Organographie végétale.
^9
{ II
Pages.
Vers a soie. — Sur la saecharification du
corpuscule vibrant de la pébrine; Note
de M. Béchamp 42
— Lettre de M. Béchamp relative à ses
communications sur les vers à soie. ... 71
— Sur un moyen très-simple de constater
la présence ou l'absence de corpuscules
chez les papillons des vers à soie; Note
de M. Balbiani 1 14
— Réclamation de priorité touchant quel-
ques résultats obtenus par M. Pasteur;
Lettre de M. Tigri 85o
— Observations microscopiques et chimi-
ques sur les feuilles du mûrier blanc :
Note de M. Grigolato 85o
— Sur l'introduction et l'acclimatation des
vers à soie du chêne ; Note de M. Guérin-
Méneville q46
— Sur un nouveau procédé pour le filage
des cocons à l'eau froide; Note de
M. Miergues 200
Vision (Théorie de la). — Note de M. Jm-
broise sur sa manière d'envisager cette
fonction 290
Volcans. — M. Ch. Sainte-Claire Deville
annonce, d'après une Lettre imprimée
dans un journal des Açores, la produc-
tion d'une bouche volcanique près de
Serreta 29
— Nouvelle Note de M. Janssen sur ses
études de physique terrestre au volcan
de Santorin - 1
— Lettre de M. Janssen concernant quel-
ques observations faites dans son récent
voyage aux Açores 646
77 )
Pages.
- Récit de l'éruption sous-marine qui ;i eu
lieu le 1" juin 1SG7 entre les îles de
Terceira et de Graciosa aux Açores;
par MM. Ch. Sainte-Claire Deville et
Janssen Gl>2
— Remarques faites à cette occasion par
M. Chevreul concernant les réactions
chimiques qui ont pu être manifcsli V-
par les produits de l'éruption GG8
— Sur les gaz qui se dégagent encore du
lieu de l'éruption du volcan des Açores
le rrjuin 1867; Note de M. Fouquê.. G74
— Lettre de M. Pisani concernant une érup-
tion qui a eu lieu au Vésuve le 1 3 no-
vembre 1 867 871
— Sur une nouvelle éruption du Vésuve;
Note de M. Pal mie ri 897
— Récit d'une excursion laite le 11 juin 1867
au sommet du Vésuve; par M. Mouget. 898
— Remarques de M. Ch. Sainte-Claire De-
ville à l'occasion des deux précédentes
communications 900
— Sur les phénomènes volcaniques observés
à Terceira (Açores); Note de M. Fou-
r/né 965 et 968, io5o et 1 1 53
— Observations de M. Ch. Sainte-Claire
Deville relatives à cette dernière com-
munication 1 154
Voyages scientifiques. — M. Bouvier, près
de se rendre aux îles du Cap-Vert, se
met à la disposition de l'Académie pour
les investigations qu'elle voudrait bien
lui signaler comme utiles 496
Voir aussi l'article Volcans.
W
Wolfram. — Sur la présence du columbite dans le wolfram; Note de M. Phipson 4 '9
Zoologie. — Importation en France d'un in-
secte parasite, le Tlalsahuate, amené
probablement A l'état d'oeuf des régions
tempérées du Mexique ; Note de M. ./.
Lcmaire 217
— Recherches sur l'organisation du Crjrpto-
procta ferox de Madagascar ; Mémoire
de MM." Alph. Milne Edwards et Jlf.
Granilidicr 232
Expériences sur les Axolotls du Mexique,
Batraciens Urodèles à branchies exté-
rieures; chez ces Reptiles la vie aqua-
tique se maintient sans trouble apparent
après l'ablation des houppes branchiales ;
Note de M. Aug. Duméril 242
Recherches anatomiques et physiologi-
ques sur X Amphioxus ; par M. Bert. . . 304
La Société scientifique d'Arcachon an-
i53..
( "78 )
nonce qu'elle mettra à la disposition des
naturalistes qui auraient à faire des re-
cherches sur cette partie du littoral un
aquarium alimenté par de l'eau de mer
et un laboratoire
Zoologie. — Recherches anatomiques sur
quelques Coléoptères aveugles; par
M. Lespès
— Note de M. Blanchard accompagnant la
présentation d'un volume qu'il vient de
publier sous le titre de « Métamor-
Pages.
Ci8
890
Pages.
phoses, mœurs et instincts des Insectes
(Insectes, Myriapodes, Arachnides et
Crustacés) » 974
Mémoire de M. Reiset sur les dommages
causés à l'Agriculture par le hanneton et
sa larve, et sur les mesures à prendre
pour la destruction de ces Insectes. . . .
Remarques de M. Blanchard à l'occasion
de cette communication
Réponse de M. Chevreul aux remarques
de M. Blanchard 1 1 38
[125
18
( "79 )
TABLE DES AUTEURS.
MM. Pages.
ABEILLE. — Mémoire sur le traitement mé-
dical du croup 170
• ACADÉMIE DES SCIENCES D'AMSTERDAM
(h) a/lresse trois nouveaux volumes de
ses publications périodiques 1141
ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MÉDECINE ( 1/ )
adresse la première partie du t. XXVIII
de ses Mémoires 702
ACADÉMIE STANISLAS DE NANCY (1.)
fait hommage à l'Académie des Sciences
du volume de ses Mémoires pour l'an-
née 1866 496
ALLIOT. — Complément à de précédentes
Notes sur diverses questions de Méde-
cine 71
ALVERGNIAT. — Sur un appareil destiné
à démontrer que l'étincelle électrique
ne passe pas dans le vide absolu 963
AM-BROISE. — Note sur la théorie de la vi-
sion 290
ANDRAL est nommé Membre de la Commis-
sion chargée de décerner les prix de
Médecine et de Chirurgie de la fondation
Montyon pour l'année 1867 i63
— M. Andral prie l'Académie de vouloir
bien accepter sa démission de Membre
de cette Commission 200
MM. Pages.
— M. Andral est nommé Membre de la
Commission du prix Barbier (décou-
vertes relatives aux sciences médicales). 283
ANSELMIER. — Note concernant une mor-
sure de serpent observée chez un sal-
timbanque algérien en représentation à
Paris U54
AOUST. — De la courbure inrlinée d'un
système de lignes coordonnées et du
rôle de cette courbure dans la théorie
des lignes tracées sur une surface 814
ARI.OTTI. — Mémoire sur le. choléra 783
ARNOUX. — Note sur les moyens propres
à annuler les perturbations produites
dans le mouvement des machines par
les pièces de leur mécanisme 37
— Note sur un nouveau mode de propulsion
des navires à vapeur . . 402
AUBERT (L.). — Sur le calcul de la résis-
tance des fers en double T. — Sur le cal-
cul de la résistance des solides soumis
à la flexion. . . 106, 2o5, 406, 701 et 948
AUGERAUD. — Chute d'aérolithes dans la
plaine de Tadjera ( Amer-Guebala), à
i5 kilomètres sud-est de Sétif, le 9 juin
1 867, vers io1" 3om du soir 240
B
BABINET. — Note sur l'époque précise de
l'établissement de la loi de l'attraction. OOi
BACALOGLO. — Note concernant une pro-
position relative à la locomotion aé-
rienne 642
BAILLE. — Zones des orages à grêle. (Atlas
météorologique de l'Observatoire impé-
rial. ) 706
BALARD. — Remarques sur les secours que
peut fournir la chimie relativement à des
documents écrits soupçonnés de falsifi-
cations. — Doutes sur l'opportunité de
continuer la discussion relative aux do-
cuments attribués à Pascal et à New-
ton 335 et 771
M. Balard propose à l'Académie de déci-
der qu'elle cessera d'insérer aux Comptes
rendus les communications relatives aux
documents historiques produits par
M. Chastes jusqu'à la publication com-
plète de ces documents lui;
M. Balard est nommé Membre de la Com-
mission chargée de décerner le prix dit
« des Arts insalubres » 200
( M
MM. Pages.
BALBIAXI. — Note sur un moyen très-sim-
ple de constater la présence ou l'ab-
sence des corpuscules chez les papillons
de vers à soie 1 1 4
BALSAMO. — Note intitulé : a Moyen d'obte-
nir des creux et des reliefs à dessin, gal-
vaniquement, sans réserves de vernis ». 6i3
— Hybridation artificielle dans le genre Gos-
sypium 703
BALTAKD adresse les dessins des disposi-
tions adoptées pour les paratonnerres
de l'église Saint- Augustin, et prie l'Aca-
démie de lui faire savoir si ces disposi-
tions peuvent être considérées comme
suffisantes 453
BARRACANO. — Pièces relatives à des ques-
tions de thérapeutique et surtout au
traitement du choléra 4o6
BASTIAN. — Note relative à la parthénoge-
nèse chez les abeilles 84
BAUDELOT. — Note sur un phénomène com-
parable à la mue qui s'observe chez les
Poissons 247
BAUDRIMONT. — Note sur la composition
des guanos de diverses origines qui se
sont présentés dans le port de Bordeaux
depuis une douzaine d'années 420
BÉCHAMP. — Sur la saccharification du cor-
puscule vibrant de la pébrine !\%
— Lettre relative à deux de ses Notes pré-
cédentes concernant les vers à soie.. . . 71
BECQUEREL. — Mémoire sur les effets chi-
miques produits dans les actions électro-
capillaires 5i et 720
- M. Becquerel présente à l'Académie un
exemplaire de la quatrième édition du
« Traité élémentaire d'Hygiène privée
et publique » de M. Alf. Becquerel. . . . 986
— M. Becquerel est nommé Membre de la
Commission chargée de présenter une
liste de candidats pour la place d'Aca-
démicien libre vacante par suite du dé-
cès de M. Civiale 848
BECQUEREL ( Edm. ). — Note sur le passage
des courants électriques au travers des
gaz incandescents 1097
— M. Ed. Becquerel présente, de la part de
M. Trouvé, un appareil d'induction élec-
tromagnétique destiné à produire des
effets physiologiques et médicaux 1007
BELLAMY. — De l'emploi du sous-sulfate
d'alumine, pour constater la présence
et évaluer la proportion de certaines
matières organiques dans les eaux. . . . 799
BÉNARD. — Lettre relative aux Notes ma-
nuscrites de Pascal communiquées par
M. Chasles 203
BÊRIGNV. — Réponse à une Note de M. Poey,
80 )
MM. Pages,
sur les colorations ozonoscopiques ob-
tenues à l'aide du réactif .lame, et sur
l'échelle ozonométrique de M. Bérigny.
(En commun avec M. Salleron.) 982
BERMAN. — Lettres concernant un remède
contre le choléra 571 et 1084
BERNARD (Claude) estnomméMembredela
Commission des prix de Médecine et de
Chirurgie i63
- Et de la Commission du prix de Physio-
logie expérimentale 229
BERT (Paul). — Sur les mouvements de la
sensitive (Mimosa pudica, Linn.) .... 177
— Sur la physiologie de la Seiche ( Sepia
officinalis, L. ) 3oo
- Recherches anatomiques et physiologi-
ques sur X Amphio.rus 364
BERTHELOT. — Sur divers carbures conte-
nus dans le goudron de houille. 465 et 507
— M. Berthelot est présenté par la Section de
Chimie comme l'un des candidats pour
la place vacante par suite du décès de
M. Vcinuze 85
BIARNAIS. — Note concernant un système
de frein destiné à arrêter presque subi-
tement les trains de chemins de fer. . . 85o
B1ENAVMÉ présente à l'Académie le «Compte
rendu statistique de l'Administration des
hôpitaux de Rome pour i865», et indi-
que le caractère de cet ouvrage io53
BIZIO. — Nouvelles recherches sur le gly-
cogène 175
BLAKE. — Sur l'action des anciens glaciers
dans la Sierra Nevada de Californie et
sur l'origine de la vallée de Vo-Semite. 179
BLANCHARD ( Emile). —Remarques au su-
jet des documents attribués à Pascal. . 329
— Note accompagnant la présentation d'un
exemplaire de son ouvrage intitulé :
« Métamorphoses, mœurs et instinctsdes
Insectes (Insectes, Myriapodes, Arach-
nides et Crustacés) » 974
— Remarques au sujet d'une communication
de M. Reiset sur la destruction du han-
neton et de sa larve 1 1 38
— M. Blanchard est nommé Membre de la
Commission chargée de décerner le prix
Savigny 4°2
— Et de la Commission chargée de décerner
le prix Thore 453
BLANCHARD. - Note relative au traite-
ment de l'infection purulente 106
BLASERNA. — Sur la durée des courants
d'induction 206
BLONDEAU (Ch.). — Note sur l'irritabilité
des végétaux 3o4
— action exercée par le courant d'induction
sur les végétaux 762
( n8i )
Pages,
84
8o3
648
44
43
995
MM.
BLONDIN. — Note relative à un bois de cerf
gigantesque qui existe clans l'une des
tours du château d'Amboise
BOBIERRE. — Sur la fabrication du chlo-
rure de chaux et sur la chlorométrie. .
BOILEAU. — Description d'un appareil des-
tiné à faciliter l'enseignement du sys-
tème métrique
BONJEAN. — Mémoire sur le choléra
BONNINIÈRE DE BEAUMONT (de la)
adresse une nouvelle rédaction de son
Mémoire sur la nutrition des jeunes sal-
monidés au moyen de larves de Dip-
tères vivant dans l'eau
BOUCHOTTE. — Expériences sur la dialyse
des courants d'induction 759 et
BOURGEOIS. — Note relative à une com-
munication de M. Blondin, sur un bois
de cerf existant dans l'une des tours du
château d'Amboise go3
BOURGOIN. — Sur l'électrolyse des acides
organiques et de leurs sels 892
— Sur l'électrolyse de l'acide acétique 998
— Sur l'électrolyse de l'acide tar trique. . . . 1 14 4
BOURGUET. — Analyse manuscrite d'un Mé-
moire imprimé sur les « Divers modes
d'assainissement des marais et des pays
marécageux et insalubres » 71 5
BOUSSINESQ. — Note sur l'action réci-
proque de deux molécules 44
— Théorie des expériences de M. Poiseuîlte
sur l'écoulement des liquides dans les
tubes capillaires 46
— Note sur un nouvel ellipsoïde qui joue
un grand rôle dans la théorie de la cha-
leur 104
— Équations des petits mouvements des
milieux isotropes comprimés 167
— Théorie nouvelle des ondes lumineuses.. 235
— Note sur les vibrations rectilignes dans
les milieux isotropes, et sur la diffrac-
tion
BRATE. — Nouvelle Note relative à la réso-
lution des triangles rectangles. . io38 et
BRESSE. — Note sur un théorème de Jacobi
énoncé dans le tome III des Comptes
rendus de V Académie (année 1 836 ) . .
BREWSTER (Sir David) fait hommage à
l'Académie de son « Histoire de l'inven-
tion des phares dioptriques et de leur in-
troduction dans la Grande-Rretagne ».
- M. Brewster fait hommage à l'Académie
de deux brochures relatives à la colora-
tion des bulles de savon et aux figures
d'équilibre des lames liquides i63
- Lettre à M. Elie de Beaumont au sujet
des appareils de phares 624
672
1141
io85
29
MM. Pages.
— M. Brewster l'ait hommage à l'Académie
de deux Mémoires intitulés : « Sur les
mouvements et les couleurs des lames
minces d'alcool, d'huiles volatiles et
d'autres fluides » et « Description d'un
appareil holophote double pour les pha-
res, et d'une méthode d'introduire la lu-
mière électrique ou d'autecs lumières ». 602
— M. Brewster fait hommage à l'Académie
de deux ouvrages qu'il vient de publier
sur le stéréoscope et le kaléidoscope. . . io83
— Lettre à M. Chevreul à l'occasion de la
prétendue correspondance entre Pascal
et Newton 26 1
— Lettre à M. Chevreul au sujet des lettres
attribuées à Pascal et Newton 537
— Lettres à M. Chevreul au sujet des rap-
ports qui auraient existé entre Newton
et Pascal 653 et 717
— Lettre à M. Le Terrier au sujet des rela-
tions qui ont existé entre Jacques Cas-
sini et Newton 769
— Nouvelles Lettres à M. Chevreul au sujet
des documents attribués à Pascal et à
Newton 770 et 825
— Lettre à M. Chevreul au sujet des pièces
relatives à Newton et à Pascal, pièces
considérées comme provenant de la col-
lection de Desmaizeaux 925
BROCA. — Recherches sur un nouveau
groupe de tumeurs désigné sous le nom
d'odontômes m ;
— M. Broca prie l'Académie de vouloir bien
le comprendre dansle nombre des candi-
dats à la place vacante dans la Section
de Médecine et de Chirurgie, par suite
du décès de M. Velpeau 891
BRONGNIART est nommé Membre de la
Commission pour la révision des comptes
de l'année 1866 102
— Membre de la Commission du prixBordin
(question concernant la structure du
pistil) 283
— De la Commission du prix Barbier (dé-
couvertes relatives aux sciences médi-
cales) a83
— Et de la Commission chargée de décer-
ner le prix Desmazières 453
BROUN. — De la variation diurne solaire de
l'aiguille aimantée, près de l'équateur et
dans différentes latitudes 1042
— De la variation diurne lunaire de l'ai-
guille aimantée, près de l'équateur ma-
gnétique 1 1 46
BUAISONNLER. Écrit par erreur pour Mai-
sonnier. Voir à ce nom.
BUCHANAN. — Sur quelques dérivés de
l'acide iséthionique 4 17
( n8a )
MM. Pajjes.
BURDIN. — De l'air chaud substitué à la
vapeur comme moteur, sans danger
d'explosion 392
MM. Pages.
BUSSY est désigné pour remplacer M. T'el-
peau dans la Commission du prix Bar-
bier 5a 1
CAHOURS est présenté par la Section de
Chimie comme l'un des candidats pour
la place vacante par suite du décès de
M. Pelouze 85
CA1LLETET (C). — De l'influence des di-
vers rayons colorés sur la décomposi-
tion de l'acide carbonique par les
plantes 322
CALVERT. — Sur la présence des phos-
phates solubles dans la fibre du coton,
les graines, etc 1 1 5o
CANDOLLE (Alph. de) présente un recueil
des lois de la nomenclature botanique
qu'il a rédigé sur la demande du Comité
chargé d'organiser le congrès internatio-
nal de botanique 3 1 1
CASTORANI. — Mémoire sur le traitement
des taches de la cornée 525
CHACORNAC. — Note relative à l'apparition
d'une grande tache solaire et à quelques
observations faites sur l'éclipsé de Lune
du i3 septembre 5oi
CHAMl'ONNolS. — Sur une modification à
introduire dans le traitement des pulpes
de betterave io35
CHANCELIER DE LA LÉGATION DES PAYS-
BAS (M. le) adresse à l'Académie deux
nouvelles feuilles de la carte géologique
des Pays-Bas, avec un exemplaire de
la légende traduite en français 674
CHAPELAS-COULVIER- GRAVIER. - Sui-
tes étoiles filantes du mois d'août ; maxi-
mum des 9, 10 et 11 août 1867. —Sur
l'apparition d'étoiles filantes qui était
attendue en novembre 18O7. (En com-
mun avec M. Coulvier-Gravier) . 325 et 852
— Observations relatives à une communica-
tion récente de M. // "//sur les étoiles
filantes de novembre 9o3
CHASLES. — Note historique sur l'établis-
sement des Académies 4y
— Note sur la découverte de l'attraction et
la part qu'il faut attribuer à Pascal dans
celte découverte 89 et 1 85
— En répondant aux observations aux-
quelles a donné lieu sa communication
précédente, M. Chastes présente d'au-
tres Notes de Pascal se rapportant à la
même question i^5
— Lettre en réponse à des remarques de
M. Fougère sur le même sujet 202
— Observations relatives à une Lettre de
M. Bénard concernant les Notes manus-
crites de Pascal 204
— Présentation de nouvelles pièces relatives
à la correspondance dont l'authenticité
est contestée par Sir D. Brewster (cor-
respondance entre Newton et Pascal). 263
— Lettres de Pascal examinées par une
Commission de l'Académie en présence
de M. Faugère, qui persiste à ne les pas
reconnaître pour authentiques 3og
- Nouvelle communication sur les Lettres
de Pascal 33i
— M. Chastes offre de mettre à la disposi-
tion des Membres de l'Académie les
pièces nécessaires pour les expériences
auxquelles on a proposé de soumettre
certaines Lettres de Pascal 335
— Réponses à des communications de M. Fau-
gère relatives à la correspondance de
Pascal 375
— Réponse à une Lettre de M.Faugère, im-
primée au Compte rendu de la séance
du 9 septembre, p. 455 437
- Réponse aux communications de M. R.
Grant et de Sir David Brewster. 538 et 585
— Réponse à une nouvelle Lettre de M. Fau-
gère 617
— Réponse à la Note de M. Le Verrier et à
la Lettre de Sir D. Brewster; observa-
tions relatives à la dernière Lettre de
M. Faugère 655
— Documents relatifs à la réponse à la Lettre
de Sir D. Brewster 681
— Observations relatives à une Lettre de Sir
D. Brewster sur les relations qui au-
raient existé entre Pascal et Newton. . . 718
- Réponse à deux Lettresde Sir Z>.i?me.v/<y. 772
— Réponse à la communication de M. Grant 826
— Observation relative à la Lettre de Sir D.
Brewster. Deux mots sur une Lettre de
M. Govi 926
— Réponse aux communications de MM. Mar-
tin, Harting, Secehi et Govi 1 020
CHEVALIER (A.). - Mémoire destiné au
concours pour le prix des Arts insa-
lubres, el avant pour titre : « Le cuivre
et les sels de cuivre sont-ils toxiques?
Les instruments de cuivre sont-ils dan-
gereux? >> 496
MM.
( n83 )
MM. Pages.
CHEVREUL. — Observations relatives à une
communication de M. Lemaire sur
l'importation en France du Tlalsahunte . 216
— Observations relatives à des expériences
de M. Lemaire sur les propriétés de
l'acide phénique 217
— A propos des Notes de Pascal, commu-
niquées par M. Chastes, M. Chevreul
insiste sur l'intérêt qu'il y aurait à re-
chercher si l'Angleterre ne posséderait
pas quelques pièces relatives à la cor-
respondance de Pascal avec Boy le 124
— Remarques à l'occasion des recherches
de M. Prat sur la composition chimique
des composés fluorés et sur l'isolement
du fluor 347
— Remarques relatives à un passage de Ma-
riotte sur quelques faits analogues à
ceux qui sont signalés par M, Melsens
dans sa communication sur le passage
des projectiles à travers des milieux ré-
sistants 570
— Observations à propos d'une communi-
cation de M. Dccharme, sur divers phé-
nomènes de vision (5 12
— M. Chevreul exprime son intention d'in-
diquer prochainement la cause des diffi-
cultés qu'a rencontrées M. Poey, lors-
qu'il a voulu apprécier les couleurs des
impressions ozonoscopiques 712
— M. Chevreul présente quelques observa-
tions concernant les réactions chimiques
qui ont pu être manifestées par les pro-
duits de l'éruption sous-marine qui a
eu lieu le 1e1' juin 1867, entre les îles
de Terceira et de Graciosa, aux Açores. 668
— Examen comparatif d'une soie d'origine
française et d'une soie d'origine japo-
naise, relativement à leur aptitude à
prendre la teinture 697
— M. Chevreul fait hommage à l'Académie
d'un opuscule relatif à son enseigne-
ment du Muséum, et indique les objets
qu'il a eus surtout en vue i36
— Remarques à l'occasion d'une Lettre de
M. Italien dans laquelle il est nommé. . 326
— M. Chevreul fait hommage à l'Académie
d'un opuscule concernant les arts du
tapissier des Gobelins et du tapissier de
la Savonnerie, et fait quelques remar-
ques sur la nature des recherches qui
lui sont personnelles i39
— M. Chevreul présente à l'Académie un
Mémoire publié par lui sur quelques
questions relatives à l'utilité du sel ma-
rin 799
— M. Chevreul présente au nom de l'au-
teur, M. Victor Fouquè ', un ouvrage in-
C. R. , 1867, 2me Semestre. (T. LXV.)
titulé : « La vérité sur l'invention de la
photographie : Nicéphore Niepce, sa vie,
ses essais, ses travaux, d'après sa cor-
respondance et autres documents iné-
dits »
— Réponse à des remarques de M. Blan-
chard sur une communication de M. Rei-
set relative à la destruction du ver
blanc
— M. Chevreul, à l'occasion du débat sur
une correspondance entre Newton et
Pascal, fait remarquer que la Commis-
sion qui avait été chargée d'exan.iiner la
question, faute de connaître des faits
que M. Chasles soutient étrangers à la
discussion, mais qu'elle ne considère
pas ainsi, verrait son rôle se borner à
une expertise en écriture pour laquelle,
pour sa part, il se déclare tout à fait
incompétent
— A l'occasion d'une communication de
M. Chasles sur les Lettres de Pascal,
M. Chevreul rappelle une opération
qu'il a faite autrefois,- de concert avec
M. Gar-Lussae, à la demande d'un tri-
bunal
— M. Chevreul, en sa qualité de Président,
entretient à diverses reprises l'Académie
des pertes douloureuses qu'elle a faites
durant le deuxième semestre de l'année
1867 et qui se sont succédé dans l'ordre
suivant :
— Décès de M. Velpeau, survenu le 24 août
(annoncé dans la séance du 26)
— Décès de M. Rayer, 10 septembre (an-
noncé dans la séance du 16)
— Décès de M. Flourcns, Secrétaire perpé-
tuel de l'Académie, 5 décembre (an-
noncé dans la séance du 9)
— Décès de M. Pouce/et, 22 décembre (an-
noncé à l'Académie à la séance du len-
demain)
— M. Chevreul est nommé Membre de la
Commission chargée de présenter une
liste de candidats à la place d'Académi-
cien libre, vacante par la mort de
M. Civiale
— Et Membre de la Commission du prix dit
des Arts insalubres
CHMOULEVITCH. — Recherches concernant
l'influence de la chaleur sur le travail
mécanique du muscle de la Grenouille.
C1IUARD. — Sur l'explosion de grisou qui
a eu lieu récemment près de Saint-
Étienne, et sur une nouvelle lampe de
sûreté
CLOQUET (Jules) présente, au nom de M. A.
Chevalier, un Mémoire destiné au con-
i54
Pages.
290
il 38
3IO
335
329
481
97Î
1057
358
947
( n84 )
283
Aoi
io54
MM. Pages.
cours pour le prix des Arts insalubres,
et ayant pour titre : « Le cuivre et les
sels de cuivre sont-ils dangereux » ?. . . 496
- Au nom de M. E. Lisle, un « Mémoire
sur le traitement de la congestion céré-
brale et des hallucinations par l'acide
arsénieux » 496
— Et au nom de M. Castorani, un « Mé-
moire sur le traitement des taches de la
cornée » 525
— M. Clnquct est nommé Membre de la Com-
mission des prix de Médecine et de Chi-
rurgie iC3
— Membre de la Commission du prix Barbier
(Découvertes relatives aux sciences mé-
dicales )
— Et de la Commission du prix Godard. . .
COHN soumet au jugement de l'Académie un
ouvrage écrit en allemand et relatif à
l'hygiène de la vue dans les écoles
COMBES est nommé Membre de la Commis-
sion du prix dit des Arts insalubres.. . 200
CONTE. — Note sur les végétaux médica-
menteux de provenances diverses, in-
scrits dans le tableau annexé au décret
du 8 juillet i85o 43
— Notes sur la pathogénie de la vigne et sur
les moyens de la préserver de l'oï-
dium 289, 3i6 et 5n
CORENW1NDER. - Etudes sur les fonc-
tions des racines des végétaux 781
COSTE, faisant fonction de Secrétaire per-
pétuel à la place de M. Flourens, an-
nonce à l'Académie que le tome LXII
des Comptes rendus est en distribution
au Secrétariat 373
— M. Coste présente à l'Académie le frag-
ment du bolide tombé aux environs de
Sétif, qui vient d'être adressé par M. le
Maréchal gouverneur de l'Algérie 610
— M. Coste signale parmi les pièces impri-
mées de la correspondance les ouvrages
suivants : « Le tome XXXIII des Nova
Acta de l'Académie des Curieux de la Na-
ture » ; — le troisième numéro du « Jour-
nal des Sciences mathématiques, physi-
ques et naturelles », publié sous les
MM. Pages,
auspices de l'Académie royale des
Sciences de Lisbonne ; — les Études et
Mémoires lus dans la séance publique
tenue le 14 août par la Société des Nuovi
Fïlodidaci de Florence 454
— Un ouvrage de M. G. Zeu/ier, de Zurich,
ayant pour titre : « Sur l'état de la va-
peur d'eau surchauffée ou mêlée ...... 571
— Deux brochures de M. d'Eicluvaîd inti-
tulées : « Complément à l'histoire de la
Géognosie et de la Paléontologie en
Russie » et « Sur les peuples finnois de
la Russie » Gio
— Quatre nouveaux volumes du « Système
silurien de la Bohème », par M. Bar-
rande 702
— Les « Recherches sur l'anatomie de l'hip-
popotame », par feu M. Gratiolet; — un
ouvrage dé" M. H. Berthoud ayant pour
titre : « Les hôtes du logis » 891
— M. Coste est nommé Membre de la Com-
mission du prix Godard 402
— Et de la Commission du prix Savigny.. . 402
— M. Coste est désigné pour remplacer
feu M. Vclpeau dans la Commission des
prix de Médecine et de Chirurgie 52 1
COULV1ER-GRAVIER. — Sur les étoiles fi-
lantes; maximum des 9, 10 et 11 août
1867.— Sur l'apparition d'étoiles filantes
qui était attendue en novembre 1867.
(En commun avec M. Chapelas-Coul-
vier-Gravier.) 325 et 852
— M. Coulvier-Gravicr adresse une Lettre
d'après laquelle il semblerait qu'on n'a
pu constater à l'île Maurice l'apparition
d'étoiles filantes au mois de novembre
dernier 1 095
CRAMOISY. — Nouvelles observations de
choléra, recueillies sur des malades Irai-
tés, durant l'épidémie de 1866, par l'al-
coolature d'aconit napel 2o5
CROFTON. — Théorème sur une intégrale
double définie 994
CURATEURS DE L'UNIVERSITÉ DE LEYDE
(MM. les) adressent un exemplaire de
leurs Annales pour 1862-63 1 141
D
D'ARCHIAC. — Remarques au sujet d'une
communication de M. Dronke sur la for-
mation des cristaux de gypse
— M. D'Archiar présente, au nom de M. de
Tchihatcheff, un exemplaire d'un ou-
vrage de M. Kiepert intitulé : « Tracé
679
des itinéraires de M. de Tchihatcheff en
Asie Mineure, pour la construction de
la carte hypsométrique de ce pays »...
M. D'Ardu, a- présente, de la part de
M. Alph. Faire, un ouvrage intitulé :
« Recherches géologiques dans les par-
4d
( II
MM. Pages.
ties de la Savoie, du Piémont et de la
Suisse voisines du mont Blanc » 1006
DARGET. — Nouvelle rédaction de sa dé-
monstration du Postulation d'Euclide. . . 70
— Nouvelle Lettre concernant sa.démons-
tration du théorème relatif à la somme
des angles d'un triangle 2o5
— Nouvelle Note concernant la théorie dos
parallèles 454
DAUBRÉE. — Classification adoptée pour la
collection de météorites du Muséum. . . 60
— Contribution à l'anatomie des météorites 148
— M. Dauhrée fait part à l'Académie de
l'apparition d'un bolide signalé à Arca-
chon par M. de Quatrcfages 602
— M. Daubrée fait hommage à l'Académie
d'une brochure qu'il vient de publier et
qui a pour titre : « Classification adop-
tée pour la collection des roches du
Muséum d'histoire naturelle de Paris. » 602
DAUSSE. — Lettre accompagnant l'envoi
d'une brochure ayant pour titre : « Ré-
ponse au Rapport de M. Béhic, sur les
inondations > 85i
DECAISNE. — Note accompagnant la pré-
sentation d'un exemplaire du « Traité
général de Botanique analytique et des-
criptive » qu'il vient de publier en
collaboration avec M. Le Maout 973
— M. Decaisne est nommé Membre de la
Commission chargée de présenter une
liste de candidats pour la place d'Aca-
démicien libre, vacante par la mort de
M. Civiale 848
— Membre de la Commission du prix Bor-
din (question concernant la structure du
pistil ) 283
— De la Commission chargée de décerner
le prix Desmazières 453
— Et de la Commission chargée de décerner
le prix Thore 453
— M. Decaisne est désigné pour remplacer
M. Rayer dans la Commission du prix
Barbier 521
DELAUNAY. — Note sur la parallaxe du
Soleil 83g et 876
— M. Delaunay fait hommage à l'Académie
du « Rapport sur les progrès de l'Astro-
nomie, » qu'il vient de publier sous les
auspices de M. le Ministre de l'Instruc-
tion publique 873
— Réponse à une Note de M. Le Verrier
intitulée : « Considérations sur les pro-
grès de la théorie du système solaire
et planétaire » 912
— Deuxième Note sur la parallaxe du Soleil 976
— Réponse à une nouvelle Note de M. Le
Verrier concernant la même discussion. ioi3
85 )
MM. Page».
— Notes relatives à cette même discus-
sion 1082 et 1 km
DE LUCA et Panceri. — Recherches sur la
salive et sur les organes salivaires du
Dolium galea 577 et 712
DEMANGE. — Note sur l'amalgamation des
piles électriques 1086
DEPREZ. — Sur les appareils de distribu-
tion à un seul tiroir 68 et 60g
DESA1NS. — Recherches sur l'absorption
de la chaleur obscure 4°6
DIDION. — Études sur les roues hydrau-
liques à aubes courbes de M. le général
Poncelet 571
— Rapport sur ce Mémoire ; Rapporteur
M. Morin 934
DINO (Salvatore). — Sur la théorie des
systèmes de coniques ioo
DIRECTEUR DE L'OBSERVATOIRE DE PA-
LERME (M. le) adresse les travaux
météorologiques exécutés par l'Observa-"
toire en i865 et 1866, et les premiers
mois de 1 867 98G
DIRECTEUR DE LA REVUE MARITIME
ET COLONIALE (M. le) demande et
obtient l'autorisation d'emprunter la
planche qui a été faite pour la Note de
M. Dupuy de Lôme sur la machine à
vapeur à trois cylindres 255
DOIN. — Mémoire sur le traitement du
choléra asiatique 106
DONNÉ. — Note sur la putréfaction des
œufs et sur les produits organisés qui
en résultent 602
DRONKE. — Remarques sur la formation
des cristaux de gypse 678
DUBRUNFAUT prie l'Académie de vouloir
bien le comprendre parmi les candidats
à la place vacante dans la Section d'Éco-
nomie rurale par suite du décès de
M. Rayer 784
DUCHARME. — Halos et couronnes solaires
et lunaires observés à Angers, du 3o
août 1866 au 3o août 1867 610
DUCHARTRE est nommé Membre de la Com-
mission du prix Boidin (question con-
cernant la structure du pistil.) 283
— Et de la Commission chargée de décerner
le prix Desmazières 453
DUHAMEL. — Remarques à l'occasion des
Notes manuscrites de Pascal communi-
quées par M. C/iasleset des conséquences
qui en ont été déduites relativement à
la découverte des lois de l'attraction. . . 121
— M. Duhamel déclare que les nouvelles
communications faites par M. Chastes,
l54..
( ri
MM. Pages,
relatives aux écrits de Pascal, n'in-
firment aucune des observations qu'il a
présentées dans la précédente séance. . 194
M. DUHAMRL. — Remarques concernant le
peu de vraisemblance à ce que Newton
doive quelqu chose à Pascal 272
— Observations relatives aux Lettres attri-
buées à Pascal et à Newton 554
DUMAS. — Lettre à M. le Président pour an-
noncer à l'Académie la perte qu'elle vient
de faire dans la personne de M. Faraday,
l'un de ses Associés étrangers 373
— A l'occasion d'une communication de
M. Le Verrier sur l'Observatoire impé-
rial de Paris, M. Dumas annonce que
l'Administration municipale de Paris a
voté des fonds pour l'exécution de tra-
vaux jugés utiles à cet établissement. . 1078
— M. Dumas en présentant un Mémoire de
M. Pnit sur la constitution chimique
des composés fluorés et l'isolement du
fluor, donne une idée de ce travail. . . . 345
— M. Dumas est nommé Membre de la Com-
mission du prix dit des Arts insalubres. 200
86 )
MM. Pages.
DUMÉRIL ( Ai'G.). — Expériences faites à la
ménagerie des reptiles du Muséum d'his-
toire naturelle, sur des Batraciens uro-
dèles à branchies extérieures, du Mexi-
que, dits Axolotls, et démontrant que
la vie aquatique se continue sans trouble
apparent après l'ablation des houppes
branchiales 242
DUPIN (Ch.), doyen de la Section de Méca-
nique, exprime la reconnaissance des
géomètres français pour la publication
des « Œuvres de Lagrange » faite, aux
frais et par ordre de l'État, sous la di-
rection de M. Scrret 6
DUPUIS soumet au jugement de l'Académie
une soupape hermétique pour l'air et
pour l'eau 106
— Note relative à un nouveau a siphon à
évaporation » 4o6
— Note relative à un effet particulier dû
aux actions capillaires io38
DUPUY DE LOME. — Note sur les ma-
chines à vapeur à trois cylindres égaux
avec introduction directe dans un seul. g3
E
EDWARDS (Milne) présente un travail de
M. J'an der Hneven sur le Ménobranche. 348
— M. Mii/ie Edwards informe l'Académie
que M. Bouvier, sur le point de partir
pour les îles du Cap-Vert, serait heureux .
qu'on voulût bien lui signaler des sujets
d'investigation 496
— M. Milne Edwards est nommé Membre
de la Commission du prix de Physiolo-
gie expérimentale 229
— Membre de la Commission du prix Savi-
gny 402
— Et de la Commission du prix Thore 4^3
— M. Milne Edwards est désigné pour rem-
placer M. Andral comme Membre de la
Commission des prix de Médecine et de
Chirurgie 200
EDWARDS (Alimi. Milne). — Recherches
sur l'organisation du Cryptoprocta ferox
de Madagascar. ( En commun avec
M. .11). Grandidier.) 232
— Mémoire sur un Psittacien fossile de l'île
Roderigues 1 121
ELIE DE BEAUMOMT. — Remarques au
sujet d'une communication de M. Has-
san sur les alluvions de Toul et de la
Seine 814
— M. Elie de Beaumont fait hommage à
l'Académie de la quatrième édition de
l'ouvrage de Sir R. Murchison intitulé :
« Siluria, » et donne quelques détails
sur le caractère de cet ouvrage 981
A l'occasion de la controverse à laquelle
a donné lieu la production faite par
M. Cliasles de documents qui lui parais-
sent prouver qu'une part de l'honneur
de la découverte de l'attraction appar-
tient à Pascal, M. Elie de Beaumont
demande que l'on ne coupe pas court à
une discussion qui se rapporte à un point
intéressant de l'histoire des sciences et
qui ne peut mieux être débattu qu'au
sein de l'Académie 1059
M. Elie île Beaumont, après avoir donné
lecture de la Note de M. Augeraud sur
la chute d'un aérolithe, annonce l'offre
faite à l'Académie, par le Maréchal Gou-
verneur de l'Algérie, de lui faire don
d'un fragment de ce bolide 242
M. Elie de Beaumont communique une
Lettre qui lui a été adressée par M. L.
Reynaud à l'occasion d'un opuscule ré-
cent de Sir David Breivster sur l'inven-
tion des phares lenticulaires 291
M. Elie de Beaumont, en qualité de Se-
crétaire perpétuel, donne lecture d'un
article du testament de M. Benoit Four-
neyron relatif à un legs de cinq cents
francs de rente fait à l'Académie pour
( I'
MM. Pages.
la fondation d'un prix biennal de Méca-
nique appliquée 240
— M. le Secrétaire perpétuel signale, parmi
les pièces imprimées de la Correspon-
dance, les ouvrages suivants : La pre-
mière partie du cinquième volume des
« MateriaLien ziir Minéralogie Rim-
lands » de M. de Kokscharow 107
— Une brochure de M. /. Bouclier de
Perthrs, ayant pour titre : « Exposition
des produits de l'industrie de l'arrondis-
sement d'Abbeville en i833 » ; — Un
opuscule de M. Zantedeschi ayant pour
titre : « Du climat de Catane » 2o5
— Un nouveau volume de la publication du
Geological .suive/ du Canada contenant
la description des Graptolites du groupe
de Québec; — Un ouvrage sur la trian-
gulation de Berlin ; «- Un Mémoire de
M. Bérigny sur l'ozonométrie 23g
— Une nouvelle livraison des « Recherches
anatomiques et paléontologiques pour
servir à l'histoire des oiseaux fossiles
de la France » , par M. Alph. Milne
Edwards 290
— Un Mémoire de feu M. /. Plana, extrait
des Mémoires de l'Académie de Turin
et ayant pour titre : « Sur les formules
du mouvement circulaire et du mouve-
ment elliptique libre, autour d'un point
excentrique par l'action d'une force cen-
trale ; » — Un opuscule adressé par
M. Sterrj Huiit « sur la Chimie de l'âge
primordial ; » — Une brochure de M. Bau-
drimont quia pour titre : « Théorie de
la formation du globe terrestre pen-
87)
MM. Pages.
dant la période qui a précédé l'appari-
tion des êtres vivants » 642
— Un ouvrage de M. Rambosson axant
pour titre : « Histoire et Légendes des
plantes utiles et curieuses » 85 1
— Une brochure de M. Montigny ayant pour
titre : « Corrélation entre le pouvoir
réfringent et le pouvoir calorifique de
diverses substances ; » — Une brochure
de M. Husson intitulée : « Origine de
l'espèce humaine dans les environs do
Toul, par rapport au diluvium alpin. » 948
— Un volume ayant pour titre : « Bref
discours sur l'institution d'un prince el
Compendium de la Science civile, par
Fr. Pirlomini, avec huit Lettres et neuf
dessins des taches solaires, de Galileo
Galilei, le tout publié pour la première
fois par M. Santé Pieralisi » 986
— Une série de cartes géographiques du sud
et du nord du Brésil adressées par M. le
Ministre des Travaux publics du Brésil. io38
— M. Elie de Braumont présente, au nom
de M. Félix Plateau, un opuscule « sur
la transformation spontanée d'un cylin-
dre liquide en sphères isolées » 290
ESMENJ.4UD demande l'ouverture d'un pli
cacheté déposé par lui le icr mai 18G7.
Ce pli contient une Note relative à une
question d'entomologie 44
ESTOR. — Note indiquant les parties qu'il
considère comme neuves dans les tra-
vaux imprimés qu'il a présentés, en
commun avec M. Saintpierre, au con-
cours pour les prix de Médecine et de
Chirurgie 986
F
FAA DE BRUNO. — Sur un nouveau baro-
mètre à mercure 6i3
FALB. — Note relative à quelques questions
d'astronomie io55
FAUGÈRE. — Lettre relative aux Notes
manuscrites de Pascal communiquée par
M. Chastes 202
— Discussion de l'authenticité des pièces
présentées comme provenant de Pascal
et de ses deux sœurs 34o et 455
— Lettres à M. le Président au sujet des
écrits attribués à Pascal 643 et 702
FAURE. — Note sur une modification pro-
posée dans les constructions na-
vales 290, 4°6 et 571
FAYE. — Remarques à l'occasion des Notes
manuscrites de Pascal communiquées
par M. Chastes, sur la part qu'on peut
faire à Pascal dans la découverte de l'at-
traction 123
Sur les taches du Soleil : la cause et l'ex-
plication du phénomène doivent-elles
être cherchées en dehors de la surface
visible de l'astre? 221
Simple remarque sur la dernière Lettre
de M. Kinhhnjf concernant les taches
du Soleil 06 1
En présentant une Note de M. Lemoine
intitulée : « Appréciation pratique de
la méthode de M. de Littrow pour trou-
ver en mer la latitude et la longitude »,
M. Faye analyse les résultats obtenus
par l'auteur et donne lecture de quel-
ques passages de sa Note G69
( n88 )
MM. Pages.
FEL1CE (Marco). — Théorie mécanique de
l'électricité et du magnétisme 948
— Nouvelle Note concernant diverses ques-
tions d'astronomie physique 1084
FLOURENS. — Sa mort arrivée le 5 dé-
cembre est annoncée à l'Académie dans
la séance du 9 du même mois 973
FORDOS et Gélis. — Observations relatives
aux communicalions récentes de M. Koll
et de M. Riche, concernant les proprié-
tés des chlorures décolorants 648
FOUQUÉ. — Sur les gaz qui se dégagent en-
core du lieu de l'éruption qui s'est ma-
nifestée aux Açores, le 1" juin 1867. . . 674
MM.
— Sur les phénomènes volcaniques observés
à Terceira (îles Açores). 965, 968, io5oet 1 1 53
FOURNET. — Pays électriques et aperçus
sur leur rôle météorologique. . '25 et 628
— Note sur les orages du Sud-Est i56
FRANCISQUE. — Note complémentaire à de
précédentes communications sur le sys-
tème harmonique de Pythagore 642
FRÉMAUX adresse deux nouveaux exem-
plaires, avec des corrections manu-
scrites, de l'ouvrage qu'il avait précé-
demment présenté au concours pour le
prix du legs Bréant io38
GAGNAGE. — Mémoire ayant pour titre :
« Assainissement des centres de popu-
lation : question des abattoirs, » 891
— Note relative à l'utilisation des engrais. 1095
GAILLARD. — Observation faite à la Gua-
deloupe des étoiles filantes de novembre. io3g
GANGNEUX adresse quelques photographies
de fossiles recueillis dans les environs
de Royan io55
GAUDIN. — Sur le rôle spécial de l'hydro-
gène dans les acides polybasiques 3o
— Note relative à un procédé géométrique
pour partager un angle en 2, 3, 4, 5, 6,
8, 10, 12 parties égales 1084
GAUGAIN. — Note sur la polarisation des
électrodes 462
GAUNEAU adresse, avec une brochure inti-
tulée : « Éducation physique et morale
des nouveau-nés », une analyse manu-
scrite de ce travail 891
GAUTIER. — Sur le chlorhydrate d'acide
cyanhydrique 4'o
— Sur une combinaison directe d'aldéhyde
et d'acide cyanhydrique. (En commun
avec M. Maxwell Simpson.) 4 ' 4
— Sur une nouvelle série d'isomères des
éthers cyanhydriques 468
— Sur une nouvelle base dérivée de l'acide
cyanhydrique 47'2
— Sur les nouveaux nitriles de la série
grasse 862
— Sur les isomères des nitriles de la série
grasse. . ." 901
GAY (Cl.) fait hommage à l'Académie du
second volume qu'il vient de publier de
« l'Agriculture du Chili » 101
GÉLIS et Fordos. — Observations rela-
tives aux communications récentes de
M. Koll et de M. Riche, concernant les
propriétés des chlorures décolorants. . . C48
GÉRARD. — Notes coneernant des perfec-
tionnements à apporter aux chemins de
fer, et de nouveaux appareils électro-
magnétiques 170
GERVAIS. — Sur une nouvelle collection
d'ossements fossiles de mammifères re-
cueillie par M. Fr. Séguin dans la con-
fédération Argentine 279
— M. Gênais offre à l'Académie les cinq
premières livraisons de l'ouvrage dont il
a commencé la publication sous le titre
de « Zoologie et Paléontologie géné-
rales » 848
GLAIS-BIZOIN transmet à l'Académie un
opuscule de M. Le Morvan sur le cho-
léra, et demande que ce travail soit admis
au concours du prix Bréant pour 1867. 107
GOSSELIN. — Mémoires sur les tumeurs
cirsoïdes artérielles, spécialement étu-
diées chez les adolescents et les adultes. 6o5
— M. Gosselin prie l'Académie de vouloir
bien le comprendre parmi les candidats
à la place vacante dans la Section de
Médecine et de Chirurgie par suite du
décès de M. T'clpeau 757
GOUBAUX. — Mémoire sur les anomalies de
la colonne vertébrale chez les animaux
domestiques 525
GOUVERNEUR DE L'ALGÉRIE (M. le Ma-
réchal) annonce l'envoi il un fragment
du bolide tombé aux environs de Sétif. 526
GOVI. — Ohservations concernant les Lettres
signées du nom de Galilée, qui ont été
publiées par M. Chastes 953
— Observations relatives à la réponse faite
par M. Chas/es à la communication pré-
cédente 1041
GRAD. -- Sur la température des eaux
courantes 317
( M
MM. Pages.
GRAND1DIER (Alf.). - Recherches sur
l'organisation du Cryptoproctaferox de
Madagascar. (En commun avec M. Alph.
Milne Edwards.) 232
— Observations sur le gisement des œufs
de l'Epiornis 476
GRANT. — Lettre à M. Le Verrier an sujet
des documents relatifs à la correspon-
dance entre Pascal et Newton 571
— Lettre à M. Le Verrier concernant les
observations astronomiques dont Pascal
et Newton ont pu faire usage 784
GRIGOLATO. — Observations microscopi-
ques et chimiques sur les feuilles du
mûrier blanc 85o
GRIMAUD, de Caux. — Marche et mode
de propagation du choléra qui a éclaté
à Marseille en i865. Etudes chimiques
et statistiques à Marseille et à Aix en
Provence. Conséquences recueillies sur
place en juin 1867 39
— Etude comparative des résultats de l'éli-
mination des eaux publiques dans les
villes de Paris, Vienne, Londres, Mar-
seille et Venise 164
GRIMAUX (Ed.). Sur les dérivés nitrés des
éthers benzyliques 211
GRIS. — Sur le Nains major ( Roth. ) 809
GUÉRIN (Jules). — Note sur un nouvel ap-
pareil propre à rendre usuelle l'occlu-
sion pneumatique dans le traitement des
plaies exposées 88G
89 )
MM. paBes.
— Occlusion pneumatique par aspiration
continue dans le traitement des plaies. 940
- Résumé des applications faites jusqu'à ce
jour de l'occlusion pneumatique au trai-
tement des plaies exposées 1027
— Un paquet cacheté déposé par M. /. Gué-
rin le 4 novembre 1844 et ouvert sur sa
demande le 16 décembre 1864 renferme
une Note ayant pour titre : « Perfection-
nement de la méthode du traitement
des plaies par occlusion hermétique ». 1034
GUÉRIN (R.). — Découverte d'une pointe de
flèche en obsidienne et d'un vase pa-
raissant remonter à l'âge de bronze à
Aingeray (Meurthe.) uç,
— Sur des instruments de silex trouvés à la
Treiche, près Toul • 6^0
GUÉR1N-MÉNEVILLE. - Sur l'introduction
des vers à soie du chêne 946
GUIPON adresse, avec un ouvrage inti-
tulé : « De la maladie charbonneuse de
l'homme », une analyse manuscrite de
cette publication 756
GULDRERG. — Note sur la théorie molécu-
laire des corps «41
GUYON. — Des accidents produits par la
chaleur dens l'infanterie en marche, et
de leur aggravation dans les haltes par
la position couchée ou horizontale 487
— Rappel d'une communication faite à l'Aca-
démie le 3i juillet 1843, « sur la trans-
mission de la morve du cheval à l'homme
et de l'homme au cheval » 599
H
HAIDINGER adresse deux opuscules relatifs
aux météorites du cabinet minéralogique
de la cour de Vienne 637
HARTING. — Observations relatives aux
Lettres qui sont attribuées à Huygens
et à Boulliau, et qui ont été publiées
par M. Chastes 987
HATON DE LA GOUPILLIËRE demande et
obtient l'autorisation de retirer un Mé-
moire précédemment présenté par lui,
sur les procédés de transformation en
géométrie et en physique mathéma-
tique 649
HERMANN. — Nouvelles recherches sur la
physiologie des muscles et des nerfs.. . 454
HINRICHS (G.). — Mémoire écrit en alle-
mand, concernant la mécanique molécu-
laire 106
fflORTDAHL. — Sur le protosulfure de co-
balt 75
HOFMANN. — Sur une nouvelle série d'ho-
mologues de l'acide cyanhydrique. . . .
335, 389, 448 et 484
— Sur l'aldéhyde méthylique 555
HOPKINS (Evan). — Du magnétisme ter-
restre dans ses rapports avec les compas
des navires en fer 283
HOPPE. — Lettre concernant un ouvrage en
allemand qu'il a fait paraître sous le
titre de « Logique complète » io54
HUETTE. — Recherches sur l'importation, la
transmission jet la propagation du cho-
léra en province par les nourrissons de
Paris 891
HUGUIER prie l'Académie de vouloir bien
le comprendre parmi les candidats à la
place vacante dans la Section de Méde-
cine et de Chirurgie par suite du décès
de M. Felpeau 673
HUMBERT. — Lettre concernant une décou-
( H9° )
MM. Pages,
verte qu'il croit de nature à apporter une
amélioration dans la navigation 181
HUNYADY (de). — Sur les courbes du qua-
trième ordre 497
MM. Pages.
HUSSON. — Examen comparatif des allu-
vions anciennes de Toul et de quelques-
unes du bassin de la Seine, par rapport
à l'ancienneté de l'homme 81 1
INSTITUT ROYAL MÉTÉOROLOGIQUE DES
PAYS-BAS (l') adresse un exemplaire
de son « Annuaire pour 186G « 948
JANSSEN. — Études de physique terrestre
faites au volcan de Santorin 71
— Note sur un- voyage fait aux Açores et
dans la péninsule Ibérique C46
— Récit de l'éruption sous-marine qui a eu
lieu, le Ier juin 1867, aux Açores, entre
File Terceira et l'île Graciosa. (En com-
mun avec M. Ch. Sainte- Claire De-
ville.) 662
JAYET adresse divers documents de Statis-
tique concernant l'instruction primaire
dans le département de l'Indre 891
JOLY. — Sur un œuf A'Mpiornis maxirmu
vu récemment à Toulouse 422
JOLYET. — Note sur le rôle physiologique
de la gaine fibro-musculaire de l'orbite.
( En commun avec M. Prévost. ) 849
JORDAN (C.).— Sur les groupes de mouve-
ments 229
— Sur quelques formules de probabilité.. 993
JOURDAIN. — Recherches sur l'appareil cir-
culatoire de l'étoile de mer commune
( Àsteracanthion rubens ) 1002
JOUVELLE (de) adresse le spécimen d'une
écriture autographique obtenue à l'aide
d'un papier quadrillé 680
JULLIEN. —Note et Lettres relatives à quel-
ques passages qui, dans une communi-
tion de M. Cheoreul, peuvent se ratta-
cher à la question de la trempe du fer.
239, 326 et 3- 1
K
KAUFMANN. — Mémoire sur l'influence mé-
canique de l'air dans les fonctions de
reproduction chez les Mammifères 317
— Note relative à la chaleur animale 406
KIRCHHOFF. — Note sur les taches solaires. 644
— Nouvelle Note sur les taches solaires : ré-
ponse à des remarques de M. Faye . . . 1046
KOLB. — Recherches sur le chlorure de
chaux 53o
KREUZ. — Note relative au choléra 44
LABORDE. — Sur l'action physiologique du
bromure de potassium, établie par l'ex-
périmentation sur les animaux 80
LANGLOIS. — Sur la formation du cyanure
d'ammonium 964
LAROQUE. — Sur la pénétration des bulles
d'air dans les liquides 796
LARREY prie l'Académie de vouloir bien le
comprendre parmi les candidats à la
place d'Académicien libre devenue va-
cante par la mort de M. Civiale 85i
— M. Larrey est présenté par la Commis-
sion nommée ad hoc comme l'un des
candidats à la place vacante 97'
— M. Larrey est élu Académicien libre en
remplacement de feu M. Civiale 981
- Décret impérial confirmant sa nomination. ioi3
LARROQUE adresse une liste d'échantillons
géologiques recueillis par lui au Chili. 948
LARTET est présenté par la Commission
nommée ad hoc comme l'un des can-
didats à la place d'Académicien libre
vacante par suite du décès de M. Civiale. 97 1
LAUGIER prie l'Académie de vouloir bien le
comprendre parmi les candidats à la
place vacante dans la Section de Méde-
cine et de Chirurgie, par suite du décès
de M. Velpeau 891
( >'
MM. Pages.
LAURANIN. — Note concernant diverses
questions de thérapeutique 783
LAURENT demande et obtient l'autorisation
de reprendre le Mémoire qu'il avait pré-
cédemment adressé sur les « séries dou-
bles » 819
LAYRLE. — Note relative à diverses ques-
tions d'Astronomie 1095
LEBERT. — De l'influence des rétrécisse-
ments de l'orifice pulmonaire sur la
formation de tubercules pulmonaires.. 77
LECHARTIER. — Sur la reproduction de la
mimetèse et de quelques chloro-arsé-
niates 172
— Sur le mouvement des gaz dans les
plantes aquatiques 1087
LECOQ. — Noie relative à une communica-
tion de M. Van Tieg/iem sur la respi-
ration des plantes aqualiques 1 114
— M. Lecoi/ fait hommage à l'Académie de
son ouvrage sur « les époques géologi-
ques de l'Auvergne » 1 1 16
LECOQ DE BOISBAUDRAN. - Expériences
de sursaturation 1 1 1
LEFORT. — Note relalive à un Mémoire ma-
nuscrit de M. J.-Ji. Biot, communiqué
par lui à l'Académie au mois d'avril 1 8G4. 98G
LEGROS adresse un travail complémentaire
à son « Mémoire sur les tissus érectiles
et leur physiologie » 783
LEMAIRE (J.). — Importation en France du
Tlal.salmate 2 1 5
— Recherches sur la nature des miasmes
fournis par le corps de l'homme en
santé 492 et 637
LEMOINE. — Appréciation pratique de la
méthode de M. Littrotv pour trouver en
mer l'heure et la latitude 669
LE MORVAN. — Lettre accompagnant un
opuscule sur le choléra présenté comme
pièce de concours pour le prix du legs
Bréant 107
LENORMANT. — Note relative à un papyrus
égyptien contenant un fragment d'un
traité de Géométrie appliquée à l'ar-
pentage 903
LÉON. — Sur le système métrique et son
application aux monnaies 349
LE ROUX. — Sur le rétablissement spon-
tané de l'arc voltaïque après une extinc-
tion d'une courte durée 1 149
LESPAD1N. — Sur des retranchements arti-
ficiels destinés à remplacer ceux que
n'offrent pas les lieux et pouvant ainsi
ménager la vie des soldats 348
LESPÈS. — Recherches anatomiques sur
quelques Coléoptères aveugles 890
C. R., 1S67, 2me Semestre. (T. LXV.)
91 )
MM- Pages.
LETELL1ER. — Fumier d'une plante exerçant
une action nuisible sur les individus de la
même espèce quoique pouvant être utile
pour des végétaux appartenant à des
familles différentes 478
LEVASSEUR. — Mémoire sur la mort appa-
rente et les moyens de la reconnaître.. 783
LE VERRIER. — Observations relatives aux
Lettres attribuées à Pascal et Newton.
555 et Gî3
— M. Le Verrier fait remarquer, à l'occasion
d'un Lettre du P. Secchi où il est parlé
de la production successive de ces pièces,
que leur possesseur ne doit voir rien de
blessant dans l'expression employée. . . 1059
— Remarques sur la publication de l'Atlas
météorologique de l'Observatoire 707
— Observations, à propos d'une communi-
cation de M. Poey, sur les observations
ozonoscopiques faites en France 711
— M. Le Verrier présente à l'Académie le
tome XXI des « Observations faites à
l'Observatoire impérial (année 1865) ». 769
— Considérations sur la position lopogra-
phique de l'Observatoire de Paris : lec-
ture faite à l'Académie à l'occasion du
second anniversaire séculaire de la fon-
dation de 1 Observatoire en 1667 776
— M. Le Verrier présente à l'Académie le
tome XXII des « Annales de l'Observa-
toire » et entre dans quelques détails sur
le contenu de ce volume et sur l'état
des questions qui y sont traitées 873
— Considérations sur les progrès de la théo-
rie du système solaire et planétaire. . . 878
— M. Le Verrier présente à l'Académie la
première partie de* i' «Atlas météoro-
logique de l'Observatoire pour 1866 ». . 909
— Sur le service des avertissements don-
nés aux ports 911
— Examen d'un travail présenté par M. De-
launay, dans la séance du 25 novem-
bre, sur les progrès de l'Astronomio en
France, et quelques mots de réponse à
des critiques du même auteur 917
— Observations relatives à la Note de M. De-
launay, insérée au Compte rendu du
2 décembre • . 978
— Réponse à une nouvelle Note de M. Dc-
launay 1014
— M. Le terrier lit une Note ayant pour
titre : « L'Observatoire impérial de Pa-
ris, sa situation et son avenir » 1073
— Réponse à une Note de M. Belaunay. . . 1082
— Réponse aux communications faites, dans
la séance du 3o décembre, par M. Vil-
/arceau et par M. Delaunay 1 10C
— M. Le Verrier communique une Lettre
1 55
MM. Pages.
• de M. Gaillard relative aux étoiles fi-
lantes du 14 novembre io3g
— M. Le Verrier donne quelques détails
sur une bourrasque qui s'est produite
le i5 décembre dans la Manche io4i
LIAIS. — Observations de l'éclipsé du Soleil
du 29 août à Rio-Janeiro, et détermi-
nation de la longitude de cet observa-
toire 792
— Observations physiques faites à Atalaia
(Rio-Janeiro) sur l'éclipsé du 29 août
1867. ( En commun avec M. dePrados.). 949
LILL. — Résolution graphique des équations
numériques d'un degré quelconque à
une inconnue 854
LIONET. — Sur les dérivés métyliques, étby-
hques et amyliques de l'orcine. (En
commun avec M. île Luyiies. ) 2 1 3
LIPPMANN. — Sur une synthèse du toluène
diéthylé. (En commun avec M. Loit-
guinine. ) 349
LISLE (E.). — Mémoire sur le traitement de
la congestion cérébrale et des hallucina-
tions au moyen de l'acide arsénieux.. . 496
LŒVY. — Sur les orbites des comètes 458
— Perturbations et éphémérides de la pla-
nète Eugénie 858
92 )
MM. Pages.
LONGET est nommé Membre de la Commis-
sion des prix de Médecine et de Chi-
rurgie iG3
— Membre de la Commission du prix de
Physiologie expérimentale 22g
— Et de la Commission du prix Godard 4°2
— M. Lnnset est nommé Membre de la Corn-
es
mission chargée de présenter une liste
de candidats pour la place d'Académi-
cien libre vacante par la mort de M. Ci-
vit/le 848
LORENZ. — Note sur une méthode de con-
servation de la viande i°J4
LOUGUININE. — Sur une synthèse du toluène
diéthylé. (En commun avec M. Lipp-
miuin . ) 349
LUCAS. — Note sur la portée lumineuse de
l'étincelle électrique 52 1
— Mémoire concernant les radiations et le
phosphoroscope de M. Edm. Becquerel. 985
LUTHER (Robert). — Découverte de la
cj5" petite planète, qui a reçu le nom
A'Arethusa 949
LUYNES (de). — Sur les dérivés méthyli-
ques, éthyliques et amyliques de l'or-
cine. (En commun avec M. Lionel.).. . 2i3
M
MACCLESFIELD (Lady). — Lettre à Sir
D. Brewster au sujet des relations qui
auraient existé entre Pascal et Newton. 757
MAC-LEAR adresse des remercîments pour
le prix Lalande qui lui a été décerné
dans la dernière séance publique 101
MAFFRE. — Mémoire sur le Postulatum
d'Euclide 1 1 55
MAISONNEUVE prie l'Académie de vouloir
bien le comprendre dans le nombre des
candidats à la place d'Académicien libre
vacante par suite du décès de M. Ci-
viale 292
— M. Maisonneuve prie l'Académie de vou-
loir bien le comprendre parmi les can-
didats à la place vacante dans la Section
de Médecine et de Chirurgie par suite
du décès de M. Velpeau 784
— Note sur la méthode d'aspiration continue
et sur ses avantages pour la cure des
grandes opérations 888
MAISONMER.— Notes relatives à un instru-
ment considéré comme pouvant rempla-
cer le graphomètre 610 et 783
MARES l'ait hommage à l'Académie de son
« Rapport sur le vinage des vins »... 3o
MARIGNY (F. de). — Lettre concernant son
« Mémoire sur l'origine et le mode de
formation des giles métallifères » 107
MARTIN (T11.-H.).— Sur certainesdes pièces
qui attribuent à Pascal les découvertes
de Newton 989
MATABON. — Lettre concernant quelques
appareils de sauvetage qu'il désirerait
soumettre à l'Académie 649
MATHIEU. — Communications relatives aux
Rapports et procès-verbaux du Comité
des poids et mesures et des monnaies
de l'Exposition universelle de 1867. . . . 481
— Réponse aux observations faites à l'occa-
sion de celte communication par M. Sé-
guier 484
— M. Mat/iieu présente, au nom du Bu-
reau des Longitudes, un exemplaire de
la « Connaissance des temps pour l'an-
née 1 869 » 3 1 1
— M. Mathieu présente à l'Académie, delà
part du Bureau des Longitudes, l'An-
nuaire pour l'année 1868 1082
— M. Mathieu.îùl hommage à l'Académie,
au nom de M. Seguin aîné, d'un opuscule
intitulé: « Réflexions sur l'hypothèse de
( «I
MM. Pages.
Laplace relative à l'origine et à la for-
mation du système planétaire, etc. .>.. io83
— M. Mathieu, est nommé Membre de la
Commission chargée de présenter une
liste de candidats pour la place d'Aca-
démicien libre, vacante par le décès de
M. Civiale 848
— M. Mathieu est nommé Membre de la
Commission pour la révision des comptes
de l'année 1 866 102
MATTEUCCI (Ch.). — Sur le pouvoir élec-
tromoteur secondaire des nerfs et son
application à l'électro-physiologie. 1 5 1 et ig4
— M. Matteucci adresse le IIIe volume qui
vient de paraître des Mémoires de la
Société italienne des Sciences 492
— M. Matteucci fait hommage à l'Académie
de la première partie de son « Cours
d'électro-physiologie, fait au Musée de
Physique et d'Histoire naturelle de Flo-
rence, » et y joint une analyse de l'ou-
vrage 884
MAUGET. — Récit d'une excursion au som-
met du Vésuve, le 11 juin 1867 898
MAXWELL SIMPSON. — Sur la formation
de l'acide suceinique en partant du
chlorure d'éthilidine 35i
— Sur une combinaison directe d'aldéhyde
et d'acide cyanhydrique. (En commun
avec M. Gautier) 4 ' 4
MELSENS. — Sur le passage des projectiles
à travers les milieux résistants 564
— Lettre relative aux observations faites par
ii.Morin au sujetde.la précédente Note. 609
MÈNE. — Analyse d'un certain nombre
d'échantillons de houilles prussiennes. 807
MEYER. — Mémoire relatif à une loi géné-
rale de formation des quantités algé-
briques 673
— Solution de quelques problèmes indéter-
minés du premier degré io38
MLERGUES. — Nouveau procédé pour le
filage à l'eau froide des cocons 290
MINISTRE DE L'AGRICULTURE, DU COM-
MERCE ET DES TRAVAUX PUBLICS
(M. le) adresse, pour la Bibliothèque
de l'Institut, le tome LVII des Brevets
d'invention pris sous l'empire de la loi
de 1844 44
— M. le Ministre adresse, pour la Biblio-
thèque de l'Institut, le tome LVIII et le
n° 3 du « Catalogue des Brevets d'in-
vention pris sous l'empire de la loi de
1844 » 57i
— M. te Ministre adresse, pour la Biblio-
thèque de l'Institut, le tome LIX et le
n° 6 du Catalogue des brevets d'inven-
tion pris sous l'empire de la loi de 1 844- 85 1
93 )
MM. pa(,es.
MINISTRE DE LA GUERRE (M. le) adresse
à l'Académie le tome XVIII de la 3" série
des Mémoires de Médecine, de Chirur-
gie et de Pharmacie militaires 626
— M. le Ministre adresse, pour la Biblio-
thèque de l'Institut, le XVIe volume du
« Recueil de Mémoires et Observations
sur l'hygiène et la médecine militaire.» 610
— M. le Ministre annonce à l'Académie que
MM. Cnmbes et Chasles sont nommés
Membres du Conseil de perfectionnement
de l'École Polytechnique, au litre de
Membres de l'Académie des Sciences.. 986
MINISTRE DE LA MARINE ET DES CO-
LONIES (M. le) transmet un Rapport
du capitaine du navire le Costa-Rica,
concernant un tremblement de terre
sous-marin ressenti par ce navire dans
l'océan Pacifique, le 9 juin 1867 871
MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
(M. le) transmet une ampliation du
Décret impérial qui approuve la nomi-
nation de M. IP'urtz comme Membre de
l'Académie à la place de feu M. Pelnuzc. i85
— Et une ampliation du Décret impérial qui
approuve la nomination de M. Larrey
à la place d'Académicien libre laissée
vacante par le décès de M. Civiale. ... ioi3
— M. le Ministre transmet les ampliations
des deux Décrets qui autorisent l'Aca-
démie à accepter les legs faits par
M. Fourneyron et par M. de la Fons-
Melicocrj, pour la fondation de prix à
décerner conformément aux intentions
des testateurs 85i
— M. le Ministre annonce à l'Académie un
accroissement dans son budget, pour
l'exercice 1868. Cet, accroissement est
destiné aux dépenses des publications
de l'Académie 4°6
-— M. le Ministre autorise l'Académie à pré-
lever sur les reliquats disponibles des
fonds Montyon, la somme destinée aux
frais des observations faites à la nou-
velle île qui a surgi près des Açores. . 85 1
— M. le Ministre autorise l'Académie à em-
ployer pour l'acquisition de rentes sur
l'État, les reliquats en caisse des fon-
dations Jecker, Bréant et Barbier 1084
— M. le Ministre annonce à l'Académie
qu'il tient un exemplaire des «Œuvres
de Lagrange » à la disposition de l'Ob-
servatoire de Washington 1 1 4 1
— M. le Ministre transmet à l'Académie une
série de brochures de M. Al. Perrey rela-
tives aux tremblements de terre et aux
observations météorologiques faites à
Dijon 948
i55..
( '
MM. D
,, , ,,. . Pages.
- M.fe Ministre transmet à l'Académie un
plan météorologique indiquant la direc-
tion suivie par les vents dans la vallée
d'Aujon au mois de mai dernier et
dressé par M. André, d'Arc-en-Barois. ii4i
MOREAU. — Note relative à deux instru-
ments destinés à constater un effet nou-
veau du rayonnement solaire... 2o5
MOREAU DE JONNÈS adresse, pour le 'con-
cours du prix de Statistique, un ouvrage
intitulé : « Etat économique et social de
la France depuis Henri IV jusqu'à Louis
XIV. » ,
MORIN rappelle, à l'occasion d'une commu-
nication de M. Regnault, un cas où
Fimage photographiée d'une peinture à
l'aquarelle faisait voir ries traits qui n'é-
taient plus visibles dans l'original 334
— Observations sur une communication de
M. Melsens, concernant le passage des
projectiles à travers les milieux résis-
tants 568
'94 )
MM.
— Observations relatives aux Lettres écrites
par les Souverains (à l'occasion de Lettres
du Roi Jacques citées dans le cours de
la discussion sur des rapports qui au-
raient existé entre Pascal et Newton)..
— Rapport sur deux Mémoires présentés
par M. le général Diction sous le titre
d' « Etudes sur le tracé des roues
hydrauliques à aubes courbes, de
M. Poncelet »
MORIN ( Ed. ). — Sur les ravages produits à
l'île de la Réunion par des insectes qui
attaquent les cannes à sucre
MOUGEOT. — Sur une matière colorante
extraite des feuilles de certaines espèces
rie Bégonia
MUSCULUS. — Recherches sur les hydrates
stanniques
MUSSET. — Influence présumée de la rota-
tion de la terre sur la forme des troncs
d'arbres 424 et
Pages.
6a3
934
io83
947
961
495
N
NÉLATON est nommé Membre de la Com-
mission des prix de Médecine et de Chi-
rurgie
— Membre de la Commission du prix Barbier
(découvertes relatives aux Sciences mé-
dicales, chirurgicales, pharmaceutiques,
ou à la Botanique appliquée à l'art de'
guérir)
— Et de la Commission du prix Godard.
[63
283
402
NETTER. — Note intitulée : « Du gargouil-
lement de la fosse iliaque droite dans
la fièvre typhoïde, considéré comme
indication thérapeutique » nfa
NICKLÈS (J.). _ Note sur de nouvelles
combinaisons manganiques I07
NIEPCE DE SAINT-VICTOR. - Sur une
nouvelle action de la lumière 505
0
ON1MUS. — Influence de l'électricité à cou-
rants intermittents et à courants conti-
nus sur les fibres musculaires de la vie
végétative et sur la nutrition a5o
OPPENHEIM. - Nouvelles recherches sur
I'isomérie du protochlorure d'allyle et
du propylène monochloruré.. 354 et
OZANAM. — Battements du cœur et du
pouls reproduits par la photographie..
4o8
3i4
PALMIERI. — Sur une nouvelle éruption du
Vésuve 897
PANCERI et De Luca. — Recherches sur la
salive et sur les organes salivaires du
Dolium galca 5y7 et ?I2
PARIS fait hommage à l'Académie de la
première partie de son ouvrage intitulé :
« L'Art naval à l'Exposition universelle
de Paris en 1867 » I0g7
PARKER. — Note relative au choléra 44
PAYEN. - Note intitulée : « Osmose dans
les sucreries » r
- M. Payen est nommé Membre de la Corn- ^
mission du prix dit des Arts insalubres. 200
PEAN. - Sur un cas d'extirpation complète
de la rate hypertrophiée, suivie de
guérison ,
PÉCHOLIER. - Analyse d'ouvrages 'publiés'
757
783
7^9
io38
MM. Pages
en commun avec M. Saintpierre et
envoyés précédemment pour le concours
des prix de Médecine et de Chirurgie.
— M. Péchulier adresse une indication des
points qu'il considère comme nouveaux
dans les Mémoires qu'il a présentés en
son nom personnel au même concours.
PEL. — Note relative à un projet d'horloge
qui se remonterait spontanément, sous
l'action des rayons solaires 971
PELATAN. — Lettre concernant un opuscule
qu'il a publié sous le titre de « la Science
en défaut » 3î6
PELIGOT. — Sur la répartition de la po-
tasse et de la soude dans les végétaux.
PELLETIER (E. et A. ). — « Mémoire sur la
théorie delà fabrication du chocolat ».
PHILIPEAUX. — Indications des parties con-
sidérées comme neuves dans un ouvrage
adressé au concours pour les prix de
Médecine et intitulé : 0 Traité de théra-
peutique de la coxalgie » 609
PHILLIPS. — Mémoire sur un théorème gé-
néral de la théorie de l'élasticité, qu'on
peut appeler théorème de la superposi-
tion des effets des forces 609
— Note relative à ce théorème pour lequel
la pi'iorité doit être attribuée à M. de
Saint Venant 674
PHIPSON. — Note sur une méthode très-
simple pour reconnaître l'iode et le
brome dans une même solution 176
— Note sur la présence du columbile dans
le wolfram 419
PIORRY. — Sur un instrument nouveau des-
tiné à porter des médicaments et des
caustiques dans les parties profondes de
divers organes, tels que le rectum, la
cavité utérine, etc g85
— M. Piorry prie l'Académie de vouloir bien
le comprendre parmi les candidats à la
place vacante, dans la Section de Mé-
decine et de Chirurgie, par suite du
décès de M. Velpeau
PISANI. — Lettre au sujet d'une éruption
qui a eu lieu au Vésuve le i3 novembre
18S7
— Sur la woodwardite du Cornouailles. . . .
POEY. — Remarques sur les colorations
ozonoscopiques obtenues à l'aide du
réactif de Jame (de Sedan) et sur l'é-
chelle ozonométrique de M. Bérigny. .
POGGIOLI prie l'Académie de vouloir bien
comprendre parmi les pièces de con-
cours pour les prix de Médecine et de
Chirurgie, son Mémoire sur le dévelop-
( "95 )
MM.
Pages.
526
871
Il42
1057
347
673
pement physique et intellectuel des
jeunes sujets
PONCELET. — Sa mort arrivée le 22 dé-
cembre est annoncée le 23 à l'Académie.
POOL adresse de nouveaux documents sur
les matières explosibles qu'il a obtenues
par l'action du chlorate et du nitrate de
potasse sur la colle ordinaire. . 170 et
PORTAIL.— Mémoire relatif aux perfection-
nements apportés par lui dans l'outil-
lage qui sert au percement des puits. —
L'auteur demande que ce Mémoire soit
admis au concours pour le prix des Arts
insalubres de 18O7 454 et
POUCHET. — Note sur l'anatomio du
membre antérieur du grand Fourmilier
[Myrmecophoga jubata) 34
POULET. — Note sur la présence d'infu-
soires dans l'air expiré pendant le cours
de la coqueluche 254
POZNANSKI. — Note sur les effets de l'acide
cyanhydrique sur l'organisme à l'état
physiologique et à l'état pathologique..
PRADOS (de). — Observations physiques
faites à Atalaia (Rio-Janeiro) sur l'éclipsé
du 29 août 1867. (En commun avec
M. liais)
PRAT. — Recherches sur la constitution
chimique des composés fluorés et sur
l'isolement du fluor 345 et
— Mémoire sur une mélhode générale ayant
pour objet le dosage volumétrique de
l'azote dans ses diverses combinaisons
et sur un nouveau procédé pour prépa-
rer ce gaz à l'état de pureté dans les
laboratoires
PRÉSIDENT DE L'INSTITUT (M. le) in-
vile l'Académie à désigner un de ses
Membres pour la représenter, comme
lecteur, dans la séance publique du
1 5 août 8g
— Lettres de M. le Président relatives à la
quatrième séance trimestrielle de 1867
et à la première de 1868. ... . 481 et 1037
PRÉSIDENT DE L'ACADÉMIE (M. le). -
Voir au nom de M. Chevreul.
PRÉVOST. — Note sur le rôle physiologique
de la gaine flbro-musculaire de l'orbite.
(En commun avec M. Jolyet.) 849
PR1CE. — Communication relative au cho-
léra 701
PRISTER demande que son Mémoire sur le
choléra soit soumis à l'examen d'une
Commission. Ce Mémoire a fait partie
des pièces du concours pour le prix
Bréant en 18G4 : il a donc déjà été jugé. 534
C08
<M
5n
1084
( "96 )
Q
MM. Pages.
QUATREFAGES (de) est nommé Membre
de la Commission du prix de Physiolo-
MM. Pages,
gie expérimentale 229
— Et de la Commission du prix Savigny. . . 402
R
RADAU. — Sur un météorographe ancien et
sur la théorie du baromètre statique.
36o et 5o2
— Note concernant la réponse faite par le
P. Secchi à ses remarques sur le baro-
mètre statique 609
RAYER est nommé Membre de la Commis-
sion des prix de Médecine et de Chi-
rurgie i63
— Sa mort, arrivée le 10 septembre, est
annoncée à l'Académie dans la séance
suivante 481
RAYET. —Nouvelles recherches surlaspec-
troscopie stellaire. (En commun avec
M. IVolf.) 292
— Observations météorologiques faites dans
les stations françaises, du ier juin 1866
au3i mai 1867. (Atlas météorologique
de l'Observatoire impérial. Troisième
partie.) 703
RAYNAUD (J.). — Sur un moyen pratique
de déterminer les constantes voltaïques
d'une pile quelconque 170
REBOUL. — Recherches sur l'isomérie dans
la série acétylénique. (En commun avec
M. Truchut.) 73
REGNAULT. — Remarques sur le parti
qu'on peut tirer de la photographie dans
les cas où l'on suppose qu'on a fait dis-
paraître frauduleusement une ancienne
écriture 334
REIMANN. — Expériences sur la teinture
du coton avec les matières colorantes
dérivées de l'aniline 43
REISET. — Mémoire sur les dommages cau-
sés à l'agriculture par le hanneton et sa
larve; mesures à prendre pour la des-
truction de cet insecte ii25
REYNAUD (L.). — Lettre à M. Élie de Beau-
mont à l'occasion d'un opuscule récent
sur l'invention des phares lenticulaires. 291
RICHARD (du Cantal) prie l'Académie de
vouloir bien le comprendre parmi les
candidats à la place vacante dans la
Section d'Économie rurale par suite du
décès de M. Rayer 85i
RICHE. — Recherches sur les hypochloriles
et sur les chlorures décolorants 58o
ROBIN est nommé Membre de la Commis-
sion des prix de Médecine et de Chi-
rurgie i63
— Membre de la Commission du prix de
Physiologie expérimentale 229
— De la Commission du prix Barbier. ... 283
— Et de la Commission du prix Savigny. . . 402
ROBIN (Ed.). — Mémoire relatif à la durée
de la vie et à diverses questions de
physiologie et de médecine 782
ROMILLY (de). — Sur la production des
cyanures 865
ROUSSEL. — Note relative à un instrument
pour la transfusion du sang 85o
RUBINI. — Communication relative au cho-
léra 701
SAINT-LAGER (de) adresse, pour le con-
cours des prix de Médecine, un exem-
plaire complet de ses « Études sur les
causes du crétinisme et du goitre endé-
mique »
SAINTP1ERRE adresse une analyse des ou-
vrages envoyés précédemment par lui
et par M. Pécliolier pour le concours
des prix de Médecine et de Chirurgie. .
— Note indiquant les parties qu'il considère
comme neuves dans les travaux impri-
més qu'il a présentés, en commun avec
759
M. Entor, au concours des prix de Mé-
decine et de Chirurgie 986
SAINTE-CLAIRE DEYILLE (Ch.) commu-
nique un extrait du journal A. Persaa-
sao, de Saint-Michel (Açores), annon-
çant la production d'une bouche volca-
nique près de Serreta 29
— Récit de l'éruption sous-marine qui a eu
lieu, le 1" juin 18G7, entre les i les de
Terceira et de Graciosa, aux Açores.
(En commun avec M. Janssen.) 662
— Observations relatives aux communica-
( 11
MM. Pnges.
tions de MM. Palmieri et Matiget, sur
une nouvelle éruption du Vésuve 900
— Sur le tremblement de terre du 18 no-
vembre 1867 aux Antilles 1110
— Observations sur une Lettre de M. Fou-
quê relative aux phénomènes volcani-
ques observés aux Açores 1 1 54
SAIX. — Supplément à sa Note intitulée :
« Mode de cristallisation du carbone dé-
terminant la formation du diamant »... 3 1 0
— Note sur une méthode destinée à accroître
les effets des courants d'induction. . . . ti;3
SALLEROX. — Réponse à une Note de
M. Pory, sur les colorations ozono-
scopiques obtenues à l'aide du réactif
James (de Sedan), et sur l'échelle ozo-
nométrique de M. Bérigny. (En commun
avec M. Bérigny. ) g8'2
SAPPEY. — Recherches sur quelques mus-
cles à fibres lisses qui sont annexés à
l'appareil de la vision 675
-- Recherches sur les nerfs du névrilème
ou nervi nervorum 761
SCHEURER-KESTNER. - Expériences sur
la fabrication du chlorure de chaux... 894
SCH1FF (H.). — Sur les monamines déri-
vées des aldéhydes 3ïo
— Sur les urées condensées 801
SCHLAGINTWEIT-SAKÛNLÙNSKI. - Ta-
bleau hypsométrique général de l'Inde
de l'Himalaya et du Thibet occidental. 286
SCHLOES1NG. — Détermination simultanée
du carbone, de l'hydrogène et de l'azote
dans l'analyse élémentaire des matières
organiques 957
SCHMIDT. — Communications relatives au
choléra 701 et io38
SCHULTZ-SCHULTZENSTEIN. - Recher-
ches sur l'électricité animale 3i2
— Sur les rapports des vaisseaux laticiferes
avec le bois et avec les vaisseaux spi-
raux ; Lettre à M. Trecul 757
SCHULZ. — Note relative à une question
d'analyse mathématique 84
SCOUTETTEN (H.). - Histoire des instru-
ments de chirurgie trouvés à Hereula-
num et à Pompéi 200
SECCH1 ( Le P. ). - Sur la nébuleuse d'Orion. 03
— Sur le météorographe et ses résultais. .. 385
— Sur les étoiles filantes du 10 août 18O7. 388
— Sur le spectroscope stellaire 38g
— Réflexions sur l'histoire du baromètre
statique 443
— Réponse aux nouvelles remarques de
M. Radau sur le baromètre statique.. 55g
— Sur les spectres stellaires 5&i
— Sur les travaux de conduite d'eau exécu-
97 )
MM. Pages.
tés récemment à Alain, près de Rome. Gif)
— Note sur les spectres stellaires et les
étoiles filantes 979
— Observations sur les documents relatifs
à Galilée qui ont été publiés par
M. Chastes ioig
SECRÉTAIRES PERPÉTUELS (MM. les).
— Voir au nom de M. ELIE DE BEAU-
MONT et aussi au nom de M. COSTE.
SÉD1LLOT. — De l'ablation des malléoles
fracturées dans les luxations du pied
compliqués de l'issue des os de la jambe
au travers des téguments 635
— M. Sédillot prie l'Académie de vouloir
bien le comprendre parmi les candidats
à la place vacante dans la Section de
Médecine et de Chirurgie par suite du
décès de M. Velpeau 642
— M. Sédillot annonce qu'il retire, pour
cette fois, sa candidature io38
SÉGUIER. — Observations relatives à la pro-
position qu'il a faite autrefois, avec
M. de la Marinière, d'adopter une forme
unique pour les divers poids 482
— M. Séguier est nommé Membre de la
Commission chargée de présenter une
liste de candidats pour la place d'Aca-
démicien libre vacante par la mort de
M. Civiale 848
SÉRÉ (de). — Sur un nouvel appareil des-
tiné à servir d'abri aux poissons 80G
SERRES. — De l'ostéographie du Mesothe-
rium et de ses affinités zoologiques. —
Colonne vertébrale. — Tête. — Système
dentaire. —Membre antérieur. — Mem-
bre postérieur
6, 140, 273, 429, 5g3, 740 et 841
— M. Serres est nommé Membre de la Com-
mission des prix de Médecine et de
Chirurgie '63
— Et de la Commission chargée de décerner
le prix Godard pour 18G7 4°2
SERRET présente à l'Académie le tome I"' dus
OEuvres de Lagrange qu'il publie au
nom de l'État, conformément à un arrêté
de M. le Ministre de l'Instruction pu-
blique 5
— M. Serret fait hommage à l'Académie du
premier volume du « Cours de Calcul
différentiel et intégral » qu'il vient de
publier 653
SICHEL prie l'Académie de vouloir bien le
comprendre parmi les candidats à la
place d'Académicien libre vacante par
la mort de M. Civiale 85 1
— M. Sirhel est présenté par la Commis-
sion nommée ad hoc comme l'un des
( 11
MM. Pages,
candidats à la place d'Académicien libre
vacante par le décès de M. Civiale... 971
S1LVA. — Sur un sable ti lanifère de l'île
portugaise de Santiago, de l'archipel du
Cap-Vert 207
SOCIÉTÉ DES NATURALISTES DE MODÈNE
(la) fait hommage à l'Académie des
deux premiers volumes de son « An-
nuaire » io85
SOCIÉTÉ DES SCIENCES DE FINLANDE
(la) adresse le tome VIII de ses Mé-
moires, et demande à l'Académie de
vouloir bien faire avec elle l'échange de
ses publications 642
SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON ( la )
fait savoir aux personnes qui voudraient
98 )
MM. Pages,
se livrer à quelques recherches d'histoire
naturelle sur cette partie du littoral,
qu'elle tient à leur disposition son Mu-
sée, un aquarium d'eau de mer et un
laboratoire 648
SOREL. — Note sur un nouveau ciment ma-
gnésien 102
SORET. — Sur l'intensité de la radiation
solaire 5^6
SUQUET prie l'Académie de vouloir bien
considérer comme non avenue, dans le
Mémoire qu'il a présenté au concours
des prix de Médecine et de Chirurgie,
toute la partie relative au rein et à la
sécrétion urinaire chez les Mammifères. 85i
TARGIONI-TOZZETTI. — Sur la cire qu'on
peut obtenir de la Cochenille du Figuier. 146
TAVIGNOT. — Résumé de ses recherches
sur « l'ophthalmie scrofulcuse due à
l'action réflexe, née elle-même de l'évo-
lution dentaire » 673
TCHIHATCHEFF (P. de). - Lettre accom-
pagnant l'envoi d'un tracé de ses itiné-
raires dans l'Asie Mineure 401
THOMAS (F.) annonce l'envoi d'une boîte
contenant un échantillon de son « pré-
servatif contre le choléra » 107
TIGRI adresse une réclamation de priorité
concernant les résultats obtenus récem-
ment par M. Pasteur 85o
TOURNAL. — Découverte d'une fontaine ar-
dente dans l'arrondissement de Nar-
bonne 1 1 5
TRAPERO. —Noie sur les formules du troi-
sième et du quatrième degré 6i5
TRÉCUL. — Des vaisseaux propres dans les
Térébenthinées 17
— Réponse à trois Notes de M. Nylander
concernant la structure des Amylo-
bactcr 5 1 3
— Réponse à une Lettre de M. Schultz, con-
cernant les vaisseaux du latex 748
— Note intitulée : « Examen de quelques ob-
jections qui pourraient être faites à mon
travail sur l'origine des Antylobactcr ». 927
— M. Trécut est nommé Membre de la Com-
mission du prix Bordin (question con-
cernant la structure du pistil ) 283
- Membre de la Commission du prix Des-
mazieres 453
— Et de la Commission du prix Tbore 453
TRÉMAUX. — Remarques au sujet d'une
communication de M. Boussine.sq sur
l'action réciproque de deux molécules. 84
— Mémoiro sur les causes du crétinisme et
des actions vitales 235
— Note ayant pour titre : « Démonstration
des actions qui donnent l'excentricité
des orbites, et observations à propos
des Notes de Pascal » 290
— Note concernant une découverte paléon-
tologique faite à Chagny ( Saône-et-
Loire) 971
TREMBLAY'. — Mémoire sur le sauvetage
maritime io35
TR1GER. — Lettre concernant son travail
sur la géologie de l'ouest de la France. . 170
— M. Triger demande et obtient l'autorisa-
tion de retirer du Secrétariat le travail
qu'il a adressé sur les profils des che-
mins de fer de l'ouest de la France
transformés en coupes géologiques. . . . 534
TRUCHOT. — Recherches sur l'isomérie
dans la série acétylénique. (En commun
avec M. RebouL ) 73
TULASNE est nommé Membre de la Com-
mission du prix Bordin (question con-
cernant la structure du pistil) 283
— Membre de la Commission du prix Des-
mazières 453
— Et de la Commission du prix Thore 453
TURRIER. — Note sur un élixir de sa com-
position spécialement employé contre le
choléra 3 1 7
( " 99 )
MM. Papes.
VAILLANT (Ane). — Note relative à lu
navigalion aérienne 44
VALAT. — Notes relatives à la somme des
angles d'un triangle et au Pnsttdatum
d'Euclide 648 et ion5
VAN DER MENSBRUGGHE. - Sur la ten-
sion ries lames liquides 41
VAN TIEGHEM. — Sur la respiration des
plantes aqualiques 867
— Sur la fermentation gallique 1091
VELPEAU est nommé Membre de la Commis-
sion chargée de décerner le prix de Mé-
decine et de Chirurgie de la fondation
Montyon iG3
— Et de la Commission du prix Barbier
(découvertes relatives aux sciences mé-
dicales, chirurgicales, pharmaceutiques,
et à la botanique appliquée à l'art de
guérir) 283 ;
— La mortde M. Velpeau, arrivée le 24 août,
est annoncée à l'Académie, dans la
séance du 2G • . . . . 329
VELTER. — Utilité du sel marin, basée sur
sa transformation en carbonate de soude,
et ultérieurement en nitrate de soude. 798 1
VERDEIL. — Nouvelle Note relative aux ré-
sultats de quelques expériences faites
sur le pendule 2o5 j
VERNEUIL (de) est nommé Membre de la
Commission chargée de présenter une
MM. Pages.
liste de candidats pour la place d'Aca-
démicien libre vacante par la mort île
M. Chiale 8JS
VILLARCEAU (Yvon). — De la nécessité
de transporter l'Observatoire impérial
hors de Paris 10G0
— Remarques au sujet d'une communication
de M. Le Verrier intitulée : « L'Observa-
toire de Paris, sa si tuai ion et son avenir » . 1 099
— Sur la nécessité de joindre une succur-
sale à l'Observatoire do Paris. 1102 et 11 10
VILLEM1N adresse un exemplaire imprimé
de ses « Etudes sur la tuberculose »,
déjà présentées en manuscrit au con-
cours des prix de Médecine et de Chi-
rurgie 610
VILLENEUVE-FLAYOSC (de). - Note inti-
tulée : « Lois des deltas » 287
— Note sur la gravitation universelle et le
principe de la moindre action 642
VOLPICELLI. — Corrélation entre les bous-
soles électromagnétiques et les deux
procérlés de Gauss et. de Lamont pour
calculer la force horizontale du magné-
tisme terrestre 296
VULPIAN prie l'Académie de vouloir bien le
comprendre parmi les candidats à la
place vacante dans la Section de Méde-
cine et de Chirurgie par suite du décès
de M. Velpeau 737
W
WAGNER. — Mémoire sur l'application de
l'oxyde de fer soluble dans les cas
de choléra 52ij
WATSON. — Découverte de la 94e petite
planète à Ann-Arbor, États-Unis d'Amé-
mérique 577
WHEELER. — Sur l'action de l'acide hypo-
chloreux aqueux sur l'essence de téré-
benthine et le camphre 1046
WOESTYN (Cornill). — Sur l'influence de
la température de la source de chaleur
dans l'ébullition des liquides sucrés. . . 317
WOLF. — Nouvelles recherches sur la spec-
troscopie stellaire. (En commun avec
M. Rayet. ) 292
— Lettre relative à une erreur historique
commise, selon lui, dans un ouvrage de
M. Bertrand 819
('.. fi., iSfî;, 2""= Semestre. (T. LXV.)
— Observations d'étoiles filantes dans la
nuit du i3 au 14 novembre 1867 8S2
WORONTZOFF adresse une Note « sur la
somme des produits des nombres x,
x + 1, x + 2,.. ., x+p — 1, combinés
«à«» 94-
YVREDEN (R. ). — Recherches sur deux nou-
velles espèces de végétaux parasites de
l'homme, VAspergiUusJlavescens et I' A ■
pergillus nigricans 308
WURTZ est présenté par la Section de Chi-
mie comme candidat à la place vacanle
par suite du décès de M. Pebitzc 85
— M. fVurtz est élu, dans la Serlion de
Chimie, en remplacement de feu M. Pe-
louze 101
— Décret impérial confirmant sa nomination. i8,j
— Sur la synthèse de la névrine ioi5
1 56
1200 )
Z
MM. Pages.
ZALIWSKI-MIKORSKI. - Noie sur un nou-
veau siphon '63
— Noir ayanl pour titre : » Gravitation el
électi icité ii !i6
- Note relative à la formation des alliages .
ZANTEDESCHI. — Noie relative à un pro-
1 1 _|i
MM. Pages.
cède expérimental pour détruire ou af-
faiblir l'influence îles miasmes cholé-
riques S5o el g85
— M. Zantedeschi adresse une brochure
« sur l'action de la lumière solaire sur
les corps » 1095
GAUTHIER-VILLARS, IMPRIMEUR-LIBRAIRE DES COMPTES RENDUS DES SÉANCES DE [/ACADÉMIE DES SCIENCES,
Pans. — Rue de Seine-Sain t-Germain, 10, près l'Institut.
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