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Full text of "comptesrendusheb65acad"

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WHITNEY  LIBRARY, 
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COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 
DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 


I>ARI>-.    -     IMPRIMERIE    DE    GAUTlllEH-\  ILLARS,    RIE    DE    SEINE-SAIMT-GERMAIIV,     10,    WIÈS     L  INSTITUT. 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 

DES  SÉANCES 

DE  L  ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PUBLIÉS, 

CONFORMÉMENT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADÉMIE 

cat    vake    vu    -i3    çmiue-t    *835, 

PAR    MM.    LES    SECRÉTAIRES    PERPÉTUELS. 


-y—  — 


TOME  SOIXANTE-CINQUIÈME. 

JUILLET  -  DÉCEMBRE  1867. 


PARIS 


GAUTHIER- VILLARS ,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SEANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 
SUCCESSEUR  DE  MALLET-BACHELIER, 

(Juai  des  Augustins,  55 

18G7 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    LACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  Ie'  JUILLET  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 

MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMRRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Serret,  en  présentant  à  l'Académie  le  premier  volume  des  OEuvres 
de  Lagrange,  s'exprime  ainsi  : 

«  J'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie  le  premier  volume  des  OEuvres  de 
Lagrange,  que  je  publie  au  nom  de  l'État,  conformément  à  un  Arrêté  de 
Son  Excellence  le  Ministre  de  l'Instruction  publique. 

»  Les  importants  Mémoires  qui  figurent  dans  ce  volume  intéressent  à  la 
fois  les  Géomètres,  les  Astronomes  et  les  Physiciens;  en  voici  les  titres  : 

»  I.   Recherches  sur  la  méthode  De  maximis  et  minimis. 

»  IL  Sur  l'intégration  d'une  équation  différentielle  à  différences  finies, 
qui  contient  la  théorie  des  suites  récurrentes. 

»   III.   Recherches  sur  la  nature  et  la  propagation  du  son. 

»  IV.   Nouvelles  recherches  sur  la  nature  et  la  propagation  du  son. 

»  V.  Addition  aux  premières  recherches  sur  la  nature  et  la  propagation 
du  son. 

»  VI.  Essai  d'une  nouvelle  méthode  pour  déterminer  les  maxima  et  les 
minima  des  formules  intégrales  indéfinies. 

»  VIL  Application  de  la  méthode  exposée  dans  le  Mémoire  précédent  à 
la  solution  de  différents  Problèmes  de  Dynamique. 


(  6  ) 
»  VIII.  Solution  de  différents  Problèmes  de  Calcul  intégral,  avec  une 
application  à  la  théorie  de  Jupiter  et  de  Saturne. 
»   IX.   Solution  d'un  Problème  d'Arithmétique. 

»  L'impression  des  OEuvres  de  Lagrange  a  été  confiée  à  M.  Gauthier- 
Villars;  grâce  à  ses  soins  et  à  ceux  de  M.  Bailleul  qui  s'est  consacré  presque 
exclusivement  à  cette  publication,  nous  avons  pu  atteindre,  sous  le  rapport 
de  l'exécution  typographique,  à  une  perfection  que  l'Académie  pourra 
apprécier.  » 

«  M.  le  Baron  Charles  Dupin,  Doyen  de  la  Section  de  Mécanique,  exprime 
la  reconnaissance  qu'éprouvent  les  géomètres  français  pour  la  magnifique 
publication  qui  fait  tant  d'honneur  aux  soins  éclairés  de  notre  éminent 
confrère  M.  Serret,  aux  presses  de  M.  Gauthier-Villars,  successeur  de 
M.  Mallet-Bachelier,  ainsi  qu'au  prote  distingué  M.  Bailleul. 

»  Un  pareil  concours  était  réclamé  parla  mémoire  d'un  des  plus  grands 
mathématiciens  des  temps  modernes,  qui  fait  rejaillir  sur  l'Académie  des 
Sciences  une  gloire  immortelle. 

»  Les  anciens  élèves  de  l'Ecole  Polytechnique  se  rappelleront  toujours  de 
l'avoir  eu  pour  professeur,  et  d'avoir  entendu  pour  leçons  sa  théorie  des 
fonctions  analytiques  :  théorie  qui  complétait,  et  j'oserais  presque  dire  qui 
démontrait  Leibnitz  et  Newton,  les  inventeurs  du  calcul  infinitésimal.   » 

paléontologie.  —   De  l'ostéoc/raphie  du  Mesotherium   et  de  .ses  affinités 
zoologiques.  —  Colonne  vertébrale  ;  par  M.  Serres.  (Première  Note.) 

«  J'ai  déjà  entretenu  l'Académie  du  Mesotherium,  animal  fossile  recueilli 
dans  le  limon  des  pampas  aux  environs  de  Buénos-Ayres,  par  M.  Seguin, 
voyageur  très-intelligent  et  zélé  pour  la  science.  J'ai  donné  dans  les  Comptes 
rendus,  un  aperçu  sommaire  de  ses  affinités  zoologiques,  en  cherchant  à  lui 
assigner  sa  place  dans  la  classe  des  Mammifères.  Ainsi  que  je  l'ai  avancé, 
et  comme  une  observation  approfondie  me  l'a  confirmé,  le  Mesotherium 
est  réellement  un  animal  paradoxal,  réunissant  en  lui  plusieurs  caractères 
de  différents  ordres  de  Mammifères,  et  qui,  au  premier  abord,  ne  paraît  se 
rattacher  d'une  manière  certaine  à  aucun  des  groupes  de  cette  classe. 
Bravard,  paléontologiste  distingué,  auquel  on  doit  la  première  connaissance 
positive  de  cet  animal,  frappé  de  i  hétérogénéité  de  structure  osseuse  de  cet 


(  7  ) 
être  singulier,  l'avait  nommé  Typolherium,  semblant  indiquer  qu'il  consi- 
dérait le  genre  auquel  il  appartient  comme  une  forme  entièrement  à  part  et 
constituant  un  type  hors  ligne. 

»  Nous  n'avons  pas  été  porté  à  partager  cette  manière  de  voir,  et,  de 
prime  abord,  tout  en  reconnaissant  dans  l'animal  qui  nous  occupe  un  être 
d'une  ambiguïté  manifeste,  nous  avons  jugé  qu'on  devait  le  considérer 
comme  un  chaînon  intermédiaire  pouvant  établir  la  liaison  entre  deux 
ordres  de  Mammifères  distincts,  et,  en  raison  de  cette  considération,  nous 
lui  avons  assigné  le  nom  de  Mesotherium. 

»  Nous  avons  incliné  dès  l'abord  à  voir  dans  cet  animal  un  genre  nou- 
veau se  rapportant  plus  particulièrement  aux  Rongeurs  par  un  grand  nombre 
de  détails  d'organisation,  un  peu  plus  grand  que  le  Cabiai,  et  présentant 
quelques  indices  de  transition  aux  Pachydermes.  C'est  pour  justifier  ce  rap- 
port zoologique,  que  nous  nous  sommes  décidés  à  présenter  avec  détail  l'os- 
téographie  de  ce  singulier  animal  des  temps  anciens  (i). 

»  Colonne  vertébrale.  —  On  nomme  rachis  ou  colonne  vertébrale,  une 
série  continue  d'os  courts,  unis  entre  eux  par  une  substance  fibro-cartila- 
gineuse  intermédiaire,  et  renfermant  dans  leur  canal  la  partie  de  l'axe 
cérébro-spinal  nommée  moelle  épiniêre.  Pris  en  particulier,  chacun  de  ces 
os  porte  le  nom  de  vertèbre. 

»  Quoique  construites  sur  un  type  commun,  les  vertèbres  diffèrent  entre 
elles  selon  la  région  du  corps  où  elles  se  trouvent.  De  sorte  qu'à  la  rigueur 
il  n'existe  ni  chez  l'homme,  ni  chez  les  Mammifères  deux  vertèbres  qui 
soient  identiques.  C'est  dans  toute  son  exactitude  l'expression  de  la  loi  de 
la  diversité  dans  l'unité. 

»  L'unilé  typique  des  vertèbres,  se  décèle  dans  leurs  formes  géné- 
rales. Ainsi  on  trouve  à  la  région  cervicale,  dorsale  et  lombaire,  le  corps  de 
la  vertèbre,  portion  considérable  de  leur  ensemble,  de  forme  cylindrique  ou 
ovalaire,  épais,  large,  donnant  attache  en  avant  et  en  arrière  aux  fibro- 
cartilagesqui  occupent  les  espaces  intervertébraux,  plus  ou  moins  convexe 
en  bas  où  se  voit  une  espèce  d'enfoncement  transversal  que  bornent  deux 
rebords  assez  saillants  et  dans  lequel  sont  divers  trous  nourriciers,  plane  ou 
concave  dans  sa  partie  supérieure  qui  répond  au  canal  rachidien  et  qui 
offre  aussi  des  trous  nourriciers,  dont  deux  plus  volumineux,  décèlent  chez 
l'animal  adulte  la  dualité  primitive  de  cette  partie  avant  la  disparition  de  la, 


(i)  Je  suis  secondé  dans  ce  travail  par  M.  le  Dr  Sénéchal,  préparateur  au  Muséum,  très- 
savant  en  ostcologie  comparée. 


(8  ) 
corde  dorsale.  Ce  corps  vertébral,  est  continu  sur  les  côtés  avec  le  reste  de 
l'os,  par  une  espèce  de  pédicule. 

«  Au-dessus  du  corps  de  la  vertèbre,  on  observe  cbez  les  Mammifères  le 
trou  rachidien  qui  concourt  à  former  le  canal  du  même  nom,  et  au-dessus 
encore  de  ce  trou,  toujours  dans  la  ligne  médiane,  se  voit  l'apophyse  épi- 
neuse saillante  au-dessus  de  l'os;  apophyse  de  forme  et  de  direction  va- 
riées suivant  les  régions,  et  laissant  entre  elles  et  la  suivante  un  intervalle 
rempli  par  des  muscles  ou  par  des  ligaments. 

»  On  remarque  sur  chaque  côté  des  vertèbres  deux  éminences  articu- 
laires :  l'une  antérieure,  l'autre  postérieure;  une  apophyse  transverse  et 
une  lame  plus  ou  moins  épaisse  dont  la  réunion  avec  sa  congénère  consti- 
tue l'apophyse  épineuse.  Sur  chaque  côté  du  pédicule  on  constate  égale- 
ment deux  échancrures,  l'une  en  avant  assez  superficielle,  l'autre  en 
arrière  toujours  plus  profonde,  destinées  à  former  les  trous  de  conjugaison. 
Un  peu  négligées  par  les  anatomistes,  ces  échancrures  pédiculaires  sont  de- 
venues, comme  on  le  sait,  le  type  de  la  formation  des  trous  dans  les  lois  de 
l'ostéogénie. 

»  En  décrivant  d'après  cette  méthode  le  rachis  du  Mesolherium,  nous 
indiquerons  les  différences  et  les  particularités  que  les  parties  éprouvent 
dans  les  diverses  régions. 

»  Région  cervicale.  —  Chez  tous  les  Mammifères,  les  deux  premières  ver- 
tèbres cervicales,  l'atlas  et  l'axis,  offrent  des  particularités  qui  leur  sont 
propres.  Chez  le  Mesotheriwn,  le  corps  de  l'atlas  forme  un  arc  épais  légère- 
ment échancré  en  avant,  se  prolongeant  un  peu  en  arrière;  sa  hauteur  me- 
sure 4  centimètres.  Il  est  convexe  en  bas  ou  en  dehors  et  présente  inférieu- 
rement  un  vestige  de  tubercule.  En  haut  et  en  dedans,  le  corps  est  concave, 
et  cette  concavité  forme  la  facette  articulaire  pour  recevoir  l'apophyse 
odontoïde  qu'elle  embrasse  avec  une  précision  notable.  J'ai  montré  dans  les 
lois  de  l'ostéogénie  que,  jusque  vers  la  fin  de  la  vie  fœtale  de  l'homme,  le 
corps  de  l'atlas  offrait  une  suture  médiocre  qui  était  la  trace  de  sa  dualité 
primitive.  Cette  suture  que  j'ai  déjà  remarquée  sur  l'atlas  du  Glyplodon, 
qui  manque  chez  le  Toxodon  et  le  Scelidotherium,  est  si  marquée  chez  le 
Mesotheriwn,  qu'elle  traverse  de  part  en  part  le  corps  de  la  vertèbre.  L'éten- 
due du  trou  rachidien  constitue,  chez  tous  les  Mammifères,  le  caractère  spé- 
cifique de  l'atlas;  mais  il  est  diminué,  comme  on  sait,  d'un  tiers  environ 
par  le  ligament  transverse  qui  délimite  inférieurement  la  logeodontoïdienne. 
L'arc  supérieur,  beaucoup  moins  épais  que  l'inférieur,  présente  en  haut 
un  tubercule  bifide,  vestige  rudimentaire  de  l'apophyse  épineuse  et  termi- 


(9) 
naison  de  la  suture  des  deux  lames,  plus  marquée  que  celle  du  corps.  Il 
résulte  de  la  permanence  tardive  de  ces  deux  sutures,  que  l'atlas  du  Meso- 
therium  est  divisé  en  deux  moitiés  parfaitement  symétriques.  Les  facettes 
articulaires  antérieures  sont  profondes,  large?,  séparées  en  haut  par  la  lar- 
geur des  lames,  et  beaucoup  plus  rapprochées  en  bas.  Leur  excavation 
reproduit  exactement  la  saillie  des  condyles  occipitaux;  les  facettes  articu- 
laires postérieures  sont  larges,  presque  planes  et  dirigées  un  peu  oblique- 
ment  en  dehors.  Les  apophyses  transverses,  larges,  très-fortes,  sont  échan- 
gées en  arrière;  leur  pédicule,  large  aussi,  est  fort,  épais,  et  dans  leur 
écartement  se  trouve  le  trou  vertébral  plus  évasé  en  avant  qu'en  arrière, 
formant  un  très-petit  canal  direct,  qui  transperce  la  base  de  l'apophyse 
transverse. 

»  L'apophyse  odontoïde,  est  le  caractère  spécifique  de  Taxis.  Dans  cette 
vertèbre,  le  corps  est  très-épais,  surtout  en  arrière.  Sa  hauteur  est  de 
23  millimètres;  sa  largeur  dans  sa  partie  moyenne,  de  29  millimètres.  En 
arrière,  il  présente  deux  tubercules  saillants  destinés  aux  insertions  muscu- 
laires, et  séparés  l'un  de  l'autre  par  une  rainure.  Dans  cette  partie,  il  se 
déjette  manifestement  en  bas  et  en  arrière.  L'apophyse  odontoïde  qui  le 
surmonte  antérieurement  est  conique,  mesurant  à  sa  base  i5  millimètres 
et  longue  de  i3  millimètres.  La  face  supérieure  est  moins  haute  que  l'infé- 
rieure, très-légèrement  concave;  elle  offre  en  avant  l'apophyse  odontoïde 
un  peu  inclinée  en  bas.  A  l'union  du  tiers  postérieur  avec  les  deux  tiers 
antérieurs,  on  y  voit  deux  trous  vasculaires  très-rapprochés  l'un  de  l'autre. 
En  arrière,  la  surface  occupée  par  le  fibro-cartilage  est  inclinée  de  haut  en 
bas,  large  et  plane.  Le  trou  rachidien  est  cordiforme  ou  triangulaire.  L'apo- 
physe épineuse  verticale,  haute,  large,  se  termine  supérieurement  par  un 
boni  arrondi.  Elle  est  mince  en  avant  et  épaisse  en  arrière.  Les  pédicules 
sont  courts,  larges  et  épais;  leur  échancrure  superficielle  en  avant  est, 
au  contraire,  très-profonde  en  arrière.  Les  lames  sont  épaisses  et  con- 
caves. Les  apophyses  articulaires  supérieures,  larges,  convexes,  sont  très- 
inclinées  d'avant  en  arrière;  les  postérieures,  dirigées  dans  le  même  sens, 
sont  très-concaves.  Les  apophyses  transverses  bien  prononcées,  presque 
styloïdes,  sont  dirigées  en  arrière,  et  leur  base  est  perforée  par  le  trou  ver- 
tébral. 

»  Les  cinq  vertèbres  cervicales  qui  suivent  l'axis  sont,  moins  l'apophyse 
odontoïde,  la  répétition  de  celte  vertèbre.  Ainsi,  dans  toutes,  le  corps  est 
allongé  transversalement  plus  qu'en  tout  autre  sens.  Dans  la  troisième  et 

C.  R.,  1867,  Ie  Semestre.  (T.  LXV,  N°  1.)  2 


(  io  ) 
la  quatrième  principalement,  sa  surface  inférieure  offre  de  chaque  côté, 
comme  dans  l'axis,  un  tubercule  saillant  dirigé  en  arrière  et  terminant  une 
crête  oblique.  Dans  le  milieu  on  remarque  trois  petites  surfaces;  la 
moyenne  pour  le  ligament  vertébral  antérieur,  les  deux  latérales  pour  les 
muscles  longs  du  cou.  La  face  supérieure  du  corps  est  presque  plane,  les 
deux  trous  nourriciers  sont  faiblement  marqués.  Des  deux  surfaces  où  se 
fixent  les  fibro -cartilages,  l'antérieure,  un  peu  échancrée  en  devant,  est 
légèrement  bombée,  un  peu  triangulaire  dans  la  troisième;  dans  les  quatre 
suivantes  elle  est  ovalaire,  et  à  grand  diamètre  transversal;  dans  toutes,  elle 
est  oblique  d'avant  en  arrière.  La  postérieure,  plane  dans  les  trois  pre- 
mières, est  légèrement  excavée  dans  la  sixième  et  surtout  dans  la  septième. 
Dans  le  centre  de  la  sixième,  on  remarque  un  trou,  traversant  presque  toute 
l'épaisseur  du  corps;  dans  la  septième  il  s'élève  un  peu  moins  haut.  Ce  trou 
insolite,  est  évidemment  la  trace,  sur  ces  deux  vertèbres,  du  petit  canal 
qu'occupe  primitivement  la  corde  dorsale. 

»  Le  trou  rachidien  est  triangulaire,  à  angles  arrondis  et  d'un  diamètre 
assez  grand.  Les  apophyses  épineuses  étaient  d'une  dimension  médiocre 
dans  les  quatre  avant-dernières  vertèbres  cervicales;  dans  la  septième,  elle 
est,  au  contraire,  très-développée  et  dirigée  verticalement. 

»  Dans  ces  cinq  vertèbres,  les  pédicules  sont  épais  et  très-bas;  leur 
échancrure  antérieure  est  peu  accusée,  tandis  que  la  postérieure  est  presque 
convertie  en  trou.  Les  apophyses  articulaires  antérieures,  sont  planes,  et 
dirigées  en  haut  et  en  dedans.  Les  postérieures,  également  planes,  sont  aussi 
dirigées  en  sens  inverse  des  précédentes.  Dans  la  septième,  elles  deviennent 
convexes  et  se  relèvent  du  côté  de  leur  bord  externe.  A  la  base  des  lames 
et  entre  les  apophyses  antérieures  et  postérieures,  on  observe  une  éminence 
tuberculeuse,  qui  est  le  rudiment  de  l'apophyse  sus-articulaire  que  nous 
venons  de  voir  extrêmement  prononcée  dans  les  autres  régions. 

»  Les  apophyses  transverses,  sont  presque  styloïdes  et  dirigées  en  arrière, 
dans  la  première  et  dans  la  seconde  vertèbre  cervicale;  elles  deviennent 
graduellement  de  plus  en  plus  larges,  delà  troisième  à  la  sixième,  en  même 
temps  qu'elles  se  dirigent  transversalement,  et  se  renforcent  à  leur  extré- 
mité Dans  la  sixième,  cette  apophyse  est  extrêmement  forte,  et  dirigée  en 
bas.  Le  trou  de  l'artère  vertébrale  est  assez  marqué.  Ce  trou  manque  dans 
la  septième  vertèbre  cervicale,  dont  l'apophyse  transverse,  considérable- 
ment décrue  par  rapport  à  la  précédente,  se  présente  comme  une  petite  tige 
renforcée  à  son  extrémité;  sa  direction  est  transversale. 

»   Région  dorsale.  —  Les  vertèbres  dorsales,  sont  au  nombre  de  quatorze. 


(  "I  ) 

Leur  corps,  décroît  d'une  manière  assez  rapide,  de  la  première  à  la  dernière. 
Leur  face  inférieure  est  légèrement  convexe,  etpourvue  décrètes  et  de  tubé- 
rosités  d'insertions  musculaires  dans  les  deux  premières.  Dans  la  seconde,  on 
voit  commencer  une  crête  médiane,  qui  s'accuse  et  devient  plus  pro- 
noncée dans  les  suivantes  jusqu'à  la  fin  de  la  région.  Les  faces  latérales, 
surtout  vers  la  fin  de  ce  groupe  vertébral,  sont  légèrement  déprimées;  d'où 
il  résulte  que,  dans  toutes  les  vertèbres  dorsales,  le  diamètre  vertical  l'em- 
porte, relativement  plus  que  dans  la  région  cervicale,  sur  le  diamètre  trans- 
versal. Les  facettes  articulaires  costales  sont  Irès-prononcées,  et  disposées 
pour  emboîter  exactement  la  tété  des  côtes.  La  face  supérieure  se  creuse  un 
peu,  de  la  cinquième  vertèbre  dorsale  à  la  treizième;  elle  est  plane  dans  la 
quatorzième.  La  face  antérieure  est  légèrement  convexe,  dans  toute  la 
région;  sa  forme  est  carrée  dans  la  seconde;  dans  les  suivantes,  jusqu'à  la 
douzième,  elle  prend  un  aspect  triangulaire;  dans  les  dernières  elle  s'ar- 
rondit. Dans  les  quatre  premières  vertèbres  dorsales,  on  remarque  un  léger 
enfoncement  central,  dernier  vestige  du  trou  de  la  corde  dorsale,  que  nous 
avons  précédemment  signalé.  La  face  postérieure,  à  peine  excavée  dans  les 
trois  premières  vertèbres,  est  exactement  plane  dans  toutes  les  autres;  son 
tracé,  irrégulièrement  ellipsoïde  dans  les  trois  premières,  se  rapproche  de 
la  forme  triangulaire  dans  les  autres. 

»  Le  canal  rachidien  est  nettement  triangulaire,  dans  les  trois  premières 
vertèbres  dorsales;  dans  les  autres  il  est  de  même  forme,  mais  plus  petit  et 
comme  un  peu  comprimé.  Son  diamètre  est  au  minimum  de  développe- 
ment dans  le  milieu  de  la  région,  et  partout  il  est  très-inférieur  au  dévelop- 
pement qu'il  offre  dans  la  partie  cervicale. 

»  Les  apophyses  épineuses  sont  longues,  très-fortes  et  prismatiques  dans 
les  sept  premières  vertèbres  dorsales;  après  celles-ci,  elles  tendent  à  deve- 
nir quadrilatères,  et  elles  le  deviennent  de  plus  en  plus  en  s'accourcissant 
graduellement  jusqu'à  la  fin  de  la  région.  De  la  première  à  la  douzième 
vertèbre  dorsale,  ces  apophyses  sont  inclinées  en  arrière;  dans  la  treizième 
et  la  quatorzième  surtout,  elles  sont  verticales.  Comme  dans  la  région  pré- 
cédente, les  pédicules  sont  également  larges  et  très-épais;  les  échancrures 
antérieures  et  postérieures  sont  à  peu  près  égales  dans  la  première.  Les 
apophyses  articulaires  antérieures,  sont  très-étendues  et  redressées  fortement 
du  côté  de  leur  bord  externe  ;  dans  toutes  les  suivantes  elles  sont  planes,  à 
peu  près  exactement  horizontales,  et  un  peu  relevées  en  haut  à  leur  partie 
postérieure.  Les  apophyses  articulaires  postérieures,  longues,  à  grand  dia- 
mètre antéro-postérieur,  sont  bien  séparées  l'une  de  l'autre,  un  peu  dépn- 


2.. 


(    12    ) 

niées  transversalement.  On  remarque  dans  plusieurs  vertèbres  dorsales  une 
inégalité  très-notable  dans  l'étendue  de  ces  apophyses.  L'éminence  articu- 
laire est  très-prononcée,  mais  tuberculeuse  jusqu'à  la  onzième  vertèbre 
dorsale;  dans  la  douzième,  cette  apophyse  s'élève  sensiblement,  et  dans  les 
deux  dernières  elle  se  convertit  brusquement  en  une  large  languette  osseuse 
dirigée  en  haut  et  un  peu  en  avant;  elle  est  également  un  peu  contournée 
en  dedans  à  son  extrémité.  Excepté  dans  la  dernière  et  l'avant-dernière 
vertèbre  dorsale,  où  elles  forment  un  pédicule  bien  distinct  et  dirigé  en 
dehors,  les  apophyses  transverses  très-peu  développées  se  confondent  dans 
une  sorte  de  masse  commune  avec  le  pédicule  et  l'éminence  sus-articulaire. 
La  facette  costale  est  très-prononcée  et  concave  dans  la  première  vertèbre, 
dans  la  deuxième  et  un  peu  dans  la  troisième;  dans  les  vertèbres  dorsales 
suivantes,  elle  est  plane  et  ovalaire.  Les  lames  vertébrales,  dans  cette  région, 
sont  courtes  et  épaisses. 

»  Région  lombaire.  —  Cette  région,  se  compose  de  huit  vertèbres.  La 
face  inférieure  des  corps  vertébraux,  est  fortement  creusée  en  gouttière 
dans  le  sens  transversal;  on  y  remarque  une  crête  mousse  antéro-posté- 
rieure.  La  face  supérieure  est  plane.  Les  faces  antérieures  et  postérieures 
sont  arrondies,  planes  et  coupées  verticalement.  Le  canal  rachidien  est 
arrondi,  et  plus  large  que  dans  la  région  dorsale.  Dans  les  six  premières 
vertèbres  lombaires,  les  apophyses  épineuses  sont  tout  à  fait  quadrilatères, 
à  peu  près  exactement  de  même  hauteur  et  de  même  largeur  entre  elles, 
renforcées  à  leur  bord  supérieur,  principalement  en  arrière,  et  légèrement 
inclinées  dans  ce  sens;  dans  les  deux  dernières  vertèbres,  l'épine  est  un 
peu  moins  large  et  plus  haute  que  dans  les  précédentes,  et  leur  sommet 
est  arrondi.  Les  pédicules  sont  extrêmement  larges,  mais  peu  épais.  Les 
gouttières  postérieures  sont  très-développées  par  rapport  aux  antérieures. 
Les  apophyses  articulaires  antérieures,  sont  presque  planes  clans  la  première 
vertèbre  lombaire;  elles  sont  disposées  en  gouttières  dirigées  d'avant  en 
arrière  dans  toutes  les  autres.  Les  apophyses  articulaires  postérieures,  sont 
demi-cylindriques,  débordant  à  peine  la  base  de  l'apophyse  épineuse. 
Quant  aux  apophyses  sus-articulaires,  elles  sont  disposées  en  longues  lan- 
guettes osseuses,  comme  à  la  fin  de  la  région  précédente,  mais  elles  sont 
d'une  dimension  plus  forte;  celles  de  la  partie  moyenne  de  la  série  lom- 
baire portent  trois  tubercules,  dont  deux  antérieurs,  à  leur  extrémité.  Les 
apophyses  transverses  sont  planes,  assez  longues  à  leur  base;  elles  sont 
un  peu  rétrécies  à  leur  partie  moyenne,  renforcées  à  leur  extrémité,  et 
dirigées  légèrement  en  bas  et  en  avant.  Les  lames,  très-larges,  sont  médio- 
crement épaisses. 


(  '3  ) 

»  Sacrum,  — -  Le  sacrum  est  très-long  et  paraît  composé  de  neuf  ver- 
tèbres, qui  sont  extrêmement  fusionnées  entre  elles.  Il  est  encore  plus 
abaissé  à  son  extrémité  postérieure,  que  clans  les  Agoutis  et  leCabiai.  11  donne 
appui  en  avant  à  l'iliaque,  par  les  deux  premières  vertèbres  sacrées,  et  un 
peu  par  la  troisième  par  ankylose;  mais,  comme  dans  les  Edentés  et  dans 
quelques  Marsupiaux,  on  voit  l'ischion,  se  souder  d'une  manière  très-intime 
avec  une  vertèbre  sacrée,  la  septième.  Cette  soudure  s'accomplit,  toutefois, 
avec  des  circonstances  remarquables;  car  on  observe  qu'elle  a  lieu  du  côté 
du  sacrum  par  des  rudiments,  reparaissant  dans  cette  partie,  des  apophyses 
sus-articulaires  et  transverses  de  la  région  vertébrale  précédente,  disposition 
qui  détermine  l'existence  d'un  trou  complet  dans  le  point  d'appui  et  de 
fusion  du  sacrum  et  de  l'ischion. 

»  La  première  vertèbre  sacrée  est  très-distincte  par  la  moitié  de  sa  partie 
antérieure;  elle  montre  encore  son  apophyse  sus-articulaire  assez  saillante, 
évidée  du  côté  antérieur  et  renflée  à  son  extrémité.  Le  canal  rachidien  est 
médiocre;  il  présente  une  très-longue  étendue  en  avant;  il  est  largement 
ouvert,  mais  en  arrière  il  est  extrêmement  atténué  et  réduit  à  un  canal 
très-étroit.  La  crête  présente  une  série  de  renflements  très-marqués,  sur- 
tout à  la  partie  moyenne,  qui  indique  le  nombre  des  apophyses  épineuses 
conjuguées.  Le  bord  latéral,  décroissant  en  largeur  d'avant  en  arrière 
entre  les  points  fixes,  offre  une  ligne  alternative  mince  et  légèrement  renflée. 

«  Récjion  coccygienne.  —  Nous  n'avons  pu  la  juger  que  par  quatre  ver- 
tèbres, dont  deux  incomplètes,  les  seules  qui  se  trouvassent  dans  le  sque- 
lette que  nous  décrivons.  Ces  vertèbres,  qui  ne  se  suivent  pas  en  série 
continue  et  dont  il  manque  les  intermédiaires,  montrent  que  la  queue  du 
Mesolherium  était  très-courte  et  que  les  segments  étaient  rapidement  dé- 
croissants. Nous  portons  à  huit  le  nombre  de  ces  segments.  Les  trois  pre- 
miers présentaient  un  canal  rachidien,  avec  des  rudiments  d'apophyses 
dégénérés  en  tubercules  et  non  susceptibles  de  s'articuler  entre  eux.  Dans 
les  autres,  toute  trace  de  canal,  ainsi  que  l'apophyse  épineuse,  ont  disparu, 
et  il  ne  reste  plus  que  des  vestiges  des  apophyses  latérales  sous  forme  de 
tubérosités. 

MESURES    DES    DIFFÉRENTES    PARTIES    DES    VERTÈBRES. 

Atlas. 

m 

Largeii r  transversale o ,  1 1  o 

Hauteur  verticale o  ,c*4o 

Largeur  de  l'aire  inférieure o,oa3 

Epaisseur  du  même  arc 0,01 1 


(  '4  ) 

Hauteur  du  trou  rachidien,  mesuré  en  avant 0,026 

Largeur  transversale  du  même  trou 0,024 

Largeur  de  l'aire  supérieure 0,020 

Épaisseur  du  même  arc  immédiatement  en  arrière  de  ses  tubérosités 0,004 

Longueur  de  l'apophyse  transverse 0,026 

Longueur  de  la  même  apophyse  à  sa  partie  moyenne o  ,o36 

Largeur  transversale  d'une  facette  articulaire  antérieure 0,026 

Largeur  transversale  d'une  apophyse  articulaire  postérieure 0,022 

Axis. 

m 

Largeur  transversale  d'une  extrémité  à  l'autre  des  apophyses  transverses 0,070 

Longueur  de  l'extrémité  de  l'apophyse  odontoïde  à  la  face  postérieure  du  corps. .  .  o,o5o 

Hauteur  de  la  face  postérieure  du  corps • 0,020 

Largeur  transversale  du  corps 0,029 

Largeur  du  canal  rachidien,  mesurée  en  arrière o,023 

Hauteur  du  même  canal,  prise  au  même  point 0,017 

Hauteur  de  l'apophyse  épineuse o  ,027 

Largeur  transversale  de  la  facette  articulaire  antérieure 0,022 

Hauteur  de  l'apophyse  odontoïde o,oi3 

Largeur  de  l'apophyse  odontoïde  à  sa  base o,oi5 

Longueur  de  l'apophyse  styloïde : 0,020 

Cinquième  dorsale. 

m 

Hauteur  du  corps 0,020 

Longueur  de  la  même  partie o  ,025 

Largeur  transversale,  mesurée  en  arrière  et  y  comprenant  les  facettes  costales. .  .  .  o,o45 

Longueur  de  l'apophyse  épineuse o,o65 

Largeur  du  trou  rachidien 0,018 

Hauteur  du  même  trou o  ,014 

Huitième  lombaire. 

m 

Largeur  transversale  du  corps o  ,037 

Hauteur  de  la  même  partie 0,020 

Largeur  du  trou  rachidien 0,018 

Hauteur  du  même  trou o,oi3 

Hauteur  de  l'apophyse  épineuse o,o3o 

Largeur  de  la  même  apophyse o  ,o3o 

Longueur  de  l'apophyse  épineuse o,o34 

Quatrième  coccygienne. 

m 

Hauteur 0,018 

Largeur o,o36 

Épaisseur 0,017 

»   Considérations  générales.  —  De  la   considération  des  os  de  la  colonne 


(  i5  ) 
vertébrale  en  particulier,  dérivent  certaines  dispositions  générales,  que  nous 
devons  brièvement  indiquer,  De  même  que  chez  tous  les  Mammifères, 
cette  colonne  décrit,  chez  le  Mesollierium,  une  courbure  générale  dont  la 
concavité  est  en  bas,  et  la  convexité  en  haut.  De  plus,  diverses  inflexions 
s'y  rencontrent;  ainsi,  à  la  région  cervicale,  l'épaisseur  plus  marquée  des 
corps  vertébraux  en  bas  qu'en  haut,  produit  une  convexité  marquée  dont 
la  disposition  favorise  le  support  de  la  tète,  et,  au  contraire,  l'épaisseur  in- 
verse du  corps  des  vertèbres  de  la  région  dorsale,  donne  naissance  à  une 
concavité  qui  règne  dans  toute  sa  longueur,  et  qui  s'affaiblit  en  arrière,  où 
commence  une  convexité  nouvelle,  correspondant  à  la  région  lombaire, 
dans  laquelle  les  corps  vertébraux,  reprennent  la  disposition  qu'ils  ont  à  la 
région  cervicale.  Enfin  la  concavité  de  la  région  dorsale,  reparaît  an  sacrum 
et  finit  en  mourant  aux  vertèbres  caudales. 

»  Quatre  courbures  en  sens  opposé,  se  rencontrent  à  la  partie  supérieure 
de  la  colonne  vertébrale.  Leur  disposition  dépend,  évidemment,  de  l'inéga- 
lité d'élévation  des  apophyses  épineuses. 

»  D'après  la  disposition  du  canal  rachidien,  il  est  évident,  aussi,  que  la 
moelle  épinière  était  chez  le  Mesotherium  plus  volumineuse  à  la  région 
cervicale  que  dans  la  région  dorsale,  puis,  qu'elle  se  renflait  de  nouveau  à 
la  région  lombaire,  pour  diminuer  graduellement  ensuite  jusqu'à  la  région 
caudale. 

a  Tout  se  tient,  et  se  suit,  dans  l'admirable  organisation  des  animaux.  Si 
les  dimensions  du  canal  rachidien,  nous  permettent  de  déterminer  avec- 
quelque  certitude,  celles  de  la  moelle  épinière  dans  les  diverses  régions  ver- 
tébrales, celle-ci  à  son  tour,  nous  conduit  à  établir  le  volume  que  devaient 
avoir  chez  le  Mesotherium  les  nerfs  qui  en  provenaient.  Ainsi  les  nerfs  cer- 
vicaux, dont  la  destination  principale  est  d'aller  constituer  le  plexus  ner- 
veux du  membre  antérieur,  devaient  avoir  une  dimension  plus  forte  que 
ceux  de  la  région  dorsale,  qui  ne  se  portent  que  dans  les  muscles  inter- 
costaux et  rachidiens;  et  de  même,  les  nerfs  de  la  région  lombaire,  destinés 
aux  muscles  du  membre  postérieur,  devaient  acquérir  une  dimension  pro- 
portionnée à  celle  de  ce  membre.  Enfin  la  dimension  des  nerfs  sacrés,  devait 
être  en  rapport,  avec  celle  des  muscles  dans  lesquels  ils  allaient  se  dis- 
tribuer. 

»   Les  ganglions  intervertébraux,  devaient  présenter  les  mêmes  inégalités 

de  développement.  Volumineux  au  cou,  ils  devaient  s'amoindrir  au  dos, 

se  renfler  aux  lombes,  et  s'affaiblir  de  nouveau  dans  la  région  du  sacrum. 

»   Tous  ces  rapports,  se  déduisent  nécessairement  les  uns  des  autres,  et  la 


(  i6) 
considération  des  inégalités  d'ouverture  des  trous  de  conjugaison,  leur 
donne  une  certitude  anatomique.  Dans  mon  ouvrage  sur  l'anatomie  com- 
parée du  cerveau,  j'ai  démontré,  par  l'observation  directe,  la  solidarité 
entière  de  toutes  ces  parties,  et  leur  assujettissement  à  l'axe  nerveux  d'une 
part,  et  d'autre  part  à  l'anneau  du  segment  vertébral  qui  leur  correspond. 
Ainsi  dans  le  cou  l'anneau  que  forme  la  vertèbre  est  plus  grand  qu'au  dos; 
il  s'agrandit  de  nouveau  aux  lombes,  et  décroît  ensuite  graduellement  dans 
la  région  sacrée  et  dans  la  région  caudale.  D'où  il  suit,  comme  règle  géné- 
rale chez  les  Mammifères,  que  ce  qui  est  vrai  pour  un  segment  de  la  moelle 
épinière,  pour  les  vertèbres  qui  le  revêtent  et  ses  dépendances,  est  égale- 
ment exact,  pour  tous  les  segments,  pour  toutes  les  vertèbres  et  pour  toutes 
les  parties  qui  les  environnent.  C'est  exactement  ce  que  reproduisent,  les 
considérations  des  anneaux  vertébraux  du  Mesotlierium.  Mais  ce  qui  se 
reproduit  aussi  d'une  manière  rigoureuse  sur  cet  animal  des  temps  anciens, 
ce  sont  les  inégalités  d'ouverture  des  trous  de  conjugaison.  Dans  les  lois  de 
l'ostéogénie,  j'ai  décrit  avec  détail  le  mécanisme  de  la  formation  de  ces  trous, 
et  j'ai  montré  comment,  de  la  superposition  des  deux  échancruresdes  pédon- 
cules vertébraux, résulte  une  ouverture  dont  chacun  d'eux  fournit  un  des 
éléments.  J'ai  montré  ensuite  que  le  diamètre  de  ces  trous,  est  dans  un  rap- 
port direct,  avec  l'évasement  et  la  profondeur  de  ces  échancrures.  D'où  il 
suit,  comme  conséquence  immédiate  de  ce  fait,  que  chez  tous  les  Mammi- 
fères, la  plus  grande  dimension  des  échancrures  des  pédoncules  dans  les 
régions  cervicales  et  lombaires,  explique  la  grandeur  des  trous  de  conju- 
gaison, et  leur  faiblesse  dans  les  régions  dorsale  et  sacrée  rend  raison  de 
leur  étroitesse  relative.  C'est  exactement,  ce  que  nous  ont  montré  les 
inégalités  de  ces  trous,  dans  le  squelette  du  Mesotherium.  Or  les  trous  de 
conjugaison  servant  de  couvercle  aux  ganglions  intervertébraux,  il  s'ensuit 
que  leur  ouverture,  donne  la  mesure  exacte  de  la  grosseur  de  ces  ganglions. 
Un  trou  insolite  existe  chez  le  Mesotlierium  à  la  partie  postérieure  du  sa- 
crum et,  conformément  à  cette  règle  générale,  sa  formation  résulte  de  la 
fusion  des  rudiments  des  apophyses  transverses,  avec  le  bord  interne  de 
l'ischion. 

»  Il  en  est  de  même  des  cavités  articulaires  ;  deux  pièces  au  moins  se 
réunissent  pour  concourir  à  leur  formation  :  or,  chez  le  Mesotherium,  la 
cavité  articulaire  de  l'atlas,  et  plus  manifestement  encore,  celles  destinées  à 
recevoir  la  tète  des  côtes,  nous  ont  donné  la  confirmation  de  cette  règle. 

»  Pour  la  détermination  des  éléments  osseux  du  squelette,  l'ostéogénie 
est  obligée  de  recourir  à  l'étude  comparative  du  fœtus  des  animaux.  Or  les 


(  «7  ) 
ossements  fossiles  ne  nous  offrant  cet  organisme  qu'à  son  état  adulte,  il  en 
résulte  que  nous  serions  privés,  chez  eux,  de  cette  connaissance,  si  une  autre 
règle  ne  nous  venait  en  aide  pour  arriver  à  cette  détermination.  Cette 
règle  est  celle  de  la  solidescence.  Chez  les  animaux  adultes  vivants,  la  par- 
tie la  plus  solide  des  os,  est  toujours  celle  par  laquelle  a  commencé  leur 
ossification.  D'où  il  suit  que  sur  les  os  composés,  leur  différence  de  densité 
indique  les  points  précoces  ou  tardifs  de  leur  manifestation.  Cette  règle, 
appliquée  au  Mesotherium,  nous  montre  avec  évidence  que  l'ossification 
commençait,  comme  chez  tous  les  Mammifères,  par  les  masses  latérales 
des  vertèbres,  et  ne  se  manifestait  qu'en  second  lieu,  sur  les  corps  de  ces 
mêmes  os. 

»  Faisons  remarquer  à  ce  sujet,  toute  l'importance  pour  la  paléontologie 
de  cet  accord,  dans  les  temps  anciens  et  présents,  des  lois  qui  président  à 
la  formation  des  organismes  dans  les  deux  ordres  d'animaux.  Le  plan  est 
le  même,  l'exécution  est  semblable,  il  n'y  a  de  différente  que  la  différence 
des  êtres  dont  les  uns  ont  disparu,  pour  faire  place  à  d'autres,  qui  leur  ont 
succédé.  » 

ANATOMIE  végétale.  —  Des  vaisseaux  propres  dans  les  Térébenthinées; 

par  M.  A.  Tréccl. 

«  Dans  les  plantes  de  ce  groupe  j'ai  trouvé  les  vaisseaux  propres  de  la 
tige  :  i°  dans  l'écorce  seulement  (Rluts  aromatica,  suaveolens,  Cotinus,  coria- 
ria,  virens;  Pistacia  vera ,  Lentiscus ;  Schinus  molle);  i°  dans  l'écorce  et  la 
moelle  à  la  fois  (Rhus  toxicodendrpn,  typhina,  glauca,  elegans,  semialata); 
3°  dans  la  moelle  seulement  [Ailanlus  glanclutosa,  Brucea  ferrurjinea)  ; 
/|°  dans  l'écorce,  le  bois  et  la  moelle  (Rhus  viminalis).  Les  racines  quejJai 
examinées  ne  m'ont  présenté  de  vaisseaux  propres  que  dans  l'écorce. 

»  Dans  ma  communication  du  6  mai,  j'ai  dit  que  dans  les  jeunes  racines 
de  1' ' Aralia  edulis  les  premiers  vaisseaux  propres  apparaissent  vis-à-vis  des 
premiers  rayons  médullaires.  Il  n'en  est  pas  de  même  dans  les  Rhus  toxico- 
dendron,  aromaliea,  Colinus,  eleqans,  Pislacia  vera,  etc.  Le  corps  ligneux  de 
leurs  racines,  d'abord  divisé  en  quatre,  cinq  ou  six  faisceaux  primaires  par 
autant  de  rayons  médullaires,  n'offre  dans  l'écorce  qu'un  vaisseau  propre 
opposé  au  milieu  de  chaque  faisceau  fibrovasculaire  (i).  Dans  des  racines 

(i)  Pour  faciliter  l'observation,  on  ioclera  les  préparations.  L'amidon  des  ravons  médul- 
laires étant  bleui,  la  position  relative  des  parties  sera  plus  marquée. 

C.  R.,  1867,  i'  Semestre.  (T.  LXV ,  N°  1.)  3 


(  i8  ) 
un  peu  plus  âgées  des  Riais  toxicodendron  et  Cotinus  il  existait  en  outre, 
dans  l'écorce  interne,  deux  vaisseaux  propres  vis-à-vis  de  chaque  faisceau 
primaire,  un  pour  chaque  moitié  de  celui-ci.  Dans  une  racine  de  8  milli- 
mètres de  diamètre  du  Pistacia  vera  il  y  avait  de  ces  laticifères  sur  trois 
lignes  concentriques.  Ceux  du  cercle  le  plus  externe  étaient  opposés  aux 
faisceaux  primaires;  ceux  du  deuxième  cercle  l'étaient  aux  faisceaux  secon- 
daires; ceux  du  troisième  cercle  correspondaient  aux  faisceaux  tertiaires, 
mais  il  n'y  en  avait  pas  vis-à-vis  de  tous  ces  derniers  faisceaux.  Dans  une 
racine  de  25  millimètres  de  diamètre,  les  vaisseaux  propres  étaient  sur  six 
plans  différents.  Ceux  des  quatre  plans  externes,  mêlés  aux  groupes  de 
fibres  du  liber,  n'accusaient  pas  de  lignes  concentriques.  Ceux  de  l'écorce 
la  plus  interne  se  montraient  seuls  rangés  suivant  une  ligne  circulaire  ou 
suivant  deux  telles  lignes  concentriques  çà  et  là  interrompues.  Une  racine 
de  Rhus  elegans,  de  8mm,  5  de  diamètre,  avait  ses  vaisseaux  propres  les  plus 
externes  épais,  mais  son  écorce  interne  en  présentait  sur  quatre  lignes  cir- 
culaires plus  ou  moins  étendues.  Dans  une  racine  plus  âgée,  de  i5  milli- 
mètres de  diamètre,  les  vaisseaux  propres,  sur  six  à  sept  plans  différents, 
n'étaient  manifestement  en  ligne  circulaire  que  dans  le  plan  le  plus  interne. 
Ces  vaisseaux  propres  des  racines  se  montrent  fréquemment  anastomosés 
sur  des  coupes  tangentielles.  J'y  ai  même  vu  des  réticulations  dans  les 
racines  des  Pistacia  vera,  Rhus  toxicodendron,  aromatica;  mais  les  plus  beaux 
réseaux  m'ont  été  donnés  par  les  racines  du  Rhus  elegans. 

»  La  racine  du  Ptelea  trifoliata  ne  contient  pour  tous  vaisseaux  propres 
que  des  cellules  isolées,  éparses,  pleines  d'oléorésine,  et  semblables  par 
leur  forme,  leur  dimension,  l'épaisseur  de  leur  membrane,  aux  cellules 
environnantes,  qui  sont  remplies  d'amidon.  Dans  la  tige  au  contraire, 
l'oléorésine  est  contenue  dans  des  cavités  globuloïdes  ou  elliptiques  qui 
ont  transversalement  de  omiD,6  à  omm,  23  sur  o™,io,  et  longitudinalement 
oram,io  sur  omm,o6  à  oram,  25  sur  omm,n.  Elles  sont  dépourvues  de  mem- 
brane propre,  et  entourées  de  quelques  rangées  de  cellules  comprimées. 
Ces  organes  de  la  tige,  décrits  par  M.  de  Mirbel,  sont  situés  dans  le  paren- 
chyme vert  externe. 

»  La  tige  des  Zanthoxylum  Pterota  et  fraxineum  offre  des  organes  de 
même  nature,  et  pleins  aussi  d'oléorésine.  Ces  plantes  possèdent  en  outre, 
dans  leur  écorce  sous-libérienne,  des  cavités  analogues,  mais  oblongues  et 
remplies  de  globules  d'oléorésine  qui  ont  de  omm,ooi  à  omm,oi5.  Ces  der- 
nières cavités  ont  omm,o5  à  omm,i2  de  long  sur  o,um,oi  à  omm,o4  de  large, 
et  sont  plus  nombreuses  que  celles  de  l'écorce  externe.  Il  continue  d'ail- 


(   '9  ) 
leurs  de  s'en  former,  à   mesure  que   l'écorce  interne  s'accroît,  dans  un 
rameau  de  deux  ans  de  Z.  Pterota  par  exemple. 

»  Dans  la  tige  des  Rhus,  Pistacia,  Schinus,  etc.,  les  vaisseaux  propres  de 
l'écorce  ne  sont  jamais  extralibériens.  Les  premiers  apparaissent  dans  les 
faisceaux  corticaux  eux-mêmes,  à  peu  près  en  même  temps  que  les  tra- 
chées au  côté  interne  du  faisceau.  Ils  se  montrent  d'abord,  au  moins  dans 
les  faisceaux  principaux,  vus  sur  des  coupes  transversales,  sous  la  forme 
de  fentes  linéaires  d'abord  sans  suc  propre,  étendues  radialement  et  bor- 
dées d'une  rangée  de  cellules  beaucoup  plus  larges  que  les  environnantes. 
De  ces  cellules  limitantes  plus  larges  les  accompagnent  à  tous  les  âges,  car 
à  l'état  parfait  ces  vaisseaux  propres  ont  ordinairement  pour  paroi,  sinon 
toujours,  des  utricules  plus  grandes  que  les  cellules  comprimées  qui  for- 
ment autour  d'elles  plusieurs  rangées.  Dans  les  faisceaux  les  plus  petits  de 
quelques  espèces,  ces  vaisseaux  propres  externes  commencent  par  une 
courte  ligne  noire  sinueuse,  environnée  aussi  de  plus  larges  cellules.  Cette 
ligne  ou  fente,  par  l'écartement  des  parois,  devient  un  méat  irrégulier  si  la 
ligne  était  courte  et  sinueuse,  ou  semblable  à  une  boutonnière  un  peu  ou- 
verte si  la  fente  était  droite  et  plus  longue.  Cette  ouverture  se  remplit  de 
suc  propre  bien  avant  d'avoir  atteint  la  largeur  des  cellules  qui  la  bordent, 
ce  qui  paraît  exclure  toute  idée  de  destruction  utriculaire. 

»  Ces  premiers  développements  s'observent  surtout  avec  facilité  dans  le 
Rhus  toxicodendron,  qui  donne  aisément  des  coupes  très-nettes.  L'évolution 
des  vaisseaux  propres  de  la  moelle  de  cette  plante  conduit  aussi  à  la  même 
conclusion.  Il  se  forme  d'abord  un  petit  groupe  de  cellules  plus  étroites 
que  les  autres  utricules  médullaires,  puis  une  courte  fente  sinueuse  appa- 
raît vers  le  milieu  du  groupe;  elle  s'élargit  un  peu,  montre  du  suc  propre 
à  globules  très-ténus  avant  d'avoir  acquis  la  largeur  des  cellules  margi- 
nales. L'ouverture,  d'abord  irrégulière,  grandit,  et  un  canal  de  largeur 
variable  en  résulte;  mais  il  est  limité  par  les  cellules  les  plus  étroites,  et 
non  par  de  plus  larges,  comme  le  sont  celles  qui  bordent  les  premiers  vais- 
seaux propres  de  l'écorce  des  Pistacia  vera,  Rhus  aromalica,  etc.  Toutefois, 
ces  vaisseaux  propres  de  l'écorce,  dans  quelques  espèces  surtout,  ne  sont 
pas  toujours  entièrement  bordés  par  des  cellules  plus  larges;  il  n'en  existe 
parfois  que  sur  une  partie  de  leur  pourtour.  Alors  ces  plus  grandes  cel- 
lules sont  saillantes  dans  la  cavité,  mais  celle-ci  se  régularise  en  avançant 
en  âge. 

»  Ces  vaisseaux  propres  corticaux  primaires,  comprimés  parallèlement 
au  rayon  dans  l'origine,  sont  presque  toujours  déprimés  dans  le  sens  op- 

3.. 


(    20    ) 

posé  après  leur  parfait  développement.  Chacun  d'eux  est  placé  sous  un 
faisceau  arqué  de  fibres  du  liber  épaissies  dans  le  rameau  de  l'année,  ainsi 
que  l'a  figuré  M.  de  Mirbel  dès  1808  pour  les  Rhus  typhina  et  semialala. 

v  A  mesure  que  l'écorce  interne  s'accroît  en  épaisseur,  il  y  naît  des  vais- 
seaux propres  en  quantité  variable  suivant  les  espèces,  et  ils  y  sont  d'abord 
fréquemment  disposés  en  cercles  avec  plus  ou  moins  de  régularité,  ou  sur 
des  portions  de  circonférence  plus  ou  moins  étendues;  mais  plus  tard, 
l'élargissement  de  l'écorce  détruisant  Tordre  primitif,  ils  paraissent  épars. 
Ces  vaisseaux  de  l'écorce  interne  se  montrent  anastomosés  en  réseau  paral- 
lèlement à  la  circonférence  de  la  tige  dans  diverses  plantes  (Schinus  molle, 
Rhus  semialala,  viminatis,  elegans,  glauca,  virens,  coriaria).  L'une  des  plus 
favorables  pour  l'étude  de  ces  réticulations  est  le  Rhus  typhina,  d'après 
lequel  M.  Lestiboudois  les  a  décrites  en  1 863  (Comptes  rendus,  t.  LVI, 
p.  821).  D'autres  espèces,  tout  en  présentant  assez  souvent  des  anasto- 
moses, ne  laissent  apercevoir  que  très-rarement  des  mailles  (Pislacia  vera, 
Lentiscus). 

»  Parmi  les  plantes  qui  possèdent  des  vaisseaux  propres  dans  l'écorce 
et  dans  la  moelle,  la  plus  remarquable  sous  ce  rapport  est  le  Rhus  semialala, 
qui  m'a  offert  58  de  ces  vaisseaux  au  voisinage  de  l'étui  médullaire.  Dans 
le  Rhus  typhina  j'en  ai  vu  jusqu'à  25  dans  la  même  position  ;  mais  dans  les 
Rhus  viminatis,  glauca,  elegans,  ils  y  sont  plus  rares.  Dans  le  Rhus  viminatis, 
je  n'en  ai  vu  que  de  5  à  12,  très-irrégulièrement  distribués  dans  la  moelle. 
L'un  d'eux  est  opposé  au  faisceau  médian  de  la  base  de  chaque  feuille,  et, 
quand  il  se  ramifie,  la  coupe  transversale  peut  en  présenter  deux  ou  même 
trois  dans  le  plan  radial  ;  les  autres  sont  épars  dans  la  moelle.  Le  Rhus  glauca 
montre  aussi  quelque  variation  à  cet  égard  :  tantôt  il  existe  un  seul  vais- 
seau propre  dans  la  moelle,  et  il  est  vis-à-vis  du  faisceau  médian  de  la  feuille 
voisine;  tantôt  il  en  offre  deux  opposés  dans  la  même  situation.  D'autres 
fois  il  y  en  a  un  opposé  au  faisceau  médian  d'une  autre  feuille  voisine,  et 
dans  quelques  coupes  vis-à-vis  d'un  troisième  et  d'un  quatrième  faisceau.  Au 
contraire,  vis-à-vis  de  certaines  feuilles,  il  n'en  existe  pas  du  tout,  bien  que 
plus  bas  on  en  observe  encore.  Un  rameau  de  deux  ans  m'a  fait  voir  vis- 
à-vis  du  faisceau  médian  des  anciennes  feuilles  tantôt  un  seul  vaisseau 
propre,  et  tantôt,  en  opposition  avec  des  feuilles  plus  élevées,  jusqu'à  trois 
et  même  cinq  vaisseaux  propres.  Le  Rhus  elegans  est  non  moins  singulier. 
Deux  rameaux  de  l'année,  longs,  l'un  de  4  centimètres,  l'autre  de  io,  ne 
montraient  dans  la  moelle,  sur  les  coupes  transversales,  qu'un  seul  vais- 
seau propre  opposé  au  faisceau  médian  de  la  feuille  voisine.  Un  autre  ra- 


(    21     ) 

meau  plus  vigoureux  avait  un  vaisseau  propre  vis-à-vis  de  chacun  des  trois 
faisceaux  qui  allaient  à  la  feuille  examinée,  et  aussi  vis-à-vis  des  trois  fais- 
ceaux de  la  feuille  qui  venait  après,  et  même  vis-à-vis  de  plusieurs  autres 
faisceaux.  Un  autre  rameau  long  de  19  centimètres  avait,  vis-à-vis  du  fais- 
ceau médian  de  chacune  des  cinq  feuilles  supérieures,  deux  vaisseaux 
propres  opposés  suivant  le  plan  radial  :  le  plus  interne  était  le  plus  grand, 
comme  c'est  l'ordinaire  dans  ce  cas.  Ce  qui  est  remarquable,  c'est  qu'il 
n'existait  plus  de  vaisseaux  propres  dans  la  moelle,  dans  tout  le  rameau 
au-dessous  de  la  cinquième  feuille,  et  dans  un  autre  rameau  au-dessous 
de  la  septième.  Dans  le  Rhus  toxicodendron,  les  vaisseaux  propres  sont 
épars  irrégulièrement  dans  le  parenchyme  médullaire,  et  leur  nombre  a 
varié  de  3  à  12.  Pendant  leur  développement  dans  de  jeunes  rameaux,  je 
n'en  ai  quelquefois  pas  observé  sur  certaines  coupes  transversales,  et  pour- 
tant j'en  trouvais  dans  des  coupes  prises  plus  haut  et  plus  bas;  néan- 
moins j'ai  vu  de  ces  canaux  anastomosés  entre  eux  dans  des  rameaux  plus 


âges. 


»  Les  vaisseaux  propres  peuvent  être  au  nombre  de  4o  à  60  à  la  péri-  • 
phérie  de  la  moelle  de  ÏÀilanlus  glandulosa.  Ils  sont  situés  entre  la  parlie 
saillante  des  faisceaux  trachéens,  où  ils  commencent  avec  l'apparence  de 
méats  très-irréguliers  dans  leur  section  transversale  et  suivant  leur  lon- 
gueur. Dans  le  Brucea femiginea  les  vaisseaux  propres  occupent  une  posi- 
tion semblable  autour  de  la  moelle.  Leur  largeur  variait,  sur  une  même 
coupe  transversale  du  rameau,  depuis  l'aspect  d'une  simple  fente  jusqu'à 
omm,35  sur  omm,20  d'ouverture  (le  grand  diamètre  est  ordinairement  paral- 
lèle aux  rayons  de  la  tige).  La  largeur  d'un  même  vaisseau  est  souvent 
aussi  très-différente  à  des  hauteurs  diverses,  et  l'une  des  extrémités  de  la 
partie  dilatée  est  quelquefois  le  point  de  jonction  de  deux  branches,  tandis 
que  l'autre  extrémité  peut  s'atténuer  au  point  de  sembler  se  terminer  en 
cône,  ou  en  tube  grêle,  ou  en  une  fente  plus  ou  moins  étroite  comme 
celles  que  je  viens  de  signaler. 

»  Les  Rhus  semialata,  viminalis,  ylauca,  typhina  m'ont  fait  voir  la  commu- 
nication des  vaisseaux  propres  de  la  moelle  avec  ceux  de  l'écorce  à  travers 
l'espace  laissé  libre  dans  le  corps  ligneux  par  l'écartement  des  faisceaux 
qui  vont  aux  feuilles.  J'ai  dit  précédemment  qu'il  existe  souvent  un  vais- 
seau propre  opposé  au  faisceau  médian  de  chaque  feuille  du  Rhus  glauca, 
et  que  ce  vaisseau  se  ramifie  vis-à-vis  de  l'aisselle  de  la  feuille.  Dans  ce  cas, 
une  des  branches  suit  le  faisceau  médian  de  celle-ci,  tandis  que  l'autre 
branche  plus  forte  monte  plus  haut  et  se  bifurque  de  nouveau  :  la  plus 


{     22    ) 

faible  branche  passe  dans  l'écorce,  s'étend  au-dessous  du  bourgeon  où  elle 
se  ramifie;  l'autre  branche  au  contraire  continue  de  se  prolonger  par  en 
haut  dans  la  moelle.  Le  Rhus  semialala  m'a  offert  à  la  fois  sur  la  même 
coupe  transversale  jusqu'à  4  vaisseaux  propres  allant  de  la  moelle  dans 
l'écorce.  Il  y  en  avait  deux  quelquefois  dans  un  même  passage  intraligneux 
latéral,  un  de  chaque  côté,  et  dans  l'autre  passage  latéral  un  vaisseau  propre 
venant  de  la  moelle  se  bifurquait  au  milieu,  d'où  ses  deux  branches  arri- 
vaient dans  l'écorce.  Là,  dans  l'aisselle  de  la  feuille,  les  laticifères  présen- 
tent de  fréquentes  anastomoses.  Dans  le  Rlms  viminalis,  on  trouve  souvent 
plusieurs  vaisseaux  propres  de  la  moelle  réunis  en  réseau  vis-à-vis  de  l'inser- 
tion de  la  feuille.  Ils  y  subissent  fréquemment,  par  la  destruction  de  cel- 
lules environnantes,  des  élargissements  qui  atteignent  jusqu'à  omm,5o 
sur  oIura,25,  d'où  partent  plusieurs  branches  dans  des  directions  diffé- 
rentes. Les  réticulations  de  ces  vaisseaux  propres  se  continuent  même 
dans  le  passage  intraligneux  médian,  et  les  branches  qui  en  émanent  sont 
en  relation  avec  les  vaisseaux  de  l'écorce,  de  la  feuille  et  du  bourgeon. 

»  Ce  Rhus  viminalis  m'a  fourni  un  cas  bien  digne  de  fixer  l'attention  des 
phytotomistes.  J'y  ai  trouvé  de  ces  vaisseaux  propres  dépourvus  de  mem- 
brane,  passant  de  l'écorce  dans  le  bois,  comme  dans  les  plus  beaux 
exemples  de  laticifères  munis  d'une  membrane  particulière.  Par  des  coupes 
radiales  on  obtient  souvent  des  vaisseaux  propres  qui,  verticaux  dans 
l'écorce,  à  des  profondeurs  diverses,  se  courbent  à  angle  droit  et  pénètrent 
dans  le  bois  en  suivant  les  rayons  médullaires.  Ailleurs,  c'est  un  vaisseau 
vertical  aussi,  qui  émet  latéralement,  et  de  même  à  angle  droit,  une  branche 
parfois  plus  large  que  lui,  laquelle  entre  dans  le  corps  ligneux.  J'ai  même 
vu  un  de  ces  vaisseaux  horizontaux  du  bois  qui,  dans  l'écorce,  traversait 
en  croix  un  autre  vaisseau  propre  vertical,  puis,  un  peu  rétréci,  allait  se 
terminer  plus  à  l'extérieur  dans  une  partie  élargie,  qui  devait  être  un  point 
d'union  avec  un  autre  laticifère.  Ce  qu'il  y  a  de  singulier,  c'est  que  ces 
vaisseaux,  dont  il  y  a  quelquefois  deux  dans  le  même  rayon  médullaire, 
ne  communiquent  pas  avec  ceux  de  la  moelle.  Par  conséquent,  en  relation 
avec  le  bois  et  l'écorce  seulement,  ils  ne  sont  pas  destinés  à  faire  commu- 
niquer les  laticifères  de  l'écorce  et  de  la  moelle,  comme  on  a  pu  le  croire 
pour  ceux  que  j'ai  décrits  antérieurement,  en  parlant  des  laticifères  à  mem- 
brane propre  du  Figuier,  des  Dorstenia,  du  Beaumonlia,  etc.  Ils  ne  peuvent 
avoir  pour  objet  (ainsi  que  ces  laticifères  des  Euphorbes,  qui,  partant  de 
l'écorce,  décrivent  une  courbe  dans  le  bois  et  reviennent  à  l'écorce)  que  de 
mettre   les  vaisseaux    propres   de  cette  écorce  en  relation  avec  le   corps 


(  23  ) 
ligneux.  Ces  vaisseaux  transverses  ne  paraissent  pas  exister  dans  le  bois  des 
rameaux  de  première  et  de  deuxième  année  de  ce  Rhus.  Je  ne  les  ai  vus 
apparaître  que  dans  les  rameaux  de  trois  ans,  et  ils  sont  plus  nombreux  dans 
les  branches  de  quatre  et  de  cinq  ans. 

»  Le  nombre  des  faisceaux  qui  passent  de  la  tige  dans  la  feuille  est  de 
trois  dans  les  Rhus  virens,  elegans,  viminaiis,  Schinus  molle,  etc.,  de  sept  dans 
le  Rhus  typhina,  etc.  Chaque  faisceau  possédant  un  vaisseau  propre  dans  sa 
partie  corticale,  il  importerait  de  décrire  ici  la  distribution  des  faisceaux 
dans  le  pétiole  pour  connaître  celle  des  laticifères  dans  cet  organe,  mais 
l'espace  ne  me  permet  pas  d'aborder  en  détail  une  telle  description.  Je  dirai 
seulement  que  ces  faisceaux  disposés  en  arc,  isolés  comme  d'ordinaire,  et 
dépourvus  de  fibres  du  liber  très-épaissies  dans  la  base  renflée  du  pétiole, 
s'y  multiplient  par  division  (i).  Leurs  ramifications  se  rangent,  les  unes  sur 
la  corde  de  l'arc,  vers  la  face  interne  du  pétiole,  les  autres  entre  les  faisceaux 
primaires.  Tous  ces  faisceaux  complètent  la  zone  ligneuse  pétiolaire.  Dans 
cette  zone,  les  vaisseaux  propres  sont  situés  au-dessous  des  fibres  du  liber 
épaissies  de  chacun  des  faisceaux,  au  moins  des  principaux.  Le  Rhus 
semialata  a  de  plus,  sur  le  côté  interne  médullaire  de  ses  plus  gros  faisceaux, 
un,  deux  et  trois  vaisseaux  propres,  qui  ont  jusqu'à  omm,  o65  de  largeur. 
Il  est  à  peine  nécessaire  de  dire  que  Y Ailantus  glandulosa  et  le  Bruceafer- 
ruginea,  qui  n'ont  pas  de  vaisseaux  propres  dans  l'écorce  des  rameaux, 
n'en  offrent  pas  davantage  dans  celle  du  pétiole. 

»  Dans  la  moelle  du  pétiole  du  Brucea  en  particulier,  il  y  a  un  et  souvent 
deux  vaisseaux  propres  entre  la  partie  saillante  des  faisceaux  vasculaires. 
Le  pétiole  de  Y  Ailantus  a  une  structure  plus  compliquée.  Des  sept  à  neuf 
faisceaux  qu'il  reçoit  du  rameau,  il  en  naît  un  assez  grand  nombre  qui  pro- 
duisent, outre  la  zone  fibrovasculaire  normale,  en  dedans  de  laquelle  sont 
des  vaisseaux  propres,  une  zone  de  faisceaux  ligneux  intramédullaire,  très- 
irrégulière,  avec  d'autres  faisceaux  épars  dans  la  moelle  qu'elle  enserre,  et 
quelques  vaisseaux  propres.  Tout  ce  système  intramédullaire  se  dégrade 
insensiblement  vers  le  haut  du  rachis. 

»  Vers  la  base  de  la  nervure  médiane  de  chaque  foliole  de  Y  Ailantus,  le 
système  fibrovasculaire  forme  trois  arcs  :  l'inférieur,  qui  est  le  plus  grand, 
est  ouvert  vers  la  face  supérieure,  et  a  deux  vaisseaux  propres  dans  sa  région 

(i)  Sans  savoir  qui  le  premier  a  signalé  la  division  des  faisceaux  à  la  base  du  pétiole,  je 
crois  devoir  rappeler  cpie  j'en  ai  parlé  dès  1846  [Jnnalcs  des  Sciences  naturelles,  3e  série, 
t.  VI,  p.  344..  ligne  1). 


(    A    ) 

médullaire;  le  supérieur,  qui  est  le  plus  petit,  et  tourné  en  sens  inverse,  a 
aussi  deux  vaisseaux  propres  vers  sa  région  trachéenne.  Le  troisième,  de 
grandeur  moyenne,  et  placé  entre  les  deux,  est  tourné  dans  le  même  sens 
que  le  premier.  Il  peut  être  considéré  comme  représentant  la  zone  vascu- 
laire  intramédullaire  du  pétiole.  Une  zone  libérienne,  divisée  en  faisceaux 
vers  la  face  externe,  continue  sur  les  côtés  et  vers  la  face  supérieure  de  la 
feuille,  embrasse  tout  ce  système  fibrovasculaire.  Les  nervures  secondaires 
n'ont  pas  de  vaisseaux  propres. 

»  La  feuille  du  Bruceaferruginert  présente  aussi  quelque  intérêt.  Sa  ner- 
vure médiane  a  sept  à  huit  faisceaux  vers  sa  base,  où  ils  forment  une  zone 
un  peu  déprimée  sur  la  face  supérieure.  Six  vaisseaux  propres  intramédul- 
laires  sont  opposés  ordinairement  chacun  àun  intervalle  cellulaire  séparant 
deux  faisceaux.  Selon  la  coutume,  cette  nervure  se  dégrade  vers  le  sommet, 
où  elle  a  à  peu  près  la  structure  des  nervures  secondaires.  Celles-ci  n'ont 
que  deux  ou  trois  petits  faisceaux  presque  juxtaposés,  dans  choque  intervalle 
desquels  il  y  a  un  vaisseau  propre.  Dans  les  nervures  plus  petites,  de  troi- 
sième ou  de  quatrième  ordre,  les  éléments  fibrovasculaires  sont  épanouis 
autour  de  l'unique  vaisseau  propre,  de  manière  que  les  trachées  elles- 
mêmes  sont  disposées  en  demi-cercle  autour  de  la  moitié  supérieure  de  ce 
laticifère,  dont  elles  ne  sont  tout  au  plus  séparées  que  par  les  cellules 
pariétales  de  ce  vaisseau  propre. 

»  Dans  la  nervure  médiane  des  Rhus  toxicodendron  et  semialata,  le  système 
fibrovasculaire  est  partagé  en  deux  parties  :  l'une  supérieure,  formée  de 
trois  faisceaux  réunis,  est  munie  de  trois  vaisseaux  propres  placés  sous  le 
liber;  l'autre  inférieure,  composée  de  sept  faisceaux  rangés  en  arc,  a  aussi 
sept  laticifères.  Dans  la  nervure  médiane  des  folioles  du  Rhus  typhina  et  du 
Pislacia  vera,  il  y  a  un  seul  vaisseau  propre  sur  le  côté  supérieur,  et  cinq 
sur  le  côté  inférieur.  Dans  celle  des  Rhus  aromatica,  qlauca  et  viminalis,  il 
n'y  a  de  même  qu'un  seul  vaisseau  propre  au  côté  supérieur,  mais  seule- 
ment trois  à  l'inférieur.  Dans  les  Rhus  Cotinus,  virens,  Pislacia  Lentiscus,  etc., 
il  n'y  a  pas  de  vaisseaux  propres  au  côté  supérieur,  et  il  y  en  a  trois  au  côté 
inférieur,  ou  accidentellement  quatre.  Dans  la  nervure  médiane  daSchinus 
molle,  qui  n'a  que  deux  faisceaux  au  côté  inférieur,  et  un  faisceau  rudimen- 
taire  au  côté  supérieur,  il  n'existe  que  deux  vaisseaux  propres,  un  dans 
chaque  faisceau  inférieur. 

»  Dans  les  Rhus,  Pislacia,  Schinus  nommés  ici,  toutes  les  nervures  autres 
que  la  nervure  médiane  n'ont  qu'un  vaisseau  propre,  qui  est  sur  le  côté 
inférieur.  Les  tout  à  fait  petites  nervures  ne  m'ont  pas  présenté  de  laticifère 


(  «fi  ) 
(Rhus  aromalica).  Chez  deux  de  ces  plantes,  les  Rhus  glauca  et  semialata, 
j'ai  constaté  que  leurs  vaisseaux  propres  sont  réticulés  comme  leurs  ner- 
vures. 

»  On  sait  que  dans  les  folioles  du  Plelea  (rifoliala  et  des  Zanlhoxylmn  sont 
éparses  des  glandes  oléorésineuses  semblables  à  celles  qui  existent  dans 
l'écnrce  des  rameaux;  mais  ce  qui  n'a  pas  été  observé,  je  crois,  c'est  que, 
au  moins  dans  le  Z.  Pterota,  il  y  a  au  contact  des  nervures,  sur  leurs  côtés 
et  sur  leurs  faces  supérieure  et  inférieure,  des  cavités  oblongues  pleines  de 
globules  de  suc  propre,  semblables  à  celles  que  j'ai  signalées  dans  l'écorce 
sous-libérienne  de  la  même  plante.  Ces  cavités,  ou  vaisseaux  propres,  s'élar- 
gissent un  peu  à  la  jonction  des  nervures,  quand  elles  s'y  trouvent. 

»  Il  me  reste  à  mentionner  un  fait  remarquable  qui  commence  à  se  mani- 
fester avant  la  chute  des  feuilles.  Il  consiste  dans  l'obstruction  des  vaisseaux 
propres  à  la  base  du  pétiole.  Cette  obstruction  est  effectuée  par  une  multi- 
plication utriculaire  qui  débute  par  l'agrandissement  des  cellules  pariétales 
des  vaisseaux  propres.  Les  cellules  agrandies  se  divisent;  les  nouvelles  en 
produisent  d'autres  à  leur  tour,  et  bientôt  les  vaisseaux  propres  sont  tout  à 
fait  pleins  de  parenchyme,  à  l'insertion  même  de  la  feuille,  bien  qu'à 
petite  distance  ces  vaisseaux  aient  l'aspect  normal  et  soient  remplis  de  suc 
propre  (Pislacia  vera }  Rhus  semialata,  Cotinus,  coriaria,  loxicodendrou , 
typhina,  suaveolens,  aromatiea).  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Pays  électriques  et  aperçus  sur  leur  rôle  météorologique; 

par  M.  3.  Fournet. 

«  1.  Considérations  préliminaires.  —  Il  ne  peut  pas  être  indifférent  pour 
la  science  de  savoir  s'il  existe  ou  non  des  pays  plus  électriques  que  d'autres, 
car,  indépendamment  de  l'étrangeté  du  fait,  il  n'est  nullement  impossible 
que,  même  à  de  très-grandes  distances,  des  réactions  météorologiques 
résultent  de  ces  inégales  distributions  du  fluide  électrique. 

»  A  cet  égard,  les  persévérantes  études  de  M.  de  Saussure,  combinées 
avec  celles  de  divers  physiciens,  ont  fait  connaître  assez  exactement  ce  qui 
arrive  chez  nous  en  temps  ordinaire.  D'autre  part  aussi,  quelques  voya- 
geurs ont  signalé  certains  effets  fort  curieux,  qui  se  manifestent  normale- 
ment dans  des  contrées  éloignées.  Enfin,  amené  à  agrandir  la  sphère  de  nos 
connaissances  par  suite  de  mes  recherches  sur  le  rôle  orageux  du  sud-ouest, 
j'ai  dû  me  familiariser  avec  l'idée  qu'il  pourrait  bien  nous  apporter  l'élec- 
tricité puisée  dans  les  régions  situées  de  l'autre  côté  de  l'Atlantique,  et  dès 

C.  R. ,  1867,   2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  1.)  4 


(  *6  ) 
lors  il  ne  me  restait  plus  qu'à  examinerai  existe  réellement  ici  des  causes 
de  nature  à  confirmer  ces  présomptions;  quitte  a  les  gênera hser  en    ut 

.   2    Phénomènes  mexicains.  -      En  consultant  d'abord  1  important  tra 
vail  sur  l'hydrologie  du  Mexique  dont  on  est  redevable  à  M.  H.  de    aussur 
petit-fils  du  grand  explorateur  des  Alpes,  on  voit  qu  a  la  fin  de  Ihxver  k 
sécheresse  devient  excessive  sur  les  plateaux  élevés  du  pay     ou  1  évapora 
tion  est  immense.  Les  vapeurs  n'y  troublent  plus  la  pureté  du  ciel ,  e t  la 
production  des  étincelles  an  contact  des  objets  s'y  manifeste,  par  moments, 
avec  une  remarquable  intensité. 

»  3    Cette  tension  se  soutient  même  en  pleine  saison  des  pluies,  car,  en 
août  ,856,  M.  H.  de  Saussure,  faisant  avec  M.  Peyrot  l'ascension  duNevado 
de  Toluca,  malgré  les  avis  réitérés  des  habitants  du  pays    ils  ne  tardèrent 
ps  à  être  enveloppés  par  un  brouillard  glacial,  symptôme  menaçant  de 
Forage  qui  se  préparait.  Bientôt,  un  vent  violent,  un  grésil,  puis  des  éclairs, 
des  coups  de  tonnerre,  roulant  presque  sans  interruption  *""£*£ 
épouvantable,  les  obligèrent  à  descendre,  poursuivis  par  la  enn* de 
décharges.  Plus  bas,  l'orage  parut  se  calmer  un  instant,  et  nos  voyageurs 
furent  enveloppés  par  un  brouillard  ou  nuage  gris,  accompagne  de  grésil, 
dans  lequel  on  vit  les  chevaux  des  guides  indiens  s'agiter  comme  pour  se 
soulever  ;  bientôt  aussi  survint  un  bruit  sourd,  indéfinissable,  d  abord  taible, 
quoique  général,  mais  de  plus  en  plus  fort,  très-distinct,  et  même  inquié- 
tant  C'était  une  crépitation  universelle,  du  genre  de  celle  qu  auraient  faite 
les  petites  pierrailles  de  la  montagne  si  elles  s'étaient  entrechoquées.  Enfin, 
à  cette  rumeur,  d'une  durée  de  cinq  à  six  minutes,  succédèrent  de  nouveaux 
tonnerres  et  des  pluies  qui  se  soutinrent  jusqu'à  la  limite  supeneure  des 
forêts,  où  l'orage  devint  plus  supportable,  parce  que  d'une  part  la  distance 
du  foyer  électrique  était  devenue  plus  grande  et  que,  d'un  autre  cote,  les 
décharges  partielles  se  trouvaient  multipliées  et  favorisées  par  la  végétation. 
.  4   Déjà  antérieurement,  M.  Craveri,  physicien  de  Mexico,  avait  assiste  a 
un  spectacle  semblable,  et,  en  particulier,  le  19  mai  i845,  le  phénomène 
était  amené  subitement  par  un  nuage  venant  de  l'ouest.  Les  sensations  élec- 
triques qu'éprouvèrent  ses  guides  et  lui,  à  toutes  leurs  extrémités,  aux  doigts, 
au  nez  aux  oreilles,  furent  aussitôt  suivies  d'un  bruit  sourd,  et  pourtant  le 
tonnerre  ne  grondait  pas  encore;  les  longs  cheveux  des  Indiens  se  tenaient 
roides  et  hérissés,  en  donnant  à  la  tète  de  ces  hommes  une  grosseur  énorme, 
de  façon  que  la  vue  de  cet  effet  aggrava  leur  terreur  superstitieuse.  Enfin,  le 
bruit  devint  fort  intense,  paraissant  général  dans  la  montagne  et  toujours  sem- 
blable au  claquement  que  produiraient  des  cailloux  alternativement  attires 


(  =7  ) 
et  repousses  par  l'électricité;  mais  il  était  très-probablement  dû  au  pétille- 
ment des  myriades  d'étincelles  jaillissant  d'un  sol  rocailleux.  Ici  intervint 
encore  une  fois  le  grésil. 

»  D'ailleurs^  le  même  observateur  avait  éprouvé,  le  i5  septembre  1 855, 
près  du  sommet  du  Popocatepetl,  un  autre  orage,  qui  différait  des  précé- 
dents en  ce  que,  se  trouvant  alors  sur  des  champs  de  neige,  le  bruit  de  la 
crépitation  des  pierres  ne  se  produisit  pas. 

»  5.  En  définitive,  ces  phénomènes  mexicains,  qui  nous- reportent  à  quel- 
ques effets  moindres  observés  dans  les  Alpes,  ont  été  signalés  en  mai,  août 
et  septembre,  c'est-à-dire  dans  notre  période  la  plus  orageuse  de  l'Europe, 
et  l'on  comprendra  sans  doute  que  cette  coïncidence  n'était  pas  à  négliger. 
On  remarquera  également  que  celui  du  19  mai  i845  fut  amené  par  un  vent 
occidental,  à  peu  près  comme  chez  nous,  de  sorte  que  déjà  ces  accords  sont 
un  premier  acheminement  vers  la  solution  du  problème  qui  nous  occupe. 
Sans  doute,  ils  sont  encore  imparfaitement  étudiés,  mais  la  perfection  ne 
s'obtient  pas  du  premier  coup,  et,  en  ce  genre,  c'est  déjà  avoir  acquis  un 
point  essentiel  que  d'être  parvenu  à  indiquer  le  sens  dans  lequel  les  obser- 
vations doivent  être  dirigées. 

»  6.  Phénomènes  des  Etats-Unis.  —  Des  phénomènes  d'un  autre  genre 
ont  été  observés  à  Chihuahua,  dans  la  confédération  mexicaine.  Mais,  plus 
au  nord,  New-York  a  fourni  au  professeur  Loomis  un  ensemble  de  faits 
non  moins  curieux,  au  sujet  de  la  présence  d'une  excessive  quantité  d'élec- 
tricité dans  l'atmosphère. 

»  En  hiver,  les  cheveux  sont  fréquemment  électrisés,  et  spécialement 
lorsqu'ils  ont  été  peignés  avec  un  peigne  fin.  Souvent  ils  se  dressent,  et 
plus  on  les  travaille  pour  rendre  la  chevelure  unie,  plus  ils  refusent  de 
se  tenir  en  place.  Ils  se  dirigent  alors  vers  les  doigts  qu'on  place  devant 
eux,  et  pour  remédier  à  cet  inconvénient  il  suffit  de  les  mouiller. 

»  Dans  cette  même  saison,  toutes  les  parties  des  vêtements  de  laine,  les 
pantalons  surtout,  attirent  les  duvets,  les  poussières  qui  flottent  dans  l'air; 
ces  particules  se  fixent  principalement  vers  les  pieds,  et  la  brosse  ne  fait  que 
les  rendre  plus  adhérentes.  Une  éponge  humide  est  toujours  le  seul  remède 
à  appliquer  en  pareil  cas. 

»  Pendant  la  nuit,  les  tapis  épais  des  salons  chauffés  font  entendre  de 
petits  craquements;  ils  brillent  lorsqu'on  s'y  promène,  et  si  l'on  passe 
deux  ou  trois  fois  avec  rapidité,  le  jet  peut  atteindre  quelques  centimètres 
de  longueur,  de  façon  à  faire  sentir  une  piqûre  cuisante.  Un  objet  en  mé- 
tal, comme,  par  exemple,  le  bouton  d'une  porte,  envoie  une  étincelle  à  la 

4.. 


(  ^8  ) 
main  qui  s'en  approche,  et  parfois  ces  étincelles  effrayent  les  enfants.  On 
peut  même  quelquefois  allumer  un  bec  de  gaz  avec  son  doigt  après  s'être 
promené  sur  le  tapis  isolant. 

»  Au  surplus,  la  plupart  de  ces  phénomènes  sont  si  familiers  à  New- 
York,  qu'ils  n'excitent  plus  aucune  surprise;  mais  déjà  ils  avaient  fixé 
l'attention  de  Volney  à  la  fin  du  siècle  dernier. 

»  Alors,  ce  célèbre  voyageur  faisait  remarquer  que  la  quantité  de  fluide 
électrique  constitue  une  différence  essentielle  entre  l'air  du  continent  amé- 
ricain et  celui  de  l'Europe.  «  D'ailleurs,  dit-il,  les  orages  en  fournissent 
a  des  preuves  effrayantes  par  la  violence  des  coups  de  tonnerre  et  par  l'in- 
»  tensité  prodigieuse  des  éclairs.  »  A  Philadelphie,  le  ciel  semble  en  feu 
par  leur  succession  continue  ;  leurs  zigzags  et  leurs  flèches  sont  d'une  lar- 
geur et  d'une  étendue  dont  il  n'avait  pas  d'idée,  et  les  battements  du 
fluide  sont  si  forts,  qu'ils  semblaient  à  son  oreille  et  à  son  visage  être  le 
vent  léger  que  produit  le  vol  d'un  oiseau  de  nuit.  Leurs  effets  ne  se  bornent 
pas  à  la  démonstration  ni  au  bruit  ;  les  accidents  qu'ils  occasionnent  sont 
fréquents  et  graves.  Pendant  l'été  de  1797,  depuis  juin  jusqu'à  la  fin  d'août, 
il  compta,  dans  les  papiers  publics,  dix-sept  personnes  tuées  par  la  foudre, 
et  M.  Bâche,  à  qui  il  fit  part  de  sa  remarque,  lui  dit  avoir  compté  quatre- 
vingts  accidents  graves. 

»  7.  Phénomènes  de  diverses  contrées.  —  L'extrême  sécheresse  de  tous  les 
plateaux  des  Andes  provoque  des  effets  du  même  genre,  et,  selon  M.  Phi- 
lippi,  on  voit  souvent,  dans  le  désert  d  Atacama,  au  Chili,  les  cheveux  des 
hommes  se  hérisser  ou  bien  des  lumières  jaillir  du  sol. 

»  D'après  le  Dr  Livingslone,  au  printemps,  époque  de  la  grande  séche- 
resse, les  déserts  de  l'Afrique  méridionale  sont  souvent  traversés  par  un 
vent  du  nord  chaud  et  tellement  électrique,  que  les  plumes  d'autruche 
se  chargent  d'elles-mêmes,  au  point  de  produire  de  vives  commotions  ;  la 
seule  friction  du  vêtement  fait  jaillir  des  gerbes  lumineuses.  Et,  comme  le 
fait  observer  Volney  à  l'égard  de  l'Amérique,  on  ne  peut  pas  dire  que  la 
chaleur  de  la  saison  ou  du  tropique  soit  une  cause  nécessaire  de  cette  abon- 
dance du  fluide,  puisqu'il  n'y  est  jamais  si  manifeste  que  par  le  vent  froid 
de  nord-ouest,  et  que,  d'après  les  observations  des  savants  russes,  Gmelin, 
Pallas,  MulJer  et  Georgi,  il  n'est  pas  moins  excessif  dans  l'air  glacial  de  la 
Sibérie. 

»  8.  Enfin,  dans  une  partie  de  l'Inde  anglaise,  l'établissement  des  lignes 
télégraphiques  éprouve  de  singulières  difficultés  par  suite  des  perturba- 
tions électriques  de  l'atmosphère.  Ces  perturbations  sont  d'une  telle  ihten- 


(  ^9  ) 
site,  que  les  instruments  semblent  pris  de  délire  et  fonctionnent  à  tort  et  à 
travers.  Les  orages,  dont  l'effroyable  violence  jette  le  désordre  dans  les 
lignes,  arrachent  les  poteaux  et  vont  jusqu'à  fondre  les  fds  conducteurs. 
Après  cela,  ajoute  le  narrateur,  soyez  donc  surpris  si  les  télégrammes 
indiens  sont  parfois  aussi  indéchiffrables  qu'une  brique  assyrienne,  chargée 
de  caractères  cunéiformes  de  la  troisième  espèce. 

»  9.  Il  serait  facile  d'augmenter  les  citations  de  ce  genre,  mais  celles-ci 
suffisent  pour  faire  comprendre  qu'à  l'est,  au  sud,  aussi  bien  qu'à  l'ouest, 
les  foyers  électriques  ne  manquent  pas  pour  les  besoins  de  la  météorologie, 
et  dès  lors  il  m'est  permis  de  croire  que  leur  qualité  doit  nous  être  appor- 
tée par  les  vents  tout  comme  la  température,  ainsi  que  les  vapeurs  des 
espaces  qu'ils  ont  parcourus.  » 

M.  Ch.  Saixte-Claire  Deville  communique  l'extrait  suivant  d'une  Lettre 
publiée  par  le  journal  A  Persuasuo,  de  Saint-Michel  (Acores). 

«  Angra,  7  juin  1867. 

»  Depuis  le  26  mai,  nous  avions  de  forts  tremblements  de  terre...,  mais 
dans  la  nuit  du  ier  au  2  de  ce  mois,  une  bouche  volcanique  se  déclara 
à  9  milles  nord-ouest  de  Serreta,  qui  conserve  encore  son  activité,  et 
occupe  une  zone  de  plus  de  2  \  milles  dans  la  direction  de  l'ouest. 

»  Elle  se  trouve  en  mer,  par  une  latitude  de  38°52'  et  une  longitude  ouest 
Greenw.  de  27°f>2',  en  ligne  droite  de  Tercera  à  Gracioza. 

»  Elle  rejette  constamment  de  grandes  pierres  et  d'énormes  masses  de 
lave,  dont  l'accumulation  peut  produire  un  nouvel  îlot,  qui  sera  très-dange- 
reux. En  différents  points  apparaissent  quelques  jets  de  vapeur  et  d'eau  en 
ébullifion,  et  à  une  certaine  distance  on  ressent  une  odeur  très-prononcée 
de  soufre. 

»  De  temps  en  temps,  on  entend  dans  le  sol  un  bruit  qui  ressemble  à 
des  décharges  répétées  d'artillerie. 

»  L'intendant  de  marine,  les  ingénieurs  civils  et  militaires,  et  plusieurs 
capitaines  sont  allés  observer  cette  nouvelle  apparition  volcanique,  mais  le 
danger  les  en  a  bientôt  éloignés.  » 

Sik  David  Brewster  fait  hommage  à  l'Académie  d'une  brochure  qu'il 
vient  de  publier  et  qui  a  pour  titre  :  «  Histoire  de  l'invention  des  phares 
dioptriques  et  de  leur  introduction  dans  la  Grande-Bretagne  ». 


(  3o  ) 
M.  Mares  fait  hommage  à  l'Académie  de  son  Rapport  à  la  Société  cen- 
trale d'Agriculture  de  l'Hérault  sur  le  vinage  des  vins. 

MÉMOIRES  LUS. 

CHIMIE  ATOMIQUE.  -  Sur  le  rôle  spécial  de  l'hydrogène  dans  les  acides  en  géné- 
ral, et  en  particulier  dans  les  acides  pol/basiques;  par  M.  M.-A.  Gaudin. 
(Extrait  par  l'auteur.) 
(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Becquerel,  Poncelet, 

Delaunay,  Daubrée.) 
«  11  y  a  quelques  années,  lorsque  je  voulus  construire  la  molécule  de 
l'acide  éthylpicrique,  je  ne  pus  y  parvenir  qu'en  plaçant  un  atome  d'hy- 
drogène isolé  à  chaque  extrémité  de  l'axe,  sans  atome  d'aucune  espèce  au 
centre.  J'en  étais  là,  lorsque  j'eus  un  entretien  avec  M.  Wurtz  sur  la  dis- 
position des  atomes  dans  les  molécules  organiques,  et  je  fus  frappe  de  la 
latitude  qu'il  prenait  pour  l'arrangement  des  atomes,  en  les  supposant  gui- 
dés par  l'atomicité  ou  principe  de  saturation.  Ne  pouvant,  de  mon  cote, 
admettre  aucune  intervention  étrangère  à  la  mécanique  générale,  capable 
d'engendrer  la  moindre  difformité  dans  les  groupes  atomiques  composant 
les  molécules,  je  me  proposai  de  rendre  compte,  à  mon  point  de  vue, 
de  la  constitution  des  glycols  et  aussi  des  acides  polybasiques  du  phos- 
phore, sur  lesquels  M.  Chevreul  m'avait  interrogé.  Il  en  est  resuite  que 
je  puis  aujourd'hui  résoudre  tous  ces  problèmes. 

»  Dans  la  combinaison  d'un  acide  hydraté  mono  ou  polybasique  avec 
la  potasse,  la  soude  ou  l'oxyde  d'argent,  je  dis  qu'il  y  a  substitution  effective 
et  locale  de  i  atome  métallique  double  à  ,  atome  d'hydrogène  double 

»  L'élément  principal  des  corps  organiques  est  ce  que  j  appelle  le  carb- 
hyde,  molécule  idéale,  composée  de  i  atome  de  carbone  réuni  a  a  atomes 
d'hydrogène,  correspondant  à  l'oxyde  de  carbone,  par  substitution  de 
,  atome  d'oxygène  à  »  atomes  d'hydrogène,  qui  n'a  pu  encore  être  isolée. 
,  Ces  molécules  de  carbhyde,  réunies  par  2,  par  3,  par  4,  par  V ••'  l™1 
3o,  forment  les  hydrocarbures  simples,  en  se  plaçant,  à  partir  du  nombre  3, 
parallèlement  entre  elles.  Par  l'addition  à  ces  hydrocarbures  de  i  atome 
d'oxygène,  qui  occupe  le  centre  du  système,  on  obtient  les  aldéhydes  et  les 
acétones.  Par  l'addition  de  i  molécule  d'eau  qui  forme  l'axe,  on  obtient 
les  alcools.  Et  enfin,  par  l'addition  de.2  atomes  d'oxygène  avec  lesquels 
!  atome  d'hydrogène  double,  placé  au  centre,  forme  l'axe,  on  obtient  les 


(  3i  ) 
glvcols  en  vapeur,  qui  sont  intermédiaires  entre  les  aldéhydes  et  les  alcools. 

»   En  effet  : 

OC2H4  aldéhyde  vinique 

+  OC2H6  alcool  viuique 

=  02H-  -h  C'H8  glycol  butylique  en  vapeur. 

»  Les  figures  suivantes  i,  2  et  3,  dans  lesquelles  chaque  lettre  désigne 
un  atome  correspondant,  représentent  respectivement  l'aldéhyde  vinique, 
l'alcool  vinique  et  le  glycol  butylique;  mais,  dans  les  deux  premières,  les 
atomes  d'hydrogène  doivent  être  placés  au  nombre  de  quatre  et  de  six  per- 
pendiculairement à  l'axe  qui  est  formé,  dans  chacune,  par  1  atome  d'oxy- 
gène situé  entre  2  atomes  de  carbone.  La  fig.  3  du  glycol  butylique,  qui 
porte  en  tète  le  chiffre  2,  montre  que  c'est  la  coupe  d'une  molécule  carrée, 
qui  se  prête  à  deux  coupes  perpendiculaires  entre  elles. 

Aldéhyde. 
H  H 

!  I 

c  _  0  —  g 

Fig.  1. 

»  La  fig.  3bis  est  un  glycol  potassique,  qui  résulte  de  la  substitution  du 
potassium  2  atomes  à  l'hydrogène  2  atomes,  ce  qui  signifie  que  le  glycol 
est  le  type  de  l'acide  le  plus  simple.  La  fig.  4  représente  la  molécule  de  l'es- 
prit de  bois  en  vapeur,  qui  est  composée  de  1  molécule  d'eau  réunie  à 
1  molécule  de  carbhyde,  et  \&fig.  5  montre  une  autre  forme  de  l'alcool 
vinique,  qui  est  un  octaèdre  aigu  à  base  carrée,  comme  l'indique  le 
chiffre  2  placé  en  tète. 


Alcool. 

Glycol. 

2 

H       H 

1          1 

H 

1 

H  —  0  —  H 

1          1           1 

1 
C  —  0  - 

1          1 

■  C 

1          1 

G  -  H  -    G 

1                     1                      1 

i    i 

1          1 

H  -  0  —  H 

Fig.  2. 

Fig.  3. 

2 

Glvcol  Potassique. 

2 

fi 

H 

1 
C 

H     -  0  —  H 

1          1          1 

H 

1 
-GO  — 

H 

H  —  0  - 

G  -  KR  —  G 

1          1          1 

i 
H 

1 
G 

H  —  0  —  H 

Fig.  3  [bis). 

Fig.  A. 

1 
H 

Fig.  5. 

H 


»   A  partir  de  3  molécules  de  carbhyde,  le  parallélisme  de  ces  molécules 
linéaires  est  forcé,  pour  les  aldéhydes,  les  acétones,  les  alcools  et  les  gly- 


(  te  ) 

cols,  comme  pour  les  hydrocarbures,  et  les  atomes  étrangers  se  placent 
au  centre  ou  clans  l'axe. 

»  Dans  i  molécule  d'acide  phosphorique  monohydraté,  il  y  a  2  atomes 
de  phosphore,  6  atomes  d'oxygène,  plus  1  atome  d'hydrogène  double  : 
en  plaçant  celui-ci  au  centre,  on  a  la  fig.  7  qui  est  un  dodécaèdre  obtus  a 
triangles  isocèles,  se  prêtant  à  trois  coupes  semblables,  comme  l'indique  le 
chiffre  3  placé  en  tête. 

»  Dans  l'acide  phosphorique  bihydraté,  la  molécule  est  composée  de 
1  atomes  de  phosphore,  7  atomes  d'oxygène  et  deux  fois  1  atome  d'hydro- 
gène double,  qui  se  placent  au-dessus  comme  au-dessous  de  l'axe  fig.  8,  for- 
mant un  dodécaèdre  aigu  à  triangles  isocèles.  A  cause  du  nombre  impair 
des  atomes  d'oxygène,  il  faut  que  l'un  d'eux  soit  au  centre,  et  dès  lors  l'axe 
ne  peut  se  constituer  autrement  qu'il  est  représenté. 

Bi-basique. 
3 
Mono-basique.  p 

H  3  | 

I  P  il 

H— COC— H  j 

|  0  —  H  -  0  0-0-0 

H  I  I 

Fig.  6.  P  » 

Fig-  "?.  J, 

Fig.  8. 

..  Dans  l'acide  phosphorique  trihydraté,  il  y  a  1  atomes  de  phosphore, 
8  atomes  d'oxygène  et  trois  fois  1  atome  d'hydrogène  binaire,  qui  ne  peu- 
vent donner  lieu  qu'à  la  fig.  9,  prisme  carré  doublement  pyramide,  qui  se 
prête  à  deux  coupes  perpendiculaires  entre  elles. 

»  Enfin  les  monophosphates,  les  biphosphates  et  triphosphates,  acides 
ou  saturés,  potassiques  ou  sodiques,  sont  représentés  par  \esfig.  10,11, 
32,  10  et  i4- 

Tri-basique.  Bi-phosphàte. 

2  3 

p  Mono -phosphate.  p 

3  J 

.       0  —  H  -  0  P  KK 

I  I  ! 

H  0  —  KK  -  0  0  —  0  —  0 

!  I  I 

0  —  H  —  0  P  M 

l  Fig-  10.  I 

Fig.  9.  Fig.  11. 


33 


Tri-phosphate. 
P 

Tri-phosphate. 
P 

Tri-phosphate. 
-2 

P 

0  _  H  —  0 

0  —  RK  —  0 

0  _  KK  —  0 

i 

KK 

1 

H 

i 

l 

Na  Na 

| 

0  —  H  —  0 

1 

1 

0—  NaNa  —0 

i 

0  _  KK  —  0 

i 

1 
p 

Fig.   12. 

1 
P 

Fig.  13. 

1 
P 

Fig.  14. 

»  Il  existe  en  ce  moment  la  plus  grande  confusion  dans  la  représentation 
des  formules  chimiques;  certains  auteurs  très-estimés  les  doublent  ou  les 
dédoublent,  pour  se  conformer  à  leurs  théories  favorites.  La  composition 
atomique  des  corps,  tant  en  vapeur  que  liquides  et  solides,  est  la  chose  la 
plus  importante  à  connaître;  cependant  c'est  le  point  sur  lequel  on  ne 
s'accorde  pas  du  tout. 

»  Dans  une  conférence  faite  par  M.  Hofmann,  à  la  Société  royale  de 
Londres,  sur  l'atomicité,  ce  célèbre  chimiste  a  attribué  aux  composés 
organiques  des  formules  que  je  considère  comme  vraies,  mais  qui  sont 
pour  M.  Berthelot  des  formules  brutes,  parce  qu'elles  ne  représentent  pas, 
dit-il,  4  volumes  de  vapeur.  M.  Berthelot  en  doublant  ainsi  les  formules 
que  je  dirai,  moi,  naturelles,  arrive  à  admettre  a  atomes  d'oxygène  dans 
les  alcools,  dans  les  aldéhydes  et  dans  les  acétones,  tandis  qu'il  n'existe 
qu'un  seul  atome  d'oxygène  dans  leur  molécule  à  l'état  de  vapeur;  et, 
dès  lors,  l'acide  carbonique  n'entre  pour  rien  dans  la  formation  des  acé- 
tones, puisqu'il  ne  peut  y  être  figuré,  bien  que  M.  Berthelot  en  fasse  la 
base  de  sa  théorie  de  la  formation  de  ces  acétones. 

»  D'un  autre  coté,  M.  Hofmann ,  qui  me  semble  dans  le  vrai  pour  les 
molécules  organiques  en  vapeur,  dédouble,  je  ne  sais  pour  quel  motif,  les 
molécules  minérales.  Ainsi,  pour  lui,  i  molécule  de  perchlorate  ne  renferme 
que  4  atomes  d'oxygène  avec  un  seul  atome  de  chlore;  et,  par  conséquent, 
si  le  perchlorate  est  à  base  de  chaux,  de  zinc,  de  fer,  etc.,  il  n'existera  dans 
sa  molécule  que  \  atome  de  calcium,  de  zinc,  de  fer,  etc.,  ce  qui  est  en 
désaccord  complet  avec  la  chimie  minérale. 

»  Si  de  plus  M.  Hofmann  a  voulu,  par  les  figures  qui  accompagnent  son 
texte,  montrer  que  l'atomicité  intervient  dans  l'arrangement  des  atomes,  je 
dirai  que  cette  atomicité  n'a  rien  à  voir  dans  ce  phénomène,  et  qu'il  n'y  a 

C.  R..  1867,  a'  Semestre.  (T.  LXV,  N»  I.)  5 


(  34  ) 
pas  lieu  d'admettre  ces  constructions,  qui  sont  en  contradiction  avec  l'har- 
monie universelle. 

»  En  résumé,  les  constructions  organiques  que  j'envisage  aujourd'hui 
ont  pour  avantage  principal  de  vérifier  par  le  fait  les  formules  chimiques 
réelles,  écrites  suivant  les  exigences  de  la  théorie  des  substitutions,  et  je 
montrerai  dans  une  autre  communication  l'extension  de  ce  principe  aux 
cyanures  et  aux  composés  ammoniacaux.  » 

anatomie  comparée.  —  Note  sur  fanatomie  du  membre  antériew  du  grand 
Fourmilier  (Myrmecophaga  jubata);  par  M.  G.  Pouchet. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Anatomie  et  de  Zoologie.) 

«  Le  i/|  novembre  1 865,  mourait  a  la  ménagerie  du  Muséum  le  troisième 
Fourmilier  Tamanoir  qui  soit  venu  vivant  en  Europe.  Nous  avons  pu  com- 
pléter, sous  la  direction  de  M.  Serres,  l'étude  anatomique  de  cet  animal, 
déjà  faite  en  partie  par  M.  R.  Owen  sur  les  deux  individus  morts  au  Jardin 
zoologique  de  Londres. 

»  L'animal  était  extrêmement  maigre.  Le  système  adipeux  n'était  pas  même 
représenté  dans  ses  lieux  d'élection  ordinaires,  ni  sous  la  peau,  ni  entre  les 
organes  abdominaux,  ni  derrière  le  globe  oculaire,  ni  aux  pelotes  plantaires. 

»  La  peau  était  le  siège  d'une  sorte  de  pityriasis  caractérisé  par  des  amas 
de  cellules  épithéliales  desquammées,  engainant  les  poils  à  leur  racine.  11  est 
difficile  de  dire  si  cela  était  pathologique  ou  simplement  la  conséquence  de 
la  captivité,  et  si  les  froissements  de  la  vie  libre  n'auraient  pas  fait  dispa- 
raître ces  lambeaux  de  tissu  mort. 

»  Une  incision  faite  à  gauche  du  sternum,  à  la  hauteur  du  coeur,  péné- 
tra dans  la  plèvre  gauche,  en  partie  remplie  de  sérosité.  Le  péricarde,  re- 
foulé en  arrière,  contenait  aussi  une  abondante  quantité  de  liquide,  où 
flottaient  de  gros  caillots  fibrineux.  Les  antres  organes  n'offraient  aucune 
altération  visible.  L'animal  avait,  selon  toute  apparence,  succombé  à  ce 
double  épanchement  dans  la  plèvre  et  dans  le  péricarde. 

»  Nous  nous  proposons  aujourd'hui  de  signaler  les  particularités  sail- 
lantes que  nous  a  présentées  le  membre  antérieur  du  Tamanoir.  L'attitude 
singulière  qui  le  caractérise  diffère  entièrement  de  celle  du  Fourmilier  di- 
dactyle  et  n'a  d'analogie  prochaine  qu'avec  l'espèce  Tamamlua.  Toute- 
fois les  combinaisons  propres  au  mode  de  station  de  ce  dernier  animal 
n'avaient  jamais  été  elles-mêmes  complètement  étudiées.  On  n'avait,  sur  ce 
sujet,  que  deux  plauches  assez  peu  satisfaisantes  de  Cuvier  et  Laurillard,  sans 


(  35  ) 
texte,  et  la  description  sommaire  des  plus  gros  muscles  par  Rapp.  Nous 
avons  pu  faire  l'anatomie  complète  du  membre  antérieur  du  Tamanoir  et 
en  particulier  de  sa  main  si  étrangement  contournée. 

»  L'animal  s'appuie  au  sol  par  le  bord  cubital  des  doigts  latéralement 
infléchis  en  dedans,  de  telle  sorte  que  ses  longues  griffes  recourbées  soient 
couchées  sur  la  terre.  Le  métacarpe  forme  un  angle  avec  les  doigts  et  se 
tient  dans  le  prolongement  des  os  de  l'avant-bras. 

»  Malgré  cette  attitude  de  la  main,  on  trouve,  sur  le  squelette,  que  les  os 
et  les  articulations  du  poignet,  du  coude,  de  l'épaule,  ressemblent  beau- 
coup à  ceux  des  Primates.  Toute  la  construction  osseuse  du  membre  pec- 
toral paraît  favoriser  des  mouvements  étendus  et  faciles,  au  point  d  avoir 
induit  Cuvier  en  erreur.  Effectivement,  sur  ces  leviers  si  mobiles  en  appa- 
rence, des  puissances  musculaires  considérables  agissent  pour  donner  la  ré- 
sistance et  la  rigidité  à  un  membre  qui  n'est  qu'un  organe  de  soutien. 
Cuvier,  sur  la  seule  inspection  des  os,  avait  assigné  une  grande  étendue 
aux  mouvements  de  rotation  de  l'avant-bras  :  ils  sont  très-restreints.  Tous 
les  muscles  rotateurs  de  l'avant-bras  existent,  et  même  plus  puissants  que 
chez  l'homme;  mais  prenant  leur  point  fixe  en  bas,  ils  ne  travaillent  en 
réalité  qu'à  assurer  la  rigidité,  non  la  mobilité  du  membre.  Quanta  l'usage 
que  ferait,  dit-on,  le  Tamanoir  de  ses  griffes,  pour  déchirer  la  terre  et  trou- 
bler les  habitations  des  insectes,  c'est  une  histoire  qui  mérite  d'être  confir- 
mée, à  en  juger  par  la  pointe  toujours  vive  de  ses  ongles  et  surtout  par  leur 
direction  en  dedans,  tandis  que  les  animaux  fouisseurs  les  ont  généralement 
tournés  en  dehors.  Par  la  construction  de  sa  main,  sinon  par  son  genre  de 
vie,  le  Tamanoir  serait  plutôt  un  grimpeur  comme  les  deux  autres  espèces 
du  genre  où  on  le  range. 

»  Le  muscle  fléchisseur  des  doigts  a  une  puissance  extraordinaire.  Son 
tendon,  au  moment  de  franchir  le  poignet,  est  plus  gros  que  le  tendon 
d'Achille  d'un  homme.  Il  a  2  centimètres  carrés  de  section.  Au  dos  de  la 
main,  le  doigt  médius  a,  pour  lui  seul,  deux  tendons  extenseurs  distincts, 
dans  deux  gaines  placées  l'une  à  côté  de  l'autre. 

»  Les  muscles  propres  de  cette  main  à  peine  mobile  sont  cependant 
presque  aussi  nombreux  que  chez  l'homme  :  on  en  compte  dix-sept.  Chaque 
doigt  est  muni,  en  dedans  et  en  dehors,  d'un  muscle  analogue  aux  interos- 
seux  de  l'homme.  Ceux  des  trois  doigts  médians  qui  portent  le  poids  du 
corps  sont  volumineux.  Tous  se  placent  très-obliquement,  de  manière  à 
maintenir  et  à  exagérer  par  leur  contraction  l'angle  que  forment  les  doigts 
couchés  sur  le  sol  avec  les  métacarpiens. 


.>.. 


(  3G) 

»  Le  pouce  est  flottant,  grêle;  l'incidence  de  ses  deux  muscles  propres, 
considérable;  le  second  doigt  est  le  seul  qui  se  prête  à  des  mouvements  de 
flexion  et  d'extension  un  peu  étendus. 

»  Le  cinquième  doigt  plonge  tout  entier  dans  une  pelote  de  tissus  la- 
mineux  très-élastique,  sur  le  bord  cubital  delà  main.  Cuvier  n'avait  marqué 
à  ce  doigt  qu'une  seule  phalange,  Rapp  de  même  :  il  en  existe  deux.  Cette 
rectification  est  importante,  parce  que  la  seconde  phalange,  quoique  très- 
petite,  a  ses  muscles,  dont  un  spécial,  sorte  de  fléchisseur,  très-intéressant 
en  ce  qu'il  va  s'insérer  superficiellement  au  ligament  annulaire  du  carpe. 

»  La  distribution  des  nerfs  du  membre  antérieur  n'offre  aucune  particu- 
larité notable.  Dans  celle  des  vaisseaux,  on  retrouve  ces  réseaux  admira- 
bles artériels  dont  M.  Hyrtl  a  signalé  la  fréquence  chez  les  Édentés.  Ils  ont 
même  un  développement  remarquable,  et  surtout  une  netteté  de  distribu- 
tion qui  pourra  contribuer  peut-être  à  éclairer  leur  rôle  physiologique. 
L  artère  numérale  va  de  l'épaule  à  la  paume  de  la  main,  sans  cesser  d'ac- 
compagner le  nerf  médian  et  sans  diminuer  notablement  de  volume.  Et 
cependant,  au-dessous  du  coude,  elle  donne  naissance  à  deux  réseaux  admi- 
rables, composés  chacun  d'un  faisceau  de  cinq  ou  six  artères  qui  descendent 
à  droite  et  à  gauche  du  tronc  principal  jusqu'au  poignet.  Le  volume  total 
de  ces  douze  ou  quatorze  artères  satellites  égale,  s'il  ne  dépasse,  le  volume 
de  l'artère  médiane.  Il  semble,  en  conséquence,  qu'on  doive  voir  dans  celte 
disposition  moins  une  circulation  complémentaire  qu'un  appareil  de  déri- 
vation du  sang,  qui  suivrait  ainsi  tantôt  une  voie  et  tantôt  l'autre,  dans  des 
circonstances  qu'il  reste  à  déterminer,  et  sons  l'influence  du  système  ner- 
veux réglant  la  contraction  des  parois  artérielles. 

»  Quant  au  développement  du  membre,  un  embryon,  âgé  probablement 
de  deux  mois  environ,  que  possède  la  galerie  d'Anatomie  du  Muséum, 
nous  a  présenté  les  faits  suivants  :  le  cinquième  doigt,  qui  disparaîtra  plus 
tard,  est  encore  visible  à  l'extérieur  sous  la  forme  d'un  repli  cutané,  recou- 
vrant en  partie,  vers  la  face  dorsale  de  la  main,  la  naissance  du  quatrième 
doigt.  Les  ongles  ont  déjà  leur  volume  proportionnel  normal  :  ils  sont 
dressés,  mais  une  disposition  spéciale  les  rend  inoffensifs  pour  les  mem- 
branes de  l'œuf  :  chacun  d'eux  repose  sur  une  pelote  arrondie  résistante, 
qui  fait  corps  avec  lui  et  en  dépasse  la  pointe;  cette  pelote  est  formée 
par  un  épaississement  considérable  de  l 'épidémie  de  l'extrémité  du  doigt. 
Le  microscope  permet  de  distinguer  très-nettement  les  deux  tissus.  Quand 
on  arrache  l'ongle,  la  pelote  et  l'ongle  viennent  ensemble,  laissant  à  nu 
une  matrice  conique,  très-grêle.  Par  la  suite  la  pelote  s'efface;  mais  alors 


(  37  ) 
les  ongles,  au  lieu  de  rester  dressés,  se  recourbent  fortement  sur  la  main. 
C'est  ainsi,  du  moins,  que  nous  les  trouvons  sur  un  ïamandua  nouveau-né 
et  sur  un  fœtus  de  Fourmilier  didactyle  presque  à  terme,  des  collections  du 
Muséum. 

»  Nous  ajouterons  enfin  que,  au  point  de  vue  de  l'application  biotaxique, 
toute  l'anatomie  du  Tamanoir  accentue  ses  analogies  avec  le  Tamandua.  Il 
n'est  pas' jusqu'à  la  disposition  écailleuse  de  la  queue  de  celui-ci  qu'on  ne 
retrouve  indiquée  sur  l'embryon  de  deux  mois  dont  nous  venons  de  parler. 
Au  contraire,  la  troisième  espèce  de  Fourmilier  diffère  considérablement 
des  deux  autres.  Si  tontes  trois  offrent  des  caractères  nettement  tranchés, 
il  n'est  pas  moins  évident  que  la  distance  qui  les  sépare  a  une  valeur  très- 
inégale.  En  d'autres  termes,  et  pour  parler  un  langage  conforme  aux  doc- 
trines de  Lamarek  et  de  M.  Darwin,  le  Tamandua  et.  le  Tamanoir  représen- 
tent, dans  l'évolution  de  la  grande  et  antique  famille  des  Edentés,  une 
parenté  spécifique  beaucoup  plus  rapprochée  que  celle  qui  leur  est  com- 
mune avec  la  troisième  espèce,  le  Fourmilier  didactyle.   » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Des  moyens  propres  à  annuler  les  perturbations 
produites  dans  le  mouvement  des  machines  par  les  pièces  de  leur  mécanisme; 
par  M.  H.  Arnoux. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Poncelet,  Piobet  t,  Morin, 

Combes,  Delaunay.) 

«  Depuis  longtemps  on  a  reconnu  que  dans  toutes  les  machines  qui  tra- 
vaillent à  grande  vitesse,  et  notamment  dans  les  locomotives,  les  mouve- 
ments perturbateurs  produits  par  le  mécanisme  ont  une  importance  excep- 
tionnelle. Dans  le  cas  des  locomotives  ils  peuvent  même  devenir  \me  cause 
de  dangers,  et  on  ne  peut  espérer  dépasser,  avec  sécurité,  les  vitesses 
actuelles  que  si  on  parvient  à  annuler  ces  mouvements. 

»  Nous  avons  énoncé  dans  une  communication  précéwcnte  (i)  que,  con- 
trairement à  ce  qui  était  admis  jusqu'à  présent,  ce  résultat  pouvait  être 
atteint  complètement. 

»   En  dernier  lieu,  nous  avons  étudié  la  réalisation  pratique  de  cette  so- 

(i)    Comptes  rendus,  1866,  t.  LXIII,  p.   i83. 


(38  ) 

lution,  spécialement  en  ce  qui  concerne  les  locomotives,  et  nous  proposons 
les  dispositions  suivantes  : 

»  i°  Une  forme  spéciale  donnée  aux  manivelles  des  machines  à  cylindres 
intérieurs,  ou,  pour  les  machines  à  cylindres  extérieurs,  des  contre-poids 
placés  comme  ceux  dont  on  se  sert  déjà  entre  les  rais  des  roues. 

»  20  Deux  systèmes  de  contre-poids  doubles,  placés  symétriquement  au- 
dessus  et  au-dessous  des  glissières  mêmes  de  chaque  tige  de  piston.  Ces 
contre-poids  reçoivent  un  mouvement  inverse  de  celui  du  piston,  et,  comme 
l'ensemble  des  pièces  nouvelles  satisfait  à  la  double  condition  de  ne  pas 
s'élever  plus  haut  que  la  manivelle  et  de  ne  pas  dépasser  sensiblement  les 
plans  verticaux  qui  limitent  longitudinalement  les  glissières,  cette  disposi- 
tion paraît  devoir  être  d'une  application  générale. 

»  3°  Deux  systèmes  de  contre-poids  doubles,  placés  deux  à  deux  à  égale 
distance  d'un  axe  de  rotation  sur  des  glissières  horizontales.  Lorsque  les 
deux  premières  dispositious  ont  été  prises,  ces  contre-poids  peuvent  être 
placés  à  une  hauteur  quelconque,  dans  un  plan  vertical  quelconque  per- 
pendiculaire aux  essieux.  Le  levier  de  chacun  de  ces  systèmes  de  contre- 
poids reçoit  son  mouvement  d'un  petit  levier  coudé,  calé  sur  un  des  essieux 
moteurs  à  90  degrés  de  la  manivelle. 

»  Nous  terminerons  cet  exposé  par  quelques  indications  numériques  sur 
les  mouvements  qu'il  s'agit  d'annuler.  Ces  chiffres  s'appliquent  à  une  ma- 
chine à  cylindres  extérieurs,  marchant  à  une  vitesse  de  3,6  tours  par  se- 
conde, ce  qui,  pour  des  roues  motrices  de  2m,io,  répond  à  90  kilomètres 
à  l'heure,  pour  des  roues  motrices  de  im,5o  à  64  kilomètres,  et  pour  des 
roues  de  im,2oà  5  1  j  kilomètres.  On  peut  donc  considérer  ces  résultats 
comme  atteints  usuellement. 

»  A  cette  vitesse,  la  machine  subit  un  effort  constant  de  2700  kilo- 
grammes, s'exerçant  successivement  suivant  toutes  les  directions  contenues 
dans  un  plan  vertical.  Un  de  ses  effets  indirects  est  de  faire  patiner  les  roues 
motrices,  et  son  intensité  augmente  à  peu  près  comme  le  nombre  des 
essieux  moteurs. 

»  Un  mouvement  d'arrière  en  avant  et  d'avant  en  arrière  est  produit 
alternativement  par  une  force  qui  peut  s'élever  à  5427  kilogrammes.  Cette 
force  doit  être  une  des  causes  principales  des  mouvements  incommodes 
que  l'on  ressent  daus  les  trains  qui  marchent  à  grande  vitesse.  C'est  le  mou- 
vement de  tangage. 

»  Un  couple  dont  l'intensité  maxima  peut  être  évaluée  à  un  effort  de 
2878  kilogrammes,  •-.'.  xerçant  sur  un  bras  de  levier  de  1  mètre,  tend  à  pro- 


(  3<j  ) 
duire  un  mouvement  de  rotation  autour  de  l'essieu  moteur  ou  mouvement 
de  (jalop.  Ce  couple  est  une  cause  puissante  de  l'irrégularité  du  mou- 
vement. 

»  Un  couple  qui  peut  s'élever  à  25o5  kilogrammes  tend  à  produire  un 
mouvement  autour  d'un  axe  longitudinal  ou  mouvement  de  roulis. 

»  Enfin  un  couple  qui  peut  atteindre  7600  kilogrammes  peut  produire 
un  mouvement  de  rotation  autour  de  la  verticale  ou  mouvement  de  lacet. 
L'amplitude  de  ce  dernier  mouvement  peut  atteindre  6  centimètres  au 
moins  pour  les  roues  d'avant. 

»  Tous  ces  mouvements  seraient  détruits  simultanément  par  les  disposi- 
tions que  nous  venons  d'indiquer. 

»  Nous  avons  donné  les  règles  relatives  aux  divers  types  de  machine 
usités.  Nous  en  concluons  que  les  machines  à  trois  cylindres  dont  les  mani- 
velles sont  calées  à  120  degrés  l'une  de  l'autre  constituent  un  excellent 
type  de  machines  à  grande  vitesse,  car  les  mouvements  oscillatoires  per- 
pendiculaires aux  manivelles,  les  mouvements  de  tangage  et  de  galop  se 
trouvent  naturellement  annulés,  mais  les  mouvements  de  roulis  et  de  lacet 
subsistent  toujours  et  rendent  nécessaire  l'application  des  deux  premières 
règles  citées  plus  haut.  » 

hygiène  publique.  —  Marche  et  mode  de  propagation  du  choléra  quia  éclaté 
à  Marseille  en  i865.  Eludes  cliniques  et  statistiques  à  Marseille  et  à  Aix 
en  Provence.  Conséquences  recueillies  sur  place  en  juin  1867;  par  M.  G. 
Grimaud,  de  Caux.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

»  A  Marseille,  aujourd'hui,  en  1867,  on  trouverait  difficilement  un 
médecin  ayant  donné,  par  ses  travaux,  des  gages  sérieux  à  la  science,  dis- 
posé à  soutenir  que  le  choléra  de  i865  n'est  pas  venu  directement  d'Alexan- 
drie. Pour  le  démontrer,  il  doit  suffire  d'interroger  les  écrits  livrés  à  la 
publicité  par  des  hommes  sérieux.  L'Académie  remarquera  combien  les 
deux  suivants  sont  considérables. 

«  I.  Après  avoir  fortement  penché,  dans  le  principe,  pour  une  opinion 
contraire,  M.  le  Dr  V.  Seux  n'hésite  point  à  affirmer  maintenant  que  «  le 
»  choléra  de  i865  a  été  importé  à  Marseille  par  les  provenances  d'Alexan- 
»  drie.  »  Le  livre  de  M.  V.  Seux  est  une  œuvre  de  clinique  appliquée. 
M.  Seux  est  médecin  en  chef  des  hôpitaux,  professeur  à  l'École  de  Médecine 


(  4o  ) 

et  président  de  l'Association  médicale  des  Bouches-du-Rhônc.  (  Voyez  le 
Choléra  dans  les  hôpitaux  civils  de  Marseille,  p.  137.) 

»  II.  M.  Bourguet  a  suivi  la  propagation  du  choléra  dans  l'arrondisse- 
ment d'Aix.  Il  est  chirurgien  en  chef  de  l'hôpital  d'Aix,  médecin  des  épi- 
démies et  secrétaire  du  Conseil  d'hygiène  et  de  salubrité.  Dans  cette  posi- 
tion officielle,  il  a  pu,  non-seulement  recueillir  les  faits  qui  se  sont  produits 
dans  les  diverses  communes  de  son  arrondissement,  mais  encore  entourer 
ces  faits  de  caractères  incontestables  d'authenticité.  (Voyez  Etudes  sur  ta 
marche  et  le  mode  de  propagation  du  choléra  dans  l'arrondissement  d'Aix 
«»i  865.) 

»  17  communes  sur  58  ont  été  atteintes,  et,  avec  une  population  de 
70084  habitants,  elles  ont  fourni  242  cholériques  dont  1 53  morts  et  89  gué- 
ris. Dans  7  de  ces  communes,  on  a  pu  constater  avec  certitude  que  le 
choléra  y  avait  été  importé,  savoir  :  pour  6,  de  Marseille;  pour  1,  d'Arles 
(commune  de  Lambesc).  Dans  les  10  autres  communes  on  n'a  pas  décou- 
vert les  traces  de  l'importation.  En  séparant  ainsi  les  faits  dans  lesquels  les 
traces  de  l'importation  ont  été  évidentes,  de  ceux  où  on  ne  les  a  pas  décou- 
vertes, on  arrive  à  une  conséquence  pratique  d'une  haute  valeur. 

»  S'il  est  des  cas  dont  on  ignore  l'origine,  et  contre  l'invasion  desquels 
on  ne  saurait  imaginer  de  précautions,  il  en  est  d'autres  où  cette  origine 
est  manifeste  et  dont  évidemment  la  propagation  peut  être  empêchée  par- 
la méthode  des  contraires,  sagement  conçue  et  sagement  pratiquée. 

»  Des  faits  recueillis  par  le  Dr  Bourguet,  je  ne  veux,  pour  le  moment, 
tirer  que  cette  conséquence.  Il  m'était  imposé  d'ailleurs  de  les  signaler  à 
l'Académie,  parce  qu'ils  confirment,  nettement  et  sans  ambiguïté  aucune, 
mes  propres  études,  précisément  dans  la  direction  où  je  les  ai  conduites. 

»  Qu'il  me  soit  permis  de  le  rappeler  en  terminant  :  s'il  n'avait  pas 
été  démontré  que  le  navire  la  Stella  était  parti  le  2  juin  d'Alexandrie;  que 
ce  navire  avait  pris  son  chargement  dans  un  camp  de  pèlerins  où  le  choléra 
avait  déjà  fait  des  victimes  ;  s'il  n'avait  pas  été  constaté  que  deux  de  ces 
pèlerins  étaient  morts,  l'un  en  mer,  l'autre  en  débarquant,  et  mort  d'une 
maladie  appelé  dyssenterie,  pour  ne  point  effrayer  soit  les  passagers,  soit  la 
population,  les  moins  convaincus  douteraient  encore  aujourd'hui  si  le 
choléra  ne  s'est  point  développé  spontanément  dans  Marseille.  Et  peut-être 
cette  opinion  erronée  aurait-elle  causé  quelque  embarras  au  gouvernement, 
quand,  dans  sa  sagesse,  il  a  voulu  instituer  ces  nouvelles  lois  sanitaires  qui 
nous  ont  déjà  évité  de  nouvelles  invasions. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  le  succès,  je  n'hésite  point  à  le  dire,   est  dû   à   la 


(  4>  ) 

méthode  d'analyse  que  j'ai  suivie.  Au  moyen  de  cette  méthode  obligeant 
l'observateur  à  exclure  tout  autre  côté  de  la  question,  soit  pathologique, 
soit  curât  if,  soit  de  préservation,  pour  n'être  attentif  qu'à  la  question  de 
provenance,  le  choléra  a  été  surpris,  pour  ainsi  dire,  au  moment  ou  il 
touchait  terreau  fort  Saint-Jean,  à  Marseille. 

»  Mais  il  faut  avoir  le  courage  de  s'isoler,  pour  éviter  toute  influence 
d'opinion  préconçue  ou  dictée  par  des  considérations  locales.  Celui  qui  a 
ce  courage  s'expose  à  rester  seul  de  son  opinion  pendant  quelque  temps  : 
il  s'expose  à  être  contredit,  mais  il  vient  un  moment  où  la  vérité  acquise 
sert  de  point  de  départ  pour  l'avancement  de  la  science  et  la  solution  du 
problème  qu'elle  a  posé. 

»  P.  S.  —  Si  je  suis  bien  informé,  l'application  des  nouvelles  mesures  sa- 
nitaires aurait  déjà  profité  à  Marseille.  Des  personnes  dignes  de  foi  m'affir- 
ment que  le  choléra  a  été  étouffé,  au  moins  une  fois  et  tout  dernièrement 
à  Pomègne,  apporté  par  un  navire  mis  en  quarantaine.  » 

MÉCANIQUE  MOLÉCULAIRE.  —  Sur  la  tension  des  lames  liquides  ; 
par  M.  Van  der  Mensbrcgghe. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Regnault,  Morin,  Combes.) 

M.  Van  der  Mensbrugghe,  en  adressant  à  l'Académie  une  seconde  Note 
sur  la  tension  des  lames  liquides,  présentée  par  lui  à  l'Académie  de 
Bruxelles,  joint  à  cet  envoi  les  remarques  suivantes  : 

«  Dans  ma  première  Note  sur  ta  tension  des  lames  liquides,  j'avais  démontré 
qu'un  fil  flexible  inextensible,  sans  poids  et  uniquement  sollicité,  à  son 
contour  extérieur,  par  la  force  de  contraction  d'une  lame  liquide  en  équi- 
libre, dessine  une  courbe  qui  partout  a  le  même  rayon  de  courbure;  depuis, 
M.  Lamarle  a  fait  remarquer  que  cette  courbe  représente  en  même  temps 
une  ligne  aspnptolique  de  la  surface  laminaire,  c'est-à-dire  une  ligne  telle, 
que  la  section  normale  passant  par  la  tangente  au  fil  ait  partout  un  rayon 
de  courbure  infini.  L'objet  du  travail  actuel  est  de  rechercher  si  les  pro- 
priétés des  lignes  d'équilibre  de  tension  peuvent  se  concilier  avec  la  nature 
de  la  surface  minima  sur  laquelle  on  opère. 

»  A  ce  point  de  vue,  j'étudie  successivement  le  plan,  fhélicoïde  gauche 
à  plan  directeur  et  le  caténoïde.  Pour  le  plan,  toutes  les  conditions  sont 
satisfaites,  si  le  fil  a  la  forme  circulaire.  Quant  à  l'hélicoïde  gauche,  il  n'est 
pas  altéré  quand  le  fil  peut  prendre  la  figure  d'une  hélice  parallèle  à  l'hélice 
directrice;  toute  autre  courbe  dessinée  par  le  fil  amène  dans  la  surface  une 

G,  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  I .  ° 


(  4*  ) 

déformation  qui  diminue,  à  la  vérité,  à  mesure  qu'on  s'éloigne  davantage 
du  fil  flexible.  Enfin  le  calénoïde  n'admet  aucune  ligne  suivant  laquelle  le 
fil  puisse  se  disposer  sans  produire  d'altération  dans  la  forme  de  la  surface. 

»  De  nombreuses  expériences,  faites  toutes  avec  des  fils  de  cocon  de  peu 
de  longueur,  ont  complètement  vérifié  les  déductions  théoriques  qui  pré- 
cèdent. » 

La  Note  se  termine  par  la  description  d'un  effet  assez  curieux  de  la 
tension,  en  vertu  duquel  une  boule  creuse  de  verre  très-légère  s'engage 
toujours  dans  une  lame  liquide  suivant  la  plus  grande  section  possible. 

SÉRICICULTURE.  —  Sur  la  saccharijîcation  du  corpuscule  vibrant  de  la  pébrine; 

par  M.  A.  Béchamp. 

(Renvoi  à  la  Commission  de  Sériciculture.) 

«  Le  corpuscule  vibrant  se  comporte  avec  le  sucre  de  canne  comme 
d'autres  ferments  organisés;  si,  comme  ceux-ci,  il  est  un  végétal,  il  doit 
contenir  une  partie  saccharifiable  ;  c'est  ce  que  j'ai  essayé  de  démontrer. 

»  Je  me  suis  procuré  environ  vingt  vers  à  soie  corpusculeux,  morts  et 
desséchés.  Pour  empêcher  la  naissance  d'autres  cellules  végétales,  je  les  ai 
fait  tremper  dans  de  l'eau  créosotée.  Une  fois  ramollis,  ils  ont  été  malaxés 
pour  en  dégager  les  corpuscules.  Après  un  nombre  suffisant  de  traitements, 
les  liqueurs  ont  été  passées  au  travers  d'un  linge  fin,  et  les  corpuscules  ont 
été  séparés  par  lévigation  de  toute  matière  étrangère.  Les  corpuscules  s'étant 
déposés  une  dernière  fois,  je  m'assurai  par  l'examen  microscopique  qu'ils 
étaient  exempts  de  débris  de  ver  et  dépourvus  de  productions  organisées 
étrangères.  Pour  dégager  les  matières  albuminoïdes  de  la  portion  végétale 
des  corpuscules,  j'ai  ajouté  au  liquide  qui  les  contenait  environ  le  vingtième 
de  son  poids  de  potasse  caustique  pure.  Après  une  demi-heure  d'ébullition 
soutenue,  les  corpuscules  furent  lavés  par  décantation.  Les  eaux  de  lavage 
n'étant  plus  alcalines,  j'ai  évaporé  pour  dessécher  les  corpuscules.  La  des- 
siccation terminée,  le  résidu  refroidi,  j'ai  ajouté,  en  broyant  sans  cesse, 
quelques  gouttes  d'acide  sulfurique  pur  et  concentré.  Les  corpuscules, 
qui  avaient  jusque-là  conservé  leur  forme  (i),  entrèrent  en  dissolution  sans 

(i)  Le  fait <le  l'organisation  du  corpuscule  a  été  nié;  on  a  soutenu  qu'il  n'était  pas  formé 
d'une  membrane  renfermant  un  contenu  ;  la  ligne  noire  se  résolvant  en  granulations  que 
l'on  voit  dans  le  sens  du  grand  axe  a  également  été  niée.  Pour  se  convaincre,  il  suffit  d'exa- 
miner les  corpuscules  qui  ont  bouilli  avec  la  potasse;  dans  mes  expériences  j'ai  aperçu  dans 
taris  les  corpuscules,  qui  s'étaient  seulement  un  peu  ratatinés,  un  novau   bien  distinct. 


(43) 

coloration  sensible,  dans  l'acide  ;  après  une  heure  de  contact,  le  liquide  vis- 
queux a  été  étendu  d'eau  et  soumis  à  une  ébullition  prolongée.  Après  une 
heure  d'ébullition,  à  volume  à  peu  près  constant,  la  liqueur  acide  a  été  satu- 
rée par  le  carbonate  de  baryte,  filtrée  et  évaporée.  Le  résidu  sirupeux  m'a 
paru  incristallisable;  il  est  soluble  dans  l'alcool  à  86  degrés  centésimaux. 
L'alcool  ayant  été  évaporé  à  son  tour,  le  nouveau  résidu  a  été  repris  par 
l'eau  pure;  la  dissolution  additionnée  de  potasse  caustique  brunit,  comme 
le  ferait  le  glucose,  sous  l'influence  de  la  chaleur;  de  plus,  elle  réduit  le 
réactif  cupropotassique  bien  avant  la  température  de  100  degrés. 

»  J'ai  répété  la  même  expérience  avec  des  corpuscules  extraits  de  pa- 
pillons corpusculeux.  Le  résultat  a  été  le  même;  seulement,  dans  ce  cas, 
les  corpuscules  retiennent,  même  après  le  traitement  par  la  potasse,  une 
matière  qui  noircit  par  l'acide  sulfurique,  devient  poisseuse  et  s'élimine 
complètement  par  le  dernier  traitement,  c'est-à-dire  la  saturation  par  la 
craie  ou  le  carbonate  de  baryte. 

»  J'aurais  voulu  faire  fermenter  le  sucre  produit,  mais  j'ai  eu  trop  peu 
de  matière  à  ma  disposition,  environ  3  centigrammes  dans  chaque  expé- 
rience. Mais  je  crois  que,  nonobstant  l'absence  de  ce  complément  de 
preuve,  les  précédentes  expériences  établissent  suffisamment  que  le  cor- 
puscule vibrant  contient  de  la  cellulose.  » 

M.  Reimaw  adresse  de  Berlin  une  Note  relative  à  des  expériences  sur 
la  teinture  du  coton  avec  les  matières  colorantes  dérivées  de  l'aniline. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Chimie.) 

M.  de  la  BowiMr  ni;  de  Beaumo.vt  adresse  un  nouveau  «  Mémoire  sur  la 
nutrition  des  jeunes  Salmonidés,  au  moyen  d'une  larve  de  l'eau  courante, 
du  genre  des  Diptères  titulaires,  voisin  desSunulies  »,  et  prie  l'Académie  de 
vouloir  bien  substituer  la  rédaction  actuelle  à  celle  qui  a  été  adressée  par 
lui  le  9  juillet  1866. 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Milne  Edwards,  Coste, 

Blanchard.) 

M.  Conté  adresse  d'Aiguillon  (Lot-et-Garonne)  une  Note  «  sur  les  végé- 
taux médicamenteux  de  provenances  diverses,  inscrits  dans  le  tableau 
annexé  au  décret  du  8  juillet  i85o  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecins. ) 

6  . 


(  44  ) 

M.  Esmenjaud  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  ouvrir  un  pli  cacheté, 
déposé  sous  son  nom  le  ier  mai  1867. 

Ce  pli,  ouvert  en  séance  par  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  contient  une  Note. 
relative  à  une  question  d'entomologie,  Note  qui  est  renvoyée  à  la  Section 
de  Zoologie. 

M.  Aug.  Vaillant  adresse  de  Melun  une  Note  relative  à  la  navigation 
aérienne. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

AI.  BoiYiean  adresse  de  Chambéry  un  Mémoire  relatif  au  choléra,  et  prie 
l'Académie  de  vouloir  bien  l'admettre  au  concours  du  legs  Bréant  pour 
1867,  quoique  le  terme  assigné  pour  l'envoi  des  pièces  destinées  à  ce  con- 
cours soit  expiré. 

(Renvoi  à  la  Commission,  qui  jugera  s'il  y  a  lieu  d'admettre  ce  Mémoire 

au  concours  de  1867.) 

MAI.  KREUzet  Parker  adressent  chacun  une  Note  relative  au  choléra. 
(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

CORRESPONDANCE . 

AI.  LE  AIlNISTRE  DE   l' AGRICULTURE;   DU    COMMERCE   ET  DES   TRAVAUX   PUBLICS 

adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  le  tome  LV1I  des  Brevets  d'in- 
vention pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  1844. 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  No  le  sur  l'action  réciproque  de  deux  molécules; 

par  AI.  Boussixesq. 

«  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  de  chercher  la  formule  la  plus  géné- 
rale qui  puisse  représenter  l'action  réciproque  de  deux  molécules,  dans  un 
milieu  isotrope  un  peu  dérangé  de  sa  position  primitive  d'équilibre. 

»  Soient  :  M  une  molécule  d'un  tel  milieu;  x,  y,  z  ses  coordonnées 
rectangulaires  primitives;  u,  v,  w  les  augmentations  reçues  par  les  coor- 
données à  l'époque  t,  ou  les  déplacements  suivant  les  axes  de  la  molécule  : 
u,  i>,  iv  sont  fonctions  de  x,  y,  z.  Les  actions  exercées  par  M  sur  une  antre 
molécule  très-voisine  M'  dépendent  généralement  :  i°  des  positions  rela- 
tives d'équilibre  de  ces  deux  molécules,  c'est-à-dire  de  leur  distance  ini- 


(  45  ) 
tiale  Ç  et  des  cosinus  a,  /3,  7  des  angles  que  la  droite  qui  joint  M  à  M'  fait 
avec  les  axes;  i°  de  la  manière  dont  les  déplacements  z/,  v,  w  varient  dans 
un  très-petit  espace  comprenant  les  molécules  M  et  M',   ou,  ce  qui  revient 

au  même,  de  la  valeur  qu'ont  au  point  M  les  dérivées  partielles  - — — 

»  1   •  I  1  dix,  y,  z) 

Celles-ci  étant  supposées  très-petites,  on  peut  développer  l'action  de  M 

sur  M',  suivant  leurs  puissances  ascendantes,  par  la  série  de  Taylor,  et 

s'arrêter  aux  termes  du  premier  degré.  Les  coefficients  seront  des  fonctions 

de  Ç  et  de  a,  (i,  7  qui  ne  changeront  pas,  à  cause  de  l'isotropie  du  milieu, 

lors  de  toute  transformation  des  axes  rectangulaires  en  d'autres  également 

rectangulaires.  Si  donc  nous  adoptons  la  droite  MM'  pour  axe  des  z,  ce 

qui  donne  a  =  o,   j3  =  o,  7  =  1,   et  que  nous  changions  ensuite  le  sens 

de  l'axe  des  x  ou  celui  de  l'axe  des  y,   la  formule  de  l'action  de  M  sur  M' 

devra  rester  la  même.  Ces  transformations  font  changer  de  signe  les  termes 

ilv     dw     dw     du     du     dv  .  .  1  1     r  1 

en  —,  — 1  — >  -7-)  -r'  -7-1  qui  ne  peuvent  par  suite  entrer  dans  Ja  formule. 

dz     dy     dx      dz     dy    dx       *  '  ' 

De  plus,   les  termes  en  — -  et  —  doivent  avoir  même  coefficient,   car  on 

1  d.r  dy 

peut  échanger  entre  eux  les  axes  des  x  et  des  y  sans  modifier  la  formule. 
Donc  celle-ci  peut  être  mise  sous  la  forme 

_    (du  dt>  rfuA  _,  div 

A  +  B(,77  +  ^  +  ^)  +  C^' 
où  A,   B,  C  désignent  des  fonctions  arbitraires   de  'Ç.   Observons  que  la 
parenthèse  du  second  terme  exprime  la  dilatation,  c'est-à-dire  le  rapport, 
changé  de  signe,  à  la  densité  primitive  p,   de  son  accroissement  âp,  et 

que  —  est  le  rapport  à  la  distance  initiale  £  de  l'accroissement  c?£  de  cette 

distance.  L'action  réciproque  des  deux  molécules  devient  ainsi 

A(Ç)-^0>  +  C(Ç)?- 

La  somme  des  deux  premiers  termes  peut  s'écrire  j  (Ç,  p  ■+-  dp),  f  dési- 
gnant une  fonction  arbitraire;  et  ensuite  celui-ci  peut  être  sensiblement 

If  \f 

dédoublé  en  deux  autres,  j '(Ç  -4-  c?Ç,  p  -+-  dp)  et  —  -r- Ç  — •  Le  second  de 
ces  derniers,  joint  au  terme  en  C(Ç),  donnera  une  somme  de  la  forme 
F  (Ç)  —  î  où  F  désigne  une  fonction  arbitraire.  L'action  réciproque  des 
deux  molécules  sera  ainsi  exprimée  par 

/(Ç  +  cîÇ,(3  +  ^)+F(Ç)|. 


(  46  ) 

»  L'action  moléculaire,  dans  un  milieu  isotrope,  se  compose  donc  de 
deux  forces  :  l'une,  f  [Ç  -+-  &Ç,  p  +■  cfy),  ne  dépend  pas  de  la  distance  ini- 
tiale des  molécules,  mais  dépend  seulement  de  leur  distance  actuelle  et  de 

la  densité;  l'autre,   F(Ç)y>  varie  avec  la  distance  initiale  des  molécules 

et  leur  écartement. 

»  La  première  n'agit  pas  dans  les  mouvements  qui  ont  lieu  sans  chan- 
gement de  densité,  du  moins  si  l'on  suppose  que  l'action  moléculaire 
s'étende  à  un  grand  nombre  de  molécules.  En  effet,  pendant  toute  la  durée 
d'un  pareil  mouvement,  chaque  molécule  est  constamment  en  rapport  avec 
une  même  quantité  de  molécules  placées  de  la  même  manière.  Ainsi  la  pre- 
mière force  n'empêche  pas  le  glissement  des  molécules  les  unes  sur  les 
autres  :  elle  constitue  l'élasticité  des  fluides. 

»  Mais  il  n'en  est  pas  ainsi  de  la  deuxième  force.  De  quelque  manière 
que  varie  la  distance  de  deux  molécules,  elle  tend  à  ramenei'  cette  distance 
à  sa  valeur  initiale  et  à  faire  occuper  aux  molécules  les  mêmes  places  rela- 
tives. C'est  par  conséquent  cette  deuxième  force,  fonction  de  la  distance 
initiale  et  de  l'écartement,  qui  constitue  la  solidité. 

»  Les  fonctions  y7  et  F  peuvent  n'être  pas  les  mêmes  chez  les  divers  corps 
isotropes.  A  une  distance  finie,  deux  molécules  agissent,  quelle  que  soit 
leur  nature,  d'après  la  loi  simple  de  l'attraction  newtonienne  :  leur  action 
mutuelle  ne  dépend  alors  que  de  leurs  masses  et  de  leur  distance.  Mais, 
lorsque  celle-ci  devient  insensible,  il  y  a  peut-être  d'autres  éléments  à 
considérer,  ainsi  que  l'indique  la  complication  des  phénomènes  physiques. 

«  Navier  et  Poisson,  dans  leurs  Mémoires  sur  l'élasticité  des  corps  solides, 
ne  comptaient  que  les  actions  de  deuxième  espèce,  et  c'est  pourquoi  ils  ne 
trouvaient  dans  l'expression  des  forces  élastiques  qu'un  seul  coefficient. 
En  tenant  compte,  en  outre,  de  celles  de  première  espèce,  on  a  les  formules 
à  deux  coefficients  de  M.  Lamé,  et,  de  plus,  les  forces  normales  con- 
tiennent un  terme  constant,  de  grandeur  arbitraire,  qui  représente  chez  les 
fluides  la  pression  dans  l'état  primitif.  » 

physique  mathématique.    —  Théorie  des  expériences  de  M.   Poiseuille  sur 
l'écoulement  des  liquides  dans  les  tubes  capillaires;  par  M.  Boussixesq. 

«  On  sait  que  M.  Poiseuille  est  arrrivé  à  des  lois  très-précises  sur  l'écou- 
lement permanent  des  liquides  dans  les  tubes  capillaires  mouillés  par  ces 
liquides.  Ces  lois  sont  que  la  dépense  dans  l'unité  de  temps  varie  :  i°  en 
raison  inverse  de  la  longueur  du  tube;  2°  proportionnellement  à  la  diffé- 


(  47  ) 
rence  des  pressions  exercées  à  ses  deux  extrémités  et  à  la  quatrième  puis- 
sance de  son  rayon.  On  peut  les  déduire  très-simplement  des  formules  de 
Navier  sur  le  frottement  dans  les  liquides;  mais  il  est  nécessaire  de  modi- 
fier les  équations  à  la  surface,  en  supposant  la  vitesse  nulle  près  d'une  paroi 
mouillée.  Cette  supposition  est  très-naturelle;  car,  si  une  différence  très- 
petite  de  vitesse  entre  molécules  liquides  très-voisines  développe  une 
force  sensible,  une  différence  finie  de  vitesse  entre  les  molécules  de  la  paroi 
et  celles  du  fluide  en  contact  développerait  un  frottement  tangentiel  incom- 
parablement plus  considérable.  Ce  frottement,  devant  faire  équilibre  à  l'ac- 
tion tangentielle  exercée  par  le  liquide  sur  sa  surface,  devra  donc  corres- 
pondre à  une  vitesse  très-petite  et  analytiquement  nulle. 

»  Cela  posé,  désignons  par  V  la  vitesse,  par  x  et  y  deux  coordonnées 
rectangulaires  prises  dans  un  plan  normal  aux  génératrices  du  tube,  par  p 
la  différence  des  pressions  exercées  aux  deux  extrémités,  par  /  la  longueur 
du  tube,  et  enfin  par  H  le  coefficient  de  frottement.  Les  formules  de  Navier 
donnent  pour  équation  du  mouvement  rectiligne  permanent,  en  négligeant 
l'action  très-petite  de  la  pesanteur, 

(>  77  +  -7-t  -+-  5-,  =  o. 

</>■'  rly'  H  / 

Si  le  tube  est  elliptique  et  a  pour  équation 

a'        b- 


la  valeur  de  V,  qui  vérifiera  l'équation  (i)  et  sera  nulle  sur  la  paroi,  est 

2 H/  a' -h  b1  \         a'        /,-) 
On  en  déduit  la  dépense  dans  l'unité  de  temps 


D-   *      >' 


4  H      /      «'+£= 

Si  h  —  a  ou  que  le  tube  devienne  circulaire  de  rayon  a,  on  a  la  formule 
trouvée  expérimentalement  par  M.  Poiseuille, 


\8H 


pa' 
T' 


»  La  valeur  de  ^  pour  l'eau  est  743o,  l'unité  de  longueur  étant  le  milli- 
mètre, et  l'unité  de  force  le  milligramme.   La  pression  H  sur  i  millimètre 


(  48  ) 

•      >         ,ki'  pï  suri  mètre  carré,  -^-;  le  coefficient  de  frottement 

carre  est^^^'  et'sur  '  meneca,r  '  749° 
de  l'eau  est  donc  excessivement  petit. 

»   On  voit  que  les  expériences  de  M .  Poiseuille  démontrent  l'exactitude  des 
formnlesdeNavier^partlesmodfficationsquedoiventrecevoirlesequations 

à  la  surface.  Si  les  mêmes  formules  n'expliquent  pas  simplement  les  mouve- 
ments permanents  de  l'eau  dans  les  rivières  et  dans  les  tuyaux  de  conduite, 
cela  tient  sans  doute  à  ce  que  ces  mouvements  ne  peuvent  pas  être  supposes 
rectilignes.  En  effet,  le  coefficient  H  étant  extrêmement  petit  il  faudrait 
une  excessive  inégalité  entre  les  vitesses  supposées  rectilignes  des  diverses 
couches  liquides,  pour  produire  un  frottement  capable  de  neutraliser  ac- 
tion de  la  pesanteur.  Or,  bien  avant  que  des  vitesses  si  inégales  aient  pu 
s'établir,  les  plus  petites  irrégularités  du  lit  causent  des  chocs  suffisants 
pour  détruire  l'accélération  due  à  la  pesanteur.  11  résulte  de  là  une  vitesse 
moyenne  assez  uniforme,  mais  très-différente  de  celle  qui  s  établirait  s,  le 
mouvement  était  recliligne.    » 

A  4  heures  trois  quarts,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  E.  D.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  ,-  juillet  .867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

OEuvres  de  Lagrange,  publiées  par  les  soins  de  M.  L-A.  Sebret,  sous  les 
auspices  de  S.  Exe.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique.  T.  I   .  Pans,  1807, 


in-4°  cartonné. 


in-4   cartonne. 

Question  du  vinage.  Rapport  à  la  Société  centrale  d' Agriculture  de  l  Hérault 
SUr  la  demande  de  la  Chambre  syndicale  des  Agriculteurs  de  betteraves  pourfaire 
'abaisser  à  ao  francs  le  droit  sur  les  alcools  destinés  au  vinage,  en  soumettant 
tous  les  bouilleurs  de  cru  à  l'exercice,  parB.  MabèS,  Correspondant  de  1  In- 
stirut.  Montpellier,  1857;  br.  in-8?. 

{La  suite  du  Bulletin   au  prochain   numéro.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  8  JUILLET  1867. 
PKËSIDENCE  DE  M.  CHEVREUIL. 

MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

histoirk  DES   académies.  —  Note  historique  sur  l'établissement  des 
Académies;  par  M.  Chasles. 

«  Le  sujet  de  la  lecture  que  devait  faire  notre  confrère,  M.  Babinet,  dans 
la  séance  trimestrielle  de  l'Institut  de  mercredi  dernier,  savoir,  l'établisse- 
ment de  i Académie  des  Sciences,  m'a  l'appelé  que  je  possédais  un  document 
qui,  sans  se  rapporter  directement  à  notre  Académie,  n'y  est  pas  absolu- 
ment étranger,  parce  qu'il  concerne  l'établissement  de  l'Académie  fran- 
çaise, sœur  ainée  des  Académies  fies  Inscriptions,  et  des  Sciences.  Il  s'agit 
de  deux  Lettres  de  Rotrou,  adressées  au  cardinal  de  Richelieu .  Dans  la 
première,  Rotrou  parle  des  Jeux  floraux  institués  à  Toulouse  par  Clémence 
Isaure  en  i324,  et  de  l'utilité  qu'il  y  aurait  à  fonder  de  telles  Académies, 
ou  au  moins  une  à  Paris.  Dans  la  seconde,  Rotrou  félicite  le  cardinal  d'avoir 
accueilli  l'idée  qu'il  lui  a  communiquée.  «  Ce  sera,  dit-il,  un  grand  bien 
»  faire  aux  Lettres.  Et  je  ne  doute  pas  que  la  postérité  vous  en  saura  beau- 
»  coup  de  gré.  »  La  noble  idée  du  grand  citoyen  et  du  grand  poète  a 
donc  contribué  à  l'établissement  des  Académies  et  au  lustre  que  leurs  tra- 
vaux ont  répandu  sur  le  XVIIe  siècle.  Je  prie  l'Académie  d'agréer  ces  deux 
Lettres  et  d'en  ordonner  le  dépôt  dans  les  archives  de  l'Institut.  L'Académie 

C.  K.,  l  8G7 ,    -2*  Semestre.  (T.  LXV,  >»  2.)  7 


(  5o  ) 
veut-elle  ine  permettre  d'y  joindre  deux  autres  Lettres  de  Rotrou,  qui  ont 
aussi  de  l'intérêt,  mais  à  un  autre  point  de  vue?  Celles-là  sont  adressées  à 
Corneille,  et  Rotrou  y  prédit  ce  que  réalisera  le  génie  du  jeune  Pocquelin. 
»  Je  pourrais  ajouter  que  Corneille  aussi  a  porté  un  pareil  jugement,  en 
engageant  son  jeune  ami  à  persévérer  dans  son  dessein  dentier  dans  la 
carrière  dramatique.  Mais  j'abuserais  des  moments  de  l'Académie  eu  m'é- 
cartant  plus  longtemps  de  nos  travaux  habituels.  » 

Sur  la  proposition  de  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  M.  le  président  décide 
que  les  deux  Lettres  adressées  au  cardinal  de  Richelieu  seront  reproduites 
à  la  suite  de  cette  communication. 

«  Les  voici  textuellement,  c'est-à-dire  avec  les  négligences  qui  se  ren- 
contrent souvent  dans  les  correspondances  familières  de  l'époque  : 

Ce  22  avril. 

MONSEIGNEUR 

,1e  vous  ay  dit  qu  au  moyen  âge  il  se  forma  des  Sociétés  ou  académies  pour  juger  du 
succès  de  reluy  des  scavans  qui  avoit  le  mieux  traicté  ce  quon  appeloit  alors  le  chant  Roval. 
Ce  fust  en  1824  que  Clémence  Isaure  de  la  maison  des  comtes  de  Toulouse  convoqua  lous 
les  poêles  et  les  trouvères  du  voisinage  de  Toulouse,  et  promist  de  donner  une  violette  d'or 
a  celuy  qui  feroit  les  plus  beaux  vers.  Elle  donna  un  fond  dont  le  revenu  devoit  estre 
employé  a  ce  prix.  Après  la  mort  de  cette  illustre  dame,  dont  la  mémoire  est  si  célèbre,  les 
magistrats  de  Toulouse  ordonnèrent  que  tout  ce  quelle  avoit  institué  seroit  exactement  observé 
a  (advenir.  Ceux  qui  jugeoient  des  ouvrages  estoient  appelés  les  mainteneurs  de  la  gaye 
science.  Celuy  qui  remportoit  le  prix  estoit  reçu  docteur  en  science  gaye;  on  demandoit  le 
doctorat,  on  estoit  reçu  et  les  lettres  estoient  expédiées  en  vers  Celuy  qui  remportoit  le  pre- 
mier prix  estoit  honoré  du  nom  de  Roy.  Telle  est  Monseigneur,  le  commencement  de  ces 
sociétés  ou  académies.  Ne  vous  semble-t-il  pas  qu'il  seroit  bien  d'en  establir  de  semblables 
ou  si  nom  une  à  Paris.  Je  vous  laisse  y  penser.  Je  suis  monseigneur  votre  très  humble 
serviteur.  Rotrou. 

A  monse.ig   le  C"'  rie  Richelieu 

Ce  27  avril. 
Monseigneur 

J  approuve  l'idée  que  vous  avez  conçue  destablir  à  Paris  une  académie  à  l'instart  de  celle 
qu'establit  Clémence  Isaure  a  Toulouse  et  ce  sera  un  grand  bien  faire  aux  lettres.  Et  je  ne 
doute  pas  que  la  postérité  vous  en  scaura  beaucoup  de  gré.  Je  m'estime  heureux  que  ma 
précédente  lettre  vous  ay  suggéré  cette  noble  idée.  Vous  nie  mandez  si  dans  les  recherches 
que  jay  faites  au  subjet  de  la  fondation  de  ces  sortes  de  sociétés  ou  académies,  jay  trouve 
comment  se  pratiquoit  les  statuts  ou  plustost  les  règlements  de  ces  sociétés  et  dans  quelle  con- 
dition se  faisoit  cet  espèce  de  combat  demulation.  Selon  ce  que  j'ay  observé  :  on  faisoit 
ordinairement  un  chant  de  trois  ou  quatre  stances;  le  dernier  vers  de  la  première  devoit  ser- 
vir de  Refrain  aux  autres,  et  cet  ouvrage  estoit  appelé  chant  Royal,  parce  que  ordinairement 


(  5r   1 

on  ladclressoit  au  Rov.  On  fit  ensuite  des  Balades  qui  estoient  moins  longues  que  le  chant 
Royal.  Ordinairement  a  fin  de  ces  poèmes  on  mettoit  en  cinq  vers  un  abbregé  du  sujet  quon 
appeloit  envoy,  parce  quon  ladressoit  au  Roy  pour  se  le  rendre  favorable.  Voila  monsei- 
gneur ce  que  je  scay.  Jay  bien  lhonneur  destre  votre  très  humble  serviteur. 

Rotrou. 
A  monseisr  le  cardinal  de  Richelieu. 

»  A  la  suite  de  la  communication  de  M.  Chasles,  M.  le  Président  de- 
mande à  son  confrère  s'il  lui  conviendrait,  sans  attendre  qu'un  travail 
dont  il  a  parlé  il  va  quelque  temps,  concernant  la  découverte  des  lois  de 
l'attraction  par  Pascal,  soit  achevé,  de  dire  dès  ce  moment  quelques  mots 
de  ce  grand  fait  de  la  science  qui  date,  comme  l'établissement  des  Acadé- 
mies, du  XVIIe  siècle.  M.  Chasles  répond  que  d'autres  occupations  urgentes 
ne  lui  ont  pas  permis  de  donner  suite  à  ce  travail,  mais  que  voulant  satis- 
faire au  désir  naturel  de  M.  le  Président,  il  mettra  sons  les  yeux  de  l'Acadé- 
mie, dans  la  prochaine  séance,  quelques  écrits  de  Pascal,  notamment  une 
Lettre  adressée  au  célèbre  physicien  Robert  Boy  le,  qui  contiennent  l'énoncé 
des  lois  de  l'attraction  en  raison  directe  des  masses  et  en  raison  inverse 
du  carré  des  distances.  » 

physicO-chimik.  —  Troisième  Mémoire  sur  les  effets  chimiques  produits  clans 
les  actions  électro-capillaires  ;  par  M.  Becquerel. 

§1.  —  Causes  physiques  et  chimiques  qui  interviennent  dans  la  réduction  métallique. 

«  La  réduction  des  métaux  dans  les  espaces  capillaires,  dont  j'ai  déjà  eu 
l'honneur  d'entretenir  l'Académie,  ne  saurait  être  expliquée,  comme  on  a 
essayé  de  le  faire,  en  faisant  intervenir  seulement  l'attraction  moléculaire: 
elle  est  due  aux  actions  combinées  des  affinités,  de  l'attraction  moléculaire 
et  de  l'électricité. 

»  Je  reviens  dans  ce  Mémoire  sur  ce  triple  concours,  afin  de  donner  de 
nouvelles  preuves  à  l'appui  de  celles  que  j'ai  déjà  présentées,  et  de  démon- 
trer surtout  l'intervention  de  l'électricité  dans  le  phénomène  de  la  réduc- 
tion des  métaux.  J'exposerai  ensuite  de  nouveaux  faits  relatifs  aux  actions 
chimiques  qui  ont  lieu  dans  les  espaces  capillaires  et  à  la  production  des- 
quels l'électricité  ne  paraît  pas  jouer  un  rôle  direct,  si  toutefois  elle  inter- 
vient, comme  dans  la  réduction. 

»  Rien  n'est  plus  simple  que  de  démontrer  l'influence  de  l'électricité 
dans  la  production  de  ce  phénomène.  On  emploie  à  cet  effet  l'appareil 
composé  d'un  tube  de  verre  fêlé,  rempli  d'une  dissolution  métallique,  de 

7- 


(  5a  ) 
nitrate  de  cuivre,  par  exemple,  que  l'on  plonge  dans  une  éprouvette  con- 
tenant une  dissolution  de  monosulfure  de  sodium;  si  l'on  plonge  dans 
chacune  d'elles  l'un  d^s  bouts  d'un  fil  de  cuivre,  on  forme  alors  un  couple 
électrochimique  simple,  composé  de  deux  dissolutions  réagissant  l'une  sur 
Faillie  par  l'intermédiaire  des  fissures  du  tube,  et  d'un  fil  de  cuivre.  La 
dissolution  acide  rend  libre  de  l'électricité  positive,  et  l'autre  de  l'électri- 
cité négative.  Le  bout  du  fil  de  métal  qui  se  trouve  dans  la  dissolution 
alcaline  étant  attaqué  est  le  pôle  positif,  tandis  que  l'autre  bout,  qui  plonge 
dans  la  dissolution  métallique,  est  le  pôle  négatif  et  se  recouvre  de  cuivre; 
de  l'autre  côté,  il  y  a  production  d'hyposulfite  de  soude  et  de  nitrate  de 
soude;  en  peu  de  temps,  la  dissolution  de  nitrate  de  cuivre  est  décompo- 
sée. Pendant  ces  réactions,  la  fissure  n'agit  que  pour  établir  le  contact  des 
deux  dissolutions  et  transmettre  le  courant  électrique  résultant  de  cette 
réaction  et  de  l'action  chimique  du  monosulfure  sur  le  cuivre;  on  n'aper- 
çoit aucune  trace  de  cuivre  métallique  dans  l'intérieur  de  la  fissure  et  sur 
la  portion  de  la  surface  intérieure  du  tube  qui  l'environne.  Vient-on  à  re- 
tirer le  fil  de  cuivre  et  à  supprimer  ainsi  tout  conducteur  métallique,  on 
observe  aussitôt  les  effets  suivants  :  la  fissure  se  remplit  de  petits  cristaux 
de  cuivre  métallique,  ainsi  que  la  paroi  intérieure  du  tube;  celle-ci  se 
recouvre  même  quelquefois  d'une  couche  brillante  de  cuivre  ;  on  voit  donc 
qu'en  l'absence  du  fil  de  cuivre,  certaines  parties  de  la  fissure  en  rem- 
plissent les  fonctions.  Le  couple  se  compose  alors  de  deux  dissolutions  et 
des  parois  de  la  fissure,  dans  laquelle  pénètrent  ces  dernières  par  l'action 
capillaire;  ces  liquides  se  trouvent  dans  un  état  moléculaire  différent  de 
celui  qu'ils  présentent  en  dehors  et  au  milieu  de  la  fissure,  condition  qui 
suffit,  comme  je  l'ai  démontré  il  y  a  déjà  longtemps,  pour  constituer  un 
couple  sans  métal. 

»  Dans  le  cas  actuel  il  y  a  deux  courants  qui  s'ajoutent,  parce  qu'ils  sont 
dirigés  dans  le  même  sens,  l'un  dû  à  la  réaction  des  liquides,  l'autre  pro- 
venant de  l'oxydation  du  métal.  Lorsque  la  fissure  est  remplie  de  métal,  il 
arrive  quelquefois  qu'aucun  contact  n'existe  entre  les  deux  liquides;  alors 
le  couple  cesse  de  fonctionner.  Avec  l'appareil  à  deux  plaques  de  verre  ou  de 
cristal,  et  dont  Tune  est  creusée  au  milieu  pour  recevoir  la  dissolution  mé- 
tallique, le  système  plongeant  dans  une  dissolution  de  monosulfure  de 
sodium,  les  effets  de  réduction  quelquefois  sont  continus  et  complets,  quel- 
quefois ils  ne  le  sont  qu'imparfaitement;  cela  tient  sans  aucun  doute  à  la 
difficulté  qu'éprouvent  les  deux  dissolutions  à  se  joindre  ça  et  là  dans  l'in- 
tervalle capillaire  d'une  grande  étendue,  difficulté  qui   n'a  pas  lieu  dans 


(  53  ) 
une  fêlure.  L'expérience  réussit  parfaitement  quand  l'intervalle  capillaire 
entre  les  deux  lames  est  rempli  de  la  dissolution  métallique  et  qu'il  se  forme 
un  bourrelet  de  sulfure  métallique  sur  les  bords. 

»  J'ajouterai  une  observation  qui  n'est  pas  sans  quelque  importance,  et 
qui  vient  à  l'appui  de  la  conclusion  à  laquelle  je  suis  parvenu  :  dans  le 
couple  formé  de  deux  dissolutions  et  d'un  fd  de  cuivre,  le  bout  du  fil  qui 
est  dans  la  dissolution  de  monosulfure  est  fortement  attaqué  et  se  recouvre 
de  sulfure  noir.  Il  en  est  de  même  dans  le  couple  où  le  fil  de  cuivre  est 
remplacé  par  la  fissure;  la  face  du  cuivre  déposé  dans  celle  ci,  et  qui  se 
trouve  en  contact  avec  la  dissolution  de  monosulfure,  est  également  noire 
et  par  conséquent  sulfurée. 

»  Les  effets  dont  on  vient  de  parler  sont  les  mêmes  avec  d'antres  disso- 
lutions métalliques,  notamment  avec  celles  de  nitrate  d'argent.  On  conçoit 
d'après  cela  qu'aussitôt  qu'il  y  a  quelques  parcelles  d'argent  de  déposées 
dans  les  premiers  temps,  il  y  a  double  effet  de  produit  :  un  effet  résultant 
du  couple  formé  par  les  deux  liquides  et  par  les  parcelles  de  métal,  et  un 
autre  dû  au  couple  fonctionnant  avec  les  deux  mêmes  dissolutions  et  la 
fissure. 

»  Ces  expériences  prouvent  de  nouveau  cpie  les  espaces  capillaires  et 
deux  liquides  différents  qui  communiquent  ensemble  par  leur  intermé- 
diaire constituent  un  couple  voltaïque  pouvant  produire  des  actions  chi- 
miques, mais  avec  cette  différence  toutefois  que  ces  espaces  étant  beaucoup 
moins  bons  conducteurs  de  l'électricité  que  les  fils  métalliques  à  section 
égale,  les  effets  électrochimiques  doivent  être  beaucoup  moindres. 

»  Il  est  donc  bien  démontré  maintenant  que,  dans  les  conditions  où  mes 
expériences  ont  été  faites,  la  réduction  des  métaux  est  bien  due  au  concours 
simultané  des  affinités,  de  l'action  capillaire  et  de  celle  de  l'électricité  dé- 
gagée dans  la  réaction  l'une  sur  l'autre  desdeux  dissolutions  qui  pénètrent 
dans  la  fissure  du  verre. 

»  Il  résulte  de  là,  comme  j'en  fournirai  plus  loin  des  preuves,  que  dans 
les  appareils  simples  dont  je  me  sers  depuis  quarante  ans  pour  former  des 
composés  insolubles  cristallisés,  dont  un  certain  nombre  ont  leurs  analogues 
dans  la  nature,  on  peut  remplacer  les  diaphragmes  en  kaolin  d'une  cer- 
taine épaisseur  et  placés  au  bas  des  tubes  pour  retarder  autant  cpie  possible 
le  mélange  des  dissolutions,  par  des  fêlures  ou  espaces  capillaires  très- 
étroits. 

»  Je  reviendrai,  dans  le  dernier  paragraphe  de  ce  Mémoire,  sur  les  effets 
produits  parce  mode  de  communication,  qui  n'est  efficace  que  lorsque  les 


(  54  ) 
espaces  capillaires  n'ont  pas  une  étendue  suffisante  pour  que  le   mélange 
des  liquides  se  fasse  rapidement. 

§  II.  —  Dispositions  diverses  et  emploi  d  'une.  lame  métallique  dans  l'intervalle  capillaire, 

»  On  peut  disposer  l'appareil  composé  de  lames  ou  plutôt  de  plaques  de 
cristal,  de  manière  à  forcer  l'introduction  du  liquide  dans  l'intervalle  ca- 
pillaire oùs'opère  la  réduction  des  métaux,  dans  le  but  surtout  de  prolonger 
cette  action.  Voici  comment  on  obtient  ce  résultat  :  On  prend  uuki  plaque 
de  cristal  de  i  centimètre  d'épaisseur  et  de  7  à  8  centimètres  de  côté,  et 
percée  au  milieu  de  part  en  part  d'une  ouverture  de  5  millimètres  de  dia- 
mètre, puis  L'on  fixe  sur  l'une  des  faces  de  cette  ouverture,  avec  du  mastic 
appliqué  à  chaud,  un  tube  de  verre  ayant  un  diamètre  un  peu  plus  grand 
de  1  décimètre  de  hauteur,  et  on  applique  sur  la  face  opposée  de  la  plaque 
une  lame  de  verre  pour  fermer  l'ouverture,  que  l'on  assujettit  dessus  avec 
des  fils  croisés  perpendiculairement;  l'espace  capillaire  où  doit  s'opérer  la 
réduction  se  trouve  entre  la  plaque  et  la  lame.  Cette  préparation  faite,  on 
verse  dans  le  tube  la  dissolution  métallique  sur  laquelle  on  veut  opérer, 
afin  de  remplir  cet  espace  et  de  chasser  l'air,  avant  l'immersion  de  l'appareil 
dans  la  dissolution  de  monosulfure  de  sodium;  aussitôt  après,  il  se  forme 
autour  des  plaques  un  bourrelet  de  sulfure  qui  s'oppose  à  la  sortie  de  la 
dissolution  métallique  et  facilite  les  réactions.  On  modère  la  hauteur  de  la 
colonne  liquide  dans  le  tube,  de  manière  à  ne  pas  vaincre  l'action  capillaire 
et  à  provoquer  la  sortie  de  la  dissolution  métallique  de  l'appareil. 

«  Malgré  celte  addition,  il  arrive  encore  souvent  que  la  dissolution  mé- 
tallique ne  se  répand  pas  uniformément  sur  la  surface  de  la  plaque  et  sur 
celle  de  la  lame  en  contact  avec  elle,  parce  qu'il  existe  ça  et  là  de  l'air  ou 
des  corps  étrangers  sur  ces  surfaces  qui  s'y  opposent.  Il  y  a  un  moyen  fort 
simple  de  rendre  l'action  réductive  uniforme:  il  suffit  d'appliquer  sur  la  lame 
de  verre  qui  ferme  l'ouverture  delà  plaque  une  feuille  d'orou  de  platine,  afin 
d'ajouter  les  effets  provenant  de  l'action  capillaire  à  ceux  produits  par  l'ac- 
tion du  couple  formé  des  deux  dissolutions  et  de  la  feuille  métallique.  Celle 
disposition  a  permis  d'obtenir  une  espèce  d'application  de  métal  sur  un 
autre  métal,  comme  dans  la  dorure  à  la  pile;  c'est  là  le  premier  indice 
des  applications  qu'on  pourrait  en  faire.  On  a  pu  ainsi  déposer  du  nickel  sur 
une  feuille  d'or  et  du   cuivre  sur  une  feuille  d'argent. 

»  On  voit  par  là  comment  il  peut  se  faire  que  l'action  chimique  de  l'é- 
lectricité vienne  en  aide  à  celle  qui  est  produite  par  l'action  capillaire.  Ce 
concours  de  l'attraction  capillaire  et  de  l'électricité  dans  l'étude  du  phéno- 


f  55 


mène  dont  je   m'occupe  sera  d'un  grand  secours  quand  les  phénomènes 
auront  une  faible  intensité. 

§  Ht.    —  Des  effets  obtenus  en  substituant  nu,  monosulfure  de  sodium  d'autres  dissolutions, 
et  de  divers  autres  effets  produits  dans  les  espaces  capillaires, 

»  Lorsque  l'on  remplace  la  dissolution  de  monosulfure  de  sodium  ou 
celle  de  sulfhydrate  d'ammoniaque,  qui  donne  des  effets  rapides,  par  une 
autre  de  potasse  ou  de  soude  caustique,  la  réduction  métallique  n'a  pas 
lieu  ;  il  se  dépose  seulement  sur  la  paroi  intérieure  du  tube  qui  contient  la 
dissolution  métallique,  celle  de  nitrate  de  enivre  par  exemple,  de  très- 
petits  cristaux  d'hydrate  de  cuivre,  puis  de  l'oxyde  noir  ou  deutoxyde 
anhydre  de  cuivre,  qui  forme  un  bouirelet  assez  épais  sur  et  autour  de  la 
fêlure.  Ces  effets  se  produisent  également  avec  les  appareils  électrochi- 
miques simples,  quand  le  courant  électrique  n'a  plus  qu'une  faible  inten- 
sité, soit  parce  que  le  dégagement  de  l'électricité  est  faible,  soit  parce  que 
la  conductibilité  est  devenue  moindre. 

»  H  suit  de  là  qu'à  conductibilité  égale,  [dus  l'affinité  des  deux  dissolu- 
tions qui  réagissent  l'une  sur  l'autre  sera  grande,  plus  les  effets  éleclrochi- 
miques  seront  marqués. 

»  La  dissolution  du  glucose  dans  la  soude  caustique  avec  celle  de  nitrate 
de  cuivre  et  l'appareil  à  lames  de  verre  produisent  difficilement  et  lente- 
ment la  réduction  du  cuivre;  cette  réduction,  toutefois,  présente  des  dif- 
férences avec  celle  cpie  l'on  obtient  avec  le  monosulfure  de  sodium;  le 
métal  se  dépose  sur  les  bords  des  lames  en  couches  excessivement  minces 
et  très-brillantes.  Cette  réduction  n'est  pas  due  à  la  réaction  immédiate 
des  deux  dissolutions  l'une  sur  l'autre,  sans  l'intervention  capillaire,  car  si 
l'on  mêle  ensemble  les  deux  dissolutions,  on  a  un  simple  précipité  sans 
réduction  métallique,  même  au  bout  de  plusieurs  jours. 

»  L'eau  salée  concentrée  et  le  nitrate  de  cuivre,  avec  l'appareil  à  tube 
fêlé,  donnent  un  bourrelet  de  très-petits  cristaux  qui  appartiennent  proba- 
blement à  l'hydrate  de  ce  métal. 

»  Il  est  facile  d'expliquer,  suivant  moi,  pourquoi  les  effets  sont  plus 
marqués  avec  les  sulfures  qu'avec  toute  autre  dissolution;  deux  causes 
concourent  à  la  production  d'un  courant,  l'action  chimique  d'une  des  dis- 
solutions sur  le  métal  oxydable  et  la  réaction  des  deux  dissolutions  l'une 
sur  l'autre  :  or  les  expériences  de  mon  fils  Edmond  prouvent  qu'en  pre- 
nant pour  dissolution  les  liquides  suivants,  on  a  pour  la  force  électro- 
motrice  résultant  de  leur  réaction  réciproque  : 


(  56  ) 

Force 
électromotrice. 

Eau  saturée  de  sulfate  de  cuivre  et  eau  acidulée  par  l'acide  sulfuriqueau  1!ï.        5 ,  5o 

Eau  acidulée  au  dixième  et  acide  azotique  ordinaire,  de 19,5.5   à    21 

Dissolution  de  protosulfale  de  fer  et  eau  chlorée  saturée 47  >00 

Dissolution  de  persulfure  de  potassium  et  acide  azotique  ordinaire..  .  .  72,50 

»  On  voit  par  là  combien  la  dissolution  de  sulfure  de  potassium 
l'emporte  sur  les  autres  dissolutions  pour  donner  un  courant  électrique 
intense  dans  son  action  sur  d'autres  dissolutions. 

»  Je  rapporterai  maintenant  des  effets  d'un  autre  genre  qui  ont  leur 
degré  d'intérêt  dans  l'étude  des  phénomènes  électro-capillaires. 

»  Lorsqu'on  introduit  dans  un  tube  fêlé,  fermé  par  un  bout  à  la  lampe, 
une  dissolution  de  bicarbonate  alcalin,  et  qu'on  le  plonge  dans  une  éprou- 
vette  contenant  un  acide  quelconque  concentré  ou  non  concentré,  l'acide 
traverse  la  fissure,  réagit  sur  le  bicarbonate  avec  dégagement  de  gaz  acide 
carbonique,  tandis  qu'il  ne  se  produit  aucun  dégagement  dans  l'éprou- 
vette  ;  la  dissolution  de  bicarbonate  ne  traverse  donc  pas  la  fissure. 

»  L'appareil  préparé  avec  le  papier  à  dialyse  donne  les  mêmes  effets. 
Si  l'on  évapore  l'acide,  à  peine  trouve-t-on  des  traces  de  matière  saline. 

a  Concluons-en  que,  dans  les  conditions  où  j'ai  opéré,  et  lorsque  la 
fêlure  est  partout  uniforme  et  très-étroite,  les  dissolutions  de  carbonate 
sont  privées  de  la  faculté  de  traverser  les  fêlures.  Il  y  a  deux  manières 
d'expliquer  cette  propriété  : 

»  i°  En  admettant  que  les  espaces  capillaires  exercent  une  action  attrac- 
tive plus  grande  sur  les  acides  que  sur  les  dissolutions  salines;  dans  ce  cas, 
ces  dernières  sont  en  quelque  sorte  expulsées  de  ces  espaces,  l'acide  pénètre 
dans  la  dissolution,  ou  le  dégagement  de  gaz  a  heu  précisément  à  la  sortie 
de  la  fêlure,  comme  on  l'observe. 

»  2°  En  s'appuyant  sur  la  théorie  électiochimique  :  le  couple  voltaïque 
étant  formé  des  deux  dissolutions  et  de  la  fissure  par  l'intermédiaire  de 
laquelle  elles  agissent  l'une  sur  l'autre,  la  partie  intérieure  de  cette  fissure 
est  le  pôle  positif  du  couple,  puisqu'elle  est  en  contact  avec  la  dissolution, 
qui  se  comporte  comme  un  alcali  par  rapport  à  l'acide;  il  parait  donc 
naturel  que  le  dégagement  de  gaz  ait  lieu  comme  on  l'observe,  c'est-à-dire 
sur  la  face  intérieure  de  la  fissure. 

»  Dans  une  autre  expérience,  on  a  substitué  à  la  dissolution  de  bicar- 
bonate, dans  le  tube,  de  l'eau  colorée  par  la  teinture  de  tournesol;  à  l'in- 
stant de  l'immersion  du  tube  dans  l'acide,  on  a  vu  la  couleur  bleue  virer 
au  rouge  près  de  la  fêlure,  tandis  que  l'on  n'a  observé  aucune  coloration 


(  57  ) 
dans  l'acide,  preuve  que  l'eau  et  la  matière  colorante  n'ont  pas  traversé 
sensiblement  l'espace  capillaire  pendant  la  durée  de  l'expérience. 

»  Enfin,  en  remplaçant  l'eau  qui  se  trouve  dans  le  tube  par  une  disso- 
lution de  potasse  caustique  marquant  10  degrés  à  l'aréomètre  et  colorée 
par  la  teinture  de  tournesol,  l'acide  n'a  présenté  non  plus  aucune  trace  de 


coloration  en  ronge. 


§  IV.    —   Des  effets  produits  avec  divers  diaphragmes. 

»  Les  diaphragmes  que  j'ai  particulièrement  essayés,  à  part  le  papier  à 
dialyse  dont  j'ai  déjà  parlé,  sont  le  verre  et  le  quartz  broyés  en  parties 
ténues,  le  sable  fin  et  le  plâtre  gâché,  et  dont  les  interstices  sont  des  espaces 
capillaires. 

»  Avec  du  sable  fin  ou  du  quartz  pilé  introduit  dans  des  tubes  fermés 
avec  un  morceau  de  toile  fixé  avec  un  fil  sur  la  paroi  extérieure,  et  formant 
des  diaphragmes  de  4  à  5  centimètres  «le  hauteur,  on  a  obtenu  les  résultats 
suivants  avec  diverses  dissolutions  métalliques  placées  dans  le  tube,  et  la 
dissolution  de  monosulfure  de  sodium  dans  Péprouvette,  en  faisant  remar- 
quer, toutefois,  qu'une  première  condition  à  remplir  est  que  le  sable  soit 
assez  fin  et  que  la  hauteur  de  la  colonne  soit  suffisante  pour  que  le  mélange 
des  deux  dissolutions  soit  très-lent  à  s'effectuer. 

»  En  donnant  la  hauteur  indiquée  à  la  colonne  de  sable,  on  opère  dans 
de  très-bonnes  conditions  et  on  a  l'avantage  surlout,  quand  la  dissolution 
métallique  contient  plusieurs  métaux,  de  voir  une  séparation  assez  nette 
entre  les  différents  métaux  réduits,  leurs  dissolutions  ne  jouissant  pas  toutes 
également,  au  même  degré,  de  la  faculté  d'être  décomposées  dans  ces  appa- 
reils. 

»  Presque  tous  les  métaux  sont  réduits  de  leurs  dissolutions  avec  l'ap- 
pareil à  colonne  de  sable  et  la  dissolution  de  monosulfure  de  sodium. 

»  Le  cuivre  est  réduit  d'une  dissolution  de  nitrate,  sous  forme  de  den- 
drites,  dans  toute  la  hauteur  de  la  colonne  de  sable,  lors  même  qu'elle 
a  5  centimètres  de  hauteur;  il  en  est  de  même  de  l'or,  de  l'argent,  du 
cobalt,  du  nickel,  etc. 

»  Une  dissolution  à  parties  égales  de  nitrate  de  cuivre  et  de  nitrate  d'ar- 
gent donne  d'abord  de  l'argent  en  dendrites  ou  en  plaques;  le  cuivre  vient 
ensuite,  mais  longtemps  après. 

»  Avec  le  plâtre  gâché,  on  obtient  la  réduction  du  platine,  du  cobalt,  etc., 
et  des  indices  de  réduction  du  chrome. 

C  R.,  1X117,   2«  Semestre.  (T.  LX.V,  N°  2.)  S 


(  58  ) 
»  La  nature  des  parois  des  intervalles  capillaires  ne  paraît  exercer 
aucune  influence  sur  le  phénomène  de  la  réduction  métallique;  car,  en 
opérant  avec  des  laines  de  verre,  si  l'on  interpose  entre  elles  une  feuille  de 
papier,  on  bien  si  l'on  applique  sur  l'une  d'elles  une  couche  très-mince  de 
vernis,  le  métal  se  dépose  soit  sur  la  feuille  de  papier,  soit  sur  la  couche 
de  vernis. 

§  V. —  De  la  substitution  des  fêlures  des  tubes  aux  diaphragmes  en  kaolin  humides,  dans  les 

appareils  électrochimiques  simples. 

»  Les  appareils  électrochimiques  simples  qui  m'ont  servi  jusqu'ici  à  for- 
mer un  grand  nombre  de  produits  insolubles  cristallisés  sont  composés  d'un 
tube  de  1  centimètre  environ  de  diamètre,  fermé  à  la  partie  inférieure  par 
de  l'argile  ou  du  kaolin  humide  retenu  avec  de  la  toile  fixée  sur  la  paroi 
extérieure  avec  du  fil.  Ce  tube  rempli  d'une  dissolution  plonge  dans  une 
éprouvette  contenant  une  autre  dissolution;  dans  chacune  d'elles  plonge 
une  lame  de  métal  différent,  les  deux  lames  sont  mises  en  communication 
pour  former  un  couple  électrochimique.  On  peut  supprimer  maintenant  le 
diaphragme  d'argile  et  se  borner  a  opérer  avec  un  tube  fêlé,  fermé  par  en 
bas  à  la  lampe;  la  fissure  par  laquelle  les  deux  dissolutions  réagissent  très- 
lentement  l'une  sur  l'autre  remplace  le  diaphragme;  les  effets  varient  sui- 
vant l'étendue  de  la  fissure  en  largeur,  c'est-à-dire  suivant  l'action  capil- 
laire qu'elle  exerce. 

»  Le  couple  dit  couple  à  gaz  oxygène,  qui  est  un  des  premiers  couples  à 
courant  constant  que  j'ai  fait  connaître,  est  composé  d'un  tube  fermé  par  un 
bout  avec  une  membrane  ou  du  kaolin  et  rempli  d'une  dissolution  de  po- 
tasse caustique  et  plongeant  dans  une  éprouvette  contenant  de  l'acide  ni- 
trique ordinaire,  puis  d'un  fil  de  platine  qui  complète  le  circuit  dont 
chaque  bout  plonge  dans  l'un  des  deux  liquides;  il  se  dégage  aussitôt  du 
gaz  oxygène  sur  le  bout  du  fil  de  platine  qui  plonge  dans  la  dissolution  de 
potasse;  tandis  qu'il  se  produit  du  gaz  nitreux  dans  l'éprouvette,  par  suite 
de  la  réaction  de  l'hydrogène,  qui  se  dégage  à  l'autre  bout,  sur  l'acide  ni- 
trique. On  obtient  les  mêmes  effets  en  opérant  avec  un  tube  fêlé,  fermé  par 
un  bout  à  la  lampe  au  lieu  de  l'être  avec  du  kaolin. 

»  Avec  l'appareil  électrochimique  simple  et  la  fermeture  du  tnbe  avec  le 
kaolin,  on  obtient,  comme  je  l'ai  démontré  anciennement,  les  sulfures  et 
iodures  simples  et  doubles;  il  en  est  de  même  avec  le  tube  fêlé,  mais  avec 
cette  différence  toutefois  que  la  fissure  quand  elle  est  excessivement  étroite, 
conduisant  très-mal  l'électricité,  on  obtient  quelquefois  des  résultats  dif- 


(  5<)  ) 
férents;  ainsi,  en  expérimentant  avec  l'iodure  de  potassium,  on  obtient  tou- 
jours avec  le  premier  appareil  d'abord  un  double  iodure  de  potassium  cl 
de  plomb,  en  aiguilles  très-blanches,  d'un  blanc  satiné,  puis  l'iodure  jaune 
de  plomb  cristallisé;  avec  le  deuxième  appareil,  le  double  iodure  est  quel- 
quefois nettement  cristallisé  par  suite  d'une  action  très-lente. 

Résumé. 

»  Il  est  démontré  dans  ce  Mémoire  : 

»  i°  Qu'un  espace  capillaire  placé  entre  une  dissolution  métallique  et 
une  dissolution  de  monosulfure  alcalin  constitue  nu  couple  vollaïque;  cet 
espace  se  comporte  comme  le  fil  métallique  dans  un  couple  électrochimique 
simple. 

»  Dans  le  premier  cas,  le  métal  est  réduit  sur  les  parois  de  cet  espace  et 
les  parties  adjacentes;  dans  le  second  il  l'est  sur  le  bout  du  métal  qui  plonge 
dans  la  dissolution  métallique  et  il  n'y  a  aucun  eftet  produit  par  la  fissure. 
La  fissure  dans  le  tube  fêlé  remplace  donc  le  fil  métallique,  et  vice  versa, 
avec  cette  différence  toutefois  que  l'action  est  plus  intense  avec  le  fil  qu'avec 
la  fissure,  en  raison  d'une  meilleure  conductibilité  et  d'un  courant  plus 
énergique  puisqu'il  est  produit  par  deux  causes;  tandis  qu'avec  la  fêlure 
une  seule  cause  intervient  pour  la  formation  du  courant,  la  réaction  des 
deux  dissolutions  l'une  sur  l'autre. 

»   2°  La  nature  des  parois  capillaires  est  sans  influence  sur  le  phénomène. 

»  3°  Le  papier  à  dialyse  se  comporte  comme  les  autres  espaces  capil- 
laires, mais  l'action  est  plus  tumultueuse,  plus  rapide;  les  produits  formés 
s'altèrent  beaucoup  plus  rapidement,  en  raison  de  la  grande  proximité  des 
dissolutions,  des  déchirures  ou  des  altérations  qui  peuvent  se  produire  dans 
le  papier  et  que  l'expérimentateur  ne  peut  prévoir. 

»  4°  Les  acides  franchissent  plus  facilement  les  espaces  capillaires  que 
les  dissolutions  salines  et  les  couleurs  végétales. 

»  5°  Les  principes  qui  ont  été  exposés  dans  le  précédent  Mémoire  et  dan., 
celui-ci  serviront  probablement  à  expliquer  certains  phénomènes  géologi- 
ques de  décompositions  et  de  formations  de  minéraux,  dans  des  roches  qui 
se  laissent  pénétrer  par  des  eaux  tenant  en  dissolution  de  l'air  ou  des  sub- 
stances enlevées  aux  filons  ou  aux  roches  qu'elles  traversent. 

»  6°  L'étude  de  la  physiologie  eu  général  peut  en  recevoir  un  utile  con- 
cours, car  tous  les  êtres  organisés  présentent  les  éléments  nécessaires  pour 
constituer  des  couples  électrochimiques  donnant  lieu  à   des  phénomènes 

,S.. 


(  60  ) 
non  interrompus  de  décompositions  et  de  recompositions,  qui  probablement 
interviennent  dans  les  phénomènes  de  la  vie.  j> 

COSMOLOGIE.    —    Classification   adoptée  pour  la  collection  de    météorite*   du 

Muséum;  par  M.  Daubrée. 

«  Les  corps  qui  nous  arrivent  des  espaces  planétaires,  et  que  l'on  com- 
prend sous  le  nom  général  de  météorites,  ont  été  depuis  longtemps  rap- 
portés à  deux  grandes  divisions,  les /ers  et  les  pierres. 

•>  C'est  là,  eu  effet,  la  division  qui  paraît  à  la  fois  la  plus  simple  et  la 
plus  naturelle. 

»  Toutefois,  en  examinant  un  certain  nombre  de  ces  masses,  plusieurs 
savants  ont  jugé  convenable,  il  y  a  quelques  années,  d'établir  une  troi- 
sième, division  intermédiaire  entre  les  deux  précédentes,  à  laquelle  ils  ont 
donné  les  noms  de  mésosidérites ,  de  lilhosidériles  ou  de  sidérolithes  pour 
caractériser  cette  nature  mixte. 

»  Quelque  commode  que  paraisse  ce  dernier  système  de  division,  dès 
qu'on  cherche  à  en  faire  usage  sur  une  série  nombreuse  de  chutes,  on  se 
trouve  dans  l'embarras.  Les  passages  qui  relient  les  termes  extrêmes  de 
cette  série,  d'une  part  le  fer  massif,  d'autre  part  la  pierre  exempte  de 
fer,  conduisent  à  un  véritable  arbitraire.  C'est  ainsi  que  certains  échantil- 
lons placés  par  les  uns  dans  la  division  intermédiaire  le  sont  par  les  autres 
dans  la  troisième  ou  dans  la  première.  Si  l'on  refuse  d'admettre  cette  divi- 
sion intermédiaire,  les  difficultés  sont  plus  grandes,  particulièrement  poul- 
ies fers,  tels  que  celui  de  Pallas,  où  des  grains  pierreux  commencent  à  se 
montrer  disséminés  au  milieu  de  la  masse  métallique,  et  qui  servent  ainsi 
de  premier  chaînon  entre  les  fers  et  les  pierres. 

»  En  installant  la  collection  des  météorites  du  Muséum  dans  le  nouveau 
meuble  qui  vient  d'être  construit  pour  la  recevoir,  j'ai  voulu  remplacer 
l'arrangement  purement  chronologique  qui  avait  été  adopté  jusqu'à  pré- 
sent, par  une  classification  qui  permît  de  saisir  les  rapports  généraux  et 
particuliers  qui  existent  entre  les  termes  déjà  nombreux  de  cette  suite  d'é- 
chantillons planétaires. 

»  Pour  indiquer  le  principe  de  cette  classification,  sans  entrer  aujour- 
d'hui dans  des  détails,  je  me  bornerai  à  donner  succinctement  les  carac- 
tères des  quatre  grandes  divisions  qui  ont  été  adoptées. 

»   J'ai  dû  donner  à  chacune  de  ces  divisions  des  noms  particuliers. 

»  Quelque  regrettable  qu'il  soit  d'introduire  dans  la  science  des  noms 
nouveaux  et  parfois  compliqués,  on  doit  souvent  en  reconnaître  l'utilité, 


(  6i  ) 
tant  pour  faire  sentir  à  l'instant  la  nature  d'un  corps  et  son  caractère  sail- 
lant, que  pour  en  rendre  l'étude  commode  dans  les  divers  pays.  Les  noms 
scientifiques  doivent  en  effet  tendre  à  devenir  cosmopolites  ;  c'est  du  reste 
ainsi  qu'est  établie  la  nomenclature  chimique,  qui  rend  tant  de  services,  et 
il  n'y  a  pas  à  craindre  de  tenter  de  suivre  un  aussi  bon  exemple. 

»  Bien  qu'il  ne  nous  parvienne  à  la  surface  du  sol  que  des  météorites 
solides,  on  doit  évidemment  admettre  comme  possible,  et  même  comme 
très-probable,  l'arrivée  dans  notre  atmosphère  de  matières  gazeuses  ou  li- 
quides, accompagnant  les  masses  solides,  ou  au  moins  ayant  la  même  ori- 
gine. L'état  de  nos  connaissances  au  sujet  de  ces  fluides  d'origine  extra- 
terrestre est  trop  imparfait  pour  qu'il  y  ait  lieu  de  les  faire  entrer,  au  moins 
dès  à  présent,  dans  une  classification  d'ensemble. 

»  De  plus,  parmi  les  météorites  affectant  l'état  solide,  on  en  a  cité  à  di- 
verses reprises  qui  sont  tombées  avec  le  même  cortège  de  lumière  et  de 
bruit,  non  en  masse  cohérente,  comme  des  météores  ordinaires  ,  mais  à 
l'état  de  poussière.  Comme  ces  poussières  météoriques  n'ont  pas  été  conve- 
nablement étudiées  et  distinguées  des  poussières  d'origine  terrestre,  que 
d'ailleurs  leur  nature  peut  être  modifiée  par  suite  de  leur  combustion  dans 
l'air,  nous  les  passerons  également  sous  silence. 

»  C'est  donc  exclusivement  des  météorites  solides  et  cohérentes  que  nous 
nous  occuperons  ici. 

»  Le  fer  métallique,  qui  d'une  part  manque  dans  tontes  les  roches  ter- 
restres, et  cjui,  d'autre  part,  appartient  à  presque  toutes  les  météorites,  m'a 
paru  fournir  la  base  le  plus  naturelle  des  grandes  divisions,  tant  par  sa  dis- 
position et  son  mode  d'association  à  la  matière  pierreuse  que  par  sa  pro- 
portion relative. 

»  Nous  appellerons  sidériles  (r)  les  météorites  qui  renferment  du  fer  mé- 
tallique, et,  par  opposition,  asidérites  celles  qui  en  sont  dépourvues. 

»  Les  sidériles  peuvent  être  privées  de  toute  matière  pierreuse,  ou  du 
moins  n'en  pas  renfermer  qui  soit  visible  à  l'œil  nu.  Dans  ce  dernier  cas,  elles 
en  renferment  parfois  une  très-petite  quantité  que  l'analyse  chimique  décèle 
seule,  par  les  résidus  qu'elles  laissent  aux  acides.  Ces  masses  de  fer  con- 
stituent les  fiotosidères  (2),  correspondant  aux  fers  météoriques  proprement 
dits  et  représentées,  par  exemple,  par  les  masses  de  Caille  et  de  Charcas. 

»   Lorsque  les  sidérites  renferment  des  silicates,  le  fer  peut  s'y  trouver 


(  1  )  De  mi'siçaç,  fer. 

(2)   De  0*0?,  tout  :  rappelle  que  la  tuasse  >jst  complètement  métallique,  quant  à  son  éclat. 


(  62  ) 
soit  sous  forme  de  masse  continue,  semblable  à  une  éponge  dont   la  ma- 
tière pierreuse  occuperait  les  vacuoles^  soit  à  l'état  de  grains  plus  ou  moins 
gros,  disséminés  dans  une  gangue  pierreuse. 

»  Dans  le  premier  cas,  les  sidérites  appartiennent  à  la  division  des  sys- 
sidères(i);  elles  appartiennent  à  celle  des  sporadosidères  (2)  dans  le  second. 

»  Les  syssidères  elles-mêmes  peuvent  renfermer  la  pierre  à  deux  états 
qui  correspondent  à  ceux  qui  viennent  d'être  indiqués  pour  le  fer,  soit 
en  grains  distincts,  disséminés,  comme  on  l'observe  dans  le  fer  de  Pallas, 
dans  celui  du  désert  d'Atacama,  dans  celui  de  Tuczon,  etc.;  soit  sous 
forme  d'une  masse  continue,  d'un  réseau  qui  s'enchevêtre  avec  le  réseau 
de  fer,  ainsi  qu'il  arrive  pour  le  fer  de  Rittersgrùnn,  par  exemple,  comme 
je  l'ai  reconnu  récemment  à  l'aide  d'un  procédé  particulier. 

»  La  division  des  sporadosidères  renferme  le  plus  grand  nombre  des  mé- 
téorites connues.  Pour  en  faciliter  l'étude,  j'ai  cru  devoir  la  subdiviser  en 
trois  sous-groupes  sous  les  noms  de  polysidères  (3),  olic/osidères  (4)  et  cryp- 
tosidères(S),  suivant  que  le  fer  y  est  en  grande  quantité  (Sierra  de  Chaco), 
en  petite  quantité  (Saint-Mesmin,  Âumale,  etc.),  ou  enfin  en  proportion 
indiscernable  à  la  vue  [Juvinas  (6),  Chassigny  (7)]. 

»  Disons  que  ces  trois  subdivisions  sont  loin  d'avoir  la  même  valeur  que 
celle  dont  il  vient  d'être  question  ,  car  elles  ne  peuvent  être  basées,  comme 
ces  dernières,  sur  des  caractères  bien  tranchés.  Toutefois,  chacune  d'elles 
correspond  à  des  variations  très-sensibles  de  la  densité. 

»  La  quatrième  subdivision  des  météorites  cohérentes  est  celle  des  asi- 
dères  correspondant  aux  asidérites,  qui,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  est 
caractérisée  par  l'absence  du  fer  métallique.  A  mesure  qu'on  étudie  plus 
attentivement  les  météorites  au  point  de  vue  de  la  présence  du  fer  métal- 
lique, le  nombre  des  échantillons  de  ce  dernier  groupe  se  réduit  davan- 
tage. Il  est  à  peu  près  restreint  aujourd'hui  aux  météorites  charbonneuses 
(Alais,  Orgueil.) 

(1)  De  <nt,  avec,  rappelle  que  le  métal  forme  une  masse  continue. 

(2)  De  r%t>ça.ç,  disséminé. 

(3)  De  aroAur,  beaucoup. 
(4,)  De  oXtyoi,  peu. 

(5)  De  xçusrj-of,  caché. 

(6)  Comme  l'a  reconnu  M.  Gustave  Rose  [Beschreibung  (1er  meteoriten  Sammlung  zu 
Berlin,  p.   12g). 

(7)  D'après  un  examen  fait  récemment  au  laboratoire  du  Muséum  par  M.  Lawrence 
Smith. 


(63  ) 

»  Tel  est  le  principe  sur  lequel  est  basée  cette  classification.  On  a  cherché 
à  y  exprimer,  sous  une  forme  simple  et  pratique,  tomme  il  convenait  pour 
l'arrangement  d'une  collection,  les  différences  et  les  rapports  qui  existent 
entre  les  deux  types  de  météorites. 

»  Ces  différences  et  ces  rapports,  cjui  sont  rendus  numériquement  sen- 
sibles par  la  variation  de  la  densité,  sont  exprimés  dans  le  tableau  qui  suit  : 

Météorites  solides  et   cohérentes. 


I  Ne  renfermanl 
pas  de  ma- 
tières pier- 
reuses  


SOl'S-GP.OIPES. 


rxrupi.Es.  DENSITES. 


Sidérites. 

Météorites  renfer- 
mant du  fer  à 
l'état  métalli- 
que  


Asidérites. 
Météorites  ne  ren- 
fermant pas  de 
fer  à  l'état  mé- 
tallique  


I.  Holosidkres Charcas. 


Le  fer  se  pré- 
sente     sous  I 
forme  d'une  /    II.  Svssidep.es. . 


'  Contenant  à  la 
fois  du  fer  et 
des  matières 
pierreuses. . 


masse  conti- 
nue   


Polysidères,        ] 
La  quantité  de  fer 
est  considérable. 


Sierra 

Chaco. . . 


Le  fer  se  pré-  J  1       Oligosidères. 

senteengraîns  \  III.  Spoiudosidères.  /  La  quantité  de  fer  {  Aumale. 
disséminés. .  .  .  !  est  faible. 


Kryptosidères.      )  Chassigny.  . 
Le  fer  est  indiscer-  j 
nable  à  la  vue..  )  Ju*>nas. ... 


IV.  Asidêres Orgueil. 


7,0  a  o,o 


Rittersgrûnn..     7,1   h  7,8 


6,5  à  7.0 


3,i   à  3, S 


3,o  à  3,2 


1.9  à  3,0 


ASTRONOMIE.  —  Sur  In  nébuleuse  lïOrion;  par  le  P.  Secchi. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  dessin  de  la  nébuleuse 
d'Orion,  qui  vient  d'être  fait  au  Collège  romain,  et  qui  sera  publié  dans 
quelque  temps,  après  mon  retour  à  Rome,  pour  y  faire  les  dernières  rec- 
tifications, s'il  en  est  encore  besoin,  ce  que  je  ne  crois  guère. 

»  Ce  dessin  est  le  résultat  des  observations  combinées  que  nous  avons 
faites,  le  R.  P.  Ferrari  et  moi,  de  sorte  que  rien  n'y  a  été  mis  qui  n'ait 
été  parfaitement  constaté  par  nous  deux. 

>'  Pour  ce  qui  concerne  la  structure  île  la  nébuleuse,  l'analyse  spectrale 
prouve  bien  son  état  gazeux,  état  qui   lui  est   commun    avec   les  autres 


(  6î  ) 
masses  nébuleuses  qu'on  voit  dans   le  Sagittaire,  et  dans  les  nébuleuses 
planétaires. 

m  Je  dirai  seulement  que  le  trapèze,  quoi  qu'il  paraisse  situé  dans  un 
espace  obscur,  doit  avoir  autour  de  lui  une  forte  nébulosité,  car  le  spectre 
nébulaire  est  très-accusé  et  n'est  nullement  diminué  par  la  présence  du 
spectre  stellaire  des  étoiles.  Cet  isolement  des  étoiles  n'est  donc  qu'appa- 
rent, et  dû  à  l'excès  de  lumière  de  la  nébuleuse  sur  celle  des  étoiles.    » 


MEMOIRES  LUS. 

chimie  ORGANIQUE.  —  Sur  la   benzoine  et  ses  dérivés;  par  M.   N.   Zinix 
(Commissaires  :  MM.  Dumas,  Regnault,  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

a  Dans  ces  derniers  temps  je  me  suis  livré  à  de  nouvelles  études  sur  la 
benzoine  et  le  benzyle,  et  je  suis  arrivé  à  quelques  résultats  qui  me  parais- 
sent intéressants. 

»  J'ai  démontré  qu'un  atome  d'hydrogène  dans  la  benzoïne  est  aisé- 
ment remplacé  par  les  groupes  des  acides  organiques;  des  corps,  tels  que 
l'acétobenzoïne,  se  forment  dans  l'action  des  chloranhydrides  sur  la  ben- 
zoine. Ces  benzoïnes  copulées  se  laissent  facilement  nilrer,  et  on  peut  sup- 
poser avec  beaucoup  de  probabilité  que  la  substitution  de  NO3  à  l'hydro- 
gène s'effectue  dans  le  groupement  benzoïne  et  non  pas  dans  celui  de 
l'acide;  tout  au  moins  le  produit  de  l'action  du  cbloronitrobenzoyl  sur  la 
benzoïne  diffère  par  ses  propriétés  des  produits  nitrés  cpii  se  forment  dans 
l'action  de  l'acide  nitrique  sur  la  benzoylobenzoïne.  Je  ne  suis  pas  encore 
parvenu  à  remplacer  l'hydrogène  dans  la  benzoïne  par  un  groupe  alcoo- 
lique; en  essayant  entre  autres  l'action  de  l'iodure  d'éthyle  sur  une  disso- 
lution de  la  benzoïne  dans  le  pétrole  bouillant  à  172  degrés  centigrades,  à 
laquelle  j'ajoutais  du  sodium,  j'ai  vu  cpie  la  plus  grande  partie  de  la  ben- 
zoïne dissoute  se  précipitait  de  la  dissolution  après  l'addition  du  sodium, 
que  l'hydrogène  ne  se  dégageait  pas  et  que  le  résultat  final  de  la  réaction 
était  un  corps  résineux. 

»  Le  benzyle  se  dépose  sans  altération  de  sa  dissolution  dans  un  chloran- 
hydride  bouillant. 

»  La  réaction  du  penlachlorure  de  phosphore  sur  le  benzyle  est  très- 
nette  :  tout  le  benzyle  se  trouve  transformé  en  un  corps  qui  n'est  autre 
chose  que  le  produit  de  la  mi'    iilution   de  2  atomes  de  chlore  à  1  atonie 


(  65  ) 

d'oxygène.   Ce  corps,  le  chlorobenzyle,  est  intéressant  par  le   .'édouble- 
ment  qu'il  éprouve  sous  l'action  de  la  potasse  caustique  : 

c'^H^oci5  +  2KH0  =  aKci  -+-  ;c7iro-  +  c7h6o  j. 

Chlorobenzyle.  Acide  Aldéhyde 

benzoïque.  benzoique. 

»  La  réaction  du  PhCl5  sur  la  benzoïne  n'est  pas  aussi  simple  ;  le  chloro- 
benzyle formé  est  toujours  mélangé  avec  une  grande  quantité  d'un  produit 
liquide  et  résineux. 

»  Par  l'action  des  agents  réducteurs,  le  benzyle  est  transformé  en  ben- 
zoïne; ces  agents  attaquent  aisément  la  benzoïne  même.  Le  zinc  et  l'acide 
chlorhydrique  agissant  sur  ce  corps,  eu  dissolution  alcoolique,  lui  enlèvent 
1  atome  d'oxygène.  Je  nomme  désoxybenzoïne  le  produit  formé  dans 
cette  réaction.  Le  même  corps  se  forme  dans  la  réaction  du  sulfhydrate 
d'ammoniaque  sur  le  benzyle;  mais  cette  dernière  réaction  est  loin  d'être 
aussi  nette  que  la  première.  Il  importe  de  remarquer  que  les  mêmes  agents 
réducteurs,  c'est-à-dire  le  zinc  et  l'acide  chlorhydrique,  agissant  sur  l'al- 
déhyde benzoique  ou  sur  l'essence  d'amandes  amères,  produisent  un  corps 
qui,  d'après  sa  composition  et  ses  propriétés,  doit  être  nommé  hydro- 
benzoïne  (sa  formule  est  C'*H,402);  l'action  des  agents  oxydants  le  con- 
vertit facilement  en  benzoïne.  La  transformation  de  l'aldéhyde  benzoïque 
en  benzoïne,  qui  s'effectue  dans  cette  réaction,  me  paraît  offrir  un  intérêt 
particulier.  Je  suis  parvenu  à  obtenir  l'hydrobenzoïne  en  chauffant  l.i  ben- 
zoïne à  l'abri  du  contact  de  l'air  atmosphérique,  dans  un  tube  scellé  à  la 
lampe,  avec  une  dissolution  alcoolique  de  potasse  caustique.  Il  se  forme 
ici  avec  l'hydrobenzoïne  de  l'acide  benzylique  mêlé  avec  plus  ou  moins 
d'acide  benzoïque  selon  1  énergie  de  la  réaction,  ainsi  qu'une  petite  quan- 
tité d'autres  produits  encore  peu  déterminés. 

»  La  désoxybenzoïne  peut  être  mise  en  ébullition  avec  une  dissolution 
concentrée  de  potasse  caustique  sans  s'altérer;  mais  lorsqu'on  la  soumet  à 
l'action  prolongée  de  cet  agent,  même  à  la  température  ordinaire,  elle 
donne  des  produits  dont  l'étude  n'est  pas  encore  terminée.  L'action  de 
l'acide  azotique  sur  ce  corps  est  digne  d'être  remarquée  :  la  désoxybenzoïne 
se  dédouble  dans  ce  cas  en  deux  produits  :  l'un  est  un  acide  nitrobeuzoïque 
qui  déjà,  par  sa  solubilité  dans  l'eau,  se  distingue  beaucoup  de  l'acide 
nitrobenzoique  normal;  l'autre  est  un  mononitrobenzyle  [sa  composition 
est  exprimée  par  la  formule  C11  (H9N02)02];  la  réaction  est  nette,  cepen- 
dant comme  produit  accessoire  il  se  forme  toujours  un  peu  de  benzyle. 

C.  R.,  1867,  1"  Semestre.  (T.  LXV,  N"  2.)  9 


(  66) 
»  Jusqu'à  présent,  on  n'a  pas  obtenu  de  produits  nitrés  bien  déter- 
minés par  la  réaction  de  l'acide  azotique  sur  la  benzoïne;  selon  la  concen- 
tration de  l'acide  et  l'énergie  de  la  réaction,  la  benzoïne  se  transformait  ou 
en  benzyle  ou  en  un  corps  résineux.  En  taisant  réagir  sur  la  benzoïne  i\}\ 
acide  azotique  très-concentré,  d'un  poids  spécifique  égal  à  i,5,  je  suis  par- 
venu à  obtenir  des  produits  bien  déterminés.  L'expérience  doit  être  exé- 
cutée de  la  manière  suivante  :  on  prend  environ  10  grammes  de  benzoïne., 
on  les  jette  dans  3o  à  35  grammes  d'acide  bien  refroidi,  et  aussitôt  que  la 
benzoïne  est  dissoute  et  qu'une  vapeur  rouge  commence  à  se  dégager,  on 
verse  la  solution  dans  de  l'eau  froide.  Le  produit  traité  par  l'étber  et 
l'alcool  peut  être  séparé  en  deux  corps  nitrés  :  l'un  est  résineux,  très- 
soluble  dans  les  deux  dissolvants  mentionnés;  l'autre,  qui  est  au  contraire 
peu  soluble,  n'est  autre  chose  que  le  mononitrobenzyle  dont  nous  avons 
déjà  parlé.  Remarquons  bien  que,  par  l'action  de  l'acide  azotique  con- 
centré sur  le  benzyle,  on  obtient  deux  produits  nitrés  qui  sont  différents  du 
précédent;  celui-ci  est  intéressant  par  le  dédoublement  qu'il  éprouve  sous 
l'action  de  la  potasse  caustique  : 

CM  (H9N02)02  +  HHO  =  C7H'NH02  +  CTH5H03. 

»  Les  deux  corps  formés  dans  cette  réaction  sont  :  le  premier  un  acide 
oxybenzoïque  :  le  second  un  acide  azobenzoïque,  insoluble  dans  l'eau  et 
dans  l'alcool;  son  sel  de  potassium  est  presque  insoluble  dans  l'alcool; 
l'acide  nitrique  concentré  le  transforme  en  acide  mononitrosobenzoïque, 
insoluble  dans  l'eau,  très-soluble  dans  l'alcool. 

»  En  chauffant  de  i3o  à  160  degrés  centigrades  la  benzoïne  avec  de 
l'acide  chlorhydrique  concentré,  dans  un  tube  fermé,  j'ai  obtenu  un  corps 
peu  soluble  (sa  formule  est  C28H20O)  ;  il  paraît  être  formé  par  un  double- 
ment du  groupement  benzoïne.  Ce  corps,  que  je  nomme  lépidène,  à  cause 
de  la  forme  de  ses  cristaux  qui  se  présentent  en  écailles  nacrées,  est  très- 
stable  ;  il  distille  sans  altération  ;  la  potasse  caustique  fondue  ne  paraît  pas 
agir  sur  lui,  pourtant  il  se  comporte  tout  autrement  en  contact  avec  les 
agents  oxydants  :  par  une  action  ménagée  de  l'acide  azotique,  il  est  trans- 
formé, même  à  froid  et  sans  se  dissoudre,  en  un  corps  qui  prend  la  forme 
d'aiguilles  ternes,  dont  la  composition  est  exprimée  par  la  formule 
C28H20O2;  c'est  un  oxylépidène;  les  agents  réducteurs  le  transforment  sur- 
le-champ  en  lépidène.  Il  est  beaucoup  moins  stable  que  ce  dernier;  fondu 
et  un  peu  surchauffé,  il  est  déjà  altéré  et  transformé  en  d'autres  compo- 
sés;   la  potasse  caustique,  en  dissolution  alcoolique,  le  décompose  aisé 


(  «7  ) 
ment.  Le  brome  donne  avec  le  lépidène  un  produit  de  substitution  dont  la 
composition  est  exprimée  par  la  formule  C28H,8Br20;  ce  corps  se  laisse 
oxyder  presque  aussi  facilement  que  le  lépidène. 

»  Le  poids  de  la  benzoïne  soumis  à  l'action  de  l'acide  chlorhydrique 
égale  le  poids  des  produits  formés  dans  la  réaction  :  en  même  temps  que  le 
lépidène,  il  se  produit  ici  du  benzyle  et  une  matière  huileuse  qui  n'est  pas 
encore  étudiée.  Dans  cette  réaction,  la  formation  du  benzyle,  corps  relative- 
ment plus  oxygéné  que  la  benzoïne,  permet  déjà  de  comprendre  celle  du 
lépidène,  corps  moins  oxygéné. 

»  Les  faits  nouveaux  que  je  viens  de  faire  connaître,  quoique  insuffi- 
sants encore  pour  déterminer  la  nature  des  radicaux  qui  concourent  à  la 
formation  de  la  benzoïne  et  de  ses  dérivés  et  la  nature  de  leur  liaison  dans 
ces  corps,  conformément  aux  théories  admises  actuellement  dans  la  chimie 
des  composés  carboniques,  me  paraissent  néanmoins  démontrer  jusqu'à  l'évi- 
dence que  le  groupement  de  la  benzoïne  ou  du  benzyle,  dérivé  du  benzoyl 
par  un  doublement,  se  dédouble  dans  certaines  réactions  en  donnant  lieu 
à  la  formation  des  produits  dont  les  groupements  rentrent  pour  la  plu- 
part dans  la  série  benzoyl,  et  que  le  groupement  même  de  la  benzoïne  pos- 
sède encore  la  propriété  de  se  doubler. 

»  Qu'il  me  soit  permis  d'ajouter  ici  quelques  mots  sur  l'action  du 
chlore  humide  et  de  l'acide  sulf'urique  fumant  sur  l'essence  d'amandes 
amères;  le  corps  qui  se  forme  dans  ces  réactions  n'a  pas  été  obtenu,  jusqu'à 
présent,  dans  un  état  de  pureté  suffisant  pour  qu'on  en  ait  pu  déterminer 
exactement  la  nature  :  on  l'a  nommé  le  benzoate  de  l'hydrure  de  benzoyl. 
En  reprenant  l'étude  de  ce  corps,  j'ai  fait  réagir  l'acide  chlorhydrique  con- 
centré sur  l'essence  d'amandes  amères,  et  j'ai  obtenu  le  corps  précédent  en 
grande  quantité  et  à  l'état  de  pureté  parfaite  ;  l'identité  de  ce  corps  avec  le 
composé  qui  se  produit  dans  l'action  du  chlore  et  de  l'acide  sulfurique  sur 
l'essence  d'amandes  amères  a  été  constatée  par  des  expériences  réitérées.  Ce 
corps  est  neutre  aux  papiers  réactifs,  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans 
l'alcool  et  dans  l'éther,  ainsi  que  dans  une  solution  de  potasse  caustique; 
les  acides  le  précipitent  de  cette  solution  sans  altération,  même  après  une 
ébullition  assez  prolongée;  mais  sous  l'action  des  acides,  il  est  bientôt  altéré, 
surtout  à  chaud,  et  converti  en  un  corps  huileux. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  ne  décrire  les  propriétés  de 
ces  derniers  corps,  ainsi  que  des  produits  de  décomposition  de  la  désoxy- 
benzoïne  et  de  quelques  autres  composés  de  la  même  série,  que  dans  une 
prochaine  communication  que  j'aurai  l'honneur  de  lui  faire.    » 

9- 


(  68  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

mécanique  appliquée.   —  Sur  les  appareils  de  distribution   à  un  seul  tiroir. 
Mémoire  de  M.  Deprez,  présenté  par  M.  Combes.  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 
«  On  sait  que,  pour  appliquer  aux  machines  locomotives  le  principe  de 
la  détente  variable,  on  emploie  universellement  l'appareil  connu  sous  le 
nom  de  coulisse  de  Slephenson,  dont  la  théorie  est  maintenant  parfaitement 
connue,  grâce  aux  travaux  de  MM.  Phillips,  Zeuner,  etc.  La  coulisse  pri- 
mitive, dite  coulisse  mobile,  a  subi  plusieurs  modifications  dont  le  but  était 
de  rendre  plus  régulière  et  plus  symétrique  la  distribution  des  deux  côtés 
du  piston;  ces  modifications  sont  :  la  coulisse  fixe  ou  coulisse  renversée, 
la  coulisse  droite  d'Allen,  l'appareil  de  Sharp  et  Stewart,  et  l'appareil  Wals- 
chaërt  qui  est  très-répandu  en  Belgique.  Dans  la  coulisse  mobile,  l'avance 
linéaire,  ou,  en  d'autres  termes,  la  quantité  dont  le  tiroir  a  démasqué  les 
lumières  quand  le  piston  est  au  point  mort,  varie  depuis  la  plus  grande 
admission  jusqu'à  la  plus  petite,  tandis  que,  dans  les  quatre  autres  systèmes 
que  je  viens  de  citer,  l'avance  linéaire  est  constante  pour  tous  les  crans  de 
la  détente.  Mais,  à  part  cette  différence,  tous  ces  appareils  de  distribution 
à  un  seul  tiroir  présentent  dans  leur  fonctionnement  les  particularités  sui- 
vantes :  à  mesure  que  l'étendue  de  l'admission  diminue,  l'ouverture  des 
lumières  est  de  plus  en  plus  rétrécie,  la  période  d'échappement  anticipé 
augmente;  il  en  est  de  même  de  la  période  de  compression  et  de  celle  de 
l'admission  anticipée.  Je  me  suis  proposé  de  trouver  un  appareil  qui  ap 
portât  quelques  améliorations  à  cette  distribution  et,  pour  cela,  je  me  suis 
appuyé  sur  la  considération  suivante  :  Si  l'on  suppose  que  le  piston  soit  à 
l'une  des  extrémités  de  sa  course  et  la  coulisse  fixée  au  cran  de  plus  grande 
admission,  lorsque  le  piston  commencera  à  se  mouvoir,  les  lumières  seront 
démasquées  très-rapidement;  si  alors  on  prend  le  levier  de  relevage  et  si 
l'on  place  la  coulisse  dans  une  position  plus  voisine  du  point  milieu,  les 
lumières  seront  fermées  plus  tôt  qu'elles  ne  l'auraient  été  si  la  coulisse 
n'avait  pas  été  déplacée,  mais,  pour  éviter  que  la  compression  ne  commence 
trop  tôt,  il  faudra  relever  la  coulisse  pour  la  replacer  au  cran  où  elle  était 
d'abord;  le  piston  achèvera  alors  sa  course,  et  cette  succession  de  mouve- 
ments recommencera  dans  la  course  inverse.  On  voit  que  la  coulisse  devra 
faire  deux  oscillations  pendant  que  le  piston  n'en  fera  qu'une. 

»    Dans  le  premier  des  appareils  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Aca- 


(«9) 
demie,  ce  mouvement  est  très-simplement  réalisé  par  une  disposition  qui 
m'a  conduit  en  même  temps  à  supprimer  les  excentriques.  A  la  crosse  du 
piston  est  liée  une  tige  dont  un  point  est  guidé  verticalement  (je  suppose 
qu'il  s'agit  d'une  locomotive),  suivant  la  droite  qui  passe  par  le  milieu  de 
la  course  du  piston.  Cette  tige  est  prolongée  au  delà  du  point  guidé  d'une 
quantité  qui  dépend  de  l'avance  linéaire  et  du  recouvrement  du  tiroir,  et 
elle  forme  l'un  des  côlés  d'un  parallélogramme  articulé  dont  un  autre  côté 
est  formé  par  une  portion  de  la  bielle  elle-même.  Au  côté  opposé  à  la  bielle 
et  au  point  où  elle  s'articule  avec  la  tige  liée  à  la  crosse  du  piston  est  soudée 
d'équerre  une  coulisse  rectiligne.  Pour  transmettre  le  mouvement  de  cette 
coulisse  au  tiroir,  j'emploie  le  système  suivant  :  le  coulisseau  est  lié  à 
l'extrémité  d'une  bielle  dont  l'autre  extrémité  est  guidée  suivant  le  prolon- 
gement de  l'axe  de  la  tige  du  tiroir;  c'est  au  milieu  de  celte  bielle  que  vient 
s'articuler  la  bielle  qui  mène  le  tiroir  et  qui  est  moitié  moins  longue.  11 
résulte  de  cette  disposition  que  le  tiroir  se  meut  toujours  comme  la  pro- 
jection verticale  du  point  de  la  grande  bielle  mené  par  la  coulisse,  et  que, 
par  conséquent,  l'avance  linéaire  est  invariable  puisque  la  coulisse  est  ver- 
ticale quand  le  piston  est  au  point  mort.  Dans  mon  Mémoire,  je  donne  la 
tbéorie  de  cet  appareil,  et,  moyennant  certaines  restrictions,  j'arrive  à 
l'équation  du  mouvement  du  tiroir,  qui  est  de  la  forme 

Asina  -+-  Bcosa  +  f{a), 

A  et  B  étant  des  constantes,  et  f{ot)  une  fonction  perturbatrice  produite 
par  le  mouvement  vertical  de  la  coulisse  et  qui  améliore  la  distribution. 

»  Je  donne  ensuite  la  description  de  plusieurs  autres  appareils  qui  dé- 
rivent de  celui-ci,  et  je  termine  par  l'appareil  que  j'ai  nommé  épicycloïdal, 
et  dans  lequel  j'emploie  un  excentrique  et  un  engrenage.  Il  jouit  de  pro- 
priétés très-remarquables  et  permet  d'obtenir,  au  moyen  d'un  seul  tiroir, 
une  distribution  aussi  bonne  que  celle  des  appareils  à  deux  tiroirs 

»  Je  vais  donner  ici  quelques  résultats  obtenus  sur  un  modèle  du  système 
à  parallélogramme,  sans  excentriques,  que  j'ai  décrit  plus  haut  et  que  je 
comparerai  avec  une  très-bonne  distribution  à  coulisse  renversée.  Les  élé- 
ments fixes  du  modèle  sont  :  recouvrement,  \nmm^5  à  gauche  et  16""", 5  à 

droite;  avance  linéaire,  2"'"1,  5  à  gauche  et  3 ',5  à  droite.  Je  prends  la 

moyenne  entre  l'admission  des  deux  côtés  du  piston  en  prévenant  que  les 
écarts  ne  dépassent  jamais  l\  pour  100  de  la  course;  il  en  est  de  même  de 
la  compression  : 


(  7°  ) 

Appareil  nouveau.       Coulisse  renversée. 

Durée  de  l'admission  en  centièmes  delà  course..  5o  33  22  48  33  22 
Durée  de  la  compression  en  centièmes  de  la  course.  16  a5  37  18  25  33 
Ouverture  maxima  des  lumières  en  millimètres.  .      11        7,5     5  7,7     5  1,7 

»  Pour  comparer  la  coulisse  à  cet  appareil,  j'ai  ramené  le  recouvrement 
à  17  millimètres  dans  les  deux  cas.  On  voit  qu'à  détente  égale  les  deux 
systèmes  donnent  lieu  à  la  même  compression,  mais  que  le  nouveau  donne 
des  ouvertures  de  lumière  plus  grandes  d'environ  45  pour  100.  Je  dois  dire 
que  le  mouvement  vertical  de  la  coulisse  droite  du  modèle  n'est  égal  qu'aux 
0,1 3  delà  course  du  piston. 

»   Je  donne  maintenant  le  même  tableau  pour  l'appareil  épicycloïdal  : 

Appareil  nouveau.  Coulisse  renversée. 

Durée  de  l'admission  en  centièmes  de  la 

course 5o  3cj  ?4     2  '  '  8  •  ' 

Durée  de  la  compression  en  centièmes 

de  la  course 3,4  (*)    12  ?o       9  (*)  28  5,3    *) 

Rapport  de  l'ouverture  maxima  des  lu- 
mières au  recouvrement t  ,63         2,84      1        0,72     o,33     0,1 4 

»  On  voit  combien  ces  résultats  sont  supérieurs  à  ceux  que  donnent  les 
appareils  connus  à  un  setd  liroir,  et  en  même  temps  quelle  latitude  ils  lais- 
sent, relativement  à  la  détente  et  à  la  compression  qu'on  peut  faire  varier 
d'une  façon  presque  arbitraire.    » 

M.  Darget  adresse  de  Sainte-Radegonde  (Gers)  une  nouvelle  rédaction 
de  sa  démonstration  du  Poshttatum  d'Euclide. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

M.  de  Saixt-Lac.er  adresse,  pour  le  concours  des  prix  de  Médecine  et 
de  Chirurgie,  un  exemplaire  complet  de  ses  «  Études  sur  les  causes  du  cré- 
tinisme  et  du  goitre  endémique  »  et  prie  la  Commission  de  vouloir  substi- 
tuer cet  exemplaire  à  celui  qui  avait  été  adressé  par  lui  le  9.7  mai  dernier. 
L'auteur  indique,  dans  la  Lettre  d'envoi,  les  éléments  nouveaux  qu'il  croit 
avoir  apportés  à  la  solution  de  la  question. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie). 

(*)   Les  chiffres  marqués  d'un  astérique  correspondent  aux  cas  où  l'on  a  cherché,  à  ré 
duire  la  compression. 


(  7<   ) 
M.  Béchamp,  dont  la  Note  insérée  an  Compte  vendu  du  10  juin  dernier  a 
été  renvoyée  à  la  Commission  de  Sériciculture,  exprime   le  désir  que  ses 
Notes  antérieures  du  29  avril  et  du  20  mai  soient  soumises  à  l'examen  de 
la  même  Commission. 

Ces  deux  Notes  seront  renvoyées  à  la  Commission  de  Sériciculture. 

M.  Alliot  adresse  un  complément  aux  Noies  qu'il  a  adressées  le  17  juin 
dernier  sur  diverses  questions  de  médecine. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

CORRESPOND  ANCE.     * 

GÉOLOGIE    —  Etudes  de  physique  terrestre  au  volcan  de  Sanlorin.  [Suite  ([  ).] 
Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Janssen  à  M.  Edm.  Becquerel. 

«  Indépendamment  des  recherches  d'analyse  spectrale  dont  les  prin- 
cipaux résultats  ont  été  présentés  à  l'Académie  par  M.  Ch.  Sainte-Claire 
Deville,  j'ai  étudié  le  volcan  au  point  de  vue  du  magnétisme  terrestre,  des 
mouvements  du  sol,  des  températures,  etc. 

»  L'île  de  Santorin  est  formée  par  les  bords  d'un  grand  cratère  de  sou- 
lèvement. Ce  cratère  rompu  en  plusieurs  endroits  a  livré  passage  aux  eaux 
de  la  mer  qui  y  forment  un  bassin  intérieur  au  centre  duquel  s'élèvent  les 
kameni  ou  îlots  volcaniques.  Ces  îlots, ou  plutôt  les  centres  érnptifs  qui  leur 
ont  donné  naissance,  sont  sensiblement  distribués  suivant  une  ligne  droite 
qui  marque  la  direction  de  la  grande  fissure  d'éruption  de  l'île. 

»  Or,  on  sait  que  les  laves  et  roches  dvorigine  volcanique  jouissent  en 
général  de  propriétés  magnétiques  plus  ou  moins  marquées.  Une  grande 
fissure  du  sol  profond  qui  serait  devenu  le  siège  d'épanchements  de  ma- 
tière magnétique  devrait  donc  agir  plus  fortement  que  le  sol  environ- 
nant sur  l'aiguille  aimantée.  Telle  est  l'idée  fort  simple  que  j'ai  soumise  a 
Santorin  au  contrôle  de  l'expérience. 

»  Les  éléments  magnétiques  étudiés  sont  :  la  déclinaison,  l'inclinaison  et 
l'intensité  dans  le  plan  horizontal.  Mais  ces  déterminations  qui  exigent 
beaucoup  de  temps  et  de  rigueur  étaient  rendues  bien  difficiles  par  des 
causes  perturbatrices  de  tous  genres:  l'existence  fréquente  d'un  vent  violent, 
la  chute  des  pierres,  le  tremblement  du  sol,  etc.  J'ai  pu  heureusement  me 


(1)   Voir  le  numéro  du  24  juin  1867,  \\.  i3o3. 


(    72    ) 

rendre  maître  de  ces  difficultés,  et  l'ensemble  des  mesures  obtenues 
indique  avec  évidence  une  action  magnétique  plus  forte  suivant  la  direc- 
tion du  plan  éruptif  actuel  dont  la  direction  a  été  reconnue  par  M.  Fou- 
qué  et  qui  se  trouve  jalonnée  par  les  centres  éruptifs  de  Micra,  Georges, 
Aphroessa,  etc.  Pour  l'inclinaison  notamment,  j'ai  obtenu  des  différences 
de  plusieurs  degrés  entre  les  points  de  l'île  qui  se  trouvent  tout  à  fait  en 
dehors  de  l'axe  d'éruption  et  ceux  qui,  comme  l'îlot  de  Micra,  sont  placés 
sur  sa  direction.  Ce  dernier  point  a  même  donné  une  inclinaison  plus  forte 
de  5  degrés. 

»  L'étude  géologique  d'une  région  située  près  d'Aphroessa  avait  fait 
soupçonnera  M.  Fouqué  l'existence,  en  ce  point,  d'une  fissure  secondaire. 
J'ai  étudié  cette  région  au  point  de  vue  magnétique,  et  les  mesures  sont 
venues,  en  effet,  confirmer  les  prévisions  de  ce  géologue  distingué. 

»  En  résumé,  monsieur,  il  me  paraît  que  ces  études  de  magnétisme  appli- 
qué à  l'élude  des  volcans  et  des  terrains  d'origine  volcanique  promettent  de 
conduire  à  d'intéressants  résultats.  Elles  constituent  comme  une  sorte  de 
sondage  magnétique  des  couches  profondes  du  sol,  sondage  très-propre  à 
éclairer  sur  leur  véritable  nature,  et  qui  apportera  à  la  géologie  de  très- 
utiles  lumières. 

»  J'ai  fait  aussi  quelques  études  sur  les  vibrations  du  sol  au  moment  des 
explosions.  Sans  avoir  à  cet  égard  des  déterminations  suivies,  j'ai  pu 
néanmoins  constaterd'une  manière  très-certaine  que  les  vibrations  avaient 
presque  toujours  lieu  dans  un  sens  perpendiculaire  à  la  direction  de  la 
grande  fissure  d'éruption.  Ainsi,  en  considérant  cette  fissure  comme  les 
deux  bords  d'une  plaie,  l'effet  des  forces  volcaniques  serait  de  soulever  et 
d'ouvrir  les  bords  de  cette  plaie.  Ce  résultat  nie  paraît  indiquer  d'une 
manière  très-simple  comment  les  fissures  se  produisent  et  se  propagent,  et 
du  reste  il  est  tout  à  fait  en  accord  avec  la  théorie  de  M.  Élie  de  Beaumont 
sur  le  mécanisme  de  la  formation  des  volcans. 

»  Pour  compléter  les  études  de  physique  terrestre  que  je  devais  faire  à 
Santorin,  j'ai  mesuré  les  températures  de  l'eau  de  la  mer  à  diverses  profon- 
deurs, et  j'ai  fait  des  sondages  dans  les  points  où  ces  mesures  présentaient 
de  l'intérêt;  enfin,  je  rapporte  les  éléments  d'une  carte  de  l'état  de  l'éruption 
au  moment  de  mon  départ. Ces  documents,  rapprochés  de  ceux  que  M.  Fou- 
qué a  obtenus  de  son  côté  avant  mon  arrivée,  permettront  de  suivre  les 
phases  du  phénomène  volcanique  pendant  la  période  de  nos  études.  » 


(  73  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  l'isomérie  dans  la  série  acélyléniqite, 

Note  de  MM.  Reboul  et  Truchot,  présentée  par  M.  Bâtard. 

«  L'objet  de  cette  Note  est  de  montrer  qu'à  côté  du  groupe  acétylé- 
nique  G"H5"-2  dont  l'acétylène  G2W  est  le  premier  terme,  viennent  se  ran- 
ger parallèlement  une  série  d'hydrogènes  carbonés  isomères  dont  la  con- 
stitution,  essentiellement   binaire,   peut   être    représentée  par   la  formule 

,       ._  ,  j  destinée  à  indiquer  qu'ils  son!  formés  par  l'accolement  de  deux 

radicaux  hydrocarbonés  identiques.  L'exposant  du  carbone  s'y  trouvant 
forcément  pair,  il  en  résulte  qu'à  chaque  terme  delà  série  acétylériique  ne 
correspond  point  un  isomère  dans  la  nouvelle  série,  mais  seulement  à  ceux 

dont  n  est  pair,  («'==- ),  c'est-à-dire  de  deux  en  deux. 

»  Le  premier  exemple  de  cette  isomérie  est  fourni  par  l'Iiexnylène  G6  H'°, 

€3  H6  1 
homologue  supérieur  du  valérylène,  et  le  diallyle  £,,  Hs  i  s'  bien  étudié 

par  M.  Wurlz. 

»  La  Note  publiée  par  M.  E.  Caventou  dans  les  Comptes  rendus  de  1864 
nous  avait  complètement  échappé,  de  sorte  que  nous  avons  refait  son  tra- 
vail sans  le  connaître.  Nos  résultats  concordent  d'ailleurs  avec  les  siens; 
mais  comme  il  y  en  a  quelques-uns  qui  sont  nouveaux,  on  nous  permettra 
de  les  signaler  d'une  manière  rapide. 

»  Le  bromure  d'hexylène,  décomposé  par  la  potasse  alcoolique,  donne 
de  l'hexylène  brome  CH^Br  mélangé  d'hexylène  que  l'on  sépare  par  des 
distillations  fractionnées.  L'hexylène  brome,  liquide  bouillant  à  i38  degrés 
environ,  d'une  densité  de  1,17  a  1  5  degrés,  chauffé  pendant  une  douzaine 
d'heures  en  vases  clos  et  à  i5o  degrés  avec  de  la  potasse  alcoolique,  four- 
nit de  l'hexoylène  en  perdant  H  Br. 

»  L'hexoylène  est  un  carbure  d'une  densité  0,71  à  i3  degrés,  d'une 
odeur  alliacée  très-pénétrante,  bouillant  à  76-80  degrés.  Le  diallyle  bout 
bien  plus  bas,  à  5g  degrés. 

»  Lorsqu'on  ajoute  peu  à  peu  du,  brome  à  de  l'hexoylène  refroidi  au 
moyen  d'un  mélange  réfrigérant,  et  qu'on  s'arrête  dès  que  la  couleur  du 
brome  commence  à  persister,  le  liquide  résultant,  lavé  à  l'eau  alcaline, 
puis  séché,  présente  très-sensiblement  la  composition  du  dibromure 
G6H,0Br?   (1)   (mélangé  d'un   peu  de  tétrabromure).    Ce    liquide,  mis   eu 


(1)  Un  dosage  de  brome  a  donnt   ;  Br  =  68,5  pour  too.   La  formule  G6H'°Br2  exige 
Br  =  66,i   pour  100. 

(i.  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  2.)  '  ° 


(  74  ) 
contact  avec  un  excès  de  brome,  en  fixe  une  nouvelle  proportion  en  don- 
nant un  dégagement  très-notable  d'acide  bromhydrique  et  se  convertit  en 
tétrabromure  liquide  (i).  L'hexoylène  se  comporte  donc  vis-à-vis  du 
brome  comme  son  homologue,  le  valérylène,  et  point  du  tout  comme  le 
diallyle  qui  du  premier  coup  donne  dans  le  mélange  réfrigérant  un  tétra- 
bromure cristallisé. 

»  Voici  un  second  exemple.  M.  Bauer,  en  décomposant  par  la  potasse 
alcoolique  le  bromure  de  diamylène  (CH'^Br1,  a  obtenu  un  hydrogène 
carboné  bouillant  vers  i  5o  degrés,  d'une  odeur  de  térébenthine,  et  qu'il  a 
nommé  rutylène.  Ce  carbure  se  produit  par  l'élimination  de  aHBr  de  la 
molécule  de  bromure  de  diamylène,  et  dès  lors  on  peut  regarder  comme 
très-probable  qu'il  est  constitué  par  l'accolement  des  deux  résidus  amy- 

liques  8   ,  comme  le  diallyle  £,StiS     est  le  résultat  de  l'accolement  des 

deux  résidus  propyliques  €3H6.  Le  rutylène  serait  un  homologue  supérieur 
du  diallyle  et  non  de  l'hexoylène. 

»  C'est  en  effet  ce  qui  paraît  avoir  lieu,  et  on  peut  l'établir  en  préparant 
le  carbure  C°H1S,  homologue  supérieur  de  l'hexoylène,  par  la  méthode 
générale  qui  donne  naissance  à  ces  hydrogènes  carbonés.  On  commence 
par  se  procurer  du  décylène  G10HSO  par  le  procédé  indiqué  par  MM,  Pelouze 
et  Cahours  dans  leur  beau  travail  sur  les  pétroles  d'Amérique,  et  qui  con- 
siste à  transformer  par  le  chlore  l'hydrure  de  décyle  en  chlorure  de  décyle 
qu'on  décompose  ensuite  par  la  potasse  alcoolique.  Le  décylène  obtenu 
est  traité,  après  purification,  par  le  brome,  qui  le  transforme  en  bromure 
G10HS0Bra  qu'on  décompose  à  son  tour  par  la  potasse  alcoolique,  après 
l'avoir  préalablement  chauffé  jusqu'à  ce  qu'il  commence  à  se  décomposer. 
En  distillant  ensuite  au  bain  d'huile  et  précipitant  par  l'eau,  on  obtient  un 
liquide  qui  est  un  mélange  de  décylène  et  de  décylène  brome  qu'on  sépare 
par  des  distillations  fractionnées. 

»  Le  décylène  brome  €!0H19Br  (2)  est  un  liquide  incolore  quand  il  vient 
d'être  rectifié,  mais  qui  brunit  peu  à  peu,  d'une  densité  1,109  à  la  tempé- 
rature de  i5  degrés.  Il  bout  sans  décomposition  vers  21  5  degrés.  Chauffé 
à  180  degrés  en   vases  clos  pendant    six    heures  avec  3  volumes   d'une 

(1)  Après  quinze  heures  île  contact,  le  liquide  obtenu,  lavé  avec  une  solution  alcaline, 
séché  et  analysé,  a  donne  Br  —  78,6  pour  100.  La  formule  €eH10Br*  exige  Br  =  79,6 
pour   100. 

(2)  Un  dosage  de  brome  a  donné  Br  =  37  pour  100.  La  théorie  exige  36,5  pour  100. 


(  7*  ) 
solution  alcoolique  de  potasse  saturée  à  chaud,  il  a  fourni  un  mélange 
de  décyléne  brome  inaltéré,  de  carbure  Gl0Hls  et  d'un  éther  mixte 
€10H19.  G5HsO.  On  sépare  le  carbure,  beaucoup  plus  volatil  que  les  deux 
autres  produits,  par  une  suite  de  distillations  fractionnées,  et  on  enlève  les 
dernières  traces  de  brome  par  une  digestion  prolongée  en  vases  clos  et  a 
ioo  degrés  avec  un  peu  de  sodium. 

»  L'hydrogène  carboné  ainsi  obtenu  est  un  liquide  plus  léger  que  l'eau, 
d'une  odeur  faible  rappelant  celle  de  l'oignon.  Il  bout  vers  i65  degrés, 
c'est-à-dire  quelques  degrés  plus  haut  que  le  décyléne;  il  est  au  décyléne 
ce  que  l'hexoylène  est  à  l'hexylène,  ce  que  le  valérylène  est  a  l'amylène. 
Son  analyse  a  fourni  des  nombres  qui  concordent  avec  la  formule 
£10H18  (i).  Nous  le  nommerons  décénylène. 

»  Traité  peu  a  peu  par  le  brome  dans  un  mélange  réfrigérant  jusqu'à 
ce  que  la  couleur  du  brome  persiste,  il  se  transforme  en  un  liquide  qui  offre 
sensiblement  la  composition  du  dibromurè  G10H18Bi !  (2  .  Ce  liquide,  mis 
en  digestion  avec  un  excès  de  brome  pendant  plusieurs  jours,  en  a  fixé  deux 
nouveaux  équivalents  en  donnant  un  dégagement  trés-nolable  d'acide 
bromhydrique  et  s'est  transformé  en  un  liquide  épais,  dense,  qui  donne  à 
l'analyse  des  résultats  qui  concordent  avec  ceux  qu'exige  la  formule  du 
tétrabromure  610H,8Br*  (3). 

»  Entre  le  décénylène,  bouillant  vers  i65  degrés,  et  le  rutylène,  bouil- 
lant vers  i5o  degrés,  on  trouve  dans  le  même  sens  et  à  peu  près  au  même 
degré  la  différence  des  points  d'ébullition  de  l'hexoylène  et  du  diallyle.  » 

CHIMIE  MINÉRALE.   —  Sur  te  fjroloiiilfure  de  cobalt.  Note  de  31.  Th. 
Hiortdahl,  présentée  par  M.  H,  Sainte-Claire  Deville. 

«   On  ne  connaît  guère  exactement  Je  protosulfure  de  cobalt  anhydre. 


1  Trouvé. 

Calculé. 

G  =  86,96 
H  =  13,04 

(2)  Trouvé.  Calcule. 

Br=53,7 
Il  est  probablement  mélangé  avec  une  petite  quantité  de  tétiabromuiv. 

C3)  Trouvé.  Calculé. 

G  =  26,0  G  =  26,2 

H=    4,1  H=    3,9 

Br  =  7o,i  Br  1=69,9 

10. 


(  76) 
Le  sulfure  qu'on  obtient  en  fondant  le  cobalt  métallique  avec  du  soufre  se 
présente,  d'après  Proust,  avec  l'éclat  métallique  et  une  couleur  grise.  Ber- 
zélius  indique  qu'il  est  d'un  jaune  grisâtre.  D'après  Berthier,  le  sulfure 
qu'on  obtient  en  réduisant  le  sulfate  avec  du  charbon  est  un  corps  gris  et 
magnétique. 

»  Mes  expériences  montrent  qu'il  y  a,  outre  le  protosulfure,  un  autre 
sulfure  moins  riche  en  soufre,   dont  la  formule  est 

co*s3  =  ;coas-H  2C0S). 

Il  est  probable  que  les  sulfures  que  je  viens  de  citer  appartiennent  à  ce 

dernier  degré  de  sulfuration  du  cobalt. 

»   Lorsque  l'on  fait  passer  un  courant  d'hydrogène  sulfuré  sur  l'oxyde 

noir  de   cobalt  (oxyde  du  commerce)  chauffé  au  rouge,   il   se  sépare  un 

sulfure  en  globules  fondus,  d'une  couleur  jaune-laiton  et  d'un  vif  éclat 

métallique.    Il    est    fortement    attiré    par  l'aimant.     La    composition    est 

trouvée  : 

Cobalt,  p.  d. . .    -  7 1 ,4 

Soufre 28,6 

La  formule  Co*S3  exige  : 

Cobalt 7 1 ,  09 

Soufre 28,91 

Ce  produit  est  évidemment  identique  au  sulfure  de  Proust,    dont  la  com- 
position est  : 

Cobalt 71,5 

Soufre 28 , 5 

»  Pour  avoir  le  protosuifure  de  cobalt,  il  faut  recourir  au  procédé  par 
double  décomposition  indiqué  par  MM.  H.  Sainte-Claire  Deville  et  Troost. 
Lorsqu'on  fond  le  sulfate  de  cobalt  anhydre  avec  du  sulfure  de  baryum  et 
un  excès  de  chlorure  de  sodium,  on  trouve,  après  le  refroidissement,  un 
grand  nombre  de  cristaux  prismatiques  très-minces  implantés  dans  la  masse 
fondue.  Quelquefois,  par  refroidissement  lent,  le  sulfate  de  baryte,  formé 
par  la  réaction,  se  sépare  en  cristaux  lamellaires  qui  sont  perforés  par  le 
sulfure  prismatique.  Le  protosulfure,  dont  les  cristaux  ont  ordinairement 
une  longueur  de  4  à  5  millimètres,  a  un  éclat  métallique  très-prononcé  et 
une  couleur  gris-acier,  avec  une  nuance  de  jaune-bronze.  Il  se  dissout 
dans  les  acides  et  môme,  quoique  lentement,  dans  l'acide  acétique.  En  pré- 
sence de  l'eau,  il  se  transforme  peu  à  peu  en  sulfate. 

x  L'analyse  a  présenté  un    peu  de  complication,  parce  qu'il  m'a  été 


(  77  ) 
impossible   de   séparer  complètement  de  petites   quantités  de  sulfate  de 
baryte  et  de  sulfure  de  baryum  accompagnant  la  matière.  Deux  analyses, 
faites  sur  les  cristaux  les  mieux  triés,  ont  donné,  en  faisant  abstraction  des 
quantités  de  sulfate  de  baryte  et  de  baryte  dissous,  les  nombres  suivants  : 

i.  n. 

Cobalt 62,6         64,5 

Soufre,  p.  d    37,4         35,5 

La  formule  CoS  exige  : 

Cobalt 65 ,  22 

Soufre 34 ,  78 

»  Les  cristaux  du  protosulfure  ne  sont  pas  attirés  par  l'aimant,  tandis 
que  le  sulfure  jaune  Co4S3  en  est  fortement  attiré.  Voilà  une  différence  entre 
les  deux  sulfures  de  cobalt  qui  est  tout  à  fait  analogue  à  celle  que  pré- 
sentent le  pyrite  magnétique  et  le  pyrite  de  fer  ordinaire. 

«  La  forme  du  protosulfure  en  prismes  minces  et  allongés  ressemble 
beaucoup  à  celle  du  sulfure  de  nickel  qu'on  trouve  dans  la  nature  :  millerite, 
haarkies  (pyrite  en  cheveux)  des  Allemands,  qui  cristallise  en  prismes 
hexagonaux  terminés  par  un  rhomboèdre.  Les  petites  dimensions  des 
cristaux  n'ont  permis  de  mesurer  que  la  zone  verticale.  L'angle  du  prisme 
a  été  trouvé  de  120  degrés  environ.  Il  est  donc  très-probable  que  le  proto- 
sulfure  cristallisé,  que  je  viens  de  décrire,  correspond  au  millerite,  et  qu'il 
y  a  ainsi  de  l'isomorpliisme  entre  les  sulfures  du  cobalt  et  du  nickel,  un 
nouveau  fait  dans  la  série  des  analogies  qui  réunissent  ces  deux  métaux. 

»  Le  monosulfure  de  cobalt  est,  du  reste,  connu  des  minéralogistes.  Il 
se  trouve  en  masses  non  cristallisées  à  Rajpootanah,  dans  les  Indes  orien- 
tales, et  il  a  reçu  le  nom  de  syejjoorite.  » 

PATHOLOGIE.  —  De  l'influence  des  rétrécissements  de  l 'orifice  pulmon nue  sur 
la  formation  de  tubercules  pulmonaires .  Note  de  M.  Lebert,  présentée 
par  M.  Velpeau. 

«  Occupé  depuis  quelque  temps  de  nouvelles  recherches  sur  les  affec- 
tions tuberculeuses,  j'ai  étudié  avec  un  soin  particulier  les  éléments  méca- 
niques de  leur  étiologie,  comme  par  exemple  l'irritation  pulmonaire  à  tous 
les  degrés  chez  les  tailleurs  de  pierre,  les  mineurs  de  houille,  etc.  A  cette 
occasion,  j'ai  été  frappé  de  la  fréquence  des  tubercules  pulmonaires  dans 
les  cas  de  rétrécissement  congénital,  soit  du  cône,  soit  de  l'orifice  de  l'ar- 
tère pulmonaire.  Si  dans  les  temps  passés  on  y  faisait  moins  attention,  et 


(78  ) 
si  les  exemples  de  cette  coïncidence  rapportés  par  Favre  et  Travers,  par 
Grégory,  par  M.  Louis,  par  Creveld,  paraissaient  isolés,  les  cas  observés 
depuis  vingt  ans  la  montrent  dans  la  proportion  d'un  tiers,  et  souvent  dans 
des  circonstances  dans  lesquelles  tout  autre  élément  éliologique  de  tuber- 
culisation  ne  peut  plus  exister.  J'ai  pu  réunir,  pour  ma  part,  vingt-quatre 
faits  de  ce  genre,  nombre  imposant,  si  l'on  tient  compte  de  la  rareté  rela- 
tive de  cette  affection.  Le  développement  fréquent  des  tubercules  dans 
cette  maladie  est  d'autant  plus  frappant,  que  rien  n'est  plus  rare  que  de  ren- 
contrer des  tubercules  pulmonaires  dans  les   maladies  aussi  variées  que 
communes  des  orifices  du  cœur  gauche,  que  l'on  observe  presque  exclusi- 
vement après  la  vie  intra-utérine.  Tous  ces  cas  se  trouvent  à  peu  d'exceptions 
près,  jusqu'à  l'âge  de  vingt-cinq  ans,  presque  aussi  fréquents  chez  la  femme 
que  chez  l'homme.  Dans  vingt  et  un  cas  le  rétrécissement  pulmonaire  était 
considérable,  deux  fois  il  est  incomplètement  décrit,  et  une  fois  l'abord  du 
sang  dans  l'orifice  pulmonaire  était  considérablement  gêné  par  une  altéra- 
tion congénitale  de  la  valvule  tricuspide,  qui  elle-même  était  rudimentaire; 
mais  une  grande  membrane  de  nouvelle  formation,  munie  de  muscles  papil- 
laires  et  de  tendons,   divisait  le  ventricule  droit  en  deux  moitiés  qui  ne 
communiquaient  que  par  des  ouvertures  étroites,   ce  qui  gênait  notable- 
ment   le  passage  du   sang  du    ventricule   dans   le   cône    artériel   de  l'ar- 
tère pulmonaire.  Ce  cas  a  été  observé  à  l'hôpital  de  Breslau,  et  fort  bien 
décrit  par  M.  le  Dr  Ebstein.  Un  autre  cas  d'étroitesse  congénitale  très-no- 
table de  l'artère  pulmonaire,  avec  vaste  communication  des  deux  ventri- 
cules et  des  deux  oreillettes,  a  aussi  été  observé  dans  notre  hôpital  et  a  été 
décrit  très  au  long  par  moi  dans  les  Archives  de  Virchow.  Il  y  a  surtout  trois 
formes  de  rétrécissement  congénital  à  distinguer,  l'étroitesse  primitive  de 
l'artère  pulmonaire,   munie  alors  de  deux  valvules  seulement,  espèce  de 
malformation,  puis  le  rétrécissement  du  cône  pulmonaire  artériel,  et  enfin 
celui  de  l'orifice  de  cette  artère.  Ces  deux  derniers  états  sont  dus  à  une  in- 
flammation   intra-utérine,   soit  myocardite,   soit  endocardite,   et   comme 
ordinairement  la  cloison  interventriculaire  manque  ou  se  trouve  largement 
ouverte,  cette  phlegmasie  doit  avoir  lieu  avant  la  fin  du  troisième  mois  de 
la  vie  intra-utérine,  époque  à  laquelle  la  cloison  sépare  complètement  les 
deux  ventricules  entre  eux.  Le  trou  oval  reste  souvent  ouvert  aussi,  le  canal 
artériel  plus  rarement.  Il  résulte  de  tout  cela  une  circulation  irrégulière, 
troublée,   incomplète  pour  les  poumons.  La  dilatation  des  artères  bron- 
chiques, œsophagiennes,  coronaires  du  cœur,  de  la  sous-clavière  même,  ne 
fournit  qu'une  circulation  collatérale  incomplète  et  qui,  à  la  longue,  altère 


(  79  )  • 
la  nutrition  des  poumons;  aussi  les  a-t-on  souvent  notés  comme  petits  et 
incomplètement  développés  dans  cette  altération  congénitale.  C'est  donc 
cette  circulation  irrégulière,  inégale,  incomplète  par  places,  qui  fait  naître 
les  altérations  que  nous  allons  décrire,  tandis  que  l'hyperémie  pulmonaire 
la  plus  intense  et  la  plus  étendue  dans  l'altération  des  orifices  veineux 
bicuspidal  et  tricnspidal  ne  conduit  point  au  développement  des  tubercules. 
Je  ne  connais  ni  âge  ni  maladie  qui  offre,  d'un  autre  côté,  cette  fréquence 
d'un  tiers  de  tubercules  pulmonaires,  et,  par  conséquent,  on  est  en  droit 
de  la  mettre  en  rapport  avec  la  sténose  pulmonaire. 

»  L'étude  clinique,  aussi  bien  que  l'anatomie  pathologique,  prouvent 
en  outre  qu'il  ne  s'agit  point  là  de  quelques  granulations  disséminées, 
mais  d'une  maladie  longue,  progressive,  fatale.  Entre  dix  et  vingt-cinq 
ans,  c'est  même  une  des  causes  de  mort  des  plus  importantes  dans  le  rétré- 
cissement pulmonaire.  La  marche  rapide  de  trois  et  de  quatre  mois  est  la 
rare  exception  :  le  plus  souvent  l'affection  tuberculeuse  a  duré  pendant 
des  années.  La  fréquence  des  hémoptysies  est  surtout  remarquable  dans 
ces  observations.  Une  amélioration  pendant  la  bonne  saison  n'est  pas  rare 
pendant  les  premiers  temps,  mais  plus  tard  la  fièvre  hectique  et  le  ma- 
rasme augmentent  ou  persistent  jusqu'à  la  fin.  Tandis  qu'à  l'ordinaire  c'est 
le  poumon  droit  qui  est  atteint  le  premier  de  tubercules,  dans  la  sténose 
pulmonaire  c'est  le  poumon  gauche  :  celui  qui  est  essentiellement  com- 
primé est  atteint  le  premier  et  pendant  longtemps  seul.  Un  cas  observé 
par  moi  paraît  faire  exception,  mais  il  confirme  cette  règle  en  ce  sens  que 
le  cœur  était  placé  de  façon  à  comprimer  essentiellement  le  poumon  droit. 
Les  signes  physiques,  les  symptômes  secondaires  dans  d'autres  organes 
n'offrent  rien  d'exceptionnel. 

»  Les  caractères  anatomiques  sont  les  mêmes  que  dans  les  autres  formes 
de  tuberculisation,  que  je  regarde  de  plus  en  plus  comme  un  travail  phleg- 
masique  lent,  par  foyers  pneumoniques  petits  et  disséminés  ou  par  granu- 
lations nombreuses,  la  plupart  du  temps  consécutives  aux  foyers  mention- 
nés, phlegmasie  toute  de  faiblesse  et  de  cachexie,  sauf  quelques  exceptions, 
comme,  du  reste,  en  général  ou  au  moins  très-souvent,  l'inflammation 
chronique,  comme,  par  exemple,  clans  la  cirrhose  du  foie,  dans  l'inflam- 
mation parenchymateuse  des  reins,  même  dans  beaucoup  de  cas  de  phleg- 
masie lente  des  os  et  des  articulations,  est  bien  plutôt  due  à  un  mauvais  état 
de  la  constitution  qu'à  un  état  sthénique. 

»  On  trouve  dans  les  diverses  observations,  et  assez  souvent  même  dans 
les  poumons  du  même   individu,  tous  les  passages  entre  des  foyers  petits, 


(  8o  ) 
disséminés  et  d'autres  volumineux,  confluents;  d'autres,  enfin,  en  plein 
travail  ulcéreux,  jusqu'à  des  cavernes  volumineuses;  souvent  des  cavernes 
plus  petites,  nombreuses,  s'y  trouvent  à  côté  des  cavités  étendues.  Le  ra- 
ramollissement,  le  commencement  d'ulcération  s'observent  surtout  b:en 
dans  des  foyers  petits  encore.  Tout  autour  des  foyers  le  tissu  pulmonaire 
est,  ou  condensé,  ou  le  siège  d'une  inflammation  et  induration  interstitielle 
ou  péribroncbique.  Dans  les  lobes  inférieurs  il  n'est  pas  rare  de  rencontrer 
dos  granulations  grises  ou  jaunes,  fermes  ou  déjà  un  peu  molles.  Des 
tubercules  de  la  plèvre,  la  pleurésie  sous  toutes  les  formes,  ont  été  obser- 
vés. Des  granulations  de  la  muqueuse  bronchique  sont  plus  rares.  On  a 
aussi  noté  des  granulations  tuberculeuses  à  la  surface  du  cœur,  des  tuber- 
cules jaunes  dans  le  cerveau,  dans  la  rate,  dans  les  intestins,  dans  le  mésen- 
tère, le  péritoine,  dans  le  foie  et  les  reins. 

»  Il  est  donc  bien  digne  d'intérêt  de  constater  que  le  rétrécissement  de 
l'artère  pulmonaire  à  son  origine  tend  indubitablement  à  produire  une 
tuberculisation  pulmonaire  étendue  et  progressive,  aussi  bien  caractérisée 
par  les  caractères  cliniques  que  par  l'anatomie  pathologique.  » 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  l'action  physiologique  du  bromure  de  potassium,  établie 
par  l'expérimentation  sur  les  animaux.  INote  de  M.  J.-V.  Laborof., 
présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  une  relation  sommaire  des 
principaux  résultats  de  nombreuses  expériences  entreprises  dans  le  but  de 
déterminer  l'action  physiologique  du  bromure  de  potassium.  Ces  expé- 
riences ont  été  réalisées  sur  les  divers  types  de  l'échelle  animale  et  sur 
l'homme  lui-même,  en  ma  propre  personne;  mais,  bien  que  les  résultais 
obtenus  dans  ces  diverses  conditions  offrent,  quant  aux  points  essentiels, 
une  concordance,  qui  en  garantit  et  la  signification  et  la  portée,  je  ne  don- 
nerai ici  que  ceux  qui  m'ont  été  fournis  par  l'expérimentation  sur  les  ba- 
traciens; car,  chez  ces  animaux  surtout,  les  effets  produits  se  manifestent 
avec  une  netteté  et  une  individualisation  qui  ne  sauraient  permettre  le 
doute  tant  sur  la  réalité  que  sur  la  nature  de  ces  effets    1 

(i)  Dès  le  mois  de  mars  dernier,  nous  avons  commencé,  à  la  Société  de  Biologie,  une 
série  de  communications  sur  ce  sujet,  lesquelles  se  trouvent  consignées  aux  Comptes  rendus 
des  séances  de  celte  Société  savante.  >"ous  y  avons  également  répète,  publiquement;  et  plu- 
sieurs fois,  nos  expériences. 


(  8.   ) 

»  Lorsqu'on  soumet  à  l'action  du  bromure  de  potassium  une  grenouille 
(Ranaviridis),  en  lui  faisant  absorber,  par  un  procédé  sur  lequel  je  revien- 
drai, de  20  à  40  centigrammes  de  cette  substance  (selon  la  force  du  sujet), 
voici  ce  que  l'on  observe  : 

»  Premièrement,  et  dès  le  début,  c'est-à-dire  quatre  ou  cinq  minutes 
après  l'administration  du  bromure,  des  phénomènes  d'excitation  de  nature 
tétanique,  tels  que  roideur  et  renversement  du  tronc  en  arrière  ou  en 
avant,  courbure  en  arc  de  cercle,  fermeture  convulsive  des  paupières,  etc. 

»  La  période  marquée  par  ces  accidents  n'est  point  constante,  bien  qu'elle 
existe  le  plus  souvent;  en  tout  cas,  elle  est  de  peu  de  durée  et  est  bientôt 
suivie  d'une  deuxième  période,  qui  peut  être  appelée  période  de  collapsus, 
et  dans  laquelle  se  révèlent  les  phénomènes  qui  paraissent  véritablement 
caractériser  l'action  spéciale  du  bromure  de  potassium  dans  l'état  physio- 
logique; ces  phénomènes  sont  les  suivants  : 

»  La  flaccidité  et  l'abandon  des  membres  postérieurs,  lesquels  demeurent 
allongés,  inertes,  et,  par  conséquent,  ne  se  tiennent  plus  dans  la  flexion 
tonique  qui  caractérise  la  pose  normale  de  l'animal  au  repos; 

»  Le  défaut  de  réaction  (à  un  degré  progressif)  aux  excitations  de  toute 
sorte  (piqûre,  pincement,  déchirure,  électrisation ,  etc.)  portées  sur  ces 
mêmes  membres. 

»  Ce  défaut  de  mobilité  réactionnelle,  complet  d'abord  aux  pattes  pos- 
térieures, ne  tarde  pas  à  s'étendre  aussi  aux  membres  antérieurs,  et  même 
(le  plus  fréquemment)  aux  deux  yeux,  l'excitation  de  la  cornée  et  de  la 
sclérotique  ne  provoquant  plus  la  fermeture  des  paupières. 

»  Les  mouvements  qui  sont  du  ressort  de  la  spontanéité  de  l'animal  sont 
néanmoins  conservés,  car  il  est  permis  de  constater  leur  manifestation  non- 
seulement  partielle,  mais  même  totale,  se  traduisant  par  le  saut  réitéré  et 
énergique. 

»  Les  mouvements  respiratoires  du  flanc,  qui,  dès  le  début  de  l'intoxica- 
tion, s'accélèrent  très-notablement,  subissent  bientôt  après  un  ralentisse- 
ment progressif,  jusqu'à  cessation  complète;  à  ce  moment,  c'est-à-dire 
dans  un  temps  qui  peut  varier  d'une  demi-heure  à  trois  quarts  d'heure  à 
partir  des  premières  manifestations  toxiques,  l'animal  tombe  dans  l'état  de 
mort  apparente,  et  tonte  manifestation  motrice  volontaire  ou  provoquée 
a  complètement  cessé. 

»  Cependant  la  poitrine  ouverte  montre  le  cœur  continuant  à  fonction- 
ner avec  le  rhythme,  sinon  avec  ie  nombre  normal  de  ses  battements;  ce 

1'..  P..,  1867,  2e  Srmesire.  (T.  LXV,  N°  2.)  I  ' 


(  8a  ) 
nombre,  en  effet,  est  manifestement  diminué,  et  s'atténue  progressivement, 
ce  qui  n'empêche  pas  le  cœur  de  survivre  encore  durant  une,  deux  et 
quelquefois  trois  heures.  L'importance  de  ce  fait  ne  saurait  être  méconnue; 
il  démontre  que  le  bromure  de  potassium  n'agit  point  à  la  façon  des  poi- 
sons dits  musculaires  ou  poisons  du  coeur. 

Si,  d'ailleurs,  on  interroge  l'état  des  propriétés  du  tissu  musculaire  avant 
la  manifestation  des  accidents  ultimes  qui  précédent  la  mort  apparente, 
puis  bientôt  réelle  de  l'animal,  on  constate  que  ces  propriétés,  notamment 
la  conlraclilité,  sont  parfaitement  conservées;  il  est  également  facile  de  s'as- 
surer, par  l'irritation  des  nerfs  périphériques  mis  à  nu,  que  les  nerfs  n'ont 
point  perdu  leur  excitabilité  propre,  puisqu'on  provoque  de  cette  façon  des 
contractions  énergiques  dans  les  pattes  postérieures. 

»  De  cette  relation  succincte,  dans  laquelle  nous  avons  négligé,  à  des- 
sein, un  certain  nombre  de  phénomènes  secondaires,  se  dégagent  deux  faits 
principaux  qui  méritent  surtout  d'être  mis  en  évidence;  ce  sont  : 

»  i°  L'atténuation  progressive,  puis  l'abolition  complète  des  mouvements 
réflexes; 

»  2°  La  persistance,  et  par  conséquent  la  conservation  des  mouvements  vo- 
lontaires. 

»  Or,  ce  dernier  fait  montre  clairement  que  ce  n'est  point  en  agissant 
directement  et  primitivement  sur  V encéphale  que  le  bromure  de  potassium 
manifeste  les  effets  qui  lui  sont  propres;  ce  n'est  pas  non  plus,  nous  venons 
de  le  voir,  en  abolissant  les  propriétés  du  tissu  musculaire  et  des  cordons 
nerveux  périphériques;  d'où  \\  est  permis  de  conclure,  en  dernière  analyse, 
que  le  bromure  de  potassium  exerce  primitivement  son  actioïi  sur  la  moelle  épi- 
nière,  et  que  cette  action  a  pour  résultat  essentiel  d'annuler  ou  de  détruire,  dans 
cet  organe,  la  propriété  qui  lui  appartient  de  présider  aux  manifestations  fonc- 
tionnelles dites  réflexes. 

»  Pour  compléter  ces  recherches,  j'ai  fait  une  étude  comparative  de  l'ac- 
tion physiologique  des  substances  qui  se  rapprochent  le  plus,  par  Jeur 
composition  et  leurs  attributs  chimiques,  de  la  précédente,  et  qu'en  raison 
de  cette  parenté  l'on  pourrait  être  entraîné  à  considérer  (ce  qui  a  déjà  été 
fait)  comme  succédanées  les  unes  des  autres  :  tels  sont  l'iodure  de  potassium 
et  le  bromure  de  sodium.  Tout  en  réservant  les  détails  de  cette  étude  pour 
une  communication  ultérieure,  je  dirai  ici,  par  anticipation,  que  les  résul- 
tats donnés  par  l'expérimentation  ne  confirment  nullement  les  prévisions 
fondées  sur  l'analogie.  Ainsi,  à  dose  double  et  même  triple,  le  bromure  de 
sodium,  quoique  plus  soluble  encore  que  le  bromure  de  potassium,  ne  pro- 


(83  ) 
duit,  chez  la  grenouille  pas  plus  que  chez  certains  mammifères  (cabiai, 
chien),  aucun  trouble  appréciable  et  caractéristique,  et  laisse  l'animal  sain 
et  sauf;  quant  à  l'iodure  de  potassium,  s'il  entraîne  assez  rapidement  la 
mort  chez  les  batraciens,  et  si,  par  cet  effet  de  pure  léthalité,  il  se  rap- 
proche du  bromure  de  potassium,  il  en  diffère  totalement  par  les  phéno- 
mènes physiologiques  qu'il  engendre,  lesquels  sont  caractérisés  principale- 
ment par  l'excitation  et  l'exaltation  de  la  motilité  dans  ses  divers  modes. 

»  Je  pourrais,  des  à  présent,  montrer  l'importance  des  déductions  que 
ces  résultats  expérimentaux  entraînent  dans  le  domaine  des  applications  à 
la  thérapeutique,  but  final  de  nos  recherches;  mais  cette  partie  complé- 
mentaire du  travail  que  je  prépare  sur  ce  sujet  exigerait  des  développements 
que  ne  comporte  point  cette  simple  Note.  Il  importe  de  dire  un  mot,  en 
terminant,  du  procédé  à  l'aide  duquel  nous  faisons  pénétrer  la  substance  en 
expérimentation  dans  l'organisme  animal. 

»  L'injection  sous-cutanée  est  assurément  le  meilleur  moyen  qui  puisse 
être  employé  chez  les  mammifères,  et  c'est  celui  auquel  nous  avons  eu 
habituellement  recours;  mais,  chez  les  batraciens,  cette  méthode,  tout  en 
conduisant  en  définitive  aux  résultats  essentiels  que  nous  avons  consignés 
plus  haut,  présente  plusieurs  inconvénients  dont  les  principaux  sont  :  i°  de 
provoquer  des  phénomènes  localisés  au  point  de  l'introduction  de  la  sub- 
stance, phénomènes  qui  sont  de  nature  à  donner  le  change  à  un  observateur 
peu  ou  point  prévenu;  a°  de  prêter  à  des  objections  relatives  au  mode  d'ab- 
sorption par  pure  imbibition,  objections  dont  la  portée  a  été,  d'ailleurs, 
singulièrement  exagérée  par  quelques  auteurs. 

«  Quant  à  nous,  nous  plaçons,  sur  la  membrane  interdigitale  préalable- 
ment étalée  de  la  grenouille,  la  dose  voulue  du  sel  en  nature  finement  pul- 
vérisé; la  dissolution  en  est  rendue  très-rapide  par  la  projection  de  quelques 
gouttes  d'eau,  et  l'absorption  se  révèle  bientôt,  en  quelques  minutes,  et  par 
la  disparition  complète  de  la  substance,  et  par  le  début  des  phénomènes 
généraux  par  lesquels  l'agent  chimique  en  expérimentation  manifeste  son 
action. 

»  Ce  procédé,  qui,  s'il  a  été  déjà  mis  en  usage,  n'a  pas  été  du  moins 
mentionné,  à  notre  connaissance,  en  même  temps  qu'il  met  à  l'abri  des 
inconvénients  et  des  objections  dont  nous  avons  dit  un  mot  précédemment, 
ne  saurait  permettre  le  moindre  doute  relativement  au  mode  de  pénétra- 
tion et  de  dissémination  dans  l'organisme,  par  la  circulation  générale,  de  la 
substance  employée.    » 


i  r. 


(84  ) 

M.  Blondix  adresse  une  Note  relative  à  un  bois  de  cerf  gigantesque  qui 
existe  dans  l'une  des  tours  du  château  d'Amboise  : 

«  Ces  restes,  bien  conservés  jusqu'ici,  appartiennent,  dit-il,  à  une  espèce 
certainement  détruite  et  ont  été  envoyés  d'Allemagne  sous  Charles  VIII  : 
ils  paraissent  beaucoup  plus  grands  que  ceux  du  Cerf  à  liois  gigantesque  du 
Muséum — Ces  débris  figureraient  avec  honneur  dans  la  belle  collection 
du  Muséum,  et  probablement  cette  translation  serait  d'autant  plus  facile 
que  le  château  d'Amboise  appartient  à  l'État.  » 

M.  Trémaux  adresse  quelques  remarques  au  sujet  de  la  communication 
récente  de  M.  Boussinesq  sur  l'action  réciproque  de  deux  molécules. 

M.  Schulz  adresse  une  Note,  écrite  en  allemand,  sur  une  question 
d'analyse  mathématique. 

Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  Chasles. 

M.  Bastian  adresse  de  Wissembourg  une  Note  extraite  d'un  Traité 
d'apiculture  qu'il  vient  de  publier;  cette  Note  est  relative  à  la  parthéno- 
genèse. 

A  4  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


COMITE  SECBET. 

Au  nom  de  la  Section  de  Chimie,  M.  Chevreul,  son  Doyen,  fait  la  com- 
munication suivante  : 

a  La  Chimie  est  cultivée  avec  ardeur;  il  n'est  guère  de  séance  de  l'Aca- 
démie qu'elle  ne  soit  l'objet  de  communications  importantes.  Après  l'exa- 
men des  travaux  des  chimistes  résidant  à  Paris,  la  Section  reconnaît  qu'en 
dehors  des  trois  premiers  candidats,  dont  les  titres  à  la  place  vacante  sont 
incontestables,  s'il  lui  était  ordonné  de  classer  ceux  qu'elle  juge  dignes 
d'appartenir  à  l'Académie,  il  lui  serait  impossible  de  le  faire  avec  équité, 
en  ce  moment,  tant  la  difficulté  est  grande  d'apprécier  respectivement  des 
titres  anciens  et  des  titres  récents;  l'embarras  où  elle  se  trouve  tient  à 
la  fois  au  nombre  des  savants  et  à  la  diversité  de  leurs  travaux  pour  les- 
quels elle  a  une  grande  estime  :  évidemment  les  rangs  qu'elle  leur  assigne- 


(  85) 
rait  aujourd'hui  pourraient  être  bientôt  intervertis  par  des  travaux  en  cours 
d'exécution. 

»  La  Section  s'est  donc  décidée  à  soumettre  seulement  au  choix  de  l'Aca- 
démie les  chimistes  qu'elle  a  déjà  désignés  à  ses  suffrages  dans  une  précé- 
dente circonstance. 

»  En  conséquence,  elle  présente  la  liste  suivante  de  candidats  pour  la 
pince  vacante  dans  son  sein  par  suite  du  décès  de  M.  Pelouze. 

En  première  ligne M.  Wurtz. 

En  deuxième  ligne,   ex  œquo,   et     (M.  Berthelot. 
par  ordre  alphabétique (M.   Cahours.  » 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  séance  prochaine. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  E.   D.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  ier  juillet  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Nouveaux  documents  sur  les  limites  de  la  période  jurassique  et  de  la  période 
crétacée;  par  M.  J.-F.  Pictet,  Correspondant  de  l'Académie  des  Sciences. 
Genève,  1867;  br.  in-8°. 

Ville  de  Paris.  Bulletin  de  statistique  municipale,  publié  par  les  ordres  de 
M.  le  Baron  Haussmann.  Mois  de  janvier  1867.  Paris,  1867;  iu-4°- 

Sur  quelques  questions  telatives  aux  fondions  elliptiques;  par  M.  E.  Catalan. 
Rome,  1867;  in-4°-  (Extrait  des  Atti  deïï  A  ccademia  pontifie  a  de'  Nuovi 
Lincei.  ) 

Animaux  fossiles  et  géologie  de  l'Altique;  par  M.  Alb.  GAUDRY.  Livraisons  17 
et  18,  texte'et  planches.  Paris,  1867;  in-4°. 

Histoire  du  service  de  santé  de  la  marine  militaire  et  des  Ecoles  de  médecine 
navale  en  France  depuis  le  règne  de  Louis  XIV jusqu'à  nos  jours  (1666- 1867)  ; 
par  M.  A.  LefÈvue.  Paris,  1867;  1  vol.  in-8"  avec  12  plans,  cartes  et  i'ac- 
simile.) 


(  86  ) 

Eludes  sur  l'Exposition  de  1867,  ou  les  Archives  de  l'Industrie  au  XIXe  siècle. 
publiées  sous  la  direction  de  M.  Eng.  Lacroix.  ie  fascicule,  10  juin  1867. 
Paris,  1867;  grand  in-8°. 

Sur  la  tendon  des  lames  liquides;  par  M.  G.  Van  DER  MENSRRUGGHE.  2*  Note. 
Bruxelles,  1867;  br.  in-8°. 

Restitution  du  calendrier  hébraïque  tel  qu'il  était  au  siècle  qui  précéda  la  ruine 
de  Jérusalem  (70  de  l'ère  chrétienne);  par  le  P.  MÉMAIN.  Paris,  1867; 
br.  in-8°. 

Etude  sur  la  marche  et  le  mode  de  propagation  du  choléra  dans  l  arrondisse- 
ment d'Aix  en  iS65  ;  par  le  Dr  Bourguet.  Aix,  1867;  br.  in-8°. 

The  history...  Histoire  de  l'invention  des  phares  dioptriques  et  de  leur  intro- 
duction dans  la  Grande-Bretagne;  par  sir  David  Brewster.  Londres,  1867; 
br.  in-8°. 

Index  seminum  quœ  Hortus  bolanicus  imper.  Pelropolitanus  pro  mutua  com- 
mutations offert.  Accedunt  animadversiones  botanicœ  nonnullœ.  Sans  lieu  ni 
date;  br.  in-8°. 

Besults...  Résultats  déduits  des  observations  météorologiques  faites  en  diverses 
stations  de  la  colonie  du  Cap  de  Bonne-Espérance  dans  les  années  1861  à  i8G5, 
réunies  par  une  Commission  nommée  par  h' Gouvernement.  Saiislieuni  date; 
in-4°. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  8  juillet  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Floride  du  Finistère;  par  MM.  P.-L.  CRQUAN  et  H. -M.  Crouan.  Paris  et 
Brest,  1867;  1  vol.  grand  in-8°  avec  planches. 

Etudes  sur  l'Exposition  de  1 867,  ou  les  Archives  de  l'Industrie  au  xixe  siècle, 
publiées  sous  !a  direction  de  M.  E.  Lagroix.  3e  fascicule,  3o  juin  1867. 
Paris,  1867;  grand  in-S°  avec  planches. 

La  météorologie  pratique,  ses  applications  faciles  au  point  de  vue  de  l'agri- 
culture et  de  la  marine; parM.  ChapelaS-Coulvier-Gravieu.  Soissons,  1867; 
br.  in-8°. 

Mémoire  sur  l'influence  que  te  sol  géoloqupie  peut  exercer  sur  la  culture  et  les 
produits  de  la  vit/ne  dans  certaines  contrées  du  sud-ouest  de  la  France;  par 
M.  A.  Leymerie.  Toulouse,  sans  date;  br.  in-8°. 


(  87  ) 

Lettre  à  M.  de  Verneuil  :  i°  sur  l'extension  du  type  garwnnien ;  20  sur  la 
véritable  place  du  plan  de  séparation  entre  tes  étages  inférieur  et  moyen  du  ter- 
rain tertiaire  ;  par  M .  Leymerie.  Toulouse,  1867;  opuscule  iu-8°. 

Annuaire  de  l' Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts 
de  Belgique.  1867,  33e  année.  Bruxelles,  1867;  in-ia. 

De  l'homœopathie;  par  M.  J.  Brenier.  Gand,  1867;  bi\  in-8°. 

Etudes  sur  les  affinités  chimiques;  par  MM.  C.-M.  GULDBERG  et  P.  WaaGE. 
Christiania,   1867;  in-4°. 

Commissao...  Commission  géologique  de  Portugal.  Mollusques  fossiles.  Gas- 
téropodes des  dépôts  tertiaires  du  Portugal;  par  M.  Pereira  da  Costa. 
•2e  cahier.  Lisbonne,  1867;  in-4°  avec  planches.  (Présenté  par  M.  de  Ver- 
neuil.) 

Memoir. ..  Mémoires  sur  les  spermogons  et  les  pycnides  des  lichens  filamen- 
teux, frutescents  et  foliacés;  par  M.  W.  Lauder  LlNDSAY.  Edimbourg,  i85g; 
in-4°  avec  planches.  (Extrait  des  Transactions  de  la  Société  royale  d'Edim- 
bourg, t.  XXII.) 

On  the. . .  Sur  les  houilles  tertiaires  de  la  Nouvelle-Zélande  ;  par  M.  W.  Lau- 
der LlNDSAY.  Edimbourg,  1 865;  in-4°.  (Extrait  des  Transactions  de  la  Société 
royale  d'Edimbourg.) 

On  the...  Sur  les  houilles  tertiaires  de  la  Nouvelle-Zélande;  par  M.  W. 
LAUDER  LlNDSAY.  Sans  lieu  ni  date;  opuscule  in-8°.  (Extrait  des  Comptes 
rendus  de  la  Société  royale  d'Edimbourg,  t.  XXIV.) 

Observations...  Observations  de  nouveaux  lichens  et  champignons  recueillis 
dans  la  province  d'Ottago  (Nouvelle-Zélande)  ;  par  M.  W.  Lauder  LlNDSAY. 
Edimbourg,  1866;  in-4°.  (Extrait  des  Transactions  de  la  Société  royale 
d'Edimbourg,  t.  XXIV.) 

Observations...  Observations  sur  les  lichens  de  la  Nouvelle-Zélande;  par 
M.  W.  Lauder  LlNDSAY.  Londres,  1866;  in-/(°  avec  planches.  (Extrait  des 
Transactions  de  la  Société  Linnéenne,  t.  XXV.) 

The...  Flore  d'Islande;  par  M.  W.  Lauder  Lindsay.  Edimbourg,  1861  ; 
opuscule  in-8°. 

On...  Sur  /'Arthonia  melaspermella;  par  M.  W.  Lauder  Lindsay.  Lon- 
dres, sans  date;  br.  in-8°.  (Extrait  du  Journal  de  la  Société  Linnéenne, 
t.  IX.) 

Monograph...  Monographie  du  genre  Abrothallus;  par  M.  W.  Lauder 
Lindsay.  Perth,  i856;  br.  in-8°. 


(  «8  ) 

Experiments...  Expériences  sur  la  transmission  du  choléra  de  l'homme  aux 
animaux;  par  M.  W.  Lauder  Lindsay.  Edimbourg,  1 854;  br.  in-8°. 

Suggestion...  Suggestions  pour  des  observations  à  faire  sur  l'influence  du 
choléra  et  d'autres  virus  épidémiques  sur  les  animaux  ;  par  M.  LAUDER  LlND- 
SAY.  Edimbourg,  1 85^  ;  br.  in-8°.  (Reproduit  du  Journal  médical  d'Edim- 
bourg. ) 

On  the...  Sur  la  transmission  des  maladies  entre  l'homme  et  les  animaux; 
par  M.  W.  Lauder  Lindsay.  Edimbourg,  i858;  opuscule  in-8°. 

On  the...  L'action  des  eaux  pesantes  sur  le  plomb;  par  M.  W.  LaUDER 
Lindsay.  Edimbourg,  1859;  br.  in-8°. 

Histology...  Histologie  îles  évacuations  cholériques  de  l'homme  et  des  ani- 
maux ;  par  M.  W.  Lauder  Lindsay.  Edimbourg,  1866;  br.  in-8°. 

On  the...  Sur  l'éruption  du  Kolluqja,  volcan  d'Islande,  en  mai  18G0;  par 
M.  W.  Lauder  Lindsay.  Edimbourg,  1861  ;  br.  in-8°. 

On  the...  Sur  la  géologie  des  Champs-d'Or  d'Oltago  {Nouvelle-Zélande); 
par  M.  W.  Lauder  Lindsay.  Edimbourg,  4  pages  in-8°.  (Extrait  des  Comptes 
rendus  de  l'Association  britannique  de  Cambridge.) 

The  place...  De  la  place  et  de  l'influence  de  l'histoire  naturelle  au  point  de 
vue  de  la  colonisation,  avec  applications  particulières  à  Ottago  [Nouvelle-Zé- 
lande); par  M.  W.  Lauder  Lindsay.  Edimbourg,  i863;  br.  in-8°. 

On  the...  Sur  les  asiles  d'aliénés  en  Norvège;  par  M.  W.  Lauder  Lindsay 
Londres,  1868;  br.  in-8°. 

Murray...  Institution  royale  Murray  pour  les  aliénés  à  Perth.  Rapports  mé- 
dicaux annuels.  Pré/ace;  par  M.  W.  Lauder  Lindsay.  Sans  lieu  ni  date; 
1  feuille  d'impression. 

Thirty...  Rapports  annuels  faits  au  Directeur  de  l'Asile  royal  Murray  des 
aliénés  à  Penh;  par  M.  W.  Lauder  Lindsay.  33e,  34e,  35e  Rapports. 
Perth,  1860,  1861,  i863;  3  br.  in-8°. 

The...  Histologie  du  sang  des  aliénés;  par  M.  W.  Lauder  Lindsay.  Sans 
lieu  ni  date;  opuscule  in-8u. 

(La  suite  du  Bulletin  au  prochain  numéro.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    LACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI  15  JUILLET  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 

MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  ie  Président  de  l'Institut  invite  l'Académie  des  Sciences  à  désigner 
l'un  de  ses  Membres  pour  la  représenter,  comme  lecteur,  dans  la  séance 
publique  annuelle  qui  doit  avoir  lieu  le  i5  août  prochain. 

HISTOIRE  DE  l'astronomie.  —  Note  sur  la  découverte  de  l'attraction; 

par  M.  Chasi.es. 

«  J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  quelques  écrits 
de  Pascal,  qui  montrent  qu'il  s'est  beaucoup  occupé  de  la  recherche  des 
lois  de  l'attraction,  et  qu'il  les  a  connues. 

»  L'idée  d'une  attraction  réciproque  entre  tous  les  corps  était  dans  Ions 
les  esprits  depuis  l'apparition  du  livre  immortel  de  Copernic,  qui  a  fondé 
l'Astronomie  moderne,  et  où  cette  idée  se  trouve  nettement  exprimée  (i). 
Tycho-Bralié,  Kepler,  Bacon,  Roberval,  Descartes  dans  son  système   des 

(i)  Gravitas  quid  sit.  —  Eqnidem  existimo  gravitaient  non  aliud  esse,  quam  appetentiam 
quandam  naturalem  partibus  inditam  a  divina  Providentia  opificis  universornm,  ut  in  uni- 
tatem  integritatemqne  suam  sese  conférant  in  formam  globi  roéuntes.  Quam  affeclionem  cre- 
dibile  est  etiam  Soli,  Lunae,  caeterisque  errantium  Fnlgoribus  inesse,  ut  ejus  efficacia  in  ea 
qua  se  représentant  rntunditate  permaneant,  quae  nihilominus  muitis  modis  suos  èffîcîunt 
circuitus.  (Livré  I,  chap.  ix.) 

(•.  K.,  iHf.;,  ■?.'  Semestre.   (T.  LXV,  N°  5.)  '  2 


(  9°  ; 
tourbillons,  Boulliau,  Hévélius,  Wren,  Hook,  admettaient  ce  principe  d'une 
attraction  générale.  Mais  quelle  était  la  cause  première  de  cette  attraction? 
Comment  était-elle  produite?  Exigeait-elle,  par  exemple,   l'intermédiaire 
d'un  fluide?  Suivant  quelles  lois  s'exerçait-elle? 

»  Il  paraît  que  ces  questions  ont  préoccupé  vivement  Pascal.  Il  en 
parlait  en  i636,  quand  il  avait  à  peine  treize  ans,  dans  une  Lettre  écrite  en 
commun  avec  Roberval,  imprimée  dans  les  œuvres  de  Fermât  (i).  En 
outre,  une  Lettre  adressée  à  Descartes  le  2  juin  i6/j6,  et  une  autre  adressée 
à  Boyle  le  2  mars  1648,  Lettres  inédites,  se  rapportent  aussi  à  l'attraction. 
Mais  les  documents  suivants  renferment  des  résultats  formels  et  l'énoncé 
des  deux  lois  de  l'attraction. 

»  En  i652,  Pascal  écrit  à  Boyle  qu'il  a  un  bon  nombre  d'observations 
dont  personne  n'a  encore  parlé,  et,  partant  eu  connaissance,  sur  l'attrac- 
tion et  ses  lois.  «  Je  vais  vous  en  faire  pari,  dit-il.  Vous  trouverez  ci-joint 
»  ces  expériences  au  nombre  de  plus  de  cinquante.  »  Pascal  entend  par 
expériences  les  noies,  les  raisonnements,  les  démonstrations  qu'il  consi- 
gnait sur  des  feuilles  détacbées. 

»  Dans  une  autre  Lettre  adressée  à  Boyle,  le  2  septembre,  sans  millésime, 
les  lois  de  l'attraction  sont  énoncées  ainsi  :  «  Dans  les  mouvements  célestes, 
«  la  force,  agissant  en  raison  directe  des  masses  et  en  raison  inverse  du 
»  quarré  de  la  distance,  suffit  à  tout  et  fournit  des  raisons  pour  expliquer 
»   toutes  ces  grandes  révolutions  qui  animent  l'univers.  » 

Dans  une  Lettre  du  8  mars  i654,  Pascal  envoie  à  Boyle  plusieurs  obser- 
vations sur  le  ressort  de  l'air,  et  ajoute  :  «  Vous  y  trouverez  aussi  diverses 
»  notes  toucbant  les  lois  de  l'attraction,  dont  Copernic  avoit  déjà  eu  une 
»  idée.  » 

»  Enfin,  dans  une  Leltre  du  2  janvier  iG55,  qui  se  rapporte  à  l'attraction 
à  petite  distance,  il  dit  :  «  Je  vous  ai  déjà  entretenu  plusieurs  fois  des  lois 
»  de  l'attraction.  Ainsi,  comme  je  vous  le  disois,  l'attraction  est  une  verlu 
»  propre  à  la  matière...  Les  attractions  de  la  gravité,  du  magnétisme  et  tle 
>•  l'électricité  s'étendent  jusqu'à  des  distances  fort  sensibles.  C'est  pour 
».cela  qu'elles  ont  été  observées  par  des  yeux  vulgaires.  11  peut  y  avoir 
»   d'autres  altractions  qui  s'étendent  à  de  si  petites  distances  qu'elles  ont 


(1)  P.  i?.5.  «  La  commune  opinion  est  que  la  pesanteur  est  une  qualité  qui  réside  dans 
»  le  corps  même  qui  tombe;  d'autres  sont  d'avis  que  la  descente  des  corps  procède  de  l'at- 
»  traction  d'un  autre  corps  qui  attire  celui  qui  descend,  comme  la  terre.  Il  y  a  une  troi- 
»  sième  opinion,  qui  n'est  pas  hors  de  vraisemblance,  que  c'est  une  attraction  mutuelle 
n   entre  les  corps,  causée  par  un  désir  naturel  (pie  les  corps  ont  de  s'unir  ensemble —  » 


(  9'   ) 
»   échappé  jusqu'ici  à  nos  observations.  Et  peut-être  que  l'attraction  élec- 
»   trique   peut  s'étendre  à  ces  sortes  de   petites  distances  sans  même  être 
»   excitée  par  le  frottement.  Je  vous  envoie  avec  cette  lettre  un  bon  nombre 
»  de  notes...  » 

»  La  Lettre  du  i  septembre  me  parait  précéder  nécessairement  cette 
Lettre  du  i  janvier  1 655,  qui  ne  se  rapporte  plus  qu'aux  attractions  à 
petite  distance. 

»  Est-elle  antérieure  à  celle  du  8  mars  i65/j,  et  a-t-elle  fait  suite  aux  cin- 
quante notes  sur  les  lois  de  l'attraction,  envoyées  en  i652?  ou  bien  doit-elle 
être  placée  entre  le  8  mars  i654  et  le  2  janvier  i655?  J'ai  de  fortes  raisons 
de  croire  qu'elle  a  été  antérieure  à  i65/{.  Mais  la  question  est  ici  sans  im- 
portance, et  je  ne  m'y  arrêterai  pas. 

»  Je  passe  à  quelques  notes  relatives  à  la  gravitation  et  à  ses  consé- 
quences dans  l'étude  des  mouvements  des  corps  célestes.  Ces  notes  ne  sont 
pas  sans  intérêt,  indépendamment  des  deux  lois  de  l'attraction  qui  s'y 
trouvent,  comme  dans  la  Lettre  du  2  septembre.  Elles  peuvent  avoir  fait 
partie  des  cinquante  notes  envoyées  par  Pascal  à  Boyle  en  i652,  et  elles 
seront  revenues  avec  les  Lettres  mêmes  de  Pascal.  » 

Après  avoir  donné  lecture  de  quatre  Notes,  M   Chasles  ajoute  : 

«  J'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie  les  deux  Lettres  du  8  mai  i652  et 
2  septembre  et  ces  Notes  de  Pascal,  qui  se  conserveront  et  pourront  être 
consultées  dans  les  Archives  de  l'Institut.  » 

L'Académie  décide  que  ces  écrits  de  Pascal  seront  reproduits  dans  le 
Compte  rendu  de  la  séance.  Les  voici  : 

Ce  8  may  i65s. 
Monsieur, 

Je  pourrois  faire  voir  par  plusieurs  exemples  que  nos  physiciens  naturalistes  avancent 
beaucoup  de  choses  sans  en  faire  un  examen  suffisant,  et  sans  autre  fondement  que  l'autorité 
de  ceux  qui  les  ont  précédés.  J'ay  pour  le  prouver  un  bon  nombre  d'observations  de  toutes 
sortes  dont  personne  n'a  encore  parlé,  et  partant  eu  connaissance,  tant  sur  l'attraction  et  de 
ses  lois  avec  les  phénomènes.  Je  viens  vous  en  faire  part.  Vous  trouverez  ci-joint  ces  expé- 
riences, au  nombre  de  plus  de  cinquante.  Je  vous  prie  les  examiner  et  m'en  dire  vostre 
sentiment. 

Je  vous  prieray  aussy,  Monsieur,  m'informer  de  vos  nouvelles  découvertes.  Vous  n'igno- 
rez pas  combien  j'ay  de  plaisir  à  les  recevoir. 

Je  suis,  Monsieur,  comme  toujours,  vostre  très-humble  et  très-affectionné  serviteur, 

Pascal. 
A  M    Boyle. 

12.. 


(  <P  ) 

Ce  2  septembre. 
MoNSIEtm, 

Dans  les  mouvements  célestes,  la  force  agissant  en  raison  directe  des  masses  et  en  raison 
inverse  du  quarré  de  la  distance  sufit  à  tout  et  fournit  des  raisons  pour  expliquer  toutes  ces 
grandes  révolutions  qui  animent  l'univers.  Rien  n'est  si  beau  selon  moy  ;  mais  quand  il  s'agit 
des  phénomènes  sublunaires,  de  ces  effets  que  nous  voyons  de  plus  près  et  dont  l'examen 
nous  est  plus  facile,  la  vertu  attractive  est  un  Protée  qui  change  souvent  de  forme.  Les 
rochers  et  les  montagnes  ne  donnent  aucun  signe  sensible  d'attraction.  C'est,  dit-on,  que  ces 
petites  attractions  particulières  sont  comme  absorbées  par  celles  du  globe  terrestre,  qui  est 
infiniment  plus  grande;  cependant  on  donne  comme  un  effet  de  la  vertu  attractive  la 
mousse  qui  flotte  sur  une  tasse  de  caffé,  et  qui  se  porte  avec  une  précipitation  très-sen- 
sible vers  les  bords  du  vase.  Est-ce  là  votre  sentiment?  Je  suis,  Monsieur,  votre  très- 
affectionné  Pascal. 

A  Monsieur  Boyle. 

Note. 

Le  corps  en  vertu  de  la  tendance  au  mouvement  que  l'attraction  lui  imprime  est  capable 
de  parcourir  un  espace  donné  dans  un  temps  donné.  Sa  vitesse  initielle  sera  donc  proportion- 
nelle à  l'intensité  de  l'effort  ou  de  la  tendance  imprimée  par  la  puissance  attractive;  et  cette 
intensité  sera  elle-même  proportionnelle  à  la  masse  attirante  à  égale  distance,  et  (à)  diffé- 
rentes distances,  comme  la  masse  attirante  divisée  par  les  quarrés  de  ces  distances. 

Pascal. 

Les  observations  astronomiques  apprennent  que  toutes  les  planètes  se  meuvent  dans  une 
courbe  autour  du  centre  du  Soleil;  qu'elles  sont  accélérées  dans  leur  mouvement  à  mesure 
qu'elles  approchent  de  ce  globe,  et  qu'elles  sont  retardées  à  proportion  qu'elles  s'en  éloi- 
gnent, tellement  qu'un  rayon  tiré  de  chacune  de  ces  planètes  au  Soleil  décrit  des  aires  ou  des 
espaces  égaux  en  temps  égaux.  Mais  afin  que  ces  grands  corps  décrivent  celte  courbe  autour 
du  Soleil,  il  faut  qu'ils  soient  animés  par  une  puissance  qui  fléchisse  leur  route  en  ligne 
courbe  et  qu'elle  soit  dirigée  vers  le  Soleil  même.  Et  comme  cette  puissance  varie  toujours 
de  la  même  manière  que  la  gravité  des  corps  qui  tombent  sur  la  terre,  on  doit  conclure 
qu'elle  n'est  autre  chose  que  la  gravité  même  des  planètes  sur  le  Soleil.  D'où  il  suit,  suivant 
la  théorie  de  la  gravité,  que  la  puissance  de  la  pesanteur  des  planètes  augmente  comme  le 
quarré  de  la  distance  du  Soleil  diminue.  Pascal. 

Note. 

On  connoît  la  puissance  de  la  gravité  sur  la  terre,  par  la  descente  des  corps  pesans,  et  en 
évaluant  la  tendance  de  la  lune  sur  la  terre,  ou  son  écart  de  la  tengente  à  son  orbite,  dans 
un  temps  donné  quelconque.  Cela  posé,  comme  les  planètes  font  leur  révolution  autour  du 
Soleil  et  que  deux  d'entre  elles  (Jupiter  et  Saturne)  ont  des  satellites,  en  évaluant  par  leurs 
mouvements  combien  une  planète  a  de  tendance  vers  le  Soleil  ou  s'écarte  de  la  tangente  dans 
un  temps  donné,  et  combien  quelques  satellites  s'écartent  de  la  tengente  de  leur  orbite,  dans 
le  même  temps,  on  peut  déterminer  la  proportion  de  la  gravité  d'une  planète  vers  le  Soleil, 
et  d'un  satellite  vers  sa  planète,  à  la  gravité  de  la  lune  vers  la  terre,  et  leurs  distances 
respectives.  Pascal. 


(93  ) 

Note. 

J'ay  dit  que  comme  les  planètes  font  leur  révolution  autour  du  soleil,  et  que  deux  d'entre 
elles  ayant  des  satellites,  en  évaluant  par  leur  mouvement  combien  une  planète  a  de  tendance 
vers  le  soleil,  on  s'écarte  de  la  tengente  dans  un  temps  donné,  etc.  Il  ne  faut  pour  cela  que 
conformément  à  la  loi  générale  de  la  variation  de  la  gravité,  calculer  les  forces  qui  agiraient 
sur  ces  corps  à  distances  égales  du  soleil,  de  Jupiter,  de  Saturne  et  de  la  terre.  Et  ces 
forces  donnent  la  proportion  de  matière  contenue  dans  ces  différents  corps.  C'est  par  ces 
principes  qu'on  trouve  que  les  quantités  de  matière  du  soleil,  de  Jupiter,  de  Saturne  et  de 
la  terre  sont  entre  elles  comme  les  nombres 


-» 


1067        3o2i        169282 

Pascal. 

MÉCANIQUE  appliquée. —  Note  sur  les  machines  à  vapeur  à  trois  cylindres  égaux 
avec  introduction  directe  dans  un  seul;  par  M.  Dcpuy  de  Lôme. 

«  En  étudiant  l'Exposition  internationale  au  point  de  vue  des  machines 
marines,  on  a  pu  remarquer  que  les  appareils  à  hélice  construits  pour  la 
marine  impériale  française,  aussi  bien  dans  les  ateliers  de  l'industrie  pri- 
vée que  dans  l'usine  de  l'État  à  Indret,  présentent  tous  une  disposition 
principale  nouvelle  qui  en  est  le  trait  caractéristique. 

»  Cette  disposition  principale  consiste  dans  l'application  que  j'ai  faite 
du  système  de  Woolff,  en  opérant  la  détente  de  la  vapeur  dans  des  cylindres 
séparés  de  celui  où  se  fait  l'introduction  directe,  mais  en  modifiant  ce  sys- 
tème pour  les  machines  marines,  de  manière  à  employer  trois  pistons  de 
même  diamètre  et  de  même  course,  conjugués  sur  un  même  arbre,  sans 
qu'aucun  des  points  morts  se  correspondent. 

»  J'ai  pensé  qu'il  était  intéressant  de  présenter  à  l'Académie  l'exposé 
des  dispositions  principales  qui  constituent  ce  système.  La  plupart  de  ces 
dispositions  prises  isolément  ne  sont  point,  sans  doute,  des  inventions  nou- 
velles,  mais  leur  ensemble  réalise  un  progrès  important. 

»  Les  résultats  principaux  que  je  me  suis  attaché  à  obtenir,  par  ces  ma- 
chines à  trois  cylindres  avec  introduction  directe  dans  un  seul,  sont  : 

»    i°  Economie  de  combustible; 

»  2°  Faculté  de  reculer  la  limite  du  nombre  de  tours  qu'on  peut  obtenir 
pour  les  hélices  sans  engrenage  multiplicateur; 

»  3°  Équilibre  statique  presque  complet  des  pièces  mobiles  autour  de 
l'axe  de  l'arbre,  quelle  que  soit  au  roulis  la  position  du  navire. 

»  J'emploie  trois  cylindres  égaux  de  même  diamètre  et  de  même  course, 


(  94  ) 
placés  côte  à  côte,  avec  leurs  axes  dans  un  même  plan,  et  leurs  trois 
pistons  agissant  sur  un  même  arbre  de  couche  à  trois  coudes.  Les  deux 
coudes  des  pistons  extrêmes  sont  placés  entre  eux  à  angle  droit,  et  celui 
du  piston  milieu  (qui  reçoit  seul  directement  la  vapeur)  est  placé  à  l'op- 
posé de  cet  angle  droit,  dans  le  prolongement  de  la  ligne  qui  le  divise  en 
deux  parties  égales.  Enfin  deux  condenseurs  munis  chacun  d'une  pompe 
à  air  sont  destinés  à  condenser  la  vapeur  à  l'issue  des  deux  cylindres 
extrêmes. 

»  En  sortant  des  chaudières,  la  vapeur,  séparée  du  contact  de  l'eau 
bouillante,  circule  dans  un  appareil  sécheur  pratiqué  à  la  base  de  la  che- 
minée; cet  appareil  utilise  une  partie  de  la  chaleur  des  gaz  chauds,  en  leur 
en  laissant  encore  assez  pour  le  tirage  naturel  et  en  procurant  à  la  vapeur 
une  légère  surchauffe.  La  tension  de  la  vapeur  correspondant  à  la  charge 
des  soupapes  est  de  2liim,,]5,  209  centimètres  de  mercure,  soit  i33  sur  les 
soupapes  de  sûreté.  C'est  la  limite  supérieure  des  tensions  compatibles 
sans  danger  avec  l'alimentation  à  l'eau  salée.  La  température  de  la  vapeur 
saturée  correspondante  à  cette  tension  serait  de  i3i  degrés;  le  sécheur 
amène  cette  vapeur  à  la  température  de  1  56  degrés,  ce  qui  représente  une 
surchauffe  de  25  degrés. 

»  La  vapeur  venant  du  sécheur  se  bifurque  dans  deux  tuyaux  égaux,  qui 
la  conduisent  dans  deux  chemises-enveloppes  disposées  autour  de  chacun 
des  deux  cylindres  extrêmes. 

»  La  vapeur  circule  dans  ces  enveloppes  à  l'effet  d'échauffer  le  métal  des 
cylindres  extrêmes,  dans  lequel  elle  laisse  une  portion  de  sa  température 
de  surchauffe,  et  c'est  à  la  sortie  de  ces  enveloppes  qu'elle  arrive  des  deux 
côtés  dans  la  boîte  du  tiroir  du  cylindre  central.  Deux  valves  de  vapeur  sont 
placées  à  la  sortie  des  chemises  des  cylindres  extrêmes,  c'est-à-dire  à  l'en- 
trée de  la  boîte  du  tiroir  du  cylindre  milieu. 

»  Par  cette  disposition,  lorsqu'on  réduit  l'ouverture  de  la  valve  pour 
modérer  l'allure  de  la  machine,  on  conserve  néanmoins  à  l'intérieur  des 
chemises,  pour  chauffer  les  cylindres  extrêmes,  de  la  vapeur  a  une  tension 
élevée,  ce  qui  est  d'une  grande  importance. 

»  Lorsque  les  valves  sont  ouvertes  en  grand  et  que  la  pression  de  la 
vapeur  aux  chaudières  est  poussée  à  son  maximum,  elle  arrive  au  cylindre 
central  à  une  tension  d'environ  200  centimètres  de  mercure. 

»  La  vapeur,  après  avoir  poussé  le  piston  du  cylindre  central,  s'évacue 
en  se  partageant  entre  les  deux  cylindres  extrêmes,  en  arrivant  à  leurs 
boites  à  tiroirs  par  de  larges  passages  dont  le  volume  fait,  en  partie,  fonction 


(95  ) 
de  réservoir  intermédiaire.  Enfin,  après  avoir  poussé  les  pistons  des  cylindres 
extrêmes,  elle  sévacue  dans  le  condenseur  correspondant. 

»  La  durée  de  l'introduction  de  vapeur  dans  les  cylindres,  abstraction 
f;iite  des  petites  différences  entre  le  dessus  et  le  dessous  qui  sont  dues  à 
l'obliquité  des  bielles,  est  réglée  ainsi  qu'il  suit  : 

Pour  le  cylindre  central o,84  de  la  course  réalisant  0,80 

Pour  chacun  des  cylindres  extrêmes..    .      0,78  de  la  course  réalisant  0,^5 

»  Avec  cette  régulation,  avec  la  tension  de  vapeur  précitée,  avec  la  posi- 
tion décrite  pour  les  trois  manivelles  de  l'arbre  de  couche,  avec  des  pompes 
à  air  bien  disposées,  comme  je  l'indiquerai  plus  loin,  avec  des  sections  suf- 
fisamment larges  pour  tous  les  passages  de  vapeur,  c'est-à-dire  avec  une 
ouverture  pour  l'introduction  représentant,  à  la  position  extrême  des  tiroirs, 
3 ~ pour  100  de  la  surface  du  piston,  multipliée  par  la  vitesse  moyenne  de 
ce  piston  exprimée  en  mètres  par  seconde,  enfin  avec  des  passages  pour 
l'évacuation  un  peu  supérieurs  à  la  section  précitée,  on  obtient  (les  valves 
ouvertes  en  grand)  des  pressions  moyennes  effectives  qui  sont  de  88  centi- 
mètres de  mercure  sur  le  piston  du  cylindre  central,  et  de  82  centimètres 
pour  chacun  des  cylindres  extrêmes,  ce  qui  fait  pour  les  trois  pistons  une 
pression  moyenne  effective  de  84  centimètres,  répartis  en  trois  diagrammes 
à  très-peu  près  identiques  à  ceux  que  représente  la  figure  ci-jointe.  En 
réalité,  il  y  a  de  légères  variations  de  la  contre-pression  au  cylindre  central, 
mais  elles  sont  négligeables,  et  les  diagrammes  ci-contre  indiquent  bien 
en  moyenne  le  travail  obtenu. 

»  Pour  la  machine  de  ce  système  qui  fonctionne  à  l'Exposition,  le  dia- 
mètre des  trois  cylindres  à  vapeur  est  de  am,  10  et  la  course  de  leurs  pistons 
de  i,u,3o.  Avec  ces  dimensions  et  des  pressions  moyennes  de  o'D,84  de 
mercure  sur  les  pistons,  il  faut  faire  57  f  tours  par  minute  pour  développer 
4ooo  chevaux  de  ^5  kilogrammètres  mesurés  à  l'indicateur. 

»  La  vitesse  moyenne  des  pistons  est  alors  de  am,5o  par  seconde,  et  leur 
vitesse  maximum  à  mi-course  est  de  3m,g3. 

»  Cette  machine  est  destinée  au  Fikdland,  frégate  cuirassée  de  premier 
rang,  qui,  avec  son  chargement  complet  de  munitions  et  de  charbon, 
pèsera  7200  tonnes.  L'hélice  a  6™,  10  de  diamètre  et  8ID,5o  de  pas.  A 
57  |  tours  par  minute,  elle  imprimera  à  cette  frégate,  par  calme,  une  vitesse 
d'environ  \[\  l2  nœuds,  ce  qui  fait  un  peu  plus  de  27  f  kilomètres  à 
l'heure. 

»  Le  poids  de  cet  appareil  complet,  comprenant   l'hélice,  les  parquets 


(  96  ) 
et  tous  les  accessoires,  se  compose  de  : 

4i5  tonnes  pour  la  machine  proprement  dite, 

280       »        pour  les  chaudières,  sécheur,  cheminée, 

1  1  5        »        pour  l'eau  des  chaudières. 

Total.    .      810  tonnes,  soit  2o3  kilogrammes  par  force  de  cheval  de  7 5  kilo- 
grammetres,  eau  comprise. 

»  Je  ferai   voir  à  l'instant  qu'une  machine  ordinaire  à  deux  cylindres 
de  même  puissance  aurait  au  moins  le  même  poids. 


/      2      3     if,      /i     (ï     j     tf     <)     iu     DtsaîÀmes  t/c  t/x  course  t/.u  pt.r/on    1 

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«  Examinons  maintenant  les  causes  qui  font  que  ces  machines  a  trois 
cylindres  possèdent  les  qualités  que  j'ai  énumérées  ci-dessus. 

»  D'abord  on  y  fait  travailler  la  vapeur  en  la  détendant  dans  le  rapport  de 
4  à  10,  tandis  que,  dans  les  machines  marines  ordinaires  à  deux  cylindres, 


(  97  ) 
afin  d'obtenir  la  puissance  voulue  «ans  l'emploi  de  pistons  présentant  un 
moment  d'inertie  trop  considérable  en  raison  de  leur  poids  ou  de  leur  course, 
on  introduit  la  vapeur  jusqu'à  0,70  de  la  course  lorsqu'on  veut  faire  déve- 
lopper à  la  machine  toute  sa  puissance.  Ce  n'est  que  pour  les  vitesses 
réduites  qu'on  y  emploie  des  introductions  plus  courtes.  Mais,  dans  cette 
circonstance,  les  machines  cpii  détendent  la  vapeur  dans  le  même  cylindre 
dans  lequel  se  fait  l'introduction  à  pression  élevée  sont  loin  d'obtenir  de 
cette  détente  le  même  avantage  que  procure  la  détente  dans  des  cylindres 
séparés  de  celui  où  se  fait  l'introduction  directe.  C'est  à  tel  point  que,  dans 
les  machines  marines  ordinaires,  lorsqu'on  les  fait  fonctionner  à  grande 
détente,  la  puissance  ainsi  obtenue  ne  coûte  guère  moins  en  charbon  que 
celle  qu'on  aurait  également  en  étranglant  les  valves  et  marchant  à  une 
pression  moindre  avec  l'introduction  à  0,70  qui  sert  à  toute  vitesse,  et  cela 
malgré  les  chemises  et  les  appareils  de  surchauffe,  qu'on  ne  saurait  rendre 
très-énergiques  sans  s'exposer  au  danger  de  faire  gripper  les  cylindres.  Le 
refroidissement  produit  sur  les  parois  internes  des  cylindres  par  l'emploi 
des  longues  détentes  est  la  cause  du  peu  d'économie  qu'elles  produisent 
dans  les  machines  à  moyenne  pression  et  à  condensation. 

»  Il  est  vrai  qu'en  introduisant  à  80  pour  100  de  la  course  dans  le  cylindre 
milieu  de  la  machine  à  trois  cylindres,  au  lieu  d'une  introduction  seule- 
ment à  5o  pour  100  qui  serait  nécessaire  pour  éviter  la  chute  de  pression 
entre  la  fin  de  la  course  du  cylindre  central  et  le  début  des  cylindres  ex- 
trêmes, j'ai  accepté  une  perte  de  travail  d'environ  4  pour  100.  Je  l'ai  fait 
afin  de  ne  pas  avoir  de  cylindres  trop  grands  ou  des  pressions  dépassant 
aatm,75  à  des  chaudières  que  je  continuais  à  alimenter  avec  de  l'eau  de  mer. 

»  J'en  arrive  aujourd'hui,  pour  des  machines  nouvelles  en  construction, 
à  employer  des  condenseurs  à  surface,  par  suite  à  alimenter  les  chaudières 
avec  de  l'eau  distillée  ,  ce  qui  permet  d'aborder  sans  danger  des  pressions 
plus  élevées.  Dans  ces  nouvelles  machines,  l'introduction  dans  le  cylindre 
central  pourra  être  coupée  à  5o  pour  100,  ainsi  que  dans  les  cylindres 
extrêmes. 

»  L'économie  de  combustible  dans  les  machines  actuelles  à  trois  cylindres, 
malgré  cette  chute  brusque  de  pression,  entre  le  cylindre  central  et  les 
cylindres  extrêmes,  tient  donc  essentiellement  à  ce  qu'on  évite  d'y  intro- 
duire la  vapeur  à  une  forte  tension  dans  des  cylindres  dont  les  parois  in- 
ternes seraient  refroidis  par  la  détente  et  par  l'évacuation  dans  le  vide  de 
l'humidité  déposée  sur  ces  parois. 

C.  R.,  1867,  i*  Semestre.  (T.  LXV ,  N°  3.)  I  3 


(  98  ) 

»  C'est  pour  empêcher  le  refroidissement  de  ces  parois  internes,  par  suite 
d'un  dépôt  d'humidité  et  de  sa  vaporisation  dans  le  vide,  qu'il  importe 
d'employer,  autour  des  cylindres  où  se  fait  le  vide,  des  chemises  avec  un  cou- 
rant de  vapeur,  à  une  tension  plus  élevée  que  celle  agissant  dans  ce  cylindre. 

»  Dans  les  machines  en  question,  la  vapeur  arrive  dans  les  chemises  des 
cylindres  extrêmes  avec  une  tension  de  200  centimètres  de  mercure  et  une 
température  d'environ  148  degrés,  ayant  déjà  perdu  10  centimètres  de 
pression  et  7  ou  8  degrés  de  chaleur  depuis  sa  sortie  du  sécheur. 

»  Les  parois  des  cylindres  extrêmes  tendent  donc  à  se  mettre  à  une  tem- 
pérature d'au  moins  1 45  degrés,  tandis  que,  dans  l'intérieur  de  ces  cylin- 
dres, la  vapeur,  n'y  arrivant  qu'à  une  pression  maximum  de  ioo  centimètres 
de  mercure,  n'aurait  besoin  que  d'une  température  de  107  degrés  pour  ne 
pas  déposer  d'humidité  sur  les  parois  internes.  Au  contact  de  ces  parois, 
cette  vapeur  à  100  centimètres  de  pression  aurait  donc  plutôt  une  tendance 
à  se  dilater. 

»  En  résumé,  les  machines  marines  à  deux  cylindres  les  mieux  entendues, 
avec  sécheur  de  vapeur  et  chaudières  alimentées  avec  de  l'eau  de  mer, 
consomment  à  toute  vapeur  au  moins  ikU,6o  de  bonne  houille  par  heure 
et  par  cheval  de  75  kilogrammètres  mesuré  sur  les  pistons. 

»  Cette  consommation  pour  les  machines  à  trois  cylindres  que  je  viens 
de  décrire  ne  saurait  être  évaluée  à  plus  de  1 kl1,  28 ,  ce  qui  fait  une  écono- 
mie de  20  pour  100. 

»  Cette  conséquence  réagit  sur  le  poids  des  appareils  à  trois  cylindres, 
qu'on  serait  d'abord  porté  à  croire  plus  élevé  que  celui  des  machines  à 
deux  cylindres  de  même  puissance. 

»  Pour  des  machines  à  deux  cylindres  de  4°°°  chevaux  de  75  kilo- 
grammètres, en  supposant  qu'on  puisse  avec  deux  cylindres  aborder, 
sans  danger  d'échauffement,  le  même  nombre  de  tours  de  57  f  par  minute 
à  toute  vitesse,  en  supposant  toujours  des  chaudières  alimentées  à  l'eau 
de  mer  avec  la  même  pression,  en  s'abstenant  de  chemises  aux  cylindres, 
on  économiserait  sur  les  poids  de  la  machine  proprement  dite  90  tonnes. 
Elle  pèserait  ainsi  325  tonnes  au  lieu  de  £\\B\  mais  les  chaudières  devront 
être  accrues  dans  le  rapport  de  ces  consommations,  c'est-a-dire  dans  le 
rapport  de  160  à  128;  elles  pèseraient  ainsi  35o  tonnes  au  lieu  de  280.  Le 
poids  de  l'eau  de  ces  chaudières,  accru  dans  le  même  rapport,  serait  de 
i43  tonnes  au  lieu  de  1  i5.  En  résumé,  le  poids  total  de  cet  appareil  à  deux 
cylindres,  avec  chaudières  pleines,  serait  de  818  tonnes,  tandis  que  celui 
de  l'appareil  à  trois  cylindres  de  même  puissance  est  de  810  tonnes. 


(  99) 

»  L'économie  de  combustible,  avec  les  nouvelles  macliines,  reste  donc 
tout  entière  à  l'avantage  du  chargement  du  navire. 

»  En  ce  qui  concerne  la  limite  plus  éloignée  du  nombre  de  tours  auquel 
on  peut  lancer  la  machine  à  hélice  à  trois  cylindres,  sans  être  arrêté  par 
deséchauffements  des  coussinets  des  bielles  et  de  l'arbre  de  couche,  cette 
faculté  tient  a  la  réduction  considérable  de  pression  sur  les  coussinets, 
résultant  des  dispositions  nouvelles,  pour  une  même  puissance  développée. 

»  A  cet  égard,  il  ne  faut  pas  seulement  considérer  les  pressions  moyennes, 
mais  bien  les  pressions  maxima  initiales. 

»  Avec  la  machine  à  trois  cylindres,  la  tension  initiale  dans  le  cylindre 

milieu   est  de »98  centimètres 

la  contre-pression  de 102            » 

il  reste  pour  la  pression  effective 96            » 

»   Dans  les  cylindres   extrêmes,    la  tension   initiale 

est  de ïoo            » 

la  contre-pression  minimum  de 10  » 

il  reste  pour  la  pression  initiale 90            » 

»  Avec  une  machine  à  deux  cylindres  égaux  en  diamètre  et  en  course  à 
ceux  de  la  machine  à  trois  cylindres  et  faisant  le  même  nombre  de  tours,  il 
faudrait  accroître  la  pression  moyenne  dans  le  rapport  de  3  à  1  ;  elle  serait 
donc  de  126  centimètres  au  lieu  de  84- 

»  Mais  en  outre,  pour  obtenir  ce  diagramme  moyen  de  126  centimètres, 
même  avec  une  introduction  à  0,70  et  une  contre-pression  réduite  à 
10  centimètres,  il  faudrait  la  même  tension  initiale  de  198  centimètres, 
donnant  une  pression  effective  de  188  centimètres;  nous  venons  de  voir 
que,  dans  la  machine  à  trois  cylindres  avec  une  introduction  directe  dans 
un  seul,  cette  pression  est  de  96  centimètres,  c'est-à-dire  qu'elle  est  réduite 
à  près  de  moitié. 

»  Or,  sur  un  piston  de  î^-io  de  diamètre,  dont  la  surface  est  de 
346oo  centimètres  carrés,  une  pression  de  188  centimètres  de  mercure 
forme  un  total  de  85  728  kilogrammes,  et  dans  la  machine  à  trois  cylindres 
cet  effort  initial  aux  points  morts  est  réduit  à  Ifî  776  kilogrammes. 

»  Si  on  ajoute  que  le  diamètre  des  touillions  de  bielle  ainsi  chargé  est 
de  4*  centimètres,  et  que,  à  57  f  tours  par  minute,  la  vitesse  circonféren- 
tielle  de  ces  tourillons  est  de  im,27  par  seconde,  on  comprendra  l'impor- 
tance de  cette  réduction  dans  la  pression  exercée  aux  points  morts  sur  les 

i3.. 


(  IO°  ) 
coussinets  Je  (ète  de  bielle;   cette  pression,  quoique  réduite  ainsi  à  moitié, 
est  encore  de  plus  de  /jo  kilogrammes  par  centimètre  carré. 

»  Le  troisième  avantage  que  j'ai  signalé  pour  la  machine  à  trois  cylindres 
est  l'équilibre  statique  presque  complet  que  présentent  toutes  les  pièces 
mobiles  autour  de  l'arbre  de  couche,  aussi  bien  durant  les  mouvements  de 
roulis  du  navire  que  lorsqu'il  se  maintient  vertical. 

»  Il  est  évident  que  cet  équilibre  serait  complet  si  les  trois  manivelles 
étaient  entre  elles  à  une  distance  exacte  de  120  degrés.  Mais,  pour  obtenir 
un  fonctionnement  plus  régulier,  sans  l'emploi  d'un  grand  réservoir  inter- 
médiaire dans  lequel  viendrait  s'évacuer  la  vapeur  sortant  du  cylindre  cen- 
tral avant  de  s'introduire  dans  les  boîtes  à  tiroir  des  cylindres  extrêmes, 
j'ai  reconnu  préférable  de  placer,  comme  je  l'ai  dit,  les  deux  manivelles 
extrêmes  à  90  degrés  entre  elles  et  les  manivelles  du  cylindre  central  divi- 
sant en  deux  parties  égales  cet  angle  à  l'opposé.  Avec  cette  division,  l'équi- 
libre n'est  plus  parfait,  mais  la  situation  à  ce  point  de  vue  est  évidemment 
bien  plus  favorable  que  s'il  n'y  avait  que  deux  pistons  attelés  sur  deux 
manivelles  à  angle  droit  qui,  à  certain  moment,  sont  ensemble  toutes  deux 
du  même  côté  de  la  verticale. 

»  C'est  en  raison  de  cette  disposition  que  la  grande  machine  du  Fried- 
land,  qui  figure  à  l'Exposition,  peut  fonctionner  régulièrement,  depuis 
moins  de  10  tours  jusqu'à  plus  de  60  tours  par  minutes,  sans  avoir  de  tra- 
vail sérieux  de  résistance  à  vaincre  et  sans  autre  volant  que  l'hélice  dont 
le  moment  d'inertie  est  insignifiant  par  rapport  aux  moments  des  poids 
des  pièces  douées  d'un  mouvement  alternatif. 

»  Une  machine  à  deux  cylindres,  avec  manivelles  à  angle  droit,  serait, 
dans  ces  conditions,  hors  d'état  d'échapper  à  l'alternative  ou  de  s'arrêter  si 
la  pression  de  vapeur  était  insuffisante,  ou  de  partir  avec  une  violence  dan- 
gereuse si  on  ouvrait  les  valves  assez  pour  relever  les  pièces  mobiles  au 
moment  où  les  deux  manivelles  remontent  à  la  fois. 

»  Cette  propriété  des  machines  à  trois  cylindres  ne  présente  pas  seule- 
ment un  intérêt  de  curiosité,  elle  est  des  plus  précieuses  pour  les  manœuvres 
à  très-petites  vitesses  et  pour  la  régularité  du  mouvement  des  machines  par 
grosse  mer. 

»  Enfin,  il  me  reste  à  parler  des  dispositions  des  pompes  à  air  qui  per- 
mettent d'obtenir  les  plus  beaux  vides,  malgré  la  grande  vitesse  des  pistons 
de  ces  pompes. 

»  Dans  la  machine  du  Friedland,  dont  les  pompes  à  air  horizontales  sont 
attelées  directement  sans  balancier  sur  les  pistons  à  vapeur,  la  vitesse  de 


(     IOT     ) 

ces  pistons  à  5y  f  tours  par  minute  est,  comme  je  l'ai  dit,  de  am,5o  par 
seconde  en  moyenne,  mais  à  mi-course  cette  vitesse  est  de  3m,93. 

»  Si  cette  pompe  se  composait  d'un  piston  plein  ordinaire,  fonctionnant 
dans  un  corps  de  pompe,  fût-il  ouvert  par  les  deux  bouts  de  tout  son  dia- 
mètre, l'eau,  poussée  par  une  pression  aussi  faible  cpie  celle  de  10  centi- 
mètres qu'on  vent  obtenir  dans  le  condenseur,  ne  suivrait  pas  le  piston  à 
mi-course,  quelle  que  soit  la  somme  des  orifices  des  clapets  de  pied;  de  là 
des  chocs,  des  pertes  notables  dans  le  volume  théorique  décrit  par  le  piston 
de  la  pompe  à  air,  et  finalement  vide  insuffisant  dans  le  condenseur. 

»  On  évite  ces  inconvénients,  quelle  que  soit  la  vitesse  du  piston  de  la 
pompe  à  air,  en  le  transformant  en  piston  plongeur,  fonctionnant  dans 
deux  larges  boîtes  à  clapet,  séparées  par  une  cloison  que  traverse  ce  piston 
plongeur  porté  sur  un  coussinet  formant  presse-étoupe. 

»  Les  mouvements  horizontaux  du  piston  plongeur  se  transforment  en 
mouvements  verticaux  de  montée  et  de  descente  de  l'eau  dans  les  boites  à 
clapet,  et  avec  la  faculté  que  l'on  a  de  donner  à  la  somme  de  ces  clapets 
conservés  petits  la  surface  que  l'on  veut,  l'excellence  du  vide  des  conden- 
seurs n'est  plus  limitée  par  la  vitesse  du  piston  des  pompes  à  air.  » 

M.  Cl.  Gay  fait  hommage  à  l'Académie  du  second  volume  de  «  l'His- 
toire physique  et  politique  du  Chili  (Agriculture)  »  qu'il  vient  de  publier. 

M.  Mac-Lear,  auquel  l'Académie  a  décerné  le  prix  Lalande,  dans  la 
dernière  séance  publique  annuelle,  pour  ses  travaux  concernant  la  vérifi- 
cation et  l'extension  de  l'arc  du  méridien  mesuré  au  Cap  de  Bonne-Espé- 
rance par  Lacaille,  adresse  ses  remercîments. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Mem- 
bre qui  remplira,  dans  la  Section  de  Chimie,  la  place  devenue  vacante  par 
le  décès  de  M.  Pelouze. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  53, 

M.  Wurtz  obtient 46  suffrages. 

M.  Berthelot 3 

M.  Cahours a 

Il  y  a  deux  bulletins  blancs. 


(     102    ) 

M    Wcrtz,  avant  réuni  la  majorité  des  suffrages,  est  proclamé  élu. 
Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  de  l'Empereur. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  Domination  d'une  Corn- 
„„sslon  de  deux  Membres  pour  la  révision  des  comptes  de  1  année  ,866. 
MM.  Mathieu  et  Brongniarl  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS 

CHIMIE  appliquée.  -  Sur  un  nouveau  ciment  magnésien.  Note  de  M.  Sobel, 

présentée  par  M.  Dumas. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Chimie.) 

'  «  J'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie  un  nouveau 

ciment  qui  est  fondé  sur  le  principe  du  ciment  à  l'oxychlorure  de  zinc  que 

je  lui  ai  présenté  en  .855.  C'est  un  oxychlorure  de  magnésium  basique  et 

hy!rOn' forme  ce  ciment  en  gâchant  de  la  magnésie  avec  une  solution 
de  chlorure  de  magnésium  plus  ou  moins  concentrée  ;  le  ciment  est  d  autant 
plus  dur  que  la  solution  est  plus  dense.  Dans  la  plupart  des  cas,  ,  emploie 
du  chlorure  marquant  de  2o  à  3o  degrés  à  l'aréomètre  de  Baume. 

.  On  peut,  dans  le  nouveau  ciment,  en  tout  ou  partie,  remplacer  le  chlo- 
rure de  magnésium  par  plusieurs  chlorures  ou  sels,  ayant  pour  bases  des 
métaux  compris  dans  les   trois  premières   sections  de  la  classification  de 

Tlicnsrcl 

„  Ce  ciment  magnésien  est  le  plus  blanc  et  le  plus  dur  de  tous  les  ciments-, 
il  se  moule  comme  le  plâtre.  On  obtient  des  objets  moulés  qui  ont  la  dureté 
et  la  couleur  du  marbre,  en  mélangeant  avec  ce  ciment  des  matières  cou- 
venables.  Ce  ciment  pouvant  prendre  toutes  les  couleurs,  je  1  emploie  a 
former  des  mosaïques  du  plus  bel  effet,  des  imitations  d  ivoire,  des  billes 
de  billard,  etc.  D'après  les  échantillons  que  j'ai  l'honneur  de  mettre  sons 
les  yeux  de  l'Académie,  elle  peut  apprécier  l'importance  industrielle  du 

nouveau  produit.  ■  >.x  n„r,\„i\ 

,  Le  nouveau  ciment  possède  au  plus  haut  point  la  propriété  aggluti- 
native,  ce  qui  permet  de  former  des  masses  solides  à  des  prix  peu  élevés 
en  agglomérant,  dans  de  grandes   proportions,   des  matières  de   peu  de 
valeur  :  une  partie  de  magnésie  peut  agglomérer,  de  manière  a  forme,  des 
blocs  durs,  plus  de  vingt  parties  de  sable,  de  calcaire  et  autres   matières 


(    <o3  ) 
inertes;  tandis  que  les  chaux  et  ciments  ordinaires  ne  peuvent  agglomérer 
que  deux  ou  trois  fois  leur  poids  de  matières  étrangères. 

»  Au  moyen  des  matières  agglomérées,  on  pourra  bâtir  là  où  les  maté- 
riaux de  construction  manquent.  Pour  cela,  il  suffira  de  transporter,  s'il 
ne  s'en  trouve  pas  sur  les  lieux,  de  la  magnésie  et  du  chlorure  de  magné- 
sium, et  avec  cela  du  sable,  des  galets  et  autres  matières  plus  ou  moins 
dures  se  trouvant  sur  place  ou  dans  le  voisinage;  on  moulera  d'excellents 
matériaux  de  construction  qui  représenteront  des  pierres  de  taille. 

»  Voici  une  autre  application  du  nouveau  ciment  qui  est  très-importante, 
et  qui  a  la  sanction  de  près  de  deux  ans  d'expérience  :  c'est  son  emploi  au 
durcissement  des  murs  en  calcaires  tendres  et  des  plâtres.  Pour  cela,  on 
emploie  le  ciment  à  l'état  très-fluide  et  composé  spécialement  pour  cet 
objet,  et  on  l'applique  au  moyen  d'une  brosse,  comme  si  c'était  un  badigeon 
ordinaire. 

»  Le  ciment  magnésien,  qui  résiste  à  l'action  de  l'eau,  peut  être 
obtenu  à  très-bas  prix,  surtout  en  employant  de  la  magnésie  extraite 
des  eaux  mères  des  salines,  soit  par  l'ingénieux  procédé  de  M.  Balard,  au 
moyen  duquel  on  obtient  en  même  temps  de  la  magnésie  et  de  l'acide 
chlorhydrique,  soit  en  décomposant  les  eaux-mères,  formées  en  grande 
partie  de  chlorure  de  magnésium,  au  moyen  de  la  chaux  vive  ;  de  là  résulte 
une  double  décomposition  qui  produit  de  la  magnésie  et  du  chlorure  de 
calcium.  J'emploie  les  eaux  mères  à  20  degrés,  et  je  mets  moins  d'un  équi- 
valent de  chaux  pour  un  équivalent  de  chlorure  de  magnésium,  afin  qu'il 
ne  reste  pas  de  chaux  indécomposée  et  qu'il  reste  du  chlorure  de  magnésium 
dans  l'eau  mère.  J'obtiens,  par  ce  procédé,  outre  de  la  magnésie  hydratée, 
qu'il  faut  calciner,  du  chlorure  de  calcium  contenant  une  certaine  quantité 
de  chlorure  de  magnésium.  Ce  mélange  ou  chlorure  double  étant  en  grande 
quantité,  j'ai  cherché  à  en  tirer  parti,  et  j'ai  trouvé  qu'en  y  ajoutant  un 
peu  de  magnésie  et  d'autres  matières  en  poudre,  telles  que  de  la  craie  ou 
de  la  chaux,  on  en  formait  un  excellent  badigeon  très-adhérent  et  qui 
durcit  la  surface  des  murs  sur  lesquels  on  l'applique.  On  peut  aussi  em- 
ployer ce  liquide  avec  la  magnésie  pour  former  un  ciment. 

»  On  voit  que,  par  mes  procédés,  on  donne  de  la  valeur  à  des  choses  qui 
n'en  ont  pas;  ces  procédés  procureront  à  l'industrie  une  nouvelle  matière 
première  et  des  éléments  dont  une  grande  partie  ne  proviendra  pas  de  la 
croûte  solide  du  globe,  mais  de  l'eau  de  la  mer  qui  est  inépuisable.  La 
matière  première  du  nouveau  ciment  ne  manquera  donc  jamais;  il  n'en  est 
pas  de  même  pour  les  carrières  et  les  mines,  qui  diminuent  chaque  jour  et 
finiront  certainement  par  s'épuiser  complètement. 


(  io4  ) 

■>  Il  est  de  mon  devoir  de  ne  pas  terminer  cette  communication  sans  dire 
combien  j'ai  été  très-heureux  de  rencontrer  M.  Ménier;  c'est  grâce  à  son 
concours  éclairé  autant  que  désintéressé  que  j'ai  pu  faire  des  essais  sur  une 
grande  échelle.  » 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —Note  sur  un  nouvel  ellipsoïde  qui  joue  un  grand 
rôle  dans  la  théorie  de  la  chaleur;  par  M.  Bocssixesq. 

(Commissaires  :  MM.  Duhamel,  Bertrand,  Fizeau)  (i). 

«  Il  existe,  dans  tout  milieu  homogène,  un  ellipsoïde  qui  représente 
l'aptitude  plus  ou  moins  grande  du  milieu  à  transmettre  la  chaleur  dans 
les  diverses  directions. 

»  Désignons  par  u  la  température,  et  prenons  pour  axes  des  coordonnées 
ceux  de  l'ellipsoïde  que  M.  Lamé  appelle  principal.  Les  flux  de  chaleur  qui 
traverseront,  en  un  point  (jc,  y,  z),  les  éléments  plans  perpendiculaires 
aux  axes,  en  venant  des  parties  positives  de  ceux-ci,  auront  leurs  expres- 
sions de  la  forme 

.,_,  ,  du  du  du 

F^a'di+VdJ-lJ'dl' 


_,  .  „   au  .    au  au 

F2  =  oa  —  -4-  A  —    -  v  —, 


du  .  du  du 

dy  dz  dx 

du  du  v  du 

dz  '    dx  dy 


»  Le  flux  F,  qui  traverse  au  même  point  un  élément  dont  la  normale 
fait  avec  les  axes  des  angles  ayant  pour  cosinus  m,  n,  p,  est  donné,  comme 
on  sait,  par  la  formule 

(i)  F=/nF1  +  fiF,+/>Ft. 

»  Cela  posé,  admettons  que  le  milieu  soit  traversé  par  un  courant  unique 
de  chaleur,  suivant  une  direction  quelconque,  définie  par  les  cosi- 
nus (j,  g,  h)  des  angles  qu'elle  fait  avec  les  axes.  Les  flux  seront  nuls  sur 
tout  élément  plan  dont  la  normale  sera  perpendiculaire  à  la  direc- 
tion (f,  g,  h)  ;  ce  qui,  d'après  la  formule  (i),  signifie  que  F(,  F2,  F3  seront 
proportionnels  kf,  g,  h.  On  aura  ainsi 

„  du  du  du         ,  ..  du         .  du  du  „  du  du         ,  du 

a  t  +  v  ~, !J-~r      b-—  +  1- v  —      cÀ  —  -4-  u.  -. / -j- 

,    .  dx  dy        '    dz  dy  dz  dx  _         dz         '    dx  dy 

(v  — y-       ~-~       -y-       "=-       ~T~ 

(i)  Les  deux  Notes  adressées  par  M.  Boussinesq  le  i"  juillet  (  p.  44  et  4^  )  sont  renvoyées 
à  la  même  Commission. 


(  io5  ) 
»  Appelons  À-  l'une  de  ces  fractions,  et  résolvons  par  rapport  à  — -»  -—■>  — ■ 

Nous  obtiendrons,  pour  ces  dérivées  partielles,  des  valeurs  dont  la  pre- 
mière sera 

du     _  ,b2c2f+lSlf—-jc2g  +  pb'ti 

d~r    ~       ~  a2b'cl  -4-SX2«2 

»  Le  symbole  S  désigne,  afin  d'abréger,  la  somme  de  trois  termes  ana- 
logues à  celui  qui  est  écrit  sous  le  signe.  Les  surfaces  isothermes,  u=  const., 
sont  des  plans  parallèles  entre  eux,  dont  la  direction  est  parfaitement  déter- 
minée en/,  g,  h  par  des  cosinus  proportionnels  aux  expressions  des  déri- 
vées partielles  de  u.  La  température  ne  dépend  donc  plus  que  de  sa  valeur 
aux  divers  points  d'un  axe  OZ,  mené  par  l'origine  et  dans  la  direction 
même  (j,g,  h)  du  courant.  La  dérivée  partielle  suivant  cette  direction  est 

fo>  du        g  rdu  __  ,   Sb'c'f-h  (S>/)a 

v     i  dl  ~       J  dx  à>  b'  c2  -+-  SX'  a' 

»  D'autre  part,  le  courant  de  chaleur  est  mesuré  par  le  flux  qui  traverse 
un  élément  perpendiculaire  à  la  même  direction.  D'après  les  formules  (i) 
et  (2),  ce  flux  est 

F  =  S/À/  =  A, 

ou  bien,  en  éliminant  A  parla  relation  (3), 

S).2«2 


1  + 


a2  b'  c'        du 


/2       (SUT    dl 
11'         a-  b- c- 


»  Le  coefficient  de  —,  dans  l'expression  de  F,  peut  être  appelé  coeffi- 
cient de  conductibilité  linéaire  pour  la  direction  (J,g,h).  Il  caractérise 
l'aptitude  plus  ou  moins  grande  du  milieu  à  laisser  passer  la  chaleur  dans 
cette  direction. 

»  Si  l'on  porte  à  partir  de  l'origine,  dans  chaque  direction,  une  ligne 
égale  à  la  racine  carrée  du  coefficient  deconductibilité  correspondant,  le  lieu 
formé  par  les  extrémités  de  ces  lignes  est  l'ellipsoïde 

j:-  _  (Six)'  _  SVn2 


a-         a-  b2  r- 


»  On  peut  l'appeler  ellipsoïde  des  conductibilités  linéaires.  11  joue  le  prin- 
cipal rôle  dans  les  phénomènes  les  plus  observables,  c'est-à-dire  dans  ceux 
que  présentent  les  barres  et  les  plaques.  Par  exemple,  si  plusieurs  barres 

G,  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  5.)  l4 


(  '«6  ) 
égales,  taillées  à  partir  de  l'origine  dans  un  même  milieu,  et  chauffées 
simultanément  à  cette  origine,  sont  couvertes  d'une  couche  de  vernis  qui 
leur  donne  la  même  conductibilité  extérieure,  les  points  d'égale  tempéra- 
ture pour  toutes  ces  barres  seront  sur  des  ellipsoïdes  semblables  à  celui 
des  conductibilités  linéaires  et  semblablement  placés.  Si  de  même  une 
plaque  indéfinie,  taillée  dans  le  même  milieu,  est  chauffée  dans  un  très-petit 
espace  autour  de  l'origine  des  coordonnées,  les  courbes  isothermes  seront 
situées  sur  les  mêmes  ellipsoïdes. 

»   L'ellipsoïde   des  conductibilités  linéaires  a  des  rapports   intéressants 

avec  l'ellipsoïde  principal  S  —  =  i,  qui  joue,  dans  les  milieux  à  trois  di- 
mensions, le  même  rôle  que  lui  dans  les  milieux  à  une  ou  à  deux  dimen- 
sions. Ces  deux  ellipsoïdes  sont  coupés  suivant  deux  courbes  semblables 
par  le  plan  SXx  =  o,  et  le  diamètre  conjugé  à  ce  plan  est  le  même  dans  les 
deux  surfaces. 

»  Tous  ces  résultats  sont  développés  dans  une  thèse  que  j'ai  présentée  à 
la  Faculté  des  Sciences  de  Paris.  » 

M.  L.  Aubert  adresse  un  «  Mémoire  sur  le  calcul  de  la  résistance  des 
fers  en  double  T  »  . 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

M.  Dupuis  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  soupape  hermétique 
pour  l'air  et  pour  l'eau. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

M.  Blanchard  adresse  de  Bologne-sur-Marne  une  Note  relative  au  traite- 
ment de  l'infection  purulente. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine.) 

RI.  (i.  Hinrichs  adresse  un  Mémoire,  écrit  en  allemand,  concernant  la 
mécanique  moléculaire. 

(Commissaires:  MM.  Regnault,  Combes.) 

RI.  Dois  adresse,  par  l'intermédiaire  du  Ministère  de  l'Agriculture,  du 
Commerce  et  des  Travaux  publics,  un  «  Mémoire  sur  le  traitement  du  cho- 
léra asiatique  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 


(  io7  ) 
M.  Glals-Bizoix  transmet  à  l'Académie  un  opuscule  de  M.  Le  Morvan  sur 
le  choléra,  et  demande  que  ce  travail,  adressé  d'abord  par  erreur  à  l'Aca- 
démie de  Médecine,  soit  admis  au  concours  du  prix  Brénnt  pour  1867. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant^  qui  jugera  s'il  est  possible  d'ad- 
mettre encore  ce  travail  au  concours  de  l'année  1867.) 

M.  F.  Thomas  annonce  l'envoi  d'une  boîte  contenant  un  échantillon  de 
son  «  préservatif  contre  le  choléra  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legsBréant.) 

M.  F.  de  Marigny  adresse  une  Lettre  concernant  son  «  Mémoire  sur 
l'origine  et  le  mode  de  formation  des  gîtes  métallifères  »,  Mémoire  pour 
lequel  une  Commission  a  été  nommée  le  23  mai  1864. 

Cette  Lettre  sera  soumise  à  la  Commission,  qui  se  compose  de  MM.  Elie 
de  Beaumont,  Regnault,  Daubrée. 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  la  première  partie  du  cinquième  volume  des  Matçrialien 
zùr  Minéralogie  Russtdnds  de  M.  de  Kokscharow. 

CHIMIE.  —  Sur  de  nouvelles  combinaisons  manganiques.  Note  de 
M.  J.  Nicklès,  présentée  par  M.  Dumas. 

«  En  signalant  l'existence  des  composés  singuliers  du  groupe  des  chlo- 
roïdes  (Comptes  rendus,  années  1 865  et  1866),  j'ai  reconnu  que  les  perio- 
dures  sont  moins  stables  que  les  perbromures,  qui  le  sont  moins  que  les 
composés  correspondants  du  chlore  ou  j)erchlorures.  Ces  derniers  offrent 
le  plus  de  stabilité;  aussi  en  comptent-ils  quelques-uns  qui  sont  sans  action 
sur  l'or,  tandis  que  les  composés  du  brome  et  de  l'iode  attaquent  ce  métal 
avec  une  facilité  plus  ou  moins  grande. 

»  La  stabilité  du  composé  singulier  est  donc  en  raison  inverse  du  poids 
de  l'équivalent  de  l'élément  chloroïde  qui  entre  dans  la  combinaison. 

»  Une  autre  conclusion  se  dégage  de  ces  recherches,  c'est  qu'avec  la 
stabilité  se  développe  une  tendance  à  quitter  le  caractère  de  corps  neutre 
et  à  jouer  le  rôle  d'acide;  c'esl,  entre  autres,  ce  que  m'ont  appris  mes 
Recherches  sur  le  perchlorure  de  plomb  (Comptes  rendus,  t.  LXIII,  p.  1 118). 

14.. 


(  io8  ) 

»  Le  fluor  ayant  un  équivalent  moindre  que  le  chlore,  j'ai  cherché  à 
obtenir,  dans  un  but  de  contrôle,  certaines  de  ses  combinaisons  qui  cor- 
respondent aux  chlorures,  etc.,  singuliers,  déjà  reconnus  et  étudiés;  on 
verra,  par  ce  qui  va  suivre,  que  les  nouveaux  composés  se  comportent 
comme  des  acides. 

»   Acide  fluomanganeux  MnFl2.  —  Il  se  produit  : 

m  i°  Par  l'acide  fluorhydrique  et  le  perchlorure  de  manganèse  éthéré. 
De  vert  qu'il  était,  le  liquide  devient  brun  dans  sa  partie  inférieure  qui  est 
aqueuse;  c'est  la  couleur  de  l'acide  fluomanganeux  en  dissolution. 

»  2°  Par  l'acide  fluorhydrique  concentré  et  le  peroxyde  de  manganèse. 
La  dissolution  s'opère  peu  à  peu  sans  qu'il  soit  possible  de  neutraliser 
complètement  l'acide  employé;  il  en  reste  toujours  Un  excédant  qui,  toute- 
fois, ne  gène  en  rien  la  manifestation  des  propriétés  du  nouveau  fluorure. 
Ces  propriétés  ressemblent  à  celles  des  perchlorures,  c'est  dire  qu'il  déco- 
lore l'indigo  et  est  décoloré  par  le  sulfate  ferreux,  qu'il  donne  avec  l'acétate 
de  plomb  un  précipité  blanc  devenant  brun  à  chaud  (voir  plus  bas),  qu'il 
rougit  la  brucine,  donne  des  réactions  colorées  avec  l'aniline,  la  naphty- 
lamine,  etc. 

»  Il  brûle  partiellement  l'acide  phénique  et  le  transforme  en  une  résine 
brune,  dichroïque,  verdissant  en  présence  de  l'hypochlorite  de  soude  ; 
mais  il  se  conserve  indéfiniment  en  présence  du  glucose,  de  la  gomme  et 
d'autres  carbohyd rates. 

»  L'alcool  le  dissout,  mais  l'éther  ne  s'y  unit  que  quand  l'eau  est  ab- 
sente. En  présence  de  beaucoup  d'eau,  l'acide  fluomanganeux  se  décom- 
pose. La  réaction  est  favorisée  par  la  présence  d'un  alcali  libre  ou  carbo- 
nate. Les  eaux  calcaires  sont  dans  ce  cas.  Il  se  détruit  aussi  dans  les 
solutions  des  chlorures  alcalins. 

»  Dans  toutes  ces  circonstances,  il  se  forme  du  peroxyde  très-divisé,  qui 
communique  au  liquide  une  coloration  brune. 

»  En  voyant  la  facilité  avec  laquelle  le  peroxyde  de  manganèse  se  sépare 
du  liquide  fluorhydrique  qui  le  contient,  on  pourrait  être  disposé  à  n'y 
voir  qu'une  dissolution;  ce  qui  suit  prouvera,  je  pense,  le  contraire. 

»  Flitomanr/anites.  —  Si,  dans  le  susdit  liquide,  on  verse  du  fluorure  de 
potassium,  on  obtient  aussitôt  un  précipité  rose,  contenant  tous  les  élé- 
ments en  présence;  c'est  une  combinaison  définie,  laquelle,  séchée  à  ioo  de- 
grés centigrades,  est  anhydre  et  composée  d'équivalents  égaux  d'acide 
fluorhydrique  et  de  fluorure  alcalin. 

»   Le  fluorure  d'ammonium  donne  des  résultats  analogues;  cependant 


(   iog  ) 
le  produit  est  plus  solnble  que  le  précédent.  Avec  le  fluorure  de  sodium, 
on  n'obtient  de  précipitation  qu'autant  qu'il  y  a  de  l'alcool  en  présence. 

«  Les  halosels  qu'on  obtient  ainsi  partagent  les  propriétés  de  l'acide 
fluomanganeux;  comme  lui,  ils  se  décomposent  en  présence  de  beaucoup 
d'eau  et  se  dissolvent  en  violet  dans  l'acide  phosphorique  sirupeux.  Ils  se 
comportent  aussi  comme  des  corps  oxydants. 

»   Les  fluorures  alcalins  leur  donnent  de  la  stabilité,  si  bien  qu'on  peut 

impunément  les  faire  bouillir  dans  une  solution  aqueuse  de  ces  derniers; 

tous  se  décomposent  sous  l'influence  de   la   chaleur.   Le  sel  ammonique 

donne  un  résidu  d'oxyde  et  de  fluorure;  le  sel  potassique  fond  et  perd  de 

l'acide  fluomanganeux;  après  une  fusion  prolongée,  j'ai  obtenu  un  fluosel 

basique  de  la  formule 

MnFl2  +  4KFl. 

»  On  obtient  un  composé  analogue  en  faisant  fondre  du  peroxyde  de 
manganèse  avec  du  fluorhydrate  de  potasse. 

»  Le  fluomanganite  de  potassium  parait  bleu  quand  il  est  en  fusion  ;  il 
reprend  sa  couleur  rose  par  le  refroidissement.  Fondu  avec  du  chlorure  de 
calcium,  il  produit,  au  contraire,  un  bleu  persistant. 

»  Le  fluomanganite  de  sodium  fond  difficilement  et  perd  alors,  à  jamais, 
sa  couleur  rose. 

»  Il  existe  aussi  des  fluomanganites  des  métaux  pesants.  Celui  de  plomb 
est  un  précipité  rose,  qui  brunit  en  présence  de  beaucoup  d'eau;  il  est 
solnble  dans  une  solution  concentrée  de  fluorure  de  potassium.  On  le 
prépare  avec  l'acide  fluomanganeux  susdit  et  une  solution  alcoolique 
d'acétate  de  plomb. 

»  Neutralisé  par  une  base  organique,  cet  acide  donne  lieu  à  un  fluo- 
manganite semblable  aux  précédents,  à  moins  que  la  base  ne  soit  altérable 
à  la  manière  de  la  brucine,  de  la  naphtylamine,  par  exemple. 

»  J'ai  obtenu  ainsi  le  fluomanganite  de  quinine  à  l'état  de  précipité  rose 
que  l'eau  brunit  et  que  l'alcool  détruit  partiellement;  celui  de  triméthyla- 
mine,  qui  se  comporte  à  peu  près  de  même.  En  général,  l'affinité  des  bases 
organiques  pour  l'acide  fluomanganeux  n'est  pas  bien  prononcée.  La 
caféine  et  la  strychnine  ne  m'ont  rien  donné  de  satisfaisant. 

»  Fluoxjrmanganiles.  —  Si,  dans  une  solution  bouillante  de  fluorure 
de  potassium  ou  d'ammonium,  on  laisse  tomber  goutte  à  goutte  du  per- 
chlorure  de  manganèse,  il  se  précipite  une  poudre  rose  qui  partage,  en 
général,  les  propriétés  du  précèdent.  On  pourrait  même  s'y  tromper,  si 
l'analyse  n'accusait  une  grande  différence  dans  la  proportion  des  éléments 


(    no  ) 
en  présence.  Elle  nous  apprend  que,  dans  ces  composés,  un  équivalent  de 
fluor  est  remplacé  par  un  équivalent  d'oxygène,  en  sorte  que  nous  sommes 
en  présence  d'un  acide  qui  doit  être  appelé  fluoxymanganeux,  à  raison  de 
sa  composition  représentée  parla  formule 

Mn(OFl). 

»  Composés  élliérés.  —  Les  deux  acides  dont  il  vient  d'être  parlé  sont 
solubles  dans  l'éther,  pourvu  qu'il  n'y  ait  pas  d'eau  en  présence.  Pour  effec- 
tuer une  pareille  dissolution,  on  opère  avec  le  sel  potassique  sec  que  l'on 
traite  par  de  l'éther  anhydre  saturé  de  gaz  fluosilicique.  Par  l'agitation,  le 
liquide  devient  brun,  avec  un  ton  violet.  Une  petite  quantité  d'eau  le  dé- 
colore en  s'emparant  de  l'acide.  L'eau  en  excès  le  décompose,  ainsi  qu'on 
l'a  vu,  et  l'acide  phosphorique  sirupeux  le  dissout  en  se  colorant  en  violet. 
En  un  mot,  les  propriétés  de  la  solution  éthérée  se  calquent  sur  tout  ce 
qui  précède. 

»  Sesquifhiomanq  anales  et  sesquioxyfluomanganates.  —  De  même  que  les 
sesquichloi  ures,  bi'omureset  iodures  de  manganèse,  le  sesquifluorure  se  com- 
porte comme  un  composé  singulier,  à  cela  près  que  ses  tendances  acides 
sont  très-prononcées.  Il  forme  donc  avec  les  fluorures  alcalins  des  fluo- 
sels  et  des  fluoxvsels,  de  la  même  manière  et  dans  les  mêmes  conditions  que 
les  combinaisons  qui  précèdent.  Les  propriétés  aussi  sont,  à  peu  de  chose 
près,  les  mêmes  et  l'analyse  seule  permet  de  distinguer  tous  ces  composés. 
Le  tableau  suivant  contient  mes  résultats  analytiques  : 

MnFl'KFI.  MnFIOK.Fl.  MnsFlsO  +  2K.Fl. 

Calculé.       Trouvé.  Calculé.       Trouve.  Calculé.       Trouvé. 

FI 4(>>'5        46*27  33,75        33,19  35,02        35,o4 

Mn 3t2,26  ?-2,9  2-4,44  2i>32  25,34  25,23 

K. 3 1 ,58       29,90  34,66  »  35,94       36,54 

O »  »  »  »  3,(>8  » 

»  Ajoutons  que  c'est  toujours  à  l'un  ou  à  l'autre  de  ces  composés  qu'on 
arrive  quand  on  attaque  le  permanganate  de  potasse  par  l'acide  fluorhy- 
drique. 

»  Rouge  d'abord,  le  liquide  pâlit  peu  à  peu,  en  émettant  de  l'ozone,  et 
se  garnit  du  précipité  rose  dont  la  nature  est  maintenant  connue. 

»   En  résumé  : 

»  Dans  les  haloïdes  singuliers  du  manganèse,  la  stabilité  auginentecomme 
l'équivalent  diminue;  très-faible  chez  les  iodures,  elle  augmente  graduel- 
lement à  mesure  qu'on  remonte  l'échelle,  au  point  que,  avec  le^/z/or,  dont 


(  III  ) 

l'équivalent  est  plus  de  huit  fois  plus  petit  que  celui  de  Yiode,  les  composés 
singuliers  résistent  même  à  l'aclion  réductrice  île  la  chaleur  et  de  beaucoup 
de  matières  organiques  en  dissolution  dans  l'eau. 

»  Nous  avons  vu  que  l'acidité  se  développe  dans  le  même  ordre.  Très- 
nette  chez  les  fluorures  singnliers,  elle  ne  commence  à  se  manifester  que 
chez  le  chlore,  avec  PbCl2,  dont  la  stabilité  n'est  garantie  que  par  le  con- 
cours d'un  grand  nombre  d'équivalents  de  chlorure  alcalin.  » 

chimie  générale.  —  Expériences  de  sur  saturation,  (Deuxième  article.  ) 
Note  de  M.  Lucoq  de  Boisuaudrax,  présentée  par  M.  H.  Sainte- 
Claire  Deville. 

«  Après  avoir  examiné  (i)  l'action  des  sels  isomorphes  sur  chaque  sul- 
fate magnésien  (2)  en  dissolution  sursaturée,  j'ai  pensé  qu'il  serait  intéres- 
sant d'étudier  aussi  cette  action  sur  des  liqueurs  contenant  deux  de  ces  sels 
pris,  soit  clans  le  même  groupe,  soit  dans  des  groupes  différents.  Il  était  à 
présumer  que  de  tels  mélanges  participeraient  en  général  des  propriétés 
cristallogéniques  de  leurs  éléments,  mais  aussi  que,  dans  les  mélanges  for- 
znés  de  deux  sulfates  de  groupes  différents,  le  passage  d'un  type  à  l'antre 
offrirait  un  intérêt  tout  particulier.  Les  faits  suivants  découlent  d'assez 
nombreuses  expériences  que  j'ai  faites  à  ce  sujet. 

»  I.  J'ai  mélangé  en  diverses  proportions  les  sidfates  de  cuivre  et  de 
nickel  et  fait  agir  sur  ces  liqueurs  sursaturées  les  isomorphes  cristallisés. 
Avec  du  sulfate  de  nickel  contenant  -^  (ou  moins)  de  sulfate  de  cuivre, 
on  obtient  :  i°  des  rhombes  transparents  (type  sulfate  de  fer  à  7 HO); 
20  des  cristaux  à  6HO  (3)  (type  sulfate  de  nickel  à  base  carrée);  3°  des 
aiguilles  orthorhombiques  (type  sulfate  de  zinc  à  7 HO);  chacun  de  ces 
types  détruit  les  précédents. 

»  Avec  5  parties  de  sulfate  de  nickel  et  1  partie  de  sulfate  de  cuivre,  j'ai 
obtenu  :  i°  des  cristaux  à  6 HO;  20  des  rhombes  (type  sulfate  de  fer)  qui 
ont  détruit  les  cristaux  à  6HO;  au  bout  de  sept  ou  huit  jours  cependant, 
un  ou  deux  petits  cristaux  d'un  vert  plus  foncé  se  sont  montrés  à  la  surface 
des  rhombes  et  se  sont  accrus  régulièrement,  bien  que  lentement,  jusqu'à 
entière  disparition  du  type  sulfate  de  fer.  Ces  nouveaux  cristaux  étaient  en 

(1)  Comptes  rendus,   17  juin  1867. 

(2)  Sulfates  de  FeO,  NiO,  CuO,  CbO,  MgO,  ZnO. 

(3)  Dans  ma  Note  du  17  juin,  j'ai  déjà  fait  observer  que  je  n'avais  |>as  encoie  terminé 
l'élude  de  ces  cristaux. 


(  M2  ) 
pyramides  à  base  carrée,  tronquées  parallèlement  à  leur  base;  l'analyse  a 
indiqué  environ  5|  équivalents  d'eau  (i).  Voilà  donc  le  type  6  HO,  d'abord 
détruit  par  le  type  sulfate  de  fer,  redevenu  prédominant.  J'ai  observé  dans 
d'autres  circonstances  cette  influence  du  temps  sur  la  formation  des  types 
cristallins  et  je  compte  y  revenir  plus  tard. 

»  Lorsque  la  quantité  de  sulfate  de  cuivre  atteint  environ  ~  de  la  masse 
totale,  le  type  fer  paraît  décidément  être  le  plus  stable;  il  détruit  alors 
tous  les  autres,  y  compris  7IIO  orthorbombique  et  5 HO  clinoédrique, 
types  des  sels  constituants.  Ce  fait  est  d'autant  plus  remarquable  que  les 
sulfates  de  cuivre  et  de  nickel  isolés  sont  très-instables  sous  la  modification 
clinorbombique. 

»  En  employant  4  parties  de  sel  de  nickel  et  3  parties  de  sel  de  cuivre, 
on  obtient  plusieurs  types  avec  une  facilité  presque  égale.  On  peut  ainsi 
produire  en  même  temps  des  formes  cristallines  distinctes  en  touchant  le 
liquide  avec  plusieurs  isomorphes  à  la  fois.  Chaque  modification  croît  jus- 
qu'à ce  que  la  liqueur  soit  désursaturée  par  rapport  au  type  le  moins 
stable  (2)  ;  celui-ci  commence  alors  à  se  redissoudre,  tandis  que  les  autres  se 
développent  ;  bientôt  un  second  type  cesse  à  son  tour  de  s'accroître,  et  il  ne 
reste  à  la  fin  de  l'expérience  qu'une  seule  espèce  de  cristaux.  Dans  le  pré- 
sent mélange,  les  aiguilles  ortborhombiques  sont  assez  promptement  dé- 
truites par  les  rhombes  du  type  fer,  mais  il  faut  plusieurs  jours  pour  que 
ces  derniers  soient  complètement  transformés  en  cristaux  clinoédriques, 
lesquels  représentent  le  type  le  plus  stable. 

»  On  peut  donc,  en  changeant  les  proportions  des  deux  sels,  faire  varier 
considérablement  l'ordre  de  stabilité  des  diverses  modifications;  on  obtient 
ainsi  simultanément  et  avec  une  facilité  presque  égale  :  les  types  sulfate  de 
fer  (clinorbombique)  et  sulfate  de  zinc  (orthorbombique),  ou  bien  encore 
(5HO  à  base  carrée  et  zinc  orthorhombique.  Dans  cette  dernière  expé- 
rience, l'isomorphe  à  ajouter  est  simplement  du  sulfate  de  nickel  ordinaire 
(légèrement  opaque)  qui  agit  alors  par  les  deux  types  cristallins  qu'il  ren- 
ferme et  produit,  soit  des  octaèdres  carrés,  soit  des  aiguilles  orthorhom- 
biques,  soit  ces  deux  formes  en  même  temps,  suivant  les  proportions  de 
cuivre  et  de  nickel  contenues  dans  la  liqueur. 

»  Enfin,   dans  les  solutions  où  le  cuivre  domine,  il  peut  se  déposer  : 

(  1  )   La  dessiccation  de  ces  cristaux  avait  été  poussée  un  peu  trop  loin,  car  ils  m'ont  paru 
s'être  très-leyèrcment  effleuris. 

(2)  Ou,  ce  qui  revient  au  même,  le  plus  soluble. 


(  "3  ) 
i°des  aiguilles  (type  sulfate  de  zinc);  2°  des  octaèdres  carrés  à  6 HO;  3°  des 
clinorhombiques  à  7HO;  4°  des  clinoédriques  (ordinaires  du  sulfate  de 
cuivre).  On  voit  que  le  mélange  de  deux  sels  peut  fournir  quatre  espèces 
de  cristaux,  tandis  qu'avec  les  sels  isolés  je  n'ai  réussi  à  produire  que 
trois  modifications  seulement. 

«  Les  mélanges  de  nos  autres  sels,  pris  deux  à  deux,  donnent  des  résul- 
tats  analogues  à  ceux  qui  ont  été  obtenus  avec  les  sulfates  de  cuivre  et  de 
nickel.  Je  ne  citerai  donc  que  les  quelques  exemples  suivants. 

»  II.  Avec  7  parties  de  sidfate  de  cuivre  et  5  parties  de  sulfate  de  zinc,  on 
obtient  :  i°  des  aiguilles  (type  zinc);  i°  des  octaèdres  (ou  pyramides)  car- 
rés; 3° des  rhombes  (type  fer);  4° des  clinoédriques  (type  cuivre).  Chacune 
de  ces  modifications  détruit  les  précédentes. 

»  III.  Une  solution  contenant  i\  parties  de  sulfate  de  nickel  et  1  partie 
de  sulfate  de  fer  peut  produire  :  i°  des  cristaux  à  6HO;  20  «les  rhombes 
(type  fer);  3°  des  aiguilles  (type  zinc);  ces  dernières  sont  les  (dus  stables. 
Avec  1  parties  de  sel  de  fer  et  3  parties  de  sel  de  nickel,  l'ordre  de  stabilité 
devient  :  i°  cristaux  à  6HO;  2"  aiguilles  (type  zinc);  3°  type  fer  clinoi  boni  - 
bique  qui  détruit  les  deux  autres. 

»  IV.  Un  mélange  de  1  partie  sulfate  de  nickel  et  2  \  parties  sulfate  de 
zinc  donne  :  i°  des  cristaux  6  HO,  base  carrée  ;  i°  des  rhombes  (type  fer)  ; 
3°  des  aiguilles  (type  zinc). 

»  Si  l'on  prend  quantités  égales  des  deux  sels,  l'ordre  est  changé  et  devient: 
i°  clinorhombiques  (type  fer)  ;  2"  cristaux  6 HO,  base  carrée;  3°  aiguilles 
(type  zinc). 

»  On  peut,  dès  à  présent,  appliquer  les  notions,  précédentes  à  l'analyse 
qualitative  de  quelques  mélanges  salins,  en  les  faisant  agir  sur  diverses  solu- 
tions sursaturées.  Cette  méthode  possède,  outre  une  grande  sensibilité,  le 
précieux  avantage  d'indiquer  la  forme  cristalline  et  te  degré  d'hydratation  de 
parcelles  très-ténues  ou  disséminées  flans  une  masse  considérable  de  corps 
étrangers.  De  semblables  déterminations  seraient  complètement  impossibles 
avec  les  anciens  procédés.  De  plus,  les  faits  que  je  viens  d'exposer  ne  sont 
pas  particuliers  à  une  seule  famille  cristalline;  ils  sont  généraux,  et  lors- 
qu'on aura  étudié  à  ce  point  de  vue  les  principaux  sels  connus,  il  est  per- 
mis d'espérer  qu'on  obtiendra  une  méthode  analytique  complète,  d'une 
délicatesse  comparable  à  celle  de  l'analyse  spectrale  et  permettant  d'entre- 
prendre des  recherches  d'un  ordre  tout  nouveau.  » 

C.  R.,  18(17,  1'  Semestre.  (T.  LXV,  N°  ."..1  I  5 


(  ix4  ) 

SÉRICICULTURE.  -  Sur  un  moyen  très-simple  de  constater  la  présence  ou  l'ab- 
sence des  corpuscules  citez  les  papillons  de  vers  à  soie.  Note  de  M.  Balbiam, 
présentée  par  M.  Ch.  Robin 

«  On  sait  que  la  conclusion  pratique  des  recherches  de  M.  Pasteur  sur 
la  maladie  des  vers  à  soie  se  résume  dans  ce  précepte  qu'il  donne  aux  séri- 
ciculteurs, de  n'employer  pour  leurs  éducations  que  des  graines  provenant 
de  papillons  privés  des  organismes  parasites  connus  sous  le  nom  de  cor- 
puscules vibrants.  Pour  s'assurer  si  les  papillons  se  trouvent  dans  cette  der- 
nière condition,  il  recommande  d'examiner  au  microscope  la  plupart,  sinon 
la  totalité  de  ceux  d'une  même  chambrée,  après  les  avoir  broyés  dans  un 
mortier  avec  quelques  gouttes  d'eau. 

,,  En  attendant  que  l'expérience  ait  prononcé  sur  la  valeur  de  cette  nou- 
velle méthode,  je  désire  faire  connaître  ici  un  moyen  aussi  sûr  et  beaucoup 
plus  expéditif  que  le  broyage  des  papillons  pour  reconnaître  s'ils  renferment 
ou  non  des  corpuscules  parasites.  Je  me  hâte  de  le  porter  à  la  connaissance 
des  sériciculteurs,  afin  qu'ils  puissent  l'expérimenter  encore  avant  la  fin  de 
la  campagne  actuelle.  Ce  moyen  se  fonde  sur  les  deux  faits  suivants,  dont  un 
grand  nombre  d'observations  me  permettent  de  garantir  la  parfaite  exacti- 
tude, savoir  :  i°  tout  papillon  qui  présente  des  corpuscules  dans  l'intérieur 
de  ses  ailes  en  renferme  aussi  dans  ses  organes  profonds;  2°  tout  papillon 
dont  les  ailes  sont  dépourvues  de  corpuscules  n'en  présente  pas  non  plus 
dans  ses  parties  internes. 

,,  J'ai  été  conduit  à  formuler  ces  deux  propositions  en  étudiant  collaté- 
ralement  la  marche  de  la  production  parasitique  dans  l'intérieur  des  chry- 
salides et  le  mode  de  développement  des  ailes  de  l'insecte  parfait,  dévelop- 
pement qui  coïncide,  au  moins  pour  la  plus  grande  partie,  avec  cette  même 
période  de  l'évolution  des  vers.  En  effet,  chez  tous  ceux  de  ces  animaux 
qui  n'ont  pas  déjà  succombé  à  une  époque  antérieure,  c'est  pendant  l'état 
de  nymphe  que  la  généralisation  des  corpuscules  dans  l'intérieur  des  tis- 
sus fait  le  plus  de  progrès;  aussi  peut-on  affirmer  qu'il  n'est  pas  un  seul 
des  organes  de  la  chrysalide,  y  compris,  par  conséquent,  les  ailes,  qui  ne 
renferme  une  plus  ou  moins  grande  quantité  de  ces  petits  corps.  Souvent 
même  j'ai  réussi  à  constater  leur  présence  dans  ces  appendices  à  une  époque 
encore  moins  avancée  de  leur  développement,  c'est-à-dire  lorsque  la  che- 
nille vient  d'accomplir  sa  dernière  mue.  On  sait,  en  effet,  depuis  les  obser- 
vations d'Oken,  de  Carus  et  de  Newport,  que  les  ailes  existent  déjà  chez 
celle-ci,  dans  leur  état  le  plus  rudimentaire,  sous  la  forme  de  petits  tuber- 


(  itt) 
cules  ayant  à  peine  le  volume  d'une  tète  d'épingle  et  cachés  sous  les  tégu- 
ments qui  recouvrent  les  parties  latérales  des  deux  derniers  anneaux  thora- 
ciques. 

»  Pour  apprécier  l'état  des  papillons  d'après  l'examen  des  ailes,  il  suffit 
d'enlever,  à  l'aide  de  ciseaux,  une  partie  d'un  de  ces  appendices  ne  dépas- 
sant pas  le  tiers  de  sa  largeur  totale,  de  placer  cette  portion  coupée  sur  un 
porte-objet,  puis,  après  l'avoir  humectée  d'un  peu  d'alcool  pour  la  rendre 
transparente,  de  la  recouvrir  d'une  lamelle  de  verre  mince  et  de  la  porter 
sous  le  microscope.  Si  elle  renferme  des  corpuscules,  il  suffit  souvent  du 
premier  coup  d'œil  pour  les  apercevoir,  soit  dans  l'épaisseur  de  sa  trame, 
soit,  si  le  papillon  est  frais,  dans  le  contenu  des  nervures  que  l'on  a  fait  sor- 
tir par  leur  extrémité  coupée  à  l'aide  d'une  pression  exercée  sur  la  lamelle 
de  verre  qui  recouvre  le  fragment  d'aile  enlevé.  Dans  le  cas  où  les  écailles 
masqueraient  plus  ou  moins  la  transparence  de  la  membrane  sous-jacente, 
on  les  éloignerait  en  grattant  celle-ci  avec  la  pointe  d'une  aiguille.  Grâce  à 
ce  procédé  fort  simple,  on  arrive  aisément,  avec  un  peu  d'habitude,  à  exa- 
miner décent  à  cent  cinquante  papillons  dans  une  heure.  En  outre,  comme 
il  ne  compromet  nullement  l'existence  ni  même  aucune  des  fonctions  de 
l'insecte,  on  peut  l'employer  également  chez  les  papillons  à  l'état  vivant. 
Il  en  résulte  qu'il  n'est  pas  nécessaire  d'ajourner  l'examen  des  individus 
reprodticleurs  jusqu'après  le  moment  où  le  grainage  a  eu  lieu,  mais  que 
tout  sériciculteur  possède  ainsi  le  moyen  d'opérer  une  sélection  aussi  par- 
faite que  possible  de  sa  graine,  par  la  faculté  qu'il  a  de  déterminer,  d'avance 
et  au  moment  même  de  l'éclosion  des  cocons,  quels  seront  les  papillons 
qu'il  faudra  conserver  pour  la  reproduction,  et  ceux  qu'il  devra,  au  con- 
traire, rejeter.    « 

GÉOLOGIE.    —   Découverte   d'une  fontaine    ardente   dans   l'arrondissement  de 
Narbunne.   Note  de  31.  Touknal. 

«  Narbonne,  11  juillet  1861. 
»  On  vient  de  découvrir  près  de  Salles  d'Aude  (arrondissement  de  Nar- 
bonne), en  creusant  un  puits  artésien,  une  fontaine  ardente.  Le  gaz  hvdro- 
gène  carboné  se  dégage,  en  bouillonnant,  d'une  eau  purgative  chargée 
de  sulfate  de  magnésie;  il  brûle  avec  une  flamme  rougeâtre  et  fuligineuse, 
mais  sans  aucune  espèce  d'odeur  de  bitume  ou  d'hydrogène  sulfuré. 

»  Le  puits  a  été  foré  sur  la  rive  gauche  de  l'Aude,  dans  une  vaste  plaine 
située  à  1  mètres  seulement  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  et  formée  par 
les  alluvions  limoneuses  de  cette  rivière. 

r5.. 


(  »i6  ) 

»  La  sonde  a  traversé  d'abord  6  mètres  de  limon,  puis  une  terre  noi- 
râtre renfermant  des  débris  de  bois  à  demi  carbonisés.  Venaient  ensuite, 
par  ordre  de  succession,  des  calcaires  lacustres,  blancs,  tertiaires,  avec 
marnes  el  cristaux  de  gypse,  puis  enfin  des  marnes  bleues,  avec  coquilles 
marines  et  débris  de  grandes  huîtres. 

»  C'est  à  70  mètres  que  l'on  a  rencontré  la  source  d'hydrogène  carboné  : 
l'eau  magnésienne,  de  laquelle  le  gaz  se  dégage,  a  un  moment  jailli  à  la 
surface  du  sol;  elle  se  maintient  en  ce  moment  à  1  mètre  au-dessous. 

»  La  présence  d'une  fontaine  ardente  qui  surgit  des  terrains  tertiaires 
les  plus  récents,  au  centre  d'une  vaste  plaine  formée  par  les  alluvions  de 
l'Aude,  et  qui  était  recouverte  il  y  a  quelques  siècles  à  peine  par  l'eau  de 
la  mer,  serait  difficile  à  expliquer  s'il  n'existait  pas  à  une  petite  distance, 
sur  le  versant  méridional  des  collines  qui  séparent  la  commune  de  Nissan 
de  la  basse  vallée  de  l'Aude,  des  failles  et  des  bouleversements  de  tout 
genre,  dont  l'influence  a  dû  se  faire  ressentir  à  une  assez  grande  distance. 
Ces  bouleversements  peuvent  seuls  expliquer  l'ordre  de  succession  des 
couches  traversées  par  la  sonde,  puisque  les  marnes  bleues  marines  ter- 
tiaires qui,  dans  les  départements  de  l'Aude  et  de  l'Hérault,  reposent  sur 
les  calcaires  d'eau  douce  et  les  dépôts  gypseux,  ont  été  rencontrées 
au-dessous. 

»  Je  crois  devoir  rappeler,  à  cette  occasion,  qu'un  puits  artésien  creusé 
dans  la  même  plaine  (sur  la  place  même  de  la  commune  de  Coursan),  à 
5  kilomètres  de  celui  de  Salles,  a  mis  à  jour  une  source  jaillissante  d'eau 
bicarbonatée  sodique  et  ferrée,  et  que  les  plâtrières  de  Filon  (Aude)  ren- 
ferment des  veines  et  des  amas  de  magnésie  sulfatée  cristallisée.    » 

ARCHÉOLOGIE.  —  Découverte  d'une  pointe  de  flèche  en  obsidienne,  et  d'un  vase 
paraissant  remanier  à  Vœje  de  bronze,  à  Àingeray  (Meurlhe).  Extrait  d'une 
Lettre  adressée  à  M.  Élie  de  Beaumont,  par  M.  Guéiux. 

«  Nancy,  11  juillet  1867. 

»  J'ai  eu  l'honneur  déjà  de  vous  entretenir  l'an  dernier  de  la  décou- 
verte curieuse  qui  avait  été  faite  aux  environs  de  Lunéville  de  nucleus  et 
de  lames  d'obsidienne. 

»  Jusqu'alors  cette  découverte  semblait  un  fait  isolé,  lorsqu'il  y  a  un 
mois,  explorant  pour  la  recherche  des  silex  un  plateau  non  loin  d'Ain- 
geray,  petite  commune  de  la  Meurthe,  je  rencontrai  des  fragments  de 
vases  d'une  pale  et  d'une  forme   particulière  qui   me  firent  penser  qu'il 


(  "7  ) 
avait  bien  pu  y  avoir  là  un  ou  plusieurs  tumulus,  et  à  quelques  pas  de  là 
je  trouvai  une  pointe  de  flèche  en  matière  vitreuse,  légèrement  brisée  à  In 
base.  Cette  flèche,  d'une  forme  particulière,  est  aussi  régulièrement  taillée 
que  possible. 

»  Quant  au  vase,  autant  que  me  l'ont  permis  quelques  morceaux  assem- 
blés, il  me  paraît  avoir  eu  cette  forme  (dont  un  croquis  est  joint  à  la  Lettre) 
qui  a  déjà  été  trouvée  dans  des  tombelles  de  l'âge  de  bronze  en  Alsace. 

»  La  pâte  en  est  gris  jaunâtre  ;  le  vase  semble  fait  au  tour,  mais  déprimé 
par  une  pression  (des  doigts?)  agissant  latéralement,  et  il  est  entaillé  par 
des  fragments  très-nombreux  de  petits  cailloux  blancs.    » 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  É.   D.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  8  juillet  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Excelsior...  Excelsior,  Gazette  littéraire  des  pensionnaires  de  i Institution 
royale  Murray  des  aliénés  à  Perth.  N"s  1  à  6,  7  à  12,  i3  à  18.  Perth,  1860 
à  1 864 ;  3  br.  in-/4°. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg.  T.  X, 
n°9  1  à  4;  t-  XI,  nos  1  et  2.  Saint-Pétersbourg,   1866;  in-4°avec  planches. 

Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  Sciences  de  Saint-Pélersboun/.  T.  X, 
n°9  i-3  à  i5.  Saint-Pétersbourg,  1866;  in-4°  avec  planches. 

Ubersicht...  Coup  d'œil  sur  les  travaux  qui  se  sont  faits  à  l'Observatoire 
Nicolas  dans  les  vingt-cinq  premières  années  qui  ont  suivi  sa  fondation;  par 
M.  Otto  Struve.  Saint-Pétersbourg,  1 865 ;  in-4°  avec  portrait  photo- 
graphié. 

Jahresbericht...  Compte  rendu  annuel  du  Comité  de  l'Observatoire  Nicolas 
fait  au  nom  du  Directeur;  par  M.  V.  Dollen.  Saint-Pétersbourg,  i865; 
br.  in-8°.  (Traduit  du  russe  en  allemand.) 

Zoogeographische. ..  Mémoires  de  Zoogéographie  et  de  Paléontologie ,  par 
M.  J.-F.  Brandt.  Saint-Pétersbourg,  1867;  in-8°. 

Nochmaliger...  Nouveaux  renseignements  concernant  l'extermination  du 
Lamantin  du  Nord  ou  Stellère  (Rhytina  borealis);  par  M.  J.-F.  Brandt. 
Moscou,  1866;  br.  in-8°. 


(   n8  ) 

Ueber  Sur  la  différence  présumée  du  Bison  du  Caucase  (Zuber,  autrement 
dit  Aucrochsen)  et  du  Bison  de  Lithuanie  (Bos  Bison  sêu  Bonasus);  par  M.  I.-F. 
Buandt.  Moscou,  1866;  br.  in-8°. 

Eiuige  Quelques  mots  pour  servir  de  supplément  à  ma  communication  sw 
l'histoire  du  Mammulh;  par  M.  J.-F.  BraKdt.  Sans  lieu  ni  date;  opus- 

^BVrichtê  .  Histoire  de  l'annonce  faite  de  la  découverte  d'un  Mammuth  avec 
sa  peau  et  de  l'expédition  oui  a  pour  objet  d'assurer  la  conservation  de  celte 
nièce  ^M.L-E.  VON  Baer.  Saint-Pétersbourg,  1866;  in-8-avec  planche  s. 
Ueber  Sur  la  nature  chimique  des  eaux  de  Bàle,  eaux  stagnantes,  eaux  de 
ruisseaux,  de  fleuves  ou  de  sources;  par  M.  F.  GOPPELSRODER.  Bàle,  .867; 
iii~8° 

Ast'ronomische...    Notices   astronomiques;  par  le  D1   B.  Wolf.    N°   a3. 

Avril  1867:  in-8°.  .      .       ,  .  ,     , 

For.eckning...    Liste  des  cours  et  lectures  faits  à   l'Université  impériale  de 
Finlande;  du  ,«  septembre  ,865  au  3,   mai   ,866,  avec  les  noms  des  prof  es- 

seurs.  Helsingfors,  1 865;  ni-4°.  .,,,-,  1     ■ 

Botaniska.  •   Recherches  botaniques  pour  servir  à  l  histoire  de  la  climatologie 

de  la  Finlande;  par  M.  De^vs.  Helsingfors,   ,8b5;,n-40- 

0„,..   Sur  quelques  affections  syphilitiques  du  cerveau  et  de  la  moelle  épi- 

mère;p«r  M.  G.  Bonsdorf.  Helsingfors,  ,865;  in^».  Sv.MlJUHG 

Om...   Sur  les  dilatations  des  vaisseaux  sanguins;  par  M.   G.   SvaNUUNG. 

Helsingfors,  i866;br.  in-8°. 

Om    •   Sur  les  ulcérations  du  col  de  l'utérus  ;  par  M .  N .  FEODOROF.  Hels.ng- 

fors,  1866;  in-8°.  ,9fifi. 

Om...   Sur  la  fièvre  récurrente;  par  M.  J.  MlCKWlTZ.  Helsingfors,  1866, 

H1  Om...  Sur  la  vaccine;  par  M.  M.-M.-W.  CaLONIUS.   Helsingfors,    t865; 

111  Resultate  .  Résultats  des  observations  météorologiques  faites  en  divers  lieux 
duroraumede  Saxe  entre  les  années  ,760  et  ,865  e*  en  ,865,  dans  les  vmgt- 
Jeux  stations  royales  de  la  Saxe,  rédigées  par  M.  C.  Bhuh.s  d  après  es  noUces 
mensuelles  adLées  au  Bureau  de  Statistique  du  Minier,  de  1  Inteneur. 

Gamtoni.  Milan,  1867;  br.  in-8°. 

Su      5«r  f  isolent  des  mocte»  &*^««  «  /"""»" »'■  Not*  d"  P"; 

fesseurCANTONi.  Milan,  1867;  br.  in-8°. 


(   "9  ) 

Rapport  soumis  à  la  Commission  organisatrice  sur  le  programme  de  la  6e  ses- 
sion du  Congrès  international  de  Statistique;  par  M.  Pierre  Maestri.  Flo- 
rence, 1867;  br.  in-8°. 

Dell'...  Analyse  chimique  de  l'eau  thermale  acidulo-sulfurée  de  l'antique 
Querciolaja  près  Bapolano  (Toscane),  suivie  d'une  indication  des  principales 
propriétés  médicales;  par  M.  G.  Campani.  Sienne,  1857;  br.  in-8°. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  i5  juillet  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Rapport  présenté  à  S.  Exe.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et 
des  Travaux  publics,  par  l'Académie  impériale,  de  Médecine,  sur  les  vaccina- 
tions pratiquées  en  France  pendant  /' année  1 865.  Paris,  1  8G7  ;  in- 8°. 

Académie  française.  Inauguration  de  la  statue  de  Rotron  à  Dreux,  le  di- 
manche 3o  juin  1867.  Discours  de  M.  DE  Falloux.  Paris,  1867;  in-4°. 

Mémoire  sur  ta  thermodynamique;  par  M.  G.-A.  Hirn.  Paris,  1867; 
in-8°. 

Sur  la  vitesse  du  flux  nerveux  dans  la  sensation  et  l'acte  de  la  volition;  par 
M.  G.-A.  HlRN.  Angers,  sans  date;  br.  in-8°.  (Extrait  des  Annales  de  la 
Société  linnéenne  de  Maine-et-Loire.) 

Théorie  analytique  et  élémentaire  du  gyroscope;  parM.  G.-A.  Hirn.  Paris, 
sans  date  ;  in-4°  avec  planches. 

Mémoire  sur  la  détente  de  la  vapeur  d'eau  surchauffée;  par  MM.  G.-A.  Hirn 
et  A.  Cazin.  Paris,  1866;  br.  in-8°.  (Ces  ouvrages  de  M.  Hirn  sont  pré- 
sentés par  M.  Combes.) 

La  science  et  les  savants  au  XVIe  siècle.  Tableau  historique;  jiar  M.  P.  A. 
Cap.  Tours,  1867;  in-8°.  (Présenté  par  M.  Cloquet.) 

Rapport/ait,  les  4  décembre  1866  et  8  janvier  1867, par  M.Trouessart,  sur 
un  ouvrage  intitulé  :  Qu'est-ce  que  le  soleil?  Peut-il  être  habile'?  par  M.  Coy- 
TEUX.  Réponseà  ce  Rapport  et  notes  critiques;  par  M.  COYTEUX.  Poitiers,  1867; 
in-8°. 

Les  Merveilles  de  la  Science;  par  M.  Louis  FIGUIER.  1  3e  série.  Paris,  1867; 
in-4°  illustré. 

Annales  de  la  Société  impériale  d'Agriculture.  Industrie,  S<ience,  Arts  et 
Belles-Lettres  du  département  de  la  Loire.  Année  1866.  Saint-Étienne,  1866- 
1867;  1  vol.  in-8u. 

Le  choléra.   Préservation,  traitementj  causes,  suivi  de  la  première  et  seule 


(     120    ) 

étude  qui  ait  été  faite  jusqu'ici  sur  le  choléra  des  Alpes;  par  M.  Jacquemoud. 
Moutiers,  1867;  1  vol.  in-8°. 

Des  applications  de  la  mécanique  à  V  horlogerie  ;  par  M.  H  .RESAL.  P;iris,  1867; 
br.  in-8°. 

Académie  impériale  des  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  de  Marseille.  Discours 
d'ouverture  prononcé  dans  la  séance  publique  du  2  juin  1867;  par  M.  l'abbé 
AOUST.  Marseille,  1867;  in-8°. 

De  l'existence  de  deux  loess  distincts  dans  le  nord  de  la  France  ;  par  M  J.  De- 
LANOUE.  Paris,  1867;  in-8°.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  Géologique  de 
France.) 

De  la  signification  morphologique  des  différents  axes  de  végétation  de  la  vigne; 
par  M.  D.-A.  Godron.  Nancy,  1867;  br.  in-8°. 

Sur  les  trois  floraisons  du  Wistaria  chinensis,  D.  C. ;  par  M.  D.-A.  Go- 
dron. Nancy,  1  865  ;  opuscule  in-8°. 

De  la  pélorie  des  Pelargonium;  par  M.  U.-A.  Godron.  Nancy,  1866; 
br.  in-8°. 

Nouvelles  expériences  sur  l'hybridilé  dans  le  règne  végétal,  faites  pendant  les 
années  1 863,  1864,  1 865 ;  par  M.  D.-A.  Godron.  Nancy,  1 866 ;  br.  in-8°. 

Tlistoria...  Histoire  physique  et  politique  du  Chili;  par  M.  C.  Gay.  Agri- 
culture. T.  II.  Paris,  i865;   1  vol.  in-8°. 

Sul...  Sur  le  choléra.  Brèves  observations  de  M.  N.  PlETRAVALLE.  Campo- 
basso,  1867;  br.  in-8". 

Silzungsbericbte...  Comptes  rendus  des  travaux  de  l'Académie  impériale  des 
Sciences,  classe  des  Sciences  mathématiques  et  naturelles.  T.  LV,  2e  partie  :  Ma- 
thématiques, Physique,  Chimie,  Physiologie,  Météorologie,  Géographie  phy- 
sique et  Aslroiwnie.  T.  LV,  2e  partie  :  Minéralogie,  Botanique,  Zoolo'.jie,  Ana- 
tomie,  Géologie  et  Paléontologie.  Vienne,  1867;  2  vol.  in-8°  avec  planches. 
Denkschriften...  Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  Sciences,  classe  des 
Sciences  mathématiques  et  naturelles.  T.  XXVI.  Vienne,  1866;  1  vol.  in-4° 
avec  49  planches  et  1  carte. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  22  JUILLET  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 

MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMRRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

HISTOIRE  DE  l'astronomie.  —  Suite  des  Notes  de  Pascal  sur  les  lois  de 
l'attraction  et  leurs  conséquences. 

M.  Duhamel,  à  propos  des  Lettres  et  des  Notes  de  Pascal  insérées  dans  le 
dernier  Compte  rendu,  demande  à  M.  Chasles  si  les  manuscrits  qu'il  a  entre 
les  mains  font  connaître  ce  que  Pascal  entendait,  lorsqu'il  disait  que  la 
puissance  qui  anime  les  planètes  vers  le  Soleil,  varie  toujours  de  la  même  manière 
que  la  gravité  des  corps  qui  tombent  sur  la  Terre. 

«  Cette  dernière  étant  constante  pour  les  corps  voisins  de  la  surface  de  la 
Terre,  il  faudrait  supposer  que  Pascal  veut  comparer  cette  force  à  celle  qui 
aurait  lieu  à  la  distance  où  est  la  Lune.  Mais  il  aurait  trouvé  que  le  rapport 
de  ces  deux  forces  n'est  pas  le  rapport  inverse  des  carrés  des  distances,  à 
cause  de  l'inexactitude  de  la  valeur  qu'on  attribuait  au  diamètre  de  la  Terre. 
Fernel  avait  trouvé  pour  la  valeur  d'un  arc  du  méridien  56746  loises  et 
Snell  55 021;  et  c'est  précisément  là  ce  qui  fit  abandonner  à  Newton  ses 
recherches  pendant  plusieurs  années.  Il  ne  les  reprit  que  lorsque  Picard  eut 
trouvé  57060  toises  au  lieu  des  nombres  précédents;  et  il  reconnut  alors 
que  les  forces  étaient  exactement  en  raison  inverse  des  carrés  des  distances 
au  centre  de  la  Terre. 

»  Or,  peut-on  supposer  que  Pascal  eût  une  mesure  du  diamètre  de  la 

C.  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  4.;  '  6 


(      122    ) 

Terre,  plus  exacte  que  celle  que  l'on  connaissait  en  France  et  en  Angleterre, 
et  dont  les  historiens  de  la  science  n'ont  pas  parlé?  La  comparaison  des 
forces  aux  distances  aurait  donc  plutôt  éloigné  Pascal  de  la  loi  qu'il  énonce. 
Ce  n'est  donc  pas  cette  comparaison  qui  lui  en  a  donné  l'idée.  D'où  lui 
est-elle  donc  venue  ? 

»  Ajoutons  que  ces  raisonnements  seraient  fondés  sur  la  supposition  que 
la  Terre  attire  les  points  à  sa  surface,  comme  si  toute  sa  masse  était  réunie 
à  son  centre.  Or,  cette  proposition  fondamentale  n'a  pas  été  démontrée 
avant  Newton.  Pascal  n'aurait  donc  pas  été  fondé  à  admettre  que  le 
centre  d'attraction  est  celui  de  la  Terre,  et  que  les  distances  des  deux  corps 
situés  l'un  à  la  surface  de  la  Terre,  l'autre  sur  l'orbite  lunaire,  sont  à  des 
distances  du  centre  d'attraction,  respectivement  égales  aux  rayons  de  la 
Terre  et  de  l'orbite  lunaire. 

»  Il  faut  donc  penser,  ou  que  Pascal  avait  d'autres  raisons,  qu'il  aurait 
dû  mentionner,  ou  que  sa  théorie  était  basée  sur  des  aperçus  vagues,  dont 
il  aurait  lui-même  senti  l'insuffisance,  puisqu'il  n'a  rien  publié  sur  ce  sujet. 

»  On  serait  d'autant  plus  porté  vers  cette  dernière  opinion,  que  dans  la 
Lettre  du  i  septembre  il  est  dit  :  «  La  force  en  raison  directe  des  masses  et  en 
k  raison  inverse  du  quarré  de  la  distance,  suffit  à  tout...  »  Il  semblerait  donc 
que  sa  conception  ne  serait  pas  fondée  sur  des  preuves  directes  et  con- 
cluantes, mais  seulement  sur  son  accord  avec  les  phénomènes.  Ce  serait 
certainement  beaucoup  si  elle  avait  satisfait  à  tout;  mais  on  se  demandera 
comment  Pascal  aurait  reconnu  qu'une  pareille  force  ferait  décrire  des 
ellipses  ayant  le  Soleil  pour  foyer.  Newton  n'a  pu  le  faire  qu'après  avoir 
établi  sa  belle  formule  entre  la  force  centrale  et  certains  éléments  infini- 
ment petits  de  la  trajectoire.  Pascal  n'avait  donc  aucun  moyen  de  faire  cette 
vérification  de  sa  loi;  comment  aurait-il  pu  dire  qu'elle  suffisait  à  tout, 
lorsqu'il  était  incapable  d'en  déduire  le  simple  phénomène  du  mou  veinent 
elliptique?  La  lettre  du  i  septembre,  attribuée  à  Pascal,  semble  donc  inex- 
plicable. 

»  Quant  à  la  proportionnalité  aux  masses,  les  fragments  communiqués 
parM.  Chasles  ne  permettent  pas  de  juger  si  Pascal  l'admettait  comme  assez 
naturelle,  ou  s'il  y  a  été  conduit  par  des  analogies  suffisantes.  Et  c'est  une 
idée  qui  ne  se  présentait  pas  d'elle-même,  puisque  d'autres  attractions  bien 
connues,  celles  qui  proviennent  du  magnétisme  ou  de  l'électricité  ne  sont 
nullement  proportionnelles  aux  masses  des  corps  attirés. 

»  Cette  loi  de  proportionnalité  est  déduite  par  Newton  de  celle  de  la 
chute  des  corps,   découverte  par  Galilée,  et  des  expériences  variées  qu'il 


(  '*3  ) 
a  faites  lui-même  sur  les  oscillations  du  pendule,  qui,  en  négligeant  les 
petites  aberrations   dues  à  des  causes  bien  connues,  sont  indépendantes 
de  la  densité  et  de  la  masse  des  corps  oscillants. 

»  M.  Duhamel,  à  la  suite  de  cette  discussion,  témoigne  de  l'étonnement 
que  Newton  n'ait  pas  fait  un  usage  plus  complet  des  trois  lois  de  Kepler, 
et  ait  négligé  celle  qui  se  rapporte  aux  trajectoires  relatives  qui  sont  des 
ellipses  dont  le  Soleil  occupe  un  des  foyers.  Il  avait  si  bien  établi,  que  sous 
ces  conditions,  un  mobile  est  attiré  vers  le  foyer  par  une  force  en  raison 
inverse  du  carré  de  la  distance,  que  l'on  ne  voit  pas  pourquoi  il  n'a  pas 
appliqué  cette  conséquence  rigoureuse  au  cas  des  orbites  elliptiques,  plutôt 
que  de  se  borner  à  des  orbites  circulaires  qui  ne  sont  qu'une  approxima- 
tion des  orbites  des  planètes,  ou  de  leurs  satellites.  Il  serait  arrivé  immé- 
diatement à  la  loi  des  distances,  et  la  troisième  loi  de  Kepler  lui  aurait 
donné  la  loi  des  masses. 

»  C'est  ainsi  qu'on  expose  aujourd'hui  cette  grande  théorie.  Newton  sa- 
vait parfaitement  qu'il  pouvait  l'exposer  ainsi.  Pourquoi  ne  l'a-t-il  pas  fait? 
Serait-ce  qu'il  n'avait  pas  autant  de  confiance  dans  la  seconde  loi  de  Kepler 
que  dans  la  troisième?  Cassini  a  bien  supposé  que  les  planètes  ne  décri- 
vaient pas  des  ellipses  autour  du  Soleil;  et  il  a  imaginé  de  leur  faire  suivre 
des  courbes  très-différentes,  auxquelles  on  a  quelquefois  donné  le  nom  de 
cassinoides. 

»  Mais  cette  question  est  étrangère  à  la  discussion  actuelle,  sur  laquelle 
je  résumerai  mon  opinion,  en  disant  qu'en  admettant  l'authenticité  des 
Lettres  déposées  par  M.Chasles,  et  en  supposant  même  qu'elles  eussent  été 
publiées  avant  le  livre  des  Principes,  elles  ne  donneraient  pas  le  droit  de 
dire  que  Pascal  a  établi  le  premier  la  loi  de  la  gravitation  universelle.  La 
gloire  en  restera  toujours  à  Newton.  » 

M.  Faye  prend  alors  la  parole  et  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Si  l'Académie  me  permet  de  faire  une  simple  remarque  historique  sur 
cette  intéressante  discussion,  je  rappellerai  que  le  point  culminant  de  l'his- 
toire de  l'attraction  n'est  pas  précisément  la  découverte  de  la  loi  elle- 
même,  telle  qu'on  peut  la  déduire  de  la  chute  de  la  Lune  vers  la  Terre, 
comparée  à  celles  des  corps  pris  à  sa  surface,  ou  même  de  la  troisième  loi  de 
Kepler;  cette  découverte  ne  dépassait  pas  les  ressources  de  la  science  à 
l'époque  dont  il  s'agit  :  aussi  a-t-elle  été  faite  par  plusieurs  savants  célè- 
bres bien  avant  Newton,  et  je  comprends  qu'un   génie  supérieur  comme 

16.. 


(     124    ) 

Pascal,  attentif  au  mouvement  des  esprits  de  son  temps,  ait  résolu  le  pre- 
mier un  problème  de  cet  ordre.  Newton  lui-même,  si  ma  mémoire  me  sert 
bien,  reconnaît,  dans  une  des  éditions  de  ses  Principes,  la  priorité  de  Wren, 
de  Hooke  et  de  Halley.  Il  faudra  désormais  inscrire  le  nom  de  Pascal  avant 
ces  trois  noms-là.  Mais  la  vraie  difficulté,  celle  qui  dépassait  la  force  des 
hommes  de  cette  époque,  celle  surtout  dont  la  solution  devait  ouvrir  à  la 
science  des  voies  toutes  nouvelles,  c'était  le  problème  posé  par  la  seconde 
loi  de  Kepler  et  la  question  inverse.  Il  fallait  là  l'emploi  des  calculs  supé- 
rieurs dont  Newton  était  seul  en  possession,  non  sans  doute  à  l'époque  de 
ses  premiers  essais  en  i665,  mais  longtemps  avant  la  publication  de  ses 
Principes.  C'est  de  là  que  date  réellement  la  théorie  de  l'attraction,  c'est-à- 
dite  la  mécanique  céleste  dont  l'accès  était  impossible  à  tout  autre  que 
l'inventeur  du  calcul  des  fluxions. 

»  Pour  ce  qui  est  de  savoir  si  Pascal  a  pu  réellement  faire,  les  calculs 
indiqués  dans  ses  Notes,  je  ne  pense  pas  que  l'insuccès  de  Newton  en  i665 
puisse  nous  être  objecté.  On  avait  alors  en  France  des  idées  plus  justes 
qu'en  Angleterre  sur  les  dimensions  du  globe  terrestre.  Le  mille  anglais, 
dont  Newton  s'est  servi  en  i665 ,  et  dont  les  Anglais  ont  conservé  l'usage, 
est  en  erreur  de  £  de  sa  valeur  :  au  lieu  de  60  au  degré  comme  Newton 
le  croyait,  il  n'est  que  de  70  au  degré.  La  mesure  de  Fernel  lui-même,  pour 
ne  citer  que  celle-là  parmi  celles  que  Pascal  avait  à  sa  disposition,  doit  être 
beaucoup  plus  exacte,  bien  que  je  ne  puisse  la  citer  de  mémoire.  Je  sup- 
pose également  que  Pascal  avait  sur  les  temps  périodiques  et  les  moyennes 
distances  des  satellites  de  Jupiter  des  documents  bien  suffisants  (1).  » 

a  M.  Chevreul,  en  remerciant  M.  Chasles  de  la  communication  qu'il 
fait  à  l'Académie  de  plusieurs  Lettres  et  Notes  de  Pascal,  insiste  sur  l'in- 
térêt qu'il  y  aurait  à  ce  qu'on  recherchât  si  l'Angleterre  ne  posséderait  pas 
quelques  pièces  relatives  à  la  correspondance  de  Pascal  avec  Robert  Boyle. 
L'influence  du  savant  anglais  sur  les  sciences  expérimentales  a  été  consi- 
dérable. Si  la  chimie  l'a  beaucoup  occupé,  si  son  livre  du  Chimiste  sceptique 
renferme  d'excellentes  critiques  des  opinions  alchimiques  et  une  distinction 
parfaite  de  la  combinaison  d'avec  le  mélange,  il  faut  reconnaître  cepen- 

(1)  Quant  à  Saturne,  la  chose  me  semble  plus  difficile,  car  la  découverte  du  deuxième 
satellite  (le  premier  par  ordre  de  date)  n'a  eu  lieu  quîen  i655,  et  je  ne  sais  à  quelle  époque 
Huyghens  a  fait  connaître  les  éléments  indispensables  de  son  orbite.  Il  y  a  la  sans  doute  un 
moyen  de  contrôle,  ou  du  moins  un  moyen  de  fixer  à  peu  près  les  dates  qui  manquent  aux 
Notes  en  question. 


(    125    ) 

dant  qu'il  a  étudié  les  corps  plus  en  physicien  qu'en  chimiste,  et  qu'en 
plusieurs  de  ses  écrits  il  a  émis  des  opinions  pour  expliquer  mécaniquement 
des  effets  de  neutralisation  qui  sont  essentiellement  chimiques.  Au  reste  les 
deux  traités  de  Pascal  :  De  l'équilibre  des  liqueurs  et  De  ta  pesanteur  de  la 
masse  de  l'air,  devaient  être  pour  leur  auteur  des  titres  bien  puissants  de 
recommandation  à  l'estime  du  savant  anglais,  car  ils  étaient,  a  tous  égards, 
conformes  au  genre  habituel  de  ses  travaux  scientifiques.  » 

«  M.  Chasles,  en  répondant  à  ces  observations  et  à  quelques  autres  qui 
lui  sont  également  faites  en  séance  par  M.  Le  Verrier,  dit  qu'il  pense  que 
Pascal  a  possédé  tous  les  éléments  nécessaires  pour  en  conclure  les  lois  de 
l'attraction  énoncées  dans  la  Lettre  du  2  septembre  et  dans  les  Notes  déjà 
communiquées.  En  effet,  il  suffisait  de  connaître  les  lois  de  Kepler  et  l'ex- 
pression de  la  force  centrifuge;  et  M.  Chasles  ajoute  que  Pascal  a  connu 

cette  expression,  savoir   -,  et  qu'il  a  su  en  conclure,  par  la  troisième  loi 

de  Kepler,  comme  l'a  fait  aussi  Newton  dans  le  corollaire  VI  de  la  IVe  pro- 
position du  Ier  livre  des  Principes  mathématiques,  etc.,  la  loi- de  la  gravita- 
tion en  raison  inverse  du  carré  des  distances. 

»  Pour  répondre  au  désir  de  quelques  Membres,  accueilli  par  l'Aca- 
démie, M.  Chasles  dit  qu'il  insérera,  dans  le  Compte  rendu  même  de  la 
séance,  les  Notes  de  Pascal  qui  paraissent  se  rapporter  à  cette  question.    » 

Voici  ces  Notes,  toutes  écrites  sur  des  feuillets  différents,  et  ne  portant 
aucunes  marques  qui  puissent  indiquer  dans  quel  ordre  elles  se  sont  pré- 
sentées à  l'esprit  de  Pascal. 

La  U.;  de  l'attraction  n'est  point  nouvelle.  Elle  a  esté  enseignée  par  plusieurs  scavans  de 
l'antiquUé.  N'est-ce  pas  l'attraction  qu'Empedocle  désignoit  par  l'amour  qui  selon  lui  unit 
tous  les  corps  dans  l'univers  comme  la  haine  les  sépare  et  les  désunit?  On  peut  dire  aussi 
que  c'estoit  la  doctrine  de  plusieurs  autres  scavans  au  temps  de  Platon,  puisque  ce  philosophe 
dans  son  Tintée  s'attache  à  la  réfuter.  p 

L'attraction  est  le  principe  et  la  base  de  toutes  les  opérations  de  la  nature.  Dans  les  siècles 
précédents  on  s'en  servoit  pour  expliquer  les  phénomènes  de  la  nature,  sans  les  entendre. 
Selon  moi,  l'exp  Jrience  la  plus  convaincante  en  faveur  de  l'attraction  est  celle  du  fer  entraîné 
par  l'aimant.  p 

J'ai  dit  quelque  part  que  l'expérience  la  plus  convaincante  en  faveur  de  l'attraction  étoit 
celle  du  fer  entraîné  par  l'aimant.  Cependant  en  examinant  les  choses  avec  plus  d'attention 
il  est  aisé  de  reconnoitre  que  l'attraction  prétendue  n'y  a  aucune  part,  et  que  le  mouvement 
d'impulsion  est  cause  de  tous  les  phénomènes  de  l'aimant.  p 


(   i«6) 
Expérience  touchant  l'attraction. 

Si  l'on  attache  transversalement  une  bande  de  papier  ou  un  petit  bâton  d'ozier  à  un 
cheveu  long  de  cinq  à  six  pouces,  que  l'on  suspend  par  l'autre  bout  au  fond  d'une  cloche 
de  verre,  lorsque  le  papier  ou  bâton  est  parfaitement  en  repos,  on  approche  d'une  de  ses 
extrémités  quelque  autre  corps  que  ce  soit,  sans  le  faire  toucher,  le  papier  ou  bâton  sera 
repoussé  dans  le  moment.  J'ay  réitéré  plusieurs  fois  cette  expérience,  elle  m'a  toujours 
réussi  de  la  même  manière.  Pascal. 

Expérience. 

Pour  prouver  que  tous  les  corps  ne  s'atlirent  point  réciproquement,  attachez  transversa- 
lement une  bande  de  papier  ou  un  petit  bâton  d'osier  à  un  cheveu  long  de  cinq  à  six  pouces 
que  l'on  suspend  par  l'autre  bout  au  fond  d'une  cloche  de  verre.  Lorsque  le  papier  ou  bâton 
est  parfaitement  en  repos,  si  on  approche  d'une  de  ses  extrémités  quelque  autre  corps  que 
ce  soit  sans  le  faire  toucher,  le  bâton  ou  papier  sera  repoussé  dans  le  moment.  J'ai  réitéré 
plusieurs  fois  cette  expérience.  Pascal. 

Note. 

Platon  attribue  au  mouvement  circulaire  causé  par  la  continuité  des  corps  tous  les  effets 
qu'on  attribuait  de  son  temps  à  l'attraction,  comme  la  respiration,  l'opération  des  ventouses, 
la  chute  des  corps  pesants,  la  variété  des  sons,  l'origine  et  le  cours  des  fontaines,  le  ton- 
nerre, l'électricité,  le  magnétisme,  etc.  Il  assure  qu'il  ne  se  fait  en  toutes  ces  choses  aucune 
attraction,  comme  il  n'y  a  aussy  aucun  vuide  dans  la  nature.  L'attraction  est  le  principe  et  la 
base  de  toutes  les  opérations  de  la  nature.  Pascal  (i). 

Expérience  qui  prouve  l'existence  nu  fluide  magnétique. 

Si  l'on  place  dans  l'axe  magnétique,  c'est-à-dire  si  on  incline  à  78  degrés  au-dessous  de 
l'horizon  de  Paris,  une  barre  de  fer  non  aimantée,  dans  cette  position  elle  acquiert,  natu- 
rellement et  dans  l'instant,  les  propriétés  de  l'aimant;  et  pour  lors  si  l'on  présente  le  pôle 
nord  d'une  aiguille  aimantée  à  la  partie  supérieure  (sud)  de  cette  barre,  l'aiguille  s'appro- 
chera de  la  barre.  Si  l'on  renverse  ensuite  la  barre  de  bout  en  bout  toujours  selon  la  direc- 
tion de  l'axe  magnétique,  l'aiguille  présentée  par  le  pôle  nord  à  la  même  extrémité  de  la 
barre  devenue  inférieure  sera  repoussée.  Pascal. 

Note  touchant  l'attraction. 

Quelques  personnes  regardent  le  fluide  magnétique  comme  imaginaire,  mais  voici  une 
expérience  qui  en  prouve  l'existence.  Si  l'on  place  dans  l'axe  magnétique,  c'est-à-dire  si  l'on 
incline  à  -8  degrés  au-dessous  de  l'horizon  de  Paris  une  barre  de  fer  non  aimantée,  dans 
cette  position  elle  acquiert  naturellement  et  dans  l'instant  les  propriétés  de  l'aimant.    Pour 

(1)  Dans  une  autre  Note,  toute  semblable  jusqu'au  mot  magnétisme  inclusivement,  il  y  a 
après  ce  mot  magnétisme  :  <■  Il  assure,  réfutant  celte  doctrine,  qu'il  ne  se  fait  en  toutes  ces 
choses  aucune  attraction,  comme  il  n'y  a  aussi  aucun  vuide  dans  la  nature.  Pascal.   » 


(•ta?  ) 

lors  si  l'on  présente  le  pôle  nord  d'une  aiguille  aimantée  à  la  partie  supérieure  de  cette  barre, 
l'aiguille  s'approchera  de  la  barre.  Si  on  renverse  ensuite  la  barre  de  bout  en  bout,  toujours 
selon  la  direction  de  l'axe  magnétique,  l'aiguille  présentée  par  le  pôle  nord  à  la  même  extré- 
mité de  la  barre  devenue  inférieure  sera  repoussée.  Ce  n'est  donc  pas  l'attraction  qui  fait 
approcher  le  fer  de  l'aimant,  mais  la  ressemblance  de  configuration  des  pores  de  ces  deux 
corps,  qui  sont  plus  propres  à  donner  passage  au  mesme  fluide  que  l'air  intermédiaire. 

Pascal. 

Note. 

Les  aristotéliciens  méritent  d'estre  blâmés,  en  ce  qu'ils  ont  assigné  pour  causes  de  la  gra- 
vitation et  cohésion,  comme  de  la  pesanteur,  des  attractions  magnétiques  et  électriques,  des 
fermentations,  etc.,  certaines  qualités  qu'on  suppose  être  cachées  dans  les  corps,  et  qu'on 
suppose  aussi  résulter  de  l'essence  ou  de  la  forme  spécifique  des  choses,  arrestent  le  progrès 
de  la  philosophie  naturelle,  et  c'est  avec  raison  qu'on  les  doit  rejetter.  Car  ce  n'est  rien  dire 
du  tout  que  nous  dire  que  chaque  espèce  de  choses  est  douée  d'une  qualité  occulte,  spécifique, 
par  laquelle  elle  agit  et  produit  des  effets  sensibles.  Pascal. 

La  gravité  de  l'air  est  le  principe  de  la  plupart  des  phénomènes  qu'on  attribuent  autrefois 
à  l'horreur  du  vuide,  et  ce  principe  est  manifeste  quoique  la  cause  de  la  gravité  de  l'air  soit 
encore  inconnue.  Les  aristotéliciens  méritent  d'estre  blâmés  en  ce  qu'ils  ont  assigné  pour 
cause  de  tels  principes,  comme  de  la  cohésion,  de  la  pesanteur,  des  altraciions  magnéti- 
ques et  électriques,  des  fermentations,  etc.,  certaines  qualités  que  je  suppose  (i)  estre  cachées 
dans  les  corps.  Pascal. 

Note. 

Les  lois  de  l'attraction  de  la  gravitation  et  la  cohésion  sont  les  principes  d'un  très-grand 
nombre  de  phénomènes.  Rien  n'est  plus  manifeste  que  l'existence  de  ces  principes  :  car 
certainement  rien  de  plus  ardent  que  l'existence  de  la  gravitation  et  de  la  cohésion  dans  les 
corps.  Quoique  l'existence  de  ces  principes  soit  manifeste,  leur  cause  jusqu'à  présent  a 
toujours  été  inconnue.  La  gravité  de  l'air,  par  exemple,  est  le  principe  de  la  plupart  des 
phénomènes  qu'on  attribuait  à  l'horreur  du  vuide  :  et  ce  principe  est  manifeste,  quoique  la 
cause  de  la  gravité  de  l'air  soit  encore  inconnue.  Pascal. 

La  gravitation  et  la  cohésion  sont  le  principe  d'un  très-grand  nombre  de  phénomènes. 
Rien  n'est  plus  manifeste  que  l'existence  de  ces  principes.  Car  certainement  il  n'est  rien  de 
plus  ardent  que  l'existence  de  la  gravitation  et  de  la  cohésion  dans  les  corps.  Quoique 
l'existence  de  ces  principes  soit  manifeste,  leur  cause  nous  est  encore  presque  inconnue. 

Pascal. 
Remarques. 

1.  La  gravitation  et  la  cohésion  sont  les  principes  d'un  très-grand  nombre  de  phéno- 
mènes. 

(i)  Il  est  évident  qu'il  y  a  ici  un  lapsus,  et  que  Pascal  a  voulu  dire  «  que  l'on  suppose  » 
car  c'est  ce  qu'il  dit  dans  la  Note  précédente,  et  ce  qu'il  répète  dans  une  des  Notes  ci-après. 
D'ailleurs  il  blâme  les  aristotéliciens  d'avoir  fait  cette  hypothèse. 


(    >a8) 

2.  Rien  n'est  plus  manifeste  que  l'existence  de  ces  principes;  car  certainement  rien  de 
plus  évident  que  l'existence  de  la  gravitation  et  de  la  cohésion  dans  les  corps. 

3.  Quoique  l'existence  de  ces  principes  soit  manifeste,  leur  cause  nous  est  encore  incon- 
nue. La  gravité  de  l'air  par  exemple  est  le  principe  de  la  plupart  des  phénomènes  qu'on 
attribue  à  l'horreur  du  vnide.  Et  ce  principe  est  manifeste  quoique  la  cause  de  la  gravité  de 
l'air  soit  encore  inconnue. 

k.  Les  Aristotéliciens  méritent  d'estre  blâmés  en  ce  qu'ils  ont  assigné  pour  cause  de  tels 
principes,  comme  do  la  cohésion,  de  la  pesanteur,  des  attractions  magnétiques  et  électriques, 
des  fermentations,  etc.,  certaines  qualités  qu'ils  supposèrent  cachées  dans  les  corps. 

5.  Ces  sortes  de  qualités  qu'on  suppose  résulter  de  l'essence  ou  de  la  forme  spécifique  des 
choses  arrestent  le  progrès  de  la  philosophie  naturelle,  et  doivent  être  rejetées  avec  raison. 
Car  ce  n'est  rien  dire  du  tout  que  nous  dire  que  chaque  espèce  de  choses  est  douée  d'une 
qualité  occulte,  spécifique.,  par  laquelle  elle  agit  et  produit  des  effets  sensibles. 

Pascal. 
Note. 

Nous  concevons  que  les  corps  qui  s'approchent  et  qui  se  fuient  peuvent  obéir  à  l'impres- 
sion d'un  fluide  qui  les  entraîne.  Mais  faute  d'expériences  et  d'observations,  nous  ne  pouvons 
déterminer  la  nature  particulière  de  ce  fluide,  ies  changements  dont  il  est  susceptible,  son 
influence  sur  les  corps,  eu  égard  à  la  disposition  de  leurs  parties,  de  leurs  pores  et  de  leurs 
atmosphères.   L'électricité  fournit  un  exemple  bien  sensible  de  cette  vérité. 

Pascal. 

Note. 

Pour  des  philosophes  qui  se  piquent  de  géométrie,  ce  n'est  pas  raisonner  conséquemment 
que  de  conclure  l'existence  d'une  cause  imméchanique  de  l'impossibilité  d'en  assigner  une 
méchanique,  tandis  que  cette  impossibilité  n'est  que  relative  à  nos  connaissances  qu'on 
convient  de  part  et  d'autre  estre  très-bornée.  Pascal. 

Pour  reconnaisse  que  l'impulsion  est  la  cause  de  tous  les  phénomènes  de  l'aimant,  il  ne 
faut  que  se  servir  de  l'expérience  si  familière  de  la  limaille  de  fer  répandue  légèrement  sur 
une  feuille  de  papier  sous  laquelle  on  présente  un  aimant.  Si  l'aimant  atliroit  véritablement 
le  fer,  toute  cette  limaille  qui  paroist  suivre  le  mouvement  de  l'aimant  devroit  s'amasser 
enfin  dans  un  seul  peloton  vis-à-vis  l'aimant.  Mais  elle  ne  fait  que  se  ranger  en  forme 
d'aiguilles  séparées  l'une  de  l'autre,  qui  présentent  une  pointe  à  l'aimant,  l'autre  se  tenant 
•levée.  Pascal. 

J'ai  dit  que  si  l'on  met  sur  une  feuille  de  papier  de  la  limaille  de  fer,  et  que  si  l'on  passe 
de  l'aimant  dessous,  toute  cette  limaille  se  range  en  forme  d'aiguilles  séparées  l'une  de 
l'autre,  qui  présentent  nue  pointe  à  l'aimant,  l'autre  se  tenant  eslevee.  L'attraction  se  montre- 
t-elle  dans  celte  expérience?  Ne  doit-on  pas  plutôt  en  inférer  qu'un  fluide  qui  circule  dans 
cet  aimant  se  forme  extérieurement  une  espèce  d'atmosphère  dans  laquelle  rencontrant  des 
corps  dont  les  pores  sont  susceptibles  de  son  passage,  il  les  pénètre  et  les  unit  ensemble 
selon  sa  direction  jusqu'à  ce  que  leur  pesanteur  interrompe  celte  continuité. 

Pascal. 


(   ,29  ) 

Note  touchant  l'attraction. 

L'expérience  qu'on  allègue  comme  la  plus  convaincante  en  faveur  de  l'attraction  est  celle 
du  fer  entraîné  par  l'aimant.  Mais  en  examinant  les  choses  avec  plus  d'attention,  il  est 
aisé  de  reconnaître  que  l'attraction  n'y  a  aucune  part,  et  que  le  mouvement  d'impulsion  est 
la  cause  de  tous  les  phénomènes  de  l'aimant.  Il  ne  faut  que  se  servir  de  l'expérience  si 
familière  de  la  limaille  de  fer  répandue  légèrement  sur  une  feuille  de  papier  sous  laquelle 
on  présente  un  aimant.  Si  l'aimant  attiroit  véritablement  le  fer,  toute  cette  limaille  qui 
paroit  suivre  le  mouvement  de  l'aimant  devroit  s'amasser  en  un  seul  peloton  vis-à-vis  l'ai- 
mant, tandis  qu'elle  ne  fait  que  se  ranger  en  forme  d'aiguilles  séparées  l'une  et  l'autre,  qui 
présentent  une  pointe  à  l'aimant,  l'autre  se  tenant  élevée.  L'attraction  se  montre-t-elle  dans 
cette  expérience?  Ne  doit-on  pas  plutost  en  inférer  qu'un  fluide  qui  circule  dans  cet  aimant 
se  forme  extérieurement  une  espèce  d'atmosphère  dans  laquelle  rencontrant  des  corps  dont 
les  pores  sont  susceptibles  de  son  passage,  il  les  pénètre  et  les  unit  ensemble  selon  sa 
direction,  jusqu'à  ce  que  leur  pesanteur  interrompe  cette  continuité. 

Pascal. 
Note  touchant  l'attraction. 

Comme  le  mouvement  une  fois  imprimé  dure  toujours,  quoique  l'action  qui  l'a  produit 
vienne  à  cesser,  on  en  doit  dire  autant  de  la  tendance  au  mouvement.  Si  l'on  ajoute  que 
cette  tendance  est  détruite  à  chaque  instant  par  la  réaction  du  plan,  je  réplique  qu'en  sup- 
posant le  corps  et  le  plan  parfaitement  durs,  cette  réaction  ne  scauroit  avoir  lieu. 

Pascal. 

La  réaction  naît  de  la  résistance  qu'un  corps  oppose  au  changement  qui  commence  à  s'in- 
troduire en  son  état.  Or  il  est  évident  qu'un  corps  dur  ne  change  rien  à  l'état  d'un  plan  dur, 
capable  de  le  soutenir.  Le  plan  ne  peut  donc  sentir  en  aucune  façon  l'action  du  corps  sur 
lui,  ni  déployer  par  conséquent  la  faculté  résistante  pour  réagir.  p 

J'ai  déjà  dit  que  la  réaction  naît  de  la  résistance  qu'un  corps  oppose....  (Le  reste  comme 
ci-dessus.)  Pascal- 

Note. 

Je  dis  que  l'effet  immédiat  de  la  puissance  attractive  n'est  pas  la  production  du  mouvement 
actuel,  ni  une  force  vive  dans  le  corps  attiré;  mais  seulement  une  force  morte,  un  simple 
effort,  une  simple  tendance  au  mouvement.  L'obstacle  venant  à  céder,  le  corps  tombera  de 
suite,  et  ce  premier  mouvement  sera  l'effet  immédiat  de  cet  effort  ou  tendance  au  mouvement 
que  l'attraction  lui  imprimoit  quand  il  estoit  retenu  sur  le  plan.  Pascal. 

J'ai  dit  que  le  mouvement  imprimé  dure  toujours,  quoique  l'action  qui  le  produit  vienne 
à  cesser,  et  qu'on  en  pouvoit  dire  autant  de  la  tendance  au  mouvement.  Si  l'on  ajoute  que 
cette  tendance  est  détruite  à  chaque  instant  par  la  réaction  du  plan,  je  réplique  qu'en  suppo- 
sant le  corps  et  le  plan  parfaitement  durs,  cette  réaction  ne  scauroit  avoir  lieu. 

Pascal. 

J'ai  dit  que  la  tendance  au  mouvement  que  la  gravité  imprime  à  un  corps  est  une  force 

C.  K.  ,  1867,    2«  Semestre.  (T.  LXV,   Nu  4.)  '  7 


(  i3o) 
moite,  une  vraie  puissance,  une  réalité  qui  ne  seau  roi  t  s'étendre  d'elle-même  et  par  la  seule 
absence  de  la  cause  qui  la  produit,  elle  ne  peut  estre  détruite  que  par  une  force  contraire. 
Cette  tendance  n'a  pas  moins  de  réalité  que  le  mouvement  actuel  ;  et  comme  le  mouvement 
une  fois  imprimé  dure  toujours  quoique  l'action  qui  l'a  produit  vienne  à  cesser,  on  en  doit 
dire  autant  de  la  tendance  au  mouvement.  Pascal. 

Observation. 

La  gravité  affecte  toute  la  masse  des  corps  également;  et  c'est  une  propriété  inhérente  à 
la  matière,  puisqu'elle  n'agit  pas  seulement  sur  la  surface  des  corps,  mais  qu'elle  pénètre 
intimement  leur  substance  et  qu'elle  affecte  leur  partie  interne  avec  la  m<  sine  force  que  les 
externes,  sans  que  son  action  puisse  être  altérée  par  aucun  corps  inleiposé  ou  par  aucun 
obstacle.  La  puissance  de  cette  propriété  est  proportionnelle  à  la  quantité  de  matière.  Ainsi, 
il  est  possible  d'estimer  toutes  les  puissances  du  système  du  monde  dirigées  à  leur  centre 
d'action,  en  déterminant  la  proportion  de  la  quantité  de  matière  des  corps  célestes,  à  celle  de 
noslre  terre,  par  les  règles  que  j'établiray.  Pascal. 

Note  touchant  l'attraction. 

On  doit  mettre  l'attraction  au  rang  des  qualités  occultes  dont  on  se  servoit  dans  les  siècles 
précédents  pour  expliquer  les  phénomènes  de  la  nature  sans  les  entendre,  disent  quelques 
savants.  Moi  je  crois  qu'on  peut  en  tirer  meilleur  parti,  ainsi  que  je  le  démontrerai  dans 
un  autre  endroit.  Pascal. 

Note. 

Je  pourrais  faire  voir  par  plusieurs  exemples  que  nos  physiciens  naturalistes  avancent 
beaucoup  de  choses  sans  en  faire  un  examen  suffisant,  et  sans  autre  fondement  que  l'autorité 
de  ceux  qui  les  ont  précédés.  J'ai  pour  le  prouver  quelques  observations  dont  personne  n'a 
encore  parlé  et  dont  j'ai  dessein  de  faire  part  un  jour  au  public,  si  Dieu  me  le  permet  (i). 

P. 
Observation. 

Si  la  vitesse  d'une  planète  est  double  de  celle  d'une  autre  planète  et  que  son  orbite  soit 
quatre  fois  plus  courbe  que  la  sienne,  sa  gravité  vers  le  soleil  doit  estre  seize  fois  plus 
grande,  quoique  sa  distance  au  soleil  ne  soit  que  quatre  fois  moindre  que  celle  de  l'autre. 
En  comparant  ainsi  les  mouvements  de  toutes  les  planètes,  on  trouve  que  leurs  gravités  dimi- 
nuent connne  les  quarrés  de  leurs  distances  au  soleil  augmentent.  Pascal. 

Note. 

J'ai  dit  (jue  la  force  de  projection  qu'on  nomme  force  centrifuge  varie  continuellement, 
parce  que  l'attraction  est  plus  ou  moins  grande  suivant  que  les  planètes  s'approchent  ou 
s'éloignent  du  soleil.  Tour  concevoir  comment  cette  révolution  s'opère,  supposons  qu'une 
planète  soit  à  la  partie  de  son  orbite  (ou  de  l'ellipse  qu'elle  parcourt)  la  plus  proche  du  soleil, 

(i)  On  voit  qu'il  s'agit  ici  des  observations  que  Pascal  a  envoyées  à  Boyle  le  8  mai  i65a. 
Comptes  rendus,  p.  91 .  ) 


(   i3r  ) 

la  force  attractive  est  dans  cet  état  plus  grande  que  dans  toute  autre  situation,  à  proportion 
que  le  quarré  de  la  distance  est  moindre.  Elle  devrait  donc  faire  tomber  la  planète  sur  le  soleil, 
mais  la  force  centrifuge  produite  par  le  mouvement  circulaire  autour  du  soleil  augmente  en 
plus  grande  proportion.  Pascal^ 

Note. 

A  ce  que  j'ai  dit  touchant  l'attraction  et  de  ses  lois  avec,  les  phénomènes,  on  dira  peut  estre 
que  l'effort  ou  la  tendance  imprimée  au  premier  instant  se  détruit  et  ne  fait  que  se  renou- 
veller  au  second,  et  qu'ainsi  il  ne  scauroit  y  avoir  d'accumulation.  Mais  cette  tendance  au 
mouvement,  que  la  gravité  imprime  à  un  corps,  est  une  force  morte,  une  vraie  puissance, 
une  réalité  qui  ne  scauroit  s'étendre  d'elle-même,  et  par  la  seule  absence  de  la  cause  qui  1  a 
produite,  elle  ne  peut  estre  détruite  que  par  une  force  contraire.  Celte  tendance  n'a  pas 
moins  de  réalité  que  le  mouvement  actuel;  et  comme  le  mouvement  une  fois  imprimé  dure 
toujours,  quoique  l'action  qui  le  produit  vienne  à  cesser,  on  en  doit  dire  autant  de  la  ten- 
dance au  mouvement.  Si  l'on  ajoute  que  cette  tendance  est  détruite  à  chaque  instant  par  la 
réaction  du  plan,  je  réplique  qu'en  supposant  le  corps  et  le  plan  parfaitement  durs,  celte 
réaction  ne  scauroit  avoir  lieu.  Pascal. 

Note.    —  Les  lois  de  l'attraction. 

La  force  de  l'argument  consiste  en  ceci,  que  l'effort  ou  la  tendance  au  mouvement,  que  je 
prouve  eslre  l'effet  immédiat  de  l'attraction  de  la  terre  sur  le  corps  grave,  est  absolument 
la  même,  soit  que  le  corps  tombe  perpendiculairement,  soit  qu'il  descende  par  un  plan  in- 
cliné. Or,  comme  dans  ce  dernier  cas  il  n'y  a  qu'une  partie  de  cet  effort  employée  à  produire 
un  mouvement  actuel,  il  faut  que  le  reste  s'exerce  à  produire  une  pression  sur  le  plan,  d'où 
il  suit  que  la  pression  qui  s'exerce  au  premier  instant  de  la  chute  est  l'effet  immédiat  de  cet 
effort,  et  non  de  la  vitesse  initielle  décomposée.  Ce  qui  paroît  encore  par  cette  raison,  que 
la  pression  sur  le  plan  est  d'autant  plus  forte  que  le  plan  est  plus  incliné,  et  la  vitesse  ini- 
tielle par  conséquent  moindre.  Il  suffit  que  la  chose  doive  arriver  de  même  au  second  instant, 
et  ainsi  de  suite,  pour  que  mon  raisonnement  subsiste  en  toute  sa  force. 

Pascal  (i). 

Note. 

La  force  centrifuge  est  en  raison  inverse  des  distances  composées  ensemble;  elle  augmente 
donc  plus  promptement  lorsque  la  planète  descend  vers  le  soleil  par  la  force  de  la  gravité, 
que  la  force  attractive  elle-même  :  et,  quoique  suivant  les  proportions  de  la  force  centripète 
(c'est  celle  de  la  gravité)  et  de  la  force  centrifuge,  la  première  prévale  dans  la  partie  supé- 
rieure de  l'orbite  de  la  planète,  la  force  centrifuge  l'emporte  à  son  tour  dans  la  partie  infé- 

rieule-  Pascal. 

Note. 

Bien  loin  que  les  phénomènes  nous  autorisent  à  regarder  la  gravité  comme  une  propriété 
intrinsèque  de  la  matière,  au  contraire  ils  paraissent  nous  en  indiquer  la  source  méchanique 


(i)  Une  autre  Note,  qui   n'a  pas  de  titre,  est  absolument  semblable,  mais  s'arrête  au  mol 
décomposée. 


(  i3a  ) 

dans  la  seule  manière  naturelle  de  concilier  la  raison  directe  des  masses  avec  l'inverse  du 
quarré  des  distances.  Pascal. 

Note. 

La  géométrie  nous  dévoilant  le  principe  qui  détermine  les  qualités,  comme  la  lumière,  le 
son  et  les  odeurs,  à  suivre  la  loi  du  quarré  dans  leur  propagation,  nous  donne  lieu  de  croire 
que  la  gravité  qui  suit  la  même  loi  est  assujettie  au  même  principe,  et  qu'elle  est  produite 
par  des  rayons  de  pression  ou  de  vibration  qui  de  la  circonférence  vont  aboutir  au  centre. 

Pascal. 
Observation. 

Ce  n'est  pas  seulement  à  une  puissance  attractive  que  les  corps  célestes  sont  en  proie  :  ils 
sont  encore  livrés  à  un  mouvement  ou  une  force  de  projection  qui  les  fait  circuler  autour 
du  soleil,  et  qui  combinée  avec  la  force  attractive  les  oblige  de  décrire  une  ellipse  dont  cet 
astre  occupe  le  foyer.  Pascal. 

Note. 

La  force  de  projection  qu'on  nomme  force  centrifuge  varie  continuellement  parce  que 
l'attraction  est  plus  ou  moins  grande  suivant  que  les  planètes  s'approchent  ou  s'éloignent  du 

soleil-  Pascal. 

Observation. 

La  puissance  qui  agit  sur  une  planète  plus  proche  du  soleil  est  ordinairement  plus  grande 
que  celle  qui  agit  sur  une  planète  plus  éloignée,  tant  parce  qu'elle  se  meut  avec  plus  de 
vitesse  qu'à  cause  que  son  orbite  est  moindre  et  qu'elle  a  plus  de  courbure.  En  comparant 
les  mouvements  des  planètes,  on  trouve  que  la  vitesse  d'une  planète  plus  proche  est  plus 
grande  que  la  vitesse  d'une  planète  plus  éloignée,  en  raison  de  la  racine  quarrée  du  nombre 
qui  exprime  la  plus  grande  distance  à  la  racine  quarrée  de  celuy  qui  exprime  la  moindre 
distance,  de  sorte  que  si  une  planète  estoit  quatre  fois  plus  éloignée  du  soleil  qu'une  autre 
planète,  la  vitesse  de  la  première  serait  de  moitié  de  celle  de  la  seconde,  et  la  vitesse  de 
celle-ci  serait  double;  et  comme  le  ravon  de  son  orbite  est  quatre  fois  moindre  que  le  rayon 
de  la  planète  la  plus  éloignée,  son  orbite  serait  quatre  fois  plus  courbe. 

Pascal. 
Observations. 

Les  corps  célestes  sont  en  proie  à  deux  forces  centrales  et  opposées.  L'une  tend  à  les  faire 
tomber  dans  le  soleil,  c'est  la  force  centripète;  l'autre  tend  à  les  écarter  de  la  ligne  de  leur 
chute  perpendiculaire,  c'est  la  force  centrifuge.  Du  concours  de  ces  deux  forces  dérive  la 
courbe  que  les  planètes  décrivent,  ainsi  que  la  loi  de  leur  mouvement.  Ce  système  de  l'attrac- 
tion se  remarque  facilement  dans  le  Traité  des  tourbillons  de  Descartes,  qui  tant  prête  à 
l'imagination.  Pascal. 

On  trouve  par  ces  règles  que  la  proportion  de  la  force  de  l'attraction  ou  gravitation  réci- 
proque du  soleil,  de  Jupiter  et  de  la  terre  à  leur  surface  respective,  est  en  raison  de  ces  nom- 
bres, iooo,  g43,  529,  435  respectivement.  Ce  qui  fait  voir  que  la  force  de  la  gravité 
vers  ces  corps  très  inégaux  entreux,  approche  beaucoup  de  l'égalité  à  leur  surfaee;  telle- 
ment que  quoique  Jupiter  soit  plusieurs  centaines  de  fois  plus  grand  que  la  terre,   la  force 


(  i33) 

de  la  gravité  à  sa  surface  n'est  guère  plus  que  du  double  de  ce  qu'elle  est  à  la  surface  de 
la  terre,  et  la  force  de  la  gravité  à  la  surface  de  Saturne  n'est  qu'environ  un  quart  plus 
grande  que  celle  des  corps  célestes.  Pascal. 

Note. 

Comme  le  globe  de  la  terre  a  une  rotation  diurne  sur  son  axe,  on  remarque  que  la  gra- 
vité des  parties  sous  l'équateur  est  diminuée  par  la  force  centrifuge  produite  par  la  rotation; 
que  la  gravité  des  parties  de  l'un  ou  de  l'autre  coté  de  l'équateur  est  moins  diminuée  à  me- 
sure que  la  vitesse  de  rotation  est  moindre;  que  la  force  centrifuge  qui  en  résulte,  agit 
moins  directement  contre  la  gravité  de  ses  parties,  et  que  la  gravité  sous  les  pôles  n'est 
point  du  tout  affectée  par  la  rotation.  Pascal. 

La  terre  est  plus  dense  que  Jupiter,  et  Jupiter  plus  dense  que  Saturne,  de  façon  que  les 
planètes  les  plus  proches  du  soleil  sont  les  plus  denses.  La  proportion  des  quantités  de  ma- 
tières contenues  dans  ces  corps  estant  ainsy  déterminée,  et  leur  volume  étant  connu  par  les 
observations  astronomiques,  on  calcule  aisément  combien  de  matière  chacun  d'eux  contient 
dans  le  même  volume.  Ce  qui  donne  la  proportion  de  leurs  densités  qu'on  exprime  par  ces 
nombres  :  100,  94  \,  67  et  4oo.  Pascal. 

Note. 

Quand  un  corps  tombe  près  de  la  terre,  on  peut  négliger  et  on  néglige  en  effet  dans  la 
théorie  de  la  gravité  la  différence  des  distances,  et  on  regarde  comme  uniforme  l'action  de  la 
gravité.  Pascal. 

Observation. 

On  peut  conjecturer  et  même  inférer  qu'il  y  a  une  puissance  semblable  à  la  gravité  des 
corps  pesants  sur  la  terre,  qui  s'étend  du  soleil  à  toutes  les  distances  et  diminue  constam- 
ment comme  les  carrés  de  ces  distances  augmentent.  Le  même  principe  de  la  gravité  doit 
avoir  lieu  dans  les  satellites  qui  circulent  autour  de  la  terre,  de  Jupiter  et  de  Saturne.  Il 
règne  la  mesme  harmonie  dans  leurs  mouvements  comparés  avec  leurs  distances,  que  dans 
les  planètes  principales.  Chaque  satellite  décrit  des  aires  égales  en  temps  égaux,  par  un 
rayon  tiré  du  centre  de  la  planète  autour  de  laquelle  il  circule,  selon  lequel  sa  gravité  est 
par  conséquent  dirigée.  Ces  satellites  doivent  aussi  graviter  vers  le  soleil  :  car  ils  ne  pour- 
roient  avoir  un  mouvement  aussi  régulier  qu'ils  ont  s'ils  n'estoient  assujettis  à  l'action  de 
la  mesme  puissance  à  laquelle  est  en  proie  la  planète  autour  de  laquelle  ils  font  leur  révo- 

lution-  Pascal. 

Note. 

La  gravité  prévalant  dans  la  partie  la  plus  éloignée  du  soleil,  fait  approcher  la  planète  de 
cet  astre  ;  et  la  force  centrifuge  l'emportant  sur  elle  dans  le  point  le  plus  proche  l'en  fait  csloi- 
gner;  et  par  leurs  actions  la  planète  fait  continuellement  sa  révolution  de  l'un  à  l'autre  de  ces 
deux  points  extrêmes  de  son  orbite.  Pascai     il 

(1)  Il  se  trouve  une  seconde  Note  absolument  semblable. 


(  i34  ) 

Note. 

C'est  par  la  théorie  de  la  gravité  et  de  la  force  de  projection  ou  centrifuge,  qu'on  explique 
le  mouvement  des  planètes.  Il  n'est  pas  si  aisé  de  rendre  raison  de  celui  de  leurs  satellites. 
Ces  petites  planètes  sont  en  proie  à  la  force  centrifuge  et  à  deux  forces  attractives,  celle  du 
soleil  et  celle  de  leurs  planètes  principales  autour  desquelles  elles  font  leur  révolution.  L'ac- 
tion de  ces  deux  forces  est  surtout  sensible  dans  la  lune,  qui  est  le  satellite  de  la  terre. 

Pascal  (i). 
Note. 

L'orbite  de  la  lune  qui  est  le  satellite  de  la  terre,  et  son  mouvement  changent  continuelle- 
ment à  mesure  qu'elle  s'approche  et  qu'elle  s'éloigne  du  soleil  :  et  il  est  très-difficile  de  déter- 
miner ces  variations.  Comme  elles  sont  plus  connues  cependant  que  celles  des  satellites  de 
Jupiter  et  de  Saturne,  il  suffit  d'expliquer  la  théorie  de  la  lune  pour  qu'on  puisse  juger  de 
celle  de  ces  satellites.  Pascal. 

Observation  sur  les  effets  de  la  pesanteur  respective  des  divers  corps  de  cet  univers. 

La  pesanteur  respective  que  donne  à  la  lune  sa  place  constante  dans  le  tourbillon  de  la 
terre,  au  tourbillon  de  la  terre  sa  place  dans  celui  du  soleil,  et  à  celui  du  soleil  sa  place  par 
rapport  au  reste  de  l'univers.  Or  à  ne  considérer  dans  chaque  globe  particulier  que  le  simple 
effort  de  la  pesanteur  respective  des  diverses  substances  qui  les  composent,  la  terre,  comme 
plus  pesante,  devrait  s'affaisser  et  se  tenir  exactement  ramassée  autour  de  son  centre.  L'eau 
plus  légère  que  la  terre  devroit  l'envelopper;  et  l'air  plus  léger  encore  devroit  se  répandre 
également  au-dessus  de  la  terre  et  de  l'eau.  Pascal. 

Note. 
Un  corps,  sous  l'équateur,  perd  au  moins  ~;  ae  sa  gravité,  L'équateur  doit  estre  par  con- 
séquent V77  fois  pour  le  moins  plus  élevé  que  les  pôles.  Et  en  calculant  d'après  ces  principes 
les  dimensions  des  deux  axes  ou  diamètres  de  la  terre,  on  trouve  que  le  diamètre  de  l'équa- 
teur est  au  diamètre  aux  pôles,  comme  23o  à  229.  Pascal. 

Il  faut  pour  déterminer  la  route  des  comètes  faire  quelques  observations  pour  s'assurer  de 
leur  mouvement,  et  on  trouve  ensuite  que  la  loi  de  la  gravitation  a  lieu  ici  comme  pour  les 
planètes.  Mais  cette  loi  paraît  bien  plus  exactement  observée  dans  le  mouvement  de  la  terre. 

Pascal. 

a  Observations.  I.  Dans  la  quatrième  Note  de  la  page  1  33,  Pascal  dit  que 
la  direction  de  la  gravité  tend  au  centre  du  corps  attirant,  en  vertu  de 
la  loi  des  aires  égales  décrites  en  temps  égaux.  (C'est  la  proposition  II  du 
livre  Ier  des  Principes  mathématiques  de  la  Pliilosophie  naturelle.) 

»  II.  La  dernière  Note  de  la  page  i3o  exprime  que  la  force  centrifuge 
augmente  quand  la  dislance  diminue;  et  la  troisième  Note  de  la  page  i3i, 
que  la  force  centrifuge  est  en  raison  inverse  de  la  distance. 

1 1  ,  Cette  Note  est  reproduite  dans  une  autre,  qui  n'a  pas  de  titre,  et  dans  laquelle  ne 
se  trouve  pas  la  dernière  phrase. 


(  '35  ) 

»  La  première  Note  de  la  page  i33  dit  que  la  force  centrifuge  diminue 
avec  la  vitesse. 

»  Le  calcul  de  l'effet  de  la  force  centrifuge  à  l'équateur,  dans  l'avant- 
dernière  Note,  page  1 34,  qui  conduit  Pascal  au  rapport  des  deux  axes  de  la 
terre,  a  exigé  la  connaissance  de  l'expression  exacte  de  la  force  centrifuge, 
en  raison  directe  du  carré  de  la  vitesse,  et  en  raison  inverse  de  la  distance. 

»  III.  Quant  à  l'expression  de  la  gravité  en  raison  inverse  du  carré  de  la 
distance,  énoncée  dans  la  Lettre  du  i  septembre  et  dans  plusieurs  Notes, 
sa  démonstration  se  conclut  de  la  proposition  suivante  énoncée  dans  la 
quatrième  Note  de  la  page  \"ài  :  «  En  comparant  les  mouvements  des 
»  planètes,  on  trouve  que  la  vitesse  d'une  planète  plus  proche  est  plus  grande 
»  que  la  vitesse  d'une  planète  plus  éloignée,  en  raisoii  de  la  racine  carrée  du 
»  nombre  qui  exprime  la  plus  grande  distance,  à  la  racine  carrée  de  celui  qui 
»   exprime  la  moindre.    » 

»  C'est-à-dire  que  -  =  ^-=-;  V  et  v  étant  les  vitesses  de  deux  planètes,  et 

R,  r  les  distances  au  Soleil. 

T2       R3 
»   Cela  résulte  de  la  troisième  loi  de  Kepler,  d'après  laquelle  ona-  =  -, 

T  et  t  étant  les  temps  des  révolutions  périodiques. 

»  En  effet,  en  considérant  des  orbites  circulaires,  ainsi  qu'a  fait  Newton, 

011  a  V  _  R  .  r  __  R  .  T         R  .  Ry/R        V  _     ,  \/r 

v         T   '  t  "   r  *  t  ''  '    ry/r  '       "  ~       '  y/r  ' 

ou  enfin  -  =  *-=-• 

*  \jr 

»  Cela  posé,  le  rapport  des  forces  centrifuges,  et  conséquemment  des 
attractions  exercées  sur  deux  planètes,  est 

e-  _  V: v1  m  r       R  .  ''        1  .    t 

r  'R  ~  V1  '  R"  7  •  R  =  7'  ■  R^' 

c'est-à-dire  que  les  attractions  sont  en  raison  inverse  des  carrés  des  distances. 

»  Cette  démonstration  est  celle  que  donne  aussi  Newton  dans  le  corol- 
laire VI  de  son  théorème  IV  (livre  Ier  des  Principes). 

»  Aujourd'hui  c'est  du  mouvement  sur  l'ellipse,  ou  deuxième  loi  de 
Kepler,  qu'on  conclut  cette  loi  de  l'attraction  :  et  le  rapport  des  carrés 
des  temps  périodiques  aux  cubes  des  moyennes  distances  sert  à  démontrer 
immédiatement  la  loi  des  masses. 

»  IV.  On  remarquera  que  Pascal  dit,  dans  la  première  Note  de  la 
page  i34,  que  c'est  par  la  théorie  de  la  gravité  et  de  la  force  de  projection 
ou  centrifuge,  qu'on  explique  le  mouvement  des  planètes.  » 


(  «36) 

M.  Chevreul  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  opuscule  relatif  à  son 
enseignement  du  Muséum,  et  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Aux  termes  du  décret  du  29  de  décembre  1 863,  art.  10,  relatif  à  l'orga- 
nisation de  l'administration  du  Muséum,  chaque  professeur  doit  un  Rap- 
port au  Ministre  de  l'Instruction  publique  sur  son  enseignement  de  l'année. 
Un  tirage  à  part  du  mien  me  permet  de  faire  hommage  d'un  exemplaire 
de  ce  Rapport  à  l'Académie.  Depuis  trente-sept  ans  que  je  professe  au  Mu- 
séum, j'ai  eu  constamment  en  vue  de  mettre  mes  leçons  en  harmonie  avec 
l'ensemble  des  sciences  naturelles  auquel  cet  établissement  est  consacré. 
Les  objets  généraux  que  j'ai  eus  surtout  en  vue  sont  les  suivants  : 

»  i°  La  définition  de  L'espèce  chimique  relativement  à  des  considérations  de 
trois  ordres,  la  nature  des  éléments,  leurs  proportions,  et  leur  arrangement. 
Dans  cette  dernière  considération  je  comprends  le  nombre  des  atomes. 

»  Cette  définition  m'a  conduit  depuis  plus  de  quarante  ans  à  restreindre 
la  science  chimique  abstraite  uniquement  à  l'histoire  des  espèces  parfaitement 
définies,  indépendamment  de  leur  origine.  J'ai  donc  effacé  de  la  science 
ainsi  délimitée  la  distinction  d'une  chimie  minérale  d'avec  une  chimie  végé- 
tale et  une  chimie  animale. 

»  L'étude  des  espèces  au  point  de  vue  de  leur  stabilité  présente  deux 
groupes  extrêmes. 

»  Le  premier  comprend  les  espèces  les  plus  stables  :  les  principes  de 
celles-ci,  doués  d'une  forte  opposition  électrique,  ne  renferment  qu'un  petit 
nombre  d'atomes. 

»  Le  seccnid  comprend  les  espèces  les  moins  stables  :  les  principes  de  ces 
espèces  ne  sont  doués  que  d'une  faible  opposition  électrique,  et  leurs  atomes 
sont  toujours  en  nombre  plus  ou  moins  grand. 

»  L'étude  des  espèces  chimiques  au  point  de  vue  dynamique  s'oppose  à 
ce  qu'on  puisse  les  coordonner  à  l'instar  des  espèces  vivantes,  lesquelles 
sont  représentées  par  des  individus  dont  l'étude,  respectant  toujours  leur 
intégrité,  est  fort  différente  de  l'étude  des  espèces  chimiques  qui  par  l'ana- 
lyse et  par  la  synthèse  dont  elles  sont  susceptibles  présentent  un  nombre 
indéfini  d'espèces. 

»  i°  Les  espèces  sont  étudiées  au  point  de  vue  de  leurs  ]>ropriétés  physiques, 
de  leurs  propriétés  chimiques  et  de  leurs  propriétés  organolepliques. 

»  3°  Les  propriétés  des  espèces  chimiques  sont  envisagées  aux  points  de 
vue  absolu,  relatif  et  corrélatif. 

»  A  cette  occasion  je  montre  l'impossibilité  d'effacer  de  la  science  ce 
qu'on  a  nommé  le  dualisme,  qui  en  définitive  n'est  que  la  corrélativité  de 


(  137  ) 
deux  propriétés,  de  deux  activités,  de  rfeicr  états,  comme  sont  les  propriétés 
comburante  et  combustible,  Validité  et  Y  alcalinité ,  les  c/eux  électricités  et  les 
dei/jr  macjnétismes. 

»  4°  £es  compositions  équivalentes,  dont  la  recherche  au  double  point  de 
vue  de  la  critique  et  de  la  science  a  tant  d'importance. 

»  En  effet,  la  mise  en  équation  de  divers  arrangements  moléculaires  ob- 
tenus du  produit  d'une  analyse  élémentaire  qui  en  est  le  premier  terme,  est 
avantageuse  comme  vérification  de  cette  analyse  d'abord,  et  ensuite  comme 
recherche  de  l'arrangement  définitif  des  atomes  donnés  par  cette  analyse. 

»  Car  si  cet  arrangement  des  atomes  dans  l'espèce  chimique  est  ce  qu'il 
y  a  de  moins  certain,  il  faut  convenir  que  la  tendance  à  le  déterminer  est 
un  des  buts  principaux  de  la  philosophie  chimique 

»   5°  Causes  auxquelles  on  rattache  les  actions  chimiques. 

»  Pour  éviter  le  danger  des  hypothèses  dans  l'explication  des  phéno- 
mènes chimiques,  j'admets  en  principe  l'attraction  moléculaire  agissant  au 
contact  apparent,  distinguée  en  forces  de  cohésion  et  d'affinité.  Elles  sont 
chimiques ,  et  en  lutte  avec  une  force  répulsive  attribuée  à  la  chaleur. 

»  Incontestablement,  dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  nous  n'a- 
vons aucune  idée  claire  de  l'état  de  la  chaleur,  de  la  lumière,  de  l'électri- 
cité, du  magnétisme,  dans  un  corps  que  nous  considérons  à  l'état  dit  naturel. 

»  Mais  comme  nous  voyons  un  corps  pris  dans  cet  état  s'échauffer,  de- 
venir lumineux  ou  visible,  électrique  et  magnétique,  nous  trouvons  moins 
d'inconvénient  à  dénommer  la  chaleur,  la  lumière,  l'électricité  et  le  magné- 
tisme Jorces  physiques,  qu'à  leur  assigner  un  rôle  défini  dans  un  corps  pris 
à  l'état  naturel. 

»  6°  Effets  d'union  qui  ne  rentrent  pas  clairement,  du  moins  complètement, 
dans  les  actions  chimiques  rapportées  à  l'affinité. 

»  Les  effets  dont  je  veux  parler  sont  ceux  que  présentent  des  liquides 
pénétrant  des  solides,  soit  que  ces  solides  appartiennent  à  l'organisation  des 
êtres  vivants  et  doivent  à  l'eau  les  propriétés  qui  les  rendent  propres  aux 
fonctions  vitales  des  êtres  organisés,  soit  que  ces  solides  soient  des  poudres 
inorganiques  ou  organiques  réunies  en  pâte  par  des  liquides. 

»  70  affinités  capillaires. 

»  J'ai  rattaché  tous  les  phénomènes  que  présente  un  solide  qui  s'unit  à 
un  corps  liquide  ou  gazeux  sans  changement  apparent  de  forme,  à  une 
force  attractive  de  surface  que  j'ai  qualifiée  d'affinité  capillaire,  parce  que 
dans  l'état  actuel  de  la  science,  s'il  n'y  a  pas  un  fait  évident  d'affinité  chi- 
mique, comme  cela  a  lieu  à  mon  sens  incontestablement,  lorsqu'un   corps 

C.  R. ,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV  ,  N»  4.)  '° 


(  i38  ) 
qui  était  en  solution  dans  un  liquide  quitte  ce  liquide  pour  s'unir  à  un 
solide,  il  y  a  certainement  une  force  physique  qui  agit  lorsqu'un  corps  so- 
lide condense  un  fluide  élastique  qui,  sans  la  présence  de  ce  corps  solide, 
aurait  conservé  l'état  aériforme. 

„   8"  Application  de  mes  recherches  physico- chimiques  à  ta  connaissance 

des  phénomènes  de  l'économie  organique. 

„  Je  résume  en  peu  de  mots  la  manière  dont  j'ai  procédé  pour  atteindre 
ce  but,  en  concluant  que  le  mystère  de  la  me  ne  réside  pas  tant  dans  la  connais- 
sance de  la  nature  des  forces  du  corps  vivant  que  dans  la  coordination  de  ces 
forces,  en  vertu  de  laquelle  une  forme  spécifique,  plante  ou  animal,  vit  depuis 
l'état  de  germe  jusqu'à  la  mort,  en  conservant  cette  forme  spécifique  et  en  la 
propageant  par  des  formes  semblables  dans  l'espace  et  dans  le  temps. 

»  9°  Application  de  mes  recherches  à  l'explication  de  plusieurs  phénomènes 
de  physiologie  et  de  psychologie. 

,,  Je  parle  ici  de  l'extension  dont  sont  susceptibles  mes  recherches  sur 
les  mouvements  musculaires  exécutés  sans  la  participation  de  la  volonté.  Je 
parle  de  la  conclusion  de  ces  recherches  à  l'expl.cation  du  pendule  explo- 
rateur, des  tables  tournantes,  etc.,  aux  expériences  scientifiques  auxquelles 
nos  organes  ont  quelque  part,  et  de  l'extension  dont  sont  susceptibles 
mes  observations  sur  la  vision  des  couleurs 

io°,  ii°,  i2°  et  i3°. 

»  Je  rattache  à  ces  numéros  le  résumé  de  mes  recherches  applicables  a 
la  méthode  que  j'ai  qualifiée  de  A  POSTERIORI  expérimentale. 

„  Le  point  de  départ  est  la  proposition  que  nous  ne  connaissons  la  ma- 
tière que  par  des  propriétés  physiques,  des  propriétés  chimiques  el  des  pro- 
priétés organoleptiques; 

>,   Que  nous  partons  de  l'analyse  du  concret  pour  le  connaître; 

„  Que  d'une  propriété  séparée  par  l'analyse  qu'en  fait  l'intelligence,  et 
que  l'on  compare  en  intensité  à  une  propriété  sembUibk» séparée  de  même 
de  divers  corps  qui  la  possèdent,  on  arrive  à  la  bien  connaître,  et  qu'une 
fois  bien  connue  par  la  synthèse  qu'en  fait  l'intelligence,  on  restitue  cette 
même  propriété,  étudiée  par  la  méthode  comparative,  aux  corps  divers  qui 

-  la  possèdent; 

„  Que  toute  propriété,   toute  qualité,  tout  rapport  étant  une  abstraction, 

cette  abstraction  bien  définie  est  un  fait. 

„  Du  fait  ainsi  défini,  je  déduis  la  distribution  des  sciences  en  quatre 
catégories,  en  faisant  pressentir  la  marche  à  suivre  pour  porter  les  sciences 


(  i3g  ) 
naturelles  au  delà  des  limites  que  plus  d'une  classification  d'êtres  concrets 
tend  à  immobiliser.  » 

M.  Chevreul,  en  faisant  hommage  à  l'Académie  d'un  opuscule  qu'il  a 
publié  en  1866  concernant  les  arts  du  tapissier  des  Gobelins  et  du  tapis- 
sier de  la  Savonnerie,  s'énonce  de  la  manière  suivante  : 

«  Un  article  sur  l'exposition  des  tissus  des  Manufactures  impériales  a 
paru  dans  un  journal  à  la  louange  de  ces  produits.  Le  Membre  de  l'Institut 
signataire  de  l'article,  par  un  sentiment  de  bonté,  veut  bien  appeler  mon 
attention  sur  le  peu  de  fixité  des  couleurs  de  ces  beaux  ouvrages.  Plein  de 
reconnaissance  pour  son  bienveillant  appel,  je  me  permettrai  de  lui  faire 
observer  que  le  conseil  est  donné  un  peu  tardivement,  puisque  celui  auquel 
on  l'adresse  entrera  dans  sa  quatre-vingt-deuxième  année  avant  un  mois 
et  demi.  Quoi  qu'il  en  soit,  l'opinion  du  critique  sur  le  fait  qu'il  me  dé- 
nonce est  tellement  la  mienne,  que,  chargé  depuis  quarante-deux  ans  de  la 
direction  des  teintures  des  Gobelins,  j'ai  publié  un  ensemble  de  travaux 
qui,  s'ils  ne  sont  pas  bons,  ont  du  moins  le  mérite  de  la  bonne  foi  et  de  la 
persévérance  de  leur  auteur;  ils  composent  plus  de  trois  volumes  des  Mé- 
moires de  V Académie  des  Sciences.  Certes,  je  respecte  trop  le  temps  de  mes 
confrères,  et  pratique  trop  la  tolérance  pour  infliger  à  aucun  la  peine 
de  les  lire;  cependant,  de  la  part  de  ceux  qui  voudraient  écrire  sur  les  pro- 
duits des  manufactures  des  tissus  de  la  couronne,  un  examen  attentif  de 
travaux  spéciaux  entrepris  pour  les  Gobelins  et  qui  n'auraient  pu  l'être  au 
dehors  de  cet  établissement  me  serait  précieux  à  l'égard  des  recherches 
qui  me  restent  encore  à  publier.  C'est  conformément  à  ce  désir  que  j'ai 
l'honneur  de  faire  hommage  à  la  Bibliothèque  de  l'Institut  d'un  opuscule 
intitulé  :  Des  arts  qui  parlent  aux  yeux  au  moyen  de  solides  colorés  crime 
étendue  sensible^  et  en  particulier  des  arts  du  tapissier  des  Gobelins  et  du  tapis- 
sier de  la  Savonnerie,  publié  l'année  dernière.  Cet  opuscule  présente  un 
résumé  méthodique  et  très-concis  des  recherches  que  j'ai  entreprises  rela- 
tivement à  ces  arts;  il  montre  combien  la  structure  des  éléments  employés 
par  le  tapissier  et  par  les  artistes  qui  assemblent  des  verres  colorés  et  des 
prismes  pour  la  mosaïque  apporte  de  différence  à  la  mise  en  œuvre,  eu 
égard  aux  procédés  de  la  peinture  exécutée  avec  des  matières  colorées  divi- 
sées à  l'infini  pour  ainsi  dire. 

»  Je  serais  heureux  que  ceux  qui  prendront  la  peine  de  lire  cet  opus- 
cule voulussent  bien  me  dire  si  j'ai  eu  tort  de  tirer  de  la  surface  cannelée 
des  tapisseries  des  Gobelins  et  de  Beauvais  des  conséquences  relalives  au 

18.. 


(  i/So  ) 
choix  des  modèles,  résultant  de  la  circonstance  que  cette  structure  est  un 
double  obstacle  pour  faire  des  ombres  aussi  vigoureuses  et  des  clairs  aussi 
lumineux  que  ceux  qu'il  est  possible  d'obtenir  en  peignant  sur  une  surface 
unie;  s'il  n'est  pas  vrai  que,  pour  reproduire  exactement  les  couleurs 
d'un  modèle,  il  faut  qu'elles  le  soient  autrement  qu'on  ne  les  voit;  enfin, 
si  la  perfection  des  tapisseries  et  des  tapis  n'exige  pas  l'accord  parfait  des 
trois  éléments  qui  concourent  à  leur  confection,  à  savoir  :  l'élément  artis- 
tique, l'élément  technique  et  l'élément  scientifique,  et  si  cette  perfection 
n'exige  pas  impérieusement  que  l'on  tienne  compte  de  l'altération  inhérente 
aux  couleurs  que  l'on  emploie,  en  ayant  égard  à  cette  circonstance  que  la 
même  couleur  qui  est  solide  dans  les  tons  foncés,  comme  l'est  l'indigotine, 
par  exemple,  est  altérable  dans  les  clairs,  et  qu'en  ternissant  la  plupart  des 
couleurs  franches  par  du  noir,  on  s'expose  après  quelque  temps  à  n'avoir 
plus  que  des  couleurs  passées. 

»  Je  terminerai  en  répétant  ce  que  j'ai  eu  plusieurs  fois  l'occasion  de 
dire,  c'est  qu'étranger  au  choix  des  modèles  et  aux  travaux  du  tapissier, 
mes  fonctions  se  bornent  exclusivement  à  faire  teindre  des  laines  et  des 
soies  aussi  absolument  conformes  que  possible  aux  échantillons  que  je  reçois 
de  l'Administration.  » 

PALÉONTOLOGIE.    —    De  l'ostéograpliie  du  Mesotherium   et  de  ses  affinités 
zoologiques;  description  de  la  tête;  par  M.  Serres.  (Deuxième  Mémoire.  ) 

«  Après  la  détermination  zoologique  des  animaux  des  temps  anciens,  la 
paléontologie  doit  se  préoccuper  essentiellement  de  leur  explication  phy- 
siologique, les  considérer  en  eux-mêmes  et  indépendamment,  jusqu'à  un 
certain  point,  de  la  paléontologie  stratigraphique. 

»  Quelque  difficile  que  soit  cette  étude  en  présence  du  seul  organisme 
(le  système  osseux)  qui  soit  soumis  à  nos  investigations,  la  science  doit 
l'entreprendre  pour  chercher  à  se  rendre  compte  du  degré  d'avancement 
dans  la  vie  des  animaux  qui  ont  apparu  dans  la  suite  des  temps  sur  la 
scène  du  monde. 

»  En  déterminant  le  rang  que  les  animaux  des  temps  anciens  occupent 
dans  la  série,  la  zoologie  a  déjà  répandu  une  lumière  assez  vive  sur  la 
fonction  capitale  de  la  nutrition,  qui  est  la  source  même  de  la  vie.  A  l'ana- 
tomie  comparée  incombe  le  devoir  d'essayer  d'éclairer  à  son  tour  les  fonc- 
tions de  relation  qui  nous  mettent  sur  la  voie  d'apprécier  leur  degré  d'in- 
telligence, ainsi  que  les  instincts  qui  dirigent  leurs  actions. 

»  C'est  surtout  d'après  la  considération  des  Mammifères  que  l'on  a  pu 


(  i4i  ) 

dire  que  le  système  nerveux  est  tout  l'animal.  C'est  pour  lui  et  autour  de 
lui,  en  se  mettant  en  quelque  sorte  sous  sa  dépendance,  que  les  autres 
systèmes  organiques  se  groupent  et  se  construisent.  Cuvier,  analysant  mon 
ouvrage  sur  l'anatomie  comparée  du  cerveau,  fit  ressortir  l'appui  qu'il 
apporte  à  cette  vue  générale,  en  montrant,  comme  je  l'avais  fait,  que  l'axe 
cérébro-spinal  de  ce  système  en  résume  et  en  réfléchit  les  données  princi- 
pales relativement  à  la  composition  de  l'ensemble  de  ces  animaux  supé- 
rieurs. La  composition  de  l'ensemble  de  leur  tête  en  reçut  particulière- 
ment un  degré  de  certitude,  déjà  préparé  par  les  belles  applications  que 
notre  grand  anatomiste  avait  faites  de  l'angle  facial  de  Camper,  aux  varia- 
tions nombreuses  de  cette  partie  importante  de  l'organisation  de  ces  ani- 
maux. Je  vais  montrer  aujourd'hui  que  la  composition  si  singulière  de  la 
tète  du  Mesotheriitm  rentre  dans  ces  données  générales,  et  trouve  en  quelque 
sorte  son  explication  dans  l'antagonisme  qui  existe  entre  la  faiblesse  de  la 
loge  de  l'encéphale  et  l'exagération  des  réceptacles  osseux  des  organes  des 
sens. 

»  Le  mécanisme  de  la  composition  du  cerveau  des  Mammifères  peut  être 
exprimé  de  la  manière  qui  suit  :  Tirez  une  ligne  au  niveau  du  corps  calleux 
de  manière  à  diviser  cet  organe  en  deux  parties.  Sur  cette  ligne  représentée 
dans  la  nature  par  le  corps  calleux  même,  tracez  deux  courbes,  l'une  su- 
périeure, l'autre  inférieure.  La  première  de  ces  courbes  exprimera  le  degré 
d'élévation  des  hémisphères  cérébaux,  dont  l'angle  facial  de  Camper 
pourra  donner  la  mesure.  La  seconde  vous  donnera  l'étendue  du  lobe 
sussphénoïdal  ou  de  l'hypocampe,  dont  le  développement  chez  les  Mam- 
mifères a  constamment  lieu  en  raison  inverse  de  celui  des  hémisphères  cé- 
rébraux. 

»  Or,  suivez  d'après  cette  donnée  fondamentale  les  dimensions  que 
prennent  les  os  de  la  tête,  destinés  à  encaisser  l'encéphale  et  les  organes 
des  sens,  et  vous  trouverez  dans  leur  balancement  alternatif  et  opposé  la 
raison  des  variations  successives  que  présente  la  tète  des  Mammifères  à 
partir  des  Quadrumanes  jusqu'aux  Rongeurs  et  aux  Edentés.  Vous  y  trou- 
verez en  particulier  la  raison  de  la  composition  de  la  tête  du  Mesotlierium. 

>/  Face  supérieure  de  la  tèle.  —  La  tête  de  ce  nouveau  genre  d'animaux 
des  temps  anciens  est  caractérisée  par  l'affaissement  complet  de  la  voûte  du 
crâne;  au  lieu  d'une  élévation,  d'un  bombement  des  os  qui  la  composent 
chez  tous  les  Mammifères,  c'est  une  excavation  profonde  qui  la  remplace; 
excavation  divisée  en  deux  par  une  crête  très-saillante  nommée  sagittale,  et 
qui   s'étend  d'arrière  en  avant,  depuis  la  protubérance  occipitale  jusqu'à 


(  '4*  ) 
l'espace  interorbitaire  où  elle  se  termine  insensiblement.  C'est  d'après  la 
saillie  très-marquée  de  cette  crête  que  je  désigne  l'espèce  que  je  décris,  et 
qui  sert  de  type  au  genre,  sous  le  nom  de  Mesolhevium  çristatum.  Mais  ce 
caractère  d'une  voûte  du  crâne  renversée,  à  quoi  tient-il?  Il  tient  évidem- 
ment à  l'affaissement  des  hémisphères  cérébraux  qui  ont  nécessité  l'affais- 
sement des  os  qui  leur  servent  de  couverture,  et  produit  une  concavité  là 
où  la  saillie  des  hémisphères,  si  elle  avait  existé,  eût  déterminé  une  con- 
vexité. Il  est  donc  probable,  il  est  même  certain,  d'après  les  coupes  faites 
sur  d'autres  têtes,  que  cette  partie  principale  du  cerveau  était  réduite  à  sa 
moindre  expression,  et  tout  porte  à  croire  qu'il  devait  être  privé  de  la  grande 
commissure  qui  les  relie  ou  du  corps  calleux.  Tout  porte  à  croire  égale- 
ment que  cet  affaiblissement  si  grand  des  hémisphères  cérébraux  coïncidait 
avec  un  développement  considérable  du  lobe  de  l'hypocampe.  En  un  mot, 
pour  traduire  ces  résultats  en  langage  psychologique,  l'intelligence  était 
sacrifiée  aux  sens  et  aux  instincts  chez  le  Mesotlwriutn.  Le  peu  d'étendue  de 
la  cavité  cérébrale  confirme  ces  aperçus,  car  sur  une  tète  où  la  cavité  a 
été  mise  à  découvert,  elle  mesure  seulement  65  millimètres  d'avant  en  ar- 
rière, et  5o  millimètres  transversalement  sur  35  millimètres  verticale- 
ment. 

»  Au  point  où  se  termine  en  avant  la  crête  sagittale,  l'espace  méso-orbi- 
taire  est  concave,  ce  qui  fait  ressortir  d'une  manière  extraordinaire  le 
rebord  supérieur  de  l'orbite  qui  simule  l'origine  des  deux  cornes  du  bélier 
par  l'hiatus  qui  le  sépare  du  bord  supérieur  de  l'arcade  zygomatique , 
quoique  cet  hiatus,  si  ouvert  chez  les  Lépusiens,  ne  mesure  chez  le  Meso- 
tlierium  que  4  millimètres. 

»  En  avant  de  l'espace  méso-orbitaire,  une  bosse  nasale  se  relève  tout  à 
coup  et  forme  une  espèce  de  voûte  qui  se  termine  insensiblement  à  l'extré- 
mité du  museau.  La  saillie  de  cette  voûte  produit  une  dépression  sensible 
sur  les  côtés  des  os  nasaux,  séparés  au  reste  sur  la  ligne  médiane  par  une 
suture  très-marquée.  Elle  indiquait  chez  cet  animal  toute  l'étendue  du  sens 
de  l'olfaction,  comme  la  saillie  du  rebord  orbitaire  traduit  déjà  sur  cette 
surface  le  volume  exagéré  de  l'organe  de  la  vision. 

»  La  fosse  temporale  qui  remplace  chez  le  Mesotlierium  la  voûte  du 
crâne  est  assez  régulièrement  ellipsoïdale,  un  peu  plus  large  cependant  en 
avant  qu'en  arrière;  elle  est  profonde  et  encadrée  de  toutes  parts.  Son 
plancher,  qui  est  presque  horizontal  et  qui  occupe  environ  l'étendue  du 
tiers  postérieur  de  cette  surface,  se  dérobe  brusquement  en  avant  aux 
confins  de  la  fosse  zygomatique.  On  observe  dans  la  fosse  temporale  la 


(  i43  ) 
suture  temporo-pariétale  :  elle  est  seulement  bien  distincte  en  avant,  et 
dans  sa  partie  moyenne  à  peu  près  à  égale  distance  de  la  branche  horizon- 
tale de  la  racine  postérieure  de  l'arcade  zygomatique  et  de  la  crête  sagit- 
tale. On  distingue  aussi  dans  la  même  fosse,  mais  uniquement  à  son  tiers 
postérieur,  plusieurs  orihces  vasculaires.  Sur  une  portion  de  tète  que  nous 
avons  sons  les  yeux,  deux  de  ces  orifices  ont  une  grande  dimension  :  ils 
sont  situés  à  la  jonction  des  sutures  des  os  qui  composent  la  fosse  tempo- 
rale, conformément  à  la  règle  ostéogénique  de  la  formation  des  trous 
osseux.  Leur  existence  me  paraît  spécifique,  et,  d'après  ce  caractère  remar- 
quable, je  donnerai  à  cette  seconde  espèce  le  nom  de  Mesotfierium  perfo- 
ratum. 

»  Cette  particularité  a  de  l'analogie  avec  ce  que  l'on  voit  dans  les  Eden- 
tés,  et  spécialement  chez  les  grandes  espèces  fossiles  de  cet  ordre,  qui  sont 
de  tous  les  Mammifères  ceux  chez  lesquels  le  système  vasculaire  osseux 
accuse  la  prépondérance  la  plus  marquée. 

»  La  vaste  ouverture  temporo-zygomatique  servira  de  passage  de  la  face 
supérieure  à  la  face  latérale  de  la  tète  du  Mesotherutm. 

»  Face  latérale. —  L'orbite  presque  à  fleur  de  tête,  disposée  dans  un  plan 
qui  approche  de  l'horizontal,  occupe  le  milieu  de  cette  face.  Il  est  extrê- 
mement grand,  de  forme  presque  triangulaire,  saillant  en  avant  par  son 
angle  inférieur,  et  regardant  en  haut  et  un  peu  en  dehors.  Son  pourtour, 
formé  de  bords  irréguliers,  épais,  excepté  à  sa  partie  supérieure  et 
moyenne,  produit,  par  l'exubérance  et  le  prolongement  de  l'apophyse  orbi- 
taire  externe,  un  cadre  presque  complet  et  qui  laisse  à  peine  subsister  entre 
l'extrémité  de  cette  apophyse  et  l'arcade  zygomatique  un  intervalle  d'au 
plus  4  millimètres. 

»  Conformément  aux  règles  de  l'ostéogénie,  l'ouverture  de  cette  vaste 
cavité  est  formée  par  l'assemblage  de  trois  os  distincts  :  premièrement,  en 
haut  et  un  peu  en  avant,  par  l'apophyse  orbitaire  interne;  secondement,  en 
devant  et  en  bas,  par  le  jugal;  troisièmement,  en  bas  et  en  arrière,  par  la 
partie  antérieure  de  l'arcade  zygomatique.  Cette  arcade  est  caractéristique 
chez  le  Mesoiherium ;  elle  a  d'abord  dans  cet  animal  des  proportions  très- 
fortes,  surtout  dans  le  sens  vertical,  mais  ensuite,  selon  la  remarque  heu- 
reuse et  très-juste  de  M.  le  Dr  Sénéchal,  elle  donne  lieu,  au  delà  de  la  cavité 
condyloïdienne  de  la  mâchoire,  dans  son  union  avec  la  face  mastoïdienne 
du  temporal,  à  une  large  surface  qui  affecte  exactement  la  forme  et  les 
contours  d'un  S  italique. 

»  Le  jugal,  nettement  délimité  et  distinct,  dirigé  régulièrement  dans  le 


(  '44  ) 

sens  antéro-postérieur  et  vertical,  est  large,  très-légèrement  convexe  dans 
sa  partie  antérieure,  où  il  se  rétrécit  graduellement  jusqu'à  sa  jonction  avec 
l'apophyse  orbitaire  interne.  Il  est  un  peu  déprimé  en  dedans,  d'avant  en 
arriére,  dans  sa  moitié  postérieure.  Son  bord  supérieur,  libre,  mousse, 
concave  à  peu  de  chose  prés,  est  exactement  semi-circulaire;  il  ne  concourt 
que  pour  une  tres-faible  part,  le  quart  environ,  au  périmètre  du  cadre  de 
l'orbite.  Le  bord  inférieur,  au  contraire,  très-étendu,  découpé  avec  une  ex- 
trême régularité,  est  épais  dans  ses  deux  tiers  antérieurs,  remarquablement 
taillé  en  biseau  aux  dépens  de  la  partie  interne  dans  son  tiers  postérieur. 
Il  décrit  aussi  un  parcours  curviligne  qui  équivaut  à  une  demi-circonfé- 
rence. Enfin,  l'articulation  du  jugal  avec  la  branche  zygomatique  du  tem- 
poral se  présente  sous  l'aspect  d'une  trace  linéaire  presque  complètement 
droite  et  comprenant  plus  de  la  moitié  de  toute  la  partie  supérieure  de 
l'os. 

»  En  arrière  de  l'hiatus  de  l'apophyse  orbitaire  interne,  l'arcade  zygoma- 
tique forme  un  rebord  saillant  qui  s'élève  jusqu'au  niveau  de  l'épine  sagit- 
tale; elle  se  termine  ensuiteinsensiblement  sur  la  ligne  courbe  supérieure  de 
l'occipital.  Au-dessous  de  la  racine  postérieure  de  l'arcade,  la  région  mas- 
toïdienne forme  un  promontoire  saillant,  limité  en  avant  par  la  racine  ver- 
ticale de  l'arcade,  en  arrière  par  une  dépression  marquée,  terminé  en  avant 
par  l'apophyse  styloïde,  et  offrant  en  arrière  et  en  bas  l'ouverture  évasée 
et  assez  grande  du  conduit  auditif  externe.  La  saillie  de  ce  promontoire, 
bien  inférieure  toutefois  à  celle  que  l'on  remarque  chez  le  Chinchilla  et  la 
Gerboise,  nous  paraît  due  à  l'élévation  des  canaux  semi-circulaires  de 
l'oreille  interne,  et  dénote  la  puissance  que  devait  avoir  l'audition  chez  le 
Mesolhe.rium.  En  arrière  et  en  bas  du  trou  auditif  externe  est  un  pertuis  qui 
donnait  passage  à  la  branche  stylo-mastoïdienne  du  nerf  facial. 

»  Le  conduit  auditif  externe  est  lisse,  profond,  infundibuliforme,  mais 
restant  évasé  dans  une  grande  partie  de  son  trajet.  On  y  remarque,  en  haut 
et  du  côté  antérieur,  une  scissure  tres-prononcée  qui  l'accompagne  dans 
toute  sa  longueur.  Serait-ce  la  fissure  de  Glaser?  Dans  tous  les  cas,  c'est  la 
persistance  de  la  suture  de  l'os  que  j'ai  découvert  dans  la  composition  du 
cadre  du  tympan,  os  auquel  Etienne  Geoffroy  Saint-Hilaire  a  donné  le  nom 
de  sériai.  Intérieurement,  ce  conduit  débouche  dans  une  vaste  caisse, 
laquelle,  sur  un  individu  dont  nous  avons  ht  pièce  sous  les  yeux,  mesure  : 
sur  sa  face  antéro-postérieure,  45  millimètres,  et  sur  sa  face  verticale, 
3o  millimètres  seulement.  Quelle  conformité  de  l'oreille  moyenne  avec  la 
Gerboise  et  le  Chinchilla? 


(  ï45  ) 

«  L'étude  des  conditions  de  structure  osseuse  de  l'articulation  temporo- 
maxillaire  fournissant  en  anatomie  comparée  et  en  paléontologie  un  élé- 
ment de  beaucoup  de  valeur  pour  la  distinction  des  différents  ordres  de 
Mammifères,  son  examen  mérite  une  attention  particulière. 

»  L'apophyse  articulaire  du  temporal  du  Mesotherium  offre  une  assez 
longue  surface  snbovalaire,  un  peu  convexe  verticalement.  Sa  direction, 
oblique  de  dehors  en  dedans  et  d'avant  en  arrière,  regarde  dans  ce  sens 
et  un  peu  en  bas.  Cette  surface  articulaire  semble  comme  écrasée,  et  elle 
déborde  légèrement,  sous  forme  d'une  crête  mince,  en  avant  et  en  arrière. 
Il  y  a,  dans  cette  conformation,  une  disposition  manifestement  étrangère 
aux  Rongeurs,  chez  lesquels  on  observe,  dans  cette  partie,  une  sorte  de 
coulisse  plus  ou  moins  parfaitement  réalisée,  à  direction  antéro-postérieure 
et  à  faible  étendue  transversale,  disposée  principalement  pour  effectuer 
des  mouvements  d'avant  en  arrière  du  maxillaire  sur  la  tète.  Il  suit  de  là 
qu'il  existe  une  grande  différence  dans  les  moyens  affectés  à  la  trituration 
des  aliments  chez  les  Rongeurs  et  le  Mesotherium.  C'est  seulement  avec  les 
Pachydermes,  et  particulièrement  les  Solinèdes,  que  le  Mesotherium  présente 
les  plus  grands  rapports  de  conformité  dans  la  disposition  de  l'apophyse 
articulaire  temporale.  La  scissure  de  Glaser  n'existe  pas  dans  la  cavité  glé- 
noïde,  d'ailleurs  peu  accusée. 

»  La  région  du  maxillaire  supérieur  est  très-étendue,  lisse,  irrégu- 
lière; sa  limite  postérieure  correspond  avec  beaucoup  d'exactilude  au 
point  médian  de  la  longueur  de  la  tète  :  elle  est  sssez  largement  débordée 
et  recouverte  par  la  saillie  antérieure  du  jugal.  Cette  partie  est  fortement 
déprimée  et  comme  pincée  dans  sa  moitié  antérieure,  principalement 
au-dessus  de  la  première  molaire  où  se  trouve  la  fosse  canine;  au-dessous 
de  cette  fosse,  on  observe,  sur  et  entre  la  première  molaire  et  la  base  de 
l'incisive,  le  bord  inférieur  du  maxillaire  légèrement  arqué  et  mousse.  C'est 
la  barre  que  je  nomme  mésodonle,  dont  la  disposition  rappelle  celle  des 
Rongeurs  chez  le  Mesotherium,  et  qui  offre  à  son  tiers  postérieur  les  traces 
de  la  suture  incisivo-maxillaire.  En  outre,  on  observe  sur  le  maxillaire 
quatre  faibles  reliefs  verticaux  assez  prononcés,  qui  répètent  sur  les  alvéoles 
la  saillie  de  l'angle  antérieur  des  quatre  dernières  molaires. 

»  En  arrière  et  en  haut  delà  fosse  canine  se  trouve  le  trou  sous-orbilaire, 
qui  est  assez  ouvert.  Sa  position  est  caractéristique.  Situé  au  niveau  de  la 
troisième  molaire,  ce  rapport  reproduit  fidèlement  celui  des  Pachydermes, 
tandis  qu'il  s'éloigne  beaucoup  de  celui  des  Rongeurs,  chez  lesquels  il  est 

C.  R.,  1867,  a«  Semestre.  (T.   LXV,  N»  4.)  1 1> 


(  i46  ) 
porté  plus  en  avant  et  correspond  inférieurement  an  niveau  de  la  première 
molaire.  Si  on  ajoute  à  ce  changement  de  rapport  du  trou  sous-orbitaire, 
que  chez  le  Mesolherium,  de  même  que  chez  les  Pachydermes,  le  fond  de 
la  fosse  canine  manque  complètement  de  l'arcade  pré-orbitaire,  si  développée 
chez  les  Pacas  et  les  autres  Caviens,  on  trouvera  dans  cette  disposition  une 
des  raisons  qui  nous  ont  porté  à  placer  cet  animal  fossile  entre  ces  deux 
ordres  de  Mammifères. 

»  Le  bord  supérieur  du  maxillaire  a  une  étendue  considérable;  il  forme, 
à  peu  près  à  l'union  de  ses  deux  tiers  antérieurs  et  de  son  tiers  postérieur, 
une  large  échancrure  anguleuse,  et  il  présente  dans  tout  son  parcours  un 
bourrelet  très-manifeste  qui  proémine  légèrement  nu-dessous  de  l'os  nasal. 
Les  rapports  de  ce  dernier  et  du  maxillaire  ne  constituent  une  articulation 
réelle  que  tout  à  fait  en  arrière;  en  avant,  c'est-à-dire  même  dans  les  trois 
quarts  antérieurs  de  l'articulation  naso-maxillaire,  ces  deux  os  sont  seu- 
lement juxtaposés. 

»  La  région  prémaxillaire  ou  incisive  est  constituée  par  une  surface  peu 
étendue,  lisse,  convexe,  très-inclinée  en  dedans  par  son  bord  supérieur, 
légèrement  rentrante  dans  le  même  sens  du  côté  de  son  bord  postérieur,  où 
elle  est  en  partie  limitée  par  la  suture  incisivo-maxillaire  que  nous  venons 
d'indiquer.  Cette  région  est  entièrement  occupée  par  la  racine  de  l'in- 
cisive, dont  elle  traduit  très-distinctement  la  position,  la  forme  et  les 
dimensions. 

»  En  arrière  du  maxillaire  supérieur,  on  trouve  la  fosse  orbitaire  et  la 
fosse  zygomatique  confondues  entièrement  l'une  avec  l'autre;  mais  on 
reconnaît  néanmoins  que  la  partie  qui  correspond  à  la  première  prédo- 
mine beaucoup  sur  la  seconde.  La  partie  qui  représente  la  cavité  orbitaire 
est  constituée  par  deux  larges  surfaces  :  l'une  latérale  et  l'autre  inférieure. 
La  première  forme  une  vaste  surface,  comme  en  haut,  se  portant  en  arrière 
et  en  dedans,  et  arrivant  à  se  rapprocher  tellement  du  plan  médian,  qu'en 
arrière  les  deux  fosses  orbitaires  ne  sont  séparées  l'une  de  l'autre  que  par 
une  simple  lame  osseuse.  A  la  partie  antérieure  de  cette  surface,  à  environ 
2  centimètres  en  dedans  du  pourtour  de  l'orbite,  on  trouve  un  orifice 
assez  prononcé,  qui  est  évidemment  l'orifice  supérieur  du  canal  nasal. 

»  On  voit  très-distinctement  à  la  partie  supérieure  et  externe  de  cette 
surface,  à  peu  de  distance  de  la  partie  inférieure  de  l'orbite,  une  trace  de  la 
suture  jugo-maxillaire;  en  bas,  principalement  du  côté  externe,  on  y  dis- 
tingue la  suture  sphéno-maxillaire  qui  descend  jusque  auprès  du  talon  pos- 
térieur de  la  dernière  molaire. 


(  '47  ) 

»  La  fosse  zygomatique  a  peu  d'étendue.  Elle  présente  un  fond  plat, 
encaissé  en  arrière  par  la  saillie  du  pariétal  et  par  le  développement  con- 
sidérable de  l'aile  externe  de  l'apophyse  ptérygoïde.  On  voit  à  la  partie 
supérieure  de  la  surface  plane,  l'orifice  du  trou  optique. 

»  Nous  terminerons  l'exposé  de  la  face  latérale  de  la  tète  du  Mesolhe- 
rium  par  un  aperçu  sommaire  du  maxillaire  inférieur. 

»  Maxillaire  inférieur.  —  Cet  os  est  très-développé,  surtout  dans  les 
parties  qui  se  rapportent  à  ses  branches;  il  est  dans  son  ensemble  réguliè- 
rement triangulaire.  Le  corps  est  robuste;  ses  faces  externes  sont  planes  et 
presque  verticales;  ses  faces  internes  un  peu  convexes.  Son  épaisseur  est  à 
peu  près  partout  égale;  sa  hauteur  est  aussi  sensiblement  la  même  dans 
toute  la  partie  qui  correspond  aux  molaires.  Le  trou  mentonnier  est 
simple,  médiocre  et  immédiatement  situé  au-dessous  du  bord  antérieur  de 
la  première  molaire. 

»  L'espace  intermandibulaire  est  régulièrement  triangulaire  et  très- 
large  en  arrière.  Du  côté  antérieur,  il  se  continue  au-dessus  de  la  partie 
symphysaire  en  une  profonde  gouttière,  demi-conique,  à  sommet  posté- 
rieur, présentant  un  talon  saillant  du  côté  externe  et  antérieur,  et  se  ter- 
minant en  s'épaississant  (au  plus  5  millimètres)  au  bord  antérieur  des 
grandes  incisives.  Nous  signalons  ce  dernier  point,  car  il  constate  une  dis- 
position inverse  de  ce  qui  a  lieu  cliez  les  Rongeurs. 

»  La  partie  postérieure  de  la  symphyse  est  très-élevée;  elle  comprend 
une  portion  principale,  verticale  et  un  peu  concave,  et  une  portion  infé- 
rieure formant  une  fossette  très-prononcée  à  grand  diamètre  transversal.  Il 
n'y  a  pas  de  véritable  apophyse  géni.  Sur  les  parties  latérales  et  inférieures 
de  la  région  symphysaire,  on  observe  une  sorte  d'étranglement  donnant 
lieu  à  une  gorge  transversale  située  près  du  bout  de  la  mâchoire. 

»  La  face  supérieure  de  la  symphyse  est  presque  d'un  tiers  plus  longue 
que  l'inférieure.  Sur  aucune  des  mâchoires  ou  fragments  de  mâchoires 
inférieures  que  nous  avons  entre  les  mains,  on  ne  découvre  aucun  vestige  de 
la  séparation  des  deux  mandibules.  Liinion  de  ces  parties  est  très-intime, 
comme  chez  les  Pachydermes.  Ce  point  est  encore  à  remarquer,  car  dans 
les  Rongeurs  ordinaires  les  deux  parties  de  la  mâchoire  inférieure  sont 
toujours  indépendantes  et  séparables  aisément  l'une  de  l'autre.  Les  bran- 
ches du  maxillaire  inférieur  sont  très-larges  et  hautes.  Excepté  sur  leur 
base  antérieure  et  leur  partie  inférieure,  elles  sont  partout  assez  minces. 
Leur  tace  externe,  présentant  deux  larges  dépressions, et  tout  à  fait  en  bas  et 
en    avant  un   tubercule  osseux  très- saillant ,  indique  une  grande  surface 

19.. 


(   i4»  j 
d'insertion  pour  le  muscle  masse  ter.  Leur  face  interne,  presque  plane,  pré- 
sente en  sens  opposé  une  surface  également  très-étendue  pour  l'insertion 
des  muscles  ptérygoïdiens. 

»  L'orifice  interne  du  canal  dentaire  est  situé  à  la  partie  moyenne  de  la 
ligne  de  jonction  du  corps  et  des  branches  du  maxillaire  inférieur. 

»  Le  bord  antérieur  est  très-irrégulier  et  parcouru  par  plusieurs  crêtes 
très-prononcées.  On  y  remarque  en  bas,  entre  les  deux  lignes  obliques 
maxillaires  internes  et  externes,  une  vaste  fossette.  Le  bord  postérieur  est 
très-régulier;  il  décrit  à  peu  près  une  demi-circonférence.  Sa  propulsion 
en  avant  rappelle  un  peu  ce  que  l'on  observe  dans  le  genre  Glyplodon. 

»  L'apophyse  coronoïde  est  large,  légèrement  tordue  et  incurvée  en 
arrière  et  en  dedans  à  son  sommet.  L'échancrure  sygmokle  est  petite,  elle 
décrit  environ  un  quart  de  cercle  et  ne  descend  pas  au-dessous  de  la  base 
du  conclyle.  Celui-ci  est  fort,  tuberculeux  et  ovalaire;  son  grand  axe  est 
dirigé  presque  transversalement.  Il  est  dépourvu  de  toute  trace  de  collet  et 
se  porte  un  peu  en  avant.    » 

cosmologie.   —  Contribution  à  l'anaiomie  des  météorites;  par M.  Daubkée. 

«  Pour  appliquer  avec  certitude  aux  masses  météoriques  contenant  à  la 
fois  des  parties  pierreuses  et  des  parties  métalliques  la  classification  que  j'ai 
proposée  dans  lavant-dernière  séance  (i),  il  est  nécessaire  de  savoir  si  le 
fer  y  est  en  masse  continue  ou  à  l'état  de  grains  isolés.  Si  pour  certaines 
météorites,  telles  que  celles  de  Pallas  et  de  la  Sierra  de  Chaco,  il  est  facile 
de  décider  qu'elles  font  partie  des  syssidères  ou  des  sporadosidères,  pour 
d'autres,  au  contraire,  la  conclusion,  dans  l'état  actuel  des  méthodes  ana- 
lytiques, ne  peut  être  que  provisoire. 

»  On  a  essayé  de  résoudre  la  question  en  pratiquant  dans  la  masse  des 
sections  planes  dans  diverses  directions,  puis  en  les  polissant.  Mais  cette 
méthode  est  loin  d'être  satisfaisante.  Il  y  a  toujours  une  partie  du  1er  qui 
reste  cachée  aux  yeux,  et  l'on  ne  peut  pressentir  dans  quelles  conditions 
elle  se  trouve.  Ce  procédé  appliqué  au  fer  trouvé  à  Rittersgrùn,  en  Saxe, 
conduirait  à  affirmer  qu'il  fait  partie  des  sporadosidères,  ou,  en  d'autres 
termes,  que  le  fer  y  est  en  grains  séparés  les  uns  des  autres.  On  va  voir  que 
cette  conclusion,  justifiée  en  apparence  par  l'examen  d'un  bel  échantillon 
que  possède  le  Muséum,  est  erronée. 

(i)  Comptes  rendu/!  de  l'académie  des  Sciences,  t.  LXV,  p.  60  (1867). 


(  '49) 

«  En  présence  de  ces  faits,  il  est  clair  que  le  seul  moyen  de  savoir  avec 
certitude  si  une  masse  sidérolithique  est  un  syssidère  ou  un  sporadosidère, 
c'est  d'arriver  à  séparer  exactement  le  fer  de  toute  la  matière  pierreuse,  sans 
altérer  l'état,  ni  même  la  forme  du  métal.  En  d'autres  ternies,  il  s'agit  de 
réaliser,  au  point  de  vue  de  la  disposition  du  fer  dans  la  matière  pierreuse, 
une  véritable  anatomie  de  la  masse.  J'ai  cherché  à  atteindre  ce  résultat  avec 
la  coopération  de  M.  S.  Meunier,  aide  naturaliste  du  Muséum,  que  je  me 
fais  un  plaisir  de  remercier. 

»  La  première  pensée  est  de  recourir  à  des  moyens  purement  chimiques, 
et,  comme  on  va  le  voir,  ils  ne  sont  pas  en  très-grand  nombre. 

»  J'avais  songé  d'abord  à  l'emploi  de  l'acide  fluorhydrique  pour  attaquer 
le  silicate,  dont  il  serait  ensuite  facile  de  se  débarrasser.  Mais  les  résultats 
n'ont  pas  été  conformes  à  ce  qu'on  pouvait  attendre.  Dans  plusieurs  expé- 
riences où  l'on  opérait  sur  des  masses  renfermant  du  péridof,  on  avait  pré- 
cisément l'inverse  de  ce  qu'il  s'agissait  d'obtenir,  c'est-à-dire  que  le  fer 
était  attaqué  pendant  que  le  silicate  restait  intact.  Pour  d'autres  masses  ren- 
fermant du  pyroxène,  comme  celles  de  Brahin,  en  Russie,  le  silicate  était 
attaqué,  et  il  suffisait  de  vernir  le  fer  pour  le  préserver  de  l'action  de  l'acide. 
Mais,  même  dans  ce  cas,  le  procédé  n'est  pas  applicable  à  cause  de  sa 
lenteur. 

»  J'ai  mis  ensuite  en  usage  l'action  de  la  potasse  caustique  en  fusion, 
qui  n'a  que  peu  d'influence  sur  le  fer  et  attaque  au  contraire  les  silicates 
avec  facilité.  Les  résultais  ont  été  meilleurs  que  ceux  obtenus  précédem- 
ment, mais  le  réactif  a  l'inconvénient  d'être  trop  énergique.  Lorsque  le  fer 
est  disposé  en  petites  fibres  ou  en  petites  écailles,  comme  il  arrive,  par 
exemple,  dans  la  masse  de  la  Sierra  de  Chaco,  celles-ci  sont  souvent  rom- 
pues, par  suite  de  l'oxydation  que  subit  le  fer  et  qui  est  assez  grande  pour 
convertir  ces  minces  attaches  en  un  oxyde  que  l'alcali  désagrège  complè- 
tement. 

»  On  a  un  réactif  moins  énergique  en  remplaçant  l'alcali  fondu  par  une 
lessive  concentrée,  mais  la  réaction,  qui  devient  alors  lente,  est  difficile  à 
conduire. 

»  L'acide  nitrique  fumant,  dans  lequel,  comme  on  sait,  le  fer  devient 
passif,  constitue  aussi  un  réactif  lent,  mais  qui  a  sur  le  précédent  l'avan- 
tage de  ne  pas  demander  une  température  supérieure  à  la  température 
ordinaire.  Toutefois  il  ne  parait  pas  possible  de  l'adopter,  à  cause  du  dépôt 
de  silice  gélatineuse  sur  la  pierre  attaquée,  qui  arrête  bientôt  l'action. 

»  En  résumé,  parmi  les  moyens  chimiques,  je  n'ai  pas  rencontré  de  pro- 


(   i5o  ) 
cédé  répondant  complètement  au  but  à  atteindre,  et  j'ai  dû  tenter  une  nou- 
velle série  d'essais  dans  une  voie  différente. 

»  Un  procédé  purement  physique,  aussi  rapide  que  commode,  me 
paraît  répondre  complètement  à  la  question.  Voici  en  quoi  il  consiste  : 

»  Un  fragment  de  la  météorite  à  étudier  étant  donné,  on  le  place  dans 
un  creuset  de  platine  que  l'on  chauffe  rapidement  au  rouge  vif,  au  moyen 
d'une  lampe  à  gaz.  Lorsque  la  pierre  a  atteint  une  température  égale  à  celle 
du  creuset,  c'est-à-dire  lorsqu'elle  est  bien  rouge,  on  la  plonge  rapide- 
ment dans  de  l'eau  très-froide,  jusqu'à  refroidissement  complet. 

»  Par  cette  simple  manipulation,  le  silicate,  étonné,  s'est  fendillé  en 
tous  sens,  et  l'on  peut,  sans  la  moindre  difficulté,  l'enlever  d'une  manière 
complète  avec  des  pinces. 

»  Des  expériences  assez  nombreuses,  faites  sur  des  météorites  différentes, 
m'ont  prouvé  que  ce  procédé  est  général  et  donne  de  très-bons  résultats. 

»  Le  seul  inconvénient  qu'il  présente  est  d'oxyder  un  peu  la  surface 
du  fer,  par  suite  du  contact  de  l'eau.  L'inconvénient  disparaît,  si  l'on 
remplace  l'eau  par  le  mercure,  qui  opère  un  étonnement  peut-être  plus 
complet.  Lorsqu'on  fait  usage  de  mercure,  il  est  nécessaire  de  fixer 
l'échantillon  en  expérience  à  l'extrémité  d'un  gros  fil  de  fer  qui  permet, 
malgré  la  différence  des  densités,  de  le  plonger  au  fond  du  bain  métal- 
lique. Dans  quelques  expériences  j'ai  opéré  au  moyen  d'un  appareil  parti- 
culier rempli  d'acide  carbonique,  et  alors  on  peut  considérer  l'oxydation 
du  fer  comme  nulle. 

»  Il  nie  reste  à  rapporter  les  principaux  résultats  qui  m'ont  été  fournis 
par  cette  sorte  d'anatomie  des  lithosidérites. 

»  Un  échantillon  de  la  Sierra  de  Chaco  s'est  converti  en  un  grand 
nombre  de  petites  grenailles  parfaitement  terminées  en  tous  sens,  c'est-à- 
dire  ne  faisant  pas  continuité.  Malgré  la  forte  proportion  de  fer  que  cette 
météorite  renferme,  elle  n'en  reste  donc  pas  moins  un  sporadosidère. 

»  Le  fer  d'Atacama^  au  contraire,  a  manifesté  par  ce  procédé  les  carac- 
tères qui  font  les  syssidères.  La  pierre  y  constitue  des  grains  séparés  qui 
sont  disséminés  au  milieu  d'une  masse  continue  de  fer. 

»  La  météorite  de  Rittersgrùu,  qui,  comme  on  l'a  vu  plus  haut,  parait 
appartenir  au  groupe  des  sporadosidères,  m'a  donné  un  résultat  digne 
d'être  mentionné.  Un  échantillon,  traitécomme  il  vient  d'être  dit, a  montré 
que  tous  les  grains  de  fer,  qui  tout  d'abord  semblaient  parfaitement  indé- 
pendants les  uns  des  autres,  sont  tous  reliés  entre  eux.  La  météorite  con- 
stitue donc  un  syssidére,  et  ce  premier  résultat  est  à  signaler. 


(  i5i  ) 

»  Toutefois,  le  fer  de  Rittersgrùn  diffère  essentiellement  de  celui  d'Ata- 
cama  ou  de  celui  de  Pallas.  Dans  ceux-ci,  comme  on  sait,  la  pierre  est  en 
grains  séparés.  Il  n'en  est  pas  de  même  dans  le  fer  de  Rittersgrùn.  Ici,  la 
pierre  est  continue  tout  aussi  bien  que  le  fer  lui-même  :  ce  sont  deux 
réseaux,  l'un  pierreux,  l'autre  métallique,  qui  s'enchevêtrent  mutuelle- 
ment. Ce  caractère  suffit  pour  que  les  masses  qui  le  présentent  ne  restent  pas 
confondues  avec  les  syssidères  dont  le  fer  de  Krasnojarsk,  dit  de  Pallas,  est 
le  type. 

»  La  méthode  que  je  viens  de  décrire  peut,  dans  beaucoup  de  cas,  être 
étendue  aux  météorites  du  type  commun.  Elle  permet  d'isoler  toutes  les 
grenailles  métalliques  sans  les  altérer,  et  par  conséquent  d'en  étudier  la 
forme.  On  sait  que  cette  forme  n'est  pas  sphérique,mais  tuberculeuse;  peut- 
être  son  étude  fournira-t-elle  quelque  nouvelle  notion  sur  les  conditions 
dans  lesquelles  ces  grenailles  se  sont  produites.  » 

électro-physiologie.  —  Sur  le  pouvoir  électromoteur  secondaire  des  nerfs 
et  son  application  à  i 'électro-physiologie ;  par  M.  Cn.  Matteucci.  (Premier 
extrait.) 

«  En  1860  (1)  j'ai  communiqué  pour  la  première  fois  à  l'Académie  des 
expériences  sur  ce  sujet,  expériences  que  j'ai  reprises  de  nouveau  en 
1861  (2)  et  en  1 863  (3). 

»  Tout  dernièrement  encore ,  à  l'occasion  du  cours  d'éleetro-physio- 
logie  que  j'ai  fait  au  Musée  de  Florence  dans  les  mois  de  mai  et  de  juin 
de  cette  année,  j'ai  continué  cette  étude  et  j'ai  demandé  la  permission  à 
l'Académie  de  lui  communiquer  les  nouveaux  résultats  auxquels  je  suis 
parvenu. 

»  Après  avoir  prouvé  que  le  passage  du  courant  électrique  dans  un  nerf 
détermine  presque  instantanément  l'électrolysation  de  tous  les  points  de  ce 
tissu  et  que  les  produits  de  cette  électrolysation  développés  et  recueillis  sur 
ces  points  donnent  lieu  à  des  réactions  chimiques  et  à  des  courants  élec- 
triques secondaires  dès  que  le  courant  électrique  a  cessé  de  passer,  il  était 
impossible  de  ne  pas  entrevoir  toute  l'importance  de  l'introduction  d'un 
phénomène  physico-chimique  hien  connu  dans  le  champ  encore  si  obscur 
de  l'électro-physiologie.  Cette  partie  de  la  physique,  comme  toutes  les  appli- 

(1)  Comptes  rendus,  t.  L,  p.  4'2. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  LU,  p.  23i;  t.  LUI,  p.  5o3. 

(3)  Comptes  rendus,  t.  LVI,  p.  760. 


(  i5a) 

cations  de  celte  science  aux  phénomènes  de  l'organisme  vivant,  ne  peut 
consister,  en  définitive,  que  dans  l'explication  deces  phénomènes  par  l'appli- 
cation d'un  principe  ou  d'une  loi  physique  dans  des  conditions  déterminées. 

»  Je  crois  nécessaire  d'abord  de  rappeler  aussi  brièvement  que  possible 
les  résultats  principaux  de  mes  Mémoires  précédents. 

»  J'ai  montré,  par  des  expériences  très-faciles  à  répéter  et  qui  n'exigent 
qu'un  galvanomètre  à  24  ou  3oooo  tours,  et  deux  petits  verres  auxquels 
sont  fixés  deux  coussins  en  laine  ou  en  papier  imbibés  de  la  solution  de 
sulfate  de  zinc  et  communiquant  par  une  couche  d'amalgame  de  zinc 
aux  extrémités  du  galvanomètre;  j'ai  montré,  dis-je,  que  tout  corps  ayant 
une  structure  capillaire  et  imbibé  d'un  liquide  conducteur,  une  fois 
qu'il  a  été  traversé  par  un  courant  électrique,  est  devenu  dans  tous  ses 
points  un  électromoteur  secondaire.  On  fait  l'expérience  en  posant  ce 
corps,  réduit  en  forme  de  prisme  ou  de  cylindre,  ou  sur  deux  fils  de  platine 
parfaitement  dépolarisés  avec  la  chaleur,  ou  mieux  sur  deux  petits  coussins 
en  laine  ou  en  papier,  imbibés  ou  d'une  solution  de  sel  marin  ou  d'une  solu- 
tion de  sidfate  de  zinc  :  avec  ce  dernier  liquide,  que  j'emploie  aujourd'hui 
le  plus  souvent,  on  est  sûr  de  ne  pas  introduire  dans  les  expériences  de 
liquides  différents.  Je  fais  passer,  à  travers  ces  deux  coussins  et  le  corps  que 
je  soumets  à  l'expérience,  le  courant  d'une  pile  de  huit  à  dix  petits  éléments, 
et  j'ai  dans  le  circuit  un  galvanomètre  pour  être  sûr  du  passage  et  de  l'in- 
tensité du  courant.  L'expérience  a  été  faite  sur  des  couches  de  carton,  d'ar- 
gile, de  laine  imbibés  d'eau;  sur  des  tiges  végétales,  sur  des  tranches  de 
pommes  de  terre,  de  betteraves,  de  courges,  de  tissu  musculaire  et  sur 
les  nerfs  de  différents  animaux.  Dans  tous  les  cas  sans  exception,  le  corps 
qui  a  été  traversé  par  le  courant,  porté  ensuite  sur  un  support  de  gulta- 
percha  sur  les  coussins  du  galvanomètre,  donne  lieu  à  un  courant  élec- 
trique dont  la  direction  est  toujours  en  sens  contraire  de  celle  de  la  pile. 
Évidemment  ce  courant  est  dû  aux  réactions  chimiques  qui  ont  lieu  entre 
les  produits  de  l'électrolysation  après  que  le  courant  a  cessé  de  passer,  réac- 
tions qui  se  produisent  tantôt  directement  à  travers  le  corps  électrolysé, 
tantôt  entre  les  produits  de  l'électrolysation  recueillis  sur  les  extrémités 
du  corps  assujetti  au  courant  et  le  liquide  des  coussins  du  galvano- 
mètre (1). 

(1)  L'analyse  do  ces  courants  et  leur  interprétation  dans  ces  différents  cas  exigeraient 
encore  de  nouvelles  recherches  :  il  v  aurait  surtout  à  voir  comment  les  courants  secon- 
daires développés   dans  des  corps  soumis  au    passage  du  courant  électrique  et  posés   sur 


(  1*3  ) 

»  Il  est  facile  de  reproduire  ces  résultats  en  mouillant,  d'acide  nitrique 
d'un  côté,  et  d'une  solution  de  potasse  de  l'autre,  les  extrémités  d'un 
quelconque  des  corps  que  j'ai  nommés,  et  en  le  portant  ainsi  préparé  sur 
les  coussins  du  galvanomètre  ou  sur  deux  fils  de  platine  réunis,  au  lieu  des 
coussins,  aux  extrémités  du  galvanomètre. 

»  L'objet  principal  de  mes  expériences  a  toujours  été  d'étudier  le 
pouvoir  électromoteur  secondaire  développé  dans  les  nerfs,  et  cela  non- 
seulement  en  vue  des  applications  à  l'électro-physiologie,  mais  aussi  parce 
que  le  fait  qui  m'a  frappé  dès  le  commencement  a  été  que  le  nerf  produi- 
sait ce  phénomène  avec  une  intensité  et  une  persistance  beaucoup  plus 
grandes  que  tous  les  autres  corps  que  j'ai  nommés.  En  effet,  il  suffit  de  dire 
que,  tandis  qu'avec  les  corps  les  mieux  doués  des  polarités  secondaires  on 
n'a,  toutes  les  autres  conditions  étant  égales,  qu'une  déviation  de  25  ou 
3o  degrés  au  plus  à  mon  galvanomètre,  déviation  cessant  après  quelques  mi- 
nutes, avec  le  nerf  sciatique  d'un  poulet,  d'un  lapin,  d'une  brebis,  le  courant 
secondaire  pousse  l'aiguille  à  90  degrés  et  persiste  à  la  tenir  déviée  de  i5 
à  20  degrés,  même  après  plusieurs  heures.  Le  nerf  pris  sur  un  animal  mort 
depuis  vingt-quatre  heures  et  sur  un  animal  lue  avec  le  curare,  le  nerf  qui 
a  été  dans  un  mélange  frigorifique  à  —  10  ou  —  12  degrés  centigrades,  qui 
a  été  dans  l'eau  chauffée  à  -+-  25  ou  +  3o  degrés  centigrades,  le  nerf  in- 
tègre et  pris  sur  l'animal  vivant,  le  nerf  pris  sur  un  animal  tué  avec  les 
décharges  d'un  appareil  d'induction,  le  nerf  coupé  et  réuni  ensuite  par  le 
contact,  acquièrent  dans  tous  ces  cas  le  pouvoir  électromoteur  secondaire 
dans  tous  leurs  points,  et  cela,  en  ne  faisant  passer  le  courant  que  pendant 
une  fraction  très-petite  de  seconde.  J'ai  décrit  dans  mes  Mémoires  les 
légères  différences  trouvées  en  agissant  dans  les  circonstances  que  j'ai 
nommées.  Il  n'y  a  qu'une  manière  d'enlever  au  nerf  cette  propriété  : 
c'est  de  détruire  sa  structure  ou  par  la  compression,  ou  par  la  chaleur  de 
l'eau  bouillante.  Pour  détruire  les  polarités  secondaires,  il  est  également 
nécessaire  de  recourir  à  la  chaleur  ou  à  l'immersion  dans  l'eau  chaude,  ou 
à  la  compression. 

»   On  peut  s'assurer  facilement  qu'un  nerf  posé  sur  les  deux  coussins  et 

des  couches  humides,  ont  la  même  direction  lorsqu'ils  sont  portés  au  galvanomètre  tantôt 
sur  deux  fils  de  platine,  tantôt  sur  les  coussins.  Mais  ces  recherches  m'auraient  éloigné,  sans 
grand  profit,  de  l'étude  que  j'ai  voulu  faire  des  courants  secondaires  des  nerfs  et  de  leurs 
applications. 

G.  R.,  1867,  a»  Semestre.  (T.  LXV,  N°  4.)  ^O 


(  i54  ) 

traversé  par  le  courant  se  comporte  comme  un  fil  de  platine  ou  d'un  autre 
métal  sujet  à  la  polarisation.  On  sait  que  si  on  place,  sur  le  coussin  qui 
communique  au  pôle  positif  de  la  pile  un  morceau  de  papier  rouge  de 
tournesol ,  et  sur  1  autre  coussin  communiquant  vers  le  pôle   négatif  un 
morceau  du   même  papier  bleu,  on  voit  apparaître,  après  le  passage  du 
courant,,  une  tache  bleue  au-dessous  du  fil  métallique   du  côté  du    pôle 
négatif.  J'ai  mis  tous  mes  soins  à  faire  et  à  varier  cette  expérience  avec  des 
nerfs.  Pour  cela  les  fils  de  la  pile    ne  plongent  pas  directement  dans   le 
liquide,    qui  est   de   l'eau   fortement  salée,   mais  ils  sont  introduits  dans 
deux  tubes  de  verre  remplis  de  sable  et  plongés  dans  ce  liquide  ;  je  prends 
ces  précautions  pour  empêcher  que  les  produits  électro-chimiques  déve- 
loppés sur  les  électrodes  ne  se  répandent  dans  le  liquide  et  sur  les  coussins  : 
il  faut  aussi,  pour  que  le  nerf  continue  longtemps  à  conduire  le  courant 
sans  se  dessécher,  opérer  sous  une  cloche  et  dans  l'air  saturé  d'humidité. 
Pour  que  le  résultat  soit  net,  il  faut  prolonger  l'expérience  pendant  deux 
ou  trois  heures.  On  trouve  alors  que  la  moitié  du  nerf,  et  surtout  l'extré- 
mité par  laquelle  entre  le  courant,  donne  une  réaction  alcaline  bien  mar- 
quée, et  cela  même  dans  l'intérieur  du  nerf;  l'autre  moitié,  celle  tournée 
vers  le  pôle  négatif,  donne  une  réaction  acide  plus  faible. 

„  J'ai  constamment  vérifié  que  le  pouvoir  électromoteur  secondaire  est 
beaucoup  plus  fort  dans,  les  points  du  nerf  rapprochés  du  pôle  positif  que 
dans  ceux  qui  sont  rapprochés  du  pôle  négatif. 

„   On  peut  montrer  facilement  cette  expérience  dans  un  cours  en  faisant 
usage  de  la  méthode  différentielle  bien  connue.  Pour  cela,  on  prépare  sur 
un  poulet  ou  sur  un   lapin  l'expérience  qu'on  fait  si  souvent  en  électro- 
physiologie  pour  montrer  que  le  passage  du  courant  inverse  donne  heu  a 
des  contractions  très-violentes  lorsqu'on  ouvre  le  circuit,  tandis  que    autre 
nerf,  qu'on  appelle  direct,  perd  bientôt  Irritabilité  et  cesse  d  éveiller  les 
contractions,  soit  en  ouvrant,  soit  en  fermant  le  circuit.  Quand  on  a  fait 
passer  par  cette  préparation,  a  travers  les  nerfs  d'un  poulet  ou  d  un  lapin, 
un  courant  électrique  de  huit  ou  dix  éléments  de  Daniell  pendant  v.ngt- 
cinq  ou  trente  minutes  et  même  davantage,  en  conservant  l'air  humide 
autour  des  nerfs,  on  coupe  rapidement  les  deux  nerfs  cruraux  et  on  les 
place,  l'un  à  la  suite  de  l'autre,  sur  une  lame  de  gutta-percha  en  renversant 
la  position  d'un  de  ces  nerfs  relativement  à  la  position  qu'il  avait  pendant 
le  passage  du  courant.  On  porte  enfin  les  extrémités  de  ce  double  nerf  en 
contact  des  coussins  du  galvanomètre;  on  obtient  constamment  un  tres-jort 
courant  différentiel  dans  le  sens  du  nerf  inverse. 


(  «a  ) 

jj  Ces  résultats  sont  certainement  de  nature  à  intervenir  dans  l'explication 
des  phénomènes  qui  s'éveillent  à  l'ouverture  du  circuit  dans  le  nerf  et  dans 
le  membre  inyerse,  et  qui  ont  été  si  longuement  étudiés  par  Ritter,  Maria- 
nini  et  par  moi-même  plus  tard. 

»  En  effet,  il  est  certain,  et  c'est  là  l'expérience  même  des  polarités  se- 
condaires des  nerfs,  qu'au  moment  où  l'on  ouvre  le  circuit,  ces  courants 
secondaires  commencent  à  circuler,  et  ont  une  intensité  qui  est,  jusqu'à  un 
certain  point,  proportionnelle  au  temps  que  le  courant  a  continué  à  passer 
et  aux  différences  des  pouvoirs  électromoteurs  secondaires  développés 
dans  les  différents  points  du  nerf  II  n'y  a  qu'à  porter  rapidement  le  nerf 
d'une  grenouille  galvanoscopique  au  contact  des  nerfs  qui  ont  été  élec- 
trolysés,  et  surtout  du  nerf  inverse,  pour  voir  à  l'instant  des  contractions 
éveillées  dans  cette  grenouille  par  les  courants  secondaires  directs,,  qui  cir- 
culent immédiatement  après  que  le  circuit  a  été  ouvert.  De  là  l'explication 
ou  la  déduction  de  l'action  des  courants  secondaires  sur  les  nerfs  et  des 
phénomènes  qui  se  produisent  dans  les  nerfs  électrolysés  à  l'ouverture  du 
circuit. 

»  Nous  sommes  aujourd'hui  en  mesure  d'ajouter  de  nouvelles  considé- 
rations à  ce  propos.  Dans  les  livres  de  galvanisme,  et  surtout  dans  celui  de 
M.  de  Humboldt,il  est  dit  que  les  alcalis  augmentent  l'excitabilité  des  nerfs 
et  que  les  acides  l'affaiblissent.  Voici  des  expériences  bien  nettes  à  cet  égard. 
J'ai  préparé  et  versé  dans  deux  assiettes,  d'un  côté  une  solution  très-diluée 
de  potasse  qui  ramenait  à  peine  au  bleu  le  papier  rouge,  et  de  l'autre  une 
solution  également  diluée  d'acide  chlorhydrique,  et  j'ai  placé  les  nerfs  de 
huit  à  dix  grenouilles  galvanoscopiques,  préparés  à  peu  près  au  même  mo- 
ment, dans  ces  deux  liquides.  L'expérience  que  je  vais  décrire  a  été  faite 
après  avoir  prolongé  cette  immersion  depuis  trente  secondes  jusqu'à  deux 
ou  trois  minutes.  Je  retire  les  grenouilles,  je  lave  les  nerfs  dans  de  l'eau 
distillée,  je  les  essuie  avec  du  papier,  et  je  les  place  ensuite  sur  une  lame  de 
verre  en  faisant  toucher  deux  à  deux  les  nerfs  des  deux  assiettes.  Alors, 
je  porte  une  goutte  d'eau  salée  en  contact  avec  les  nerfs.  Dans  un  grand 
nombre  de  ces  expériences,  j'ai  vu  constamment  les  contractions  s'éveiller 
dans  les  grenouilles  dont  les  nerfs  auraient  été  dans  l'eau  alcaline,  et 
ces  contractions  être  les  plus  promptes  et  lesplus  fortes;  dans  les  autres  gre- 
nouilles, dont  les  nerfs  avaient  été  dans  la  solution  acide,  les  contractions 
ont  été  retardées,  et  souvent  elles  ont  manqué  ou  elles  ont  été  plus  faibles. 

»  Or,  nous  l'avons  vu,  le  nerf  inverse,  les  nerfs  électrolysés  dans  les  points 
où   le  courant  pénétre,  montrent  au   papier  réactif  la  présence  de  l'alcali 

20.. 


(  '56  ) 
qui  est  un  produit  de  l'électrolysalion,  et  par  conséquent  ces  nerfs  acquiè- 
rent ainsi  dans  ces  points  un  pouvoir  plus  grand  d'excitabilité.  On  doit  donc 
aussi  tenir  compte  de  cette  propriété  pour  concevoir  le  phénomène  décou- 
vert par  M.  Pflugger  de  l'excitabilité  d'un  nerf  exaltée  dans  les  points  rap- 
prochés de  l'électrode  négatif  où  l'alcali  se  dégage,  et  de  la  moindre  exci- 
tabilité du  nerf  auprès  du  pôle  positif  où  les  acides  se  développent. 

«  Je  m'arrête  ici,  ne  voulant  pas  aller  au  delà  des  conclusions  et  des 
applications  rigoureuses  :  dans  une  seconde  et  très-prochaine  communica- 
tion je  ferai  connaître  des  expériences  également  rigoureuses  et  qui  ex- 
pliquent la  véritable  nature  d'un  phénomène  très-connu  en  électro-physio- 
logie, c'est-à-dire  de  la  production  d'un  courant  électrique  dans  un  nerf 
au  delà  des  points  électrolyséset  dans  la  direction  du  courant  électrolysant. 

»  En  achevant  cet  extrait,  je  ne  puis  m'empècher  de  faire  remarquer  com- 
bien nos  connaissances  sur  les  phénomènes  électro-physiologiques  doivent 
gagner  en  étendue  et  en  clarté  à  l'aide  du  principe  du  pouvoir  électro- 
moteur secondaire  des  nerfs  et  de  ses  effets  électriques  et  chimiques.  Nous 
savons  que  la  présence  des  alcalis  dans  l'organisme  favorise  les  actes  chi- 
miques de  la  nutrition  ;  par  conséquent,  ce  n'est  pas  trop  s'abandonner  à 
des  vues  hypothétiques  que  d'imaginer  que  les  ramifications  nerveuses 
recouvertes  d'une  couche  alcaline  à  la  suite  de  l'électrolysation  sont  ainsi, 
comme  l'expérience  le  prouve,  dans  des  conditions  plus  favorables  pour 
exciter  la  respiration  et  la  contraction  musculaire,  que  ne  le  sont  les  ra- 
mifications nerveuses  chargées  d'acide.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Note  sur  tes  orages  du  sud-est;  par  M.  J.  Fourxet. 

«  Depuis  Mariotte,  on  a  admis  que  le  vent  de  sud-ouest  est  notre  vent 
essentiellement  orageux,  et  en  effet,  à  ma  connaissance,  on  n'a  jamais 
signalé  un  orage,  dans  la  plus  grande  partie  de  la  France,  sans  que  les  nuées 
fussent  poussées  par  ce  vent.  Je  dis  les  nuées,  car  il  importe  pour  notre 
objet  actuel  de  faire  abstraction  des  vents  inférieurs. 

»  Toutefois,  en  i845,  pendant  un  voyage  que  je  faisais  dans  le  Tyrol, 
j'eus  à  supporter  un  orage  de  sud-est,  et  mes  idées  trop  absolues  au  sujet  de 
la  puissance  exclusive  du  sud-ouest  commencèrent  à  se  modifier;  mais 
avant  de  hasarder  une  opinion  sur  un  fait  isolé,  j'eus  recours  à  l'inépuisable 
complaisance  de  M.  Boue.  Habitant  près  de  Vienne,  dans  la  partie  où  les 
plaines  de  l'Autriche  vont  se  fondre  à  celles  de  la  Valachie  et  de  la  Hon- 
grie, et  par   suite   dans  une   région    où  le  vent  de  sud-est  peut  pénétrer 


(  'S?  ) 
librement,  il  devait,  mieux  que  tout  autre,  nie   permettre  d'espérer  une 
solution  satisfaisante. 

»  Par  sa  réponse,  j'appris  que,  dans  cette  région,  les  orages  du  sud-ouest 
sont  les  plus  nombreux,  ceux  du  sud-est  n'étant  pas  exclus.  Dès  lors,  mes 
incertitudes  cessèrent  et  j'eus,  de  plus,  une  sorte  de  mesure  de  la  puis- 
sance relative  de  chacun  de  ces  deux  agents. 

»  Plus  tard,  en  i855,  en  traversant  l'Esterel,  je  fus  de  nouveau  assailli 
par  le  sud-est,  et  comme,  au  point  de  vue  de  notre  météorologie,  la  ques- 
tion de  son  entrée  dans  les  parties  méridionales  du  bassin  du  Rhône  était 
d'une  importance  majeure,  je  m'adressai  à  MM.  Zurcher  et  Margollé,  de 
Toulon.  Les  données  de  ces  météorologistes  distingués  furent  conformes 
à  celles  de  M.  Boue. 

»  Enfin,  avec  les  renseignements  que  me  procura  M.  Bonnet,  ingénieur 
en  chef  des  Ponts  et  Chaussées,  et  ceux  que  je  recueillis  dans  la  Statistique 
des  Bouches-du-Rhone  de  M.  Toulouzan,  je  pus  arriver  jusqu'aux  plaines  de 
la  Cran  ;  mais  comme,  au  delà  de  ces  parties  riveraines  de  la  Méditerranée, 
il  n'est  plus  question  que  du  sud-ouest,  je  dus  admettre  qu'il  faut  des  cir- 
constantes  exceptionnelles  pour  que  le  vent  oriental  dépasse  leBhône.  Ainsi 
en  fait  d'orages  le  reste  de  notre  pays  constitue  le  vrai  domaine  du  vent 
occidental. 

»  Libre  désormais  de  mes  anciennes  préoccupations,  je  puis  entrer  dans 
les  détails  sur  les  particularités  de  nos  orages  tyroliens  et  provençaux.  On 
aura  bientôt  saisi  les  différences,  malgré  l'apparente  identité  de  leurs 
vents;  mais  aussi  on  remarquera  qu'il  ne  s'agit  jusqu'à  présent  que  de 
deux  faits,  dont  il  serait  téméraire  de  tirer  des  conclusions  trop  générales. 
Mon  but  consiste  surtout  à  diriger  l'attention  des  observateurs  vers  une  voie 
nouvelle,  laissant  à  l'avenir  le  soin  de  préciser  les  lois  qui  régissent  ces 
météores. 

■>  Orages  tyroliens.  —  Les  météorologistes  qui  ont  l'avantage  de  posséder 
les  belles  cartes  de  Berghaus  s'assureront  facilement  de  l'existence  d'une 
bande  teintée  en  noir  et  étendue  sur  les  Alpes  orientales.  Elle  représente 
une  zone  à  pluies  nombreuses  et  abondantes,  qui  est  aussi  celle  que  j'avais 
à  traverser  pour  me  rendre  de  Trente  à  Predazzo,  en  août  1  845. 

»  L'orage  en  question  commençait  à  se  manifester,  pour  moi,  au  moment 
où  j'allais  quitter  Trente,  le  27  août,  car,  dans  la  nuit,  j'entendais  le  ton- 
nerre et  je  voyais  des  éclairs  au  nord  comme  au  sud. 

«  Le  28  au  matin,  la  pluie  était  forte;  puis  à  Lavis,  le  ciel  demeurait  cou- 
vert d'un  épais  et  sombre  stratus  poussé  par  le  nord-ouest.  Enfin,  à  3  heures 


(  i58  ) 
du  soir,  sur  le  chemin  de  Cembra,  la  pluie  reprenait  de  façon  à  devenir  bat- 
tante, et  dans  la  nuit  la  neige  couvrit  les  sommités  qui  dominent  la  vallée 
de  l'Avisio. 

»  Le  29,  à  6  heures  du  matin,  la  pluie  était  momentanément  arrêtée,  de 
façon  que  je  pus  arriver  à  Valda,  sans  avoir  autre  chose  en  vue  que  le 
cumulo-stratus  bas  du  nord-ouest,  avec  quelques  ondées  par  intervalles. 
Mais,  à  8h3ora,  un  coup  de  vent  sud-est  provoqua  un  surcroît  d'inten- 
sité pluviale.  La  route  se  défonçait  sous  mes  pieds;  des  éboulis  survenaient 
à  côté  de  moi;  les  torrents  se  glorifiaient  en  charriant  des  arbres,  et,  au  lieu 
de  se  modérer,  l'exaspération  devenait  croissante,  à  1 1  heures  du  matin 
vers  Cipriana.  D'ailleurs,  les  nuées  affluant  toujours  du  sud-est,  pendant 
toute  la  soirée,  le  mal  allait  croissant  au  lieu  de  s'amoindrir  le  soir.  Enfin, 
à  Cavalèse,  où  je  dus  coucher,  j'appris  que  ce  mauvais  temps  durait  depuis 
l'instant  où  j'avais  vu  les  éclairs  de  Trente. 

»  Le  3o,  à  Cavalèse,  la  pluie  était  arrêtée  à  7  heures  du  matin,  mais  les 
nuages  venant  encore  du  sud-est,  elle  reprit  à  8  heures  par  un  stratus  uni- 
forme. Cependant,  vers  3  heures  du  soir  à  Tesero,  le  nord-ouest  reparut,  de 
façon  à  remplacer  les  calmes  du  sud-est;  mais  aussi  il  ne  fit  qu'augmenter 
l'intensité  des  pluies,  si  bien  que  j'arrivai  à  Predazzo  vers  4  heures  du  soir, 
pendant  une  énorme  averse.  Enfin,  cette  infernale  intempérie  ne  cessa  que 
dans  la  nuit  par  suite  de  la  prépondérance  qu'acquérait  le  nord-ouest,  qui 
me  permit  de  continuer  tranquillement  mon  voyage  dans  les  journées  sui- 
vantes. Jusqu'alors,  j'étais  si  bien  mouillé,  malgré  mon  manteau,  qu'il 
fallait  à  chacune  de  mes  stations,  vers  midi  et  le  soir,  me  déshabiller  pour 
faire  sécher  mes  vêtements.  Il  était  inutile  d'ouvrir  le  havre-sac,  son 
contenu  se  trouvait  aussi  consciencieusement  trempé  que  le  reste. 

»  Il  m'est  donc  permis  de  dire  que  bien  rarement  autour  de  Lyon  j'ai 
vu  une  pareille  persistance  dans  la  conduite  d'un  temps  orageux.  Ici  une 
colonne  passe,  et  le  tonnerre  cesse  de  se  faire  entendre.  S'il  en  revient  une 
seconde,  puis  une  troisième,  c'est  avec  un  intervalle  de  repos  et,  de  plus, 
la  partie  intense  du  phénomène  est  limitée.  Là-bas,  au  contraire,  le  tonnerre 
était  tantôt  lointain,  tantôt  rapproché,  à  droite  ou  à  gauche,  devant  ou 
derrière,  sans  aucun  siège  appréciable,  sans  modulations,  comme  diffus 
d'un  côté  ou  de  l'autre,  bien  qu'il  y  eût  quelques  coups  violents. 

»  Les  intervalles  de  temps  entre  les  roulements  étaient  d'ailleurs  assez 
longs,  et  surtout  on  n'apercevait  pas  les  éclairs  correspondants,  ou  bien 
ceux  qui  apparaissaient  de  loin  en  loin  se  montraient  très-ternes.  En  un 
mot,  tout   indiquait  une  grande  uniformité,  une  extrême  densité  dans   la 


(  i59  ) 
couche  des  nuages,  manière  d'être  que  démontrait  d'ailleurs  le  seul  aspect 
de  son  ensemble;  par  suite,  ces  explosions  rentrent  parfaitement  dans  le 
cadre  des  tonnerres  sans  éclairs  d'Arago. 

»  On  a  vu  que  le  sud-est  a  régné  en  haut,  depuis  son  installation  par  le 
coup  de  vent  du  29  matin,  jusque  dans  la  soirée  du  3o.  C'était  donc  lui  qui 
amenait  les  vapeurs  de  l'Adriatique,  et,  s'il  s'est  montré  fort  calmeau  milieu 
de  la  vallée  de  l'Avisio,  on  ne  peut  guère  expliquer  le  fait  autrement  qu'en 
faisant  intervenir  le  profond  encaissement  du  bassin  entre  de  hautes  crêtes, 
en  même  temps  que  sa  faiblesse  générale.  En  un  mot,  aucune  tempête  ne 
s'est  manifestée. 

»  D'ailleurs,  ce  calme  a  été  la  cause  de  la  production  d'un  autre  phéno- 
mène, savoir,  celui  de  l'établissement  de  brouillards  locaux  qui  m'envelop- 
paient subitement,  de  sorte  que  je  dus  les  considérer  comme  se  formant  sur 
place,  mais  sans  pouvoir  découvrir  la  cause  qui  les  faisait  nailre.  Tombait-il 
alors  des  pluies  plus  froides  qu'en  d'autres  moments  ?  Quelques  torrents 
latéraux  apportaient-ils  avec  eux  les  eaux  réfrigérantes  des  hauteurs  ? 
S'agissait-il  de  certaines  expositions  tièdes  et  évaporantes  ?  Ce  sont  là  autant 
de  questions  qu'il  était  impossible  de  résoudre  dans  ma  situation. 

»  Cependant  ils  ne  demeuraient  pas  immobiles,  même  pendant  les  plus 
grands  calmes.  Loin  de  là,  ils  montraient  une  grande  tendance  à  toujours 
monter  et,  en  sus,  leur  ascension  devenait  très-rapide  pendant  les  pluies  les 
plus  fortes.  Je  ne  pus  donc  les  comparer  mieux  qu'avec  les  colonnes  bru- 
meuses qui  s'élevaient,  le  16  septembre  i83g,  dans  le  fond  du  Val-Sésia, 
autour  d'Alagna,  après  les  énormes  pluies  par  lesquelles  fut  dévastée  la 
région  du  Simplon  et  du  mont  Rose.  Celles-ci,  que  je  pouvais  voir  tour- 
billonner gravement  près  de  moi,  affectaient  les  formes  de  colonnes  torses,  eu 
produisant  l'effet  d'immenses  vis  mises  en  mouvement  pour  rattacher  le 
ciel  à  la  terre. 

»  Orage  provençal.  —  Avant  de  détailler  les  particularités  du  phénomène 
tyrolien,  j'ai  annoncé  que  celui  de  la  Provence  en  différerait  d'une  façon 
très-notable.  Il  eut  surtout  cela  de  remarquable,  que  l'électricité  se  dégageait 
non-seulement  des  nuages,  mais  aussi  du  sol,  coïncidence  assez  rare,  sans 
l'être  pourtant  au  point  de  devoir  être  considérée  comme  une  merveille. 

»  C'est  pourquoi,  sans  m'arrêter  davantage  sur  ce  sujet,  j'explique  qu'en 
allant  de  Marseille  à  Nice  je  quittai  la  première  de  ces  villes  le  3  sep- 
tembre i8/j5,  par  un  temps  plus  ou  moins  couvert,  pluvieux,  les  nuages 
arrivant  du  sud  par  des  températures  de  24°,  3  a  22°4,  observées  à  Auriol 


et  au  Plau-Rougier. 


(  i6o  ) 

»  Le  4,  entre  midi  et  2  heures  du  soir,  ces  nuages  tournèrent  au  sud-est 
et,  à  la  nuit  tombante,  au  delà  du  Luc,  les  éclairs  apparurent  sur  tous  les 
points  visibles  de  l'horizon,  se  succédant  coup  sur  coup,  souvent  très- 
élendus,  diffus,  blancs,  quelquefois  roses,  avec  quelques  traits  de  foudre  el 
par  un  veut  faible. 

»  A  notre  arrivée  sur  l'Estérel,  l'averse  devint  plus  violente;  des  illumina- 
tions étranges,  dont  le  bruit  se  confondait  avec  celui  de  la  pluie,  sortaient 
des  buissons  ou  des  arbres,  semblables  aux  feux  que  pourraient  produire 
des  tas  de  poudre  allumés  à  de  courts  intervalles,  et  la  foudre  tombant 
même  sur  la  route  à  quelques  pas  de  distance,  le  postillon  et  le  conduc- 
teur durent  conduire  les  chevaux  à  la  main,  afin  d'éviter  les  accidents. 
L'orage  continuait  encore  à  Draguignan  et  ne  cessa  qu'à  4b  3oIU  du  matin, 
avec  le  jour  naissant.  Je  note  d'ailleurs  expressément  qu'à  6  heures  du 
matin,  à  Cannes,  des  cumuli  bas  cheminaient  encore  du  sud-est,  se 
détachant  de  la  région  alpine  et  s'avançant  vers  le  zénith  sous  un  ciel  du 
reste  assez  pur,  blanchâtre,  avec  un  soleil  un  peu  pâle.  Ce  fut  seulement  à 
o,  heures  du  matin,  par  une  température  de  22°,8,  au  Pont-du-Var,  qu'il 
me  fut  possible  de  distinguer  des  cumuli  progressant  avec  lenteur,  les  uns 
de  l'est,  les  autres  de  l'ouest,  la  brise  inférieure  demeurant  toujours  faible. 
Enfin  à  Nice,  sous  les  influences  d'un  soleil  ardent  et  d'une  température 
très  chaude,  l'éclaircie  s'était  complétée  de  façon  à  produire  un  ciel  bleu 
dans  lequel  n'apparaissaient  que  de  rares  files  de  cumuli  cheminant  tous 
de  l'ouest  assez  vite.  Il  s'agissait  donc  réellement,  durant  l'orage,  d'ex- 
plosions électriques  produites  par  le  sud-est,  circonstance  qui  s'accorde 
avec  des  données  communiquées  depuis  par  MM.  Zurcher  et  Margollé 
pour  ces  contrées  riveraines  de  la  Méditerranée. 

)>  Chemin  faisant,  je  profitai  de  ces  éclairs  si  amples^  si  lents  et  si  mul- 
tipliés pour  examiner  la  polarisation  de  leur  lumière.  Elle  m'a  paru 
constamment  nulle,  qu'ils  fussent  blancs  ou  roses  ;  les  deux  anneaux  du 
polariscope  n'indiquaient  que  des  teintes  correspondantes,  ainsi  que  je 
devais  d'ailleurs  m'y  attendre,  et  j'ajoute  que  c'est  la  seule  occasion  dans 
laquelle  il  m'ait  été  possible  de  réaliser  l'expérience  recommandée  par 
Arago.  En  effet,  dans  les  circonstances  ordinaires,  les  éclairs  trop  instan- 
tanés, trop  peu  rapprochés,  ne  laissent  guère  le  temps  de  viser  assez 
juste  pour  permettre  d'asseoir  un  jugement  convenable.  Je  suppose  même 
que,  si  l'illustre  physicien,  richement  pourvu  en  instruments,  a  laissé  à 
d'autres  le  soin  de  réaliser  son  idée,  c'est  qu'il  s'est  trouvé  aux  prises  avec 
les  mêmes  difficultés  que  moi. 


(   i6i   ) 

»  Remarques  finales.  —  Laissant  désormais  de  côté  les  détails  de  mes 
observations,  pour  ne  m 'arrêter  que  sur  les  faits  essentiels,  je  fais  remarquer 
que  mes  deux  orages  du  sud-est  présentent  des  phénomènes  tellement 
ressemblants  à  ceux  du  sud-ouest,  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  discuter  sur  leur 
identité,  malgré  la  provenance  disparate  des  vents  respectifs. 

»  Ceci  posé,  je  rappelle  que  le  sud-ouest,  étant  le  contre-alizé  de  notre 
hémisphère,  joue,  par  cela  même,  un  rôle  des  plus  simples.  Il  nous  amène, 
de  la  manière  la  plus  directe,  les  vapeurs  ainsi  que  l'électricité  des  espaces 
intertropicaux  et  surtout  celles  du  golfe  mexicain. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  du  sud-est,  que  sa  marche,  de  même  que  celle 
de  son  contre-courant,  ne  met  pas  directement  en  rapport  avec  nos  contrées. 
En  tout  cas,  pour  y  arriver,  il  doit  venir  du  côté  de  l'Asie  où  il  aurait  à 
vaincre  les  obstacles  qui  lui  sont  opposés  par  les  zones  dites  des  calmes, 
de  l'alizé  nord-est,  et  même  par  les  moussons  alternantes  de  l'océa/)  Indien, 
difficultés  d'autant  plus  grandes  que  ce  sud-est  n'est,  à  proprement  parler, 
qu'un  vent  des  régions  basses  de  l'atmosphère. 

»  En  présence  de  ces  complications,  il  s'agit,  sinon  de  renoncer  com- 
plètement au  sud-est  océanique,  au  moins  de  lui  trouver  un  passage  com- 
mode, et,  dans  l'hypothèse  d'un  rejet  radical,  il  faut  découvrir  nii  espace 
capable  de  le  faire  naître,  tout  en  lui  offrant  une  issue  jusqu'aux  contrées 
orientales  de  l'Europe. 

»  Eh  bien!  en  jetant  les  yeux  du  côté  voulu,  on  voit  tout  d'abord  le 
massif  abyssin,  véritable  barrière  où  les  brises  partout  dérangées  par  de 
hautes  sommités,  par  de  puissants  contre-forts,  par  des  vallées  profondes, 
ne  sont  guère  susceptibles  d'affecter  une  marche  normale. 

»  D'autre  part_,  davantage  vers  l'est,  surgit  l'immense  Himalaya  avec 
ses  ramifications  où  les  mêmes  causes  doivent  reproduire  les  perturbations 
indiquées  pour  l'Abyssinie. 

»  Mais  comme,  entre  ces  deux  groupes  montagneux,  se  trouvent  les 
dépressions  de  la  mer  Rouge,  des  golfes  d'Oman  et  Fersique,  ainsi  que  le 
bas  plateau  de  l'Arabie,  on  voit  qu'en  définitive  c'est  là  qu'il  faut  spé- 
cialement diriger  son  attention. 

»  Or,  ce  plateau  doucement  déclive  vers  le  golfe  d'Oman  est  parfaitement 
disposé  pour  donner  naissance  à  des  vents  particuliers.  Là  règne,  entre 
autres,  l'impétueux  et  brûlant  samyel,  qui  étale  au  loin  les  sables  issus  de 
la  mer,  de  façon  à  stériliser  une  partie  de  sa  surface.  S'avançant  même  jus- 
qu'à la  mer  Rouge,  ces  formidables  tourbillons  s'abattent  sur  les  ponts 
des  vaisseaux  qu'ils  couvrent  de  leurs  poussières  ardentes. 

C.  R.,  1867,  -2e  Semestre.  (T.  LXV,  N"  4.1  2  I 


(   i6a  ) 

»  D'ailleurs,  la  concavité  qu'occupe  cette  mer  est  précisément  orientée  du 
sud-est  au  nord-ouest,  et  de  plus,  ses  moussons,  loin  d'affecter  les  directions 
de  celles  du  littoral  indien,  alternent  dans  les  deux  sens  indiqués  par  son 
encaissement.  Plus  particulièrement,  du  côté  de  l'Yémen,  ce  sud-est  qui 
règne  pendant  huit  mois  est  si  violent,  qu'il  rend  impossibles  les  communi- 
cations entre  ports,  pour  les  petits  navires  marchands. 

»  C'est  donc  ici  que  je  suis  porté  à  chercher  le  principal  point  de  départ 
du  vent  en  question.  Plus  loin,  la  Méditerranée  et  surtout  l'Adriatique, 
également  alignée  du  sud-est  au  nord-ouest  sur  l'axe  de  la  mer  Rouge,  lui 
livrent  leurs  vapeurs  qui  en  font  le  siroco  dalmate  ou  italien,  chaud,  éner- 
vant, et  amenant  dans  les  saisons  froides  des  brumes  fréquemment  accom- 
pagnées de  tonnerre  et  d'éclairs. 

«  Plus  loin,  les  Alpes  lui  opposent  leurs  altitudes  ;  mais  comme  elles 
s'abaissent  vers  la  Méditerranée,  c'est  encore  vers  leur  bout  maritime  que 
le  sud-est  pénètre  dans  la  Provence  où  nous  avons  observé  son  caractère 
orageux,  tandis  que  les  parties  de  son  courant  qui  vont  se  heurter  contre 
les  Alpes  orientales  y  déposent  les  immenses  pluies  mentionnées  dès  le 
début. 

»  Toutefois,  si  la  barrière  alpine  préserve  l'intérieur  du  bassin  du  Rhône 
contre  les  excès,  son  influence  n'est  pas  pour  cela  absolue.  En  effet,  nous 
ne  sommes  pas  entièrement  à  l'abri  du  vent  torpéfiant,  et  d'autre  part,  dans 
les  averses  de  nos  débordements,  celui-ci  intervient  avec  le  sud-ouest  et  le 
sud,  de  manière  à  composer  un  ensemble  à  la  fois  chaud  et  humide.  Ce 
concours  n'est  pas  oublié  dans  la  description  de  la  grande  tempête  qui  fait 


dire  à  Virgile 


Una  Eurusque  Notusque  îuuut,  creberque  procellis 
Africus 


et  pourtant  il  y  manque  quelque  chose  qu'Homère  n'a  pas  oublié.  C'est  le 
/toréas,  qui  est  nécessaire  pour  effectuer  la  condensation  des  vapeurs  apportées 

par  les  trois  autres.  A  mon  avis,  cette  addition  suffit  pour  faire  ressortir  la 
supériorité  du  marin  grec  sur  le  colon  latin,  envisagés  au  point  de  vue  du 
génie  observateur  que  l'on  accorde  à  tous  les  deux. 

»  Enfin  de  longues  explications  ne  seront  pas  nécessaires  pour  faire  com- 
prendre que,  du  moment  où  les  évaporations  de  la  mer  des  Antilles,  du 
golfe  mexicain  et  de  l'Atlantique  ont  été  considérées  comme  suffisantes  pour 
constituer  les  colonnes  électriques  du  sud-ouest,  la  même  puissance  doit 
être  accordée  aux  émanations  des  golfes  Persique,  Arabique,  delà  Médi- 
terranée et  de  l'Adriatique.  En  cela  pourtant  il  sera  nécessaire  de  tenir 


(  i63) 
compte  des  différences  qui  existent  entre  les  surfaces  et  les  températures  res- 
pectives ;  mais  les  appréciations  de  ce  genre  étant  faciles,  on  se  sera  bientôt 
expliqué  comment  il  se  fait  que,  même  en  Italie  et  en  Autriche,  le  sud-est 
est  moins  souvent  orageux  que  son  antagoniste,  et  par  là  se  complète 
notre  tâche  du  moment.  » 

Sm  David  Brewster  fait  hommage  à  l'Académie  de  deux  Mémoires 
extraits  des  Transactions  de  la  Société  royale  d'Edimbourg,  et  relatifs,  l'un  aux 
couleurs  des  bulles  de  savon,  l'autre  aux  figures  d'équilibre  des  lames 
liquides. 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  décerner  les  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie 
(fondation  Montyon)  pour  l'année  1867. 

MM.  Velpeau,  Cloquet,  Serres,  Rayer,  Nélaton,  Andral,  Robin,  Longet, 
Cl.  Rernard,  réunissent  la  majorité  des  suffrages. 


MEMOIRES  LUS. 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  un  nouveau  siphon;  par  M.   Zaliwski-Mikorski. 

(Extrait.) 

«  Le  mode  ordinaire  d'amorcement  du  siphon  par  aspiration  menace 
d'introduire  dans  l'organisme  des  substances  nuisibles;  avec  le  système  que 
j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  au  lieu  d'aspirer,  on  souffle. 

»  Pour  cela,  à  l'extrémité  inférieure  de  la  petite  branche,  un  tube  acces- 
soire s'adapte  de  bas  en  haut.  On  souffle  par  ce  tube,  le  liquide  monte  et 
l'instrument  s'amorce.  Il  suffit  que  la  partie  coudée  ne  soit  pas  trop  éloignée 
du  liquide. 

»  Cet  instrument  pourra  trouver  place  dans  les  laboratoires,  pour  trans- 
vaser les  acides.  Lui  seul,  d'ailleurs,  m'a  permis  de  résoudre  le  problème 
des  piles  à  auge  à  deux  liquides,  car  ici  ce  n'est  pas  assez  de  vider  chaque 
liquide  séparément,  il  faut  encore  agir  commodément  et  sans  danger.    " 

21.. 


(  '64  ) 

HYGIÈNE  APPLIQUÉE.  —  Etude  comparative  des  résultats  de  l'élimination  des 
eaux  publiques  dans  les  villes  de  Paris,  Vienne,  Londres,  Marseille  et  Venise; 
parlSl.  G.  Grimacd,  de  Caux. 

«  Le  présent  travail  est  la  continuation  de  mes  études  concernant  l'hy- 
giène des  grandes  villes.  Il  fait  suite  aux  Notes  que  j'ai  eu  l'honneur  de 
présenter  à  l'Académie  sur  le  même  sujet,  et  dont  deux  sont  relatives  à  la 
construction  d'une  carte  hygiénique  de  la  France  (i). 

»  Une  conséquence  capitale  de  l'exercice  de  la  vie  dans  les  êtres  orga- 
nisés, c'est  la  séparation  continuelle  d'un  caput  mortùum  qu'il  faut  ou  éloi- 
gner ou  neutraliser  au  fur  et  à  mesure  qu'il  se  produit. 

»  Dans  certains  cas,  il  est  entraîné  par  les  eaux  publiques  dans  les  voies 
ouvertes  à  leur  élimination.  Mais,  quel  que  soit  le  mode,  il  en  résulte  des 
difficultés  qui  varient  selon  les  pays  et  s'accroissent  toujours  en  raison 
directe  de  la  population  concentrée  dans  une  même  localité. 

»   Les  conditions  du  problème  sont  donc  variables. 

»  A  Paris  et  à  Vienne,  villes  situées  sur  de  grands  cours  d'eau,  ce  sont 
les  fleuves  cpii  contribuent  principalement  à  l'élimination.  Ici,  une  circon- 
stance est  à  noter  :  le  volume  et  la  vitesse  de  l'eau  sont  [dus  grands  dans  le 
Danube  que  dans  la  Seine,  tandis  que  c'est  le  contraire  pour  la  population, 
quatre  fois  moins  nombreuse  à  Vienne  qu'à  Paris,  ce  qui  fait,  pour  Paris, 
une  masse  plus  considérable  de  matières,  et,  pour  les  emporter,  un  cours 
d'eau  moins  rapide  et  moins  abondant.  Mais,  dans  l'une  et  l'autre  ville,  les 
conditions  hygiéniques  n'en  réclament  pas  moins  des  améliorations  fonda- 
mentales, ayant  pour  objet  surtout  '<  de  ne  plus  corrompre  les  rivières  (a).  » 

»  A  Londres,  la  situation  est  plus  grave  encore.  C'est  également  à  la 
rivière  qu'on  a  confié  l'élimination.  Mais  la  ville  est  située  au  fond  d'un 
golfe,  à  l'entrée  de  la  grande  mer,  et  la  Tamise  vient,  avec  son  cours  lent,  se 
perdre  dans  l'eau  salée  au  beau  milieu  de  cette  capitale,  juste  au  point  où 
l'Océan  ne  fait  plus  sentir  l'influence  de  ses  puissantes  marées.  Là,  l'eau 
douce,  repoussée  par  l'eau  salée  à  marée  haute,  reste  stationnaire  et  fait 

(1)  Comptes  rendus,  t.  LVI,  p.  820  et  1023,  et  t.  LX,  p.  616. 

(2)  «  On  ne  veut  plus  corrompre  les  rivières  pour  assainir  l'air.  Ou  reste,  toute  agglomé- 
ration urbaine  considère  d'abord  le  coins  d'eau  sur  lequel  elle  s'est  établie  comme  un  égout. 
Elle  ne  renonce  à  celte  opinion  qu'au  moment  où  l'infection  de  la  vase  la  met  en  péril,  ce 
qui  arrive  tard  si  le  cours  est  rapide,  plus  tôt  s'il  est  lent.  »  [Rapport  adresse  au  nom  delà 
Commission  des  engrais  à  S.  Exe.  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des 
Travail  c  publics,  par  AI.  Dumas,  Sénateur,  Vice-Président  de  la  Commission;  t.  II  de  l'en- 
quête, p.  XXVIII.  ) 


(  '65  ) 
fonction  d'étang  deux  fois  par  jour.  Pendant  ces  moments  de  tranquillité, 
où  le  flot  étale,  les  troubles  apportés  par  les  égouts  vont  au  tond  et  se 
déposent  naturellement  le  long  des  rives,  obéissant  seulement  aux  lois  de 
la  pesanteur.  Dans  le  principe,  les  inconvénients  de  cette  situation  ne  se 
sont  point  manifestés,  la  population  étant  relativement  peu  considérable. 
Mais  un  jour  est  arrivé  où  3ooooo  maisons,  peuplées  de  3oooooo  d'habi- 
tants, sont  venues  verser  leurs  produits  dans  les  égouts,  et  la  Tamise  a 
dû  recevoir  quotidiennement,  non  sans  danger  pour  la  santé  publique, 
plus  de  400000  mètres  cubes  de  matière  à  fermentation  et  à  miasmes. 
»  Tel  est  l'état  de  Londres  aujourd'hui.  On  a  cherché  à  y  remédier,  en 
portant  les  efforts  de  l'élimination  jusqu'à  l'endroit  où  le  flot  de  la  mer, 
au-dessous  de  Londres,  se  faisant  sentir  dans  toute  sa  pureté,  le  courant 
ne  manifeste  plus  trace  d'eau  douce.  Il  doit  être  permis  de  rappeler  que 
l'indication  de  ce  procédé  neutralisateur  a  eu  lieu  ici  même,  il  y  a  sept  ans. 
(Voyez  Comptes  rendus,  t.  L,  p.  1 47 •  )  Nous  dirons  comment  aujourd'hui  il 
y  aurait  encore  autre  chose  à  faire. 

»  Marseille  aussi  est  côtoyée  par  l'eau  salée;  de  plus,  ses  édifices  em- 
brassent, sur  une  longueur  de  plus  d'un  kilomètre,  un  port  intérieur  abri- 
tant constamment  de  nombreux  navires.  Les  trois  quarts  des  rues  de  cette 
grande  et  belle  cité  sont  disposées  sur  le  penchant  de  plusieurs  collines, 
formant  des  vallées  dont  les  thalweg  rayonnent  vers  le  port  intérieur, 
comme  vers  leur  centre  véritable.  Le  port  intérieur  reçoit  ainsi  les  affluents 
de  la  plus  grande  partie  de  la  ville.  S'il  y  avait  un  flux  et  un  reflux,  s'il  y 
avait  un  courant,  une  pareille  disposition  topographique  serait  éminem- 
ment favorable  à  l'élimination.  Mais  l'eau  du  port  n'est  point  renouvelée 
par  le  flot.  Les  inconvénients  résultant  de  cet  état  de  choses  étaient  déjà 
sensibles  en  1779.  Nous  avons  là-dessus  le  témoignage  du  Dr  Ray- 
mond, dans  les  Mémoires  de  l'Académie  royale  de  Médecine,  grande  autorité 
alors.  Aujourd'hui,  d'un  côté  la  population  de  Marseille  est  six  fois  plus 
considérable;  et,  d'un  autre  côté,  par  le  développement  du  commerce,  le 
port  est  encore  plus  garni.  Aussi,  nul  ne  le  conteste,  l'inconvénient  est  bien 
près  de  devenir  un  danger. 

»  On  suppose  qu'en  introduisant,  par  jour,  dans  le  port  intérieur,  un  vo- 
lume d'environ  i3o  000  mètres  cubes  d'eau  de  la  Durance,  i5oo  litres  par 
seconde,  on  y  établira  un  courant  susceptible  de  remédier  à  tout.  Mais,  en 
agissant  ainsi,  on  ne  ferait  que  substituer  un  mal  à  un  autre.  L'eau  douce 
venant  peu  à  peu  prendre  la  place  de  l'eau  salée,  au  moins  en  partie,  le 
danger  pour  la  salubrité  publique  serait  considérablement  accru.  L'eau 


(  '66  ) 
salée  en  effet  neutralise  les  matières  fermentescibles,  tandis  que  l'eau  douce 
en  favorise  le  développement,  et  nul  n'ignore  combien  le  mélange  des  eaux 
douces  avec  des  eaux  salées  est  funeste  aux  populations  soumises  à  leur 
influence. 

»  Ainsi  à  Marseille,  quoique  la  mer  soit  tout  près,  l'élimination  n'est 
pas  dans  des  conditions  normales.  Heureusement,  il  y  a  des  moyens  cer- 
tains, non  pas  seulement  de  garantir,  mais  encore  d'accroître  la  salubrité 
générale.  Avec  son  port  intérieur,  Marseille  est  dans  les  conditions  des  cités 
qui  ont  des  rivières  à  leur  portée;  or,  de  même  que,  dans  le  Rapport  déjà 
cité,  M.  Dumas  a  dit  avec  tant  de  raison  :  «  On  ne  veut  plus  corrompre 
»  les  rivières  pour  assainir  l'air,  »  de  même  il  faut  qu'à  Marseille  on  dise  : 
a  On  ne  veut  plus  corrompre  le  port,  »  car  le  salut  du  port  et  celui  de  la 
ville  sont  à  ce  prix. 

»  Venise,  je  ne  fais  que  le  rappeler,  est  située  au  milieu  de  l'eau  salée, 
dans  une  lagune  demi-circulaire,  où  la  marche  du  flot  entrant  par  les 
divers  ports  a  déterminé  la  formation  de  trois  bassins.  Le  bassin  du  milieu 
est  parfaitement  salubre  ;  il  est  alimenté  exclusivement  par  l'eau  de  mer. 
Les  deux  bassins  latéraux  le  sont  infiniment  moins,  parce  que  les  eaux 
douces  affluentes,  rejetées  par  de  grands  travaux  aux  extrémités  de  l'hémi- 
cycle, y  font  sentir  leur  influence.  J'ai  détaillé  les  circonstances  de  ce  fait 
hygiénique  très-remarquable  dans  une  lecture  intitulée  :  Du  climat,  et  en 
particulier  des  lieux  de  Venise  (Comptes  rendus,  t.:LVII,  p.  89).  Je  le  rappelle 
ici,  parce  qu'il  constitue  une  démonstration  permanente  de  deux  vérités 
capitales,  savoir:  que  l'eau  salée  est  un  agent  des  plus  précieux  pour  dé- 
barrasser instantanément  les  populations  des  substances  qui  constituent  la 
matière  de  l'élimination,  et  que,  par  tout  pays,  le  mélange  des  eaux  douces 
avec  les  eaux  salées  est  une  cause  certaine  d'insalubrité. 

»  Depuis  mille  ans,  à  Venise,  l'élimination  se  fait  dans  les  canaux,  au 
pied  même  des  habitations.  Quelle  accumulation  de  matières  fermentes- 
cibles  n'aurait-il  pas  dû  se  former,  et  quels  dangers  n'aurait  pas  courus 
une  population  condensée  dans  un  espace  relativement  très-exigu,  si  l'eau 
de  mer  n'avait  pas  été  un  puissant  élément  de  neutralisation?  Venise  est 
donc  dans  des  conditions  normales  quant  à  l'élimination.  Mais  de  ces  con- 
ditions elle  retire  seulement  le  bénéfice,  à  la  vérité  immense,  qui  se  rap- 
porte à  la  salubrité  de  l'un  des  trois  éléments  de  son  climat. 

»  Résumé.  —  A  Paris  et  à  Vienne,  c'est  par  des  cours  d'eau  et  dans  des 
fleuves  que  se  fait  l'élimination. 

»   A  Londres,  c'est  par  un  cours  d'eau  douce  confinant  à  l'eau  salée. 


(   '67  ) 

»  A  Venise,  c'est  exclusivement  par  l'eau  salée. 

»  A  Marseille,  la  majeure  partie  des  produits  de  cette  élimination  se 
rend  dans  un  port  intérieur,  exposé  à  recevoir  de  plus  en  plus  l'influence 
de  l'eau  douce. 

»  Comme  on  le  voit,  les  conditions  sont  très-diverses;  mais  il  y  a  ici  un 
lien  scientifique  commun.  Les  principes  qui  ressortent.  du  sujet  présent 
intéressent  au  suprême  degré  l'hygiène  générale,  la  haute  hygiène;  sans 
compter  que  (on  le  verra  sans  peine)  l'influence  de  leur  application  ne 
saurait  être  bornée  à  l'hygiène  seulement.  Mais  il  faut  démêler  ces  prin- 
cipes des  faits  qui  les  révèlent,  et,  si  l'Académie  veut  bien  le  permettre,  je 
consacrerai  à  cette  étude  une  prochaine  communication.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —    Equations   des  petits  mouvements  des  milieux 
isotropes  comprimés  ;   par  M.  Roussinesq. 

(Commissaires  :  MM.  Duhamel,  Bertrand,  Fizeau.) 

«  Concevons  un  milieu  homogène  et  isotrope,  parfaitement  élastique  ou 
non.  Pour  fixer  les  idées,  supposons-le  de  forme  rectangulaire,  et  prenons 
trois  axes  de  coordonnées  x,  y,  z  parallèles  aux  trois  arêtes.  Admettons 
qu'on  soumette  les  dçux  faces  perpendiculaires  aux  x  à  une  pression  nor- 
male et  constante  représentée  par  P,  sous  l'unité  de  surface,  et  de  même 
les  faces  perpendiculaires  aux  y  et  les  faces  perpendiculaires  aux  z  à  des 
pressions  V,  et  P3.  Les  déplacements  correspondants  aux  positions  d'équi- 
libre que  prendront  les  molécules  seront  de  la  forme 

(i)  u  =  ax,     v±=by,     w  —  cz. 

Nous  supposerons  les  coefficients  a,  b,  c  assez  petits  pour  qu'on  puisse 
négliger  leurs  carrés  et  leurs  produits.  Le  corps  ne  sera  généralement  plus 
isotrope  par  rapport  aux  nouvelles  positions  d'équilibre.  Si  même  il  n'est 
pas  parfaitement  élastique,  ces  positions,  ainsi  que  les  formules  de  ses  forces 
élastiques  et  les  équations  de  ses  petits  mouvements,  changeront  avec  le 
temps.  Quoi  qu'il  en  soit,  pour  tous  les  corps  exactement  pareils  et  soumis 
aux  mêmes  pressions,  ces  positions,  ces  formules  et  ces  équations  se  trou- 
veront les  mêmes  au  bout  d'un  même  temps  :  elles  seront,  pour  tous,  les 
mêmes  fonctions  de  P,,  P2,  P3  ou  des  coefficients  a,  />,  c  des  premiers 
déplacements  d'équilibre. 


(   i68  ) 

«  Cherchons  les  équations  des  petits  mouvements  de  ces  corps,  un  cer- 
tain temps  (le  même  pour  tous)  après  que  l'on  a  eu  appliqué  les  pressions 
extérieures.  Nous  appellerons  u,  v,  w  les  projections  sur  les  axes  des  dépla- 
cements par  rapport  aux  positions  d'équilibre  [x,  y,  z)  au  moment  consi- 
déré. 

»  Les  milieux  seront  restés  homogènes,  et  ils  seront  même  symétriques 
par  rapport  aux  plans  coordonnés;  car  les  déplacements  primitifs  (1)  pro- 
duisent des  effets  de  rapprochement  ou  d'écartement  exactement  pareils 
dans  toute  l'étendue  de  chaque  corps,  et  ils  auraient  la  même  expression 
si  on  prenait,  au  lieu  d'un  quelconque  des  axes,  son  prolongement.  Donc 
les  modifications  survenues  dans  la  constitution  physique  du  corps,  à  la 
suite  de  ces  déplacements,  sont  les  mêmes  partout,  et  s'exprimeraient  de  la 
même  manière  si  l'on  changeait  le  sens  d'un  quelconque  des  axes. 

d2  II 

»  La  première  équation  du  mouvement  doit  donner  l'accélération  — -  en 

fonction  linéaire  des  dérivées  partielles  du  second  ordre  de  u,  v,  w  en 
x,  y,  z.  Si  on  observe  qu'on  a  le  droit  de  changer  x  en  —  x  et  u  en  —  u, 
ou  y  en  — y  et  v  en  —  v,  ou  z  en  —  z  et  w  en  — w,  sans  que  cette  équation 
varie,  on  la  mettra  sous  la  forme 

d"u  .    d'u  ..  d'u  d'u  _     d2v  _,     d2w 

dp  dx2  dy2  dz2  dxdy  dxdz 

Chacun  des  coefficients  A,  B,...  aura  deux  parties  :  l'une  identique  à  la 
valeur  du  coefficient  dans  le  milieu  primitif  isotrope-,  l'autre,  très-petite, 
dépendant  de  a,  b,  c.  Celle-ci  se  composera  de  trois  termes,  qui  seront 
respectivement  en  a,  b,  c.  Comme  le  milieu  primitif  était  isotrope,  la  pre- 
mière équation  du  mouvement  restera  la  même  si  les  deux  axes  des  y  et 
des  z  échangent  leur  nom,  c'est-à-dire  si  on  permute  à  la  fois  y  et  z,  v  et  w, 
b  et  c.  Il  faut  donc  que,  daus  l'expression  de  A,  b  et  c  aient  même  coeffi- 
cient. Pareillement,  a  aura  coefficient  égal  dans  l'expression  de  B  et  dans 
celle  de  B,  ;  b  et  c  auront  respectivement  dans  B  mêmes  coefficients  que 
c  et  b  dans  B,  ;  enfin  a  dans  C  et  C,,  b  dans  C  et  c  dans  C,,  c  dans  C  et  b 
dans  C,  auront  encore  deux  à  deux  coefficients  égaux. 

»  D'après  cela,  désignons  la  somme  a-h  b  -h  c  par  Sa,  et  nous  pourrons 
mettre  les  expressions  de  A,  B,...  sous  les  formes  suivantes  : 

B  =ix-hpu-\-ab-h  xSa, 

B,=  [j.  -+-  pa  -\-  ce  -+-  zSa, 

C  =  ).  +  \x  -t-  l'a  +  vb  -+-  r'Sa, 

C,=  À  +  fjH-À'fl  +  vc  +  r'Sa, 

A  =  X  -+-  2/x  -+-  pa  -+-  aa  -+-  rSa  -+-  l'a  ■+■  v«  +  r'Sa  ■+■  ka  ■+■  k'Sa. 


(  I&j  ) 

La  première  équation  du  mouvement  deviendra 

d'  U  /i  /r.  r  /       n  dO  i  o  x     . 

—  =  (A  +  u.  •+-  r  Sa  -h  X  rt)  y-  -+-  (//,  -+-  rSrt  -+-  pa)  A,  <■/, 

a-^  -h  b  —  -h  c-—)  -+-  v  — ; 1-  ika  +  k'Sa    -—  ■ 

d.r'  dy'  dz'  j  d.r  x  '  d.x' 

ht  J  '  •  e±       ii    i_    '  an  .du         dv  dw  _,      du 

JNous  désignons,  ahn  d  abréger,  par  0  I  expression  - — h  - — | ,  par  Sa  — 

°  o      '  i  i  ,./,.  (iy  (iz      r  r/a. 

.,  .  du  ,  du  dw  ,  .,  .  d'u  d2u  d'u 

1  expression  a  - — \-  h  - — h  c  —  et  par  A,  u  1  expression  — —  + 1 — — . 

r  d.r  dy  dz         l  r  d.r-  dy1  dz- 

»  La  deuxième  et  la  troisième  équation  du  mouvement  se  déduiront 
de  celle-là  par  une  et  par  deux  permutations  circulaires,  effectuées  sur  les 
lettres  x,)',  z;  u,  r,  \v;  <-z,  b,  c.  Cela  résulte  de  l'isotropie  du  milieu  pri- 
mitif. 

»  Supposons  que  les  deux  quantités  a  et  b  soient  égales.  Alors  les  pre- 
miers déplacements  d'équilibre  garderont  la  même  expression  si  on  fait 
tourner  d'un  angle  quelconque,  autour  de  l'axe  des  z,  le  système  des  deux 
autres  axes  coordonnés.  Donc  le  milieu,  après  sa  déformation,  sera  isotrope 
par  rapport  à  l'axe  des  z,  et  les  équations  de  son  mouvement  devront  rester 
les  mêmes  si  on  fait  tourner  d'un  très-petit  angle  autour  de  cet  axe  le 
système  des  deux  autres.  Il  est  aisé  de  voir  que  cette  condition  revient  à 

poser 

ka  -+-  k'Sa  =  o, 

ou  bien,  a  et  c  étant  quelconques, 

k  =  o,      k'  =  o. 

Remplaçons,  pour  simplifier,   X  -+-  [j.  -+-  r'Sa  par  X,   et  \j.  -+-  rSa  par  u.  ;  les 
équations  définitives  des  mouvements  seront 

d.  Sa  — 

d'u         ,-        -,     ,  <78         ,  .   .  /      d'u  ,d'u  d'u  \  d.r 

c     du 

d  ■  S  a.  — 

d-v  ,.        ,,,.<-/?        ,  ...  /       d'v         ,    d'v  d'f\  d.r 

—  ={l  +  Xb)-+([i  +  pb)*iV  +  c(a  —  +/,— +c-^-  j  +  v-j^- , 

du 

,      ,  d.Sa  — 

d'à'  dO  ,  .    .  I      d2K'  .   d'.iv  d!ir\  d.r 

»  Je  montre,  dans  le  Mémoire  d'où  sont  extraites  ces  équations,  que  le 
milieu  pourra  propager  dans  chaque  direction  une  onde  plane  quasi  longi- 

C.  R.,  1867,  s*  Semestre.  (T.  LXV,  N°  ■i.)  9-a 


f  170  ) 

tudinale  et  deux  ondes  planes  quasi  transversales,  régies  par  des  lois  qui 
comprennent,  comme  cas  particuliers,  celles  de  la  double  réfraction  dans 
la  théorie  de  Fresnel  et  dans  la  théorie  de  MM.  Mac-Cullagli  et  Newmann.  » 

M.  A.  Gérard  adresse  de  Liège  :  1"  deux  Notes  relatives  à  un  nouveau 
crochet  pour  relier  entre  eux  les  wagons  des  chemins  de  fer,  et  à  un  nou- 
veau système  de  traction;  i°  une  Note  sur  les  pendules  électromoteurs  et 
le  télégraphe  autographique,  exposés  par  lui  en  ce  moment  au  Champ  de 

Mars. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique,  à  laquelle  M.  Edm.  Becquerel  est  prié 

de  s'adjoindre.) 

M.  Abeille  adresse  un  Mémoire  «  sur  le  traitement  médical  du  croup  ». 
(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Pool  adresse,  sur  les  matières  explosibles  qu'il  a  obtenues,  de  nou- 
veaux documents  qu'il  désire  soumettre  à  la  Commission  chargée  d'exami- 
ner sa  communication  du  17  juin  dernier. 

Cette  Note  sera  renvoyée,  comme  les  précédentes,  à  la  Section  de  Chimie. 

M.  Triger  adresse  une  Lettre  concernant  son  travail  sur  les  profils  des 
chemins  de  fer  de  l'ouest  de  la  France  transformés  en  coupes  géologiques, 
travad  pour  lequel  une  Commission  a  été  précédemment  désignée. 

Cette  Lettre  sera  transmise  à  la  Commission,  qui  se  compose  de  MM.  d'Âr- 
chiac,  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  Daubrée. 

CORRESPONDANCE . 

PHYSIQUE.  —  Sur  un  moyen  pratique  de  déterminer  les  constantes  vollaïqucs 
d'une  pile  quelconque.  Note  de  M.  J.  Rayxac»,  présentée  par  M.  Edm. 
Becquerel. 

«  On  détermine,  en  général,  les  constantes  voltaïques  d'une  pile,  par 
rapport  à  celles  d'un  élément  constant,  en  comparant  les  intensités  des 
courants  produits  dans  des  circuits  dont  on  fait  varier  la  résistance,  inten- 
sités que  l'on  mesure  à  l'aide  de  boussoles  des  sinus  ou  des  tangentes.  Ce 
procédé  présente  de  nombreuses  difficultés  dans  l'application.  La  méthode 
suivante  permet  de  substituer  aux  boussoles  un  galvanomètre  sensible,  et 
se  réduit  à  ramener  exactement  l'aiguille  aimantée  à  la  position  o° —  1800, 


(  >7<  ) 
en  faisant  varier  convenablement  la  résistance  des  circuits  que  l'on  com- 
pare :  elle  est  analogue  à  la  méthode  de  mesure  des  résistances  des  con- 
ducteurs, bien  connue  sous  le  nom  de  pont  de  T'Vheathtone. 

»  i°  On  forme  deux  piles  distinctes  avec  les  éléments  dont  on  cherche  la 
résistance,  l'une  de  ri,  l'autre  de  n'  éléments,  72  étant  >«'.  Les  pôles  de 
même  nom  sont  réunis  ensemble;  les  pôles  négatifs  communiquent  direc- 
tement avec  la  terre;  les  pôles  positifs  communiquent  aussi  avec  la  terre, 
mais  par  l'intermédiaire  d'un  rhéostat.  Enfin  on  place  un  galvanomètre  sur 
le  trajet  du  fil  qui  réunit  les  pôles  positifs.  R  étant  la  résistance  à  donner 
au  rhéostat  pour  que  l'aiguille  reste  au  zéro,  E  et  E'  les  forces  électro- 
motrices des  deux  piles,  et  r  la  résistance  propre  de  la  pile  E,  on  a,  d'après 
le»  lois  de  Ohm  ou  de  Kirchhoff, 

E'=E*tIf 
Si  E  =  ne,  E'  =  n'e  et  r  =  nx,  on  a 


d' 


ou 


R  (n 
X  =  ! — 


»  Cette  méthode  est  indépendante  de  la  résistance  de  la  petite  pile  E'  et 
de  celle  du  galvanomètre;  de  plus,  le  courant  de  E'  étant  nul,  cette  pile 
n'éprouve  aucune  polarisation.  Enfin,  si  n  et  n'  sont  suffisamment  grands, 
R  peut  varier  dans  des  limites  assez  étendues  sans  que  la  valeur  de  x  en 
soit  affectée  notablement. 

»  En  l'appliquant  à  la  mesure  de  la  résistance  d'un  élément  Daniel!, 
modèle  télégraphique  en  service,  la  pile  E  étant  de  5o  éléments,  et  prenant 
E'  successivement  de  47»  46,  45,  etc.,  et  enfin  de  i  élément,  la  valeur  de 
la  résistance  x  a  toujours  été  comprise  entre  10  et  1 1  unités  mercurielles  (*). 

»  2°  La  résistance  r  d'un  élément  constant  étant  déterminée  ainsi,  on 
pourra  comparer  la  force  électromotrice  E'  de,  piles  très-petites  à  la  force 
électromotrice  E  d'un  élément  constant.  Ce  moyen  me  paraît  très-propre 
à  faire  connaître,  à  un  moment  donné,  la  force  électromotrice  de  courants 
tels  que  ceux  produits  par  l'attaque  de  l'eau  de  mer  sur  les  métaux,  etc. 

»   3°  On  peut  enfin  passer  facilement  de  cette  méthode  à  celle  dite  de 

(  )  L'unité  mercurielle  est  une  colonne  de  mercure  de  i  millimètre  de  diamètre  et  de 
i  mètre  de  longueur  à  zéro  (unité  Siemens). 

22.. 


(  tp  ) 

compensation  de  Pogqendorff.  En  effet,  E  et  /'  étant  la  force  électromotrice 
et  la  résistance  de  la  pile  à  mesurer,  E'  la  force  électromotrice  de  la  pile 
constante,  il  suffira  d'employer  deux  rhéostats  et  de  faire  aboutir  la  branche 
du  galvanomètre,  partant  du  pôle  positif  de  E',  entre  les  deux  rhéostats. 

»   L'équilibre  galvanométrique  étant  établi  pour  des  résistances  p  et  R 
des  deux  rhéostats,  on  a 

/   \  E      _  r-t-  p  -l-R 

\X>  V~~  R 

Ajoutant  alors  une  résistance  â  au  premier  rhéostat,  et  mesurant  la  résis- 
tance A  à  ajouter  au  second  pour  rétablir  l'équilibre,  en  compensant  la  pre- 
mière différence,  on  a  évidemment 


(2) 

E    __r+(p+i]  +  (R  +  i) 
E'  "                   R  -1-  A 

d'où, 

en  vertu  de  (i), 

(3) 

E          A  -+-  o                  ? 

E'  -       A       -  '     '      A      " 

CHIMIE.  —  Sur  la  reproduction  de  la  mimetèse  et  de  quelques  cldoroarséniates. 
Note  de  M.  G.  Lechaktier,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  MM.  H.  Sainte-Claire  Deville  et  Caron  ont  reproduit  l'apatite  et  la 
wagnérite,  qu'ils  ont  été  conduits  à  considérer  comme  les  types  des  deux 
groupes  de  minéraux  suivants  (  i  )  : 

Apnlitcs.  Wngnérites. 

3(PhO%  3R0)(C1R).  (Ph0%3R0)  ^CIR). 

Apatite  de  chaux.  Wagnérite  de  chaux. 

Apatite  de  plomb.  Wagnérite  de  magnésie. 

Apatite  de  strontiane.  Wagnérite  de  manganèse. 

Apatite  de  baryte.  Wagnérite  de  fer  et  de  manganèse. 

»  Les  apatites  cristallisent  sous  la  forme  de  prismes  hexagonaux  régu- 
liers, les  wagnérites  sous  la  forme  de  prismes  droits  à  base  rbombe.  Ces 
chimistes  ont  montré  que  le  fluor  pouvait  remplacer  le  chlore  en  partie  ou 
en  totalité,  sans  que  la  forme  fût  en  général  altérée. 

»  Les  arséniates  accompagnent  très-souvent  les  phosphates  dans  la  nature 
et  leur  sont  intimement  unis  par  leur  composition  et  par  leur  forme  ci  is- 
talline.  La  pyromorpliite,  en  particulier,  est  presque  toujours  accompagnée 

(i)  Comptes  rendus,  t.  XLVII,  p.  986. 


(  *?3 
d'un  chloroarséniatedeplombdemêmeforme  cristalline, auquel  M.  Wœhler 
a  trouvé  la  même  composition.  Ce  minéral  a  été  appelé  mimetèse,  à  cause  de 
sa  ressemblance  avec  le  chlorophosphate  de  plomb.  Il  était  donc  probable 
que  l'on  pourrait  obtenir  des  chloroarséniates  et  des  fluoarsétuates  ana- 
logues aux  composés  précédents. 

»  Déjà  M.  Debray,  dans  son  travail  sur  les  phosphates  et  sur  les  arsé- 
niates  (i),  a  reproduit  un  chloroarséniate  de  chaux,  qu'il  a  appelé  apatile 
arséniée.  Il  l'a  obtenu  par  voie  humide,  en  chauffant  à  25o  degrés,  dans 
un  tube  fermé,  de  l'arséniate  de  chaux  (AsO5  2CaO,  HO)  avec  une  disso- 
lution de  chlorure  de  calcium  et  par  voie  sèche,  en  fondant  de  l'arséniate 
de  chaux  avec  un  excès  de  chlorure  de  calcium. 

»  Le  procédé  général  que  MM.  II.  Sainte-Glaire  Deville  et  Caron  ont 
employé  pour  faire  cristalliser  les  chlorophosphates  m'a  permis  de  pré- 
parer les  chloroarséniates  correspondants.  Il  m'a  été  possible  de  substituer 
dans  l'apatite  arséniée  de  chaux  et  dans  la  wagnérite  arséniée  de  magnésie 
une  certaine  quantité  de  fluor  à  une  proportion  équivalente  de  chlore. 

»  Les  chloroarséniates  se  partagent  en  deux  groupes  identiques  à  ceux 
que  forment  les  chlorophosphates  correspondants.  La  forme  cristalline  du 
premier  groupe  est  celle  de  l'apatite,  le  prisme  hexagonal  régulier;  la  forme 
cristalline  du  second  est  celle  de  la  wagnérite,  le  prisme  rhomboïdal 
droit  : 

Apatites  arséniées.  Composition. 

I  3  (AsO5,  3CaO)  (CICa) 

Apatite  arséniée  de  chaux \  (CICa 

|  o(As05,  3CaO)    F1Ca 

Apatite  arséniée  de  plomb  (mimetèse) 3 (AsO,  3PbO)  (ClPb) 

Apatite  arséniée  de  strontiane 3 (AsO5,  3  Sr  O)  (Cl  Sr) 

Apatite  arséniée  de  baryte 3(  AsO5,  3Ba  O)  (CIBa) 

ff^ag/iérites  arséniées. 

Wagnérite  arséniée  de  chaux (AsO5,  3CaO)  (CICa) 

/      (AsO5,  3MgO)(CIMg) 

Wagnérite  arséniée  de  magnésie \  l  Cl  Ma 

|      CAsOS3MSp)jF1^ 

Wagnérite  arséniée  de  manganèse. .......  (AsO5,  3MnO)(ClMn) 

»  Dans  ces  composés,  de  même  que  dans  les  carbonates  et  dans  les  chlo- 
rophosphates, la  chaux  sert  d'intermédiaire  ou  de  pivot,  comme  l'a  dit 
M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  entre  le  groupe  des  oxydes  arragonitiques  et 

(i)  Annales  de  Physique  et  de  Chimie,  3e  série,  t.  LXI. 


(  i74  ) 
celui  des  oxydes  spatliiques.  Mais  tout  chloroarséniate  de  chaux,  dans  lequel 
il  entre  une  certaine  quantité  de  fluor,  prend  toujours  la  forme  et  la  com- 
position de  l'apatile.  La  magnésie,  malgré  la  présence  du  fluor,  conserve 
à  la  combinaison  dont  elle  fait  partie  la  forme  de  la  wagnérite. 

o  La  densité  de  l'apatite  arséniée  de  chaux  est  3,55. 

»  Celle  de  la  wagnérite  arséniée  de  magnésie  est  3,45. 

»  Ces  densités  sont  voisines  des  nombres  3,  r4  et  3, 12,  qui  ont  été  trou- 
vés pour  les  chlorophosphates  correspondants. 

»   La  densité  de  l'apatite  arséniée  de  plomb  est  3,73. 

»  Les  arséniates  se  dissolvent,  au  rouge,  dans  les  chlorures  de  même 
base  et  se  combinent  à  une  portion  de  ces  chlorures  pour  donner  naissance 
à  des  chloroarséniates  qui  cristallisent  dans  la  matière  fondue,  au  moment 
de  sa  solidification.  Dans  la  préparation  des  chloroarséniates  de  chaux,  de 
baryte  et  de  plomb,  l'arséniate  préparé  d'avance  est  mélangé  directement 
au  chlorure.  Pour  obtenir  l'apatite  arséniée  de  slrontiane,  les  wagnérites 
arséniées  de  magnésie  et  de  manganèse,  il  est  avantageux  de  fondre  l'arsé- 
niate d'ammoniaque  avec  un  excès  de  chlorure.  Les  arséniates  correspon- 
dants donnent  une  cristallisation  incomplète. 

»  La  fusion  s'opère  dans  un  creuset  de  porcelaine  placé  au  centre  d'un 
creuset  de  terre,  que  l'on  porte  au  rouge.  Après  le  refroidissement,  on  place 
le  creuset  dans  l'eau  qui  dissout  le  chlorure  excédant  et  met  en  liberté  les 
cristaux.  L'emploi  des  creusets  de  charbon,  si  avantageux  surtout  lorsque 
les  matières  que  l'on  chauffe  renferment  des  fluorures,  est  impossible  parce 
qu'il  y  a  réduction  de  l'acide  arsénique.  Les  creusets  de  porcelaine  sont 
attaqués  par  les  fluorures,  et  les  cristaux  que  l'on  obtient  sont  mélangés  de 
quelques  fragments  de  matières  amorphes,  mais  on  peut  séparer  facilement 
les  cristaux  et  les  avoir  purs  pour  l'analyse. 

»  Tous  ces  chloroarséniates  sont  solubles  dans  l'acide  azotique  étendu; 
la  détermination  du  chlore  se  fait  donc  facilement  au  moyen  du  chlorure 
d'argent.  L'analyse  s'achève  par  les  procédés  dont  MM.  H.  Sainte-Claire 
Deville  et  Caron  se  sont  servis  pour  les  chlorophosphates. 

»  La  seule  différence  que  j'aie  observée  dans  les  circonstances  de  produc- 
tion des  chloroarséniates  et  des  chlorophosphates  est  relative  à  l'apatite  et 
à  la  wagnérite  de  chaux.  Lorsqu'on  fond  ensemble  du  phosphate  de  chaux 
et  du  chlorure  de  calcium  sans  mélange  de  fluorure,  on  obtient  de  l'apatite 
mélangée  à  de  la  wagnérite. 

»  Par  la  fusion  de  l'arséniate  de  chaux  et  du  chlorure  de  calcium,  i! 
m'a  été  possible  d'obtenir  isolément,  soit  des  cristaux  d'apatite  arséniée, 


(  i75) 
soit  des  cristnnx  de  wagnérite  arséniée,  ainsi  que  le  montrent  les  deux  ana- 
lyses suivantes  : 

Apatite  3(AsOs,  3CaO)  (CICa).. 

Observé-  Calculé. 

Chlorure  de  calcium 8,4  8,5 

Arséniate  de  chaux 91  ,5  gi  ,5 

99,9  ioo,o 
Wagnérite  (AsO5,  3CaO)ClCa. 

Chlorure  de  calcium.    21,7  21,8 

Arscniate  de  chaux 78,3  78,2  " 

100,0  100,0 

»  A  une  température  élevée,  il  ne  se  produit  que  des  cristaux  d'apatite; 
à  une  température  plus  basse,  peu  supérieure  à  la  fusion  du  chlorure  de 
calcium,  il  ne  se  forme  que  de  la  wagnérite;  à  des  températures  intermé- 
diaires, on  obtient  un  mélange  des  deux  espèces  de  cristaux.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —   Nouvelles  recherches  sur  le  glycocjène,  Note  de 
M.  Bizio,  présentée  par  M.  Balard. 

«  Depuis  quelque  temps  j'ai  achevé  mes  études  sur  le  glycogéne,  au 
sujet  duquel  j'ai  fait  une  communication  dans  la  séance  du  19  mars  1866. 

»  La  substance  amylacée,  que  j'ai  découverte  dans  les  animaux  inverté- 
brés, est  vraiment  le  glycogéne,  puisqu'elle  en  présente  toutes  les  qualités. 
Une  particularité  digne  cependant  dètre  notée,  c'est  que  le  glycogéne  s'a- 
grége  toujours  en  une  masse  gommeuse  transparente,  lorsque,  après  sa  pré- 
cipitation par  l'alcool,  on  le  laisse  se  dessécher  lentement  en  plein  air,  et  de 
manière  qu'après  l'évaporation  de  l'alcool  il  puisse  s'imbiber  de  l'humi- 
dité de  l'atmosphère.  L'état  pulvérulent  dans  lequel  on  l'a  presque  tou- 
jours remarqué  dépend  de  son  rapide  dessèchement. 

»  Je  croyais  qu'au  contact  de  l'albumine  et  de  la  caséine  il  devrait 
éprouver  promptement  la  fermentation  lactique,  comme  je  l'avais  observé 
avec  les  huîtres  et  les  autres  animaux  que  j'ai  cités  dans  mon  précédent  travail, 
et  qui  contiennent  abondamment  du  glycogéne;  mais  au  contraire  l'action 
dans  ce  cas  est  très-lente,  et  plusieurs  jours  s'écoulent  avant  qu'on  remarque 
le  moindre  indice  d'acidité,  bien  qu'il  se  produise  une  substance  qui  a  le 
pouvoir  de  réduire  le  lartrate  cupro-potassique,  et  de  fermenter  par  la 
levure  de  bière. 

»  Mais  ce  qu'il  importait  surtout  de  déterminer,  c'était  sa  composition 


(  >?6  ) 
élémentaire,  puisqu'il  y  a  encore  sur  ce  sujet  quelque  incertitude.  A  cet 
effet  j'ai  voulu  analyser  le  glycogène  dans  différents  états  de  dessiccation. 

»  J'ai  analysé  le  glycogène  desséché  à  la  température  de  ioo  degrés  ou  à 
la  température  ordinaire  dans  le  vide  sec,  et  les  résultais  obtenus  se  rap- 
portent à  la  formule  G6 H10©5. 

»  J'ai  desséché  aussi  le  glycogène  à  la  température  ordinaire,  dans  l'air, 
sur  le  chlorure  de  calcium,  après  l'avoir  auparavant  parfaitement  hydraté 
par  une  exposition  à  l'air  humide.  La  combustion  n'en  a  été  faite  que 
lorsque  la  diminution  du  poids  avait  cessé.  Les  résultats  des  analyses  exé- 
cutées à  de  longs  intervalles,  sur  une  substance  maintenue  dans  ces  condi- 
tions de  dessiccation,  m'ont  conduit  à  la  formule  CuH"0". 

»  Une  molécule  d'eau  restait  donc, dans  ce  cas,unieau  groupe  G12H20Ô10. 
le  double  de  la  formule  déjà  admise  pour  le  glycogène  desséché  à  ioo  de- 
grés, et  qui  me  paraît  exprimer  la  véritable  composition  de  ce  corps.  Cela 
serait  aussi  en  parfaite  harmonie  avec  les  recherches  et  les  déductions  de 
Musculus  à  l'égard  de  la  dextrine,  et  avec  les  idées  actuellement  dominantes 
sur  la  conslitntion  de  plusieurs  composés  dont  la  composition  se  ramène  à 
du  carbone  et  de  l'eau,  et  dont  la  formule  a  été  aussi  douhlée  et  même 
triplée. 

»  Je  me  suis  occupé  enfin  du  composé  qu'on  obtient  par  la  précipitation 
du  glycogène  au  moyen  de  l'acétate  tribasique  de  plomb.  Son  analyse  m'a 
donné  la  formule  G12H18Pb"Ô'\    ». 

CHIMIE  ANALYTIQUE,  —  Note  sur  une  méthode  Irès-simple  pour  reconnaître 
l'iode  et  le  brome  dans  une  même  solution;  par  M.  Phipson. 

«  Cette  méthode,  qui  permet  de  constater  la  présence  du  brome  et  de 
l'iode  dans  une  eau  minérale  ou  dans  toute  autre  solution  étendue  dans 
laquelle  ces  deux  corps  se  trouvent,  est  extrêmement  sensible;  elle  repose 
sur  ces  faits  reconnus  par  l'auteur,  savoir  :  qu'en  présence  du  sulfure  de 
carbone  et  du  chlore  libre  les  iodures  sont  décomposés  d'abord,  les  bro- 
mures ensuite,  et,  de  plus,  que  le  chlorure  agit  sur  l'iode  dissous  dans  le 
sulfure  de  carbone  pour  former  du  quintichlorure  d'iode,  qui  se  dissout  et 
laisse  le  sulfate  de  carbone  incolore.  Mais,  s'il  y  a  un  bromure  dans  la  solu- 
tion, le  sulfure  de  carbone  prend  une  couleur  orangée. 

»  On  prend  un  tube  à  réactif  long  de  deux  pieds,  dans  lequel  on  verse 
un  peu  de  la  solution  à  examiner  :  s'il  ne  s'agit  pas  d'une  eau  naturelle, 
on  doit  la  diluer  fortement;  on  l'acidulé  avec  de  l'acide  chlorhydrique  et 


(  '77  ) 
l'on  y  verse  un  peu  de  sulfure  de  carbone.  Ensuite  on  y  introduit,  par 
petites  quantités  à  la  fois,  une  solution  saturée  de  chlorure  de  chaux,  et, 
bouchant  le  tube  avec  le  doigt,  on  le  fajt  traverser  en  tout  sens  par  le  sul- 
fure de  carbone  après  chaque  addition  d'hypochloriîe.  Le  sulfure  prend 
d'abord  la  couleur  violet-pourpre  de  l'iode,  laquelle,  sous  l'influence  d'une 
quantité  graduellement  croissante  de  chlore,  devient  de  plus  en  plus  faible, 
puis  disparaît  complètement,  et  en  ce  moment,  s'il  y  a  du  brome  en  pré- 
sence, le  sulfure  prend  la  couleur  orangée  due  à  ce  corps.  Si  au  con- 
traire il  n'y  a  pas  de  brome  dans  la  solution,  le  sulfure  de  carbone  reste 
incolore. 

»  Cette  méthode,  dont  je  me  sers  depuis  quatre  ou  cinq  ans  dans  mon 
laboratoire,  permet  de  reconnaître  les  plus  petites  quantités  d'iode  et  de 
brome.  Dans  certains  cas,  j'ai  pu  ainsi  mettre  ces  deux  corps  en  évidence 
au  bout  de  quelques  minutes,  lors  même  que  l'analyse  spectrale  ne  donnait 
aucun  résultat.  » 


PHYSIOLOGIE  végétale.  —  Sur  les  mouvements  de  la  Sensitive  (Mimosa 
pudica,  Linn.).  Note  de  M.  P.  Bert,  présentée  par  M.  C.  Robin. 

«  I.  Les  pétioles  primaires  de  la  Sensitive,  après  s'être  abaissés  dans  les 
premières  heures  de  la  nuit,  se  relèvent  avant  le  jour  bien  au-dessus  du  niveau 
qu'ils  conservent  pendant  la  période  diurne,  celle-ci  étant,  contrairement 
à  ce  qu'on  enseigne  d'ordinaire,  caractérisée  par  l'abaissement  progressif 
et  non  par  l'élévation  des  pétioles  primaires. 

»  Exemple.  (8  septembre,  5h45m  du  soir:  angle  inférieur  du  pétiole 
primaire  avec  la  tige,  T25  degrés;  8b  i5m,  120  degrés;  10  heures,  n5  de- 
grés. 19  septembre,  ib3om du  matin,  1 25  degrés;  5b  1  5œ,  i65  degrés;  9h45m, 
i45  degrés;  3h45mdusoir,  io5  degrés;  5hi5m,  io5  degrés;  7biom,  ^ode- 
grés;  10  heures,  120  degrés.  20  septembre,  /j  heures  du  matin,  1 55  de- 
grés; 7hi5m,  i5o  degrés;  i2h45m,  io5  degrés.  7  heures  du  soir,  1  ro  degrés. 
22  septembre,  8  heures  du  soir,  100  degrés;  9h3om,  90  degrés;  minuit, 
100  degrés;  5  heures  du  matin,  i5o  degrés;  8  heures,  n5  degrés;  midi, 
1 10  degrés, etc. 

*>  IL  Les  renflements  moteurs  situés  à  la  base  des  pétioles  et  des  folioles 
peuvent  être  considérés  comme  composés  de  ressorts  faisant  effort  pour 
pousser  la  partie  qu'ils  meuvent  du  côté  opposé  à  celui  qu'ils  occupent. 
(Lindsay,  Dutrochet...).  Dans  les  pétioles  primaires,  la  valeur  du   ressort 

C.  R.,  1867,  2"  Semestre.  (T.  LX.V,  N°  4.)  23 


(   178  1 
supérieur  est    à   celle  du    ressort  inférieur,   dans   l'état   diurne,    comme 
i  est  à  3. 

»  III.  Le  mouvement  provoquera  lieu  par  suite  d'une  perte  d'énergie  de 
l'un  des  ressorts,  celle  du  ressort  antagoniste  n'étant  nullement  augmentée 
et  peut-être  même  étant  un  peu  diminuée.  Il  n'existe  aucun  tissu  contrac- 
tile, déterminant  le  mouvement. 

»  Considérons  comme  exemple  le  renflement  de  la  base  d'un  pétiole 
primaire.  Enlevons  jusqu'au  bois  le  ressort  supérieur:  le  pétiole  peut  en- 
core s'incliner  par  l'irritation  :  donc  l'action  du  ressort  supérieur  n'est  pas 
indispensable  au  mouvement.  Sur  un  autre  renflement,  enlevons  le  ressort 
inférieur:  le  pétiole  tombe  à  une  position  qui  ne  peut  plus  varier  par  l'ir- 
ritation; donc  celle-ci  n'augmente  pas  la  valeur  du  ressort  supérieur. 

»  Un  renflement  ayant  été  privé  du  ressort  supérieur  et  redevenu  bien 
mobile,  inclinons  la  plante  jusqu'à  ce  que  le  plan  de  mouvement  du  pétiole 
soit  dans  le  plan  horizontal  ;  aucune  excitation  n'est  alors  capable  de  chan- 
ger la  situation  du  pétiole;  donc  il  n'existe  pas  de  muscle  tirant  en  bas  le 
pétiole;  mais  celui-ci  s'affaisse,  dans  la  position  normale,  par  sa  propre 
pesanteur,  que  ne  contre-balance  plus  l'action  du  ressort  inférieur  affaibli 
par  l'irritation  même. 

»  IV.  Les  mouvements  nocturnes  ont  lieu  par  suite  d'une  augmentation 
de  tension  des  renflements  moteurs.  Dans  les  pétioles  primaires,  le  ressort 
supérieur  augmente  d'énergie  pendant  la  nuit;  le  ressort  inférieur,  après 
avoir  un  peu  diminué,  augmente  aussi  consécutivement.  De  la  puissance 
réciproque  de  ces  ressorts  dépend  la  position  du  pétiole  aux  divers  instants 
de  la  nuit  et  du  jour.  Ces  assertions  sont  faciles  à  vérifier  sur  des  pétioles 
privés  soit  du  ressort  supérieur,  soit  du  ressort  inférieur. 

»  V.  Les  mouvements  rapides  provoqués  par  une  excitation  et  les  mou- 
vements lents  spontanés  qui  constituent  l'oscillation  quotidienne  sont  donc 
des  phénomènes  d'ordre  tout  à  fait  différent.  Brucke  seul  avait  aperçu 
cette  vérité  (Milliers  Jrchiv,  1848);  mais  sa  démonstration  était  incom- 
plète et  n'avait  pas  entraîné  la  conviction  des  physiologistes.  Mais  le  doute 
ne  peut  subsister  en  présence  de  ce  fait  que  l'éther  sépare  l'un  de  l'autre 
ces  deux  ordres  de  mouvements,  abolissant  les  mouvements  provocables, 
respectant  les  mouvements  spontanés. 

»  Exemple.  L'angle  inférieur  fait  avec  la  tige  par  le  pétiole  d'une  Sensi- 
tive  placée  sous  une  cloche  avec  de  l'éther  est,  à  4b45m  du  soir,  i  iode- 
grés;  à  io  heures,  55  degrés;  à  4  heures  du  matin,  180  degrés;  à  8  heures, 


(   '79  ) 
iao  degrés.  Or,  pendant  tout  ce  temps,  la  Sensitive  est  restée  complète- 
ment inexcitable. 

»  VI.  Les  mouvements  spontanés  reconnaissent  pour  phénomène  anté- 
rieur une  modification  dans  l'afflux  du  liquide  que  contient  le  parenchyme 
des  renflements.  Les  mouvements  provocables  n'ont  pu  être  encore  rap- 
portés à  une  cause  prochaine. 

»  VIL  La  Sensitive  se  rapproche  des  êtres  animés  par  la  présence  d'élé- 
ments qui  transmettent  les  excitations  (faisceaux  fibro-vasculaires)  et  déter- 
minent le  mouvement  (cellules  des  renflements)  ;  elle  leur  ressemble  encore 
par  ce  fait,  que  l'excitabilité  n'appartient  chez  elle  qu'aux  éléments  doués 
de  motricité  ou  de  transmissibilité.  Pour  obtenir  un  mouvement,  en  effet, 
il  faut  irriter  ou  les  faisceaux  fibro-vasculaires,  ou  les  renflements  basi- 
laires. 

»  VIII.  Elle  s  en  éloigne  par  l'absence  d'éléments  contractiles  et  parles 
rapports  anatomiques  et  fonctionnels  directs  qu'affectent  ses  éléments 
excitables,  transmetteurs  et  excitateurs,  avec  ses  éléments  moteurs.  Il  n'y 
a,  en  effet,  rien  chez  elle  qui  ressemble  à  des  centres  nerveux  intermédiaires 
entre  l'excitation  extérieure  et  le  mouvement. 

»  L'action  des  anesthésiques  éloigne  la  Sensitive  des  animaux  au  lieu  de 
la  rapprocher  d'eux.   » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  l'action  des  anciens  glaciers  dans  la  Sierra  Nevada  de  Cali- 
fornie et  sur  l'origine  de  la  vallée  de  Yo-Semite.  Note  de  M.  W.  P.  Bi.ake, 
présentée  par  M.  Daubrée. 

«  Les  traces  des  glaciers  anciens  sont  fortement  gravées  dans  les  régions 
élevées  de  la  Sierra  Nevada  de  Californie.  Presque  toute  la  surface  de  ces 
montagnes,  sur  des  centaines  de  milles  carrés,  est  moutonnée,  striée  et 
polie. 

»  La  région  clans  laquelle  ces  effets  peuvent  être  observés  est  la  masse 
centrale  de  montagnes  à  l'est  de  San-Francisco,  et  entre  36  et  38  degrés 
de  latitude  nord.  C'est  la  partie  de  la  chaîne  la  plus  élevée,  et  il  s'y  trouve 
plusieurs  pics  ou  sommets  de  i3ooo  pieds  (4ooo  mètres)  de  hauteur  et 
plus.  C'est  la  région  alpestre  des  États-Unis,  et  elle  est  remarquable  pour  la 
grandeur  du  paysage  et  le  nombre  de  ses  vallées  et  de  ses  gorges  abruptes. 
Le  versant  occidental  de  ces  montagnes  descend  vers  la  grande  vallée  inté- 
rieure de  Californie;  le  versant  oriental  rejoint  la  région  déserte  du  grand 
bassin  intérieur.  Le  versant  occidental,  étant  sous  l'influence  des  vents  de 

23  . 


(  'Ho  ) 
l'Océan,  est  couvert  de  magnifiques  forets,  tandis  que  l'autre  versant  est 
comparativement  stérile.  La  roche  principale  des  parties  élevées  et  centrales 
de  la  chaîne  est  le  granité  compacte,  généralement  porphvroïde,  dont  les 
cristaux  de  feldspath,  atteignant  quelquefois  3  ou  4  pouces  (i  décimètre) 
de  dimension ,  font  saillie  à  la  surface  de  la  roche.  C'est  cette  roche  grani- 
tique qui  a  été  modelée  et  polie  par  l'action  de  la  glace.  L'effet  est  partout 
visible  au  delà  de  6000  pieds  anglais  (1800  mètres)  d'élévation,  jusqu'à  une 
hauteur  de  11000  pieds  (33oo  mètres)  et  peut-être  plus. 

»  En  traversant  là  chaîne  pour  se  rendre  de  la  vallée  du  Yo-Semite  au 
lac  Mono,  la  vue  s'étend  sur  une  surface  immense  de  sommets  tous  arrondis 
par  l'action  des  glaces  et  en  grande  partie  si  bien  polis,  qu'ils  brillent  au 
soleil  comme  un  miroir.  Ces  surfaces,  anciennement  soumises  à  l'action 
des  glaciers,  présentent  tous  les  phénomènes  habituels  et  qui  ont  été  étu- 
diés dans  beaucoup  d'autres  contrées.  Elles  sont  comme  rabotées,  sillon- 
nées et  striées,  généralement  dans  la  direction  des  vallées. 

»  Près  du  col  qui  sert  de  passage  entre  Yo-Semite  et  le  lac  Mono,  à  une 
altitude  d'environ  8000  pieds  (a4oo  mètres),  se  trouvent  plusieurs  crêtes 
subordonnées  de  granité  qui  ont  été  couvertes  par  des  glaciers  de  la  base 
au  sommet,  probablement  2000  pieds  (600  mètres)  au-dessus  de  la  vallée. 
Leurs  flancs  ne  sont  pas  seulement  striés  et  polis,  mais  ils  sont  encore  pro- 
fondément échancrés  et  creusés,  et  sur  une  si  grande  étendue.,  qu'ils  ne 
laissent  aucun  doute  qu'ils  doivent  leur  relief  actuel  à  l'action  de  la  glace. 

»  L'action  des  glaciers  a  été  gigantesque,  et  les  phénomènes  sont  suffi- 
sants pour  démontrer  qu'elle  n'était  pas  confinée  seulement  dans  les  vallées 
profondes,  mais  que  les  glaciers  couvraient  de  vastes  surfaces  et  qu'ils 
étaient  d'une  épaisseur  très-considérable.  Un  des  buts  de  ce  Mémoire  est 
d'attirer  une  attention  spéciale  sur  cette  conclusion. 

»  Il  y  a  aussi  eu  îles  glaciers  limités  ayant  rempli  de  nombreuses  vallées, 
comme  cela  est  suffisamment  indiqué  par  les  moraines  et  les  surfaces  polies 
qu'ils  ont  laissées. 

»  Le  phénomène  glaciaire  a  été  plus  énergique  sur  la  pente  occidentale. 
Cela  parait  montrer  que,  pendant  la  période  glaciaire  comme  à  l'époque 
actuelle,  l'eau  météorique  était  plus  abondante  sur  le  versant  de  l'Océan 
que  du  côté  du  continent. 

«  Il  n'existe  pas  actuellement  de  glaciers  dans  ces  montagnes.  La  neige 
qui  tombe  l'hiver  à  une  grande  profondeur  fond  et  disparait  vers  la  fin  de 
l'été,  excepté  à  l'ombre  et  dans  les  gorges  profondes. 

»  Une  des  parties  les  plus  intéressantes  de  ces  régions  des  anciens  glaciers 


(   i8i  ) 
est  située  dans  la  fameuse  vallée  du  Yo-Semite.  Cette  vallée  est  maintenant 
un  but  pour  les  touristes.  Son  caractère  pittoresque  est  suffisamment  montré 
par  la  belle  série  de  vues  photographiques  exécutées  par  M.  Watkins,  qui 
figurent  à  l'Expos'tion  universelle  et  dont  quelques-unes  sont  ici  jointes. 

»  Cette  vallée  est  une  gorge  étroite,  longue  de  6  milles  ou  io  kilomètres 
environ,  où  le  voyageur  peut  contempler  une  succession  de  murailles  ou 
falaises  de  granité  de  2000  à  4000  pieds  (600  à  1200  mètres)  de  hauteur. 
Les  sommets  de  ces  falaises  ont  la  forme  de  dômes,  et  il  est  facile  de  recon- 
naître que  c'est  une  partie  de  cette  région  moutonnée  par  les  anciennes  et 
très-étendues  mers  de  glace. 

»  Les  surfaces  polies  par  la  glace  se  trouvent  dans  les  vallées  tributaires 
du  Yo-Semite,  et  elles  ne  manquent  pas  sur  les  parois  de  la  vallée  elle- 
même.  On  peut  en  conclure  que  cette  vallée  paraît  due  à  une  érosion  sous- 
glaciaire,  due  à  l'écoulement  des  eaux  provenant  de  la  fonte  des  glaces 
supérieures. 

»  On  a  pensé  que  la  vallée  du  Yo-Semite  était  le  résultat  d'une  grande 
cassure  ou  fissure  transverse  à  la  direction  générale  de  la  chaîne  de  mon- 
tagnes. L'énorme  action  des  glaces  dans  cette  vallée  et  les  régions  voisines, 
ainsi  que  le  fait  que  sa  partie  supérieure  est  divisée  en  deux  ou  plusieurs 
gorges,  qui  maintenant  reçoivent  les  eaux  de  cette  sorte  de  drainage  des 
gorges  et  des  vallées  supérieures,  ne  rend  plus  nécessaire  d'avoir  recours 
à  d'autre  explication.  » 

M.  Humbert  désire  soumettre  au  jugement  de  l'Académie  une  décou- 
verte qu'il  pense  avoir  faite  et  qu'il  croit  de  nature  à  apporter  une  amélio- 
ration importante  dans  la  navigation;  il  demande  quelles  formalités  il 
devrait  remplir  pour  être  admis  au  concours  du  prix  extraordinaire  de 
six  mille  francs  sur  l'application  de  la  vapeur  à  la  marine  militaire,  prix  à 
décerner  en  1868. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  qu'il  lui  suffira  d'adresser  au  Secrétariat,  avant 
le  ier  juin  1868,  tous  les  documents  qui  peuvent  être  de  nature  à  éclairer 
la  Commission. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  É.  D.   B. 


(    i8a    ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  11  juillet  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Rapport  de  M.  Chevreul  sur  ses  cours  du  Muséum  en  général  et  en  par- 
ticulier sur  son  cours  de  1866.  Paris,  1867;  br.  in-8°. 

Des  arts  qui  parlent  aux  yeux  au  moyen  de  solides  colorés  d'une  étendue 
sensible,  et  en  particulier  des  arts  du  tapissier  des  Gobelins  et  du  tapissier  de  la 
Savonnerie;  par  M.  E.  Chevreul.  Paris,  1867;  in-/j°-  !  Extrait  du  Journal 
des  Savants.) 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum  ;  par  M.  J.  Decaisne,  Membre  de  l'Institut. 
90e  livraison.  Paris,  1867;  in-4°  avec  planches. 

Extraits  de  géologie;  par  MM.  Delesse  et  A.  DE  LAPPA.RENT.  Sans  lieu  ni 
date;  br.  in-8°. 

Rapport  sur  les  progrès  de  l'hygiène  militaire  ;  par  M.  M.  Lévy.  Publication 
faite  sous  les  auspices  de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique.  Paris,  1867; 
grand  in-8°. 

Nécessité  d'améliorer  les  races  chevalines  en  France.  Rapport  présenté  au 
Sénat  sur  une  pétition  de  M.  Richard  (du  Cantal)  ;  par  M.  Drouyn  de  Lhuys. 
Paris,  1867;  opuscule  in-8°.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société  impériale  il' Ac- 
climatation. ) 

Statistique  des  prisons  et  établissements  pénitentiaires  pour  l'année  i865;  si- 
tuation au  jer  janvier  1866.  Paris,  1867;    1  vol.  grand  in-8°. 

M émoires  de  l'Académie  impériale  des  Sciences,  Arts  et  Belles-Lettres  de  Dijon. 
2e  série,  t.  XII  et  XTII,  années  1864  et  i865.  Dijon,  1 865  et  1866;  2  vol. 
in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  académique  d'Agriculture,  des  Sciences,  Arts  et 
Belles-Lettres  du  département  de  l'Aube.  T.  XXX  de  la  collection.  I.  III, 
3e  série,  année  1866.  Troyes,  in-8°. 

Thèse  de  pharmacie  présentée  et  soutenue  à  l'Ecole  supérieure  de  Pharmacie, 
le  20  juillet  1867; /w  M.  Armand  Fumodze.  De  la  cahtharide  officinale. 
Paris,  1867;  in-/|°.  (Présenté  par  M.  Ch.  Rohm.) 

Association  Scientifique  de  France.  Compte  rendu  des  travaux  de  la  session 
de  Montpellier;  par  M.  L.-H.  DE  Martin.  Montpellier,  1 867  ;  in-8". 


(  i83  ) 

De  la  nutrition  végétale  au  point  de  vue  de  la  loi  de  restitution.  Examen  cri- 
tique des  théories  de  M.  George  Ville;  par  M.  P.  Madinier.  P;iris,  1867; 
br.  in-8". 

Destruction  îles  inondations;  par  M.  Abel  Duveau.  Saumur,  1867; 
br.  in-8°. 

Le  terrain  crétacé  des  Pyrénées;  par  M.  HÉBERT.  Paris,  1867;  br.  in-8°. 
Mémoire  à  l'Empereur  Napoléon  III,  acte  notoire,  etc.  ;  par  M.  le  Dr Bar- 
racano.  Naples,  1867;  br.  in-8°. 

Question  de  priorité'.  Propriétés  désinfectantes  des  permanganates  alcalins  ; 
par  M.  H.  Bollman-Condy.  Paris,  [867;  br.  iu-8°. 

On  the...  Sur  les  couleurs  des  bulles  de  savon,-  par  sir  David  Brewster. 
Edimbourg,  1867;  in-4°  avec  une  planche. 

On  the. . .  Sur  les  figures  d'équilibre  dans  les  membranes  liquides ,  par  sir  Da 
vid  Brewster.   Edimbourg,  [867;  in-4°  avec  une  planche. 

(Ces  deux  brochures  sont  extraites  des  Transactions  de  la  Société  royale 
d'Edimbourg.) 


ERRATA. 

(Séance  du  8  juillet   1867.) 

Page  69,  ligne  9,  en  descendant,  au  lieu  de  et  au  point  où  elle  s'articule,  lisez  et  au  point 
où  ce  côté  s'articule. 

Page  70,  ligne  to,  en  descendant,  supprimez  les  accolades  et  les  titres:  Appareil  nouveau, 
Coulisse  renversée. 

Page  70,  note  au  bas  de  la  page,  ajoutez  à  la  fin  les  mots  :  autant  que  possible. 

(Séance  du  i5  juillet  1867. j 
Page  95,  ligne  3,  en  remontant,  au  lieu  de  27  {  kilomètres,  lisez  26  {  kilomètres. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  29  JUILLET  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  une  ampliation  du 
Décret  impérial  qui  approuve  la  nomination  de  M.  Ad.  fVurlz  pour  rem- 
plir, dans  la  Section  de  Chimie,  la  place  laissée  vacante  par  le  décès  de 
M.  Pelouze. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Wurtz  prend  place  parmi  ses 
confrères. 

HISTOIRE   DE  l'astrokomie.   —  Suite  des  communications  relatives  aux  écrits 
de  Pascal  sur  tes  lois  de  i attraction;  par  M.  Ciiasles. 

«  Les  considérations  présentées  par  M.  Duhamel,  dans  la  dernière 
séance,  pourraient  paraître  à  quelques  lecteurs  impliquer  une  réfutation 
de  ma  communication  du  i5  juillet.  Je  désire  donc  rappeler  l'objet  et  le 
sens  propre  de  cette  communication.  J'ai  annoncé  simplement  que  des 
documents  émanés  de  Pascal  prouvaient  qu'il  s'était  beaucoup  occupé  de 
la  question  de  l'attraction  des  corps  célestes,  et  qu'il  en  avait  connu  les  lois. 
Je  n'ai  rien  dit  de  plus,  et  je  n'ai  pas  prononcé  le  nom  de  Newton,  n'ayant 
pas  pour  but  d'établir  un  parallèle  entre  ces  deux  grands  génies,  dignes 
tous  deux  de  l'admiration  et  du  respect  des  géomètres  de  tous  les  temps  et 

C.  R.,  1807,  2e  SemeJire.  (T.  LXV,  N°  S.)  24 


(  i86) 
de  tous  les  pays;  car  la  science  a  pour  patrie  le  monde  entier.  Je  crois  que 
les  deux  faits  que  j'avais  à  prouver  ont  été  parfaitement  constatés  par  les 
Lettres  et  les  quatre  Notes  de  Pascal  insérées  au  Compte  rendu  de  la  séance. 
»  J'ai  annoncé  qu'il  y  avait  beaucoup  d'autres  Notes  sur  le  même  sujet. 
Cependant  je  remarque  ce  passage  de  M.  Duhamel  :  «  Il  faut  supposer  que 
»  Pascal  avait  d'autres  raisons  qiiit  aurait  dû  donner,  ou  que  sa  théorie  était 
»  basée  sur  des  aperçus  vagues,  dont  il  aurait  lui-même  senti  l'insuffisance, 
».  puisqu'il  n a  rien  publié  sur  ce  sujet.  » 

»  A  l'égard  de  ces  mots  :  qu'il  aurait  du  donner,  je  ferai  remarquer  que 
les  deux  Lettres  et  les  quatre  Notes  en  question  ne  renferment  pas  tout  le 
travail  de  Pascal,  et  que  l'on  ne  peut  donc  pas  conclure  qu'il  a  ignoré  ce 
qui  ne  s'y  trouve  pas.  Mais  c'est  surtout  ce  membre  de  phrase  final  :  puis- 
qu'il n'a  rien  publié,  qui  peut  paraître  avoir  ici  de  l'importance  aux  yeux  de 
ceux  qui  ne  sauraient  pas  que  Pascal  négligeait  de  publier  ses  ouvrages, 
tellement  que  ses  deux  Traités  de  l'Equilibre  des  liqueurs  et  de  la  Pesanteur 
de  la  masse  d'air,  achevés  en  i653,  n'ont  été  imprimés  qu'après  sa  mort; 
que.  le  Traité  du  triangle  arithmétique  et  diverses  autres  pièces  ont  été  trouvés 
imprimés  parmi  ses  papiers,  et  n'avaient  jamais  été  répandus;  que  ce  n'est 
qu'après  sa  mort  qu'ils  ont  été  publiés  (en  i665);  que  ses  écrits  intitulés  : 
Tactiunes  spltericce,  Tacliones  conicœ,  Loci  plani  ac  solidi,  Perspectivœ  me- 
tltodus,et  d'autres,  sont  perdus. 

>>  Dans  une  Lettre  inédite,  Leibnitz  dit  que  Newton  possède  des  écrits 
de  Pascal,  et  que  lui-même  en  possède  aussi. 

»  J'ajouterai  que  Pascal  avait  composé  un  écrit  sur  l'astronomie  phy- 
sique, mentionné  dans  une  des  Lettres  qui  vont  suivre.  Cet  écrit  résumait 
sans  doute  ses  recherches  sur  l'attraction  qui,  comme  il  a  dit  dans  les  Notes 
précédentes,  suffit  à  tout  dans  l'explication  des  phénomènes  du  mouvement 
des  corps  célestes.  On  ne  peut  donc  pas  inférer,  de  ce  que  Pascal  n'a  rien 
publié,  qu'il  n'avait  pas  démontré  ce  qu'il  annonce  dans  les  Notes  citées. 

»  Je  passe  à  un  autre  point  des  observations  de  M.  Duhamel.  Notre 
confrère  dit  :  «  On  se  demande  comment  Pascal  aurait  reconnu  que  l'at- 
»  traction  en  raison  inverse  du  carré  de  la  distance  ferait  décrire  des 
»  ellipses  ayant  le  Soleil  pour  foyer,  Newton  n'ayant  pu  le  faire  qu'après 
»  avoir  établi  sa  belle  formule  entre  la  force  centrale  et  certains  éléments 
»    infiniment  petits  de  la  trajectoire.  » 

»  Je  crois  pouvoir  répondre  simplement  que  ce  n'était  pas  là  un  calcul 
difficile  pour  Pascal,  puisqu'il  n'implique  que  la  considération  d'un  arc 
infiniment  petit,  et  que  Pascal  avait  bien  su  démontrer  l'expression  de  la 


(  i87  ) 
force  centrifuge,  ainsi  que  la  loi  de  l'attraction  en  raison  inverse  du  carré  de 
la  distance,  par  le  même  raisonnement  que  Newton. 

»  M.  Duhamel  ajoute  :  «  Comment  Pascal,  aurait-il  pu  dire  que  la  loi  de 
»  l'attraction  suffisait  à  tout  lorsqu'il  était  incapable  d'en  déduire  le  simple 
«   phénomène  du  mouvement  elliptique?  » 

»  Cette  assertion,  que  Pascal  était  incapable  du  calcul  en  question,  est  la 
reproduction  de  l'idée  déjà  émise.  Je  ne  m'y  arrête  pas. 

»  Mais  ce  sont  ces  mots  :  Comment  Pascal  aurait-il  pu  dire,  qui  doivent 
fixer  mon  attention.  S'il  y  avait  simplement  :  Comment  Pascal  a-l-il  pu  dire,  je 
répondrais  que  ses  autres  Notes  renfermaient  peut-être  les  éclaircissements 
demandés.  Et  il  faut  remarquer  que  ces  Notes  étaient  fort  nombreuses;  car 
d  y  en  avait  cinquante  et  plus  avec  la  Lettre  de  iG52,  diverses  autres  avec 
celle  du  8  mars  i654,  et  un  bon  nombre  avec  celle  du  i  janvier  i655.  Mais 
le  mot  aurait-il  semblera  peut-être  impliquer  des  doutes  sur  l'authenticité 
des  documents.  Ces  doutes  seraient  permis,  certainement,  quoique  notre 
confrère  déclare  qu'ils  n'ont  pas  été  dans  sa  pensée. 

»  Aussi  je  n'hésite  pas  à  déclarer  formellement  qu'il  ne  peut  y  avoir  au- 
cun doute  ;  c'est-à-dire  que  toutes  ces  pièces  sont  bien  de  la  main  de  Pascal  ; 
que  cela  m'est  prouvé  non-seulement  par  le  nombre  de  ces  pièces  et  les 
sujets  qu'elles  traitent,  mais  surtout  par  une  correspondance  de  dix  années 
entre  Pascal  et  Newton  ;  par  des  Lettres  de  Miss  Anne  Ascough,  la  mère  de 
Newton,  qui  remercie  Pascal  des  conseils  qu'il  veut  bien  donner  à  son  fils; 
par  des  Lettres  d'Aubrey,  savant  littérateur  anglais,  qui  rend  compte  à 
Pascal  des  visites  qu'il  a  faites,  à  sa  demande,  au  jeune  étudiant  de  l'école 
de  Grantham  ;  par  des  Lettres  de  Pascal  à  Boyle  et  à  Hoolœ,  qu'il  prie 
aussi  d'aller  visiter  le  jeune  écolier;  par  des  Lettres  de  Pascal  à  Gassendi, 
assez  nombreuses;  enfin  par  une  correspondance  entre  Newton  et  divers 
personnages  de  l'époque,  ou  un  peu  postérieurs  à  Pascal,  tels  que  Rohault, 
Mariotte,  Clerselier,  Malebranche,  Mme  Perrier,  l'abbé  Perrier  son  fils, 
l'abbé  de  Vallemont,  et  d'autres. 

»  J'ajouterai  que  je  possède  beaucoup  d'autres  écrits  de  Pascal  sur  divers 
sujets,  et  de  très-nombreuses  Lettres  adressées  à  Mme  Perrier,  à  sa  sœur 
Jacqueline,  au  P.  Mersenne,  à  Gassendi,  à  Arnauld,  à  Nicole,  à  Hamon, 
de  Port-Royal,  à  Descartes,  à  la  reine  Christine  (plus  d'une  vingtaine); 
au  père  du  jeune  Labruyère,  au  jeune  Labruyère  lui-même  dont  il  recon- 
naît les  belles  qualités  et  les  grandes  dispositions  qui  doivent  en  faire  un 
homme  célèbre  :  prédiction  qui  s'est  réalisée,  comme  celle  que  Pascal  faisait 
en  fondant  les   plus  grandes  espérances  sur  le  génie  du  jeune  Newton. 

M-- 


(  i88  ) 
Ton  les  ces  Lettres,  toutes  ces  pièces  en  nombre  considérable,  sont  de  la  même 
main  que  celles  que  j'ai  communiquées  à  l'Académie, et  toutes  sont  bien  de 
Pascal,  sans  parler  ici  d'un  grand  nombre  de  pensées  inédites  et  de  longues 
Notes  relatives  à  la  polémiqup  qui  fait  le  sujet  des  Lettres  provinciales  (i). 

»  Indépendamment  des  Lettres  de  Pascal  et  de  Newton,  quelques  Lettres 
de  Leibnitz,  dont  l'écriture  est  bien  connue,  suffiraient  pour  prouver  qu'il  a 
existé  des  relations  entre  Pascal  et  Newton.  Ces  Lettres  sont  des  dernières 
années  de  Leibnitz.  Des  Lettres  de  Des  Maizeaux,  l'ami  de  Newton,  renfer- 
ment de  pareilles  preuves.  Il  ne  pourra  donc  subsister  aucun  doute  sur  la 
réalité  des  relations  en  question,  et  l'authenticité  des  nombreuses  pièces 
émanées  de  Pascal. 

»  J'ai  dit  que  la  jeunesse  de  Newton  n'est  pas  connue,  que  son  génie,  son 
goût,  son  aptitude  pour  les  sciences  ont  été  très-précoces,  bien  que  l'on 
croie  le  contraire  ;  et  qu'à  cet  égard  les  détails  biographiques  qui  se  repro- 
duisent encore  aujourd'hui  sont  très-erronés.  Ou  s'explique  par  deux  rai- 
sons les  causes  d'erreur.  C'est,  d'une  part,  la  longue  carrière  de  Newton, 
qui  a  survécu  à  tous  les  contemporains  de  sa  jeunesse  et  de  son  âge  mûr, 
et  d'autre  part  l'isolement  dans  lequel  il  a  vécu,  dépourvu  de  famille.  C'est, 
comme  on  le  sait,  le  mari  de  sa  nièce,  étranger  à  sa  propre  famille,  qui  après 
sa  mort  a  donné  quelques  détails  sur  sa  jeunesse,  c'est-à-dire  sur  un  temps 
éloigné  de  près  de  quatre-vingts  ans,  détails  qui  se  sont  trouvés  fort  incer- 
tains et  en  grande  partie  inexacts.  Par  exemple,  c'est  en  t654  que  Newton, 
ayant  à  peine  onze  ans,  a  écrit  à  Pascal  et  à  Gassendi.  Il  se  trouvait  alors  à 
l'école  de  Granlham,  sa  mère  l'en  avait  retiré  une  première  fois  pour  qu'il 
s'accoutumât  à  l'administration  de  son  bien,  ayant  perdu  son  père,  et  l'y 
avait  remis  parce  qu'il  n'avait  pas  de  goût  pour  ce  genre  d'occupation.  Et 
c'est  en  1 655  que,  sur  le  conseil  de  Pascal,  il  a  été  envoyé  à  l'Université  de 
Cambridge,  et  non  le  5  juin  1661,  comme  on  le  croit. 

»  Mais  je  passe  ici  sur  ces  détails,  pour  faire  connaître  quelques  Lettres  qui 
montreront  l'étendue  et  la  continuité  des  relations  qui  ont  eu  lieu  entre 
Pascal  et  Newton,  et  entre  celui-ci  et  Rohault. 

(1)  Il  se  trouve  parmi  ces  pièces  le  manuscrit  de  Y  Essai  pour  les  coniques,  imprimé  par 
l'abbé  Bossut;  la  Lettre  h  lu  reine  C/iristine,  sur  la  machine  arithmétique;  la  Lettre  à 
M.  Perrier,  du  i5  novembre  i(i^~  ,  sur  les  expériences  du  Puy-de-Dôme;  un  Traité  du 
jeu  de  trictrac ,  écrit  pour  M'"6  Perrier;  des  fragments  de  l'écrit  sur  l'esprit  .géométrique  ; 
et  de  nombreuses  Notes  sur  ^Histoire  des  Mathématiques ,  Notes  écrites  pour  le  jeune 
Newton.  La  Lettre  autographe  de  Leibnitz  à  M.  Perrier,  sur  le  Traité  des  coniques, 
imprimée  par  Bossut,  se  trouve  aussi  parmi  ces  papiers,  ainsi  qu'une  Lettre  de  Sluze,  impri- 
mée aussi  dans  le  tome  V  des  OEuvrcs  de  Pascal. 


(  '%) 

Ce  6  janvier  (i). 
Monsieur 

J'ay  reçu  dernièrement  une  lettre  accompagnée  d'un  mémoire  d'un  jeune  estudiant  Anglois 
traitant  du  calcul  de  l'infini,  un  autre  sur  le  système  des  tourbillons,  et  un  troisième  sur 
l'équilibre  des  liqueurs  et  la  pesanteur.  J'ai  remarqué  dans  ces  divers  mémoires  des  traits 
de  lumière  qui  m'ont  véritablement  surpris  surtout  de  la  part  d'un  jeune  homme  à  peine 
sorti  de  l'enfance.  Car  on  m'a  dit  qu'il  avait  à  peine  treize  ans.  C'est  au  point  que  j'ai  esté 
un  instant  tenté  de  croire  que  ces  travaux  devaient  venir  d'un  savant  fort  versé  dans  ces 
matières,  mais  qui  sans  doute  par  mystification  aurait  emprunté  le  nom  de  ce  jeune  estu- 
diant. Il  en  est  de  vos  compatriotes  qui  ont  de  si  bizarres  idées;  passez  moi  l'expression. 
Quov  quil  en  soit, comme  je  vous  l'ai  déjà  dit, ces  travaux  sont  pleins  de  lumière  et  l'on  voit 
que  l'auteur  a  non  seulement  estudié  avec  soin  Kepler  et  Descartes  ainsi  que  mes  expériences 
sur  la  pesanteur  de  l'air,  mais  que  par  lui  mesnie  il  a  du  observer  avec  soin  les  effets  com- 
pliqués de  la  nature  et  faire  de  nouvelles  expériences.  Ce  qui  me  semble  fort  pour  un  jeune 
homme.  Du  reste  vous  le  connaissez  sans  doute.  Il  s'appelle  Isaac  Newton.  Je  serois  bien 
aise  que  vous  me  donniez  quelques  renseignemens  sur  ce  jeune  savant  si  précoce.  Car  je 
désire  savoir  à  qui  j'ai  affaire,  avant  que  de  répondre.  Je  suis  monsieur  vostre  bien  affec- 
tionné. Pascal. 
A  M.  Robert  Bnyle. 

Paris  ce  Qo  may  i65J. 
Mon   jeune  ahv 

J'ai  appris  avec  quel  soin  vous  cherchiez  à  vous  initier  aux  Sciences  mathématiques  et 
géométrique, et  que  vous  desiriez  approfondir  sciemment  les  travaux  de  feu  M.  Descartes.  Je 
vous  envoyé  divers  papiers  de  luyqui  m'ont  esté  remis  par  une  personne  qui  fui  un  de  ses 
bons  amis.  Je  vous  envoyé  aussi  divers  problesmes  qui  ont  esté  autrefois  l'objet  de  mes 
préoccupations  touchant  les  lois  de  l'abstraction  (2),  afin  d'exercer  vostre  génie.  Je  vous  prieray 
m'en  dire  vostre  sentiment.  Il  ne  faudrait  pas  cependant,  mon  jeune  aniy,  fatiguer  trop 
vostre  jeune  imagination.  Travaillez,  estudiez;  mais  que  cela  se  fasse  avec  modération.  C'est 
le  meilleur  moyen  d'acquérir,  et  de  profiter  des  connaissances  qu'on  acquiert.  Je  vous  parle 
par  expérience.  Car  nioy  anssy  dès  ma  jeunesse,  javais  haste  d'apprendre,  et  rien  ne  pouvait 
arrêter  ma  jeune  intelligence,  si  je  puis  parler  ainsy.  Aujourd'huy  je  ressens  avoir  par  trop 
surchargé  ma  mémoire,  et  elle  commence  à  me  faite  défaut, au  moment  où  j'en  aurais  le  plus 
besoin. 

Je  ne  vous  dis  point  cela,  mon  jeune  amy,  pour  vous  détourner  de  vos  estudes,  mais  pour 
vous  engager  à  estudier  modérément. Les  connaissances  insensiblement  et  avec  le  temps.  Ce 
sont  les  plus  stables.  Je  ne  vous  en  dis  pas  davantage,  mon  jeune  amy,  si  ce  n'est  d'estre 
assuré  de  mon  affection.  Pascal 

Au  jeune  Newton,  estudiant  à  Grantham. 


(1)  Le  millésime  de  cette  Lettre  est  couvert  d'encre  ;  mais  on  peut  dire  qu'il  doit  être 
l654,  parce  que  Pascal  demande  des  renseignements  sur  le  jeune  Newton  avant  de  lui  ré- 
pondre, et  que  de  nombreuses  Lettres  de  l'un  et  de  l'autre  sont  datées  de  cette  même 
année   t654,  notamment  la  suivante. 

(2)  Pascal  a  voulu  dire  évidemment  Vnttractin-i ;  ce  qui  est  prouve  notamment  par  les 
Lettres  des  2  décembre  1657  et  22  novembre  i658,  ci-après. 


(  '9°  ) 

Ce  1  may  |655. 
Monsieur  et  jeune  amy 

Ce  que  l'on  m'a  raconlé  de  voire  génie  précoce  m'a  esté  très  agréable  et  m'a  rappelé 
d'heureux  souvenirs  de  mon  enfance.  Qu'il  estoit  beau  cet  âge  où  ayant  entendu  faire  l'éloge 
de  quelques  grands  hommes,  j'aspirois  à  marcher  sur  leurs  traces.  Et  maintenant  je  me  dis  : 
heureux  celui  dont  l'imagination  est  hardie,  vive,  agissante,  et  qui  a  la  noble  ardeur  de 
vouloir  s'élever  à  la  gloire!  Ces  violents  transports  qui  nous  portent  à  souhaiter  de  la  répu- 
tation sont  des  préjugés  avantageux  qui  annoncent  qu'on  le  méritera  un  jour.  Mon  jeune 
ami,  retenez  bien  ce  que  je  vais  vous  dire.  Tout  homme  qui  n'aspire  pas  à  se  faire  un  nom 
n'exécutera  jamais  rien  de  grand.  Quand  on  marche  avec  nonchalance  et  avec  froideur  dans 
la  carrière  qu'on  a  embrassée,  on  souffre  toutes  les  peines,  tous  les  dégoûts  de  sa  profession, 
sans  en  avoir  l'honneur  ni  la  récompense.  Il  faut  donc  par  de  grands  objets  donner  de 
l'ébranlement  à  l'âme.  Nous  devons  autant  qu'il  nous  est  possible,  comme  l'a  fort  bien 
dit  Longin,  un  des  grands  hommes  de  l'antiquité,  nous  devons,  dis-je,  toujours  nourrir 
nostre  esprit  au  grand  ;  le  tenir  plein  et  enflé  d'une  certaine  fierté  noble  et  généreuse.  Sur- 
tout bannissons  la  trop  grande  méfiance;  elle  est  une  langueur  de  l'âme  qui  l'empêche  de 
prendre  l'essor  et  de  se  porter  avec  rapidité  vers  le  but  qu'on  désire.  Elle  est  par  rapport 
aux  talens  ce  que  le  froid  est  pour  la  terre;  elle  les  gène,  elle  les  étouffe;  elle  empêche  d'en- 
trevoir ce  qu'on  est,  et  de  sentir  ce  qu'on  pourrait  estre  un  jour.  Mais  la  rosée  du  matin 
est  moins  utile  aux  fleurs,  que  l'émulation  ne  l'est  aux  talents.  Elle  les  met  en  liberté,  et 
elle  les  fait  cclore,  vive  et  féconde  source  du  mérite.  Sur  ce,  mon  jeune  amy,  je  vous  engage 
à  lire  avec  soin  nos  bons  auteurs  qui  ont  escrit  sur  les  sciences.  Estudiez  avec  soin  Euclide, 
Archimède,  Copernic,  Descartes,  Galilée,  etc.,  et  informez-moi  des  inspirations  que  ces 
auteurs  vous  auront  suggérées.  Je  suis  vostre  bien  affectionné.  Pascal. 

Au  jeune  Newton. 

Ce  2  décembre  1637. 
Mon  jeune  amy, 

Je  vous  fais  parvenir  par  l'intermédiaire  d'un  de  mes  amis  qui  va  faire  un  voyage  en  An- 
gleterre, une  liasse  de  petits  escrits  que  j'ai  reunis  à  vostre  intention  et  pour  servir  à  votre 
instruction,  ainsy  que  vous  me  l'avez  tesmoignépar  une  de  vos  lettres.  Ce  sont  des  notes,  ré- 
flexions et  pensées  touchant  les  sciences,  entr'autres  les  lois  de  l'attraction  et  de  l'équilibre. 
Je  vous  engage  à  les  lire  avec  attention,  et  j'ose  espérer  que  vous  y  trouverez  quelque  chose 
qui  vous  sera  agréable  et  vous  portera  à  réfléchir  sur  le  système  du  monde.  Tel  est  mon 
désir.  Je  vous  prie,  mon  jeune  ami,  m'escrire  chaque  fois  que  vous  en  trouverez  l'occasion. 
C'est  vous  dire  assez  combien  vos  lettres  me  sont  agréables.  Je  suis  comme  toujours  votre 
bien  affectionné.  Pascal. 

Au  jeune  Newton,  estudianl. 

Ce  22  novembre  1638. 
Monsieur  et  jeune  amy-, 

Lorsque  Copernic  eut  découvert  et  annoncé  que  la  terre  obéissoit  à  trois  mouvements 
principaux,  il  estoit  naturel  d'après  les  principes  de  mécaniques  déjà  connus,  de  poursuivre 
les  phénomènes  nécessairement  résultants  de  chacun  de  ces  mouvements,  et  d'en  apprécier 
les  influences  réciproques.  De  là  naquirent  les  explications  et  les  expériences  sur  la  variation 


(   -9'  ) 

de  la  pesanteur  dont  je  vous  ay  déjà  entretenu  et  dont  vous  trouverez  encore  ci-joint  quel- 
ques observations.  De  là  est  venu  aussy  tout  l'ordre  et  la  division  de  l'astronomie,  en  mou- 
vements périodiques,  en  mouvements  de  rotation  et  en  oscilalions,  auxquels  sont  assujettis 
les  axes  de  rotation  de  toutes  les  planètes.  C'est  donc  le  système  de  Copernic  bien  médité 
et  approfondi  qui  ouvrit  la  carrière  de  toutes  les  recherches  faites  depuis  luy  et  qui  a  donné 
le  fil  à  un  grand  nombre  de  vérités  reconnues  maintenant.  Je  ne  vous  dit  rien  plus  aujour- 
d'huy.  Ci-joint  vous  trouverez  de  nouvelles  observations  à  ce  sujet,  et  un  escrit  touchant 
l'astronomie  physique  dont  je  vous  fais  part.  Je  suis  votre  bien  affectionné. 

A  Mo  fis.  Isaac  Neivtoti. 

Ce  20  janvier  (i65g  )  (  i). 
Monsieur  et  jeune  amy 

Vous  qui  savez  gouster  les  charmes  de  la  méditation,  écoutez  moi  :  pénétrons  ensemble 
dans  cet  asyle  qu'entoure  le  silence,  où  l'âme  de  Descartes  est  profondément  occupée  d'ob- 
jets sublimes,  et  se  trouve  plongée  dans  les  doux  ravissements  inconnus  du  vulgaire.  Le 
voilà  qui  jouit  d'un  contentement  qu'il  n'est  pas  au  pouvoir  des  Bois  d'acheter  :  l'empreinte 
auguste  de  la  réflexion  est  sur  son  front;  la  lumière  de  la  pensée  brille  dans  ses  yeux;  son 
esprit  éclairé  des  plus  purs  rayons  de  la  raison  humaine  est  dans  un  glorieux  entretien  avec 
la  nature,  avec  Dieu  mesme.  En  ce  moment  son  oeil  perce  au  plus  haut  des  cieux;  cherche 
les  nœuds  secrets,  les  principes  cachés,  l'enchaînement  merveilleux  des  causes  et  des  effets; 
embrasse  l'univers,  qui  n'est  pas  plus  vaste  que  son  génie.  Suivons- le  dans  ses  travaux,  dans 
ses  méditations;  examinons-les  avec  soin.  C'est  un  guide  bon  à  suivre;  et  depuis  fort  long- 
temps j'ay  essayé  de  faire  une  étude  approfondie  et  de  sa  vie  et  de  l'histoire  de  sa  philo- 
sophie, et  de  ses  autres  ouvrages.  C'est  pourquoy  j'ai  recueilli  tout  ce  qui  a  pu  lui  arriver 
de  plus  remarquable  dans  le  cours  de  sa  carrière.  J'ai  donc  un  grand  nombre  de  notes  à 
ce  sujet,  que  je  vous  communiqueray  si  vous  le  desirez.  Adieu.  Pascal 

Monsieur,  dernièrement  il  me  vint  en  pensée  de  vérifier  un  calcul  dont  je  vous  ay  déjà 
entretenu,  qui  est  d'examiner  selon  quelle  ligne  descend  un  corps  qui  tombe  d'un  lieu  eslevé, 
en  faisant  attention  au  mouvement  de  la  terre  autour  de  son  axe,  et  dont  une  de  vos  Notes 
m'a  donné  l'idée.  Comme  un  tel  corps  a  le  même  mouvement  que  le  lieu  d'où  il  tombe  apar 
une  révolution  de  la  terre,  il  doit  donc  estre  considéré  comme  estant  projette  en  avant  et  en 
mesme  tems  attiré  vers  le  centre  de  la  terre.  Cette  recherche,  qui  a  beaucoup  de  rapport 
avec  le  mouvement  de  la  lune,  m'a  entraisné  à  reprendre  ce  travail.  Pour  y  procéder  en 
sûreté,  je  n'ay  point  voulu  establir  aucun  principe,  ny  faire  aucune  supposition.  J'ay  con- 
sulte la  nature  elle-mesme.  J'ay  suivi  avec  soin  mes  opérations,  et  je  n'ay  aspiré  à  découvrir 
ses  secrets  que  par  des  expériences  choisies  et  répétées.  Bien  affermi  dans  mon  projet,  j'ay 
résolu  de  n'admettre  aucunes  objections  contre  une  expérience  évidente,  qui  fussent  déduites 
de  réflexions  métaphysiques.  Tel  est  le  plan  d'estude  que  je  me  suis  formé  et  que  je  veux 

(i)  Cette  Lettre  est  nécessairement  de  i65();  deux  raisons  le  prouvent  :  d'une  part,  elle 
est  la  première  d'une  série  de  Lettres  sur  Descartes,  dont  la  suivante  porte  la  date  du 
8  mars  1659;  d'autre  part,  une  Lettre  de  Newton  du  1  février  i65g  qui  va  suivre,  est 
en  réponse  à  cette  Lettre  du  20  janvier. 


(    •ÇP  ) 
suivre  doresnavant.  Si  je  ne  craignois  de  vous  importune)',  je  vous  enverrois  comme  par  le 
passé  mes  expériences.   J'attens  votre  réponse  à  ce  sujet.   Je  suis,   Monsieur,   vostre  très- 
humble  et  bien  affectionné.  Isaac  Newton. 
A  Monf  B.  Pascal. 

Ce  2  février    i65g. 
Monsieur, 

Les  diverses  Notes  qu'il  vous  a  plu  m'envoyer  touchant  feu  M.  Descartes  m'ont  esté  si 
agréables  que  je  me  permets  de  venir  vous  mander  la  permission  de  les  conserver  encore 
quelque  temps,  désirant  les  relire  de  nouveau,  et  je  vous  prie  aussy  de  me  donner  de  nou- 
veaux renseignemens  sur  cet  illustre  personnage  qui  a  été  connu  de  vous  en  particulier 
sans  doute,  et  qui  avez  si  bien  scu  l'apprécier.  Certes  Descaries  est  le  plus  grand  génie  de 
notre  siècle;  personne  ne  le  peut  contester,  aussy  est-ce  un  grand  plaisir  pour  moy  de  con- 
noistre  tontes  les  particularités  de  son  existence.  Je  ne  vous  escrit  rien  pics  cejourd'huy, 
Monsieur.  J'attens  de  vous  une  réponse  qui  me  sera  bien  agréable,  si  vous  voulez  bien  m'en- 
Iretenir  de  feu  M.  Descartes  et  ne  me  rien  cacher  de  ce  que  vous  en  scavez.  Je  serois  bien 
ayse  descavoir  aussy  où.  se  peut  trouver  ses  papiers  qu'on  m'a  assuré  estre  revenus  en  France 
il  v  a  quelques  années. 

J'ay  trouvé  icy  parmy  les  papiers  du  chevalier  d'Igby  qui  eut  différentes  conférences  avec 
M.  Descartes  et  qui  estait  au  nombre  de  ses  principaux  amis,  j'ay  trouvé,  dis  je,  certaines 
lettres  fort  curieuses  qui  me  l'ont  mis  en  estime.  Si  par  hazard  vous  connoissiez  les  lettres 
que  le  chevalier  d'Igby  a  escrites  à  M.  Descartes,  je  vous  serois  très  obligé  de  m'en  instruire, 
car  je  serois  bien  aise  de  les  connoistre.  Je  suis,  Monsieur  et  très-bon  conseiller,  de  vous 
le  très-humble  serviteur  et  amy.  Isa\c  Newton. 

A  Mons'  Pascal. 

Ce  12  mars  1CG1 . 

J'ai  appris,  monsieur,  à  mon  grand   déplaisir  que  vous  estiez  toujours  souffrant.  C'est 

sans  doute  là  le   motif  pour  lequel  puis  long  temps  je  nay  reçu  de  vos  lettres.  Me  sera-t-il 

possible  d'en  recevoir  encore?  Ce  serait  cependant  un  grand  plaisir  pour  moi.  Si  ce  n'est  la 

cause  de  vostre  maladie  qui   vous  empesche  de   mescrire,  serois-ce  que  vous  auriez  à  vous 

plaindre  de  quelque  chose  à  mon  vis  à  vis?  Je  ne  crois  l'avoir  mérité  en  rien.  Les  services 

que    m'avez   rendu  sont  trop  grands   pour  que  jaye   usé  d'insivilité  envers  vous;   ou  alors 

ce  seroit  par   ignorance,  mais  non  par  volonté.  Je  scay   que   vous  m'avez   escrit   autrefois 

que  vous  aviez  abandonné  les  scient  es  pour  vous   livrer  à  d'autres-estudes  qui  ne  sont  sans 

doute  plus  en  rapport  avec  les  miennes.  Si  c'est  là  le  motif,  je  le  regrette;  mais  n'en  suis  et 

n'en  seray  pas  moins  toute  ma  vie  votre  admirateur,  et  votre  très  humble  et  très  affectionné 

serviteur,  Isaac  Newton. 

A  monsieur  Pascal. 

Ce  8  may  iCGi  . 
Monsieur 

J'ay  appris  par  un  de  vos  amis,  et  cela  avec  beaucoup  de  peine,  l'eslat  de  souffrance  où 
vous  nous  trouvez.  J'en  suis  très  affecté,  je  vous  assure  :  vous  à  qui  je  dois  tant  de  bons 
conseils  et  de  bons  enseignements  ;  aussy  soyez  bien  assuré  que  je  vous  en  garderay  une 
éternelle  reconnaissance.  Monsieur,  je  n'ai  pas  oublié  qu'il  y  a  quelques  années  vous  m'avez 


(  i{)3  ) 

fait  remettre  plusieurs  manuscrits  et  un  grand  nombre  de  Notes;  200  pour  le  moins.  J'ay 
consulté  et  compulsé  avec  soins  et  beaucoup  d'intérêts  tous  ces  documens,  qui  m'ont  initiés 
à  certaines  connaissances  que  j'ignorais  et  auxquels  j'en  suis  redevable.  Mais  je  ne  me  rap- 
pelle plus  si  vous  m'avez  permis  de  garder  ces  précieux  documents,  ou  si  je  dois  vous  les 
retourner.  C'est  à  quoi  je  vous  prie  de  me  faire  une  réponse,  sil  vous  plaist.  Car  j'aurais 
un  remord  de  conscience  de  les  garder  sans  estre  bien  assuré  de  vostre  intention  a  ce  sujet. 
J'attens,  monsieur,  votre  réponse  avec  grande  impatience,  et  l'attendant  soyez  assuré  que  je 
suis  et  seray  toujours  vostre  très  humble,  très  oblige  et  très  affectionné  serviteur. 

.  u,    •      x>         ,       t>     ■  Isaac  Newton. 

A  monsieur  Biaise  Pascal  a  Paris. 

Ce  2  juin  1669. 
Monsieur, 

Malgré  que  vous  semblez  ignorer  que  Descartes  a  esté  un  des  génies  les  plus  éminents  du 
monde  entier,  cependant  et  en  conscience  vous  le  savez  anssv  bien  que  moy.  C'est  à  luy  que 
nous  sommes  redevables  des  progrès  que  les  sciences  ont  fait  en  ce  siècle  cy.  Malgré  tous  les 
obstacles  qui  lui  vinrent  en  opposition,  il  a  scu  joindre  la  fermeté  du  courage  à  l'élévation 
du  génie.  Toutes  ses  vues  ne  tendoient  qu'à  la  vérité.  Plein  d'ardeur  pour  la  tirer  d'escla- 
vage, il  a  osé  eslablir  pour  principe  que  le  commencement  de  la  philosophie  est  de  rejetter 
toutes  les  opinions  reçues  jusqu'alors;  de  remonter  à  un  scepticisme  général,  non  pour 
demeurer  dans  cet  estât  de  Pyrrhonien  incompatible  avec  les  lumières  naturelles,  mais  pour 
n'admettre  au  nombre  des  vérités  que  celles  qui  sont  fondées  sur  des  notions  claires,  certaines 
et  évidentes.  René  Descartes,  par  ce  seul  principe,  porta  le  coup  mortel  aux  descisions 
philosophiques  fondées  sur  les  préjugés. 

Tel  est,  monsieur,  mon  sentiment  sur  ce  grand  génie  que  vous  semblez  ne  pas  connoistre  : 
ce  qui  paroist  d'autant  plus  étonnant  que  vous  semblez  vouloir  cependant  marcher  sur  ses 
brisées.  Je  ne  vous  dis  rien  plus  cejourd'huy,  et  suis  votre  très  humble  serviteur, 

j    Jl-r  7ir  RoHACLT. 

A  Monsieur  Newton. 

Ce  8  novembre  (après  1G72). 
Monsieur 

Vous  n'ignorez  sans  doute  pas  quelle  importance  il  y  a  d'évaluer  la  vitesse  de  la  lumière, 
et  combien  elle  peut  influer  sur  les  progrès  de  l'astronomie,  et  étendre  la  sphère  de  nos  idées 
sur  la  constitution  de  l'univers.  Il  faut  aussy  que  je  vous  fasse  connoitre  un  fait  important 
touchant  la  pesanteur.  Un  de  vos  compatriotes  et  que  vous  connoissez  sans  doute,  c'est 
M.  Richer,  ayant  été  envoyé  en  1672  par  vostre  gouvernement,  à  Caienne,  pour  y  observer 
la  parallaxe  de  Mars,  m'esci  ivit  alors  qu'il  s'estoit  aperçu  que  son  horloge  éprouvé  et  réglé  à 
Paris  avant  son  départ,  avoit  retardé  près  de  l'équateur,  près  de  3  minutes  en  24  heures;  il 
faut  de  là  conclure  que  la  pesanteur  varie  dans  les  différentes  latitudes  des  lieux;  qu'elle  va 
en  augmentant  de  l'équateur  aux  pooles,  et  qu'elle  diminue  des  pooles  à  l'équateur.  Ce  phé- 
nomène est  étonnant,  mais  c'est  une  démonstration  du  mouvement  diurne  de  la  terre,  et 
cela  doit  nous  faire  connoistre  la  figure  réelle  de  notre  planète.  Qu'en  pensez-vous?  Déjà 
depuis  long  temps  on  m'avoit  fait  appercevoir  cette  vérité.  J'en  trouvay  des  traces  dans 
certains  escrits  qui  me  furent  communiqués  par  feu  M.  Pascal;  et  cette  observation  de 
C.  R.,  1867,  Ie  Semestre.  (T.  LXV,  N°  S.)  25 


(  '94  ) 

M.  Richer  vient  confirmer  ce  fait.  Je  ne  vous  en  diray  rien  déplus,  et  vous  laisse  y  penser. 
Je  suis  de  vous, 

Monsieur, 

Le  serviteur  bien  humble.  I.  Newton. 

A  Monsieur  Rohau.lt. 

»  Observation.  —  On  remarquera  que  dans  plusieurs  de  ces  Lettres  il 
est  question  de  l'attraction. 

»  Le  20  mai  i65/j,  Pascal  envoie  à  Newton  divers  problèmes  qui  ont  été 
autrefois  l'objet  de  ses  préoccupations  touchant  les  lois  de  l'attraction. 

»  Le  2  décembre  1657,  il  envoie  une  liasse  de  Notes,  réflexions  et  pen- 
sées touchant  les  sciences,  entre  autres  les  lois  de  l'attraction  et  de  l'équi- 
libre. 

»  Et  le  21  novembre  i658,  il  envoie  de  nouvelles  observations,  c'est-à- 
dire  de  nouvelles  Notes,  sur  les  phénomènes  des  mouvements  célestes,  et  en 
outre  un  écrit  touchant  l'Astronomie  physique. 

»  Une  partie  de  ces  Notes  envoyées  à  Newton  en  i654,  16Ï7  et  [658 
peuvent  se  trouver  parmi  les  cinquante  et  plus  insérées  dans  les  Comptes 
rendus  des  séances  des  i5  et  22  juillet.  De  sorte  que  Pascal  a  pu  se  servir 
du  mouvement  du  secotid  satellite  de  Saturne,  connu  en  iG55  seulement, 
pour  calculer  la  masse  de  cette  planète,  de  même  qu'il  a  calculé  la  niasse  de 
Jupiter  et  de  la  Terre.  Cette  remarque  suffit  pour  lever  la  difficulté  dont  a 
parlé  M.  Faye,  sans  en  faire  une  objection  toutefois,  dans  la  dernière  séance 
[Comptes  rendus,  p.  124).   » 

«  M.  Duhamel  répond  que  ces  nouvelles  communications  de  M.  Cbasles 
n'infirment  aucune  des  observations  qu'il  a  présentées  dans  la  précédente 
séance,  et  il  persiste  à  regarder  Newton  comme  le  premier  qui  ait  démon- 
tré la  loi  de  la  gravitation  universelle,  qui  avait  bien  été  soupçonnée  et 
énoncée  avant  lui,  mais  dont  aucune  preuve  rigoureuse  n'avait  été 
apportée.  » 

ÉLECTRO-PHYSIOLOGIE.  —  Sur  le  pouvoir  électromoteur  secondaire  des  nerfs  et  ses 
applications  à  la  physiologie  ;  par  M.  C11.  Matteccxi.  (Deuxième  extrait.) 

«  C'est  principalement  du  phénomène  découvert  par  M.  du  Bois-Rey- 
mond  et  qu'il  a  appelé  éleclrotone,  que  je  vais  m'occuper  dans  la  deuxième 
partie  de  ce  Mémoire.  En  faisant  voir,  dans  les  premières  expériences  sur  les 
polarités  secondaires  des  nerfs,  qu'on  obtient  aussi  des  courants  dus  à  ces 
polarités,  en  dehors  des  électrodes,  et  qui  sont  dans  le  sens  même  du  cou- 


(  '95  ) 
rant  de  la  pile,  je  ne  pouvais  m'empècher  de  faire  voir  que  les  phénomènes 
de  l'éleetrotone  pouvaient  bien  rentrer  dans  les  effets  de  ces  polarités.  Je 
crois  aujourd'hui  avoir  mis  ce  point  en  évidence. 

»  Je  rappelle  ici,  comme  je  l'ai  dit  dans  mes  Mémoires  précédents,  que 
l'éleetrotone  n'exige  pas,  pour  se  produire,  que  le  nerf  soit  encore  excitable 
et  doué  du  pouvoir  électromoteur.  Il  est  en  effet  facile  de  s'assurer  que  les 
nerfs  des  oiseaux  et  des  mammifères  donnent  des  effets  plus  forts  et  plus 
persistants  d'électrotone  que  les  nerfs  de  grenouille;  qu'un  nerf  d'un  ani- 
mal tué  par  le  curare,  ou  par  de  fortes  décharges  électriques,  ou  mort 
depuis  longtemps,  présente  aussi  l'éleetrotone.  Comme  pour  les  polarités 
secondaires,  l'éleetrotone  manque  lorsque  le  nerf  a  été  altéré  dans  sa  struc- 
ture par  une  forte  compression  ou  par  l'action  de  la  chaleur.  De  même 
que  pour  les  polarités  secondaires,  on  peut  s'assurer  facilement  que,  parmi 
les  corps  poreux  humides  organisés  ou  inorganisés,  le  nerf  est  celui  qui 
jouit  au  plus  haut  degré  de  la  propriété  de  développer  l'éleetrotone.  On 
peut  même  dire  que,  à  part  des  traces  bien  manifestes  de  ces  mêmes  effets, 
obtenues  avec  la  moelle  épiniere,  avec  des  tranches  de  matière  cérébrale, 
avec  la  vessie  urinaire,  avec  des  ovaires  de  grenouille,  l'éleetrotone  appar- 
tient presque  exclusivement  aux  tissus  nerveux. 

»  Quand  on  dispose,  dans  le  circuit  où  l'on  fait  naître  l'éleetrotone,  un 
commutateur  qui  permet  de  fermer  d'une  manière  tout  à  fait  sûre,  tantôt 
le  circuit  de  la  pile,  tantôt  celui  du  galvanomètre,  et  qu'on  voit,  en  opérant 
convenablement,  naître  et  persister  ce  phénomène  après  que  le  circuit  de 
la  pile  est  ouvert,  on  ne  peut  plus  se  refuser  à  admettre  que  l'éleetrotone 
et  les  courants  secondaires  en  dehors  des  électrodes  soient  des  phénomènes 
de  même  nature. 

»  J'ai  fait  un  grand  nombre  de  ces  expériences,  et  toujours  avec  les 
mêmes  résultats,  en  opérant  sur  les  nerfs  sciatiqûes  de  poulet,  de  lapin,  de 
brebis,  et  avec  une  pile  de  huit  à  dix  éléments  de  Grove.  Il  est  à  peine  néces- 
saire de  faire  remarquer  qu'en  prolongeant  ces  expériences  pendant  une 
demi-heure  et  davantage,  il  faut  tenir  au-dessous  du  nerf  une  éponge  im- 
bibée d'eau  légèrement  chaude,  ou  maintenir  d'une  manière  quelconque  l'air 
saturé  d'humidité  autour  du  nerf.  En  prolongeant  l'expérience  de  l'éleetro- 
tone dans  de  .telles  conditions,  on  voit  l'aiguille  du  galvanomètre  s'arrêter 
aune  déviation  à  peu  près  fixe;  c'est  alors  qu'en  ouvrant  le  circuit  on  ne 
voit  plus  l'aiguille  descendre  immédiatement  à  zéro.  Au  contraire,  la  dévia- 
tion persiste,  ou  bien  elle  ne  diminue  que  très-lentement,  et  on  ne  réussit 
pas  à  l'intervertir  brusquement  en  changeant  la  direction  du  courant  delà 

2.5.. 


(   '96  ) 
pile,   comme  il  arrive  dans  les  premiers  moments  de  l'électrotone.   Pour 
y  réussir,   il   faut  auparavant  laver  plusieurs  fois  le  nerf  dans  de  l'eau  et 
l'essuyer. 

»  Je  rappellerai  encore  une  autre  analogie  remarquable  entre  les  pola- 
rités secondaires  et  l'électrotone.  J'ai  prouvé  qu'en  prolongeant  le  passage 
du  courant  voltaïque  dans  un  nerf,  les  courants  secondaires  qu'on  obtient 
en  dehors  des  électrodes  finissent  par  avoir  la  même  direction  que  le  cou- 
rant secondaire  formé  entre  les  électrodes,  c'est-à-dire  par  être  tous  en  sens 
contraire  de  celui  de  la  pile  :  on  sait  aussi  que  ce  renversement  des  courants 
secondaires  se  montre  d'abord  dans  les  points  les  plus  rapprochés  de  l'élec- 
trode positif.  C'est  ce  même  phénomène  qu'on  obtient  sur  un  gros  nerf  de 
brebis  ou  de  chien,  en  opérant  avec  un  courant  assez  fort  et  en  prolongeant 
l'expérience  assez  longtemps.  La  déviation  due  au  courant  de  l'électro- 
tone, malgré  le  passage  du  courant,  diminue  très-lentement  et  finit  par 
avoir  heu  dans  le  cadran  opposé.  Ici  encore,  les  phénomènes  de  l'électro- 
tone rentrent  dans  ceux  des  polarités  secondaires  en  dehors  des  électrodes. 

»  Quelle  est  donc  la  particularité  de  structure  du  nerf  qui  peut  rendre 
compte  de  la  propriété  qu'il  possède  presque  exclusivement  de  donner  lieu 
à  la  polarisation  et  à  l'électrotone? 

»  Dans  ma  dernière  communication  à  l'Académie  sur  ce  sujet,  j'ai  mon- 
tré qu'un  fil  de  platine  très-mince,  d'un  tiers  de  millimètre  de  diamètre  en- 
viron, recouvert  d'une  double  couche  de  fil  de  lin  ou  de  coton  imbibée  d'eau 
de  source  ou  légèrement  salée,  est  un  conducteur  propre  à  acquérir  les 
polarités  secondaires  avec  une  grande  intensité.  J'ai  fait  dernièrement  un 
grand  nombre  d'expériences  sur  des  conducteurs  ainsi  préparés,  et  j'ai  au- 
jourd'hui la  conviction  qu'une  véritable  analogie  physique  existe  entre  ces 
conducteurs  et  les  nerfs,  dont  le  erlinder  axis  représente  le  fil  métallique,  et 
que  l'électrolysation  se  fait  d'une  manière  semblable  dans  le  nerf  et  dans 
les  conducteurs  formés  comme  je  l'ai  dit. 

••  D'abord  il  est  très-facile  de  prouver  qu'en  substituant  au  fil  central 
de  platine  un  fil  de  zinc  parfaitement  amalgamé,  enveloppé  aussi  d'une 
couche  de  fil  de  lin  ou  de  coton  imbibée  de  la  solution  de  sulfate  de  zinc, 
ce  fil  ne  jouit,  à  aucun  decjré,  du  pouvoir  électromoteur  secondaire,  et  que, 
tandis  que  le  conducteur  formé  avec  le  fil  de  platine  reproduit  avec  une  si 
grande  intensité  les  polarités  secondaires  et  l'électrotone  des  nerfs,  cela  n'a 
pas  lieu  également  avec  un  fil  de  zinc. 

p  Je  tiens  à  rapporter  ici  une  expérience  qui  me  paraît  décisive  à  cet 
égard.  J'ai  pris  un  fil  de  platine  de  i  mètre  de  longueur  et  d'un  deini-milli- 


(  '97  ) 
mètre  de  diamètre,  et  je  l'ai  enveloppé,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  d'une  couche 
de  fil  de  lin  ou  de  coton  imbibée  d'une  solution  de  sulfate  de  zinc.  J'ai 
disposé  avec  ce  fd  l'expérience  de  l'électrotone,  en  employant,  pour  les 
électrodes  de  la  pile  et  pour  ceux  du  galvanomètre,  deux  coussins  imbibés 
de  la  même  solution  de  sulfate  de  zinc.  Les  deux  coussins  ou  électrodes 
de  la  pile  étaient  à  la  distance  de  25  à  3o  millimètres  entre  eux  et  touchaient 
à  une  des  extrémités  du  fd  de  platine;  à  l'autre  extrémité,  c'est-à-dire  à 
80  millimètres  au  moins  de  la  pile,  étaient  placés  les  deux  coussins  du 
galvanomètre.  Au  moment  où  le  circuit  de  la  pile,  qui  était  de  huit  à  dix 
petitséléments,  était  fermé,  l'aiguille  commençait  à  se  dévier  par  i\n  courant 
d'électrotone  et  allait  se  fixer  à  5o  ou  60  degrés.  En  s'approchant  avec 
la  pile  des  coussins  du  galvanomètre,  ou  vice  versa,  la  déviation  devenait 
beaucoup  plus  forte.  Si  le  circuit  était  ouvert,  immédiatement  l'aiguille 
retournait  au  zéro.  En  renversant  alors  la  direction  du  mouvement  de  la  pile, 
le  courant  de  l'électrotone  se  produisait  aussi  clans  le  même  sens  que  celui 
de  la  pile,  et  avec  la  même  intensité  que  dans  l'expérience  précédente. 

»  En  prolongeant  le  passage  du  courant  voltaïque,  on  observe  une 
différence  notable  suivant  que  l'électrotone  se  produit  du  côté  du  pôle 
positif  ou  du  côté  du  pôle  négatif  de  la  pile  :  dans  le  premier  cas,  en  prolon- 
geant le  passage  du  courant  voltaïque,  le  courant  de  l'électrotone  persiste 
après  qu'on  a  ouvert  le  circuit  voltaïque,  tandis  que  dans  le  second  cas, 
c'est-à-dire  du  côté  de  l'électrode  négatif,  on  observe  constamment,  en 
ouvrant  le  circuit,  que  le  courant  d'électrotone  cesse,  et  l'aiguille  va  rapi- 
dement se  fixer  dans  le  cadran  opposé. 

»  A  part  ces  particularités,  dont  l'explication  sera  donnée  lorsqu'on 
aura  appris  la  distribution  inégale  des  produits  de  l'électrolysation  en  dehors 
des  électrodes,  je  m'empresse  de  donner  les  résultats  obtenus  avec  le  fil  de 
zinc.  Ce  fil,  bien  amalgamé,  recouvert  de  la  couche  de  fil  de  coton  ou  de 
lin  imbibée  de  sulfate  de  zinc,  est  disposé  pour  l'expérience  de  l'électrotone 
exactement  comme  on  l'a  dit  pour  le  fil  de  platine.  Le  résultat  est  qu'on 
n'obtient  aucune  trace  de  courant  d'électrotone  avec  le  fil  de  zinc,  même  en  lais- 
sant une  très-petite  distance,  comme  pour  le  nerf,  entre  les  coussins  du 
galvanomètre  et  les  coussins  de  la  pile.  Il  est  donc  évident  que,  là  où  les 
polarités  secondaires  manquent,  le  phénomène  de  l'électrotone  manque 
aussi,  et  que,  pour  obtenir  ce  phénomène  avec  une  grande  intensité, 
il  tant  disposer  un  conducteur  de  manière  que  les  polarités  secondaires  s'y 
développent  facilement  et  sur  une  grande  surface. 

»  Il  m'est   impossible  de  rapporter  ici  toutes  les  expériences  que  j'ai 


(  '9«) 
effectuées   pour   vérifier  et  varier  ces  conclusions;  je  me  bornerai  à  en 
décrire  les  principales. 

»  Pour  obtenir  l'éleclrotone  et  les  polarités  secondaires,  il  suffit  d'em- 
ployer un  fil  de  platine  n'ayant  que  3  centièmes  de  millimètre  de  diamètre, 
et  de  recouvrir  ce  fil  d'une  couche  de  fil  de  coton  ou  de  lin,  ou  d'un  vernis 
di'  gomme,  de  dextrine,  etc.  Au  lieu  de  fil  de  platine,  j'ai  employé  avec  le 
même  succès  une  tige  très-mince  de  coke  ou  de  graphite,  introduite  dans 
un  intestin  de  grenouille,  ou  placée  entre  deux  couches  très-minces  de  car- 
ton, de  courge,  de  pomme  de  terre.  Dans  tous  ces  cas  on  obtient,  et  d'une 
manière  bien  plus  marquée  qu'avec  le  nerf,  le  courant  de  l'électrotone  et 
les  polarités  secondaires,  comme  je  les  ai  trouvés  dans  le  nerf  entre  les  élec- 
trodes et  en  dehors  des  électrodes.  Il  n'est  pas  sans  intérêt  d'ajouter  qu'on 
peut  facilement  s'assurer  du  rôle  que  joue  le  conducteur  axial  dans  ces 
expériences  :  je  commence  par  déterminer  le  courant  secondaire  qu'on 
obtieut  avec  une  couche  de  carton  imbibé  d'eau  salée,  qui  est  un  des  corps 
dont  la  polarité  est  très-faible  et  souvent  incertaine.  Si,  avant  de  porter  le 
carton  qui  a  été  électrolysé  aux  coussins  du  galvanomètre,  on  place  sur  lui 
le  fil  de  platine  bien  dépolarisé,  on  verra  que  le  courant  secondaire  du 
carton  n'est  pas  sensiblement  modifié.  Ce  résultat  ne  doit  pas  étonner,  si  l'on 
réfléchit  à  la  résistance  très-grande  de  tout  le  reste  du  circuit,  relativement 
au  fil  de  platine  qu'on  a  superposé  au  carton.  Si  ce  fil  de  platine  est  placé 
sur  le  carton  avant  le  passage  du  courant,  on  obtient  immédiatement  un 
courant  inverse,  qui  fait  dévier  l'aiguille  de  tout  le  cadran.  Et  la  même  chose 
a  lieu  pour  les  courants  secondaires  en  dehors  des  électrodes. 

»  Il  suffit  donc  d'avoir  dans  l'axe  d'un  conducteur  un  cylindre  beau- 
coup plus  mince  et  meilleur  conducteur,  sur  lequel  les  polarités  secondaires 
puissent  se  produire,  pour  obtenir  immédiatement  les  propriétés  de  l'élec- 
trotone et  des  courants  secondaires,  dans  des  corps  qui  ne  les  auraient  pas 
données  auparavant. 

»  On  obtient  des  preuves  irrécusables  de  la  théorie  de  ces  phénomènes 
en  cherchant  avec  des  papiers  réactifs  les  traces  des  produits  électro- 
lytiques.  Je  décrirai  à  ce  propos  une  seule  expérience.  Je  prends  un  fil  de 
platine,  préparé  comme  je  l'ai  dit  avec  la  couche  de  coton  ou  de  lin  im- 
bibée d'eau  salée.  Pour  détruire  les  traces  d'électrolysation  dans  le  fil 
ainsi  préparé,  on  le  maintient  pendant  un  certain  temps  dans  de  l'eau 
bouillante.  Je  pose  ce  fil,  long  de  i  mètre  sur  une  lame  de  verre,  et  je  le 
fais  toucher  vers  le  milieu  sur  àeux  fils  de  platine,  qui  sont  les  électrodes 
de  la  pile  fixés  à  la  distance  de  3o  à  4°  millimètres  entre  eux.  Je  coupe  des 


(  »99'  ) 
rubans  très-étroits  de  papier  tournesol,  bien  et  rouge,  et  je  les  pose  sur  le 
fil  de  platine,  ou  mieux  au-dessous,  entre  la  lame  de  verre  et  le  fil.  Je 
place  deux  grosses  gouttes  d'eau  salée  au  contact  des  extrémités  du  fil, 
pour  que  celui-ci  reste  toujours  légèrement  mouillé.  Je  mets  en  dehors  de 
l'électrode  positif  le  papier  rouge,  et  en  dehors  de  l'électrode  négatif  le 
papier  bleu.  Entre  les  deux  électrodes  et  immédiatement  au  contact  du  fil,  je 
mets  du  papier  bleu  du  côté  du  pôle  positif,  et,  au  contact  du  pôle  négatif, 
du  papier  rouge;  entre  ces  deux  papiers, je  place  encore  une  couche  rouge 
vers  le  pôle  positif  et  une  couche  bleue  vers  le  pôle  négatif.  Je  ferme  le  circuit 
de  la  pile  qui  est  de  huit  à  dix  éléments  de  Daniel  1;  après  deux  ou  trois  mi- 
nutes de  passage,  les  colorations  sont  déjà  parfaitement  marquées;  après 
quinze  ou  vingt  minutes,  ces  colorations  ont  parcouru  tout  le  fil,  c'est-à- 
dire  3o  ou  4o  centimètres  en  dehors  de  chaque  électrode.  Immédiatement 
dans  les  points  touchés  par  les  électrodes  on  voit  des  traces  d'alcali  d'un 
côté,  d'acide  et  d'ozone  de  l'autre;  mais  à  une  distance  un  peu  plus  grande 
de  ces  points,  c'est-à-dire  en  dehors  et  entre  les  électrodes,  ce  sont  des  traces 
décoloration  allant  en  diminuant  de  largeur,  d'alcali  du  côté  du  pôle  positif 
et  d'acide  vers  le  pôle  négatif.  Ces  traces  ne  sont  pas  égales  autour  des  deux 
pôles  et  les  différences  offertes  par  cette  distribution  expliquent  les  diffé- 
rences des  courants  secondaires  et  des  courants  d'électrotone  cpie  nous 
avons  signalées. 

»  Je  ne  crois  pas  nécessaire  d'insister  sur  ces  phénomènes  pour  les  expli- 
quer, comme  on  peut  facilement  le  faire  après  les  célèbres  expériences  de 
Beccpierel,  de  de  la  Rive  et  de  Nobili,  en  recourant  aux  actions  chimiques 
et  électriques  qui  se  développent,  après  la  cessation  du  courant  volt;iïque, 
entre  les  produits  de  l'électrolysation  et  les  liquides  interposés. 

»   Je  résume  ces  deux  extraits  : 

»  i°  Les  polarités  secondaires  et  l'électrotone  sont  des  phénomènes  de 
la  même  nature; 

»  2°  Le  nerf  jouit  à  un  haut  degré  de  la  propriété  des  polarités  secon- 
daires et  de  l'électrotone,  parce  que,  suivant  toutes  les  probabilités,  il  a 
une  structure  qui  le  rend  propre  au  développement  des  polarités  secon- 
daires, comme  c'est  le  cas  d'un  fil  de  platine  enveloppé  d'une  couche 
humide  ; 

»  3°  L'augmentation  d'excitabilité  du  nerf  inverse,  et  les  contractions 
tétaniques  qui  s'éveillent  dans  ce  membre  à  l'ouverture  du  circuit,  dé- 
pendent, suivant  toutes  les  analogies,  des  courants  secondaires  qui  par- 
courent le  nerf  dans  ce  moment  dans  les  conditions  favorables,  et  de  Fin- 


(     200    ) 

fluence  exercée  sur  les  propriétés  physiologiques  des  nerfs  et  sur  les  actions 
chimiques  du  muscle  par  les  produits  de  l'électrolysation  recueillis  sur  les 
dernières  ramifications  nerveuses. 

»  J'espère  pouvoir  bientôt  communiquer  à  l'Académie  d'autres  re- 
cherches que  j'ai  déjà  entreprises  en  poursuivant  dans  cette  voie  nouvelle 
l'étude  de  l'électro-physiologie.  » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  décerner  le  prix  dit  des  Arts  insalubres  (fonda- 
tion Montyon)  en  1867. 

MM.  Chevreul,  Combes,  Dumas,  Payen,  Balard  réunissent  la  majorité 
des  suffrages. 

M.  Axdral,  ne  pouvant  prendre  part  aux  travaux  de  la  Commission 
nommée  dans  la  séance  précédente  pour  décerner  les  prix  de  Médecine  et 
de  Chirurgie  (fondation  Montyon),  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  accepter 
sa  démission  de  Membre  de  cette  Commission,  et  lui  nommer  un  remplaçant. 

M.  Milne  Edwards,  qui  avait  réuni  le  plus  de  voix  après  M.  Andral,  le 
remplacera  dans  la  Commission. 

MÉMOIRES  LUS. 

chirurgie.  —  Histoire  des  instruments  de  chirurgie  trouves  à  Herculanum  et 
à  Pompéi;  par  M..  H.  Scoitette.w  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

a  Après  avoir  fait  remarquer  que  les  ouvrages  des  médecins  de  l'anti- 
quité contiennent  de  nombreux  documents  qui  attestent  une  longue  expé- 
rience, éclairée  par  une  science  profonde,  M.  Scoutetten  décrit  rapide- 
ment les  événements  occasionnés  par  l'éruption  du  Vésuve,  en  l'an  79  de 
notre  ère,  et  la  destruction  de  trois  villes,  Stabie,  Herculanum  et  Pompéi, 
occasionnée  par  cette  catastrophe. 

»  Ce  ne  fut  qu'en  1^55  que  le  hasard  fit  découvrir  des  débris  de  maison 
de  l'ancienne  Pompéi,  et,  quarante-deux  ans  pins  tard,  en  creusant  un 
puits,  les  ruines  d'Herculanum.  C'est  dans  ces  deux  villes  qu'on  a  trouvé, 


(     201     ) 

en  parfait  elat  de  conservation,  de  très-nombreiïx  objets  servant  aux  besoins 
usuels  de  la  vie  des  Romains  et,  en  outre,  une  collection  d'instruments  de 
chirurgie  qui  offrent  un  grand  intérêt  pour  l'histoire  de  la  science. 

»  Ces  instruments  sont  en  grand  nombre;  on  possède  aujourd'hui  plus 
de  trois  cents  exemplaires,  mais  beaucoup  ne  sont  que  la  répétition  d'une 
même  espèce;  il  n'y  a  véritablement  que  soixante  échantillons  constituant 
des  types  spéciaux. 

»  La  fragilité  de  ces  instruments,  que  la  rouille  a  rongés,  pouvait  faire 
craindre  qu'ils  ne  disparussent  en  tombant  en  poussière,  perte  qui  serait 
irréparable.  Hour  diminuer  autant  cpie  possible  les  regrets  qu'inspirerait 
cette  destruction,  M.  Scoutetten  a  eu  la  pensée  de  les  faire  photographier. 
Il  a  obtenu  des  autorités  de  l'Italie  la  permission  indispensable  pour  l'exé- 
cution de  ce  travail  et,  aujourd'hui,  il  possède,  avec  tous  leurs  détails  de 
construction,  la  représentation  exacte  des  instruments  dont  se  servaient  les 
chirurgiens  de  l'antiquité.  Il  a  aussi  (ait  reproduire  par  la  photographie  une 
fresque  retrouvée  dans  un  état  parfait  de  conservation;  elle  représente  Enée 
blessé,  un  chirurgien  l'opérant  en  voulant  lui  enlever,  à  l'aide  de  fortes 
pinces,  une  flèche  qui  a  pénétré  dans  la  cuisse.  Ascagne,  fils  d'Énée,  pleure 
à  coté  de  son  père  resté  debout  pendant  qu'on  l'opère,  comme  pour  attes- 
ter son  courage;  des  guerriers  forment  le  fond  du  tableau,  et  la  Gloire, 
représentée  par  une  femme  tenant  des  fleurs  à  la  main,  s'approche  du  héros. 

«  M.  Scoutetten  passe  ensuite  à  l'étude  particulière  de  chacun  des  instru- 
ments-, il  expose  rapidement  l'histoire  de  la  sonde;  il  rapporte,  en  s'ap- 
puyant  sur  un  passage  de  Galien,  l'invention  de  cet  instrument,  due  à 
Érasistrate,  médecin  d'Antiochus,  fils  aîné  de  Sélèucus;  il  ioue  l'habile 
disposition  des  courbures,  qu'il  tient  pour  supérieures  à  la  construction 
des  sondes  de  nos  jours,  et  dépose  sur  le  bureau  un  exemplaire  en  bronze 
de  cet  instrument,  qui  est  la  reproduction  exacte  du  modèle  existant  dans 
le  Musée  royal  de  Naples.  M.  Scoutetten  présente  également  plusieurs 
planches  lithographiées,  représentant  des  sondes  et  des  spéculums  à  deux 
et  trois  valves.  » 


t;.  r.,  1867,  ï'  Semestre.    1.  i.w,  v  ;;. 


(     202    ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

histoire  de  l' ASTRONOMIE.  —  Lettre  adressée  à  M.  le  Président  au  sujet  des 
Notes  manuscrites  de  Pascal  communiquées  par  M.  Chasles;  parM.  Faugeke. 

(Cette  Lettre  est  renvoyée  à  l'examen  d'une  Commission  composée  de 
MM.  Chasles,  Duhamel,  Le  Verrier,  Faye,  et  a  laquelle  le  bureau  est  prié 
de  s'adjoindre.  ) 

«  Si  vous  voulez  bien  vous  souvenir  des  travaux  que  j'ai  consacrés  à 
restituer  les  Pensées  de  Pascal  et  à  mettre  en  lumière  certains  points  de  la 
biographie  de  ce  grand  homme,  vous  me  pardonnerez,  je  l'espère,  de  ve- 
nir vous  soumettre  quelques  observations  au  sujet  des  communications  que 
votre  savant  confrère,  M.  Chasles,  a  faites  à  l'Académie  dans  ses  dernières 
séances. 

»  Aussitôt  cpie  j'en  ai  eu  connaissance,  j'ai  pensé  à  vérifier  l'écriture  des 
documents  attribués  à  Pascal  ;  j'ai  fait  part  de  mon  désir  à  M.  Chasles  qui, 
avec  une  parfaite  courtoisie,  a  bien  voulu  me  permettre  de  les  examiner  à 
loisir.  Il  est  résulté  pour  moi,  et  de  ma  première  impression,  et  de  l'examen 
attentif  auquel  je  me  suis  livré,  que  la  signature  mise  au  bas  de  ces  docu- 
ments n'est  pas  celle  de  Pascal,  et  qu'ils  sont  d'une  autre  écriture  que  la 
sienne. 

»  Ma  conviction  à  cet  égard  est  tellement  complète,  que  je  considère 
comme  une  véritable  obligation  d'en  instruire  l'Académie.  Si  elle  jugeait 
convenable  de  nommer  des  Commissaires  pour  l'édifier  sur  ce  point  essen- 
tiel, je  m'empresserais  de  mettre  à  leur  disposition  tous  les  éléments  d'ap- 
préciation que  je  possède.  Ils  pourraient  d'ailleurs  consulter  le  manuscrit 
autographe  de  Pascal  qui  est  conservé  à  la  Bibliothèque  impériale. 

»  Votre  éminent  confrère,  M.  Chasles,  qui  n'apporte  dans  cette  question 
que  le  désir  de  rendre  un  nouveau  service  à  la  science,  sera  le  premier, 
j'en  suis  assuré,  à  demander  que  cette  vérification  soit  faite  avec  tout  le  soin 
qu'exige  l'intérêt  suprême  de  la  vérité.  La  gloire  de  deux  grands  génies, 
j'allais  dire  de  deux  nations,  y  est  également  intéressée,  puisqu'il  s'agit  de 
Pascal  et  de  Newton.  » 

«  M.  Chasles,  après  la  lecture  de  cette  Lettre,  dit  que  M.  Faugère  a  bien 
voulu  le  prévenir  de  sa  démarche  auprès  de  M.  le  Président,  et  demande  à 


(     2o3    ) 

communiquer  à  l'Académie  la  Lettre  qui!  a  adressée  à  ce  sujet  à  M.  Fau- 
gère.  La  voici  : 

«   Paris,  27  juillet  1867. 

»  Monsieur, 

»  Puisque  votre  conviction  est  formelle,  je  trouve  tout  naturel  que  vous 
»  la  fassiez  connaître  à  l'Académie;  et  moi-même,  d'après  l'avis  que  vous 
»  me  faites  l'honneur  de  me  donner  par  votre  Lettre  de  ce  jour,  je  regarde- 
»  rais  comme  un  devoir  d'en  informer  l'Académie  dans  la  prochaine  séance 
»  (lundi  29).  Car  tout  le  monde  sait,  Monsieur,  de  quel  poids  doivent  être, 
»  dans  une  pareille  question,  voire  compétence  et  votre  dévouement  à  la 
«  science,  comme  à  la  vérité,  sa  compagne  inséparable.  Mais  je  crois  devoir 
»  aussi,  Monsieur,  vous  renouveler  l'assurance  cpie  je  n'ai  aucun  doute 
»  sur  la  parfaite  authenticité  des  pièces  insérées  dans  les  Con)/)tes  rendus  des 
»  deux  dernières  séances  de  l'Académie  (i5  et  22  juillet),  non  plus  que  de 
»  celles  que  j'ai  eu  l'honneur  de  vous  communiquer. 
»   Veuillez  agréer,  etc.   » 

histoire  de  l'astronomie.  —  Lettre  adressée  à  M.  le  Président  au  sujet  des 
Notes  manuscrites  de  Pascal  communiquées  par  M.  Chasles;  par  M.  Bé.varo. 

(Cette  Lettre  sera  soumise  à  l'examen  de  la  Commission  nommée  pour  la 

Lettre  précédente.) 

»  Évreux,  le  27  juillet  1867. 

»  L'Académie  des  Sciences  a  décidé  que  certains  écrits,  attribués  à 
Pascal,  seraient  reproduits  dans  le  Compte  rendu  de  sa  séance  du  i5  juillet 
1867. 

»  Je  regrette  vivement  cette  publication,  car,  les  pièces  en  question  se- 
raient-elles authentiques,  qu'on  ne  pourra  jamais  prouver  complètement 
leur  authenticité.  La  question  est  trop  importante  pour  que  l'amour-propre 
national  des  Anglais  cède  devant  une  confrontation  de  style,  d'ortho- 
graphe, d'écriture  et  même  de  papier.  D'ailleurs,  les  documents  produits 
par  M.  Chasles  sont  certainement  fabriqués  à  plaisir,  et  même  par  un  falsi- 
ficateur assez  malhabile.  Je  ne  suis  pas  assez  versé  dans  l'histoire  des 
sciences  pour  affirmer  que  Pascal  n'eût  pas  écrit,  au  milieu  du  XVIIe  siècle, 
une  phrase  comme  celle  qui  termine  la  quatrième  Note  :  <>  C'est  par  ces 
»  principes  qu'on  trouve  que  les  quantités  de  matière  »  (ailleurs  on  trouve 
le  mot  masse)  «  du  soleil,  de  Jupiter,  de  Saturne  et  de  la  terre  sont  entre 

20"  . 


20/j 


)    elles,  comme  les  nombres 


'      i 069        3o2i        169282 

»  Tout  cela  ne  semble-l-il  pas  copié  dans  un  Traité  moderne  de  cosmo- 
graphie1 On  se  sera  contenté  d'altérer  grossièrement  le  dernier  nombre. 
Mais  comment  Pascal  aurait-il  pu  calculer  le  2  janvier  1 655,  au  plus  tard, 
la  niasse  de  Saturne  à  l'aide  des  révolutions  d'un  satellite  qui  ne  fut  décou- 
vert que  le  a5  mars  de  la  même  année  et  dont  les  premières  tables,  publiées 
en  i65g  par  Huyghens,  étaient  encore  très-imparfaites? 

»  Si  le  fabricateur  de  ces  pièces  était  un  de  ces  mauvais  plaisants  que 
l'on  voit  surgir  de  temps  en  temps,  et  qui  cherchent  à  jeter  du  ridicule  sui- 
tes savants  en  abusant  de  leur  sincérité,  on  s'en  consolerait  facilement  en 
méprisant  les  sarcasmes  des  impuissants  et  des  sols.  Mais  malheureusement 
la  fraude  que  je  prends  la  liberté  de  vous  signaler  doit  cacher  une  vile 
perfidie.  L'origine  anglaise  des  lettres  attribuées  à  Pascal  me  paraît  mani- 
feste, a  Je  vous  prie  les  examiner  et  m'en  dire  vosîre  sentiment Je  vous 

»  prieray  aussy,  Monsieur,  m' informer,  etc..    »  [Examine,!  pray Inform, 

1  pray....) 

»  L'auteur  doit  être  aux  aguets  pour  recueilli)'  le  bruit  qu'elles  feront 
en  France,  et,  comme  il  nous  arrive  souvent  de  réclamer  pour  les  nôtres 
des  inventions  que  les  Anglais  s'attribuent,  il  mettra  sous  les  veux  de  sa 
nation  les  pièces  du  procès  actuel,  en  avouant  sans  honte  sa  supercherie, 
et  il  dira  au  peuple  anglais  :  Voilà  le  fonds  qu'il  faut  faire  des  revendica- 
tions des  Français!  en  ayant  soin,  bien  entendu,  de  passer  sous  silence 
les  documents  incontestables  que  nous  pouvons  leur  opposer  sur  d'autres 
sujets.  C'est  ainsi  que  l'on  ne  conteste  plus  à  Papin  ses  découvertes,  mais 
on  fait  remonter  l'invention  des  machines  à  vapeur  au  marquis  de  Wor- 
cester,  en  citant  la  lettre  ridicule  de  Marion  Delorme  a  Cinq-Mars  comme 
le  seul  document  que  les  Français  puissent  mettre  en  avant  pour  réclamer 
leur  part  dans  cette  invention. 

»  Cette  Lettre,  Monsieur  le  Président,  vous  est  adressée  personnellement, 
et  je  laisse  à  votre  haute  sa«e.-*se  le  soin  de  décider  si  les  réflexions  que  ia 
lecture  du  Compte  rendu  m'a  suggérées  doivent  être  communiquées  à  l'Aca- 
démie en  séance  publique.  » 

»  M.  Chasles,  après  la  lecture  de  cette  Lettre,  dit  qu'à  l'égard  de  l'au- 
thenticité contestée  des  pièces  en  question,  il  s'en  réfère  aux  considérations 


(    205    ) 

rléveloppées  clans  la  communication  de  ce  jour  (p.  187),  et  à  la  déclaration 
comprise  dans  sa  Lettre  à  M.  Faugère,  reproduite  ci-dessus.    » 

M.  P.  Verdeil  adresse  wne  nouvelle  Note  relative  aux  résultais  de  quel- 
ques expériences  faites  sur  le  pendule. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique.) 

M.  L.  Aitbeut  adresse  un  Mémoire  «  sur  le  calcul  de  la  résistance  des 
solides  soumis  à  la  flexion  ». 

(Renvoi  à   la   Section  de  Mécanique,  à  laquelle  M.  Delaunay  est  prié  de 

s'adjoindre.) 

M.  Moreau  adresse  une  Note  relative  à  deux  instruments  destinés  à  con- 
stater un  effet  nouveau  du  rayonnement  solaire. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Physique.) 

M.  L.  Darget  adresse  une  nouvelle  Lettre  concernant  sa  démonstration 
du  théorème  relatif  à  la  somme  des  angles  d'un  triangle. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

M.  Cramoisy  adresse  un  Mémoire  contenant  soixante-dix  nouvelles  obser- 
vations de  choléra,  recueillies  sur  des  malades  traités  par  Y alcoolàture 
d'aconit  nnpel,  durant  l'épidémie  de  1866. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuée  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1"  Une  brochure  de  M. ./.  Boucher  de  Pertltes,  avant  pour  titre  :  «  Exposi- 
tion des  produits  de  l'industrie  de  l'arrondissement  d'Abbeville  en  1 833  : 
le  Président  de  la  Société  d'Émulation  aux  Ouvriers  «  ; 

20  Un  opuscule,  imprimé  en  italien,  de  M.  Zantedeschi,  ayant  pour 
titre  :  «  Du  climat  de  Catane».  Ce  climat  serait,  suivant  l'auteur,  le  plus 
doux  de  tonte  cette  partie  de  l'Europe. 


(  ao6 

ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  (a  durée  des  couranlsd' induction.  Noie  do  M.  P.  Bi.aserna, 

présentée  par  M.  Regnault. 

«  Dans  la  théorie  des  courants  d'induction  on  admet  jusqu'à  présent: 

»  i°  Qu'ils  se  forment  à  l'instant  même  de  la  clôture  ou  de  l'interrup- 
tion du  courant  primaire; 

»>   i°  Qu'ils  ont  une  durée  infiniment  petite. 

»  J'ai  tâché  de  vérifier  ces  deux  données  par  l'expérience,  à  l'aide 
d'un  appareil  tournant,  qui  est  construit  à  peu  près  comme  celui  dont 
M.  Guillemin  s'est  servi  pour  ses  recherches  sur  la  propagation  du  courant 
de  la  pile,  et  aussi  comme  celui  de  M.  Hipp  dans  ses  expériences  sur  la 
vitesse  des  courants  d'induction  dans  les  grandes  lignes  télégraphiques. 
Deux  cylindres  de  hois,  A  et  B,  de  8  centimètres  de  diamètre  et  i  centi- 
mètre de  largeur,  étaient  montés  sur  un  même  axe,  auquel  j'imprimais  une 
grande  vitessede  rotation,  de  vingt  jusqu'àcent  cinquante  lours  parseconde. 
Sur  la  circonférence  du  cylindre  A  était  encastrée  une  lame  de  laiton  qui 
occupait  une  moitié  de  la  circonférence,  à  peu  près  180  degrés;  sur  celle 
du  cylindre  B  se  trouvait  également  une  lame  de  laiton  très-mince,  qui  re- 
présentait i  degré  de  circonférence.  Pour  faire  varier  les  circonstances, 
j'avais  encore  plusieurs  cylindres  de  rechange,  avec  des  lames  plus  minces 
et  plus  larges.  A  chaque  cylindre  était  réuni  solidement  un  cylindre  a,  b,  de 
diamètre  heaucoup  plus  petit,  en  buis  et  recouvert  de  laiton  sur  toute  la 
circonférence,  de  sorte  que  tout  l'appareil  se  composait  du  petit  cylindre  a, 
des  cylindres  A  et  B  et  du  petit  cylindre  &,  disposés  tous  sur  le  même  axe,  et 
ayant  un  bon  contact  métallique  entre  a  et  A  et  entre  B  et  b.  Quatre  ressorts 
métalliques  appuyaient  sur  ces  quatre  cylindres,  pour  fermer  ou  interrompre 
les  courants.  Ils  étaient  pressés  sur  les  circonférences  des  cylindres  par  des 
coussinets  de  papier  qui  étouffaient  les  vibrations. 

»  Le  courant  principal,  fourni  par  plusieurs  couples  de  Bunsen,  passait 
par  un  commutateur,  par  le  gros  fil  d'une  petite  bobine  d'induction  sans 
interrupteur,  par  une  boussole  des  tangentes,  par  les  ressorts  des  cylindres  a 
et  A,  et  revenait  à  la  pile.  Il  était  donc  ouvert  ou  fermé  selon  que  le  res- 
sort A  touchait  sur  le  cylindre  de  bois  ou  sur  la  lame  de  laiton.  Le  courant 
d'induction  se  formait  alors  dans  la  bobine,  passait  par  les  ressorts  B  et  b, 
puis  par  un  galvanomètre  très-sensible,  et  revenait  à  la  bobine.  Un  le  mesu- 
rait sur  le  galvanomètre.  En  faisant  donc  varier  la  vitesse  de  rotation,  et  en 
donnant  à  la  lame  en  B  une  position  quelconque  de  relard  sur  celle  en  A, 
on  pouvait  étudier  le  mode  de  formation  des  courants  d'induction. 


(   207  ) 

»  Je  vais  indiquer  les  premiers  résultats  auxquels  je  suis  arrivé,  tout  en 
me  réservant  de  continuer  ces  recherches  avec  un  appareil  beaucoup  plus 
parfait  que  je  fais  construire  dans  ce  moment-ci  : 

»  i°  AusMlùt  qu'on  ferme  ou  qu'on  ouvre  le  courant  principal,  il  se 
forme  un  courant  d'induction.  Le  temps  qui  s'écoule,  entre  le  moment  de 
la  clôture  ou  de  l'ouverture  du  courant  principal  et  le  moment  où  le  cou- 
rant induit  se  produit,  est  tellement  petit,  que  je  n'ai  pas  pu  le  déterminer. 
En  tout  cas,  il  est  inférieur  à  vôTTilïï  ae  seconde. 

»  20  Mais,  à  ce  moment,  le  courant  induit  n'est  pas  terminé;  il  croît 
encore,  puis  il  diminue  assez  rapidement  et  continue  un  certain  temps  en 
devenant  très-faible. 

»  3°  La  durée  totale  du  courant  induit  est  toujours  très-appréciable. 
Dans  certains  cas  j'ai  constaté  un  faible  courant,  même  ^  de  seconde 
après  la  clôture  du  courant  principal,  et  il  est  probable  qu'il  dure  encore 
plus  longtemps. 

..  Si  l'on  veut  représenter  graphiquement  le  courant  induit,  en  prenant 
les  temps  pour  abscisses  et  les  intensités  correspondantes  pour  ordonnées, 
on  a  une  courbe  formée,  pour  les  temps  inférieurs  à  —-^  de  seconde,  d'une 
ligne  droite  à  peu  près  perpendiculaire  à  l'axe  des  abscisses,  qui  se  courbe 
en  montant  encore,  qui  arrive  bientôt  à  un  maximum,  qui  descend  en- 
suite rapidement,  et,  après  une  inflexion,  s'approche  indéfiniment  de  l'axe 
des  abscisses,  sans  qu'il  soit  possible  de  fixer  exactement  le  point  où  elle 
se  confond  avec  cet  axe.  En  tout  cas,  ce  point  correspond  à  un  temps  très- 
appréciable.   » 

chimie  minérale.  —  Sur  un  sable  tilanifère  de  l'île  portugaise  de  Santiago, 
de  l'archipel  du  Ont-Vert.  Note  de  M.  R.-D.  Silva,  présentée  par 
M.  Balai  d. 

«  Parmi  les  nombreuses  colonies  que  le  Portugal  possède  dans  l'océan 
Atlantique,  se  trouve  le  groupe  volcanique  des  îles  du  Cap-Vert,  situé  entre 
1 3  et  17  degrés  de  latitude  nord,  -il\  et  27  degrés  de  longitude  ouest,  comp- 
tés du  méridien  de  Paris.  Ceux  qui  ont  visité  l'exposition  portugaise  ont 
eu  l'occasion  devoir  l'importante  collection  des  produits  coloniaux  placés 
dans  l'annexe.  Toutes  les  îles  de  cet  archipel  s'y  trouvent  représentées  par 
la  variété  et  l'importance  de  leurs  produits.  Je  dois  à  l'obligeance  de 
M.  Pinto  de  Magalhaès,  membre  de  la  Commission  portugaise,  chargé  de 
l'exposition  des  colonies,  des  échantillons  de  produits  végétaux   et  miné- 


(    ao8   ) 
taux,  parmi   lesquels  j'ai  trouvé  un  sable  noir,  exposé  par  M.  Borges,  de 
Santiago,  sous  le  titre  de  aréa  jtreta.  L'étude  de  ce  corps  fait  l'objet  de  cette 
Note. 

)-  Le  sable  eu  question  se  présente  en  grains  très-petits,  d'un  noir  fonce, 
dépourvus  de  forme  cristalline,  renfermant  fies  parcelles  un  peu  colorées, 
qui  semblent  s'y  trouver  accidentellement.  Ce  sable  étant  attiré  par  le  bar- 
reau aimanté,  j'ai  commencé  par  en  séparer  complètement  la  partie  magné- 
tique. De  162  grammes  de  sable,  tel  qu'il  se  trouve  dans  la  nature  et  tel 
qu'il  a  été  envoyé  à  l'Exposition,  j'ai  séparé,  au-  moyen  d'un  aimant, 
82  grammes  de  sable  magnétique.  Il  y  a  donc  de  ce  dernier  corps  un 
rendement  de  55  pour  100.  Après  avoir  fait  la  séparation,  j'en  ai  étudié 
successivement  les  deux  parties. 

»  Partie  magnétique.  —  La  partie  magnétique  est  constituée  de  grains  très- 
petits,  d'un  noir  foncé  et  doués  d'éclat  métallique,  très-durs,  mais  assez  cas- 
sants pour  être  pnlvérisés.  La  densité,  prise  vers  20  degrés  et  ramenée  à 
-f-  4  degrés  par  le  calcul,  a  été  trouvée  égale  à  4i7°2-  Sa  poudre  tache  les 
doigts  en  noir,  elle-même  étant  d'un  noir  foncé.  L'acide  çhlorhydrique 
concentré  l'attaque  à  une  température  élevée,  surtout  dans  une  fiole  munie 
d'un  tube  allongé;  cependant  il  y  a  des  points  colorés  qui  ne  sont  point 
attaqués,  et  il  semble  se  former  en  même  temps,  au  sein  de  la  solution  çhlor- 
hydrique, un  précipité  blanc.  Ce  précipité  disparait  quand  on  verse  dans 
la  solution  surnageante  une  petite  parcelle  de  zinc,  et  alors  la  solution  prend 
une  teinte  violette.  L'analyse  qualitative  de  cette  dernière  m'a  indiqué  la 
présence  du  fer,  de  l'acide  titanique,  de  la  magnésie,  de  l'alumine  et  de  traces 
de  manganèse.  C'est  la  composition  d'un  fer  titane. 

»   L'analyse  quantitative  m'a  fourni,  eu  centièmes  : 

Acide  tilanique •  1  ,  jl  > 

Fer  (métal  ). 52, 5o 

Magnésie . .  ,  ; 

Alumine 2,20 

Partie  insoluble  (émeri  1 1 ,  20 

Manganèse traces 

»  La  constitution  généralement  admise  du  1er  tiiane  pouvant  être  repré- 
sentée par  la  formule  fi,  Fe  -+-  nfe2,  de  l'analyse  précédente  on  déduit  les 
chiffres  suivants  : 


(  2°9  ) 

Acide  titanique 21  ,46 

Protoxyde  de  fer 18,84 

Peroxyde  de  fer 54 ,  07 

Magnésie.    2,i3 

Alumine 2,20 

Émeiï 1,20 

Manganèse.    traces 

99-9° 

->  J'ai  dit  que  le  résidu  insoluble  dans  l'acide  chlorhydrique  est  de 
l'émeri;  en  effet,  formé  de  petites  parcelles  un  peu  colorées  en  ronge,  très- 
dures,  résistant  à  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  concentré,  il  s'est  dissous 
dans  du  bisulfate  de  potasse  maintenu  en  fusion.  La  solution  du  produit 
de  cette  fusion  étant  soumise  à  l'ébullition  ne  produisit  aucune  précipita- 
tion et  donna  les  réactions  d'alumine  et  de  fer. 

»  Partie  non  magnétique.  —  La  partie  non  magnétique,  qui  d'ailleurs  n'a 
pas  un  aspect  homogène,  est  formée  de  grains  noirs  dépourvus  de  l'éclat 
presque  métallique  que  l'on  remarque  dans  la  partie  magnétique.  Ils  sont 
moins  durs  et  peuvent  être  réduits  en  poudre  plus  aisément.  La  densité, 
déterminée  dans  les  mêmes  conditions  que  le  fer  titane  déjà  étudié,  a  été 
trouvée  égale  à  3,434-  La  poudre  a  une  couleur  un  peu  rougeâtre  et  ne 
tache  point  les  doigts;  peu  fusible  au  chalumeau,  elle  est  attaquable  à  chaud 
par  l'acide  chlorhydrique  concentré,  qui  en  dissout  seulement  une  partie. 
Dans  le  but  de  rendre  attaquable  toute  la  matière,  je  l'ai  fondue  avec  du 
carbonate  de  soude,  comme  pour  le  cas  d'un  silicate,  et  le  produit  de  la 
fusion  a  été  traité,  à  la  manière  ordinaire,  par  de  l'acide  chlorhydrique. 
Après  avoir  séparé,  du  résidu  insoluble  dans  l'acide  chlorhydrique,  la  par- 
tie qui  s'y  dissout,  j'ai  constaté,  dans  cette  dernière,  la  présence  du  fer,  de 
l'acide  titanique,  de  la  chaux,  de  la  magnésie,  et  de  quelques  traces  de  man- 
ganèse. La  partie  insoluble  dans  l'acide  chlorhydrique  restant  toujours  un 
peu  colorée  en  rouge,  après  avoir  été  soigneusement  lavée  à  l'eau  bouil- 
lante, m'a  paru  renfermer  une  autre  substance  outre  l'acide  silicique;  je 
l'ai  fait  bouillir  dans  une  solution  de  potasse  caustique,  qui  en  a  dissous  la 
silice,  et  il  en  est  resté,  selon  mes  prévisions,  un  résidu  insoluble.  Ce  résidu, 
insoluble  dans  la  potasse  et  dans  l'acide  chlorhydrique,  s'est  dissous  dans 
du  bisulfate  de  potasse  maintenu  en  fusion.  En  faisant  bouillir  le  produit 
de  cette  fusion  dans  l'eau,  j'ai  obtenu  un  précipité  blanc  très-abondant,  que 
j'ai  séparé  par  filtration.  Ce  précipité  donna  les  réactions  d'acide  titanique, 

C.  R.,  1867,  -2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  S.)  27 


(     2IO    ) 

et  le  liquide  filtré  celles  d'alumine  et  de  fer.  Dans  cette  phase  de  l'analyse, 
j'ai  déterminé  et  la  quantité  d'acide  titanique  et  celle  d'alumine  ferrugi- 
neuse. Voici  les  résultats  de  cette  analyse,  pour  ioo  de  la  matière  inso- 
luble : 

|  Acide  titanique 49  '  '  3 

/  Alumine  et  fer  (émeri) 5o,85 

9!)  >98 
L'analyse  quantitative  de  la  partie  non  magnétique  ayant  d'abord  fourni 
les  nombres  suivants  : 

Acide     titanique    (trouvé    dans    la    solution 

chlorhydrique) 4  >6o 

Acide  silicique 3 1  ,  20 

Fer  ( métal ) 12 ,89 

Chaux 10, 5o 

Alumine 4i4^ 

Magnésie o ,  5o 

Résidu  insoluble 29>7a 

Manganèse traces 

»  Si  l'on  tient  compte  de  l'analyse  («),  je  pense  que  l'on  peut  conclure 
que  la  partie  non  magnétique  est  formée  de  rutile,  d'un  silicate  de  chaux  et 
d'alumine  et  d'émeri.  Si  on  admet  cette  constitution,  le  fer  doit  s'y  trouver 
à  l'état  de  sesquioxyde;  si,  de  plus,  on  tient  compte  de  l'acide  titanique 
qui,  dans  l'analyse  précédente,  est  compté  comme  résidu  insoluble,  la  vraie 
composition  centésimale  de  la  partie  non  magnétique  sera  : 

Acide  titanique 19,22 

Acide  silicique 3i  ,20 

Peroxyde  de  fer 18,84 

Chaux 1  o ,  5o 

Alumine 4  >45 

Magnésie o  ,5o 

Émeri 1 5 , 1 2 

Manganèse traces 

99,83 
»  Le  minerai  qui  est  l'objet  de  ce  travail  me  semble  présenter  un  certain 
intérêt  scientifique  et  être  susceptible  de  devenir  matière  à  une  industrie 
très-importante,  à  cause  du  fer  et  de  l'acide  titanique  qu'il  renferme; 
d'après  les  analyses  que  j'ai  données  plus  haut  des  deux  parties  magnétique 
et  non  magnétique,  on   déduit  que   le  corps,  tel  qu'il    se   trouve  dans  la 


(     31,     ) 

nature,  renferme,  en  100  parties  : 

Acide  titanique. 20, 45 

Fer  métallique 35  ,00 

»  Si,  comme  je  pense,  celle  variété  de  sable  noir  se  trouve  en  grande 
abondance  flans  la  plupart  des  îles  du  Cap-Vert,  elle  pourra  être  l'objet 
d'une  exploitation  très-importante  :  en  donnant  les  résultats  de  mes  ana- 
lyses, je  fais  des  vœux  pour  qne  mes  prévisions  se  réalisent,  et  je  serai  heu- 
reux, dans  la  continuation  de  mes  recherches,  de  faire  tourner  au  profit  de 
mon  pays  les  indications  scientifkjues  que  la  nature  de  mes  études  m'aura 
procurées.  » 

chimie  organique.  —  Sur  les  dérivés  nilrés  des  éthers  benzyliques.  Note  de 
M.  Ed.  Grimaux,  présentée  par  M.  Balard. 

«  On  connaît  deux  acides  isomères  de  la  formule  C7  H5  (AzO2)  Oa,  l'acide 
nitrobenzoïque  et  l'acide  nitrodracylique.  Le  premier  s'obtient  par  l'action 
île  l'acide  nitrique  sur  l'acide  benzoïque;  le  second  par  l'oxydation  du  ni- 
trotoluène  :  tous  deux,  du  reste,  prennent  naissance  en  même  temps  dans 
l'action  de  l'acide  azotique  fumant  sur  le  toluène. 

»  A  chacun  d'eux  doivent  correspondre  des  éthers,  une  aldéhyde,  un 
alcool  nitrés.  De  tous  ces  corps  on  ne  connaît  cpie  l'hydrure  de  nitroben- 
zoïlc  de  Bertagnini,  et  je  me  suis  occupé  de  préparer  ces  dérivés  intéres- 
sants au  point  de  vue  de  l'isomérie  des  combinaisons  aromatiques.  J'ap- 
prends aujourd'hui,  par  une  communication  particulière,  que  M.  Beilstein 
a  entrepris  l'étude  de  ces  dérivés;  aussi  je  me  borne  à  rapporter  les  quel- 
ques faits  que  j'ai  observés,  le  droit  de  poursuivre  ces  recherches  apparte- 
nant au  chimiste  distingué  qui  a  fait  l'étude  approfondie  de  l'acide  nitro- 
dracylique. 

»  On  peut  préparer  l'alcool  nitrobenzylique  par  une  réaction  analogue 
à  celle  qui  a  permis  à  M.  Cannizzaro  de  transformer  l'hydrure  de  benzoïle 
en  alcool  benzylique.  Lorsqu'on  dissout  l'hydrure  de  benzoïle  nitré  dans 
une  solution  alcoolique  de  potasse,  le  mélange  s'échauffe  et  se  prend  au 
bout  de  quelques  instants  en  une  masse  tantôt  grenue,  tantôt  gélatineuse, 
de  nitrobenzoate  de  potassium  (Bertagnini).  Par  l'addition  d'eau  on  dis- 
sout le  nitrobenzoate,  et  on  sépare  une  huile  épaisse,  colorée,  qui  doit  être 
l'alcool  benzylique  nitré;  en  effet,  on  a  : 

2  [C'H5  (AzO2)  O]  +  KHO  =  C7H4  (AzO2  )02K  -f  C7H7  (AzO2)  O. 

Hydrure  de  nilrobenzoïle.  Nitrobenzoalo  de  potassium.       Alcool  nilrobcnzylique. 

27.. 


(    212    ) 

»  C'est  une  huile  visqueuse,  qui,  abandonnée  longtemps  dans  le  vide 
sec,  ne  présente  aucune  trace  de  cristallisation.  Elle  se  décompose  à  la  dis- 
tillation sous  la  pression  ordinaire;  sous  une  pression  de  3  millimètres  elle 
passe  entre  178  et  180  degrés,  en  prenant  une  coloration  ambrée;  le  per- 
chlorure  de  phosphore  l'attaque  vivement,  en  donnant  une  huile  chlorée, 
jaune,  non  volatile  sans  décomposition.  La  petite  quantité  de  cet  alcool 
que  j'ai  eue  jusqu'à  présent  à  ma  disposition  ne  m'a  pas  permis  de  le  puri- 
fier suffisamment,  et  il  a  donné  à  l'analyse  un  chiffre  trop  élevé  de  carbone. 
Cet  alcool  correspond  à  l'acide  nitrobenzoïque,  ainsi  que  l'indique  son 
mode  de  formation. 

»  En  traitant  le  chlorure  de  benzyle  C7  H7 Cl  =  C6  Hs,  CH2Cl  par  l'acide 
azotique  fumant,  on  obtient  un  dérivé  nitré  déjà  signalé  par  M.  Beilstein, 
et  qui,  suivant  ce  chimiste,  donne  par  l'oxydation  lacide  nitrodracylique. 
Pour  le  distinguer  du  chlorure  qui  donnerait  par  oxydation  l'acide  nitro- 
benzoïque,  on  peut  l'appeler  cldorure  de  nilrodracéthylc  et  appliquer  aux 
autres  termes  de  la  série  le  nom  de  composés  nilrodracéthyliques. 

»  Le  chlorure  de  nilrodracélhyle  s'oblient  lorsqu'on- verse  peu  à  peu  du 
chlorure  de  benzyle  dans  quatre  ou  cinq  fois  son  poids  d'acide  nitrique 
fumant;  il  est  bon  de  refroidir  le  ballon  dans  lequel  on  opère,  pour  éviter 
une  trop  vive  réaction.  Après  une  heure  ou  deux  on  précipite  la  solution 
acide  par  l'eau,  et  il  se  sépare  une  huile  jaune,  épaisse,  qui  se  prend  en  une 
masse  butyreuse  du  jour  au  lendemain.  Si  on  la  jette  sur  un  filtre,  elle 
abandonne  un  liquide  jaune,  épais,  tandis  que  la  matière  solide  reste  sur 
le  filtre;  on  la  purifie  par  compression  et  par  des  cristallisations  dans  l'al- 
cool. Le  liquide  formé  en  même  temps  renferme  en  solution  une  grande 
quantité  du  produit  solide,  qui  s'en  sépare  pendant  les  froids  de  l'hiver. 

»  Le  chlorure  de  nitrodracéthyle  C6H*  (AzO2)  CH%  Cl  (1)  cristallise  en 
fines  aiguilles  blanches  ou  en  lames  minces  nacrées;  il  est  très-soluble  dans 
l'alcool  bouillant  et  dans  l'éther. 

»  Il  fond  à  70  degrés  et  peut  rester  liquide  jusqu'à  60  ;  si  à  cette  tempé- 
rature on  l'agite  avec  un  thermomètre,  il  se  solidifie  brusquement,  et  le 
thermomètre  remonte  à  69  degrés.  Fondu,  il  a  une  odeur  aromatique 
agréable;  par  le  refroidissement,  il  se  prend  en  aiguilles  radiées.  11  produit 
sur  la  peau,  et  principalement  sur  les  muqueuses,  une  sensation  de  brulùre 


(0 


Trouvé. 

Calculé. 

C  =  49,o3 

48. 98' 

H=    3,63 

3,5o 

(    2l3     ) 

très-vive.  Chauffé  pendant  quelques  heures  avec  une  solution  alcoolique 
d'acétate  de  potassium,  il  donne  du  chlorure  de  potassium,  et  la  solution 
renferme  l'acétate  de  nitrodracéthyle  C°H4  (Az()2),  CH2  (C2H302)  (i). 

»  Celui-ci  est  un  peu  soluble  dans  l'eau  bouillante,  assez  soluble  dans 
l'eau  alcoolisée,  très-soluble  dans  l'eau  et  l'élher.  11  se  sépare  de  ses  solu- 
tions en  feuillets  minces,  brillants,  blancs  ou  jaunâtres.  Il  fond  à  85  degrés 
et  se  prend  en  grandes  lames. 

»  En  traitant  l'acétate  de  benzyle  par  l'acide  azotique  fumant,  dans  le 
but  d'obtenir  l'isomère  du  corps  précédent,  j'ai  eu  une  huile  épaisse  d'où 
se  sépare  un  corps  blanc,  solide  :  l'étude  de  ces  corps  n'a  pas  encore  été 
faite.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  dérivés  métliyliques,  éthylitjues  et  amyliques  de 
t'orcine.  Note  de  MM.  V.  de  Lvyxes  et  A.  Lionet,  présentée  par  M.  H. 
Sainte-Claire  Deville. 

«  Les  composés  désignés  sous  le  nom  générique  de  phénols  possèdent 
des  propriétés  intermédiaires  entre  celles  des  alcools  et  des  acides.  En  effet 
ils  réagissent  sur  les  chlorures  acides  comme  les  alcools  proprement  dits, 
en  formant  des  composés  dans  lesquels  un  ou  plusieurs  équivalents  d'hy- 
drogène sont  remplacés  par  le  radical  acide  avec  élimination  d'un  nombre 
égal  d'équivalents  d'acide  chlorhydrique.  D'autre  part  ils  s'unissent  aux 
bases,  et  par  conséquent  doivent  être  regardés  comme  susceptibles  de  réa- 
gir sur  les  alcools  pour  engendrer  des  composés  analogues  aux  éthers. 

»  L'orcine,  au  contact  des  chlorures  acides  employés  en  excès,  donne, 
comme  l'un  de  nous  l'a  démontré  (2  ),  des  combinaisons  diacides  qui,  sou- 
mises à  l'action  des  bases,  se  décomposent  en  mettant  en  liberté  leurs  élé- 
ments générateurs.  Ainsi  l'orcine  diacétique,  traitée  par  la  chaux,  se  résout 
en  orcine  et  en  acide  acétique  qui  s'unit  à  la  chaux.  Ces  composés,  dans 
lesquels  l'orcine  fonctionne  comme  un  alcool,  présentent  donc  par  leur 
mode  déformation,  leur  composition  chimique  et  la  décomposition  qu'ils 

[1)  Trouvé. 

I.  II.  Calculé. 

C  =  54,87       54,83  55,38 

H=   5,io        4,48  4,6i 

[2.)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4e  série,  t.  VI,  p.   184. 


(  «4  ) 

subissent  ;iu  contact  des  bases,  une  constitution  semblable  à  celle  des 
éthers. 

»  Nous  nous  étions  proposé  flans  ce  travail  de  préparer  des  composés 
dans  lesquels  l'orcine  jouerait  le  rôle  d'acide  vis-à-vis  des  alcools  ordi- 
naires. Les  combinaisons  que  nous  avons  obtenues  diffèrent  par  leur  con- 
stitution et  leur  nombre  de  celles  dont  on  aurait  pu  prévoit' la  formation 
d'après  les  idées  généralement  admises  sur  la  nature  des  phénols.  C'est 
pourquoi,  bien  que  notre  travail  ne  soit  pas  terminé,  nous  croyons  devoir 
en  présenter  les  premiers  résultats  à  l'Académie. 

»  La  méthode  que  nous  avons  employée  consiste  à  faire  réagir  à  une 
température  convenable  l'orcine  cristallisée  sur  un  mélange  d'équivalents 
égaux  de  potasse  et  de  l'éther  iodhydrique  de  l'alcool  sur  lequel  on  opère. 

»  Lorsque  l'orcine  est  en  excès,  on  obtient  un  composé  qu'on  peut  con- 
sidérer comme  dérivant  de  l'orcine  par  la  substitution  de  i  équivalent  du 
carbure  correspondant  à  l'alcool  à  1  équivalent  d'hydrogène  de  l'orcine. 
Eu  opérant  ainsi  avec  les  iodures  de  méthyle,  d'éthyle  et  d'amyle,  nous 
avons  obtenu  les  composés  suivants  : 

i°  La  méthylorcine C'H'fC'H»)©' 

2°  L'éthvlorcine CMH'(C'H5)0' 

3°  L'amylorcine C"H'tC,0H")O' 

>j   Les  deux  premiers  corps  sont  liquides  et  sirupeux,  le  troisième  cris- 
tallise en  aiguilles  très-nettes  qui  se  forment  lentement  au  milieu  du  liquide. 
»   En  opérant   sur  un   mélange  formé  de    i    équivalent  d'orcine  et  de 

2  équivalents  d'iodure  et  de  potasse,  nous  avons  préparé  des  corps  qui 
dérivent  de  l'orcine  par  la  substitution  fie  2  équivalents  de  carbure  à  2  équi- 
valents d'hydrogène  de  l'orcine.  Ce  sont  : 

1"  La  diéthylorcine C"H'  (C'H'J'O1 

2°  La  diamylorcine C"H6(Cl(,H")J0, 

»  Ces  deux  corps  ont  une  consistance  sirupeuse;  la  diéthylorcine  distille 
entre  -24°  et  2Ô0  degrés  sans  changer  de  composition. 

»  Enfin,  lorsque  le  mélange  d'iodure  et  de  potasse  est  en  grand  excès 
par  rapport  à  l'orcine,  les  composés  qu'on  obtient  peuvent  être  regardés 
comme  de   l'orcine  dont  3  équivalents  d'hydrogène  sont  remplacés  par 

3  équivalents  de  carbure.  Nous  avons  aussi  préparé  : 

i°  La  trimétbylorcine C"Hs(C!H3)30' 

a"  La  tiiéthylorcine C"Hs(C'Hs)»0' 

3°  La  triaraylorcine C14Hi(Cl,H")J01 


(  *>5  ) 

»  La  Iriméthylorcine  est  liquide  et  distille  sans  altération  sons  la  pres- 
sion ordinaire,  vers  25o  degrés;  la  Iriélhylorcine  bont  vers  ^65  degrés. 
Quel  que  soit  l'excès  d'iodure  employé,  nous  ne  sommes  jamais  arrivés 
à  une  substitution  plus  avancée.  Tous  les  produits  précédents  ont  été 
analysés. 

»  On  voit  que  si  les  deux  premières  séries  de  combinaisons  peuvent  être 
rattachées  aux  éthers  par  leur  composition  et  leur  mode  de  formation,  il 
est  impossible  de  faire  rentrer  dans  la  même  classe  les  produits  de  la  troi- 
sième série.  Nous  ajouterons  que  jusqu'à  présent  nous  n'avons  pas  pu 
reproduire,  au  moyen  de  tous  ces  composés,  l'orcine  et  l'alcool  générateur. 
Nous  proposons  donc  de  les  considérer  jusqu'à  nouvel  ordre  comme  des 
produits  de  substitution  des  carbures  d'hydrogène  alcooliques  à  l'hydro- 
gène de  l'orcine. 

»  Nous  citerons  en  terminant  une  réaction  intéressante  au  point  de  vue 
de  la  constitution  de  l'orcine.  Lorsqu'on  fait  agir  de  l'orcine  diacétique  sur 
un  alcool  sodé,  on  obtient  l'étlier  acétique  correspondant  à  l'alcool,  de  la 
soude  et  un  corps  soluble  dans  l'eau  qui  paraît  ne  pas  être  de  l'orcine.  Il 
ne  se  forme  pas  de  produit  de  substitution  du  carbure  d'hydrogène  de 
l'alcool  employé. 

»  Ces  expériences  ont  été  faites  au  laboratoire  de  recherches  et  de  per- 
fectionnement de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris.  » 

pathologie.    —   Importation  en  France  du  Tîalsahuate.  Note  de 
M.  J.  Lehaire,  présentée  par  M.  Chevreul.  (Extrait.) 

«  Il  existe  au  Mexique  un  petit  insecte,  appelé  par  les  Indiens  Tîalsahuate. 
Cet  insecte  vit  dans  le  gazon.  Il  est  presque  imperceptible  à  l'œil  nu.  Il  at- 
taque l'homme  et  se  fixe  presque  toujours  aux  paupières,  aux  aisselles,  au 
nombril  et  au  bord  libre  du  prépuce.  Sa  présence  est  annoncée  par  la  dé- 
mangeaison ;  puis  surviennent  de  la  rougeur,  du  gonflement  et  quelquefois 
de  la  suppuration.  Ces  phénomènes  morbides  durent  ordinairement  six 
jours  et  restent  toujours  locaux,  ce  qui  me  paraît  indiquer  que  cet  insecte 
ne  s'y  multiplie  pas.  Il  suffît  de  l'enlever  pour  que  les  phénomènes  mor- 
bides cessent.  Les  Mexicaines  se  servent  le  plus  ordinairement  pour  cela 
d'une  aiguille  ou  d'une  tige  de  graminée. 

»  Cette  maladie,  pour  laquelle  les  Mexicains  ne  réclament  point  les  soins 
des  médecins,  est  très-commune  dans  les  terres  tempérées  et  est  inconnue 
dans  les  terres  chaudes. 


(    »l6    ) 

»  Je  tiens  tous  ces  renseignements  de  M.  et  M™'  L.  Biart,  qui  ont  habité 
le  Mexique  pendant  longtemps.  M"'p  Biart,  qui  a  été  élevée  dans  la  terre 
chaude,  n'en  avait  jamais  vu  avant  son  habitation  à  Orizava. 

»  Je  n'ai  rien  trouvé,  dans  les  ouvrages  de  médecine  et  d'histoire  natu- 
relle que  je  possède,  qui  ait  pu  m'éclairer  sur  l'histoire  de  ce  petit  insecte. 
Il  me  parait  inconnu  des  médecins  français. 

»  J'arrive  maintenant  au  fait  que  j'ai  constaté. 

»  Samedi  dernier  (i3  juillet),  M,ue  Biart  me  présenta  sa  fille,  âgée  de 
quatre  ans,  qui  se  plaignait  d'une  assez  vive  démangeaison  à  la  paupière 
de  l'œil  gauche.  J'y  constatai,  entre  les  cils,  un  peu  de  rougeur  et  de 
gonflement,  dans  une  étendue  de  5  à  6  millimètres.  Pensant  alors,  d'après 
les  renseignements  qui  me  furent  donnés,  que  ces  effets  pourraient  bien 
être  ceux  du  Tlalsahuate,  et  me  rappelant  que  M.  Biart  avait  reçu  de  nom- 
breuses caisses  du  Mexique,  que  des  nattes  et  d'autres  objets  qu'elles 
contenaient  avaient  séjourné  assez  longtemps  à  côté  de  la  pelouse  de  leur 
jardin,  où  jouent  constamment  leurs  enfants,  je  cherchai  à  découvrir  le 
petit  insecte.  Alors,  nous  aidant  d'une  loupe,  nous  découvrîmes  le  Tlalsa- 
huate fixé  entre  deux  cils  et  placé  au  centre  de  la  rougeur  dont  j'ai  parlé. 
Sa  forme  est  oblongue  et  d'une  couleur  jaune-orangé  très-vive.  M.  et 
Mme  Biart  le  reconnurent  très-bien.  Je  désirais  le  recueillir  pour  l'étudier  et 
en  déterminer  l'espèce,  mais  je  le  laissai  tomber  et  il  nous  fut  impossible 
de  le  retrouver.  11  est  probable  qu'il  en  existe  d'autres  et  que  nous  serons 
assez  heureux  pour  nous  en  procurer  un  et  pour  pouvoir  l'étudier. 

»  De  tout  ce  qui  précède  il  résulte  ce  fait  important,  qu'un  très-petit 
insecte  qui,  au  Mexique,  produit  une  maladie  de  la  peau,  a  pu  être  im- 
porté en  France,  sans  doute  à  l'état  d'œuf,  par  des  collections  d'objets  ina- 
nimés et  y  reproduire  cette  maladie  inconnue  en  France.   » 

M.  Chevreul  après  avoir  exposé  à  l'Académie  le  fait  contenu  dans  la 
communication  qui  précède,  ajoute  les  remarques  suivantes  : 

«  Ayant  toujours  cru  à  l'existence  d'un  grand  nombre  de  maladies  qui 
sont  dues  à  des  matières  (inorganiques,  mortes  ou  vivantes)  prises  au  de- 
hors par  des  êtres  vivants,  et  ayant  toujours  été  étonné  des  objections 
faites  à  celte  opinion  dans  un  grand  nombre  de  cas  qui  me  semblaient  la 
confirmer,  j'ai  toujours  été  fort  attentif  à  recueillir  des  faits  incontestables 
propres  à  en  démontrer  l'exactitude. 

»  Le  fait  que  j'ai  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  au  nom  du 
Dr  J.  Lemaire  est  de  cet  ordre.  » 


(  217  ) 

M.   Chevrecl,  à  propos  d'expériences  faites  par  M.  J.   Lémûire  sur  les 

propriétés  de  l'acide  phénique,  présente  les  observations  suivantes  : 

«  M.  J.  Lemaire,  qui  s'occupe  des  applications  qu'on  peut  faire  de  l'acide 
phénique,  m'a  mis  à  portée  de  constater  quelques  faits  intéressants. 

»  Après  avoir  touché,  avec  un  pinceau  imprégné  de  parties  égales  d'alcool 
et  d'acide  phénique,  l'ombilic  d'une  pèche  qu'il  venait  de  détacher  de  l'ar- 
bre le  10  de  septembre  1866,  il  la  plaça  sur  un  tesson  de  porcelaine,  au  fond 
d'un  pot  de  verre  cylindrique;  il  le  recouvrit  d'un  verre  renversé,  coula 
dans  l'espace  annulaire  des  deux  vases  une  couche  de  suif  fondu  de  3  cen- 
timètres de  hauteur,  et,  après  que  le  suif  fut  figé,  il  le  couvrit  de  2  centi- 
mètres d'huile  d'olive. 

»  Le  i/(  de  juillet  de  cette  année  (1867),  la  pèche  semblait  bien  conservée, 
à  en  juger  par  sa  fraîcheur  et  sa  couleur  rosée;  mais,  après  qu'elle  eut  été 
extraite  du  vase,  on  vit  que  la  partie  inférieure  était  molle  et  brunâtre,  et 
que  l'huile  d'olive  formait  une  couche  de  1  millimètre  d'épaisseur  environ 
depuis  l'ombilic  jusqu'au  sommet  du  fruit,  entre  la  face  intérieure  de  la  pel- 
licule et  la  partie  succulente.  Pour  le  démontrer  il  suffit  de  mettre  une  sec- 
tion du  fruit,  faite  perpendiculairement  à  l'axe, sur  un  papier  :  celui-ci  pré- 
senta une  tache  huileuse  circulaire,  tandis  qu'une  autre  section  passant 
par  l'axe  laissa  une  tache  huileuse  formée  de  deux  courbes  formant  un 
angle.  La  partie  succulente  comprise  entre  l'huile  et  le  noyau  ne  contenait 
que  des  traces  d'huile;  elle  était  très-succulente,  mais  à  peine  sucrée  et 
d'un  goût  détestable,  à  cause  d'une  odeur  forte  de  rance  provenant  à  la  fois 
de  l'huile  d'olive  et  du  suif.  Je  m'explique  la  pénétration  de  l'huile  dans 
le  fruit  de  la  manière  suivante  :  l'huile  avait  passé  entre  les  parois  intérieures 
de  l'espace  annulaire  et  le  suif  jusqu'au  fond  du  pot  à  confiture,  duquel, 
par  capillarité,  elle  avait  pénétré  le  fruit;  l'huile  d'olive  s'était  imprégnée 
de  l'oléine  odorante  du  suif;  de  là  sa  mauvaise  odeur. 

»  Enfin  un  phénomène  remarquable  me  frappa;  après  une  demi-heure, 
l'extérieur  du  fruit  avait  perdu  par  le  contact  de  l'air  toute  sa  fraîcheur  et 
sa  couleur  rosée;  l'intérieur,  devenu  d'un  roux  brun,  avait  perdu  sa  fer- 
meté première. 

»  Une  seconde  et  une  troisième  pêche,  conservées  dans  de  la  poudre  de 
charbon  de  terre  renfermée  dans  un  vase  de  fer-blanc  à  fermeture  hydrau- 
lique garnie  de  suif,  donnèrent  lieu  aux  observations  suivantes  :  la  totalité 
du  suc  et  de  la  pulpe  des  fruits  avaient  été  pompée  par  le  charbon  ;  il  ne 

G.  R.,  1867,   2«  Semestre.  (T.  LXV ,  N°  S.)  28 


(    -2  1  S 

restait  plus  que  les  noyaux  et  les  pellicules.  Enfin  quelques  cavités  du  char- 
bon de  terre  étaient  tapissées  de  mycélium. 

»  Les  pellicules  qui  avaient  résisté  à  l'altération  de  la  partie  succulente 
m'ayant  rappelé  que  M.  Vauquelin  avait  signalé,  dans  d'excellentes  recher- 
ches analytiques  sur  les  pousses  du  marronnier  d'Inde  et  les  graines  de  lé- 
gumineuses, des  combinaisons  de  tannin  et  de  matières  azotées,  j'ai  été  ainsi 
conduit  à  constater  que  les  pellicules  de  la  pèche,  de  l'abricot  et  de  la  cerise 
se  teignent  en  noir  quand  on  les  plonge  dans  de  l'eau  tenant  un  sel  de  fer,  et 
de  plus  que,  si  ces  pellicules  donnent  un  produit  acide  à  la  distillation,  elles 
donnent  un  produit  alcalin  si  on  les  distille  après  les  avoir  mêlées  de 
poudre  de  strontiane  Je  ne  doute  point,  d'après  cela,  que  ces  pellicules 
rentrent  par  leur  composition  dans  les  combinaisons  signalées  par  M.  Vau- 
quelin. 

»  Des  cerises  qui  avaient  été  mélangées  avec  de  la  poudre  de  charbon 
de  terre  présentèrent  un  résultat  tout  à  fait  semblable  au  précédent,  tandis 
que  d'autres  cerises  conservées  de  la  même  manière  n'avaient  rien  perdu 
de  leur  suc  et  de  la  fermeté  de  leur  parenchyme.  Mais  leur  couleur  était  de- 
venue livide,  elles  retenaient  peu  de  sucre,  et  il  s'était  produit  une  quan- 
tité considérable  d'acide  butyrique  qui  leur  donnait  une  odeur  excessive- 
ment désagréable.  » 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  E.   D.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  29  juillet  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

De  la  température  du  corps  de  C  homme  sain  et  malade;  variations  de  la  cha- 
leur pendant  et  après  le  bain  d'eau  minérale;  influence  de  l'altitude  des  lieux 
sur  les  fonctions  physiologiques;  par  M.  H.  ScoUTETTEN.  Paris,  18G7; 
br.  in-8°. 

Essai  critique  sur  les  principes  fondamentaux  de  la  Géométrie  élémentaire, 
ou  Commentaire  sur  les  XXXII  premières  j  impositions  des  Eléments  crEuclide  ; 
par  M.  J.  Houel.  Paris,  1867;  in-8°. 


(  2,9  ) 

Premiers  habitants  de  ï Europe;  par  M.  Ch.  Contejean.  Niort,  1867; 
br.  in-8°. 

Les  noms  des  oiseaux  expliqués  par  leurs  mœurs,  ou  Essais  étymologiques  ur 
l'ornithologie;  par  M.  l'abbé  Vincelot.  Angers,  1867;  1  vol.  in-8°,  3e  édi- 
tion. (Présenté  par  M.  Clievrenl.) 

Truite  pratique  des  maladies  des  ovaires  et  de  leur  traitement,  précédé  d'un 
aperçu  analomique  et  physiologique  de  ces  organes.  Ovariotomie  ;  par  M.  A. 
BoilSET.  Paris,  1867;  in-8°.  (Présenté  par  M.  Delaunay  pour  le  concours  de 
Médecine  et  de  Chirurgie,  1868.) 

De  l'origine  de  la  végétation  du  globe;  par  M.  D.  CLOS.  Toulouse,  1867; 
br.  in-8°. 

Troisième  fascicule  d'observations  tératoloqiques ;  par  M.  D.  CLOS.  Tou- 
louse, 1867;  br.  in-8°.  (Extrait  des  Mémoires  de  T Académie  impériale  des 
Sciences  de  Toulouse.  ) 

Deux  démonstrations  élémentaires  du  Postulatum  r/'Euchde;  par  M.  H.  de 
Pretis  de  Sainte-Croix.  Menton,  1867;  br.  in-8°. 

Relation  des  températures  des  vapeurs  saturées  avec  leurs  tensions  corresjion- 
dantes ;  par  M.  L.-M.-P.  COSTE.  Paris,  1867;  in-8°. 

Etudes  sur  l'Exposition  de  1 867,  ou  les  Archives  de  l'Industrie  au  XIXe  siècle, 
publiées  sous  !a  direction  de  M.  E.  Lacroix.  4e  fascicule,  20  juillet  1867. 
Paris,  1867;  gr.  in-8°. 

Exposition  publique  des  produits  de  l'industrie.  Le  Président  de  la  Société 
d'Emulation  aux  ouvriers,  i833;  parM.  Boucher  de  Perthes.  Paris,  1867; 
br.  in-8°,  3°  édition. 

Memoria...  Mémoire  sur  la  discussion  des  équations  algébriques  des  troi- 
sième et  quatrième  degrés;  par  M.  D.-J.  Sanchez-Trapero.  Madrid,  1866; 
in-8°. 

Ueber...  Sur  les  travaux,  concernant  les  sciences  naturelles,  de  la  Societas 
physica  Helvetica;  par  M.  F.  Burckhardt.  Bâle,  1867;  in-8°. 

Die...  La  découverte  du  thermomèlr e  et  sa  configuration  au  XV IIe siècle;  par 
M.  F.  Burckhardt.  Bâle,  1867;  '"-4". 

La  triangulation  des  environs  de  Berlin,  publiée  par  le  Bureau  de  triangu- 
lation. Berlin,  1867;  in-4°. 


(     2  20    ) 

PUBLICATIONS    PERIODIQUES    REÇUES    PAR    l'aCADEMIE    PENDANT 
LE    MOIS    DE     JUILLET     1867. 

Annales  île  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  CHEVREUL,  Dumas,  Pelouze, 
Roussingault,  Regnault  ;  avec  la  collaboration  de  M.  Wurtz;  juin  et 
juillet  1867;  in-8°. 

Annales  de  V 'Agriculture  française  ;  n°  ta,  1867;  in-8°. 
Annales  de  la  Propagation  de  la  foi;  juillet  1867;  in-12. 
Annales  de  la  Société  d' Hydrologie  médicale  de  Paris;  comptes  rendus  des 
séances,  1  Ie  livraison  ;  1867;  in-8°. 

Annales  du  Génie  civil;  juillet  1867;  in-8°. 

Annales  météorologiques  de  l'Observatoire  de  Bruxelles;  n°  6,  1867;  in-4°. 
Annuaire  de  la  Société  Mctéorologi/pie  de  France,-  feuilles  1   à  1  1,  t.  XIII; 
feuilles  1  à  10,  t.  XV;  1867;  in-8°. 

Bibliothèque  universelle  et  Bévue  suisse.  Genève,  h°  1  i/j,  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  nos  des  3o  juin  et  i5  juil- 
let 1867;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  nos  5  et  6,   1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  académique  d'Agriculture,  Belles-Lettres,  Sciences  et 
Arts  de  Poitiers  ;  nos  1 1 5  et  1 16,   1 867  ;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  la  Saillit, 
2e  série,  t.  II,  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  l'industrie  nationale;  mai 
1867;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géot/raphie;  juin   1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  juin  et  juillet  1867; 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France;  feuilles  17  à  24,  1867;  in-8°. 

(La  suite  du  Bulletin   ou  prochain  numéro.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    LACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  5  AOUT  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE.  —  La  cause  et  l'explication  du  phénomène  des  taches  doivent-elles 
être  cherchées  en  dehors  de  la  surface  visible  du  Soleil?  par  M.  Faye. 

«  Il  y  a  six  mois,  un  savant  illustre  a  adressé  sur  ce  sujet  à  l'Académie 
une  Lettre  à  laquelle  j'ai  essayé  de  répondre,  séance  tenante  (i),  avant  de 
quitter  Paris  pour  un  long  voyage.  Depuis  mon  retour  j'ai  relu  cette  ré- 
ponse, et  tout  en  trouvant  bien  suffisantes  ies  simples  remarques  que  j'ai 
opposées  à  l'hypothèse  propre  de  M.  Rirchhoff,  il  m'a  paru  qu'il  me  restait 
quelque  chose  d'essentiel  à  dire  sur  son  objection.  C'est  ce  que  je  désire 
faire  aujourd'hui  :  personne  ne  s'étonnera  qu'avec  un  tel  adversaire  il  faille 
s'y  reprendre  à  deux  fois. 

»  Cette  objection,  déjà  formulée  il  y  a  deux  ans  par  les  astronomes  an- 
glais, revêt  un  grand  intérêt  quand  on  en  considère  les  conséquences.  Au 
fond  il  s'agit  ici  de  deux  systèmes  diamétralement  opposés,  l'un  s'efforçant 
de  rattacher  les  phénomènes  superficiels  du  Soleil  à  des  causes  internes, 
prises  dans  sa  masse  même  et  dans  son  mode  intime  de  refroidissement; 
l'autre  cherchant  ces  causes  en  dehors  de  la  photosphère.  Le  premier  se 
présente  naturellement  à  l'esprit  quand  on  prend  pour  objectif  l'énormité 


(  i  )    Séance  du  4  mars  dernier. 

C.  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  iN°  C.)  20, 


(     W2.     ) 

et  la  constance  séculaire  de  la  radiation  solaire.  Le  second,  c'est-à-dire 
1  hypothèse  des  causes  externes,  est  une  simple  conséquence  de  l'objection 
dont  nous  allons  nous  occuper.  INul  esprit,  en  effet,  ne  s'aviserait  d'aller 
chercher  au  loin,  à  grand  renfort  d'imagination  et  d'analogies  douteuses,  la 
cause  des  phénomènes  grandioses  de  la  photosphère,  s'il  ne  s'était  tout 
d'abord  laissé  détourner  de  l'idée  des  causes  internes  par  une  objection  qui 
lui  aura  paru  fondamentale  et  décisive.  Je  me  propose  donc  d'examiner 
cette  objection  en  elle-même,  puis  les  hypothèses  auxquelles  elle  a  donné 
lieu  récemment  en  Angleterre  pour  remplacer  celle  de  M.  Kirchhoff.  Cet 
examen  sera  uniquement  basé  sur  des  faits.  Si  ma  discussion  atteint  son 
but,  elle  aura  l'avantage  de  montrer  clairement  les  voies  que  la  science 
doit  éviter  et  celle  où  elle  a  chance  d'arriver  peu  à  peu  à  la  vérité. 

»  Voici  d'abord  l'objection  du  savant  allemand  :  «  M.  Faye  se  figure  le 
»  noyau  qui  est  entouré  par  la  photosphère  aussi  chaud,  plus  chaud  même 
»  que  la  photosphère,  mais  obscur.  Pour  lui  ce  noyau  est  gazeux;  eu  égard 
»  au  faible  pouvoir  émissif  des  gaz,  M.  Faye  regarde  ces  deux  propriétés 
»  comme  compatibles  dans  le  noyau  gazeux  du  Soleil.  En  réalité  eilessonl 
»  incompatibles,  quel  que  soit  l'état  d'agrégation  du  Soleil.  De  la  relation 
»  existant  entre  le  pouvoir  émissif  et  le  pouvoir  absorbant  des  corps,  il  ré- 
»  suite  d'une  manière  absolument  certaine  que,  alors  qu'en  réalité  la  lumière 
»  émise  par  le  noyau  solaire  est  invisible  pour  notre  œil,  ce  noyau,  quelle 
»  que  soit  d'ailleurs  sa  nature,  est  parfaitement  transparent,  de  manière  que 
»  nous  apercevrions,  par  une  ouverture  située  sur  la  moitié  de  la  photo- 
»  sphère  tournée  de  notre  côté,  au  travers  de  la  masse  du  noyau  solaire, 
»  la  face  interne  de  l'autre  moitié  de  la  photosphère,  et  que  nous  perce- 
»   vrions  la  même  sensation  lumineuse  que  s'il  n'y  avait  pas  d'ouverture.  » 

»  Il  suffira,  je  crois,  d'indiquer  un  point  faible  de  ce  raisonnement. 
Pour  qu'un  rayon  émis  par  la  face  interne  de  la  photosphère,  sous  une  in- 
cidence quelconque,  parvienne  à  l'œil  de  l'observateur,  ce  n'est  pas  assez, 
comme  l'admet  M.  Kirchhoff,  que  la  masse  interne  soit  parfaitement 
transparente  :  il  faut  encore  qu'elle  ait  partout  la  même  densité.  Or  la 
densité  moyenne  du  Soleil  étant  un  peu  plus  grande  que  celle  de  l'eau,  et 
celle  de  ses  couches  extrêmes  n'étant  pas  beaucoup  plus  grande  que  celle 
de  notre  air  (i),  il  en  résulte  que  la  densité  va  en  croissant  rapidement  vers 
le  centre,  et  qu'elle  est  là  supérieure  à  la  densité  moyenne,  c'est-à-dire  à 

(i)  foir  mes  recherches  sut  lu  réfraction  solaire,  Comptes  rendus-  des  séances  du  26  mars 
et  du  3o  juillet  1866. 


(     223    ) 

celle  de  l'eau.  Par  conséquent  cette  densité  centrale  doit  être  plusieurs 
centaines  ou  même  plusieurs  milliers  de  fois  supérieure  à  celle  de  la  couche 
superficielle  où  se  forme  la  photosphère.  Ce  milieu  diffère  donc  considé- 
rablement en  réalité  du  milieu  supposé  tacitement  par  l'objection,  et  c'est 
une  question  de  savoir  si  un  tel  milieu  laissera  sortir  les  rayons  qui  sont 
censés,  à  première  vue,  le  traverser  de  part  en  part.  Pour  en  juger,  pre- 
nons dans  la  Mécanique  céleste  l'équation  différentielle  de  la  trajectoire 
lumineuse  clans  un  milieu  gazeux  formé  de  couches  sphériques,  homogènes 
et  concentriques,  dont  la  densité  varie  avec  la  profondeur, 

cdr 

dv  = — , 

où  (p  représente  le  pouvoir  réfringent  variant  avec  le  rayon  r  et  q2  une 
constante  annexée  à  l'intégrale.  Supposons,  uniquement  pour  fixer  les 
idées,  que  ce  pouvoir  soit  inversement  proportionnel  au  cube  du  rayon  : 
le  dénominateur  pourra,  à  certaines   conditions,   se  réduire   à   r2\Jq3  ei 

l'équation  de  la  trajectoire  se  réduira  elle-même  à  v  = h  const.  Ainsi, 

dans  ce  cas  spécial,  la  trajectoire  lumineuse,  au  lieu  de  sortir  de  la  photo- 
sphère, se  rapprocherait  indéfiniment  du  centre.  Cet  exemple,  si  particu- 
lier qu'il  soit,  ne  paraîtra  pas  excessif  si  l'on  veut  bien  se  rappeler  que,  dans 
notre  propre  atmosphère,  une  modification  très-faible  et  même  réalisable 
dans  la  succession  des  densilés  suffirait  pour  qu'un  rayon  parvenu  sous 
une  faible  obliquité  dans  une  couche  quelconque  continuât  à  s'y  mouvoir 
indéfiniment  sans  pouvoir  en  sortir.  M.  Biot  a  même  montré,  dans  un 
Mémoire  déjà  ancien,  mais  bien  connu  des  physiciens  (i),  qu'il  existe  une 
infinité  de  manières  d'obtenir  ce  résultat,  et  il  s'en  est  servi  pour  expliquer 
divers  phénomènes  atmosphériques  dont  on  n'avait  pas  la  clef  avant  lui. 
Si  donc  on  considère  que  tous  les  rayons  émis  vers  l'intérieur,  par  la  face 
interne  de  la  photosphère,  commencent  toujours  par  s'infléchir  vers  le 
centre  et  arrivent  ainsi  à  quelque  couche  plus  ou  moins  profonde  sous  une 
incidence  rasante,  il  paraîtra  qu'au  lieu  d'être  en  droit  d'affirmer  que  ces 
rayons  parviendraient  à  notre  œil  avec  tout  leur  éclat,  à  travers  l'immense 
masse  du  Soleil,  il  faudrait  au  contraire  nous  faire  voir  comment  ils  pour- 
raient en  sortir.  M.  Kirchhoff  me  paraît  avoir  simplement  négligé  le  fait 
capital  et  caractéristique  de  la  constitution  du  Soleil. 

(i)   Mémoires  de  la  première  classe  de  l'Institut,   1808. 

29 .. 


(     ™\    ) 

»  Examinons  maintenant  les  conséquences  de  l'objection  ;  c'est 
M.  Kirchhoff  lui-même  qui  les  tire  :  «  Quelle  que  soit  la  constitution 
»  du  Soleil,  les  taches  ne  peuvent  s'expliquer  que  par  un  abaissement 
»  local  de  température  approchant  ou  dépassant  la  limite  de  l'incandes- 
»  cence  (i).  »  Or  la  masse  interne  ne  peut  donner  lieu  à  un  refroidisse- 
ment local  :  c'est  donc  hors  de  la  photosphère  qu'il  faut  chercher  la  cause 
des  taches. 

»  Qu'y  a-t-il  hors  de  la  surface  visible  du  Soleil?  Pas  autre  chose  que 
l'atmosphère  du  Soleil,  un  peu  de  matière  cométaire  ou  météorique,  et  les 
planètes. 

»  Du  rôle  attribué  à  l 'atmosphère  du  Soleil  dans  la  production  et  les  mouve- 
ments des  taches.  —  Il  pourrait  s'y  former,  selon  M.  Kirchhoff,  des  courants 
horizontaux  ;  selon  les  astronomes  anglais  de  l'Observatoire  de  Kew,  des 
courants  verticaux  (2).  La  première  hypothèse,  suivant  laquelle  il  se  formerait 
localement  des  nuages  de  condensation  à  la  rencontre  de  courants  opposés 
d'inégale  température,  nuages  qui  produiraient  les  taches,  a  été  suffisam- 
ment discutée;  j'ose  espérer  que  le  savant  auteur  de  cette  tentative  a  renoncé 
lui-même  à  la  soutenir.  Quant  à  la  seconde  hypothèse,  actuellement  en 
faveur  en  Angleterre,  nous  allons  la  comparer  aux  faits.  On  suppose  que 
des  courants  verticaux  venant  à  se  former  dans  l'atmosphère  entraînent 
jusque  sur  la  face  brillante  du  Soleil  des  matériaux  froids  enlevés  aux  cou- 
ches extrêmes  et  y  produisent  des  extinctions  locales.  Je  ne  m'arrêterai 
pas,  non  plus  que  tout  à  l'heure,  à  opposer  à  cette  hypothèse  la  constitu- 
tion même  de  la  photosphère,  c'est-à-dire  ces  espaces  noirs  qui  séparent 

(1)  On  sait  aujourd'hui  que  la  photosphère  est  loin  d'être  continue  :  elle  se  compose  de 
très-petits  amas  de  matière  incandescente  séparés  par  des  intervalles  obscurs  très-sensililes. 
C'est  l'irradiation  qui  produit  l'illusion  de  la  continuité.  Or  ces  intervalles  obscurs  sont  tout 
à  fait  analogues  aux  taches;  il  faudrait  donc  qu'ils  fussent  produits  par  le  même  procédé 
d'extinction  locale.  D'autre  part,  les  taches  elles-mêmes  sont  souvent  traversées  par  des  filets 
lumineux  ou  par  des  amas  très-brillants  de  matière  photosphérique  passant  au-dessus,  en 
plein  abaissement  local  de  température  :  ces  filets,  ces  amas  si  brillants  devraient  donc  y 
subir  les  premiers  l'extinction  qu'on  suppose  s'exercer  localement  sur  la  photosphère.  Mais 
je  n'ai  pas  l'intention  de  produire  ici  tous  les  faits  contraires  à  l'idée  que  je  discute  :  je  me 
contente  d'en  faire  ressortir  et  apprécier  le  plus  simplement  possible  la  conséquence  la 
plus  saillante. 

(2)  Les  astronomes  anglais  ont  adopté,  je  crois,  ces  courants  verticaux  pour  rendre 
compte  de  la  profondeur  des  taches,  tandis  que  M.  Kirchhoff,  qui  n'avait  pas  pensé  sans 
doute  à  celte  condition-là,  avait  été  conduit  à  supposer  des  courants  horizontaux,  l'un  po- 
laire, l'autre  équatorial,  par  analogie  avec  ce  qui  se  passe  dans  notre  propre  atmosphère. 


(  ii5  ) 
les  points  lumineux  et  qui  offrent  assez  bien  en  petit  l'aspect  des  taches 
elles-mêmes,  ni  ces  ponts  lumineux  qui  passent  au-dessus  des  taches,  et  qui 
devraient  être  les  premiers  à  s'éteindre  en  pénétrant  dans  le  courant  froid  : 
je  me  bornerai  à  la  loi  du  mouvement  des  taches,  laquelle  est  indépen- 
dante de  toute  théorie.  Cette  loi  est  pour  les  taches  ordinaires  : 

,.  i   •       (   =  i4°j2q  —  an,62siir). 

Mouvement  diurne  angulaire  {  • 

b  \  =  1 1°,67  +  2°,62cos2X. 

»  S'il  s'agit  de  la  première  tache  d'un  groupe  en  voie  de  formation,  on  a 
[Compte  rendit  du  4  mars  1867,  p.  3y5) 

Mouvement  propre  angulaire  =  1  i°,6y  -f-  2°,62  cos'->.  -t-  i°J'(t), 

f[t)  étant  une  fonction  inconnue  qui  se  réduit  à  1  ou  2  au  début  de  l'ap- 
parition, et  à  zéro  au  bout  de  quelques  jours. 

»  Les  courants  atmosphériques  descendants  apportent  avec  eux  un  excès 
de  vitesse  linéaire  dans  le  sens  de  la  rotation  générale,  et  cet  excès  impri- 
mera aux  taches  un  excès  de  vitesse  angulaire  correspondant  aux  termes 
variables  de  la  loi  ci-dessus.  Le  moins  qu'on  puisse  faire  en  raisonnant 
toujours  dans  cet  ordre  d'idées,  c'est  d'attribuer  à  la  photosphère  comme  à 
la  masse  entière  du  Soleil  une  rotation  générale  de  n°,67  par  jour,  et  aux 
taches  l'excès  de  2°,62  cos2X,  avec  1  ou  2  degrés  eu  plus  s'il  s'agit  de  la  pre- 
mière tache  d'un  groupe  pris  à  son  début.  Cet  excès  doit  donc  aller  sou- 
vent, pour  les  taches  voisines  de  l'équateur,  à  4°)62,  c'est-à-dire  à  -ffî=  ou 
à  plus  de  j  de  la  vitesse  de  rotation  du  Soleil.  Un  pareil  excès  répond  à 
une  hauteur  de  chute  de  plus  de  ±  du  rayon  solaire;  en  d'autres  termes,  ce 
serait  à  une  hauteur  égale  à  plus  du  tiers  de  ce  rayon  qu'il  faudrait  aller 
chercher  la  couche  atmosphérique  dont  l'excès  de  vitesse  linéaire  (sur  la 
zone  inférieure  de  la  photosphère)  expliquerait  le  mouvement  en  avant 
des  taches. 

»  Ce  n'est  pas  tout  :  une  portion  de  la  couche  extrême  de  l'atmosphère 
ne  saurait  tomber  sur  la  surface  visible  du  Soleil  avec  tout  son  excès  de 
vitesse  linéaire  de  rotation  :  en  traversant  les  couches  sous-jacentes,  sur 
une  épaisseur  de  plus  de  5oooo  lieues  (le  tiers  du  rayon),  cette  portion 
refroidie  tendra  à  perdre  peu  à  peu  son  excès  de  vitesse  et  n'arrivera 
au  sol  éblouissant  qu'avec  une  petite  fraction  de  l'excès  primitif.  Con- 
cluons donc,  sans  nous  arrêter  à  d'autres  difficultés,  que  la  hauteur  d'où 
ces  masses  doivent  tomber  est  nécessairement  beaucoup  plus  grande  que  le 
tiers  du  rayon  solaire,  ce  qui  nous  amène  à  supposer  autour  du  Soleil  une 
atmosphère  gigantesque. 


(     226    ) 

»   Une  telle  atmosphère  n'existe  pas. 

»  Si  elle  existait,  elle  produirait  îles  réfractions  considérables;  or  on 
n'en  a  jamais  pu  trouver  la  moindre  trace  dans  les  mouvements  des  taches 
les  mieux  étudiées  et  les  plus  régulières. 

»  Si  elle  existait,  elle  aurait  intercepté  toutes  les  comètes  à  courte  dis- 
tance périhélie;  ces  comètes,  en  pénétrant  dans  celte  gigantesque  atmo- 
sphère, y  eussent  subi  le  sort  des  étoiles  filantes  qui  viennent  heurter  la 
nôtre. 

»  Si  elle  existait,  on  la  verrait  dans  les  éclipses  totales;  or  on  ne  la  voit 
pas  :  l'auréole,  ou  la  gloire  des  éclipses,  ne  ressemble  nullement  à  une  at- 
mosphère, comme  on  peut  aisément  s'en  convaincre  en  parcourant  les  des- 
sins si  variés  qu'en  ont  faits  les  observateurs. 

»  Ici  je  demande  à  faire  une  courte  digression  pour  montrer  qu'il  est 
facile  aujourd'hui  de  se  rendre  compte  de  ces  mystérieuses  auréoles  des 
éclipses,  avec  leurs  panaches,  leurs  rayons  aussi  mêlés  qu'un  écheveau  em- 
brouillé, leurs  appendices  en  forme  de  lyre  ou  d'aigrettes,  leurs  faisceaux  de 
rayons  qui  divergent  en  forme  de  paraboles,  ou  convergent  en  forme  de 
cônes  droits  et  obliques,  etc.  S'il  n'existe  pas  autour  du  Soleil  d'atmosphère 
gigantesque  faisant  corps  avec  lui,  pesant  sur  lui,  tournant  avec  lui,  en 
revanche,  l'espace  circumsolaire  es!  peuplé  de  courants  de  matière  très- 
rare,  de  nébulosités  impalpables  circulant  suivant  les  lois  de  Kepler,  tout 
comme  les  planètes  ou  plutôt  les  comètes.  Ce  sont  des  courants  de  ce  genre 
que  la  Terre  traverse  à  certaines  dates  fixes,  et  qui,  d'après  les  récentes  dé- 
couvertes de  M.  Schiaparelli  et  de  M.  Le  Verrier,  produisent  les  flux  pério- 
diques des  étoiles  filantes.  Si  l'on  a  pu  compter  déjà  une  centaine  de  ces 
courants  dans  l'étroite  bande  que  la  Terre  parcourt  annuellement,  com- 
bien n'y  en  a-t-il  pas  dans  le  vaste  espace  qui  nous  sépare  du  Soleil!  Eh 
bien,  cette  matière  ténue,  filant  dans  toute  sorte  d'orbites  directes  ou  ré- 
trogrades, inclinées  de  toutes  les  manières  possibles  sur  l'écliptique,  ayant 
toutes  les  distances  périhélies  imaginables,  depuis  l'unité  jusqu'au  rayon 
de  la  dernière  couche  du  Soleil,  cette  matière,  dis-je,  est  aussi  bien  illu- 
minée par  le  Soleil  que  les  comètes  elles-mêmes.  Là  où  ces  courants  se 
resserrent  et  se  superposent  optiquement  en  se  croisant,  pour  notre  œil, 
dans  tous  les  sens,  près  du  Soleil  en  un  mot,  la  perspective  très-compli- 
quée qu'ils  dessinent  sur  la  voûte  céleste  pendant  les  éclipses  doit  ressem- 
bler très-bien  aux  dessins  des  auréoles  dont  je  viens  de  parler.  Telle  est 
l'explication  toute  naturelle  que  les  derniers  progrès  de  la  science  nous 
suggèrent  pour  cette  auréole  si  singulière,  si  changeante,  et  jusqu'à  présent 


(  «7  ) 
si  mystérieuse  (  i  );  mais  rien  ne  ressemble  moins  à  une  atmosphère  que  ces 
rares  matériaux  cosmiques.  La  lumière  qu'ils  nous  renvoient  peut  et  doit 
être  polarisée  par  réflexion  (Prazmowski),  mais  à  coup  sûr  ils  ne  sauraient 
dévier  les  rayons  qui  les  traversent  comme  le  ferait  une  atmosphère  quel- 
conque. Ils  peuvent  agir  à  la  longue  sur  les  mouvements  des  comètes 
(Encke),  mais  non  les  intercepter.  Enfin  ils  circulent  autour  du  Soleil,  mais 
à  coup  sur  ils  ne  tournent  pas  avec  lui,  ne  pèsent  pas  sur  lui,  et  ne  peuvent 
en  aucun  cas  tomber  sur  sa  surface  en  manière  de  courants  verticaux,  de 
tourbillons  ou  de  cyclones. 

»   Passons  à  la  seconde  série  de  matériaux  extérieurs  à  la  photosphère. 

»  Du  rôle  des  planètes  et  de  leurs  aspects  dans  la  formation  des  taches.  — 
Personne  plus  que  moi  n'estime  les  travaux  des  astronomes  de  Rew,  et  les 
trésors  d'observation  qu'ils  amassent  pour  l'avenir  de  la  science;  qu'ils 
me  permettent  néanmoins  de  différer  d'opinion  avec  eux  sur  quelques  par- 
ties de  leurs  savantes  recherches  de  physique  solaire.  Quand  un  phénomène 
offre  une  périodicité  bien  accusée,  par  cela  même  il  donne  quelque  prise 
sur  lui,  au  moins  indirectement;  car,  en  l'absence  de  toute  autre  ressource, 
on  peut  toujours  chercher  si  d'autres  phénomènes  ne  présenteraient  pasla 
même  période,  et,  en  cas  de  succès,  prononcer  que  ces  deux  ordres  de  faits 
dépendent  de  la  même  cause.  Tel  a  été  le  cas  des  marées  et  des  passages  de 
la  Lune  au  méridien.  Mais,  pour  que  la  conclusion  soit  légitime,  il  faut 
qu'il  y  ait  coïncidence  étroite  entre  les  périodes  moyennes,  autrement  il  n'y 
a  rien  à  tirer  d'un  tel  rapprochement  à  posteriori.  Employons  cette  règle, 
que  je  crois  ici  d'application  stricte,  pour  le  cas  qui  nous  occupe.  La  période 
des  taches,  découverte  par  M.  Schwabe,et  si  savamment  établie  par  M.Wolf, 
de  Zurich,  a  pour  valeur  moyenne  1 13"5, 1 1  ;  celle  de  Jupiter  est  de  i  iani,8622. 
Je  ne  vois  pas  ce  que  l'on  peut  tirer  de  ce  rapprochement  :  après  une  coïnci- 
dence plus  ou  moins  prolongée  entre  les  taches  et  certaines  positions  de 
Jupiter  (le  périhélie,  par  exemple),  le  désaccord  devient  inévitable.  De  même 
les  astronomes  de  Kew  ont  trouvé  que  la  superficie  occupée  par  les  taches 
sur  le  disque  visihle  du  Soleil  varie  assez  régulièrement  avec  le  temps,  et  a 
présenté  une  période  de  18  à  12  mois  pendant  les  années  d'observation 
qu'ils  possèdent.  Or  la  révolution  synodique  de  Vénus  est  de  i9mol9,465; 
nous  sommes  loin  d'une  coïncidence,  et,  par  suite,  nous  ne  saurions 
conclure  avec  les  savants  anglais  que  les  retours  de  la  Terre  et  de  Vénus 

(1)  Voir,  à  ce  sujet,  mon  deuxième  article  Sur  les  caractères  gén'éraux  du  phénomène  des 
étoiles  filantes,  séance  tlu  18  mars  1867,  p.  555. 


(     228    ) 

aux  mêmes  positions  relatives  nient  de  l'influence  sur  la  formation  des  taches 

«lu  Soleil. 

r,  Ce  n'est  pas  à  dire  que  la  méthode  en  question  doive  toujours  être 
prise  à  la  rigueur  et  que  de  simples  approximations  dans  l'égalité  des  pé- 
riodes soient  toujours  à  rejeter.  Il  en  serait  autrement  si  l'on  avait  à  priori 
quelque  raison  de  soupçonner  une  dépendance  quelconque  entre  les  deux 
phénomènes  considérés  :  on  serait  alors  en  droit,  pour  confirmer  ce  soup- 
çon, de  se  contenter  d'une  simple  ressemblance,  quitte  à  établir  plus  tard 
l'égalité  effective  des  périodes  comparées.  Mais  ici  nous  ne  sommes  point 
dans  ce  cas,  attendu  qu'il  est  impossible  de  soupçonner  à  priori  la  moindre 
connexion  entre  les  taches  et  les  aspects  des  planètes.  Serait-ce  l'attraction? 
Mais  Jupiter  et  Vénus  ne  produisent  pas  sur  le  Soleil  des  marées  de  plus  de 
i  centimètre(i).  Serait-ce  la  chaleur?  Mais  à  titre  d'écran  capable  d'affecter 
la  libre  radiation  solaire  vers  l'espace,  toutes  les  planètes  réunies  n'offrent 
pas,  vues  du  Soleil,  une  surface  de  i  minute  carrée,  tandis  que  l'espace 
libre  en  comprend  plus  de  148  millions.  Je  ne  parle  pas  de  l'électricité,  du 
magnétisme  et  de  toutes  les  forces  que  l'action  du  Soleil  éveille  sur  nos 
planètes,  et  dont  la  réaction  sur  le  Soleil  lui-même  doit  être  totalement 
insensible. 

»  Enfin  ces  matières  cométaires,  dont  les  éclipses  totales,  d'accord  avec 
le  phénomène  merveilleux  des  étoiles  filantes,  décèlent  l'existence  autour 
du  Soleil,  ne  pourraient-elles,  en  heurtant  cet  astre,  produire  les  taches? 
Assurément  non,  car,  s'il  arrivait  un  tel  conflit,  ce  ne  serait  pas  du  froid  et 
de  l'obscurité  qui  en  résulteraient,  mais  bien  de  la  chaleur  et  de  la  lumière. 

»  Nous  venons  d'épuiser  tout  ce  qui  existe  hors  de  la  photosphère,  et 
nous  n'avons  rencontré  que  des  hypothèses  ou  gratuites,  ou  impossibles. 
Le  raisonnement  de  M.  Rirchhoff  n'est  donc  pas  admissible,  puisqu'il  nous 
conduit  à  chercher  les  causes  là  où  elles  ne  sont  certainement  pas,  c'est-à- 
dire  hors  de  la  photosphère.  Quanta  la  théorie  opposée,  celle  des  causes  in- 
ternes, elle  n'a  pas  encore,  que  je  sache,  rencontré  la  contradiction  d'un 
seul  fait  (  ce  qui  ne  veut  pas  dire  assu  rémen  t  que  je  sois  parven  u  à  les  expliquer 
tous).  Sa  formule  est  celle-ci  :  étudier  le  Soleil,  c'est  étudier  une  des  phases 
successives  (la  plus  frappante  certainement)  que  présente  le  refroidissement 
continu  d'une  masse,  gazeuse  portée  primitivement  à  une  température  de 


(i)  Le  calcul  en  a  été  fait  par  M.  Hoek,  d'Utrecht,  à  l'aide  des  formules  de  mon  savant 
ami  M.  Roche,  de  Montpellier.  Voir  le  numéro  du  8  mars  dernier  des  ùionthly  Notices  of 
tlie  royal  Astron.  Society,  p.  210. 


(  "9  ) 
dissociation  complète,  et  animée  d'un  mouvement  de  rotation.  Quant  à  la 
méthode,  elle  consiste  principalement  à  étudier  les  phénomènes  mécaniques 
de  cette  masse  d'après  les  mouvements  si  remarquablement  réglés  qui  se 
produisent  à  sa  surface.  Notre  beau  problème  se  trouve  ainsi  ramené  à  une 
question  de  mesures  et  de  calcul,  voie  un  peu  lente  qui  comporte  les 
épreuves  les  plus  délicates  pour  une  théorie,  mais  qui  nous  offre  en 
échange  les  chances  les  plus  sérieuses  de  découvertes  réelles.  C'est  pourquoi 
j'oserai  adresser  aux  savants  astronomes  de  Rew  l'instante  prière  de 
publier  aussitôt  que  possible  le  trésor  des  observations  photographiques  et 
des  mesures  qu'ils  ont  recueillies  depuis  tant  d'années  avec  un  zèle  et  une 
persévérance  si  louables.  Cette  publication,  destinée  à  continuer  l'œuvre 
capitale  de  M.  Carrington  que  l'Académie  a  si  justement  couronnée  il  y  a 
trois  ans,  aurait  certainement  une  influence  décisive  sur  les  progrès  de 
la  physique  solaire.    » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  qui  sera  chargée  de  décerner  le  prix  de  Physiologie  expéri- 
mentale (fondation  Montyon)  pour  1867. 

MM.  Longet,  Milne  Edwards,  Ch.  Robin,  Cl.  Bernard,  de  Quatrefages 
réunissent  la  majorité  des  suffrages. 

MÉMOIRES  LUS. 

mécanique.    —  Sur  tes  groupes  de  mouvements  ;  par  M.  C.  Jordan. 
(Commissaires  :  MM.   Chasles,  Bertrand,  Delafosse.) 

«  On  sait  que  tout  déplacement  d'un  corps  solide  dans  l'espace  est  un 
mouvement  hélicoïdal;  et,  deux  semblables  mouvements  étant  donnés, 
on  construira  aisément  le  mouvement  résultant,  qui  sera  lui-même  héli- 
coïdal. 

»  Je  viens  de  résoudre  à  ce  sujet  le  problème  suivant,  dont  M.  Bravais 
avait  déjà  traité  plusieurs  cas  importants  dans  ses  Eludes  cristallograpliiques  : 

»  Déterminer  un  groupe  de  mouvements  tels,  que  deux  mouvements  du  groupe 
aient  pour  résultant  un  troisième  mouvement  faisant  lui-même  partie  du  groupe. 

»   Il  est  aisé  de  voir  que  ce  problème  est  identique  au  fond  avec  celui  de 

C.  R. ,  1867,  2e  Semestre.   (T.  LXV     N»  G.)  3o 


(  23o  ) 
la  symétrie  géométrique.  En  effet,  imaginons  une  molécule  M  située  d'une 
manière  quelconque  dans  l'espace;  soient  M',  M",...,  d'autres  molécules 
identiques,  occupant  les  diverses  positions  où  M  serait  amenée  par  les  divers 
mouvements  d'un  même  groupe  :  chacun  de  ces  mouvements  superposera 

à  lui-même  le  système  des  molécules  M ,  M',  M", Le  problème  pourrait 

donc  être  mis  sous  cet  autre  énoncé  : 

»  Déterminer  tous  les  systèmes  de  molécules  qui  soient  superposables  à  eux- 
mêmes  de  plusieurs  manières  différentes. 

»  La  proposition  la  plus  essentielle  et  la  plus  délicate  à  établir  dans  cette 
recherche  est  la  suivante  : 

»  Soient  P  et  P'  deux  mouvements  choisis  à  volonté.  On  pourra  en  gé- 
néral, et  sauf  quelques  exceptions,  obtenir  un  mouvement  quelconque  par 
une  combinaison  convenable  des  deux  mouvements  P  et  P'. 

»  Il  résulte  de  cette  proposition  que  les  groupes  cherchés,  dont  le  nombre 
est  évidemment  illimité,  se  réduisent  pourtant  à  un  nombre  limité  de  types 
distincts.  Ces  types  sont  au  nombre  de  1 74,  parmi  lesquels  il  en  est  i~i  par- 
ticulièrement remarquables,  que  l'on  peut  appeler  groupes  principaux,  et 
dont  voici  l'énumération  : 

»   Premier  groupe.  —  Il  contient  tous  les  mouvements  possibles 

»  Deuxième  groupe.  —  Il  contient  toutes  les  rotations  possibles  autour 
d'un  point. 

»  Troisième  groupe.  —  Il  contient  les  it\  mouvements  qui  superposent  à 
lui-même  un  octaèdre  régulier. 

»  Quatrième  groupe.  —  Il  contient  les  60  mouvements  qui  superposent  à 
lui-même  un  icosaèdre  régulier. 

»  Cinquième  groupe.—  Il  contient  les  mouvements  du  quatrième  groupe, 
joints  à  toutes  les  translations  possibles. 

»  Sixième  groupe.  —  Ses  mouvements  résultent  de  la  combinaison  de 
trois  translations  distinctes  t,  t,,  ?,,  non  situées  dans  le  même  plan. 

»  Septième  groupe.  —  Ses  mouvements  superposent  à  lui-même  un  assem- 
blage cubique,  et  résultent  de  trois  rotations  de  90  degrés,  exécutées  autour 
de  trois  axes  concourants  rectangulaires,  et  de  trois  translations  de  même 
longueur  Q,  respectivement  parallèles  à  ces  trois  axes. 

»  Huitième  groupe.  —  Ses  mouvements  résultent  d'une  rotation  binaire 
autour  d'un  axe  A,  combinée  à  deux  translations  distinctes  t  et  tt,  toutes 
deux  normales  à  A. 

»  Neuvième  groupe.  —  Il  s'obtient  en  combinant  les  mouvements  du  pré- 
cédent avec  une  translation  Q  parallèle  à  A. 


(    23l     ) 

»  Dixième  groupe.  —  Ses  mouvements  résultent  de  la  combinaison  d'un 
mouvement  hélicoïdal  quelconque  autour  d'un  axe  A,  avec  une  rotation 
binaire  autour  d'un  axe  B  qui  coupe  A  normalement. 

»  Onzième  groupe*  —  Il  se  déduit  du  précédent  en  supposant  que  le 
mouvement  hélicoïdal  autour  de  A  se  réduise  à  une  rotation  dont  l'ampli- 

tude  soit  égale  à  — '-■>  n  étant  un  entier. 

»  Douzième  groupe.  —  Il  est  formé  de  la  réunion  des  mouvements  des 
deux  groupes  précédents. 

»  Treizième  groupe.  —  Il  se  déduit  du  onzième,  en  supposant  que  le 
mouvement  hélicoïdal  se  réduise  à  une  translation  6. 

»  Quatorzième,  quinzième,  seizième  et  dix-septième  groupes.  —  Ils  s  ob- 
tiennent en  combinant  les  mouvements  des  quatre  groupes  précédents  avec 
l'ensemble  des  translations  perpendiculaires  à  A. 

«  Dix-huitième  groupe.  —  Ses  mouvements  résultent  de  la  combinaison 
de  rotations  binaires,  autour  de  trois  axes  rectangulaires  concourants  A,  B,  C, 
avec  des  translations  t  et  th  respectivement  parallèles  à  B  et  à  C.  Ils  super- 
posent à  lui-même  le  réseau  plan  rectangulaire  formé  sur  t  et  t,. 

»  Dix-neuvième  groupe.  —  Ses  mouvements  s'obtiennent  en  combinant 

ensemble  :  i°  une  rotation  d'amplitude^-  autour  d'un  axe  A;  2°  une  rota- 
tion binaire  autour  d'un  second  axe  B  qui  coupe  le  premier  normalement; 
3°  une  translation  t  parallèle  à  B.  Ils  superposent  à  lui-même  un  réseau  plan 
dont  la  maille  est  un  triangle  régulier  formé  sur  le  côté  t. 

»  Vingtième  groupe.  —  Ses  mouvements  s'obtiennent  en  combinant  en- 
semble :  i°  une  rotation  d'amplitude—  autour  de  A;  a°  une  rotation  binaire 

autour  de  B;  3°  une  translation  t  parallèle  à  B.  Ils  superposent  à  lui-même 
le  réseau  à  maille  carrée  formé  sur  le  paramètre  t. 

»  Vingt  et  unième,  vingt-deuxième  et  vingt-troisième  groupes.  —  Ils  s'ob- 
tiennent respectivement  en  combinant  aux  mouvements  des  trois  précé- 
dents une  nouvelle  translation  0  parallèle  à  A. 

»  La  plupart  des  23  groupes  que  nous  venons  d'énumérer  contiennent 

certains  paramètres,  -,  0,  t,  /,,  t2.  Quels  que  soient  les  systèmes  de  valeurs 

finies  que  l'on  donne  à  ces  paramètres,  le  type  du  groupe  ne  sera  pas  essen- 
tiellement changé;  mais  il  le  sera  si  l'on  suppose  ces  paramètres  infiniment 
petits.  On  obtiendra  par  là  de  nouveaux  groupes,  se  rattachant  très-natu- 
rellement aux  précédents. 

3o.. 


(    23»    ) 

»  Cela  posé,  ceux  des  i  74  groupes  qui  ne  sont,  ni  principaux,  ni  dérivés 
des  principaux  comme  il  vient  d'être  dit,  sont  tous  des  groupes  mérié- 
driques,  c'est-à-dire  contenant  une  fraction  déterminée  des  mouvements  de 
quelqu'un  des  précédents.  Ainsi,  le  groupe  des  il\  mouvements  qui  super- 
pose l'octaèdre  régulier  à  lui-même  contient  un  groupe  hémiédrique  formé 
des  1  2  mouvements  qui  superpose  le  tétraèdre  régulier  à  lui-même. 

»  On  peut  citer  encore,  comme  groupes  mériédriques  remarquables, 
ceux  qui  sont  contenus  dans  le  groupe  principal  qui  superpose  à  lui-même 
un  assemblage  cubique  :  ils  sont  à  eux  seuls  au  nombre  de  22.   » 

ZOOLOGIE.  —  Recherches  sur  l'organisation  du  Cryptoprocta  ferox  de  Mada- 
gascar; par  MM.  Alph.  Milne  Edwards  et  Alf.  Graxdidier.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Section  d'Anatomie  et  de  Zoologie.) 

«  Le  Cryptoprocta  ferox  était  complètement  inconnu  lorsqu'en  1 833  le 
zoologiste  anglais  Bennett  en  reçut  un  individu  sur  lequel  il  appela  l'at- 
tention des  naturalistes;  mais  cet  exemplaire  unique  était  tellement  jeune, 
qu'il  fut  impossible  de  bien  apprécier  ses  affinités  zoologiques,  car  le  sys- 
tème dentaire,  qui  est  d'un  si  grand  secours  pour  la  classification  des 
Mammifères,  n'avait  pas  encore  revêtu  chez  lui  sa  forme  définitive,  et  par 
conséquent  ne  fournissait  pas  les  caractères  qu'il  aurait  été  indispensable 
de  connaître.  Bennett  crut  devoir  ranger  cette  espèce  dans  la  famille  des 
Viverrides  à  côté  des  Paradoxures  et,  tout  en  indiquant  quelques  points  de 
ressemblance  avec  les  Félidés,  il  en  forma  le  genre  Cryptoprocta. 

»  Quelques  années  après,  M.  de  Blainville  obtint  de  la  Société  Zoolo- 
gique de  Londres  un  dessin  de  la  tète  osseuse  du  jeune  individu  dont  nous 
venons  de  parler,  et  il  le  fit  représenter  dans  le  bel  atlas  de  son  Ostéographie. 
L'étude  des  caractères  anatomiques  de  cette  pièce  l'amena  à  partager 
l'opinion  émise  précédemment  par  Bennett. 

»  Le  jeune  Cryptoprocta  dont  nous  venons  de  parler  est,  jusqu'à  présent, 
le  seul  individu  de  cette  espèce  que  l'on  ait  pu  observer.  Il  éiait  donc  d'un 
grand  intérêt  de  se  procurer  l'animal  adulte  et  surtout  d'avoir  son  squelette. 
Pendant  son  voyage  dans  le  sud-ouest  de  Madagascar,  l'un  de  nous  (1) 
a  pu  combler  cette  lacune,  car  non-seulement  il  a  rapporté  la  dépouille 
d'un  Cryptoprocta  adulte,  mais  il  a  aussi  préparé  deux  squelettes  de  cet 
animal.  Ces  nouveaux  matériaux  d'étude  nous  ont  montré  que  les  affinités 

(  1  )  Alfred  Grandidier. 


(  233  ) 
du  genre  Cryploprocla  ne  sont  pas  celles  que  l'on  admettait  généralement 
jusqu'ici.  Le  système  dentaire  de  l'adulte  prouve  que  ce  Carnassier  ne  peut 
prendre  place  à  côté  des  Viverrides;  en  effet,  ces  derniers  sont  caractérisés 
par  l'existence  de  deux  arrière-molaires  tuberculeuses  à  la  mâchoire  supé- 
rieure et  d'une  seule  à  la  mâchoire  inférieure.  Chez  le  Cryploprocta  la 
mâchoire  supérieure  ne  porte  qu'une  seule  de  ces  dents.  La  mâchoire  infé- 
rieure en  est  totalement  dépourvue. 

»  Les  incisives  sont,  comme  d'ordinaire,  au  nombre  de  six  ;  en  haut, 
celles  du  côté  externe  sont  très-fortes,  sans  atteindre  cependant  le  dévelop- 
pement qu'elles  acquièrent  chez  les  Hyènes;  mais  elles  sont  relativement 
aussi  grandes  que  dans  le  genre  Felis.  A  la  mâchoire  inférieure,  l'espace 
occupé  par  les  incisives  est  très-étroit,  et  ces  dents,  au  lieu  de  s'insérer  sur 
nne  seule  ligne  comme  chez  les  Viverrides,  les  Canidés  et  quelques  grands 
Chats,  sont  disposées  sur  deux  rangs,  les  secondes  étant  placées  notablement 
en  arrière  des  autres,  comme  chez  les  Fouines  et  les  Martres.  Ce  défaut 
d'alignement  se  voit  aussi  chez  quelques  espèces  de  Chats,  mais  dépend 
alors  d'une  disposition  différente;  car  les  secondes  incisives,  au  lieu 
d'être  situées  en  arrière  des  autres,  occupent  le  premier  rang. 

»  Les  canines  sont  grandes,  pointues,  très-solidement  implantées  dans 
les  maxillaires,  et  par  leur  forme,  ainsi  que  par  leur  direction,  elles  res- 
semblent à  celles  des  Félidés  plus  qu'à  celles  des  Viverrides. 

»  Il  existe  à  chaque  mâchoire  cinq  molaires  ainsi  réparties  : 

prémolaires  ■»»     carnassière-»    tuberculeuse-- 

Par  conséquent,  cette  formule  dentaire  ne  diffère  de  celle  des  Chats  que 
par  la  présence  d'une  prémolaire  supplémentaire  à  la  mâchoire  supérieure 
et  de  deux  à  la  mâchoire  inférieure.  Il  est  même  à  remarquer  que  celte 
différence  tend  à  s'effacer  par  les  progrès  de  lage,  car  en  haut,  aussi  bien 
qu'en  bas,  la  première  avant-molaire  tombe  peu  de  temps  après  son  appa- 
rition, son  alvéole  s'oblitère,  et,  chez  les  vieux  individus,  on  n'en  trouve 
plus  aucune  trace. 

»  Les  dents  carnassières  sont  tranchantes  et  comprimées  de  façon  à 
pouvoir  agir  l'une  sur  l'autre  comme  des  lames  de  ciseaux  et,  en  cela,  elles 
ont  un  aspect  tout  à  fait  félin  qui  dénote  des  mœurs  sanguinaires;  leur 
bord  préhensile  toujours  aiguisé  prouve  qu'elles  ne  servent  pas  à  briser  d'os, 
mais  seulement  à  couper  des  chairs  molles. 

»  La  carnassière  supérieure  porte  à  sa  partie  antérieure  et  interne  un 
tubercule  en  forme  de  talon  beaucoup  moins  fort  et  moins  bien  limité  que 


(     23/,     ) 

chez  les  Hyènes.  La  carnassière  inférieure  porte  en  arrière  un  talon  ana- 
logue, niais  bien  plus  petit  que  celui  des  Hyènes;  enfin  elle  ne  présente  au- 
cune trace  du  tubercule  interne,  qui  dans  ce  dernier  genre  donne  à  cette 
dent  un  aspect  très-particulier. 

»  L'arrière-molaire  ou  tuberculeuse  fournit,  comme  on  le  sait,  des  ca- 
ractères très-importants  pour  le  classement  méthodique  des  Carnassiers. 
Les  particularités  qu'elle  présente  chez  le  Oyptoprocte  indiquent  qu'elle 
n'avait  dans  la  mastication  qu'une  action  faible.  Elle  offre  en  effet  un  ca- 
chet tout  à  fait  félin  et  en  rapport  avec  les  habitudes  de  l'animal.  De  même 
que  chez  les  Chats,  elle  est  refoulée  en  dedans,  dirigée  transversalement  le 
long  du  bord  postérieur  de  la  voûte  palatine,  et  elle  forme  avec  la  carnas- 
sière un  angle  droit,  de  façon  à  se  trouver  entièrement  cachée  lorsque  l'on 
regarde  la  tête  de  côté.  Elle  est  petite,  élroite,  et  sa  couronne  faiblement 
bilobée  est  dirigée  très-obliquement  en  dedans,  particularité  qui  ne  se  re- 
trouve pas  chez  les  Hyènes. 

»  Nous  ne  pouvons  insister  ici  sur  les  caractères  que  nous  a  fournis  le 
reste  du  squelette,  il  nous  suffira  de  dire  qu'ils  concordent  avec  ceux  du 
système  dentaire,  ce  qui  nous  permet  d'établir  d'une  manière  précise  la 
place  que  le  genre  Cryploprocla  doit  occuper  parmi  les  Carnassiers.  Sa 
dentition  le  sépare  nettement  de  tous  les  représentants  du  groupe  des  Vi- 
verrides  et  indique  un  animal  à  habitudes  plus  féroces;  en  effet,  abstrac- 
tion faite  de  ses  dents  caduques,  s'il  avait  à  la  mâchoire  inférieure  une 
prémolaire  de  moins,  son  crâne  ne  différerait  en  rien  de  celui  des  Chats. 

»  Pour  le  classement  méthodique  de  l'ordre  des  Carnassiers,  les  zoolo- 
gistes accordent,  avec  raison,  une  grande  importance  au  nombre  et  à  la 
disposition  des  dents,  qui  offrent,  sous  ce  rapport,  une  constance  remar- 
quable chez  tous  les  membres  d'une  même  famille  naturelle.  Cependant 
on  doit  aussi  prendre  en  sérieuse  considération  la  conformation  de  l'ex- 
trémité des  membres.  Le  Cryploprocta  ferox  est  un  Carnassier  complètement 
plantigrade;  par  conséquent  on  doit  le  séparer  des  Chats  malgré  les  analo- 
gies qu'il  présente  avec  ces  derniers  au  point  de  vue  de  la  composition  de 
son  appareil  masticateur. 

»  Le  groupe  des  Félidés  est  peut-être  l'un  des  plus  naturels  du  règne 
animal  et  constitue  plutôt  un  grand  genre  qu'une  famille;  tous  ses  repré- 
sentants offrent  entre  eux  la  plus  grande  similitude,  et  on  lui  enlèverait 
son  caractère  naturel,  on  en  forcerait  aussi  les  limites,  si  on  introduisait 
dans  son  sein  un  animal  d'une  organisation  aussi  singulière  que  le  Cryplo- 
procta. 


(  *35  ) 
»  Ce  Carnassier  remarquable  devra  donc  former  un  groupe  particulier 
beaucoup  plus  rapproché  des  Chats  que  de  tous  les  autres  types  du  même 
ordre,  et  il  nous  semble  que  pour  représenter  d'une  manière  exacte  les 
rapports  zoologiques  qu'il  présente  avec  les  Félis,  il  serait  nécessaire  de  le 
réunir  à  ces  animaux  dans  une  même  tribu  qui  serait  ensuite  subdivisée  en 
deux  familles,  l'une  comprenant  les  Félins  digitigrades,  la  seconde  coin- 
posée  des  Félins  plantigrades  et  ne  renfermant  jusqu'à  présent  que  le  seul 
genre  Cryptoprocla  » . 

M.  Tkémaux  lit  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Causes  du  crétinisme  et 
des  actions  vitales  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

MEMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE    MATHÉMATIQUE.   —    Théorie   nouvelle   des  ondes   lumineuses;  par 

M.  Boussinesq.  (Extrait.) 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Duhamel,  Bertrand,  Fizeau.) 

h  Je  considère  l'éther  libre  comme  un  milieu  isotrope,  pouvant  propager 
des  vibrations  longitudinales  ou  transversales  d'une  amplitude  extrêmement 
petite;  et  la  matière  pondérable  comme  composée  d'atomes  nombreux,  entre 
lesquels  pénètrent  ceux  de  l'éther.  J'admets  aussi  qu'il  se  produit,  pendant 
le  mouvement  vibratoire,  des  actions  s'exerçant  à  de  très-petites  distances 
entre  la  matière  pondérable  et  l'éther. 

»  Les  ondes  lumineuses  se  propagent  dans  l'éther  libre  avec  une  rapi- 
dité immense  :  par  conséquent,  l'élasticité  de  ce  milieu  doit  être  presque 
infinie  par  rapport  à  sa  densité,  pour  les  vibrations  de  très-petite  ampli- 
tude. D'ailleurs,  ces  vibrations  occasionnent  dans  la  matière  pondérable 
des  changements  considérables,  tels  que  la  fusion,  la  volatilisation,  etc.  ; 
donc,  les  actions  qui  s'exercent  entre  ces  deux  espèces  de  matière  sont  très- 
puissantes,  relativement  à  la  petitesse  des  mouvements  dont  il  s'agit.  Mais 
ces  actions  sont-elles  considérables  en  valeur  absolue?  Je  ne  l'e  pense  pas; 
car,  dès  que  les  excursions  des  molécules  pondérables  acquièrent  une  gran- 
deur sensible,  comme  dans  les  ondes  sonores  ou  dans  les  mouvements  finis 
des  corps,  il  est  impossible  de  reconnaître  physiquement  la  moindre  résis- 
tance opposée  à  ces  molécules  par  l'éther.   On  doit  donc,  ce  me  semble, 


(  *36  ) 
considérer  cet  agent  comme  doué  d'une  élasticité  puissante  pour  des  vibra- 
tions de  très-petite  amplitude,  mais  admettre  en  même  temps  que  ses  forces 
élastiques  cessent  d'être  proportionnelles  aux  écarts,  avant  que  ceux-ci  de- 
viennent appréciables,  et  que,  par  suite,  elles  restent  toujours  très-petites 
en  valeur  absolue.  La  petitesse  de  ces  actions  et  de  celles  de  l'éther  sur 
la  matière  pondérable  n'empêchera  pas  leurs  effets  sur  celle-ci,  si  elles 
sont  beaucoup  plus  grandes,  lors  de  très-petites  vibrations,  que  les  forces 
élastiques  de  la  matière  pondérable. 

»  Cela  posé,  concevons  un  corps  homogène,  créé  au  milieu  de  l'éther 
libre  en  repos.  S'il  existe  pendant  le  repos  des  actions  réciproques  entre 
ces  deux  espèces  de  matière,  ce  que  nous  ne  savons  pas,  l'éther  contenu 
dans  l'intérieur  du  corps  sera  soumis  à  des  actions  sensiblement  égales  dans 
tous  les  sens,  et  dont  la  résultante  sera  nulle;  mais  celui  qui  se  trouvera 
près  de  la  surface  sera  comprimé  ou  dilaté  par  l'action  des  couches  sous- 
jacentes  de  matière  pondérable.  D'après  la  pensée  énoncée  ci-dessus,  cette 
action  devra  être  extrêmement  petite,  et  il  est  probable  qu'elle  ne  changera 
pas  d'une  manière  appréciable  l'état  de  l'éther.  Nous  admettrons  donc  que 
l'éther  d'un  corps  est  sensiblement  identique  à  l'éther  libre. 

»  Supposons  actuellement  qu'une  onde  lumineuse  vienne  à  pénétrer  dans 
un  tel  milieu.  Celui-ci  sera  parfaitement  transparent  si  l'onde  y  continue 
sa  marche  sans  s'éteindre  ni  se  diviser.  Cela  arrivera  dans  deux  hypothèses 
différentes  :  d'abord  si  le  corps  est  tellement  constitué,  que  les  molécules 
pondérables  restent  immobiles  pendant  les  vibrations  de  l'éther,  et,  en 
deuxième  lieu,  si  la  matière  pondérable  y  vibre  en  concordance  avec  l'éther. 
La  première  hypothèse  est  très-invraisemblable  ;  car  on  ne  conçoit  pas  com- 
ment les  molécules  pondérables  pourraient  rester  immobiles  dans  un  milieu 
agité;  nous  admettrons  donc  la  seconde,  qui  nous  expliquera  très-simple- 
ment tous  les  phénomènes  lumineux. 

»  Quand  nous  disons  que  les  vibrations  de  la  matière  pondérable,  dans 
les  corps  transparents,  sont  concordantes  avec  celles  de  l'éther,  nous  en- 
tendons que,  dans  les  mouvements  périodiques  de  tres-peu  d'amplitude, 
la  position  des  molécules  pondérables  dépend  à  chaque  instant  de  celle  des 
molécules  d'éther.  Or,  en  un  point  [x,  y,  z)  du  milieu,  et  tout  autour  dans 
le  rayon  très-petit  des  actions  moléculaires ,  la  position  des  molécules 
d'éther  est  définie  :  a  une  première  approximation,  par  les  déplacements 
suivant  les  axes  (u,  v,  w)  de  la  molécule  d'éther  dont  les  coordonnées  pri- 
mitives sont  (x,  y,  z);  à  la  deuxième  approximation,  par  les  déri- 
d[u,v,  «')     ......  ,        ,,   .     ,  ,  d-[u,  t',«') 

vees  -7 -;  a  la  troisième,  par  les  dérivées  secondes — -7 — •»•••• 


(  ^1  ) 

Ainsi  les  déplacements  suivant  les  axes  de  la  molécule  pondérable  située 
primitivement  en  (x,  y,  z)>,  déplacements  que  je  désigne  par  a,.,  v,.,  w,, 
seront 

d(u,v,  «■)  d-  [u,  v,  «') 


u,,  i»,,  w,  —  des  fonctions  de  (u,  v,  ci';, 


»  Je  me  propose  maintenant  d'obtenir  les  équations  du  mouvement  de 
1  ether.  Si  nous  désignons  par  ).  et  p.  les  coefficients  d'élasticité  de  celui-ci, 

ûi      il.    .•        du       do        div  .,  H-         d"         d" 

par&la  dilatation  — -h—  +  — 5par  A,  1  expression  symbolique—  +  -, — h—' 

etx        ilv         dz    l  -  '  •>  '       dx2        dy2        dz' 

par  p,  la  densité  de  la  matière  pondérable,  par  p  la  densité  de  1  ether,  je 
trouve  pour  première  équation  du  mouvement  de  l'éther, 

/«  ,  dB  d'à,  d2u 

On  substituera  à  a,,  dans  le  premier  membre,  son  expression  suivant  les 
premières  puissances  de  a,  *•,  w  et  de  leurs  dérivées  partielles  des  divers 
ordres  par  rapport  à  jc,  r,  z. 

»   On  obtiendra  pareillement  les  deux  autres  équations  en  v  et  w. 

»  Je  suis  arrivé  très-simplement  aux  expressions  de  a,,  t>,,  w,  pour  le 
cas  d'un  milieu  isotrope  et  pour  celui  d'un  milieu  presque  isotrope  et 
presque  symétrique. 

»  J'appelle  ici  milieu  isotrope  celui  où  les  équations  du  mouvement 
gardent  la  même  forme  quand  on  fait  tourner  d'une  manière  quelconque 
autour  de  l'origine  les  axes  des  coordonnées,  en  les  laissant  toujours  rectan- 
gulaires et  de  même  sens  relatif.  Des  ondes  planes,  de  direction  diverse, 
s'y  comportent  de  la  même  manière,  et  l'on  peut  se  contenter  d'étudier 
celles  qui  sont  parallèles  au  plan  des  xy.  Alors  les  valeurs  de  «,..  v(,  tv, 
sont  de  la  forme 

u,  =  Aa  -h  B  —  -+-  A'  —  -+-  B'  —  +  A"  — -  +  . . . , 

dz  dz'  dz3  dz' 

«  r>  du  .      d2r  d3ll  ...  d]v 

v,  =Av-B-  +  A'  — -B'— +A'— +  ..., 

dz  dz2  dz2  dz' 

w,  =  Au-  -f-  C  77  +  C"  -r-  +  . . .  ; 

dz2  dz' 

tous  les  coefficients  A,  A',  A",...,  B,  B',...,  C,  C",...,  sont  arbitraires. 

»  Ces  valeurs,  portées  dans  les  équations  du  mouvement,  donnent 
l'explication  de  la  dispersion  et  de  la  polarisation  rotatoire,  avec  les  lois 
trouvées  expérimentalement.  De  plus,  A  étant  évidemment   positif,  il  en 

C.  R. ,  1867,   2°  Semestre.  (T.  LXV,  N°  6.)  3  I 


(  238  ) 
résulte  pour  la  lumière  une  vitesse  plus  grande  dans  l'éther  libre  que  dans 
les  corps,  ce  qui  est  encore  conforme  à  l'expérience. 

«  J'appelle  milieu  symétrique  celui  dont  les  équations  de  mouvement, 
pour  un  certain  système  d'axes  rectangulaires,  ne  changent  pas  si  l'on 
change  la  direction  d'un  quelconque  des  axes  en  son  opposée.  Enfin  un 
milieu  presque  isotrope  et  presque  symétrique  est  celui  dont  les  équations 
de  mouvement  sont  presque  les  mêmes  pour  tout  système  d'axes  rectan- 
gulaires de  même  sens,  et  qui,  parmi  ces  systèmes,  en  admettent  un  pour 
lequel  ils  s'écartent  bien  moins  que  pour  tous  les  autres  d'être  symétriques. 
En  s'arrêtant  aux  termes  qui  contiennent  les  dérivées  secondes  de  u.  v,  w, 
et  en  négligeant  ceux  qui  sont  insensibles,  d'après  la  définition  du  milieu, 
j'obtiens  les  expressions  suivantes  de  u,,  c, ,  wK  : 

l    /  \  n  /  du  <Yii'\  „  d9  _ 

m,  =  A   i  -t-  a)  m  -t-  B    - +C3-  +  DAo  u, 

x  '  \  dz  dy  J  d.r 

»    /  \  ™  {du  dv\         ^dH         ^  A 

tv,=  A(i  +  7)u'+B(—  -  —  j+C-  +  DA2«-; 

tous  les  coefficients  A.  a, —  D  sont  distincts;  de  plus,  a.  /3,  7,  B  sont 
très-petits. 

»  Les  valeurs  de  //,,  t>,,  tv,,  portées  dans  les  équations  du  mouvement 
de  l'éther,  donnent  la  théorie  de  la  double  réfraction  rectiligne  de  Fiesnel 
lorsque  B  =  o,  et  la  théorie  de  la  double  réfraction  elliptique,  avec  des  lois 
confirmées  par  les  expériences  de  M.  Jamin,  quand  B  est  seulement  très- 
petit.  De  plus,  les  termes  négligés  produisent  le  phénomène  appelé  disper- 
sion des  axes  optiques. 

»  Ainsi,  notre  théorie  explique  simplement  tous  les  phénomènes  lumi- 
neux qui  se  produisent  à  l'intérieur  des  corps  transparents.  Quant  à  ceux 
qui  se  produisent  à  la  surface  de  séparation,  Cauchy  a  fait  voir  que,  pour 
obtenir  les  lois  de  ces  phénomènes,  il  faut  joindre  aux  équations  des  pe- 
tits mouvements  de  l'éther  des  conditions  relatives  à  la  surface,  qu'il  ap- 
pelle conditions  de  continuité.  Elles  consistent  à  admettre  que  les  dépla- 
cements m,  (-•,  w  des  molécules  d'éther,  et  les  dérivées  premières  par 
rapport  à  x,  y,  s  de  ces  déplacements,  sont  égaux  chacun  à  chacun 
en  chaque  point  de  la  surface,  de  part  et  d'autre  de  celle-ci.  Ces  con- 
ditions s'obtiennent  naturellement  dans  notre  manière  de  concevoir 
l'éther.   En  effet,   cet  agent,  ayant  dans  deux  corps  adjacents  la   même 


(  »3$.) 
élasticité  et  la  même  densité,  forme  un  milieu  unique  où  les  u,  v,  w  ne 
peuvent  varier  brusquement  d'un  point  aux  points  voisins.  Donc  les  dépla- 
cements doivent  être  les  mêmes  de  part  et  d'autre  de  la  surface  de  sépara- 
tion. Supposons,  pour  fixer  les  idées,  que  celle-ci  soit  le  plan  des  rz.  Les 
valeurs  de  //,  v,  w  seront  égales  de  part  et  d'autre  de  ce  plan,  et  il  en  sera, 
par  suite,  de  même  des  dérivées  de  u,  v,  w  par  rapport  à  y  et  à  z.  Si 
actuellement  on  découpe  par  la  pensée,  en  un  point  quelconque  de  la  sur- 
face, un  cylindre  très-plat  de  matière,  ayant  des  bases  parallèles  au  plan 
des  yz,  et  situées  respectivement  dans  l'un  et  l'autre  corps,  les  actions 
exercées  sur  ces  deux  bases  devront  très-sensiblement  se  faire  équilibre. 
Cela  entraîne  l'égalité,  de  part  et  d'autre  du  plan  de  rz,  des  composantes 
élastiques  de  l'éther,  que  M.  Lamé  appelle  N,,  T3 ,  T2.  Ces  composantes 
sont  respectivement 

/i  ^  du    ,     -,   fd.>  div\  (du         do\  f dw         du\ 

t         j  '    •     '  .-il         dp       </<  f      du      du  ,  , . .     ,      , 

Les  dérivées  partielles  j-,   —,   —,   —   sont  déjà  égales  de  part  et  d  autre 
de  la  surface  de  séparation  ;  donc  il  en  sera  de  même  de  --,  —,  — •  » 

dx    dx    dx 

M.  Jcllien  adresse  une  Note  relative  à  quelques  passages  de  la  commu- 
nication faite  par  M.  Chevreul  sur  son  enseignement  au  Muséum. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Chimie.  ) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i°  Un  nouveau  volume  publié  par  le  Geological  Survey  du  Canada,  sous 
la  direction  de  sir  JV.-E.  Logan,  et  qui  a  pour  titre  :  «  Figures  et  descrip- 
tions des  fossiles  organiques  du  Canada,  décade  II,  Graptolites  du  groupe 
de  Québec  »,  par  M.  James  Hall:  ce  volume  est  adressé  à  l'Académie  par 
M.  Slerrj  Hunt; 

20  Un  exemplaire,  transmis  par  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique, 
de  l'ouvrage  sur  la  triangulation  des  environs  de  Berlin,  publié  par  le 
Bureau  de  Triangulation  de  cette  ville; 

3°  Un  Mémoire  de  M.  A.  Bèrigny  sur  l'ozonométrie,  extrait  de  «  l'An- 
nuaire de  la  Société  Météorologique  de  France  ». 

3i.. 


(    240    ) 

M  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lecture  d'un  article  du  testament  de 
M.  Benoît  Foumeyron,  relatif  à  un  legs  de  cinq  cents  francs  de  rente,  fait  à 
l'Académie,  pour  la  fondation  d'un  prix  de  Mécanique  appliquée,  à  décerner 
tous  les  deux  ans. 

Cette  pièce  est  renvoyée  à  la  Commission  administrative,  qui  en  fera 
l'objet  d'une  proposition  à  l'Académie. 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Chute  d'aérolilhes  dans  la  plaine  de  Tadjera  {Amer  Gue- 
bala)  à  i5  kilomètres  sud-est  de  Sétif,  te  g  juin  1867,  vers  ioh  3om  du 
soir;  par  M.   Augeraud. 

«  Le  dimanche  9  juin  1867,  vers  ioh  3ora  du  soir,  une  lueur  éclaira  le 
ciel  pendant  quelques  secondes;  elle  était  accompagnée  de  bruits  compa- 
rables au  grondement  du  tonnerre,  ou  à  celui  de  voitures  pesamment 
chargées  et  roulant  sur  le  pavé;  ces  bruits  se  terminèrent  par  trois  déto- 
nations aussi  fortes  que  des  coups  de  canon. 

»  Ce  phénomène  fut  visible  des  points  les  plus  opposés;  voici  les  divers 
renseignements  que  nous  avons  recueillis  : 

»  i°  Sétif,  à  i5  kilomètres  nord-ouest  du  point  de  chute.  —  Beaucoup  de 
personnes  ont  vu  cette  lumière  éclatante,  et  ont  tous  entendu  le  bruit  qui 
l'accompagnait,  ainsi  que  les  détonations.  Quelques  habitants  crurent  que 
l'explosion  devait  avoir  eu  lieu  au-dessus  de  la  ville  et  furent  le  lendemain 
visiter  les  environs  de  la  maison  occupée  par  les  Ponts  et  Chaussées,  espé- 
rant y  trouver  des  aérolithes.  Les  recherches  n'eurent  aucun  résultat. 

«  20  Ouled  Salah  (annexe  de  Takitount),  à  60  kilomètres  du  point  de 
chute.  —  Les  indigènes  entendirent  les  détonations,  crurent  que  des  coups 
de  canon  étaient  tirés  du  côté  de  Sétif  et  demandèrent  le  lendemain, 
10  juin,  au  chef  de  l'annexe,  s'd  savait  pourquoi  des  coups  de  canon 
avaient  été  tirés.  Plus  tard  ces  indigènes  lui  dirent  avoir  appris  que  trois 
boules  d'or  étaient  tombées  du  ciel,  et  qu'on  les  avait  remises  au  com- 
mandement. 

3°  Eulma,  à  20  kilomètres  ouest  du  point  de  chute.  —  Des  indigènes  en 
grand  nombre  virent  la  lumière,  comparable,  dirent-ils,  à  celle  du  jour,  en- 
tendirent le  bruit,  puis  les  détonations,  après  lesquelles  le  globe  de  feu  se 
divisa  en  douze  ou  treize  parties. 

»  Le  phénomène  leur  parut  durer  une  minute  environ  ;  quant  aux  déto- 
nations, elles  leur  semblèrent  tellement  fortes,  qu'ils  étaient  surpris  que 
l'officier,  à  qui  ils  en  parlèrent  le  lendemain,  n'eût  pas  été  éveillé  par  elles. 


(  *4i  ) 

»  4°  fi°u  Saàda,  à  160  kilomètres  nord-est  du  point  de  chute.  —  Des  ob- 
servations plus  précises  ont  été  laites  par  M.  Gorréard,  du  3e  tirailleurs. 

»  Le  bolide  fit  son  apparition  dans  le  ciel,  à  environ  60  degrés  au- 
dessus  de  l'horizon,  parcourut  20  à  a5  degrés  célestes  pendant  cinq  à  huit 
secondes  en  suivant  une  direction  sud-est  nord-est,  et  cessa  d'être  appa- 
rent à  4o  degrés  au-dessus  de  l'horizon.  Le  météore  avait,  en  son  point 
le  plus  lumineux,  environ  trois  fois  le  volume  apparent  de  Vénus;  il  était 
accompagné  d'une  traînée  lumineuse  apparente  de  5  a  10  degrés,  dont  !e 
diamètre  variait  entre  deux  fois  et  deux  fois  et  demie  le  diamètre  de 
Vénus.  La  lumière  qu'il  projetait  était  blanche,  irradiée  au  noyau,  légère- 
ment jaune  en  s'éloignant  du  centre;  elle  était  assez  intense  pour  éclairer  et 
rendre  distincts  à  quelques  mètres  de  distance  des  objets  de  la  grosseur  du 
poing.  La  traînée  blanche  diminuait  d'intensité  du  noyau  à  la  queue; 
du  centre  de  la  traînée  à  ses  extrémités  latérales,  des  étincelles  blanches, 
bleuissant  en  s'éloignant  du  foyer  de  la  traînée,  s'échappaient  en  forme 
de  larmes. 

»  Le  météore  éclata  avant  de  disparaître,  et  on  entendit  des  détonations 
faibles  et  courtes.  Quelques  personnes  pensaient  pouvoir  affirmer  que,  à 
cet  instant,  le  bolide  avait  dû  tomber  à  peu  de  distance  de  S'Mila,  entre 
70  et  80  kilomètres;  il  tombaità  160 kilomètres,  ce  qui  expliquerait  pour- 
quoi les  détonations  ont  paru  faibles. 

»  5°  Tadjera,  près  Guidjell  (point  de  chute).  —  Les  indigènes,  vers  10 
heures  du  soir,  aperçurent  vers  le  sud-ouest  une  lumière  partageant  le  ciel 
et  assez  éclatante  pour  que  tous  les  objets  fussent  éclairés  comme  en  plein 
jour;  en  même  temps  des  détonations  se  firent  entendre,  semblables  à  des 
roulements  de  tonnerre  ou  à  des  coups  de  canon  extrêmement  rappro- 
chés. Un  corps  lumineux  semblait  tomber  du  ciel  vers  le  sol;  mais  arrivé  à 
une  certaine  hauteur,  il  se  brisa  en  fragments  étincelants;  c'est  là  qu'eurent 
lieu  les  détonations. 

»  Le  phénomène  semble  aux  Arabes  avoir  duré  deux  minutes.  Tous  se 
sont  crus  menacés  par  la  chute  du  bolide.  Aux  environs  de  Guidjell,  les 
indigènes,  qui  n'avaient  fait  qu'entendre  ces  détonations,  crurent  que  le 
bordj  du  caïd  s'était  écroulé.  Ils  montèrent  à  cheval  pour  porter  secours 
au  besoin,  et,  le  trouvant  debout  et  intact,  pensèrent  à  une  catastrophe 
arrivée  à  Sétif. 

»  Bien  que  les  pierres  apportées  à  Sétif  et  jointes  an  présent  Rapport 
n'aient  pas  été  ramassées  au  moment  même  où  elles  sont  tombées,  il  est  im- 
possible de  les  confondre  avec  celles,  bien  rares  du  reste,  que  l'on  aperçoit 


(    *fa    ) 

dans  la  plaine  de  Tadjera.  Ce  sont  bien  des  aérolithes  tombés  le  9  juin 
1867,  après  l'explosion  accompagnée  de  trois  détonations  entendues  à 
vingt  lieues  à  la  ronde.    » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel,  après  avoir  donné  lecture  de  la  communi- 
cation précédente,  qui  a  été  transmise  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  par  M.  le  Maréchal  de  France,  Gouverneur  général  de  l'Algérie, 
lit  en  outre  un  passage  de  la  Lettre  d'envoi  d'après  lequel  un  fragment  de 
ce  bolide,  déposé  au  Musée  d'Alger,  pourrait  être  mis  à  la  disposition  de 
l'Académie,  si  elle  le  désire. 

On  transmettra  à  M.  le  Gouverneur  général,  avec  les  remercîments  de 
l'Académie,  son  acceptation  pour  l'offre  qu'il  veut  bien  lui  faire. 

PHYSIOLOGIE.  —  Expériences  faites  à  la  ménagerie  des  Reptiles  du  Muséum 
d'Histoire  naturelle,  sur  des  Batraciens  urodèles  à  branchies  extérieures,  du 
Mexique,  dits  Axolotls,  et  démontrant  que  la  vie  aquatique  se  continue  sans 
trouble  apparent  après  l'ablation  des  houppes  branchiales.  Note  de  M.  Aug. 
Du.méril,  présentée  par  M.  Milne  Edwards. 

«  Depuis  l'époque  où  j'ai  eu  l'honneur  d'informer  l'Académie  que  les 
Batraciens  urodèles  à  branchies  extérieures  du  Mexique,  dits  Axololts,  qui 
n'avaient  jamais  été  vus  vivants  en  Europe,  s'étaient  reproduits  à  la  Ména- 
gerie des  Reptiles  du  Muséum  d'Histoire  naturelle,  et  que  plusieurs  de  ceux 
qui  y  sont  nés  avaient  subi  des  métamorphoses  {Comptes  rendus,  t.  LX, 
p.  765,  et  t.  LXI,  p.  775),  de  nombreuses  naissances  y  ont  en  lieu,  et  d'au- 
tres transformations  semblables  aux  premières  s'y  sont  produites.  Ainsi,  on 
a  vu,  jusqu'à  présent,  seize  de  ces  animaux  se  couvrir  de  taches  d'un  blanc 
jaunâtre  tranchant  sur  la  teinte  générale  qui  est  foncée,  puis  perdre  com- 
plètement leur  appareil  branchial,  ainsi  que  la  crête  membraneuse  du  dos 
et  de  la  queue.  En  même  temps,  les  organes  internes  ont  éprouvé  des 
changements  comparables  à  ceux  qu'on  observe  sur  les  Batraciens  urodèles 
lorsqu'ils  passent  de  l'état  de  larve  à  l'état  adulte.  Des  quatre  arcs  qui  sup- 
portent les  branchies  flottantes  au  dehors,  trois  ont  disparu;  le  plus  externe 
reste  seul  et  constitue  l'article  postérieur  de  la  corne  thyroïdienne.  La  face 
antérieure  du  corps  des  vertèbres  est  devenue  moins  creuse.  Comme  chez 
tous  les  autres  Batraciens  salamandriformes,  une  modification  s'est  produite 
dans  la  disposition  de  l'appareil  dentaire  de  la  voûte  du  palais  :  les  dents 
vomériennes  se  sont  déplacées.  Elles  étaient  réunies,  de  chaque  côté,  der- 


(  243  ) 
rière  l'os  intermaxillaire,  en  une  petite  bande  un  peu  oblique  d'avant  en 
arrière  et  de  dedans  en  dehors;  mais,  après  la  métamorphose,  elles  forment, 
au  delà  des  orifices  internes  des  fosses  nasales,  une  rangée  presque  trans- 
versale, disposition  qui,  avec  l'absence  de  dents  palatines  postérieures,  se 
rencontre  uniquement  chez  les  Tritons  de  l'Amérique  septentrionale  dits 
Ambystomes,  dont  les  Axolotls  semblent,  par  conséquent,  être  les  têtards. 
A  la  mâchoire  inférieure,  à  droite  et  à  gauche  de  la  symphyse,  derrière  la 
rangée  marginale,  il  y  avait  un  groupe  de  petites  dents  qu'on  ne  voit  plus. 

»  Tel  est,  sons  une  forme  très-résumée,  l'ensemble  des  faits  caractéris- 
tiques d'une  métamorphose  jamais  observée  jusqu'alors,  et  qui  offre  un  in- 
térêt particulier  en  ce  qu'elle  confirme  la  justesse  de  la  supposition  de 
Cuvier,  quand  il  disait,  sans  avoir  pu  cependant  en  obtenir  la  preuve  di- 
recte, que  l'Axolotl  considéré  comme  un  Batracien  pérennibranche  devait 
être  une  larve. 

»  Je  n'ai  point  à  aborder  ici  l'examen  des  différentes  questions  que  sou- 
lèvent les  résultats  de  ces  observations  inattendues  poursuivies  depuis  près 
de  deux  ans  à  la  Ménagerie  des  Reptiles,  et  dont  la  plus  importante,  au 
point  de  vue  de  la  physiologie,  est,  sans  contredit,  celle  qui  démontre  le 
développement  de  la  puissance  génératrice  d'animaux  non  encore  arrivés 
à  leur  forme  définitive.  Ces  questions  ont  été  étudiées  dans  un  Mémoire  pré- 
senté à  l'Académie  et  inséré  dans  les  Nouvelles  Archives  du  Muséum,  t.  II, 
p.  265-292,  PI.  X. 

»  Aujourd'hui,  je  prends  la  liberté  de  lui  soumettre  le  récit  sommaire 
d'expériences  auxquelles  j'ai  été  amené  par  l'étude  des  faits  que  je  viens 
de  signaler. 

»  L'atrophie  des  houppes  branchiales,  puis  leur  disparition  graduelle, 
étant  les  premiers  signes  de  la  métamorphose  qui  va  se  produire,  je  me 
suis  efforcé,  par  diverses  tentatives,  de  provoquer  un  changement  dans  le 
mode  de  respiration,  en  obligeant  les  animaux  à  se  servir  de  leurs  organes 
pulmonaires.  Je  fis  d'abord  quelques  essais  infructueux  :  ils  consistaient,  soit 
à  diminuer  progressivement  la  quantité  d'eau  où  se  tiennent  les  Axolotls, 
afin  de  ne  leur  laisser,  au  bout  d'un  certain  temps,  qu'une  couche  de  sable 
humide;  soit  à  disposer,  dans  leur  aquarium,  un  large  refuge  qui  leur  per- 
mît de  vivre  alternativement  immergés  ou  hors  du  liquide. 

»  Pour  arriver  à  un  résultat,  une  autre  expérience  restait  à  faire.  Il  fallait 
détruire  les  branchies,  afin  de  constater  si,  devenus  forcément  animaux  à 
respiration  pulmonaire,  les  Axolotls  subiraient  les  modifications  que  je 
viens  d'énumérer. 


(  M/»  ) 

»  En  conséquence,  le  4  juillet  1866,  je  pratiquai  l'ablation  complète  des 
trois  tiges  branchiales  du  côté  gauche  sur  deux  Axolotls,  et  de  celles  du 
côté  droit  sur  un  troisième;  puis,  du  14  au  28,  je  coupai,  de  semaine  en 
semaine,  une  des  tiges  branchiales  du  côté  opposé.  A  cette  dernière  date, 
les  Axolotls  auraient  été  complètement  privés  de  leurs  branchies,  si,  du- 
rant les  vingt-quatre  jours  écoulés  depuis  le  moment  de  la  première  opéra- 
tion, la  force  étonnante  de  régénération  dont  les  Batraciens  urodèles  sont 
doués  n'avait  déterminé  un  commencement  de  reproduction  des  organes 
enlevés.  Aussi,  pour  maintenir  les  Axolotls  dans  l'état  où  je  voulais  les 
placer,  afin  qu'il  me  fût  possible  d'apprécier  les  résultats  de  l'expérience, 
j'excisai  successivement,  tantôt  d'un  côté,  tantôt  de  l'autre,  les  tiges  bran- 
chiales nouvelles  aussitôt  qu'elles  commençaient  à  être  assez  saillantes  pour 
pouvoir  être  emportées  par  le  tranchant  des  ciseaux.  Depuis  le  28  juillet 
1866  jusqu'au  24  mai  1867,  c'est-à-dire  dans  une  période  de  dix  mois,  je 
fus  obligé  d'opérer,  soit  à  droite,  soit  à  gauche,  trois,  quatre,  ou  même 
cinq  fois.  Pendant  l'hiver,  le  travail  de  reproduction  était  devenu  beaucoup 
plus  lent. 

»  Le  10  août  1866,  je  coupai,  sur  six  Axolotls,  les  trois  liges  branchiales 
droites,  et  voulant  exercer  une  action  plus  générale  et  plus  prompte,  j'en- 
levai, le  17  août,  également  d'un  seul  coup,  les  trois  branchies  du  côté 
gauche.  Comme  chez  les  autres  mutilés,  il  n'y  eut,  en  quelque  sorte,  pas 
d'hémorrhagie;  aucun  accident  ne  survint;  la  cicatrisation  fut  prompte  et 
la  force  de  reproduction  ne  tarda  pas  à  se  manifester. 

»  Les  sections  suivantes  ont  été  faites,  sur  les  six  animaux,  à  la  fois  :  à 
droite,  le  21  septembre,  et  le  28  à  gauche. 

»  Les  branchies,  à  partir  de  l'époque  de  la  seconde  ablation,  se  sont  à 
peine  développées,  et  plusieurs  des  opérés  ont  commencé  à  prendre  un 
nouvel  aspect  par  suite  de  l'apparition  de  quelques  taches  jaunes  sur  les 
téguments.  Deux  de  ces  individus  se  sont  de  plus  en  plus  tachetés,  ont 
perdu  leur  crête,  et,  enfin,  sont  devenus  semblables  aux  Axolotls  précé- 
demment transformés.  Les  quatre  autres  Axolotls  de  la  même  série,  et  deux 
en  particulier,  présentent,  comme  les  précédents,  quelques  taches,  sans 
aucune  autre  trace  de  métamorphose;  leurs  branchies  ayant  pris  un  peu  de 
développement,  j'en  pratiquai  l'amputation  à  gauche,  le  8  mars,  et  à  droite 
le  5  avril. 

»  En  seul  de  ces  Axolotls  reste  bien  tacheté,  mais  sans  autre  change- 
ment marqué;  la  régénération  ds  ses  branchies  est  presque  nulle.  Chez  les 
trois  autres,  elle  est  un  peu  plus  évidente,  et  le  24  mai,  j'en  fais  l'excision 


(  a45  ) 
de  chaque  côté,  puis  le  22  juin,  de  petits  bourgeons  s'éfant  développés. 
»  Le  résultat  des  expériences  qui  précèdent  est  donc  le  suivant  : 
»  Sur  six  Axolotls  privés  de  leurs  branchies  et  chez  lesquels  on  a  eu  soin 
de  s'opposer  à  la  restauration  des  parties  perdues,  deux  de  ces  animaux  se 
sont  métamorphosés  complètement  dans  l'espace  de  quatre  à  cinq  mois,  et 
un  troisième,  au  bout  de  prés  d'un  an,  semble  devoir  éprouver  les  mêmes 
changements,  tandis  que  les  trois  autres,  après  le  même  laps  de  temps,  sont 
dans  un  état  qui  laisse  l'observateur  encore  incertain  sur  le  résultat  défi- 
nitif de  l'expérimentation.  Il  semble  même  probable  que,  comme  les  trois 
Axolotls  de  la  première  série,  ils  ne  se  transformeront  pas  et  que,  par  con- 
séquent, trois  seulement,  sur  neuf  privés  de  leurs  branchies,  auront  passé 
de  l'état  de  larve  à  l'état  parfait. 

»  Une  semblable  proportion  est  beaucoup  plus  forte  que  celle  qui  se 
remarque  parmi  les  individus  chez  lesquels  aucun  trouble  n'a  été  apporté 
par  des  lésions  traumatiques.  Je  constate  les  faits,  sans  vouloir  cependant 
en  tirer  la  conclusion  que  la  perte  des  houppes  branchiales  soit  une  condi- 
tion très-favorable  pour  l'accomplissement  de  la  métamorphose.  La  plupart 
des  transformations  d'ailleurs  n'avaient  pas  été  précédées  par  des  désor- 
dres fonctionnels  résultant  de  mutilations. 

»  Revenant  maintenant  aux  résultats  immédiats  de  l'ablation  des  bran- 
chies, j'ajoute  que  leur  résection,  qui  semblerait  devoir  entraîner  des  acci- 
dents redoutables  et  compromettre  l'existence,  peut  être  pratiquée,  sans 
inconvénient,  d'une  façon  plus  expéditive.  J'ai  enlevé,  le  7  juin  1867,  la 
totalité  des  houppes  branchiales  des  deux  côtés  à  la  fois  chez  huit  Axolotls. 
Rien  de  particulier  n'a  été  observé  depuis  ce  moment,  et,  les  22  juin  et 
6  juillet,  j'ai  pratiqué  l'ablation  de  tous  les  bourgeons  de  formation  nou- 
velle, qui  commencent  déjà  à  se  reproduire. 

»  Les  mutilations  dont  il  s'agit  me  paraissent  offrir  de  l'intérêt.  Voici,  en 
eflet,  des  animaux  qui  privés,  dans  un  court  espace  de  temps  ou  même 
subitement,  de  leurs  organes  de  respiration  aquatique,  n'éprouvent,  quel- 
ques-uns du  moins  (six  sur  neuf)  (1),  aucun  trouble  et  continuent  à  vivre 
comme  si  les  branchies  n'avaient  point  été  enlevées.   Ne  venant  pas  plus 


(1)  Je  ne  dis  rien  ici  des  huit  derniers  Axolotls  chez  lesquels  l'opération  n'a  amené  aucun 
desordre  dans  l'accomplissement  des  fonctions  et  ne  détermine,  jusqu'à  ce  jour,  nul  change- 
ment appréciable;  mais  peut-être  les  signes  précurseurs  d'une  métamorphose  se  montreront- 
ils  plus  tard.  Tous  les  détails  relatifs  aux  expérimentations  seront  exposés  dans  le  quatrième 
cahier  du  tome  VU  de  la  cinquième  série  des  annales  des  Sciences  naturelles. 

C.  R.,  1867,  a»  Semestre.  (T.  LXV,  N°  6.  32 


(    246    ) 

souvent  que  les  Axolotls  non  opérés  prendre  de  l'air  à  la  surface  de  l'eau, 
ils  n'ont  offert,  dans  leurs  allures  et  dans  leur  genre  de  vie,  aucune  modi- 
fication apparente,  la  respiration  cutanée  remplaçant  la  respiration  bran- 
chiale.  » 

ZOOTECHNIE.  —  Sur  la  cire  qu'on  peut  obtenir  de  la  Cochenille  du  Figuier 
[Coccus  Caricœ  auct.  (i)].  Note  de  M.  H.  Takuioxi-Tozzetti,  présentée 
par  M.  Em.  Blanchard. 

«  On  connaît  la  cire  employée  en  Chine  sous  le  nom  de  cire  des  arbres, 
provenant  d'un  insecte  qui  a  déjà  reçu  plusieurs  dénominations  en  Europe 
(Coccus  cereus,  Walk.;  C.  Pela,  C.  sinensis,  Westw;  Eurycerus  Pela,  Guérin), 
et  que  j'ai  moi-même  appelé  Pela  cerifera  dans  la  même  intention,  mais 
ne  connaissant  pas  le  nom  de  M.  Guérin. 

»  On  connaît  aussi  des  Cochenilles  à  cire  du  Cap  (Coccus  Myricœ,  Fabr.), 
et  d'autres  rencontrées  plus  récemment  à  la  Jamaïque,  au  Chili,  au  Brésil. 
La  Cochenille  du  Figuier,  très-commune  dans  le  midi  de  l'Europe  (Coccus 
Caricœ,  L.),  dont  on  a  fait  plusieurs  espèces  en  prenant  ses  états  différents, 
et  que  j'ai  décrite  sous  le  nom  de  Columnea  cerifera,  va  s'ajouter  à  celles 
des  autres  pays,  pouvant  donner  à  l'éther  ou  à  l'eau  bouillante  60  à  65 
pour  roo  de  son  poids  d'une  espèce  de  cire  jaunâtre,  ferme,  soluble  dans 
1  éthersulfurique  complètement,  soluble  dans  l'alcool  seulement  en  partie, 
fusible  à  5i-52  degrés  centigrades. 

»  Cette  substance,  analysée  par  M.  Fausto  Sestini,  d'après  l'indication 
de  l'auteur  de  cette  Note,  se  divise  par  l'alcool  en  : 

Matière  soluble  à  froid  (eéroléine) 5 1  ,3 

Matière  soluble  dans  le  liquide  bouillant,  fusible  à  78  degrés  centigrades 

(acide  cerotique) I2j7 

Matière  insoluble  dans  l'alcool,  même  bouillant  (myricine  ou  palinitate  de 

myricile),  fusible  de  -  1  à  7  3  degrés  centigrades! 35,2 

Perte 0,8 

»  En  portant  vis-à-vis  de  cette  composition  celle  de  la  cire  des  Abeilles, 
on  trouve  : 

Cire  des  Abeilles.  Cire  de  la  Cochenille  du  Figuier. 

Céroléine 0,4  à  o,5  (Lewy).       Céroléine 5i  ,33  pour  100. 

Acide  cerotique.  .      0,22  (Brodie).  Acide  cerotique ..  .      «2,7  » 

Myricine  impure.      0,^3  Myricine 35,2  » 

Perte 0,8  » 


(1)  La  cire  et  ses  principes  immédiats,  extraits  par  M.  Sestini,  se  trouvent  exposés  au 
Champ  de  Mars  dans  la  section  italienne,  classe  44- 


(  *47  ) 

»  D'où  l'on  voit  que  le  trait  caractéristique  de  la  composition  de  cette 
espèce  de  cire  repose  dans  la  proportion  très-considérable  de  la  céroléine. 

»  On  n'a  pas,  jusqu'ici,  d'analyses  complètes  des  autres  espèces  de  cire 
de  Cochenille.  Celle  du  Coccus  Pela,  fusible  à  184  degrés  Fahrenheit,  se 
dissout  seulement  en  partie  dans  l'alcool;  celle  du  Coccus  Psidii,  Chav., 
fond  à  60  degrés  Réaiimur,  et,  par  son  aspect  ainsi  que  par  sa  propriété 
de  s'électriser  par  frottement,  elle  se  rattache  probablement  bien  plus  aux 
résines  qu'à  la  cire. 

»  Les  cires  ou  les  résines  des  Cochenilles  du  Brésil  ne  sont  pas  récol- 
tées ;  on  recueille  cependant  en  Chine  le  Coccus  Pela  et  son  produit,  et  je 
crois  qu'il  serait  très-praticable  de  récolter  celui  de  la  Cochenille  du  Figuier 
en  répandant  l'insecte  sur  des  plantations  de  Figuier  à  l'instar  de  ce  qu'on 
fait  pour  la  Cochenille  tinctoriale  en  Amérique  et  ailleurs  (  1  ). 

PHYSIOLOGIE.   —  D'un  phénomène  comparable  à   la  mue  chez  les   Poissons. 
Note  de  M.  E.  Baudelot,  présentée  par  M.  Ém.  Blanchard. 

«  Ceux  qui  s'occupent  de  l'étude  des  Poissons  ont  pu  observer  que  chez 
beaucoup  d'entre  eux  la  peau  devient,  à  certaines  époques  de  l'année,  le 
siège  d'une  éruption  parfois  très-confluente  de  petits  tubercules  durs  et 
blanchâtres. 

»  Cette  particularité  a  été  surtout  signalée  chez  des  espèces  appartenant 
à  la  famille  des  Cyprins.  Elle  a  été  observée  également  cbez  quelques  Pois- 
sons du  groupe  desSalmones,  ceux  du  genre  Coiecjonns,  par  exemple.  Dans 
plusieurs  circonstances,  ces  tubercules  ont  été  l'occasion  de  méprises  assez 
singulières.  Ainsi  Lesueur,  apercevant  trois  de  ces  productions  sur  les  côtés 
du  museau  d'un  Catostome,  fit  de  ce  Poisson  une  espèce  distincte  sous  le 
nom  de  Catostomus  tuhercutatus. 

»  Le  même  auteur  donna  le  nom  de  Leuciscus  spinicephalus  à  un  autre 
Cvprin  qu'il  décrivit  et  dont  le  caractère  principal, d'après  lui, était  d'avoir 
la  tète  hérissée  de  nombreux  tubercules. 

»  Une  erreur  semblable  fut  commise  par  Rùppel.  Voyant  avec  surprise 
des  tubercules  cornés  sur  la  partie  antérieure  du  museau  d'un  Labéon  du 
Nil,  et  ignorant  sans  doute  la  généralité  de  cette  production  dans  tous  les 
Cyprinides,  les  Ables  surtout,  il  pensa  que  la  présence  de  ces  tubercules 


(1)  Voir,  sur  diverses  Cochenilles,  un  Mémoire  de  M.  Tnigioni-Tozzetli,  Jtti  délia  I!. 
Accad.  dei  Georgqfili  di  Firenze,  1866;  et  une  Note  de  M.  Fausto  Sestini,  Nuovo  Ci- 
mento,  1866. 

02.. 


(  248  ) 
était  suffisante  pour  faire  distinguer  génériquement  des  autres  Làbéôns  le 
Poisson   qu'il  observait,  et   il    exprima  le  caractère  saillant  du  nouveau 
genre  par  l'épithète  de  V aricorhinus . 

»  Tous  les  ichthvologistes,  cependant,  ne  partagèrent  pas  ces  erreurs  ; 
des  observateurs  plus  attentifs  reconnurent  que  les  tubercules  en  question, 
loin  d'avoir  une  existence  permanente,  n'ont  au  contraire  qu'une  durée 
passagère,  limitée  seulement  à  l'époque  du  frai. 

»  Cette  remarque  fut  faite  par  M.  Valenciennes  sur  le  Gardon,  la  Che- 
vaine, l'Able  Jesse.  Au  sujet  du  Vengeron,  il  fait  observer  que  ces  aspérités 
tombent  peu  après  la  saison  des  amours.  «  Une  singulière  particularité, 
»  dit  M.  Blanchard,  se  manifeste  chez  les  Corégones  à  l'époque  du  frai. 
»  C'est  une  sorte  d'éruption  cutanée  qui  détermine  sur  chaque  écaille  une 
»  saillie  blanche,  allongée.  Tout  disparaît  bientôt  lorsque  est  passé  le 
»   temps  de  la  reproduction.  » 

»  Mon  but  n'est  pas  de  contrôler  chacune  de  ces  différentes  observa- 
tions, mais  de  les  compléter  en  cherchant  à  déterminer  la  nature  du  phé- 
nomène qu'elles  se  bornent  à  signaler.  Que  sont,  en  effet,  ces  tubercules  ? 
Quelle  en  est  la  structure  ?  Sont-ils  l'expression  d'un  état  normal  ou  patho- 
logique? Telles  sont  les  seules  questions  que  je  me  propose  d'envisager  ici. 

»  Afin  de  mieux  préciser,  je  choisirai  comme  exemple  le  Nase  [Chon- 
drostoma  iiasus),  Poisson  chez  lequel  le  phénomène  en  question  se  ma- 
nifeste avec  une  intensité  remarquable,  et  sur  lequel,  par  conséquent, 
il  sera  facile  de  vérifier  les  faits  que  je  vais  signaler. 

»  Presque  tous  les  Nases  que  j'ai  pu  observer  ainsi  m'ont  offert  de  nom- 
breux tubercules  sur  la  peau.  Sur  la  tète  du  Poisson  on  aperçoit  un  nombre 
plus  ou  moins  considérable  de  tubercules  blanchâtres  qui  proéminent  assez 
fortement  au-dessus  du  niveau  de  la  peau  et  rendent  celle-ci  très-rude  au 
toucher.  La  forme  de  ces  tubercules  est  celle  de  petits  cônes  à  base  circu- 
laire et  à  sommet  mousse.  Leurs  dimensions  sont  très-variables.  Les  plus 
grands  atteignent  et  dépassent  même  i  millimètre  de  diamètre;  les  plus 
petits  ne  sont  bien  visibles  qu'à  la  loupe  et  ressemblent  à  de  petits  points 
blancs  disséminés  dans  l'intervalle  des  plus  gros  tubercules.  Entre  ces 
dimensions  extrêmes,  il  est  possible  néanmoins  d'observer  une  loule  de 
grandeurs  intermédiaires. 

»  En  général,  l'éruption  couvre  ainsi  tout  le  dessus  de  la  tète  et  s'étend 
jusque  sur  la  lèvre  supérieure;  elle  descend  aussi  sur  les  joues,  mais  en 
perdant  beaucoup  de  son  intensité;  elle  cesse  d'être  visible  dans  la  région 
inférieure  de  la  tète. 


(  ^49  ) 

»  La  peau  qui  recouvre  chaque  écaille  présente  toujours  un  certain 
nombre  de  tubercules  de  même  nature  que  ceux  de  la  tète.  Seulement  ces 
tubercules  restent  toujours  beaucoup  plus  petits,  et  ils  offrent  ceci  de  par- 
ticulier, qu'au  lieu  de  se  trouver  disséminés  au  hasard  à  la  surface  de 
chaque  écaille,  ils  se  trouvent  généralement  disposés  sur  une  seule  ligne 
parallèlement  au  bord  postérieur,  en  avant  duquel  ils  forment  comme  une 
rangée  de  petites  perles.  Ces  tubercules  s'aperçoivent  aisément  avec  une 
loupe,  ainsi  qu'à  l'œil  nu,  dans  toute  la  région  dorsale,  mais  ils  sont  beau- 
coup moins  apparents  sur  la  région  ventrale. 

»  Chaque  tubercule  adhère  assez  fortement  à  la  peau  sous-jacente; 
néanmoins,  à  l'aide  d'un  frottement  un  peu  rude,  on  parvient  à  l'en  déta- 
cher assez  aisément;  au  point  où  il  se  trouvait  implanté,  on  aperçoit  alors 
un  petit  enfoncement  au  fond  duquel  la  peau  reste  parfaitement  intacte. 

»  Si  l'on  fait  une  coupe  soit  verticale,  soit  horizontale,  de  l'un  de  ces 
tubercules,  on  reconnaît  aisément,  à  l'aide  d'un  grossissement  de  20  à 
3o  diamètres,  qu'il  est  formé  de  couches  superposées  mais  fortement  adhé- 
rentes les  unes  aux  autres.  Au  premier  abord,  la  matière  qui  constitue  ces 
couches  me  parut  amorphe  et  je  la  pris  pour  du  mucus  desséché  ;  mais  en 
raclant  la  surface  de  l'un  de  ces  tubercules  et  en  soumettant  les  lamelles 
ainsi  obtenues  à  un  grossissement  de  3oo  à  £00  diamètres,  je  reconnus 
qu'elles  étaient  formées  uniquement  par  des  cellules  d'épithélium  aplaties 
et  très-intimement  unies  entre  elles. 

»  J'acquis  ainsi  la  certitude  que  les  tubercules  en  question  ne  sont  autre 
chose  que  de  petites  productions  épithéliales,  et  par  conséquent  une 
dépendance  de  l'épiderme. 

»  L'expérience  suivante  m'a  permis  d'établir  avec  précision  quels  sont 
les  rapports  de  ces  tubercules  avec  l'enveloppe  épidermique  générale.  Je 
pris  un  Nase  dont  la  tête  et  le  corps  étaient  couverts  de  ces  tubercules  cor- 
nés, et  je  l'immergeai  pendant  vingt-quatre  heures  environ  dans  de  l'eau 
très-faiblement  alcoolisée.  Au  bout  de  ce  temps,  \\  me  suffit  d'une  tres- 
faible  traction  pour  détacher  l'épiderme  de  toute  la  surface  du  corps.  Cette 
membrane,  formée  d'une  seule  pièce  et  assez  résistante,  comprenait  dans 
son  épaisseur  tous  les  tubercules  dont  la  peau  se  trouvait  revêtue,  ceux  des 
écailles  aussi  bien  que  ceux  de  la  tête.  Je  pus  ainsi  obtenir  le  moule  exté- 
rieur du  Poisson  avec  tous  les  reliefs  qu'il  présentait  à  sa  surface.  Il  me 
semblait  avoir  sous  les  yeux  une  de  ces  enveloppes  dont  les  Reptiles  se 
dépouillent  au  moment  de  la  mue. 

»   Ayant  porté  sous  le    microscope  un  lambeau  de  la  membrane  ainsi 


(    a5o   ) 
détachée,  je  pus  [n'assurer  aisément  que  son  tissu  était  uniquement  com- 
posé de  cellules  d'épi t hélium    pavimenteux   renfermant  à   l'intérieur  un 
noyau  arrondi  et  de  très-fines  granulations. 

»  Apres  l'ablation  de  cette  membrane  extérieure,  la  surface  du  corps 
était  redevenue  lisse,  luisante,  et  la  peau  se  montrait  dans  un  état  d'inté- 
grité parfaite. 

»  Nous  pouvons  donc  admettre  que  les  tubercules  de  la  peau  et  l'épi- 
démie sont  un  même  tissu,  et  que  les  premiers  ne  sont  autre  chose  qu'un 
épaississement  partiel  du  second.  D'autre  part,  comme  ces  tubercules 
n'existent  que  pendant  une  certaine  époque  de  l'année,  et  comme  la  nature 
cornée  de  leur  tissu  ne  permet  pas  d'admettre  qu'ils  puissent  être  résorbés, 
leur  disparition  ne  peut  avoir  lieu  que  par  l'effet  de  leur  chute,  et  l'on  peut 
établir  avec  certitude  que  chez  un  certain  nombre  de  Poissons  il  existe  au 
moins  une  mue  partielle.  Je  dis  partielle,  mais  lorsqu'on  songe  aux  rap- 
ports intimes  par  lesquels  les  tubercules  se  trouvent  unis  au  reste  de  l'épi- 
derme,  et  à  la  facilité  avec  laquelle  celui-ci  se  détache  de  la  peau,  il  est  plus 
que  probable  que  le  revêtement  épidermique  tout  entier  tombe  à  l'état 
normal,  et  qu'il  existe  chez  les  Poissons,  aussi  bien  que  chez  les  Batraciens 
et  chez  les  Reptiles,  une  véritable  mue.  On  sait,  du  reste,  qu'à  l'époque  de 
la  reproduction,  la  peau  acquiert  toujours,  chez  les  Poissons,  un  surcroît 
d'activité,  ce  qui  explique  très-bien  l'apparition  des  tubercules  pendant  le 
temps  du  frai.    » 

PHYSIOLOGIE.  —  Influence  de  l'électricité  à  courants  intermittents  et  à  courants 
continus  sur  les  fibres  musculaires  de  la  vie  végétative  et  sur  la  nutrition. 
Note  de  M.  Ommcs,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

«  Influence  de  l'électricité  à  courants  intermittents  et  à  courants  continus 
sur  le  grand  sympathique.  —  L'influence  indirecte  de  l'électricité  sur  la  nu- 
trition est  due  à  son  action  sur  les  fibres  musculaires  qui  se  trouvent  dans 
les  parois  des  vaisseaux  sanguins  et  qui  par  leur  contraction  ou  leur  dila- 
tation déterminent  un  afflux  de  sang  plus  ou  moins  considérable.  Cette  in- 
fluence est  complètement  différente  selon  que  l'on  emploie  l'électricité  à 
courants  continus  ou  à  courants  interrompus. 

»  En  électrisant  le  grand  sympathique  au  moyen  de  courants  intermit- 
tents, on  obtient  un  abaissement  de  température  dû  au  resserrement  des 
vaisseaux  périphériques.  Les  courants  continus,  au  contraire,  appliqués 


(  a5i    ) 
sur   le  grand  sympathique,  déterminent   une   augmentation   de  tempéra- 
ture (i). 

»  L'électrisation  du  grand  sympathique  au  moyen  de  ces  courants  dé- 
termine une  contraction  spasmodique,  tétanique,  de  toutes  les  fibres  mus- 
culaires qui  se  trouvent  dans  les  parois  des  vaisseaux  sanguins,  et  par  suite 
un  resserrement  qui  empêche  l'afflux  du  sang. 

»  Les  courants  continus  au  contraire  ne  produisent  jamais  cette  contrac- 
tion permanente  ni  pour  les  muscles  striés,  ni  pour  les  muscles  lisses.  Ils 
font  même  cesser  la  contracture  produite  par  les  courants  intermittents,  et 

(i)  C'est  ce  que  montrent  les  expériences  suivantes.  Sur  un  lapin  nous  mettons  le  ganglion 
cervical  gauche  à  nu  et  nous  l'élecirisons  au  moyen  d'un  courant  forme  par  deux  piles  Re- 
mak.  Pendant  ce  temps,  la  température  reste  la  même  des  deux  côtés  de  la  tète;  elle  est  de 
33  degrés,  comme  avant  l'électrisation.  Elle  était  de  34  degrés  avant  qu'on  eût  fixé  l'animal, 
et  qu'on  lui  eût  fait  une  plaie  au  cou.  Nous  employons  alors  l'électrisation  d'induction  :  la 
température  diminue  d'environ  un  demi-degré.  Puis  nous  électrisons  de  nouveau  pendant 
près  de  deux  minutes  avec  un  courant  continu  fourni  par  quatre  piles  Remak:  la  température 
s'élève  au  même  degré  que  précédemment,  mais  sans  dépasser  la  température  du  côté  op- 
posé. L'animal  est  mis  en  liberté.  Une  heure  après,  on  observe  une  différence  de  tempéra- 
ture entre  les  deux  oreilles.  Du  côté  sain,  la  température  est  de  3i  degrés;  elle  est  de 
33°,3o  du  côté  électrisé.  Le  lendemain  matin,  la  température  est  de  3a  degrés  du  côté  sain 
et  de  34°, 4o  du  côté  électrisé.  Au  bout  de  vingt-quatre  heures  à  partir  de  l'opération,  on 
ne  trouve  plus  entre  les  deux  oreilles  de  différence  de  température.  Sur  un  autre  lapin,  la 
température  étant  avant  l'électrisation  de  34  degrés,  nous  soumettons  le  ganglion  cervical 
supérieur,  d'un  côté,  à  l'action  d'un  courant  continu  fourni  par  deux  piles  Remak,  pendant 
une  minute  et  trente  secondes.  L'animal  est  mis  en  liberté.  Au  bout  d'une  heure,  la  diffé- 
rence de  température  est  de  o°,8o  en  faveur  de  l'oreille  du  côté  opposé.  Au  bout  de  cinq 
heures,  il  n'y  a  plus  de  différence  entre  les  deux,  côtés  de  la  tète.  En  électrisant  alors  de  nou- 
veau le  même  ganglion  pendant  deux  minutes  avec  un  courant  fourni  par  six  piles,  on 
observe  au  bout  de  quarante  minutes  une  différence  de  i°,5o  entre  les  deux  oreilles; 
la  température  du  côté  électrisé  est  de  36  degrés;  elle  est  de  34°, 5o  du  côté  sain.  Le  lende- 
main matin,  cette  différence  de  température  n'existe  plus. 

On  voit  par  ces  expériences  que  la  différence  de  température  est  d'autant  plus  grande  et 
dure  d'autant  plus  longtemps  que  l'électrisation  a  été  plus  forte  et  plus  prolongée.  Nous 
ferons  également  remarquer  que  la  température  n'est  jamais  aussi  élevée  que  dans  les  cas  de 
paralysie  du  grand  sympathique,  et  qu'elle  ne  dépasse  guère  la  température  normale.  Ces 
expériences  pourraient  paraître  contradictoires  à  celles  de  MM.  Claude  Bernard,  Broivn- 
Sequard  et  d'autres  physiologistes,  mais  elles  ne  les  contredisent  en  rien.  L'électricité  à  cou- 
rants intermittents  a  toujours  été  employée  jusqu'à  présent  pour  l'électrisation  du  grand 
sympathique.  Or  cette  électricité  sur  les  fibres  musculaires  lisses  des  vaisseaux  agit  de  la 
même  façon  que  sur  les  fibres  musculaires  striées,  c'est-à-dire  qu'elle  détermine  des  con- 
tractions   énergiques,    permanentes,   qui  souvent  même  produisent  le   tétanos  du  muscle. 


(    252    ) 

les  contractions  tétaniques  que  détermine  l'empoisonnement  par  la  strych- 
nine. La  contractilité  est  ainsi  augmentée,  mais  il  ne  se  produit  aucune 
contraction  spasmodique  et  permanente;  les  fibres  musculaires  lisses  con- 
tinuent à  avoir  la  contraction  vermiculaire,  seulement  ce  mode  de  con- 
traction qui  leur  est  propre  est  exagéré,  et  par  conséquent  la  progression. 
du  courant  sanguin  se  trouve  facilitée. 

»  Influence  de  l'électricité  sur  les  mouvements  périslalliques  de  l'intestin.  — 
Cette  différence  d'action  de  l'électricité  à  courants  intermittents  et  à  cou- 
rants continus  se  voit  parfaitement  sur  les  mouvements  péristaltiques  de 
l'intestin, 

»  Les  courants  intermittents  n'agissent  que  localement  et  déterminent 
une  contraction  violente  de  la  partie  de  l'intestin  que  l'on  électrise.  Cette 
partie  blanchit  complètement,  se  resserre  sur  elle-même  et  reste  ainsi  con- 
tractée sans  pouvoir  opérer  le  mouvement  de  dilatation  et  de  contraction 
qui  lui  est  propre.  Ce  resserrement  dure  quelque  temps  encore  après  qu'on 
a  cessé  l'électrisation,  et  lorsque  le  tube  intestinal  a  repris  son  calibre  nor- 
mal, les  fibres  de  cette  partie  sont  comme  fatiguées,  car  les  mouvements  pé- 
ristaltiques deviennent  moins  énergiques. 

»  Les  courants  continus  ne  déterminent  jamais,  même  en  employant  un 
courant  très-énergique,  de  contractions  aussi  fortes.  Le  tube  intestinal  con- 
tinue à  se  dilater  et  à  se  resserrer  comme  à  l'état  normal,  mais  ces  mouve- 
ments sont  plus  étendus.  L'influence  des  courants  continus  ne  reste  pas  li- 
mitée aux  points  électrisés,  elle  s'étend  sur  les  autres  anses  intestinales,  sur- 
tout sur  celles  qui  sont  placées  dans  la  direction  du  courant,  c'est-à-dire 
celles  qui  se  trouvent  au-dessous  du  pôle  négatif. 

»  Ces  phénomènes  persistent  encore  après  qu'on  a  cessé  de  faire  agir  les 
courants  continus,  et  les  parties  ainsi  électrisées  sont  celles  qui  conservent 
le  plus  longtemps  leurs  mouvements  péristaltiques. 

»  Action  directe  de  l'électricité  sur  le  cœur  et  les  vaisseaux  sanguins.  —  Appli- 
quée directement  sur  le  cœur  d'animaux  à  sang  froid,  l'électricité  d'induc- 
tion détermine  au  moment  même  de  son  application  deux  ou  trois  con- 
tractions ;  mais  aussitôt  après,  les  mouvements  du  coeur  cessent  complète- 
ment, et  l'on  voit  l'oreillette  surtout  rester  contractée  énergiquement.  Les 
courants  continus  n'arrêtent  nullement  les  mouvements  du  coeur;  la  dia- 
stole est  moins  prononcée,  mais  les  battements  sont  plus  fréquents. 

»  Chez  la  couleuvre,  où  le  cœur  a  une  vitalité  encore  plus  grande  que  celui 
de  la  grenouille,  le  cœur  reste  en  systole  pendant  plusieurs  secondes  après 
l'action  des  courants  intermittents,  puis,  de  lui-même,  il  se  remet  à  battre. 


(  a53  ) 
Ce  temps  d'arrêt  peut  être  empêché  par  les  courants  continus;  car  si  l'on 
fait  agir  ceux-ci  immédiatement  après  les  courants  intermittents,  les  mouve- 
ments du  cœur  réapparaissent  aussitôt.  Donc,  non-seulement  les  courants 
continus  n'arrêtent  pas  les  mouvements  du  cœur,  mais  ils  les  font  même 
revenir  lorsqu'ils  sont  arrêtés. 

»  En  électrisant  le  pneumogastrique  au  moyen  des  courants  continus, 
on  n'observe  non  plus  l'arrêt  du  cœur,  comme  cela  a  lieu  avec  les  courants 
intermittents.  Avec  un  courant  continu  très-fort  on  peut  cependant  obtenir 
des  battements  beaucoup  moins  énergiques,  mais  la  cause  en  est  due  aux 
troubles  que  l'on  observe  du  côté  de  la  respiration,  car  l'électrisation  du 
pneumogastrique  au  moyen  de  courants  continus  amène  l'arrêt  des  mou- 
vements respiratoires. 

»  Lorsqu'on  coupe  le  pneumogastrique,  et  qu'on  électrise  successive- 
ment les  deux  bouts  au  moyen  de  courants  continus  de  quatre  à  huit  piles, 
on  observe  les  faits  suivants  : 

»  L'électrisation  du  bout  inférieur  par  un  courant  ascendant  ne  produit 
aucun  changement  ni  dans  la  respiration,  ni  dans  la  circulation. 

»  Le  courant  descendant  n'amène  aucun  phénomène  du  côté  de  la  respi- 
ration ;  du  côté  du  cœur  les  battements  sont  plus  fréquents,  mais  la  diastole 
est  moins  énergique. 

»  L'électrisation  du  bout  supérieur  ou  céphalique  par  un  courant  ascen- 
dant produit  une  grande  gêne  de  la  respiration  :  celle-ci  devient  profonde 
et  haletante,  et  finit  même  souvent  par  s'arrêter  complètement.  Les  mou- 
vements du  cœur  sont  consécutivement  moins  fréquents  et  moins  éner- 
giques. L'électrisation  du  bout  céphalique  par  un  courant  descendant  ne  dé- 
termine ces  phénomènes  que  très-insensiblement.  Il  faut  un  courant  deux 
ou  trois  fois  plus  fort  pour  produire,  avec  un  courant  descendant,  les 
mêmes  effets  qu'avec  un  courant  ascendant. 

»  L'action  des  courants  continus  sur  le  bout  céphalique  du  pneumogas- 
trique se  rapproche  donc  de  celle  des  courants  intermittents;  seulement, 
pour  les  courants  continus,  la  direction  du  courant  influe  d'une  manière 
très-marquée  sur  les  différents  phénomènes  qui  se  produisent. 

»  En  appliquant  directement  l'électricité  à  courants  continus  sur  les 
artères,  on  n'observe  aucun  changement  notable  chez  les  animaux  à  sang 
chaud;  chez  la  couleuvre,  nous  avons  vu  la  contraction  devenir  assez  éner- 
gique pour  resserrer  complètement  l'artère  et  empêcher,  pendant  quelque 
temps,  le  passage  du  sang.  Appliqués  sur  les  veines,  les  courants  continus 

C.  R.,  i8r,7,  i»  Semestre.  (T.  LXV,  N°  6.)  33 


(  254  ) 
ont,  chez  le  lapin,  déterminé  pour  la  veine  cave  inférieure  un  resserrement 
très-marqué.  Chez  la  couleuvre,  les  veines  abdominales,  qui  étaient  lisses 
et  régulièrement  cylindriques  avant  l'électrisation,  présentaient,  après,  des 
slries  et  des  nodosités  sur  tout  leur  parcours  (i).   » 

PATHOLOGIE.  —  Note  sur  la  présence  d'infusoires  dons  l'air  expiré  pendant 
le  cours  de  la  coqueluche;  par  M.  V.  Poulet.  (Addition  à  une  Note 
adressée  à  l'Académie  le  2  avril  dernier.) 

«  Une  petite  épidémie  de  coqueluche  s'étant  déclarée  naguère  dans  la 
localité  que  j'habite,  me  mit  à  même  d'examiner  la  vapeur  expirée  par 
plusieurs  enfants  atteints  de  cette  maladie,  réputée  contagieuse  par  la 
plupart  des  observateurs.  Je  citerai  notamment  une  petite  fdle  de  cinq  ans, 
parvenue  depuis  plusieurs  semaines  à  la  seconde  période  ou  période  con- 
vulsive  de  la  coqueluche,  et  une  autre  enfant,  sœur  de  la  précédente  et 
âgée  de  huit  mois,  au  début  de  la  maladie.  L'une  et  l'autre  portent  sous 
la  langue  l'ulcération  caractéristique.  Elles  ont  des  quintes  violentes  d'un 
quart  d'heure  de  durée,  pendant  lesquelles  la  face  devient  turgescente  et 
violacée,  et  qui  sont  suivies  de  quelques  mucosités  lactescentes  :  celles-ci 

(1)  Le  résultat  de  ces  expériences  concorde  parfaitement  avec  les  phénomènes  observés 
chez  l'homme.  Tandis  que  les  courants  intermittents  ne  déterminent  qu'une  augmentation 
légère  et  passagère  de  la  température  due  aux  contractions  musculaires  qu'ils  provoquent, 
les  courants  continus,  au  bout  de  fort  peu  de  temps,  augmentent  la  température  de  tout  un 
membre.  Cette  augmentation  est  non-seulement  sensible  pour  les  malades,  mais  elle  l'est  au 
thermomètre,  comme  nous  l'avons  constate.  Remak  insistait  beaucoup  sur  cette  activité  de 
la  circulation,  mais,  quoique  lui-même  ait  soutenu  que  les  courants  continus  augmentaient 
l'excitabilité  du  nerf,  il  en  cherchait  la  cause  dans  la  paralysie  des  nerfs  vasomoteurs.  Nous 
crovons,  au  contraire,  avoir  démontré  qu'elle  est  due  à  l'excitation  des  fibres  vasomotrices 
qui  favorise  la  contraction  autonome  des  artères.  Les  laits  suivants  nous  paraissent  encore 
être  une  preuve  de  cette  opinion.  Tandis  que  ni  les  courants  intermittents,  ni  la  paralysie 
des  nerfs  vasomoteurs  ne  déterminent  l'érection  des  différents  tissus  érectiles,  comme  l'a 
démontré  M.  le  Dr  Legros,  les  courants  continus  produisent  très-souvent  ce  phénomène,  dû, 
d'après  M.  Legros,  à  I  exagération  de  la  contraction  artificielle  de  ces  tissus.  Enfin,  l'élec- 
trisation au  moyen  des  courants  continus  détermine  une  exagération  de  la  sécrétion  des 
glandes,  et  nous  avons  observé  quelquefois  une  salivation  très-abondante  qui  persistait  pen- 
dant plusieurs  jours,  lorsqu'on  avait  précédemment  applique  les  réophores  sur  la  partie 
supérieure  du  cou.  Dans  les  expériences  faites  sur  les  animaux,  l'élévation  de  température 
ne  devient  apparente  qu'une  heure  après  l'électrisation.  La  même  chose  arrive  chez  l'homme 
et,  en  général,  tous  ces  phénomènes  ne  se  manifestent  que  quelque  temps  après  l'électrisa- 
tion. Ce  temps  est  très-variable,  mais  ne  dépasse  guère  deux  ou  trois  heures. 


(  255  ) 
coulent  en  filant  de  la  bouche  à  la  fin  des  saccades.  Enfin,  de  temps  en 
temps,   les   expirations  de   la    toux   sont    interrompues  par   l'inspiration 
bruyante  qui,  avec  l'ulcération  sublinguale,  passe  pour  le  caractère  patho- 
gnomonique  de  la  coqueluche. 

»  Les  vapeurs  provenant  de  la  respiration  des  petits  malades,  recueillies 
par  le  procédé  décrit  dans  mon  précédent  Mémoire,  présentent  à  l'examen 
microscopique  un  véritable  monde  de  petits  infusoires,  identiques  dans 
tous  les  cas.  Les  plus  nombreux,  qui  sont  aussi  les  plus  ténus,  peuvent  être 
rapportés  à  l'espèce  décrite  par  les  uns  sous  le  nom  de  Monas  tenno,  par 
d'autres  sous  celui  de  Bacterium  lermo.  D'autres,  en  plus  petit  nombre, 
s'agitent  çà  et  là  sous  le  champ  de  l'instrument.  Ils  ont  une  forme  bacil- 
laire, légèrement  en  fuseau;  leur  longueur  est  de  2  à  3  centièmes  de  mil- 
limètre; leur  largeur  d'à  peine  \  centième  de  millimètre.  C'est  l'espèce 
que  Mùller  nommait  Monas  punctum,  Ehrenberg  Bodo  punclwn,  et  que 
les  micrographes  rangent  habituellement  parmi  les  Bactéries,  Bacterium 
bacillus.  Ainsi  la  coqueluche,  par  les  altérations  de  l'air  expiré,  rentre 
dans  la  classe  des  maladies  infectieuses,  parmi  lesquelles  j'ai  déjà  étudié, 
au  même  point  de  vue,  la  variole,  la  scarlatine  et  la  fièvre  typhoïde.  C'est 
une  vérité  que  la  simple  observation  des  faits  avait  déjà  rendue  évidente 
et  qui  reçoit  des  études  microscopiques  une  consécration  irrécusable.    » 

M.  le  Directeur  de  la  Revue  Maritime  et  Coloniale  prie  l'Académie 
de  vouloir  bien  autoriser  l'éditeur  des  Comptes  rendus  à  prêter  à  cette  Bévue 
la  planche  qui  a  été  faite  pour  la  Note  de  M.  Dupuy  de  Lôme  sur  la  ma- 
chine à  trois  cylindres. 

Cette  autorisation  est  accordée. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  E.  D.   B. 


33. 


(  256  ) 


BULLETIN    liir.l ;  U'IiH.M  I  . 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  5  août  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Etudes  sur  les  altérations  des  tissus  dans  la  carie  dentaire;  par  M.  E.  MaGI- 
tot.  Paris,  1867;  br.  in-8°. 

Recherches  ethnologiques  et  statistiques  sur  les  altérations  du  système  dentaire; 
par  M.  E.  Magitot.  Paris,  1867;  br.  in-8°.  (Ces  deux  brochures,  présen- 
tées par  M.  Robin,  sont  renvoyées  au  concours  de  Médecine  et  Chirurgie 
1867.) 

Nouveau  procédé  pour  la  préparation  et  la  conservation  des  Mollusques;  par 
M.  E.  Dubrueil.  Paris,  sans  date;  opuscule  in-8°. 

Rapport  sur  les  travaux  du  Conseil  central  d'hygiène  publique  et  de  salubrité 
du  département  de  la  Loire-Inférieure  pendant  les  années  1 865  et  1866,  adressé 
par  M.  Bourlon  DE  Rouvre.  Nantes,  1867  ;  2  br.  in-8°.  (2  exemplaires.) 

Mémoire  sur  l'ozonométrie;  par  M.  A.  BÉrigny.  Versailles,  sans  date;  br. 
grand  in-8°. 

Rullelin  de  la  Société  Vaudoise  des  Sciences  naturelles,  t.  IX,  nos  55,  56. 
Lausanne,  1866;  2  br.  in-8°. 

Traitement  des  maladies  des  voies  respiratoires,  des  organes  des  sens  et  des 
cavités  naturelles  chez  l'homme  et  chez  la  femme;  par  M.  le  Dr  J.  Rengade. 
Paris,  sans  date;  br.   in-8°. 

Note  sur  le  terrain  triasique  de  la  Savoie;  par  M.  Al.  Favre,  suivie  d'une 
Lettre  de  M.  Ch.  Lory  sur  le  même  sujet.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-8°. 
(Extrait  des  Archives  des  Sciences  de  la  Bibliothèque  universelle.) 

Rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  de  Physique  et  d'Histoire  naturelle  de 
Genève,  de  juin  1866  à  mai  1867;  par  M.  Al.  Favre,  Président.  Sans  lien 
ni  date;  br.  in-4°.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  de  Physique  et  d'His- 
toire naturelle  de  Genève.) 

Mémoire  sur  la  déduction  d'un  seul  principe  de  tous  les  systèmes  cristal- 
loqraphiques  avec  leurs  subdivisions;  par  M.  A.  GADOLIN.  Helsingfors,  1867; 
in-4°  avec  planches.  (Extrait  des  Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  de  Fin- 
lande.) 


(  *7  ) 

Observaciones...  Observations  météorologiques  effectuées  en  l'Observatoire 
royalde  Madrid,  du  iei  décembre  1 865  au  3o  novembre  1866.  Madrid,  1867; 
1  vol.  in-i  2  cartonné. 

Adunanza...  Réunion  générale  de  i Académie  royale  des  Sciences  de  Turin 
du  iS  juin  1867.  Turin,  1867;  in-40. 

Caldaje...  Chaudière  solaire;  troisième  Mémoire;  par  M.  J.  MociiNlGO. 
Vicence,  1867;  opuscule  in-8°. 

Magnetische...  Observations  ma</nétiques  et  météorologiques  de  Prague. 
26e  année,  du  1"  janvier  au  3 1  décembre  1866.  Prague,  1867;  in-4°. 

Meleorologische...  Observations  météorologiques  de  l'Observatoire  de  Berne, 
faites  à  l'Observatoire  en  septembre,  octobre  et  novembre  1866.  Berne,  sans 
date;  3  br.  in-4°. 

Geological...  Relevé  géologique  du  Canada.  Figures  et  description  des  fossiles 
organiques.  Seconde  décade  :  Giaptolites  du  groupe  de  Québec;  par  M.  J. 
Hall.  Montréal,  i865;  1  vol.  in-4°  avec  planches,  relié. 


PUBLICATIONS    PERIODIQUES    REÇUES    PAR    L7  ACADEMIE    PENDANT 
LE    MOIS    DE    JUILLET     I8G7. 


Rutletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse;  juin  1867;  in-8°. 

Bulletin  général  de  Thérapeutique;  n"  des  3ojuin  et  i5  juillet  1867  ;  in-8°. 

Rulletin  hebdomadaire  du   Journal  de  /' Agriculture;   n09  26  à  3o,  1867; 
in-8°. 

Bullettino  meteorologico  dell'  Osservaiorio  del  Collegio  romano ,  n°  6,  1 867  ; 
in-4°. 

Catalogue  des  Brevets  d'invention;  n°   1,  1867;  in-8°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires   des  séances  de   l'Académie  des   Sciences, 
2e  semestre  1867,  nos  1  à  5;  in-4°. 

Cosmos;  t.  V,  n°  26,  t.  VI,  nos  1  à  4,  1867;  in-8°. 
Gazette  des  Hôpitaux;  nos  74  à  88,  1 8G7  ;  in-4°- 
Gazette  médicale  de  Paris;  nos  26  à  3o,  1867;  in-4°. 
Journal  d' Agriculture  pratique;  nos  26  à  3o,  1867;  in-8°. 


(  *58  ) 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie;  3o  juin 
et  i5  juillet  1867;  in-8°. 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  mai  1867; 
111-80. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées;  avril   1867;  in-4°. 

Journal.de  Médecine  vétérinaire  militaire;  juin  1867;  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie:  juillet  1867;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  nos  19  et  20,  1867  ; 
111-80. 

Journal  des  fabricants  de  sucre;  nos  11  à  i5,  1867;  hi-f". 

Journal  of  the  Franklin  Institule ;  n°5  1,  3,  [\,  5.  Philadelphie,  1867; 
in-8°.  (Présentés  par  M.  Swaim.) 

Kaiser liche...  Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne;  nos  16  et  17, 
1867;  1  feuille  d'impression  in-8°. 

L'Abeille  médicale;  nos  26  .1  29,   1867;  in-4". 

La  Guida  del  Poj>olo ;  juillet  1867;  in-8°. 

L'Art  dentaire;  juin  1867;  in-8°. 

L'Art  médical;  juillet  1867;  in-8°. 

La  Science  pour  tous;    nos  3o  à  34,    1867;  in-4°. 

Le  Gaz;  n°  5,  1867;  in-46. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie ;nos  8  et  9,  1867;  m-4u. 

Les  Mondes...,  livr.  9  à  i3,  18G7;  in-8°. 

Magasin  pittoresque  ;  juin  1867;  in-4°. 

Matériaux  pour  V histoire  positive  et  philosophique  de  l'homme;  par  M.  G.  DE 
Mortillet;  mai  et  juin  1867;  in-8°. 

Monatsbericht...  Compte  rendu  mensuel  des  séances  de  l'Académie  royale 
des  Sciences  de  Prusse.  Berlin,  avril  1867;  in-8°. 

Monthly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  loyale  d'Astronomie  de  Londres, 
i4  juin  1867;  iu-12. 

Montpellier  médical...  Journal  mensuel  de  Médecine;  t.  XIX,  n°  1,  18G7; 
in-8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques;  juillet  1867;  in-8°. 

Pharmaceulical  Journal  and  Transactions;  t.  IX,  n"  1,   1867;  in-8°. 
Presse  scientifique  des  Deux  Mondes;  nos  26  à  3o,  1867  ;  in-8°. 


(  »5g  ) 
Répertoire  de  Pharmacie  ;  juin  et  juillet  1 867  ;  in-8°. 
Revue  des  cours  scientifiques;  nos  3i  à  35,  1867;  in-4°. 
Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale;  nus  1  3  et  i4,  1867;  in-tf". 
Revue  maritime  et  coloniale;  juillet  1867  ;  in-8°. 
Revue  médicale  de  Toulouse;  n°  6,  1867;  in-8°. 

Société  reale  di  Napoli.  Rendiconto  detV  Accademia  délie  Scienze  fisiche  e 
matemaliche.  Naples,  mai  1867;  in-4°. 

Société  d'Encouragement,  Résumé  des  procès-verbaux,  séances  des  28  juin, 
12  et  19  juillet  1867;  in-8°. 

The  Laboratory ;  nus  i3  à  17,  1867;  in-4°. 

The  Scientific  Revicw;  n°  j  6,  1 867  ;  in-4°- 


ERRATUM. 

(Séance  du  22  juillet  1867. 

Page  1 54 ,  ligne  7,  au  lieu  de  négatif,  lisez  positif. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  12  AOUT  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  M^EMHRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

FIISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Sur  la  prétendue  correspondance  entre  Newton  et 
Pascal.  Lettre  de  Sir  David  Brewster  à  M.  Chevreul 

«   Alberly  Melrose,  6  août  1867. 

»  J'ai  lu  avec  plus  que  de  la  surprise  la  prétendue  correspondance  de 
Pascal  avec  Boyle  et  Newton  publiée  dans  le  dernier  numéro  des  Comptes 
rendus.  N'ayant  pas  les  moyens  déjuger  de  l'authenticité  des  nombreuses 
Notes  de  Pascal,  qui  ont  paru  dans  les  deux  précédents  numéros,  je  ne  me 
hasarderai  pas  à  exprimer  les  soupçons  qu'elles  ont  pu  m'inspirer  ;  mais, 
quand  j'ai  lu  les  lettres  de  Pascal  et  de  Newton,  lettres  datées  et  contenant 
des  faits  sur  lesquels  j'étais  en  état  de  me  former  une  opinion,  j'ai  senti 
que  c'était  un  devoir  pour  le  biographe  de  Newton  d'étudier  la  préten- 
due correspondance. 

»  Ayant  soigneusement  examiné  tous  les  papiers  et  la  correspondance 
de  Sir  Isaac  Newton  qui  se  conservent  à  Hui  tsbourne  Park,  résidence  d'une 
personne  de  sa  famille,  M.  le  comte  de  Portsmouth,  je  n'hésite  pas  à  dire 
qu'aucune  lettre  de  Pascal  à  Newton,  ni  aucune  autre  pièce  contenant 
le  nom  de  Pascal  n'existent  dans  cette  collection.  En  1837,  M.  Henri  Fel- 
lows,  frère  aîné  du  comte  de  Portsmouth,  voulut  bien  m'aider  à  examiner 

C.  R.,  i8fi:,  2e  Semestre.  (  T.  LXV,  N°  7.)  34 


(    2Ô2    ) 

ces  papiers,  et  nous  aurions  été  ravis  de  trouver  la  moindre  lettre  ou  le 
moindre  document  provenant  d'un  grand  homme,  d'un  noble  caractère 
tel  que  Pascal.  A  une  époque  plus  rapprochée,  lord  Portsmouth  me  per- 
mit de  garder  en  ma  possession,  pendant  plusieurs  mois,  toutes  !es  pièces 
que  M.  Fellows  jugeait  pouvoir  m'ètre  utiles  pour  écrire  la  vie  de  Newton, 
et,  dans  ce  second  examen  des  manuscrits,  je  n'ai,  pas  plus  que  dans  le 
premier,  trouvé  le  nom  de  Pascal. 

»  Je  crois  que  jamais  lettres  n'ont  été  échangées  entre  Pascal  et  Newton, 
et,  s'il  était  prouvé  que  celles  qui  ont  été  publiées  dans  le  Compte  rendu 
sont  des  productions  véritables,  il  en  résulterait  que  des  trois  seules  per- 
sonnes qui  aient  examiné  les  papiers  de  Portsmouth,  M.  Conduit t,  le 
Dr  Horsley  et  moi,  l'une  ou  l'autre  aurait  volontairement  supprimé  les 
lettres  de  Pascal,  afin  de  donner  à  Newton  la  gloire  sans  partage  d'avoir 
établi  la  loi  de  la  gravitation  universelle.  Ce  qui  est  dit  des  lettres  de  Miss 
Anne  Ayscouqli,  mère  de  Newton,  adressées  à  Pascal,  pour  le  remercier  de 
ses  bontés  envers  son  fils,  est  tout  à  fait  inexplicable.  Newton  avait  à  peine 
quatre  ans,  quand  sa  mère  cessa  de  porter  le  nom  d'Ayscough,  et  ce  serait 
seulement  sous  son  nouveau  nom  de  femme,  Hannah  Srnilh,  qu'elle  aurait 
pu  correspondre  avec  Pascal. 

»  La  lettre  de  Pascal  à  Boyle  en  date  du  16  juin  i65/J,  où  on  lui  fait 
dire  qu'il  a  reçu  un  Mémoire  de  Newton  traitant  du  calcul  infinitésimal,  du 
système  des  tourbillons,  de  l'équilibre  des  fluides  et  de  la  gravité,  est  évidem- 
ment l'œuvre  d'un  faussaire,  car  Newton,  alors  âgé  seulement  de  onze  ans, 
ne  connaissait  rien  sur  aucun  de  ces  sujets.  Les  lettres  de  Pascal  à  Newton 
datées  du  20  mai  i654,  et  les  nombreuses  lettres  qu'on  donne  comme 
échangées  entre  eux  dans  la  même  année,  quand  Newton  avait  moins  de 
onze  ans  et  demi,  sont  également  forgées,  car  Newton  n'avait  nulle  con- 
naissance des  sujets  qui  y  sont  traités,  s'occupant  alors,  d'une  manière 
bien  plus  convenable  à  son  âge,  de  cerfs-volants,  de  petits  moulins  et  de 
cadrans  solaires,  et  cela  jusqu'en  i658,  où,  comme  il  l'a  dit  lui-même  à 
M.  Conduitt,  il  fit  sa  première  expérience  scientifique,  consistant  à  mesurer 
la  différence  de  vitesse  du  vent  par  la  différence  de  longueurs  de  deux  sauts 
consécutifs  qu'il  faisait,  l'un  dans  le  sens  où  soufflait  l'orage,  l'autre  dans 
la  direction  opposée. 

»  Ce  fut  seulement  en  1661  qu'il  montra  ces  dispositions  et  aborda 
quelques-unes  de  ces  études  par  lesquelles  il  devint  plus  tard  si  célèbre. 

»  Comme  confirmation  des  raisons  que  je  viens  de  donner,  je  ne  crains 
pas  d'ajouter  que  ces  lettres,  tant  celles  de  Newton  que  celles  de  Pascal, 


(  263  ) 
annoncent  par  des  caractères  intrinsèques  et  rien  que  par  leur  style,  qu'elles 
ne  sont  point  les  productions  de  ces  hommes  distingués;  j'espère  en  consé- 
quence que  M.  Chasles  publiera  toutes  les  lettres  en  sa  possession  qui  ont 
rapport  à  Newton,  afin  que  ses  amis  en  Angleterre  puissent  montrer  plei- 
nement, même  aux  gens  les  plus  crédules,  que  celles  de  Pascal,  de  Boyle 
et  de  Newton  sont  de  méprisables  forgeries.  » 

Après  la  lecture  de  cette  Lettre,  M.   Chasles  s'exprime  ainsi  : 

«  Je  ne  dirai  rien  dans  ce  moment  des  pièces  émanées  de  Pascal,  dont 
l'authenticité  est  soumise  à  l'examen  d'une  Commission. 

»  Mais  la  Lettre  de  l'illustre  Associé  de  l'Académie,  notre  vénéré  con- 
frère M.  Brewster,  soulève  une  autre  question  à  laquelle  il  ne  m'est  pas 
possible  de  différer  de  répondre,  savoir,  s'il  a  réellement  existé  des  rela- 
tions entre  Pascal  et  le  jeune  Newton. 

»  Cette  question  peut  être  traitée  dès  ce  moment,  indépendamment  de 
l'authenticité  des  Lettres  et  autres  pièces  de  Pascal. 

»  Elle  est  grave;  aussi  l'Académie  me  permettra  de  produire  de  nom- 
breux documents  qui  mettront  hors  de  doute  la  réalité  des  relations  an- 
noncées. 

»  Je  rangerai  ces  documents  en  quatre  classes.  Ce  seront  : 

»  i°  Des  Lettres  de  miss  Anne  Ascongh,  la  mère  de  Newton,  et  d'Aubrey 
adressées  à  Pascal  ;  et  des  Lettres  de  Hobbes  adressées  à  Mariotte  et  à  Cler- 
selier; 

»  i°  Des  Lettres  de  Newton  adressées  à  Mme  Perrier,  à  l'abbé  Perrier,  à 
Robault,  à  Saint-Evremond,  à  Desmaizeaux,  à  Malebranche  ; 

»  3°  Des  Lettres  adressées  à  Newton  par  Mme  Perrier,  par  Rohault,  par 
Clerselier,  par  Mariotte; 

»  4e  Des  Lettres  de  quelques  savants  et  littérateurs  des  premiers  temps 
du  siècle  dernier:  Montesquieu,  Desmaizeaux,  Rémond,  Louis  Racine. 

I. 

»  Deux  Lettres  sont  adressées  à  Pascal  par  miss  Anne  Ascough,  comme 
je  l'ai  déjà  dit  (i).   Plusieurs  sont  d'Aubrey;  en  voici  une  : 


(i)  Compte  rendu  de  la  séance  du  ?.g  juillet,  ("es  deux  lettres  sont  signées  miss  Anne 
Ascough  Newton.  La  première  est  datée  ce  i  juillet  i654,  et  la  seconde  ce  i  septembre.  Pas- 
cal a  écrit  sur  la  première  :  «  Cette  lettre  est  de  la  mère  du  jeune  Newton,  P.  »,  et  sur  la 
seconde  :  <■  Lettre  de  la  mère  du  jeune  Newton.  » 

34.. 


(  a6*  ) 

J  libre  y  à  Pascal. 

Le  la  may  i654-  —  Me  suis  rendu  suivant  vostre  désir  auprès  du  jeune  Isaac  Newton, 
et  me  suis  entretenu  longuement  avec  luy.  Il  est  fort  jeune  encore,  car  a  peine  a-t-il  onze 
ans,  et  pourtant  il  raisonne  fort  sciemment  sur  les  mathématiques  et  la  géométrie.  Je  luy  de- 
manday  de  qui  il  tenoit  les  premières  notions  de  ces  sciences,  et  qui  les  lui  avoit  initiées. 

Il  me  conta  qu'en  la  maison  de  son  père  étoit  venu  habiter  pendant  quelques  temps  un 
François,  bon  amy  de  son  dit  père,  et  qui  lui  enseigna  les  premiers  principes  du  françois,  et 
qu'il  lui  avoit  aussy  enseigné  les  premiers  éléments  de  la  géométrie;  et  qu'un  jour  il  luy 
lit  un  tant  bel  éloge  de  Descartes,  dont  on  venoit  d'apprendre  la  mort,  que  cela  luv  donna 
l'idée  d'estudier  dans  les  livres  de  ce  grand  philosophe  et  mathématicien  tout  à  la  fois;  et 
qu'alors  cherchant  partout  les  moyens  de  bien  approfondir  les  connaissances  de  ce  scavant 
François,  il  eut  recours  à  vous  dont  il  avoit  aussy  entendu  faire  l'éloge.  Voilà  comment  il  luy 
a  pris  envie  de  vous  escrire.  Il  a  aussy  escrit,  m'a-t-il  dit,  à  M.  Gassendi,  mais  celuy-cy  ne 
luy  a  encore  rien  répondu.  Je  puis  donc  vous  assurer,  monsieur,  que  le  jeune  estudiant  de 
l'école  de  Grantham  est  digne  d'interest,  et  qu'il  est  de  bonne  maison,  mais  orphelin  de 
père.  Voilà  ce  que  j'ay  a  vous  apprendre,  monsieur,  et  suis  votre  bien  affectionné. 

Th.   Hobbes  à  Mariotte. 

Ce  8  mars  1676.  —  Je  ne  suis  pas  moins  étonné  que  vous  du  silence  de  M.  Newton  sur 
Descartes  et  Pascal,  ses  précurseurs,  et  auxquels  pourtant  il  doit  une  partie  de  la  réputation 
qu'il  a  acquise.  .  .  Il  est  à  la  connaissance  de  maintes  personnes  qu'il  a  eu  des  relations  avec 
M.  Pascal  ;  que  celui-cy,  dans  les  dernières  années  de  son  existence  et  sur  la  recommanda- 
tion qu'on  lui  fit  du  jeune  Newton,  génie  précoce  qui  promettoit,  il  lui  fit  part  de  ses  idées  et 
lui  envoya  bon  nombre  de  ses  observations.  Je  veux  bien  croire  que  M.  Pascal  n'a  donné 
que  des  idées,  des  projets,  et  qu'il  a  fallu  à  M.  Newton  retravailler,  polir,  refaire  pour  ainsi 
dire  les  projets  que  lui  avoit  initiés  M.  Pascal.  Mais  ne  jamais  citer  son  nom  dans  ses  écrits, 
cela  me  semble  extraordinaire.  Car  certes  les  noms  de  Descartes  et  de  Pascal  sont  des 
noms  très-louables,  et  on  ne  doit  pas  craindre  de  les  citer  :  et  quoiqu'en  puisse  dire 
M.  Newton,  ces  deux  génies  sont  ses  précurseurs;  et  pour  ne  parler  que  de  Descartes,  on 
lui  devra  toujours  les  plus  belles  connaissances.  C'est  à  lui  qu'on  doit  la  méthode  par  la- 
quelle on  a  découvert  et  on  découvre  tous  les  jours  tant  de  vérités.  C'est  lui  qui  a  allié  la 
physique  avec  les  mathématiques,  débrouillé  le  chaos  de  l'algèbre  ancienne,  etc.,  etc.  Je 
vous  le  répette,  je  ne  comprend  pas  le  silence  ou  plutôt  le  mépris  que  M.  Newton  a  pour 
Descartes.  Je  suis  de  vous,  Monsieur,  le  bien  affectionné. 

Hobbes  à   Clersclicr. 
Ce   28   mars.  —  Quant   à   ce  qui  est  de  Monsieur  Pascal,  avec  lequel  j'ai   toujours  eu 
aussi  de  très-honorables  relations,  vous  n'ignorez  pas  sans  doute  qu'il  a  pris  en  affection  un 
jeune  écolier  de  l'Université  de  Cambridge,  duquel   on  vante  la  précocité.  Sur  ce,  je  vous 
dirai  mon  sentiment  dans  une  autre  Lettre. 

II. 

Newton  à  Mm°  Perricr. 
Ce  Ier  octobre.   —  Mercy,  grand  mercy  du  précieux  don  que  m'avez  fait  d'un  des  escrits 


(  265  ) 

trouvé  es  habits  de  M.  Pascal  ....  Je  vous  assure  aussy,  Madame,  que  je  feray  beaucoup 
de  cas,  et  que  j'ay  grand  respect  pour  tous  lesescrits  qu'il  m'a  envoyé  en  son  vivant,  et  les 
garderay  aussi  comme  précieux  souvenirs  de  luy  Mr  Pascal  et  de  mon  jeune  aage  en  mesme 
temps. 

Ce  3o  mars.  —  Desja  dans  le  temps  de  la  mort  du  très  regrettable  et  bon  amy  de  moy 
M.  Pascal,  vous  m'avez  envoyé  divers  papiers  de  luy,  dont  je  vous  scay  gré,  et  viens  vous 
en  renouveller  le  remerciement.  Mais  j'ay  appris  que  vous  aviez  encore  de  luy  certains 
escrits  qui  me  feroient  grand  plaisir  d'avoir.  Je  tiens  cette  révélation  d'un  mien  amy,  à  qui 
les  avez  communiqué,  m'a-t-il  dit.  Je  prie  vous,  Madame,  me  dire  si  cette  personne,  qui 
est  M.  Rohaull,  vous  les  a  remis,  et  si  vous  voulez  bien  me  les  communiquer  aussy.  Du 
reste,  Madame,  si  vous  me  permettiez  voir  tous  les  papiers  qui  vous  sont  restés  de  Monsieur 
vostre  frère,  je  feray  volontiers  le  voyage  à  Paris,  pour  les  examiner  par  moy  mesme.  Et 
vous  prierav  me  dire  aussy  en  quelles  mains  il  peut  s'en  trouver  d'autres.  C'est  vous  dire 
assez,  Madame,  la  grande  estime  que  j'avais  pour  feu  M.  Pascal,  et  la  grande  considération 
de  moy  pour  tout  ce  qui  le  touche.  J'attens  de  vous,  Madame,  une  réponse  de  suite,  je 
vous  prie;  et  suis  de  vous  excessivement  le  très  affectionné  et  bien  obligé  serviteur. 

Newton  à  M.   Vabbé  Perrier. 

• 

18  juin.  —  Je  vous  prieray  m'envoyer,  s'il  vous  plait,  toutes  les  lettres  de  moy  adressées 
à  M.  Pascal.  Ce  sont  des  souvenirs  de  mon  enfance  que  je  désirerois  garder  devers  moy. 
Soyez  donc  assez  bon,  je  vous  prie,  pour  vous  occuper  de  les  rechercher  parmy  les  papiers  de 
feu  vostre  oncle,  et  je  vous  en  seray  très  reconnaissant.  Veuillez  ne  point  laisser  cette  affaire 
en  oubli,  s'il  vous  plait,  et  soyez  assuré  de  mon  affection  bien  sincère. 

Newton  à  Rohaalt. 
Ce  25  août.  —  Il  est  vray,  Monsieur,  que  lorsque  je  visitay  M.  Pascal  il  estoit  desja 
très  malade.  Je  trouvay  sa  teste  très  fatiguée.  Je  reconnu  qu'il  n'avoit  pas  toutes  ses  facultés. 
Aussy  j'en  fus  fort  peiné.  Luy  qui  avoit  escrit  de  si  belles  choses.  Ce  fut  là  une  des  raisons 
qui  m'ont  empesché  d'en  parler  dans  mes  œuvres.  Quoy  qu'il  en  soit,  je  reconnois  qu'il  fut 
homme  de  grand  mérite  et  qu'il  eust  une  science  profonde.  Quand  à  M.  Descartes  duquel 
je  vous  promis  mon  sentiment,  selon  moy  il  mesura  d'un  coup  d'œil  toute  l'estendue  des 

conséquences  de  son  système 

Newton  à  Saint- Evremond. 

Ce  12  may  t685.  —  Vous  me  mandez  tenir  de  plusieurs  personnes  de  vos  amis  qui  se 
disent  bien  informées,  que  je  dois  avoir  un  bon  nombre  d'escrits  de  feu  monsieur  Pascal, 
et  aussi  deMr  Descartes.  Cela  est  vray  et  je  veux  bien  vous  dire  comment  je  les  ai  obtenu.... 
Non-seulement  il  (Pascal)  m'a  donné  de  bons  conseils  pour  me  diriger  dans  Pestude  des 
sciences;  mais  il  m'a  soumis  maints  projets  à  continuer,  et  comme  je  viens  de  vous  le  dire, 
il  m'a  fait  part  d'un  bon  nombre  d'observations  que  sur  cela  il  avait  fait,  en  m'engageant 
de  les  mettre  à  exécution  :  ce  que  j'ai  taché  de  faire  autant  qu'il  m'est  possible. 

Newton  à  Desmaizeaux. 

Ce  12  novembre  171c).  —  Vous  me  mandez  tenir  d'une  personne  bien  assurée  que  je  de- 
vrais avoir,  ou  que  j'aurois  eu  entre  les  mains  des  papiers  de  Descartes,  de  Kepler,  de  Pas- 
cal, etc.  Il  est  vray  qu'il  m'en  est  tombé  autrefois  quelques-uns  entre  les  mains,  principale- 


i   266  ) 

nient  de  feu  monsieur  Pascal  avec  lequel  je  m'estois  mis  en  relation,  estant  jeune  encore.  Cela 
dura  quelques  années.  Je  n'eus  qu'à  me  louer  de  ce  scavant  qui  sembloit  prendre  intérest  à 
moi.  Mais  ayant  entendu  parler  de  sa  démence,  j'ay  mis  tous  ces  divers  escrits  de  costé,  pen- 
sant que  je  ne  devois  pas  en  faire  mention  à  cause  de  cet  incident  survenu  à  Mr  Pascal,  sur 
la  fin  de  sa  vie.  Quoi  qu'il  en  soit,  je  veux  bien  vous  avouer  à  vous  que  ces  divers  escrits 
m'ont  esté  de  quelque  utilité  pour  mes  travaux,  et  que  j'y  ai  glané  quelques  idées  qui  m'ont 
servi  pour  l'établissement  de  mon  système.  Mais  depuis  longtemps  je  ne  sais  ce  que  sont  de- 
venus ces  papiers.  Voilà  pourquoy  je  ne  vous  les  communique  pas.  Mais  en  récompense  je 
vous  envoyé  diverses  pièces  nouvelles  relatives  aux  débats  que  j'ay  eu  autrefois  avec  Mr  Leib- 
niz. Vous  pouvez  les  joindre  comme  appendix  à  celles  que  vous  avez  déjà  et  en  disposer 
comme  vous  l'entendrez.  Je  vous  scay  trop  bon  amy  de  moy  pour  doubter  que  vous  en  ferez 
mauvais  usage.  Sur  ce,  Monsieur  et  cher  Desmaizeaux,  je  vous  prie  estre  bien  assuré  que  je 
suis,  comme  toujours,  de  vous  le  très-humble  et  très-dévoué  serviteur. 

Newton  h  Malebranche. 
Monsieur  et  très-révérend  père,  comme  l'a  dit  Mr  P.,  dont  déjà  nous  nous  sommes  entre- 
tenu, si  le  mouvement  croît  ou  diminue  dans  le  Monde,  il  faut  que  l'action  de  Dieu  croisse 

ou  diminue Ainsi  que  le  dit  encore  Mr  P.  dans  une  des  Notes  qu'il  m'a  communiquées,  si 

la  machine  de  l'univers  étoit  tellement  construite  que  le  mouvement  y  fût  tantôt  plus  grand 
et  tantôt  moindre,  tous  les  inconvénients  dont  nous  avons  parlé  dans  une  autre  lettre  se  re- 
trouveraient icy.  Dieu  seroil  semblable  à  cet  horloger.... 

III. 

Madame  Perrier  à  Newton. 

Ce  4  uiav  1 663.  —  Vous  me  mandez,  Monsieur,  de  vouloir  bien  vous  donner  connais- 
sance des  premières  années  de  la  vie  de  feu  mon  frère.  Je  le  feray  avec  plaisir,  quoyque 
cela  me  rappelle  des  souvenirs  qui  aujourd'hui  me  sont  pénibles,  parce  que  je  scay  qu'en  ces 
derniers  tems  il  m'a  entretenu  plusieurs  foys  de  vous  avec  affection,  et  que  parmy  ses  pa- 
piers j'y  ai  tiouvé  plusieurs  lettres  que  vous  luy  avez  adressées  qui  me  tesmoigne  que  vous 
avez  aussy  beaucoup  d'affection  pour  luy. 

Ce  8  septembre. —  Vostre  lettre  m'a  été  si  agréable,  que  je  ne  puis  m'empescher  d'obtem- 
pérer à  vos  désirs.  Il  est  bien  vray,  Monsieur,  que  quelques  jours  après  la  mort  de  mon  très- 
cher  frère,  Monsr  Pascal,  nostre  domestique,  en  brossant  son  pourpoint  pour  le  serrer, 
s'aperçut  que  dans  la  doublure  y  avoit  quelque  chose  qui  paraissoit  plus  épais  que  le  reste. 
Alors  il  se  mit  à  le  découdre  et  y  trouva  un  petit  parchemin....  Je  m'estois  fait  une  loy  de 
garder  cesdocumens  fort  précieusement,  et  j'en  ai  mesme  réfusé  la  communication  à  plusieurs 
personnes.  Mais  pour  vous  je  fais  exception  en  faveur  de  l'intérest  et  de  l'amitié  que  feu  mon 
très-cher  frère  avoit  pour  vous.  Je  vous  fais  donc  part  d'une  de  ces  pièces  trouvées  en  ses 
habits...  (i). 


(î)  Cette  pièce,  écrite  et  signée  par  Pascal,  est  jointe  à  la  Lettre  de  Mme  Périer.  Elle  porte 
cette  annotation  de  Newton  :  «  Ceci  est  à  garder  précieusement  comme  souvenir.  C'est  un 
des  escrits  trouvé  après  la  mort  de  Mr  Pascal  dans  un  de  ses  habits.  11  m'a  esté  envoyé  par 
Made  Periers  sa  sœur.  N.  » 


(   267  ) 

Clerselier  h  Newton. 
Ce  8  mars.  —  Quoy  que  vous  sembliez  l'ignorer,  sans  Monsr  Descartes  on  ne  feroit  en- 
core que  bégayer  en  physique.  Mais  Descartes  a  surpassé  tous  les  géomètres  et  tous  les  phi- 
losophes de  l'antiquité,  et  aucun  des  modernes  ne  l'a  encore  effacé.... 

Je  scay  que  vous  avez  des  papiers  de  Descartes  et  de  Pascal  son  émule;  et  ce  qui  m'étonne, 
c'est  que  vous  ne  parlez  jamais  ni  de  l'un  ni  de  l'autre.  Ignorez-vous  donc  que  la  science 
n'a  point  de  patrie. 

Mariotte  à  Newton. 

Ce  18  mars.  —  Vous  me  mandez,  Monsieur,  que  vous  tenez  à  conserver  les  escrits  qui 
vous  ont  esté  envoyés  par  Monsr  Pascal,  et  que  c'est  pour  ce  motif  que  vous  ne  me  les  avez 
pas  envoyé.  Et  du  reste,  me  mandez-vous,  il  n'y  a  rien  dans  ces  escrits  qu'on  ne  connaisse. 
Quoy  qu'il  en  soit,  j'aurois  esté  bien  satisfait  d'en  prendre  connaissance,  et  si  pour  cela  il  ne 
tenoit  qu'à  me  rendre  près  de  vous,  je  ferois  le  voyage  d'Angleterre  très-volontiers.  Escri- 
vez-moy  donc  à  ce  sujet,  s'il  vous  plaît.  Vous  me  mandez  aussy  que  les  escrits  de  Descartes 
qui  vous  ont  esté  envoyé  par  M.  Pascal  sont  aussy  de  chélive  importance.  Cependant  dans 
une  de  vos  lettres  que  j'ay  là  sous  les  yeux,  que  vous  avez  escrites  à  M.  Pascal,  vous  luy 
marquez  tout  le  contraire.  Je  ne  m'explique  pas  très-bien  ce  virement  d'opinion  de  voslre 
part.  Pardon  de  cette  réplique,  mais  j'ayme  la  sincérité  et  la  vérité  en  tout  et  partout.  Et  si 
je  vous  fais  cette  observation,  ce  sont  vos  lettres  qui  me  les  ont  inspirées  et  qui  m'v  oblige  ; 
et  je  suis  d'advis  aussy  que  tout  ce  qui  est  sorty  de  la  plume  de  ces  deux  illustres  scavans 
n'est  point  de  chétive  importance  :  car  tout  ce  que  j'ay  veu  et  leu  d'eux  me  tesmoigne  du 
contraire.  Je  ne  vous  en  diray  rien  de  plus.  J'aurois  bien  désiré  connoistre  les  escrits  que 
vous  avez  de  ces  deux  érudits  qui  ont  fait  faire  un  pas  si  grand  aux  sciences.  Mais  puisque 
vous  ne  jugez  pas  à  propos  de  me  les  communiquer,  je  m'en  tiendray  là.  Je  n'en  suis  pas 
moins,  Monsieur,  votre  très-humble  et  très-obéissant  serviteur. 

IV. 

Montesquieu  à  Desmaizeaux. 
Ce  i8juin.  —  Ce  que  désirent  savoir  nos  amis  de  France,  c'est  l'origine  des  idées- de 
Newton  ;  c'est  de  savoir  s'il  les  tient  de  son  cru  à  lui,  ou  s'il  les  a  empruntées  de  nos  auteurs, 
tels  que  Descartes,  Pascal  ou  autres  qui  l'ont  devancé;  et  surtout  c'est  de  savoir  pourquoi  il 
ne  cite  point  les  auteurs  qu'il  a  cependant  et  certainement  étudié.  Vous  qui  avez  des  rela- 
tions intimes  avec  lui,  vous  pourriez  bien,  je  pense,  nous  instruire  à  ce  sujet. 

Montesquieu  à  Jordan. 

26  novembre.  —  Il  (Newton)  étudia  ces  auteurs  avec  soin,  et  il  y  faisoit  des  remarques 
en  les  étudiant.  Ces  remarques  qu'il  soumettoit  à  Pascal,  et  que  celuy-cy  commentoit  et  lui 
expliquoit,  conduisirent  le  jeune  Newton  à  la  découverte  d'une  suite  ou  série  infinie,  par  le 
moyen  de  laquelle  il  trouva  la  quadrature  de  toutes  sortes  de  courbes,  leur  rectification,  leur 
centre  de  gravité,  les  solides  formés  par  leurs  révolutions  et  la  surface  de  ces  solides.  Je  vous 
diray  la  suite  dans  une  autre  Lettre. 

3  décembre.  —  Newton  s'occupa  longtemps  de  cette  découverte,  aidé  par  Pascal,  qui  en 
fut  le  seul  confident. 

1 1  décembre.  —  Je  vous  ay  dit,  monsieur,  précédemment  que  le  manuscrit  de  Isaae  New- 


f  9.68  j 

ton,  sur  les  suites  infinies,  avoit  esté  communiqué  à  Mrs  Colins  et  milord  Brounker  par 
Barrow.  Pascal  estoit  mort  alors,  et  Newton  avoit  environ  vingt  ans.  On  lisoit  en  tète  de  ce 
manuscrit  ce  titre  :  méthode  que  j'avois  trouvée  autrefois.  Cette  note  est  remarquable,  parce 
que  cette  méthode  conduit  à  celle  des  fluxions  ou  des  infiniment  petits  qu'il  publia  dans 
la  suite.  Mais  ce  n'est  pas  à  Newton  seul  qu'il  faut  attribuer  cette  découverte.  J'ay  lu  un 
grand  nombre  de  notes  que  Pascal  lui  envoya  et  qui  en  parlent.  Si  cette  découverte  n'est  pas 
entièrement  de  ce  dernier,  toujours  est-il  qu'il  en  doitavoirsa  bonne  part.  Il  seroit  à  désirer 
que  toutes  les  notes  de  Pascal  se  retrouvent.  Je  ne  vous  dis  rien  de  plus,  monsieur,  et  je 
suis  votre  bien  affectionné. 

Ce  24  janvier.  —  Il  (Newton)  indiqua  dans  ses  leçons  le  germe  de  ses  découvertes  sur  la 
lumière  et  les  couleurs.  Mais  ce  ne  fut  qu'une  lueur  passagère,  que  dissipa  une  idée  nouvelle 
touchant  la  cause  de  la  pesanteur  dont  déjà  il  avoit  été  initié  par  Pascal...  J'ai  trouvé  cette 
observation  dans  divers  papiers  de  luy  (Newton)  qui  me  sont  tombés  entre  les  mains. 

Ce  12  janvier.  —  A  propos  de  Newton,  il  faut  que  je  vous  conte,  Monsieur,  qu'on  a  trouvé 
parmy  ses  papiers  un  bon  nombre  de  ceux  de  mon  compatriote  Biaise  Pascal,  et  des  lettres 
fort  curieuses  de  ce  dernier  audit  Newton,  alors  qu'il  estoit  encore  estudiant  en  l'université 
de  Cambridge.  On  voit  par  ces  documents  que  non-seulement  Newton  a  profité  des  travaux 
du  grand  Descartes,  mais  aussy  de  ceux  du  célèbre  Pascal.  Avec  de  tels  maistres  on  ne  doit 
plus  être  étonné  s'il  s'est  acquis  tant  de  science. 

Ce  2  juin  1^32.  — Je  me  rappelle  vous  avoir  entretenu  autrefois  que  j'avois  appris  que 
parmy  les  papiers  de  Newton  s'étoit  trouvé  une  nombreuse  correspondance  de  Pascal  et  aulres 
scavants  francois,  tels  que  Bobault,  Malebranche,  etc. 

Montesquieu  au  chevalier  de  Jaucourl. 

2  novembre.  —  Je  vous  assure  bien  qu'il  (Desmaizeaux)  a  en  son  cabinet  non-seulement 
des  escrits  de  Descartes  et  de  Pascal,  mais  aussi  des  lettres  de  Clerselier  et  de  Rohault.  Car  il 
me  les  a  communiqués,  il  me  les  avoit  même  confiés  pendant  quelques  jours. 

Ce  1  janvier.  —  Je  me  suis  occupé  de  lui  (Newton),  à  propos  de  certaines  découvertes 
qu'on  lui  attribue,  et  dont  je  scay  qu'il  ne  les  doit  qu'à  un  de  nos  compatriotes  avec  lequel  il 
avoit  eu  des  relations  en  sa  jeunesse,  et  dont  il  a  su  profiter  après  la  mort  de  celui-cy. 

16  novembre.  —  Ce  fut  surtout  avec  Pascal  qu'il  lia  connaissance.  Il  luy  écrivit,  luy  sou- 
mit des  observations  auxquelles  celui-cy  répondit,  parce  qu'elles  lui  parurent  de  bon  sens; 
et  ils  entretinrent  ces  relations  pendant  plusieurs  années,  c'est-à-dire  jusqu'en  fin  de  la  vie  de 
M.  Pascal.  Le  jeune  Newton  avoit  pris  dans  peu  de  temps  beaucoup  de  goust  pour  l'étude, 
sans  doute  par  les  encouragements  que  lui  en  donnoit  Pascal. 

Montesquieu  à  M... 
Ce  12  mars.  —  J'ai  rapporté  d'Angleterre  un  bon  nombre  de  lettres  et  de  notes  trouvées 
parmy  des  papiers  de  Newton,  et  qui  avoient  été  envoyées  à  ce  dernier  par  Pascal.  On  voit 
par  ces  divers  documens  l'appréciation  que  Pascal  faisoit  de  Descartes,  et  les  conseils  qu'il 
donna  au  jeune  philosophe  anglois  de  le  prendre  pour  modèle.  Je  vous  diray  qu'on  a  déjà 
bien  écrit  sur  Descartes,  mais  je  n'ai  point  encore  trouvé  une  appréciation  plus  exacte,  ni  un 
plus  bel  éloge  qu'en  fait  Pascal. 


(  ^9  ) 

Ce  30  mars.  —  Il  (Newton)  étoit  en  relation  avec  tous  les  scavans.  J'en  ay  eu  la  preuve 
dans  mon  dernier  voyage  en  Angleterre,  ou  j'ay  examiné  chez  un  de  ses  parens  tousses  pa- 
piers, parmy  lesquels  j'ai  remarqué  des  lettres  de  Pascal,  Newton  étoit  jeune  alors,  du  P. 
Malebrançhe,  des  Gregorv,  de  Boyle,  de  Lock,  de  Lhospital,  eLc. 

(Des  premiers  jours  d'avril.)  —  Je  vous  ay  dit,  monsieur,  que  lors  de  mon  dernier  voyage 
en  Angleterre  j'avois  visité  la  famille  de  feu  Newton,  el  qu'on  m'avoit  communiqué  ses 
papiers,  parmy  lesquels  se  trou  voient  une  grande  quantité  de  lettres  de  plusieurs  de  nos  sca- 
vans de  France,  entr'autres  de  Pascal  et  de  Malebrançhe.  Ce  qui  m'a  donné  occasion,  depuis 
mon  retour,  de  rechercher  parmy  les  papiers  de  ces  derniers  les  lettres  qui  pouvoient  leur 
avoir  été  escrites  par  Newton.  J'ay  en  effet  retrouvé  une  trentaine  de  lettres  de  Newton 
parmy  les  papiers  de  Pascal,  et  environ  une  soixantaine  parmy  ceux  du  père  Malebrançhe, 
qui  toutes  sont  fort  intéressantes,  comme  on  n'en  peut  douter.  Car  de  tels  correspondants  ne 
pouvoient  s'escrire  des  frivolités.  Mais  je  reviens  au  caractère  de  Newton.  C'estoit  un  homme 
qui  observoit  exactement  tous  les  devoirs  de  la  société;  et  il  scavoit  n'estre,  lorsqu'il  le  fal- 
loit,  qu'un  homme  du  commun.  L'abondance  où  il  se  trouvoit  par  son  patrimoine,  par  son 
employ,  par  ses  épargnes,  ne  luy  donnoit  pas  inutilement  les  moyens  de  faire  du  bien.  Il  ne 
croyoit  pas  que  laisser  par  testament  ce  fut  véritablement  donner.  Ce  fut  de  son  vivant  qu'il 
fit  ses  libéralités.  Quand  la  bienséance  exigeoit  quelque  dépense  d'éclat,  il  estoit  magnifique  et 
le  faisoit  sans  regrets;  hors  de  là  le  faste  esloit  retranché,  et  les  fonds  réservés  pour  les  be- 
soins des  malheureux  ou  pour  des  usages  utiles.  Il  aimoit  estre  entoure  de  documens  :  aussv 
en  faisoit-il  la  recherche  partout,  et  il  avoit  une  fort  belle  et  riche  bibliothèque.  Quoiqu'il  fut 
attaché  sincèrement  à  l'église  anglicane,  il  n'eust  pas  persécuté  les  non  conformistes,  pour 
les  y  amener.  11  jugeoit  les  hommes  par  les  mœurs.  Telle  est,  Monsieur,  mon  appréciation 
de  cet  illustre  philosophe.  Je  suis.  Monsieur,  vostre  très-humble  serviteur. 

Ce  12  avril.  — Newton  étoit  un  grand  observateur  de  toutes  choses.  Aussy  prenoit-il  notes 
de  tout  ce  qui  luy  présentoit  quelque  inleresl  pour  connaissances  humaines.  Lorsqu'on  nie 
fit  voir  ses  papiers,  j'y  remarquay  un  grand  nombres  de  remarques  dont  il  ne  se  proposoit 
point  sans  doute  de  faire  un  usage  régulier,  n'ayant  d'autre  vue  que  d'affermir  sa  mémoire 
en  les  jettant  sur  le  papier. 

Dcsmaizeaux  au  clœvalicr  de  Jaucourt. 

A  Londres,  ce  i  mars.  —  Je  suis  assez  heureux  d'avoir  pu  me  procurer  une  partie  des 
papiers  de  l'eu  Mr  iNewton  qui  entretenoit  un  commerce  de  lettres  très-suivi  avec  ses  amis. 
Tout  cela  sera  à  votre  disposition 

(Sans  date).  —  Il  (M.  Newton)  a  laissé  un  bon  nombre  de  papiers  de  toutes  sortes;  car 
comme  il  aimoit  s'instruire,  il  en  amassoit  beaucoup,  et  cherchoit  à  s'en  procurer  par  toutes 
les  occasions.  Un  grand  nombre  de  ces  papiers  font  aujourd'hui  partie  de  mon  cabinet,  et  je 
les  tiendray  à  votre  disposition. 

Ce  2  juillet.—  Il  est  vray  que  Newton,  en  son  jeune  aage,  a  eu  des  relations  avec  Monsr  Pas- 
cal, et  qu'il  a  aussy  connu  des  escrits  de  feu  Mr  Descartes,  que  Pascal  lui  avoit  fait  parvenir. 
Comme  vous,  je  ne  m'explique  pas  pourquoi  il  n'a  jamais  parlé  d'eux.  Comme  je  vous  l'ai 
dit,  Mr  Newton  estoit  un  homme  de  cabinet,  il  travailloit  beaucoup  dans  la  retraite.  Il  criti- 

quoit  souvent  la  méthode  de  traiter  les  matières  géométriques  par  des  calculs  algébriques 

C.  R.,  1S67,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  K°  7.  35 


(  27°  ) 

Desmaizeaux  à  Rêmond. 
Ce  2  juin.  —  Vous  savez  comme  moi  quelle  estoitla  méthode  île  travailler  de  M.  Newton. 
Vous  n'ignorez  pas  combien  il  airnoit  à  accaparer  des  documens  pris  cà  et  là,  pour  s'en 
servir  au  besoin.  S'il  n'a  pas  toujours  cité  les  autheurs  où  il  a  puisé  ses  renseignemens,  il 
n'a  fait  en  cela  que  ce  que  beaucoup  d'autres  ont  fait.  Descartes  luy  mesme  n'a-t-il  pas  été 
accusé  de  plagiat.  Cependant,  il  faut  en  convenir  avec  le  père  Porée,  qui  a  eu  le  plus  de  pé- 
nétration et  de  sagacité  que  Descaries,  le  père  de  la  nouvelle  philosophie? 

Saint- Evremond  a  Labruyère. 

Ce  8  janvier  1692.  —  Il  (Boyle)  avoit  beaucoup  connu  Monsr  Pascal,  et  s'estimoit  heureux 
de  cette  connoissance.  Et  c'est  par  son  intermédiaire  que  Monsieur  Pascal  a  connu  Mr  New- 
ton enfant. 

Saint-Evremond  à  Baille/ . 

Ce  20  janvier  i6q3.  —  Je  scay  que  M.  Newton  cherche  partout  les  moyens  de  jeter  du 
ridicule  sur  cet  auteur  si  célèbre  (Descartes).  Pourquoy  cela?  Je  n'en  scay  rien.  Mais  je 
suppose 

Ce  22  janvier.  —  Puisque  vous  avez  leu  le  mémoire  dont  je  vous  ai  parle  touchant  l'his- 
toire du  cartésianisme  qui  fut  envoyé  à  M.  Vise,  et  que  je  scay  avoir  este  fait  par  Mr  New- 
ton, vous  avez  du  en  juger  comme  nioy,  et  sans  doute  que  vous  n'y  ajoutez  pas  plus  de  foy 
que  moy 

Ce  20  mars.  —  Je  veux  bien  croire,  Monsieur,  comme  l'assure  M'  Newton,  que  Descartes 

se  soit  permis  d'emprunter  à  des  auteurs  qui  l'ont  précédé  certaines  choses  dont  il  n'a  rien 

dit.  Par  exemple,  qu'il  doit  son  système  des  bestes  à  un  auteur  espagnol  et  que  son  silence 

a  fait  croire  qu'il  estoit  de  luy.  Mais  Mr  Newton  est-il  exempt  de  ce  reproche.   Je  ne  le  croy 

pas.  Je  croy  au  contraire  qu'il  doit  beaucoup  et  à  Descartes  dont  il  a  eu  communication  des 

papiers  par  Monsieur  Rohault  qui  les  tenoit  de  son  beau-père,  et  je  scay  aussy  de  bonne 

part  qu'il  a  aussv  beaucoup  profité  des  découvertes  de  nostre  compatriote  Pascal,  avec  lequel 

il  a  eu  des  relations.  Je  suis  loin  de  dire  que  Newton  n'est  pas  un  grand  génie.  Loin  de  moy 

cette  pensée... 

Rêmnnd  à  Desmaizeaux. 

Ce  12  janvier  i^3o  (ou  1^36).  —  Si  M'  l'abbé  Conti  avoist  esté  de  mon  caractère  l'on 
aurnit  point  vu  messieurs  Newton  et  Leibnitz  mourrir  brouillés,  après  avoir  vescu  pendant 
longtemps  très-honorablement  ensemble.  Si  nions'  Newton  a  este  ingrat  envers  M1'  Pascal, 
cela  doit  intéresser  médiocrement  le  public.  Restons  muet  sur  cet  article. 

Louis  Racine  a  Desmaizeaux. 

Ce  22  may  1 742-  ~~  Le  chevalier  Newton  n'a  acquis  de  la  considération  que  parce  que 
nos  bons  autheurs,  tels  que  Descartes  et  Pascal,  lui  en  ont  donné  les  moyens.  Un  de  mes 
amis,  M.  le  chevalier  de  Ramsav,  me  disoit,  il  y  a  quelque  temps,  en  une  de  ses  lettres, 
qu'il  avoit  des  preuves  certaines  que  le  chevalier  Newton  devoit  tout  son  savoir  à  Pascal... 

V. 

»  J'ai  eu  à  citer  des  lettres  de  Newton  adressées  à  Mme  Perrier  et  à  l'abbé 
Perrier,  à  Rohault,  à  Desmaizeaux,  à  Malebra nche;  d'autres  sont  adressées  à 


(  27'  ) 
l'abbé  de  Vallemont,  au  cardinal  de  Polignac,  à  Saint- Évremond .  On  peut 
s'étonner  que  ces  nombreuses  correspondances  se  trouvent  réunies  aux 
lettres  mêmes  cpie  Newton  recevait  de  ses  amis.  Voici  comment  cela  s'ex- 
plique. 

»  Il  paraît  que  Newton,  qui  s'était  fait  une  ample  collection  de  docu- 
ments, comme  le  dit  Desmaizeaux  au  chevalier  de  Jaucourt  et  à  Rémond, 
cherchait  aussi,  à  la  mort  de  ses  amis,  à  faire  rentrer  les  lettres  qu'il  leur 
avait  écrites.  On  a  vu  qu'il  avait  réclamé  avec  insistance  de  Mme  Perrier  el 
de  l'abbé  Perrier  ses  lettres  adressées  à  Pascal.  On  va  voir,  par  quelques 
autres  citations,  qu'il  a  réclamé  de  même  ses  lettres  adressées  à  Mariotte,  à 
Malebranche  et  à  Saint-Évreinond.  Toutes  ces  lettres  se  sont  donc  trouvées 
réunies  à  celles  qu'il  avait  reçues;  et,  puisqu'à  sa  mort  une  grande  partie 
de  ses  papiers  ont  passé  dans  le  cabinet  de  Desmaizeaux,  qui  nous  l'apprend 
par  ses  lettres  au  chevalier  de  Jaucourt,  il  est  à  croire  que  c'est  de  là  que 
sont  sortis  les  documents  qui  reparaissent  aujourd'hui. 

»  Il  n'est  point  étonnant  que  ces  documents  aient  été  ignorés  des 
biographes. 

»  Qu'on  me  permette  d'ajouter  que  quand  j'ai  dit  que  la  jeunesse  de 
Newton  était  encore  inconnue,  et  que  certains  détails  biographiques  étaient 
erronés,  je  me  suis  exprimé  d'une  manière  générale,  sans  vouloir  faire 
allusion  à  tel  ou  tel  ouvrage,  et  notamment  à  celui  de  l'illustre  Sir  David 
Brewster,  dont  le  nom  commande  le  respect  de  tous  les  savants,  et  parti- 
culièrement de  ses  confrères  de  l'Institut  de  France. 

Newton  à  Desmaizeaux. 

Ce  iq  de  may  i68/j..  —  Monsieur,  je  viens  d'apprendre  la  mort  de  Monsieur  Edme  Ma- 
riotte qui  a  fait  faire,  comme  vous  le  scavez,  de  grands  progrès  à  la  Mécanique,  et  qui  avoit 
un  talent  tout  particulier  pour  les  expériences,  et  qui  réitéra  celle  de  l'eu  M.  Pascal  sur  le 
mouvement  des  corps 

Il  a  dû  laisser  un  bon  nombre  d'escrits.  Pouvez-vous  m'instruire  entre  les  mains  de  qui 
ils  sont  en  ce  moment.  Vous  me  feriez  grand  plaisir.  .  . 

Newton  à  Saint- Evremond. 

Ce  8  janvier  i(i85.  —  Monsieur  et  cher  Saint-Evremont,  vous  qui  m'avez  toujours 
tesmoigné  de  l'intérêt  et  qui  déjà  m'avez  rendu  de  signalés  services,  je  viens  encore  en  récla- 
mer un  de  vostre  bienveillance.  Voici  ce  dont  il  s'agit.  J'ai  eu  quelques  relations  avec  un 
abbé  nommé  Mariotte,  physicien,  un  de  vos  compatriotes,  et  je  lui  ai  adressé  quelques 
lettres.  Je  viens  d'apprendre  sa  mort,  que  vous  avez  sans  doute  apprise  aussi.  Ses  papiers 
vont  sans  doute  eslre  dispersés,  et  j'aurois grand  désir  de  retirer  mes  lettres,  et  autres  rensei- 
gnemens  que  je  lui  ai  adressés,  parce  que  j'en  aurois  besoin.  Ne  pourriez-vous  pas  par  vos 

35.. 


(  272  ) 

amis  de  Paris  m'obtenir  la  remise  de  ces  documens.  Ce  seroit  me  rendre  un  grand  service, 
duquel  je  vous  garderai  un  éternel  souvenir    Je  compte  sur  votre  obligeance  et  vous  salue. 

Neivton  à  Desmaizeaux. 

Ce  7  may  1  706.  —  Monsieur  et  cher  ;  es  Maizeaux,  je  vous  remercie  bien  d'avoir  retire 
des  papiers  de  feu  M.  de  Saint-Evremond  les  diverses  leltres  que  je  lui  avois  adressées,  et  de 
me  les  avoir  rendues.  Mais  il  en  est  plusieurs  que  je  me  rappelle  lui  avoir  escrite  dans  le 
temps,  et  que  je  ne  retrouve  pas.  Pourtant  j'aurois  esté  très  content  de  les  avoir — 

Ce  2.0  novembre  1  -j  1 5.  —  Je  viens  d'apprendre  la  mort  du  Révérend  père  Malebranche 

Il  m'a  écrit  plusieurs  lettres,  et  il  en  a  aussi  un  assez  bon  nombre  de  moy.  Je  serois  bien  aise 
de  savoir  ce  qu'elles  sont  devenues.  Ne  pourriez  vous  pas  vous  en  informer.  Je  vous  en 
serois  infiniment  obligé,  et  demander  en  même  temps  si  on  pourrait  se  les  procurer. 

Labruyère  à  Saint-Evremond. 

Ce  1  juin.  —  Je  suis  très-satisfait  de  la  visite  que  m'a  faite  M1  Newton.  C'est  un  homme 
d'un  raisonnement  très  sensé,  et  on  voit  qu'il  est  doué  d'une  science  profonde.  Il  a  fait  ce 
dernier  voyage  presque  incognito,  m'a-t-il  dit,  pour  chercher  certains  documens  mss  qui  lui 
avoit  esté  signalés  et  qu'il  a  esté  très-heureux  de  retrouver.  Aussv  m'en  a-t-il  paru  très-con- 
tent. L'amour  des  escrits  renfermant  des  vérités  est  la  passion  des  génies  supérieurs  :  il  fut 
et  sera  toujours  la  source  des  plus  belles  découvertes  dans  les  sciences.... 

Je  profite  aussy  du  retour  de  M.  Newton  pour  vous  faire  parvenir  de  nouveaux  caractères 
de  messieurs  de  la  Chambre  des  comptes,  que  vous  m'avez  témoigné  le  désir  d'avoir. 

M.  Duhamel  demande  la  parole  au  sujet  de  cette  communication. 

«  Je  ne  m'occuperai  pas,  dit-il,  de  l'authenticité  de  ces  lettres,  qui  pré- 
sentent Newton  sous  un  jour  odieux,  et  contre  lesquelles  je  ne  saurais 
trop  vivement  protester.  Mais  quant  aux  assertions  scientifiques  qu'elles 
renferment,  elles  ne  pourraient  être  admises  que  par  ceux  qui  ne  connaî- 
traient ni  les  travaux  de  Pascal,  ni  ceux  de  Newton.  Les  principales  décou- 
vertes mathématiques  de  Newton  se  rapportent  à  la  théorie  des  équations, 
des  séries,  des  infiniment  petits  sous  deux  points  de  vue  différents  :  il  est  le 
créateur  de  la  théorie  du  mouvement  curviligne,  ahsolu  ou  relatif;  el  c'est 
en  l'appliquant  aux  phénomènes  connus  par  l'observation  qu'il  a  été  con- 
duit à  la  découverte  et  à  la  démonstration  de  la  gravitation  universelle.  Or. 
aucun  des  travaux  connus  de  Pascal  ne  se  rapporte  à  ces  théories  :  com- 
ment pourrait-on  supposer  que  Newton  eût  pu  puiser  dans  ces  ouvrages, 
ou  même  dans  les  conversations  de  Pascal,  le  germe  de  la  moindre  (li- 
ces théories. 

»  Newton  devait  beaucoup  certainement  à  ses  devanciers;  mais  c'est 
Descartes  et  Fermât  qu'il  aurait  fallu  désigner,  et  non  Pascal.  Ces  deux 
graiuls  génies  ont  fait  faire  un  pas  immense  à  la  science,  soit  par  leurs 
écrits,  soit  même  par  leurs  controverses.  Le  monde  entier  en  a  profité,  et 


(  *73  ) 
Newton  comme  tout  le  monde  :  un  homme  de  génie  prend  la  science  où 
l'ont  portée  les  hommes  de,  génie  qui  l'ont  précédé;  ce  serait  par  trop  fort 
de  lui  en  faire  un  reproche. 

»  Mais  si  L.  Racine  a  écrit  que  le  chevalier  de  Ramsay  lui  a  dit  qu'il 
avait  des  preuves  certaines  que  le  chevalier  Newton  devait  tout  son  savoir  à 
Pascal,  ce  qu'on  peut  dire  de  moins  sévère,  c'est  qu'il  s'est  fait  l'écho  trop 
crédule  d'une  mauvaise  plaisanterie.   » 

PALÉONTOLOGIE.  —  De  /' ostéoijraphie  du  Mesotherium  et  de  ses  affinités 
zoolo/jiques  :  tête;  par  M.  Serres.  (Troisième  Mémoire.  ) 

«  Nous  terminons  dans  ce  troisième  Mémoire  la  description  de  la  tête 
du  Mesotherium. 

»  Face  inférieure  ou  gutturale.  —  Cette  face  est  particulièrement  affectée 
au  sens  du  goût.  La  région  palatine  a  une  longueur  qui  équivaut  à  plus  des 
deux  tiers  de  la  face  inférieure  de  la  tète.  Elle  est  extrêmement  concave 
dans  toute  la  partie  limitée  extérieurement  par  les  rangées  des  dents  mo- 
laires; elle  présente  immédiatement  en  avant  et  en  arrière  de  celles-ci 
un  resserrement  transversal  très-prononcé. 

»  La  face  inférieure  de  l'os  incisif,  dont  la  suture  avec  le  maxillaire  est 
très-distincte  dans  cette  partie,  est  un  peu  concave  dans  sa  moitié  anté- 
rieure, et  finit  en  décrivant  une  ligne  courbe  à  convexité  inférieure,  à  une 
distance  très-minime  du  bord  inférieur  de  l'incisive. 

»  Le  trou  palatin  antérieur  est  grand;  il  ne  paraît  pas  être  cloisonné,  et 
il  n'empiète  aucunement  sur  les  maxillaires.  La  crête  médiane  palatine  est 
très-prononcée,  et  en  arrière,  dans  la  partie  qui  correspond  à  la  jonction 
des  os  palatins,  elle  s'exagère  considérablement  et  devient  une  véritable 
crête  faisant  saillie  en  arrière,  et  se  continuant  jusqu'au  delà  de  l'orifice 
postérieur  des  fosses  nasales.  La  fosse  méso-ptérygoidienne  est  très-petite. 

»  L'ouverture  postérieure  des  fosses  nasales  est,  par  conséquent,  très- 
étroite,  et  l'on  observe  qu'elle  se  rétrécit  brusquement  d'arrière  en  avant. 

»  La  fosse  ptérygoïde  est  bien  prononcée.  Sa  cloison  externe,  qui  est 
très-ouverte,  se  prolonge  en  haut  jusqu'au  point  d'arriver  à  peu  de  dislance 
de  la  crête  qui  sépare  les  fosses  temporale  et  zygomatique;  sa  cloison  in- 
terne est.  au  contraire,  très-basse,  et  son  bord  libre  est  demi-circulaire. 

»  Immédiatement  à  la  base  de  la  fosse  ptérygoïde  existe  une  fossette  ellip- 
soïdale, régulière,  dirigée  presque  transversalement,  tenant  lieu  du  trou 
déchiré  antérieur  et  devant  contenir  l'orifice  postérieur  du  conduit  viilien 
et  l'orifice   interne  du  canal  carotidien.  Cette  fossette  se  continue  en  de- 


(  *74  ) 

hors  sous  forme  d'une  fissure  qui  se  porte  vers  la  cavité  glénoïde,  et  qui 
parait  répondre  à  la  partie  interne  de  la  scissure  de  Glaser. 

»  La  portion  pétreuse  du  temporal  a  un  grand  développement.  Sa  surface 
externe  et  antérieure,  ainsi  que  son  bord  inférieur,  ont  aussi  une  étendue 
très-notable.  En  avant,  il  commence  par  une  tubérosité  conique  très-effi- 
lée à  son  sommet,  lequel  vient  presque  effleurer  le  crochet  inférieur  de 
l'aile  interne  de  l'apophyse  ptérygoïde,  de  manière  à  constituer  avec  celui-ci 
une  véritable  arcade.  Le  même  bord  du  rocher  constitue,  depuis  cette 
épine,  une  série  alternative  de  saillies  et  de  dépressions;  il  offre  dans  sa 
partie  externe  un  sillon  profond,  dont  une  partie  correspond  au  trou  dé- 
chiré postérieur  et  se  continue  jusqu'à  l'orifice  externe  du  conduit  auditif. 
L'orifice  externe  du  canal  carotidien  est  situé  du  côté  externe  et  posté- 
rieur de  la  base  du  rocher.  Le  bord  interne  du  rocher  s'unit  d'une  manière 
très-intime  avec  une  partie  du  corps  du  sphénoïde,  et  une  grande  portion 
dé  l'apophyse  basilaire  de  l'occipital. 

»  Au  point  d'union  du  sphénoïde  et  de  l'occipital,  où  se  trouve  une  tubé- 
rosité  notable,  on  voit  en  avant  une  double  crête  unique,  terminée  posté- 
rieurement par  un  tubercule. 

»  L'apophyse  paramastoïde,  qui  se  rapporte  sans  aucun  doute  à  l'occi- 
pital, est  très-forte  à  sa  base,  presque  styloïde  à  son  sommet;  elle  a  presque 
autant  de  longueur,  mais  elle  est  plus  robuste  que  dans  le  Cabiai.  Les  fos- 
settes condyliennes  antérieures  sont  très-marquées. 

»  Face  antérieure.  —  Cette  face  paraît  tronquée  en  avant,  de  sorte  que 
le  bout  supérieur  des  narines  est  au  niveau  des  incisives,  à  peu  près  comme 
dans  le  Lemminget  dans  le  Spalax.  L'ouverture  antérieure  des  fosses  nasales 
est  très-large  ,  moins  cependant  que  dans  le  Glyptodon,  le  Mylodon  et  le 
Scélidothérium.  Sa  forme  est  irrégulièrement  quadrilatère,  recouverte  en 
haut  par  la  terminaison  mousse  des  deux  os  nasaux.  Elle  est  constituée  sur 
les  côtés  par  la  branche  de  terminaison  du  prémaxillaire,  dont  la  suture  de 
réunion  avec  les  os  du  nez  se  termine  par  une  échancrure  assez  prononcée. 
En  bas  le  plancher  de  cet  orifice  offre  le  trou  incisif,  dont  la  grande  di- 
mension atteste  que  cet  animal  devait  avoir  l'organe  de  Jacobson  très- 
prononcé. 

»  En  avant  et  en  bas  de  cet  orifice  on  remarque  le  bord  convexe  et  lisse 
du  prémaxillaire,  dont  la  suture  de  réunion  sur  la  ligne  médiane,  complè- 
tement effacée,  est  remplacée  par  lin  tubercule  sur  lequel  devait  s'insérer 
le  frein  de  la  lèvre  supérieure.  Plus  bas  encore  on  voit  l'incisive  supérieure 
et  l'extrémité  antérieure  de  la  grande  incisive  inférieure. 


(  *75  ) 

;>  Sur  les  côtés  de  cette  face  on  remarque  l'étendue  de  la  fosse  canine 
pincée  dans  son  milieu,  concave  et  non  convexe  comme  chez  les  Pachy- 
dermes, limitée  en  arrière  par  le  rebord  de  la  partie  antérieure  de  l'arcade 
orbitaire,  et  sur  le  côté  externe  par  la  crête  de  la  tubérosité  malaire  et  l'au- 
vent de  l'os  jugal.  D'après  cette  disposition,  la  fosse  canine  est  entièrement 
distincte,  chez  le  Mesotherium,  de  la  cavité  orbitaire,  et  par  ce  caractère  il 
rentre  jusqu'à  un  certain  point  dans  l'ordre  des  Pachydermes. 

»  Toutefois,  faisons  remarquer  à  ce  sujet  que  dans  le  vaste  champ  de 
l'anatomie  comparée,  quand  il  s'agit  de  déterminer  les  affinités  zoolo- 
giques des  êtres,  et  en  particulier  celles  des  Mammifères,  on  se  trouve  sou- 
vent arrêté  par  des  analogies  et  des  différences  tout  à  fait  imprévues  dans 
la  méthode  naturelle  de  classification.  C'est  ce  que  nous  avons  éprouvé  en 
cherchant  à  apprécier  les  affinités  zoologiques  du  Mesotherium,  inclinant 
tantôt  du  côté  des  Pachydermes,  et  tantôt  plus  fortement  du  côté  des  Ron- 


geurs. 


»  Cette  tendance  plus  marquée  du  Mesotherium  à  se  porter  vers  les  Ron- 
geurs, nous  a  conduit  à  faire  de  l'ostéographie  comparée  de  ces  derniers 
Mammifères,  une  étude  plus  approfondie  que  celle  dont  les  besoins  en 
zoologie  s'étaient  fait  sentir  jusqu'à  ce  jour.  L'examen  de  la  face  antérieure 
de  leur  tète  va  nous  montrer  un  des  résultats  de  cette  comparaison,  en 
même  temps  qu'elle  nous  éclairera,  sur  les  affinités  zoologiques  du  nou- 
veau genre  d'animal  fossile  qui  fait  l'objet  de  ce  travail. 

»  Considérés  en  eux-mêmes,  l'ordre  des  Rongeurs  se  divise  en  deux 
groupes  très-distincts  :  le  groupe  dans  lequel  la  cavité  orbitaire  et  la  fosse 
canine  communiquent  largement  l'une  avec  l'autre  et  se  fusionnent  com- 
plètement; et  un  second,  dans  lequel  ces  deux  cavités,  entièrement  indé- 
pendantes l'une  de  l'autre,  ont  chacune  leur  délimitation  tranchée. 

»  Si  nous  recherchons  la  cause  d'une  différence  si  tranchée  dans  cet 
ordre  de  Mammifères  encore  si  confusément  délimité  en  zoologie,  nous 
trouvons  qu'elle  réside  dans  un  cycloide  osseux  qui  se  place  au  devant  de 
l'orbite,  forme  un  arc  préorbitaire  dont  le  pilier  antérieur  est  situé  au- 
dessus  de  la  première  molaire.  Cet  arc  constitue,  avec  le  plancher  du 
maxillaire,  un  véritahle  anneau  qui  s'ouvre  dans  la  cavité  orbitaire  et 
opère  la  fusion  de  cette  cavité  avec  la  fosse  canine.  Enlevez  ce  cycloïde 
osseux,  et  aussitôt  la  cavité  orbitaire  se  ferme  en  avant  et  s'isole  de  la  fosse 
canine.  Ce  mécanisme  est  simple,  et  il  résulte  du  fait  de  la  composition 
primitive  du  maxillaire  supérieur  en  cinq  pièces,  exposé  dans  les  lois  de 
l'osléogénie,   pièces  dont  le  balancement   exerce  une  si  grande  influence 


(  ^6) 
dans  la  composition  de  la  tète  des  Vertébrés  en  général,  et  rend  raison  en 
particulier,  jusqu'à  un  certain  point,  des  variétés  que  présente  dans  cette 
partie  l'ordre  des  Rongeurs. 

»  De  la  présence  ou  de  l'absence  de  ce  cycloïde  osseux,  ou  de  cet  arc 
préorbitaire,  l'ordre  des  Rongeurs  peut  se  diviser  naturellement  dans  les 
deux  sous-ordres  qui  suivent,  et  que  nous  établissons  d'après  l'obser- 
vation directe  de  la  belle  collection  de  Rongeurs  que  nous  possédons  au 
Muséum  : 

»  Premièrement,  le  sous-ordre  des  Rongeurs  cycloides,  qui  comprennent 
les  genres:  Alactaga,  Gerboise,  Hélamys,  Lemming,  Ecbimys,  Hyslrix,  Paca, 
Agouti,  Cobaye,  Cabiai,  Myopolame,  Kerodon,  Cbinchilla,  Lagostome,  Vis- 
cache,  Lasiuromys,  Cercomys,  Cténodactyle,  Clénomys,  Abrocome,  Lagomys, 
Capromys,  Plagiodonte,  Daclylomys,  Nelomys,  Octodon,  etc.,  chez  lesquels 
les  deux  cavités  se  fusionnent  et  se  confondent  par  suite  de  la  présence  de 
l'arc  préorbitaire. 

»  Secondement,  les  Rongeurs  acycloides  privés  de  l'arc  préorbitaire,  com- 
prenant les  genres  :  Spalax,  Rat,  Hydromys,  Ecureuil,  Polalouche,  Campa- 
gnol, Lièvre,  Ondatra,  Otomys,  Castor,  Marmotte,  Gerbille,  Mérion,  Loir, 
Hamster,  Saccomys,  Géoryque,  Oryctère,  etc.,  chez  lesquels,  au  contraire,  il 
y  a  une  indépendance  complète  entre  la  fosse  canine  et  la  cavité  orbitaire. 

»  Auquel  de  ces  deux  sous-ordres  se  rapporte  le  Mesotherium?  Évidem- 
ment aux  Rongeurs  acycloides,  puisqu'il  n'offre  aucune  trace  de  l'arc  préor- 
bitaire, et  que,  par  conséquent,  la  fosse  canine,  quoique  profonde,  est 
complètement  isolée  et  indépendante  de  la  cavité  orbitaire.  Ajoutons 
que  plusieurs  genres  de  ce  dernier  sous-ordre  peuvent  servir  de  passage 
des  Rongeurs  aux  Pachydermes,  et  que  le  Daman,  parmi  ces  derniers,  en 
est  juste  le  point  intermédiaire. 

><  Face  postérieure.  —  Cette  face  du  crâne  est  demi-elliptique,  comme 
chez  le  Castor,  la  Marmotte,  le  Daman;  elle  est  bornée  en  haut  par  la  ligne 
courbe  supérieure  de  l'occipital,  qui  forme  une  protubérance  épaisse  et 
rugueuse  déjetée  en  arrière.  Par  ce  déjettement,  la  face  postérieure  est 
rendue  profondément  concave.  On  y  voit  sur  la  ligne  médiane,  et  de  bas 
en  haut,  d'abord  le  trou  occipital,  irrégulièrement  ovalaire,  puis  la  crête 
occipitale  servant  d'insertion  au  ligament  cervical,  et  se  terminant  en  haut 
sur  le  rebord  de  la  ligne  courbe  supérieure  de  l'occipital. 

»  Sur  les  côtés,  et  aussi  de  bas  en  haut,  on  remarque  les  condyles  arti- 
culaires de  l'occipital,  séparés  en  arrière  par  l'échancrure  de  la  base  du 
trou  occipital,  et  réunis  en  avant  par  un  bourrelet  qui  continue  la  surface 


(  277  ) 
articulaire.  Néanmoins  la  confluence  complète  des  deux  condyles  semble 
n'exister  nulle  part.  Dans  les  Rongeurs,  ils  sont  en  général  bien  séparés. 
C'est  chez  les  Pachydermes  où  ils  se  rapprochent  le  plus  de  ce  que  l'on  ob- 
serve chez  le  Mesotherium  ;  ainsi  dans  le  Cheval  et  le  Tapir,  les  condyles  sont 
presque  confluents;  ils  le  sont  un  peu  moins  clans  le  Rhinocéros,  et  moins 
encore  dans  les  Cochons.  Chez  les  Ruminants,  ils  se  rapprochent  de  la 
confluence  dans  les  Bœufs  et  les  Cerfs,  et  s'en  éloignent  chez  les  Boucs,  les 
Moutons  et  les  Girafes. 

»  Au-dessous  du  trou  occipital  et  dans  l'excavation  profonde  de  cette 
face  du  crâne,  on  remarque  l'ouverture  postérieure  des  fosses  nasales,  la 
face  interne  des  incisives  supérieures  et  la  branche  horizontale  du  maxillaire 
inférieur. 

»  Sur  les  côtés,  il  y  a,  en  dehors  des  condyles,  une  échancrure  pro- 
fonde, qui  les  sépare  de  la  parapophyse  mastoïde  dont  la  disposition  sty- 
loïdienne  est  surtout  remarquable,  vue  de  cette  fare.  Au-dessus  des  con- 
dyles et  du  mamelon  qui  sert  de  base  à  la  parapophyse  mastoïdienne,  la 
surface  très-concave  de  cette  région  présente  des  saillies  et  des  enfonce- 
ments qui  agrandissent  beaucoup  le  plan  d'insertion  des  muscles  posté- 
rieurs de  la  tète,  dont  la  force  devait  être  proportionnée  au  volume  de 
cette  partie.  En  dehors  de  la  ligne  courbe  supérieure  de  l'occipital,  on  aper- 
çoit le  promontoire  du  rocher,  l'orifice  externe  du  trou  auditif  et  le  côté 
interne  de  la  branche  montante  du  maxillaire  inférieur,  à  laquelle  s'in- 
sèrent les  muscles  ptérygoïdiens. 

»  Enfin  le  bord  arrondi  et  curviligne  du  maxillaire  inférieur  est  au  ni- 
veau des  condyles  de  l'occipital,  ce  qui  donne  à  l'ensemble  de  cette  face 
la  disposition  quadrilatère  qu'elle  offre  chez  le  Castor,  la  Marmotte  et  le 
Daman,  et  montre  par  son  étendue  chez  le  Mesotherium  combien  d'une 
part  devait  être  grande  la  langue,  organe  principal  du  sens  du  goût,  et 
d'autre  part  combien  devaient  être  puissants  les  organes  de  la  mastica- 
tion, adaptés  aux  usages  du  système  dentaire  qui  fera  l'objet  du  prochain 

Mémoire. 

Mesures  des  différentes  parties  de  la  tête. 

01 

De  la  protubérance  occipitale  externe  au  bout  des  os  nasaux.  .    °)29 

Longueur  des  os  nasaux ....  o ,  i5 

Largeur  transversale  au  devant  de  l'arcade  zygomatique    0,07 

Largeur  transversale  du  milieu  d'une  arcade  zygomatique  à  l'autre o,  16 

Largeur  transversale  d'un  trou  auditif  à  l'autre     o,  i3 

Largeur  d'une  apophyse  orbitaire  externe  à  l'autre o  ,08 

!..  R.,  1867,  i°  Semestre.  (T.  LXV,  N»  7.)  36 


(  *1*  ) 

m 

Dimension  transversale  de  l'orbite o ,  o55 

Dimension  antéro-postérieure  de  l'orbite 0,057 

Largeur  de  la  fosse  temporale  à  sa  partie  antérieure o,o4S 

Largeur  de  la  même  fosse  à  sa  partie  postérieure o  ,o3j 

Profondeur  de  la  même  fosse  à  sa  partie  postérieure 0,018 

Hauteur  verticale  de  la  tête  au  devant  de  la  première  molaire 0,042 

Distance  du  bout  du  museau  au  bord  antérieur  de  l'arcade  zygomalique 0,10 

Longueur  de  la  barre  (mésodonte) o,o5 

Hauteur  du  sommet  de  l'apophyse  paramastoïde  à  la  crête  sagittale 0,12 

Longueur  de  l'arcade  zygomatique,  de  son  bord  antérieur  au  trou  auditif o  ,  16 

Hauteur  de  la  même  arcade  prise  depuis  la  partie  moyenne  de  l'orbite 0,047 

Hauteur  de  la  même  arcade  en  arrière  de  l'apophyse  articulaire  du  temporal 0,022 

Profondeur  de  la  fosse  orbitahe 0,08 

Epaisseur  de  la  cloison  séparant  les  fosses  orbitaires 0,01 

Dimension  verticale  du  trou  auditif o,oi4 

Largeur  de  la  partie  inférieure  de  la  tête  en  arrière  des  incisives o  ,o54 

Largeur  de  la  voûte  palatine  en  arrière  des  molaires 0,064 

Profondeur  de  la  même  voûte  à  sa  partie  moyenne o,oi3 

Largeur  de  la  face  inférieure  un  peu  en  avant  de  la  fosse  ptérygoïde o,o5 

Largeur  du  sommet  de  l'aile  externe  de  l'apophyse  ptérygoïde,  d'un  côté  à  l'autre.  0,08 

Hauteur  de  la  fosse  ptérygoïde o,o4 

Mesure  verticale  de  l'orifice  postérieur  des  fosses  nasales 0,023 

Mesure  transversale  de  la  même  partie °)0I7 

Longueur  de  l'apophyse  articulaire  du  temporal o  ,o34 

Epaisseur  de  la  même  apophyse  à  sa  partie  moyenne 0,012 

Largeur  transversale  de  la  face  postérieure  de  la  tête o,  1  i5 

Hauteur  de  la  même  partie 0,08 

Dimension  verticale  du  trou  occipital 0,02g 

Dimension  transversale  du  même  trou 0,27 

Largeur  de  l'extrémité  externe  d'un  condyle  à  l'autre 0,06 

Longueur  du  maxillaire  inférieur • 0,23 

Hauteur  des  branches 0,17 

Largeur  des  mêmes  au  niveau  des  molaires 0,10 

Hauteur  du  corps  au  milieu  de  la  rangée  des  molaires o,o56 

Distance  d'un  coté  interne  à  l'autre  des  condyles o,  124 

Distance  du  milieu  d'un  bord  postérieur  des  branches  à  l'autre 0,17 

Écartement  des  branches  en  arrière  de  la  dernière  molaire 0.060 

Ëcartement  des  branches  au  devant  de  la  première  molaire 0,02 

Largeur  de  l'échancrure  sygmoïde 0,02 

Diamètre  transversal  du  condyle .      o,o3 

Diamètre  antéro-postérieur  du  même 0,02 


(  279  ) 

ZOOLOGIE.  —  Sur  une  nouvelle  collection  d'ossements  fossiles  de  Mammifères 
recueillie  par  M.  Fr.  Seguin  dans  la  Confédération  Argentine.  Note  de  M.Paul 
Gervais. 

«  M.  François  Seguin,  qui  avait  réuni,  pendant  un  premier  séjour  dans 
la  Confédération  Argentine,  une  fort  belle  collection  d'ossements  fossiles 
actuellement  déposée  au  Muséum  d'Histoire  naturelle,  a  réussi,  durant  ces 
dernières  années,  à  se  procurer  dans  les  mêmes  contrées  une  nouvelle  col- 
lection non  moins  précieuse  que  la  précédente.  Il  l'a  également  apportée  à 
Paris  et  en  a  placé  quelques-uns  des  plus  beaux  spécimens  à  l'Exposition 
universelle.  Plusieurs  Mémoires,  parmi  lesquels  je  me  bornerai  à  citer  ceux 
dans  lesquels  M.  le  professeur  Serres  (i)  a  parlé  du  Glyplodon  et  décrit  le 
Mesotherium  {Ty/jotlierium,  Bravard),  singulier  genre  éteint  de  Mammifères 
dont  M.  Seguin  a  le  premier  rapporté  le  squelette  en  Europe,  ont  déjà  été 
consacrés  aux  objets  dus  à  cet  infatigable  collecteur,  et  c'est  sur  la  demande 
de  M.  Seguin  lui-même  que  je  viens  aujourd'hui  signaler  à  l'Académie 
quelques-unes  des  pièces  qu'il  a  plus  récemment  découvertes. 

»  C'est  surtout  dans  l'ordre  des  Édentés,  si  nombreux  en  espèces  sud- 
américaines,  que  la  nouvelle  collection  dont  nous  parlons  est  riche  en  osse- 
ments intéressants.  On  y  remarque  des  squelettes  plus  ou  moins  complets 
du  Megatherium,  du  Mylodon,  du  Scelidotherium,  ainsi  que  des  divers  genres 
établis  sur  des  espèces,  également  gigantesques  mais  cataphractées  à  la  ma- 
nière des  Tatous,  auxquels  on  a  donné  les  noms  de  Glyptodon,  Schislopleu- 
rum  et  Cldamydotherium.  Les  carapaces  et  les  autres  débris  des  Glyptodons 
appartiennent  certainement  à  plusieurs  espèces.  Il  y  a  aussi  des  Dasypidés 
moins  différents  de  ceux  qui  vivent  encore  aujourd'hui.  Nous  citerons 
parmi  eux  un  Tatou  plus  grand  que  le  Priodonte  ou  Tatou  géant,  et  qui  se 
distinguait  de  cette  espèce,  aussi  bien  que  de  celles  qui  ont  survécu,  par 
quelques  caractères  faciles  à  saisir. 

»  Le  crâne  de  ce  grand  Tatou  est  long  de  om,  26  et  large  de  om,  1  1 .  Il  pos- 
sède neuf  paires  de  molaires  supérieures,  nombre  beaucoup  moindre  que 
dans  le  Priodonte  géant,  et  la  forme  de  ces  dents  est  en  même  temps  plus 
semblable  à  celle  des  mêmes  organes  étudiés  dans  les  autres  genres  de 
Tatous;  elles  sont  aussi  un  peu  plus  fortes  que  dans  ces  derniers,  mais  sans 
avoir  l'apparence  sub-réniforme  qu'on  leur  connaît  chez  le  Chlamydothé- 
rium,  et  par  leur  apparence  elles  rappellent  sensiblement  celles  des  Àpars 

(1)  Comptes  rendus  hebdomadaires. 

36.. 


(  280  ) 
(genre  Tolypeules);  enfin  la  têlc  approche,  par  son  allongement,  de  celle  des 
Cachicames.  Cependant  elle  est  moins  étroite  que  dans  ces  derniers,  et  sa 
région  palatine  antérieure  est  aussi  notablement  différente.  Les  os  maxil- 
laires s'y  prolongent  de  om,o4  en  avant  de  la  première  dent  molaire,  avant 
d'atteindre  le  bord  postérieur  des  os  incisifs,  et  l'angle  que  forme  leur  suture 
avec  ces  derniers  n'est  pas  tout  à  fait  égal  à  un  angle  droit.  Aucune  dent 
n'est,  comme  cela  a  lieu  dans  les  Encouberts,  insérée  sur  les  os  incisifs.  Ne 
trouvant  dans  les  auteurs  aucune  indication  qui  s'applique  à  cette  grande 
espèce,  je  l'ai  nommée  Eutalus  Seguini. 

»  En  ce  qui  concerne  les  genres  Mylodon  et  Scelidotherium ,  M.  Seguin  en 
possède  des  ossements  provenant  de  jeunes  sujets,  dont  la  comparaison 
avec  les  squelettes  d'adultes  offrira  un  véritable  intérêt.  L'examen  de  leurs 
dents  non  encore  usées  conduit  à  penser  que  c'est  sur  des  pièces  analogues, 
plus  particulièrement  sur  des  molaires  de  Mylodon,  que  M.  Lund  a  fait 
reposer  son  genre  Sphenodon. 

»  La  nouvelle  collection  de  M.  Seguin  renferme  des  débris  tres-carac- 
téristiques  et  en  fort  bon  état  de  conservation  qui  appartiennent  au  Meso- 
therium  ainsi  qu'au  Toxodon,  deux  des  types  aberrants  les  plus  remar- 
quables de  la  faune  sud-américaine.  On  y  voit  aussi  des  pièces  osseuses  et 
des  séries  dentaires  provenant  d'un  animal  non  moins  curieux  que  ceux-là, 
le  Macrauchenia  patachonica. 

»   Cette  espèce,  au  sujet  de  laquelle  M.  Owen  a  le  premier  donné  des 

renseignements  (i)   et   que  M.   Bravard   a    depuis  lors  appelée   Opiilorhi- 

nus  Falconeri  (a),  atteignait  à  peu  près   les  dimensions  du  Chameau,   mais 

ses  affinités  la  rattachaient  aux  Pachydermes  jumentés,  et  elle  présentait,  en 

effet,  dans  sa  dentition  ainsi  que  dans  la  conformation  de  ses  membres,  les 

principaux  traits  caractéristiques  des  Mammifères  de  cet  ordre.  C'est  auprès 

des  Rhinocéros  et  des  Chevaux  qu'elle  doit  être  placée;  mais  son  système 

dentaire  offrait  cette  particularité  curieuse,  qu'au  lieu  d'être  incomplet  dans 

la  région  des  incisives  et  des  canines,  comme  il  l'est  chez  les  Rhinocéros,  il 

possédait  au  contraire  la  formule  normale  et  typique  du  groupe  des  Jumen- 

3.17 
tés  :  ■=  i.,  -  c,  -  m.  On  n'observe  dans  le  Macrauchenia  aucune  trace  de  la 
3        1         7 

barre  caractéristique  des  Chevaux,  les  dents  étant  rangées  en  série  continue 

(1)  Owen,  Voyage  du  Beagle  (capitaine  Fitzrov);  et,  plus  récemment,  P.  Gervais,  Voyage 
de  CasfAnau.  —  Burmeister,  Ann.  Mus,  Bucnos-Ayres,  i8(>4- 

(2)  Catalogue  des  espèces  d'animaux  fossiles  recueillis  dans  /' Amérique  du  Sud.  Parana, 
1860. 


(  *8i    ) 
comme  dans   les  Anoplothériums,  qui  sont  cependant  des  animaux  d'un 
autre  ordre. 

»  Une  autre  singularité  de  ce  genre  résidait  dans  la  forme  -les  dents 
incisives  qui  étaien  en  palmeltes,  proclives  et  un  peu  excavées  sur  leur 
face  interne,  et  dont  les  bords,  avant  d'avoir  été  entamés  par  l'usure, 
étaient  festonnés,  ce  qui  leur  donnait  jusqu'à  un  certain  point  le  faciès  de 
celles  des  Iguanodons  et  de  certaines  espèces  actuelles  de  la  famille  des 
Iguanes.  Cette  curieuse  conformation  est  facile  à  constater  sur  une  mâ- 
choire inférieure  réunissant  à  la  fois  les  dents  de  la  première  dentition  et  une 
partie  de  celles  de  la  seconde. 

»  A  en  juger  par  la  forme  des  molaires  du  Macrauchenia,  on  doit  sup- 
poser que  c'est  sur  l'observation  de  quelques-unes  d'entre  elles  prises 
isolément  que  repose  l'indication  donnée  par  M.  Bravard  de  l'ancienne 
existence,  dans  l'Amérique  méridionale,  des  genres  Paléothérium  et 
Anoplothérium. 

»  Il  v  a  dans  la  collection  qui  nous  occupe  divers  ossements  apparte- 
nant au  genre  des  Chevaux  (Equus  neogœus)  et  à  celui  des  Mastodontes 
[Maslodon  Andium). 

»  M.  Lund  et  moi  avions  précédemment  indiqué  la  présence  de  Lamas 
(genre  Âuchenia)  parmi  les  fossiles  delà  même  région.  Ils  provenaient  du 
Brésil  et  de  la  Bolivie.  M.  Seguin  en  a  trouvé  dans  la  province  de  Buenos- 
Ayres.  Ils  sont  de  trois  espèces  différentes  :  la  première  assimilable  à 
Y  Auchenia  // cddellii,  P.  Ger'v.,  dont  la  taille  approchait  de  celle  du 
Chameau;  la  seconde  à  V Auchenia  Castelnaudii ,  P.  Gerv.,  et  la  troisième 
au  Lama  ou  à  l'Alpaca  actuels.  Les  restes  de  cette  dernière  espèce 
viennent  de  la  lagune  de  Chichi;  ceux  des  deux  précédentes  sont  du  ter- 
rain pampéen  proprement  dit.  Les  Auchenia  Weddellix  et  Castelnaudii  dif- 
féraient des  Lamas  de  nos  jours  ainsi  que  de  la  Vigogne  par  une  particula- 
rité digne  d'être  signalée  et  qui  pourra  les  en  faire  séparer  génériquement. 
Leur  mâchoire  inférieure  présentait,  comme  la  supérieure,  cinq  paires  de 
molaires  en  série  continue  au  lieu  de  quatre;  je  les  comprendrai  sous  le 
nom  de  Palœolama. 

»  Un  Cerf  peu  difFérentdn  Cervus  paludosus  (sous-genre  Blaslocerus,  Gray), 
si  même  il  n'est  de  la  même  espèce,  est  fossile  dans  la  province  de  San ta- 
Fé  :  on  le  trouve  aussi  dans  l'Uruguay. 

»  L'ordre  des  Rongeurs,  si  irrégulièrement  disséminé  qu'il  paraisse  à  la 
surface  du  globe,  n'est  pas  exempt  de  toute  loi  de  répartition  géographique. 
Certaines  de  ses  familles  ou  tribus  sont  spéciales  à  telle  ou  telle  grande  ré- 
gion, et  ses  genres  les  plus  cosmopolites  ont  leurs  espèces,  parfois  même  leurs 


(  282  ) 

différents  sous-genres,  assez  nettement  cantonnés.  On  reconnaît  parmi  les 
Mammifères  fossiles  dans  l'Amérique  méridionale  des  espèces  congénères  de 
celles  dont  les  familles  caractérisent  encore  la  faune  de  ce  continent,  et  elles 
paraissent  dans  la  plupart  des  cas  être  identiques  aver  elles.  Ce  sont  des 
Cabiais  (Hyd)oclut  rus),  des  Kérodons,  des  Anœma  ou  Cavia  proprement  dits, 
des  Viscaches,  des  Myopotames,  des  Cténomjrs,  etc.;  ils  sont  associés,  dans 
la  collection  formée  par  M.  Seguin,  à  quelques  Muridés  parmi  lesquels 
nous  avons  reconnu  un  Oxymyctère,  c'est-à-dire  une  espèce  de  Rat  apparte- 
nant à  un  sous-genre  actuellement  propre  au  même  pavs. 

»  Un  Hydrochérus  trouvé  fossile  dans  la  province  de  Santa-Fé  était, 
comme  Y Hydrochœrus  sulcidens  rapporté  du  Brésil  par  M.  Lund,  notable- 
ment plus  grand  que  les  animaux  du  même  genre  et  d'époque  récente  que 
nous  conservons  dans  nos  collections.  La  série  de  ses  molaires  inférieures 
est  longue  de  om,i2. 

»  M.  Seguin  possède  cinq  espèces  fossiles  de  Carnivores  :  deux  Canis  com- 
parables aux  C.  troglodytes  et  protalopex  de  M.  Lund  ;  une  Mouffette  ré- 
pondant à  son  Mephitis  fossilis  et  aussi  fort  semblable  à  l'espèce  encore  vi- 
vante dans  la  République  Argentine  que  j'ai  nommée  Mephitis  Feuillei;  le 
Machairodus  neogœus,  grande  espèce  perdue,  répondant  au  Felis  smilodon 
de  M.  de  Blainville,  et  le  grand  Ours,  espèce  également  éteinte,  auquel  j'ai 
donné  le  nom  d'Ursus  bonœriensis. 

»  Cet  Ours  n'était  pas  moins  grand  que  VUrsus  spelœus  de  nos  con- 
trées, si  même  il  ne  le  dépassait  en  dimensions;  mais  il  présentait  des 
caractères  assez  différents  des  siens,  et  l'on  devra  le  classer  dans  un 
autre  sous-genre.  Il  appartient  à  la  même  division  que  le  petit  Ours  des . 
Cordillères  que  M.  Fréd.  Cuvier  a  décrit  sous  la  dénomination  à'Ursus  or- 
natus,  c'est-à-dire  à  ma  division  des  Tremactos.  Il  a  en  effet  les  molaires  au 

nombre  de  -?  avec  les  avant-molaires  persistantes,  et  son  humérus  a  le  con- 

1 

dyle  interne  percé  d'un  trou.  C'est  sans  doute  le  même  animal  que 
M.  Bravard  avait  appelé,  de  son  côté,  mais  postérieurement  à  la  publication 
de  mon  Mémoire,  Arctotherium  latidens  (1). 

»  M.  Bravard  signalait  dans  les  mêmes  gisements  plusieurs  espèces  d'Oi- 
seaux et  six  espèces  de  Beptiles,  savoir  :  un  Crocodile,  deux  Ophidiens  et 
trois  Emydes.  M.  Seguin  a  découvert  dans  la  province  de  Santa-Fé,  avec  les 
grands  Mammifères  éteints  dont  nous  venons  de  parler,  une  Tortue  de 
grande  taille,  dont  la  carapace  mesurait  im,5o  de  long  sur  im,20  de  haut.  » 

(1)  Bravard,  loco  citalo. 


(  283  ) 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  décerner  le  prix  Bordin  (question  concernant 
la  structure  du  pistil). 

MM.  Decaisne,  Brongniart,  Tulasne,  Duchartre,  Trécul  réunissent  la 
majorité  des  suffrages. 

L'Académie  procède  ensuite,  également  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  no- 
mination de  la  Commission  chargée  de  décerner  le  prix  Barbier  (découvertes 
relatives  aux  sciences  médicales,  chirurgicales,  pharmaceutiques,  on  à  la 
botanique  appliquée  à  l'art  de  guérir). 

MM.  Velpeau,  Nélaton,  Brongniart,  Robin,  Andral,  J.  Cloquet  réu- 
nissent la  majorité  des  suffrages. 

MÉMOIRES  LUS. 

NAVIGATION.  —  Du  magnétisme  terrestre  dans  ses  rapports  avec  les  compas 
des  navires  en  fer;  par  feu  M.  Evan  Hopkins. 

(Benvoi  à  l'examen  de  la  Section  de  Géographie  et  Navigation.) 

«  L'attention  des  Membres  de  la  Société  Royale  de  Londres  a  été  appelée 
récemment  sur  la  quantité  chaque  jour  croissante  de  fer  employée  dans  la 
construction  et  l'équipement  des  navires.  La  déviation  du  compas  produite 
par  l'action  du  fer  menace  d'être  fatale  à  la. vie  et  à  la  propriété  de  beau- 
coup de  personnes.  Le  nombre  des  navires  que  l'on  construit  en  fer  sur- 
passe de  beaucoup  celui  des  navires  en  bois,  surtout  de  ceux  qui  sont  des- 
tinés au  transport  des  passagers. 

»  Des  accidents  nombreux  ont  eu  lieu  dans  la  Manche  et  ailleurs,  et 
plusieurs  navires,  pendant  les  dernières  années,  ont  naufragé,  en  consé- 
quence des  grandes  déviations  de  leur  compas.  Bien  que  ces  faits  soient  à 
présent  bien  constatés,  on  suppose  cpie  ce  sont  des  maux  incurables,  insé- 
parables des  navires  en  fer  et  auxquels  il  faut  se  résigner  parce  qu'on  ne 
peut  pas  les  éviter. 

»  C'est  pourquoi  les  propriétaires  de  navires  font  si  peu  d'attention  à  cet 
état  de  choses  et  se  protègent  moyennant  leur  police  d'assurance  flottante. 

»   De  cette  façon,  le  public  en  général  est  tenu  presque  dans  l'ignorance 


(  284  ) 
en  ce  qui  regarde  la  vraie  cause  d'un  grand  nombre  de  naufrages.  Rien  ne 
peut  excuser  la  négligence  des  précautions  dont  on  doit  user  pour  assurer 
la  sûrelé  à  bord  d'un  navire;  il  est  évident  qu'un  instrument  aussi  impor- 
tant et  indispensable  que  le  compas  exige  qu'on  prenne  tout  le  soin  néces- 
saire pour  le  rendre  exact  et  fidèle,  et  pour  éviter  qu'il  devienne  faux  et 
trompeur  par  l'influence  déconcertante  du  magnétisme  du  navire  et  par 
son  mauvais  emplacement. 

«  La  vie  des  équipages  et  des  passagers  est  souvent  sacrifiée  dans  les 
malheurs  causés  premièrement  par  les  erreurs  du  compas,  mais  que  l'on 
attribue  généralement  au  défaut  de  la  sonde  ou  à  quelque  autre  négligence 
de  la  part  des  officiers. 

»  Les  marins  connaissent  bien  la  difficulté  d'appliquer  à  la  déviation  les 
corrections  mécaniques  ou  tabulaires;  les  navigateurs  les  plus  expérimentés 
n'accordent  confiance  à  aucune  des  méthodes  appliquées  actuellement. 
On  emploie  maintenant  pour  corriger  la  déviation  deux  procédés  qui  ont 
chacun  leurs  avantages  et  leurs  inconvénients;  mais,  à  moins  que  les  na- 
vires ne  fassent  que  de  courts  voyages  sur  la  même  parallèle,  les  deux  pro- 
cédés ne  donnent  que  des  corrections  temporaires;  et  même  dans  ce  cas  on 
ne  peut  compter  sur  elles  que  pendant  un  temps  très-court,  à  cause  des 
changements  rapides  qui  surviennent  dans  la  polarité  des  navires  en  fer. 

»   Voici  quels  sont  ces  deux  procédés. 

»  i°  On  obtient  des  tables  de  déviation  en  tournant  le  navire.  Mais 
comme  la  polarité  acquise  par  le  navire  pendant  sa  construction  est  si  pas- 
sagère que  son  intensité  diminue  considérablement  en  quelques  mois,  si  la 
traversée  est  sujette  à  beaucoup  de  changements,  les  tables  de  corrections 
faites  à  la  sortie  du  port  deviennent  complètement  inutiles,  souvent  trom- 
peuses et  très-dangereuses. 

»  ?.°  Le  système  de  compensation  par  des  aimants  ou  barreaux  fortement 
aimantés  est  adopté  dans  presque  toutes  les  marines.  Le  compas  de  route 
est  ordinairement  placé  près  du  gouvernail,  où  la  déviation  causée  par  la 
polarité  de  l'axe  est  généralement  excessive.  On  suppose  que  le  compas  ne 
peut  être  ramené  dans  la  direction  de  la  méridienne  que  par  des  aimants 
puissants.  Lorsque  ces  aimants  sont  en  place,  le  compas  est  maintenu  en 
équilibre  par  une  puissante  force  antagoniste.  Et  quand  il  y  a,  pendant  le 
voyage,  des  changements  dans  la  polarité  des  navires  en  fer  et  dans  la  posi- 
tion des  aimants  par  rapport  au  méridien,  il  se  produit  nécessairement  de 
grandes  erreurs  qui  aggravent  considérablement  le  mal,  et  qu'il  est  à  pro- 
pos d'écarter  pour  éviter  des  résultats  funestes. 


(  a85  ) 

»  Il  v  a  quelques  années  que  le  commandant  d'un  navire  en  fer,  faisant 
le  voyage  de  l'Australie  après  avoir  traversé  l'équateur,  trouva  que  la  ligne 
centrale  de  l'arrière  à  l'avant  du  navire  était  toujours  nord  par  le  compas, 
n'importe  quelle  direction  avait  le  cap  du  navire.  Heureusement  il  s'assura  à 
temps  de  ce  fait  et  de  sa  cause,  et  de  suite  il  écarta  les  barreaux  et  gouverna 
sans  aucune  difficulté.  J'ajouterai  que  plusieurs  cas  semblables  ont  eu  lieu 
dans  la  Manche  irlandaise,  dans  la  Méditerranée,  la  mer  Rouge,  l'océan 
Indien,  la  mer  Pacifique,  et  qu'il  eût  suffi  de  l'écart  des  barreaux  pour  em- 
pêcher la  confusion  et  le  danger. 

»  Il  reste  maintenant  à  indiquer  comment  les  difficultés  provenant  des 
déviations  peuvent  être  surmontées  par  la  dépolarisation,  et  en  plaçant 
le  compas  de  route  à  une  hauteur  plus  grande  et  dans  une  position  telle, 
qu'il  soit  sous  la  seule  influence  du  magnétisme  terrestre. 

»  Les  oscillations  des  aiguilles  plates  ordinaires,  généralement  employées 
sur  les  navires,  sont  très-considérables  et  jointes  à  leur  instabilité  fréquente 
pendant  les  tempêtes  sont  un  grand  obstacle  à  la  manœuvre.  Dans  le  troi- 
sième Rapport  présenté  par  le  Comité  du  compas  de  Liverpool,  au  Minis- 
tère du  Commerce,  nous  trouvons  la  remarque  suivante  :  «  La  cupule 
»  d'agate  sur  laquelle  repose  le  pivot  a  été  remplie  de  poussière  de  brique, 
«  pour  donner,  a-t-on  dit,  de  la  stabilité  à  la  rose  du  compas,  de  sorte  que, 
»  quand  on  l'a  examinée,  on  a  trouvé  que  la  vibration  de  l'hélice  et  le 
»  broiement  de  la  poussière  de  brique  avaient  complètement  troué 
»   l'agate.  « 

»  Je  vais  maintenant  récapituler  les  remèdes  proposés  pour  écarter  les 
difficultés  provenant  des  perturbations  éprouvées  par  les  compas  à  bord  du 
navire  en  fer  : 

»  i°  Neutraliser  ou  détruire  la  polarité  acquise  par  un  navire  en  fer, 
pendant  sa  construction,  par  le  moyen  d'un  aimant  en  fera  cheval. 

»  2°  Élever  le  compas  de  route  à  une  hauteur  telle,  qu'il  soit  hors  de 
la  sphère  d'activité  de  l'attraction  exercée  par  le  fer  forgé  du  navire. 

»  3°  Placer  un  réflecteur  près  du  compas,  de  manière  que  la  rose  puisse 
être  vue  comme  le  cadran  d'une  horloge,  et  lue  exactement  à  une  distance 
de  20  pieds  et  plus  du  gouvernail. 

»  4°  Placer  une  rose  muette  en  face  du  gouvernail  pour  établir  la  marche 
du  navire,  pour  guider  le  timonier,  et  éviter  ainsi  les  méprises  provenant 
des  indications  verbales,  la  rose  du  compas  et  la  rose  muette  étant  réglées 
pour  correspondre  l'une  avec  l'autre. 

C.  K.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LX.V,  N"  7.)  37 


(  286  ) 

»  5°  Construire  et  employer  des  aiguilles  aimantées  ayant  la  plus  grande 
force  directrice,  pour  éviter  l'instabilité  et  les  oscillations  excessives. 

»  6°  Employer  des  aiguilles  recourbées  disposées  pour  la  navigation 
sous  de  hautes  latitudes,  où  les  aiguilles  droites  sont  paresseuses  dans  leurs 
mouvements,  et,  par  suite,  ont  souvent  une  direction  incertaine. 

»  Des  aiguilles  placées  successivement,  et  oscillant  de  test  à  l'ouest,  sur  le 
même  pivot.  —  Elles  furent  déplacées  délicatement,  au  moyen  d'un  aimant, 
amenées  de  leur  ligne  de  repos,  dans  le  méridien  magnétique,  à  un  angle  de 
90  degrés  à  droite  ou  à  gauche  (est  ou  ouest),  et  laissées  libres  d'osciller 
jusqu'à  ce  qu'elles  fussent  revenues  et  arrêtées  dans  leur  position  originale. 
Elles  furent  placées  sous  des  verres,  pour  empêcher  toute  force  turbatrice 
extérieure. 

»  Toutes  les  aiguilles  étaient  de  la  même  longueur,  6  4  pouces.  Les  ré- 
sultats suivants  ont  été  obtenus  : 

Nombre  Temps 

de  vibrations,  employé. 

Aiguilles  plates,  largeur  'r  pouce,  et  -j^  de  pouce  d'é- 
paisseur           60  42°" 

La  même  aiguille,  placée  sur  champ 20  1^5 

Aiguille  sur  champ  de  même  poids,  mais  plus  mince 

et  plus  large  (f  de  pouce  de  largeur) 14  104 

Aiguille  sur  champ  très-mince,  1  {  pouce  de  largeur.           12  90 

Aiguille  angulaire,  avec  rose  en  forme  de  cône.  .  .           10  -o 

»  En  plaçant  les  aiguilles  sur  champ  au  lieu  de  les  placer  à  plat,  on  di- 
minue non-seulement  leur  tendance  d'oscillation  excessive,  mais  on  aug- 
mente la  force  de  direction,  et,  par  suite,  elles  coïncident  plus  exactement 
avec  le  méridien  magnétique.  » 

«  M.  Herm.  de  Schlagixtweit-Sakuxluxski  présente  une  pièce  encore 
inédite  appartenant  aux  «  Illustrations  de  la  Géographie  physique  de 
l'Inde  et  de  la  haute  Asie  »,  un  Tableau  hypsométrique  de  l'Inde,  de  l'Hi- 
malaya et  du  Thibet  occidental,  et  il  ajoute  quelques  remarques  générales 
sur  les  glaciers  les  plus  bas  de  la  haute  Asie  et  leur  relation  aux  lignes  iso- 
thermes. Une  planche  de  l'atlas,  montrant  la  région  neigeuse  du  Kunliïn 
dans  ses  différentes  modifications,  était  mise  en  même  temps  sous  les  yeux 
de  l'Académie.  Voici  quelques-uns  des  principaux  résultats  qui  ont  été 
observés  : 

»  1"  Les  glaciers  les  plus  bas  que  l'on  connaît  jusqu'à  présent  dans  ces 
régions  descendent  à  des  élévations  de  9900  à  10  000  pieds  anglais,  tels 
que  le  Tchaya  dans  l'Himalaya,  le  Bépho  dans  le  Thibet. 


(  2«7  ) 

»  2°  Les  températures  moyennes  de  l'année  v  varient  de  8  degrés  centi- 
grades à  8°,9,  tandis  que  pour  les  Alpes  les  descentes  les  plus  excep- 
tionnelles, comme  celles  des  glaciers  de  Bosson  et  de  Grindelwald,  coïn- 
cident avec  une  isotherme  de  6°,  5,  et  8  à  9  degrés  centigrades  sous  les 
températures  de  Klagenfurt,  de  Fribonrg  en  Suisse,  de  Tegernsee. 

»  3°  Il  n'existe  pas  dans  la  haute  Asie  une  période  glaciaire,  ou  période 
d'une  descente  considérablement  plus  basse;  on  voit  plutôt  que,  mainte- 
nant encore,  les  étendues  des  glaciers  ne  diffèrent  pas  beaucoup,  quant  à 
la  température,  des  positions  les  plus  basses  que  nous  connaissons  pour 
l'Europe  dans  la  période  glaciaire. 

»  4°  Dans  la  haute  Asie,  c'est  spécialement  l'étendue  des  bassins  de 
névé  et  des  systèmes  hydrographiques  en  général  qui  doit  être  considérée 
comme  la  première  cause  de  ces  descentes  extraordinaires.  Même  la  diffé- 
rence entre  les  précipitations  atmosphériques  de  l'Himalaya  et  du  Thibet 
n'y  fait  pas  de  changement  appréciable.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.    —  Lois  des  deltas;  par  M.  de  Villeneuve-Flayosc. 

(Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Commissaires  précédemment   nommés  :  MM.  Élie  de  Beaumont, 
d'Archiac,  Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Dans  les  précédents  Mémoires  soumis  à  l'Académie  des  Sciences,  a  été 
signalée  la  concordance  théorique  de  la  coordination  des  formes  terrestres 
étudiées  soit  au  point  de  vue  de  la  symétrie  des  longueurs,  soit  au  point  de 
vue  de  la  symétrie  des  angles.  Les  derniers  travaux  de  M.  Élie  de  Beaumont 
viennent  d'offrir  une  bien  remarquable  confirmation  de  la  concordance 
précitée. 

»  Les  principales  lignes  de  dislocation  de  la  Provence,  groupées  par  nous 
d'après  le  principe  de  la  symétrie  des  longueurs,  sont  reproduites  avec  un 
degré  d'approximation  bien  satisfaisant  par  les  points  d'intersection  des 
cercles  orientés  d'après  le  système  du  savant  géologue. 

»  Quel  que  soit  le  résultat  ultérieur  des  études  à  faire  sur  les  formes  des 
autres  portions  de  notre  globe,  un  résultat  désormais  acquis  à  la  science 
est  l'identité  des  lois  de  symétrie  des  angles  et  des  longueurs. 

»  Dans  nos  précédentes  communications,  il  a  été  établi  que  les  lois  des 
subdivisions  des  thalwegs  des  bassins  étaient  les  mêmes  que  celles  des 
saillies  des  continents.  Le  principal  accident  de  la  vallée  de  la  Seine  indi- 

37.. 


(  288  ) 
que  par  le  confluent  île  la  Ma;  ne  est  aux  -^  de  l'axe  fluvial,  mesuré  de- 
puis le  départ  des  eaux  du  plateau  de  Langres,  comme  l'isthme  de  Suez, 
principal  accident  de  la  ligne  continentale  de  Behring  au  cap  de  Bonne- 
Espérance,  est  aux  -^  de  la  longueur  de  l'axe  continental  partant  du  détroit 
de  Behring. 

»  Malgré  les  apparences  contraires,  les  lois  géométriques  des  axes  flu- 
viaux ne  sont  point  sensiblement  altérées  par  les  changements  journelle- 
ment opérés  aux  embouchures  des  rivières  terminées  par  des  deltas;  et  l'é- 
tude des  lois  de  ces  deltas  devient  le  complément  logique  de  nos  observa- 
tions sur  la  symétrie  des  longueurs  des  lignes  géographiques. 

»  On  peut  résumer  de  la  manière  suivante  les  conditions  de  la  formation 
des  deltas  : 

»  Première  loi.  —  La  limite  générale  des  deltas  est  dessinée  dès  les  pre- 
miers temps  de  la  formation  rudimentaire  des  atterrissements.  La  frontière 
de  l'empire  maritime  et  du  domaine  fluvial  est  dessinée  par  le  cordon  lit- 
toral. Du  côté  du  fleuve  agit  la  puissance  génératrice  du  fleuve  apportant 
ses  limons;  de  l'autre  s'exerce  la  force  corrosive  des  courants  marins,  qui 
corrodent  les  saillies  trop  avancées  des  sédiments  formés.  Le  balancement 
de  ces  deux  forces  opposées  d'atterrissement  et  de  corrosion  est  surtout 
manifeste  pour  le  Bhône  et  pour  le  Rhin. 

»  La  corrosion  des  saillies  du  delta  du  Rhône  se  déduit  des  anciennes 
cartes  du  delta  faites  par  d'Anville  et  par  Cassini,  et  publiées  par  M.  Des- 
jardins. 

»  Le  déversement  immédiat  d'une  partie  des  limons  du  Rhône  dans  la 
mer  placée  bien  au  delà  du  delta  a  été  constaté  le  i5  juin  i86/j.  Pendant 
l'inondation  du  fleuve,  les  limons  jaunâtres  étaient  portés  en  mer  jusqu'à 
25  et  3o  kilomètres  au  sud-ouest  de  la  grande  embouchure.  Sous  la  double 
influence  de  la  corrosion  exercée  sur  les  dépôts  déjà  faits,  et  du  transport 
direct  des  limons  versésàla  mer,  il  n'est  laissé  actuellement  au  delta  qu'une 
faible  portion  des  matières  apportées  par  le  fleuve. 

»  Les  deltas  du  Rhône  et  du  Pô  ne  s'assimilent  aujourd'hui  que  Je  qua- 
torzième des  limons  fluviaux.  Les  deltas  du  Nil  et  du  Mississipi  ne  peuvent 
guère  s'assimiler  que  le  quart  ou  le  cinquième  des  limons  qui  leur  sont  ap- 
portés. L'assimilation  a  été  plus  forte  dans  le  passé,  elle  sera  toujours  plus 
faible  à  l'avenir,  parce  que  le  courant  corrosif  présente  plus  d'énergie  et  la 
mer  plus  de  protondeur. 

«  Deuxième  loi.  —  L'accroissement  des  fleuves  à  delta  de  l'hémisphère 
boréal,  soit  que  ces  fleuves  viennent  du  nord  au  midi  comme  le  Rhône,  le 


(  289  ) 
Gange  et  le  Mississipi,  soient  qu'ils  coulent  dn  sud  nu  nord,  comme  le  Rhin 
et  le  Nil,  cet  accroissement  se  fait  toujours  par  oblitération  progressive  des 
branches  fluviales,  en  marchant  dans  le  sens  de  la  droite  à  la  gauche  de  l'é- 
coulement. Cet  ordre  est  régi  par  les  effets  de  la  rotation  terrestre  sur  les 
eaux  versées  à  la  mer.  La  branche  de  Péluse  sur  le  Nil,  celle  d'Aigues- 
Morles  sur  le  Rhône,  ont  été  les  premières  oblitérées;  toutes  deux  sont  pla- 
cées à  l'extrême  droite  du  courant  atteignant  le  bassin  maritime. 

»  Troisième  loi.  —  Les  lois  géométriques  des  longueurs  et  des  axes  flu- 
viaux des  fleuves  à  delta  et  sans  delta  sont  les  mêmes.  Les  longueurs  observées 
à  l'extrémité  du  delta  sont  partout,  encore  aujourd'hui,  inférieures  à  leur 
dernière  limite  calculée;  mais  elles  se  rapprochent  si  bien  de  ces  limites, 
que  l'on  en  voit  sortir  avec  évidence  la  confirmation  de  lois  de  subdivisions 
régulières  causées  parles  vibrations  de  la  Terre. 

»  Quatrième  loi.  —  Les  conditions  générales  de  génération  et  de  limites 
géométriques  des  deltas  assignent  à  tous  ces  sédiments  le  même  âge.  L'étude 
minutieuse  des  sédiments  du  Rhône  dans  le  présent  et  le  passé  ne  permet 
pas  d'assigner  au  delta  du  fleuve  une  antiquité  supérieure  à  QUARANTE-CINQ 
SIÈCLES. 

»  Un  tableau  joint  à  notre  Note  offre  le  résultat  des  calculs  comparatifs 
appliqués  au  Rhône,  au  Pô,  au  Rhin,  au  Mississipi  et  au  Nil.  Le  rap- 
port de  l'axe  maximum  du  Rhône  au  rayon  moyen  de  son  delta  offre  les 
proportions  moyennes  qui  justifient  le  choix  du  delta  rhodanien  comme 
type  des  autres  deltas.  » 

M.  Jules  Coxté  fait  connaître  les  résultats  qu'il  a  obtenus  dans  de  nou- 
velles expériences  qui  viennent  confirmer  les  observations  qu'il  avait  déjà 
communiquées  en  1864  au  Comice  agricole  d'Agen  sur  les  causes  qui  favo- 
risent le  développement  de  l'oïdium  et  la  marche  à  suivre  pour  en  préser- 
ver la  vigne.  «  J'avais  remarqué,  dit-il,  comme  circonstances  favorisant  le 
développement  de  la  maladie,  toutes  celles  qui  tendent  à  diminuer  la  vigueur 
de  la  plante  :  défaut  de  fumure  suffisante,  herbes  parasites  croissant  au 
pied  du  cep,  rameaux  courant  le  long  d'un  plan  horizontal,  c'est-à-dire 
dans  une  position  contre  nature.  Mes  nouvelles  observations  n'ont  fait  que 
confirmer  la  justesse  de  cette  vue,  et  en  écartant  toutes  ces  causes  d'alan- 
guissement,  j'ai  vu  constamment  les  vignes  bien  portantes,  quand  d'autres 
voisines  et  situées  dans  des  conditions  semblables,  à  ces  trois  points  près, 
ont  été  plus  ou  moins  malades.   » 

(Renvoi  à  la  Section  d'Économie  rurale.) 


(  29°  ) 
M.  Miergites  annonce  de  Bouffarik  qu'il  est  parvenu  à  filer  les   cocons  de 
ver  à  soie  dans  l'eau  froide  en  substituant  dans  le  bain,  à  la  potasse  cans- 
lique,  à  laquelle  il  a  dû  renoncer  parce  cpi'el le  attaque  les  doigts  des fileuses, 
une  solution  de  chlorure  de  zinc  dans  une  proportion  qu'il  indique. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Vers  à  soie.) 

M.  Ajibroise  adresse  de  Beauvais  un  Mémoire  sur  une  théorie  de  la 
vision,  où  il  reproduit,  sans  le  savoir,  certaines  idées  depuis  longtemps 
abandonnées. 

(Commissaires  :  MM.  Pouillet,  Regnault,  Longet.) 

M.  Trémaux  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  Note  intitulée  : 
«  Démonstration  des  actions  qui  donnent  l'excentricité  des  orbites,  et  obser- 
vations à  propos  des  Notes  de  Pascal.  » 

(Commissaires  précédemment  nommés.) 

M.  Faire  présente  une  Note  sur  une  modification  «  dans  les  construc- 
tions navales  »  cpii  aurait,  suivant  lui,  pour  effet  d'atténuer  les  effets  désas- 
treux des  naufrages. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Navigation.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  Chevreul  présente  au  nom  de  l'auteur,  M.  Victor  Fouque,  un  ouvrage 
intitulé  :  »  La  vérité  sur  l'invention  delà  photographie.  Nicépliore  Niepce, 
sa  vie,  ses  essais,  ses  travaux,  d'après  sa  correspondance  et  autres  docu- 
ments inédits.  » 

M.  le  Secrétaire  perpétuée  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  de  nouvelles  livraisons  des  «  Recherches  anatomiques  et 
paléontologiques  pour  servira  l'histoire  des  Oiseaux  fossiles  de  la  France  ». 
Ce  sont  les  huitième  et  neuvième  fascicules  de  l'ouvrage  qui  a  valu  à 
M.  Al\>h.  M  Une  Edwards  le  grand  prix  des  Sciences  physiques  décerné  par 
l'Académie  en  1866. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  au  nom  de  l'auteur,  M.  Félix 
Plateau,  un  opuscule  «  Sur  la  transformation  spontanée  d'un  cylindre 
liquide  en  sphères  isolées  »  et  lit  le  passage  suivant  de  la  Lettre  d'envoi  : 

«  Dans  la  deuxième  série  de  ses  Recherches  sur  les  figures  d'équilibre  d'une 


(  29'  ) 
masse  liquide  sans  pesanteur,  mon  père  a  montré  qu'un  cylindre  liquide  très- 
alloneé,  ou  plus  généralement  toute  figure  liquide  dont  une  dimension  est 
considérable  relativement  aux  deux  autres,  se  transforme  toujours  sponta- 
nément en  une  suite  de  sphères  isolées,  et  c'est  sur  ce  principe  qu'il  a  fondé 
la  théorie  de  la  constitution  des  veines  lancées  par  des  orifices  circulaires. 
Mais  ses  expériences  exigent  des  instruments  particuliers;  or,  le  hasard  m'a 
mis  sur  la  voie  d'un  procédé  extrêmement  simple,  qui  permet  de  constater 
le  phénomène  sans  aucun  appareil  spécial.  C'est  à  ce  procédé  que  se  rapporte 
l'opuscule  dont  je  vous  prie  de  vouloir  bien  faire  hommage  à  l'Académie.  » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  communique  une  Lettre  qui  lui  a  été  adres- 
sée par  M.  L.  Rêynaud  à  l'occasion  d'un  opuscule  récent  de  Sir  David 
Brewster  sur  l'invention  des  phares  lenticulaires. 

«  J'ai  lu,  dit  M.  Reynaud,  la  brochure  intitulée  :  The  fiistory  of  ihe 
invention  of  llie  dioptrie  Lighls  que  vous  avez  présentée  à  l'Académie  de 
la  part  de  son  auteur,  Sir  David  Brewster,  et  elle  m'a  causé  une  pénible 
surprise,  car  je  croyais  que  le  savant  écossais  avait  renoncé  à  ses  préten- 
tions à  l'invention  des  phares  lenticulaires  depuis  qu'Arago  les  avait, 
victorieusement  combattues  dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique 
(t.  XXXVII).  Mon  premier  mouvement  me  portait  à  répondre  à  cette 
regrettable  insistance,  et  la  tâche  était  bien  facile;  mais  je  ne  me  dis- 
simulais pas  ce  qu'il  y  avait  de  délicat  à  entrer  dans  une  polémique  avec 
un  savant  qui  par  son  âge  comme  par  ses  travaux  scientifiques  a  un 
double  titre  à  notre  respect,  et  j'ai  pris  le  parti  d'en  référer  au  frère  de  l'il- 
lustre inventeur. 

»  Toutes  réflexions  faites,  il  nous  a  paru  que  nous  devions  nous  abstenir, 
tant  par  les  considérations  dont  j'avais  été  frappé  des  l'abord,  qu'eu  égard 
à    une   circonstance  tout  à  fait  exceptionnelle  dans   les   affaires  de  cette 

nature On  trouvera  d'ailleurs  dans  les  œuvres  d'Augustin  Fresnel,  dont 

son  digne  frère  poursuit  la  publication  avec  la  plus  grande  sollicitude,  les 
arguments  les  plus  décisifs  à  opposer  à  toutes  les  prétentions  à  la  priorité 
qui  se  sont  produites  jusqu'ici. 

»  Je  me  bornerai  donc  à  rappeler  la  réponse  faite  par  Arago  aux  pre- 
mières réclamations  de  Sir  David  Brewster,  en  y  ajoutant  toutefois  ce  fait, 
qu'ignorait  votre  illustre  prédécesseur,  que  l'organe  accessoire  sur  lequel 
elles  s'appuient  plus  particulièrement,  c'est-à-dire  les  lentilles  additionnelles 
avec  miroirs  plans,  loin  d'être  essentiel  au  système  lenticulaire,  en  était  la 


(  a92  ) 
partie  faible  et  a  été  abandonné  par  Augustin  Fresnel  dès  que  lui  fut  venue 
l'excellente  idée  d'y  substituer  les  anneaux  catadioptriques.  On  ne  trouve 
cet  appendice  dans  aucun   des  appareils  exécutés  en   France  depuis  celte 
époque.  » 

M.  Maisoxxel've  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  le 
nombre  des  candidats  pour  la  place  d'Académicien  libre  vacante  par  suite 
du  décès  de  M.  Civiale. 

Cette  demande  sera  soumise  à  la  future  Commission. 

astronomie.    —    Spectroscopie  stellaire.   Note   de    MM.  YVolf  et   Raykt, 

présentée  par  M.  Le  Verrier. 

«  Parmi  les  nombreuses  étoiles  dont  la  lumière  a  été  étudiée  à  l'aide  du 
prisme,  on  n'en  connaît  qu'une  seule,  7  de  Cassiopée,  dont  le  spectre 
offre  constamment  des  lignes  brillantes.  Nous  avons  l'honneur  de  signaler  à 
l'Académie  l'existence  de  semblables  lignes  dans  trois  étoiles  de  la  constella- 
tion du  Cygne.  Ce  sont  les  étoiles  suivantes  du  Catalogue  de  Bonn  (i85o): 

o  11       m  s  o 

Argeiander.  Zone  +  35  8,5  X  =  20.4.49» 3  ffî  =  -f-  35  45,i 
Zone -f- 35  8,0  X  =  20.6.27,3  (D  =  +  35.46,i 
Zone  -I-  36       8,0       X  =  20.9.   6,7        (D  =  -(-  36.  i3,3 

»  Elles  ont  été  observées  par  Hessel,  à  Kœnigsberg;  et  alors,  comme  au- 
jourd'hui, leurs  grandeurs  étaient  celles  qu'indique  Argelander.  Ces  étoiles 
ne  doivent  donc  pas,  jusqu'à  nouvel  ordre,  être  considérées  comme  varia- 
bles. Elles  ne  présentent  non  plus  aucune  trace  de  nébulosité.  Mais  elles 
se  distinguent  immédiatement  de  leurs  voisines  par  leur  teinte  jaune  :  la 
première  est  franchement  jaune,  la  deuxième  jaune  orangé,  la  troisième 
jaune  verdàlre. 

»  Leur  spectre  se  compose  d'un  fond  éclairé  dont  les  couleurs  sont  à 
peine  visibles,  et  qui  parait  manquer  de  rouge  et  de  violet,  sans  doute  à 
cause  de  la  faiblesse  de  la  lumière.  Ce  fond  semble  interrompu  par  des 
lignes  noires,  mais  il  est  impossible  de  l'affirmer,  et  à  plus  forte  raison 
d'assigner  la  position  de  ces  lignes.  Tous  trois  présentent  une  série  de 
lignes  brillantes. 

»  Le  plus  beau  spectre  est  celui  de  la  deuxième  étoile.  Il  possède  quatre 
lignes  lumineuses,  dont  nous  avons  pu  déterminer  les  positions  par  rapport 


(  293  ) 
aux  raies  du  spectre  solaire.  Voici  en  parties  du   micromètre  ces  positions 
relatives. 

Raies  solaires oP(D)        «  »  »         406(6)675  (F)  »  l363(G) 

Lignes  brillantes . .  •>       45p(v)    92(P)  282(5)        »  »         874(2) 

»  La  ligne  a.  est  très-large  et  très-vive;  ]3  et  y,  très-voisines  l'une  de  l'autre 
dans  le  jaune  orangé,  sont  belles  encore ;c? est  extrêmement  pâle,  et  visible 
seulement  par  moment.  La  ligne  |3  est  suivie  d'un  espace  obscur,  un  autre 
espace  très-sombre  précède  ce. 

»  On  retrouve  dans  le  spectre  de  la  première  étoile  les  deux  lignes  x  et  â, 
la  première  très-brillante,  l'antre  située  dans  le  jaune,  beaucoup  plus  belle 
que  dans  l'étoile  précédente.  Le  fond  s'étend  plus  loin  du  côté  du  violet, 
mais  il  se  termine  plus  tôt  du  côté  du  rouge. 

»  Enfin,  la  dernière  des  trois  étoiles  ne  présente  bien  visible  que  la 
raie  a,  ici  encore  bien  lumineuse  ;  on  y  soupçonne  aussi  la  raie  â. 

»  L'identification  des  lignes  lumineuses  de  ces  étoiles  avec  celles  des 
spectres  des  gaz  incandescents  nous  a  été  impossible.  Nous  n'avons  là  ni 
les  lignes  de  l'hydrogène,  ni  celles  de  l'azote.  Les  positions  îles  principales 
lignes  du  spectre  du  second  ordre  de  ce  dernier  gaz  sont  les  suivantes  à 
notre  spectroscope,  D  étant  toujours  ramenée  à  op  : 

-i8p     +23     104     214     5m     546    908 

»  Aucun  des  métaux  alcalins  ne  donne  de  lignes  situées  comme  celles  de 
nos  étoiles.  La  ligne  bleue  de  la  strontiane  est  à  g36. 

»  L'absence  de  deux  au  moins  des  quatre  lignes  brillantes  dans  deux  de 
nos  étoiles,  la  variation  considérable  d'éclat  de  la  ligne  â  d'un  spectre  à 
l'autre,  tandis  que  a  reste  toujours  très-vive,  porte  à  faire  admettre  que 
cette  dernière  est  l'indice  de  la  présence  d'un  gaz  incandescent  particulier, 
commun  aux  trois  astres,  les  autres  lignes  plus  faibles  caractérisant  la  pré- 
sence de  deux  antres  gaz;  à  moins  que  la  différence  de  température  ne 
soit  suffisante  pour  expliquer  des  dissemblances  aussi  considérables  des 
spectres. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  et  voulût-on  mettre  sur  le  compte  des  erreurs  d'ob- 
servation la  non-concordance  des  raies  avec  celles  d'un  gaz  connu,  les 
assimilations  de  cette  nature  paraîtront  au  moins  très-hasardées  dans 
l'état  actuel  de  nos  connaissances  chimiques,  surtout  si  l'on  observe  que  le 
plus  souvent  on  ne  trouve  dans  les  spectres  des  étoiles  que  quelques  une-, 
des  lignes  caractéristiques  de  la  lumière  de  chaque  gaz. 

C.  R.,  1867,  *' Semestre.  (T.  LXV     N°  7.)  38 


(    294    ) 

»  Il  est  remarquable  que  nos  trois  étoiles  se  trouvent  dans  la  même 
région  du  ciel,  et  très-voisines  les  unes  des  autres. 

»  La  recherche  de  ces  astres  singuliers,  que  l'on  peut  maintenant  avoir 
l'espoir  de  trouver  assez  fréquemment  parmi  les  faibles  étoiles,  exige  l'em- 
ploi d'un  spectroscope  satisfaisant  à  deux  conditions  :  il  doit  éteindre  aussi 
peu  de  lumière  que  possible,  il  doit  permettre  la  substitution  facile  et 
presque  instantanée  des  oculaires  ordinaires  à  l'appareil  spectroscopique. 
Nous  employons  un  instrument  d'une  grande  simplicité,  puisqu'il  se  réduit 
à  un  prisme  multiple,  sans  fente  ni  lentille  cylindrique.  Qu'on  puisse  avec 
un  simple  prisme  étaler  l'image  d'une  étoile  sous  forme  de  spectre  ayant 
une  largeur  considérable  et  d'une  pureté  presque  parfaite,  c'est  ce  qui 
résulte  de  l'application  des  théorèmes  de  Gergonne  et  de  Sturm. 

»  Lorsque  des  rayons  lumineux  homogènes  issus  d'un  point  ou  normaux 
à  une  surface  ont  traversé  une  série  de  surfaces  réfringentes,  ils  sont  en- 
core, d'après  le  théorème  de  Gergonne,  normaux  à  une  même  surface.  Si 
l'on  ne  considère  qu'une  portion  très-restremte  de  cette  surface,  l'ensemble 
des  rayons  regardés  comme  normaux  au  premier  système  des  lignes  de 
courbure  iront  passer  par  un  très-petit  espace,  dont  une  des  dimensions  est 
infiniment  petite  par  rapport  à  l'autre.  11  en  est  de  même  pour  ces  rayons 
considérés  comme  normaux  au  second  système  des  lignes  de  courbure  : 
tous  les  rayons,  à  deux  distances  différentes  de  la  surface,  iront  donc 
passer  par  deux  petits  espaces  que  l'on  peut  confondre  avec  deux  droites 
perpendiculaires  l'une  sur  l'autre. 

»  Si  l'ensemble  des  surfaces  réfringentes  forme  un  prisme  dont  la  section 
droite  contient  l'axe  du  faisceau  conique  incident,  il  est  évident  cpie  l'une 
des  droites  est  dans  cette  section,  l'autre  perpendiculaire  à  cette  même 
section.  Dans  le  cas  d'un  faisceau  de  lumière  composée,  on  obtiendra  donc, 
derrière  le  prisme,  deux  spectres  :  le  premier,  linéaire,  formé  de  petites 
lignes  placées  bout  à  bout  et  en  partie  superposées,  n'offrira  aucune  pureté 
et  ne  présentera  aucune  raie,  lors  même  qu'on  l'étalera  au  moyen  d'une 
lentille  cylindrique.  Le  second,  au  contraire,  produit  par  la  dispersion 
d'une  ligne  perpendiculaire  à  la  section  droite  du  prisme,  présentera  les 
raies  avec  une  pureté  très-grande  et  aura  par  lui-même  une  largeur  finie. 
Toutes  ces  déductions  du  théorème  de  Sturm  sont  confirmées  par  l'expé- 
rience. 

«  Ainsi  se  trouve  légitimée  la  position  donnée  au  prisme  en  avant  du 
foyer  dans  le  spectroscope  du  P.  Secchi,  dont  la  théorie  n'avait  point  encore 
éié,   que  nous  sachions,  donnée  rigoureusement.  Mais  il  en  résulte  aussi 


(  295  ) 
que  ce  spectroscope  peut  être  simplifié  :  la  lentille  cylindrique  est  entièrement 
inutile,  tant  qu'on  se  borne  à  l'examen  des  spectres  des  étoiles. 

»  Il  serait  superflu  d'ailleurs  de  vouloir  examiner  théoriquement  d'une 
manière  rigoureuse  la  marche  des  rayons  :  il  est  bien  clair  que  ce  procédé 
optique  n'est  pas  d'une  correction  absolue  comme  l'emploi  des  collima- 
teurs, et  que  l'expérience  seule  doit  décider  des  limites  entre  lesquelles  il 
est  avantageux  de  l'employer. 

»  Nous  avons  reconnu  qu'il  suffît,  pour  obtenir  de  très-beaux  spectres 
d'étoiles,  de  placer  le  prisme  dans  le  tube  de  la  lunette  ou  du  télescope, 
entre  le  foyer  et  l'objectif  et  très-près  du  foyer,  et  de  chercher  la  position 
de  l'oculaire  qui  fait  voir  nettement  le  spectre  produit  par  la  petite  ligne 
parallèle  aux  arêtes  du  prisme. 

»  Le  télescope  newtonien  de  M.  Foucault  est  l'instrument  spécial  de  la 
spectroscopie;  tous  les  rayons  étant  réfléchis  également  par  le  miroir  ar- 
genté^  le  spectre  est  partout  également  fourni  et  également  pur.  Or  il  se 
prête  merveilleusement  à  la  substitution  instantanée  de  l'oculaire  spec- 
troscopique  à  l'oculaire  ordinaire.  Un  prisme  multiple  à  vision  directe  est 
monté  dans  l'axe  de  l'appareil,  immédiatement  en  avant  du  prisme  à  ré- 
flexion totale,  du  côté  du  miroir.  Son  support,  situé  dans  le  plan  du  porte- 
prisme  et  du  tube  de  l'oculaire,  est  brisé  à  charnière,  de  manière  à  pouvoir 
se  rabattre  en  partie  derrière  l'oculaire.  On  peut  donc,  après  avoir  reconnu 
un  astre,  sans  rien  changer  à  l'appareil,  en  observer  le  spectre,  ou  inver- 
sement. 

»  Avec  le  télescope  de  om,4o  et  un  prisme  composé,  ou  a  pu  appliquer  des 
grossissements  de  3oo,  Zjoo  et  600  fois,  sans  que  les  lignes  fines  du  spectre 
d'Arcturus  aient  rien  perdu  de  leur  netteté. 

»  L'application  des  spectroscopes  sans  fente  linéaire  à  la  détermination 
absolue  de  la  position  des  raies  n'a  été  obtenue  jusqu'ici  que  par  des  pro- 
cédés assez  compliqués  et  qui  exigent  un  réglage  parfait  de  l'appareil  op- 
ticpie  et  du  mouvement  d'horlogerie  Tels  sont  les  procédés  de  M.  Airy  et 
du  P.  Secchi.  Mais  on  peut  ramener  la  question  à  des  termes  beaucoup  plus 
simples  par  l'application  de  la  méthode  de  comparaison  qui  sert  à  déter- 
miner les  positions  des  astres  très-faibles.  Supposons  deux  étoiles  de  même 
déclinaison  passant  successivement  dans  le  champ  de  l'instrument  immo- 
nde; si  les  spectres  des  deux  astres,  étalés  suivant  la  direction  du  mouve- 
ment diurne,  présentent  des  raies  identiques  ,  la  différence  des  temps  des 
passages  de  ces  deux  raies  sera  rigoureusement  égale  à  la  différence  des 
ascensions  droites  des  deux  étodes.  Et  il  est  facile  de  voir  comment,  par  des 

38.. 


(  *&  ) 
retournements  du  prisme,  on  pourra  déterminer  la  différence  de  position 
de  deux  raies,  si  elles  ne  se  correspondent  pas,  de  manière  à  éliminer  l'in- 
fluence de  la  différence  d'obliquité  des  rayons  au  moment  du  passage.  Il 
suffira  donc  de  choisir  pour  étoile  de  comparaison  un  astre  assez  brillant 
pour  que  l'une  de  ses  raies  puisse  être  déterminée  absolument  par  l'emploi 
d'une  fente  et  d'un  micromètre;  on  en  déduira  les  positions  absolues  de 
toutes  les  raies  de  l'étoile  faible. 

»  C'est  par  cette  méthode  cpie  nous  avons  constaté  d'abord  l'identité  des 
raies  les  plus  brillantes  des  étoiles  i  et  2,  et  que  nous  avons  reconnu  dans 
la  dernière  que  sa  ligne  unique  est  plus  réfrangible  que  la  raie  F  offerte  par 
une  étoile  voisine.  Du  reste,  pour  les  étoiles  à  lignes  brillantes,  il  est 
presque  toujours  possible  d'employer  la  fente  et  le  micromètre;  la  lumière 
de  l'astre  est  pour  ainsi  dire  toute  concentrée  dans  certaines  portions  du 
spectre,  et,  si  l'on  n'étale  pas  celui-ci  par  une  lentille  cylindrique,  on  voit 
la  ligne  lumineuse  comme  parsemée  de  petites  perles  brillantes  dont  la 
position  se  détermine  aisément.  » 

physique.  —  Corrélations  entre  les  boussoles  électromagnétiques  et  les  deux 
procédés  de  Gauss  et  de  Lamont  pour  calculer  la  force  horizontale  du  magné- 
tisme terrestre;  par  M.  P.  Voi.picelli. 

a  Parmi  les  procédés  propres  à  déterminer  la  force  horizontale  X  du 
magnétisme  terrestre,  figurent  :  i°  celui  imaginé  par  Gauss  {*  )  en  i83u; 
i°  le  même  procédé  modifié  par  Lamont,  proposé  par  lui  dès  1 84 1  (**),  et 
auquel,  par  la  suite,  il  donna  des  développements  pour  en  manifester  les 
avantages  (***). 

»  Selon  le  procédé  de  Gauss  :  i°  le  barreau  aimanté  déflecteur  est  tou- 
jours fixe  et  perpendiculaire  au  méridien  magnétique;  20 dans  la  première 
disposition  des  deux  barreaux  entre  eux,  la  distance  entre  leurs  centres  est 
toujours  perpendiculaire  au  méridien  magnétique;  3°  dans  la  seconde  dis- 
position, cette  même  distance  est  tout  entière  dans  ce  méridien. 

»  D'après  le  procédé  de  Lamont  :  i°  le  système  des  deux  barreaux  ma- 
gnétiques pivote  jusqu'à  ce  qu'ils  se  trouvent  en  équilibre  à  angle  droit 
entre  eux;  20  dans  la  première  disposition  des  deux  barreaux  entre  eux, 


(*)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  année  1 834,  '■  LVII,  p.  5. 

(**)  Lamont,  Handbucli  des  Brdmagnetismus,  p.  24. 

(***)    Uber  das  magnetische  Observatorium  in  Munchen,  p.  3^. 


(  297  ) 
Ja  distance  entre   leurs  centres  est  toujours   perpendiculaire   au  barreau 
déflexe;  3°  dans  la  seconde  disposition,  cette  même  distance  est  toujours 
perpendiculaire  au  barreau  déflecteur. 

»   Soient  : 

»   6  la  durée  d'oscillation  du  barreau  déflecteur; 

»   /  sa  longueur; 

»  A  sa  largeur  quand  le  barreau  est  parallélipipède; 

»   r  son  rayon  quand  il  est  cylindrique; 

»   V,  v'  les  angles  de  déflexion  pour  la  première  et  pour  lu  seconde  dis- 
position des  barreaux  dans  le  procédé  de  Gauss; 

»   <p,  f'  les  mêmes  angles  dans  le  procédé  de  Lamout; 

»   R  la  distance,  suffisamment  grande,  entre  les  centres  des  deux  bar- 
reaux ; 

»  p  le  poids  du  barreau  déflecteur. 

»  Des  formules  démontrées  dans  mon  Mémoire   intitulé  :  Ricerche  ana- 
litiche  sul  bifilare,  ecc.  (*),  il  sera  facile  d'arriver  à 


l  X  =  -  1/     — -. —  i  - — pour  un  barreau  déflecteur  parallélipipède, 

I  6   V    \      b      j  RMangi'   '  lit' 


v')   \  et  à 


[  X  =  -  1/  [•=■  -\ — )  - — - pour  un  barreau  déflecteur  cylindrique. 

\  S    y    \  6         2  /  RJ  tang  c  '  J  • 

»  Les  formules  (i)  se  rapportent  à  la  première  disposition  des  deux  bar- 
reaux dans  le  procédé  de  Gauss.  En  nous  servant  des  mêmes  dénominations, 
nous  pourrons,  au  moyen  des  formules  du  Mémoire  précité,  obtenir  faci- 
lement 


I  X  =  J  y/^i_±!  j  RltjV,  pour  un  barreau  déflecteur  parallélipipède, 
»      et 


[  X=  Ô V  W  +  ï)  Rotang/  Pour  u"  barrèai1  déflecteur  cylindrique. 

«   Os  formules  (2)  appartiennent  à  la  seconde  disposition  des  barreaux 
dans  le  même  procédé. 

»  Si  nous  passons  au  procédé  Lamont,  les  mêmes  moyens  qui  ont  con- 

(*)   Alti  deW  Accad.  pontif.  de'  Nuovi  Lincei,  année  i865,  t.  XVII,  p.  33  1,  et  t.  XVIII, 
p.   1  et  27  ;  Comptes  rendus,  t.  LXI,  p.  4'8  (extrait). 


(  ^  ) 

(luit  aux  formules  (i)  et  (2)  conduiront  à 


X  =  -Kl  ( — î— 1  — ^ —  pour  un  barreau  déflecteur  parai lélipipède, 

9  V    \      6       j  R'sin?    '  lit 

(3)  /  et  à 

f  X  =  -\./ (■7T  +  —  ]  — ^ —  pour  un  barreau  déflecteur  cylindrique. 

»  Les  formules  (3)  appartiennent  à  la  première  disposition  des  deux 
barreaux  aimantés  flans  ce  procédé.  Si  nous  retenons  les  mêmes  dénomi- 
nations, nous  arriverons  également  à 


X  =  -\i  [— —  I  — -. — ;  pour  un  barreau  déflecteur  parallélipipéde, 

9  y    \      12      j  R3sinu'    »  111 

{  et  à 
X  =  -Kl  I H  -7-1  s— -■ — ;  pour  un  barreau  déflecteur  cylindrique. 

»  Les  formules  (4)  appartiennent  à  la  seconde  disposition  des  deux  bar- 
reaux aimantés  dans  le  même  procédé. 

»  Après  cela,  nous  pouvons  passer  à  manifester  les  corrélations  annoncées. 

»  i°  Dans  le  procédé  de  Gauss,  si  l'on  égalise  entre  elles  les  deux  valeurs 
de  X  appartenant  ou  au  déflecteur  parallélipipéde  ou  bien  au  déflecteur 
cylindrique,  dans  chacun  des  deux  cas  nous  aurons  des  formules  (1)  et  (2) 

range  =  2tange',      d'où      v  —  iv1 . 

»  Dans  le  procédé  de  Lamont,  à  l'aide  d'un  raisonnement  tout  sem- 
blable sur  les  formules  (3)  et  (4),  on  aura 

siiiffl  =  2siny'. 

»  Par  conséquent,  dans  le  premier  procédé,  l'angle  de  déflexion,  relatif 
à  la  première  disposition  des  deux  barreaux,  sera  double  de  celui  corres- 
pondant à  la  deuxième  disposition;  tandis  que  dans  l'autre  procédé  on 
vérifiera  le  même  résultat  à  l'égard  des  sinus  de  ces  déflexions. 

»  20  Dans  le  procédé  Gauss,  et  aussi  dans  la  boussole  des  tangentes,  la 
déflexion  doit  être  faible;  tandis  que  dans  celui  de  Lamont,  comme  dans 
la  boussole  des  sinus,  il  est  utile  qu'elle  soit  grande. 

»  3°  L'intensité  X  dans  le  premier  procédé  est  en  raison  inverse  de  la 
tangente  de  déflexion,  comme  dans  la  boussole  des  tangentes;  tandis  que 
dans  l'autre  procédé  elle  est  en  raison  inverse  du  sinus  de  déflexion, 
comme  dans  la  boussole  fies  sinus. 


(  399  ) 

»  4°  Dans  le  procédé  Gauss,  comme  dans  la  boussole  des  tangentes,  la 
position  relative  entre  le  corps  déflecteur  et  le  corps  déflexe  n'est  pas  fixe; 
tandis  que  dans  le  procédé  Lamont,  et  aussi  dans  la  boussole  des  sinus, 
cette  position  ne  varie  jamais. 

»  5°  Ainsi,  de  même  que  pour  déterminer  l'intensité  i  d'un  courant 
électrique  on  préfère  la  boussole  des  sinus  à  la  boussole  de  tangentes,  on 
doit  accorder  au  procédé  de  Lamont  la  préférence  sur  le  premier. 

»  6°  Dans  le  procédé  Gauss,  le  berreau  déflexe  est  soumis,  dans  chacune 
des  deux  dispositions,  à  l'influence  des  actions  réciproques  électrodynami- 
ques,  comme  dans  la  boussole  des  tangentes;  et  l'on  doit  reconnaître  qu'il 
en  est  de  même  dans  le  procédé  Lamont,  par  rapport  à  la  boussole  des 
sinus.  Par  consécpient,  les  angles  de  déflexion  dans  les  deux  procédés 
ont  la  même  signification  que  ceux  appartenant  respectivement  aux  deux 
boussoles. 

»   70  Dans  mon  Mémoire  précité,  on  obtient 

X  =     " 

fange 

et  de  la  boussole  des  tangentes  nous  avons 

X       K' 


tan,;*  w  ' 
donc 

.  =  Qiang.> 
v    '  tang  v 

où  H,R,  Q  sont  trois  constantes,  et  oo  l'angle  de  déflexion  de  l'aiguille  dans 
la  même  boussole. 

»    8°   Dans  le  même  Mémoire  on  a  obtenu 

x=  H' 


sin  o 

et,  pour  la  boussole  des  sinus,  nous  avons 

K'i 

A  =  - — p? 

desquelles  il  résulte 

(6)  i=Q>*^±, 

v    '  ^-  sin  tf 

où  II',  K',  Q'  sont  trois  constantes,  et  ^  l'angle  fie  déflexion  de  l'aiguille  de 
cette  boussole. 

n   Les  formules  (5)  et  (6)  donnent  l'intensité  i  d'un  courant  électrique, 


(  3oo  ) 

au    moyen   des    deux    procédés  indiqués,   et  des  deux    boussoles   électro- 
magnétiques qui  leur  sont  relatives.  » 

PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.    —    Sur  la   physiologie   de    la   Seiche   (Sepia   offici- 
naiis,  L.).  Note  de  M.  P.  Bert,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

«  Digestion.  —  Les  deux  bras  dits  tenta culaires  que  la  Seicbe  porte  tou- 
jours enroulés  dans  des  poches  sur  les  côtés  de  la  tête  servent  à  la  préhen- 
sion de  la  proie;  l'animal  les  projette  par  un  mécanisme  dont  les  excitations 
électriques  sur  le  cadavre  n'ont  pu  me  rendre  compte. 

»  Les  glandes  salivaires  produisent  un  liquide  acide.  Le  premier  esto- 
mac est  un  simple  gésier  à  parois  épaisses,  qui  ne  sécrète  aucun  liquide, 
et  dans  lequel  cependant  se  fait  la  digestion,  grâce  aux  sucs  acides  qu'y 
versent  et  les  glandes  salivaires  et  le  caecum  spiral.  Les  aliments  ne  s'en- 
gagent jamais  dans  celui-ci,  qui  n'est  donc  qu'un  réservoir  sécréteur. 

»  Le  tissu  du  foie  est  fortement  acide,  sur  le  vivant  même;  cette  acidité 
est  due  à  une  substance  soluble  dans  l'eau.  Il  contient,  en  outre,  beaucoup 
de  sucre. 

»  Je  n'ai  pu  isoler  ni  la  bile  ni  la  sécrétion  des  appendices  dits  pan- 
créatiques; mais  l'intestin,  d'un  bout  à  l'autre,  présente  une  réaction  acide. 

»  Circulation.  —  Les  veines  caves,  les  veines  efférentes  branchiales,  et, 
bien  entendu,  les  cœurs  veineux  et  artériel  avec  leurs  oreillettes,  sont  spon- 
tanément contractiles  et  peuvent  être  excités;  les  artères  aortiques  et  bran- 
chiales ne  sont  contractiles  ni  spontanément  ni  à  l'excitation.  Les  mouve- 
ments vermiculâires  des  veines  caves  et  branchiales  sont  aidés  par  l'action 
de  la  peau  cpii  les  recouvre. 

»  Les  deux  cœurs  veineux  battent  ensemble,  environ  quarante  fois  par 
minute;  le  cœur  aortique  bat  dans  les  intervalles. 

»  La  communication  entre  les  artères  et  les  veines  se  fait  dans  la  peau, 
dans  les  membranes  de  l'os  et  jusque  sur  les  parois  des  grands  sinus 
vasculaires,  par  un  réseau  capillaire  dont  les  ramifications  ultimes  ont 
environ  omm,oi5  de  diamètre.  C'est  le  diamètre  moyen  des  globules  du 
sang  (i). 


(i)  Sang.  —  Le  sang  est  blanc,  légèrement  bleuâtre,  surtout  dans  les  veines  branchiales; 
an  contact  de  l'air,  il  prend  la  teinte  bien  de  ciel.  Ce  changement  de  couleur  est  dû  au 
sérum,  qui  est  donc,  au  contraire  de  ce  qui  se  passe  chez  les  Vertébrés,  le  siège  de  l'absorp- 
tion respiratoire.  Ce  sang  donne  spontanément  un  très-petit  caillot  plus  lourd  que  le  sérum; 


(  3oi   ) 
»  Sécrétion  du  noir.  —   Elle  est  formée  de  cellules  pleines  de  granula- 
tions noires,  qui  finissent  par  devenir  libres;  aussi  l'animal  ne  peut  com- 
plètement vider  sa  poche  :  les  cellules  des  couches  profondes  restent  adhé- 
rentes aux  trabécules  du  sac. 

»  Urine.  —  Chez  tous  les  animaux,  j'ai  rencontré  dans  les  sacs  uri- 
naires  des  agglomérations  de  cristaux  donnant  le  murexide  par  les  réac- 
tifs ordinaires.  L'urine  filtrée  est  acide;  l'ébullition  y  détermine  un  léger 
trouble.  Je  n'ai  pu  y  trouver  d'urée. 

»  Liquides  de  l'œil.  —  Le  liquide  de  là  chambre  antérieure  est  filant 
comme  du  blanc  d'œuf;  cependant  il  ne  se  trouble  ni  par  la  chaleur,  ni 
par  les  acides  :  il  laisse  4i  pour  1000  de  matières  solides,  qui  ne  sont 
presque  que  des  sels. 

»  L'humeur  vitrée  n'est  point  filante;  elle  ne  contient  pas  non  plus 
de  matières  coagulables,  elle  laisse  37  pour  1000  de  matières  solides  sem- 
blables à  celles  du  liquide  antérieur. 

»  Gaz  de  l'os.  —  L'os  frais  contient  des  gaz  qui,  recueillis  sous  l'eau, 
ne  m'ont  donné  que  des  traces  d'acide  carbonique;  le  phosphore  y  absorbe 
2  à  3  pour  100  d'oxygène  :  le  reste  est  de  l'azote  (1). 

»  Contractilité.  —  Les  muscles  de  la  peau  extérieure  et  intérieure  au 
manteau,  ceux  des  chromatophores,  les  muscles  des  bras,  de  l'entonnoir, 
des  branchies,  de  la  poche  du  noir,  du  pénis,  du  sac  locomoteur,  se  con- 
tractent à  la  façon  des  muscles  striés  des  Vertébrés.  Au  contraire,  les  mus- 
cles du  tube  digestif,  des  glandes  rénales,  de  la  glande  dite  pancréatique, 

il  se  coagule  en  niasse  par  la  chaleur  ou  les  acides.  Après  la  coagulation  par  l'ébullition,  il 
conserve  sa  teinte  bleue,  lorsqu'il  a  été  au  préalable  exposé  à  l'air.  Sa  densité  est  envi- 
ron ioio ;  il  contient  :  eau,  891;  matières  solides,  109,  dans  lesquelles  :  fibrine  et  glo- 
bules, 3  à  4;  albumine,  3i.  Je  n'y  ai  pas  trouvé  de  plasmine. 

(1)  Articulation  du  sac  locomoteur  et  de  l'entonnoir.  —  L'adhérence  des  boutons  cartila- 
gineux du  sac  avec  les  boutonnières  de  l'entonnoir  est  due  exclusivement  à  la  pression 
atmosphérique;  une  piqûre  d'épingle  suffit  à  la  détruire.  De  petites  fibres  musculaires  font 
le  même  effet,  en  abaissant  énergiquement  la  petite  saillie  du  sac. 

J'entouses.  —  Chaque  ventouse  possède  deux  muscles  :  un  longitudinal,  qui  aspire;  un 
circulaire  et  marginal ,  qui  fait  détacher  la  cupule. 

Locomotion .  —  Malgré  des  assertions  récentes,  elle  a  lieu  exclusivement  par  les  contrac- 
tions du  sac,  en  avant  comme  en  arrière  et  sur  les  côtés;  la  direction  de  l'entonnoir  règle 
le  mouvement  de  l'animal.  C'est,  au  reste,  ce  qu'avaient  déjà  dit  MM.  Ch.  Robin  et  Segond 
(.848). 

C.  R.,  18(17,   •><=  Semeitrt     ,':  .  LXV,  K°  7.  3o, 


(  3oa  ) 
présentent  des  contractions  qui  ne  suivent  pas  immédiatement  l'excitation, 
et  persistent  avec  propagation  vermiculaire. 

»  Les  muscles  du  sac  locomoteur  ne  changent  pas  de  volume  pendant 
la  contraction. 

»  Innervation.  —  Des  courants  électriques  qui  sont  incapables  d'agir 
directement  sur  un  muscle  le  font  contracter  énergiqnement  quand  ils  sont 
portés  sur  son  nerf. 

»  Les  nerfs  issus  des  ganglions  sous-œsophagiens  et  palléaux  paraissent 
tout  à  la  fois  sensitifs  et  moteurs.  La  motricité  nerveuse,  sur  l'animal  qui  se 
meurt,  se  perd  du  centre  à  la  périphérie  (i). 

»  Le  ganglion  sus-œsophagien  est  insensible,  et  son  excitation  ne  pro- 
duit aucun  mouvement.  Son  ablation  totale  ne  trouble  en  rien  ni  les  mou- 
vements respiratoires,  ni  les  mouvements  de  locomotion  ;  l'animal  reste 
sensible,  se  meut  quand  on  l'excite,  et  défend  même  avec  ses  bras  l'en- 
droit lésé.  Mais  il  a  évidemment  perdu  toute  spontanéité,  et  ne  manifeste 
plus  nulle  intelligence. 

»  La  partie  antérieure  du  ganglion  sous-œsophagien  (ganglion  en  patte 
d'oie)  est  le  centre  principal  de  l'accommodation  des  mouvements  des  bras 
à  des  usages  d'ensemble.  Les  petits  ganglions  situés  à  la  base  de  chaque 
bras  et  reliés  par  un  nerf  circulaire  sont  aussi  les  centres  d'actions  réflexes 
d'un  bras  sur  un  autre;  enfin,  les  nerfs  de  chaque  bras,  qui  contiennent 
des  cellules  nerveuses,  sont  le  lieu  d'actions  réflexes  bornées  à  ce  bras. 

'■>  Le  ganglion  sous-œsophagien  est  sensible  et  excitable;  sa  partie  pos- 
térieure est  le  centre  des  mouvements  respiratoires;  elle  enlevée,  ces  mou- 
vements s'arrêtent  aussitôt.  L'excitation  d'un  des  nerfs  palléaux  a  pour 
conséquence,  grâce  à  l'action  réflexe  sur  cette  moitié  du  ganglion,  un 
mouvement  dans  la  branchie,  la  nageoire  et  le  muscle  du  sac  du  côté 
opposé  (2). 

»  Mort.  —  Dans  la  mort  par  simple  exposition  à  l'air,  l'action  volon- 

(1)  Les  nerfs  qui  longent  la  grande  veine  pour  se  rendre  au  cœur  artériel  et  aux  cœurs 
branchiaux  arrêtent  en  diastole  ces  organes  pendant  une  forte  excitation  galvanique. 

(2)  Je  n'ai  jamais  pu  obtenir  d'actions  réflexes  dans  les  gros  ganglions  étoiles;  mais  ils 
jouent  le  rôle  de  centres  de  renforcement.  Un  courant  électrique  très-faible,  qui  ne  donne 
aucune  contraction  quand  on  le  porte  sur  le  nerf  palléal ,  fait  agir  le  manteau  quand  on  le 
porte  sur  le  ganglion  étoile.  Lorsque  l'animal  est  mort,  on  peut  obtenir  des  mouvements 
en  excilant  le  ganglion  étoile  bien  après  que  le  nerf  palléal  est  devenu  inexcitable.  Je  n'ai 
pu  obtenir  de  mouvements  réflexes  par  l'action  du  ganglion  stomacal. 


(  3o3  ) 
taire  disparaît  la  première;  les  fonctions  réflexes  des  centres  ne  durent 
guère  qu'un  quart  d'heure;  puis  disparait  en  une  demi-heure  la  motricité 
nerveuse,  du  centre  à  la  périphérie,  comme  il  a  été  dit,  avec  conservation 
pendant  quelques  minutes  dans  les  ganglions  étoiles.  Les  cœurs  battent 
pendant  deux  heures  environ  ;  enfin  la  contractilité  dure  de  trois  à  quatre 
heures,  se  perdant  d'abord  aux  viscères,  et  en  dernier  lieu  à  la  peau.  Les 
cellules  chromatophores  se  meuvent  pendant  une  vingtaine  d'heures  (tem- 
pérature de  20  à  il\  degrés)  (1). 

«  Mort  par  ta  chaleur.  —  Les  Seiches  naissantes  périssent  par  l'immersion 
durant  deux  minutes  dans  l'eau  de  38  à  3o,  degrés.  Elles  sont  encore  con- 
tractiles, et  leurs  chromatophores  sont  très-excitables.  Sur  une  Seiche 
adulte,  d  est  facile  de  voir  que  la  chaleur  abolit  successivement  l'action  des 
centres  nerveux,  les  battements  du  cœur,  la  motricité  nerveuse,  puis  la 
contractilité  musculaire.  Le  muscle  prend  alors  une  réaction  acide.  Le 
sang  (une  seule  expérience)  bleuit  encore  à  l'air,  mais  s'y  coagule  spon- 
tanément sans  acidification. 

»  Morl  par  l'eau  douce. —  Immergée  dans  l'eau  douce,  une  Seiche  s'agite 
violemment,  et  meurt  en  dix  minutes  environ.  Les  chromatophores  sont 
paralysés  en  diastole,  les  muscles  de  la  peau  immobilisés,  les  cœurs  bran- 
chiaux arrêtés;  mais  les  muscles  du  sac  et  leurs  nerfs  sont  à  peu  près 
intacts. 

»  Poisons.  —  La  strychnine  et  le  curare  agissent  sur  les  Seiches  de  la 
même  manière  que  sur  les  Vertébrés.  Seulement  il  faut  pour  les  tuer  une 
dose  énorme  de  curare,  tandis  qu'elles  sont  extrêmement  sensibles  à  l'ac- 
tion de  la  strychnine. 

»  Je  ne  puis  terminer  cette  Note  sans  remercier  la  Société  scientifique 
d'Arcachon  ,  présidée  par  M.  le  Dr  Hameau,  des  moyens  de  travail  dont 
elle  m'a  permis  de  disposer  dans  le  laboratoire  annexé  à  son  magnifique 
aquarium.  » 


(1)  La  phosphorescence  ne  survient  que  de  trente-six  à  quarante-huit  heures  après  la 
mort,  à  moins  d'orage;  elle  n'a  lieu  que  pour  la  peau,  les  muscles,  les  cartilages,  la  sclé- 
rotique, tandis  que  la  peau  qui  recouvre  les  viscères,  les  centres  nerveux,  les  branchies,  le 
foie,  le  testicule,  l'intestin,  le  cristallin,  exposés  à  l'air,  ne  deviennent  jamais  phospho- 
rescents. 


39.. 


(  3o/4  ) 

physiologie   VÉGÉTALE.    —   Sur    P 'irritabilité  des    végétaux.    Note    de 
M.  Cii.  Bi.oxdeau,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

«  Nous  nous  sommes  livré,  dans  le  courant  de  cette  année,  à  un  grand 
nombre  d'expériences  sur  l'irritabilité  des  végétaux,  lesquelles  nous  ont 
appris  que  la  faculté  que  possèdent  certaines  plantes,  et  en  particulier  la 
sensitive,  d'exécuter  des  mouvements  en  apparence  volontaires,  pouvait 
être  suspendue  par  divers  agents  tels  que  l'éther,  le  chloroforme,  l'oxyde 
de  carbone,  le  protoxyde  d'azote,  l'essence  de  térébenthine,  cpii  tous, 
comme  on  le  sait,  agissent  sur  le  système  nerveux  des  animaux. 

»  Au  nombre  de  ces  expériences,  il  en  est  une  qui  nous  a  présenté  assez 
d'intérêt  pour  que  nous  ayons  cru  devoir  la  soumettre  à  l'appréciation  de 
l'Académie  des  Sciences,  laquelle  consiste  à  faire  agir  sur  la  sensitive  (Mi- 
mosa pudica)  le  courant  de  la  pile. 

»  Pour  exécuter  nos  expériences,  nous  avons  fait  choix  de  quatre  pieds 
de  sensitive  parfaitement  développés,  et  dont  la  sensibilité  était  telle,  que 
le  moindre  contact,  le  frottement  de  l'aile  d'une  mouche,  suffisait  pour 
faire  fermer  leurs  folioles  et  même  abaisser  le  pétiole  de  la  feuille  le  long 
de  la  tige.  Après  avoir  placé,  les  vases  dans  lesquels  ces  plantes  s'étaient 
développées  sur  un  support  isolant,  une  plaque  de  verre,  nous  avons 
attaché  aux  deux  extrémités  de  la  tige  de  chacune  d'elles  un  petit  fil  de 
cuivre  dans  le  but  de  faire  passer  le  courant  engendré  par  un  seul  couple 
de  Bunsen.  Lorsque  après  quelques  instants  d'attente  la  plante  avait  rou- 
vert ses  folioles  et  que  le  pétiole  s'était  redressé  le  long  de  la  tige,  nous 
avons  fait  passer  le  courant  en  ayant  bien  soin  d'éviter  tout  mouvement 
qui  eût  pu  agiter  la  plante.  Dans  ces  conditions,  nous  n'avons  observé  au  - 
cun  effet,  les  folioles  ne  se  sont  pas  repliées,  les  pétioles  ne  se  sont  point 
abaissés,  et  la  plante  a  paru  insensible  à  l'action  de  l'électricité. 

»  Nous  avons  alors  varié  l'expérience,  et  an  lieu  d'employer  le  courant 
direct  fie  la  pile,  nous  avons  fait  agir  le  courant  d'induction,  obtenu  à 
l'aide  d'une  bobine  de  Ruhmkorff  de  très-petite  dimension.  Alors  les  ré- 
sultats ont  été  tout  autres.  A  peine  le  courant  a-t-il  commencé  à  passer,  que 
l'on  a  vu  les  folioles  s'appliquer  les  unes  contre  les  autres,  puis  les  pétioles 
s'abaisser  le  long  de  la  tige,  et  le  mouvement  se  propager  rapidement  ('.'une 
extrémité  à  l'autre  du  végétal.  D'après  ce  résultat,  la  plante  serait  sensible 
aux  commotions  électriques  et  se  comporterait  sons  ce  rapport  tout  a  fait 
comme  les  animaux. 

»   Nous  avons  voulu  voir  si  le  temps  plus  ou  moins  long  pendant  lequel 


(  3o5  ) 
la  plante  serait  soumise  à  l'électricité  ne  produirait  pas  en  elle  des  phéno- 
mènes dignes  de  remarque,  et  dans  ce  but  nous  avons  fait  agir  le  courant 
d'induction  sur  trois  de  nos  pieds  de  sensitive,  et  cela  pendant  des  temps 
différents.  La  première  plante  soumise  à  l'expérience  a  reçu  pendant  cinq 
minutes  les  commotions  produites  par  la  bobine  Ruhmkorff,  et  au  bout  de 
ce  temps  elle  a  été  abandonnée  à  elle-même.  Pendant  plus  d'un  quart 
d'heure  la  plante  est  restée  dans  l'état  de  prostration  auquel  l'avait  amené 
l'action  électrique,  mais  peu  à  peu  les  folioles  se  sont  rouvertes,  les  tiges 
se  sont  redressées,  et,  au  bout  d'une  heure  environ,  la  plante  avait  repris  sa 
position  première,  et  ne  paraissait  nullement  se  ressentir  des  chocs  aux- 
quels elle  avait  été  soumise. 

»  Une  seconde  sensitive  a  supporté  la  même  épreuve,  mais  continuée 
pendant  dix  minutes.  Au  bout  de  ce  temps,  le  courant  d'induction  qui 
traversait  la  tige  a  été  suspendu  et  la  plante  abandonnée  à  elle-même.  La 
sensitive  est  restée  dans  l'état  de  prostration  auquel  l'avait  amené  l'action 
du  courant,  pendant  plus  d'une  heure,  et  ce  n'est  qu'au  bout  de  ce  temps 
que  les  folioles  ont  commencé  à  s'ouvrir  et  les  pétioles  à  se  redresser,  mais 
ce  mouvement  s'est  effectué  plus  lentement  et  plus  péniblement  que  dans 
le  cas  précédent.  Evidemment  la  plante  avait  été  fatiguée,  car  elle  n'a  pu 
revenir  à  sa  position  première  que  deux  heures  et  demie  après  que  le  cou- 
rant avait  cessé  de  la  parcourir. 

»  Notre  troisième  sensitive  a  été  soumise  à  l'action  du  courant  induit 
pendant  vingt-cinq  minutes,  puis  la  plante  a  été  abandonnée  à  elle-même. 
Dans  ce  cas  nous  avons  attendu  vainement  qu'elle  revînt  à  sa  position 
première ,  l'action  électrique  trop  prolongée  avait  suffi  pour  détruire 
toute  irritabilité,  et  même  pour  la  faire  périr,  car  le  lendemain  nous 
avons  trouvé  notre  sensitive  desséchée  et  même  noircie  comme  si  elle  avait 
été  frappée  par  la  foudre.  Il  lui  était  arrivé  dans  ce  cas  ce  que  l'on  observe 
sur  les  animaux  soumis  pendant  un  temps  trop  long  à  l'action  du  courant 
d'induction  et  qui  finissent  par  mourir. 

»  Notre  quatrième  pied  de  sensitive  avait  été  réservé  pour  une  expé- 
rience qui  nous  a  prouvé  que  la  commotion  électrique  agit  sur  les  végétaux 
comme  sur  les  animaux. 

»  On  sait  que  l'homme  ainsi  que  les  autres  animaux  soumis  à  l'action 
anesthésiante  de  l'éther  deviennent  insensibles  aux  commolions  produites 
par  des  courants  d'induction,  même  fort  énergiques;  nous  avons  voulu 
voir  s'il  en  serait  de  même  pour  la  sensitive. 

»   Dans  ce  but,  nous  avons  placé  notre  plante  sous  une  cloche  à  i\eu\ 


(   3o6  ) 

tubulures  par  lesquelles  pénétraient  les  fils  de  cuivre  servant  à  faire  passer 
le  courant  d'induction  au  travers  de  la  plante.  Quelques  gouttes  d'éther 
ont  été  versées  dans  l'intérieur  de  la  cloclie,  et  au  bout  de  peu  de  temps 
la  plante  a  ressenti  les  effets  anestbésiants  ilu  liquide,  car  en  l'agitant  elle 
ne  fermait  plus  ses  folioles  et  ne  manifestait  plus  aucune  sensibilité.  C'est 
dans  cet  état  que  nous  l'avons  soumise  à  l'action  du  courant  d'induction, 
et  alors  elle  n'a  donné  aucun  signe  de  sensibilité,  les  pétioles  sont  restés 
droits  et  les  folioles  sont  demeurées  ouvertes. 

»  Ces  nouvelles  expériences  viennent  à  l'appui  de  toutes  celles  qui  ont 
été  faites  sur  le  même  sujet,  et  apportent  un  argument  en  faveur  de 
l'opinion  de  ceux  qui  pensent  que  les  mouvements  observés  dans  ces  végé- 
taux s'exerceraient  par  l'intermédiaire  d'organes  analogues  à  ceux  que  pos- 
sèdent les  animaux.  » 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  É.   D.    B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  12  août  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Bulletin  de  Statistique  municipale,  publié  par  les  ordres  de  M.  le  Baron 
Haussmann.  Mois  de  février  et  mars  1867.  Par'si  1867;  2  br.  in-4°. 

Deuxième  Noie  sur  les  calcaires  à  Terebratula  diphya  de  la  Porte  de  France; 
par  M.  Hébert.  Paris,  1867;  br.  in-8°.  (Extrait  du  Bulletin  de  la  Société 
Géologique  de  France.) 

La  Médecine  à  l'Exposition  universelle  de  1867.  Guide-Catalogue  publié  par 

la  Société  médicale  allemande  de  Paris.  Paris,  1867;  in- 12. 

Recherches  sur  l'ozone;  par  M.  le  professeur  SCHOENBEIN.  Paris,  sans  d;ite  ; 
opuscule  in-8°. 

Eloc/e  de  Yiete.  Discours  prononcé  à  ta  distribution  solennelle  des  prix  du 
Lycée  impérial  de  Poitiers,  le  10  août  1867,  suivi  d'une  Note  relative  au  ca- 
lendrier de  V iète ;  par  M.  Atlégret.  Poitiers,  1867;  br.  in-8°. 

Etudes  sur  l'Exposition  de  1 867,  ou  les  Archives  de  l'Industi  ie  au  XIXe  siècle. 


(  3o7  ) 
publiées  sous  la  direction  de  M.  Eug.  Lacroix.  5e  fascicule,  4  août   1867. 
Paris,  1867;  l>r.  grand  in-8°. 

Viuifeclions.  Mémoire  par  M.  DeCROIX.  Paris,  1867;  opuscule  in-12. 

La  vérité  sur  i 'invention  delà  photographie  ;  Nicéphore  Niepce,  sa  vie,  ses 
essais,  ses  travaux,  d'après  sa  correspondance  et  autres  documents  inédits;  par 
M.  V.  Fouque.  Pans,  1867;  1  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Chevreul.) 

Mémoires  de  la  Société  de  Physique  et  d'Histoire  naturelle  de  Genève. 
T.  XIX,  ire  partie.  Genève,  1867;  1  vol.  in-4°  avec  planches. 

Recherches  anatomiques  et  paléontotogiques  pour  servir  à  l'histoire  des 
Oiseaux  fossiles  de  la  France;  par  M.  Alph.  MlLNE  EDWARDS.  Livr.  8e  et  9e. 
Paris,  1867;  2  vol.  in-4°  avec  planches. 

Essai  critique  sur  les  principes  fondamentaux  de  la  Géométrie  élémentaire, 
ou  Commentaire  sur  les  XXXII  premières  propositions  cTEuclide;  par  M.  J. 
Houel.  Paris,  1867;  in-8°.  (Présenté  par  M.Duhamel.) 

Sur  la  transformation  spontanée  d'un  cylindre  liquide  en  sphères  isolées;  par 
M.  Félix  Plateau.  Sans  lieu  ni  date;  opuscule  in-8°. 

Mémoires  d' Histoire  naturelle  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Harlem. 
2e  série,  t.  XIII  et  XX.  Harlem,  1857  et  i864;  2  vol.  in-4°  avec  planches. 

Memorie...  Mémoire  de  Philosophienaturelle;  par  M.  G.  Gallo.  Turin,  1 867; 
in-8°.  (2  exemplaires.) 

Libros...  Le  Livre  du  savoir  en  astronomie  du  roi  Don  Alphonse  X  de 
Castille,  publié  par  ordre  royal;  par  Don  Manuel  Rico  y  Siinobas.  T.  V, 
ire  partie.  Madrid,   1867;  in-folio.  (Présenté  par  M.  Le  Verrier.) 


ERRATA. 

(Séance  du  29  juillet  1S67.) 
Page  188,  ligne  i3,  au  lieu  du  mot  sciences ,  lisez  mathématiques. 


Page  197  ,  ligne  8,  au  lii-u  de  80  millimètres,  lisez  80  centimètres. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 


SEANCE  DU  LUNDI  19  AOUT  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMRRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —   Sur  les  Lettres  de  Pascal  ;  par  M.  Chasles. 

«  La  Commission  nommée  par  M.  le  Président,  pour  l'examen  des  pa- 
piers de  Pascal,  s'est  réunie  aujourd'hui,  et  M.  Faugère  s'y  est  trouvé.  Je 
dois  déclarer,  avec  l'autorisation  de  M.  Faugère,  qu'il  n'a  reconnu  comme 
étant  soit  de  Pascal,  soit  de  Mme  Perrier,  soit  de  Jacqueline  Pascal,  aucune 
des  pièces  qui  lui  ont  été  présentées,  et  qu'en  outre  il  regarde  ces  pièces 
comme  étant  toutes  de  La  même  main.  Je  ne  dirai  rien  dans  ce  moment 
de  la  discussion  qui  s'en  est  suivie,  et  qui  a  été  interrompue  par  l'heure  de 
la  séance.  M.  le  Président  doit  prier  M.  Faugère  de  vouloir  bien  faire  con- 
naître à  l'Académie,  par  une  communication  écrite,  les  considérations  sur 
lesquelles  il  fonde  son  jugement.  J'attendrai  cette  communication,  qui,  je 
le  pense,  aura  lieu  dans  notre  prochaine  séance. 

»  J'ai  fait  connaître,  dans  la  dernière  séance,  de  nombreuses  Lettres, 
une  quarantaine  au  moins,  émanées  de  divers  personnages,  et  qui  toutes 
prouvent  la  réalité  des  relations  qui  ont  eu  lieu  entre  Pascal  et  le  jeune 
Newton,  relations  qui  étaient  connues  des  savants  à  cette  époque.  Je  pour- 
rai faire  encore  d'autres  citations  semblables,  sans  parler  des  nombreuses 
Lettres  de  Pascal  à  Newton,  ni  des  nombreuses  Lettres  de  celui-ci  à  Pascal 

G.  R-,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LX.V,  N«  8.)  4° 


(  3.o  ) 
et  à  Rohault,  Lettres  que  je  publierai,  puisque  la  demande  formelle  de 
M.  Brewster  m'en  impose  l'obligation. 

»  J'ajouterai  que  les  correspondances  très-variées  dans  lesquelles  j'ai 
puisé  les  citations  que  je  viens  de  rappeler  ne  consistent  pas  dans  quelques 
Lettres  seulement,  et  qu'au  contraire  les  Lettres  y  sont  parfois  très-nom- 
breuses, traitant  de  sujets  très-différents.  Il  n'y  en  a  pas  moins  de  deux  à 
trois  cents  de  Montesquieu,  sans  compter  des  manuscrits  inédits;  autant  de 
Labruyère,  sans  compter  des  pensées  et  des  réflexions,  et  la  Clef  de  ses 
Caractères,  formée  de  centaines  de  petits  feuillets. 

»  Un  faussaire  qui  aurait  fabriqué  toutes  ces  Lettres,  toutes  ces  pièces, 
pour  prouver  qu'il  a  existé  des  relations  entre  Pascal  et  Newton,  aurait  eu 
bien  du  talent,  puisqu'il  aurait  fait  tout  à  la  fois  du  Pascal,  du  Newton,  du 
Labruyère,  du  Montesquieu,  du  Leibnitz,  du  Malebrancbe,  du  Saint- 
Evremond  (i),  etc. 

»  Aussi,  quelque  affirmatives  que  soient  les  protestations  de  M.  Faugère 
en  faveur  de  Pascal,  et  de  Sir  David  Brewster  en  faveur  de  Newton,  je 
réitère  à  l'Académie  l'assurance  qu'elles  ne  font  naître  dans  mon  esprit 
aucun  doute,  et  qu'elles  ne  me  causent  aucune  inquiétude.  Mais  je  re- 
grette vivement,  j'en  conviens,  d'avoir  à  m'occuper  dans  ce  moment  de 
cette  polémique,  que  je  n'avais  pas  prévue,  parce  que  je  pensais  que  la 
multiplicité  des  documents,  qui  avait  fait  ma  conviction,  porterait  la  lu- 
mière dans  tous  les  esprits,  et  ne  laisserait  pas  de  place  aux  objections.  » 

«  M.  Chevreul  pense  que  du  moment  où  des  Membres  de  la  Commission 
déclarent,  comme  le  fait  M.  Le  Verrier,  avoir  besoin,  avant  de  prononcer 
un  jugement,  de  connaître  des  faits  que  M.  Chasles  considère  comme  étran- 
gers à  la  question,  il  ne  resterait  plus  à  la  Commission  qu'à  examiner  les 
écritures  pour  savoir  si  elles  sont  ou  ne  sont  pas  de  Pascal.  Or  M.  Chevreul 
se  déclare  incompétent  pour  prononcer  sur  une  telle  question,  sachant, 
d'après  une  célèbre  expertise  à  laquelle  il  se  livra  avec  Gay-Lussac  en  i  820 
ou  en  1821,  dans  l'affaire  des  héritiers  Lesurques,  les  difficultés  de  tous 
genres  qu'il  faut  surmonter  avant  d'avoir  une  conviction.  Il  pense  donc 
que  la  Commission  a  fait  tout  ce  qu'il  était  possible  de  faire.  Il  écrira  à 
M.  Prosper  Faugère  pour  qu'il  veuille  bien  écrire  à  l'Académie  les  raisons 
qu'il  a  de  révoquer  en  doute  l'authenticité  des  lettres  de  Pascal.  » 


(1)  M'objectera-t-on  que  «t  le  libraire  Barbin  demandait  aux  auteurs  de  lui  envoyer  du 
Saint-Evremond?  » 


(  3n  ) 
«  M.  Mathiec  présente  à  l'Académie,  de  la  part  du  Bureau  des  Longi- 
tudes, la  Connaissance  des  Temps  de  l'année  1869.  Dans  les  Additions  qui 
terminent  ce  volume,  M.  Delaunay  a  inséré  les  expressions  numériques  des 
trois  coordonnées  de  la  Lune  qui  résultent  de  sa  théorie,  et  il  les  a  com- 
parées aux  éléments  qui  servent  de  base  à  des  Tables  lunaires  employées 
en  Europe  et  en  Amérique.   » 

«  M.  Alph.  de  Candolle  présente  un  recueil  des  bis  de  ta  nomenclature 
botanique,  qu'il  a  rédigé  sur  la  demande  du  Comité  chargé  d'organiser  le 
Congrès  international  de  Botanique  réuni  à  Paris,  dans  ce  moment,  par  les 
soins  de  la  Société  botanique  de  France.  Ce  recueil  est  composé  de  soixante 
articles,  disposés  en  chapitres  et  sections,  selon  leur  nature,  avec  une  in- 
troduction et  un  commentaire. 

»  J'ai  eu  pour  but,  dit  M.  de  Candolle,  d'exposer  aussi  clairement  que 
possible  les  usages  suivis  en  nomenclature  par  la  plupart  des  botanistes  mo- 
dernes, de  proposer  quelques  modifications  à  ces  usages,  et  de  préciser  cer- 
tains détails  qui  ont  besoin  d'être  soumis  à  des  règles  pour  obtenir  plus  de 
clarté.  J'espère  que  la  discussion  dans  le  Congrès,  après  l'examen  d'une 
Commission  de  savants  de  divers  pays  qui  en  fera  connaître  aujourd'hui 
même  les  résultats,  aura  pour  effet  d'améliorer  mon  travail  et  de  le  rendre 
plus  acceptable  par  l'ensemble  des  botanistes.  Je  signalerai,  comme  un 
fait  intéressant  pour  l'histoire  de  la  science,  la  diminution  régulière  de 
la  proportion  des  genres  nouveaux  dans  la  série  des  monographies  qui 
constituent  le  Prodromus  systematis  naluralis  verjetabilium,  du  moins  dans 
les  neuf  volumes  que  j'ai  publiés.  Ces  volumes,  qui  ont  paru  de  1 844 
à  1866,  ont  présenté,  les  trois  premiers  (VIII  à  X),  i5|  pour  100  de 
genres  nouveaux  ;  les  trois  suivants,  10  -k ,  et  les  trois  derniers  7,3.  Ainsi 
l'on  approche  d'une  époque  où  tous  les  genres  qui  existent  seront  con- 
nus ,  ce  qui  diminuera  certainement  la  fréquence  des  changements  de 
noms  génériques  et  spécifiques.  La  proportion  des  espèces  nouvelles  dans 
ces  monographies  successives  a  plutôt  un  peu  augmenté.  Elle  a  varié  de 
19  à  23  |  pour  100;  d'où  il  résulte  que  les  botanistes  sont  encore  loin  de 
connaître  toutes  les  espèces.  » 


4o.. 


(     312    ) 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  sur  l'électricité  animale;  par  M.   Schultz- 

ScHULTZENSTEIX . 

(Commissaires  :  MM.  Becquerel,  Coste,  Longet.) 

«  Les  nouvelles  recherches  sur  l'électricité  animale  que  j'ai  l'honneur 
de  communiquer  à  l'Académie  ont  pour  résultat  de  prouver  que  tout  ce 
qu'on  nomme  électricité  animale  ne  provient  pas  d'une  action  vitale  des 
nerfs  ou  des  muscles,  et  n'est  autre  chose  qu'une  électricité  purement  chi- 
mique ayant  son  origine  dans  le  commencement  et  le  progrès  d'une  décom- 
position chimique  des  parties  animales  disséquées,  en  contact  avec  l'air; 
elles  montrent,  de  plus,  que  l'eau  salée,  tant  par  elle-même  que  par  son 
contact  avec  des  parties  animales,  est  un  électromoteur,  de  sorte  que  le 
prétendu  courant  musculaire  n'est  rien  qu'un  courant  produit  par  une  solu- 
tion de  sel  ou  des  parties  animales  salées.  On  peut  résumer  le  résultat  de 
ces  expériences  en  ces  termes  : 

»  1.  La  supposition  que  le  muscle  vivant  produit  de  l'électricité  qui 
disparaît  après  la  mort  est  une  supposition  erronée,  ce  qu'on  voit  par 
l'expérience  où  des  aiguilles  fichées  dans  les  muscles  du  pied  d'un  animal 
vivant,  et  mises  en  communication  avec  les  fils  d'un  galvanomètre,  ne 
donnent  pas  la  moindre  trace  d'électricité. 

»  2.  Des  muscles  détachés  d'un  animal  fraîchement  tué  et  en  contact 
avec  l'air  font  voir  à  un  faible  degré  de  l'électricité  qui  provient  seulement 
de  l'influence  de  l'oxygène  sur  la  chair,  influence  qui  même  agit  déjà  quand 
les  muscles  retiennent  encore  quelque  irritabilité;  cette  électricité  ne  cesse 
pas  comme  on  l'admettait,  mais  augmente  à  mesure  que  la  viande  se  gâte, 
devient  acide  et  acquiert  une  mauvaise  odeur;  de  manière  que  c'est  la 
viande  putride  qui  fait  dévier  le  plus  l'aiguille  astatique. 

«  3.  Les  fils  du  galvanomètre  plongés  dans  l'eau  salée  font  dévier  forte- 
ment l'aiguille  du  galvanomètre. 

»  4.  La  viande  fraîche  récemment  salée  devient  plus  électrique  à  mesure 
que  le  sel  la  pénètre  plus  profondément. 

»  5.  Toute  viande  anciennement  salée,  par  exemple  du  bœuf,  du  porc, 
du  poisson  salé,  est  très-électrique. 

»  6.  Le  sang  vivant  frais  ne  montre  pas  la  moindre  trace  d'électricité. 
Le  sang  vieux  et  mort  devient  de  plus  en  plus  électrique  à  mesure  que  sa 


(  3i3  ) 
putrescence  est  plus  avancée.  L'addition  du  sel  de  cuisine  augmente  instan- 
tanément l'électricité  du  sang. 

»  7.  Le  derme  nu  de  l'homme  et  des  animaux  devient  plus  électrique 
en  se  dépouillant  de  son  épidémie,  parce  que  les  couches  de  l'épiderme 
mort  forment  un  appareil  galvanique.  Les  couches  de  l'épiderme  détaché  de 
la  grenouille  sont  très-électriques.  L'électricité  du  derme  augmente  par 
l'addition  du  sel  ou  de  l'eau. 

»  8.  Les  expériences  physiologiques  par  lesquelles  on  croit  prouver 
l'existence  d'une  électricité  animale  produite  par  l'action  vitale  des  mus- 
cles ou  des  nerfs  ne  réussissent  que  par  l'intervention  du  sel  ou  de  l'eau 
salée;  sans  le  sel  elles  ne  réussissent  pas.  L'électricité  produite  dans  ces 
expériences  n'est  donc  pas  une  électricité  animale,  mais  une  électricité 
chimique  provenant  du  sel.  L'électricité  animale  estime  illusion. 

»  9.  Le  prétendu  courant  musculaire  de  l'homme  n'est  rien  autre  chose 
qu'un  courant  excité  par  le  contact  de  l'eau  salée  avec  la  peau,  où  le  sel  agit 
comme  électromoteur. 

»  10.  Dans  les  maladies  et  les  organes  malades  l'électricité  qui  se  dégage 
résulte  d'une  décomposition  chimique.  Ainsi  la  membrane  muqueuse  de  la 
bouche,  dans  les  maladies  de  l'estomac,  devient  électrique.  Il  se  dégage 
encore  beaucoup  plus  d'électricité  dans  les  ulcères  malins,  par  exemple 
dans  les  ulcères  cancéreux,  syphilitiques,  scorbutiques  et  putrides,  comme 
je  l'ai  fait  voir  dans  mon  Mémoire  sur  l'électricité  dans  les  maladies  (Fro- 
rich's  Tagesberichte  ùber  die  Forlschrille  der  Natur-  und  Heilkunde;  1 85 1 , 
i  Band,  S.  367,  ainsi  que  dans  l'ouvrage  :  Leben,  Gesundlieit,  Krankheit, 
Heiluncj;  Berlin,  1 863,  S.  325.) 

»  11.  Toutes  les  excrétions  dépuratives  de  l'homme  et  des  animaux  sont 
électriques,  principalement  l'urine.  L'électricité  de  l'urine  est  si  forte  qu'elle 
fait  tourner  l'aiguille  du  galvanomètre  tout  autour  du  cadran. 

»  12.  L'électricité  des  poissons  dépend  d'une  sécrétion  alcaline  dans 
les  cellules  des  organes  électriques,  qui  agit  de  la  même  manière  que  l'urine. 
L'électricité  une  lois  soustraite  par  le  fil  conducteur  du  galvanomètre  a  be- 
soin d'une  heure  de  temps  pour  se  reproduire,  elle  ne  dépend  pas  directe- 
ment d'une  influence  nerveuse. 

»  13.  Dans  tout  dégagement  d'électricité  animale  il  y  a  donc  quelque 
chose  de  semblable  à  ce  qui  se  passe  dans  la  fermentation  et  la  putréfac- 
tion. Un  commencement  de  décomposition  chimique  et  des  électromoteurs 
chimiques  sont  les  conditions  de  l'électricité  animale.  » 


(  3i4  ) 

PHYSIOLOGIE.  —  Les  battements  du  cœur  et  du  pouls  reproduits  par  la 
photographie;  par  M.  Ch.  Ozanam.  (Extrait.) 

«  Je  vais  expliquer  en  peu  de  mots  par  quel  procédé  j'ai  réussi  à  réaliser 
au  moyen  d'un  nouvel  appareil  enregistreur  la  reproduction  photogra- 
phique des  mouvements  du  cœur  et  du  pouls. 

»  Il  fallait,  pour  arriver  au  hut  désiré  :  i°  reproduire  artificiellement 
l'artère  par  un  tube  ou  vaisseaux  dont  les  parois  fussent  transparentes; 
2°  imiter  le  sang  par  une  colonne  liquide  dont  le  niveau  pût  être  influencé 
à  chaque  instant  par  l'impulsion  sanguine,  et  qui,  s'élevant  ou  s'abaissant 
dans  le  tube  sans  le  mouiller  ni  colorer  ses  parois,  lui  laissât  en  même 
temps  toute  sa  transparence;  3°  inscrire  la  ligne  ondulante  représentée 
par  la  surface  liquide,  au  moyen  d'un  appareil  curseur  portant  un  papier 
ou  verre  préparé  prêt  à  recevoir  l'impression  de  la  lumière  partout  où  le 
niveau  abaissé  du  liquide  lui  permettrait  de  parvenir  ;  4°  renfermer  ces 
divers  éléments  dans  une  chambre  noire  disposée  convenablement  pour 
l'opération.  Ces  quatre  conditions  ont  été  obtenues  dans  l'appareil  que  j'ai 
l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie.  Une  petite  chambre  noire  de  3o  cen- 
timètres de  long  sur  io  de  haut  et  3  d'épaisseur  renferme  tout  l'instru- 
ment.... Vers  le  milieu  de  la  longueur,  un  petit  écran  curseur  couvre  et 
découvre  à  volonté  une  fente  longitudinale,  verticale,  très-étroite,  par  la- 
quelle seule  la  lumière  doit  pénétrer.  C'est  le  long  de  cette  fente  que  se 
place  l'artère  artificielle  et  transparente,  composée  d'un  tube  de  verre  dont 
la  cavité,  large  de  i  millimètre,  renferme  du  mercure  pour  simuler  le 
sang. 

»  L'extrémité  inférieure  du  tube,  évasée  en  un  petit  réservoir  pyramidal, 
s'applique  directement  sur  l'artère  ou  sur  le  cœur.  Une  membrane  de 
caoutchouc  vulcanisé,  très-mince,  fixée  au  pourtour  du  réservoir,  maintient 
le  mercure  et  lui  permet  d'osciller  librement  à  chaque  impulsion  arté- 
rielle  

m  Ce  tube  peut  être  disposé  de  diverses  manières,  tantôt  droit  et  de  io  cen- 
timètres seulement  de  longueur,  tantôt  coudé  à  angle,  pour  que  le  réservoir 
puisse  plus  facilement  se  fixer  sur  le  cœur  ou  le  poids.  Tantôt,  enfin,  le  réser- 
voir et  le  tube  peuvent  être  séparés  l'un  de  l'autre,  et  réunis  par  un  tube  in- 
termédiaire en  caoutchouc  permettant  toutes  les  évolutions,  toutes  les  posi- 
tions désirables.  Une  seule  condition  est  nécessaire,  c'est  que  la  pression 
de  l'artère  contre  le  réservoir  de  mercure  fasse  monter  celui-ci  au  point 
d'affleurement  de  la  fente  verticale  pratiquée  dans  la  chambre  noire,  et  que 


(  3i5) 
le  tube  de  caoutchouc  ne  dépasse  pas  25  à  3o  centimètres  de  longueur 
pour  conserver  sa  sensibilité. 

»  L'appareil  curseur  que  j'ai  employé  n'est  autre  que  celui  employé 
déjà  par  le  Dr  Marey  dans  son  sphygmographe,  et  construit  par  M.  Bré- 
guet;  je  l'ai  employé  d'abord  parce  qu'il  était  tout  fait,  mais  je  fais  com- 
poser en  ce  moment  un  nouvel  appareil  beaucoup  plus  perfectionné  et 
mieux  adapté  au  sujet. 

»  La  plaque  photographique  parcourt  environ  i  centimètre  par  seconde; 
l'image  produite  peut  être  sans  difficulté  amplifiée  de  2,  4,  i5  diamètres  au 
foyer  du  inégascope;  une  seule  pulsation  occupe  dès  lors  un  espace  de 
i5  centimètres 

»  Les  épreuves  schématiques  jointes  à  cette  Note  représentent  :  la  pre- 
mière, le  pouls  normal  d'un  homme  vigoureux,  âgé  de  quarante-huit  ans  ; 
la  deuxième  et  la  troisième,  le  pouls  d'un  homme  de  quarante-trois  ans, 
prises  l'une  dans  un  moment  d'excitation,  l'autre  dans  le  calme;  la  qua- 
trième, le  pouls  d'un  homme  de  quarante-deux  ans;  la  cinquième,  le  pouls 
d'une  demoiselle  de  vingt-cinq  ans,  mince  et  délicate  ;  la  sixième,  le  pouls 
d'une  jeune  fille  de  vingt  ans;  et  la  septième,  celui  de  sa  sœur,  âgée  de 
dix-huit  ans. 

»  Les  autres  images,  agrandies  et  dessinées  au  mégascope  à  10  et  1 5  dia- 
mètres, permettent  d'apercevoir  de  nouveaux  détails,  notamment  les  trois 
ondulations  du  pouls. 

»  En  effet,  dans  ces  images,  il  nous  est  déjà  facile  de  saisir  un  des  carac- 
tères particuliers  du  pouls,  le  dicrotisme,  sur  lequel  je  désire  plus  spéciale- 
ment attirer  l'attention  aujourd'hui. 

»  Le  dicrolisme,  c'est-à-dire  le  battement  double,  a  été  décrit  par  le 
Dr  Marey  comme  un  état  normal  du  pouls  ;  avant  l'invention  du  sphyg- 
mographe, on  ne  pouvait  l'observer  que  dans  quelques  cas  pathologiques, 
comme  précurseur  des  hémorrhagies. 

»  Notre  schéma  photographique  vient  corroborer  l'assertion  de  mon 
savant  confrère,  mais  en  même  temps  résout  la  question  d'une  manière 
plus  complète.  Il  montre,  en  effet,  que  le  pouls  naturel  est  non-seulement 
dicrote,  mais  triple  dans  certains  cas;  en  effet,  après  être  monté  d'un  seul 
bond  au  sommet  de  l'échelle,  il  redescend  par  trois  chutes  successives  au 
niveau  inférieur.  D'après  mes  observations,  déjà  nombreuses,  la  première 
ondulation  correspondrait  à  l'impulsion  du  cœur  gauche  ;  la  deuxième 
serait  due  à  l'impulsion  du  cœur  droit;  la  troisième  est-elle  due  à  l'élasti- 


(  3.6) 
cité  des  artères  ou  à  la  contraction  des  oreillettes?  c'est  ce  qui  n'est  pas 
encore  démontré....  » 

M.  Zauwski-Mikorski  lit  une  Note  ayant  pour  titre  :  «  Gravitation  et 
électricité».  L'auteur  présente  cette  nouvelle  communication  comme  «  ap- 
portant la  preuve  de  la  gravitation  par  l'électricité,  d'après  la  méthode  à 
posteriori  expérimentale.  » 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  de  précédentes  communications  de 

l'auteur  sur  le  même  sujet.) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

«  M.  Conté  adresse  un  supplément  à  sa  Note  sur  la  pathogénie  de  la 
vigne  dont  une  analyse  a  été  donnée  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  pré- 
cédente. 

»  Afin,  dit-il,  d'apprécier  par  des  chiffres  les  effets  produits  par  la  flexion 
horizontale  de  la  branche  à  fruits  comme  cause  de  son  affaiblissement,  et 
par  conséquent  comme  cause  aussi  de  sa  plus  grande  aptitude  à  contracter 
l'oïdium,  j'ai  comparé  entre  elles  une  rangée  à  long  courson  couché  et  une 
rangée  à  coursons  courts  et  à  pampres  fixés  verticalement.  Dans  la  pre- 
mière rangée,  chaque  cep  a  ordinairement  de  9  à  12  bourgeons,  la  seconde 
n'en  a  que  6  ou  7.  Ces  deux  rangées  à  taille  différente  sont  placées  à 
4  mètres  l'une  de  l'autre;  la  rangée  à  branche  à  fruits  couchée  compte 
4i  ceps  oïdiés  sur  5i  dont  se  compose  la  rangée,  tandis  que  les  ceps  à 
coursons  droits  et  courts  ne  comptent  que  9  malades  sur  46  ceps...  » 

(Renvoi,  comme  la  précédente  communication,  à  la  Section  d'Économie 

rurale.) 

M.  C.  Saix  adresse  un  deuxième  supplément  à  sa  Note  intitulée  :  «  Mode 
de  cristallisation  du  carbone  déterminant  la  formation  du  diamant  ». 

Dans  cette  nouvelle  communication,  l'auteur  s'est  proposé  de  répondre 
d'avance  à  quelques  objections  qu'on  pourrait  faire  à  sa  théorie  à  l'occasion 
des  diamants  noirs. 

(Renvoi  à  l'examen  des  Commissaires  désignés  dans  la  séance  du  8  avril 
dernier  :  MM.  Pouillet,  Balard,  Delafosse,  Fizeau.) 


(  3r7  ) 
M.  Kapfmann  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire  sur  l'in- 
fluence mécanique  de  l'air  dans  quelques  fonctions  physiologiques  où  on 
ne  la  fait  pas  d'ordinaire  intervenir. 

«  Pour  reconnaître,  dit  l'auteur,  l'influence  mécanique  exercée  sur 
diverses  parties  de  l'organisme  par  la  pression  de  l'air,  j'ai  institué  des 
expériences  aérométriques,  les  unes  dans  lesquelles  je  mesurais  les  oscilla- 
tions produites  dans  divers  états  physiologiques  ou  pathologiques  par  la 
variation  de  pesanteur  de  l'atmosphère,  les  autres  dans  lesquelles  j'ai  pro- 
duit artificiellement  ces  variations.  Celles  dont  je  soumets  aujourd'hui  les 
résultats  à  l'Académie  se  rapportent  aux  diverses  périodes  de  la  génération 
chez  les  Mammifères,  depuis  le  moment  de  la  conception  jusqu'à  l'accom- 
plissement du  part.  » 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Cornill  Woestyn  présente  une  Note  ayant  pour  titre  :  «  Sur  l'in- 
fluence de  la  température  de  la  source  de  chaleur  dans  l'ébullition  des 
liquides  sucrés  ». 

(Commissaires:  MM.  Payen,  Peligot,  Thenard.) 

M.  Ti  ititiKit  adresse,  de  Saint-Remy  de  Provence,  une  Note  sur  un 
élixir  de  sa  composition  qui  a,  dit-il,  élé  administré  avec  grand  succès  dans 
le  choléra;  il  y  a  joint  diverses  attestations  de  médecins  relatives,  les  unes 
au  mode  de  préparation  du  remède,  les  autres  aux  effets  qu'on  en  a 
obtenus. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

CORRESPOND  ANCE . 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur   (a   tem/iéralure  des   eaux   courantes.    Note   de 
M.  Ch.  Grad,  présentée  par  M.  Becquerel. 

«  Dans  deux  communications  antérieures,  j'ai  eu  l'honneur  d'entretenir 
l'Académie  de  la  distribution  de  la  pluie  en  Alsace  et  du  rapport  qui  existe 
entre  le  débit  de  l'Ill  et  les  eaux  météoriques  tombées  dans  son  bassin  : 
aujourd'hui  je  viens  lui  soumettre  le  résultat  de  mes  observations  sur  la 
température  des  eaux  courantes  de  la  même  région.  Ces  observations,  répé- 
tées deux  fois  par  jour,  à  7  heures  du  matin  et  à  4  heures  du  soir,  ont  été 

C.  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  8.)  41 


(3.8) 
faites  surtout  sur  les  eaux  de  la  Fecht.  La  Fecht  est  une  rivière  de  nature 
torrentielle,  issue,  dans  les  hautes  Vosges,  des  flancs  du  Hohnech  et  du 
Rothenbach,à  plus  de  iooo  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  et  qui  se 
jette  dans  l'IU  à  Illhœuseren,  après  un  cours  de  48  kilomètres.  Pendant 
plus  de  la  moitié  de  son  cours,  la  rivière  coule  au  fond  d'une  vallée  aux 
versants  granitiques.  Son  débit  varie  chaque  année  de  i  à  5o  mètres  cubes. 
En  été,  la  majeure  partie  de  ses  eaux,  dont  le  volume  ne  descend  pas  au- 
dessous  de  i  mètre  cube  par  seconde,  passe  en  amont  de  Turckheim  dans 
le  canal  de  dérivation  du  Logelbach,  à  235  mètres  d'altitude  et  à  une  tren- 
taine de  kilomètres  de  ses  sources.  C'est  près  de  ce  point  que  j'ai  fait  les 
observations  dont  voici  le  résultat  comparé  à  la  température  de  l'air  à  la 
même  station  : 


1866-1867. 

MAXIMUM. 

MINIMUM. 

MOYENNE. 

AIR. 

Juillet  1866 

O 

?3,5 
.8,6 

18,6 

l6,9 
1  i  ,o 

5,6 

9.6 

9>4 
io,5 
i3,8 

21,5 
22,8 

O 

i3,5 
12  ,6 

10,2 

7.0 

3,2 

3,1 

—     0,2 

3,6 
3,8 

4)7 

8,2 

9,8 

O 

■  7,5 
.5,3 
i4,6 
'<>.9 

7.3 

4,2 

3,4 
6,5 

7.8 
9>3 

l3,2 

16, 1 

0 
22,6 

22,1 

■  4,3 

10,3 

6,9 

-    ',7 
°,7 

7,2 

6,0 
12,2 
.5,8 
'9,2 

Août 

Septembre 

Mai 

9>6 

21  ,5 

23,5 
18,6 

—    0,2 

4-7 
9>8 

3,2 

4.7 
10, 1 

i6,3 

10,9 

2,1 

1 1 ,3 
21 ,3 
io,5 

Printemps 

23,5 

—    0,2 

io,5 

..,3 

>.  Seion  ces  chiffres,  la  température  moyenne  de  l'eau  a  été  de  io°,5  cen- 
tigrades, inférieure  par  conséquent  deo°,8  à  la  température  moyenne  de 
l'air  à  Turckheim.  La  différence  entre  la  température  la  plus  basse  et  la 
plus  élevée  de  l'année  a  été  de  23°, 7.  La  plus  grande  variation  mensuelle 
s'est  élevée,  en  mai,  à  i3°,  3,  et  la  plus  grande  variation  diurne  a  atteint 


f  3,9  ) 

7°, 6,  le  14  juillet.  L'élévation  de  la  température  de  l'air,  qui  a  atteint,  à 
Turckheim,  ii°,3,  soit  i°,2  déplus  que  le  climat  de  Colmar  pendant  la 
même  année,  provient  de  l'exposition  de  la  première  station  située  au 
midi,  au  pied  de  collines  granitiques  qui  l'abritent  contre  les  vents  du 
nord.  Sans  cette  circonstance,  la  température  des  eaux  de  la  Fecht  serait 
supérieure  à  la  moyenne  annuelle  de  l'air,  comme  le  démontrent  les  obser- 
vations suivantes,  recueillies  par  M.  Rertin,  sur  la  température  du  Rhin,  au 
pont  de  Kehl,  et  celle  de  1*111,  à  Strasbourg  : 


1850  a  1859. 

RHIN  AU  PONT  DE  KEHL. 

ILL  A  STRASBOURG. 

Eau. 

Air. 

Eau. 

Air. 

Janvier 

3°,i 
3,5 

5,7 
9,5 

12,8 

'9,2 
>9>2 
19,1 
i6,5 
12,9 

7>° 

4,5 

0 

1,0 

2,5 

5,3 

10,8 

'4,3 

19,2 
20,7 

'9-7 

■  5,4 

10,8 

4,6 

,,8 

0 
2,8 

3,5 
5,9 

IO>9 
■4,8 
18,6 
20,4 
20,2 
i5,8 
12,2 

5,7 
3,3 

0 
0,2 

I  ,0 

4,3 

io,3 
'4,5 
.9,8 

2I> 7 

20,9 

'5,7 
'0,7 

3,4 

0,8 

Juillet 

Septembre 

3,7 

9,3 

i8,5 

'2,1 

.,8 
10,1 

■9,9 
io,3 

3,2 

10,2 

»9>7 
1 1 ,2 

o,5 

9,7 
20,8 

9>9 

Été 

Année 

10,9 

1 

10,2 

i 

! 

»  En  résumé,  les  observations  faites  dans  le  Rhin,  1*111  et  la  Fecht,  com- 
parées à  la  température  de  l'air,  montrent  que  l'eau  s'échauffe  et  se  refroi- 
dit moins  vite  que  l'air;  que  la  température  de  l'eau  atteint  son  maximum 
et  son  minimum  après  le  minimum  et  le  maximum  de  l'air;  que  l'ampli- 
tude des  oscillations  est  moins  grande  pour  l'eau  que  pour  l'air;  que,  pour 
l'eau,  ces  variations  sont  plus  fortes  en  été  qu'en  hiver,  plus  considérables 
par  un  temps  serein  qu'avec  un  ciel  couvert,  et  diminuent  dans  un  même 

4i.. 


(  3ao   i 
bassin  à  mesure  que  son  débit  augmente.  Ajoutons  que  dans  la  Fecht  les 
pluies  abaissent  la  température  dps  eaux  courantes  en  été,  et  en  hiver  elles 
i'élèvent.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE  —  Sur  les  monamines  dérivées  des  aldéhydes. 
Note  de  M.  Hugo  Schiff,  présentée  par  M.  Wurtz. 

«  L'action  de  l'ammoniaque  sur  les  aldéhydes  aromatiques  donne  lieu, 
comme  on  sait,  à  la  formation  des  hydramides.  Il  y  a  trois  ans  que  j'ai 
appliqué  cette  réaction  à  quelques  aldéhydes  de  la  série  des  corps  gras  et 
que  j'ai  obtenu  l'hydrcenanthamide  N2  X'H1*)3  et  un  corps  analogue 
de  la  série  amylique.  Depuis  ce  temps,  je  me  suis  occupé  de  l'action  de 
l'ammoniaque  sur  l'aldéhyde  acétique,  réaction  qui  fait  naître  des  sub- 
stances différentes  d'après  les  conditions  variées.  L'aldéhyde,  exposée  pen- 
dant six  mois  à  l'action  d'une  solution  d'ammoniaque  dans  l'alcool  absolu, 
donne  un  liquide  brunâtre.  Ce  liquide,  distillé  à  la  température  de  60 
à  70  degrés,  fait  passer  de  l'ammoniaque,  accompagnée  d'une  autre  base 
très-volatile,  douée  d'une  odeur  de  coniine  décomposée,  soluble  dans  l'eau 
et  de  la  composition  C6  H9  N  ou  C6 H7  N  (picoline).  Le  résidu  de  la  distilla- 
tion est  une  matière  résineuse.  Purifiée,  elle  se  présente  comme  une  poudre 
jaune  de  propriétés  basiques  prononcées,  se  combine  avec  une  molécule 
d'acide  sulfurique,  avec  une  ou  deux  molécules  d'acide  chlorhydrique,  efc 
forme  un  chloroplatinate  cristallisé.  L'analyse  de  cette  base  a  conduit  à  la 
formule  N2(C2H*)8.  Elle  n'a  pu  être  obtenue  à  l'état  de  pureté  parfaite, 
parce  qu'elle  se  décompose  très-facilement  avec  l'eau  et  avec  les  acides 
d'après  l'équation 

C6H<2N%aHCl  +  H20  =  NH4Cl+C6H"NO,HCl. 

La  base  nouvelle  C6H"  NO,  séparée  de  son  chlorhydrate,  est  une  substance 
amorphe,  d'un  jaune  obscur,  soluble  dans  l'eau.  Cette  base,  selon  ses  réac- 
tions avec  les  acides  et  avec  le  perchlorurede  phosphore,  et  selon  la  composi- 
tion des  sels,  ne  peut  être  considérée  comme  un  hydrate  d'ammonium.  La 
base  se  comporte  comme  une  monamine  tertiaire,  et  elle  peut  être  dérivée  de 
l'acétylure  ammonique,  si  l'on  considère  ce  dernier  comme  le  dérivé  éthv- 
lidénique  correspondant  à  l'oxyéthylénamine  de  M.  Wurtz  : 

(C2H4OH  /C2H*OH 

N    H  +  aC2H40  =  aH20  +  N   C2H3 

(H  (C2H3 

Aldébyile  Nouvelle 

ammonique.  base. 


(     321     ) 

Elle  se  forme,  en  effet,  si  l'on  expose  une  solution  alcoolique  d'aldéhyde 
ammonique,  ajoutée  d'aldéhyde,  à  une  température  de  5o  à  60  degrés.  Si 
l'on  décompose  l'aldéhyde  par  l'ammoniaque  alcoolique  à  100  degrés, 
alors  il  se  forme  deux  autres  bases  C,0H,5NO  et  C8H,3NO,  qui  ressem- 
blent à  la  base  CG^nlNO  et  ont  sans  doute  une  constitution  analogue.  La 
baseCsHl3NO  a  déjà  été  observée  par  MM.  Heintzet  Wislicenus. 

»  La  hydroenanthamide  N2(C7H,:!)3  se  décompose  facilement  avec  l'eau 
bouillante  et  donne  le  composé  N(C7Ht3  )2(C7Hl4OH),  qui  distille  mais 
qui  n'a  plus  de  propriétés  basiques. 

»  A  ces  bases  se  rapprochent  le  valéral  ammonique  et  le  trioxyamylidène 
de  M.  Erdmann,  auxquels  je  donnerais  les  formules 

(C5H,0OH  (CsH"»OH 

N    H  N    C5H,uOH 

(H  (c5h,0oh 

La  réaction  est  un  peu  différente  pour  l'acroléine.  Une  molécule  d'ammo- 
niaque s'y  combine  directement,  et  la  combinaison  produite  se  décompose 
en  même  temps  avec  une  autre  quantité  d'acroléine 

iC,H'°H  <a(r»H«OHV 

2N   H  +  2CSH*0  =  2H20  -h  N2      y3"         ' 

I  ri  (  2Li    II 

Cette  base  ressemble  à  celles  dérivées  de  l'aldéhyde  acétique.  La  formation 
des  sels  procède  avec  plus  de  difficulté,  mais  le  chloroplatinate  se  forme 
facilement. 

»  La  décomposition  des  aldéhydes  ammoniques  par  l'eau  m'a  conduit  à 
l'étude  de  la  décomposition  par  l'hydrogène  sulfuré.  On  sait  que  l'aldéhyde 
acétique  en  ces  conditions  fait  naître  la  thialdine.  L'action  du  sulfhydrate 
ammonique  saturé  sur  les  aldéhydes  acrylique  et  œnanthique  nous  a  donné 
les  bases  correspondantes 

C9H,3NS2  C2,H"NS2 

Acrolhialdine.  OEnan- 

ihotbialdine. 

Les  thialdines  acétique  et  acryliques  sont  des  corps  cristallisés  qui  se  prê- 
tent peu  à  l'étude  des  réactions;  la  thialdine  œnanthique,  au  contraire,  est 
un  corps  liquide  qui  pèse  0,896  à  24  degrés,,  qui  ne  distille  pas  sans  décom- 
position, mais  qui  forme  un  sulfate  et  un  chlorhydrate  bien  cristallisé.  Avec 
ce  corps,  j'ai  pu  étudier  les  actions  de  l'eau  à  température  élevée,  de  l'anhy- 


(    322     ) 

dride  sulfureux,  de  l'acide  iodhydrique,  de  l'iode,  des  éthers  iodhydriques, 
des  aldéhydes  et  du  perchlorure  de  phosphore.  Ces  études  font  connaître 
que  les  thialdines  sont  des  monanimes  tertiaires  (Hofmann  ),  dans  lesquelles 
les  trois  atomes  d'hydrogène  typique  ne  sont  pas  substitués  par  un  seul 
radical  trivalent,  mais  par  trois  radicaux  qui  contiennent  le  soufre  sous 
forme  de  sulfhydrile  (SH),  comme  les  bases  oxygénées  citées  plus  haut 
contiennent  l'oxygène  à  l'état  d'oxydrile  (OH).  Les  thialdines,  dérivées  des 
aldéhydes  C"HmO,  ont  la  formule  générale 


C"HmSH  (C'H^SH 

N  jCnH"'SH  ,  par  exemple  l'œnanthique  :  N  •  C'H,4SH 


et,  de  la  même  manière,  on  formulera  les  thialdines  acétique,  acrylique, 
valérique,  benzoïque  et  la  thiacétonine.  Ces  composés  représentent  des 
bases  aldéhydiques  sulfurées,  qui  peuvent  être  comparées  dans  un  certaine 
manière  aux  bases  dioxyéthyléniques  de  M.  Wurtz. 

«  La  carhothialdine  et  la  carbothiacétonine  sont  des  corps  analogues  et 
ont  peut-être  les  formules 

|  C,v  l  CS" 

N2    C2rTSH  N2    C3H6" 


C2H4SH  f2(C3HeSH)' 

»  Les  thialdines  et  les  bases  aldéhydiques  oxygénées,  distillées  avec  la 
chaux  potassée,  donnent  des  bases  liquides  volatiles,  en  partie  solubles  dans 
l'eau,  et  de  réaction  alcaline.  Ces  bases  se  rapprochent  de  celles  que 
M.  Anderson  a  extraites  de  l'huile  animale  qu'on  obtient  par  la  distillation 
sèche  des  os.  « 

chimie.  —  De  i influence  des  divers  rayons  colorés  sur  la  décomposition  de 
l'acide  carbonique  par  les  plantes.  Note  de  M.  L.  Cailletet,  présentée  par 
M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  On  a  remarqué  depuis  longtemps  que  les  parties  vertes  des  végétaux, 
exposées  aux  rayons  directs  du  soleil,  jouissent  de  la  propriété  de  décom- 
poser l'acide  carbonique  contenu  dans  l'air  et  de  dégager  une  quantité  à 
peu  près  équivalente  d'oxygène.  Dans  l'obscurité  un  phénomène  inverse  se 
produit,  l'oxygène  de  l'air  est  absorbé,  et  il  se  dégage  de  l'acide  carbonique 
qui  provient  de  l'oxydation  d'une  partie  du  carbone  de  la  plante. 

•>   Depuis  Priestley,  qui  constata  le  premier  que  les  végétaux  exposés  aux 


(  3a3  ) 
rayons  directs  du  soleil  purifiaient  l'air  vicié  par  la  respiration  des   ani- 
maux, un  grand  nombre  de  travaux  remarquables,  et  en  dernier  lieu  ceux 
de  M.   Boussingault,   ont  été  publiés  sur  cette  importante  fonction  de  la 


vie  végétale. 


»  Dans  les  expériences  que  j'ai  entreprises  en  vue  de  déterminer  l'action 
plus  ou  moins  active  des  divers  rayons  colorés,  sur  la  décomposition  de 
l'acide  carbonique  par  les  végétaux,  je  me  suis  attaché  à  me  placer  autant 
que  possible  dans  les  conditions  où  la  nature  opère. 

»  J'ai  dû  disposer  mes  appareils  en  verre  coloré  de  manière  à  diminuer 
par  un  tirage  d'air  l'élévation  considérable  de  la  température  qui  se  pro- 
duirait dans  des  vases  clos  exposés  aux  rayons  directs  du  soleil. 

»  J'ai  observé,  en  effet,  que  sous  une  cloche  en  verre  rouge  la  tempéra- 
ture peut  s'élever  au-dessus  de  70  degrés. 

»  Je  me  suis  assuré  par  des  expériences  préalables  qu'en  prenant  quel- 
ques précautions,  les  feuilles  détachées  agissent  sur  les  mélanges  gazeux 
comme  si  elles  adhéraient  encore  à  la  plante  qui  les  a  produites;  j'ai  con- 
staté également,  afin  de  rendre  les  résultats  de  mes  expériences  comparables, 
que  des  feuilles  d'une  même  plante  et  de  surfaces  égales  décomposent  sen- 
siblement les  mêmes  quantités  d'acide  carbonique  lorsqu'elles  agissent  sur 
des  mélanges  gazeux  identiques  exposés  à  une  même  source  lumineuse. 

«  L'absorption  de  l'acide  carbonique  et  le  dégagement  de  l'oxygène  plus 
ou  moins  mélangé  d'azote  appartient  exclusivement  aux  parties  vertes  des 
végétaux;  mais  il  est  indispensable  que  ces  organes  soient  intacts,  car  en  les 
écrasant,  ou  simplement  en  les  froissant,  on  détruit  sans  retour  cette 
propriété.  En  découpant  avec  soin  une  feuille  en  fragments  très-petits,  on 
voit  encore  l'action  décomposante  subsister,  car  chaque  partie  contenant 
tous  les  éléments  anatomiques  agit  comme  une  feuille  entière.  Une  tem- 
pérature de  -+-  10  à  i5  degrés  est  nécessaire  à  la  manifestation  de  l'action 
décomposante,  mais  les  rayons  de  chaleur  obscure  ne  sont  pas  suffisants 
pour  la  produire.  J'ai  pu  m'en  assurer  au  moyen  d'un  appareil  que  je  dois 
à  l'habileté  de  MM.  Alvergniat  frères. 

«  Cet  appareil  est  formé  de  deux  éprouvettes  concentriques  en  verre 
incolore,  soudées  par  leur  base.  Dans  l'espace  compris  entre  ces  deux  vases 
de  diamètre  différent  est  renfermée  une  dissolution  concentrée  d'iode  dans 
du  sulfure  de  carbone.  Sous  cet  écran,  perméable  seulement  à  la  chaleur 
obscure,  on  peut  s'assurer  que  l'acide  carbonique  placé  dans  l'éprouvette 
centrale  n'est  nullement  décomposé  par  les  feuilles,  malgré  l'action  prolon- 
gée des  rayons  solaires. 


(  3a4  ) 
»  Les  divers  rayons  colorés  ont  au  contraire  une  action  spéciale  et  plus 
ou  moins  active  sur  la  dissociation  de  l'acide  carbonique  (i).  En  plaçant 
sous  des  cloches  en  verre  coloré  des  tubes  contenant  des  feuilles  d'une 
même  plante  égale  en  surfaces,  et  un  même  mélange  gazeux,  on  trouve 
indécomposées,  après  huit  ou  dix  heures  d'exposition  au  soleil,  les  quan- 
tités d'acide  carbonique  qui  figurent  au  tableau  ci-dessous  : 


AIR  MÉLANGÉ  d'aCIDE  CARBONIQUE 

OBSERVATIONS. 

à  18  p.  100. 

à  21  p.  100. 

à  30  p.  100. 

Iode  dissous  dans  le 
sulfure  de  carbone. 

»      bleu 

»       dépoli 

.8 

20 

18 
'7 

7 
5 

0 

21 

3o 

•9 
i6,5o 

5,5o 
o 

3o 

37 

28 

27 

23 

l8 
2 

Le    papier    photographique    ne 
noircit  pas. 

Le  chlorure  d'argent  se  colore 
lentement. 

Le  papier  noircit  tr. -rapidement 
Le  papier  noircit  tr. -rapidement 

Ni  le  papier  ni  le  chlorure  d'ar- 
gent additionné  de  nitrate  ne 
noircissent. 

Le  papier  ne  noircit  pas. 

Le  papier  se  colore  rapidement. 

»  L'examen  de  ce  tableau  démontre  que  les  rayons  calorifiques,  ainsi  que 
les  rayons  chimiques,  sont  sans  action  sur  l'étrange  dissociation  de  l'acide 
carbonique  par  les  végétaux  qui  s'accomplit  dans  des  conditions  tout  à  fait 
différentes  de  celles  où  nous  savons  la  produire  dans  nos  laboratoires;  mais 
les  forces  qui  déterminent  cette  décomposition  agissent  sur  les  éléments  de 
ce  corps  composé,  dissous  dans  les  liquides  de  la  feuille,  et  nous  devons 
avouer  notre  entière  ignorance  de  l'état  où  sont  ces  éléments  dans  la  dis- 
solution. Il  semble,  à  l'inspection  des  nombres  consignés  dans  le  tableau, 
que  les  couleurs  les  plus  actives  au  point  de  vue  chimique  sont  celles  qui 
favorisent  le  moins  la  décomposition  de  l'acide  carbonique. 

»  Je  dois  surtout  insister  sur  l'action  toute  spéciale  et  complètement 
imprévue  de  la  lumière  verte,  soit  que  cette  couleur  soit  obtenue  par  un 
verre,  par  des  feuilles  de  végétaux,  ou  par  des  dissolutions  colorées.  Sous 


(1)  Les  fleurs  et  les  feuilles  sensibles  à  la  lumière  ne  semblent  cependant  pas  influencées 
par  les  rayons  diversement  colorés. 


(  3^5  ) 

cette  influence  l'acide  carbonique  n'est  nullement  décomposé,  une  nouvelle 
quantité  de  gaz  acide  semble  au  contraire  produite  par  les  feuilles. 

»  En  plaçant,  en  effet,  sous  une  cloche  en  verre  vert,  éclairée  par  les 
rayons  directs  du  soleil,  une  éprouvette  contenant  de  l'air  pur  et  une 
feuille,  on  obtient,  après  quelques  heures,  une  quantité  d'acide  carbonique 
peu  inférieure  à  celle  qui  serait  produite  par  les  mêmes  feuilles  dans  l'obs- 
curité absolue. 

»  C'est  probablement  en  raison  de  cette  singulière  propriété  de  la  lumière 
verte,  qui  doit  produire  au  bout  de  peu  de  temps  l'étiolement  des  plantes 
sur  lesquelles  elle  agit,  que  la  végétation  est  généralement  languissante  et 
chétive  sous  les  grands  arbres,  quoique  l'ombre  qu'ils  portent  soit  souvent 
peu  intense. 

»  Les  résultats  de  mes  expériences  concordent  avec  les  conclusions  du 
beau  travail  publié  par  MM.  Cloéz  et  Gratiolet  sur  la  végétation  des  plantes 
submergées  (i).  J'ai  pu  seulement,  en  opérant  sur  des  mélanges  gazeux, 
constater  la  curieuse  propriété  des  rayons  verts,  que  ces  auteurs  n'avaient 
pu  soupçonner  en  raison  de  la  nature  de  leurs  recherches  spéciales.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  les  étoiles  filantes  de  ce  mois,  maximum  des  9,10 
et  11  août  1867;  par  MM.  Coulvier-Gravier  et  Chapelas-Coulvier- 
Gravier. 

"  Nous  avons  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie  des 
Sciences  les  résultats  de  nos  observations  d'étoiles  filantes  apparues  durant 
le  maximum  des  9,  10  et  11  août  de  cette  année. 


DATES. 

DURÉE 

des 
observa- 

NOMBRE 
des 

étoiles. 

CIEL  VISIBLE. 

HEURES 

moyennes 

des 

NOMBRE 

horaire 
à 

MOYENNE 

du   nombre 
horaire 

MOYENNE 

générale 
des 

tions. 

observations. 

minuit. 

à  minuit. 

9,10,1 1  août 

1867. 
Août  5 

Il       m 
1  ,O0 

" 

4,7 

h       m 
IO,00 

16,2 

9 

2,O0 

33 

Lune 

IO,45 

37,0 

33,7 

2,75 

ti3 

9>° 

1,37 

3o,5 

j 

10 

2,5o 
1 ,5o 

63 
49 

Lune  et  nuages 
1,0 

1 1 ,3o 

I  ,52 

47,3 
52,6 

|     49.9 

*      3i,4 

1 1 

3 ,5o 

62 

Lune 

12,0 

32,2 

j     28,7 

\ 

I  ,25 

39 

6,5 

2  ,  22 

25,  I 

s 

(1)  annales  de  Chimie  et  de  Phys.,  3e  série,  t.  XXXII,  p.  4'- 
C.  R.,  1867,  a«  Semestre.  (  T.  LXV,  N°  8.) 


42 


(3,6) 

»  Il  résulte  de  l'examen  de  ce  tableau  que,  dès  le  5  août,  le  nombre  ho- 
raire moyen  ramené  à  minuit  par  un  ciel  serein,  c'est-à-dire  corrigé  de  l'in- 
fluence de  la  Lune  et  de  la  présence  des  nuages,  était  de  16  étoiles-^, 
pour  devenir  de  33,7  ,e  9  aoutî  de  49,9  le  IO>  et  fle  28,7  le  1  1 .  Ce  qui 
donne  pour  ces  trois  dernières  nuits  une  moyenne  de  37, 4.  On  trouve 
donc  sur  l'année  dernière  une  diminution  de  2  étoiles  -p-. 

»  Enfin,  si  l'on  se  reporte  à  1848,  qui  avait  donné  pour  nombre  horaire 
moyen  à  minuit  1 10  étoiles,  on  voit  que  la  marche  descendante  du  phéno- 
mène a  continué  d'une  manière  très-sensible  jusque  entre  cette  époque  et 
aujourd'hui.  Car  on  peut  constater  une  diminution  de  72  étoiles  -^  au 
nombre  horaire  moyen  à  minuit.  Des  observations  ultérieures  feront  con- 
naître les  suites  de  cet  intéressant  et  mystérieux  phénomène.  » 

M.  Jullien  adresse  une  Lettre  relative  à  sa  Note  du  5  août  dernier, 
qu'il  croit  avoir  été  renvoyée  par  erreur  à  l'examen  de  la  Section  de  Chimie. 

Suivant  lui  elle  n'est  pas  de  nature  à  devenir  l'objet  d'une  décision  de  Ja 
Section,  et  n'a  pour  but  que  de  provoquer  une  simple  déclaration  de 
M.  Chevreul,  savoir  :  si  c'est  volontairement  ou  par  oubli  que  danssacom- 
municalion  du  22  juillet  il  a  omis  (p.  137)  de  rattacher  aux  affinités  capil- 
laires, comme  il  l'avait  fait  autrefois  dans  sa  «  Mécanique  chimique  » ,  les  phé- 
nomènes que  présente  un  solide  qui  s'unit  à  un  corps  solide  sans  changement 
apparent  de  forme.  «  M.  Chevreul,  poursuit  l'auteur  de  la  Lettre,  ne  refu- 
»  sera  pas  de  dire  s'il  persiste  dans  son  opinion  antérieure  ou  s'il  reconnaît 
»   que  seul  contre  tous  j'ai  donné  l'explication  de  la  trempe.    » 

«  M.  Chevreul,  dans  la  séance  du  19  août,  n'a  connu  la  Lettre  de  M.  Jul- 
lien que  par  l'extrait  (imprimé  ci-dessus)  que  M.  le  Secrélairelui  a  commu- 
niqué au  moment  de  la  lecture  de  la  Correspondance. 

»  Aujourd'hui,  21  août,  après  avoir  lu  la  Lettre  en  son  entier,  il  juge  su- 
perflu de  reproduire  ce  qu'il  a  dit  dans  la  séance  du  19,  et  il  ajoute  que  ne 
concevant  rien  à  la  question  de  M.  Jullien,  il  est  dans  l'impossibilité  d'y 
répondre.  » 

M.  Pelatan  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  se  faire  faire  tin  Rapport 
sur  un  opuscule  qu'il  a  publié  il  y  a  près  de  vingt  ans  sous  le  titre  de  :  «  La 
Science  en  défaut  ».  Il  croit  avoir  relevé  dans  cet  écrit  une  erreur  grave 
sur  un  point  de  physique  qui  depuis  cette  époque  n'a  pas  cessé  d'avoir  cours 
dans  l'enseignement  public,  et  qui  sans  doute  en  disparaîtrait  bientôt  si  la 


(  3.-7   ; 
réfutation  qu'il  a  donnée  obtenait  l'approbation  de  la  Commission  chargée 
de  l'examen. 

On  fera  savoir  à  M.  Pelatan  que  sa  demande  ne  peut  être  prise  en  con- 
sidération :  un  article  du  Règlement  s'y  oppose  et  ne  permet  pas  qu'un 
ouvrage  écrit  en  français  et  publié  en  France  devienne  l'objet  d'un 
Rapport. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  C. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  19  août  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Connaissance  des  temps  ou  des  mouvements  célestes  pour  l'an  1869,  publiée 
par  le  Bureau  des  Longitudes.  Paris.  1867;  1  vol.  grand  in-80.  (Présenté 
par  M.  Mathieu.) 

Lois  de  la  nomenclature  botanique  rédigées  et  commentées  ;  par  M.  Alph.  DE 
Candolle.  Paris,  1867;  br.  in-8°. 

Traité  élémentaire  de  chimie  expérimentale  et  appliquée;  par  M.  J.  Jacob. 
Paris,  sans  date;  1  vol.  in-12.  (Présenté  par  M.  Chevreul.) 

Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  Agriculture,  Arts  et  Belles- Lettres 
d'Aix;\.  IX  (2e  partie).  Aix,  1867;  1  vol.  in-8°.  (2  exemplaires.) 

L'hiver  à  Cannes,  les  bains  de  mer  de  la  Méditerranée,  les  bains  de  sable;  par 
M.  A.  Buttura.  Paris  et  Cannes,  1867;  1  vol.  in-8°  cartonné. 

Premières  notions  de  météorologie  et  de  physique  du  globe;  par  M.  F.  HÉ- 
ment.  Paris,  1868;  in-12.  (Présenté  par  M.  Blanchard.) 

Bulletin  de  la  Société  Vaudoise  des  Sciences  naturelles,  t.  IX,  n°  57.  Lau- 
sanne, 1867;  br.  in-8°. 

De  la  guérison  durable  des  rétrécissements  de  turèthre  par  la  galvanocausli- 
que  chimique;  par  MM.  F.  Mallez  et  A.  Tripier.  Paris,  1867;  br.  in-8°. 

Des  types  naturels  en  zoologie,-  par  M.  A.  Sanson.  Paris,  sans  date;  br. 
in-8°.  (Extrait  du  Journal  de  l'Anatomie  et  de  la  Physiologie  de  M.  Ch. 
Robin.) 

Notes  d'anatomie  et  de  physiologie  comparées;  par  M.  Paul  Bert.  Paris, 
1 867  ;  br.  grand  in-8°. 


(  3a8  ) 

Recherches  sur  les  mouvements  de  la  S 'emilive  (Mimosa  pudica,  Linn.).  Paris, 
1867;  br.  grand  in-8°. 

La  Science  en  défaut  ou  tes  erreurs  de  l'enseignement  moderne  universitaire 
sur  la  pression  atmosphérique  et  le  vide;  par  M.  E.-S.  PELATAN.  Marvejols, 
sans  date  ;  br.  in-8°. 

Thelopsis,  Bclonia,  Weitenwehera  et  Limboria,  quatuor  Lichenum  angio- 
carpeorum  gênera  recognila  iconilmsque  ilhtslrala  a  Sanclo  GAROVAGLIO. 
Penitiores  partes  mici'oscopio  investigavil  iconesque  confec.il  J.  GlBELLl.  Medio- 
lani, MDCCCLVII;  in-4°. 

Manzonia  cantiana  novum  Lichenum  angiocarporum  g enu s  proposition  atque 
description;  auctore  Sancto  Garovaglio.  Penitiores  Lichenis  partes microscopio 
invesligavit  iconibusque  illustravit  J.  GiEKLLi.  Mediolani,  MDCCCXVI;  in-4". 

Tentamen  disposilionis  methodicae  Lichenum  in  Longobardia  nas<  cntiitm...; 
auctore  Sancto  Garovaglio,  auct.  operis  iconogr.  J.  GiBELLIO.  Mediolani, 
MDCCCXVI;  in-4°. 

Memorie...  Mémoires  de  l'Institut  royal  Vénitien  des  Sciences,  Lettres  et 
Arts,  t.  XII,  ire,  2e  et  3e  parties;  t.  XIII,  ire  et  2e  parties.  Venise,  1 865  à 
1867;  5  vol.  in-4°. 

Atti...  Actes  de  l'Institut  Vénitien  des  Sciences,  Lettres  et  Arts,  t.  X,  3e  série, 
cahiers  5  à  10;  t.  XI,  3e  série,  cahiers  1  à  10;  t.  XII,  3e  série,  cahiers  1  à 
5.  Venise,  1864  à  1867;  19  br.  in-8°. 

Atti...  Actes  de  l'Athénée  Vénitien,  t.  II,  2e  série,  livr.  3  et  4-  Venise,  1860; 
■2  br.  in-8°. 

Atti...  Actes  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Turin,  t.  Ier,  liv.  3  à  7, 
janvier  à  juin  1866;  t.  II,  livr.  1  à  3,  novembre  1866  à  février  1867.  Turin, 
1866  et  1867;  8  br.  grand  in-8°. 

Memorie. ..  Mémoires  de  /' Académie  royale  des  Sciences  de  Turin,  2e  série, 
t.  XXII.  Turin,  1 865 ;  1  vol.  in-4°  avec  planches. 

Giornale...  Journal  des  Sciences  naturelles  et  économiques.  T.  II,  i8(>(i, 
fascicules  2,  3  et  4-  Palerme,  1866;  1  vol.  in-4°  avec  planches. 

[La  suite  du  Bulletin  nu  prochain  numèto.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SEANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  26  AOUT  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMRRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Chevreul  entretient  l'Académie  de  la  perte  qu'elle  a  faite  depuis  sa 
dernière  séance  dans  la  personne  de  M .  Velpeau,  décédé  le  24  août.  Ce 
matin  même  ont  été  célébrées  les  obsèques,  où  plusieurs  discours  ont 
été  prononcés.  M.  Nélaton  a  parlé  au  nom  de  l'Académie  des  Sciences; 
M.  Longet,  comme  élève  et  ami  du  célèbre  chirurgien;  M.  Husson,  de 
l'Académie  des  Sciences  morales  et  politiques,  au  nom  de  l'Administration 
de  l'Assistance  publique. 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Remarques  au  sujet  des  documents  attribués  à  Pascal. 
Communication  de  M.  Emile  Blanchard. 

«  M.  Chasles  m'a  engagé  à  faire  part  à  l'Académie  d'une  remarque  à 
laquelle  m'a  conduit  la  lecture  de  la  Préface  placée  en  tète  du  Traitez  de 
l'équilibre  des  liqueurs  et  de  la  pesanteur  de  la  tuasse  de  Vair  de  Pascal,  livre  qui 
paraît  peu  connu  aujourd'hui. 

»  Des  contestations  touchant  l'authenticité  des  Lettres  et  des  Notes  que 
vient  de  publier  M.  Chasles  s'étant  appuyées  sur  des  expressions  que  l'on 
s'étonnait  de  voir  employées  par  l'auteur,  j'eus  le  désir  de  comparer  le  style 
des  nouveaux  documents  avec  celui  des  écrits  scientifiques  de  Pascal.  Un  de 

C.  R..  iS(i7,  Ie  Semestre.  (T.  LXV,  N°  9.)  4^ 


(  33o  | 
mes  élèves,  M.  J.  Kùnckel,  tenait  de  la  bibliothèque  de  son  père  I  ouvrage 
que  je  viens  de  citer  et  me  le  remit  entre  les  mains. 

»  Le  Traitez  rie  l'équilibre  des  liqueurs,  etc.,  a  été  imprimé  très-peu  de 
temps  après  la  mort  de  Pascal.  Une  édition,  la  première  certainement,  porte 
la  date  de  j 663,  une  autre  la  date  de  1CG4  (1);  celle  qui  m'a  été  confiée, 
moins  ancienne,  est  de  1698.  Ces  trois  éditions,  qui  ne  m'ont  paru  présenter 
aucune  différence,  sont  accompagnées  d'une  Préface  sans  signature,  où  l'on 
trouve  dans  quelques  parties  des  détails  donnés  par  Mme  Périer,  dans  la 
«  Vie  de  M.  Pascal  »,  placée  en  tète  de  la  plupart  des  éditions  des  Pensées 
et  des  Lettres  à  un  provincial. 

»  Les  lignes  qui  terminent  cette  Préface  acquièrent  une  véritable  impor- 
tance dans  la  circonstance  présente.  Dans  les  discussions  qui  ont  eu  lien 
au  sujet  des  documents  présentés  à  l'Académie  par  M.  Cbasles,  il  a  été 
plusieurs  fois  répété  que  personne  n'avait  jamais  entendu  parler  d'écrits 
scientifiques  inédits,  laissés  par  Pascal  ;  le  passage  suivant  delà  Préface  im- 
primée en  j663,  dont  je  vais  donner  lecture,  fournit  à  cet  égard  la  meil- 
leure réponse  possible  : 

«  Mais  quoique  depuis  l'année  1647  jusqu'à  sa  mort  il  se  soit  passé 
»  près  de  quinze  ans,  on  peut  dire  néanmoins  qu'il  n'a  vécu  que  fort  peu 
»  de  temps  depuis,  ses  maladies  et  ses  incommodité/,  continuelles  luy  ayant 
»  à  peine  laissé  deux  ou  trois  ans  d'intervale,  non  d'une  santé  parfaite, 
»  car  il  n'en  a  jamais  eu,  mais  d'une  langueur  plus  supportable,  et  dans 
»    laquelle  il  n'estoit  pas  entièrement  incapable  de  travailler. 

>  C'est  dans  ce  petit  espace  de  temps  qu'il  a  écrit  tout  ce  que  l'on  a  de 
»  luy,  tant  ce  qui  a  paru  sous  d'autres  noms,  que  ce  que  l'on  a  trouvé 
»  dans  ses  papiers,  qui  ne  consiste  presque  qu'en  un  amas  de  pensées  dé- 
»  tachées  pour  un  grand  ouvrage,  qu'il  méditoit,  lesquelles  il  produisoit 
»  dans  les  petits  intervales  (h1  loisir  que  luy  laissoient  ses  antres  occupa- 
it tions,  on  dans  les  entretiens  qu'il  en  avoit  .avec  ses  amis.  Mais  quoique 
»  ces  pensées  ne  soient  rien  en  comparaison  de  ce  qu'il  eust  fait,  s'il  eust 
»  travaillé  tout  de  bon  à  ces  ouvrages,  on  s'asseure  néanmoins  que  si  le  pu- 
»  blic  les  voit  jamais,  il  ne  se  tiendra  pas  peu  obligé  à  ceux  qui  ont  pris  le 
»  soin  de  les  recueillir  et  de  les  conserver,  et  qu'il  demeurera  persuadé 
»  que  ces  Fragmens,  tout  informes  qu'ils  sont,  ne  se  peuvent  trop  estimer,. 
»  et  qu'ils  donnent  des  ouvertures  aux  plus  grandes  choses,  et  auxquelles 
»   peut-estre  on  n'auroit  jamais  pensé.  » 


■  1)  Ces  deux  éditions  se  trouvent  ,1  la  Bibliothèque  de  l'Institut. 


(33i  ) 
»  Cet  écrit,  probablement  de  Mrae  Périer,  et  dans  tous  les  cas  d'un 
membre  de  la  famille  de  Pascal,  ne  suffit  pas  sans  doute  à  prouver  l'authen- 
ticité des  documents  aujourd'hui  en  la  possession  de  M.  Chasles,  mais  il 
apporte  la  preuve  irrécusable  que  Pascal  a  laissé  des  écrits  ayant  trait  aux 
sciences,  des  fragments  qui  «  donnent  des  ouvertures  aux  plus  grandes 
»  choses.  »  C'est  déjà  un  point  essentiel  à  rappeler.  Des  papiers  de  Pascal 
auxquels  la  famille  et  les  amis  de  ce  grand  homme  attribuaient  une  haute 
valeur,  n'ont-ils  pas  dû  être  précieusement  conservés?  » 

histoire  DES  sciences.  —  Sur  les  Lettres  rie  Pascal  ;  par  M.  Ciiasi.es. 

«  La  Note  lue  par  notre  confrère  M.  Blanchard  prouve  donc  que  Pascal 
avait  laissé  des  ouvrages  inédits.  J'avais  déjà  rappelé  les  titres  de  quelques 
ouvrages  (indiqués  par  Bossut),  qui  ne  nous  sont  pas  parvenus  (i).  On  a  vu 
en  outre,  par  une  lettre  adressée  à  Newton  (2),  que  Pascal  avait  composé 
un  écrit  touchant  l'Astronomie  physique.  J'ai  annoncé  que  parmi  ses  papiers 
se  trouvait  un  petit  Traité  du  jeu  de  trictrac  composé  pour  Mme  Perrier.  Il 
s'y  trouve  aussi  un  Traité  des  carrés  magiques,  en  22  pages  de  formats  dif- 
férents, que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie,  et  un  écrit  sur  sainte 
Catherine  de  Sienne,  composé  pour  sa  sœur  Jacqueline.  Cet  ouvrage  n'est 
pas  autographe,  c'est  une  copie,  en  12  pages  in-4°,  d'une  écriture  très-fine. 
On  y  lit,  de  la  main  de  Pascal  :  Pour  ma  sœur  Jacqueline;  et  sa  signature 
se  trouve  à  la  fin  du  Ms.  Pascal  avait  entretenu  sa  sœur  de  la  vie  de  sainte 
Catherine  de  Sienne  dans  plusieurs  Lettres  consécutives,  qui  font  partie  de 
celles  que  je  ferai  passer  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

»  On  sait  que  Leibnitz  écrivait  à  Jean  Bernoulli  qu'il  possédait  des  écrits 
inédits  de  Galilée,  de  Valerianus  Magnus  et  de  Pascal  (3).  J'ajouterai  que, 
dans  une  Lettre  inédite,  adressée  à  Desmaizeaux,  Leibnitz  dit  encore  qu'il 
possède  des  écrits  de  Pascal,  et  en  cite  un.  C'est  un  écrit  sur  les  sons  que 
rendent  certains  corps,  auquel  avait  donné  lieu  une  observation  faite  par 
Pascal  dès  l'âge  de  onze  ans,  écrit  mentionné  dans  la  Préface  même  du 
Traité  de  l'équilibre  des  liqueurs  que  vient  de  citer  M.  Blanchard.  Leibnitz,  en 
reproduisant  ce  fait,  ajoute  qu'il  possède  l'ouvrage.  Cette  Lettre  de  Leibnitz 
n'est  pas  sans  intérêt  dans  la  question  actuelle;  en  voici  un  extrait  : 


(1)  Comptes  rendus,  t.  LXV,  p.  186. 

(2)  Ibid.,  p.   igi. 

(3)  Leibnitii  et  Jo/i.  Bernoulli  Coimnercium  philosophicum  et  mathematicum,  t.  II,  p.  06. 
Foucher  de  Careil,  OEiwres  inédites  de  Descartes;  Paris,   i85g,  p.  xn  et  xiv. 

43.- 


(  33a  ) 

Leibniz  à  Desmaizeaux. 

Ce  8  mars  1 7  1 5.  — Il  est  vray,  Monsieur,  que  j'ay  eu  mon  cabinet  quelques  papiers  de 
feu  M.  Pascal,  et  je  n'en  fais  pas  mystère  comme  M.  Newton,  qui  en  a  bien  davantage, 
et...-. .  Lorsqu'il  (Pascal)  n'avoit  encore  que  onze  ans,  quelqu'un  ayant  à  table,  sans  y  pen- 
ser, frappé  un  plat  de  fayence  avec  un  couteau,  il  prit  garde  que  cela  rendoit  un  grand  son  : 
mais  qu'aussilost  qu'on  mettoit  la  main  dessus,  ce  son  s'arrestoit.  Il  voulut  en  mesme  temps 
en  scavoir  la  cause;  et  cette  expérience  l'ayant  porté  à  en  faire  beaucoup  d'autres  sur  les 
sons,  il  y  remarqua  tant  de  choses  qu'il  en  fit  un  petit  traité  qui  fut  jugé  très-ingénieux  et 
très-solide.  Je  suis  assez  heureux  de  le  posséder  escrit  de  sa  main. 

»  Labruyère,  dans  une  Lettre  inédile  du  27  juin  1671,  adressée  à  son 
ami  Molière,  dit  qu'il  a  dans  ses  papiers  des  Pensées  de  Pascal,  «  dont  on 
»   pourrait  faire  un  volume  aussi  gros  que  celui  qu'a  publié  Mme  Perrier.  » 

»  Il  est  donc  certain  que  Pascal  avait  laissé  beaucoup  d'écrits.  Les  Lettres 
et  les  documents  que  je  publierai  en  seront  de  nouvelles  preuves  irrécu- 
sables, car  elles  feront  connaître  quelques-unes  de  ses  découvertes,  indé- 
pendamment de  celle  des  lois  de  l'attraction,  qu'il  communiquait  avec  tant 
d'empressement  et  de  générosité,  dans  le  seul  but  de  contribuer  de  cette 
manière  aux  progrès  de  la  science. 

»  Je  désire  soumettre  à  l'Académie  quelques  antres  observations  faisant 
suite  à  mes  communications  précédentes.  Je  m'abstiendrai,  bien  entendu, 
de  toutes  celles  qui  pourraient  paraître  faire  allusion  aux  considérations 
renfermées  dans  la  communication  que  vient  de  faire  l'honorable  M.  Fau- 
gère,  et  à  laquelle  je  répondrai  dans  la  prochaine  séance. 

»  Les  Lettres  de  Pascal,  m'a-t-on  demandé,  sont-elles  sur  un  seul  feuillet, 
auquel  cas  elles  auraient  pu  être  écrites  sur  des  feuillets  détachés  de  Lettres 
de  l'époque?  Plusieurs  Lettres  ont  paru  être  d'une  encre  noire  qui  pourrait 
n'être  pas  très-ancienne.  Enfin,  dans  ce  moment  même,  notre  confrère, 
M.  de  Tessan,  a  l'obligeance  de  me  prévenir  que  l'on  demande  si  ces  Lettres 
portent  les  plis  ordinaires  des  Lettres  missives? 

»  Pour  répondre  à  ces  questions,  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie  de 
nombreuses  Lettres,  de  trois  ou  quatre  pages,  et  conséquemment  de  deux 
feuillets.  La  plupart  de  ces  Lettres,  de  même  que  celles  qui  sont  sur  un 
seul  feuillet,  présentent  de  très-beaux  filigranes,  et  sur  quelques-unes  sont 
des  noms,  des  fabriques  de  papier  probablement. 

»  Ces  Lettres,  déposées  sur  le  bureau  de  l'Académie  et  examinées  par 
beaucoup  de  Membres,  ont  des  plis,  et  même  très-apparents  sur  la  plu- 
part, et  qui  parfois  peuvent  compromettre  la  pièce. 

»  L'encre  est  très-différente  sur  un  grand  nombre  de  Lettres,  noire  sur 


(  333  ) 
les  unes,  blanchie  sur  d'autres;  et  le  papier  est  aussi  d'apparence  très- 
variable,  quelquefois  très-jauni,  comme  par  exemple  la  copie  autographe 
de  la  longue  Lettre   à  M.  Perrier  pour  les  expériences  du  Puy-de-Dôme, 
copie  que  Pascal  envoie  à  Chanut.  La  Lettre  d'envoi  est  aussi  très-jaune. 

»  On  sait  que  l'on  peut  faire  disparaître  l'écriture  sur  un  papier,  pour 
s'en  servir  de  nouveau.  J'exprime  le  vif  désir  que  nos  confrères  qui  ont 
à  leur  disposition  toutes  les  ressources  de  la  chimie,  veuillent  bien  sou- 
mettre les  Lettres  de  Pascal  à  toutes  les  épreuves  que  comporte  la  science; 
non-seulement  les  Lettres  de  Pascal,  mais  aussi  celles  de  tous  les  auteurs 
que  j'ai  cités,  surtout  de  ceux  dont  l'écriture  est  bien  connue,  tels  que 
Montesquieu,  Saint-Évremond,  Mariotte,  Malebranche,  etc.;  je  mettrai  à 
la  disposition  de  nos  confrères  toutes  les  pièces  qu'ils  choisiront. 

»  Quant  à  l'écriture  de  Pascal,  on  sait  qu'elle  n'est  guère  connue  que 
par  le  manuscrit  des  Pensées  existant  à  la  Bibliothèque  impériale,  qui  est 
presque  partout  illisible.  M.  Cousin  en  a  donné  un  Jac-simile,  et  y  a  joint 
une  signature  de  Pascal  de  1647,  signature  très-forte,  avec  un  P  initial  très- 
étendu,  barré  par  un  trait  horizontal,  et  un  paraphe  très-compliqué  (1). 
Depuis,  M.  Faugère  a  donné  :  i°  un  nouveau  fac-similé  d'une  page  du  Ms. 
des  Pensées;  20  les  deux  dernières  lignes  d'une  Lettre  adressée  en  i643 
à  Mme  Perrier,  suivies  d'une  signature  semblable  à  celle  de  M.  Cousin,  mais 
sans  paraphe;  3°  une  autre  signature  de  1647  avec  paraphe  et  absolument 
semblable  à  celle  de  M.  Cousin;  4°  enfin  une  troisième  signature  en  petits 
caractères,  très-différente  des  deux  premières  (2).  M.  Faugère  dit,  au  sujet 
de  la  Lettre  à  Mœe  Perrier,  que,  «  dans  sa  jeunesse,  Pascal  avait  une  écri- 
»   ture  remarquablement  belle  (3).  » 

»  Il  y  a,  comme  on  le  voit,  une  grande  diversité  entre  les  trois  signa- 
tures connues,  et  une  grande  différence  entre  l'écriture  de  la  Lettre  de 
1647  et  ce"e  des  nombreuses  pages  du  Ms.  des  Pensées. 

»  J'admets  néanmoins  comme  réelles  l'écriture  et  les  trois  signatures, 
parce  qu'un  grand  nombre  des  Lettres  et  des  Notes  que  je  mets  sous  les 
yeux  de  l'Académie  offrent  les  mêmes  variétés.  Toutefois  la  petite  signature 
se  présente  beaucoup  plus  souvent  que  les  deux  premières  et  paraît  les 
avoir  remplacées  vers  1648.  Il  est  certain  que  l'écriture  de  Pascal  a  sou- 
vent changé,  et  parfois  dans  le  même  moment,  c'est-à-dire  dans  la  même 


(1)  Etudes  sur  Pascal,  5e  édition;  ]85?. 

(2)  Pensées,  fragments  et  lettres  de  B.  Pascal,  1  vol.  in-8,   1 844 5  Vùirt    Ier,  p.  4o8. 
(  3)   Ibid.,  p.  xlii. 


(  334  ) 
Lettre,  soit  qu'il  prît  une  autre  plume,  ou  que  la  variété  et  la  vivacité  de 
ses  pensées  eût  de  l'influence  sur  les  mouvements  et  l'agitation  de  sa  main. 
Je  trouve  de  nombreux  exemples  de  ces  variations  dans  l'écriture;  et,  du 
reste,  Jacqueline  Pascal  les  constate  par  une  Lettre  à  Mme  Perrier.  Elle  a 
reçu  de  son  frère  une  Lettre  et  des  Notes  (réflexions  ou  pensées)  qu'elle  ne 
peut  déchiffrer;  elle  les  envoie  à  sa  soeur,  qu'elle  prie  de  les  transcrire  (sa 
lettre  est  du  2  juin  1659)  :  «  Il  est  vraiment  surprenant,  dit-elle,  comme 
»  notre  pauvre  frère  a  changé  depuis  quelques  années;  il  s'est  tué  au  tra- 
»  vail  ;  sa  santé  s'en  ressent;  il  en  est  de  mesme  de  son  écriture  qui  a,  dans 
»   l'espace  de  vingt  ans,  varié  d'au  moins  trois  ou  quatre  manières.  » 

»  Si  le  Ms.  des  Pensées  est  presque  toujours  illisible,  il  s'y  trouve  parfois 
quelques  lignes  qui  font  exception.  J'y  ai  reconnu,  et  je  crois  que  tout 
le  monde  y  reconnaîtra,  un  ensemble  général  semblable  à  un  grand 
nombre  de  mes  documents,  et  beaucoup  plus  assurément  que  la  Lettre 
de  1647,  dont  deux  lignes,  comme  je  l'ai  dit  ci-dessus,  sont  reproduites  en 
fac-similé  dans  l'ouvrage  de  M.  Faugère,  et  attestent  une  écriture  remarqua- 
blement belle. 

»  Il  paraît  qu'on  ne  connaît  qu'une  Lettre  de  Jacqueline  Pascal,  celle 
dont  M.  Cousin  a  donné  un  fac-similé  (1  ).  J'en  possède  plusieurs,  et  surtout  un 
grand  nombre  de  poésies,  des  cantiques  qu'elle  envoie  à  son  frère.  Il  y  a 
parmi  ces  papiers  un  ouvrage  considérable  intitulé  :  Traité  de  l'obéissance. 
C'est  une  copie  de  trois  cents  pages  in-4°,  d'une  écriture  fine  et  serrée.  Elle 
se  termine  par  la  signature  autographe  de  J.  Pascal,  dite  sœur  Sainte- 
Ettpliémie,  et  au-dessous  est  écrit  :  «  Mon  cher  frère,  je  vous  fais  don  de  ce 
»  Traicté  de  l'obéissance,  fait  par  moy,  et  vous  prieray  m'en  donner  vostre 
»  advis.  J.  Pascal.   » 

M.  Regnault  fait  remarquer  que  dans  certains  cas  où  l'on  peut  supposer 
des  falsifications  d'écriture,  on  tirerait  bon  parti  de  la  photographie,  qui 
souvent,  dans  ses  reproductions,  fait  reparaître  ce  que  le  faussaire  croyait 
avoir  complètement  effacé,  et  ce  qu'en  effet  on  ne  découvrait  pas  à  la  vue 
simple. 

31.  Morix  cite  à  cette  occasion  une  peinture  à  l'aquarelle  qui,  reproduite 
par  la  photographie,  et  faisant  disparaître  dans  l'image  un  vêtement  bleu, 
comme  c'est  toujours  plus  ou  moins  le  cas  pour  cette  couleur,  laissait  voir 

(1)  OEuvres  de  Victor  Cousin;  4°  série,  Littérature,  t.  II,  Jacqueline  Pascal.  Paris, 
181g,   iri-12. 


(  335  ) 
le  trait  par  lequel   le  dessinateur  avait  arrêté  les  contours  du  corps  qu'il 
ne  voulait  faire  voir  qu'habillé. 

M.  Balard  ajoute  que  la  chimie  fournit  également  des  moyens  de  faire 
revivre  d'anciennes  écritures,  mais  que  souvent  les  possesseurs  des  pièces 
qu'on  pourrait  soumettre  à  cette  épreuve  s'y  refusent  dans  la  crainte,  d'ail- 
leurs peu  fondée,  qu'elles  n'en  sortent  endommagées. 

M.  Chasles  déclare  que  si  quelques  Membres  de  l'Académie  désirent 
soumettre  à  ce  genre  d'épreuves  des  autographes  dont  l'authenticité  a  été 
contestée,  il  est  tout  prêt  à  mettre  à  leur  disposition  les  pièces  qu'ils  lui 
indiqueront,  dussent-elles  être  endommagées  ou  même  détruites  dans  les 
expériences.  Il  lui  suffira  d'en  conserver  des  copies  certifiées. 

M.  Chevrecl  rappelle  à  ce  propos  l'heureux  résultat  qu'ont  eu,  pour  une 
révivificatiori  d'écriture,  des  opérations  qu'il  fit,  conjointement  avec 
M.  Gay-Lussac,  par  ordre  de  justice,  dans  l'affaire  des  héritiers  Lesurques. 

chimie  ORGANIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  série  a" homologues  de  lucide  cyan- 
hydrique. Lettre  de  M.  A.-W.  Hofmanjj  à  M.  Dumas. 

«  Si  l'on  suppose  se  réalisant  pour  les  homologues  de  l'acide  cyanhy- 
drique  la  transformation  typique  que  cet  acide  éprouve  sous  l'influence 
de  l'eau,  on  cotiçoit  que  cette  transformation  puisse  se  produire  sous  deux 
formes  essentiellement  différentes. 

»  Dans  cette  réaction  typique,  nous  voyons  la  molécule  cyanhydrique 
s'approprier  les  éléments  de  l'eau  pour  se  transformer  en  définitive  en 
acide  formique  et  en  ammoniaque.  En  admettant  que,  dans  les  homologues 
de  l'acide  cyanhydrique,  l'hydrogène  de  l'acide  soit  remplacé  par  un 
groupe  hydrocarboné,  on  peut  se  demander  si,  lors  de  la  scission  de  la 
molécule,  ce  groupe  se  portera  sur  l'acide  formique  ou  sur  l'ammoniaque. 
Prenons,  par  exemple,  le  plus  simple  des  homologues  de  l'acide  cyanhy- 
drique, le  cyanure  de  méthyle  :  dans  la  décomposition  de  ce  corps  sous 
l'influence  de  l'eau,  le  groupe  méthylique  se  séparera-t-il  sous  la  forme 
d'acide  méthylformique,  c'est-à-dire  d'acide  acétique,  ou  sous  la  forme  de 
méthylammoniaque,  c'est-à-dire  de  méthylamine?  La  transformation  de 
l'acide  cyanhydrique  étant  exprimée  par  l'équation 

_ CHÎ^-t-   aH20   =   Crl202   +    H3N 

Acide  Acide 

cyanhydrique.  formique. 


(  336  ) 

celle  de  son  homologue  méthvlique  serait  exprimée  par  l'une  ou  l'autre  des 
deux  équations  suivantes  : 

C2H3N    +    aH20   =   C2H402   +   H3N 

Cyanure  Acide 

do  mélhyle.  mëlhylformiquc 

(acétique). 

C2H3N  -+-   2H20  =    CH202   -(-  CH5N 

Cyanure  Acide  Methyl- 

de  méthyle.  formique.  aminé. 

>'  La  première  de  ces  deux  transformations  est  bien  connue  en  chimie 
Elle  s'observe  dans  le  groupe  des  éthers  cyanhydriques  ou  nitriles.  Pelouze 
nous  a  fourni,  par  la  découverte  de  l'éther  éthyleyanhydrique,  le  premier 
exemple  de  ce  groupe.  Les  travaux  que  vous  avez  publiés  avec  MM.  Mala- 
guti  et  Le  Blanc,  et  ceux  de  MM.  Kolbe  et  Frankland  nous  ont  appris  que, 
dans  leurs  métamorphoses,  ces  corps  obéissent  à  la  première  des  équations 
mentionnées  ci-dessus. 

»  Les  recherches  qui  m'occupent  depuis  quelques  semaines  m'ont  fait 
voir  que  le  second  mode  de  transformation  n'est  pas  moins  fréquent,  quoi- 
que jusqu'ici  il  ait  été  encore  à  peine  observé  par  les  chimistes.  Je  trouve 
en  effet  qu'à  chacun  des  éthers  cyanhydriques  ou  nitriles  connus  jusqu'ici 
correspond  un  autre  corps  de  composition  identique,  mais  de  propriétés 
absolument  différentes.  Sous  l'influence  de  l'eau,  cette  nouvelle  série  de 
corps  se  scinde  précisément  selon  la  dernière  des  deux  équations  précé- 
dentes. 

»  Une  expérience  heureuse  m'a  conduit  a  la  découverte  de  ces  nouvelles 
combinaisons. 

»  Dans  une  de  mes  leçons,  je  voulais  montrer  la  formation  de  l'acide 
prussique  au  moyen  du  chloroforme  et  de  l'ammoniaque  :  c'est  l'expérience 
qui  a  été  réalisée  par  M.  Cloëz,  et  qui  est  si  instructive  au  point  de  vue  de 
nos  théories  modernes.  Lorsque  les  deux  corps  seuls  sont  mis  en  présence, 
la  réaction  ne  marche  qu'à  l'aide  d'une  température  élevée,  et  doit  par 
conséquent  s'effectuer  sous  pression.  Pour  la  simplifier  et  pour  en  faire 
une  expérience  de  cours,  j'avais  ajouté  au  mélange  un  peu  de  potasse,  dans 
l'espoir  de  fixer  l'acide  cyanhydrique;  je  fus  heureux  de  constater  que, 
dans  ces  conditions,  une  simple  ébullition  suffisait  pour  obtenir  ensuite 
une  abondante  précipitation  de  bleu  de  Prusse.  La  facilité  de  ce  procédé 
me  fit  répéter  l'expérience  avec  différents  dérivés  de  l'ammoniaque,  et  en 
particulier  avec  plusieurs  tnonamines  primaires;  je  fus  étonné  de  voir,  dans 


(337  ) 
chacun  de  ces  cas,  s'accomplir  une  très-vive  réaction  :  elle  développait  des 
vapeurs  d'une  odeur  particulière  et  presque  intolérable,  rappelant  plus  ou 
moins  celle  de  l'acide  cyanhydrique.  Quelques  essais  me  suffirent  pour 
isoler  ces  composés.  Ils  sont  les  isomères  des  nitriles  connus  jusqu'ici. 

»  En  présence  du  grand  nombre  des  corps  que  ces  premières  expériences 
faisaient  entrevoir,  il  me  parut  avant  tout  nécessaire  de  préciser  la  nouvelle 
réaction  en  cherchant  à  l'approfondir  clans  une  série  particulière. 

»  L'abondance  de  l'aniline,  et  aussi  peut-être  une  ancienne  prédilection, 
m'ont  fait  choisir  dans  ce  but  la  série  phénylique.  Permettez-moi  de  vous 
donner  ici  la  préparation  et  les  principales  propriétés  du  corps  phénylique 
de  la  nouvelle  série. 

»  Cyanure  de  phényle.  —  Lorsqu'on  soumet  à  la  distillation  un  mélange 
d'aniline,  de  chloroforme  et  d'une  dissolution  alcoolique  de  potasse,  on 
obtient  un  liquide  d'une  odeur  pénétrante,  à  la  fois  prussique  et  aroma- 
tique. Les  vapeurs  de  ce  liquide  produisent  sur  la  langue  une  saveur  amère 
toute  particulière  :  de  même  que  l'acide  prussique  elles  exercent  sur  la 
gorge  une  action  étouffante. 

»  En  rectifiant  ce  liquide,  il  passe  d'abord  de  l'alcool  et  de  l'eau,  et  en 
dernier  lieu  il  distille  une  huile  renfermant  encore,  outre  le  nouveau  corps, 
une  grande  quantité  d'aniline.  On  traite  cette  huile  par  l'acide  oxalique; 
l'aniline  est  changée  en  oxalate,  dont  la  séparation  laisse  le  corps  odorant 
sous  la  forme  d'un  liquide  brun  et  huileux.  Desséché  par  la  potasse  et  pu- 
rifié par  distillation,  ce  corps  se  présente  à  l'état  d'un  liquide  mobile,  d'une 
couleur  verdâtre  par  transmission  et  d'un  beau  bleu  par  réflexion.  La  cou- 
leur ne  disparaît  pas  même  après  une  distillation  effectuée  dans  un  courant 
d'hydrogène.  L'analyse  de  cette  huile  bleue  conduit  à  la  formule 

CTH5N. 

»  Le  corps  a  donc  la  composition  du  benzonitrile,  découvert  par  Fehling, 
mais  il  ne  présente  aucune  de  ses  propriétés. 

»  Pour  le  distinguer  du  benzonitrile,  je  le  désignerai  sous  le  nom  de  cya- 
nure de  phényle,  sans  vouloir  cependant  pour  l'instant  me  prononcer  sur  sa 
constitution. 

»  La  formation  du  cyanure  de  phényle  au  moyen  de  l'aniline  et  du 
chloroforme  est  très-simple,  et  est  exprimée  par  l'équation  suivante  : 

C^rPN    +  CHCP   =  £H^N  +  3HC1 

A'      ;ne.  Chloro-  Cyanure  de 

forme.  phényle. 

C.  K.,  1867,    2e  Semestre,  (T.  LXV,  «o  9.)  44 


(  338  ) 

»  Le  cyanure  de  phényle  ne  peut  pas  être  volatilisé  sans  décomposition. 
Lorsqu'on  le  distille,  la  température  se  maintient  quelque  temps  station- 
naire  à  167  degrés  :  cette  température  peut  être  considérée  comme  le  point 
d'ébullition  du  cyanure  de  phényle;  mais  bientôt  le  thermomètre  monte 
brusquement  jusqu'à  i'$o  degrés,  et  il  distille  alors  un  liquide  brnn  sans 
odeur  :  ce  liquide  se  solidifie  par  refroidissement  en  une  masse  cristalline, 
qu'on  purifie  facilement  par  l'alcool,  mais  dont  je  n'ai  pas  encore  examiné 
la  nature. 

»  Le  cyanure  de  phényle  se  distingue  par  la  facilité  avec  laquelle  il  se 
combine  à  d'autres  cyanures  :  c'est  surtout  sa  combinaison  avec  le  cyanure 
d'argent  qui  forme  de  beaux  cristaux.  Il  est  tout  particulièrement  caractérisé 
par  sa  transformation  sous  l'influence  des  acides.  Tandis  qu'il  est  à  peine 
attaqué  par  les  alcalis,  il  est  décomposé  par  le  simple  contact  des  acides, 
même  dilués.  Des  acides  concentrés  donnent  une  réaction  tellement  vive, 
que  le  liquide  entre  en  ébullition.  Après  refroidissement,  le  mélange  ne  ren- 
ferme que  de  l'acide  formique  et  de  l'aniline  : 

C7HSN  -h  2H20   =  CH202   +  C6H7N 

Cyanurede  Acide  Aniline, 

pbényle.  formique. 

«  On  sait  qu'au  contraire  le  benzonitrile,  isomère  du  nouveau  corps, 
est  attaqué  seulement  avec  lenteur  par  les  acides,  mais  que  les  alcalis  le 
transforment  rapidement  en  acides  benzoïque  et  ammoniaque  : 

C'fFN   +  aH20   =   C'H'œ   ■+■   H3N 

Cyanure  Acide 

de  phényle.  benzoïque. 

»  La  métamorphose  du  benzonitrile  en  acide  benzoïque,  ainsi  qu'en 
général  celle  des  nitriles  en  sels  ammoniacaux  correspondants,  n'a  pas 
lieu  d'un  seul  coup.  Le  benzonitrile,  par  la  fixation  de  i  molécule  d'eau, 
se  change  d'abord  en  benzamide  : 

CTH5N   +  H20   =   C7H7NO 

Bcnzoniirile.  Benzamide. 

»  Dans  notre  nouvelle  série  isomère  ne  manquent  pas  non  plus  les  termes 
intermédiaires  correspondant  au  benzamide.  Dans  le  cas  particulier  qui 
nous  occupe,  ce  terme  est  la  phényl-formamide  ou  formanilide,  bien 
connue  par  les  recherches  de  Gerhardt  : 

CTHSN   +   H20   =   C7H7NO 

Cyanure  Formanilide. 

de  phényle. 


(  339  ) 
»  Mais  à  côté  du  phényl-formamide  figure  en  outre,  dans  notre  nouvelle 
série,  un  second  produit  intermédiaire  qui  n'a  pas  encore  son  représentant 
parmi  les  dérivés  du  benzonitrile  (i)  :  c'est  la  base  bien  définie  que  j'ai 
décrite,  il  y  a  déjà  quelque  temps,  sous  le  nom  de  mélhényl-diphényl- 
diamine,  et  qu'on  peut  envisager  comme  une  combinaison  du  nouveau 
cyanure  de  phényle  avec  l'aniline.  Les  transformations  qu'éprouve  le  cya- 
nure de  phényle  sous  l'influence  de  l'eau  s'accomplissent  donc  dans  la 
succession  exprimée  par  les  équations  suivantes  : 

C^H,0N-     +  2H-O   =     CH202     -l-  C,3HI2N2 

1  molécules  Acide  loi  inique.  Mclhényl- 

cyanure  de  phényle.  diphényl-diumino. 

C'3H,2N2     -f-    H20     =     C7H7NO    4-     C°H7N 

Méthényl-  Phunyl-forraamide.  Aniline. 

diphényl-diamine. 

CTITNO     +    HaO    =     CH202     +     C6H'N 

Phényl-formamide.  Acide  formique.  Aniline. 

»  Un  simple  coup  d'ceil  jeté  sur  ces  formules  montre  que  la  décompo- 
sition du  nouveau  cyanure  de  phényl  se  fait  d'une  manière  complètement 
analogue  à  celle  du  cyanate  de  phényle,  que  j'ai  examinée  dans  des  recher- 
ches antérieures  : 

C<«H,0N*Oa     +   aH20   _     CHu>0:,      +   c,3H,2N20 

2  molécules  Hydrate  Urée 

cyanate  de  phényle.  carbonique.  diphénylique. 

C,3H,2N20     -+-    H20    =    C7H7N02  +      C6H7N 

Urée  Carbonate  anhydre  Aniline, 

diphénylique.  d'aniline. 

C'H'NO2       +    H20    =      CH203      +       C6H7N 

Carbonate  anhydre  Hydrate  Aniline, 

d'aniline.  carbonique. 

»  En  terminant,  permettez-moi  d'ajouter  que  j'ai  fait  agir  le  chloro- 
forme sur  l'éthylamine,  l'amybimine  et  la  toluidine,  et  que  ces  expériences, 


(1)  Dans  son  dernier  travail,  Gerhardt  s'est  occupé  de  l'action  du  perchlorure  de  phos- 
phore sur  les  amides.  Parmi  les  résultats  que  M.  Cahoursa  publiés  après  la  mort  de  l'auteur, 
je  trouve  que  Gerhardt,  en  traitant  la  benzanilide  par  le  perchlorure  de  phosphore,  avait 
obtenu  un  chlorure  de  benzanilide  C'fiPNCl.  Ce  corps  lui  avait  fourni,  par  l'action  de 
I  ammoniaque,  une  combinaison  cristalline.  Il  est  presque  certain  que  cette  substance  est 
l'isomère  de  la  méthenyl-diphényl-diamine  CH^NCl  -f-  H3N  =  CI3H"N3  -f-  HCI. 

44-. 


(  34o  ) 
comme  on  pouvait  s'y  attendre,  m'ont  conduit  à  observer  des  phénomènes 
tout  à  fait  analogues.  J'espère  pouvoir  vous  entretenir  très-prochainement 
de  ces  résultats.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  faire  remarquer  que  cette  même 
réaction  pourrait  être  appliquée  à  d'antres  dérivés  de  l'ammoniaque,  aux 
amides,  aux  diamines,  aux  triamines,  et  même  à  quelques-uns  des  alca- 
loïdes naturels  :  ou  entrevoit  ainsi  toute  une  série  de  combinaisons.  Je  me 
propose  de  soumettre  à  une  étude  particulière  quelques-uns  de  ces  corps, 
dont  la  composition  et  les  propriétés  sont  d'ailleurs  bien  fixées  d'avance 
par  la  théorie.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Discussion  de  l'authenticité  îles  pièces  présentées 
récemment  à  i Académie  comme  provenant  de  Pascal  et  de  ses  deux  sœurs. 
Note  de  M.  Fauc.ère. 

«  M.  le  Président  a  bien  voulu  me  prier,  au  nom  de  l'Académie  des 
Sciences,  de  lui  faire  connaître  les  motifs  sur  lesquels  je  me  fonde  pour 
ne  pas  admettre  l'authenticité  des  documents  qu'un  illustre  géomètre,  votre 
confrère,  présente  comme  émanés  de  Pascal  et  de  ses  sœurs.  Je  ne  saurais 
mieux  répondre  au  désir  de  l'Académie  qu'en  résumant  les  observations 
que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumettre,  le  19  de  ce  mois,  à  la  Commission  qui 
avait  d'abord  été  chargée  d'examiner  la  question. 

»   A  mon  avis,  il  y  a  trois  ordres  de  preuves  à  considérer  : 

»  i°  Les  documents  dont  il  s'agit  étant  donnés  comme  des  originaux 
autographes,  et  cette  qualité  supposée  étant  le  principal,  sinon  le  seul  argu- 
ment invoqué  à  l'appui  de  leur  authenticité  et  de  leur  valeur,  il  me  semble 
que  la  première  chose  à  faire,  et  la  plus  essentielle,  doit  être  une  vérification 
d'écriture.  A  cet  égard  j'ose  croire  que  l'on  peut  s'en  rapporter  au  témoi- 
gnage de  quelqu'un  qui  a  eu  pendant  quinze  mois  chez  lui  le  manuscrit 
des  Pensées  de  Pascal,  et  a  passé  la  plus  grande  partie  de  ce  temps  à  le. 
déchiffrer  et  à  l'étudier. 

n  A  défaut  de  ce  manuscrit,  que  chacun  d'ailleurs  peut  aller  consulter 
à  la  Bibliothèque  impériale,  j'ai  mis  sous  les  yeux  des  Membres  de  la  Com- 
mission divers  fragments,  également  authentiques,  du  grand  écrivain,  et 
particulièrement  une  signature  mise  au  bas  d'une  quittance  passée  devant 
notaire.  Je  regrette  que,  pressés  par  l'heure  qui  les  appelait  à  la  séance 
publique,  ou  ne  se  jugeant  pas  compétents  pour  une  comparaison  d'écri- 
tures, ils  n'aient  pu  accorder  au  fait  matériel  qui  leur  était  soumis  toute 
l'attention  qu'il  comportait. 


(  34i  ) 
»  Cependant  la  vérification  est  ici  d'autant  plus  facile,  même  pour  les 
yeux  les  moins  exercés,  que  le  fabricateur  de  ces  documents  ne  s'est  pas 
astreint,  ainsi  qu'il  arrive  ordinairement,  à  contrefaire  ou  à  imiter  l'écriture 
de  Pascal.  Agissant  avec  un  sans-façon  inouï,  il  s'est  contenté  de  donner  à 
son  écriture  un  caractère  plus  ou  moins  ancien,  et  d'employer  une  ortho- 
graphe à  peu  près  conforme  à  celle  du  temps  de  Pascal.  C'est  ce  qui  explique 
comment  il  lui  a  été  possible  d'écrire  un  si  grand  nombre  de  lettres  et  de 
notes  :  ce  n'était  plus  pour  lui  qu'une  affaire  d'imagination.  Le  faussaire  a 
pris,  comme  de  raison,  du  vieux  papier,  et  c'était  sans  aucun  doute  pour 
lui  la  plus- grande  difficulté;  mais,  malgré  toute  son  industrie,  il  n'est  point 
parvenu  à  consommer,  entre  une  encre  nécessairement  nouvelle  et  un 
papier  ancien,  cette  combinaison  que  le  temps  seul  peut  produire;  l'aspect 
de  l'encre,  tantôt  fraîche  encore,  tantôt  jaunie  outre  mesure  par  un  pro- 
cédé mal  déguisé,  suffirait  seul  pour  montrer  la  fraude. 

»  J'ajouterai,  pour  en  finir  sur  ce  premier  ordre  de  preuves,  qu'il  suffit 
de  rapprocher  les  lettres  attribuées  aux  sœurs  de  Pascal  de  celles  qui  sont 
attribuées  à  Pascal  lui-même,  pour  voir  qu'elles  sont  toutes  l'œuvre  d'une 
seule  et  même  main.  Je  m'abstiens,  par  respect  pour  l'illustre  et  grave  com- 
pagnie h  laquelle  ces  observations  sont  adressées,  de  relever  une  foule  de 
détails  minutieux,  de  petites  supercheries  qu'il  serait  facile  de  signaler  et 
qui  contribueraient  à  mettre  en  tout  leur  jour  les  preuves  matérielles  de  la 
falsification.  Un  pareil  exposé  ne  serait  d'ailleurs  possible  et  utile  que  si 
chacun  des  Membres  de  l'Académie  pouvait  avoir  sous  les  yeux  les  pièces 
elles-mêmes.  A  ce  propos,  je  renouvellerai  ici  le  vœu  que  j'ai  exprimé  dans 
la  Commission,  que  M.  Chasles  veuille  bien  joindre  des  fac-similé  aux  docu- 
ments qu'il  croira  devoir  publier. 

»  20  Le  second  ordre  de  preuves  se  tire,  suivant  moi,  des  invraisem- 
blances qui,  au  point  de  vue  de  la  science,  ressortent  du  fond  même  des 
documents  présentés. 

»  Ainsi  que  j'ai  eu  l'honneur  de  le  dire  au  sein  de  la  Commission,  c'est 
aux  hommes  éminents  que  l'Académie  compte  dans  ses  rangs  qu'il  appar- 
tient de  juger  si,  à  un  moment  donné  de  l'histoire  de  la  science,  avec  les 
ressources  alors  acquises,  telle  ou  telle  grande  découverte  pouvait  être 
faite;  ou  si,  au  contraire,  il  y  avait  dans  la  succession  et  pour  ainsi  dire 
dans  l'échelle  des  travaux  antérieurs  des  degrés  qui  manquaient,  de  telle 
sorte  que  cette  découverte  se  trouvât  alors  inaccessible,  même  pour  un 
génie  tel  que  celui  de  Pascal. 

»  Mais,  tout  en  reconnaissant  mon  incompétence  à  cet  égard,  je  me  suis 


(  342  ) 
permis  de  faire  remarquer  à  la  Commission  combien  il  serait  étrange  que 
Pascal  eût  découvert  et  affirmé  la  loi  de  la  gravitation  universelle  alors 
qu'il  n'admettait  même  pas  comme  démontré  le  mouvement  de  la  Terre 
autour  du  Soleil!  Cette  opinion  de  Pascal,  que  Condorcet  et  Voltaire  lui 
ont  injustement  reprochée  comme  un  effet  de  sa  superstition  ou  de  la  crainte 
que  lui  inspirait  l'inquisition,  provenait  uniquement  d'une  raison  sévère 
qui  ne  se  trouvait  pas  suffisamment  éclairée  pour  se  dire  convaincue. 
Voici  en  effet  comment  s'exprime  Pascal,  dans  sa  dix-huitième  Provinciale, 
en  s'adressant  aux  Jésuites  : 

«  Ce  fut  en  vain  que  vous  obtîntes  contre  Galilée  ce  décret  de  Rome 
»  qui  condamnait  son  opinion  touchant  le  mouvement  de  la  Terre.  Ce  ne 
»  sera  pas  cela  qui  prouvera  qu'elle  demeure  en  repos;  et  si  l'on  avait  des 
»  observations  constantes  qui  prouvassent  que  cest  elle  qui  tourne,  tous  les 
»  hommes  ensemble  ne  l'empêcheraient  pas  de  tourner,  et  ne  s'empèche- 
»  raient  pas  de  tourner  aussi  avec  elle —  » 

»  Si  je  ne  puis  aller  plus  loin  dans  le  domaine  de  la  science,  qu'il  me 
soit  permis  d'entrer  un  instant  dans  celui  de  l'histoire  anecdotique  pour 
prendre  en  quelque  sorte  sur  le  fait  l'audacieux  et  fécond  fabricateur  qui 
prétend  abriter  ses  falsifications  sous  le  grand  nom  de  Pascal.  Il  s'agit  de 
l'une  des  Notes  que  Pascal  aurait  envoyées  à  Boyle  en  i652. 

«  On  donne,  est-il  dit  dans  cette  Note,  comme  un  effet  de  la  vertu  at- 
»  tractive  la  mousse  qui  flotte  sur  une  tasse  de  café,  et  qui  se  porte  avec 
».  une  précipitation  très-sensible  vers  les  bords  du  vase....  »  Une  pareille 
observation  suppose  que  l'usage  du  café  était  déjà  répandu  en  France  du 
temps  de  Pascal.  Or,  ce  ne  fut  qu'en  1669,  c'est-à-dire  sept  ans  environ 
après  sa  mort,  que  Soliman  Aga,  ambassadeur  de  Turquie  auprès  de 
Louis  XIV,  introduisit  dans  la  société  parisienne  l'usage  du  café. 

»  3°  Le  dernier  ordre  de  preuves  sur  lequel  il  me  reste  à  m'expliquer 
est  tiré  de  l'examen  du  style.  Ici  toute  l'industrie  du  faussaire  a  échoué  . 
comment  contrefaire,  en  effet,  le  style  de  Pascal,  cette  expression  nette, 
substantielle,  pure  émanation  de  la  pensée  et  du  sentiment,  empreinte 
d'une  puissance,  d'une  originalité  toujours  vivante?  J'abuserais  de  l'atten- 
tion de  l'Académie  en  examinant  une  à  une  les  Notes  et  surtout  les  Lettres 
attribuées  à  Pascal.  Je  dois  me  borner  à  signaler  sa  prétendue  correspon- 
dance avec  Newton  alors  ignoré  et  confondu  dans  la  foule  des  enfants  de 
son  âge.  A  part  même  les  invraisemblances  qui  se  présentent  de  toutes  parts 
pour  mettre  cette  correspondance  dans  le  domaine  de  la  fiction  et  du  ro- 
man, il   suffirait  du  style  pour  prouver  jusqu'à  la  dernière  évidence  que 


(  343  ) 
cette  correspondance  est  l'œuvre  d'un  faussaire.  Je  laisse  à  nos  voisins 
d'outre-Manche  le  soin  de  nous  dire  si  Newton  écrivait  en  fiançais  à  un 
âge  surtout  où  très-probablement  il  n'avait  guère  écrit  dans  sa  propre 
langue.  Je  m'en  tiens  aux  Lettres  qui  lui  auraient  été  écrites  par  Pascal. 
Voici  par  exemple  comment  il  s'exprime  dans  celle  qu'il  aurait  adressée,  le 
20  mai  i654,  à  Newton  qui  n'avait  qu'un  peu  plus  de  onze  ans  : 

«   Je  vous  envoie  divers  problèmes afin  d'exercer  votre  génie.  Je  vous 

»  prierai  m'en  dire  votre  sentiment.  Il  ne  faudrait  pas  cependant,  mon 
»  jeune   ami,   fatiguer  trop   votre  jeune  imagination.  Travaillez,    étudiez; 

»   mais  que  cela  se  fasse  avec  modération Je  vous  parle  par  expérience; 

»  car  moi  aussi  dès  ma  jeunesse  j'avais  hâte  d'apprendre,  et  rien  ne  pouvait 
»  arrêter  ma  jeune  intelligence,  si  je  puis  parler  ainsi —  Je  ne  vous  dis  point 
»  cela,  mon  jeune  ami,  pour  vous  détourner  de  vos  études,  mais  pour  vous 
»  engager  à  étudier  modérément.  Les  connaissances  insensiblement  et  avec  le 
»   temps.  Ce  sont  les  plus  stables » 

»  Ainsi,  d'une  part,  Pascal  enverrait  à  un  enfant  des  problèmes  pour 
exercer  son  génie,  et  lui  imposerait  la  charge  bien  lourde,  on  en  convien- 
dra, de  les  examiner  et  de  lui  en  dire  son  sentiment,  et  d'une  autre  part 

il  lui  recommanderait  d'étudier  modérément Comment  reconnaître  en 

tout  cela  la  logique  et  le  langage  de  l'auteur  des  Provinciales?  S'il  est  vrai 
que  le  style  est  l'homme,  je  croirais  volontiers  que  celui  qui  a  écrit  ces 
lettres,  loin  d'être  Pascal,  ne  serait  pas  même  de  nationalité  française. 

»  I^a  Lettre  qui  suit  est  encore  plus  étrangère,  s'il  est  possible,  au  carac- 
tère intellectuel  et  moral  de  Pascal.  Le  1  mai  1 655,  il  aurait  écrit  à  Newton  : 
«  Ce  que  l'on  m'a  raconté  de  votre  génie  précoce  m'a  rappelé  d'heureux 
»  souvenirs  de  mon  enfance.  Quil  était  beau  cet  dc/e  où,  ayant  entendu  faire 
»  l'éloge  de  quelques  grands  hommes,  j'aspirais  à  marcher  sur  leurs  traces. 
»  Et  maintenant  je  me  dis  :  heureux  celui  dont  l'imagination  est  vive, 
»  agissante,  et  qui  a  la  noble  ardeur  de  vouloir  s'élever  à  la  gloire!  Ces  violents 
»  transports  qui  nous  portent  à  souhaiter  de  la  réputation  sont  des  préjugés 
»  avantageux  qui  annoncent  qu'on  le  méritera  un  jour.  Mon  jeune  ami, 
»  retenez  bien  ce  que  je  vais  vous  dire  :  tout  homme  gui  n  aspire  pas  à  se  faire 
»  un  nom  n'exécutera  jamais  rien  de  grand,  etc.  » 

»  Cette  phraséologie  de  lieux  communs  ne  fut  jamais  à  l'usage  de 
Pascal.  Non-seulement  le  faussaire  se  trouve  ici  pris  au  piège  de  son 
propre  style,  mais  il  ignore  que  ce  véhément  amour  de  la  gloire  et  de  la 
réputation  était  absolument  incompatible  avec  le  détachement  de  toutes 
les  choses  du  monde  dont  Pascal  avait  fait  désormais  ia  règle  suprême  de 


(  -344  ) 
sa  vie;  il  oublie  que  le  a3  novembre  précédent  Pascal  avait  tracé  la  page 
célèbre  qui  fut  trouvée  dans  la  doublure  de  son  habit  après  sa  mort,  et  où 
on  lit  ces  mots  :  «  Oubli  du  monde  et  de  tout,  hormis  Dieu  !  »  A  cette 
époque  de  sa  vie,  Pascal,  entrant  de  plus  en  plus  et  pour  toujours  dans 
l'étroit  sentier  de  la  religion  austère,  ne  considérait  plus  les  travaux  ma- 
thématiques qu'avec  une  sorte  de  dédain,  et  il  n'était  guère  d'humeur  à 
vanter  la  gloire  humaine,  ainsi  que  l'eût  pu  faire  un  professeur  appelé  à 
exciter  l'émulation  de  ses  élèves,  un  jour  de  distribution  de  prix. 

«  Il  me  serait  facile  de  m'étendre  sur  ces  rapprochements,  en  faisant 
d'autres  citations  non  moins  significatives.  J'aurais  beaucoup  à  dire  en- 
core pour  compléter  cet  exposé,  mais  je  craindrais  d'abuser  des  moments 
que  l'Académie  veut  bien  m'accorder.  Un  dernier  mot  cependant.  Un  de 
vos  éminents  confrères  a  été  d'avis  que  la  Commission  ne  pouvait  agir 
utilement,  du  moment  que  M.  Chasles  ne  croyait  pas  devoir  faire  connaître 
de  qui  il  tenait  les  documents  dont  l'authenticité  était  mise  en  doute.  As- 
surément, il  y  aurait  dans  une  pareille  déclaration  un  élément  précieux 
d'information;  mais  que  l'Académie,  qui  a  adopté  la  manière  de  voir  de 
M.  Le  Verrier,  me  permette  de  dire  qu'à  la  tin  comme  au  commencement 
de  ce  débat,  il  y  a  une  opération  toujours  opportune,  ou  pour  mieux  dire 
indispensable  :  c'est  la  comparaison  des  écritures.  Cet  examen,  qui  pour- 
rait être  fait  par  les  soins  de  la  Bibliothèque  impériale,  ne  réclamerait  que 
quelques  instants  et  serait  décisif. 

»  On  se  trouve  ici  en  présence  d'une  falsification  sans  exemple  par  son 
audace  et  par  son  ampleur;  elle  ressemble  à  un  vaste  complot,  tant  le 
faussaire  a  employé  d'art  et  d'industrie  à  combiner  toutes  les  parties  de 
son  œuvre  coupable.  Mais  malgré  son  habileté  et  son  savoir,  il  n'aura 
réussi  qu'à  surprendre  un  moment  la  loyauté  et  la  bonne  foi.  La  moralité 
publique,  encore  plus  que  l'intérêt  de  la  science,  exige  que  la  lumière  se 
fasse  le  plus  tôt  possible,  de  manière  à  frapper  tous  les  yeux;  je  serais  heu- 
reux si  mes  faibles  efforts  y  avaient  contribué,  et  je  remercie  l'Académie 
d'avoir  bien  voulu  les  encourager.  » 


(  345  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

OHiMlii.  —  Recherches  sur  la  constitution  chimique  des  composés  fluorés  et  sur 
l'isolement  du  jluor;  par  M.  Prit. 

M.  Dumas,  en  transmettant  ce  Mémoire,  en  fait  connaître  l'objet  dans 
la  Lettre  suivante  adressée  à  M.  le  Président  de  l'Académie  : 

«  Permettez  que  je  vous  adresse  le  Mémoire  de  M.  Prat  sur  le  fluor, 
en  vous  priant  d'en  confier  l'examen  à  une  Commission  qui  répéterait  les 
expériences  annoncées  et  qui  ferait  opérer,  au  besoin,  M.  Prat  devant 
elle. 

»  M.  Prat  pense  qu'on  s'est  trompé  jusqu'ici  sur  la  composition  des  fluo- 
rures et  sur  la  théorie  du  fluor. 

>-  Il  considère  les  fluorures  comme  des  oxyfluorures,  et  par  conséquent 
l'équivalent  du  fluor  comme  bien  plus  élevé  qu'on  ne  l'avait  supposé. 

»  En  effet,  M.  Prat  représente  le  fluorure  de  calcium  par  : 

2  équivalents  de  calcium ,      4°;° 

i  d'oxygène 8,0 

1    du  fluor  nouveau 29>6 

77>6 
ce  qui  s'accorde  avec  les  analyses  du  fluorure  de  calcium  connues,  puis- 
qu'on a  5 1,5  de  calcium  pour  100  de  fluorure. 

»  En  doublant  l'équivalent  ancien  du  fluor  19,  on  aurait  38,  c'est- 
à-dire  à  peu  près  la  somme  des  équivalents  de  l'oxygène  8  et  du  nouveau 
fluor  29,6  =  37,6. 

»  Selon  M.  Prat,  pour  obtenir  le  nouveau  fluor,  il  suffit  de  chauffer  le 
fluorure  de  calcium,  par  exemple,  avec  du  chlorate  ou  plutôt  du  perchlo- 
rate  de  potasse;  car  ce  n'est  qu'après  la  formation  de  ce  dernier  sel  que 
la  réaction  a  lieu. 

»  Il  se  dégage  de  l'oxygène  et  un  produit  que  l'argent  absorbe.  Le  com- 
posé ainsi  formé  est  le  fluorure  d'argent,  insoluble  dans  l'eau,  soluble 
dans  l'ammoniaque,  d'où  il  est  précipité  par  l'acide  azotique,  et  qui  s'al- 
tère à  la  lumière  plus  rapidement  que  le  chiot  ure  d'argent.  Le  chlore  et 
l'oxygène  ne  l'attaquent  pas,  même  au  point  de  fusion  du  fluorure. 

»  Il  est  décomposé  par  la  potasse,  au  rouge  naissant,  ce  qui  a  permis  de 

C.  R. ,  1867,  ae  Semestre.  (T.  LXV,  N»  9.)  45 


(  346  ) 
l'analyser;  il  contient  : 

Argent 0,785  108,0  1    cquiv 

Fluor o,2i5  29>6  1    cquiv. 

Fluorure 1,000  ^7,0 

»  Ce  fluorure  d'argent  insoluble  et  très-stable,  ayant  beaucoup  d'ana- 
logie avec  le  chlorure  et  les  corps  de  la  même  famille,  diffère  essentielle- 
ment du  fluorure  d'argent  soluble  des  chimistes,  lequel  serait,  d'après 
M.  Prat,  un  composé  de 

AgFl,  AgO,  HO,  à  l'état  d'hydrate; 
AgFl,  AgO,  à  l'état  anhydre. 

»  Le  fluor  se  combine  avec  le  chlore.  Pour  obtenir  ce  composé,  il  suffit 
de  verser  l'acide  fluorhydrique  des  chimistes,  en  dissolution  faible,  dans 
une  solution  d'acide  hypochloreux;  il  se  forme 

FI  H,  HO  +  CIO  =  2HO  +  FI  Cl. 

»  Le  fluorure  de  chlore  est  gazeux,  d'une  couleur  plus  intense  que  celle 
du  chlore;  il  convertit  l'argent  en  un  mélange  de  chlorure  et  de  fluorure. 

»  Le  fluor  s'obtient,  d'après  M.  Prat,  en  chauffant  le  fluorure  de  plomb 
des  chimistes  (1  partie),  soit  avec  du  nitre  (5  parties),  soit  avec  du  bioxyde 
de  manganèse  (2  parties).  Il  se  dégage  de  l'oxygène  et  du  fluor.  Il  faut 
opérer  dans  un  alambic  de  platine.  On  arrête  l'oxygène  au  passage  sur  des 
fragments  de  baryte  chauffée. 

»  Le  fluor  est  gazeux,  presque  incolore,  d'une  odeur  chlorée,  très-visi- 
blement fumant  à  l'air,  incombustible,  plus  lourd  que  l'air.  Il  décolore 
l'indigo,  rougit  et  décolore  le  tournesol. 

»  L'ammoniaque  produit  des  fumées  au  contact  du  fluor  et  en  signale 
des  tracts. 

»   Il  décompose  l'eau  sur-le-champ  à  la  température  ordinaire. 

»   Il  se  combine  à  l'hydrogène  à  la  lumière  diffuse. 

»  Le  fluor  décompose  le  gaz  chlorhydrique  ;  il  élimine  le  brome  et 
l'iode  de  leurs  composés. 

»  Le  fluor  s'unit  au  bore  et  au  silicium,  à  tous  les  métaux  des  cinq  pre- 
mières sections,  et,  s'il  agit  sur  l'or  et  le  platine,  son  action  réclame  une 
nouvelle  étude. 

»  J'ai  résumé  dans  cet  exposé  ce  qui  me  semble  caractéristique  et  essen- 
tiel dans  le  travail  de  M.  Prat.  Il  y  a  longtemps  qu'il  m'en  a  fait  connaître 


(  3',7  ) 
1rs  premiers  résultats,  et  je  vois  qu'il  a  poursuivi  cette  étude,  comme  je  le 
lui  avais  conseillé,  sans  se  presser  d'appeler  trop  vivement  sur  elle  l'atten- 
tion des  chimistes. 

»  Qu'on  puisse  accepter  sans  discussion  l'opinion  de  M.  Prat,  et  que 
ses  expériences  ne  semblent  pas  susceptibles  d'une  autre  interprétation,  je 
suis  loin  de  le  soutenir.  Il  serait  facile  de  trouver  dans  les  recherches  de 
M.  de  Marignac  et  dans  bien  d'autres  considérations  des  raisons  de  douter. 

»  Mais  l'enchaînement  des  faits,  les  études  patientes  qui  les  mit  mis  en 
évidence  aux  yeux  de  l'auteur,  la  réserve  même  avec  laquelle  il  expose 
son  travail,  préviennent  en  sa  faveur  et  m'autorisent  à  demander  qu'une 
Commission  soit  appelée  à  en  dire  son  avis.  Tout  en  désirant  qu'il  ait  bien 
vu  et  que  le  problème  du  fluor  soit  enfin  résolu,  tant  qu'on  n'aura  pas  con- 
trôlé avec  soin  les  faits  sur  lesquels  il  s'appuie,  je  m'abstiendrai  de  me 
prononcer,  et  je  réserve  mon  opinion.    >< 

M.  le  Président  renvoie  l'examen  du  travail  de  M.  Prat  à  la  Section  de 
Chimie  :  cet  examen  présentera  d'autant  plus  d'intérêt  que  plusieurs  chi- 
mistes, notamment  M.  Nicklès,  s'occupent  du  même  sujet,  et  que  M.  Fremy, 
il  y  a  plusieurs  années,  a  insisté  sur  la  réaction  du  fluorure  de  calcium  mis 
en  contact,  d'une  part,  avec  le  gaz  oxygène,  et,  d'une  autre  part,  avec  le 
chlore,  réaction  qui,  au  jugement  de  M.  Fremy,  semble  assigner  au  fluorure 
une  composition  binaire  et  non  ternaire,  comme  le  pense  M.  Prat. 

CHIMIE  APPLIQUÉE  —  Sur  une  matière  explosible  brûlant  comme  la  poudre 
ordinaire  et  obtenue  par  l'action  du  chlorate  et  du  nitrate  de  potasse  sur  la 
colle  ordinaire.  Deuxième  Note  de  M.  Pool  :  Procédés  pour  obtenir  des 
mélanges  qui  ne  soient  ni  déliquescents  ni  hjcjroscopiaues.  (Extrait.) 

(Renvoyé  comme  la  première  partie  à  l'examen  de  la  Section  de  Chimie.) 

«  Premier  procédé.  —  Après  que  la  colle  est  lavée  à  l'eau  froide,  on  la 
chauffe  doucement  avec  un  peu  d'acide  nitrique;  on  évapore  de  nouveau, 
on  reprend  à  l'eau  et  on  ajoute  du  carbonate  de  baryte  pour  neutraliser 
l'acide.  Un  excès  de  BaOCO2  donne  au  mélange  l'odeur  des  corps  orga- 
niques de  la  série  des  aminés.  La  baryte  en  excès  s'empare  des  matières 
hydrocarboniques  et  permet  le  dégagement  de  la  matière  azotée. 

»  On  évapore  à  sec  en  ajoutant  le  soufre;  on  reprend  de  nouveau  à  l'eau 
et  l'on  ajoute  le  nitrate  nécessaire.  J'ai  pris  la  proportion  de  2  parties 
d'albuminoïde,  de  1  partie  de  soufre  et  de  6  parties  de  nitrate  de  potasse 

45.. 


(  348  ) 

»  Deuxième  procédé,  sans  acide.  —  On  fond  la  colle  à  l'eau  chaude.  On 
ajoute  la  moitié  dn  nitrate,  après  quoi  on  ajoute  le  soufre.  On  observera 
que  le  soufre  se  prend  aisément  en  masse  avec  l'albuminoïde.  On  chauffe 
jusqu'à  ce  que  la  masse  soit  devenue  une  pâte  homogène;  c'est  alors  que 
l'on  ajoute  l'autre  moitié  du  nitrate. 

»  Ces  deux  mélanges  sans  chlorate  ne  peuvent  donner  qu'une  combus- 
tion lente,  et  comme  il  n'y  entre  point  de  charbon  libre  ils  peuvent  être 
mêlés  à  la  poudre  ordinaire. 

»  J'ai  essayé  i  partie  dn  mélange  et  5  parties  de  poudre  ordinaire 

»  Nos  mélanges  explosibles,  en  raison  de  la  modicité  de  leur  prix,  pour- 
ront être  appliqués  avec  avantage  aux  feux  d'artifice.  On  changera  les  pro- 
portions selon  le  but  qu'on  se  proposera  d'atteindre.  J'ai  observé  que  la 
couleur  de  strontiane  est  très-facile  à  obtenir  de  ces  mélanges.  Ainsi  on 
peut  prendre  :  d'une  pari  3  parties  de  nitrate  de  strontiate  et  i  partie  de 
charbon;  de  l'autre  5  parties  de  colle,  7  de  nitrate  et  5  de  chlorate  de  po- 
tasse. 11  ne  serait  pas  sans  intérêt  de  voir  ce  que  donneraient  les  autres 
colorants,  tels  que  la  baryte,  le  cuivre,  etc.  » 

M.  Lespadin  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  invention  qui  lui 
semble  de  nature  à  faciliter  les  mouvements  d'une  armée  en  campagne  et 
à  épargner,  dans  des  circonstances  qui  se  présentent  assez  fréquemment,  la 
vie  des  soldats. 

Cette  invention  consiste  à  leur  fournir  certains  retranchements  artificiels 
quand  la  nature  des  lieux  leur  refuse  ceux  que  fournirait  un  pli  de  terrain 
ou  tout  autre  abri  qui  les  mettrait  à  couvert  jusqu'au  moment  d'aborder 
l'ennemi. 

Deux  planches  photographiées  accompagnent  cette  Note  et  représentent, 
l'une  l'extérieur  pris  de  face  d'un  fort  portatif  tout  monté,  l'antre  la  coupe 
intérieure  d'une  chambre  destinée  à  loger  deux  canons. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique,  qui  jugera  s'il  y  a,  dans  cette  invention, 
quelque  fait  nouveau  qui  soit  du  domaine  de  l'Académie  des  Sciences.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  Milne  Edwards  présente  un  travail  de  M.  Fan  der  Hoeven  sur  le 
Menobranchus ,  Batracien  pérennibranche  dont  l'histoire  offre  beaucoup 
d'intérêt. 


(  349  ) 
MONNAIES.    —   Sur'  le  système   métrique  et  son   application    aux   monnaies. 

Deuxième   Note   de  M.  Léon,  présentée  par  M.   Mathieu  au  nom  de 

M.  Chasles. 

«  L'auteur  de  cette  Note,  après  une  discussion  assez  étendue,  croit  avoir 
démontré  : 

»  i°Qiie  la  combinaison  qui  consisterait  à  prendre  pour  unité  monétaire 
la  fraction  |y  de  gramme  d'or,  ou  le  poids  de  igr-|-f  ,.est  absolument  inad- 
missible; 

»  i°  Qu'il  est  très-facile  de  maintenir  dans  les  monnaies  toutes  les  con- 
ditions de  notre  système  général  de  mesures,  en  substituant  simplement  le 
gramme  d'or  au  gramme  d'argent,  qui  a  été  depuis  l'an  III  notre  véritable 
unité  monétaire.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Sur  une  synthèse  du  toluène  diélhylé.  Note  de 
MM.  Lippman.v  et  LouguiniiVe,  présentée  par  M.  Balar.d. 

«  M.  Fittig,  grâce  à  sa  belle  méthode  de  la  synthèse  des  hydrocarbures 
aromatiques,  étant  parvenu  à  produire  un  homologue  supérieur  du  cymène, 
l'amyl-phényle,  il  nous  a  paru  intéressant  de  trouver  une  nouvelle  mé- 
thode pour  compléter  la  réalisation  des  isoméries  possibles  dans  la  série  des 
hydrocarbures  aromatiques,  et  de  trouver  en  même  temps  une  indication, 
ne  fût-ce  que  négative,  sur  la  constitution  du  radical  atnyle.  Pour  cela, 
nous  faisons  réagir  le  chlorobenzol  sur  le  zinc-éthyle.  Dans  le  cas  spé- 
cial dont  nous  parlons  aujourd'hui,  nous  sommes  parvenus  à  produire 
un  corps  isomère  de  celui  de  M.  Fittig,  et,  de  plus,  nous  croyons  pouvoir 
indiquer  une  méthode  générale  applicable  à  la  production  de  tout  un  groupe 
de  corps  isomères  ou  homologues  de  celui  que  nous  décrivons  présente- 
ment. La  réaction  qui  donne  naissance  au  nouveau  corps  est  la  suivante  : 

C6H5.C     Cl+Zn  [  Xrr-  =C6HS.C      G5rF-HZnCP 
(  H  I  G  H  H 


Chlorobenzol.  Toluène-diéthyle. 

»  En  employant  du  zinc-méthyle  ou  du  zinc-amyle  au  lieu  de  zinc-éthvle, 
on  peut  obtenir  évidemment  des  homologues  des  corps  que  nous  décrivons. 
L'application  de  la  même  méthode  au  xylène  dichloré  donnera  des  corps 
isomères,  mais  non  identiques  avec  ceux  du  groupe  que  nous  venons  d'in- 
diquer. Nous  avons  commencé  par  étudier  les  conditions  de  la  réaction  en 
faisant  réagir  de  petites  quantités  de  chlorobenzol  et  de  zinc-éthyle  prépa- 


(  35o) 
rées  d'après  les  méthodes  ordinaires.  La  réaction  fut  tellement  violente 
dans  ces  conditions,  que  nous  nous  vîmes  dans  la  nécessité  de  la  modérer 
en  dissolvant  le  chlorobenzol  ainsi  que  le  zinc-éthyle  dans  une  quantité 
notable  (de  quatre  à  cinq  fois  le  poids  du  chlorobenzol  et  du  zinc-éthyle) 
de  benzine  pure.  Le  chlorobenzol  dissous  dans  la  benzine  fut  mis  dans  un 
ballon  et  entouré  d'un  mélange  réfrigérant  de  glace  et  de  sel.  Le  zinc-éthyle, 
également  dissous  dans  la  benzine,  fut  ajouté  en  petites  portions,  de  ma- 
nière que  la  réaction  ne  fût  pas  trop  violente.  Nous  avons  ajouté  de  cette 
manière  un  excès  de  zinc-éthyle  comparativement  à  la  quantité  exigée  par 
la  théorie,  pour  être  sûrs  de  la  transformation  complète  du  chlorobenzol. 

»  La  réaction  achevée,  nous  avons  vu  que  le  contenu  du  ballon  était 
pris  en  une  masse  blanche  et  solide  qui  était  imbibée  de  benzine  et  d'un 
liquide  ayant  une  odeur  distincte  de  celle  de  la  benzine.  Pour  séparer  le 
liquide  de  la  masse  solide,  le  contenu  du  ballon  fut  traité  par  une  dissolu- 
tion d'acide  chlorhydrique  pour  dissoudre  le  chlorure  et  l'oxyde  de  zinc 
(provenant  de  traces  d'humidité). 

»  La  couche  huileuse  qui  se  sépare  de  la  partie  aqueuse  après  cette  opé- 
ration est  composée  d'un  mélange  de  benzine  et  de  notre  hydrocarbure. 
Après  l'après  desséché  avec  du  chlorure  de  calcium  fondu,  nous  avons 
séparé  la  plus  grande  quantité  de  la  benzine  par  une  distillation  au  bain- 
marie.  En  distillant  sur  du  sodium  le  liquide  restant,  nous  sommes  par- 
venus à  détruire  en  grande  partie  les  matières  oxygénée-,  qu'il  contenait 
encore. 

»  Une  distillation  fractionnée  nous  a  donné  une  quantité  notable  du 
liquide  passant  entre  i 80-1 85  degrés  centigrades.  L'analyse  de  ce  coi  ps 
nous  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Expérience.  Théorie  pour  C"H". 

1 0  =  87,4  H=io,9  C  =  8g,i         M=io,8 

II 0=87,6  H  =  11,0 

III 0  =  87,4  H  =  11,1 

IV 0  =  87,7  H  =  n,i 

»  Il  était  évident  que  nous  n'avions  pas  encore  une  substance  suffisam- 
ment pure.  La  trop  petite  quantité  de  carbone  que  nous  avons  trouvée 
peut  être  expliquée  par  la  présence  de  matières  oxygénées  ou  chlorées  qui 
n'ont  pas  pu  être  enlevées  par  les  distillations  du  liquide  sur  du  sodium.  Pour 
purifier  complètement  notre  corps,  nous  l'avons  chaulfé  pendant  trois  ou 
quatre  jours  en  tube  scellé  à  200  degrés  avec  du  sodium,  en  changeant  ce 
dernier  jusqu'à  ce  qu'il  restât  parfaitement  intact.  Après  cette  opération, 


(  35,  ) 
le  liquide  distillait  entre   175  et   180  degrés  centigrades.   La  plus  grande 
quantité  du  liquide  a  été  recueillie  à  178  degrés   centigrades,  et  soumise 
à  l'analyse,  qui  nous  a  donné  les  nombres  suivants  : 


Trouvé. 

Calculé  pourO'H18. 

I 

TI. 

C  — 88,9         H—  10,9 
..      C— 88,7         H—  11,0 

C  =  89,I            H  =10, 

»  Ces  nombres  nous  conduisent  à  la  formule  C"  H'6.  Pour  la  confirmer, 
nous  avons  pris  la  densité  de  vapeur  du  liquide  distillant  a  178  degrés. 
Elle  a  été  trouvée  égale  à  5,i  107;  la  théorie  exige  5, 1-245. 

»  Le  corps  que  nous  avons  obtenu  est  un  liquide  incolore  ayant  une 
odeur  aromatique;  il  est  plus  léger  que  l'eau,  sa  densité  à  zéro  étant  égale 
à  0,8751.  Nous  avons  nommé  ce  corps  loluène-diéthyle,  parce  que  son  ori- 
gine nous  prouve  que  c'est  du  toluène  (méthyl-phényle)  dans  lequel  2  hy- 
drogènes du  méthyle  ont  été  remplacés  par  2  éthyles.  Le  point  d'ébullition 
de  l'amybphényle  par  Fittig  diffère  de  i5  degrés  de  celui  du  toluène-dié- 
thyle;  il  est  égal  à  ip,3  degrés  centigrades.  Une  aussi  grande  différence 
entre  le  point  d'ébullition  de  ces  deux  corps  nous  permet  de  conclure 
qu'ils  sont  isomères  et  non  identiques.  Nous  en  concluons  également  que 
la  constitution    de    l'amyle   ordinaire   est   différente    de   celle  du   groupe 

(  G2H5 
C  ]  G*H5  qui  se  trouve  combinée  au  phényle  dans  le  corps  que  nous  avons 

(  H 
décrit.  Une  tentative  que  nous  avons  faite  d'appliquer  notre  méthode  à  la 
série  grasse  en  faisant  réagir  le  zinc-éthyle  sur  le  chlorure  d'éthyle  chloré 
(identique,  d'après  les  recherches  de  M.  Beilstein,  avec  le  chlorure  d'étbyli- 
dène)  ne  nous  a  pas  donné  l'hydrocarbure  CH14,  hydrure  d'hexyle  ou 
son  isomère,  que  la  théorie  faisait  prévoir,  mais  seulement  des  gaz,  surtout 
de  l'éthylène. 

»  Ces  recherches,  que  nous  comptons  continuer,  ont  été  faites  dans  le 
laboratoire  de  M.  Wurtz.    » 

chimie  ORGANIQUE.  —  Sur  la  formation  de  l'acide  succinique  en  partant  du 
clilomre  d 'élliylidène.  Note  de  M.  Maxwell  Simpson,  présentée  pai 
M.  Balard. 

«  Il  y  a  quelques  années,  j'ai  trouvé  qu'en  traitant  le  bromure  d'éthy- 
lène  successivement  par  le  cyanure  de  potassium  et  par  la  potasse  caustique, 


(  352  ) 
on  obtient  l'acide  succinique  ordinaire  (i).  Cette  réaction  a  été  confirmée 
depuis  par  M.  Gentlier,  qui  a  remplacé  le  bromure  par  le  chlorure  d'éthy- 
lène  (2). 

»  Il  m'a  semblé  qu'il  serait  intéressant  de  s'assurer  si  le  chlorure  d'éthy- 
lidène,  soumis  au  même  traitement,  fournirait  le  même  acide,  ou  bien 
seulement  un  isomère.  On  serait  naturellement  porté  à  s'attendre  à  ce  der- 
nier résultat,  puisque  la  constitution  du  chlorure  d'éthylidène  est  diffé- 
rente de  celle  du  chlorure  d'éthylène.  Les  formules  suivantes  rendront 
claires  cette  isomérie  des  deux  chlorures  et  la  constitution  probable  de 
l'acide  isomérique  qui  pourrait  en  dériver  : 

CrPCy  CHs(CGOH)' 


(Chlorure 
dVlhylène. 

CH3 


CrPCy 

Cyanure 
d'éthylène. 

CH3 


CrP(COOH)' 

Acide  succinique 
ordinaire. 

CH3 


CHC1S 

Chlorure 
d'éthylidène. 


CHCy2 

Cyanure 
d'éthylidène. 


CH(CQOH)2 

Acide  isomérique. 


»  Il  faut  observer  que  dans  la  transformation  du  chlorure  d'éthylène  en 
acide  succinique  ordinaire,  le  groupe  C0OH  prend  la  place  de  chaque 
groupe  cyanogène.  Dans  la  transformation  du  cyanure  d'éthylidène,  on 
pouvait  supposer  que  chaque  groupe  cyanogène  étant  remplacé  de  même, 
il  se  formerait  un  isomérique. 

»  C'est  pour  vérifier  cette  hypothèse  que  les  expériences  suivantes  ont 
été  exécutées. 

»  On  a  mélangé  1  molécule  de  chlorure  d'éthyle  chloré,  corps  iden- 
tique avec  le  chlorure  d'éthylidène,  avec  2  molécules  de  cyanure  de  potas- 
sium et  avec  une  grande  quantité  d'alcool.  Le  tout  a  été  chauffé,  dans  un 
matras  scellé,  pendant  vingt-sept  heures;»  une  température  s'élevant  de  160 
à  180  degrés  centigrades.  On  s'était  assuré  d'avance  qu'une  température 
élevée  était  nécessaire  pour  déterminer  la  réaction.  Au  bout  de  ce  temps 
le  matras  a  été  ouvert  et  son  contenu  filtré.  La  liqueur  filtrée  a  été  traitée 
par  la  potasse  solide,  à  la  température  du  bain-marie,  aussi  longtemps  qu'il 
s'est  dégagé  de  l'ammoniaque. 


(1)   Philosopliical  Transactions  pour  1861. 

(•2)   Annalen  der  Chemic  und  Pharmacie,  t.  CXX,  p.  268. 


(  353  ) 
»  On  a  ensuite  distillé  l'alcool  et  ajouté  un  excès  d'acide  azotique  au 
résidu.  Ce  dernier  a  enfin  été  évaporé  à  siccité  à  une  basse  température,  et 
l'acide  organique  libre  a  été  dissous  dans  l'alcool.  En  le  dissolvant  dans 
l'alcool  absolu,  et  en  le  faisant  cristalliser  dans  l'eau,  on  l'a  obtenu  pur.  La 
quantité  obtenue  n'a  pas  été  très-considérable.  Séché  à  ioo  degrés,  l'acide 
a  donné  à  l'analyse  les  nombres  suivants  : 

Théorie.  Trouvé. 

C 48  40,67  40,86 

Hfi 6  5,io  5,a5 

ô1 64  54,23 

118  100,00 

•>  Sa  composition  est  donc  celle  de  l'acide  succinique.  Les  propriétés 
suivantes  prouvent  assez  que  c'est  l'acide  succinique  ordinaire.  11  fond  à 
179  degrés  et  se  sublime  sous  forme  d'aiguilles  à  une  température  plus 
élevée.  Les  vapeurs,  lorsqu'on  les  respire,  provoquent  la  toux  et  une  sen- 
sation pénible  dans  les  narines.  L'acide  neutralisé  donne  un  abondant  pré- 
cipité lorsqu'on  y  ajoute  du  perchlorure  de  fer.  Cette  dernière  réaction  a 
été  essayée  avant  et  après  le  traitement  par  l'acide  azotique,  avec  le  même 
résultat. 

»  La  seule  explication  que  je  puisse  donner  de  la  formation  de  l'acide 
succinique  ordinaire  dans  la  réaction  que  nous  venons  d'étudier,  c'est  que 
le  chlorure  d'éthylidène,  porté  à  une  température  élevée  en  présence  du 
cyanure  de  potassium,  s'est  transformé  partiellement  en  chlorure  d'éthy- 
lène,  1  atome  d'hydrogène  ayant  changé  de  place  avec  1  atome  de  chlore  : 

CH'H  CH'Cl 

I  =      I 

CHCI*  CH'Cl. 

»  Depuis  que  ces  lignes  ont  été  écrites,  j'ai  appris  que  M.  Wichelhaus  (1) 
a  obtenu  l'acide  succinique  isomérique  du  véritable,  en  le  dérivant  de 
l'acide  cyanopropionique.  Les  différences  qui  existent  entre  ce  nouvel 
acide  et  l'acide  ordinaire  sont  très-marquées.  Son  point  de  fusion  est  de 
/»o  degrés  inférieur,  et  neutralisé  il  ne  donne  pas  de  précipité  avec  le  per- 
chlorure de  fer. 

»  Ce  travail  a  été  fait  dans  le  laboratoire  de  M.  Wurtz.  » 


(1)  Zeitschriftfùr  Chenue,  nouvelle  série,  t.  III,  p.  247. 

C.  U.  ,  18G7,   2e  Semestre.  (T.  LXV,  IV   9.)  \(j 


(  354  ) 

chimie.  —  Nouvelles  recherches  sur  Visomérie.  Note  de  M.  A.  Oppexheim, 

présentée  par  M.  Balard. 

«  L'isomérie  entre  le  protochlorure  d'allyle  et  le  propylène  monochloré, 
que  j'ai  prouvée  antérieurement  (i)  par  une  différence  de  20  degrés  dans 
leurs  points  d'ébullition  et  par  la  manière  dont  ils  se  comportent  vis-à-vis 
de  l'éthylate  de  sonde,  m'a  paru  digne  d'être  étudiée  plus  amplement. 

»  Parmi  le  grand  nombre  de  réactions  qui  se  présentent  comme  propres 
à  comparer  les  propriétés  chimiques  de  ces  deux  corps,  mon  choix  s'est 
arrêté  sur  celles  quiont  permis  à  plusieurs  savants  de  transformer  des  hydro- 
carbures en  alcools  ou  pseudo-alcools.  J'ai  pu  ainsi,  tout  en  faisant  l'étude 
à  laquelle  je  voulais  me  livrer,  élucider  mieux  qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'à  pré- 
sent la  question  de  savoir  si  les  moyens  qui  permettent  de  passer  d'un  hy- 
drocarbure non  salure  à  son  alcool  ou  pseudo-alcool,  permettent  aussi  de 
passer  d'un  chlorure  non  saturé  à  un  alcool  ou  pseudo-alcool  chloré. 

»  On  connaît  six  séries  de  réactions  qui  peuvent  servira  transformer  un 
hydrocarbure  en  alcool.  On  y  parvient  en  faisant  agir  l'acide  iodhydrique, 
l'acide  sulfurique,  le  brome,  l'eau  oxygénée,  l'acide  hypochloreux  et 
l'acétate  de  chlore.  Je  me  borne  à  décrire  dans  cette  Note  l'action  des  deux 
premiers  de  ces  réactifs. 

»  I.  L'acide  sulfurique  agit  sur  le  propylène  chloré  d'une  manière  très- 
remarquable  et  tout  à  fait  inattendue.  La  première  goutte  d'acide  sulfu- 
rique ordinaire  qu'on  fait  tomber  sur  ce  corps  produit  un  torrent  de  gaz 
acide  chlorhydrique.  La  réaction  est  complète  à  froid  ;  mais  il  faut  chauffer 
légèrement  le  mélange,  qui  se  colore  à  peine,  pour  chasser  l'acide  chlorhy- 
drique absorbé. 

»  Il  est  évident  que  le  propylène  chloré  est  scindé  de  cette  manière  en 
gaz  chlorhydrique  qui  s'en  va,  et  en  hydrocarbure  C'H*  qui  reste  combiné 
ou  à  une  ou  à  deux  molécules  d'acide  sulfurique.  Cette  combinaison  con- 
situe-t-elle  de  l'acide  allyl-sulftirique?  Dans  ce  cas,  nous  pouvons  nous 
attendre  à  produire  par  l'action  de  l'eau  sur  cet  acide  un  pseudo-alcool 
allylique,  de  la  même  manière  que  le  propylène  combiné  à  l'acide  sulfu- 
rique donne  le  pseudo-alcool  propylique. 

»  Mais  la  réaction  se  passe  d'une  tout  autre  manière.  Le  mélange  d'acide 
sulfo-conjugué  et  d'acide  sulfurique  concentré  ayant  été  étendu  de  8  fois 
son  volume  d'eau  et  distillé,  produit  un  liquide  qui,  saturé  avec  du  carbo- 

(1)  Comptes  rendus,  t.  LXII,  p.   1082. 


(  355  ) 
natc  de  potassium,  donne  une  huile  surnageante  qui  n'est  que  de  l'acétone. 
En  effet,  elle  en  a  le  point  d'ébullition  (56  à  58  degrés)  et  l'odeur  caracté- 
ristique, la  composition  et  la  propriété  de  se  combiner  au  bisulfite  de  soude. 
Pour  compléter  la  preuve  que  c'est  de  l'acétone  et  non  pas  de  l'alcool  ally- 
lique,  on  l'a  traitée  avec  de  l'oxyde  d'argent  humide  et  on  a  constaté  la 
formation  du  formiate  d'argent. 

»  Le  chlorure  d'amyle,  la  chlorhydrine  du  glycol,  le  chlorobenzyle 
agissent  de  la  même  manière  sur  l'acide  sùlfurique,  en  dégageant  du  gaz 
chorhydrique.  Ces  chlorures  se  comportent  donc  comme  des  alcools  dont 
l'hydroxyle  HO  forme  de  l'eau  avec  un  atome  d'hydrogène  de  l'acide 
sùlfurique,  tandis  que  les  deux  restes  se  combinent  pour  former  des  acides 
conjugués.  La  généralité  de  cette  réaction  peut  devenir  d'une  grande  im- 
portance. On  prévoit  qu'elle  nous  permettra  de  transformer  les  homologues 
du  propylène  chloré  en  corps  analogues  à  l'acétone,  dont  la  nature  révélera 
la  constitution  des  hydrocarbures  C"H2". 

»  Le  chlorure  d'allyle.se  comporte  d'une  manière  toute  différente. 
L'acide  sùlfurique  en  carbonise  une  petite  partie  et  se  combine  avec  la 
partie  principale.  Le  produit,  distillé  au  bain-marie  avant  l'addition  de 
l'eau,  donne  une  petite  portion  d'un  chlorure  qui  bout  entre  o,3  et  96  de- 
grés, point  d'édullition  du  vrai  chlorure  de  propylène  C3H6Cl2,  et  l'ana- 
lyse donne  des  chiffres  qui  correspondent  à  cette  formule.  Une  portion  du 
chlorure  d'allvle  s'était  donc  combinée  à  l'acide  chlorhydrique  mis  en 
liberté  par  la  destruction  d'une  autre  portion. 

»  L'éthylène  brome  se  combine  avec  l'acide  bromhvdrique  pour  former, 
non  pas  du  bromure  d'éthylène,  mais  du  bromure  d'élhyhdène  (bromure 
d'éthyle  brome).  Cette  observation,  encore  inédite,  que  son  auteur,  M.  Re- 
boul,  veut  bien  me  permettre  de  citer,  comparée  avec  celle  que  je  viens 
de  décrire,  établit  une  nouvelle  différence  entre  les  hydrocarbures  chlorés 
C"H-"_'C1  et  leurs  isomères  de  la  série  allylique. 

»  Je  reviens  sur  la  portion  principale  de  l'action  de  l'acide  sùlfurique  sur 
le  chlorure  d'allvle.  Distillé  avec  8  fois  son  volume  d'eau,  il  donne  un 
produit  soluble  qu'on  sépare  de  l'eau  en  ajoutant  du  carbonate  de  potas- 
sium. Il  bout  presque  entièrement  entre  126  et  128  degrés,  et  il  contient 
du  chlore.  L'analyse  lui  assigne  la  formule  de  l'alcool  chloré  C3H7ClO, 
qui  est  aussi  celle  de  la  chlorhydrine  du  propylglycol.  Son  point  d'ébulli- 
tion et  toutes  ses  propriétés  prouvent  qu'il  est  identique  avec  cette  combi- 
naison, qui,  d'après  M.  Oser,  bout  à  127  degrés.  La  potasse  solide  le  trans- 
forme en  oxyde  de  propylène  bouillant  à  35   degrés  et  présentant  toutes 

46.. 


(  356  ) 
les  propriétés  de  l'oxyde  de  propylène  ordinaire.  Ainsi,  chauffé  avec  une 
solution  de  chlorure  de  magnésium,  il  précipite  de  la  magnésie. 

»  La  synthèse  que  je  viens  de  décrire  décide  pour  la  seconde  des  deux 
formules  possibles  de  la  chlorhydrine  propylénique  : 

(CH3-CHC1-CH2H0)     et     (CH:1  -  CH  .  HO  -  CH2C1)  ; 

car,  quelle  que  soit  la  constitution  du  chlorure  d'allyle,  son  chlore  est 
nécessairement  combiné  avec  un  atome  de  carbone  extérieur  et  pas  du 
milieu. 

»  II.  L'acide  chlorhydrique  se  combinant  directement  avec  le  chlo- 
rure d'allyle  pour  donner  du  chlorure  de  propylène,  on  a  pensé  que 
l'acide  iodhydrique  forme  avec  ce  corps  le  chloroiodure  de  propylène  dé- 
crit par  M.  Simpson.  Mais  ce  résultat  est  empêché  par  la  réaction  connue 
de  l'acide  iodhydrique  en  excès,  qui,  dans  l'iodure  formé,  substitue  de 
l'hydrogène  à  l'iode.  Le  chlorure  d'allyle,  mis  en  contact  avec  de  l'acide 
iodhydrique  concentré,  s'échauffe  en  mettant  de  l'iode  et  de  l'acide  chlor- 
hydrique en  liberté,  et  en  formant  de  l'iodure  d'isopropyle.  C'est  ce  que 
prouvent  le  point  d'ébullition  (88-92  degrés)  et  l'analyse  du  produit  formé. 
On  peut  exprimer  cette  réaction  par  l'équation 

C3H5C1  +  3HI  =  C3H7I  +  P  +  HC1. 

Elle  est  analogue  à  l'action  de  l'acide  iodhydrique  sur  l'iodure  d'allyle  dé- 
crite par  M.  Simpson. 

»  Le  propylène  chloré  se  combine  facilement  avec  l'acide  iodhydrique 
en  solution  concentrée.  Il  suffit,  pour  ce  but,  de  chauffer  ces  deux  corps 
dans  un  mat  ras  scellé  pendant  plusieurs  heures  à  100  degrés.  Le  produit 
est  une  huile  lourde,  peu  colorée,  qui  se  décompose  par  la  distillation, 
même  dans  le  vide.  Sous  la  pression  de  1  centimètre,  il  passe  entre  i  10  et 
i5o  degrés.  La  portion  recueillie  entre  110  et  i3o  degrés  donne  à  l'ana- 
lyse des  chiffres  correspondants  à  la  composition  C3H5CIHI. 

»  Espérant  de  former  un  acétate  chloré,  on  l'a  chauffé  avec  un  équiva- 
lent d'acétate  de  potasse  en  solution  alcoolique;  mais  le  produit  obtenu 
contient  de  l'iode.  Le  même  résultat  fut  obtenu  avec  de  l'acétate  d'argent, 
le  résidu  contenant  de  l'iodure  et  du  chlorure  d'argent.  Le  chlore  du  pro- 
pylène chloré,  qui  ne  peut  pas  être  enlevé  par  l'action  des  sels  d'argent,  en 
sort  donc  aussitôt  que  ce  chlorure,  combiné  à  l'acide  iodhydrique,  est 
soumis  à  l'action  des  sels  d'argent  ou  de  potasse. 

»   Le  produit   obtenu  par  l'action  de  2  équivalents  d'acétate   d'argent 


(  357  ) 
ne  se  présentant  pas  dans  un  état  propre  à  l'analyse,  on  a  essayé  l'action 
de  2  équivalents  de  benzoate  d'argent  sur  l'iodochlornre.  On  espérait 
produire  ainsi  un  corps  cristallisé  dont  la  forme  pouvait  être  comparée 
avec  le  benzoate  de  propylène  décrit  par  M.  Mayer.  Ce  résultat  a  été  at- 
teint. L'action  se  fait  à  la  température  ordinaire  avec  beaucoup  d'énergie. 
La  solution  dans  l'étber  donne  par  l'évaporation  de  beaux  cristaux  inco- 
lores d'une  largeur  qui  dépasse  quelquefois  un  centimètre.  Leur  apparence 
diffère  essentiellement  du  bibenzoate  de  propylène  dont  elles  ont  la  compo- 
sition centésimale.  Des  mesures  cristallographiques,  que  je  dois  à  l'obli- 
geance de  mon  ami  M.  Friedel,  et  que  je  donnerai  ailleurs,  confirment  cette 
différence.  Le  benzoate  de  propylène  cristallise  en  prismes  rectangulaires 
droits,  tandis  que  son  isomère  se  présente  en  octaèdres  rectangulaires 
obliques.  L'eau  les  transforme  en  acide  benzoïque  et  un  liquide  soluble  qui 
a  l'odeur  de  l'acétone.  La  relation  de  ce  benzoate  avec  l'acétone  devient  plus 
évidente  par  l'étude  du  chloro-iodure  qui  sert  à  sa  formation.  En  chauffant 
le  chloro-iodure  avec  de  l'oxyde  d'argent  humide,  on  le  transforme  en  acé- 
tone. L'iode  comme  le  chlore  est  donc  combiné  avec  l'atome  de  carbone  du 
milieu,  et  les  réactions  décrites  se  passent  de  la  manière  suivante  : 

(CH3  -  CCI  -  CH2)  +  Hl  =  (CH3  -  CCII  -  CH3), 
(CH3  -  CCII  -  CH3  +  Ag20  =  (CH3  -  CO  -  CH3)  acétone. 

»  Dans  le  benzoate  le  chlore  et  l'iode  sont  remplacés  par  2  molécules 
du  reste  benzoïque  C7H502.  On  peut  donc  évidemment  regarder  ce  corps 
comme  une  combinaison  de  l'acétone  avec  l'anhydride  benzoïque,  analogue 
à  la  combinaison  découverte  par  M.  Geuther  de  l'aldéhyde  avec  l'anhy- 
dride acétique. 

»  L'iodochlorure  décrit  plus  haut  est  naturellement  différent  du  chloro- 
iodure  de  propylène  obtenu  par  M.  Simpson  par  l'action  du  chlorure  d'iode 
sur  le  propylène.  Cette  combinaison  doit  donner  des  éthers  glycoliques  avec 
des  sels  d'argent  et  de  l'oxyde  de  propylène  ou  du  glycol  propylénique 
avec  de  l'oxyde  d'argent  humide.  L'action  de  l'oxyde  d'argent  sur  l'iodo- 
chlorure d'éthylène  a  donné  en  effet  à  M.  Simpson  du  glycol  ordinaire  (1). 

»  L'iodochlorure  que  je  viens  de  décrire  a  la  densité  de  1,824  à  zéro; 
celui  de  M.  Simpson  a  la  densité  de  1,932.  Le  premier  correspond  au  mé- 
thylchloracétol  de  M.  Friedel,  obtenu  par  l'action  du  perchlorure  de  phos- 
phore sur  l'acétone.   Pour  rester  dans  la   nomenclature  introduite  parce 


(1)  Je  dois  ce  fait  inédit  à  une  communication  verbale  de  I'auteui 


(  358  ) 
chimiste,  on  doit  le  désigner  par  le  nom  de  méthyliodochloracétol,  et  le 
benzoate  correspondant  par  le  nom  de  méthylbenzacétol. 

»  L'action  du  méthyliodochloracétol  sur  l'oxyde  d'argent  correspond 
au  fait  décrit  par  M.  PfaunJler,  que  le  bromhydrate  d'éthylène  brome  se 
transforme  en  aldéhyde  par  l'action  de  l'acétate  de  potassium. 

»  Ces  recherches  augmentent  de  quelques  faits  nouveaux  nos  connais- 
sances de  l'isomérie.  Elles  offrent,  dans  la  combinaison  de  l'anhydride  ben- 
zoïque  avec  l'acétone,  l'exemple  d'une  nouvelle  classe  de  composés,  et  dans 
l'action  de  l'acide  sulfurique  sur  les  chlorures  une  réaction  qui,  peu 
étudiée  jusqu'à  présent,  promet  des  applications  nombreuses  et  fertiles.    » 

PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  sur  l'influence  de  la  chaleur  sur  le  travail  méca- 
nique  du  muscle  de  la  grenouille.  Note  de  M.  J.  Chmoulevitch,  transmise 
par  M.  Bernard. 

«  En  étudiant  l'influence  de  la  température  sur  les  muscles  en  repos  (i), 
j'ai  été  porté  à  admettre  que  toutes  les  qualités  physiques  éprouvent  de 
très-grandes  variations,  même  dans  des  limites  très-restreintes  de  change- 
ments de  la  température.  Il  était  nature!  d'admettre  à  priori  que  ces  varia- 
tions devaient  aussi  déterminer  des  changements  dans  leurs  fonctions  phy- 
siologiques. C'est  pourquoi  je  me  suis  proposé  d'étudier  l'influence  de  la 
chaleur  sur  le  travail  mécanique  du  muscle. 

»  Pour  faire  l'expérience,  le  muscle  gastro-cnémien  de  grenouille  est 
fixé  par  son  tendon  dans  un  vase  contenant  une  solution  de  chlorure  de 
sodium  (o,65  pour  ioo  grammes)  de  température  voulue.  L'insertion 
supérieure  du  muscle  est  fixée  au  petit  bras  d'un  levier  mobile  autour  d'un 
axe  horizontal,  dont  le  grand  bras  inscrit  sur  un  cylindre  tournant  les 
hauteurs  auxquelles  le  poids  appliqué  au  même  bras  est  soulevé.  J'ai  obtenu 
les  résultats  suivants  : 

»  1.  Le  travail  mécanique  du  muscle  s'accroît  avec  l'élévation  delà 
température  jusqu'à  3o  à  33  degrés,  selon  sa  longueur  et  sa  tension. 

»  2.  L'accroissement  de  la  hauteur  à  laquelle  le  poids  est  soulevé  pen- 
dant l'élévation  de  la  température  est  d'autant  plus  considérable  que  le 
poids  est  plus  petit. 

»  3.  Pour  chaque  muscle  en  action  il  existe  une  certaine  tension  pour 
laquelle  il  conserve  la  même  longueur  à  des  températures  différentes. 

(i'i  Les  résultats  sn:;t  publiés  en  forme  de  notices  préliminaires  clans  le  Ccntralblatt  fur 
die  medicinischen  fVissenschaften,  c>  février  1S67. 


(  359  ) 

»  4.  En  élevant  la  température  d'un  muscle  à  plus  de  3o  à  33  degrés,  on 
voit  que  son  travail  mécanique  commence  à  diminuer  rapidement,  et  on 
arrive  bientôt  à  un  degré  tel  que,  supportant  un  certain  poids,  il  ne  se 
contracte  plus  ;  son  travail  est  alors  égal  à  zéro  ;  je  le  désigne  sous  le  nom 
de  travail  zéro. 

»  5.  Le  travail  zéro  arrive  d'autant  plus  vite,  que  le  muscle  supporte  un 
poids  plus  grand.  Cela  prouve  que  la  perte  de  la  propriété  du  muscle  de 
se  contracter  à  certaines  températures  n'est  pas  une  suite  d'une  action 
chimique  de  la  température  sur  la  substance  du  muscle,  dans  lequel  cas 
la  température  serait  constante  et  ne  changerait  pas  avec  le  poids;  elle  est 
plutôt  une  suite  d'un  changement  de  rapports  purement  physiques  des 
molécules  musculaires,  produit  par  la  haute  température.  En  faveur  -Je 
cette  opinion  est  encore  le  fait  que  : 

»  6.  On  n'a  qu'à  abaisser  la  température  pour  remettre  les  molécules 
dans  leurs  rapports  normaux,  et  rendre  ainsi  au  muscle  la  facullé  de  se 
contracter.  Une  coagulation  au  contraire  ne  pourrait  jamais  se  dissoudre 
momentanément. 

»  7.  En  faisant  une  série  d'expériences  avec  le  même  muscle,  c'est-à-dire 
en  l'échauffant  jusqu'au  travail  zéro  et  en  le  refroidissant  plusieurs  fois  de 
suite,  j'ai  remarqué  que  l'ordonnée  la  plus  grande,  celle  où  les  travaux 
mécaniques  cessent  d'augmenter  et  commencent  à  diminuer,  apparaît  dans 
chaque  expérience  suivante  à  une  température  plus  basse.  J'ai  trouvé  la 
cause  de  ce  phénomène  dans  le  remarquable  fait  que  le  muscle  s'épuise 
beaucoup  plus  rapidement  à  une  température  élevée  qu'à  une  température 
basse.  J'ai  prouvé  ce  fait  en  faisant  travailler  deux  muscles  du  même  poids 
(autant  que  possible)  sous  la  même  tension,  sous  la  même  irritation,  mais 
à  des  températures  différentes;  les  ordonnées  étaient  au  commencement  à 
la  température  la  plus  élevée  toujours  plus  grandes  qu'à  la  température  la 
plus  basse,  c'est-à-dire  que  le  muscle  soulevait  le  poids  à  une  hauteur  plus 
grande;  mais  l'abscisse  était  toujours  plus  courte  à  la  température  la  plus 
élevée  :  cela  veut  dire  qu'alors  le  muscle  a  toujours  cessé  de  travailler 
plus  tôt.  En  conséquence  de  ce  fait  : 

«  8.  Le  travail  total  du  muscle  est  toujours  plus  grand  à  une  basse  qu'à 
une  haute  température,  toutes  les  autres  conditions  étant  égales  d'ailleurs. 

»  9.  L'explication  de  l'augmentation  du  travail  mécanique  pendant  l'élé- 
vation de  la  température  se  trouve  dans  ce  fait,  que  l'élasticité  du  muscle 
en  action  augmente  avec  l'élévation  de  la  température.  » 


(  36o  ) 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Sur  un  météorographe  ancien  et  sur  la  théorie  du  baro- 
mètre statique.  Note  de  31.  R.  Il  ad  41  ,  présentée  par, M.  d'Abbadie. 

«  11  v  a  peut-être  quelque  intérêt  à  constater  que  l'idée  de  construire  un 
appareil  enregistreur  de  toutes  les  circonstances  atmosphériques  date  du 
siècle  dernier.  On  la  trouve  développée  dans  un  long  Mémoire  de  Magellan 
sur  les  baromètres,  qui  a  été  publié  en  français  dans  le  tome  XIX  (année 
1782)  des  Obseivations  sur  la  Physique  de  l'abbé  Rozier,  et  en  allemand  sous 
forme  de  livre  (Leipzig,  1782).  Magellan  insiste  sur  l'utilité  d'un  appareil 
où  tous  les  instruments  météorologiques  se  trouveraient  réunis  de  manière 
à  tracer  des  courbes  parallèles  sur  un  même  tableau  entraîné  par  une  hor- 
loge; il  décrit  les  différents  instruments  qu'il  veut  employer  et  en  donne 
les  dessins.  Comme  barographe,  il  choisit  le  baromètre  statique  :  c'est  un 
tube  de  verre  suspendu  par  un  fil  à  l'une  des  extrémités  d'un  levier  hori- 
zontal dont  l'autre  extrémité  porte  un  contre-poids;  le  tube  plonge  dans  un 
bain  de  mercure;  une  longue  aiguille  verticale  indique  la  pression  sur  un 
cadran  divisé.  En  adaptant  à  cet  appareil  un  crayon  ordinaire,  on  le  trans- 
forme en  barographe.  Magellan  ajoute  qu'on  peut  obtenir  plus  d'effet  en 
élargissant  le  haut  du  tube  par  une  chambre  renflée.  Pour  enregistrer  la 
température  et  l'humidité  de  l'air,  il  emploie  un  thermomètre  métallique 
et  un  hvgroscope  en  bois  de  Whitehurst.  Pour  la  pluie  et  l'évaporation,  il 
se  sert  de  deux  appareils  à  flotteurs  dont  les  tiges  verticales  sont  munies  de 
crayons.  La  force  du  vent  est  enregistrée  à  l'aide  d'un  anémomètre  de 
pression,  et  la  direction  à  l'aide  d'une  girouette  qui  agit  sur  un  cylindre  à 
chevilles,  comme  dans  l'anémographe  très-ingénieux  que  d'Ons-en-Brav  ;i 
présenté  à  l'Académie  des  Sciences  en  1734.  Un  porte-crayon  attaché  à  un 
flotteur  écrit  encore  sur  le  même  tableau  les  fluctuations  des  marées.  Tel 
est  l'appareil  que  Magellan  a  décrit  en  1782  sous  le  nom  de  météorographe 
perpétuel. 

»  Le  baromètre  statique  dont  il  se  sert  pour  enregistrer  les  variations  de 
la  pression  atmosphérique  mérite  une  attention  spéciale.  Inventé  par 
Samuel  Morland  vers  1670,  cet  instrument  se  trouve  décrit  dans  les  dic- 
tionnaires de  physique  sous  le  nom  steelyard-barometer  (baromètre  à 
romaine).  Hutton  et  Gehler  le  représentent  sous  la  forme  d'un  tube  sus- 
pendu en  équilibre  au  bras  court  d'un  fléau  dont  le  bras  long  parcourt  un 
arc  divisé.  La  forme  adoptée  par  Magellan  constitue  un  perfectionnement 
dû  à  ce  physicien.  En  1 791 ,  le  R.  Arthur  Maguire  imagina  de  soutenir  le 
tube  flottant  à  l'aide  d'un  manchon  de  bois,  de  l'élargir  par  une  chambre 


(36,   ) 

renflée  et  de  fixer  an  sommet  un  crayon  destiné  à  enregistrer  la  pression 
sur  un  tableau  mobile.  Le  dessin  de  cet  appareil  se  trouve  dans  les  Trans- 
actions de  l'Académie  de  Dublin ,  mais  il  ne  paraît  pas  remplir  les  condi- 
tions nécessaires  à  la  stabilité  de  l'équilibre.  Une  dernière  modification 
consiste  à  fixer  le  tube  et  à  rendre  la  cuvette  mobile  :  c'est  la  forme  qu'un 
certain  Coxe  donna  à  un  grand  baromètre  qu'il  exposa  à  Londres,  et  qui 
remontait  sans  cesse  une  horloge. 

»  La  théorie  du  baromètre  statique  n'a  encore  été  donnée  que  d'une 
manière  soit  incomplète,  soit  inexacte;  j'espère  donc  qu'il  me  sera  permis 
d'entrer  à  ce  sujet  dans  quelques  détails.  Considérons  d'abord  un  tube 
suspendu  en  équilibre,  sous  l'influence  d'une  pression  moyenne  S,  à  l'ex- 
trémité d'un  fil  qui  s'enroule  sur  une  poulie  et  qui  est  tendu  par  un  contre- 
poids :  c'est  le  système  de  Magellan.  Si  la  pression  augmente  de  m  milli- 
mètres,  le  tube  s'enfonce  de  p  millimètres,  et  le  mercure  monte  à 
l'intérieur  d'une  quantité  h  =  p  -+-  m.  Le  principe  d'Archimède  exige  que 
B/j  =  C/j,  en  désignant  par  C  la  section  de  la  chambre  barométrique,  et 
par  B  la  section  pleine  de  la  partie  immergée  du  tube.  11  s'ensuit  que  toute  la 
quantité  de  mercure  Bp  déplacée  par  la  base  du  tube  pénètre  à  l'intérieur; 
le  niveau  de  la  cuvette  n'éprouve  aucune  variation,  et  p  représente  l'abais- 
sement absolu  du  tube.  On  voit  d'ailleurs  quep  = -;  le  mouvement  du 

tube  peut  servir  à  amplifier  la  variation  barométrique  rn. 

»  Dans  un  tube  de  verre  ordinaire  on  a  toujours  B>C,  mais  le  rapport 
des  deux  sections  B  et  C  peut  être  modifié  à  volonlé  par  l'emploi  d'une 
chambre  renflée  et  d'un  manchon.  On  pourrait  ainsi  obtenir  que  C  fût 
plus  grand  que  B.  Dans  ce  cas,  l'équilibre  serait  instable.  Il  faudrait,  en 

effet,  que  le  tube  montât  d'une  quantité  p  =      _      pour  que  l'équilibre 

eût  lieu  sous  la  pression  |3  -+-  m;  or,  la  pression  naissante  le  rendrait  plus 
lourd  et  le  ferait  descendre;  il  s'éloignerait  donc  de  la  position  d'équilibre 
au  lieu  de  s'en  rapprocher. 

»  Si,  la  pression  restant  la  même,  on  ajoute  un  poids  zs  au  sommet  du  tube, 
il  enfonce  de  p  millimètres,  le  mercure  monte  à  l'intérieur  d'une  quantité 
égale,  et  l'équilibre  a  lieu  pour  p  [B  —  C)  =ro.  Dans  la  cuvette,  le  niveau 
s'élève  alors  de  n  millimètres,  et  l'on  a  En  =  /j(B  —  C)=w,  eu  désignant 
par  E  la  section  pleine  de  la  cuvette.  Il  s'ensuit 

i  i  \  n      E  —  B-t-C 


B  — C        E 

C.  R.,  1867,  2°  Semestre.  (T.  LXV,  N»  9.)  47 


(  362  ) 

c'est  l'abaissement  absolu   du  tube  sous  l'influence  d'un   poids  sr.   Une 

pression   m  =  i    millimètre    le   ferait  descendre    d'une    quantité   égale   à 

c  A 

jÎZTc}  un  P°'ds 

CE 

n°-E-B+c'. 

appliqué  de  bas  en  haut,  le  ferait  remonter  de  la  même  quantité  et  neutra- 
liserait l'effet  delà  pression;  le  poids  zs0  représente  donc  la  force  motrice 
produite  par  une  augmentation  de  pression  égale  à  i  millimètre. 

»  J'appelle  ici  poids  un  volume  de  mercure;  pour  avoir  tû0  en  grammes, 
il  faudrait  encore  multiplier  l'expression  précédente  par  i ,36,  en  suppo- 
sant B,  C,  E  exprimés  en  centimètres  carrés.  Ceci  posé,  il  est  clair  qu'un 

poids  quelconque  zs  équivaut  à  une  pression  —  • 

»  Prenons  maintenant  le  baromètre  à  balance  du  P.  Secchi.  Je  suppose  le 
fléau  formé  de  deux  bras  r,  R  qui  font  entre  eux  l'angle  c;  le  bras  r,  incliné 
sous  l'angle  a,  porte  le  tube,  le  bras  R  est  lesté  d'un  contre-poids  II.  Soit  en- 
core ix  le  produit  du  poids  total  de  la  balance  par  la  distance  de  son  centre 
de  gravité  au  point  de  suspension.  Une  rotation  p  de  la  balance  abaisse  le 
sommet  du  tube  d'une  quantité  rcosa.p,  et  produit  un  moment  de  rota- 
tion [j.p  qui  équivaut  à  un  poids  — _J*£_-  agissant  au  sommet  du  tube;  c'est 

comme  si  la  pression  m  était  diminuée  de  — —  — •  Par  suite, 

1  CT0./COS« 


rcos 
ou  bien 


ap  —  - — ?  [m - —  y, 

r         B  —  C  \  ut  r  cos  a  j 


-C 
in  =  p  [  — - —  rcos  a 


ra„./'COS(7 


»  L'abaissement  du  niveau  extérieur  est  n  =  —  -  }' —  ;  le  tube  s'enfonce  au- 

K/cosrt 

dessous  de  ce  niveau  d'une  quantité  p  =  p  ircosa  —  — \i  et  le  mer- 
cure monte  à  l'intérieur  de  h  =  p  ■+■  m  millimètres.  Ici  la  section  C  peut 
être  plus  grande  que  B,  pourvu  que  le  rapport  m  '.  p  reste  positif.  Lors- 
qu'on peut  admettre  que  le  poids  de  la  balance  se  concentre  aux  extrémi- 
tés des  bras  /',  R,  on  a  encore 

IlRsinc  /B  — C  nRsinc 

a  = et     m  =  p    — - — rcos  a  H — — 

1  COSrt  '     \        C  CTu/'COS'H, 

On  voit  que  le  rapport  m'.p  varie  avec  l'inclinaison  du  fléau.  On  pourrait 


(  363  ) 

le  rendre  constant  en  déterminant  l'une  ou  l'autre  des  sections  B,  C  par  la 

relation  m.  ==  A /s,  qui  donnerait  (*) 

nRsinc/         B^C\         ._         ,  ._, 

r  1  36  h g—  J  —  ACcos2«-f-  (B  — C)rcos3rt  =  o. 

On  aurait  en  même  temps  (par  intégration  suivant  p  ou  directement) 

/  •                        \        nRsinc, 
p  =  r(sma  —  sma0) ^-(tanga  -  tang«0)     et     h  =  p+k(a  —  a0). 

»  En  combinant  une  série  de  valeurs  de  p  ou  de  h  avec  les  valeurs  cor- 
respondantes de  B  ou  de  C  qui  résulteraient  de  la  relation  m  =  A/3,  on  dé- 
terminerait complètement  la  forme  du  manchon  ou  celle  de  la  chambre 
barométrique,  et  la  rotation  p  serait,  alors  proportionnelle  à  m.  Dans  un 
baromètre  à  sections  cylindriques,  on  diminuera  le  défaut  de  proportion- 
nalité en  rendant  le  bras  r  horizontal  pour  les  pressions  moyennes. 

»  Il  me  reste  à  considérer  l'influence  de  la  température.  Je  supposerai 
que  le  tube,  le  manchon  et  la  cuvette  sont  en  fer,  et  je  rapporterai  la  posi- 
tion du  sommet  à  un  repère  marqué  sur  une  échelle  qui  est  solidaire  avec 
la  cuvette.  Dans  cette  hypothèse,  la  correction  thermométrique  est  la  même 
pour  un  barographe  du  système  de  Maguire  et  pour  un  baromètre  à  ba- 
lance, pourvu  toujours  que  la  balance  et  le  tableau  mobile  soient  soli- 
daires avec  le  support  de  la  cuvette.  La  réduction  à  zéro,  qu'il  faut  retran- 
cher delà  pression  observée  pour  chaque  degré  centigrade,  devient 

fa-e)P  +  (f-3e)|-(9-3«)ï'ï=^ 

T  est  un  volume  de  mercure  dont  le  poids  est  égal  à  celui  du  tube  (diminué 
par  le  contre-poids);  V  est  le  volume  de  mercure  contenu  dans  la  cuvette 
(supposée  pleine  jusqu'au  niveau  moyen  du  bain  de  mercure);  les  coeffi- 
cients q  et  e  sont  les  coefficients  de  dilatation  du  mercure  et  du  fer, 
17  =  0,000179,  e  =  0,000012.  On  voit  qu'il  sera  toujours  possible  de  dé- 
terminer V  de  manière  que  la  correction  soit  nulle  pour  une  pression 
moyenne  |3,  ou  que  le  baromètre  soit  compensé;  il  suffira  pour  cela  de 
prendre 


C  \q~3e'  C 


(*)  Cette  formule  coïnciderait  avec  celle  à  laquelle  le  R.  P.  Jullien  est  arrivé  par  une 
autre  voie  (Annules  de  Tortolini,  1861),  s'il  n'avait  pas  basé  son  calcul  sur  une  expression 
inexacte  de  l'abaissement  n  du  mercure  extérieur.  L'erreur  n'est  peu  sensible  que  si  la 
cuvette  est  très-large  par  rapport  à  la  section  B. 

47" 


(  364  ) 
»   On  voit  aussi  que  pour  diminuer  autant  que  possible  l'influence  de  la 
température  sur  le  baromètre  à  balance,  il  faudra  resserrer  l'orifice  de  la 
cuvette  autour  du  tube  et  en  élargir  au  contraire  le  fond,  afin  d'agrandir 

le  rapport  -•  En  diminuant  la  surface  E,  on  augmentera  en  même  temps  la 

force  motrice  du  baromètre;  la  force  motrice  ne  croît  avec  E  que  lorsque 
B<C.  » 

ANATOMIE  ET   PHYSIOLOGIE  COMPARÉES.    —   Sur  l' Amphioxus.  Note  de 
M.  P.  Bert,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

«  La  présence  de  Y Amphioxus  a  été  constatée,  au  mois  de  mars  de  cette 
année,  dans  les  sables  vaseux  du  bassin  d'Arcachon,  par  MM.  Fillioux  et 
Lafont.  C'est  la  première  fois,  à  ma  connaissance,  qu'on  l'a  trouvé  sur  les 
côtes  océaniques  de  la  France. 

»  Du  mois  de  mars  au  mois  de  mai,  tous  les  individus  avaient  les  or- 
ganes génitaux  remplis  d'œufs  ou  de  spermatozoïdes  à  des  degrés  divers  de 
développement.  A  partir  de  ce  moment,  ces  organes  sont  vidés  et  atrophiés. 
Comme  tous  les  Poissons,  les  Amphioxus  sont  aptes  à  la  reproduction 
bien  avant  d'avoir  atteint  leur  taille  définitive. 

»  Aucune  différence  ne  peut  être  constatée  entre  le  mâle  et  la  femelle, 
alors  même  que  les  poches  génératrices  sont  remplies  de  leurs  produits,  à 
moins  de  s'aider  des  instruments  grossissants. 

»  Le  nombre  de  ces  poches  est,  dans  les  deux  sexes,  de  vingt-deux  à  vingt- 
six.  Celui  des  masses  musculaires  est  de  soixante  et  une  paires;  mais  celui 
des  intervalles  branchiaux  varie  considérablement  avec  la  taille,  comme  on 
le  savait  depuis  longtemps  (individu  long  de  20  millimètres,  g3 intervalles; 
de  38  millimètres,  1 5 3  ) .  Cette  augmentation  se  fait  aux  deux  extrémités 
de  l'appareil  branchial;  on  s'en  assure  aisément  en  prenant  pour  point  de 
repère  l'extrémité  antérieure  du  foie,  qui  correspond  toujours  à  la  seizième 
masse  musculaire. 

»  Au  delà  du  pore  abdominal,  les  parois  du'  corps  n'embrassent  pas  étroi- 
tement l'intestin,  comme  le  dit  M.  de  Qnatrefages;  j'ai,  au  contraire,  véri- 
fié l'assertion  de  J.  Mùller,  qui  décrit  un  prolongement  de  la  cavité  péri- 
tonéale  allant  jusqu'à  l'anus;  il  est  vrai  que  jamais  les  particules  qui  ont 
traversé  le  réseau  branchial  ne  s'engagent  dans  cette  voie,  qu'oblitèrent 
souvent  les  contractions  des  parois  du  corps. 

»   Par  contre,  je  ne  puis  admettre  l'existence  du  canal  latéral,  prolonga- 


(  365  ) 
tion  de  la  cavité  générale,  qui,  selon  divers  anatomistes,  s'ouvrirait  du  côté 
de  la  bouche. 

«  Chacune  des  poches  ovariques  consiste  en  une  mince  paroi  munie 
d'un  épithélium  pavimenteux  dont  les  cellules,  très-pâles,  mesurent  environ 
omm,oi  ;  au  dedans  se  trouve,  séparé  de  la  poche  par  un  intervalle  plein 
d'un  liquide  transparent,  le  sac  ovigère,  extrêmement  mince,  sans  épithé- 
lium, quand  les  œufs  sont  développés.  Mais  quand  ceux-ci  apparaissent,  il 
possède  des  cellules  épithéliales  (omm,oio  à  on"n,oi4);  celles-ci  se  groupent 
autour  des  jeunes  œufs,  qui  paraissent  naître  seulement  au  contact  de  la 
paroi.  Les  plus  petits  que  j'aie  vus  avaient  o'"m,o38,  leur  vésicule  germina- 
tive  omm,oi6,  et  leur  tache  o,mn,oo4;  j'en  ai  trouvé  dans  le  même  sac  depuis 
cette  taille  jusqu'à  celle  de  omm,24,  qui  est  celle  de  l'œuf  mûr  (vésicule 
o™,09;  tache  ommJ)26);  le  vitellus  devient  opacpie  lorsque  l'œuf  atteint 
omm,o85.  J'ai  vu  en  même  temps,  dans  le  sac,  des  corpuscules  isolés  qui 
avaient  tous  les  caractères  des  vésicules  germinatives.  Quand  les  oaufs  sont 
mûrs,  ils  perdent  leur  tache  et  leur  vésicide,  et,  comprimés  dans  le  sac, 
forment  à  sa  surface  une  mosaïque  élégante.  Ils  sortent  alors  par  rupture 
du  sac  et  de  la  poche;  dans  les  parois  du  premier  se  développent  des  gra- 
nulations pigmentaires,  puis  il  se  rétrécit  et  devient  invisible. 

»  Je  n'ai  pu  suivre,  dès  le  début,  l'apparition  des  spermatozoïdes;  je  les 
ai  cependant  vus,  une  fois,  réunis  par  la  tète,  en  grand  nombre,  dans  leurs 
cellules  mères  (ovules  mâles);  puis  celles-ci  se  rompent,  et  les  sperma- 
tozoïdes se  groupent  en  un  seul  faisceau  dans  un  grand  sac  à  parois  minces, 
sans  épithélium.  Entre  ce  sac  et  la  poche  testiculaire  flottent  un  grand 
nombre  de  corpuscules  mesurant  oram,oo45,  dont  la  nature  m'est  inconnue. 

»  Je  ne  puis  considérer  la  corde  dorsale  comme  formée  de  cellules  (de 
Quatrefages),  ni  de  rondelles  (J.  Mùller,  etc.).  Des  coupes  longitudinales  y 
montrent  une  structure  plus  régulière.  Ce  sont  des  lamelles  composées  de 
matière  amorphe  demi-solide,  réunies  les  unes  aux  autres  par  une  matière 
amorphe  fluide.  Mais  ces  lamelles,  vers  le  centre  de  la  corde  dorsale,  se 
bifurquent  à  mesure  qu'elles  s'éloignent  de  ce  centre,  en  donnant  nais- 
sance à  des  lamelles  secondaires  de  plus  en  plus  nombreuses,  lesquelles 
n'affleurent  pas  sur  toute  la  surface  de  la  corde  dorsale.  De  là  viennent  ces 
lignes  parallèles  qui  ont  fait  croire  à  des  rondelles  juxtaposées,  et  qui, 
n'embrassant  qu'une  portion  de  la  circonférence,  ont  été  regardées  par 
M.  de  Quatrefages  comme  délimitant  de  grandes  cellules  aplaties. 

»  Je  ne  saurais  non  plus  partager  l'opinion  M.  Marcusen,  suivant  lequel 
les  gros  corps  contenus  dans  les  cellules  de  la  nageoire,  d'une  part,  et  l'ex- 


(  366  ) 
trémité  renflée  de  la  moelle  épinière  d'autre  part,  sont  constitués  par  des 
capillaires.  D'abord,  les  gros  corps  sont  translucides  et  homogènes,  tandis 
que  l'extrémité  renflée  si  bien  décrite  par  M.  de  Quatrefages  est  remplie 
de  corpuscules  tout  à  fait  semblables  à  ceux  qui  frappent  à  première  vue 
dans  la  moelle  épinière.  De  plus,  sur  des  fragments  d'Amphioxus  coupés 
depuis  plusieurs  jours,  et  bien  vivants  encore,  ces  parties  conservent  leurs 
dimensions,  ce  qui  n'aurait  pas  lieu  si  elles  étaient  composées  de  capil- 
laires pleins  de  sang. 

»  La  moelle  épinière  contient,  dans  les  parties  renflées  comme  dans  les 
parties  rétrécies,  des  cellules  ,  lesquelles  sont  très-difficiles  à  voir  nette- 
ment. Elles  ne  m'ont  pas  paru  rondes,  comme  on  le  dit  d'ordinaire,  mais 
anguleuses,  polaires.  J'ai  vu,  d'un  angle  de  l'une  d'elles,  qui  était  tripolaire 
et  mesurait  omm,oi5,  partir  une  fibre  primitive  qui  bientôt  s'est  bifurquée. 

»  La  contradiction  manifeste  entre  la  description  de  M.  de  Quatrefages 
et  celle  de  M.  Marcusen,  touchant  la  terminaison  des  nerfs  cutanés,  me  pa- 
raît reposer  sur  une  généralisation  prématurée.  Si  l'on  examine  les  nerfs 
cutanés  à  la  région  moyenne  et  postérieure  du  corps,  on  les  voit  se  ramifier 
de  plus  en  plus,  perdre  leur  enveloppe  propre,  et  devenir  tellement  fins, 
que  leur  extrémité  ne  peut  être  distinguée.  J'ai  lieu  de  croire  qu'ils 
présentent,  en  route,  des  anastomoses.  Mais  les  nerfs  qui  proviennent  des 
troncs  de  la  face  (deuxième,  troisième,  quatrième  et  cinquième  paires  de 
M.  de  Quatrefages)  se  comportent  autrement  ;  après  un  court  trajet,  ils  ar- 
rivent à  des  corps  celluleux  ovalaires,  mesurant  de  omm, 012  à  oimu,oi5,  rem- 
plis de  granulations  avec  un  ou  deux  noyaux  de  omm,oo4-  Ces  cellules  si- 
gnalées par  M.  de  Quatrefages  sont  bien  la  terminaison  même  des  filets 
nerveux;  mais  elles  n'existent  que  pour  les  filets  faciaux,  chez  lesquels  elles 
révèlent  sans  doute  une  fonction  particulière. 

»  La  terminaison  antérieure  de  la  moelle  épinière  de  l'Amphioxus,  pour 
n'être  pas  renflée,  n'en  joue  pas  moins  le  rôle  d'un  encéphale;  si  on  la 
tranche,  l'animal,  une  fois  reposé,  reste  immobile  sur  le  sable,  et  sans  nulle 
trace  de  détermination  volontaire.  Mais  il  est  encore  extrêmement  sensible, 
et  exécute  régulièrement  les  mouvements  des  muscles  du  ventre  qui  aident 
à  la  respiration.  J'ai  vu  persister  les  mouvements  réflexes  généraux,  pen- 
dant plus  de  huit  jours,  chez  un  Amphioxus  décapité. 

»  L'immersion  d'un  Amphioxus  dans  de  l'eau  de  mer  chargée  de  tour- 
nesol bleu  (méthode  Vulpian)  ne  m'a  pas  montré  de  sécrétion  acide  dans 
son  tube  intestinal,  sinon  peut-être  dans  la  cavité  buccale.  Quant  au  grand 
appendice  verdàtre  qu'on  appelle  d'ordinaire  un  foie,  je  n'ai  pu,  sous  le 


(  367  ) 
microscope,  y  apercevoir  des  taches  violâtres  par  l'action  de  la  teinture 
d'iode  acidulée;  l'acide  nitrique,  à  chaud,  lui  donne  une  coloration  vert 
bouteille  un  peu  clair. 

»  Ni  dans  le  foie,  ni  dans  les  excréments,  ni  dans  les  corps  singuliers,  dif- 
férents d'un  animal  à  l'autre  en  nombre,  grandeuret  position,  cjueJ.  Mùller 
considère  comme  des  reins,  je  n'ai  pu  déceler  la  présence  d'acide  urique 
par  la  réaction  microscopique  du  murexide. 

»  Je  crois  être  le  premier  qui  ait  assisté  au  rejet  du  sperme  :  il  sort  par  le 
pore  abdominal,  d'un  jet  continu  renforcé  de  pulsations  dues  aux  muscles 
abdominaux;  les  spermatozoïdes,  libres  et  agiles,  ont  conservé  leurs  mou- 
vements pendant  vingt-quatre  heures  environ  dans  l'eau  de  mer  (tempé- 
rature, i5  degrés).  Ils  mesuraient  alors  :  tête  omm,oo3,  queue  omm,o4o  à 
omm,o48.  La  plupart  avaient  omm,o45.  La  constatation  de  cette  émission 
spontanée  de  sperme  est  importante,  car  elle  force  à  considérer  l'Amphioxus 
comme  une  forme  adulte  et  définitive. 

»  Si  on  ampute  l'extrémité  du  corps  d'un  Amphioxus,  la  plaie  ne  se  ci- 
catrise pas  ;  au  contraire,  les  tissus  se  dissocient  de  proche  en  proche.  J'ai  vu 
des  animaux,  tronçonnés  de  la  queue  seulement,  être  graduellement  rongés 
jusqu'au  milieu  de  la  région  branchiale,  et  vivre  ainsi,  sans  intestins,  sans 
parois  abdominales,  sans  branchies,  pendant  plusieurs  jours.  Dans  cette  des- 
truction, les  rondelles  de  la  corde  dorsale  se  détachent,  les  fibres  muscu- 
laires se  dissocient,  perdent  leurs  stries  et  disparaissent  :  la  plaie  prend  une 
coloration  rosée. 

»  L'immersion  pendant  deux  minutes  dans  l'eau  à  l\\  degrés  tue  les  Am- 
phioxus; mais,  incapables  de  mouvements  spontanés,  ils  sont  encore  con- 
tractiles localement. 

»  L'eau  douce  les  tue  avec  convulsions  violentes  en  deux  ou  trois  minutes; 
ils  deviennent  alors  opaques,  roides,  et  leurs  muscles  ne  se  contractent  plus, 
même  par  des  courants  induits  insupportables  aux  doigts  secs.  Si  alors  on 
remet  l'animal  dans  l'eau  de  mer,  on  voit,  après  quelques  heures,  revenir  la 
contractilité,  puis  la  sensibilité.  Si  on  a  attendu  la  cessation  du  mouvement 
des  cils  vibratiles,  il  reparaît  dans  l'eau  de  mer,  mais  la  contractilité  et  la 
sensibilité  sont  définitivement  perdues. 

»  La  présence  dans  l'eau  d'une  très-petite  quantité  de  strychnine  tue  les 
Amphioxus  avec  convulsions  tétaniques;  la  morphine  les  engourdit  (même 
avec  l'extrémité  céphalique  enlevée),  tout  en  respectant,  quand  elle  est 
à  faible  dose,  leur  sensibilité;  enfin,  le  curare  les  immobilise  sans  in- 
fluer sur  leur  contractilité,  et  cela  bien  que  leurs  téguments  soient  intacts.  » 


(  368  ) 

HISTOIRE  NATURELLE.  —  Recherches  sur  deux  nouvelles  espèces  de  végétaux 
parasites  (  Aspergillus  flavescens  et  Aspergillus  nigricans)  de  l'homme. 
Noie  de  M.  Robert  Wreden,  présentée  par  M.  Cl).  Robin.  (Extrait.) 

«  Depuis  le  i5  novembre  18G4  jusqu'au  25  mai  1867,  j'ai  eu  l'occasion 
d'observer  le  développement  de  deux  nouvelles  formes  de  champignons 
(genre  Aspergillus)  sur  la  membrane  du  tympan  de  dix  personnes,  dont 
quatre  atteintes  de  deux  côtés.  Ayant  eu  mainte  fois  la  possibilité  de  sur- 
veiller et  d'étudier  le  développement  de  ces  parasites  depuis  leur  début 
jusqu'à  leur  extinction  définitive,  je  puis  affirmer  que  celte  végétation 
parasitaire  existait  indépendamment  de  toute  autre  maladie,  et  constituait 
une  affection  particulière  et  très-opiniâtre  de  l'oreille,  accompagnée  d'un 
grand  dérangement  des  fonctions  et  de  souffrances  multiples. 

»  Les  deux  espèces  de  champignons  auriculaires,  trouvées  par  moi,  pré- 
sentaient tous  les  caractères  botaniques  principaux  de  Y  Aspergillus  glau- 
cus,  Lk  ;  cependant  elles  en  diffèrent  par  la  coloration  de  leurs  organes 
de  fructification,  ce  qui  me  porte  à  dénommer  l'une  d'elles  A.  Jlavescens, 
et  l'autre  A.  nigricans  — 

»  Non-seulement  le  microscope,  mais  même  l'œil  nu  permet  de  constater 
l'existence  d'une  pseudomembrane  parasitaire  de  l'oreille  et  de  décider 
d'avance  si  elle  est  produite  par  une  végétation  de  VA.  flavescens  ou  de 
VA.  nigricans.  Dans  les  deux  cas,  la  membrane  parasitaire,  extraite  en 
entier,  porte  l'empreinte  très-reconnaissable  de  la  membrane  du  tympan 
et  consiste  en  un  tissu  feutré,  lardacé,  blanc  et  luisant,  facile  à  déchirer  et 
à  éparpiller,  couvert  en  plusieurs  endroits  de  taches  (spores)  jaune-bru- 
nâtre (A.  flavescens)  ou  parfaitement  noires  [A.  nigricans).  Ces  aggloméra- 
tions de  spores  forment  souvent  sur  la  surface  blanche,  appliquée  à  la 
membrane  du  tympan,  un  espace  annulaire  noir  de  1  à  2  millimètres  de 
largeur,  correspondant  à  la  périphérie  du  tympan.  En  général,  la  disposi- 
tion des  couches  dans  chaque  pseudomembrane  parasitaire  de  l'oreille 
prouve  que  le  parasite  croit  de  dehors  en  dedans,  c'est-à-dire  tend  à  s'en- 
foncer dans  le  tissu  de  la  membrane  du  tympan. 

«  VA.  nigricans,  dont  les  organes  de  fructification  ont  justement  la  même 
couleur  noire  que  ceux  de  VA.  nigrescens,  trouvé  par  Ch.  Robin  le  jg  février 
1848  dans  les  sacs  aériens  d'un  faisan,  ne  pourrait  être  confondu  avec 
celui-ci,  parce  que  les  filaments  réceptaculaires  de  VA.  nigrescens,  Ch.  B., 
sont  formés  de  longues  cellules  articulées  bout  à  bout  et  présentant  à 
l'endroit  de  leur  contiguïté  un  rétrécissement  notable.  En   outre,  la  cou- 


(  369) 
ronne  de  cellules  basales  autour  des  capitules  n'est  pas  complète  comme 
chez  Y  A.  nigricans. 

»  \J A.  flavescens  se  rapproche  beaucoup  du  champignon  pulmonaire 
de  Virchow,  que  G.  Fresenius  a  décrit,  d'après  les  spécimens  reçus 
de  Virchow,  comme  une  espèce  particulière  qu'il  nomme  A .  fumigatus 
et  qu'il  identifie  avec  le  champignon  trouvé  par  lui  dans  les  bronches 
d'une  Otis  tarda  du  Jardin  zoologique  de  Francfort.  Cependant  la  descrip- 
tion et  les  dessins  que  nous  en  donnent  Virchow  et  Fresenius,  et  surtout  la 
pièce  microscopique  (la  même  qui  a  été  envoyée  à  Fresenius  et  déclarée  par 
celui-ci  pour  A.  fumigatus)  que  me  montra  le  professeur  Schenk,  à 
Wurzbourg,  me  donnèrent  l'assurance  parfaite  que  mon  A.  flavescens  se 
distingue  nettement  de  Y  A .  fumigatus  qui,  en  outre,  a  des  spores  brun- 
verdâtre. 

»  Voulant  savoir  au  juste  si  VA.  flavescens  et  l'A.  nigricans  sont  véritable- 
ment de  nouvelles  espèces  d' Asperqillus  ou  s'ils  n'en  représentent  que  de  nou- 
velles   variétés,    produites   par   la   différence  du   milieu   dans   lequel    ils 
croissent,  j'entrepris  une  série  d'essais  de  culture  avec  mes  champignons 
auriculaires  dans  différents  milieux.  Le  citron  et  l'orange  douce  se  mon- 
trèrent surtout  favorables  à  ces  expériences.  Le  résultat  de  ces  essais,  souvent 
répétés  et  modifiés,  fut  très-net  et  constant.  Chaque  fois  que  je  transplantais 
Y  A .  flavescens  ou  Y  A.  nigricans  de  leur  sol  animal  sur  un  sol  végétal  (tranche 
de  citron  ou  orange),  ils  retournèrent  infailliblement  tous  les  deux  à  la 
même  forme  du  moisi  végétal,  c'est-à-dire  à  Y  A.  glaucus,  Lk.  Tout  carac- 
tère distinctif  entre  Y  A .  flavescens  et  Y  A.  nigricans  disparaissait  à  la  suite  de 
leur  transmutation  en  A.  glaucus,  dont  ils  ne  sont  par  conséquent  que  des 
variétés,  résultant  de  la  différence  du  milieu  (animal  ou  végétal)  dans  le- 
quel ils  croissent.  Que  l'on  ensemence  une  tranche  de  citron  ou  d'orange 
avec  Y  A.  flavescens  ou  Y  A.  nigricans,  le  résultat  constant  est  le  même  dans 
les  deux  cas  (si  l'on  prend  toutes  les  précautions  nécessaires  pour  prévenir 
un  mélange  d'autres  spores  microscopiques,  surtout  de  celles  de  Pénicil- 
lium glaucum,  Lk.,  qui  sont  toujours   suspendues  dans  l'atmosphère  des 
chambres)  :  quarante-huit  heures  après  l'ensemencement,  la  surface  de  la 
tranche  de  citron  ou  d'orange  parait  déjà  couverte  d'une  couche  de  fila- 
ments stériles  de  mycélium,  fins,  blancs  et  pareils  à  des  fils  de  toile  d'arai- 
gnée. Dans  trois  fois  vingt-quatre  heures,  cette  couche  blanche  de  mycélium 
est  recouverte  d'une  quantité  innombrable  de  spores.  On  peut  constater 
alors,  à  l'aide  du  microscope,  la  présence  des  spécimens  de  Y  Aspergillus, 

r.  R.,  1867,  2e  Semestre.  (  T.  LXV,  N°  9.)  4$ 


(  37o  ) 
dont  les  sporanges  et  les  spores  libres  sont  distinctement  colorés  en  vert 
brunâtre  (A.  glaucus,  Lk.).  Des  cultures  ultérieures  (une  seconde,  troi- 
sième, etc.)  sur  le  même  milieu  végétal,  ainsi  que  sur  un  autre,  pourvu 
qu'il  soit  végétal  et  convenable  à  la  végétation  de  Y  Aspergillus,  n'amènent 
aucune  autre  modification  dans  la  forme  et  la  couleur  de  Y  A.  glaucus. 

»  La  végétation  de  l'Aspergillus  dans  l'oreille  humaine  constituant  une 
maladie  très  opiniâtre  et  réclamant  l'emploi  de  parasiticides  très-efficaces, 

j'ai  étudié  l'action  microchimique  de  divers  agents  sur  l'Aspergillus Ces 

essais  m'ont  conduit  à  reconnaître  que  : 

»  i°  Les  meilleurs  parasiticides  sont  l'hypochlorite  de  chaux  et  l'arsénite 
de  potasse  dont  les  solutions,  même  très-diluées,  détruisent  rapidement  et 
entièrement  les  cellules  de  l'Aspergillus.. 

»  2°  L'acide  phénylique  et  l'acide  tannique  viennent  après  les  chlorures 
et  l'arsenic,  dont  ils  n'ont  pas  l'action  destructive.  Ils  déterminent  en  pre- 
mier lieu  la  coagulation  du  protoplasma  et  consécutivement  une  sorte  de 
momification  très-remarquable  de  tout  le  végétal. 

»  3°  Èe  sublimé  et  le  nitrate  d'argent  ne  détruisent  l' Aspergillus  qu'en 
solutions  très-concentrées  qui  ne  pourraient  guère  être  employées  sur 
l'homme  vivant. 

»  4°  Les  solutions  des  sels  de  fer,  cuivre  et  plomb  n'ont  aucune  in- 
fluence appréciable  sur  Y  Aspergillus,  dont  les  filaments  fertiles  sout  assez 
résistants  pour  n'être  pas  altérés  par  un  séjour  prolongé  dans  la  teinture 
d'iode  pure. 

»  5°  L'alcool,  recommandé  par  Kuchenmeister  et  Hallier  comme  le  meil- 
leur parasiticide,  agit  sur  Y  Aspergillus  végétant  dans  l'oreille  d'une  ma- 
nière très-incertaine  et  douteuse,  île  même  que  son  action  sur  l'Aspergillus, 
détaché  de  l'oreille,  est  presque  nulle  (légère  décoloration). 

«  L'Aspergillus,  végétant  dans  l'oreille  de  l'homme  vivant,  produit  une 
maladie  tres-caractéristique,  que  j'ai  nommée  Mycomyiiugilis,  v.  Myringo- 
mycosis  aspercjillina,  et  qui  se  présente  sous  deux  forme.-,  selon  qu'elle  est 
occasionnée  par  Y  A.  Jlavescens  ou  par  l'A.  nigricans.  Le  dernier  produit 
toujours  des  phénomènes  morbides  plus  graves  que  le  premier. 

»  Je  dois  dire  que  jusqu'à  présent  je  n'ai  jamais  vu  Y  A .  Jlavescens  et 
l'A.  nigricans  végétant  simultanément  dans  la  même  oreille,  de  même  que 
je  n'ai  pu  découvrir,  malgré  les  recherches  les  plus  assidues,  la  moindre 
trace  d'un  mélange  de  Pénicillium  glaucwn,  Lk.,  avec  l'Aspergillus, 
quoique  ce  mélange  se  rencontre  ordinairement  dans  les  moisissures  qui 
recouvrent  les  substances  végétales.   Après  avoir  appris  que  Troeltscb,  à 


(  37r  ) 
Wurzbourg,  avait  trouvé  récemment  sur  le  méat  auditif  d'uu  malade  une 
moisissure  constituée  par  un  Âspergillus  penicillatus,  je  me  rendis  sur  les 
lieux  pour  examiner  les  préparations  microscopiques  de  ce  parasite,  et  je 
trouvai  qu'elles  ne  présentaient  qu'un  mélange  de  Y  Ascophora  elecjans  et  de 
Y Ascophora  mitcedo. 

»  J'eus  en  outre  l'occasion  de  constater  sur  le  fait  combien  les  moisissures 
des  chambres  sont  nuisibles  à  l'homme.  Dans  un  cas  étudié  par  moi,  je  fus 
étonné  de  l'opiniâtreté  inouïe  avec  laquelle  les  végétations  de  Y  A.  nicjricans 
se  régénérèrent  pendant  trois  mois  chez  la  malade,  malgré  l'emploi  des 
meilleurs  parasiticides.  Ne  pouvant  m'expliquer  cette  circonstance  extraor- 
dinaire que  par  une  infection  continuelle,  je  me  rendis  à  l'hospice  où 
cette  personne  était  surveillante.  Je  trouvai  que  de  trois  salles  (dans  les- 
quelles trente-quatre  vieilles  femmes  restaient  jour  et  nuit)  tous  les  plafonds 
et  les  fenêtres,  blanchis  à  la  chaux,  étaient  entièrement  couverts  d'une 
couche  verte  de  moisi  Pénicillium  cjlaucum,  tandis  que  tous  les  murs,  peints 
à  l'huile,  étaient  totalement  tapissés  par  une  moisissure  blanche  (mycélium 
soyeux)  et  noire  (sporanges  et  sporules)  qui  présentait  le  même  A.  nicjricans 
que  l'oreille  de  la  malade,  seulement  sous  la  forme  Achorion  (d'après 
Hallier).  Pourtant  une  seule  culture  dans  la  glycérine  ou  sur  le  citron  suf- 
fisait pour  le  changer  en  plante  à  sporanges  bien  développés  (au  lieu  des 
conidies  que  présentait  le  champignon  des  murs  avant  la  culture).  Il  est 
digne  de  remarque  que  le  Pénicillium,  qui  prospère  beaucoup  plus  sur  un 
sol  humide  cpie  YAspergillus,  s'était  borné  aux  plafonds  humides,  blanchis 
à  la  chaux,  tandis  que  Y Aspergillus  ne  tapissait  que  les  murs  peints  à  l'huile, 
qui  évidemment  n'absorbent  pas  l'humidité  comme  le  fait  la  chaux.  Un 
lavage  des  murs  et  plafonds  de  ces  salles  avec  une  solution  d'hypochlorite 
de  chaux,  ainsi  que  l'emploi  de  cette  solution  pour  l'oreille,  et  l'installa- 
tion d'une  bonne  ventilation  mirent  aussitôt  fin  aux  souffrances  de  la  ma- 
lade, sur  qui  avaient  jusque-là  échoué  toutes  mes  ressources  thérapeutiques.  » 

M.  Jcluen  adresse  une  nouvelle  Lettre  qui  se  rattache  à  ses  précédentes 
communications,  et  qui  ne  contenant,  de  même,  ni  aucun  nouveau  fait  scien- 
tifique, ni  aucune  réclamation  sur  laquelle  l'Académie  ait  à  se  prononcer, 
ne  peut,  par  cette  double  raison,  et  non  moins  à  cause  de  l'étrangeté  de  sa 
forme,  trouver  place,  même  par  extrait,  au  Compte  rendu. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  C. 


!  372  ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  19  août  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Nota...  Note  sur  la  mesure  de  l'action  électrique;  par  le  prof.  G.  Bella- 
vitis.  Venise,  1 864  ;  br.  in-8°. 

Determiuazionp...  Détermination  numérique  des  racines  imaginaires  des 
équations  algébriques  ;  parle  prof.  G.  Bellavitis.  Venise,  1 864  ;  in-4°. 

Délia...  De  l'instruction  parla  voie  des  yeux;  Discours  par  M.  le  prof. 
Bellavitis.  Padoue,  i865;  br.  in-8°. 

Settima...  Septième,  huitième  et  neuvième  Revues  du  journal  du  prof.  G. 
Bellavitis.  Venise,  sans  date;  5  brochures  in-8°. 

Prospetto...  Coup  d'œil  sur  les  travaux  publiés  par  l'Institut  depuis  l'époque 
de  sa  fondation;  par  le  prof.  G.  BELLAVITIS.  Venise,  i863;  br.  in-8°. 

Quali...  Quels  sont  les  faits  principaux  qui  conduiraient  à  supposer  que  la 
cause  efficiente  du  choléra  asiatique  est  une  mucédinée  vénéneuse;  par  M.  G.  Dora . 
Nardo.  Venise,  i865;  br.  in-8°. 

Nuove...  Nouvelle  règle  pour  l'exercice  de  l'art  des  accouchements  ;  par- 
M.  G.  Dora.  Nardo.  Venise,  1867;  br.  in-8°. 

Address...  Discours  prononcé  dans  la  séance  annuelle  de  la  Société  royale  de 
Géographie,  le  27  mai  1867;  par  le  Président  sir  B.  I.  Murchison.  Lon- 
dres, 1867;  br.  in-8°. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  26  août  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Notions  d' Anatomie  et  de  Physiologie  générales;  essai  sur  la  physiologie 
des  épithéliums ;  par  M.  E.  Cabadé.  Paris,  1867;  br.  in-8°.  (Présenté  par 
M.  Bobin  comme  pièce  de  concours  pour  les  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie, 1868.) 

ïext...  Explication  de  la  tourelle  et  du  système  de  trépied  du  capitaine 
Gowper  P.  Coles,  destinés  aux  Juturs  navires  à  tourelle;  par  M.  C.-F.  Hen- 
WOOD,  architecte  naval,  d'après  les  plans  du  Vice-Amiral  Halsted,  exposant 
(annexe  britannique,  classe  66,  n°  22).  Paris,  1867;  1  vol.  in-40  relié. 
(Présenté  au  nom  de  M.  Halsted  par  M.  l'Amiral  Paris.) 

(La  suite  du  Bulletin   nu  prochain   numéro.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 


SÉANCE  DU  LUNDI  2  SEPTEMBRE  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  à  l'Académie  le  tome  LXIII  de  ses 
Comptes  rendus,  et  annonce  que  ce  volume  est  en  distribution  au  Secrétariat. 

M.  Dumas  adresse  à  M.  le  Président,  au  sujet  de  la  mort  récente  de 
M.  Faradav,  la  Lettre  suivante,  dont  M.  le  Secrétaire  perpétuel  donne  lec- 
ture à  l'Académie  : 

«  M.  Tyndall  m'annonce  la  mort  de  M.  Faraday.  Dimanche  matin  il  a  ter- 
miné sa  noble  vie  si  paisiblement,  qu'on  a  pu  croire  qu'il  s'endormait. 

»  M.  Tyndall  m'a  paru  désirer  qu'en  ma  qualité  de  vieil  ami  de  l'il- 
lustre physicien,  je  fusse  auprès  de  l'Académie  l'organe  de  la  famille  de 
M.  Faraday.  Si  elle  vous  avait  fait  savoir  le  deuil  qui  l'afflige,  veuillez  con- 
sidérer ma  Lettre  comme  non  avenue;  dans  le  cas  contraire,  je  désirerais, 
me  conformant  à  sa  pensée,  que  l'Académie  fût  informée  directement  de 
cette  grande  perte. 

«  Les  titres  du  savant  incomparable  sont  connus  du  monde  entier.  Le 
caractère  ineffable  de  l'homme  si  bon,  si  loyal,  si  naïf  ne  pouvait  être 
apprécié  que  dans  l'intimité.  Il  y  a  près  de  cinquante  ans,  j'avais  rencontré 
M.  Faraday  pour  la  première  fois.  Depuis  lors,  nous  nous  étions  souvent 

C.  R.,  1867,  i<  Semestre.  (T.  LXV,  N°  10.)  49 


(  374  ) 
retrouvés.  Je  l'avais  donc  suivi  pendant  sa  marche  ascendante  si  glorieuse, 
et  j'avais  vu  sa  modestie  si  naturelle  e!  si  simple  s'accroître  dans  la  même 
proportion  que  la  force  de  son  génie  et  la  splendeur  de  ses  services.  Si  ses 
découvertes  l'ont  immortalisé  et  s'il  laisse  le  souvenir  d'un  des  plus  féconds 
esprits  de  ce  siècle,  il  laisse  aussi,  au  profit  de  la  dignité  des  Sciences, 
l'exemple  d'une  vie  pure  et  d'un  grand  cœur. 

»  L'Angleterre  ne  sera  pas  seule  à  s'émouvoir  de  ce  grand  deuil.  » 

»  M.  le  Président  dit  que  l'Académie  s'associe  aux  sentiments  expri- 
més dans  la  Lettre  qu'on  vient  de  lire,  car  en  nommant  Michel  Faraday  un 
de  ses  Associés  étrangers,  elle  décernait  le  plus  beau  titre  dont  elle  dispose 
à  un  homme  qui,  devant  tout  à  lui-même,  serait  peut-être  encore  inconnu 
si  le  célèbre  H.  Davy  n'eût  pas  reconnu  en  lui  des  aptitudes  particulières 
lorsqu'il  était  simple  relieur  de  livres.  Je  connus  Michel  Faraday  eu  i8i3, 
lorsqu'il  accompagnait  sir  H.  Davy,  qui  avait  obtenu  de  Napoléon  Ier  l'au- 
torisation de  passer  par  la  France  pour  se  rendre  en  Italie.  Michel  Faraday 
n'a  jamais  oublié  le  laboratoire  de  chimie  du  Muséum,  ou  il  assistait  Davy 
dans  quelques  expériences  qu'il  y  fit. 

»  Faraday  fut  un  homme  de  génie  dont  le  cœur  eut  toujours  des  sympa- 
thies pour  les  savants  français,  et  j'aime  à  rappeler  à  l'Académie  l'accueil 
qu'il  fit  à  un  de  nos  jeunes  compatriotes,  dont  malheureusement  le  nom 
n'a  point  été  inscrit  parmi  ceux  des  Membres  de  l'Institut  de  France  :  je 
parle  d'Ebelmen,  de  regrettable  mémoire. 

»  Lorsqu'il  se  renditen  Angleterre  comme  membre  du  jury  international, 
Faraday  finissait  les  leçons  dont  il  était  chargé  à  l'Institution  Royale.  A  la 
dernière,  il  fit  asseoir  Ebelmen  près  de  lui,  et  il  annonça  que  le  sujet  de  sa 
leçon  serait  l'exposé  d'une  méthode  imaginée  par  le  jeune  Français  qui 
siégeait  à  sa  droite,  au  moyen  de  laquelle  des  composés  appartenant  au 
groupe  des  pierres  gemmes  venaient  enfin  d  être  reproduits  dans  le  labo- 
ratoire (1).  » 

(i)  Note  de  M.  Chevreul.  —  J'ai  pensé  qu'une  citation  empruntée  à  la  Notice  sur  Ebel- 
men qui  compose  le  troisième  volume  du  Recueil  de  ses  Mémoires  (*)  ne  serait  point  dé- 
placée, puisqu'elle  honore  à  la  fois  la  mémoire  de  M.  Faraday  en  montrant  ses  sentiments  de 
sympathie  pour  le  jeune  savant  que  la  France  a  perdu  : 

«  Ebelmen,  dès  son  arrivée  à  Londres,  s'empressa  de  voir  Faraday  :  il  fut  question  de 
»    Paris,  des  amis  nombreux  qu'y  compte  le  célèbre  physicien  et  de  leurs  recherches  scienti- 

(*)  Recueil  des  Mémoires  aV  Ebelmen,  t.  III,  p.  87;  chez  Gauthier- Villars. 


(  375) 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Réponse  à  la  communication  de  M.  Faugère; 

par  M.  Chasles. 

I. 

«  J'ai  dit  à  l'Académie  très-nettement  et  à  plusieurs  reprises  (i)  quelles 
sont  les  considérations  qui  m'ont  porté  à  regarder  les  Lettres  et  Notes  de 
Pascal  comme  authentiques.  M.  Faugère,  dans  sa  communication  lue 
dans  la  dernière  séance,  ne  tient  nullement  compte  de  ces  considérations. 
Qu'on  me  permette  de  les  reproduire  ici,  comme  base  de  ma  réponse. 

»  i°  Les  Lettres  de  Pascal,  en  très-grand  nombre,  traitent  de  questions 
très-variées,  et  sont  adressées  non  point  seulement  au  jeune  Newton,  mais 

»  tiques.  Faraday  invita  le  savant  français  à  assister  à  la  dernière  leçon  de  l'année  qu'il 
»  devait  faire  à  l'Institution  Royale.  Le  moment  venu,  Faraday  fait  asseoir  Ebelmen  à  sa 
»  droite,  et  là,  devant  un  auditoire  d'élite  composé  de  ce  que  la  haute  société  de  Londres 
»  compte  d'amis  des  sciences,  l'illustre  professeur  annonce  que  le  sujet  de  sa  leçon  sera  l'ex- 
»  posé  des  recherches  que  le  jeune  savant  français,  membre  du  jury  international,  qui  est 
»  assis  près  de  lui,  vient  d'accomplir  avec  succès  en  reproduisant  dans  le  laboratoire  des 
»   minéraux  que  jusque-là  la  nature  seule  avait  formés. 

»  Quand  on  pense  à  la  bassesse  des  sentiments  d'un  grand  nombre  de  gens  qui  parlent 
.)  au  nom  des  arts,  des  lettres  et  des  sciences,  en  prenant  comme  mesure  de  leur  valeur  l'opi- 
»  nion  qu'ils  ont  d'eux-mêmes,  et  auxquels  tous  les  moyens  conviennent  pour  grandir  la 
»  médiocrité  et  décrier  le  mérite;  quand  on  pense  à  ceux  qui,  au  nom  d'un  patriotisme  mal 
»  compris,  invoquant  la  rivalité  nationale,  sont  sans  cesse  occupés  à  prévenir  tout  accord 
»  qui  pourrait  réunir  les  hommes  supérieurs,  l'honneur  des  peuples  civilisés,  n'est-on 
»  pas  satisfait  de  voir  un  des  savants  les  plus  éminents  de  l'Angleterre,  dont  la  renommée 
»  déjà  ancienne  est  le  fruit  de  longs  travaux,  prendre  pour  ainsi  dire  sous  son  égide  un 
v  savant  français  trop  jeune  encore  pour  avoir  été  apprécié  à  sa  juste  valeur  dans  son  pays 
»  même,  et  saisir  avec  empressement  l'occasion  à  lui  offerte  de  le  présenter  à  ses  com- 
»  patriotes,  non  en  le  louant  par  de  vaines  paroles,  mais  en  exposant  ce  qu'il  a  fait. 

»  Certes,  si  les  hommes  livrés  à  la  culture  des  sciences  ne  doivent  former  qu'une  famille 
»  indépendamment  du  langage  et  des  institutions  politiques  et  religieuses  qui  régissent  leurs 
»  pays  respectifs,  ce  sont  des  actes  comme  ceux  de  Faraday  qui  amèneront  un  rapproche- 
»  ment  si  désirable,  et  pour  peu  qu'ils  se  multiplient,  ils  finiront  sans  doute  par  établir  entre 
»  les  peuples  des  rapprochements  de  plus  en  plus  intimes,  depuis  longtemps  désirés  de  tous 
»  les  amis  éclairés  de  l'humanité.  Ceux  qui  aiment  à  trouver  dans  l'avenir  des  consolations 
»  aux  maux  du  présent  dateront  de  l'année  1 85 1  une  époque  remarquable  de  l'histoire  des 
»  peuples;  ils  remercieront  la  nation  qui  la  première  réalisa  la  pensée  de  convier  dans  sa 
»  capitale  les  représentants  de  l'industrie  du  monde,  et  sans  doute  nos  successeurs  seront 
•>  mieux  placés  que  nous  pour  apprécier  ce  que  cette  exposition  a  fait  pour  la  paix  uni- 
»   verselle.   « 

(i)   Comptes  rendus,  t.  LXV  ;  p.   187,  263,  3io,  33 1 . 

49- 


(376) 

aux  savants  et  aux  littérateurs  les  plus  éminents  de  l'époque  :  à  Royle,  à 
Hobbes,  à  Hooke,  à  Wallis,  à  Huygens,  à  Mercator,  à  Mme  Perrier,  à 
Jacqueline  Pascal,  au  P.  Mersenne,  à  Descartes,  à  Gassendi,  à  la  reine  Chris- 
tine, à  Nicole,  à  Hamon,  à  Arnauld,  à  Lemaistre  de  Sacy,  à  Labruyère,  etc. 
En  outre,  il  s'v  trouve  de  nombreuses  Notes  scientifiques,  une  étude  appro- 
fondie de  Montaigne  dans  plusieurs  séries  de  Lettres  adressées  à  divers  per- 
sonnages, de  nombreux  fragments  relatifs  à  la  polémique  des  Lettres  provin- 
ciales, des  centaines  de  pensées  ou  réflexions,  une  Vie  de  sainte  Catherine 
de  Sienne,  un  Traité  des  carrés  magiques,  etc. 

»  20  Avec  ces  Lettres  et  autres  pièces  de  Pascal  sont  des  Lettres  qui  lui 
ont  été  adressées  par  Newton  (en  très-grand  nombre),  par  miss  Ascough, 
sa  mère,  par  Aubrey,  par  Hobbes,  par  Royle,  par  Huygens,  par  Mercator, 
par  M°'e  Perrier,  par  Jacqueline  Pascal,  et  avec  celles-ci  de  nombreuses 
poésies. 

»  3°  Je  possède  en  outre  un  grand  nombre  de  Lettres  de  Newton  adres- 
sées à  diverses  personnes,  à  Muie  Perrier,  à  l'abbé  Perrier,  à  Rohault,  à  Ma- 
riotte,  à  Saint-Évremond,  à  Desmaizeaux,  à  Malebranche,  à  Vizé,  à  l'abbé 
de  Vallemont,  à  Fontenelle,  à  Clarke,  etc.;  lettres  dans  plusieurs  des- 
quelles, dans  un  assez  grand  nombre  même,  il  convient  de  ses  anciennes 
relations  avec  Pascal,  comme  on  l'a  déjà  vu  par  quelques-unes  (i).  Avec  ces 
Lettres  de  Newton  se  trouvent  beaucoup  de  Notes  relatives  à  sa  querelle 
avec  Leibnitz. 

»  4°  Des  lettres  de  divers  auteurs  à  Newton,  parlant  de  ses  relations 
avec  Pascal,  savoir  :  deM"'e  Perrier,  de  Royle,  de  Clerselier,  de  Mariotte, 
de  Rohault,  de  Fontenelle,  etc. 

»  5°  Enfin,  d'autres  correspondances  dans  lesquelles  il  est  question  de 
ces  relations,  savoir  :  des  Lettres  de  Hobbes  à  Mariotte  et  à  Clerselier,  de 
Montesquieu  à  Desmaizeaux,  à  Jordan,  au  chevalier  de  Jaucourt,  à  un 
correspondant  non  dénommé;  de  Desmaizeaux,  deRémond,  de  fontenelle, 
de  Labruyère,  de  Suint-Évremond,  de  Malebranche,  de  Maupertuis,  etc. 

»  Voilà  l'énumération  des  documents  qui  m'ont  paru  constituer  des 
preuves  de  l'authenticité  notamment  des  Lettres  et  pièces  émanées  de  Pas- 
cal, de  Mme  Perrier  et  de  sa  sœur  Jacqueline. 

IL 

»  M.  Faugère  déclare  que  ces  pièces  de  Pascal  et  de  ses  deux  sœurs  sont 
de  la  même  main,  et  l'œuvre  d'un  faussaire. 


(>) 


Comptes  rendus,  p.   ir)3  et  t(>4-?.66. 


(  377  ) 

»  Cependant,  s'il  possède  une  signature  de  Pascal  eî  un  ou  deux  frag- 
ments non  signés,  il  n'a  jamais  vu,  je  crois,  l'écriture  de  Mme  Perrier,  ni 
celle  de  Jacqueline  Pascal,  dont  on  n'a  connu  jusqu'ici  qu'un  fac-similé 
donné  par  M.  Cousin. 

»  Et  quant  aux  signatures  de  Pascal,  dont  M.  Faugère  a  fait  connaître 
des  fac-similé  différents,  comme  je  l'ai  dit  dans  la  dernière  séance,  mes 
Lettres  ont  aussi  ces  trois  signatures,  dont  l'une,  la  petite  et  la  plus  simple, 
sans  paraphe,  me  parait  être  devenue  à  peu  près  la  seule  à  partir  d'une  cer- 
taine époque,  1649011  i65o  environ. 

»  Quant  à  Newton,  M.  Faugère  pense  qu'il  n'a  pu  écrire  si  jeune  les 
Lettres  que  j'ai  produites;  et  il  cherche  à  prouver  que  Pascal  n'aurait  point 
écrit  celles  que  j'ai  données  :  de  sorte  que  M.  Faugère  regarde  les  Lettres 
de  Newton  comme  étant  aussi  l'œuvre  d'un  faussaire,  mais  sans  dire  si  ce 
faussaire  est  le  même  que  l'auteur  des  Lettres  de  Pascal  et  de  ses  sœurs. 

»  Enfin  M.  Faugère  passe  absolument  sous  silence  toutes  les  autres  cor- 
respondances que  j'ai  citées  et  dont  j'ai  donné  de  nombreux  extraits.  Ce- 
pendant ces  correspondances  doivent  être  d'un  grand  poids  dans  la  ques- 
tion, car  il  suffira  de  quelques  Lettres,  reconnues  authentiques,  pour 
prouver  la  réalité  des  relations  qui  ont  existé  entre  Pascal  et  le  jeune  Newton. 
Il  faut  donc  croire  que  M.  Faugère  regarde  aussi  toutes  ces  correspon- 
dances comme  l'œuvre  d'un  faussaire,  ou  d'une  association  de  faussaires  : 
ce  qu'il  appelle  une  falsification  snns  exemple  par  son  audace  et  par  son 
ampleur,  qui  ressemble  à  un  vaste  complot.  Aussi  invoque- t-il  les  devoirs 
qu'impose  la  moralité  publique  (1);  de  même  qu'il  provoque  l'intervention 
de  nos  voisins  d'outre-Manche  (2). 

»  Voilà,  je  crois,  l'état  du  débat  que  M.  Faugère  est  venu  soulever. 
Donne-t-il  quelques  preuves  à  l'appui  de  jugements  prononcés  avec  une 
telle  assurance  et  une  telle  autorité?  Aucune;  on  va  le  voir,  quoiqu'il  an- 
nonce trois  ordres  de  preuves  : 

»    i°  La  vérification  de  l'écriture; 

»  i°  Les  invraisemblances,  au  point  de  vue  de  la  science,  résultant  du 
fond  même  des  documents  présentés; 

»   3°  L'examen  du  style. 

III. 

»  Quant  au  premier  ordre  de  preuves,  l'écriture,  M.  Faugère  se  borne 


(1)  Comptes  rendus,  p.  344 - 
(■2)   Comptes  rendus,  p     343. 


(  378) 
à  affirmer  qu'elle  est  l'œuvre  d'un  faussaire,  qui  ne  s'est  pas  même  astreint 
à  imiter  l'écriture  de  Pascal,  qui,  se  contentant  de  prendre  du  vieux  papier, 
de  donner  à  son  écriture  un  caractère  plus  ou  moins  ancien  et  d'employer 
une  orthographe  à  peu  près  conforme  à  celle  du  temps  de  Pascal,  s'est  livré 
à  une  industrie  qui  n'était  plus  pour  lui  qu'une  affaire  d'imagination  (i). 

»  Quelle  prodigieuse  imagination  a-t-il  fallu  pour  traiter  tout  à  la  fois 
des  questions  de  mathémiques  pures  et  appliquées  avec  Descartes,  Gassendi, 
Hobhes,  Hooke,  Boyle,  Wallis,  Huygens,  Mercator,  etc.,  indépendamment 
des  nombreuses  Lettres  adressées  à  Newton;  pour  composer  un  Traité  du 
jeu  de  trictrac ,  un  Traité  des  carrés  magiques;  pour  écrire  une  série  de  Lettres 
à  la  reine  Christine;  composer  une  correspondance  littéraire  et  philoso- 
phique avec  des  hommes  tels  que  Arnauld  ,  Lemaistre  de  Sacy,  Nicole, 
Hamon,  etc.;  composer  une  Vie  de  sainte  Catherine  de  Sienne;  de  nom- 
breux fragments  se  rapportant  à  la  polémique  des  Lettres  provinciales,  et 
de  nombreuse  pièces  sous  les  titres  de  Pensées,  ou  de  Réflexions,  adressées 
par  centaines  à  Labruyère,  à  Nicole,  à  Arnauld  et  à  beaucoup  d'autres;  de 
nombreuses  Lettres  sur  Montaigne;  enfin  des  poésies,  la  plupart  des  canti- 
ques, un  Traité  de  l'obéissance,  ouvrage  très-étendu,  etc.! 

»  Le  faussaire  qui  aurait  dû  tant  de  travaux  à  son  imagination  aurait 
été  un  homme  d'une  bien  grande  modestie  et- humilité,  puisqu'il  ne  se 
serait  jamais  fait  connaître. 

»   Comment  cette  simple  réflexion  n'a-t-elle  pas  frappé  M.  Faugère? 

»  Loin  de  là,  il  parle  de  l'écriture  trop  noire  sur  des  pièces,  trop  jaunie 
sur  d'autres  par  un  procédé  mal  déguisé  qui  suffirait  seul  pour  montrer  la 
fraude. 

»  Mais  ici,  comme  sur  tous  les  autres  points  de  la  question,  M.  Faugère 
se  borne  à  de  simples  affirmations.  Il  ignore  que  des  encres  de  tous  les 
siècles  peuvent  être  aussi  noires  qu'une  encre  fraîche;  et  il  oublie  qu'il  en  a 
trouvé  de  telle  dans  le  Ms.  des  Pensées  qu'il  dit  avoir  eu  pendant  quinze  mois 

chez  lui  (2). 

IV. 

»  Je  passe  au  deuxième  ordre  de  preuves  qui  se  tire  des  invraisem- 
blances au  point  de  vue  de  la  science. 

»  M.  Faugère  dit  qu'il  serait  étrange  que  Pascal  eût  découvert  et  affirmé 
la  loi  de  la  gravitation  universelle,  alors  qu'il  n'admettait  même  pas  comme 
démontré  le  mouvement  de  la  Terre. 

(1)  Comptes  rendus,  p.  34  1  - 

(2)  Comptes  tendus,  p.  34o. 


(  3.7J  ) 

»  Et  pour  prouver  que  Pascal  n'admettait  pas  même  le  mouvement  de  la 
terre,  M.  Faugère  cite  ce  passage  de  la  XVIIIe  Provinciale  : 

«  Ce  fut  en  vain  que  vous  obtîntes  contre  Galilée  ce  décret  de  Rome 
»  qui  condamnait  son  opinion  touchant  le  mouvement  de  la  Terre.  Ce  ne 
»  sera  pas  cela  qui  prouvera  qu'elle  demeure  en  repos;  et  si  l'on  avait  des 
»  observations  constantes  qui  prouvassent  que  c'est  elle  qui  tourne,  tous  les 
»  hommes  ensemble  ne  l'empêcheraient  pas  de  tourner,  et  ne  s'empêche- 
»  raient  pas  de  tourner  aussi  avec  elle.   » 

»  Qui  ne  voit  qu'il  y  a  ici  un  blâme  bien  formel  de  la  condamnation  de 
Galilée;  et  que  cela  suffit  à  Pascal,  sans  qu'il  ait  à  traiter  la  question  du 
mouvement  de  la  Terre.  Il  a  grandement  raison  de  ne  point  introduire  dans 
sa  polémique  une  question  étrangère,  ce  qui  est  l'habitude  de  ceux  cpii 
sentent  la  faiblesse  de  leur  cause,  ou  qui  veulent  faire  parade  de  ce  qu'ils 
savent,  ou  croient  savoir.  Mais  je  pourrais  donner  bien  des  preuves,  si  l'on 
en  doutait,  que  Pascal  était  un  grand  admirateur  de  Copernic  et  de  Galilée, 
et  qu'il  ne  doutait  nullement,  et  Descartes  aussi,  du  mouvement  de  la  Terre. 

»  Après  l'observation  de  M.  Faugère  relative  au  mouvement  de  la  Terre, 
mon  honorable  contradicteur  donne  enfin  une  preuve  proprement  dite, 
une  véritable  preuve,  qui  va  prendre  sur  le  fait  l'audacieux  et  profond  fa- 
bricaleur  (i).  Cette  preuve  est  tirée,  dit-il,  du  domaine  de  l'Histoire  anecdo- 
tique.  Il  s'agit  de  l'une  des  Notes  que  Pascal  aurait  envoyées  à  Boyle  en  i652, 
et  dans  laquelle  il  parle  de  la  mousse  qui  flotte  sur  une  tasse  de  café,  et  qui 
se  porte  avec  une  précipitation  très-sensible  vers  les  bords  du  vase.  «  Une 
»  pareille  observation,  dit  M.  Faugère,  suppose  que  l'usage  du  café  était 
»>  déjà  répandu  en  France  du  temps  de  Pascal.  Or  ce  ne  fut  qu'en  166g, 
»  c'est-à-dire  sept  ans  environ  après  sa  mort,  que  Soliman  Aga,  ambassa- 
»  deur  de  Turquie  auprès  de  Louis  XIV,  introduisit  dans  la  société  pari- 
«  sienne  l'usage  du  café.   » 

»  J'associerai  à  l'objection  de  M.  Faugère  celle  d'un  autre  écrivain  dis- 
tingué, M.  Ed.  Fournier,  qui  plaide  la  même  cause  et  affirme  que  mes 
documents  sont  l'oeuvre  d'un  faussaire  impudent  et  fort  peu  habile.  «  Pour 
»  le  prouver,  dit-il,  je  n'ai  qu'à  feuilleter  le  vocabulaire  du  temps  de  Pascal. 
»  La  plupart  des  mots  de  science,  tels  que  magnétisme,  —  pris  dans  le  sens 
»  que  lui  donnent  les  Notes,  —  électricité,  etc.,  ne  s'y  trouvent  pas.  On  me 
»  répondra  que  Pascal,  ayant  découvert  les  choses,  pourrait  bien  avoir 
»  aussi  inventé  les  mots....  Soit,  mais  pour  un  autre  fait,  je  défie  la  ré- 
»   plique.  » 

(i)  Comptes  rendus,  p.  34a. 


(  38o  ) 
»  M.  Founiier  cite  alors  la  phrase  relative  à  la  mousse  du  café,  et 
ajoute  :  «  La  première  mention  que  je  connaisse  à  Paris  de  l'usage  du  café 
»  se  trouve  dans  la  Muse  Dauphine  du  2  décembre  1666,  quatre  ans  après 
»  la  mort  de  Pascal....  Comment  des  académiciens  n'y  voient-ils  pas  clair 
«   tout  de  suite!  » 

>»  Ainsi  me  voilà  condamné  sur  de  véritables  preuves,  par  M.  Faugère 
qui  prend  le  faussaire  sur  te /ail,  et  par  M.  Fournier  qui  défie  la  réplique. 

»  Sans  taire  ici  de  l'érudition,  qu'on  ouvre  simplement  le  Dictionnaire 
deBouillet,  on  y  lit  :  «  On  prit  du  café  pour  la  première  fois  à  Venise  en 
»  161  5,  et  à  Marseille  en  1 654  (0-  Le  voyageur  Tbévenot  l'apporta  à  Paris 
»  en  1657  ;  mais  ce  fut  l'ambassadeur  ottoman  Soliman  Aga  qui  le  mit  tout 
»   à  fait  a  la  mode  en  iGGg.   » 

»  Pascal  a-t-il  dû  attendre  cpi'd  fût  tout  à  fait  à  la  mode  pour  faire  son 
observation  contestée?  Peut-on  croire  que  quand  on  prenait  du  café  à 
Venise  en  i6i5,  il  ait  fallu  cinquante  ans  et  plus  pour  qu'il  fût  connu  et  en 
usage  à  Paris? 

»  Mais  voici  un  document  pris  dans  un  ouvrage  qui  date  de  près  de  deux 
siècles,  et  qui  aura  plus  d'autorité  que  Y  Histoire  anecdotique  et  cpie  la  Muse 
Dauphine. 

»  Un  érudi't,  littérateur  et  antiquaire,  Dtifour,  né  en  1622,  qui  était  en 
relation  principalement  avec  tous  les  voyageurs  de  son  temps,  composa  en 
167  1  un  livre  De  l'usage  du  caphé,  du  thé,  et  du  chocolaté ,  Lyon,  1671,  in-12. 
En  1G84,  il  réimprima  cet  ouvrage,  avec  de  grands  changements,  sous  le 
titre  de  Traitez  Nouveaux  et  curieux  du  café,  du  thé  et  du  chocolaté;  par  Phi- 
lippe Sylvestre  Dufour,  à  Lyon,  iG85,  in-12;  achevé  d'imprimer  pour  la 
première  fois  le  3o  septembre  i684-  Je  ne  connais  que  cette  édition,  et  j'y 
lis: 

«  Le  café  n'a  été  connu  en  France  que  depuis  environ  quarante  ans,  et  si 
»  je  ne  me  trompe,  il  n'y  en  a  guère  plus  de  vingt-cinq  qu'on  a  commencé  à 
»  s'en  servir.  Apparemment  il  a  été  pendant  plusieurs  années  en  usage  chez 
»   les  particuliers,  avant  que  de  passer  dans  la  connaissance  du  public.  » 

»  Ainsi,  d'après  Dufour,  le  café  avait  été  en  usage  chez  les  particuliers 
environ  quarante  ans  avant  1684,  c'est-à-dire  vers  1644  (2). 

»   On  peut  croire  assurément  que  Pascal,  qui  était  jeune  alors,  répandu 


(1)  L' Encyclopédie  nouvelle  de  1'.  Leroux  et  Jean  Reynaud  dit  i644* 

(2)  J'ai  souvenir  d'une  antre  mention,  que  je  ne  puis  vérifier  dans  ce  moment,  savoir, 
que  «  du  temps  de  Louis  XIII,  il  se  vendait  sous  le  Petit  Chatelet  une  décoction  de  café, 
»  sous  le  nom  de  cahove....  »;  ce  qui  concorde  bien  avec  le  passage  de  Dufour. 


(  38,   ) 
dans  le  monde  et  avide  de  tous  progrès,  n'aura  point  été  des  derniers  à 
connaître  le  café;   qu'il  l'a  donc  connu,  goûté,   expérimenté   bien  avant 
l'année  i65i,  date  attribuée  à  la  Note  où  il  en  parle. 

»  Je  remarquerai  que  le  même  auteur,  Dufour,  dit  qu'on  voit  dans  les 
œuvres  du  chancelier  Bacon  que  le  café  n'était  encore  connu  en  Angleterre 
que  de  réputation  et  qu'on  ne  savait  pas  très-bien  ce  que  c'était,  non  plus 
que  ses  qualités.  C'est  en  161/j  que  Bacon  dit  cela  (1),  et  c'est  en  i652 
qu'un  café  public  a  été  établi  à  Londres  par  un  marchand  nommé  Daniel 
Edwards  (2).  Il  est  à  croire  que  le  café  était  déjà  en  usage  chez  les  parti- 
culiers depuis  plusieurs  années. 


»  Le  troisième  ordre  de  preuves  annoncé  par  M.  Faugère  est  tiré  de  l'exa- 
men du  style  des  Lettres  attribuées  à  Pascal.  Ici,  dit-il,  toute  l'industrie  du 
faussaire  a  échoué...  (3).  Il  suffirait  du  style  pour  prouver  jusqu'à  la  dernière 
évidence  que  cette  correspondance  est  l'œuvre  d'un  faussaire...  (4).  Cette 
phraséologie  de  lieux  communs  ne  fut  jamais  à  l'usage  de  Pascal...  Le 
faussaire  se  trouve  pris  ici  au  piège  de  son  propre  style...  Je  croirais  volon- 
tiers que  celui  qui  a  écrit  ces  Lettres,  loin  d'être  Pascal,  ne  serait  pas  même 
de  nationalité  française  (5). 

»  Je  ne  pourrais  avoir  la  prétention  de  suivre  M.  Faugère  sur  ce  terrain; 
je  dirai  seulement  que  je  suis  persuadé  que  bien  des  littérateurs  ne  s'asso- 
cieront point  à  son  jugement,  et  loin  de  là  se  feraient  honneur  d'avoir  écrit 
notamment  la  Lettre  sur  Descartes  que  j'ai  citée  (6).  Que  l'Académie  veuille 
bien  me  permettre  de  mettre  sous  ses  yeux  deux  ou  trois  autres  Lettres  qui, 
je  le  pense,  seront  jugées  dignes  tout  à  la  fois  de  Pascal  et  de  Descartes, 
et,  en  tout  cas,  pourront  apporter  quelques  adoucissements  dans  les  appré- 
ciations et  le  jugement  de  M.  Faugère  sur  la  nationalité  de  l'auteur. 

Note. 
J'ai  eu  l'honneur  d'estre  il  y  a  quelques  années,  le  confident  de  monsieur  Descartes,  qui 

(i)   Dictionnaire  de  la  conversation,  1"  édition,  i853. 

(2)  The  encyclnpœdia  britanniea,  etc.,  184?.,  in-4". 

(3)  Comptes  rendus,  p.   34?.- 

(4)  Comptes  rendus,  p.  342. 

(5)  Comptes  rendus,  p.  343. 

(6)  Comptes  rendus,  p.    igi. 

C.  H.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LX.V,  >>°  10.)  5o 


(  382  ) 

m'a  fait  part  de  ses  découvertes,  de  ses  observations.  Je  ne  m'y  suis  point  rendu  sans  de  longs 
combats.  Mais  aujourd'hui  je  jouis  paisiblement  et  sans  nuages  de  la  lumière  dont  il  m'a 
éclairé.  Pascal. 

i-  décembre  ifi58. 
Monsieur  et  jeune  amy, 

Si  nous  arrestons  nos  regards  sur  les  progrès  étonnants  de  la  science  astronomique  depuis 
Copernic,  en  nous  applaudissant  de  tant  de  conquestes  faites  sur  la  nature,  nous  appercevrons 
dans  le  temple  auguste  de  l'immortalité  et  de  la  gloire  Kepler  et  Galilée,  rangés  autour  de 
l'autel  de  la  vérité  pour  raviver  et  former  en  masse  de  lumière  la  première  étincelle  que 
Copernic  jeta  au  milieu  des  ténèbres.  Mais  c'est  à  Copernic  qu'en  doit  revenir  toute  la  gloire, 
parce  que  c'est  à  luy  que  l'astronomie  moderne  doit  l'impulsion  nouvelle  et  la  vraye  direc- 
tion imprimée  aux  esprits  pour  l'avancement  rapide  dans  l'étude  du  ciel.  Galilée  luy-même 
luy  a  reconnu  cette  impulsion,  dans  certains  escrits  que  j'ay  lus  de  ce  dernier.  Je  ne  vous 
diray  rien  de  plus.  Je  suis  content  que  les  dernières  observations  que  je  vous  ay  adressées 
vous  aye  fait  plaisir.  C'est  ce  que  je  souhaitais.  Je  suis  comme  toujours,  monsieur  et  jeune 
amy,  très  souffrant;  c'est  pourquoi  je  ne  puis  vous  entretenir  plus  longuement  sur  ce  que 
vous  me  mandez.  Je  suis  vostre  bien  affectionné,  Pascal. 

A  M.  Newton. 

Ce  20  mars  1659. 

Je  vous  avois  déjà  dit,  Monsieur,  que  j'avois  abandonné  mes  anciens  travaux  scientifiques, 
pour  me  livrer  à  d'autres  études.  Mais  le  désir  que  vous  me  témoignez  de  connaître  mon 
sentiment  sur  feu  monsieur  Descartes,  et  l'hommage  que  j'aime  lui  rendre,  pareequ'il  a 
agité  le  flambeau  du  génie  dans  l'abîme  de  la  science,  et  qu'il  en  a  éclairé  les  profondeurs, 
me  fera  quitter  de  temps  à  autre  mes  nouvelles  estudes  pour  reprendre  les  anciennes.  C'est 
vous  prouver  combien  je  tiens  à  vous  être  agréable.  Je  fixerav  d'abord  vos  regards  sur  les 
travaux  et  les  découvertes  de  ce  grand  génie;  ensuite  je  vous  les  feray  porter  sur  sa  morale, 
qui  a  le  rare  avantage  d'avoir  été  confirmée  par  l'exemple  de  sa  vie. 

Avant  Descartes  les  ténèbres  étoient  répandues  sur  la  face  de  l'Europe;  les  hommes,  aveugles 
adorateurs  d'Arislote,  rampoient  devant  ses  décisions  obscures,  et  se  traisnoient  depuis  deux 
mille  ans  sur  ses  vestiges.  La  raison  condamnée  au  silence  se  trouvait  abattue  sous  l'autorité 
qui  protégeait  l'erreur.  Une  démence  plus  triste  qu'une  ignorance  absolue  faisoit  croire  qu'on 
pouvoit  dans  des  livres  inintelligibles  embrasser  la  science  universelle.  Une  espèce  d'idolâ- 
trie consacrait  des  mots  vuides  de  sens,  comme  des  oracles.  Ceux  qui  par  estât  dévoient 
éclairer  la  nation,  lui  présentoit  des  mots  sans  idées  et  dont  ils  se  payoient  les  premiers.  La 
logique  confuse,  embarrassée,  était  barbare  et  ridicule;  la  métaphysique,  un  assemblage  de 
question  bizarres  et  frivoles;  la  physique,  malgré  quelques  lueurs,  un  enchaînement  de  rêve- 
ries. C'estoient  des  qualités  occultes  qui  régissoient  la  nature  ;  une  doctrine  subtile  et  raffinée. 
Tel  éloit  l'aliment,  vuide  de  substance,  dont  se  nourrissoient  des  esprits  opiniâtres  et  surtout 
violemment  amoureux  de  la  dispute,  au  moment  où  Descartes  fit  briller  une  nouvelle  clarté, 
ainsy  que  nous  le  verrons.  Je  ne  vous  dit  rien  plus  cejourd'huv,  monsieur  et  jeune  amy,  et 
suis  vostre  bien  affectionné,  Pascal. 

A  M.  Newton. 


(  383  ) 

Ce  29  may. 

Je  vous  ay  tlict,  monsieur  et  jeune  amy,  que  Descaries  nous  avoit  donné  la  clef  des  hautes 
sciences.  Et  en  effet,  c'est  luy  qui  appliqua  l'algèbre  et  la  géométrie  à  la  physique.  Avec  de 
telles  connaissances  nous  pouvons  maintenant  pénétrer  dans  les  routes  de  l'infini,  nous  tenons 
le  fil  de  ces  connaissances  sublimes  ,  qui  étonnent  ceux  mesmes  qui  les  trouvent.  Par  ce 
moyen  la  marche  de  l'univers  maintenant  sera  réglée,  et  l'esprit  de  l'homme  est  agrandi. 

Descartes  a  plus  fait  en  un  instant  que  n'ont  fait  les  siècles  précédents.  Il  a  découvert  un 
nouveau  monde.  L'Europe  est  partagée  entre  l'étonnement  et  l'admiration.  Sa  vue  profonde 
et  sa  sagacité  l'ont  déjà  élevé  au  dessus  de  tous  les  esprits  de  nostre  siècle.  Ils  ne  conçoivent 
pas  même  ce  qu'il  a  imaginé.  Il  a  fait  ces  grandes  choses,  et  je  le  vois  encore  dans  sa  première 
jeunesse,  au  milieu  des  murs  de  l'école,  toujours  guidé  par  cette  justesse  d'esprit  qui  le  carac- 
térisoit.  Il  forma  le  projet  d'applanir  les  difficultés  qui  croisent  les  opérations  de  l'esprit; 
ainsi  que  je  vous  le  démontreray  clan  une  autre  lettre.  Je  suis,  monsieur  et  jeune  amy,  vostre 
bien  affectionné,  Pascal. 

A  M.  Newton. 

Ce  11  septembre  iC5o. 

Madame,  selon  moy  l'art  de  penser  est  la  base  de  l'art  d'écrire.  Les  rhétoriciens  qui  ne 
savent  pas  cela  me  font  pitié.  M.  Descartes  nous  a  rendu  le  double  service  de  donner  à  la 
pensée  de  la  justesse  et  de  la  liberté.  Sa  méthode  est  si  sure  qu'il  luy  doit  une  partie  des 
charmes  de  son  style.  M.  Descartes  a  été  l'amy  de  M.  de  Balzac;  et  le  philosophe  escrivoit,  à 
mon  sens,  beaucoup  mieux  que  l'homme  de  lettres.  Je  ne  serois  pas  embarrassé  de  prouver, 
si  je  le  voulois  faire,  combien  l'élégante  simplicité  de  M.  Descartes  est  préférable  à  l'emphase 
pénible  des  lettres  de  M.  de  Balzac.  J'examinerai  cependant  en  son  lieu  le  mérite  de  ce  der- 
nier. Mais  je  reviens  à  M.  Descartes.  En  écrivant  pour  les  hommes  qu'il  vouloit  éclairer  et 
rendre  meilleurs,  il  cédoit  à  un  besoin  impérieux;  mais  combien  de  fois  il  fut  sur  le  point  de 
s'en  repentir.  Souvent  il  résolut  de  ne  rien  faire  imprimer;  et  il  ne  céda  jamais  qu'aux  plus 
pressantes  sollicitations  de  ses  amis.  Souvent  il  regretta  son  loisir  qui  luy  échappoit,  disoit- 
il,  pour  un  vain  fantosme  de  gloire.  Je  ne  veux  rien  vous  dire  de  plus  cejourdhuy,  Madame, 
sur  ce  grand  homme,  que  du  reste  vous  avez  sceu  apprécier.  Je  termine  donc  cette  lettre  en 
vous  assurant  de  mon  affection.  Je  suis,  madame,  de  vostre  majesté  le  très-humble  et  très- 
obéissant  serviteur.  Pascal. 

A  Sa  Majesté  la  Royne  Christine. 

»  M.  Faugère  dit  qu'à  partir  de  la  tin  de  1 654  Pascal  ne  regardait  plus 
les  travaux  mathématiques  qu'avec  une  sorte  de  dédain  (1).  Il  oublie  que  c'est 
en  i658  que  Pascal  a  provoqué,  par  l'annonce  solennelle  de  plusieurs 
prix,  les  recherches  des  géomètres  sur  la  cycloïde,  et  a  composé  lui-même 
son  admirable  Traité  des  propriétés  de  cette  courbe. 

»  M.  Faugère  s'étonne  que  Pascal  ait  correspondu  avec  Newton  alors 


(1)  Comptes  rendus,  p.  344- 


(  38/,  ) 
ignoré  et  confondu  dans  la  foule  des  enfants  de  son  âge  (i).  Mais  c'est  cet 
enfant  qui,  par  l'initiative  et  sous  la  direction  de  son  professeur,  est  sorti 
de  la  foule  pour  s'adresser  à  Pascal  et  lui  demander  d'être  son  guide.  On 
a  vu  que  Pascal  avait  eu  des  doutes,  des  craintes  d'une  mystification  (2), 
qu'il  avait  demandé  des  renseignements,  notamment  à  Boyle,  et  que  c'est 
après  information  qu'il  a  écrit  au  jeune  écolier  (3).  Il  a  pu  penser  néan- 
moins que  les  premières  Lettres  de  celui-ci  et  les  questions  qu'elles  renfer- 
maient étaient  en  grande  partie  l'œuvre  du  professeur.  Il  sut  bientôt  qu'il 
en  était  ainsi;  car  je  trouve  dans  une  Lettre  qu'il  écrit  à  Wallis  ce  passage  : 

Pascal  à  Wallis. 

Ce  29  aoust.  —  A  propos  de  ce  jeune  estudiant  (Newton),  pouvez -vous  me  donner 
de  ses  nouvelles,  et  principalement  de  ses  dispositions.  Quelques  amis  m'ont  assuré  que  les 
lettres  qu'il  m'a  escrites  et  les  questions  qu'il  m'a  soumises  émanoienl  autant  et  peut-être  plus 
de  son  professeur  que  de  lui.  Je  serois  bien  aise  d'avoir  un  renseignement  bien  exact  là- 
dessus.  Vous  pourrez  peut-être  me  donner  ce  renseignement.  J'attends  votre  réponse 
au  plus  tost. 

»  Pascal  avait  été  bien  renseigné.  On  le  voit  par  une  Lettre  de  Desmai- 
zeaux  à  Fontenelle  qui  roule  sur  la  jeunesse  de  Newton,  et  dont  voici 
un  extrait  : 

Desmaizeaux  à  Fontenelle. 

Ce  20  octobre  1727.  —  Celui-cy  (le  professeur)  conseillai  son  jeune  élève  d'escrire 
une  lettre  à  M.  Pascal,  et  de  lui  soumettre  quelques  questions  géométriques  ou  problèmes  à 
résoudre.  C'estoit  le  meilleur  moyen,  disoit-il,  d'obtenir  une  réponse.  La  lettie  fut  donc 
préparée  de  concert  avec  le  professeur  ainsi  que  les  questions  et  envoyée  par  le  jeune  Newton 
encore  estudiant,  à  M.  Pascal.  Celui-cy  trouvant  sans  doute  la  lettre  et  les  questions  extraor- 
dinaires pour  un  enfant,  et  qui  se  rappela  peut  estre  que  lui  aussy  avoit  été  un  enfant  pré- 
coce, ardent  d'apprendre,  cherchant  partout  des  maistres  pour  s'instruire,  fit  donc  une  réponse 
au  jeune  Newton.  Ce  fut  ainsi  que  commença  les  relations  de  ces  deux  génies,  relations  qui 

(1)  Comptes  rendus,  p.  342. 

(2)  Je  rappelle  ce  mot  à  dessein,  parce  qu'il  a  été  le  sujet  de  quelques  observations:  on 
ne  le  trouve  pas,  m'a-t-on  dit,  dans  les  vocabulaires  de  l'époque.  Mais  est-ce  que  les  voca- 
bulaires font  les  mots?  Est-ce  qu'ils  ne  se  bornent  pas  à  inscrire  ceux  qui  sont  déjà  suffisam- 
ment en  usage?  ce  qui  n'arrive  que  longtemps  après  qu'ils  se  sont  déjà  trouvés  dans  quel- 
ques ouvrages;  et  plus  longtemps  encore  après  qu'ils  ont  été  employés  pour  la  première 
fois  par  quelque  auteur.  Beaucoup  de  mots  de  Montaigne  n'ont-ils  pas  attendu  plus  d'un 
siècle  leur  inscription  aux  vocabulaires?  Pascal  en  fait  l'observation,  au  sujet  du  mot  enjoué, 
dans  une  Lettre  que  je  ferai  connaître.  Le  mot  mystification  ne  peut-il  pas  venir  de  Myste 
employé  plusieurs  fois  par  Rabelais  dans  le  chap.  xlvi  de  son  IIIe  Livre  de  Pantagruel? 

(3)  Comptes  rendus,  p.   18g. 


(  385  ) 

ont  duré  jusqu'à  la  mort  de  M.  Pascal.  Je  veux  bien  croire  que  le  professeur  du  jeune  New- 
ton y  prenoit  part.  Il  ne  pouvoit  estre  autrement.  Quoiqu'il  en  soit,  et  M.  le  chevalier  New- 
ton me  l'a  avoué  luy-mesme,  ce  sont  ces  relations  qui  l'ont  initié  et  engagé  à  suivre  la  car- 
rière des  sciences » 

»  J'espère  qu'il  ne  me  sera  pas  nécessaire  de  continuer  plus  longtemps 
avec  M.  Faugère  cette  polémique,  qui  m'est  pénible  et  que  je  m'applaudis 
de  n'avoir  provoquée  en  aucune  manière.  Je  pensais,  en  lui  remettant 
toutes  les  pièces  qu'il  a  désiré  consulter,  et  qui  sont  sous  ses  yeux,  que  la 
question  serait  plus  élucidée  et  qu'à  la  vue  notamment  des  Lettres  et  Notes 
à  grosse  signature  avec  paraphe,  semblable  à  la  signature  qu'il  possède, 
toutes  ses  préventions  cesseraient  ;  je  pensais  aussi  que  le  grand  nombre 
de  documents  qui  se  rapportent  à  la  question  ferait  quelque  impression 
sur  son  esprit  peut-être  un  peu  prévenu,  et  qu'il  ne  les  passerait  pas  abso- 
lument sous  silence  dans  sa  communication. 

»  Je  publierai  les  Lettres  de  Pascal,  de  Newton  et  beaucoup  d'aulres, 
comme  je  l'ai  annoncé  (i).  Néanmoins  j'exprime  de  nouveau  le  vif  désir  (a) 
que  plusieurs  de  nos  confrères  veuillent  bien,  comme  ils  me  l'ont  promis, 
faire  sur  ces  papiers  toutes  les  vérifications  que  comporte  la  science.  » 

météorologie.  —  Sur  le  météorographe  et  ses  résultats;  par  le  P.  Secchi. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  les  dernières  feuilles  obtenues 
avec  l'instrument  météorographique  installé  au  Champ  de  Mars.  Les  diffi- 
cultés exceptionnelles  de  la  localité  ont  nui  au  service  régulier  de  l'instru- 
ment jusqu'au  commencement  de  juin,  époque  à  laquelle  le  baromètre 
a  été  bouilli,  et  l'anémomètre  a  été  installé  à  sa  place  normale,  relié  par 
un  câble  électrique  de  3oo  mètres  de  longueur  avec  les  instruments  indi- 
cateurs du  vent. 

»  Depuis  cette  époque,  l'instrument  n'a  cessé  de  fonctionner  régulière- 
ment, même  pendant  une  absence  de  trois  semaines  que  j'ai  dû  faire,  et 
pendant  laquelle  il  a  été  surveillé  par  un  simple  ouvrier  horloger  de 
M.  Détouche.  Ce  résultat  prouve  que,  une  fois  installé,  l'instrument  ne 
réclame  de  la  part  de  celui  qui  en  est  chargé  qu'un  peu  de  soin,  et  une 
habileté  qui  n'exige  même  pas  les  connaissances  scientifiques  les  plus  élé- 
mentaires :  c'est  là  un  grand  avantage  pour  cette  espèce  d'instruments. 

\i)  Comptes  rendus,  p.  3io. 

(2)   Comptes' rendus,  p.  333  et  335. 


(  386  ) 
»  J'ai  vu  avec  plaisir  que  les  savants  et  le  public  l'ont  fort  bien  reçu,  et 
j'espère  qu'il  se  vulgarisera  davantage  :  c'est  en  vue  de  cela  que  nous  nous 
occupons,  M.  Détouche  et  moi,  de  le  rendre  dans  son  exécution  le  plus 
économique  possible,  en  lui  conservant  le  degré  de  précision  voulu.  La 
nécessité  de  ces  instruments  a  été  sentie  de  tout  temps  :  les  curieux  essais 
des  anciens,  que  l'on  vient  de  déterrer  dans  les  recueils  scientifiques,  et 
qui  étaient  entièrement  oubliés  et  ignorés  par  moi  et  par  le  monde  savant, 
accusent  seulement  ce  sentiment  général  que  des  moyens  de  ce  genre  de- 
vaient pouvoir  servir  au  progrès  de  la  science.  Mais  tous  ces  efforts  n'a- 
vaient encore  pu  aboutir  à  une  forme  pratique  :  c'est  la  réalisation  de  cette 
forme  qu'on  ne  pourra  me  contester,  et  je  la  crois  surtout  originale  comme 
application  de  l'électricité. 

»  La  sensibilité  de  l'appareil  et  sa  précision  sont  de  nature  à  pouvoir 
être  appréciées  par  l'Académie.  La  double  période  diurne  du  baromètre  y 
est  très-bien  constatée  dans  les  belles  journées,  et  cette  même  période  se 
trouve  toujours  manifestée,  même  pendant  les  plus  grandes  vagues  qui  se 
propagent  à  travers  l'Europe,  et  pendant  les  bourrasques. 

jj  II  permet  encore  de  constater  la  période  diurne  du  vent.  Cette  période 
apparaît  très-facilement  avec  mon  système  d'enregistrement,  tandis  que, 
pour  l'obtenir  par  les  autres  moyens  connus,  il  faudrait  faire  une  opération 
graphique  secondaire;  cette  opération  est  effectuée  parla  machine  elle- 
même. 

»  Je  remarquerai  qu'ici,  à  Paris,  la  période  diurne  du  vent  est  essentiel- 
lement différente  de  celle  de  Rome.  La  proximité  de  la  mer,  à  Rome,  donne 
naissance  à  une  période  double,  pendant  qu'à  Paris,  qui  est  plus  avancé 
dans  le  continent,  on  a  une  période  simple.  Cette  période  se  manifeste  encore 
dans  les  jours  de  bourrasques  et  de  renforcement  des  vents  soutenus.  Son 
maximum  est  dans  l'après-midi,  de  2  à  3  heures;  le  minimum  vient  un 
peu  après  minuit. 

■>  La  sensibilité  du  barographe  a  mis  en  évidence  un  fait  qui  avait 
jusqu'ici  échappé  aux  météorologistes,  je  veux  dire  les  courtes  variations  de 
pression  atmosphérique  qui  accompagnent  les  averses  de  pluies  :  elles  sont 
dues  sans  doute  au  refroidissement  rapide  produit  dans  une  région  limitée 
par  les  orages  et  les  chutes  soudaines  des  pluies. 

»  Je  m'abstiens  d'indiquer  d'autres  coïncidences  entre  les  différents 
phénomènes  qui  sont  plus  ou  moins  bien  connus  :  je  ferai  observer  seule- 
ment que  le  lien  de  tous  ces  phénomènes  apparaît  si  clairement  dans  ces 
dessins,  et  ils  se  montrent  si  étroitement  solidaires  entre  eux,  qu'il  suffit 


(  387  ) 
d'en  connaître  un  d'une  manière  parfaite  pour  deviner  tous  les  autres. 
Ainsi,  par  exemple,  la  régularité  du  vent  quant  à  sa  direction  et  à  son 
intensité  est  telle  que,  lorsqu'elle  se  trouve  changée,  on  peut  déjà  entrevoir 
quelles  seront  les  indications  du  baromètre.  C'est  ce  qui  explique  comment 
les  personnes  du  vulgaire  peuvent  arriver  à  une  prévision  conjecturale  du 
temps,  même  sans  observer  aucun  instrument  de  physique.  L'élément  du 
venta  été  un  peu  trop  négligé  par  les  météorologistes,  et,  faute  d'un  moyen 
simple  d'avoir  la  courbe  horaire  de  son  intensité,  on  n'en  a  pas  tenu 
autant  de  compte  qu'il  le  mérite.  Les  mouvements  des  vents  précèdent  et 
suivent  les  bourrasques,  avec  la  même  précision  que  les  mouvements  du 
baromètre;  ce  résultat  est  conforme  à  la  théorie  et  est  sans  doute  bien  facile 
à  comprendre,  mais  n'avait  pas  encore  été  nettement  signalé  comme  il 
devait  l'être. 

»  Je  n'insisterai  pas  longuement  sur  un  fait  que  j'ai  constaté  autrefois, 
savoir  la  propagation  des  grandes  vagues  atmosphériques  à  travers  l'Europe. 
Les  courbes  de  Rome  et  de  Paris,  obtenues  maintenant  par  des  instruments 
semblables,  nous  font  voir  que  les  grandes  vagues  se  propagent  ordinaire- 
ment du  nord-ouest  au  sud-est,  et  mettent,  pour  arriver  de  Paris  à  Rome, 
environ  deux  jours.  Ayant  eu  l'occasion  de  faire  une  visite  en  Angleterre  à 
Stonyhurst,  près  de  Liverpool,  j'ai  constaté  que,  entre  cette  station  et  Paris, 
il  y  a  presque  un  jour.  Cette  propagation  suppose  un  courant  ayant  la 
direction  indiquée  à  travers  l'Europe,  conclusion  à  laquelle  était  arrivé  déjà 
de  son  côté  l'Amiral  Fitz-Roy,  et  que  la  marche  de  ballons  à  longue  course 
autorise  à  admettre. 

»  Cependant  ce  régime  n'est  sûr  et  constant  que  dans  l'hiver.  Pendant 
l'été,  il  est  moins  régulier,  et  ordinairement  les  grandes  bourrasques  ne  se 
communiquent  pas  au  delà  du  massif  des  Alpes,  ce  qu'on  peut  voir  en  com- 
parant, pendant  les  mois  de  juillet  et  août,  les  résultats  de  Rome  et  de 
Paris,  non-seulement  de  cette  année,  mais  encore  des  autres.  Cependant, 
même  dans  la  saison  d'été,  les  grandes  vagues,  profondément  modifiées, 
manifestent  encore  un  peu  leur  influence.  Cela  est  dû  sans  doute  à  ce  que 
la  partie  méridionale  de  l'Italie,  en  été,  rentre  sous  l'influence  des  vents 
étésiens,  qui  sont  une  dérivation  des  alizés,  et  qui  modifient  le  cours  ordi- 
naire du  courant  qui   traverse  l'Europe  centrale. 

»  Il  y  a  encore  à  résoudre,  sur  ce  sujet,  bien  des  questions  douteuses  que, 
pour  le  moment,  nous  pouvons  à  peine  poser;  mais  il  est  évident  qu'elles 
ne  pourront  jamais  être  résolues  sans  un  système  uniforme  et  régulière- 
ment coordonné  d'observations  graphiques.  Ce  que  je  viens  de  dire  a  seu- 


(  388  ) 
lement  pour  but  (l'indiquer,  par  un  premier  résultat  assez  intéressant,  ce 
que  la  science  peut  attendre  des  moyens  que  j'ai  proposés,  pour  la  solution 
de  ces  mêmes  problèmes.  Je  compte  continuer  ces  observations  autant 
que  possible  à  Paris,  et  les  comparer  avec  celles  de  Rome,  avec  plus  de 
loisir  que  je  n'en  puis  avoir  maintenant.  » 

ASTRONOMIE.  —  Les  étoiles  filantes  du  10  août  1867;  par  le  P.  Secchi. 

«  Les  observations  des  étoiles  filantes  de  la  période  d'août  ont  été 
faites  cette  année,  au  Collège  Romain,  par  deux  observateurs  seulement. 
On  avait  formé  le  projet  d'en  faire  une  étude  plus  complète,  et  d'employer 
un  plus  grand  nombre  d'observateurs,  mais  l'épidémie  cholérique  qui  a 
sévi  à  Albano  a  distrait,  pour  le  secours  de  notre  ville  affligée,  une  partie  de 
notre  personnel. 

»  Voici  les  observations  faites  quand  l'éclat  de  la  Lune  cessa  d'entraver 
les  observations  : 

1 1  août,  matin  (comptit  civil),  de 


Nombre  dVtoiles 

li        m 
2  .  I  I 

à 

h       ra 
2.25                  l5 

2.25 

à 

2 . 46                  16 

2.46 

à 

3.00                 l5 

3.00 

à 

3.20                 21 

3.20 

à 

3.3o              8 

3.3o 

à 

3.45             11 

»   De  sorte  qu'on  a  observé  86  étoiles  en  quatre-vingt-quatorze  minutes. 
»   Le  jour  suivant   : 

Nombre  d'étoiles, 
h       m  h        m 

12  août,  matin  (comptit  civil),  de     3.i5     à     3.3o  i5 

»  •>  3. 3o     à     3.45  11 

3.3o     à     3.46  3 

»  De  sorte  qu'en  trente  et  une  minutes  on  a  ohservé  22  étoiles.  Los 
nombres  horaires  de  ces  deux  jours  seraient  54,9  et  42,6,  ce  qui  s'approche 
des  maxima  observés  dans  l'année  1861,  qui  ont  été  les  plus  considérables. 

»  Les  heures  du  matin  étant  plus  fécondes,  on  ne  pourrait  rigoureuse- 
ment comparer  les  observations  de  cette  année  à  celles  des  autres,  dans 
lesquelles  on  a  observé  le  soir;  mais  on  voit  au  moins  que  la  différence  ne 
doit  pas  être  très-grande  entre  cette  année  et  les  précédentes. 

»  Les  météores  divergeaient,  pour  la  plupart,  de  l'espace  entre  Persée 
et  Cassiopée,  mais  il  y  en  avait  un  grand  nombre  de  sporadiques.  On  en 
a  remarqué  plusieurs  qui  se  suivaient  de  près,  jusqu'à  trois  ou  quatre 


(  389) 
à  la  fois.  Les  grandes  traînées  lumineuses  ont  été  très-rares.  On  en  a  cepen- 
dant vu  trois  très-belles,  malgré  la  Lune,  le  soir  du  10  à  iob7m.  » 

astronomie.    —  Le  spectroscope  stellaire;  par  le  P.  Secchi. 

«  Dans  différentes  communications  présentées  à  l'Académie,  j'ai  exprimé 
la  persuasion  que,  avec  le  spectroscope  simplifié  que  j'ai  imaginé,  on  pour- 
rait faciliter  l'étude  des  spectres  stellaires,  même  aux  observateurs  fournis 
d'instruments  médiocres  et  sans  mouvement  équatorial. 

»  Cette  persuasion  est  maintenant  un  fait  réalisé.  Je  soumets  à  l'Académie 
un  oculaire  spectroscopique,  formé  d'un  prisme  et  d'une,  lentille  cylin- 
drique construits  par  M.  Hoffmann,  et  que  M.  Secretan  a  appliqué  à  une 
lunette  de  o,5  millimètres  d'ouverture.  L'autre  soir  j'ai  pu  voir,  avec  ce 
système,  les  bandes  prismatiques  principales  dans  les  étoiles  de  première  et 
de  deuxième  grandeur,  et  surtout  décomposer  très-bien  a  Hercule  et  |3  Pé- 
gase, et  les  raies  atmosphériques  dans  la  planète  Jupiter. 

»  C'est  un  résultat  qui  n'est  point  inattendu  pour  moi;  mais  il  assure  le 
succès  de  ce  petit  instrument,  surtout  pour  les  amateurs,  qui  désormais 
pourront  s'en  servir  avec  la  première  lunette  venue.  » 

CHIMIE   ORGANIQUE.    —    Sur    une   nouvelle    classe  a" homologues  de   l'acide 
cyanhydrique.  Deuxième  Lettre  de  M.  A.-YV,  Hofmann  à  M.  Dumas. 

«  Dans  une  Lettre  que  vous  avez  eu  la  bonté  de  communiquer  à  l'Insti- 
tut, j'ai  appelé  l'attention  sur  une  nouvelle  série  d'homologues  et  d'analo- 
gues de  l'acide  cyanhydrique  engendrés  par  l'action  du  chloroforme  sur  les 
monamines  primaires. 

»  Comme  représentant  de  ce  groupe  de  corps,  je  vous  avais  signalé  le 
cyanure  de  phényle,  dont  la  formation  et  les  propriétés  avaient  fait  presque 
exclusivement  le  sujet  de  mes  recherches. 

»  J'ai  poursuivi  la  nature  de  ces  nouveaux  corps,  qui  me  sont  devenus 
de  plus  en  plus  chers  à  mesure  que  j'en  ai  approfondi  la  nature. 

»  Prenant  naissance  dans  une  réaction  bien  définie,  cloués  de  propriétés 
d'autant  plus  remarquables  qu'elles  étaient  inattendues,  stables  dans  cer- 
tains cas,  et  d'une  altérabilité  extrême  dans  d'autres,  ces  corps,  suscep- 
tibles des  transformations  les  plus  diverses,  réunissent  toutes  les  conditions 
qui  engagent  à  en  faire  un  examen  détaillé.  Me  voilà  donc  au  début  d'un 
travail  de  longue  haleine;  vous  me  permettrez  de  vous  en  communiquer 
les  résultats  au  furet  à  mesure  qu'ils  se  présenteront. 

C.  R.,  1867,   a"  Semeilre.  (T.  LXV,  N°  10.)  5l 


f  39o) 

»  Cyanure  d'éthyle.  —  Après  avoir  précisé  dans  la  série  phényliqne  les 
caractères  généraux  delà  nouvelle  réaction,  mon  attention  devait  naturel- 
lement se  porter  sur  la  série  éthylique.  Dans  ce  but,  il  m'a  fallu  d'abord 
me  procurer  de  l'étbylamine  en  assez  grande  quantité;  heureusement  la 
coopération  libérale  tant  de  fois  éprouvée  de  mon  ami  M.  Nicholson,  de 
Londres,  est  venue  à  mon  secours.  S'intéressant,  avec  une  cordialité  dont  je 
ne  puis  assez  le  remercier,  à  la  continuation  de  mes  recherches  sur  les  bases 
éthyliques,  M.  Nicholson  a  mis  à  ma  disposition  le  produit  de  l'action  de 
l'ammoniaque  sur  l'iodure  d'éthyle,  provenant  d'une  opération  faite  sur 
20  kilogrammes  d'iodure  dans  une  de  ses  grandes  autoclaves. 

»  Grâce  à  cette  heureuse  alliance  de  la  science  et  de  l'industrie  qui 
caractérise  notre  époque,  je  me  trouvais  à  même  de  pouvoir  étudier  sur  une 
assez  grande  échelle  la  transformation  de  l'éthylamine  sous  l'influence  du 
chloroforme. 

»  En  versant  graduellement  un  mélange  d'une  solution  alcoolique  d'éthyl- 
amine  et  de  chloroforme  dans  une  cornue  contenant  de  l'hydrate  potas- 
sique pulvérisé,  il  s'établit  une  réaction  des  plus  vives;  le  mélange  entre 
en  ébullition,  et  il  distille  un  liquide  dont  l'odeur  pénétrante  surpasse  tout 
ce  qu'il  est  possible  de  s'imaginer. 

»  Le  produit  de  la  distillation  renferme,  outre  ce  corps  odorant,  de 
l'éthylamine,  du  chloroforme,  de  l'alcool  et  de  l'eau,  et  il  faut  un  assez 
grand  nombre  de  rectifications  pour  isoler  de  ce  mélange  le  cyanure 
d'éthyle. 

»  Comme  il  s'agit  ici  d'une  substance  très-volalile,  les  fractionnements 
deviennent  une  opération  des  plus  pénibles,  et  plus  d'une  fois,  pendant 
que  j'étais  occupé  de  ces  expériences,  mon  laboratoire  était  presque  ina- 
bordable. 

»  Une  chaleur  de  3o  degrés  étant  survenue,  j'ai  trouvé  convenable  d  in- 
terrompre momentanément  la  préparation  à  l'état  de  pureté  du  cyanure 
d'éthyle,  pour  la  reprendre  à  une  saison  plus  favorable. 

»  J'étais  néanmoins  curieux,  même  dès  à  présent,  d'étudier  un  véritable 
homologue  du  cyanure  d'éthyle,  pour  comparer  ses  propriétés  à  celles  du 
cyanure  phénylique. 

»  Les  limites  heureuses  entre  lesquelles  se  trouvent  les  points  d'ébullition 
des  composés  de  la  série  amylique.la  désignaient  comme  celle  qui  devait 
présenter  le  plus  de  chances  de  succès. 

»  Cyanure  d'amyle.  —  En  soumettant  l'amylamine  à  l'action  du  chloro- 
forme, on  observe  en  effet  tous  les  phénomènes  qui  se  sont  présentés  dans  la 


(  3gi  ) 
réaction  analogue  entre  le  chloroforme  et  l'aniline.  Une  molécule  d'amyl- 
amine  et  une  molécule  de  chloroforme  renferment  les  éléments  d'une  mo- 
lécule de  cyanure  d'amyle  et  de  trois  molécules  d'acide  chlorhydrique  : 

C^H'^N  -+■  CHC13  =  C°HnN  +   3HC1. 

Amylamine.        Chloroforme.  Cyanure 

d'amyle. 

»  Le  cyanure  d'amyle  est  un  liquide  transparent,  incolore,  plus  léger 
que  l'eau,  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool  et  l'éther,  d'une 
odeur  accablante  rappelant  à  la  fois  celle  de  l'alcool  amylique  et  celle  de 
l'acide  cyanhydrique.  Sa  vapeur  possède,  encore  à  un  plus  haut  degré  que 
celle  du  cyanure  de  phényle,  la  propriété  d'impressionner  la  langue  d'une 
amertume  insupportable,  et  d'affecter  la  gorge  du  sentiment  de  suffocation 
si  caractéristique  chez  l'acide  prussique. 

»  Le  cyanure  d'amyle  peut  être  distillé  sans  décomposition;  il  bour 
à  137  degrés  centigrades,  c'est-à-dire  à  une  température  de  8  degrés  moindre 
que  celle  du  point  d'ébullition  du  capronitrile,  son  isomère.  Je  rappellerai 
que  le  point  d'ébullition  du  cyanure  du  phényle  est  aussi  plus  bas  que  celui 
de  son  isomère,  le  benzonitrile. 

»  Sous  l'influence  des  alcalis  et  des  acides,  le  cyanure  d'amyle  se  com- 
porte de  la  même  manière  que  le  cyanure  de  phényle;  peu  attaqué  par  les 
alcalis,  il  est  décomposé  par  les  acides  avec  une  violence  presque  explosive; 
une  légère  ébtdlition,  en  présence  de  l'eau  acidulée,  suffit  pour  le  trans- 
former en  acide  formique  et  en  amylamine  : 

C°H^N  +    2H20   =  CH202   +  C5H,31N. 

Cyanure  Acide  Amylamine. 

d'amyle.  formique. 

Pour  fixer  cette  équation  par  des  chiffres,  j'ai  exécuté  la  réaction  à  l'aide 
de  l'acide  sulfurique  dilué;  il  distillait  alors  de  l'acide  formique  qui  fut 
transformé  en  sel  sodique  et  analysé  à  l'état  de  sel  d'argent.  Le  résidu  dans 
la  cornue  a  fourni,  par  l'addition  d'un  alcali,  de  l'amylamine  en  assez  grande 
quantité;  elle  fut  identifiée  avec  celle  provenant  du  cyanate  d'amyle  par  la 
détermination  du  point  d'ébullition,  et  par  l'analyse  du  sel  platinique. 

»  La  transformation  du  cyanure  d'amyle,  ainsi  que  celle  du  cyanure  de 
phényle,  ne  s'accomplit  pas  d'un  seul  jet;  il  se  forme  des  combinaisons 
intermédiaires,  correspondantes  à  la  méthényldiphényldiamine  et  à  la 
phénylformamide,  mais  je  ne  les  ai  pas  encore  obtenues  à  l'état  de  pureté. 

»   J'ai  désigné  le  corps  que  je  viens  de  décrire  dans  cette  Lettre  sous  le 


(  3ç)2  ) 
nom  de  cyanure  d'amyle;  je  n'ignore  pas  que  l'on  a  donné  le  même  nom  à 
la  substance  qui  se  produit  par  l'action  du  cyanure  de  potassium  sur  les 
sulfamylates ;  mais  comme  ce  dernier  corps,  par  suite  de  sa  transformation 
en  acide  caproïque  et  en  ammoniaque,  a  droit  aussi  bien  au  nom  de  capro- 
nitrile,  j'ai  cru  pouvoir  distinguer,  provisoirement  au  moins,  le  nouveau 
produit  par  le  nom  de  cyanure  d'amyle. 

»  L'examen  des  cyanures  d'amyle  et  de  phényle  établit  d'une  manière 
assez  positive  la  formation  d'un  groupe  de  corps  isomères  aux  nitriles 
dérivés  des  alcools  ordinaires  et  des  pbénols;  aussi  n'ai-je  pas  cru  devoir 
m'arrèter,  pour  le  moment  au  moins,  à  l'étude  des  autres  termes  de  ce 
groupe,  le  champ  ouvert  par  ces  nouvelles  observations  présentant  des 
questions  bien  plus  séduisantes.  En  effet,  l'existence  des  nouveaux  homo- 
logues de  l'acide  cyanhydrique  laisse  entrevoir  la  formation  de  toute  une 
autre  série  d'homologues  du  cvanogène. 

»  Ces  corps  doivent  prendre  naissance  par  l'action  du  chloroforme  sur 
les  diamines. 

»  L'éthylène-diamine,  par  exemple,  se  transformera  de  cette  manière  en 
dicyanure  d'éthylène  : 

C2H8N2   +    2CHC|3   _   c'rPN2   +   6HCI. 

Chloroforme.  Dicyanure 

d'élhylène. 

»  Je  m'occupe  dans  ce  moment  de  l'étude  de  l'action  du  chloroforme 
sur  l'éthylène-diamine,  et  je  me  propose  de  vous  communiquer  prochaine- 
ment, si  l'expérience  a  confirmé  les  prévisions  de  la  théorie.  » 

MÉGANIQUE     APPLIQUEE.    —    De  l'air  chaud  substitué    à    la    vapeur  comme 
moteur,  sans  danger  d'explosion  ;  par  M.   Birdi.v  (Extrait.) 

«  Le  calorique  introduit  dans  l'air  à  la  place  de  la  vapeur  pour  servir 
de  moteur,  on  ne  saurait  trop  le  dire,  nous  rendrait  des  services  immenses, 
et  notamment  nous  permettrait  de  traverser  les  mers  en  ne  dépensant  que 
le  \  ou  le  j  du  combustible  dans  ce  moment  employé. 

»  Mus  par  cette  conviction,  M.  Bourget  et  moi,  nous  priâmes  l'Aca- 
démie, le  10  avril  i865,  de  vouloir  bien  insérer  dans  son  Compte  rendu 
une  Note  qui  conseillait  l'emploi  d'un  air  pur  préalablement  com- 
primé, puis  échauffé  dans  un  faisceau  de  tubes  renfermé  dans  le  canal 
maçonné  de  la  fumée  sortant  d'un  foyer  ordinaire.  Cet  air  venant  ainsi  à 
la  rencontre  de  la  fumée,  ou  se  croisant  avec  elle  dans  sa  marche,  était 


(  393  ) 
ensuite  injecté  clans  un  cylindre  moteur  dont  le  piston,  mis  à  l'abri  de  la 
chaleur,  était  rlisposé  de  manière  à  utiliser  le  travail  dû  au  calorique,  tout 
en  opérant  la  compression  préalable  du  nouvel  air  remplaçant  celni  qui 
venait  de  travailler  à  pleine  pression  et  avec  détente.  Ce  dernier,  enfin, 
était  ensuite  ramené  au  foyer  avec  la  chaleur  qui  lui  restait,  laquelle  cha- 
leur diminuait  d'autant  la  consommation  du  combustible. 

»  Soit  que  ce  conseil  ait  été  suivi,  soit  que  notre  pensée  se  soit  offerte  à 
d'autres  esprits,  nous  avons  vu  à  la  récente  Exposition  des  tentatives  de 
machines  dirigées  dans  la  voie  dont  il  s'agit  :  il  est  donc  de  notre  devoir 
de  discuter  autant  que  possible  les  conditions  théoriques  que  doivent  rem- 
plir ces  machines  pour  obtenir  telle  ou  telle  économie  du  combustible. 

»  Comme  dans  ce  but  notre  Note  du  10  avril  1 865  peut  compléter  l'in- 
telligence de  ce  qui  suit,  tout  en  décrivant  un  cylindre  et  un  piston  tout  à 
la  fois  soufflet  de  l'air  frais  et  récepteur  du  travail  produit,  nous  la  rappe- 
lons ici  avec  nos  précédentes  communications  à  l'Académie. 

»  Dans  tous  les  cas,  en  reproduisant  ainsi  ces  communications,  ce  sera 
pour  nous  une  heureuse  occasion  de  les  perfectionner,  de  les  rectifier  et 
au  besoin  d'y  corriger  les  erreurs  qui  auraient  pu  nous  échapper. 

»  Soit  i  mètre  cube  d'air  ordinaire  (à  10  degrés,  par  exemple)  et  pesant 
ik'1,254  :  si  on  le  comprime  d'abord,  puis  si  on  le  chauffe  à  800  degrés,  par 
exemple,  avant  de  le  faire  travailler  sur  un  piston,  il  pourra  ensuite,  à 
pleine  pression  et  avec  détente  jusqu'à  la  pression  atmosphérique,  produire 
des  travaux  en  sus  de  ceux  préalablement  exigés  pour  sa  compression  à  froid 
et  pour  son  refoulement  ou  introduction  dans  ses  tubes  réchauffeurs  (voir,  à 
propos  des  formules  bases  de  nos  calculs,  en  outre  de  lalNote  précitée,  celles 
insérées,  dès  1857,  dans  le  tome  XLV  des  Comptes  rendus  de  l'Académie,  et 
aussi  celle  insérée  le  18  avril  i863). 

»  Supposons  maintenant  le  piston  du  10  avril  1 865  battant  un  coup  par 
seconde,  par  exemple,  et  dépensant  les  ika,254  ci-dessus  à  800  degrés  (le 
travail  réalisé  croissant  avec  ces  degrés). 

»  Admettons  :  i°que  les  tubes  chauffeurs  de  cet  air  sont  assez  multipliés 
ou  présentent  assez  de  surface  extérieure  pour  pouvoir  dans  ce  temps  rece- 
voir, de  la  fumée  qui  les  lèche,  toutes  les  calories  qu'elle  renferme,  moins 
celles  emportées  et  perdues  dans  la  cheminée  ; 

»  20  Que  les  mêmes  tubes  présentent  un  volume  beaucoup  plus  considé- 
rable que  celui  du  gaz  dépensé  à  chaque  coup  de  piston,  afin  que,  pendant 
tout  le  temps  de  la  détente  (lorsque  l'air  moteur  cessera  momentanément 
de  cheminer  vers  l'extrémité  la  plus  chaude  desdits  tubes  ou  vers  le  cylindre 


(  39'i  ) 
travaillant),  leur  pression  intérieure  n'en  soit  que  très-peu  augmentée,  ainsi 
que  cela  a  lieu  sur  les  locomotives  et  sans  qu'on  soit  obligé  de  recourir  à 
des  régulateurs  ou  pistons  mobiles  convenablement  chargés; 

»  3°  Que  la  fumée  se  dépouille  aussi  uniformément  que  possible  de  son 
calorique  en  faveur  de  l'air  cheminant  dans  les  mêmes  tubes. 

»  En  effet,  le  gaz  n'étant  plus  débité  ou  s'arrêtant  lors  du  travail  en 
détente  sur  le  piston  moteur,  les  parois  métalliques  prendront  un  léger 
accroissement  de  température  qui  sera  restitué  plus  tard,  lors  du  travail  à 
pleine  pression;  bref,  ces  parois,  aidées  au  besoin  par  des  feuilles  ou 
rognures  métalliques  placées  au  dedans  des  tubes,  uniformiseront  la  trans- 
mission du  calorique  dans  ce  cas  comme  le  font  les  volants  emmagasinant 
l'effort  de  nos  machines  quand  il  est  trop  considérable,  pour  le  restituer 
ensuite  quand  il  est  trop  faible.  Ces  précautions  prises  dans  deux  machines 
à  2j  à  4  et  à  6  atmosphères,  nous  allons  trouver  un  travail  un  peu  décrois- 
sant, en  même  temps  que  nos  tubes  et  nos  cylindres  deviendront  de  moins 
en  moins  volumineux  et  moins  pesants.  En  n'opérant  qu'un  peu  au-dessus 
de  l'atmosphère,  notre  rendement  serait  considérable,  il  est  vrai,  mais  l'en- 
semble de  l'appareil  deviendrait  trop  encombrant  pour  obtenir  le  même 
travail  malgré  l'économie  réalisée  dans  le  combustible  ;  c'est  ce  qu'on  re- 
connaît à  la  première  inspection  des  formules  desquelles  nos  chiffres  sont 
tirés. 

»  Soit  un  faisceau  de  tubes  pleins  d'air  à  ■?.  atmosphères,  rencontré 
d'abord  par  la  fumée  à  923°, 22  puis  à  73°, 22 -(- 5o  lorsque  cette  fu- 
mée les  quittant  gagne  sa  cheminée;  la  transmission  du  calorique  se  fera 
alors  du  dehors  en  dedans  avec  une  différence  de  température  initiale 
923°,  22  —  800  =123°,  22  et  une  finale  73°,  22  -+-  5o  —  73°,  22  =  5o° 
(73°,  22  étant  la  température  due  à  la  pression  préalable  2  atmosphères  de 
l'air  moteur,  et  5o  degrés  étant,  par  exemple,  l'excédant  de  température 
qu'on  est  toujours  obligé  de  laisser  subsister  chez  la  fumée  chauffante  par 

123"  *y "?    1    00 

rapport  à  l'air  chauffé).    Bref,   ■         =  86°, 6r   sera,  dans  ce  cas, 

l'excédant  moyen  de  la  température  extérieure  des  tubes  par  rapport  à 
la  température  intérieure,  depuis  leur  extrémité  la  plus  chaude  jusqu'à 
celle  qui  l'est  le  moins;  enfin,  depuis  800  degrés  jusqu'à  73°, 22  observés 
dans  leur  intérieur. 

»  11"1, 254  d'air  devant,  dans  ce  cas,  passer  de  la  température  73°,  22  à 
celle  800  degrés,  il  faudra  donc  que  la  fumée  lui  transmette  petit  à  petit 

1 ,254  -+-  0,24  (800  —  73,  22)  =  o,3oi  -+-  726,  78  =  218,  76 


(  395  ) 
à  travers  des  parois  assez  multipliées  ou  étendues  pour  cela.  Dans  ce  but, 
la  fumée   n'aura  pas  besoin  de  peser  i,s>.54,  il  suffira  qu'elle  en  pèse  une 
fraction  x  donnée  par  l'équation 

i,25/j.t  X  0,24  X  923°, 22  =  1,254  X  o,a4  X  726,  78 

-+-    I,  254*X    123,22 

—  I,254XO,24(l  —  x)  X  (598,63—  123,22), 
ou   par  l'équation 

923,  21X  =  726,78  -+-   t23,22JT  —  475,409  (  I  —  x)  , 

d'où  l'on  tire 

»  En  effet,  cette  fumée,  en  outre  des  2  1 8cal,  76  qu'elle  doit  fournir  à  l'air 
du  piston  moteur  par  seconde,  doit  garder  123°,  22  à  sa  sortie  au  bas  de -sa 
cheminée;  de  plus,  comme  elle  n'aura  pas  chauffé  les  tubes  toute  seule, 
comme  elle  aura  été  aidée  dans  ce  but  par  la  partie  (1  —  x)  1,  254  d'air  pur 
moteur,  qui  n'a  pas  besoin  d'entrer  au  foyer,  et  qui,  conservant  après  son 
travail  en  détente  598,629,  pourra  en  céder 

598,629—  123,22  =  4750, 4o6 

auxdits  tubes  à  partir  des  points  chauffés  à  475°,  409  —  5o  jusqu'aux  extré- 
mités à  73°,  22  au  bas  de  la  cheminée  de  sortie  ;  on  voit  donc  que  grâce  à  ce 
concours  de  l'air  pur  détendu  se  mêlant  à  la  fumée  pour  lécher  les  tubes, 
la  fraction  ci-dessus  x  va  se  trouver  réduite  à  0,77442  au-dessous  de  l'unité. 
»  Ainsi  donc,  en  faisant  entrer  dans  le  foyer  de  l'air  ordinaire  à  10  de- 
grés, il  faudrait  par  seconde  ou  par  coup  de  piston  de  la  machine 
(923,22  —  10)  0,24  X  0,77442  X  i,254  calories  seulement;  mais  comme 
on  emploie  de  l'air  qui  a  conservé  après  son  travail  en  détente  589°,629, 
on  n'aura  plus  besoin  de  demander  au  charbon  consommé  toutes 
les  calories  ci -dessus;  il  suffira  en  effet  que  ce  charbon  en  fournisse 
0,77442  x  i,254  X  0,24(923,22  —  598,629)  =  75cal,662i6.  Un  mètre 
cube  d'air  à  10  degrés,  comprimé  à  2  atmosphères  et  chauffé  à  800  degrés, 
devant,  d'après  nos  Notes  de  1857,  produire  un  travail  net  et  réalisable  de 

i6665  kilogrammètres,  nous  obtiendrons  dans  ce  cas    ,.    . . — ;  =  220kem,  26 
0  75,bb2ib 

oon     On 

par    calorie,   soit  un   rendement       .  '      =  o,  5i8.    Ainsi   la    machine   de 


(  396  ) 

— =—  =  222,22  chevaux  dont  il  s'agit  ici  ne  brûle  en  théorie  que  |  en  plus 

de  kilogramme  de  charbon  par  heure  et  par  force  de  cheval. 

»  Les  calories  acquises  d'abord  par  l'air  en  sus  de  ses  10  degrés  initiaux 
et  conservées  lors  de  la  sortie  dans  la  cheminée  étant 

i,254  [0,77442  ■+-  (1  —  0,77/442)]  0,24(123,22  —  10) 
=  1 ,  254  x  o,  24  X  1 1 3, 22  =  34ca\  079, 

on  pouvait  conclure,  sans  recourir  au  travail  ci-dessus  i6665k6m,  que 
notre  machine,  sur  75,66126  calories  fournies  par  son  charbon,  n'en  utili- 
sait   que    75,66126  —  34,079  =  4ocal, 58  ,   d'où    résulte     un    rendement 

?',.,-  =  °>  ^36  un  peu  supérieur  à  o,  5i8  par  suite  des  décimales  négligées 

dans  nos  calculs  successifs.  On  ne  tient  pas  compte,  dans  ce  cas,  du  poids 
de  charbon  emporté  par  l'acide  carbonique  de  la  fumée,  lequel  poids  serait 
environ  3^  de  cette  dernière  dans  un  foyer  ordinaire  (alimenté  par  trois  fois 
l'air  strictement  nécessaire,  afin  d'éviter  l'oxyde  de  carbone)  et  qui,  dans 
notre  machine,  sera  dans  une  proportion  moindre  à  cause  de  la  chaleur 
apportée  par  le  même  air.  Mais  en  prenant  en  considération  un  tel  poids,  on 
voit  que  la  fraction  x,  trouvée  pins  haut  égale  à  0,7744,  serait  par  suite  un 
peu  diminuée  en  augmentant  d'autant  le  rendement  que  nous  avons  ob- 
tenu ;  bref,  notre  omission  a  réduit  nos  résultats  calculés. 

»  Arrivant  à  4  atmosphères,  le  mètre  cube  d'air  moteur  pesant  iki',254 
exigera  par  seconde  et  par  coup  de  piston 

(  800  —  1 5o)  1 ,  254  X  o,  24  =  '  95cal,  65 

(i5o  étant  la  température  initiale  de  cet  air  préalablement  comprimé). 

»  La  fumée  chargée  de  chauffer  progressivement  cet  air  pur  avec  un 
excédant  de  température  devra  donc  d'abord  être  à  1000  degrés  en  sortant 
du  foyer,  pour  arriver  à  i5o  -+-  5o  =  200  degrés  vers  l'extrémité  la  moins 
chaude  des  tubes,  vers  la  sortie  dans  la  cheminée;  le  nouveau  poids 
x  X  ikil,254  de  cette  fumée  sera  ainsi  déterminé  par  l'équation 

1,254-v  x  0,24  x  1000  =■  1, 254  x  0,24  (800  —  i5o) 

-t-  1,254^'  x  o,  24  x  200 

—  1 ,  254. t  x  o,  24  (1  —  x)  (444  —  200) 
ou  par 

iooox  =  65o  —  (1  —  x)  il\l\x  -+-  200X, 


(  397  ) 
ce    qui   donne    .1=0,73,  dans    cette    machine    produisant   2706g  kilo- 

gram mètres  ou  répondant  a  ^  ^  =  36i  chevaux    (444  degrés  étant  la 

température  qui  reste  à  l'air  moteur  après  sa  détente,  lesquels  444  se 
réduisent  à  244  lorsque  la  partie  1  —  x  de  cet  air  aura  léché  les  tubes, 
réunie  à  la  fumée  venant  du  foyer). 

»  Le  charbon  consommé  par  seconde  ne  devra  ainsi  fournir  que 
1,244  X  0,24  X  073(1000  —  444)  =  i22cal,2,  ce  qui  répond  à  un  travail 

— — -  =  222,6774  par  calorie,  soit  à  un  rendement  à  peu  près  égal  au  pré- 

cèdent  de  la  machine  à  2  atmosphères.  Les  calories  emportées  par  la  fumée, 
défalcation  faite  de  sa  chaleur  initiale  10  degrés,  étant 

0,24  X  i,254  (200  —  10)  =  57cal,  19, 

il  en  résulte  donc  une  confirmation  du  rendement  ci-dessus,  puisqu'on  a 

122    2  Ol     ÏQ 

- — *-  =  o,53  environ.  C'est  moins  de  -j  de  kilogramme  de  charbon 

122,2  °  o 

par  heure  et  par  force  de  cheval. 

«  Comme  on  voit,  en  opérant  à  4  atmosphères  et  surtout  à  6  dans  l'ap- 
plication suivante,  le  rendement  n'augmentera  pas,  il  est  vrai;  mais  comme 
on  aura  une  fumée  sortant  avec  200  degrés  et  3oo°,4,  il  sera  possible, 
dans  ces  derniers  cas,  en  ajoutant  un  simple  cylindre  à  l'appareil,  de  pro- 
fiter des  fumées  ci-dessus  en  élevant  les  rendements  alors  à  0,60  et  plus, 
ainsi  qu'il  va  être  expliqué. 

»  A  6  atmosphères,  l'air  frais  à  10  degrés  acquerra  2o3°,4i2,  et  après  sa 
détente  dans  le  cylindre  moteur  il  possédera  363°, 7656;  le  poids  i,a54x  de 
la  tumée  sera  donc  donné  par  l'équation 

io53,4ia^X  1,254  Xo,2J  =  1,254x0,24  (8oo--2o3,4 12) 

-i-  1,254 x  x  0,24  x  253,4 12 

—  1,254x0,24(1  —  x)  (363, 76562  —  253,4 12), 
ou  par  l'équation 

io53,4i2.r  =  (253, 412  +  1  io,35362)jc  -1-  486,23438, 
d'où  l'on  tire 


x 


486,23438 


—  —  0,705. 
107  " 


146,34641 
»  Les  calories  fournies  par  le  charbon  étant 

1,254  x  0,24  x  o,7o5(io53,4i2  -363,7656)  =  146,3464, 

(..  K.,  1867,   2e  Semestre.  (T.  LXV,  N"  10.)  52 


(  398  ) 

on  a  par  calorie 

,  °"t '     =  208  kilogrammètres , 
14(3,3454  D 

répondant  à  un  rendement  un  peu  au-dessous  de  o, 5,  ainsi  qu'il  résulte 
des  calories  emportées  par  la  fumée,  savoir  : 

1,254  x  0,24(253,412  —  10)  =  73,267. 

En  résumé,  la  présente   machine  de    °H_  '  =  4o5  chevaux  dépensera  \  de 

70 

kilogramme  de  charbon  et  par  force  de  cheval. 

»  Nous  arrêtant  à  la  machine  de  4  atmosphères,  voici  quelle  va  être  la 
surface  totale  des  tubes  employés  en  un  seul  ou  en  deux  faisceaux  à  section 
circulaire,  si  on  craint  qu'un  seul  cylindre  de  1  mètre  carré  de  base  et 
de  2m,67  de  longueur  intérieure  fournisse  des  efforts  trop  variables  à  l'arbre 
tournant. 

»   Pendant  une  seconds  ou  pendant  le  coup  de  piston,  avons-nous  dit, 

il  faut  que  280,79  ^ — — ■  =  igi0"1,!  traversent  les  tubes  de  dehors  en 

dedans  en  passant  de  la  fumée  dans  le  poids  ikil,a34  de  l'air  moteur.  Si, 
d'après  la  Physique  industrielle  de  Péclet,  7  mètres  carrés  environ  de  sur- 
face étaient  nécessaires  pour.,  dans  une  seconde,  transvaser  ainsi  une  calo- 
rie avec  une  différence  de  température  5o  degrés,  il  faudrait  alors  que 
nos  tubes  présentassent  à  la  fumée  qui  les  lèche  une  surface  totale  de 
535  mètres  carrés  (le  piston  moteur  battant  un  coup  par  seconde). 

»  En  effet,  la  différence  de  température  entre  le  dehors  et  le  de- 
dans des  tubes  étant,  au  premier  moment,  1000  —  800  =  200  degrés,  et 
200  —  i5o=  5o  degrés  au  dernier  moment,  la  moyenne  de  cette  différence 

sera 

200  +  5o  t   , 

■ =  i2D  degrés, 

ce  qui  porte  à 

191,1  x  7X  -^  =  535 

la  surface  île  transmission  exigée  dans  ce  cas. 

»  Péclet  ayant  essayé  des  surfaces  ou  des  parois  beaucoup  plus  épaisses 
que  celles  (platinées  ou  argentées  à  leurs  extrémités  chaudes)  de  nos  tubes, 
on  peut  espérer  que  les  7  mètres  carrés  par  calorie  ne  seront  nullement 
nécessaires  dans  ce  cas,  différent  de  ceux  prévus  par  le  physicien  dont 
il  s'agit;  toutefois,  admettant,  au  pis-aller,  les  7  mètres  carrés,  on  déter- 


(  399  ) 
minera  le  nombre  n  des  tubes  et  leur  diamètre  d  par  les  équations 

ndx'5,i^i6  = et      nd2  X  0,7854  =  — > 

qui  donnent 

d  =  om, 07478     et     n=  i348  environ 

(2  mètres  étant  la  longueur  donnée  à  ces  tubes,  et  10  mètres  cubes  ou 
10  fois  la  dépense  d'un  coup  de  piston  étant  leur  volume  total,,  suffisant 
pour  prévenir  les  diminutions  de  pression  en  temps  d'arrêt  subit  ou  même 
de  renversement  du  gaz  moteur). 

»  Le  faisceau  cylindrique  de  ces  tubes^  un  peu  espacés  pour  laisser  pas- 
ser la  fumée,  ne  pesant,  au  bout  du  compte,  avec  des  parois  épaisses  de 
om,ooo5,  que  535  x  8oookil  -+-  o,ooo5  =  2140  kilogrammes,  et  ne  recevant 
pour  diamètre  que  2  à  3  mètres  au  plus,  on  voit  que  l'encombrement 
de  notre  machine  de  36i  chevaux  restera  très-inférieur  à  celui  d'une 
machine  à  vapeur  de  même  force,  accompagnée  de  ses  chaudières  et 
provisions  d'eau. 

»  Notre  piston  moteur  (voir  Note  de  1 865)  cumule,  a-t-on  dit,  les  fonc- 
tions de  récepteur  et  de  soufflet  d'air  frais;  toutefois,  comme,  pour  atteindre 
ce  double  but,  il  nécessitera  des  mécanismes  ou  dispositions  particulières; 
comme,  surtout,  les  deux  cloches  en  terre  recouvrant  en  haut  et  en  bas 
ledit  piston  éprouveront  des  coups  ou  des  espèces  de  chocs  lorsqu'elles 
prendront  les  devants  plus  ou  moins  subitement,  afin  d'aspirer  de  l'air  frais, 
on  leur  préférera  peut-être  un  cylindre  soufflant  ordinaire  qui  sera 
mû  séparément  par  une  manivelle  placée  sur  l'arbre  tournant  (sur  celui  des 
hélices  des  vaisseaux,  par  exemple),  en  faisant  alors  un  angle  droit  avec  la 
manivelle  motrice  du  même  arbre.  Avec  un  soufflet  ainsi  distinct,  les 
cloches  en  terre  susdites  n'auront  plus  besoin  de  se  séparer  du  piston 
moteur  qu'elles  protègent  contre  la  chaleur. 

»  La  présente  machine,  a-t-on  dit,  perd  dans  la  cheminée 

1 ,254  X  0,24  X  200  =  6ocal,2. 

»  Pour  éviter  cette  perte,  au  moins  en  partie,  on  pourrait  recourir  à  de 
nombreux  tubes  et  à  un  deuxième  cylindre  ;  on  pourrait  aussi  refroidir  la 
fumée  sous  un  récipient  en  y  faisant  agir  le  vide  d'abord,  puis  en  faisant 
agir  l'atmosphère  sur  le  vide  comme  lorsqu'on  condense  la  vapeur. 

»  Tout  considéré,  le  mieux,  suivant  nous,  sera  d'ajouter  dans  ce  cas  à 
notre  appareil  un  cylindre  travailleur  à  la  fumée,  comme  l'était  celui  de 

52.. 


(  4oo  ) 
M.  l'ingénieur  Belon ,  quand  à  son  tour  il  s'est  livré  avec  un  dévouement 
très-méritant  à  la  question  importante  de  l'air  chaud  comme  moteur.  La 
fumée  étant  dirigée  ou  aspirée  dans  ce  cylindre,  s'y  détendant  au-dessous 
de  l'atmosphère  d'après  la  loi  de  Poisson,  et  s'y  refroidissant  de  200  à 
4o  degrés  par  exemple,  on  voit  que  le  piston,  poussé  par  cette  fumée  d'un 
côté,  et  arrêté  de  l'autre  côté  par  la  fumée  du  coup  précédent  (laquelle, 
grâce  à  un  réfrigérant,  sera  de  nouveau  comprimée  d'après  la  loi  de  Ma- 
riotte,  pour  pouvoir  être  expulsée  dans  sa  cheminée  ou  dans  l'atmosphère), 
on  voit,  dis-je,  que  ce  piston,  ainsi  placé  entre  une  certaine  pression  et 
une  contre-pression  plus  faible,  produira  un  certain  travail  par  différence 
que  nous  allons  calculer. 

»  4o  degrés  étant  ici  laissés  à  l'air  détendu,  il  en  résulte  que  notre  dé- 
tente doit  descendre  jusqu'à  7 — - —  d'atmosphère,  et  nue  la  course  totale  x. 
du  piston  sera  2m,iy346. 

»   Opérant  sur  1  mètre  cube  ci  air  a  200  degrés,  l  intégrale  |  -     — ; — ■=- 

donnera,  pour  le  travail  en  détente  dû  à  la  pression  sur  le  piston, 
85i8kgm,4i  12,  lequel,  ajouté  à  io333xim  dus  à  la  pression  de  l'atmo- 
sphère pendant  l'entrée,  donne  1 885 ik6m,  4'  12. 

t         ■*         u    s»  •   <         j       -      1  i  +  o,oo3665x4o  „,.  rc  co 

»  Le  metrecubed  aira 200 degrés,  devenu ^7^ —  =  omc,66i63 

D  i-t-o,oo3bb5X2oo 

pendant  ou  après  la  contre-pression,  fournira,  d'après  la  loi  de  Mariotte, 

un  travail  négatif  (en  sus  de  celui  o,66i6xio333  causé  par  l'atmosphère 

à   la    sortie)   égala    io333  X  0,6616  x  2,3  log  (4.i333i)  =  996ikBm,  3g; 

ajoutant   0,6616  X  io333  =  6836, 3i3,  il  vient   16527,7,  qui,  retranchés 

de    i885i,4ii2,  donnent   2323k8'",7   pour  le  travail  net  du  mètre  cube 

à  200  degrés,  détendu   au-dessous   de    l'atmosphère,  en  ne  gardant  que 

4o  degrés  à  sa  sortie. 

»   Il  résulte  de  là  que  i1"',  254  ou  °,ue  Ie  volume 

1  + o,oo3665  X  200  i,7  33 

1 _ = U —  1  me  6"  1 2 

1  4- o ,  oo3665  X  1  o         i,o3665  ; 

produira  2323,7  X  1,672  =  3885k8ra,  225,  lesquels,  ajoutés  à   27069  kilo- 

grammètres,  élèveront  le  travail  précité  par  calorie  à 

3o954,225=2 

122,2  '  ^ 

et  le  rendement  à 

253, 14 


452 


=  o,5956. 


(  4oi  ) 

»  A  6  atmosphères,  la  fumée  chaude  à  253°,  412  ajouterait  un  travail 
plus  grand,  bien  entendu. 

»  Nous  terminons  en  déclarant  ici  que  M.  Bourget,  si  compétent  poul- 
ies précédents  calculs,  a  bien  voulu  nous  aider  de  ses  précieux  conseils.  » 

géographie.  —  M.  d'Auchiac  présente  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  de 
Tcliihntclieff,  un  exemplaire  d'un  ouvrage  que  vient  de  publier  M.  Kiepert, 
et  qui  a  pour  litre  :  «  Tracé  des  itinéraires  de  M.  P.  deTchihatcheff  en  Asie 
Mineure,  pour  la  construction  de  la  carte  hypsométrique  de  ce  pays  ». 
A  cet  envoi,  M.  de  Tchihatcheff  joint  la  Note  suivante  : 

«  Wiesbaden,   14  août  1867. 

»  J'ai  l'honneur  de  demander  à  l'Académie  la  permission  de  lui  offrir 
un  exemplaire  d'un  travail  que  je  dois  à  l'amitié  de  M.  H.  Riepert  et  qui 
vient  de  paraître  dans  la  Revue  si  avantageusement  connue  publiée  à  Gotha 
par  le  D1'  A.  Petermann  (1). 

»  En  résumant  dans  ce  travail  tous  les  éléments  topographiques  de  mes 
longues  pérégrinations  en  Asie  Mineure,  M.  Riepert  a  en  en  vue,  non-seule- 
ment de  faire  connaître  les  matériaux  à  l'aide  desquels  il  avait  essayé  de 
construire  une  nouvelle  carte  de  l'Asie  Mineure  qui  a  servi  de  base  à  la 
carte  géologique  que  j'ai  publiée  sur  cette  contrée,  mais  encore  d'appeler 
l'attention  du  public  sur  plusieurs  de  ces  régions  qui  n'avaient  pas  été  visi- 
tées jusqu'ici  par  les  savants.  D'ailleurs,  le  travail  de  M.  Riepert  sert  en  quel- 
que sorte  de  pièces  justificatives  à  mon  grand  ouvrage  sur  l'Asie  Mineure, 
puisqu'en  indiquant  minutieusement  la  marche  que  j'aie  suivie  dans  mes 
explorations,  ce  travail  permet  d'apprécier  jusqu'à  quel  point  j'ai  pu  recueil- 
lir sur  les  lieux  mêmes  les  nombreuses  données  géologiques,  botaniques, 
météorologiques  que  j'ai  successivement  publiées  dans  les  six  volumes  dont 
se  compose  en  ce  moment  cet  ouvrage.  Ce  genre  de  contrôle,  superflu  pour 
les  pays  situés  en  Europe  où  la  vérification  des  faits  énoncés  peut  se  faire 
plus  ou  moins  aisément,  a  une  importance  toute  particulière  quand  il  s'agit 
de  ces  contrées  de  l'Orient,  destinées  à  demeurer  pendant  longtemps  en- 
core inaccessibles  à  la  majorité  des  savants. 

»  Les  itinéraires  que  l'éminent  géographe  de  Berlin  a  groupés  dans  un 
certain  nombre  de  tables,  afin  d'en  rendre  l'appréciation  plus  facile,  se  rap- 

(1)  Communications  sur  les  nouvelles   et   importantes    explorations    relatives  aux  sciences 
géographiques  (  Mittheilungen  ùber  ntchtige  neue  Erforscliungen  ,  etc.  ). 


(  fa*  ) 
portent  aux  sept  années  de  voyages  accomplis  en  grande  partie  à  pied,  les 
chevaux  ne  pouvant  d'ailleurs  avoir  d'autre  allure  que  celle  d'un  pas  me- 
suré. Ce  n'est  que  de  cette  manière  qu'ont  été  suivies  les  lignes  analysées 
dans  le  travail  de  M.  Riepert  et  tracées  sur  la  carte  qui  l'accompagne.  La 
longueur  totale  de  ces  lignes  est  de  353 1  lieues  métriques  ou  i3Ô24  kilo- 
mètres. Ce  chiffre,  comme  on  le  pense,  ne  comprend  point  les  nombreux 
détours  locaux,  souvent  nécessités  par  des  recherches  spéciales  ;  il  n'exprime 
que  les  principales  coupes  géologiques  tracées  à  travers  la  péninsule,  de 
manière  à  en  couvrir  la  surface  d'un  réseau  plus  ou  moins  serré  de  triangles 
irréguliers  que  je  m'efforçais  de  subdiviser  autant  que  possible,  afin  de 
réduire  l'étendue  des  espaces  intermédiaires  laissés  non  explorés.  Enfin 
toutes  les  mesures  hypsométriques  que  j'ai  effectuées,  et  dont  le  nombre 
porte  sur  811  points  déterminés,  se  trouvent  indiquées  en  regard  de 
chaque  localité  à  laquelle  elles  se  rapportent.    » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission qui  devra  décerner  le  prix  Godard  pour  l'année  1867. 

MM.  Nélaton,  Serres,  Coste,  Longet,  Cloquet  réunissent  la  majorité  des 
suffrages. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission qui  devra  décerner  le  prix  Savigny  pour  l'année  1867. 

MM.   Milne  Edwards,   de  Quatrefages,   Blanchard,   Coste,   Robin   réu- 
nissent la  majorité  des  suffrages. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Note  sur  un  nouveau  mode  de  propulsion  des  navires 

à  vapeur;  par  M.  H.  Arxoi'x. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Navigation.  ) 

«  Feu  M.  Claude  Arnoux ,  mon  père,  se  proposait  dans  ces  derniers 
temps  d'appliquer  aux  navires  à  vapeur  un  nouveau  mode  de  propulsion 
par  l'hélice.  De  part  et  d'autre  de  l'axe  longitudinal  du  navire  et  au-dessous 


(  4o3  ) 
de  la  ligne  de  flottaison,  il  disposait  deux  tubes  cylindriques  égaux,  traver- 
sant la  coque  de  l'avant  à  l'arrière.  Chacun  de  ces  tubes  était  divisé  en  trois 
parties  :  les  parties  extrêmes  étaient  fixes  et  la  partie  centrale  était  emboîtée 
sur  les  deux  autres ,  de  façon  à  tourner  librement  autour  de  leur  axe  com- 
mun. Cette  partie  centrale  portait  dans  son  intérieur  une  hélice,  venue  de 
fonte  avec  elle,  et,  sur  sa  couronne  extérieure,  des  dents  d'engrenage.  Une 
machine  unique,  placée  entre  les  deux  tubes,  commandait  les  engrenages 
et  par  suite  les  hélices. 

»  Dans  ce  système,  à  la  vérité,  le  déplacement  du  navire  se  trouve  aug- 
menté, mais  en  même  temps  l'aspiration  de  l'hélice  devient  très-favorable 
à  la  marche,  au  lieu  d'être  nuisible  comme  dans  l'hélice  ancienne.  L'action 
propulsive  de  l'hélice  est  aussi  beaucoup  mieux  utilisée,  et  nous  verrons 
plus  loin  qu'il  en  résulte  d'autres  avantages  d'une  importance  majeure. 

»  Toutefois  des  difficultés  sérieuses  semblent  s'opposer  à  l'adoption  de  ce 
système.  Tandis  qu'on  s'applique,  dans  les  nouvelles  constructions,  à  sup- 
primer les  engrenages,  on  paraît  ici  ne  pas  pouvoir  s'en  passer.  La  machine 
devient  plus  compliquée  et  les  joints  des  tubes  mobiles  donneront  lieu  à  une 
absorption  de  travail  assez  considérable. 

»  J'ai  pensé  qu'une  disposition  très-simple  pouvait  écarter  ces  inconvé- 
nients et  réaliser  en  même  temps  des  perfectionnements  importants.  Dans 
cette  disposition,  un  tube  fixe  unique  débouche  à  l'avant  et  se  bifurque  à 
une  certaine  distance  de  l'avant  :  deux  tubes  jumeaux,  de  section  moitié 
moindre,  partent  de  la  bifurcation  et  suivent  les  flancs  du  navire  jusqu'à 
une  certaine  distance  de  l'arrière,  où  ils  se  réunissent  de  nouveau  dans-un 
tube  unique  de  même  diamètre  que  le  premier.  Dans  le  tube  antérieur  se 
trouve  placée  l'hélice,  comme  dans  un  coursier,  en  sorte  qu'elle  agit  à  la 
manière  des  vis  d'épuisement.  L'arbre  de  cette  hélice  repose  sur  deux  por- 
tées, l'une  à  son  extrémité  antérieure,  l'autre  au  delà  de  la  bifurcation  des 
tubes  jumeaux,  et  sur  son  prolongement  se  trouve  l'arbre  moteur  qui  le 
commande  directement. 

»  Il  devient  inutile  de  prendre  des  dispositions  pour  affoler  l'hélice  : 
quand  on  ne  veut  pas  s'en  servir,  ou  quand  on  veut  la  visiter  et  la  réparer, 
on  ferme  les  tubes  extrêmes  par  des  obturateurs  étanches.  L'eau  sortant  du 
tube  postérieur  est  dirigée  par  une  cloison  de  forme  convenable,  suivant 
deux  courants  parallèles  à  l'axe  du  navire,  de  part  et  d'autre  de  l'étambot. 
On  voit  de  suite  que  le  gouvernail  recevant  l'un  ou  l'autre  courant  agira 
avec  une  grande  efficacité.  On  pourra  même  augmenter  encore  son  action  en 
se  réservant  le  moyen  de  diminuer  les  sections  de  sortie  de  l'eau  :  toutefois, 


(  4o4  ) 

comme  ce  moyen  diminuera  probablement  le  rendement  de  l'hélice  d'une 
fraction  très-notable,  .on  ne  l'emploiera  que  passagèrement. 

»  Il  résulte  de  ces  premières  indications  que  les  agencements  généraux 
doivent  subir  un  véritable  retournement.  La  machine  doit  être  reportée  à 
l'avant  et  les  chaudières  doivent  être  reportées  à  l'arrière. 

»  Quelle  sera  la  section  du  tube  de  l'hélice?  Dans  les  grands  navires,  la 
surface  agissante  de  l'hélice  actuelle,  c'est-à-dire  la  somme  des  projections 
de  ses  ailes  sur  un  plan  perpendiculaire  à  son  arbre,  équivaut  au  quart  en- 
viron de  la  section  droite  du  cylindre  décrit  par  les  ailes,  et  cette  même  sur- 
face agissante  est  la  dix-septième  partie  du  maître  couple  immergé. 

»  Dans  la  nouvelle  hélice,  si  on  néglige,  pour  abréger,  le  jeu  de  l'hélice 
dans  son  coursier,  la  surface  agissante  sera  la  section  même  du  tube  anté- 
rieur, et  cette  section  sera  par  conséquent  la  dix-septième  partie  du  couple 
immergé.  Probablement  l'expérience  apprendra  que  cette  section  peut  être 
réduite;  toutefois  on  peut  conjecturer,  d'après  les  résultats  déjà  connus, 
que  cette  réduction  sera  peu  considérable. 

»  Quel  sera  le  pas  de  la  nouvelle  hélice?  Dans  l'ancienne  hélice,  le  pas 
est  égal  tout  au  plus  à  une  fois  et  demie  le  diamètre,  mais  le  mode  d'action 
de  la  nouvelle  hélice  est  totalement  différent.  Sans  insister  sur  ce  point, 
nous  dirons  que,  si  on  se  fondait  sur  les  résultats  pratiques  des  vis  d'épuise- 
ment, on  porterait  l'inclinaison  de  l'hélice  jusqu'à  60  degrés  et  le  rapport 
précédent  jusqu'à  5,4.  On  ne  peut  considérer  ces  résultats  que  comme  une 
indication  :  mais,  si  on  admet  cpie  la  machine  doit  produire  le  même  travail 
effectif  en  agissant  sur  l'hélice  ancienne  et  sur  l'hélice  nouvelle,  on  trouve 
pour  ce  rapport  le  nombre  3.  Nous  pensons  qu'on  peut  le  porter  à  3,3  au 
moins. 

»  Pour  un  navire  dont  le  maître  couple  immergé  aurait  une  surface  de 
60  mètres  carrés,  le  tube  antérieur  aurait  un  diamètre  de  iw,  1  2,  les  tubes 
latéraux  un  diamètre  de  im,5o,  le  pas  de  l'hélice  serait  de  7  mètres,  et,  en 
admettant  le  même  recul  cpie  pour  les  meilleures  hélices  actuelles,  le  navire 
progresserait  de  6m,3o  par  tour,  ce  qui,  pour  une  vitesse  de  12  noeuds  ou 
de  6m,  1 7  par  seconde,  répondrait  à  une  vitesse  angulaire  de  58, 7  tours  par 
minute. 

"  Nous  pensons  que,  non-seulement  la  nouvelle  hélice  peut  atteindre 
un  rendement  supérieur  au  rendement  de  l'ancienne,  mais  aussi  qu'elle 
permettra  d'augmenter  très-notablement  la  vitesse  et  qu'elle  pourra  devenir 
le  point  de  départ  d'un  nouveau  progrès  dans  l'art  des  constructions. 

»  Les  principales  causes  qui  limitent  la  vitesse  sont  le  mode  d'action  de 


(  4o5  ) 
la  vapeur   elle-même,  les  perturbations  produites  par  l'inertie  des  pièces 
du  mécanisme  et  le  mode  d'action  de  l'hélice. 

»  Quant  à  la  première  cause,  on  sait  que,  dans  sa  machine  à  trois  cylindres, 
M.  Dnpuy  de  I.ôme  a  su,  non-seulement  faire  disparaître  les  inconvénients 
de  l'emploi  d'une  grande  détente  de  la  vapeur,  mais  encore  régulariser  le 
couple  moteur,  en  sorte  que  les  pressions  maxima  sur  les  arbres  sont  con- 
sidérablement atténuées.  Quant  à  la  seconde  cause,  nous  avons  montré,  dans 
un  travail  récent,  qu'on  pouvait  en  annuler  complètement  les  effets.  Sous 
ce  rapport  encore,  la  machine  à  trois  cylindres  offre  de  grands  avantages, 
mais  néanmoins  elle  laisse  subsister  deux  mouvements  de  rotation  parasites 
et  parmi  ceux-ci  le  plus  important  de  tous.  Ces  mouvements,  entre  autres 
inconvénients,  déterminent  des  mouvements  anormaux  de  la  masse  entière 
du  bâtiment,  et,  comme  l'intensité  des  forces  qui  les  font  naître  croît  pro- 
portionnellement au  carré  de  la  vitesse  angulaire  de  l'arbre  moteur,  il  est 
d'autant  plus  important  de  les  annuler  qu'on  veut  atteindre  de  plus  grandes 
vitesses. 

»  En  ce  qui  concerne  l'hélice,  chaque  fois  qu'une  des  ailes  en  tournant 
est  masquée  par  l'étambot,  il  en  résulte  une  diminution  brusque  de  la 
vitesse  et  un  choc.  On  n'a  pu  qu'atténuer  cet  inconvénient  en  multipliant 
le  nombre  des  ailes  :  mais  il  disparaît  dans  la  nouvelle  hélice. 

»  Dans  une  hélice  de  grand  diamètre,  les  rotations  de  l'eau  sur  les  élé- 
ments varient  très-notablement  avec  la  hauteur,  et  il  résulte  de  ces  diffé- 
rences une  pression  sur  l'axe  qui  contribue  à  réchauffement  des  paliers.  Ces 
différences  se  trouvent  fort  atténuées  dans  la  nouvelle  hélice. 

»  Afin  de  pouvoir  affoler  au  besoin  l'ancienne  hélice,  on  se  sert  d'un 
assemblage  mobile  et  d'un  vireur.  Dès  que  ces  organes  ont  pris  du  jeu,  il 
en  résulte  des  vibrations  qui  sont  fort  aggravées  par  le  porte-à-faux  de 
l'hélice.  Ces  organes  deviennent  inutiles  dans  la  nouvelle  hélice,  et  les  pres- 
sions peuvent  être  parfaitement  réparties  sur  ses  deux  supports. 

»  Dans  l'ancienne  hélice,  la  position  de  l'arbre  résulte  en  général  forcé- 
ment du  diamètre  de  l'hélice,  ou,  si  l'on  veut,  de  la  surface  du  maître  couple 
et  de  la  hauteur  d'eau  qu'on  doit  laisser  au-dessus  des  ailes  (soit  envi- 
ron A  du  diamètre).  -Il  peut  donc  arriver  que  cet  arbre  ne  soit  pas  placé  à 
la  hauteur  la  plus  convenable,  c'est-à  dire,  suivant  nous,  à  celle  du  centre 
de  pression  de  la  section  immergée.  Il  en  résulte  un  couple  qui  nuit  à  la 
marche.  L'arbre  de  la  nouvelle  hélice  pourra  toujours  être  placé  à  la  hau- 
teur convenable. 

«  Nous   conclurons   donc  qu'en    combinant  la    nouvelle    machine  de 

C.  R.,  1867,  Ie  Semestre.  (T.  LXV,  N°  10.)  53 


(  4o6  ) 
M.  Dupuy  de  Lôme  avec  la  nouvelle  hélice  et  avec  les  dispositions  propres 
à  faire  disparaître  l'influence  de  l'inertie  des  pièces  du  mécanisme,  on  pourra 
construire  des  navires   plus  rapides,  évoluant  plus  facilement  et  pouvant 
marcher  même  par  un  vent  debout.    » 

M.  L.  Aubert  adresse  un  «  Troisième  Mémoire  sur  les  solides  soumis  à 
la  flexion  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique,   à  laquelle  M.  Delainiay  est  prié  de 

s'adjoindre.) 

M.  Faitre  adresse  une  nouvelle  Note  concernant  la  modification  qu'il 
propose  d'apporter  dans  les  constructions  navales,  pour  atténuer  les  effets 
désastreux  des  naufrages. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Navigation.) 

M.  Kaufmann  adresse  une  Note  relative  à  la  chaleur  animale. 
(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Barracano  adresse,  par  l'intermédiaire  du  Ministère  de  l'Agricul- 
ture, du  Commerce  et  des  Travaux  publics,  un  certain  nombre  de  pièces 
relatives  surtout  au  traitement  du  choléra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legsBréant.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  annonce  à  l'Académie  que  son 
budget  vient  d'être  accru,  pour  l'exercice  1 868,  d'une  somme  de  vingt- 
quatre  mille  francs,  destinée  aux  dépenses  des  Comptes  rendus  de  ses 
séances  et  de  ses  autres  publications. 

PHYSIQUE.  —  Recherches  sur  l'absorption  de  la  chaleur  obscure.   Note  de 
M.  P.  Desains,   présentée  par  M.  Milne  Edwards. 

»  Dans  la  séance  du  27  mai  dernier  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à 
l'Académie  les  résultats  d'une  série  d'expériences  relatives  à  l'action  absor- 
bante que  plusieurs  liquides  volatils  et  leurs  vapeurs  exercent  sur  la  chaleur 
venue  d'une  lampe  à  cheminée  de  verre. 


(  4o7  ) 

»  Il  résulte  de  ces  expériences  que  pour  la  chaleur  dont  il  s'agit  et  les 
substances  sur  lesquelles  j'opérais,  l'absorption  salit-fait  à  une  loi  très- 
simple,  savoir  :  que  pour  chacune  de  ces  substances  une  colonne  de 
section  et  de  poids  déterminés  exerce  une  absorption  indépendante  de 
l'état  physique  du  milieu  qui  la  constitue.  La  colonne  liquide  est  très- 
courte,  la  colonne  gazeuse  est  très-longue,  mais  elles  produisent  le  même 
effet. 

»  Il  me  paraissait  important  de  chercher  si  cette  égalité  subsiste  encore 
dans  le  cas  où  les  rayons  sont  beaucoup  plus  absorbables  que  ne  le  sont 
ceux  d'une  lampe  à  double  courant,  déjà  transmis  à  travers  une  épaisseur 
de  verre  considérable;  si  elle  subsiste,  par  exemple,  dans  le  cas  où  le 
rayonnement  émanerait  d'une  lame  de  enivre  noircie  chauffée  à  4oo  degrés 
environ. 

»  Mais  une  difficulté  tout  expérimentale  se  présentait  alors.  Cette  cha- 
leur obscure  est  trop  absorbable  par  le  verre  pour  qu'on  puisse  songer  à 
employer  les  appareils  à  fermeture  de  verre  dont  je  faisais  usage  dans  mes 
recherches  précédentes.  Le  sel  gemme,  il  est  vrai,  a  permis  à  M.  Tyndall 
d'obtenir  de  bonnes  fermetures,  parfaitement  transparentes  pour  la  chaleur 
obscure.  Mais,  quoiqu'il  ne  faille  pas  s'exagérer  les  craintes  que  peut  donner 
la  facilité  avec  laquelle  ce  corps  absorbe  l'humidité  de  l'air,  il  m'a  paru 
préférable  de  chercher  à  me  mettre  à  l'abri  de  tout  danger  de  ce  côté;  et, 
heureusement,  j'ai  trouvé  chez  M.  H.  Soleil  de  très-beaux  échantillons  de 
spath  fluor  incolore  qui  m'ont  été  fort  utiles. 

»  Les  expériences  de  Melloni  indiquaient  que  sous  une  épaisseur  de 
2  millimètres  ce  corps  laisse  passer  environ  5o  pour  ioo  de  la  chaleur  ve- 
nue d'une  lame  de  cuivre  noircie  chauffée  à  4oo  degrés. 

«  Je  l'ai  employé  à  fermer  mes  tubes  et  à  former  les  lentilles  et  les  auges 
dont  je  devais  me  servir,  et,  grâce  à  son  emploi,  j'ai  pu  constater  que  sur 
■la  chaleur  venue  d'une  lame  noire  chauffée  environ  à  /joo  degrés,  l'éther 
exerce  des  absorptions  qui  sont  toujours  indépendantes  de  l'état  physique 
sous  lequel  ce  corps  se  présente.  Cette  absorption  est  considérable  et  s'é- 
lève environ  à  92  pour  100  pour  une  couche  d'éther  liquide  de  om,ooi  7  d'é- 
paisseur à  25  degrés.  Dans  tous  les  cas,  qu'on  prenne  l'éther  à  l'état  liquide 
ou  à  l'état  de  vapeur,  l'action  absorbante  est  la  même  pourvu  que  le 
nombre  de  molécules  actives  que  le  rayon  rencontre  sur  la  route  soit  le 
même. 

»  Ce  caractère  de  l'absorption  que  les  corps  diathermanes  étudiés  en  ce 

travail  exercent  sur  la  chaleur,  se  présente  sous  bien  des  formes  différentes. 

53.. 


(  4o8  ) 
Ainsi,  par  exemple,  en  opérant  sur  le  gaz  de  l'éclairage,  j'ai  pu  constater 
que  dans  un  tube  déterminé,  un  poids  constant  de  ce  gaz  exerce  une  action 
complètement  indépendante  de  la  quantité  d'air  plus  ou  moins  grande  avec 
laquelle  on  le.méie.  Avec  la  quantité  d'air  introduite  change  la  pression  du 
fluide  élastique  intérieur;  mais  pourvu  que  rien  ne  sorte  du  tube,  l'ab- 
sorption reste  invariable.  On  sait  que  l'action  absorbante  de  l'air  est  si 
faible,  qu'on  peut  la  négliger  complètement.  Enfin,  en  comparant  dans 
plusieurs  conditions  les  actions  absorbantes  exercées  par  des  colonnes  de 
gaz  d'éclairage  ayant  même  section  et  même  poids,  j'ai  constaté  que  ces 
actions  étaient  les  mêmes,  quoique  les  longueurs  des  colonnes  et  leurs 
densités  fussent  très-différentes. 

»  Les  tubes  fermés  par  des  plaques  de  spath  fluor  me  paraissent  destinés 
à  rendre  de  véritables  services  dans  la  démonstration  des  lois  de  l'absorp- 
tion de  la  chaleur  obscure. 

»  Dans  mes  expériences,  l'action  rhéométrique  produite  par  le  rayonne- 
ment obscur,  transmis  à  travers  un  tube  de  om,64  plein  d'air,  était  de  20  de- 
grés ;  il  descendait  à  1  1  degrés  quand  j'employais  le  tube  de  gaz  de  l'éclai- 
rage à  la  pression  de  om^r]6o.  Avec  la  vapeur  d'éther  l'action  est  incompa- 
rablement plus  grande;  un  tube  de  longueur  moitié  suffirait  pour  la  rendre 
très- sensible. 

»  Qu'il  me  soit  permis  d'ajouter  en  finissant  que  des  auges  à  liquide,  fer- 
mées par  des  plaques  de  spath  fluor  sont,  à  cause  de  leur  inaltérabilité, 
très-commodes  à  employer  dans  l'étude  de  l'absorption  par  les  liquides. 
En  en  faisant  usage,  j'ai  constaté  que  le  chlorure  de  carbone  liquide  est,  à 
épaisseur  égale,  plus  facilement  traversé  par  la  chaleur  obscure  que  ne  l'est 
le  sulfure  de  carbone  lui-même. 

»  Le  chloroforme  présente  une  diathermanéité  assez  grande,  mais  moin- 
dre que  les  précédentes.  La  benzine  et  la  glycérine  au  contraire,  sous  une 
épaisseur  de  om,oi,  arrêtaient  d'une  façon  sensiblement  complète  la  chaleur 
venue  de  lame  de  cuivre  noircie  chauffée  à  4oo  degrés.    » 

chimie  organique.  •—  Nouvelles  recherches  sur  l'isomérie  du  protochlorure 
tVallyle  el  du  propylène  monochloré.  Note  de  31.  A.  Oppexiieim,  présentée 
par  M.  Balard.  (Suite.) 

«  Dans  une  communication  précédente,  j'ai  rendu  compte  de  l'action 
des  acides  iodhydrique  et  sulfurique  sur  le  propylène  chloré  et  sur  son  iso- 
mère le  chlorure  d'allyle.   La  formation  des  acides  sulfoconjugués  et  leur 


(4o9) 

décomposition  peut  être  représentée  par  les  formules 

CH3 

I 
H!S04   =  C(S04)"  -h  H  CI 
1 
CH3 


CH3 

I 

C(S04)"    +    H20    =   CO   +   H2S04 
I  I 

CH3  CH3 


II. 


Acclone. 

CH2 

i 

CH3 

i 

i 

CH           +   H= 

i 

SO* 

i 

=   CH(HSOV 

i 

1 
CH2CI 

1 
CH2C1 

Chlorure  il'allyle. 

CH3 

CH3 

i 

1 

CH(HSO')'  + 

i 

H20 

1 

=   CH.HO   + 

i 

l 
CH2C1 

i 
CH2Ci 

H'SO1 


Chlorliydrine 
du  propylglycol. 

Toutefois,  les  formules  des  acides  sulfoconjugués  sont  encore  hypothé- 
tiques et  seront  soumises  à  de  nouvelles  recherches. 

»  Je  reviens  maintenant  sur  l'action  qu'exerce  le  brome  sur  les  deux 
chlorures  isomères. 

»  On  connaît  par  les  recherches  de  M.  Friedel  le  bibromure  de  propy- 
lène  chloré  C3H5ClBr2  qui  bout  à  170  degrés.  L'acétate  de  potasse  en 
solution  alcoolique  ne  le  transforme  pas  en  acétate  de  propylène  chloré. 
Il  ne  fait  qu'enlever  une  molécule  d'acide  bromhydrique,  en  formant  en 
même  temps  de  l'éther  acétique.  Un  corps  restant  C3  H4  CI  Br,  le  propylène 
monochloré,  monobromé,  bout  entre  io5  et  1 15  degrés (io5 degrés,  Friedel). 
En  le  chauffant  longtemps  avec  un  excès  d'acétate  de  potasse  en  solution 


(  4'o  ) 

alcoolique,  on  le  transforme  en  éther  propargylique  C3  H3  (C2  H5)  O,  qu'on 
reconnaît  facilement  par  sa  réaction  sur  l'azotate  d'argent  ammoniacal. 
Avec  une  solution  simple  d'azotate  d'agent,  il  donne  aussi  un  précipité  blanc 
cristallisé,  qui  ne  se  trouve  pas  décrit  dans  les  recherches  publiées  jusqu'ici 
sur  les  combinaisons  de  Téther  propargylique. 

»  Le  chlorure  d'allyle  entre  dans  une  réaction  violente  avec  le  brome 
en  produisant  du  bromochlorure  d'allyle  C3H5ClBr2,  liquide  incolore  qui 
distille  d'une  manière  constante  à  ig5  degrés.  Ce  point  d'ébullition  coïn- 
cide avec  celui  indiqué  par  M.  Morkownikoff  pour  l'éther  éthylallylique. 
Je  n'ai  pas  réussi  à  le  transformer  en  chlorure  d'allyle  brome  pur  par  la  po- 
tasse, soit  solide,  soit  dissoute  dans  l'alcool.  L'analyse  de  plusieurs  portions 
de  la  distillation  fractionnée  du  produit  ainsi  formé  indique,  comme  point 
d'ébullition  probable  de  ce  chlorure,  une  température  entre  124  et  i3o  de- 
grés. Un  excès  de  potasse  alcoolique  le  transforme  en  acide  propargylique. 

»  Le  peroxyde  d'hydrogène,  par  un  contact  de  plusieurs  semaines,  ne 
s'est  combiné  ni  avec  l'un  ni  avec  l'autre  des  chlorures  isomères.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Sur  le  chlorhydrate  d' 'acide  <yan hydrique.  Note  de 
M.  Arm.  Gautier,  présentée  par  M.  Balard. 

«  Dans  deux  communications  insérées  précédemment  dans  ce  Recued, 
j'ai  décrit  les  iodhydrates  et  bromhydrates  de  l'acide  cyanhydrique,  et  les 
chlorhydrates,  bromhydrates  et  iodhydrates  de  quelques  nitriles  gras  qui 
diffèrent  entre  eux  et  du  premier  par  n  GW.  Je  suis  depuis  parvenu  à  faire 
disparaître  l'exception  que  formait  l'acide  cyanhydrique  dont  le  chlorhy- 
drate n'avait  pu  être  encore  obtenu.  C'est  spécialement  l'histoire  de  ce  corps 
qui  fait  le  sujet  de  cette  Note. 

»  Lorsqu'on  fait  passer  de  l'acide  chlorhydrique  sec  à  travers  de  l'acide 
cyanhydrique  anhydre,  maintenu  à  —  10  degrés,  une  grande  quantité  du 
premier  se  dissout;  quand  la  liqueur  en  est  saturée,  on  la  retire  de  la  glace 
et  Ion  peut  s'assurer  par  divers  moyens,  par  la  distillation  par  exemple, 
qu'il  n'y  a  pas  eu  de  combinaison.  Si  l'on  ferme  alors  très-solidement  le  ma- 
Iras,  qu'on  le  porte  à  35  ou  4o  degrés,  puis  qu'on  le  laisse  de  nouveau  se 
refroidir,  il  s'y  produit  à  un  moment  donné  une  vive  réaction;  la  liqueur 
s'échauffe  beaucoup  et  une  masse  blanche  de  cristaux  envahit  le  liquide: 
c'est  le  chlorhydrate  d'acide  cyanhydrique.  En  répétant  plusieurs  fois  la 
même  opération  on  peut,  ainsi  transformer  en  chlorhydrate  la  majeure 
partie  de  l'acide  cyanhydrique. 

»   Il  est  remarquable  que  la  combinaison  des  deux  corps  se  fait  d'autant 


(  4"  ) 
plus  aisément  que  l'acide  cyanhydrique  est  plus  récemment  préparé.  Les 
deux  corps  en  vapeur  ne  m'ont  pas  paru  réagir  l'un  sur  l'autre. 

»  Pour  obtenir  le  chlorhydrate  pur  et  sec,  on  le  place  d'abord  à  4o  ou 
5o  degrés  dans  le  matras  ouvert  où  il  a  été  produit,  puis  on  le  pulvérise 
rapidement  dans  l'air  sec,  et  on  le  soumet  quelques  minutes  dans  le  vide  à 
la  même  température. 

»  Analysé  dans  ces  conditions,  il  a  donné  les  résultats  suivants  : 

Expérience. 

Produit  Produit 

récent.  non  récent.  Théorie:  CH2NC1. 

G 18,17  »  iS,85 

H 3,6i  •        »  3,i5 

Az  .  , 2I>99  21  ,o5  22, o5 

ci 55,45  54,7  55,90 

»  La  formule  de  ce  composé  est  donc  G AzH2Cl  =  CAzH  +  HCl.  Son 
extrême  hygrométricité  et  sa  facile  dissociation  à  l'air  sec  expliquent  les 
différences  entre  l'expérience  et  la  théorie. 

»  Le  chlore  doit  être  dosé  par  la  méthode  de  Carius,  en  détruisant  com- 
plètement le  cyanogène  à  200  degrés  en  tube  scellé  par  un  mélange  d'acide 
nitrique,  de  bichromate  de  potasse  et  de  nitrate  d'argent. 

«  Le  chloroplatinate  d'acide  cyanhydrique  est  un  corps  blanc,  cristallin, 
sans  odeur,  d'une  saveur  saline  et  acide,  soluble  dans  l'eau,  l'alcool  anhydre 
et  l'acide  acétique  monohydraté,  mais  s'altérant  rapidement  dans  chacun 
de  ces  dissolvants.  Dès  les  premiers  instants  de  sa  solution  dans  l'eau,  et 
s'il  vient  d'être  préparé  en  évitant  soigneusement  l'accès  de  l'air  humide,  il 
est  neutre  aux  papiers.  Il  est  parfaitement  insoluble  dans  l'éther,  et  très- 
hygrométrique. 

»  Soumis  à  l'action  de  la  chaleur,  il  fond  partiellement  et  se  volatilise 
presque  aussitôt  à  la  façon  du  sel  ammoniac  sans  laisser  de  résidu.  Mais  une 
portion  se  dédouble  complètement  et  donne  des  produits  d'odeur  cyano- 
génée  et  de  l'acide  chlorhydrique. 

»  Dans  le  vide  sec,  il  se  dissocie  aussi  peu  à  peu  et  disparaît  au  bout  de 
quelques  jours. 

»  Dissous  dans  l'eau,  le  chlorhydrate  d'acide  cyanhydrique  se  décom- 
pose presque  aussitôt  avec  élévation  de  température  d'après  l'équation  : 

(GH*  !H3      GH3U 

Az"      H       -r-2H20  =  Az     H  +       H     ô 

|  Cl  (  Cl  •   ]_ 

Chlorhydrate  Acide 

d'acide  i'ormîque. 

cyanhydrique. 


(    412    ) 

»  En  même  temps  une  partie  des  deux  générateurs  se  sépare,  comme  on 
peut  s'en  assurer  soit  en  recueillant  les  portions  les  plus  volatiles  du  liquide, 
soit  en  additionnant  la  liqueur  de  nitrate  d'argent  qui  donne  un  excès  de 
précipité  dû  au  cyanure  qui  se  forme.  (Cl  calculé  en  admettant  que  le  pré- 
cipité soit  du  chlorure  d'argent,  61,91  au  lieu  de  55, 90.) 

»  L'alcool  absolu  donne,  à  3o  degrés,  une  réaction  très-vive  et  complète. 
11  se  produit  le  chlorure  d'une  nouvelle  base  à  2  atomes  d'azote,  €H5Az!Cl, 
dont  nous  parlerons  très-prochainement. 

»  Les  acides  minéraux  monohydratés  réagissent  sur  le  chlorhydrate 
d'acide  cyanhydrique  comme  sur  celui  d'ammoniaque;  ils  ne  dégagent  ab- 
solument que  de  l'acide  eblorhydrique.  L'acide  sulfurique  donne  ainsi  un 
corps  incolore,  sirupeux,  difficilement  cristallisable,  très-déliquescent,  pos- 
sédant les  propriétés  génériques  du  chlorhydrate,  altérable  comme  lui 
dans  l'alcool  absolu,  niais  que  l'on  n'a  pas  obtenu  en  état  de  pureté  satis- 
faisant pour  pouvoir  donner  ici  les  résultats  de  son  analyse. 

i>  L'acide  acétique  monohydraté  dissout  d'abord  le  chlorhydrate  d'acide 
cyanhydrique  avec  abaissement  de  température;  mais  si  l'on  vient  à  échauffer 
cette  solution  à  5o  ou  60  degrés,  une  vive  réaction  s'établit,  l'acide  chlorhy- 
drique  est  chassé,  et  il  se  produit  sans  doute  l'acétate  correspondant;  mais 
ce  corps,  soumis  à  une  température  de  i5o  à  160  degrés  pour  le  priver  de 
l'excès  d'acide  acétique,  subit  un  changement  isomérique  et  vin  dédouble- 
ment, car  on  obtient  des  liquides  bouillant  de  160  à  23o  degrés  et  au- 
dessus,  que  l'on  a  reconnus,  par  le  fractionnement  dans  le  vide  et  l'analyse, 
être  des  mélanges  de  formiamide  et  d'acétamide.  On  a  en  effet 

i&W" 
€-H3©  =  Az  +Az    H,  +Az  -1-2GÔ 

©H 

Acétate.  Formiamide.  Acétamide.  Diacctamide. 

»  Le  dégagement  d'oxyde  de  carbone  vers  200  degrés  a  été  constaté. 

»  La  facile  et  prompte  altération  du  chlorhydrate  d'acide  cyanhydrique 
dans  tousses  dissolvants  n'a  pas  permis  d'obtenir  par  double  décomposi- 
tion les  sels  de  ce  singulier  acide.  On  a  toutefois  fait  réagir  sur  sa  solution 
alcoolique  bien  refroidie  du  cyanure  de  potassium  dans  le  but  d'obtenir 
un  acide  dicyanhydrique,  ou  plutôt  un  cyanhydrate  d'acide  cyanhydrique; 
on  a  aussi  fait  réagir  en  solution  alcoolique  l'acétate  de  potasse,  mais  les 
résultats  obtenus  n'ont  encore  rien  donné  de  satisfaisant. 

»   Le  chlore  et  le  brome  réagissent  à  chaud  par  substitution  sur  le  chlor- 


(4i3  ) 
hydrate  d'acide   cyanhydrique  et  dégagent  de   l'acide   chlôrhydrique  et 
bromhydrique;  il  se  forme  sans  doute  des  corps  analogues  auxbibromures 
on  aux  chlorobromures  de  propionitrile  que  M.  Engler  a  déjà  décrits. 

»  L'ammoniaque  sèche  agit  à  froid  très-vivement  sur  notre  chlorhydrate, 
d'après  l'équation 

|  &W" 
Az     H       +  2AzrP  =  £AzH,AzH3  +  AzH'Cl. 
(  Cl 

»  Nous  avons  obtenu  une  réaction  analogue  avec  le  chlorhydrate  de 
propionitrile.  Quand  on  traite  ce  corps  à  froid  par  le  gaz  ammoniac,  il  se 
forme  du  chlorure  ammonique,  et  le  cyanure  d'éthyle,  qui  ne  peut  s'unir 
ni  à  froid,  ni  à  chaud,  au  gaz  alcalin,  comme  nous  nous  en  sommes  assurés 
directement,  est  mis  en  liberté  : 
/  e3H6'" 

Az     H  +AzrI8=AzH4ClH-Az(G3H5)'". 

I  Cl 

»  La  première  de  ces  réactions  est  comparable,  en  chimie  minérale,  au 
déplacement  de  l'oxyde  de  zinc  par  l'ammoniaque  qui  se  combine  avec  lui', 
la  seconde  au  déplacement  de  l'oxyde  d'argent  par  la  même  base. 

»  La  potasse  donne  avec  le  chlorhydrate  d'acide  cyanhydrique  du  for- 
miale  et  du  chlorure  de  potassium,  et  de  l'ammoniaque,  mais  pas  de 
cyanure. 

»  Une  solution  alcoolique  de  chlorhydrate  d'acide  cyanhydrique  donne 
avec  le  perchlorure  platinique  un  précipité  cristallin  insoluble  dans  l'al- 
cool, mais  qu'il  nous  a  toujours  été  impossible  d'obtenir  exempt  d'une 
très-grande  quantité  de  chloroplatinate  d'ammonium. 

»  N'ayant  pas  réussi  à  préparer  par  double  décomposition  les  sels  à 
acides  oxygénés  de  l'acide  cyanhydrique,  nous  avons  essayé  de  les  obtenir 
directement. 

»  L'acide  sulfurique  monohydraté  se  mélange  aisément  à  froid  à  l'acide 
cyanhydrique  anhydre;  mais  au  bout  de  quelques  jours,  à  a5  ou  3o  degrés, 
le  mélange  brunit,  se  résinifie,  et  quand  on  ouvre  le  tube,  il  se  délace  des 
torrents  d'acide  carbonique  et  sulfureux.  On  a,  en  effet, 

Sôs ,2ÔH  +  AzCH  =  AzH3+  SO2 -+-  €ÔS. 

»  L'acide  acétique  monohydraté  ne  réagit  pas  à  froid,  même  au  bout  de 
plusieurs  mois,  sur  l'acidecyanhydrique.  Si  l'on  chauffe  ce  mélange  en  tube 

C.  R. ,  1867,  2«  Semesire.  (T.  LXV  ,  N°  10.)  54 


(4i4  ) 

scellé  vers  200  degrés  pendant  six  à  huit  heures,  il  se  produit  de  l'acéta- 
mide  et  de  l'oxyde  de  carbone  : 

Az€H  +  G2H30,OH  =  Azj  J  +W, 

»  En  terminant,  remarquons  que  les  gaz  chlorhvdrique,  bromhydrique 
et  iodhydrique  réagissent  sur  l'acide  cyanhydrique  comme  sur  les  nilriles 
alcooliques  de  plus  en  plus  vivement,  quoique  clans  la  plupart  des  réac- 
tions ordinaires  leur  activité  chimique  aille  en  décroissant  du  premier  au 
dernier. 

»  Ces  expériences  ont  été  faites  au  laboratoire  de  M.  Wurtz.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  une  combinaison  directe  d'aldéhyde  et  d'acide 
cyanhjdrique.  Note  de  MM.  Maxwell  Simpson  et  Ami.  Gautier,  pré- 
sentée par  M.  Balard. 

«  La  synthèse  de  l'alanine  par  l'aldébydate  d'ammoniaque  et  les  acides 
cyanhydrique  et  chlorhydrique,  et  celle  de  l'acide  lactique  par  l'ébullition 
d'une  solution  aqueuse  de  ces  derniers  acides  en  présence  de  l'aldéhyde 
ordinaire,  rendaient  probable  l'existence  d'un  corps  intermédiaire  résultant 
de  la  combinaison  de  l'acide  cyanhydrique  avec  l'aldéhyde,  qui  serait  la 
première  phase  des  réactions  précédentes.  C'est  ce  corps  qui  fait  le  sujet 
de  cette  Note. 

»  Lorsqu'on  mêle  1  molécule  d'aldéhyde  ordinaire  bien  sèche  à  1  molé- 
cule d'acide  cyanhydrique  anhydre,  les  deux  composés  se  dissolvent  sans 
réagir,  et  l'action  de  la  chaleur  à  100  degrés  ne  peut  hâter  leur  combinai- 
son. Mais  si  on  laisse  ces  corps  au  contact  pendant  dix  à  douze  jours  à 
20  ou  3o  degrés,  leur  alliance  se  produit  peu  à  peu,  quoique  le  liquide 
reste  parfaitement  transparent  et  incolore.  Soumis  alors  à  la  distillation,  il 
commence  à  bouillir  vers  160  degrés  et  passe  presque  entièrement  de  174 
à  1 85  degrés.  Le  point  d'ébullition  constant  est  entre  182  et  184  degrés. 

»  Si  l'on  redistille  de  nouveau  le  liquide  bouillant  à  celte  température, 
on  s'aperçoit  alors  qu'une  grande  partie  passe  de  4o  à  60  degrés  et  qu'il 
s'est  reformé,  par  la  simple  vaporisation  lente  du  corps  bouillant  à  1 83  de- 
grés, un  mélange  contenant  une  notable  proportion  des  corps  générateurs 
aldéhyde  et  acide  cyanhydrique. 

»  Ce  liquide  ainsi  dissocié,  abandonné  de  nouveau  à  lui-même,  redistille 
au  bout  de  quelques  jours  vers  iS3  degrés. 


(4.5  ) 

»  Les  portions  bouillant  rapidement  à  180  degrés  et  i83-i8/j  degrés  ont 
été  analysées  et  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

Produit  bouillant  Produit  bouillant  Théorie 

à  tSo  degrés,  à   iS3-iS4  degrés.  pour  G  AzH,  G!H*0-. 

C •       49>78  5l»70  5o,7l 

H 7>44  7>64  7>°4 

Az 20,42  »  i9>83 

»  Ces  analyses  prouvent  que  notre  corps  résulte  de  la  combinaison  di- 
recte de  1  molécule  d'acide  cyanhydiique  à  1  molécule  d'aldéhyde,  et  que 
son  vrai  point  d'ébullition  est  intermédiaire  entre  180  et  i84  degrés. 

»  Des  essais  faits  avec  différentes  quantités  relatives  d'acide  cyanhy- 
drique  et  d'aldéhyde  nous  ont  démontré  qu'il  se  produit  toujours  le  même 
corps  dans  diverses  circonstances  de  temps  et  de  température.  Nous  fon- 
dant simplement  ici  sur  sa  production  synthétique,  nous  le  nommerons 
cyanhydrate  d'aldéhyde. 

»  Propriétés.  —  Le  cyanhydrate  d'aldéhyde  est  un  liquide  incolore  d'as- 
pect huileux,  d'odeur  légère,  rappelant  celle  des  deux  générateurs,  de  sa- 
veur amère  et  acre;  il  ne  cristallise  pas  à  —  i\  degrés,  mais  devient  alors 
sirupeux  et  épais.  Il  peut  subir  assez  longtemps  l'action  de  la  chaleur  à 
i5o  degrés  sans  s'altérer  ni  se  dissocier  sensiblement,  mais  à  180  degrés  sa 
tendance  à  se  dédoubler  devient  assez  grande,  et  l'on  doit  pousser  rapide- 
ment la  distillation  pour  empêcher  la  dissociation  d'une  portion  considé- 
rable. Il  est  soluble  dans  l'eau  et  l'alcool  absolu  en  toutes  proportions. 
L'air  et  le  temps  ne  paraissent  pas  lui  faire  subir  d'altération.  Chauffé  en 
présence  de  l'eau  à  i5o  degrés  pendant  trois  à  quatre  heures,  le  cyanhy- 
drate d'aldéhyde  reste  inaltéré,  et  peut  en  être  séparé  par  distillation. 

»  La  potasse  caustique  le  dédouble  d'abord  en  ses  deux  composants, 
acide  cyanhydrique  et  aldéhyde,  produit  du  cyanure  de  potassium,  dé- 
gage ensuite  de  l'ammoniaque  et  donne  de  la  résine  d'aldéhyde. 

»  Le  gaz  ammoniac  se  dissout  en  assez  forte  proportion  à  —  10  degrés  dans 
le  cyanhydrate  d'aldéhyde.  Il  commence  déjà  à  réagir  à  la  température  ordi- 
naire. Si  l'on  scelle  le  tube  qui  contient  le  cyanhydrate  saturé  à  —  10  de- 
grés et  qu'on  le  porte  à  100  degrés,  le  gaz  ammoniac  est  absorbé  en  majeure 
partie,  et  la  liqueur  privée  de  l'excédant  du  gaz  alcalin  laisse  un  corps  siru- 
peux, jaunâtre,  soluble  dans  l'eau  et  l'éther,  de  saveur  amère,  d'odeur 
faible,  se  volatilisant  déjà  partiellement  à  100  degrés,  et  qui  possède  une 
réaction  alcaline. 

»  Traité  par  l'acide  chlorhydrique,  ce  sirop  se  prend  en  masse  cristal- 

54.. 


(  4i6  ) 
line  de  chlorhydrate;  ce  sel  traité  par  le  chlorure  platinique  donne  un  pré- 
cipité assez  soluble  dans  l'eau,  et  insoluble  dans  l'alcool  éthéré. 

»  Les  analyses  de  ce  chloroplatinate  n'ont  pas  été  assez  concordantes  pour 
que  nous  puissions  avec  confiance  donner  ici  la  composition  de  cette  base. 

»  L'ammoniaque  aqueuse  paraît  réagir  de  la  même  manière. 

»  L'acide  chlorhydrique  en  solution  concentrée  agit  avec  une  grande 
activité  à  la  température  ordinaire  sur  le  cyanhydrate  d'aldéhyde;  mais  on 
peut  aisément  mêler  ces  deux  corps  au-dessous  de  zéro.  Si  on  laisse  alors  le 
matras  ouvert  qui  les  contient  se  réchauffer  peu  à  peu,  la  liqueur  ne  tarde 
pas  à  se  prendre  en  une  masse  cristalline. 

»  Ce  mélange  additionné  alors  d'eau,  évaporé  à  sec,  repris  par  l'alcool 
absolu,  filtré,  et  la  solution  évaporée  encore  au  bain-marie,  a  laissé  un  ré- 
sidu sirupeux,  peu  coloré,  qui,  étendu  d'eau  et  traité  par  un  excès  d'oxyde 
de  zinc  pur,  a  laissé  déposer,  après  filtration,  de  jolis  cristaux  prismatiques 
incolores  d'un  sel  de  zinc  que  l'on  a  reconnu  être  du  lactate,  d'après  l'ana- 
lyse suivante  :  Théorie 

Expérience.  pour  G3H5Zn'Os. 

■G 29i84  29)63 

H 4,5a  4,i3 

Zn' 26,77  26,75 

»  La  réaction  de  l'acide  chlorhydrique  aqueux  se  passe  donc  d'après 
l'équation 

G  AzH,  €!H*0  •+-  H€l  +  arl'O  =  AzH'Gl  -+-  69H6Ô\ 

«  L'insolubilité  de  notre  lactate  de  zinc  dans  l'alcool,  sa  non-altération 
à  i5o  degrés  et  sa  forme  cristalline  nous  permettent  de  conclure  que  nous 
avons  obtenu  l'acide  lactique  de  fermentation  et  non  le  sarco-laclique. 
L'action  de  la  potasse  et  celle  de  l'acide  chlorhydrique  prouvent  donc  que 
notre  corps  est  isomère  et  non  identique  avec  la  monocyanhydrine  du 
glycol. 

»  Nous  avons  essayé  de  prendre  la  densité  de  vapeur  de  notre  combinai- 
son, mais  sa  résinification  au-dessus  de  200  degrés  nous  a  empêché  de  la 
déterminer  avec  fruit.  Si  du  poids  de  la  vapeur  contenue  dans  le  ballon  à 
densité,  on  extrait  celui  du  corps  résineux  qui  s'y  forme,  on  obtient  par  le 
calcul  la  densité  de  vapeur  de  l'acide  cyanhydrique.  Toutefois  il  nous  pa- 
raît évident,  d'après  la  décomposition  de  notre  corps  en  acide  lactique 
sous  l'influence  de  l'acide  chlorhydrique,  et  son  dédoublement  facile  par  la 
chaleur  en  acide  cyanhydrique  et  aldéhyde  ordinaire,  qu'il  est  le  résultat 


(  4i7  ) 
de  la  combinaison  d'une  seule  molécule  de  chacun  des  deux  composants, 
et  non  de  l'acide  cyanhydrique  avec  l'aldéhyde  ou  la  paraldéhyde. 

»  Le  cyanhydrate  d'aldéhyde  nous  paraît  un  des  exemples  les  plus  inté- 
ressants d'une  combinaison  organique  que  la  chaleur  dédouble  à  la  tempé- 
rature de  sa  vaporisation  et  que  l'action  prolongée  du  temps  reproduit. 

»  Ce  travail  a  été  fait  au  laboratoire  de  M.  Wurtz.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  quelques  dérivés  de  l'acide  isélliionique.  Note  de 
M.  J.  Y.  Bcchanax,  présentée  par  M.  Balard. 

«  Les  expériences  qui  suivent  ont  été  entreprises  dans  le  but  d'obtenir  des 
dérivés  de  l'acide  iséthionique  analogues  à  ceux  que  l'on  connaît  déjà  de- 
puis plusieurs  années  pour  l'acide  lactique,  et  dont  on  doit  la  découverte  à 
M.  Wurtz.  Ce  savant  a  trouvé  que,  quand  on  traite  un  sel  de  l'acide  lactique 

(  H4 
avec  du  perchlorure  de  phosphore,  on  obtient  le  chlorure  C2  CO.CI, 

(  Cl 

qui,  de  son  côté,  traité  avec  de  l'alcool  absolu,   donne  l'éther  de  l'acide 

CO.OC2  H5,  et  avec  de  l'éthylate  de  soude,  l'é- 
OI 

ther  de  l'acide  éthylolactique  C2  \  r2T,s  n  .CO.OC2  H5.  En  traitant  un  sel 

/     TT4 

de  l'acide  iséthionique  C2  .SO2. OH  avec  du  perchlorure  de  phosphore, 

(  H4 
M.  Rolbe  (i)  a  obtenu  le  chlorure  C2  J       .SO2  Cl,  et,  en  traitant  à  son  tour 

(H4 

ce  corps  avec  de  l'eau,  l'acide  chloréthylsulhirique  C2 1        .SO2  OH.    Au 

( 

lieu  de  décomposer  ce  corps  par  l'eau,  M.  Rolbe  a  essayé  de  faire  réagir 
l'alcool,  et,  même  en  chauffant  dans  des  tubes  scellés  jusqu'à  une  tempéra- 
ture de  i5o  degrés,  il  n'a  pu  séparer  aucun  éther. 

»  Dans  l'intention  de  faire  réagir  de  l'éthylate  de  soude  sur  ie  chlorure 
de  l'acide  chloréthylsulfurique,  j'ai  ajouté  à  ce  dernier  de  l'alcool  parfaite- 
ment anhydre,  et  je  fus  étonné  de  remarquer  une  élévation  de  température 
très-prononcée.  En  chauffant  ce  mélange,  il  se  dégagea  beaucoup  de  chlo- 
rure d'éthyle,  et,  après  avoir  séparé  l'alcool  par  distillation  et  par  le  vide,  il 
resta  un  liquide  peu  coloré  ayant  une  odeur  à  la  fois  éthérée  et  acide.  On 
ne  put  distiller  ce  liquide,  même  dans  le  vide,  et  l'on  obtint,  par  l'analyse  de 


[i)   Annalen  der  Chemie  und  Pharmacie,  t.  CXXII,  p.  33. 


(4.8) 

produits  provenant  de  différentes  préparations,  des  chiffres  fort  peu  d'ac- 
cord les  uns  avec  les  autres.  Les  résultats  plaçaient  ce  liquide  entre  l'éther 
et  l'acide  chloréthylsuifuriqne.  Je  crois  que  la  réaction  s'est  passée  de  la 
manière  suivante.  Il  se  forme  premièrement  de  cet  éther  et  de  l'acide  chlor- 
hydrique,  puis  l'acide  chlorhydriqne  réagit  sur  l'alcool  en  excès;  il  se 
forme  ainsi  de  l'eau  et  du  chlorure  d'éthyle  qui  se  dégage.  Ensuite  l'eau 
décompose  l'éther  en  régénérant  en  partie  l'alcool  et  l'acide  chloréthyl- 
snlfuriqne. 

»  En  mêlant  ce  liquide  avec  de  l'eau,  il  s'échauffe  et  devient  fortement 
acide.  J'en  ai  fait  les  sels  de  cuivre  et  de  chaux,  mais  il  me  fut  impossihle 
de  les  ohtenir  purs;  ils  semhlent  avoir  la  propriété  de  se  décomposer  même 
au  bain-mnrie. 

»  Action  de  l 'éthytate  de  soude  sur  le  chlorure  de  l 'acide  cldorétliylsulfurique. 
—  J'ai  fait  réagir  de  l'éthylate  de  soude  fortement  étendu  avec  de  l'alcool 
anhydre  sur  le  chlorure  de  l'acide  chloroéthylsulfurique,  jusqu'à  ce  que  le 
liquide  possédât  une  réaction  alcaline.  Il  se  dépose  du  chlorure  de  sodium 
en  grande  quantité;  on  le  sépare  en  filtrant  la  solution  chaude  à  travers 
un  filtre  sec.  Dans  le  liquide  filtré  il  se  sépare  par  le  refroidissement  des 
cristaux  blancs,  déliquescents  et  peu  solubles  dans  l'alcool  absolu  froid  Ce 
corps  est  le  sel  de  sodium  de  l'acide  éthyliséthionique.  J'ai  obtenu  les  chif- 
fres d'analyses  suivants,  provenant  de  deux  différentes  préparations  : 

Trouvé.  Calculé  d'après  la  formule 

l"'  «T"         C'J^^^.SO'.ONa. 

C 26,36  26,21  27)27 

H 5 ,  i.f  5,25  5,n 

S 18,88              »  18,18 

Na 12,88               »  '3, 07 

O »                  »  36,26 

100,00 

»  Dans  la  préparation  du  chlorure  il  se  forme  toujours,  comme  M.  Rolbe 
l'a  remarqué,  de  petites  quantités  de  chlorure  de  l'acide  iséthionique  qui 
naturellement  réagissent  sur  l'éthylate  de  soude,  en  donnant  naissance  à  l'i- 
séthionate  de  sodium.  La  présence  de  ce  dernier  corps  est  très-probable- 
ment la  cause  de  la  différence  de  1  pour  100  dans  la  détermination  du  car- 
bone. 

»  En  chauffant  à  i5o  degrés,  dans  des  tubes  scellés,  ce  sel  avec  un  grand 
excès  d'acide  iodliydrique  très-concentré,  j'ai  obtenu  de  l'iodure  d'éthyle 


(  4i9  ) 
el  un  acide  en  quantité  trop  petite  pour  pouvoir  déterminer  avec  exacti- 
tude si  c'était  l'acide  iséthionique  ou  l'acide  éthv  Isulfurique.  En  in'appuyanl 
sur  ces  faits,  je  crois  être  autorisé  à  donner  à  ce  corps  la  formule 

C"!c>H*0S°'-0îi!'- 

Je  m'occupe  maintenant  de  l'étude  plus  étendue  de  cet  acide  et  de  ses  sels, 
et  j'espère  prochainement  publier  les  résultats  de  mes  recherches. 

»  Ces  expériences  ont  été  commencées  dans  le  laboratoire  de  M.  Kolbe, 
et  continuées  ici  dans  celui  de  M.  Wurtz.  » 

CHIMIE  MINÉRALE.    —  Sur   la  présence  du   columbite  dans  le   wolfram  ;  par 

M.   PlIIPSON. 

«  J'ai  reconnu  la  présence  du  columbite  (niobate  de  fer  et  de  manga- 
nèse) dans  un  échantillon  de  wolfram  d'Auvergne  que  j'ai  soumis  dernière- 
ment à  l'analyse,  et  qui  m'avait  été  donné  il  y  a  quelques  années  par 
M.  Pisani.  J'avais  déjà  remarqué,  depuis  plusieurs  années,  que  les  wolframs 
de  différentes  localités  renferment  tantôt  de  l'acide  niobique,  tantôt  de 
l'acide  tantalique,  que  l'on  peut  mettre  en  évidence  assez  distinctement  au 
moyen  de  l'essai  au  chalumeau  du  résidu  laissé,  après  qu'on  a  séparé  l'a 
plus  grande  partie  du  fer,  du  manganèse  et  de  l'acide  tungstique. 

»  De  l'échantillon  dont  il  est  question  ici,  j'ai  réussi  à  extraire,  d'une 
vingtaine  de  grammes  environ,  une  quantité  de  columbite  assez  grande  pour 
en  remplir  une  petite  bouteille.  La  séparation  de  ce  minéral  rare  est  fondée 
sur  ce  fait  tout  simple,  savoir,  que  le  wolfram  est  attaqué  par  l'eau  régale, 
tandis  que  le  columbite  ne  l'est  pas.  On  pulvérise  donc  finement  i5  à 
20  grammes  de  wolfram  et  on  les  traite  par  l'eau  régale  à  chaud.  Quand 
l'attaque  a  été  aussi  complète  que  possible,  on  recueille  le  résidu,  on  en 
sépare  l'acide  tungstique  au  moyen  d'une  solution  d'ammoniaque,  et  on 
soumet  ce  qui  reste  à  un  nouveau  traitement  par  l'eau  régale.  On  répète 
ces  opérations  cinq  ou  six  fois,  tant  qu'on  peut  extraire  par  l'ammo- 
niaque une  certaine  quantité  d'acide  tungstique  du  résidu.  Finalement,  ce 
dernier  devient  tout  à  fait  noir  et  consiste  alors  presque  entièrement  en  du 
minéral  columbite  (ou  niobite)  mêlé  à  quelques  grains  de  quartz  trans- 
parent. 

»  Après  m'ètre  asuré  par  l'analyse  de  la  nature  de  ce  résidu,  je  l'ai  exa- 
miné sous  le  microscope,  et  j'ai  vu  alors  le  minéral  eu  question  sous  son 


(    420    ) 

aspect  ordinaire.  C'étaient  des  fragments  anguleux,  irréguliers,  noir  foncé, 
plus  ou  moins  métalliques,  presque  vitreux,  non  magnétiques,  ressemblant 
jusqu'à  un  certain  pointa  delà  houille  brillante;  très-lourds,  complètement 
inattaquables  par  l'eau  régale  et  mêlés  à  quelques  grains  de  quartz  transpa- 
rent. Ils  donnaient  toutes  les  réactions  du  columbite  devant  le  chalumeau. 

»  Il  est  très-intéressant  de  se  rappeler  qu'autrefois  M.  Gustave  Rose 
avait  reconnu  que  le  columbite  et  le  wolfram  sont  isomorphes. 

»  A  cette  occasion,  je  demanderai  la  permission  de  rappeler  aussi  que  le 
métal  columbiuin,  appelé  aujourd'hui  niobium,  fut  découvert  par  le  chi- 
miste anglais  Hatchett  en  1801,  et  que  le  métal  découvert  en  1802  par  Eke- 
berg,  et  appelé  tantale,  était  vraiment  un  métal  nouveau,  et  non  pas  le 
columbium  de  Hatchett,  comme  le  Dr  Wollaston  l'avait  avancé.  Ce  der- 
nier est  le  niobium,  métal  devenu  aujourd'hui  remarquable  par  les  persé- 
vérantes recherches  de  Henri  Rose,  qui  en  a  fait  connaître  toutes  les  réac- 
tions caractéristiques.  En  comparant  les  observations  de  Hatchett  avec  ce 
que  l'on  sait  aujourd'hui  du  tantale  et  du  niobium,  grâce  surtout  aux 
admirables  études  anal)  tiques  de  Henri  Rose,  le  fait  historique  que  j'avance 
devient,  je  crois,  incontestable.  » 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Note  sur  la  composition  de  cjuanos  de  diverses  origines 
qui  se  sont  présentés  dans  le  port  de  Bordeaux  depuis  une  douzaine  d'années  ; 
par  M.  A.  Bai  dkimom  .  (Extrait.) 

«  Le  prochain  épuisement  du  gisement  de  guano  des  îles  Chinchas, 
connu  sous  le  nom  de  guano  du  Pérou,  a  fait  rechercher  avec  soin  les  dé- 
pôts de  cette  matière  fertilisante.  .  . . 

»  Les  principaux  guanos  que  j'ai  examinés  sont  ceux  de  la  Patagonie, 
de  la  Californie,  des  îles  Baker  et  Jervis,  de  l'île  du  Corail  et  de  la  Bolivie, 
lien  est  encore  d'autres,  tels  que  ceux  de  Sardaigne,  de  Tenèsf  Afrique),  etc., 
que  j'élimine  parce  qu'Us  sont  d'une  autre  origine. 

»  Tous  les  guanos  que  j'ai  examinés  sont  d'une  couleur  fauve,  plus  ou 
moins  foncée;  celle  du  guano  des  îles  Baker  et  Jervis  est  très-claire;  celle 
du  guano  de  la  Bolivie,  au  contraire,  est  d'un  brun  foncé,  d'une  teinte 
chaude  ou  dorée.  Aucun  de  ces  guanos  ne  présente  d'odeur  appréciable. 
Parmi  les  caractères  physiques  qu'*il  importe  de  signaler,  j'appellerai  l'atten- 
tion sur  le  poids  du  décilitre  de  ces  guanos.  Ce  poids,  exigé  par  la  vérifica- 
tion des  engrais  du  département  de  la  Gironde,  offre  l'avantage,  dans  la 
plupart  des  cas,  de  faire  connaître  immédiatement  si  un  guano  est  falsifié. 


(    42'     ) 

Il  représente  une  espèce  de  densité  apparente;  car,  si  l'on  déplaçait  la  vir- 
gule de  deux  rangs  vers  la  gauche,  il  en  serait  l'expression  réelle.  Par 
exemple,  le  poids  d'un  décilitre  de  guano  tel  que  celui  du  Pérou  étant  de 
70  grammes,  sa  densité  apparente  est  de  0,70.  D'une  autre  part,  le  décilitre 
étant  le  millième  d'un  hectolitre,  le  gramme  étant  aussi  le  millième  du  kilo- 
gramme^ si  l'on  multiplie  l'un  et  l'autre  par  1000,  on  a  le  poids  de  l'hecto- 
litre exprimé  en  kilogrammes,  parce  que  les  grammes  deviennent  des  kilo- 
grammes et  le  décilitre  un  hectolitre.  Le  sable  siliceux  et  ferrugineux,  qui 
est  souvent  employé  pour  falsifier  les  guanos,  ayant  un  poids  spécifique 
apparent  beaucoup  plus  grand  que  celui  de  ces  derniers,  il  en  résulte  une 
augmentation  notable  du  poids  spécifique  du  guano  qui  permet  d'en  soup- 
çonner la  falsification. 

»  J'ajouterai,  comme  caractères  chimiques,  que  tous  les  vrais  guanos 
étant  soumis  à  la  calcination  laissent  un  résidu  blanc,  presque  entièrement 
formé  de  phosphate  tricalcaire,  et  que  ce  résidu,  traité  par  les  acides  dilués, 
tels  que  l'acide  chlorhydrique  on  l'acide  azotique,  ne  laisse  qu'un  faible 
produit  siliceux  insoluble,  qui  n'a  nullement  l'apparence  du  sable,  et  qui 
est  quelquefois  formé  de  carapaces  d'êtres  microscopiques. 

»  Le  guano  dePatagonie  seul  contient  naturellement  du  sable,  et  l'on  y 
trouve  même  de  petits  cailloux  roulés,  noirs,  qui  paraissent  être  du  silex; 
aussi  le  poids  du  décilitre  de  ce  guano  est-il  excessivement  variable. 

»  A  la  suite  de  chaque  analyse,  je  donnerai  les  poids  maxima,  niinima 
et  moyen  du  décilitre  de  chaque  espèce  de  guano. 

»  Plusieurs  guanos  ne  se  présentant  plus,  ou  ne  se  représentant  que  fort 
rarement  dans  le  port  de  Bordeaux,  j'indiquerai  les  époques  où  les  analyses 
ont  été  faites. 

»  Toutes  les  analyses  sont  ramenées  aux  mêmes  termes  de  comparaison  : 
l'humidité,  l'azote,  le  complément  organique  qui,  uni  à  l'azote,  représente 
la  matière  combustible  des  guanos;  le  phosphate  de  chaux,  les  sels  so- 
luhles  qui  sont  généralement  formés  de  sulfate  calcique  et  de  chlorure  so- 
dique  ;  le  résidu  inerte  qui  est  le  produit  insoluble  dans  les  acides  indiqués, 
et  enfin  le  complément  minéral  qui,  lorsqu'il  existe,  est  généralement  re- 
présenté par  de  la  chaux  carbonatée. 

»  Dans  les  analyses  officielles  de  la  vérification  des  engrais,  l'acide  phos- 
phorique  figure  à  la  place  du  phosphate  tricalcaire,  et  la  chaux  qui  s'y 
trouve  unie  est  reportée  dans  le  complément  minéral  ;  mais  tous  les  gua- 
nos ayant  une  composition  semblable,  j'ai  cru  devoir  y  faire  entrer  le  phos- 

C.  R.,  1867,  a"  Semestre.  (T.  LXV,  N°  iO.)  ^5 


(    4^    ) 

phate  de  chaux.    L'acide  phosphorique  sera  indiqué  à  part  et  comme  ren- 

Composition   moyenne  de  diverses  espèces  de  guanos. 


seignement 


Numéros  d'ordre 

Provenances 

Dates 

Nombre  des  analyses.  . . 

Humidité 

Azote 

Complément  organique. 
Phosphate  tricaleaire. . . 

Sels  solubles 

Résidu  insoluble 

Complément  minéral.. . 

Acide  phosphorique 

_   .  ,  (   minimum 

Poids 
,      .....         {   maximum 
du  décilitre  / 

\  moven.. . . 


PATAGONIE. 


1855etl857 


0,208 

0,010 

0,118 

0,207 

o ,  o36 
0,260 
0, 161 


1 ,000 


0,090 

gr 
63, 600 

109,000 

85,3oo 


CALIFORNIE. 


1856 


0,192 
o,ooy 
0 ,  080 
0,498 
0,0  •  5 

0,  l52 

0,04/1 


o,23o 

79,000 
S4,5oo 
81 ,700 


III. 

ÎLES   BAKER 
ET  JERVIS. 

1860etl863 
4 


0,  Lba 

0,008 
0,070 
0,687 
0,002 
0,004 
0,077 


1,000 


0,326 
72,100 

101 ,000 

84,1 55 


ILE 
Dl    CORAIL. 

1865 


0,120 
0,010 

o,  i3o 

o,6o3 

0,000 
0,000 

o,  1 37 


0,27s 


-  '| ,  :ioo 


BOLIVIE, 
ANCIENNES. 

1856  et  1 860 
2 


0, 1 35 

o,o3o 
0, 106 
0,549 

0)097 
0,060 

0,023 


I  ,000 


0,203 

gr 
70,500 

96,000 

S5,7jo 


VI. 

BOLIVIE, 
RECENTES. 

Août  1867 

4 


0,  112 

o,oo5 
0,009 

0,490 

o,'-'î 

0,019 

0,191 


I  ,000 


0,226 

Kl- 
62,000 

65, 400 

63,270 


»  Conclusions.  —  Tous  les  guanos  signalés  dans  cette  Note  sont  des 
sources  considérables  de  phosphate  calcaire  excessivement  divisé,  accom- 
pagné d'une  quantité  notable  de  matière  organique  et  de  sels  solubles  qui 
peuvent  être  éminemment  utiles  à  l'agriculture. 

»  J'appellerai  spécialement  l'attention  de  l'Académie  sur  le  guano  de  Bo- 
livie, qui  existe  sur  les  côtes  de  l'océan  Pacifique,  et  dans  un  lieu  où,  dit- 
on,  il  ne  pleut  jamais.  En  1860,  ce  guano  m'a  donné  jusqu'à  o,oi35  d'azote. 
Ce  résultat  donne  lieu  de  penser  que,  lorsque  l'on  aura  pénétré  dans  la 
masse  de  ce  guano,  sa  richesse  en  azote  augmentera  d'une  manière  très- 
notable.   » 


ZOOLOGIE.    —  Sur  un   œuf  </  Epiornis  maximus  vu  récemment  à  Toulou  1  , 

par  M.  I\.  Joly. 

«  Lorsque,  en   1848,  M.  Dumareb  affirmait  à  M.  Jolitï,  chirurgien  du 
Geyser,  qu'on  trouvait,  mais  très-rarement,  à  Madagascar,  des  œufs  gigan- 


(  4^3  ) 
tesques  provenant  d'un  oiseau  qui  n'existait  plus  dans  cette  île,  ce  fait  fut 
considéré  comme  une  fable  inventée  à  plaisir  par  les  Malgaches  et  adoptée 
trop  légèrement  par  notre  compatriote.  Cependant  deux  ans  s'étaient  à  peine 
écoulés,  que  M.  Malavois,  colon  français  de  l'île  de  la  Réunion,  envoyait  à 
Paris  deux  de  ces  œufs  extraordinaires  trouvés  à  Madagascar  par  M.  Abadie, 
l'un  dans  le  lit  d'un  torrent,  l'autre  dans  des  alluvions  de  formation  récente. 
Quelques  ossements  de  l'oiseau  qui  les  avait  pondus  étaient  joints  à  cet 
envoi.  M.  Is.  Geoffroy  Sain t-Hilaire  étudia  ces  objets  précieux,  indiqua  les  di- 
mensions des  œufs  et  celles  de  l'animal  auquel  on  devait  les  attribuer,  et  il 
donna  à  cette  espèce,  éteinte  selon  les  uns,  devenue  très-rare  seulement 
(ver/  verj  rarely  met  Witli)  selon  d'autres,  le  nom  significatif  d'Epiornù 
maximus.  On  sait  en  effet  maintenant  que  l'Épiornis  est  ou  était  le  géant 
de  la  création  ornithologique,  puisque  sa  taille  atteignait  près  de  l\  mètres 
de  hauteur.  D'après  M.  Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  le  volume  de  ses  œufs  est 
égal  à  celui  de  six  œufs  d'Autruche,  douze  de  Nandou,  et  cent  quarante- 
huit  de  Poule. 

»  Depuis  l'intéressante  Notice  publiée  en  i85i  par  l'illustre  auteur  de 
l' Histoire  des  anomalies,  je  ne  sache  pas  que  de  nouveaux  œufs  d'Épiornis 
aient  été  signalés  à  l'attention  du  monde  savant.  Or,  grâce  à  l'aimable 
obligeance  de  M.  Nau,  ricbe  négociant  de  la  Réunion,  je  viens  d'avoir 
l'heureuse  fortune  de  pouvoir  admirer  et  étudier  de  visu  la  merveille  orni- 
thologique à  laquelle  personne  ne  voulait  croire  il  y  a  quinze  ou  seize  ans. 
L'œuf  que  j'ai  tenu  entre  mes  mains,  que  j'ai  dessiné,  et  dont  j'ai  soigneu- 
sement pris  toutes  les  dimensions,  a  été  trouvé,  il  y  a  onze  ans,  par  M.  Nau 
lui-même  dans  des  alluvions  sablonneuses,  à  vingt  lieues  de  la  mer  et  à  une 
profondeur  de  im,3o.  Il  a  la  forme  d'un  ellipsoïde  de  révolution  stricte- 
ment, calculé.  Sa  coque,  en  parfait  état  de  conservation  (sauf  en  un  point 
où  elle  offre  une  ouverture  de  2  ou  3  centimètres,  par  laquelle  elle  a  dû  se 
vider),  est  de  couleur  blanc-jaunâtre;  elle  est  veinée  de  quelques  raies  ou 
stries  d'un  rouge  brun  qui  simulent  des  dentrites,  et  qui  évidemment  ont 
élé  faites  avant  ou  pendant  l'enfouissement  de  l'œuf. 

m 

L'épaisseur  de  la  coque  est  de o  ,oo35 

Le  grand  diamètre  est  de o,3io 

Le  petit  est  égaî  à o ,  255 

La  grande  circonférence  mesure 0,87 

La  petite  circonférence  mesure 0,76 

«   La  capacité,  que  nous  avons  mesurée  directement  en  y  versant  de  l'eau 
ordinaire,  est  de  81", 100,   c'est-à-dire  un  peu   moindre  que  celle  indiquée 

55.. 


(  4a4  ) 

pour  les  œufs  d'Epiornis  décrits  par  M.  Is.  Geoffroy  Saint-Hilaire.  Cependant 
le  nôtre,  ou  plutôt  celui  de  M.  Nau,  paraît  un  peu  plus  gros  que  ceux  du 
Muséum.  On  en  jugera  par  les  tableaux  que  voici  : 

OEufs  du  Muséum  de  Paris. 

OEuf  ovoïde.     OEuf  ellipsoïde.    OEuf  de  M.  Nau. 
m  ot  m 

Grand  diamètre.. o,3|  o,3?.  o,3n> 

Petit  diamètre o,225  o,a3  0,255 

Grande  circonférence o,85  o,S4  °»^7° 

Petite  circonférence 0,71  0,72  0,760 

»  M.  Nau,  qui  est  resté  pendant  treize  ans  prisonnier  chez  les  Hovas,  et 
qui  a  parcouru  dans  tous  les  sens  l'île  de  Madagascar,  nous  a  assuré  que 
VEpiornis  y  est  complètement  détruit,  et  que  ses  œufs  y  sont  devenus 
d'une  extrême  rareté,  si  toutefois  il  en  existe  encore.  D'après  l'heureux 
possesseur  de  ce  trésor  ornithologiqne,  les  Malgaches  prétendent  que  la 
femelle  de  l'Epiornis  ne  pondait  qu'une  seule  fois  et  qu'elle  mourait  après 
avoir  pondu.  Ils  ajoutent  que  la  rencontre  d'un  débris  quelconque  de  cet 
oiseau  annonce  un  malheur  certain,  qui  menace  non-seulement  celui  qui 
l'a  faite,  mais  encore  les  divers  membres  de  sa  famille.  Inutile  de  dire  qu'il 
faut  renvoyer  ces  fables  au  pays  d'où  elles  viennent.  » 

physiologie  botanique.  —  Influente  présumée  de  la  rotation  de  la  Terre  sur 
la  forme  des  troncs  d'arbres.  Note  de  M.  Ch.  Musset.  (Extrait.) 

«  On  sait  que  les  zones  concentriques  d'un  tronc  d'arbre  ne  sont  pas 
exactement  uniformes,  et  que  chacune  n'est  pas  égale  dans  toute  la  circon- 
férence  L'observation  directe  de  plus  de  quatre  cents  arbres  me  conduit 

à  affirmer  que  tons  ont  un  tronc  elliptique,  et  que  le  grand  axe  de  l'ellipse 
est  sensiblement  dirigé  de  l'est  à  l'ouest.  Cette  direction  oscille  entre  des 
limites  restreintes,  et  ces  variations,  toujours  légères,  dépendent  de  causes 

accidentelles  qu'il  est  facile  d'apercevoir L'observation  signale  le  même 

fait  pour  les  branches,  principalement  pour  les  plus  anciennes 

»  Puisque  la  force  centrifuge  développée  par  la  rotation  de  la  Terre 
dévie  de  la  verticale  tout  corps  tombant  en  chute  libre,  et  que  la  même 
cause,  selon  M.  Babinet,  incline  vers  la  droite  les  cours  d'eau,  il  ne  me 
paraît  pas  irrationnel  d'admettre  que  les  arbres  subissent  la  même  influence: 
si  l'action  de  cette  force  est  faible,  n'oublions  pas  qu'elle  est  continue  et  de 
longue  durée.  » 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  C. 


(  4^5  ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  clans  la  séance  du  26  août  1867,  les  ouvrages  cl  ont 
les  titres  suivent  : 

Essai  sur  la  séparation  de  l'acide  nitrique  et  de  l'acide  lilanique;  analyse  de 
iœschynile;  par  M.  C.  Marignac.  Genève,  1867;  br.  in-S°. 

Nouveau  Dictionnaire  de  Médecine  et  de  Chirurgie  pratiques,  publié  sous 
la  direction  du  Dr  Jaccoud.  T.  VU,  CHAM-CLAU.  Paris,  1867;  1  vol.  in-8° 
avec  figures. 

Histoire  de  l'arsenic,  absorption  et  élimination  de  l'arsenic.  Thèse  par  M.  B.-V. 
Dupuy.  Paris,  18G7;  br.  in-8°.  (Adressé  pour  le  concours  de  Médecine  et 
de  Chirurgie,  1868.) 

Funérailles  et  sépultures.  Histoire  des  inhumations  chez  les  peuples  anciens  et 
modernes  ;  par  M.  le  Dr  Favrot.  Paris,  1868;   1  vol.  in-8°. 

Rapport  présenté  à  la  Société  impériale  ci agriculture,  d'Histoire  naturelle  et 
des  Arts  utiles  de  Lyon,  au  nom  de  la  Commission  des  soies,  sur  ses  travaux 
en  1866.  Lyon,  1867;  br.  grand  in-8°. 

Instrument  pour  la  transfusion  du  sang,  du  D'  ROUSSEL  (de  Genève).  Sans 
lieu  ni  date;  opuscule  in-/(°  autographié.  (Présenté  par  M.  Ch.  Robin  pour 
le  concours  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  1868.) 

Choiera...  Le  choléra,  ses  symptômes,  son  histoire  clinique;  pathologie,  dia- 
gnostic, prognoses,  traitement  et  prophylaxie  de  cette  maladie;  par  S. -G.  Chuc- 
kerbutty.  Calcutta,  1867;  in-8°. 

Untersuchungen...  Recherches  sur  l'histoire  naturelle  de  l'homme  et  des 
animaux,  publiées  sous  la  direction  de  M.  J.  MOLESCllOTT.  T.  VI,  4e  Hvr. 
Giessen,  1867;  br.  in-8°. 

Ontleed...  Recherches  nnatomiques  et  zoologiques  pour  servir  à  la  connais- 
sance du  Ménobranche,  le  prothée  îles  lacs  de  l'Amérique  du  Nord;  par  M.  Van 
der  Hoeven.  Leyde,  1867;  in-4°  avec  planches. 

Annals...  Annales  de  l'Observatoire  de  l'Infant  Doii\  Luiz.  T.  IV,  18(17; 
décembre,  janvier  et  février.  Lisbonne,   1867;  in -4°. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  1  septembre  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Comptes   rendus    hebdomadaires  des  séances   de    l'Académie  des  Sciences. 
T.  LXIII,  juillet  à  décembre  188G.  Paris,  186G;  1  vol.  in-4°. 


(  426  ) 

Bulletin  de  Statistique  municipale,  publié  par  les  ordres  de  M.  le  Baron 
Haussmann.  Mois  d'avril  et  mai  1867.  Paris,  1867;  2  br.  in-/|°. 

Explication  de  la  carte  géologique  de  la  province  d'Or  an,  exécutée  par 
ordre  du  gouvernement;  par  MM.  Rocard  et  Pouyanne,  ingénieurs  des 
Mines,  et  Pomel,  garde-mines.  Paléontologie,  Zoophytes;  3e  fascicule,  Spon- 
giaires, texte  et  planches;  Zoophjles,  2*  fascicule;  Et  hinodermes,  planches. 
Oran,  1867;  in-/j°.  (Présenté  par  M.  d'Archiac.) 

Paléontologie  française  ou  Description  des  animaux  invertébrés  fossiles  de  la 
France.  Terrain  jurassique.  1  Ie  livraison  :  Zoophytes;  par  M  M.  DE  Fromestel 
et  Ferry.  Texte,  feuilles  10  à  12;  atlas,  planches  XXXVII  à  XLVIII. 
Paris,  août  1867;  in-8°.  (Présenté  par  M.  d'Archiac.) 

Promenades  préhistoriques  à  l'Exposition  universelle  ;  par  M.  G.  DE  MOR- 
tillet.  Paris,  1867;  in-8°. 

L'Exposition  universelle,  poème  didactique  en  quinze  chants;  par  M.  A.-G. 
Belin.  Paris,  1867;  in- 12. 

Sur  une  nouvelle  collection  d'ossements  fossiles  de  Mammifères  recueillie  par 
M.  Fr.  SEGUIN  dans  la  Confédération  Argentine;  par  M.  P.  Gervais. 
Paris,  1867;  in-/|°.  (Extrait  des  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie 
des  Sciences.) 

Notice  sur  le  corail;  par  M.  P.  Gervais.  Paris,  1867;  in-8°.  (Extrait  du 
Dictionnaire  universel cV Histoire  naturelle.) 

Les  Merveilles  de  la  Science  :  la  Galvanoplastie;  par  M.  Louis  FIGUIER. 
14e  série.  Paris,  1867;  in-4°  avec  figures. 

Des  divers  modes  de  multiplication  autres  que  ceux  de  la  génération  sexuelle 
envisagés  chez  les  animaux  sous  le  point  de  vue  physiologique  ;  par  M.  A.-L. 
Donnadieu.  Montpellier  et  Paris,  1867;  br.  in-8°. 

Trisection  et  polysection  de  l'angle;  quadrature  du  cercle  ;  ]iar  M.  J.-V.  Lam- 
bert. Épinal,  1867;  hr.  in-8°. 

La  Météorologie  et  le  Météoroqraphe  du  P.  Secchi  à  l'Exposition  universelle. 
Paris,  1867;  br.  in-8°.  (Extrait  des  Eludes  religieuses,  historiques  et  littéraires.) 

Musée  Teyler.  Catalogue  systématique  de  la  collection  paléonlologique ;  par 
M.  T.-C.  Winkler.  6e  livraison.  Harlem,  1867;  grand  in-8°. 

Archives  du  Musée  Teyler.  T.  1er,  fascicules  1  et  1.  Harlem,  1867;  2  bro- 
chures grand  in-8°. 

Mittheilungen...  Voyages  de  M.  P.  DE  TCHIHATCHEF  dans  l'Asie  Mineure 
et  l'Arménie,  avec  une  nouvelle  carte  de  l'Asie  Mineure;  par  M.  H.  KlEPERT. 
(Extrait  des  Communications  de  l'Institut  Géographique  de  Juslus  Perthes.) 
Gotha,  18G7;  in-4°. 


(  4^7  ) 

Untersuchungen...  Recherches  sur  l'alimentation  de  l'homme  à  l'état  nor- 
mal; pur  MM.  de  Pettenkofer  et  C.  Voit.  Sans  lieu  ni  date;  in-8°  relié. 

Sulla...  Sur  répiichthyozo'ie  existant  clans  la  mer  Adriatique  entre  Goro  et 
f^olano,  et  dans  les  valli  di  Marina,'  par  M.  le  prof.  F.  Carli.  Comacchio, 
sans  date;  br.  in-8°. 

Coralli...  Coraux  fossiles  du  terrain  rtummulitique  des  Alpes  Vénitiennes; 
parle  Dr  A.  d'Achiardi.  Pise,  1867;  in-4°.  (Présenté  par  M.  d'Archiac.) 


PURI.ICATIOXS    PÉRIODIQUES    REÇUES    PAR    ^ACADEMIE    PENDANT 
LE    MOIS    D'AOUT     1867. 

Actes  delà  Société  d' Ethnographie  ;  5  juillet  1867;  in-8°. 

Annales  de  V  Agriculture  française  ;  nos  i3  et  i4,  1 8(>7  ;  in-8°. 

Annales  médico-psychologiques ;  juillet  1867;  in-8°. 

Annales  des  Conducteurs  des  Ponts  et  Chaussées;  n°  6,  juin  1867;  in-8°. 

Bibliothèque  universelle  et  Revuesuisse.  Genève,  nos  1 15  et  1 16,  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  nos  20  et  21;  1867;  in-8u. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Ails  de 
Belgique;  n°  7,   1867;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  juillet   1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  l'industrie  nationale;  juin 
1867;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  août  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France;  feuilles  37  et  38,  1867;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse  ;  juillet  et  août  1867;  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  Philomalhique;  janvier  et  février  1867;  in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  laSociété  impériale  et  centrale  d'Agriculture  de  France; 
n°8;  1867;  in-8°. 

Bulletin  général  de  Thérapeutique;  3o  juillet,  i5  et  3o  août  1867;  in-8". 

Bulletin  hebdomadaire  du  Journal  de  l'Agriculture;  uos  3i  à  35,  18G7; 
in-8". 

Bulletin  international  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris,  feuille  aulo- 
graphiée,  avril  à  juillet  1867;  in-4°- 

Bulleltino  meteorologico  dell'  Osservatorio  del  Collegio  10  ma  no  ;  n"  7,  18G7; 
in-4°. 

Catalogue  des  Brevets  d'invention;  n"  1,  1867;  in-8°. 


(  4^8  ) 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  i Académie  des  Sciences; 
2e  semestre  18G7,  nos  6  à  9';  in-4°. 

Cosmos;  nos  5  à  g,  1867;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux  ;  nos  89  à  102,  1867;  'n"40- 

Gazette  médicale  de  Paris;  n09  3i  à  35,  1867;  in-40. 

Il  Niiovo  Cimente. .  Journal  de  Physique,  de  Chimie  et  d' Histoire  naturelle  ; 
mai  et  juin  18G7.  Turin  et  Pise;  in-8°. 

Journal  d'Agriculture  pratique;  nos3i  à  35,  1867;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie;  août 
1867;  in-8°. 

Journal  de  l'Agriculture,  nos  26  et  27,  1867;  in"8°. 

Journal  <le  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  juin  1867; 
in-8°. 

Journal  de  l'éclairage  au  gaz;  nos  9  et  10,   1867  ;  in-8°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées;  mai  et  juin  1  867  ;  in-4°. 

Journal  de  Médecine  de  l'Ouest;  7e  livraison,  1867;  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie:  août  1867;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  n032i  à  2l\,  1867; 
in-8°. 

Journal  des  fabricants  de  sucre;  n03  16  à  20,  1867;  n>-f°. 

Kaiserliche...  Académie  impériale  des  Sciences  de  païenne;  n°s  18  à  ai, 
1867;  1  feuille  d'impression  in-8°. 

L'Abeille  médicale;  nos  3o  à  35,  1867;  in-4°. 

La  Guida  del  Popolo;  août  1867  ;  in-8°. 

L'Art  dentaire;  juillet  1867;  in-8°. 

L'Art  médical;  août  1867;  in-8°. 

La  Science  pour  tous;    nos  35  à  39,   18G7;  in-/|°. 

Le  Gaz;  nos  6  et  7,  1867;  in-4°. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie;  nos  10  et  11,  1867;  in-4°. 

Les  Mondes...,  livr.  i5  à  18,  18G7;  in-8°. 

L'Evénement  médical;  noa  23  à  27,  1867;  in-f°. 

Magasin  pittoresque;  juillet  et  août  1867;  in-4°. 

Mouatsbericht...  Compte  rendu  mensuel  des  séances  de  l'Académie  royale 
des  Sciences  de  Prusse.  Berlin,  mai  1867;  >n-8°. 

Montpellier  médical...    Journal  mensuel  de   Médecine;   août   1867;  in-8°. 

(La  suite  du  Bulletin   au  prochain  numéro.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  9  SEPTEMBRE  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 

MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

PALÉONTOLOGIE  ANATOMIQUE.  —  De  t'ostéograpliie  du  Mesotherium  et  de 
ses  affinités  zontogiques  :  système  dentaire;  par  M.  Serres.  (Quatrième 
Mémoire.  ) 

«  L'importance  du  système  dentaire  pour  la  zoologie  remonte  à  Aristote. 
L'emploi  des  dents  offre  en  effet  un  des  signes  les  plus  certains  de  la 
nature  intime  des  animaux  :  signes  qui  sont  un  des  fondements  de  la  science, 
puisqu'ils  le  sont  de  sa  méthode,  ou  de  l'ordre  des  faits  et  de  leurs  liaisons, 
conditions  indispensables  à  l'existence  de  toute  science. 

»  On  conçoit  dès  lors  tout  l'intérêt  qui  se  rattache  à  l'étude  comparative 
du  système  dentaire  si  singulier  du  Mesotherium,  soit  pour  se  rendre  compte 
de  ce  qu'il  est  en  lui-même  chez  cet  animal  fossile,  soit  pour  le  rattacher 
par  ses  rapports,  aux  ordres  des  Pachydermes  et  des  Rongeurs  dont  il  nous 
paraît  l'intermédiaire. 

»  Les  dents  sont  des  os.  Cette  détermination,  mise  hors  de  doute  par  la 
découverte  que  nous  avons  faite  des  ostéoplastes  dans  le  tissu  dentaire,  in- 
dique que  c'est  dans  les  règles  de  l'ostéogénie  que  nous  devons  chercher 
le  mécanisme  de  la  formation  de  ces  petits  corps.  La  loi  des  éminences 
épiphysaires  et  celle  d'homœozygie  nous  en  donnent  en  effet  l'explication. 

C.  R. ,  1867,   2«  Semestre.  (T.  LXV,  NMI.)  56 


(  43o  ) 
Toute  éminence  épiphvsaire  surajoutée  à  la  diaphyse  des  os  est  le  produit 
d'un  ou  de  plusieurs  noyaux  osseux  développés  dans  la  profondeur  du  car- 
tilage, et  associés  ensuite  par  les  progrès  de  l'ossification  ;  toute  éminence 
dentaire  est  également  une  épiphyse,  se. soulevant  des  aspérités  du  bulbe 
dont  elle  n'est  que  la  transformation.  Il  y  a  ainsi  sur  le  plateau  de  la  cou- 
ronne autant  de  noyaux  dentaires  distincts,  isolés  et  indépendants,  qu'il 
existe  d'aspérités  bulbeuses.  L'association  honiœozyque  fait  cesser  ensuite 
cette  indépendance,  en  réunissant  les  noyaux  dentaires  par  un  mécanisme 
qui  reproduit  avec  la  dernière  évidence  celui  de  la  fusion  des  noyaux  osseux 
épiphysaires.  De  la  base,  en  effet,  de  chaque  noyau  dentaire,  partent  des 
prolongements  filoïdes  marchant  à  la  rencontre  les  uns  des  autres,  et,  arri- 
vés au  point  de  contact,  se  fusionnant  avec  une  telle  précision,  que  le  mi- 
croscope même  ne  peut  plus  en  faire  reconnaître  les  sutures.  La  cavité  des 
dents  coniques  ou  des  dents  cylindriques,  celle  enfin  du  plateau  des  mo- 
laires, sont  le  résultat  de  ce  mode  d'association  intime  des  noyaux  den- 
taires primitifs. 

»  En  ostéogénie  plus  que  dans  toutes  les  autres  parties-  de  l'anatomie 
comparée,  les  procédés  divers  que  l'on  met  en  usage  pour  dévoiler  la  struc- 
ture des  organismes  ont  en  général  pour  résultat  définitif  de  les  ramener  a 
la  simplicité  primitive  qu'ils  avaient  dès  le  début  de  leur  formation.  C'est 
en  particulier  l'effet  que  nous  obtenons  dans  les  préparations  microsco- 
piques des  dents.  On  retrouve  dans  ces  préparations  la  direction  oblique 
et  concentrique  des  fibres  dentaires  pour  constituer  le  canal  qu'occupe  la 
pulpe  sur  les  dents  coniques  et  leur  direction  longitudinale  sur  les  dents 
cylindriques.  C'est  en  quelque  sorte  la  reproduction  de  l'odontogénie  des 
dents  simples. 

»  Avant  mes  recherches  sur  l'ostéogénie,  les  dents  composées  ou  com- 
plexes n'étaient  pas  ramenées  à  leur  véritable  composition. 

»  Que  sont  les  dents  composées  comme  les  molaires?  Ce  sont  des  organes 
complexes  formés  par  l'association  et  la  pénétration  de  plusieurs  dents  sim- 
ples dont  la  couronne  en  conserve  les  caractères.  Ainsi,  tantôt,  comme  chez 
les  Carnassiers,  la  couronne  des  dents  composées  se  rapproche  plus  des 
canines  que  des  incisives;  tantôt,  comme  chez  les  Rongeurs  et  les  Pachy- 
dermes, la  disposition  inverse  se  rencontre.  Qui  ne  reconnaît  dans  le  moile 
de  formation  des  dents  composées  l'application  de  la  loi  d'homœozygie 
qui  préside,  en  zoologie,  au  développement  des  animaux  associés,  et  en 
tératologie  à  celui  de  la  duplicité  monstrueuse?  En  tout  et  partout  la  nature 
s'assujettit  à  des  règles  fixes  posées  par  la  création.  En  organogénie,  tout. 


(  43.  ) 
jusqu'à  la  solidescence  des  parties,  a  sa  raison  d'être,  son  but  défini  d'a- 
vance. Depuis  Enstachi,  qui,  le  premier,  a  mis  les  anatomistes  sur  la  voie 
des  progrès  en  odontogénie,  tous  ont  constaté  cpie  l'ossification  des  dents 
débute  constamment  par  la  couronne  et  se  termine  par  les  racines.  Or,  ce 
lieu  d'élection  dans  le  développement  primitif  des  dents,  a  sa  raison  dans  la 
résistance  que  doivent  opposer  ces  corps,  aux  parties  alimentaires  dont  se 
nourrissent  les  animaux. 

u  II  en  est  de  même  dans  tout  le  système  osseux.  L'ossification  com- 
mence dans  la  partie  où  l'os  doit  offrir  le  plus  de  résistance.  Tels  sont  le 
milieu  de  la  diapbyse  chez  les  os  longs,  les  masses  latérales  des  vertèbres, 
les  parties  latérales  de  l'occipital,  le  centre  des  côtes,  la  portion  écailleuse 
du  temporal  et  le  rocher,  la  partie  centrale  du  pariétal,  etc.;  le  fait  est 
général,  et  la  couronne  des  dents  en  est  l'expression  la  plus  manifeste.  D'où 
il  suit,  comme  conséquence  immédiate,  que  les  dents  des  Rongeurs,  for- 
mées uniquement  parla  couronne  et  sans  racine,  offrent,  toutes  choses 
égales,  un  degré  de  résistance  supérieur  à  celle  des  dents  pourvues  tout  à 
la  fois  de  racines  et  de  couronne. 

»  C'est  d'après  cette  considération  que  nous  allons  passer  à  la  descrip- 
tion particulière  du  système  dentaire  du  Mesotherium,  dont  la  composition 
offre  une  analogie  si  remarquahle  avec  les  dents  des  Pachydermes  et  des 
Rongeurs. 

»  Comme  celui  de  ces  derniers  animaux,  le  système  dentaire  du  Meso- 
therium privé  de  dents  canines,  se  compose,  dans  les  deux  maxillaires,  d'in- 
cisives et  de  molaires  dont  le  nomhre  est  représenté  dans  la  formule  qui 
suit  : 

2  O  IO 

et  dont  la  répartition  inégale  dans  les  deux  mâchoires  rappelle  en  sens  in- 
verse pour  les  incisives  la  disposition  que  l'on  ohserve  chez  les  Lépusiens 
et  peut-être  aussi  chez  le  Daman.  Dans  le  Mesotherium,  en  effet,  la  petite 
incisive  supplémentaire  se  trouve  au  maxillaire  inférieur,  située  au  côté 
externe  de  la  grande  et  sur  la  même  ligne;  tandis  qu'elle  occupe  chez  les 
Lépusiens  le  maxillaire  supérieur  et  se  trouve  placée,  en  manière  d'un  arc- 
boutant,  immédiatement  en  arrière  et  au-dessous  de  l'incisive  principale. 
Le  Daman,  avons-nous  dit,  se  rapproche  à  cet  égard  des  Lépusiens.  Je 
trouve  en  effet  sur  une  tète  adulte  de  Daman,  en  arrière  des  incisives,  deux 
petites  alvéoles,  et  sur  une  jeune  tète  de  Daman  des  bords  du  Nil,  il  va 
dans  ces  alvéoles  deux  germes  de  dents  très-rudimentaires.  Je  remarque 

56.. 


(  432  ) 
que  ce  fait,  important  en  lui-même,   l'est  surtout  comme  indice  du  pas- 
sage des  Rongeurs  aux  Pachydermes.  Ces  alvéoles  se  retrouvent  également 
sur  une  tète  adulte  de  Marmotte. 

»  Si,  à  raison  de  leur  position  et  de  leur  petitesse,  les  incisives  supplé- 
mentaires des  Rongeurs  sont  sans  utilité  connue,  il  n'en  est  pas  de  même 
de  celles  du  Mesotherium  placées  à  la  mâchoire  inférieure,  en  dehors  et  sur 
la  même  ligne  que  les  grandes;  leur  action  devait  puissamment  aider  ces 
dernières  dans  la  section  des  aliments. 

»  Au  reste,  la  petite  incisive  de  la  mâchoire  inférieure  du  Mesotherium 
est  un  petit  cylindre,  à  peine  ouvert  à  sa  partie  supérieure;  nous  ferons 
remarquer  à  celte  occasion  que  la  première  molaire  supplémentaire  de  la 
mâchoire  supérieure,  est  en  grand  la  reproduction  de  la  petite  incisive  du 
maxillaire  inférieur,  dont  la  cavité  est  plus  marquée  :  d'où  il  suit  qu'il  y  a 
le  même  nombre  de  dents  aux  deux  mâchoires.  Mais  il  y  a  transposition 
de  la  dent  supplémentaire  de  la  mâchoire  inférieure,  qui  abandonne  les 
incisives  et  forme  la  prémolaire  du  maxillaire  supérieur. 

»  Cet  échange  de  dents  entre  les  deux  mâchoires,  mérite  d'être  signalé, 
car,  si  d'une  part  il  égalisait  l'armature  des  deux  maxillaires,  de  l'autre  il 
contribuait  sans  aucun  doute  à  la  perfection  de  la  mastication  des  aliments 
dont  se  nourrissait  le  Mesotherium;  ajoutons  de  plus  que  la  forme  cylin- 
drique de  la  petite  incisive  nous  met  sur  la  voie  de  la  composition  des 
grandes. 

»  Les  grandes  incisives  sont  au  nombre  de  deux  à  chaque  mâchoire, 
dans  lesquelles  elles  sont  fortement  implantées;  elles  sont  très-fortes,  larges 
et  épaisses,  très-cintrées  dans  leur  longueur,  beaucoup  plus  cependant 
dans  les  supérieures  que  dans  les  inférieures.  Dans  les  premières,  le  cintre 
décrit  à  peu  près  une  demi-circonférence,  et  ce  sont  elles  qui  déterminent 
la  forme  busquée  du  chanfrein  ou  du  mésodonte  au  maxillaire  supérieur. 
Les  incisives  inférieures  sont  beaucoup  moins  cintrées,  ce  qui  explique 
l'absence  de  la  courbure  du  mésodonte  au  maxillaire  inférieur.  Comme  les 
incisives  des  Rongeurs,  ces  dents  appartiennent  à  la  sorte  de  celles  que 
l'on  dit  d'une  seule  venue,  et  qui,  en  effet,  par  la  rigoureuse  uniformité  de 
toutes  les  sections  transversales  qu'elles  puissent  fournir,  sembleraient  en 
quelque  sorte  avoir  été  filées  d'un  bout  à  l'autre  à  travers  les  contours 
d'un  calibre  unique.  C'est  le  caractère  des  dents  cylindriques. 

»  Chez  le  Mesotherium,  la  face  antérieure  des  incisives,  dépasse  les  alvéoles 
de  la  moitié  environ  de  leur  longueur.  Cette  face  est  très-régulièrement 
convexe  dans  le  sens  de  sa  longueur,  et  aussi  un  peu  transversalement,  sur- 


(  433  ) 
tout  du  côlé  du  bord  externe.  L'émail  qui  la  recouvre  est  brillant;  vitreux 
et  nuancé  de  violet  et  de  jaunâtre.  On  y  observe  de  nombreuses  stries  pa- 
rallèles, disposées  par  faisceaux  d'inégale  largeur,  alternant  avec  des 
rayures  ou  des  espèces  de  cannelures  plus  marquées;  les  unes  et  les  autres 
sont  dirigées  de  la  manière  la  plus  régulière,  suivant  l'axe  vertical  de  la 
dent.  Leur  face  postérieure  ou  interne,  dépassant  à  peine  de  2  ou  3  centi- 
mètres le  rebord  alvéolaire,  est  concave  dans  son  ensemble,  et  présente 
une  large  dépression  à  fond  onduleux  qui  occupe  près  de  ses  deux  tiers 
internes.  La  couebe  émailleuse  de  ce  côté  est  mate  et  jaunâtre  jaspé 
de  brun.  Le  bord  interne  est  assez  épais,  et  biseauté  d'une  manière  assez 
vive  sur  son  angle  antérieur  et  interne.  Le  bord  externe  ne  constitue 
qu'une  espèce  de  crête  mousse,  dirigée  en  arrière. 

■>  A  la  terminaison  de  ces  deux  faces,  et  à  leur  partie  active,  les  incisives 
du  Mesolherium  offrent  une  disposition  unique  jusqu'à  présent  dans  les 
animaux  éteints  et  vivants.  Cette  disposition  consiste  dans  une  fossette  pro- 
fonde, large  et  longue,  dirigée  transversalement  et  dont  les  parois  obliques 
ont  à  peu  près  la  même  hauteur  en  avant  qu'en  arrière.  Cette  singulière 
excavation,  qui  paraît  d'égale  profondeur  dans  toute  son  étendue,  offre 
néanmoins  dans  son  pourtour  de  petites  inégalités  dont  deux  plus  saillantes 
occupent  le  milieu.  Ces  aspérités  de  la  matière  osseuse  de  la  dent,  donnent 
un  aspect  raboteux  à  cette  cavité,  dont  le  rebord  antérieur  décrit  un  arc 
continu,  tandis  que  dans  le  rebord  postérieur  cet  arc  est  onduleux. 

»  Rien  de  semblable  à  cette  fossette  dentaire,  que  nous  retrouverons 
dans  les  dents  molaires  du  Mesolherium,  ne  se  rencontre  en  apparence  dans 
le  règne  animal  éteint  ou  vivant.  Or,  toutes  les  fois  qu'en  anatomie  compa- 
rée, et  particulièrement  en  paléontologie,  on  rencontre  une  forme  insolite 
et  étrange,  il  devient  utile  de  cherchera  la  ramener  à  la  forme  qui  lui  cor- 
respond dans  la  composition  ordinaire  des  parties.  C'est  ce  que  nous  allons 
essayer  de  faire. 

«  En  odontogénie,  on  remarque  que  la  couronne  des  incisives  se  détache 
du  bulbe  par  deux  lames  d'une  minceur  extrême,  lesquelles  se  réunissent 
sur  les  côtés,  laissant  entre  elles  et  en  haut  un  petit  intervalle  que  le  cément 
remplit  plus  tard.  Les  incisives  du  Cheval  sont  celles  cpii  m'ont  offert  ce 
mode  de  formation  de  la  manière  la  plus  claire.  Elle  est  manifeste  égale- 
ment chez  le  Lapin  ;  mais  la  petitesse  du  bulbe  en  rend  difficile  la  constata- 
tion. Il  suit  de  là  que,  chez  les  animaux  adultes,  les  incisives  sont  le  pro- 
duit de  deux  lames  en  forme  de  plaques,  appliquées  l'une  contre  l'autre  et 
séparées  par  une  couche  très-mince  de  cément.  De  ces  deux  lames,  l'une 


(  434  ) 
est  antérieure,  l'autre  postérieure,  et  sur  un  Castor  adulte  dont  j'ai  le  crâne 
sous  les  yeux,  elles  sont  nettement  séparées  par  un  sillon  très-accentué.  Du 
reste,  chez  le  Castor,  de  même  que  chez  la  plupart  des  Rongeurs,  la  lame 
antérieure  est  toujours  plus  émailiée  que  la  postérieure.  De  plus,  faisons 
remarquer  que,  chez  le  Castor,  la  lame  antérieure  se  distingue  de  la  posté- 
rieure par  une  couche  de  vernis  d'un  rouge  jaunâtre  foncé,  qui  ressemble  à 
une  plaque  d'acajou  étendue  sur  cette  face  de  la  dent.  Ce  vernis  rougeâtre 
qui  caractérise  la  lame  antérieure  de  l'incisive  des  Rongeurs,  se  remarque 
chez  Y Hydromys ,  le  Rai  d'eau,  la  Marmotte,  le  Rat-Taupe ,  le  Surmulot, 
l'Écureuil,  le  Polalouche,  le  Campagnol,  l'Ondatra,  YOlomys,  la  Gerbille,  le 
Mérion,  le  Haut  1er,  le  Loir,  le  Saccomys,  etc.,  dans  le  groupe  des  Acycloï- 
diens,  et  chez  le  Porc-Epic  d'Italie  et  du  Cap,  YUrson,  le  Paca,  l'Agouti,  le 
Mypootame,  le  Mara,  V  Echimjs,  le  Cercomys,  le  Clénomjs,  YsJbrocorne,  le 
Capromj's,  h;  Plagiostome,  le  Dactylomys,  YOctodon,  etc.,  parmi  le  groupe 
des  Rongeurs  cycloïdiens. 

«  Ajoutons  encore  que  chez  le  Toxodou,  la  lame  antérieure,  très-épaisse 
et  d'un  blanc  éburné,  se  sépare  nettement  de  la  postérieure,  très-épaisse 
aussi,  d'une  part  par  une  coloration  jaunâtre,  dans  toute  son  étendue,  qui 
contraste  avec  le  blanc  nacré  de  l'antérieure,  et  d'autre  part  par  une  suture 
très-distincte  qui  établit  la  distinction  des  deux  lames  d'une  extrémité  à 
l'autre.  Enfin,  ce  cpii  montre  avec  évidence  l'indépendance  de  ces  deux 
lames,  c'est  que  tantôt  la  lame  antérieure  nacrée  forme  seule  toute  la  partie 
antérieure  de  la  dent,  tandis  que,  de  son  côté  aussi,  la  lame  postérieure 
jaunâtre  compose  à  elle  seule  tout  le  cylindre  de  la  dent. 

»  Si  cette  distinction  des  deux  lames  des  incisives  n'avait  d'autre  objet 
que  d'établir  leur  composition,  nous  n'insisterions  pas  comme  nous  le  fai- 
sons sur  ce  point  d'os'éogénie  ;  mais  un  résultat  important  en  ressort  pour 
la  question  qui  nous  occupe,  de  l'inégalité  de  leur  développement.  Tantôt, 
en  effet,  ces  deux  lames  s'élèvent  à  la  même  hauteur  sur  le  rebord  de  la 
dent;  tantôt,  au  contraire,  la  lame  postérieure  s'arrête  dans  son  ascension 
à  une  distance  plus  ou  moins  grande  de  ce  rebord.  Dans  ce  dernier  cas,  qui 
est  le  plus  ordinaire  chez  les  Rongeurs,  l'intervalle  qui  sépare  les  (\v\i\ 
lames  présente  une  surface  oblique  légèrement  excavée  au  milieu;  surface 
que  les  anatomisles  ont  exprimée  en  disant  que  cette  extrémité  de  la  dent 
était  taillée  en  biseau.  D'après  ce  mécanisme  de  formation,  on  conçoit  que 
l'étendue  du  biseau  de  la  dent,  est  déterminée  par  le  degré  d'abaissement 
de  la  lame  postérieure  qui  en  forme  le  talon  :  abaissement  qui  lui-même 
n'est  qu'un  arrêt  de  développement  de  cette  lame.  Le  Castor,  la  Marmotte 


(  435  ) 
e!  le  Daman  offrent  les  divers  degrés  de  cette  taille  en  biseau, de  l'extrémité 
antérieure  des  incisives  des  Rongeurs. 

»  D'après  le  premier  cas,  au  contraire,  c'est-à-dire  lorsque  les  deux 
lames  également  développées,  s'élèvent  à  la  même  hauteur  du  rebord  de  l'ex- 
trémité de  la  dent,  la  taille  en  biseau  n'existe  plus,  mais  elle  est  remplacée 
par  un  sillon  transversal  qui  rappelle  l'excavation  médiane  du  biseau  et 
qui  est  d'autant  plus  profond  que  les  lames  sont  plus  écartées  et  moins 
épaisses.  Le  Cabiai,  le  Lièvre  et  le  Lapin  nous  offrent  des  exemples  remar- 
quables de  la  disposition  de  ce  sillon,  qui  n'est  lui-même  que  le  premier  de- 
gré de  la  fossette  que  nous  offrent  les  incisives  du  Mesolherium.  Mais  c'est 
surtout  sur  le  Cheval  ordinaire,  et  le  Dauvv,  que  cette  analogie  se  rapproche 
de  la  similitude.  Chez  ce  Pachyderme,  en  effet,  les  incisives  de  la  première 
dentition  présentent  aux  deux  mâchoires,  principalement  à  la  supérieure, 
une  fossetle  profonde  et  transversale,  dont  les  contours  sont  exactement  la 
reproduction  de  ceux  de  notre  animal  fossile.  C'est  aussi  d'après  ce  carac- 
tère, que  dans  notre  Rapport  sur  la  collection  Seguin  en  1857,  nous  avons 
dit  que  le  Mesolherium  ressemblait  à  un  très-petit  Cheval. 

»  Mais  si  ce  caractère  peut  servir  de  trait  d'union  de  ce  fossile  aux  Pa- 
chydermes, d'un  autre  côlé  le  double  cylindre  qui  paraît  composer  ses  in- 
cisives, le  ramène  jusqu'à  un  certain  point  vers  les  Rongeurs. 

»  Les  incisives  du  Mesolherium  ne  sont  pas  en  effet  des  dents  simples, 
elles  sont  visiblement  formées  par  l'union  intime  ou  la  fusion  de  deux  cy- 
lindres dentaires  associés,  cylindres  dont  les  petites  incisives  et  les  prémo- 
laires peuvent  nous  donner  l'idée.  La  description  que  nous  avons  faite  de 
la  surface  extérieure  des  incisives  du  Mesolherium  cristalum,  n'offre  que  de 
faibles  traces  de  cette  composition,  mais  elle  est  si  manifeste  sur  deux  dents 
isolées  appartenant  à  d'autres  espèces,  que  nul  doute  ne  peut  subsister  à  cet 
égard.  Dans  la  première,  que  sa  forme  très-convexe  me  fait  regarder  comme 
une  incisive  supérieure,  les  faces  antérieure  et  postérieure,  indépendamment 
des  stries  longitudinales,  présentent  un  sillon  si  accentué  dans  toute  la  lon- 
gueur de  la  dent,  qu'il  me  paraît  l'indice  de  la  réunion  des  deux  cylindres 
primitifs.  Cette  opinion  est  confirmée  par  l'examen  de  l'extrémité  inférieure 
de  la  dent  dont  la  cavité,  qui  loge  le  bulbe,  est  divisée  en  deux  par  un  rppli 
de  la  lame  interne  du  cylindre.  Cette  dent,  par  sa  brièveté  et  sa  coloralion, 
me  semble  devoir  être  rapportée  au  Mesolherium  perjoralum. 

»  La  seconde,  à  peine  convexe,  ce  qui  dénote  une  incisive  inférieure,  est 
plus  significative  encore  sous  ce  rapport,  car,  d'une  part,  le  sillon  de  sépa- 
ration est  plus  marqué  sur  les  deux  faces  de  la  dent,  et,  d'autre  part,  il 


(  436  ) 
existe  à  l'extrémité  inférieure  et  bulbaire  deux  ouvertures  distinctes  ;  chaque 
cylindre  a  sa  cavité  indépendante,  son  ouverture  isolée,  de  sorte  que  les 
deux  éléments  dentaires,  sont  simplement  adossés  l'un  à  l'autre.  Cette  dent 
appartenait  peut-être  à  une  troisième  espèce,  le  Mesotlterium  planum. 

»  La  composition  des  incisives  des  Rongeurs  paraît  soumise  à  la  même 
règle.  Le  sillon  de  séparation  des  deux  cylindres  dentaires,  est  très-marqué 
chez  la  Gerboise,  la  Gerbille,  chez  plusieurs  espèces  d'Ecureuils,  chezl'O/o- 
mys,  le  Saccomys,  le  Pseudostome,  etc.  ;  il  est  même  double  chez  ['Ulacode, 
mais  c'est  particulièrement  chez  le  Lièvre,  le  Lapin  et  le  Cabiai  que  ce  sillon 
est  le  plus  tranché;  chez  le  dernier,  les  indices  des  deux  cylindres  sont 
même  très-apparents  dans  l'extrémité  antérieure. 

»  Le  mécanisme  de  la  formation  de  ces  dents  composées  ou  complexes 
nous  est  donné  par  le  développement  de  l'os  canon  des  Ruminants.  Il  y  a 
chez  le  fœtus,  et  quelque  temps  même  après  la  naissance,  deux  os  canons 
très-distincts,  très-isolês,  lesquels,  par  la  marche  des  développements,  se 
résolvent  dans  l'os  unique  que  nous  observons  chez  l'animal  adulte.  On 
suit  même  pas  à  pas  la  marche  de  cette  fusion.  D'abord  les  deux  os  ca- 
nons sont  amenés  au  contact;  puis  la  surface  par  laquelle  ils  se  touchent 
se  détruit  et  disparaît  peu  à  peu,  enfin  les  deux  cylindres  osseux  ne  font 
plus  qu'un  seul  os,  et  leur  pénétration  est  si  intime,  que  les  traces  de  leur 
fusion  sont  à  la  fin  complètement  effacées.  Il  en  est  de  même  de  l'os  de 
l'avant-bras  et  de  la  jambe  chez  les  Batraciens.  Il  en  est  de  même  aussi, 
en  tératologie,  de  tous  les  organes  complexes  que  la  duplicité  monstrueuse 
présente  à  notre  observation. 

»  Ce  fait  de  la  complexité  des  dents  incisives  du  Mesotherium,  et  de  leur 
formation  par  l'association  intime  de  deux  cylindres  dentaires,  est  porté  au 
dernier  degré  d'évidence  par  l'examen  de  la  composition  des  dents  mo- 
laires du  Toxodon.  Chez  cet  animal  fossile,  presque  aussi  singulier  que  le 
Mesotherium,  on  trouve,  à  la  face  concave  d'une  molaire  supérieure  que  j'ai 
sous  les  yeux,  cinq  cylindres  dentaires  parfaitement  distincts,  non-seule- 
ment par  les  sillons  profonds  qui  les  séparent,  mais,  de  plus,  parla  diffé- 
rence de  leur  coloration.  Trois  d'entre  eux  sont  d'un  blanc  mat  et  nacré; 
les  deux  autres,  intercalés  entre  les  précédents,  sont  d'un  jaune  fauve.  Dans 
la  molaire  inférieure  presque  droite,  je  ne  remarque  à  la  face  antérieure  que 
deux  cylindres  d'un  blanc  nacré,  dont  l'un  a  deux  fois  la  largeur  de  l'autre; 
mais,  à  la  face  postérieure,  il  en  existe  quatre  plus  distincts  encore  que 
dans  la  dent  précédente.  Les  deux  du  milieu  sont  d'un  blanc  brillant,  les 
deux  latéraux  d'un  jaune  fauve  très-léger.  A  l'extrémité  bulbaire,  le  feston- 


(  437  ) 
nement  des   lames   circonscrit  nettement    la   démarcation  de  l'ouverture 
de  chaque  cylindre. 

»  Cette  composition  des  dents  du  Toxodon  présente  le  fait  de  la  com- 
plexité organique  porté  au  maximum  de  son  développement,  et,  pour  se 
rendre  compte  du  résultat  de  la  combinaisan  des  éléments  constitutifs,  il 
faut  avoir  recours  à  la  loi  de  la  formation  des  cristaux  composés  de  noire 
illustre  Haùy. 

»  Dans  le  prochain  Mémoire,  nous  appliquerons  les  données  qui  précè- 
dent, à  l'examen  des  dents  molaires  du  Mesolherium.  » 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Réponse  à  la  communication  deM.  Faugère,  de  ce 

jour;  par  M.  Ciiasi.es  (i). 

«  I.  La  première  partie  de  la  communication  de  l'honorable  M.  Fau- 
gère roule  sur  le  Ms.  des  Pensées  de  Pascal,  existant  à  la  Bibliothèque  im- 
périale, et  auquel  il  suppose  que  je  ne  veux  pas  avoir  égard. 

»  Je  ne  récuse  nullement  la  comparaison  de  mes  documents  avec  ce  Ms. 

«  Loin  de  là,  j'ai  été  examiner  le  Ms.,  et  je  me  suis  exprimé  très-nette- 
ment dans  ma  communication  du  i&  août;  j'ai  dit  que  mes  documents, 
dans  leur  ensemble,  avaient  un  aspect  général  beaucoup  plus  ressemblant 
à  l'écriture  illisible  du  Ms.,  que  les  deux  lignes  de  l'écriture  magnifiquement 
belle  dont  M.  Faugère  a  donné  un  fac-similé. 

»  Que  M.  Faugère  veuille  bien  que  nous  nous  rendions  ensemble  à  la 
Bibliothèque  impériale;  je  prierai  ceux  de  nos  confrères  auxquels  cette 
discussion  offre  quelque  intérêt,  de  s'y  trouver;  M.  Faugèrey  amènera  telles 
personnes  qu'il  voudra,  et  nous  examinerons  ensemble  le  Ms.  et  mes  do- 
cuments, et  aussi,  bien  entendu,  ceux  que  M.  Faugère  leur  oppose.  Nous 
nous  éclairerons  mutuellement. 

»  II.  M.  Faugère  dit  qu'il  a  mis  sous  les  yeux  de  la  Commission  un 
cahier  tout  entier  de  la  main  de  Mme  Perrier. 

«  Je  ne  doute  nullement  que  ce  cahier  se  soit  trouvé  parmi  les  livres  et 
documents  apportes  par  M.  Faugère  ;  mais  le  fait  est  que  nous  n'avons  point 
eu  le  temps  d'examiner  ces  documents  et  de  les  comparer  avec  les  Lettres 
de  Pascal  et  de  ses  deux  sœurs,  que  je  me  suis  peut-être  un  peu  trop  em- 
pressé de  faite  passer  sous  les  yeux  de  la  Commission  et  de  M.  Faugère.  Si  la 

(i)  On  trouvera  à  la  Correspondance,  |>.  {55,  la  Lettre  de  M.  Faugère  dont  M.  le  Secré- 
taire perpétuel  avait  donné  lecture. 

C.  1'..,     -17,  ae  Semestre.  (T.  LXV,  N°  H.)  5y 


(  438  ) 
comparaison  de  ces  Lettres  avec  le  cahier  en  question  eût  eu  lieu,  et  qu'il 
y  eût  eu  dissemblance,  j'aurais  demandé  à  M.  Faugère,  on  le  conçoit,  de 
prouver  l'authenticité  du  cahier. 

<•  III.  Il  suffit,  ajoute  M.  Faugère,  de  rapprocher  l'une  de  l'antre  les  trois 
»  écritures  prétendues  de  Pascal  et  de  ses  deux  sœurs  pour  reconnaître 
»   que  c'est  la  même  main  qui  les  a  tracées.   >• 

»  C'est  ici  une  simple  appréciation  à  laquelle  j'oppose,  avec  une 
pleine  confiance,  une  opinion  toute  contraire.  Je  crois  que  l'écriture 
de  Jacqueline  Pascal,  notamment,  diffère  absolument  de  l'écriture  de 
toutes  nies  Lettres  de  Pascal,  et  que,  si  l'on  croit  apercevoir  entre  l'écriture 
de  Mme  Perrier  et  celle  de  quelques-unes  des  Lettres  de  Pascal  certains 
traits  de  famille,  ce  qui  n'aurait  rien  d'étonnant,  puisque,  à  une  année  de 
distance  d'âge,  ils  ont  pu  avoir  le  même  maître,  il  y  a  néanmoins  une  dif- 
férence très-marquée  entre  les  Lettres  deMme  Perrier  et  le  plus  grand  nombre 
de  celles  de  Pascal. 

»  IV.  M.  Faugère  cite  un  nouveau  passage  de  Pascal  tendant  à  prouver 
qu'il  ne  reconnaissait  pas  le  mouvement  de  la  Terre.  Voici  ce  passage  : 

«  Comme  une  même  cause  peut  produire  plusieurs  effets  différents,  un 
»  même  effet  peut  être  produit  par  plusieurs  causes  différentes.  C'est  ainsi 
»  que,  quand  on  discourt  humainement  du  mouvement  ou  de  in  stabilité  de 
»  la  Terre,  tous  les  phénomènes  du  mouvement  et  des  rétrogradations  des 
»  planètes  s'ensuivent  parfaitement  des  hypothèses  de  Ptolémée,  deTycho, 
»  de  Copernic  et  de  beaucoup  d'autres  qu'on  peut  faire,  de  toutes  les- 
»  quelles  une  seule  peut  être  véritable.  Mais  uni  osera  faire  un  si  tjrand  dis- 
»  cernement,  et  qui  pourra,  sans  danqer  d'erreur,  soustraire  l'une  au  préju- 
»   dice  des  autres?  » 

»  N'est-il  pas  évident,  ajoute  M.  Faugère,  que  Pascal  ne  regardait  pas 
»  comme  démontré  le  mouvement  de  la  Terre?  » 

«  Ce  qui  est  évident,  à  mon  sens,  c'est  que  Pascal  ne  regardait  pas 
comme  des  preuves  les  considérations  que  le  tribunal  de  l'Inquisition  avait 
invoquées  pour  condamner  Galilée.  Voilà  ce  qui  me  paraît  ressortir  évi- 
demment du  passage  cité. 

»  Ce  passage  implique,  certainement,  un  blâme  de  la  condamnation  de 
Galilée,  comme  je  l'ai  dit  du  premier  passage  pris  de  la  XVIIIe  Provinciale. 

»  Ce  blâme,  je  le  retrouve  encore,  implicitement  exprimé,  dans  une  des 
Notes  de  Pascal,  que  voici  : 

Ce  fut  en  i(>33  que  Galilée  fui  condamné   par  l'Inquisition  pour  avoir  enseigné  le  mou- 


(  439  ) 

vement  de  la  Terre.  Il  y  avait  alors  quatre  ans  que  M.  Descartes  avoit  commencé  ses  tra- 
vaux. S'il  les  eust  abandonnés,  l'esprit  humain  seroit  resté  dans  ses  cliaisnes  peut-être  encore 
long  temps.  Pascal. 

»  On  reconnaît  dans  ces  paroles  la  grande  estime  de  Pascal  pour  Des- 
cartes. Elles  n'affaiblissent  la  gloire  ni  de  l'un  ni  de  l'autre. 

»  Pascal  dit  qu'on  peut  faire  beaucoup  d'autres  systèmes  différents  de 
ceux  de  Ptolémée,  de  Tycho  et  de  Copernic. 

»  Effectivement,  il  en  avait  fait  un  lui-même,  admettant  le  mouvement 
de  la  Terre,  qu'il  a  communiqué  à  Descartes  dans  une  Lettre  de  1646,  dont 
voici  un  passage  : 

Par  cette  Lettre  je  veux  vous  proposer  une  hypothèse  du  mouvement  de  la  Terre,  diffé- 
rente de  celle  de  Copernic.  Elle  consiste  à  mettre  les  pooles  de  l'équateur  dans  une  situa- 
tion droite,  à  la  place  de  ceux  de  l'écliptique;  en  sorte  que  le  cercle  variable  du  jour  com- 
prenne alternativement  chaque  poole  dans  l'hémisphère  éclairé  :  le  cercle  du  jour  estant 
immobile,  les  pooles  de  l'équateur  passent  alternativement  dans  l'hémisphère  qui  voit  le 
Soleil.  La  révolution  diurne  de  la  Terre  décrit  un  parallèle,  de  mesme  que  le  Soleil  dans  le 
système  de  Tycho;  et  on  n'a  pas  besoin  d'un  mouvement  de  plus  du  globe  terrestre  d'orient 
en  occident,  introduit  par  Copernic...  J'attens  sur  cette  nouvelle  hypothèse,  plus  simple 
que  celle  de  Copernic,  vostre  décision. 

»  Si  Pascal  évite  de  traiter  formellement  la  question  du  mouvement  de 
la  Terre,  ainsi  qu'a  fait  Descartes  lui-même,  bien  qu'il  l'admît  dans  son 
système  des  tourbiiions,  c'est  qu'indépendamment  de  la  condamnation  de 
Galilée,  il  existait  une  circulaire  de  la  cour  de  Rome  recommandant  de 
ne  point  s'occuper  de  la  question,,  dans  un  sens  ni  dans  l'autre. 

»  C'est  pour  cela  que  le  P.  Mersenne  qui,  dans  sou  livre  intitulé  :  Les 
questions  tliéologigues,  physiques,  morales  et  matltéinatiques,  etc.,  Paris,  i634, 
avait  consacré  quatre  chapitres  à  la  question  du  mouvement  de  la  Terre, 
et  où  se  trouvait  une  analyse  des  Dialogues  de  Galilée,  a  dû  remplacer 
trois  de  ces  chapitres  par  d'autres  sujets,  et  faire  des  cartons  (1). 

»  Plus  tard,  l'Académie  del  Cimento  ayant  reconnu,  dans  ses  expériences 
sur  le  pendule,  une  déviation  rotatoire  du  plan  d'oscillation,  qui  était  un 
effet  évident  du  mouvement  de  la  Terre,  s'est  abstenue  d'émettre  même 


1  J'avais  communiqué,  il  y  a  une  vingtaine  d'années,  à  M.  Arago,  en  présence  de 
M.  de  Humboldt,  ce  fait,  constaté  par  trois  exemplaires  différents  du  livre  du  P.  Mersenne, 
l'un  contenant  le  texte  primitif;  le  second,  les  cartons;  et  le  troisième,  les  cartons  et  le 
texte  primitif.  L'illustre  Secrétaire  perpétuel  fit  passer  sous  les  yeux  de  l'Académie  les  trois 
volumes,  que  je  pourrais  encore  remettre  sous  les  yeux  de  nos  confrères. 

57.. 


(  44o  ) 

une  vue  quelconque  sur  ta  cause  de  cet  effet,  en  disant  simplement  entre 
parenthèses  «  quelle  qu'en  soit  la  cause  »   (r). 

»  Musschenbrock,  en  traduisant  en  latin,  en  1731,  les  Saggi  <H  naturali 
esperienze,  a  commenté  l'abstention  de  l'Académie  del  Cimento,  en  disant  : 
«  (Quelle  qu'en  soit  la  cause,  nous  ne  voulons  pas  la  chercher)  »  (2). 

»  Douze  ans  après,  le  marquis  Poleni,  dans  un  Mémoire  contenant  deux 
nouveaux  moyens  de  s'assurer  si  les  pendules  reçoivent  quelque  altération  par 
quelque  force  centrifuge,  lu  à  la  Société  Royale  de  Londres  le  Ier  février  :  7-13, 
dit  :  «  J'avertirai  que  dans  l'hypothèse  du  mouvement  de  la  Terre  le  pendule 
»  ne  décrit  pas,  dans  une  oscillation,  un  seul  et  même  arc  dans  un  même 
»  plan  que  le  centre.  Cependant,  comme  les  différences  qui  viennent  de  là 
»   ne  changent  rien  à  ma  démonstration,  il  suffit  de  les  avoir  indiquées.  » 

»  On  voit  donc  que,  encore  dans  le  premier  tiers  du  xviue  siècle  et  au 
delà,  on  s'abstenait  de  se  prononcer  sur  le  mouvement  de  la  Terre. 

«  Et  si,  en  iy43,  devant  la  Société  Royale  de  Londres,  Poleni  dit  simple- 
ment :  «  Dans  V hypothèse  du  mouvement  de  la  Terre  »,  peut-on  s'étonner 
que  Pascal  se  soit  exprime  de  même;  et  peut-on  en  conclure  qu'il  ne  re- 
connaissait pas  le  mouvement  de  la  Terre? 

»  V.  M.  Faugère  avait  avancé  qu'à  partir  de  la  fin  de  1 654  Pascal  ne 
regardait  plus  les  travaux  mathématiques  qu'avec  une  sorte  de  dédain.  J'ai 
dit  simplement  à  ce  sujet  :  «  M.  Faugère  oublie  que  c'est  en  j658  que 
>j  Pascal  a  provoqué  les  recherches  des  géomètres  sur  la  cyeloïde,  et  a  com- 
»   posé  lui-même  sou   admirable  Traité  des  propriétés  de  celte  courbe.   » 

»  M.  Faugère  réplique  :  «  Le  fait  est  exact,  mais  il  n'est  pas  exactement 
«    présenté.  » 

»  Et  pour  prouver  qu'i/  n'est  pas  exactement  présenté,  M.  Faugère  ajoute 
un  commentaire  du  fait,  imaginé  après  la  mort  de  Pascal  dans  la  société 
du  duc  de  Roannez,  à  savoir,  que  ce  beau  travail  sur  la  cyeloïde  avait  eu 
deux  causes  :  i°  un  mal  de  dents  auquel  Pascal  avait  voulu  faire  diversion, 

(1)  Saggi  tli  naturali  esperienze  Jatte  neW  Accademia  del  Cimento,  etc.  Firenze,  il>(>(i, 
in-P'  :  «  Ma  perché  l'ordinario  pendolo  a  un  sol  fiio  in  cjuella  sua  libertà  di  vagare 
a   (qualnnque  se  ne  sia  la  cagione |  insensibilmente  va  traviando  dalla  prima  sua  gita » 

Cet  ouvrage  a  eu  de  nombreuses  éditions  à  Florence,  Naples  et  Venise.  La  dernière  de 
Florence  est  de  184 .1.  Grand  in- j". 

(2)  Tentamina  experimentorum  naturalium  captorum  in  Academia  del  Cimento,  etc. 
Lligd.  Batav.,  1781,  in~4°  :  «  Quia  vero  pendulum  ordinarium  ex  uno  suspensuni  filo, 
»  libère  eundo  (quacunque  ex  causa  investigare  nolumus  )  insensibilité!'  déclinât  a  sua 
»   prima  via    .  .  .  .  » 


(  44"  ) 

et  2°  le  désir  de  faire  servir  cette  œuvre  mathématique  au  triomphe  de  la 
religion. 

»  Si  les  travaux  mathématiques  devaient  avoir  une  aussi  grande  utilité,  il 
semble  que  Pascal  n'aurait  pas  affecté  du  dédain  pour  ces  recherches  qui, 
du  reste,  avaient  été  la  passion  de  toute  sa  vie. 

»  Mais  Pascal  fait  connaître  lui-même  le  mobile  qui  l'a  porté  à  la  publi- 
cation de  ses  découvertes  sur  la  cycloïde;  et  c'est  là  ce  que  j'aurais  dit  si  le 
simple  fait  de  ses  beaux  travaux  ne  m'avait  pas  paru  suffisant  par  lui- 
même  pour  réfuter  l'assertion  de  M.  Faugère. 

»  Carcavi,  qui  cidtivait  les  mathématiques,  et  a  été  à  ce  titre  Membre 
de  l'Académie  des  Sciences  lors  de  son  établissement  en  1666,  était  lié 
avec  les  géomètres  de  l'époque,  Fermât,  Roberval,  Descartes,  Pascal.  Il  a 
été,  pendant  quelque  temps,  après  la  mort  du  P.  Mersenne,  le  correspondant 
de  Descartes;  mais  celui-ci  reconnut  que  ses  liaisons  avec  Roberval  ne  com- 
portaient guère  cette  correspondance  intime.  Ce  fut  Carcavi  qui,  frappé  de 
l'importance  des  beaux  et  nombreux  résultats  de  Pascal  concernant  la  cy- 
cloïde, l'engagea  à  les  produire  dans  l'intérêt  de  la  science,  et  particulière- 
ment de  la  méthode  naturelle  de  découvrir  et  de  démontrer;  pensant  que 
celte  méthode  avait  souvent  été  cachée  par  les  Anciens,  qui  s'étaient  plus 
attachés  à  étonner  qu'à  guider  dans  l'art  de  découvrir.  C'est  Pascal  lui- 
même  cpii  nous  fait  connaître  cette  intervention  active  de  Carcavi,  au  com- 
mencement de  son  Traité  de  la  cycloïde,  sous  le  titre  de  Lettre  de  M.  Dct- 

toiwitle  à  M.  de  Carcavi.  « Vous  verrez,  dit-il,  non-seulement  la  résolution 

»  de  ces  problèmes,  mais  encore  les  méthodes  dont  je  me  suis  servi  et  la 
»  manière  par  où  j  y  suis  arrivé.  C'est  ce  que  vous  m'avez  témoigné 
»  souhaiter  principalement,  et  sur  quoi  je  vous  ai  souvent  ouï  plaindre 
»  de  ce  que  les  Anciens  n'en  ont  pas  usé  de  même,  ne  nous  ayant  laissé 
»  que  les  seules  solutions,  sans  nous  instruire  des  voies  et  moyens  par  les- 
»  quels  ils  y  étoient  arrivés,  comme  s'ils  nous  eussent  envié  cette  connais- 
»  sance.  » 

»  Ainsi  l'on  voit  cpie  Carcavi,  qui  ne  s'occupait  que  des  choses  mathé- 
matiques, n'a  point  eu  en  vue  les  discussions  de  religion,  en  prenant  part 
à  la  publication  du  travail  de  son  ami. 

»  J'ajouterai  que  Pascal,  loin  d'avoir  du  dédain  pour  les  recherches 
mathématiques,  à  partir  de  la  fin  de  i654,  entretenait  correspondance,  à 
cette  époque  et  dans  les  années  suivantes,  avec  Wallis,  Boyle,  Hooke, 
Hobbes,  Huygens,  Mercator,  etc.,  sans  excepter  le  jeune  Newton,  à  qui 
il  adressait  une  longue  série  de  Lettres  et  de  Notes  sur  Descartes,  une  série 


(  442  ) 

de  Lettres  et  de  Notes  sur  l'histoire  des  Mathématiques  depuis  Thaïes  et 
Pythagore,  etc. 

«  Les  extraits  suivants  de  deux  Lettres  de  Barrow,  adressées  à  Pascal,  en 
font  foi  : 

Ce  8  mars.  —  A  mon  retour  à  Londres  (de  ses  voyages  en  Italie  et  en  Turquie)  je  me 
suis  informé  de  vous,  bien  entendu,  et  là  j'ai  appris  par  un  professeur  de  mes  amis  que  vous 
sembliez  avoir  abandonné  l'étude  des  scienees  exactes,  où  cependant  vous  excelliez  tant, 
pour  des  travaux  littéraires;  mais  que  cependant  et  de  temps  à  autre,  soit  par  habitude  ou 
récréation,  vous  reveniez  encore  à  vos  estudes  de  prédilection  C'est  pourquoi  il  m'a  pris  fan- 
taisie de  vous  escrire  et  de  soumettre  à  votre  discernement  quelques  problesmes  sur  lesquels 
je  désire  bien  avoir  votre  avis. 

Ce  a  juin  1661.  —  La  dernière  lettre  de  vous  m'a  fait  grand  plaisir.  Les  solutions  que 
vous  donnez  à  mes  problesmes  me  sont  agréables.  Mercy;  et  si  je  ne  eraignois  d'abuser  de 
vostre  complaisance  et  aussy  de  fatiguer  vous,  j'en  soumettrois  d'autres;  mais  je  m'en  abs- 
tiendray,  à  moins  que  m'y  autorisiez.  Le  jeune  Newton,  vostre  protège,  m'a  fait  connoistre 
vostre  dernière  lettre  et  m'a  donné  aussy  communication  des  Notes  et  obsenations  que  vous 
luy  avez  fait  part.  Ce  jeune  homme 

»  Voilà,  par  occasion,  une  nouvelle,  preuve  de  la  sollicitude  généreuse 
avec  laquelle  Pascal  a  dirigé  le  jeune  Newton  dans  la  carrière  des 
sciences. 

»  VI.  Au  sujet  des  documents  si  variés  et  si  nombreux  que  j'ai  dû  pro- 
duire, j'ai  dit  que  l'on  ne  peut  point  admettre  qu'un  seul  homme  ait  pu 
composer  une  si  grande  masse  d'écrits  et  de  correspondances  entre  les 
hommes  les  plus  éminents  dans  les  sciences,  les  lettres,  les  matières  phi- 
losophiques, théologiques,  etc.  Quelle  fécondité  d'imagination,  quelle  habi- 
leté une  œuvre  pareille  ne  supposerait-elle  pas? 

»  Cette  objection  est  sérieuse,  tout  le  monde  le  comprend.  Elle  méritait 
une  réponse  sérieuse  de  M.  Faugère.  Voici  sa  réponse  : 

«  Le  faussaire  a  fait  preuve,  en  effet,  d'une  extrême  habileté,  car  au  lieu 
»  de  débiter  en  détail  à  diverses  personnes  les  produits  de  sa  vaste  labri- 
»  cation,  ce  qui  aurait  fait  découvrir  la  fraude  presque  aussitôt,  il  a  eu  l'arl 
»   de  tout  vendre  à  la  fois  à  un  unique  acquéreur.    » 

»   Voilà  ce  que  mon  honorable  contradicteur  appelle  une,  réponse. 

»  Il  ajoute  :  «  Il  ne  serait  pas  impossible  que  ces  documents,  écrits  de 
»   la  même  main,  eussent  été  composés  par  plusieurs  personnes » 

»  Ainsi,  M.  Faugère  suppose  à  priori,  san.s  avoir  vu  aucun  de  ces  docu- 
menls,  qu'ils  peuvent  être  écrits  de  la  même  main. 

»  Il  ne  doute  pas,  assurément,  que  s'il  avait  voulu  prendre  la  peine  de 


(  443  ) 
faire  une  vérification,   je  me  serais  empressé  de  mettre  à  sa  disposition 
des  Lettres   de  Mariotte  ,  de  Malebranche  ,   de  Saint-Évremond  ,  de  La- 
bruyère,  etc.,  ainsi  que  j'ai  fait  des  Lettres  de  Pascal  et  de  ses  sœurs,  qu'il 
m'a  demandées. 

»  Ce  ne  peut  être  que  par  précipitation  et  inadvertance,  ce  me  semble, 
que  mon  savant  adversaire  a  émis  l'idée  que  tous  ces  documents  étaient 
de  la  même  main.  Mais  c'est  là  néanmoins  un  des  traits  caractéristiques  de 
cette  discussion. 

»  Quant  à  l'idée,  que  le  fabricateur  en  cbef  a  pu  employer  plusieurs  per- 
sonnes, géomètres,  littérateurs,  etc.,  pour  composer  ces  documents,  c'est 
une  idée  neuve  sur  laquelle  je  crois  inutile  de  m'arrêter. 

»  Je  terminerai  par  une  observation  bien  simple,  qui  devrait  être  agréée 
par  M.  Faugère,  et  mettre  fin  à  cette  discussion  trop  prolongée.  C'est  que  je 
publierai  les  documents  qu'il  affirme  être  indignes  du  grand  nom  de  Pas- 
cal. Les  juges  compétents  en  feront  justice,  et  mon  éminent  contradicteur 
sera  satisfait.  » 

MÉTÉOROLOGIE.   —   Réflexions  sur  l'histoire  du  baromètre  statique; 
par  le  P.  A.   Secchi. 

«  Dans  la  séance  du  a.6  août,  M.  Radau  a  présenté  à  l'Académie  (r)  une 
Note  contenant  des  détails  historiques  sur  le  baromètre  statique.  D'après 
cet  exposé  très -rapide,  on  serait  porté  à  croire  que  depuis  longtemps  Ma- 
guire  et  Magellan  avaient  inventé  tout  ce  qui  concerne  la  construction  du 
baromètre  à  balance  (nommé  par  Magellan  baromètre  statique),  instrument 
devenu  précieux  par  les  nombreuses  applications  qu'on  en  a  faites.  Il  serait 
inexplicable  que  des  appareils  si  utiles  pussent  être  alors  tombés  dans  l'ou- 
bli, pendant  que,  de  nos  jours,  ils  ont  reçu  tant  de  développement  et  ont 
acquis  une  si  grande  perfection,  depuis  la  première  réalisation  que  j'en 
ai  donnée  en  1857. 

»  J'ai  donc  voulu  examiner,  dans  les  sources  originales,  ces  prétendues 
découvertes  anciennes.  Je  suis  arrivé  aux  conséquences  suivantes  : 

»  i°  Ces  auteurs  n'ont  jamais  bien  compris  le  véritable  principe  d'ac- 
tion du  système  de  baromètres  statiques  qu'on  leur  attribue; 

»  1°  Ils  ont  proposé  des  constructions  pratiquement  impossibles  à  réa- 
liser, et  qu'ils  n'ont  jamais  réalisées  eux-mêmes; 

»  3°  Cette  impossibilité  justifie  l'oubli  dans  lequel  ces  instruments  étaient 
tombés. 


(1)   Comptes  rendus,  t.  LXV,  p.  36o. 


(  444  ) 

»  Entrons  dans  quelques  détails.  Dans  le  tome  IV  des  Transactions  de 
l'Académie  royale  d'Irlande,  Maguire  propose  de  faire  un  baromètre  flottant, 
composé  d'un  tube  de  verre  élargi  au  niveau  de  la  chambre  supérieure,  et 
portant  en  bas  un  morceau  de  bois  léger  complètement  plongé  dans  le  mer- 
cure, qui,  par  sa  légèreté,  puisse  soutenir  le  tube  flottant.  Le  tube  lui- 
même,  pour  qu'il  ne  chavire  pas,  est  retenu  par  un  anneau,  près  de  son 
milieu.  L'orifice  de  la  cuvette  est  plus  étroit  que  le  diamètre  du  bois, 
et  l'auteur  ne  dit  pas  comment  cet  agencement  peut  être  pratiquement 
réalisé. 

»  D'après  cette  description  et  d'après  sa  figure,  on  voit  que  le  système 
flotte  dans  \z  mercure  comme  un  aréomètre,  ou  plutôt  comme  une  balance 
de  Nicholson  :  le  système  est  donc  supporté  par  le  bois,  comme  il  le  serait 
par  un  fil  suspendu  à  une  balance  à  bras  égaux.  Le  flotteur  n'a  point  pour 
objet  de  changer  le  moment  statique  de  l'instrument,  puisqu'il  est  complè- 
tement plongé  :  par  suite,  l'instrument  rentre  dans  la  catégorie  des  instru- 
ments à  manchon,  dans  lesquels  le  diamètre  du  manchon  (constitué  ici  par 
l'épaisseur  du  tube  de  verre)  est  plus  petit  que  le  diamètre  de  la  chambre 
du  tube. 

»  Or,  par  cela  même,  la  réalisation  de  l'instrument  est  pratiquement  im- 
possible, l'équilibre  n'étant  stable  et  possible  qu'autant  que  le  manchon  a 
un  diamètre  plus  grand  que  la  chambre.  C'est  donc  là  un  appareil  idéal, 
qui  peut  être  réalisé  avec  succès  en  employant  un  tube  cylindrique, et  qu'on 
a  cru,  par  analogie,  réalisable  avec  un  tube  à  section  dilatée,  sans  s'aper- 
cevoir qu'on  introduisait  une  condition  qui  le  rendait  impossible. 

»  On  voit  que  cet  instrument  ne  peut  donc  être  cité  comme  un  instrument 
sérieux,  qui  aurait  précédé  les  modifications  qu'ont  fait  subir  à  mon  baro- 
mètre à  peson  MM.  King,  Armellini  et  Cecchi,  successivement,  indépendam- 
ment les  uns  des  autres,  et  d'après  l'indication  que  j'avais  donnée  moi-même 
de  l'utilité  du  flotteur.  Le  mérite  de  l'exécution  pratique  est  resté  au 
E.  P.  Cecchi,  dont  j'ai  adopté  en  partie  la  disposition  dans  le  météoro- 
graphe  de  l'Exposition,  sans  être  cependant  bien  convaincu  jusqu'ici  de 
la  supériorité  pratique  de  sou  système  sur  le  premier  que  j'ai  employé  à 
Rome.  En  effet,  si  la  construction  à  manchon  a  l'avantage  de  donner  uuc 
échelle  uniforme,  elle  a  le  désavantage  d'augmenter  le  frottement  et  de 
donner  naissance  à  une  poussée  latérale  qu'il  faut  neutraliser  mécanique- 
ment; pour  y  parvenir  avec  précision,  on  est  entraîné  à  de  grandes  dé- 
penses de  construction.  Au  contraire,  le  simple  baromètre  à  peson  est 
assez  exact,  il  ne  s'y  produit  presque  aucun  frottement,  et  l'emploi  d'une 


(  445  ) 
échelle  inégale  est  en  réalité  sans  inconvénient  dans  un  instrument  diffé- 
rentiel. Ce  sera  à  l'expérience  à  décider  entre  ces  avantages  relatifs. 

»  Dans  les  baromètres  statiques  modernes  à  flotteur,  le  cylindre,  en 
sortant  plus  ou  moins  du  bain  de  mercure,  constitue  l'élément  régulateur 
de  l'instrument,  ce  que  ne  pourrait  faire  le  flotteur  plongé  de  Maguire; 
si  ce  physicien  avait  réalisé  son  instrument,  il  aurait  découvert  son  erreur. 
L'impossibilité  de  construire  un  tel  appareil  devait  bien  en  amener  l'oubli 
complet. 

»  Arrivons  maintenant  à  Magellan,  auquel  on  attribue  le  mérite  d'avoir 
proposé  le  baromètre  à  balance,  avec  double  section  (et  par  là  il  aurait 
devancé  de  soixante-cinq  ans  mon  baromètre,  même  pour  la  météorogra- 
phie),  et  d'avoir  en  outre  proposé  un  météorographe  complet. 

»  Voyons  ce  qu'il  y  a  de  vrai  dans  tout  cela.  Magellan,  dans  son  long 
Mémoire  publié  dans  le  journal  de  Rozier  [Observations  sur  la  Physique, 
1782,  t.  XIX),  donne  la  description  du  baromètre  de  Morland  à  tube  cy- 
lindrique suspendu  à  deux  secteurs  de  roue  sur  un  tribomètre.  Les  bras  du 
levier  sont  égaux,  et  le  système  doit  être  balancé  dans  toutes  les  positions. 
Il  dit  que  ce  baromètre  double  l'indication  en  hauteur  par  le  mouvement 
du  tube,  et  il  s'étonne  qu'un  instrument  si  utile  ne  se  soit  pas  répandu,  que 
deux  exemplaires  seulement  aient  été  construits,  etc.  Pour  agrandir  les  indi- 
cations par  les  variations  d'un  poids  jilus  grand  de  mercure,  il  propose,  comme 
il  l'a  lait  pour  le  baromètre  de  Landriani,  d'élargir  la  section  supérieure 
de  la  chambre.  Cette  proposition  est  faite  simplement  comme  on  la  ferait 
pour  le  baromètre  à  siphon  ordinaire;  il  ne  se  doute  pas  de  l'effet  que  cette 
modification  aurait  eu,  savoir  de  rendre  son  instrument  impossible.  C'est 
sans  doute  pour  cela  qu'un  autre  auteur  après  lui  (M.  Minotto,  je  crois), 
qui  a  proposé  ce  baromètre  avec  la  chambre  supérieure  élargie,  a  aussi 
élargi  le  tube  à  sa  base,  pour  rendre  l'équilibre  possible  avec  le  levier  à 
bras  égaux  balancés. 

»  Le  projet  de  Magellan  n'est  donc  pas  plus  heureux  que  celui  de  Ma- 
guire, et  il  n'a  pas  fait  non  plus  l'expérience  qui  l'aurait  éclairé.  Du  reste, 
l'idée  d'élargir  la  chambre  avait  été  déjà  appliquée  dans  le  baromètre  à  ca- 
dran de  Hook,  pour  lequel  on  n'avait  pas  à  craindre  ce  qui  se  présente 
pour  les  baromètres  statiques.  Ainsi,  Magellan  n'a  pas  non  plus  de  droits 
sérieux  à  la  découverte  des  baromètres  à  balance  modernes. 

»  Cependant  il  est  juste  de  lui  laisser  ridée  d'un  météorographe.  Il 
avoue  du  reste  lui-même  que,  pour  des  instruments  spéciaux,  il  avait  eu 

C.  R.,  1S67,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  il.)  58 


(  446  ) 

bien  des  prédécesseurs.  Mais  il  résulte  de  sa  propre  description  qu'il  n'a 
lien  exécuté.  Les  moyens  qu'il  propose  pour  les  enregistrements  ne  sont 
pas  plus  heureux.  11  propose  le  baromètre  statique;  mais,  dans  la  construc- 
tion de  Morland,  la  force  motrice  n'était  pas  suffisante,  et  la  sienne  aurait 
échoué.  Tous  les  autres  moyens  d'enregistrement  sont  si  faibles,  qu'il  re- 
nonce à  un  enregistrement  continu,  et  se  borne  à  faire  des  enregistrements 
par  points,  toutes  les  heures  ou  tous  les  quarts  d'heure.  En  cela,  il  devance 
plusieurs  auteurs  modernes  :  il  fait  même  mieux  qu'eux,  car  il  obtient  ces 
points  mécaniquement,  sans  employer  les  forces  électriques  qui  compli- 
quent inutilement  les  machines  lorsqu'on  ne  leur  fait  exécuter  que  ce 
travail. 

»  Mais,  pour  réaliser  un  bon  instrument  enregistreur,  il  ne  suffit  pas 
d'en  indiquer  le  projet,  il  faut  arrivera  l'exécution  pratique,  et  les  éléments 
principaux  qu'on  doit  avoir  en  vue,  selon  moi,  sont  les  suivants  : 

»  i°  Obtenir  sur  le  papier  des  résultats  qui  puissent  être  mis  en  circu- 
lation parmi  les  météorologistes  sans  mutin  travail  additionnel  de  la  part  de 
l'observateur. 

«  2°  Faire  un  instrument  tel,  qu'il  place  les  phénomènes  vis-à-vis  l'un  de 
l'autre  pour  en  manifester  la  liaison; 

»  3°  Donner  à  l'instrument  une  place  commode  par  rapport  à  celui  qui 
doit  l'observer,  sans  cependant  compromettre  les  résultats  par  un  mauvais 
emplacement  des  appareils  eux-mêmes. 

»  Or,  tous  les  appareils  imaginés  jusqu'ici  m'ont  paru  laisser  beaucoup 
à  désirer  sous  ces  divers  rapports.  Les  enregistreurs  qui  marquent  tous  les 
phénomènes  sur  des  feuilles  séparées  exigent  une  nouvelle  rédaction  avant 
la  publication;  pour  plusieurs  d'entre  eux.  il  faut  que  les  éléments  soient 
péniblement  réunis,  pour  faire  ressortir  la  loi  des  phénomènes.  Tels  sont 
par  exemple  l'anémomètre  d'Osier,  les  indications  photographiques,  etc. 

»  Ces  instruments  manquent  encore  de  la  comparaison  directe,  capable 
de  faire  ressortir  les  liaisons  des  phénomènes  entre  eux,  liaisons  qui  ne 
peuvent  être  établies  que  par  une  nouvelle  opération,  toujours  laborieuse. 

»  En  général  la  plus  grande  partie  des  instruments  demande  encore 
il  être  placée  dans  des  lieux  isolés,  très-élevés  et  d'un  accès  difficile,  ce  qui 
a  les  graves  inconvénients  :  i°  qu'on  n'y  peut  suivre  la  marche  des  phéno- 
mènes dans  les  moments  les  plus  intéressants;  2°  qu'ils  sont  souvent  ou- 
bliés et  soustraits  de  la  surveillance  nécessaire. 

»  C'est  pour  cela  que  je  mè  suis  astreint  à  la  nécessité  ingrate  et  dispen- 
dieuse  de   créer    un  instrument  qui    réunisse  les   avantages  indiqués.  La 


(  447  ) 
forme  de  mes  tableaux  décadiques  est   telle,  qu'elle  peut  être  livrée  à  la 
publicité  sans  autre  opération  que  le  calque  lithographique,  si  on  en  veut 
conserver  les  dimensions;  si  on  veut  les  réduire,  comme  on  le  fait  au  Col- 
lège romain,  on  n'a  qu'à  employer  un  pantographe  ordinaire. 

»  L'électricité  nous  offre  un  moyen  de  transporter  toutes  les  indications 
où  nous  voulons,  et,  sons  ce  rapport,  le  météorographe  romain  a  subi 
une  sérieuse  épreuve  à  l'Exposition,  où  tous  les  autres  appareils  sont  res- 
tés sans  activité,  sauf  un  seul,  situé  dans  le  parc,  et  placé  justement  clans 
des  conditions  qu'on  peut  difficilement  obtenir  dans  l'intérieur  des  villes, 
et  encore  ces  conditions  sont-elles  bien  imparfaites. 

»  Si  les  météorologistes  se  décidaient  à  publier  les  résultats  par  des 
courbes,  on  aurait  le  grand  avantage,  non-seulement  de  voir  d'un  coup 
d'œil  les  phénomènes  et  leur  marche  selon  les  localités,  mais  encore  d'éli- 
miner, pour  les  différents  pays,  les  difficultés  des  différences  d'échelles  qui 
sont  un  obstacle  sérieux  au  progrès  de  la  météorologie. 

»  Sera-t-il  possible  d'ailleurs  d'obtenir  un  tel  accord  entre  les  météoro- 
logistes? Ceux  qui  ne  se  sont  pu  accorder  ni  sur  les  heures  d'observations, 
ni  sur  l'adoption  d'une  échelle  unique,  s'accorderont-ils  à  adopter  un  sys- 
tème identique  d'enregistreurs?  Comment  éliminer  tous  les  amours-propres 
des  inventeurs,  la  question  d'argent  pour  les  constructeurs,  l'habitude 
des  vieux  instruments  ?  J'avoue  que  le  passé  n'est  pas  ici  encourageant 
pour  l'avenir.  Cependant  j'aurais  quelques  raisons  de  l'espérer,  après  les 
bonnes  dispositions  que  j'ai  trouvées  dans  un  très-grand  nombre  de  savants 
et  de  professeurs.  Quant  à  moi,  je  sacrifierais  bien  volontiers  mes  propres 
inventions  pour  adopter  celles  des  autres,  comme  j'ai  déjà  fait  dans 
quelques  cas,  lorsque  je  les  ai  jugées   meilleures. 

»  Tout  le  monde  est  convaincu  aujourd'hui  qu'en  continuant  dans  la 
voie  actuelle  les  observations  resteront  stériles,  si  même  le  temps  qu'on 
y  consacre  n'est  pas  complètement  perdu.  Il  faut  donc  songer  à  une 
réforme  telle  que,  en  nous  mettant  d'accord,  nous  puissions  faire  marcher 
la  science. 

»  En  résumé,  tout  en  laissant  de  côté  des  inventions  qu'ils  n'ont 
jamais  faites,  nos  ancêtres  nous  ont  donné  l'exemple  assez  bon  de  chercher 
à  enregistrer  tous  les  phénomènes  météorologiques  par  des  méthodes  gra- 
phiques; nous  les  devons  suivre  dans  cette  voie,  en  employant  tous  les 
moyens  que  la  science  moderne  met  à  notre  disposition,  et  arriver  à  un 
système  uniforme  d'échelles  et  d'enregistrement,  susceptible  d'une  rapide 

communication  avec  un  minimum  de  travail. 

58.. 


(  448  ) 

»  Quant  à  la  théorie  de  M.  Badau,  je  n'ai  pas  eu  le  temps  de  l'exami- 
ner ;  mais  sa  première  formule  est  erronée.  En  effet,  lorsque  la  pression 
croît  de  m  millimètres,  la  quantité  de  mercure  augmente  dans  la  chambre 
de  mC,  en  désignant  par  C  sa  section.  Mais  comme,  par  cette  addition  de 
poids,  le  tube  descend  d'une  quantité/;,  il  y  a  substitution  d'une  section 
large  de  la  chambre  à  la  section  plus  étroite  du  tube  qui  était  déjà  en 
place;  la  valeur  du  volume  est  donc  p(C  — T),  en  appelant  T  la  section 
du  tube.  Ces  volumes  ont  un  poids  qui  doit  être  balancé  par  le  poids  du 
volume  de  mercure  expulsé  par  le  flotteur;  en  appelant  B  sa  section  annu- 
laire pleine,  son   volume  est  pB,  et  l'équation  véritable  de  l'équilibre  est 

pB  =  mC+  p(C  — T); 

le  terme  pT  n'est  pas  négligeable  dans  les  météorographes  ordinaires,  et 
modifie  l'équation  pour  les  tubes  cylindriques. 

»  Dans  le  tube  cylindrique,  C  =  T,  et  l'augmentation  de  l'indication  sur 

l'échelle  pourra  avoir  lieu  ou  non,  selon  que  C>  ou  <B;  car  p  =  - — 

B 

C'est  ce  qui  est  confirmé  par  l'expérience  (*).  » 

chimie  organique.—  Sur  une  nouvelle  série  d'homologues  de  V  acide  cyanhy- 
drique.  Troisième  Lettre  de  M.  A.-W.  Hofmaxn  à  M.  Dumas. 

«  Les  nouveaux  cyanures  formés  par  l'action  du  chloroforme  sur  les 
monamimes  primaires,  que  j'ai  fait  connaître  dans  deux  communications 
précédentes,  tout  en  se  distinguant  des  nitriles  d'une  manière  bien  carac- 
téristique, offrent,  néanmoins,  une  grande  analogie  avec  ces  derniers  corps. 
Cette  analogie  se  manifeste  surtout  dans  la  transformation  que  les  deux 
groupes  de  combinaisons  subissent  sous  l'influence  de  l'eau.  La  transfor- 
mation similaire  des  deux  séries  devait  nécessairement  conduire  à  l'idée  de 
préparer  les  cyanures  par  le  procédé  qui  fournit  les  nitriles.  Si  la  méthode 
générale  dont  vous  avez  doté  la  science  nous  permet  de  reproduire  le 
capranitrile,  qui,  sous  l'influence  de  l'eau,  se  scinde  en  acide  caproïque  el 
en  ammoniaque,  par  la  déshydratation  du  caproate  d'ainmoniaque  au 
moyeu  de  l'acide  phosphorique  anhydre,  ne  pouvait-; m  pas  espérer  qu'en 
soumettant  à  un  traitement  semblable  le  formiate  d'amy'amiue  on  engen- 
drerait le  cyanure  d'amyle,  dont  la  décomposition   par  l'eau,  à  son  tour, 

(*)  Je  trois  devoir  avertir  ici  que,  dans  la  description  que  M.  Radau  a  donnée  de  mon 
instrument  dans  le  Moniteur  scientifique,  se  sont  glissées  plusieurs  inexactitudes  de  fait  que 
j'ai  indiquées  à  l'auteur  et  que,  j'espère,  il  voudra  bien  corriger. 


=  aTPO  +  CMf'N. 


(  449  ) 
donne  naissance  à  l'acide  formiqne  et  à  l'amylaniine?  En  effectuant  la  pro- 
duction du  cyanure  d'amyle  par  déshydratation,  on  aurait  acquis  la  base 
d'une  conception  plus  générale  des  cyanures  et  des  nitriles.  En  effet,  le 
cyanure  d'amyle  et  le  capronitrile  se  présentaient  désormais  comme  les 
anneaux  extrêmes  d'une  chaîne  d'isomères,  entre  lesquels  toute  une  série 
de  termes  intermédiaires  venaient  d'apparaître.  Ces  termes  intermédiaires 
devaient  se  produire  par  la  déshydratation  de  l'acétate  de  butylamine,  du 
propionate  de  propylamine,  du  butyrate  d'éthylamine,  et  du  valérate  de 
métliy lamine  : 

C  H2  02  +  C5H,3N 

C2R4   Qa  +  C4HnN 

C3H0     Q2    +C3H9     N 

CH8  O2  -f-C2H'  N, 
C5H,0O2  +  C  H5  N  1 
C6H,202  -+-      H3  n] 

s  Je  n'ai  pas  encore  réussi  à  réaliser  la  production  de  ces  corps  intermé- 
diaires. L'acide  phosphorique  anhydre,  qui  attaque  les  sels  ammoniacaux 
avec  une  précision  parfaite,  provoque  des  altérations  plus  profondes  en 
réagissant  sur  les  sels  des  monamines  primaires.  Probablement  l'expé- 
rience serait  plus  heureuse  si  on  employait,  au  lieu  des  sels  des  mona- 
mines primaires,  les  monaminamides  correspondants. 

»  Quoi  qu'il  en  soif,  l'action  du  chloroforme  sur  les  monamines  pri- 
maires est  loin  d'être  le  seul  moyen  d'engendrer  les  nouveaux  cyanures. 
En  jetant  un  coup  d'œil  sur  les  travaux  faits  dans  la  série  des  corps 
cyanhydriques,  on  s'aperçoit  que  les  chimistes  qui  nous  les  ont  fait  con- 
naître ont  aussi  entre  les  mains  les  cyanures  isomères  que  j'ai  signalés. 

»  En  effet,  tous  ceux  qui  ont  distillé  des  mélanges  de  sulfométhylate,  stilf- 
éthylateet  sulfamylate  de  potassium  avec  le  cyanure  du  même  métal  doivent 
se  rappeler  l'odeur  repoussante  que  possèdent  les  produits  de  la  distillation. 
L'odeur  ne  disparait  qu'au  fur  et  à  mesure  de  la  purification  des  produits, 
et  surtout  après  leur  traitement  à  l'acide  pour  enlever  l'ammoniaque,  et  à 
l'oxyde  de  mercure  pour  les  débarrasser  de  l'acide  cyanhydrîque.  Vous- 
même,  dans  les  recherches  publiées  conjointement  avec  MM.  Malaguti  et 
Le  Blanc,  vous  parlez  de  l'odeur  insupportable  que  présentent  les  corps 
cyanhydriques  obtenus  au  moyen  du  cyanure  de  potassium;  au  contraire 
les  produits  obtenus  par  la  déshydratation  des  sels  ammoniacaux,  au  moyen 
de  l'acide  phosphorique  anhydre,  sont  doués  d'une  odeur  aromatique 
très-agréable. 


(  45o  ) 

»  Dans  un  travail  fait  avec  mon  ami  M,  Buckton  sur  les  transformations 
des  amides  et  desnitriles  sous  l'influence  de  l'acide  sulfurique,  j'ai  eu  l'oc- 
casion de  préparer  à  plusieurs  reprises  l'acétonilrile  (cyanure  de  méthyle 
et  le  propionitrile  (cyanure  d'éthyle)  parla  distillation  d'un  sulfomélhylate 
ou  sulléthylate  avec  le  cyanure  de  potassium.  Dans  notre  Mémoire  nous 
mentionnons  des  corps  à  odeur  formidable,  qui  apparaissent  dans  ces 
réactions,  et  insistons  sur  les  efforts  que  nous  avons  faits  pour  les  isoler. 
Mais  comme  ils  ne  se  forment  qu'en  petite  quantité,  nous  renonçâmes  à 
les  séparer. 

»  M.  E.  Meyer(i),qui  s'est  également  occupé  du  cyanure  d'éthyle  et  qui 
s'est  servi  d'une  autre  méthode  de  préparation,  a  rencontré  les  mêmes 
corps.  En  faisant  réagir,  dans  un  tuhe  scellé  à  la  lampe,  l'iodure  d'éthyle 
sur  le  cyanure  d'argent,  il  obtenait,  avec  de  l'iodure  d'argent,  une  combi- 
naison peu  stable  de  cyanure  d'argent  et  de  cyanure  d'éthyle;  il  s'était 
formé  dans  la  même  réaction  un  liquide  d'une  odeur  redoutable.  Ce  der- 
nier, soumis  à  la  distillation,  a  présenté  les  caractères  d'un  mélange  dont 
il  a  été  impossible  d'isoler  un  produit  à  point  d'ébullition  constant.  En  le 
traitant  par  un  acide,  l'odeur  disparut  et  la  solution  renferma  de  l'éthvla- 
mine,  qui  fut  identifiée  par  l'analyse  du  sel  platinique.  Nous  avons  là  évi- 
demment les  caractères  des  cyanures  qui  se  forment  par  l'action  du  chloro- 
forme sur  les  monamines  primaires,  et  on  ne  peut  douter  que  M.  Meyer 
ait  eu  entre  les  mains  un  terme  de  la  série  des  cyanures  que  je  viens  d'étu- 
dier, soit  dans  la  combinaison  cyanargentique,  soit  dans  le  liquide  complexe 
dont  elle  était  accompagnée. 

»  Si  de  tels  résultats  n'ont  pas  attiré  davantage  l'attention  des  chimistes, 
c'est  parce  que  l'auteur  n'a  pas  pu  réussir  à  isoler  un  corps  défini,  et  à 
constater  le  produit  complémentaire  de  la  formation  de  l'éthylamine,  c'est- 
à-dire  l'acide  formique.  M.  Meyer,  du  reste,  dit  lui-même  que  son  travail 
est  resté  inachevé,  et  on  comprend  que  des  expériences,  d'ailleurs  exécu- 
tées avec  précision,  sont  tombées  dans  un  oubli  tel,  que  ni  lui  ni  aucun 
autre  chimiste  ne  les  ont  reprises  depuis  leur  publication. 

»  Par  l'examen  plus  approfondi  des  corps  engendrés  par  l'action  du 
chloroforme  sur  les  monamines  primaires,  ces  anciennes  expériences 
acquièrent  un  nouvel  intérêt,  et  il  m'a  paru,  pour  plus  d'une  raison,  qu'il 
était  désirable  de  les  étudier  de  nouveau,  en  mettant  à  profit  les  éclaircis- 
sements fournis  par  mon  dernier  travail. 

(i)  Journal  fur  prahlische  Chemie,  t.  LXVII,  p.  147- 


(  45.  ) 

»  Dans  ce  but,  j'ai  soumis  le  cyanure  d'argent  à  l'action  de  quelques 
iod tires  organiques. 

»  L'iodure  de  méthyle  et  d'éthyle  n'agissent  que  lentement  sur  le  cya- 
nure d'argent  à  la  température  ordinaire;  mais  la  réaction  a  lieu  à  la  tem- 
pérature de  l'eau  bouillante.  Après  une  digestion  de  dix  heures,  la  trans- 
formation est  complète.  Il  s'est  formé  une  matière  brune  solide  de  l'appa- 
rence du  paracyanogène,  ainsi  qu'une  couche  d'huile  jaunâtre  éminemment 
douée  de  l'odeur  des  isomères  des  nitriies. 

»  Comme  quelques  expériences  préliminaires  m'avaient  fait  entrevoir 
une  réaction  très-complexe  et  qu'il  m'aurait  été  difficile  de  me  procurer 
assez  de  matière  en  opérant  avec  des  tubes  fermés,  j'ai  répété  l'expérience 
dans  la  série  amylique,  en  supposant  que  le  point  d'ébullition  supérieur 
de  l'iodure  d'amyle  le  rendrait  plus  propre  à  l'attaque.  Mon  espoir,  du 
reste,  s'est  réalisé.  2  molécules  de  cyanure  d'argent  et  1  molécule  d'io- 
dure  d'amyle  réagissent  avec  une  violence  extrême  au  point  d'ébullition 
de  l'iodure  d'amyle;  aussi  est-il  convenable  d'opérer  sur  une  échelle  mo- 
dérée, en  se  garantissant  avec  soin  des  gaz  qui  s'échappent  et  qui  consistent 
en  volumes  égaux  d'acide  cyanhydrique  anhydre  et  d'amylène,  entraînant 
une  faible  quantité  de  cyanure  d'amyle.  J'ai  fait  l'expérience  dans  une 
cornue  s'adaptant  à  la  partie  inférieure  d'un  réfrigérant  dont  j'avais  mis 
la  partie  supérieure  en  communication  avec  une  série  de  flacons  laveurs. 
Dans  le  premier  se  condense  une  petite  quantité  de  cyanure  d'amyle;  le 
second  renferme  de  l'eau  destinée  à  retenir  l'acide  cyanhydrique;  le  troi- 
sième contient  de  l'eau  et  du  brome,  pour  transformer  Famylène  en  bro- 
mure. J'ai  pu  ainsi  en  recueillir  une  assez  grande  quantité  pendant  le  cours 
de  mes  recherches.  Après  une  heure  de  digestion,  la  réaction  est  terminée 
et  le  résidu  dans  la  cornue  consiste  en  une  masse  visqueuse  noirâtre,  qui 
devient  presque  solide  par  le  refroidissement;  c'est  un  mélange  d'iod tire 
d'argent  et  d'une  combinaison  de  cyanure  d'argent  avec  le  cyanure 
d'amyle.  La  réaction  a  donc  eu  lieu  selon  l'équation 

C5H"I  -f-  AgCN  =  Agi  +  AgÇN,  CSHHCN; 

îoduro  Cyanure  Combinaison 

d'amyle.  d'argent.  de  cyanure  d'argent 

avec  le  cyanure  d'amyle. 

mais  simultanément  une  certaine  quantité  du  cyanure  d'amyle  s'est  scindée 
en  amylène  et  acide  cyanhydrique  : 

C5HnCN  =  C5H'°  +  CHN. 

Cyanure  Amylène.  Aciile 

d'amyle.  cyanhydrique. 


(  452  ) 

«  Cette  action  secondaire  dépend  surtout  de  la  manière  dont  on  conduit 
l'opération;  elle  peut  donner  lieu  à  une  très-grande  perte,  si  la  réaction 
est  tumultueuse. 

»  Il  s'agissait  maintenant  de  séparer  le  cyanure  d'amyle  du  résidu  de 
la  cornue.  Jusqu'ici,  je  n'ai  pas  trouvé  d'autre  moyen  que  de  le  soumettre 
à  la  distillation  sèche.  Dans  cette  opération,  il  se  dégage  encore  de  l'acide 
cyanbydrique  et  de  l'amylène,  et  il  distille  un  liquide  qui ,  à  la  rectification, 
bout  entre  5o  et  200  degrés.  Par  des  fractionnements,  on  a  reconnu  que 
la  première  partie  renfermait  encore  de  l'amylène,  tandis  que  les  derniers 
produits  étaient  devenus  inodores.  La  partie  intermédiaire,  rectifiée  à  plu- 
sieurs reprises,  a  fini  par  avoir  un  point  d'ébullition  constant  entre  1 35  et 
1 3^  degrés.  Le  liquide  distillé  à  cette  température  est  du  cyanure  d'amyle 
parfaitement  pur.  Il  possède  toutes  les  propriétés  que  j'ai  indiquées  dans 
ma  communication  précédente;  il  se  caractérise  surtout  par  son  odeur  et 
par  la  facilité  avec  laquelle,  sous  l'influence  de  l'acide  cblorbydrique,  il  se 
scinde  en  acide  formique  et  en  amylamine.  Quant  aux  produits  bouillant 
à  une  température  supérieure,  je  ne  les  ai  pas  encore  complètement  exa- 
minés; mais  tout  porte  à  croire  qu'ils  consistent,  en  partie  au  moins,  en 
capronitrile. 

»  Les  expériences  que  je  viens  de  décrire  démontrent  d'une  manière 
positive  que  les  mêmes  corps  peuvent  être  obtenus  et  par  l'action  du  chlo- 
roforme sur  les  monamines  primaires,  et  parle  traitement  du  cyanure  d'ar- 
gent parles  iodurcs  alcooliques.  Dans  le  dernier  procédé  il  se  forme  beau- 
coup de  produits  secondaires,  mais  par  une  étude  plus  approfondie  peut- 
être  arrivera-t-on  à  le  modifier  de  manière  à  en  diminuer  la  quantité. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  l'étude  de  l'action  des  iodures  alcooliques  sur  les 
sels  d'argent  demande  à  être  reprise,  et  il  est  très-  probable  qu'on  trouvera 
dans  quelques  cas  que  les  corps  qui  se  forment  ne  sont  que  des  isomères 
des  substances  engendrées  par  les  voies  ordinaires. 

»  Dans  des  recherches  spéciales  où  je  suis  engagé  en  ce  moment,  les 
observations  que  je  viens  de  faire  sont  d'un  intérêt  particulier.  Elles  per- 
mettront de  produire  les  cvanures  isomères  sans  passer  par  les  monamines 
primaires;  elles  sont  surtout  d'une  certaine  importance  au  point  de  vue  de 
la  génération  des  polycyanures.  Les  polyamir.es  en  effet  sont  peu  ou  point 
connues  jusqu'ici,  tandis  que  les  iodures,  tels  que  les  iodures  de  méthylène, 
d'éthylène  et  l'iodoforme  sont  faciles  à  procurer. 

»  Si  je  n'ai  pas  encore  réussi  à  préparer  le  dicyanure  d'éthylène  C*H'N" 
isomère  de  celui  de  M.  Maxwell  Simpson,  c'est  parce  que  je  n'ai  pas  eu  à 


(  453  ) 
ma  disposition  une  assez  grande  quantité  d'éthylène-diamine.  Je  peux  espé- 
rer maintenant  obtenir  ce  corps  en  soumettant  le  cyanure  d'argent  à  l'action 
de  l'iodure  d'éthylène. 

»  En  terminant,  qu'il  me  soit  permis  d'énoncer  comme  très-probable 
l'existence  d'une  série  de  corps  isomères  des  sulfocyanures.  Déjà  M.  Cloè'z 
a  démontré  que  l'action  du  chlorure  de  cyanogène  sur  Féthylate  de  potas- 
sium donnait  naissance  à  un  cyanate  éthylique  doué  fie  propriétés  absolu- 
ment différentes  de  celles  du  cyanate  étudié  par  M.  Wurtz.  En  comparant 
de  l'autre  côté  la  manière  d'être  des  sulfocyanures  métbyliques  et  éthy- 
liques  avec  celle  des  sulfocyanures  d'allyle  et  de  phényle,  il  n'est  pas  permis 
de  mettre  en  doute  qu'on  a  là  les  représentants  de  deux  groupes  de  corps 
entièrement  différents,  et  que  les  termes  des  séries  méthylique  et  éthylique 
correspondant  à  l'huile  de  moutarde  et  au  sulfocyanure  de  phényle  sont 
encore  à  découvrir.  Des  expériences,  dont  je  m'occupe,  démontreront  si 
ces  corps  ne  peuvent  pas  s'obtenir  par  l'action  des  iodures  de  méthyle  et 
d'éthyle  sur  le  sulfocyanure  d'argent. 

»  Je  ne  veux  pas  terminer  cette  Lettre  sans  adresser  mes  remerciments  à 
MM.  Sell  et  Pinner  pour  le  concours  dévoué  qu'ils  me  prêtent  dans  ces 
recherches.    » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission qui  devra  décerner  le  prix  Desmazières  pour  1867. 

MM.  Brongniart,  Decaisne,  Tulasne,  Duchartre,  Trécul  réunissent  la 
majorité  des  suffrages. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  la  Com- 
mission qui  devra  décerner  le  prix  Thore  pour  1867. 

MM.  Blanchard,  Milne  Edvards,  Decaisne,  Tulasne,  Trécul  réunissent  la 
majorité  des  suffrages. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Raltard  adresse  des  plans  destinés  à  indiquer  les  dispositions 
adoptées  pour  les  paratonnerres  de  l'église  Saint-Augustin.  M.  Baltard 
désire  savoir  si,  dans  l'opinion  des  savants  qui  ont  étudié  cette  question 

C.  R.,   1867,  a«  Semestre.   (T.  LXV ,  N°  il.)  5o, 


(  454  ) 
d'une,  manière  spéciale,   les  précautions  prises  pour  préserver  le  monu- 
ment de  la  foudre  peuvent  être  considérées  comme  suffisantes. 

Ces  pièces  seront  soumises  à  l'examen  de  la  Commission  nommée  pour 
toutes  les  questions  relatives  aux  paratonnerres. 

M.  Portail  adresse,  pour  le  concours  du  prix  des  Arts  insalubres  (fon- 
dation Montyon),  un  Mémoire  relatif  aux  perfectionnements  apportés  par 
lui  dans  l'outillage  qui  sert  au  percement  des  puits. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  des  Arts  insalubres.) 

M.  L.  Hfrmanx  adresse,  pour  le  concours  des  prix  de  Physiologie  (fon- 
dation Montyon),  un  ouvrage  imprimé  en  allemand  et  ayant  pour  titre  : 
«  Nouvelles  recherches  sur  la  physiologie  des  muscles  et  des  nerfs  ».  Cet 
ouvrage  fait  suite  à  une  autre  publication,  présentée  pour  le  même  con- 
cours il  y  a  quelques  mois.  Le  terme  fixé  pour  la  présentation  des  pièces 
destinées  au  concours  de  l'année  1867  étant  expiré,  l'auteur  désirerait  que 
ce  nouveau  Mémoire  fût  admis  au  concours  de  l'année  1868. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  prix  de  Physiologie.) 

M.   L.   Darget  adresse  une  nouvelle  Note  concernant   la   théorie  des 

parallèles. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i°  Le  tome  XXXIII  des  Novorum  Actoruin  publiés  par  l'Académie  des 
Curieux  de  la  Nature. 

20  Le  troisième  numéro  du  «  Journal  des  Sciences  mathématiques,  phy- 
siques et  naturelles  »,  publié  sous  les  auspices  de  l'Académie  royale  des 
Sciences  de  Lisbonne,  et  adressé  par  M.  Barbie  du  Bocage. 

3°  Les  Études  et  Mémoires  lus  dans  la  séance  publique  tenue  le  i3  août 
1867  par  la  Société  des  Nuovi  Filodidaci  de  Florence. 


(  455  ) 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Nouvelles  observations  concernant  les  pièces  pré- 
sentées à  l'Académie  comme  provenant  de  Pascal  et  de  ses  sœurs.  Lettre 
adressée  à  M.  le  Président  par  M.  Faugère. 

«  Je  crois  remplir  un  devoir  envers  l'Académie  et  vis-à-vis  de  cette 
partie  du  public  qui  s'intéresse  aux  choses  de  la  science  et  de  l'esprit,  en 
vous  adressant  les  principales  observations  que  m'a  suggérées  la  réponse 
qui  m'a  été  faite  par  l'honorable  M.  Chasles,  dans  votre  dernière  séance. 

»  Après  l'avoir  écouté  avec  autant  de  déférence  que  d'attention,  je  reste 
plus  que  jamais  convaincu  qu'il  n'est  pas  possible  d'admettre  dans  l'héri- 
tage de  notre  grand  Pascal  les  documents  qui  font  l'objet  du  présent  débat. 

»  M.  Chasles  a  dit,  si  je  l'ai  bien  entendu,  que  je  ne  donnais  pas  de 
preuves  positives  de  mes  assertions.  Qu'il  me  soit  permis  de  rappeler  encore 
une  fois  que  la  première  de  toutes  les  preuves,  et  la  plus  péremptoire, 
consiste  dans  la  comparaison  des  écritures.  J'avais  pensé,  je  l'avoue,  que 
mon  honorable  contradicteur  s'unirait  à  moi  pour  réclamer  avec  instance 
qu'il  fût  procédé  à  cette  vérification.  J'étais  d'autant  mieux  fondé  à  l'espérer, 
que,  d'une  part,  il  ne  croit  pas  pouvoir  dire  de  qui  lui  viennent  les  docu- 
ments contestés,  et  que,  de  l'autre,  il  continue  d'exprimer  son  entière  con- 
fiance dans  la  véracité  de  ces  mêmes  documents.  Il  y  a,  à  la  Bibliothèque 
impériale,  je  ne  nie  lasserai  pas  de  le  répéter,  un  manuscrit  dont  l'authen- 
ticité ne  saurait  être  mise  en  doute  par  personne  :  c'est  le  registre  dans  lequel 
ont  été  recueillies,  dans  le  pêle-mêle  de  leur  premier  jet,  les  Pensées  de 
Pascal.  Que  l'on  mette  enfin  en  présence  de  ces  reliques  immortelles  du 
génie  les  pages  fabriquées  par  une  coupable  industrie,  et  la  question  sera 
bientôt  jugée.  J'accepte  d'avance  le  résultat  de  cette  épreuve,  et  encore  une 
fois  je  supplie  M.  Chasles  de  s'unir  à  moi  pour  la  provoquer. 

»  Votre  honorable  confrère  a  paru  surpris  de  ce  que  je  niais  également 
l'authenticité  des  pièces  qu'il  présente  comme  émanées  des  soeurs  de  Pascal, 
puisque,  a-t-il  ajouté,  leur  écriture  m'était  inconnue.  Je  dois  voir  l'effet 
d'un  oubli  dans  cette  dernière  assertion,  car  j'ai  mis  sous  les  yeux  de  la 
Commission  et  de  M.  Chasles  lui-même  un  cahier  tout  entier  de  la  main  de 
M1De  Perier,  la  sœur  aînée  de  Pascal.  Le  manuscrit  des  Pensées  contient 
d'ailleurs  plusieurs  fragments  écrits  par  elle  sous  la  dictée  de  son  frère.  Là 
encore,  la  vérification  est  des  plus  faciles.  Pour  ce  qui  concerne  Jacqueline, 
la  sœur  puînée  de  Pascal,  j'ai  présenté  à  la  Commission  un  fac-sinule  publié 
par  M.  Cousin.  Mais  il  suffit,  ainsi  que  j'ai  déjà  eu  l'honneur  de  le  dire  à 
l'Académie,  de  rapprocher  l'une  de  l'autre  les  trois  écritures  prétendues  de 

59.. 


(  456  ) 
Pascal  et  de  ses  sœurs,  pour  reconnaître  que  c'est  la  même  main  qui  les  a 
tracées.  Je  ne  puis,  l'Académie  le  comprendra  aisément,  entier  ici  dans  des 
observations  minutieuses  qui  ne  seraient  à  leur  place  que  devant  une  Com- 
mission spéciale,  avant  sous  les  yeux  les  pièces,  pour  les  comparer  et  les 
apprécier. 

»  J'ai  cité  un  passage  de  la  dix-huitième  Provinciale,  pour  montrer  que 
Pascal,  loin  d'avoir  été  conduit  par  ses  travaux  antérieurs  à  affirmer  la  loi 
de  la  gravitation  universelle,  n'admettait  même  pas  comme  certain  le  mou- 
vement de  la  Terre.  Mon  savant  contradicteur  a  cherché  à  interpréter  ce 
passage  de  façon  à  en  affaiblir  la  portée.  J'apporte  donc  une  autre  citation 
à  l'appui  de  la  première.  Je  l'emprunte  à  l'écrit  de  Pascal  intitulé  Réponse 
au  P.  Noël  : 

«  Comme  une  même  cause  peut  produire  plusieurs  effets  différents,  un 
»  même  effet  peut  être  produit  par  plusieurs  causes  différentes.  C'est  ainsi 
»  que  quand  on  discourt  humainement  du  mouvement  ou  de  la  stabilité  de  la 
»  Terre,  tous  les  phénomènes  du  mouvement  et  des  rétrogradations  des  pla- 
»  nètes  s'ensuivent  parfaitement  des  hvpothèses  de  Ptolémée,  de  Tycho,  de 
»  Copernic  et  de  beaucoup  d'autres  qu'on  peut  faire,  de  toutes  lesquelles 
»  une  seule  peut  être  véritable.  Mais  qui  osera  faire  un  si  grand  disceme- 
»  ment,  et  qui  pourra,  sans  danger  d'erreur,  soutenir  l'une  au  préjudice  des 
»   autres  (i)?  » 

»  N'est-il  pas  évident,  après  cette  citation,  que  Pascal  n'admettait  pas 
comme  démontré  le  mouvement  de  la  Terre?  Il  y  a  plus,  on  trouve  dans  les 
Pensées  un  passage  ou  il  semble  se  prononcer  expressément  pour  le  système 
contraire  : 

»  Que  l'homme,  dit  Pascal,  contemple  la  nature  entière  dans  sa  haute  et 
»  pleine  majesté...,  qu'il  regarde  cette  éclatante  lumière  mise  comme  une 
»  lampe  éternelle  pour  éclairer  l'univers;  que  la  Terre  lui  paraisse  comme  un 
»  point,  au  prix  du  vaste  tour  que  cet  astre  décrit...  (2).    » 

»  Ces  deux  citations  répondent  suffisamment  aux  observations  de 
M.  Chasles. 

>  A  propos  de  la  prétendu  correspondance  de  Pascal  avec  un  enfant 
alors  complètement  ignoré  et  dans  lequel  personne,  excepté  un  faussaire, 
parlant  après  coup,  ne  pouvait  pressentir  le  génie  du  grand  Newton,  j'ai 
fait  remarquer,  entre  autres  invraisemblances,  combien  il  était  inadmissible 
que  Pascal,  détaché,  comme  il  l'était  alors,  de  toute  gloire  humaine,  eût 

(1)  OEuvrcs  de  Pascal,  t.  V,  p.  85. 

(2)  Pensées  de  Pascal,  t.  II,  p.  (13. 


(  457  ) 
prêché  à  cet  enfant  le  culte  d'une  célébrité  qu'il  dédaignait  et  l'amour  d'une 
science  qu'il  ne  considérait  pins  comme  digne  d'occuper  son  propre  esprit. 
»  L'honorable  M.  Chasles  me  répond  que  Pascal,  après  avoir  écrit  en  i654 
la  page  mystique  qui  marque  comme  le  point  de  départ  de  sa  vie  nouvelle, 
avait  résolu  pourtant  le  problème  de  la  roulette  ou  cycloïde,  et  avait 
même  annoncé  sa  découverte  au  monde  savant  en  i658.  Le  fait  est  exact, 
mais  il  n'est  pas  exactement  présenté.  Loin  d'affaiblir  mon  objection,  il  la 
confirme  et  en  accroît  la  valeur.  Je  puis,  à  cet  égard,  opposer  à  M.  Chasles 
un  témoignage  qui  ne  lui  sera  pas  sans  doute  suspect,  car  c'est  celui  d'un 
écrivain  qui  fut  aussi  un  savant  géomètre.  Voici  ce  que  dit  l'abbé  Bossut 
dans  son  Discours  sur  la  vie  et  les  écrits  de  Pascal  (i). 

»  L'accroissement  de  ses  maux  commença  par  un  horrible  mal  de  dents 
»  qui  lui  ôtait  presque  entièrement  le  sommeil.  Durant  l'une  de  ses  plus 
»  longues  veilles,  le  souvenir  de  quelques  problèmes  touchant  la  roulette 
»  vint  travailler  son  génie  mathématique.  //  avait  renoncé  depuis  longtemps 
»  aux  sciences  purement  humaines;  mais  la  beauté  de  ces  problèmes  et  la  né- 
»  cessité  de  faire  quelque  diversion  à  ses  douleurs  par  une  forte  applica- 
»  tion,  le  plongèrent  insensiblement  dans  une  recherche  qu'il  poussa  si 
»  loin,  qu'aujourd'hui  même  les  découvertes  qu'il  y  fit  sont  comptées  parmi 
»   les  plus  grands  efforts  de  l'esprit  humain.... 

»  Ayant  parlé  de  sa  méditation  géométrique  à  quelques  amis,  et  en  parti- 
»  culier  au  duc  de  Roannez,  celui-ci  conçut  le  projet  de  la  faire  servir  au 
»  triomphe  de  la  religion.  L'exemple  de  Pascal  était  une  preuve incon- 
»  testable  qu'on  pouvait  être  un  géomètre  du  premier  ordre  et  un  chrétien 
»  soumis.  Mais  pour  donner  à  cette  preuve  tout  son  éclat,  les  amis  de  Pascal 
»  arrêtèrent  qu'on  proposerait  publiquement  les  mêmes  questions  en  y  attachant 
»  des  prix;  car,  disaient-ils,  si  d'autres  géomètres  résolvent  ces  problèmes, 
»  ils  en  sentiront  au  moins  la  difficulté,  la  science  y  gagnera,  et  le  mérite 
»  d'en  avoir  accéléré  le  progrès  appartiendra  toujours  au  premier  inven- 
»  teur.  Si,  au  contraire,  ils  ne  peuvent  y  atteindre,  les  incrédules  n'auront 
»  plus  aucun  prétexte  d'être  plus  difficiles  par  rapport  aux  preuves  de  la 
»  religion,  que  l'homme  le  plus  profond  dans  une  science  toute  fondée  en 
»  démonstrations.   » 

»  Cette  relation  de  l'abbé  Bossut  n'a  pas  besoin  de  commentaire,  et  je  me 
hâte  d'aborder  l'argument  que  mon  honorable  contradicteur  tire  du  nombre 
considérable  des  documents  qu'il  produit. 

»  La  quantité  ne  saurait  ici  suppléer  à  la  qualité.    Du  moment,  en  effet, 

(l)   OE livres  de  B.  Pascal,  t.  I,  p.  71  et  ^3. 


(  458  ) 
que  toutes  les  pièces  attribuées  à  Pascal  sont,  ainsi  que  l'a  déclaré  lui-même 
M.  Chasles,  d'une  même  écriture,  il  suffit  qu'une  seule  soit  reconnue  fausse 
pour  que  toutes  le  soient.  Et  puis,  ce  nombre  prodigieux  de  documents  ap- 
paraissant tout  d'un  coup  n'est-il  pas  fait  plutôt  pour  exciter  la  méfiance? 
N'est-il  pas  vraiment  extraordinaire  que  ces  documents  adressés  à  tant  de 
personnages  divers  soient  venus  des  points  les  plus  opposés  se  reunir  dans 
un  seul  et  même  dépôt?  Par  quelle  bonne  fortune,  par  exemple,  les  Lettres 
que  Pascal  aurait  adressées  à  la  reine  Christine  de  Suède  se  rencontrent- 
elles  là  avec  tant  d'autres? 

»  Mais  comment  supposer,  ajoute  mon  éminent  contradicteur,  qu'un 
seul  homme  ait  pu  fabriquer  une  si  grande  masse  de  documents?  Quelle 
fécondité  d'imagination,  quelle  habileté  une  œuvre  pareille  ne  supposerait- 
elle  pas?  Le  faussaire  a  fait  preuve,  en  effet,  d'une  extrême  habileté,  car 
au  lien  dedébiter  en  détail  àdiverses  personnes  les  produits  de  sa  vaste  fabri- 
cation, ce  qui  aurait  fait  découvrir  la  fraude  presque  aussitôt,  il  a  eu  l'art 
de  tout  vendre  à  la  fois  à  un  unique  acquéreur. 

»  Il  ne  serait  pas  impossible,  au  surplus,  que  ces  documents,  écrits  de  la 
même  main,  eussent  été  composés  par  plusieurs  personnes.  Mais  ce  qui 
me  paraît  manifeste,  c'est  qu'un  même  esprit  a  présidé  à  leur  composition  : 
ils  se  répondent  et  s'accordent  ensemble,  pour  ainsi  dire,  comme  des  faux 
témoins  qui  se  sont  concertés  pour  étouffer  la  vérité  et  accréditer  le  men- 
songe. 

»  Je  ne  reviendrai  pas  sur  ce  que  j'ai  dit  du  style  des  Lettres  attribuées  à 
Pascal;  ce  sujet  m'entraînerait  trop  loin.  M.  Chasles  a  exprimé  l'avis  que 
bien  des  littérateurs  ne  s'associeraient  pointa  mou  jugement  et  que  même  ils 
tiendraient  à  honneur  d'avoir  écrit  de  semblables  pages;  à  l'appui  de  cette 
manière  de  voir,  il  a  donné  lecture  de  prétendues  Lettres  de  Pascal.  Je  m'en 
remets  sur  ce  pointa  l'appréciation  de  l'Académie  et  à  celle  du  public(i).  » 

mécanique  CÉLESTE.  -  Sur  les  orbites  des  comètes.  Note  de  M.  M.  Lœwy, 

présentée  par  M.  Le  Verrier. 

«  L'excellente  méthode  d'Olbers  permet  de  trouver  facilement  une  pre- 
mière approximation  des  éléments  d'une  orbite  cométaire  par  la  détermi- 
nation d'une  valeur  approchée  du  rapport  m  des  distances  raccourcies. 

»  Pour  arriver  à  la  connaissance  rigoureuse  de  l'orbite,  on  fait  varier 
d'une  quantité  arbitraire  dm  le  rapport  m,  et  en  remplaçant  dans  le  cal- 


Foir  p.  437  la  réponse  de  M.  Chasles. 


(  459  ) 
cul  m  par  m  -+-  dm,  on  cherche  les  nouveaux  éléments  de  l'orbite  et  le  lieu 
L'  pour  l'époque  de  l'observation  intermédiaire.  Si  les  différences  de  ces 
deux  systèmes  d'éléments  ne  sont  pas  considérables,  elles  sont  propor- 
tionnelles aux  différences  dm  des  rapports  et  aux  différences  (1/ — L)  des 
lieux  relatifs.  En  désignant  par  a:  la  correction  qu'il  convient  d'appliquer 
à  m  pour  faire  disparaître  la  différence  O  —  L  entre  l'observation  et  le  cal- 
O  —  L 


cul,  on  a  x  = 


L'— L 

»  L'objet  de  ce  Mémoire  est  d'établir  une  méthode  systématique  qui 
permette  de  trouver  sans  empirisme  une  approximation  supérieure,  lors- 
qu'une valeur  approchée  du  rapport  des  distances  raccourcies  est  connue. 
Il  ne  sera  plus  nécessaire  de  déterminer  les  éléments  dans  chaque  hypo- 
thèse et  de  comparer  les  lieux  intermédiaires  calculés  et  observés. 

»  En  regardant  les  différences  entre  les  données  de  même  nature,  cor- 
respondant à  deux  époques  successives,  comme  des  petites  quantités  du 
premier  ordre  s,  la  méthode  montre  comment  on  peut,  le  rapport  m  étant 
affecté  d'une  erreur  em,  arriver  à  un  résultat  qui  ne  soit  plus  entaché  que 
de  l'erreur  em+2. 

»  Soient  L,  L,,  Lff  et  X,  X,,  Xw  les  longitudes  et  les  latitudes  géocentriques 
de  la  comète  aux  époques  t,  tf,  tu\  r,  r,  vu  et  â,  <?,  â:r  les  rayons  vecteurs 
et  les  distances  raccourcies  relatives;  /,  /,  /(/  les  longitudes  de  la  Terre; 
R,  R(,  R„  les  distances  relatives  de  la  Terre  au  Soleil;  n,  ni ,  nu  le  double  de 
l'aire  des  triangles  formés  par  le  Soleil  et  les  deux  derniers  lieux  de  l'astre, 
le  Soleil  et  les  deux  extrêmes,  le  Soleil  et  les  deux  premiers  lieux  : 

log  \J[J.  =  2, 23558l4. 

»  Lorsqu'on  intègre,  entre  les  limites  r  et  ru,  r  et  //;,  r  et  r,  l'équation 
fr2dv=  \Jfj.p(t  —  t),  on  trouve,  dans  le  cas  de  la  parabole, 

y/Xar.-p)*  -  y/(ar,  —  pf  +  Zp  [s/zr^-p  -  \J2r  —  p]  =  66, 
V(3'-,-/>)3  -  \J{2r-  p)3  +  3p  [)/ar,-p  -  y/zr  —  p]  ==  6 6,, 
\l{2r,  —  pY  —  \J{ir-  p'f-h  Zp  [s/a/;  -  p  —  s/zr  —  p]==66„; 
posant  ensuite 

x  =  J2ru  —  pr~  \J2i\  —  p,  I  je'1  —  6 (/'„-+-  rt)x=  —  116, 

xt==  V2'„  —  P  —  V2'-  —  P-,     on  aura      (I)  j  x3  —  6(r,  +  r)  -r,=  —  \i6t, 


x„=  V'2'',  -  P-  >i*r  —  p,  \  a:„s  — 6(r,  ■+■#■)*;=  — 12 0r. 


(  46o  ) 

»  Ajoutant  au  groupe  (I)  d'équations  la  relation  x  —  xi  +  xt /  =  o,  on 
arrive  à  ce  résultat  remarquable  :  Étant  donnés  dans  la  parabole  les  rayons 
vecteurs  correspondants  à  deux  époques  déterminées,  on  peut  obtenir  la 
distance  de  l'astre  au  Soleil  pour  un  temps  quelconque. 

»   Il  est  important  d'établir  une  méthode  rapide  pour  trouver  r ,  r  et  r 

étant  donnés.  On  peut  obtenir  r,   directement,  mais  les  calculs  seraient 

d'une  complication  extrême. 

ii                       2®y  r  —  i        2         9: 

»  Posant  x= >  on  aura  ' 


X'  3  [r,  +  -r,Y 

»  j  —  i  étant  du  second  ordre,  il  sera  facile  de  construire  une  table  A  don- 
naut,  pour  toutes  les  valeurs  de  l'argument  = »  le  logarithme  de  r. 

»  Substituant,  dans  l'équation  [x -\- x  uY  =  xf ,  les  valeurs  des  cubes 
xs,  x?  et  xf  tirés  du  groupe  (I),  on  obtient  i\  =  r-\ - —  (/*,  —  /■)  —  — -■ 

»   Remplaçant  en  outre,  dans  l'équation  x  —xi-hxu  =  o,  x,  ;vt ,  xn  par 

2  9  r        2 9,  r,     2  9.  r. 
— ^— ,  — ^-s      "      ,    on  aura 

r„+r,    7"//  +  r    ri  +  r 

Bjrr*  _  5,  r,  rf  +  9„ 7//  ,;?  +  [  rr,  +  rr„  +  r,  r,]  [0  j  -  ^7,  -  9,  jj  =  o. 

»  On  trouve  aussi  facilement  9  y  —  6  y  +  9    r  =  —     'r;J,f/. 

j         ui        a j h  ^ 

»  Puisque  — 4— -  est  du  troisième  ordre,  on  ne  commettra  dans  l'éva- 
luation du  rayon  r,  qu'une  petite  erreur  s2  lorsqu'on  tire  sa  valeur  de 
l'équation  9r2-9t  r2  +  9  u  r;  =  o. 

»  y  ety„,  déterminés  alors  à  l'aide  de  cette  valeur  approchée  de  r  ,  se 
trouvent  entachés  d'une  inexactitude  e*,  et  x  et  xu  de  l'erreur  e3.  Si  l'on 

porte  ces  valeurs  dans  l'expression  r  =  r-\ - —  (''„—  r)  —  — -■>  on  voit 

Xu  -4-  X  2 

immédiatement  que  r  ne  se  trouve  affecté  que  d'une  erreur  e4. 

»  A  l'aide  de  cette  seconde  valeur  plus  approchée  de  r ,  on  reprendra  le 
calcul  de  xn  et  x,  qui  se  trouveront  alors  affectés  seulement  d'une 
erreurs5.  Passant  au  calcul  de  rt>  cette  quantité,  d'après  ce  qui  précède, 
sera  connue  avec  une  précision  de  plus  en  plus  grande,  et,  au  bout  d'un 
très-petit  nombre  de  pareilles  opérations,  on  constatera  que  les  valeurs 
de  r  ne  varient  plus. 

»  Il  importe  de  montrer  comment  on  peut,  à  l'aide  de  ces  données  r,  r , 
ru  et  9,  9t,  9it,  trouver  les  rapports  des  secteurs  paraboliques  .y,  st,  st/  aux 


(46i  ) 
aires  triangulaires  ri,  n-,  nu.  Partant  de  l'équation  de  la  parabole,  on  a 


2  \     ?.r  2  y  2  /',  2  V     2  /' 


cos  -  = 


et  combinant  ces  relations  avec  x  =  sj-zr—  p  —  \jzr  —  p,  on  trouvera  fa- 
cilement n  =  \/pô  (3  —  2 _y)  =  j  (3  —  ajK). 

»  On  peut  construire  aussi  une  table  B  donnant  pour  le  même  argument 

2        82  Y 

,  ^—     — ^  les  rapports  des  secteurs  paraboliques  aux  aires  triangulaires. 
»  En  transformant  l'équation  de  Lambert,  on  arrive  au  résultat 


»  Le  calcul  de  la  corde  peut  donc  également  être  facilité  par  la  construc- 

2  9a  Y 

tion  d'une  table  C  donnant  pour  le  même  argument  = — -• 

»  Voici  maintenant  l'ensemble  des  formules  servant  à  la  solution  du 
problème   : 

(*)      .  «[tang>sin(L,  - /,)  +  tang),,  sin  (/,  -  L)]  -t-  ^-L  [nRsin  (/,—  /)  +  «„ R„sin(/,  — /J] 

/,\    m  _  !» ° _ 

V  *  /»„[tangX„sin(/,—  L,)  +  tangX,sin(L„,  —  /,)] 

,   \    "         9    3  —  2^- 

w  ^  -  «;  s^t' 

(3)  r2  =  R2  +  c?2séc2X-  2Rc?cos(L  -  /), 

(4)  /;;  =  R;  +  m  <?;  séc2  X„  -  2  m  R„  è,  cos  (  L„  -  l,), 

(5)  A;  =  r2  -+-  /;;  —  2»Jt?[cos(L//  —  L,)  -+-  cotXcotXJ 

-  amR(Jcos(L   —  /)  — aD„tfcos(L  —  /J, 


(6K  =  ^=r>J,(3-.r,)- 

(7)^  =  r+-^-(r-r)-^,    £=i 


.£.,  -+-  .r  v    "  2 


J3  3  fo  +  r,)'  r„3  3  (r,  +  rj» 

»   —  étant  une  pure  fonction  de  r,  /;  et  rt/,  il  y  a  autant  d'équations  que 

d'inconnues;  on  peut  donc  déterminer  r,  ;;,  rf/,  ri,  n  ,  A;,  â  et  <?w. 

»  En  négligeant  le  second  terme  de/net  en  adoptantj-et  jw  égales  à  l'unité, 

le  rapport  y  se  trouvera  affecté  d'une  erreur  du  second  ordre. 

»  Les  équations  (1),  (3),  (4),  (5)  et  (6),  résolues  suivant  la  méthode  ordi- 


Theoriu  motus  de  Gauss. 

C.  R.,  1867,   2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  11.)  60 


(  462  ) 
naire,  donneront  toutes  les  inconnues  r,  r  ,  />• .  o"  et  <?  entachées  d'une  même 
erreur,  r  ,  fourni  par  l'expression  $/ 2  —  52/;-  -+-  0itr;  =  o,  aura  la  même  pré- 
cision. 

»   Calculant  maintenant,  à  l'aide  de  /•,  r ,  r„  entachés  de  l'erreur  a2,  le 

rapport  —  au  moyen  de  l'équation  (2),  cette  valeur  ne  sera  plus  affectée 

que  de  l'erreur  s*.  Par  suite  /*,  r(/,  kt,  c?  et  âir  seront  obtenus  par  les  équa- 
tions (1),  (3),  (4),  (5)  et  (6)  avec  le  même  degré  d'exactitude.  En  introdui- 
sant dans  l'expression  (7),  pour  r,  x  et  xir  calculés  au  moyen  des  rayons 
vecteurs  de  la  première  approximation,  et  pour  /et  rv  les  valeurs  plus  pré- 
cises obtenues,  il  est  évident  qu'on  atteindra  immédiatement  par  le  premier 
calcul,  pour  r ,  la  précision  de  r  et  ru. 

»  On  voit  comment  on  peut  à  l'aide  des  tables  A,  B,  C,  partant  de  l'ap- 
proximation s2,  arriver  facilement  à  l'approximation  i." .  Poursuivant  la  même 
méthode,  on  passera  de  s"  à  £G,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  qu'on  trouve  dans 
deux  approximations  consécutivesdes  valeurs  identiques  pour  les  inconnues. 

»  Il  ne  reste  plus,  en  s'appnyant  sur  ce  résultat  obtenu,  qu'à  procéder 
à  la  recherche  des  éléments  suivant  la  méthode  ordinaire,  ou  plus  facile- 
ment encore  en  utilisant  tout  le  résultat  acquis  par  la  méthode  précé- 
dente (1).  » 

PHYSIQUE.   —  Note  sur  la  polarisation  des  électrodes  ;  par  M.  J.-M.  Gai-gain. 

«  Dans  une  Note  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  il  y  a 
déjà  longtemps  (Comptes  rendus,  il\  décembre  1 855 ),  j'ai  fait  voir  que  la 
force  électromotrice  qui  résulte  de  la  polarisation  des  électrodes  ne  pré- 
sente pas  une  valeur  constante,  comme  on  le  croyait  généralement  à  cette 
époque.  Cette  force  varie  avec  l'intensité  du  courant  qui  produit  la  décom- 
position de  l'eau,  et  aussi  avec  le  temps  plus  ou  moins  long  pendant  lequel 
s'exerce  l'action  du  courant;  mais,  pour  un  électrolyte  et  pour  un  système 
d'électrodes  donnés,  il  existe  une  limite  qui  ne  peut  être  dépassée,  quelles 
que  soient  la  durée  de  l'électrolyseet  l'intensité  du  courant  polarisateur.  C'est 
toujours  cette  valeur  maxima  de  la  force  électromotrice  que  j'ai  considérée 
dans  les  nouvelles  recherches  dont  je  vais  rendre  compte. 

»   Plusieurs  savants  ont  cherché  à   déterminer  la  part  que  chacune  des 


(1)  Ce  travail  étant  achevé,  j'ai  trouvé  dans  l' Annuaire  de  Berlin,  année  i833,  quelques 
recherches  concernant  le  même  sujet,  laites  par  Enke  d'une  manière  toute  différente  et  n'ayant 
pas  abouti. 


(  463  ) 
électrodes  prend  à  la  polarisation,  et  sont  arrivés  à  des  résultats  différents  : 
M.  Poggendorff  a  trouvé  que  les  deux  électrodes  concourent  également  à 
la  production  de  la  force  électromotrice  développée;  MM.  Lenz  et  Savel- 
jew  ont  trouvé,  au  contraire,  que  la  part  de  la  cathode  est  plus  grande 
que  celle  de  l'anode.  J'ai  essayé  à  mon  tour  de  résoudre  la  question,  en  me 
servant,  comme  dans  mes  précédentes  recherches,  de  la  méthode  de  l'oppo- 
sition, et  voici  les  dispositions  que  j'ai  adoptées.  Dans  un  vase  cylindrique  de 
verre,  je  place  un  cylindre  poreux  d'un  diamètre  heaucoup  plus  petit,  et 
je  remplis,  avec  le  même  liquide,  le  cylindre  poreux  et  le  vase  extérieur. 
Les  lames  de  platine  qui  doivent  servir  à  la  décomposition  du  liquide  sont 
placées  dans  le  vase  extérieur,  et  j'introduis  une  troisième  lame  dans  le 
cylindre  poreux;  cette  troisième  lame,  qui  reste  constamment  en  dehors  du 
circuit  parcouru  par  le  courant,  n'éprouve  point  de  polarisation  et  peut 
être  successivement  comparée  à  chacune  des  électrodes,  lorsque  celles-ci 
sont  polarisées  à  saturation;  cette  comparaison  donne  la  mesure  des  deux 
polarisations  de  l'anode  et  de  la  cathode.  La  cloison  poreuse  sert  à  mettre 
la  lame  neutre  à  l'abri  de  l'hydrogène  dégagé  par  l'électrolyse. 

»  Voici  les  résultats  que  j'ai  ohtenus  de  cette  manière,  dans  une  série 
d'expériences  exécutées  sur  un  mélange  de  9  parties  en  volume  d'eau 
distillée  et  de  1  partie  d'acide  sulfurique  : 

Par  polarisation  de  l'anode ig3 

»  de  la  cathode 157 

»  totale.  . 35o 

»  Il  paraît  indifférent  d'ajouter,  à  l'eau  que  l'on  électrolyse,  une  pro- 
portion plus  ou  moins  grande  d'acide  sulfurique,  pourvu  cpie  cette  propor- 
tion ne  s'ahaisse  pas  au-dessous  d'une  certaine  limite;  mais  quand  elle 
devient  extrêmement  petite,  la  polarisation  de  la  cathode  augmente  sans 
que  la  polarisation  de  l'anode  se  modifie  sensiblement.  Voici  les  résultats 
que  j'ai  obtenus  en  électrolysant  de  l'eau  pure  : 

Polarisation  de  l'anode ig3 

»  de  la  cathode 243 

»  totale 436 

»  M.  Matteucci  a  rappelé  récemment  à  l'Académie  [Comptes  rendus, 
14  janvier  1867)  une  expérience  qu'il  a  faite  en  i838  et  sur  laquelle  il  se 
fonde  pour  admettre  que  la  polarisation  provient  des  gaz  qui  adhèrent  aux 
électrodes.  Je  crois  qu'en  effet  les  métaux  polarisés  doivent  être  considérés 

60.. 


(  4^4  ) 

comme  des  combinaisons  fugitives  formées  par  les  métaux  et  les  gaz,  et 
j'admets  que  clans  les  couples  de  polarisation  aussi  bien  que  dans  la  pile  à 
gaz  de  M.  Grove,  la  force  électromotrice  est  l'affinité  exercée  sur  l'un  des 
éléments  de  l'eau  par  un  gaz  associé  d'une  façon  particulière  à  un  métal; 
mais  il  y  a  lieu,  ce  me  semble,  de  distinguer  la  combinaison  qui  se  produit 
sous  l'influence  du  courant  de  celle  qui  se  forme  en  raison  des  seules  affi- 
nités des  corps  mis  en  présence. 

»  Comme  je  l'ai  indiqué  dans  une  précédente  Note  (Comptes  rendus, 
25  février  1867),  une  lame  de  platine  plongée  dans  une  solution  saturée 
d'oxygène  ne  développe  pas  du  tout  de  force  électromotrice,  tandis  qu'une 
lame  de  platine  polarisée  par  l'oxygène  peut  développer,  au  contact  de  l'eau 
pure  ou  acidulée,  une  force  égale  à  i  g3;  le  platine  peut  donc,  sous  l'influence 
d'un  courant,  former  avec  les  gaz  des  combinaisons  différentes  de  celles  qu'il 
forme  en  vertu  de  ses  seules  affinités.  Ajoutons  que  le  platine  est  le  seul 
corps  avec  lequel  on  ait  pu  jusqu'ici  former  un  couple  à  gaz,  tandis  que 
tous  les  métaux  peuvent  être  polarisés  par  l'hydrogène  lorsqu'on  les  fait 
servir  comme  cathodes  à  la  décomposition  de  l'eau. 

»  La  distinction  que  je  viens  d'établir  me  paraît  utile  pour  expliquer 
comment  deux  polarisations  contraires  peuvent  en  apparence  se  superposer 
sur  une  même  électrode.  Supposons  que  l'on  décompose  de  l'eau  acidulée 
en  prenant  pour  électrodes  deux  lames  de  platine  A  et  B  ;  si  l'on  fait  passer 
le  courant  pendant  une  dizaine  de  minutes  dans  une  direction,  puis  qu'on 
le  fasse  passer  pendant  un  instant  dans  la  direction  contraire,  et  qu'ensuite, 
au  moyen  d'un  commutateur  convenablement  disposé,on  mette  rapidement 
les  électrodes  polarisées  en  communication  avec  un  galvanomètre,  on  ob- 
tiendra d'abord  une  déviation  passagère  dans  un  sens,  puis  une  déviation 
persistante  en  sens  contraire.  Ce  fait,  qu'il  est  extrêmement  facile  de  vérifier, 
me  paraît  devoir  être  interprété  de  la  manière  suivante:  lorsqu'un  courant 
d'assez  longue  durée  marche  à  travers  le  liquide,  de  A  vers  B,  l'électrode  A 
est  polarisée  par  l'oxygène,  l'électrode  B  est  polarisée  par  l'hydrogène  ;  le 
liquide  qui  baigne  la  lame  A  se  charge  d'oxygène,  le  liquide  qui  enveloppe 
la  lame  B  se  charge  d'hydrogène.  Quand  on  vient  à  renverser  pour  un 
instant  la  direction  du  courant,  on  détruit  les  polarisations  existantes, 
et  on  fait  naître  des  polarisations  inverses;  mais  on  ne  modifie  pas 
sensiblement  l'état  des  couches  liquides  qui  entourent  les  électrodes.  Il 
arrive  alors  qu'au  moment  où  l'on  établit  la  communication  avec  le  gal- 
vanomètre, l'électrode  A  polarisée  par  l'hydrogène  est  plongée  dans  une 
solution  d'oxygène,  et  qu'au  contraire  l'électrode  B  polarisée  par   l'oxy- 


(  465  ) 
gène  est  plongée  dans  une  solution  d'hydrogène.  Alors  le  courant  qui  se 
manifeste  d'abord  est  dû  à  la  polarisation  proprement  dite;  mais  comme 
cette  polarisation  est  très-faible,  elle  se  détruit  en  quelques  secondes,  et 
quand  la  lame  B  s'est  dépouillée  de  l'oxygène  qu'elle  avait  absorbé  sous 
l'influence  du  courant,  elle  se  combine,  en  vertu  de  sa  seule  affinité,  avec 
une  portion  de  l'hydrogène  contenu  clans  le  liquide  ambiant,  et  forme  alors 
un  couple  à  gaz.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  divers  carbures  contenus  clans  le  goudron  de  houille. 
Note  de  M.  Beisthelot,  présentée  par  M.  Bertrand.  (Première  partie.) 

«  Dans  le  cours  de  mes  études  sur  les  actions  réciproques  des  carbures 
d'hydrogène,  j'ai  été  conduit  à  exécuter  de  nombreuses  expériences  sur  les 
produits  contenus  dans  le  goudron  de  houille.  Je  me  suis  spécialement 
attaché  à  rechercher  parmi  ces  produits  les  carbures  qui  résultent  des  ac- 
tions réciproques  entre  la  benzine,  l'éthylène,  le  formène,  ainsi  que  les 
dérivés  pyrogénés  formés  par  la  condensation  de  ces  composés  :  je  voulais 
contrôler  par  là  mes  premiers  travaux  et  soumettre  à  une  vérification  étran- 
gère les  faits  et  les  théories  qui  en  résultent.  Ces  recherches  m'ont  conduit 
en  effet,  d'une  part,  à  reconnaître  certains  carbures  prévus  par  la  théorie, 
mais  qui  n'avaient  pas  été  observés  jusqu'à  ce  jour  dans  le  goudron  de 
houille,  tels  que  le  styrolène  et  l'hydrure  de  naphtaline;  d'autre  part,  j'ai 
dû  faire  une  étude  nouvelle  de  la  préparation  de  certains  carbures  contes- 
tés, tels  que  le  cymène,  ou  mal  connus,  tels  que  l'anthracène.  Enfin  les 
mêmes  recherches  m'ont  amené  à  découvrir  des  carbures  inconnus  jus- 
qu'ici, tels  que  le  fluorène  et  surtout  l'acénaphtène,  lequel  présente  une 
grande  importance  au  point  de  vue  de  la  théorie  générale,  et  en  raison  de 
sa  reproduction  synthétique  par  l'union  de  la  naphtaline  et  de  l'éthylène. 
Je  vais  présenter  le  résumé  de  mes  expériences  (1). 

I.  Styrolène,  Cl6H8. 

»  Le  styrolène^  l'hydrure  de  naphtaline  et  la  benzine  sont  des  carbures 
polymères  de  l'acétylène  et  peuvent  être  obtenus  par  sa  transformation 
directe  :  or  le  goudron  de  houille  renferme,  comme  on  sait,  la  benzine; 
j'ai  pensé  qu'il  devait  contenir  aussi  du  styrolène.  Cette  prévision  est  véri- 
fiée par  l'expérience.  Pour  extraire  le  styrolène,  on  doit  opérer  sur  les 

(1)  Le  développement  de  ces  recherches  paraîtra  clans  les  numéros  de  septembre  et  d'oc- 
tobre des  Annules  de  Chimie  et  de  Physique. 


(  466  ) 
huiles  de  houille  avant  qu'elles  aient  subi  le  traitement  industriel  par 
l'acide  sulfurique  concentré.  On  change  le  styrolène  en  métastyrolène,  puis 
on  le  régénère  par  l'action  de  la  chaleur,  en  suivant  une  marche  décrite 
dans  mon  Mémoire.  J'ai  ainsi  obtenu  le  styrolène  pur,  doué  des  propriétés 
chimiques  et  physiques  très-nettes  qui  caractérisent  ce  carbure  remar- 
quable. 

II.   Cymène,  CMH'\ 

>-  La  formation  du  styrolène  se  déduit  de  la  condensation  polymérique 
de  l'acétylène,  ou,  plus  simplement,  de  l'action  réciproque  entre  la  ben- 
zine et  l'acétylène  libres,  laquelle  donne  naissance  d'abord  au  styrolène, 
puis,  par  une  suite  de  combinaisons  régulières  que  j'ai  déjà  exposées,  à  la 
naphtaline  et  à  lanthracène.  C'est  à  une  théorie  analogue,  celle  de  l'action 
du  formène  naissant  sur  la  benzine  naissante,  pendant  la  distillation  sèche  et 
conformément  à  mes  expériences,  que  se  rattache  la  formation  dans  le 
goudron  de  houille  des  homologues  de  la  benzine  :  toluène,  xylene,  cumo- 
lène.  La  même  théorie  indique  encore  le  cymène  ou  tétraméthylbenzine. 

»  Jusqu'à  ces  derniers  temps,  la  présence  du  cvmène  dans  le  goudron 
de  houille  ne  paraissait  pas  douteuse,  et  l'on  avait  même  assigné  au  corps 
que  l'on  désignait  sous  ce  nom  un  point  d'ébullition  voisin  de  170  degrés. 
Cependant  les  opinions  des  chimistes  sur  cette  question  ont  été  modifiées 
tout  récemment,  par  suite  des  travaux  de  MM.  Beilstein  et  Kœgler,  exécu- 
tés avec  une  précision  remarquable.  Ces  travaux,  dis-je,  ont  établi  que  le 
carbure  volatil  vers  166  degrés  et  contenu  dans  le  goudron  de  houille  était 
identique  avec  le  cumolene,  C,8H'2.  Les  auteurs  n'ont  pas  réussi  à  isoler 
un  autre  carbure  de  la  même  série,  à  équivalent  plus  élevé. 

»  Cependant  le  cymène  existe  réellement  dans  le  goudron  de  houille. 
J'ai  réussi  à  l'isoler,  en  faisant  concourir  à  la  fois  les  distillations  fraction- 
nées et  la  précipitation  par  l'acide  picrique  de  la  naphtaline  à  laquelle  il 
est  mélangé.  C'est  un  liquide  qui  bout  vers  180  degrés  et  offre  à  l'égard 
des  acides  sulfurique,  nitrique,  du  brome,  etc.,  les  réactions  ordinaires 
des  carbures  benzéniques.  Pour  fixer  sa  constitution,  j'ai  eu  recours  à  la 
méthode  universelle  de  réduction  que  j'ai  découverte  (1).  J'ai  donc  chauffé 
le  cymène  à  280  degrés  avec  80  parties  d'une  solution  saturée  d'acide  iod- 
hydrique.  Il  s'est  trouvé  changé  à  peu  près  entièrement  en  hydrure  de 
décylène,  C20H22,  bouillant  entre  1 55  et  160  degrés, 

C20H"  -h4H-  =  c20h22. 


(1)  Comptes  rendus,  t.  LXIV,  p.  ^60. 


(  467  ) 
»  Celte  transformation  intégrale  distingue  la  tétraméthylbenzine  des 
carbures  métamères,  tels  que  l'éthylxylène,  le  propyltolnène,  etc.,  les- 
quels ne  seraient  changés  en  hydrure  de  décylène  que  partiellement,  une 
autre  portion  se  dédoublant  en  reproduisant  les  deux  hydrures  saturés 
correspondant  aux  deux  carbures  générateurs. 

III.   Hydrure  de  naphtaline,   C,0H'0. 

»  Voici  d'autres  corps,  prévus  par  la  théorie  des  actions  réciproques  des 
carbures,  soit  entre  eux,  soit  avec  l'hydrogène,  et  qui  se  rencontrent  en  effet 
dans  le  goudron  de  houille  :  je  veux  parler  des  hydrures  dérivés  des  car- 
bures incomplets,  tels  que  la  naphtaline,  l'acénaphtène,  l'anthracène.  Je 
vais  m'attacher  spécialement  aux  hydrures  de  naphtaline. 

»  Lorsque  la  naphtaline  est  soumise  à  l'influence  ménagée  des  agents 
hydrogénants,  et  spécialement  à  celle  de  l'acide  iodhydrique,  ou  bien  encore 
aux  réactions  successives  du  potassium  et  de  l'eau,  elle  se  change  en  hy- 
drure C20  H10, 

CaoH8 -f-H»  =  C20H,°. 

»  L'existence  de  cet  hydrure  dans  le  goudron  de  houille  peut  donc  être 
prévue.  Elle  est  encore  prévue,  en  tant  que  cet  hydrure  représente  un  po- 
lymère de  l'acétylène. 

»  J'ai  réussi,  en  effet,  à  extraire  du  goudron  de  houille  ce  même  hydrure 
de  naphtaline,  en  suivant  la  même  marche  que  pour  le  cymène,  mais  en 

opérant  sur  les  huiles  lourdes Ce  carbure  bout  vers  2o5  degrés;  c'est  un 

liquide  doué  d'une  odeur  forte  et  désagréable,  soluble  dans  l'acide  nitrique 
fumant,  dans  l'acide  sulfurique  fumant  et  même  ordinaire,  attaquable  par 
le  brome,  ne  précipitant  pas  par  la  solution  alcoolique  d'acide  picrique,  etc. 
Sa  propriété  la  plus  saillante  est  la  suivante  :  ce  corps,  chauffé  au  rouge 
dans  un  tube  de  verre  scellé,  régénère  la  naphtaline. 

»  D'après  les  essais  auxquels  je  me  suis  livré,  je  suis  porté  à  admettre 
dans  les  huiles  lourdes  du  goudron  de  houille  l'existence  d'un  autre  hy~ 
drurede  naphtaline  liquide,  C20H12,  correspondant.au  perchlorure  de  naph- 
taline; celle  d'un  hydrure  d'aeénaphtène,  C2''H12,  liquide  et  bouillant  vers 
260  degrés,  et  celle  d'un  hydrure  d'anthracène,  C28H,/',  liquide  et  bouillant 
vers  285  degrés,  etc. 

IV.  Fluo/ène. 

»  Le  fluorène  est  un  nouveau  carbure  cristallisé,  qui  se  sépare  dans  les 
rectifications  des  huiles  lourdes.  Je  décris,  dans  mon  Mémoire,  la  prépara- 


(  468  ) 
tion  de  ce  composé.  C'est  un  beau  corps  blanc,  lamelleux,  cristallisé,  doué 
d'une  magnifique  fluorescence  violette,  possédant  une  odeur  douceâtre  et 
irritante.  Il  fond  à  1 13  degrés  et  bout  à  3o5  degrés,  nombres  qui  établissent 
une  différence  décisive  entre  le  fluorène  et  tous  les  carbures  connus.  Il  est 
assez  soluble  dans  l'alcool  bouillant,  mais  peu  soluble  dans  l'alcool  froid. 
Les  analyses  ont  fourni  g3,5  à  g4  de  carbone,  et  6,5  à  6,2  d'hydrogène, 
c'est-à-dire  à  peu  près  les  mêmes  nombres  que  pour  la  plupart  des  carbures 
pyrogénés  :  aussi  je  n'ose  pas  encore  attribuer  une  formule  au  fluorène. 
L'acide  sulfurique,  l'acide  nitrique,  le  brome,  l'iode,  le  potassium,  l'atta- 
quent de  la  même  manière  que  les  autres  carbures  pyrogénés  solides. 

»  La  solution  sulfurique  est  presque  incolore,  si  l'acide  est  pur;  mais  la 
moindre  trace  de  composé  nitreux  la  colore  en  vert,  et  une  quantité  un  peu 
plus  sensible,  en  violet.  Je  me  suis  assuré  que  les  teintes  vertes,  bleues, 
violettes,  offertes  par  les  dissolutions  sulfuriques  de  divers  carbures  pyro- 
génés, sont  dues  à  la  présence  d'une  trace  de  composés  nitreux. 

»  Le  fluorène  forme  avec  l'acide  picrique  un  composé  cristallisé  en  belles 
aiguilles  rouges,  fort  soluble  dans  l'huile  de  houille,  très-facilement  dé- 
composable  par  l'alcool.  Avec  le  nouveau  réactif  anthracénonitré  de 
M.  Fritzsche,  le  fluorène  forme  des  lamelles  rhomboidales  spécifiques, 
jaunes,  avec  une  nuance  brunâtre,  mais  qui  présentent  une  teinte  marron 
lorsqu'on  les  voit  par  la  tranche,  sous  le  microscope. 

»  Le  fluorène  me  paraît  être  un  carbure  de  quelque  importance;  il  se 
produit  dans  la  décomposition  du  rétène  par  la  chaleur,  en  même  temps 
que  l'anthracène,  et  dans  quelques  autres  réactions  pyrogénées.   » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  — Sur  une  nouvelle  série  d'isomères  des  éthers  cyanhydriques 
gras.  Note  de  M.  Aini.  Gautier,  présentée  par  M.  Balard. 

«  Dans  une  Note  précédente  insérée  aux  Comptes  rendus  (26  novembre 
1866),  je  disais  en  terminant  :  «  Je  me  propose  de  donner  bientôt  le  résul- 
»  tat  de  mes  recherches  sur  une  classe  de  corps  qui  paraissent  être  de 
»   nouveaux  isomères  des  éthers  cyanhydriques.  » 

»  Des  circonstances  diverses,  entre  autres  les  propriétés  extrêmement 
vénéneuses  de  ces  nouveaux  corps,  et  l'altération  de  ma  santé  sous  l'ac- 
tion continue  des  préparations  cyanhydriques,  m'avaient  fait  attendre 
quelque  temps  avant  de  remplir  la  promesse  précédente. 

»  Dans  l'intervalle,  M.  Naquet  publiait  dans  son  second  volume  de 
Chimie  organique  (p.  4^i)  les  lignes  suivantes  : 


(  469  ) 

«   M.  Gautier  a  découvert  un  cas  d'isomérie  très-remarquable;  le  eya- 

»   mire   d'éthyle  prépaie    par  l'action  du    cyanure   d'argent  sur   l'iodure 

«  d'éthyle  n'est  point  identique  avec  celui  qui  résulte  de  l'action  du  cya- 

»   nure  de  potassium  sur  le  sulfovinale  de  potasse  ;  le  premier  est  volatil  à 

«   82  degrés,  a  une  odeur  désagréable  et  se  combine  à  froid  instantané- 

»   ment  avec  l'acide  chlorhydrique  en  développant  de  la  chaleur  comme 

»    l'ammoniaque;   le  second  bout  à  98  degrés,  a   une  odeur  éthérée  qui 

»   n'est  point  désagréable,  lorsqu'il  est  pur,  et  exige  un  certain  temps  pour 

«   s'unir  aux  hydracides  :   on  s'expliquerait  peut-être  les  différences  entre 

»  ces  deux  isomères  en  représentant  le  cyanure  d'éthyle  ordinaire  par  la 

C1V     ) 
»  formule  (C3H5)'"Az,  et  le  cyanure  de  M.  Gautier  par  r2„5  j  Az  (commu- 

»   nication  particulière).  » 

»  Les  nouveaux  homologues  de  l'acide  cyanhydrique  dont  M.  W.  Hof- 
mann  annonce  la  découverte  dans  l'avant-dernier  numéro  des  Comptes 
rendus  me  paraissent  être,  quoique  obtenus  par  un  procédé  différent,  iden- 
tiques avec  ceux  que  j'avais  annoncés.  En  effet,  leur  odeur  des  plus  pé- 
nibles, leurs  propriétés  vénéneuses,  leur  transformation  sous  l'influence 
des  acides  tant  oxygénés  qu'hydrogénés  en  présence  de  l'eau,  en  aminés 
alcooliques  et  acide  formique,  leur  propriété  de  donner  un  cyanure  double 
avec  le  cyanure  d'argent,  sont  les  caractères  des  corps  que  j'ai  obtenus 
dans  la  série  grasse,  et  du  nouveau  cyanure  de  phényle  que  vient  de  dé- 
crire M.  W.  Hofmann. 

»  Je  ne  m'étendrai  pas  sur  leur  préparation.  Il  me  suffira  de  dire  que, 
lorsqu'on  chauffe  les  iodures  de  méthyle  ou  d'éthyle,  étendus  ou  non 
d'éther  anhydre,  avec  le  cyanure  d'argent  hien  sec,  une  réaction  très-vive 
s'établit  vers  100  degrés.  Pour  le  premier  même,  elle  commence  vers  60  de- 
grés et  elle  est  difficile  à  modérer.  On  obtient  ainsi  de  l'iodure  d'argent  et 
un  corps  presque  liquide  à  chaud,  cristallin  \  froid,  qui  est  un  iodo-cya- 
nure  d'argent  et  de  methyle  ou  d'éthyle. 

»  Le  composé  double,  obtenu  avec  l'iodure  d'éthyle,  avait  été  déjà  observé 
par  E.  Meyer  [Journal fur  praklische  Chemie,  t.  LXVII,  p.  1 47)-  H  avait 
même  distillé  ce  composé  et  recueilli  un  liquide  qu'il  prit  pour  un  mélange 
de  cyanure  d'éthyle  ordinaire  et  d'éthylamine,  parce  que,  traité  par  les 
acides,  il  obtenait  des  sels  de  cette  base. 

»  Les  nouveaux  cyanures  alcooliques  que  j'ai  préparés  par  la  distillation 
à  160  degrés  du  cyanure  double  d'argent  et  de  méthyle  ou  d'éthyle  ne  se 

C.  R.,  1867,  Ie  Semestre.  (T.  LXV,  N°  il.)  -  6l 


(47°  ) 
produisent  pas  seulement  dans  ces  conditions.  Je  me  suis  assuré  qu'il  s'en 
formait  aussi  une  assez  grande  quantité  par  l'action  du  cyanure  de  potas- 
sium sur  l'iodure  d'éthyle,  et  même  par  la  distillation  du  sulfovinate  de 
potasse  avec  le  cyanure  de  potassium;  c'est  principalement  à  cet  isomère 
qu'est  due  l'odeur  si  pénible  du  cyanure  ordinaire  brut.  Bien  plus,  je  me 
suis  assuré  que  la  distillation  du  cyanure  double  d'argent  et  d'éthyle  don- 
nait réciproquement  une  petite  quantité  de  propionitrile  ordinaire  bouil- 
lant à  970, 5. 

»  Je  n'ai  obtenu  encore  que  les  nouveaux  cyanures  de  méthyle  et 
d'éthyle.  Ce  sont  des  corps  huileux,  peu  solubles  dans  l'eau,  plus 
légers  qu'elle,  d'une  odeur  alliacée  intolérable,  d'une  telle  activité  sur 
l'organisme,  que  le  séjour  des  lieux  où  l'on  travaille  devient  insupportable 
et  tres-dangereux  ;  le  cyanure  de  méthyle  nouveau  bout  vers  55  degrés,  le 
cyanure  d'éthyle  vers  79  degrés,  leurs  isomères  acétonitrile  et  proprioni- 
trile  à  77  degrés  et  97°,5.  Après  la  distillation  du  cyanure  double  d'argent, 
on  sépare  d'abord  par  le  repos  les  nouveaux  cyanures  alcooliques  d'une 
résine  noirâtre  qui  s'y  produit,  puis,  par  un  froid  de  —  20  degrés,  d'un 
composé  cristallisé  au-dessous  de  zéro,  et  qui  pourrait  bien  être  un  poly- 
mère condensé  des  nouveaux  corps. 

»  Les  cyanures  de  méthyle  et  d'éthyle  que  j'ai  ainsi  obtenus  se  trans- 
forment entièrement,  sous  l'influence  d'une  très-faible  quantité  d'acide,  en 
méthylamine  et  éthylamine,  et  donnent  de  l'acide  formique. 

»  La  théorie  devait  amener  à  prévoir  l'existence  de  ces  deux  classes  de 
corps.  Prenons  comme  exemple  particulier  le  cyanure  d'éthyle  G3H5N.  Dans 
le  proprionitrile  ordinaire  le  carbone  du  cyanogène  et  celui  de  l'éthyle  se 
sont  unis  directement,  le  radical  triatomique  C3H!>  s'est  constitué,  car  les 
actions  chimiques  puissantes  les  plus  diverses  ne  peinent  le  disloquer.  Le 
corps  fonctionne  comme  de  l'ammoniaque  où  H3  est  remplacé  par  l'équi- 
valent triatomique  (C3  H5)'":tde  là  les  sels  des  nitriles,  chlorhydrates,  brom- 
hydrates,  etc.,  que  j'ai  décrits. 

»  Mais  on  comprend  aussi  que  le  carbone  de  l'éthyle  puisse  entrer  dans 
la  molécule  par  soudure  avec  l'azote,  auquel  cas  les  actions  dissociantes 
laisseront  intact  le  groupement  AzC2H5  que  nous  ne  savons  encore  dédou- 
bler que  par  l'acide  nitreux;  la  formule  du  nouvel  isomère  sera  donc 

Az'"-C*H»     °u     AzV-C'H>' 
auquel  cas  les  actions  d'hydratation,  celle  de  la  potasse,  par  exemple,  ou 


(  47i  ) 
mieux  de  l'acide  chlorbydrique_,  donneront  d'abord 

Az  ï  C2H5  +  R2°  =  Az  |  C»H«  +  C° 

Nouveau  cyanure  Ethylamine. 

d'éibyle. 

et  l'oxyde  de  carbone  à  l'état  naissant  se  combinera,  comme  on  le  sait,  à 
l'eau  pour  donner  de  l'acide  formique 


et  l'on  aura  finalement 


.    tC»H«  fC'H»       COH) 

Az)G       +2H0  =  Azj       H2+        H|ô. 

»  Leurs  propriétés  toxiques,  leur  point  d'ébullition  et  leur  changement 
en  acide  formique  et  aminés,  sous  l'influence  des  acides,  paraissent  faire  de 
ces  nouveaux  corps  les  vrais  homologues  de  l'acide  cyanhydrique. 

»  Au  point  de  vue  de  la  saturation  réciproque  des  éléments,  les  nou- 
veaux éthers  cyanhydriques  ont  leurs  analogues  dans  les  éthers  cyaniques. 

»  Les  cyanures  nouveaux  correspondent  aux  carbimides  alcooliques  ou 
cyanates  de  M.  Wnrtz,  où  l'azote  sert  d'intermédiaire  pour  l'union  indi- 
recte de  l'atome  du  carbone  provenant  du  cyanogène  et  de  ceux  qui 
entrent  dans  le  radical  alcoolique  : 

AzjC2fF  Az|C2H5 

Etliylcarbimide  Nouveau  cyanure 

ou  cyanate  d'éthyle  d'éthyle. 

de  M.  Wnrtz. 

»  Tous  deux  doivent  donner  et  donnent  par  les  agents  d'hydratation  les 
dérivés  du  reste 


^C2H5 

»  Au  contraire,  les  anciens  cyanures  ou  vrais  nitriles  correspondent  aux 
isocyanates  de  M.  Cloez,  où  l'azote  n'est  en  rapport  direct  qu'avec  l'atome 
de  carbure  du  cyanogène 

A/J[C(OC2H3)]  Az[C(C'Hs)] 

lsocyanate  d'éthyle.  Propionilrile. 

Ils  ne  peuvent  reproduire  les  aminés  alcooliques. 

6r.. 


(  470 
»  Dans  le  cas  où,  comme  je  le  pense,  les  cyanures  nouveaux  que  je  pro- 
duis avec  les  iodures  alcoolkjues  et  le  cyanure  d'argent  seraient  identiques 
avec  ceux  que  M.  W.  Hofmann  vient  d'annoncer  pouvoir  s'obtenir  par  une 
autre  méthode,  les  citations  faites  en  commençant  cette  Note  me  per- 
mettent, je  l'espère,  d'établir  mon  droit  de  priorité  à  la  découverte  de  ces 
nouveaux  isomères  des  nitriles  delà  série  grasse. 

»  Ces  expériences  ont  été  faites  au  laboratoire  de  M.  Wurtz.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  base  dérivée  de  i 'acide  cyanhydrique. 
Note  de  31.  Arm.  Gautier,  présentée  par  M.  Balard. 

»  Lorsqu'on  traite  le  chlorhydrate  d'acide  cyanhydrique  par  l'alcool 
absolu,  le  sel  se  dissout  tout  d'abord,  mais  au  bout  de  peu  de  temps  à  la 
température  ordinaire;  et  si  l'alcool  n'est  pas  en  excès,  une  vive  réaction 
s'établit,  le  mélange  s'échauffe  beaucoup,  et  l'on  peut,  dans  un  mafias 
fermé,  avoir  une  explosion.  Pour  l'éviter,  on  ajoute  au  chlorhydrate  un 
excès  d'alcool  bien  refroidi,  et,  après  avoir  scellé  le  matras,  on  laisse  le 
mélange  se  réchauffer  peu  à  peu;  une  petite  quantité  de  sel  ammoniac, 
qui  se  forme  toujours  sous  l'influence  d'un  peu  d'eau,  annonce  que  la 
réaction  se  produit  :  on  la  termine  en  portant  le  matras  à  100  degrés. 

»  Si  l'on  sépare  alors  par  filtration  le  sel  ammoniac,  et  si  l'on  distille  le 
liquide,  on  en  sépare  successivement  par  fractionnements  une  portion 
bouillant  au-dessous  de  20  degrés,  et  que  l'on  reconnaît  être  du  chlorure 
d'élhyle,  et  une  autre  portion  bouillant  à  55  degrés,  insoluble  dans  l'eau, 
d'odeur  éthérée  agréable,  et  qui  se  saponifie  par  la  potasse  en  donnant  du 
formiate  :  ce  liquide  est  donc  du  formiate  d'éthyle.  En  même  temps,  l'éva- 
poration  de  l'alcool,  privé  des  deux  composés  précédents,  laisse  un  résidu 
fixe,  fusible  au-dessous  de  1 00  degrés,  qui,  séparé  d'un  peu  de  sel  ammoniac 
par  l'alcool  absolu,  et  desséché  ensuite  bien  exactement  dans  le  vide  au- 
dessus  du  chlorure  de  calcium,  laisse  de  petits  cristaux  grenus,  incolores, 
que  l'on  a  analysés.  Voici  les  résultats  : 


-€-. 
H. 
A/. 
Cl. 


Calcul  pour 

Expérience  I . 

Expérience  il. 

-G-n-Nsci. 

1 5  ,  I  J 

14,76 

14,91 

6,63 

6,5i 

6,21 

34,22 

34,42 

34,77 

44>2? 

a 

44,09 

1 00 ,  ?4 

99  >98 

(  473  ) 
»  Ces  analyses  prouvent  que  la  substance  est  exempte  d'oxygène.  Elles 
conduisent  à  la  formule  CH3  JVC1,  correspondante  au  chlorhydrate  de  cya- 
nure d'ammonium  GAzH,  AzH3,  HC1,   ou  d'un  isomère.  Cette  substance  se 
produit  d'après  l'équation  suivante  : 

i  T^H  s».€2H5  )   _         „„B.   .„.  C2H5  )  6HOiA 

2Az     H      +  H    j  O  =  eH^CI     +        Q  |   +    Q„_w     j  ô 

^                                                                    Chlorhydrate  — "       ' — '  "    •"— --~— - - 

- — — — -  ,    .               ...  Chlorure  Formiate 

...  ,„  .     j„.,„  de  a  nouvelle  base. 

Chlorhydrate  d'éthyle.  d'éthyle. 

d'acide  cyanhydrique. 

C'est  une  substance  incolore,  cristalline,  très-soluble  dans  l'eau,  excessi- 
vement hygrométrique,  soluble  dans  l'alcool  absolu.  Elle  fond  vers  81  de- 
grés, mais  s'altère  par  des  fusions  successives  et  devient  alors  visqueuse. 
Abandonnée  longtemps  à  la  température  de  ioo  degrés,  elle  se  décompose 
peu  à  peu,  et  laisse  finalement  pour  résidu  du  chlorure  ammo'nique. 
L'action  de  la  chaleur  ménagée  la  dédouble  donc  comme  il  suit  : 

GH6N!Cl  =  CAzH  +  AzH*Cl. 

Toutefois  on  ne  peut  affirmer  que  ce  soit  à  l'état  d'acide  cyanhydrique 
proprement  dit  que  se  volatilise  la  portion  carbonée  de  la  molécule. 
Chauffée  à  une  température  de  200  degrés  environ,  elle  brunit,  dégage, 
entre  autres  choses,  de  la  méthylamine,  et  laisse  du  chlorure  ammonique. 

»  La  solution  dans  l'eau  du  chorure  précédent  est  neutre  aux  papiers, 
mais  s'acidifie  ensuite  peu  à  peu  à  l'air. 

»  On  a  essayé  de  séparer  la  base  libre  par  la  potasse  caustique;  mais 
celle-ci  dédouble,  même  à  froid,  la  molécule;  il  se  dégage  de  l'ammo- 
niaque, et  si,  après  avoir  chauffé  le  mélange,  on  sature  l'excès  d'alcali  par 
l'acide  chlorhydrique,  si  l'on  reprend  par  l'alcool  absolu  et  que  l'on  éva- 
pore cette  solution,  on  obtient  du  formiate  de  potasse. 

»   L'action  de  la  potasse  est  donc  représentée  par  l'équation 

GH5Az2CI  +H!0  +  KHÔ=  2\zH3+-  GHO  j  O 

»  Il  ne  se  forme  pas  trace  de  cyanure  de  potassium. 

»  On  obtiendrait  sans  doute  l'hydrate  de  la  base  au  moyen  du  chlo- 
rure précédent  et  de  l'oxyde  d'argent;  mais  l'expérience  n'en  a  pas  été  faite. 
On  peut  obtenir  ses  sels  par  double  décomposition  avec  les  sels  solubles 
d'argent;  il  se  précipite  du  chlorure  d'argent,  et  l'on  a  en  dissolution  les 
sels  correspondants,  en  général  difficilement  cristallisables,  très-déliques- 
cents, et  que  la  chaleur  décompose  peu  à  peu  comme  le  chlorhydrate. 


(  474  ) 

»  On  a  fait  le  chloroplatinate  de  cette  nouvelle  base;  pour  cela,  à  la 
solution  aqueuse  on  a  ajouté  un  excès  de  chlorure  neutre  de  platine.  Il  ne 
se  forme  pas  de  précipité,  même  dans  une  liqueur  assez  concentrée  et  par 
l'agitation.  Mais  en  évaporant  à  l'étuve  à  ioo  degrés,  on  obtient  une  belle 
cristallisation  de  cubo-octaèdres  et  de  tétraèdres  de  couleur  orangée, 
solubles  dans  l'eau,  un  peu  solubles  dans  l'alcool,  insolubles  dans  l'alcool 
éthéré,  qui  permet  d'en  séparer  l'excès  de  chlorure  platinique.  Ce  sel, 
analysé,  a  donné  les  résultats  Miivants  : 

Calcul  pour 
Expérience.       2  (-G-HsNJCl),PtCl\ 
Pt 39,87  3g,4o 

Az 1  o ,  80  11,20 

Les  petites  différences  tiennent  à  ce  qu'il  se  produit  toujours,  sous  l'in- 
fluence de  la  chaleur,  une  certaine  quantité  de  chlorure  ammonique  dont 
le  chloroplatinate  salit  le  sel  analysé,  comme  je  m'en  suis  assuré. 

»  Le  chlorure  qui  fait  le  sujet  de  cette  Note  est  identique  ou  isomère 
avec  le  corps  que  l'on  obtiendrait  par  l'addition  de  l'acide  chlorhydrique 
anhydre  au  cyanure  d'ammonium.  Celui-ci  doit,  en  effet,  être  représenté, 
soit  par  la  formule  Az  (C  AzH*)'",  correspondante  à  celle  de  l'acide  cyanhy- 

(  -G  H"' 
drique  Az(GH)'",  soit  par  la  formule,  bien  plus  probable,  Az" 

^1  v       1    '  r  r       r  l(AzH3)" 

Dans  les  deux  cas,  la  pentatomicité  de  l'azote  doit  permettre  au  cyanure 
d'ammonium  de  donner  un  chlorhydrate  représenté  par 

(  (GAzH4)'" 
Az      H 
I  Cl 

dans  la  première  hypothèse,   ou  par 

1  CH 
Az      AzH4 

(ci 

dans  la  seconde. 

»  Le  facile  dédoublement  de  mon  composé,  au-dessous  même  de  roo  de- 
grés, en  chlorure  ammonique  et  AzCH,  sa  transformation  par  la  potasse 
en  ammoniaque  et  acide  formique,  me  font  préférer  pour  mon  chlorure  la 
dernière  formule.  Ce  sera  maintenant  à  l'expérience  à  déterminer  si  le  cya- 
nure d'ammonium  peut  le  reproduire  sous  l'influence  de  l'acide  chlor- 
hydrique anhydre. 

»   Ce  corps  dérive  d'une  seule  molécule  d'ammoniaque  :  c'est  le  chlor- 


(  475  ) 
hydrate  primitif  d'acide  cyanhydrique,  où  H  a  été  remplacé  par  son  équi- 
valent AzH.  De  même  que  l'on  a  par  la  chaleur 

i   G  H 

Az      H      =  Az£H  +  HCl 
I  Cl 

Chlorhydrate 
d'acide  cyanhydrique 


on  a  aussi 


GH 


Az      AzH1  =  Azi;  H  +  AzH'Cl. 

!  ci 

u  Parmi  les  nombreuses  polyamines  à  radicaux  diatomiques  décrites  par 
W.Hofmann,  aucune  ne  tend  par  lachaleur  à  se  dissocier  en  deux  ou  plusieurs 
aminés  moins  azotées;  au  contraire,  les  corps  à  2  atomes  d'azote,  dérivant 
d'une  seule  molécule  d'ammoniaque,  peuvent  se  reconnaître  à  ce  qu'elles  se 
dissocient  aisément,  sous  l'influence  de  la  chaleur  et  des  acides,  en  deux  corps, 
dont  l'un  au  moins  ne  contient  que  1   atome  d'azote,  et  en  ce  qu'elles  ne 

!G0 
„,  et  les  diazo- 
AzH4 

tures  à  radicaux   mouoatotniques  découverts   par  Gerhardt  (diazoture  de 

sulfophényle,    de  cumyle,   d'argent    et    d'hydrogène,    diazoture  de   sulfo- 

phényle,  de  henzoïle,  d'argent  et  d'hydrogène,  etc.),  qui  se  dédoublent  en 

ammoniaque  et  monamines. 

»  Le  chlorhydrate  dont  nous  venons  de  parler  est  le  premier  terme  d'une 

série  homologue  dont  on  connaît  un  terme  encore,  celui  dans  lequel  le 

radical  (CH)'"  est  remplacé  par  le  vinyle  (G2  H3)'".   Il  a  été  découvert  par 

Strecker  [Ann.   Pliarm.,  CIII,   328).  En  soumettant  en  tube   scellé,  à   la 

température  de  200  degrés,  le  chlorhydrate  d'acétamide,  on  a  l'équation 

îG'H'NÔ  +  HC1  =  G2H7iVCl  +  €2H;02 

Acëlamide.  Terme  homologue.  Acide 

acétiqu?. 

11  le  nomme  chlorhydrate  dacédiamine.  Ge  corps  a  toutes  les  propriétés 
de  celui  dont  je  viens  de  parler.  Il  est  probable  que  l'on  obtiendra  la  série 
tout  entière  de  ces  chlorures,  soit  par  l'action  de  l'alcool  absolu,  aidée  de 
la  chaleur,  sur  les  chlorhydrates  ou  bromîiydrates  des  nitriles  alcooliques, 
soit  par  la  distillation  sèche  des  chlorhydrates  des  amides  supérieurs. 
»    Ge  travail  a  été  fait  dans  le  laboratoire  de  i\T.  Wurtz.  » 


(  476  ) 

ZOOLOGIE.  —  Observations  sur  le  gisement  des  œufs  de  l'Epiornis.  Note  de 
M.  Alf.  Grandidier,  présentée  par  M.  d'Archiac. 

«  L'attention  de  l'Académie  a  été  appelée,  à  plusieurs  reprises,  par 
M.  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire,  sur  un  oiseau  gigantesque  dont  l'exis- 
tence lui  avait  été  révélée  par  des  œufs  de  dimension  colossale  et  par 
quelques  ossements  brisés,  envoyés  de  la  région  australe  de  Madagascar. 

»  Il  n'a  pas  alors  semblé  impossible  au  savant  Académicien  que  cet 
oiseau,  auquel  il  donna  le  nom  d' Epiornis,  vécût  encore  dans  les  contrées 
inconnues  du  sud  de  l'île;  la  plupart  des  savants  ont  partagé  son  opinion. 
Les  dernières  recherches  détruisent  toute  espérance  à  cet  égard. 

»  L'immense  étendue  comprise  entre  la  mer  d'une  part,  le  20e  degré  de 
latitude  sud  et  le  44e  degré  3o  minutes  de  longitude  est  de  l'autre,  qui  était 
jusqu'à  ce  jour  restée  inexplorée,  est  un  vaste  plateau  aride,  d'une  altitude 
de  142  mètres,  coupé  çà  et  là  de  bouquets  d'arbres  rachitiques,  semé  d'eu- 
phorbiacées  arborescentes  et  de  nopals.  Ce  pays  est  peu  habité  ;  il  n'est  pas 
cependant  tout  à  fait  désert,  et,  de  loin  en  loin,  on  rencontre  quelques 
misérables  huttes,  demeure  des  pauvres  êtres  qui  végètent  dans  ces  contrées 
désolées. 

»  En  voyant  cette  région  nue,  que  l'homme  parcourt  chaque  jour  en 
tous  sens,  on  ne  peut  conserver  aucun  doute  sur  la  disparition  complète 
de  PEpiornis.  Les  Antandrouïs  les  plus  âgés  n'ont  jamais  entendu  parler 
du  gigantesque  oiseau;  aucune  fable^  contrairement  à  ce  qui  a  souvent  été 
dit,  ne  circule  parmi  eux  à  ce  sujet,  ainsi  que  je  m'en  suis  convaincu  dans 
plusieurs  kabats  ou  assemblées  publiques.  Les  vastes  forêts  du  centre,  cou- 
pées de  sentiers  dans  toutes  les  directions  et  fréquentées  par  les  Ovas,  ne 
permettent  pas  non  plus  d'espérer  qu'on  puisse  y  retrouver  plus  tard  cet  oi- 
seau, dont  l'existence  passée  est  attestée  par  les  nombreux  restes  qu'on  trouve 
chaque  jour  sur  la  côte  sud  de  Madagascar.  Car,  si  les  œufs  intacts  sont 
rares,  il  n'en  est  pas  de  même  des  fragments,  dont  j'ai  pu  moi-même 
recueillir  une  certaine  quantité. 

»  Les  œufs  apportés  en  Europe  ont  tous  été  trouvés  au  milieu  desébotdis 
produits  par  des  chutes  exceptionnelles  de  pluies;  les  torrents  accidentels 
qui  entraînent  avec  eux  des  sables  laissent  les  œufs  à  découvert.  Ce  n'est 
que  sur  la  portion  de  côte  comprise  entre  le  cap  Sainte-Marie  et  Machikora 
qu'on  a,  à  ma  connaissance,  trouvé  des  œufs  ou  des  fragments  d'ceufs;  on 
parle  cependant  de  Mananzari,  de  l'île  Sainte-Marie  et  de  Port-Leven, 
comme  de  points  où  il  en  a  aussi  été  trouvé. 


(  477  ) 
«  En  explorant  les  environs  du  cap  Sainte-Marie,  je  me  suis  principale- 
ment attaché  à  l'étude  du  terrain  où  j'ai  fro„vé  les  restes  que  je'n.ets'soL 
les  yeux  de  1  Académie;  je  n'ai  pas  été  assez  heureux,   malgré  tous  mes 
efforts,  pour  me  procurer  d'ossements. 

»  Sur  un  calcaire  horizontal,  s'élèvent  d'immenses  dunes,  accumulées  au 
bord  de  la  mer.  Ce  calcaire,  qui  s'étend  presque  à  fleur  d'eau  jusqu'à  une 
centame  de  mètres  du  rivage,  se  continue  sous  les  dunes  elles-mêmes: 
Wanc-jaunatre,  à  texture  irréguhere,  parfois  très-compacte,  sans  fossile, 
es  ,  ça  et  la,  creusé  de  trous  circulaires  dont  quelques-uns  contiennent 
une  brèche  récente,  formée  de  grains  de  quartz  et  de  fragments  de  coquilles 
réunis  par  un  ciment  calcaire. 

»  Les  dunes  qui  s'étendent  sur  la  côte  sud  de  Madagascar,  depuis  /^W 
jusqu  a  43°2Ô'  de  longitude  est,  ne  sont  séparées  de  la  mer  que  par  une  plage 
«res-etroite,  de  3  à  4  mètres  au  plus,  et  couverte  d'un  sable  quartzeux,  abon- 
damment mêlé  de  grenat.  Ces  dunes,  dont  la  pente  mesure  souvent  plus  de 
bo  degrés    s  élèvent  à  une  hauteur  de   ,/,2  mètres;  leur  sommet  parfaite- 
ment rect.ligne  leur  donne  l'aspect  de  fortifications  faites  de  main  d'homme, 
plutôt  que  de  1  œuvre  des  vents.  Elles  sont  formées  de  débris  de  coquilles 
réduites  en  poussière  impalpable  et  de  grains  de  quartz  très-fins.  A  leur  base, 
J  ai  recue.1 1.  des  Lucina  tigerina,  L.,  et  un  polypier  du  genre  Favia,  espèces 
de  la  «1er  des  Indes;  mais  c'est  sur  les  pentes  que  se  trouvent  les  fragments 
doeufs  dEpiornis,  mêlés  à  des  débris  et  à  des  moules  de  coquilles  ter- 
restres (i-  Buhmus  Favanne,  (,),  Fér.  ;  2°  et  3°  Bulimus  s,,  nov.  a/finis, 
B  crasnlabns,  Cray,  B.  Clavator,  Petit,  B.  obluratus,  Reeve  ;  4«  HeUx  indé, .  ; 
5    Cjclostoma  indét.).  En  creusant  dans  ce  dépôt  ou  en  parcourant  le  pla- 
teau supérieur,  j  ai  rarement  trouvé  des  restes  organiques 

»  Les  pluies,  ainsi  que  les  vents,  n'entraînent  que  le  sable  le  plus  fin    et 
tassent  peu  a  peu  s'accumuler  sur  les  pentes  rapides  les  coquilles  et  les 
fragments  d  oeufs  qu'ils  ont  dénudés;  c'est  en  effet  dans  les  parties  dépour- 
vues de  végétation,  surtout  dans  une  petite  ravine  où  les  eaux  ont  laissé  les 
aces  évidente *  de  leur  effet,  que  j'ai  recueilli  la  plupart  des  restes  orga- 
nquesqueja,  1  honneur  de  soumettre  à  l'inspection  de  l'Académie.  Les 
ndroits  que  protège  contre  l'entraînement  des  terres  la  végétation  épineuse 
e     abongne  des  arb  isseaux  cai,cténstiques  de  ^  ^  ^ 

pas  a  beaucoup  près  la  même  abondance  de  subfossiles. 


Mad~rUlime  SUbf0SSUe   '  C°nSerVe  ™  Pa,,ie  ~   C0U1—   «  -t  encore  dans  ffl*  de 


Jagascar. 

C.  [t.,  iS6j,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  il 


)  62 


(  473  ) 

»  Aux  coquilles  se  trouvent  quelquefois  mêlées  des  pierres  calcaires 
encore  anguleuses,  quoique  roulées,  dont  la  grosseur  varie  de  celle  d'une 
halle  à  celle  d'un  boulet;  mais,  abondantes  à  la  surface  du  plateau  supé- 
rieur et  sur  les  pentes  abritées  par  des  arbrisseaux,  elles  sont  assez  rares 
sur  les  pentes  dénudées. 

»  Du  haut  des  dunes,  on  n'aperçoit  que  des  plaines  couvertes  d'arbris- 
seaux rachitiques  et  de  nopals.  Plus  au  nord,  l'aspect  ne  se  modifie  pas  et 
le  plateau  reste  tout  aussi  uniforme,  sans  le  moindre  monticule.  Sur  ce  pla- 
teau, je  n'ai  vu  aucun  fragment  d'oeuf  d'Epiornis. 

»  La  chaîne  de  montagnes  qui  longe  la  côte  est  semble  toute  granitique. 
Les  courants  violents  qui  contournent  celte  côte  et  baignent  le  pied  de  ces 
montagnes  tendent  à  restreindre  journellement  l'île  de  ce  côté.  A  l'abri  de 
cette  chaîne,  au  sud  de  la  masse  centrale  et  des  terrains  secondaires,  parfai- 
tement caractérisés  par  une  grande  espèce  de  Nérinée  de  forme  trochoïde, 
dont  j'ai  reconnu  l'existence  par  23° 3o'  latitude  sud  et  42°4°'  longitude 
est,  se  sont  probablement  développés  des  polypiers,  comme  il  s'en  développe 
de  nos  jours  sur  la  côte  sud-ouest,  et  ils  ont  formé  la  base  sur  laquelle  s'est 
élevée  la  formation  récente  dont  je  viens  de  parler. 

»  L'accroissement  journalier  de  la  côte  ouest  est  sensible;  la  présence  de 
deux  lacs  salés,  situés  à  une  dizaine  de  lieues  de  la  côte,  dont  ils  ne  sont 
séparés  que  par  une  plaine  de  sable,  et  où  l'on  retrouve  les  mêmes  poissons 
que  dans  la  mer,  l'immense  delta  aride  qui  se  trouve  entre  le  Kitoumbou  et 
le  Manoumbe,  le  peu  de  profondeur  qu'on  trouve  même  à  plusieurs  milles 
du  rivage,  le  développement  journalier  des  bancs  de  coraux,  tout  démontre 
l'agrandissement  de  la  région  occidentale  de  Madagascar. 

v  Ainsi,  tout  en  admettant  la  non-existence  actuelle  de  lEpiornis,  on 
est  amené  à  reconnaître  que  cet  oiseau  gigantesque  a  vécu  à  une  époque 
peu  reculée,  puisque  ses  débris  se  retrouvent  dans  les  formations  les  plus 
modernes  dont  on  suit  encore  aujourd'hui  le  développement  continu.  Il 
existait  même  peut-être  au  commencement  de  notre  ère;  mais  lorsque  le 
pays  s'est  peuplé,  il  a  dû  être  promptement  exterminé,  comme  l'ont  été  les 
Moa  (Dinornis  giganteus),  etc.,  de  la  Nouvelle-Zélande.  •> 

M.  Lf.tei.lier  adresse  la  description  de  quelques  expériences,  faites  par 
lui  et  dont  il  tire  cette  conclusion  :  que  le  fumier  d'une  plante  est  nuisible 
pour  les  individus  de  la  même  espèce,  et  salutaire  pour  des  individus 
appartenant  à  des  familles  végétales  différentes. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie.  C. 


(  479  ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  9  septembre  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Uisloire  des  instruments  de  chirurgie  trouvés  à  Herculanum  et  à  Pompéi; 
parM.  H.  Scoutetten.  Paris,  1867;  opuscule  in-12. 

Rapport  présenté  à  la  Société  industrielle  de  Mulhouse,  par  M.  ElNGEL- 
DOLLFUS,  au  nom  du  Comité  d'utilité  publique,  sur  la  question  des  accidents 
produits  par  les  appareils  recevant  l'impulsion  de  la  vapeur,  séance  du  25  fé- 
vrier 1867.  Mulhouse,  1867;  in-8°. 

Le  choléra-morbus  épidémique  au  Havre  et  dans  l'arrondissement  en  i865 
et  1866;  par  M.  le  Dr  LECADRE.  Paris,  1867;  br.  in-8°. 

Programme  d'un  nouveau  mode  d'enseignement  de  la  Géométrie  élémentaire; 
par  M.  Fuix.  Amiens,  1867  ;  br.  in-8°. 

Observations  relatives  au  désévage  des  bois  par  immersion  dans  les  eaux  sa- 
lées,etc.;  par  M.  L.  Besnou.  Caen,  1867;  br.  in-8°. 

Quelques  mots  sur  la  théorie  des  volcans  et  des  tremblements  de  terre;  par 
M.  P.  Robin.  Bruxelles,  1867;  opuscule  in-18.  (2  exemplaires.) 

Annuaire  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique.  1867,  33e  année.  Bruxelles,  1867;  in-12. 

Mémoire  sur  la  température  de  l'air  à  Bruxelles;  par  M.  E.  Quetelet. 
Bruxelles,  1867;  1  vol.  in-/j0. 

Météorologie  de  la  Belgique  comparée  à  celle  du  globe;  par  M.  A.  Quetelet 
Bruxelles  et  Paris,  1867;  1  vol.  grand  in-8°. 

Annales  de  l'Observatoire  royal  de  Bruxelles,  publiées  aux  frais  de  l'Etat; 
par  le  Directeur  M.  A.  Quetelet.  T.  XVII.  Bruxelles,  1866;  1  vol.  in-4°. 

Des  lois  mathématiques  concernant  les  étoiles  filantes;  par  M.  A.  Quetelet. 
Bruxelles,  1867;  opuscule  in-8°. 

Étoiles  filantes.  —  Publication  des  Annales  météorologiques  de  l'Observatoire 
royal.  —  Sur  i 'héliographie  et  la  sélénographie.  —  Orages  observés  à  Bruxelles  et 
à  Louvain  du  7  février  jusqu'à  la  fin  de  mai;  par  M.  A.  Quetelet.  Bruxelles, 
1867;  opuscule  in- 8°. 

Observations  des  températures  pour  chaque  jour  de  ta  période  décennale  1 854 
à  i8G3,  faites  à  l'Observatoire  royal  de  Bruxelles,  au  moyen  de  thermomètres 
colorés.  Bruxelles,  1867;  opuscule  in-8°. 

Sur  l'heure  des  chutes  d'aérolithes;  par  M.  A.  Quetelet.  Bruxelles,  1867; 
opuscule  in-8°. 


(  48o  ) 

Deux  Lettres  de  Charles  Quint  à  François  Rabelais;  par  M.  A.  QUETELET. 
Bruxelles,   1867;  opuscule  in-8°. 

Observations  des  étoiles  filantes  périodiques  de  novembre  186G  Bruxelles,  18G6; 
opuscule  in-8°. 

Bulletins  de  V  A  endémie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  cl  des  Beaux-.lrls 
de  Belgique.  35e  et  36e  années,  2e  série,  t.  XXII  et  XXIII,  1866-18O7. 
Bruxelles,  1866-1867;  2  vol.  in-8°. 

Mémoires  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique,  t.  XXXVI.  Bruxelles,  1867;  1  vol.  in-/,°. 

Observations  des  phénomènes  périodiques  pendant  l'année  iS64-  Sans  lieu  ni 
date;  in-4°. 

Results...  Résultats  des  observations  météoroloqiques  de  vingt  années, Jaites 
à  Hobart-Town,  à  l'Observatoire  royal  de  Boss-Bank,  de  janvier  i8/|i  à  dé- 
cembre i854,  et,  dans  un  obseivaloire  privé,  de  janvier  1 855  à  décembre  1860 
inclus.  Hobart-Town,  1861;  in-4°- 

Results...    Résultats   de  vingt-cinq  années   d'observations  météorologiques 
faites  à  Hobart-Town,  avec  le  relevé,  pour  deux  années,  des  princif  aux  mé- 
téores atmosphériques  et  des  aurores  australes;  par  M.  F.  Abbott.  Hobart- 
Town,  i866;in-4°. 

Weitere...  Nouvelles  recherches  sur  la  physiologie  des  muscles  et  des  nerfs; 
par  M.  L.  HERMANH.  Berlin,  1867;  in-8°. 

Statuts...  Statuts  de  la  Société  scientifique,  littéraire  et  artistique  des  Nuovi 
Filodidaci.  Florence,  1866;  opuscule  in-8°. 

Novorum  Actorum  Academiœ  Cœsareœ  Leopoldino-Carolinœ  Germaniiœ 
nnturœ  Curiosorum.  Tomi  tricesimi  tertii,  seu  decadis  quarlœ  tomi  quarti, 
cum  tabulis  XXXII.  Dresdae,  MDCCCLXYII;  in-4°. 


PCCl.ICATIOXS    PÉRIODIQUES    REÇCES    PAR    l,' ACADEMIE    PEXDAXT 
LE    MOIS    D'AOUT     1867. 

Nachrichten...   Nouvelles  de    l'Université   de   Gœttingue ;   juillet    et  août 
1867;  in-12. 

Nouvelles  Annales  de  {Mathématiques  ;  août  1867;  in-8°. 
Presse  scientifique  des  Deux  Mondes;  nos  3i  à  35,  1867;  in-8°. 
Bévue  des  cours  scientifiques;  nos  36  à  4o,  1867  ;  in-4°. 
Revue  des  Eaux  et  Forets;  n°  8,   1867;  in-8°. 

(La  suite  du  Bulletin  au  prochain  numéro.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L  ACADÉMIE   DES    SCIENCES, 


SÉANCE  DU  LUNDI  16  SEPTEMBRE  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M   le  PU»  de  l'Witct  invite  l'Académie  des  Sciences  à  désirer 
1  un  de  ses  Membres  pour  la  représenter,  comme  lecteur,  dans  la  quatril 
séance  trimestrielle  qui  doit  avoir  Heu  le  mercredi  a  octobre. 

M.  le  PKÉsmEvr  entretient  l'Académie  de  la  perte  qu'elle  a  faite,  depuis 
a  dernière  séance,  dans  la  personne  de  M.  Rayer,  décédé  le  ro  septembre 
Les  obsèques  ont  eu  lieu  le  jeudi  Ia.  M.  Payen  a  pris  la  parole  au  nom  de 
Academ.e  des  Sciences;  M.  Roger,  au  nom  de  l'Académie  de  Médecine; 
M.  Bnrcq,  au  nom  du  Comité  d'hygiène;  M.  Latcur,  au  nom  de  l'Associa 
jon  générale  des  Médecins  de  France;  M.  Bail,  au  nom   de  la  SodeTde 
B.o.og.e;  M.  Husson,  au  nom  de  l'Assistance  publique;  M.  Michel  Uvye 
M.  Brun,  au  nom  des  amis  et  des  élèves  du  défunt. 

POIDS  ET  mesures  ET  MONDES.  -  Communication  relative  aux  Rapports 
et  proces-verbaux  du  Comté  des  poids  et  mesures  et  des  monnaies  dllZ 
position  universelle  de  1867;  Var  M-  Matiuec. 

Comté?  aV0^  FéSenté  '  rACadémie  1CS  RaPP°rtS  6t  P-cès-verbaux  du 
Com  t    des  po.ds  et  mesures  et  des  monnaies  de  l'Exposition  universelle 

lv  ilï.r  TT  ■  DePU1S  UDe  qUinZainC  d'annéeS'  da»S  ^  E*P°^ 
amverselles,  des  hommes  venus  de  toutes  les  parties  du  monde  civilisé  ont 

C  R. ,   1867,  2e  Semestre.   (T.  LXV,  N°  12.)  53 


(  4*2  ) 

reconnu  les  inconvénients  de  la   diversité  des   poids  et  mesures,  et  des 
monnaies  dans  le  passage  d'un  pays  à  un  autre,   d'une   province  a  une 
autre  du  même  pays.  Ces  hommes  éminents  dans  les  sciences   1  industrie 
et   le  commerce  ont  toujours  exprimé  des  vœux  en  faveur  de     établis- 
sement d'un  système  universel  et  uniforme  de  mesures  décimales,  pour 
faciliter  les  transactions  sociales  et  toutes  les   opérations  du  commerce 
international.  Aujourd'hui  que  les  chemins  de  fer,  les  navires  a  vapeur  et 
les  télégraphes  électriques   ont  rendu  si  faciles,  si   prodigieusement  ra- 
pides,  les  communications  de  tout  genre,   l'uniformité  des  mesures  est 
devenue  une  nécessité  comprise  par  tout  le  monde.  Aussi  on  a  institue  a 
l'Exposition  universelle  de  1867  un  Comité  spécialement  charge  de  recher- 
cher les  moyens  les  plus  efficaces  pour  l'adoption  et  la  propagation  d  un 
système  uniforme  de  poids  et  mesures,  et  de  monnaies.  Ce  Comité   corn- 
posé  de  plusieurs  Membres  de  l'Institut  et  d'un  grand  nombre  de  délègues 
étrangers,  après  avoir  adopté  trois  Rapports  sur  les  poids  et  mesures    sur 
les  monnaies,  enfin  sur  l'aréométne,  a  convoqué  à  des  conférences  libres 
(au  Palais  de  l'Industrie)  des  personnes  d'une  grande  notabilité  dans   es 
sciences  et  dans  les  diverses  branches  de  l'économie  politique.  Les  résolu- 
tions formulées  par  le  Comité  et  proposées  à  la  conférence  ont  été  adoptées 
à   l'unanimité  pour  le  système  métrique  des  poids  et  mesures    et  a  une 
très-grande  majorité  pour  les  monnaies.  La  question  complexe  de  1  unifor- 
mité des  monnaies  a  donné  heu  à  une  importante  et  remarquable  discus- 
sion à  la  suite  de  laquelle  on  a  admis  le  principe  d'un  seul  étalon 

.  Dans  l'état  actuel  de  la  circulation  monétaire  en  Europe  et  dans  les 
États-Unis  d'Amérique,  l'admission  d'un  étalon  unique  conduit  naturelle- 
ment à  l'étalon  d'or.  L'argent  devient  alors  une  simple  monnaie  d  appoint.  . 

A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Séguier  demande  la  parole,  et 
s'exprime  en  ces  termes  : 

«  Alors  que  j'avais  l'honneur  d'être  Membre  du  Comité  consultatif  des 
Arts  et  Manufactures  près  le  Ministère  de  l'Agriculture  et  du  Commerce,  et 
qu'en  cette  qualité  j'étais  appelé  à  donner  mon  avis  sur  les  nouveaux  instru- 
ments de  pesage  proposés  au  poinçonnage  administratif  afin  de  pouvoir 
entrer  en  usage,  la  pensée  m'était  venue,  ainsi  qu'à  mon  honorable  collègue 
du  même  Comité,  M.  de  la  Morinière,  de  proposer  a  l'Administrat.on 
d'adopter,  pour  des  poids  actuellement  de  plusieurs  sortes  de  formes,  une 
forme  unique  applicable  au  plus  grospoids  réglementaire  de  2o kilogrammes 
jusqu'au  petit  poids  de  1  gramme,  et  après  mûres  réflexions,  connaissant 


(  483  ) 
bien  les  exigences  du  service   administratif,  nous  crûmes  qu'un  tronc  de 
cylindre,  ayant  pour  hauteur  un   demi-diamètre,  satisfaisait  à   toutes  les 
conditions  légales  et  usuelles. 

»  En  effet,  les  poids  doivent  être  commodes  à  manier,  les  plus  lourds 
surtout;  ils  doivent  pouvoir  s'empiler  sur  le  plateau  d'une  grande  balance, 
ils  doivent  être  simples  à  ajuster,  offrir  des  surfaces  convenables  pour 
l'application  du  poinçon  de  recense  ou  vérification  périodique;  les  petits 
doivent,  pour  des  pesées  de  précision,  être  maniables  avec  un  intermédiaire 
qui  évite  l'oxydation  résultant  du  contact  des  doigts. 

»  Un  tronc  de  cylindre  de  fonte  de  fer,  pourvu  sur  sa  section  supérieure 
d'une  cavité  hémisphérique  traversée  par  une  barre  de  fer  ronde,  suscep- 
tible d'être  saisie  par  les  doigts  engagés  dans  la  cavité  hémisphérique,  com- 
pose un  poids  de  20  kilogrammes  d'un  usage  très-commode;  il  peut  être 
transporté  ou  roulé,  il  se  superpose  sur  son  semblable  et  peut  devenir  la 
base  de  tout  le  système  de  poids,  étages  jusqu'au  gramme  les  uns  sur  les 
autres  en  forme  d'escalier  pyramidal. 

»  Une  creusure  annulaire,  pratiquée  sur  la  section  supérieure,  entre  le 
bord  du  cylindre  et  sa  cavité  hémisphérique,  sert  à  recevoir  le  plomb 
d'ajustage;  il  peut  être  commodément  versé  dans  cette  creusure  annulaire 
pendant  que  le  poids  repose  sur  le  plateau  de  la  balance  de  l'ajusteur.  Ce 
cercle  de  plomb  suffît  pendant  longtemps,  par  son  développement  considé- 
rable, à  l'application  successive  du  poinçon  de  vérification  périodique. 

a  Le  tronc  d'un  petit  cylindre  de  cuivre  compose  le  poids  de  1  gramme; 
sur  la  surface  supérieure  sont  pratiquées,  à  la  fraise,  deux  creusures  en 
forme  presque  de  croissant,  laissant  entre  elles  une  partie  facile  à  pincer 
entre  les  ongles,  préférablement  encore  saisissable  avec  les  extrémités  re- 
courbées d'une  pince  dite  brucelles,  pour  éviter  l'oxydation  résultant  du 
contact  des  doigts. 

»  La  forme  que  nous  proposions,  M.  de  la  Morinière  et  moi,  avait  surtout 
pour  but  d'accoutumer  l'œil  à  reconnaître  la  valeur  des  poids  à  l'aspect  de 
leur  simple  volume.  Par  leur  adoption,  les  enfants  d'une  école  primaire  ne 
seraient  plus  obligés  de  se  familiariser  avec  les  aspects  variés  des  diverses 
séries  de  poids,  à  la  forme  prismatique  du  poids  de  20  kilogrammes,  à  la 
forme  hexagonale,  parfois  pentagonale  du  kilogramme  et  de  ses  subdivi- 
sions pour  les  poids  de  fonte  de  fer,  à  la  forme  d'un  cylindre  surmonté 
d'un  bouton  pour  les  poids  de  enivre,  à  celle  de  petites  cuvettes  emboîtées 
les  unes  dans  les  autres  pour  les  poids  de  même  matière  dits  poids  de  marc. 
Notre  plomb  d'ajustage,  placé  sur  la  face  supérieure  du  poids  de  20  kilo- 

63.. 


(  484  ) 
grammes  et  de  toute  la  série  de  poids  de  fonte  qui  l'accompagne,  reste  vi- 
sible pendant  le  pesage  et  évite  les  erreurs  ou  fraudes  de  pesées,  commises 
avec  des  poids  dont  le  plomb  d'ajustage  est  placé  dans  une  creusure  prati- 
quée sous  le  poids,  et  qui  s'est  fortuitement  dilaté  ou  a  été  frauduleuse- 
ment amoindri. 

»  Notre  barre  de  fer  ronde,  insérée  dans  la  creusure  hémisphérique  de 
nos  gros  poids  de  fonte  au  moment  de  leur  coulée,  remplace  avantageuse- 
ment les  anses  formées  d'un  anneau  mobile,  qui  peut  se  détacher  et  être 
remplacé  par  un  autre,  lequel  ne  forme  plus  le  complément  exact  du  poids. 

»  Au  moment  où  la  question  de  l'uniformité  des  poids  et  mesures  préoc- 
cupe tous  les  esprits,  nous  croyons  que  la  proposition  de  l'unité  de  forme 
doit  être  renouvelée.  Déjà,  Messieurs,  il  y  a  longues  années,  vous  avez 
honoré  de  votre  approbation  la  pensée  de  M.  de  la  Morinière  et  la  mienne; 
je  la  reproduis  aujourd'hui  devant  vous,  puisque  l'occasion  se  présente 
pour  la  tirer  de  l'oubli  dans  lequel  elle  est  tombée.  » 

M.  Mathieu  prend  ensuite  la  parole  et  s'exprime  ainsi  : 

«  Le  Comité  de  l'Exposition  universelle  s'est  renfermé  dans  les  questions 
de  principes  relativement  à  l'uniformité  des  poids  et  mesures;  il  n'a  pas 
voulu  s'arrêter  aux  questions  secondaires  d'un  caractère  purement  admi- 
nistratif. » 

chimie  ORGANIQUE.   —   Sur  une  nouvelle  série  d'homologues  de  l'acide  cran- 
hydrique.  Note  de  M.   A.-W.  Hofmann,  présentée  par  M.  Dumas. 

«  Dans  une  Lettre  communiquée  par  M.  Dumas  à  l'Académie,  le  g  de  ce 
mois,  j'avais  signalé  que  l'action  des  cyanures  d'argent  sur  les  iodures 
alcooliques,  indiquée  pour  la  première  fois  par  M.  Meyer,  il  y  a  quelques 
années,  donnait  naissance  au  même  corps  que  le  traitement  des  monamines 
primaires  par  le  chloroforme.  En  rappelant  les  expériences  de  M.  Meyer, 
je  disais  : 

«  Si  de  tels  résultats  n'ont  pas  attiré  davantage  l'attention  des  chimistes, 
»  c'est  parce  que  l'auteur  n'a  pas  pu  réussir  à  isoler  un  corps  défini  et  à 
»  constater  le  produit  complémentaire  de  la  formation  de  l'éthylamine, 
»  c'est-à-dire  l'acide  formique.  M.  Meyer,  du  reste,  dit  lui-même  que  son 
»  travail  est  resté  inachevé,  et  on  comprend  que  des  expériences  d'ailleurs 
»  exécutées  avec  précision  soient  tombées  dans  un  oubli  tel,. que  ni  lui  ni 
»  aucun  autre  chimiste  ne  les  ont  reprises  depuis  leur  publication.  » 


(  485  ) 

»  Au  moment  où  j'écrivais  ces  lignes,  j'ignorais  que  M.  Gautier,  dont 
les  recherches  sur  l'acide  cyanhydrique  sont  bien  connues  des  chimistes, 
avait  répété  les  expériences  de  M.  Meyer.  Le  même  numéro  des  Comptes 
rendus  où  se  trouve  insérée  ma  troisième  Lettre  contient  une  Note  de 
M.  Gautier,  sur  «  une  nouvelle  série  des  éthers  cyanhydriques  gras  ».  Dans 
cette  Note  il  cite  un  passage  de  la  Chimie  de  Nacpiet  publiée  il  y  a  quelques 
mois  à  peine.  Le  voici  : 

«   M.  Gautier  a  découvert  un  cas  d'isomérie  très-remarquable;  le  cyanure 

»  d'éthyle  préparé  par  l'action  du  cyanure  d'argent  sur  l'iodure    d'éthyle 

»  n'est  point  identique  avec  celui  qui  résulte  de  l'action  du  cyanure  de 

»  potassium  sur  le  sulf'ovinate  de  potasse  :  le  premier  est  volatil  à  82  degrés, 

»  a  une  odeur  désagréable  et  se  combine  à  froid  instantanément  avec  l'acide 

»  chlorhydrique,  en  développant  de  la  chaleur  comme  l'ammoniaque  ;  le 

»  second  bout  à  98  degrés,  aune  odeur  éthérée  qui  n'est  point  désagréable, 

»  lorsqu'il  est  pur,  et  exige  un  certain  temps  pour  s'unir  aux  hydracides  : 

»  on  s'expliquerait  peut-être  les  différences  entre  ces  deux  isomères  en 

m  représentant  le  cyanure  d'éthyle  ordinaire  par  la  formule  (C3H5)"'Az, 

CIV  ) 
»  et  le   cyanure  de  M.  Gautier  par  Az.    (Communication    particu- 

»  Hère.)  » 

»  Cet  extrait  prouve  que  M.  Gautier  a  bien  reconnu  que,  par  l'action  du 
cyanure  d'argent  sur  l'iodure  d'éthyle,  il  se  produit  un  corps  isomère  du 
cyanure  d'éthyle  engendré  par  la  distillation  d'un  sulféthylate  avec  le  cya- 
nure de  potassium.  Je  m'empresse  donc  de  faire  cette  rectification,  mais  je 
ferai  remarquer  que  là  s'est  bornée  l'observation  de  M.  Gautier.  Le  fait 
capital  de  la  réaction,  à  savoir,  que  le  nouveau  cyanure  se  scinde  en  étliy  la- 
mine et  en  acide  formique,  n'est  pas  mentionné  par  M.  Naquet,  et  n'a  été 
annoncé  par  M.  Gautier  qu'après  avoir  eu  connaissance  de  mon  propre 
travail  qui  précisait  et  généralisait  à  la  fois  ce  dédoublement  pour  tous  les 
isomères  des  nitriles.  Je  dirai  la  même  chose  des  considérations  théoriques 
qu'il  introduit  dans  sa  Note.  S'il  est  parfaitement  vrai  que  la  théorie  dût 
faire  prévoir  les  transformations  de  cette  classe  de  corps,  il  n'est  pas 
moins  vrai  que  M.  Gautier  n'a  conçu  ces  prévisions  théoriques  qu  après 
que  j'en  ai  eu  fait  connaître  la  réalisation. 

»  Je  n'aurais  pas  fait  ces  observations  sans  la  phrase  par  laquelle  M.  Gau- 
tier finit  sa  communication  : 

«  Dans  le  cas  où,  comme  je  le  pense,  les  cyanures  nouveaux  que  je  pro- 
»  duis  avec  les  iodures  alcooliques  et  le  cyanure  d'argent  seraient  iden- 


(  486  ) 
»   tiques  avec  ceux  que  M.  W.  Hofmann  vient  d'annoncer  pouvoir  s'obte- 
»   nîr  par  une  autre  méthode,  les  citations  faites  en  commençant  cette  Note 
»   me   permettent,  je  l'espère,  d'établir  mon  droit  de  priorité  à  la  décou- 
»   verte  de  ces  nouveaux  isomères  des  nitriles  de  la  série  grasse.  » 

»  Rien  n'est  plus  loin  de  ma  pensée  que  l'intention  de  chercher  à  dimi- 
nuer l'importance  des  recherches  de  M.  Gautier,  mais  je  ne  doute  pas  que 
tous  les  chimistes  ne  reconnaissent  avec  moi  que,  dans  la  question  qui  nous 
occupe,  comme  dans  la  plupart  des  questions  scientifiques,  on  n'est  pas 
parvenu  à  la  vérité  d'un  seul  bond,  mais  pas  à  pas,  et  que,  dans  le  cas  ac- 
tuel, son  développement  comprend  trois  phases  bien  distinctes. 

»  M.  Meyer,  en  étudiant  l'action  de  l'iodure  d'éthyle  sur  le  cyanure 
d'argent,  a  découvert  qu'il  se  formait  dans  cette  réaction  un  corps  à  odeur 
repoussante,  ayant  la  même  composition  que  le  cyanure  d'éthyle,  dont  il 
diffère  en  ce  qu'il  donne  une  combinaison  cristalline  avec  le  cyanure  d'ar- 
gent et  qu'il  fournit  de  l'éthylamine  sous  l'influence  des  acides;  mais  il  n'a 
pu  préparer  ce  corps  dans  un  état  suffisant  de  pureté  pour  pouvoir  lui 
trouver  un  point  d'ébullition  constant. 

»  M.  Gautier,  en  répétant  l'expérience  de  M.  Meyer,  a  reconnu,  comme 
ce  dernier,  que  le  produit  de  la  réaction  diffère  de  celui  qui  résulte  de 
l'action  du  sulfovinate  de  potassium  sur  le  cyanure  de  potassium.  Il  a  en 
outre  préparé  la  substance  pure,  et  il  a  déterminé  son  point  d'ébullition 
inférieur  de  16  degrés  a  celui  du  cyanure  d'éthyle  ordinaire. 

»  Moi-même  j'ai  trouvé  à  mon  tour  que  les  monamines  primaires 
des  séries  aromatique  et  grasse  se  transforment  sous  l'influence  du  chloro- 
forme en  isomères  des  nitriles,  et  j'ai  précisé  la  différence  qui  existe  entre 
les  deux  groupes,  en  démontrant  que  tous  les  deux  donnent  par  leur  dé- 
composition un  produit  constant  et  un  produit  variable.  Le  premier  est 
l'ammoniaque  pour  les  nitriles,  et  l'acide  formique  pour  les  cyanures 
isomères.  Le  second  est  un  acide  des  séries  grasse  ou  aromatique  pour  les 
nitriles,  et  une  monamine  alcoolique  ou  phénolique  pour  les  cyanures. 

»  J'ai  en  outre  démontré  par  l'expérience  que  les  dérivés  des  mona- 
mines primaires  et  les  produits  obtenus  par  le  procédé  de  M.  Meyer  sont 
les  mêmes  corps. 

»  Je  crois  que  M.  Gautier  peut,  sans  amoindrir  la  gloire  à  laquelle  ses 
recherches  lui  donnent  droit,  laisser  participer  M.  Meyer  à  l'honneur  de 
cette  découverte,  et  admettre  même  que  l'auteur  de  cette  Note  a,  lui  aussi, 
fourni  sa  modeste  contribution.  Suiini  cuique! 

»  En  terminant,  je  prendrai  la  liberté  d'ajouter  que  la  réclamation  de 


(  487  ) 
priorité  de  M.  Gautier  ne  saurait  m'empècher  de  poursuivre  mes  recherches, 
d'autant  plus  que  dans  ces  derniers  temps  mes  expériences  sur  les  trans- 
formations de  nouveaux  cyanures  sous  l'influence  des  agents  chimiques 
m'ont  déjà  conduit  à  des  résultats  très-nets.  Je  citerai  le  suivant. 

»  Les  nouveaux  cyanures  peuvent,  exactement  comme  les  éthers  cyani- 
ques,  fixer  les  ammoniaques  en  donnant  naissance  à  une  série  de  diamines 
qui  n'est  ni  moins  nombreuse  ni  moins  variée  que  le  groupe  des  urées 
composées,  l'existence  de  ces  corps  étant  d'ailleurs  déjà  indiquée  par  le 
rapprochement  des  cyanures  et  des  cyanates  que  j'avais  fait  dans  ma  pre- 
mière Lettre  à  M.  Dumas.  » 

HYGIÈNE  MILITAIRE.  —  Des  accidents  produits  par  la  chaleur  dans  l'infanterie 
eu  marche,  et  de  leur  aggravation  dans  les  haltes  par  la  position  couchée  ou 
horizontale;  pareil.  Guyon.  (Extrait.) 

"  I.  Des  accidents  produits  par  la  chaleur  dans  l'infanterie  en  marche.  — 
Depuis  notre  établissement  en  Algérie,  en  i83o,  on  a  souvent  observé, 
dans  l'infanterie  en  marche,  des  accidents  produits  par  la  chaleur.  Dans  un 
ouvrage  sur  les  épidémies  du  nord  de  l'Afrique,  nous  avons  rapporté  les 
plus  remarquables  qui  s'y  soient  présentés  jusqu'à  l'année  1846  inclusi- 
vement (1). 

»  Ces  mêmes  accidents  se  sont  renouvelés  à  notre  armée  d'Italie,  en  1 85g, 
où,  dans  la  journée  du  l\  juillet,  plus  de  2000  hommes,  tant  officiers  que 
sous-officiers  et  soldats,  tombèrent  dans  les  rangs;  il  en  mourut  26.  Ceci  se 
passait  dans  la  division  du  général  d'Autemarre,  la  deuxième  du  cinquième 
corps,  forte  de  12  5oo  hommes;  elle  se  trouvait  alors  à  la  hauteur  de  Va- 
leggio  (village),  après  son  passage  du  Mincio  sur  un  pont  de  bateaux. 

«  Dans  un  pays  tout  voisin  du  nôtre,  en  Belgique,  il  n'y  a  pas  long- 
temps, un  régiment,  dans  le  court  trajet  d'une  étape  à  une  autre,  fut  telle- 
ment assailli  par  la  chaleur,  que  5oo  hommes  au  plus,  dans  le  plus  déplo- 
rable état,  parvinrent  jusqu'à  l'étape. 

»  Les  accidents  produits  par  une  haute  température  ne  se  bornent  pas 
aux  troupes  elles-mêmes  :  ils  s'étendent  aux  animaux  ou  troupeaux  qui 
les  suivent  pour  servir  à  leur  alimentation  journalière.  Ils  s'étendent  égale- 
ment aux  chiens  qui  les  accompagnent  toujours  en  plus  ou  moins  grand 
nombre 

(1)  Histoire  chronologique  des  épidémies  du  nord  de  l'Afrique,  depuis  les  temps  les  plus 
reculés  jusqu'à  nos  jours,  p.  25-43;  Alger,  i855. 


(  488  ) 

»  La  température  solaire  à  laquelle  le  fantassin  est  exposé  dans  la 
marche  n'est  pas  la  seule  qu'il  ait  à  supporter  :  il  y  faut  ajouter  celle  que 
l'action  musculaire  développe  dans  son  économie,  tant  pour  la  marche 
que  pour  ses  efforts  incessants  pour  le  port  d'un  poids  considérable  re- 
présenté : 

»  i°  Par  des  vêtements  sans  aucun  rapport  avec  le  climat,  et  par  ceux 
qu'il  porte  encore  dans  son  sac  et  sur  son  sac; 

»  2°  Par  divers  objets  de  campement  tels  que  traverse  de  bois  pour  l'in- 
stallation de  sa  tente,  toile  de  tente,  etc.; 

»  3°  Par  son  armement,  composé  du  fusil,  de  sa  baguette  et  du  sabre- 
poignard  (i); 

»  4°  Enfin,  par  une  plus  ou  moins  grande  quantité  de  vivres,  selon  la 
durée  prévue  de  l'expédition  pour  laquelle  il  est  en  marche.  Aussi,  pour 
obvier  aux  accidents  dont  nous  parlons,  ou  du  moins  pour  les  amoindrir, 
ce  qu'il  y  aurait  de  mieux  à  faire,  avant  tout,  ce  serait  d'alléger  le  fantassin, 
dans  ses  vêtements  d'abord,  puis  dans  les  objets  qu'il  porte  et  qui  l'écrasent, 
en  quelque  sorte  (2). 

»  IT.  De  l'aggravation  des  accidents  produits  par  la  chaleur,  dans  les  Imites 
de  l'infanterie,  par  la  position  couchée  ou  horizontale.  —  Indépendamment 
de  l'action  directe  du  soleil  reçue  par  le  soldat  en  marche,  il  en  reçoit  en- 
core l'action  indirecte  ou  réfléchie  par  le  sol.  Or,  la  température  du  sol, 
chauffé  par  le  soleil,  est  toujours  supérieure  à  celle  de  la  couche  atmosphé- 
rique qui  l'enveloppe  immédiatement. 

»  Il  ressort  de  ce  que  nous  venons  de  dire  que,  chez  l'homme  debout, 
ses  parties  inférieures  sont  soumises  à  une  température  plus  élevée  que  ses 
parties  supérieures,  mais  que  celles-ci  prennent  la  même  température  que 
les  premières  chez  l'homme  qui,  debout,  vient  à  se  coucher.  L'homme  ainsi 
couché  reçoit  donc  une  plus  forte  somme  de  calorique  que  lorsqu'il  est 
debout.  De  plus,  dans  la  première  de  ces  positions,  l'homme  respire  un  air 

(1)  Pesant  ensemble  5kil,o4o.  C'était  le  poids  du  fusil  du  chasseur  d'Orléans,  y  compris  sa 
baguette  et  le  sabre-poignard.  A  ce  poids  de  5kil,o4o  il  faut  ajouter,  savoir  :  pour  le  sac  au 
complet,  4o  kilogrammes;  pour  la  casserole  dite  de  campement,  5oo  grammes,  et,  pour  le 
paquet  de  cartouches,  composé  de  60  cartouches,  2kil,'i6o,  soit  36  grammes  pour  chacune. 
Le  poids  total  de  ces  différents  objets  serait  donc  de  47kil,70o.  Le  fusil  Chassepot,  y  compris 
le  sabre-baïonnette,  ne  pèse  que  5  kilogrammes. 

>  I  La  première  chose  dont  on  pourrait-le  débarrasser  serait  peut-être  sa  couverture  de 
laine  qui,  le  jour,  le  surcharge  outre  mesure,  sans  que  ce  grave  inconvénient  soit  compensé 
par  les  avantages  qu'il  en  retire  la  nuit. 


(489  ) 
dont  la  température  est,  pour  ainsi  dire,  celle  du  sol  lui-même,  air  des  plus 
raréfiés  et  des  plus  faibles  en  oxygène  par  conséquent.  Aussi  l'homme,  dans 
cette  position,  pourrait  être  comparé  à  l'oiseau  expirant,  faute  d'air,  sous 
la  machine  pneumatique. 

«  La  différence  de  température  à  laquelle  les  parties  supérieures  et  infé- 
rieures du  corps  sont  soumises,  selon  que  nous  sommes  debout  ou  cou- 
chés, varie  selon  la  nature  du  terrain,  l'état  calme  ou  agité  de  l'atmo- 
sphère; elle  peut  s'élever  de  3  à  7,  8  et  9  degrés  et  plus,  d'après  quelques 
expériences  faites  à  la  hâte  en  Algérie.  Toutefois,  comme,  à  température 
égale,  l'impression  que  nous  recevons  de  la  température  n'est  pas  la  même 
selon  des  dispositions  particulières  (qu'il  serait  difficile  de  préciser),  il  ré- 
sulte que,  sous  le  double  point  de  vue  physiologique  et  pathologique,  cette 
impression  peut  être  d'une  plus  grande  valeur  que  celle  donnée  par  la 
graduation    thermométrique 

»  De  la  différence  de  température  à  laquelle  le  fantassin  est  soumis,  selon 
qu'il  est  debout  ou  couché,  que  doit-il  résulter?  Que  si,  debout  (que 
ce  soit  en  marche  ou  au  repos)  et  commençant  à  ressentir  les  acci- 
dents dont  nous  parlons,  il  vient  à  s'affaisser  sur  le  sol,  son  état  patho- 
logique s'en  augmentera  d'autant,  et  cet  état  pourrait  devenir  ainsi  son 
coup  de  grâce,  comme  c'est  celui  du  voyageur  qui,  après  avoir  longtemps 
lutté  contre  le  froid,  s'arrête,  n'en  pouvant  plus,  et  s'étend  sur  le  sol.  .   .   . 

»  En  Algérie,  les  troupes,  se  rendant  d'un  point  à  un  autre,  font  ordinai- 
rement deux  haltes  désignées,  savoir  :  la  première,  sous  le  nom  de  petite 
halte,  et  la  seconde  sous  celui  de  grande  halte.  La  première  est  consacrée  à 
faire  et  à  prendre  le  café,  dans  lequel  le  soldat  détrempe  son  biscuit.  D'au- 
tres haltes  peuvent  être  nécessitées  par  diverses  circonstances,  par  une 
attaque  de  l'ennemi,  par  exemple.  Or,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  les 
accidents  produits  par  la  chaleur  se  manifestent  plus  particulièrement  dans 
les  haltes  que  dans  la  marche.  A  quoi  tient  donc  cette  particularité?  Évi- 
demment à  ce  que,  dans  les  haltes,  la  plupart  des  hommes,  après  avoir 
vaqué  à  leurs  plus  pressants  besoins,  ne  tardent  pas  à  s'asseoir  et  à  s'étendre 
même  de  tout  leur  long  sur  le  sol,  sans  toujours  avoir  la  précaution  de  se 
placer  la  tète  sur  leur  sac.  Est-il  besoin  de  dire  que  le  sac,  ainsi  placé  sons  la 
tète,  est,  pour  celle-ci,  un  précieux  isoloir  de  la  chaleur  du  sol? 

»  Un  de  nos  anciens  collaborateurs  en  Algérie,  M.  Ferdinand  Delmas, 
après  avoir  été  souvent  témoin,  comme  médecin  d'ambulance,  des  accidents 

C.  K.,  1867,   2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  12.)  64 


(  49°  ) 
qui  se  produisent  clans  les  haltes,  avait  pensé  qu'on  pourrait  les  supprimer 
en  les  remplaçant  par  un  ralentissement  dans  la  marche.  Ce  ralentissement, 
selon  les  idées  de  l'auteur,  devait  rendre  au  soldat,  par  un  moins  de  dé- 
pense en  forces,  ce  qu'on  lui  prendrait  des  forces  réparatrices  puisées  dans 
les  haltes. 

»  Le  maréchal  Bugeaud,  dont  la  sollicitude  pour  le  soldat  était  grande,  ne 
voyait  pas  un  avantage  réel,  au  point  de  vue  préventif  desaccidents  en  ques- 
tion, dans  le  ralentissement  de  la  marche  pour  suppléer  aux  haltes.  De  plus, 
quant  à  ces  haltes  elles-mêmes,  il  eût  été  plutôt  d'avis  de  les  multiplier  que 
de  les  supprimer.  D'un  autre  côté,  reconnaissant  toute  la  valeur  du  danger, 
pour  le  soldat,  de  la  position  horizontale  dans  les  haltes,  il  était  d'avis  qu'il 
restât  dehout  pendant  toute  leur  durée  (i).  Cette  position  du  soldat,  dans 
les.  haltes,  serait  peut-être  un  pas  de  fait,  comme  moyen  préventif  des 
accidents  que  nous  avons  en  vue,  mais  à  la  condition,  toutefois,  que  les 
hommes  fussent  alors  tenus  en  mouvement  par  quelque  exercice  com- 
mandé par  le  chef  de  la  colonne  :  dans  le  cas  contraire,  la  position  de- 
hout ou  verticale,  pour  peu  qu'elle  se  prolongeât,  ne  serait  pas,  non  plus, 
sans  avoir  son  côté  vnlnérahle,  au  point  de  vue  des  accidents  développés 
par  la  chaleur.  Alors,  en  effet,  l'homme  est  privé  du  bénéfice  de  cet  abais- 
sement de  température,  avec  renouvellement  d'air,  produit  dans  la  marche, 
et  par  la  fente  de  l'atmosphère,  et  par  l'agitation  des  vêtements. 

»  Augmenter  le  nombre  des  haltes,  ce  que  le  maréchal  Bugeaud  eût 
préféré  au  ralentissement  de  la  marche,  serait  sans  doute  une  bonne  me- 
sure lorsqu'on  a  affaire  à  une  forte  journée  de  marche,  puisqu'elle  per- 
mettrait au  soldat  de  se  reposer  plus  souvent,  en  même  temps  qu'il  se  dé- 
chargerait de  son  pesant  et  embarrassant  fardeau. 

»  C'est,  du  reste,  au  chef  de  la  colonne  en  marche  qu'il  appartient  de 
scinder  sa  route  selon  la  connaissance  qu'il  a  des  lieux,  soit  personnelle- 
ment, soit  par  renseignements  (2).  Mais,  quelles  que  soient  ses  dispositions 
à  cet  égard,  il  importe  qu'il  ne  s'arrête  jamais  à  l'heure  où  la  température 

est  la  plus  élevée  dans  la  contrée  où  il  opère Toutefois,  quoi  qu'on 

fasse  pour  amoindrir,  sur  des  troupes  en  marche,  les  effets  d'une  haute  tem- 

(1)  Le  maréchal  Bugeaud  a  fait,  de  ce  point  d'hygiène  militaire,  le  sujet  d'un  ordre  du 
jour.  Cet  ordre  du  jour,  donné  sous  la  date  du  17  juillet  ilS.jb,  à  Alger,  a  été  inséré  dans 
le  journal  X Akhbar  du  21  suivant. 

(a)  Je  suppose  qu'on  expéditionne  dans  un  pays  peu  ou  point  connu,  ce  qui  avait  lieu 
dans  les  premiers  temps  de  notre  occupation  de  l'Algérie. 


(  49«  ) 
pérature,  elles  auront  toujours  plus  ou  moins  à  en  souffrir.  Aussi  convien- 
drait-il, les  lieux  et  les  circonstances  le  permettant,  de  ne  faire  marcher 
les  troupes  que  la  nuit;  le  jour,  ou  pour  mieux  dire,  la  partie  du  jour  la 
plus  chaude  serait  consacrée  à  leur  repos  sous  la  tente  (i).  C'est  à  cette  sage 
mesure  que  le  général  Marey-Monge,  en  Algérie,  doit  de  ne  pas  avoir  eu 
un  seul  accident  par  la  chaleur,  pendant  une  expédition  qui  n'a  pas  duré 
moins  de  quatre-vingts  jours  (2).  Ceci  se  passait  en  ï 844»  du  l"  ma'  au 
18  juillet,  c'est-à-dire  durant  une  partie  des  plus  fortes  chaleurs  de  l'été. 

»  Une  fois  bien  établie,  et  c'est  ce  qui  ressort  de  tout  ce  que  nous  avons 
dit  jusqu'à  présent,  que  la  position  horizontale  aggrave  les  accidents  pro- 
duits par  la  chaleur,  le  remède  à  cette  aggravation  est  tout  trouvé  :  distan- 
cer le  malade  de  la  surface  du  sol,  et  le  faire,  tout  à  la  fois,  le  plus  possible 
et  le  plus  vite  possible.  Cette  pratique,  prescrite  par  le  raisonnement,  ne 
l'est  pas  moins  par  des  faits  que  nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  produire.  Il 
va  sans  dire  que,  la  cause  de  l'aggravation  des  accidents  une  fois  écartée, 
vient  l'emploi  des  moyens  propres  à  combattre  l'état  pathologique  lui- 
même,  moyens  dont  nous  n'avons  pas  à  nous  occuper  ici. 

»  Les  accidents  qui  font  le  sujet  de  cette  communication  sont  particuliers 
au  fantassin  :  le  cavalier,  généralement,  jouit  du  privilège  d'en  être  à  l'abri. 
A  quoi  tient  ce  privilège,  cette  immunité?  Sans  doute,  il  est  facile  de  le 
dire  :  outre  que  le  cavalier  marche  en  colonne  moins  serrée  que  le  fantassin, 
il  se  trouve  de  la  tète  aux  pieds  dans  une  température  moins  élevée  cpie  celle 
dans  laquelle  se  trouve  le  fantassin.  De  plus,  tandis  que  le  dernier  marche 
péniblement,  lui,  le  cavalier,  reste  paisiblement  assis  sur  sa  selle;  il  est,  en 
même  temps,  moins  chargé  que  lui;  il  ne  l'est  même  pas  du  tout,  sa  charge 
et  lui-même  étant  portés  à  la  fois  par  sa  monture.  D'où  résulte  qu'il  y  a,  pour 
le  cavalier  en  marche,  absence  du  calorique  développé  chez  le  fantassin  par 
l'action  musculaire,  tant  pour  la  marche  que  pour  ses  incessants  efforts  à 
l'endroit  du  port  de  tout  ce  qui  l'alourdit  et  l'entrave  dans  ses  mouvements. 

»  Ajoutons  que  le  cavalier,  en  même  temps,  respire  un  air  dont  la  tem- 
pérature est  moins  élevée,  et  qui,  par  conséquent,  est  aussi  moins  raréfié 
que  celui  respiré  par  Je  fantassin;  la  différence  en  est  donnée  par  celle  des 
hauteurs  différentes  où  l'un  et  l'autre  respirent  dans  l'atmosphère,  et  qui 

(1)  Il  est  question  ici  de  tentes  plus  ou  moins  vastes,  non  de  ces  petites  tentes  formées 
chacune,  par  la  réunion  à  celle  de  son  camarade,  de  la  moitié  de  tente  que  porte  le  soldat, 
avec  ses  autres  objets  de  campement. 

(2)  Les  tentes  du  général  abritaient,  chacune,  seize  hommes. 

64- 


(  492  ) 
peut  varier  de  70  à  80  centimètres  (1).  En  résumé,  dans  la  marche,  il  y  a 
tout  à  la  fois,  pour  le  cavalier,  à  l'encontre  du  fantassin,  et  moins  de  calo- 
rique reçu,  et  moins  de  calorique  développé,  avec  plus  d'oxygène  respiré. 
Ajoutons  que,  dans  les  halles,  le  cavalier  trouve,  dans  l'ombre  de  son 
cheval,  un  abri  contre  les  ardeurs  du  soleil,  tandis  que  le  fantassin,  lui,  ne 
cesse  d'en  recevoir  l'action  sans  défense;  car  il  ne  faut  pas  perdre  de  vue 
que,  dans  tout  ce  que  nous  avons  dit  jusqu'à  présent  de  l'infanterie  en 
marche,  nous  l'avons  toujours  considérée  comme  opérant  dans  une  contrée 
absolument  sans  abri.  » 

M.  Matteccci  fait  hommage  à  l'Académie  du  IIP  volume  des  Mémoires 
de  la  Société  Italienne  des  Sciences,  qui  vient  de  paraître. 

MÉMOIRES  LUS 

PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  sur  la  nature  des  miasmes  fournis  par  le  corps  de 
l'homme  en  santé;  par  M.  J.'Lemaire.  (Extrait.) 

«  Les  expériences  dont  cette  Note  est  l'objet  ont  été  faites  par  M.  Lemaire, 
le  19  septembre  1866,  au  fort  de  l'Est,  situé  dans  la  plaine  d'Aubervilliers, 
à  côté  de  Saint-Denis,  dans  de  bonnes  conditions  de  salubrité.  En  choisis- 
sant des  militaires  dans  la  force  de  l'âge,  en  activité  de  service,  soumis  en 
temps  de  paix  à  une  vie  régulière,  au  même  régime  alimentaire,  il  réunissait 
des  individus  qui  présentaient  toutes  les  conditions  d'une  bonne  santé.  Ses 
recherches  ont  été  faites  en  condensant,  à  l'aide  du  froid,  la  vapeur  d'eau 
atmosphérique  et  en  étudiant  sa  composition  au  microscope. 

»  Il  a  opéré  de  4  heures  à  5h  3om  du  matin,  pendant  que  les  soldais 
étaient  au  lit  et  leurs  chambres  closes.  Ils  s'étaient  couchés  à  9  heures  du 
soir. 

»  Trois  expériences  ont  été  faites  simultanément  dans  les  endroits  sui- 
vants :  i°  dans  une  chambre  de  la  caserne,  située  au  deuxième  étage,  con- 
tenant vingt-quatre  lits  dont  vingt  étaient  occupés.  Elle  cube  environ 
4ao  mètres.  Deux  grandes  fenêtres  donnant  l'une  sur  la  plaine,  l'autre  sur 
la  cour  du  fort,  et  une  grande  porte  intérieure,  sont  les  seules  ouvertures 

(1)  Sans  doute,  c'est  à  ceLle  même  différence  de  température  et  de  raréfaction,  entre  l'air 
respiré  par  le  bœuf  et  celui  respiré  parle  cheval,  à  raison  de  leur  taille  différente,  que  le  pre- 
mier, dans  leurs  communs  travaux,  est  plus  accessible  que  le  second  aux  accidents  produits 
par  la  chaleur,  comme  l'établissent  toutes  les  observations  faites  sur  ce  sujet  en  France  et 
ailleurs. 


(  493  ) 
qu'elle  présente.  Point  de  cheminée,  ni  de  ventilateurs.  Ses  murs  et  son  pla- 
fond avaient  été  récemment  blanchis  à  la  chaux.  Au  moment  de  l'expérience, 
la  température  de  cette  chambre  était  de  -f-  18  degrés  centigrades.  L'odeur 
de  son  atmosphère,  suigeneris,  était  désagréable,  et  l'impression  qu'en  res- 
sentaient les  poumons  avait  quelque  chose  de  pénible.  Il  recueillit  au 
milieu  d'elle  environ  6  grammes  de  vapeur  d'eau  réduite  à  l'état  liquide, 
qu'il  plaça  dans  une  fiole  neuve  de  60  grammes  de  capacité,  préalablement 
lavée  à  l'eau  distillée,  et  bouchée  avec  un  linge  neuf,  également  lavé. 

»  Au  moment  de  sa  condensation,  le  liquide  était  incolore,  limpide;  son 
odeur  était  la  même  que  celle  qu'on  avait  perçue  dans  la  chambre  ;  sa  saveur 
était  légèrement  piquante.  Il  n'exerça  aucune  action  appréciable  sur  les 
papiers  réactifs. 

»  Un  premier  examen  microscopique  fut  fait  deux  heures  après  la  con- 
densation. Il  permit  de  constater  l'existence  d'un  nombre  considérable  de 
petits  corps  diaphanes,  dont  les  formes  peuvent  être  rapportées  aux  sui- 
vantes :  sphériques,  ovoïdales,  cylindriques,  régulières  ou  irrégulières.  Les 
corps  cylindriques  avaient  de  0,001  à  0,002  de  millimètre  de  large,  et 
o,oo3  de  millimètre  de  long.  Le  diamètre  des  corps  sphériques  et  ovoïdaux 
variait  de  0,001 5  à  0,0020  de  millimètre  de  diamètre.  Ces  corps,  comme 
on  va  le  voir,  sont  des  Microphytes  et  des  Microzoaires  en  voie  de  dévelop- 
pement. 

»  Un  nouvel  examen,  fait  six  heures  après  la  condensation,  donna  les 
résultats  suivants.  Les  corps  diaphanes  étaient  beaucoup  plus  nombreux. 
C'est  par  milliers  qu'ils  existaient  dans  une  petite  goutte  de  ce  liquide.  De 
plus  des  Baclerium  termo  et  Baclerium  punctum  s'agitaient  ;  de  petits  Vibrions- 
baguettes  exécutaient  des  mouvements  d'ondulation  assez  rapides.  On  trouva 
en  outre  un  assez  grand  nombre  d'une  espèce  d'animalcule  qui  a  été 
observée  par  Ehrenberg,  et  que  Dujardin  révoque  en  doute,  parce  qu'il  ne 
l'a  jamais  trouvé  dans  ses  nombreuses  expériences.  Voici  sa  description. 
Corps  ovoïde,  diaphane,  ne  présentant  aucune  ouverture  ni  filament  appré- 
ciable à  un  grossissement  de  600  diamètres.  Le  plus  grand  nombre  présen- 
taient à  la  partie  médiane  une  dépression  circulaire  très-prononcée,  qui  pa- 
raît marquer  la  place  d'une  division  pour  sa  reproduction.  Ils  exécutent  des 
mouvements  rapides  en  tous  sens.  La  dimension  d'un  individu  ne  présentant 
point  de  dépression  circulaire  varie  de  0,001 5  à  0,0020  de  millimètre  de 
long  et  de  0,0010  à  0,001 5  de  millimètre  de  large.  Je  pense,  dit  l'auteur, 
que  c'est  la  Monade  ovoïde  échancrée  d'Ehrenberg.  Pourrait-on  considé- 
rer cette  Monade  comme  la  cause  du  typhus?  C'est  ce  qui  reste  à  examiner. 


(  4o4  ) 

»  Un  troisième  examen  de  ce  liquide,  fait  vingt-quatre  heures  après  la  con- 
densation, a  montré,  dans  une  seule  goutte,  de  nombreux  Bacterium  termo, 
les  uns  isolés,  d'autres  réunis  par  groupes  de  dix,  vingt  et  même  d'une  cen- 
taine; de  rares  Bacterium  calenula  et  pwictum,  beaucoup  de  Vibrions-ba- 
guettes et  de  Monades  ovoïdes,  les  unes  échancrées,  les  autres  qui  ne  l'étaient 
pas;  enfin  des  spores  ovoïdales,  d'autres  sphériques  de  o,ooi5  à  o,oo35 
de  millimètre  de  diamètre.  Les  petits  corps  diaphanes,  qui  étaient  si  nom- 
breux dans  les  premières  heures,  avaient  diminué  dans  une  proportion 
considérable.  Leur  nombre  est  certainement  en  raison  inverse  de  celui  des 
animalcules  et  des  spores.  Considérable  au  début  de  l'expérience,  il  dimi- 
nue à  mesure  que  celui  des  animalcules  et  des  spores  augmente.  N'est-ce 
pas  la  preuve  que  ces  petits  corps  sont  des  infusoires  à  l'état  rudimentaire, 
les  germes  dont  les  auteurs  admettaient  l'existence  sans  les  avoir  vus? 

»  Cette  expérience  est  intéressante,  non-seulement  par  la  grande  quantité 
deMicrophytes  et  de  Microzoaires  dont  elle  démontre  l'existence,  mais  par 
le  peu  de  temps  qu'il  a  fallu  (six  heures)  pour  leur  développement  complet, 
tandis  qu'il  faut,  à  cette  même  température,  quarante-huit  heures  au  mini- 
mum pour  que  de  la  vapeur  d'eau  recueillie  dans  l'atmosphère  dans  des 
endroits  sains  présente  des  Bactéries,  des  Vibrions  et  des  spores  évidents. 

«  Une  seconde  expérience  a  été  faite  sur  l'air  d'une  casemate  contenant 
trente-huit  lits,  dont  dix-sept  seulement  étaient  occupés.  Dans  cette  expé- 
rience, l'auteur  a  constaté,  aux  mêmes  heures  que  dans  la  précédente,  l'exis- 
tence des  mêmes  Microphytes  et  des  mêmes  Microzoaires,  mais  en  quantité 
beaucoup  moindre.  Il  attribue  cette  différence  à  la  ventilation  de  la  case- 
mate (la  chambre  de  la  caserne  ne  Tétait  pas)  et  au  petit  nombre  de  lits 
occupés. 

»  Troisième  expérience  comparative,  faite  sur  l'air  extérieur.  —  Pendant 
qu'on  opérait  dans  la  caserne  et  dans  la  casemate,  un  appareil  rempli  de 
glace  fonctionnait  sur  la  partie  la  plus  élevée  de  la  fortification  qui  domine 
la  plaine,  à  la  hauteur  de  la  chambre  de  la  caserne.  C'était  donc  la  même 
couche  d'air  qui  alimentait  cette  dernière.  Le  temps  était  beau  et  le  venta 
peine  sensible.  Au  moment  de  la  condensation  le  liquide  était  incolore,  lim- 
pide; son  odeur  et  sa  saveur  étaient  celles  de  l'eau  fraîche  et  pure.  On  l'exa- 
mina au  microscope,  aux  mêmes  heures  que  les  précédentes.  Ce  n'est  que 
quarante-huit  heures  après  sa  condensation  qu'on  put  y  reconnaître  quel- 
ques Bacterium  termo,  de  très-petits  Vibrions-baguettes  et  de  très-petites 
spores,  mais  point  de  Monades  ovoïdes. 

»  Si  l'on  compare  ces  résultats  à  ceux  qui  ont  été  obtenus  dans  les  deux 


(  495  ) 

autres  expériences,  on  est  frappé  de  la  différence  considérable  qui  existe 
dans  la  composition  de  la  vapeur  d'eau  recueillie  à  l'air  libre,  et  celle  de 
l'air  confiné  de  la  caserne  et  de  la  casemate.  Au  bout  de  six  heures,  la  vapeur 
d'eau  condensée  dans  l'air  confiné  contenait  de  nombreux  corps  diaphanes, 
des  animalcules  et  des  spores.  On  constata  même,  dans  l'air  de  la  casemate, 
l'existence  de  deux  Bacterium  catenula  composés  de  cinq  articles,  et  de  deux 
Vibrions-baguettes  vivants.  Cette  différence  s'est  maintenue  jusqu'à  la  fin 
de  ces  expériences,  qui  ont  été  suivies  pendant  dix  jours.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIOLOGIE  BOTANIQUE.    —   Influence  de  la  rotation  de  la  Terre  sur  la  forme 
des  troncs  d'arbre;  par'M.  Cii.  Musset.  (Deuxième  Note.) 

(Cette  Note  est  renvoyée,  ainsi  que  la  précédente,  à  la  Section  de 

Botanique.  ) 

«  J'ai  eu  l'honneur  d'adresser  à  l'Académie,  le  2  septembre  dernier,  une 
Note  touchant  l'influence  présumée  de  la  rotation  de  la  Terre  sur  la  forme 
des  troncs  d'arbre.  Aujourd'hui,  ce  n'est  plus  sur  l'examen  de  quelques  cen- 
taines d'arbres,  mais  de  plusieurs  milliers,  que  je  base  mon  hypothèse.  En 
effet,  tous  les  arbres  observés,  soit  par  moi-même,  soit  par  les  personnes 
compétentes  auxquelles  je  me  suis  adressé,  ont  montré  leur  tronc  aplati 
très-sensiblement  du  nord  au  midi  et  renflé  du  levant  au  couchant. 

»  Dans  le  but  de  mieux  déterminer  la  direction  du  renflement  de  la  tige, 
je  me  suis  servi  de  la  boussole,  dont  la  déclinaison  est  à  Toulouse  d'envi- 
ron i8°3o';  et  je  me  crois  en  droit  d'affirmer  que  cette  direction  est  incli- 
née vers  le  sud  et  correspond  au  rumb  est-sud-est.  L'angle  qu'elle  forme 
avec  l'est  et  l'ouest  est  donc  de  22°3o',  et  égal  à  l'angle  du  plan  de  l'éclip- 
tique  sur  le  plan  de  l'équateur.  Cette  déviation  constante,  et  que  j'ai  par 
moi-même  constatée  sur  toute  espèce  d'arbres  vieux  et  non  transplantés, 
pris  au  hasard  et  à  une  exposition  quelconque,  peut  d'abord  ébranler  la 
conviction.  Mais  les  expériences  sur  la  chute  des  corps,  faites  en  Italie  par 
Guglielmini  et  répétées  en  Allemagne  par  Bezemberg  et  Reich,  prouvent 
que  le  doute  n'est  pas  fondé.  Ces  expériences,  en  effet,  ont  constamment 
donné  une  déviation  est-sud-est,  et  non  point  est,  comme  l'indiquaient 
les  calculs  de  Laplace  et  de  Gauss.  Ce  parallélisme,  entre  la  direction  du 
grand  axe  de  l'ellipse  des  tiges  et  celle  qu'imprime  la  force  centrifuge 
développée  par  la  rotation  de  la  Terre  aux  corps  tombant  en  chute  libre, 


(  496  ) 
me  semble  démontrer  que  la  forme  des  troncs  d'arbre  est  réellement 
due  aux  mouvements  qui  entraînent  notre  planète.  Je  ferai  remarquer 
seulement  que  les  arbres  dont  l'écorce  est  lisse  sont  les  plus  propres  à  cet 
examen.  La  forme  elliptique  des  arbres  à  écorce  rugueuse  n'est  sensible 
à  l'œil  que  lorsqu'ils  sont  vieux  et  non  déformés  par  une  cause  purement 
accidentelle.  » 

M.  Ch.  Depuis  adresse  une  Note  relative  à  un  nouveau  «  siphon  à  évapo- 
ration  » . 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée  pour  les  communications 

analogues  du  même  auteur.) 

M.  Cloquet  présente,  au  nom  de  M.  A.  Chevalier,  un  Mémoire  destiné 
au  concours  pour  le  prix  des  Arts  insalubres,  et  ayant  pour  titre  :  «  Le  cuivre 
et  les  sels  de  cuivre  sont-ils  toxiques?  Les  instruments  de  cuivre  sont-ils 
dangereux?  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  des  Arts  insalubres.) 


■S' 


M.  Cloquet  présente  également,  au  nom  de  M.  E.  Lisle,  un  «  Mémoire 
sur  le  traitement  de  la  congestion  cérébrale  et  des  hallucinations  par  l'acide 

arsénieux  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Barbier.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  de  l'Académie  Stanislas  de  Nancy  fait  hom- 
mage à  l'Académie,  au  nom  de  cette  Société,  du  volume  de  ses  Mémoires 
pour  1866. 

«  M.  Milne  Edwards  informe  l'Académie  du  prochain  départ  de  M.  A. 
Bouvier  pour  les  îles  du  Cap-Vert,  où  ce  voyageur  se  propose  de  faire  des 
recherches  scientifiques.  M.  Bouvier  a  déjà  voyagé  dans  l'Amérique  centrale; 
il  y  a  formé  des  collections  intéressantes,  et  il  possède  les  connaissances 
nécessaires  pour  faire  de  bonnes  observations  sur  l'histoire  physique  et  natu- 
relle des  pays  qu'Use  propose  d'explorer.  11  se  métaux  ordres  de  l'Académie 
et  il  serait  heureux  si  quelque  Membre  de  cette  Compagnie  voulait  bien 
lui  indiquer  des  sujets  d'investigation.    » 


(  497  ) 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  courbes  du  quatrième  ordre.  Note  de 
M.  E.  de  Hcnyadt,  présentée  par  M.  Chasles. 

«  La  Note  que  je  prends  la  liberté  de  communiquer  aujourd'hui  à  l'Aca- 
démie a  pour  but  de  compléter  par  quelques  remarques  un  Mémoire  que 
j'ai  eu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  et  qui  a  été  inséré  en  extrait 
dans  les  Comptes  rendus,  t.  LXIV,  p.  218. 

»  1.  Dans  le  théorème  IV  du  Mémoire  cité,  j'ai  démontré  que  chaque 
courbe  du  quatrième  ordre  a  des  courbes  tangentes  du  troisième  ordre, 
qui  ont  un  contact  simple  en  six  points  avec  la  courbe  du  quatrième  ordre. 
Les  six  points  en  question  sont  les  sommets  d'un  quadrilatère  complet.  Les 
courbes  tangentes  se  rangent  cinq  à  cinq  en  un  groupe,  et  leurs  quadrila- 
tères correspondants  forment  un  pentagone  qui  est  complètement  inscrit  à 
la  courbe  du  quatrième  ordre. 

»  Les  courbes  tangentes  du  troisième  ordre,  cependant,  sont  non-seu- 
lement différentes  de  celles  du  même  ordre  dont  les  six  points  de  contact 
sont  situés  dans  une  section  conique,  mais  elles  se  distinguent  aussi  essen- 
tiellement des  courbes  tangentes  du  troisième  ordre  découvertes  par 
M.  Hesse. 

»  2.  La  démonstration  de  cette  allégation  repose  sur  le  théorème  IV 
déjà  cité,  ainsi  que  sur  les  théorèmes  suivants,  tirés  d'un  des  plus  beaux 
Mémoires  de  M.  Hesse  (*). 

»  a).  L'illustre  géomètre  de  Heidelberg  a  fait  la  belle  découverte,  que  l'on 
peut  mettre  en  relation  la  courbe  plane  du  quatrième  ordre  avec  une  courbe 
gauche  du  sixième  ordre,  laquelle  est  le  lieu  des  sommets  des  cônes  du 
second  ordre  qui  passent  par  sept  points.  Les  deux  courbes  sont  tellement 
liées  entre  elles,  qu'à  un  point  II  de  la  courbe  plane  du  quatrième  ordre 
correspond  un  point  P  de  la  courbe  gauche  du  sixième  ordre,  et  récipro- 
quement à  chaque  point  P  de  la  courbe  gauche  correspond  un  point  II  de 
la  courbe  plane  (§  II,  p.  284). 

»  b).  Aux  quatre  points  d'intersection  II  d'une  droite  avec  la  courbe 
plane  du  quatrième  ordre  correspondent  quatre  points  P  de  la  courbe 
gauche  du  sixième  ordre.  Les  quatre  points  P  sont  les  sommets  de  quatre 
cônes  qui  se  rencontrent  dans  une  même  courbe  (§  III,  p.  286). 

»  c).  Aux  six  points  de  contact  des  courbes  tangentes  du  troisième  ordre 

(*)    Ubcr  die  Doppeltangenten   and  Curven   vierter  Ordnung  (Crelle  Journal,  t.  XLIX, 

P-  279)- 

C.  R.,  1S67,  1"  Semestre.  (T.  LXV,  N°  12.;  65 


(  49*  ) 
(de  M.  Hesse)  avec  la  courbe  du  quatrième  ordre,  correspondent,  dans  la 
courbe  gauche  du  sixième  ordre,  six  points  P  qui  sont  situés  dans  un  plan 
(§  VI,  p.  292). 

»  En  effet,  si  l'on  considère  cinq  courbes  tangentes  appartenant  au  même 
groupe,  avec  leur  pentagone  correspondant,  qui  est  complètement  inscrit 
à  la  courbe  du  quatrième  ordre,  et  si  l'on  désigne  par  1,  2,  3,  4»  5  les  droites 
composant  le  pentagone  et  par  (/,  k)  le  point  d'intersection  des  droites  /et 
A-,  on  peut  tirer  les  conséquences  suivantes  : 

»  Aux  trois  sommets  (i3),  (23),  (34)  du  quadrilatère  (1  2  3  4)  corres- 
pondent trois  points  P  dans  la  courbe  gauche  du  sixième  ordre,  dont  les 
cônes  correspondants  se  rencontrent  dans  une  même  courbe  gauche  (b). 
Les  trois  points  P  en  question  déterminent  un  plan  qui  rencontre  la  courbe 
gauche  du  sixième  ordre  en  trois  autres  points  P'.  Il  reste  donc  à  démon- 
trer que  les  trois  points  P'  ne  peuvent  jamais  correspondre  aux  trois  som- 
mets (12),  (i4)>  (24)  du  quadrilatère  (1  2  3  4)  (c). 

»  Car,  supposons  un  instant  que  les  trois  points  P' soient  des  points  cor- 
respondant aux  sommets  (12),  (i4)>  (24)  du  quadrilatère  (1  2  3  4)-  On  voit, 
en  considérant  le  quadrilatère  (1  2  3  5),  que  celui-ci  aura  de  commun  avec 
le  quadrilatère  (1234)  les  points  (12),  (i3),  (23),  lesquels  déterminent  en 
même  temps  les  deux  plans  correspondant  aux  deux  quadrilatères  (1  2  3  4) 
et  (1  2  3  5).  D'où  l'on  peut  conclure  que  les  points  (i4),  (24)?  (34)  coïn- 
cident, point  pour  point,  avec  les  points  (i5),  (25),  (35),  ou,  ce  qui  revient 
à  la  même  chose,  les  droites  4  et  5  coïncideraient,  ce  qui  est  contre  la  sup- 
position. 

»  3.  On  obtient  la  courbe  gauche  du  sixième  ordre,  d'après  M.  Hesse, 
par  l'intersection  de  deux  surfaces  du  troisième  ordre;  et  d'après 
M.  Chasles  (*),  par  l'intersection  de  deux  surfaces  du  quatrième  ordre.  La 
séparation  de  la  courbe  étant  lieu  des  sommets  des  cônes  qui  passent  par 
sept  points,  des  courbes  étrangères  à  la  question,  est  plus  évidente  dans  la 
représentation  de  M.  Chasles. 

»   4.  L'équation  (5)  de  mon  premier  Mémoire,  qui  s'écrit 

a<p3  -+-  ktyl  =  o  (**), 


(*)  Sur  la  surface  et  sur  la  courbe  à  double  courbure,  lieu  des  sommets  des  cônes  du  se 
cond  ordre  qui  divisent  harmoniquement  six  ou  sept  segments  rectilignes  pris  sur  autant  de 
droiles  de  l'espace  [Comptes  rendus,  t.  LU,  p.  iiGo,  théor.  VII). 

(**)   Par  méprise,  cette  équation  a  été  imprimée  dans  mon  premier  Mémoire  sou^  la  forme 
suivante  : 

ç,  -1-  k^\  —  o. 


1 


(  499  ) 
contient  un  théorème  fort  connu,  si  par  a  l'on  comprend  la  forme  ternaire 
linéaire,  par.ç>3  la  forme  générale  cubique  ternaire,  par  i]/2  la  forme  géné- 
rale quadratique  ternaire  et  par  k  une  constante  arbitraire. 

»  Ce  théorème,  qu'il  serait  superflu  de  développer,  conserve  encore  sa 
valeur,  si  la  conique  ij>2 '=  o  se  décompose  en  deux  lignes  droites;  chacune 
de  ces  droites  rencontre  la  courbe  du  quatrième  ordre  dans  l'un  des  deux 
points  de  contact  de  la  double  tangente  a  =  o. 

»  En  supposant  que,  dans  chaque  droite,  deux  points  de  contact  de  la 
courbe  tangente  du  troisième  ordre  avec  la  courbe  du  quatrième  ordre 
coïncident,  on  voit  que  la  courbe  tangente  du  troisième  ordre  aura  un 
contact  du  troisième  ordre  en  deux  points,  et  un  contact  simple  en 
même  nombre  de  points  avec  la  courbe  du  quatrième  ordre.  De  l'autre 
part  on  trouve  que  les  deux  droites  en  question  sont  devenues  des  tangentes, 
menées  des  points  de  contact  de  la  double  tangente  a  =  o  à  la  courbe  du 
quatrième  ordre.  En  observant  finalement  qu'à  chaque  point  de  contact 
d'une  double  tangente  on  peut  mener  neuf  tangentes  simples  à  la  courbe 
du  quatrième  ordre,  qui  a  vingt-huit  tangentes  doubles,  on  parvient  au 
théorème  suivant  : 

«  Chaque  courbe  du  quatrième  ordre  a  9.  9.  28  =  2268  courbes  tan- 
gentes du  troisième  ordre,  qui  ont  un  contact  du  troisième  ordre  en  deux 
points,  et  un  contact  simple  en  un  égal  nombre  de  points  avec  la  courbe 
du  quatrième  ordre. 

»  Si  cependant  la  courbe  offre  des  singularités,  ce  nombre  se  réduit;  par 
exemple,  si  la  courbe  a  trois  points  doubles  ou  trois  points  de  rebrousse- 
ment,  le  nombre  se  réduit  à  12,  voire  à  o.  » 

Géométrie.  —  Sur  la  théorie  des  systèmes  de  coniques.  Note  de 
M.  N.  Salvatore-Dixo,  présentée  par  M.  Chasles. 

«  Si  l'on  a  un  système  de  coniques  assujetties  à  quatre  conditions 
(Z,,  Z,,  Z3,  Z,)  =(/*,  v), 
le  nombre  de  celles  qui  satisfont  à  une  cinquième  condition  Z  dépend   de 
la  détermination  de  deux  quantités  a  et  /5  (paramètres),  et  l'on  a  toujours 
identiquement 

N  (Z,,  Z2,  Z3,  Z4,  Z)  =  a\j.  -4-  ]3v. 

»  J'observe  que,  pour  obtenir  a  et  fi,  il  suffit  de  connaître  les  deux 
nombres 

N(4p.,Z)  =  m,     N(4d.,Z)  =  re, 

65.. 


(  5oo  ) 
et  alors 

a  =  ^(an  —  m),     /S  =  -(am  —  n). 

En  effet,  l'on  a 

N(4p-,  Z)=a-f-  a/3,     N(4d.,  Z)  =  2«  +  j3, 
donc 

a +2/3  =  m,     aa-t-|S  =  /i, 
et  ensuite 

a  =  ^(271  —  m),     |3  =  r(2m-«). 

Mais  on  peut  demander  :  A  quoi  peut-il  servir  de  substituer,  à  une  seule 
et  unique  recherche,  faite  sur  le  système 

la  double  recherche  des  nombres  N  (4p-,  Z)  et  N(4d.,  Z)? 

»  Je  réponds  :  A  pas  grand'chose,  à  rien  même,  quand  pour  la  re- 
cherche des  paramètres  on  se  sert  de  la  méthode  géométrique.  Mais  il  y 
a  quelquefois  des  conditions,  desquelles  il  est  bien  difficile  de  tenir  compte 
géométriquement  (par  exemple,  les  conditions  métriques),  tandis  que  l'ana- 
lyse s'y  prête  à  merveille.  Alors  il  est  évident  que  c'est  beaucoup  simplifier 
la  question,  quand  on  substitue  au  système  (Z,,  Z2,  Z3,  ZA)  (duquel  on  ne 
peut  pas  écrire  l'équation)  les  deux  systèmes  (4p-)>  (4d.)>  <lui  ont  des  équa- 
tions connues  et  où  il  n'entre  qu'une  seule  indéterminée,  et  au  premier 
degré  encore. 

»   Si  l'on  pose 

N(3p.,  id.,Z)=p,     N(3d.,  ip.,Z)=y,     N(ap.,  ad.,Z)  =  r, 
on  a,  dans  tous  les  cas, 

p  =  2 m,     r  =  |  (m  ■+-  n),     q  —  in, 

et  l'on  voit  que  les  deux  nombres  m  et  n  ne  sont  pas  tout  à  fait  indépen- 
dants, parce  que  ^  (m  -+-  n)  doit  être  un  nombre  entier. 

»  Applications.  —  I.  Le  nombre  des  coniques  d'un  système  (p.,  v)  qui 
ont  un  axe  constant  est  3v. 

»  II.  Le  nombre  des  coniques  d'un  système  (a,  v)  qui  ont  le  produit  des 
axes  constant  est  3v. 

»  III.  Le  nombre  des  coniques  d'un  système  (p.,  v),  pour  lesquelles  est 
constante  la  somme  des  carrés  des  axes,  est  2v. 


(  Soi   ) 

«  IV.  Le  nombre  des  coniques  d'un  système  (p.,  v),  pour  lesquelles  est 
constante  la  différence  des  carrés  des  axes.,  est  /jv. 

»  M.  le  professeur  Luigi  Cremona  a  bien  voulu  me  communiquer  ce 
dernier  nombre. 

»  V.  Le  nombre  des  coniques  d'un  système  (p.,  v),  pour  lesquelles  est 
constante  la  somme  ou  la  différence  des  axes,  est  4^-  » 

ASTRONOMIE.  —  Note  relative  à   l'apparition  d'une  grande  tache  solaire,  et  à 
quelques   observations  faites   sur  l'éclipsé  de  Lune  du   i3  septembre;  par 

M.    CuACOKNAC. 

«  Conformément  à  ce  que  l'étude  de  la  constitution  physique  du  Soleil 
indique,  il  s'est  montré,  à  la  dernière  marée  planétaire  qu'a  subie  cet  astre, 
du  7  au  9  septembre,,  un  groupe  de  volcans,  dans  le  point  de  la  plus  grande 
dépression  atmosphérique  qui  se  soit  formée  depuis  le  minimum  actuel  de 
l'apparition  des  taches. 

»  En  effet,  les  taches  solaires  se  développant  par  un  phénomène  de 
rayonnement  inégal  de  la  photosphère  solaire,  les  planètes  Jupiter  et  la 
Terre,  d'une  part,  et  Vénus  et  Mercure  de  l'autre,  durent  occasionner  un 
phénomène  analogue  :  le  couple  de  Jupiter  et  la  Terre  concourant  à  pro- 
duire, avec  celui  de  Vénus  et  Mercure,  une  dépression  atmosphérique 
maximum,  il  en  est  résulté  un  courant  atmosphérique  aux  deux  extrémités 
de  la  résultante  du  couple;  il  y  a  eu,  par  suite,  production  de  taches  solaires 
en  ces  points. 

»  La  grande  tache  qui  occupe  aujourd'hui  le  centre  du  disque  solaire  a 
pris  naissance  précisément  en  l'un  de  ces  points,  c'est-à-dire  vers  l'extré- 
mité orientale  de  l'hémisphère  visible. 

»  Cette  tache,  la  plus  considérable  qui  se  soit  présentée,  durant  ce  mini- 
mum, est  visible  à  l'œil  nu . 

»  L'éclipsé  de  Lune  que  j'ai  observée  hier  n'a  présenté  rien  de  bien  remar- 
quable; des  nuages  ont  presque  constamment  empêché  l'observation.  Ce- 
pendant, vers  le  milieu  de  l'éclipsé,  il  a  été  possible  de  pratiquer  l'observa- 
tion que  j'avais  déjà  instituée  en  i863,  lors  de  l'éclipsé  du  ier  juin.  On  sait 
que  les  rayons  solaires  traversent,  dans  cette  circonstance,  toute  l'épais- 
seur de  l'atmosphère  terrestre  sous  l'incidence  rasante,  et  qu'ils  se  pro- 
jettent sur  le  disque  lunaire  après  s'être  réfractés  dans  l'atmosphère.  D'a- 
près la  théorie,  si  le  disque  lumineux  de  la  Lune  éclipsé  permet  d'apercevoir 
encore  les  raies  du  spectre,  elles  doivent  être  encombrées  des  faisceaux 


(     5û2     ) 

telluriques  qui  s'aperçoivent  au  coucher  du  Soleil.  Or  il  m'a  été  impos- 
sible, malgré  tous  mes  soins,  de  constater  la  présence  de  ces  faisceaux.  La 
raie  D,  que  j'ai  particulièrement  observée,  n'a  offert  aucune  trace  de  ces 
faisceaux  obscurs  qui  sont  si  nettement  accusés  lors  du  coucher  du  Soleil. 
Ce  fait  se  recommande  à  l'attention  des  astronomes,  d'autant  plus  que  voilà 
deux  observations  qui  se  contrôlent. 

»  L'observation  d'une  éclipse  totale  de  Lune  offrira  donc  cette  curiosité, 
que  les  phénomènes  les  plus  compliqués  de  la  lumière  pourront  y  être 
étudiés  à  l'aide  du  spectroscope. 

»  La  coloration  du  disque  lunaire  a  été  comme  de  coutume  :  la  portion 
la  plus  considérable  du  disque  lunaire  plongée  clans  l'ombre  de  la  Terre  était 
colorée  en  rouge,  et  celle  qui  se  trouvait  à  la  limite  de  l'ombre  était  teintée 
légèrement  en  violet.  Entre  ces  deux  extrémités,  se  trouvaient  les  couleurs  in- 
termédiaires, jaune,  orangé,  vert  et  bleu,  confondues,  qui  résultent  de  la  dé- 
composition de  la  lumière  solaire,  par  réfraction  dans  l'atmosphère  terrestre, 
laquelle  se  présente,  en  effet,  sous  forme  prismatique,  et  décompose  la  lu- 
mière solaire  comme  le  prisme. 

»  Ces  observations  ont  été  faites  à  mon  observatoire  de  Villc-Urbanne 
(Rhône).   » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Nouvelles  remarques  sur  le  baromètre  statique.  Note  de 
M.  R.  Radau,  présentée  par  M.  d'Abbadie. 

«  La  nécessité  de  me  renfermer  dans  quatre  pages  m'avait  forcé  de 
supprimer  la  démonstration  des  formules  que  j'ai  eu  l'honneur  de  sou- 
mettre à  l'Académie  dans  sa  séance  du  26  août;  en  voulant  trop  abréger, 
j'ai  causé  une  méprise  à  laquelle  je  ne  pouvais  pas  m'attendre.  Me  sera-t-il 
permis  de  rappeler  au  P.  Secchi  (comme  je  l'ai  déjà  fait  de  vive  voix  le 
lendemain  de  la  dernière  séance)  qu'il  avait  entre  les  mains  deux  publi- 
cations où  j'ai  expliqué  le  raisonnement  par  lequel  j'obtiens  ces  formules, 
et  qu'il  lui  suffisait  d'y  jeter  un  coup  d'ceil  pour  se  convaincre  que  sa  for- 
mule était  identique  avec  la  mienne  ?  En  voici  la  preuve.  J'ai  dit  que  le  baro- 
mètre statique  pouvait  être  considéré  comme  un  corps  flottant,  autour 
duquel  la  pression  atmosphérique  était  équilibrée;  que  dès  lors  le  principe 
d'Archimède  pouvait  s'appliquer  comme  si  le  baromètre  entier,  tube  et 
mercure  intérieur,  représentait  un  solide  à  sections  pleines;  que  le  poids 
du  système  était  égal  au  poids  du  tube  et  de  son  contenu,  et  la  poussée 
égale  au  poids  du  mercure  déplacé  par  la  partie  immergée  du  tube,  cette 


(  5o3  ) 

partie  étant  considérée  comme  un  piston  ou  cylindre  plein.  Il  s'ensuit  que 
Bp  =  C//,  en  désignant  par  B  la  section  pleine  ou  totale  de  la  partie  im- 
mergée, et  par  G  la  section  intérieure  de  la  chambre;  on  voit  en  même 
temps  que  le  liquide  déplacé  par  le  piston  B  pénètre  en  totalité  dans  la 
chambre  C,  d'où  il  résulte  que  le  mercure  ambiant  reste  en  repos,  et  que 
le  niveau  extérieur  ne  peut  pas  varier.  Cette  fixité  du  niveau  extérieur  est 
une  propriété  essentielle  du  baromètre  statique;  elle  permet  de  prendre  la 
quantité  p  dont  le  tube  s'enfonce,  pour  la  quantité/)  -+-  n  dont  il  se  déplace 
par  rapport  à  une  échelle  fixe,  puisque  n  =  o.  C'est  cette  dernière  quantité, 
et  non  l'autre,  que  l'on  observe  et  que  le  barographe  est  destiné  à  enre- 
gistrer. 

»  On  voit  que  j'ai  désigné  par  B  ce  que  le  P.  Secchi  désigne  par  B  4-  T, 
de  sorte  que  sa  formule  n'est  autre  que  la  mienne.  Elle  est  encore  iden- 
tique avec  la  formule  que  j'ai  publiée  en  1862  et  que  le  P.  Secchi  a  repro- 
duite en  1866;  j'y  remplace  les  sections  B  et  C  par  les  carrés  des  rayons  R 
et  r,  ce  qui  montre  à  l'évidence  qu'il  s'agit  de  la  section  totale  de  la  partie 
immergée  (1). 

»  Toutefois,  si  la  formule  du  P.  Secchi  est  identique  avec  la  mienne,  la 
démonstration  qu'il  en  donne  me  parait  être  un  cercle  vicieux  qui  admet 
tacitement  ce  qu'il  s'agit  de  prouver.  En  effet,  le  P.  Secchi  confond  les  deux 
quantités  p  et  p  -+-  72,  et  oublie  de  démontrer  que  n  =  o.  Sa  démonstration 
se  rapporte  à  la  quantité  p,  l'application  qu'il  fait  de  la  formule  se  rapporte 
à  la  quantité  p -h  n  qui  se  lit  sur  l'échelle  fixe;  pour  qu'il  soit  permis 
d'identifier  ces  deux  quantités,  il  faut  que  le  niveau  extérieur  soit  inva- 
riable. Cette  invariabilité  résulte,  il  est  vrai,  de  ma  théorie;  mais  le  P.  Secchi, 
dans  sa  Note,  conteste  cette  théorie  en  même  temps  qu'il  en  accepte  implici- 
tement un  résultat  essentiel. 

»  Voici  maintenant  les  observations  que  je  demande  la  permission  de 
présenter  au  sujet  des  baromètres  anciens.  Le  P.  Secchi  démontre  que  le 
baromètre  de  Maguire  ne  remplit  pas  les  conditions  nécessaires  à  la  stabilité 
de  l'équilibre,  qu'il  est  irréalisable  sous  la  forme  indiquée;  c'est  exactement 
ce  que  j'ai  dit  dans  ma  Note  du  26  août.  Quant  au  baromètre  à  peson 
(sleelyard  barometer)  de  Morland  et  au  baromètre  statique  de  Magellan,  sur 
lesquels  M.  Forbes  a  rappelé  l'attention  des  savants  dès  le  a  mars  18^7, 
je  crois  pouvoir  affirmer  qu'il  ne  s'agit  pas  ici  de  constructions  impossibles 


(1)  Je  désigne  également  par  E  la  section  pleine   ou   totale  de  la  cuvette,  y  compris  la 
place  occupée  par  le  tube. 


(  5o4  ) 
à  réaliser,  mais  bien  d'instruments  qui  ont  servi.  Il  y  a  d'autant  moins  de 
raisons  pour  en  douter,  que  le  premier  baromètre  à  balance  que  le  P.  Sec- 
cbi  a  exécuté  lui-même,  et  dont  il  énumère  les  avantages  pratiques  dans 
V Album  (janvier  1867),  se  composait  d'un  tube  ordinaire,  suspendu  à  un 
peson  muni  d'une  longue  aiguille  qui  parcourait  un  arc  divisé,  et  que  cette 
description  s'accorde  de  point  en  point  avec  celle  du  baromètre  de  Morland 
chez  Hutton  et  Gehler.  Ce  système,  ou  celui  de  Magellan,  aurait  pu,  sans 
inconvénient,  servir  à  l'enregistrement  des  observations  par  le  système 
de  Changeux  (enregistrement  par  points,  qui  demande  très-peu  de  force 
motrice). 

»  L'agrandissement  de  la  section  supérieure  du  tube,  proposé,  mais  non 
essayé  par  Maguire  et  Magellan,  détruit  la  stabilité  de  l'équilibre,  et  le 
P.  Secchi  s'en  est  aperçu  en  faisant  pour  la  première  fois  l'essai  de  cette  mo- 
dification. Pour  rétablir  la  stabilité  de  l'équilibre,  le  P.  Secchi  a  eu  recours 
au  peson  à  fléau  brisé;  il  propose  aussi  le  manchon,  qui  conduit  au  même 
but  en  ramenant  le  tube  sous  la  forme  stable  (B  >  C).  M.  Minotto  (1)  est 
arrivé  au  même  résultat  en  donnant  à  la  partie  immergée  la  forme  d'une 
cloche;  ce  système  semble  destiné  à  éviter  l'instabilité  de  l'équilibre  dans 
le  sens  horizontal,  que  doit  entraîner  l'emploi  d'un  manchon  de  bois.  Il  y 
aurait  enfin  un  quatrième  moyen  de  rétablir  la  stabilité  de  l'équilibre  lors- 
qu'on agrandit  la  chambre  barométrique  :  ce  serait  de  lester  l'aiguille  ver- 
ticale de  la  balance.  Magellan  n'avait  qu'à  abaisser  la  boule  par  laquelle  il 
balance  cette  aiguille,  et  l'équilibre  serait  redevenu  stable  avec  la  chambre 
renflée.  Dans  cette  hypothèse,  l'équation  du  baromètre  statique  serait 


m 

= 

1; 

c; 

<; 

r  + 

nLcose 

? 

ra„r 

en  désignant  par  rie  rayon  des  secteurs  de  cercle  qui  portent  le  baromètre 
et  son  contre-poids,  par  L  la  longueur  de  l'aiguille,  par  II  le  poids  dont  elle 
est  lestée,  par  e  l'angle  dont  elle  s'écarte  de  la  verticale.  On  aurait 

m  B— C  ni, 

—  =  — - —  rcose  H > 

p  (j  n,r 

si,  à  la  place  des  secteurs  de  cercle,  on  employait  une  balance  à  fléau  droit 

EC 
déforme  ordinaire.  La  quantité  zô0  est  =  isr,36-- -•  On  voit  que  le 

rapport  m  :  p  restera  positif  (et  l'équilibre  stable),  tant  que  le  produit  II L  ne 
descend  pas  au-dessous  d'une   certaine  limite  qui  résulte  des  formules 

(1)  Dizionario  tecnologico,  t.  II;  Venise,  i83l. 


(  5o5  ) 

mêmes.  Il  n'est  clone  pas  exact  de  dire,  comme  le  P.  Secchi  l'a  fait  plusieurs 
fois,  que  l'équilibre  est  impossible  avec  la  balance  à  bras  égaux,  et  qu'il  est 
rétabli  par  l'emploi  des  bras  inégaux,  lorsqu'on  fait  usage  du  tube  à  deux  sec- 
tions; mes  formules  montrent  qu'il  peut  être  stable  avec  les  bras  égaux  et 
instable  avec  les  bras  inégaux;  la  véritable  condition  delà  stabilité,  c'est  que 
le  centre  de  gravité  de  la  balance  soit  plus  bas  que  le  point  d'appui.  C'est 
par  erreur  aussi  que  le  P.  Seccbi  dit,  une  fois,  que  le  baromètre  statique  est 
indépendant  de  la  température,  et  une  autre  fois,  qu'il  a  la  même  correc- 
tion que  le  baromètre  ordinaire;  j'ai  montré  qu'il  a  une  correction  spéciale 
qui  dépend  de  la  forme  de  la  cuvette. 

»  Rien  n'est  plus  loin  de  ma  pensée  que  de  prétendre  que  les  théories 
puissent,  dans  les  questions  pratiques,  remplacer  l'expérience,  mais  elles 
peuvent  servir  à  éviter  des  tâtonnements  coûteux,  en  faisant  prévoir  ce  qu'il 
sera  possible  d'atteindre.  Je  n'ai  voulu  en  aucune  façon  déprécier  le  mérite 
des  recherches  expérimentales  du  P.  Secchi,  comme  je  ne  doute  pas  que, 
de  son  côté,  il  n'approuve  ma  théorie  lorsqu'il  aura  eu  le  temps  de  l'exa- 
miner. » 

PHYSIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  une  nouvelle  action  de  la  lumière.  Sixième 
Mémoire  de  M.  J\iepce  de  Saint- Victoiî ,  présenté  par  M.  Chevreul. 
(Extrait  par  l'auteur.) 

«  J'ai  publié,  dans  cinq  Mémoires  précédents,  toutes  les  expériences  que 
j'avais  faites  pour  constater  que  les  corps  poreux  ou  rugueux,  qui  avaient 
été  frappés  par  la  lumière,  conservent  une  activité  capable  d'opérer  la  ré- 
duction des  sels  d'argent  dans  l'obscurité,  comme  s'ils  étaient  exposés  à  la 
lumière  directe. 

»  J'ai  démontré  que  cette  activité  était  persistante;  qu'elle  se  conservait 
plusieurs  jours  dans  l'obscurité  et  à  l'air  libre  ;  que  si  un  corps  avait  perdu 
cette  activité,  on  pouvait  la  lui  faire  reprendre  en  l'exposant  de  nouveau  à 
la  lumière  ;  que  si  l'on  insolait  une  feuille  de  carton  imprégnée  d'azotate 
d'urane  ou  d'acide  tartrique,  et  qu'on  l'enfermât  dans  une  atmosphère 
confinée,  par  exemple  dans  un  étui  de  fer-blanc  hermétiquement  fermé, 
on  constatait,  après  plusieurs  mois,  la  même  activité  que  le  premier  jour. 

»  Cette  activité  agit  à  distance_,  dans  l'obscurité,  par  exemple,  et  se 
communique  à  un  autre  corps  avec  la  même  propriété,  mais  elle  ne  tra- 
verse pas  le  verre. 

»  M.  Arnaudon,  chimiste  de  Turin,  a  répété  quelques-unes  de  mes  expé- 

C.  R.,  1867,  Ie  Semestre.  (T.  LXV,  N°  12.)  "6 


(  5o6  ) 

riences  dans  les  différents  gaz,  et  les  résultats  ont  été  les  mêmes  qu'à  l'air 
libre. 

»  Il  serait  bien  important  de  faire  une  expérience  dans  le  vide  lumineux, 
mais  il  ne  m'a  pas  encore  été  possible  de  le  faire. 

»  Je  rappellerai  que  j'ai  constaté  la  production  de  cette  activité  sur  les 
tranches  d'une  assiette  de  porcelaine  fraîchement  cassée,  ainsi  que  sur  une 
lame  de  verre  fortement  dépolie,  mais  parfaitement  nettoyée  à  l'eau  distil- 
lée. On  ne  peut  donc  pas  dire  dans  ce  cas  qu'il  y  avait  décomposition  du 
corps  frappé  par  la  lumière. 

»  J'ai  démontré  que  les  effets  de  lumière  ne  sont  point  dus  à  la  phospho- 
rescence, mais  je  n'ai  pas  dit  d'où  provenait  cette  activité. 

»  Beaucoup  d'hypothèses  ont  été  émises.  Certaines  personnes  même 
ont  nié  le  fait,  ce  qui  était  plus  simple;  mais  aucune  n'a  donné  la  solution 
de  ce  phénomène. 

»  J'ai  dit,  dans  mon  premier  Mémoire,  qu'une  gravure  ou  une  simple 
feuille  de  papier  ayant  été  insolée  et  appliquée  ensuite  sur  une  couche  sen- 
sible à  la  lumière,  telle  que  l'iodure  ou  le  chlorure  d'argent,  réduisait  dans 
l'obscurité  le  sel  d'argent,  comme  s'il  était  exposé  à  la  lumière  directe, 
seulement  beaucoup  moins  rapidement. 

m  Si  la  feuille  est  imprégnée  d'azotate  d'urane  ou  d'acide  tartrique  avant 
d'être  exposée  à  la  lumière,  la  réduction  du  sel  d'argent  est  très-prompte, 
surtout  avec  la  première  substance. 

»  Voici  maintenant  l'expérience  que  j'ai  faite.  J'ai  placé  sur  une  feuille 
de  papier  sept  bandes  de  verre  rouge,  orangé,  jaune,  vert,  bleu,  indigo  et 
violet.  Après  l'insolation,  j'ai  appliqué  cette  feuille  de  papier  sur  une  autre 
feuille  enduite  d'iodure  ou  de  chlorure  d'argent,  et  je  les  ai  laissées  en 
contact  dans  l'obscurité  pendant  douze  heures.  J'ai  vu  alors  que  les  bandes 
de  verre  rouge,  orangé,  jaune  et  vert  n'avaient  pas  impressionné  le  papier 
sensible,  mais  que  les  bandes  bleu,  indigo,  violet  avaient  noirci  la  couche 
sensible. 

»  J'ai  répété  cette  expérience  sur  des  papiers  ou  cartons  imprègnes 
d'azotate  d'urane  ou  d'acide  tartrique,  et  la  couche  sensible  a  été  beau- 
coup plus  vivement  impressionnée  dans  les  parties  correspondant  aux 
mêmes  rayons  que  j'ai  indiqués  plus  haut. 

»  Lorsque  la  feuille  de  papier  contenant  de  l'azotate  d'urane  ou  de 
l'acide  tartrique  a  été  insolée,  on  peut  facilement  constater  cette  activité 
en  versant  une  solution  d'azotate  d'argent  en  forme  de  traînée  sur  la  partie 
insolée.  On  verra  immédiatement  une  coloration  très-forte  dans  les  rayons 


(  5i>7  ) 
bleu,  indigo  et  violet,  et  rien  dans  les  quatre  premiers,  à  moins  que  l'expo- 
sition à  la  lumière  n'ait  été  très-prolongéé.  Dans  ce  cas,  une  légère  impres- 
sion  se   manifeste  dans  les   rayons  vert,  jaune  et  rouge,   mais  rien  dans 
l'orangé. 

»  Si  l'on  applique  les  bandes  de  verre  sur  une  feuille  de  papier  collé  à 
l'amidon,  et  qu'on  l'expose  à  la  lumière  solaire  pendant  une  heure  environ, 
on  verra,  en  versant  sur  la  partie  recouverte  des  sept  bandes  de  verre 
une  solution  d'iodure  de  potassium,  les  parties  de  la  feuille  de  papier 
correspondant  aux  rayons  violet,  indigo  et  bleu,  prendre  une  teinte 
rouge  brique,  et  aucune  coloration  dans  les  rayons  vert,  jaune,  orangé  et 
rouge. 

»  Si  l'on  forme  un  iodure  d'argent  en  versant  de  l'azotate  d'argent  avant 
l'iodure  de  potassium,  on  verra,  dans  l'obscurité,  l'iodure  d'argent  se  colo- 
rer dans  les  rayons  les  plus  réfrangibles.  On  peut,  par  ce  moyen,  insoler  une 
feuille  de  papier  sous  un  cliché  et  obtenir,  dans  l'obscurité,  une  épreuve 
positive,  laquelle  peut  se  renforcer  au  moyen  du  sulfate  de  fer. 

»  Je  dirai  aussi  que  j'ai  fait  des  expériences  avec  des  verres  colorés  sur 
des  étoffes  blanches  et  sur  des  étoffes  colorées,  et  que  les  étoffes  et  les  cou- 
leurs ne  se  sont  altérées  par  la  lumière  que  dessous  les  verres  violet,  indigo 
et  bleu. 

»  Je  dirai  que  la  lumière  a  moins  d'action  sous  un  verre  violet  que  sous 
un  verre  blanc,  et  moins  sous  ce  dernier  qu'à  la  lumière  libre. 

»  Conclusions.  —  On  peut  dire,  d'après  ces  expériences,  que  la  lumière 
n'a  d'action  destructive  que  dans  les  rayons  les  plus  réfrangibles.  Cela  est 
connu,  dira-t-on,  mais  cette  activité  persistante  ne  l'était  pas  avant  mes  expé- 
riences, et  aujourd'hui  je  démontre  qu'elle  est  due  aux  rayons  qualifiés 
chimiques,  et  qu'elle  produit  le  même  effet  que  la  lumière  directe,  pour 
réduire  les  sels  d'argent.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  divers  carbures  contenus  clans  le  goudion  de 
liouille  :  l'acénaphtène  et  l'anthracène.  Note  de  M.  Berthelot,  présentée 
par  M.  Bertrand. 

V.   Âeénaphtène,  C^fl10  (acèlylonaphtaline). 

«  L'acénaphtène  est  un  beau  carbure  cristallisé  que  j'ai  découvert  dans 
le  goudron  de  houille,  et  que  j'ai  aussi  formé  synthétiquement  par  la  réac- 
tion de  la  naphtaline  libre  sur  l'éthylène,  à  la  température  rouge  : 

CaoH8  +  C'rP  =  C-"\\{0  +  H2. 

66.. 


(  5o8  ) 

»  L'acénaphtène  prend  encore  naissance,  mais  en  vertu  de  réactions  se- 
condaires qui  dérivent  de  la  précédente,  dans  la  réaction  de  la  benzine 
sur  l'éthylène  et  sur  l'acétylène. 

»  Je  décrirai  dans  mon  Mémoire  (1)  la  marche  que  j'ai  suivie  pour  ex- 
traire l'acénaphtène  du  goudron  de  houille.  La  formule  de  l'acénaphtène 
a  été  établie  d'après  son  analyse  et  celle  de  son  composé  picrique 

C2,H,0,C,2H3(AzO4)3O!. 

»  L'acénaphtène  affecte  la  forme  de  beaux  prismes  incolores,  brillants, 
aiguillés  et  aplatis,  terminés  aux  deux  bouts  par  un  double  biseau;  leur 
longueur  atteint  parfois  jusqu'à  8  à  10  centimètres.  L'odeur  de  ce  corps 
est  analogue  à  celle  de  la  naphtaline,  mais  plus  faible  et  moins  aroma- 
tique. Sa  densité,  soit  à  l'état  solide,  soit  à  l'état  fondu,  est  plus  grande 
que  celle  de  l'eau,  à  la  même  température.  Son  point  de  fusion  est  situé 
à  q3  degrés,  et  son  point  d'ébullition  entre  284  et  285  degrés.  Il  est  très- 
soluble  dans  l'alcool  bouillant;  mais  la  solution  refroidie  ne  retient  guère 
qu'un  centième  de  son  poids  d'acénaphtène  en  dissolution. 

»  11  se  combine  avec  l'acide  picrique,  en  formant  de  belles  aiguilles 
orangées,  semblables  au  chlorochromate  de  potasse  et  dont  on  a  donné 
plus  haut  la  formule. 

»  L'acide  sulfurique  fumant  et  même  l'acide  ordinaire  dissolvent  l'acé- 
naphtène en  formant  un  acide  conjugué,  dont  les  sels  sont  extrêmement 
solubles  dans  l'eau.  Avec  l'acide  nitrique  fumant,  j'ai  obtenu  l'acénaphtène 
binitré,  C'-*H8(Az04)2,  cristallisé  en  fines  aiguilles  jaunes,  presque  inso- 
luble dans  l'alcool. 

»  Le  sodium  est  sans  action  sur  l'acénaphtène  fondu.  Au  contraire,  le 
potassium  l'attaque,  avec  dégagement  d'hydrogène  et  formation  d'acénaph- 
tène potassé  :  C2*H9R. 

»  Le  brome  attaque  violemment  l'acénaphtène.  En  opérant  avec  cer- 
taines précautions  décrites  dans  mon  Mémoire,  on  obtient  un  bromure 
C24H,0Brc. 

»  L'action  de  l'iode  est  des  plus  remarquables.  Ce  corps,  chauffé  avec 
l'acénaphtène  à  feu  nu  et  même  au  bain-marie,  le  change  en  un  polymère 
brun  et  visqueux.  L'iode  agit  donc  sur  l'acénaphtène  comme  sur  le  styro- 
lène et  sur  divers  autres  carbures,  actions  qui  peuvent  être  rapprochées  de 
celles  que  le  même  corps  exerce  sur  le  soufre  et  sur  le  phosphore. 

(1)  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  4e  série,  t.  XII,  p.  226. 


(  5o9) 
»  L'acide  iodhydrique  attaque  l'acénaphtène  dès  ioo  degrés,  avec  mise  à 
nu  d'iode  et  formation  d'un  hydrure  liquide  et  volatil  vers  270  degrés 
(C24 H12?)  (1).  A  280  degrés,  l'acénaphtène,  chauffé  avec  20  parties  du 
même  hydracide,  donne  naissance  à  de  l'hydrure  de  naphtaline  et  à  de 
l'hydrure  d'éthylène,  produits  principaux  : 

C2*H,0  +  3  H2  =C20II,04-C*H6. 

»  En  présence  de  80  parties  d'hydracide,  l'hydrogénation  devient  com- 
plète, et  on  obtient  de  l'hydrure  de  décylène,  produit  principal  : 

C^H'0  +  9H2  =  C20H22  +  C4HG. 

Je  développe  dans  mon  Mémoire  ces  diverses  expériences. 

»  D'après  ces  résultats  analytiques  et  synthétiques,  l'acénaphtène  doit 
être  représenté  par  la  formule  suivante  :  C4H2(C20H8).  C'est  un  composé 
de  naphtaline  et  d'acétylène,  au  même  titre  que  le  styrolène  est  un  com- 
posé de  benzine  et  d'acétylène  :  C*H2(C,2H6).  Cette  formule  établit  clai- 
rement la  différence  entre  l'acénaphtène  et  le  phényle,  carbure  isomère,  mais 
dérivé  de  2  molécules  de  benzine  par  substitution  hydrogénée  :  C1 2  H  '(C 2  H6) 
dérivé  de  C,2H*  (H2).  La  même  formule  répond  aux  réactions  et  à  la  capa- 
cité de  saturation  de  l'acénaphtène,  comme  je  l'établis  dans  mon  Mémoire 
en  me  fondant  sur  une  théorie  nouvelle  des  corps  aromatiques,  laquelle 
comprend  à  la  fois  la  benzine,  ses  homologues  et  ses  dérivés,  le  styrolène, 
la  naphtaline,  etc. 

VI.   Anthracène,  C:8  H10. 

»  Je  désigne  sous  ce  nom  un  carbure  obtenu  de  la  manière  suivante. 

»  On  opère  sur  les  carbures  solides  du  goudron  de  houille,  moins  vola- 
tils que  la  naphtaline,  et  on  les  distille  ;  on  recueille  séparément  ce  qui 
passe  depuis  34o  degrés  jusqu'au  point  d'ébullition  du  mercure  et  un  peu 
au  delà.  On  redistille  ce  produit  jusqu'à  ce  que  le  thermomètre  marque 
35o  degrés  ;  ce  qui  reste  alors  dans  la  cornue  est  constitué  en  grande 
partie  par  de  l'anthracène.  On  fait  cristalliser  cette  masse  quatre  à  cinq  fois 
dans  l'huile  légère  de  houille;  puis  on  change  de  dissolvant,  et  on  fait  cris- 
talliser une  seule  fois  le  produit  dans  l'alcool.  Enfin  on  sublime  le  carbure, 
dans  une  cornue  maintenue  à  une  température  à  peine  supérieure  à  son 
point  de  fusion. 


(1)  J'ai  également  observé  que  l'acide  iodhydrique  exerce  sa  réaction  hydrogénante  dès 
100  degrés  sur  un  grand  nombre  de  carbures  pyrogénés;  mais  les  résultats  sont  moins 
nets  qu'a  une  plus  haute  température. 


(  5io) 

»  On  obtient  ainsi  mi  carbure  d'un  blanc  éclatant,  lamelleux,  cristal- 
lisé en  tables  rhombdïdales,  souvent  tronquées  sur  deux  sommets,  ce  qui 
leur  donne  une  apparence  d'hexagones.  Lorsqu'il  est  absolument  pur,  il 
possède  une  fluorescence  violette.  Son  point  de  solidification  est  situé  vers 
210  degrés  (température  corrigée),  et  son  point  d'ébullirion  très-voisin  de 
celui  du  mercure  (i). 

»  Ce  corps  répond  à  la  formule  C28H'°;  ses  réactions  et  ses  propriétés  gé- 
nérales sont  celles  de  l'anthracène  de  M.  Anderson,  et  il  me  parait  tout  à  (ait 
identique  avec  un  carbure  étudié  récemment  par  M.  Fritzsche,  lequel  forme, 
avec  le  nouveau  réactif  de  ce  savant,  des  lamelles  rhomboïdales  rose-vio- 
lacé. Les  mêmes  lamelles  peuvent  être  obtenues  avec  le  carbure  que  j'ai 
extrait  du  goudron  de  houille,  mais  à  la  condition  de  pousser  la  purifica- 
tion jusqu'au  bout  (2).  J'ai  également  réussi,  dans  ces  derniers  temps,  à 
reproduire  les  mêmes  lamelles  avec  leur  nuance  caractéristique,  tant  avec 
l'anthracène  obtenu  dans  la  décomposition  pyrogénée  du  toluène  qu'avec 
le  carbure  formé  dans  la  réaction  du  styrolène  sur  la  benzine  (3).  On  y 
parvient  en  purifiant  ces  corps  par  une  suite  méthodique  de  traitements, 
conformes  à  ceux  que  j'ai  décrits  tout  à  l'heure. 

»  J'ai  cru  devoir  répéter  avec  l'anthracène  absolument  pur  les  réactions 
et  hydrogénations  par  l'acide  iodhydrique  que  j'avais  exécutées,  il  y  a  quel- 
ques mois,  sur  un  produit  moins  complètement  purifié  (4).  J'ai  obtenu 
exactement  les  mêmes  résultats,  c'est-à-dire  la  production  des  hydrures 
C28H30  et  C,4H46.  Je  décris  dans  mon  Mémoire  ces  expériences,  ainsi  que 
diverses  autres  qui  achèvent  de  fixer  la  formule  de  l'anthracène  et  sa  con- 
stitution, C'H2  (C,2H*  [C,2H«]). 

(1)  Je  suis  porté  à  croire,  d'après  mes  essais,  que  l'anthracène  éprouve,  sous  l'influence 
de  la  chaleur,  quelque  changement  analogue  à  ceux  que  subissent  le  soufre,  le  phosphore,  le 
styrolène. 

(2)  Dans  les  premiers  essais  que  j'ai  faits  avec  le  réactif  de  M.  Fritzsche  et  au  moyen  d'un 
échantillon  de  ce  réactif  donné  par  son  auteur,  j'ai  observe  à  plusieurs  reprises  des  échan- 
tillons d'anthracène  fusibles  à  aro  degrés,  doues  des  caractères  ordinaires,  mais  fournissant 
des  lamelles  bleues,  circonstance  qui  m'avait  inspire  quelques  doutes  sur  l'identité  de  l'an- 
thracène el  du  carbure  de  M.  Fritzsche.  Mais,  depuis,  j'ai  reconnu  qu'il  suffisait  de  faire  re- 
cristalliser une  fois  dans  l'alcool  mes  échantillons,  pour  obtenir  un  carbure  capable  de  fournir 
des  lamelles  rose-violacé  sans  aucun  mélange. 

(3)  J'ai  encore  vérifié  cette  réaction  sur  l'anthracène  préparé  suivant  le  procédé  de 
M.  Limpricht,  en  décomposant  par  l'eau  le  toluène  chloré. 

(4)  Comptes  rendus,  t.  LX1V,  p.  "88. 


(  5n  ) 
>>  La  présence  de  l'acénaphtène  et  de  l'anthracène  dans  le  goudron  de 
houille,  ainsi  que  la  formation  synthétique  de  l'acénaphtène  au  moyen  de 
la  naphtaline  et  de  l'éthylène  libres  et  la  formation  synthétique  de  l'an- 
thracène, soit  au  moyen  du  styrolène  et  de  la  benzine  libres,  soit  au  moyen 
du  toluène  seul,  fournissent  de  nouvelles  preuves  à  l'appui  des  lois  que 
j'ai  énoncées  comme  présidant  aux  actions  réciproques  et  directes  des  car- 
bures d'hydrogène.  Il  est  évident  que  les  réactions  que  j'ai  observées  entre 
la  benzine  et  l'éthylène  sont  les  types  d'une  foule  de  réactions  semblables 
opérées  d'abord  entre  ces  mêmes  carbures  générateurs  et  les  premiers 
produits  de  leurs  transformations,  tels  que  le  styrolène,  la  naphtaline,  le 
phényle,  l'antliracène,  le  chrysène,  etc.;  puis,  entre  ces  nouveaux  car- 
bures eux-mêmes,  réagissant  deux  à  deux,  trois  à  trois,  etc.  Un  nombre 
illimité  de  carbures  définis  prennent  successivement  naissance  par  cet  en- 
chaînement méthodique  de  réactions  nécessaires.  » 

CHIMIE.  —  Recherches  sur  In  constitution  chimique  des  composés  fluorés.  Extrait 
d'une  Lettre  de  M.  Prat  à  M.  Dumas. 

«  Je  viens  de  m'apercevoir  qu'en  écrivant  mon  Mémoire  sur  le  fluor, 
j'ai  commis  une  erreur  assez  grave  pour  qu'il  me  paraisse  utile  de  la  relever. 
Cette  erreur  existe  dans  la  composition  du  mélange  fluorifère  n°  i  :  j'ai 
écrit  «  oxyfluorure  de  plomb  »,  tandis  que  je  devais  écrire  «  oxyfluorure 
»  de  potassium  ». 

»  L'oxyfluorure  de  plomb  chauffé  avec  du  nitre  produit  bien  du  fluor, 
mais  la  double  décomposition  qu'opère  la  chaleur  entre  les  deux  sels  pro- 
duit presque  en  même  temps  du  gaz  hypoazotique  en  abondance. 

»  Il  est  peut-être  regrettable  que  je  ne  me  sois  pas  étendu  davantage  sur 
le  mode  d'extraction  du  fluor. 

»  Du  reste,  j'ai  pensé  que,  dans  l'état  actuel  de  la  questionne  point  capital 
ne  repose  pas  exclusivement  sur  l'isolement  pénible  de  cet  élément,  mais 
aussi  sur  la  connaissance  entière  de  la  constitution  de  ses  dérivés,  laquelle 
seule  pourra  certainement  conduire  à  la  découverte,  très-prochaine,  je 
l'espère,  de  moyens  qui  ne  laisseront  rien  à  désirer.  » 

M.  Coxté  adresse  une  Note  relative  à  la  viticulture,  et  aux  procédés  a 
employer  pour  éviter  l'oïdium,  en  ramenant  toujours  les  vignes  aux  condi- 
tions de  la  jeunesse. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  C. 


(  5i2  ) 

BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  16  septembre  1867,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Michel  Faraday;  par  M.  A.  DE  LA  RlVE.  Presinge,  1867;  1  page  in-4°. 
(Extrait  du  Journal  de  Genève.  ) 

Mélanges  paléontologiques ;  par  M.  F.-J.  Pictet.  3e  livr.  Eludes  monogra- 
phiques des  Térébralules  du  groupe  de  la  T.  Diphya.  Bâle  et  Genève,  1 867;  in-4° 
avec  planches. 

Exposilion  universelle  de  1867  à  Paris.  Comité  des  poids  et  mesures  et  des 
monnaies.  Rapports  et  procès-verbaux.  Catalogue  officiel.  Paris,  1867;  in-8°. 

Tables  des  logarithmes  à  27  décimales  pour  les  calculs  de  précision;  par 
Fédor  Thoman.  Paris,  1867;  grand  in-8°.  (Présenté  par  M.  Bertrand.) 

Mémoires  de  V Académie  de  Stanislas,  1866.  Nancy,  1867;  in-8°. 

Recherches  sur  les  causes  primordiales  du  choléra  épidémique ;  par  M.  L.-G. 
Delerue.  Lyon,  1867;  in-4°. 

Curationde  C aliénation  mentale  ;  parM.  J .  ALL1X.  Introduction.  Paris,  1867; 
br.  in -8°. 

Etudes  sur  l'Exposition  de  1 867,  ou  les  Archives  de  l'Industrie  au  XIXe  siècle. 
publiées  sous  la  direction  de  M.  Eug.  Lacroix.  6e  fascicule,  3i  août  1867. 
Paris,  1867;  br.  grand  in-8°. 

Tables  générales  et  analytiques  du  recueil  des  Rulletins  de  l'Académie  royale 
des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de  Belgique.  2e  série,  t.  I  à  XX, 
1857  à  1866.  Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  impériale  des  Naturalistes  de  Moscou,  publié  sous  la 
direction  de  M.  le  Dr  Renard.  1866,  nos  III  et  IV.  Moscou,  1866;  2  vol. 
in-8°  avec  planches. 

Memorie...  Mémoires  de  la  Société  Italienne  des  Sciences^  fondée  par 
M.  A. -M.  Lorgna.  ire  série,  t.  III.  Florence,  1867:  1  vol.  in— 4°  avec 
planches. 

On  the...  Sur  la  Nephila  plumipes,  amignée  à  soie  de  la  Nouvelle- Caro- 
line; par  M.  G.  Wilder.  Sans  lieu  ni  date;  br.  in-8".  (Extrait  des  Procès- 
verbaux  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Boston.) 

ERRATUM. 

(Séance  du  9  septembre  1867.) 
Paye  438,  ligne  25,  au  lieu  de  soustraire,  lisez  soutenir. 

— ^ 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


■9QQr     i 


SEANCE  DU  LUNDI  25  SEPTEMBRE  1867. 
PRESIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

HÉTÉKOGÉNIE.  —  Réponse  à  trois  Noies  de  M.  Nylander  concernant  la  nature 
des  Amylobacter;  par  M.  A.  Trécul. 

«  Dans  les  Comptes  rendus  de  i865,  t.  LXI,  sont  deux  Notes  dans  les- 
quelles j'ai  décrit  des  plantules  amyliferes,  qui  se  développent  pendant  la 
putréfaction  des  végétaux  mis  en  macération  dans  l'eau.  Quelques  jours 
après  ma  seconde  communication  à  l'Académie,  je  fis  voir  à  M.  W.  Nylan- 
der quelques-unes  de  mes  préparations  et  mes  dessins  ;  puis  je  l'engageai  à 
étudier  cette  question.  Il  le  fit,  et,  peu  de  temps  après,  il  publia  deux  Notes 
dans  le  Flora  (ie  série,  t.  XXXVIII),  et  une  troisième  dans  le  Bulletin  de  la 
Société  botanique  de  France,  t.  XII,  dans  lesquelles  il  met  en  avant  deux 
phénomènes  importants  :  i°  la  mobilité  de  quelques  Amylobacter  ;  20  la 
multiplication  par  division  de  quelques  autres.  De  plus,  il  ne  juge  pas  ces 
corps  essentiellement  différents  des  Bactéries,  et  il  ajoute  que  les  faits  qu'il 
rapporte  ne  sont  pas  favorables  à  l'adoption  d'une  génération  spontanée. 

»  J'ai  attendu  près  de  deux  ans  pour  répondre.  Avant  de  le  faire,  j'ai 
voulu  renouveler  mes  observations,  et  apporter,  s'd  était  possible,  de  nou- 
veaux faits.  Je  vais  aujourd'hui  examiner  les  principaux  points  de  cette 
discussion. 

»  J'ai  le  regret  de  trouver  dans  les  Notes  de  M.  Nylander  des  inexacti- 

C  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  15.)  67 


(  5i4  ) 

tudes  de  rédaction  que  je  ne  puis  passer  sous  silence.  Ainsi,  dans  sa  pre- 
mière Note  (F/o77j,  1 8G5,  p.  5^2)  et  dans  sa  troisième  [Bulletin  de  la  Société 
botanique  de  France,  t.  XII,  p.  3o,6),  il  me  fait  attribuer  le  nom  de  Clostri- 
diumnux  formes  oblongues  ou  cylindriques  des  corps  dont  il  s'agit.  Il  est 
évident,  comme  le  mot  l'indique,  que  ce  sont  les  formes  en  fuseau  que  j'ai 
désignées  par  ce  terme. 

»  L'auteur  ajoute  que  dans  le  Spartiurn  scoparium  la  forme  de  ces  cor- 
puscules est  tellement  variable,  que  les  trois  genres  que  j'ai  établis  se  trou- 
vent confondus  cbez  le  même  type.  Cette  assertion  n'est  pas  fondée,  car, 
dans  toutes  les  plantes  que  j'ai  étudiées  jusqu'ici,  même  dans  le  Sparlium 
indiqué,  les  Amylobacter  ont  toujours  été  de  même  type  dans  un  endroit 
donné.  Ils  sont  tous  ou  cylindroïdes,  ou  graduellement  atténués  d'un  bout 
à  l'autre,  ou  fusiformes,  ou  capités.  Quand  ils  sont  capités,  la  tète  est,  dans 
tous  les  individus,  ou  elliptique  et  la  queue  cylindrique,  ou  ovoïde  et  la 
queue  atténuée  vers  l'extrémité,  on  bien  la  tète  est  globuleuse  et  la  queue 
cylindracée. 

»  M.  Nylander,  qui  ne  cite  que  les  Sparlium  scoparium,  Reseda  odorata, 
Dahlia  variabilis,  Pyrelhrum  sinense  et  le  Figuier,  croit  pouvoir  dire  :  «  Sint 
»  ita  ea  corpuscula  multo  quidem  frequentiora  et  facilius  obtenta  quam 
»  crederes  ex  cominentariis  clarissimi  Trécul.  »  Rien  dans  mesdeuxNotes 
ne  justifie  ces  paroles.  Il  y  a,  au  contraire,  à  la  page  433  du  Compte  rendu, 
un  passage  qui  indique  que  toutes  les  plantes  examinées  par  moi  ont  donné 
des  Amylobacter;  et  depuis  je  n'ai  trouvé  que  des  exceptions  bien  rares 
parmi  les  Phanérogames,  bien  que  sous  le  rapport  de  la  quantité  il  y  ait 
beaucoup  de  diversité. 

»  En  outre,  M.  Nylander  affirme  que  les  Amylobacter  fusiformes  du 
Figuier  et  du  Pyrethrum  sinense  sont  mobiles  à  la  manière  des  Bacterium, 
auxquels  il  les  assimile.  Oui,  les  Amylobacter  sont  mobiles  quelquefois,  mais 
beaucoup  plus  souvent  ils  ne  le  sont  pas.  Dans  la  très-grande  majorité  des 
cas,  à  la  surface  des  cellules  et  dans  les  méats,  ils  sont  si  pressés  les  uns 
contre  les  autres,  et  souvent  si  adhérents  à  la  paroi  cellulaire,  que  tout  mou- 
vement est  impossible.  De  plus,  à  de  certaines  places  dans  quelques  plantes, 
quand  les  utricules  sont  suffisammentécartées  par  la  désagrégation,  des  Amy- 
lobacter capités,  tous  dressés  en  grand  nombre,  et  assez  régulièrement  espa- 
cés sur  la  surface  de  certaines  cellules  parenchymateuses  ou  fibreuses, 
simulent  des  forêts  microscopiques  (écorce  du  Sureau,  écorce  et  moelle  de 
l' Aralia  japonica,  Thunb.).  Une  semblable  disposition  m'a  été  offerte  aussi 
à  l'intérieur  de  nombreuses  cellules  dans  la  moelle  de  rameaux  de  deux 


(  5i5  ) 
ans  du  Figuier.  Sur   toute  la  paroi  interne  étaient  dressés  et  épars  une 
multitude  d' '  Amyiobacter,  dont  la  télé  était  dirigée  vers  le  centre  de  la 
cellule. 

»  Ces  petits  corps  dressés,  qu'ils  soient  à  l'intérieur  ou  à  l'extérieur  de 
la  cellule,  sont  ordinairement  de  ceux  qui  ont  la  tète  ovale,  et  sont  fixés  à 
la  membrane  par  l'extrémité  atténuée  de  leur  queue  ou  pédicule.  Dans  le 
Sureau,  j'ai  obtenu  quelquefois  en  même  temps,  mais  beaucoup  plus  rare- 
ment, et  à  des  places  spéciales,  des  Amylobocter  à  tête  globuleuse,  dressés 
aussi  à  la  surface  des  cellules.  C'est  même  cette  dernière  forme  qui,  seule 
jusqu'ici,  m'a  permis  de  suivre  l'évolution  de  ces  corpuscules  dressés.  J'ai 
vu  poindre  sur  les  cellules  des  globules  cpii,  parvenus  à  un  certain  volume, 
étaient  soulevés  peu  à  peu  par  le  développement  graduel  du  pédicule  rela- 
tivement épais.  S'il  ne  m'est  pas  arrivé  de  surprendre  à  son  début  V Amylo- 
bacter  dressé  à  tête  ovoïde,  j'ai  pu  en  observer  le  développement  à  l'état  de 
liberté  dans  des  cellules  parencbymateuses  et  des  fibres  du  liber.  J'en  par- 
lerai plus  loin. 

»  M.  Nylander,  très-disposé  à  confondre  ces  corps  avec  les  Bacterium, 
demande  s'ils  ne  seraient  pas,  ainsi  que  ces  derniers,  de  simples  éléments 
anatomiques,  ou  des  rudiments,  des  rejetons  [proies)  ou  éléments  de  types 
dont  on  ne  connaîtrait  pas  tous  les  pbénomènes  biologiques. 

»  La  raison  principale  sur  laquelle  il  s'appuie,  outre  le  mouvement 
spontané,  c'est  que  dans  le  Spmiiiiin  scoparium  il  a  vu  souvent  deux  de  ces 
corps  bout  à  bout,  d'où  il  a  conclu,  ajuste  titre,  qu'ils  se  multiplient  par 
division.  Ces  corpuscules  s'allongent,  dit-il,  et.  se  séparent  ensuite  en  deux 
au  moyen  d'une  constriction  transversale. 

»  Dès  1 865  j'en  ai  figuré  des  séries  de  cinq  et  davantage.  Les  membres 
de  la  Commission  se  rappelleront  mes  dessins,  que  je  remets  sous  les  yeux 
de  l'Académie.  N'ayant  pas  vu  alors  la  scission  s'opérer,  je  me  suis  abstenu 
de  signaler  cet  état  comme  un  mode  de  multiplication.  J'ai  même  décrit 
(Comptes  rendus,  t.  LXI,  p.  4M)  et  représenté,  d'après  le  Lactuca  altissima, 
des  rangées  <1'  Amyiobacter  fnsiformes.  Mais  je  suis  convaincu  qu'une  telle 
disposition  en  série  peut  provenir,  dans  quelques  circonstances,  d'un  autre 
phénomène  que  l'allongement  et  la  section  de  corpuscules  on  de  filaments 
préexistants.  J'en  donnerai  tout  à  l'heure  un  exemple. 

»  C'est  donc  sur  une  telle  division,  qui  toutefois  a  réellement  lieu  chez 

les  Amylobacler  cylindroïdes,   que  M.  Nylander  se  base  pour  douter  de 

l'autonomie  de  nos  plantules,  dont  cependant  il  ne  connaît  pas  l'origine, 

ainsi  qu'il  l'avoue  à  la  page  523  du  Flora  par  le  passage  suivant  :  «  Si  au- 

67.. 


(  5.6  ) 
»   tern  de  «  plan  tu  lis  »  autonomis  hic  nugitur,  res  manet  valde  dubia,  nam 
»   propagationis  momenta  omnino  latent.  » 

»  Malgré  cet  aven,  qu'il  renouvelle  dans  le  Bulletin  de  la  Société  bota- 
nique, p.  3g6,  malgré  aussi  l'observation  de  Bactéries  et  de  Vibrions  dans 
des  cellules  closes  (non  perforées)  et  même  dans  des  fibres  du  liber  épais- 
sies (1),  observation  sur  laquelle  au  contraire  il  s'appuie,  M.  Nylander  croit 
pouvoir  dire  :  «  Ces  faits  ne  permettent  aucunement,  ce  me  semble, 
»  d'admettre  une  génération  spontanée,  car  pour  cela  il  faudrait  d'abord 
»  connaître  exactement  toute  l'histoire  biologique  des  productions  dont  il 
»   s'agit,  et  nous  n'en  savons  encore  rien.  » 

»  Que  M.  Nylander  n'ait  rien  observé  à  cet  égard,  je  le  crois  sans  peine, 
puisqu'à  cette  époque  il  n'a  pu  consacrer  que  quelques  semaines  à  cette 
étude  (de  la  mi-septembre  à  la  fin  d'octobre,  vers  laquelle  son  envoi  a  dû 
être  fait  au  Flora).  S'il  n'eût  pas  été  prévenu  contre  la  théorie  de  l'bétéro- 
génèse,  il  se  serait  rappelé  que  j'ai  décrit  l'origine  des  Amylobacter,  non- 
seulement  d'après  ce  qui  se  passe  dans  des  laticifères,  mais  aussi  dans  des 
utricules  et  des  fibres  du  liber  fermées,  dans  lesquelles  j'ai  vu  se  développer 
d'abord  des  corpuscules  ou  germes  elliptiques,  qui  émettent  une  petite  tige 
ou  queue,  dont  l'allongement  s'effectue  peu  à  peu. 

»  J'ai  plusieurs  fois  depuis  renouvelé  cette  observation.  J'ai  vu  le  germe 
commencer  lui-même  par  un  petit  point  de  substance  jaunissant  par  l'iode, 
lequel  grossissait  jusqu'à  ce  qu'il  eût  acquis  le  volume  et  la  forme  (ellip- 
tique ou  globuleuse)  de  la  tête  de  Y  Amylobacter  ;  puis  latéralement,  ou  à 
l'un  des  bouts  s'il  était  elliptique,  naissait  une  queue  comme  je  viens  de  le 
dire. 

»  J'ai  en  ce  moment  à  ma  disposition  un  bel  exemple  de  la  trans- 
formation du  latex  en  Amylobacter.  Dans  un  laticifère  d'Euphorbia 
Characias,  le  suc  laiteux,  après  s'être  coagulé,  se  divise  en  corpuscules 
elliptiques,  dont  bon  nombre  prennent  déjà  par  l'iode,  à  des  degrés  di- 
vers, la  teinte  caractéristique  de  l'amidon.  [Voir  la  note  de  la  page  433  du 
tome  LXI.) 

»  Ce  qui  se  passe  à  l'intérieur  des  cellules  s'accomplit  aussi  à  l'extérieur; 
et  là  les  Amylobacter  se  développent,  ou  à  la  surface  même  de  la  mem- 
brane cellulaire,  ou  dans  le  liquide  que  renferment  les  méats  pendant  la 

(1)  Des  Bactéries  et  des  Vibrions  naissent  fréquemment,  et  parfois  même  des  Monades, 
à  l'intérieur  des  cellules  de  la  moelle  fendue  longitudinalement  de  divers  végétaux.  Je 
reviendrai  l'année  prochaine  sur  ce  sujet. 


(  5i7) 
macération.  Je  vais  décrire,  de  ce  dernier  cas,   un   exemple   que  chacun 
pourra  vérifier  facilement. 

»  Quand  on  met  avec  de  l'eau,  dans  des  flacons  de  60  à  90  grammes, 
des  tronçons  de  tige  d'Helianthus  tuberosus  fendus  longiludinalement  par  la 
moitié,  l'eau  pénètre  le  tissu,  chasse  le  gaz  qui  remplit  les  méats  de  la  moelle; 
et  bientôt  les  cellules  superficielles  mises  à  nu  par  la  section,  et  les  méats 
voisins,  contiennent  une  multitude  de  globules  extrêmement  petits,  qui 
occupent  à  peu  près  toute  la  cavité  des  méats.  Évidemment  ces  globules  ne 
sont  pas  venus  du  dehors,  car  pour  cela  il  faudrait  que  des  globules  sem- 
blables fussent  répandus  en  innombrable  quantité  dans  tout  le  liquide  am- 
biant du  flacon,  ce  qui  n'est  pas.  Leur  substance  a  été  prise  par  le  liquide 
aux  cellules  voisines.  Ces  granules  ne  tardent  pas  à  s'allonger  et  à  prendre 
la  forme  de  cylindres,  qui,  d'abord  d'une  grande  ténuité,  croissent  en  lon- 
gueur et  en  épaisseur.  Ces  corpuscules  sont  alors  jaunis  par  l'iode.  Ce  n'est 
que  plus  tard,  quand  ils  ont  acquis  un  volume  plus  considérable,  qu'ils  se 
colorent  en  bleu  indigo  par  l'eau  iodée.  Ici,  comme  ailleurs,  une  extrémité, 
ou  même  les  deux,   reste  souvent  incolore,  ou  est  jaunie.  Pendant  leur 
accroissement,   à  quelque  période  qu'on  les  examine,  ils  sont   toujours 
libres.  A  tous  les  âges  la  rupture  du  méat  suffit  pour  les  disperser,  et  ils 
sortent  isolés  les  uns  des  autres  par  la  section  transversale  de  la  moelle. 
Cependant,  quand  ils  sont  déjà  cylindriques,  mais  encore  jeunes,  on  les 
trouve  quelquefois  disposés  en  séries  longitudinales.  Cette  disposition  ne 
provient  que  de  la  juxtaposition  accidentelle  de  ces  petits  corps  pendant 
leur  accroissement,  à  laquelle  s'adjoint  probablement  aussi  la  division  en 
deux  de  quelques-uns  d'entre  eux.  Assez  souvent,  l'espace  manquant  à  leur 
élongation,  ils  sont  recourbés  par  la  pression;  et  parfois  aussi  le  méat  est 
élargi  sous  l'influence  de  cette  pression. 

»  Les  granules  primitifs  remplissant  à  peu  près  le  méat  au  début,  tous 
ne  peuvent  arriver  à  l'état  Af Amylobacter  parfaits ,  qui  sont  ici  volumi- 
neux. Beaucoup  de  ces  corpuscules  disparaissent  donc  pendant  l'évolution 
des  autres.  Assez  fréquemment,  toutefois,  ceux  qui  ne  s'accroissent  pas 
restent  mêlés  à  ceux  qui  se  sont  développés.  Il  arrive  même  que  ces  der- 
niers, étant  rares,  sont  épars  dans  la  masse  des  granulations.  Dans  d'autres 
méats,  des  colonnes  de  granules,  jaunissant  par  l'iode,  alternent  avec  des 
colonnes  de  gros  Amylobacter  bleuissants,  comme  dans  certains  vaisseaux 
du  latex. 

»  Des  Amylobacter  semblables  naissent  en  immense  quantité  à  l'intérieur 
des  cellules  médullaires  lésées  par  la  section  longitudinale  de  la  moelle  et 


(  5i8  ) 
aussi  à  la  surface  de  l'écorce,  sur  la  cuticule.  Dans  ces  deux  endroits,  où  ils 
sont  en  contact  immédiat  avec  l'eau  du  flacon,  les  Amylobncler  présentent 
un  phénomène  que  je  n'ai  observé  nulle  part  ailleurs.  Ils  sont  entourés 
d'une  matière  gélatineuse  incolore,  qui  leur  donne,  à  la  couleur  près,  l'ap- 
parence d'une  Nostochinée,  d'un  Palmella  (i). 

»  Quelle  est  leur  origine?  Ils  ne  viennent  certainement  pas  de  propa- 
gules,  comme  pourrait  le  croire  M.  Nylander.  En  effet,  quand  une  Algue 
ou  un  Champignon  filamenteux  se  multiplie  par  segmentation,  les  propa- 
gules  ou  spores  qui  en  résultent  ont  leur  petit  diamètre  au  moins  égal  à  la 
largeur  du  filament  segmenté.  Ici,  les  segments  de  nos  Amylobacter  par- 
faits en  voie  de  division,  bleuissant  par  Tiode,  sont  volumineux;  ils  ont  de 


(i)  A  cet  égard,  je  dois  faire  remarquer  qu'il  se  développe  quelquefois  à  la  surface  du  li- 
quide des  corpuscules  elliptiques  et  des  globuleux  qui  sont  entourés  aussi  de  gélatine.  D'abord 
isolés  ou  en  nappes,  ils  se  multiplient  par  division  dans  la  matière  gélatineuse  qui  environne 
chacun  d'eux,  et  peuvent  donner  ainsi  naissanceà  de  longs  filaments  muqueux  et  incolores.  En 
files  ou  isolés,  ces  corps  jaunissent  par  l'iode,  ainsi  que  tout  ce  qui  se  forme  à  la  partie  supé- 
rieure du  liquide.  On  ne  rencontre  là  que  bien  rarement  des  Amylobacter,  et  ils  y  sont  sans 
doute  apportés  par  les  bulles  de  gaz  qui  montent  des  tissus  végétaux.  Voici  maintenant  une 
expérience  qui  tend  à  prouver  que  les  productions  de  la  surface  du  liquide  naissent  moins  de 
germes  venus  de  l'atmosphère  que  de  la  matière  organique  soustraite  par  l'eau  à  la  substance 
végétale.  Ayant  mis  en  macération,  par  un  temps  chaud,  dans  plusieurs  flacons,  des  tronçons 
de  tige  d'Helianthus  tuberosus  qui  furent  tous. entièrement  submergés,  il  y  eut  déjà  de  nom- 
breuses productions  vivantes  [Vibrio  baccillus,  Monadiens,  etc.  )à  la  partie  supérieure  du  li- 
quide au  bout  de  trente  à  trente-six  heures,  et  la  liqueur,  d'abord  troublée,  s'était  éclaircie. 
Au  contraire,  les  Amylobacter  débutaient  à  peine  par  de  rares  granulations  au  pourtour  des 
tronçons  de  tige.  Ayant  enlevé  les  formations  de  la  surface  du  liquide  de  deux  flacons,  d'abord 
avec  le  manche  d'un  scalpel,  ensuite  en  retirant  l'eau  superficielle,  et  celle-ci  ayant  été  rem- 
placée par  de  l'eau  nouvelle  dans  un  de  ces  deux  flacons,  il  ne  se  produisit  plus  aucune 
végétation  pendant  les  six  jours  suivants.  Des  Monadiens  seuls  naquirent,  et  cependant  les 
Amylobacter  se  développèrent  sur  les  tronçons  de  tige,  et  me  permirent  d'étudier  toutes 
les  phases  de  leur  évolution.  Le  temps  étant  devenu  plus  froid,  l'expérience  n'a  pas  réussi 
depuis  :  il  y  a  toujours  eu  production  d'abondantes  végétations.  J'ai  dit  plus  haut  que  ces 
végétaux  superficiels  jaunissent  par  l'iode.  Il  n'en  est  pas  de  même  au  fond  du  flacon,  où  se 
déposent  des  matières  enlevées  au  tissu  organique.  Ces  matières  engendrent  d'abondants 
et  superbes  Amylobacter  enveloppés  de  gélatine,  dans  les  macérations  d'Helianthus  tuberosus. 
Avec  quelques  autres  plantes  ce  sont  des  Vibrions  et  des  Spirillum  qui  sont  produits,  tandis 
qu'avec  certains  végétaux  ce  sont  des  vésicules  globuleuses  qui  sont  formées.  Quand  on  se 
sert  A'Euphorbia  Characias,  par  exemple,  ce  sont  les  globules  du  latex  qui  paraissent  sur- 
tout produire  ces  vésicules.  La  constitution  de  ces  différents  dépots  semble  concorder  très- 
bien  avec  la  production  des  divers  ferments  observes  par  notre  savant  confrère  M.  Pasteur, 
pendant  les  fermentations. 


(  5,9  ) 
omm,oo5  à  o""u,oi  de  longueur  sur  om,u,oo2  de  largeur.   Au  contraire,  les 
granulations  par  lesquelles  ces  Amylobacler  commencent,  dans  nos  macéra- 
tions (Y  Helimllius  tuberosus,  sont  très-petites.  Elles  n'ont  guère  que  omm,ooo8 
dans  tous  les  sens. 

»  Voici  comment  cesAmylobacter  se  développent  :  les  tronçons  de  tige, 
avant  d'être  placés  dans  l'eau,  ne  montrent  rien  qui  puisse,  à  priori,  être 
soupçonné  de  les  produire.  On  n'aperçoit,  dans  la  substance  superficielle 
de  la  cuticule,  qu'une  sorte  de  chagrin  irrégulier  d'une  extrême  délicatesse, 
qu'une  grande  attention  peut  seule  faire  remarquer.  Mais,  au  bout  de  vingt- 
quatre  à  trente-six  heures,  par  un  temps  chaud,  en  août  et  septembre,  de 
fins  granules  se  dessinent  à  sa  place;  puis,  sur  des  étendues  considérables 
ou  sur  des  espaces  très-limités,  ces  granules  semblent  se  vivifier,  tous  s'ac- 
croissent. Ailleurs,  et  c'est  le  cas  le  plus  fréquent,  une  partie  minime  seule 
prend  du  développement.  Ces  granules  s'allongent,  et  les  petits  cylindres 
qu'ils  forment  se  pressent,  les  uns  côte  à  côte  quand  ils  sont  nombreux,  les 
autres  bout  à  bout,  ou  bien  obliquement  les  uns  par  rapport  aux  autres. 
Ils  donnent  aussi  lieu  parfois  à  des  figures  d'une  remarquable  symétrie,  qui 
les  feraient  prendre  pour  des  groupes  de  cristaux,  s'ils  ne  jaunissaient  ou 
même  bleuissaient  déjà  sous  l'influence  de  l'iode.  Dans  quelques  groupes 
rares,  les  jeunes  Amylobacler  semblent  tous  rayonner  du  centre,  sans  ce- 
pendant former  des  séries  continues,  bien  que  quelques-uns  soient  placés 
bout  à  bout.  Ailleurs,  au  lieu  de  rayonner,  ils  sont  étendus  dans  la  même 
direction,  ce  qui  pourrait  faire  croire  qu'ils  sont  nés  de  la  segmentation  de 
filaments  parallèles  ou  tous  dérivés  successivement  les  uns  des  autres,  si 
l'on  n'en  connaissait  pas  l'origine,  et  si  un  examen  attentif  n'apprenait  pas 
que  beaucoup  alternent  entre  eux. 

»  Les  Amylobacler  cylindroïdes  primitifs  naissent  donc  isolés  les  uns  des 
autres;  mais  après  s'être  allongés  à  un  certain  degré,  quelquefois  de  très- 
bonne  heure,  d'autres  fois  seulement  très-tard,  ils  se  coupent  en  deux,  et 
les  nouveaux  formés  se  comportent  de  même. 

>-  D'abord  nus,  en  apparence  du  moins,  comme  ceux  des  méats  de  la 
moelle,  ils  sont  plus  tard  entourés  de  gélatine.  Alors  ils  sont  comme  dissé- 
minés au  hasard  dans  une  couche  assez  épaisse  de  cette  matière,  dans 
laquelle  ils  continuent  de  se  multiplier  par  division.  Quand  on  suit  l'évo- 
lution d'une  telle  couche,  on  remarque  souvent  que  les  plus  externes  sont 
plus  volumineux,  moins  grêles  que  ceux  de  la  partie  plus  profonde  de 
la  couche;  que  ces  derniers  jaunissent  par  l'iode,  tandis  que  les  externes, 
plus  gros,  bleuissent;  ce  qui  est  dû  à  la  continuation,  pendant  quelque 


(     520    ) 

temps,  de  la  formation  primaire  à  la  face  interne  de  la  couche.  Assez 
fréquemment,  au  lieu  d'une  couche  très-étendue  de  ces  productions,  il 
n'existe  que  de  petites  masses  ou  des  groupes  d'un  petit  nombre  d' Amylo- 
bacter  entourés  de  même  de  gélatine. 

»  Il  me  paraît  hors  de  doute,  par  ce  qui  précède,  que  ces  petits  corps 
constituent  bien  réellement  des  plantules  autonomes,  puisqu'on  les  voit 
naître,  et  puisque  ces  formes  cylindracées,  au  moins,  se  multiplient  par 
division  en  conservant  toujours  la  même  figure. 

»  Ces  petits  corps  enveloppés  de  gélatine  sont  certainement  de  même 
nature  que  ceux  qui  en  sont  dépourvus  dans  les  méats  de  la  même  plante. 
Ils  ont  la  même  forme,  la  même  constitution  et  le  même  mode  de  multipli- 
cation par  division.  On  peut  se  demander  maintenant  si  ces  Amylobacter, 
qui  ne  sont  pas  doués  de  mouvement,  peuvent  être  rapprochés  des  formes 
en  têtard  et  de  celles  en  fuseau.  Ils  ont  tous  pour  caractère  commun,  à 
l'état  parfait,  de  bleuir  par  l'iode  et  de  conserver  le  plus  souvent  une  sorte 
de  noyau  plasmatique  qui  reste  incolore  ou  qui  jaunit,  mais  qui  souvent 
aussi  devient  amylacé.  Le  caractère  différentiel  le  plus  important  me  semble 
résider  dans  le  mode  de  multiplication  par  division  dont  me  paraissent 
jouir  jusqu'ici  les  seules  formes  cylindroïdes.  A  cause  de  cela,  le  nomd'^mj- 
lobacter  proprement  dits,  que  j'ai  appliqué  à  ces  dernières,  est  justifié,  ainsi 
que  celui  à'Urocephalum  que  j'ai  donné  aux  formes  en  têtard,  et  celui  de 
Clostridium  aux  fusifornies. 

»  Le  mouvement,  que  je  n'ai  pas  encore  aperçu  chez  les  Clostridium, 
bien  que  ce  soit  chez  eux  que  M.  Nylander  l'a  signalé,  ne  serait  pas  un 
caractère  distinctif,  car  il  se  rencontre  chez  des  A  mylobacter\  rais  ou  cylin- 
driques, et  chez  des  Uroceplialum  du  Figuier,  longs  de  omm,02,  à  queue 
flexueuse,  et  devenant  tout  entiers  d'un  bleu  très-intense  par  l'eau  iodée. 
De  plus,  parmi  ceux  de  ces  corpuscules  qui  jouissent  d'un  mouvement 
propre,  et  qu'il  paraît  difficile  de  séparer  de  ceux  de  même  genre  qui  en 
sont  privés,  les  uns  sont  rigides  et  les  autres  flexueux. 

»  Je  ne  crois  pas  encore  le  moment  venu  de  les  décrire  spécifiquement; 
cependant  je  puis  assurer  qu'aucun  d'eux  ne  se  rapporte  spécifiquement  ni 
génériquement  aux  Bactéries  et  aux  Vibrions  décrits  par  Ehrenberg  et  Du- 
jardin. 

»  Outre  les  Amylobacter ,  j'ai  encore  observé,  dans  les  cellules  de  la 
moelle  du  Figuier,  des  corpuscules  vibrioïdes  cylindriques,  fort  grêles,  de 
longueurs  très-variées,  qui  n'offrent  aucune  articulation,  et  qui  plus  tard 
sont  remplacés  par  de  longs  filaments  aussi  grêles  qu'eux-mêmes,  qui  se 


(    521     ) 

contournent  clans  les  cellules  et  les  remplissent  quelquefois  en  grande 
partie.  Je  ne  les  ai  jamais  vus  bleuir  par  l'iode,  ni  se  segmenter  comme  les 
Amylobacter  cylindracés  décrits  plus  haut. 

»  J'ajouterai,  en  terminant,  qu'il  n'est  pas  indispensable,  comme  le  croit 
M.  Nylander,  de  connaître  toute  l'histoire  biologique  d'un  corps  vivant, 
pour  admettre  qu'il  a  été  formé  par  hétérogénèse.  Il  suffit  pour  cela  de  le 
voir  naître,  et  de  s'assurer  qu'il  n'est  point  un  simple  élément  anatomique, 
en  un  mot,  qu'il  est  doué  d'une  existence  propre.  Or,  les  Amylobacter  étant 
quelquefois  dotés  d'un  mouvement  de  translation,  et  montrant  assez  fré- 
quemment un  mode  de  multiplication,  doivent  être  considérés  comme  des 
êtres  particuliers.  D'un  autre  côté,  comme  ils  sont  formés  par  la  modifica- 
tion d'une  partie  de  la  substance  des  plantes  employées,  souvent  contenue 
à  l'intérieur  même  de  cellules  dans  lesquelles  ils  se  développent,  je  conclus 
qu'il  y  a  là  une  démonstration  de  L'hétérogénie,  qui,  je  crois,  peut  être  dé- 
finie ainsi  :  «  une  opération  naturelle  par  laquelle  la  vie,  sur  le  point  d'aban- 
»  donner  un  corps  organisé,  concentre  son  action  sur  quelques-unes  des  particules 
»  de  ce  corps,  et  en  forme  des  êtres  tout  différents  de  celui  dont  la  substance  a  été 
»   empruntée.    » 

NOMINATIONS. 

Plusieurs  des  Commissions  chargées  de  décerner  les  prix  pour  1867  étant 
maintenant  incomplètes,  par  suite  du  décès  de  M.  Velpeau  et  de  celui  de 
M.  Rayer,  M.  le  Président  propose  à  l'Académie  de  désigner,  pour  remplir 
les  places  vacantes  dans  ces  Commissions,  les  Membres  qui  avaient  obtenu 
le  plus  de  voix  après  ceux  qui  avaient  été  élus.  Cette  proposition  est 
adoptée. 

En  conséquence,  M.  Coste  est  désigné  pour  remplacer  M.  Velpeau  dans 
la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

M.  Bussy  et  M.  Decaisne  remplaceront  M.  Velpeau  et  M.  Rayer  dans  la 
Commission  du  prix  Barbier. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIQUE   appliquée.  —  Note  sur  la  portée  lumineuse  de  l'étincelle 
électrique;  par  M.  F.   Lucas. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géographie  et  Navigation.) 

«  Nous  voyons  clans  un  foyer  de  lumière  une  source  de  vibrations  uni- 
formes, analogues  à  celles  d'un  corps  sonore,  bien  qu'infiniment   plus  ra- 

C.  R.,  1867,  2«  Semestre.  (  T.  LXV,  N°  13.)  68 


(    522    ) 

pides.  Ce  mouvement  présente  trois  qualités  avec  lesquelles  sont  en  rapports 
plus  ou  moins  complexes  tous  les  phénomènes  qui  dérivent  de  sa  produc- 
tion. Ce  sont  :  i°  l'amplitude  L  de  la  vibration,  laquelle  peut  être  repré- 
sentée par  la  force  vive  transportée  par  l'onde  à  l'unité  de  distance  (arbi- 
traire) sur  l'unité  de  surface  (arbitraire  aussi);  i°  le  nombre  n  des  vibra- 
tions exécutées  dans  l'unité  de  temps  (la  seconde);  3°  la  durée  t  du 
mouvement. 

»  Portée  lumineuse  d'un  feu  permanent.  —  La  force  vive  /  apportée  par 

l'onde  à  la   distance  ce  serait  —  si  le  foyer  rayonnait  dans  le  vide.  A  cause 

de  l'absorption  nécessairement  exercée  par  le  milieu  ambiant,  on  a 

(,)  /=lJ, 

a  étant  un  coefficient  moindre  que  l'unité. 

»  Pour  qu'il  y  ait  perception,  il  faut  et  il  suffit  que  le  choc  apporté  sur 
la  rétine  par  l'onde  lumineuse  ait  une  force  vive  assez  grande  pour  que 
l'ébranlement  se  propage,  par  les  nerfs, optiques,  jusqu'au  sensorium,  eu 
surmontant  les  résistances  interposées.  Cette  force  vive  doit  donc  au  moins 
atteindre  un  minimum  X,  constituant  pour  l'observateur  un  coefficient  per- 
sonnel. La  portée  lumineuse  y  est  conséqueminent  déterminée  par  la 
formule 

ay       \ 

(2)  F  =  r 

»   A  une  distance  x  moindre  quejr,  chaque  onde  lumineuse  apporte  à 

a1 
la  rétine  un  choc  dont  la  force  vive  est  égale  à  L  —  •  Une  partie,  égale  à  X, 

de  cette  force  vive  est  absorbée  par  la  résistance  nerveuse,  en  sorte  qu'il 
arrive  au  sensorium  une  onde  douée   d'une  force  vive   seulement  égale  à 

L—  —  X.  D'après  la  loi  de  la  vision  (*),  cette  onde  conserve,  pendant  toute 

la  traversée  du  sensorium,  une  force  vive  sensiblement  constante  dont  la 
valeur  mesure  l'énergie  de  la  perception.  La  durée  S  de  la  traversée  est 
comprise  entre  £  et  j  de  seconde,  constituant  pour  l'observateur  un  coeffi- 
cient personnel.  La  perception  totale  ou  intensité  apparente  i  est  donc 
égale  à  la  somme  des  nô  perceptions  composantes.   Elle  est  donnée  par  la 

(*)   Voir,  dans  les  Mondes  du  3o  novembre  i8(i5,  la  Théorie  mathématique  de  la  vision 
des  corps  lumineux, 


(  523  ) 
formule 

(3)  i=«e(L5-x 

En  faisant  x  =  t  dans  cette  formule,  on  obtient  pour  valeur  de  l'intensité 
photométrique ,  ou  intensité  apparente  à  l'unité  de  distance, 

(4)  I  =  n0(aL  —  X). 

Éliminant  L  entre  les  formules  (2)  et  (4),  on  trouve  sans  difficulté 


(5) 


"X    

ar 


relation  entre  la  portée  lumineuse  y  d'un  feu  permanent  et  son  intensité 
photométrique  I. 

»  Influence  de  la  couleur  du  feu  sur  sa  poi'tée  lumineuse.  —  On  voit  par  la 
formule  (5)  que  des  feux  permanents,  doués  d'une  égale  intensité  photo- 
métrique et  rayonnant  dans  un  même  milieu,  peuvent  avoir  pour  un  même 
observateur  des  portées  lumineuses  différentes.  Il  en  est  ainsi  si  leurs  pé- 
riodes de  vibration,  desquelles  dépendent  les  valeurs  de  n,  ne  sont  pas 
égales  entre  elles,  circonstance  qui  se  présente  lorsque  ces  feux  sont  diver- 
sement colorés.  Au  feu  le  moins  réfrangible  correspond  la  plus  grande 
portée  lumineuse.  La  portée  d'un  feu  rouge  doit  donc  être,  toutes  choses 
égales  d'ailleurs,  supérieure  à  celle  d'un  feu  de  toute  autre  couleur,  simple 
ou  composée. 

»  Ce  fait,  signalé  dès  i858  à  l'Académie  des  Sciences  par  M.  l'inspecteur 
général  Léonce  Reynaud,  a  été  vérifié  par  de  concluantes  expériences,  ainsi 
qu'il  est  exposé  dans  le  Mémoire  sur  l'éclairage  et  le  balisage  des  côtes  de 
France. 

«  Portée  lumineuse  d'un  feu  de  courte  durée.  —  S'il  s'agit,  non  plus  d'un 
feu  permanent,  mais  d'un  feu  d'une  très-courte  durée  t,  moindre  que  Q,  on 
trouverait,  en  raisonnant  comme  précédemment,  que  l'intensité  appa- 
rente /,,  à  la  distance  x,  est  donnée  par  la  formule 


(6)  it  =  nt{L--Xt 

Faisant  x  =  i,  on  trouve,  pour  valeur  de  l'intensité  photométrique, 

(7)  I,  =  nt(La  —  X). 
Éliminant  L  entre  les  formules  (2)  et  (7),  on  trouve  enfin 


(8)  2£  =  4-i 


68.. 


(  524  ) 
pour  relation  existant  entre  la  portée  lumineuse  du  feu  et  son  intensité 
photométrique. 

»  La  durée  t  entre  dans  cette  formule;  il  ne  faut  donc  pas  juger  de  la 
portée  d'un  feu  de  courte  durée  d'après  sa  seule  intensité  apparente  I,. 
Habitués  que  nous  sommes  à  n'observer  photométriquement  que  des 
feux  permanents,  et  à  trouver  entre  leurs  intensités  apparentes  et  les 
énergies  de  leurs  divers  effets  une  proportionnalité  constante  ,  nous 
serions  tentés  d'étendre  la  même  loi  aux  feux  de  courte  durée  :  ce  serait 
commettre  une  erreur.  Il  faut  nous  mettre  en  garde  contre  l'illusion  que 
fait  naître  notre  organisme  visuel.  Celui-ci  ne  nous  transmet  qu'un  phé- 
nomène défiguré,  d'une  intensité  trop  faible  et  d'une  durée  trop  longue 
comparativement  au  phénomène  réel. 

»  Pour  pouvoir  juger  de  la  portée  lumineuse  d'un  feu  de  courte 
durée,  il  nous  faut  préalablement  calculer  l'intensité  photométrique  I 
d'un  feu  permanent  idéal,  de  même  période  vibratoire  et  équivalent  en 
portée. 

»  Il  suffit  pour  cela  d'égaler  les  seconds  membres  des  formules  (5) 
et  (8),  ce  qui  donne,  réductions  faites, 

(9)  I/-I.5. 

»  Application  à  l'étincelle  électrique.  —  «  La  durée  d'un  éclair  ou  d'une 
»  étincelle  électrique  est  inférieure ,  >•  dit  Arago,  «  à  un  millionième  de  se- 
»  conde  (*).»  D'autre  part,  le  nombre  0  est  supérieur  à  {.  On  a  donc,  d'après 
la  formule  (9),  lorsqu'il  s'agit  de  l'éclair, 

l>-25ooool, , 

c'est-à-dire  que  la  portée  lumineuse  d'une  étincelle  électrique  est  supérieure 
(et  peut  être  très-supérieure)  à  celle  d'un  feu  permanent  dont  l'intensité 
apparente  égalerait  25oooo  fois  celle  de  l'étincelle. 

»  Signaux  de  feu  pour  les  temps  de  brume.  —  Le  foyer  voltaïque  actuelle- 
ment employé  pour  éclairer  nos  nouveaux  phares  donne  une  lumière  dont 
l'intensité  se  mesure  par  125  becs  deCarcel.  Une  étincelle  électrique  douée 
d'une  intensité  apparente  de  ~,—  seulement  de  bec  de  Carcel  l'emporterait 
sur  ce  foyer  en  portée  lumineuse. 

»  Dès  lors  on  se  demande  quelle  puissance  n'aurait  pas,  pour  percer  les 
brumes  les  plus  épaisses,  un  signal  de  feu  constitué  par  la  décharge  pério- 

(*)    Notice  sur  le  tonnerre  (Annuaire  du  Bureau  des  Longitudes,   1 838,  p.  265  . 


(  5^5  ) 

clique  d'une  forte  batterie  de  bouteilles  de  Leyde.  N'y  aurait-il  pas  là  la 
solution  d'un  grand  problème,  vainement  poursuivie  depuis  si  longtemps? 

»  Cette  incroyable  énergie  de  l'étincelle  électrique  s'est  déjà  révélée 
expérimentalement  dans  les  recherches  qui  ont  été  faites,  dans  ces  derniers 
temps  surtout,  sur  la  phosphorescence  produite  par  l'action  de  la  lumière. 

«  La  source  de  lumière  la  plus  active,  »  dit  M.  Edmond  Becquerel, 
«  c'est  la  lumière  électrique,  soit  celle  émanée  de  l'arc  voltaique,  soit 
»  celle  des  étincelles  électriques,  qui  donne  les  effets  les  plus  énergiques  que  l'on 
»  puisse  produire  {*).  » 

»  Que  reste-t-il  à  faire  pour  acquérir  la  certitude,  si  elle  doit  succéder  à 
la  probabilité  théorique?  Une  expérience  bien  simple  que  nous  allons 
indiquer. 

»  Expérience  proposée.  —  Plaçons-nous  dans  un  laboratoire.  Établissons 
à  un  bout  de  la  salle,  de  droite  et  de  gauche  de  son  grand  axe,  un  foyer 
voltaique  de  125  becs  de  Carcel  et  un  appareil  produisant  une  étincelle 
de  TiïVïï  seulement  de  bec  de  Carcel.  A  l'autre  bout  de  la  salle  disposons 
un  photomètre  analogue  à  celui  qu'emploie  l'Administration  des  Phares. 
La  salle  étant  rendue  inaccessible  à  toute  lumière  étrangère  à  celle  de 
nos  deux  foyers,  nous  verrons  dans  le  photomètre  deux  raies  lumineuses, 
l'une  très-intense,  l'autre  très-pâle,  presque  imperceptible  à  cause  du 
contraste. 

»  Interposant  alors  devant  la  fente  du  photomètre  des  plaques  de  verre 
opalin,  en  nombre  croissant,  destinées  à  jouer  le  rôle  d'un  milieu  absor- 
bant, on  verra,  si  la  théorie  a  dit  vrai,  la  raie  lumineuse  correspondante  au 
foyer  de  l'arc  voltaique  pâlir  de  plus  en  plus  et  finir  par  disparaître  alors 
que  l'autre  raie,  correspondante  à  l'étincelle,  sera  perceptible  encore.  » 

M.  Goubaux  adresse  un  «  Mémoire  sur  les  anomalies  de  la  colonne 
vertébrale  chez  les  animaux  domestiques.  » 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Cloquet  présente,  au  nom  de  M.  R.  Castorani,  un  «  Mémoire  sur  le 
traitement  des  taches  de  la  cornée».  Ce  Mémoire  est  destiné  au  concours 
des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  (fondation  Montyon). 

(Renvoi  à  la  Commission  qui  devra  juger  le  concours  de  l'année  1868.) 


(*)  La  Lumière,  ses  causes  et  ses  effets,  p.  a36. 


(  526  ) 

M.  D.  Wagner  adresse  un  «  Mémoire  sur  l'application  de  l'oxyde  de  fer 
soluble,  dans  les  cas  de  choléra  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  adresse  à  l'Académie  le  tome  XVIII  de  la 
3e  série  des  «  Mémoires  de  Médecine,  de  Chirurgie  et  de  Pharmacie  mili- 
taires. 

M.  le  Maréchal  Gouverneur  de  l'Algérie  annonce  que,  l'Académie  ayant 
accepté  l'offre,  faite  par  lui,  d'un  fragment  du  bolide  tombé  aux  environs 
de  Sétif,  il  vient  de  donner  les  ordres  nécessaires  pour  que  cette  météorite 
lui  soit  adressée. 

M.  Piorry  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  parmi  les 
candidats  à  la  place  vacante,  dans  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie, 
par  suite  du  décès  de  M.  Velpeau. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

PHYSIQUE.  —  Sur  l'intensité  de  la  radiation  solaire.  Note  de  M.  J.-L.  Soret; 

présentée  par  M.  Regnault. 

«  L'actinomètre  dont  je  me  suis  servi  dans  ces  recherches  se  compose 
essentiellement  d'un  thermomètre  dont  la  boule  noircie  est  placée  dans 
une  enceinte  également  noircie.  Une  ouverture  de  2  centimètres  de  dia- 
mètre, que  présente  cette  enceinte,  permet  la  libre  entrée  d'un  rayon  solaire 
lequel  vient  tomber  sur  le  réservoir  du  thermomètre.  La  température  du 
thermomètre  s'élève  jusqu'à  ce  qu'il  perde,  par  rayonnement  ou  par  contact 
avec  l'air  ambiant,  autant  de  chaleur  qu'il  en  reçoit  du  soleil. 

»  Pour  que  l'instrument  soit  toujours  dans  des  conditions  identiques 
quant  au  rayonnement,  l'enceinte  est  entourée  de  glace  fondante,  en  sorte 
que  le  thermomètre  n'est  pas  influencé  par  la  réverbération  des  corps  avoi- 
sinants  ou  le  rayonnement  des  diverses  parties  du  ciel. 

»  Le  contact  de  l'air  ambiant,  quoique  le  thermomètre  soit  à  l'abri  du  vent, 
contribue  au  refroidissement  pour  une  proportion  très-notable,  qui  varie 
et  augmente  avec  la  pression  atmosphérique.  Si  l'on  faisait  toujours  les 
observations  dans  le  même  lieu,  on  pourrait  négliger  de  tenir  compte  de  ces 


(  5*7  ) 
variations;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  si  l'on  opère  à  des  altitudes  diffé- 
rentes. J'ai  donc  déterminé  par  des  expériences  directes,  faites  sur  l'appa- 
reil lui-même,  l'influence  que  la  pression  barométrique  exerce  sur  la  tem- 
pérature que  prend  le  thermomètre.  On  peut  ainsi  corriger,  par  le  calcul, 
les  indications  de  l'instrument  et  les  ramènera  ce  qu'elles  auraient  été  si  le 
thermomètre  eût  été  entouré  d'air  à  la  pression  de  760  millimètres. 

»  Je  crois  pouvoir  admettre  que,  cette  correction  effectuée,  le  nombre  de 
degrés  au-dessus  de  zéro  marqués  par  le  thermomètre  donne  une  mesure 
très-approchée  de  l'intensité  de  la  radiation  solaire  directe. 

»  Observations  faites  à  Genève.  —  Une  série  d'observations  faites  à  Genève 
m'a  montré,  entre  autres  résultats,  que  le  degré  d'humidité  de  l'atmosphère 
influe  sur  l'intensité  de  la  radiation  solaire  directe  :  en  général,  les  autres 
circonstances  étant  égales,  plus  l'air  contient  de  vapeur  d'eau,  moins  la  ra- 
diation est  intense.  Je  me  bornerai  ici  à  citer  quelques  exemples. 

>>  En  comparant  le  petit  nombre  d'observations  que  j'ai  pu  faire  en  hiver 
avec  celles  d'été,  on  voit  qu'à  égalité  dans  l'intensité  de  la  radiation,  la 
hauteur  du  soleil  au-dessus  de  l'horizon  était  notablement  plus  grande  en 
été  qu'en  hiver. 

»  A  plusieurs  reprises,  on  a  observé  une  radiation  plus  forte  par  un  temps 
sec  que  par  un  temps  humide,  quoique  l'atmosphère  fût  incontestable- 
ment plus  pure  et  plus  transparente  dans  le  second  cas  que  dans  le  premier. 
Ainsi,  la  présence  de  particules  solides  ou  liquides  répandues  dans  l'air 
ne  sufflt  pas  à  rendre  compte  des  variations  de  la  radiation  solaire. 

»  Pour  des  hauteurs  du  soleil  sensiblement  égales,  les  minima  de  radia- 
tion correspondent  aux  journées  où  la  tension  de  vapeur  d'eau  était  la  plus 
forte,  et  les  maxima  de  radiation  ont  été  observés  par  les  temps  les  plus 
secs  (pendant  ou  immédiatement  après  les  forts  vents  du  nord).  Ainsi, 
pour  des  hauteurs  du  soleil  supérieures  à  60  degrés,  le  thermomètre  a  mar- 
qué en  minimum  i4°,  82,  le  2  juin  dernier,  la  tension  de  vapeur  étant  de 
14  millimètres,  après  une  série  de  jours  humides;  il  a  marqué  en  maximum 
i5°,o,3,  le  10  juillet,  lendemain  d'un  fort  vent  du  nord  pendant  lequel  la 
température  s'était  abaissée  à  7  degrés,  et  à  la  suite  de  journées  exception- 
nellement sèches  et  froides. 

»  Toutefois,  comme  ces  variations  ne  sont  pas  considérables  et  que  la 
brume  et  le  hâle  exercent  aussi  une  influence  incontestable,  il  y  aurait  un 
grand  intérêt  à  avoir  de  longues  séries  d'observations,  permettant  d'établir 
par  des  moyennes  la  dépendance  exacte  de  l'humidité  de  l'atmosphère  et 
de  l'intensité  de  la  radiation  solaire  directe. 


(  5a8  ) 

»  La  radiation  présente  une  constance  remarquable  lorsque  le  soleil  est 
à  une  grande  hauteur  au-dessus  de  l'horizon  et  que  les  conditions  atmo- 
sphériques restent  à  peu  près  les  mêmes.  Ainsi,  les  observations  faites  entre 
i  i'1  3om  et  ih  3om,  le  soleil  étant  à  plus  de  Go  degrés  au-dessus  de  l'hori- 
zon, le  ciel  pur,  la  tension  de  la  vapeur  d'eau  de  8  à  11  millimètres  (en 
exceptant  le  cas  de  forts  vents  du  nord),  m'ont  constamment  donné  des 
radiations  comprises  entre  i5°,3i  et  i5°,  59.  On  peut  donc  admettre  que 
le  chiffre  de  i5°,5  représente  la  radiation  solaire  à  Genève  dans  ces  circon- 
stances. 

»  Observations  à  différentes  attitudes.  —  La  fréquence  des  nuages  sur  les 
montagnes  rend  très-difficiles  les  observations  à  différentes  altitudes;  aussi 
le  nombre  de  celles  que  j'ai  pu  faire  n'est  pas  considérable.  Néanmoins, 
particulièrement  dans  une  ascension  au  mont  Blanc,  les  20  et  21  juillet 
dernier,  par  un  temps  exceptionnellement  favorable,  je  suis  arrivé  à  des 
résultats  qui,  si  je  ne  me  trompe,  présentent  quelque  intérêt. 

»  Prenons  d'abord  les  observations  qui  ont  été  faites  pour  une  hauteur 
du  soleil  de  plus  de  60  degrés  au-dessus  de  l'horizon. 

»  Les  20  et  21  juillet,  les  conditions  atmosphériques  étant  tout  à  fait 
les  mêmes  que  celles  où,  comme  je  l'ai  dit  plus  haut,  la  radiation  à 
Genève  est  de  i5°,  5  de  mon  actinomètre,  on  peut  admettre  ce  chiffre 
pour  l'altitude  de  /j°°  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  (r).  Le 
20  juillet,  à  ih  i5m,  sur  le  glacier  des  Bossons,  à  25oo  mètres  d'altitude,  le 
thermomètre  de  l'actinomètre  marquait  i8°,63.  Le  21  juillet,  à  1 11'  3om,  au 
sommet  du  mont  Blanc,  le  thermomètre  de  l'actinomètre  marquait  210,  i3. 
Ces  observations,  étant  faites  sous  des  pressions  barométriques  très-diffé- 
rentes, doivent  être  réduites,  comme  nous  l'avons  vu,  à  ce  qu'elles  auraient 
été  si  le  thermomètre  eût  été  entouré  d'air  à  760  millimètres  de  pression. 
Il  convient  également,  pour  rendre  les  résultats  plus  comparables,  de  cal- 
culer pour  chaque  observation  l'épaisseur  atmosphérique  (produit  de  la 
hauteur  barométrique  par  la  sécante  de  la  distance  zénithale  du  Soleil). 
Voici  quelles  sont  ces  données  : 


(1)  On  pensera  peut-être  que  plutôt  que  d'adopter  ce  chiffre  il  eût  mieux  valu  faire 
faire  des  observations  simultanées  au  pied  de  la  montagne;  mais,  sans  parler  de  la  difficulté 
d'y  parvenir,  je  crois  que  des  mesures  prises  dans  une  vallée  étroite  comme  celle  de  Cha- 
tnonix  présenteraient  moins  de  garanties  d'exactitude. 


(  5^9  ) 


ALTITCDE. 

PRESSION 
barométrique. 

ÉPAISSEUR 
almosptiérWlue 

RADIATION 
non  corrigée.              corrigée. 

ni 

4  00 

2500 

4800 

mm 

73o,o 

563,3 
i24,6 

Soj 

6/,5 
.1-3 

1 5  f  5o 
18, 63 
21 ,  i3 

0 
i5,3/| 

17,32 

iS,62 

»  Il  résulte  de  ces  chiffres,  d'abord  que,  dans  les  conditions  où  j'ai 
observé,  le  rapport  de  l'intensité  de  la  radiation  solaire  sur  le  mont  Blanc 

et  à  Genève  est  de  j  environ.  Ainsi  la  chaleur  solaire,  qui  est  arrivée  jusqu'à 
l'altitude  de  4800  mètres  au  travers  des  couches  supérieures  de  l'atmo- 
sphère, subit  une  absorption  de  ^  en  traversant,  sous  un  angle  de  60  à 

65  degrés,  les  couches  inférieures  de  l'atmosphère  jusqu'à  une  altitude 
de  /joo  mètres. 

»  On  remarquera,  en  second  lieu,  que  l'augmentation  de  la  radiation 
avec  l'altitude  est  moins  rapide  que  la  diminution  de  la  pression  baromé- 
trique et  que  la  diminution  de  l'épaisseur  atmosphérique.  En  prenant  les 
épaisseurs  atmosphériques  pour  abscisses  et  les  radiations  corrigées  pour 
ordonnées,  on  obtient  trois  points  représentant  les  trois  observations  rap- 
portées ci-dessus.  Si  par  ces  trois  points  on  fait  passer  une  courbe,  on  voit 
qu'elle  est  concave  vers  l'axe  des  abscisses  (1).  Le  résultat  est  contraire  à 
ce  que  l'on  peut  déduire  des  observations  que  M.  Forbes  a  faites,  en  i83a, 
sur  le  Faulhorn  et  à  Brientz  (2). 

»  Je  citerai  encore  deux  résultats  qui  découlent  d'observations  failes 
pour  des  hauteurs  moindres  du  soleil  au-dessus  de  l'horizon. 


(1)  En  prolongeant  cette  courbe  au  sentiment,  le  point  où  elle  vient  couper  l'axe  des 
ordonnées  correspondrait  à  la  radiation  pour  une  épaisseur  nulle.  Le  chiffre  ainsi  obtenu 
serait  de  20°,5  environ  et  représenterait  l'intensité  de  la  radiation  à  la  limite  de  l'atmo- 
sphère. Il  est  bien  entendu  que  je  ne  présente  ce  résultat  que  pour  ce  qu'il  vaut,  et  comme 
une  indication  qui  peut  avoir  quelque  intérêt;  il  est  évident,  en  effet,  que,  même  en  attri- 
buant une  précision  absolue  à  mes  trois  observations,  elles  ne  suffisent  nullement  pour  déter- 
miner avec  quelque  certitude  la  forme  de  la  courbe  représentant  la  loi  de  la  radiation,  loi 
qui  doit  être  très-complexe. 

(2)  Philosophical  Transactions  pour  1842,  part.  II,  p.  225. 

(..  K.  ,   1S67,    1'  Semestre.   (T.  LXV,   N°  15.)  69 


(  53o  ) 

»  A  épaisseur  atmosphérique  égale,  la  radiation  observée  à  une  altitude 
élevée  est  incontestablement  plus  forte  qu'à  une  altitude  plus  basse.  Ainsi, 
le  20  juillet,  à  5h  3om  du  soir,  aux  Grands-Mulets  (3ooo  mètres),  l'épaisseur 
atmosphérique  étant  de  1  5oo,  la  radiation  corrigée  était  de  i5°,26.  Or,  à 
Genève,  pour  une  épaisseur  égale,  même  dans  les  circonstances  les  plus 
favorables,  la  radiation  n'atteint  guère  que  14  degrés.  Une  observation 
faite  en  hiver,  sur  le  mont  Salève,  confirme  ce  résultat,  qui  est  aussi  con- 
traire à  ce  que  M.  Forbes  avait  trouvé. 

»  La  diminution  de  l'intensité  de  la  radiation  avec  la  hauteur  du  soleil 
au-dessus  de  l'horizon  est  notablement  moins  forte  à  une  grande  altitude 
que  dans  la  plaine,  en  sorte  que  le  rapport  de  la  radiation  observée  dans 
une  station  élevée,  à  la  radiation  observée  dans  une  station  plus  basse,  est 
plus  grand  le  matin  et  le  soir  qu'au  milieu  du  jour.    » 

CHIMIE  MINÉRALE.    —    Recherches  sur  te  chlorure   de  chaux.   Note 
de  M.  J.  lïoi.is.  présentée  par  M.  Dumas. 

«  Il  y  a  sur  la  constitution  des  chlorures  décolorants  plusieurs  théories 
admises.  La  plupart  ne  diffèrent  que  par  la  manière  dont  on  groupe  les 
éléments  :  chlore,  calcium  et  oxygène.  Ainsi  le  chlorure  de  chaux  est  tour 
à  tour  considéré  comme  chlorure  d'oxyde  (CaO)Cl;   comme  bioxyde  de 

calcium  Ca  |      modifié  par  substitution,  Ca        ;  comme  combinaison  d'eau 

oxygénée  CaO,HO  +  Cl  =  CaCl  +  HO2;    ou  enfin  comme   combinaison 

d'ozone  Ca  O,  Cl  =  Ca  Cl  +  6 . 

»  Les  beaux  travaux  de  M.  Balard  et  de  Gay-Lussac  ont  amené  ces  sa- 
vants à  formuler  ainsi  le  chlorure  de  chaux  :  2CaO,CI  =CaOClO  +  CaCl. 

»  Toutes  ces  théories  s'accordent  sur  ce  point,  qu'au  contact  des  acides 
les  plus  faibles  les  chlorures  décolorants  abandonnent  du  chlore. 

»  Je  décrirai  rapidement  ici  les  procédés  d'analyse  que  j'ai  employés 
dans  le  cours  de  ce  travail. 

»  Soit  un  chlorure  de  chaux  pur  et  exempt  de  tout  autre  composé  chloré  : 
le  chlore  se  dosera  très-exactement  par  la  méthode  chlorométrique  de 
Gay-Lussac.  On  peut  encore  le  doser  par  les  sels  d'argent,  après  avoir 
transformé  par  l'ammoniaque  le  chlorure  de  cbaux  en  chlorure  de  cal- 
cium AzH3  +  3CaO,  Cl  =  3 CaCl  +  3 HO  +  Az. 

»  Si  le  chlorure  de  chaux  est  pur,  ces  deux  procédés  présentent  le  pins 
grand  accord  dans  leurs  résultats;  mais  si  le  chorure  de  chaux  est  mélangé 


(  53.   ) 
de  chlorure  de  calcium,  c'est-à-dire  contient  du  chlore  inactif,  ce  dernier  ne 
sera  pas  indiqué  par  le  procédé  chlorométrique,  tandis  qu'il  le  sera  par  les 
liqueurs  d'argent.  La  différence  de  chlore  trouvé  par  les  deux  procédés 
donne  alors  le  chlore  inactif. 

»  Le  chlorate  de  chaux  ne  peut  ici  être  dosé  par  les  procédés  ordi- 
naires; mais  j'ai  trouvé  un  excellent  mode  de  dosage  dans  une  réaction  si- 
gnalée par  MM.  Fordosel  Gelis  :  «  L'hydrogène  naissant  décompose  l'acide 
»  chlorique.  »  Il  suffit  donc,  après  avoir  transformé  par  l'ammoniaque  le 
chlorure  de  chaux  en  chlorure  de  calcium,  de  traiter  la  liqueur  étendue 
par  de  l'acide  sulfurique  et  du  zinc,  pour  convertir  tout  le  chlorate  de  chaux 
en  chlorure  de  calcium  et  le  doser  sous  cet  état. 

»  Le  chlorure  de  chaux  sec  le  plus  riche  que  j'aie  pu  obtenir  marque 
123  degrés  au  chloromètre  et  correspond  exactement  à  la  formule  : 

aCl,3(CaO,HO),     soit     2(CaO,HO,Cl)  +  CaO,HO. 

»  Une  fois  ce  corps  ainsi  constitué,  on  ne  peut  en  distraire  ni  l'eau,  ni  le 
terme  CaO,HO.  Ce  terme  CaO,HO  refuse  toute  absorption  de  chlore. 

»  A  la  température  ordinaire,  le  chlore  en  excès  n'a  aucune  action  sur  le 
chlorure  de  chaux;  le  chlore  en  excès  n'est  donc  pas  une  cause  de  trans- 
formation du  chlorure  en  chlorate. 

»  Le  chlorure  sec  est  nettement  dédoublé  par  l'eau  : 

Aq  -f-  2  Cl,  3CaO,  HO  —  CaO,HO  (qui  se  précipite) 

-H  2  CaO,  Cl  (qui  se  dissout)  +  Aq. 

»  La  véritable  constitution  du  chlorure  de  chaux  liquide  est  bien  celle 
indiquée  par  M.  Balard  :  2 CaO, Cl  =  CaO, Cl O  +  CaCl. 

»  En  effet,  soit  du  chlorure  de  chaux  pur  :  sa  dissolution  étendue 
donne  une  concordance  parfaite  dans  les  deux  procédés  d'analyse  du 
chlore  cités  plus  haut. Si  le  chlorure  de  chaux  est  uniquement  une  combinai- 
son de  chlore  et  de  chaux  (CaO)Cl,  et  si  au  lieu  d'une  dissolution  étendue 
on  fait  une  dissolution  saturée,  la  concordance  devra  toujours  exister.  Si, 
au  contraire,  le  chlorure  est  un  mélange  d'hypochlorite  et  de  chlorure  al- 
calin, l'eau  se  saturera  isolément  de  chacun  des  deux  composants,  et,  pour 
peu  qu'ils  aient  une  solubilité  différente,  il  en  résultera  un  désaccord  com- 
plet entre  les  poids  de  chlore  trouvés  par  les  deux  méthodes  :  c'est  effecti- 
vement ce  qui  a  lieu;  la  liqueur  saturée  contient  un  excès  considérable  de 
chlorure  de  calcium. 

69.. 


(  53a  ) 

»  Si  le  chlorure  de  chaux  liquide  doit  être  formulé  CaO,  CIO  -+-  CaCl,  il 
ue  faut  pas  se  hâter  d'en  conclure  qu'il  en  est  de  même  du  chlorure  sec.  Il 
est  fort  possible  que  ce  dernier  soit  une  combinaison  de  chlore  et  de  chaux, 
combinaison  qui  ne  se  dédouble  qu'au  contact  de  l'eau.  Ce  fait  a,  en  Chimie, 
de  nombreux  précédents,  et  nous  verrons  plus  loin  que  l'action  si  diffé- 
rente de  l'acide  carbonique  sur  le  chlorure  de  chaux  sec  ou  liquide  parait 
précisément  confirmer  cette  dernière  supposition. 

«  Le  chore  à  froid  n'a  aucune  action  sur  le  chlorure  de  chaux  sec  :  il 
n'en  est  pas  de  même  avec  le  chlorure  liquide.  La  réaction  suivante  se 
passe  : 

(CaO, ClO -t- CaCl)  +  2CI  =  aCaCl  +  2CIO. 

»   L'acide  hypochloreux  libre  reste  dissous  dans  la  liqueur. 

»  Il  y  a  dans  cette  réaction  un  procédé  très-commode  pour  préparer 
l'acide  hypochloreux. 

»  La  chaleur  transforme  le  chlorure  de  chaux  sec  en  chlorate,  suivant 
l'équation  bien  connue  :  6CaO,CI  =  5CaCl  -t-  CaO,ClOb. 

»  Cette  réaction  non-seulement  exige  de  la  chaleur,  mais  elle  en  dégage  : 
cela  explique  pourquoi  la  transformation  d'une  molécule  se  propage  de 
proche  en  proche  dans  toute  une  masse  de  chlorure  de  chaux.  Le  chlorure 
sec  en  se  transformant  en  chlorate  devient  pâteux;  il  abandonne  de  l'eau, 
probablement  suivant  l'équation  : 

6CaO,  HO,  Cl  =  CaO,  ClO5  +  5Ca,  Cl,  HO  +  IIO. 

»  Le  chlorure  de  chaux  liquide  est  bien  moins  altérable  par  la  chaleur; 
on  peut  souvent  le  faire  bouillir  plusieurs  heures  sans  le  modifier. 

»  L'insolation  n'a  qu'une  influence  insignifiante  sur  le  chlorure  sec; 
elle  convertit  très-nettement  le  chlorure  liquide  en  chlorite,  probablement 
suivant  l'équation 

2  (CaO,  ClO  +  CaCl)  =  CaO  ClO3  +  3  Cad. 

»  L'insolation  dans  le  blanchiment  des  tissus  peut  donc  avoir  sur  ces 
derniers  une  influence  toute  particulière. 

»  On  admet  que  les  acides  les  plus  faibles  agissent  sur  le  chlorure  de 
chaux  pour  en  chasser  du  chlore. 

»   Ainsi;  soit  2CO2  -+-  CaO  ClO  -+-  CaCl,  on  suppose  que 

CO2  4- CaO  ClO =CI0  +  CaOCO-, 

CO- -H  CaCl  +-C10  4-CaOCO2  =  aCaOCO8-*-  2CI. 


(  533  ) 

»  Cette  explication  sacrifie  complètement  la  stabilité  de  CaCI  et  admet 
qu'il  est  décomposé  par  Cl  O  pour  donner  CaO  et  Cl. 

»  Pour  démontrer  ce  qu'il  y  a  d'erroné  dans  cette  hypothèse,  il  suffit 
de  prouver  que  Ca  Cl  et  Cl  O  peuvent  parfaitement  rester  en  présence  sans 
réagir  l'un  sur  l'autre. 

»  Le  procédé  par  lequel  M.  Williamson  obtient  Cl  O  en  est  une  première 
preuve  :  il  est  basé  sur  l'équation 

CaO,  CO2  +  2 Cl  -+-  Aq  =  CO2  +  CaCI  -+-  ClO  -t-  Aq. 

»  La  réaction  que  j'ai  obtenue  entre  le  chlorure  de  chaux  liquide  et  le 
chlore  en  est  une  seconde  preuve  : 

CaOClO  +  CaCl  +  a  Cl  +  Aq  =  aCaCl  +  2CIO  -+-  Aq. 

»  J'ai  particulièrement  étudié  l'action  des  acides  sur  le  chlorure  de  chaux 
liquide;  je  la  définirai  ainsi  : 

»  i°  Tous  les  acides  déplacent,  dans  le  chlorure  de  chaux  liquide,  l'acide 
liypochloreux; 

»  %°  Leur  action  s'arrête  là,  si  l'acide  hypochloreux  mis  en  liberté  ne  se 
trouve  pas  en  présence  d'acide  chlorhydrique  ou  d'un  acide  oxydable; 

«  3'J  Si  l'acide  hypochloreux  rencontre  de  l'acide  chlorhydrique  ou  un 
acide  oxydable,  il  se  dégage  du  chlore; 

»  4°  En  tous  cas,  l'acide  hypochloreux  n'exerce  aucune  action  sur  le 
chlorure  de  calcium. 

»  L'acide  carbonique  rigoureusement  desséché  et  le  chlorure  de  chaux 
parfaitement  sec  donnent 

2  (CaO  Cl)  +  2CO2  =  2 CaO,  CO2  -f-  2 Cl. 

»  Mais  à  l'air  libre,  c'est-à-dire  à  l'air  plus  ou  moins  humide,  le  chlo- 
rure sec  se  comporte  comme  le  chlorure  de  chaux  liquide  et  ne  laisse  dé- 
gager que  de  l'acide  hypochloreux  : 

(Ca  O,  CO2  -+-  Ca  Cl  )  +  2  CO2  =  CO2  +  Ca  Cl  +  Ca  O  CO2  -+-  Cl  O. 

»   Les  sels  oxydables  s'oxydent  aux  dépens  du  chlorure  de  chaux,  en  le 
transformant  en  chlorure  de  calcium. 
»  Exemple  : 

CaS  +  2(CaOClO  +  CaCl)  =  CaOSO3  +  4  CaCI. 

»  Les  matières  textdes  peuvent  être  blanchies  au  moyen  du  chlorure  de 
chaux  par  une  réaction  analogue  et  sans  concours  d'aucun  acide. 


(  534  ) 

»  Le  chlorure  de  chaux  oxyde  la  matière  résineuse  et  se  convertit  en 
chlorure  de  calcium.  L'opération  réussit  parfaitement  en  vase  clos,  exempt 
d'air,  et  sans  qu'il  y  ait  aucun  dégagement  gazeux. 

»  Dans  un  prochain  Mémoire,  j'étudierai  tout  spécialement  l'action 
exercée  sur  les  tissus  par  le  chlorure  de  chaux  employé  seul  ou  accom- 
pagné des  acides.  » 

M.  Triger  demande  et  obtient  l'autorisation  de  retirer  du  Secrétariat  le 
travail  qu'il  a  adressé  sur  les  profils  des  chemins  de  fer  de  l'Ouest  de  la 
France  transformés  en  coupes  géologiques. 

M.  Pkister  écrit  de  New-York  pour  prier  l'Académie  de  vouloir  bien 
renvoyer  à  l'examen  d'une  Commission  le  Mémoire  relatif  au  choléra  qu'il 
a  adressé  en  1 864. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  que  ce  Mémoire  a  été  compris  parmi  les  pièces 
du  concours  pour  le  prix  Bréant  en  1 864-  Le  jugement  porté  par  la  Com- 
mission sur  toutes  les  pièces  de  ce  concours  est  exprimé  dans  le  Rapport 
qui  a  été  publié  à  cette  époque. 

La  séance  est  levée  à  4  heures.  C. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  23  septembre  1867,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Recueil  de  Mémoires  de  Médecine,  de  Chirurgie  el  de  Pharmacie  militaires, 
rédigé  sous  (a  surveillance  du  Conseil  de  sanlé,  publié  par  ordre  du  Ministre  de 
la  Guerre;  3e  série,  t.  XVIII.  Paris,  1867;  1  vol.  in-8°. 

Bulletin  de  Statistique  municipale,  publié  par  les  ordres  de  M.  le  Baron 
Haussmann,  mois  de  juin  et  juillet  1867.  Paris,  i867;in-4°. 

Recherches  sur  les  surfaces  du  second  ordre;  par  M.  l'abbé  Aousï;  2e  par- 
tie. Paris,  1867;  br.  in-8°. 

L'ammoniaque  dans  Vinduslrie  ;  parM.  Ch.  Tellier;  2e  édition  avec  figures 
et  planches.  Paris,  1867;  1  vol.  in-8°. 

L'unipolarilé  du  fer  dans  les  liquides,  révélée  par  de  nouvelles  cotnbinaisons 
voltdupies  à  double  clément  fer;  par  M.  J.-E.  Balsamo.  Lecce,  1867;  br.  in- ,". 
(Présenté  par  M.  Peligol.) 


(  535  ) 

Bulletin  du  Musée  de  l'Industrie,  publié  sous  la  direction  de  la  Commission 
administrative;  juillet  1867.  Bruxelles,  1867;  br.  grand  in-8°. 

The...  L'Âthenœum,  mois  de  mai,  juin  et  juillet  1867.  Londres,  1867; 
3  fascicules  in-4°. 

List...  Liste  des  Membres  de  la  Société  Linnéenne  de  Londres,  186G. 
Londres,  1867;  br.  in-8°. 

The...  Journal  de  la  Société  Linnéenne:  Botanique,  t.  IX,  nos  38  et  3q. 
Londres,  1866-67;  2  br.  in-8°. 

The...  Journal  de  la  Société  Linnéenne  :  Zoologie,  t.  IX,  livr.  34  et  35. 
Londres,   1866-67  ;  2  br.  in-8°. 

The...  Transactions  de  la  Société  Linnéenne  de  Londres,  t.  XXV,  3e  partie. 
Londres,  1866;  iii-/>°  avec  planches. 

General...  Table  générale  des  Transactions  de  la  Société  Linnéenne  de 
Londres,  t.  I  à  XXV.  Londres,  1867;  in-4°. 

Proceedings...  Procès-verbaux  des  réunions  scientifiques  de  la  Société  Zoo- 
logique de  Londres.  1866,  janvier  à  décembre.  Londres,  1867;  3  parties 
in-8°. 

Transactions...  Transactions  de  la  Société  Zoologique  de  Londres,  t.  VI, 
ire,  2e  et  3e  parties.  Londres,   1866-1867;  ^  brochures  in-4°  avec  planches. 

Jornal...  Journal  des  Sciences  mathématiques,  physiques  et  naturelles,  pu- 
blié sous  les  auspices  de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Lisbonne;  n°  3, 
août  1867.  Lisbonne,  1867;  in-8°  avec  planches.  (Présenté  par  M.  Coste.) 

Théorie...  Théorie  et  pratique  dans  l'art  et  la  science  comme  dans  la  vie; 
par  M.  Th.  Sciieehek.  Freiberg,  1867;   1  vol.  grand  iu-8°  cartonné. 

On  the...  Sur  les  crânes  déformes  particulières  des  habitants  de  certains 
groupes  d'îles  dans  l'est  de  l'océan  Pacifique;  par  M.  J.-B.  Davis.  Harlem,  1866; 
in-4°  avec  planches. 

Untersuchungen...  Becherches  sur  la  foi  me  du  bassin  dans  la  femme  java- 
naise; par  M.  T.  Zaaijek.  Harlem,  1866;  in-4°  avec  planches. 

Die...  Considérations  sur  la  formation  basaltique  ;  par  M.  L.  DRESSEL.  Har- 
lem, 1866;  in-4°  avec  planches. 

Beitrâge...  Matériaux  pour  servir  à  la  connaissance  de  la  formation  feld- 
spalhique,  avec  applications  au  mode  de  formation  des  trachytes  et  des  porphyres 
qwnizeux;parM.  C.-E.  Weiss.  Harlem,  1866;  in-4°  avec  planches. 

Acta  Universilatis  Lundensis,  i865;  Sciences  mathématiques  et  naturelles. 
Lund,  i865-66;  1  vol.  in-4°  avec  planches. 


(  536  ) 

PUBLICATIONS    PERIODIQUES    REÇUES    PAR    l'aCADEMIE    PENDANT 
LE    MOIS    D'AOUT     18G7. 

Benne  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  j  noa  i5  et  16,  1867;  in  8°. 

Revue  médicale  de  Toulouse;  nos  7  et  8,   1867  ;  in-8°. 

Sorielà  reale  di  Napoli.  Rendiconlo  delV  Âccademia  délie  Scienze  fisiclie  e 
malemaliche;  Naples,  juin  1867;  in-40. 

Société  d'Encouragement,  Résumé  des  procès-verbaux,  séances  des  26  juil- 
let, 2  et  9  août  1867;  iu-8°. 

The  Laboralory ;  nus  18  à  22,  1867;  in-4°. 

The  Scientific  Review;  n°  1  7,  1 867  ;  in-/J°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L  ACADÉMIE   DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  50  SEPTEMBRE  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMRRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

histoire  DES  sciences.    —   Lettre  de  Sir  David  Brewster  à  M.  Chevrenl, 

au  sujet  des  Lettres  attribuées  à  Pascal  et  à  Newton. 

«  Allerly  Melrose,  24  septembre  1867. 

»  Etant  très-désireux  de  mettre  le  caractère  de  sir  Isaac  Newton  à  cou- 
vert des  imputations  qui  le  flétriraient  justement  si  les  Lettres  qu'on  donne 
comme  de  lui  dans  la  correspondance  de  Pascal  étaient  véritables,  j'ai  prié 
M.  Chasles  de  m'envoyer  des  copies  photographiques  de  quelques-unes  des 
plus  importantes,  afin  d'en  pouvoir  comparer  l'écriture  et  les  sig  natures 
avec  celles  des  Lettres  authentiques  qui  sont  dans  la  possession  du  comte 
de  Portsmouth. 

»  M.  Chasles,  avec  une  parfaite  obligeance,  m'a  envoyé  quatre  de  ces 
Notes  portant  les  quatre  signatures  différentes  qu'aurait  eues  Newton. 

»  J'ai  transmis  une  de  ces  Notes  au  comte  de  Portsmouth,  une  autre  au 
comte  de  Macclesfield,  qui  possède  les  originaux  des  quarante-cinq  Lettres 
publiées  dans  la  «  Correspondence  of the  scienlific  men  of  the  XVIIe  cenlury,  » 
et  une  troisième  à  sir  Frédéric  Madden,  du  British  Muséum. 

»  En  comparant  les  Notes  envoyées  de  France  avec  les  vraies  Lettres  de 
Newton,  lord  Portsmouth  et  lord  Macclesfield  ont  reconnu  immédiatement 
qu'il  n'y  a  pas  la  moindre  ressemblance  entre  les  pièces  forgées  et  les 
Lettres  authentiques.  Lord  Portsmouth  eut  la  bonté  de  m'envoyer  une  vé- 

C.  R. ,   1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  14.)  70 


(  538  ) 

ritable  Lettre  de  Newton,  que  M.  de  Khanikof,  juge  impartial,  déclara 
être  d'une  écriture  entièrement  différente  de  celle  des  Notes  fabriquées  et 
avec  une  signature  non  moins  différente.  J'ai  eu  aussi  l'occasion  de  faire 
voir  ces  Lettres  à  lord  Colonsay  et  à  lord  Mure,  un  des  juges  de  notre  Cour 
d'assises  [one  of  the  judges  ofllie  court  of  session),  et  tons  les  deux  ont  partagé 
l'opinion  de  M.  de  Khanikof. 

»  Afin  de  mieux  appuyer  l'opinion  émise  par  lord  Macclesfield,  ladv 
Macclesfield  m'a  envoyé  le  calque  d'une  des  Lettres  de  Newton  (i),  et  aussi 
des  calques  de  cinq  de  ses  signatures,  et  ces  calques  sont  si  fidèles,  que  moi- 
même  je  ne  pourrais  les  distinguer,  soit  pour  l'écriture,  soit  pour  la  signa- 
ture, de  la  Lettre  qui  m'a  été  envoyée  par  lord  Portsmouth. 

»  Je  vous  envoie  ces  calques  et  ne  doute  point  que  MM.  les  Membres  de 
l'Académie,  après  y  avoir  jeté  les  yeux,  ne  restent  convaincus  que  le  faus- 
saire n'avait  jamais  vu  ni  l'écriture  ni  la  signature  de  Newton. 

»  A  l'appui  de  cette  opinion,  je  puis  présenter  encore  la  plus  haute  au- 
torité qu'on  puisse  invoquer  en  cette  circonstance,  celle  de  sir  Frédéric 
Madden,  qui,  pendant  quarante  ans,  a  été  attaché  d'abord  comme  sous- 
conservateur,  puis  comme  conservateur,  au  département  des  manuscrits  du 
Britisli  Muséum. 

«  Je  connais  parfaitement,  m'écrit-il,  la  main  de  sir  Isaac  Newton  ;  quant 
»  à  la  Lettre  en  question  commençant  par  ces  mots  :  «  Si  l'on  voulait  exa- 
»  miner...  »,  finissant  par  ceux-ci  :  «  Le  corps  de  l'homme  »,  et  signée 
»  Is.  Newton,  après  l'avoir  comparée  à  plusieurs  Lettres  autographes  et  si- 
»  gnatures  de  Newton  que  possède  le  Britisli  Muséum,  pièces  dont  l'authen- 
»  ticité  est  incontestable,  je  n'hésite  pas  à  déclarer  que  c'est  un  faux  pal- 
»   pable  et  même  très-grossier,  tant  pour  l'écriture  que  pour  le  papier.    » 

HISTOIRE  des  SCIENCES.  —  Réponse  aux  communications  de  M.  R.  Grant  eicfe 
Sir  David  Brewster;  par  M.  Chasles(2). 

I. 

«  M.  R.  Grant,  dans  sa  Lettre  adressée  à  M.  Le  Verrier,  et  transmise  par 
notre  confrère  à  M.  le  Président,  se  propose  de  démontrer  que  la  détermi- 
nation des  masses  et  des  densités  de  la  Terre,  de  Jupiter  et  de  Saturne, 
indiquées  dans  les  Lettres  et  Notes  de  Pascal,  ont  été  prises  par  le  pré- 
tendu falsificateur  de  ces  lettres  dans  la  troisième  édition  du  livre  des 


(i)  Celle  de  la  Correspondance,  t.  II,  p.  4°°- 

(2)  On  trouvera  à  la  Correspondance,  page  5-  1,  la  Lettre  de  il.  Grant,  à  laquelle  répond 
d'abord  M.  Chastes,  et  dont  M.  le  Secrétaire  perpétuel  avait  donné  lecture. 


(  539  ) 
Principes  de  Newton;  et  il  en  conclut  que  «  la  masse  entière  des  documents 
»  communiqués  à  l'Académie  est  une  pure  imposture  (pureforgeries).   » 

»  Je  rappellerai  succinctement  l'origine  de  cette  question.  Newton  dit, 
dans  le  scolie  de  la  proposition  IV  du  premier  livre  des  Principes  :  «  Le  cas 
»  du  corollaire  VI  (c'est-à-dire  la  loi  d'attraction  en  raison  inverse  du 
»  carré  de  la  distance)  est  celui  des  corps  célestes,  comme  l'ont  trouvé 
»  nos  compatriotes  Wrenn,  Hooke  et  Halley.   » 

»  N'était-ce  pas  pour  moi  un  devoir  de  faire  connaître  que  Pascal  s'était 
aussi  beaucoup  occupé  des  lois  de  l'attraction,  en  prenant  pour  point  de 
départ  l'immortel  ouvrage  de  Copernic,  si  explicite  sur  ce  point,  et  pour- 
tant si  négligé  de  Newton  et  d'autres  après  lui,  et  de  dire  que  Pascal  avait 
connu  ces  lois,  qu'il  méritait  donc  de  prendre  place  à  côté  des  géomètres 
qui ,  comme  Wrenn,  Hooke  et  Halley,  les  avaient  aussi  connues  après  lui? 

»  J'ai  cité  à  ce  sujet  deux  Lettres  et  quatre  Notes,  que  je  prenais  parmi 
un  grand  nombre  d'autres,  et  qui  me  paraissaient  suffisantes  pour  justifier 
mon  assertion.  — Voilà  à  quoi  se  bornait  ma  communication. 

»  Il  n'y  avait  rien  là  qui  pût  offusquer  les  amis  et  les  admirateurs  de 
Newton,  au  nombre  desquels  j'ai  toujours  été.  Cependant  notre  confrère, 
M.  Duhamel,  s'étant  empressé  d'élever  des  objections,  comme  si  les  six  pièces 
communiquées  renfermaient  tout  le  travail  de  Pascal,  j'ai  dû  produire  une 
série  des  pièces  relatives  à  la  question,  et  montrer  qu'elles  renfermaient  la 
démonstration  des  lois  de  l'attraction,  et  que  le  corollaire  VI  notamment 
s'y  déduisait  d'un  énoncé  fort  remarquable.  On  a  vu  par  là  que  je  ne  re- 
doutais nullement  la  comparaison  des  Notes  de  Pascal  et  de  l'œuvre  de 
Newton.  C'est  que  je  n'avais  point  agi  légèrement,  et  que  j'étais  éclairé  par 
une  masse  de  preuves  très-diverses,  et  qui  jusqu'à  présent  ne  m'ont  point 
fait  défaut. 

»  Des  doutes  ayant  été  émis  sur  l'authenticité  de  ces  papiers  de  Pascal, 
j'ai  dû  dire  que  j'en  possédais  beaucoup  d'autres,  et  même  des  correspon- 
dances de  Pascal,  notamment  avec  Newton.  J'en  donnai  quelques  exemples. 
Je  fis  remarquer  que  les  Notes  envoyées  à  Newton  par  Pascal  sur  l'attrac- 
tion s'étendent  jusqu'au  20  novembre  i658;  que  Pascal  avait  donc  pu  se 
servir  de  la  découverte  du  second  satellite  de  Saturne  pour  ses  calculs,  ce 
qui  répondait  à  la  seule  observation  pouvant  impliquer  quelque  doute 
de  la  part  de  notre  confrère  M.  Faye. 

»  Dans  la  séance  du  12  août  vint  la  Lettre  de  Sir  David  Brewster,  qui 
contestait  les  documents  cités  de  Pascal  et  de  Newton. 

»  Comme,  par  suite  d'une  réclamation  de  M.  Faugère  en   faveur  du 

70.. 


(  54o  ) 
grand  nom  de  Pascal,  compromis,  disait-il,  par  le  style  et  le  contenu  des 
documents  produits,  il  était  convenu  qu'une  Commission  examinerait  ces 
documents,  j'ai  dû,  pour  répondre  sur-le-champ  à  notre  illustre  Associé 
étranger,  laisser  de  côté  les  Lettres  de  Pascal,  et  j'ai  dit  que  j'allais  me  bor- 
ner à  démontrer  par  un  autre  ordre  de  preuves  la  réalité  des  relations  qui 
avaient  existé  entre  Pascal  et  Newton,  et  que  niait  M.  Brewster.  Car  il  y  a 
ici  en  effet  deux  questions  distinctes  :  i°  Les  documents  attribués  à  Pascal 
sont-ils  authentiques?  2°  A-t-il  existé  des  relations  entre  Pascal  et  Newton? 

»  Les  preuves  que  je  donnai  étaient  prises  dans  de  nombreuses  corres- 
pondances de  savants  et  de  littérateurs  de  l'époque  et  même  du  siècle  sui- 
vant. Je  citai  des  Lettres  d'Aubrey,  de  Hobbes,  de  Mme  Perrier,  de  Rohault, 
de  Mariotte,  de  Clerselier,  de  Desmaizeaux,  de  Labruyère,  de  Saint-Évre- 
mond,  de  Montesquieu,  etc.,  au  nombre,  je  crois,  d'une  quarantaine. 

«  J'ai  ajouté,  dans  la  séance  suivante  (19  août),  que  les  Lettres  parlant 
de  Newton  et  de  Pascal  n'étaient  pas  les  seules  que  je  possédasse  de  chaque 
auteur,  et  qu'on  ne  devait  pas  croire  qu'elles  aient  été  écrites  en  vue  d'une 
question  qui  pourrait  s'agiter  un  jour,  parce  que  j'en  possédais  beaucoup 
d'autres  de  la  plupart  des  mêmes  auteurs;  par  exemple,  quelques  centaines 
de  Labruyère  et  de  Montesquieu,  roulant  sur  des  matières  littéraires,  his- 
toriques, philosophiques,  etc.,  très-variées. 

»  Depuis,  j'ai  montré  ces  collections  à  beaucoup  de  nos  confrères  et  à 
d'autres  personnes.  On  a  vu  qu'elles  ne  se  bornent  pas  à  celles  seule- 
ment où  est  prononcé  le  nom  de  Pascal  ou  de  Newton;  qu'il  y  en  a  de 
Galilée,  de  Descartes,  de  Copernic,  etc.  On  a  pu  comparer  les  écritures, 
parmi  lesquelles  s'en  trouvent  de  très-caractéristiques  et  de  bien  connues. 
Si  l'écriture  de  quelques  auteurs  a  changé  dans  le  cours  de  leur  vie ,  si 
quelques-uns  ont  eu  à  la  fois  deux  écritures  différentes,  ce  dont  on  a  des 
exemples,  il  en  est  d'autres  dont  l'écriture  est  toujours  restée  la  même.  Je 
citerai  Malebranche,  Mariotle,  Montesquieu,  etc. 

»  J'ai  eu  occasion  de  dire  plus  d'une  fois  que  je  pourrais  ajouter  beau- 
coup d'autres  citations  à  celles  que  j'avais  déjà  produites,  et  j'ai  fait  obser- 
ver qu'une  seule  de  ces  séries  de  Lettres,  reconnue  authentique,  suffirait 
pour  prouver  la  réalité  des  relations  qui  avaient  eu  lieu  entre  Pascal  et 
Newton. 

»  C'est  dans  cet  état  de  choses  que  M.  Grant  vient  déclarer  que  tous  mes 
documents  sont  des  impostures.  Et  il  n'en  a  vu  aucun,  et  il  n'a  fait  prendre 
aucune  information  ! 

»  Mais  j'arrive  aux  nombres  des  masses  et  des  densités  des  planètes  qui 
font  le  sujet  principal  de  la  Lettre  de  ce  savant  astronome.   Ces  nombres 


(  54.  ) 
diffèrent  de  ceux  des  deux  premières  éditions  du  livre  des  Principes,  et  sont 
pris,  dit-il,  dans  la  troisième  édition,  de  1727. 

»  Je  répondrai  que  le  prétendu  auteur  des  nombreuses  Lettres  de  Pascal 
et  de  Newton,  sans  parler  de  toutes  les  autres  correspondances,  était  néces- 
sairement un  homme  d'un  grand  mérite,  qui  n'aurait  point  fait  la  faute  de 
se  dévoiler,  et  de  perdre  ainsi  le  fruit  d'un  travail  immense  en  copiant  dans 
le  livre  des  Principes  des  nombres  dont  il  n'avait  aucun  besoin,  car  il  pou- 
vait prendre  à  son  gré,  sans  aucun  inconvénient,  des  nombres  plus  ou  moins 
approchants  de  ceux-là.  C'est  donc  évidemment  Newton  qui,  après  s'être 
écarté,  en  1687,  des  nombres  de  Pascal,  qu'il  connaissait  (1),  y  est  revenu 
en  1727. 

»  Je  vais  faire  un  autre  rapprochement  entre  les  papiers  de  Pascal  et  le 
livre  des  Principes,  qui  sera  encore  plus  significatif. 

»  Il  s'agit  de  la  proposition  IV,  où  Newton  démontre  que  la  force  cen- 
trifuge dans  le  cercle  est  proportionnelle  au  carré  de  la  vitesse  divisé  par 
le  rayon.  Après  avoir  donné  neuf  corollaires,  suivis  du  scolie  dont  nous 
avons  parlé  précédemment,  il  indique  une  autre  démonstration  de  la  pro- 
position, qui  consiste  à  faire  décrire  au  mobile  les  côtés  d'un  polygone 
régulier  inscrit  au  cercle,  et  à  supposer  qu'en  chaque  sommet  du  polygone 
le  mobile  est  refléchi  par  le  cercle.  Il  conclut  de  son  raisonnement  que  si 
le  nombre  des  côtés  est  infini,  l'expression  de  la  force  centrifuge  devient 
le  carré  de  la  vitesse  divisé  par  le  rayon. 

»  Eh  bien  !  ce  raisonnement  se  trouve  dans  les  papiers  de  Pascal,  et  il 
s'y  trouve  avec  un  incident  qui  a  une  signification  décisive;  on  va  le  voir. 

»  Après  avoir  fait  un  raisonnement  juste,  qui  le  conduit  à  l'expres- 
sion de  la  force  centrifuge,  il  commet  une  erreur.  11  croit  avoir  négligé 
quelque  chose;  et  il  ajoute  :  «  Si  l'on  calcule  exactement  toutes  ces  forces, 
»  on  y  verra  quelque  petite  différence.  »  Puis  il  conclut  le  contraire  de  la 
proposition  vraie,  à  savoir,  que  «  les  forces  centrifuges  de  deux  globes  qui 
»  se  meuvent  dans  les  circonférences  de  deux  cercles  différents  ne  sont  pas 
»  entre  elles  comme  les  carrés  des  vitesses  divisés  par  les  rayons.  » 

»  Croira-t-on  que  le  falsificateura  emprunté  ce  procédé  de  raisonnement, 
avec  les  masses  des  planètes,  du  livre  des  Principes,  pour  conclure  le  con- 
traire de  ce  qu'il  y  trouvait  démontré  de  deux  manières. 

»  Ne  croira-t-on  pas,  au  contraire,  que  c'est  dans  les  Notes  de  Pascal  que 
Newton  a  pris  le  raisonnement  qu'il  a  ajouté  surabondamment  à  sa  pre- 
mière démonstration,  et  qui  avait  en  effet  son  mérite? 

(1)  Ces  nombres  se  trouvent  dans  des  Notes  de  Newton  lui-même,  écrites  pour  lui, 
»  d'après  M.  P.  »,  comme  il  le  dit. 


(  34?  ) 

»  Il  n'y  a  point  à  s'étonner  que  Pascal,  dans  ses  premières  recherches 
sur  ces  questions  du  mouvement,  ait  commis  une  erreur  qu'il  aura  bientôt 
reconnue  de  lui-même  ou  par  les  observations  de  l'ami  auquel  il  les  en- 
voyait. Il  n'avait  d'autre  but,  en  communiquant  ainsi  ses  idées,  ses  aper- 
çus, ses  raisonnements,  ce  qu'il  appelait  ses  observations,  que  de  découvrir 
la  vérité  par  lui-même  ou  par  les  autres. 

»  Ces  questions  de  dynamique  qui  prenaient  naissance  à  cette  époque 
étaient  fort  délicates,  et  ont  présenté  longtemps  des  difficultés  aux  géo- 
mètres. Je  vais  donner  un  autre  exemple  d'erreur  qu'y  a  commise  Pascal,  et 
qui  sera  encore,  sinon  une  preuve  aussi  forte  que  toutes  les  autres,  du 
moins  un  indice  des  relations  qui  existaient  entre  lui  et  "Newton.  Il  s'agit  de 
l'expression  de  la  quantité  de  mouvement  d'un  corps.  Pascal,  qui  était  en 
correspondance  avec  Huygens  depuis  plusieurs  années,  lui  écrit  (en  i65/|) 
que  la  quantité  de  mouvement  d'un  corps  est  proportionnelle  au  produit 
de  la  masse  par  le  carré  de  la  vitesse.  Il  confond  donc  la  quantité  de  mou- 
vement avec  ce  que  l'on  a  appelé  depuis  la^brce  vive. 

»  Huygens  rectifie  son  erreur  dans  une  Lettre  du  2  juin  i654,  qui  va 
se  trouver  ci-dessous. 

»  Mais  voici  une  coïncidence  singulière. 

»  Après  la  mort  de  Pascal,  Newton  communiqua  aussi  à  Huygens  la 
même  expression  de  la  quantité  de  mouvement,  le  produit  delà  masse  par 
le  carré  de  la  vitesse.  Huygens  lui  répond  le  2  novembre  (sans  millésime)  : 
«  Cette  observation  m'avait  déjà  été  faite  par  feu  M.  Pascal,  à  qui  j'avais 
»   répondu.  » 

»  Huygens,  certainement,  a  été  fixé  aussitôt  sur  l'origine  de  cette  commu- 
nication posthume,  car  il  connaissait  parfaitement  l'étendue  des  commu- 
nications que  Pascal  avait  faites  à  Newton  ;  on  le  voit  par  plusieurs  de  ses 
Lettres,  dont  je  donnerai  plus  loin  quelques  passages. 

»  Je  conclus  donc  que  le  rapprochement  que  M.  R.Grant  m'a  donné  l'oc- 
casion de  faire  entre  les  Notes  de  Pascal  et  l'ouvrage  de  Newton  fournit  de 
nouvelles  preuves  des  emprunts  que  le  jeune  géomètre  a  faits  an  savant 
généreux  qui  le  guidait  dans  la  carrière  des  sciences. 

Notes  et  Lettres  de  Pascal. 
Si  un  corps  est  poussé  à  la  fois  par  deux  forces  :  que  l'une  d'elles  ne  lui  soit  appliquée  que 
pendant  un  instant,  mais  que  l'autre  force  continue  d'agir  sur  lui  en  dirigeant  constamment 
son  action  vers  un  même  point,  le  corps  cessera  d'estre  mu  sur  la  ligne  droite,  il  décrira  le 
périmètre  ou  contour  d'un  polygone;  et  à  chaque  changement  de  costé,  il  faudra  que  la 
force  qui  lui  est  demeurée  appliquée  fasse  sur nouvel  effort  pour  le  retenir  sur  le  poly- 
gone et  Pempeseher  de  s'en  éloigner.  Pascal. 


(  543  ) 

Ce  2o  juillet. 
Monsieur  , 
L'hypoténuse,  qui,  selon  tous  les  géomètres,  est  incommensurable  aux  deux  costés  du 
triangle,  leur  doit  donc  être  égale  :  l'axiome  d'Archimède,  qui  dit  que  deux  côtés  d'un 
triangle  sont  plus  grands  qu'un  troisième,  seroit  donc  absolument  faux,  quoique  la  vérité  en 
soit  démontrée  dans  la  géométrie  élémentaire  (i).Un  autre  principe  qui  a  de  grandes  utilités 
dans  le  système  dont  je  vous  entretiens,  c'est  que  (quand)  les  cercles  sont  égaux,  les  forces  cen- 
trifuges sont  comme  les  quarrés  des  vitesses,  parce  que  le  globe  qui  a  le  double  de  vitesse 
décrit  deux  fois  son  cercle,  lorsque  l'autre  ne  le  parcourt  qu'une  fois,  et  chaque  coup  doit 
être  le  double  de  l'autre  puisque  la  vitesse  est  double.  Il  y  a  donc  de  la  force  centrifuge 
comme  quatre  qui  est  le  quarré  de  deux  ou  de  la  vitesse  exprimée  par  ce  nombre.  Tel  est 
mon  advis.  Je  suis,  monsieur,  votre  bien  affectionné.  Pascal. 

Ce  Ier  août. 
Monsieur  , 
Je  vous  ay  dit  que  les  forces  centrifuges  sont  comme  les  quarrés  des  vitesses,  parce  que 
le  globe  qui  a  le  double  de  vitesse  décrit  deux  fois  son  cercle,  lorsque  l'autre  ne  le  parcourt 
qu'une  fois,  et  chaque  coup  doit  estre  double  de  l'autre  puisque  la  vitesse  est  double.  Si  l'on 
calcule  exactement  toutes  ces  forces,  on  y  verra  quelque  petite  différence.  Le  mobile  qui  a 
delà  vitesse  comme  deux  frappe  deux  fois  chaque  point  de  sa  circonférence,  lorsque  l'autre, 
qui  n'a  de  la  vitesse  que  comme  un,  ne  frappe  qu'une  fois  les  côtés  infiniment  petits  de  son 
cercle.  Chaque  coup  est  double;  il  a  donc  dans  ces  chocs  de  la  force  comme  quatre.  Il  par- 
court deux  fois  son  cercle,  égal  au  cercle  de  l'autre.  Voilà  de  la  force  comme  deux,  qui 
ajouté  à  quatre  donne  six,  qui  de  l'aveu  de  tout  le  monde  n'est  point  le  quarré  de  la 
vitesse  exprimée  par  deux.  D'où  il  suit  que  les  forces  centrifuges  de  deux  globes  qui  se 
meuvent  dans  les  circonférences  de  deux  cercles  différents  ne  sont  pas  entrelles  comme  les 
quarrés  des  vitesses  divisés  par  les  rayons,  puisque  ce  n'est  qu'un  corollaire  de  la  précé- 
dente. Je  suis,  monsieur,  votre  bien  affectionné.  Pascal. 

Huygens  h  Pascal. 

Ce  2  juin  iG54 • 

Vous  me  mandez  qu'il  faut  multiplier  la  masse  par  le  quarré  de  la  vitesse.  C'est-à-dire  que 
la  quantité  de  mouvement  d'un  corps  est  proportionnelle  au  produit  de  sa  masse  par  le  quarré 
de  sa  vitesse.  Plus  j'examine  cette  règle,  monsieur,  et  plus  il  me  paroît  qu'elle  renverse  de 
fond  en  comble  tous  les  principes  de  la  statique,  de  l'hydrostatique  et  de  l'hydraulique,  et 
qu'elle  contredit  ouvertement  les  expériences  les  plus  constantes  sur  ces  trois  belles  parties 
de  la  physique. 

Vostre  règle  pour  trouver  la  quantité  de  mouvement  ne  me  paroît  pas  non  plus  pouvoir 
se  concilier  avec  les  principes  de  la  statique,  de  l'hydrostatique  et  de  l'hydraulique,  ni  avec 
l'expérience.  Il  faudrait  donc,  selon  moy,  bannir  de  la  physique  ces  trois  parties  qui  en  sont 
comme  l'âme,  ou  ajuster  à  vostre  règle  un  nouveau  système  qui  coûterait  peut-être  plus  qu'il 
n'aurait  de  solidité.  J'en  parlois  il  y  a  quelque  temps  avec  M.  Barrow,  qui  semble  partager 
mon  sentiment,   ainsi  que  ceci  est  constaté  dans  la  lettre  qu'il  m'a  escrite  à  ce  sujet.  Vous 

(i)  Cette  phrase  se  rapporte  évidemment  à  une  Lettre  qui  a  précédé  celle-là.  Le  destina- 
taire de  ces  Lettres  n'est  pas  indiqué. 


(  544  ) 

serait-il  agréable,  monsieur,  de  nie  donner  de  nouvelles  observations  à  ce  sujet.  Ce  seroitme 
faire  grand  plaisir;  ou  m'esclaircir  celles  que  déjà  vous  m'avez  fournies;  car  peut-estre  que 
je  ne  les  comprend  pas  bien.  Je  suis  comme  toujours,  monsieur,  vostre  très-humble  et  très- 
affectionné  serviteur.  Ch.  Hdygens. 

Huygens   à   Newton. 

Ce  1   novembre. 

Vous  dites  que  pour  déterminer  la  quantité  de  mouvement  d'un  corps,  il  faut  multiplier 
la  masse  par  le  quarré  de  la  vitesse;  c'est-à-dire  que  la  quantité  de  mouvement  d'un  corps 
est  proportionnelle  au  produit  de  la  masse  par  le  quarré  de  la  vitesse.  Cette  observation 
m'avoit  déjà  été  faite  par  feu  M.  Pascal  à  qui  j'avois  répondu.  Plus  j'examine  cette  règle, 
monsieur,  et  plus  il  me  paraît  qu'elle  renverse  de  fond  en  comble  les  principes  de  la  statique, 
de  l'hydrostatique  et  de  l'hydraulique.  Par  exemple,  deux  corps,  A  et  B,  dont  le  premier  a 
un  degré  de  masse  et  quatre  de  vitesse,  et  le  second  quatre  de  masse  et  un  de  vitesse,  seroient 
dans  tous  les  cas  possibles  en  équilibre.  Ils  ont  donc  des  quantités  de  mouvement  égales.  Je 
vous  demande  avis  sur  cela.  Je  suis,  monsieur,  votre  bien  affectionné. 

Huygens. 

Huygens  h  Boyle. 

Ce  18  may  1682.  —  Vous  n'ignorez  pas  sans  doute  qu'il  est  des  gens,  et  je  pourrais  les 
nommer,  qui  après  s'être  emparés  des  travaux  des  autres,  osent  les  mépriser.  J'en  connois 
un,  et  vous  le  connoissez  aussy,  qui  se  plaist  à  déclamer  contre  la  matière  subtile  de  Des- 
cartes, dont  il  est  néanmoins  nécessaire  d'admettre  l'existence,  si  l'on  ne  veut  pas  tomber 
dans  l'absurde  du  vuide. 

Ce  22  août  1686.  —  Quand  bien  mesme  les  principes  de  Monsieur  Newton  émaneraient 
entièrement  de  luy,  nous  savons  l'un  et  l'autre  qu'il  n'en  est  pour  ainsi  dire  que  le  parain, 
quand  bien  mesme,  dis-je,  ils  émaneraient  entièrement  de  luy,  je  n'en  suis  pas  entièrement 
partisan. 

II. 

»  Je  passe  à  la  Lettre  de  Sir  David  Brewster,  dont  je  viens  de  prendre  com- 
munication à  l'instant. 

»  Notre  illustre  confrère  conteste  de  nouveau  l'authenticité  de  mes 
documents.  Il  m'avait  demandé  de  lui  envoyer  une  Lettre  ou  nue  photo- 
graphie. Je  lui  ai  envoyé  quatre  pièces  portant  les  quatre  variantes  que  je 
trouvais  dans  les  signatures  de  Newton,  savoir:  Newton,  I.  Newton, 
Is.  Newton  et  Isaac  Newton.  Le  savant  géomètre,  orientaliste  et  voyageur, 
M.  de  Khanikof,  qui  se  rendait  à  la  réunion  de  l'Association  Britannique 
à  Dundee,  a  bien  voulu  se  charger  de  ces  pièces.  Sir  David  déclare  qu'elles 
diffèrent  absolument  de  l'écriture  de  Newton  et  qu'elles  sont  l'œuvre  d'un 
faussaire  qui  n'a  même  jamais  vu  ni  l'écriture  ni  la  signature  du  grand 
géomètre.  11  ne  motive  nullement  ce  jugement,  se  bornant  à  envoyer  le 
calque  d'une  Lettre  de  Newton.  Mais  heureusement,  M.  de  Khanikof,  à  son 
retour,  hier,  m'a  fait  connaître  en  détail  les  objections  que  la  comparaison 


(  545  ) 
des  quatre  pièces  et  de  deux  autres  que  j'avais  aussi  envoyées,  avec  les 
Lettres  de  Newton  que  possède  la  Société  Royale,  a  fait  naître.  Il  m'a 
remis  le  fac-similé  d'une  de  ces  Lettres  que  l'éminent  professeur  de  l'Uni- 
versité de  Londres,  et  Secrétaire  général  de  l'Association  Britannique, 
M.  J.  Archer  Hirst,  a  pris  la  peine  de  faire. 

»  Voici  les  différences  que  les  Lettres  de  la  Société  Royale,  et  notam- 
ment \e  fac-similé,  ont  présentées  avec  les  six  Notes  comparées  : 

»  i°  Sur  ces  Notes,  le  cl  est  droit,  tel  que  d,  tandis  que  dans  les  Lettres 
il  est  rond,  ainsi  qu'on  le  fait  actuellement  dans  l'écriture  cursive. 

»  a°  Sur  les  Notes  l'e  a  la  forme]  actuelle,  et  dans  les  Lettres  c'est  tou- 
jours la  forme  de  l'epsilon. 

»  3°  Le  w  de  la  signature,  dans  les  Notes,  a  deux  pointes,  tandis  que 
clans  les  Lettres  la  seconde  pointe  est  arrondie. 

»   4°  L'aspect  général  des  Lettres  diffère  notablement  des  Notes. 

»  En  outre,  a-t-on  dit  :  d'une  part,  les  Notes  so/it  copiées  d'une  Lettre 
de  Newton  à  l'abbé  Conti,  et  d'une  réplique  de  Clarke,  imprimées  dans  le 
Recueil  de  Desmaizeaux;  et,  d'autre  part,  Newton  n'écrivait  jamais  en 
français;  il  ne  lisait  même  le  français  qu'à  coups  de  dictionnaire. 

»  Je  dis  aussitôt  à  M.  de  Khanikof  que  ces  Notes  étaient  prises  d'une 
liasse  de  papiers  relatifs  à  la  querelle  de  Newton  et  de  Leibnitz,  que  je  mis 
sous  ses  yeux;  j'ajoutai  qu'une  partie  de  ces  papiers  se  trouvait  imprimée 
dans  le  Recueil  de  Desmaizeaux;  notamment  la  plupart  des  Lettres  de 
Leibnilz,  la  Lettre  de  Newton  adressée  à  Chamberlayne,  et  les  Notes  pré- 
parées par  Newton  pour  sa  longue  Lettre  à  l'abbé  Conti,  ainsi  que  beau- 
coup de  Lettres  confidentielles  et  de  Notes  de  Newton  adressées  à  Desmai- 
zeaux et  à  Clarke,  à  qui  il  transmettait  les  instructions  nécessaires  pour  sa 
défense;  que  c'était  ainsi  que  les  Notes  envoyées  à  Sir  David  Brewster  se 
trouvaient  imprimées.  J'ajoutai  que  cette  manière  de  travailler,  par  une  série 
de  Notes  préparatoires,  était  en  usage  à  cette  époque,  comme  je  le  vois  par 
des  Notes  semblables  très-nombreuses  de  Copernic, de  Galilée,  de  Descartes, 
de  Bacon,  etc.,  sans  compter  celles  de  Pascal,  où  se  trouvent  notamment 
les  nombreux  fragments  qui  lui  ont  servi  pour  son  écrit  intitulé  :  De 
l'esprit  géométrique,  et  pour  la  description  de  la  machine  arithmétique. 

»  Quant  à  la  lettre  d,  M.  de  Khanikof  trouva  dans  la  même  liasse  une 
loule  de  Notes  ayant  indifféremment  le  cl  rond  des  Mss.  de  Londres  et  le  cl 
droit  des  quatre  Notes.  C'est  par  un  pur  hasard  que  ces  quatre  Notes  n'a- 
vaient qu'un  des  deux  d. 

»   L'epsilon  ne  se  trouvait  pas  sur  ces  pièces.   Là  donc  semblait  naître 

C.  R.,  1867,  a«  Semestre.  (T.  LX.V,  N»  14.  7  ' 


(  546  ) 
une  objection  fondée.  Mais  une  heure  après,  j'eus  la  visite  de  notre  confrère 
le  R.  P.  Secchi,  qui  m'apportait  la  photographie  d'une  Lettre  de  Newton 
que  M.  Soret,  de  Genève,  et  lui  avaient  eu  la  bonne  pensée  de  faire  à 
Genève  pour  établir  une  comparaison  avec  mes  documents.  Cette  Lettre, 
écrite  en  latin,  m'a  offert  aussitôt  un  aspect  très-rapproché  de  mes  Lettres, 
différent  donc  du  fac-similé  anglais.  Elle  tient  le  milieu,  en  quelque  sorte, 
entre  l'écriture  anglaise  et  l'écriture  française.  Mais,  de  plus,  la  lettre  e  y  a 
les  deux  formes,  c'est-à-dire  y  est  indifféremment  un  i  et  un  e  français.  Pré- 
venu ainsi  de  cette  variation  dans  la  forme  de  l'e,  je  cherchai  deux  Lettres 
écrites  en  anglais  qui  ne  font  pas  partie  de  la  collection  des  Lettres  en  ques- 
tion. L'une  porte  une  annotation  de  neuf  lignes  de  la  main  de  l'abbé  Conti; 
l'autre  est  un  ordre  de  payement  d'une  certaine  somme.  Ces  deux  Lettres 
sont  bien  authentiques  ;  j'v  trouvai  les  deux  formes  de  l'e.  Ces  Lettres  diffèrent 
donc  à  cet  égard  de  celles  de  la  Société  Royale.  Elles  en  diffèrent  aussi  par 
l'aspect  général.  . 

»  Puis,  dans  une  autre  liasse  de  mes  documents,  je  trouvai  une  série  de 
Lettres  et  Notes  avec  les  deux  formes  de  le,  et  plus  fréquemment  même 
l'epsilon  des  Lettres  de  Londres.  Ces  pièces,  que  je  mets  sous  les  yeux  de 
l'Académie,  se  rapportent  à  une  correspondance  de  Newton  avec  le  Roi 
Jacques  II,  sur  laquelle  je  reviendrai  plus  loin.  Enfin,  je  vois,  dans  ce 
moment  même,  que  les  deux  formes  de  le  se  trouvent  aussi  dans  le  fac- 
similé  communiqué  par  AI.  Brewster. 

»  En  résumé,  mes  documents  contiennent  le  d  des  Lettres  anglaises,  et 
les  deux  formes  de  l'e,  dont  une  seule  se  trouve  dans  les  Lettres  de  la 
Société  Royale,  bien  que  les  deuxse  trouvent  dans  mes  deux  Lettres  anglaises, 
dans  la  Lettre  transmise  par  M.  Brewster,  et  dans  la  Lettre  latine  de  Genève. 
Il  est  loin  de  ma  pensée  d'en  inférer  le  moindre  doute  sur  l'authenticité  des 
Lettres  de  Londres. 

»  Une  objection  semblable  à  celle  à  laquelle  je  réponds  dans  ce  moment 
ma  été  faite  au  sujet  des  Lettres  de  Pascal.  Notre  confrère,  M.  Balard,  nie 
demande  deux  ou  trois  pièces  qu'il  désire  comparer  avec  le  Ms.  des  Pensées, 
de  la  Bibliothèque  impériale.  Là,  on  lui  fait  remarquer  que  la  lettre  /'dans 
le  Ms.  a  un  crochet,  et  qu'elle  n'en  a  pas  dans  ces  pièces,  où  elle  est  formée 
de  deux  traits  différents,  l'un  vertical  à  peu  près,  et  l'autre  horizontal.  Voilà 
donc  une  question  qui  paraît  résolue  :  les  pièces  sont  fausses.  M.  Balard 
revient,  il  demande  à  revoir  la  liasse  d'où  ces  pièces  ont  été  extraites,  et 
aussitôt  il  en  trouve  un  grand  nombre  qui  ont  la  lettre  f  à.  crochet. 

»  Ces  exemples,  qui  montrent  à  combien  d'erreurs  s'exposeraient  les 
experts  en  écriture  qui   ne  consulteraient  que  la  forme  de  quelques  lettres 


(  547  ) 
tracées,  à  des  années  d'intervalle,  ou  même  dans  des  temps  rapprochés; 
erreurs  qu'on    pourrait   ne  pas  reconnaître  si    les  experts    n'avaient  que 
quelques  pièces  à  leur  disposition.  Très-heureusement,   c'est  l'œuvre  de 
toute  la  vie,  en  quelque  sorte,  de  Pascal  et  de  Newton  que  je  possède. 

»  Quant  à  l'aspect  général  d'une  écriture  dans  deux  langues,  il  peut 
être  très-différent.  On  en  trouvera  beaucoup  d'exemples.  Je  possède 
plusieurs  Lettres  de  Bacon  écrites  en  français  et  une  en  latin  (celle-ci 
signée  Fr.  S'-Alban)  :  elles  diffèrent  considérablement  du  fac-similé  an- 
glais qui  se  trouve  dans  le  beau  Recueil  d'autographes  publié  à  Londres 
en  1829  par  Ch.-J.  Smith.  Une  Lettre  de  la  reine  Jeanne  Grey,  écrite  en 
français  en  i552,  est  absolument  différente  du  fac-similé  du  même  Recueil. 
Dans  mes  Lettres  de  Cromwell,  écrites  en  français  au  cardinal  de  Richelieu, 
à  la  reine  Christine,  l'e  a  toujours  la  forme  actuelle,  excepté  dans  la  signa- 
ture Oliver  Cromwell  où  il  y  a  deux  s  ;  or,  dans  le  fac-similé  anglais, 
l'e  est  toujours  s;  le  d  est  toujours  droit  dans  les  Lettres  françaises,  et 
toujours  rond  dans  le  fac-similé.  Dans  les  Lettres  françaises  de  la  reine 
Henriette-Marie  et  dans  deux  Lettres  du  roi  Charles  II,  écrites  dans  la  nuit 
qui  a  précédé  sa  mort,  le  t  est  toujours  fait  comme  actuellement,  et  dans 
le  fac-similé  anglais  il  est  très-différent.  Il  peut  donc  arriver  qu'une  même 
main  fasse  toujours  certaines  lettres  de  deux  manières  différentes  dans  deux 
langues  différentes.  Cela  expliquerait  que  le  double  w  de  Newton  fût  un 
peu  différent  dans  les  signatures  anglaises  et  dans  les  signatures  françaises. 
Du  reste,  je  remarque  quelques  signatures  où  la  différence  n'existe  pas. 

»  On  ne  peut  donc  point  conclure  de  l'aspect  différent  des  lettres  de 
Newton  écrites  en  anglais,  en  latin  et  en  français,  que  ces  dernières  ne  sont 
point  authentiques,  ainsi  que  paraissent  l'avoir  fait  les  personnes  dont  Sir 
David  Brewster  invoque  le  jugement  (1). 

»  On  a  douté  que  Newton  écrivit  ou  lût  facilement  le  français.  Cepen- 
dant sa  Lettre  à  Chamberlayne  du  Recueil  de  Desmaizeaux  (t. II,  p.  125; 
3e  édition)  commence  ainsi  :  «  Je  n'entends  pas  assez  à  fond  la  langue  fran- 
»  çaise,  pour  sentir  toute  la  force  des  termes  de  la  Lettre  de  M.  Leibniz  ; 
»  mais  je  comprends  qu'il  croit  que  la  Société  Royale  et  moi,  ne  lui  avons 
»  pas  rendu  justice.  » 

»  J'ai  dit  ci-dessus  que  l'original  de  cette  Lettre  en  français  se  trouve 
parmi  mes  documents. 


(1)  M.  de  Khanikof  a  bien  voulu  me  dire  qu'il  existe  à  Saint-Pétersbourg  un  Recueil  de 
Lettres  de  Voltaire,  dont  une,  écrite  en  anglais,  diffère  tellement  des  autres,  qu'on  est  tou- 
jours porté  à  croire  qu'elle  n'est  pas  de  la  même  main. 

71.. 


(  548  ) 

»  Dans  une  Lettre  à  Desmaizeaux,  rapportée  ci-après  (Documents  A), 
Newton  dit  qu'il  envoie  plusieurs  Notes  qu'il  a  traduites  en  français. 

»  Dans  une  autre  Lettre  à  Desmaizeaux  (Documents  C),  il  envoie  encore 
des  Notes  traduites  en  français. 

»  Dans  une  Lettre  à  un  ami,  et  à  qui  il  envoie  des  préceptes  de  voyage, 
il  dit  que  chaque  fois  qu'il  trouve  l'occasion  de  parler  ou  d'écrire  en  fran- 
çais, il  le  fait  pour  se  mieux  familiariser  avec  cette  langue  (Documents  B). 

»  Enfin  nous  citerons  une  Lettre  d'Aubrey  à  Pascal,  qui  dit  que  le  jeune 
Newton  entend  déjà  plusieurs  langues,  la  française  surtout  (Documents  B). 

»  Est-il  nécessaire-d'ajouter  que  Newton  aurait  été  honteux  de  ne  pas  écrire 
en  français,  à  une  époque  où  tous  les  savants,  et  ses  compatriotes  notam- 
ment, se  servaient  de  cette  langue? 

III. 

»  Sir  David  Brewster  a  inséré,  dans  Y Athœneum  du  28  septembre,  une 
Lettre  datée  des  17  et  26  septembre,  dans  laquelle  il  dit  que  les  prétendues 
Lettres  de  Newton  ont  dû  être  fabriquées  après  la  publication  du  General 
Dictionaiy,  ou  après  l'année  1 84 1 ,  quand  le  Macclesfied  Conespondence  of  tlie 
scientific  men  du  professeur  Rigaud  a  paru.  Il  se  fonde  sur  ce  que  c'est  dans 
ces  ouvrages  que  le  faussaire  a  dû  connaître  les  quatre  signatures  de  Newton. 

»  Cet  aveu  est  précieux.  Car  il  faut  admettre  qu'en  très-peu  de  temps, 
eu  égard  à  son  œuvre  immense,  le  faussaire  a  pu  composer  une  masse  de 
documents  scientifiques,  littéraires,  historiques,  philosophiques,  etc.,  s'éten- 
dant  sur  la  vie  des  hommes  les  plus  éminents  du  XVIIe  et  des  premiers  temps 
du  XVIIIe  siècle.  Il  faut  admettre,  en  outre^  que  ce  faussaire  a  pu  se  procu- 
rer, et  cela  au  moment  même  où  il  en  avait  besoin,  une  quantité  considérable 
de  papiers  de  ces  époques.  Car  presque  toutes  les  Lettres,  sinon  tous  les 
petits  carrés  de  papier  sur  lesquels  sont  les  Notes  de  Pascal  et  de  Newton, 
ont  des  marques  ou  filigranes  très-apparents,  quelquefois  d'une  grande 
étendue,  notamment  sur  les  Lettres  de  Pascal. 

»  La  conclusion  de  notre  illustre  confrère  ne  paraîtra-t-elle  pas  la  réfu- 
tation de  ses  raisonnements  antérieurs,  et  un  argument  en  faveur  de  l'au- 
thenticité de  mes  documents?  carsi  le  faussaire  n'a  pu  connaître  les  quatre 
signatures  que  depuis  1  84 1  >  il  faut  qu'elles  soient  l'œuvre  de  Newton  lui- 
même. 

IV. 

»  Je  rappellerai  encore,  en  terminant,  que  je  possède  beaucoup  d'autres 
documents,  émanés  de  Newton  lui-même,  ou  dans  lesquels  se  trouvent  son 
nom  et  des  preuves  des  relations  qu'il  a  eues  avec  Pascal. 


(  "49) 

»  D'assez  nombreuses  Lettres  lui  ont  été  adressées  par  le  Roi  Jacques  II, 
en  résidence  à  Saint-Germain.  Je  rapporterai  quelques  pièces  de  cette  cor- 
respondance qui  ne  sont  pas  sans  intérêt  (Documents  C). 

»  Je  produirai  aussi  quelques  Lettres  de  Pascal  à  Gassendi,  qui  montrent 
avec  quelle  sollicitude,  et  je  puis  dire  avec  quel  bonheur,  en  vue  du  pro- 
grès des  sciences,  i!  prodiguait  ses  conseils  et  les  résultats  de  ses  propres 
recherches  au  jeune  étudiant  de  Cambridge  [Documents  D). 

»  J'ai  montré  que  de  nombreuses  preuves  des  relations  qui  ont  existé 
entre  Pascal  et  Newton  se  trouvent  aussi  dans  de  nombreuses  correspon- 
dances traitant  de  matières  très-diverses.  Saint-Évremond,  par  exemple, 
entretient  Labruyère  des  poètes  anglais,  telle  autre  personne  d'autres  sujets  ; 
envoie  des  papiers  de  Shakspere  à  Molière,  qui  l'avait  prié  de  rechercher 
s'il  ne  restait  rien  de  ce  grand  génie,  ce  qui  donne  lieu  à  une  série  de 
Lettres  sur  ce  poète  «  à  la  langue  de  miel,  connu  de  tout  le  monde,  et  dont 
»  la  vie  privée  est  encore  ignorée  »,  dit  Saint-Évremond. 

»  Si  les  géomètres  regrettent  de  trouver  quelque  tache  dans  la  vie  de 
Newton,  les  admirateurs  de  Shakspere  se  réjouiront,  au  contraire,  des  révé- 
lations de  Saint-Evremond. 

Documents  A. 

Newton  à  Desmaizeaux. 

Ce  9  mars. 

Déjà  je  vous  ay  fait  connoistre  divers  escrits,  lettres  et  notes  que  j'avois  envoyé  soit  à 
M.  Clarke,  soit  à  M.  l'abbé  Conti  et  à  M,  de  Saint-More  et  autres,  relativement  à  mes  dé- 
bats et  discussion  avec  M.  Leibniz.  Voicy  encore  de  nouveaux  escrits,  que  je  vous  envoyé 
comme  vous  m'en  avez  tesmoigné  le  désir,  persuadé  que  vous  leur  ferez  bon  accueil  ;  et  je 
nie  persuade  aussy  que  vous  me  servirez  favorablement  chaque  fois  que  vous  en  aurez  l'oc- 
casion. Vous  me  ferez  grand  et  agréable  plaisir.  Sur  ce,  je  suis  comme  toujours,  Monsieur 
Desmaizeaux,  votre  bien  affectionné.        •  Isaac  Newton. 

N".  Je  vous  ay  traduit  moy  même  toutes  ces  lettres  et  notes  afin  de  vous  éviter  la  peine 
de  le  faire,  quoique  je  sache  que  vous  estes  fort  initié  à  nostre  langage.  C'est  parce  que  je 
scay  que  vous  aymez  vostre  langue. 
à  Monsieur  Desmaizeaux. 

Newton   à   M.    Clarke. 

Ce  6  mars. 

Monsieur, 

Vous  trouverez  ci-joint  un  bon  nombre  de  Notes  que  vous  pouvez  vous  servir  pour  la 
réplique  à  faire  à  M.  Leibniz.  Je  vous  les  recommande  et  vous  prie  les  avoiren  bonne  con- 
sidération. Je  vous  seray  très-obligé  de  garder  ces  Notes  sous  le  scel  du  mystère,  jusqu'à  un 
certain  temps,  car  je  ne  voudrois  point  que  l'on  scut  que  cette  réplique  vient  de  moy.  Veuillez 
donc,  je  vous  prie,  la  rédiger  de  manière  qu'elle  vienne  tout  à  fait  de  vous;  enfin  en  faire 
vostre  œuvre,  et  je  vous  en  seray  très-obligé.  Je  suis,  Messieurs,  vostre  très-humble  et  très- 
affectionné  amy.  Isaac  Newton. 


(  55o  ) 

Samedi.  —  Monsieur,  faut  répliquer  à  M.  Leibniz  que  toute  action  consiste  à  donner 
une  nouvelle  force  aux  choses  sur  lesquelles  elle  s'exerce 

Vous  trouverez  ci-joint  diverses  Notes  que  devez  aussy  vous  servir  pour  répliquer  à  ce 
mesme  escrit  de  M.  Leibniz.  Je  me  repose  donc  sur  vous;  et  bien  reconnaissant  vous  seray 
toujours  de  ce  que  voulez  bien  vous  charger  de  ma  défense,  et  vous  prie  estre  assuré  de 
mon  affection.  Cette  Lettre  et  les  Notes  vous  seront  remises  par  un  amy  de  moy,  Monsieur 
Desniaizeaux,  avec  lequel  je  vous  prie  de  vous  entretenir.  C'est  un  François  exile  et  réfugié 
en  Angleterre  puis  longtems,  et  qui  pourra  vous  fournir  des  renseignements  sur  une  foule 
de  choses,  car  il  connoît  beaucoup.  C'est  un  homme  de  grand  mérite  et  qui  possède  une 
jolie  bibliothèque  et  un  cabinet  fort  riche. 

Ce  mardi  soir.  —  Monsieur,  voicy  ce  dont  vous  devez  encore  répondre  à  M.  Leibniz.  Si 
par  le  terme  de  forces  naturelles  on  entend  icy  des  forces  méchaniques,  tous  les  animaux, 
sans  excepter  les  hommes,  seront  de  pures  machines,  comme  une  horloge 

Mardy.  —  Monsieur  Clarke,  vous  pouvez  encore  mettre  dans  vostre  réponse  à  M.  Leibniz 
que  quoique  deux  choses  soient  parfaitement  semblables,  elles  ne  cessent  pas  d'eslre  deux 
choses 

Note  pour  M.  Clarke,  affin  de  réponse  à  Leibniz.  —  i  .2.  La  doctrine  que  l'on  trouve  icy 
conduit  à  la  nécessité  et  à  la  fatalité 

Note  pour  M.  Clarke,  touchant  un  escrit  de  M.  Leibniz.  —  3.4.  Si  le  raisonnemeni  que 
l'on  trouve  icy  étoit  bien  fondé,  il  prouveroit  que  Dieu  n'a  crée  aucune  matière,  et  mesme 
qu'il  est  impossible  qu'il  en  puisse  créer 

Note  pour  la  réplique  à  faire  à  M.  Leibniz.  —  Dans  une  Lettre  du  12  mai  16^6.    .    .    . 

Documents  B. 

Ce  2  septembre.  —  Vous  désirez  sçavoir  de  moy  la  inarche  qu'il  seroit  bon  de  suivre  dans 
un  voyage  qn'avez  dessein  d'entreprendre.  Je  vais  vous  donner  là-dessus  mes  instructions; 
et  permettez  à  moy  vous  les  escrire  en  françois  ;  car  je  sçay  que  vous  maniez  bien  cette 
langue,  et  c'est  grand  plaisir  pour  moy  de  l'escrire,  attendu  que  ce  sont  des  François  qui 
les  premiers  m'ont  initié  le  culte  des  sciences,  comme  déjà  l'ay  dit  à  vous;  et  chaque  fois 
que  je  trouve  occasion  de  parler  ou  d'escrire  en  ce  langage,  je  le  fais  pour  mieux  y  familia- 
riser moy  : celuy  qui  me  donna  ces  préceptes  étoit  homme  de  bon  sens. 

»  Ces  préceptes  sont  ceux  que  Newton  donne  aussi  à  Aston,  dans  une 
Lettre  écrite  en  anglais,  rapportée  par  M.  Brewster  dans  sa  biographie 
de  Newton  ;  et  encore  à  une  troisième  personne,  dans  une  Lettre  que  je 
possède.  Les  préceptes  étaient  de  Pascal,  et  se  trouvent  sur  six  Notes  de  sa 
main. 

Aubreï    h    Pascal. 

Ce  20  may. 

Dernièrement  j'ay  reçu  la  visite  de  M.  Barrow  et  du  jeune  Newton  vostre  protégé  qui  est 

enchanté  d'avoir  fait  vostre  connoissance,  et  m'en  a  tesmoigné  toute  sa  gratitude,  puisque 

j'ay  un  peu  contribué  à  cette  liaison,  et  je  m'en  estime  heureux  à  cause  de  ce  jeune  homme 

qui  véritablement  annonce  des  dispositions  pour  les  sciences  que  je  n'ay  jamais  remarqué 


(  55i   ) 

chez  aucun  autre  enfant.  II  observe  tout  et  cherche  à  approfondir  toute  chose  :  il  est  tres- 
attentif  à  tout  ce  qu'on  dit  et  ce  qu'on  fait,  et  quoique  jeune  encore  il  soutient  fort  bien  la 
conversation.  11  entend  déjà  plusieurs  langues,  la  françoise  surtout,  et  il  la  parle  très-cor- 
rectement. Nous  nous  sommes  longement  entretenu  de  vous.  Je  luj*  ay  dit  que  je  vous  es- 
crirois,  et  m'engagea  de  le  faire  au  plustost  et  de  vous  renouveller  le  tesmoignage  de  sa 
reconnoissance  et  de  vous  engager  à  luy  continuer  vostre  amitié  et  vos  bons  conseils  qu'il 
reçoit  toujours  avec  grand  plaisir  et  qu'il  taschera  de  les  mettre  à  profit.  Soyez  en  mesme 
temps  assuré,  Monsieur,  de  mon  affection  extrême;  et  de  vous  suis  le  très-humble  servi- 
,eilr-  Jo.  Aubrey. 

Documents  C. 

Le  Roi  Jacques  II  à  Newton . 

A  Saint-Germain,  ce  la  janvier  [68g. 
Monsieur  Newton,  j'ay  reçu  vostre  lettre  l'autre  hier.  Je  suis  bien  aise  que  vous  conveniez 
de  vos  relations  avec  feu  M.  Pascal.  Du  reste  vous  ne  pouviez  le  nier,  car  on  a  icy  des 
lettres  de  vous  à  cet  auteur,  qui  prouverais  le  contraire.  Madame  Perrier,  sœur  de  Pascal, 
les  a  encore.  Du  reste  aussy  on  m'a  asseuré  que  vous  estiez  bien  au  fait  de  ce  qu'on  disoit 
en  France  à  ce  sujet.  Quoy  qu'il  en  soit,  un  jour  que  je  me  trouvois  encore  seul  avec  le  Roy 
de  France,  il  a  fait  revenir  la  conversation  sur  cette  affaire;  ce  qui  me  tesmoigne  qu'il  l'a  à 
cœur.  J'ay  fait  tout  ce  qui  dépendoit  de  moy  pour  vous  excuser  de  cette  expression  dont 
vous  vous  estiez  servy  vis-à-vis  de  Pascal.  Je  croy  que  vous  feriez  bien  de  la  rétracter  par 
quelque  moyen.  Cela  pourrait  peut-estre  appaiser  les  esprits.  Car,  croyez-moi,  monsieur 
Newton,  les  scavans  de  France  sont  tellement  convaincus  que  Pascal  s'estoit  occupé  avant 
vous  de  ce  dont  vous  parlez,  qu'ils  ne  vous  en  donneront  jamais  le  mérite.  Il  est  resté  des 
preuves  de  cela  entre  les  mains  de  plusieurs  personnes  à  qui  Pascal  en  avoit  fait  part.  Il  y  a 
donc  apparence  que  vous  serez  repris.  Je  scay  mesme  une  personne  que  je  pourray  vous 
nommer  si  vous  le  desirez,  qui  prépare  un  travail  à  ce  sujet.  Je  ne  vous  en  dis  rien  plus 
aujourd'huy.  Veuillez  m'écrire,  s'il  vous  plaît,  et  sans  nulle  cérémonie.  Car,  comme  déjà  je 
vous  l'ay  dit,  cette  manière  m'est  plus  agréable  avec  vous;  et  croyez  toujours  à  mon  amitié. 

Jacques  R. 

A  Saint-Germain,  ce  iG  janvier  |685. 
Monsieur, 

Il  y  a  quelques  jours,  j'avois  préparé  pour  vous  une  lettre,  lorsqu'on  vint  m'apporter  la 

vostre,  ce  qui  m'obligea  d'en  escrire  une  nouvelle.  Par  l'une  et  l'autre  de  ces  lettres  je  vous 

entretenois  des  bruits  qui  circulent  contre  vous,  non-seulement  parmv  les  scavans  français, 

mais  aussy  à  la  cour,  au  sujet  du  mépris  que  vous  avez  cherché  à  jetter  sur  Pascal,  qui  est 

un  scavant  fort  estimé  en  France.  Je  vous  engageois  d'atténuer,  s'il  vous  estoit  possible,  ces 

bruits  qui  sonnent  mal  à  mes  oreilles  et  me  font  grand  déplaisir,  non-seulement  à  cause  de 

moy,  mais  aussy  de  l'intérêt  que  je  vous  ay  toujours  tesmoigne.  On  est  outré  contre  vous, 

et  on  ne  peut  s'expliquer  pourquoy  vous  avez  cherché  à  denier  vos  relations  avec  M.  Pascal, 

qui  estoient,  dit-on,  si  amicables,  ainsy  qu'on  en  a  retrouvé  les  preuves  parmy  les  papiers 

de  cet  autheur  mis  en  ordre  par  sa  sœur,  madame  Perrier,  et  qui  sont  aujourd'hui  entre  les 

mains  de  M.  l'abbé  Perrier.  Icy  je  rectifie  une  erreur  qui  m'est  échappée  dans  ma  précédente 

lettre.  Je  vous  disois  que  ces  preuves  estoient  encore  entre  les  mains  de  madame  Perrier. 


f  55a  ) 

C'est  entre  les  mains  île  M.  l'abbé  Perrier  que  j'ay  voulu  dire.Quoy  qu'il  en  soit,  je  vous  le 
repette,  monsieur,  on  est  très-irrité  contre  vous  du  mépris  que  vous  avez  voulu  jeter  sur 
cet  aulheur.  Tachez  donc  d'atténuer  cela  s'il  se  peut.  Car,  je  vous  le  repette,  les  propos 
sonnent  mal  à  mes  oreilles.  Je  vous  prie  de  me  répondre  le  plustost  possible. 

Jacques  R. 

Newton  à  Desmaizeaux. 

Mardy  soir. 
Monsieur  et  cher  Desmaizeaux  , 

J'ai  reflechyet  me  suis  enfin  décidé  a  escrire  au  Roy  de  France  pour  m'excuser  des  expres- 
sions dont  je  me  suis  servy  dans  ma  lettre  à  M.  Huygens,  il  y  a  quelques  années,  et  qu'il  a 
eu  la  maladresse  de  communiquer.  Du  reste,  vous  le  scavez  vous  mesme,  je  ne  pensois  pas 
injurier  si  gravement  Descartes  et  Pascal  en  cette  lettre,  et  j'estois  loin  de  croire  que  le  corps 
scavant  françois  en  pouvoit  estre  offensé,  et  encore  bien  moins  le  Roy  Louis  XIV.  Quoi  qu'il 
en  soit,  je  tiens  à  m'excuser  auprès  de  cette  majesté,  et  j'ay  pour  cela  préparé  un  projet  de 
lettre  que  je  viens  vous  soumettre,  pour  que  vous  disiez  à  moy  si  elle  est  dans  les  conve- 
nances. Car  j'ignore  les  usages  françois.  Je  vous  communique  aussy  une  douzaine  de  Notes 
touchant  le  système  du  Monde,  que  j'ay  translaté  en  françois  pour  les  envoyer  au  Roi  Jacques 
qui  m'atesmoigné  le  désir  de  les  avoir  en  cette  langue  pour  en  faire  part,  m'a-t-il  dit,  à  M.  de 
Colbert,  qui  se  pique  d'estre  un  scavant,  à  ce  qu'on  assure  (i).  Je  vous  prieray  m'en  dire 
vostre  advis.  11  n'est  pas  nécessaire  que  je  vous  envoyé  mon  texte  original.  Vous  avez  sans 
doute  encore  la  copie  que  je  vous  en  remis  autrefois.  Lorsque  vous  aurez  examiné  tout 
cela,  venez  me  l'apporter  vous-mesme,  je  prie  vous,  parce  que  je  désir  m'entretenir  avec 
vous.  Tous  ces  bruits,  ces  propos  m'inquiètent.  J'avois  pensé  que  la  mort  de  Mrs.  Rohault, 
Clerselier,  Mariotte  auroit  mis  du  calme  dans  les  esprits  en  France  sur  cette  affaire.  Il  n'en 
est  rien.  Je  ne  suis  pas  esloigné  de  croire  que  M.  Flamsteed  est  pour  quelque  chose  en  tout 
cela.  Avez-vous  reçu  des  nouvelles  du  Père  Malebranche?  Je  vous  prieray  m'en  faire  part. 
En  attendant  le  plaisir  de  vous  voir,  je  suis  comme  toujours,  Monsieur,  vostre  bien  affec- 
tionné Is.   Newton. 

Newton  au  Roi  de  France. 

A  sa  majesté  le  Roy  de  France. 
Sire, 
Il  est  vray  que  dans  une  lettre  adressée  par  moy  à  M.  Huygens,  il  y  a  quelques  années,  en 
luy  parlant  de  Descartes  et  de  Pascal,  je  me  suis  servy  de  certaines  expressions  qui  ont  pu 
déplaire  aux  scavans  de  France  et  que  vostre  majesté  en  a  aussy  esté  offensée,  ainsy  que  le 
Roy  Jacques  me  l'a  tesmoigne  en  une  de  ses  lettres.  Aussy  je  m'empresse  de  rétracter  ces 
expressions  que  je  ne  scavois  estre  aussy  blessantes,  ignorant  la  valeur  de  certains  mots 
françois;  et  j'espère  que  Vostre  Majesté  voudra  bien  m'excuser  en  faveur  de  cette  ignorance 
et  de  mon  sincère  repentir.  Car  je  veux  bien  l'avouer  à  Vostre  Majesté,  je  ne  dois  que  des 
louanges  à  Pascal,  et  je  m'estime  très-heureux  d'avoir  eu,  alors  que  j'estois  jeune  encore, 
quelques  relations  avec  luy,  et  dont  aujourd'hui  je  n'ay  qu'à  me  féliciter. 


( i  )  Il  s'agit  sans  doute  ici  de  l'abbé  de  Colbert  (1654-1707),  frère  du  ministre,  archevêque 
de  Rouen,  membre  de  l'Académie  française  et  de  celle  des  Inscriptions. 


(  553  ) 

Sire,  sur  ce  je  prie  Dieu  vous  donner  en  santé  bonne  et  longue  vie,  et  prie  Vostre  Majesté 
estre  bien  assurée  que  je  suis,  d'elle,  le  très-humble  et  très-obéissant  serviteur. 

Isaac  Newton. 

»  Louis  XIV  envoya  cette  Lettre  à  M.  l'abbé  Bignon,  en  l'invitant  à 
prendre  des  informations  et  à  lui  en  rendre  compte.  L'abbé  Bignon  écrivit 
à  Newton  qtie  le  Boi  agréait  ses  excuses  et  lui  en  témoignait  sa  gra- 
titude. 

»  Je  possède  la  Lettre  du  Boi  à  l'abbé  Bignon  et  la  minute  de  la  Lettre 
à  Newton,  sur  laquelle  on  lit  :  Vu  6on,  de  la  main  du  Boi.  Je  possède  aussi 
une  Lettre  de  Huygens  qui  explique  à  Newton  comment  Cierselier  avait  vu 
dans  ses  papiers  la  Lettre  contenant  les  expressions  sur  Descaries  et  Pascal, 
qui  lui  causent  maintenant  une  polémique  si  ardente.  Il  conseille  à  Newton 
de  rétracter  ses  paroles. 

Documents  D. 

Pascal  h  Gassendi. 

Ce  20  avril  1654. 
Monsieur, 

Un  jeune  estndiant  anglois  nommé  Isaac  Newton  m'envoya  nagueres  divers  mémoires  ma- 
nuscrits, dont  l'un  traité  du  calcul  de  l'Infini  si  sciemment  que  l'on  diroit  plustot  l'œuvre 
d'un  homme  expérimentant  depuis  longtemps  la  science  des  mathématiques,  que  d'un  jeune 
élève  à  peine  sorti  de  l'enfance.  On  voit  par  les  divers  mémoires  qu'il  m'a  envoyés  et  les 
diverses  questions  qu'il  m'a  posées  et  soumises  pour  en  avoir  mon  ad  vis  (1),  qu'il  a  déjà  lu 
et  estudié  avec  soin  et  Kepler  et  Descartes,  et  qu'il  est  parfaitement  pénétré  de  leur  système. 
Ses  observations  sont  si  sensées  et  si  subtiles  qu'elles  m'ont  porté  à  la  réflexion,  et  qu'elles 
m'ont  donné  l'idée  de  faire  de  nouvelles  expériences,  desquelles  je  vous  feray  part.  Ce  sera, 
monsieur  et  cher  Gassendi,  si  vous  voulez  bien  me  le  permettre,  l'objet  de  quelques  nou- 
veaux entretiens  entre  nous.  Je  suis,  monsieur,  votre  bien  affectionné.  Pascal 

à  M.  Gassendi. 

Ce  24  janvier  i655. 
Monsieur, 

Je  vous  ai  déjà  entretenu  autrefois  d'un  jeune  estndiant  anglois  nommé  Isaac  Newton  qui 

m'avoit  soumis  quelques  mémoires  sur  le   calcul  de   l'Infini;    sur  le    traité  du  système   des 

tourbillons  et    sur  l'équilibre  et   la  pesanteur  des  liqueurs,  etc.,  dans  lesquels    mémoires 

j'avois  trouvé  des  trails  de  lumière  si  sensés  et  si  subtiles,  que  j'en  élois  resté  tout  stupéfait, 

au  point  que  je  ne  pouvois  croire  que  ces  travaux  me  vinsent  d'un  jeune  homme  encore 

studiant.  En  ayant  esté  assuré  par  nostre  amy  Mr  Boyle,  alors  je  m'empresse  de  répondre  à 

ce  jeune  scavant;  et  comme  il  m'a  tesinoigné  le  désir  de  faire  vostre  connoissance  dans  la 

(1)  On  a  vu,  par  une  Lettre  de  Desmaizeaux  à  Fontenelle  (  Comptes  rendus,  p.  384),  rIue 
les  Lettres  et  Questions  étaient  dictées  par  le  professeur;  j'en  possède  d'autres  preuves  émanées 
de  Newton  lui-même. 

C.  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  IN°  14.)  72 


(  554  ) 

dernière  lettre  qu'il  m'a  écrite,  et  de  vous  faire  parvenir  une  lettre  qu'il  vous  destine,  je  vous 
l'envoyé  et  vous  recommande  ce  jeune  scavant  comme  une  jeune  plante  qu'il  faut  cultiver 
avec  soin  dans  l'intérest  de  la  science.  Je  vous  envoyé  aussi  diverses  notes  fruit  de  mes  ob- 
servations depuis  quelque  temps,  que  je  vous  prie  avoir  pour  agréable.  Je  suis  comme 
toujours,  monsieur  et  cher  Gassendi,  vostre  bien  affectionné  Pascal. 

Cc4may  (i655?). 
Monsieur, 

Le  jeune  Isaac  Newton  dont  je  vous  ay  déjà  entretenu  autrefois  comme  estant  d'un  génie 

extraordinaire,  parce  que  sans  avoir  appris  les  premiers  éléments  des  sciences  en  raisonnoit 

en  s,cavant  fort  expérimenté.  Ce  jeune  scavant,  dis-je,  qui  n'a  pas  plus  de  douze  ou  quinze  ans, 

vient  d'estre  placé  dans  l'université  de  Cambridge,  ainsi  qu'il  me  l'a  escrit.  C'est  ce  que  je 

l'avois  conseillé  de  faire.  Car  il  m'étoit  pénible  de  voir  un  jeune  homme  ayant  de  si  bonnes 

dispositions  pour  les  sciences  rester  à  végéter  dans  une  école  inférieure.  C'est  vraiment  un 

génie  extraordinaire,  m'a-t-on  assuré.  Lorsqu'on  luy  mit  entre  les  mains  les  Elémens  d'Eu- 

clide  il  les  trouva  si  faciles  qu'il  les  lut  luy  roesme  rapidement  et  sans  contention.  Un  seul 

coup  d'oeil  sur  l'énoncé  des  théorèmes  a  suffi  pour  qu'il  en  eut  compris  les  démonstrations. 

Je  luy  ay  indiqué  des  ouvrages  plus  difficiles  à  entendre,  et  j'attens  de  luy  une  réponse 

qui  ne  se  fera  sans  doute  pas  iongtemps  attendre;  car  il  est  impétueux  de  scavoir.   Je  vous 

feray  connoistre  ses  nouvelles  observations.  Je  suis,  monsieur,  vostre  très-humble  serviteur. 

Pascal. 

«  M.  Duhamel  admet  bien  que  Pascal  a  pu  énoncer  comme  Hook,  Wren 
et  Halley,  la  loi  de  l'attraction  universelle,  mais  non  la  démontrer.  Newton 
le  reconnaît  pour  les  trois  derniers,  et  il  n'aurait  eu  aucun  intérêt  à  ne  pas 
le  reconnaître  pour  Pascal,  s'il  avait  reçu  de  ce  dernier,  communicalion  de 
cette  même  loi.  Mais,  pour  la  démontrer,  il  a  fallu  que  Newton  découvrît 
le  principe  des  aires,  et  ensuite  la  formule  qui  donne  l'expression  des  forces 
centrales,  au  moyen  d'infiniment  petits  dépendant  de  la  nature  de  la  trajec- 
toire. Or,  on  ne  trouve  rien  qui  ait  rapport  à  ces  importantes  propositions, 
ni  dans  aucun  ouvrage  antérieur  au  Livre  des  Principes,  ni  même  dans  les 
Lettres  attribuées  à  Newton;  on  doit  donc  en  conclure  que  Pascal  aurait 
affirmé  des  choses  qu'il  ne  pouvait  prouver,  ou  que  ces  Lettres  ne  sont  pas  de  lui. 
M.  Duhamel  ne  juge  pas  à  propos  de  reproduire  tout  ce  qu'il  a  établi  dans 
les  discussions  précédentes.  Et  quant  à  la  multitude  de  Lettres  de  Montes- 
quieu, Labruyère  et  plusieurs  autres,  elles  prouveraient  tout  au  plus  qu'il 
y  a  eu  une  correspondance  entre  Pascal  et  Newton  et  n'apprendraient  rien 
sur  les  propositions  qui  auraient  été  communiquées  à  Newton  enfant,  et 
dont  Pascal  n'aurait  parlé  à  aucun  des  géomètres  français  avec  lesquels  il 
était  en  relation,  parmi  lesquels  on  peut  citer  particulièrement  Roberval  et 
Fermât. 

«  C'est  donc  par  la  considération  des  choses  mêmes  contenues  dans  ces 


(  555  ) 
Lettres,  et  non  par  une  discussion  d'experts,  que  M.  Duhamel  arrive  à  cette 
conviction  qu'elles  ne  peuvent  être  de  Pascal.  » 

«  M.  Le  Verrier  rappelle  que,  dans  la  première  séance  qui  suivit  la  pu- 
blication des  pièces  astronomiques  attribuées  à  Pascal,  il  exprima  sa  surprise 
que  la  masse  de  Jupiter  ainsi  produite  fût  identique  avec  celle  qui  a  été 
établie  plus  tard  par  Newton  et  par  Laplace,  en  se  fondant  sur  une  même 
donnée  qui  n'était  pas  en  la  possession  de  Pascal,  savoir,  des  observations 
de  Pound.  Cette  objection,  développée  par  M.  Grant  et  étendue  par  lui 
aux  masses  de  Saturne  et  de  la  Terre,  ainsi  qu'à  la  pesanteur  à  la  surface 
des  corps  célestes,  semble  avoir  pris  ainsi  une  importance  décisive  :  il 
paraît  démontré  qu'une  partie  des  pièces  astronomiques  attribuées  à  Pascal 
ne  sont  réellement  pas  de  lui. 

»  Mais  doit-on  en  conclure  que  toutes  lespièces  présentées  par  M.  Chasles 
manquent  également  d'authenticité?  La  conséquence  serait,  quant  à  pré- 
sent, exagérée.  Il  se  peut  que  dans  la  masse  des  documents  venus  en  la 
possession  de  M.  Chasles,  il  s'en  trouve  un  certain  nombre  qui  soient  réel- 
lement de  l'auteur  des  Pensées,  et  que,  dans  l'espoir  coupable  d'un  gain  illi- 
cite, et  à  l'aide  des  documents  véritables  qu'on  possédait,  on  en  ait  fabriqué 
et  ajouté  une  certaine  quantité  d'autres,  ce  qui  rendait  la  supercherie  dif- 
ficile à  découvrir  au  premier  abord. 

»  M.  Le  Verrier  prend  la  liberté  de  demander  à  son  éminent  confrère 
M.  Chasles  de  ne  pas  repousser  cette  manière  de  voir  sans  un  nouvel  exa- 
men. Une  expertise  bien  régulière  des  documents  par  des  hommes  spéciaux 
pourrait  jeter  un  jour  sur  cette  question  en  faisant  connaître  s'il  y  aurait 
effectivement  dans  les  pièces  un  triage  à  opérer.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'aldéhyde  mètlrylique;  par  M.  A.-W.Hofmann. 

«  L'aldéhyde  de  la  série  méthylique  n'existe  pas  ;  les  traités  de  chimie 
l'affirment  et  moi-même,  en  bon  professeur,  je  l'ai  toujours  ainsi  enseigné 
depuis  vingt  ans  à  mes  élèves.  Il  n'est  peut-être  pas  très-étrange  qu'on  n'ait 
pas  tenté  plus  d'efforts  pour  arriver  à  faire  la  connaissance  de  ce  corps, 
après  le  tableau  de  main  de  maître  que  Liebig  a  tracé  de  l'aldéhyde  par 
excellence,  tableau  dans  lequel  tous  les  membres  de  la  série  des  aldéhydes 
se  trouvent  indiqués  d'avance.  Cette  substance,  on  ne  saurait  le  mécon- 
naîtrej  présente  cependant  à  plusieurs  points  de  vue  différents  un  très- 
grand  intérêt.  Terme  des  plus  simples  de  la  série  monocarbonique,  occu- 
pant une  place  intermédiaire  entre  le  gaz  des  marais  et  l'acide  carbonique, 

72.. 


(  556  ) 
lien  de  transition  entre  l'alcool  méthylique  et  l'acide  formique,  à  la  fois 
aldéhyde  ou  acétone,  suivant  la  manière  dont,  on  l'envisage,  la  combinai- 
son CH20  fait  sauter  aux  yeux  un  ensemble  de  relations  bien  plus  com- 
plet qu'aucun  autre  aldéhyde  des  séries  supérieures.  Mais  indépendamment 
de  ces  titres  qu'elle  a  toujours  eus  à  notre  attention,  la  méthylaldéhyde  la 
réclame  aujourd'hui  pour  une  nouvelle  raison.  La  méthode  adoptée  pour 
l'exposition  de  la  chimie  organique,  les  nécessités  de  son  enseignement  tel 
qu'on  le  conçoit  maintenant,  ont  créé  cette  obligation  à  laquelle  on  ne 
peut  se  soustraire,  de  prendre  pour  point  de  départ  la  série  méthylique.  Le 
représentant  le  plus  simple  des  aldéhydes  acquiert  par  ce  fait  une  impor- 
tance prépondérante,  il  devient  le  pivot  de  considérations  importantes,  et 
son  absence  constitue  pour  tous  ceux  qui  ont  à  professer  cette  science  une 
lacune  vraiment  douloureuse. 

»  Le  besoin  que  j'ai  éprouvé  dans  mes  leçons  de  développer  la  notion 
du  genre  aldéhyde,  au  moment  même  où  j'aborde  la  série  monocarbo- 
nique, m'a  fait  faire  dans  ces  dernières  années  plusieurs  tentatives  pour 
obtenir  la  méthylaldéhyde.  C'est  pendant  cet  été  seulement  que  les  expé- 
riences entreprises  dans  ce  but  ont  atteint  le  résultat  désiré. 

»  L'aldéhyde  méthylique  se  forme  avec  une  facilité  très-grande  lorsqu'on 
dirige  un  courant  d'air  atmosphérique  chargé  de  vapeurs  d'alcool  méthy- 
lique sur  une  spirale  de  platine  incandescente. 

)>  Le  fond  d'un  flacon  à  trois  tubulures,  d'une  capacité  de  deux  litres, 
est  rempli  jusqu'à  une  hauteur  d'à  peu  près  5  centimètres  avec  de  l'alcool 
méthylique  modérément  chauffé.  A  la  première  tubulure  est  adapté,  au 
moyen  d'un  bouchon  de  liège,  un  tube  qui  vient  affleurer  la  surface  du 
liquide;  dans  la  seconde  entre  à  frottement  doux  un  bouchon  de  liège 
porteur  d'une  spirale  en  platine  qui  descend  presque  jusqu'au  niveau  du 
liquide;  la  troisième  tubulure  enfin  communique  avec  un  condensateur  de 
Liebig  dont  l'extrémité  inférieure  s'emmanche  dans  un  récipient  à  deux 
tubulures.  Ce  récipient,  par  sa  seconde  tubulure,  est  en  communication 
avec  une  série  de  flacons  laveurs.  Le  dernier  de  ces  flacons  est  muni  d'un 
robinet  aspirateur  par  le  moyen  duquel  on  peut  à  travers  tout  le  système 
de  l'appareil  déterminer  le  passage  d'un  courant  d'air. 

»  L'appareil  ainsi  disposé,  on  chauffe  la  spirale  de  platine  jusqu'à  ce 
qu'elle  soit  au  rouge  blanc,  et  on  l'introduit  dans  le  flacon  à  trois  tubu- 
lures. Au  bout  de  quelques  instants  à  peine,  la  combustion  lente  de  l'alcool 
méthylique  se  révèle  par  la  production  d'une  vapeur  qui  affecte  vivement 
la  vue  et  l'odorat;  en   même  temps  tout  l'appareil  s'échauffe,  et  bientôt 


(  557  ) 
quelques  gouttelettes  se  condensent  dans  le  récipient.  La  formation  de  la 
méthylaldéhyde  est  dès  ce  moment  en  bonne  voie,  et  si  l'on  a  eu  soin  de 
régler  convenablement  le  courant  d'air,  la  spirale  de  platine  reste  incandes- 
cente pendant  des  heures  et  même  des  journées  entières,  et  l'on  peut,  sans 
difficulté,  recueillir  5o  ou  ioo  grammes  d'un  liquide  très-riche  en  al- 
déhyde méthylique. 

»  Au  lieu  de  déterminer  le  courant  d'air  au  moyen  d'un  robinet  aspira- 
teur, on  peut  se  servir  simplement,  d'un  bon  soufflet;  j'ai  employé  avec 
avantage  celui  d'une  lampe  d'émailleur.  Ce  dernier  mode  satisfait  parfaite- 
ment aux  exigences  d'un  cours.  On  a  surtout  besoin  dans  ce  cas,  en  effet, 
d'être  tout  à  fait  maître  du  courant  d'air,  de  pouvoir  l'activer  ou  le  ralentir 
à  son  gré;  un  simple  mouvement  du  pied  plus  ou  moins  accéléré  suffit  pour 
cela,  et  permet  de  maintenir  la  spirale  vivement  incandescente  dans  toute 
sa  longueur.  Il  m'est  arrivé  cependant,  en  opérant  ainsi,  de  voir  le  mélange 
gazeux  du  flacon  faire  explosion,  mais  tout  le  dommage  s'est  réduit  à  ce 
que  le  bouchon  qui  porte  la  spirale  a  été  projeté  en  l'air. 

»  Le  liquide  qui  s'est  condensé  dans  le  récipient  possède  toutes  les  pro- 
priétés que  la  théorie  assignait  à  l'aldéhyde  de  la  série  méthylique,  ou,  à 
plus  proprement  parler,  à  sa  solution  méthylalcoolique.  Rendu  faiblement 
alcalin  par  quelques  gouttes  d'ammoniaque,  et  additionné  de  nitrate  argen- 
tique,  il  fournit,  sous  l'influence  d'une  chaleur  très-douce,  un  miroir  sans 
défauts,  et  qui  se  forme,  s'il  est  possible,  plus  facilement  et  plus  sûrement 
qu'avec  l'aldéhyde  éthylique.  La  réduction  du  nitrate  d'argent  se  produit 
dans  ce  cas  en  vertu  de  deux  actions  successives  :  l'aldéhyde  se  transforme 
d'abord  en  acide  formique,  et  l'acide  formique  se  change  lui-même  ensuite 
en  acide  carbonique.  Si  on  a  la  précaution  de  prendre  un  petit  appareil, 
muni  d'un  tube  abducteur,  pour  effectuer  la  réaction,  la  seconde  phase  se 
manifeste  clairement  par  un  dégagement  d'acide  carbonique.  L'évolution  de 
ce  gaz  est  tout  à  fait  caractéristique  de  l'aldéhyde  méthylique,  aucun  autre 
n'est  susceptible  de  se  brûler  entièrement  dans  une  réaction  de  ce  genre. 

»  En  chauffant  la  solution  méthylalcoolique  d'aldéhyde  méthylique  qui 
se  trouve  dans  le  récipient  avec  quelques  gouttes  de  potasse,  la  liqueur  par 
l'ébullition  se  trouble,  acquiert  une  coloration  jaunâtre,  et  bientôt  on  voit 
se  séparer  des  gouttelettes  huileuses  d'un  brun  jaunâtre,  qui  sont  douées  à 
un  très-haut  point  de  l'odeur  de  la  résine  éthylaldéhydique. 

»  Quoiqu'il  ne  fût  pas  possible,  après  les  constatations  que  je  viens  de 
rapporter,  de  pouvoir  conserver  le  plus  léger  doute  sur  l'identité  du  corps 
ainsi  obtenu  avec  la  méthylaldéhyde,  il  était  néanmoins  nécessaire  de  faire 


(  558  ) 
quelques  déterminations  numériques  pour  fixer  sa  composition.  Le  com- 
mencement des  vacances  me  laissant  peu  d'espoir  d'arriver  à  préparer  une 
assez  grande  quantité  de  matière  pour  pouvoir  obtenir  à  l'état  de  pureté 
cette  aldéhyde,  qui  doit  être  ou  gazeuse  ou  extrêmement  volatile,  j'ai 
dû  me  contenter  de  transformer  cette  substance  en  un  de  ses  dérivés  carac- 
téristiques, accessible  à  l'analyse.  Le  peu  de  solubilité  et  le  grand  pouvoir 
cristallin  qui  distinguent  la  sulfaldéhyde  éthylique  devaient  diriger  mon 
attention  sur  le  corps  sulfuré  correspondant. 

»  Lorsqu'on  fait  passer  à  travers  la  solution  méthylalcoolique  de  celte 
aldéhyde  un  courant  d'hydrogène  sulfuré,  elle  se  trouble  au  bout  de  quel- 
ques instants,  par  suite  de  la  séparation  de  gouttelettes  huileuses  possé- 
dant une  odeur  alliacée;  si  on  laisse  le  liquide  saturé  d'acide  sulfhydrique 
reposer  quelques  heures,  le  trouble  augmente  et  ces  gouttelettes  se  ras- 
semblent à  la  partie  inférieure  du  flacon.  En  mélangeant  alors  la  liqueur 
avec  -j  volume  d'acide  chlorhydrique,  et  la  chauffant  à  l'ébullition,  elle 
commence  à  s'éclaircir  et  se  prend,  par  le  refroidissement,  en  une  splen- 
dide  masse  d'aiguilles  enchevêtrées  et  d'une  blancheur  éblouissante. 

»  Ces  cristaux  fondent  à  218  degrés;  ils  se  volatilisent  sans  décompo- 
sition ;  ils  sont  peu  solubles  dans  l'eau,  et  davantage  dans  l'alcool.  L'éther 
est  leur  meilleur  dissolvant.  Pour  les  besoins  de  l'analyse,  afin  de  les  sé- 
parer du  soufre  qu'ils  auraient  pu  retenir,  on  les  a  fait  recristalliser  dans 
l'eau.  Les  nombres  obtenus  démontrent  clairement  qu'ils  constituent, 
comme  on  devait  d'ailleurs  s'y  attendre,  le  sulfaldéhyde  de  la  série  nié- 
thylique 

CH2S. 

»  La  production  de  ce  corps  prouve,  à  son  tour,  que  le  composé  oxygéné 
correspondant  existait  dans  la  liqueur  méthylalcoolique  dans  laquelle 
nous  avons  fait  passer  l'hydrogène  sulfuré. 

»  Par  la  découverte  de  la  méthylaldéhyde  et  de  son  dérivé  sulfuré,  la 
série  méthylique  reçoit  un  renfort  qui  sera,  je  n'en  doute  pas,  le  bienvenu 
pour  les  chimistes.  En  effet,  il  suffit  d'un  coup  d'œil  jeté  su.  le  tableau 
suivant  pour  voir  comme  les  deux  nouveaux  corps  viennent  heureusement 
s'intercaler  entre  le  gaz  des  marais  d'un  côté,  l'acide  carbonique  et  le  sul- 
fure de  carbone  de  l'autre  : 

Gaz  des  marais CH=H-     Hydrogène   protocarboné. 


Aldéhyde  méthylique...      CH20  CEPS     Sulfaldéhyde. 

Acide  carbonique COO  CSS       Sulfure  de  carbone. 


(  559  ) 
m  Je  me  propose  de  reprendre,  l'hiver  prochain,  l'étude  détaillée  de  ces 
deux  corps.  » 

météorologie.  —  Réponse  aux  nouvelles  remarques  de  M.  Radau  (i) 
sur  le  baromètre  statique;  par  le  P.  Secchi. 

«  Dans  ma  dernière  communication  sur  le  baromètre  statique  [Comptes 
rendus,  9  septembre  1867),  j'ai  relevé  l'inexactitude  de  la  formule  de 
M.  Rndau,  relative  à  l'équilibre  du  baromètre  à  flotteur,  en  supposant  tou- 
jours que  le  sens  du  mot  section  pleine  du  manchon  employé  par  lui  était 
celui  de  la  section  de  la  partie  pleine.  Mais  d'après  sa  dernière  déclaration, 
il  paraît  que  je  me  suis  trompé,  car  il  entend  par  cela  aussi  la  partie  vide 
centrale.  Cela  étant,  sa  formule  est  exacte,  et  ma  remarque  n'a  plus  de  raison 
d'être;  elle  n'aura  cependant  pas  été  inutile,  car  elle  a  donné  lieu  à  une 
explication  indispensable. 

»  Mais  M.  Radau  conteste  à  son  tour  l'exactitude  de  la  déduction  de  ma 
formule;  il  prétend  qu'elle  offre  un  cercle  vicieux,  et  soutient  que  la  con- 
stance du  niveau  dans  la  cuvette  du  baromètre  ne  peut  se  déduire  que  de 
sa  théorie.  Je  suis  d'un  avis  contraire.  Celte  constance  du  niveau  n'a  besoin 
d'être  démontrée  par  aucune  formule  :  elle  résulte  seulement  de  ce  prin- 
cipe bien  évident  que,  puisque  l'équilibre  n'est  établi  que  par  une  portion 
du  manchon  qui  s'enfonce  pour  se  substituera  une  portion  du  liquide  passé 
dans  le  tube,  les  volumes  de  l'un  et  de  l'autre  sont  égaux,  et  conséquem- 
ment  le  niveau  de  la  cuvette  ne  doit  pas  changer.  Du  reste,  je  n'ai  jamais 
contesté  cette  propriété  dans  le  baromètre  à  manchon,  mais  seulement 
clans  le  baromètre  à  peson,  où,  en  effet,  l'équivalence  dépend  d'un  autre 
principe. 

»  Pour  le  baromètre  de  Maguire,  M.  Radau  prétend  maintenant  avoir 
prouvé  lui-même  qu'il  était  réalisable;  mais  alors  on  peut  dire  :  Pourquoi 
est-on  venu  nous  le  proposer  comme  ayant  un  droit  de  priorité  sur  les 
inventions  modernes? 

»  Quant  au  baromètre  de  Morland  avec  levier  à  bras  égaux,  M.  Radau 
n'hésite  pas  à  déclarer  que  je  suis  dans  l'erreur  en  contestant  qu'il  soit  réa- 
lisable avec  le  tube  élargi  à  la  partie  supérieure.  Et,  pour  démontrer  mon 
erreur,  il  dit  qu'il  suffirait  de  lester  l' aiguille  avec  un  poids!  Il  paraît  que  l'au- 
teur n'a  pas  réfléchi  que,  par  ce  moyen,  il  transformait  le  levier  à  deux  bras 

(1)  V oir  Comptes  rendus,  16  septembre  1867. 


(  56o  ) 
égaux  en  un  véritable  levier  à  trois  bras.  Conséquemment,les  deux  bras  rec- 
tangulaires, formés  parle  support  du  contre-poidset  par  l'aiguille  lestée,  étant 
composés  ensemble  suivant  les  règles  de  la  statique,  sont  équivalents  à  un 
seul  bras  diagonal,  ce  qui  réduit  le  système  à  celui  du  peson.  Le  lecteur 
jugera  facilement  de  quel  côté  est  l'erreur.  Lorsque  je  parle  de  bras  égaux, 
j'emploie  ce  mot  dans  son  sens  statique  rigoureux  et  je  n'entends  pas  dési- 
gner par  là,  d'une  manière  vague,  une  construction  mécanique  qui,  en  appa- 
rence, remplirait  ces  conditions,  mais  qui,  en  réalité,  serait  bien  différente. 

»  La  source  de  toutes  ces  inexactitudes  me  paraît  être  que  M.  Radau  n'a 
pas  assez  apprécié  la  différence  des  deux  constructions  du  baromètre  :  savoir 
la  construction  à  peson  et  la  construction  à  manchon,  et,  en  effet,  elles  sont 
confondues  dans  la  figure  qu'il  m'attribue  dans  le  Moniteur  scientifique  (i), 
et  que  je  n'ai  jamais  imaginée.  De  là  découle  aussi  la  prétendue  contra- 
diction qu'il  croit  relever  à  propos  de  la  correction  de  température.  J'ai  dit 
qu'elle  était  sensible  dans  le  baromètre  de  Rome,  lequel  est  à  peson  ;  mais 
je  crois  cette  correction  nulle  dans  le  baromètre  à  flotteur. 

»  Pour  justifier  cette  conclusion,  on  n'a  qu'à  calculer  les  variations 
que  la  température  introduit  dans  le  tube  et  dans  la  cuvette. 

»  Les  mesures  des  différentes  parties  qui  entrent  dans  mon  appareil 
sont  maintenant  assez  difficiles  à  prendre,  pendant  que  la  machine  est  en 
action,  mais  des  valeurs  approchées  suffiront  pour  faire  voir  que  ces  cor- 
rections sont  pratiquement  nulles.  D'abord,  il  est  évident  que  la  masse  sus- 
pendue dans  le  tube  serait  équilibrée,  indépendamment  de  la  température, 
si  le  diamètre  du  tube  restait  constant  :  le  changement  de  hauteur  dû  à  la 
température  n'est  pas  à  considérer,  car  il  ne  change  pas  le  poids  de  la  niasse  ; 
mais  il  faut  tenir  compte  de  la  variation  de  la  section  du  tube  qui  intro- 
duit une  plus  grande  masse  de  mercure.  La  variation  de  la  section  est  expri- 
mée par  27r/,2e,  en  appelant  e  la  dilatation  linéaire  du  fer.  Le  tube  étant  à 
double  section,  il  faut  calculer  les  augmentations  dues  à  chaque  partie  en 
particulier,  en  multipliant  la  variation  de  la  section  par  la  hauteur  du  cy- 
lindre. Pour  une  pression  de^Go  millimètres  la  partie  large  a  une  section  de 
28  centimètres  carrés  et  une  hauteur  de  i5  centimètres,  la  partie  étroite  a 
une  section  de  3cq,  14  et  une  hauteur  de  61  centimètres,  ce  qui  donne,  en 
définitive,  une  augmentation  de  poids  de  isr,974  ou  1  grammes  pour 
10  degrés  centigrades  de  température. 

»  À  cet  accroissement  de  poids  du  tube,  dû  à  la  température,  nous  de- 

(1)  Moniteur  scientifique,  t.  IX,  p.   ^05. 


(  56,  ) 
vons  ajouter  la  variation  dans  la  perte  de  poids,  qui  résulte  de  la  diminu- 
tion du  poids  spécifique  du  mercure  déplacé  par  le  manchon  dans  la  cuvette. 
Le  volume  du  manchon  enfoncé  étant  770  centimètres  cubes,  on  obtient 
une  variation  de  poids  de  igr,57;  la  somme  totale  sera  donc  de  3sr, 54  pour 
jo  degrés  centigrades. 

))  Cette  quantité  n'est  pas  à  négliger,  mais  en  pratique  elle  ne  produit 
pas  un  mouvement  appréciable  du  crayon,  car  ce  mouvement  ne  serait  que 
deomm,o42;  il  est  en  partie  corrigé  par  la  cuvette,  comme  on  le  verra  par 
le  calcul  de  la  quantité  dont  s'élève  le  niveau  de  la  cuvette  elle-même.  La 
section  totale  de  celle-ci  est  72  centimètres  carrés.  Le  niveau  du  mercure 
s'élève  au-dessus  de  son  fond  de  3o,  centimètres  à  peu  près,  et  on  peut  éva- 
luer à  285o  centimètres  cubes  la  quantité  du  métal.  Celte  masse  est  habi- 
tuellement répartie  en  deux  volumes  à  peu  près  égaux,  mais  de  hauteurs 
et  de  sections  inégales  :  l'un  a  la  section  delà  cuvette,  et  l'autre  a  une  sec- 
tion annulaire  autour  du  manchon.  La  section  du  manchon  est  de  38  cen- 
timètres carrés  environ;  il  plonge  de  20  centimètres.  Ainsi  la  section  annu- 
laire, entre  les  deux  parois,  est  de  34  centimètres  carrés.  Il  en  résulte 
que,  pour  10  degrés,  nous  aurons  une  augmentation  de  niveau,  dans  la 
partie  large,  de  omm, o3,  et,  dans  la  partie  annulaire,  de  omm, 06;  en  toul, 
deomm,oo,. 

»  Mais,  comme  la  cuvette  ne  repose  pas  par  son  fond  sur  la  charpente  de 
l'instrument,  et  qu'elle  est  soutenue  par  son  bord,  le  niveau  se  déplacera, 
relativement  à  un  point  fixe  tracé  sur  la  charpente  elle-même,  en  descendant 
de  toute  la  dilatation  linéaire  de  la  cuvette,  qui  est  de  omm,o44;  ainsi, 
comme  déplacement  relatif,  nous  aurons  omm,o56. 

»  Or,  d'après  l'évaluation  du  poids  équivalent  à  1  millimètre  de  pression 
barométrique,  qui  dans  l'instrument  est  de  84  grammes,  le  poids  trouvé  ci- 
dessus  pour  la  variation  du  tube  représente  une  descente  de.  .  ou"n,o/j2 
et  comme,  par  l'expansion  de  la  cuvette,  il  doit  remonter  de.   .     omm,o56 

il  reste  comme  différence  une  élévation  de omm,or4 

c'est-à-dire  un  centième  et  demi  de  millimètre  à  peu  près. 

»  Cette  quantité  est  absolument  insensible  dans  ces  instruments,  et 
j'ai  voulu  seulement  l'examiner  en  détail  pour  faire  voir  qu'elle  ne 
mérite  pas  que  l'on  s'en  préoccupe,  comme  on  l'avait  pensé.  Les  mesures 
seulement  approchées  que  j'ai  pu  employer  dans  ce  calcul  ne  peuvent 
changer  le  résultat,  car  elles  ne  sont  pas  certainement  erronées  de  manière 
à  le  faire  varier  du  double,  ce  qui  donnerait  encore  un  résultat  négligeable. 

C.  R.,  1867,  3e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  14.)  73 


(  56a  ) 
On  voit  que,  si  on  voulait  tenir  compte  de  tontes  les  corrections,  il  fau- 
drait avoir  égard  aux  changements  des  verges  et  des  tiges  qui  portent  le 
crayon.  Le  calcul  est  possible,  mais  sera  toujours  inutile  en  pratique. 
Comme  le  baromètre  à  peson  avec  cuvette  à  large  orifice  n'offre  pas  la  com- 
pensation de  la  cuvette,  la  correction  de  température  peut  être  appréciable 
dans  le  cours  de  l'année;  mais,  pour  les  observations  diurnes,  la  machine 
étant  dans  une  chambre  où  la  température  ne  change  jamais  de  plus  de 
i  ou  2  degrés  dans  un  jour,  elle  est  aussi  tout  à  fait  négligeable.  Toutes  ces 
corrections  présentent  en  outre  de  petites  variations  avec  les  différentes 
pressions,  mais,  si  la  partie  principale  est  négligeable,  je  crois  qu'à  plus 
forte  raison  les  variations  le  seront  elles-mêmes.    » 

astronomie.  —  Spectres  stellaires;  par  le  P.  Secchi. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  un  exemplaire  de  mon  Mé- 
moire sur  les  spectres  des  étoiles  qui  vient  de  paraître  dans  les  publica- 
tions de  la  Société  italienne  des  Quarante  de  Modène. 

«  Ce  Mémoire  résume  tous  mes  travaux  sur  les  spectres  des  corps  cé- 
lestes, planètes,  étoiles  et  nébuleuses.  Une  description  succincte  de  chaque 
étoile  principale  donne  le  résumé  des  observations  relatives  à  son  spectre  et 
à  sa  couleur.  Cette  description  s'étend  à  3i6  étoiles.  Des  figures  donnent  les 
spectres  des  plus  importantes.  Les  instruments  et  les  moyens  de  rectifica- 
tion sont  décrits  dans  une  longue  introduction,  ainsi  que  les  conclusions 
principales  auxquelles  je  suis  arrivé. 

»  Cet  ouvrage,  qui  m'a  occupé  plus  de  deux  ans,  n'est  qu'un  travail  pré- 
liminaire pour  une  étude  plus  approfondie  que  je  compte  exécuter  et  pour 
lequel  je  suis  en  train  de  faire  construire  actuellement  des  instruments  plus 
exacts  et  plus  puissants.  La  plus  grande  partie  de  ces  recherches  a  été  faite 
avec  le  spectroscope  à  vision  directe;  mais,  comme  on  avait  conçu  des 
doutes  sur  sa  perfection  sous  certains  rapports,  j'ai  tout  dernièrement  fait 
construire  par  M.  Hofmann  un  spectroscope  à  deux  prismes  à  dispersion 
ordinaire,  pour  en  faire  la  comparaison.  Le  résultat  de  cette  comparaison 
a  été  que,  à  l'exception  d'une  plus  grande  dispersion,  je  nJai  pas  trouvé  de 
différence  remarquable,  et  je  suis  sûr  que  les  résultats  indiqués  sont  indé- 
pendants d'erreurs  ou  de  défauts  particuliers,  tenant  à  cette  espèce  de 
prismes. 

»  Je  me  permettrai  ici  de  rappeler  une  observation  curieuse  que  je  viens 
de  faire  sur  le  spectre  d'une  flamme  terrestre,  qui  m'a  vivement  frappé  à 


(  563  ) 
cause  de  sa  ressemblance  avec  le  spectre  de  certaines  étoiles  jaunes  et 
rouges.  Cette  flamme  est  celle  qui  sort  de  la  cornue  dans  laquelle  on  fait 
l'acier  Besserner.  Ce  spectre,  bien  connu  des  directeurs  de  forges,  lorsque  le 
fer  est  complètement  décarburé,  présente  une  série  de  raies  très-fines  et 
très-nombreuses,  disposées  par  groupes  et  colonnades  qui  rappellent  celui 
de  a  Orion  et  a  Hercule;  seulement,  il  paraît  renversé.  Il  est  sans  doute  dû 
à  un  grand  nombre  de  métaux  qui  brûlent  dans  la  flamme,  et  présente  plu- 
sieurs lignes  bien  connues  et  bien  déterminées;  je  ne  cite  ce  fait  que  d'une 
manière  générale,  n'ayant  pas  eu  le  temps  de  l'étudier.  Cette  flamme  est  la 
seule  qui  jusqu'ici  m'ait  présenté  un  spectre  comparable  à  celui  des  étoiles 
colorées;  nous  savons  d'ailleurs  que  cela  n'a  rien  d'improbable,  surtout 
en  connaissant  la  composition  des  aérolithes  où  le  fer  prédomine.  Mais  il 
m'a  paru  important  de  pouvoir  signaler,  dans  nos  flammes  terrestres,  une 
si  belle  source  d'études  spectrales  se  rapprochant  des  spectres  si  extraor- 
dinaires de  certaines  étoiles.  Je  dois  cette  observation  à  l'obligeance  de 
M.  Lemonnier,  directeur  des  travaux  des  forges  de  Terre-Noire,  près  Saint- 
Etienne. 

»  A  propos  de  recherches  spectrales,  je  parlerai  encore  d'une  autre 
observation  que  j'ai  faite  et  qui  se  relie  à  mes  anciennes  expériences  sur  la 
couleur  de  l'eau  de  mer.  J'avais  constaté  autrefois  que  le  spectre  de  la  cou- 
leur de  l'eau  de  mer  est  dépouillé  de  sa  partie  rouge  aux  petites  profondeurs, 
et  successivement  du  jaune  et  du  vert,  au  moins  en  partie,  pour  les  plus 
grandes,  et  qu'alors  l'eau  paraît  d'un  bleu  violet.  J'ai  voulu  voir  si  la 
même  absorption  se  présentait  aussi  dans  les  glaciers,  et  j'ai  profité  de  l'oc- 
casion d'une  grotte  artificielle,  creusée  dans  le  glacier  du  haut  Grindelwald 
en  Suisse,  pour  faire  quelques  essais  sur  ce  point.  La  grotte  en  question 
avait  environ  ioo  mètres  de  profondeur,  et  ses  parois  étaient  transpa- 
rentes et  éclairées  par  la  lumière  solaire,  transmise  à  travers  la  glace.  Cette 
lumière  était  d'une  belle  nuance  bleue.  Dans  cette  teinte,  le  rouge  était  ex- 
trêmement faible,  de  sorte  que,  dans  la  grotte,  les  figures  humaines  avaient 
une  teinte  cadavérique  effrayante.  En  regardant  l'entrée,  d'une  certaine 
profondeur  dans  la  grotte,  elle  paraissait  éclairée  d'une  lumière  rouge, 
sans  doute  par  un  effet  de  contraste.  L'effet  d'ensemble  de  cette  grotte  est 
féerique.  Analysée  au  spectroscope,  cette  lumière  a  montré  une  absence 
presque  complète  du  rouge  et  une  grande  diminution  du  jaune.  L'épais- 
seur de  la  glace  supérieure  n'était  pas  assez  grande  pour  produire  un  effet 
plus  complet  ;   on    nous  a    dit    que  l'épaisseur  était  d'environ   i5  mètres, 

mais  je  la  crois  moindre.  La  glace  était  parfaitement  compacte  et  continue 

73.. 


(  564  ) 
dans  sa  texture;  elle  ét;iit  limpide  comme  du  cristal,  et  contenait  seulement 
çà  et  là  des  amas  de   bulles  d'air.  Sa  dureté  n'était  pas  très-grande  :  une 
pointe  de  fer  l'entamait  avec  facilité. 

»  Le  résultat  est  donc  bien  identique  avec  celui  qu'on  obtient  avec  l'eau 
de  mer,  à  des  profondeurs  semblables,  et  comme,  dans  la  glace  des  Alpes, 
on  ne  peut  supposer  la  présence  de  matières  colorantes  étrangères,  qu'on 
pourrait  soupçonner  dans  l'eau  de  mer,  il  en  résulte  que  la  véritable  cou- 
leur de  l'eau  est  un  bleu  mêlé  de  violet,  qui  devient  de  plus  en  plus  foncé, 
à  mesure  que  la  couche  traversée  est  d'une  plus  grande  épaisseur.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

BALISTIQUE.  —  Sur  le  passacje  des  projectiles  à  travers  les  milieux  résistayils. 
Note  de  M.  Melsens,  présentée  par  M.  Dumas  (i). 

«  J'ai  constaté  qu'une  balle  de  plomb  tombant,  en  chute  libre,  dans 
l'eau,  entraîne  une  notable  quantité  d'air.  En  opérant  avec  une  balle  sphé- 
rique  de  17  millimètres  de  diamètre  et  du  poids  de  29  grammes,  tombant 
d'une  hauteur  de  1  mètre  avant  de  rencontrer  une  colonne  d'eau  contenue 
dans  un  grand  manchon,  on  peut  constater  que  le  volume  d'air  entraîné 
est  d'environ  vingt  fois  supérieur  au  volume  de  la  balle;  en  faisant  ainsi 
l'expérience,  on  constate  qu'une  partie  de  l'air  se  dégage  avant  que  la  balle 
ait  atteint  le  fond  du  manchon;  mais  lorsqu'elle  touche  ce  fond,  on  voit 
se  dégager  une  très-grosse  bulle  d'air  accompagnée  de  bulles  plus  faibles. 
Je  pense  qu'on  est  dans  des  limites  assez  rapprochées  de  la  vérité,  en  admet- 
tant que  la  moitié  de  l'air  qu'on  recueille  est  entraîné  à  plus  de  i  mètre 
de  profondeur. 

»  J'ai  cherché  à  me  rendre  compte  de  la  marche  du  phénomène  lors- 
qu'il s'agit  d'un  projectile  lancé  par  une  arme  à  feu  et  pénétrant  dans  l'eau 
après  avoir  traversé  une  couche  d'air  de  quelques  mètres.  Voici  la  disposi- 
tion de  l'expérience  : 

»  Un  cylindre  de  métal  placé  horizontalement  porte  deux  tubes  verti- 
caux gradués  et  une  tubulure  latérale  qui  permet  de  le  mettre  en  communi- 
cation avec  un  réservoir  d'eau  sous  une  pression  de  plus  de  1  mètre.  L'une 
des  bases  du  cylindre  est  fermée  par  une  lame  en  laiton  mince,  l'autre  est 


(1)  L' Académie  a  d<  .idé  que  cette  communication,  quoique  dépassant  les  limites   régle- 
mentaire-,  51  mit  rcprodii'c  en  entier  au  Compte  rendu. 


(  565  ) 
fermée  solidement  par  une  plaque  de  plomb  très-épaisse.  L'appareil  et  ses 
tubes  gradués  étant  remplis  d'eau,  on  tire  à  faible  charge  une  balle  de 
pistolet  sur  la  lame  de  laiton;  celle-ci  est  percée  par  le  projectile,  l'eau  du 
cylindre  métallique  en  communication  avec  le  réservoir  d'eau  sous  pression 
s'écoule  sous  forme  de  jet  par  l'ouverture  pratiquée  par  la  balle,  et  l'on 
constate  que  le  volume  de  l'air  entraîné  qui  se  rend  dans  les  tubes  gradués 
est  au  moins  cent  fois  plus  grand  que  le  volume  du  projectile. 

»  Ces  expériences  me  paraissent  prouver  qu'on  ne  s'est  peut-être  pas 
assez  préoccupé  du  rôle  important  de  l'air  dans  les  actions  de  pénétration 
des  projectiles  dans  les  milieux  résistants  et  pendant  leur  passage  à  travers 
des  lames  solides  plus  ou  moins  épaisses. 

»  J'ai  exécuté  une  longue  série  de  tirs  dans  des  lames  de  nature  très-dif- 
férente, en  employant  des  projectiles  métalliques  ou  formés  de  matières 
organiques  :  stéarine,  bois,  caoutchouc,  etc.,  en  faisant  varier  la  nature 
des  milieux  à  pénétrer  et  la  matière  du  projectile. 

»  Voici  quelques  faits  : 

»  Si  l'on  tire  avec  une  balle  de  plomb,  lancée  à  grande  ou  à  faible  vitesse, 
sur  une  ardoise  ordinaire,  le  projectile  la  traverse  sans  la  briser;  les  ouver- 
tures rondes  produites  sont  petites  et  peu  différentes  quelle  que  soit  la  vi- 
tesse. On  peut  même  faire  un  trou  parfaitement  rond  sans  briser  l'ardoise, 
bien  que  le  projectile  ne  soit  animé  que  d'une  vitesse  assez  faible  pour  ne 
pas  pouvoir  traverser  l'ardoise.  Cette  dernière  expérience  exige  que  l'ardoise 
soit  maintenue  dans  un  cadre  de  bois  ou  régulièrement  soutenue  sur  plu- 
sieurs points.  En  lançant  au  moyen  d'un  pistolet  ou  d'un  fusil  une  balle  de 
plomb  ou  de  fonte  sur  une  lame  de  plomb,  on  observe  :  qu'aux  grandes 
vitesses  correspondent  dans  le  plomb  les  ouvertures  les  plus  grandes,  à  tel 
point  que  d'après  la  mesure  du  diamètre  on  pourrait  avoir  une  donnée  sur 
la  vitesse  du  projectile.  La  lame  reste  plane  aux  grandes  vitesses,  mais  se 
bombe  à  faible  vitesse.  Il  se  produit  des  rebarbes  ou  bavures  des  deux  côtés 
de  la  lame;  celles  qui  se  trouvent  du  côté  de  la  face  frappée  sont  sensible- 
ment perpendiculaires  à  la  trajectoire;  celles  de  la  face  opposée  lui  sont 
parallèles;  en  un  mot,  les  rebarbes  sont  placées  à  peu  près  à  angle  droit. 

»  Les  résultats  des  tirs  dans  les  lames  d'argile  plastique  sont  des  plus 
inattendus,  et  ont  surpris  tous  les  officiers  d'artillerie  qui  en  ont  été 
témoins. 

»  i°  A  vitesses  égales,  les  ouvertures  sont  d'autant  plus  considérables  que 
les  lames  traversées  sont  plus  épaisses,  jusqu'à  une  certaine  limite,  bien 
entendu. 


(  566  ) 

«  2°  Le  diamètre  des  ouvertures  circulaires  augmente  avec  la  vitesse  dont 
le  projectile  est  animé. 

»  Ainsi,  une  balle  de  pistolet  (de  12  millimètres  de  diamètre,  pesant  envi- 
ron 10  grammes)  produit,  dans  une  lame  d'argile  ordinaire  très-plastique, 
lorsqu'elle  est  lancée  par  une  charge  de  poudre  de  oer,  ido,  une  ouverture 
d'un  diamètre  double  environ  de  celui  delà  balle;  le  même  projectile,  lancé 
par  2  grammes  ou  2gr,  5  de  poudre,  y  produit  une  ouverture  telle,  qu'on 
la  croirait  due  au  projectile  du  canon  de  4  de  campagne. 

»  Les  rebarbes  sont  tellement  prononcées  des  deux  côtés  de  la  plaque, 
qu'il  est  très-difficile  de  dire,  après  le  tir,  quelle  face  de  la  lame  le  projec- 
tile a  frappé. 

»  Ce  phénomène  est  accompagné  d'un  autre  non  moins  remarquable  :  une 
partie  de  l'argile  revient  sur  le  tireur  et  est  projetée  à  plusieurs  mètres  en 
avant,  dans  le  sens  opposé  k  la  marche  du  projectile. 

«  3°  Qu'on  prenne  deux  lames  d'argile  de  i5  millimètres  environ  d'é- 
paisseur, de  25  à  3o  centimètres  de  côté,  et  qu'on  les  colle  ensemble  en  hu- 
mectant légèrement  les  surfaces  en  contact  : 

»  Si  l'on  fait  passer  une  balle  de  pistolet,  lancée  par  2  grammes  de  poudre, 
à  travers  ces  lames  accolées,  les  rebarbes  se  font  comme  dans  l'expérience 
précédente,  mais  les  deux  lames  se  séparent  partiellement  en  se  bombant 
l'une  et  l'autre,  mais  en  sens  opposé,  laissant  ainsi  entre  elles  un  creux  en 
forme  de  lentille  biconvexe,  dont  le  centre  correspond  au  trou  formé  par 
la  balle;  l'ouverture  circulaire  due  au  passage  du  projectile  atteint  plus  de 
10  centimètres  de  diamètre. 

»  Avec  des  lames  d'argile  épaisses,  l'ouverture  présente  une  forme  tron- 
conique,  mais,  contrairement  à  ce  qui  arrive  dans  les  cas  de  milieux 
indéfinis,  la  grande  base  du  cône  se  trouve  du  côté  de  la  sortie. 

»  Dans  les  grands  blocs  on  observe  souvent  une  forme  ellipsoïdale 
ou  un  double  cône,  et  à  une  assez  faible  profondeur  on  retrouve  sen- 
siblement le  tracé  déduit  de  la  savante  analyse  et  des  célèbres  expé- 
riences de  MM.  Didion,  Piobert  et  Morin. 

»  La  forme  générale  et  l'angle  plus  ou  moins  aigu  du  cône  paraissent 
dépendre  de  la  densité  du  projectile.  J'ai  même  produit  des  cavités  se  rap- 
prochant d'un  demi-ellipsoïde  de  révolution,  lorsque,  par  exemple,  on  em- 
ployait des  balles  de  bois  qui  se  brisaient. 

»  Je  dois  à  l'obligeance  de  M.  V.  Regnault  d'avoir  pu  vérifier  les  expé- 
riences faites  sur  des  argiles  communes  en  opérant  avec  la  pâte  à  porcelaine 
de  Sèvres,  qu'on  se  propose  de  durcir  au  feu. 


(  567  ) 

»  Qu'il  me  soit  permis  d'exprimer  ici  au  savant  directeur  de  la  Manufac- 
ture impériale  de  Sèvres  l'expression  de  ma  reconnaissance. 

»  J'ai  examiné  dans  ces  derniers  temps  la  forme  de  l'ouverture  produite 
par  la  fondre  clans  un  carreau  de  vitre  de  4  millimètres  d'épaisseur,  et  j'ai 
à  ce  sujet  repris  des  expériences  que  j'ai  faites  depuis  longtemps.  Or,  ces 
expériences  sont  en  opposition  complète  avec  ce  que  l'on  admet  générale- 
ment à  l'égard  des  phénomènes  de  communication  de  mouvement  (i). 

»  En  effet,  des  centaines  d'expériences,  sans  aucune  exception,  me  per- 
mettent d'établir  que  : 

»  i°  Quand  on  exerce  sur  le  centre  d'un  carreau  une  pression  qui  va  en 
augmentant  insensiblement  jusqu'au  moment  de  la  rupture,  il  se  fait  un 
certain  nombre  de  fentes  qui  rayonnent  autour  du  centre  de  pression;  ces 
fentes  sont  en  général  en  lignes  à  peu  près  droites. 

»  2°  Une  balle  de  liège,  lancée  par  une  forte  charge  de  poudre  (igr,20o) 
au  moyen  d'un  pistolet,  sur  un  carreau  couvert  sur  l'une  de  ses  faces  d'un 
papier  collé,  produit  des  fentes  analogues  aux  précédentes  ;  parfois  celles-ci 
sont  entrecoupées  de  fentes  qui  indiquent  cpie  le  mouvement  s'est  com- 
muniqué concentriquement  au  point  frappé. 

»  3°  Si  on  lance  avec  le  même  pistolet,  et  avec  une  charge  de  poudre 
très-faible,  une  balle  de  plomb  sur  un  carreau  suspendu  au  moyen  de  fils 
métalliques,  la  vitre  est  trouée  et  brisée  comme  dans  l'expérience  n°  i. 

»  4°  Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  si  on  augmente  la  charge  de 
poudre  jusqu'à  en  employer  ogl',200  environ,  la  balle  traverse  le  carreau  et 
y  produit  une  ouverture  plus  ou  moins  grande,  entourée  de  fentes  courtes 
presque  rectilignes;  les  autres  parties  du  carreau  restent  intactes  et  Je  car- 
reau reste  suspendu. 

))  5°  Si  on  augmente  la  charge  de  poudre  jusqu'à  2gr,  5,  par  exemple, 
toutes  les  autres  conditions  restant  les  mêmes,  le  carreau  est  brisé  en  une 
multitude  de  fragments  qui  tombent  à  terre  sans  sortir  sensiblement  du 
plan  vertical  qui  contenait  le  carreau.  Pour  reconnaître  la  forme  des  débris, 
il  suffit  de  coller  une  feuille  de  papier  sur  l'une  des  faces  ou  sur  les  deux 


(i)  Voici  ce  qu'on  lit  dans  l'excellent  Traité  de  Mécanique  élémentaire  de  BJ.  Delaunav 
(t.  I,  p.  i56,  3e  édition)  : 

«  Une  balle  de  plomb  qu'on  lancerait  légèrement  contre  un  carreau  de  fenêtre  serait  ren- 
»  voyée  sans  qu'il  y  ait  rupture.  Si  on  la  lance  fortement  avec  la  main,  elle  traversera  le 
»  carreau  en  déterminant  un  grand  nombre  de  fentes  qui  rayonneront  autour  du  trou  par 
»  lequel  elle  aura  passé.  Mais  si  la  balle  est  lancée  par  une  arme  à  feu,  elle  ne  fera  dans 
->  le  carreau  qu'un  trou  rond  par  lequel  elle  passera;  le  reste  du  carreau  sera  intact.    » 


(  568  ) 
faces  de  la  vitre;  les  phénomènes  principaux  ne  sont  pasmodifi.es,  et  on 
observe  qu'avec  des  vitesses  faibles  le  trou  produit  dans  le  papier  est  net  et 
rond,  sans  rebarbes  du  côté  qui  reçoit  le  choc,  tandis  qu'avec  des  vitesses 
considérables  il  se  fait  de  fortes  rebarbes  de  papier  des  deux  côtés. 

»  Ces  expériences  ont  été  faites  avec  des  carreaux  de  toute  dimension  et 
d'épaisseur  variant  entre  i  et  5  millimètres,  suspendus,  fixés  dans  des 
cadres  ou  mastiqués.  On  peut  même  les  incliner  de  45  degrés  sur  la  trajec- 
toire sans  que  les  phénomènes  en  soient  essentiellement  modifiés. 

»  En  comparant  ces  expériences  avec  celles  qui  prouvent  l'entraînement 
de  l'air,  on  est  porté  à  admettre  que  l'air  qui  précède  la  balle  commence 
l'action,  et  peut-être  prouvera-t-on  que  le  carreau  est  troué  dans  certains 
cas  avant  d'être  réellement  atteint  par  le  projectile.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  me 
semble  qu'on  a  par  trop  généralisé  l'application  de  la  célèbre  expérience  de 
l'abbé  Camus  (i). 

»  On  confond  souvent,  dans  la  question  du  choc  des  corps  solides  con- 
sidérés au  point  de  vue  auquel  je  me  place,  l'effet  de  rupture  ou  le  mouve- 
ment moléculaire  communiqué  à  la  matière  choquée,  avec  les  effets  de 
translation  de  la  matière  qui  se  trouve  dans  la  direction  du  projectile  frap- 
pant le  corps  immobile  et  le  mouvement  de  translation  de  l'ensemble  de  ce 
corps. 

»  Je  dois  à  l'obligeance  de  mon  ami,  M.  le  commandant  Caron,  d'avoir 
pu  montrer  mes  expériences  à  plusieurs  officiers  d'artillerie  et  autres  savants 
français,  après  avoir  installé  les  appareils  dans  le  laboratoire  de  chimie 
qu'il  dirige  au  Comité  de  l'artillerie.  » 

1SAL1ST1QUE.  —  Observations  relatives  à  (a  communication  faite  par  M.  Dumas 
au  nom  de  M.  Melsens;  par  M.  le  Géxékal  Mokix. 

«  M.  Morin  fait  remarquer  que  le  fait  du  courant  qui  suit  un  projectile 
ou  un  corps  quelconque  en  mouvement  dans  un  milieu  fluide  est  la  consé- 
quence immédiate  du  déplacement  de  ce  corps,  qu'il  est  connu  et  observé 
depuis  longtemps,  qu'il  était  utilisé  dans  les  anciennes  machines  soufflantes 
appelées  trompes  catalanes,  qu'il  se  traduit  d'une  manière  frappante  par 
la  poussière  soulevée  par  les  boulets  dans  le  tir  des  bouches  à  feu  près  de 
la  surface  du  sol,  dans  le  mouvement  des  trains  de  chemins  de  fer,  etc.,  etc. 


(l)  Une  balle  de  mousquet  qui  perce  une  pièce  de  bois  d'une  épaisseur  considérable,  sans 
lui  communiquer  de  vitesse  sensible.  (Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences,    1^38.) 


(  569  ) 

»  Mais  il  ne  s'ensuit  pas  que  lorsqu'un  projectile  pénètre,  par  un  trou 
qu'il  y  a  pratiqué,  dans  un  vase  ou  dans  un  réservoir  rempli  d'eau,  il  y 
entraîne  avec  lui  un  volume  d'air  considérable.  La  densité,  l'inertie  du 
liquide  d'une  part,  de  l'autre  sa  propre  fluidité  qui  lui  fait  remplir  le  vide 
laissé  par  le  projectile  et  le  fait  sortir  immédiatement  par  l'orifice  ouvert, 
s'opposent  à  l'introduction  de  l'air  dans  le  réservoir. 

»  Dans  les  expériences  exécutées  en  1 834-35-36,  à  Metz,  par  la  Com- 
mission des  principes  du  tir,  dont  les  Rapporteurs  ont  été  successivement 
les  capitaines  Piobert,  Morin  et  Didion,  l'on  a  poursuivi  sur  une  grande 
échelle  l'étude  de  la  question  de  la  résistance  des  milieux  fluides,  liquides, 
mous,  ductiles  ou  pulvérulents  à  la  pénétration  des  projectiles. 

»  En  ce  qui  concerne  celle  de  l'eau,  en  particulier,  les  expériences  ont 
été  faites  en  tirant  horizontalement,  parallèlement  à  la  surface  du  niveau , 
à  travers  la  paroi  verticale  du  grand  bassin  qui  avait  servi  aux  belles 
recherches  de  MM.  Poncelet  et  Lesbros  sur  l'écoulement  des  fluides. 

»  Dans  ce  tir,  où  l'on  a  employé  des  projectiles  pleins  ou  creux,  animés 
de  vitesses  qui  se  sont  élevées  jusqu'à  5oo  mètres  et  plus  en  une  seconde, 
on  n'a  jamais  observé  que  l'introduction  du  projectile  déterminât  celle 
d'un  volume  d'air  notable  dont  la  sortie  se  serait  évidemment  manifestée 
par  un  bouillonnement  très-sensible  à  la  surface,  qui  n'a  jamais  été  per- 
ceptible, même  pour  un  expérimentateur  placé  près  de  cette  surface  et  à 
très-petite  distance  de  la  trajectoire  du  projectile. 

»  Quant  aux  effets  signalés  par  M.  Melsens  sur  les  vides  formés  par  des 
balles  de  pistolet  dans  l'argile  plastique,  ils  ne  sont  que  la  reproduction 
fort  en  petit  de  ceux  que  déterminent  dans  le  fer  (voir  aux  expositions  ma- 
ritimes du  Champ  de  Mais),  dans  le  plomb,  dans  les  terres  argileuses,  les  pro- 
jectiles de  l'artillerie  et  qui ,  il  y  a  plus  de  trente  années,  ont  fait  l'objet  des 
études  de  la  même  Commission  des  principes  du  tir  et  le  sujet  de  Mémoires 
présentés  par  les  Rapporteurs  à  l'Académie  des  Sciences,  avec  l'autorisation 
du  Ministre  de  la  Guerre.  Dans  ces  Mémoires  qui,  sur  le  Rapport  de  M.  Pon- 
celet, ont  obtenu  la  haute  approbation  de  l'Académie,  les  auteurs  ont  non- 
seulement  signalé  tous  les  effets  reproduits  par  M.  Melsens,  mais  ils  ont 
recherché  et  trouvé  la  loi  de  la  résistance  des  divers  milieux  liquides, 
mous  ou  solides,  à  la  pénétration  des  projectiles,  loi  qui  pour  l'eau  s'est 
trouvée  identiquement  celle  qui  avait  été  reconnue  par  Newton  dans  des 
expériences  faites  avec  des  corps  sphériques.  Ils  ont  montré  que  l'amplifi- 
cation, parfois  énorme,  du  diamètre  et  la  forme  du  vide  formé  par  le  pro- 

C.  R.,  1867,  2e  Semestre.  {  T.  LXV,  N°  14.)  7  4 


(  57o  ) 
jectile  étaient  le  résultat  de  la  communication  rapide  de  sa  force  vive  aux 
molécules  qu'il  déplaçait  sur  son  passage,  d'où  il  suit  que  l'air  qui  pouvait, 
après  le  projectile,  pénétrer  dans  le  milieu  résistant  par  la  faible  ouverture 
laissée  dans  la  paroi,  n'entre  pour  rien  dans  la  formation  de  ce  vide. 

»  11  n'est  pas  étonnant  que  M.  Melsens,  chimiste  et  physicien  éminent, 
n'ait  pas  eu  connaissance  des  expériences  faites  à  Metz,  il  y  a  plus  de  trente 
années,  et  dans  lesquelles  on  a  pour  la  première  fois  étudié  en  grand  les 
lois  de  la  résistance  du  fer  en  plaques  épaisses,  de  la  fonte  et  du  plomb  en 
gros  blocs  au  choc  des  projectiles;  mais  puisque  l'occasion  s'en  présente,  il 
me  semble  opportun  d'exprimer  le  regret  que  les  conséquences  et  les  lois 
qui  ont  été  déduites  de  ces  longues  recherches  aient  été  trop  souvent  per- 
dues de  vue  dans  les  travaux  analogues  exécutés  plus  récemment  par  les 
services  publics.  » 

«  M.  Chevrecl,  après  la  discussion  élevée  à  la  suite  de  la  communication 
de  M.  Melsens,  croit  devoir  rappeler  à  l'Académie  les  observations  faites  par 
Mariotte  dans  son  Traité  du  mouvement  des  eaux,  publié  après  sa  mort  (par 
de  la  Hire,  1690). 

»  Mariotte  avait  observé  que  les  gouttes  de  pluie,  en  tombant  à  terre, 
entraînent  chacune  avec  elles  un  certain  volume  d'air  (deux  ou  trois  fois 
autant  que  la  goutte  est  grosse),  et  il  citait  pour  preuve  l'expérience  d'une 
balle  de  plomb  qu'on  laisse  tomber  dans  un  vase  d'eau  (1).  M.  Chevreul 
ajoute  que  Mariotte  a  expliqué  l'effet  de  la  trompe  des  fourneaux  à  fondre 
le  fer  spathique,  par  l'air  que  l'eau  en  mouvement  entraîne  avec  elle,  et  que 
cette  explication,  autant  qu'il  se  le  rappelle,  a  plus  de  précision  que  celle 
que  Chaptal  a  donnée  (2).  » 

(1)  Voici  le  texte  de  Mariotte  [OEuvres  de  M.  Mariotte;  Leide,  1717,  t.  II,  p.  353)  : 

«  ....Chaque  goutte  (de  pluie)  entraîne,  en  tombant  depuis  la  hauteur  de  la  nuée,  deux 
»  ou  trois  fois  autant  d'air  qu'elle  est  grosse;  ce  qui  se  prouve  par  l'expérience  d'une  petite 
»  balle  de  plomb  qu'on  laisse  tomber  dans  un  seau  d'eau  :  car  dès  qu'elle  a  touché  le  fond 
«  il  s'en  élève  deux  ou  trois  bulles  d'air  aussi  grosses  qu'elle,  lesquelles  ne  peuvent  procé- 
»  der  que  de  l'air  qui  la  suit  jusques  au  fond  de  l'eau.  Or  l'on  sait  que  dans  beaucoup  de  lieux 
»  on  se  sert  de  certains  soufflets  pour  faire  fondre  la  mine  de  fer  dans  les  fourneaux  par 
»  la  seule  chute  de  l'eau,  ce  qui  se  fait  ainsi...  >  Mariotte  donne  une  explication  exacte  de 
la  trompe. 

(2)  Chimie  appliquée  aux  arts,  t.  Ier,  p.  164.  En  effet,  si  Chaptal  reconnaît  (p.  166)  que 
l'eau  en  mouvement  entraîne  de  l'air,  il  dit,  p.  167,  que  «  l'eau  la  plus  tranquille  contient 
»  une  quantité  considérable  d'air  qu'on  peut  en  dégager  par  le  simple  choc,  ou  par  la  chute 
<>   du  liifuide.  D 


(  57i  ) 
M.  Didion  soumet  au  jugement  de  l'Académie  la  suite  de  ses  «  Études 
sur  les  roues  hydrauliques  à  aubes  courbes  de  M.  le  Général   Poncelet 
(suite  de  la  première  partie  et  deuxième  partie)  ».   (Présenté  par  M.  le 
Général  Morin.) 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée,  Commission  qui 
se  compose  de  MM.  Poncelet,  Piobert,  Morin.) 

M.  C.  Berman  adresse  de  Dalfsen  (Pays-Bas)  une  Lettre  par  laquelle  il 

offre  à  l'Académie  de  lui  faire  connaître  le  remède  qu'il  emploie  contre  le 

choléra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

M.  Faure  adresse  une  nouvelle  Lettre  concernant  la  modification  qu'il 
propose  d'apporter  dans  les  constructions  navales. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Navigation.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut,  le  tome  LVIII  et  le  n°  3  du 
«  Catalogue  des  Brevets  d'invention  pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  1 844  »• 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  ouvrage  de  M.  G.  Zeuner,  de  Zurich,  ayant  pour 
titre  :  «  Sur  l'état  de  la  vapeur  d'eau  surchauffée  ou  mêlée  ». 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Observations  sur  tes  documents  relatifs  à  Pascal 
et  à  Newton,  qui  ont  été  communiqués  à  L'Académie  par  M.  Chasles. 
Lettre  de  M.  Grant  à  M.  Le  Verrier  (i). 

«  Glascow.  Observatoire,  12  septembre  1867. 

»  Permettez-moi  de  vous  soumettre  quelques  remarques  sur  les  docu- 
ments relatifs  à  Newton  qui  ont  été  récemment  communiqués  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  de  l'Institut  de  France  par  M.   Chasles.  D'après  ces 


(1)  L'Académie   a  décidé   que  cette  communication,   quoique   dépassant  les  limites  régle- 
mentaires, serait  reproduite  en  entier  au  Compte  rendu. 

74- 


(  572  ) 
documents,  Pascal  aurait  déterminé  les  masses  relatives  du  Soleil,  de 
Jupiter,  de  Saturne  et  de  la  Terre,  les  densités  de  ces  corps  et  la  force  de 
gravité  à  leurs  surfaces.  Je  vais  essayer  de  prouver  que  les  résultats  ainsi 
attribués  à  Pascal  sont  dépures  inventions  et  des  reproductions  des  nombres 
correspondants  contenus  dans  la  troisième  édition  des  Principia. 

»   Commençons  par  citer  quelques  dates  qui  ont  rapport  à  la  question. 

»  Pascal  est  né  en  1623  et  est  mort  en  1662.  La  première  édition  des 
Principia  fut  publiée  en  1687,  la  seconde  en  1713  et  la  troisième  en  1726. 
Cette  troisième  édition  est  la  dernière  publiée  du  vivant  de  Newton,  qui 
mourut  en  1727. 

»  Madame  Périer,  sœur  de  Pascal,  qui  a  écrit  une  relation  de  la  vie  de 
son  frère,  dit  positivement  que,  à  l'âge  de  trente  ans,  il  abandonna  les 
recherches  mondaines;  que,  pendant  les  cinq  années  suivantes,  il  se  dévoua 
entièrement  aux  études  religieuses,  et  que,  durant  les  quatre  années  qui 
précédèrent  sa  mort,  il  était  complètement  incapable  d'occuper  son  esprit 
d'aucun  sujet  religieux  ou  mondain. 

»  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  faits,  je  prendrai  l'année  1662  comme  la  date 
des  prétendues  découvertes  de  Pascal  en  astronomie  physique. 

»  J'établirai  maintenant  les  éléments  employés  par  Newton  pour  calculer 
les  niasses  du  Soleil,  de  Jupiter,  de  Saturne  et  de  la  Terre,  les  densités  de 
ces  corps  et  la  force  de  gravité  à  leur  surface.  Ce  sont  : 

»  i°  Les  distances  relatives  de  la  Terre,  de  Vénus,  de  Jupiter  et  de 
Saturne  au  Soleil  ;  la  période  de  révolution  de  Vénus  autour  du  Soleil;  la 
parallaxe  de  la  Lune,  et  sa  période  de  révolution  autour  de  la  Terre; 

»  20  I^es  diamètres  apparents  du  Soleil,  de  Jupiter  et  de  Saturne;  la 
période  de  révolution  et  la  plus  grande  élongation  du  quatrième  satellite 
de  Jupiter;  la  période  de  révolution  et  le  plus  grand  éloignement  du 
satellite   huyghénien    de  Saturne,   et   la  parallaxe  solaire. 

»  J'ai  divisé  ces  éléments  en  deux  groupes  pour  la  raison  suivante  :  les 
éléments  du  premier  groupe  peuvent  être  regardés  comme  étant  restés 
constants,  au  moins  pour  ce  qui  concerne  les  recherches  des  astronomes 
pendant  l'intervalle  compris  entre  1662  et  1726.  D'un  autre  côté,  les 
éléments  du  second  groupe  ont  été  essentiellement  affectés  par  la  révo- 
lution que  l'astronomie  pratique  a  éprouvée  pendant  la  seconde  moitié  du 
xviic  siècle.  Laissant  donc  de  côté  les  éléments  du  premier  groupe,  exami- 
nons quelles  furent  les  meilleures  mesures  des  éléments  du  second  groupe 
qui  aient  pu  être  à  la  portée  de  Pascal  dans  l'année  1662. 

»   C'est  en   i653    que  fut  publié   l'ouvrage  remarquable    de   Riccioli, 


(  573  ) 
V  Jlmageslum  novwn.  En  i65(),  Huyghens  publia  son  Systema  Saturnium. 
Ces  deux  ouvrages  peuvent  être  considérés  comme  fournissant  les  meilleurs 
matériaux  accessibles  à  Pascal  pour  former  la  base  de  ses  recherches  eu 
astronomie  physicpie.  De  ces  deux  autorités,  Huyghens  mérite  la  préférence. 
Ses  observations  longtemps  continuées  de  Saturne  et  de  son  anneau,  et  ses 
observations  du  satellite  de  cette  planète  découvert  par  lui  en  1 6 5 5",  lui 
donnent  dans  des  mesures  de  cette  nature  une  expérience  qu'aucun  autre 
astronome  de  son  temps  ne  possédait.  En  outre,  il  avait  trouvé  une  espèce 
de  micromètre,  lequel,  quoique  beaucoup  moins  parfait  que  l'instrument 
qui  devint  d'un  usage  général  quelques  années  plus  tard,  lui  donna  un 
grand  avantage  sur  les  astronomes  qui,  avant  la  publication  du  Systema 
Saturnium,  ne  connaissaient  aucun  de  ces  moyens  de  mesure. 

»  Comparons  maintenant  les  éléments  qui  étaient  à  la  portée  de  Pascal 
avec  les  éléments  correspondants  de  calcul  employés  par  Newton  dans  la 
première  et  la  troisième  édition  des  Priucipia. 

»  Huyghens  mesurait  les  diamètres  apparents  du  Soleil,  de  Jupiter  et  de 
Saturne,  et  combinant  les  résultats  ainsi  obtenus  avec  les  distances  relatives 
du  Soleil  à  la  Terre,  Jupiter  et  Saturne,  il  déterminait  les  rapports  des 
diamètres  linéaires  du  Soleil,  de  Jupiter  et  de  Saturne.  C'est  de  cette 
manière  qu'il  trouva  que  le  diamètre  linéaire  du  Soleil  est  à  celui  de 
Jupiter  comme  n  est  à  2,  et  que  le  diamètre  linéaire  du  Soleil  est  à  celui 
de  Saturne  comme  37  est  à  5.  Admettant  que  ces  diamètres  sont  ceux  dont 
Pascal  s'est  servi,  et  représentant,  comme  l'a  fait  Newton,  le  diamètre  du 
Soleil  par  ioooo,  nous  avons  la  comparaison  suivante  : 

Soleil.  Jupilcr.  Saturne. 

Pascal  (1662) 10000  1818  1 35 1 

Newton  (1687) 10000  io63             889 

Newton  (1726) 10000  997              791 

«  Les  chiffres  de  1662  montrent  combien  Huyghens  se  trompait  dans 
ses  mesures.  Les  mesures  des  diamètres  apparents  de  Jupiter  et  de  Saturne, 
employés  par  Newton  en  1687,  lui  furent  fournies  par  Flamsteed.  Les 
nombres  qu'il  employa  en  1726  furent  les  résultats  des  mesures  exécutées 
par  Poiind  et  son  neveu,  le  célèbre  Bradley.  Poiuul  naquit  en  1669.  Les 
observations  de  Pound  et  de  Bradley  furent  faites  avec  un  télescope  de 
12,3  pieds  de  longueur  focale,  muni  d'un  excellent  micromètre. 

»  En  disant  queBiccioli  a  fait  la  valeur  maximum  du  diamètre  apparent 
de  Vénus  égal  à  4'  8",  j'en  ai  dit  assez  pour  montrer  que  Huyghens  a  été  la 


(  574  ) 

meilleure  autorité  sur  laquelle  Pascal  ait  pu  s'appuyer  pour  des  observa- 
tions de  cette  nature. 

»  Examinons  maintenant  les  observations  accessibles  à  Pascal  pour 
déterminer  la  période  et  la  plus  grande  élongation  du  satellite  de  Jupiter, 
et  la  période  et  la  plus  grande  élongation  du  satellite  buyghénien  de 
Saturne. 

»  Huygbens  n'a  pas  donné,  dans  son  Systema  Saturnium,  une  détermi- 
nation des  éléments  du  quatrième  satellite  de  Jupiter.  Riccioli  fait  la 
période  de  ce  satellite  égale  à  16  jours  19  heures  9  minutes  et  i5  secondes. 
En  admettant  que  cette  valeur  soit  celle  dont  se  soit  servi  Pascal,  comparons- 
la  avec  celles  qu'a  employées  Newton  en  1687  et  1726.  Nous  aurons  : 

Période. 

Jours.  Heures.  Minutes.  Secondes. 

Pascal  (1662) 16  19               g              i5 

Newton  (1687) 16  18               o                o 

Newton  (1726) 16  16             32                9 

»  La  période  de  Newton  de  1687  est  probablement  due  à  Cassini.  La 
détermination  finale  de  1726  est  due  à  Pound  et  à  Bradley,  comme  on  peut 
le  voir  en  examinant  les  tables  des  satellites  de  Jupiter  par  ces  astronomes, 
lesquelles,  quoique  achevées  en  1719,  n'ont  été  imprimées  qu'en  17^91  en 
même  temps  que  les  Tables  planétaires  de  Halley. 

»  Jetons  maintenant  un  coup  d'œil  rapide  sur  les  observations  dont 
Pascal  a  pu  prohter  pour  déterminer  la  plus  grande  élongation  du  qua- 
trième satellite  de  Jupiter.  Riccioli  a  donné  trois  déterminations  différentes 
dans  les  termes  du  diamètre  apparent  des  planètes.  Galilée  fait  le  plus  grand 
éloignement  égala  quatorze  diamètres  de  la  planète;  Mario  le  fait  égal  à 
treize  diamètres,  tandis  que,  d'après  Schyrleus,  il  n'excède  pas  dix  dia- 
mètres. Ces  valeurs,  qui  ne  s'accordent  pas,  peuvent  nous  donner  le  moyen 
de  nous  former  une  idée  juste  du  vague  des  résultats  qui  ont  pu  servir  à 
Pascal.  La  valeur  du  plus  grand  éloignement  employée  par  Newton  en  1687 
est  de  8'i3",  et  est  due  à  Flamsteed.  La  valeur  de  1726,  8' 16",  a  été  tirée 
des  mesures  exécutées  par  Pound  et  Bradley.  Il  n'est  pas  nécessaire  de 
recourir  en  détail  aux  mesures  de  la  période  et  de  la  plus  grande  élongation 
du  satellite  huyghénien  de  Saturne.  Nous  pouvons  supposer  que  les  élé- 
ments grossiers  que  Huyghens  a  déduits  de  ses  observations  ont  été  ceux 
dont  Pascal  a  pu  se  servir.  Newton,  en  1687,  s'est  vraisemblablement  servi 
des  éléments  de  la  planète  donnés  par  Cassini.  Les  éléments  mis  en  usage 


(  575  ) 
par  lui  en  1726  furent  certainement  ceux  qui  furent  communiqués  par  cet 
astronome  à  la  Société  Royale,  et  publiés  dans  les    Transactions  philoso- 
phiques pour  1687. 

»  Il  nie  reste  à  faire  quelques  remarques  sur  la  valeur  de  la  parallaxe 
solaire  qui  doit  avoir  été  considérée,  du  temps  de  Pascal,  comme  l'estima- 
tion la  plus  probable  de  la  vraie  valeur.  Kepler,  dans  les  Tables  de  Rudolfi, 
prend  pour  la  parallaxe  solaire  i'i".  Cette  valeur  peut  être  regardée  comme 
la  meilleure  détermination  dont  Pascal  s'est  servi.  Vers  la  fin  du  XVIIe  siècle, 
alors  que  le  télescope  commença  à  être  appliqué  aux  cercles  divisés  et  que 
les  observations  pour  déterminer  les  positions  îles  corps  célestes  furent  faites 
exclusivement  au  méridien,  une  immense  amélioration  eut  lieu  pour  la 
précision  des  résultats,  et  il  devint  évident  que  la  parallaxe  solaire  était 
beaucoup  moindre  que  Kepler  ne  l'avait  cru.  En  1687,  Newton  admettait 
20  secondes  comme  valeur  de  la  parallaxe  solaire;  en  1726  il  employa 
dans  ses  recherches  une  parallaxe  solaire  de  10  \  secondes  seulement. 

»  Après  avoir  établi  ainsi  une  comparaison  entre  les  meilleurs  éléments 
de  calcul  qu'on  peut  supposer  avoir  servi  dans  le  temps  de  Pascal,  et  les 
éléments  employés  par  Newton  en  1687  et  1726,  je  vais  maintenant  com- 
parer les  résultats  communiqués  par  M.  Chasles  à  l'Académie  des  Sciences, 
avec  les  résultats  correspondants  des  recherches  de  Newton  contenus  dans 
les  éditions  des  Principia  de  1687  et  1726. 

»  Comparons  d'abord  les  masses  du  Soleil,  de  Jupiter,  de  Saturne  et  de 
la  Terre. 

»  Nous  trouvons  ainsi  : 

Soleil.      Jupiter.        Saturne.          La  Terre. 
Pascal   ( 1 662) 1  — 2- —, — 

IOD7  J02I  ID92O2 

Newton  (1687) 1  — —  — ^-  — -?— 

1  100  2ibo  20700 

Newton  (1726) 1  — ^-  5 ' 

'  1007  5021  169202 

»  L'inspection  de  ces  nombres  montrera  au  premier  coup  d'oeil  que  l'une 
des  deux  conclusions  suivantes  est  inévitable  :  ou  quelque  observateur  in- 
connu a  fourni  à  Pascal  des  éléments  de  calcul  absolument  identiques  à 
ceux  que  Newton  a  obtenus  en  1726  de  Cassini,  de  Pound  et  Bradley,  et 
alors  Pascal  a  dû  faire  usage  de  la  même  valeur  de  la  parallaxe  solaire  em- 
ployée par  Newton  en  1726,  c'est-à-dire  10  |  secondes,  ou  bien  les  chiffres 
communiqués  à  l'Académie  des  Sciences  par  M.  Chasles  doivent  être  de 


(  576) 
purs  mensonges.  La  première  de  ces  conclusions  ne  peut  être  acceptée.  Les 
éléments  employés  dans  le  calcul  des  chiffres  ci-dessus  indiqués,  sans 
parler  des  éléments  du  premier  groupe  dont  il  n'est  pas  besoin  de  s'occuper, 
sont  la  période  et  le  plus  grand  éloignement  du  quatrième  satellite  de  Ju- 
piter, la  période  et  le  plus  grand  éloignement  du  satellite  huvghénien  de 
Saturne  et  la  parallaxe  solaire.  Nous  avons  vu  quelles  mesures  de  ces  élé- 
ments ont  pu  être  accessibles  à  Pascal;  de  plus,  quelles  raisons  avait  Pascal 
de  prendre  pour  la  parallaxe  solaire  10 1  secondes  à  une  époque  où  l'astro- 
nomie pratique  n'avait  pas  avancé  au  delà  de  l'état  où  elle  se  trouvait  du 
temps  de  Tycho-Brahe.  Enfin,  il  faut  remarquer  que  les  chiffres  communi- 
qués par  M.  Chasles  sont  identiquement  les  mêmes,  non  avec  ceux  que  con- 
tient l'édition  première  (original)  des  Principia,  mais  avec  ceux  établis  par 
Newton  dans  la  troisième  et  la  plus  parfaite  édition  de  cet  ouvrage,  lesquels 
chiffres  sont  basés  principalement  sur  des  mesures  exécutées  par  des  astro- 
nomes qui  n'étaient  pas  nés  à  l'époque  de  la  mort  de  Pascal.  En  prenant 
ces  circonstances  en  considération,  il  est  impossible  d'éviter  cette  conclu- 
sion, que  les  chiffres  communiqués  par  M.  Chasles  sont  de  grossières  copies 
(forgeries)  des  chiffres  correspondants  contenus  dans  la  troisième  édition 
des  Principia. 

»  Établissons  maintenant  une  comparaison  entre  les  densités  du  Soleil, 
de  Jupiter,  de  Saturne  et  de  la  Terre,  telles  qu'elles  ont  été  communiquées 
par  M.  Chasles  à  l'Académie  des  Sciences,  et  les  densités  établies  par  Newton 
en  1687  et 172G  : 

Soleil.        Jupiter.      Saturne.     La  Terre. 

Pascal  (  1 661  ) 1 00 

Newton  (  1 687  ) 1 00 

Newton  (1726) 100 

»  Ici  encore,  bien  que  les  diamètres  apparents  entrent  comme  éléments 
de  calcul,  les  chiffres  communiqués  à  l'Académie  des  Sciences  par  M.  Chasles 
sont  absolument  identiques  avec  les  chiffres  correspondants  donnés  par 
Newton  dans  la  troisième  édition  des  Principia. 

»  Finalement,  établissons  une  semblable  comparaison  pour  le  cas  de  l'in- 
tensité de  la  gravité  aux  surfaces  des  corps  : 

Soleil. 

Pascal  (166?) 10000 

Newton  (1682) 10000 

Newion  (1726) toooo 

»  Les  éléments  de  ce  calcul  étant  les  mêmes  dans  ce  cas  que  dans  le  pré- 


mî: 

67 

400 

76 

60 

387 

94 1 

67 

4oo 

tipiter. 

Saturne. 

La  Terre. 

943 

529 

435 

804 1 

536 

8o5| 

943 

529 

435 

(  577  ) 
cèdent,  on  doit  s'attendre  à  ce  que  les  chiffres  pour  1682  et  1726  seront 
identiques  dans  ce  cas  aussi.  Il  restera  cependant  à  résoudre  la  question  : 
d'où  provient  cette  identité  dans  les  deux  cas. 

»  Il  n'y  a  qu'une  solution  possible  des  difficultés  que  j'ai  proposées,  et 
c'est  la  suivante  :  la  niasse  entière  des  documents  communiqués  à  l'Aca- 
démie des  Sciences  par  M.  Chasles  est  une  pure  imposture  (pure  for- 
(jeries).   » 

ASTRONOMIE.  —  Découverte  de  la  g4e  petite  planète  faite  à  Ann-Arbor,  Etats- 
Unis  d'Amérique.  Lettre  de  M.  C  Watson,  communiquée  par  M,  Le 
Verrier. 

«  J'ai  observé  les  positions  suivantes  d'une  nouvelle  petite  planète  que 
j'ai  découverte  le  6  septembre  : 

Temps  moyen  Ascension 

1867.  d'Ann-Arbor.  droite.  Déclinaison. 

h      ni        3  h        m        s 

Septembre  6         1 4 •  48 .10,1         0.56.33,46  0 

6  16.15.37,4        o.56.3i,34         -i-6.ii.i4,5 

7  10.12.21,4         o.56.   6,99  6.10.42,2 

8  9.59.29,2         o.55.33,4o  6.   g. 54, 7 

»  La  planète  ressemble  à  une  étoile  de  1  Ie  grandeur. 

»  J'ajoute  une  position  de  la  planète  @,  découverte  par  moi  le  i!\  août  : 

Temps  moyen  d'Ann-Arbor,  septembre  8 9h22m28s,8 

Ascension  droite  de  la  planète  (S) 23b55I1°  4%8i 

Déclinaison  de  la  planète  @ —3° 42'  3o",i    • 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Recherches  sur  la  salive  et  sur  les  organes  sali- 
vaires  du  Dolium  galea.  Note  de  MM.  S.  de  Luca  et  P.  Panceri,  pré- 
sentée par  M.  Dumas. 

«  Ce  Mollusque,  connu  de  toute  antiquité,  porte  le  nom  de  lofa  parmi 
les  pécheurs  napolitains.  Notre  savant  Délie  Chiaje  en  a  décrit  la  partie  ana- 
tomique  dans  le  grand  ouvrage  de  Poli.  Deux  glandes  accouplées,  qui  oc- 
cupent dans  l'animal  la  place  des  organes  salivaires,  et  dont  les  conduits 
excréteurs,  très-contractiles  sur  le  vivant,  débordent  tout  près  des  organes 
masticateurs,  renferment  un  liquide  fortement  acide.  Cette  acidité  est  due 
à  la  présence  de  l'acide  sulfurique  libre  qui,  dans  le  liquide  normal,  s'y 
trouve  en  une  proportion  supérieure  de  3  pour  100. 

C.  R.,   1867,   2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  14.)  7^ 


(  57«) 

»  Nos  observations  et  nos  expériences  ont  été  faites  sur  deux  individus 
de  Dolium  galea,  péchés  dans  le  golfe  de  Pozznoles  :  en  voici  un  court 
résumé.  Les  glandes,  au  nombre  de  deux  pour  chaque  animal,  lorsqu'elles 
sont  remplies  de  liquide,  ont  chacune  une  grosseur  remarquable,  supérieure 
à  celle  des  œufs  de  poule  ordinaires,  et  un  poids  de  70  grammes  environ. 
Elles  sont  formées  de  deux  parties  distinctes,  l'une  petite  et  opaque  tout 
près  du  point  où  le  conduit  excréteur  sort  de  la  glande,  l'autre  grande  et 
transparente  à  cause  de  la  membrane  qui  l'enveloppe  et  qui  est  très-mince 
et  très-blanche.  Lorsque,  par  des  incisions,  la  partie  intérieure  des  glandes 
est  mise  au  contact  de  l'air,  on  voit  se  dégager  dans  les  tuyaux  à  cul-de- 
sac,  dont  se  compose  la  presque  totalité  de  la  glande,  des  bulles  gazeuses 
d'acide  carbonique  pur.  Une  glande  du  poids  de  7 5  grammes  a  dégagé  sous 
l'eau  200  centimètres  cubes  d'acide  carbonique. 

»  L'acidité  du  liquide  contenu  dans  la  glande  du  Dolium  galea  a  été  d'a- 
bord constatée  par  sa  saveur  agréable  au  goût,  et  qu'on  a  comparée  à  celle 
du  jus  de  citron  ou  bien  à  celle  de  la  limonée  minérale  ;  par  son  action  sur 
le  marbre,  d'où  se  dégageait  en  abondance  de  l'acide  carbonique,  et  par  le 
changement  de  couleur  qu'il  a  causé  au  linge  imprimé  en  couleur,  lequel  se 
trouvait  à  la  portée  de  nos  expériences. 

»  Ensuite  nous  avons  soumis  le  liquide  provenant  des  glandes  du  Dolium 
galea  à  une  série  d'expériences  chimiques,  dans  le  but  de  déterminer  exacte- 
ment la  nature  et  la  proportion  de  l'acide  qui  y  était  contenu.  En  voici 
les  résultats  :  Le  liquide  obtenu  par  la  simple  pression  des  glandes  est  inco- 
lore, avec  une  légère  opalescence  qui  est  due  à  la  présence  d'une  matière 
organique,  contenant  du  soufre  et  de  l'azote,  et  précipitable  par  l'al- 
cool. La  saveur  du  même  liquide  est  très-acide  :  il  décompose  les  carbo- 
nates, agit  fortement,  à  la  manière  des  acides  minéraux,  sur  le  sirop  de 
violettes  et  sur  le  tournesol,  et  neutralise  les  alcalis  et  les  oxydes  basiques. 
Lorsqu'on  l'évaporé  sur  une  lame  de  platine,  il  produit  des  vapeurs  irri- 
tantes, blanches,  très-denses  et  très-acides,  en  laissant  un  résidu  peu  sen- 
sible et  à  peine  noirâtre,  qui  perd  cette  teinte  par  l'action  simultanée  de  la 
chaleur  et  de  l'air,  et  qui  contient  en  très-petite  quantité  de  la  soude,  de  la 
potasse,  de  la  chaux,  du  fer,  des  phosphates,  des  sulfates,  etc. 

»  Le  même  liquide,  bien  concentré,  lorsqu'on  le  chauffe  avec  du 
cuivre,  dégage  de  l'acide  sulfureux  et  produit  du  sulfate  de  cuivre  so- 
luble  dans  l'eau.  Le  liquide  primitif  donne  avec  les  sels  solubles  de 
baryte  un  précipité  blanc,  insoluble  dans  l'eau  et  dans  les  acides  :  ce 
précipité,  fortement  chauffé  avec  du  charbon,  donne  naissance  à  un  corn- 


(  579  ) 
posé  soluble  qui  dégage    de    l'hydrogène    sulfuré  par  l'action  de    l'acide 
chlorhydrique. 

»  La  composition  centésimale  du  liquide  normal,  contenu  dans  lesglandes 
du  Dolium  galea,  est  représentée  par  les  chiffres  suivantes  : 

i.  li. 

Acide  sulfurique  libre(S03) 3,42  3,3 

Acide  sulfurique  combiné  (MO,  SO3) 0,2  0,1 

Chlore  à  l'état  de  chlorure  fixe  (MCI) o,58  •         0,6 

Potasse,  soude,  magnésie,  fer,  acide  phosphorique,  matière  or- 
ganique azoto-sulfurée,  etc 1,8  2,4 

Eau 94,0  93,6 

1 00 , o  1 00 , o 

«  On  savait  déjà  que  le  Dolium  galea  éjaculait  par  la  bouche  un  liquide 
qui  produisait  une  vive  effervescence  avec  les  carbonates,  et  l'un  de  nous, 
se  trouvant  à  Nice  en  1807,  fut  engagé  par  M.  J.  Mueller  à  répéter  les  ob- 
servations relatives  à  la  singulière  fonction  de  ce  Mollusque.  Nous  ne  con- 
naissions aucun  autre  fait  au  commencement  de  nos  recherches;  mais  après 
avoir  constaté  et  démontré  la  présence  de  l'acide  sulfurique  libre  dans  les 
glandes  du  Dolium  galea,  nous  avons  pensé  qu'il  était  nécessaire  de  faire 
des  recherches  dans  le  but  de  savoir  si  la  constatation  de  cet  acide  avait 
été  faite  avant  nos  expériences.  Voici  ce  que  nous  avons  pu  trouver  :  M.  Tro- 
schel,  à  Messine,  constata  en  1 854  que  le  Dolium  galea  peut  émettre  par 
la  bouche  un  jet  liquide  de  la  longueur  d'un  pied.  Une  seule  analyse  faite, 
sur  l'invitation  de  M.  Troschel  même,  par  M.  Bœdeker,  montre  que  ce  li- 
quide contient  2,7  pour  100  d'acide  sulfurique  libre  calculé  à  l'état  d'hy- 
drate (HO,  SO3). 

»  Cette  élaboration  ou  assimilation  d'acide  sulfurique  par  les  glandes  du 
Dolium  galea  a  été  oubliée,  et,  on  peut  dire  aussi,  mise  en  doute;  car,  à  l'ex- 
ception de  M.  Bronn,  aucun  auteur  à  notre  connaissance  n'a  fait  mention 
de  ce  fait  singulier  dans  les  plus  récentes  publications  scientifiques,  soit  de 
chimie,  soit  de  physiologie  animale. 

»  En  soumettant  à  l'appréciation  de  l'Académie  des  Sciences  ces  premiers 
résultats  de  notre  travail,  nous  déclarons  en  continuer  activement  les  re- 
cherches au  point  de  vue  de  l'anatomie  physiologique  et  de  la  chimie;  car 
il  est  important,  à  notre  avis,  de  connaître  non-seulement  l'origine  de  l'a- 
cide sulfurique  dans  les  glandes  du  Dolium  galea,  mais  aussi  desavoir  à 
quelles  fonctions  il  est  destiné  dans  l'économie  de  l'animal. 

»  C'est  le  premier  animal  qui,  à  notre  connaissance,  fabrique  de  l'acide 
sulfurique  par  des  procédés  inconnus  jusqu'à  présent.    » 

■75.. 


(  58o  ) 

CHIMIE.    —   Recherches  sur  les  hypochlorites  et  sur  les  chlorures  décolorants. 
Note  de  M.  A.  Riche,  présentée  par  M.  Peligot. 

«  M.  Balard,  dans  un  remarquable  travail  publié  en  i834,a  montré  que 
les  combinaisons  décolorantes,  obtenues  en  faisant  agir  le  chlore  sur  les 
solutions  de  potasse,  de  soude  et  de  chaux,  avaient  les  propriétés  des  hypo- 
chlorites, et  il  a  envisagé  ces  composés  comme  résultant  de  l'union  d'équi- 
valents égaux  d'hypochlorites  et  de  chlorures  alcalins.  D'autres  savants  en 
ont  fait  des  chlorures  d'oxvdes,  des  combinaisons  de  l'eau  oxygénée  avec 
les  chlorures  alcalins,  etc. 

»  Je  me  suis  proposé,  au  commencement  de  cet  été,  d'étudier  compara- 
tivement l'action  du  soleil  sur  les  hypochlorites  faits  directement  et  les 
chlorures  décolorants,  et  je  dirai  de  suite  que  les  unset  les  autresontfourni 
des  résultats  identiques,  et  par  suite  que  la  théorie  de  M.  Balard  se  vérifie 
dans  ce  cas  comme  dans  tous  ceux  où  elle  a  été  l'objet  de  vérifications. 

»  Les  solutions  de  ces  corps  ont  été  soumises  au  soleil  dans  des  fioles  à 
fond  plat,  de  i5o  centimètres  cubes.  On  n'y  plaçait  que  i3o  centimètres 
cubes  de  liqueur,  afin  qu'elle  ne  touchât  pas  le  bouchon,  et  l'on  recueillait 
les  gaz  dans  une  cloche  pleine  d'eau,  par  l'intermédiaire  d'un  tube  recourbé 
qui  se  relevait  jusque  dans  le  haut  de  ce  vase. 

»  Tous  les  deux  ou  trois  jours  on  mesurait  le  gaz,  après  avoir  absorbé  le 
chlore  par  une  solution  de  potasse,  de  sorte  que  l'on  avait  l'oxygène  mis 
en  liberté. 

»  Je  vais  donner  seulement  une  série  de  chacune  des  expériences 
comparatives,  dont  le  détail  paraîtra  dans  mon  Mémoire. 

»  La  suivante  a  duré  du  26  août  au  23  septembre.  On  a  préparé  l'acide 
hypochloreux  en  recueillant  dans  l'eau  froide  le  produit  de  l'action  du 
chlore  sec  sur  l'oxyde  jaune  de  mercure  refroidi.  On  en  a  pris  une  quantité 
constante,  et  on  y  a  mêlé,  en  refroidissant,  des  quantités  variables  de  potasse 
de  titre  connu,  réglées  de  façon  à  saturer,  à  des  degrés  divers,  la  solution 
d'acide  hypochloreux. 

i°  L'acide  en  quantité  convenable  pour  saturer  à  moitié  la  potasse  a  dégagé  374",o 

2"  "  u  »       aux  trois  quarts  la  potasse  a  dégagé  334cc,o 

3°  »  »  »       totalement  la  potasse  a  dégagé 294cc,5 

4°  "  «  »       sursaturer  (un   quart  en  excès)  la 

potasse  a  dégagé 28occ,o 

»   Comme    on    pouvait    objecter   à   ces  expériences   que    les    solutions 


(  58r  ) 
exposées  au  soleil  étaient  loin  d'avoir  la  même  densité,  on  a  fait  une 
deuxième  série  d'expériences,  dans  laquelle  la  quantité  de  potasse  était  con- 
stante et  la  proportion  d'acide  hypochloreux  variable.  On  étendait  d'ail- 
leurs avec  de  l'eau,  comme  dans  la  série  précédente,  de  façon  à  avoir 
dans  tons  les  essais  le  même  volume  de  liquide.  Ainsi,  pour  le  cas  présent, 
j'ai  fait  240  centimètres  cubes  aveciao  centimètres  cubes  de  solution  d'acide 
hypochloreux,  5o  centimètres  cubes  de  potasse,  quantités  calculées  de 
façon  à  donner  l'hypochlorite  neutre  et  de  l'eau  distillée.  Pour  le  sel 
acide, on  a  mêlé  aux  5o  centimètres  cubes  de  potasse  180  centimètres  cubes 
d'acide  hypochloreux,  et  pour  le  sel  basique  il  n'y  avait  que  60  centimètres 
cubes  d'acide  pour  la  même  dose  de  potasse  : 

i3o  centimètres  cubes  du  composé  basique  ont  dégagé 25tcc,5  d'oxygène. 

i3o  centimètres  cubes  du  composé  neutre  ont  dégagé 3o4co  d'oxygène. 

i3o  centimètres  cubes  du  composé  acide  ont  dégagé 355cc,o  d'oxygène. 

»  Or,  on  voit  que  dans  le  premier  cas,  où  la  dose  d'acide  hypochloreux 
est  le  tiers  de  celle  qui  se  trouve  dans  le  dernier,  la  quantité  d'oxygène  est 
de  beaucoup  supérieure  au  tiers  de  355,  et  il  en  est  de  même  pour  le  se- 
cond composé  vis-à-vis  du  troisième. 

»  Nous  en  conclurons  donc  que  le  dégagement  d'oxygène  dans  les 
hypochlorites  est  d'autant  plus  considérable  que  le  composé  est  plus 
basique. 

»  Les  chlorures  décolorants  se  comportent  de  la  même  manière. 

»  On  a  employé  la  solution  de  potasse  qui  avait  servi  dans  les  expériences 
précédentes,  et  on  l'a  soumise  à  un  courant  de  chlore,  en  quantité  suffi- 
sante et  nécessaire  pour  faire  un  chlorure  décolorant  neutre.  On  a  traité  la 
même  quantité  de  cette  potasse  par  des  poids  de  chlore  calculés  de  façon  à 
donner  des  chlorures  de  saturation  variable  et  déterminée;  puis  ou  a 
étendu  ces  liqueurs,  de  façon  à  en  constituer  le  même  volume. 

Le  chlorure  décolorant  saturé  à  moitié  par  le  chlore  a  dégagé i35tc 

Le  chlorure  décolorant  saturé  aux  trois  quarts  par  le  chlore  a  dégagé i4icc 

I.e  chlorure  neutre  a  dégagé '^g00 

Le  chlorure  sursaturé  par  i,5  de  chlore  a  dégagé io4€C 

»  Or,  dans  le  premier  liquide  il  n'y  avait  que  le  chlore  fourni  par 
4^,105  de  bioxyde  de  manganèse,  tandis  que  dans  le  dernier  il  y  a  eu 
iagr,  i5  de  bioxyde. 

»  En  conséquence,  les    chlorures  décolorants   se   comportent  comme 


(  582  ) 
les  hypochlorites  :   plus  ils  sont  basiques,   plus  ils  dégagent  d'oxygène. 

>•  Afin  de  pouvoir  doser  le  chlore  dans  ces  liquides,  sans  arrêter  la  déter- 
mination de  l'oxygène,  on  avait  placé,  à  côté  des  appareils  servant  à  ce 
dernier  usage,  des  flacons  renfermant  les  mêmes  liquides,  et  on  les 
essayait  chlorométriquement  aux  mêmes  époques. 

»  Le  premier  jour,  au  moment  delà  préparation  des  hypochlorites,  l'essai 
chlorométrique  ne  présentait  rien  de  particulier,  c'est-à-dire  que  l'acide 
arsénieux  était  complètement  oxydé  avant  que  l'indigo  fût  décoloré. 

»  Mais  les  jours  suivants  une  goutte  du  liquide  chloré,  un  quart  de  goutte 
même,  produisait  la  décoloration. 

»  On  rechercha  alors  l'acide  arsénieux  dans  la  liqueur,  et  on  le  trouva 
entièrement  inattaqué,  comme  cela  arriverait  s'il  s'agissait  d'une  solution 
d'acide  chloreux. 

»  De  plus,  la  liqueur  mise  avec  un  acide  jaunit  fortement,  et  répand 
l'odeur  d'acide  chloreux,  bien  différente  de  celle  des  autres  composés  oxy- 
génés du  chlore. 

«  Par  suite,  les  hypochlorites  faits  directement  et  les  chlorures  décolo- 
rants se  décomposent  de  la  même  façon,  non  pas  en  chlore  et  oxygène  dont 
une  partie  se  dégage  et  dont  l'autre  forme  de  l'acide  chlorique,  niais  inter- 
médiairement,  en  un  corps  qui  a  les  propriétés  de  l'acide  chloreux. 

»  J'essayai  alors  le  chlorure  de  chaux  du  commerce  :  les  résultats  furent 
identiques. 

»  Le  27  août,  on  plaça  au  soleil  i3o  centimètres  cubes  d'une  solution  de 
chlorure  de  chaux  du  commerce  dont  icc,7  était  nécessaire  pour  attaquer 
10  centimètres  cubes  d'acide  arsénieux  normal. 

»  Le  lendemain  soir,  3o  centimètres  cubes  d'oxygène  s'étaient  dégagés,  et 
une  demi-goutte  de  la  liqueur  décolorait  déjà  les  10  centimètres  cubes  de 
liqueur  arsénieuse  colorée.  Le  5  septembre,  on  avait  recueilli  77e0, 5  d'oxy- 
gène, et  il  fallait  de  deux  à  trois  gouttes  de  cette  solution  au  lieu  d'une 
demi-goutte.  A  ce  moment  d'ailleurs,  la  faculté  décolorante,  constatée  au 
moyen  d'une  solution  aqueuse  d'indigo,  était  réduite  au  sixième.  Le  16 sep- 
tembre, on  avait  obtenu  g4cc, 5  d'oxygène;  il  ne  s'en  dégageait  plus  sensible- 
ment, et  la  propriété  décolorante  était  presque  nulle. 

»  Un  travail  très-intéressant  de  M.  Kolb,  inséré  dans  le  précédent 
numéro  des  Comptes  rendus,  m'apprend  que  ce  chimiste  a  reconnu  de 
son  côté  que  le  chlorure  de  chaux  donnait  du  chlorite  sous  l'influence 
du  soleil.  C'est  ce  qui  me  décide  à  publier  un  peu  hâtivement  ces  premiers 
résultats,  afin  qu'il  me  soit  permis  de   continuer  diverses   expériences  sur 


(  m  ) 

l'eau  de  Javelle  du   commerce,  la  préparation  de  l'acide  cldoreux,  et  la 
production  de  l'ozone  avec  ces  composés.  » 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  C. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  3o  septembre  1867,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  Brevets  d'invention 
ont  été  pris  sous  le  régime  de  lu  toi  du  5  juillet  1 844->  publiée  par  les  ordres 
de  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics, 
t.  LVIII.  Paris,  1867;   1  vol.  in-4°  avec  planches. 

Sur  les  nombres  de  Bernoulli  et  c/'Euler,  et  sur  quelques  intégrales  définies; 
par  M.  E.  Catalan.  Sans  lieu,  1867.  (Extrait  des  Mémoires  de  l'Académie 
royale  de  Belgique.  ) 

De  la  pêcherie  d'huîtres  perlières  de  Tinnevellj,  etc.;  par  MM.  J.-L.  Sou- 
beykan  et  A.  Delondre.  Paris,  sans  date;  br.  in-8°. 

Note  sur  la  culture  des  Cinchonas  dans  les  Indes  britanniques;  par  MM.  J.-L. 
Soubeyran  et  A.  Delondre.  Paris,  1867;  opuscule  in-8°. 

Nouveau  Manuel  de  Chimie  simplifiée,  pratique  et  expérimentale;  par 
M.  Emile  Tournier.  Br.  in- 12  de  232  pages. 

L  Hippophagie,  ses  rapports  avec  i hygiène  publique  et  i économie  sociale;  par 
M.  C.  Hazard.  Paris,  1867;  br.  in-18. 

Découverte  de  i Astronomie  positive  basée  sur  la  loi  commune  aux  mouve- 
ments des  corps;  par  M.  A..  Deryaux.  Paris,  1867;  br.  in-8°. 

Proceedings. . .  Procès-verbaux  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Dublin, 
session  de  i86/|-65,  t.  IV,  3e  partie.  Dublin,  i865;  in-8°. 

Sugli...  Mémoires  sur  les  spectres  prismatiques  des  étoiles  fixes  ;  par  le 
P.Secchi,  Directeur  de  l'Observatoire  du  Collège  de  Rome.  Florence,  1867; 
in-4°  avec  planches. 

Le  due...  Considérations  sur  les  deux  théories  récentes  des  courants  atmo- 
sphériques; par  M.  Giov.  Omboni.  Milan,  1867;  opuscule  in-8°. 

Natuurkundig...   Journal  d'Histoire  naturelle  des  Indes  néerlandaises,  pu- 


(  584  ) 
blié  parla  Société  d'Histoire  naturelle  des  Indes  néerlandaises. XXIXe par- 
tie, (6e  série,  IVe  partie,  livr.  2  à  4)-  Batavia,  1866;  in-8°  avec  planches. 

Ueber...  Sur  l'action  de  la  vapeur  surchauffée;  par  M.  G.  Zeuner,  de  Zu- 
rich. Sans  lieu  ni  date;  in-4°-  (Tiré  de  la  publication  intitulée  :  l'Ingénieur 
civil.  ) 


PUBLICATIONS    PERIODIQUES    REÇUES    PAR    L'ACADEMIE    PENDANT 
LE    MOIS    DE    SEPTEMBRE     18G7. 

Annaes  do  Observatorio  do  Infante  D.  Luiz;  juin,  juillet,  août  1867  ;  in-4°. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
Boussingault,  Regnault  ;  avec  la  collaboration  de  M.  Wurtz;  août 
1867;  in-8°. 

Annales  de  /' Agriculture  française  ;  nos  1 5  à  17,  18675  in-8°. 

Annales  de  la  Propagation  de  la  foi;  septembre  1867;  in- 12. 

Annales  du  Génie  civil;  septembre  1867;  in-8°. 

Annales  météorologiques  de  l'Observatoire  de  Bruxelles;  n°  8,  1867;  in-4°. 

Annuaire  de  la  Société  Météorologique  de  France;  feuilles  i5  à  26;  1867; 
in-8°. 

archives  néerlandaises  des  Sciences  exactes  et  naturelles,  publiées  par  la 
Société  Hollandaise  des  Sciences  de  Harlem;  t.  Ier,  5e  livraison;  t.  II,  1™ 
et  2e  livraisons;  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  i Académie  impériale  de  Médecine;  nos  22  et  a3  ;  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d' Anthropologie  de  Paris;  février,  mars,  avril  1867; 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d' Encouragement  pour  l'industrie  nationale;  juil- 
let 1867;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France;  feuilles  26  à  36,  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse;  avril  et  mai  1867;  in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture  de  France; 
n°9;  1867;  in-8°. 

Bulletin  général  de  Thérapeutique;  i5  et  3o  septembre  1867;  in-8°. 

Bulletin  hebdomadaire  du  Journal  de  l' Agriculture;  nos  36  à  3g,  1867; 
111-80. 

{La  suite  du  Bulletin   au  prochain  numéro.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES, 


SÉANCE  DU  LUNDI  7  OCTOBRE  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMRRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

HISTOIRE  DE  l' ASTRONOMIE.  —  Suite  de  la  réponse  aux  Lettres  de  M.  R.  Grant 
et  de  Sir  David  Brewster;  par  M.  Ciiasles. 

«  Les  observations  de  nos  confrères  MM.  Duhamel  et  Le  Verrier  con- 
signées dans  le  Compte  rendu  de  la  dernière  séance,  à  la  suite  de  ma  commu- 
nication, donnent  naturellement  du  poids  aux  Lettres  de  MM.  R.  Grant  et 
Brewster,  auxquelles  je  répondais,  et  m'obligent  de  revenir  sur  ce  débat(i). 

»  M.Duhamel  «  conclut  que  Pascal  aurait  affirmé  des  choses  qu  il  ne  pou- 
»  voit  pas  prouver,  ou  que  les  Lettres  ne  sont  pas  de  lui,  »  et  «  arrive  à  cetle 
»  conviction  qu'elles  ne  peuvent  être  de  Pascal.  » 

»  M.  Le  Verrier  est  moins  absolu  ;  il  rappelle  qu'il  a  déjà  fait  remarquer 
que  la  masse  de  Jupiter  donnée  par  Pascal  nécessitait  la  connaissance  des 
observations  de  Pound-,  et  il  ajoute  que  cette  objection,  développée  par 
M.  Grant  et  étendue  aux  masses  de  Saturne  et  de  la  Terre,  ainsi  qu'à  la  pe- 
santeur à  la  surface  des  corps  célestes,  semble  avoir  pris  ainsi  une  impor- 

(i)  Je  placerai  ici  une  très-Iegère  rectification.  En  parlant  des  Lettres  de  Voltaire  (  Comptes 
rendus,  p.  547),  dont  une,  écrite  en  anglais,  diffère  considérablement  des  autres,  j'ai  sup- 
posé que  celle-là  se  trouvait  aussi  à  Saint-Pétersbourg.  M.  de  Khanikof  m'informe  que 
c'est  au  British  Muséum  même,  en  présence  de  M.  Hamilton,  conservateur  des  Mss.  de  ce 
grand  établissement,  qu'il  a  vu  cette  Lettre  et  a  fait  la  remarque  dont  il  s'agit. 

C.  R.,  .867,    2e  Semestre.  (T.  LXV ,  N°  18.)  7" 


(  586  ) 

tance  décisive.  Il  lui  parait  démontré  qu'une  partie  des  pièces  astronomiques 
attribuées  à  Pascal  ne.  sont  réellement  pas  de  lui;  mais  il  se  peut,  ajoute-t-il, 
qu'il  s'en  trouve  un  certain  nombre  qui  soient  réellement  de  l'auteur  des 
Pensées.  Il  demande  un  examen. 

»  J'ai  toujours  dit  que  je  montrerais  ces  documents  à  qui  voudrait  les 
voir;  et  beaucoup  de  nos  confrères,  ainsi  que  d'autres  personnes,  les  ont 
déjà  vus,  étudiés  et  comparés  soit  avec  le  Ms.  des  Pensées  et  les  fac-similé 
qui  en  ont  été  donnés  par  M.  Cousin  et  M.  Faugère,  et  dans  l'isographie, 
soit  avec  les  fac-similé  de  Malebrancbe,  Mariotte,  Montesquieu,  Saint - 
Evremond,  Fontenelle,  le  Roi  Jacques,  etc. 

»  J'ai  répondu  jusqu'ici  à  toutes  les  objections  qui  ont  surgi,  et  l'on 
n'a  pas  encore  répliqué  à  aucune  de  mes  réponses.  C'est  que  l'on  s'est  tou- 
jours borné  à  énoncer  des  doutes,  des  opinions,  des  assertions,  comme, 
par  exemple,  la  prétendue  ignorance  de  Newton  de  la  langue  française,  etc.; 
sans  jamais  donner  aucunes  preuves. 

»  Il  n'est  qu'un  argument  qui  ait  pu  faire  impression  jusqu'ici,  c'est  celui 
des  nombres  qui  font  le  sujet  de  la  Lettre  de  M.  Grant. 

»  Ces  nombres  se  trouvent  sur  les  Notes  de  Pascal  transmises  à  Newton, 
et  sur  des  Notes  de  celui-ci  faites,  d'après  celles  de  Pascal,  comme  je 
l'ai  dit  dans  la  dernière  séance  (p.  540  :  us  se  trouvent  aussi  clans  une 
Lettre  de  Newton  adressée  à  Rohanlt. 

»  Newton  ne  s'est  pas  servi  de  ces  nombres  en  1687.  Cela  peut  s'expli- 
quer de  deux  manières  : 

»  Ou  bien  il  a  jugé  prudent  de  ne  pas  reproduire  ces  nombres,  à  cause 
des  reproches  que  lui  avaient  adressés  Rohanlt,  Mariotte,  Clerselier,  et  qui 
se  continuèrent  même  au  delà  de  1687,  comme  on  l'a  vu  par  la  corres- 
pondance du  Roi  Jacques  II  (dernière  séance,  Documents  C); 

»   Ou  bien  il  n'avait  pas  la  démonstration  de  ces  nombres,  il  ne  savait 
pas  sur  quelles  données  Pascal  les  avait  calculés,  et  son  propre  calcul  lui 
indiquait  des  nombres  différents. 
»    Voilà  deux  raisons  plausibles. 

»  Et  quant  à  la  supposition  que  le  prétendu  faussaire,  auteur  des  Lettres 
de  Pascal,  aurait  pris  ces  nombres  dans  la  troisième  édition  de  1727  du 
livre  de  Newton,  elle  est  par  trop  invraisemblable,  pour  ne  pas  dire 
plus,  comme  je  l'ai  montré  dans  notre  dernière  séance. 

»  M.  Grant  dit  que  Newton  s'est  servi,  pour  calculer  ces  nombres,  de 
telles  et  telles  observations  de  Pound,  de  Cassini,  etc.  Mais  qu'en  sait-il? 
Connait-il  ces  observations?  Peut-il  prouver  ce  qu'il  avance? 


(  587  ) 

»  Il  ajoute  que  Pascal  n'aurait  pas  pu  faire  le  calcul  de  ces  nombres, 
parce  que  les  éléments,  les  observations  astronomiques,  qui  n'ont  été  faites 
que  plus  tard,  n'existaient  pas. 

»  Sans  doute  les  observations  faites  depuis  n'existaient  pas;  mais  qu'est-ce 
qui  prouve  que  Pascal  n'en  possédait  pas  qui  lui  permissent  de  faire  ses 
calculs? 

»  C'est  encore  ici  une  assertion  de  M.  R.  Grant.  C'est  toujours  le  même 
système  :  des  opinions,  des  jugements  personnels,  des  assertions;  mais  des 
preuves  réelles,  aucune  jusqu'ici  dans  toute  cette  longue  polémique. 

»  On  va  voir  quel  peut  être  le  danger  d'une  discussion  passionnée, 
hâtive,  irréfléchie,  dans  laquelle  on  se  borne  à  des  assertions  sans  preuves. 
Car  il  se  pourrait  que  je  n'eusse  pas  d'autres  témoignages  à  l'appui  des 
Notes  de  Pascal  qui  renferment  les  nombres  contestés,  que  les  Notes  de 
Newton  mentionnées  dans  la  dernière  séance  (que  je  fais  passer  sous  les 
yeux  de  l'Académie).  Pour  ceux  donc  qui  nient  l'authenticité  des  Lettres 
de  Pascal  comme  de  celles  de  Newton,  l'assertion  de  M.  Grant,  fortifiée  de 
celle  de  M.  Le  Verrier,  serait  déclarée  décisive.  Tous  mes  documents, 
comme  le  dit  M.  Grant,  seraient  faux,  y  compris  cette  masse  de  Lettres  de 
Montesquieu,  de  Labruyère,  de  Malebranche,  etc. 

»  Eh  bien,  heureusement  je  puis  produire  un  autre  ordre  de  documents 
se  rapportante  ce  calcul  de  Pascal.  Et  l'admiration  pour  Pascal  s'en  accroî- 
tra encore,  car  c'est  à  l'âge  de  dix-huit  ans  qu'il  a  trouvé  ces  nombres. 
C'est  en  i64',  en  basant  ses  calculs  sur  des  écrits  inédits  de  Kepler,  et  des 
observations  astronomiques  que  lui  transmettait  Galilée. 

»  C'est  le  témoignage  de  Galilée  lui-même,  ce  sont  ses  propres  Leltres 
que  je  vais  produire.  Des  Lettres  de  Pascal  et  d'autres  documents  successifs 
y  feront  suite  jusqu'à  Newton  lui-même,  cpii  viendra  apporter  son  propre 
témoignage. 

»  Galilée,  comme  on  va  le  voir,  a  eu  l'idée  que  l'ellipse  de  Kepler 
pourrait  bien  être  la  conséquence  d'une  attraction  en  raison  inverse 
du  carré  de  la  distance;  et  il  a  communiqué  cette  idée  à  Pascal.  Celui-ci 
donnant  suite  à  cette  ouverture  a  confirmé  pleinement  les  prévisions  de 
Galilée,  par  des  découvertes  qui  le  placeront  désormais  sur  le  premier  rang 
parmi  les  fondateurs  de  l'Astronomie. 


76. 


(  588  ) 

Lettres  de  Galilée  a  Pascal. 

»  Galilée  parle  d'abord  de  la  machine  arithmétique  de  Pascal,  de  Viviani, 
de  Torricelli,  puis  il  ajoute  : 

Co  i  janvier  i6;ji. 

Je  vous  fais  part  aussy  de  diverses  nouvelles  expériences  de  moy  touchant  les  forces  de  la 

pesanteur,  au  moyen  de  laquelle  on  peut  en  raison  du  quarré  de  la  distance  reconnoistre 

qu'une  planète  doit  se  mouvoir   dans  une  ellipse  autour  du  centre  de  force  placé  dans  le 

foyer  inférieur  de  l'ellipse,  et  décrire  par  une  ligne  tirée  au  centre  des  aires  proportionnelles 

au  tems.  Je  vous  recommande  ces  diverses  observations,  qui  au  moyen  du  rapport  trouve 

par  Kepler  entre  les  révolutions  des  corps  célestes  et  leurs  distances  à  un  centre,  on  pourroit 

ce  me  semble  trouver  la  démonstration  de  cette  règle  parla  théorie  de  la  gravité (i). Car  selon 

moy,  la  force  centripète  a   sur  un   mesme  corps  une  action  variable  suivant  les  différentes 

distances  à  ce  centre,  dans  la  raison  renversée  du  quarré  de  ces  distances.  Je  vous  fais  part 

d'un  bon  nombre  de  mes  observations  à  ce  sujet.  Je  vous  envoyé  aussy  plusieurs  escrits  que 

je  me  trouve  avoir  de  Kepler  touchant  ce  mçsme  sujet.  Je  vous  prieray  me  les  retourner 

quand  vous  en  aurez  pris  connaissance.  Je  ne  vous  en  escrits  pas  davantage,  car  je  me  sens 

les  yeux  bien  fatigués.  Ma  vue  s'en  va.  N'oubliez  pas  de  me  faire  part  de  la  description  de 

vostre  machine  aristhmétique.  Je  suis,  Monsieur,  vostre  bien  affectionné. 

Galilée  Galilei. 
A  Monsieur  Pascal,  à  Rouen. 

Florence,  ce  20  may  1641. 
Monsieur, 

Je  viens  de  prendre  connaissance  de  vos  dernières  expériences  touchant  la  pesanteur  de 
l'air;  et  de  plus  en  plus  j'y  vois  combien  elles  peuvent  estre  utiles  aux  observations  astro- 
nomiques. Mais  malheureusement  pour  moy  il  ne  me  sera  sans  doute  pas  possible  d'en  suivre 
longtems  les  progrès.  Ma  vue  s'en  va  de  plus  en  plus,  et  c'est  avec  toutes  les  peines  du  monde 
que  j'escris 

J'ay  bien  essayé  autant  qu'il  a  dépendu  de  moy  de  faire  faire  un  pas  à  l'œuvre  de  ce 
génie  créateur  (Copernic).  Mais  j'avoue  ma  faiblesse  depuis  vos  nouvelles  expériences.  On 
rencontrait  bien  par  cy  par  là  des  idées  vagues  de  l'attraction  dans  les  escrits  des  Anciens, 
mesme  dans  Lucrèce.  Mais  par  vos  expériences,  je  ne  doute  plus  qu'on  arrive  à  la  démon- 
trer d'une  manière  irrécusable.  Voilà  ce  qui  fait,  Monsieur,  que  j'attens  avec  tant  d'impa- 
tience vos  nouvelles  expériences.  Je  suis  vostre  bien  affectionné. 

Galilée  Galilei. 

Florence,  ce  7  juin  1641. 
Monsieur,  je  viens  de  prendre  connaissance  de  vos  nouvelles  expériences  touchant  la  pe- 
santeur de  la  masse  de  l'air.  J'en  suis  bien  satisfait.  Elles  confirment  mes  prévisions.  Ouy, 
cela  est  un  tesmoignage  que  l'air  est  pesant;  que  sa  pesanteur  peut  estre  la  cause  de  tous  les 
effets  qu'on  a  jusqu'alors  attribués  à  l'horreur  du  vuide,  et  que  cette  mesme  cause  de  la 
pesanteur  peut  agir  sur  toutes  les  planètes.  Par  exemple,  que  la  Lune  pesé  sur  la  Terre, 


(1)  Cette  phrase  incorrecte  est  rapportée  ici  textuellement. 


(  589) 

comme  les  corps  célestes  :  que  les  satellites  de  Jupiter  pèsent  sur  cette  planète,  comme  la 
Lune  sur  la  Terre  :  les  satellites  de  Saturne  sur  Saturne,  et  enfin  toutes  les  planètes  ensemble 
sur  le  Soleil.  Or  donc  cela  posé  :  comme  nous  connoissons  la  puissance  de  la  gravité  sur  la 
Terre,  par  la  descente  des  corps  pesans,  en  évaluant,  comme  vous  l'avez  établi,  la  tendance 
de  la  Lune  sur  la  Terre,  ou  son  écart  de  la  tangente  à  son  orbite  dans  un  certain  laps  de 
tems,  et  comme  nous  scavons  aussy  que  les  planètes  font  leur  révolution  autour  du  Soleil, 
que  deux  d'entre  elles,  Jupiter  et  Saturne,  ont  des  satellites,  en  évaluant  par  leurs  mouve- 
ments combien  une  planète  a  de  tendance  vers  le  Soleil  ou  s'écarte  de  la  tangente  dans  un 
tems  donné,  et  combien  quelques  satellites  s'écartent  de  la  tangente  de  leur  orbite,  dans  le 
mesme  tems,  alors  on  peut  déterminer,  comme  vous  l'avez  démontré  du  reste  dans  vostre 
traité,  on  peut,  dis-je,  déterminer  la  proportion  de  la  gravité  d'une  planète  vers  le  Soleil  et 
d'un  satellite  vers  sa  planète,  à  la  gravité  de  la  Lune  vers  la  Terre,  à  leurs  distances  respec- 
tives. J'ay  examiné  avec  beaucoup  de  soin  vos  calculs  des  forces  qui  peuvent  agir  sur  ces 
corps  à  distances  égales  du  Soleil,  de  Jupiter,  de  Saturne  et  de  la  Terre;  et  ces  forces 
donnent  parfaitement  la  proportion  de  matière  contenue  dans  ces  différens  corps  confor- 
mément à  la  loi  générale  de  la  variation  de  la  gravité,  comme  j'en  avois  l'idée.  C'est  donc 
par  ces  principes  qu'on  trouve  que  les  quantités  de  matière  du  Soleil,  de  Jupiter,  de  Saturne 

et  de  la  Terre  sont  entre  elles  comme  les  nombres  i,  — 77- 5  ■= 1  — r= — s-  1  ainsy  que  vous 

1007     3o2i      109202  * 

le  démontrez  fort  bien  en  vostre  traité.  Or  donc  la  proportion  des  quantités  de  matières 
contenues  dans  ces  corps  estant  ainsy  déterminée  et  leur  volume  estant  connu  par  nos 
observations  astronomiques,  on  peut  calculer  aisément  combien  de  matière  chacun  d'eux 
contient  dans  le  mesme  volume.  Ce  qui  donne  la  proportion  de  leurs  densités  qu'exprimez 
par  les  nombres  100,  g4  t>  67  et  4oo.  Ainsy  la  Terre  est  plus  dense  que  Jupiter,  et  Jupiter 
plus  dense  que  Saturne,  de  façon  que  les  planètes  les  plus  pioches  du  Soleil  sont  plus  denses. 
Voilà,  Monsieur,  les  brillans  résultats  que  nous  ont  amenés  vos  observations  sur  la  masse 
de  l'air,  que  je  vous  engage  à  continuer.  Vous  trouverez  ci-joint  quelques  nouvelles  obser- 
vations à  ce  sujet,  et  une  lettre  de  mon  amy  M.  Toricelli.  Continuez-nous,  je  vous  prie,  vos 
nouvelles  expériences.  Je  suis  toujours  très-souffrant;  je  n'y  vois  presque  plus.  Je  suis 
comme  toujours,  Monsieur,  vostre  très-affectionné.  Galilée  Galilei. 

A  Monsieur  Pascal. 

«  Ces  Lettres  de  Galilée  nous  révèlent  des  faits  du  plus  haut  intérêt. 

»  i°  Il  paraît  qu'il  avait  déjà  pu  reconnaître  par  quekpies  considéra- 
tions théoriques  que  l'attraction  en  raison  inverse  du  carré  des  distances 
satisfaisait  à  la  loi  des  aires  de  Kepler  :  conception  que  nous  retrouverons 
dans  une  Lettre  au  P.  Mersenne. 

»  20  II  possédait  des  observations  astronomiques  qu'il  envoya  à  Pascal, 
en  l'invitant  à  donner  suite  à  ses  propres  conjectures. 

»  3°  Il  envoya  aussi  à  Pascal  des  écrits  de  Kepler.  Il  est  certain,  en 
effet,  que  Kepler  avait  laissé  des  écrits  assez  nombreux.  Descartes  en  parle 
dans  une  série  de  Lettres  au  P.  Mersenne,  que  je  possède.  La  veuve  de 


(  59o  ) 
Kepler  les  lui  a  communiqués;  puis  lui  en  a  cédé  une  partie.  Il  y  en  a  de 
fort  intéressants,  dit-il. 

»  4°  On  voit  que  Galilée,  à  qui  l'on  devait  déjà  la  découverte  des  quatre 
satellites  de  Jupiter,  avait  aussi  découvert  des  satellites  de  Saturne.  Ce  qui 
est  resté  ignoré,  et  ce  qui  ne  diminue  point  le  mérite  de  la  découverte  de 
Huygens,  faite  en  i655. 

»  5°  Enfin,  on  remarquera  que  Galilée  parle  du  Traité  dans  lequel 
Pascal  a  renfermé  ses  merveilleux  calculs.  Nous  allons  retrouver  ce  petit 
Traité  dans  les  documents  suivants,  qui  confirment  tous  les  Lettres  de 
Galilée  et  la  grande  découverte  de  Pascal. 

Pascal  à  Fermât. 

Du  i(i  avril  164S. 

Je  viens  d'apprendre  que  Monsr  Descartes,  dans  une  lettre  qu'il  vient  d'escrire  à  un  de 
ses  amis,  dit  que  c'est  lui  qui  m'a  donné  l'initiative  de  faire  des  observations  sur  la  masse 
de  l'air,  sur  sa  pesanteur.  Vous  scavez  vous  mesme  le  contraire.  Car  il  y  avoit  déjà  plusieurs 
années  que  j'avois  fait  des  expériences  à  ce  sujet,  lorsque  il  y  a  environ  un  an,  peut  estre 
davantage,  j'eus  un  entretien  avec  lui  sur  ce  mesme  sujet,  et  que  je  lui  fis  part  de  mes  obser- 
vations. Comme  il  trouva  que  toutes  ces  expériences  dont  je  lui  parlois  estoient  assez  con- 
formes aux  principes  de  sa  pbilosophie  il  me  donna  avis  de  continuer  de  faire  d'autres  expé- 
riences sur  la  masse  de  l'air.  C'est  alors  que  j'en  fis  de  nouvelles  tant  à  Paris  qu'ailleurs,  et 
que  j'ordonnai  à  mon  beau-frère,  M.  Périer,  d'en  faire  sur  le  Puy  de  Dosme  en  Auvergne, 
comme  vous  le  scavez.  Voilà  la  vérité.  Mais  comme  je  crois  vous  l'avoir  déjà  dit,  ce  fut 
Galilée  qui  le  premier  m'initia  cette  idée  dans  une  lettre  que  je  conserve,  qui  est  de  l'année 
1641  •  M.  Toricelli,  un  de  ses  disciples,  et  sans  doute  sous  l'initiative  de  Monsr  Galilée,  avoit 
déjà  fait  quelques  expériences  à  ce  sujet  et  reconnu  que  l'air  estoit  pesant,  et  que  sa  pesan- 
teur pouvoit  estre  la  cause  de  bien  des  effets  qu'on  avoit  jusqu'alors  attribués  à  l'horreur 
du  vide.  Il  m'en  fit  part  :  je  réitérai  plusieurs  fois  ces  expériences.  Je  fis  part  de  mes  obser- 
vations à  Monsr  Galilée  par  un  petit  traité  que  je  composai  alors,  où  j'expliquois  à  fond  toute 
cette  matière:  car  je  démontrois  qu'en  effet  la  lunepesoit  sur  la  terre  comme  les  corps  célestes, 
et  que  la  mesme  cause  de  la  pesanteur  agissoit  sur  toutes  les  planètes  ;  que  les  satellites  de 
Saturne  pesoient  sur  cette  planète,  comme  la  lune  sur  la  terre,  et  les  satellites  de  Jupiter  sur 
Jupiter,  et  enfin  toutes  les  planètes  ensemble  sur  le  soleil.  Galilée  trouva  belle  cette  démons- 
tration, et  tout  à  fait  conforme  à  ses  prévisions.  Il  examina  ou  fit  examiner  mes  calculs  à  ce 
sujet  qu'il  trouva  conformes  aux  siens,  m'envoya  de  nouvelles  observations  avec  une  lettre 
que  je  conserve  encore.  Ce  qui  est  un  tesmoignage  que  ce  n'est  point  M.  Descartes  qui  m'initia 
ces  expériences  sur  la  pesanteur  de  la  niasse  de  l'air,  puisque  déjà  je  les  avois  quand  je  l'en 
entretins.  Du  reste,  je  crois  lui  en  avoir  déjà  parlé  dans  une  ou  deux  lettres  que  je  lui  avois 
adressées  longtems  avant  nostre  entretien.  Voilà  la  vérité. 

Pascal  à  M'  .  .  . 

Ce  2  juin  îGtio. 

Vous  me  mandez  par  une  de  vos  lettres  avoir  vu  M.  le  docteur  Barrow  et  avoir  tenu  un 


(  59«   ) 

long  entrelien  avec  luy,  dans  lequel  il  vous  a  fait  quelques  observations  au  sujet  des  calculs 
que  j'ay  adressé  au  jeune  Newton,  touchant  les  causes  de  la  pesanteur,  et  comment  l'action 
de  la  pesanteur  pouvoit  retenir  les  planètes  dans  leurs  orbites.  Pour  cela  il  ne  s'agit  que  de  faire 
une  suite  d'observations  et  consulter  aussy  la  nature  même.  Mais  je  veux  bien  vous  avouer 
que  les  chiffres  que  j'ai  donné  dans  mes  Notes  au  jeune  Newton  ont  été  emprentés  par  moy 
ou  de  Kepler  ou  de  Galilée,  desquels  j'ai  divers  escrits  manuscrits.  Il  doit  même  y  en  avoir 
de  l'un  et  de  l'autre.  Car  tous  deux^  comme  vous  savez,  se  sont  occupés  d'astronomie.  Mais 
vous  dire  duquel  des  deux  j'ai  pris  tels  ou  tels  calculs  du  mouvement  des  planètes  et  de 
leurs  satellites,  je  ne  puis  vous  le  préciser.  Il  me  faudroit  pour  cela  rechercher  parmi  mes 
papiers,  qui  sont  assez  nombreux,  les  escrits  de  ces  auteurs,  traitant  de  cette  affaire.  Je  ne 
le  puis  en  ce  moment.  D'abord  je  suis  très-souffrant;  puis  je  suis  très-préoccupé  de  travaux 
d'un  autre  genre.  Du  reste  lisez  le  rapport  trouvé  par  Kepler  entre  les  révolutions  des  corps 
célestes  et  leurs  distances  au  centre,  vous  y  verrez  la  démonstration  comme  quoi  la  lune 
pèse  sur  la  terre  comme  les  corps  célestes,  et  que  les  mesmes  causes  de  la  pesanteur  agissent 
sur  toutes  les  planètes.  Du  reste  voicy  quelques  nouvelles  Notes  que  je  vous  adresse  touchant 
ce  sujet.  Peut-estre  y  trouverez-vous  ce  que  vous  désirez  savoir  :  je  le  désire.  Je  ne  vous 
écris  rien  de  plus,  pour  la  raison  que  je  viens  de  vous  dire.  Je  suis  toujours  votre  bien 
affectionné.  Pascal. 

Huygens  à  Neivton. 

Ce  12  novembre    1681. 

Il  est  vray,  monsieur,  que  je  connoissois  intimement  feu  Mr  Pascal,  et  que  je  me  suis 
entretenu  maintes  fois  et  en  particulier  avec  luy.  Vous  me  mandez  si  je  say  où  il  a  pu  puiser 
ses  observations  astronomiques.  D'abord  vous  n'ignorez  pas  sans  doute,  que  par  luy  mesme 
c'estoit  un  grand  observateur  en  toute  chose,  et  qu'il  a  fait  de  nombreuses  expériences  sur 
les  propriétés  de  l'air  et  de  la  pesanteur;  ce  qui  a  pu  luy  donner  l'idée  des  forces  de  la  gra- 
vité et  de  la  loy  attractive.  Je  vous  diray  aussy  qu'il  a  eu  quelques  relations  avec  Galilée, 
qui  lui  a  fait  passer  plusieurs  de  ses  observations  astronomiques,  et  qu'il  avoit  aussy  dans 
son  cabinet  un  assez  bon  nombre  d'escrits  de  Kepler  et  de  Copernic.  Certes  qu'il  a  pu  trouver 
parmy  ces  divers  escrits  divers  calculs  touchant  les  observations  astronomiques  dont  vous 
me  parlez.  Je  ne  puis  rien  vous  dire  plus  à  ce  sujet.  Je  suis,  Monsieur,  comme  toujours 
vostre  très  affectionné  serviteur.  Ch.  Huygens. 

à  Mons'  Newton. 

Mariotte  à  Flamsteed. 

Ce  1   novembre    i6H3. 

11  est  vray,  Monsieur,  que  parmi  les  divers  papiers  de  feu  M.  Pascal  qui  me  furent  remis 
autrefois  par  Made  Perier  sa  soeur,  il  s'est  trouvé  diverses  lettres  et  observations  touchant 
l'astronomie,  adressées  à  M.  Pascal  par  Galilée.  Il  s'est  trouvé  aussy  parmi  ces  mesmes  papiers 
des  escrits  de  Kepler,  que  sans  doute  M.  Pascal  s'estoit  procuré,  touchant  la  mesure  de  la 
terre.  Je  veux  bien  vous  communiquer  ces  escrits  de  Galilée  et  de  Kepler  pour  que  vous 
puissiez  les  compulser.  Peut  estre  y  trouverez-vous  quelque  chose  qui  vous  sera  utile;  c'est 
ce  que  je  désire.  Vous  me  les  retournerez  ensuite,  je  vous  prie,  parce  que  je  tiens  à  les  con- 
server. Vous  verrez  par  ces  escrits  que  ces  deux  auteurs  ont  opéré  chascun  à  leur  manière, 
et  que  leurs  observations  ne  sont  pas  les  mêmes.  Du  reste  vous  en  jugerez.  Tout  ce  que  je 
désire,  c'est  de  vous  estre  agréable.  Je  suis,  Monsieur, 

Vostre  très  affectionné  serviteur. 
a  Monsieur  Flamsteed.  Mariotte. 


(  592  ) 

Newton  à  des  Maizcaur . 

Ce  29  juio  1720. 
Monsieur  et  cher  des  Maizeaux, 

Je  me    rappelle  avoir  vu  autrefois  entre  les  mains  de  M.  Flamsteed  des  escrits  qui  luy 

furent  envoyés  par  Mr  Mariotte,  qui  les  avoit  trouvé,  dit-on,  parmy  ceux  de  M.  Pascal.  Ces 

escrits  estoient  des  observations  faites  par  Kepler  et  Galilée  touchant  l'astronomie.  Je  n'ay 

point  lu  ces  papiers,  mais  je  crois,  autant  que  j'ay  pu  ,1e  remarquer  depuis,  qu'ils  ont  dû 

servir  de  guide  à  Mr  Flamsteed.  Taschez  donc  de  vous  les  procurer;  vous  me  feriez  grand 

plaisir.  J'ai  vu  il  y  a  quelques  jours  M.  Bradley  qui  m'a  chargé  de  présenter  à  vous  ses  très 

humbles  respects.  Il  ne  seroit  pas  fasché  d'avoir  aussy  connoissance  de  ces  divers  escrits. 

Ainsy,  comme  vous  le  voyez,  vous  rendrez  service  à  deux  personnes  pour  une.  Je  compte  sur 

vostre  obligeance.  Du  reste,  je  n'ay  qu'à  me  louer  des  services  que  vous  m'avez  toujours 

rendu  jusqu'à  présent,  et  de  l'interets  que  vous  m'avez  toujours  tesmoigné.  Aussi  je  vous  en 

garderay  une  éternelle  reconnaissance.  Je  vous  transmets  une  lettre  de  monsieur  Halley.  Je 

vous  prierav  me  la  retourner,  ou  me  la  rapporter  vous  mesme;  ce  qui  me  feroit  grand 

plaisir.  Car  je  desirerois  vous  entretenir  en  particulier.  Je  suis  de  vous  comme  toujours,  le 

très  humble  serviteur.  Is.   Newton. 

L'abbé  de  Polignac  à  Newton  (1). 

Ce  2  décembre.  —  J'ay  lu  avec  beaucoup  de  soin  vostre  Livre  des  Principes  mathéma- 
tiques de  la  Philosophie  naturelle  ;  et  comme  vous  m'avez  tesmoigné  de  scavoir  mon  sen- 
timent sur  cet  ouvrage,  je  veux  bien  vous  dire Mais  permettez-moy  de  vous  dire  que 

cette  règle  fut  déjà  démontré  autrefois  non-seulement  par  M.  Hooke,  qui  vous  a  disputé 
cette  gloire,  mais  aussy  par  Mr  Pascal,  ainsy  que  cela  appert  d'un  petit  traité  manuscrit 
qu'on  me  montra  l'autre  jour.  Je  ne  scay  si  vous  connoissez  ce  manuscrit.  Mais  il  y  a  beau- 
coup de  rapport  entre  ce  manuscrit  et  vostre  démonstration. 

Malebranchc  à  M.   l 'abbé  de  Polignac. 

A  Paris  le  1 1  may.  —  Je  vous  ai  déjà  dit  que  ce  n'est  point  M.  Newton  qui  a  étably  la 
pesanteur  de  la  Lune  et  des  planètes;  que  c'est  à  Pascal  qu'il  a  emprunté,  sans  mot  dire,  ce 
travail.  Nous  en  avons  des  preuves  que  je  puis  communiquer.  Par  exemple  des  Lettres  en 
assez  bon  nombre,  principalement  celles  de  Galilée  à  Pascal,  qui  démontre  que  dès  lors  cette 
règle  estoit  déjà  connue.  Mais  je  vous  diray  aussi  que  le  binôme,  qu'on  appelle  aujourd'hui 
binôme  Newton,  fut  imaginé  par  Pascal.  C'estoil  en  1 654  1u'i'  faisoit  cette  découverte 

»  Conclusion.  —  Ces  Lettres  de  Pascal,  d'Huygens,  de  Mariotte,  de  Newton, 
du  cardinal  de  Polignac  et  de  Malehtanche,  s'accordent  toutes  à  confirmer 
les  Lettres  de  Galilée.  Elles  prouvent  toutes  que  Pascal  avait  composé,  en 
se  servant  des   écrits  de   Kepler  et  des  observations  de  Galilée,  un  petit 


(1)  J'ai  dit  dans  mes  premières  communications  (séance  du  12  août)  que  Newton  étaiten 
correspondance  avec  le  cardinal  de  Polignac.  On  le  voit  aussi  par  la  Lettre  latine  apportée 
de  Genève  par  le  R.  P.  Secchi  (Comptes  rendus,  p.  546). 


(  593  ) 
Traité  renfermant  les  valeurs  numériques  des  masses  et  des  densités  des 
planètes,  qui  ont  été  reproduites  par  Newton  dans  l'édition  de  1727  de  son 
Livre  des  Principes.  Telle  est  ma  réponse  aux   objections,  prétendues  déci- 
sives, de  Téminent  astronome  de  Glascow.   » 

paléontologie  anatomique.  —  De  l'osléographie  du  Mesotherium,  et  de 
ses  affinités  zootogiques  :  suite  du  système  dentaire;  par  M.  Serres.  (Cin- 
quième Mémoire.) 

«  Dans  l'ensemble  du  système  dentaire  des  Mammifères,  on  observe  d'une 
manière  générale  que  la  forme  des  dents  molaires  est  très-différente  de  celle 
des  incisives.  Le  Mesotherium  nous  offre,  à  cet  égard,  une  exception  remar- 
quable. Chez  notre  animal  fossile,  en  effet,  l'analogie  la  plus  grande  existe 
entre  ces  deux  espèces  de  dents;  de  sorte  que,  la  composition  des  incisives 
étant  donnée,  nous  avons  presque  celle  des  molaires.  Néanmoins,  malgré 
cette  analogie  de  composition,  une  complication  assez  grande  existe  dans 
l'arrangement  des  molaires,  et  cette  complication  a  sa  raison  dans  le  ren- 
versement de  ces  dents,  qui  s'effectue  en  sens  inverse  dans  les  deux  mâ- 
choires. C'est  donc  ce  renversement  et  ses  effets,  que  nous  devons  examiner 
avec  soin  pour  apprécier  l'arrangement  des  molaires  chez  le  Mesotherium. 

»  Revenons,  à  cet  effet,  à  la  disposition  que  nous  présentent  les  inci- 
sives. Ces  dents,  chez  notre  fossile,  ont  leur  convexité  en  avant  et  leur  con- 
cavité en  arrière.  —  Changez  leur  position,  placez  le  long  du  maxillaire 
supérieur  la  face  convexe  en  dehors  et  la  face  concave  en  dedans,  et  vous 
aurez,  par  ce  déplacement,  la  disposition  des  molaires  supérieures.  — 
Retournez  maintenant  ces  molaires  supérieures,  c'est-à-dire  placez  le  long 
du  maxillaire  inférieur  la  convexité  des  dents  en  dedans  et  la  concavité  en 
dehors,  vous  aurez,  par  ce  retournement,  la  disposition  des  molaires  infé- 
rieures, et  la  clef  pour  ainsi  dire  de  la  singulière  disposition  de  la  dentition 
de  cet  animal  des  temps  anciens.  Il  suit,  en  effet,  de  ce  retournement 
exécuté  en  sens  inverse  dans  les  deux  mâchoires,  que,  lors  de  leur  rappro- 
chement pour  la  mastication,  le  bord  extérieur  des  molaires  supérieures 
était  en  contact  avec  le  bord  interne  des  molaires  inférieures,  et  vice  versa, 
de  sorte  que  le  côté  externe  des  unes  correspondait  au  côté  interne  des 
autres.  Or,  à  la  mâchoire  supérieure,  le  bord  externe  étant  un  peu  plus 
élevé  que  l'interne,  il  suit  encore  de  ce  renversement  que  le  plateau  des 
molaires  supérieures  est  incliné  de  dehors  en  dedans,   tandis  que  l'incli- 

G.  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  ISO  77 


(  594) 

naison  fin  plateau  des  molaires  inférieures  aura  lieu  de  dedans  en  dehors 
par  la  raison  que  la  lame  interne  dépasse  la  hauteur  de  l'externe.  C'est,  en 
effet,  ce  qui  est  chez  le  Mesotherium ,  et  ce  qui  explique,  comme  nous  al- 
lons le  voir,  le  contraste  que  nous  offrent  les  molaires  dans  les  deux  mâ- 
choires. 

»   Les  dents  de  la  mâchoire  supérieure,  au  nombre  de  cinq,  ont  une 
forme  prismatique;  elles  sont  arquées  et  légèrement  courbées  selon   leur 
largeur  et  d'une  seule  venue.  Leur  surface  externe  est  très-convexe  dans 
les  deux  premières,  un  peu  moins  dans  la  troisième;  elle  offre  dans  la  qua- 
trième et  la  cinquième  une  dépression  en  avant  qui  les  rend  très-légèrement 
concaves.  Ces  effets  sont  dus  à  la  présence  des  sillons  qui  sont  les  indices 
des  cylindres  constitutifs  de  ces  dents.  La  première  n'a  pas  de  sillon,  la 
seconde  en  a  un  médian  faiblement  marqué;  la  troisième,  la  quatrième  et 
la  cinquième  en  ont  deux  assez  accentués.  Leur  longueur,  mesurée  d'après 
la  quatrième,  qui  est  à  découvert  sur  une  autre  pièce  que  celle  de  notre 
squelette,  est  de  57  millimètres.  Leur  largeur  va  en  augmentant  de  la  pre- 
mière, qui  est  la  plus  étroite,  à  la  quatrième,  qui  est  la  plus  large.  La  cin- 
quième égale  la  largeur  de  la  troisième.  Leur  épaisseur  suit  une  progression 
à  peu  près  analogue;  elle  mesure  sur  la  première  8  millimètres,  sur  la  se- 
conde 1 1  millimètres,  sur  la  troisième  également  1 1  millimètres,  sur  la  qua- 
trième i3  millimètres,  et  sur  la  cinquième  12  millimètres.  Ces  dents,  très- 
déchaussées  en  dehors,  débordent  l'alvéole  d'une  manière  à  peu  près  égale 
de  la  première  à  la  quatrième.  La  cinquième  est  un  peu  moins  découverte. 
Leur  bord  antérieur,  oblique,  forme  en  avant  une  saillie  anguleuse  très-vive. 
Leur  bord  postérieur,  mousse,  rentre  en  dedans  et  s'applique  étroitement 
à  la  dent  qui  la  suit.  Dans  la  dernière  ce  bord  est  échancré  dans  sa  partie 
moyenne.  Toutes  ces  dents  sont  fortement  imbriquées,  c'est-à-dire  qu'elles 
rentrent  en  partie  les  unes  dans  les  autres,  et  se  recouvrent  mutuellement 
à  la  manière  des  tuiles  d'un  toit.  La  face  interne  des  molaires  supérieures 
est  concave  et  inégale;  cette  inégalité  est  produite  par  le  relief  et  les  rai- 
nures des  cylindres  qui  les  constituent.   La  première  n'a  pas  de  rainure, 
elle  semble  formée  par  un  seul   cylindre.  La  seconde  a  une  rainure  pro- 
fonde qui  délimite  les  deux  cylindres.  La  troisième  a  deux  sillons  servant 
de  démarcation  aux  trois  colonnes  des  cylindres.  La  quatrième  et  la  cin- 
quième ont  trois  sillons  qui  séparent  les  quatre  colonnes  des  cylindres. 
Ainsi  la  première  est  unicylindrique ,  la  seconde  duocylindrique,  la  troi- 
sième tricylindrique,  la  quatrième  et  la  cinquième  quatricylindriques. 
»   L'imbrication  des  dents  est  moins  prononcée  sur  cette  face  interne  que 


(  595  ) 
dans  la  précédente;  mais  elle  est  festonnée  par  la  convexité  des  cylindres 
et  les  sillons  qui  les  délimitent;  leur  surface  déborde  peu  les  alvéoles.  Entre 
les  deux  faces  externe  et  interne,  se  trouvent  en  haut  les  fossettes  dentaires, 
dont  la  profondeur  égale  presque  celle  des  incisives.  Leur  surface  est 
coupée  très-obliquement  aux  dépens  du  côté  externe,  ce  qui  fait  déverser 
les  fossettes  en  dedans.  Dans  la  première  molaire,  la  fossette  est  unique. 
Dans  les  quatre  qui  suivent,  le  fond  de  la  fossette  creusé  en  bateau  est  iné- 
gal, et  cette  inégalité  est  produite  par  le  rebord  supérieur  des  cylindres 
qui,  partant  du  bord  interne  de  la  dent,  se  dirige  vers  le  bord  externe. 
Dans  la  seconde,  ce  rebord  forme  une  arête  oblique  d'arrière  en  avant,  qui 
divise  la  fossette  en  deux  cavités  égales.  Dans  la  troisième,  il  y  a  deux  arêtes  : 
l'une  antérieure,  peu  marquée,  et  en  forme  de  tubercule;  l'autre  posté- 
rieure, plus  saillante,  et  oblique  aussi  d'arrière  en  avant.  Ces  deux  arêtes 
divisent  la  fossette  en  trois  petites  cavités  :  la  première,  antérieure,  un  peu 
ovale,  ayant  son  fond  tourné  en  avant;  la  seconde,  médiane,  arrondie, 
placée  en  dedans;  la  troisième,  ovalaire  comme  la  première,  mais  ayant  son 
fond  en  arrière,  de  sorte  que  les  deux  petits  bouts  de  l'ovale  se  confondent 
en  haut  et  en  dehors.  Dans  la  quatrième  molaire,  il  y  a  trois  arêtes  arron- 
dies, placées  sur  la  dent,  et  dessinant  les  quatre  dépressions  de  la  partie 
supérieure  des  cylindres.  Ces  quatre  dépressions,  très-marquées  également 
dans  la  cinquième  molaire,  sont  délimitées  par  trois  arêtes,  qui  en  forment 
les  lignes  de  démarcation.  Cette  description  des  fossettes  est  faite  d'après 
l'arcade  dentaire  supérieure  d'un  crâne  que  nous  rapporterons  au  type 
que  nous  nommerons  Mesotherium  subcristatwn,  chez  lequel  les  arêtes  sont 
beaucoup  mieux  accentuées  que  chez  le  Mesotherium  cristatum. 

»  En  résumé  :  ces  fossettes  réunies  forment  une  gouttière  profonde,  à 
fond  inégal,  qui  déverse  en  dedans,  et  dont  la  largeur  va  en  augmentant 
de  la  première  à  la  dernière  molaire.  Les  deux  arcades  dentaires  formées 
par  l'alignement  des  molaires  supérieures  ont  une  disposition  légèrement 
demi-elliptique.  Les  cinq  dents  qui  composent  chacune  d'elles  forment 
une  série  croissante  de  la  première  à  la  quatrième,  et  décroissante  dans  la 
cinquième.  Elles  sont  très-découvertes  et  excèdent  largement  l'alvéole  du 
côté  externe,  surtout  dans  les  quatre  premières.  A  leur  côté  interne,  où 
elles  constituent  des  bordures  à  peu  près  d'égale  hauteur  dans  toute  leur 
étendue,  elles  sont,  au  contraire,  très-peu  déchaussées,  et  descendent  très- 
médiocrement  au-dessous  du  rebord  du  palais.  Par  l'effet  de  leur  courbure, 
elles  tendent  d'une  manière  très-prononcée  à  converger  vers  le  plan  mé- 
dian de  la  voûte   palatine.  Par  cette  inclinaison,  leur  surface  triturante 

77-- 


(  596) 
regarde  notablement  en  dedans.  Elles  sont  serrées,  autant  qu'il  peut  être 
possible,  les  unes  contre  les  autres,  et  même  comme  refoulées  entre  elles 
par  leurs  parties  adjacentes  ;  et  elles  chevauchent  et  se  débordent  fortement 
par  leur  saillie  anguleuse  antérieure,  qui  se  porte  à  la  fois  en  dehors  et  en 
avant,  et  les  fait  paraître  comme  étagées  l'une  au  devant  de  l'autre  du  côté 
externe. 

»  L'extrémité  inférieure,  ou  bulbaire,  des  molaires  supérieures  est  lar- 
gement ouverte;  et  cette  ouverture  reproduit  en  bas  l'empreinte  des  cylin- 
dres que  les  dépressions  des  fossettes  nous  ont  montrée  en  haut.  La  première 
molaire  n'offre  qu'une  seule  ouverture  arrondie;  la  seconde  en  présente 
deux;  la  troisième  en  montre  trois:  une  antérieure,  arrondie  et  très-bien 
circonscrite,  une  postérieure  plus  grande,  divisée  en  deux  par  une  languette 
osseuse;  enfin,  la  quatrième  et  la  cinquième  molaires  en  ont  chacune  quatre: 
deux  aux  extrémités,  bien  distinctes,  et  une  plus  étendue  au  milieu,  et 
divisée  en  deux  comme  dans  la  dent  précédente. 

»  A  la  mâchoire  inférieure  les  molaires,  au  nombre  de  quatre,  sont  moins 
épaisses  et  moins  fortes  que  celles  de  la  mâchoire  supérieure.  Leur  forme 
est  prismatique,  et  chaque  dent  est  le  produit  de  la  fusion  des  éléments  cy- 
lindriques qui  forment  le  radical  des  dents  du  Mesolherium.  Le  volume  des 
dents  va  en  augmentant  graduellement  de  la  première  à  la  quatrième  mo- 
laire; elles  sont  larges  d'avant  en  arrière,  droites,  d'une  seule  venue,  et 
uniradiculées.  Leur  longueur,  d'environ  45  millimètres,  est  égale  pour 
toutes,  ainsi  que  leur  épaisseur,  qui  mesure  environ  8  millimètres.  L'arcade 
qu'elles  forment  par  leur  alignement  est  presque  droite  et  dirigée  oblique- 
ment d'arrière  en  avant. 

»  Mais  ce  qui  distingue  essentiellement  les  molaires  inférieures  des  supé- 
rieures, c'est  que  les  premières,  comparées  aux  secondes,  sont  renversées, 
c'est-à-dire  que  la  face  externe  des  supérieures  devient  l'interne  des  infé- 
rieures; et  vice  versa  :  que  la  face  interne  des  inférieures  correspond  à  la 
face  externe  des  supérieures.  C'est  d'après  cette  disposition  inverse  que 
nous  [allons  présenter  les  particularités  des  molaires  inférieures  du  Meso- 
lherium. 

»  Ainsi,  la  face  externe  est  légèrement  concave;  elle  offre,  vers  son  mi- 
lieu, un  sillon  profond  qui  divise  la  dent  dans  toute  sa  longueur  en  deux 
cylindres  très-distincts;  de  ces  deux  cylindres,  l'antérieur  est  sur  les  quatre 
molaires  moins  grand  que  le  postérieur,  et  le  cylindre  postérieur  de  la 
quatrième  offre  une  dépression  médiane  qui  semble  le  diviser.  La  largeur 
des  dents  va  en  augmentant  de  la  première  à  la  quatrième  :   la  première 


(  597  ) 
mesure  i3  millimètres;  la  deuxième  16  millimètres;  la  troisième  19  milli- 
mètres; la  quatrième  28  millimètres  ;  leur  épaisseur  a  io  millimètres. 

»  L'imbrication  des  dents,  peu  marquée,  a  lieu  de  dedans  en  dehors. 
Elles  sont  déchaussées  et  dépassent  l'alvéole  de  11  à  12  millimètres. 

»  La  face  interne,  légèrement  convexe,  est  plus  lisse  que  la  précédente. 
Néanmoins  on  remarque  sur  la  première  molaire  une  dépression  médiane 
qui  indique  la  séparation  des  deux  cylindres.  La  seconde,  la  troisième  et  la 
quatrième  molaires  ont  deux  sillons  très-apparents  dans  toute  leur  longueur, 
ce  qui  dénote,  sur  ces  dernières  dents,  l'existence  de  la  fusion  de  trois 
cylindres  pour  constituer  la  molaire.  L'imbrication  est  aussi  peu  accentuée 
sur  cette  face  que  dans  la  précédente. 

»  Dans  la  face  supérieure,  les  fossettes  dentaires  sont  moins  profondes 
que  sur  les  dents  de  la  mâchoire  supérieure.  Il  en  est,  à  cet  égard,  des  mo- 
laires comme  des  incisives.  Le  plateau  des  molaires  inférieures  est  coupé 
très-obliquement  de  dedans  en  dehors,  de  sorte  que  toutes  les  fossettes  dé- 
versent en  dehors  d'une  manière  très-marquée  et  en  sens  inverse  du  déver- 
sement des  molaires  supérieures.  Cet  effet  du  déversement  des  molaires  aux 
deux  mâchoires  est  des  plus  remarquables.  Considérées  sur  chaque  dent 
en  particulier,  les  fossettes  offrent  des  différences  peu  accentuées,  mais 
en  rapport  avec  le  nombre  des  cylindres  constitutifs  des  dents.  Ainsi, 
sur  la  première  molaire,  la  demi-fossette  antérieure  est  ovalaire  et  com- 
munique en  haut  avec  la  cavité  de  la  demi-fossette  postérieure,  qui  est 
arrondie  et  plus  grande.  Dans  la  seconde,  la  demi-fossette  antérieure  est 
ovalaire  aussi,  et  le  cercle  du  cylindre  est  complet;  la  demi-fossette  posté- 
rieure est  subtriangulaire,  plus  large  en  avant  qu'en  arrière,  et,  à  son  tour, 
elle  se  divise  en  deux  enfoncements  peu  marqués  qui  correspondent  à  la  co- 
lonnette  médiane  et  postérieure  que  l'on  remarque  sur  la  face  interne  de  la 
dent.  Il  en  est  de  même  de  la  troisième  et  de  la  quatrième  molaires.  Sur 
cette  dernière,  la  demi-fossette  postérieure,  plus  étendue  que  les  précé- 
dentes, accuse  d'une  manière  plus  accentuée  les  deux  enfoncements  qui 
correspondent  aux  deux  colonnettes  des  cylindres  postérieurs.  Ainsi,  de 
ces  deux  demi-fossettes,  l'antérieure  est  toujours  la  plus  petite,  la  posté- 
rieure la  plus  grande.  La  première  est  ovalaire  et  s'accroît  graduellement  de 
celle-ci  à  la  seconde,  à  la  troisième  et  à  la  quatrième.  Chez  toutes  le  rebord 
d'adossement  proémine  sur  le  fond  de  la  demi-fossette.  Ces  dernières  ont  une 
forme  subtriangulaire  dont  la  base  est  adossée  en  arrière  de  la  précédente: 
leur  étendue  s'accroît  également  de  la  première  à  la  quatrième,  laquelle 
se    termine  par  une  épine  saillante  qui  était  reçue,  lors  de  la  mastication, 


(  598  ) 
dans  l'enfoncement  du  bord  postérieur  de  la  dernière  molaire  supérieure 

«  Ainsi  que  nous  l'avons  dit,  toutes  ces  fossettes  sont  inclinées  en  de- 
hors. Cette  inclinaison  est  produite  par  l'élévation  du  bord  interne  des 
dents,  et  par  l'abaissement  de  leur  bord  externe.  11  suit  de  cette  disposi- 
tion que  le  plateau  des  molaires  inférieures,  au  lieu  de  former  une  gout- 
tière presque  continue,  comme  à  la  mâchoire  supérieure,  représente,  au 
contraire,  une  double  série  d'enfoncements  et  d'aspérités  alternatives  qui 
en  rendait  la  surface  très-raboteuse.  L'imbrication  n'est  pas  continue;  ainsi, 
à  la  face  externe,  les  deux  molaires  postérieures  chevauchent  seules  les 
unes  sur  les  autres.  Il  n'y  a  pas  de  chevauchement  dans  les  deux  premières. 
Le  contraire  se  remarque  sur  la  face  interne  :  ce  sont  les  deux  premières 
qui  sont  imbriquées;  les  deux  dernières  ne  le  sont  pas.  En  outre,  du  côté 
externe,  l'imbrication  a  lieu  d'arrière  en  avant,  tandis  que,  du  côté  interne, 
elle  s'opère  d'avant  en  arrière.  Il  n'est  pas  nécessaire  de  faire  observer 
combien  ce  chevauchement  alterne  est  utile,  pour  prévenir  l'ébranlement 
des  dents  pendant  l'acte  de  la  mastication. 

»  Relativement  à  la  composition  cylindrique  des  dents,  il  est  nécessaire 
de  faire  remarquer  que,  dans  la  face  externe,  on  ne  voit  que  la  délimita- 
tion de  deux  cylindres  constitutifs  de  ces  trois  dernières  dents,  tandis  que 
les  trois  colonnettes  de  la  face  interne  en  font  supposer  trois. 

»  Quant  à  leur  structure,  elle  consiste  dans  un  noyau  de  substance 
osseuse,  enveloppé  de  deux  couches  superposées  sur  ce  noyau  :  l'une,  la 
plus  immédiate,  de  cortical,  d'une  couleur  jaunâtre;  l'autre,  la  plus  externe, 
d'une  enveloppe  d'un  émail  noirâtre  et  plus  ou  moins  brillant,  qui  s'étend 
jusque  sur  les  aspérités  des  fossettes  dentaires.  Si  la  couche  noire  est  en- 
levée, la  surface  de  la  dent  est  jaune;  si  l'on  détache  le  cortical,  le  noyau 
osseux  est  mis  à  nu  et  présente  des  stries  très-fines. 

»  Le  renversement  des  dents  molaires  aux  mâchoires  supérieure  et  infé- 
rieure du  Mesotherium  est  une  des  anomalies  les  plus  singulières  que  nous 
offre  le  système  dentaire  de  ce  nouveau  genre  de  fossile;  il  se  liait  sans 
doute  au  perfectionnement  de  la  mastication.  Mais  ce  but  est  sans  appli- 
cation à  son  étiologie.  Après  l'avoir  constaté  sur  l'Ulacode,  chez  lequel  il 
est  très-prononcé,  et  avoir  cherché  sans  succès  son  influence  sur  l'ensemble 
de  l'ostéographie  du  Mesotherium,  je  l'ai  trouvé  parfaitement  décrit  chez  le 
Cabiai  et  X Anœma,  dans  le  beau  travail  de  Frédéric  Cuvier  sur  les  dents 
des  Mammifères;  travail  riche  de  faits  pris  sur  nature,  et  remarquable  par 
cette  sage  philosophie  qui,  en  anatomie  comparée  et  en  zoologie,  consiste 
à  ne  forcer  ni  les  analogies  ni  les  différences. 


(  599) 

»  Dans  la  revue  que  nous  venons  de  faire  des  dents  molaires  du  Meso- 
therium,  on  a  dû  voir  la  justification  de  ce  que  nous  avons  avancé,  savoir, 
que  le  renversement  de  ces  dents  aux  deux  mâchoires  en  constitue  le  ca- 
ractère dominant.  Si  donc  nous  avions  cru  devoir  désigner  ce  nouveau 
genre  de  fossile  d'après  son  système  dentaire,  nous  aurions  pu  le  nommer 
Uptiodon  (i)  (dents  renversées).  Mais,  dans  l'état  présent  de  la  Paléontologie 
anatomique,  ce  n'est  pas  à  isoler  les  animaux  fossiles  que  la  science  doit 
s'attacher,  mais  bien  à  les  relier  par  leurs  principaux  caractères  aux  ani- 
maux vivants,  dont  ils  ne  sont  que  les  prédécesseurs.  C'est  d'après  cette 
considération  importante,  que  l'Anatomie  comparée  ne  doit  pas  perdre  de 
vue,  que  j'ai  substitué  au  mot  absolu  de  Typolherium,  qui  isolait  cet  animal 
de  toute  la  création  des  temps  passés  et  présents,  celui  de  Mesoiheriuw,  qui 
le  ramène  vers  les  conditions  actuelles  de  la  vie  des  Mammifères. 

»  Quelque  ambiguïté  que  nous  offre,  en  effet,  ce  singulier  animal,  res- 
semblant i°  aux  Rongeurs  par  la  disposition  de  ses  incisives,  du  mésodonte, 
et  par  les  dents  uniradiculées;  20  aux  jeunes  Pachydermes  par  la  forme 
générale,  et  le  rudiment  des  fossettes  des  incisives  et  des  molaires;  3°  aux 
Edenlés,  ses  contemporains,  par  la  masse,  la  lourdeur  de  sa  tète  et  de  ses 
membres,  ainsi  que  par  la  bifurcation  de  la  dernière  phalange,  enfin  4°  aux 
Cétacés,  d'une  part,  par  l'enfoncement  de  l'occiput,  l'affaissement  de  la 
voûte  du  crâne  et  la  petitesse  de  l'encéphale,  qui  en  est  la  condition  pre- 
mière, et,  d'autre  part,  par  le  nez  large  et  court,  un  peu  ouvert  en  dessus, 
ce  qui  concorde  avec  l'idée  de  M.  le  Dr  Sénéchal  qui  pense  que  le  Meso- 
therium  était,  peut-être,  un  animal  aquatique;  néanmoins,  au  milieu  de  ces 
conformités  si  diverses,  celles  qui  le  rapprochent  plus  particulièrement  des 
Rongeurs  et  des  Pachydermes  dominent  tellement  les  autres,  que  c'est 
entre  ces  deux  ordres  de  Mammifères  que  nous  croyons  qu'il  doit  être  placé 
comme  un  anneau  intermédiaire  qui  les  relie.  Cet  anneau  serait-il,  selon  la 
pensée  de  Blain ville,  un  des  chaînons  perdus  de  la  série  animale?  » 

médecine.  —  Rappel  d'une  communication  faite  à  V  Académie,  le  3 1  juillet  i8/j  S, 
sur  la  transmission  de  la  morve  du  cheval  à  l'homme  et  de  l'homme  au  cheval; 
par  M.  Guyon. 

«   La  communication  que  je  viens  rappeler  à  l'Académie  a  pour  sujet  un 
cas  de  morve  transmis  du  cheval  à  l'homme,  et  à  des  expériences  qui  ont  eu 

(1)  ïwtiooj,  renverser;  oSovs,  têttros,  dent. 


(  6oo  ) 
pour  résultat  la  transmission  de  la  même  maladie,  de  l'homme  au  cheval. 
Ces  différents  faits  se  sont  produits  à  Alger,  en  i843.  Nous  les  résumerons 
en  peu  de  mots. 

»  Un  capitaine  du  train  des  équipages  militaires  était  chargé  de  la  direc- 
tion de  l'infirmerie  des  chevaux  et  mulets  de  son  escadron  ;  il  donnait  en 
même  temps  des  soins  particuliers  à  quelques  chevaux  farcineux  qui  lui 
appartenaient.  Sur  ces  entrefaites,  il  tombe  malade  et  s'alite.  Après  plusieurs 
mois  de  soins  infructueux  chez  lui,  son  état  s'aggravant  toujours,  il  entre 
à  l'hôpital  militaire  du  lieu.  La  maladie,  dans  son  cours,  offre  bien  des 
incertitudes  au  médecin  traitant,  le  Dr  Brée,  ainsi  qu'à  ceux  de  ses  con- 
frères qu'il  appelait  quelquefois  en  consultation;  elle  ne  fut  bien  recon- 
nue que  dans  les  derniers  jours  du  capitaine.  C'était  la  morve  la  mieux 
caractérisée,  la  plus  complète,  si  je  puis  m'exprimer  ainsi  (i). 

»  Du  sang  et  différents  produits  morbides,  pris  sur  le  cadavre  du  capi- 
taine, sont  inoculés  sur  deux  juments,  un  cheval  et  une  mule  (2).  Ces  quatre 
bêles,  réformées  du  service  de  l'armée,  avaient  été  mises  à  notre  disposition 
par  l'autorité  militaire.  La  maladie  se  reproduisit  sur  le  cheval,  sur  la  mule 
et  sur  l'une  des  deux  juments;  peut-être  se  serait-elle  reproduite  aussi  sur 
l'autre,  si  on  ne  s'était  un  peu  trop  hâté  de  l'abattre.  On  abattit  en  même 
temps  la  première,  ainsi  que  la  mule;  quant  au  cheval,  il  était  mort  depuis 
plusieurs  jours  ;  il  avait  succombé  à  une  morve  gangreneuse  (3). 

»  Sans  doute,  je  n'ai  pas  besoin  de  faire  ressortir  l'importance  de  ces 
faits,  surtout  pour  l'époque  où  je  les  ai  fait  connaître  (1 843),  et  je  n'y  re- 
viens aujourd'hui  que  pour  les  accompagner  d'un  autre  qui  s'y  rattache 

(1)  Voir,  dans  notre  communication  du  3i  juillet  i843,  l'historique  du  mal  et  le  résultat 
de  la  nécropsie. 

(2)  L'inoculation,  sur  les  quatre  bètPS,  fut  faite  par  des  piqûres  dans  les  narines  et  par 
un  séton  passé  dans  le  tissu  cellulaire  du  poitrail,  savoir  :  i°  sur  le  cheval,  avec  du  sang 
pris  dans  les  cavités  du  cœur  ;  2°  sur  la  mule,  avec  du  pus  provenant  de  pustules  de  la 
face  et  delà  cuisse  ;  3°  sur  une  jument,  avec  du  pus  pris  en  partie  dans  un  abcès  sous-cutané, 
et  en  partie  dans  un  abcès  intermusculaire  ;  4°  sur  l'autre  jument,  avec  des  mucosités  des 
fosses  nasales. 

(3)  Les  expériences  eurent  lieu  le  i3  juin,  et  les  animaux  furent  abattus  le  10  juillet. 
A  cette  date,  une  jument  était  fortement  glandée  et  morveuse;  la  mule  était  farcineuse  à 
un  haut  degré  ;  tout  le  poitrail  était  garni  de  gros  boutons  farcineux,  avec  ulcération  de 
bon  nombre;  de  gros  boutons,  de  la  même  nature,  se  voyaient  au-dessus  et  au-dessous  du 
séton  pratiqué  pour  l'inoculation  chez  les  deux  bêtes  ;  les  articulations  étaient  fortement 
prises,  la  marche  était  difficile  et  l'amaigrissement  très-grand.  Le  cheval  était  mort  dans  la 
nuit  du  3o  juin  au  1"  juillet,  d'une  morve  gangreneuse,  comme  nous  l'avons  déjà  dit. 


(  6di  ) 

immédiatement,  et  en  complète,  en  quelque  sorte,  la  série.  Ce  fait,  le  voici, 
sauf  une  réserve  que  nous  énoncerons  après  son  exposition. 

»  Assez  longtemps  après  que  les  premiers  se  présentaient,  un  médecin 
militaire  qui,  avec  nous,  avait  pris  part  à  la  nécropsie  du  capitaine,  ainsi 
qu'aux  expériences  précitées,  tombe  insensiblement  malade.  Il  était  alors 
en  France,  rentré  dans  ses  foyers,  où  il  vivait  dans  les  meilleures  conditions 
d'existence.  Sa  maladie  fut  longue,  présentant  des  phénomènes  étrangers  à 
la  pathologie  humaine,  tels  que  des  engorgements  glandulaires,  avec  érup- 
tion suppurante,  sur  différents  points  du  corps;  une  turgescence  particu- 
lière du  nez,  avec  suppuration  abondante  de  sa  muqueuse,  suppuration 
s'angmentant  chaque  jour  davantage.  Tous  ces  phénomènes  et  d'autres 
encore,  que  nous  nous  dispensons  d  enumérer,  ne  peuvent  être  rapportés 
qu'à  la  morve.  Comment  le  médecin  l'avait-il  contractée?  Ce  ne  fut  que 
lorsque  la  maladie  ne  laissa  plus  de  doutes  sur  sa  nature  que  notre  mal- 
heureux confrère  se  rappela  s'être  fait  une  piqûre  à  la  main  en  prenant 
part  à  la  nécropsie  et  aux  expériences  auxquelles  elle  donna  lieu,  blessure 
fort  légère,  il  est  vrai,  et  qui  n'avait  nullement  appelé  son  attention  dans  le 
moment. 

»  La  mort  n'eut  lieu  que  près  de  onze  ans  après  la  blessure  :  le  malade 
mourut  le  21  avril  i854,  à  l'âge  de  cinquante-neuf  ans.  Que  si,  à  raison 
de  ce  long  temps  écoulé,  sinon  entre  la  blessure  et  le  début  du  mal,  lequel 
fut  des  plus  lents,  du  moins  entre  la  blessure  et  la  mort,  le  dernier  fait 
ne  pouvait  être  rattaché  aux  premiers,  force  serait  de  le  considérer  comme 
un  cas  de  morve  spontanée,  ce  qui  constituerait  un  phénomène  tout  à  fait 
anormal,  étrange  dans  la  pathologie  de  l'homme. 

»  La  série  des  faits  qui  précèdent  pourrait  se  résumer  ainsi  : 
»   i°  Transmission  de   la   morve  du   cheval   à  l'homme   par  la  surface 
cutanée  ou,  en  d'autres  termes,  par  le  contact  immédiat,  et  peut-être  aussi, 
et  en  même  temps,  par  la  surface  pulmonaire,  ou,  en  d'autres  termes,  par 
le  contact  médiat,  c'est-à-dire  par  l'interposition  de  l'air  (1)  ; 

»  i°  Transmission  de  la  même  maladie  de  l'homme  au  cheval  et  à 
l'homme,  par  l'inoculation  du  sang  et  de  différents  produits  morbides.  Je 
remarque  que  le  premier  de  ces  liquides,  le  sang,  qui  fut  inoculé  au  cheval, 


(1)  Outre  que,  journellement,  le  capitaine  était  dans  les  rapports  les  plus  immédiats  avec 
les  animaux  malades,  il  vivait  dans  une  atmosphère  saturée  de  leurs  émanations,  à  raison  du 
peu  d'espace  et  du  manque  d'aération  du  local  qui  leur  était  affecté.  Voir  encore,  sur  ce 
sujet,  la  communication  précitée. 

C.  R.,  1867,  2"  Semestre.  (T.  LXV,  N°  15.)  78 


(    602    ) 

donna  lieu  à  une  morve  aiguë  et  promptement  mortelle  (i),  de  sorte  que  le 
sang,  jusqu'à  ce  que  de  nouvelles  expériences  viennent  l'infirmer,  pour- 
rait être  considéré  comme  plus  apte  à  reproduire  la  maladie  que  les  diffé- 
rents produits  morbides  qui  en  proviennent.  » 

Sir  D.  Bkewster  fait  hommage  à  l'Académie  de  deux  Mémoires  extraits 
des  «Transactions  de  la  Société  royale  d'Edimbourg»,  et  qui  ont  pour  titre: 
«  Sur  les  mouvements  et  les  couleurs  des  lames  minces  d'alcool,  d'huiles 
volatiles  et  d'autres  fluides  »,  et  «  Description  d'un  appareil  bolophote 
double  pour  les  phares,  et  d'une  méthode  d'introduire  la  lumière  élec- 
trique ou  d'autres  lumières  ». 

«  M.  Dacbrée  donne  communication  d'une  Lettre,  dans  laquelle  M.  de 
Quatrefages  signale  l'apparition  d'un  bolide  très-éclatant,  qu'il  a  observé  à 
Arcachon,  le  n  septembre,  à  9  heures  du  soir,  ainsi  que  quelques  circon- 
stances du  phénomène;  aucune  détonation  n'a  été  entendue.   » 

M.  Dauiikée  fait  hommage  à  l'Académie  d'une  brochure  qu'il  vient  de 
publier  et  qui  a  pour  titre:  «  Classification  adoptée  pour  la  collection  des 
roches  du  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris  ». 

MÉMOIRES  LUS 

PHYSIOLOGIE.   —   Note  sur  la  putréfaction  des  œufs  et  sur  tes  produits  organisés 
qui  en  résultent;  par  NI.  Al.  Donné. 

«  J'ai  communiqué  successivement  à  l'Académie  le  résultat  de  mes  expé- 
riences sur  les  œufs  abandonnés  à  la  putréfaction  et  sur  les  êtres  organisés 
auxquels  ils  donnent  naissance  ;  j'ai  peut-être  eu  tort,  car  ces  résultats  sont 
contradictoires,  et  on  pourrait  dire  qu'il  est  de  la  dignité  de  cet  illustre 
corps  qu'on  ne  lui  apporte  que  des  travaux  achevés  et  complets.  Mais  les 
communications  que  l'on  fait  à  l'Académie  n'ont  pas  seulement  pour  but  la 
publicité;  elles  ont  aussi  pour  effet  de  provoquer  la  critique,  de  suggérer 
des  idées,  et  je  n'aurais  probablement  pas  poussé  mes  recherches  aussi  loin 
que  je  l'ai  fait,  si  je  n'avais  pas  soumis  les  résultats  de  mes  expériences  au 
jugement  de  cette  Assemblée,  à  mesure  qu'ils  se  présentaient. 

(1)  En  moins  de  dix-huit  jours,  l'inoculation  ayant  été  pratiquée  le  i3  au  matin,  et  la 
mort  ayant  eu  lieu  dans  la  nuit  du  3o  au  i"  du  mois  suivant. 


(  6o3  ) 

»  J'ai  d'abord  étudié  les  œufs  abandonnés  à  eux-mêmes,  à  la  température 
de  l'été,  dans  le  climat  de  Montpellier  ;  n'ayant  jamais  vu  cette  substance  ani- 
male, si  essentiellement  propre  à  l'organisation,  donner  naissance  à  des  êtres 
organisés,  j'avais  conclu  dans  le  sens  des  expériences  de  M.  Pasteur,  c'est-à- 
dire  que  la  matière  animale  la  plus  propre  à  se  transformer  en  êtres  vivants 
ne  donnait  pas  lieu  à  des  générations  spontanées.  Plus  tard,  frappé  de  cette 
circonstance  que  les  œufs  abandonnés  à  eux-mêmes  se  desséchaient  plutôt 
qu'ils  ne  se  corrompaient,  que  les  propriétés  vitales  de  l'air  contenu  dans 
l'œuf  s'altèrent  par  le  dégagement  de  gaz  impropres  à  la  vie,  et  qu'enfin  la 
présence  de  l'eau  était  nécessaire  pour  permettre  aux  animalcules  infusoires 
et  aux  moisissures  de  se  développer,  j'entrepris  une  nouvelle  série  de 
recherches.  Etait-il  possible  de  fournir  à  la  matière  de  l'œuf  l'air  et  l'eau 
indispensables,  tout  en  se  mettant  à  l'abri  des  germes  répandus  dans  l'at- 
mosphère? Je  crus  me  placer  dans  ces  conditions  par  plusieurs  procédés  que 
je  ne  rappellerai  pas  ici  en  détail,  me  bornant  aux  faits  les  plus  simples  et 
les  plus  concluants. 

»  Je  pris  donc  des  œufs  déjà  vieux,  je  pratiquai  au  sommet  une  petite 
ouverture  par  laquelle  j'introduisis  de  l'eau  distillée  bouillante,  et  je  fermai 
immédiatement  l'ouverture  avec  de  la  cire  ramollie;  il  me  semblait  que  ces 
précautions  étaient  suffisantes. 

»  En  effet,  j'avais  toujours  de  la  matière  animale  très-complexe,  dans 
son  état  naturel,  c'est-à-dire  n'ayant  subi  l'action  ni  d'agents  physiques,  ni 
d'agents  chimiques;  n'ayant  été  soumise  ni  à  une  haute  température,  ni  à 
des  acides  ou  autres  réactifs  capables  d'anéantir  ses  propriétés  vitales;  je 
n'opérais  pas,  en  un  mot,  sur  de  la  matière  cuite,  comme  le  disait  si  bien 
M.  Pasteur,  ni  sur  de  la  matière  réduite  à  l'état  de  produit  chimique  impropre 
à  la  vie.  Je  la  mettais,  il  est  vrai,  en  contact  avec  l'air  extérieur,  mais  pen- 
dant un  moment  très-court,  et  je  lui  fournissais  de  l'eau  ayant  un  double 
effet:  i°de  mettre  la  matière  animale  en  présence  de  l'élément  nécessaire 
au  développement  des  infusoires;  i°  de  tueries  germes  qui  auraient  pu 
s'introduire,  au  moyen  de  cette  eau  bouillante  que  je  versais.  Ayant  rencon- 
tré dans  les  œufs  ainsi  préparés  des  myriades  d'infusoires  après  deux  ou  trois 
jours  d'abandon,  je  me  crus  en  droit  de  conclure  à  la  production  spontanée 
de  ces  animalcules,  les  conditions  de  l'expérience  me  paraissant  la  mettre  à 
l'abri  de  toute  erreur.  Toutefois,  on  pouvait  encore  dire  et  on  a  dit  que, 
dans  l'instant  très-court  pendant  lequel  l'œuf  restait  ouvert,  il  avait  pu 
s'introduire  des  germes  de  l'extérieur,  et  que  la  température  de  l'eau  bouil- 
lante n'était  peut-être  pas  suffisante  pour  les  tuer?  Donc,  tant  cpi'on  n'ar- 

78.. 


(  6o4  ) 
riverait  pas  à  mettre  les  œufs  dans  les  conditions  favorables  à  la  production 
d'être  organisés  vivants,  sans  ouvrir  la  coquille,  sans  donner  accès  à  l'air 
extérieur,  ne  fût-ce  qu'un  moment,  le  doute  serait  permis  et  la  question  de 
la  génération  spontanée  resterait  indécise.  Il  fallait  trouver  un  mode  d'ex- 
périmentation tel,  que  de  l'air  et  de  l'eau  pussent  être  introduits  dans  l'inté- 
rieur de  l'œuf,  sans  rompre  en  aucun  point  la  coquille. 

»  Les  expériences  suivantes,  dont  l'idée  m'a  été  suggérée  par  M.  Balard, 
répondent  complètement  à  ces  conditions  du  problème. lOn  prend  des  œufs 
déjà  vieux,  on  les  secoue  fortement  afin  de  mêler  le  blanc  et  le  jaune,  ce 
qui  favorise  leur  putréfaction,  ainsi  que  je  l'ai  démontré;  on  plonge  ces 
œufs  dans  un  vase  à  moitié  rempli  d'eau  distillée;  le  vase  est  mis  sous  le 
récipient  de  la  machine  pneumatique.  A  mesure  que  l'on  fait  le  vide,  on  voit 
la  surface  des  œufs  se  couvrir  de  fines  bulles  d'air,  sortant  de  l'intérieur  par 
les  pores  de  la  coquille.  On  maintient  les  œufs  pendant  plusieurs  heures 
sous  la  cloche,  sans  qu'il  soit  nécessaire  que  le  vide  soit  parfait.  Quand  on 
a  ainsi  fait  sortir  en  grande  partie  les  gaz  de  l'œuf,  on  donne  accès  à  l'air 
extérieur  dans  la  cloche  ;  on  retire  le  vase  et  on  laisse  les  œufs  plongés  dans 
l'eau  pendant  deux  ou  trois  heures;  il  est  facile  de  voir  que  l'eau  pénètre 
dans  l'œuf,  car  il  augmente  de  poids,  il  s'enfonce  plus  ou  moins  dans  l'eau; 
alors  on  le  retire,  on  l'essuie  et  on  l'abandonne  à  lui-même,  placé  dans  un 
coquetier.  Il  n'est  pas  douteux  que  l'air,  mieux  encore  que  l'eau,  pénètre 
dans  l'œuf  sous  l'influence  de  la  pression  atmosphérique.  On  fait  ainsi  à 
volonté  sortir  et  rentrer  l'air  dans  les  œufs^  en  même  temps  qu'on  y  intro- 
duit de  l'eau,  et  cela  sans  faire  aucune  ouverture  à  la  coquille;  et  cet  air  ne 
pénètre  qu'à  travers  un  filtre  tellement  fin  qu'aucun  corps  étranger  ne 
peut  s'introduire. 

»  Des  œufs  ainsi  traités  se  décomposent  et  se  pourrissent  avec  une  grande 
facilité  ;  abandonnés  à  eux-mêmes,  soit  dans  une  étuve  à  3o  ou  35  degrés, 
soit  à  la  température  du  mois  de  juillet  à  Montpellier,  avec  l'influence  de 
la  lumière  dont  l'action  est  peut-être  nécessaire  à  la  vie,  ils  exhalent,  au 
bout  de  huit  ou  quinze  jours,  quelquefois  trois  semaines,  selon  les  circon- 
stances, une  odeur  fétide;  souvent  même  la  matière  intérieure  suinte  à  tra- 
versas pores  de  la  coquille.  Depuis  six  mois,  j'ai  opéré  de  cette  manière  sur 
un  grand  nombre  d'œufs;  bien  des  douzaines  ont  été  mises  en  expérience, 
soit  à  l'étuve,  soit  à  l'air  libre,  en  variant  de  plusieurs  manières  les  détails 
du  procédé.  Eh  bien  ,  dans  aucun  cas,  et  quel  que  fût  le  degré  de  putré- 
faction auquel  l'œuf  fût  arrivé,  putréfaction  qui  allait  souvent  jusqu'à  ré- 
pandre l'odeur  la  plus  fétide  ;  dans  aucun  cas,  dis-je,  cette  matière  décom- 


(  6o5  ) 

posée  n'a  offert  la  moindre  trace  d'êtres  organisés,  dn  règne  végétal  on  du 
règne  animal;  pas  la  plus  petite  moisissure,  pas  une  seule  monade,  ni  un 
seul  vibrion,  rien  enfin  d'organisé,  d'animé  ou  de  vivant  ne  s'est  montré  au 
sein  de  la  matière  examinée  avec  le  plus  grand  soin  au  microscope.  Dans 
de  telles  conditions,  si  éminemment  favorables  à  de  nouvelles  combinaisons 
de  la  matière  organique,  à  la  production  d'êtres  nouveaux,  puisque  l'on  a  en 
présence  une  substance  animale  très-complexe,  naturelle,  non  soumise  à 
l'action  destructive  du  feu  ou  des  agents  chimiques,  avec  de  l'air  et  de 
l'eau,  de  la  température  et  de  la  lumière,  aucune  génération  n'a  lieu,  tant 
qu'on  ne  met  pas  l'intérieur  de  l'œuf  en  communication  avec  l'extérieur, 
par  une  ouverture  capable  d'admettre  les  germes  répandus  dans  l'atmo- 
sphère. J'ai  poussé  les  choses  plus  loin  encore  :  au  lieu  d'abandonner  les 
œufs  à  l'air  libre,  je  les  ai  laissés  plongés  dans  l'eau.  En  deux  ou  trois  jours, 
cette  eau  se  troublait,  devenait  d'une  odeur  fade,  et  dans  une  goutte  sou- 
mise au  microscope  on  apercevait  un  peuple  de  monades  et  de  vibrions; 
mais  quant  à  l'œuf  lui-même,  en  pleine  décomposition  putride,  il  ne  pré- 
sentait aucune  trace  de  vie  ni  d'animation.  Ma  conclusion  définitive  est 
donc  celle-ci  : 

»  Mes  dernières  expériences  sont  une  confirmation,  que  je  puis  dire 
éclatante,  des  résultats  obtenus  par  M.  Pasteur  et  qui,  jusqu'à  présent, 
repoussent  la  théorie  de  l'hétérogénie.  » 

PATHOLOGIE.  —  Mémoire  sur  les  tumeurs  cirsoïdes  artérielles,  spécialement 
étudiées  chez  les  adolescents  et  les  adultes;  par  M.  Gosseli.x. 

«  Dupuytren  a  rappelé  devant  l'Académie  des  Sciences,  en  i8a5,  ce  qu'il 
avait  entendu  désigner  sous  le  nom  de  tumeurs  érectiles,  et  Breschet, 
en  i832,  a  appelé  l'attention  sur  une  autre  variété  de  dilatation  artérielle, 
qu'il  appelait  anévrisme  cirsoïde. 

»  Or,  entre  ces  deux  lésions,  dont  la  première  se  produit  aux  dépens  des 
capillaires  cutanés,  et  la  seconde  aux  dépens  des  grosses  branches  arté- 
rielles, s'en  trouve  une  autre  un  peu  plus  fréquente,  quoique  rare  encore, 
dont  Dupuytren  et  Breschet  ne  se  sont  pas  occupés  et  dont  l'histoire  n'a 
pas  été  complétée  jusqu'à  ce  jour.  Je  veux  parler  de  la  dilatation  insolite 
des  artères  au  voisinage  de  leur  terminaison,  dans  cette  partie  du  système 
artériel  qu'en  anatomie  classique  nous  appelons  artérioles  ou  ramuscules. 
Cette  dilatation  forme  des  tumeurs  distinctes,  avec  lesquelles  coïncide  sou- 
vent, il  est  vrai,  les  deux  lésions  signalées  par  Dupuytren  et  Breschet.  Elles 


(  606  ) 

sont  l'occasion  d'accidents  sérieux  et  nécessitent  une  intervention  chirur- 
gicale particulière. 

»  Sans  cloute  elles  n'ont  pas  été  absolument  inconnues  jusqu'à  ce  jour. 
Mais  leur  histoire  est  restée  obscure  parce  qu'on  les  a  comprises  tantôt  dans 
la  description  des  tumeurs  érectiles  ou  fongueuses  sanguines,  comme  l'ont 
fait  en  particulier  J.  Bell  et  Roux,  tantôt  dans  la  description  des  varices 
artérielles  ou  anévrismes  cirsoïdes,  comme  l'ont  fait  de  nos  jours  Robert, 
le  Dr  Décès,  et  la  plupart  des  auteurs  français. 

»  Il  y  a  lieu,  pour  les  besoins  de  la  pratique,  de  décrire  à  part  et  sous  un 
nom  réservépour  elles  les  tumeurs  formées  par  les  artérioles.  J'accepte  celui 
de  tumeur  cirsoïde  artérielle,  qui  a  été  employé  déjà  dans  un  travail  exclusi- 
vement analomo-pathologique  dû  à  M.  Robin.  Je  viens  aujourd'hui  donner 
les  caractères  cliniques  de  ces  tumeurs,  et  montrer  que  leur  étude  séparée 
est  d'autant  plus  nécessaire,  que  nous  pouvons  substituer  avec  succès,  aux 
opérations  dangereuses  entreprises  jusqu'à  présent  contre  elles,  un  moyen 
beaucoup  moins  grave,  que  la  thérapeutique  moderne  a  emprunté  à  la  chi- 
mie, je  veux  parler  de  l'injection  du  perchlorure  de  fer  dans  la  trame  même 
de  ces  tumeurs. 

»  Dans  un  premier  chapitre,  consacré  à  l'anatomie  pathologique,  je  signale 
la  situation  fréquente  de  ces  tumeurs  à  la  tète,  et  leur  siège  dans  le  tissu 
cellulaire  sous-cutané,  le  volume  remarquable  auquel  arrivent  les  ramus- 
cules  anormalement  dilatés,  les  flexuosités  qu'ils  décrivent,  leurs  anasto- 
moses et  surtout  leur  agglomération  en  amas  ou  paquets  sous  la  peau.  Je 
fais  voir  que  ces  agglomérations  donnent  à  la  tumeur  ses  caractères  spé- 
ciaux :  car,  soulevant  la  peau  et  finissant  par  lui  adhérer,  les  vaisseaux 
anormaux  s'ouvrent  facilement  et  donnent  des  hémorragies,  auxquelles 
exposent  beaucoup  moins  les  varices  artérielles  des  branches,  lesquelles 
marchent  isolées  les  unes  des  autres  et  à  une  certaine  profondeur  sous 
la  peau. 

»  Dans  le  deuxième  chapitre,  consacré  à  l'étiologie  et  à  l'évolution,  je 
fais  remarquer  que  si,  dans  quelques  cas,  la  maladie  a  paru  avoir  une  ori- 
gine traumatique,  le  plus  souvent  elle  s'est  développée  spontanément  et  en 
vertu  d'une  aptitude  particulière  absolument  inexplicable.  Quelquefois  la 
tumeur  a  été  précédée  d'une  tache  de  naissance  ou  naevus.  Le  plus  souvent 
elle  coïncide  avec  une  dilatation  des  branches  circonvoisines  (varices  pro- 
prement dites)  ;  mais  cette  dilatation  lui  est  comme  subordonnée,  car  elle 
peut  diminuer  et  même  disparaître  complètement,  sans  qu'on  ait  rien  fait 
pour  elle,  lorsque  la  tumeur  cirsoïde  vient  à  perdre  ses  pulsations. 


(  &>7  ) 
»  J'insiste  sur  cette  particularité,  que  les  tumeurs  dont  il  s'agit  ne  nous 
sont  montrées  que  par  des  sujets  de  dix-huit  à  quarante  ans.  Si,  comme  cela 
est  certain,  elles  commencent  beaucoup  plus  tôt,  si  par  exemple  elles  existent 
déjà  pendant  la  première  et  surtout  pendant  la  seconde  enfance,  elles  n'ont 
pas  encore  pris,  à  cette  époque  de  la  vie,  un  développement  assez  considé- 
rable pour  [constituer  une  difformité  et  donner  lieu  à  des  hémorragies. 
C'est  seulement  lorsque  ces  deux  circonstances  se  sont  produites,  c'est-à- 
dire  à  la  fin  de  l'adolescence  ou  au  commencement  de  l'âge  adulte,  que  les 
malades  sont  obligés  de  réclamer  les  secours  de  la  chirurgie. 

»  Le  chapitre  suivant  est  consacré  aux  symptômes  et  au  diagnostic.  Les 
premiers  sont  tous  de  l'ordre  physique  :  saillie  plus  ou  moins  volumineuse 
et  étendue,  présentant  des  pulsations  isochrones  à  celles  du  pouls,  dépres- 
sible,  offrant  sous  les  doigts  la  sensation  de  cordons  flexueux  multipliés  qui 
disparaissent  par  la  pression,  donnant  enfin  à  l'auscultation  un  bruit  de 
souffle  tantôt  intermittent  comme  celui  des  anévrismes  ordinaires,  tantôt 
continu-saccadé,  comme  celui  des  anévrismes  variqueux. 

»  Ces  symptômes  pourraient  faire  confondre  la  maladie  dont  je  m'oc- 
cupe avec  les  anévrismes  ou  avec  l'encéphalocèle.  J'indique  les  moyens  qui 
permettent  d'éviter  ces  erreurs. 

»  Arrivé  au  traitement,  auquel  est  consacré  mon  dernier  chapitre,  je  fais 
remarquer  que  la  fréquence  et  le  danger  des  hémorragies  indiquent  la  né- 
cessité d'une  intervention  chirurgicale  ,  que  réclament  beaucoup  moins 
souvent  les  varices  proprement  dites,  puisqu'elles  saignent  rarement  et  n'oc- 
casionnent aucun  accident. 

»  Je  rejette  les  opérations  conseillées  et  employées  jusqu'à  ces  derniers 
temps,  savoir  : 

»  La  ligature  de  toutes  les  branches  qui  alimentent  la  tumeur; 
»  La  ligature  des  troncs  principaux,  de  l'une  des  carotides  primitives  ou 
des  deux,  par  exemple; 

»  L'ablation  totale  de  la  tumeur,  en  prenant  soin  de  lier,  à  mesure  qu'elles 
sont  divisées,  toutes  les  artères  afférentes. 

«  La  première  n'a  pas  donné  de  succès;  la  seconde  expose  à  des  dan- 
gers sérieux;  la  troisième  peut  être  suivie  d'accidents,  et  n'est  guère  ap- 
plicable quand  la  tumeur  a  une  grande  étendue  en  surface. 

»  Je  donne  la  préférence  à  une  opération  beaucoup  moins  dangereuse  et 

qui  n'a  jusqu'à  présent  donné  que  des  succès,  savoir  :  l'injection  plusieurs 

fois  répétée,  dans  la  trame  même  de  la  tumeur,  avec  le  perchlorure  de  fer. 

»  L'idée  d'employer  le  perchlorure  dans  les  cas  de  ce  genre  a  dû  cer- 


(  6o8  ) 

tainement  se  présenter  à  l'esprit  de  tous  les  chirurgiens  de  notre  époque. 
Elle  découlait  nécessairement  des  belles  notions  qui  nous  ont  été  données 
par  Pravaz  sur  l'action  coagulante  de  cette  substance,  des  tentatives  qui  ont 
été  faites  pour  arrêter,  au  moyen  de  cette  action,  la  circulation  dans  lesané- 
vrismes  et  dans  les  veines  variqueuses,  des  succès  qu'elle  a  donnés  dans  le 
traitement  des  hémorragies.  D'ailleurs,  sur  un  des  malades  dont  je  rapporte 
les  observations,  ce  moyen  avait  été  employé  déjà  par  MM.  Nélaton  et  Michon 
qui  avaient  commencé  le  traitement  avant  moi. 

»  Je  ne  viens  donc  pas  réclamer  la  priorité  du  traitement  par  l'injection 
du  perchlorure;  je  désire  seulement  en  établir  les  règles,  en  démontrer  les 
avantages  par  l'observation,  et  signaler  quelques  phénomènes  consécutifs 
dont  on  ne  s'est  guère  occupé  jusqu'à  présent. 

»  L'un  de  ces  phénomènes,  et  le  plus  curieux,  c'est  l'apparition  fréquente, 
aprèsles  injections,  de  petits  ulcères  bourgeonnants  et  très-rebelles,  parlés- 
quels  s'échappent  une  partie  des  caillots  dus  au  contact  du  perchlorure. 
Ces  ulcères  retardent  longtemps  la  guérison,  mais  ne  l'empêchent  pas  de 
se  compléter. 

»  Un  autre  est  la  possibilité  d'une  terminaison  par  suppuration  de  la 
phlegmasie  que  provoque  le  perchlorure,  et  celle  d'une  hémorragie  con- 
sécutive. En  pareil  cas,  je  n'hésite  pas  à  employer  le  fer  rouge,  tant  en  vue 
d'arrêter  l'hémorragie  qu'en  vue  de  compléter  l'oblitération  de  la  tumeur 
vasculaire,  et  je  cite  un  fait  dans  lequel  cette  opération  complémentaire  a 
mis  fin  à  la  maladie. 

»  Mon  travail  se  termine  par  la  relation  détaillée  de  trois  faits,  dans  les- 
quels j'ai  employé  avec  succès  ce  traitement  par  les  injections  cinq  ou  six 
fois  répétées  de  perchlorure  de  fer.    » 

M.  Pozxanski  donne  lecture  d'une  Note  intitulée  :  «  Des  effets  de  l'acide 
cyanhydrique  sur  l'organisme  à  l'état  physiologique  et  à  l'état  patholo- 
gique ».  L'auteur  conclut,  des  observations  faites  par  lui,  à  l'efficacité  de 
l'emploi  de  l'acide  cyanhydrique,  comme  médicament,  dans  le  choléra  et  dans 
les  fièvres  intermittentes  qui  ont  pour  caractères  les  stases  sanguines  et  la 
carbonisation  du  sang.  Ses  expériences  sur  des  chiens  et  le  traitement  d'un 
grand  nombre  de  cholériques  lui  ont  montré  que  la  dose  représentant  une 
demi-goutte  d'acide  cyanhydrique  pur,  administrée  convenablement,  ne 
saurait  porter  atteinte  à  la  santé  d'un  homme  adulte,  et  peut  au  contraire 
amener  la  guérison  de  cholériques  arrivés  à  la  période  algide. 
(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 


(  Go9  ) 
MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  Deprez  adresse  une  nouvelle  Note  concernant  les  «  appareils  de  dis- 
tribution de  la  vapeur  à  un  senl  tiroir  ».  (Présenté  par  M.  Combes.) 

Cette  Note  est  renvoyée,  comme  la  précédente,  à  la  Section  de  Méca- 
nique. 

M.  Phillips  adresse  un  «  Mémoire  sur  un  théorème  général  de  la  théorie 
de  l'élasticité,  qu'on  peut  appeler  théorème  de  la  superposition  des  effets 
des  forces  ».  (Présenté  par  M.  Combes.) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique,  à  laquelle  M.  Delaunay  est  prié  de 

s'adjoindre.) 

M.  Radau  adresse  une  nouvelle  Note  concernant  la  réponse  faite  par 
le  P.  Secchi  à  ses  remarques  sur  le  baromètre  statique.  Cette  Note  est  rela- 
tive, en  particulier,  aux  corrections  de  température,  que  M.  Radau  calcule 
autrement  que  le  P.  Secchi,  et  qui  seraient  d'un  ordre  de  grandeur  ne 
permettant  pas  de  les  négliger. 

Cette  Note  est  renvoyée,  ainsi  que  les  précédentes,  à  une  Commission 
composée  de  MM.  Pouillet,  Rcgnault,  Delaunay. 

M.  Melsens  adresse  à  M.  le  Président  une  Lettre  relative  à  sa  Note  sur 
le  passage  des  projectiles  au  travers  des  milieux  résistants  (i).  L'auteur  fait 
remarquer  que  les  expériences  de  M.  le  Général  Morin  ont  été  citées  dans 
cette  Note;  il  croit  d'ailleurs  qu'il  existe,  entre  ces  expériences  et  les  siennes, 
des  différences  notables. 

Cette  Lettre  est  renvoyée,  ainsi  que  la  Note  de  M.  Melsens,  à  la  Section 
de  Mécanique. 

M.  Philipeaux  adresse,  pour  le  concours  des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie (fondation  Montyon),  un  ouvrage  imprimé  ayant  pour  titre  :  "  Traité 
de  thérapeutique  de  la  coxalgie  »,  et  joint  à  cet  envoi  une  indication  ma- 
nuscrite des  parties  qu'il  considère  comme  originales  dans  cet  ouvrage. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

(i)  Comptes  rendus,  3o  septembre  1867,  p.  564- 

C.  R.,  1867,  î"  Semestre.  (T.  LXV,  N°|15.)  79 


(6io) 

M  Villemin  adresse  un  exemplaire  imprimé  du  travail  dont  le  manuscrit 

a  été  déposé  précédemment  par  lui,  pour  le  concours  des  prix  de  Médecine 

et  de  Chirurgie  (fondation  Montyon),  et  qui  a  pour  titre  :  «  Etudes  sur  la 

tuberculose,  preuves  rationnelles  et  expérimentales  de  sa  spécificité  et  de 

son  inoculabilité  ». 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  Buaisonnier  adresse  la  description  d'un  instrument  destiné  à  rem- 
placer le  graphomètre,  et  d'un  maniement  plus  facile  pour  la  mesure  des 
hauteurs  ou  pour  celle  des  distances  entre  des  points  inaccessibles. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  adresse,  pour  la  Bibliothèque  de  l'Institut, 
le  XVIe  volume  du  «  Recueil  de  Mémoires  et  observations  sur  l'hygiène  et 
la  médecine  militaires  ». 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente  à  l'Académie  le  fragment  du  bolide 
tombé  aux  environs  de  Sétif,  qui  vient  d'être  adressé  par  M.  le  Maréchal 
Gouverneur  de  l'Algérie. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  deux  brochures  de  M.  d'Eichivald,  l'une  imprimée  en 
allemand  et  ayant  pour  titre  :  «  Complément  à  l'histoire  de  la  géognosie  et 
de  la  paléontologie  en  Russie»,  l'autre  imprimée  en  langue  russe  et  ayant 
pour  titre  :  «  Sur  les  peuples  finnois  de  la  Russie  ». 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Halos  et  couronnes  solaires  et  lunaires  observés  à  Angers 
du  3o  août  1866  au  3o  août  1867;  par  M.  C.  Decharme  (i). 

«  Les  halos  et  couronnes  observés  à  Angers  dans  l'espace  d'une  année 
sont  assez  nombreux  et  peuvent  être  partagés  en  trois  groupes  d'après  leur 
nature  et  leur  aspect,  savoir  : 

(1)  Ces  météores  ont  été  observés  par  M.  Albert  Clieux,  d'Angers.  Quoique  M.  Decharme 
n'en  ait  vu  lui-même  qu'un  petit  nombre,  il  croit  pouvoir  se  porter  garant  de  l'exactitude 
des  faits  consignés  dans  la  présente  communication. 


(  6n  ) 

»  i°  Grands  halos,  au  rayon  de  ^6  degrés,  dits  halos  extiaordinaires, 
assez  rares  dans  nos  climats; 

»  2°  Petits  halos,  au  rayon  de  22  à  a3  degrés,  ou  halos  ordinaires,  fré- 
quents dans  nos  contrées; 

»  3"  Couronnes  solaires  ou  lunaires,  au  rayon  variable,  ordinairement 
blanches  ou  peu  irisées  et  dont  les  couleurs  sont  disposées  en  sens  inverse 
de  celles  des  halos,  le  rouge  étant  ici  en  dehors  et  le  bleu  en  dedans. 

»  Du  3o  août  1866  au  3o  août  1867,  on  a  observé  à  Angers  :  2  grands 
halos  au  rayon  de  46  degrés;  27  halos  ordinaires,  au  rayon  de  23  degrés; 
4  couronnes  solaires  ou  lunaires;  en  somme,  33  météores. 

«...  Dans  une  communication  que  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  à  l'Aca- 
démie (1)  au  sujet  du  grand  halo  solaire  observé  à  Angers  le  3o  août  i866;  je 
terminais  en  disant  que  «  dans  la  nuit  du  3o  au  3i  et  dans  la  matinée  du  3i , 
»  il  avait  plu  abondamment,  comme  il  arrive  d'ordinaire  pour  les  météores 
»  de  cette  espèce.  » 

»  Je  crois  pouvoir  ajouter  aujourd'hui  que  cette  remarque  s'applique 
aussi  aux  petits  halos  et  aux  couronnes,  comme  le  prouvent  les  observations 
précédentes,  rapprochées  de  celles  où  l'on  a  enregistré  avec  soin  les  jours 
de  pluie  et  la  quantité  d'eau  ou  de  neige  tombée  le  jour  ou  les  jours  qui 
suivent  ceux  de  l'apparition  de  ces  divers  météores. 

»  J'ai  pu,  en  eflet,  avec  mes  notes  particulières  et  à  l'aide  des  feuilles 
mensuelles  d'observations  météorologiques  faites  à  l'École  normale  d'An- 
gers (feuilles  que  M.  le  directeur  de  cet  établissement  à  bien  voulu  me  con- 
fier), faire  les  recherches  nécessaires  à  la  vérification  que  j'avais  en  vue. 

»  Je  n'ai  pas  jugé  nécessaire  de  joindre  ici  aux  observations  précédentes 
le  tableau  un  peu  long  qui  établit  la  corrélation  entre  l'apparition  des  halos 
et  couronnes,  leur  intensité  et  la  chute  prochaine  de  la  pluie;  j'en  donnerai 
seulement  le  résultat,  à  savoir  que,  dans  tous  les  cas,  les  halos  petits  ou 
grands  et  les  couronnes  solaires  ou  lunaires  ont  été  suivis  de  pluie  ou  de 
neige,  le  jour  même  ou  le  lendemain,  ou,  au  plus  tard,  le  surlendemain 
pour  un  très-petit  nombre. 

»  Il  résulte  aussi  des  mêmes  observations  comparatives  qu'en  général 
la  pluie  est  d'autant  plus  prochaine  et  sera  plus  abondante,  le  vent  d'au- 
tant plus  fort,  que  le  météore  lumineux  aura  été  plus  brillant. 

»  Ces  résultats  sont-ils  généraux  ou  s'appliquent-ils  seulement  au  climat 
vaporeux  de  l'Anjou?  C'est  ce  que  j'ignore. 


(1)  Comptes  rendus,  séance  du  17  septembre  ifc>66,  p.  5oi. 

79- 


(6.2) 

»  J'ajouterai  enfin,  comme  dernière  remarque,  que  les  halos  solaires 
sont  beaucoup  plus  fréquents  qu'on  ne  le  pense  communément.  Un  grand 
nombre  d'entre  eux  échappent,  en  effet,  aux  observations  par  suite  de  la 
difficulté  de  les  examiner  lorsqu'ils  sont  faibles  et  quand  le  ciel  est  forte- 
ment éclairé.  Il  faut,  pour  les  bien  voir,  armer  l'œil  d'un  écran  opaque, 
percé  d'une  petite  ouverture  ou  muni  d'une  fente  étroite  en  forme  d'arc  de 
cercle,  ou  bien  regarder  à  travers  deux  petits  trous  d'épingle,  pratiqués 
dans  une  feuille  de  papier  épais  et  éloignés  l'un  de  l'autre  de  la  distance  de 
deux  yeux,  environ  65  millimètres. 

»  En  résumé,  l'étude  des  halos  peut  fournir  de  précieuses  indications 
comme  pronostics  du  temps.  Cette  seule  considération,  indépendamment 
de  l'intérêt  purement  scientifique  qui  s'attache  à  l'observation  de  ces  beaux 
météores,  mérite  qu'on  ne  les  néglige  pas    » 

«  M.  Chevreul  fait  observer  que  la  remarque  de  M.  Decharme  sur  la 
fréquence  des  halos  plus  grande  qu'on  ne  le  pense  communément,  parce 
qu'il  en  est  un  grand  nombre  qu'on  n'aperçoit  pas  à  cause  de  leur  faible 
intensité,  est  de  toute  justesse. 

»  A  cette  occasion,  il  regrette  qu'on  n'ait  pas  toujours  parlé  de  pinsieurs 
autres  phénomènes  de  vision  comme  il  lui  semble  qu'on  aurait  dû  le  faire; 
par  exemple,  il  est  des  phénomènes  de  contraste  simultané  de  couleur,  qu'on  a 
considérés  comme  des  exceptions  et  qu'on  a  nommés  couleurs  accidentelles, 
et  dans  ces  derniers  de  couleurs  subjectives,  qu'il  faudrait  selon  lui  présenter 
comme  dérivés  d'une  loi  de  notre  organisation,  en  les  énonçant  de  la  ma- 
nière suivante  : 

»  Lorsque  l'œil  voit  une  couleur  sur  un  fond,  il  a  tendance  à  voir  la 
couleur  bordée  de  sa  complémentaire,  et  celle-ci,  d'un  ton  bien  plus  faible 
que  le  ton  de  la  première,  va  en  s'affaiblissant  à  partir  du  bord  de  la  pre- 
mière couleur.  C'est  cet  affaiblissement  qui  en  empêche  la  perception  dans 
deux  cas  extrêmes,  celui  où  le  fond  réfléchit  trop  de  lumière  blanche  et  celui 
où  il  n'en  réfléchit  pas  assez.  Ce  sont  donc  là  deux  accidents  opposés  à  la 
manifestation  d'un  phénomène  régi  par  une  loi  dérivée  de  la  bonne  orga- 
nisation de  l'œil  humain. 

»  M.  Chevreul  doit  insister  d'autant  plus  sur  la  nécessité  de  la  lumière 
blanche  d'une  certaine  intensité  pour  la  manifestation  du  phénomène,  que 
dans  des  livres  récemment  publiés  à  l'étranger  sur  le  contraste  des  couleurs, 
on  a  parlé  de  ses  recherches,  certainement  sans  les  avoir  lues,  du  moins 
complètement.  Ainsi,  dans  deux  ouvrages,  on  insiste  sur  la  nécessité  de  cette 


(6,3  ) 
lumière  blanche  corame/ai/  no«i»efl«,  et  cependant  M.  Chevreul  a  parfaite- 
ment mis  ce  fait  en  évidence  dans  plusieurs  de  ses  écrits  :  il  se  borne  dans 
ce   moment  à  citer  son  livre  :  «De  la  loi  du  contraste  simultané  des  couleurs  » 
(i839)(i).   » 

PHYSIQUE.  —S  ur  un  nouveau  baromètre  à  mercure.  Note  de  31.  Faà  de  Bruxo, 

présentée  par  M.  Hermite. 

a  Le  nouveau  baromètre  que  j'ai  inventé,  et  qu'on  peut  voir  chez  M.  Sal- 
leron,  constructeur  d'instruments  de  physique,  me  semble  destiné  à  rendre 
de  grands  services  aux  voyageurs,  aux  météorologistes  en  campagne,  et  à  la 
marine.  Pouvant  être  construit  en  fer,  et  se  composant  de  deux  tubes  con- 
centriques, dont  l'intérieur  sert  de  cuvette  et  l'extérieur  de  colonne  baro- 
métrique, il  n'est  pas  susceptible  de  se  casser  ou  de  déverser  du  mercure 
n'importe  sous  quelle  inclinaison  ou  secousse.  L'envoi  de  ces  instruments 
pourra  se  faire  dans  toutes  les  parties  du  monde  avec  toute  sécurité,  et  sans 
crainte  de  rupture  de  la  part  des  acheteurs.  Le  problème  d'un  baromètre 
à  mercure  transportable  me  paraît  recevoir  ainsi  une  solution  satisfaisante. 

»  Si  le  tube  extérieur  est  suspendu  et  contenu  dans  un  autre  cylindre 
fermé  et  pressé  d'air,  nous  aurons  une  balance  barométrique,  nouvel  instru- 
ment qui  pourra  servir  à  peser  toute  sorte  de  gaz  ou  de  vapeurs.  Cet  in- 
strument figure  dans  l'Exposition  italienne,  à  côté  d'un  baromètre  différentiel 
sur  lequel  je  reviendrai  une  autre  fois.   » 

physique  appliquée.  —  Moyen  d'obtenir  des  creux  et  des  reliefs  à  dessin,  cjal- 
vaniquement,  sans  réserve  de  vernis;  par  M.  Balsamo. 

«  Tout  le  monde  sait  que,  dans  les  lames  vibrantes,  on  peut  faire  naître 
des  points  où  l'ébranlement  est  presque  nul,  et  des  points  où  l'agitation  est 
très-grande,  c'est-à-dire  des  lignes  nodales  et  des  ventres.  On  y  parvient 
en  pressant  du  doigt  un  point  quelconque  du  bord  de  la  lame  mise  en 
vibration  par  un  archet.  Comme  la  pression  mécanique  sur  les  lames  vibrantes 
produit  symétriquement  des  lignes  nodales,  correspondantes  au  point  de 
pression,  j'ai  pensé  que  les  lames  métalliques  plongées  dans  les  bains  gal- 
vaniques devraient  éprouver  une  certaine  inertie  dans  les  points  où  l'on 

(i)  Voir  les  pages  i65  et  446-449-  —  Ces  passages  expliquent  la  couleur  des  ombres  colorées 
au  lever  et  au  coucher  du  soleil,  et  montrent  que  Vazur  du  ciel  n'est  pour  rien,  comme  on 
l'a  prétendu,  lorsque  les  ombres  sont  bleues. 


(6i4  ) 
exercerait  une  pression.  Les  faits  ont  répondu  à  mes  prévisions,    car   les 
lames  métalliques  frappées  par  l'électricité  dans  leur  immobilité  apparente 
émettent  des  notes  que  nous  n'entendons  pas,  mais  qui  peuvent  décrire  gra- 
phiquement des  dessins  sur  leur  surface,  dans  des  conditions  déterminées. 

»  Voici  comment  j'ai  fait  l'expérience  dont  je  soumets  les  résultats  à 
l'examen  de  l'Académie.  Dans  une  solution  d'acétate  de  fer,  additionnée 
de  quelques  grammes  d'acide  phosphatique  et  de  quelques  fragments  de 
phosphore,  j'ai  plongé  deux  lames  de  fer  ordinaire,  dont  l'une  commu- 
niquait au  pôle  négatif,  et  l'autre  au  pôle  positif  d'une  pile  de  Bunsen  de 
trois  éléments.  Entre  ces  deux  lames,  et  perpendiculairement  à  leurs  sur- 
faces, j'ai  fixé  une  lame  de  verre,  longue  de  210  millimètres  et  large  de 
35  millimètres,  de  manière  qu'elle  pressât  par  son  tranchant  les  deux  lames 
de  fer  suspendues  aux  pôles  contraires.  Je  dois  avertir  que,  pour  mieux 
faire  venir  au  contact  les  deux  lames  de  fer  avec  le  tranchant  de  la  lame, 
de  verre  des  deux  côtés,  j'enfonçais  des  pièces  de  bois  entre  les  parois  du 
vase  qui  contenait  la  solution  ferrugineuse  et  les  surfaces  extérieures  des 
lames  métalliques;  les  pièces  de  bois  servaient  d'appui  aux  deux  lames, 
pour  les  empêcher  de  s'éloigner  de  la  lame  de  verre  qui  les  tenait  à  dis- 
tance, et  pour  exercer  sur  elles  une  pression  constante.  Après  deux  jours 
d'action  voltaïque,  le  fer  métallique  s'est  déposé  sur  la  lame  suspendue  au 
pôle  négatif,  en  bandes  verticales  parallèles  aux  deux  côtés  du  bord  de  la 
lame  de  verre,  un  sillon  vide  alternant  avec  un  sillon  plein.  Les  vides 
correspondaient  à  l'espace  occupé  par  le  tranchant  de  la  lame  de  verre, 
et  les  pleins  aux  côtés  de  cette  même  lame.  Les  lignes  vides,  c'est-à-dire 
sur  lesquelles  ne  se  déposait  pas  le  fer  métallique,  étaient  par  conséquent  les 
lignes  nodules,  et  les  lignes  sur  lesquelles  le  fer  se  précipitait  étaient  les 
lignes  de  vibration  ou  les  ventres.  On  dirait  les  cordes  d'une  harpe  fabri- 
quée dans  le  silence  mystérieux  des  retraites  moléculaires. 

»  J'ai  substitué  encore,  au  verre  droit,  un  verre  courbé  en  S,  de  telle 
sorte  que  les  points  de  contact  du  verre  sur  le  fer  formassent  une  ligne 
sinueuse.  J'ai  obtenu  alors  un  dépôt  curviligne  de  fer,  avec  alternative  de 
sillons  sinueux  vides  et  pleins,  comme  auparavant  j'avais  obtenu  un  dépôt 
rectiligne  avec  des  sillons  droits,  la  lame  de  verre  étant  droite.  A  la  vérité, 
les  traits  courbes  dessinés  par  le  fer  n'étaient  ni  aussi  nets,  ni  aussi  tran- 
chés que  les  traits  rectilignes,  parce  que  le  tranchant  de  la  lame  de  verre 
mal  courbée  ne  se  trouvait  pas  tout  entier  dans  un  même  plan,  et  qu'une 
bonne  partie  de  cette  lame  n'était  pas  en  contact  avec  la  lame  de  fer.  De 
plus,   le  courant  de  la  pde  était  affaibli  et  le  bain  un  peu  épuisé,  ce  qui  a 


(  6x5  ) 
dû  influer  sur  le  peu  de  netteté  des  lignes  nodales  et  des  lignes  vibrantes. 
Les  échantillons  que  je  présente  à  l'Académie  montrent  suffisamment  la 
formation  de  ces  bizarres  dépôts  galvaniques. 

»  La  pression  uniforme  du  tranchant  d'une  lame  de  verre  a  donc  suffi 
pour  rendre  inertes  des  espaces  entiers  de  fer,  qui  ont  refusé  de  recevoir 
les  molécules  de  fer  prêtes  à  s'y  déposer.  Si  cela  est  arrivé  sur  des  lignes 
droites  et  sur  des  lignes  courbes,  on  ne  doit  pas  douter  qu'en  formant  des 
dessins  avec  du  verre,  et  peut-être  aussi  avec  de  l'argile  ou  de  la  porce- 
laine, toutes  les  parties  qui  seront  en  contact  avec  le  bord  des  dessins  ne 
viennent  à  être  préservées  des  dépôts  métalliques.  Il  est  encore  probable  que 
le  même  dessin  aurait  été  reproduit  sur  la  même  surface,  un  nombre  de  fois 
d'autant  plus  grand  que  l'espace  laissé  libre  par  les  contours  comprimants 
aurait  été  plus  étendu. 

»  Le  damasquinage,  les  dessins  en  relief  ou  en  creux  qui  se  répètent  sur 
la  même  surface  pourraient  s'obtenir  de  cette  manière,  par  la  simple  appli- 
cation du  type  négatif  contre  la  lame  suspendue  au  pôle  négatif.  Ce  qui  arrive 
dans  le  bain  galvanique  d'acétate  de  fer  pourrait  sans  doute  se  reproduire 
dans  le  chlorure  de  fer  et  dans  des  solutions  salines  d'autres  métaux.  Ne  peut- 
on  pas  espérer  que  ce  procédé  pourra  rendre  de  véritables  services  dans  la 
gravure  électrotypique,  en  dispensant  de  l'emploi  du  vernis  préservateur?  » 

M.  Trapero  adresse,  de  Madrid,  une  Note  manuscrite  sur  les  formules 
du  troisième  et  du  quatrième  degré. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts.  C. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  7  octobre  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Becueil  de  Mémoires  et  observations  sur  l'hygiène  et  la  médecine  vétérinaires 
militaires,  rédigé  sous  la  surveillance  de  la  Commission  d'hygiène  publique 
et  publié  par  ordre  du  Ministre  secrétaire  d'État  au  département  de  la 
Guerre,  t.  XVI.  Paris,  1867;  1  vol.  in-8°. 

Etudes  sur  la  tuberculose,  preuves  rationnelles  expérimentales  de  sa  spécificité 
et  de  son  inoculabilité ;  par  M.  J.-A.  VlLLEMIN.  Paris^  1867;  1  vol.  in-8°. 
(Renvoi  à  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  1867.  ) 


(6,6  ) 

Traité  de  thérapeutique  de  la  coxalgie;  par  M.  R.  Philipeaux.  Paris,  1 867  ; 
1  vol.  in-8°  avec  figures. 

Les  destructeurs  des  arbres  d'alignement;  par  M.  E.  Robert.  Paris,  1867; 
in-18  cartonné. 

Catalogue  des  instruments  de  précision  de  M.  DuCRETET.  Paris,  1867; 
br.  in-8°. 

Annales  des  Mines  ou  Recueil  de  Mémoires  sur  l'exploitation  des  mines, 
6e  série,  t.  XI.  Paris,  1867;  in-8°. 

Les  Merveilles  de  la  Science;  par  M.  Louis  Figuier,  \  5e  série.  Paris,  1867; 
in-4°  avec  figures. 

Société  littéraire  et  scientifique  de  Castres  (Tarn);  Mémoires,  t.  VI. 
Castres,  1867;  in-8°. 

Corallarj...  Coraux  fossiles  du  terrain  nummulilique  des  Alpes  Vénitiennes. 
Mémoire  par  M.  A.  d'Achiardi.  Milan,  1866;  in-40  avec  planches. 

Beitràge...  Matériaux  pour  servir  à  l'histoire  de  l'analomie  et  de  la  phy- 
siologie microscopique  du  système  nerveux  ganglionnaire  de  l'homme  et  des 
vertèbres  en  général;  parM.  C.  ÀXMANN.  Berlin,  1 853 ;  in-8°. 

Zur...  La  question  du  choléra;  par  M.  C.  AXMANN.  Erfurt,  1867; 
br.  in-8°. 

Die...  Etude  pathologique  sur  le  choléra  indien  et  le  système  nerveux  gan- 
glionnaire, suivi  de  remarques  sur  la  prophylaxie  du  choléra;  par  M.  C.  AXMANN. 
Erfurt,  1867;  in-8°. 

Abhandlungen...  Mémoires  de  la  classe  des  Sciences  physiques  et  mathéma- 
tiques de  l'Académie  royale  des  Sciences  de  Bavière,  t.  X,  ire  livraison.  Mu- 
nich, 1866;  in-4°  avec  planches. 

Ueber...  Sur  le  parti  qu'on  peut  tirer  des  documents  publiés  dans  différents 
Etats  de  l'Europe  relativement  au  recrutement  pour  juger  du  développement  et 
de  l'état  sanitaire  de  la  population  de  ces  pays;  par  M.  L.-V.  BiSCHOFF.  Mu- 
nich,  1867;  br.  in-8°. 

Het...  Sur  la  Lamina  spiralis  membranacea  considérée  dans  son  dévelop- 
pement et  dans  son  état  complet;  par  M.  H.  V.  Middendorp.  Groningen,  1 867; 
in-4°avec  planches. 

ERRATA. 

(Séance  du  3o  septembre  1867.) 

Page  55i,  ligne  3o,  au  lieu  de  i685,  lisez  1689. 

Page  55q,  ligne  27,  au  lieu  de  réalisable,  lisez  irréalisable. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    LACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  14  OCTOBRE  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

HISTOIRE  DE  l'astronomie.  —   Réponse  à   la   Lettre  de  M.  Faugère,  de  ce 

jour  (i);  par  M.  Chasi.es. 

I. 

«  M.  Faugère  m'a  demandé,  par  une  Lettre  du  10  de  ce  mois,  de  lui 
confier  la  pièce  trouvée  dans  l'habit  de  Pascal,  et  envoyée  à  Newton  par 
Mme  Perrier,  désirant  en  faire  faire  un  fac-similé.  Il  m'a  demandé  en  outre 
de  lui  confier,  jusqu'au  lendemain,  la  Lettre  du  Roi  Jacques  II  à  Newton, 
du  12  janvier  1689.  Je  lui  ai  envoyé  sur-le-champ,  parle  porteur  de  sa 
Lettre,  ces  deux  pièces,  lui  disant  qu'il  n'était  nullement  nécessaire  qu'il 
me  renvoyât  dès  le  lendemain  la  Lettre  du  Roi  Jacques,  comme  il  me  le 
marquait.  J'exprimais  en  outre  l'espoir  que  M.  Faugère  pourrait  trouver 
dans  les  archives  des  Affaires  étrangères  quelque  trace  de  l'intervention  du 
Roi  Louis  XIV,  au  sujet  des  reproches  adressés  à  Newton. 

»  On  vient  de  me  remettre,  à  mon  arrivée  à  l'Académie,  une  Lettre  par 
laquelle  M.  Faugère  veut  bien  me  prévenir  que  la  comparaison  de  la  Lettre 


(i)   Foir\ai  Lettre  de  M.  Faugère,  lue  en  séance  par  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  ci-après 
>age  643. 

C.  K.,  1HK7,  2"  Semestre.  (T.  LXV,  N<>  16.)  8o 


(  6,8  ) 
du  Roi  Jacques  avec  une  Lettre  qui  existe  au  Ministère  des  Affaires  étran- 
gères montre  une  différence  radicale,  et  qu'il  croit  devoir  en  dire  un  mot 
dans  une  Lettre  qu'il  adresse  à  M.  le  Président  de  l'Académie. 

»  J'ai  pensé,  en  apprenant  ainsi  que  M.  Faugère  s'adressait  de  nouveau 
à  l'Académie,  qu'il  allait  enfin  répondre  aux  réfutations  que  j'ai  faites  en 
détail  de  tous  les  points  de  sa  Lettre  du  9  septembre,  comme  j'avais  fait  au- 
paravant de  sa  lettre  du  26  août  :  réfutations  toujours  appuyées  de  preuves, 
et  qu'un  contradicteur  qui  a  pris  l'initiative  de  l'attaque  dans  une  question 
où  il  se  reconnaît  incompétent  sur  le  point  principal,  tout  mathématique, 
et  qui  vante  si  haut  son  respect  de  la  vérité,  ne  devrait  point  laisser  sans 
réponse.. 

»  Mais  M.  Faugère,  dans  sa  Lettre  dont  M.  le  Secrétaire  perpétuel  vient 
de  donner  lecture,  ne  répond  encore  à  rien,  et  continue  son  système  d'arti- 
culations sans  donner  aucune  preuve.  Il  dit  que  la  Lettre  du  Roi  Jacques 
comparée  avec  la  mienne  est  autographe,  et  «  parfaitement  authentique, 
»   puisqu'elle  fait  partie  du  dépôt  des  Affaires  étrangères.  » 

»  Que  la  Lettre  soit  parfaitement  authentique,  je  l'admets;  mais  qu'elle 
soit  autographe,  qu'est-ce  qui  le  prouve?  Car  c'est  là  la  question.  Voilà 
donc  encore  une  assertion  sans  aucune  preuve.  M.  Faugère  n'indique  pas 
même  la  date  de  cette  pièce;  à  qui  elle  est  adressée;  quel  en  est  le  sujet; 
si  le  Roi  était  encore  sur  le  trône  ou  à  Saint-Germain  quand  elle  a  été 
écrite. 

»  L'affirmation  que  la  Lettre  est  autographe  est-elle  plus  sérieuse  que 
Y  Histoire  anecdotique  qu'invoquait  M.  Faugère  pour  prendre  le  faussaire  sur 
le  fait?  On  peut  en  douter,  et  tout  le  monde  sera  porté  à  penser  le  contraire; 
car  on  sait  que  les  correspondances  diplomatiques,  et  cette  pièce  en  est 
une  probablement,  puisque  c'est  aux  Affaires  étrangères  qu'elle  se  trouve, 
ne  sont  autographes  que  dans  des  circonstances  très-particulières.  Les  mi- 
nutes des  Lettres  peuvent  être  de  la  main  du  souverain,  mais  il  les  fait 
expédier;  il  signe  simplement  les  copies,  en  y  mettant  quelquefois  le  com- 
pliment autographe  (1). 

»  Eh  bieu,  il  existe  dans  V  Isographie  un  fac-similé  d'une  Lettre  du  Roi  Jacques 
à  Catinal,  du  17  août  1697,  existant  à  la  Bibliothèque  impériale;  et  cefac- 
simile  est  conforme  à  la  Lettre  que  M.  Faugère  a  encore  entre  les   mains. 

(1)  J'ajouterai  que  les  souverains  onl  eu  des  secrétaires  qui  imitaient  leur  écriture  et  leur 
signature,  et  qu'on  appelait  les  secrétaires  'le  in  main.  C'est  ainsi  qu'on  s'est  mépris  pend  inl 
un  temps  sur  des  Lettres  de  Henri  IV  et  de  Louis  XIV,  que  l'on  croyait  autographes,  et  qui 


(  6.9) 

Puis— je  espérer  qu'il    voudra  bien  faire  la  vérification  que  j'indique,  et  en 

rendre  compte  à  l'Académie  dans  sa  prochaine  séance  ?  Te   possède  plus 

d'une  trentaine  d'autres  pièces  dont  celle-là  fait  partie  :  il  y  a  encore  des 

Lettres  à  Newton  et  des  Notes  autographes  signées,  qui  se  rapportent  à  des 

recherches  historiques  dont  on  sait  que  s'occupait  le  Roi  Jacques,  qui  était 

fort  instruit. 

II. 

»  M.  Faugère  demande  formellement  à  l'Académie  que  M.  le  Président 
écrive  officiellement  à  M.  le  Directeur  de  la  Bibliothèque  impériale,  et  l'in- 
vite à  soumettre  à  l'examen  des  membres  les  plus  compétents  de  son  admi- 
nistration mes  documents,  et  avant  tout  les  écrits  attribués  à  Pascal. 

«  Il  est  évident,  ajoute-t-il,  que  les  écrits  prétendus  de  Pascal  une  fois 
»  reconnus  apocryphes,  tous  les  documents  qui  sont  cités  à  l'appui  et  qui 
»  s'y  réfèrent  devront,  par  cela  même,  être  regardés  comme  étant  égale- 
»   ment  faux.  » 

»  C'est-à-dire  que  M.  Faugère  ne  veut  pas  qu'on  recherche  s'il  a  existé 
des  relations  entre  Pascal  et  Newton.  Pour  lui,  la  cpiestion  est  résolue 
à  priori,  indépendamment  de  tous  les  documents  qui  s'y  rapportent.  Ces 
documents,  il  les  déclare  tous  faux,  comme  M.  R.  Grant.  Et  il  ne  les  connaît 
pas,  il  ne  veut  pas  les  connaître,  car  il  sait  fort  bien  que  je  me  serais  em- 
pressé de  les  mettre  sous  ses  yeux. 

»  M.  Faugère  donne  un  spectacle  bien  singulier.  Quand  j'ai  annoncé 
que  Pascal  devait  être  mis  au  nombre  des  géomètres  cités  par  Newton 
comme  ayant  découvert,  ainsi  que  lui,  les  lois  de  l'attraction,  et  que  je 
produisais  deux  Lettres  et  quatre  Notes  à  l'appui  de  cette  communication, 
l'Académie  m'a  invité  à  compléter  ces  premières  preuves  qui  devaient 
associer  Pascal  à  la  gloire  d'une  grande  découverte.  En  effet,  le  vœu  de  tous 
ici  devait  être  unanime.  Eh  bien,  M.  Faugère,  qui  se  déclare  incompétent 
dans  la  question  mathématique,  qui  dès  lors  ne  peut  en  apprécier  l'im- 
portance et  juger  les  documents  qui  s'y  rapportent,  renouvelle  néanmoins 
ses  protestations  contre  mes  efforts  en  réponse  aux  objections  de  nos  voi- 
sins d'outre-Manche,  dont  il  avait  invoqué  l'intervention. 

»  Il  renouvelle,  dis-je,  ses  protestations,  quand  il  a  pu  voir  dans  nos 


étaient  d'un  secrétaire  de  la  main.  Depuis,  on  y  a  regardé  de  plus  près;  et  l'on  sait  distinguer 
les  véritables  autographes.  Il  en  a  été  de  même  des  Lettres  de  Mule  de  Maintenon,  dont  une 
partie  ont  été  écrites  et  signées,  pendant  un  temps,  par  M11' d'Aumalc,  son  amie  et  sa 
confidente. 

80.. 


(  62o  ) 

Comptes  rendus  que,  jusqu'à  présent,  j'ai  répondu  à  toutes  les  objections 
qui  sont  venues  de  part  ou  d'autre.  Et  c'est  quand  cette  longue  polémique 
s'épuise,  touche  à  sa  fin,  que  M.  Faugère  vient  protester  et  demander  une 
enquête. 

»  Cette  demande  est  la  continuation  adoucie  d'une  espèce  de  dénoncia- 
tion qu'il  a  déjà  tentée  dans  sa  lecture  du  26  août. 

»  Puisque  ce  mot  dénonciation  semble  provoquer  un  doute  de  la  part 
d'un  de  nos  confrères,  je  vais  le  justifier.  M.  Faugère  a  dit,  au  sujet  de  mon 
refus  de  faire  connaître  à  M.  Le  Verrier  de  qui  je  tenais  mes  documents  : 
»  Assurément,  il  y  aurait  dans  une  pareille  déclaration  un  élément  précieux 
»  d'information.  »  Qu'a  entendu  par  là  M.  Faugère?  Il  le  dit  clairement 
quelques  lignes  plus  bas,  quand  il  invoque  les  devoirs  qu'impose  «  la  mora- 
»  lité  publique  encore  plus  que  l'intérêt  de  la  science.  »  Personne  n'a  pu  se 
méprendre  sur  la  signification  de  pareilles  phrases.  Mais  voici  quelque 
chose  de  plus  significatif  encore. 

»  A  la  suite  de  notre  réunion  du  19  août,  au  moment  où  M.  le  Pré- 
sident nous  quittait  pour  se  rendre  à  la  séance,  M.  Faugère  me  demanda 
de  qui  je  tenais  mes  documents.  Je  lui  répondis  :  La  question  est  de  juger 
les  pièces  que  je  produis;  le  nom  de  M.  Paul  ou  de  la  famille  Paul,  de  qui 
je  les  tiens,  n'y  est  pour  rien;  M.  Paul,  d'ailleurs,  pourra  vous  dire 
qu'il  n'a  pas  de  comptes  à  vous  rendre.  «  Ah!  reprit  M.  Faugère,  répon- 
»  dant  à  M.  Paul,  vous  n'avez  pas  de  comptes  à  me  rendre!  eh  bien,  vous 
»  êtes  un  faussaire,  et  je  vais  vous  dénoncer  à  la  justice.  »  Eh  bien,  ai-je 
répliqué,  prenez  que  je  suis  le  faussaire. 

»  Voilà  la  signification  de  l'appel  de  M.  Faugère  aux  devoirs  qu'impose 
la  moralité  publique,  qu'il  reproduit  aujourd'hui  sous  forme  d'enquête 
officielle  qu'il  demande  à  M.  le  Président  d'ordonner. 

III. 

»  Quant  à  cette  enquête,  je  répondrai  très-nettement,  sans  avoir  besoin 
de  rappeler  les  détails  sur  les  erreurs  en  fait  de  vérification  d'écritures  dont 
il  a  été  question  dans  notre  séance  du  3o  septembre,  que  je  ne  regarde 
point  M.  l'Administrateur  et  MM.  ses  collègues  de  la  Bibliothèque  impériale 
comme  des  experts  en  écriture;  ce  sont  tous  des  érudits,  des  savants,  des  lit- 
térateurs distingués,  mais  je  doute  qu'ils  s'attribuent  un  autre  titre,  et  qu'ils 
veuillent  se  charger  de  résoudre  la  question  qui  s'agite  au  sujet  des  travaux 
de  Pascal  et  de  Newton. 

»  Ils  savent  que  les  éléments  leur   manqueraient  absolument;   car  ils 


(  6a  i  ) 
n'ont  point  de  collections  proprement  dites  d'autographes.  C'est  ainsi  qu'il 
n'existe  point,  je  crois,  à  la  Bibliothèque  impériale,  de  Lettres  de  Montes- 
quieu; il  ne  s'y  trouve  qu'une  seule  pièce  sans  signature,  contenant  des  notes 
qui  semblent  ne  pas  se  faire. suite.  De  même  il  n'existe  qu'une  seule  Lettre  de 
Malebranche.  Je  pourrais  étendre  considérablement  ces  citations.  Cepen- 
dant il  est  bien  évident,  comme  on  l'a  vu  dans  la  séance  du  3o  septembre, 
qu'il  fout  plus  d'une  Lettre  et  même  plus  d'une  série  de  Lettres  d'un  au- 
teur, pour  inférer,  avec  quelque  probabilité,  que  telle  pièce  est  ou  n'est  pas 
de  lui. 

»  Mais  si  j'ai  regardé  l'enquête  restreinte  et  à  huis  clos  demandée  avec 
tant  d'insistance  par  M.  Fangère,  comme  inadmissible  clans  une  telle  ques- 
tion, je  rappelle  que  j'ai  invoqué,  et  j'invoque  de  nouveau  une  enquête 
générale,  de  la  part  de  toutes  les  personnes  qui  veulent  bien  prendre  intérêt 
à  la  question.  Je  communiquerai,  comme  je  l'ai  déjà  dit,  et  fait  déjà  avec 
succès,  mes  documents  à  qui  voudra  les  voir.  Que  ceux  qui  voudraient 
alléguer  qu'ils  ne  sont  pas  compétents  pour  juger  par  eux-mêmes  de  l'écri- 
ture ou  de  l'ancienneté  des  papiers,  amènent  avec  eux  des  experts  qui 
les  éclaireront.  Que  puis-je  faire  mieux?  De  plus,  je  prépare  la  publication 
qu'a  demandée  Sir  David  Brewster,  et  je  prendrai  des  mesures  pour  que  mes 
documents  puissent  être  toujours  consultés.  S'ils  sont  indignes  du  grand 
nom  de  Pascal,  le  triomphe  de  M.  Fangère  et  de  la  vérité,  qui  seule  l'inspire, 
n'en  sera  que  plus  éclatant,  et  se  perpétuera.  Que  peut-il  demander  de  plus? 

IV. 

»  Je  reviens  sur  l'origine  des  documents.  J'ai  déjà  dit  (séance  du  1 2  août , 
p.  271),  et  on  l'a  vu  du  reste  par  une  foule  de  citations,  que  ces  papiers  pro- 
venaient du  cabinet  de  Desmaizeaux,  qui  a  été  l'ami  et  le  confident  de  New- 
ton. Il  n'a  jamais  refusé  de  convenir  que  Newton  avait  eu  des  relations  avec 
Pascal  ;  il  a  même  montré  la  totalité  des  pièces  se  rapportant  à  ces  rela- 
tions, à  plusieurs  de  ses  amis,  notamment  à  Montesquieu;  mais  plus  tard  il 
y  a  mis  plus  de  réserve,  et  a  refusé,  avec  franchise,  d'en  donner  commu- 
nication, alléguant  qu'il  ne  s'en  considérait  que  comme  dépositaire.  Je  pos- 
sède à  ce  sujet  plusieurs  correspondances  de  Desmaizeaux,  dont  il  n'y  a 
point  eu  jusqu'ici  nécessité  de  parler.  Après  la  mort  de  Desmaizeaux,  ses 
papiers  ont  été  vendus.  Un  Français,  grand  collectionneur  (1),  en  a  acquis 

(1)  Le  chevalier  Blondeau  de  Charriage,  qui  s'attachait  principalement  aux  pièces  généa- 
logiques et  se  les  procurait  souvent  par  des  échanges,  en  donnant  des  pièces  autographes 


(    622    ) 

sinon  la  totalité,  au  moins  une  grande  partie,  où  se  trouvait  celte  masse 
de  documents  concernant  Newton.  Un  savant  anglais  (i)  a  fait  des  dé- 
marches, écrit  des  Lettres,  que  je  possède,  pour  acquérir  tout  ce  qui  pro- 
venait du  cabinet  de  Desmaizeaux.  Il  lui  a  été  répondu  que  ce  cabinet 
n'était  plus  intact,  qu'une  partie  des  pièces  avait  été  cédée.  Il  a  demandé 
dans  quelles  mains  avaient  passé  les  papiers  de  Newton.  Il  lui  a  été  répondu 
que  le  nouveau  possesseur  les  conservait.  Plus  tard  un  savant  historien  (2) 
dont  j'ai  aussi  une  Lettre,  se  trouvant  à  Paris,  a  fait  une  démarche  sem- 
blable, qui  a  échoué.  Voilà  ce  qui  concerne  l'origine  première  de  ces  pa- 
piers, dont  je  n'avais  point  à  parler  d'abord,  parce  qu'elle  est  étrangère  au 
contenu  des  documents,  qui  devait  seul  fixer  l'attention  des  savants  et  des 
esprits  sérieux.  On  le  comprend  aisément;  car  si  j'avais  négligé  de  pro- 
duire ces  documents,  et  qu'on  les  eût  trouvés  après  moi,  aurait-on  dû  les 
détruire,  quelque  intérêt  qu'ils  présentassent,  parla  raison  que  je  n'étais  plus 
là  pour  en  dire  l'origine  ? 

»  Quant  à  leur  origine  immédiate  à  mon  égard,  il  me  suffit  de  dire  que  la 
famille,  des  plus  honorahles,  dans  laquelle  ils  se  trouvaient,  a  pensé  qu'à 
raison  de  la  nature  de  mes  travaux  ces  papiers  pouvaient  m'ètre  agréables, 
et  me  les  a  fait  proposer. 

»  Je  rappellerai,  en  terminant,  que  mes  adversaires  s'obstinent  à  ne  pas 
vouloir  aborder  franchement  l'examen  de  la  question  capitale  de  ce  débat, 
savoir:  Y  a-t-il  eu  des  relations  entre  Pascal  et  Newton? 

»  Chaque  série  de  mes  documents,  les  Lettres  de  Montesquieu,  comme 
celles  de  Mariotte,  de  Malebranche,  de  Labruyère,  du  Roi  Jacques,  de 
l'abbé  Bignon,  et  beaucoup  d'autres,  suffit  pour  prouver  ces  relations. 

»  Comment  interpréter  cette  persistance  de  MM.  Faugère  et  Le  Verrier, 
comme  de  MM.  R.  Grant  et  Brewster,  à  déclarer  les  documents  faux  sans 
vouloir  en  examiner  aucun? 

»  N'accuse-t-elle  pas  la  crainte  d'y  trouver  la  preuve  de  leur  erreur,  et 
la  réfutation  de  leurs  assertions  non  suffisamment  réfléchies? 

»  M.  Le  Verrier,  qui  a  annoncé  qu'il  allait  répondre  à  ma  communica- 
tion de  la  dernière  séance,  relative  aux  nombres  de  Pascal  reproduits  dans  le 
livre  des  Principes  de  Newton,  refuse  maintenant  de  le  faire,  parce  qu'il  a  été 

littéraires.  Sa  collection  a  été  décrite  dans  quatre  volumes  :  Dictionnaire  de  titres  originaux... 
ou  Inventaire  général  du  cabinet  du  chevalier  Blondeau  de  C/iarnage,  ci-devant  lieutenant 
d'infanterie.  Paris,  1764,  4  vo'-  in-12.  Il  a  paru  depuis  un  5e  volume. 

(  1)  J.  Winthrop,  professeur  de  Mathématiques. 

(aj   William  Robertson. 


(  623  ) 
interrompu.  Je  l'invite  très-vivement  à  reprendre  la  parole;  j'ai  en  main  les 
documents  que  j'ai  pensé  pouvoir  me  servir  pour  ma  réplique.  M.  Le  Ver- 
rier refuse  absolument;  j'en  exprime  le  regret.  » 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Observations  relatives  aux  Lettres  écrites 
par  les  souverains  ;  par  M.  le  Général  Morin. 

«  À  une  époque  assez  éloignée,  il  a  été  souvent  d'usage,  chez  les  souve- 
rains, que  des  Lettres  en  apparence  écrites  et  signées  par  eux-mêmes  le  fussent 
par  des  personnes  de  confiance  qui  savaient  imiter  leur  écriture.  Le  Roi 
Louis  XIV,  entre  autres,  semble  avoir  adopté  cet  usage,  et  c'est  ce  qui  peut 
expliquer  les  nombreux  détails  d'administration  dans  lesquels  il  parait  être 
entré.  Entre  autres  exemples  que  l'on  en  peut  citer,  je  crois  devoir  faire 
connaître  l'existence,  dans  les  Archives  de  la  ville  de  Saverne,  de  plusieurs 
ordres  de  marche  ou  simples  feuilles  de  route,  avec  indication  des  gîtes  et 
des  lieux  de  séjour,  donnés  à  des  détachements  de  vingt  à  vingt-cinq 
hommes  partant  des  points  les  plus  éloignés  du  territoire,  pour  le  recrute- 
ment de  l'armée  réunie  à  Phalsbourg.  Ces  pièces  portent  la  signature  du 
Roi  et  le  contre-seing  du  ministre  Letellier  de  Louvois.  Qu'elles  aient  été 
signées  par  le  Roi  lui-même  ou  par  un  délégué,  elles  n'en  montrent  pas 
moins  la  part  considérable  et  directe  que  prenait  alors  le  souverain  à  l'or- 
ganisation des  armées,  de  même  qu'aux  autres  branches  de  l'administration 
du  pays,  et  elles  peuvent  servir  à  expliquer  des  différences,  dans  l'écriture 
de  pièces  qui  n'en  sont  pas  moins  l'expression  réelle  de  la  pensée  de  celui 
qui  était  censé  les  avoir  écrites.  » 

«  M.  Le  Verrier  déclare  de  nouveau  que  l'injure  qui  serait  faite  au 
caractère  de  Newton  n'est  basée  sur  aucun  document  sérieux. 

»  En  se  fondant  sur  des  pièces  attribuées  à  Pascal  et  à  Galilée,  et  de  la 
vérité  desquelles  on  ne  peut  donner  aucune  preuve,  sinon  qu'elles  se  certi- 
fieraient les  unes  les  autres,  on  conclut  que  Newton  aurait  attribué  à 
Cassini,  entre  autres,  des  observations  qu'il  aurait  reçues  de  Pascal,  et  cela 
dans  l'intention  frauduleuse  d'enlever  à  Pascal  l'honneur  de  la  découverte 
de  faits  importants  pour  le  système  du  monde. 

»  Newton  expose  nettement,  dans  son  édition  du  livre  des  Principes 
donnée  en  1726,  que  les  observations  et  les  mesures  sur  lesquelles  il 
s'appuie  sont  de  Cassini,  et  il  le  fait  en  deux  endroits  différents.  N'y  eût-il 
que  cette  déclaration  du  grand  géomètre  produite  en  présence  de  ses  con- 
temporains, qui  savaient  à  quoi  s'en  tenir,  on  ne  devrait  pas  hésiter  à  s'y 


(  62/,  ) 
fier  plutôt  qu'à  des  pièces  dénuées  de  preuves  et  venant  on  ne  sait  d'où. 

d  Mais  les  observations  de  Cassini  existent,  et  il  suffit  de  les  consulter 
dans  les  Mémoires  de  notre  Académie  pour  reconnaître  qu'elles  sont  iden- 
tiques à  celles  données  par  Newton  en  1726.  Cassini  fait  connaître  ses  in- 
struments, donne  les  dates  et  les  détails  de  ses  observations  qui  ont  été 
faites  entre  la  première  et  la  dernière  édition  du  livre  des  Principes. 

»  Aucun  doule  ne  peut  donc  être  permis.  Newton  a  été  sincère;  les 
observations  qu'il  rapporte  comme  étant  de  Cassini  sont  bien  de  cet  astro- 
nome français.  Et  en  conséquence,  les  pièces  prétendues  de  Galilée  et  de 
Pascal,  et  qui  n'auraient  pu  être  vraies  qu'à  la  condition  que  les  observa- 
tions citées  par  Newton  n'auraient  pas  été  de  Cassini  mais  bien  de  Pascal, 
sont  controuvées;  celles  attribuées  à  Galilée  autant  et  plus  que  les  autres.  » 

OPTIQUE.  —  Lettre  à  M.  Élie  de  Beaumont,  au  sujet  des  appareils  de  phares; 

par  Sut  David  Brewster. 

«   Allerley-Melrose,  le  21   août   1867. 

»  Je  regrette  que  M.  Reynaud  ait  soumis  à  l'Académie  les  observations 
qu'il  voulait  faire  sur  la  brochure  que  j'ai  eu  l'honneur  de  lui  adresser. 
L'Académie,  je  le  crois,  n'acceptera  pas  la  mission  de  décider  la  question 
qui  a  été  portée  inconsidérément  devant  elle,  et  le  Compte  rendu  n'est  pas  le 
journal  dans  lequel  elle  devrait  être  discutée. 

»  M.  Reynaud  a  gracieusement  déclaré  que,  s'il  n'était  pas  retenu  par 
mon  âge  et  mon  honorabilité,  il  aurait  entrepris  la  tâche  facile  de  répondre 
à  ma  brochure.  Je  l'invite  à  revenir  sur  sa  résolution  et  à  suivre  sa  pre- 
mière impression.  Dans  ses  rapports  sévères  avec  les  intérêts  et  la  réputa- 
tion des  individus,  la  vérité  ne  peut  avoir  d'égards  pour  l'âge,  et  l'âge 
devant  sa  lumière  abdique  ses  privilèges. 

»  M.  Reynaud  trouvera  la  tâche  qu'il  désire  entreprendre  moins  facile 
qu'il  ne  l'imagine  :  je  suis  prêt  à  lui  résister  devant  quelque  tribunal  que 
ce  soit,  et,  afin  de  faciliter  son  entreprise,  je  demande  la  permission  de  lui 
faire  connaître  les  difficultés  qu'il  aura  à  combattre. 

»  i°  C'est  un  fait  positif  qu'en  181 2  j'ai  décrit  un  appareil  de  lentilles 
et  de  miroirs,  au  moyen  duquel  un  rayon  de  lumière  ou  plusieurs  rayons 
parallèles  pouvaient  être  entièrement  condensés  en  un  foyer,  et  par  lequel 
la  lumière  de  ces  foyers  pouvait  être  entièrement  renvoyée  en  un  rayon  ou 
en  plusieurs  rayons  parallèles.  Deux  exemplaires  de  l'ouvrage  dans  lequel 
cette  invention  est  décrite  ont  existé  à  Paris,  l'un  dans  la  Bibliothèque  de 


(  625  ) 
l'Institut,   et   l'autre  dans  celle  de  M.  Biot.   L'appareil  qui  y  est  décrit  est 
exactement  le  même  que  l'appareil  du  phare  soumis  par  Fresnel  à  l'Académie 
des  Sciences  le  29  juillet  1822. 

»  20  On  dira  que  j'ai  appliqué  cet  appareil  seulement  à  la  lumière  du 
soleil  et  non  à  l'éclairage  des  phares.  Cela  est  complètement  faux.  J'ai 
donné  la  preuve  directe  et  circonstanciée,  et  acceptée  comme  irrésistible 
par  les  jurisconsultes,  les  ingénieurs  et  les  autorités  navales  et  militaires, 
qu'entre  1812  et  1820  j'ai  été  en  communication  fréquente  avec  les  ingé- 
nieurs du  Bureau  des  Phares  de  l'Ecosse  et  avec  le  Bureau  lui-même,  les 
pressant  d'appliquer  mon  appareil  à  leurs  phares. 

»  M.  Reynaud  peut  à  peine  faire  un  appel  sérieux  à  une  opinion  de 
M.  Arago,  qui  n'avait  jamais  vu  ou  entendu  parler  d'aucun  des  documents 
sur  lesquels  ma  réclamation  est  appuyée.  Ses  observations  ont  été  publiées 
à  une  époque  où  lui  et  moi  étions  engagés  dans  une  controverse;  mais,  plus 
tard,  ce  grand  homme,  que  j'aimais  et  admirais,  exprima  son  regret  des 
relations  dans  lesquelles  nous  nous  trouvions,  me  fit  un  noble  présent,  et, 
comme  le  savent  tous  les  Membres  de  l'Académie,  devint  mon  avocat  le 
plus  chaud  et  mon  ami. 

»  C'est  avec  beaucoup  de  chagrin  que  je  me  vois  obligé  de  soutenir  une 
réclamation  dans  laquelle  les  amis  de  Fresnel  voient  une  atteinte  à  sa  mé- 
moire. Comme  auteur  de  perfectionnements  et  comme  inventeur  des  appa- 
reils de  phares,  ce  grand  homme,  grand  sous  tant  d'aspects,  n'a  pas  d'égal, 
et  on  ne  pourrait  accroître  la  réputation  européenne  dont  il  jouit  à  ce  titre 
en  enlevant  à  un  collaborateur  l'honneur  d'une  invention  qui  lui  est  due 
incontestablement.  » 

HYDRAULIQUE.  —  Sur  les  travaux  de  conduite  d'eau  exécutés  récemment 
à  Alatri,  près  de  Rome;  par  le  P.  Secchi. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  l'entretenir  d'un  travail 
hydraulique  considérable  qui  vient  d'être  accompli  dans  les  États  ponti- 
ficaux, auquel  j'ai  pris  quelque  part  et  au  sujet  duquel  j'ai  reçu  des  infor- 
mations qui  pourront  être  utiles  à  la  pratique  et  à  la  science.  Il  s'agit 
d'une  conduite  exécutée  pour  fournir  l'eau  potable  à  deux  villes  de  la  pro- 
vince de  la  Campagna  liomana,  Alatri  et  Ferentino.  Ces  deux  villes  sont 
placées  sur  les  sommets  de  montagnes  isolées,  et  séparées  des  sources  les 
plus  voisines  par  des  vallées  larges  et  profondes.  On  a  dû  mettre  en  usage  les 

C.  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N«  16.J  8  I 


(  626  ) 
moyens  les  plus  perfectionnés  qu'ait  imaginés  l'industrie  moderne,  et  une 
profonde  connaissance  des  théories  hydrauliques. 

»  La  partie  la  plus  difficile  du  problème  était  de  réussir  à  porter  l'eau 
au  sommet  de  la  ville  d'Alatri,  car  le  reste  ne  présentait  aucune  difficulté 
vraiment  sérieuse. 

»  Ce  résultat  avait  déjà  été  obtenu  en  partie  par  les  anciens  Romains, 
qui,  à  une  époque  d'environ  deux  cents  ans  avant  Jésus-Christ,  avaient  fait 
un  aqueduc  forcé  à  siphon  renversé,  dont  le  point  le  plus  bas  était  déprimé 
de  100  mètres  au-dessous  de  la  débouchée  de.  l'eau  pour  approvisionner 
la  partie  basse  de  la  ville.  J'ai  eu  le  bonheur  de  retrouver  les  traces  de  cet 
aqueduc  jusqu'à  la  prise  d'eau,  et  de  le  suivre  jusqu'aux  réservoirs  faits 
dans  Alatri.  S'il  n'y  avait  eu  qu'à  desservir  la  ville  d'Alatri,  le  parti  le  plus 
simple  eût  été  de  suivre  l'ancien  tracé  de  l'aqueduc,  qui  était  fait  avec  des 
tuyaux  en  terre  cuite,  renforcés  par  une  couche  d'un  béton  de  demi-mètre 
d'épaisseur,  et  les  procédés  modernes  n'auraient  pas  eu  grand'peine  à 
obtenir  un  bon  résultat. 

»  Mais  il  s'agissait  encore  de  desservir  Ferentino  ;  pour  cela,  il  fallait 
porter  l'eau  à  un  point  plus  élevé  au  moins  de  34  mètres,  et,  à  cause  des  dif- 
ficultés suscitées  par  les  propriétaires  de  l'ancienne  prise  d'eau,  il  a  fallu 
abandonner  l'ancienne  source  et  se  servir  d'une  autre,  beaucoup  plus  éloi- 
gnée. 

»  Le  nouveau  tracé  de  la  conduite  présentait  de  graves  difficultés,  car  il 
exigeait  trois  siphons  renversés  l'un  à  la  suite  de  l'autre,  disposés  de  façon 
que  le  sommet  de  la  courbe  intermédiaire  restait  notablement  au-dessous 
de  la  débouchée  de  l'eau  au  sommet  de  la  ville. 

»  Toutes  ces  difficultés  étaient  bien  propres  à  décourager  dans  une  telle 
entreprise  ;  mais  je  l'ai  toujours  soutenue,  puisque  nous  pouvions  compter 
déjà  sur  la  résistance  des  tubes  français  en  fonte  de  M.  Festugère  de  Brous- 
sevalle,  et  des  jonctions  en  caoutchouc  de  M.  Petit.  En  effet,  nous  avons 
déjà  à  Anagni  une  conduite  de  cette  espèce,  qui  fonctionne  sous  l'énorme 
pression  de  3oo  mètres  d'eau,  et  dans  laquelle  l'eau  est  lancée  d'un  seul 
jet  jusqu'au  sommet,  par  une  pompe  mue  par  une  chute  d'eau.  La  con- 
duite d'Alatri  ne  demandait  pas  une  force  plus  considérable.  Les  autres 
difficultés  auraient  été  facilement  vaincues  par  l'habileté  de  l'ingénieur 
directeur,  M.  Olivieri. 

»   En  effet,  il  s'est  très-bien  acquitté  de  celte  tâche,  et  l'eau  jaillit  depuis 
plusieurs  mois  au  sommet  de  la  ville,  à  la  grande  satisfaction  des  habitants. 

»   Voici  quelques  éléments  relatifs  à  la  ligne  de  conduite  : 


(627  ) 

Ordonnée  de  la  source  dite  de  Travalle 6qo,ooo 

Ordonnée  du  point  où  finit  la  conduite  en  fonte  du  diamètre 
de  o,n,io,   et  où  commence  la  conduite  forcée   du  diamètre 

de  om,i5 218,477 

Ordonnée  au   fond  du  premier  siphon 00,261 

Ordonnée  au  sommet,  entre  le  premier  et  et  le  deuxième  siphon.  106,649 

Ordonnée  au  fond  du  deuxième  siphon 67   260 

Ordonnée  au  sommet,  entre  le  deuxième  et  le  troisième  siphon.  100,279 

Ordonnée  au  fond  du  troisième  siphon,  et  au  point  le  plus  bas.  i,75^ 

Ordonnée  de  la  porte  de  la  ville  au  réservoir  romain 100,242 

Ordonnée  au  sommet  de  la  ville,  à  l'ancienne  Acropolis,  où  se 

trouve  la  sortie  de  l'eau i34   010 

»  L'aqueduc  a  environ  i5  kilomètres.  Au  commencement,  sur  une 
longueur  de  io35  mètres,  il  est  en  maçonnerie  ayant  une'  section  de 
om,25xom,3o,  avec  une  pente  de  |  pour  100.  Le  reste  a  une  pente  moyenne 
de  4,3  pour  100,  ce  qui  a  permis  de  réduire  le  diamètre  des  tubes  à  om,io, 
sur  une  longueur  de  3718  mètres. 

»  Depuis  ce  point,  la  conduite  a  un  diamètre  de  om,i5  sur  une  longueur 
de  10094  mètres.  La  partie  qui  est  forcée  a  9600  mètres  environ.  Cette  der- 
nière longueur  forme  un  grand  siphon  principal  avec  deux  siphons  secon- 
daires, comme  nous  l'avons  dit.  Au  sommet  des  siphons  secondaires,  fonc- 
tionnent des  soupapes  de  Betancourt.  Cette  conduite  se  prêtera,  avec  le 
temps,  à  desexpériences  hydrauliques,  très-intéressantes  pour  la  vérification 
des  formules  théoriques;  mais  jusqu'ici  ces  expériences  n'ont  pu  être  entre- 
prises, afin  de  ne  pas  interrompre  le  service  de  la  ville,  qui  manque  encore 
de  réservoir,  et  encore  parce  que  l'eau,  à  cause  de  la  grande  sécheresse  des 
derniers  étés,  n'atteignait  pas  son  volume  normal.  Il  paraît  cependant,  dès 
maintenant,  que  la  hauteur  du  battant  ou  de  la  charge  dans  le  bras  le  plus 
long  du  siphon  est  un  peu  plus  grande  que  ne  l'indiquent  les  formules.  La 
conduite  a  été  essayée  à  s3  atmosphères,  et  elle  a  parfaitement  résisté. 

»  Le  débit  normal  doit  être  de  14  litres  par  seconde,  quantité  qu'on  a 
réellement  atteinte  avec  une  élévation  de  charge  de  quelques  mètres  seule- 
ment plus  grande  que  l'élévation  calculée.  Des  recherches  plus  exactes 
seront  faites  bientôt. 

»  Ce  grand  travail  a  été  exécuté  sous  la  surveillance  des  ingénieurs  du 
gouvernement  pontifical,  et  sous  la  direction  de  M.  Joseph  Oltvieri,  qui 
s'était  déjà  acquitté  de  travaux  pareils,  à  une  moindre  échelle,  àPatricaet 
à  Ceccano.  Les  dépenses  ont  été  faites  par  la  ville,  avec  une  subvention  de 
100 000  francs  donnée  par  le  Saint-Père  sur  sa  cassette. 

81.. 


(  628  ) 

»  Le  succès  de  ces  conduites  forcées,  exécutées  pour  la  première  fois  à  Ana- 
gni,  complètement  aux  frais  du  Saint-Père,  a  encouragé  les  autres  villes  des 
mêmes  montagnes,  qui  bientôt  seront  toutes  pourvues  de  cet  élément  si  né- 
cessaire à  la  vie.  Déjà  depuis  deux  ans,  Serre  jouit  de  ce  bénéfice  et  a  une 
conduite  forcée  de  9  kilomètres,  avec  un  siphon  d'environ  100  mètres  de 
pression  au-dessous  de  la  débouchée,  construite  par  l'ingénieur  J.  Armel- 
lini,  d'après  le  tracé  que  je  lui  avais  indiqué  Le  même  ingénieur  est  main- 
tenant employé  à  la  conduite  pour  Ferentino. 

»  Ces  expériences  en  grand  décideront  la  question  de  la  meilleure  mé- 
thode de  jonction  des  tubes.  Le  système  à  caoutchouc  ne  laisse  rien  à  dé- 
sirer sous  le  rapport  de  la  sûreté.  On  doute  de  sa  durée,  mais  l'expé- 
rience a  prouvé  qu'après  quatre  ans  de  service  les  tubes  se  trouvent 
très-bien  soudés  par  une  espèce  de  mastic  très-résistant,  formé  par  la 
matière  de  la  gomme  avec  le  fer  et  le  soufre,  et  parfaitement  étanche. 
Quelques-unes  de  ces  conduites  fonctionnent  depuis  quatorze  ans,  sans  dé- 
faut appréciable  et  sans  que  rien  indique  leur  détérioration.  La  seule  con- 
dition est  qu'elles  soient  abritées  de  la  lumière  et  de  l'air:  or  c'est  ce  qui 
a  lieu  effectivement  dans  la  pratique,  les  tubes  étant  profondément  enterrés. 
Cet  enfouissement  sert  aussi  à  conserver  l'eau  fraîche,  ce  qui  ne  saurait 
être  trop  recommandé,  car,  dans  ces  grandes  chutes,  réchauffement  dû  à  la 
transformation  de  l'action  de  la  gravité  en  chaleur  n'est  point  négligeable. 
Ainsi,  à  Patrica,  pour  une  chute  d'environ  400  mètres,  l'eau  s'échauffe  de 
plus  de  1  degrés. 

»  Tous  ces  travaux  ont  été  éminemment  patronnés  par  le  Souverain  Pon- 
tife, qui  a  prodigué  dans  cette  circonstance  les  subventions  et  les  facilités 
de  toute  espèce  pour  en  déterminer  le  succès,  en  laissant  à  la  charge  des 
populations  le  moins  possible  de  dépenses.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Suite  des  aperçus  sur  les  pop  électriques; 
par  M.  J.  Foi'rnet. 

«  Dans  ma  précédente  Note  sur  les  pays  électriques,  j'ai  spécialement 
porté  mes  investigations  du  côté  des  régions  lointaines.  Il  me  reste  donc 
actuellement  à  concentrer  le  champ  de  ces  recherches  en  faisant  remarquer 
qu'il  existe,  dans  les  montagnes  du  bassin  du  Rhône  et  dans  leurs  annexes, 
quelques  espaces  qui  se  distinguent  par  des  dégagements  électriques  d'une 
intensité  parfois  très-remarquable,  tandis  que  jusqu'à  présent  le  silence  le 
plus  absolu  règne  pour  d'autres,  malgré  l'apparente  identité  des  surfaces. 


(  629  ) 
Je  désire  que  les  détails  dans  lesquels  je  vais   entrer  excitent  l'attention 
des  observateurs,  de  façon  à  produire  enfin  l'établissement  de   quelque 
loi  météorologique. 

»  Laissant  à  cet  égard  de  côté  les  détails  déjà  mentionnés  par  M.  Arago, 
je  fais  immédiatement  ressortir  ce  qui  concerne  le  groupe  alpin  et  juras- 
sien, quitte  à  revenir  plus  tard  sur  les  parties  occidentales  de  nos  contrées. 

ÉLECTRICITÉ   ALPINE. 

»  r°  Illumination  des  rochers  du  mont  Blanc.  —  A.  Dans  la  nuit  du 
il  août  i854,  M.  Blackwel  stationnant  sur  les  Grands-Mulets  (altitude, 
3455  mètres),  le  guide  F.  Ir.  Couttet  sortit  de  la  cabane  vers  1 1  heures  du 
soir  et  vit  les  crêtes  de  ces  montagnes  tout  en  feu.  Il  parla  aussitôt  de  son 
observation  à  ses  compagnons;  tous  voulurent  s'assurer  du  fait,  et  effective- 
ment ils  virent  qu'en  vertu  d'un  effet  d'électricité  produit  par  la  tempête, 
chacune  des  saillies  rocheuses  des  alentours  semblait  illuminée.  Leurs  vête- 
ments étaient  littéralement  couverts  d'étincelles,  et  lorsqu'ils  exhaussaient 
les  bras,  les  doigts  devenaient  phosphorescents. 

»  A  cette  même  heure,  nous  avions  à  Lyon  une  assez  forte  pluie,  avec 
le  tonnerre  par  le  sud-ouest,  et  l'ensemble  de  la  journée  avait  été  très- 
orageux. 

»  B.  D'après  les  renseignements  dont  je  suis  redevable  à  l'obligeance  de 
M.  V.  Payot,  naturaliste  connu  de  tout  le  monde,  le  guide  lr.  Couttet,  de 
Chamounix,  lors  de  son  ascension  au  mont  Blanc  du  25  août  1  84 1 ,  avec 
M.  Chenal,  fut  surpris  aux  Grands-Mulets  par  un  orage  qui  leur  fit  courir 
un  danger  réel  à  cause  des  éclairs  et  des  tonnerres  qui  les  enveloppaient 
sans  relâche.  Toutes  les  pierres  autour  d'eux  avaient  leurs  étincelles  élec- 
triques, et  pourtant  la  cime  du  mont  Blanc  aussi  bien  que  le  ciel  étaient 
d'une  sérénité  parfaite. 

»  a°  Electricité  sur  le  Brev  en .  —  En  1767,  pendantun  temps  Irès-orageux,  de 
Saussure,  Jalabert  et  Pictet  se  trouvaient  sur  leBreven  (altitude,  a52omètres). 
Là  ils  n'avaient  qu'à  élever  la  main  et  à  étendre  un  doigt  pour  sentir  une 
sorte  de  picotement  à  son  extrémité.  Cette  remarque,  d'abord  faite  par  Pic- 
tet, fut  bientôt  suivie  d'une  autre,  en  ce  sens  que  la  sensation  devint  plus 
vive;  elle  était  même  accompagnée  d'une  espèce  de  sifflement.  A  son  tour, 
Jalabert,  dont  le  chapeau  était  garni  d'un  galon  d'or,  entendit  autour  de  sa 
tète  un  bourdonnement  effrayant.  On  tirait  des  étincelles  du  boulon  de  ce 
même  chapeau,  aussi  bien  que  de  la  virole  de  sa  canne. 

»  Enfin,  l'orage   grondant  avec  violence  dans  le  nuage  qui  planait  sur 


(  63o  ) 

leurs  tètes,  il  fallut  descendre  du  sommet  jusqu'à  20  ou  il\  mètres  plus  bas, 
où  l'on  ne  ressentit  plus  les  influences  de  cette  électricité. 

»  3°  Electricité  des  neiijes  étalées  sur  le  sol  de  In  Jungfrau.  —  La  neige 
couchée  à  terre  n'est  pas  opposée  à  ces  manifestations;  c'est  du  moins  un 
fait  qui  ressort  des  détails  suivants  :  le  10  juillet  i863,  M.  Watson,  accom- 
pagné de  plusieurs  autres  touristes  et  de  guides,  visitait  le  col  de  la  Jung- 
frau. La  matinée  avait  été  très-belle;  mais,  en  approchant  du  col,  ils  aper- 
cevaient de  gros  nuages  qui  s'y  amoncelaient,  et  au  moment  de  l'atteindre, 
la  caravane  fut  assaillie  par  un  fort  coup  de  vent,  accompagné  de  grêle. 
Au  bout  de  quelques  minutes,  la  retraite  dut  s'effectuer,  et  pendant  la 
descente  la  neige  continuait  de  tomber  en  telle  quantité  que  la  petite  troupe, 
se  trompant  de  direction,  chemina  pendant  quelque  temps  dans  le  Latoch- 
Sittel. 

»  A  peine  eut-on  reconnu  cette  erreur,  qu'un  formidable  coup  de  ton- 
nerre retentit,  et,  bientôt  après,  M.  Watson  entendit  une  espèce  de  siffle- 
ment qui  partait  de  son  bâton  :  ce  bruit  ressemblait  à  celui  que  fait  une 
bouilloire  dont  l'eau  en  ébullition  chasse  vivement  la  vapeur  au  dehors.  On 
fit  une  halte,  et  l'on  remarqua  que  les  cannes  ainsi  que  les  haches,  dont 
chacun  était  muni,  émettaient  un  son  pareil.  Ces  mèniesobjets,  enfoncés  dans 
la  neige  par  l'une  de  leurs  extrémités,  n'en  continuèrent  pas  moins  à  pro- 
duire ce  singulier  sifflement.  Alors  un  des  guides  ôta  son  chapeau,  en  s'é- 
criant  que  sa  tète  brûlait.  En  effet,  ses  clieveux  étaient  hérissés  comme 
ceux  d'une  personne  qu'on  électrise  sous  l'influence  d'une  puissante  ma- 
chine, et  chacun  éprouva  des  picotements,  une  sensation  de  chaleur  au  vi- 
sage aussi  bien  que  sur  d'autres  parties  du  corps.  Les  cheveux  de  M.  Wat- 
son se  tenaient  droits  et  roides;  le  voile  qui  garnissait  le  chapeau  d'un 
autre  voyageur  se  dressa  verticalement,  et  l'on  entendait  le  sifflement  élec- 
trique au  bout  des  doigts  agités  dans  l'air. 

»  La  neige  elle-même  émettait  un  bruit  analogue  à  celui  qui  se  serait 
produit  par  la  chute  d'une  vive  ondée  de  grêle.  Cependant,  aucune  appari- 
tion de  lumière  ne  se  manifesta  ;  mais  certainement  il  n'en  eût  pas  été  ainsi 
durant  la  nuit.  D'autres  coups  de  tonnerre  arrêtaient  subitement  tous  ces 
phénomènes,  qui  pourtant  recommençaient  avant  même  que  le  grondement 
de  la  foudre  se  fit  entendre  dans  les  échos  des  montagnes.  D'ailleurs,  tous 
éprouvèrent  un  choc  électrique  plus  ou  moins  violent  sur  divers  points;  le 
bras  droit  de  M.  Watson  en  fut  paralysé  pendant  quelques  minutes,  jus- 
qu'à ce  que  l'un  des  guides  l'eût  poussé  violemment  avec  la  main  ;  mais  une 
douleur  se  fit  encore  sentir  à  l'épaule  durant  plusieurs  heures.  Enfin,  à  midi 


(  63.  ) 
et  demi,  les  nuages  s'éloignèrent  et  ces  effets  finirent  par  disparaître  après 
avoir  duré  vingt-cinq  minutes  environ. 

»  A  Lyon,  une  forte  brise  nord  neutralisait  complètement  les  manifesta- 


tions orageuses. 


»  4°  Electricité  du  Piz  Surley.  —  Un  peu  plus  à  l'est  on  arrive  aux  Grisons, 
qui  touchent  à  l'Italie.  Ici  je  dois  laisser  parler  M.  H.  de  Saussure,  dont 
j'ai  déjà  mentionné  les  observations  faites  au  Mexique  et  qui  vient  de  me 
transmettre  la  Note  suivante  : 

«  Le  22  juin  i8(>5,  partant  de  Saint-Moritz  (Grisons),  je  fis  l'ascension  du 
»  Piz  Surley,  montagne  granitique  dont  le  sommet  plus  ou  moins  conique 
»  s'élève  à  l'altitude  de  23oo  mètres.  Pendant  les  journées  précédentes  le 
»  nord  avait  régné  avec  persistance;  il  devint  variable  le  22,  et  le  ciel  se 
»  chargea  de  nuages  errants.  Vers  midi  ces  vapeurs  augmentèrent,  se  réu- 
»  nirent  au-dessus  des  cimes  les  plus  élancées,  en  se  tenant  d'ailleurs  assez 
»  élevées  pour  ne  pas  voiler  la  plus  grande  partie  des  sommités  de  l'Enga- 
»  dine,  sur  lesquelles  tombèrent  bientôt  des  averses  locales.  Leur  aspect  de 
»  vapeurs  poussiéreuses,  avec  une  demi-transparence,  nous  fit  supposer  qu'il 
»  ne  s'agissait  que  de  giboulées  de  neige  ou  de  grésil. 

»  En  effet,  vers  1  heure  du  soir,  nous  fûmes  assaillis  par  un  grésil  fin, 
»  clair-semé,  en  même  temps  que  des  giboulées  analogues  enveloppaient 
»  la  plupart  des  aiguilles  rocheuses  telles  que  les  Piz  Ot,  Piz  Julier,  Piz  Lau- 
»  guard  et  les  cimes  neigeuses  de  la  Bernina;  tandis  qu'une  forte  averse 
»  de  pluie  fondait  sur  la  vallée  de  Saint-Moritz. 

»  Le  froid  augmentait,  et  à  ih3om  du  soir,  arrivés  au  sommet  du  Piz 
»  Surley,  la  chute  du  grésil  devenant  plus  abondante,  nous  nous  dispo- 
»  sâmes  à  prendre  notre  repas  près  d'une  pyramide  en  pierres  sèches  qui 
»  en  couronne  la  cime.  Appuyant  alors  ma  canne  contre  cette  construction, 
»  j'éprouvai  dans  le  dos,  à  l'épaule  gauche,  une  douleur  fort  vive,  comme 
»  celle  que  produirait  une  épingle  enfoncée  lentement  dans  les  chairs,  et 
»  en  y  portant  la  main,  sans  rien  trouver,  une  piqûre  analogue  se  fit  sentir 
»  dans  l'épaule  droite.  Supposant  alors  que  mon  pardessus  de  toile  conte- 
»  nait  des  épingles,  je  le  jetai  ;  mais  loin  de  me  trouver  soulagé,  les  douleurs 
»  augmentèrent,  envahissant  tout  le  dos  d'une  épaule  à  l'autre,  et  elies 
»  étaient  accompagnées  de  chatouillements,  d'élancements  douloureux 
0  comme  ceux  qu'aurait  pu  produire  une  guêpe  ou  tout  autre  insecte  se 
»  promenant  dans  mes  vêtements,  où  il  me  criblait  de  piqûres. 

»  Otant  à  la  hâte  mon  second  paletot,  je  n'y  découvris  rien  qui  fût  de 
»  nature  à  blesser  les  chairs,  tandis  que  la  douleur  prenait   le  caractère 


(  63a  ) 
»  d'une  brûlure.  Sans  v  réfléchir  davantage,  je  nie  figurai  que  ma  chemise 
»  de  laine  avait  pris  feu  et  j'allais  me  déshabiller  complètement,  lorsque 
»  uotre  attention  fut  attirée  par  un  bruit  qui  rappelait  les  stridulations  des 
»  bourdons.  C'étaient  nos  bâtons  qui  chantaient  avec  force,  en  produisant 
»  un  bruissement  analogue  à  celui  d'une  bouilloire  dont  l'eau  est  sur  le 
»  point  d'entrer  en  ébullition;  tout  cela  peut  avoir  duré  environ  quatre 
»   minutes. 

»  Dès  ce  moment,  je  compris  que  mes  sensations  douloureuses  prove-  ^ 
»  liaient  d'un  écoulement  électrique  très-intense,  qui  s'effectuait  par  lesom- 
»  met  de  la  montagne.  Quelques  expériences  improvisées  sur  nos  bâtons  ne 
»  laissèrent  apercevoir  aucune  étincelle,  aucune  clarté  appréciable  de  jour, 
»  mais  ils  vibraient  dans  la  main  de  façon  à  faire  entendre  un  son  intense. 
»  Qu'on  les  tînt  verticalement,  la  pointe  soit  en  haut,  soit  en  bas,  ou  bien 
»  horizontalement,  les  vibrations  restaient  identiques,  mais  le  sol  demeurait 
»  inerte.  Alors  le  ciel  était  devenu  gris  dans  toute  son  étendue,  quoique 
»  inégalement  chargé  de  nuages. 

»  Quelques  instants  après,  je  sentis  mes  cheveux  et  ma  barbe  se  dresser  en 
.>  produisant  sur  moi  une  sensation  analogue  à  celle  qui  résulte  d'un  rasoir 
>  passé  à  sec  sur  des  poils  roides.  Un  jeune  homme  qui  m'accompagnait 
»  s'écria  qu'il  sentait  tous  les  poils  de  sa  moustache  naissante,  et  que,  du 
»  sommet  de  ses  oreilles,  il  partait  des  courants  très-forts.  D'autre  part,  eu 
»  élevant  la  main,  je  vis  des  courants  non  moins  prononcés  s'échapper  de 
»  mes  doigts.  Bref,  une  forte  électricité  s'écoulait  des  bâtons,  habits,  che- 
»   veux,  barbe  et  de  toutes  les  parties  saillantes  de  nos  corps. 

»  Un  coup  de  tonnerre  lointain  vers  l'ouest  nous  avertit  qu'il  était  temps 
»  de  quitter  la  cime,  et  nous  descendîmes  rapidement  jusqu'à  une  centaine 
»  de  mètres.  Nos  bâtons  vibrèrent  de  moins  en  moins  à  mesure  que  nous 
»  avancions,  et  nous  nous  arrêtâmes  lorsque  leur  son  fut  devenu  assez 
»  faible  pour  ne  plus  être  perçu  qu'en  les  approchant  de  l'oreille.  La  dou- 
«  leur  au  dos  avait  cédé  dès  les  premiers  pas  de  la  descente,  mais  j'en  con- 
»  servais  encore  une  impression  vague.  Dix  minutes  après  le  premier,  un 
»  second  roulement  de  tonnerre  se  fit  entendre  encore  à  l'ouest  dans  un 
»  grand  éloignement,  et  ce  furent  les  seuls.  Aucun  éclair  ne  brilla,  et,  une 
»  demi-heure  après  notre  départ  de  la  cime,  le  grésil  avait  cessé;  les  nuages 
»  se  rompaient.  Enfin,  à  2h  3om  du  soir,  nous  atteignîmes  de  nouveau  le 
»  point  culminant  du  Piz  deSurley  pour  y  trouver  le  soleil.  Mais,  le  même 
»  jour,  il  régnait  un  violent  orage  sur  les  Alpes  bernoises,  où  une  dame 
u   anglaise  fut  foudroyée. 


(  633  ) 

»  Au  surplus,  nous  jugeâmes  que  notre  phénomène  devait  s'être  étendu 
»  sur  toutes  les  hautes  cimes  rocheuses  de  la  chaîne  des  Grisons,  même 
»  jusqu'à  l'horizon  où  divers  pics  rocailleux  étaient,  comme  celui  que  nous 
»  occupions,  enveloppés  par  des  tourbillons  de  grésil,  taudis  que  les 
»  grandes  sommités  neigeuses  de  la  Bernina  semblaient  en  être  exemptes 
»   malgré  les  nuages  déchirés  qui  les  couronnaient. 

»  Le  phénomène  électrique  qui  vient  d'être  décrit,  et  que  l'on  pourrait 
»  appeler  le  chant  des  bâtons  ou  le  bourdonnement  des  7'oches,  n'est  pas  rare 
»  dans  les  hautes  montagnes,  sans  pourtant  y  être  très-fréquent.  Parmi  les 
»  guides  que  j'ai  interrogés  à  ce  sujet,  les  uns  ne  l'avaient  jamais  observé, 
»  les  autres  ne  l'ont  entendu  qu'une  ou  deux  fois  dans  leur  vie.  Toutefois, 
»  il  convient  de  faire  observer  qu'il  se  présente  précisément  dans  les  jour- 
»  nées  où  le  ciel  menaçant  éloigne  les  voyageurs  des  cimes  culminantes. 
»  Quoi  qu'il  en  soit,  comme  il  n'a  encore  été  que  rarement  enregistré 
»  d'une  manière  positive  par  la  science,  j'ai  cru  devoir  insister  sur  ces 
m  détails. 

»  Déjà,  au  Nevado  de  Toluca,  j'avais  assisté  à  des  scènes  du  même  genre, 
»  mais  beaucoup  plus  intenses,  à  cause  de  sa  position  sous  les  tropiques  et 
d  de  son  altitude  de  454$  mètres. 

»  Cependant  le  rapprochement  des  diverses  observations  permet  de  dis— 
»  tiuguer  entre  elles  plusieurs  points  communs. 

«  Ainsi:  i°  L'écoulement  de  l'électricité  par  les  roches  culminantes  se 
»  produit  sous  un  ciel  orageux  chargé  de  nuages  bas,  enveloppant  les 
»  cimes  ou  passant  à  une  très-petite  distance  au-dessus  d'elles,  mais  sans 
»  qu'il  y  ait  de  décharges  électriques  à  proximité  du  lieu  où  se  mani- 
»  feste  l'écoulement  continu. 

»  2°  Dans  tous  les  cas  observés,  le  sommet  de  la  montagne  était  enveloppé 
»  par  une  giboulée  de  grésil,  ce  qui  pourrait  faire  supposer  que  l'écoule- 
»  ment  continu  de  l'électricité  du  sol  vers  les  nuages  n'est  pas  étranger  à 
»  sa  formation.  Ainsi,  pendant  l'observation  du  22  juin  i865  en  particu- 
«  lier,  toutes  les  aiguilles  rocheuses  se  trouvaient  dans  les  mêmes  condi- 
»  tions  météorologiques,  tandis  que  les  vallées  situées  entre  les  pics  rece- 
»  vaient  de  fortes  ondées  de  pluie.  Cependant  il  faut  aussi  faire  ici  la 
»  part  de  la  température  plus  élevée  de  ces  bas-fonds,  où  le  grésil  allant  se 
»  fondre  tourne  à  l'état  de  pluie.  Il  v  a  longtemps  cpie  M.  de  Charpentier 
»  a  fait  ressortir  la  portée  du  fait,  et,  grésil  ou  neige,  les  résultats  doivent 
»  être  les  mêmes.  » 

C.  R.,   1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  16.)  82 


(  634  ) 


ELECTRICITE    J  URASSIF.NXE. 


»  5°  Electricité  des  prairies  près  de  Courtavon.  —  En  vertu  de  la  loi  du 
parallélisme  des  axes  montagneux  si  catégoriquement  détaillée  par  M.Élie 
de  Beaumont,  les  principales  inflexions  des  Alpes  sont  représentées  dans 
le  Jura,  et,  chose  curieuse,  les  épanchements  électriques,  si  prononcés 
dans  l'angle  du  mont  Blanc,  se  reproduisent  dans  l'angle  correspondant 
du  Jura  compris  entre  Porentruy  et  jNeufchâtel,  comme  le  démontrent  les 
observations  suivantes,  bien  qu'elles  aient  été  faites  sur  des  surfaces  d'une 
nature  fort  différente  des  précédentes. 

»  Prenons  donc  d'abord  les  espaces  herbeux  qui  se  couvrent  d'éclairs 
rasants,  d'où  la  dénomination  d'éclairs  de  prairies. 

»  A.  Un  fait  de  ce  genre  a  été  très-bien  observé  dans  les  environs  de 
Porentruy,  au  pied  du  Jura  et  près  de  Courtavon.  Là  se  trouve,  à  ioo 
mètres  au-dessus  d'une  vallée,  l'antique  château  de  Morimont,  dont  la  res- 
tauration a  été  confiée  à  M.  l'Ingénieur  des  Mines  Quiquerez  de  Délémont, 
savant  bien  connu  par  ses  beaux  travaux  miniers  et  archéologiques.  Etant 
occupé  à  diriger  les  ouvriers,  le  25  août  i865,  il  fut  surpris  par  deux 
orages  successifs,  entre  9  heures  et  midi.  A  3  heures  du  soir,  il  en  survint 
un  troisième  avec  des  nuases  excessivement  bas.  Alors  l'électricité  se  ma- 
nifestait  d'une  façon  effrayante  sur  toute  l'étendue  des  prés  du  voisinage; 
les  étincelles  se  succédaient  coup  sur  coup,  sous  la  forme  de  rapides  traî- 
nées lumineuses  courant  sur  les  gazons  au  lieu  d'être  en  l'air.  Le  bruit  gé- 
néral était  tel,  que  les  crépitations  particulières  ne  se  distinguaient  en 
aucune  façon.  D'ailleurs,  il  ne  pleuvait  pas;  mais  on  se  trouvait  presque 
dans  le  nuage,  et  tout  avait  été  mouillé  par  les  averses  de  la  matinée. 

»  B.  Dans  cette  même  journée,  à  3  ou  4  lieues  à  l'est  du  Morimont 
et  sur  le  prolongement  de  la  même  chaîne  du  Jura,  mais  quelques  minutes 
plus  tard,  on  remarqua  également  avec  épouvante  des  éclairs  qui  couraient 
sur  les  prés  et  sur  les  champs,  comme  si  le  terrain  était  embrasé.  M.  Qui- 
querez n'est  donc  pas  le  seul  qui  ait  observé  le  phénomène,  et  j'ajoute  que 
les  orages  s'étendirent  jusqu'à  Lvon. 

«  6°  Electricité  des  tacs  près  de  Neufchâtel.  —  Des  diffusions  du  même 
ordre  se  manifestent  sur  les  lacs,  et  déjà  M.  Arago  a  mentionné  le  fait  pour 
un  étang  de  Parthenay  (Vendée),  dans  sa  Notice  sur  le  tonnerre,  p.  3^1 . 

»  La  Société  d'Histoire  suisse  en  vit  un  exemple,  le  2  août  i85o,  en  navi- 
guant sur  le  lac  de  Moret,  à  8  ou  9  heures  du  soir.  Alors  le  tonnerre  se  fai- 
sait entendre  à  Montbéliard,  Châlon  et  Bourg. 


(  635  ) 

»  Pareillement  sur  le  lac  de  Bienne,  des  bateliers  deNidau  ont  cru,  un 
moment,  traverser  une  nappe  de  feu.  Malheureusement,  je  ne  trouve  pas 
aujourd'hui  la  date  de  l'événement,  de  sorte  qu'il  faut  me  borner  à  le  men- 
tionner comme  s'étant  produit  à  une  époque  très-récente. 


APERÇUS    CONJECTURAUX. 


»  On  vient  de  voir  qu'à  l'égard  de  ces  dégagements  de  l'électricité  ter- 
restre se  reproduit  l'indifférence  déjà  signalée  dans  ma  première  Note  au 
sujet  des  coups  de  foudre.  Ceux-ci  tombent  du  ciel  sur  des  surfaces  mi- 
nérales, aqueuses,  boisées,  tout  comme,  réciproquement,  le  fluide  émane 
d'emplacements  delà  nature  la  plus  variée,  rocheux,  herbeux,  lacustres  et 
neigeux. 

»  Mais  pourquoi  cette  prédilection  pour  les  points  d'entre-croisement 
des  dislocations  alpines  et  jurassiennes?  Et  d'ailleurs,  je  note  en  passant 
que  les  vastes  massifs  de  laJungfrau,  ainsi  que  ceux  de  la  Bernina,  sont  eux- 
mêmes  des  bombements  provenant  d'effets  complexes. 

»  Avant  de  m'aventurer  dans  cette  voie,  en  quelque  sorte  géologique, 
qui  semblait  s'ouvrir  devant  moi,  j'ai  voulu  savoir  si  d'autres  nœuds, 
non  moins  singuliers,  ne  seraient  pas  assujettis  à  des  relations  pareilles. 
La  magnifique  aiguille  du  mont  Viso  se  présentait  d'une  façon  assez  nette 
pour  m'engager  à  consulter  un  bon  observateur,  curé  des  environs,  et  dont 
il  sera  question  dans  une  autre  occasion.  Sa  réponse  a  été  que  les  illumina- 
tions ou  phénomènes  du  genre  de  ceux  dont  je  lui  parlais  étaient  parfai- 
tement inconnus  dans  sou  district.  Ainsi  donc,  sachons  encore  attendre.  » 

CHIRURGIE.  —  De  l'ah talion  des  malléoles  fracturées,  dans  les  luxations  du 
pied  compliquées  de  l'issue  des  os  de  la  jambe  au  travers  des  téguments; 
par  M.  Ch.   Sédillot.   (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  Résumé  et  conclusions.  —  i°  La  résection  des  surfaces  articulaires  tibio- 
péronières  et  l'ablation  des  malléoles  fracturées  semblent  les  indications 
les  plus  favorables  au  traitement  des  luxations  du  pied  compliquées  de 
plaie  et  de  l'issue  des  os  de  la  jambe. 

»  2°  Des  incisions  longitudinales  doivent  être  étendues  aux  deux  côtés  de 
la  jambe,  au  delà  des  extrémités  osseuses,  afin  d'ouvrir  largement  l'articu- 
lation tibio-tarsienne  et  d'offrir  une  libre  issue  aux  liquides  épanchés  dont 
la  rétention  et  la  putridité  sont  prévenues. 

82.. 


(  636  ) 

»  3°  Ces  incisions  font  cesser  la  tension  et  l'étranglement  des  téguments  et 
favorisent  la  réduction.  La  résection  des  surfaces  osséo-cartilagineuses  per- 
met également  de  replacer  plus  aisément  les  os  luxés,  relâche  les  tissus  et 
tend  à  rendre  la  guérison  plus  simple  et  plus  prompte. 

»  4°  Si  l'astragale  était  brisé,  il  faudrait  enlever  les  fragments  mobiles, 
ou  même  la  totalité  de  l'os;  on  se  bornerait  à  en  détacher  la  couche  osséo- 
cartilagineuse  supérieure  ou  tibiale,  si  l'on  ne  constatai!  pas  de  fracture  et 
que  l'opération  n'entraînât  ni  trop  de  délabrement,  ni  trop  de  diffi- 
cultés. 

»  5°  Les  fibro-cartilages  articulaires  se  séparent  des  os  subjacents,  en 
totalité  ou  en  partie,  dans  les  articulations  ouvertes  et  snppurées,  et  jouent 
alors  le  rôle  de  corps  étrangers,  ou  sont  absorbés  sur  place.  Ces  change- 
ments exigent  habituellement  un  temps  assez  long,  et  on  peut  espérer 
l'abréger  par  la  résection. 

»  6°  La  conservation  (\u  périoste  des  extrémités  des  os  de  la  jambe 
et  des  malléoles  n'aurait  aucun  avantage  et  peut  être  négligée. 

»  7°  Parmi  les  indications  curatives  auxiliaires,  l'immobilité  lient  le 
premier  rang.  La  réduction  doit  être  complète  et  le  pied  maintenu  à  angle 
droit  sur  la  jambe  et  très-légèrement  incliné  en  dedans,  comme  il  l'est  natu- 
rellement. 

»  8°  Les  attelles  plâtrées,  embrassant  la  partie  postérieure  delà  jambe,  le 
talon  et  la  face  plantaire  du  pied,  semblent  le  meilleur  moyen  de  conten- 
tion. Il  est  nécessaire  de  les  doubler  de  coton  et  de  les  recouvrir  d'un  vernis 
imperméable  pour  en  empêcher  le  ramollissement.  On  les  renouvelle  des 
qu'elles  étranglent  les  parties,  font  obstacle  au  libre  écoulement  du  pus  ou 
cachent  des  lésions  (ulcérations  et  abcès)  qu'il  importe  au  chirurgien  de 
reconnaître  et  de  combattre. 

«  9°  L'ankylose  est  en  général  le  résultat  le  plus  désirable  à  obtenir. 
Chez  les  jeunes  gens  cependant,  et  lorsque  les  plaies  sont  fermées  rapidement 
et  sans  accidents,  on  pourrait  tenter  la  formation  d'une  pseudarthrose  par 
des  mouvements  provoqués  et  renouvelés.  Les  cellules  régénératrices  restent 
à  l'état  fibreux  et  fibro-cartilagineux,  et  une  certaine  mobilité  s'établit  entre 
le  tibia  et  l'astragale,  et  remplace,  au  moins  en  partie,  la  jointure  du  cou- 
de-pied. Dans  tous  les  cas,  les  articulations  médio-tarsienne  etastragalo- 
scaphoïdienne  aident,  par  leur  laxité,  au  rétablissement  des  usages  du 
membre,  et  la  marche,  favorisée  par  un  talon  un  peu  élevé,  s'exécute  faci- 
lement. 

»    io°  Nous  ne  parlons  pas  des  accidents  ordinaires  primitifs,  et  consé- 


(637  ) 
cutifs,  si  fréquents  à  la  suite  des  luxations  compliquées  du  pied;  l'histoire 
en  est  tracée  dans  tous  les  ouvrages  de  chirurgie,  et  les  procédés  que  nous 
avons  proposés  ont  pour  but  d'en  prévenir  le  plus  grand  nombre. 

»  ii°  Nous  ne  croyons  pas  avoir  résolu  toutes  les  questions  que  nous 
venons  d'exposer.  L'expérience  seule,  et  une  expérience  prolongée,  pourra 
en  fixer  définitivement  la  valeur.  Mais  nous  sommes  convaincu  de  l'avan- 
tage, dans  les  sciences  expérimentales  et  pratiques  comme  la  nôtre,  d'ap- 
peler l'attention  et  la  controverse  sur  les  difficultés  qui  se  présentent  chaque 
jour  et  que  l'on  n'est  pas  encore  parvenu  à  résoudre.  Chacun  s'efforce  alors 
d'apporter  sa  part  d'observation  aux  points  en  litige,  et  la  science  et  l'art 
s'éclairent  et  se  perfectionnent.    » 

M.  Haidincer  adresse  de  Vienne  deux  opuscules  imprimés  en  allemand, 
et  relatifs  aux  météorites  du  cabinet  minéralogique  de  la  cour. 

Ces  opuscules  seront  soumis  à  l'examen  de  M.  Daubrée  pour  en  faire, 
s'il  le  désire,  l'objet  d'une  communication  verbale  à  l'Académie. 

MÉMOIRES  LUS 

PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  sur  ta  nature  des  miasmes  fournis  par  le  corps  de 
i homme  en  santé;  par  M.  J.  Lemaire.  (Suite.)  (Extrait  par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Méilecine  et  de  Chirurgie,  à  laquelle  M.  Pasteur 

est  prié  de  s'adjoindre.) 

«  Partis  des  corps  qui  les  fournissent,  c'est  à  la  surface  du  corps,  en 
dehors  des  organes,  que  les  Microphytes  et  les  Microzoaires  se  développent 
sur  l'homme  en  santé. 

»  Le  dépôt,  vulgairement  appelé  crasse,  que  la  sueur,  les  poussières 
atmosphériques  et  celles  qui  sont  contenues  dans  le  linge  produisent  sur  la 
peau  de  tout  le  monde,  et  qui  s'y  accumule  chaque  jour,  fournit  des  myriades 
de  ces  petits  êtres.  Us  sont  d'autant  plus  nombreux  que  cette  crasse  est  plus 
abondante.  Ce  dépôt,  qui  contient  une  matière  albuminoïde  provenant  de 
la  sueur,  est  constamment  entretenu  à  l'état  humide  on  semi-liquide  par 
la  transpiration  insensible  et  par  les  glandes  sudoripares,  activées  dans  le 
jour  par  l'exercice,  la  nuit  par  la  chaleur  du  lit.  Le  contact  de  l'air  et  la 
température  moyenne  du  corps,  voisine  de  +  37  degrés  centigrades,  font 
que  ce  dépôt  est  dans  les  conditions  les  plus  favorables  à  la  fermentation, 


(  638  ) 

par  conséquent  pour  que  les  Microphytes  et  les  Microzoaires  s'y  déve- 
loppent. 

»  En  l'étudiant  sur  des  hommes  et  des  femmes  de  trente  à  soixante-dix  ans, 
qui  avaient  négligé  pendant  huit  et  quinze  jours  les  soins  de  la  toilette, 
voici  ce  que  j'y  constatai,  après  avoir  provoqué  la  transpiration  au  moment 
de  l'examen  :  odeur  fétide  aux  régions  ano-périnéale,  inguino-scrotale, 
inguino-vulvaire  et  aux  pieds,  produite  par  la  matière  qui  s'y  était  amassée. 
Elle  rougissait  faiblement  le  papier  de  tournesol.  Le  microscope  y  révélait 
l'existence,  en  grand  nombre,  de  corps  diaphanes,  sphériques,  ovoïdes  et 
cylindriques,  semblables  à  ceux  dont  j'ai  constaté  l'existence  dans  l'air  con- 
finé, au  fort  de  l'Est;  de  plus,  des  myriades  de  Bactéries  (Bacteriu-n  termo, 
Bacterium  calenula,  formés  de  deux,  trois,  quatre  et  cinq  articles;  Bacterium 
piinctum),  des  Vibrions,  des  Spirillum  volulans  et  des  Monades  ovoïdes,  dont 
quelques-unes  étaient  échancrées. 

»  La  matière  recueillie  sous  les  aisselles  rougissait  le  papier  de  tournesol 
et  contenait  des  spores  ovoïdes,  des  corps  diaphanes  et  de  rares  Bacterium 
termo.  Celle  qui  s'était  amassée  sur  le  devant  de  la  poitrine,  à  l'épigastre, 
sur  l'abdomen  et  aux  régions  lombaires  et  dorsales,  rougissait  fortement 
le  papier  de  tournesol.  Elle  contenait  des  spores  rondes,  offrant  un  noyau 
central  qui  les  fait  ressembler  à  des  pièces  de  monnaie  :  ces  spores  ont  de 
o,oo4  à  o,oo5  de  millimètre  de  diamètre;  puis  d'autres  spores  ovoïdes, 
dont  un  certain  nombre  était  en  état  de  bourgeonnement  et  dont  quelques- 
unes  étaient  bij liguées  :  leur  longueur  variait  de  o,oo35  à  o,oo45  de  milli- 
mètre et  leur  largeur  de  0,0026  à  o,oo35  de  millimètre.  Point  d'animalcules. 
J'attribue  leur  absence  à  la  grande  acidité  de  cette  crasse. 

»    Le  cérumen  ne  contenait  ni  corps  diaphanes,  ni  spores,  ni  animalcules. 

»  L'air  confiné  se  sature  assez  vite  de  la  vapeur  d'eau  fournie  par  les 
poumons  et  par  la  peau.  Alors,  l'atmosphère  ne  pouvant  plus  en  prendre, 
l'enveloppe  cutanée  se  couvre  de  sueur.  Ces  conditions  favorisent  à  la  fois 
le  développement  des  Microphytes  et  des  Microzoaires  sur  la  peau  et  dans 
l'air  confiné,  dont  la  température  est  plus  élevée  que  celle  de  l'atmosphère 
extérieure. 

»  Dans  des  expériences  que  j'ai  laites  sur  les  fermentations  alcooliques  et 
putrides,  j'ai  démontré  que  les  gaz  et  les  vapeurs  qui  s'en  dégagent  entraî- 
nent en  grande  quantité  des  propagules,  des  spores,  des  corps  reproduc- 
teurs de  Microzoaires  et  même  des  animalcules,  entièrement  développés. 
C'est  de  celte  manière  que  ceux  qui  existent  sur  la  peau  me  paraissent  se 
répandre  dans  l'atmosphère. 


(  639  ) 
»  J'ai  fait  des  expériences  à  l'air  libre,  à  Paris,  par  une  température  de 
+  35  à  -+-  36  degrés  centigrades,  sur  de  la  viande,  des  solutions  d'albu- 
mine et  sur  d'autres  matières  fermentescibles.  Dans  ces  conditions,  j'ai 
constaté  que  douze  heures  suffisent  pour  le  développement  de  Bacterium 
U'rmo  et  de  Vibrions.  La  présence  d'animalcules,  entièrement  développés 
six  heures  après  la  condensation  de  la  vapeur  d'eau  recueillie  dans  les 
chambrées  du  fort  de  l'Est,  peut  être  expliquée  par  la  température  élevée  du 
corps  'de  l'homme  et  par  l'existence  d'une  grande  quantité  de  vapeur 
d'eau  dans  cet  air,  conditions  qui  hâtent  leur  développement. 

»  Les  effets  rapides  et  pernicieux  produits  par  les  miasmes  des  pays  chauds 
et  par  ceux  cpii  sont  fournis  par  le  corps  de  l'homme  en  santé  pourraient 
bien  tenir  à  ce  qu'ils  sont  plus  vigoureux,  ce  qui  est  démontré  parce  qu'ils 
arrivent  plus  vite  à  l'état  adulte  que  ceux  des  pays  tempérés,  dont  les  effets 
sont  beaucoup  moins  redoutables. 

»  Le  dépôt  qui  se  forme  dans  la  vapeur  d'eau  condensée  au-dessus  des 
marécages,  dans  les  salles  de  dissection  d'hôpital  et  dans  l'air  confiné,  a  été 
considéré  comme  une  substance  azotée  qui  se  putréfie.  Je  me  suis  assuré 
que,  dans  tous  ces  cas,  il  est  le  résultat  du  développement  de  Microphytes 
et  de  Microzoaires. 

»  Je  n'ai  pas  trouvé  de  ces  petits  êtres  dans  le  mucus  provenant  des 
fosses  nasales,  du  pharynx,  de  la  cavité  buccale,  de  l'urètre,  du  vagin  ,  ni 
clans  les  crachats  bronchiques  d'hommes  et  de  femmes  en  parfaite  santé. 
J'en  ai  conservé  dans  de  petites  bouteilles  bouchées,  renfermant  de  l'air,  et 
j'ai  constaté  qu'ils  résistent  plus  longtemps  à  la  décomposition  que  la 
viande  et  d'autres  matières  organiques. 

m  Des  micrographes  ont  signalé  l'existence  de  Bactéries  et  de  Vibrions 
dans  la  matière  pultacée  qui  s'amasse  sur  les  dents,  ainsi  que  dans  les  restes 
d'aliments.  J'ajouterai  que,  sur  les  individus  qui  ont  des  dents  cariées  et  les 
gencives  irritées  ou  malpropres,  on  y  trouve  en  outre  des  Spiriltum  vola- 
tans  et  des  Monades  en  grand  nombre. 

«  Je  me  suis  assuré  que  les  produits  de  la  respiration  qui  traversent  une 
bouche  en  cet  état  entraînent  non-seulement  des  corps  reproducteurs  de 
Microzoaires,  mais  même  de  ces  petits  êtres  entièrement  développés. 

»  On  pense  généralement  que,  dans  la  vapeur  d'eau  qui  se  dégage  des 
poumons,  lorsqu'elle  est  ramenée  à  l'état  liquide  à  l'aide  du  froid,  il  se 
forme,  au  bout  de  quelques  jours,  un  dépôt  de  matière  azotée  qui  se  pu- 
tréfie. Les  expérimentateurs  ont  été  induits  en  erreur.  Le  dépôt  qui  s'est 
formé  dans  leurs  expériences  tient  au  développement  d'infusoires  provenant 


(  64o  ) 
de  l'air  ambiant  et  de  la  bouche.  Ces  derniers  sont  entraînés  par  les  pro- 
duits de  l'expiration. 

»  Si  l'on  nettoie  préalablement  la  cavité  buccale  et  la  gorge,  avec  de  l'eau 
contenant  i  pour  ioo  d'acide  tartrique,  qui  tue  les  Microzoaires,  et  qu'on 
lave  ensuite  ces  parties  largement  avec  de  l'eau  pure;  cette  précaution  prise, 
si  l'on  aspire  l'air  par  les  narines,  et.  que  l'on  fasse  passer  le  produit  de 
l'expiration  dans  un  tube  à  boules  entouré  de  glace,  dont  une  extrémité  est 
maintenue  enlre  les  lèvres,  et  que  l'on  évite  d'y  introduire  de  la  salive,  la 
vapeur  d'eau  de  la  respiration  condensée  dans  ces  conditions  ne  donne 
naissance  ni  à  un  dépôt,  ni  à  des  Microphytes,  ni  à  des  Microzoaires.  J'en 
ai  conservé  pendant  un  an  dans  un  flacon  bouché  à  l'émeri,  qui  est  resté 
toujours  limpide.   » 

MEMOIRES  PRÉSENTÉS. 

GÉOLOGIE.  —  Sur  des  instruments  de  silex  trouvés  à  la   Treiche.  près  Toul; 
par  M.   R.  Guérix.  (Extrait  d'une  Lettre  à  M.  Élie  de  Beanmont.) 

(Commissaires  :  MM.  Milne  Edwards,  d'Archiac,  Daubrée.) 

«  Le  plateau  de  la  Treiche,  près  de  Toul,  est  un  immense  atelier  de  fabri- 
cation d'instruments  de  silex,  d'une  superficie  de  plus  de  5o  hectares.  Le 
silex  qui  y  a  été  employé  appartient  au  pays  et  a  son  gisement  à  quelques 
pas  de  ce  plateau.  C'est  un  calcaire  siliceux  appartenant  à  l'étage  de  la 
lerre  à  foulon.  Il  forme  des  masses  lenticulaires  de  i  5  à  35  centimètres  d'é- 
paisseur, noyées  dans  un  grès  très-compacte  qui  fait  corps  avec  lui. 

»  Ces  lentilles,  lorsqu'on  les  brise,  affectent  un  mode  de  fragmentation 
presque  toujours  plus  ou  moins  cubique,  sans  que  pour  cela  le  grès  qui 
fait  corps  avec  lui  s'en  détache. 

»  L'extrême  dureté  de  cette  matière,  en  même  temps  que  le  peu  de  vo- 
lume d'un  bloc  matrice  et  la  courte  longueur  des  éclats,  en  rendaient  le  tra- 
vail pénible  et  nuisaient  singulièrement  à  la  rectitude  des  objets;  mais  tout 
bruts  que  paraissent  être  de  prime  abord  tous  ces  instruments,  on  ne  tarde 
pas  à  reconnaître  des  objets  accusant  le  travail  de  l'homme  d'une  façon 
incontestable,  et  ce  ne  sont  pas  pour  la  plupart  des  ébauches,  mais  bien 
des  objets  parfaitement  achevés. 

)>  Grâce  à  une  fort  belle  collection  que  je  dois  à  l'obligeance  de 
M.  Léveillé,  du  Grand-Pressigny,  j'ai  pu  établir  une  série  d'instruments  par 
comparaison,   et  j'ai  été  étonné  de   trouver  une  analogie  aussi  frappante 


(  64i  ) 

entre  ces  deux  ateliers  si  éloignés  et  employant  des  matières  si  différentes; 
analogie  si  grande,  que,  quoique  je  possède  des  échantillons  de  presque 
tous  les  ateliers  du  littoral  de  l'Atlantique,  je  n'hésite  pas  à  considérer  le 
plateau  de  la  Treiche  comme  synchronique  du  Grand-Pressigny . 

»  Voici  maintenant  quels  sont  les  objets  jusqu'à  présent  recueillis  : 

»  Marteaux,  nucléus,  poinçons,  racloirs,  très-abondants;  ciseaux,  rares; 
perçoirs,  très-communs;  haches,  coins,  flèches,  rares;  en  outre,  une  variété 
assez  singulière  d'instruments  dont  je  ne  vois  guère  l'usage.  J'ai  dit 
plus  haut  que  le  silex  avait  une  cassure  plus  ou  moins  cubique;  or,  on 
rencontre  une  quantité  de  ces  cubes  dont  toutes  les  arêtes,  les  angles  et 
même  les  faces  sont  retouchés  à  petits  éclats  ;  je  ne  pense  pas  cependant,  vu 
leur  forme,  qu'on  puisse  y  voir  des  marteaux. 

»  Le  sol  où  se  trouvent  ces  silex  est  un  diluvium  gris  à  cailloux,  très- 
commun  sur  tous  les  plateaux  environnants,  et  qui  a  pénétré  jusque  dans 
les  galeries  des  grottes  de  Sainte-Reine,  où  il  m'a  fourni  d'admirables  instru- 
ments de  ce  même  silex,  mais  appartenant  à  la  période  lacustre  de  la  pierre 
taillée;  ils  sont  bien  mieux  taillés  et  bien  mieux  finis  que  leurs  voisins  du 
plateau  de  la  Treiche,  et  reposent  en  contact  avec  le  bœuf,  le  cheval,  l'hyène, 
l'ours,  le  sanglier,  etc. 

»  Plusieurs  présentent  un  polissage  partiel,  et  à  ce  propos  je  ferai  re- 
marquer que  le  grès  qui  accompagne  presque  toujours  ces  instruments  a 
dû,  par  un  choc  ou  un  frottement,  révéler  à  son  possesseur  ses  propriétés 
particulières  de  très-bonne  heure.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  trouve,  dans  les 
grottes  Sainte-Reine,  des  plaques  de  ce  grès  qui  attestent  l'usage  qu'on  en  a 
fait. 

»  Lorsque  ces  instruments  sortent  de  l'argile  des  grottes,  ils  sont  brun 
chocolat  et  ont  une  patine  brillante  et  très-adhérente;  cette  même  patine 
cesse  d'exister  lorsqu'ils  sont  recouverts  par  ce  même  diluvium  gris;  ils 
n'acquièrent  alors  qu'une  teinte  jaunâtre. 

»  Les  conclusions  qui  me  paraissent  résulter  de  ces  faits  sont  les  sui- 
vantes : 

»  iu  Le  plateau  de  la  Treiche,  sur  une  superficie  de  plus  de  5o  hectares, 
a  servi  d'atelier  de  fabrication  à  des  instruments  de  silex  qui  sont  les  syn- 
chmniques  du  Grand-Pressigny. 

»  20  Ces  instruments  sont  antérieurs,  d'après  leur  forme  et  leur  fini,  à 
ceux  que  contiennent  les  grottes  de  Sainte-Reine. 

»  3°  On  ne  rencontre  sur  ce  plateau  que  très-peu  de  cailloux  diluviens 

C.  R.,   1867,   2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  16.)  &$ 


(  642  ) 
travaillés  et  point  d'ébauches  d'instruments  de  silex  des  grottes  de  Sainte- 
Reine,  quoiqu'il  y  ait  des  milliers  d'échantillons  travaillés. 

»  4°  Le  même  silex  a  été  transporté  dans  tout  le  département  à  l'époque 
lacustre  et  forme,  concurremment  avec  le  silex  de  la  craie,  la  base  de  tous 
les  instruments  de  celte  période.  » 

M.  de  Villeneuve-Flayosc  adresse  une  Note  qui  a  pour  litre  :  <•  De  la 
gravitation  universelle  et  du  principe  delà  moindre  action  ». 

(Commissaires  :  MM.  Liouville,  Le  Verrier,  Bertrand.) 

M.  Francisque  adresse  une  «  Note  complémentaire  sur  le  système  harmo- 
nique de  Pythagore  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée  pour  les  communications  précédentes  du 

même  auteur.) 

M.  Bacaloglo  adresse  à  l'Académie  une  Note  concernant  une  «  propo- 
sition relative  à  la  locomotion  aérienne  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  des  aérostats.) 

CORRESPOND  ANCE . 

M.  Sédillot  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  parmi  les 
candidats  à  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie 
par  suite  du  décès  de  M.  Velpeau. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

La  Société  des  Sciences  de  Fixlaxde  adresse  à  l'Académie  deux  volumes 
formant  le  tome  VIII  de  ses  Mémoires,  et  sollicite  la  faveur  d'être  comprise 
au  nombre  des  Institutions  avec  lesquelles  l'Académie  fait  l'échange  de 
ses  publications. 

(Renvoi  à  la  Commission  administrative.) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i°  Un  Mémoire  de  feu  M.  J.  Plana,  extrait  des  Mémoires  cie  l'Académie 
des  Sciences  de  Turin,  et  ayant  pour  titre  :  «  Sur  les  formules  du  mouve- 
ment circulaire  et  du  mouvement  elliptique,  libre,  autour  d'un  point  excen- 


(  643  ) 

triquepar  l'action  d'une  force  centrale».  Ce  Mémoire  est  offert  à  l'Académie 
par  la  fille  de  l'auteur; 

i°  Un  opuscule  adressé  par  M.  Sterrj  Hunt  «  sur  la  Chimie  de  l'âge  pri- 
mordial »; 

3°  Une  brochure  de  M.  Baudrimont  qui  a  pour  titre  :  «  Théorie  de  la 
formation  du  globe  terrestre  pendant  la  période  qui  a  précédé  l'apparition 
des  êtres  vivants  ». 

histoire  DES  SCIENCES.  —  Lettre  adressée  à  M.  le  Président  au  sujet  des  écrits 
attribués  à  Pascal;  par  M.   Faugère. 

«  De  retour  h  Paris,  après  quelques  semaines  d'absence,  j'ai  pris  con- 
naissance des  derniers  Comptes  rendus  de  l'Académie,  et  je  suis  beureux  de 
voir  que  M.  Le  Verrier  a  reproduit  dans  la  séance  du  3o  septembre,  avec 
l'autorité  qui  lui  appartient,  la  proposition  que  je  n'ai  cessé  de  faire  dès  le 
commencement  de  ce  long  débat. 

»  Ce  n'est,  en  effet,  que  par  l'examen  comparé  des  écritures,  et,  comme 
l'a  dit  votre  très-éminent  confrère,  qu'au  moyen  d'une  expertise  régulière 
des  documents  contestés,  qu'il  est  permis  d'arriver  à  la  constatation  irrécu- 
sable de  la  vérité.  C'est  au  moyen  de  cette  comparaison,  en  ce  qui  concerne 
les  pièces  attribuées  à  Pascal,  que  j'ai  moi-même  arrêté  ma  conviction;  mais 
quoique  je  sois  absolument  désintéressé  dans  une  question  où  je  n'ai  d'autre 
mobile  que  le  respect  de  la  gloire  de  Pascal,  et  celui  de  la  vérité,  qui  n'est 
ni  française  ni  anglaise  et  appartient  au  monde  entier,  je  comprends  que 
M.  Chasles  ne  s'en  rapporte  pas  à  mon  appréciation. 

»  J'ai  donc  l'honneur  de  demandera  l'Académie  de  vouloir  bien  autoriser 
son  Président  à  écrire  officiellement  à  M.  le  Directeur  de  la  Bibliothèque 
impériale  pour  l'inviter  à  soumettre  à  l'examen  des  Membres  les  plus 
compétents  de  son  administration  les  documents  insérés  par  l'honorable 
M.  Chasles  dans  les  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie,  et  avant  tout 
les  écrits  attribués  à  Pascal. 

»  Dans  les  communications  que  j'ai  eu  l'honneur  de  soumetre  à  l'Aca- 
démie, je  n'ai  parlé  que  de  ces  derniers  écrits,  voulant  me  renfermer  dans 
les  limites  de  ma  certitude  personnelle.  Il  est  évident,  d'ailleurs,  que  les 
écrits  prétendus  de  Pascal  une  fois  reconnus  apocryphes,  tous  les  documents 
qui  sont  cités  à  l'appui  et  qui  s'y  réfèrent  devront  par  cela  même  être 
regardés  comme  étant  également  faux.  Je  me  permets  d'autant  mieux  d'in- 
sister sur  cette  considération,  que  l'Académie  n'aura  pas  manqué  de  remar- 

83.. 


(  644  ) 
quer  que  l'honorable  M.  Chasles,  depuis  le  commencement  du  débat,  cite 
constamment  à  l'appui  de  documents  contestés  d'autres  documents  prove- 
nant de  la  même  origine,  et  dont  l'authenticité   devrait   être  au  préalable 
également  établie. 

«  Votre  éminent  confrère  a  produit,  par  exemple,  dans  une  des  dernières 
séances,  des  Lettres  de  Jacques  IF  à  Newton.  Grâce  à  son  obligeance,  j'ai 
pu  comparer  une  de  ces  pièces  avec  une  Lettre  autographe  de  Jacques  II, 
parfaitement  authentique,  puisqu'elle  fait  partie  du  dépôt  des  Affaires 
étrangères,  et  cette  comparaison  m'a  démontré  que  les  Lettres  insérées  au 
Compte  rendu,  sous  le  nom  de  Jacques  II,  n'ont  pas  été  écrites  par  lui. 

»  L'Académie,  s'il  en  était  besoin,  verrait  sans  doute  dans  cette  assertion, 
que  chacun  de  ses  Membres  peut  venir  vérifier  par  lui-même,  un  nouveau 
motif  d'aviser  à  une  vérification  qui  devient  de  plus  en  plus  nécessaire.  » 

M.  le  Président  renvoie  cette  Lettre  de  M.  Faugère  à  la  Commission 
administrative. 

astronomie.  —  Sur  les  taches  solaires.  Note  de  M.  G.  Kirchhoff,  présentée 
par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  J'ai  eu  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie,  dans  sa  séance  du  !\  mars 
dernier,  une  Note  dans  laquelle  j'ai  essayé,  en  me  plaçant  au  point  de  vue 
du  physicien,  de  réfuter  les  objections  que  M.  Faye  a  soulevées  contre 
l'hypothèse  sur  les  taches  solaires  soutenue  par  moi;  j'ai  essayé  également 
de  démontrer  que  les  taches  solaires  ne  peuvent  s'expliquer  comme  le  lait 
ce  célèbre  astronome.  Je  croyais  qu'il  suffirait,  pour  atteindre  ce  dernier 
but,  de  formuler  d'une  manière  plus  précise  l'objection  déjà  faite  à  la  théo- 
rie de  M.  Faye  par  M.  Spencer,  et  d'invoquer  le  théorème  dont  cette  objec- 
tion est  une  conséquence  presque  immédiate,  c'est-à-dire  mon  théorème 
de  la  constance  du  rapport  des  pouvoirs  émissif  et  absorbant. 

»  M.  Faye  a  répondu  à  ma  Note,  séance  tenante;  je  n'ai  pas  répliqué  de 
nouveau,  parce  que  je  pensais  qu'il  était  sans  intérêt  pour  la  science  de 
prolonger  cette  discussion.  Mais  comme  M.  Faye  a  repris  le  même  sujet 
dans  la  séance  du  5  août,  je  crains  qu'en  passant  sous  silence  les  objections 
qu'il  a  faites  à  mes  déductions,  je  ne  paraisse  acquiescer  à  sa  manière  de 
voir;  je  prie  en  conséquence  l'Académie  de  vouloir  bien  donner  place  dans 
ses  Comptes  rendus  aux  remarques  qui  suivent. 

»  Comme  on  le  sait,  suivant  M.  Faye,  le  noyau  du  Soleil  est  gazeux  et 
possède  une  température  qui  n'est  pas  plus  basse  que  celle  de  la  photo- 
sphère; une  ouverture  qui  s'est  formée  dans  la  photosphère  constitue  une 


(  645  ) 
tache  obscure,  parce  que  le  pouvoir émissif  du  noyau  gazeux  est  très-fnible. 
L'objection  dont  il  s'agit  contre  cette  théorie  est  la  suivante  :  Si  le  pouvoir 
émissif  du  noyau  gazeux  est  imperceptible,  son  pouvoir  absorbant  l'est  éga- 
lement; en  conséquence,  les  rayons  de  la  face  interne  de  la  photosphère 
traversent  le  noyau  et  l'ouverture;  il  doit  en  résulter  que  l'ouverture  n'est 
pas  moins  éclairée,  moins  brillante  que  les  parties  environnantes  de  la 
photosphère. 

»  Dans  sa  communication  du  5  août,  M.  Faye  accorde  que  cette  objec- 
tion serait  fondée  si  le  noyau  du  Soleil  était  homogène,  et  si,  par  consé- 
quent, les  rayons  lumineux  émanés  de  la  photosphère  le  traversaient  en 
ligne  droite.  Pour  sauver  sa  théorie,  il  s'appuie  sur  le  fait  que  la  densité  du 
noyau  va  en  croissant  de  la  circonférence  au  centre  :  il  suppose  que,  dans 
le  noyau,  tous  les  rayons,  une  fois  émis  par  la  photosphère,  sont  réfractés 
en  traversant  des  couches  de  densité  différente,  de  manière  qu'ils  ne  ren- 
contrent pas  une  seconde  fois  la  photosphère,  et  que,  par  conséquent,  ils  ne 
peuvent  pas  sortir  des  ouvertures  qui  s'y  trouvent. 

»  M.  Faye  tâche  de  rendre  probable  cette  supposition  en  partant  de 
l'équation  différentielle  de  la  trajectoire  lumineuse  dans  un  milieu  formé 
de  couches  sphériques,  homogènes  et  concentriques,  dont  la  densité  varie 
de  l'une  à  l'autre;  mais  les  conséquences  qu'il  en  tire  ne  sont  point  con- 
cluantes. M.  Kummer  a  donné  une  discussion  rigoureuse  de  cette  équation 
dans  un  Mémoire  sur  la  réfraction  atmosphérique;  il  a  prouvé  que,  dans 
les  conditions  supposées  par  M.  Faye,  les  rayons  lumineux  ne  se  propagent 
pas  comme  ce  savant  le  croit. 

»  Pour  que  mon  objection  contre  la  théorie  de  M.  Faye  soit  fondée,  il 
ne  faut  nullement  que  la  masse  du  noyau  solaire  ait  partout  la  même  den- 
sité. Pour  le  prouver,  partons  du  théorème  déjà  cité,  relatif  aux  pouvoirs 
émissif  et  absorbant.  Dans  le  Mémoire  où  j'ai  démontré  ce  théorème,  j'en 
ai  tiré  la  conséquence  suivante  :  «  Lorsqu'un  espace  est  limité  de  toutes 
»  parts  par  des  corps  ayant  la  même  température,  et  que  l'enceinte  ainsi 
»  formée  est  opaque,  chaque  faisceau  dans  l'intérieur  de  l'espace  se  trouve, 
»  eu  égard  à  s:i  qualité  et  à  son  intensité,  exactement  dans  la  même  con- 
»  dition  que  s'il  émanait  d'un  corps  absolument  obscur  et  possédant  la 
»  même  température.  Il  ne  dépend,  par  conséquent,  ni  de  la  forme  ni  de 
»   la  nature  des  corps,  mais  seulement  de  leur  température. 

»  Soit  l'espace  dont  d  s'agit  une  petite  portion  du  noyau  gazeux  près  de  la 
photosphère;  soit  l'enceinte  composée  de  l'autre  partie  du  noyau  et  de  la 
photosphère  ;  si  la  température  de  toute  la  masse  du  Soleil  est  la  même,  les 


(  646  ) 
rayons  ne  dépendent,  dans  ledit  espace,  ni  de  la  nature  ni  de  la  distribution 
de  la  masse  du  noyau.  Lorsqu'une  ouverture  se  forme  dans  l'enceinte,  une 
partie  de  ces  rayons  la  traverse  et  la  fait  briller  du  même  éclat  que  si,  au  lieu 
du  noyau,  il  y  avait  un  espace  vide  ou  un  gaz  parfaitement  transparent. 
C'est  donc  à  tort  que  M.  Faye  m'adresse  le  reproche  d'avoir,  e  combat- 
tant sa  théorie  des  taches  solaires,  supposé  implicitement  le  noyau  du  Soleil 
homogène  et  d'avoir  «  simplement  négligé  le  fait  capital  et  caractéristique 
»   de  la  constitution  du  Soleil.  » 

»  M.  Faye  essayede  réfuter  d'une  autre  manière  les  mêmes  objections  dans 
sa  réponse  du  l\  mars.  11  y  a  des  cas  exceptionnels  auxquels  le  théorème 
de  la  constance  du  rapport  des  pouvoirs  émissif  et  absorbant  n'est  pas 
applicable.  J'ai  précisé  ces  cas  en  démontrant  le  théorème.  M.  Faye,  dans 
le  Mémoire  cité,  a  recours  à  l'hypothèse  que  la  matière  solaire  se  trouve 
dans  l'un  de  ces  cas  exceptionnels,  et  que  c'est  pour  cela  que  les  taches 
sont  obscures.  Mais  comme  il  ne  peut  pas  indiquer  la  raison  pour  laquelle 
l'état  exceptionnel  qu'il  suppose  à  la  matière  solaire  a  une  telle  consé- 
quence, son  hypothèse  équivaut  à  l'aveu  de  l'impossibilité  dans  laquelle 
il  se  trouve  d'expliquer  les  taches  obscures  du  Soleil.  » 

VOYAGES  SCIENTIFIQUES.  —  Sur  un  voyage  fuit  aux  Acores  et  clans  la  péninsule 

Ibérique.  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Jaxssen  à  M.  Elie  de  Beaumont. 

«  Madrid,  10  octobre  1867. 

»  J'ai  l'honneur  de  vous  donner  des  nouvelles  du  voyage  aux  iles  Acores 
pour  lequel  j'avais  reçu  une  mission  de  l'Académie. 

»  L'éruption  qui  s'était  manifestée  le  2  juin  dernier,  entre  les  iles  de  Ter- 
ceira  et  de  Graciosa,  n'a  duré  que  six  jours;  elle  ne  présentait  plus,  lors 
de  mon  arrivée  sur  les  lieux,  aucun  intérêt  sérieux,  au  point  de  vue  des 
applications  que  j'aurais  voulu  faire,  là  comme  à  Santorin,  des  recherches 
physiques  à  l'étude  d'une  bouche  volcanique  en  activité.  Nous  avons  donc 
profilé,  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  (1)  et  moi,  d'une  courte  relâche  du 
paquebot  qui  dessert  mensuellement  ces  îles,  pour  visiter  la  côte  nord-ouest 
de  Terceira  et,  plus  particulièrement,  la  pointe  de Serreta,  la  plus  voisine  du 
lieu  de  l'éruption,  afin  d'y  recueillir  tous  les  documents  qui  pouvaient  nous 
être  fournis  par  les  témoins  oculaires. 

»  L'objet  principal  de  ma  mission  n'était  point  atteint,  mais  la  visite  gêné- 


(  1)  M.  Ch.  Sainte- Claire  Deville  avait  obtenu  de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique 
l'autorisation  de  visiter,  sous  ses  auspices,  l'archipel  volcanique  des  Acores. 


(647  ) 
raie  des  îles  m'a  bientôt  démontré  que  mon  voyage  pouvait  avoir  encore 
d'utiles  résultats. 

»  En  effet,  l'archipel  des  Acores,  malgré  d'importants  travaux,  offre  en- 
core d'intéressants  sujets  d'étude  :  il  est  peu  de  points  sur  le  globe  qui 
aient  été  le  siège  de  plus  grands  et  de  plus  beaux  phénomènes  éruptifs. 

»  Ces  phénomènes,  dont  les  manifestations  n'ont  jamais  cessé  d'une  ma- 
nière complète,  sont  encore  représentés  aujourd'hui,  en  plusieurs  lieux 
de  l'archipel,  par  des  caldeiras  ou  dégagements  de  vapeur  et  de  gaz  à  tem- 
pérature plus  ou  moins  élevée.  L'île  de  San-Miguel  est  la  plus  remarquable 
sous  ce  rapport;  on  y  rencontre  plusieurs  caldeiras,  surtout  au  centre  de  la 
grande  cavité  cratériforme  de  Fumas,  située  dans  la  partie  est  de  l'île.  Là,  sur 
une  foule  de  points,  des  dégagements  gazeux  à  température  élevée  se  frayent 
violemment  un  passage  à  travers  les  fissures  du  sol  et  élèvent  souvent  jusqu'à 
l'ébullition  la  température  des  eaux  au  sein  desquelles  ils  jaillissent.  Ces 
manifestations  prouvent  que  c'est  ici  le  lieu  de  l'archipel  où  les  forces  érup- 
tives  ont  conservé  l'action  permanente  la  plus  active.  Nous  avons  donc 
pensé,  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  et  moi,  qu'il  y  aurait  intérêt  à  faire  de 
Fumas  l'objet  d'une  étude  spéciale;  aussi,  y  avons-nous  séjourné  le  temps 
nécessaire,  et  nous  rapportons  les  éléments  d'un  travail  séparé  sur  cette  loca- 
lité remarquable. 

»  Une  visite  sommaire  de  l'archipel  a  permis  à  M.  Ch.  Sainte-Claire 
Deville  d'en  déterminer  les  caractères  géologiques  généraux. 

»  De  mon  côté,  j'ai  continué  aux  Açores  les  études  de  magnétisme 
appliqué  à  la  géologie,  commencées  à  l'île  de  Santorin.  Dans  la  vallée  de 
Fumas  et  aux  environs,  comme  aussi  à  l'île  de  Pico,  j'ai  trouvé  la  valeur 
des  éléments  magnétiques  très-variable;  l'aiguille  d'inclinaison  accuse  des 
différences  très-sensibles  à  des  stations  souvent  fort  rapprochées.  Ces  diffé- 
rences, qui  sont  dues  aux  actions  variables  des  roches  qui  forment  le  sol 
profond,  pourront  donner  des  indications  utiles  sur  la  nature  de  ces  roches 
et  fournir  à  la  géologie  un  nouvel  élément  de  discussion. 

»  Enfin,  je  profite  en  ce  moment  de  mon  passage  en  Portugal,  en 
Espagne  et  dans  le  sud  de  la  France,  pour  y  mesurer,  en  quelques  stations 
principales,  la  valeur  actuelle  des  élémenls  magnétiques.  Ces  éléments  ont 
été  déterminés,  il  y  a  une  dizaine  d'années,  par  M.  Lamont,  savant  profes- 
seur de  Munich.  Les  déterminations  actuelles,  rapprochées  des  siennes, 
montreront,  au  moins  d'une  manière  générale,  la  variation  des  coefficients 
et  la  marche  des  courbes  magnétiques  dans  cette  partie  occidentale  de 
l'Europe.    « 


(  6/,8  ) 
CHIMIE.    —    Observations    relatives  aux  communications  récentes  de   .'.  Kolb 
et  de  M.    Riche,   concernant  les  propriétés  des  chlorures  décolorants  ;  par 
MM.  Fokdos  et  Gélis. 

«  Dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  du  3o  septembre  dernier,  M.  Riclie 
parle  de  la  transformation  des  hypochlorites  en  chlorites,  sous  l'influence 
de  la  lumière.  Il  dit  avoir  été  décidé  à  publier  un  peu  bâtivement  la  décou- 
verte de  ce  fait,  parce  qu'il  se  trouve  mentionné  dans  un  travail  commu- 
niqué à  l'Académie  par  M.  Kolb,  dans  la  séance  du  i'5  septembre. 

»  En  présence  de  ces  deux  communications,  qui  tendent  à  faire  consi- 
dérer la  découverte  de  cette  réaction  comme  nouvelle,  nous  croyons  utile  de 
rappeler  que  la  connaissance  de  la  transformation  dont  il  s'agit  est  acquise 
à  la  science  depuis  près  de  douze  ans. 

)>  En  effet,  nous  avons  publié  en  novembre  1 855,  dans  le  Journal  de 
Pharmacie  et  de  Chimie,  un  travail  ayant  pour  titre  :  «  Noie  sur  la  chloromé- 
»  trie  et  sur  la  transformation  spontanée  des  hypochlorites  en  chlorites  ». 
Nous  avons  montré,  dans  cette  Note,  que  cette  curieuse  transformation 
est  souvent  une  cause  d'erreur  dans  les  essais  commerciaux  des  hypochlo- 
rites qui  se  font  au  moyen  de  la  liqueur  normale  d'acide  arsénieux,  et 
nous  avons  été  conduits  à  rejeter,  dans  ces  essais,  l'emploi  de  cette  liqueur, 
et  à  la  remplacer  par  une  autre  liqueur  titrée,  préparée  avec  l'hyposulfite 
de  soude. 

»  Ce  sel  joint,  à  l'avantage  de  ne  présenter  aucun  danger  d'empoisonne- 
ment, celui  d'indiquer  d'une  manière  plus  exacte  les  propriétés  oxydantes 
et  décolorantes  des  byposulfites.  » 

M.  le  Président  de  la  Société  scientifique  d'Aucaciion  écrit  à  M.  le  Pré- 
sident pour  le  prier  de  vouloir  bien  faire  savoir  à  ceux  qui  désireraient 
faire  quelques  recherches,  que  cette  Société  tient  à  leur  disposition  son 
Musée,  un  aquarium  d'eau  de  mer  et  un  laboratoire. 

M.  Yalat  adresse  une  Note  relative  à  la  somme  des  angles  d'un  triangle 
et  au  postulatum  d'Euclide. 

Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  Cbasles. 

M.  Boileau  adresse,  de  Breuches  (Haute-Saône),  la  description  d'un 
appareil  propre  à  faciliter  l'enseignement  du  système  métrique. 

Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  Mathieu. 


(  649  ) 
M.  Mat abon  adresse  une  Lettre  concernant  quelques  appareils  de  sau- 
vetage qu'il  désirerait  soumettre  au  jugement  de  l'Académie. 

Cette  Lettre  est  soumise  à  l'examen  de  M.  deTessan. 

M.  Haton  de  la  Goupillière  demande  et  obtient  l'autorisation  de  retirer 
du  Secrétariat  le  manuscrit  de  son  Mémoire  sur  les  procédés  de  transforma- 
tion en  Géométrie  et  en  Physique  mathématique,  présenté  le  ?>o  mai  1 864, 
en  échange  duquel  il  fait  hommage  à  l'Académie  d'un  exemplaire  imprimé 
de  ce  Mémoire,  extrait  du  «  Journal  de  l'École  Polytechnique  ». 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  É.  D.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  i4  octobre  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Classification  adoptée  pour  la  collection  des  roches  du  Muséum  d'Histoire 
naturelle  de  Paris;  par  M.  A.  Daubp.ée.,  Membre  de  l'Institut.  Paris,  1867; 
br.  in-8°. 

Mémoire  sur  les  formules  du  mouvement  circulaire  et  du  mouvement  ellip- 
tique, libre,  autour  d'un  point  excentrique  par  l'action  d'une  force  centrale;  par 
Jean  Plana.  Turin,  1866;   in-4°. 

Notice  sur  les  titres  et  les  travaux  scientifiques  du  Dr  Ch.  SÉDILLOT.  Paris  et 
Strasbourg.  1867;  1  br.  in-4°. 

Des  chemins  de  fer  d'intérêt  local  du  département  de  la  Somme;  par  M.  J. 
Fuix.  Amiens,  1867;  1  vol.  in-4°  avec  planches,  cartonné. 

Théorie  de  la  formation  du  globe  terrestre  /tendant  la  période  qui  a  précédé 
l'apparition  des  êtres  vivants;  par  M.  A.  Baudrimont.  Bordeaux,  1867; 
1  vol.  in-12. 

Méthodes  de  transformation  en  géométrie  et  en  physique  mathématique  ;  par 
M.  Haton  de  la  Goupillière.  Paris,  1867;  in-4°. 

Géographie  du  département  de  l'Aude;  par  M.  J.  DELMAS,  accompagnée 
d'une  carte  dressée  par  M.  V.  Barthez.  Marseille,  1867;  1  vol.  in-12. 

C.  R.,  1S67,  ■>.<=  Semestre.  (T.  LXV,  N"  ICI  $4 


(  65o  ) 
Annales  du  Conservatoire  impérial  des  Arls  et  Métiers,  n°  27,  janvier  1867, 
t.  VII,  3e   fascicule.  Paris,    1866-67;  in-8°.   (Présenté  par  M.  le  Généra! 
Morin.) 

Eludes  sur  l'Exposition  de  1867,  ou  les  Archives  de  l'Industrie  au  XIXe  siècle, 
publiées  sous  la  direction  de  M.  Eug.  Lacroix  ,  7e  et  8e  fascicules, 
10  octobre  1867.  Paris,   1867;  grand  in-8°  avec  planches. 

Description...  Description  d'un  appareil  holophote  double  pour  les  phares 
et  d'une  méthode  d'introduire  ta  lumière  électrique  ou  d'autres  lumières;  par 
Sir  David  Brewster.  Edimbourg,  1867;  br.  in-4°. 

On  the...  Sur  les  mouvements  et  les  couleurs  dans  les  pellicules  minces  d'al- 
cools, d'huiles  volatiles  et  d'autres  fluides;  par  Sir  David  Brewster.  Edim- 
bourg, 1 867  ;  in-4°. 

Travaux  au  sujet  des  produits  du  Brésil  qui  sont  à  l'Exposition  universelle  de 
Paris  en  1867;  par  M.  3.  DE  Saldanha  da  Gama.  Paris,  1867;  br.  in-8°. 

Classement  botanique  des  plantes  alimentaires  du  Brésil;  par  M.  J.  DE  SaL- 
danha  da  Gama.  Paris,  1867;  in-4°. 

Brève...  Aperçu  sur  la  collection  des  bois  du  Brésil  représentés  à  l'Exposi- 
tion universelle  de  1867.  Rio-de-Janeiro,  1867;  br.  in-8°. 

Anales...  Annales  du  Musée  public  de  Buenos- Aires,  faisant  connaître  les 
objets  d'histoire  naturelle  nouveaux  ou  peu  connus  conservés  en  cet  établisse- 
ment; par  M.  G.  Burmeister,  2e  partie.  Buénos-Aires,  1867;  in-4°. 

Atti...  Actes  de  l'Académie  pontificale  des  Nuovi  Lincei,  19e  année,  du 
3  décembre  1 865  au  3  juin  1866.  Rome,  1866;  in-/,°. 

Acta  Societalis  Scientiarum  Fennicœ,  t.  VIII  ,  ire  et  2e  parties.  Helsing- 
fors,  1867;  2  vol.  in-4°  cartonnés. 

Beitrag...  Complément  à  l'histoire  de  la  qéocjnosie  et  de  la  paléontologie  en 
Russie;  par  M.  E.  d'Eichwald.  Moscou,  1866;  br.  in-8°. 

Sur  les  peuples  finnois  de  la  Russie;  par  M.  E.  d'Eichwald.  Moscou,  i855; 
br.  in-4°. 


.     (  65i.) 

PUBLICATIONS    PERIODIQUES    REÇUES    PAR    I.' ACADEMIE    PENDANT 
LE    MOIS    DE    SEPTEMBRE     18G7. 

Catalogue  des  Brevets  d'invention;  n°  3,  1867;  in-8°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires   des  séances  de   l'académie  des   Sciences, 
2e  semestre  1867,  nos  10  à  1/4;  in-4°. 

Cosmos;  nos  10  à  t3,  1867;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  n05  io3  à  1 13,  1867;  in-4°. 

Gazette  médicale  de  Paris;  n05  36  à  3c),  1867;  ûi-4°. 

Gazette  médicale  d'Orient;  nos  3  et  l\,  1  Ie  année,  1867  ;  in-4°. 

Journal  d' Agriculture  pratique;  nos  36  à  3g,  1867;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale ,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie;  septembre 
i867;in-8°. 

Journal  de  V  Agriculture ,  nos  28  et  29,  1867;  in-8°. 

Journal  de  la  Section  de  Médecine  de  la  Société  académique  du  département 
de  la  Loire-Inférieure,  livraisons  229  à  232,  1867;  in-8°. 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  juillet   1867; 
in-8°. 

Journal  de  l'éclairage  au  gaz;  nos  1 1  et  12,   1867  ;  in-8°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées;  juillet  1867  ;  in-4°. 

Journal  de  Médecine  de  l'Ouest;   8e  livraison,  1867;  in-8°. 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  juillet  et  août  1867;  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  septembre  1867;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  nos  2  5  et  26,  1 867  ; 
in-8°. 

Journal  des  fabricants  de  sucre;  nos  21  à  24,  1867;  in-f°. 

L'Abeille  médicale;  nos  36  à  3g,  1867;  in-4°- 

La  Guida  del  Popolo;  septembre  1867;  in-8°. 

L'Art  dentaire;  août  1867;  in-8°. 

L'Art  médical;  septembre  1867;  in-8°. 

La  Science  ]>our  tous;    nos  l[0  à  43,   1867  ;  in-4°. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie ;nos  12  a  i5,  1867;  in~4°. 

Les  Mondes...,  livr.  1  à  4?  1867;  in-8°. 

L'Evénement  médical;  nos  28  à  3i,  1867;  in-f°. 
Magasin  pittoresque;  septembre   1867;  in-4°. 

Matériaux  pour  l'histoire  positive  et  philosophique  de  l'homme;  par  (\.  DE 
Mortillet;  juillet  et  août  1867;  in-8°. 


652 

Monatsbericht...  Compte  rendu  mensuel  des  séances  de  l'Académie  royale 
des  Sciences  de  Prusse.  Berlin,  juin  1867;  in-8°. 

Montpellier  médical...  Journal  mensuel  de  Médecine;  septembre  1867;  in- 8°. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques;  septembre  et  octobre  1867;  in-8°. 

Pharmaceutical  Journal  and  Transactions;  t.  IX,  n°  2,  1867;  in-8°. 

Presse  scientifique  des  Deux  Mondes;  nos  36  et  37.  1  867  ;  in-8°. 

Proceedings  oj 'the  Royal  Society ,  t.  X,  n°  6,  t.  XI,  nos  1  à  5.  Londres, 
1867;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie;  août  1867;  bi-8°. 

Revue  des  cours  scientifiques  ;  nos  f\i  à  44-»  1867  ;  in-4°. 

Revue  des  Eaux  et  Forêts;  n°  9,  1867  ;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale;  n08  1 7?  et  18,  1867;  in-8". 

Revue  maritime  et  coloniale;  septembre  1867  ;  in-8°. 

Società  reale  di  Napoli.  Rendiconto  delV  Accademia  délie  Scienze  fisiche  e 
malematiche.  Naples,  juillet  1867;  in-4°. 

Société  impériale  de  Médecine  de  Marseille.  Bulletin  des  travaux;  n°  3  ;  juillet 
1867;  in-8°. 

The  Laboratory;  nos  23  et  24,  1867;  in-4°. 

The  Quarterljr  Journal  oj  the  Geoocjical  Society;  t.  XXIII,  n°'  89  à  91, 
1867;  in-8°. 

The  Scientific  Review ;  n°  18,  1867;  in-4°. 


ERRATA. 

(Séance  du  3o  septembre  1867.) 

Page  554,  ligne  1  1  en  remontant,  011  lieu  de  Newton,  lisez  Pascal. 

(Séance  du   7  octobre   1867.) 

Paye  612,  ligne  22,  tiu  lieu  de  et  dans  ces  derniers  de  couleurs  subjectives,  lisez  et  dans 
ces  derniers  temps  couleurs  subjectives. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  21  OCTOBRE  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMRRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Serret  fait  hommage  à  l'Académie  du  premier  volume  du  «Cours 
de  Calcul  différentiel  et  intégral  »  qu'il  vient  de  publier. 

HISTOIRE    DES    SCIENCES.    —    Nouvelle    Lettre    de    Sir    David   Brewster   à 

M.  Chevreul ,  au  sujet  des  rapports  qui  auraient  existé  entre  Newton  et 

Pascal. 

«  Allerly  Melrose,  i5  octobre  1867. 

«  Nous  n'en  avons  pas  fini  avec  la  controverse  Pascal  ;  deux  grands 
monarques  viennent  de  descendre  dans  l'arène  pour  gourmander  et  pour 
conseiller  Sir  Isaac  Newton,  ce  qui  met  ses  partisans  dans  l'obligation  d'étu- 
dier d'un  peu  près  ce  nouveau  et  très-divertissant  fragment  de  la  plus  auda- 
cieuse imposture  qui  ait  jamais  été  ourdie. 

»  Nous  y  voyons  d'abord  Sir  Isaac  Newton  accusé  d'avoir,  dans  une 
Lettre  à  Huyghens  déjà  vieille  de  quelques  années,  fait  usage  d'expressions 
blessantes  pour  la  réputation  de  Descartes  et  de  Pascal.  Apprenant  l'accu- 
sation qui  pèse  sur  lui,  cet  excellent  homme,  que  l'évêque  Burnet  désigne 
comme  l'âme  la  plus  candide  qu'il  ait  jamais  connue,  cherche  à  s'excuser, 
nous  dit-on,  en  alléguant  son  ignorance  du  sens  précis  de  certains  mots 
français.  Notons  que  ce  petit  commérage  épistolaire  est  communiqué   à 

C.  R.,  1S67,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N»  17.  85 


(  654  ) 
Louis  XIV  par  Huyghens  lui-même,  l'ami  de  Newton,  dont  il  trahit  ici  la 
confiance.  Le  Roi  de  France  et  sa  cour,  à  ce  qu'on  nous  assure,  avaient 
été  offensés  des  expressions  employées  par  Newton,  qui,  apprenant  le  royal 
déplaisir,  prépare  une  Lettre  d'apologie,  et,  après  l'avoir  soumise  à  Des- 
maizeaux,  la  fait  parvenir  au  Roi.  «Je  m'empresse,  dit-il,  de  rétracter  des  ex- 
»  pressions  que  j'étais  loin  de  croire  aussi  injurieuses,  faute  de  connaître  le 
»  sens  précis  de  certains  mots  français.  »  Le  Roi  envoie  cette  Lettre  à  l'abbé 
Bignon,  qui  fait  savoir  à  Newton  que  Sa  Majesté  a  accepté  l'apologie  et  lui 
en  a  su  gré. 

»  Il  faudrait,  nous  le  pensons,  une  bonne  dose  de  foi,  même  chez  les 
compatriotes  de  Pascal,  pour  croire  que  Louis  XIV,  ce  vice-gérant  de  Dieu 
sur  la  terre,  ait  poussé  la  condescendance  jusqu'à  s'occuper  de  ces  pauvres 
débats  scientifiques. 

»  Une  autre  allégation,  non  moins  faite  pour  surprendre  et  non  moins 
difficile  à  croire,  c'est  que  Jacques  II  d'Angleterre  ait  écrit  à  Newton  ces 
nombreuses  Lettres  qui  sont  aujourd'hui  aux  mains  de  M.  Chasles.  Dans 
une  de  ces  Lettres,  qui  est  datée  de  Saint-Germain,  le  16  janvier  1 685,  et 
signée  Jacques  R.,  Newton  est  taxé  d'injustice  envers  Pascal  et  exhorté  à  se 
rétracter.  Or  cette  Lettre  est  évidemment  une  pièce  forgée  :  en  janvier  i685, 
Jacques  II  n'était  pas  à  Saint-Germain,  et,  s'il  y  eût  été,  il  n'eût  apposé  à 
aucune  Lettre  semblable  signature,  car  il  était  alors  duc  d'York,  n'ayant 
succédé  à  Charles  II  que  le  6  février  i685. 

»  Il  se  peut,  il  est  vrai^  que  cette  date  de  i685  n'ait  été  qu'une  faute 
commise  à  l'impression  ;  laissant  donc  au  fabricateur  le  bénéfice  de  cette 
supposition,  examinons  l'autre  Lettre  royale  de  Jacques,  datée  de  Saint- 
Germain,  le  1  2  janvier  1689,  et  demandant  également  à  Newton  une  rétrac- 
tation de  ses  injustes  paroles  à  l'égard  de  Pascal.  A  cette  date,  sans  doute, 
le  Roi  était  à  Saint-Germain,  mais  arrivé  depuis  quinze  jours  seulement, 
lorsqu'il  venait  d'être  renversé  du  trône  et  qu'il  avait  bien  d'autres  devoirs 
à  remplir  que  celui  de  prendre  la  défense  d'un  étranger,  d'écrire  des  Lettres 
dans  son  intérêt. 

»  Ajoutons  que  ce  moment  était  justement  celui  où  il  faisait  les  prépa- 
ratifs pour  sa  descente  en  Irlande,  qu'il  effectua  en  effet  dans  le  mois  sui- 
vant, en  février  168g.  Si  ces  deux  Lettres  sont  tenues  pour  vraies,  il  n'y  a 
pas  de  raison  pour  qu'il  ne  s'en  produise  bientôt  quelque  autre,  datée  du 
champ  même  de  la  bataille  de  la  Boyne! 

»  Mais,  s'il  est  incroyable  que  l'infortuné  monarque  ait  écrit,  à  cette 
époque  si  agitée  de  sa  vie,  de  nombreuses  Lettres  à  Newton,  il  ne  l'est  pas 


(  655  ) 
moins  que  Newton  en  ait  écrit  à  Jacques.  Newton  avait  toujours  été  l'en- 
nemi de  ce  prince  et  n'aurait  jamais  pu  devenir  un  de  ses  correspondants. 
Quand  Jacques  II,  en  1687,  entreprit  d'humilier  l'Université  de  Cambridge, 
Newton  s'opposa  à  sa  volonté,  et,  bientôt  après,  il  fit  partie  de  la  députation 
envoyée  à  Londres  à  cet  effet,  députation  qui  obtint  pour  l'Université  de 
ne  point  obéir  à  un  ordre  arbitraire.  Dans  cette  même  année  où  on  nous 
le  montre  occupé  à  écrire  de  nombreuses  Lettres  au  Roi  exilé,  nous  savons 
qu'il  travaillait,  et  très-activement,  à  Cambridge,  à  rallier  les  Jacobites  au 
parti  de  Guillaume  d'Orange! 

»  Dans  la  Lettre  adressée  à  Desmaizeaux  pour  lui  demander  conseil  sur 
les  excuses  à  faire  au  Roi  de  France,  l'auteur  insinue  que  Flamsteed  pour- 
rait bien  être  pour  quelque  chose  dans  cette  affaire,  et  c'est  encore  là  une 
de  ces  réflexions  par  lesquelles  se  décèle  involontairement  la  fausseté  de  la 
pièce.  J'ai  relu  attentivement  toute  la  correspondance  entre  Newton  et 
Flamsteed,  et  je  ne  crains  pas  d'établir  comme  un  fait  incontestable  qu'en 
1689  Flamsteed  et  Newton  étaient  grands  amis.  Ce  fut  seulement  vers  le 
milieu  de  l'année  1691  que  survinrent  entre  eux  des  différends  qui  auraient 
pu  justifier  chez  ce  dernier  des  soupçons  sur  la  sincérité  de  son  ami.   « 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Réponse  à  la  Noie  de  M.  Le  Verrier.  —  Obser- 
vations relatives  à  la  dernière  Lettre  de  M.  Faugère.  —  liéponse  à  la  Lettre 
de  ce  jour  de  Sir  David  Brewster;  par  M.  Chasles. 

I. 

«  Je  m'applaudis  que  M.  Le  Verrier  ait  cédé  aux  instances  du  Bureau  et 
de  moi-même,  et  ait  inséré  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance  les  objec- 
tions qu'il  avait  annoncées. 

»  Et  je  m'empresse  dédire  que,  loin  que  ces  objections  soient  décisives, 
comme  il  le  pensait,  elles  montrent  qu'il  s'est  mépris  sur  l'état  de  la  ques- 
tion. 

»  Effectivement,  je  lis  cette  phrase  qui  me  concerne  :  «  En  se  fondant 
»  sur  des  pièces  attribuées  à  Pascal  et  à  Galilée,  on  conclut  que  Newton 
»  aurait  attribué  à  Cassini,  entre  autres,  des  observations  qu'il  aurait  reçues 
»  de  Pascal.  » 

»  Je  n'ai  point  dit  que  Newton  avait  attribué  a  Cassini  des  observations 
qu'il  avait  reçues  de  Pascal.  J'ai  dit  qu'il  avait  employé  les  nombres  donnés 
par  Pascal,  ce  qui  est  tout  autre  chose;  et  je  l'ai  dit  en  ces  termes  qui  ne 
laissent  aucune  incertitude  : 

85.. 


(  656  ) 

«  Ces  nombres  se  trouvent  sur  les  Notes  de  Pascnl  transmises  à  Newton, 
»  et  sur  des  Notes  de  celui-ci  faites  d'après  celles  de  Pascal  :  ils  se  trouvent 
»   aussi  dans  une  Lettre  de  Newton  adressée  à  Rohaull.  » 

»  Je  ne  parle  donc  que  des  nombres  de  Pascal,  et  non  des  observations 
qui  lui  ont  servi  à  les  calculer. 

»  La  phrase  finale  de  nia  communication  reproduit  la  même  idée;  car 
j'y  dis  que  les  différentes  Lettres  de  Pascal,  d'Huygens,  de  Mariotte,  du  car- 
dinal de  Polignac  et  de  Malebranche,  que  j'ai  citées  à  la  suite  des  Lettres 
de  Galilée,  «  s'accordent  toutes  à  prouver  que  Pascal  avait  composé,  en  se 
»  servant  des  écrits  de  Kepler  et  des  observations  de  Galilée,  un  petit  Traité 
»  renfermant  les  valeurs  numériques  des  masses  et  des  densités  des  planètes, 
»  qui  ont  été  reproduites  par  Newton  en  1726.  « 

»  Il  est  donc  bien  constaté  que  je  n'ai  parlé  que  des  nombres  calculés 
par  Pascal,  et  non  des  observations  dont  il  s'était  servi.  Il  y  a  donc  eu  mé- 
prise fie  M.  Le  Verrier  sur  ce  point  fondamental  de  sa  Note. 

«  Il  en  est  de  même,  ce  me  semble,  de  la  manière  dont  M.  Le  Verrier 
fait  parler  Newlon,  et  qui  peut  induire  les  lecteurs  en  erreur  (involontaire- 
ment de  sa  part,  sans  nul  doute),  car  il  dit  :  <c  Newton  déclare  nettement, 
»  dans  l'édition  du  Livre  des  Principes  de  1726,  que  les  observations  et  les 
»  mesures  sur  lesquelles  il  s'appuie  sont  de  Cassini,  et  il  le  fait  en  deux 
»   endroits  différents.  » 

»  On  croirait,  d'après  cette  phrase  de  M.  Le  Verrier,  que  Newton  cite 
Cassini  d'une  manière  générale  comme  l'auteur  des  observations  dont  il 
s'est  servi.  Eh  bien,  ce  n'est  pas  là  ce  que  dit  Newton.  Il  cite  Cassini  deux 
fois  et  Pound  une  fois,  et  cela  pour  des  observations  déterminées  et  qu'il 
rapporte  numériquement. 

»  Or,  ces  observations,  qui  ne  concernent  que  les  temps  des  révolutions 
périodiques  des  satellites  de  Jupiter  et  de  Saturne,  et  les  plus  grandes  élon- 
gations  héliocentriques  de  ces  satellites  à  leur  planète,  ne  sont  pas  les  seules 
dont  Newton  avait  besoin.  Il  en  fallait  d'autres;  la  question  exigeait  d'autres 
éléments  que  ces  temps  des  révolutions  périodiques,  et  que  ces  élongations 
héliocentriques.  M.  Grant  l'a  bien  compris,  car  il  a  ajouté  aux  noms  de 
Cassini  et  de  Pound  celui  de  Bradley,  dont  Newton  n'a  pas  parlé.  C'est  pour 
cela  que  j'ai  répondu  :   Qu'en  sait  M.  Grant? 

»  Je  viens  de  montrer,  comme  je  l'avais  annoncé,  que  M.  Le  Verrier  s'est 
mépris  sur  l'état  de  la  question  telle  que  je  l'ai  traitée. 

»  Mais  j'ajouterai  ici  que  dans  un  entretien  particulier,  à  la  suite  de  la 
séance,  j'ai  vu  qu'en  citant  Cassini  seul,  et  non  Pound,  cité  par  M.  Grant, 


(  657  ) 
notre  confrère  avait  entendu  ne  parler  que  de  la  détermination  dépendante 
d'un  satellite  de  Saturne,  et   non  des  autres  déterminations  données  par 
Pascal  et  Newton.  Il  y  a  donc  eu  simplement  inadvertance  clans  la  rédac- 
tion de  sa  Note. 

»  M.  Grant,  au  contraire,  avait  embrassé  d'une  manière  générale,  dans 
ses  calculs,  toutes  les  déterminations,  c'est-à-dire  les  six  nombres  en 
question. 

»  Il  se  proposait  deux  choses  :  i°  de  prouver  que  Pascal,  à  la  fin  même 
de  sa  carrière,  en  1662,  aurait  manqué  des  moyens  de  faire  le  calcul  de 
ces  nombres  ;  i°  de  prouver  que  Newton  avait  fait  ce  calcul  avec  les  obser- 
vations connues  de  1687  à  1726. 

»  Sur  ce  dernier  point,  M.  Grant  n'a  rien  prouvé;  et  cependant  les 
calculs  qu'il  aurait  dû  faire  étaient  des  plus  simples.  Il  ne  s'agit  pas  ici 
d'un  de  ces  calculs  des  perturbations  de  la  Lune  qui  demandent  des  mois  : 
une  matinée  pouvait  suffire.  Aussi  je  ne  me  suis  point  arrêté  sur  cette  partie 
de  la  Note  de  M.  Grant,  et  je  me  suis  borné  à  dire  que  c'était  une  simple 
assertion  sans  preuve,  comme  toujours. 

»  Quant  à  la  prétendue  impossibilité  où  aurait  été  Pascal  de  trouver  les 
nombres  en  question,  les  calculs  de  M.  Grant  pouvaient  faire  quelque  im- 
pression, quoiqu'il  ne  prouvât  nullement  que  Pascal  n'avait  pas  pu  pos- 
séder des  documents  inédits,  soit  de  Kepler  ou  d'autres.  Je  nomme  Kepler 
parce  qu'on  sait  qu'il  avait  laissé  beaucoup  d'écrits.  J'ai  fait  connaître, 
dans  notre  séance  du  7  de  ce  mois,  qu'effectivement  c'a  été  avec  le  se- 
cours de  certains  écrits  de  Kepler  et  d'observations  de  Galilée,  que  Pascal 
a  fait  sa  merveilleuse  découverte.  J'ai  cité  à  ce  sujet  deux  Lettres  de  Galilée, 
puis  une  série  d'autres  Lettres,  jusqu'à  une  de  Newton  lui-même,  de  1720, 
qui  toutes  confirment  les  deux  de  Galilée.  J'aurais  pu  ajouter  d'autres 
documents;  mais  ceux-là  suffisaient.  Je  réserve  les  autres  pour  le  moment 
où  M.  Grant  apporterait  les  calculs  qu'il  affirme  que  Newton  a  faits  avec 
les  observations  de  Cassini,  de  Pound  et  de  Bradley. 

IL 

»  Je  passe  à  une  autre  phase  de  la  question.  Je  m'étonne  qu'il  n'y  ait 
point  aujourd'hui  une  communication  de  M.  Fa  11  gère,  relative  à  la  Lettre 
du  Roi  Jacques  qu'il  a  trouvée  dans  un  volume  des  Affaires  étrangères,  et 
qui  accuse,  dit-il,  la  fausseté  de  celle  que  je  lui  ai  communiquée.  J'ai  dit 
que  celle-ci,  comme  une  trentaine  d'autres  que  je  possède,  est  conforme  à 
une  Lettre  à  Catinat,  de  la  Bibliothèque  impériale,  dont  le  fac-similé  a  été 


(  658  \ 

donné  dans  Vlsoqraphie.  J'ai  invité  M.  Faugère  à  en  faire  la  vérification.  De 
plus,  j'ai  dit  qu'il  y  avait  grande  probabilité  que  la  Lettre  des  Affaires  étran- 
gères n'était  point  autographe,  puisqu'elle  paraissait  être  une  pièce  diplo- 
matique. J'ai  demandé  quelques  détails  sur  cette  Lettre,  tels  que  sa  date, 
le  sujet  dont  elle  traite,  etc.;  j'aurais  pu  dire  la  langue  dans  laquelle  elle  est 
écrite. 

»  Il  semble  qu'une  réponse  de  M.  Faugère  sur  ces  différents  points  était 
un  devoir  envers  l'Académie.  J'ai  cru  qu'il  l'avait  compris  ainsi,  quand 
j'ai  vu  qu'il  avait  fait  insérer  sa  Lettre  de  lundi  dans  les  journaux  (même 
dès  mercredi),  sans  dire  un  mot  de  la  réfutation,  ou  du  moins  des  objec- 
tions que  j'avais  produites  à  l'instant  même,  en  sa  présence. 

»  Cette  publication  anticipée,  qui  ne  peut  venir  que  de  M.  Faugère,  car 
les  journaux  ne  connaîtront  qu'aujourd'hui  même  la  Lettre  insérée  au 
Compte  rendu,  ne  pourrait  s'excuser  qu'autant  que  M.  Faugère  aurait  re- 
connu indubitablement  que  la  Lettre  qu'il  allègue  est  bien  autographe  et 
que  les  miennes  sont  fausses;  et  je  devais  croire  qu'il  en  donnerait  avis 
aujourd'hui  à  l'Académie. 

»  Je  maintiens  de  nouveau  que  mes  Lettres  du  Roi  Jacques  sont  parfai- 
tement authentiques.  Les  preuves  à  ce  sujet  ne  me  manquent  point.  J'au- 
rais attendu  cependant,  pour  ne  pas  fatiguer  l'Académie  de  ces  détails,  que 
M.  Faugère  eût  répondu  à  ma  demande  de  la  dernière  séance,  si  la  Lettre 
de  M.  Brewster  ne  me  ramenait  pas  sur  ce  point  de  la  discussion. 

III. 

»  La  nouvelle  Lettre  de  Sir  David  Brewster  vient  de  m'ètre  commu- 
niquée il  n'y  a  qu'un  instant.  Si  j'en  avais  été  prévenu,  j'aurais  apporté 
les  documents  qui  doivent  me  servir  dans  ma  réponse.  Je  me  bornerai 
donc  à  les  indiquer  aujourd'hui,  et  je  les  produirai  dans  la  prochaine 
séance. 

»  Quant  à  la  Lettre,  dont  il  vient  d'être  donné  lecture  par  M.  le  Secré- 
taire perpétuel,  la  première  phrase  m'autorise  à  dire  tout  d'abord  qu'elle 
décèle  une  intention  injurieuse  et  presque  badine,  mais  qu'elle  ne  ren- 
ferme rien  de  sérieux,  quoique  l'auteur  se  dise  «  dans  l'obligation  d'étudier 
»  d'un  peu  près  ce  nouveau  et  très-divertissant  fragment  de  la  plus  auda- 
»   cieuse  imposture  qui  ait  jamais  été  ourdie.  » 

»  Je  n'y  répondrais  pas  plus  qu'à  certaines  autres  attaques,  si  le  nom  de 
M.  Brewster  et  l'insertion  de  sa  Lettre  dans  nos  Comptes  iwuius  ne  m'en 
faisaient  un  devoir  envers  l'Académie. 


(  659  ) 

«  Je  citerai  d'abord  l'altération  d'un  fait.  M.  Brewster  dit  :  «  Notons  que 
»  ce  petit  commérage  épistolaire  est  communiqué  à  Louis  XIV  par  Huygens 
»  lui-même,  l'ami  de  Newton,  dont  il  trahit  ici  la  confiance.  » 

»  Je  n'ai  point  dit  qu'Huygens  avait  communiqué  à  Louis  XIV  la  Lettre 
de  Newton.  Celui-ci  ne  le  dit  pas  non  plus,  dans  sa  Lettre  à  Desmaizeaux, 
que  j'ai  rapportée.  Quant  à  la  manière  dont  la  Lettre  a  été  connue,  je 
l'ai  dit  en  ces  termes  :  «  Je  possède  une  Lettre  de  Huygens  qui  explique 
»  à  Newton  comment  Clerselier  avait  vu  dans  ses  papiers  la  Lettre  conte- 
»  nant  les  expressions  sur  Descartes  et  Pascal  qui  lui  causent  mainte- 
»  nant  une  polémique  si  ardente.  11  conseille  à  Newton  de  rétracter  ses 
»  paroles.  »  C'est  donc  Clerselier  qui  a  eu  connaissance  fortuitement  de  la 
Lettre,  et  qui  en  a  parlé  à  ses  amis.  Quelques  années  après,  il  a  été  ques- 
tion de  cette  Lettre  en  présence  du  Roi  Louis  XIV,  qui  s'en  est  ému,  a 
fait  faire  une  enquête  par  Boulliau,  et  s'en  est  plaint  au  Roi  Jacques,  comme 
on  le  verra  par  les  documents  que  je  produirai.  Je  donnerai  aussi  la  Lettre 
de  Huygens  à  Newton,  que  j'ai  seulement  mentionnée. 

»  M.  Brewster  ajoute  :  «  Il  faudrait  une  bonne  dose  de  foi  pour  croire 
»  que  Louis  XIV,  ce  vice-gérant  de  Dieu  sur  la  terre,  ait  poussé  la  condes- 
»  cendance  jusqu'à  s'occuper  de  ces  pauvres  débats  scientifiques.  »  Je  passe 
sur  l'offense  intentionnelle  de  M.  Brewster  à  l'égard  du  fondateur  de 
l'Académie  des  Sciences.  Je  ne  crois  pas  que  M.  Brewster  regarde  la  ques- 
tion actuelle  comme  de  pauvres  débats  scientifiques.  Je  crois,  au  contraire, 
qu'il  en  comprend  l'importance  et  les  conséquences,  mais  que  sachant  son 
impuissance  à  combattre  les  preuves  que  j'apporte,  il  veut  la  masquer  par 
des  assertions  auxquelles  il  cherche  à  donner  une  tournure  plaisante, 
assertions,  du  reste,  toujours  dépourvues  de  preuves. 

»  Une  erreur  typographique  de  date  dans  la  seconde  Lettre  du  Roi 
Jacques,  i685  au  lieu  de  1689, 1mse  reconnaissait  immédiatement,  puisque 
cette  Lettre  mentionne  expressément  la  première  portant  la  date  de  1(189 
(erreur  corrigée  dans  le  Compte  rendu  suivant),  est  une  bonne  fortune  que 
M.  Brewster  ne  laisse  pas  échapper;  elle  lui  a  permis,  enfin,  de  citer  un 
fait,  que  le  16  janvier  i685  le  Roi  Jacques  était  encore  duc  d'York. 

»  M.  Brewster  ajoute  que  le  12  janvier  1689  «  le  Roi  Jacques  avait  bien 
»  d'autres  devoirs  à  remplir  que  celui  de  prendre  la  défense  d'un  étranger 
»   (Newton)  et  d'écrire  des  Lettres  dans  son  intérêt.    » 

»  On  verra,  par  les  documents  que  j'ai  annoncés,  que  quelles  que  pus- 
sent être  les  préoccupations  du  Roi  Jacques  (dont  il  parle  plus  tard  dans 
une  Lettre  à  Newton),  il  devait  être  tres-désireux  de  donner  satisfaction 


(  66o  ) 
au  Roi  Louis  XIV,  qui  avait  pris  à  cœur  les   expressions  injurieuses  du 
géomètre  de  Cambridge. 

«  S'il  est  incroyable,  continue  M.  Brewster,  que  l'infortuné  monarque  ait 
»  écrit  à  cette  époque  de  nombreuses  Lettres  à  Newton,  il  ne  l'est  pas 
»  moins  que  Newton  en  ait  écrit  à  Jacques,  parce  qu'il  avait  toujours  été 
»  l'ennemi  de  ce  prince,  et  lui  avait  fait  de  l'opposition.  »  Effectivement 
le  Roi  dit  à  Newton ,  dans  une  de  ses  Lettres  :  «  Vous  m'avez  fait  de 
»  l'opposition,  vous  étiez  dans  vos  droits;  et  je  n'ai  pas  de  rancune;  vous 
»   n'ignorez  pas  combien  je  m'attache  à  votre  gloire.   » 

»  Mais,  d'abord,  il  semble  que  Newton  n'était  pas,  en  1687,  l'ennemi 
si  prononcé  du  Roi  Jacques,  que  le  dit  M.  Brewster,  puisqu'il  inscrit  le 
nom  du  Roi,  pompeusement  et  volontairement,  en  tète  du  Livre  des  Prin- 
cipes :  «  Et  auspiciis  potenthsimi  Monarchœ  Jacobi  II  florenti.  »  Ensuite,  il 
semble  encore  que  les  rancunes  politiques  devaient  être  moins  vives  chez 
Newton  que  celles  que  pouvait  susciter  son  amour-propre  scientifique. 
Son  indifférence  sur  ce  point  est  assez  connue,  et  se  retrouve  dans  l'al- 
locution suivante,  rapportée  par  M.  Bertrand  dans  sa  savante  Notice  sur 
Newton  et  ses  travaux  :  «  L'allégeance  et  la  protection  sont  réciproques; 
»  le  Roi  Jacques  ayant  cessé  de  nous  protéger,  nous  cessons  de  lui  rien 
«  devoir.  C'est  Guillaume  aujourd'hui  qui  nous  protège,  c'est  à  lui  que 
»  nous  devons  obéissance;  je  n'ai  pas  à  juger  les  opposants;  si  le  fait  est 
»  blâmable,  il  est  accompli,  et  je  me  borne  à  dire  :  Qiiod  fieri  non  debuit 
»  faclum  valet.    » 

«  Quant  à  l'amitié  entre  Flamsteed  et  Newton,  on  n'a  pu  l'apprécier 
seulement  que  depuis  la  publication  du  manuscrit  de  Flamsteed,  retrouvé 
il  y  a  une  quarantaine  d'années,  quoiqu'il  existât  déjà  auparavant  des  bio- 
graphies de  Newton.  M.  Brewster  n'a  point  réclamé  sur  ce  qu'en  ont  dit 
notamment  MM.  Biot  et  Arago,  et  dans  ces  derniers  temps  encore  M.  Ber- 
trand. Je  possède  moi-même  des  Lettres  de  Flamsteed  et  des  Lettres  à  lui 
adressées  que  je  pourrai  avoir  à  produire  dans  une  autre  phase  de  la  ques- 
tion, si  elle  se  présente. 

>.  Puisque  Sir  David  m'en  donne  l'occasion  je  me  permettrai  de  lui 
adresser  une  demande. 

s  La  question  dominante  dans  cette  longue  polémique,  je  l'ai  dit  dès 
le  premier  jour  où  est  intervenu  Sir  David,  et  répété  depuis  plusieurs 
fois,  est  de  savoir  s'il  a  existé  des  relations  entre  Pascal  et  Newton.  Eh 
bien,  M.  Brewster  n'a  jamais  dit  un  mot  sur  ce  point  capital.  Quand  il  a  fallu 
juger  des  écritures,  il  s'est  adressé  aux  différents  membres  de  la  famille  de 


(66,   ) 

Newton,  et  a  rapporté  leur  dénégation.  J'ose  espérer  qu'il  voudra  bien 
recourir  encore  à  cette  noble  famille,  et  s'enquérir  si  l'on  ne  pourrait  pas 
retrouver  quelques  traces  de  ces  relations  qui  auraient  existé  entre  Pascal 
et  Newton  :  et,  ce  qui  pourrait  être  plus  facile  encore,  puisque  le  fait  ne 
date  que  d'un  siècle  environ,  si  l'on  ne  retrouverait  pas  aussi,  soit  dans  la 
famille  de  Newton,  soit  dans  les  archives  du  British  Muséum,  où  existe, 
dit-on,  la  plus  grande  partie  du  riche  cabinet  de  Desmaizeaux,  des  traces 
des  démarches  qui  ont  été  faites  auprès  du  chevalier  Blondeau  de  Char- 
nage  pour  obtenir  la  rétrocession  des  papiers  qu'il  avait  acquis  de  la  famille 
de  Desmaizeaux. 

»  Comme  tout  le  monde  savant,  que  préoccupe  cette  question,  je  serai 
très-reconnaissant  de  l'active  intervention  de  Sir  David  Brewster,  et  de  ses 
efforts  pour  mettre  au  jour  la  vérité  sur  un  fait  bien  simple  en  lui-même.  » 

histoire  DES  SCIENCES.  —  Note  sur  l'époque  précise  de  l'établissement  de  la 
loi  de  l'attraction;  par  M.  Babinet. 

«  En  1666,  Newton,  retiré  à  la  campagne,  dirigea  pour  la  première 
fois  ses  réflexions  sur  le  système  du  monde.  Plusieurs  auteurs  avaient  déjà 
énoncé  prématurément  la  loi  de  l'attraction  en  raison  inverse  du  carré  de 
la  distance.  Newton,  en  essayant  de  vérifier  cette  loi  sur  la  chute  de  la 
Lune  comparée  à  la  chute  des  corps  pesants,  la  trouva  fausse  et,  par  suite, 
abandonna  ses  recherches  théoriques. 

»  Plus  tard,  en  1670,  il  reconnut,  au  moyen  de  la  mesure  française  de 
Picard,  que  cette  importante  loi  était  parfaitement  rigoureuse,  et  dès  lors, 
mais  seulement  alors,  la  loi  de  l'attraction  fut  définitivement  établie. 

»  On  sait  qu'à  la  réception  du  résultat  de  Picard,  Newton  fut  tellement 
ému,  qu'il  fut  obligé  de  prier  un  de  ses  amis  d'achever  le  facile  calcul  qui 
vérifiait  la  grande  loi.  On  doit  donc  fixer  à  l'an  1670  l'époque  précise  de 
l'établissement  de  la  loi  de  l'attraction  en  raison  inverse  du  carré  de  la 
distance.  » 

ASTRONOMIE.   —   Simple  remarque  sur  ta  dernière  Lettre  de  M.  Rirchhoff  ; 

par  M.  Faye. 

«  M.  Rirchhoff  motive  sa  dernière  communication  sur  ce  qu'il  craindrait 
que  son  silence  ne  fût  pris  pour  un  acquiescement  à  ma  dernière  réponse  : 
il  maintient  donc  l'objection  qu'il  a  opposée  à  mon  explication  des  taches 

C.  R. ,   1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  VJ .)  86 


(  662  ) 
solaires.  Je  me  contenterai  de  mon  article  du  5  août  (i),  laissant  volontiers 
à  l'illustre  physicien  le  dernier  mot  :  seulement  je  désire  aussi  que  mon  si- 
lence actuel  ne  soit  pas  pris  pour  un  acquiescement  tacite.  Mais  je  tiens 
surtout  à   constater   devant   l'Académie  que  M.   Rirchhoff  abandonne  sa 
propre  théorie  des  taches,  puisqu'il  ne  croit  pas  devoir  faire  de  réserves  à 
ce  sujet,  tandis  qu'il  a  grand  soin  d'en  faire  pour  l'objection  qu'il  m'adresse. 
Je  considère  cet  abandon  comme  le  plus  important  résultat  de  notre  dis- 
cussion, attendu  que  cette  théorie  ne  tendait  à  rien  moins  qu'à  faire  dévier 
la  science  de  sa  véritable  voie.  Il  y  a,  en  effet,  entre  l'objection  maintenue 
contre  moi  par  M.  Rirchhoff  et  celles  que  j'ai  faites  à  sa  théorie,  une  grande 
différence.  Il  est  certain,  à  mes  yeux,  que  mon  explication  des  taches  so- 
laires, quoique  vraie  au  fond,  et  dans  ce  qu'il  y  a  de  plus  essentiel  à  la 
question,  laisse  à  désirer  dans  une  foule  de  détails,  et  qu'elle  est  loin  de 
tout  expliquer;  mais  je  compte,  pour  lever  ces  difficultés,  sur  les  progrès 
futurs  de  la  science  et  sur  les  modifications  qui  en  résulteront  dans  mes 
idées  elles-mêmes.  Il  en  était  tout  autrement  des  doctrines  de  M.  Rirchhoff 
sur  les  taches  solaires.  Ces  doctrines  se  trouvaient  en  contradiction  radi- 
cale avec  les  faits  qui  doivent  ici  servir  de  base   et  de  point  de  départ  à 
toute  théorie   :    nous    avions  vu    les  astronomes  partisans  des  idées  de 
M.  Rirchhoff  tourner  le  dos  à  ces  faits  et  mettre  en  doute  jusqu'aux  me- 
sures  géométriques  les  plus  précises  que  nous  possédions,  parce  que  les 
faits  et  les  mesures  venaient  contredire  la  doctrine.   Je  m'applaudis  donc 
de  voir  que   M.   Rirchhoff  renonce  à  soutenir  une   théorie  à   laquelle  sa 
grande  et  légitime  autorité  avait  donné  un  moment  trop  d'influence  sur  la 
direction  de  nos  travaux.  C'était  là  le  but  que  je  me  proposais  principa- 
lement en  soutenant  cette  discussion.  » 

GÉOLOGIE.  —  Récit  de  l'éruption  sous-marine  qui  a  eu  lieu,  le  i"  juin  1867, 
entre  les  îles  de  Terceira  cl  de  Graciosa,  aux  Açores;  par  MM.  Ch.  Sainte- 
Claire  Deville  et  Janssen. 

«   Après  l'intéressante  communication  de  M.   Fouqué  (2),   l'Académie 
nous  permettra  peut-être  de  lui  soumettre  quelques  détails  sur  l'historique 


(1)  Foir  le  Compte  rendu  du  5  août  1867,  t.  LXV,  p.  221,  à  l'article  intitulé  :  «  La 
cause  et  l'explication  du  phénomène  des  taches  doivent-elles  être  cherchées  en  dehors  do  la 
surface  visible  du  Soleil?    » 

(2)  Voir  pageÔ74i  à  la  Correspondance,  la  Lettrede  M.  Fouqué  dont  M.  Ch.  Sainte-Claire 
Deville  a  donné  lecture  à  l'Académie. 


(  663  ) 
de   l'éruption    du    Ier    juin    1867,    aux    Acores,    détails   que   nous  avons 
recueillis,  sur  les  lieux  mêmes,  de  la  bouche  d'un  témoin  oculaire. 

«  Presque  tous  les  renseignements  qui  suivent  sont  dus,  en  effet,  à 
M.  Joâo  Guilherme  da  Costa,  vicaire  chargé  de  la  paroisse  de  Serreta. 
Placé  mieux  que  personne  pour  observer,  de  jour  et  de  nuit,  les  diverses 
phases  du  phénomène,  cet  ecclésiastique,  non-seulement  nous  a  obligeam- 
ment communiqué  les  notes  écrites  qui  lui  avaient  été  suggérées  par  le 
spectacle  qu'il  avait  sous  les  yeux,  mais  il  a  bien  voulu  répondre,  avec 
une  clarté  parfaite,  à  toutes  les  questions  que  nous  lui  avons  adressées. 

»  Des  nombreuses  relations  qui  ont  paru  dans  les  journaux  açoriens  et 
portugais,  une  seule  (le  Rapport  officiel  transmis  au  gouvernement  par  le 
Directeur  des  travaux  publics  à  Terceira,  M.  Nogueira  Soarès)  paraît  due 
à  un  témoin  oculaire,  l'auteur  ayant  observé  de  loin  l'éruption  pendant  la 
journée  du  5  juin.  Nous  ferons  de  très-courts  emprunts  à  son  récit  (1). 

»  Les  premiers  indices  précurseurs  de  l'éruption  remontent  au  24  dé- 
cembre 1866.  On  ressentit  à  Serreta,  vers  10  heures  du  soir,  deux  légères 
secousses,  puis  quatre  autres  le  2  janvier  suivant.  Depuis  lors  jusqu'au 
i5  mars,  chaque  jour  fut  signalé  par  des  mouvements  du  sol,  dont  le 
nombre  variait  de  quatre  à  dix.  Il  y  eut  alors  un  repos  d'un  mois  environ. 
Le  18  avril,  puis  le  ai,  on  ressentit  de  faibles  secousses  :  du  21  avril  au 
25  mai,  il  s'en  produisait  de  huit  à  douze  par  jour.  Le  25  mai,  à  partir  de 
2h3om  du  soir,  elles  devinrent  si  nombreuses,  que  de  5h  3om  à  minuit  on 
en  compta  cinquante-sept. 

»  Du  25  mai  au  1e1  juin,  le  sol  de  Serreta  et  des  paroisses  voisines  était, 
pour  ainsi  dire,  dans  une  agitation  continuelle.  Les  secousses  se  sentaient 
à  peine  à  Porto  Judeu,  villa  de  San  Sebastiào,  Fonte  Bastardo,  Cabo  da 
Praia  et  Praia  ;  mais  à  Serreta  et  à  Raminho,  quelques-unes  furent  très- 
violentes,  et  particulièrement  le  3i  mai.  Des  fentes  se  produisirent  dans 
le  sol,  des  blocs  de  rochers  se  détachèrent  avec  fracas:  presque  tous  les 
bâtiments  (comme  nous  avons  pu  le  constater  nous-mêmes  en  traver- 
sant celte  pointe  nord-ouest  de  l'île)  furent  endommagés  ou  entièrement 
ruinés. 

»  M.  da  Costa  estime  à  quatre-vingts  le  nombre  des  maisons  détruites 

(1)  Nous  devons  ajouter  que  nous  étions  accompagnés  par  un  jeune  habitant  très-dis- 
tingué de  San  Miguel,  licencié  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris,  M.  José  do  Canto,  qui , 
par  sa  connaissance  de  la  langue  et  du  pays,  nous  a  grandement  aidés  à  tirer  un  bon  parti 
du  court  séjour  (douze  heures)  que  nous  avons  fait  à  Terceira. 

86.. 


(  664  ) 
sur  la  paroisse  de  Serreta  :   toutes  les  antres  ont  été  ébranlées,  ainsi  que 
l'église  et  le  presbytère,  qui  devront  être  reconstruits. 

»  Il  ne  paraît  pas,  au  reste,  qu'il  y  ait  eu  de  victimes,  si  ce  n'est  quel- 
ques personnes  blessées  d'une  façon  assez  peu  grave. 

»  L'avis  général  est  que  la  direction  des  secousses  était  du  nord-ouest  au 
sud-est.  Mais  nous  devons  ajouter  la  circonstance  suivante,  signalée  par 
M.  da  Costa. 

»  Près  de  la  côte,  entre  Serreta  et  Raminho,  en  un  lieu  appelé  Feijào, 
se  trouve  une  source  thermale  ferrugineuse  qui  dégage  une  telle  quan- 
tité d'acide  carbonique,  qu'il  y  a  cinq  ans  trois  personnes  y  ont  été 
asphyxiées.  Or,  c'est  de  ce  lieu  ou  d'un  point  voisin  que  les  mouvements 
du  sol  semblaient  diverger  dans  les  deux  directions  de  Serreta  et  de 
Raminho. 

»  On  conçoit  tout  l'intérêt  d'une  telle  affirmation,  puisqu'elle  indique- 
rait l'existence  d'un  certain  espace,  situé  sur  la  côte  (ou  en  mer  à  peu  de 
distance  de  la  côte),  vers  lequel  auraient  convergé  les  diverses  manifes- 
tations (i). 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  le  Ier  juin,  vers  8  heures  du  matin,  on  ressentit  un 
tres-violent  tremblement  de  terre,  qui  fut  suivi,  dans  le  cours  de  la  jour- 
née, par  plusieurs  autres  beaucoup  plus  faibles,  et  enfin,  ce  mémo  jour,  à 
10  heures  du  soir,  l'éruption  éclata. 

»  Le  point,  en  mer,  qui  en  a  été  le  centre  n'est  malheureusement  pas 
déterminé  d'une  manière  certaine.  En  effet,  nous  trouvons  bien,  dans  la 
relation  officielle  dont  il  a  été  question  plus  haut,  que  la  position  de  ce 
lieu  a  été  fixée  approximativement  par  38°  52'  de  latitude  et  290  53'  de  lon- 
gitude (Paris),  ce  qui  donnerait,  par  la  construction,  un  point  situé  au 
nord-ouest  du  village  de  Serreta,  et  à  une  distance  d'environ  i85oo  mètres. 
Mais  nous  nous  sommes  assurés  sur  les  lieux  qu'aucune  mesure  précise 
n'avait  été  prise  durant  l'éruption.  On  s'était  contenté  de  déterminer  par 
un  seul  alignement  la  direction  du  point  central  de  l'éruption.  Nous  avons 
même,  guidés  par  M.  da  Costa,  retrouvé,  à  une  faible  distance  de  l'église 
de  Serreta,  la  marque  tracée  alors  sur  les  rochers  pour  fixer  cette  direction. 
Nous  l'avons  relevée  avec  le  plus  grand  soin  à  la  boussole  (en  tenant  compte 
de  la  variation  de  la  déclinaison  depuis  i844>  date  des  cartes  anglaises),  et 
nous  arrivons  ainsi  à  une  orientation  faisant  avec  le  méridien  de  Serreta 


(1)  L'un  de  nous  a  signalé  une  circonstance  tout  à  fait  analogue  lors  du  grand  tremblement 
de  terre  qui  détruisit  la  Pointe-à-Pitre,  le  8  février  i843. 


(  665  ) 
un  ongle  de  48°  2 5'  ouest.  Cette  direction,  rapportée  sur  la  carte,  passe 
en  effet  sensiblement  sur  le  point  fixé  par  M.  Nogueira  Soarès. 

»  Une  autre  concordance  se  trouve  entre  les  deux  indications  :  M.  da 
Costa  écrit  que  l'éruption  a  eu  lieu  en  dehors  du  bas-fond  (1)  placé  sur  les 
cartes  au  nord-ouest  de  Serreta,  et  la  ligne  déterminée  comme  nous  venons 
de  le  dire  passe  sur  ce  point.  Il  uous  semble  donc  qu'il  y  a  peu  de  doutes 
sur  l'orientation. 

»  Quant  à  la  distance  à  la  côte,  qui  a  été  évaluée  approximativement  à 
9  milles  ou  environ  16700  mètres,  elle  serait  beaucoup  moindre  d'après 
M.  da  Costa,  qui  l'évalue  seulement  à  6  on  7  milles,  c'est-à-dire  à  environ 
12000  mètres. 

»  La  Lettre  de  M.  Fouqué,  qui  vient  d'être  communiquée  à  l'Académie, 
nous  fournit  un  nouveau  terme  de  comparaison.  Si  l'on  construit  sur  la 
carte,  aussi  exactement  que  possible  d'après  ses  indications,  le  point  en 
mer  qui  lui  a  présenté  un  dégagement  de  gaz  combustible,  ce  point  tombe 
sur  une  position  éloignée  de  Serreta  d'environ  65oo  mètres,  et  dans  une 
direction  qui  ferait  avec  la  première  un  angle  de  21  degrés  environ.  Cette 
discordance  nous  semble  dépasser  de  beaucoup  l'incertitude  des  deux  dé- 
terminations. Il  est  donc  probable  que  le  point  où  M.  Fouqué  a  observé  le 
dégagement  des  gaz  n'est  pas  le  même  que  celui  où  s'était  établi  le  centre 
de  l'éruption. 

»  Quant  aux  phénomènes  eux-mêmes,  voici  ce  qu'a  observé  M.  da  Costa. 

»  Tout  a  commencé,  le  Ier  juin  au  soir,  par  des  détonations  semblables  à 
des  décharges  d'artillerie.  L'obscurité  de  la  nuit  ne  permettait  pas,  d'ail- 
leuis,  de  rien  distinguer  à  cette  distance;  c'est  seulement  le  lendemain, 
vers  5  heures  du  matin,  qu'on  s'est  aperçu  que  la  mer  était  recouverte 
de  soufre  (2).  A  6  heures  on  distinguait  une  ébullition,  faible  d'abord  et 
qui  ne  se  manifestait  qu'à  d'assez  longs  intervalles;  puis,  elle  s'est  accrue 
progressivement  et  a  atteint  son  maximum  le  5  juin. 

»  Le  2  juin,  vers  9  heures  du  soir,  on  a  vu,  trois  fois  dans  l'intervalle 
d'un  quart  d'heure,  un  jet  d'eau  s'élancera  une  grande  hauteur,  et  partant 
d'un  point  situé  entre  la  côte  et  le  lieu  de  l'éruption.  Jusqu'au  4  juin,  on 

(1)  Ce  bas-fond  n'a  qu'une  profondeur  de  8  mètres. 

(2)  Nous  rapportons  l'expression  même  du  témoin  oculaire,  mais  sans  pouvoir  affirmer 
que  la  matière,  jaunâtre  ou  verdàtre,  qui  constituait  une  légère  pellicule  à  la  surface  de  la 
mer  fût  réellement  du  soufre.  On  verra  même,  par  ce  qui  sera  dit  plus  loin,  que  cette  sub- 
stance était  vraisemblablement  plus  complexe  que  ne  semble  le  croire  M.  da  Costa. 


(  666  ) 
ne  pouvait,  de  Serreta ,  distinguer  qu'avec  des  lunettes  les  pierres  peu 
volumineuses  qu'entraînait  la  vapeur.  Mais  le  4»  à  1 1  heures  du  matin, 
on  a  commencé  à  voir  à  l'œil  nu  de  grosses  pierres  qui  étaient  projetées 
à  une  certaine  hauteur,  et  dont  l'ensemble,  dit  M.  da  Costa,  «  présentait 
»   la  forme  d'un  bateau  de  pèche  qu'on  aurait  renversé.  » 

»   La  disposition  des  bouches  était  la  suivante  : 

«  Au  centre,  une  bouche  principale,  et  autour  d'elle,  placées  très-irré- 
gulièrement, sept  autres,  qui  délimitaient  un  espace  d'environ  trois  ou 
quatre  lieues  de  tour,  ou  d'un  peu  plus  d'une  lieue  en  diamètre.  Vers  ce 
centre,  où  le  bouillonnement  était  continuel,  la  mer  blanchissait,  tandis 
que  vers  la  circonférence  elle  devenait  verdàtre  ou  noirâtre.  «  Il  semblait, 
w  nous  dit  M.  da  Costa,  que  les  pierres  rebondissaient  sur  la  mer  à  me- 
»  sure  qu'elles  en  atteignaient  la  surface  et  qu'elles  s'accumulaient  sur 
»  cette  circonférence,  où  elles  paraissaient  dessiner  une  ombre,  comme 
»  s'il  eût  existé,  vers  le  milieu,  un  bassin  profond  entouré  d'un  mur  cir- 
»   culaire.  » 

»  C'est  cette  apparence,  qui  durait  plusieurs  jours  encore  après  l'érup- 
tion, qui  a  évidemment  donné  lieu  à  l'assertion,  reproduite  dans  plusieurs 
récits  de  l'événement,  qu'il  s'était  formé  un  banc  ou  un  ilol  disparu 
depuis. 

»  L'éruption  était  accompagnée  d'une  odeur  sulfurée  tellement  pronon- 
cée, qu'à  certains  moments  il  était  difficile  de  la  supporter  près  de  la 
côte.  Relativement  à  la  nature  de  cette  odeur  et  des  exhalaisons  qui  la  pro- 
duisaient, les  nombreuses  questions  que  nous  avons  adressées  à  M.  da  Costa 
ne  nous  ont  laissé  aucun  doute  possible  :  l'odeur  était  celle  des  œufs 
pourris,  et,  par  conséquent,  l'acide  sulfhydrique  était  un  îles  gaz  domi- 
nants dans  l'émanation. 

»  Quant  aux  flammes,  M.  da  Costa,  qui  les  aurait  sans  doute  distinguées 
pendant  les  longues  heures  de  nuit  qu'il  a  passées  à  considérer  le  phéno- 
mène, en  nie  formellement  l'existence.  Rien  même,  dans  son  récit  ni  dans 
les  explications  qu  il  a  bien  voulu  nous  donner  verbalement,  n  impli- 
quait l'observation  d'une  incandescence  quelconque  dans  les  matières 
rejetées. 

»  Des  substances  très-diversement  colorées  recouvraient  la  surface  de  la 
mer  :  quelques-unes  étaient  jaunâtres,  d'autres  rouges  de  feu;  d'autres, 
enfin,  étaient  irisées.  «  Ce  soufre,  ajoutait  M.  da  Costa,  est  venu  jusqu'à  la 
»  côte.  »  Malheureusement,  personne  n'a  eu  la  pensée  d'en  recueillir  quel- 
que portion. 


(  667) 

»  Ces  indications  sont  confirmées  par  les  détails  que  donne  M.  Nogueira 
Soarès  sur  sa  visite  à  l'éruption,  le  5  juin. 

«  Je  fus  observer  le  phénomène,  dit-il,  dans  une  embarcation  ,  accom- 
»  pagné  de  l'intendant  de  marine  et  de  plusieurs  autres  personnes.  Sur  une 
»  ligne  de  plus  de  a  milles  de  longueur,  dirigée  à  peu  près  du  nord  est 
»  au  sud-ouest,  sortaient  avec  impétuosité,  et  à  quelque  distance  l'une 
»  de  l'autre,  six  énormes  colonnes  de  vapeur  qui,  à  une  certaine  hauteur, 
»  cédaient  à  l'impulsion  du  vent,  comme  une  fumée  blanche  et  épaisse. 
»  Du  pied  d'une  de  ces  colonnes,  on  voyait  continuellement  s'élever  à 
»  quelques  mètres  de  la  surface  de  la  mer,  et  retomber  immédiatement, 

»  de  grands  et  nombreux  flocons  ou  tourbillons  noirs  (i) J'ai  distingué 

»  une  fois  à  la  lunette,  au  milieu  des  masses  de  vapeur  blanche,  des  masses 
»  noires  informes  (2),  qui  apparaissaient  et  disparaissaient  rapidement,  et 
»  que  j'ai  considérées  comme  de  grosses  pierres  vomies  par  le  cratère. 

»  Ce  terrible  jeu  de  la  nature  était  accompagné  de  détonations  répétées, 
»  semblables  à  celles  de  l'artillerie.  .  .  . 

»  A  la  distance  de  plus  de  10  milles  du  lieu  de  l'éruption,  l'eau  avait 
»  déjà  des  teintes  diverses  vertes  ou  rouges,  dues  sans  doute  à  la  présence 
»  des  sels  de  fer.  A  mesure  qu'on  s'approchait,  on  sentait  plus  nettement 
»  l'odeur  du  soufre. 

»  Un  grand  nombre  de  poissons  morts  ou  mourants  flottaient  à  la  sur- 
»  face  de  l'eau  (3).   » 

»  Le  5  juin  a  été  le  jour  où  le  phénomène  a  présenté  son  maximum 
d'activité.  Ce  jour,  déjà,  la  projection  des  gros  blocs  cesse  et  la  vapeur 
n'entraîne  plus  de  pierres  visibles,  à  l'œil  nu,  de  Serreta.  Puis,  tout  dimi- 
nue graduellement.  Le  7,  il  n'y  avait  plus  de  pierres  lancées,  et,  le  même 
jour,  vers  10  heures  du  soir,  les  vapeurs  elle-mèmes  avaient  disparu.  La 
portion  la  plus  active  de  l'éruption  avait  duré  sept  jours. 

«  Depuis  lors,  il  est  vrai,  plusieurs  personnes  disent  avoir  vu,  en  juillet 
et  en  août,  s'élancer  de  la  mer  des  colonnes  de  vapeur  :  mais  M.  da  Costa, 
si  bien  placé  pour  les  observer,  nous  a  affirmé  n'avoir  rien  remarqué  de 
semblable. 


(1)  Grandes  e  numerosos  Jlocos  negros. 

(2)  Vultos  negros. 

(3)  Nous  n'avons  pu  nous  procurer  aucun  échantillon  de  ces  poissons,  qu'on  a  laisses 
se  putréfier,  tandis  qu'il  eût  été  sans  doute  fort  intéressant  de  savoir,  par  leur  détermination 
exacte,  si  quelques  espèces,  habitant  les  grandes  profondeurs,  ne  sont  pas  nouvelles.    » 


r  668  ) 

»  Les  agitations  du  sol  ont  diminué  aussi,  mais  sans  cesser  entièrement. 
Parmi  les  secousses,  en  général  assez  faibles,  qui  se  sont  fait  sentir, 
M.  da  Costa  en  a  remarqué  deux  assez  violentes  et  accompagnées  de  bruit 
souterrain,  savoir  :  le  12  juin,  à  10  heures  du  soir,  et  le  i3,  à  9  heures 
du  matin.  Le  même  jour  du  i3  juin,  à  l\  heures  du  soir,  on  éprouva  une 
secousse  faible,  puis  une  autre  le  27  juin,  à  3  heures  du  soir.  Enfin,  après 
un  assez  long  intervalle,  le  18  août,  à  iob45m  du  soir,  il  y  eut  encore  une 
dernière  très-violente.  Du  18  au  26  août,  jour  de  notre  passage  à  Terceira, 
rien  ne  s'était  produit  de  nouveau. 

»  Tels  sont  les  documents,  relatifs  à  cette  courte  éruption^  qui  nous  ont 
semblé  de  nature  à  être  communiqués  à  l'Académie  et  à  intéresser  les  géo- 
logues.   » 

«  M.  Chevreul,  après  avoir  suivi  avec  tout  l'intérêt  qu'il  comporte  le 
récit  des  phénomènes  volcaniques  observés  dans  la  mer,  près  de  Terceira, 
demande  à  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  s'il  pourrait  donner  quelques  dé- 
tails sur  la  réaction  possible  entre  :  i°  un  produit  sulfuré  dont  la  présence 
s'est  évidemment  manifestée  par  l'odeur;  et  20  une  matière  semblant  appar- 
tenir à  quelque  sel  de  fer.  Il  est  certain  que  du  soufre  est  mis  en  liberté 
quand  l'acide  sulfhydrique  ramène  les  sels  de  sesquioxyde  de  fer  à  l'état 
de  sels  de  protoxyde,  et  que  dès  lors  les  pellicules  d'épaisseur  variable, 
signalées  par  M.  da  Costa,  pourraient  avoir  eu  cette  origine;  quant  à  la 
production  d'un  sulfure  de  fer  aux  dépens  d'un  protoxyde,  il  aurait  fallu 
que  l'acide  sulfhydrique  fût  à  l'état  de  sel.  Il  est  possible  que  les  matières 
noirâtres  très-divisées  fussent  du  sulfure  et  eussent  cette  origine,  mais  il  est 
possible  encore  que  ce  composé  fût  le  résultat  de  l'action  d'un  sulfure  alcalin 
sur  le  sesquioxyde  de  fer  des  argiles  ou  des  sables  de  la  nier.  M.  Ch.  Sainte- 
Claire  Deville  doit  voir,  par  ces  questions  que  je  lui  soumets,  l'intérêt  que 
j'attache  aux  recherches  qu'il  vient  de  communiquer  à  l'Académie.  » 


(  669  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

astronomie  nautique.  —  appréciation  pratique  de  la  méthode  de  M.  de  Lit- 
trow  pour  trouver  en  mer  l'heure  et  la  latitude.  Note  M.  Lemoine,  présentée 
par  M.  Faye. 

(Renvoi  à  la  Seclion  de  Géographie  et  Navigation.) 
En  présentant  cette  Note.  M.  Faye  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  une  remarquahle  appréciation 
de  la  méthode  de  M.  de  Littrow  pour  trouver  en  mer  l'heure  et  la  longi- 
tude, méthode  cpiej'aieu  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  en  mars  1864. 
L'auteur  de  ce  travail,  M.  Lemoine,  enseigne  de  vaisseau,  a  eu  de  fré- 
quentes occasions  d'appliquer  la  méthode  de  M.  de  Littrow  dans  ses  tra- 
versées de  Toulon  à  la  Vera-Cruz,  et  dans  le  golfe  de  Mexique  où  il  a  long- 
temps navigué.  Le  tableau  ci-joint  de  ses  ohservations  comprend  deux  pariies. 
Du  12  juillet  1 865  au  12  août  suivant,  la  méthode  de  M.  de  Littrow  a  été 
comparée  à  la  méthode  ordinaire  au  mouillage,  dans  les  circonstances  les 
plus  favorables  à  la  précision  des  observations  :  le  rapprochement  des  ré- 
sultats prouve  que,  dans  ces  conditions-là,  la  première  rivalise  d'exactitude 
avec  la  seconde.  L'autre  série,  beaucoup  plus  étendue,  du  9  février  1 865 
au  20  juin  1867,  comprend  les  observations  faites  pendant  la  marche,  dans 
les  circonstances  les  plus  variées;  un  coup  d'ceil  suffit  pour  voir  que  les  dif- 
férences que  présentent  alors  les  deux  méthodes  sont  très-faibles  et  tout  à 
fait  négligeables  dans  la  pratique.  Je  vais  maintenant  donner  lecture  du 
Mémoire  de  M.  Lemoine,  dont  le  témoignage  si  compétent  aura  certai- 
nement pour  effet  de  recommander  aux  marins  la  méthode  que  mon  savant 
confrère  de  Vienne  m'avait  prié  de  faire  connaître  en  France.    » 

«  Sur  une  rade  foraine  (à  Bagdad,  Rio-Grande,  golfe  du  Mexique),  après 
avoir  déterminé  la  position  du  bâtiment  à  bord  duquel  je  me  trouvais,  par 
des  angles  et  des  relèvements,  j'ai  pu  établir  des  comparaisons  entre  la 
méthode  des  angles  horaires  et  la  méthode  Littrow.Le  tableau  du  12  juillet 
ï 865  au  12  août  suivant  donne  une  idée  de  la  concordance  de  leurs  résul- 
tats. La  configuration  de  la  côte  dans  cette  partie  du  gobe  tacilitait  mes 
opérations.   Le  bâtiment  était  mouillé  à  une  grande  distance  de  terre,  la- 

<'..  R.,  1867,  a"  Semestre.   (T.  LXV,  N°  17.)  ^7 


(  670  ) 

Tableaux  comparatifs   des  longitudes  obtenues  par  In   méthode  littrow  et  la  méthode  des  angles  horaires, 

du   mois  de  février    i865   au   mois  de  juin    1867. 


LM\<;m;DES. 


Littrow. 


Angles 

horaires. 


L  VTIÎl'DL 

du  lieu 
de 
l'observa- 
tion. 


De  Toulon  à  Alger,   1865  v aller  et  retour) 


9  fév.  [865 
16 


27  fév.  i8G5 
2S 

Ier  mars. . . 

2 

3 

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8 

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3  avril  . 

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10. 


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1 .29.30 


1.55.45  E 

1 . 3 1 .   0 


39 . 36 .   0 
3g. 55.  0 


De  Toulon  à  Vera-Cruz,   1865. 


.18.45  0 
.12.  0 
.  8.i5 
.37.  0 
.10.  0 
.27.1  ,î 
. sg.33 
.  21 .  o 
.33.  o 
.58.  o 
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.5o. .',5 
.',5.45 
.21  .  o 
•46.3o 
.59.i 5 
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.25. 3o 
.  oG.  0 
.  4 1 . 1 5 
.25.  0 
.36.  0 
.59.45 
.i6.35 
.28.45 
.22.  0 
.  3.  o 
.  12. 3o 
.3i .3o 
.42.   o 

.  O  I  . .  1 0 

.29.10 


1    1 6 . 1 5 

4.11.    o 
7.10.30 

8.2^.22 

■2.  8.3o 
14.26.. 5  3 
22.29.45 
■2  5. 1 5 .  o 
27.32. 1 5 
29.55.45 
32.36.  o 
37.52.  0 
4o.53. i5 
43.46.1 5 
49.18.  o 
5i .45.  i5 
54.  o.  0 
56.56.45 
60.26.45 
63.  4.  0 
66.40.  o 
69.24.  o 
7  i.37. ,5 
75.  2.  0 
77.18.1:, 
80. 3o. i5 
83.25.1 5 
86.  2.20 
88. 14.  o 
91 .3i .  o 
94.45.15 
97.  3.45 
98.31.   0 


5g.  0 

54.  0 

20.  o 

53.  o 
43.37 

56.  o 

3o.  0 

48.  o 

44-48 
2919 

21 .5o 

56.  0 
43.  o 
28.48 
2  5 .  0 
46.  .. 
•i  •  2; 
56.  i', 
37.33 

20.32 

58.42 

49-38 

28.46 

47-56 

55.58 

4. 35 

2.4 , 

g.5o 

56.   0 

21.17 

26.  o 

,6.  |o 

15.36 


Horizon  très-mau- 
vais le  malin 


Golfe  du  Mexique  (rade  de  Bagdad,  Rio-Grande ). 


2  juill.  1 865 
1 5 . . . 
16... 
17... 
iS... 

8  août . 

9. .  . 


99.27.15 
99.26.30 

99.27.  o 
99.27.  0 
99.26.45 
99.27.  o 

99.27.10 


99.26.40 
99.26.45 
99. 26. 40 

99.27.  0 
99.27.  o 
99.27.    0 

99.36.42 


>5.57.  u 

25.57.  " 

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25.57.  ° 

i5 .  5j .  0 

2J.57.  o 

25.57.  0 


En  rade  do  Bag- 
dad 


L0NC1TI  in  3. 


Littrow. 


m  aoûl i865 

11 

12 


99.27.10 

99.27. i5 
99.27.  io 


\ll;;lés 

lunaires. 


LATItlUE 

du  lieu 

de 
l'observa- 
tion. 


99.27.   0 
99.26.50 

99-  •:•  ;' 


25.57.  ° 

'  ..    1;  .    0 

25.57.   ° 


REMARQUES. 


En  rade  de  Ba; 
Suite 


Golfe  du  Mexique.  —  De  Bagdad  à  Vera-Cruz,  de  Vera- 
Cruz  à  Tuxjan,  Tampico,  Bagdad  ;  de  Vera-Cruz  à  la 
SVontera,  à  Carmen,  à  Campêche,  à  Sisol,  à  la  Havane  ; 
de  la  Havane  à   Brest. 


l5  sept.  i865 
16 

4  oc  t.. .  . 

9 

10 

i.'l  jau\ .  1SG6 
t5 

5  fév..    ... 

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3  mars  .... 

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'20  avril  .... 

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28  IIOV 

29 

3o 

23  janv.iS67 

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18  mars  .... 

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1er  mai..  .  . 

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10 

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10 

16 


99.5t.  0 
99.20.  g 
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100. 1 1 .  0 
98.47.  o 
98. 3s. 33 

1 00 .  2 .  0 
99.21.45 
98.15.   5 

100.  7.15 
gS.36.  0 
98.27.  0 

100.  6.10 

96.26.  0 
96.25.  0 
96.48  0 
97.55.17 
95.19.  0 

96  <:-'r 
96 .10.  0 
93.14.45 
89.32.  0 
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76. 1 5.  0 
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96.24.22 
96.25. 1 5 
96.  j6  j5 
97.06.  o 
95. 2 1.1 5 

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84.26.30 
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22.23 

24.  4 

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21.33 

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23.  4 

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38. t3, 
38.58, 
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44-  > 
15.43 

'|S.  1,. 


ci  nous  no  don- 
nonsquiinefni 
ble  partie  de! 
iORgttttd 

nuf*  duracl  c«l 

royagei 


(  67i  ) 
quelle  court  à  peu  près  nord  et  sud  du  monde,  dans  le  nord  du  golfe  du 
Mexique.  Je  pouvais  doue  prendre  des  hauteurs  jusqu'après  le  passage  du 
Soleil  au  méridien  du  lieu. 

»  Il  est  bien  évident  que  la  méthode  Littrow  ne  peut  suffire  seule  à  tous 
les  besoins.  Nul  ne  songe  à  avancer  une  telle  proposition.  Mais  ce  qui  est 
manifeste,  c'est  qu'elle  est  d'une  aide  bien  puissante.  En  apportant  une 
longitude  exacte,  elle  donne  le  moyen  de  contrôler  la  longitude  obtenue 
par  la  méthode  des  angles  horaires  ou  une  méthode  quelconque;  elle 
fixe,  pour  ainsi  dire,  l'opinion  de  l'officier  des  montres  sur  le  résultat  de 
ses  observations;  elle  donne  une  plus  grande  certitude  à  une  chose  reçue 
pour  vraie. 

»  Il  est  facile  d'atteindre  une  grande  précision  lorsqu'on  se  sert  de  cette 
méthode  pour  obtenir  une  longitude.  Il  suffit  de  mesurer  avec  soin  h  et  h' 

rr*   TV 

et  d'avoir  un  bon  état  absolu  avec  lequel  on  calcule  -  — .  Quant  aux  élé- 
ments &  et  cp,  on  peut  toujours  les  bien  connaître,  ainsi  que  l'équation  du 
temps  E. 

»  Combien  de  fois,  dans  la  longue  campagne  que  je  viens  défaire,  ai-je 
eu  à  me  louer  d'avoir  à  ma  disposition  cette  simple  et  intelligente  méthode 
de  M.  de  Littrow!  Combien  de  fois  ai-je  été  obligé  de  n'avoir  recours  qu'à 
cette  seule  méthode,  afin  d'obtenir  une  longitude,  le  Soleil  n'étant  pas 
brillant  ou  ne  paraissant  pas  au  moment  favorable  des  angles  horaires,  ou 
bien  encore  lorsque  l'horizon  du  matin  était  nébuleux,  tandis  que  celui 
des  environs  de  midi  était  presque  dégagé  de  toute  espèce  dévoiles  atmo- 
sphériques! Les  capitaines  de  bâtiment  sous  les  ordres  desquels  j'ai  servi 
ont  souvent  manifesté  leur  surprise  lorsque  je  leur  remettais,  à  midi  du 
lieu,  une  longitude  obtenue  par  l'emploi  de  la  méthode  en  question,  alors 
qu'il  était  matériellement  impossible  d'en  obtenir  à  l'aide  d'un  autre  pro- 
cédé. Quel  est  le  marin  qui,  dans  ses  longs  voyages  en  mer,  n'a  pas  éprouvé 
d'inquiétude  en  ne  voyant  pas  apparaître  le  Soleil  dans  les  circonstances 
favorables?  Cette  grande  responsabilité  du  bâtiment  et  du  personnel,  qui 
pesait  alors  sur  lui,  n'eût-elle  pas  été  facile  à  supporter  s'il  avait  su  qu'en 
déterminant  la  latitude  on  pouvait  déterminer  la  longitude  par  un  calcul 
extrêmement  simple  (avec  un  peu  d'habitude,  on  le  fait  en  cinq  minutes)? 
C'est  dans  les  circonstances  critiques  de  la  navigation  que  l'on  reconnaît 
l'habileté  et  la  supériorité  de  cette  méthode  autrichienne.  C'est  quand 
le  bâtiment  fréquente  les  parages  malsains  ou  n'en  est  que  peu  éloigné, 
quand  il  est  entouré  de  récifs,  de  bancs,  d'une  terre  dont  on  ne  connaît 

87.. 


(672  ) 
qu'imparfaitement  les  dangers,  qu'il  est  urgent  de  savoir  la  position  réelle 
que  ce  bâtiment  occupe. 

»  En  pleine  mer,  à  600  ou  700  lieues  des  côtes  par  exemple,  un  capitaine 
de  navire  pourra  abréger  sa  traversée  en  ayant  recours  à  la  méthode  Littrow. 
C'est  un  avantage  dont  elle  dispose,  et  voici  comment.  Dans  certaines  parties 
du  globe,  le  Soleil  ne  se  montre  pas  dans  les  moments  favorables  aux  angles 
horaires.  Ce  phénomène  se  manifeste  quelquefois  pendant  plusieurs  jours 
de  suite,  dans  des  conditions  de  brises  fraîches  avec  lesquelles  le  navire 
atteint  une  très-grande  vitesse.  Le  bâtiment  navigue  alors  un  peu  au 
hasard,  d'après  l'estime;  on  mesure  la  vitesse  et  la  dérive;  c'est  à  laide  de 
ces  renseignements  imparfaits  qu'on  détermine  une  position  géographique 
chaque  jour  à  midi.  Qu'arrive-t-il?  Les  erreurs  s'accumulent  de  jour  en 
jour  dans  l'estimation  du  point  .ainsi  déterminé;  le  bâtiment  ne  peut  plus 
suivre  sa  vraie  route;  en  s'en  écartant,  il  décrit  sur  la  carte  marine  une  sé- 
rie de  crochets,  pour  me  servir  de  l'expression  employée  par  les  marins, 
dont  le  résultat  est  d'augmenter  la  durée  de  la  traversée,  et  de  multiplier 
ainsi  les  chances  d'accidents  graves. 

»  En  résumé,  je  conseillerai  aux  marins,  toutes  les  fois  que  j'en  trouve- 
rai l'occasion,  l'emploi  de  la  méthode  Littrow,  dont  le  calcul  est  si  facile  et 
dont  les  résultats  sont  si  surprenants.  Plusieurs  officiers  de  marine  à  qui  je 
l'ai  communiquée  ont  été,  comme  moi,  surpris  des  avantages  constants 
qu'elle  offre  en  mer.  » 

M.  Bocssinesq  adresse  un  Mémoire  «sur  les  vibrations  rectilignes  dans 
les  milieux  isotropes,  et  sur  la  diffraction  ». 

L'auteur  établit,  par  le  calcul,  que  «  les  lois  spéciales  aux  ondes  trans- 
versales sont  :  i°  que  les  vibrations  se  font  le  long  d'un  même  rayon  sui- 
vant des  droites  parallèles;  20  que  l'amplitude  varie  aux  divers  points  d'une 
même  ligne  de  vibration  en  raison  inverse  de  la  distance  de  cette  ligne  à  la 
ligne  de  vibration  voisine.  Ces  lois  ont  pour  conséquence  de  réduire  le 
nombre  des  surfaces  qui  peuvent  ètresurfacesd'ondes;ainsi,les  seules  ondes 
correspondantes  à  des  vibrations  dirigées  suivant  leurs  lignes  de  courbure 
sont,  ou  des  plans  parallèles,  ou  des  cylindres  circulaires  concentriques, 
ou  des  sphères  concentriques,  c'est-à-dire  les  mêmes  que  pour  les  vibrations 
longitudinales. 

«  Quand  les  ondes  sont  des  sphères  concentriques,  les  lignes  de  vibration 
peuvent  être  quelconques  sur  l'une  d'elles.  Si,  en  particulier,  ces  lignes 
sont  des  cercles  parallèles,   l'amplitude  sera  constante  sur  chacune,  mais 


(  673  ) 
variera  arbitrairement  d'une  ligne  à  l'autre.  On  pourra,  par  exemple,  sup- 
poser l'amplitude  nulle  partout,  excepté  sur  une  bande  très-mince.  D'une 
onde  à  l'autre,  et  sur  un  même  rayon,  elle  décroîtra  en  raison  inverse  de 
la  distance  an  centre 

»  Ces  lois  ne  sont  d'ailleurs  applicables  que  pour  les  ondes  d'un  rayon 
supérieur  à  une  quantité  déterminée  très-petite. 

»  Quant  au  phénomène  de  la  diffraction,  les  formules  établies  par  Fresuel 
pour  l'expliquer  sont  à  peu  près  exactes  dans  la  théorie  de  la  lumière,  tandis 
qu'elles  ne  le  seraient  pas  dans  celle,  du  son  ». 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Duhamel,  Bertrand,  Fizeau.) 

M.  Saix  soumet  au  jugement  de  l'Académie  une  méthode  qu'il  croit 
propre  à  obtenir,  avec  les  courants  d'induction,  la  fusion  ou  la  volatilisation 
de  certains  corps  réfractaires. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Physique.) 

M.  H.  Meyer  adresse,  de  Charleston,  un  Mémoire  relatif  à  nue  loi 
générale  de  formation  des  quantités  algébriques. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

M.Tavicnot  adresse  un  «  Résumé  de  ses  recherches  sur  l'ophtlialinie  scro- 
fuleuse  due  à  l'action  réflexe,  née  elle-même  de  l'évolution  dentaire  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Portail,  qui  a  adressé  précédemment,  pour  le  concours  du  prix  des 
Arts  insalubres,  un  Mémoire  relatif  aux  perfectionnements  apportés  par  lui 
dans  l'outillage  qui  sert  au  percement  des  puits,  exprime  le  désir  que  son 
travail  puisse  être  soumis  à  la  Commission  chargée  de  juger  le  concours 
de  1867. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  des  Arts  insalubres.) 

CORRESPOND  ANCE . 

M.  HucuiER  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  parmi  les 
candidats  à  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie 
par  suite  du  décès  de  M.  Velpeau. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie, 


(  <'74  ) 
M .  le  Chaxcelieii  de  la  légation  des  Pays-Bas  adresse  à  l'Académie  deux 
nouvelles  feuilles  de  la  Carte  géologique  des  Pays-Bas,  avec  un  exemplaire 
de  la  légende  traduite  en  français. 

MÉCANIQUE.  —  Note  relative  au  théorème  de  la  surperposition  des  effets  des 
forces  appliquées  à  un  corps  solide  élastique,  théorème  pour  lequel  la  priorité 
doit  être  attribuée  à  M.  de  Saint-Venant;  par  M.  Phillips.  (Extrait  d'une 
Lettre  à  M.  Combes.) 

«  Depuis  la  présentation  de  mon  Mémoire  sur  la  superposition  des 
effets  des  forces  appliquées  à  un  corps  solide  élastique,  mon  attention  a  été 
appelée  sur  certains  passages  des  travaux  de  M.  de  Saint-Venant  dont  je 
n'avais  pas  connaissance,  et  dans  lesquels  il  a  donné  avant  moi  le  théorème 
de  la  surper position.  Il  n'est  donc  que  juste  de  ma  part  de  le  reconnaître 
et  de  déclarer  que  la  priorité  de  ce  théorème  lui  appartient.  » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  les  qaz  qui  se  dégagent,  en  mer,  du  lieu  de  l'éruption  qui  s'est 
manifestée  aux  À  cor  es,  le  \"  juin  1867.  Extrait  d'une  Lettre  de  M.  Focque 

à  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

0   Angra,  22  septembre  1867. 

»  Je  suis  arrivé  à  Terceira  le  20  septembre,  et,  dès  le  21,  j'ai  fait  une 
excursion  le  long  de  la  côte  sud-ouest  de  l'île;  j'y  ai  observé  plusieurs  cônes 
d'éruption  et  de  nombreuses  coulées  de  laves  dont  M.  Hartung  ne  dit  que 
peu  de  mots  et  qui  m'ont  paru  fort  intéressants  à  étudier.  J'ai  mesuré  les 
hauteurs  des  cônes,  déterminé  la  direction  des  fissures  des  diverses  érup- 
tions qui  ont  engendré  chacun  d'eux,  et  recueilli  un  grand  nombre  d'échan- 
tillons de  roches — 

»  ...  Au  retour  de  mon  excursion,  j'ai  trouvé  des  bateliers  avec  lesquels 
j'avais  fait  prix  la  veille  pour  me  mener  sur  le  lieu  de  l'éruption.  Nous  nous 
sommes  embarqués  à  minuit,  et,  à  7  heures  du  matin,  nous  étions  sur 
le  point  de  l'éruption,  que  ces  gens  connaissaient  fort  bien,  car  ils  m'ont 
mené  droit  à  l'endroit  où  elle  a  eu  lieu.  L'alignement  de  la  côte  nord  par 
rapport  au  Pico  de  Pinto,  et  celle  de  la  Punta  de  Negrita  par  rapport  au 
Pico  Rachado,  permettent  facilement  de  retrouver  ce  lieu  qui  est  à  5  kilo- 
mètres de  la  côte  de  l'île,  tout  près  du  point  où  la  carte  anglaise  donne  un 
sondage  de  i65  brasses.  De  là,  la  crête  de  la  montagne  de  la  Caldeira  de 
Santa-Barbara  est  vue  faisant  avec  l'horizon  un  angle  de  6°  4o',  et  les  deux 
tangentes  menées  à  la  côte  nord  et  à  la  côte  sud-ouest  de  l'île  de  Terceira 
font  entre  elles  un  angle  de  72  degrés. 


(  675  ) 

»  Un  sondage  exécuté  eu  cet  endroit  m'a  donné  fond  par  2o5  brasses. 
Plusieurs  autres  sondages  effectués  près  de  là  dans  diverses  directions  me 
paraissent  indiquer  nettement  que  le  fond  de  la  mer  n'a  pas  changé  par 
suite  de  l'éruption,  puisqu'on  retrouve   sensiblement  les  cotes  indiquées 


sur  la  carte  anglaise. 


u  Je  vous  transmets  ci-joint  un  croquis  qui  indique  remplacement  des 
soudages  que  j'ai  effectués  sur  le  lieu  de  l'éruption  et  autour. 

»  Il  n'existe  plus  aucun  phénomène  éruptif  violent;  l'eau  de  la  mer  était 
à  21  |  degrés,  là  comme  partout  dans  le  voisinage.  Le  seul  indice  d'acti- 
vité volcanique  qui  subsiste  encore  est  un  dégagement  de  gaz  très-irrégulier, 
formé  d'une  myriade  de  petites  bulles,  qui  s'échappent  toutes  les  quatre  ou 
cinq  minutes  par  bouffées,  sur  un  rayon  d'en  vironio  mètres.  La  mer  était  d'un 
calme  parfait,  et,  malgré  cela,  j'ai  eu  toutes  les  peines  du  monde  à  recueillir 
de  quoi  remplir  un  seul  tube.  Il  fallait  avoir  l'œil  au  guet  et  courir  après 
le  dégagement,  aussitôt  qu'il  se  montrait  quelque  part.  Le  plus  souvent, 
j'avais  l'ennui  de  le  voir  s'opérera  quelques  mètres  de  moi  avant  d'avoir  pu 
l'atteindre.  Je  suis  resté  ainsi  cinq  heures  penché  sur  le  bord  du  bateau, 
et  faisant  seulement  de  temps  en  temps  soutenir  l'entonnoir  renversé  par 
mes  hommes,  lorsque  je  me  trouvais  par  trop  fatigué  de  la  position  pénible 
que  j'étais  forcé  de  prendre. 

»  J'ai  fait  un  essai  sur  5  centimètres  cubes  de  gaz  qui  me  restaient  après 
avoir  rempli  mon  tube;  j'ai  constaté  l'absence  d'acide  carbonique,  la  pré- 
sence de  l'oxygène  en  proportions  notables  (environ  i5  à  20  pour  100)  et  la 
combustibilité  du  résidu. 

»  Toutes  ces  opérations  faites,  nous  avons  repris  la  direction  d'Angra 
où  nous  somme  arrivés  ce  matin  à  la  pointe  du  jour.  J'espérais  trouver,  avant 
le  mois  prochain,  un  bateau  à  voile  pour  me  transportera  Payai,  mais  je 
vois  bien  qu'il  ne  faut  pas  me  faire  illusion;  les  occasions  de  transport  sont 
tellement  rares,  qu'il  n'y  faut  pas  compter.  Je  suis  donc  résigné  à  passer  un 
mois  à  Terceira.  » 

ANATOM1E.  —  Recherches  sur  quelques  muscles  à  fibres  lisses  qui  sont  annexés 
à  l'appareil  de  la  vision;  par  M.  C.  Sappey. 

«  Cinq  muscles  à  fibres  lisses  sont  annexés  à  cet  appareil.  L'un  d'eux 
est  situé  dans  l'intérieur  du  globe  de  l'œil  :  c'est  le  muscle  ciliaire,  qui  pré- 
side aux  phénomènes  de  l'accommodation  ;  ce  muscle  étant  aujourd'hui  bien 
connu  dans  sa  disposition  et  ses  attributions,  je  dois  me  borner  à  le  men- 
tionner. 


(  <J7G  ) 

»  Le  second  appartient  à  la  paupière  supérieure.  Il  s'attache  par  ses 
deux  extrémités  à  la  circonférence  de  la  base  de  l'orbite,  d'où  le  nom  de 
muscle  orbito-palpébral  sous  lecpiel  je  le  désignerai. 

»  Le  troisième  et  le  quatrième  correspondent  aux  faisceaux  tendineux 
par  lesquels  l'aponévrose  orbitaire  s'attache  aux  parois  de  cette  cavité  :  ce 
sont  les  muscles  orbitaires  interne  et  externe. 

»  Le  cinquième  occupe  la  fente  sphéno-maxillaire  dans  toute  sou  éten- 
due :  c'est  le  muscle  orbitaire  inférieur. 

»  i°  Muscle  orbito-palpébral.  —  Ce  muscle,  situé  dans  l'épaisseur  delà 
paupière  supérieure,  s'étend  de  l'extrémité  antérieure  de  son  élévateur  vers 
le  bord  adhérent  du  cartilage  tarse,  et,  dans  le  sens  transversal,  de  la  paroi 
interne  à  la  paroi  externe  de  l'orbite.  Il  affecte  la  forme  d'un  segment  an- 
gulaire de  sphère,  tronqué  à  ses  extrémités.  Sa  hauteur  varie  de  12  à 
i4  millimètres  pour  sa  partie  moyenne.  Sa  direction  cependant  n'est  pas 
verticale,  mais  oblique  de  haut  en  bas  et  d'arrière  en  avant. 

»  Sa  face  antérieure  ou  convexe,  tournée  en  haut,  se  trouve  en  rapport 
avec  le  ligament  large  auquel  elle  adhère  inférieuremeut,  mais  dont  elle 
est  séparée,  dans  le  reste  de  son  étendue,  par  un  espace  angulaire  que 
remplit  un  peloton  de  tissu  adipeux;  c'est  ce  peloton  adipeux  qui,  en  aug- 
mentant progressivement  de  volume,  refoule  le  segment  supérieur  de  la 
paupière  sur  son  segment  inférieur,  en  sorte  que  le  premier  descend  par- 
fois jusqu'au  voisinage  des  cils,  et  recouvre  alors  presque  entièrement  le 
second. 

»  Sa  face  postérieure  concave  répond  à  laconjonctive  palpébrale,  qui  lui 
adhère  faiblement  en  haut,  mais  d'une  manière  de  plus  en  plus  intime  à 
mesure  qu'on  se  rapproche  du  cartilage  tarse. 

>J  Son  bord  supérieur,  convexe  et  dirigé  en  arrière,  reçoit  l'attache  du 
relèvent*  de  la  paupière,  avec  lequel  il  se  continue,  et  dont  le  muscle  or- 
bito-palpébral a  été  regardé  comme  un  prolongement  par  un  grand  nombre 
d'auteurs  qui  l'ont  décrit  sous  les  noms  de  tendon,  d'expansion  tendineuse 
du  releveur.  Sur  le  même  bord,  vient  s'insérer  le  faisceau  tendineux  du 
droit  supérieur,  faisceau  qui  constitue  une  dépendance  de  l'aponévrose  or- 
bitaire, d'où  il  suit  que  le  muscle  orbito-palpébral  a  été  considéré  aussi 
comme  le  prolongement  de  cette  aponévrose  par  Hénon  et  plusieurs  ana- 
tomistes  modernes.  Mais  il  n'est  un  prolongement  ni  de  l'un  ni  de  l'autre, 
puisqu'il  diffère  essentiellement  de  tous  les  deux  par  sa  structure.  Son 
bord  inférieur  s'insère  sur  le  bord  adhérent  du  cartilage  tarse. 

»   Des  deux  extrémités  de  ce  muscle,  l'une  se  fixe  à  la  paroi  externe  de 


(  677  ) 

i  orbite    un  peu  en  arrière  du  rebord  de  cette  cavité;  l'autre  a  Ja  parc,  ,„- 

terne  de  cette  cavité    immédiatement  en  arriére  du  ligament  large L r 

nsertzon  se  fan  de  chaque  côté  sur  une  ligne  courbe,  obliquement  dirigé 

en  bas  et  en  avant,  longue  de  5  à  6  millimètres  § 

.  Le  muscle  orbito-palpébral  est  composé,  sur  toute  sa  largeur  et  dans 

T  ^d  nont  fibrfmUSCU,aireS  HSSeS'  «*  -  S-P-  U  form 
un  très-grand  nombre  de  fa.sceaux.  Ces  faisceaux,  de  volume  très-iné.al 

se  du.gent  de  haut  en  bas,  c'est-à-dire  du  re.eveur  de  la  paupière        s,e 
cartilage  tarse.  Dans  leur  trajet  ils  se  divisent  et  s'envoien   réc  prou,  ement 
des  fascicules  par  lesquels  ils  s'unissent  entre  eux.  Ainsi  constitué,  il    ep 
sente  sous  l'aspect  d'une  membrane  rétiforme,  dont  les  mailles  irr  Sè- 
ment elliptiques  se  dirigent  pour  la  plupart  de  haut  en  bas  * 

»  Quels  sont  les  usages  du  muscle  orbito-palpébral?  Il  est  digne  de  re- 

coXr  le"  mUSClC  °ffre  'e  ^^  m°de  dG  W**»;  les  m ms 

rr    r    de  ^       ""m   T*  *"  *'  ^^  ^  ***  ™"'*«™  et  en 

b  ire    MnP         F       ^  ***  ^  ^V"  "^  de  l'arcade 

ad  'sol     e  TS  "  COnt,m,S'   ^  Cartilage  Ct  'e  '""Sde  *>™»*  un 

Tn    imn  oP         '  P"  ^  T™^  ^  P*™  de  1Vbite>  C™P^" 

ent  .mmob.le  par  conséquent  dans  le  sens  transversal,  très-mobile  au  con- 
tre dans  le  sens  vertical.  Ce  segment  de  sphère,  dont  la  concavité  s'ap- 

tZT^T  SUr  ^  rlér°IiqUe'  °SCllle  d0"C  a-  la  P»-  ^    fa- 
culté de  1  equateur  vers  le  pôle  de  l'œil,  et  du  pôle  vers  l'équateur   Le 

ninsc  e  orbito-palpébral  a  pour  destination  principale,  en  un  ZZÙ 
bl.r  des  rapports  toujours  parfaitement  exacts  entre  l'oeil  et  la  paupière 
supérieure,  dans  toutes  les  attitudes  si  diverses  qu'ils  peuvent  prend  Tun 
ar  rapport  a  'autre,  ,«  de  consolider  le  mode  de  conforma  on  de  cette 
SX  '?S  ^f S  ***«*■  W*  P-nd  sur  les  parois  de  l'orbite 

r  i: es  facf  t  crséquences  ^e  p°u-ait  «*•»■*  ™  ^ 

onnation,  3    de  rendre  les  deux  organes  qui  se  meuvent  l'un  sur  l'autre 
L;eqcTtieremeïlt  md^d^>  «  de  aliter  ainsi  leurs  mouvement 

môuvPemeirraCt,0nS'  ''  T*  orbi^P">P&r.l  joue  en  outre,  dans  les 
nouveneu.sde   a  paupière  supérieure,  un  rôle  qui  n'est  pas  sans  impor- 
te. Lor  ,  onf      paJpébml  est  largement  Quver^  ^  ^  P 

v2TPTT  rmé'  ''  S'all6nge  aUSSi;  Par  -— équent,  il  &est  à  la  fois 
1  n tag  mste  des  deux  muscles  qui  tiennent  cet  orifice  sous  leur  dépen- 
dance. Il  modère  leur  action  à  la  manière  d'un  contre-poids  et  contribue,  par 

C.  R.,  1867,    2e  Semestre.  (T.  LXV ,  N°  17.)  iiji 


(  678  ) 
cet  usage,  à  graduer  les  mouvements  des  paupières,  en  leur  donnant  à  la  fois 
plus  de  régularité  et  de  précision. 

»  2°  Muscles  orbitaires  interne,  externe  et  inférieur.  —  Ces  trois  muscles  à 
fibres  lisses  se  présentent  sous  des  dimensions  beaucoup  plus  réduites  que 
le  précédent.  Ils  sont  loin  aussi  d'offrir  la  même  importance. 

o  Le  muscle  orbitaire  interne  occupe  l'extrémité  terminale  du  prolonge- 
ment par  lequel  l'aponévrose  orbitaire  vient  s'attacher  à  la  crête  de  l'os 
unguis.  Il  est  situé  immédiatement  en  arrière  de  l'insertion  correspondante 
du  muscle  orbito-palpébral,  et  se  compose  de  faisceaux  qui  suivent  pour  la 
plupart  une  direction  transversale.  Ces  faisceaux  sont  du  reste  très-courts; 
leur  longueur  varie  de  2  à  3  millimètres. 

»  Le  muscle  orbitaire  externe,  un  peu  plus  volumineux  que  l'interne, 
offre  la  même  disposition.  Il  forme  l'extrémité  terminale  du  prolongement 
par  lequel  l'aponévrose  vient  se  fixer  en  dehors  au  rebord  de  l'orbite.  Ses 
faisceaux  sont  aussi  transversalement  dirigés  en  avant;  ils  se  confondent  en 
partie  avec  ceux  du  muscle  orbito-palpébral,  dont  ils  se  distinguent  surtout 
par  leur  direction  perpendiculaire  à  celle  de  ces  derniers. 

»  Le  muscle  orbitaire  inférieur  occupe  la  fente  sphéno- maxillaire.  Il  a 
été  signalé  par  M.  H.  Muller,  en  i85g.  La  description  qu'en  a  donnée  cet 
anatomiste  est  très-exacte.  Mais  il  ne  paraît  pas  en  avoir  cherché,  ou  du 
moins  il  n'a  pas  réussi  à  en  déterminer  les  usages.  Or  ce  muscle,  beaucoup 
plus  considérable  que  l'externe  et  l'interne,  puisqu'il  s'étend  de  l'une  à 
l'autre  extrémité  de  la  fente  sphéno-maxillaire,  semble  se  rattacher  comme 
ceux-ci  à  l'aponévrose  orbitaire.  On  voit  naître,  en  effet,  de  sa  partie 
moyenne,  des  faisceaux  qui  se  portent  en  haut,  en  avant  et  en  dedans,  dans 
l'épaisseur  du  prolongement  par  lequel  la  gaine  fibreuse  du  petit  oblique 
s'insère  au  plancher  de  l'orbite.  Ces  faisceaux  sont  évidemment  les  ana- 
logues de  ceux  qui  constituent  les  muscles  orbitaires  internes  et  externes. 
Tous  les  trois  forment  une  dépendance  de  cette  aponévrose,  qui  n'est  elle- 
même  qu'une  annexe  de  l'appareil  moteur  du  globe  de  l'œil.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.   —   Remarque  sur  la  formation  des  cristaux  de  gypse. 
Note  de  M.  A.  Droxee,  présentée  par  M.  Chevreul. 

«  C'est  par  hasard  que  j'ai  eu  l'occasion  de  faire  une  observation  très- 
digne  de  remarque  sur  le  temps  nécessaire  à  une  gangue  non  cristallisée 
pour  se  transformer  en  cristal.  Je  vais  indiquer  les  circonstances  dans  les- 
quelles s'est  effectuée  cette  transformation. 


(  679  ) 

»  La  construction  des  fortifications  extérieures  du  fort  Ehrenbreitstein 
(Coblence)  date  de  1828.  La  forteresse  qu'on  nomme  Pleidtenberg  est 
située  sur  le  plateau  vers  le  nord-est.  Cette  petite  forteresse  était  formée 
par  une  casemate  entourée  par  des  remparts  et  des  fossés.  On  fit  usage  de 
cette  casemate  comme  magasin  à  poudre;  elle  était  couverte  par  un  lit 
d'argile  (c.  3  décimètres)  pour  empêcher  la  pénétration  de  l'eau  dans  les 
voûtes.  Sur  ce  lit  d'argile  était  entassée  de  la  terre  (c.  i5  à  17  décimètres). 
Dans  la  nouvelle  construction  des  forteresses  de  Coblence,  la  couverture 
de  cette  casemate  fut  eidevée  pendant  l'été  de  cette  année,  et  on  trouva 
que  l'argile  était  traversée  dans  toutes  les  directions  par  des  cristaux  innom- 
brables de  gypse.  Ces  cristaux  s'étaient  formés  à  la  surface  :  quelques-uns 
avaient  une  grandeur  de  12  à  14  centimètres. 

»  L'argile  qui  avait  formé  la  couverture  avait  été  prise  sur  les  descentes 
du  plateau  d'Ehrenbreitstein  vers  le  nord- ouest;  elle  est  située  sur  la 
«  grauwacke  »,  comme  toute  l'argile  des  nombreuses  mines  voisines  de 
Coblence.  L'argile  de  cette  mine  contient  beaucoup  de  gypse,  comme  le 
prouve  l'analyse  chimique,  mais  elle  ne  contient  pas  un  cristal.  Si  les  cris- 
taux avaient  été  dans  l'argile  avant  qu'elle  fût  placée  sur  la  casemate,  ils  au- 
raient été  détruits  par  la  préparation  même  que  cette  argile  eut  alors  à 
subir;  en  effet,  elle  fut  mêléea  vec  de  l'eau  et  pilée  sur  le  plafond  de  la 
casemate,  comme  le  montre  encore  la  structure  produite  par  le  pilon. 
Par  conséquent,  il  faut  supposer  que  les  cristaux  ont  été  formés  pendant 
la  courte  période  qui  s'est  écoulée  de  1828  à  1867.  Il  m'a  été  impossible 
de  trouver  pourquoi  ces  cristaux  se  sont  formés  dans  la  couverture  de  la 
casemate  et  ne  sont  pas  formés  dans  les  mines. 

»  Cette  formation  de  cristaux  n'a  pas  encore  été  observée,  que  je  sache; 
elle  me  paraît  très-intéressante  et  très-importante  pour  la  géologie.  » 

«  M.  d'Archiac  pense  qu'avant  de  se  prononcer  sur  la  formation  de 
cristaux  de  gypse  d'aussi  grandes  dimensions,  dans  un  laps  de  temps  com- 
parativement si  court,  il  serait  important  d'avoir  des  renseignements  précis 
sur  les  caractères  de  la  roche  argileuse  au  moment  de  son  exploitation,  sur 
la  préparation  qu'elle  a  pu  subir  et  sur  la  manière  dont  elle  a  été  employée. 
Les  personnes  qui  ont  concouru  à  la  construction  pourraient  seules,  si  elles 
ont  conservé  un  souvenir  bien  exact  du  fait,  donner  ces  renseignements 
avec  toute  l'authenticité  désirable  en  pareil  cas,  et  faire  cesser  des  doutes 
qui,  sans  cela,  paraîtront  toujours  justifiés.   » 


(  68o  ) 
M.   de   Jonvelle  adresse  le  spécimen    d'une    écriture    autographique, 
obtenue  à  l'aide  d'un  papier  quadrillé,  et  qui  réduirait  la  composition  à  an 
simple  calque. 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  C. 


BULLETIN'    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  21  octobre  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Cours  de  Calcul  différentiel  et  intégral;  par  M.  J.-A.  Serret,  Membre  de 
l'Institut.  T.  Ier,  Calcul  différentiel.  Paris,  1868;  in-8°. 

De  l'influence. des  émanations  volcaniques  sur  les  êtres  organisés,  particulière- 
ment étudiée  à  Santorin  pendant  l'éruption  de  1866; par  M.  L.  Da  CAROGNA. 
Paris,  1867;  in-8°.  (Présenté  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville.) 

Rapport  sur  l'emploi  des  eaux  d'égoul  de  Londres;  par  M.  Ch.  DE  Frey- 
cinet,  publié  par  ordre  de  S.  Exe.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Com- 
merce et  des  Travaux  publics.  Paris,  1867;  in-8°. 

La  force,  deux  conférences  de  M.  John  Tyndai.l,  traduites  par  M.  l'abbé 
Moigno.  Paris,  br.  in- 12. 

Radiation.  Calorescence,  influence  des  couleurs  et  de  la  condition  mécanique 
sur  la  chaleur  rayonnante  ;  par  M.  John  Tyndall.  Traduction  de  M.  l'abbé 
Moigno.  Paris,  1867,  br.  in-12.  Ces  deux  brochures  sont  présentées  par 
M.  Faye. 

Département  de  la  Moselle.  Compte  rendu  des  travaux  du  Conseil  central  et 
des  Conseils  d'arrondissement  d'hygiène  publique  et  de  salubrité  depuis  le 
Ier  janvier  1 863  jusqu'au  3i  décembre  1866,  4e  Bulletin.  Metz,  1867; 
1  vol.  in-8°. 

Exposé  des  travaux  de  la  Société  des  Sciences  médicales  du  département  de  la 
Moselle,  1866.  Metz,   1867;  1  vol.  in-8°. 

Mémoire  de  la  Société  impériale  d'Agriculture,  Sciences  et  Arts  d'Angers 
(ancienne  Académie  d'Angers),  nouvelle  période,  t.  X,  2e  trimestre.  An- 
gers, 18G7;  in-8°. 

(La  suite  du  Bulletin    nu  prochain  numéro.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  28  OCTOBRE  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  ClIEVREUL. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Documents  relatifs  à  ma  Réponse  à  la  Lettre 
de  Sir  David  Brewster;  par  M.  Chasi.es. 


«  M.  Brewster  s'est  proposé,  an  sujet  des  deux  Lettres  du  Roi  Jacques 
citées  dans  ma  communication  du  3o  septembre,  «  d'étudier  d'un  peu  près 
»  ce  nouveau  et  très-divertissant  fragment  de  la  plus  audacieuse  imposture 
»   qui  ait  jamais  été  ourdie.  » 

»  A  quoi  cette  étude,  annoncée  comme  sérieuse,  a-t-elle  conduit 
M.  Brewster?  A  des  dénégations,  à  des  assertions  tirées  de  son  propre 
fonds,  dénuées  de  preuves,  comme  toujours,  et  émises  avec  une  sorte  de 
légèreté  par  laquelle  il  a  cru  masquer  son  impuissance  à  atténuer  l'autorité 
de  mes  documents. 

»  Je  pourrais,  à  l'appui  de  la  réponse  que  j'ai  faite  sur-le-champ  à  la 
Lettre  de  Sir  David,  me  borner  aujourd'hui  à  mettre  sous  les  yeux  de  l'Aca- 
démie deux  séries  de  Lettres,  toutes  relatives  à  la  question,  et  dont  l'en- 
semble défiera  tous  les  doutes.  Ces  Lettres  sont  du  Roi  Jacques  et  du  Roi 

C.  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  K»  18.)  89 


(  682  ) 
Louis  XIV.  L'écriture  de  Louis  XIV  surtout   est  parfaitement  connue,   et 
doit  l'être  de  M.  Faugère,  si  elle  ne  l'est  pas  de  M.  Brewster. 

»  La  simple  vue,  je  le  répète,  de  cette  double  série  de  Lettres  suffirait, 
indépendamment  de  tous  les  autres  documents  déjà  produits  depuis  le 
commencement  de  cette  longue  polémique,  pour  résoudre  la  question  des 
emprunts  que  Newton  a  faits  à  Pascal. 

»  Mais,  comme  il  s'agit  ici  d'un  épisode  de  la  vie  de  Newton,  fort  impor- 
tant dans  l'histoire  de  la  science,  je  vais  en  faire  connaître  les  détails. 

II. 

»  Dans  une  Lettre  adressée  à  Huygens,  antérieure  à  1G84  et  en  réponse 
à  certaines  observations  de  celui-ci,  Newton  avait  employé  des  expressions 
blessantes  à  l'égard  de  Descartes  et  de  Pascal.  Clerselier,  en  parcourant  des 
papiers  d'IIuygens  dans  lesquels  il  cherchait  les  écrits  de  Descartes,  vit  cette 
Lettre,  et  en  parla  à  ses  amis,  à  Mariotte  notamment.  Le  mécontentement 
des  géomètres  français  parvint  à  Newton,  qui  en  écrivit  à  Huygens.  Celui-ci 
s'excusa  de  l'indiscrétion  de  Clerselier,  et  engagea  Newton  à  rétracter  ses 
paroles. 

»  Newton  ne  suivit  point  ce  conseil.  Il  crut  qu'après  la  mort  de  Ma- 
riotte (en  1684),  de  Clerselier  et  de  Mme  Perrier  (i685),  il  serait  à  l'abri  de 
nouvelles  plaintes.  Mais  lorsque  son  Livre  des  Principes  parut,  l'omission 
absolue  du  nom  de  Pascal  dans  cet  ouvrage,  dont  on  connaissait  l'origine 
première,  réveilla  les  souvenirs  assoupis.  De  nouvelles  plaintes  se  produi- 
sirent et  parvinrent  même  jusqu'à  Louis  XIV.  Celui-ci  demanda  des  ren- 
seignements à  Boulliau,  son  conseil  ordinaire  clans  les  questions  concer- 
nant les  sciences,  et  son  ambassadeur  auprès  des  savants  étrangers  qu'il 
désirait  faire  venir  à  Paris  (1).  Il  écrivit  donc  à  Boulliau  de  venir  le  voir. 
11  parait  que  l'affaire  traînait  en  longueur,  car  Louis  XIV  s'adressa  direc- 
tement à  Huygens.  Il  lui  écrivit  qu'il  voudrait  voir  la  Lettre  même  de 
Newton,  et  l'invita  avenir  passer  quelques  jours  à  Paris  et  à  apporter 

(1)  Je  possède  plusieurs  Lettres  de  Louis  XIV  à  Boulliau.  Il  est  possible  que  ces  Lettres 
soient  celles  dont  il  est  question  dans  une  Lettre  du  célèbre  chimiste  suédois,  Bergman,  du 
2  novembre  1778,  où  il  est  dit  qu'un  ami  de  l'abbé  de  Saint-Léger  possédait  trois  volumes 
in-4°  de  Lettres  adressées  à  Boulliau,  de  1660  à  167  î,  par  Desnovers,  secrétaire  des  com- 
mandements de  la  Reine  de  Pologne,  et  un  Recueil  de  Lettres  du  Roi  Louis  XIV  au  même 
P.  Boulliau,  fort  intéressantes.  Bergman  ajoute  que  cet  ami  a  cédé  les  trois  volumes  à 
l'abbe  de  Saint-Léger,  qui  désirait  les  offrir  au  Roi,  mais  qu'il  n'a  voulu  céder  les  Lettres  de 
Louis  XIV  à  aucun   prix. 


(  683  ) 
cette  Lettre.  Huygens,  comme  on  le  sait,  avait  résidé  près  de  quinze  ans  à 
Paris,  ayant  un  logement  au  Louvre  et  une  pension  du  Roi;  il  ne  s'était 
retiré  en  Hollande  que  par  suite  de  la  révocation  de  l'éclit  de  Nantes.  Le 
Roi  alors  avait  fait  auprès  de  lui  une  démarche  personnelle  pour  le  détour- 
ner de  sa  résolution  de  quitter  Paris,  lui  annonçant  qu'en  tout  cas  sa  pen- 
sion lui  serait  continuée.  Il  le  prie  donc  de  venir  passer  quelques  jours  en 
France.  La  santé  d'Huygens,  alors  atteint  d'un  mal  aigu,  ne  lui  permettait 
aucun  voyage.  Il  écrivit  à  Roulliau  pour  le  prier  de  l'excuser  auprès  du 
Roi.  Sa  Lettre  contient  le  récit  de  la  jeunesse  de  Newton  et  de  ses  relations 
avec  Pascal.  Cette  Lettre  est  du  20  décembre;  on  la  trouvera  plus  loin. 

»  Le  12  janvier  suivant,  Louis  XIV  écrit  à  Huygens  pour  le  remercier  des 
renseignements  qu'il  lui  a  donnés  au  sujet  des  relations  de  feu  M.  Pascal 
avec  M.  Newton.  Mais  il  ajoute  que,  comme  complément  de  ces  renseigne- 
ments, il  voudrait  voir  de  ses  yeux  la  Lettre  en  question  ou  sinon  une 
copie,  et  qu'à  cet  effet  il  envoie  auprès  de  lui  M.  Boulliau.  Effectivement, 
dès  le  29  décembre,  le  Roi  avait  écrit  à  Boulliau  pour  le  prier  de  se  rendre 
en  Hollande  auprès  d'Huygens. 

»  Le  Roi  informa  de  cette  mission  l'abbé  Bignon,  en  lui  demandant  où 
en  est  l'enquête  dont  il  l'a  chargé  touchant  les  bruits  qui  circulent  sur 
M.  Newton. 

»  11  paraît  que  c'est  à  la  suite  de  ces  informations  que  Louis  XIV  a  entre- 
tenu le  Roi  Jacques,  récemment  arrivé  en  France,  de  l'affaire  et  du  mécon- 
tentement qu'il  en  éprouvait;  ce  qui  a  donné  lieu  aux  Lettres  du  Roi 
Jacques  à  Newton  que  j'ai  citées  dans  la  séance  du  3o  septembre.  J'avais 
cru  inutile  alors  d'entrer  dans  les  détails  qui  précèdent  et  de  parler  des 
nombreuses  Lettres  qui  s'y  rapportent,  et  que  je  suis  obligé  de  produire 
aujourd'hui. 

»  J'ai  cité,  dans  la  même  séance,  la  Lettre  que  Newton  a  écrite  au  Roi 
de  France,  et  j'ai  dit  que  l'abbé  Bignon  lui  avait  répondu  que  le  Roi  agréait 
ses  excuses  et  l'en  remerciait. 

»  Dans  le  même  temps,  Louis  XIV  écrivit  au  Roi  Jacques  qu'il  acceptait 
très-volontiers  les  excuses  de  M.  Newton,  et  il  s'excuse  lui-même  auprès 
du  Roi  de  la  susceptibilité  qu'il  avait  montrée  dans  cette  circonstance. 

»   Bien  que  l'affaire  parût  ainsi  terminée  en  1689,  des  rumeurs  se  sont 

reproduites  quelques  années  après  ;   c'est  ce  qu'indiquent  une  très-longue 

Lettre  du  Roi  Jacques  à  Newton,  du  2-1  juin  i6g3,  et  une  seconde  Lettre 

de  Louis  XIV  au  Roi  Jacques,  portant  simplement  la  date  du  12  janvier. 

La  première  de  ces  deux  Letties  est  fort  intéressante,    par  certains  détails 

89- 


(  684  ) 
qui  nous  paraissent  indiquer  l'ordre  dans  lequel  doivent  être  placées  les 
différentes  Lettres  dont  nous  avons  eu  à  parler,  qui  presque  toujours  man- 
quent de  millésime.  Nous  devrons  donc  reproduire  cette  Lettre  intégrale- 
ment (i). 

III. 

»  On  voit,  par  cet  exposé,  que  deux  causes  principales  ont  donné  lien 
aux  plaintes  dirigées  contre  Newton  :  d'abord  les  expressions  blessantes 
dont  il  s'était  servi  à  l'égard  de  Descartes  et  de  Pascal,  puis  l'omission  du 
nom  de  Pascal  dans  le  Livre  des  Principes,  quand  il  était  encore  à  la  con- 
naissance de  quelques  survivants  à  Rohault,  Mariotte,  Clerselier,  que,  plus 
de  trente  ans  auparavant,  les  bases  du  système  du  monde  exposé  dans  cet 
ouvrage  avaient  été  communiquées  à  Newton  par  Pascal. 

IV. 

»  Lorsque  j'ai  eu  à  prouver,  en  réponse  à  la  première  Lettre  de  Sir  David 
Brewster  (séance  du  12  août),  qu'il  avait  existé  des  relations  entre  Pascal 
et  Newton,  je  l'ai  fait  sans  avoir  besoin  d'invoquer  les  propres  Lettres  de 
l'un  à  l'autre.  Il  m'a  suffi  d'apporter  divers  documents  émanés  d'auteurs 
contemporains  ou  du  siècle  dernier;  documents  au  sujet  desquels,  je  dois 
le  rappeler  ici,  on  s'est  toujours  abstenu  de  prendre  aucune  information, 
de  faire  aucune  réponse,  si  ce  n'est  que  tout  cela  est  faux.  Je  m'adresse  ici 
à  M.  Faugère,  de  même  qu'à  MM.  Grant  et  Brewster. 

»   Dans  la  circonstance  actuelle,  ces  deux  séries  de  Lettres,  de  Louis  XIV 

et  du  Roi  Jacques,  suffisent  pour  rendre  indubitables  les  faits  relatifs  aux 

paroles  reprochées  à  Newton,  et  la  part  qui  revenait  à  Pascal  dans  l'œuvre 

cl 1 1  Livre  des  Principes. 

V. 

»  Je  possède  beaucoup  d'autres  documents  relatifs  explicitement  à  la 
même  question,  ou  dans  lesquels  se  trouvent  des  traces  qui  s'y  rapportent, 
et  que  j'invoquerais  au  besoin.  Je  les  réserve  :  car  je  me  suis  toujours  borné 
jusqu'ici  à  repousser  les  attaques  et  les  allégations  de  mes  adversaires,  et  je 
n'ai  point  cherché  à  fatiguer  l'Académie  par  des  publications  partielles 
et  anticipées,  que  ne  justifiaient  pas  les  nécessités  du  moment.  Je  vais 
m'occuper  désormais  exclusivement  de  la  publication  des  nombreux  docu- 
ments que  j'ai  annoncés  et   qui  me  sont  demandés. 


(ij  Je  possède  plus  d'une  trentaine  d'autres  pièces  du  Roi  Jacques.  Ce  sont  ses  minutes. 
Il  s'y  trouve  des  fragments  historiques;  des  Notes  sur  le  caractère  des  Anglais  :  «  caractère. 
»  de  l'ouvrier  anglois,  des  savants  anglois,  des  femmes  angloises,  du  négociant  anglois,  etc.  » 


(  685  ) 

»  Qu'on  me  permette  de  renouveler  ici  une  observation  qui  aurait  dû 
frapper  mes  adversaires. 

»  M.  Brewster  a  conclu  de  ses  informations  que  le  faussaire,  que 
M.  Faugère  a  le  mérite  d'avoir  imaginé  le  premier  (en  invoquant  toutefois 
l'intervention  «  de  nos  voisins  d'outre-Manche  »),  avait  dû  accomplir  son 
œuvre  depuis  1841  • 

»  Sans  parler  de  la  prodigieuse  activité  et  des  connaissances  sur  (ouïes 
choses  dont  il  aurait  fait  preuve,  ne  me  suffit-il  pas  d'invoquer  ce  style  d'il 
y  a  deux  siècles,  ce  style  empreint  du  génie  de  Pascal  dans  toutes  les 
phases  de  sa  vie  scientifique  et  littéraire,  que  le  faussaire  aurait  su  repro- 
duire? Où  l'aurait-on  trouvé,  ce  faussaire? 

»  Cette  seule  considération  n'aurait-elle  pas  dû  rendre  plus  circonspects 
les  ennemis  de  la  gloire  de  Pasca^  et  M.  Faugère  surtout  ? 

VI.  —  Documents. 

Huygens  à  Newton. 

Ce  2  juillet. 

J'estois  loin  de  penser,  monsieur,  que  la  communication  de  la  lettre  que  vous  m'avez 
adressé,  et  dans  laquelle  vous  jettez  quelques  blasmes  sur  feu  Mrs  Descartes  et  Pascal,  soulè- 
verait contre  vous  une  polémique  aussy  ardente.  Veuillez  bien  croire,  monsieur,  que  ce 
n'est  point  avec  l'intention  de  vous  nuire,  que  je  l'ay  fait.  Mais  un  jour  Mr  Clerselier,  grand 
admirateur  de  Descartes,  comme  vous  ne  l'ignorez  pas,  sans  doute,  estant  venu  me  faire 
visite,  et  dans  l'entretien  me  manda  à  voir  quelques  escrits  de  son  auteur  favory,  que  je  luy 
dis  avoir,  ainsy  que  de  Pascal  son  émule.  C'est  en  cherchant  ces  lettres  ensemble,  que  le 
hazard  fit  qu'il  rencontra  la  vostre,  et  qu'alors  se  dévoila  ce  que  vous  avez  dit  contre  ces 
deux  auteurs,  dont  les  françois  sont  fiers,  et  cela  avec  raison.  Je  ne  fais  pas  un  mystère  de 
vous  le  dire,  voilà  comment  la  chose  s'est  fait.  Quand  à  cette  malheureuse  lettre  que  vous 
me  réclamez,  je  veux  bien  vous  la  restituer,  si  vous  y  tenez  ;  mais  à  quoy  cela  peut-il  vous 
servir  maintenant?  Le  coup  est  porté.  Je  crois  que  ce  qu'il  y  aurait  de  mieux  à  faire  dans 
tout  cela  maintenant,  serait  de  rétracter  vos  expressions.  Je  regrette  d'estre  pour  quelque 
chose  dans  cette  affaire,  je  vous  assure;  mais  c'est  bien  involontairement.  Veuillez  m'en  ex- 
cuser, et  eslre  assuré  que  je  suis  vostre  bien  affectionné.  Ch.  Huygens. 

Louis  XIV  a  Boulliau. 

Monsieur  l'abbé,  quoy  que  vous  soyez  dans  une  retraite  profonde,  vous  n'ignorez  pas  sans 
doute  qu'un  scavant  anglois,  monsieur  Newton,  que  vous  connaissez,  puisque  vous  m'en 
avez  parlé  maintes  fois,  naguères  a  jette  un  mépris  inique,  et  s'est  mesme  permis  des  expres- 
sions outrageantes  contre  nions'  Pascal,  d'illustre  mémoire,  au  point  que  plusieurs  scavans 
sont  venus  s'en  plaindre  à  moy  ;  et  on  fait  mesme  courir  certains  bruits  à  ce  sujet,  dont  je 
serais  bien  aise  d'éclaircir.  Pascal  fut  vostre  ami.  Vous  l'avez  connu  en  son  particulier; 
partant  vous  pouvez  me  fournir  quelques  renseignemens  que  je  serais  bien  aise  d'avoir  à  cet 
égard  sur  cela.  Je  vous  prie  donc  de  venir  me   trouver  demain.  Une  de  mes  voitures  vous 


(  686  ) 

prendra  pour  vous  amener  irv.  Veuillez,  je  vous  prie,  n'y  point  faillir.  C'est  vous  dire  assez 
combien  j'av  cette  affaire  à  contre-cœur.  Je  compte  sur  vous.  Versailles  ce  2()  aoust. 

Louis. 
Louis  XIV  h  Haygens. 

Monsieur  Huvgens,  j'ai  appris  qu'un  anglois,  monsieur  Newton,  vous  avoit  escrit  une 
lettre  où  se  trouvoit  non-seulement  du  mépris,  mais  d'infâmes  calomnies  contre  feu  monsieur 
Pascal,  qui  cependant,  au  dire  de  tous  ceux  qui  l'ont  connu  personnellement,  estoit  un 
homme  pétri  de  génie  et  de  bon  sens.  Vous  mieux  que  tous  autres  devez  le  scavoir  et  pour- 
riez le  tesmoigner,  si  on  n'avoit  maintes  preuves  du  contraire  de  ce  qu'en  a  pu  dire  nions1, 
Newton.  Du  reste  les  oeuvres  de  Pascal  en  font  foy.  Mais  j'ai  fortement  à  cœur  cette  calomnie, 
au  point  que  je  me  demande  si  réellement  les  faits  ne  sont  point  exagérés.  Car  vous  le  sca- 
vez,  on  grossit  toujours  les  choses.  C'est  pourquoy  je  desirerois  bien  vous  voir,  et  je  vous 
prie  d'apporter  avec  vous  cette  lettre  qu'on  dit  si  malveillante.  Et  je  voudrois  aussy  con- 
noistre  de  voslre  bouche  quelles  ont  esté  les  relations  de  feu  nions'  Pascal  et  de  celuy  qui 
aujourd'hui  semble  lui  jetter  la  pierre.  Revenez  donc  passer  quelques  jours  en  France;  car 
j'éprouve  réellement  un  besoin  de  vous  voir,  de  m'entrelenir  avec  vous.  Vous  n'ignorez  pas 
l'estime  que  j'ay  pour  tous  ceux  qui  se  vouent  au  culte  des  sciences,  des  arts,  des  lettres,  et 
enfui  pour  tout  ce  qui  part  des  nobles  sentimens  du  cœur.  Venez  donc  et  serez  le  bien  venu, 
comme  vous  n'en  pouvez  douter.  Ce  2.4  may.  Louis. 

22  décembre. 

Monsieur  l'abbé,  un  de  mes  bons  amys  qui  vous  remettra  cette  Lettre  se  rend  à  Paris  pour 
y  estudier  les  sciences  et  les  lettres.  Je  vous  le  recommande.  Je  n'ignore  pas  l'estime  qu'a 
pour  vous  Sa  Majesté  le  Roi  de  France,  et  dans  quelle  intimité  vous  estes  avec  luy.  Je  vous 
prie  luy  tesmoigner  tous  mes  regrets  de  ne  pouvoir  me  rendre  à  ses  vœux,  en  ce  moment. 
Un  mal  aigu  qui  me  fait  souffrir  terriblement  ne  me  permet  pas  de  faire  aucun  voyage. 
Veuillez  bien  dire  à  Sa  Majesté  qu'aussitost  que  je  pourray  entreprendre  ce  voyage,  ce  sera 
avec  grande  satisfaction.  Veuillez  bien  dire  aussy  à  Sa  Majesté  qu'en  ce  moment  je  n'av  la 
lettre  dont  Elle  me  demande  communication;  mais  qu'aussitost  que  je  l'auray,  je  la  luy 
enverrav,  selon  ses  désirs.  Quand  à  ce  que  Sa  Majesté  me  mande  aussy  des  relations  qui  ont 
pu  exister  entre  Mrs  Pascal  et  Newton,  et  qui  seroient  à  ma  connoissance,  celle  chose  estoit 
connue  alors  de  bon  nombre  de  personnes.  Il  est  vray  que  beaucoup  sont  mortes.  Quand  à  mov 
je  reconuois  avoir  servi  parfois  d'intermédiaire  à  ces  relations.  Tout  un  chascun  sçait  que 
sur  la  fin  de  sa  carrière,  et  vous  mesme,  Mr  l'abbé,  le  sçavez  aussy,  Monsr  Pascal,  quovque 
jeune  encore,  avoit  abandonné  le  culte  des  sciences  pour  se  livrer  à  d'autres  occupations. 
C'estoit,  si  je  ne  nie  trompe,  vers  l'an  i653.  Sur  ces  entrefaites  Monsr  Pascal  reçut  d'Angle- 
terre une  Lettre  d'un  jeune  estudiant  qui  luy  soumettoit  quelques  problesmes  à  résoudre.  Ce 
jeune  estudiant  étoit  Monsr  Newton  qui  ayant  entendu  faire  l'éloge  de  Mr  Pascal,  désiroit 
faire  sa  connoissance  J'ai  sçu  depuis  qu'il  v  avoit  esté  engage  par  son  professeur,  qui  par  là 
trouvoit  un  moyen  d'entrer  en  relation  avec  le  scavant  françois  dont  tout  le  monde  parloit. 
Cette  lettre  frappa  l'attention  de  ce  dernier  qui  prit  des  informations  auprès  de  quelques 
Anglois  pour  scavoir  quel  estoit  ce  jeune  érudit.  Ces  personnes  amplifièrent  beaucoup  la  pre- 
caucité  du  jeune  Newton,  ainsy  qu'ils  le  font  ordinairement  de  toute  chose  qui  touche  leur 
nation.  Je  veux  bien  croire  que  le  jeune  Newton  estoit  studieux  et  observateur;  mais  il  n'y 


(  687  ) 

avoit  rien  de  très-extraordinaire  dans  sa  précaucité.  Quoi  qu'il  en  soit  M.  Pascal  se  rappelant 
sans  doute  de  l'ardeur  qu'il  avoit  en  luy  en  son  jeune  âge  pour  l'étude,  prit  le  jeune  Newton 
en  affection,  et  croyant  sans  doute  trouver  en  luy  un  second  luy-mesme,  luy  fit  part  de  ses 
projets,  luy  envova  grand  nombre  de  ses  escrits,  résultat  de  ses  expériences  :  ce  qui  initia 
beaucoup  le  jeune  Newton'au  culte  des  sciences.  Et  qu'arriva-t-il?  Selon  mon  penser,  quand 
M.  Newton  fut  plus  apte  de  comprendre  les  sciences,  il  fit  un  amalgame  de  tous  les  escrits  de 
feu  Mr  Pascal,  qui  du  reste  luy  avoit  dit  d'en  disposer  comme  bon  luy  semblerait.  Il  a  tra- 
vaillé cet  amalgame;  et  il  en  est  sorty  le  système  du  monde  qu'il  a  donné  au  public.  Voilà 
selon  moy  comment  cela  s'est  fait.  A  qui  la  gloire  en  est-elle  due?  Pour  moy,  je  la  partage 
entre  Pascal  et  Mr  Newton;  et  c'est  à  la  suite  d'une  observation  que  je  fis  à  ce  dernier  à  ce 
sujet,  qu'il  m'a  escrit  la  lettre  en  question,  lettre  fort  mal  inspirée  et  qui  tesmoigne  l'ingra- 
titude de  ce  dernier,  pour  lequel  depuis  je  n'ay  eu  grande  estime,  quoiqu'il  semble  conti- 
nuer d'en  avoir  pour  moy.  Voilà,  Monsieur  l'abbé,  la  vérité  sur  cette  affaire,  et  ce  que  j'au- 
rois  dit  au  Rov,  si  j'avois  pu  me  rendre  auprès  de  luy,  ainsy  qu'il  le  désiroit.  Je  suis  comme 
toujours,  vostre  bien  affectionné.  Ch.    Huygeîvs. 

Louis  XIV  h  Huygens. 

Monsieur  Huvgens,  puisque  vous  ne  pouvez  vous  rendre  à  mes  désirs  en  ce  moment,  ce  qui 
me  cause  de  grands  regrets,  j'envoye  devers  vous  IeR.P.  Boulliau  qui  vous  dira  combien  j'en 
suis  contrarié,  et  qui  vous  exprimera  tout  le  plaisir  que  j'aurais  eu  de  vous  revoir.  Veuillez 
croire  tout  ce  qu'il  vous  dira  comme  étant  l'expression  de  mon  cœur.  Je  vous  remercie  bien 
sincèrement  des  renseignemens  qu'il  vous  a  plu  me  communiquer  au  sujet  des  relations  de 
feu  M'  Pascal  avec  M.  Newton.  Ils  me  sont  très -agréables,  et  je  sçay  maintenant  d'où  m'en 
tenir  là-dessus.  Mais  c'est  la  lettre  en  question  que  je  désir  voir  de  mes  propres  yeux,  quoi- 
que je  ne  doute  point  que  les  bruits  qui  courent  à  ce  sujet  soient  vrais.  C'est  donc  pour 
obtenir  cette  lettre  que  j'envoye  devers  vous  le  R.  P.  Boulliau,  ou  sinon  une  copie.  J'attens 
de  vous  cette  satisfaction.  Ce  12  janvier.  Louis. 

Louis   XIV  h  l'abbé  Bignon. 

Monsieur  l'abbé,  où  en  est  l'affaire  dont  je  vous  ay  chargé  de  faire  une  enquête  touchant 
les  bruits  qui  circulent  contre  Mr  Newton.  Je  désir  que  cette  affaire  soit  éclaircie  le  plus 
tost  possible.  Veuillez  donc  vous  en  occuper  activement  et  m'apporter  vostre  rapport  vous 
mesme;  car  je  désir  avoir  un  entretien  avec  vous  à  ce  sujet.  Je  vous  diray  quej'ay  envoyé 
Mr  l'abbé  Boulliau  devers  Monsr  Huygens,  pour  de  luy  avoir  aussy  quelques  éclaircisse- 
mens.  Versailles  mardy  soir.  Louis. 

Louis  XIV  h  Boulliau. 

Monsieur  l'abbé,  vous  sentez-vous  la  force  et  le  courage  de  vous  rendre  en  Hollande  au- 
près de  Monsr  Huygens?  Car  je  tiendrais  beaucoup  à  voir  de  mes  yeux  la  lettre  à  lui  escrite 
par  Mr  Newton.  J'ay  cette  affaire  trop  à  cœur,  pour  ne  pas  chercher  tous  les  moyens  de 
Péclaircir.  Escrivez-moy  de  suite,  je  vous  prie,  à  ce  sujet.  Versailles,  ce  29  décembre. 

Louis. 

»  C'est  ici  que  doivent  être  placées  les  Lettres  du  Roi  Jacques  à  Newton, 
en  date  des  ra  et  16  janvier  1689,  et  la  Lettre  de  Newton  au  Roi  de  France, 
rapportées  dans  le  Compte  rendu  delà  séance  du  3o  septembre  (p.  55i  et  55a). 


(  688  ) 

Louis   XTTr  à   l'abbé  Bigntm. 
Monsieur, 

Voicv  une  lettre  que  j'ay  reçue  de  Mr  Newton,  qui  s'excuse  près  de  moy  de  ce  que  je 
m'estois  plaint  auprès  du  Rov  Jacques,  de  certaines  expressions  qu'il  avoit  lancées  contre 
feu  Mr  Pascal,  et  dont  plusieurs  savans  vos  confrères  ont  été  scandalisés.  Veuillez  lire 
cette  lettre;  prenez  des  informations,  et  venez  me  faire  vostre  rapport,  afin  de  répondre  à 
ce  sujet.  De  Versailles,  ce  8  may  (i).  Louis. 

L'abbé  Bignon   h   Newton.  Ce  .0  aoust. 

Monsieur, 

Comme  membre  protecteur  de  l'Académie  des  Sciences,  et  chargé  par  le  Roy  de  son 
inspection,  Sa  Majesté  m'a  fait  part  de  la  lettre  que  vous  lui  avez  adressée  pour  vous  justi- 
fier de  certains  propos  que  vous  eonnoissez,  et  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  vous  rappeler 
icv,  et  dont  il  est  vray  que  Sa  Majesté  en  avoit  tesmoigné  son  mécontentement  au  Roy  Jacques. 
Sadite  Majesté  me  charge  de  vous  dire  qu'Elle  agréoit  vos  excuses,  et  qu'Elle  vous  en  tes- 
moignoit  toute  sa  gratitude. 

Agréez,  je  vous  prie.  Monsieur,  ma  considération  distinguée.  L'arbé  Bignon  (2). 

Tu  bon  (3  1. 
Louis  XIV  au   Roy  Jacques. 

Mon  frère,  je  n'ai  pas  de  peine  à  croire  ce  que  vous  m'escrivez,  aussv  j'accepte  très- volon- 
tiers et  mesme  avec  grande  satisfaction  les  excuses  de  Monsr  Newton  touchant  les  expres- 
sions blessantes  dont  il  s'est  servy  vis  à  vis  de  Mr  Pascal.  Si  je  me  suis  permis  de  vous  faire 
ces  observations,  c'est  que  je  me  suis  senti  blessé,  voyant  les  injustices  et  mesme  le  mépris 
portés  envers  un  homme  qui  a  fait  faire  un  pas  aussy  grand  aux  sciences  et  aux  lettres.  Non 
seulement  ce  génie  appartient  à  la  France,  mais  à  l'Europe  entière.  Vous  m'excuserez,  je 
vous  prie,  de  m'estre  permis  telles  observations,  en  faveur  de  l'intérêt  que  je  porte  à  mon 
royaume,  et  de  mon  amour  pour  les  sciences  et  les  lettres.  Vous  sravez  trop  bien  quels  sont 
les  devoirs  du  souverain,  pour  ne  pas  ni'excuscr  cette  observation,  et  c'est  pour  ce  que  je  sçay 
l'estime  que  vous  avez  pour  nions'  Newton,  que  je  m'estois  permis  de  vous  la  faire,  persuade 
que  vous  lui  en  feriez  la  remontrance.  J'avois  chargé  monsieur  l'abbé  Bignon  d'examiner 
cette  affaire  dont  quelques  membres  de  l'Académie  des  Sciences,  ses  confrères,  s'estoient 
indignés.  Je  vais  lui  recommander  de  faire  son  possible  d'étouffer  cette  affaire,  et  de  faire 
en  suite  qu'elle  passe  inaperçue.  Sur  ce,  mon    frère,  je  prie  Dieu  vous  avoir  en  ses  sainles 

grâces.  Louis. 

Samedi  soir. 

Le  Roy  Jacques  à  Newton. 

A  Saint-Germain,  ce  i\  juin  iHo.3. 

Monsieur  Newton,  j'ay  reçu  dernièrement  la  visite  d'une  personne  d'Angleterre,  qui  m'a 


(1)  Cette  Lettre  n'est  pas  autographe. 

(■?.)  Cette  minute,  signée  de  la  main  de  l'abbé  Bignon,  n'est  pas  autographe. 

(3)   De  la  main  du  Roi. 


(  689  ) 

apporté  de  vos  nouvelles  ;  ce  qui  m'a  fait  beaucoup  de  plaisir.  Nous  nous  sommes  longue- 
ment entretenu  de  vous;  ce  qui  doit  vous  tesmoigner  comme  déjà  je  vous  l'ay  dit,  que  j'ay 
dans  un  entier  oubly  l'opposition  que  vous  m'avez  faite  alors  que  j'estois  sur  le  trosne  d'An- 
gleterre. Cette  personne  dont  je  vous  parle  et  qui  vous  porte  beaucoup  d'intérest  aussy,  m'a 
questionné,  de  vostre  part  si  je  ne  me  trompe,  si  l'on  faisoit  encore  circuler  les  bruits  d'au- 
trefois contre  vous.  Il  n'en  arrive  plus  rien  à  mon  oreille.  Mais  puis  j'en  suis  sur  ce  chapitre, 
et  entre  nous  soit  dit,  je  vais  dire  aujourd'huy  comment  tout  cela  s'est  passé.  Car  dans  les 
différentes  lettres  que  je  vous  ay  escrites  à  ce  sujet,  c'estoit  dans  des  momens  de  préoccu- 
pations, de  trouble.  J'ay  pu  tronquer  les  choses.  Je  vais  les  rétablir  par  cette  lettre,  afin  que 
vous  schachiez  bien  où  vous  en  tenir.  Il  y  a  de  cela  environ  cinq  ans,  comme  vous  le  scavez. 
Vous  veniez  de  publier  vostre  grand  ouvrage  des  Principes,  pour  lequel  on  vous  glorifioit 
en  Angleterre.  Mais  il  n'en  estoit  pas  de  mesme  en  Fiance.  Les  scavans,  encore  sous  l'im- 
pression d'une  Lettre  que  vous  aviez  escrile  quelques  années  avant,  à  un  de  vos  amis,  et 
dans  laquelle  vous  aviez  flétri  la  mémoire  de  deux  scavans  fort  estimés  en  France,  Descartes 
et  Pascal,  (ne)  faisoient  cas  de  vostre  ouvrage  que  pour  dire  que  c'estoit  l'œuvre  d'un  fran- 
çois  accommodé  à  l'angloise.  Lorsque  j'arrivay  en  France  en  1688  ces  bruits  me  parvenoient 
jusqu'à  l'oreille,  pour  ce  qu'on  en  parloit  mesme  à  la  Cour,  où  se  trouve  toujours  maints 
beaux  esprits.  Je  demanday  ce  que  cela  vouloit  dire.  On  me  l'expliqua.  Sur  quoy  je  vous 
escrivis  dans  les  premiers  jours  du  mois  de  janvier  1689,  vers  le  5  on  le  6,  je  crois,  pour 
vous  prévenir  de  cette  affaire,  et  cela  malgré  mes  grandes  préoccupations  d'alors,  ce  qui  doit 
vous  tesmoigner  l'estime  que  j'ay  toujours  eu  pour  vous,  malgré  l'opposition  que  vous  me 
faisiez;  et  je  voyois  le  blasme  jeté  sur  vous  avec  tant  de  déplaisir,  que  je  vous  escrivis  de 
nouveau  à  la  date  du  13  du  mesme  mois  une  lettre  par  laquelle  je  vous  engageois  de  tâcher 
d'atténuer  ces  bruits  par  quelques  moyens.  Les  choses  en  estoient  là  lorsque  je  partis  pour 
une  expédition  qu'il  n'est  pas  nécessaire  de  rappeler  ;  et  à  mon  retour  plus  d'un  s'estoit 
passé,  les  mesmes  bruits  revinrent.  Un  jour  j'entendis  mesme  quelques  cris  séditieux  partis 
d'un  groupe  de  jeunes  estudiants  de  l'université.  J'en  entretins  le  Roy  qui  luy  mesme  s'estoit 
préoccupé  de  cette  affaire,  pour  ce  qu'il  a  l'amour  des  sciences  et  la  gloire  de  son  rovaume, 
et  je  me  permis  de  vous  escrire  de  nouveau  à  ce  sujet,  et  de  faire  connoislre  la  vérité,  ce 
que  vous  avez  fait,  à  mon  grand  plaisir,  car  depuis  je  n'ai  plus  rien  entendu  dire  ;  ou  du 
moins  rien  n'arrive  à  mes  oreilles,  et  je  jouis  d'une  tranquillité  parfaite  dans  ma  retraite. 
Ainsy  donc,  Monsieur,  taschons  de  ne  point  réveiller  le  chat  qui  dort.  Quoi  qu'il  en  soit,  je 
vous  prie  de  me  faire  part  de  vos  nouveaux  travaux.  J'ai  appris  que  vous  aviez  dessein  de 
refaire  vostre  livre.  Je  serois  bien  aise  d'estre  informé  des  changemens  que  vous  voidez  luy 
faire  subir.  Enfin  escrivez-moy  chaque  fois  que  vous  pourrez;  et  cela  en  françois,  et  sans 
cérémonie.  J'ay  des  raisons  pour  cela.  Sur  ce,  je  prie  Dieu,  Monsieur  Newton,  vous  avoir 
en  ses  bonnes  grâces.  Jacques  R. 

Louis  XIV  au  Roy  Jacques. 

Mon  frère,  il  y  a  eu  bien  des  disputes  depuis  quelque  tems,  au  sujet  de  certains  propos 
dits  par  monsieur  Newton  contre  un  de  nos  scavans  françois  les  plus  estimés.  Je  me  suis 
meslé  de  cette  affaire  pour  ce  qu'elle  avoit  froissé  l'esprit  de  plusieurs  membres  de  l'académie 
des  sciences.  Je  me  suis  fait  rendre  un  compte  exact  de  ce  qui  avait  donné  lieu  à  cette 
dispute.  Maintenant  que  tout  est  éclairci,  que  l'auteur  a  reconnu  ses  torts,  je  désire  qu'il 
C.  R.,    1867,   2«  Semestre.  (T.  LXV,  N°  18.)  90 


(  690  ) 

n'en  soit  plus  nullement  mention,  et  que  cela  reste  anéanti.  Ainsy  doresnavant  il  n'en  sera 
plus  nullement  mention  clans  nos  entretiens.  Je  vous  fais  cette  lettre  pour  vous  en  prévenir. 
Sur  ce,  mon  cher  frère,  je  prie  Dieu  vous  en  avoir  en  ses  bonnes  grâces.  Louis. 

Versailles,  ce  12  janvier. 

VII. 

»  J'ai  réuni  les  chemises  sous  lesquelles  se  trouvaient  les  différentes  pièces 
relatives  à  Pascal  ou  à  Newton  dans  une  Collection  formée  dans  le  siècle 
dernier,  d'où  j'ai  extrait  les  divers  documents  mis  successivement,  depuis 
trois  mois,  sous  les  yeux  de  l'Académie. 

»  Il  ne  sera  pas  sans  intérêt  de  donner  ici  un  aperçu  des  pièces  qui  se 
trouvaient  dans  ces  chemises,  et  de  leur  provenance,  qui  parfois  est  indi- 
quée. Toutes  les  Notes  dont  je  vais  donner  lecture  sont  de  la  main  du  Col- 
lectionneur, et  la  plupart  de  ces  papiers  ont  des  filigranes,  parfois  très- 
beaux,  et  toutes  les  apparences  de  vétusté. 

Liasse  /[1,  contenant  52  Lettres  de  Pascal  à  Nicole,  au  sujet  des  Provinciales. 

N°  43  bis.  Liasse  contenant  le  Traité  de  la  roulette,  avec  des  Lettres  sur  le  jeu  de  trictrac, 
et  autres  combinaisons  algébriques  de  Pascal.  Le  tout  trouvé  chez  Madame  veuve  Perier  sa 
sœur. 

N°  102.  Liasse  contenant  100  Lettres  et  Notes  de  Biaise  Pascal,  qui  m'ont  été  cédées  par 
M.  Dreux  du  Radier.  —  M.  Dreux  du  Radier.  .  .  est  l'auteur,  entre  autres,  de  la  Table 
du  journal  de  Verdun,  en  recompense  de  quoy  M.  Ganneau,  l'éditeur  de  ce  journal,  lui 
remit  toutes  les  Lettres  et  manuscrits  qui  ont  servi  à  cette  publication,  et  dont  j'ay  une 
grande  partie. 

N°  57.  Liasse  contenant  des  Lettres  en  vers  et  en  prose  escrites  par  Jacqueline  Pascal  àson 
frère.  Ce  recueil  fort  curieux  m'a  esté  cédé  en  1^55  par  M.  de  Marigny  qui  l'a  trouvé  parray 
les  papiers  de  Mme  de  Pompadour. 

Liasse  contenant  environ  200  Lettres  et  divers  escrits  de  Pascal  et  ses  amis. 

N"  27  bis.  Liasse  contenant  200  Lettres  et  autres  documents  de  Pascal  et  de  sa  sœur  Jac- 
queline, trouvés  parmi  leurs  papiers  chez  Mme  Perrier,  leur  sœur.  Parmv  ces  Lettres  il  s'en 
trouve  de  très-intéressantes.  Ce  sont  celles  qui  parlent  de  Montaigne,  apprécié  par  Pascal.  11 
en  est  aussy  traitant  de  science. 

Liasse  contenant  quelques  Lettres  de  Pascal,  avec  environ  3oo  Pensées  très  sages  el  très- 
sensées  qui  sont  inédites,  ayant  sans  doute  esté  inconnues  à  Mu,e  Perrier  sa  sœur.  Elles  ont 
esté  trouvées  parmy  des  papiers  provenant  de  l'abbaye  de  Port-Royal.  —  11  y  a  de  plus  en 
cette  même  liasse  des  vers  de  Jacqueline  Pascal. 

Liasse  contenant  2  Lettres  et  122  Pensées  inédites  de  Pascal  envoyées  à  M.  de  Labruyère, 
père  de  l'auteur  des  Caractères. 

Divers  papiers  de  Pascal  trouvés,  après  la  mort  de  M.  de  Labruyère,  parmi  les  siens.  Il  y 
a  200  pièces  diverses  en  4  liasses. 


(  691  ) 

4o8  pièces.  Liasse  contenant  les  papiers  île  Lâbruyère  trouvés  chez  Michallet.  Il  v  a  en 
cette  liasse  la  suite  de  ses  Caractères .  .  . ,  un  grand  nombre  de  Réflexions  et  de  Pensées  dudit 
Lâbruyère,  parniy  lesquelles  il  s'en  trouve  aussy  un  bon  nombre  de  Pascal. 

Documens  de  divers  auteurs  tels  que  Galilée,  Descartes,  Pascal,  etc.,  touchant  la  per- 
sonne et  les  escrits  de  Copernic,  composant  un  total  d'environ  600  pièces.  Ils  furent  com- 
muniqués à  M.  le  prince  Radziwill  qui  me  les  avait  mandés  et  qui  me  les  retourna  en  1  789, 
après  les  avoir  gardés  dix-huit  mois. 

Liasse  renfermant  des  Lettres  et  des  Notes  envoyées  par  Pascal  à  Newton,  touchant  Des- 
cartes et  ses  écrits.  I!  y  a  226  pièces.  On  voit  par  ces  documens  l'appréciation  que  Pascal  faisait 
de  Descartes,  et  les  conseils  qu'il  donne  au  jeune  Newton  de  le  prendre  pour  modèle.  (Ecrit 
au  crayon)  :  228  pièces  qui  m'ont  esté  cédées  par  M.  Gaillard  en  1784. 

Liasse  29  bis.  Lettres  et  Notes  de  Newton,  au  nombre  de  120,  trouvées  parmy  les  papiers 
de  M.  Desmaizeaux. 

N°  102.  Liasse  contenant  120  Lettres  et  diverses  Notes  de  Newton,  auteur  anglois  connu 
comme  grand  mathématicien.  Toutes  ces  Lettres  et  Notes  sont  relatives  aux  sciences,  et 
traitant  du  système  du  monde. 

N°  220.  Liasse  contenant  divers  Mémoires  scientifiques  et  3a  Lettres  de  Newton  à  Pascal, 
escrites  lesdites  Lettres  de  i654  >d  166 1 .  Ces  pièces  sont  très-intéressantes.  On  y  voit  le  com- 
mencement de  la  carrière  scientifique  de  Newton,  et  l'estime  qu'il  avoit  pour  les  ouvrages 
de  Pascal,  Descartes  et  Keppler,  et  autres  savans. 

Lettres  et  Notes  de  Newton  sur  un  petit  écrit  de  Pascal. 

Liasse  contenant  4o  Lettres  du  P.  Malebranche  et  de  Newton  touchant  la  philosophie  de 
Descartes.  Il  y  a  aussi  quelques  Lettres  des  auteurs  contemporains  traitant  du  même  sujet. 

Liasse  contenant  les  Lettres  de  Rohault  à  Newton,  au  nombre  de  33,  avec  quelques  Notes. 

Liasse  contenant  62  Lettres  de  Leibniz  au  P.  Malebranche,  dans  lesquelles  il  est  question 
de  sa  querelle  avec  Newton  et  de  la  comparaison  qu'il  fait  de  Descartes  à  Spinoza. 

Liasse  contenant  88  Lettres  et  des  Notes  de  Leibniz,  au  sujet  de  sa  dispute  avec  Newton, 
et  envoyées  par  luy  à  M.  Desmaizeaux  :  trouvée  parmy  les  papiers  de  ce  dernier  à  sa  mort 
en  1745. 

Liasse  renfermant  42  Lettres  ou  projets  de  Lettres  du  Roy  Jacques  II  d'Angleterre.  Elles 
sont  fort  intéressantes. 

Recueil  de  Lettres  et  de  projets  de  la  main  du  Roy  Louis  XIV  touchant  les  sciences,  les 
arts  et  les  lettres.  On  voit  par  ces  Lettres  escrites  à  divers  scavans  le  soin  qu'il  prenoit  pour 
les  attirer  en  son  royaume,  à  l'instar  de  Charlemagne  et  de  François  Ier. 

N°  3oo.  Liasse  contenant  200  pièces  de  Descartes.  Ce  sont  des  Notes,  fragments  de  Lettres 
et  autres  escrits,  trouvés  parmy  les  papiers  de  Rohault. 

Liasse  contenant  210  pièces  de  la  main  de  Galilée;  ce  sont  des  Lettres  et  des  Notes  trou- 
vées parmy  les  papiers  de  Descartes. 

Liasse  renfermant  des  papiers  de  Kepler,  au  nombre  de  1 24  pièces,  tant  Lettres  que  Notes, 
qui  ont  esté  retrouvées  parmi  les  papiers  de  Descartes. 

N°  73.   Liasse  renfermant  la  correspondance  de  Galilée  avec  le  P.  Mersenne,  contenant 

90.. 


(  692  ) 

12?.  pièces,  tant  Lettres  que  Notes,  plus  2  Mss.  de  Galilée.  Le  tout  trouvé  parmi  les  papiers 

du  P.  Mersenne,  et  qu'il  avoit  confié  à  Descartes  son  amy. 

Liasse  contenant  des  Lettres  et  des  Notes  de  Me  Rabelais,  touchant  l'astronomie  des  Anciens 

et  le  sytème  du   Monde.   Ces   pièces,  au  nonilve  d'environ  200,  furent  envoyées  h  Nicolas 

Copernic.  C'est  un  travail  fort  curieux,  par  lequel  on  voit  que  Rabelais  avoit  fait  beaucoup 

de  recherches  sur  l'astronomie  des  Anciens. 
Etc.,   etc. 
»   Post-scriptum.  —  Un  premier  paragraphe  de  cette  communication,  In 

à  l'Académie,  se  rapportait  an  silence  gardé  par  M.  Fangère  sur  mes  de- 
mandes du  i4  octobre,  renouvelées  il  y  a  huit  jours.  Je  ne  l'ai  pas  reproduit 

ici,  parce  que,  dans  le  cours  delà  séance,  quelque  temps  après  que  j'avais 
terminé  cette  longue  lecture  de  documents,  une  Lettre  de  M.  Fangère  a 
été  apportée,   dont  M.  le  Secrétaire  a  donné  lecture  (1). 

»  M.  Fangère  dit  que  la  Lettre  qu'il  a  comparée  aux  miennes  est  de  1677. 
Dès  lors,  on  le  conçoit,  elle  peut  présenter  des  différences.  Il  en  cile  trois 
autres  de  1687,  1690  et  1692,  qui  montrent,  dit-il,  que  l'écriture  de 
Jacques  II  ne  s'était  pas  sensiblement  modifiée.  Mais  ce  sont  ces  trois  Lettres 
que  M.  Fangère  aurait  dû  comparer  avec  la  Lettre  de  1690,  qu'il  a  encore 
sous  les  yeux,  et  comparer  aussi  avec  \o  fac-similé  que  je  lui  signalais.  Il 
semble  que,  sur  ces  deux  points  qui  constituent  la  question,  il  ne  donne 
aucune  explication.  Il  ne  dit  même  pas  quelles  sont  les  dilférences  qui  lui 
ont  paru  n'être  pas  suffisamment  sensibles  pour  être  prises  en  considération. 
»  Je  répète  que,  quel  que  soit  le  jugement  de  M.  Fangère,  je  n'ai  aucun 
doute  sur  l'authenticité  de  mes  documents  du  Roi  Jacques,  non  plus  que 
sur  les  Lettres  de  Louis  XIV  que  j'ai  citées,  et  qui,  seules,  me  suffiraient 
encore.  » 

PHYSIQUE  appliquée.  —  Osmose  dnns  tes  sua-eries;  par  M.  Payev. 

«  Dans  une  récente  occasion,  j'ai  cru  devoir  signaler  à  l'attention  de 
l'Académie,  parmi  les  objets  importants  qui  ont  peu  fixé  les  regards,  à 
l'Exposition  universelle,  les  fibrilles  et  membranes  en  cellulose  pure, 
extraites  avec  leur  structure  primitive  de  diverses  plantes  herbacées  on 
ligneuses  et  constituant  de  nouvelles  matières  premières  pour  la  fabrica- 
tion du  papier. 

»  Un  autre  objet,  non  moins  intéressant  au  point  de  vue  scientifique  et 
pratique,  demeure  en  ce  moment  presque  inaperçu  dans  cette  vaste  et  ma- 
gnifique Exposition. 


(1)  Voir  ci-après  cette  Lettre  de  M.  Faugère,  à  la  Correspondance,  p.  -02. 


(  693  ) 

»  Je  veux  parler  de  Vosmogène  perfectionné,  appareil  très-remarquable 
dû  au  génie  inventif  de  M.  Dubrunfaut,  associé  regnicole  de  la  Société  im- 
périale et  centrale  d'Agriculture  de  France. 

»  Ce  savant  physicien  et  chimiste  manufacturier,  qui  a  le  premier  appli- 
qué la  découverte  de  Dutrochet  à  l'analyse,  notamment  pour  séparer  du 
sucre  les  sels  contenus  dans  les  sirops  incristallisables  des  sucreries  indi- 
gènes, a  démontré  un  fait  important,  entre  beaucoup  d'autres,  ainsi  spé- 
cifié :  «  La  mélasse  rebelle  à  la  cristallisation,  quoiqu'elle  contienne  en  gé- 
»  lierai  5o  pour  ioo  de  sucre  cristallisable ,  peut,  après  avoir  subi 
»  l'épuration  osmotique,  cristalliser  et  fournir  ainsi  la  moitié  du  sucre 
»  qu'elle  renferme,  c'est-à-dire  environ  23  pour  100  (1). 

»  L'osmogène,  installé  dans  plusieurs  sucreries,  est  en  voie  de  se  pro- 
pager dans  beaucoup  d'autres;  cet  appareil  ne  borne  pas  son  action  à  épu- 
rer les  mélasses  :  on  l'applique  plus  avantageusement  encore  pour  éliminer 
les  sels  des  sirops  obtenus  par  égouttage  forcé  des  première  et  troisième 
cristallisations,  car  alors  ces  sirops  donnent  plus  vite  des  cristaux  plus 
abondants,  plus  purs  et  d'une  plus  grande  valeur;  il  en  résulte  qu'on  peut 
économiser  une  partie  du  dispendieux  matériel  des  cristallisoirs  et  des  réci- 
pients qui  encombrent  les  usines. 

»  Après  avoir  constaté  l'influence  nuisible  des  sels  de  la  betterave,  !\1 .  Du- 
brunfaut a  fondé  une  méthode  d'essai  des  sucres  bruts  qui  tient  compte 
non-seulement  de  la  quantité  totale  de  sucre  indiquée  par  la  saccharimé- 
trie  usuelle,  mais  encore  des  quantités  de  sels  minéraux,  en  admettant  ce 
fait  que  1  partie  du  résidu  salin  de  l'incinération  correspond  en  moyenne 
à  la  formation  de  7,46  de  mélasse  qui  retiennent  3,73  de  sucre  ainsi  rendu 
incristallisible,  tant  qu'il  se  trouve  en  présence  des  composés  salins. 

»  Cette  méthode,  généralement  adoptée  aujourd'hui  par  les  raffineurs, 
fait  donc  connaître,  outre  le  sucre  qu'ils  peuvent  extraire,  les  quantités 
qui  resteront  engagées  dans  les  derniers  sirops  incristallisables. 

»  De  telle  sorte  que  ce  n'est  plus,  comme  autrefois,  sur  le  sucre  réelle- 
ment contenu  dans  les  sucres  bruts,  mais  seulement  en  raison  du  sucre 
extractible,  que  l'on  fixe  maintenant  la  valeur  de  ces  produits  bruts  avant 
de  les  soumettre  au  raffinage. 

»   Dès  lors  les  transactions  reposent  sur  des  appréciations  mieux  moti- 

(1)  Les  mélasses  provenant  des  sirops  soumis  une  ou  plusieurs  fois  à  l'osmose,  retenant 
moins  d'azotates  que  les  mélasses  de  la  fabrication  ordinaire,  sont  préférables  à  celles-ci  pour 
la  préparation  de  l'alcool,  car  on  doit  bien  moins  redouter  à  leur  égard  l'action  réductrice 
qui  occasionne  les  fermentations  nitreuscs. 


f  694  ) 

vées,  et  l'intérêt  bien  entendu  des  fabricants  les  engage  à  éliminer  le  plus 
possible  de  leurs  produits  les  substances  salines.  C'est  un  encouragement 
à  de  nouveaux  efforts  en  vue  de  perfectionner  leurs  procédés  d'extraction 
et  de  première  épuration. 

»  Tout  en  adoptant  cette  base  de  l'essai  des  sucres,  plusieurs  fabricants 
en  France  et  à  l'étranger  ont,  d'après  leurs  propres  expériences,  les  uns 
élevé,  les  autres  abaissé  le  coefficient  indiqué  par  M.  Dubrnnfaut. 

»  Ce  n'est  pas  tout  :  un  membre  de  l'Association  des  fabricants  de 
sucre  du  Zollverein,  s'appuyant  de  l'autorité  du  Dr  Scheibler,  déclarait,, 
dans  une  de  leurs  dernières  réunions,  qu'il  avait  été  reconnu  expérimen- 
talement que  les  sels  de  la  mélasse,  notamment  les  nitrates  et  les  chlorures, 
n'empêchent  pas  la  cristallisation  du  sucre  (1). 

»  En  présence  des  incontestables  effets  de  l'osmose,  de  cette  assertion 
contradictoire  de  la  part  d'un  habile  expérimentateur,  et  de  quelques  autres 
divergences,  il  semble  que  des  différents  côtés  l'on  n'ait  pas  opéré  dans  les 
mêmes  conditions. 

»  En  se  rappelant,  d'ailleurs,  les  observations  précises  de  M.  Peligot 
relativement  aux  combinaisons  entre  les  sucres  et  les  chlorures  alcalins, 
combinaisons  qui  peuvent  faire  passer  dans  les  mélasses  pour  1  équivalent 
de  sel  2  équivalents  de  sucre,  il  était  probable  qu'on  trouverait  la  cause  de 
ces  divergences  si  l'on  étudiait  séparément  les  influences  des  nitrates  et  des 
chlorures  alcalins  ;  car  il  se  pourrait  que,  suivant  les  proportions  des  deux 
sortes  de  composés  salins  dans  les  sirops,  les  effets  des  uns  eussent  été  for- 
tement modifiés  par  l'influence  prédominante  des  autres. 

»  Eu  opérant  suivant  cette  direction  et  variant  à  dessein  les  relations 
entre  le  sucre  et  les  différents  sels,  toutes  choses  égales  d'ailleurs,  on  a  été 
conduit  aux  mêmes  conclusions  qui  permettent  d'expliquer  les  contradic- 
tions apparentes  précitées. 

»  Avant  de  publier  nos  expériences  (2)  et  leurs  résultats  numériques,  je  me 
propose  de  les  multiplier  encore  et  de  les  varier,  de  façon  à  les  rapprocher 
des  conditions,  variables  elles-mêmes,  des  opérations  manufacturières,  et  de 
plus  d'essayer  de  tenir  compte  des  composés  à  bases  minérales  et  acides  or- 
ganiques que  contiennent  les  sirops  incristallisables  des  sucreries.  Il  y 
faudra  consacrer  un   temps  assez  long,  car,  à  mesure  que  des  substances 

1     Voirie  n"  i(i,  Ier  août  1S67,  de  l'excellent  recueil  consacré  aux  progrès  de  l'indus- 
trie saccharine  européenne  et  coloniale,  intitulé  :  Journal  des  fabricants  de  sucre. 
(2)  Entreprises  avec  le  concours  de  MM.  Champion  et  H.  Pellet. 


(  695  ) 

étrangères  dissoutes  s'opposent  à  la  cristallisation  du  sucre  ou  la  ralentissent, 
l'état  de  sursaturation  se  développe  à  tel  point  parfois,  tpie  ces  liquides 
sirupeux  laissent,  pendant  le  cours  de  mois  entiers,  former  graduellement 
et  déposer  des  cristaux  de  sucre  dans  les  cristallisoirs  ou  dans  les  citernes. 

»  En  attendant,  il  m'a  paru  utile  de  faire  connaître  les  principales  con- 
clusions  de  nos  recherches  relatives  aux  influences  cp.ie  peuvent  exercer  iso- 
lément les  sels  minéraux  de  la  betterave,  afin  que  l'on  puisse  comparer  ces 
faits  avec  ceux  cpii  se  manifesteront  durant  la  campagne  des  sucreries  indi- 
gènes qui  vient  de  s'ouvrir. 

»  Les  résultats  directement  obtenus  paraissent  établir  que  l'azotate  de  po- 
tasse en  proportions  variées  ne  s'oppose  pas  à  la  cristallisation  du  sucre  :  les 
cristaux  des  deux  origines  se  déposent  simultanément  lorsque  les  quantités 
excèdent  ce  que  la  solution  en  peut  retenir  à  froid. 

»  Le  chlorure  de  potassium  ralentit  la  cristallisation  du  sucre,  ou  y  met 
obstacle  en  augmentant  la  viscosité  des  sirops. 

»  Le  chlorure  de  sodium  exerce  une  influence  bien  plus  énergique  à  cet 
égard,  au  point  de  retenir  engagé  dans  le  sirop  incristallisable,  ou  dans  des 
cristaux  impropres  à  la  consommation,  au  moins  six  fois  son  poids  de  sucre. 

»  Dans  ces  trois  cas  il  importe  beaucoup  d'éliminer  par  l'exosmose  les 
composés  salins  nuisibles  à  différents  degrés,  car,  si  l'on  se  contentait  d'ex- 
traire simplement,  par  voie  de  clairçage,  même  le  moins  nuisible  d'entre 
eux,  on  obtiendrait  toujours  un  sirop  saturé  à  froid  de  nitre  et  de  sucre  non 
consommable  en  cet  état. 

»  En  raison  de  l'intérêt  qui  s'attache  à  la  détermination  des  chlorures 
alcalins,  il  conviendrait  de  renoncer  au  moyen  d'essai  assez  généralement 
usité,  en  Allemagne  surtout,  qui  consiste  à  incinérer  les  sucres  bruts  avec 
une  addition  d'acide  sulfnrique,  car  en  agissant  ainsi  on  confond  en- 
semble les  chlorures  et  les  nitrates;  il  serait  bien  préférable  de  suivre  sur 
ce  point  la  méthode  indiquée  depuis  longtemps  par  M.  Chevreul,  c'est-à- 
dire  de  carboniser  d'abord,  sans  élever  trop  la  température,  d'extraire  par 
l'eau  les  sels  du  charbon  que  Ion  incinère  ensuite  facilement,  enfin  de 
soumettre  séparément  à  l'analyse  les  produits  du  lavage  et  de  l'incinération. 

»  Suivant  les  circonstances  locales  de  terrains  et  d'engrais,  et  suivant  les 
saisons,  les  proportions  des  différents  sels  peuvent  varier  dans  les  racines 
des  betteraves,  au  point  que  la  masse  cristalline  lotale,  obtenue  de  leur 
traitement  manufacturier,  renferme  soit  autant  de  salpêtre  que  de  sucre  (i), 


i)   foirle  j;ranil  Dictionnaire  technologique,   1820,  t.  III,  p.   '\o,   en  note. 


(  G96  ) 
soit  des  proportions  telles  de  chlorures  alcalins,  que  la  plus  grande  partie 
du  sucre  demeure  incristallisable  dans  les  sirops. 

»  Le  premier  cas  pourrait  expliquer  les  résultats  des  expériences  du 
D'Schleiber.  Dans  la  deuxième  condition  se  sont  trouvées  les  betteraves  cul- 
tivées non  loin  de  la  mer,  qui  ont  donné  si  peu  de  produits  cristallisés,  que 
l'on  a  dû  cesser  l'exploitation  de  la  sucrerie.  Mais  ces  conditions  exception- 
nelles ne  sauraient  infirmer  les  résultats  des  nombreuses  analyses  des- 
quelles M.  Dubrunfaut  a  déduit  comme  moyenne  générale  les  données  qui 
servent  de  guide  à  la  saccharimétrie,  complétées  par  le  coefficient  3,^3  des 
sels  contenus  dans  les  sucres  bruts. 

»  Cependant,  si  l'on  considère  l'emploi  du  sel  marin  en  agriculture,  re- 
commandé, parfois,  avec  trop  d'insistance,  l'application  des  engrais  salins 
des  mines  de  Stassfurt,  et  d'autres  encore,  trop  préconisée  peut-être,  enfin 
l'amoindrissement  dans  plusieurs  contrées  de  la  richesse  saccharine  coïnci- 
dant avec  des  proportions  plus  fortes  de  sels  minéraux  dans  les  betteraves, 
on  admettra  sans  doute  que  tous  ces  faits  tendent  à  signaler  quelques  dan- 
gers pour  l'avenir  de  nos  sucreries  indigènes.  On  reconnaîtra  peut-être 
alors  qu'il  y  aurait  un  intérêt  réel,  surtout  dans  les  localités  où  déjà  ces 
inconvénients  se  manifestent,  à  doser  séparément  dans  les  betteraves  et 
dans  les  produits  bruts  des  usines  les  chlorures  et  les  nitrates  alcalins. 

»  Ces  appréciations,  devenues  plus  facilement  praticables  à  mesure  qu'un 
plus  grand  nombre  de  jeunes  chimistes  se  trouvent  attachés  aux  opérations 
des  sucreries  et  des  raffineries,  pourraient  apporter  leur  très-utile  concours 
aux  progrès  de  l'une  de  nos  plus  importantes  industries  agricoles. 

»  Le  double  problème  à  résoudre  scientifiquement  au  point  de  vue  agri- 
cole et  industriel,  est  de  fournir  à  la  plante  salifère  les  composés  minéraux 
qui  conviennent  à  son  développement  normal  comme  à  la  sécrétion  sac- 
charine, sans  atteindre  l'excès  qu'elle  peut  absorber,  mais  qui  s'oppose  à 
l'extraction  du  sucre,  et  d'un  autre  côté  d'éliminer  économiquement  des 
jus  sucrés  la  plus  grande  partie  des  sels  qui  forment  cet  obstacle. 

»  On  peut  donner  une  idée  de  l'importance  de  ce  dernier  progrès  manu- 
facturier en  montrant  que  sur  la  production  annuelle  (moyenne  des  deux 
dernières  années),  s'élevant  à  2^5  millions  de  kilogrammes,  la  quantité  de 
sucre  demeurée  incristallisable  représente  environ  60  millions,  dont  on 
aurait  pu  obtenir  facilement  ao  millions  de  kilogrammes  en  éliminant  par 
voie  d'exosmose  la  plus  grande  partie  de»  matières  salines.  » 


(697  ) 

CHIMIE  appliquée.  —  Examen  comparatif  d'une  soie  d'origine  française  et 
d'une  soie  d'origine  japonaise,  relativement  à  leur  aptitude  à  prendre  la  tein- 
ture; par  M.  E.  Chevrecl. 

«  Les  essais  auxquels  je  soumets  les  étoffes  de  soie  commandées  par 
l'administration  du  mobilier  de  la  Couronne  à  l'industrie  lyonnaise  m'en 
ont  fait  reconnaître,  dans  le  cours  de  l'année  dernière  (1866),  dont  la  cou- 
leur n'était  point  assez  résistante  à  l'action  des  agents  atmosphériques  pour 
être  d'un  bon  usage.  Ce  résultat  de  mes  essais,  ayant  été  transmis  à  deux 
honorables  fabricants  de  Lyon,  a  été  l'objet  de  leur  part  de  la  Lettre  sui- 
vante : 

Émus  par  les  reproches  que  vous  nous  adressiez  dans  voire  dernière  Lettre,  nous  avons 
voulu  nous  éclairer  sur  une  question  qui  nous  intéresse  nous-mêmes  à  tous  les  points  de  vue. 

Or,  il  résulte  de  l'enquête  minutieuse  à  laquelle  nous  venons  de  nous  livrer,  que  nos 
teinturiers  sont  aussi  innocents  que  nous  d'un  vice  qui  ne  sautait  provenir  que  de  la  nature 
même  de  la  soie. 

Bien  que  nous  vous  livrions  des  produits  fabriqués  avec  des  soies  arrivant  des  Cévennes, 
ces  soies  ne  sont  bien,  en  réalité,  que  des  soies  du  Japon.  Car  il  est  notoire  aujourd'hui  que, 
dans  toute  la  région  des  Cévennes  et  dans  les  sept  huitièmes  des  pays  séricicoles,  on  n'a  mis 
à  l'éclosion  que  des  graines  japonaises.  L'ancienne  graine,  donnant  ces  magnifiques  cocons 
jaunes  qui  avaient  fait  la  réputation  des  soies  de  France,  n'existe  plus  aujourd'hui,  on  peut 
le  dire;  elle  a  donné  des  résultats  si  désastreux,  pendant  nombre  d'années,  que  l'éducateur 
s'est  vu  forcé  de  l'abandonner.  Aussi  nous,  fabricants,  sommes-nous  les  premiers  à  pâtir  de 
la  variété  de  races  dont  nous  sommes  inondés  :  nous  ne  trouvons  de  garanties  ni  dans  le 
nom  du  filateur,  ni  dans  la  provenance  de  la  soie.  L'expérience  et  l'usage  du  maniement  de 
la  soie  peuvent  seuls  nous  guider,  et  encore  souvent  ne  nous  mettent-ils  point  à  l'abri  de 
l'erreur. 

Or,  pour  en  revenir  au  sujet  qui  nous  occupe,  ces  soies,  en  général,  prennent  très-mal  la 
teinture;  certaines  nuances  même  ne  peuvent  réussir,  le  blanc  entre  autres,  tandis  que,  par 
anomalie,  en  soie  de  Chine  il  réussit  admirablement. 

Si  donc  les  soies  du  Japon,  ou  originaires  par  la  graine  de  ce  pays,  ont  tant  de  répulsion 
à  s'assimiler  certaines  nuances,  pourquoi  n'y  aurait-il  pas  des  degrés  dans  cette  facilite 
d'assimilation?  L'opinion  même  de  M.  Chevreul  serait  pleinement  confirmée  :  certaines 
nuances  se  teindraient  médiocrement,  d'autres  très-médiocrement. 

Ce  qui  corroborerait  encore  notre  opinion,  c'est  que  nos  teinturiers  n'ont  nullement  été 
surpris  de  nos  reproches,  et  même  en  ont  deviné  la  source,  car  il  paraît  que  nos  confrères 
n'avaient  pas  été  plus  heureux  que  nous  dans  leurs  fournitures  au  Garde-Meuble;  aussi 
ne  pouvons-nous  que  souhaiter  tous  ensemble  la  cessation  d'un  fléau  qui  ruine  notre  in- 
dustrie. 

»   Une  copie  de  cette  Lettre  m'ayant  été  adressée  par  M.  l'Administrateur 

C.  R.,  1867,  a"  Semestre.  (T.   LXV,  N°  18.1  91 


f  698  ) 

du  mobilier  de  la  Couronne,  je  répondis  en  lui  exprimant  le  désir  que  ries 
échantillons  de  soie  d'origine  française  et  de  soie  d'origine  japonaise,  bien 
authentiques,  me  fussent  adressés,  afin  que  je  pusse  constater,  par  un  examen 
comparatif,  si  l'opinion  qui  semblait  devoir  proscrire  les  soies  d'origine 
japonaise  était  vraie.  Ce  sont  les  résultats  de,  cet  examen  que  j'ai  l'honneur 
de  présenter  à  l'Académie,  afin  qu'elle  apprécie  elle-même  l'exactitude  des 
conclusions  auxquelles  il  m'a  conduit,  examen  que  je  me  suis  empressé  de 
faire  aussitôt  que  j'ai  eu  à  ma  disposition  les  deux  échantillons  demandés; 
et  c'est  conformément  à  cet  état  de  choses  que,  dans  la  séance  du  1 8  de  mars 
1867  de  l'Académie,  à  propos  d'une  communication  faite  à  la  Commission 
des  vers  à  soie,  je  montrai  la  nécessité  que  la  Commission  étendît  son  exa- 
men à  l'aptitude  que  les  diverses  sortes  de  soies  soumises  à  ses  études  ont  à 
prendre  les  couleurs  de  la  teinture. 

»  L'organsin  d'origine  française  était  jaune,  d'une  excellente  qualité  à 
tous  égards;  la  soie  d'origine  japonaise  était  d'un  blanc  grisâtre,  évidem- 
ment moins  belle. 

»  Toutes  les  deux  furent  décreusées  au  savon  à  raison  de  5o  à  60  pour  100 
de  soie;  le  décreusage  se  fit  à  peu  près  égalementbien,  cependant  l'avantage 
était  en  faveur  de  la  soie  française. 

»  On  teignit  comparativement,  dans  un  même  bain,  deux  écheveaux 
de  même  poids;  tout  fut  donc  égal  pour  les  cinq  couleurs  suivantes  : 

»  i°  Cochenille  :  soies  alunées  (on  ajouta  au  bain  un  peu  de  bitartrate 
de  potasse); 

»   20  Bois  de  Brésil  :  soies  alunées; 

»    3°  Bois  de  Campèche  :  soies  alunées; 

»   4°  Gaude  :  soies  alunées; 

»    5°  Acide  sulfo-indigotique  :  soies  non  alunées. 

»  Les  résultats  sont  résumés  dans  le  tableau  suivant;  les  couleurs  sont 
exprimées  en  gammes  et  en  tons. 

»  En  outre,  chaque  couleur  a  été  soumise  comparativement  à  deux 
essais,  connus  sous  le  nom  de  rléhouillis,  prescrits  par  les  anciens  règle- 
ments, celui  à  l'alun  et  celui  au  savon  : 

»   Pour  1  partie  d'étoffe,  on  a  employé  4  d'alun  et  128  d'eau. 

»   Pour  1  partie  d'étoffe,  on  a  employé  2  de  savon  et  128  d'eau. 

»  L'étoffe  est  restée  cinq  minutes  exposée  à  l'action  du  réactif  bouillant. 

»  En  outre,  d'autres  échantillons  ont  été  soumis  à  l'exposition  à  l'air  et 
à  la  lumière;  la  durée  de  l'exposition  jusqu'ici  ne  me  permet  pas  d'en 
donner  le  résultat,  mais  je  le  suivrai  pendant  six  mois  au  moins. 


(699  ) 

_     ,  „    .       ,  .  Soie  de  France.  Soie  du  Japon. 

Cochenille.  Soie  alunée  -+-  tartre  aioute 

ion.  _  ion. 

au  bain 4  violet  rouge.  1 2,00  4  violet  rouge.  1  1 ,5o 

Débouilli  à  l'alun 3  violet 9>5o  3  violet 8,00 

Débouilli  au  savon violet  rouge.  .  io,oo  violet  rouge.  .  i),25 

Brésil.  Soie  alunée,  sans  tartre.  ......  rouge 12,00  rouge.  ......  1  i,5o 

Débouilli  à  l'alun 5  rouge 2,25  A     5  routte 2,25  -'- 

Débouilli  au  savon 3  violet 5, 00  3  violet 5, 00 

Campéchc.  Soie  alunée,  sans  tartre. ...  2  violet i5,oo  violet.  ......  t4>75 

Débouilli  à  l'alun 4  violet 2,5o  ~     4  violet ?.,5o  fj 

Débouilli  au  savon 1  bleu  violet. .  1 2,00  1  bleu  violet. .  1  1 ,5o 

Garnie.  Soie  alunée,  sans  tartre jaune 9>°°  jaune 8,5o 

Débouilli  à  l'alun jaune 3,a5         jaune 3,25 

Débouilli  au  savon jaune    8,^5         jaune 8,25 

Acide   sulfo-indigotique.    Soie  alunée, 

sans  tartre 1  bleu i2,5o  1  bleu 12,00 

Débouilli  à  l'alun bleu 10,00  bleu 9'°° 

Débouilli  au  savon .  .  ' 2  bleu    1 ,00  1  bleu ......      1 ,00 

»  Conclusions.  —  i°  Évidemment  la  soie  d'origine  française  donne  à  la 
teinture  des  résultats  supérieurs  à  ceux  de  la  soie  d'origine  japonaise  ;  mais, 
évidemment  encore,  la  différence  est  trop  faible  pour  justifier  ce  qu'on  a 
pensé,  ce  qu'on  a  dit  delà  mauvaise  qualité  de  la  dernière  relativement  à  la 
teinture;  car  je  ne  doute  pas  que  des  étoffes  de  soie  d'origine  française,  qui 
ont  été  acceptées  comme  bonnes,  n'étaient  pas  supérieures  à  la  soie  d'ori- 
gine japonaise  qui  a  été  le  sujet  de  mon  examen. 

»  20  Les  débouillis  faits  suivant  l'ancienne  ordonnance  qui  les  régissait 
sont  absolument  conformes  à  la  première  conclusion. 

»  3°  Je  ne  doute  pas  que  l'épreuve  de  l'exposition  à  l'air  n'y  soit  aussi 
conforme:  j'en  connais  trop  l'importance  pour  la  négliger;  j'en  ajourne  sans 
crainte  la  publication  à  six  mois  et  à  un  an. 

»  L'intérêt  que  je  porte  à  l'industrie,  et  en  particulier  à  celle  du  pays, 
m'a  convaincu  de  la  nécessité  de  la  connaissance  de  la  vérité,  pour  le  produc- 
teur aussi  bien  que  pour  le  consommateur.  Effectivement,  leur  intérêt  com- 
mun est  que  le  consommateur  connaisse  aussi  bien  la  valeur  intrinsèque  de 
l'objet  qu'il  veut  acheter  que  le  producteur  lui-même,  afin  qu'il  paye  cette 
valeur  et  qu'il  n'exige  pas  pour  se  la  procurer  un  prix  qui  y  serait  réellement 
inférieur.  Cette  connaissance  de  la  valeur  delà  production  est  surtout  néces- 
saire pour  le  commerce  des  étoffes  de  soie  destinées  à  l'ameublement,  et  qui, 

91.. 


(  7°°  ) 
dès  lors,  pour  la  plupart  des  fortunes,  doivent  avoir  une  certaine  durée.  Le 
consommateur  doit  donc  savoir  la  différence  existant  entre  une  étoffe  de 
grand  teint  et  une  étoffe  de  petit  teint.  Si  la  première  est  généralement 
moins  belle,  moins  brillante  que  la  seconde,  surtout  quand  il  s'agit  des 
couleurs  ronge,  violette  et  bleue,  dérivées  de  l'aniline,  il  doit  savoir  que  ces 
dernières,  après  quelques  jours  seulement  d'exposition  à  un  soleil  d'été, 
ont  perdu  absolument  cette  supériorité,  de  sorte  qu'elles  rappellent  le  vers 
du  grand  poète  :  si  elles  ont  l'éclat  du  verre,  elles  en  ont  la  fragilité.  D'où  la 
conséquence,  que  le  consommateur  ne  doit  jamais  regarder  à  payer  un  peu 
plus  cher  l'étoffe  pour  meuble  teinte  avec  la  cochenille,*  la  gaude,  l'indigo 
et  même  le  bleu  de  Prusse  sur  soie,  qu'il  ne  payerait  une  étoffe  de  petit 
teint,  quel  qu'en   soit  l'éclat. 

»  Pour  qu'il  n'y  ait  pas  de  malentendu,  je  répète  que  je  ne  proscris  pas 
la  teinture  des  soies  en  couleurs  dérivées  de  l'aniline,  mais  je  voudrais  qu'on 
ne  les  employât  que  pour  étoffes  destinées  à  l'habillement  des  femmes,  et 
non  pour  étoffes  destinées  à  l'ameublement  :  il  est  désirable  qu'à  la  marque 
de  fabrique  de  ces  mêmes  étoffes,  l'origine  de  la  couleur,  cochenille,  gaude, 
garance,  indigo,  ou  bleu  de  Prusse,  soit  indiquée. 

»  Pour  justifier  mon  opinion,  je  donnerai  encore  à  l'appui  une  observa- 
tion que  je  viens  de  faire,  et  qui  a  été  aussi  nouvelle  pour  moi  qu'elle  l'a  été 
pour  un  grand  nombre  de  personnes  au  courant  des  faits  relatifs  à  la  tein- 
ture et  à  la  fabrication  des  étoffes  de  soie. 

»  Un  damas  a  été  commandé  pour  le  mobilier  de  la  Couronne;  l'exécution 
qu'on  en  a  faite  ne  laisse  rien  à  désirer,  je  crois,  au  point  de  vue  du  tissage 
et  du  brillant  de  la  soie.  Malheureusement,  la  teinte  que  la  mode  recherche 
en  ce  moment,  appelée  havane,  a  été  exécutée  non-seulement  en  petit  teint, 
mais,  par  un  fait  dont  je  n'expliquerai  pas  la  cause,  le  fond  uni  du  damas, 
qui  est  un  satin  par  la  chaîne,  a  été  exécuté  avec  deux  sortes  de  soie  de  la 
même  couleur,  mais  qui  certainement  avaient  subi  des  opérations  diffé- 
rentes avant  de  recevoir  une  teinte  uniforme;  aussi  le  fond  satin  du  damas, 
soumis  aux  débouillis  de  l'alun  et  du  savon,  est-il  sorti  rayé  des  deux 
épreuves,  et  les  raies  se  sont-elles  manifestées  par  l'exposition  de  l'étoffe  à 
l'air  lumineux,  depuis  le  17  de  septembre  jusqu'au  17  d'octobre  (1867). 
fl  y  a  plus,  il  suffit  de  laisser  quelques  jours  le  damas  exposé  à  la  lumière 
diffuse  du  jour,  pour  que  les  raies  commencent  à  devenir  visibles,  et  si, 
alors,  on  en  expose  quarante-huit  heures  à  l'air  lumineux,  les  zones  sont 
devenues  très-sensibles.  Ces  résultats  sont  constatés  par  les  échantillons 
que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie. 


(  7°'   ) 

»  En  terminant  cette  communication,  qu'on  me  permette  de  faire  remar- 
quer que  si  j'ai  pu  apprécier  à  sa  juste  valeur  les  différences  de  teinte  que 
présentent  la  soie  d'origine  française  et  la  soie  d'origine  japonaise,  c'est  à 
l'usage  des  cercles  chromatiques  que  je  le  dois  ;  et  en  le  disant  devant  l'Aca- 
démie, c'est  lui  exprimer  un  sentiment  de  reconnaissance,  puisque,  sans  sa 
libéralité,  ces  cercles  n'eussent  point  été  connus  du  public.  C'est  donc  grâce 
à  l'atlas  qui  accompagne  le  trente-troisième  volume  de  son  recueil,  consacré 
en  entier  à  l'exposé  d'un  moyen  de  définir  et  de  nommer  les  couleurs,  atlas  dont 
elle  a  fait  les  frais,  que  le  public  a  pu  connaître  ce  moyen  autrement  que 
par  un  simple  texte. 

»  Si,  à  mon  grand  regret,  des  circonstances  indépendantes  de  ma  volonté 
m'ont  empêché  de  mettre  sous  les  yeux  du  public  de  l'Exposition  des  cercles 
chromatiques  en  couleurs  inaltérables,  j'exposerai  bientôt  à  l'Académie  des 
observations  qui  pourront  faciliter  l'exécution  de  ces  cercles  lorsque  je  ne 
serai  plus  là  pour  le  faire. 

»  En  attendant,  si  des  personnes  qui  se  livrent  à  l'éducation  des  vers  à 
soie  d'une  manière  expérimentale,  c'est-à-dire  en  cherchant  à  se  rendre 
compte  des  circonstances  qu'elles  croient  exercer  de  l'influence  sur  la  pro- 
duction de  la  soie,  m'envoyaient  aux  Gobelins  des  échantillons  de  ces  soies 
filées,  je  serais  toujours  heureux  de  les  soumettre  aux  épreuves  qui  me  sem- 
blent nécessaires  pour  prononcer  d'une  manière  définitive  sur  leurs  qualités 
respectives.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  L.  Aubert  adresse  un  «  quatrième  Mémoire  sur  les  solides  soumis  à 
la  flexion  :  sections  équivalentes  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Mécanique,  à  laquelle  M.  Delaunay  est  prié  de 

s'adjoindre.) 

M.  Poggioli  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  comprendre,  parmi  les  pièces 
destinées  au  concours  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  le  Mémoire 
qu'il  a  adressé  précédemment  «sur  le  développement  physique  et  intellectuel 
chez  les  jeunes  sujets  » .  La  Lettre  est  accompagnée  d'une  nouvelle  copie  de 
ce  Mémoire. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

MM.  Rubini,  Schmitt  et  Price  adressent  diverses  communications  rela- 
tives au  choléra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 


(    7«2    ) 

CORRESPONDANCE . 

L'Académie  impériale  de  Médecine  adresse  le  tome  XXVI11  (première 
partie  )  de  ses  Mémoires. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  quatre  nouveaux  volumes  du  «Système  silurien  de  la 
Bohème,  par  M.  Barrande».  Ces  volumes  contiennent  les  parties  de  cet 
ouvrage  qui  sont  relatives  aux  Céphalopodes  et  aux  Ptéropodes. 

histoire  DES  SCIENCES.  —  Nouvelle  Lettre  à  M.  le  Président,  au  sujet  des 
documents  attribués  à  Pascal  ;  par  M.  Faugère.  (Extrait.) 

«  J'apprends,  en  lisant  le  Compte  rendu  de  votre  dernière  séance,  que 
l'honorable  M.  Chasles  m'a  invité,  en  des  termes  fort  pressants,  à  taire 
connaître  à  l'Académie  si  la  Lettre  de  Jaccpies  II,  dont  j'ai  parlé  dans  ma 
communication  du  18  de  ce  mois,  était  vraiment  autographe,  quelle  en 
était  la  date,  dans  quelle  langue  et  à  qui  elle  était  écrite. 

»  Cette  Lettre,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  est  parfaitement  authentique  et  auto- 
graphe; elle  ne  pourrait  même  pas  être  écrite  par  la  main  d'un  secrétaire, 
puisqu'elle  est  datée  du  i5  décembre  1677,  c'est-à-dire  d'une  époque  où 
Jacques  était  encore  duc  d'York,  qu'elle  est  adressée  à  Louis  XIV,  et 
qu'elle  a  pour  objet  d'annoncer  au  grand  roi  la  mort  d'un  enfant.  L'adresse, 
le  cachet  et  le  lacs  de  soie  sont  encore  intacts  sur  le  verso  du  second 
feuillet.  Enfin  elle  est  écrite  en  français.  J'ajoute  que  l'écriture  de  Jac- 
ques II  ne  s'était  pas  sensiblement  modifiée,  comme  j'ai  pu  m'en  assurer 
en  comparant  la  Lettre  de  1677  à  quatre  autres  Lettres  pareillement  écrites 
en  français  par  Jacques  II,  la  première  de  Dublin  en  1687,  les  trois  autres 
de  Saint-Germain  en  1690  et  1692. 

»  Or,  il  suffit  de  rapprocher  de  ces  divers  autographes  la  Lettre  que 
l'honorable  M.  Chasles  présente  comme  ayant  été  adressée  par  le  roi  Jac- 
ques à  Newton  le  12  janvier  1689,  pour  faire  ressortir  la  fausseté  évidente 
et  matérielle  de  ce  dernier  document. 

»  Aie  proposant  de  publier  bientôt  une  Note,  avec  pièces  à  l'appui,  au 
sujet  des  documents  dont  je  nie  l'authenticité,  je  m'abstiendrai  d'entrer  ici 
plus  avant  dans  cette  discussion.  » 


(  7°3  ) 

météorologie.  —  Atlas  météorologique  de  l'Observatoire  impérial.  (Troisième 
partie.)  Observations  faites  dans  les  stations  françaises,  du  ier  juin  1866  011 
3i  mai  1867.  Discussion  par  M.  G.  1\ayet.  Note  présentée  par  M.  Le 
Verrier. 

«  I.  Observations  pluviométriques.  —  La  connaissance  de  la  distribution 
des  pluies  à  la  surface  de  la  France  est  d'une  grande  importance  pour  la 
climatologie  de  notre  pays  et  pour  l'agriculture.  Dès  que  les  observations 
météorologiques  ont  été  commencées  dans  les  Écoles  normales,  l'Observa- 
toire impérial  de  Paris  s'est  appliqué  à  l'étude  de  cette  distribution,  pour 
chacune  des  saisons  de  l'année.  D'intéressants  résultats  ont  déjà  été  obtenus. 

»  Nous  présentons  d'abord  nue  carte  complète  des  stations  où  des  udo- 
mètres  sont  aujourd'hui  observés  régulièrement  et  dans  de  bonnes  condi- 
tions. Le  service  météorologique  de  l'Observatoire  fournit  70  stations 
établies  par  ses  soins,  soit  dans  les  Écoles  normales,  soit  par  quelques 
personnes  désireuses  de  contribuer  aux  progrès  de  la  météorologie.  Les 
Commissions  météorologiques  départementales,  MM.  les  ingénieurs  des 
Ponts  et  Chaussées,  M.  Belgrand  en  particulier,  ont  envoyé  la  liste  des  sta- 
tions ndométriques  de  leurs  départements.  Enfin  les  journaux  scientifiques 
(Bulletin  de  la  Société  météorologique  de  France,  Journal  de  Pharmacie  et  de 
Médecine  militaire,  Journal  d'Agriculture  de  M.  Barrai)  et  les  publications 
spéciales  de  MM.  Fournet  et  Raulin  ont  permis  d'ajouter  quelques  stations 
à  celles  indiquées  par  les  correspondants  de  l'Observatoire. 

»  Nous  avons  ainsi  pu  dresser  une  carte  qui  donne  la  position  de 
5^5  udomètres.  Elle  se  trouve  jointe  à  notre  travail. 

»  Si,  à  l'aide  des  observations  recueillies  dans  ces  nombreuses  stations, 
on  construit  pour  chaque  saison  la  carte  de  distribution  des  pluies,  on  est 
d'abord  frappé  des  irrégularités  que  semble  présenter  le  phénomène.  Un 
examen  plus  attentif  fait  reconnaître  qu'elles  tiennent  à  la  configuration  du 
sol,  et  l'on  arrive  à  formuler  les  règles  suivantes,  propres  à  indiquer  si, 
dans  une  région  donnée,  une  localité  aura  des  pluies  relativement  abon- 
dantes ou  faibles. 

»  i°  Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  les  quantités  de  pluie  croissent  avec 
l'altitude. 

»  i°  En  arrière  des  surélévations  du  sol  opposées  à  un  vent  pluvieux,  on 
rencontre  toujours  un  minima  relatif.  Les  nuages,  essuyés  en  quelque  sorte 
par  la  montagne  le  long  de  laquelle  ils  se  sont  élevés,  ne  peuvent  donner 
de  chutes  d'eau  qu'après  un  certain  parcours. 


(  7°4  ) 

>'  3°  Les  montagnes  on  les  vallées  dont  la  disposition  facilite  aux  masses 
d'air  un  parcours  déterminé  sont  une  cause  de  maxiina  de  pluie  pour  les 
régions  sur  lesquelles  les  nuages  sont  ainsi  condensés. 

»  Ces  lois  résultent  de  l'étude  minutieuse  des  Cartes  pluviométriques 
des  quatre  saisons  météorologiques  comprises  entre  le  Ier  juin  1866  et  le 
3i  mai  1867. 

»  II.  Observations  thermomélriques .  —  Le  calcul  exact  de  la  température 
moyenne  d'un  jour  déterminé  exige  des  observations  continues;  mais  si 
l'on  cherche  seulement  la  moyenne  d'une  période  un  peu  longue,  un  mois 
ou  une  saison,  les  compensations  entre  les  perturbations  accidentelles 
donnent  à  la  marche  diurne  et  moyenne  du  thermomètre  une  régularité 
suffisante  pour  que  la  quadrature  de  la  courbe  qui  figure  cette  marche 
puisse  s'effectuer  par  des  procédés  abrégés.  En  général,  les  météorologistes 
déduisent  la  température  de  chaque  jour  d'un  petit  nombre  d'observations 
faites  à  des  heures  choisies. 

h  L'examen  du  degré  d'exactitude  des  résultats  ainsi  obtenus  par  la 
combinaison  d'un  petit  nombre  d'observations  rentrant  dans  le  système 
trihoraire  a  fait  l'objet  de  longs  calculs.  Dans  ces  recherches,  nous  avons 
admis  que  des  observations  horaires  de  jour  et  de  nuit  satisfont  à  toutes 
les  exigences,  et  que  la  moyenne  arithmétique  des  vingt-quatre  obser- 
vations est  égale  à  la  moyenne  rigoureuse  déduite  d'observations  bien  plus 
répétées. 

»  Un  premier  résultat  fondamental  est  que  la  moyenne  de  huit  obser- 
vations trihoraires,  faites  à  partir  de  minuit,  ne  diffère  pas  de  la  moyenne 
des  vingt-quatre  observations  et  peut  lui  être  substituée  dans  toutes  les 
saisons. 

»  Dans  le  cas  où  les  observations  sont  seulement  au  nombre  de  six  (1), 
depuis  6  heures  du  matin  jusqu'à  9  heures  du  soir,  la  détermination  de  la 
moyenne  diurne  exige  une  hypothèse  particulière  sur  la  loi  de  la  marche 
diurne  du  thermomètre.  On  peut  alors  restituer  en  quelque  sorte  les  obser- 
vations de  minuit  et  de  3  heures  du  matin,  et  le  calcul  s'achève  comme  si  les 
observations  de  nuit  n'avaient  pas  été  supprimées. 

»  En  admettant  que  la  variation  diurne  du  thermomètre  est  représentée 
par  une  fonction  trigonométrique,  sinus  et  cosinus,  de  l'arc  et  du  double  de 
l'arc  horaire  qui  répond  à  l'intervalle  de  deux  observations,  la  moyenne 


(1)   Ceci  a  lieu  dans  la  majeure  partie  des  Écoles  normales;  dix-huit  d'entre  elles  ont  fait 
ou  ont  entrepris  de  faire,  pendant  une  année  au  moins,  des  observations  de  jour  et  de  nuit. 


(  7°5  ) 
diurne  est  donnée  par  la  formule 

9  =  o,5  (<t,  -f-  a,)  —  0,3538  (n,  —  <r3), 

dans  laquelle 

a,  désigne  la  demi-somme  des  observations  de  iahM.   à  3b  S. 
"1        »  »  «  g11  M.   à  6h  S. 

"a         »  »  »  fih  M.    à    9h  S. 

»  Les  nombres  obtenus  par  ce  mode  de  calcul,  un  peu  trop  faibles  en  été 
et  un  peu  trop  forts  en  hiver,  sont  en  général  trop  faibles  de  o°,  1  environ, 
si  l'on  considère  la  période  de  l'année  entière. 

»  Dans  toutes  les  saisons,  la  demi-somme  des  maxima  et  minima  donne 
une  moyenne  diurne  trop  élevée. 

»  La  moyenne  des  trois  observations  de  6  heures  du  matin,  midi,  9  heures 
du  soir  fournit  des  résultats  qui,  assez  exacts  en  hiver,  sont  trop  faibles 
dans  les  autres  saisons. 

»  Nous  ajouterons  encore  que  la  moyenne  des  quatre  observations  de 
9  heures  du  matin,  midi,  9  heures  du  soir  et  minuit  donne  des  résultats 
fort  exacts. 

»  III.  Observations  psychrométriques.  —  En  été,  le  degré  hygrométrique 
de  l'air  décroît  d'une  manière  continue  depuis  4  heures  du  matin  (maxi- 
mum) jusque  vers  3  heures  du  soir  (minimum),  pour  augmenter  ensuite. 

»  En  hiver,  le  degré  hygrométrique  moyen  est  plus  grand  qu'en  été,  et 
la  variation  diurne  semble  offrir  une  double  période  d'autant  plus  sensible 
que  la  station  d'observation  est  à  une  altitude  plus  élevée.  Il  y  a  deux 
maxima,  l'un  vers  le  lever  du  soleil,  l'autre  vers  9  ou  10  heures  du  soir; 
un  premier  minima  s'observe  vers  3  heures  du  matin,  et  un  second  à 
1  heures  du  soir. 

»  La  moyenne  psychrométrique  diurne  coïncide  très-exactement  avec 
la  moyenne  des  huit  observations  trihoraires  et  le  tiers  de  la  somme  des 
observations  de  6  heures  du  matin,  3  et  9  heures  du  soir. 

»  Le  travail  que  nous  avons  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  ren- 
ferme, outre  les  tableaux  numériques  nécessaires  aux  discussions  précé- 
dentes sur  le  calcul  des  températures  moyennes  diurnes  et  de  l'humidité 
moyenne  de  l'air,  l'ensemble  des  observations  pluviométriques  employées 
à  la  construction  des  cartes,  la  température  moyenne,  l'état  hygrométrique 
moyen  et  la  hauteur  barométrique  moyenne  à  midi,  pour  les  Écoles  nor- 
males et  les  stations  qui  nous  ont  transmis  des  observations  non  interrom- 
pues depuis  le  ier  juin  1866  jusqu'au  3t  mai  1867.   » 

C.  R.,  1867,  2e  Semestre.  (  T.  LXV,  N°  18.)  92 


(  ?o6) 

météorologie.  —  Atlas  météorologique  de  l'Observatoire  impérial. (Deuxième 
partie.  Zones  des  orages  à  grêle.  Note  de  M.  J.-B.  Baille,  présentée  par 
M.  Le  Verrier. 

«  La  seconde  partie  de  l'Atlas  de  1866  renferme  le  tracé  des  zones  des 
orages  à  grêle  dans  dix-sept  départements. 

»  Il  y  a  quelque  temps,  M.  Becquerel  présentait  à  l'Académie  une  série 
de  grands  travaux  météorologiques,  dans  lesquels  il  avait  recherché  l'in- 
fluence bienfaisante  des  forêts  sur  la  température  et  le  régime  des  pluies  et 
des  orages  d'une  contrée.  M.  Becquerel  avait  clos  ces  éludes  en  montrant 
comment  les  forêts  préservaient  des  ravages  de  la  grêle  les  régions  situées 
derrière  elles.  Avec  une  grande  quantité  de  documents  qu'il  avait  rassem- 
blés tant  dans  les  archives  des  préfectures  que  dans  les  livres  des  compa- 
gnies d'assurance,  il  avait  tracé  les  zones  des  orages  à  grêle  dans  quatre 
départements  et  montré  l'influence  des  forêts  sur  ces  zones.  Le  travail  que 
nous  présentons  à  l'Académie  est,  pour  ainsi  dire,  la  suite  et  la  généralisa- 
tion de  ces  remarquables  études. 

»  Nous  avons  reproduit  d'abord  les  cartes  de  M.  Becquerel,  en  les  trans- 
formant pour  les  rendre  conformes  au  modèle  uniforme  que  nous  avions 
adopté;  puis  nous  avons  construit  les  zones  d'orages  à  grêle  dans  treize 
autres  départements.  Ces  dernières  cartes  sont  moins  complètes  que  celles 
de  M.  Becquerel;  nous  n'avons  pu,  en  effet,  recueillir  que  le  relevé  des 
sinistres  conservé  aux  archives  des  préfectures;  mais,  même  avec  ces  docu- 
ments incomplets,  on  peut  apprécier  assez  bien  le  régime  des  orages  ordi- 
naires, surtout  lorsque  la  période  de  temps  comprise  par  ces  documents 
est  assez  étendue. 

»  On  a  pu  ainsi,  non-seulement  vérifier  la  loi  énoncée  par  M.  Becquerel 
sur  les  forêts,  mais  encore  préciser  l'influence  des  vallées  et  des  montagnes 
sur  la  marche  des  orages  à  grêle.  Le  plus  souvent,  les  orages  remontent  les 
vallées;  on  voit  les  grêles  s'épuiser,  devenir  plus  rares  et  moins  désas- 
treuses à  mesure  qu'on  se  rapproche  des  sources  de  la  rivière.  De  même, 
les  montagnes  préservent  souvent  une  large  région  derrière  elle;  quoique 
moins  évidente  (pie  celle  des  forêts,  l'influence  des  montagnes  est  encore 
très -caractérisée. 

»  A  l'aspect  des  cartes,  on  peut  conclure  que  les  causes  locales  agissent 
d'une  façon  mécanique,  à  part  peut  être  les  forêts  qui  peuvent  de  plus  mo- 
difier l'état  électrique  des  nuages. 

»   Les  reliefs  du  sol  dévient  les  nuages  inférieurs  et  leur  font  toujours 


(  7°7  ) 
prendre  à  peu  près  les  mêmes  directions  :  c'est  ainsi  que  l'on  peut  expliquer 
la  constance  des  effets  des  orages  dans  une  même  localité.  En  outre,  les 
nuages  inférieurs  étant  déviés  sans  que  les  nuages  supérieurs  le  soient,  il 
arrive,  par  suite  des  sinuosités  des  reliefs  du  sol, que  la  direction  des  nuages 
inférieurs  devient  presque  normale  à  la  route  générale  :  c'est  alors  que  se 
produisent  les  grêles.  On  voit,  en  effet,  que  les  points  les  plus  fréquem- 
ment atteints  sont  aux  coudes  des  rivières,  aux  confluents  de  deux  val- 
lées, etc.  Cette  explication,  qui  paraît  évidente  pour  les  vallées,  peut  être 
étendue  aux  forêts  et  aux  montagnes. 

»  Nous  continuons  ces  études,  et  nous  leur  donnerons  les  développe- 
ments que  comportent  les  documents  recueillis  par  les  Commissions  météo- 
rologiques départementales.  » 

«  M.  Le  Verrier,  en  présentant  les  deux  documents  qui  précèdent,  dil 
que  l'Atlas  météorologique  de  l'Observatoire  impérial  gagne  cette  année  en 
importance.  Tandis  que  l'an  dernier  il  se  rapportait  uniquement  à  la  marche 
des  orages  ordinaires,  cette  étude  formera  seulement  la  première  partie  du 
présent  Atlas;  la  seconde  comprend  la  détermination  des  zones  des  orages 
à  grêle;  la  troisième  est  relative  à  l'étude  du  climat  de  la  France.  M.  Le 
Verrier  regrette  que  la  première  partie  ne  soit  point  encore  achevée. 

»  Les  hases  de  ces  diverses  études  reposent  sur  les  documents  recueillis 
par  les  Commissions  météorologiques  départementales,  par  les  Écoles 
normales  et  par  les  personnes  qui  s'intéressent  aux  progrès  de  la  science. 
On  doit  compter  parmi  elles,  en  particulier,  MM.  les  ingénieurs  des 
Ponts  et  Chaussées  et  des  Mines.  Plusieurs  des  Commissions  météorologi- 
ques départementales  nous  adressent  des  documents  complets  et  suscepti- 
bles d'être  immédiatement  insérés  sous  leur  nom  dans  l'Atlas  météorolo- 
gique. Nous  désirons  vivement  que  le  nombre  de  ces  documents  aille  en 
s'accroissant  d'année  en  année.  L'Observatoire  impérial  ne  prend  pour  lui 
que  ce  qu'on  lui  laisse,  et  la  part  qu'il  est  ainsi  forcé  d'accepter  sera  tou- 
jours trop  considérable. 

»  A  la  suite  des  excellents  travaux  sur  les  grêles  publiés  par  M.  Becquerel, 
et  dont  les  cartes  ont  été  gravées  aux  frais  de  l'Académie,  M.  Le  Verrier 
s'empressa  d'offrir  à  son  éminent  confrère  les  documents  qu'il  avait  déjà 
recueillis  sur  les  grêles,  en  priant  M.  Becquerel  de  continuer  ses  travaux 
et  prenant  la  liberté  de  lui  assurer  le  concours  matériel  de  l'Observatoire. 
Mais  c'est  le  contraire  quia  eu  lieu.  Entraîné  par  les  nouvelles  découvertes 
qu'il  venait  de  faire  au  sujet  des   actions  chimiques   développées  par  la 

cp.. 


(  7°8  ) 
capillarité,  M.  Becquerel  a  exigé  que  nous  prenions  complètement  la  suite 
des  travaux,  en  nous  promettant  le  concours  de  ses  conseils  et  de  son  auto- 
rité,  concours  qui  ne  nous  a  pas  fait  défaut.    L'Atlas  contient  une  Note 
spéciale  de  M.  Becquerel  sur  ce  sujet.  » 

MÉTÉOROLOGIE.  — Remarques  sur  tes  colorations  ozonoscopiques  obtenues  à  l'aide 
du  réactif  de  Jame  [de  Sedan)  et  sur  V échelle  ozonométrique  de  M.  Bérigny  ; 
Lettre  de  M.  A.  Poey  à  M.  Elie  de  Beaumont,  présentée,  en  l'absence 
de  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  par  M.  Le  Verrier. 

«  Dans  la  séance  du  6  avril  i863  (i),  en  rendant  compte  à  l'Académie 
des  observations  ozonométriques  effectuées  en  1862  à  l'Observatoire  de  la 
Havane,  je  faisais  la  remarque  suivante  :  «  L'échelle  de  M.  Bérigny,  bien 
»  supérieure  à  toutes  celles  en  usage  jusqu'ici,  est  cependant  un  peu  en 
»  défaut,  du  moins  sous  cette  latitude  et  à  la  ville,  par  la  prédominance  du 
»  ton  bleuâtre,  surtout  dans  les  six  dernièrement  fournies  par  M.  Salleron. 
»  J'ai  trouvé,  d'après  des  expériences  simultanées,  que  le  ton  violet  pré- 
»  dominait  à  la  ville  dans  la  teinte  de  l'ozone  ou  du  réactif,  tandis 
»  qu'en  rase  campagne  et  dans  la  végétation  c'était  au  contraire  le  ton 
»  bleuâtre  qui  devenait  très-sensible.  Ces  variations  de  teintes  paraissent 
»  être  intimement  liées  aux  causes  multiples  qui  développent  l'oxygène 
»   naissant. 

»  Un  autre  défaut  de  l'échelle  de  M.  Bérigny  (je  fais  toujours  allusion  à 
»  cette  localité)  est  que  très-souvent  le  réactif  ozonoscopique  se  colore 
»  d'une  teinte  tellement  foncée,  qu'elle  dépasse  le  n°  20  du  ton  extrême 
»  de  ladite  échelle.  Cette  forte  coloration  a  lieu  subitement  dans  les  orages 
»  électriques,  à  l'instant  même  que  le  vent  et  les  cumulus  effectuent  leur 
»   rotation  azimutale  du  sud-ouest  à  l'ouest  et  au  nord-ouest.   » 

»  Depuis  1862  je  n'ai  cessé  de  signaler  cette  erreur,  qui  a  toujours  enta- 
ché les  observations  ozonoscopiques.  Mais  en  1866,  ayant  fait  partie  de 
l'expédition  scientifique  du  Mexique,  j'ai  pu  encore  la  confirmer  dans 
cette  nouvelle  localité. 

»  Cette  imperfection  consiste  en  ce  que  toutes  les  nuances  ozonoscopi- 
ques du  réactif  Jame  (de  Sedan)  qui  dépassent  la  teinte  n°  11  de  l'échelle 
de  M.  Bérigny  sont  entièrement  incalculables,  c'est-à-dire  qu'il  est  vrai- 
ment impossible  de  reconnaître  d'après  cette  échelle  le  ton  de  l'action  de 

(1)  Comptes  rendus,  t.  LVI,  p.  645. 


(  7°9  ) 
l'ozone  qu'accuse  le  réatif.  Ce  fait,  que  j'ai  parfaitement  établi  sous  la  zone 
torride,  depuis  le  niveau  de  la  mer  à  la  Havane  jusqu'à  2280  mètres  sur  le 
plateau  de  Mexico,  ne  me  paraît  pas  être  sans  importance,  au  double  point 
de  vue  de  l'origine  de  l'ozone  et  de  la  méthode  qui  a  été  suivie  jusqu'ici 
pour  reconnaître  sa  présence  dans  le  sein  de  l'atmosphère.  Une  autre  cir- 
constance donne  encore  une  triple  valeur  à  ces  indications,  c'est  que 
M.  Bérigny  m'assure  que  les  lectures  qu'il  a  faites  à  Versailles  depuis  douze 
ans  coïncident  parfaitement  avec  son  échelle,  la  même  dont  j'ai  toujours 
fait  usage. 

»  Ces  discordances  des  teintes  ont  lieu  très-généralement  avant  ou  pen- 
dant le  développement  des  orages,  surtout  s'ils  sont  accompagnés  de  mani- 
festations électriques  assez  intenses.  La  production  de  l'ozone  est  ainsi  tel- 
lement liée  à  la  formation  des  orages,  qu'à  Mexico,  plus  encore  qu'à  la 
Havane,  le  réactif  ne  commence  à  se  colorer  qu'à  l'approche  de  la  saison  des 
pluies  d'avril  à  mai,  et  peu  avant  les  heures  des  orages,  après  midi;  puis 
elle  diminue  presque  entièrement  dans  la  saison  de  la  sécheresse,  à  partir 
d'octobre;  pendant  les  jours  parfaitement  sereins,  elle  est  nulle. 

»  C'est  donc  à  ces  époques  critiques  et  orageuses,  lorsqu'on  a  précisé- 
ment le  pins  grand  intérêt  à  recueillir  les  maxima  de  l'impression  ozono- 
scopique,  que  toute  comparaison  et  toute  lecture  deviennent  impossibles 
à  l'aide  de  l'échelle  de  M.  Bérigny  construite  par  M.  Salleron. 

»  Ces  anomalies  de  coloration  se  présentent  généralement  par  un  excès 
de  bleu  ou  de  violet  dans  le  ton  du  réactif,  comparé  au  ton  de  l'échelle  ozo- 
nométrique.  Dans  quelques  cas,  plus  rares,  on  aperçoit  sur  le  réactif  une 
légère  nuance  rousse,  rose  clair  ou  jaunâtre.  Les  excès  de  coloration  en 
bleu  ou  en  violet  se  reproduisent  chaque  fois  que  l'action  de  l'ozone  aug- 
mente, aussi  bien  avec  des  réactifs  préparés  à  différentes  époques  que  sur 
les  mêmes  bandelettes  qui  avaient  déjà  servi  à  recueillir  des  impressions 
pins  faibles.  Il  est  donc  évident  que  ces  anomalies  ne  peuvent  provenir  ni 
de  l'âge  du  réactif,  ni  de  l'imperfection  de  sa  préparation;  mais  au  contraire 
elles  paraissent  dépendre  de  l'action  de  l'oxygène  naissant  ou  de  tout  autre 
agent  chimique  agissant  simultanément  sur  la  préparation  iodnrée. 

»  Quelle  que  soit  la  cause  de  ces  différentes  teintes,  le  fait  est  que  l'é- 
chelle ozonométrique  de  M.  Bérigny,  destinée  à  la  comparaison  des  impres- 
sions  de  l'ozone,  n'atteindrait  ce  but  qu'à  la  condition  expresse  de  ne 
point  dépasser  son  n°  11.  Conséquemment,  elle  ne  servirait  qu'à  l'ap- 
préciation de  faibles  développements  d'ozone  et  cesserait  dès  lors  d'être 
une  échelle  comparative  applicable  à  toutes  les  parties  du  monde,  comme 


(  7IQ  ) 
l'est,  par  exemple,  le  cyanomètre  de  Saussure,  dont  j'ai  fait  un  très-bon 
usage  au  Mexique. 

»  En  présence  de  l'insuffisance  de  cette  échelle,  il  m'aurait  été  impossible 
de  recueillir  aucune  des  fortes  impressions  de  l'ozone,  si  l'idée  ne  m'élait 
venue  de  recourir  aux  gammes  chromatiques  bleu  violet  de  M.  Chevreul. 
Mais  cette  nouvelle  comparaison  n'a  été  encore  qu'appoximative,  car,  pas 
plus  la  gamme  de  M.  Chevreul  que  l'échelle  de  M.  Bérigny  n'ont  pu  me 
fournir  le  ton  exact  de  l'action  ozonoscopique.  Cependant,  à  l'aide  des 
chiffres  que  j'ai  obtenus  d'après  la  gamme  de  M.  Chevreul,  il  sera  plus  facile 
d'établir  une  nouvelle  échelle  ozonométrique,  en  perfectionnant  celle  de 
M.  Bérigny. 

»  Maintenant  les  nos  12  et  i3  de  la  gamme  bleu  violet  de  M.  Chevreul 
sont  ceux  qui  se  rapprochent  le  plus  du  ton  des  fortes  impressions  de 
l'ozone  atmosphérique  en  temps  d'orage,  suivant  que  les  teintes  bleu  ou 
violet  prédominent  dans  le  réactif.  Ces  teintes  12  et  i3  sont  en  même  temps 
celles  qui  ont  le  plus  de  rapport  avec  les  nuances  comprises  dans  les  nos  16  à 
20, et  plus  particulièrement  dans  les  n09J7  à  18  de  l'échelle  de  M.  Bérigny. 

»  Je  signalerai  une  autre  erreur  de  construction,  qui  consiste  en  ce  que 
les  échelles  qui  m'ont  été  fournies  par  M.  Salleron  pour  ma  campagne  du 
Mexique  diffèrent,  dans  la  teinte  générale,  de  celles  qu'il  m'avait  déjà  livrées 
pour  l'Observatoire  à  la  Havane.  Dans  les  anciennes  échelles,  le  bleu  pré- 
domine sur  le  violet,  et  dans  les  nouvelles  échelles  c'est  au  contraire  le  violet 
qui  prédomine  sur  le  bleu.  Je  me  suis  donc  vu,  pour  apporter  toute  la  cor- 
rection possible  à  mes  comparaisons,  dans  la  nécessité  de  recourir  à  trois 
numérations  distinctes,  celle  de  l'ancienne  et  de  la  nouvelle  échelle  de 
1M.  Salleron  et  celle  de  la  gamme  de  M.  Chevreul,  ce  qui  complique  con- 
sidérablement l'étude  d'un  phénomène  qui  est  déjà  sujet  à  bien  d'autres 
causes  d'erreurs. 

»  Dans  le  but  de  vérifier,  avec  le  même  réactif  que  j'avais  employé  au 
Mexique,  si  les  mêmes  anomalies  que  j'y  avais  observées  se  reproduiraient 
également  en  Europe,  j'ai  effectué  chez  moi,  à  Passy,  rue  Basse,  n°  3q,  pen- 
dant les  mois  de  juin  à  août  derniers,  une  nouvelle  série  d'observations  ozo- 
noscopiques.  Le  réactif  se  trouvait  placé  en  plein  air,  dans  un  endroit  élevé, 
dominant  la  cime  des  arbres  du  vaste  jardin  d'un  établissement  des  aliénés 
et  au  milieu  de  cette  puissante  végétation  que  l'on  remarque  sur  le  derrière 
de  la  plupart  des  maisons  qui  font  face  au  quai  de  Passy. 

»  Eh  bien,  dans  ces  conditions  aussi  favorables  que  possible  au  déve- 
loppement de  l'oxygène  naissant,  j'ai  pu  constater  à  Passy  les  mêmes  réac- 


(  7"  ) 
tions  de  l'ozone  atmosphérique  sur  les  réactifs  Jame  (de  Sedan),  et  j'ai 
éprouvé  la  même  difficulté  dans  la  comparaison  des  teintes  ozonoscopiques 
avec  l'échelle  de  M.  Bérigny,  soit  avec  l'ancienne,  soit  avec  la  nouvelle 
échelle  construite  par  M.  Salleron.  Ainsi  il  est  bien  prouvé  maintenant  qu'à 
la  Havane,  au  Mexique  et  même  à  Passy,  chaque  fois  que  le  ton  du  réac- 
tif ioduré  dépasse  le  n°  n  de  l'échelle  de  M.  Bérigny,  on  se  trouve  dans 
l'impossibilité  de  le  rapporter  à  aucune  des  nuances  de  ladite  échelle.  On 
manque  donc  complètement  de  moyen  d'exprimer  la  présence  dans  l'air 
d'une  forte  impression  ozonoscopique,  qui  est  d'autant  plus  importante  à 
saisir  qu'elle  affecte  une  modification  de  teinte  qui  n'est  pas  sans  rapport 
de  cause  et  d'effet  avec  certaines  dispositions  orageuses  du  temps;  car  tan- 
tôt c'est  le  bleu  qui  prédomine  dans  l'impression  iodurée,  et  tantôt  c'est  au 
contraire  le  violel  qui  l'emporte.  J'ai  déjà  signalé  plus  haut  qu'à  la  Havane, 
à  la  ville,  j'observais  une  prédominance  du  ton  violet  et  à  la  campagne  du 
ton  bleu.  Sur  le  plateau  de  la  vallée  de  Mexico  situé  à  2280  mètres  et  en- 
touré d'une  forte  chaîne  en  pleine  végétation  pendant  toute  l'année,  c'est 
encore  la  prédominance  du  ton  bleu  que  j'ai  retrouvée,  et  enfin  au  milieu 
de  la  végétation  de  Passy,  j'ai  obtenu  aussi  un  excès  très-marqué  de  colo- 
ration bleuâtre.  Cependant  j'ai  encore  trouvé  à  Mexico  une  autre  nuance 
bleu  violet,  se  rapprochant  encore  plus  des  nos  12  à  1 3  de  la  gamme  bleu 
violet  de  M.-  Chevreul,  qui  est  assez  rare  à  la  Havane  et  à  Passy.  Il  y  a  donc 
avant,  pendant  et  après  la  formation  des  orages,  certaines  influences  élec- 
triques qui  se  traduisent  sur  le  réactif  ioduré  par  un  surcroît  de  bleu,  de 
violet,  de  bleu-violet  ou  autres  nuances,  et  qui  paraissent  influer  puissam- 
ment sur  le  développement  de  l'ozone  et  sur  les  impressions  ozonosco- 
piques.   » 

«  A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Le  Verrier  rappelle  que  la 
détermination  de  l'ozone  par  les  papiers  réactifs  en  usage,  à  l'iodure  de  po- 
tassium et  à  l'amidon,  donne  lieu  à  d'autres  difficultés  encore  que  celles  qui 
sont  signalées  par  M.  le  Directeur  de  l'Observatoire  de  la  Havane. 

«  Au  mois  de  mai  dernier,  dans  la  session  de  l'Association  Scientifique 
de  France  qui  fut  tenue  à  Metz,  les  difficultés  de  l'ozonoscospie  furent  dis- 
cutées en  la  présencede  M.  Schœnbein.  L'illustre  chimiste  de  Bâle  reconnut 
ce  qu'elles  avaient  de  sérieux  et  exposa  avec  détail  de  nouvelles  recherches 
sur  les  différents  états  allotropiques  de  l'oxygène.  M.  Schœnbein  indiqua  un 
nouveau  réactif  ozonoscopique  :  le  protoxyde  de  thallium,  dont  la  dissolu- 
tion incolore  jaunit  sous  l'influence  de  l'oxygène  actif  en  se  transformant 


(  712  ) 
en  peroxyde.  Ce  réactif  n'est  pas  influencé  par  les  composés  nifreux  comme 
le  papier  ioduré.  Malheureusement,  le  procédé  de  M.  Schcenbein  n'était 
point  encore  amené  à  l'état  pratique.  L'auteur  nous  a  promis  de  chercher 
à  donner  à  ce  moyen  d'épreuves  la  simplicité  nécessaire  pour  que  des  per- 
sonnes étrangères  à  la  chimie  puissent  en  faire  usage. 

»  Il  a  d'ailleurs  été  fait  sur  ma  demande,  dit  M.  Le  Verrier,  et  pendant  une 
année  entière,  des  observations  ozonoscopiques  dans  un  très-grand  nombre 
de  stations  en  France.  Leur  examen,  leur  classement  est  confié  à  M.  Rayet. 
J'espère  en  pouvoir  produire  les  résultats  devant  l'Académie  avant  la  fin  de 
l'année.  Les  documents  originaux  seront  en  même  temps  mis  à  la  disposi- 
tion des  météorologistes  qui  voudraient  les  consulter  et  les  discuter  à  un 
autre  point  de  vue  que  celui  où  nous  nous  serons  placés. 

»  Je  saisis  cette  occasion  de  dire  que  les  observations  météorologiques  ré- 
gulières faites  par  les  Écoles  normales,  et  dont  nous  ne  pouvons  donner  que 
les  résultats  généraux,  sont  également  tenues  à  la  disposition  des  météoro- 
logistes qui  pourront  y  puiser  aussi  largement  qu'ils  voudront.  » 

«  M.  Chevrecl,  dans  la  communication  qu'il  fera  prochainement  à  l'Aca- 
démie sur  ses  cercles  chromatiques,  expliquera  la  cause  des  difficultés  que 
M.  Poéy  a  rencontrées  dans  l'appréciation  des  couleurs  qu'il  a  voulu  faire 
avec  des  échelles  de  couleur  qui  n'ont  point  été  construites  d'après  un 
même  principe.   » 

physiologie.  —  Recherches  sur  la  salive  et  sur  les  organes  salivaires  du  Dolium 
galea.  Note  de  MM.  S.  de  Luca  et  P.  Panceri,  présentée  par  M.  Milne 
Edwards. 

«  Par  une  précédente  communication  du  3o  septembre  dernier,  nous 
avons  fait  connaître  à  l'Académie  les  résultats  des  premières  recherches  sur 
la  composition  du  liquide  des  glandes  salivaires  du  Dolium  galea  (Tonne  can- 
nelée), et  en  particulier  sur  l'acide  sulfurique  libre  qui  s'y  trouve  dans  la 
proportion  de  3  à  4  pour  100.  Une  nouvelle  analyse  du  liquide  salivaire  de 
ce  même  Mollusque  a  donné  en  centièmes  : 

Acide  sulfurique 4>°5 

Chlore 0,02 

Potasse,  soude,  chaux,  magnésie,  acide  phosphorique,  fer, 

matières  organiques  azotées  et  sulfurées,  etc 6,43 

Eau.... 89,50 

100,00 


(  7'3  ) 
»  Il  est  à  remarquer  que  l'acide  sulfurique  libre  a  été  constaté  dans  l'es- 
tomac, qui  reçoit  le  produit  des  glandes.  Dans  le  Dolium,  les  glandes  ont  un 
volume  et  un  poids  considérable  relativement  au  volume  et  au  poids  de 
l'animal.  Voici  en  effet  les  rapports  que  nous  avons  trouvés  chez  deux  indi- 
vidus de  Dolium  (jalea,  péchés  dans  le  golfe  de  Pozzuoles,  et  dont  l'un 
pesait  i  kilogrammes  environ,  et  l'autre  855  grammes. 

i.  tt. 

Mollusque i3o5  grammes.  5ao  grammes. 

Coquille 55o        ,,  0.i5 

Glandes i5o        »  80       » 

aoo5  855 

»  Le  conduit  excréteur  des  glandes,  de  même  que  la  tunique  dont  elles 
sont  revêtues,  a  unecontractilité  très-manifeste,  qui  persiste  quelque  temps 
après  la  mort  de  l'animal  ;  il  suffit  de  toucher  avec  le  doigt  un  point  quel- 
conque de  la  surface  des  glandes,  pour  observer  un  mouvement  de  con- 
tractilité  qui  se  propage  dans  toute  la  masse. 

»  Dès  que  les  glandes  ont  été  détachées  de  l'animal  et  mises  au  contact 
de  l'air,  on  voit  se  former  au-dessous  de  leur  tunique  externe,  qui  est  blanche 
et  transparente,  des  bulles  dont  le  nombre  augmente  peu  à  peu,  ainsi  que 
le  volume.  Si  l'on  introduit  ces  glandes  dans  des  éprouvettes,  sous  l'eau  ou 
sous  le  mercure,  le  gaz  qui  se  dégage  lentement  et  sans  interruption  pré- 
sente toutes  les  propriétés  de  l'acide  carbonique  pur;  et  en  effet,  il  est  en- 
tièrement absorbable  par  la  potasse.  Le  même  gaz  se  dégage  plus  facilement 
lorsque  les  glandes  sont  en  contact  avec  un  acide  très-étendu,  ou  lorsqu'elles 
sont  soumises  à  la  chaleur  modérée  d'un  bain-marie. 

»  Si  l'on  ouvre  des  glandes  de  Dolium  galea,  en  les  coupant  ou  en  y  pra- 
tiquant des  incisions,  le  dégagement  gazeux  devient  abondant  et  produit 
une  effervescence  comparable  à  celle  de  la  bièr.e  ou  du  vin  de  Champagne 
sous  la  pression  ordinaire  de  l'atmosphère. 

»  Ainsi,  le  tissu  des  glandes  mis  en  contact  avec  le  liquide  acide  semble 
se  comporter  comme  une  matière  analogue  aux  carbonates  soumise  à  l'ac- 
tion des  acides  libres.  Cette  matière  est-elle  de  nature  minérale  ou  orga- 
nique? L'acide  carbonique  se  trouve-t-il  à  l'état  de  combinaison,  ou  est-il 
libre  et  retenu  en  dissolution  sous  la  pression  que  la  tunique  extérieure 
exerce  sur  les  parties  internes  des  glandes?  Le  sang  apporte-t-il  dans  les 
glandes  cet  acide  carbonique,  et,  dans  ce  cas,  sous  quelle  forme?  Ces  ques- 
tions et  plusieurs  autres  ne  pourront  être  résolues  que  par  les  recherches 
ultérieures  que  nous  nous  proposons  d'entreprendre. 

G.  !!.,  1867,    ?,<■  Semestre.  (T.  LXV,  N°  18.)  Ç)3 


(  7>4  ) 

»  Les  glandes  de  notre  pins  grand  Dolium  (celui  qui  pesait  20o5  grammes) 
ont  fourni  en  totalité  343  centimètres  cubes  d'acide  carbonique,  sans  tenir 
compte  de  la  quantité  de  gaz  qui  n'a  pu  être  recueillie  au  commencement 
des  expériences.  Une  seule  glande,  pesant  70  grammes,  en  a  donné  206  cen- 
timètres cubes,  ce  qui  équivaudrait  pour  les  deux  à  un  volume  de  l\\i  cen- 
timètres cubes  de  gaz.  Les  glandes  du  Dolium  qui  pesait  855  grammes, 
détachées  de  l'animal  six  heures  après  sa  mort,  ne  dégageaient  pas  d'acide 
carbonique. 

«  Le  Dolium  galea  n'est  pas  le  seul  Mollusque  dont  les  glandes  salivaires 
contiennent  de  l'acide  sulfurique  libre;  nous  avons  constaté  que  le  même 
acide  se  trouve  également  à  l'état  de  liberté  dans  les  glandes  des  Gastéro- 
podes suivants  : 

»  Tritonium  nodiferum,  Lk.  ;  Tritonium  corrugatum,  Lk.  ;  Tritonium  cuta- 
ceum,  Lk.  ;  Tritonium hirsutum,  Fab.  Col.  (1);  Cassis  sutcosa  Lk.  ;  Cassidaria 
ecliinophora,  Lk.  ;  Murex  trunculus,  L.  ;  Murex  brandaris,  L.  ;  Aplysia  came- 
lus,  Cuv.;  etc.,  etc.,  etc. 

»  Le  liquide  salivaire  du  Dolium  galea  a  une  propriété  importante  :  il 
n'est  pas  putrescible  comme  le  sont  en  général  les  liquides  organiques  des 
animaux.  Il  ne  s'altère  nullement  au  contact  de  l'air.  Au  bout  de  trois 
mois,  ce  liquide  conservé  ne  révélait  aucune  odeur  désagréable.  On  doit 
même  le  regarder  comme  conservateur,  car  de  l'albumine  coagulée,  des  ma- 
tières animales,  quelques  fragments  d'organes  d'autres  Mollusques,  main- 
tenus dans  ce  liquide  pendant  plusieurs  semaines,  n'ont  manifesté  aucune 
altération  apparente. 

»  L'acide  sulfurique  libre  se  trouve  donc  comme  élément  nécessaire  aux 
fonctions  organiques  dans  une  classe  nombreuse  de  Mollusques,  vivant  au 
voisinage  de  localités  pierreuses,  et  portant  une  coquille  formée  presque 
exclusivement  de  carbonate  de  chaux  avec  des  traces  de  carbonate  de  ma- 
gnésie. Cet  acide  énergique  se  trouve  en  présence  d'un  acide  faible,  l'acide 
carbonique,  qui  peut  agir  sur  les  calcaires  pour  les  rendre  solubles  et  par 
conséquent  assimilables  par  l'organisme  animal.  Il  est  hors  de  doute  que 
l'acide  sulfurique,  aussi  bien  que  l'acide  carbonique,  doit  remplir  des  fonc- 
tions importantes  dans  les  organes  dont  il  est  question,  fonctions  sur  les- 
quelles nous  ne  possédons  aucune  notion  précise. 


(1)  Fabii  Columne,  Aquatilium  et  terrestrium  a/if/,  animalium  aliorumq.  nal.  rer.  obscr- 
mtiones,  tab.  fol,  XII  ,Bua.  hirsutum  .  I  .  Opéra  F.iphrasis  minus  cognit.  rariorumq.  stirp. 
Roinae,   i(ii6. 


(  7'5  j 
»  Mais,  à  notre  avis,  ce  qu'il  y  a  de  plus  important,  c'est  de  chercher  à 
déterminer  l'origine  de  l'acide  sulfurique  libre  dans  les  glandes  salivaires 
de  ces  Mollusques.  Cette  production  est  probablement  due  à  une  oxy- 
dation du  soufre  des  matières  sulfureuses,  ou  bien  à  la  décomposition  des 
sulfates  contenus  dans  les  eaux  de  la  mer,  provoquée  par  une  action 
d'électrolyse,  comme  cela  se  réalise  dans  nos  laboratoires.  Four  résoudre 
cette  question,  nous  poursuivrons  notre  travail,  en  profitant  des  rensei- 
gnements que  les  savants  voudront  bien  nous  communiquer,  et  en  mettant 
en  pratique  les  conseils  de  M.  MUne  Edwards  à  ce  sujet.   » 

M.  Bourguet,  en  adressant  à  l'Académie  un  Mémoire  imprimé  sur  les 
«  divers  modes  d'assainissement  des  marais  et  des  pays  marécageux  et 
insalubres  »,  joint  à  cet  envoi  une  analyse  manuscrite  de  son  travail. 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  C. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  21  octobre  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Note  sur  la  chlorométrie  et  sur  la  transformation  spontanée  des  hypochlo- 
riles  et  Montes;  par  MM.  M.-J.  Foedos  et  A.  Gélis.  Paris,  1 855 ;  4  pages 
in-8°. 

Carte  géologique  de  la  Néerlancle;  par  W.-C.-H.  Staring,  exécutée  par  le 
Bureau  lopographique  du  département  de  la  Guerre,  publiée  par  ordre  de 
S.  M.  le  Roi,  feuilles  22  et  27.  Harlem,  1838-1867  ;  2  feuilles  avec  légende 
in-18. 

Die...  Sur  les  météorites  du  cabinet  minéralogique  de  la  cour;  par  M.  Hai- 
dinger.  Vienne,  1867  ;  2  opuscules  in-8°. 

Zur...  Sur  la  météorologie  orograpliique;  par  M.  A.  Muhry.  Vienne.,  sans 
date;  1  feuille  in-8°. 

Die...  Les  maisons  d'école  A  l'Exposition  universelle  de  Paris,  examinées 
nu  point  de  vue  de  l'hygiène;  par  M.  H.  Cohn.  Berlin,  1867;  br.  in-8°. 

Catalogo...   Catalogue  des  corollaires  fossiles  du  terrain  nummulitique  des 


(  7'(i 
Alpes  Vénitiennes,  formé  par  M.  A.  d'Achiardi.  Esquisse  critique;  pa>-  M,  F. 
Molon.   Vicenze,  1(867;  demi-fouille  in-8". 

On  the...  Sur  la  chimie  <le  l'âge  primordial;  pai  M.  Steret  Hunt.  Sans 
lieu,  1867;  opuscule  in-8°. 

Treatise...    Traité  de  philosophie    naturelle;  par   MM.    W.   Thomson   et 
GUTHRIETAIT,  t.  Ier.  Oxford,  1867;  '  vo'-  l0'8"  relié. 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  28  octobre  1867,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Système  silurien  du  centre  de  la  Bohême  ;  par  M.  Joachim  BARRANDE.  i1p  par- 
lie  :  Recherches  paléontologiques.  T.  Il,  texte  :  Classe  des  Mollusques.  Ordre  des 
Céphalopodes;  1  vol.  in-4°.  Planches  I  à  CVII,  ire  série,  1  vol.  in-40;  plan- 
ches CVIII  à  CCXLIV,  2e  série,  1  vol.  in-4".  T.  III,  texte  avec  16  planches  : 
Ordre  des  Ptéropoiles.  Prague  et  Paris,  18G7;  4  vol.  in-4°  reliés. 

Mémoires  de  i 'Académie  impériale  de  Médecine,  t.  XXVIII,  ire  partie. 
Paris,  1867  ;  in-4°  avec  3  planches. 

Optique  physiologique;  pat  M.  H.  Helmholtz,  traduite  par  MM.  E.  JavaE 
et  N.-T.  Klein.  Paris,  1867;  1  vol.  in-8°  avec  figures  et  allas.  (Présenté 
par  M.  MUne  Edwards.  ) 

Métamorphoses  des  Batraciens  urodèles  à  branchies  e.\  lérieures  du  Mexique, 
dits  Axolotls,  observés  à  la  ménagerie  des  Reptiles  du  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle; par  M.  A.  DuMÉniL.  Paris,  18(37;  n1-^°-  (Extrait  des  Annales  des 
Sciences  naturelles.)  (Présenté  par  M.  Milne  Edwards.) 

Description  de  diverses  monstruosités  observées  sur  les  Axolotls;  par  M.  A. 
DUMÉRIL. 

Prodrome  d  une  monographie  des  Esturgeons  et  description  des  espèces  de 
l'Amérique  du  Nord  qui  appartiennent  au  sous-genre  Antaceus;  par  M.  A. 
DOMÉRIL. 

Expériences  démontrant  que  la  vie  aquatique  des  Axolotls  batraciens  urodèles 
à  branchies  extérieures  se  continue,  sans  trouble  apparent,  après  l'ablation  des 
houppes  branchiales;  par  M.  A.  DUMÉRIL;  3  brochures  in-4"  avec  planches. 
(Extrait  des  Nouvelles  Archives  du  Muséum. 

(La  suite  du  Bulletin   nu  prochain  numéro.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SÉANCE  DU  LUNDI  4  NOVEMBRE  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Lettre  à  M.  Chevreul,    an  sujet  des  relations  qui 
auraient  existé  entre  Pascal  et  Newton  ;  par  Sir  David  Rkf.wstkr. 

«  Comme  M.  Chasles  a  demandé  mon  «  intervention  »  pour  savoir  avec 
certitude  s'il  existe  quelques  traces  des  relations  qui  auraient  existé  entre 
Pascal  et  Newton  dans  les  archives  du  Musée  Britannique  et  dans  les  manu- 
scrits de  Newton  que  possèdent  Lord  Comte  de  Portsmoutli  et  Lord  Comte 
de  Macclesfield,  je  me  suis  immédiatement  adressé  à  ces  nobles  personnages 
pour  leur  demander  les  renseignements  que  M.  Chasles  désire  obtenir.  Je 
me  suis  aussi  adressé  aux  autorités  du  Musée  Britannique,  et  je  viens  de 
recevoir  de  M.  Bond,  conservateur  au  département  des  manuscrits  de  cet 
établissement,  une  réponse  dans  laquelle  il  me  dit  : 

«  Que  le  Musée  Britannique  possède  une  partie  des  papiers  de  Desmai- 
»  zeaux.  Ils  consistent  en  neuf  volumes  de  Lettres  originales  de  Desmaizeaux 
«  avec  quelques  extraits  ou  copies  faits  par  lui  depuis  l'année  1698  jusqu'il 
»  l'époque  de  sa  mort.  Leibnitz  est  du  nombre  des  correspondants,  el  il 
»  se  trouve  des  Lettres  de  lui,  lesquelles  sont  relatives  à  sa  controverse  avec 
»  Newton.  » 

C.  R.,  18G7,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°   19.)  o/l 


(  7'8  ) 

»  Je  n'ai  pas  en  de  réponse  de  Lord  Portsmonth,  ni  de  Lord  Maccles- 
field  (i).  J'ai  déjà  déclaré  à  l'Académie  que  j'avais  examiné  jusqu'au  moindre 
des  papiers  (every  scrap)  de  Newton  qui  existent  à  Hartsbourne-Park,  et 
que  le  nom  de  Pascal  ne  se  trouve  jamais  dans  aucun  d'eux.  Comme  Lord 
Portsmonth  a  connaissance  de  ce  fait,  il  considérera  sans  aucun  doute  mon 
témoignage  comme  suffisant.  Je  suis  également  certain  que  s'il  y  avait  eu 
quelques  Lettres  relatives  à  Pascal  dans  lacollection  de  Hartsbourne-Castle, 
le  professeur  Rigaud  les  aurait  publiées  dans  la  «  Correspondance  des 
»   savants  »  que  j'ai  déjà  mentionnée. 

»  Dans  ma  prochaine  communication  je  produirai  des  faits  d'une  grande 
importance,  montrant  qu'il  est  probable  que  Desmaizeaux  lui-même  a  été  le 
fahricaleur  [forger)  des  documents  que  possède  M.  Chasles,  et  que  cette  fabri- 
cation a  été  faite  entre  les  années  173  (2)  et  1 7 4^,  époque  à  laquelle  Des- 
maizeaux mourut  à  Londres. 

»  Je  prouverai  que  Desmaizeaux  était  un  collectionneur  et  un  trafiquant 
en  manuscrits;  que  le  célèbre  déiste  Anthony  Collins,  l'ami  de  Locke,  laissa 
ses  manuscrits  à  Desmaizeaux  pour  être  publiés  après  sa  mort,  et  que  cet 
archi-faussaire  les  vendit  pour  5o  livres  sterling  à  la  veuve  de  Collins,  qui, 
à  ce  qu'il  paraît,  les  détruisit. 

»  Nous  voyons  maintenant  la  raison  pour  laquelle  les  quatre  signatures 
authentiques  de  Newton  données  dans  sa  Vie,  dans  le  Dictionnaire  gênerai 
auquel  contribua  Desmaizeaux,  sont  précisément  celles  qui  se  trouvent 
dans  les  Lettres  fabriquées. 

»  Allerly  Melrose,  3i  octobre  1867.  » 

Après  la  lecture  de  cette  Lettre,  M.  Chasles  présente  les  observations 
suivantes  : 

«  Dans  notre  séance  du  21  octobre,  j'avais  exprimé  le  vif  désir  que  notre 
illustre  confrère  Sir  David  Brewster,  qui  prenait  part  si  chaleureusement  à 
la  polémique  relative  à  Pascal  et  Newton,  voulût  bien  s'enquérir,  premiè- 
rement s'il  ne  subsisterait  pas  dans  la  famille  de  Newton  quelques  traces 
des  relations  qu'il  aurait  eues  avec  Pascal,  et  secondement  si  l'on  ne  trou- 
verait pas  aussi  des  traces,  soit  dans  cette  noble  famille,  soit  dans  les 
Archives  du  British  Muséum,  des  démarches  qui  auraient  été  faites  dans  le 

(1)  Voir  ci-après,  p.  757,  une  Lettre  de  Lady  Macclesfield,  transmise  à  M.  Chevrenl  posté- 
rieurement à  la  Lettre  de  Sir  David  Brewster. 
■-■>.)  Année  illisdile  sur  l'original. 


(  7'9  ) 
siècle  dernier,   notamment   par   le   professeur  J.  Winthrop   et  l'historien 
W.  Robertson  ,  auprès  du  chevalier  Blondeau  de  Charnage,  pour  obtenir  la 
rétrocession  des  papiers  concernant  Newton  qu'il  avait  acquis  de  la  famille 
de  Desmaizeaux ,  après  la  mort  de  celui-ci. 

»  Sir  David  a  bien  voulu  accueillir  le  vœu  que  je  prenais  la  liberté  de 
lui  adresser.  Je  lui  en  exprime  ici  ma  très-vive  et  sincère  gratitude.  Quoi- 
qu'il n'ait  pas  encore  obtenu  tous  les  renseignements  qu'il  a  sollicités,  sa 
Lettre  néanmoins  me  cause  une  grande  satisfaction,  parce  qu'elle  m'ap- 
prend que  parmi  les  papiers  de  la  collection  de  Desmaizeaux  cpie  pos- 
sède le  Brilish  Muséum,  se  trouvent  des  Lettres  et  copies  de  la  main  de 
Desmaizeaux ,  et  des  Lettres  de  Leibnilz  relatives  à  sa  controverse  avec 
Newton. 

«  Comme  je  possède  d'assez  nombreuses  Lettres  de  Desmaizeaux,  dont 
une  partie  se  rapporte  à  la  question  de  Pascal  et  Newton,  et  des  Lettres 
de  Leibnitz  relatives  à  sa  controverse  avec  Newton,  la  comparaison  de 
ces  deux  séries  de  Lettres  avec  celles  du  Brilish  Muséum  ne  permettra  plus 
de  dire  :  «  Tout  cela  est  faux.    » 

»  Je  dois  ajouter  qu'en  parlant  des  papiers  cédés  au  chevalier  Blon- 
deau de  Charnage,  je  n'ai  pas  entendu  dire  que  tous  les  documents  que  j'ai 
eu  à  citer  depuis  le  commencement  de  cette  polémique  provinssent  de 
cette  source  unique.  Les  notes  apposées  dans  le  siècle  dernier  sur  les 
liasses  cpie  j'ai  fait  connaître  dans  notre  dernière  séance  indiquent  des 
provenances  très-diverses;  par  exemple,  de  Dreux  du  Radier,  de  M.  de 
Marigny,  de  Mmc  Perrier,  de  l'abbaye  de  Port-Royal,  du  P.  Mersenne,  de 
Michalet,  libraire  de  Labruyère,  etc.  Les  Lettres  de  Louis  XIV  et  celles  du 
Roi  Jacques  sont  dans  le  même  cas. 

»  L'Académie  se  rappelle  que  plusieurs  de  nos  confrères,  MM.  Balard  et 
Regnauit  notamment,  s'étaient  proposé  de  soumettre  les  Lettres  de  Pascal  à 
plusieurs  expériences  chimiques  et  photographiques.  Leur  absence  de  l'Aca- 
démie s'étant  prolongée,  j'ai  prié  un  photographe  fort  instruit  et  exercé, 
M.  A.  Muriel,  de  faire  à  ce  sujet  toutes  les  expériences  cpie  comporte  son 
art.  Il  les  a  laites  sur  quatre  Lettres  qu'il  a  choisies,  et  dont  je  mets  sous  les 
yeux  de  l'Académie  douze  reproductions  dues  à  des  temps  de  pose  diffé- 
rents. M.  Muriel  conclut  cpie  les  taches  mises  en  évidence  ont  été  faites  par 
métallisaiion  dans  l'intérieur  du  papier;  qu'elles  sont  anciennes,  ainsi 
que  les  teintes  que  la  photographie  a  rendues  visibles;  que  les  papiers 
n'ont  point  servi  à  un  usage  antérieur  et  n'ont  point  été  lavés.  Il  motive  ces 
conclusions  en  termes  techniques  que  je  ne  rapporte  pas  ;  mais  je  désire  que 

94- 


(  72°  ) 
nos  confrères  compétents  veuillent  bien  soumettre  ce  travail  à  leur  examen 
et  à  leur  jugement.  •> 

ÉLECTRO- CHIMIK.  —  Troisième  Mémoire  sui  les  actions  électro-capillaires 
produites  dans  les  corps  inorganisés  et  les  corps  organisés;  par  M.  Becquerel. 
(Extrait.) 

«  Les  actions  chimiques  produites  par  des  effets  électro-capillaires,  et 
dont  j'ai  déjà  eu  l'honneur  d'entretenir  l'Académie  dans  les  séances  du 
1 3  juin  et  du  8  juillet  derniers,  dépendent  de  trois  causes  : 

»  i°  De  l'attraction  moléculaire  exercée,  sur  les  parois  d'espaces  capil- 
laires placés  entre  deux  liquides  différents,  par  ces  mêmes  liquides; 

»  2°  De  l'électricité  dégagée  au  contact  de  ces  liquides  clans  les  espaces 
capillaires  ; 

»  3°  De  la  conductibilité  électrique  de  ces  parois  recouvertes  d'une 
couche  liquide,  laquelle  est  analogue  à  celle  des  corps  solides,  à  l'intensité 
près. 

«  L'attraction  moléculaire  est  considérée,  ici,  comme  on  le  fait  ordinai- 
rement en  physique,  dans  la  théorie  des  phénomènes  capillaires,  abstraction 
faite  par  conséquent  de  toute  idée  d'affinité  élective,  de  la  part  des  solides, 
pour  quelques-unes  des  substances  tenues  en  dissolution  dans  les  liquides; 
affinités  que  notre  confrère  M.  Chevreul  a  parfaitement  définies  dans  son 
Mémoire  sur  les  phénomènes  d'affinités  capillaires,  communiqué  à  l'Aca- 
démie dans  la  séance  du  g  juillet  1866,  lesquels  peuvent  exercer  quelque- 
fois une  influence  sur  les  phénomènes  électro-capillaires. 

»  L'affinité  capillaire,  suivant  cet  illustre  chimiste,  est  celle  qui  est 
exercée  par  un  corps  solide,  liquide  ou  gazeux,  sans  que  sa  forme  soit  sen- 
siblement changée. 

»  Parmi  les  nombreux  exemples  d'effets  produits  par  ce  genre  d'affi- 
nités, je  me  borne  à  citer  ceux  relatifs  à  la  teinture,  parce  qu'ils  sont  carac- 
téristiques. 

»  Lorsqu'on  plonge  le  coton,  la  laine  et  la  soie,  convenablement  pré- 
parés, dans  certains  bains  de  teinture,  non-seulement  ces  corps  s'appro- 
prient la  matière  colorante,  mais  encore  ils  le  font  en  quantités  différentes, 
comme  on  en  juge  à  la  vue.  Il  y  a  donc,  dans  ces  phénomènes,  indépen- 
damment de  l'attraction  moléculaire,  une  affinité  élective. 

»  Or,  dans  les  appareils  électro-capillaires,  si  l'on  employait  des  liquides 
capables  de  produire  de  semblables  effets,  c'est-à-dire  des  dépôts  de  sub- 
stances diverses,  en  couches  infiniment  minces,  sur  les  parois  des  espaces 


(  7--»  ) 
capillaires,  les  phénomènes  décrits  dans  mes  précédents  Mémoires  pour- 
raient être  plus  ou  moins  modifiés,  attendu  que  la  conductibilité  électrique 
des  parois  recouvertes  d'une  couche  liquide  le  serait  également.  C'est  ce 
que  j'ai  eu  effectivement  l'occasion  de  remarquer,  quand  les  espaces  ca- 
pillaires sont  obstrués  par  des  précipités  résultant  de  la  réaction  des  deux 
liquides  l'un  sur  l'autre. 

«  Il  peut  se  faire  néanmoins  que  les  affinités  capillaires  exercent  aussi 
leur  action  dans  les  appareils  électro-capillaires;  mais  les  causes  principales 
des  effets  produits  sont  bien  celles  que  j'ai  indiquées  au  commencement  de 
ce  Mémoire. 

»  Telles  sont  les  considérations  générales  que  j'ai  cru  devoir  présenter 
avant  d'exposer  mes  nouvelles  recherches  sur  les  phénomènes  chimiques 
produits  dans  les  appareils  électro-capillaires.  Le  Mémoire  dans  lequel  elles 
sont  exposées  est  divisé  en  deux  chapitres  :  le  premier  traite  des  effets 
électro-chimiques  dus  à  des  actions  électro-capillaires  dans  les  corps  inor- 
ganisés, le  second  dans  les  corps  organisés. 

Chapitre  I.   —  Des  effets  électro-chimiques  clans  les  corps  inorganisés. 

»  §  T.  Des  couples  simples  formés  de  deux  dissolutions  et  d'un  corps  non 
oxydable  conducteur  de  l'électricité.  —  Ces  couples  ne  se  rattachent  pas  di- 
rectement à  la  question  des  appareils  électro-capillaires;  cependant  ils  ont 
un  côté  de  commun,  les  effets  électro-chimiques  produits  avec  un  courant 
résultant  de  la  réaction  de  deux  dissolutions  l'une  sur  l'autre,  avec  le 
concours  d'un  corps  conducteur  non  oxydable. 

»   Ces  couples  sont  disposés  comme  il  suit  : 

«  On  prend  un  tube  de  5  à  6  millimètres  de  diamètre  cjue  l'on  ferme  par 
un  bout  avec  un  tampon  de  papier  à  filtrer  mouillé,  de  manière  à  ne  pas 
laisser  passer  la  dissolution  métallique  qu'on  y  met,  de  nitrate  de  cuivre 
par  exemple;  un  fil  de  platine  appliqué  sur  la  paroi  du  tube  traverse  le 
tampon  et  le  dépasse  des  deux  côtés  de  quelques  centimètres;  on  voit  ainsi 
le  fil  dans  toute  sa  longueur.  On  plonge  ensuite  le  bout  tamponné  dans  une 
dissolution  de  monosulfure  ou  de  persulfure  de  sodium  marquant  io  de- 
grés à  l'aréomètre.  On  voit  apparaître  immédiatement  sur  le  bout  du  fil  de 
platine  qui  est  en  contact  avec  la  paroi  du  tube  un  dépôt  de  cuivre  métal- 
lique qui  augmente  peu  à  peu,  surtout  dans  la  partie  la  plus  rapprochée  de 
la  surface  de  contact  des  deux  dissolutions,  dans  le  tampon  de  papier,  et 
où  a  lieu  le  dégagement  d'électricité,  cause  de  la  réduction;  tout  le  fil  se 
recouvre  ensuite  de  cuivre.   On  prouve  que  ce  couple  agit  très-rapidement 


(  722  > 
en  préparant  plusieurs  couples  semblables  et  réunissant  le  bout  posilif  de 
l'un  avec  le  bout  négatif  de  l'autre,  de  manière  à  former  une  pile;  quand 
on  réunit  les  deux  bouts  du  fil  avec  les  deux  extrémités  d'un  galvanomètre, 
le  circuit  devient  métallique,  et  on  n'a  aucun  effet  sensible  sur  l'aiguille; 
on  ne  pourrait  observer  effectivement  qu'un  courant  dérivé  qui,  dans  ces 
conditions,  est  trop  faible  pour  être  observé,  la  recomposition  ayant  lieu 
dans  l'uitérieur  de  chaque  couple. 

»  Les  nitrates  d'argent,  de  nickel,  de  cobalt,  et  la  plupart  des  dissolu- 
tions métalliques  sont  également  décomposées  dans  le  même  appareil,  avec 
réduction  des  métaux.  Les  effets  sont  les  mêmes,  mais  plus  intenses,  en 
substituant  au  fil  de  platine  un  fil  de  cuivre.  Dans  ce  cas,  il  y  a  deux  cou- 
rants au  lieu  d'un  seul  qu'on  obtient  avec  le  fil  de  platine;  l'un  est  dû  à 
l'oxydation  du  cuivre,  l'autre  à  la  réaction  des  deux  dissolutions  l'une  sur 
l'autre. 

»  Avec  des  couples  de  ce  genre,  on  peut  déposer  sur  des  corps  conduc- 
teurs, de  nature  quelconque,  dans  l'intérieur  de  chaque  couple,  des  couches 
épaisses  et  adhérentes  de  différents  métaux. 

»  §  IL  Perfectionnements  apportés  à  la  préparation  des  appareils  électro- 
capillaires. —  Lorsqu'on  opère  avec  des  tubes  de  verre  fêlés,  décrits  dans 
mes  Mémoires  antérieurs,  dont  la  fente  est  tellement  étroite  que  les  deux 
dissolutions,  celles  de  monosulfure  de  sodium  et  de  nitrate  de  cuivre,  ou 
toute  autre  dissolution  métallique,  ne  peuvent  se  mêler  immédiatement,  on 
obtient  les  effets  de  réduction  décrits  dans  ces  Mémoires;  mais  si  la  fente 
est  encore  plus  étroite,  on  arrive  à  un  degré  tel  qu'il  n'y  a  plus  de  réduc- 
tion, mais  bien  production  d'un  courant,  comme  dans  le  cas  où  les  deux 
dissolutions  réagissent  l'une  sur  l'autre,  courant  dont  il  sera  question 
dans  le  paragraphe  suivant. 

><  Mais  lorsque  la  fissure  est  telle,  que  la  réduction  métallique  a  lieu  ainsi 
que  d'autres  réactions  chimiques,  et  qu'il  se  produit  en  même  temps  un  mé- 
lange des  deux  dissolutions  qui  apporte  une  perturbation  dans  la  marche  des 
phénomènes,  on  rend  les  actions  plus  lentes,  en  même  temps  qu'on  les  ré- 
gularise, en  remplissant  le  tube  fêlé  de  sable  très-fin  ou  d'argile  pure,  telle 
que  le  kaolin;  on  voit  alors  tout  ce  qui  se  passe  sur  la  paroi  du  tube,  rela- 
tivement aux  effets  de  réduction;  dans  ce  cas,  les  dissolutions,  avant  de 
réagir  l'une  sur  l'autre,  pour  dégager  l'électricité  qui  est  nécessaire  à  la  for- 
mation du  courant,  ont  deux  actions  capillaires  à  vaincre;  l'une  est  celle 
des  parois  de  la  fissure  pour  la  dissolution  de  monosulfure,  l'autre  l'attrac- 
tion des  grains  de  sable  pour  la  dissolution  métallique. 


(  7*3  ) 

»  Le  courant  électrique,  produit  dans  les  conditions  que  l'on  vient  d'in- 
diquer, donne  lieu  nécessairement  à  différents  produits  résultant  de  l'oxy- 
dation des  deux  éléments  du  monosulfure,  tels  que  du  nitrate  de  sonde, 
de  l'hyposiilfite  de  soude  et  du  sulfure  noir  de  cuivre  qui  reste  adhérent 
à  la  paroi  extérieure  du  tube.  Quanta  la  paroi  intérieure,  elle  se  recouvre 
de  cuivre  ou  de  tout  autre  métal  réduit,  qui  se  sulfure  dans  le  voisinage 
de  la  fissure,  quand  celle-ci,  s'élargissant,  donne  passage  à  la  dissolution 
de  monosulfure. 

»  Il  arrive  quelquefois,  comme  la  dissolution  de  nitrate  de  cobalt  en  est 
un  exemple,  qu'il  se  forme,  avant  la  réduction,  un  sous-sel  ou  un  oxyde  qui 
est  ramené  ensuite  à  l'état  métallique  par  l'action  électro-capillaire. 

»  Ce  mode  d'expérimentation  permet  d'obtenir  d'autres  effets  que  des 
réductions;  ainsi  on  parvient  à  obtenir,  cristallisés  ou  à  l'état  cristallin,  le 
sulfate  de  plomb,  le  silicate  de  zinc,  etc.,  etc.  On  peut  imiter  ainsi  les  di- 
verses productions  qui  se  forment  dans  les  interstices  des  roches,  par  des 
infiltrations  excessivement  lentes  de  dissolutions  qui  réagissent  sur  les  élé- 
ments de  ces  roches,  quand  elles  peuvent  céder  quelques-unes  de  leurs  par- 
ties constituantes.  Il  peut  se  faire  que,  dans  certains  cas,  les  affinités  capil- 
laires ne  jouent  pas  le  principal  rôle;  en  effet  :  lorsqu'un  corps  fêlé  se  trouve 
entre  deux  dissolutions  ayant  une  forte  affinité  l'une  pour  l'autre,  il  peut 
arriver  que  la  réaction  produise  immédiatement  des  composés  insolubles 
qui  cristallisent;  dans  ce  cas,  les  effets  sont  dus  à  des  infiltrations  très- 
lentes,  et  rentrent  dans  la  théorie  que  M.  Chevreul  a  donnée  de  la  produc- 
tion de  cristaux  d'oxalate  de  chaux  dans  les  végétaux  (Mémoire  sur  les 
phénomènes  d'affinités  capillaires,  Comptes  rendus  des  séances  de  l'Académie 
desScieîices,  9  juillet  1866). 

»  §  III.  Des  courants  électriques  produits  dans  les  fissures  des  vases  fêlés,  sans 
l'intervention  apparente  dune  action  chimique.  —  Dans  toutes  les  expériences 
que  j'ai  faites  jusqu'ici  sur  les  propriétés  électro-chimiques  des  espaces  ca- 
pillaires placés  entre  deux  dissolutions,  il  en  est  toujours  résulté  des  effets 
de  réduction  métallique  ou  autres;  mais  il  arrive  des  cas,  comme  on  l'a  dit 
précédemment,  où  la  petitesse  de  la  fêlure  est  telle,  qu'il  ne  se  produit 
aucun  effet  chimique  apparent,  bien  qu'il  y  ait  des  effets  électriques 
de  produits.  C'est  là  un  fait  important  sur  lequel  j'appelle  l'attention  de 
l'Académie. 

»  Supposons  qu'on  ait  préparé  un  petit  bocal  fêlé  dans  des  conditions 
semblahles,  et  que,  l'ayant  rempli  de  nitrate  de  baryte,  on  le  plonge  dans 
un  autre  contenant  de  l'acide  sulfurique  étendu  ;  il  ne  se  forme  pas  de  sul- 


(  7^4  ) 
fate  de  baryte  dans  la  fêlure  ni  sur  les  bords,  et  néanmoins  on  obtient  un 
courant  électrique  en  plongeant  clans  chaque  liquide  une  lame  de  platine 
en  communication  avec  un  galvanomètre;  le  sens  du  courant  est  le  même 
que  s'il  y  avait  eu  réaction  chimique  entre  les  deux  dissolutions.  On  a  ob- 
tenu  des  effets  semhlahles  avec  les  dissolutions  suivantes  : 

»  i°  Une  dissolution  de  cyanoferrure  potassique  et  une  dissolution  de 
proto  ou  de  persulfate  de  fer; 

«  9.°  Une  dissolution  de  chromate  de  potasse  et  une  autre  de  nitrate  de 
plomb,  etc.,  etc. 

»  S'il  y  avait  eu  réaction  chimique  entre  les  dissolutions  de  chaque 
groupe,  on  s'en  serait  aperçu  au  précipité  et  à  sa  couleur;  or,  comme  la 
réaction  n'a  pas  lieu  en  apparence,  il  faut  en  conclure  que  l'action  chimique 
qui  a  produit  le  courant  n'est  pas  appréciable. 

»  Il  ne  faut  pas  croire  cependant  que  les  vases  fêlés  qui  ont  servi  aux  ex- 
périences précédentes  ne  soient  pas  aptes  à  laisser  réagir  certaines  disso- 
lutions les  unes  sur  les  autres;  en  effet,  on  applique  sur  la  surface  extérieure 
du  vase  fêlé,  sur  la  fêlure  même,  une  bande  de  papier  tournesol  que  l'on 
fixe  au  moyen  d'un  fil  enroulé  autour  du  vase,  et  que  l'on  remplit  d'acide 
nitrique,  puis  on  plonge  ce  vase  dans  un  autre  contenant  de  l'eau  conduc- 
trice par  l'addition  d'un  sel;  le  papier  lournesol  ne  tarde  pas  à  virer  au 
rouge,  ce  qui  annonce  que  l'acide  nitrique  a  traversé  la  fissure  très-lente- 
ment à  la  vérité. 

»  On  reconnaît  en  outre,  avec  les  lames  de  platine,  la  production  d'ef- 
fets électriques;  pendant  la  réaction  de  l'acide  nitrique  sur  la  dissolution, 
l'acide  dégage  de  l'électricité  positive,  l'eau  de  l'électricité  négative. 

»  Il  est  prouvé  par  là  que  la  fêlure  qui  n'a  pas  livré  passage  à  la  disso- 
lution du  cyanoferrure  potassique  et  à  celle  du  sulfate  de  fer,  ou  la  disso- 
lution de  chromate  de  potasse  et  celle  de  nitrate  de  plomb,  a  laissé  filtrer 
l'acide  nitrique.  11  s'est  produit  là  un  effet  semblable  à  celui  que  présentent 
les  gaz  qui  ne  jouissent  pas  tous  au  même  degré  de  la  propriété  de  tra- 
verser les  fissures. 

»  On  a  essayé  de  démontrer  dans  le  Mémoire  que  la  production  du  cou- 
rant sans  action  chimique  apparente  pouvait  provenir  d'une  réaction  chi- 
mique excessivement  lente,  dont  les  effets  ne  seraient  sensibles  qu'au  bout 
d'un  certain  laps  de  temps. 

»  Quelle  tine  soit  l'explication  que  l'on  donne  du  phénomène,  le  fait  en 
lui-même  a  une  certaine  importance.  Tous  les  effets  dont  il  est  question  va- 
riant avec  les  dimensions  de  la  fissure,  on  a  senti  la  nécessité  de  les  mesurer 


(    7^5    ) 

avec  exactitude  pour  indiquer  la  largeur  nécessaire  à  la  production  de  tel 
ou  tel  effet.  C'est  ce  dont  on  s'occupera  dans  un  prochain  Mémoire. 

»  §  IV.  Des  effets  électro-chimiques  produits  dans  les  fissures  des  corps  par 
des  courants  provenant  d'appareils  indépendants.  —  On  a  vu  précédemment 
que  dans  les  appareils  composés  d'un  vase  contenant  une  dissolution  dans 
laquelle  plongeait  un  tube  ou  vase  fêlé  contenant  une  autre  dissolution 
ayant  une  forte  affinité,  la  fêlure  pouvait  être  tellement  étroite  que  la  réac- 
tion chimique  n'était  pas  appréciable,  et  cependant  il  passait  un  courant 
résultant  de  cette  réaction;  on  pouvait  inférer  delà  qu'on  devait  pouvoir 
transmettre  au  travers  des  deux  dissolutions  et  de  la  fêlure,  au  moyen  de 
deux  lames  de  platine,  un  courant  provenant,  d'une  pile  composée  de  plu- 
sieurs couples  :  l'expérience  a  confirmé  cette  conjecture. 

»  Ayant  démontré,  d'un  autre  côté,  que  les  espaces  capillaires  placés 
entre  deux  liquides,  du  moins  leurs  parois  humides,  se  comportaient  comme 
des  conducteurs  solides,  mais  étaient  cependant  beaucoup  moins  bons  con- 
ducteurs que  les  corps  métalliques,  on  pouvait  admettre  que,  dans  les 
décompositions  chimiques,  ces  mêmes  parois  devaient  agir  comme  des  con- 
ducteurs intermédiaires  placés  entre  des  électrodes  servant  à  transmettre 
un  courant,  lesquels  conducteurs  se  polarisent  et  deviennent  le  lieu  d'une 
décomposition  électro-chimique  :  l'expérience  a  confirmé  cette  conjecture, 
mais  il  faut  pour  cela  que  les  fissures  aient  une  largeur  déterminée. 

«   Cette  propriété  des  fissures  est  importante  à  noter. 

»  On  sait  aujourd'hui,  d'après  les  expériences  faites  par  divers  physi- 
ciens, et  notamment  par  M.  Matteucci,  au  moyen  des  conducteurs  aériens 
des  lignes  télégraphiques  d'une  station  à  une  autre,  qu'il  circule  continuel- 
lement dans  la  terre  des  courants  électriques  qui  troublent  le  service  des  dé- 
pèches transmises  par  le  télégraphe  électrique.  Ces  courants  doivent  se  rami- 
fier dans  toutes  sortes  de  directions  où  se  trouvent  des  liquides  et  des  roches 
fissurées  en  contact  avec  ces  liquides;  il  doit  se  produire  alors  une  infinité 
de  couples  semblables  à  ceux  dont  on  vient  de  parler. 

»  Il  existe  en  outre,  dans  le  sol,  des  racines,  des  plantes  décomposées 
qui  produisent  également  des  courants  dérivées  donnant  lieu  à  des  effets 
électro-chimiques. 

Chapitre  II.  —  Des  coulants  électro-capillaires  dans  les  végétaux,  et  des  effets  d'oxydation 

et  de  réduction  tjui  ont  lieu  sur  les  deux  surfaces. 

»  §  I.  Considérations  générales  sur  l'intervention  des  forces  phrsico-chi- 
miques  dans  les  phénomènes  de  la  vie.  —  Rechercher  la  part  des  forces  phy- 

C.  R.,  1867,  Ie  Semestre.  (T.  LXV,  N°  19.)  g5 


(  7*6  ) 
sico-chimiques  clans  les  phénomènes  de  la  vie  est  une  question  tellement 
complexe,  qu'on  ne  saurait  s'entourer  de  trop  de  documents,  pour  entre- 
voir seulement  le  rôle  qu'elles  peuvent  jouer.  Ces  forces  étant  sans  cesse 
modifiées  par  celles  dites  de  tissu,  il  faut  commencer  par  se  rendre  compte, 
d'une  manière  générale,  du  mode  d'organisation  de  ces  tissus,  de  leurs  rap- 
ports mutuels,  d'abord  dans  les  végétaux,  dont  l'organisation  étant  plus 
simple  que  celle  des  animaux,  présente  par  conséquent  moins  de  diffi- 
cultés dans  l'étude  de  la  question.  Le  principe  précédemment  exposé  est 
celui  qui  va  encore  être  invoqué. 

»  Lorsque  deux  dissolutions  ou  liquides  différents  sont  séparés  par  des 
espaces  capillaires,  tels  que  membranes,  tissus,  etc.,  il  en  résulte  des  effets 
électro-chimiques  qui  dépendent  de  l'étendue  de  ces  espaces  et  de  la  nature 
des  liquides,  effets  qui  continuent  sans  interruption,  tant  que  les  espaces 
capillaires  n'éprouvent  aucun  changement  et  que  les  liquides  sont  sans 
cesse  renouvelés  par  la  circulation  de  la  sève.  La  vie  vient-elle  à  cesser,  les 
tissus  se  relâchent,  l'imbibition  commence,  le  mélange  des  liquides  s'effectue 
et  la  décomposition  finit  par  être  complète. 

»  La  question  n'est  pas  encore  assez  avancée  pour  essayer  de  reproduire, 
à  l'aide  de  ce  principe,  quelques-uns  des  composés  les  plus  simples  qui  se 
forment  dans  l'acte  de  la  végétation  ;  on  s'est  borné  à  indiquer  les  faces  des 
tissus  sur  lesquelles  s'opèrent  des  oxydations  et  des  réductions. 

»  Le  corps  ligneux  se  compose  d'un  nombre  considérable  de  cônes  em- 
boîtés l'un  dans  l'autre,  et  qui,  coupés  transversalement,  offrent  autant  de 
couches  concentriques.  D'après  les  observations  de  Dutrochet,  chacune 
des  couches  est  formée  de  deux  parties  principales  :  i°  d'une  zone  de  tissu 
arrondi,  situé  du  côté  intérieur;  2°  d'une  zone  de  fibres  ou  de  faisceaux,  et 
de  cellules  allongées  situées  du  côté  extérieur. 

»  La  couche  la  plus  intérieure  ou  la  plus  ancienne  constitue  la  moelle; 
une  zone  de  moelle  sépare  donc  deux  zones  de  fibres  de  deux  années  suc- 
cessives. 

»  Les  couches  ligneuses  qui  se  trouvent  entre  la  moelle  centrale  et  l'é- 
corce  constituent  le  bois  proprement  dit. 

»  Le  système  cortical  a  la  même  organisation  que  la  partie  centrale  du  bois, 
si  ce  n'est  qu'elle  est  en  sens  inverse;  il  est  formé  effectivement  de  couclies 
ayant  chacune  une  zone  fibreuse  à  l'intérieur,  et  une  zone  cellulaire  à  l'ex- 
térieur. En  un  mot,  dans  le  corps  de  l'arbre,  la  moelle  est  au  centre,  et  dans 
l'écorce,  le  parenchyme,  qui  est  formé  également  de  tissu  cellulaire,  occupe 
la  partie  extérieure   C'est  là  le  point  essentiel  pour  mes  recherches,  n'ayant 


(  727  ) 
nullement  l'intention  d'entrer  dans  l'examen   très-compliqué  de   l'organi- 
sation de  l'écorce  et  du  ligneux. 

»  A  cette  inversion  dans  l'organisation  correspondent  des  effets  électri- 
ques inverses,  comme  je  l'ai  déjà  fait  voir. 

»  Les  principaux  résultats  obtenus  anciennement  par  moi  ont  été  vérifiés, 
étendus,  discutés,  sous  le  point  de  vue  des  effets  électro-capillaires;  on  a 
opéré  comme  il  suit  :  on  prend  une  coupe  transversale  faite  sur  une  tige  d'un 
jeune  peuplier,  de  chêne  ou  d'érable  en  pleine  sève;  on  introduit  deux 
aiguilles  de  platine  non  polarisées,  et  en  rapport  avec  un  galvanomètre 
très-sensible,  l'une  dans  la  moelle  centrale,  l'autre  dans  l'une  des  enveloppes 
on  couches  ligneuses;  il  se  manifeste  aussitôt  un  courant  électrique,  dont 
la  direction  indique  que  la  moelle  est  toujours  positive  relativement  aux 
autres  parties.  On  a  le  maximum  d'effet  quand  la  seconde  aiguille  est  pla- 
cée ensuite  entre  le  ligneux  et  l'écorce.  L'état  positif  des  couchesva  en  aug- 
mentant jusqu'à  la  moelle. 

»  En  expérimentant  sur  l'écorce  dont  on  a  enlevé  l'épiderme,  on  trouve 
de  même  que  le  parenchyme,  qui  est  analogue  à  la  moelle  et  qui  se  trouve 
à  l'extérieur,  est  positif  comme  cette  dernière  l'est  relativement  aux  autres 
parties. 

»  On  peut  donc  admettre  en  principe  que,  dans  les  végétaux,  le  tissu 
cellulaire  est  toujours  positif  dans  son  contact  avec  les  couches  contigués; 
de  là  les  conséquences  suivantes  : 

»  i°  Le  liquide  qui  humecte  la  moelle  et  en  général  le  tissu  cellulaire  est 
plus  oxygéné  que  celui  qui  se  trouve  dans  les  autres  parties  du  végétal. 

»  i"  D'après  les  observations  de  M.  Dutrochet,  une  zone  de  moelle  sépa- 
rant deux  zones  de  fibres  de  deux  années  consécutives  et  la  première  étant 
toujours  positive  à  l'égard  des  deux  autres,  il  en  résulte  que  les  deux  faces 
de  la  moelle  sont  les  pôles  négatifs,  et  les  faces  contigués  des  couches 
ligneuses  les  pôles  positifs  de  deux  couples  accolés  pour  ainsi  dire  l'un  à 
l'autre. 

»  D'après  les  principes  précédemment  exposés,  les  éléments  aqueux  du 
ligneux  tendent  sans  cesse  à  s'oxyder  aux  dépens  de  l'oxygène  ou  des  com- 
posées oxygénés  qui  arrivent  sur  la  face  qui  est  positive,  tandis  que  les 
éléments  du  tissu  cellulaire,  du  moins  du  liquide  qui  l'humecte,  tendent 
sans  cesse  à  se  désoxyder,  à  cause  des  principes  hydrogénés  qui  arrivent 
sur  leur  face  extérieure,  qui  se  comporte  comme  le  pôle  négatif  d'un 
couple. 

»   Les  feuilles  sont  les  principaux  organes  de  l'évaporation  aqueuse,  de 


95.. 


(  7*8  ) 
la  décomposition  des  gaz  et  des  sucs,  et  par  conséquent  de  la  nutrition;  leur 
squelette  est  formé  d'un  tissu  fibreux,  l'intervalle  des  nervures  des  diffé- 
rents ordres  est  rempli  de  tissu  cellulaire  qui  constitue  le  parenchyme. 
L'expérience  démontre  encore  que  le  tissu  cellulaire  est  positif  par  rapport 
aux  autres  parties.  On  indique  dans  le  Mémoire  un  procédé  très-simple  à 
l'aide  duquel  il  est  possible  de  se  rendre  compte  des  altérations  qu'éprouve 
la  sève  qui  remplit  le  parenchyme,  au  contact  de  l'air. 

»  L'expérience  démontre  que,  dans  la  réaction  de  la  sève  qui  a  été 
oxydée  à  l'air,  sur  celle  qui  se  trouve  dans  le  parenchyme  de  la  feuille,  la 
première  prend  l'électricité  négative,  la  seconde  l'électricité  positive, 
comme,  on  devait  s'y  attendre  ;  le  même  procédé  peut  servir  à  étudier  les 
altérations  rapides  que  peuvent  éprouver,  au  contact  de  l'air,  les  divers 
liquides  qui  se  trouvent  dans  les  végétaux.  Mais  si  l'on  veut  se  rendre 
compte  des  changements  que  la  sève  peut  éprouver  dans  son  parcours,  de- 
puis l'instant  où  elle  entre  par  les  spongioles  dans  les  racines,  il  faut  voir 
quels  sont  les  rapports  électriques  qui  existent  entre  le  liquide  qui  humecte 
le  sol  et  celui  qui  se  trouve  dans  les  racines. 

»  Les  racines  sont  terminées  par  des  spongioles  formées  d'un  tissu  cellu- 
laire très-serré  et  composé  de  cellules  arrondies  ou  ovales  et  qui  a  une 
grande  tendance  à  absorber  les  liquides  avec  lesquels  les  racines  sont  en 
contact.  Ces  dernières,  à  cause  de  leurs  spongioles,  se  trouvent  dans  les 
conditions  voulues  pour  que  le  phénomène  capillo-électrique  ait  lieu  avec 
une  certaine  intensité. 

»  De  nombreuses  expériences  faites  sur  divers  végétaux  prouvent  que  la 
terre  est  toujours  positive  par  rapport  aux  racines,  à  la  tige  et  aux  feuilles, 
c'est-à-dire  par  rapport  aux  liquides  qui  les  humectent  ou  qui  se  trouvent 
dans  leurs  tissus.  On  voit  par  là  que  l'eau  du  sol  et  les  substances  qu'elle 
tient  en  dissolution  sont  plus  oxygénées,  avant  d'entrer  dans  les  racines  par 
les  spongioles,  que  les  liquides  qui  s'y  trouvent  introduits  :  la  face  de  ces 
spongioles  en  contact  avec  la  terre  est  donc  le  pôle  négatif  du  couple  électro- 
capillaire, et  la  face  opposée,  du  côté  des  racines,  le  pôle  positif;  c'est  de  ce 
côté  où  s'opère  probablement  l'oxydation,  qui  serait  le  premier  degré  d'éla- 
boration de  la  sève. 

»  J'ai  étudié  ensuite  les  effets  électriques  dans  les  racines  tubéreuses, 
comme  la  pomme  de  terre,  la  carotte,  etc.,  etc.  On  trouve  également 
la  terre  positive  à  l'égard  des  parties  intérieures  du  tubercule,  et  dans 
leurs  tissus  intérieurs  les  mêmes  effets  électriques  que  dans  les  tiges  des 


végétaux. 


(  729  ) 

»  La  pomme  de  terre  paraît  avoir  une  organisation  régulière:  on  y  dis- 
tingue à  la  loupe  un  épidémie,  une  zone  cellulaire  analogue  à  l'écorce, 
quelques  vaisseaux  épars  représentant  le  ligneux,  une  masse  cellulaire 
formant  la  plus  grande  partie  du  tubercule  et  que  l'on  compare  à  la  moelle 
des  tiges;  on  y  distingue  enfin  plusieurs  couches  concentriques  dont  les  ru- 
diments seulement  sont  sensibles.  Chacune  de  ces  parties,  dans  leur  con- 
tact mutuel,  possédant  une  électricité  contraire,  leur  composition  chimique 
ne  doit  pas  être  la  même.  On  trouve  que  la  partie  extérieure  du  tubercule 
est  toujours  positive  à  l'égard  des  parties  intérieures. 

»  Ces  effets  sont  inverses  de  ceux  que  l'on  obtient  avec  des  tiges  de  végé- 
taux dicotylédones,  puisque  la  moelle  qui  est  au  centre  est  positive  par  rap- 
port aux  couches  ligneuses;  sous  le  rapport  électrique  elle  paraît  avoir  la 
même  organisation  que  l'écorce. 

»  Les  cellules  qui  contiennent  les  grains  de  fécule  participent  à  cet  état 
électrique,  du  moins  les  liquides  qui  s'y  trouvent.  Celles  qui  sont  les  plus 
rapprochées  du  centre  sont  les  moins  positives;  ainsi,  de  deux  cellules con- 
tigués,  celle  qui  est  la  plus  rapprochée  du  centre  est  négative  par  rapport 
à  l'autre;  la  surface  intérieure  de  la  cellule  la  plus  près  du  centre  est  le  pôle 
positif,  et  l'autre  le  pôle  négatif.  Les  produits  oxydés  sembleraient  donc 
augmenter  en  s'éloignant  de  la  surface. 

»  Tels  sont  les  effets  d'oxydation  et  de  réduction  observés  jusqu'ici  dans 
l'intérieur  des  végétaux,  sous  l'influence  des  actions  électro-capillaires.  Ces 
effets  sont  autant  de  points  de  repère  auxquels  devront  se  rattacher  les 
expériences  faites  dans  le  but  d'étudier  la  formation  de  divers  composés 
dans  les  tissus  des  végétaux  sous  l'influence  de  ces  actions.   » 

CHIMIE  AGRICOLK.   —  Sur  la  répartition  de  la  potasse  et  de  la  soude  dans  les 
végétaux  ;  pur  M.  Eue.  Pemgot. 

«  Les  plantes  empruntent  au  sol  diverses  matières  minérales  et  y  laissent 
d'autres  substances  qui,  bien  qu'aussi  abondantes,  échappent  à  la  faculté 
d'assimilation  des  végétaux.  La  restitution  à  la  terre,  cpii  les  a  fournies,  des 
matières  qui  concourent  au  développement  des  plantes  est  aujourd'hui  le 
but  des  efforts  de  tons  les  agriculteurs. 

»  La  science  moderne  nous  a  conduit  à  placer  ces  matières  au  nombre 
des  principes  nutritifs  des  végétaux.  Guidé  par  l'analyse  du  résidu  laissé  par 
leur  incinération,  Th.  de  Saussure  a  établi  le  premier  qu'il  existe  dans  le 
sol  fertile  un  certain  nombre  de  produits  minéraux  qui,  de  même  que  les 


(  73o) 
éléments  organiques,   le  carbone,   l'hydrogène,  l'oxygène  et  l'azote,  sont 
nécessaires  à  l'existence  de  tout  le  règne  végétal.  Ces  produits  ne  se  trouvent 
pas  accidentellement  et  comme  par  hasard  dans  les  différentes  parties  des 
plantes,  ainsi  qu'on  l'admettait  avant  lui. 

»  La  justesse  des  ces  vues  a  été  confirmée  par  les  travaux  très-nombreux, 
bien  qu'encore  incomplets,  qui  ont  été  faits  dans  cette  voie  depuis  un  demi- 
siècle;  l'analyse  des  cendres  fournies  par  les  végétaux  est  devenue  l'une  des 
branches  les  plus  importantes  de  la  chimie  agricole. 

»  Au  nombre  de  ces  principes  minéraux  se  trouvent  les  alcalis,  la  po- 
tasse et  la  soude.  On  admet  que  ces  deux  bases  existent  l'une  et  l'autre  dans 
les  plantes  sous  forme  de  sels  à  acides  minéraux  ou  organiques;  elles  s'y 
trouvent  inégalement  réparties,  la  potasse  étant  presque  toujours  plus 
abondante  que  la  soude.  Comme  ces  deux  corps  agissent  parallèlement 
dans  un  grand  nombre  de  phénomènes  chimiques  dans  lesquels  la  potasse 
peut  remplacer  la  soude  et  celle-ci  la  potasse,  on  a  élé  conduit  à  ne  pas 
les  séparer  dans  le  rôle  qu'on  leur  attribue  pour  le  développement  des 
végétaux. 

»  Cette  opinion  est-elle  fondée?  Repose-t-elle  sur  des  faits  bien  observés? 
Les  deux  alcalis  peuvent-ils  se  remplacer  mutuellement  dans  les  phéno- 
mènes agricoles  comme  dans  la  plupart  des  phénomènes  chimiques?  Ont- 
ils  la  même  efficacité,  la  même  valeur  dans  le  sol  et  dans  les  engrais?  Je  me 
suis  proposé  de  répondre  à  ces  questions,  dont  l'importance  n'échappera  à 
personne,  en  soumettant  à  une  étude  attentive  la  répartition  de  la  potasse 
et  de  la  soude  dans  un  grand  nombre  de  plantes  et  dans  les  différentes  par- 
lies  d'une  même  plante. 

»  En  ce  qui  concerne  la  potasse,  cette  recherche  ne  pouvait  conduire  à 
aucun  résultat  nouveau.  Le  nom  d'alcali  végétal,  que  les  anciens  chimistes 
avaient  assigné  à  ce  corps,  donne  une  idée  précise  de  son  origine  indus- 
trielle et  se  trouve  justifié  par  sa  présence  dans  les  diverses  parties  de  tous 
les  végétaux.  Abondante  dans  les  racines,  on  retrouve  la  potasse  en  propor- 
tion relativement  plus  grande  à  l'autre  extrémité  de  l'échelle  végétale,  dans 
les  graines.  Des  éléments  minéraux  qui.  avec  elle,  concourent  le  plus  effi- 
cacement à  la  vie  des  plantes,  l'acide  phosphorique,  la  magnésie  et  la  chaux, 
c'est  celui  qu'on  trouve  dans  la  proportion  la  moins  variable  dans  leurs 
différentes  parties. 

«  Il  en  est  tout  autrement  de  la  soude.  On  admet  généralement  la  pré- 
sence de  cette  base  dans  les  racines  auxquelles  on  attribue  la  faculté  d'em- 
prunter au  sol  la  plupart  des  éléments  solubles  qu'il  renferme.  Plusieurs 


(  73'  ) 
plantes,  qui  se  plaisent  particulièrement  dans  les  terrains  salés,  fournissaient 
autrefois  à  l'industrie  toute  la  soucie  qu'elle  consommait.  Mais  en  ce  qui 
concerne,  l'ensemble  delà  production  végétale,  les  analyses  de  cendres  exé- 
cutées depuis  une  trentaine  d'années,  si  nombreuses  qu'elles  soient,  laissent 
indécises  les  questions  que  je  viens  d'énoncer. 

»  En  effet,  si  l'on  consulte  les  analyses  de  cendres  végétales  exécutées, 
pour  la  plupart,  par  les  chimistes  allemands  qui  ont  cherché  à  établir  les 
relations  qui  peuvent  exister  entre  le  sol,  les  engrais  et  la  nature  des  prin- 
cipes minéraux  absorbés  par  les  plantes,  il  semble  que  toutes  les  parties 
des  végétaux  fournissent  des  cendres  plus  ou  moins  riches  en  soude.  Ainsi, 
sans  parler  des  racines,  diverses  espèces  de  bois,  notamment  le  hêtre,  le 
pin  sylvestre,  le  mélèze;  les  tiges  des  pois,  du  colza,  du  lin,  du  froment; 
la  canne  à  sucre;  les  feuilles  du  tabac,  du  trèfle,  du  noyer,  du  houblon; 
les  graines  du  froment,  du  colza,  des  pois,  du  chèuevis,  du  lin,  de  la  ga- 
rance; les  pommes  de  terre,  etc.,  contiendraient,  d'après  les  recherches  de 
divers  auteurs  dont  il  n'est  pas  utile  de  rappeler  les  noms,  des  proportions 
notables  de  soude.  Mais  plusieurs  de  ces  résultats  sont  en  contradiction 
av_ec  ceux  qui  ont  été  obtenus  par  d'autres  chimistes.  Ainsi,  M.  Rammels- 
berg,  dans  un  travail  sur  la  distribution  fies  substances  inorganiques  dans 
les  différentes  parties  des  plantes,  n'a  pas  trouvé  de  soude  dans  les  graines 
des  pois  et  du  colza,  bien  qu'il  admette  l'existence  de  ce  corps  dans  les 
tiges  de  ces  plantes.  M.  Wolf  a  constaté  aussi  que  le  fruit  du  marronnier 
d'Inde  fournit  des  cendres  qui  ne  contiennent  d'autre  alcali  que  la  potasse. 
Enfin  plusieurs  chimistes,  et  parmi  les  plus  autorisés,  Berthier  et  M.  Bous- 
singault,  se  sont  abstenus  le  plus  souvent  d'effectuer  la  séparation  de  la 
potasse  d'avec  la  soude,  désignant  prudemment  sous  le  nom  d'alcalin  le 
résidu  qu'ils  dosaient  par  différence,  après  la  séparation  des  autres  sub- 
stances que  les  cendres  renfermaient. 

»  Ainsi  ces  appréciations  sont,  en  général,  basées  sur  des  données 
insuffisantes  et  incertaines;  elles  sont  presque  toujours  le  résultat  de 
dosages  indirects  dans  lesquels  la  soude  est  déterminée  par  différence. 
En  laissant  de  côté,  d'une  part  les  plantes  telles  que  la  salicorne  et  les 
diverses  variétés  de  salsola  qui,  depuis  un  temps  immémorial,  fournissent 
à  l'industrie  la  soude  dite  naturelle,  et,  d'autre  part,  la  betterave,  dont 
le  salin  renferme,  comme  on  sait,  une  très-notable  proportion  de  sels  de 
soude,  et  qui  appartient  d'ailleurs  à  la  même  famille  botanique,  aucune 
expérience  directe  n'a  été  faite,  à  ma  connaissance,  dans  le  but  d'éta- 
blir la  présence  de   cet  alcali  dans  les  cendres  des  végétaux.   La  plupart 


(  7^  ) 
des  chimistes  qui  se  sont  occupés  de  ces  questions  n'ont  pas  mis  en  doute 
que    ce   corps   dût    nécessairement  s'y    trouver   en    même    temps  que  la 
potasse;  on  ne  s'est  pas  assez  arrêté   à  l'idée  que  la  soude  pouvait  ne  pas 
se  rencontrer  dans  les  plantes,  bien  qu'elle  existe  dans  le  sol  et  dans  les 


engrais. 


»  On  sait  que  pour  doser  la  potasse  et  la  soude  des  cendres,  on  lait 
usage  d'un  procédé  d'analyse  par  différence  qui  consiste  à  peser  ces  deux 
corps  à  l'état  de  sulfates  et  à  séparer  sous  forme  de  sulfate  de  baryte 
l'acide  sulfurique  qu'ils  contiennent.  Ces  deux  éléments  permettent  de 
calculer,  au  moyen  d'une  formule  bien  connue,  le  poids  de  chacun  des 
alcalis. 

»  Or,  si  ce  mode  de  dosage  donne  des  résultats  exacts  quand  les  sulfates 
sont  bien  purs  et  bien  neutres,  il  n'en  est  pas  de  même  lorsque  ces  sels 
renferment  une  petite  quantité  de  magnésie  ou  de  chaux.  On  sait  que  la 
séparation  complète  de  la  magnésie  d'avec  la  potasse  et  la  soude  est  une 
opération  fort  difficile  :  l'emploi  de  l'acétate  ou  de  l'azotate  de  baryte  pour 
précipiter  l'acide  des  sulfates  alcalins  est  aussi  une  cause  d'erreur  bien 
connue.  Comme  l'équivalent  chimique  de  la  magnésie  est  relativement  très- 
faible,  et  comme  toute  quantité  d'acide  sulfurique  supérieure  à  celle  que 
doit  renfermer  le  sidfate  de  potasse  se  traduit ,  par  le  calcul ,  en  une  pro- 
portion souvent  imaginaire  de  sulfate  de  soude,  ces  causes  d'erreur 
amènent  dans  l'interprétation  des  résultats  une  grande  perturbation,  et 
conduisent  à  admettre  la  présence  de  la  soude  dans  un  résidu  consistant 
en  sulfate  de  potasse,  lorsqu'il  renferme  en  très-petite  quantité  soit  de 
l'acide  sulfurique,  soit  du  sulfate  de  magnésie. 

»  En  raison  de  ces  difficultés,  je  me  crois  autorisé  à  énoncer  cette  pro- 
position, que  dans  les  cendres  des  végétaux  on  a  très-souvent  déterminé  la 
proportion  d'un  corps  qui  n'y  existe  pas.  Aussi,  quoique  la  quantité  de 
soude  se  trouve  spécifiée  dans  un  grand  nombre  d'analyses,  on  ne  peut  en 
conclure,  dans  mon  opinion,  que  ce  corps  s'y  rencontre  réellement,  les 
auteurs  ayant  négligé  de  s'assurer  préalablement  de  sa  présence  au  moyen 
d'expériences  directes,  qui  sont  à  la  vérité  d'une  exécution  longue  et  difficile. 
On  sait  que  la  soude  a  toujours  été  l'une  des  substances  les  plus  difficiles 
à  reconnaître,  attendu  qu'elle  ne  possède  presque  aucun  de  ces  caractères 
tranchés  qui  servent  à  constater  la  présence  des  autres  éléments  minéraux. 

>'  Le  désir  d'arriver  à  des  résultats  moins  incertains  m'a  fait  entre- 
prendre ce  travail,  dont  le  but  est  simplement  de  constater  la  présence  ou 
l'absence  de  la  soude  dans  les  cendres  des  végétaux. 


(  733  ) 

»  Cette  recherche  ne  peut  se  faire  utilement  qu'autant  que  les  plantes 
sont  incinérées  à  une  température  peu  élevée,  afin  d'éviter  la  volatilisation, 
même  partielle,  des  alcalis  qu'elles  peuvent  contenir.  11  est  en  outre  néces- 
saire de  brûler  une  assez  forte  quantité  de  la  plante  à  examiner,  la  recher- 
che de  la  sonde  étant  d'autant  plus  difficile  qu'on  dispose  d'une  moindre 
quantité  de  matière.  Pour  les  bois,  on  en  brûle  plusieurs  gros  morceaux 
dans  un  poêle  en  fonte;  l'incinération  du  blé  et  des  autres  graines  est 
longue  et.  difficile,  surtout  quand  on  opère,  comme  je  l'ai  fait,  sur  200  à 
5oo  grammes;  plusieurs  fois  j'ai  dû  hâter  par  l'emploi  de  l'acide  sulfurique 
ou  du  nitre  la  destruction  très-lente  de  la  matière  charbonneuse.  Les 
feuilles  et  les  tiges  des  plantes  sont  facilement  brûlées  dans  un  petit  four- 
neau en  terre  dont  on  supprime  la  grille  et  dont  le  cendrier  reçoit  un  jet 
de  gaz  enflammé.  Le  résidu  charbonneux  qu'on  obtient  ainsi  est  ensuite 
plus  complètement  incinéré  dans  une  capsule  de  platine  qu'on  chauffe  à 
l'entrée  d'un  moufle. 

»  Traitées  par  l'eau,  les  cendres  laissent  un  résidu  qu'on  sépare  par  fil— 
tration  d'avec  la  partie  soluble  qui  renferme  les  sels  alcalins. 

»  La  recherche  de  la  soude  a  été  faite  par  diverses  méthodes  :  celle  à 
laquelle  j'ai  donné  la  préférence  consiste  à  ajouter  à  la  lessive  alcaline  un 
excès  d'eau  de  baryte  qui  précipite  les  acides  qu'elle  contient  sous  forme  de 
carbonates,  de  sulfates  et  de  phosphates  alcalins.  Aprèsavoir  séparé  parfiltra- 
tion  le  précipité  barytique,  on  fait  passer  dans  la  dissolution  un  courant 
d'acide  carbonique  qui  sépare  la  baryte  en  excès,  sauf  une  petite  quantité 
qui  reste  dissoute  à  la  faveur  de  l'excès  d'acide  carbonique;  celle-ci  se  sé- 
pare à  son  tour  quand  la  liqueur  est  soumise  à  une  évaporation  partielle. 

»  Après  une  nouvelle  filtration,  on  sursature  la  liqueur  par  l'acide  azo- 
tique, et  on  la  concentre  de  manière  à  obtenir  sous  forme  d'azotate  cristal- 
lisé la  plus  grande  partie  de  la  potasse  contenue  dans  les  cendres.  L'azotate 
de  soude,  qui  est,  comme  on  sait,  beaucoup  plus  soluble,  se  trouve  dans 
l'eau  mère  qui  accompagne  les  cristaux  de  nitre.  C'est  donc  dans  celle-ci 
que  la  soude  doit  être  cherchée. 

»  Dans  ce  but,  cette  liqueur  est  traitée  par  l'acide  sulfurique.  Le  résidu 
provenant  de  son  évaporation  est  fortement  calciné,  de  manière  à  avoir  les 
sulfates  à  l'état  neutre.  On  reprend  par  l'eau  et  on  sépare  à  l'état  cristallisé 
la  majeure  partie  du  sulfate  de  potasse  ;  l'eau  mère  qui  reste  après  la  sépa- 
ration de  ces  cristaux  est  abandonnée  à  l'évaporation  spontanée  :  si  les  cen- 
dres sont  exemptes  de  soude,  elle  fournit  des  prismes  transparents  de  sul- 

C.  R.,  1867,  a«  Semestre.  (T.  LXV,  N°  19.)  9,b' 


(  7^4  ) 

fate  de  potasse;  dans  le  cas  contraire,  le  sulfate  de  soude,  qui  cristallise  en 
dernier,  apparaît  sous  forme  de  cristaux  qui  s'effleurissent  peu  à  peu  et 
qui,  par  leur  aspect  mat  et  farineux,  se  distinguent  facilement  d'avec  les 
cristaux  limpides  de  sulfate  de  potasse.  Quelquefois  la  soude  a  été  cherchée 
dans  le  résidu  insoluble  dans  l'eau;  elle  pouvait,  en  effet,  s'y  rencontrer 
sous  forme  de  silicate.  Pour  l'en  séparer,  on  a  fait  usage  d'acide  sulfurique 
concentré  qu'on  a  ensuite  séparé  par  l'eau  de  baryte.  Le  résultat  a  toujours 
été  négatif. 

»  Ces  procédés  peuvent  donner  lieu  à  une  sérieuse  objection,  On  peut  se 
demander  s'il  n'existe  pas  un  ou  plusieurs  sulfates  doubles  de  potasse  et 
de  soude,  se  produisant  dans  ces  conditions  et  donnant,  comme  le  sulfate  de 
potasse,  des  cristaux  non  efflorescents.  On  sait  que  des  sels  doubles  de  cette 
nature  ont  été  signalés  par  plusieurs  chimistes,  notamment  par  M.  Penny, 
par  M.  Hauer  et  par  M.  Grandeau.  La  forme  cristalline  de  ces  composés, 
pour  lesquels  on  n'est  pas  bien  certain  que  la  substitution  d'une  base  à 
l'autre  se  fasse  toujours  suivant  des  proportions  définies,  a  été  soigneuse- 
ment déterminée  par  M.  Des  Cloizeanx.  Cette  forme  est  hexagonale,  tandis 
que  le  sulfate  de  potasse  pur  présente  toujours  la  forme  rhombique  à  deux 
axes  optiques. 

»  J'ai  fait,  pour  répondre  à  cette  objection,  un  grand  nombre  d'essais  syn- 
thétiques en  mélangeant  le  sulfate  de  potasse  avec  du  sulfate  de  soude  dans 
des  proportions  variées.  Toutes  ces  dissolutions,  soumises  à  des  cristallisa- 
tions successives,  ont  fourni  des  cristaux  efflorescents  par  l 'évapora tion 
spontanée  des  eaux  mères.  J'ai  constaté  qu'un  mélange  de  sulfate  de 
potasse  et  de  sulfate  de  soude  ne  renfermant  que  2  pour  100  de  ce  dernier 
sel  donne  encore  dans  ses  dernières  portions  le  caractère  de  l'efflorescence 
d'une  façon  sensible.  J'ajouterai  que  les  sulfates  doubles  de  potasse  et  de 
soude  se  produisent  dans  des  conditions  exceptionnelles,  tellement  rares 
que  M.  Des  Cloizeaux  a  eu  beaucoup  de  peine  à  s'en  procurer  quelques 
échantillons.  C'est  surtout  lors  de  la  cristallisation  des  sulfates  en  présence 
d'une  liqueur  alcaline  contenant  du  carbonate  de  potasse  et  du  carbonate 
de  soude  que  ces  sels  ont  été  quelquefois  obtenus.  Ces  conditions  se  trou- 
vent réalisées  dans  les  usines  où  l'on  raffine  les  potasses  provenant  dis 
salins  de  betteraves. 

»  Je  ne  prétends  pas,  d'ailleurs,  être  arrivé  par  cette  méthode  à  des  résul- 
tats d'une  précision  absolue.  Il  n'est  pas  impossible  qu'une  très-petite  quan- 
tité de  soude  qui  représenterait  quelques  millièmes  du  poids  des  cendres 
échappe  à  ce  mode  d'investigation.  Néanmoins,  l'accord  des  résultats  qui' 


(  735  ) 
j'ai  obtenus  avec  ceux  qui  résultent  de  l'emploi  de  deux  autres  méthodes  que 
j'ai  employées  également  m'inspire  quelque  confiance  sur  sa  valeur  relative. 

»  L'une  de  ces  méthodes  consiste  à  saturer  par  l'acide  chlorhydrique  la 
liqueur  qui  a  été  soumise  au  traitement  barytique,  à  précipiter  la  potasse 
sous  forme  de  chlorure  double  de  platine  et  de  potassium,  et  à  laver  le 
précipité  au  moyen  de  l'alcool  additionné  d'éther.  La  dissolution,  évaporée 
et  légèrement  calcinée,  ne  laisse  aucun  résidu  autre  que  le  platine,  quand 
les  cendres  ne  contiennent  pas  de  soude. 

»  L'autre  procédé,  qui  donne  des  résultats  satisfaisants,  mais  dont  l'exé- 
cution est  longue,  est  une  application  de  la  méthode  des  dissolvants  qu'on 
doit  à  M.  Chevreul.  Après  avoir  séparé  par  cristallisation  la  plus  grande 
partie  de  l'azotate  de  potasse  provenant  du  traitement  des  cendres  par  l'eau 
de  baryte,  l'acide  carbonique,  etc.,  on  fait  cristalliser  la  totalité  de  l'eau 
mère  qui  accompagne  ce  sel,  et  l'on  traite  ce  résidu  par  une  quantité  d'eau 
froide  insuffisante  pour  dissoudre  toute  la  matière  saline.  Cette  dissolution 
saturée  est  pesée,  puis  abandonnée  à  l'évaporation  spontanée;  elle  fournit 
un  poids  de  nitre  qu'on  compare  à  celui  que  donne,  dans  les  mêmes  con- 
ditions de  température,  une  dissolution  saturée  de  nitre  pur.  Si  le  poids 
est  le  même,  on  peut  admettre  que  la  première  dissolution  ne  contenait 
que  du  nitre  et  que  les  cendres  étaient  exemptes  de  soude. 

»  En  employant  ces  divers  procédés,  je  crois  avoir  constaté  que  la  cendre 
fournie  par  l'incinération  de  la  plupart  des  végétaux  est  exempte  de  soude. 

»  Les  produits  que  j'ai  examinés  ont  été  pris  d'abord  un  peu  au  hasard; 
j'ai  étudié  des  végétaux  usuels  que  j'avais  sous  la  main.  Plus  lard,  j'ai  eu  re- 
cours à  l'obligeance  de  notre  confrère  M.  Decaisne,  qui  m'a  guidé  dans 
le  choix  des  plantes  dans  lesquelles  la  soude  semblait  devoir  plus  particu- 
lièrement se  rencontrer,  et  qui  a  mis  à  ma  disposition  un  certain  nombre 
d'échantillons  provenant  des  cultures  du  Muséum. 

»  Je  n'ai  pas  trouvé  de  soude  dans  les  cendres  provenant  des  produits 
végétaux  qui  suivent  : 

»  Le  blé  (grain  et  paille,  examinés  séparément);  l'avoine  (idem);  la 
pomme  de  terre  (tubercules  et  tiges)  ;  les  bois  de  chêne  et  de  charme  ;  les 
feuilles  de  tabac,  de  mûrier,  de  pivoine,  de  ricin;  les  haricots;  le  souci  des 
vignes  ;  la  pariétaire  ;  la  Gypsophila  pubescens;  le  panais  (feuilles  et  racines). 

»  L'examen  des  cendres  de  cette  dernière  plante  montre  que  l'idée  qu'on 

se  fait  du  pouvoir  absorbant  des  racines  pour  tous  les  produits  solubles 

contenus  dans  le  sol  est  erronée.  On  ne  peut  objecter  que  le  terrain  dans 

lequel  elle  a  été  cultivée  ne  renferme  pas  de  soude,  car  on  a  récolté  à  côté 

96.. 


(  736) 
de  ces  panais  quelques-unes  des  plantes  riches  en  soude  que  j'ai  maintenant 
à  mentionner. 

»  Ces  plantes  appartiennent  presque  toutes  à  la  même  famille,  celle 
des  Alriplicées  ou  des  Chénopodées.  C'est  un  fait  remarquable,  et  qui  té- 
moigne en  faveur  des  caractères  qui  ont  guidé  les  botanistes  dans  la  classi- 
fication de  ces  plantes.  En  effet,  les  cendres  de  l'arroche,  de  Y Alriplex  hns- 
lata,  du  Chenopoilium  murale,  de  la  tétragone,  renferment  une  notable 
quantité  de  soude.  Ces  cendres  sont  très-fusibles,  ce  corps  s'y  rencontrant 
surtout  sous  forme  de  sel  marin. 

»  Néanmoins,  cette  concordance  entre  la  classification  botanique  et  la 
présence  de  cet  alcali  n'a  rien  d'absolu;  car  j'ai  vainement  cherché  la  soude 
dans  le  Cheno/iodium  Quinoa  et  dans  les  épinards,  qui  appartiennent  à  la 
même  famille. 

»  La  betterave  fait  partie  du  même  groupe  botanique  :  c'est  une  plante 
littorale,  de  la  famille  des  Atriplicées.  On  sait  que  les  salins  bruts  de  bette- 
raves sont  riches  en  sels  de  soude.  Les  feuilles  de  cette  plante  en  contiennent 
aussi  une  grande  quantité. 

»  La  mercuriale  et  la  zostère,  qui  appartiennent  à  d'autres  familles,  ren- 
ferment également  de  la  soude.  11  en  est  de  même  des  diverses  espèces  de 
fucus  qui  fournissent  la  soude  de  varech.  On  sait  que  ce  produit,  malgré 
son  nom,  est  surtout  formé  de  sels  de  potasse.  Rien  ne  prouve  mieux  assu- 
rément la  préférence  que  les  plantes  accordent  à  la  potasse,  que  l'existence 
d'une  quantité  prédominante  de  cette  base  dans  des  plantes  qui  vivent  dans 
l'eau  de  mer,  dans  un  milieu  très-riche  en  soude  et  très-pauvre  en  sels 
de  potasse.  Si  on  pouvait  arriver  à  séparer  de  ces  plantes  l'eau  salée  qui 
les  baigne  et  qu'elles  ont  absorbée  pour  ainsi  dire  mécaniquement,  on  arri- 
verait peut-être  à  établir  que  la  soude  ne  se  trouve  pas  au  nombre  des 
principes  minéraux  localisés  par  les  organes  de  ces  plantes. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  je  conclus  de  l'ensemble  de  ces  expériences  que  la 
soude  est  beaucoup  moins  répandue  dans  le  régne  végétal  qu'on  ne  le  sup- 
pose généralement.  Son  rôle  y  est  fort  limité;  il  n'est  nullement  comparable 
à  celui  de  la  potasse.  Il  me  parait  impossible  d'admettre  désormais  que  l'une 
de  ces  bases  peut  remplacer  l'autre.  Il  semble,  au  contraire,  qu'à  l'excep- 
tion d'un  petit  nombre  de  plantes  qui  se  plaisent  au  bord  de  la  mer  et  dans 
les  terrains  salés,  les  végétaux  ont  pour  la  soucie  une  indifférence,  je  dirai 
même  une  antipathie  dont  il  faut  grandement  tenir  compte  dans  le  choix 
du  sol,  des  engrais,  des  amendements  et  des  eaux  qui  doivent  concourir  à 
leur  développement. 


(  7^7  ) 

»  Je  n'ai  pas  besoin  de  faire  remarquer  que  cette  opinion  ne  concerne 
que  le  sel  marin  et  le  sulfate  de  soude  :  je  ne  mets  pas  en  doute  l'efficacité 
de  l'azotate  et  du  phosphate  de  soude;  mais  ces  corps  n'agissent  qu'en  rai- 
son de  l'action  fertilisante  de  l'acide  qu'ils  renferment. 

»  Quelle  est  la  cause  de  cette  répulsion?  Pourquoi  la  soude  est-elle  dé- 
laissée par  les  végétaux  qui  absorbent  les  sels  de  potasse  et  de  magnésie 
qui  l'accompagnent  dans  le  sol?  Est-ce  parce  que  les  sels  de  soude  y 
seraient  moins  abondants?  Cette  explication  n'est  pas  acceptable,  car  tous 
les  engrais  d'origine  animale  et  la  plupart  des  engrais  artificiels  contiennent 
une  notable  quantité  de  sel  marin.  C'est  presque  toujours  sous  cette  forme 
que  la  soude  se  rencontre  dans  le  sol  ou  dans  les  engrais.  Est-ce  à  la  sta- 
bilité du  chlorure  de  sodium,  à  son  inertie  pour  former  des  composés  nou- 
veaux, qu'il  faut  attribuer  le  rôle  négatif  qu'il  joue  dans  les  phénomènes 
de  la  végétation  ?  Cela  est  plus  vraisemblable  ;  car  je  suis  disposé  à  croire  que 
c'est  presque  toujours  sous  forme  de  sel  marin  que  la  soude  pénètre  dans 
les  plantes. 

»  Plusieurs  importantes  questions  agricoles,  depuis  longtemps  débattues, 
recevront  peut-être  de  cette  étude  quelques-uns  desélémentsqui  manquaient 
à  leur  élaboration.  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  les  énumérer 
brièvement. 

»  Je  parlerai  d'abord  de  l'emploi  du  sel  comme  engrais.  La  question  de 
savoir  si  le  sel  est  nécessaire  à  l'agriculture,  en  dehors  de  son  emploi  comme 
condiment  pour  l'entretien  du  bétail,  est  une  de  celles  qui  ont  donné  nais- 
sance aux  expériences  les  plus  anciennes,  les  plus  nombreuses,  et,  on  peut 
ajouter,  les  plus  contradictoires.  A  une  époque  peu  éloignée  de  nous,  il  sem- 
blait que  la  suppression  ou  la  diminution  de  l'impôt  qui  frappe  cette  ma- 
tière première  devait  être  pour  notre  agriculture  une  nouvelle  et  inépuisable 
source  de  prospérité.  A  l'appui  de  cette  thèse,  qui  s'étayait  sur  des  consi- 
dérations auxquelles  la  politique  était  moins  étrangère  que  la  science,  on 
citait  l'exemple  des  agriculteurs  anglais,  qui,  ayant  à  leur  disposition  le  sel  à 
bon  marché,  s'en  servaient  avec  avantage,  disait-on,  pour  l'amélioration  de 
leurs  terres.  Un  Rapport  lumineux,  publié  en  i85o  par  M.  Milne  Edwards,  a 
fait  justice  de  ces  exagérations. 

»  Depuis  cette  époque  on  a  consulté  l'expérience.  Celle-ci  a  quelquefois 
répondu  conformément  aux  désirs  ou  aux  intérêts  des  expérimentateurs. 
Plus  souvent  les  résultats  ont  été  négatifs.  Il  a  été  même  constaté  qu'au 
delà  d'une  quantité  très-limitée,  l'addition  du  sel  soit  à  la  terre,  soit  aux 
engrais,  exerce  un   effet  plutôt  nuisible  qu'utile.  Des  faits  observés  par 


(  738  ) 
M.  Becquerel  ont  mis  en  évidence  son  action  désastreuse  sur  la  germination 
des  plantes. 

»  D'autres  essais,  à  la  vérité,  ont  donné  des  résultats  favorables  à  l'em- 
ploi du  sel  comme  engrais.  Mais  on  peut  se  demander  si  ces  bons  résultats 
ne  sont  pas  dus  plutôt  aux  matières  qui  accompagnent  ce  corps  qu'au  sel 
lui-même,  c'est-à-dire  au  chlorure  de  sodium.  Ainsi,  tout  le  monde  sait  que 
le  sel  brut  renferme  toujours  des  sels  de  magnésie.  Or,  si  l'efficacité  des  sels 
de  soude  me  parait  douteuse,  il  n'en  est  pas  de  même  de  la  valeur  agricole 
des  composés  magnésiens.  Contrairement  aux  opinions  qui  ont  été  long- 
temps en  faveur  sur  le  rôle  delà  magnésie  dans  les  phénomènes  de  la  végé- 
tation, je  considère  cette  base  comme  nécessaire  au  développement  des 
corps  organisés  au  même  titre  que  l'acide  phosphorique  et  la  potasse.  Elle 
s'accumule,  en  effet,  en  grande  quantité  dans  les  œufs  des  animaux,  dans 
les  graines  des  plantes,  à  l'exclusion  même  de  la  chaux  qui  ne  s'y  rencontre 
qu'en  faible  proportion,  et  qui,  pour  les  plantes,  paraît  surtout  utile  au  dé- 
veloppement des  feuilles.  Je  suis  même  disposé  à  attribuer  à  la  magnésie  une 
bonne  partie  des  avantages  que  l'emploi  de  la  chaux  ou  de  la  marne  procure 
à  certaines  terres  dans  lesquelles,  bien  que  l'élément  calcaire  y  existe  déjà  en 
abondance,  les  composés  magnésiens  qui  font  défaut  peuvent  être  apportes 
par  l'adjonction  de  ces  amendements  cpii  renferment  toujours  une  petite 
quantité  de  carbonate  de  magnésie. 

«  Ces  considérations  s'appliquent,  à  plus  forte  raison,  aux  résidus  prove- 
nant des  salines  dvi  Midi,  dont  l'effet  utile  serait  dû  exclusivement  aux  sels 
de  potasse  et  de  magnésie  qu'ils  renferment,  et  aussi  aux  nouveaux  engrais 
salins  des  mines  de  Stassfurt,  dont  les  agriculteurs  allemands  consomment 
actuellement  des  quantités  considérables. 

»  Il  en  est  de  même  pour  l'engrais  humain.  Je  ne  suis  pas  de  ceux  qui 
n'attribuent  qu'à  un  préjugé,  qu'à  une  ignorance  traditionnelle  la  préfé- 
rence que  les  agriculteurs  de  tous  les  temps  et  de  tous  les  pays  accordent 
aux  déjections  des  animaux  herbivores,  au  fumier  de  ferme.  Bien  que  l'en- 
grais humain  soit  le  plus  ancien,  le  plus  simple,  le  moins  coûteux  de  tous 
les  engrais,  on  en  est  encore  à  discuter  son  efficacité.  Comme  il  contient 
une  forte  dose  de  sel  marin,  si  les  faits  que  je  viens  d'exposer  sont  exacts, 
on  peut  se  demander  si  son  usage  prolongé  ne  doit  pas  avoir  pour  résultat 
de  ruiner  la  terre  au  bout  d'un  certain  nombre  de  récoltes  qui,  en  ahsor- 
bant  les  matières  fertilisantes,  y  laissent  le  sel  marin.  Or  celui-ci,  accumulé 
dans  le  sol,  exerce  sur  la  végétation  un  effet  nuisible. 

»   On  sait  combien  l'emploi  de  l'engrais  flamand   est  considérable  dans 


(  7^9  ) 
nos  départements  du  Nord  et  en  Belgique.  Il  semble  donc  que  si  l'opinion 
que  je  viens  d'énoncer  est  fondée,  l'agriculture  de  ces  contrées,  jusqu'ici 
prospère,  aurait  à  subir,  à  une  époque  plus  ou  moins  éloignée,  un  mouve- 
ment rétrograde.  Les  symptômes  de  ce  mouvement  se  feraient  déjà  sentir, 
au  dire  d'un  certain  nombre  d'agriculteurs  du  Nord,  en  ce  qui  concerne 
la  qualité  des  betteraves,  qui  contiendraient  aujourd'hui  moins  de  sucre 
qu'elles  n'en  renfermaient  autrefois  et  qu'elles  n'en  contiennent  quand 
elles  viennent  d'autres  localités  qui  ne  font  pas  usage  du  même  engrais. 
J'ajoute  que,  dans  les  départements  du  Nord  et  du  Pas-de-Calais,  bon 
nombre  de  fabricants  de  sucre  imposent  au  cultivateur  l'obligation  de  ne 
pas  fumer  avec  cet  engrais  les  terres  qui  lournissent  les  betteraves  qu'ils 
leur  achètent. 

»  Je  dois,  d'ailleurs,  placer  ici  une  remarque  bien  curieuse:  c'est  la  coïn- 
cidence qui  existe  dans  le  nord  de  la  France,  en  "Belgique  et  en  Allemagne, 
entre  la  culture  de  la  betterave  et  l'emploi  d'engrais  chargés  de  sel  marin, 
comme  sont  l'engrais  humain  et  les  résidus  des  mines  de  Stassfurt.  La  bet- 
terave est  précisément  une  plante  d'une  nature  exceptionnelle,  originaire 
des  bords  de  la  mer,  c'est-à-dire  de  terrains  chargés  de  sel  marin.  Aussi, 
elle  se  prête  mieux  au  régime  de  ces  engrais  qu'aucune  autre  plante  culti- 
vée; elle  présente  même  cet  avantage  considérable  de  débarrasser  le  sol 
d'un  trop  grand  excès  de  chlorure  de  sodium,  de  le  nettoyer,  pour  ainsi 
dire,  de  manière  à  le  rendre  propre  à  d'autres  cultures  qu'on  demande, 
d'ailleurs,  dans  le  Nord,  à  d'autres  engrais,  notamment  aux  tourteaux  et  au 
fumier.  La  proportion  de  soude  qui  existe  dans  les  salins  bruts  extraits  des 
mélasses  de  betteraves  varie  notablement,  en  raison  même  de  la  nature  des 
engrais;  ainsi,  d'après  les  analyses  de  M.  Corenwinder,  les  salins  qui  vien- 
nent du  département  du  Nord  contiennent  en  moyenne  l\o  pour  ioo  envi- 
ron de  sel  marin  et  de  carbonate  de  sonde;  ceux  de  l'Aisne  et  d'Allemagne 
3o  pour  ioo;  tandis  que  ceux  qui  proviennent  des  betteraves  du  départe- 
ment du  Puy-de-Dôme,  dont  le  terrain  est  riche  en  potasse  et  pauvre  en 
soude,  ne  contiennent  que  i5  pour  ioo  de  ces  mêmes  sels  et  sont,  par 
conséquent,  bien  préférables  pour  l'extraction  de  la  potasse  qu'ils  renfer- 
ment en  proportion  beaucoup  plus  grande. 

»  J'ajoute  cpi'il  est  généralement  admis  que,  dans  les  mêmes  condi- 
tions de  culture,  les  betteraves  dont  les  cendres  contiennent  le  plus  de 
soude  sont  celles  qui  contiennent  le  moins  de  sucre.  Ce  sont  aussi  celles 
qui  en  fournissent  le  moins  au  fabricant;  car  les  observations  que  j'ai 
faites  il  y  a  longtemps  sur  les  combinaisons  du  sucre   avec  les  chlorures 


(  74o  ) 
alcalins  ont  établi  combien  ces  composés  sont  nuisibles  à  l'extraction  du 
sucre. 

»  En  résumé,  si  les  engrais  contenant  une  forte  proportion  de  sel  marin, 
employés  avec  discrétion  et  discernement,  sont  avantageux  pour  la  culture 
de  la  betterave,  si  même  ils  sont  utiles  dans  quelques  cas  pour  entretenir 
dans  le  sol  un  degré  convenable  d'humidité  et  pour  faciliter  l'absorption  de 
quelques  principes  fertilisants,  il  ne  me  semble  pas  prudent  d'en  trop 
généraliser  l'emploi.  Ce  n'est  peut-être  pas  sans  raison  que  les  déjections 
humaines  qu'on  transforme  en  poudrette  sont  soumises  à  des  manipula- 
tions incommodes,  coûteuses,  qui  nous  semblent  barbares,  en  raison  des 
pertes  de  matière  fertilisante  qu'elles  entraînent.  Ces  opérations  ont,  en  dé- 
finitive, pour  résultat  d'en  séparer  la  plus  grande  partie  des  composés 
solubles  et,  avec  eux,  le  sel  marin. 

»  Sous  ce  rapport,  on  peut  aussi  se  demander  si  les  eaux  impures  et  salées 
qui  sortent  des  égouts  des  villes  ont  bien  toute  la  valeur  agricole  qu'on 
s'accorde  aujourd'hui  à  leur  attribuer.  Sans  doute,  si  les  terrains  qu'elles 
doivent  arroser  sont  très-étendus,  si  leur  perméabilité  et  celle  de  leur  sous- 
sol  est  suffisante,  si  les  cultures  sont  variées,  ces  engrais  liquides  doivent 
fournir  d'abondantes  récoltes;  mais  si  ces  conditions  ne  sont  pas  remplies, 
il  faut  compter  avec  le  sel  et  redouter  pour  l'avenir  l'influence  de  son  accu- 
mulation, malgré  les  apparences  d'inépuisable  fertilité  qui  résulteraient 
d'abord  de  l'emploi  de  ces  nouveaux  engrais.  » 

PALÉONTOLOGIE  ANATOM1QUE.  —  De  t 'ostéograpliie  du  Mesotherium,  et  de 
ses  affinités  zoolocjujues  :  membre  antérieur;  par  M.  Serres.  (Sixième 
Mémoire.  ) 

«  Dans  la  considération  des  appareils  locomoteurs  des  Mammifères,  on 
est  inévitablement  entraîné  vers  la  répétition  des  parties  qui  les  constituent. 
Ainsi,  en  dehors  de  toute  hypothèse,  l'épaule  est  l'analogue  du  bassin,  le 
bras  répond  à  la  cuisse,  l'avant-bras  correspond  à  la  jambe,  et,  dans  la 
composition  de  la  main  et  du  pied,  le  carpe  est  l'analogue  du  tarse,  le  mé- 
tacarpe est  l'analogue  du  métatarse,  et  les  phalanges,  qui  portent  le  même 
nom  aux  deux  extrémités,  résument  en  elles  le  plan  de  conformité  d'après 
lequel  ont  été  construits  les  appareils  de  la  locomotion.  De  cette  confor- 
mité elle-même,  découlent  à  leur  tour  les  analogies  plus  ou  moins  accen- 
tuées des  autres  appareils  organiques,  que  la  locomotion  met  en  jeu. 

»   Mais  les  deux  extrémités  prennent-elles  une  part  égale  dans  cette  fonc- 


(  74i  ) 
tion  si  importante  chez  les  animaux?  Nullement  :  l'une,  la  postérieure,  ser- 
vant de  point  d'appui  et  d'impulsion  dans  les  grands  mouvements,  est  soli- 
dement fixée  au  sacrum;  l'autre,  l'antérieure,  plus  spécialement  affectée  à 
la  mobilité,  est  libre  et  suspendue  au  milieu  des  muscles  chez  les  Mammi- 
fères privés  de  clavicule,  et  simplement  articulée  au  haut  du  sternum  chez 
les  clavicules.  De  là  des  modifications  essentielles,  dans  l'exécution  du  plan 
de  conformité  des  membres  antérieurs  et  postérieurs,  et  des  différences 
essentielles  aussi  dans  les  parties  actives  de  la  locomotion. 

»  Aristote  avait  déjà  signalé  les  rapports  généraux  qu'avaient  entre  elles 
les  deux  paires  de  membres.  Galien,  si  absolu  dans  l'usage  des  parties  qui 
constitue  la  physiologie  moderne,  sans  rejeter  entièrement  leur  répétition 
dans  Jes  deux  extrémités,  les  subordonna  à  leur  usage  et  au  but  qu'elles 
devaient  concourir  à  remplir.  Vicq  d'Azyr,  une  des  gloires  anatomiques  de 
la  France,  prit  la  question  de  plus  haut;  il  envisagea  anatomiquement  les 
membres  en  ce  qu'ils  ont  de  conforme  et  de  différent,  et  les  plaça  dans  la 
position  anatomique  dans  laquelle  leurs  analogies  ou  leurs  différences 
peuvent  être  ramenées  aux  conditions  qui  les  déterminent.  Ainsi,  la  condi- 
tion première  de  cette  étude  est  le  renversement  des  membres  antérieurs  et 
postérieurs,  et  leur  position  inverse  par  rapport  au  tronc.  De  ce  renverse- 
ment dérivent,  en  effet,  des  différences  commandées  par  le  retournement, 
mais  ce  retournement  modifie  les  parties  aux  deux  extrémités,  sans  chan- 
ger ni  leur  nature,  ni  leur  signification  analogique.  L'exemple  que  nous  en 
a  présenté  le  Mesolheiïum  dans  le  renversement  de  ses  molaires,  en  est  une 
preuve  manifeste. 

»  Sans  reproduire  ici  les  applications  que  nous  avons  faites,  en  embryo- 
génie et  en  zoogénie,  du  principe  de  répétition  dans  la  formation  des  Inver- 
tébrés, nous  ferons  remarquer  que,  dans  l'ensemble  des  Vertébrés,  le  côté 
droit  et  le  côté  gauche  ne  sont  qu'une  répétition  l'un  de  l'autre,  et  que 
certaines  de  leurs  parties  se  multiplient  quelquefois  par  ce  procédé  :  telles 
sont,  par  exemple,  les  phalanges  des  doigts  chez  les  Ichthvosaures  et  les 
Plésiosaures. 

»  Si  donc  les  extrémités  thoraciques  et  abdominales  sont  évidemment 
construites  sur  le  même  type,  néanmoins  leur  diversité  de  fonction  en- 
traîne nécessairement  des  différences  correspondantes.  C'est  à  ce  point  de 
vue,  qu'une  description  succincte  des  membres  du  Mesolherium  offre  de 
l'intérêt. 

»  L'épaule  forme  une  ceinture  osseuse,  destinée  à  fournir  son  point 
d'appui  au   membre  thoracique.   L'omoplate,    qui   en   constitue  la  partie 

C.  R.,  1867,    2"  Semestre.  (T.  LXV ,  N°  i9.;  97 


(  7^  ) 
essentielle,  est  robuste  dans  tontes  ses  parties  chez  le  Mesotherium,  et  d'une 
forme  triangulaire.  Son  bord  antérieur,  un  peu  aminci,  est  convexe.  Son 
bord  postérieur,  un  peu  concave,  est  débordé  fortement  en  haut  par  l'angle 
spinal  postérieur,  et  en  bas  par  le  pourtour  postérieur  de  la  cavité  glé- 
noïde;  cavité  située  au  bord  inférieur,  disposée  en  virgule  allongée  et  pro- 
fondément creusée  en  arrière,  de  manière  à  s'ajuster  avec  une  extrême  pré- 
cision sur  la  tète  de  l'humérus.  Le  bord  supérieur,  court,  très-convexe, 
est  très-épais  dans  ses  deux  tiers  postérieurs. 

»  L'épine  de  l'omoplate  forme,  chez  le  Mesotherium,  une  arête  osseuse 
très-élevée,  étendue  dans  presque  toute  la  longueur  de  l'os.  En  s'inclinant 
en  dehors,  elle  divise  la  face  externe  de  l'os  en  deux  fosses  à  peu  près  égales, 
servant  d'insertion  aux  muscles  épineux  antérieurs  et  postérieurs.  Un  peu 
en  bas  de  sa  partie  moyenne,  elle  présente  une  saillie  anguleuse,  une  espèce 
de  crochet  dirigé  en  arrière  et  un  peu  en  dedans,  formant  une  éminence 
subépineuse  assez  prononcée  qui  ramène  le  Mesotherium  vers  les  Pachy- 
dermes, chez  lesquels  cette  éminence  récurrente,  variable  dans  sa  position, 
est  portée  an  maximum  de  son  développement,  particulièrement  dans 
l'Éléphant  et  le  Rhinocéros.  Chez  l'Agouti  parmi  les  Rongeurs,  elle  se  rap- 
proche de  la  terminaison  antérieure  de  l'épine;  chez  le  Lièvre,  le  Lapin, 
et  aussi  chez  le  Morse,  etc.,  elle  en  occupe  le  sommet. 

»  L'acromion  se  présente,  chez  notre  fossile,  sous  l'aspect  d'une  longue 
tige  subtriangnlaire,  s'étendant  au-dessous  de  la  cavité  glénoïde,  en  se 
dirigeant  parallèlement  dans  le  sens  de  l'apophyse  coracoïde.  Celle-ci, 
chez  le  Mesotherium,  forme  un  crochet  osseux  peu  volumineux,  à  saillie 
inférieure  rangée  dans  le  même  plan  que  la  partie  antérieure  de  l'os,  et  de 
manière  à  venir  s'engager  dans  le  sommet  de  la  coulisse  bicipitale,  dans 
l'extension  complète  de  l'humérus  sur  l'omoplate.  Quant  à  la  fosse  sous- 
scapulaire,  elle  est  lisse  et  presque  plane,  excepté  tout  à  fait  en  arrière, 
où  elle  fuit  en  dehors  et  devient  brusquement  convexe. 

»  Un  fait  physiologique,  ressort  de  cette  description  de  l'omoplate.  Ce 
fait  est  relatif  aux  moyens  différents  employés  par  la  nature  pour  fortifier 
l'action  des  muscles  anté-épineux  et  post-épineux,  et  qui  s'excluent  réci- 
proquement. Dans  le  premier  cas,  la  force  de  l'anté-épineux  est  produite 
par  la  jonction  et  la  soudure  de  l'acromion  et  de  l'apophyse  coracoïde,  don- 
nant lieu  à  une  arcade  complète  pour  l'insertion  des  faisceaux  musculaires; 
arcade  acromio-coracoïdienne  que  nous  offrent  les  grands  Edentés  fossiles, 
le  Megatherium,  le  Mytodon,  le  Scelidothèrium ,  et  que  l'on  rencontre  aussi, 
plus  ou  moins  complète,  chez  nos  Bradypes  actuels. 


(  743  ) 

»  Dans  le  second  cas,  quand  l'action  du  muscle  post-épineux  doit  être 
augmentée,  l'arcade  acromio-coracoïdienne  disparait  :  et  la  surface  d'inser- 
tion des  faisceaux  musculaires  est  agrandie  :  d'une  part,  par  la  profondeur 
en  arrière  de  la  fosse  post-épineuse,  et,  de  l'autre,  par  cette  apophyse  récur- 
rente de  l'épine  de  l'omoplate  dont  l'Éléphant  nous  donne  le  type  le  plus 
élevé,  et  cpii  se  trouve  chez  le  Mesolherium  dans  une  proportion  moyenne. 

»  Les  clavicules  du  Mesotherium  sont  fortes,  longues  et  légèrement  con- 
tournées en  S  dans  leur  longueur.  Leur  moitié  interne,  presque  arrondie, 
se  termine  par  une  partie  renflée,  sur  laquelle  on  voit,  inférieurement,  une 
trace  de  fossette  articulaire;  leur  moitié  externe  va  en  s'aplatissanl  gra- 
duellement du  milieu  de  l'os  jusqu'à  son  extrémité  acromiale,  qui  finit  un 
peu  en  manière  de  crosse,  et  ne  présente  qu'une  faible  trace  de  surface 
articulaire. 

»  Si,  par  l'existence  de  l'apophyse  récurrente  de  l'omoplate,  le  Mesothe- 
rium se  rapproche  des  Pachydermes,  on  voit  que  la  présence  de  clavicules 
si  bien  constituées,  l'en  éloigne  définitivement  pour  le  ramener  vers  les 
Rongeurs  parfaitement  clavicules,  dont  le  Castor  nous  paraît  le  véritable 
type.  Ce  fait  important  nous  indique  que  notre  fossile  ne  se  servait  pas 
seulement  de  ses  extrémités  antérieures  pour  marcher,  mais  que,  comme 
tous  les  animaux  clavicules,  il  pouvait  les  porter  en  avant,  et  s'en  servir, 
soit  pour  saisir  les  objets,  soit  pour  exécuter  tout  autre  travail. 

»  L'humérus  du  Mesotherium  est  très-volumineux  et  rendu  inégal,  par 
des  saillies  extrêmement  prononcées,  qui  dénotent  en  lui  une  disposition 
très-robuste.  Il  est  sensiblement  rétréci  et  comme  étranglé,  un  peu  au-des- 
sous de  la  partie  moyenne  du  corps. 

»  La  crête  deltoïdienne  est  très-étendue,  et  en  grande  partie  dirigée  en 
avant;  elle  se  termine  très-inférieurement,  à  la  jonction  des  deux  tiers  su- 
périeurs avec  le  tiers  inférieur  de  la  diaphyse,  par  une  forte  tubérosité 
versant  du  coté  interne,  et  rappelant  par  sa  déclivité  ce  que  l'on  observe 
chez  le  Mylodon,  le  Scelidotherium  et  le  Mecjalonyx.  A  peu  près  sur  le  milieu 
du  bord  externe  de  cette  crête,  on  observe  une  éminence  saillante,  sem- 
blable à  celle  qui  existe  sur  l'humérus  de  plusieurs  animaux  aquatiques,  et 
notamment  chez  le  Castor.  La  face  externe  de  l'os,  qui  est  la  plus  étendue, 
présente  une  longue  et  large  gouttière  tordue  dans  sa  partie  moyenne,  re- 
gardante!] arrière  dans  sa  partie  supérieure,  et  en  avant  dans  sa  moitié  infé- 
rieure. La  face  interne,  tournée  en  dedans  d'un  bout  à  l'autre,  est  presque 
plane  dans  ses  deux  tiers  supérieurs,  et  élargie  à  sa  partie  supérieure,  où 
la  coulisse  bicipitale  ne  règne  que  sur  un  très-court  trajet.  Dans  sa  partie 

97- 


(  744  ) 

moyenne,  elle  présente  une  empreinte  très-marquée,  qui  paraît  être  l'at- 
tache inférieure  du  coraco-brachial. 

d  La  face  postérieure  de  l'humérus,  limitée  en  dehors  par  une  crête 
très-vive  qui  se  continue  avec  l'épitrochlée,  est  très-étroite  en  haut,  et 
s'élargit  graduellement  en  avant  vers  l'extrémité  inférieure  de  l'os.  La 
grosse  tubérosité  numérale,  dirigée  d'avant  en  arrière,  se  continue  en  saillie 
arrondie  sur  la  partie  médiane  de  la  face  antérieure  du  corps,  et  présente, 
en  arrière  et  en  dehors,  une  dépression  profonde,  dans  laquelle  glissait  le 
tendon  du  biceps.  Cette  tubérosité  s'élève  aussi  beaucoup  au-dessus  de  la 
tète  articulaire.  La  petite  tubérosité,  écartée  de  la  précédente,  forme,  en 
dessous  et  en  avant,  un  simple  relief  tuberculeux.  La  tète  est  presque  hémi- 
sphérique, très-nettement  délimitée  à  ses  côtés  interne  et  inférieur  par  une 
arête  tres-prononcée;  sa  surface  articulaire  se  redresse  sur  la  grosse  tubé- 
rosité, et  se  prolonge  un  peu  en  avant,  en  formant  une  gouttière  qui  corres- 
pond à  l'apophyse  coracoïde;  sa  direction  est,  en  outre,  parallèle  à  l'axe 
de  l'os. 

»  L'extrémité  inférieure,  est  un  peu  plus  large  que  la  supérieure.  L'épi- 
condyle  forme  en  dehors  une  saillie  très-forte,  en  manière  d'aileron  arrondi 
qui  remonte  au-dessus  du  tiers  inférieur  de  l'os.  L'épiirochlée  est  forte,  el 
offre  un  trou  aplati  à  sa  partie  supérieure.  La  fosse  olécranienne  est  vaste, 
profonde,  et  percée  d'une  ouverture  qui  la  met  en  communication  avec  la 
fosse  coronoulienne,  très-étendue  aussi.  La  trochlée  est  oblique  et  très- 
considérable,  comme  chez  les  animaux  nageurs;  son  pourtour  interne,  qui 
est  très-accusé  et  qui  se  prolonge  notablement  en  bas  et  en  avant,  décrit 
presque  exactement  les  deux  tiers  d'un  cercle.  Pour  le  condyle,  il  est  hé- 
misphérique et  regarde  directement  en  avant. 

»  D'après  cette  description,  on  voit  que  l'humérus  du  Mesolherium  se 
rapporte  à  la  forme  et  aux  conditions  de  structure,  que  cet  os  nous  présente 
dans  les  espèces  appelées  par  leur  nature  à  fréquenter  l'élément  liquide, 
telles  que  le  Castor,  et  surtout  la  Loutre  d'Amérique. 

»  Les  deux  os  de  l'avant-bras  du  Mesolherium,  sont  aussi  très -robustes. 
L'espace  interosseux  qui  les  sépare  est  très-ouvert  et  prolongé,  de  sorte 
qu'ils  peuvent  se  mouvoir  très-librement  l'un  sur  l'antre  à  leurs  deux  ex- 
trémités. 

»  Le  radius  est  arrondi  dans  sa  moitié  supérieure,  et  subtriangulaire 
dans  sa  moitié  inférieure.  Son  extrémité  numérale  a  son  plus  grand  diamètre 
dirigé  transversalement;  elle  présente,  à  son  côté  externe,  un  bourrelet  ar- 
rondi, très-marqué,  el  la  facette  articulaire  qui  la  termine  est  subdivisée 


(  745  ) 
inégalement  par  une  crête  mousse,  dont  la  partie  externe,  qui  est  concave 
et  environ  deux  fois  plus  grande  que  l'autre,  s'articule  avec  le  condyle  de 
l'humérus,  tandis  que  l'interne  glisse  sur  sa  trochlée.  La  tubérosité  bicipi— 
taie  est  presque  nulle.  La  facette  sygmoïde  est  très-large,  mais  à  peu  près 
plane.  L'extrémité  carpienne  est  très-élargie  transversalement;  on  y  re- 
marque, en  dessus,  une  accentuation  outrée  des  coulisses  tendineuses.  En 
dessous,  elle  est  uniquement  constituée  par  un  renflement  transversal.  La 
face  articulaire  est  adaptée  pour  recevoir  seulement  le  scaphoïde  et  le  se- 
milunaire,  sans  nulle  trace  de  facette  articulaire  sygmoïde;  d'où  il  suit 
que,  dans  leurs  relations  naturelles,  les  extrémités  inférieures  des  deux 
os  de  l'avant-bras  étaient  tenues  à  une  légère  distance  l'une  de  l'autre  :  dis- 
position favorable  à  un  animal  nageur,  et  dans  laquelle  la  force  est  sacrifiée 
à  la  mobilité. 

»  Le  cubitus  est  large,  mais  plat,  et  parcouru  en  dedans  et  en  dehors 
par  une  vaste  gouttière;  il  est,  en  même  temps,  fortement  convexe  par  son 
bord  postérieur.  L'olécrane  est  très-développé,  plat,  large  et  tuberculeux 
à  son  extrémité.  La  grande  échancrure  sygmoïde  est  très-considérable,  et 
très-ouverte;  en  même  temps  elle  s'étale  d'une  manière  très-prononcée,  en 
avant  à  son  côté  interne,  et  en  arrière  à  son  côté  externe.  La  petite  échan- 
crure sygmoïde  est  très-oblique,  et  presque  plane.  L'extrémité  inférieure  du 
cubitus  est  assez  fortement  courbée,  et  portée  en  dedans  ;  elle  est  aussi  for- 
tement renflée  et  tuberculeuse,  près  de  sa  terminaison  du  côté  externe.  La 
facette  articulaire  qu'elle  présente,  est  en  grande  partie  très-concave  et 
large;  elle  emboîte  ainsi  exactement  le  pyramidal,  et  l'une  des  deux  facettes 
de  l'articulation   du  pisiforme  pouvait  se  mouvoir  sur  elle. 

»  Le  carpe  du  Mesotherium  est  très-large,  et  mesure  environ,  dans  le 
sens  transversal,  trois  fois  sa  hauteur  verticale.  Le  nombre  des  os  qui  le 
composent  est  normal;  leurcoaptation  s'opère  avec  une  précision  assez  rigou- 
reuse, et  ils  sont  très-nettement  disposés  sur  deux  rangées  parallèles.  Le 
pisiforme  a  une  longueur  exagérée,  et  il  présente  deux  facettes  articulaires, 
carpienne  et  cubitale,  à  peu  près  d'égale  étendue  et  très-distinctes  l'une  de 
l'autre. 

»  Le  métacarpe  est  également  très-large,  très-étalé;  il  est  composé  de  cinq 
os  assez  longs  :  les  quatre  externes  sont  extrêmement  forts,  et,  en  outre, 
larges  et  aplatis  en  dessus  comme  chez  les  Pachydermes.  Le  métacarpien 
du  pouce,  ou  la  phalange  qui  en  tient  lieu  selon  quelques  anatomistes,  est, 
au  contraire,  très-grèle  et  effilée;  elle  est  disposée,  par  son  articulation 
carpienne,  pour  jouir  d'une  abduction  tres-prononcée,  de  même  qu'on  le 


(  746) 
remarque  dans  les  animaux  nageurs,  et  particulièrement  dans  la  Loutre 
d'Amérique,  dans  ses  membres  abdominaux. 

»  Les  premières  phalanges,  dans  les  quatre  doigts  externes,  sont  extrê- 
mement courtes,  robustes,  à  peu  près  exactement  de  même  largeur,  symé- 
triques, sans  aucune  trace  de  facettes  articulaires  pour  les  os  sésanioïdes; 
elles  sont  pourvues,  à  leur  extrémité  antérieure,  d'une  poulie  assez  mar- 
quée. La  même  phalange  du  pouce  est  assez  longue  et  grêle.  Les  phalanges 
moyennes  sont  entièrement  semblables  aux  précédentes,  et  n'en  différent 
qu'en  ce  qu'elles  sont  environ  moitié  moins  fortes. 

>.  Enfin  les  phalanges  unguéales  du  Mesotherium,  par  la  singularité  de 
leur  structure,  vont  écarter  cet  animal  fossile  des  Pachydermes  et  des  Ron- 
geurs pour  le  ramener  vers  les  Edentés.  Ces  phalanges,  en  effet,  au  nombre 
de  quatre,  moins  fortes  que  les  précédentes,  ont  cela  de  remarquable 
qu'elles  sont  ouvertes,  bifidées,  et  comme  divisées  en  deux  parties  dans 
leur  moitié  antérieure,  exactement  comme  on  observe  les  mêmes  os  chez 
le  Pangolin  et  le  Macrotherium.  Leur  surface  articulaire  est  disposée,  en 
outre,  de  manière  que  la  flexion  pouvait  se  faire  en  dessous. 

»  Ce  sont  les  caractères  donnés  par  les  phalanges  unguéales  qui  ont 
fourni  à  Cuvier  les  applications  les  plus  remarquables  du  principe  de  la  cor- 
rélation des  parties  à  la  paléontologie  anatomique,  principe,  sur  lequel  re- 
pose l'édifice  merveilleux  de  cette  nouvelle  science.  Rien  n'est  plus  curieux 
dans  les  sciences  naturelles  que  la  reconstruction  que  fit  Cuvier  de  la  main 
du  Mecjalonjx  avec  quelques  phalanges  isolées;  et  rien  ne  montre  mieux 
toute  la  puissance  d'un  principe  général,  même  dans  les  sciences  d'ob- 
servation, que  la  diagnose  qu'il  prépara  du  Macrotherium  d'après  une  seule 
phalange  unguéale. 

«  Telle  est,  en  effet,  dans  l'œuvre  de  la  création,  la  perfection  de  l'indi- 
vidualité de  chaque  animal,  que,  d'une  part,  chaque  os  principal,  presque 
chaque  dent,  est  suffisamment  caractéristique  pour  déterminer  la  forme 
générale  de  l'individu,  et  que,  d'autre  part,  les  habitudes  ou  les  facultés 
des  animaux  impriment  leurs  particularités  sur  les  parties  que  met  en  action 
leur  exercice.  Le  Mesotherium  va  nous  fournir  un  nouvel  exemple  de  cette 
dernière  proposition,  en  nous  montrant,  dans  la  description  que  nous  ve- 
nons de  faire  de  son  extrémité  supérieure,  que  cet  animal  fossile,  devait 
être  tout  aussi  apte  à  la  vie  aquatique  que  la  Loutre  d'Amérique. 

»  La  nature  aquatique  du  Mesotherium  nous  est,  en  effet,  dévoilée  : 
i°  par  la  direction  de  l'articulation  supérieure  de  l'humérus,  qui  montre 
que  cet  os  devait  avoir  une  position  horizontale;   2°  par  In  disposition  de 


(  7^7  ) 
son  avant-bras,  qui  était  très-large,  très-mobile  et  se  rapprochait,  à  certains 
égards,  de  la  conformation  particulière  du  Phoque;  3°  par  l'écartement 
des  doigts,  qui  permettait  à  la  main  de  s'étaler  à  plat;  4°  par  la  disposi- 
tion du  pouce,  qui  était  long,  grêle,  et  dont  l'abduction  très-prononcée 
semble  indiquer,  entre  lui  et  1  index,  l'existence  d'une  membrane;  5°  enfin 
par  l'articulation  bout  à  bout,  et  sur  la  même  ligne,  des  os  de  l'avant-bras, 
de  ceux  du  carpe,  du  métacarpe  et  de  toutes  les  phalanges. 

MESURES    DES    DIFFÉRENTES    PARTIES    DU     MEMBRE     ANTÉRIEUR. 

Omoplate. 

111 

Hauteur 0,17 

Largeur  à  la  partie  moyenne  de  l'os 0,09 

Hauteur  de  l'épine  à  la  partie  moyenne  de  sa  largeur o,o4 

Distance  de  la  partie  inférieure  de  la  base  de  l'épine  à  la  cavité  glénoïde ...  0,02 

Longueur  de  la  cavité  glénoïde    o , o45 

Longueur  de  l'apophyse  coracoïde 0,016 

Clavicule. 

Longueur 0,12 

Longueur  à  l'extrémité  acromiale 0,01  5 

Humérus. 

Longueur 0,21 

Largeur  à  la  partie  supérieure o ,  o65 

Largeur  à  la  partie  inférieure o  ,0^5 

Mesure  du  sommet  de  la   grosse   tubérosité  à  la  partie  inférieure  de  l'empreinte 

deltoidienne o ,  1 4 

Epaisseur  transversale  du  corps  à  sa  partie  moyenne 0,025 

Radius. 

Longueur 0.19 

Largeur  à  la  partie  supérieure o,o4 

Largeur  à  la  partie  inférieure o,o45 

Épaisseur  du  corps  à  la  partie  moyenne 0,02 

Cubitus. 

Longueur .  .  0,26 

Largeur  à  la  partie  moyenne o,o35 

Hauteur  de  la  grande  échancrure  sygmoïde 0,0  j 3 

Longueur  de  l'olécrane o  ,o5 

Métacarpiens. 

Longueur  moyenne 007 

Premières  phalanges. 

Longueur 0,022 

Largeur  en  arrière 0,018 


(  748  ) 

Phalanges    moyennes. 

Longueur 0,014 

Largeur o,oi5 

Phalanges  unguéales . 

Longueur 0,0 18 

Largeur  à  la  base 0,01 

ANATOMIE  VÉGÉTALE.  —    Réponse  à  une  Lettre  de  M.  Schultz  concernant  les 
vaisseaux  du  latex;  par  M.  A.  Tkécll  (i). 

«  Quand,  il  y  a  dix  ans,  c'était  en  i8rJ7,  je  fis  connaître  mes  premières 
observations  sur  les  rapports  des  laticifères  avec  le  système  fibrovascu- 
laire,  je  ne  connaissais  de  M.  C.  H.  Schultz  que  le  Mémoire  couronné  par 
l'Académie  en  1 8 3 3 ,  et  publié  seulement  en  1 84 1  •  J'avais  donc  quelque 
raison  de  croire  que  dans  ce  travail  devaient  être  réunis  tous  les  faits  im- 
portants constatés  par  ce  savant.  Les  assertions  qui  font  l'objet  des  récla- 
mations de  M.  Schultz  m'étaient  tout  à  fait  inconnues,  ainsi  qu'à  tous  les 
botanistes,  même  allemands,  cpii  ont  parlé  des  phénomènes  que  j'ai  décrits. 
Quand  j'annonçai  ces  faits,  ils  furent  unanimement  désapprouvés;  et  au- 
jourd'hui que,  grâce  à  mes  recherches,  ils  sont  vérifiés  sur  un  grand  nombre 
de  végétaux,  et  qu'ds  sont  présentés  aussi  par  les  canaux  oléorésineux,  que 
l'on  rejetait  alors  loin  des  laticifères,  on  m'en  contesterait  même  l'observa- 
tion, si  c'était  possible  (2).  Loin  de  moi  l'idée  de  priver  M.  Schultz  du  béné- 

(1)  loir  ci-après,  à  la  Correspondance,  p.  757,  la  Lettre  de  M.  Schultz  à  laquelle  répond 
M.  ïrécul. 

(2)  Je  n'ai  pas  la  prétention  d'avoir  signalé  le  premier  les  vaisseaux  propres  dans  le  corps 
ligneux  des  végétaux;  tous  les  phvtotomistes  savent  que  Malpighi  et  Duhamel  en  avaient 
une  certaine  connaissance.  Il  n'est  donc  pas  sans  intérêt  de  rappeler  ici  les  passages  suivants 
de  nos  plus  anciens  devanciers.  Voici  quelques  lignes  de  Malpighi  Anatomcs  plantarum 
idca,  p.  a3;  Op.  oinn.,  Lugd.  Bat.,  in-4°,  1687)  :  «  An  expositi  humoris  concoctio  in  utri- 
culis  celebrata  nntritivuin  illum  succum  edat,  quem  in  cupresso,  pino  et  abieto,  térében- 
thine specie  miramur;  in  aliquibus,  ut  ficu,  tithymalo,  cichorio,  apio  rustico,  etc.,  lactis 
instar,  dubitari  potest.  Peculiaria  enim  liœc  vascula  (arteriarum,  vel  saltem  nervorum, 
instar}  non  solùni  corticem,  sed  et  lignum,  et  reliquas  vegetantium  partes  irrigant,  et  con- 
cocto  turgent  succo,  qui  longé  elaboralior  videtur  ac  est  humor  ligneis  fistulis  contentus.  » 

D'après  Duhamel  [Physique  des  arbres,  t.  I,  p.  4t;  Paris,  1788)  :  "  Le  corps  ligneux 
n'est  pas  seulement  forme  de  l'entrelacement  des  vaisseaux  lymphatiques  avec  le  tissu  cel- 
lulaire ou  les  productions  médullaires;  on  aperçoit  encore  dans  cette  substance  une  autre 
espèce  de  vaisseaux  dont  nous  avons  fait  mention  en  parlant  de  l'écorce,  et  que  nous  avons 
nommés  vaisseaux  propres  ^ Pin,  Picea,  Figuier).  »  Et,  page  68,  il  ajoute  :  «  Outre  la 
lymphe...,  on  découvre  encore  dans  le  bois,  et   principalement  dans  l'écorce,  une  liqueur 


(  749  ) 
fice  de  ses  travaux;  mais  il  me  place  dans  l'obligation  de  montrer  ce  que 
ses  ouvrages  contiennent  en  réalité. 

»  Sa  Lettre  peut  être  résumée  en  quatre  propositions  : 

»  i°  M.  Schultz  a  décrit  des  laticifères  partant  de  l'écorce  et  se  répan- 
dant dans  le  bois,  où  ils  se  ramifient  et  s'anastomosent  entre  les  vaisseaux 
et  à  leur  contact,  île  manière  à  y  donner  lieu  à  la  cyclose. 

»   2°  Il  a  signalé  l'union  des  laticifères  de  la  moelle  avec  ceux  de  l'écorce  • 
par  l'intermédiaire  de  rameaux  simples,  qui  s'étendent  à  travers  les  rayons 
médullaires  ou  entre  les  vaisseaux  du  bois. 

»  3°  Il  n'admet,  dans  aucun  cas,  l'existence  de  communications  directes, 
par  des  ouvertures,  entre  les  laticifères  et  les  éléments  du  corps  ligneux. 

»  4°  Il  »ie  la  présence  du  latex  à  l'intérieur  des  vaisseaux  ponctués, 
réticulés,  spiraux,  ou  autres  organes  que  les  laticifères  proprement  dits, 
dans  les  plantes  où  je  l'ai  indiqué. 

»  A  l'appui  de  la  première  proposition,  M.  Schultz  cite  des  observations 
qu'il  a  faites  sur  les  racines  des  Papavéracées  en  général,  du  Sanguinaria 
et  de  la  Chélidoine  en  particulier,  des  Ombellifères,  des  Sumacs  et  des  Com- 
posées. Quelques  lignes  plus  bas,  il  désigne  aussi  les  Figuiers  et  les  Asclé- 
piadées  comme  renfermant  des  vaisseaux  du  latex  dans  le  bois  de  leurs 
jeunes  pousses. 

»  Je  vais  successivement  examiner  la  constitution  des  plantes  ici  nom- 
mées. Je  ferai  remarquer  tout  d'abord  que  le  mot  Papavéracées  n'existe 
pas  dans  le  texte  de  i8a3.  Puisqu'il  est  dans  la  Lettre,  jetons  un  coup  d'ceil 
sur  la  distribution  des  laticifères  dans  les  racines  de  diverses  plantes  de 
cette  famille. 

»  En  admettant  la  cyclose  comme  l'entend  M.  Schultz,  elle  ne  peut  être 
reconnue  que  là  où  l'on  aperçoit  le  latex.  Ce  suc  n'étant  pas  visible  dans 
le  corps  fibrovasculaire  des  racines  des  Papaver  Rhœas,  somniferum,  Esch- 
schollzia  crocea,  Argemone  grandiflora,  etc.,  on  ne  saurait,  jusqu'à  présent, 
qu'y  supposer  des  laticifères.  Ces  vaisseaux  ne  sont  apparents  que  dans 
l'écorce  de  ces  racines  (i). 


fort  différente,  qu'on  pourrait  en  quelque  façon  comparer  au  sang  des  animaux.  Cette 
liqueur  est  blanche  et  laiteuse  dans  le  Figuier  et  les  Tithymales;  gommeuse  dans  le  Ceri- 
sier, etc.;  résineuse  dans  le  Térébinthe,  etc....  »  Il  est  évident  que  Malpighi  et  Duhamel 
n  avaient  pas  une  Motion  exacte  des  vaisseaux  propres  dans  les  plantes  qu'ils  nomment  Nous 
allons  voir  que  M.  Schultz  n'en  avait  aussi  qu'une  connaissance  bien  imparfaite. 

(i)  Il  est  à  noter  que  les  parties  aériennes  de  VEschscholtzia  sont  privées  du  beau  latex 
C.  11.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  K°  J9.)  9& 


(  75o  ) 

«  Bien  que  des  laticifères  soient  perceptibles  d;>ns  le  corps  vasculaire 
des  racines  des  Macleya  cordala,  Glaucium  fulvum  et  Jlavum,  la  cyclose  ne 
peut  néanmoins  y  avoir  lieu,  parce  que  ces  laticifères  n'y  sont  pas  tubuleux. 
Ils  consistent  en  cellules  isolées  ou  réunies  deux  à  deux,  éparses  entre  les 
vaisseaux  ou  à  leur  contact,  et  dans  les  rayons  médullaires.  Dans  l'écorce, 
il  n'y  a  de  même  que  de  telles  cellules  à  suc  jaune  ou  orangé,  isolées  et 
dispersées  dans  le  parenchyme.  On  ne  trouve  de  laticifères  composés  de 
séries  de  cellules,  ou  même  tubuleux  et  anastomosés,  qu'entre  les  cellules 
les  plus  superficielles  de  l'écorce  des  deux  dernières  plantes. 

»  Dans  la  Chélidoine,  il  y  a  bien  quelques  vaisseaux  propres  dans  le 
corps  central  des  racines;  mais  ces  laticifères  sont  beaucoup  plus  abon- 
dants entre  les  vaisseaux  rayés,  ponctués  ou  spiraux  de  la  souche,  et  à  leur 
contact,  où  ils  sont  formés  de  séries  souvent  sinueuses  de  cellules,  et  fré- 
quemment unis  les  tins  aux  autres.  Bien  qu'on  les  trouve  quelquefois  reliés 
aussi  à  ceux  de  l'écorce,  il  est  fort  remarquable  que  dans  cette  saison,  par 
exemple,  le  suc  de  ces  deux  parties  soit  de  couleur  très-différente.  Il  est 
jaune  pâle  dans  l'écorce  interne,  et  orangé  dans  les  laticifères  du  corps  fibro- 
vasculaire. 

»  Dans  le  rhizome  du  Sanguinaria,  les  laticifères,  composés  aussi  de  cel- 
lules superposées,  quelquefois  très-aiguës  aux  deux  bouts  dans  l'écorce 
externe,  sont  répandus  dans  le  parenchyme  cortical  et  médullaire,  où  ils 
sont  reliés  de  manière  à  former  un  réseau.  Malgré  tout  le  désir  que  j'avais 
de  trouver  ceux  de  l'écorce  réunis  avec  ceux  de  la  moelle,  mes  efforts  ont 
été  vains.  Je  crains  donc  qu'en  cela  M.  Schultz  se  soit  laissé  induire  en 
erreur,  d'autant  plus  qu'il  n'a  pas  aperçu  tout  ce  que  les  laticifères  de  ce 
rhizome  ont  d'intéressant.  Il  n'a  pas  vu,  par  exemple,  qu'outre  ces  vais- 
seaux propres  formés  de  séries  de  cellules  il  y  a  dans  l'écorce  et  dans  la 
moelle  de  nombreuses  utricules  isolées,  semblables  à  celles  du  parenchyme 
environnant,  et  qui  sont  pleines  d'un  beau  suc  rouge  identique  à  celui  des 
laticifères. 

»  De  toutes  ces  Papavéracées,  la  Chélidoine  seule,  par  ses  laticifères  ser- 
pentant entre  les  vaisseaux  rayés,  ou  spiraux,  coïncide  assez  bien  avec  la 
description  donnée  par  M.  Schultz.  Mais  si  cet  anatomiste  a  assez  bien  vu 


jaune  <jui  existe  dans  l'écorce  des  organes  souterrains,  dont  les  laticifères  assemblent  beau- 
coup à  ceux  des  racines  de  la  Chélidoine  et  de  VArgemone. 

Voulant  être  bref,  je  renvoie  à  la  description  que  j'ai  donnée  des  vaisseaux  du  latex  de 
ces  deux  dernières  plantes,  dans  le  tome  LX,  page  5ai>,  des  Comptes  rendus. 


(  75i  ) 
les  vaisseaux  propres  du  rhizome  de  ce  Clietidonium  (ce  qui  ne  veut  pas  dire 
qu'il  en  a  parfaitement  interprété  la  constitution  en  tous  points),  il  a  tout 
à  fait  méconnu  ceux  de  la  tige  aérienne. 

»  Dans  le  Mémoire  de  1 833,  par  exemple  [Recueil  des  Savants  étrangers, 
t.  VII,  p.  ^4),  il  les  décrit  comme  constituant  ce  que  l'on  appelle  assez  com- 
munément aujourd'hui  le  tissu  cribreux  de  chaque  faisceau  ;  et  à  la  page  25  il 
les  compare  à  ce  tissu  des  faisceaux  du  Mays,  cpii  est  interposé  entre  le 
groupe  des  fibres  du  liber  et  le  groupe  des  vaisseaux  ponctués  et  spiraux. 

»  Dans  son  Mémoire  de  1 84 1  sur  la  cyclose  {Nova  Acta  Ac.  C.  L.  C.  Nat. 
Car.,  t.  XVIII,  Snppl.  2)  il  admet  la  même  opinion.  On  y  lit  comme  expli- 
cation de  la  fig.  1,  PL  XVI:  «  Coupe  transversale  de  la  tige  du  Chelido- 
»  niuni  majus.  Chaque  faisceau  vasculaire  est  composé  :  en  a,  de  latiei- 
»  fères,  dans  le  milieu  du  faisceau;  en  b,  de  vaisseaux  spiraux  vers  l'inté- 
»  rieur,  et  en  c,  défibres  du  liber  comme  couverture  au  pourtour...  »  (1). 

»  Il  y  a  bien,  éparses  dans  l'endroit  désigné,  quelques  cellules  grêles, 
contenant  du  suc  jaune;  mais  ce  n'est  pas  tout  ce  tissu  sous -libérien  qui 
constitue  les  laticiféres.  Les  principaux  vaisseaux  du  latex,  dans  cette  tige 
et  dans  les  pétioles,  sont  distribués  çà  et  là  autour  de  chaque  faisceau  fibro- 
vasculaire,  à  la  périphérie  de  la  partie  libérienne  aussi  bien  qu'à  celle  de 
la  partie  vasculaire,  ce  que  Moldenhawer  avait  déjà  reconnu  en  181 2. 

»  Des  Composées  M.  Schultz  ne  cite  que  des  Chicoracées.  Pour  la  tige  de 
ces  plantes,  la  méprise  de  ce  savant  est  à  peu  près  la  même  que  pour  celle 
du  Chelidonium.  En  effet,  à  la  page  .24  (S av.  étr.,  t.  VII),  les  laticiféres  sont 
représentés  par  le  tissu  cribreux,  par  ce  tissu  que  dans  le  Dracœna,  les 
Palmiers,  etc.,  il  désigne  aussi  comme  laticiféres.  Il  n'a  pas  remarqué  que 
les  vaisseaux  du  latex  de  la  tige  des  Chicoracées  sont  placés  à  la  surface 
même  des  faisceaux  du  liber,  où  ils  forment  un  réseau  en  s'anastomosant 
entre  eux  et  avec  ceux  des  faisceaux  voisins.  Il  est  vrai  que  dans  la  tige  de 
certaines  plantes^  surtout  vers  la  base  [Sonchus  tenerrimus,  Pkridium  tirigi- 
tanum,  etc.;  voir  le  tome  LXI  des  Comptes  rendus,  p.  786),  il  y  a  aussi  des 
laticiféres  épars  dans  le  tissu  sous-libérien.  En  passant  de  la  tige  dans  la 
racine,  le  liber  à  fibres  épaissies,  quand  il  existe,  s'efface  graduellement.  Au 
contraire,  le  tissu  dit  cribreux  devient  plus  abondant,  et  les  vaisseaux  du 
latex,  qui  y  sont  disséminés,  deviennent  aussi  plus  nombreux.  Mais  là,  pas 


(1)  Dans  la  tige  des  Papavcr,  des  Argemone  et  des  Rœmeria  hybrida  et  réfracta,  les  vais- 
seaux du  latex  existent  seulement  dans  le  tissu  sous-libérien.  Comme  il  n'y  en  a  ni  dans 
l'écorce  ni  dans  la  moelle,  ils  ne  peuvent  communiquer  de  l'une  à  l'autre  de  ces  deux  parties 

98.. 


(  1^  ) 

plus  que  dans  les  racines  des  Ombellifères  et  des  Sumacs,  ainsi  que  nous  le 
verrons  tout  à  l'heure,  il  n'existe  de  vaisseaux  du  latex  dans  le  corps  fibro- 
vasculaire  central. 

»  M.  Schultz  a  été  non  moins  malheureux  pour  les  deux  derniers  groupes 
de  plantes  que  je  viens  de  nommer,  que  pour  les  Chicoracées;  car  il  a  mé- 
connu entièrement  les  organes  qui  renferment  leur  suc  laiteux.  «  Dans  les 
»  Ombellifères,  dit-il,  il  faut  bien  distinguer  les  canaux  résineux  des  vais- 
»  seaux  laticifères  contenant  un  latex  laiteux.  »  Il  cite  comme  exemple 
YOEiianthe  crocnta,  Y  Angelica  Archangclka  et  le  Ciruta  virosa,  dans  les- 
quels les  laticifères  seraient  aussi,  pour  M.  Schultz,  ce  groupe  de  cellules 
qui  est  au  côté  externe  du  faisceau  ligneux,  et  sons  le  liber  vrai  quand  il 
existe. 

»  Il  est  du  même  avis  dans  son  ouvrage  de  1 84 t  (Nova  Acla,  loc.  cit.), 
dont  il  invoque  un  passage  dans  sa  Lettre.  Il  y  représente  (PL  XXI,  fuj.  3, 
et  PL  XXII,  fig.  i)  les  vaisseaux  du  latex  par  un  groupe  de  cellules  qui 
appartient  au  système  libérien. 

»  Malgré  la  négation  de  M.  Schultz,  ce  sont  les  canaux  oléorésineux  qui 
enserrent  le  suc  laileux.  Et,  comme  dans  les  racines  des  Ombellifères  ils 
n'existent  que  dans  l'écorce,  M.  Schultz  n'a  pu  voir  circuler  le  suc  laiteux 
dans  le  bois  de  ces  racines. 

»  Il  en  est  de  même  pour  les  Sumacs  et  les  Térébinthacées  à  moi  connues. 
Dans  le  Mémoire  de  i833,  M.  Schultz  rappelle,  à  la  page  36,  que  M.  de 
Mirbel  a  reconnu  que  le  suc  propre  du  Schinus  molle  est  un  mélange  de 
deux  liqueurs,  l'une  blanche,  l'autre  incolore  et  transparente.  «  Ces  deux 
»  sortes  de  liqueurs,  dit  M.  Schultz,  dont  l'une  est  le  latex  blanc  ou  laiteux, 
»  et  l'autre,  transparente  et  incolore,  (est)  la  résine  liquide,  se  trouvent 
»  aussi,  comme  le  fait  voir  une  section  transversale  du  Schinus  molli 
»  (PL  X,  fig.  7),  dans  des  organes  différents.  En  c  (fig.  7  et  8)  sont  h?s  canaux 
»  oléorésineux,  qui  se  distinguent  facilement  par  leur  grandeur  et  leur 
»   structure   cellulaire.   Ils  sont   complètement  environnés  de  vaisseaux  lali- 

»   cifères  a On   voit  une  organisation   semblable  dans    le  Rhus   Co- 

»   riaria.  » 

»  Ainsi,  point  de  doute,  les  laticifères  des  Sumacs  (Rhus)  sont  différents 
des  canaux  résineux,  d'après  M.  Schultz,  puisque,  suivant  lui,  ils  entourent 
ces  derniers.  Eh  bien,  dans  les  racines  des  Térébinthacées -nommées  les 
canaux  résineux  n'existent  que  dans  l'écorce.  M.  Schultz  n'a  donc  pu  voir 
dans  le  bois  les  laticifères  qui  les  entourent.  Je  n'ai  pas  besoin  d'ajouter 
qu'ici  encore  les  prétendus  laticifères  de  ce  phytotomiste  sont  le  tissu  sous- 


e 


(  753  ) 
libérien,   et  que  de  même  que  dans  les   Ombellifères  ce  sont  les  canaux 
oléorésineux  qui  contiennent  le  suc  laiteux. 

»  Si  maintenant,  faisant  une  double  hypothèse,  nous  admettions  pour 
un  instant  que  31.  Schultz  ait  pu  prendre  des  canaux  oléorésineux  pour  des 
laticiferes  en  état  d'expansion,  et  qu'il  les  ait  vus  passer  delà  moelle  à 
l'écorce,  à  travers  les  espaces  formés  dans  le  corps  ligneux  parl'écartement 
des  faisceaux  qui  se  rendent  aux  feuilles,  nous  serions  tout  de  suite  portés 
à  renoncer  à  cette  hypothèse  par  la  pensée  que.  si  M.  Schultz  avait  réelle- 
ment vu  ce  passage  dans  une  position  aussi  remarquable,  aussi  bien  déter- 
minée, il  n'eût  pas  manqué  de  le  décrire. 

»  J'arrive  au  second  point  de  la  discussion   : 

«  La  connexion  des  vaisseaux  du  latex  de  la  moelle  avec  ceux  de 
»  l'écorce  s'effectue  par  l'intermédiaire  de  rameaux  simples,  qui  passent  à 
»   travers  les  rayons  médullaires,  ou  entre  les  vaisseaux  spiraux  du  bois.  » 

»  Dans  \es  Nova  Acla  de.  i  84  ' ,  où  cette  proposition  est  émise  à  la  page  276, 
M.  Schultz  renvoie  à  son  ouvrage  de  1823  (Die  Natur,  etc.),  qui  ne  contient 
que  ce  qui  suit  (p.  5p,i)  : 

«  Du  foyer  du  système  de  la  circulation  qui  vient  d'être  décrit,  le  latex 
»  se  répand  dans  toutes  les  parties  de  la  plante  par  les  anastomoses  des 
»  vaisseaux.  Ainsi  l'intérieur  du  bois  n'est  nullement  dépourvu  de  latex, 
»  seulement  on  n'observe  plus  la  circulation  dans  le  bois  durci.  »  C'est 
là  une  proposition  générale,  que  l'auteur  applique  à  tous  les  végétaux  pour- 
vus de  latex.  Un  peu  plus  loin  (p.  592),  il  y  a  :  «  A  mesure  que  la  moelle 
»  se  dessèche  et  vieillit,  ou  que  les  rayons  médullaires  se  répartissent  entre 
»  le  nouveau  bois,  le  mouvement  s'affaiblit  et  le  courant  cesse.  »  On  le  voit, 
il  n'est  pas  du  tout  question  de  laticiferes  simples  cheminant  à  travers  les 
rayons  médullaires  ou  entre  les  vaisseaux. 

»  Ce  passage  est  appuyé  sur  l'examen  de  la  racine  des  Ombellifères,  des 
Sumacs,  de  la  Chélidoine  et  du  Sanguinaria.  Nous  avons  vu  plus  haut  ce 
que  l'on  en  doit  penser.  Examinons  maintenant  si  les  Figuiers  et  les  Asclé- 
piadées,  que  l'auteur  cite  aussi,  l'ont  servi  beaucoup.  «  Le  latex,  dit-il  en 
»  1823  et  dans  sa  Lettre,  est  plus  abondant  dans  la  moelle  vivante  des  jeunes 
»  pousses  des  arbres  que  dans  le  bois,  par  exemple  dans  les  Figuiers,  les 
»  Asclépiadées,  les  Sumacs.  »  Les  laticiferes  existeraient  donc  dans  le  bois 
de  toutes  ces  plantes  (1). 


^i)Nohs  pouvons  négliger  les  Sumacs,  puisque  j'ai  dit  que  leur  sue  laiteux  est  renfermé 
dans  les  canaux  oléorésineux,  qui  ne  sont  pas  des  laticiferes  pour  M.  Schultz. 


(  75/.  ) 

»  On  remarque  tout  d'abord  que  dans  cette  phrase  il  n'est  pas  davantage 
question  de  vaisseaux  du  latex  allant  de  l'écorce  à  la  moelle  à  travers  les 
rayons  médullaires,  mais  des  laticifères  anastomosés  signalés  plus  haut, 
courant  entre  les  vaisseaux  du  bois,  et  dans  lesquels  aurait  lieu  la  cyclose. 
N'est-il  pas  évident  que  si  M.  Schultz  avait  réellement  constaté,  dès  1823, 
l'existence  de  laticifères  effectuant  la  cyclose  dans  le  bois  ou  à  travers  les 
rayons  médullaires,  il  n'aurait  pas  manqué  de  décrire  cet  important  phé- 
nomène dans  son  travail  couronné  par  l'Académie  en  t 833  ;  et  pourtant  il 
n'est  pas  fait  la  moindre  allusion  à  ce  sujet  dans  ce  Mémoire,  ni  pour  les 
Asclépiadées,  ni  pour  les  Apocynées,  ni  pour  les  Euphorbes,  ni  pour  les 
Figuiers,  ou  toute  autre  plante  que  ce  soit. 

»  Voici  le  passage  qui  concerne  le  Figuier  (Sav.  étr.,  t.  VII,  p.  28  et  29)  : 
«  Dans  le  Ficus  Carica  aussi  ces  vaisseaux  (du  latex)  sont  en  faisceaux  et 
»  appliqués  à  l'entour  de  la  plus  jeune  couche  ligneuse;  mais  ces  faisceaux 
»  se  réunissant  en  anneau —  »  Cet  anneau  est  celui  du  système  libérien  et 
cribreux.  L'auteur  ajoute  :  «  ...  Et,  outre  cela,  il  y  a  encore  des  vaisseaux 
»  isolés  dans  la  moelle  et  dans  la  périphérie  de  l'écorce.  »  De  l'union  de 
ces  vaisseaux  du  latex  de  l'écorce  et  de  la  moelle  à  travers  les  rayons  mé- 
dullaires, il  n'est  pas  dit  un  mot,  non  plus  que  de  laticifères  dans  le  bois,  je 
le  répète. 

»   Pour  confirmer  mon  assertion,  je  renvoie  au  Rapport  de  M.  de  Mirbel. 

»  Il  est  donc  prouvé  qu'avant  1 833  M.  Schultz  n'avait  pas  observé  de 
laticifères  traversant  le  corps  ligneux  à  la  faveur  des  rayons  médullaires. 
Voyons  maintenant  sur  quoi  il  fonde  son  assertion  de  184 1  - 

»  Chose  singulière!  c'est  précisément  sur  ses  observations  de  1823.  En 
effet,  après  avoir  dit  (p.  276,  Nova  Acta,  18/41),  comme  en  1823,  que  des 
laticifères  vont  du  foyer  de  l'écorce  dans  tous  les  organes  (1),  et  que  quel- 
ques-unsse  développent  assez  souvent  à  l'état  d'expansion  dans  la  moelle  des 
jeunes  rameaux  des  Sambucus  Ebahis,  Glycine  Apios,  Rhus  typhinum,  Ficus 
Carica,  F.  populifolia  et  Euphorbia  atropurpurea,  d'où  il  conclut  que  la  jeune 
moelle  contient  une  grande  quantité  de  latex,  il  ajoute  :  «  La  connexion  de 
»  ces  laticifères  de  la  moelle  avec  ceux  du  foyer  dans  l'écorce  est  effectuée 
»  par  des  vaisseaux  du  latex  simples  répandus  dans  les  rayons  médullaires 
»   et  entre  les  vaisseaux  spiraux,  dont  j'ai  déjà  décrit  la  marche  (Tapies  les 

(1)  Dans  tous  les  organes  veut  (lire  dans  la  feuille  et  les  autres  organes  appendiculnires, 
oar  cela  ne  peut  signifier  dans  tous  les  organes  de  la  lige  dont  dépend  l'écorce,  ce  qui  n'au- 
rait pas  de  sens. 


1 


f  755  ) 

»  OmbeUifères,  la  Chélidoine,  le  Sanguinaria,  clans  l'ouvrage  intitulé  :  Die 
«  Naiur  der  lebendigen  Pflanze.  »  Ainsi,  c'est  sur  ses  observations  de  1823, 
faites  sur  des  racines  des  plantes  citées  (qui  n'ont  pas  de  moelle,  à  moins 
qu'il  ne  parle  de  rhizomes  )  que  M.  Schultz  base  son  assertion,  qu'il  a  en- 
core le  tort  de  généraliser. 

»  Comme  nous  avons  vu  que  le  corps  ligneux  des  racines  des  OmbeUi- 
fères ne  contient  pas  de  vaisseaux  du  latex,  ni  même  de  canaux  oléorési- 
neux,  c'est  donc  seulement  sur  la  Chélidoine  et  le  Sanguinaria  que  repose 
l'affirmation  de  M.  Schultz.  Eh  bien!  là  même  je  crois  que  M.  Schultz  est 
allé  au  delà  de  la  vérité,  car,  malgré  tout  le  désir  que  j'avais  de  généraliser 
mes  propres  observations,  je  n'ai  pu  trouver  de  laticifères  passant  de  l'é- 
corce  dans  la  moelle  du  Sanguinaria  canadensis,  et,  dans  la  souche  de  la 
Chélidoine,  il  n'existe  pas  de  vaisseaux  propres  allant  directement  de  la 
moelle  à  l'écorce,  mais  seulement  des  laticifères  étendus  iongitudinalement, 
plus  ou  moins  sinueux,  se  mêlant  aux  vaisseaux  rayés  ou  spiraux. 

»  Si  M.  Schultz  n'a  pas  vu  de  vaisseaux  du  latex  aller  directement,  hori- 
zontalement, de  la  moelle  à  l'écorce,  comme  ceux  que  j'ai  si  souvent 
décrits,  il  a  pu  en  soupçonner  l'existence  de  1 833  à  184 1.  Et  tous  les  savants 
savent  que  du  soupçon  à  l'affirmation  il  n'y  a  pas  toujours  loin. 

»  Dans  le  passage  des  Nova  Acla  que  je  viens  de  citer,  l'auteur  nomme 
YEuphorbia  atropurpurea,  et  donne  (PI.  V ,  fig.  2)  une  coupe  transversale 
de  la  tige  de  cette  plante.  S'il  avait  vu  les  laticifères  passer  de  l'écorce 
dans  la  moelle,  chez  cet  Euphorbe,  n'est-il  pas  évident  qu'il  l'eût  déclaré? 
Il  ne  le  dit  pas,  il  ne  le  représente  pas,  et  pourtant  cette  fig.  1  de  la  PI.  V 
montre  quatre  fragments  de  laticifères  qui,  partant  de  l'écorce  interne, 
aboutissent  à  la  couche  génératrice,  vis-à-vis  deux  rayons  médullaires.  11 
y  a  deux  laticifères  opposés  à  chaque  rayon,  sans  y  entrer.  Il  demeure  donc 
prouvé  que  M.  Schultz  ne  les  y  a  pas  vus  pénétrer.  Il  a  supposé  peut-être 
qu'ils  traversaient  ces  rayons  médullaires;  mais  il  a  été  assez  consciencieux 
pour  ne  pas  l'exprimer.  I!  s'est  contenté  d'assimiler  à  ce  fait  ce  qu'il  avait 
observé  dans  la  Chélidoine,  et  malheureusement  de  le  généraliser.  Or,  ce 
grand  Mémoire  de  M.  Schultz  (18.41)  renferme  33  planches,  et  son  travail 
de  i833  en  contient  23,  ce  qui  fait  un  total  de  56  planches,  dont  les  nom- 
breuses figures  (296)  sont  dessinées  avec  art,  et  dont  pas  une  ne  représente 
le  passage  des  laticifères  dont  M.  Schultz  réclame  aujourd'hui  le  bénéfice 
de  l'observation. 

»  Même  en  admettant  que  j'aie  eu  connaissance  de  l'assertion  sans 
preuve  de  M.  Schultz,  en  présence  des  nombreuses  planches  que  je  mets 


(  756  ) 
sous  les  yeux  des  Membres  de  l'Académie,  lesquelles  planches  représentent 
tant  de  fois  le  phénomène  dont  il  s'agit,  on  voit  que  ma  part  serait  encore 
assez  belle. 

»  Je  passe  à  un  antre  point  pour  lequel  M.  Schultz  n'adresse  pas  de 
réclamation,  qui,  dans  ce  cas  pourtant,  serait  mieux  fondée. 

»  Il  existe  sur  les  côtés  des  faisceaux  épars  dans  les  tiges  aériennes  ou 
dans  les  pétioles  des  Aroïdées  des  laticiféres  qui  s'anastomosent  souvent  en 
réseau  dans  certaines  espèces.  Ces  laticiféres  anastomosés  envoient  assez 
fréquemment  des  branches  latérales  qui  arrivent  au  contact  des  vaisseaux 
spiraux.  Dans  les  Comptes  rendus  de  1 865  (t.  LXI,  p.  i  166),  tout  en  donnant 
de  nouveaux  exemples  de  ce  fait,  j'ai  attribué  à  M.  Hanstein  la  découverte 
de  ces  points  de  contact  dans  cette  famille,  ne  sachant  pas  que  M.  Schultz 
en  avait  décrit  et  figuré  en  i8/ji,  d'après  les  Arum  maculalwn,  purpurascens 
etCaladium  esculentum .  Je  m'empresse  de  lui  rendre  cette  justice. 

»  A  présent,  pour  répondre  à  la  négation  des  ouvertures  qui  établissent 
la  communication  entre  les  laticiféres  et  les  éléments  du  bois,  je  dirai  à 
M.  Schultz  et  aux  botanistes  qui  refusent  d'admettre  l'existence  d'une  mem- 
brane autour  des  grains  de  chlorophylle,  d'aleurone  et  même  des  grains 
d'amidon,  qu'en  général,  pour  trouver  un  objet,  il  faut  le  chercher  où  il 
est,  ou  du  moins  où  il  a  été  signalé  comme  facile  à  observer,  et  ne  pas 
s'obstiner  à  en  nier  tout  à  fait  l'existence,  parce  qu'on  ne  l'observe  pas 
dans  des  cas  donnés.  En  ce  qui  concerne  les  ouvertures  dont  je  viens  de 
parler,  il  eût  été  facile  à  M.  Schultz  de  se  convaincre  de  leur  réalité,  lors 
de  son  dernier  voyage  à  Paris,  si,  prolongeant  d'une  demi-heure  la  visite 
qu'il  me  fit,  il  eût  pu  jeter  un  coup  d'œil  sur  les  préparations  que  je  con- 
serve. 

»  Quant  à  la  présence  du  latex  dans  les  vaisseaux  ponctués,  rayés  et 
spiraux,  je  maintiens  mon  affirmation,  et  j'en  ferai  connaître  de  nouveaux 
exemples  dans  une  de  mes  premières  communications  sur  les  vaisseaux 
propres.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  J.  Gcipox  adresse,  pour  le  concours  des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie, un  ouvrage  intitulé  :  «  De  la  maladie  charbonneuse  de  l'homme  », 
et  joint  à  cet  envoi  une  indication  manuscrite  des  points  sur  lesquels  il 
désire  attirer  plus  particulièrement  l'attention  de  la  Commission. 

(Renvoi  à  la  future  Commission,  pour  le  concours  de  1 868.) 


(  757  ) 
MM.  Pécholier   el    Saintpierre,  qui   ont  présenté  à  l'Académie  divers 
ouvrages  pour  le  concours  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  adressent 
une  analyse  manuscrite  des  parties  qu'ils   considèrent  comme  nouvelles 

dans  leurs  recherches. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  L.  Gosselin  et  M.  A.  Vilpian  prient  l'Académie  de  vouloir  bien  les 
comprendre  parmi  les  candidats  à  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie  par  suite  du  décès  de  M.  Velpeau. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

msTOinr-:  DES  SCIENCES.  —  Lettre  de  Lady  Ma*:ci.esfiei.i>  à  Sir  David  Brewster 
au  sujet  des  relations  qui  auraient  existé  entre  Pascal  et  Newton. 

■  Shirbnm  Castle  Tetvvortli,  3o  octobre  1867. 

»  "Vous  avez  parfaitement  raison  de  croire  que  le  nom  de  Pascal  ne  se 
trouve  dans  aucun  des  manuscrits  de  Sir  Isaac  Newton  qui  sont  dans  la 
collection  de  Lady  Macclesfield. 

»  Nous  avons  examiné  toutes  les  Lettres  avec  grand  soin,  ce  matin  même, 
et  nous  n'y  avons  trouvé  aucune  mention  du  nom  de  Pascal,  ni  par  consé- 
quent rien  qui  ait  rapport  à  ce  savant.  » 

anatomie    végétale.   —   Sur  les  rapports   des   vaisseaux    lalicifères  avee  le 
bois  et  avec  les  vaisseaux  spiraux.  Lettre  de  M.  Schui.tz-Schui.tzensteix  à 

M.  Trécul  (1). 

«  Dans  une  conversation  que  nous  avons  eue,  au  sujet  de  vos  belles  ob- 
servations et  de  vos  dessins  sur  les  vaisseaux  laticifères,  vous  avez  émis  quel- 
ques doutes  sur  la  publication  de  mes  observations  concernant  l'entrée  des 
vaisseaux  lalicifères  dans  le  bois  et  leur  distribution  entre  les  vaisseaux  spi- 
raux. Pour  tenir  la  promesse  que  je  vous  ai  donnée,  j'ai  l'honneur  de  vous 
indiquer  ici  quelques  passages  de  mes  ouvrages  qui  t/occupent  de  la  situation 
réciproque  des  vaisseaux  spiraux  et  laticifères,  avec  la  traduction  française 

(1 1  La  réponse  faite  ;ï  cette  Lettre,  dans  cette  séance,  par  M.  Trécul,  est  insérée  plus  haut, 
parmi  les  communications  des  Membres  de  l'Académie,  p.  748- 

L,  K.,   1S67,  ■>.'  Semestre,  (T.  LXV,  N°  19.)  99 


(  75H  ) 
que  vous  ferez  comparer  facilement  avec  les  originaux.  Dans  l'ouvrage  :  Die 
Nalur  dér  lebendigen  Pflanze  (La  nature  de  la  plante  vivante,  t.  Ier  :  la  Fie  de 
l'individu;  Berlin,  i8a3),  vous  trouverez,  p.  5g r ,  §  1 64  :  «  Du  foyer  de  la  cir- 
»  culation  (cyclose)  auparavant  décrit  (comme  se  trouvant  dans  l'écorce),  le 
»  latex  se  distribue  dans  toutes  les  parties  de  la  plante  par  les  ramifications 
»  et  les  anastomoses  des  vaisseaux  laticifères.  Ainsi  l'intérieur  du  bois  n'est 
»  nullement  dépourvu  de  latex,  quoiqu'on  ne  voie  plus  la  cyclose  dans  le 
»  vieux  bois  endurci.  Mais  dans  le  bois  des  jeunes  racines  de  la  Chélidoine, 
»  des  Ombelliféres,  des  Composées,  Papavéracées  (Sanguinaria),  l'observa- 
»  tion  de  la  cyclose  se  fait  très-bien.  Les  vaisseaux  laticifères  se  distribuent 
»  par  leurs  ramifications  dans  le  bois  entre  les  vaisseaux  spiraux  et  sont 
»  situés  à  côté  d'eux;  on  voit,  même  à  l'œil  nu,  couler  le  latex  du  bois 
»  après  avoir  fait  une  section  transversale  d'une  telle  racine. 

»  Le  latex  est  plus  abondant  dans  la  moelle  vivante  des  jeunes  poussesdes 
»  arbres  que  dans  le  bois,  par  exemple,  dans  les  Figuiers,  les  Asclépiadées, 
»  les  Sumacs,  où  on  voit  très-bien  la  cyclose  dans  des  lames  minces.  Les 
»  vaisseaux  laticifères  de  la  moelle  ne  sont  pas  réunis  en  faisceaux  comme 
»  dans  (le  foyer  de)  l'écorce,  mais  séparés  et  écartés  dans  le  tissu  cellulaire. 
»  La  PL  IF,  fig.  4,  donne  une  représentation  de  la  marche  de  la  cyclose  dans 
»  la  moelle  du  Ficus  populifolia.  Les  anastomoses  des  laticifères  sont  ici  plus 
»  rares,  mais  ils  ne  manquent  jamais.  A  mesure  que  la  moelle  devient 
»   vieille,  qu'elle  se  meurt  et  se  dessèche,  la  cyclose  s'affaiblit  et  cesse.  » 

»  Dans  l'ouvrage  :  Die  Cyclose  des  Lebenssafles  in  den  Pflanzen  (inséré 
dans  les  Actes  de  l'académie  des  Curieux  de  la  nature,  i84i),  vous  trou- 
verez, p.  276,  une  exposition  de  la  distribution  des  laticifères  dans  le 
bois,  et  de  la  connexion  des  laticifères  de  l'écorce  et  de  la  moelle  au 
moyen  des  ramifications  qui  traversent  le  bois.  Je  ne  cite  que  ces  mots  : 
«  La  connexion  des  vaisseaux  laticifères  de  la  moelle  avec  le  foyer  dans  l'é- 
»  corce  se  fait  par  des  rameaux  simples  de  ces  vaisseaux  qui  traversent  les 
»  rayons  médullaires  et  les  vaisseaux  spiraux  du  bois  dont  j'ai  décrit  la 
»   direction  »  (1). 

»  Vous  voyez  ainsi  que  je  n'ai  pas  négligé  le  rapport  des  vaisseaux  latici- 
fères et  spiraux,  et  qu'il  y  a  seulement  une  différence  d'opinion  sur  les  ob- 
servations. Vous  croyez  qu'il  existe  une  embouchure  des  laticifères  dans  les 
vaisseaux  spiraux;  moi,  je  ne  concède  qu'une  juxtaposition  de  ces  deux  sortes 


(1)  M.  Schultz  aurait  ilù  ajouter  :  «   D'après  Iti  Chélidoine,   lus  Ombelliféres,  le  Sangui 
naria  »,  qui  sont  nommés  dans  le  passage  cité. 


(  7%) 
de  vaisseaux.  Je  nie  l'embouchure  des  uns  dans  les  antres,  non-seulement 
faute  d'observation,  mais  aussi  à  cause  de  la  diversité  des  sucs  contenus 
dans  les  deux  sortes  de  vaisseaux.  Les  vaisseaux  spiraux  du  bois  contiennent 
la  lymphe  ou  sève  sucrée  que  j'ai  nommée  succus  xylinus  (Holzsaft),  suc  du 
bois,  qui  coule  du  bois  de  la  Vigne,  de  l'Érable,  etc.  Les  laticifères  ne  con- 
tiennent jamais  autre  chose  que  le  latex,  dont  la  composition  est  si  singulière 
qu'elle  ne  se  trouve  nulle  autre  part.  Jamais  on  ne  trouve  la  sève  dans  les 
laticifères,  jamais  le  latex  dans  les  vaisseaux  spiraux.  Le  latex  qui  coule  du 
bois  des  jeunes  racines  ne  vient  que  des  laticifères  qui  traversent  le  bois,  et 
que  j'ai  considérés  comme  les  vaisseaux  nutritifs  au  bois.    » 

ÉLECTRICITÉ.  —  Dialyse  des  courants  d'induction.  Note  de  M.  E.  Bouchotte, 
présentée  par  M.  Edm.  Becquerel. 

»  La  machine  à  courants  d'induction,  qui  a  servi  dans  les  expériences 
suivantes,  sort  des  ateliers  de  la  Compagnie  ^Alliance.  Elle  porte  huit 
bobines,  ayant  chacune  une  hélice  de  160  mètres  de  longueur  en  fil  de 
cuivre  de  i  millimètre  de  diamètre.  Huit  aimants  en  fer  à  cheval  agissent  sur 
les  bobines  et  déterminent,  pour  chaque  tour  de  l'axe,  huit  courants  positifs 
et  autant  de  courants  négatifs.  Cet  appareil  de  Nollet  est  mis  en  mouve- 
ment par  une  roue  hydraulique  qui  fonctionne  jour  et  nuit  avec  une  grande 
régularité  :  il  peut  être  soumis  à  des  vitesses  de  rotation  variant  entre  25o 
et  800  tours  par  minute  ;  mais  jusqu'à  présent  on  l'a  maintenu  à  la  vitesse 
de  5oo  tours. 

»  Nous  avons  d'abord  voulu  nous  rendre  compte  du  pouvoir  électro- 
moteur de  l'appareil.  Dans  ce  but,  nous  avons  adapté  un  commutateur 
destiné  à  donner  le  même  sens  à  tous  les  courants  dans  le  réophore.  Le 
circuit  comprenait  une  batterie  de  trente-six  éléments  de  sulfate  de  cuivre, 
dont  à  volonté  on  opposait  ou  on  ajoutait  le  travail  à  celui  de  la  ma- 
chine d'induction. 

»  Ceci  posé,  F  étant  la  force  électro-motrice  de  l'appareil  de  Nollet  et  y 
celle  de  la  batterie  à  sulfate  de  cuivre,  en  mesurant,  à  l'aide  d'une  boussole 
de  sinus,  l'intensité  du  courant  dans  les  deux  cas,  on  obtient  facilement 
une  valeur  approximative  de  F  en  fonction  de  /.  Nous  avons  trouvé 
ainsi  F  =  l\j ,  c'est-à-dire  que  la  machine  d'induction,  fonctionnant  avec 
les  courants  redressés,  possédait  un  pouvoir  électro-moteur  équivalent  à 
cent  quarante-quatre  éléments  à  sulfate  de  cuivre. 

»  Quand  on  met  en  jeu  ce  même  appareil  sans  le  commutateur,  lescou- 

99  • 


(  76o  ) 
rants  agissant  alors  par  groupe  de  deux,  en  sens  inverse  les  uns  des  autres, 
dans  le  réophore,  ne  peuvent  déterminer  une  déviation  permanente  et 
apparente  de  l'aiguille  aimantée,  à  moins  que  celle-ci  ne  soit  très-sensible. 
On  sait  également  que  si  un  voltamètre  à  gaz  est  interposé  dans  le  circuit, 
chaque  électrode  fournit  un  mélange  d  hydrogène  et  d'oxygène. 

»  Dans  un  voltamètre  à  sulfate  de  cuivre,  l'électrolyse  devient  également 
impossible.  Mais  il  est  facile  de  prévoir  que  si,  par  une  disposition  spéciale 
du  circuit  voltaïque,  et  sans  rompre,  en  apparence,  ce  dernier,  on  parvient 
à  absorber  l'une  des  séries  de  courants,  les  effets  de  l'autre  série  apparaîtront 
avec  autant  de  netteté  que  si  l'on  empruntait  l'électricité  à  une  pile  ou  bien 
encore  à  une  machine  d'induction  à  courants  redressés. 

»  Or,  on  peut  obtenir  ce  résultat  remarquable  par  différents  moyens  : 
entre  autres,  si  l'on  fait  intervenir  dans  le  circuit  un  voltamètre  à  eau  aci- 
dulée, dont  les  électrodes  consistent  en  fil  de  platine  suffisamment  fin.  Ces 
électrodes  sont  attachés  à  des  supports  qui  permettent  de  les  immerger  plus 
ou  moins  dans  le  liquide. 

»  L'un  des  fils  étant  plongé  dans  le  voltamètre,  si  on  met  l'antre  en 
contact  avec  la  surface  du  liquide,  sa  pointe  devient  incandescente.  En 
faisant  descendre  ensuite  cet  électrode  d'environ  7  à  8  millimètres  dans 
l'eau  acidulée,  il  s'entoure  d'une  gaine  lumineuse.  Dès  ce  moment  on  pos- 
sède un  courant  ou  plutôt  i\ne  série  de  courants  parfaitement  polarisés. 
L'aiguille  du  galvanomètre  dévie  fortement  dans  un  sens  qui  montre  que 
l'électrode  à  gaine  lumineuse  prend  l'électricité  positive.  En  faisant  inter- 
venir dans  le  circuit  un  autre  voltamètre  à  sulfate  de  cuivre,  on  reconnaît 
que  la  lame  qui  est  en  contact  métallique  avec  l'électrode  lumineux  se  dis- 
sout, tandis  que  l'autre  se  charge  de  cuivre  métallique. 

»  Cette  série  de  courants,  ainsi  débarrassée  de  la  série  de  signe  contraire, 
traverse  jusqu'à  trente-six  éléments  à  sulfate  de  cuivre  que  l'on  dispose 
par  opposition. 

»  L'expérience  qui  vient  d'être  citée  réussit  indifféremment  avec  l'un  ou 
l'autre  des  électrodes,  ce  qui  montre  que  l'on  peut  à  volonté  modifier  les 
effets  de  chaque  série  de  courants. 

d  Enfin,  si  l'on  fait  plonger  davantage  le  fil  dans  le  voltamètre,  la  gaine 
lumineuse  disparaît  et  la  série  de  courants  qui  était  absorbée  cesse  de  l'être. 

»  Dans  une  prochaine  communication  nous  indiquerons  la  mesure 
exacte  de  la  force  électro-motrice  fournie  par  la  série  de  courants  mise  en 
liberté,  la  quantité  d'électricité  produite,  ainsi  que  la  quantité  considé- 
rable de  chaleur  qui  se  dégage  dans  le  voltamètre.    » 


(  76i   ) 

anatomie.  —  Recherches  sur  les  nerfs  du  névrilème  ou  nervi  nervorum. 
Note  de  31.  C.  Sappey,  présentée  par  M.  Ch.  Robin. 

«  Le  névrilème  reçoit  des  filets  nerveux  cpii  sont  aux  nerfs  ce  que  les 
vasa  vasorum  sont  aux  vaisseaux,  d'où  le  nom  de  nervi  nervorum  sons  le- 
quel je  propose  de  les  désigner.  Leur  existence  dans  la  gaine  fibreuse  des 
nerfs  n'avait  pas  encore  été  signalée;  elle  est  constante  cependant  et  peut 
être  facilement  démontrée. 

■I  La  disposition  qu'affectent  les  nervi  nervorum  dans  le  névrilème  diffère 
peu  du  reste  de  celle  que  présentent  les  ramifications  nerveuses  dans  les 
autres  dépendances  du  système  fibreux.  Comme  celles-ci,  ils  suivent  en 
général  les  artères;  comme  elles  aussi,  ils  échangent  dans  leur  trajet  de 
nombreuses  divisions  par  lesquelles  ils  s'anastomosent,  en  sorte  que  sur 
certains  points  on  observe  de  petits  plexus  à  mailles  irrégulières  et  iné- 
gales. 

»  Ce  n'est  pas  seulement  sur  la  gaine  commune  ou  principale  qu'on  les 
rencontre,  mais  aussi  sur  celles  qui  entourent  les  faisceaux  principaux  et 
les  faisceaux  tertiaires.  J'ai  pu  les  poursuivre  jusque  sur  la  gaine  des  fais- 
ceaux secondaires.  Mais  à  mesure  que  le  calibre  des  gaines  diminue,  ils 
deviennent  beaucoup  plus  déliés  et  plus  rares.  On  ne  les  voit  jamais 
s'étendre  jusqu'à  l'enveloppe  des  faisceaux  primitifs,  enveloppe  bien  dif- 
férente des  précédentes,  qui  a  été  étudiée  du  reste  et  très-bien  décrite  par 
M.  le  Professeur  Ch.  Robin  sous  le  nom  de  périnèvre  [Comptes  rendus, 
i85/,)- 

»  L'abseoce  des  nervi  nervorum  sur  la  gaine  des  faisceaux  primitifs  nous 
explique  pourquoi  ils  font  défaut  sur  toutes  les  divisions  nerveuses  dont  le 
diamètre  n'atteint  pas  un  demi-millimètre.  Les  tubes  qui  les  composent 
sont  remarquables  par  leur  extrême  ténuité.  Chacun  d'eux  cependant  se 
compose  d'une  enveloppe,  d'une  couche  médullaire  et  d'un  cylinder  axis. 

»  Nervi  nervorum  du  nerj  optique.  —  On  sait  que  ce  nerf  possède  deux 
enveloppes  fibreuses  :  i°  une  enveloppe  externe,  très-épaisse,  qui  s'étend  du 
trou  optique  au  globe  de  l'oeil,  et  qui  constitue  pour  ce  dernier  organe  une 
sorte  de  ligament;  2°  une  enveloppe  interne  ou  profonde,  très-mince,  de 
laquelle  partent  des  cloisons  qui,  en  se  divisant,  se  subdivisant  et  s'unis- 
sant  les  unes  aux  autres,  forment  des  canaux  longitudinaux,  tous  à  peu 
près  du  même  diamètre. 

»  Cette  seconde  enveloppe,  qui  se  comporte  à  l'égard  du  nerf  optique 
comme  le  névrilème  à  l'égard  des  autres  nerfs,  ne  reçoit  aucun  ramuscule 


(  762  ) 
nerveux.  L'enveloppe  externe  en  reçoit  au  contraire  un  grand  nombre  qui 
tirent  leur  origine  des  nerfs  ciliaires. 

»  Ces  nervi  nervorum  de  la  gaine  externe  cheminent  d'abord  dans  ses 
couches  superficielles.  Par  leurs  divisions  et  leurs  anastomoses  ils  forment 
dans  cette  première  partie  de  leur  trajet  un  plexus  à  mailles  inégales  et 
irrégulières,  mais  souvent  très-serrées,  qui  s'entremêlent  à  celles  des  vais- 
seaux sanguins.  En  s'avançant  dans  les  couches  profondes  de  cette  gaine 
ils  continuent  de  se  ramifier,  mais  deviennent  bientôt  si  grêles  qu'ils  ne 
sont  plus  représentés  que  par  des  groupes  de  deux,  trois  ou  quatre  tubes. 

»  En  résumé,  la  gaine  externe  des  nerfs  optiques,  si  riche  en  nervi  ner- 
vorum, est  remarquable  aussi  par  l'abondance  des  fibres  élastiques  qui 
entrent  dans  sa  composition.  C'est  bien  à  tort  par  conséquent  qu'elle  a  été 
considérée  par  les  anciens  comme  un  trait  d'union  entre  la  dure-mère  et  la 
sclérotique,  c'est-à-dire  comme  prolongeant  l'une  et  comme  prolongée  par 
l'autre.  Elle  en  diffère  très-notablement  :  i°  par  ses  fibres  élastiques  qui 
font  défaut  dans  toutes  deux;  20  par  ses  nervi  nervorum,  qui  sont  d'une 
extrême  rareté  dans  la  dure-mère  crânienne,  et  dont  on  n'observe  aucun 
vestige  dans  la  sclérotique.  L'analyse  anatomique,  loin  de  confirmer  l'ana- 
logie qu'avaient  cru  entrevoir  un  si  grand  nombre  d'anatomistes,  atteste 
donc  qu'elle  se  distingue  au  contraire  des  deux  membranes  avec  lesquelles 
elle  se  continue,  par  des  caractères  qui  lui  sont  propres.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Action  exercée  par  le  courant  d' induction  sur  les 
végétaux.  Note  de  M.  Cii.  Blondeau,  présentée  par  M.  Robin.  (Extrait.) 

«   D'après  le  résultat  de  nos  expériences,  il  nous  parait  bien  prouvé 

que  le  courant  d'induction  ne  produit  l'effet  d'un  agent  destructeur  sur  les 
organes  des  végétaux,  que  lorsqu'en  raison  de  la  mollesse  des  tissus  et  de  la 
grande  quantité  d'eau  qui  les  imprègne,  il  peut  se  propager  avec  facilité 
dans  leur  intérieur  ;  mais  il  ne  produit  pas  d'action  sensible  lorsqu'il  agit 
sur  des  tissus  solides  qui  opposent  quelque  résistance  à  son  passage.  Cepen- 
dant, en  augmentant  l'intensité  du  courant,  en  prolongeant  la  durée  de  son 
action,  les  tissus  des  plantes  ligneuses  peuvent  eux-mêmes  être  désorga- 
nisés, et  la  plante  être  frappée  de  mort  comme  si  elle  avait  été  atteinte  par 
la  foudre. 

»  Nous  avons  poursuivi  nos  études  en  examinant  l'action  qu'exerce  le 
courant  sur  les  fruits  et  sur  les  graines. 

»   En  agissant  sur  les  fruits,  le  courant  hâte  leur  maturité,  ainsi  que  nous 


(  763  ) 
nous  en  sommes  assuré  en  électrisant  des  pommes,  des  poires  et  des  pèches, 
lesquelles  sont  parvenues  à   un   état  complet  de  maturité,  alors  que  des 
fruits  portés  sur  le  même  pied,  et  qui  n'avaient  pas  été  soumis  à  la  même 
épreuve,  étaient  encore  fort  loin  d'être  mûrs. 

»  Mais  les  résultats  les  plus  curieux  sont  ceux  que  nous  avons  obtenus 
en  électrisant  des  graines  avant  de  les  enfouir  dans  le  sol.  Après  avoir 
rendu  ces  graines  conductrices  en  les  faisant  séjourner  quelque  temps  dans 
l'eau,  nous  les  avons  soumises  pendant  quelques  minutes  à  l'action  du 
courant.  Nos  expériences  ont  porté  sur  des  graines  de  pois,  de  haricot  et 
de  blé.  Après  les  avoir  ainsi  électrisées,  nous  les  avons  semées  dans  des  pots 
pleins  d'une  bonne  terre  de  jardin,  et  pour  terme  de  comparaison  nous 
avons  placé  dans  la  même  terre  et  dans  les  mêmes  conditions  de  chaleur  et 
d'humidité  des  graines  qui  n'avaient  pas  ressenti  l'action  de  l'électricité. 

u  Les  graines  électrisées  ont  germé  toujours  plus  tôt  que  celles  qui  ne 
l'avaient  point  été,  le  développement  de  la  plante  a  été  plus  rapide,  les 
tiges  et  les  feuilles  plus  vertes  et  plus  vigoureuses. 

»  Quelques-uns  des  haricots  électrisés  nous  ont  présenté  une  particularité 
très-curieuse  :  ils  ont  germé  la  tète  en  bas  et  la  racine  en  l'air,  c'est-à-dire 
que  la  gemmule  entourée  de  ses  cotylédons  est  restée  dans  le  sol,  tandis 
que  la  racine,  séparée  de  la  gemmule  par  une  petite  tige,  s'est  dressée  dans 
l'air.  Ce  fait  nous  parait  avoir  son  importance,  en  ce  sens  qu'il  nous  donne 
quelque  indication  au  sujet  de  cette  tendance  si  inexplicable  qui  force  les 
plantes  à  diriger  leurs  racines  vers  le  centre  de  la  terre,  tandis  que  leur 
tige  se  dresse  verticalement  dans  l'air.  Cette  tendance  est  si  prononcée,  que 
tous  les  efforts  que  l'on  fait  pour  la  contrarier  sont  infructueux;  cepen- 
dant le  choc  électrique  a  suffi  pour  la  vaincre,  de  la  même  manière  qu'il 
eût  interverti  les  pôles  d'un  aimant.  D'après  cela  on  serait  tenté  d'assimiler 
l'embryon  à  un  petit  aimant  ayant  sa  ligne  neutre  et  ses  deux  pôles,  l'un 
chargé  d'une  espèce  particulière  de  fluide  qui  dirigerait  ses  organes  vers  le 
centre  de  la  terre,  et  dont  l'autre  les  porterait  vers  le  ciel.  » 

BOTANIQUE.   —  Hybridation  artificielle  dans  le  genre  Gossypium.  Note  de 
M.  J.-E.  BalsaxMO,  présentée  par  M.  Duchartre.  (Extrait.) 

«  La  province  de  Terra  d'Otranto,  mon  pays  natal,  l'une  des  contrées 
les  plus  méridionales  de  l'Italie,  cultive  le  Cotonnier  depuis  un  temps 
immémorial.  Les  procédés  de  culture  qui  y  sont  généralement  suivis  ré- 
pondent bien  à  la  nature  de  cette  plante,  et  sur  ce  point  il  n'y  a  rien  à  mo- 


(  7^4  ) 
difier.  Mais  les  espèces  de  Cotonnier  ne  sont  pas  des  mieux  choisies;  on  y 
cultive  peu  le  Gossypium  herbaceum  à  courte  soie,  et  plus  communément 
le  G.  hirsutum,  qui  est  préférable  au  premier  pour  ses  qualités  textiles. 
Néanmoins,  ce  dernier  est  loin  d'avoir  la  longueur,  la  finesse,  la  souplesse 
et  le  brillant  du  coton  du  Gossypimn  barbadense,  vulgairement  nommé  Sea- 
Island  ou  coton  à  longue  soie.  Pendant  la  guerre  d'Amérique,  j'ai  expéri- 
menté beaucoup  de  variétés  de  cotons  d'Amérique,  spécialement  du  Sea- 
Jsland,  du  Cotonnier  de  la  Nouvelle-Orléans  et  de  celui  de  la  Louisiane, 
et  j'ai  distribué  une  grande  partie  de  la  semence  que  j'ai  obtenue  aux  culti- 
vateurs de  ma  province.  Les  deux  dernières  de  ces  variétés,  qu'on  peut 
rapporter  pour  quelques  caractères  au  type  siamois,  ont  prospéré;  le  Sea- 
Island,  qui  est  moins  rustique  et  mûrit  plus  tard,  n'a  pas  réussi  partout. 
La  plupart  de  ses  capsules  s'ouvrent  aux  mois  de  septembre  et  octobre,  et 
les  pluies  d'automne  en  gâtent  la  soie.  Il  m'est  venu  alors  la  pensée  de  ma- 
rier les  deux  types  à  longue  et  à  courte  soie,  dans  l'espoir  d'obtenir  une 
variété  de  coton  qui  réunisse  la  précocité  et  la  rusticité  du  Louisiane  ou 
siamois  à  la  longueur,  à  la  finesse  et  au  reflet  soyeux  du  Sea-htand.  Les 
six  bvbri'des  et  métis  que  je  présente  à  l'Académie,  pris  parmi  beaucoup 
d'autres  que  j'ai  obtenus,  proviennent  de  la  récolte  de  l'été  dernier  et  sont 
des  croisements  du  Gossypium  hirsutum,  variété  de  Siam  blanc  amélioré, 
et  variété  à  coton  roux  on  nankin,  et  du  Gossypium  barbadense.  J'ai  choisi 
à  dessein  le  nankin,  parce  que,  comme  il  est  roussâtre,  par  les  différentes 
nuances  des  teintes  des  cotons  hybrides  on  peut  mieux  juger  de  la  pré- 
dominance du  type  roux  ou  du  type  blanc  des  parents.  C'est  le  caractère  le 
plus  saisissahle  pour  ceux  qui  sont  peu  habitués  à  distinguer  les  diffé- 
rences organiques,  botaniques  et  physiques  des  produits  hybrides. 

»  Chaque  espèce  de  Cotonnier  a  cinq  pétales  et  un  grand  nombre  d'éta- 
mines  monadelphes,  portant  toutes  des  anthères  qui  environnent  le  pistil  à 
différentes  hauteurs.  Elles  semblent  être  comme  autant  de  rayons  im- 
plantés obliquement  sur  le  cylindre  ou  faisceau  central,  formé  par  le  style. 
Il  y  a  autant  de  styles  que  de  stigmates,  et  l'on  peut  aisément  les  séparer 
avec  la  pointe  d'un  canif.  Ils  se  reconnaissent  à  l'œil  nu  sous  la  forme  de 
trois,  quatre  ou  cinq  petites  nervures  déliées  et  soudées  entre  elles  du  côté 
intérieur.  Je  dis  trois,  quatre  ou  cinq,  parce  qu'on  observe  sur  différentes 
plantes  de  Cotonnier  un  nombre  différent  de  styles  soudés.  Le  nombre  des 
loges  de  chaque  capsule  correspond  sans  exception  à  celui  des  styles.  Il  y  a 
donc  intérêt  à  choisir  les  capsules  cpii  ont  le  plus  de  loges  pour  obtenir 
un  plus  grand  nombre  de  flocons  de  soie. 


(  765  ) 

»  La  position  oblique  et  la  direction  presque  rayonnante  des  étamines 
rendent  difficile  une  fécondation  artificielle,  à  cause  de  la  difficulté  qu'on 
éprouve  à  les  couper  toutes  jusqu'au  fond  du  calice,  et  de  les  retirer  sans 
qu'il  tombe  un  peu  de  poussière  séminale  sur  les  stigmates.  Néanmoins, 
j'ai  réussi  à  éviter  le  contact  des  anthères  avec  ceux-ci,  et  j'ai  transporté  le 
pollen  sur  le  pistil  des  fleurs  auxquelles  j'avais  enlevé  toutes  leurs  étamines. 
J'ai  pris  la  précaution  de  cultiver  dans  des  points  éloignés  les  espèces  des- 
tinées à  être  fécondées  entre  elles,  et  d'attendre  le  moment  de  la  sortie  du 
pollen,  qui  a  lieu  ordinairement  vers  midi,  lorsque  la  fleur  s'entr' ouvre. 
Ce  sont  donc  les  heures  les  plus  chaudes  du  jour  qui  sont  celles  de  la  dé- 
hiscence  des  étamines.  Pendant  et  après  la  fécondation,  les  pétales  se  re- 
ferment, les  étamines  prennent  une  position  plus  verticale,  et  le  pistil  abaisse 
ses  stigmates  vers  les  étamines  qui  sont  au-dessous;  la  corolle  vire  du  jaune 
au  rouge-rose,  et,  le  lendemain,  elle  tombe  flétrie.  Si  par  hasard  il  vient  à 
pleuvoir  le  jour  de  la  floraison  du  Cotonnier,  l'eau  qui  séjourne  dans  la 
fleur  altère  et  noircit  le  pollen.  Alors  la  fécondation  naturelle  elle-même 
peut  manquer,  et  la  fleur  flétrie  ne  tombe  pas,  ou  tombe  très-tard.  Les 
vents  forts,  en  emportant  la  plus  grande  partie  du  pollen,  peuvent  aussi  être 
cause  que  la  fécondation  naturelle  sort  imparfaite;  dans  ce  cas,  la  capsule 
reste  riulimentaire,  se  flétrit  et  tombe  au  bout  de  quelques  jours. 

»  Mes  six  plantes  hybrides  obtenues  du  Cotonnier  nankin  fécondé  par  le 
pollen,  soit  du  Cotonnier  de  Siam,  soit  du  Gossypium  barbadense,  et  du 
Gossypium  barbadense  fécondé  par  le  pollen  du  Cotonnier  nankin,  mon- 
trent, dans  la  couleur,  la  souplesse,  l'élasticité  et  la  longueur  de  la  soie, 
dans  la  nudité  des  graines  et  la  forme  des  feuilles,  qu'elles  tiennent  des  deux 
types  qui  les  ont  produites.  Il  est  bon  d'avertir  que,  dans  les  organes 
floraux  de  ces  hybrides,  je  n'ai  observé  aucune  déformation  ni  modifica- 
tion :  seulement  les  nervures  du  style  offraient  une  déviation  hélicoïdale  à 
l'extrémité. 

»  M'occupant  des  Cotonniers,  j'ai  voulu  étudier  l'influence  de  la  lumière 
sur  la  germination  de  leurs  graines.  J'ai  choisi  celles  du  Gossypium  barba- 
dense, qui  sont  noires  et  plus  faciles  à  suivre  dans  les  changements  qu'elles 
éprouvent  pendant  la  germination.  Je  me  suis  servi  d'un  grand  vase  de 
cristal,  dans  lequel  j'ai  mis  de  la  terre  végétale  homogène.  J'ai  introduit 
des  graines  de  Cotonnier  à  différentes  hauteurs,  de  manière  qu'étant  en 
contact  avec  la  paroi  intérieure  du  vase  je  pusse  en  voir  un  côté  de  de- 
hors. Une  partie  de  ces  graines  étaient  mises  à  l'abri  des  rayons  chimiques 
de  la  lumière,  au  moyen  de  morceaux  de  papier  jaune  collés  extérieure- 

C.  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  19.)  I  OO 


(  766  ï 
ment  sur  les  points  correspondants  aux  graines.  Une  autre  partie  est  restée 
à  découvert  et  exposée  à  la  lumière.  Le  vase  était  en  plein  air  et  arrosé  tous 
les  trois  jours.  Cette  expérience  a  été  commencée  le  i5  mai  1857;  le 
24  mai,  les  graines  couvertes  par  le  papier  ont  commencé  à  montrer  la  ra- 
dicule et  la  plumule,  tandis  que  celles  qui  étaient  exposées  à  la  lumière 
n'ont  pas  présenté  le  moindre  signe  de  germination.  Les  premières  ont 
prospéré  dans  leur  végétation  ;  les  secondes,  retirées  au  bout  de  dix  jours, 
se  sont  montrées  sensiblement  altérées.  Il  parait  donc  que  la  lumière  nuit 
à  la  germination  du  Cotonnier.  » 

La  séance  est  levée  à  5  heures  un  quart.  C. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  28  octobre  1867,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Catalogue  de  1008  ouvrages,  brochures  ou  écrits  sur  les  ouragans  et  tes  tem- 
pêtes cycloniques;  par  M.  A.  Poëy,  Paris,  1866,  br.  in-8.  (Présenté  par  M.  Le 
Verrier.  ) 

Généralités  sur  le  climat  île  Mexico,  et  sur  l'éclipsé  totale  de  Lune  du  3o  mars 
dernier;  opusc.  de  M.  A.Poëy. 

Sur  la  non-existence,  sous  le  ciel  du  Mexique,  de  la  grande  pluie  d'étoiles 
filantes  de  novembre  1866,  et  du  retour  périodique  du  mois  d'août;  opusc.  de 
M.  A.  Poëy. 

Etude  médico-légale  sur  les  assurances  sur  la  vie;  par  M.  LEGlUND  DU 
Saulle.  Paris,  i8Ô7;br.  in-8". 

Des  divers  modes  d'assainissement  des  marais  et  des  pays  marécageux  cl  insa- 
lubres; par  M.  E.  Bourguet.  Aix,  1867;  br.  in-8°. 

De  la  double  série  de  polyèdres  demi-réguliers  qui  servent  de  complément  aux 
recherches  d'Archimède  et  de  Kepler  sur  le  même  sujet;  par  M.  Valat. 
Bordeaux,  1867;  br.  in-80- 

Plan  d'une  Géométrie  nouvelle,  ou  réforme  de  l'enseignement  de  la  géomé- 
trie élémentaire;  par  M.  V. alat.  Bordeaux,  186G;  br.  in-8°. 

Des  hypothèses  dans  la  science;  par  M.  Valat.  Bordeaux,  1867  ;  br.  in-8°. 


(  767  ) 

Mémoires  de  l 'Académie  impériale  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg,  7e  série, 
t.  X,  n°  16;  t.  XI,  nos  1  à  8.  Saint-Pétersbourg,  1867;  9  brochures  in-/(° 
avec  planches. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg,  t.  XIII, 
nos  1,  3,  4.  Saint-Pétersbourg,  1867;  3  brochures  in-4°  avec  planches. 

Observaciones...  Observations  méridiennes  des  étoiles  v3,  a,  20,  i,  y  du 
Grand  Chien,  recueillies  à  l'Observatoire  national  du  Chili  dans  les  années  1864, 
i865,  1866;  par  M.  J.-.T.  Vergara.  Santiago,  1866;  in-8°. 

Un  a . . .  Une  propriété  nouvelle  des  arcs  de  cercles  cpù  ne  dépassent  pas  90  de- 
grés, ou  résolution  de  quelques  problèmes  importants  de  géométrie;  par  M.  G. 
Adamo.  Cosenza,  1867;  br.  in-8°. 

Statistica...  Statistique  des  malades  atteints  du  choléra- morbus  et  guéris  par 
le  seul  emploi  du  camphre,  à  Naples,  à  la  Real  Albergo  de  Poveri,  dans  le  3e  ré- 
giment suisse  et  en  ville;  par  M.  R.  Rubini.  Naples,  1866;  in-12.  (Renvoi  au 
concours  Bréant,  1867.) 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  4  novembre  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  Sciences,  Inscriptions  et  Belles-Lettres 
de  Toulouse,  6e  série,  t.  V.  Toulouse,  1867;  1  vol.  in-8°. 

De  la  maladie  charbonneuse  de  l'homme,  causes,  variétés,  diagnostic,  traite- 
ment; par  M.  J.-J.  Guipon.  Paris,  1867;  i  vol.  in-8°.  (Adressé  pour  le 
concours  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

La  nomenclature  médicale  des  Arabes .  Lettres  à  M.  le  professeur  A.  SÉDILLOT; 
par  M.  leD1  Favrot.  Paris,  1868;  br.  in-8°. 

Sur  l'éclipsé  de  Soleil  du  6  mars  1867  observée  à  Villeurbanne-lès-Lyon  ;  par 
M.  Chacornac.  Lyon,  1867;  br.  in-8°  avec  planches. 

Note  sur  la  configuration  des  groupes  de  taches  solaires;  par  M.  CHACORNAC. 
Lyon,  1866;  3  pages  in-8°  avec  une  planche. 

Note  sur  la  périodicité  des  taches  solaires;  par  M.  Chacornac.  Lyon,  1866; 
opuscule  in-8°. 

Physiologie  pathologique.  Becherches  expérimentales  sur  la  présence  des 
infuîoires  et  l'étal  du  sang  dans  les  maladies  infectieuses  (deuxième  Mémoire); 
par  MM.  L.  Coze  et  V.  Feltz.  Strasbourg,  1867;  br.  in-8°.  (Renvoi  à  la 
Commission  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 


(  76«  ) 

Meteorologische...  Observations  météorologiques  de  V  Observatoire  de  Berne, 
décembre  1866  à  février  1867.  Berne,  sans  date;  3  brochures  in  4°- 

Schriften...  Publications  de  la  Société  royale  physico-économique  de  Kce- 
nigsberg.  6e  année,  i865,  i™  et  2e  parties;  7e  année,  1866,  1"  et  2e  parties. 
Kœnigsberg,  1 865- 1866;  4  br.  in-4°. 


PUBLICATIONS    PÉRIODIQUES    REÇUES    PAR    l'aCADEMIE    PENDANT 
LE    MOIS    D'OCTOBRE     18G7. 

Annales  de  Chimie  et  de  Physique;  par  MM.  Chevreul,  Dumas,  Pelouze, 
BoussiNGAULT,  Regnault  ;  avec  la  collaboration  de  M.  Wurtz  ;  sep- 
tembre et  octobre  1867;  in-8°. 

Annales  de  /' Agriculture  française  ;  n°  18,  1867;  in-8°. 

Annales  du  Génie  civil;  octobre  1867;  in-8°. 

Annales  médico-psychologiques;  septembre  1867;  in-8°. 

Annales  météorologiques  de  l'Observatoire  de  Bruxelles;  n°  9,  1867;  in-4°. 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse.  Genève,  nos  1 17  et  1 18,  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  nos  24  et  iS  ;  1867;  in-8u. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique,  nos  5  à  7,  1867; 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  académique  d'Agriculture,  Belles-Lettres,  Sciences  et 
Arts  de  Poitiers  ;  nos  1  1  7  et  1 18,   1867  ;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  août  et  septembre  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  l'Industrie  minérale;  octobre  à  décembre  1867; 
in-8°  avec  atlas  in-fol. 

Bulletin  de  la  Société  d'Encouragement  pour  l'industrie  nationale;  août 
1867;  in-4°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de  Photographie;  septembre  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  Géologique  de  France;  feuilles  37  à  46,  52  à  55, 
1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse;  septembre  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  Philomathique;  mars  à  mai  1867;  in-8°. 

(La  suile  du  Bulletin   au  prochain  numéro.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI   II  NOVEMBRE  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMRRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

«  ASTRONOMIE  ET  MÉTÉOROLOGIE.  -  M.  Le  Verrier  présente  à  l'Aca- 
démie le  tome  XXI  des  observations  faites  à  l'Observatoire  impérial,  année 
i865.  Il  présentera  dans  la  prochaine  séance  le  tome  de  1866  et  en  prendra 
occasion  de  développer  quekp.es  remarques  sur  la  marche  du  travail.   » 

histoire  des  sciences.  --  Lettre  à  M.  Le  Verrier,  concernant  les  relations 
qui  ont  existé  entre  Jacques  Cassini  et  Newton  ;  par  Sir  Dav.d  Brewster. 

»   Allerly  Melrose,  2  novembre  1867. 
»  Je  pense  que  vous  recevrez  avec  plaisir  la  Lettre  suivante  de  Cassini 
le  jeune,  laquelle  clôt  la  controverse  entre  vous  et  M.  Chasles  et  venge  l'hon- 
neur de  Newton. 

«  Jacques  Cassini  le  jeune  fit  un  voyage  à  Londres  dans  le  commence. 
-  ment  de  1698,  comme  il  appert  de  la  courte  Note  suivante,  dans  laquelle 
»  il  communique,  d'après  son  père,  les  éphémérides  {periodic-times)  des 
»  cinq  satellites  de  Saturne,  qui  diffèrent  légèrement  de  celles  publiées 
»  dans  la  2e  édition  (1)  des  Principia,  page  960.  (Sir  D.  Brewster,  Vie  de 
»  Sir  haac  Newton,  1"  édition,  t.  Iï,  p.   207,  note.) 


(1)  Ce  serait  plutôt  la  première. 

C.  R.,  1867,  1'  Semestre.  (T.  LXV,  Nu  20.)  I  OI 


(  77°  ) 

»   Au  très  illustre  sir  Izah  Newton,  Jacques  Cassini  S.  P.  D. 

»  En  arrivant  ici  en  revenant  de  Londres  en  France,  j'ai  reçu  de  mon  père  une  Lettre 
»  contenant  les  indications  des  plus  grandes  élongations  des  satellites  de  Saturne  que  vous 
»  m'aviez  demandées.  Permettez- moi  de  vous  les  adresser  et  de  vous  témoigner  ma  grati- 
»  tude  de  votre  bienveillance  à  mon  égard.  Je  me  suis  présente  chez  vous  pour  vous  voir, 
»   mais  le  malheur  a  voulu  que  vous  fussiez  absent.  » 

n  Douvres,  6  avril  1690.  S.  N.  n 

histoire  des  sciences.  —  Lettre  à  M.  le  Président  concernant  les  documents 
attribués  à  Pascal  et  à  Newton;  par  Su»  David  Brewster. 

«    Allerly  Melrose,  6  novembre  1867. 

»  Voici  un  aspect  de  la  controverse  relative  à  Pascal  sous  lequel  elle 
n'avait  pas  encore  été  envisagée. 

»  M.  Chasles  nous  assure  que  les  documents  qu'il  possède  proviennent 
de  la  collection  de  M.  Desmaizeaux;  il  s'ensuit  nécessairement  qu'ils  étaient 
en  possession  de  ce  dernier  depuis  1727,  année  de  la  mort  de  Newlon, 
jusqu'en  1740,  époque  où  il  mourut  lui-même. 

»  M.  Desmaizeaux  fut  un  collaborateur  actif  du  Dictionnaire  général, 
publié  de  1734  à  174°,  comme  il  appert  de  la  préface  de  cet  ouvrage 
et  aussi  d'une  de  ses  propres  Lettres  qui  ont  été  publiées.  Il  écrivait  des 
articles  pour  ce  Dictionnaire  et  fournissait  des  matériaux  pour  des  articles 
faits  par  d'autres  auteurs. 

»  En  supposant  que  sa  collection  de  Lettres  fût  autbenlique  (qenuine), 
il  était  en  son  pouvoir  de  communiquer  au  public  des  connaissances  les 
plus  originales  et  de  la  plus  grande  valeur  que  personne  autre  que  lui  ne 
possédait,  en  écrivant  les  articles  Descartes,  Galilée,  Huyghens,  Leibnitz, 
Newton  et  Pascal,  ou  en  fournissant  des  matériaux  aux  auteurs  qui  s'en 
étaient  ebargés. 

»  D^s  biographies  fort  étendues  de  ces  hommes  distingués  ont  été 
publiées  dans  le  Dictionnaire  général  de  1734  à  174°!  celle  de  Pascal  occu- 
pant dix  pages  in-folio  d'une  impression  très-serrée,  et  celle  de  Newton  con- 
tenant un  grand  nombre  de  ses  Lettres;  mois  aucune  de  ces  biographies  ne.  con- 
tient la  moindre  allusion  aux  nombreux  faits  nouveaux  dans  l'histoire  de 
l'Astronomie  et  aux  nombreux  incidents  NOUVEAUX  dans  les  vies  de  ces  six  savants 
(philosophers)  qui  étaient  alors  en  la  possession  de  Desmaizeaux. 

»   M.  Chasles  (t),  avec  son  habituelle  et  merveilleuse  dextérité,  pourra 

(1)  Mr  Chasles,  wiih   his  usuul  and   wonderful  dexterity,  may   be  able  10  explain    tlii-. 


(  77'  ) 
expliquer  cette  extraordinaire  suppressio  veri,  —  cette  réserve  des  faits  les 
plus  intéressants  qu'il  était  de  son  devoir,  à  M.  Desmaizeaux,  de  communi- 
quer aux  personnes  qui  remployaient,  qu'il  était  de  son  honneur  de  com- 
muniquer au  public,  comme  compatriote  de  Pascal  et  de  Descartes. 

»  Quoi  que  puisse  dire  M.  Chasles,  les  amis  de  Newton  ont  une  explica- 
tion à  eux  propre.  Desmaizeaux  réservait  son  ramas  de  mensonges  (his  bud- 
get qf  lies)  pour  être  vendu  par  lui  ou  par  sa  famille  à  M.  le  chevalier  Blon- 
deau  de  Charnage  pour  la  somme  de  200  livres  sterling,  dans  l'espoir  qu'il 
ne  verrait  jamais  le  jour;  mais  il  n'a  pas  eu  le  courage  d'immortaliser  son  in- 
famie en  les  déposant  (ses  mensonges)  [embalsaming  tliem.)  dans  le  Diction- 
naire général  et  en  noircissantla  mémoire  deses victimes  les  plus  distinguées. 

»  Je  demande  la  permission  d'ajouter  (ce  qui  aurait  été  beaucoup  plus 
à  sa  place  dans  ma  première  Lettre)  la  déclaration  de  Lord  comte  de  Ports- 
mouth  relative  à  sa  collection  de  manuscrits  de  Newton  : 

«  Je  puis  confirmer  votre  dire  que  dans  la  collection  des  papiers  de  New- 
»  Ion  existant  à  Hatsbourne,  il  n'existe  rien  qui  puisse  donner  la  plus 
»   légère  trace  d'une  correspondance  entre  Newton  et  Pascal.   » 

»  M.  Bond,  conservateur  du  département  des  manuscrits  au  Musée  Bri- 
tannique, en  réponse  à  ma  demande,  déclare  que  «  dans  les  neuf  volumes 
«  de  la  Correspondance  de  Desmaizeaux,  il  n'y  a  rien  qui  ait  trait  à  Pascal,  et 
»  naturellement  aucune  pièce  relative  à  la  prétendue  correspondance  entre 
«  lui  et  Newton.  »  M.  Bond  m'assure  aussi  que  «  la  prétendue  Lettre  de 
»  Leibnilz  que  le  professeur  Hirst  a  reçue  de  M.  Chasles  n'est  pas  de  l'écri- 
»   ture  de  Leibnitz.  » 

«  M.  Balard,  après  la  lecture  de  ces  Lettres,  prend  la  parole  pour  expri- 
mer à  M.  Chasles,  au  nom  d'un  grand  nombre  de  ses  confrères,  le  désir  de 
le  voir  laisser  imprimer,  sans  y  faire  de  réponse  immédiate,  les  observa- 
tions que  peuvent  amener  ses  communications  antérieures.  Il  servira,  dit-il, 
bien  mieux  les  intérêts  de  la  science  et  de  la  vérité  en  donnant  tous  ses 
soins  à  la  publication  qu'il  a  promise  des  documents  nombreux  qu'il  a  entre 
ses  mains;  qu'il  renvoie  sa  réponse  aux  observations  critiques  suggérées  par 
cette  publication  à  l'époque  où  elle  aura  pu  être  jugée  dans  son  ensemble. 
M.  Balard  exprime  le  vœu  que  cette  publication  complète,  avec  tous  les 


exlraordinai y  suppressio  veri,  — this  réserve  of  mosl  înterestin^  facts  which  lie  was  bonne! 
in  duty  to  communicate  to  his  employers,  and  which  lie  was  boiind  in  honour  to  commn- 
nicate  to  the  public  as  the  eonntryinan  of  Pascal  and  Descartes. 

IOI  . 


(  772  ) 
documents  à  l'appui,  ait  lieu  le  plus  tôt  possible,  ainsi  que  le  vif  désir  devoir 
M.  Chasles  ne  pas  user  dans  une  polémique  incessante  une  santé  et  une  vie 
si  précieuses  à  la  science  et  si  chères  à  l'Académie.  » 

HISTOIKE  DES  SCIENCES.  —  Réponse  aux  deux  Lettres  de  Sir  David  Brewster; 

par  M.  Chasi.es. 

«  Je  ne  me  rends  pas  dès  aujourd'hui  aux  conseils  de  mes  amis  qui  m'invi- 
tent à  ne  plus  m'occuper  désormais  que  des  soins  que  demande  la  publica- 
tion des  nombreux  documents  qui  mettront  hors  de  doute,  nonobstant 
tous  les  efforts  contraires,  les  relations  qui  ont  existé  entre  Pascal  et 
Newton.  Mes  confrères  m'excuseront,  j'ose  l'espérer,  de  ne  point  rester 
sous  le  coup  de  nouvelles  dénégations  et  interrogations  de  M.  Brewster. 
Je  prie  donc  l'Académie  de  me  permettre  de  répondre  rapidement  à  ses 
deux  Lettres. 

»  Sir  David  dit  que  sa  première  Lettre  «  clôt  la  controverse  entre  M.  Le 
»   Verrier  et  moi,  et  venge  l'honneur  de  Newton.  » 

»  Il  est  dans  l'erreur;  sa  Lettre  n'ajoute  rien  à  ce  qui  a  été  dit  par 
M.  Grant  et  par  M.  Le  Verrier.  Il  paraît  ne  s'èlre  pas  rendu  compte  de 
l'état  de  la  question. 

»  M.  Grant  a  dit  que  pour  Saturne,  Newton  s'était  servi,  en  1726,  des 
observations  de  Cassini  insérées  dans  les  Transactions  philosophiques  pour 
1687  (  1).  M.  Le  Verrier  a  dit  de  même,  en  indiquant  les  Mémoires  de  notre 
Académie,  au  lieu  des  Transactions  philosophiques,  en  ces  termes  :  «  Les 
»  observations  de  Cassini  existent,  et  il  suffit  de  les  consulter  dans  les  Mé- 
»  moires  de  notre  Académie,  pour  reconnaître  qu'elles  sont  identiques  à 
»   celles  données  par  Newton  en  1726  (2).    » 

»   M.  Brewster  n'ajoute  donc  absolument   rien  à  ce  qui  a  été  dit  très- 
expressément  par  M.  Grant,  puis  par  M    Le  Verrier. 

»   Voilà  un  nouvel  exemple  de  la  précipitation  et  de  la  confiance  sans 
bornes  avec  laquelle  Sir  David   a  toujours  cru  détruire  ce  qu'il  s'est  plu  à 
appeler  des  impostures.  Mais  ce  mot  ne  se  trouve  plus  dans  ses  Lettres  de  ce 
jour;  et  je  suis  heureux  d'en  faire  la  remarque. 
»   Je  passe  à  la  seconde  Lettre. 

»   Sir  David  avait  avancé,  dans  la  dernière  séance,  «  qu'il  produirait  des 
»   faits  d'une  grande  importance,  montrant  qu'il  est  probable  que  Desmai- 

(1)  Comptes  rendus,  séance  du  3o  septembre,  p.  5^5. 

(2)  Comptes  rendus,  séance  du  i4  octobre,  p.  623. 


(  773  ) 
»  zeaux  lui-même  a  été  le  fabricant  des  documents  que  possède  M.  Chasles.  » 
»  Je  signalerai  d'abord  une  inexactitude  de  fait  dans  la  phrase  suivante  : 
«  M.  Chasles  nous  assure  que  les  documents  qu'il  possède  proviennent  de 
»  la  collection  de  M.  Desmaizeaux.  »  J'ai  dit,  en  premier  lieu,  que  les 
Lettres  que  Newton  avait  écrites  à  divers  savants,  et  les  Lettres  que  ceux-ci 
lui  avaient  adressées  s'étaient  trouvées  réunies  clans  ses  propres  mains, 
parce  qu'il  avait  coutume,  à  la  mort  de  chacun  de  ses  correspondants,  de 
redemander  ses  Lettres  (i),  et  qu'il  a  eu  le  bonheur  de  survivre  à  tous,  à  Pas- 
cal, à  Rohanlt,  à  Mariotte,  à  Vizé,  à  Saint-Évremond,  etc.  J'ai  dit  ensuite 
que  cette  collection  de  Lettres  et  de  documents  de  Newton  avait  passé  dans 
le  cabinet  de  Desmaizeaux,  puis  avait  été  vendue  au  chevalier  Blondeau  de 
Charnage,  et  m'était  ainsi  parvenue  (2).  Mais  je  n'ai  point  dit  que  tous  les 
documents  que  j'ai  eu  à  citer  ,  tels  que  les  Lettres  de  Montesquieu,  de  La- 
bruvère,  du  Roi  Jacques,  du  cardinal  de  Polignac,  de  Malebranche, 
vinssent  de  la  même  source.  Loin  de  là,  on  a  vu  par  l'indication  précise 
des  annotations  apposées  sur  ces  liasses  de  Documents  par  le  Collection- 
neur du  siècle  dernier,  qu'ils  proviennent  de  sources  très-variées  (3). 

»  M.  Brewster  dit  que  si  Desmaizeaux  avait  possédé  les  documents  rela- 
tifs à  Newton,  il  aurait  dû  en  faire  usage  dans  le  Dictionnaire  général  publié 
de  1734  à  1740;  et  «  qu'il  était  de  son  honneur,  comme  compatriote  de 
"   Pascal  et  de  Descartes,  de  les  communiquer  au  public.  » 

»  Sur  ce  dernier  point,  je  partage  le  sentiment  de  Sir  David.  Ses  paroles 
me  rappelleraient  mon  devoir,  comme  compatriote  aussi  de  Descartes  et  de 
Pascal,  si  je  ne  l'avais  pas  compris  de  moi-même,  soit  à  ce  titre  particulier, 
soit  au  point  de  vue  plus  général  de  la  vérité  et  de  la  justice  qui  font  la  dignité 
du  domaine  des  sciences. 
»  Sir  David  ajoute  : 

«  M.  Chasles,  avec  son  habituelle  et  merveilleuse  dextérité,  pourra 
»  expliquer  cette  extraordinaire  suppression  de  la  vérité.  » 

»  Cette  explication  est  toute  simple;  je  l'ai  déjà  donnée;  j'ai  dit  que 
Desmaizeaux  avait  d'abord  montré  à  quelques  personnes,  notamment  à 
Montesquieu,  la  totalité  de  ses  papiers  concernant  Newton,  qu'ensuite  il  y 
a  mis  plus  de  réserve,  et  a  refusé  toute  communication,  alléguant  qu'il  ne  se 
considérait  que  comme  dépositaire  de  ces  papiers  (4)-  C'est  la  réponse  qu'il 

(1)  Comptes  rendus,  séance  du  12  août,  p.  271. 

(2)  Comptes  rendus,  séances  du  12  août,  p.  271,  et  14  octobre,  p.  621. 

(3)  Comptes  rendus,  séance  du  28  octobre,  p.  690. 

(4)  Comptes  rendus,  séance  du  i4  octobre,  p.  621. 


(  774  ) 
a  faite  à  Fontenelle,  notamment,  en  lui  écrivant  «  pour  rien  an  monde  je 
»  ne  voudrais  rien  dire  qui  put  nuire  à  la  réputation  de  M.  Newton,  main- 
»  tenant  si  bien  rétablie.  »  Ce  refus  se  retrouve  dans  plusieurs  correspon- 
dances de  Desrnaizeaux  dont  il  n'y  a  point  eu  jusqu'ici  nécessité  de  parler, 
comme  je  l'ai  déjà  dit. 

»  Sir  David  dit  que  «  les  amis  de  Newton  ont  une  explication  à  eux 
»  propre.  Desrnaizeaux  réservait  son  amas  de  mensonges  pour  être  vendu 
»>  par  lui  ou  par  sa  famille  à  M.  le  chevalier  Blondeau  de  Charnage,  pour 
»   la  somme  de  200  livres  sterling.   » 

»  Voilà  effectivement  un  fait  d'une  grande  importance,  comme  l'avait 
annoncé  M.  Brewster.  Ainsi  il  a  trouvé  des  traces  de  la  vente  faite  au  che- 
valier Blondeau  de  Charnage,  et  de  plus  le  prix  de  cette  vente,  200  livres 
sterling.  Voilà  un  document  précieux  dont  je  sais  gré  à  Sir  David.  Mais  ce 
serait  un  pas  de  plus  vers  la  découverte  tout  entière  de  la  vérité,  si  Sir- 
David  voulait  bien,  comme  je  l'en  ai  prié,  rechercher  les  traces  qui  peuvent 
subsister  des  démarches  qui  ont  été  faites  par  le  professeur  Winthrop  et 
l'historien  Bobertson,  pour  obtenir  la  rétrocession  des  papiers  cédés  au 
chevalier  Blondeau  de  Charnage.  C'est  là  la  question  même  que  je  m'élais 
permis  de  lui  adresser. 

»  On  vient  de  voir  que  Sir  David  parle  de  ma  dextérité  habituelle,  .le  ne 
sais  ce  qu'il  veut  dire  par  là.  Je  me  suis  borné  à  être  toujours  dans  le  vrai, 
à  citer  des  faits  :  ces  faits  sont  les  documents  que  je  possède,  et  qu'il  m'a 
suffi  de  produire  au  fur  et  à  mesure  que  les  objections  et  les  attaques  de 
mes  adversaires  m'obligeaient  d'y  recourir;  ce  que  j'ai  fait  avec  une  exac- 
titude si  scrupuleuse,  que  je  n'ai  pas  à  rectifier  ni  à  atténuer  aucune  des 
considérations  que  j'ai  présentées,  aucun  des  faits  que  j'ai  produits. 

»  Mais,  j'en  conviens,  la  marche  de  M.  Brewster  a  été  différente  :  il  a  cru 
que,  comme  historien  de  la  vie  de  Newton,  et  «  défenseur  du  caractère  mo- 
ral et  intellectuel  du  grand  géomètre  »,  il  pouvait  toujours  s'en  rapporter 
à  son  propre  jugement,  et  se  borner,  à  mon  égard,  à  des  assertions  et  à  des 
dénégations,  sans  jamais  donner  aucune  preuve  des  unes  comme  des  autres. 

»  Il  s'est  emparé  de  l'argument  du  café,  imaginé  par  M.  Faugère,  de 
l'ignorance  prétendue  de  Newton  dans  la  langue  française  ;  il  s'est  empressé 
de  déclarer  que  le  faussaire,  signalé  aussi  par  M.  Faugère,  n'avait  même 
jamais  vu  ni  l'écriture  ni  la  signature  de  Newton;  et  il  a  annoncé  que  son 
oeuvre  s'était  faite  de  1734  à  1740,  ou  depuis  i84>- 

»  Cette  seconde  hypothèse,  de  1841,  donnait  lieu  à  bien  des  difficultés 
qui  auront  fait  impression  sur  l'esprit  de  Sir  David.  Aussi  il  adopte  la  pre- 
mière; et  il  éloigne  résolument  de  plus  d'un  siècle  la  fabrication  des  pièces; 


(  775  ) 
etcest  Desmaizeaux    lui-même,  bien    qu'il    connût  l'écriture  de  Newton, 
qu'il  déclare  le  falsificateur. 

»  Ces  affirmations  si  subites,  si  inattendues  et  surtout  dépourvues  de 
preuves,  comme  toujours,  ne  semblent-elles  pas  indiquer  que  Sir  David  n'est 
pas  dans  une  bonne  voie? 

»  On  a  vu  avec  quelle  légèreté  il  a  parlé  d'un  incident  de  la  pins  haute 
importance,  l'intervention  de  Louis  XIV  et  du  Roi  Jacques  dans  cette  ques- 
tion des  relations  qui  avaient  existé  entre  Pascal  et  Newton. 

»  Je  serais  heureux  que  Sir  David  voulût  bien  prendre  en  plus  sérieuse 
considération  cet  épisode  de  notre  longue  polémique,  et  ne  plus  se  borner  à 
dire  que  Louis  XIV  et  le  Roi  Jacques  n'avaient  pas  le  temps  de  s'occuper  de 
Newton  ;  car  une  telle  allégation  ne  sert  qu'à  prouver  l'impuissance  absolue 
où  l'on  est  de  soutenir  la  thèse  qu'on  s'est  faite.  J'ai  déjà  dit,  et  je  répète 
ici,  que  je  pourrai  produire  de  nombreux  documents  qui  se  rapportent  à 
cette  même  intervention  des  deux  Rois;  car  la  Reine  Marie  et  la  princesse 
Anne,  à  la  sollicitation  de  leur  père,  ont  aussi  fait  leurs  remontrances  à 
Newton;  celui-ci  a  aussi  écrit  plus  d'une  Lettre  à  ce  sujet  :  la  Reine  Chris- 
tine de  Suède  a  aussi  apporté  son  propre  témoignage;  etc. 

»  Je  passe  à  un  point  de  la  seconde  Lettre  de  Sir  David  Brewster,  relatif 
à  Leibnitz. 

»  Je  possède  les  originaux  de  plusieurs  Lettres  de  Leibnitz,  insérées  dans 
les  deux  volumes  de  1720,  de  Desmaizeaux.  M.  Hirst  m'a  demandé,  il  y  a 
un  certain  temps,  de  lui  communiquer  une  de  ces  Lettres  qu'il  désignait. 
Je  me  suis  empressé  de  la  lui  envoyer,  de  même  que  je  lui  ai  envoyé  aussi 
différents  écrits  de  Newton,  qui  avaient  déjà  été  entre  ses  mains  et  qu'il  m'a 
redemandés.  La  phrase  finale  de  la  communication  de  M.  Brewster  m'ap- 
prend que  ma  Lettre  est  fausse  :  «  M.  Rond  (conservateur  du  département 
»  des  Manuscrits  au  Musée  Britannique),  dit-il,  m'assure  que  la  prétendue 
»  Lettre  de  Leibnitz,  que  le  professeur  Hirst  a  reçue  de  M.  Chasles,  n'est 
•  pas  de  l'écriture  de  Leibnitz.  » 

»  Cette  déclaration  incidente,  dans  une  question  sérieuse,  me  paraît  bien 
laconique.  M.  Bond  est-il  expert  en  écriture?  Avec  quelle  série  de  Lettres 
de  Leibnitz,  de  quelles  dates  et  sur  quels  sujets,  a-t-il  comparé  celle  dont 
il  s'agit  et  qui  se  rapporte  à  la  querelle  de  Leibnitz  et  de  Newton?  Tout  le 
monde  s'étonnera  du  laconisme  de  M.  Brewster  dans  cette  circonstance. 

»  Je  rappellerai  que  M.  Faugère,  en  déclarant  fausse  la  Lettre  du  Boi 
Jacques,  du  12  janvier  1689(1),  l'avait  comparée  à  une  Lettre  de  1677,  diffé- 

(1)   Comptes  rendus,  séance  du  i4  octobre,  p.  644- 


(  776  ) 
rente  au  moins  de  signature,  quand  la  signature  Jacques  R  est  toujours  la 
même  et  caractéristique;  il  n'avait  donné  aucune  indication  quelconque 
sur  la  date,  le  sujet  de  cette  Lettre,  etc.  C'est  sur  ma  demande,  réitérée  avec 
insistance,  qu'il  s'est  décidé  à  en  dire  quelques  mots,  sans  répondre  à  mes 
diverses  questions.  Il  fait  un  travail,  dit-il,  sur  ces  Lettres  du  Roi  Jacques  (i). 
Et  le  travail  n'a  pas  encore  paru.  M.  Faugère  devrait  comprendre  qu'il  ne 
peut  lui  suffire  de  dire  que  l'écriture  du  Roi  Jacques  n'a  pas  sensiblement 
changé.  Quelleest  l'étendue  de  ce  sensiblement?  Sera-t-elle  la  même  à  d'au- 
tres yeux  qu'à  ceux  de  M.  Faugère?  Y  aurait-il  lieu  aussi  à  un  sensiblement 
dans  le  jugement  porté  par  M.  Bond  ?  11  faut  que  tout  cela  soit  mis  au  jour. 

»  Je  répèle  à  l'Académie  que,  si  cette  longue  polémique  m'afflige  et  me 
cause  de  grandes  contrariétés  à  raison  d'autres  occupations  urgentes  qui 
sont  aussi  un  devoir  pour  moi,  je  n'ai  aucune  inquiétude  sur  le  résultat  final, 
et  sur  le  jugement  qui,  un  jour,  deviendra  unanime. 

»  Il  ne  m'est  pas  possible  de  prendre  connaissance  dans  ce  moment 
même  de  la  Lettre  de  M.  Grant,  déposée  sur  le  bureau.  Ce  sera  pour  notre 
prochaine  séance.  » 

astronomie.  —  Considérations  sur  la  position  topoc/inpbique  de  l'Observatoire 
impérial  de  Paris.  Lecture  faite  à  V Académie  des  Sciences,  par  M.  Le 
Verrier,  à  l'occasion  du  second  anniversaire  séculaire  de  la  fondation  de 
r  Observatoire  en  1667. 

«  On  lit  dans  les  Mémoires  de  /' Académie  des  Sciences  pour  l'année  1667  : 
«  Si  une  espèce  de  pompe  et  de  cérémonie  peut  être  comptée  pour  quel- 
»  que  chose  en  ces  matières  (astronomiques),  rien  ne  fut  plus  solennel  que 
»  les  observations  qui  se  firent  le  21  juin,  jour  du  solstice.  Le  Roi,  pour  fa- 
»  voriser  pleinement  les  sciences  et  particulièrement  l'astronomie,  avait 
»  résolu  de  faire  bâtir  un  observatoire,  et  la  place  en  était  déjà  marquée  au 
»  faubourg  Saint-Jacques.  Comme  ce  bâtiment  devait  être  tout  savant  et 
»  qu'il  était  principalement  destiné  aux  observations  astronomiques,  on 
»  voulut  qu'il  fût  posé  sur  une  ligne  méridienne  et  que  tous  ses  angles  ré- 
»  pondissent  à  certains  alimuths.  Les  mathématiciens  (Picard,  La  Hire)se 
..  transportèrent  donc  sur  le  lieu,  le  i\  juin.  Ils  tirèrent  une  méridienne  et 
»  huit  alimuths  avec  tout  le  soin  que  leur  pouvaient  inspirer  des  conjec- 
»  tures  si  particulières.  Ils  trouvèrent  la  hauteur  méridienne  du  Soleil  de 
»   64°  4»'  au  moins,  ce  qui  donne  pour  la  hauteur  du  pôle  à  l'observatoire 


(1)   Comptes  rendus,  séance  du  28  octobre,  p.  702. 


(  777  ) 
»   48°  4g'  3o"  en  supposant  que  la  vraie  déclinaison  du  Soleil  fût  de  23°  3o' 
»   et  la  réfraction  à  cette  hauteur  d'une  demie-minute  seulement.  On  trouva 
»   que  la  déclinaison  de  l'Éguille  aimentée  était  de  i5  minutes  à  l'occident. 
»  Toutes  ces  observations  furent  la  consécration  du  lieu. 

»  Les  fondements  de  l'édifice  furent  aussi  jetés  cette  année,  et  l'on  en 
»   frappa  une  médaille  avec  ces  mots  :  Sic  itur  ad  astra.  » 

»  La  situation  au  midi  de  la  capitale  était  bien  choisie  pour  l'installa- 
tion d'un  observatoire,  Le  plus  grand  nombre  des  observations  s' effectuant 
vers  le  sud,  on  ne  serait  pas  gêné  dans  cette  position  par  les  fumées  de  la 
capitale,  d'autant  plus  que  les  beaux  temps  se  présentant  surtout  par  le 
vent  d'est,  les  vapeurs  ne  seraient  point  amenées  sur  l'établissement.  La 
colline  Saint- Jacques  était  d'ailleurs  assez  élevée,  et  les  alentours  n'étaient 
point  bâtis  ou  n'étaient  occupés  que  par  quelques  établissements  religieux 
qui  ne  pouvaient  gêner  en  rien. 

»  La  masse  du  monument  fut  achevée  en  1671.  L'abbé  Picard  avait  pro- 
jeté d'y  établir  de  grands  cercles  muraux,  de  grands  secteurs,  etc.,  tous 
les  instruments  nécessaires  au  développement  de  l'astronomie  de  précision. 
Dominique  Cassini,  appelé  d'Italie,  dirigea  au  contraire  les  observations 
vers  les  recherches  physiques,  et  les  dispositions  du  bâtiment  furent  telles, 
qu'il  n'a  jamais  servi  et  ne  pourra  servir  à  abriter  un  instrument  de  préci- 
sion. On  sait  les  véhéments  reproches  adressés  à  Cassini  par  notre  illustre 
confrère  M.  Biot,  qui  allait  jusqu'à  déclarer  en  toute  occasion  que  la  venue 
de  Cassini  en  France  avait  été  une  calamité  pour  l'astronomie  de  notre 
pays. 

»  Lorsqu'en  1732  on  voulut  établir  un  quart  de  cercle  mural  de  2  mè- 
tres de  rayon,  on  ne  trouva  dans  le  grand  édifice  aucun  endroit  propice. 
L'Académie  des  Sciences,  au  nom  de  laquelle  agissait  le  directeur,  dut  faire 
bâtir  un  cabinet  extérieur  attenant  à  la  tour  orientale. 

»  Le  même  embarras  se  représenta  en  1  742  et  en  1  7G0,  et  fut  résolu  pa- 
reillement par  l'établissement  de  petites  constructions  extérieures. 

»  En  1784  cependant,  les  voûtes  du  grand  bâtiment  tombaient  en  ruine 
et  leur  restauration  fut  décidée.  Cassini  proposa  de  raser  l'étage  supérieur 
dont  l'élévation  est  plus  nuisible  qu'utile.  Des  raisons  politiques  firent  re- 
jeter ce  projet;  on  ne  voulait  pas  toucher  à  l'ensemble  architectural  d'un 
édifice  construit  par  Louis  XIV.  La  restauration  s'opéra  de  1786  à  1793. 

»  Cette  situation  eut  certainement  une  influence  regrettable  sur  l'oubli 
ou  on  laissa  en  France  pendant  un  siècle  la  lunette  méridienne  inventée 
a  Paris  par  Rcemer.  Les  Anglais  s'en  emparèrent  en   1760  par  les  mains  de 

<:.  R.,  1867,  a"  St-mestre.  (T.  LXV,  N°  20.)  '02 


(  77«  ) 
leur  grand  astronome  Rradlev,  qui  leur  a  assuré  ainsi  une  avance  considé- 
rable clans  les  travaux  de  l'astronomie  de  précision. 

»  Lorsqu'enfin,  en  1800,  Bouvard  commença  une  série  d'observations  à 
la  lunette  méridienne,  les  instruments  durent  être  placés  comme  par  le 
passé  dans  des  cabinets  latéraux  situés  à  l'est  du  grand  édifice.  C'est  sur  le 
même  emplacement  que  trente  ans  plus  tard  a  été  établie,  par  les  soins  de 
M.  Arago,  la  salle  des  instruments  méridiens. 

»  Les  conditions  de  l'observatoire  primitif,  en  ce  qui  concerne  son  isole- 
ment, se  sont  modifiées  avec  le  temps.  Les  constructions  de  la  capitale  ont 
peu  à  peu  progressé  vers  le  sud,  elles  ont  entraîné  l'ouverture  de  voies 
nouvelles,  et  celles-ci  à  leur  tour  ont  facilité  l'établissement  de  nombreuses 
habitations.  Aussi  M.  Biot  avait-il  émis  plusieurs  fois  la  pensée  qu'on  devrait 
enlever  l'Observatoire  à  Paris,  et  le  transporter  au  loin  en  pleine  campagne  ; 
tout  en  déclarant,  dans  ce  style  imagé  qu'il  possédait,  qu'une  fois  le  nouvel 
établissement  construit  dans  le  désert,  on  ne  trouverait  pas  de  moines  pour 
un  pareil  couvent. 

»  Lorsqu'en  1 854,  on  dut  entreprendre  de  nouveaux  travaux,  on  exa- 
mina, avant  de  rien  décider,  l'opportunité  d'une  translation  de  l'Observa- 
toire. On  considéra  avec  tout  le  soin  nécessaire  les  conditions  d'existence 
d'un  personnel  qui  est  loin  de  réaliser  l'idéal  des  moines  de  M.  Biot, 
l'avantage  qu'on  avait  à  Paris  de  se  trouver  au  centre  de  la  vie  scientifique 
et  à  portée  des  artistes  dont  on  a  un  besoin  incessant.  On  consulta  même  la 
Ville  de  Paris,  et  de  tout  cet  examen  on  conclut  que  dans  les  conditions 
de  voisinage  où  se  trouvait  l'Observatoire,  il  pouvait  être  conservé  à  la  ca- 
pitale, pourvu  qu'en  temps  et  heu  on  prît  les  dispositions  préservatrices 
nécessaires. 

»  Au  commencement  de  1860,  la  Ville  avait  résolu  de  prolonger  le  bou- 
levard de  Sébastopol  jusqu'au  carrefour  de  l'Observatoire,  de  prolonger 
également  le  boulevard  Montparnasse,  et  d'ouvrir  au  midi  un  boulevard 
allant  à  la  barrière  d'Enfer  et  passant  tout  près  de  notre  limite  sud.  Il  ét;iit 
facile  de  comprendre  que  les  conditions  primitives  étaient  changées,  et 
qu'après  l'ouverture  de  ces  voies  de  communications  les  terrains  qui  nous 
avoisinent  seraient  rapidement  bâtis.  Nous  aurions  manqué  à  notre  premier 
devoir  envers  la  Science  et  envers  l'Académie,  si  nous  ne  nous  étions  occupé 
de  cette   situation. 

»  Nous  avons  étudié  dès  lors  avec  le  plus  grand  soin  et  avec  le  concours 
de  nos  collaborateurs,  nous  avons  fait  dresser  par  M.  l'arcliitecte  Guénepin  et 
proposé  un  plan  d'isolement  que  nous  plaçons  aujourd'hui  sous  !<•>  yeux  de 


(  779  ) 
l'Académie.  Pour  bien  faire  comprendre  les  conditions  exclusivement  scienti- 
fiques qui  nous  ont  guidé,  nous  supposerons  qu'il  s'agisse  de  chercher  un 
emplacement  pour  la  très-grande  lunette  dont  l'objectif  est  confié  à  notre 
confrère  M.  Foucault.  Je  dois  dire  que  les  considérations  que  j'ai  à  pré- 
senter à  ce  sujet  ont  été  bien  des  fois  discutées  avec  lui,  et  que  nous 
sommes  complètement  d'accord. 

«  Le  nord  est  tout  d'abord  exclu.  L'immense  bâtiment  de  l'Observatoire 
masquerait  le  sud,  c'est-à-dire  la  partie  du  ciel  dans  laquelle  on  observe. 

»  Se  placer  sur  le  haut  de  l'Observatoire  lui-même  serait  impossible. 
Outre  qu'on  ne  voit  pas  comment  on  lui  superposerait  encore  une  construc- 
tion de  17  mètres  de  hauteur  et  de  diamètre,  il  est  bien  établi  que  les  grands 
murs  étant  échauffés  dans  le  jour  par  le  soleil,  il  en  résulte  même  pendant 
la  nuit  des  courants  d'air  chaud  qui  ne  permettent  pas  de  tirer  des  grands 
instruments  tout  le  parti  qu'on  en  doit  attendre  en  leur  appliquant  de 
forts  grossissements;  ceux-ci  ne  servant  la  plupart  du  temps  qu'à  mettre 
en  évidence  l'influence  pernicieuse  de  l'air  avoisinant  la  tour. 

»  Il  résulte  de  ce  premier  examen  qu'on  ne  pourrait  s'établir  que  dans 
l'espace  au  sud  du  bâtiment.  De  ce  côté  même  il  sera  indispensable  de 
s'éloigner  autant  qu'on  le  pourra,  non-seulement  de  l'édifice,  mais  de  la 
rue  Saint-Jacques,  du  nouveau  boulevard  au  sud,  et  en  outre  d'une  rue 
transversale  projetée  pour  la  réunion  de  la  rue  d'Enfer  au  boulevard  du  sud, 
boulevard  auquel  on  a  donné  le  nom  d'Arago. 

»  Du  côté  de  l'édifice  on  peut  a-ssurément  sacrifier  un  peu  de  l'horizon 
nord,  sans  qu'il  soit  permis  néanmoins  de  l'abandonner  en  entier.  Du  côté 
des  rues  on  éprouve  les  embarras  du  bruit,  de  la  poussière,  des  trépida- 
tions et  surtout  de  l'éclairage.  Ce  dernier  obstacle  est  à  vrai  dire  le  plus 
considérable.  En  observant  au-dessus  d'une  ligne  de  becs  de  gaz  situés  par 
trop  près,  il  serait  impossible  d'apercevoir  de  faibles  astres,  quelle  que  fût 
la  puissance  de  l'instrument,  à  plus  forte  raison  de  mesurer  leurs  mouve- 
ments. 

«  D'un  autre  côté,  on  peut  voir  sur  le  plan  que  la  rue  Saint- Jacques  est 
oblique  vers  le  sud-est,  et  que  son  prolongement  l'amenant  promptement 
en  face  du  bâtiment,  il  ne  reste  de  place  utilement  disponible  qu'au  sud- 
ouest.  Mais,  pour  que  ce  lieu  lui-même  soit  propice,  il  est  indispensable 
que  la  rue  transversale  du  sud-ouest,  destinée  à  joindre  la  rue  d'Enter  au 
boulevard  Arago,  ne  longe  pas  de  trop  près  nos  terrains. 

»  Et  ainsi  on  est  amené  a  cette  conclusion  que  la  condition  d'un  iso- 
lement convenable  de  l'Observatoire  est  que   la   rue  transversale  soit  re- 

102.. 


(  78°  ) 
poussée  à  une  certaine  distance  de  l'angle  sud-ouest  de  notre  enceinte  ac- 
tuelle. Nous  demandions  un  écart  de  ,o  mètres,  et  c  est  dans  cette  hypo- 
thèse qu'est  tracé  le  plan  que  nous  mettons  sous  les  yeux  de  1  Académie. 

»  Du  reste,  nous  ne  réclamions  pour  l'Observatoire  la  possession  d  au- 
cune partie  des  terrains  qui  se  trouveraient  ainsi  limités  par  notre  enceme 
actuelle,  d'une  part,  par  les  rues  Saint-Jacques,  transversale  et  le  boule- 
vard Arago,  de  l'autre;  nous  proposions  d'en  former  un  petit  square  al  u- 
saKe  du  pubhc,  faisant  remarquer  que  lorsqu'on  a  construit,  avec  raison 
d<  Si  eu»,  tant  de  squares  d'embellissement  dans  la  ville  de  Pans  en  abat- 
tant des  maisons  à  grands  frais,  il  semblait  naturel  d'en  etabhr  un  la  ou  il 
est  indispensable  à  la  science  et  pour  ainsi  dire  tout  forme  par  les  jardms 

^f  Aul'ieu  et  place  de  ce  projet,  l'Administration  municipale  de  Paris  en 
rédigea  un  autre,  dans  lequel  il  ne  fut  pas  assez  tenu  compte  des  besoins 
de  1  astronomie,  mais  beaucoup  trop  des  conditions  de  symetne  et  de  via- 

^f Dans  ce  projet  de  l'Administration  municipale,  tracé  aussi  sur  le  plan 
que  je  présente,  on  voit  qu'on  se  propose  d'élargir,  en  prenant  sur  les  ter- 
rains actuels  de  l'Observatoire,  la  rue  Saint-Jacques,  qui  est  déjà  trop  p.es 
de  nous.  Au  sud-ouest,  non-seulement  on  n'éloigne  pas  de  ao  mètres  a  rue 
transversale,  comme  nous  l'avons  demandé,  mais  on  la  fait  passer  su,  nos 
terrains  actuels,  afin  d'en  faire  la  symétrique  delà  rue  Saint-Jacques,  con- 
dition fort  intéressante  assure-t-on,  mais  détestable  à  notre  point  de  vue 
puisque  les  grands  instruments  à  élever  seraient  alors  places  dans  un 
angle,  entre  deux  lignes  de  feux. 

!  Il  est  très-vrai  que  d'après  le  même  projet  on  veut  bien  nous  accorde, 
un  vaste  terrain  au  nord,  une  partie  de  l'avenue  de  l'Observatoire;  mais 
nous  avons  exposé  que  l'astronomie  ne  saurait  rien  faire  de  ces  terrains. 

,  Userait  inutile  d'entretenir  l'Académie  des  nombreuses  négociations 
intervenues  depuis  1860  jusqu'à  ce  jour  pour  obtenir  une  modification  dans 
le  plan  formulé  par  l'Administration  municipale  de  Paris  et  de  nos  in- 
stances réitérées  chaque  année  :  en  1861,  en  186,,  en  ,863,  en  1864,  en 
,865    en  ,866  et  en  ,867.  Puissent-elles  n'avoir  pas  paru  importunes. 

»  Le  plan  de  l'Administration  municipale,  maintenu  par  elle,  est  en 
pleine  voie  d'exécution.  Nous  croyons  que  toute  discussion  à  ce  sujet  serait 

désormais  inutile. 

.  Nous  n'aimons  pas  les  plaintes  stériles,  et  nous  n  entendons  pas  en 
faire  une  ici.  Nous  nous  sommes  occupé  des  moyens  de  tirer  part,  de  la 


(  7«*   ) 
situation  nouvelle,  de  manière  que  l'astronomie  n'ait  pas  à  en  souffrir,  ce 
qui  est  le  seul  point  à  considérer.  Nous  croyons  y  être  parvenu,  et  nous 
espérons  que  l'Académie  l'estimera   ainsi  quand   il  nous  aura  été  possible 
de  lui  lire  très-prochainement  la  seconde  partie  de  cette  communication.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIOLOGIE  végétale.  —  Etudes  sur  les  Jonctions  des  racines  des  végétaux; 
par  M.  B.  Corenwinder.  (Extrait  par  l'auteur.  ) 

(Commissaires  :  MM.  Brongniart,  Decaisne,  Boussingault.) 

«  On  admet  depuis  longtemps  une  théorie  relative  aux  racines  des 
plantes,  qui  n'a  jamais  été  démontrée  expérimentalement,  et  qui  cependant 
n'est  contestée  par  personne.  Je  veux  parler  de  la  propriété  qu'on  leur 
attribue  d'absorber  dans  le  sol  de  l'acide  carbonique. 

»  Depuis  plusieurs  années,  je  me  suis  livré  à  des  recherches  sur  ce  sujet. 
Retenu  par  un  sentiment  de  prudente  circonspection,  je  n'ai  pas  osé  jus- 
qu'à aujourd'hui  faire  connaître  les  résultats  de  ces  recherches,  parce  qu'ils 
sont  en  contradiction  avec  des  opinions  accréditées  dans  les  ouvrages  les 
plus  sérieux.  Cependant,  comme  l'intérêt  de  la  science  exige  que  les  faits 
acquis  par  la  méthode  expérimentale  prennent  la  place  des  théories  spécu- 
latives, je  ne  crois  pas  devoir  hésiter  plus  longtemps  à  publier  des  obser- 
vations qui  infirment  un  système  très-spécieux,  il  est  vrai,  mais  contraire 
aux  lois  naturelles. 

»  J'ai  la  conviction  aujourd'hui  que  les  racines  des  plantes  n ont  pas  la 
propriété  d'absorber  dans  le  sol  de  l'acide  carbonique,  ou  au  moins  que  la 
quantité  qui  peut  pénétrer  dans  leurs  tissus  par  cette  voie  ne  doit  pas  être 
considérée  pour  elles  comme  une  source  importante  de  carbone. 

»  ...M.  Boussingault  a  constaté,  il  y  a  quelques  années,  que  le  sol  est  un 
réservoir  immense  d'acide  carbonique.  Dans  une  de  ses  expériences  il  en  a 
trouvé  près  de  10  pour  ioo  dans  de  l'air  confiné  au  sein  d'une  terre  meuble 
et  fertile,  riche  en  principes  organiques. 

»  On  est  conduit  à  se  demander  ce  que  devient  cet  acide  si  les  racines 
n'ont  pas  la  propriété  de  l'absorber. 

»  Il  me  paraît  probable  qu'il  s'exhale  du  sol,  surtout  lorsque  celui-ci  est 
récemment  ameubli.  Les  labours,  les  hersages,  les  pluies,  etc.,  le  dépla- 
cent et  le  ramènent  près  de  la  surface,  d'où  il  se  répand  dans  l'atmosphère. 


(  7&»  ) 

»  Si  la  terre  est  couveite  de  feuilles,  comme  dans  un  champ  de  betteraves 
et  de  tabac,  par  exemple,  ces  organes  l'absorbent  au  passage.  Cependant 
le  savant  éminent  que  je  viens  de  citer  a  fait  une  expérience,  que  j'ai  con- 
firmée, dont  il  semblerait  résulter  que  l'air  qu'on  aspire  à  la  surface  du  sol 
ne  contient  pas  plus  d'acide  carbonique  que  celui  qu'on  peut  recueillir  en 
même  temps  à  quelques  mètres  d'élévation. 

»  Il  faut  remarquer  que,  lorsqu'au  moyen  d'un  aspirateur  on  fait  arriver 
dans  un  récipient  contenant  de  l'eau  de  baryte  un  volume  d'air  déterminé, 
on  ne  fixe  que  la  très-petite  quantité  d'acide  carbonique  que  cet  air  peut 
contenir;  mais  dans  la  nature  le  phénomène  est  différent.  Les  feuilles,  en 
vertu  de  leur  affinité  pour  l'acide  carbonique,  forment  un  centre  d'attrac- 
tion vers  lequel  celui-ci  se  précipite.  Lorsqu'une  molécule  d'acide  est 
absorbée,  un  vide  se  fait  pour  les  molécules  de  même  nature  qui,  possé- 
dant une  élasticité  propre  et  indépendante  de  celle  de  l'air  dans  lequel  elles 
sont  raréfiées,  se  dirigent  vers  ce  point  central. 

»  Dans  mes  nombreuses  expériences,  j'ai  remarqué  que  l'air  atmosphé- 
rique ne  renferme  quelquefois  que  des  traces  d'acide  carbonique,  et  cepen- 
dant si  l'on  y  expose  au  même  moment  un  vase  ouvert  contenant  de  l'eau 
de  baryte,  celle-ci  se  couvre  en  peu  d'instants  de  particules  de  carbonate 
de  baryte.  Ce  phénomène  s'explique  de  la  même  manière. 

»  J'ai  effectué  sur  le  même  sujet  un  grand  nombre  d'autres  expériences 
qui  confirment  les  observations  précédentes.  Elles  feront  l'objet  d'un  second 
Mémoire,  que  j'aurai  l'honneur  de  présentera  l'Académie.  » 


MEMOIRES  PRESENTES 

M.  A.  Netter  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Du  gargouillement  de  la  fosse 
iliaque  droite  dans  la  fièvre  typhoïde,  considéré  comme  indication  théra- 
peutique ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Eo.  Robin  adresse  un  Mémoire  auquel  il  donne  le  titre  :  «  Nouvelles 
observations  sur  la  durée  de  la  vie,  sur  les  moyens  de  retarder  la  vieillesse, 
sur  les  propriétés  physiologiques,  hygiéniques,  thérapeutiques  et  toxiques 
des  antiputrides;  sur  le  choléra,  s.i  nature,  ses  causes  et  son  traitement; 
voie  par  laquelle  les  modérateurs  de  l'hématose  arrivent  à  exercer  les  pou- 


(  783  ) 
voirs diurétique, purgatif,  vomitif,  excitateur  des  contractions  utérines,  etc. 
Utilisation  des  venins  et  d'antres  poisons,  etc.  » 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine,  à  laquelle  M.  Blanchard  est  prié  de 

s'adjoindre.) 

M.  Maisonnier  adresse  une  nouvelle  Note  relative  à  un  instrument  qu'il 
considère  comme  pouvant  remplacer  le  graphomètre. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

M.  Lacranin  adresse  une  Note  concernant  diverses  questions  de  théra- 
peutique. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Ch.  Legros  adresse  un  travail  complémentaire  au  Mémoire  «  sur 
les  tissus  érectiles  et  leur  physiologie  »  qu'il  a  déjà  présenté  pour  le  con- 
cours du  prix  Godard.  L'auteur  joint  à  cet  envoi  un  résumé  manuscrit  des 
faits  qu'il  considère  comme  nouveaux  dans  ces  deux  Mémoires. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  prix  Godard.) 

M.  Levasseur  adresse,  pour  le  concours  des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie (fondation  Montyon),  une  brochure  ayant  pour  titre  :  «  De  la  mort 
apparente  et  des  moyens  de  la  reconnaître  ».  L'auteur  joint  à  cet  envoi  une 
indication  manuscrite  des  points  qu'il  considère  comme  nouveaux  dans  son 

travail. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  Pé<:hoi.ier  adresse,  comme  document  destiné  à  la  Commission   des 

prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie,  une  Note  manuscrite  sur  les  points  qu'il 

considère  comme  nouveaux  dans  les  Mémoires  qu'il  a  publiés  en  son  nom 

personnel. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  C.  Arlotti  adresse  un  T.lémoire,  écrit  en  italien,  snr  le  choléra. 
(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  liréant.) 


(  7«4  ) 

CORRESPONDANCE . 

M.  Dubrunfaot  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  parmi 
le.-  candidats  à  la  place  vacante  dans  la  Section  d'Économie  rurale  par 
suite  du  décès  de  M.  Rayer. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Économie  rurale.) 

M.  Maisoxneuve  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  parmi 
les  candidats  à  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie par  suite  du  décès  de  M.  Velpeau. 

(Renvoi  à  la  Section  de.  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Lettre  à  M.  Le  Verrier,  concernant  les  observation* 
astronomiques  dont  Pascal  et  Newton  ont  pu  faire  usage;  par  M.  Graxt(i). 

«   Observatoire  de  Glascow,  3i   octobre   1867. 

«  Je  vois,  par  les  remarques  faites  par  M.  Chasles  dans  la  séance  dit 
3o  septembre  et  dans  les  séances  suivantes,  qu'il  continue  à  avoir  la  con- 
viction que  les  Notes  sur  l'Astronomie  physique  que  l'on  allègue  avoir  été 
écrites  par  Pascal,  ainsi  que  la  masse  de  correspondance  relative  à  Newton 
qui  les  accompagne,  sont  des  productions  authentiques  (genuine).  A  l'ap- 
pui de  cette  opinion,  il  soutient  que  c'est  principalement  de  Galilée  que 
Pascal  obtint  les  observations  astronomiques  qu'il  a  employées  pour  cal- 
culer les  résultats  contenus  dans  les  Notes  qui  lui  sont  attribuées  ;  que 
Newton  était  en  possession  des  résultats  de  Pascal  lorsqu'il  publia  la  pre- 
mière édition  des  Principia  en  1687,  mais  qu'il  jugea  convenable  de  retar- 
der leur  publication  jusqu'à  l'année  1726,  époque  à  laquelle  il  les  inséra 
dans  la  troisième  édition  de  son  ouvrage.  M.  Chasles,  en  outre,  fait  d'autres 
remarques,  relativement  à  ce  que  j'avais  établi  touchant  les  observations 
faites  par  Cassini,  Pound,  etc.,  que  Newton  déclare  avoir  emplovées  pour 
le  calcul  de  ses  résultats  :  «  Que  sais-je  sur  cette  matière?  Est-ce  que  je 
»  connais  les  observations  ?  Puis-je  prouver  ce  que  j'ai  avancé?  »  C'est  en 
raisin  de  ces  expressions  de  M.  Chasles  que  je  demande  la  permission  de 
présenter  quelques  observations  additionnelles. 

■>   Les  éléments  employés  dans  le  calcul  dis  résultats  attribués  à  Pascal, 

(1)  L'Académie  a  décidé  que  cette  Lettre,  bien  que  dépassant  les  limites  réglementaires, 
serait* reproduite  en  entier  au  Compte  rendu. 


(  785    ; 
dont  j'ai  parlé  dans  ma  première  communication,  abstraction  faite  de  toule 
considération  des  éléments,  qu'on  peut  supposer  n'avoir  pas  varié  entre  le 
temps  de  Pascal  et  l'année  1726,  sont  les  suivants  : 

)>    i°  Les  diamètres  apparents  du  Soleil,  de  Jupiter  et  de  Saturne; 

»  i°  Les  éléments  d'un  des  satellites  de  Jupiter; 

»   3°  Les  éléments  d'un  des  satellites.de  Saturne; 

»   4°  La  parallaxe  solaire. 

»  Examinons  ces  groupes  d'éléments  isolément,  pour  savoir  si  Galilée 
était  capable  de  fournir  à  Pascal  des  évaluations  de  ces  éléments  cpii  pussent 
conduire  à  des  résultats  identiques  à  ceux  que  contiennent  les  Notes  attri- 
buées à  Pascal. 

»  1 .  Dans  le  troisième  de  ses  fameux  dialogues  sur  les  systèmes  de  l'uni- 
vers de  Ptolémée  et  de  Copernic,  Galilée  exprime  ainsi  ses  vues  sur  la  gran- 
deur delà  parallaxe  du  Soleil  et  sur  la  grandeur  du  diamètre  apparent  du 
Soleil  : 

«  Et  d'abord  je  suppose,  avec  Copernic  lui-même,  et  d'accord  avec  les 
»  adversaires,  que  le  demi-diamètre  du  grand  orbe,  qui  est  la  distance  de 
»  la  Terreau  Soleil,  contienne  1208  demi-diamètres  de  la  même  Terre. 
»  Secondement,  j'admets,  avec  l'assentiment  des  mêmes  et  avec  la  vérité,  que 
»  le  diamètre  apparent  du  Soleil  dans  sa  distance  moyenne  est  d'environ 
»  un  demi-degré,  c'est-à-dire  de  3o  minutes,  qui  sont  1800  secondes  ou 
»   108000  tierces.  » 

»  J'ai  maintenant  à  m'occuper  de  la  valeur  que  Galilée  assigne  à  la  pa- 
rallaxe solaire.  En  ce  qui  toucbe  le  diamètre  apparent  du  Soleil,  il  estime 
qu'il  est  d'environ  3o  minutes.  Ce  résultat  était  parfaitement  d'accord 
avec  les  mesures  du  même  élément  faites  de  son  temps.  Avant  l'application 
du  télescope  aux  instruments  divisés,  les  observations  pour  déterminer  le 
diamètre  apparent  du  Soleil  étaient  nécessairement  assez  grossières  (0/  « 
rude  character).  Il  est  important  d'avoir  présent  à  l'esprit  que  le  télescope, 
tel  qu'il  était  employé  par  Galilée,  consistant  en  une  lentille  convexe  et 
une  lentille  concave,  convenablement  combinées  ensemble,  était  essentiel- 
lement inapplicable  à  des  mesures  exactes,  puisque  dans  aucune  partie  de 
sa  construction  on  n'aurait  pu  introduire  un  objet  qui  pût  être  vu  avec  la 
même  netteté  que  l'image  de  l'objet  observé.  C'est  le  caractère  particulier 
de  la  forme  képlerienne  du  télescope  à  réfraction  qui  consiste  en  une  com- 
binaison de  deux  lentilles  convexes,  que  l'image  de  l'objet  observé  est  for- 
mée dans  une  certaine  position  définie  dans  l'intérieur  du  tube  du  téles- 
cope, et  où  conséquemment  aucun  autre  objet  qui  s'y  trouverait  placé  ne 

C.  R.,  i«fi7,  2"  Semestre.  (  T.  LXV,  !V0  20.)  I  o3 


(  7«6  ) 
peut  être  vu  avec  une  égale  netteté.  De  là  il  découle  que  ce  fut  cette  forme 
de  télescope  qui  suggéra  l'idée  de  l'intersection  de  deux  fils  croisés  au  foyer 
pour  déterminer  les  positions  exactes  des  corps  célestes,  et  aussi  l'invention 
du  micromètre  pour  la  mesure  des  petites  quantités  angulaires.  Or,  ce  ne 
fut  que  vers  l'époque  de  la  mort  de  Galilée  que  la  forme  képlerienne  du 
télescope  commença  à  être  mise  en  usage  comme  instrument  pour  l'obser- 
vation, et  il  s'écoula  encore  un  quart  de  siècle  avant  qu'il  reçût  les  impor- 
tants perfectionnements  dont  je  viens  de  parler.  L'avantage  de  l'emploi  du 
télescope  dans  les  observations  astronomiques  est  facilement  mis  en  évidence 
par  les  valeurs  suivantes  du  demi-diamètre  apparent  du  Soleil  correspon- 
dant à  la  distance  moyenne  de  la  Terre,  telle  qu'elle  a  été  déterminée  avant 
et  après  les  déterminations  exactes  qu'il  permit  de  faire  : 

Diamètre  apparent 
Autorités.  du  Soleil. 

Tycho-Brabe  (  1600) 3i  .    0,0 

Galilée  (i63a) 3o.   0,0 

Riccioli  (  1 65 1  ) 3i  .5o,o 

Huyghens  (1659) 3o.3o,o 

Cassini  (1687) 3a.  12,0 

Cassini  (1726) 32.   8,0 

Valeur  moderne 32 .   3,6 

»  Les  quatre  premières  valeurs  dans  la  liste  ci-dessus  avaient  été  déter- 
minées sans  le  secours  du  télescope.  Dans  chacune  des  trois  dernières,  le 
diamètre  apparent  du  Soleil  fut  observé  avec  un  télescope  muni  de  deux 
fils  s'entre-croisanl  à  angles  droits  au  foyer  de  l'instrument.  Les  valeurs  de 
1687  et  de  1726  données  par  Cassini  sont  celles  dont  Newton  s'est  servi 
dans  la  première  et  dans  la  troisième  édition  des  Principia. 

»  Pascal  ne  pouvait  avoir  obtenu  de  Galilée  ni  d'aucun  de  ses  contem- 
porains une  valeur  du  diamètre  apparent  du  Soleil  comparable  pour  la  pré- 
cision aux  valeurs  de  cet  élément  employé  par  Newton  en  1687  et  1726. 
La  conséquence  naturelle  de  cette  circonstance,  c'est  que  les  résultats  nu- 
mériques contenus  dans  les  Notes  communiquées  par  M.  Chasles,  représen- 
tant les  densités  de  Jupiter,  de  Saturne  et  de  la  Terre,  et  l'intensité  de  gravité 
à  leurs  surfaces  doivent  être  considérés  comme  controuvés  (fictitions) . 

»  Galilée  ne  possédait  aucun  instrument  pour  mesurer  le  diamètre 
des  planètes.  Les  éclipses  des  satellites  de  Jupiter  auraient  pu,  il  est  vrai, 
lui  fournir   une  indication  du  diamètre  apparent  de  cette  planète;  mais 


(  787  ) 

quant  au  diamètre  apparent  de  Saturne,  il  ne  connaissait  absolument  au- 
cune méthode  quelconque  pour  en  déterminer  la  valeur,  et  il  a  dû  néces- 
sairement se  contenter  d'une  simple  estimation  à  l'œil  nu.  Nous  pouvons  juger 
facilement  combien  il  est  difficile  d'arriver  à  quelque  chose  approchant  de 
la  précision,  lorsque  nous  voyons  que  Galilée  estime  que  le  diamètre  appa- 
rent de  Vénus,  lorsqu'elle  est  dans  sa  conjonction  inférieure,  ne  dépasse 
pas  10  secondes.  Riccioli,  comme  je  l'ai  dit  dans  ma  première  communica- 
tion, estime  que  le  diamètre  apparent  de  cette  planète,  lorsqu'elle  est  dans 
la  même  position,  s'élève  à  4' 8".  On  verra  combien  ces  résultats  diffèrent 
des  déterminations  modernes.  Enfin  Galilée  estimait  le  diamètre  appa- 
rent d'une  étoile  de  première  grandeur  à  5  secondes,  ce  qui  est  au  moins 
cent  fois  plus  que  la  valeur  réelle. 

»  2.  Les  périodes  de  révolution  des  satellites  de  Jupiter  peuvent  être  fa- 
cilement trouvées  par  leurs  éclipses.  Galilée,  par  cette  méthode,  a  déter- 
miné leurs  valeurs  avec  une  exactitude  remarquable,  et  cela  dès  l'année  1612 
(Discorso  intorno  aile  cose  que  slanno  suCacque,  ecc).  Il  est  difficile  de  savoir 
au  juste  quelles  étaient  les  valeurs  exactes  qu'il  assignait  aux  plus  grandes 
élongations  des  satellites.  Nous  devons,  dans  tous  les  cas,  regarder  comme 
très-improbable  qu'il  ait  fourni  à  Pascal  une  mesure  du  diamètre  apparent 
de  la  planète  et  des  mesures  de  la  période  et  de  la  plus  grande  élongation 
du  quatrième  satellite,  pouvant  conduire  à  des  résultats  numériques  iden- 
tiques à  ceux  que  contient  la  troisième  édition  des  Principia,  plus  spéciale- 
ment lorsqu'on  se  rappelle  que  la  détermination  de  Pound  de  la  plus  grande 
élongation  du  quatrième  satellite,  sur  laquelle  les  résultats  de  Newton  sont 
en  grande  partie  basés,  a  été  trouvée  sensiblement  erronée  dans  ces  der- 
nières années.  M.  Chasles,  il  est  vrai,  refuse  d'admettre  l'authenticité  des 
observations  de  Pound,  et,  suivant  cette  route,  il  soutient  que  Newton  fut 
redevable  de  sa  connaissance  des  éléments  des  satellites  de  Jupiter,  non  à 
Pound,  mais  à  Pascal.  Je  vais  cependant  démontrer  que  cette  opinion  est 
absolument  insoutenable,  en  citant  les  observations  originales  de  Pound  et 
de  Bradley,  et  en  montrant  leur  parfaite  concordance  avec  les  éléments 
dont  Newton  s'est  servi  pour  les  calculs  définitifs  contenus  dans  la  troisième 
édition  des  Principia. 

»  3.  Nous  avons  maintenant  à  examiner  jusqu'à  quel  point  Galilée  était 
en  position  de  fournir  à  Pascal  les  observations  astronomiques  nécessaires 
pour  calculer  les  résultats  relatifs  à  Saturne  contenus  dans  les  documents 
communiqués  à  l'Académie  des  Sciences  par  M.  Chasles.  Il  paraîtrait,  d'a- 
près certaines  Lettres  supplémentaires  communiquées  par  M.  Chasles  dans 


o3. 


(  ?8«  ) 
la  séance  du  7  octobre,  que  Galilée  découvrit  deux  satellites  de  Saturne,  et 
que  ce  fut  par  le  moyen  des  éléments  de  ces  corps,  qu'il  avait  reçu  du  sa- 
vant italien,  que  Pascal  détermina  la  masse  de  la  planète.  Examinons  ce 
point  un  peu  plus  attentivement.  Dans  ses  fameux  dialogues  sur  les  systèmes 
de  l'univers  de  Ptolémée  et  de  Copernic,  Galilée  a  passé  en  revue  tous  ses 
travaux  astronomiques  antérieurs.  Dans  aucune  partie  de  cet  ouvrage  nous 
ne  trouvons  d'allusion,  même  la  plus  éloignée,  à  aucun  satellite  de  Saturne. 
L'auteur,  il  est  vrai,  fait  mention  des  deux  globes  latéraux  qui  accompa- 
gnent la  planète,  paraissant  et  disparaissant  périodiquement  (como  lo  sco- 
prirsi  et  ascondersi  ci  mostra);  mais  ce  n'étaient  que  les  parties  extrêmes  de 
l'anneau,  que  les  télescopes  de  Galilée  ne  permettaient  pas  de  voir,  même 
sous  la  forme  d'anses  (ansœ)  ou  de  lunules,  comme  elles  s'offrirent  à  Heve- 
lius  quelques  années  après,  avant  la  découverte  d'IIuyghens.  Mais  la  publi- 
cation du  célèbre  ouvrage  dont  je  viens  de  parler  eut  pour  effet  d'attirer 
sur  son  auteur  la  colère  de  l'Église  catholique,  et  ce  ne  fut  que  vers  la  fin 
de  i633  qu'il  lui  fut  permis  de  reprendre  le  cours  paisible  de  ses  travaux 
scientifiques,  lors  de  son  retour  à  Arcelri,  dans  le  voisinage  de  Florence. 
D'un  autre  côté,  c'est  un  fait  parfaitement  établi  que,  au  mois  de  jan- 
vier 1637,  Galilée  fut  atteint  d'une  maladie  des  yeux  qui  amena  une  cécité 
complète  avant  la  fin  de  la  même  année,  et  que,  durant  le  reste  de  sa  vie, 
il  continua  à  être  absolument  privé  de  la  vue.  11  suit  de  là  que  la  décou- 
verte de  deux  satellites  de  Saturne,  si  elle  a  eu  lieu  réellement  et  n'est  pas 
une  fiction,  aurait  dû  avoir  lieu  dans  l'intervalle  des  trois  années  comprises 
entre  le  commencement  de  1 634  et  'a  fin  c'e  i636.  Mais  l'histoire  nous  ap- 
prend que  les  satellites  de  Saturne  ne  furent  découverts  que  vers  les  temps 
du  passage  de  la  planète  à  travers  l'un  des  nœuds  de  l'anneau,  et  lorsque 
conséquemment  l'anneau  ou  était  tout  à  fait  invisible,  ou  ne  présentait  plus 
que  l'apparence  de  deux  bras  ou  barres  radiales,  s' étendant  dans  des  direc- 
tions opposées  à  la  planète.  Telle  était  la  position  occupée  par  la  planète  et 
l'apparence  que,  conséquemment,  présentait  l'anneau  en  i655,  1671,  1672, 
1789  et  1848,  époques  auxquelles  les  huit  satellites  connus  de  la  planète 
furent  découverts  par  Huyghens,  Cassini,  Herschel,  Lassell  et  Rond.  Mais, 
en  i635,  qui  est  l'année  moyenne  de  la  période  durant  laquelle  Galilée  au- 
rait découvert  les  satellites  de  Saturne,  l'anneau  avait  atteint  sa  plus  grande 
ouverture.  On  doit  donc  regarder  comme  très-improbable  que  Galilée,  avec 
l'aide  d'un  télescope  qui  ne  montrait  les  anses  (ansœ)  de  l'anneau  que  sous 
la  forme  de  deux  globes  latéraux,  ait  pu  découvrir  deux  satellites  de  Saturne 
à  un  moment  où  la  phase  de  l'anneau  avait  acquis  un  tel  développement, 


(  789) 

qu'il  a  constitué  un  obstacle  absolu  à  des  découvertes  de  cette  nature  pour 
les  astronomes  qui  sont  venus  depuis.  Mais  il  est  impossible  que  Galilée  ait 
pu  faire  aucune  semblable  découverte  pour  les  deux  raisons  suivantes  :  d'a- 
bord, il  n'existe  aucun  témoignage  historique  que  Galilée  ait  communiqué 
cette  découverte  à  personne.  Quoique  atteint  d'une  cécité  complète  depuis 
l'année  1637  jusqu'à  sa  mort,  en  1642,  le  célèbre  savant  italien  continua 
à  occuper  activement  son  esprit  de  recherches  scientifiques,  et  entretint 
avec  ses  amis  une  correspondance  sur  différents  sujets;  bien  qu'il  éprouvât 
toujours  un  grand  plaisir  à  exposer  aux  hommes  de  science,  et  au  public 
en  général,  les  résultats  de  ses  travaux,  il  n'a  nulle  part  fait  la  moindre  al- 
lusion à  la  découverte  qui,  pour  la  première  fois,  lui  est  attribuée  ici.  M'ap- 
puyant  sur  cette  raison  seule,  je  soutiens  que  la  découverte  de  deux  satellites 
de  Saturne  par  Galilée  doit  être  regardée  comme  purement  controuvée 
[ficlitious). 

»  En  second  lieu,  dans  les  deux  Lettres  qu'on  lui  attribue,  Lettres 
datées  du  a  janvier  164 1  et  du  20  mai  1 64 ï  (Comptes  rendus,  oc- 
tobre 1867),  Galilée  fait  mention  du  mauvais  état  de  sa  vue  et  de  la  fatigue 
que  lui  cause  aux  yeux  l'action  d'écrire.  Mais  c'est  un  fait  parfaitement 
authentique  que,  depuis  la  fin  de  1637  jusqu'à  sa  mort,  en  1 6Zj2,  le  savant 
italien  resta  constamment  et  complètement  privé  de  la  vue. 

»  La  contradiction  manifeste  qui  se  présente  ici,  entre  les  documents 
communiqués  par  M.  Chasles  et  les  faits  établis  de  l'histoire,  suffirait  seule 
pour  nous  autoriser  à  conclure  que  la  correspondance  entière  est  apo- 
cryphe. 

»  4.  J'ai  déjà  cité  un  passage  d'un  des  ouvrages  de  Galilée,  d'après  le- 
quel il  estime  que  la  distance  du  Soleil  à  la  Terre  s'élève  à  1208  demi-dia- 
mètres de  la  Terre.  Ce  chiffre  indiquerait,  pour  la  valeur  de  la  parallaxe 
du  Soleil,  2'5i",  résultat  tout  à  fait  d'accord  avec  les  déterminations  cor- 
respondantes des  astronomes  contemporains.  En  effet,  avant  l'usage  de  la 
forme  képlerienne  du  télescope  à  réfraction,  muni  de  fils  croisés  au  foyer 
pour  observer  les  positions  exactes  des  corps  célestes,  et  l'emploi  du  micro- 
mètre à  vis  dans  la  mesure  des  petites  quantités  angulaires,  toutes  les  déter- 
minations de  la  parallaxe  solaire  peuvent  n'être  considérées  que  comme  de 
simples  conjectures.  Huyghens,  après  avoir  fait  voir  combien  peu  étaient 
convenables  les  méthodes  employées  par  les  astronomes  pour  fixer  la  valeur 
de  cet  élément,  s'abstint  sagement  de  calculer  la  somme  probable,  recon- 
naissant franchement  que  c'était  une  question  sur  laquelle  il  se  sentait 
absolument  incapable  de  jeter  aucun  jour.  Ce  ne  fut  que.  vers  l'année  1670 


(  79°  ) 
que  les  progrès  faits  dans  l'astronomie  pratique  commencèrent  enfin  à  lai- 
ser  entrevoir  la  possibilité  d'une  solution  satisfaisante  du  problème.  La  mé- 
thode  proposée  par  Cassini,  pour  la  détermination  de  la  parallaxe  solaire 
par  des  observations  de  la  planète  Mars,  faites  soit  en  deux  points  diffé- 
rents de  la  surface  de  la  Terre,  soit  dans  un  même  lieu,  mais  plusieurs 
fois  répétées  des  deux  côtés  du  méridien,  fut  mise  en  pratique  en  1671  avec 
l'énergie  et  le  talent  des  astronomes  français;  et  les  résultats  de  leurs  tra- 
vaux établirent  ce  fait  important  que  la  parallaxe  du  Soleil  ne  dépasse  pas 
10".  Cassini  fixa  sa  valeur  à  9"  \.  La  liste  suivante  contient  quelques-unes 
des  valeurs  de  la  parallaxe  solaire,  telles  qu'elles  furent  déterminées  avant 
et  après  cette  mémorable  recherche  : 

Tycho-Brahe  (1600)  la  faisait  égale  à 3'.    o" 

Kepler  (1627) 1  .    1 

Galilée  (  1 632 ) 2  . 5 1 

Bouillant!  (  1 645  ) 2.21 

Cassini  (1672) o.   9, 5 

Pound  et  Bradley  (1721) o.io,3 

Passages  de  Vénus  (1 761-1769)   o.    8,6 

Détermination  moderne o  .    8,9 

»  Dans  la  recherche  de  cette  valeur  attribuée  à  Cassini  dans  le  tableau 
ci-dessus,  les  améliorations  apportées  dans  la  manière  d'observer  en  astro- 
nomie avaient  été  mises  en  pratique  pour  la  première  fois. 

»  La  valeur  de  la  parallaxe  solaire  adoptée  par  Newton  dans  la  troisième 
édition  des  Principia  était  de  10"  \.  J'ai  à  peine  besoin  de  faire  remarquer 
combien  est  grande  la  différence  entre  cette  valeur  du  même  élément  et  celle 
qui  était  adoptée  par  Galilée  ou  par  tout  autre  astronome  de  son  temps.  Il 
est  donc  évident  que  la  détermination  de  Galilée  pour  la  parallaxe  solaire 
ne  pouvait  conduire  Pascal  aux  résultats  numériques  relatifs  à  la  niasse  de 
la  Terre,  à  sa  densité  et  à  la  force  de  gravité  à  sa  surface,  tels  qu'ils  sont 
donnés  dans  la  troisième  édition  des  Principia. 

»  J'ai  démontré  ainsi  que  les  résultats  numériques  contenus  dans  quel- 
ques-unes des  Notes  sur  l'Astronomie  physique,  attribuées  à  Pascal  et 
communiquées  par  M.  Cbasles  à  l'Académie  des  Sciences,  n'avaient  pu 
être  déduits  des  observations  astronomiques  de  Galilée  ni  d'aucun  des  astro- 
nomes contemporains,  et  que,  comme  ils  sont  absolument  identiques  avec 
les  résultats  correspondants  donnés  par  Newton  dans  la  troisième  édition 
des  Principia,  lesquels  sont  basés  sur  des  observations  faites  par  Cassini. 
Pound  et  Bradley,  plusieurs  années  après  la  mort  de  Pascal,  nous  sommes 


(79'  ) 
complètement  autorisés  à  considérer  les  Notes  qui  contiennent  ces  ré- 
sultats comme  entièrement  controuvées  [as  pure  forgeries).  De  plus,  lors- 
que l'on  considère  que  la  totalité  des  documents  relatifs  à  Newton  qui  ont 
été  communiqués  par  M.  Chasles  à  l'Académie  des  Sciences,  et  qui  ont  été 
publiés  dans  les  Comptes  rendus,  outre  qu'ils  émanent,  comme  on  l'avoue, 
d'une  source  commune,  se  distinguent  touspar  un  caractère  commun,  à  savoir 
une  tendance  à  rabaisser  Newton  sous  le  rapport  moral  et  intellectuel,  et  à 
lui  faire  perdre  le  rang  qu'il  occupe  dans  l'histoire,  celle  d'un  homme  d'un 
caractère  sans  tache  et  d'un  auteur  de  découvertes  originales  dans  les 
sciences,  je  soutiens  que,  s'il  nous  est  possible  de  démontrer  par  une  preuve 
irrécusable  que  les  documents  dans  plusieurs  cas  sont  absolument  apo- 
cryphes, nous  sommes  légitimement  autorisés,  par  cette  circonstance,  à 
étendre  la  même  conclusion  à  la  masse  des  documents. 

»  Il  me  reste  maintenant  à  répondre  en  peu  de  mots  à  l'invitation  de 
M.  Chasles,  défaire  connaître  les  sources  originales  des  observations  dont 
Newton  s'est  servi  en  calculant  les  résultats  contenus  dans  la  troisième  édi- 
tion des  Principia. 

»  Le  diamètre  apparent  du  Soleil  correspondant  à  la  moyenne  distance 
de  la  Terre  a  été  tiré  des  Tables  astronomiques  de  Cassini  (J.-D.).  Les  dia- 
mètres apparents  de  Jupiter  et  de  Saturne  correspondant  également  à  la 
moyenne  distance  de  la  Terre  ont  été  fournis  parPound.  Les  détails  origi- 
naires de  ces  observations  se  trouvent  dans  les  Mélanges  et  la  Correspondance 
de  Rigaud  (Miscellaneous  Works  and  Correspondance,  in-4,  Oxford,  1 83a).  Les 
diamètres  apparents  des  deux  planètes  ont  été  trouvés,  d'après  les  obser- 
vations, être  respectivement  de  3c/'  et  18".  Cependant  Newton  n'admet  pour 
leur  valeur  réelle  que  3f  et  16",  déduisant  i"  dans  chaque  cas  pour  l'effet 
de  l'irradiation.  Cette  manière  de  procéder  n'était  pas  arbitraire  de  la  part 
de  Newton;  elle  lui  avait  été  suggérée  par  une  série  d'observations  expéri- 
mentales, faites  avec  beaucoup  de  soin  par  Pound  et  Bradley,  comme  cela 
est  évident  d'après  le  passage  suivant,  extrait  du  journal  de  leurs  obser- 
vations :  «  Par  le  passage  du  premier  satellite  sur  le  disque  de  Jupiter,  le 
»  i  o  mars  1719,  la  distance  du  quatrième  satellite  de  Jupiter  est  de  28,8  demi- 
»  diamètres  de  Jupiter,  et  parle  passage  observé  le  19  avril  1719,  la  distance 
»  du  quatrième  est  de  26,6;  et  d'après  la  moyenne  de  ces  observations  et 
»  la  plus  grande  élongation  du  quatrième  satellite  déjà  mentionné,  le  plus 
»  grand  diamètre  de  Jupiter  à  sa  distance  moyenne  du  Soleil  est  de  3n",  1; 
»  d'où  il  résulte  que  le  diamètre  de  Jupiter  observé  au  micromètre  semble 
»  être  trop  grand  de  i"\  ou  2"  (p.  34g).    » 


(  792  ) 

»  J'ai  établi  dans  une  précédente  communication  que  la  période  du  qua- 
trième satellite  de  Jupiter,  dont  Newton  s'est  servi  dans  ses  calculs,  avait  été 
tirée  des  Tables  des  satellites,  de  Bradley.  La  plus  grande  élongation  avait  été 
déterminée  d'après  des  observations  faites  par  Pound  et  Bradley  dans  les 
mois  de  mars,  avril  et  mai  17 19.  La  valeur  résultante  fut  trouvée  être 
8'  16",  1  (Bkadley's  Miscellaneous  works  and  Correspondance,  p.  349)  >  cest 
la  valeur  adoptée  par  Newton.  J'ai  démontré  dans  une  précédente  occasion 
que  la  période  du  satellite  huyghenien  de  Jupiter,  adoptée  par  Newton,  était 
celle  que  l'on  doit  à  Cassini,  et  je  renvoyais  au  volume  des  Transactions 
philosophiques  de  la  Société  Royale,  où  elle  se  trouve.  La  plus  grande  élon- 
gation du  satellite  peut  être  considérée  comme  due  à  Cassini  ou  à  Pound. 

»  La  valeur  de  la  parallaxe  solaire  adoptée  par  Newton  dans  la  troisième 
édition  des  Principia  est  de  io"{.  Cette  valeur  a  été  évidemment  suggérée 
par  les  recherches  de  Cassini,  Pound  et  Bradley.  J'ai  déjà  dit  que  Cassini 
déterminait  la  valeur  de  la  parallaxe  solaire  comme  étant  9" -§■.  Pound  et 
Bradley  tirent  des  observations  de  Mars  (à  l'est  et  à  l'ouest  du  méridien), 
les  i4et  17  août  1719.  Halley,  qui  était  présent  au  moment  des  obser- 
vations, remarque  qu'elles  démontraient  l'extrême  petitesse  de  la  pa- 
rallaxe solaire,  qui  n'aurait  pas  pu  être  plus  grande  que  12"  et  moindre 
que  9"  [Transactions  philosophiques,  t.  XXXI,  p.  1 i4)-  La  moyenne  de  ces 
valeurs  donnerait  10" -|,  valeur  adoptée  par  Newton.  Lors  de  l'opposition 
suivante  de  Mars,  en  octobre  1721,  des  observations  fure-nt  faites,  dans  le 
même  but,  pendant  quatre  nuits  différentes,  les  i/|,  i5,  20  et  25  octobre, 
et  la  valeur  résultante  de  la  parallaxe  solaire,  calculée  par  Bradley,  fut 
trouvée  être  10"  £  (Bradley  s  Miscell.  works,  p.  353).  Ces  différentes  déter- 
minations de  la  parallaxe  solaire  par  Cassini,  Pound  et  Bradley  rendent 
facilement  compte  de  la  valeur  de  cet  élément  que  Newton  a  adoptée  pour 
ses  calculs.  » 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  i éclipse  de  Soleil  du  2()aoiiià  Rio  de  Janeiro, 
et  calcul  de  la  longitude  de  cet  Observatoire  y  par  M.  E.  Liais. 

«  Athalaïa  (Rio  de  Janeiro),  6  septembre  1867. 

«  Je  m'étais  proposé  d'aller  observer  à  Montevideo  l'éclipsé  totale  de 
Soleil  du  29  août  dernier,  mais  une  maladie  m'a  empêché  d'entreprendre 
le  voyage  en  temps  nécessaire.  A  Bio  de  Janeiro,  quoique  l'éclipsé  fût  par- 
tielle, elle  était  cependant  digne  d'intérêt,  et  mon  savant  ami,  M.  le  baron 
de  Prados,  l'a  observée  avec  moi  à  mon  observatoire  d'Atalaïa,  qui  est  situé 
par  22°53'4i",2  de  latitude  sud,  d'après  une  détermination  directe  que  j'ai 


(  793) 
faite  par  les  étoiles.  En  longitude,  ce  même  observatoire  est  à  i5%  5  à  l'est 
du  fort  de  Villegagnon,  dont,  en  i858,  j'ai  trouvé  la  longitude  de  3h  im32s,  4 
par  rapport  au  méridien  de  Paris. 

»  Un  temps  splendide  nous  a  favorisés,  et  le  premier  contact  s'est  nette- 
ment prononcé  en  coïncidence  sensible  avec  le  battement  de  la  seconde  du 
chronomètre  à  S1^™)5  de  cet  instrument,  qui  avançait  en  cet  instant  de 
i  im  i6a,  65  sur  le  temps  moyen.  Cela  donne  pour  heure  du  premier  contact, 

1867,  28  août,    20h22m44%35. 

»  Pour  le  dernier  contact,  la  différence  de  nos  observations  n'a  été  que 
de  0%  2,  M.  le  baron  de  Prados  l'ayant  noté  seulement  0%  2  plus  tard  que 
moi.  La  moyenne  de  nos  deux  observations  corrigée  de  l'état  du  chrono- 
mètre en  cet  instant  donne,  1867,  28  août,  23h4m58s,62. 

»  Comme  dans  le  n°  i5g5  des  Astronomische  Nachrichlen,  M.  Oppolzer  a 
fait  voir  l'existence  de  quelques  erreurs  dans  les  tables  du  Soleil  en  usage, 
j'ai  eu  soin  d'observer  cet  astre  dans  les  journées  des  28,  29  et  3o  août,  et 
j'en  ai  déduit,  à  l'aide  du  mouvement  donné  par  les  tables,  les'positions  pour 
les  instants  sidéraux  des  contacts  qui  m'étaient  connus  sans  intervention  de 
la  longitude  du  lieu.  Par  ce  moyen,  j'ai  éliminé  toute  influence  des  tables 
du  Soleil  sur  les  résultats  du  calcul  de  la  longitude.  Je  dois  dire,  au  reste, 
que  les  corrections  tabulaires  ont  été  presque  nulles  dans  le  cas  présent,  car 
les  positions  du  Soleil  calculées  après  coup  par  les  éphémérides  n'ont  dif- 
féré que  de  os,og  (en  plus)  en  ascension  droite,  et  o",8  (en  moins)  en  décli- 
naison de  celles  que  l'observation  directe  avait  données.  Ceci  montre  que 
les  erreurs  à  craindre,  sans  être  complètement  négligeables,  sont  sans  grande 
influence  sur  le  résultat. 

m  En  calculant,  avec  les  positions  ainsi  obtenues  pour  le  Soleil,  et  avec 
celles  de  la  Lune  fournies  par  la  connaissance  des  temps,  et  en  éliminant  la 
somme  des  deux  demi-diamètres  entre  les  deux  équations  de  condition  four- 
nies par  les  deux  contacts,  afin  d'éliminer  les  incertitudes  de  toute  nature 
que  cette  somme  introduit,  tant  celles  qui  existent  sur  les  diamètres  tabu- 
laires, que  l'influence  de  grossissement  des  lunettes,  etc.,  j'ai  obtenu  pour 
la  longitude  L  d'Atalaïa  par  rapport  à  Paris 

L  =  3him28s,35  +  os,6470(D  -  os,  534 o>  -  is,63oc?AR, 

équation  dans  laquelle  âï),  dp  et  c?AR  représentent  les  nombres  de  secondes 
d'arc  d'erreur  sur  la  déclinaison,  la  parallaxe  et  l'ascension  droite  de  la 
Lune,  prises  dans  les  tables.  Je  ferai  remarquer  qu'il  y  a  dans  les  données 
précédentes  tout  ce  qu'il  faut  pour  vérifier  cette  équation. 

C.  R.,   1867,   2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  20.)  I  °4 


I   794  ) 

»  A  mon  retour  à  Rio,  j'ai  retrouvé  en  parfait  état  de  conservation  les 
épreuves  photographiques  de  l'éclipsé  de  i858,  que  j'aurais  emportées  en 
Europe,  si  j'avais  cru  qu'une  discussion  s'élevât  sur  la  longitude  de  Rio.  En- 
core aujourd'hui  ces  épreuves,  faites  à  l'aide  d'une  monture  parallactique, 
montrent  de  la  manière  la  plus  nette  le  fait  déclaré  dans  le  Rapport  de  la 
Commission  brésilienne,  savoir,  que  l'angle  de  la  ligne  des  cornes  et  du  dia- 
mètre nord-sud  du  Soleil  n'a  pas  varié  d'un  demi-degré  pour  les  épreuves 
les  plus  voisines  de  la  totalité,  ce  qui  prouve  que  la  plus  courte  dislance  des 
centres  ne  s'est  pas  élevée  à  o",8,  et  la  petite  variation  constatée  donne  pour 
celte  plus  courte  distance  o",  6  (à  l'est  delà  ligne  centrale).  L'incertitude 
n'atteint  pas  o",i . 

»  Or,  ce  simple  fait  nous  donne  par  l'éclipsé  de  1 858  une  détermination 
indépendante  de  toute  erreur  d'observation  pour  la  longitude  de  Paranagua, 
car  elle  fixe  notre  station  centrale  sensiblement  à  l'intersection  de  son  pa- 
rallèle avec  la  ligne  centrale  de  l'éclipsé,  ou  plus  exactement  à  l'intersec- 
tion du  parallèle  du  lieu  et  de  la  ligne  sur  laquelle  la  distance  des  centres 
était  de  o",6  du  côté  de  la  limite  nord  de  la  totalité. 

»  En  1861,  j'ai  effectué  le  calcul  de  la  longitude  de  cette  intersection, 
mais  comme  je  ne  veux  pas  aujourd'hui  faire  intervenir  mes  calculs,  pas  plus 
que  mes  observations,  je  prends  cette  longitude  sur  la  table  du  parcours  de 
l'éclipsé  de  1 858,  donnée  par  M.  Carrington,  pour  la  côte  orientale  d'Amé- 
rique, à  la  page  27  de  sa  brochure  sur  cette  éclipse  (1),  table  calculée  à  l'aide 
des  tables  du  Soleil  et  de  la  Lune  de  Hansen,  et  je  trouve  en  remarquant 
qu'il  a  fixé  les  limites  de  la  totalité  pour  14  secondes  de  distance  minimum 
des  centres,  que  le  point  d'intersection  de  la  ligne  en  question  et  du  paral- 
lèle de  la  station  était  par  3b  1 3m43s,  5a  de  longitude  ouest  de  Greeuwich 
ou  3h23m4%5  de  Paris.  En  retranchant  de  ce  nombre  la  différence  2im2iV 
entre  notre  station  centrale  de  Paranagua  et  le  fort  de  Villegagnon,  on  a 
pour  la  longitude  de  Rio  3him43sJ4  par  les  positions  tabulaires  non  corrigées 
et  par  les  calculs  de  MM.  Carrington  et  Harley  (2). 

»  J'ai  obtenu  pour  cette  longitude,  en  tenant  compte,  pour  les  correc- 
tions tabulaires ,  des  diverses  équations   fournies  par  les  observations  de 

(1)  Information  and  suggestions  adressai  to  persans  who  may  lu  able  to  place  tkemselves 
within  t/ie  shadoiv  of  the  total  éclipse  ofthe  Sun  on  september,  n,  i858. 

(2)  M.  Mouchy  donne  ii"'2.cf,i  pour  la  différence  des  méridiens  île  Rio  et  de  notre  sta- 
tion. Cela  vient  probablement  de  ce  qu'il  aura  pris  un  autre  point  de  la  vaste  baie  de  Para- 
nagua pour  celui  de  notre  station.  En  tout  cas,  son  nombre  ne  ferait  que  réduire  encore  le 
maximum  que  je  veux  établir  ici. 


(  79^  ) 
l'éclipsé  sur  les  deux  côtes  d'Amérique,  et  en  ayant  égard  aux  corrections 
obtenues  à  Greenwich  aux  environs  de  cette  époque.  3him32s,  4-  La  diffé- 
rence des  deux  calculs  provient  des  différences  dans  les  positions  des  astres 
employées.  Mais,  comme  aujourd'hui  je  ne  veux  qu'un  maximum,  je  ne  les 
discuterai  pas,  et  je  me  contenterai  de  constater  qu'il  résulte  de  cette  diffé- 
rence que  les  corrections  tabulaires,  sur  la  grandeur  exacte  desquelles  on 
sait  qu'il  règne  d'ailleurs  toujours  quelques  doutes,  étaient  toutefois  de 
nature  à  diminuer  la  longitude  au  lieu  de  l'augmenter.  Ainsi,  le  nombre 
de  3uim43s, 4  pourrait  être  regardé  comme  trop  grand,  mais  non  comme 
trop  petit.  Par  conséquent,  l'ancien  nombre  de  la  Connaissance  des  Temps, 
3ll2mos,  est  certainement  trop  grand  de  16  à  20  secondes  ou  de  4  à  5  mi- 
nutes d'arc  :  les  épreuves  de  l'éclipsé  de  1 858  sont  encore  là  pour  le  prou- 
ver, et  c'est  un  témoignage  d'une  force  immense  qu'à  la  prochaine  occasion 
je  communiquerai  à  l'Académie,  qui  a  déjà,  dans  le  Rapport  signé  de  mes 
collègues  de  la  Commission  de  Paranagua,  l'attestation  de  la  grandeur 
des  angles  de  position  qu'on  peut  encore  vérifier  sur  les  épreuves. 

»  Je  ferai  remarquer  que  je  n'ai  pas  ici  le  moins  du  monde  l'intention 
de  défendre  la  valeur  que  j'ai  antérieurement  donnée  pour  la  longitude  de 
Rio,  mais  uniquement  celle  de  tâcher  de  parvenir  à  la  vérité.  J'ai  eu  soin 
de  rapporter  toutes  mes  cartes  au  premier  méridien  de  Rio  de  Janeiro,  et 
mes  positions  relatives  sont  déterminées  indépendamment  de  celles  de  ce 
méridien,  de  sorte  que  si  l'on  changeait  non  pas  seulement  de  quelques 
secondes,  mais  même  d'une  heure,  la  position  du  méridien  en  question,  je 
n'aurais  aucun  changement  à  faire  dans  mes  cartes.  Je  suis  d'ailleurs  d'au- 
tant plus  désintéressé  dans  la  question  que  ce  n'est  qu'incidemment  et  à 
propos  de  l'éclipsé  de  1 858  que  j'ai  donné  la  longitude  de  Rio,  et,  si  je 
n'avais  eu  pour  la  fixer  que  les  quelques  culminalions  lunaires  que  j'ob- 
servai en  novembre  1 858 ,  je  n'aurais  jamais  parlé  de  cette  longitude.  Ces 
culminations,  toutefois,  s'accordèrent  assez  bien  avec  le  nombre  donné  par 
l'éclipsé,  de  sorte  que  j'ai,  comme  il  était  naturel  de  le  faire,  mentionné 
cet  accord.  Mais  leur  nombre  était  trop  petit  pour  qu'elles  pussent  servir 
à  perfectionner  le  chiffre  donné  par  l'éclipsé,  d'autant  plus  que  dans  les 
quatre  observations,  l'état  de  l'atmosphère  n'avait  pas  permis  de  noter  le 
passage  à  tous  les  fils,  ce  qui  fait  que  je  ne  les  ai  pas  employées  et  que  j'ai 
conservé  intact  le  nombre  fourni  par  l'éclipsé.  Il  est  donc  bien  évident  que 
si  je  reconnaissais  qu'il  s'est  glissé  une  erreur  dans  ma  longitude  de 
Rio,  je  pourrais  aujourd'hui  la  faire  connaître,  puisqu'elle  ne  rejaillirait 
sur  aucun  de  mes  résultats.  Au  reste,    l'unique  chose  qui,  pour  moi,  ait 

104  • 


(  796  ) 
quelque  valeur  dans  mes  recherches  sur  la  longitude  de  Rio,  n'est  pas  le 
nombre  que  j'ai  trouvé,  mais  bien  les  méthodes  nouvelles  que  j'ai  imagi- 
nées, et  dont  l'utilité  ne  serait  en  rien  détruite  quand  même  je  les  aurais 
mal  mises  en  pratique;  en  un  mot,  ce  à  quoi  je  tiens,  c'est  à  avoir  le  pre- 
mier appliqué  la  photographie  à  l'astronomie  de  précision,  et  cela  sur 
une  plage  presque  déserte,  à  a5oo  lieues  de  la  France,  et  il  y  a  neuf  ans, 
quand  aujourd'hui  on  ne  le  fait  pas  encore  dans  les  grands  observatoires, 
malgré  les  instances  réitérées  de  M.  Faye. 

>»  Ainsi,  on  voit  que  tout  en  étant  disposé  à  faire  très-peu  de  cas  de  mon 
ancien  nombre  et  tout  prêt  à  considérer  au  besoin  comme  nuls  son  accord 
si  remarquable  avec  la  longitude  de  M.  Moesta ,  accord  prouvé  par  deux 
voies  différentes,  et  son  accord  non  moins  remarquable  avec  une  foule 
d'autres  déterminations  de  Beechey,  de  King,  de  Hewett,  de  Hegwood, 
de  Brisbane  et  Rumker,  etc.,  etc.,  je  suis  obligé  d'arriver  à  la  conclusion 
suivante,  que  ne  peut  affaiblir  un  nombre  quelconque  d'observations 
visuelles.  Tant  qu'on  n'aura  pas  prouvé  que  la  photographie  peut  rendre 
parallèles  deux  lignes  faisant  entre  elles  un  angle  de  plusieurs  degrés,  il 
faut  admettre  que  la  longitude  de  Villegagnon  ne  peut  dépasser  3him4os  que 
de  3  ou  4  secondes  au  plus.  En  outre,  si  mon  ancien  nombre  de  3bim32s,4 
n'est  pas  rigoureusement  le  vrai,  il  est  bien  près  de  la  vérité,  et  la  différence 
ne  peut  être  que  d'une  dizaine  de  secondes  en  plus  ou  en  moins,  gran- 
deur que  j'ai  toujours  considérée  comme  exprimant  l'erreur  possible. 

»  L'observation  que  je  viens  de  faire  avec  M.  le  baron  de  Prados  sur  la 
dernière  éclipse  confirme  la  nécessité  de  diminuer  l'ancienne  longitude  de 
3h2mos  pour  Villegagnon,  car  cette  observation  donne  3h  im438,85,  si  l'on 
néglige  les  corrections  des  tables  de  la  Lune,  qui  doivent  d'ailleurs  être 
petites.  Ce  nombre  aussi  a  sa  limite  d'incertitude  due  aux  corrections  des 
tables.  Donc,  notre  observation  nouvelle  ne  sera  pas  en  désaccord  avec 
celle  de  l'éclipsé  de  1 858.    » 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  la  /icnélralion  des  bulles  d'air  dans  tes  liquides; 

par  M.  F.  Laroqce. 

«  M.  Melsens  a  présenté  à  l'Académie,  dans  sa  séance  du  3o  septembre 
1867,  une  Note  dans  laquelle  il  cite,  comme  nouveau  et  inexpliqué,  le  phé- 
nomène de  la  pénétration  des  bulles  d'air  dans  l'eau  au  moment  où  un  pro- 
jectile pénètre  dans  ce  liquide  avec  une  force  vive  suffisante.  Je  ne  dois  pas, 
dans  la  courte  Note  que  je  soumets  aujourd'hui  à  l'Académie,  faire  l'his- 


(  797  ) 
toire  critique  de  cette  question.  Mais  je  tiens  à  rappeler  que  M.  G.  Mngnus 
s'en  est  beaucoup  occupé,  et  qu'il  a  fait  connaître  les  résultats  de  ses  expé- 
riences dans  ses  Mémoires,  intitulés  :  Recherches  hydrauliques,  et  principa- 
lement dans  celui  qui  a  été  inséré,  in  extenso,  dans  les  Annales  de  Poi/r/en- 
dorff  (i),  et  par  extrait  dans  les  Annales  de  Chimie  et  de  Physique  (2). 

»  D'après  M.  Magniis,  lorsqu'un  projectile  pénètre  dans  l'eau,  il  y  pro- 
voque une  excavation  dont  il  forme  le  fond,  et  qui  se  ferme  à  la  surface 
avant  qu'elle  soit  devenue  complète.  L'air  enfermé  dans  celte  excavation 
remonte  plus  tard  à  la  surface.  Or,  comme  la  section  droite  de  cette  exca- 
vation est  toujours  plus  grande  que  celle  du  projectile,  et  augmente  avec 
sa  force  vive,  il  en  résulte  que  le  volume  de  l'air  ainsi  emprisonné  peut  être 
plusieurs  fois  plus  grand  que  celui  du  projectile. 

»  Telle  est  donc,  d'après  M.  Magnus,  la  cause  unique  de  la  pénétration 
de  l'air  dans  l'eau  lorsqu'un  projectile  est  lancé  dans  ce  liquide.  Nous  de- 
vons ajouter  que  le  même  savant  a  vérifié,  par  diverses  expériences,  que  l'air 
ne  peut  pas  être  introduit  dans  l'eau  par  entraînement  latéral  du  projectile. 

»  Mais  l'air  ne  pénètre-t-il  pas  aussi  dans  l'eau  parce  qu'il  y  est  poussé 
par  le  projectile?  Au  premier  abord,  ce  mode  de  pénétration  parait  ration- 
nellement impossible.  11  fallait  donc,  avant  de  le  rejeter  absolument,  con- 
sulter l'expérience.  J'ai  entrepris,  à  ce  sujet,  des  recherches  expérimentales 
dont  j'ai  communiqué  les  résultats  à  l'Académie  de  Toulouse,  dans  sa 
séance  du  23  juillet  1 85y  (3).  Je  reproduis  ici  textuellement  l'exposé  d'une 
expérience  que  j'ai  signalée,  à  cette  époque,  dans  mon  Mémoire  : 

«  On  laisse  tomber  d'une  hauteur  de  quelques  centimètres  dans  une 
»  masse  d'eau  tranquille,  contenue  dans  une  large  éprouvette  à  pied, 
»  un  long  cylindre  de  moelle  de  sureau,  dont  la  base  inférieure  plane  est 
»  remplacée  par  une  calotte  sphérique  de  plomb.  Le  poids  spécifique 
»  moyen  du  système  est  plus  petit  que  celui  de  l'eau.  La  chute  accélérée 
»  dans  l'air,  se  retarde  dans  l'eau,  s'arrête,  et  le  système  remonte.  Pendant 
»  la  chute  dans  l'eau  une  partie  du  cylindre  reste  hors  du  liquide,  et  l'on 
»  voit,  malgré  cela,  des  bulles  d'air  au-dessous  de  la  base  sphérique,  on 
»  en  voit  même  qui  sont  lancées  à  plusieurs  centimètres  au-dessous  de  cette 
»   base,  et  qui  remontent  moins  vite  que  le  cylindre.    » 


(1)  Poggendorff's  Annalen,  t.  XCV,  p.   i,  mai  i855. 
(a)   Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3e  sci'ie,  I.  XLVII. 

(3)   Mémoires  de  l'Académie  impériale  des  Sciences,  Inscriptions  et  Belles-Lettres  de  Tou- 
louse, 5e  st'rie,  t.  I,  1857. 


(  798) 

»  Ces  bulles  n'ont  fait  partie  ni  de  la  masse  d'air  contenue  dans  la  cavité 
fermée  derrière  le  projectile,  ni  de  l'excavation  annulaire  formée  autour 
du  cylindre,  puisque  cette  excavation  ne  se  ferme  pas  par  en  haut.  C'est, 
du  reste,  ce  qui  est  confirmé  par  une  autre  expérience.  En  effet,  quand  la 
partie  continue  d'une  veine  liquide  pénètre  dans  une  masse  d'eau  parfaite- 
tement  tranquille,  il  n'y  a  pas,  en  même  temps,  pénétration  des  bulles  d'air 
dans  l'eau.  Il  faut  donc  admettre,  d'après  l'expérience  faite  avec  le  cylindre 
de  moelle  de  sureau,  que  l'air  qui  pénètre  dans  l'eau  y  est  poussé  par  le 
projectile. 

«  En  résumé,  lorsqu'un  projectile  est  lancé  dans  l'eau  avec  une  force 
vive  suffisante,  l'air  pénètre  en  même  temps  dans  le  liquide,  i°  parce  qu'il 
y  est  poussé  en  avant  par  compression  ;  20  parce  qu'il  y  est  entraîné  dans  la 
dépression  engendrée  par  le  projectile  et  qui  s'est  fermée  derrière  lui. 

»  Quant  au  volume  total  de  l'air  entraîné  dans  le  liquide,  ce  volume  doit 
varier  avec  le  poids  spécifique  et  la  cohésion  du  liquide,  et  enfin  avec  la 
force  vive  que  possède  le  projectile  au  moment  du  choc.    » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  l'utilité  du  sel  marin  en  agriculture,  fondée  sur  sa  trans- 
formation en  carbonate  de  soude,  et  ultérieurement  en  nitrate  de  soude.  Note 
de  M.  Velter,  présentée  par  M.  Peligot.  (Extrait.) 

«  Dans  un  travail  très-important,  publié  dans  le  dernier  numéro  des 
Comptes  rendus,  M.  Peligot  met  en  doute  que  le  sel  marin  soit  utile  à  la 
végétation.  11  pense  que,  si  dans  certaines  circonstances  le  sel  a  produit  de 
bons  effets,  cela  peut  tenir  à  ce  que  le  sel  marin  est  toujours  accompagné 
de  sels  magnésiens  dont  l'action  sur  la  végétation  est  favorable. 

»  Une  transformation  du  sel  marin  indiquée  par  Berthollet,  que  je  viens 
de  vérifier,  peut  expliquer  l'effet  favorable  du  sel  marin  sur  la  végétation. 

»  Le  sel  marin  ,  dans  une  terre  calcaire  et  riche  en  matières  organiques, 
se  transforme  en  carbonate  de  soude.  Le  chlorure  est  entraîné  dans  le  sous- 
sol  à  l'étal  de  chlorure  de  calcium,  et  le  carbonate  alcalin  formé  (retenu  par 
la  terre)  agit  sur  les  matières  organiques  dont  l'oxydation  devient  facile; 
il  se  forme  alors  du  nitrate  de  soude. 

»  Or,  rien  de  semblable  ne  se  passe  dans  une  terre  dans  laquelle  le  sel 
marin  fait  défaut;  dans  une  semblable  terre,  l'oxydation  de  la  matière  azotée 
est  très-lente,  et  finalement  la  quantité  d'acide  azotique  qui  doit  être  fournie 
à  la  plante  est  très-limitée. 

»   Le  rôle  du  sel  marin  dans  son  action  sur  la  végétation  est  donc  ainsi 


(  799  ) 
défini  :   formation   de  carbonate  de  sonde;  transformation  des  matières 
azotées  en  produits  ammoniacaux  facilement  oxydables;  enfin,  production 
de  nitrate  de  soude. 

»  Cette  transformation  du  sel  marin  en  carbonate  de  sonde  dans  une 
terre  calcaire  chargée  de  matières  organiques  n'exige  pas  un  temps  très- 
long  pour  être  complète.  Elle  s'est  effectuée,  dans  les  circonstances  où  nous 
étions  placé,  en  l'espace  de  deux  mois  environ. 

»  Je  me  propose  de  revenir  sur  ce  sujet,  et  je  me  borne  à  noter  une 
transformation  que  j'ai  déjà  entrevue  pour  le  chlorure  de  potassium  placé 
dans  les  mêmes  circonstances.  » 

M.  Chevreul,  à  la  suite  de  la  présentation  de  cette  Note,  faite  par 
M.Peligot,  présente  à  l'Académie  une  Note  publiée  par  lui  le  10  juillet  1867, 
dans  les  «  Mémoires  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture  ». 

M.  Chevreul  remet  à  la  prochaine  séance  les  observations  qu'il  comptait 
d'abord  faire  à  ce  sujet. 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  De  l'emploi  du  sous-sulfate  d'alumine,  pour  constater 
la  présence  et  évaluer  la  proportion  de  certaines  matières  organiques  dans 
les  eaux.  Note  de  M.  F.  Bellamt,  présentée  par  M.  Peligot. 

«  La  matière  organique  que  renferment  les  eaux  provient  principalement 
des  détritus  en  voie  de  décomposition.  Elle  est  en  général  de  la  même  na- 
ture que  les  matières  dites  humiques,  incristallisablc  comme  elles,  décom- 
position mal  définie,  colorée,  plus  ou  moins  brune,  et  capable  de  former 
avec  l'alumine  des  laques  insolubles  dont  la  teinte  plus  ou  moins  foncée 
peut  servir  à  indiquer  la  richesse  de  l'eau  en  matières  organiques.  L'alun, 
à  moins  que  les  eaux  ne  soient  très-impures,  se  décompose  trop  difficile- 
ment, il  vaut  mieux  lui  substituer  un  sous-sulfate  d'alumine.  On  le  prépare 
en  ajoutant,  peu  à  peu,  dans  une  solution  faite  avec  8  grammes  d'alun 
pour  100  d'eau,  12  centimètres  cubes  d'une  solution  de  potasse  caus- 
tique à  10  pour  100.  A  chaque  addition  de  potasse,  il  se  forme  un  précipité 
qui  se  dissout  de  plus  en  plus  lentement.  On  obtient  ainsi  une  solution  lim- 
pide et  qui  se  conserve  bien.  Ce  sous-sulfate  renferme  à  peu  près  moitié 
plus  de  potasse  que  l'alun;  aussi  l'alumine  y  est-elle  dans  un  état  tout  à  fait 
instable,  prête  à  être  éliminée  sous  la  plus  légère  influence. 

«  On  verse  5  centimètres  cubes  de  cette  solution  dans  1  litre  de  l'eau 
à  essayer.  La  décomposition  du  sel  se  fait  sous  la  triple  influence  de  la  masse 


(  8oo  ) 
de  l'eau,  des  bicarbonates  terreux  et  de  la  matière  organique.  Celle-ci  se 
dépose  dans  l'espace  de  quelques  heures,  entraînée  par  l'alumine  à  laquelle 
elle  est  combinée.  On  recueille  le  précipité  dans  des  tubes  fermés,  de  i5 
à  16  millimètres  de  diamètre;  on  le  laisse  s'y  affaisser.  L'abondance  du  pré- 
cipité, que  l'on  évalue  avec  une  précision  suffisante  par  la  hauteur  qu'il 
occupe  dans  le  tube,  est  en  rapport  avec  la  somme  des  impuretés  minérales 
ou  organiques  de  l'eau.  Pour  pouvoir  juger  de  la  coloration  des  précipités, 
on  a  soin  qu'ils  nagent  toujours  dans  le  même  volume  d'eau.  On  retire 
donc  de  l'eau  ou  l'on  en  rajoute,  de  manière  qu'elle  arrive  à  une  hauteur 
moyenne  de  8  centimètres,  ou  5  seulement  si  le  précipité  est  rare,  12  s'il 
est  au  contraire  très-abondant.  On  agile  bien  pour  le  mettre  en  suspension. 
La  coloration  se  perçoit  mieux  par  transparence  que  par  réflexion.  Elle 
varie  du  gris  au  brun  foncé,  suivant  la  nature,  mais  surtout  suivant  la  pro- 
portion des  matières  organiques  de  l'eau.  Quelquefois  elle  est  très-faible 
et  n'est  sensible  que  mise  à  côté  d'un  précipité  d'alumine  pure.  Cependant, 
les  eaux  qui  paraissent  limpides  et  incolores  manquent  rarement  de  donner 
un  précipité  légèrement  coloré.  On  obtient  des  termes  de  comparaison  assez 
commodes  en  traitant  par  le  sous-sulfate  de  l'eau  colorée  par  une  quantité 
déterminée  de  matière  organique,  l'extrait  de  gentiane  par  exemple. 

»  L'alumine  n'entraîne  pas  toutes  les  matières  organiques;  celles  des  eaux 
étant  très-complexes,  on  conçoit  qu'elle  soit  sans  action  sur  quelques-unes, 
mais  elle  réussit  mieux  que  tout  autre  agent  analogue.  Ce  qu'elle  entraîne 
de  préférence,  ce  sont  les  matières  de  nature  humique,  la  macération  de 
fumier,  l'égout  des  terres,  etc.,  et  c'est  à  celles-ci  qu'il  faut  attribuer  la 
coloration  qu'elle  acquiert  dans  l'eau.  Une  fois  le  précipité  rassemblé,  on 
peut  dissoudre  l'alumine  par  quelques  gouttes  d'acide  chlorhydrique,  la 
matière  organique  reste  souvent  intacte;  on  peut  l'étudier  et  reconnaître  sa 
nature  et  sa  provenance. 

»  Cette  méthode,  toute  défectueuse  qu'elle  soit,  a  cependant  l'avantage 
d'être  simple,  facile,  de  n'exiger  ni  appareils,  ni  long  travail,  et  de  fournir 
des  indications  intéressantes.  Elle  permet  de  suivre  les  variations  de  la  ma- 
tière organique  dans  les  eaux,  jour  par  jour,  ce  à  quoi  l'on  ne  saurait  arriver 
par  les  autres  méthodes,  qui  ne  sont  pas  plus  exactes,  et  ont  l'inconvénient 
d'être  très-longues.  Il  me  semble  donc  qu'un  pareil  essai  complète  avanta- 
geusement l'essai  hydrotimétrique,  et  qu'on  obtient  ainsi  des  données  plus 
exactes  sur  la  valeur  d'une  eau.   » 


(  8or   ) 

CHIMIE  organique.  —   Sur  les   urées  condensées.   Note  de  M.  Hugo  Schiff, 

présentée  par  M.  Wurlz. 

«  J'appelle  urées  condensées  une  nouvelle  série  de  composés  dans  les- 
quels plusieurs  molécules  d'urée  sont  rivées  ensemble  par  des  résidus  d'al- 
déhydes. La  formule  générale  des  urées  condensées  est 

xCH4N20  +jC"H'"0  -jH20. 

»  On  obtient  les  termes  de  condensation  inférieure  par  l'action  des  aldé- 
hydes soit  sur  l'urée  elle-même,  soit  sur  sa  solution  alcoolique;  les  termes 
de  condensation  supérieure  sont  obtenus  par  l'action  des  aldéhydes  sur 
les  termes  inférieurs. 

»  Une  solution  saturée  d'urée  dans  l'alcool  absolu  donne  avec  l'aldé- 
hyde cenanthique  des  aiguilles  microscopiques  incolores.  Lavées  avec  l'eau 
froide  et  l'éther,  elles  représentent  la  diurée  cenanthique, 

mr- 

NH 


co 
co 


P7TII4 

nh  r 

NH2 


soluble  dans  l'alcool,  insoluble  dans  l'eau  et  dans  l'éther,  et  fusible  vers 
1 6G  degrés.  L'élher  la  précipite  de  la  solution  alcoolique. 

»  L'action  directe  de  l'œnanthol  sur  l'urée  transforme  cette  dernière 
complètement  en  une  poudre  cristalline  blanche.  Cette  poudre  est  la 
Uiurée  diœnuntltique, 

'NH2 

j  NH 


CO 


coiNH 

LO  I  NH 

co!NH 

CU    NH2 


C7HM 
CTH" 


»  Elle  fond  à  162  degrés  et  se  comporte  comme  la  combinaison  précé- 
dente. 

»  Si  les  combinaisons  indiquées  sont  chauffées  au  bain-marie  avec  un 
peu  d'œnanthol,  elles  se  transforment  en  des  substances  cornées.  On  les 
purifie  en  les  réduisant  en  poudre  et  en  les  lavant  par  l'éther  anhydre.  De 
cette  manière,  on  réussit  à  souder  ensemble  deux  molécules  de  diurée  ou 

C.  R.,    18G7,  2e  Semestre.    (T.    LXV,    N°   20.)  I<>5 


(  8oa   ) 
de  triurée,  et  l'on  obtient  les  composés  remarquables  : 

ro(NH'2  NH(C7H,i 

C°  i  NH  )  CO  *  N 

("H"  I NH  i 

(  NH  \  CH" 

m    '  ,  \h 

CH1'  I  NH  i 

f,  (NH  U  ™  C'H" 

CO  NH  CONH' 

'    'CH1'  I  NH  / 

C0iNH'  NH  G'H" 

'NH=-  CO     ' 

r 22  C' H" 

rétrurée  triœnanttuque.  (  ]^4JJ   \ 

c^Inïp^_ 

Hexurce  pentœnanthique. 

»  Ces  deux  corps  se  gonflent  dans  l'eau  et  dans  l'alcool,  et  prennent 
entièrement  l'aspect  de  l'albumine  coagulée;  il  se  forme  encore  d'autres 
urées  plus  condensées  et  solnbles  dans  l'éther.  A  une  certaine  concentra- 
tion, la  solution  se  prend  en  une  masse  transparente  comme  la  colle  forte. 

»  L'aldéhyde  benzoïque  donne  lieu  à  la  formation  d'une  série  analogue 
de  polyurées.  Jusqu'à  présent  ont  été  analysées  : 

La  diurée  benzoïque 2CH*N20  +  C7H60  -  H20, 

La  triurée  dibenzoïque.   .   .   .     3CH*N20  +  2C7HcO  —  aH20, 
La   tétrurée  tribenzoique.   .   .     4CH4N20  +  3C7  HcO  —  3H20. 

»  Les  deux  premières  sont  indistinctement  cristallines,  la  troisième  est 
une  poudre  blanche. 

»  J'ai  aussi  constaté  l'existence  de  polyurées  valériques.  Tous  ces  com- 
posés se  dédoublent  avec  l'eau  bouillante  en  aldéhyde  et  en  urée.  Au-dessus 
du  point  de  fusion,  elles  se  transforment  en  produits  pyrogénés  de  l'urée 
et  en  dérivés  ammoniacaux  des  aldéhydes. 

»  On  conçoit  que  ces  combinaisons  puissent  servir  de  point  de  départ 
pour  la  préparation  d'une  grande  série  d'autres  composés.  Déjà  j'ai  con- 
staté que  deux  molécules  de  diurée  et  de  triurée  peuvent  être  soudées 
ensemble  par  un  aldéhyde  différent,  que  les  aldéhydes  agissent  sur  les 
urées  substituées,  et  que  l'aldéhyde  benzoïque  uitré  agit  comme  l'essence 
d'amandes  amères.  Plus  tard,  j'aurai  l'occasion  de  décrire  ces  composés. 

»  Enfin  l'oxamide  se  prête  de  même  à  la  condensation.  On  doit  consi- 


(  8o3  ) 
dérer  comme  un  composé  de  ce  genre  la  combinaison  C°Hl0N''O*  obtenue 
par  MM.  Berthelot  et  Péan  de  Saint-Gilles  par  l'action  du  cyanogène  sur 
l'aldéhyde  acétique  humide;  elle  représente  la  dioxamide  élhylidénique, 

c*o-iNH2 

Vuff 

L  °  I  NH2 

et  c'est  sans  doute  une  oxamide  condensée  analogue  qui  forme  le  terme 
intermédiaire  dans  la  formation  de  l'oxamide,  moyennant  l'action  de  l'al- 
déhyde acétique  sur  la  solution  aqueuse  de  cyanogène,  transformation 
décrite  en  1 85g  par  M.  Liebig.   » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Sur  la  fabrication  du  chlorure  de  chaux  et  sur 
la  chlorométrie.  Note  de  M.  A.  Bobierke. 

«  Absent  depuis  plusieurs  semaines,  je  n'ai  pu  avoir  connaissance  que 
fort  tardivement  des  travaux  de  MM.  Rolb,  Riche,  Fordos  et  Gélis,  consi- 
gnés dans  les  Comptes  rendus  des  23  et  3o  septembre  et  du  i4  octobre.  Les 
questions  soulevées  par  ces  chimistes  se  rattachant  à  des  observations  que 
j'ai  faites  naguère  lorsque  j'ai  dû  installer  et  diriger  une  importante  fabri- 
cation de  chlorure  de  chaux  à  Nantes,  j'ai  cru  opportun  d'appeler  l'atten- 
tion de  l'Académie  sur  quelques  points  de  cette  industrie;  aussi  bien  ces 
observations  ont  un  intérêt  chronologique,  comme  il  me  sera  facile  de  le 
démontrer. 

»  En  ce  qui  concerne  tout  d'abord  le  chlorure  de  chaux  sec,  dont  la  pro- 
duction m'a  surtout  occupé  en  1843,  je  treuve  sur  mon  registre  de  labora- 
toire la  relation  des  fails  suivants  : 

»  i°  Tl  n'est  pas  indifférent,  comme  le  pense  M.  Rolb,  de  faire  passer  un 
excès  de  chlore  sur  du  chlorure  de  chaux  au  maximum  de  saturation,  c'est- 
à-dire  marquant  123  à  125  degrés  chlorométriques.  J'ai  pu  remarquer,  et 
bien  des  fabricants  l'ont  fait  comme  moi,  qu'un  excès  de  chlore  abaisse  le 
titre  du  produit,  et  qu'une  faible  élévation  de  température  favorise  cette 
modification  de  la  substance  décolorante. 

»  20  Le  fabricant  rie  chlorure  de  chaux  sec  doit  être  en  garde  contre 
l'élévation  de  température  qui  facilite  la  production  de  chlorate  et  de 
chlorure  de  calcium;  cette  élévation  de  température  coïncide,  pendant  l'ab- 
sorption du  chlore,   avec  un  déplacement  notable  de  l'eau  de   l'hydrate  de 

io5.. 


(  8o4  ) 
chaux,  et  Berzélius  estimait  qu'il  fallait  éviter  qu'elle  atteignît  iH  degrés 
centigrades.  J'avais,  en  vue  de  la  diminuer,  installé  des  appareils  circulaires 
dans  lesquels  quatre  râteaux  en  fer  plombé,  représentant  deux  diamètres 
se  coupant  à  angle  droit,  permettaient  de  diviser  les  surfaces  de  la  matière 
absorbante  et  d'empêcher  son  agglomération  sous  des  épaisseurs  trop  con- 
sidérables. Je  dois  mentionner  que  cette  disposition  ne  m'a  pas  donné  les 
résultats  que  j'en  attendais,  et  la  simple  précaution  de  n'employer  l'hydrate 
de  chaux  qu'en  couches  peu  épaisses  m'a  permis  d'obtenir  un  chlorure  de 
bonne  qualité. 

»  3°  Les  nombreux  essais  chlorométriques  que  j'ai  dû  effectuer  pen- 
dant plusieurs  années  m'ont  permis  de  constater  que  les  chlorures  de  chaux, 
dont  le  titre  dépassait  1 10  degrés  environ,  se  comportaient  d'une  telle  manière 
au  contact  de  l'eau,  dans  le  mortier  d'essai,  qu'une  action  chimique  spé- 
ciale en  paraissait  la  cause.  En  pareille  circonstance,  en  effet,  et  si  la  quan- 
tité d'eau  n'est  pas  trop  forte,  la  masse  s'empâte,  s'échauffe,  et  olfre  tous 
les  caractères  d'une  substance  soumise  à  une  réaction  d'ordre  chimique. 
Je  croirais  que  la  combinaison  simple  dn  chlore  et  de  l'hydrate  de  chaux, 
formant  totalité  ou  portion  de  la  matière  essayée,  se  dédouble,  comme  le  pense 
M.  Kolb,  au  contact  de  l'eau.  Toutefois,  si,  comme  l'affirme  ce  chimiste, 
le  terme  CaO,HO  ne  peut  être  distrait  de  la  composition 

2(CaO,HO,Cl)  +  CaOHO 

qu'il  assigne  au  chlorure  de  chaux  à  123  degrés,  comment  expliquer 
le  déplacement  d'une  portion  notable  de  HO  de  l'hydrate  lorsque,  clans 
la  fabrication,  le  chlore  intervient  en  présence  de  cet  hydrate?  Il  y  a  là  un 
point  dont  l'éclaircissement  est  désirable. 

»  4°  Lorsque  je  procédais  aux  essais  chlorométriques,  j'opérais  devant 
une  fenêtre  largement  insolée  le  matin,  et  j'avais  souvent  remarqué  l'abon- 
dance des  bulles  d'oxygène  qui  se  dégageaient  de  mes  carafes  jaugées.  Ce 
que  je  constatai  également  bientôt,  c'est  qu'en  répétant  les  titrages  sur  des 
dissolutions  de  chlorure  insolées,  j'arrivais  a  des  chiffres  évidemment  faux. 
"Voici,  en  effet,  quelques  résultats  que  je  trouve  sur  mon  registre  du  mois 
de  décembre  i  845  : 

Le  2  décembre  on  expose  au  soleil  i  litre  de  solution  de  chlorure  de  chaux  au  titre  de   109° 

o 

Le  3,  au  matin,  T  =  -+-  12 ,o  Insolation  produite.  Titre  =    2080 

Le4>"T=-(-io,o                                       »  „     =    4oo" 

Le  5,          »         T  = -l-    9,5                                       »  ..     =    9980 

Le  6,         »                  "                                               »  »     =  10000 


(  8o5  ) 

»  Le  7  décembre,  une  carafe  de  solution  à  i  i  i  degrés  est  exposée  a  la 
fenêtre  insolée;  le  8,  le  degré  s'élève  à  2o,3,  et  l'odeur  caractéristique  de  la 
substance  est  notablement  modifiée.  J'ai  à  peine  besoin  d'ajouter  cpie  les 
différences  de  titre  apparent  coïncident  avec  un  dégagement  considérable 
d'oxygène. 

»  Voulant  me  rendre  un  compte  exact  de  ce  qui  arriverait  si  la  liqueur 
chlorée  était  soustraite  à  l'action  solaire,  je  pris  deux  carafes  contenant  des 
solutions  à  ioo  degrés.  L'une  fut  placée,  le  10  décembre  iSZjS,  près  de  la 
fenêtre,  et  la  seconde  dans  une  boîte  de  fer-blanc.  Le  12,  la  liqueur  insolée, 
essayée  avec  la  solution  arsénieuse  de  Gay-Lussac,  donnait  101  degrés, 
celle  de  la  boîte  de  fer-blanc  avait  conservé  son  premier  titre,  soit  100  de- 
grés. En  exposant  cette  dernière  à  la  lumière  diffuse,  son  degré  s'éleva 
très-lentement,  mais  je  remarquai  que,  pendant  l'essai,  et  contrairement  à 
ce  qui  arrive  d'ordinaire,  si,  après  la  décoloration  du  sidfate  d'indigo,  on 
ajoutait  une  nouvelle  quantité  de  ce  réactif,  le  liquide  redevenait  bleu;  son 
odeur,  du  reste,  comme  celle  du  liquide  insolé,  accusait  une  différence  très- 
notable  de  composition  avec  une  solution  normale  de  chlorure. 

»  Je  soumis  du  chlorure  de  chaux  sec  à  l'action  solaire  d'une  part,  et  à 
l'action  de  l'air  de  l'autre,  et  je  pus  constater,  contrairement  a  l'opinion  de 
M.  Rolb,  que  ce  chlorure  se  modifie  d'une  manière  lente  et  moins  nette, 
mais  se  modifie  toutefois  par  l'insolation  de  manière  à  offrir  un  titre  appa- 
rent trop  élevé.  L'action  se  complique  par  l'influence  de  l'air  humide  et 
chargé  d'acide  carbonique,  et  je  reconnus  que  tel  chlorure  pulvérulent,  à 
100  degrés,  exposé  à  l'air  pendant  quatre  jours,  devenait  humide  et  n'ac- 
cusait plus  que  90  degrés,  tandis  que,  recouvert  d'une  légère  couche  de 
chaux  vive  hydratée,  qui  se  carbonatait  peu  à  peu,  il  n'avait  rien  perdu  pen- 
dant le  même  temps. 

»  Je  me  disposais  à  publier  les  résultats  de  ces  observations,  lorsque  le  pre- 
mier volume  de  la  Chimie  élémentaire  du  regrettable  Dupasquier  me  tomba 
sous  les  yeux  ;  j'y  vis  que  M.  Vautier  avait  constaté,  dès  l'été  de  1840,  dans 
la  fabrique  de  MM.  Estienne  et  Jalabert,  de  Lyon,  des  faits  identiques  à 
ceux  qui  m'avaient  frappé;  j'y  vis  également  que  ces  faits  avaient  été  com- 
muniqués par  M.  Vautier  au  Coiujrès  scientifique,  dont  la  session  de  1 844 
avait  été  tenue  à  Lyon  ;  j'appris  enfin  que,  sur  la  relation  de  résultats  ana- 
logues qui  lui  furent  adressés  par  M.  Caron,  blanchisseur  à  Beauvais,  Gay- 
Lussac  déclara  reconnaître  la  cause  des  erreurs  fournies  par  son  procédé 
chlorométrique.  Dans  l'opinion  de  Gay-Lussac,  «  l'hypochlorite  alcalin  se 
»  transformerait,  sous  l'influence  de  l'insolation,  en  hypochlorate  CIO', 
»   lequel  peut  réagir  sur  les  matières  colorantes  en  raison  de  l'oxygène 


(  806  ) 
»   de  son  acide,   mais  n'exerce   pas  d'action   oxydante   sur  l'acide  arsé- 
»   nieux.    » 

»  Quoi  qu'il  en  soit  de  celte  transformation,  que  du  chlore  devienne 
acide  chloreux  ou  que  de  l'acide  bypochloreux  prenne  naissance  comme 
le  pensait  Gay-Lussac,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que  le  fait  principal,  c'est- 
à-dire  la  formation  d'un  composé  oxygéné  décolorant  l'indigo,  mais  n'oxy- 
dant pas  l'acide  arsénieux,  était  nettement  constaté  à  Lyon  et  à  Beauvais, 
en  1 84 1 ,  par  MM.  Vautier  et  Caron,  à  Nantes,  en  i845,  par  moi,  et  enfin, 
en  1 855,  à  Paris,  par  MM.  Fordos  et  Gélis.  Il  m'a  paru  intéressant  de 
l'établir,  car  des  observations  nombreuses,  faites  à  différentes  époques  et 
conduisant  au  même  résultat,  ne  peuvent  que  donner  un  poids  nouveau 
aux  assertions  récemment  produites  devant  l'Académie.   » 

PISCICULTURE.  —  Sur  un  nouvel  appareil  destiné  à  servir  d'abri  aux  poissons, 
el  désitjné  sous  le  nom  t/'aquariséré;  par  M.  de  Séré. 

«  TJaquariséré  est  un  abri,  une  maison  de  domestication  pour  L'habitant 
des  eaux,  comme  le  colombier,  le  poulailler  ou  l'étable  pour  les  habitants 
de  l'air  et  du  sol. 

»  Par  une  disposition  spéciale,  applicable  dans  une  maison  pourvue 
d'une  cave,  dans  un  jardin  ou  une  serre,  dans  une  prairie,  au  bord  d'un 
ruisseau  ou  d'un  fleuve,  dans  un  lac  ou  même  dans  la  mer,  les  animaux 
aquatiques  ont  le  choix  entre  la  liberté  avec  les  conditions  que  leur  offrent 
les  eaux  à  ciel  ouvert,  et  la  vie  dans  un  abri  qu'ils  partagent  avec  l'homme. 

»  Ils  viennent  s'y  réfugier  en  vertu  d'un  instinct  naturel  qui  leur  est 
commun  avec  beaucoup  d'autres  animaux (i).  Cet  instinct  les  engage  à  re- 
chercher  l'obscurité  pendant  le  jour,  tandis  que  la  nuit,  dit-on,  ils  viennent 
à  la  lumière  en  vertu  d'une  loi  d'attraction  tout  opposée. 

»  Le  principe  de  la  construction  de  cet  appareil  repose  sur  la  division 
d'une  étendue  d'eau  quelconque  en  deux  parties  :  l'une  close  et  l'autre  à 
ciel  ouvert.  La  partie  close  est  obtenue  au  moyen  d'une  fermeture  hermé- 
tique, produite  soit,  par  le  simple  affleurement  à  la  surface  de  l'eau  du 
corps  solide  constituant  l'abri,  soit  par  son  introduction  plus  ou  moins 
avant  dans  sa  profondeur.  Cependant  la  partie  inférieure  de  l'élément  li- 
quide demeure  accessible  à  ses  habitants  et  en  permet  le  libre  parcours  de 
l'extérieur  à  l'intérieur  et  réciproquement. 

»  Cette  disposition  ressemble  à  celle  d'un  colombier  dans  lequel  le  pi- 
geon pénètre  sans  changer  de  milieu;  il  y  trouve  de  l'air  à  une  température 


(i)  Le  rat,  le  lapin,  etc. 


(  8o7  ) 
différente,  et  une  demi-obscurité  qui  repose  sa  vue  de  l'éclat  du  jour  dans 
la  pénombre  de  l'éclairage  limité  d'une  lucarne. 

»  Dans  l'aquariséré,  l'éclairage  a  lieu  d'après  le  même  principe,  et  la  lu- 
mière passe  graduellement  de  l'extérieur  à  l'intérieur  par  des  demi-teintes; 
du  clair-obscur  à  l'obscurité  complète.  La  température  de  l'air  y  est  uni- 
forme et  par  conséquent  fraîche  en  été,  chaude  en  hiver,  comme  dans  une 
cave,  une  caverne,  et  il  n'y  gèle  jamais.  On  peut,  du  reste,  la  modifier  selon 
le  besoin.  Dans  ces  conditions,  la  surface  de  l'eau  enfermée  et  aussi  l'eau 
qui  est  en  rapport  immédiat  avec  les  parois  prennent  la  température  de  l'air 
intérieur  avec  lequel  elles  sont  en  contact.  Mais  toute  la  niasse  n'en  subit  l'in- 
fluence que  graduellement  et  de  proche  en  proche,  ce  qui  permet  à  l'instinct 
des  animaux  aquatiques,  vivant  dans  un  milieu  différent  du  nôtre,  de  choi- 
sir eux-mêmes  le  degré  de  température  et  de  lumière  qui  leur  convient. 

»  Quant  à  l'aquiculteur,  placé  dans  l'ombre  d'où  il  voit  sans  être  vu,  son 
action  s'étend  non-seulement  à  la  surface,  mais  encore  à  toutes  les  profon- 
deurs de  l'eau,  soit  qu'il  y  plonge  la  main,  soit  qu'il  agisse  au  moyen  des 
engins  divers  dont  il  dispose.  Tandis  qu'à  la  faveur  de  l'obscurité  le  miroite- 
ment disparait,  son  regard  plonge  sans  obstacle  dans  la  masse  tout  entière  ; 
il  voit  les  poissons  et  les  autres  corps  contenus  dans  Peau  apparaître  et  se 
détacher  sur  le  fond  éclairé  de  l'ouverture  comme  des  corps  opaques  à  tra- 
vers un  milieu  translucide. 

»  L'aquariséré  est  un  appareil  d'examen,  de  pèche  et  de  cueillette  en 
même  temps,  où  la  culture  se  fait  à  huis  clos.  On  y  sème  et  on  y  soigne  un 
produit  stable  dont  la  récolte  a  lieu  à  son  temps;  sur  cette  récolte,  comme 
cela  se  pratique  dans  la  bonne  culture,  on  prélève  avant  tout  la  semence. 

»  Il  est  permis  dès  lors  d'espérer  que  le  pêcheur,  qui  n'est  le  braconnier 
des  eaux  que  parce  qu'il  n'est  pas  certain  de  rattraper  les  produits  de  sa 
pêche,  deviendra  un  aquiculteur  dès  qu'il  aura  la  certitude  de  l'avenir.   » 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Analyse  d'un  certain  nombre  d'échantillons 
de  houilles  prussiennes;  par  M.  Cu.  Mène. 

«  J'ai  été  assez  heureux  pour  me  procurer  à  l'Exposition  universelle 
de  1867  un  certain  nombre  d'échantillons  de  houille  de  la  Prusse,  par  l'in- 
termédiaire de  M.  Siébold,  ingénieur  des  aciéries  Krupp  et  Cie,  auquel  je 
ne  saurais  trop  faire  de  remercîments  à  cet  égard.  J'ai  analysé  ces  échan- 
tillons, et  je  m'empresse  d'en  porter  les  résultats  à  la  connaissance  de 
l'Académie,  persuadé  que  ces  documents  seront  accueillis  avec  intérêt,  peu 
d'analyses  existant  à  ce  sujet,  du  moins  en  France. 


(  808  ) 


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(  8o9  ) 

organographie  végétale.  —  Sur  le  Naias  major  (Roth).  Note  de 
RI.  Akth.  Gris,  présentée  par  M.  Brongniart. 

•<  Le  hasard  m'ayant  fait  rencontrer  sur  les  bords  de  la  Seine  quelques 
fragments  flottants  de  Naïade,  je  constatai  immédiatement  que  la  structure 
du  fruit  est  inexactement  décrite  dans  la  Flore  parisienne,  d'ailleurs  si  jus- 
tement estimée,  de  MM.  Cosson  et  Germain  de  Saint-Pierre. 

»  J'observai  de  plus  près  ces  parties,  je  consultai  les  auteurs  et  je  vis  que 
les  opinions  étaient  partagées,  mais  très-inégalement  partagées  sur  les 
points  d'organisation  fondamentaux  d'une  plante  si  commune  qui  font  le 
sujet  de  cette  Noie. 

»  En  effet,  le  fruit  du  Naias  major  a  été  considéré  comme  une  capsule 
uniloculaire  et  monosperme  (de  Jussieu,  Loiseleur-Deslongchamps  ), 
comme  un  cariopse  (Ach.  Richard),  comme  un  fruit  à  noyau,  drupe  ou 
nucule. 

»  Cette  manière  de  voir  a,  du  reste,  été  généralement  adoptée,  car  elle  a 
pour  soutiens  L.-C.  Richard  [Analyse  botanique  des  embryons  endorhizes, 
181  i),  Mirbel  (Examen  de  la  division  des  végétaux  en  endorhizes  et  exorhizes), 

Runth  (Enumeralio  plantai um f  84 1),  Nées  d'Esembeck  (Gênera  planta- 

rum  jlorœ  germaniœ),  Endlicher  (Gênera  plantarum,  i836-i84i),  Meisner 
(Plautarum  vascularium  gênera,  i836-i843),  Grenier  et  Godron  (Flore  de 
France,  i856),  Parlatore  (Flora  italiana,  1860),  Cosson  et  Germain  (Flore 
des  environs  de  Paris,  1861),  etc.,  etc. 

»  Tous  ces  auteurs  attribuent  au  fruit  des  parties  qui  appartiennent 
réellement  à  la  graine,  et  réduisent  celle-ci  à  une  trop  grande  simplicité  de 
structure.  Pour  eux,  le  premier  serait  muni  d'un  épicarpe  membraneux  et 
séparable,  d'un  mésocarpe  mince  et  charnu,  d'un  endocarpe  dur  qui  serait 
un  véritable  noyau.  La  seconde  ne  serait  revêtue  que  d'un  tégument  mem- 
braneux extrêmement  mince.  Si  grande  que  soit  l'autorité  des  savants  pré- 
cédemment cités,  je  n'hésite  cependant  pas  à  dire  que  l'interprétation  qui 
vient  d'être  signalée  repose  évidemment  sur  une  erreur  d'observation.  Je  ne 
puis  du  reste  m'expliqner  la  cause  de  cette  erreur  et  croire  qu'elle  n'a  pas 
été  relevée  quelque  part. 

»  Lorsque  je  présentai  celle  Note  à  M.  Brongniart,  il  voulut  bien  me 
faire  voir  de  très-belles  analyses  et  une  description  de  la  Naïade,  faites  par 
lui  dès  l'année  1823  et  malheureusement  demeurées  inédites.  J'eus  le  plaisir 
de  voir  que  mon  excellent  maître  a  évité  l'erreur  commune  et  très-exacte- 

C.  K.,  1867,    2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  20.)  1  06 


(  8io  ) 
ment  distingué  les  parties  appartenant  au  péricarpe  de  celles  qui  sont  réelle- 
ment propres  à  la  graine. 

»  Après  ce  préambule  nécessaire  je  demande  à  l'Académie  la  permission 
de  lui  soumettre  un  très-court  résumé  de  mes  principales  observations. 

»  L'ovaire  du  Naias  major  renferme  un  seul  ovule  sessile  et  dressé  au 
fond  de  sa  cavité.  Cet  ovule  se  compose  d'un  nucelle  et  de  deux  membranes 
enveloppantes;  le  micropyle  est  près  de  son  point  d'insertion  et  la  chalaze 
n'est  pas  précisément  opposée  à  ce  micropyle,  mais  rejetée  latéralement  au- 
dessous  du  sommet  de  l'ovule.  La  primine  est  épaisse,  revêtue  d'un  épi- 
derme  très-apparent  qui  prendra  plus  tard  un  grand  développement  et  pro- 
duit une  sorte  de  petit  obturateur  micropylaire  papilleux,  qui  doit  aider  au 
phénomène  de  la  fécondation. 

»  Cet  ovule  se  transforme  en  graine,  sans  jamais  se  confondre  avec  la 
paroi  membraneuse  du  fruit.  Cette  paroi  tout  entière  n'est  autre  chose 
que  le  prétendu  épicarpe  des  auteurs. 

»  La  graine,  qui,  comme  on  sait,  est  dépourvue  de  périsperme,  présente 
autour  de  l'embryon  trois  assises  tégnmentaires  principales. 

»  L'assise  superficielle  consiste  en  une  seule  couche  de  grandes  cellules 
perpendiculaires  à  la  surface  de  la  semence,  à  parois  minces,  et  qui  sont 
gorgées  de  liquide.  Cette  couche,  que  les  auteurs  ont  considérée  comme  le 
mésocarpe  du  fruit,  n'est  autre  chose  que  l'épiderme  de  la  primine. 

»  L'assise  moyenne  solide,  résistante,  est  formée  de  cellules  fortement 
épaissies,  criblées  de  ponctuations,  de  couleur  olivâtre,  et  résultant  de  la 
transformation  des  cellules  parenchymateuses  de  la  primine.  C'est  la  partie 
que  les  auteurs  ont  considérée  comme  représentant  le  noyau  ou  l'endocarpe 
du  fruit. 

»  Enfin,  l'embryon  macropode,  dont  la  fente  cotylédonaire  est  tres- 
visible  et  dont  la  gemmule  munie  de  plusieurs  petites  folioles  a  été  parfaite- 
ment vue  par  Adrien  de  Jussieu  dans  son  beau  Mémoire  sur  les  embryons 
monoeotylédonés,  est  enveloppé  dans  un  sac  membraneux  très-mince.  Les 
auteurs  ont  considéré  ce  sac  comme  le  tégument  unique  de  la  graine  :  il  est 
muni  d'un  disque  chalazien  latéral,  que  L.-C.  Richard  a  pris  pour  le  hile  de 
la  graine  (graine  qu'il  considérait  dès  lors  comme  suspendue),  et,  selon 
toutes  les  probabilités,  il  doit  avoir  sa  principale  origine  dans  ce  qui  reste  de 
la  secondine  et  du  nucelle.    » 


(   8n    ) 

GÉOLOGIE.  —  Examen  comparatif  des  alluvions  anciennes  de  Tout  et  de  quel- 
ques-unes de  celles  du  bassin  de  la  Seine,  par  rapport  à  l'ancienneté  de 
l'homme;  par  M.  Hussox. 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

«  Non-seulement  il  m'a  semblé  nécessaire  de  compléter  mes  recherches 
sur  l'origine  de  l'homme,  dans  les  environs  de  Toul,  par  un  examen  com- 
paratif de  nos  premiers  instruments  de  l'âge  de  pierre  avec  ceux  qui  figurent 
à  l'Exposition  universelle  et  au  Musée  impérial  de  Saint-Germain,  mais  j'ai 
cru  devoir  étendre  cet  examen  à  quelques-uns  des  terrains  du  grand  bassin 
de  la  Seine  :  Sablières  de  Moulin-Quignon,  de  Saint-Acheul,  du  Pecq  et  de 
Poissy.  Or  voici  ce  qui  résulte  de  cette  étude,  en  prenant  pour  terme  de 
comparaison  le  sol  diluvien  de  Toul. 

"  Sablière  de  Moulin-Quignon.  —  On  se  rappelle  que,  bien  des  années 
avant  la  découverte  de  la  mâchoire  de  Moulin-Quignon,  cette  exploitation 
a  été  classée  parmi  les  terrains-meubles. 

»  Sablière  de  Saint-Acheul.  —  Peut-être  l'argile  exploitée  pour  briques 
et  qui  recouvre  le  dépôt  caillouteux  correspond-elle  à  notre  diluvium  post- 
alpin. Quant  au  sous-sol,  sans  prétendre  que  tous  les  composants  d'un 
diluvium  doivent  avoir  leurs  bords  arrondis  ou  émoussés,  voici  ce  que  nous 
pensons  de  ladite  couche.  L'état  du  plus  grand  nombre  des  cailloux  cassés 
(ils  constituent  la  majeure  partie  du  dépôt);  leurs  arêtes  vives  formant, 
sous  ce  rapport,  un  contraste  si  remarquable  soit  avec  les  galets  restés 
intacts,  soit  simplement  avec  les  portions  non  éclatées,  soit  surtout  avec 
notre  diluvium  alpin  regardé  comme  type,  ne  permet  guère  de  rappor- 
ter la  carrière  de  Saint-Acheul  à  ce  dernier  cataclysme;  mais,  d'autre  part, 
la  contre-partie  des  fractures  ou  éclats  ne  se  retrouve  pas  à  côté  du  caillou, 
et  ces  deux  considérations  m'ont  déterminé  à  conclure  ainsi  : 

»  i°  Ce  brisement  n'est  point  dû  à  ce  que  les  cailloux  se  sont  délités  dans 
l'emplacement  même  qu'ils  occupent  aujourd'hui; 

»  20  Les  fragments  n'ont  point  été  roulés  depuis  qu'ils  ont  pris  leur  forme 
actuelle; 

»  3°  Cet  amas  est  du  dilivium  alpin  remanié,  c'est-à-dire  un  dépôt  meuble 
appartenant  à  la  période  qui  s'est  écoulée  entre  les  cataclysmes  alpin  et  post- 
alpin, et  dont  j'ai  eu  à  citer  un  exemple  dans  les  environs  de  Toul. 

»  Sablière  du  Pecq.  —  Ce  gisement  est  un  autre  exemple  des  remanie- 
ments subis  par  le  diluvium  alpin  du  bassin  de  la  Seine.  Un  caillou-mar- 

106.. 


(8,2  ) 

teau  qui  provient  de  cette  carrière  figure  au  Musée  de  Saint-Germain  et,  si 
réellement  on  en  a  fait  usage,  il  est  aisé  de  voir,  par  l'état  de  l'empreinte 
comparé  à  celui  du  reste  du  caillou,  que  c'est  seulement  après  avoir  été  roulé 
que  celui-ci  a  servi. 

»  Sablière  Dailly,  à  Poissy.  —  Mais  voici,  en  faveur  de  mon  opinion,  une 
preuve  plus  péremptoire  encore.  M.  Beaune,  conservateur  du  Musée  de 
Saint-Germain,  dont  j'ai  eu  a  apprécier  l'extrême  bienveillance,  possède, 
dans  son  cabinet  particulier,  divers  ossements  de  ladite  sablière  :  les  uns 
sont  des  molaires  d'éléphants  ne  renfermant  certes  plus  de  matière  orga- 
nique à  l'état  d'osséine,  ce  dont  je  me  suis  assuré  du  reste  par  l'analyse 
d'un  os  de  la  carrière  du  Pecq;  l'autre,  au  contraire,  parait  en  contenir 
encore  une  assez  forte  proportion,  circonstance  qui  indique  un  intervalle 
de  bien  des  siècles  entre  le  moment  où  vivaient  ces  animaux,  alors  cepen- 
dant que  leurs  débris  sont  aujourd'hui  pèle-mèle.  Cet  os  est  une  partie  de 
tibia  de  cheval  (?),  fracturé  en  long;  il  m'a  fourni  19  pour  100  d'osséine, 
c'est-à-dire  à  peu  près  moitié  moins  qu'un  humérus  de  bœuf  récent;  il  a  été 
trouvé  à  4  mètres  de  la  surface  du  sol,  dans  une  couche  de  sable  fin,  très- 
épaisse,  qui  a  fourni  au  Musée  de  Saint-Germain  les  objets  suivants  :  dents 
de  cheval,  corne  d'auroch,  ossements  et  belle  dent  de  Rlnnoccros,  frontal  du 
Cervus  megaceros,  molaire  iVElejilms  primigenius.  Le  surplus  de  la  carrière, 
au-dessus  comme  au-dessous  du  sable,  se  compose  de  gros  gravier. 

»  Tel  est  l'exposé  succinct  d'une  excursion  géologique  flans  le  bassin  de 
la  Seine  et  qui,  combinée  avec  mes  observations  dans  les  environs  de  Toul, 
me  semble  ne  laisser  aucun  doute  sur  les  points  suivants  : 

»  A.  La  connaissance  exacte  des  terrains  est  une  des  conditions  les  plus 
indispensables  pour  arriver  à  la  solution  de  la  question  relative  à  l'époque 
de  l'apparition  de  l'homme  sur  la  terre. 

»  B.  Souvent  les  alluvions  diluviennes  ont  été  soumises,  au  moins  ça  et  là, 
et  à  des  époques  différentes,  à  des  perturbations  qui  y  ont  introduit  des 
objets  d'époques  diverses  et  les  ont  transformées  en  de  véritables  dépôts 
meubles. 

»  C.  Un  dépôt  meuble  n'est  pas  toujours  facile  à  distinguer  d'un  sol  71011 
remanié. 

»  D.  Les  ossements  dudiluvium  alpin  non  remanié,  et  dans  les  mêmes  con- 
ditions que  celui  de  la  vallée  de  l'Ingressin,  ne  contiennent  plus  de  matière 
organique  à  l'état  d'osséine;  en  sorte  qu'il  est  permis  d'établir,  en  principe, 
que  toute  alluvion  contenant  des  os  avec  osséme  est  un  dépôt  meuble  pos- 
térieur à  ce  cataclysme. 


(  8i3  ) 
»  E.  La  propriété  que  possèdent  les  silex,  certaines  variétés  surtout,  de  se 
diviser  naturellement  par  éclats,  par  tranches  et  par  lames,  donne  lieu  àdes 
produits  qui  imitent,  on  ne  peut  mieux,  nos  instruments  primitifs.  Aussi, 
selon  moi, 

»  i°  Parmi  les  silex  paraissant  déceler  l'action  de  la  main  de  l'homme,  il  y 
a  une  foule  de  ludi; 

»  i°  Et  la  présence  seule  d'un  silex  à  forme  d'instrument  humain,  dans  une 
alluvion,  n'est  pas  toujours  une  preuve  de  l'existence  de  l'homme  à  l'époque 
de  la  formation  du  terrain. 

«  F.  L'Exposition  universelle,  le  Musée  de  Saint-Germain,  celui  de 
Cluny,  etc.,  fournissent  un  enseignement  très-précieux  : 

»  i°  Aucun  instrument  qui  y  figure  n'a  été  roulé  après  avoirété  façonné 
et  ne  peut,  par  conséquent,  à  la  seule  inspection,  être  regardé  comme  anté- 
rieur au  cataclysme  alpin; 

»  2°  Sur  tous  ceux  qui  conservent  encore,  au  moins  en  partie,  la  forme 
du  galet  dont  ils  proviennent,  on  constate  aisément  que  le  caillou  avait  été 
roulé  quand  la  main  de  l'homme  l'eut  transformé; 

»  3°  En  sorte  que  pas  un  instrument  n'affecte  les  caractères  d'une  origine 
antédiluvienne  alpine,  et  que  beaucoup,  au  contraire,  ont  incontestable- 
ment le  cachet  post-diluvien. 

»  G.  L'opinion  de  Cuvier  et  de  M.  Élie  de  Beaumont,  sur  l'époque  de  la 
disparition  de  l' Elephas  primigenius  et  sur  celle  de  l'apparition  de  l'homme, 
se  trouve  entièrement  confirmée  dans  les  environs  deToul.  Ainsi  : 

»  \J  Elephas  primigenius  ne  se  rencontre,  parmi  les  alluvions  non  rema- 
niées, que  dans  le  diluvium  alpin;  mais  il  n'en  est  pas  de  même  du  Rltino- 
ceros  tichorhinus^  de  l'Ours  et  de  l'Hyène  des  cavernes,  etc. 

»  Quant  à  l'homme,  il  est  incontestablement  de  date  post-diluvienne,  ce 
qui  ne  l'empêcherait  pas  d'avoir  été  le  contemporain  de  certaines  espèces 
animales  aujourd'hui  éteintes.  En  effet,  plusieurs  de  celles  qu'on  croyait 
avoir  été  détruites  par  le  cataclysme  alpin  lui  ont  survécu  ;  il  y  en  a  même 
qui  ont  dû  se  retrouver  encore  après  le  post  alpin. 

»  Ces  divers  faits  du  paragraphe  G  sont  de  la  dernière  évidence,  et  l'ana- 
lyse chimique  vient  en  aide  à  la  géologie  pour  les  prouver. 

»  H.  Toul  est  des  plus  avantageusement  placé  pour  l'étude  de  la  question 
relative  à  l'origine  de  l'homme.  On  y  trouve  tous  les  éléments  nécessaires 
qui  suivent  : 

>.  i°  Belles  couches  de  diluvium  en  place  (Scandinave,  alpin,  post-alpin) 
fouillées  en  tous  sens,  pendant  longtemps  et  sur  une  grande  étendue; 


(  m  ) 

»  20  Dépôts  meubles  de  toutes  les  époques,  c'est-à-dire  depuis  la  période 
Scandinave  et  celle  écoulée  entre  le  diluvium  alpin  et  le  post-alpin,  jusqu'à 
nos  jours; 

»   3°  Cavernes  à  ossements  et  brèches  osseuses  humaines; 

»  4°  Armes  et  instruments  des  différentes  phases  de  Y  âge  de  pierre  : 
pierre  éclatée,  pierre  taillée,  passage  de  la  pierre  taillée  à  la  pierre  polie, 
pierre  polie. 

»  /.  J'allais  oublier  une  autre  conclusion  d'une  extrême  importance,  et 
que  me  remet  en  mémoire  une  circonstance  récente.  A  côté  des  causes 
d'erreurs  qui  sont  le  fait  de  la  nature,  il  y  a  aussi  cellesémanant  de  l'homme 
et  qui  compliqueront  de  plus  en  plus  la  question.  » 

En  présentant  à  l'Académie  la  Note  de  M.  Husson,  M.  le  Secrétaire 
perpétuel  rappelle,  comme  il  l'a  déjà  fait  plusieurs  fois,  qu'il  croit  souvent 
devoir  insérer  dans  les  Comptes  rendus  des  articles  dont  le  contenu ,  à  ses 
yeux  digne  d'intérêt,  lui  paraît  cependant,  à  certains  égards,  susceptible  de 
discussion. 

géométrie.  —  De  In  courbure  inclinée  d'un  système  de  lignes  coordonnées  et 
du  rôle  de  cette  courbure  dans  la  théorie  des  lignes  tracées  sur  une  surface. 
Note  de  M.  l'abbé  Aocst,  présentée  par  M.  Le  Verrier. 

«  I.  De  la  courbure  inclinée.  —  Soient  une  surface  p2,  et  un  système  de 
lignes  coordonnées  p,  p,,  tracées  sur  cette  surface;  d?,  dc{  les  arcs  élémen- 
taires de  ces  lignes,  le  premier  provenant  de  la  variation  de  p,  le  second  de 
la  variation  dep,;  -p  l'angle  de  ces  deux  éléments.  Nous  avons  appelé 
[Comptes  rendus,  t.  LIV,  p.  ^62)  angle  de  contingence  inclinée  de  la 
courbe  dn  suivant  la  direction  de,  l'angle  des  tangentes  aux  deux  courbes 
de  la  série  (p)  menées  par  les  extrémités  de  l'arc  ds;  courbure  inclinée  de  la 
même  courbe  snivantla  même  direction,  le  rapport  de  l'angle  de  contingence 
inclinée  à  l'arc  «ra,  la  direction  de  cette  courbure  étant  celle  de  l'arc  de  cercle 
de  rayon  ch,  décrit  du  sommet  de  l'angle  entre  ses  deux  côtés.  Nous  représen- 
tons cette  courbure  par  — ,  et  par  — ,  -  ses  composantes  suivant  le  plan  tan- 
gent et  suivant  la  normale  à  la  surface  p2;  par  —  ?  —,  -,  la  courbure  incli- 

née  et  ses  deux  composantes  tangentielle  et  normale  de   la  ligne  dn ,  sui- 
vante. D'après  cela,  Ion  a  dans  le  système  cartésien  les  deux  équations 


(  8i5  ) 
suivant  l'axe  des  x 


:o 


cos.(^.r           d 

m- 

cos  4^_  i  x            d 

Idx 

-C         da 

\dli 

et  deux  couples  d'équations  analogues,  l'un  par  rapport  à  l'axe  des  r  et 
l'autre  par  rapport  à  l'axe  des  z.  Ces  écpiations  font  connaître  ces  courbures 
et  leurs  directions. 

»  II.   Relations  fondamentales.  —    i°  La  première  relation  est  donnée  par 
l'équation  : 

(2)  -  =  '-, 

{    '  II, 

qui  se  traduit  ainsi  :  Quel  que  soit  le  système  de  coordonnées  tracées  sur 
une  surface,  les  composantes  normales  à  la  surface  des  courbures  incli- 
nées des  deux  lignes  coordonnées  suivant  leurs  directions  réciproques  sont 
égales. 

11  u°  Soient  ^  :  -g->  -  la  courbure  de  la  courbe  de  et  ses  composantes  tangen- 

rJX.  MX         f 

tielle  et  normale  à  la  surface  p.,;    -—■>  —■>  -   les   courbures  analogues    de  la 

1         <5H,    R,    r,  " 

ligne  da,\  —,  — les  deuxièmes  courbures  géodésiques  des  lignes  du,  de,  ; 
on  a  les  relations 

(3) 


1  cos'f         siritp        1  costp        sin:p 

7  "  ~~ ~     "^r  '    7  "  ~      ^T  ' 


»  Ces  expressions  montrent  la  différence  essentielle  qui  existe  entre  la  com- 
posante normale  de  la  courbure  inclinée  d'une  des  lignes  coordonnées  et  la 
deuxième  courbure  géodésique  de  cette  ligne.  Ces  deux  courbures  ne  sont 
égales  que  dans  un  système  orthogonal  de  coordonnées.  La  propriété  prin- 
cipale de  ces  deux  équations  est  de  montrer  que  la  courbure  y  qui,  dans 

chaque  système  de  coordonnées,  a  une  traduction  simple  qui  permet  d'en 
calculer  facilement  l'expression  analytique,  a  aussi  une  signification  indé- 
pendante de  tout  système,  laquelle  est  exprimée  par  les  seconds  membres 
de  ces  équations. 

»  III.  avantages  résultant  de  la  courbure  inclinée.  —  Quand  on  cherche 
dans  un  système  curviligne  p,  p,,  les  équations  des  lignes  jouissant  de  pro- 
priétés relatives  aux  diverses  courbures,  l'analyse  donne  des  moyens  sûrs 
de  calculer  ces  équations  différentielles  en  dp,  dp,  ;  mais  les  coefficients  de 
ces  équations  fonctions  de  p,  p,  ne  portent  aucune  trace  des  opérations  qu'il 


(  8.6  ) 
a  fallu  faire  pour  les  obtenir  ;  l'introduction  de  la  courbure  inclinée  prodiul 
un  double  avantage.  Le  premier  et  le  plus  grand,  est  que  ce tte  courbure 
donne  le  sens  géométrique  des  différents  coefficients  de  ces  equat.ons  - 

rentielles,  lesquelles  ne  se  rapportant  pas  plus  a  un  système  qu  a  un  autre 
sont,  par  cela  même,  écrites  dans  un  système  quelconque.  Le <  second  avan- 
tage est  que,  cette  courbure  se  prêtant  a  une  traduction  analytique  face, 
le  passage  de  l'équation  générale  à  celle  qu,  se  rapporte  au  système  parU- 
culier  que  l'on  considère  se  fait  sans  effort  et  tout  naturellement. 

,   IV.   Des  lignes  de  courbure.  -  La  courbure  inclinée  permet  d'obtenir 
l'équation  la  plus  générale  de  ces  lignes  dans  un  système  que  conque :  de 
coordonnées,  tout  en  lui  conservant  un  caractère  de  grande  implicite.  Cette 
équation  est 
(4)         (i_^)^+(l-i)^^-(7-?)^=°- 

„   Si  l'on  veut  passer  à  l'équation  relative  au  système  cartésien,  ce  pas- 
sage se  fait  en  quelque  sorte  intuitivement  ;  il  n'y  a  qu'à  apprécier  lestes 
des  lignes  coordonnées  déterminées  sur  la  surface  par  les  deux  plans  x  = 
r  =  P    et  les  courbures  de  ces  arcs  ;  on  obtient  immédiatement,  en  appe 
L,  suivant  l'usage,  p,  ,,  r,  s,  t,  les  coefficients  différentiels  du  premier 
et  du  second  ordre  de  l'équation  de  la  surlace, 

da>  =  {l+p*)df,       dc]  =  {l  +  qn<i?l      dad*tCOS?=pqd?dpi 

de'  i  O     ,/ç<  '  -  /cos/r       —  —  L  =scosm>, 

lesquelles,  substituées  dans  l'équation  précédente,  conduisent  à  l'équation 
connue  des  lignes  de  courbure. 

.  On  obtiendra  avec  non  moins  de  facilité  l'équation  de  ces  lignes  dans 
le  système  de  coordonnées  polaires. 

»  L'équation  qui  nous  occupe  donne  toute  la  théorie  des  lignes  de  cour- 
bure qui  résulterait  de  la  discussion  de  cette  équation;  elle  montre  auss. 
toutes  les  simplifications  dont  cette  recherche  est  susceptible,  et  les  intro- 
duit dans  le  calcul.  , 

„  !«  Si  l'une  des  courbes  coordonnées  du  est  une  ligne  ,1e  courbure,  la 
deuxième  courbure  géodésiqne  de  cette  courbe  étant  nulle,  on  a,  d  après 
les  équations  (3),  )  nul,  et,  conséquemment, 


/ 


52!i=o. 


(  «'7  ) 
»   Cette  condition  réduit  l'équation,  qui  devient 

(5)  da,  cosœ  —  da  =  o, 

qui  représente  l'équation  des  lignes  de  courbure  du  second  système;  on 
reconnaît  que  c'est  la  trajectoire  orthogonale  des  courbes  p,  =  const.,  ce 
qui  est  vérifié  dans  les  surfaces  développables,  et  fournit  une  équation  dans 
laquelle  les  variables  sont  séparées. 

«   2°  Si  l'une  des  lignes  de  coordonnées  est  asymptotique,  et  l'autre  leur 
trajectoire  orthogonale,  l'équation  devient 

,/>>  da:         di  da,  da 


I  ?■  1 


=  O, 


laquelle  s'applique  aux  surfaces  réglées  quelconques.  En  effet,  si  l'on  ap- 
pelle dt  l'angle  de  deux  génératrices  rectilignes  infiniment  voisines,  dp  leur 
plus  courte  distance,  dm  l'angle  de  deux  plus  courtes  distances  infiniment 
voisines,  dq\cm  plus  courte  distance,  -/  l'angle  de  la  normale  à  la  surface 
avec  celle  menée  par  le  point  central  situé  sur  la  même  génératrice,  dp,  la 
distance  de  deux  trajectoires  orthogonales  infiniment  voisines,  on  a 

da,  .  du  .  da  ,  .  ,  , 

-—  =  aPty,      —  =  —  «scosy,        -=apy  —  dw,       dp  =  da  cosy, 

et  l'on  obtient 

dp ,  :  d'i  —  d'j)  )  -+-  de  dp  =  o , 

qui  est  la  forme  connue  des  lignes  de  courbure  des  surfaces  réglées  dans  le 
système  dont  il  s'agit. 

»   3°  Si  les  deux  ligues  coordonnées  sont  l'une  et  l'autre  asymptotiques, 
l'équation  devient 

(7)  da\  -  du2  =  o, 

c'est-à-dire  le  double  système  des  lignes  bissectrices  des  angles  des  lignes 
coordonnées.  Si,  par  exemple,  on  considère  l'hyperboloïde  à  une  nappe  : 

a-  b-  c- 

les  équations  des  deux  génératrices  rectilignes  sont  : 


ï-ï=K,+^)'  ï+h^-ï)-' 


p  et  p,  étant  les  deux  paramètres  variables.   L'équation  différentielle  des 

C.  R.,  1867,  îe  Semestre.  (T.  LX.V,  K°  20.)  io7 


(  8.8   | 
lignes  de  courbure  dans  le  système  p,  p,  devient  donc,  après  avoir  repré- 

•j  tl-  ^jï  _1_  f<"t 

sente  par  ka  l'expression   — j~2 —       — 5 

dp  r/p, 


»   C'est  l'équation  de  Lagrange;  elle  s'intègre  par  les  procédés  connus  et 
donne,  en  appelant  A  la  constante  de  l'intégration, 


\/i-h2k-  p'+p''  -+-  v/n-2À:2p;  -\- p*  =  (p,  —  p)  \Jâ-+-   p,-+- p)2 . 

»  Si  l'on  passe  aux  coordonnées  cartésiennes,  et  qu'on  cherche  les  pro- 
jections des  intersections  de  cette  surface  avec  l'hyperboloïde  sur  les  trois 
plans  coordonnés,  on  obtient  le  système  de  coniques  connu. 

»  V.  Des  lignes  dont  la  deuxième  courbure  géodésique  est  itonnée.  —  Ce 
problème  contient  le  problème  des  lignes  de  courbure  comme  cas  parti- 
culier, puisque  ces  lignes  sont  caractérisées  par  cette  condition  que  leur 

deuxième  courbure  géodésique  est  nulle.  Soit  donc  —  la  fonction  de  p  et 

de  p, ,  qui  en   chaque  point  de  la  ligne  sera  sa  deuxième  courbure  géo- 
désique :  l'équation  différentielle  de  cette  courbe  sera 


.    .,  /  sinm         I         cos»  \ 

^î  hf  +  7-T 
(8)  . 

»  En  appliquant  cette  formule  au  tore,  dont  l'axe  coïncide  avec  la 
ligne  des  z  et  dont  le  rayon  du  cercle  parallèle  est  t,  on  reconnaît  : 

»  i°  Que  si  V  est  proportionnel  au  quotient  de  z  par  t,  la  projection  de 
la  courbe  sur  un  plan  perpendiculaire  à  l'axe  est  la  spirale  parabolique; 

»  i°  Que  si  V  est  proportionnel  à  /,  la  courbe  est  la  trajectoire  des  méri- 
diennes sous  angle  constant: 

»  3°  Que  si  V  est  proportionnel  au  rectangle  tz,  on  obtient  la  spirale 
logarithmique; 

»  4°  EuBn,  que  si  V  est  proportionnel  au  carré  de  /,  la  projection  de  la 
courbe  est  la  spirale  sinussoïde. 

»   Remarque.  —  On  pourrait  éliminer  la  courbure  -  des  équations  (4) 

et  (8)  au  moyen  des  formules  (3);  mais  les  simplifications  introduites  par 
cette  élimination  ne  seraient  qu'apparentes.  » 


(  S '9  ) 
M.  R.  Woi.f  adresse  de  Zurich  une  Lettre  relative  à  une  erreur  histo- 
rique commise,  selon  lui,  dans  un  ouvrage  de  M.  Bertrand. 

M.  Laurent  demande  et  obtient  l'autorisation  de  retirer  du  Secrétariat  le 
Mémoire  qu'il  a  adressé  sur  les  «  séries  doubles  ». 

La  séance  est  levée  à  5  heures.  È.   D.    R. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  1 1  novembre  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Société  Impériale  et  centrale  d' agriculture  de  France,  annexe  au  procès- 
verbal  de  la  séance  du  10  juillet  1867;  par  M.  Chevueul,  Paris,  1867; 
br.  in-8°. 

Annales  de  l'Obsewatoire  impérial  de  Paris,  publiées  par  M.U.-J.  Le  Verrier  : 
Observations ,t.  XXI,  i865.  Paris,   1866;  1  vol.  in-4°. 

Notice  sur  Michel  Faraday,  sa  vie  et  ses  travaux;  par  M.  A.  de  la  Rive. 
Genève,  i86y;br.  in-8°. 

Recherches  expérimentales  sur  les  machines  à  vapeur.  i'e  partie  :  Machine  à 
vapeur  surchauffée  de  M.  Hirn.  Rapport  présenté  par  M.  G.  Leloutre  à  la 
Société  industrielle  de  Mulhouse.  Mulhouse,  1867;  1  vol.  grand  in-8°. 
(Présenté  par  M.  Combes.) 

Rapport  sur  les  cas  de  mort  survenus  à  Lyon  depuis  la  découverte  de  l'anes- 
thésie  et  qui  peuvent  être  misa  la  charge  de  l'éther;  par  M.  Gayet.  Lyon,  1867; 
br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Robin.) 

Leçons  de  Mécanique  analytique;  par  M.  l'Abbé  MoiGNO,  rédigées  principa- 
lement d'après  les  méthodes  c/'Augustin  Cauchy,  et  étendues  aux  travaux  les 
plus  récents  :  Statique.  Paris,  1868,  in  8°.  (Présenté  par  M.  Faye.) 

Société  impériale  d'acclimatation.  La  production  animale  et  végétale  :  Etudes 
faites  à  l'Exposition  universelle  de  1867.  Paris,  1867;  in-8°. 

De  la  mort  apparente  et  des  moyens  de  la  reconnaître; par  M.  P.  Levasseur. 
Rouen,  1867;  br.  in-8°.  (Adressé  pour  le  concours  des  prix  de  Médecine 
et  de  Chirurgie.) 

Mémoire  sur  l'anatomic  et  la  physiologie  du  tissu  érectile  dans  les  organes 

1  07. . 


(    820    ) 

génitaux  des  Mammifères,  des  Oiseaux  et  de  quelques  autres  Vertébrés;  par 
M.  Ch.  LEGROS.  Pans,  1867;  br.  in-8°  avec  planches.  (Extrait  du  Journal 
de  ï Anatomie  et  de  la  Physiologie.)  (Adressé  au  concours  Godard.) 

Illusions  et  réalités  de  la  thérapeutique,  par  M.  PÉCHOLIER.  Paris  et  Mont- 
pellier, 1862;  br.  in-8°. 

Sur  l'emploi  de  l'alcool  dans  le  traitement  de  la  pneumonie  ;  par  M.  PÉCHO- 
LIER. Paris  et  Montpellier,  1  8G7  ;  br.  in-8°. 

De  Information  de  la  Terre;  par  M.  L.-S.  Desrivières.  Paris,  1867; 
br.  in-8°. 

Les  Merveilles  de  la  Science;  par  M.  Louis  FiGUlER.  Les  Aérostats.  1 6e  série. 
Paris,  1867;  in-4°  avec  figures. 

Memoirs...  Mémoires  de  l'Académie  nationale  des  Sciences  de  Washington, 
t.  Ie1'.  Washington,  1866;  1  vol.  in-4°. 

Journal...  Journal  de  l'Académie  des  Sciences  naturelles  de  Phila- 
delphie, nouvelle  série,  t.  VI,  ire  partie.  Philadelphie,  1866;  in -4°  avec 
planches. 

Armais...  Annales  de  i Observatoire  astronomique  du  Collège  Harvard,  t.  II, 
2e  partie,  t 854- f 855.  Cambridge,  1867;  in-4°. 

Aimais...  Annales  de  l'Observatoire  astronomique  du  Collège  Harvard,  t.  V. 
Observations  de  la  nébuleuse  d'Orion.  Cambridge,  1867;  in-4°  avec  une 
planche. 

Recherches  géologiques  sur  ta  Chine,  le  Mongol  et  le  Japon;  par  M.  Ra- 
phaël Pumpelly.  Washington,  18GG;  in-4°  avec  figures  et  planches. 

The...  Ephémérides  américaines  de  l'Almanach  nautique  pour  l'année  1868. 
Washington,  1866;  1  vol.iii-8°. 

Smithsonian.. .  Collection  de  mélanges  de  l'Institution  Smithsonienne,  t.  VI 
et  VII.  Washington,  1867;  2  vol.  gr.  in-8°. 

Animal...  Rapport  annuel  des  Directeurs  et  des  Régents  de  l'Institution 
Smithsonienne.  Washington,  1866;  1  vol.  in-8°  relié. 

Transactions...  Transactions  de  l' Académie  des  Arts  et  des  S<  iences  du  Con- 
necticnl,  t.  Ier,  ire  partie.  New-Haven,  1866;  in-8°. 

Memoirs...  Mémoires  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  de  Roston,  t.  Ier, 
iie  et  2e  parties.  Boston,  186G  et  1867;  2  vol.  in-4°  avec  planches. 

On  the...  Sur  l'osléologie  et  la  myologie  du  Colymbus  torquatus;  par 
M.  Elliott  Coues.  Cambridge,  18GG;  in-4°  avec  planches. 


(  8a.    ) 
Proceedings...    Procès-verbaux   de   l'Académie   des  Sciences   naturelles  de 
Philadelphie,  nos  i  à  5,  janvier  à  décembre  1866.  Philadelphie,  1866;  5  bro- 
chures in-8°. 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  l'Institut  d'Essex,  t.  IV,  nos  1  à  3,  5  à  8. 
Salem,  1864  à  186G;  in-8°. 

Annals...  Annales  du  Lycée  d'Histoire  naturelle  de  New-York,  vvs  1  1  à  i/j, 
juin  à  décembre  1866,  New-York,   1866-1867;  1  brochures  in-8° 

Proceedings...  Procès-verbaux  de  V Académie  des  Sciences  naturelles  de 
Californie,  t.  III,  2e  et  3e  parties.  San-Francisco,  1 864-1 866;  2  brochures 
in-8°. 

Observations...  Observations  sur  le  genre  Unio,  avec  des  descriptions  de 
nouvelles  espèces  dans  les  familles  des  Unionidées,  etc.;  par  M.  Isaac  Lea,  t.  XI, 
avec  a/j  planches.  Philadelphie,  sans  date;  1  vol.  in-4°. 

Catalogue...  Catalogue  des  publications  des  sociétés  et  des  ouvrages  pério- 
diques appartenant  à  l'Institution  Smithsonienne,  ier  janvier  1866.  Washing- 
ton, 1866;  1  vol.  in-8°. 

Report.. .  Rapport  annuel  du  Ministre  de  la  Guerre,  avec  les  documents  cor- 
respondants. Washington,  1866;   1  vol.  in-8°  relié. 

Forty-Eighth. ..  Quarante-huitième  Rapport  annuel  des  inspecteurs  des  écoles 
publiques  du  premier  district  scolaire  de  Pensylvanie,  comprenant  la  ville  de 
Philadelphie,  année  1866.  Philadelphie,  1867;  1  vol.  in-8°. 

(Tous  ces  ouvrages  sont  transmis  par  l'Institution  Smithsonienne  de 
Washington.  ) 

Nautical  Almanach  et  éphémériiles  astronomiques  pour  l'année  1871,  avec 
un  Appendice  contenant  les  éléments  et  les  éphémérides  de  Cérès,  Pallas, 
Junon,  Vesta  et  Astrée.  Londres,  1867;  in-8°. 

Tabulée  quantitalum  besselianarum  pro  annis  1 865  ad  1874  computalœ  ; 
edidil  Otto  Stuuve.  Petropoli,  1867;  in-8°. 

Jahresbericht...  Rapport  annuel  fait  le  20  mars  1866  par  le  Comité  de 
/' Obsematoire  astronomique  Nicolas,  traduit  du  russe  en  allemand  par  M.  Otto 
Struve.  Saint-Pétersbourg,   1866;  in-8°. 

Sterfte  atlas...  Tableau  mortuaire  des  Pays-Bas,  publié  par  l'Association 
médicale  des  Pays-Bas.  Amsterdam,  1866;  in-folio.  (Présenté  par  M.Charles 
Robin.) 

Sul...  Sur  le  port  Saïd.  A  M.  Ferdinand  DE  Lesseps,  Président  et  Direc- 


(     822    ) 

leur  fie   la  Compagnie  universelle  du  canal  maritime  de  Suez.  Lettre  <le 
M.  A.  ClALDl.  Rome,  1867;  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  deTessan.) 


PUBLICATIONS    PERIODIQUES    REÇUES    PAR    l' ACADEMIE    PENDANT 
LE    MOIS    DOCTOBRE     1867. 

Bulletin  des  séances  de  laSociété  impériale  et  centrale  d'Agriculture  de  France; 
n°  10;  1867;  in-8°. 

Bulletin  général  de  Thérapeutique;  i5  et  3o  octobre  1867;  in-8°. 

Bulletin  hebdomadaire  du  Journal  de  V Agriculture;  nos  /jo  à  44,  1867; 
in-8°. 

Bullettino  meteorologico  deli Osservalorio  del  Collegio  romano;  du  Ier  an 
12  octobre  1867;  in-4°. 

Catalogue  des  Brevets  d'invention  ;  n°  /\,  1867;  in-8°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences; 
2e  semestre  1867,  nos  1  5  à  18;  in-4°. 

Cosmos;  5,  12,  19,  26  octobre  1867;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux;  nos  1  i5  à  128,  1867;  in-4°. 

Gazette  médicale  de  Paris;  nos  40  à  43,  1867;  in-40. 

Gazette  médicale  d'Orient;  n"s  5  et  6,  11e  année,   1 867  ;  in-4°. 

Journal  d'Agriculture  pratique;  nos4oà44»  1867;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie  ;  octobre 
1867;  in-8°. 

Journal  de  l'Agriculture,  n"s  3o  et  3i ,  1  867  ;  in-8°. 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  août  1867: 
in-8°. 

Journal  de  l'éclairage  au  gaz;  u"s  1  3  et  (4-    1867;  in-4°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  et  appliquées;  août  1  867  :  in-4°. 

Journal  rie  Médecine  de  l'Ouest;   ûe  livraison,  1867;  in-8°. 

Journal  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  septembre  1867;  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie;  octobre  1867;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  et  pharmaceutiques;  n"'  27  à  3o,  i  867  : 
in-8°. 


(  8a3  ) 

Journal  des  fabricants  de  sucre;  nos  ?,5  à  29,  1 8(>7  ;  in-f°. 

Raiserliche...  Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne;  n°  22,  [867; 
in-8°. 

L'Abeille  médicale;  nos  /jo  à  /j3,  18G7;  i»-4"- 

La  Guida  del  Popolo;  octobre  1867;  in-8°. 

L'Art  médical;  octobre  1867;  in-8°. 

La  Science  pour  tous;  nos  (\[\,  4^>  et  /|8,    1 8(>7  ;  in-4". 

Le  Gaz;  n°  8,  1867  ;  in-4"- 

Le  Moniteur  de  la  Photographie  ;  nos  1 4  et  i5,  1867;  in-/j°. 

Les  Mondes...,  livr.  5  à  8,  1867;  in-8". 

L'Evénement  médical;  nos  32  à  35,  1^67;  in-f°. 

Magasin  pittoresque;  octobre   1867;  in-4°. 

Monthly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d'Astronomie  de  Londres, 
n°  9,  1867;  in-8°. 

Montpellier  médical .. .  Journal  mensuel  de  Médecine;  octobre  1867;  in  8°. 

Pharmqceulical  Journal  and  Transactions  ;  t.  IX,  n"s  3  et  i\,  1867;  in-8°. 

Répertoire  de  Pharmacie;  septembre  1867;  in-8°. 

Revue  des  cours  scientifiques;  n°5  45  à  48,   1867  ;  in-4°. 

Revue  des  Eaux  et  Forêts;  n°  10,   1867;  in-8°. 

Revue  de  Sériciculture  comparée;  n"s  10  et  11,  1866;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale;  nos  ig  à  21;  1867,  in-8". 

Revue  maritime  et  coloniale;  octobre  et  novembre  1867;  in-8". 

Revue  médicale  de  Toulouse  ;  nos  9  et  10,   1  867  ;  in-8°. 

Société  d'Encouragement,  Résumé  des  procès-verbaux,  séance  dn  18  octobre 
1867;  in-8°. 

The  Quar  1er ly  Journal  0/  the  Geooyical  Society;  octobre  186O  à  sep- 
tembre 1867  ;  in-8°. 

The  Scientific  Review;  n°  20,  1867;  in-4u. 


[  824  ) 

ERRATUM. 

(Séance  du   7  octobre    1867.) 
Page  610,  ligne  7,  au  lieu  de  1\1.  Buaisonnier,  lisez  M.  Maisonnier. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


iH8-e< 


SÉANCE  DU  LUNDI   18  NOVEMBRE  1807. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CUEVREUL. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMRRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

HISTOIRE  des  sciences.  —  Lettre  à  M.  Clievrenl,  au  sujet  de  l'authenticité  de$ 
pièces  attribuées  à  Pascal  et  à  Newton  ;  par  Sut  David  Brewstek. 

«   Allerly-Mclrose,  i4  novembre  1867. 

»  Comme  l'objet  principal  de  l'Académie  a  été  de  discuter  l'authenticité 
des  Lettres  de  Pascal  et  de  Newton,  et  non  de  découvrir  la  personne  qui 
les  a  fabriquées,  j'ai  pensé  qu'il  était  préférable  de  communiquer  au  Times 
les  raisons  pour  lesquelles  j'ai  attribué  ces  Lettres  à  Pierre  Desmaizeaux.  Je 
renferme  aujourd'hui  dans  ma  Lettre  un  exemplaire  de  cette  communica- 
tion, pour  que  vous  l'examiniez,  et  vous  pourrez  la  communiquer  à  l'Aca- 
démie si  vous  la  jugez  digne  de  son  attention. 

»  Si,  dans  les  Lettres  que  je  vous  ai  adressées  et  cpie  vous  avez  reçues 
avec  tant  de  bienveillance,  je  me  suis  exprimé  avec  la  chaleur  (warmth)  non 
motivée  que  M.  Chasles  m'a  attribuée,  j'ai  la  confiance  que  mes  collègues 
penseront  qu'il  doit  exister  quelque  différence  entre  les  impressions  de 
celui  qui  défend  un  grand  et  excellent  homme  contre  des  calomnies  sans 
fondement  et  de  celui  cpii  ne  plaide  que  pour  l'authenticité  des  manuscrits 
qu'il  a  achetés,  et  qui,  en  les  donnant  au  monde,  n'a  à  défendre  que  sa 
discrétion  (...  Has  lo  défend  only  his  discrétion  in  giving  tliem  lo  llie  world). 

»   P.  S.  —  Lettre  de  lord  Portsmouth  : 

«   Je  puis  confirmer  votre  assertion  que,  dans   la   collection  des  papiers 

(<.  R.,  i86j,  2e  Semestre.  (  T.  LXV,  N°  21.)  '  °° 


(  826  j 
»   de  Newton  à  Hartsbourne,  il  n'existe  rien  qui  puisse  donner  le  plus  léger 
»   indice  d'une  correspondance  entre  Newton  et  Pascal. 

»   Eggesford  House,  N.  Devon,  le  3  novembre  1867.    » 

histoire  DES  sciences.   —   Réponse  à  la  nouvelle  Communication  de 
M.  R.  Grant;  par  M.  Chasles. 

I. 

«  Il  s'agit  des  nombres  donnés  par  Pascal  pour  les  masses  et  les  densités 
des  planètes,  et  qui  se  trouvent  dans  l'édition  du  Livre  des  Principes  de 
Newton,  de  179.7. 

»  Est-ce  Newton  qui  a  emprunté  ces  nombres  des  écrits  de  Pascal,  ou 
bien  le  prétendu  faussaire,  auteur  de  tous  mes  documents,  qui  les  a  pris 
de  Newton  ?  Telle  est  la  question. 

»  Lors  de  la  première  Lettre  de  M.  Grant  (séance  du  3o  septembre), 
qui  signalait  ces  nombres  comme  une  preuve  irrécusable  de  l'imposture 
de  ces  documents,  j'ai  fait  remarquer  que  d'autres  points  de  l'ouvrage  de 
Newton  se  trouvaient  identiques  aux  Notes  de  Pascal;  et  j'ai  cité  notam- 
ment le  raisonnement  de  la  deuxième  démonstration  de  la  proposition  IV, 
tout  à  fait  semblable  à  celui  qui  se  trouve  dans  des  Lettres  de  Pascal,  avec 
cette  différence  fort  significative,  que  Pascal,  après  avoir  raisonné  juste, 
ajoute  une  remarque  erronée  qui  le  conduit  précisément  à  l'infirmation 
de  la  proposition  vraie. 

»  Est-il  croyable  que  le  faussaire,  qui  certainement  aurait  été  un  homme 
d'un  talent  profond  et  très-varié,  puisqu'il  aurait  fait  des  œuvres  de  Pascal 
et  de  tous  les  savants  de  l'époque,  est-il  admissible,  dis-je,  que  ce  faussaire 
aurait  rectifié  ainsi  Newton,  précisément  pour  détruire  la  proposition  qui 
est  le  fondement  de  tout  l'ouvrage,  et  mettre  à  nu  sa  coupable  et  inepte 
industrie? 

»  Cette  remarque  était  d'un  grand  poids,  et  j'aurais  pu  m'y  arrêter,  en 
attendant  du  moins  que  M.  Grant  voulût  bien  en  dire  son  sentiment.  Mais 
quelques  observations  de  nos  confrères  MM.  Duhamel  et  Le  Verrier  m'ont 
engagé  à  produire  sur-le-champ  des  documents  qui  faisaient  connaître 
l'idée  première  et  le  point  de  départ  du  travail  de  Pascal,  ainsi  que  les 
éléments  dont  il  s'était  servi.  C'étaient  des  écrits  inédits  de  Kepler  (1)  que 

(1)  J'ai  dit  (séance  du  7  octobre  ,  sur  le  témoignage  de  plusieurs  Lettres  de  Deseartes 
au  P.  Mcrsenne,  que  Kepler  avait  laissé  de  nombreux  manuscrits.  Descartes  en  avait  acquis 


(   827  ) 
lui  envoyait  Galilée,  et  des  observations  de  Galilée  lui-même.  J'ai  cité  à  ce 
sujet  trois  Lettres  de  Galilée,  puis  diverses  Lettres  de  Pascal,  de  Huygens, 
de  Mariotte,  du  cardinal  de  Polignac,  de  Malebranche  el  de  Newton   lui- 
même,  qui  confirmaient  ces  Lettres  de  Galilée. 

»  Ces  documenls,  par  leur  ensemble,  ont  une  grande  importance  qui 
me  paraissait  devoir  entraîner  la  conviction  de  M.  Grant,  sinon  de 
M.  Brewster.  Mais  il  n'en  est  rien;  et  j'ai  à  répondre  à  une  nouvelle  commu- 
nication du  savant  astronome. 

»  M.  Grant.  présente  à  l'appui  de  sa  thèse  primitive  trois  ordres,  je  ne 
dirai  pas  de  preuves,  mais  d'objections,  à  savoir  : 

»  i°  Que  les  Lettres  de  Galilée  à  Pascal  sont  fausses,  et  conséquemment 
aussi  toutes  celles  que  j'ai  produites  comme  confirmant  celles-là. 

»  i°  Que  Pascal,  de  même  que  Galilée  et  Kepler,  ne  possédait  point  d'in- 
struments d'observation  qui  permissent  de  faire  les  déterminations  dont  il 
s'agit. 

»  3°  Que  Newton  a  pris,  dans  les  observations  de  Pound,  de  Bradley  et 
de  Cassini  les  éléments  cpii  lui  étaient  nécessaires,  et  que  l'on  ne  possédait 
point  auparavant. 

»  Conclusion  de  M.  Grant  :  les  Lettres  de  Galilée  étant  fausses,  toutes 
les  autres  le  sont  aussi. 

»  Je  vais  suivre  l'ordre  de  ces  propositions. 

IL 

»  M.  Grant  dit  que  mes  Lettres  de  Galilée  adressées  à  Pascal,  en  i6Zji, 
sont  fausses,  parce  que  c'est  un  fait  parfaitement  établi,  parfaitement  authen- 
tique,  qu'au  mois  de  janvier  1637,  Galdée  fut  atteint  d'une  maladie  des 


de  la  veuve  de  Kepler  quelqus-uns,  et  comptait  revenir  en  prendre  d'autres.  Mais  il  paraît 
qu'ils  sont  restés  en  Allemagne,  et  qu'on  avait  formé  le  projet  de  les  publier  :  on  voit,  dans 
le  tome  III  du  Journal  littéraire  de  La  Haye,  année  r 7 14 >  que  ces  manuscrits  formaient 
vingt-cinq  volumes.  Le  premier  volume  renfermait  des  Démonstrations  sur  les  grandeurs  et 
les  dislanres  réciproques  du  Soleil,  de  la  Lune  et  de  la  Terre. 

On  lit  à  ce  sujet  la  Note  suivante  :  «  Kepler  avait  eu  dessein  de  donner  ces  démonstra- 
»  tions  sous  le  nom  d'Hipparque.  Elles  servent  de  fondement  à  sa  théorie,  comme  il  le  re- 
»  connaît  dans  ses  commentaires  de  Stella  Martis,  et  dans  son  abrégé  d'Astronomie  de 
»  Copernic.  On  y  trouvera  plusieurs  observations  sur  le  diamètre  apparent  du  Soleil  et  de 
»   la  Lune,  sur  les  parallaxes,  l'ombre  de  la  Terre,  etc.  * 

Ce  sont  peut-être  ces  écrits  que  possédait  Galilée,  et  qu'il  a  communiqués  à  Pascal.  Il 
semble  que  le  sujet  est  le  même. 

108   . 


(  828  ) 
yeux  qui  amena  une  cérité  complète  ;  et  que  depuis  la  fin  de  1 637,  jusqu'il  sa 
mort,  en   1642  (le  8  janvier),  il  resta  constamment  et  complètement  privé  de 
la  vue. 

»  Je  suis  en  mesure  de  prouver  que  Galilée  n'a  point  été  atteint  d'une 
cécité  complète  dès  la  fin  de  1637,  mais  seulement  dans  le  dernier  mois 
de  1G41. 

«  Mais  auparavant  je  ferai  remarquer  que  M.  Grant  procède  encore  ici, 
comme  M.  Brewsler,  et  comme  il  l'a  déjà  fait  lui-même,  par  des  affirmations 
sans  preuves.  Où  a-t-il  vu  qu'il  soit  parfaitement  établi,  parfaitement  authen- 
tique, que  Galilée  ait  été  atteint  d'une  cécité  complète  dès  la  fin  de  1637? 
Cette  assertion  lui  a-t-elle  paru  de  trop  peu  d'importance  pour  mériter  qu'il 
voulût  bien  faire  connaître  la  teneur  des  documents  sur  lesquels  il  la 
fonde  ? 

»  Est-ce  sur  le  Rapport  de  l'inquisiteur  de  Florence  adressé  au  saint  Père, 
à  la  suite  d'une  visite  faite,  à  Pimproviste,  à  Galilée  dans  sa  retraite  d'Arcctri, 
le  i3  février  1 638?  Ce  Rapport  prouve,  au  contraire,  que  la  cécité  n'était 
point  complète,  quoique  l'inquisiteur,  dans  une  intention  bienveillante, 
comme  dans  toutes  les  autres  parties  du  Rapport,  dise  :  «  Je  l'ai  trouvé 
))   totalement  privé  de  la  vue.  » 

»  Pour  que  l'on  en  juge,  il  me  faut  mettre  le  Rapport  même  sous  les  yetrx 
de  l'Académie;  le  voici  : 

Florence,  i3  février  i638. 

Pour  satisfaire  plus  entièrement  au  commandement  de  Sa  Sainteté  N.  S.,  je  suis  allé  en 
personne,  à  Pimproviste,  avec  un  médecin  étranger,  mon  confident,  reconnaître  l'état  de  Ga- 
lilée dans  sa  villa  d'Arcetri,  persuadé  que  de  cette  manière  je  pourrais  non-seulement  faire 
un  Rapport  sur  la  qualité  de  ses  indispositions,  mais  encore  pénétrer  et  examiner  les  éludes 
auxquelles  il  s'applique,  et  les  habitudes  de  son  régime  de  vie,  pour  découvrir  jusqu'à  quel 
point,  en  venant  à  Florence,  il  pourrait  semer  dans  les  sociétés  et  les  entretiens  sa  damnée 
opinion  du  mouvement  de  la  Terre.  Je  l'ai  trouvé  totalement  privé  de  la  vue,  et  bien  qu'il 
espère  se  guérir,  n'v  ayant  pas  plus  de  six  mois  que  la  cataracte  lui  est  tombée  sur  les  yeux, 
cependant  le  médecin,  attendu  son  grand  âge  de  soixante  quinze  ans,  tient  le  mal  pour  pres- 
que incurable.  En  outre,  il  a  une  très-grave  hernie,  des  douleurs  continuelles  et  pour  la  vie, 
avec  une  insomnie  telle,  que,  d'après  ce  qu'il  affirme  et  ce  qu'en  rapportent  les  gens  de  sa 
maison,  sur  vingt-quatre  heures,  il  n'en  dort  jamais  une  entière.  Enfin,  il  est  réduit  à  un  si 
mauvais  état  qu'il  a  plutôt  la  forme  d'un  cadavre,  que  celle  d'une  personne  vivante.  Sa 
maison  de  campagne  est  loin  de  la  ville  et  dans  un  lieu  peu  commode.  Aussi  ne  peut-il  que 
rarement,  avec  difficulté  et  beaucoup  de  dépense,  avoir  la  commodité  du  médecin.  Ses  études 
sont  interrompues  par  sa  cécité,  bien  que  parfois  il  se  fasse  lire  quelque  chose...  Je  crois 
donc  que  si  Sa  Sainteté  usait  envers  lui  de  son  infinie  bonté,  en  lui  permettant  de  résider  à 
Florence,  il  n'aurait  pas  l'occasion  de  faire  des  réunions,  et  quand  il  l'aurait,  il  est  tellement 


(  829  ) 

mortifié,  qu'afin  de  s'assurer  contre  cela,  et  le  tenir  en   bride,   il  suffira  d'une  bonne  admo- 
nestation (  i  ) . 

»  On  voit  que  ce  Rapport  est  bienveillant  clans  toutes  ses  parties,  et  que 
les  infirmités  ont  été  plutôt  amplifiées  qu'amoindries.  Et  quant  à  la  vue,  dont 
Galilée  serait  privé  totalement,  il  est  évident  qu'il  y  a  exagération,  soit  du 
fait  de  l'inquisiteur  lui-même,  soit  dans  la  déclaration  de  Galilée;  car  une 
cataracte  qui  ne  date  que  de  six  mois  peut  se  prolonger  et  empirer  pendant 
plusieurs  années  avant  de  devenir  complète.  Ce  qu'il  faut  remarquer  sur- 
tout, c'est  que  Galilée  espère  se  guérir.  Cet  espoir  paraîtra,  assurément, 
très-significatif.  Il  faut  remarquer  encore  que  l'inquisiteur  n'a  point  inter- 
rogé, sur  la  déclaration  de  cécité,  les  personnes  de  la  maison  de  Galilée, 
comme  il  a  fait  pour  les  insomnies. 

»  Il  est  donc  certain  qu'il  n'y  avait  pas  cécité  complète.  Dès  lors,  Ga- 
lilée pouvait  continuer  d'écrire,  plus  ou  moins  difficilement,  avec  des  verres 
plus  ou  moins  grossissants. 

»  Il  dit  effectivement  à  Pascal,  dans  chacune  des  trois  Lettres  citées 
précédemment  (2),  que  sa  vue  s'en  va,  que  c'est  avec  toutes  les  peines  An 
monde  qu'il  écrit,  qu'il  n'y  voit  presque  plus. 

»  Ces  détails  seront  confirmés  par  des  Lettres  de  Viviani,  qui,  après  la 
mort  de  son  excellent  maître,  a  entretenu  correspondance  avec  Pascal. 

III. 

»  M.  Grant  répoiulra-t-il  que  si  Galilée  pouvait  encore  écrire,  du  moins 
il  ne  pouvait  plus  faire  d'observations,  et  que  cependant  il  en  envoie  à 
Pascal;  que  ces  observations  doivent  être  d'une  date  antérieure  à  1637,  et 
que  dès  lors  Galilée  les  aurait  fait  connaître  plus  tôt. 

»  Ce  sont  les  Lettres  même  de  Viviani  cpii  préviendront  ces  objections. 
Il  dit,  en  effet,  qu'il  a  été  attaché  à  Galilée,  et  ne  l'a  point  quitté  pendant 
trois  ans  au  moins,  jusqu'au  moment  de  sa  mort  ;  et  que  c'était  lui,  ou  quel- 
quefois Torricelli,  qui  faisait  les  observations,  et  que  Galilée  les  écrivait. 

»  Ce  n'est  que  très-peu  de  temps  avant  sa  mort,  que  Galilée  a  perdu  la 
vue,  à  la  suite  d'une  opération  (de  la  cataracte  probablement)   qui  n'a  pas 


(1)  J'emprunte  ce  texte  de  l'excellent  travail  de  M.  Trouessart,  professeur  à  la  faculté 
des  Sciences  de  Poitiers,  qui  a  été  le  sujet  d'une  conférence  faite  à  Angoulème  en  1 865,  sous 
le  titre  de  :  Galilée,  sa  mission  scientifique,  sa  via  et  son  procès , 

(2)  Comptes   tendus,    séance  du  7  octobre,  p.  5'Stf. 


(  83o  ) 
réussi.  De  vives  douleurs  et  une  profonde  tristesse  ont  accru  son  état  mal- 
heureux, et  hâté  sa  fin,  arrivée  le  8  janvier  \6'\i. 

»  Viviani  écrit  à  Pascal,  puis  à  Boulliau,  que  Galilée  a  laissé  divers 
ouvrages,  la  plupart  en  italien  ou  en  latin;  qu'il  s'en  trouve  d'écrits  en 
français,  et  même  en  anglais  et  en  allemand  ;  car  Galilée,  ajoute-t-il,  possé- 
dait toutes  ces  langues.  On  sait  en  effet  que  Galilée,  quoique  profond  géo- 
mètre et  grand  astronome,  avait  un  esprit  littéraire  très-cultivé.  Il  avait  fait 
des  œuvres  dramatiques,  des  commentaires  du  Tasse  et  de  l'Arioste  dont  il 
savait  par  cœur  les  principaux  morceaux  ;  et  il  n'aurait  point  voulu  rester 
inférieur  à  qui  que  ce  fût,  notamment  dans  la  connaissance  de  la  littérature 
française.  Je  fais  ici  cette  remarque  parce  qu'on  m'a  objecté  dans  des 
communications  particulières  que  sa  correspondance  était  toujours  en  latin 
ou  en  italien  ;  d'où  l'on  concluait  qu'il  n'écrivait  pas  en  français.  Il  me  suffit 
d'opposer  à  cette  objection,  que  l'on  ne  connaît  aucune  de  ses  Lettres 
ni  au  P.  Mersenne,  avec  qui  il  a  eu  la  correspondance  la  plus  étendue,  ni  à 
Descaries.  Mais  je  puis  dire  que  ces  Lettres  sont  en  français  :  car  elles  se 
trouvent  dans  les  liasses  dont  j'ai  donné  l'indication  (séance du  28  octobre). 
Viviani  parle  de  ces  deux  correspondances. 

IV. 

»  Quanta  l'appareil  instrumental,  qui,  au  dire  de  M.  Grant, aurait  manqué 
à  Galilée,  ce  qui  suffit  pour  prouver  la  fausseté  des  Lettres  à  Pascal,  je 
répondrai  que  c'est  Galilée  lui-même  qui  a  imaginé  l'instrument  qui  lui  a 
servi  dans  ses  dernières  observations,  et  que  voyant  qu'il  ne  pouvait  plus 
espérer  en  faire  usage  lui-même,  il  l'a  envoyé  à  Pascal,  qu'il  jugeait, 
avec  raison,  le  plus  digne  de  recevoir  un  tel  dépôt,  avec  la  mission  de  le 
faire  servir  aux  progrès  de  la  science.  Il  lui  dit,  en  effet,  de  le  communi- 
quer à  ses  amis  ;  ce  que  Pascal  a  fait  fidèlement.  Ces  deux  grands  noms  de 
Galilée  et  de  Pascal  seront  désormais  inséparables  dans  l'histoire  de  la 
grande  découverte  du  xvne  siècle. 

»  Les  deux  Lettres  de  Galilée  que  j'ai  à  citer,  dont  l'une  annonce  l'en- 
voi de  l'instrument  d'observation  dont  il  s'agit,  pourront,  comme  les  pre- 
mières, défier  l'examen  des  plus  difficiles  juges  en  fait  d'écritures.  Du  reste, 
je  n'aurai  pas  à  craindre  les  erreurs  possibles  dans  de  pareilles  questions,  car 
les  deux  Lettres  seront  authentiquées,  comme  les  premières,  par  une  suite 
d'autres  documents  très-variés  et  du  plus  haut  intérêt  historique.  Ce  sont 
des  Lettres  de  Boulliau  et  d'Huygens,  puis  de  Boulliau  à  Flamsteed.  et  de 
Cassini  à  Boulliau  et  à  Flamsteed,  qui  font  toutes  mention  de  l'instrument  et 


(  «3.   ) 
de  la  vérification  des  observations  envoyées  par  Galilée  à  Pascal,  vérifica- 
tion  faite  en    premier   lieu   par  Pascal   et  Boulliau,    puis  par   Huygens, 
Flamsteed  et  Cassini. 

»  On  apprend  par  ces  Lettres  qu'Hnygens  a  apporté  un  certain  perfection- 
nement à  l'instrument  de  Galilée,  cpii  lui  a  permis  de. voir  très-distinctement 
le  satellite  de  Saturne  cpie  Galilée  avait  déjà  signalé,  et  qu'avait  aperçu  par 
conséquent  son  fidèle  disciple  Viviani.  Huygens,  dont  le  caractère  a  ton- 
jours  été  honoré,  a  voulu  donner  à  ce  satellite  le  nom  de  Galilée  ;  et  c'est 
Boulliau  cpii  lui  a  dit  que  cela  n'ajouterait  rien  à  la  gloire  de  Galilée,  et 
que  d'ailleurs  c'était  le  perfectionnement  apporté  à  l'instrument  par  Huygens 
lui-même  qui  lui  avait  procuré  la  vue  distincte  au  satellite.  Cette  double 
raison  émise  avec  sincérité  parait  avoir  décidé  l'adhésion  d'Huygens. 

V. 

»  J'arrive  au  troisième  point  de  la  thèse  de  M.  Grant;  que  Newton  n'a 
tien  emprunté  de  Pascal,  et  a  pris  dans  les  observations  de  Pound,  de  Cas- 
sini et  de  Bradiey  les  déterminations  qui  lui  étaient  nécessaires. 

»  D'abord,  je  demanderai  pourquoi  Newton  qui  prend  soin  de  citer  les 
observations  précises  de  Cassini,  sur  lesquelles  il  s'appuie,  et  celles  de  Pound, 
et  qui  rapporte  surabondamment  des  observations  de  Borelli  et  de  Townley, 
ne  dit  rien  de  plusieurs  autres  qui  lui  sont  nécessaires.  Il  y  a  là  une  lacune 
que  M.  Grant  n'explique  nullement. 

»  Mais  sans  m'arrèter  à  ces  détails,  à  ces  objections,  quelque  fondées 
qu'elles  soient,  je  prouverai  directement  que  Newton  a  eu  connaissance 
des  nombres  de  Pascal  et  de  leur  origine,  et  a  su  que  les  observations  de 
Cassini,  relatives  à  Jupiter  et  à  Saturne,  de  même  que  celles  de  Flamsteed, 
n'étaient  que  la  vérification  de  celles  de  Galilée,  déjà  vérifiées  par  Pascal 
et  Boidliau.  » 

»  Je  rangerai  les  documents  qui  suivent  en  trois  séries,  A,  B,  C,  corres- 
pondantes aux  trois  propositions  de  M.  Grant  auxquelles  ils  se  rapportent. 

Série  A. 

Viviani  à   Pascal. 

■i  décembre   i(!.}i. 

Je  vous  fais  cette  lettre  de  part  monsieur  Galilée  mon  maistre,  qui,  comme  vous  le  sçavez, 
depuis  plus  de  deux  ans,  avoit  la  vue  très-foible.  Mais  maintenant  il  n'y  voit  plus  entière- 
ment. On  luy  a  fuit  une  opération,  il  y  a  quelques  jours,  qui  a  achevé  de  la  détruire.  Il  m'a 
chargé  de  vous  remercier  de  la  communication  que  vous  ave/,  bien  voulu  luy  faire  de  vos 
dernières  expériences.  Il  en  a  entendu   la  lecture  avec  beaucoup  d'attention,  et  m'a  charge 


(  832  ) 

de  vous  en  tesmoigncr  sa  satisfaction,  et  de  vous  prier,  quoiqu'il  en  soit,  de  luy  continuer 
vos  communications,  en  mesme  temps  que  vostre  amitié,  en  échange  de  la  sienne.  Pour  ma 
part,  Monsieur,  je  sei-ois  très-content  que  vos  relations  ne  soient  interrompues;  car  cela  me 
donnera  sans  doute  la  satisfaction  d'en  prendre  connoissancc,  car  j'ay  résolu  de  ne  point 
abandonner  Monsieur  Galilée,  mon  maistre,  qu'au  tombeau.  C'est  vous  dire  assez  l'estime 
que  j'ay  pour  luy,  et  aussy' pour  tous  ceux  qui  lui  en  tesmoigne.  Monsieur  Toricelli  se 
joint  a  moy  pour  vous  féliciter  de  vos  nouvelles  expériences,  et  vous  envoyé  les  siennes 
nouvellement  faites.  Je  suis,  Monsieur,  vostre  bien  affectionné  et  très-humble  serviteur. 

V.  VlVIANI. 

Au  même. 

Ce  16  janvier  16^2. 

Je  ne  viens  point  répondre  à  vostre  aimable  lettre  aujourd'huy  :  car  c'est  le  cœur  bien 
triste  que  je  vous  escrit  pour  vous  annoncer  la  perte  de  nostre  très- bon  amy,  mon  illustre 
maistre,  le  célèbre  Galilée.  C'est  une  perte  immense  pour  les  sciences  en  général,  et  pour 
raov  en  particulier,  qui  luy  avoit  voué  toute  mon  amitié.  C'estoit  un  si  bon  maistre.  Il 
scavoit  si  bien  vous  inculquer  la  science.  Sa  conversation  enjouée  estoit  si  agréable,  qu'il  ne 
falloit  le  voir  qu'un  instant,  pour  qu'aussitost  on  s'attachât  à  luy  par  la  plus  sincère  amitié. 
Ouv,  je  le  répette,  c'est  une  perte  immense  pour  les  sciences  qu'il  cultiva  avec  tant  de  soins, 
et  pour  lesquelles  il  avoit  une  si  violente  inclination.  Il  ne  m'appartient  pas  de  faire 
aujourd'huy  son  éloge.  Je  suis  trop  sous  le  poids  de  la  douleur.  Je  vous  dirav  seulement 
qu'il  m'a  laisse  bon  nombre  de  ses  escrits,  dont  je  vous  parleray  dans  ma  prochaine  lettre. 
Je  suis  avec  estime,  Monsieur,  vostre  très-humble  et  bien  affectionne  serviteur. 

VlVIANI, 

Disciple  de  Galilée. 

An  même. 

Ce  10  février  16^2. 

Dans  ma  précédente  lettre,  par  laquelle  je  vous  annonçois  la  perte  que  nous  avons  faite 
du  très-célèbre  Galilée,  nostre  amy  commun,  je  vous  disois  qu'il  m'avoit  laissé  un  bon 
nombre  de  ses  escrits,  résultat  de  ses  expériences  et  observations,  au  nombre  desquels  se 
trouve  sa  correspondance  avec  le  P.  Mersenne  et  Descarte,  et  autres  sçavants.  Ces  escrits 
sont  en  latin  ou  en  italien,  pour  la  plupart.  Mais  il  s'en  trouve  aussy  en  franr.ois,  eu  alle- 
mand, et  mesme  en  anglois.  Car  il  n'estoit  point  estranger  à  ces  langues,  estant  en  relation 
avec  presque  tous  les  sçavants  du  monde.  J'v  ay  trouvé  aussy  un  bon  nombre  de  lettres  de 
M.  Gassendi.  J'ay  commencé  à  mettre  de  l'ordre  dans  ces  divers  escrits.  C'est  pourquoy  je 
ne  vous  en  diray  rien  de  plus  aujourd'huy.  Vous  n'ignorez  pas  sans  doute  que  M.  Galilée, 
mon  très-illustre  maistre,  cullivoit  tous  les  arts  agréables.  Tous  les  excellents  poètes  luy 
estoient  familiers.  Il  scavoit  de  mémoire  les  plus  beaux  morceaux  de  l'Arioste  et  du  Tasse.  Il 
aimuit  beaucoup  l'architecture  et  la  peinture.  Il  dessinait  assez  bien.  L'agriculture  avoit 
aussi  des  charmes  pour  lu v.  La  géographie  lui  doit  beaucoup  pour  les  observations  astrono- 
miques ;  et  la  mécanique  pour  la  théorie  de  l'accélération.  Vous  sçavez  que  depuis  environ 
trois  ans  il  avoit  presque  perdu  la  vue.  Il  ne  pouvoit  donc  plus  faire  par  luy-mesme  ses 
observations  astronomiques;  mais  il  me  les  faisoit  faire  et  les  escrivoit  encore  luy-mesme.  Ce 
n'est  que  l'an  dernier  que  la  vue  l'ayant  entièrement  abandonne,  qu'alors  il  tomba  dans  une 
si  grande  apathie,  que  cela  contribua  beaucoup  à  sa  fin  dernière.  Je  ne  vous  dis  rien  de  plus 


(  833  ) 

aujourd'hui,  mais  prochainement  j'espère  vous  faire  l'énumération  des  escrits  qu'il  a  laissé 

entre  mes  mains.  Je  suis,  Monsieur,  vostre  bien  affectionné  serviteur.  Viviam, 

Disciple  de  Galilée. 

Au  même. 

Ce  a  aoust  i6'|8. 

Ce  grand  génie  (Galilée)  avoit  presque  perdu  la  vue.  Il  ne  pouvoit  plus  faire  ses  expé- 
riences luy-mesme,  quoiqu'il  pouvoit  encore  parfois  mettre  la  main  à  la  plume,  en  se  ser- 
vant de  lunettes  très-fortes.  Mais  comme  je  crois  déjà  vous  l'avoir  dit  dans  le  temps,  à  la 
suite  d'une  opération  qu'on  luy  fit,  je  crois  dans  le  courant  du  mois  de  décembre  i64i,  il 
en  ressentit  des  douleurs  si  vives,  qu'il  en  mourut  peu  de  temps  après. 

Viviani  a  Bouillait. 

Monsieur  l'abbé,  vous  me  tesmoignez  le  désir  de  sçavoir  quels  furent  les  derniers  momens 
de  la  vie  de  feu  mon  illustre  maistre,  le  très-célèbre  Galilée  :  je  vais  essayer  de  vous  satis- 
faire. Vous  sçavez  sans  doute  déjà  qu'il  passa  les  huit  dernières  (années)  de  sa  vie  dans  quel- 
ques lieux  du  voisinage  de  Florence,  et  aussy  en  partie  à  Sienne.  Son  application  à  faire 
continuellement  des  observations  et  la  fraîcheur  des  nuits  luy  affaiblirent  extrêmement  la 
vue,  au  point  que  quelques  années  avant  que  de  mourir,  c'est-à-dire  qu'au  tems  où  j'entray 
chez  luy  vers  l'an  i638,  sa  vue  commençoil  déjà  à  faiblir;  et  c'étoit  moy  ou  M.  Toricelli 
qu'il  chargeoit  de  faire  ses  expériences.  Mais  il  ne  perdit  la  vue  que  l'année  devant  sa  mort, 
c'est-à-dire  plusieurs  mois  avant  que  de  mourir.  Il  languit  trois  mois  d'une  maladie  dont  il 
fut  attaqué,  et  mourut,  comme  vous  ne  l'ignorez  pas  sans  doute,  à  Arcetri  près  de  Florence, 
le  8  janvier  1642.  Pendant  tout  le  temps  que  je  restay  avec  luy,  trois  ans  environ,  pour  le 
seconder  dans  ses  expériences  que  je  faisois  à  sa  place  et  sous  ses  observations  et  indications, 
puisque,  comme  je  viens  de  vous  le  dire,  sa  vue  estoit  devenue  très-faible,  il  supporta  ce 
malheur  avec  une  constance  vraiment  philosophique,  se  divertissant  à  méditer  et  préparant 
quantité  de  matériaux  qu'il  avait  dessein  de  publier,  lorsqu'enfin  la  maladie  dont  je  viens  de 
vous  parler  vint  l'attaquer  et  le  conduire  au  tombeau.  Il  avoit  un  sçavoir  fort  étendu. 
J'admirois  principalement  en  luy  deux  qualités  qu'on  trouve  rarement  réunies.  C'étoit  la 
clarté  et  la  pénétration.  Il  joignoit  à  un  grand  jugement  une  profonde  connoissance  de  ce 
qu'il  y  a  de  plus  abstraict  dans  la  géométrie.  C'est  luy  qui  a  commencé,  comme  vous  le 
sçavez  sans  doute,  qui  le  premier  a  étendu  les  limites  de  cette  science.  C'est  luy  quia  com- 
mencé à  rappeler  aux  loix  de  la  géométrie  la  résistance  des  solides.  Il  m'a  laissé  une  grande 
partie  de  ses  escrits  dont  quelques-uns  sont  imprimés.  Mais  il  y  fit  des  modifications  et  des 
additions.  Je  vous  les  feray  connoistre.  Je  suis,  avec  beaucoup  de  respect,  Monsieur,  vostre 
très-humble  et  bien  affectionné  serviteur.  Viviant, 

Disciple  de  Galilée. 

SÉRIE   B. 

Galilée  à  Pascal. 

Ce  2  septembre  \6$i. 

Vos  nouvelles  observations  me  font  de  plus  en  plus  plaisir,  et  me  tesrnoigne  que  bientost 

il  se  fera  une  nouvelle  révolution  dans  les  sciences  qui  anéantira,  ou  plutost  non,  qui  conlir- 

(,.  H.,    1S67,   2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  21.)  '  °9 


(  834  ) 

niera  ce  que  Copernic  a  dévoilé  touchant  le  mouvement  île  la  Terre.  Vos  observations  sur 
la  masse  de  l'air,  la  gravitation  de  l'atmosphère  que  vous  avez  remarquées,  sont  des  phé- 
nomènes d'une  nouvelle  espèce  et  de  la  plus  grande  importance.  Ces  principes,  je  n'en 
doute  pas,  ouvriront  un  vaste  champ  de  connaissances  utiles  à  l'astronomie;  et  par  ce 
moyen  on  parviendra,  je  n'en  doute  pas,  à  expliquer  une  grande  variété  de  phénomènes 
que  auparavant  nous  ne  pouvions  appercevoir.  Continuez  donc  vos  observations,  et  conti- 
nuez aussy  à  m'en  faire  part.  Car  quoyque  je  ne  vove  presque  plus  rien,  je  n'en  parviens 
pas  moins  à  déchiffrer  vos  escrits  moy  mesme,  tant  a  sur  moy  de  force  l'amour  de  la  science 
et  le  désir  de  son  progrès.  Vous  trouverez  ci  joint  de  nouvelles  notes  louchant  mes  obser- 
vations, avec  un  petit  manuscrit  dans  lequel  j'ay  consigné  mon  opinion  sur  l'astronomie  des 
Anciens  et  Modernes. 

Je  vous  le  répèle  encore  une  fois,  Monsieur,  continuez  avec  assiduité  vos  observations 
sur  la  masse  de  l'air;  et  les  principes  de  la  théorie  du  mouvement  estant  plus  entendus 
fourniront  d'excellens  éclaircissemens  sur  les  parties  abstraites  de  la  Géométrie  et  de  l'As- 
tronomie. 

Je  suis  votre  bien  affectionné  serviteur  Galilée  Galilei. 

Au   même, 

Ce  2  novembre  164 1. 

Je  vous  envoyé  mes  dernières  observations  faites  avec  un  nouvel  instrument  que  j'ay  ima- 
giné; et  je  vous  prieray  en  faire  part  à  vos  amis,  et  entre  autres  au  P.  Boulliaud  que  je 
scay  estre  un  sçavant  astronome.  Vous  me  rendrez  compte  de  ce  qu'il  en  aura  dit,  je  vous 
prie.  Je  vous  envoyé  aussy  un  petit  manuscrit  touchant  le  système  du  Monde,  de  Copernic, 
et  quelques  escrits  de  ce  dernier,  qui  m'estoient  tombé  entre  les  mains.  Je  vous  fais  part 
aussy  de  plusieurs  Lettres  que  je  viens  de  retrouver,  qui  me  furent  envoyées  par  Kepler; 
pource  que  je  scay  qu'entre  vos  mains  ou  celles  de  vos  amis  elles  ne  seront  point  déplacées. 
C'est  vous  dire  assez  combien  j'estime  les  sçavans  français,  et  parlant  la  France,  dont  les 
souverains,  depuis  Charlemagne,  ont  toujours  eu  le  bon  esprit  de  prendre  sous  leur  égide 
les  sciences  et  les  lettres. 

J'ay  appris  par  certaines  Lettres,  escrites  dans  le  temps  à  Copernic  par  un  certain  person- 
nage de  vos  compatriotes  bien  connu(i),  qu'il  avoit  trouvé  certains  escrits  touchant  l'astro- 
nomie, fort  précieux;  entre  aulres  d'un  certain  Arzachel  qui  le  premier  découvrit  un  chan- 
gement dans  le  lieu  de  l'apogée  ou  de  la  plus  grande  distance  de  la  Lune  au  Soleil,  et  il 
avoit  cru  que  ce  mouvement  esloit  alternatif:  lanlost  direct  d'Occident  en  Orient,  lantost 
rétrograde.  Je  regrette  bien  de  n'avoir  pas  eu  connoissance  de  ces  escrits  plus  tosl,  car 
j'aurais  cherché  ;i  les  connoistre.  Copernic  occupé  pendant  dix  ans  de  ce  genre  d'observa- 
tions,  reconnut  et  démontra  que  l'astronome  Arzachel  s'estoit  trompé  en  supposant  que  le 


(1)  Il  s'agit  ici  de  Rabelais,  qui  fut  en  correspondance  pendant  plus  de  vingt-cinq  ans 
avec  Copernic,  à  qui  il  adressa  de  nombreuses  Notes  sur  l'astronomie  ancienne,  et  pour  qui 
il  traduisit  même  des  traités  d'astronomie  arabe.  Ce  fut  lui  qui  conseilla  à  Copernic  de  dédier 
son  ouvrage  au  pape  Paul  III.  Galilée  a  connu  les  Notes  de  Rabelais,  il  en  parle  dans  plu- 
sieurs Lettres,  et  dit  qu'elles  sonl  d'un  bon  entendement,  et  qu'elles  ont  été  utiles  à  Copernic. 
Tycho  Brahé  les  a  connues  aussi. 


(  835  ) 

mouvement  de  l'apogée  estoit  tantost  direct,  tantost  rétrograde,  et  que  cette  erreur 
venoit  de  celles  des  observations  d'Albategnius,  dont  Arzachel  avoit  déduit  son  résultat.  Il 
prouva  que  le  lieu  de  l'apogée  avoit  toujours  un  mouvement  direct  d'Occident  en  Orient 
dans  le  temps  de  la  marche  annuelle  de  la  Terre  autour  du  Soleil,  et  il  fixa  sa  quantité 
de  mouvement  à  24-3.  Mes  observations  à  ce  sujet  confirment  pleinement  l'opinion  de 
Copernic  quand  au  mouvement  direct  de  l'apogée;  mais  la  quantité  annuelle  de  ce  mou- 
vement rapportée  aux  estoiles  fixes,  je  ne  l'ay  trouvée  (pie  de  12".  Mais  s'il  y  a  erreur  de 
la  part  de  Copernic  dans  ses  nombres,  il  n'y  en  a  point  dans  la  chose  mesme.  Or  nous 
devons  l'excuser,  car  une  erreur  de  calcul  pour  luy  estoit  impossible  à  éviter,  à  raison  de 
la  grossièreté  des  instruments  dont  il  se  servoit  dans  une  observation  aussy  délicate.  Te  ne 
puis  vous  en  dire  plus;  car  mes  yeux  sont  excessivement  faibles.  Je  suis  vostre  bien 
affectionné  Galilée  Galtlei. 

jRoutliau   à   Huygcns. 

Un  de  mes  amis,  monsieur  Pascal,  qui  avoit  quelques  relations  avec  Galilée,  a  reçu  de 
ce  dernier  un  instrument  qui  grossit  prodigieusement  les  objets,  et  au  moyen  duquel  on 
apperçoit  près  de  Saturne  quelque  chose  qui  me  semble  extraordinaire.  Galilée  a  fait  aussy 
cette  mesme  observation  ,  mais  il  n'a  pu  la  définir,  à  cause  de  la  foiblesse  de  sa  vue.  Il  a 
mesme  cru  apercevoir  un  satellite  de  la  planète  de  Saturne,  faisant  sa  révolution  autour  de 
cette  planète,  ainsi  qu'il  l'a  marqué  en  note,  en  l'espace  de  i5  jours  22  heures  f.  J'ay 
maintes  fois  cherché  à  vérifier  la  véracité  de  ce  fait,  et  n'ay  pu  encore  y  arriver.  Voyez 
donc  par  vous  mesme  si  plus  heureux  serez.  Alors  la  gloire  vous  en  appartiendra.  Ci  joint 
vous  trouverez  une  instruction  faite  par  Galilée  lui  mesme,  au  sujet  de  ce  nouvel  instru- 
ment. Et  je  vous  envoyé  aussi  l'instrument  mesme,  pour  que  vous  puissiez  l'examiner,  et 
voir  si  vous  serez  plus  heureux  que  moy  à  vous  en  servir.  Vous  me  le  retournerez  le  plus 
tost  possible,  je  vous  prie,  avec  le  résultat  de  vos  observations.  Veuillez  me  faire  part  aussy 
de  vos  nouvelles  découvertes.  Je  suis  comme  toujours  vostre  très  humble  et  très  affectionne 
serviteur.  Boulliau. 

Ce  17  juin. 

Huygens  h   Boulliau. 

Ce  2  décembre. 

L'instrument  que  vous  m'avez  envoyé,  qui  fut,  m'avez  vous  dit,  imaginé  par  Galilée,  sur 
la  fin  de  sa  carrière,  et  pouvant  grossir  les  objets  d'une  manière  prodigieuse,  m'a  été  très 
agréable;  et  après  l'avoir  essayé  pendant  plusieurs  mois,  je  me  suis  mis  à  l'estudier  et  à  le 
perfectionner,  au  point  de  grossir  les  objets  plus  de  cent  fois.  Dernièrement  par  un  temps 
clairet  magnifique,  je  me  suis  remis  à  observer  Saturne,  et  non  seulement  j'ay  revu  l'an- 
neau dont  je  vous  avois  déjà  entretenu,  mais  j'ay  découvert  parfaitement  le  satellite  que 
Galilée  disoit  avoir  apperçu.  Il  n'y  a  plus  de  doute.  J'ay  suivi  cette  observation  pendant 
plus  de  deux  mois,  et  j'ay  remarqué  que  le  temps  périodique  de  ce  satellite  autour  de 
Saturne  estoit  bien  de  1 5  jours  22  heures  f.  Or  donc  Galilée  avoit  dit  vray-  Je  vous  retourne 
vostre  instrument,  modifié,  ainsi  que  vous  le  verrez.  Vous  pouvez  donc  vous-mesme  faire 
de  nouvelles  observations  à  ce  sujet  et  vous  convaincre  de  ce  fait  que  je  n'ai  encore  révélé 
à  personne  J'attens  de  vous  un  conseil  ;  et  ce  sera  d'après  le  conseil  que  vous  me  donnerez 
que  je  prendrai  une  décision.  Mon  intention  seroit  de  donner  le  nom  de  Galilée  à  ce  satellite 

109.. 


(  836  ) 

de  Saturne.  Mais  je  vous  le  repette,  Monsieur  l'abbé,  j'attens  vostre  réponse  avant   que  de 

communiquer  cette  découverte  à  la  Société. 

Je  suis,  Monsieur  l'abbé, 

Vostre  très  humble  et  très  affectionné  serviteur. 

Ch.   Huygens. 

Boulliau  à   Huygens. 

Ce  22  décembre. 

.l'ai  reçu  vostre  aimable  lettre,  et  aussi  l'instrument  en  question,  que  vous  avez  perfec- 
tionné. J'en  ay  fait  l'essay  aussitost  que  le  tems  me  l'a  permis,  et  j'ay  enfin  apparu  le 
satellite  que  vous  m'annoncez,  et  qui  déjà  avoit  esté  remarqué,  mais  très  superficiellement 
par  le  très  célèbre  Galilée.  Vous  me  demandez  un  conseil,  au  sujet  de  cette  découverte.  Déjà 
je  vous  en  ay  dit  un  mot,  dans  une  précédente  lettre.  Je  ne  retire  pas  ce  mot.  La  gloire  dfi 
Galilée  est  à  son  apogée.  Lui  attribuer  cette  découverte,  cela  n'augmentera  en  rien  cette 
gloire;  et  à  vous  dire  vray,  s'il  vivoit  encore,  je  ne  doute  pas  qu'il  refusât  cette  glorifica- 
tion, pour  ce  qu'il  n'a  donné,  pour  ainsy  dire,  que  l'idée  de  cette  découverte,  et  non  le 
résultat  qui  vous  appartient.  Vous  me  comprenez.  Quand  à  moy,  au  sujet  de  cette  affaire, 
vous  pouvez  compter  sur  ma  discrétion.  Du  reste,  je  suis  d'avis  que  la  gloire  de  cette  décou- 
verte vous  appartient,  d'autant  plus  que  vous  n'enlevez  rien  de  celle  de  Galilée.  Il  en  est  de 
cela  comme  des  loix  de  l'attraction,  dont  il  entrevit  l'idée,  mais  qui  furent  plus  amplement 
démontrées  par  M.  Pascal.  Selon  moi  c'est  à  ce  dernier  qu'on  en  devra  la  reconnoissance. 
Je  vous  donne  cecy  comme  principe.  Je  ne  vous  en  dirav  pas  davantage.  Mais  je  me  pro- 
pose aller  vous  visiter  d'icy  peu,  et  nous  causerons  de  cela  ensemble.  Je  suis  comme  tou- 
jours, Monsieur,  vostre  très  humble  et  bien  affectionne  serviteur.  Boulliau. 

Boulliau  à  Flamsteed. 

Ce  21  avril  167   . 

Vous  me  mandez,  monsieur,  vostre  désir  de  faire  le  voyage  de  France  exprès  pour  me 
consulter  sur  certaines  choses  touchant  l'astronomie,  et  pour  m'entretenir  d'un  instrument 
qui  autrefois  fut  envoyé  à  Mr  Huygens  par  Pascal,  afin  de  scavoir,  si  j'ay  eu  connaissance 
de  ce  nouvel  instrument,  et  si  je  m'en  suis  servv  dans  mes  observations.  Je  veux  bien  vous 
prévenir  que  en  effet  j'ai  beaucoup  connu  Mr  Pascal.  Il  me  soumettait  ses  expériences, 
comme  je  luy  soumettais  les  miennes.  Nous  en  avons  mesme  fait  ensemble.  Galilée,  avec  qui 
il  avoit  eu  quelques  relations  intimes,  sachant  apprécier  son  grand  génie,  lui  avait  suggéré, 
je  veux  dire  lui  avoit  fait  part  de  ses  idées  sur  certaines  choses  qu'il  avait  cru  apercevoir; 
lui  rit  mesme  part  aussy  d'un  instrument  au  moyen  duquel  les  objets  étoient  grossis  d'une 
manière  prodigieuse  ;  il  m'en  fit  part  à  son  tour;  il  en  fit  part  aussy  à  son  amy  Mr  Huy- 
gens, qui  encore  modifia  cet  objet,  et  au  moyen  duquel  non  seulement  il  découvrit  l'anneau 
de  Saturne,  mais  son  satellite,  auquel  il  donna  le  nom  de  Galilée,  pour  ce  que  ce  fut  ce  der- 
nier qui  l'entrevit  premièrement.  Mais  la  gloire  en  resta  à  Huygens,  parce  que  c'est  luy  qui 
le  démontra.  C'est  sans  doute  décela  dont  vous  voulez  m'entretenir.  Je  suis  tout  disposé  à 
vous  recevoir;  et  ce  sera  mesme  avec  beaucoup  de  plaisir,  car  déjà  on  m'a  parle  maintes  fois 
de  vostre  amour  pour  la  science  astronomique.  Venez  donc  et  vous  serez  le  bien  venu.  Il 
n'est  pas  nécessaire  que  je  vous  en  dise  davantage.  En  attendant  que  j'aye  le  plaisir  de  vous 
voir,  soyez  assuré  que  je  suis,  Monsieur,  vostre  très  humble  et  très  affectionné  serviteur. 

Boulliau. 


(  H37  ) 

Au  même. 

Ce  26  juin. 

j'ay  examiné  avec  beaucoup  de  soin  les  chifres  que  vous  m'avez  envoyés  touchant  les 
distances  des  planètes  entre  elles  et  grosseurs.  J'ay  comparé  ces  nouveaux  calculs  avec  ceux 
que  je  fis  autrefois,  en  commun  avec  feu  Mr  Pascal,  d'après  la  donnée  que  luy  en  avait  fait 
Galilée.  Je  suis  heureux  de  vous  dire  que  cette  mesure  concorde  parfaitement,  ce  qui  me 
démontre  sa  véracité.  Monsieur  Cassini  a  fait  les  mesmes  expériences,  et  se  trouve  du  mesme 
accord.  Or  donc  il  ne  doit  plus  y  avoir  de  doute  à  ce  sujet.  Je  vous  prie  de  me  tenir  au  cou- 
rant de  vos  nouvelles  découvertes.  Je  suis  comme  toujours  votre  bien  affectionné  serviteur. 

Boulliau. 

Cassini  à  Boulliau. 
Monsieur  l'abbé, 

Je  viens  de  recevoir  vos  manuscrits,  dans  lesquels  se  trouvent  vos  expériences  touchant 
la  pesanteur,  faites  en  compagnie  avec  Mr  Pascal,  ainsi  que  vos  observations  astronomiques 
et  vos  calculs  sur  les  distances  des  planètes  entre  elles.  J'ay  lu  avec  attention  ce  travail  qui 
m'a  fait  grand  plaisir.  Je  vous  diray  que  maintes  fois  j'ay  fait  et  répété  ces  nouvelles  obser- 
vations astronomiques,  et  j'ay  vu  avec  plaisir  que  mes  calculs  se  sont  trouvé  juste  ou  à  peu 
près  avec  les  vostres  :  ce  qui  me  tesmoigne  le  caractère  indubitable  de  nos  observations. 
Pouvez-vous,  Monsieur,  me  laisser  quelque  temps  vos  manuscrits,  afin  que  je  puisse  les 
compulser  et  examiner  avec  soin,  et  faire  des  comparaisons.  Je  vous  en  serai  très  obligé. 
Car  je  compte  renouveler  encore  ces  observations  astronomiques  et  je  vous  feray  part  du 
résultat.  Je  suis,  Monsieur  l'abbé,  votre  très  humble  et  très  affectionné  serviteur. 

Cassini. 

Cassini  à  Flamstecd. 

Ce  22  mars. 

Je  viens  de  recevoir  vos  calculs  touchant  les  distances  des  planètes  entre  elles  et  leurs 
satellites.  Je  les  ay  comparés  avec  les  miens,  et  je  n'ay  rencontre  qu'une  très  faible  différence 
entr-eux.  Je  vous  fais  part  de  mes  dernières  observations  astronomiques.  Réciproquement 
j'espère  que  vous  me  ferez  connaître  les  vostres.  A  propos,  je  viens  de  recevoir  une  lettre 
de  Londres  par  M.  Desmaizeaux,  qui  me  mande  qu'un  de  ses  amis  desireroit  savoir  d'où 
viennent  les  calculs  que  j'ay  insérés  dans  mon  dernier  mémoire.  Cette  question  m'a  semblé 
extraordinaire,  et  a  lien  de  me  surprendre.  Pourriez-vous  savoir  quel  est  cet  amy  de  M.  Dez- 
maizeaux,  et  quel  intérêt  particulier  il  a  dans  cette  affaire  ?  Les  calculs  sont  connus,  nous  les 
avons  confirmés  l'un  et  l'autre.  Le  sçavant  P.  Boulliau  les  a  aussi  reconnu.  Est-ce  que  l'aniy 
de  M.  Desmaizeaux  voudrait  les  contester?  Taschez  donc  de  savoir  cette  affaire.  Je  suis 
comme  toujours,  Monsieur,  vostre  très  affectionné  serviteur.  Cassini. 

SÉRIE   C. 

Cassini  à  Desmaizeaux. 

Ce  22  mars. 

Vous  me  mandez  par  vostre  lettre  que  l'on  vient  de  me  remettre,  qu'un  de  vos  amis  qui 
a  lu  attentivement,  me  dites  vous,  mon  traité  sur  les  planètes,  desireroit  savoir  si  les  calculs 


(  838  ) 

que  j'y  donne  sont  le  résultat  de(i)  expériences.  Cette  personne,  me  dites-vous,  (auroit)  esté 
bien  contente  de  le  sçavoir,  pour  des  raisons  a  elle  particulières  :  mais  monsieur,  il  me  semble, 
que  je  m'explique  assez  clairement  dans  mon  traité;  et  à  moins  que  cette  personne  dont  vous 
me  parlez  n'en  ait  vu  qu'une  copie  fautive,  comme  cela  arrive  encore  assez  souvent,  elle  a 
du  voir  que  ces  calculs  sont  le  résultat  de  nouvelles  expériences,  ne  datant  que  de  quelques 
années.  Du  reste,  si  cet  amy  dont  vous  me  parlez  est  un  observateur,  il  a  dû  s'en  convaincre 
par  luv  mesme.  Veuillez  luy  dire,  s'il  vous  plaist,  que  je  serais  bien  aise  de  connaître  ses 
raisons  particulières  à  ce  sujet  ;  et  je  ferai  tout  ce  qui  dépendra  de  moy  pour  le  satisfaire  s'il 
m'est  possible.  Je  suis,  Monsieur,  vostre  1res  humble  et  très  obéissant  serviteur. 

C.ASSINI. 

Cassini  à  Newton. 

Ce  2  septembre. 

Il  y  a  quelque  tems  j'ay  reçu  une  Lettre  de  Mr  des  Maizeaux,  par  laquelle  il  me  deman- 

doit,  au  nom  d'un   de  ses  amis,  me  disoit-il,   quelques  renseignemens  au  sujet  des  calculs 

que  j'ay  produits  dans  un  Mémoire  touchant  les  planètes.  Depuis  j'ay  appris  que  cet  amy 

dont  parloit  M.  des  Maizeaux  estoit  vous.  C'est  pourquoy,  Monsieur,  je  me  permets  de  vous 

escrire  cette  Lettre  pour  scavoir  de  vous  quelles  raisons  particulières  vous  avez  au  sujet  de 

ces  calculs.  Alors  je   vous  fourniray  les  éclaircissemens  que  vous  desirez.   J'attens  donc, 

Monsieur,  voslre  réponse  à  ce  sujet.   Je  suis  votre  très  humble  serviteur. 

Cassini. 

Newton  à  Cassini. 

Ce  20  octobre. 

Il  est  vray,  Monsieur,  que  c'est  moy  qui  avois  priay  Monsieur  des  Maizeaux  de  s'informer 
près  de  vous,  je  dis  prendre  quelques  renseignemens  au  sujet  des  calculs  donnés  par  vous 
dans  un  Mémoire  touchant  les  Planètes.  La  raison  pourquoi  je  désirois  ces  renseignemens, 
c'est  que  j'ay  trouvé  ces  mesmes  calculs  dans  des  escrits  qui  furent  remis  à  moy,  il  v  a  quel- 
ques années.  J'ay  d'abord  eu  l'intention  dans  faire  usage  dans  le  système  du  monde  par  moy 
establit  et  m'en  suis  abstenu,  pour  ce  que  n'estant  certain  de  leur  véracité.  Or  les  voyant 
reproduits  par  vous,  tout  à  peu  près  semblables,  voilà  pourquoy  j'ay  cherché  à  avoir  ces 
renseignemens,  pour  ce  que  ayant  intention  de  faire  nouvelle  édition  de  l'œuvre  dont  j'ay 
parlé,  me  suis  mandé  si  ces  calculs  ne  conviendraient  pas  mieulx  que  ceux  anciens  par  mov 
mis  en  ma  ire  édition.  Voilà,  monsieur,  le  motif  pourquov  j'avois  fait  mander  à  vous  ces 
renseignemens,  afin  de  scavoir  l'origine  de  ces  calculs,  et  leur  véracité.  Je  prie  vous,  Mon- 
sieur, excuser  moy,  si  j'ay  pris  un  détour  pour  connoistre  cette  chose,  et  prie  vous  eslre 
assuré  que  je  suis  le  très  humble  très  dévoué  et  très  affectionné  serviteur  de  vous. 

Isaac  Newton. 

Cassini  à  Newton. 

Ce  8  novembre. 

Je  ne  suis  nullement  contrarié  que  vous  m'ayez  fait  demander  des  renseignemens  sur  l'ori- 
gine et  la  véracité  des  calculs  touchant  les  Planètes,  que  j'ay  produits  dans  mon  Mémoire. 
C'est  au  contraire  pour  moy  une  satisfaction,  puisque  cela  m'a  procuré  l'honneur  d'une  Lettre 
de  vous.  Je  ne  fais  mystère  de  rien,  parce  que  je  suis  plus  touché  du  progrès  des  sciences  que 

(i)  Une  déchirure  a  emporté  un  mot  :  nouvelles,  peut-être. 


(  839  ) 

de  ma  gloire.  Je  tiens  ces  calculs  d'un  amy  qui  me  les  donna  à  vérifier.  J'ay  fait  plusieurs 
expériences  et  maintes  observations  astronomiques  à  ce  sujet,  qui  ont  confirmé  la  véracité 
de  ces  calculs,  et  j'en  ay  fait  usage  dans  mon  Mémoire.  Voilà  la  vérité.  Maintenant  vous 
dire  qui  le  premier  en  a  eu  l'idée,  cela  me  serait  difficile.  Je  les  tiens  du  Père  Boulliau. 
Est-ce  luy  qui  le  premier  les  a  fait?  Je  ne  puis  rien  vous  en  dire;  et  sur  cela  je  n'av  d'autres 
renseignemens  à  vous  donner.  Mais,  à  mon  tour,  je  serois  bien  aise  de  scavoir  de  qui  vous 
tenez  ceux  que  vous  dites  avoir.  Vous  me  ferez  plaisir  de  me  renseigner  à  vostre  tonr  sur  ce 
sujet.  Je  suis,  Monsieur,  votre  très  humble  et  très  affectionné  serviteur. 

Cassini. 

Newton  à  Fontcnelle. 

Ce  8  mars 

Je  puis  vous  assurer  que  les  observations  astronomiques  qui  vous  ont  esté  adressées  par 
Mr.  Flamsteed,  non  seulement  ne  sont  pas  justes,  mais  il  en  est  qui  ne  doivent  pas  estre 
considérées  comme  des  découvertes  nouvelles;  car  je  pourrais  vous  donner  des  preuves  que 
quelques-unes  ont  déjà  esté  observées  il  y  a  plus  de  cinquante  ans.  J'ay  des  escrits  qui  en 
sont  un  témoignage;  et  si  les  premiers  observateurs  ne  les  ont  pas  divulguées  au  public, 
c'est  qu'apparemment  ils  n'estoient  pas  assez  surs  de  leur  véracité,  et  qu'ils  attendoient  avoir 
des  expériences  mieux  fondées.  Mr  Flamsteed  a  esté  moins  délicat.  Je  m'abstiens  d'en  dire 
davantage. 

Quand  à  ce  qui  est  des  couleurs, .         ...  Isaac   Newton. 

»  On  ne  doutera  point  que  les  observations  de  Flamsteed,  dont  parle  ici 
Newton,  ne  soient  celles  dont  il  est  question  dans  sa  Lettre  à  Cassini,  de 
même  que  dans  plusieurs  des  autres  Lettres,  notamment  dans  celle  de 
Cassini  à  Flamsteed;  et  que  les  écrits  des  premiers  observateurs,  qui 
datent  de  5o  ans,  et  que  possède  Newton,  ne  soient  les  écrits  de  Pascal, 

»  Voilà  donc  incidemment  une  preuve  que  Newton  a  connu  les  écrits 
de  Pascal. 

n  J'ose  espérer  que  cette  preuve,  indépendamment  de  tous  les  documents 
parmi  lesquels  elle  se  présente,  fera  impression  sur  M.  Grant,  et  que  je  ne 
serai  plus  obligé  de  continuer  ces  publications  partielles  et  anticipées.  Du 
reste,  la  variété  de  mes  documents  n'est  point  épuisée.   » 

ASTRONOMIE.  —  Note  sur  la  parallaxe  du  Soleil  ;  par  M .  Delaunay. 

«  La  parallaxe  du  Soleil  est  un  des  éléments  les  plus  importants  de  nos 
connaissances  astronomiques.  Malgré  tous  les  efforts  qui  ont  été  faits  pour 
en  déterminer  la  valeur  précise,  on  n'y  est  pas  encore  parvenu  d'une  manière 
satisfaisante,  et  les  astronomes  attendent  avec  impatience  les  prochains 
passages  de  Vénus  sur  le  Soleil,  en  1874  et  en  1882,  pour  faire  les  obser- 
vations qui  doivent  nous  fixer  sur  la  vraie  valeur  de  cette  parallaxe.  Mais 


(  84  o  ) 
en  attendant  ils  ne  négligent  rien  pour  approcher  autant  que  possible  de  la 
valeur  de  cet   important  élément,  par  les  divers  moyens  que  leur  offre  la 
science,  et  qui  peuvent  jusqu'à  iin  certain  point  suppléer  à  la  remarquable 
méthode  fondée  sur  l'observation  des  passages  de  Vénus. 

»  C'est  ainsi  que  M.  Simon  Newcomb,  astronome  des  États-Unis  d'Amé- 
rique, vient  de  se  livrer  à  une  savante  et  minutieuse  discussion  des  obser- 
vations de  la  planète  Mars,  faites  en  1862,  sur  le  plan  proposé  par  M.  Win- 
necke,  en  vue  de  la  détermination  de  la  parallaxe  du  Soleil.  Dans  son 
Mémoire,  qui  forme  un  appendice  au  volume  d'observations  publié  par 
l'Observatoire  de  Washington  pour  1  865,  il  donne  Ions  les  détails  de  cette 
discussion,  et  compare  le  résultat  auquel  elle  le  conduit  à  ceux  que  four- 
nissent les  autres  méthodes  qui  permettent  d'atteindre  le  même  but.  L'ac- 
cord entre  tous  ces  résultats  obtenus  par  des  voies  diverses  est  très-remar- 
quable. Il  paraît  montrer  que  la  question  dont  il  s'agit  est  bien  plus  près 
d'être  résolue  avec  toute  la  précision  nécessaire  aux  besoins  de  l'astro- 
nomie qu'on  ne  pouvait  le  supposer.  J'ai  pensé  que  l'Académie  apprendrait 
avec  satisfaction  cette  importante  conséquence  du  travail  de  M.  Newcomb; 
c'est  ce  qui  m'a  engagé  à  lui  communiquer  un  résumé  succinct  du  Mé- 
moire de  ce  savant  astronome. 

»  Les  observations  méridiennes  de  la  planète  Mars,  faites  en  1862  et 
discutées  par  M.  Newcomb,  proviennent,  les  unes  de  l'hémisphère  nord 
de  la  Terre  (Observatoires  de  Pulkowa,  Helsingfors,  Leyde,  Greenwieh, 
Ajbany  et  Washington),  les  autres  de  l'hémisphère  sud  (Observatoires  de 
Williamstown,  du  cap  de  Bonne-Espérance  et  de  Santiago  du  Chili),  ha 
valeur  qu'elles  donnent  pour  la  parallaxe  du  Soleil  est  de  8",  855,  avec  une 
erreur  probable,  en  plus  ou  en  moins,  de  o",020. 

»  En  rapprochant  cette  valeur  de  celles  que  fournissent  d'autres  mé- 
thodes, M.  Newcomb  a  formé  le  tableau  suivant  :  Erreur 

Parallaxe.         probable. 

Par  les  observations  méridiennes  île  Mars,  en  1862 8", 855  ±o",o2o 

Par  les  observations  micrométriques  de  Mars,  en  186?.  [ discus- 
sion du  professeur  Hall) 8", 8.4'.!  ±o",o4o 

Par  l'inégalité  parallactique  de  la  Lune  (en  la  supposant   de 
125", 49*  et  la  comparant  aux   expressions  analytiques   de 

Plana  et  Delaunay) '. 8", 838  rto",028 

Par  l'équation  lunaire  de  la  Terre  (en  la  supposant  de  6", 52).  8", 809  ±o",o54 

Par  le  passage  de  Vénus,  de  1769  (discussion  de  Powalky).  .  .  .  8", 860  ±o".o  jo 

Par  l'expérience  de  Foucault  sur  la  lumière. 8", 860  » 

»   En  tenant  compte  des  fiouls  divers  qu  il  convient  d'attribuer  à  ces  dit- 


(  »4>  ) 

férents  résultats,  M.  Newcomb  en  conclut  que,  clans  l'état  actuel  de  la 
science  astronomique,  la  valeur  la  plus  probable  de  la  parallaxe  horizontale 
équatoriale  du  Soleil  est  8", 848,  ou,  en  nombre  rond  de  centièmes, 

8",  85, 

avec  une  erreur  probable  de 

±o",oi3. 

A  celte  parallaxe  correspond  une  distance  du  Soleil  à  la  Terre  égale  à 
a33o7  rayons  de  l'équateur  terrestre,  ou  un  peu  plus  de  148  millions  de 
kilomètres. 

»   Parmi  les  conséquences  que  M.  Newcomb  tire  de  cette  valeur  de  la 
parallaxe  solaire,  je  citerai  les  suivantes  : 

»   Si  l'on  prend  la  masse  de  la  Terre  pour  unité,  on  a,  pour  la  masse  du 
Soleil, 

3 26 800,     ±  i36o, 

et,  pour  celle  de  la  Lune, 


8i,44±o,33 

»  Si  l'on  prend  la  masse  du  Soleil  pour  unité,  l'ensemble  des  masses  de 

la  Terre  et  de  la  Lune  est  de 

1 
322800 

PALÉONTOLOGIE  ANATOMIQUR.  —  De  V  ostéographie  du  Mesotherium  el  de  ses 
affinités  zoologiques  :  membre  postérieur;  par  M.  Serres.  (Septième  et 
dernier  Mémoire.) 

«  Le  bassin  forme  une  ceinture  au  membre  intérieur,  analogue  à  celle 
que  l'omoplate  et  la  clavicule  forment  au  membre  supérieur.  Mais,  autant 
cette  dernière  parait  disposée  pour  la  mobilité,  autant  la  première  est  dévo- 
lue à  la  solidité  et  à  la  fixité.  De  cette  différence  dans  le  but  à  remplir 
dérivent,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  des  diversités  concomitantes  dans 
les  os  qui  la  constituent. 

»  Comme  en  général,  dans  le  jeune  âge,  chez  les  Mammifères,  le  bassin 
du  Mesotherium  est  constitué  par  la  réunion  de  trois  pièces  osseuses,  qui 
sont  l'iléon,  l'ischion  et  le  pubis.  Ces  pièces,  de  même  aussi  que  chez  les 
Mammifères,  convergent  toutes  vers  la  cavité  cotyloïde,  qui,  comme  on  le 
sait,  nous  a  servi  de  critérium  pour  établir  le  mode  de  formation  des  cavités 
et  des  ouvertures  du  squelette.  En  outre,  j'ai  découvert  chez  les  Carnassiers 

C.  R.,  1867,  a»  Semestre.  (T.  LXV,  N°  21.)  '  lo 


(  842  ) 
un  quatrième  os  très-distinct,  placé  au  point  de  jonction  des  trois  pièces 
précédentes,  et  je  l'ai  nommé  os  cotyloïdien  ou  cotyléal.    Ainsi,  chez  ces 
derniers  animaux,  quatre  pièces  concourent  à   la  formation  de  la  cavité 
cotyloïde. 

«  La  cavité  cotyloïde  est  évidemment  l'analogue  de  la  cavité  glénoïde; 
j'ai  confirmé  cette  analogie  en  trouvant  chez  les  jeunes  Pachydermes  un 
petit  os,  le  glénoïdal,  qui,  dans  la  formation  de  la  cavité  articulaire  de 
l'omoplate,  est  le  représentant  du  cotyléal. 

»  Au  reste  la  cavité  cotyloïde  du  Mesolherium  est  ovalaire,  très-grande, 
très-profonde;  son  échancrure,  très-ouverte  et  tout  à  fait  inférieure,  inter- 
romp  le  rebord  cotyloïdien  dans  le  tiers  environ  de  son  parcours.  On  voit, 
d'après  cette  disposition,  que  la  tète  du  fémur  était  solidement  articulée 
chez  cet  animal  fossile.  Son  bassin,  considéré  dans  son  ensemble,  est  très- 
vaste  et  offre,  supérieurement,  une  direction  horizontale.  Inférieurement,  le 
petit  bassin  a  une  ampleur  exagérée.  Son  attache  au  sacrum  est  constituée 
par  une  ankylose  complète  d'une  grande  partie  de  la  symphyse  sacro- 
iliaque.  Cette  soudure  osseuse,  éminemment  favorable  à  la  solidité,  se 
remarque  également  chez  les  Ursidés  sur  l'Ours  des  cavernes,  chez  beau- 
coup de  Marsupiaux  et  chez  tous  les  Édentés,  excepté  l'Oryctérope,  qui,  a 
beaucoup  d'autres  égards  encore,  manque  de  plusieurs  des  caractères 
ostéologiques  du  groupe  auquel  il  est  associé. 

»  Immédiatement  en  arrière  de  l'articulation  sacro-iliaque,  l'iléon,  en 
acquérant  une  horizontalité  plus  parfaite  jusqu'à  ses  dernières  limites,  se 
rétrécit  d'une  manière  très-marquée,  et  forme,  en  ce  point,  du  côté  externe, 
un  angle  très-ouvert.  L'épine  iliaque  antérieure  et  inférieure,  regardant 
directement  en  dehors,  est  représentée  par  un  renflement  osseux  qui  pré- 
cède immédiatement  la  cavité  cotyloïde.  Les  branches  verticales  et  horizon- 
tales du  pubis,  sous-jacentes  à  cette  cavité,  sont  constituées  par  des  lames 
minces  et  larges.  L'éminence  iléo-pectinée  est  peu  marquée,  tandis  que 
l'épine  pubéale  est  très-prononcée.  Enfin  la  symphyse  du  pubis  présente, 
chez  le  Mesolherium,  une  particularité  insolite  chez  les  Mammifères  éteints 
et  vivants.  Ses  extrémités  sont  soudées  et  réunies  sur  la  ligne  médiane,  et 
ses  parties  moyennes,  tenues  à  distance,  donnent  naissance  à  une  grande 
ouverture  de  forme  triangulaire,  qui  est  le  début  de  la  séparation  de  ces 
deux  os,  si  caractéristiques  de  la  classe  entière  des  Oiseaux. 

«  Le  trou  sous-pubien  est  grand  et  d'une  forme  circulaire.  Le  corps  de 
l'ischion  est  grêle,  et  aplati  transversalement.  La  grande  écliancrure  ischia- 
tique  est  convertie  en  trou  comme  chez  les  Tatous,  le  Paresseux  et  les  Pan- 


(  843  ) 
golins.  L'épine  sciatique  est  bien  accentuée  et  saillante  seulement  en  arrière. 
La  réunion  des  branches  du  pubis  e!  de  l'ischion,  qui  constituent  la  face 
postérieure  du  bassin,  forme,  de  chaque  côté,  une  longue  branche  à  trajet 
presque  droit,  et  qui  commence  en  haut,  vers  l'extrémité  du  sacrum. 

»  De  même  que  la  symphyse  du  pubis,  la  tubérosité  de  l'ischion  pré- 
sente, chez  le  Mesotherium,  une  de  ces  particularités  insolites  que  l'on  ne 
rencontre  que  chez  cet  animal  fossile.  Cette  particularité  consiste  dans 
l'existence  d'un  trou,  ou  plutôt  d'un  canal  osseux,  qui  peut  recevoir  la 
moitié  du  petit  doigt,  et  qui  transperce  cette  tubérosité.  Ce  canal  servait  de 
conducteur  au  muscle  ischio-coccygien,  et  résnlte,  conformément  aux  lois 
de  l'ostéogénie,  de  la  réunion  de  l'ischion  avec  une  expansion  aliforme  des 
apophyses  transverses  et  articulaires  des  dernières  vertèbres  du  sacrum. 

»  Chez  les  Mammifères,  à  partir  des  Quadrumanes,  l'acte  de  la  parturi- 
tion  paraît  favorisé  par  l'étendue  que  prend  chez  eux  le  bassin  postérieur, 
et  cette  étendue  elle-même  est  donnée  par  celle  que  prend,  chez  les  ani- 
maux, le  diamètre  antéro-postérieur  ou  sacro-pubien  de  cette  cavité.  Ce 
diamètre,  autant  que  le  mauvais  état  de  conservation  du  bassin  permet  de 
le  voir,  mesure  im.  \f\  chez  le  Mesotherium,  et  le  transverse  est  de  olu,09. 

»  Relativement  à  la  parturition  chez  les  Mammifères,  le  tableau  suivant 
(p.  844)1  qui  donne  comparativement  les  mesures  du  diamètre  transverse 
et  du  diamètre  antéro-postérieur  ou  sacro- pubien,  éclaire  la  partie  physio- 
logique de  cet  acte. 

»  Un  fait  important  à  noter,  c'est  que,  chez  les  Édentés,  où  se  rencontre, 
comme  chez  le  Mesotherium,  la  soudure  des  éléments  du  bassin,  les  bran- 
dies verticales  du  bassin  sont  faibles,  ce  qui  dénote  des  muscles  droits  ab- 
dominaux peu  énergiques,  et  constitue,  par  conséquent,  une  condition  dés- 
avantageuse pour  la  parturition.  Ce  désavantage  n'est-il  pas  compensé  par 
^élargissement  que  prend,  dans  ce  cas,  le  petit  bassin? 

»  Le  fémur  est  un  peu  plus  long  que  l'humérus.  Cet  os  est  droit,  et  montre 
tune  tendance  à  l'aplatissement  plus  ou  moins  prononcée  dans  toutes  ses 
parties.  Sa  diaphvse,  qui  est  unie,  demi-cylindrique,  conserve  à  peu 
près  la  même  largeur  dans  toute  son  étendue.  Le  sommet  du  grand  tro- 
chanter  et  celui  de  la  tète  sont  au  même  niveau,  ils  sont  aussi  exactement 
disposés,  de  manière  à  se  ranger  sur  une  ligne  transversale  au  corps  de 
l'animal,  et  très-écartés  l'un  de  l'autre.  11  existe  un  col  assez  marqué.  La 
cavité  digitale  est  très-vaste  en  tous  sens.  Le  petit  trochanter,  sous  forme 
d'une  très-forte  crête  prenant  sa  racine  à  la  base  de  la  tète  de  l'os,  est  forte- 
ment retroussé  en  arrière,  et  couvert  entièrement  de  faibles  aspérités  à  son 

1  10.. 


(  844 


Tableau  comparatif  de  diamètres  antéro-postérieur  et  transverse 

dit  bassin  des  Mammifères . 


NOM    DE   L'ANIMAL. 


DIAMETRE 

transverse. 


DIAMETRE 

antéro- 
postérieur. 


Orang-Outang 

Id 

Semnopithèque  Eut  elle 

ht 

Magot  commun ...     . 

Id 

Cj  nocéphale  Va  pion  .  . 

Id 

Id 

Ours  noir 

Id 

Chien 

Id 


Tigre  royal .  . 

Chat  domestique 

Phoque  ii  ventre  blanc  . 

Castor 

Id 

Tatou  11  six  bandes.  .  .  . 
'Tatou  à  neuf  bandes.  .  . 

On  ctérope 

Fourmilier  Tamanoir .   . 

Kangourou  géant 

Eléphant 

Id 

Cheval 

Id 

Id 

('hameau  à  dette  bosses. 

Chameau 

Girafe 

Id 

Taureau 

Vache  commune 


Femelle  adulte 
Jeune  âge.   .  .  . 

Mâle 

Femelle 

Al  aie  adulte.  .  . 
Femelle  adulte. 
Mâle  adulte.  . 
Mâle  jeune. . .  . 
Femelle  jeune. 

Adulte 

Jeune 

Adulte  mâle.  . 
Femelle  adulte 
Adulte.     . 
Adulte 


Mâle.  .  . 
Femelle. 


Femelle. 


Mâle  adulte 

Femelle  adidte 

Mâle.  Grande  taille.  . 
Femelle.  Petite  taille 
Très-jeune 


Adulte 

Jeune   

Taille  moyenne. 


io5 

4° 

38 
56 
45 
(15 
85 
6; 
5a 
8o 
38 
5o 
6o 
8o 

25 

45 

45 

53 
3o 
3o 

48 

48 

7° 

:io 

4oo 
235 
235 

45 

70D 
120 

260 


170 
i3o 


l32 

77 
53 


75 

7° 
100 

67 

52 

85 
63 

7° 
80 
100 
35 
82 
95 

72 
62 

65 
1  10 
i45 
io5 
290 
47o 

'4° 

85 
190 

■  4o 

33o 
n5 
220 
220 


(  845  ) 
côté  interne.  Le  petit  Irochanter  accessoire,  qui  existe  et  se  trouve  juste  à 
la  même  hauteur  que  le  précédent,  dont  il  est  précisément  la  répétition  in- 
verse, est  aplati  et  comme  tronqué  à  sa  partie  supérieure  et  externe.  A  par- 
tir de  son  tiers  inférieur,  le  fémur  va  en  s'élargissant  asssez  régulièrement 
jusqu'à  l'extrémité  inférieure  des  tubérosités.  On  remarque,  à  la  partie  in- 
férieure du  bord  interne  de  l'os,  une  saillie  assez  marquée  pour  l'insertion 
du  muscle  grand  adducteur.  La  tubérosité  externe  est  notablement  plus 
prononcée  et  plus  irrégulière  que  l'interne.  Les  condyles  atteignent,  l'un  et 
l'autre,  un  niveau  horizontal.  La  trochlée  est  très-considérable  en  hauteur 
et  en  largeur;  sa  direction  est  assez  oblique,  et  la  partie  externe  de  sa  gorge 
l'emporte  notahlement  en  étendue  sur  l'externe.  Quant  à  l'échancrure  inter- 
condylienne,  nous  ferons  remarquer  sa  tendance  à  glisser  sur  le  côté  posté- 
rieur de  l'os.  D'après  l'exposé  des  détails  précédents,  si  nous  comparons 
le  fémur  du  Mesotherium  à  celui  d'une  espèce  actuellement  vivante,  nous 
trouvons  que  c'est  avec  celui  du  Castor  qu'il  a  le  plus  de  rapports. 

»  La  rotule,  très-massive,  est  surtout  remarquable  par  l'irrégularité  et 
les  aspérités  multipliées  de  sa  face  sous-cutanée.  Son  asymétrie  est  très- 
prononcée.  Sa  face  supérieure,  très-large,  est  taillée  horizontalement.  Sa 
partie  articulaire,  qui  est  limitée  par  un  rebord  très-marqué,  et  qui  occupe 
environ  les  deux  tiers  de  la  face  postérieure  de  l'os,  a  les  deux  côtés  de 
poulies  à  peu  près  d'égales  dimensions  :  l'externe  est  seulement  un  peu  plus 
creuse.  Toute  la  portion  de  l'os  sous-articulaire,  qui  comprend  environ  le 
tiers  de  sa  hauteur,  se  convertit  brusquement  en  une  sorte  de  pédicule 
aplati,  semblable  à  celui  que  l'on  observe  chez  les  Rongeurs. 

»  Le  tibia  est  de  forme  triangulaire,  robuste  dans  sa  partie  supérieure, 
et  va  en  décroissant  régulièrement  jusqu'au  niveau  de  son  tiers  inférieur, 
qui  est  son  point  le  plus  faible.  A  partir  de  ce  point,  il  reprend  une  certaine 
force,  jusqu'au  voisinage  des  malléoles.  Sa  face  externe,  qui  devient  anté- 
rieure un  peu  au-dessous  de  la  moitié  de  son  étendue,  est  médiocrement 
large  etexcavée.  Sa  face  postérieure,  plus  étroite  que  la  précédente,  est  pro- 
fondément creusée  en  gouttière  jusque  vers  son  milieu.  La  face  interne, 
la  plus  large  des  trois,  est  lisse  et  conserve  partout  la  même  direction.  Ce 
que  le  tibia  du  Mesotherium  offre  de  plus  caractéristique,  c'est  une  extrême 
cambrure  latérale,  qui  a  pour  effet  d'exagérer  démesurément  l'espace  inter- 
osseux, et,  conséquemment,  l'emplacement  et  la  surface  d'intersection  des 
muscles  antérieurs  et  postérieurs  de  la  jambe.  Les  condyles  de  cet  os,  dis- 
posés sur  un  même  plan,  sont  presque  exactement  plats.  L'épine  est  assez 
saillante.  La  facette  péronière  supérieure  est  très-étendue,  et  plus  portée  en 


(  8/,6  ) 
dehors  qu'en  arrière.  L'extrémité  tibiale  inférieure  attire  l'attention  sur  un 
point  principal,  savoir  :  l'absence  rie  facette  péroniére  inférieure,  ce  qui  est 
la  répétition  rie  ce  que  nous  avons  déjà  vu  à   l'extrémité  de  l'avant  bras, 
entre  le  cubitus  et  le  radius. 

)»  Le  péroné,  ou  second  os  de  la  jambe,  est  presque  exactement  droit;  le 
côté  interne  de  son  corps  présente  dans  toute  sa  moitié  supérieure,  et  par- 
ticulièrement en  haut,  un  profond  sillon;  ses  extrémités  supérieure  et  infé- 
rieure, la  première  surtout,  prennent  un  fort  volume.  L'extrémité  infé- 
rieure porte  un  signe  diagnostique,  qui,  sans  être,  il  est  vrai,  spécifique, 
doit  être  noté  :  elle  est  pourvue,  indépendamment  de  la  facette  astraga- 
lienne  ordinaire,  d'une  facette  calcanéenne  accessoire,  d'une  étendue  inu- 
sitée. Cette  complication  articulaire,  que  l'on  observe  dans  le  Chimpanzé, 
chez  quelques  Pachydermes,  et  surtout  dans  les  Marsupiaux,  manque  chez 
les  Rongeurs. 

»  Le  tarse  est  composé  de  sept  os  normaux,  très-distincts,  et  dans  leurs 
rapports  ordinaires,  soit  entre  eux,  soit  avec  les  métatarsiens. 

»  L'astragale  est  étalé;  il  est  surmonté,  à  sa  partie  supérieure,  d'une  arête 
de  poulie  très-saillante;  et  ses  parties  articulaires,  tibiale  et  péroniére,  sont 
équivalentes. 

»  Le  calcanéum  est  très-fort  en  tous  points;  il  est  relevé,  à  son  côté  ex- 
terne, par  des  crêtes  très-vigoureuses;  sa  facette  cnboïdienneest  très-oblique 
et  excavée.  Il  existe,  comme  principal  caractère  du  même  os,  une  facette 
péroniére. 

»  Les  doigts  qui  sont  complets,  sont  au  nombre  de  cinq,  comme  au  mem- 
bre antérieur;  ils  sont,  en  même  temps,  très-divergents  et  disposés  à  plat 
sur  le  sol.  Les  métacarpiens  sont  médiocres  en  longueur,  mais  forts.  Celui 
du  pouce,  cependant,  comme  les  autres  pièces  de  ce  doigt,  est  très-grêle. 
Le  métacarpien  du  petit  doigt  présente  une  tubérosité  très-considérable, 
pour  l'insertion  du  tendon  du  muscle  long  péronier. 

»  Les  premières  et  moyennes  phalanges,  qui  sont  très-fortes  et  accen- 
tuées par  des  saillies  très-marquées,  sont  plus  allongées,  et  ont  une  forme 
moins  cubique  que  leurs  correspondantes  au  membre  antérieur. 

»  La  phalange  onguéale,  dont  nous  ne  possédons  qu'un  exemplaire,  que 
nous  rapportons  au  doigt  médius,  est  plate,  élargie  à  son  extrémité  ongui- 
fère,  qui  est  comme  pénicillée.  Elle  rappelle  assez  exactement  la  forme  qu'on 
lui  observe  dans  le  Cabiai. 

»  De  même  que  le  membre  antérieur,  l'extrémité  postérieure  du  Meso- 
therium,  dans  ses  détails  et   dans  son  ensemble,  nous  montre  cet  animal 


(  847  ) 
très-bien  disposé  pour  la  natation.  Afin  de  prouver  celte  assertion,  en  ce 
qui  concerne  le  membre  postérieur,  nous  rappellerons  la  forme  singulière- 
ment plate  et  élargie  de  l'iléon;  l'obliquité  de  la  trochlée  fémorale;  la  tor- 
sion du  tibia,  qui  détermine  une  adduction  permanente  de  cette  partie; 
enfin  la  large  surface  du  pied  et  la  grande  divergence  des  doigts.  D'après 
ces  dispositions  anatomiques,  le  Mesotherium  nous  parait  avoir  été  particu- 
lièrement avantagé  pour  fréquenter  les  eaux,  puisque  chez  lui,  par  une 
sorte  d'exception,  les  pieds,  antérieurs  et  postérieurs,  sont  également  bien 
conformés  pour  remplir  l'office  d'instrument  de  natation. 

MESURE     DES     DIVERSES    PARTIES    DIT     MEHRRE     POSTÉRIEUR     DU     MESOTHERIUM. 

Bassin. 

m 

Longueur  de  l'extrémité  antérieure  de  l'iliaque  à  la  tubérosité  isehiatique °>29 

Largeur  de  1  iléon  à  sa  partie  moyenne o  ,0/jo 

Hauteur  de  l'ischion  à  la  partie  postérieure  du  pubis o,  14 

Diamètre  antéro-postérieur  du  trou  sous-pubien o  ,o65 

Hauteur  de  l'ischion  entre  la  cavité  cotyloïde  et  la  tubérosité  isehiatique o,oo3o 

Distance  de  l'extrémité  du  bord  externe  de  la  crête  iliaque  d'un  côté  à  l'autre. .    .  o,a3 

Diamètre  bis-ischia tique  du  bassin o,  i3 

Diamètre  antéro-postérieur    o,  '4 

Diamètre  transverse o ,  oc) 

Fémur. 

Longueur  du  sommet  du  grand  trochanter  à  l'extrémité  du  condyle  externe °  »24 

Largeur  à  la  partie  supérieure  de  l'os o  ,07 

Largeur  à  la  partie  moyenne o  ,o3 

Largeur  à  la  partie  inférieure o  ,0- 

Tibia  . 

Longueur 0,2 

Largeur  à  la  partie  supérieure 0,06 

Largeur  au  niveau  du  tiers  inférieur o,o3 

Largeur  à  la  partie  inférieure o,o35 

Péroné. 

Longueur o,  19 

Épaisseur  de  la  partie  moyenne 0,01 

Tarse. 

Longueur °  »  ' 

Largeur °  >  "55 

Métacarpien  du  médius. 

Longueur 0,00 

Largeur  à  la  partie  moyenne o ,0 1 5 


(  848  ) 

Première  jilmlange  du  médius.  m 

Longueur o,o3 

Largeur o,oi5 

Deuxième  phalange  du  médius. 

Longueur 0,02 

Largeur 0^15 

Phalange   nnguéale  du   médius. 

Longueur •■  0,02 

Largeur  à  son  extrémité ...      o,oi5. 


«  M.  Paul  Gervais  fait  hommage  a  l'Académie  des  cinq  premières  li- 
vraisons de  l'ouvrage  dont  il  a  commencé  la  publication,  sous  le  titre  de 
Zoologie  et  Paléontologie  générales. 

»  Ces  livraisons  sont  exclusivement  consacrées  à  l'Ancienneté  de  l'homme 
dans  nos  régions,  ainsi  qu'aux  Animaux  de  la  période  quaternaire.  Dans 
celles  qui  suivront,  l'auteur  s'occupera  de  différents  groupes  d'animaux 
vertébrés  envisagés  dans  plusieurs  de  leurs  espèces  les  moins  connues,  les 
unes  propres  à  la  France  et  les  autres  étrangères,  que  ces  espèces  existent 
encore  aujourd'hui  ou  qu'elles  aient  été  anéanties  à  des  époques  plus  ou 
moins  reculées.  L'examen  des  caractères  anatomiques  propres  aux  espèces 
éteintes  et  la  discussion  de  leurs  affinités  respectives  lui  permettra  d'abor- 
der, comme  il  l'a  fait  dans  ses  précédentes  publications,  diverses  questions 
de  Zoologie  générale  auxquelles  conduit  la  comparaison  des  faunes  an- 
ciennes avec  les  faunes  actuelles. 

»  Ce  nouvel  ouvrage  est  accompagné  de  planches  lithographiées.  » 

NOMINATIONS 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une 
Commission  qui  devra  présenter  une  liste  de  candidats  à  la  place  d'Acadé- 
micien libre,  laissée  vacante  par  la  mort  de  M.  Civiale.  D'après  le  règle- 
ment, cette  Commission  doit  se  composer  du  Président  de  l'Académie,  de 
deux  Membres  pris  dans  les  Sections  de  Sciences  mathématiques,  de 
deux  Membres  pris  dans  les  Sections  de  Sciences  physiques,  et  de  deux 
Académiciens  libres. 

MM.  Mathieu,  Becquerel  père,  Longet,  Decaisne,  de  Verneuil,  Séguier 
réunissent  la  majorité  des  suffrages. 


(  849  ) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

PHYSIOLOGIE.  —  Noie  sur  le  rôle  physiologique  de  la  gaine  fibro-musciilaire 
de  l'orbite,- par  MM.  «I.-L.  Prévost  tt  F.  Joi.yet. 

(Renvoi   à  la  Section   de   Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  Dans  une  Note  présentée  à  l'Académie  dans  la  séance  du  21  oc- 
tobre 1867,  M.  Sappey  décrit  plusieurs  faisceaux  de  muscles  lisses  qu'il  a 
observés  dans  l'orbite  de  l'homme. 

»  Chez  certains  mammifères,  comme  l'ont  démontré  M.  H.  Millier  (1)  et 
M.  Turner  (2),  ces  muscles  sont  plus  développés  que  chez  l'homme.  C'est  à 
ces  fibres  musculaires  lisses  cpie  M.  Mùller  attribue  la  projection  de  l'œil  en 
avant,  et  l'écartement  des  paupières  lors  de  l'électrisation  du  bout  supé- 
rieur du  nerf  grand  sympathique  cervical,  phénomène  sur  lequel  M.  CI. 
Bernard  avait  insisté,  soit  dans  ses  cours,  soit  dans  des  Noies  présentées  à 
la  Société  de  Biologie. 

»  Dans  des  expériences  faites  sur  des  chiens  curarisés,  nous  avons  pu 
étudier  cette  projection  de  l'œil  et  apporter  de  nouvelles  preuves  à  l'opi- 
nion avancée  par  M.  Millier  sur  le  rôle  des  muscles  lisses  de  l'orbite. 
Nous  résumerons  nos  observations  dans  les  conclusions  suivantes  : 

»  1.  L'électrisation  du  bout  supérieur  du  grand  sympathique  cervical 
produit,  outre  la  dilatation  de  la  pupille,  la  congestion  de  la  conjonctive 
et  l'écartement  des  paupières,  une  projection  du  globe  de  l'œil  en  avant. 

»  Ce  mouvement  offre  les  caractères  des  mouvements  produits  par  les 
muscles  de  la  vie  organique;  en  effet  : 

"  i°  Il  ne  débute  que  quelques  secondes  après  l'excitation  du  nerf 
grand  sympathique. 

»   20  II  se  produit  d'une  manière  lente  et  graduelle. 

»    3°  11  dure  un  certain  temps  après  la  cessation  de  l'excitation  du  nerf. 

»  4°  Enfin,  il  se  produit  sur  les  animaux  curarisés,  chez  lesquels,  par 
conséquent,  l'action  des  nerfs  sur  les  muscles  striés  est  abolie. 

»   II.   Ce  mouvement  de  projection  de  l'œil  en  avant  est  bien  dû  aux 


(1)  H.  Muli.er,  Sur  un  muscle  tisse  de  l'orbite  de  l'homme  et  des  mammifères  [Journal 
de  Physiologie  du  D''  Brown  Sequarci;  1860,  p,  176;  et  1861,  p.  279). 

(2)  Tobnkr  [Joitrnnl  de  Physiologie,  i8t>2,  p.  56a). 

C.  P..,  1867,  Ie  Semestre.  (T.  LXV,  N°  21.)  '  '  ' 


(  85o  ) 
fibres  musculaires  lisses  qui  font  partie  de  l'aponévrose  orbitaire,  qui  con- 
stitue une  véritable  gaine  fibro-musculaire;  car  : 

»    i°  Il  se  produit  par  l'électrisation  directe  de  cette  gaine. 

»  2°  Il  cesse  complètement  quand,  par  une  incision  longitudinale,  on  l'a 
ouverte  dans  toute  son  étendue. 

»  III.  Nous  pensons  que  le  mécanisme  de  la  projection  de  l'œil  en 
avant  est  le  suivant  : 

»  Les  fibres  musculaires  lisses,  disséminées  dans  la  plus  grande  étendue 
de  l'aponévrose  orbitaire  et  rassemblées  en  faisceaux  plus  distincts  en  cer- 
tains points,  transforment  cette  aponévrose  en  une  sorte  de  manchon  con- 
tractile de  forme  conique,  à  base  fixe  dirigée  en  avant,  manchon  qui,  en  se 
rétrécissant,  presse  sur  la  partie  postérieure  du  globe  de  l'œil  et  le  projette 
en  avant.  » 

M.  Rocssel  adresse  une  Note  relative  à  un  «  Instrument  pour  la  trans- 
fusion du  sang  ».  (Présenté  par  M.  Ch.  Robin.) 

(Renvoi  à  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

M.  Biarnais  adresse  une  Note  concernant  un  système  de  frein  destiné  à 
arrêter  presque  subitement  les  trains  des  chemins  de  fer. 

(Renvoi   à  la  Commission  nommée  pour  les  questions  relatives  aux  acci- 
dents des  chemins  de  fer.) 

M.  Tigri  adresse  de  Sienne  une  réclamalion  de  priorité,  concernant  les 
résultats  obtenus  récemment  par  M.  Pasteur. 

(Renvoi  à  la  Commission  de  Sériciculture.) 

M.  G.  Grigoi-ato  adresse,  de  Rovigo,  par  l'entremise  de  M.  le  président 
de  l'Académie  scientifico- littéraire  de  cette  ville,  une  copie  d'une  Note  in- 
sérée, au  mois  de  novembre  1866,  dans  le  «  Répertoire  italien  de  Chimie 
et  de  Pharmacie  »  publié  à  Florence,  Note  qui  a  pour  titre  :  «  Observa- 
tions microscopiques  et  chimiques  sur  les  feuilles  du  mûrier  blanc   ». 

(Renvoi  à  la  Commission  de  Sériciculture.) 

M.   Zantedeschi   adresse   une   Note,   écrite    en   italien,    concernant   un 

«  Procédé  expérimental   pour  détruire  ou  affaiblir  l'influence  des  miasmes 

cholériques  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant. 


[  85.   ) 
M.  ISi'oiiET  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  retirer  du  concours  actuel 
des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie  la  partie  de  son  Mémoire  qui  est  rela- 
tive au  rein  et  à  la  sécrétion  urinaire  chez  les  Mammifères. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Mixistke  de  l'Instruction  publique  transmet  à  l'Académie  les  am- 
pliations  des  deux  Décrets  qui  l'autorisent  à  accepter  le  legs  de  cinq  cents 
francs  de  rente  fait  par  M.  Fournerron,  et  le  legs  de  trois  cents  francs  de 
rente  fait  par  M.  de  la  Fons-Mélicocq,  pour  la  fondation  de  prix  à  décerner 
conformément  aux  intentions  des  testateurs. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  autorise  l'Académie  à  prélever, 
sur  les  reliquats  disponibles  des  fonds  Montyon,  conformément  à  sa  de- 
mande, la  somme  destinée  à  subvenir  aux  frais  des  observations  faites  à  la 
nouvelle  île  qui  a  surgi  près  des  Açores. 

M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 

adresse,  pour  la  bibliothèque  de  l'Institut,  le  tome  LIX  et  le  numéro  VI  du 
Catalogue  des  brevets  d'invention  pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  1 844- 

M.  Richard  (du  Cantal)  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre 
parmi  les  candidats  à  la  place  vacante,  dans  la  Section  d'Économie  rurale, 
par  suite  du  décès  de  M.  Rayer. 

(Renvoi  à  la  Section  d'Économie  rurale.) 

M.  Larkev  et  M.  Sichel  prient  l'Académie  de  vouloir  bien  les  com- 
prendre parmi  les  candidats  à  la  place  d'Académicien  libre,  devenue 
vacante  par  la  mort  de  M.  Civiale. 

(Renvoi  à  la  Commission  nommée.) 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  un  ouvrage  de  M.  Rambosson  ayant  pour  litre  :  «  Histoire 
et  Légendes  des  plantes  utiles  et  curieuses  ». 

M.  Dausse  écrit  a   M.   ie   Président  pour  le  prier  de  vouloir  bien  faire 

111.. 


(  852  ) 
hommage  à  l'Académie  d'une  brochure  qu'il  vient  de  publier,  et  qui  a  pour 
titre  :  «  Réponse  au  Rapport  de  M.  Réhic  sur  les  inondations  ». 

MÉTÉOROLOGIE.    —    Sur  i apparition  d'étoiles  filantes   qui  était  attendue   en 
novembre    1867;    par  MM.    Coclvier- Gravier   et    Chapelas-Coblvier- 

G  RAVIER. 

«  La  première  grande  apparition  observée  du  phénomène  de  novembre 
date  de  1766;  la  deuxième,  de  1799;  elle  a  été  constatée  par  MM.  de 
Humboldt  et  Bonpland.  Par  conséquent,  si  ces  apparitions  devaient  être 
vraiment  périodiques,  ces  deux  observations  fourniraient  une  période  de 
33  ans. 

»  Mais,  à  partir  de  1799,  il  faut  arriver  jusqu'en  1 833  pour  enregistrer 
un  phénomène  comparable,  phénomène  qui  a  servi  de  base  aux  calculs  du 
savant  Olbers  et  par  lesquels  il  pensait  être  en  mesure  d'affirmer  que  la  pé- 
riode du  phénomène  de  novembre  était  définitivement  de  3/j  ans  el  que  le 
premier  retour  devait  s'effectuer  en  1867. 

»  Aujourd'hui,  la  vérité  nous  force  à  publier  que  l'illustre  astronome 
n'avait  pas  dit  juste,  car  cette  année,  malgré  une  observation  rendue  fort 
difficile  par  la  présence  de  la  Lune  et  l'état  brumeux  de  l'atmosphère,  nous 
n'avons  pu  constater  qu'un  véritable  minimum. 

»  L'année  dernière,  l'apparition  assez  belle,  quoique  fort  inférieure  à 
celle  de  i  833,  avait  engagé  plusieurs  observateurs  à  la  présenter  comme  le 
retour  si  vivement  attendu.  Cependant,  nous  appuyant  de  l'autorité  d'Ol- 
bers,  delà  valeur  du  nombre  horaire  obtenu,  de  beaucoup  inférieur  à  celui 
de  i833,  ainsi  cpie  d'une  courbe  montrant  un  mouvement  ascendani  très- 
prononcé  dans  le  phénomène,  nous  étions  en  droit,  avant  de  nous  prononcer, 
d'attendre  à  1867.  Or,  l'époque  est  arrivée,  et  tous  les  observateurs  ont  pu 
constater  comme  nous  que  le  phénomène  de  novembre  ne  s'était  pas  pro- 
duit. 11  faut  peut-être,  par  prudence  et  dans  l'intérêt  de  la  vérité,  remettre 
à  quelques  années  encore  la  solution  de  ce  curieux  problème,  dont  les  as- 
tronomes se  sont  trop  légèrement  emparés  pour  étayer  leurs  théories  aujour- 
d'hui si  diverses.  » 

MÉTÉOROLOGIE.    —    Observations  d'étoiles  filantes   dans  la   nuit   du    i3    au 
i4  novembre.  Note  de  M.  Wolf,  présentée  par  M.  Le  Verrier. 

«   Le  phénomène  ne  devant  se  produire  que  vers  le  lever  du  soleil,  nous 
n'avons  commencé  à  observer  qu'après  minuit,  avec  MM.  Rayet,  Lucas  et 


(  853  ) 
André.  L'éclat  de  la  Lune,  qui  était  pleine  le  i  2,  plus  tard  la  brume  et  linéi- 
ques nuages,  ont  certainement  empêché  de  voir  la  plupart  des  bolides.  On 
ne  distinguait  qu'avec  peine  quelques  étoiles  de  quatrième  grandeur.  Aussi 
tous  les  bolides  aperçus  sont-ils  de  première  et  de  deuxième  grandeur.  On 
soupçonnait  de  nombreuses  apparitions  de  météores  plus  faibles. 

«  Le  manque  de  repères  assez  nombreux  n'a  pas  permis  de  déterminer 
en  général  la  direction  des  étoiles  filantes  avec  une  précision  suffisante 
pour  obtenir  exactement  la  position  du  point  radiant.  Ce  point  n'est  pas 
éloigné  de  y  Lion,  mais  nous  ne  pouvons  rien  dire  de  plus. 

»  La  première  étoile  filante  a  apparu  à  ih23m  temps  moyen.  Voici  les 
nombres  de  bolides  aperçus  pendant  les  heures  successives  : 

De  1  à  2  heures 4  aucun  ne  venant  du  Lion. 

i  7   venant  du  Lion. 

De  2  à  3  heures .  .      11  1   en  direction  opposée. 

I  3  en  direction  quelconque. 

_,    „  .    ,  ,  [   n  venant  du  Lion. 

De  o  a  i  heures ci  -,  ,. 

(   2  en  direction  opposée. 

!    1  1    venant  du  Lion. 

De  4  à  5  heures iq       1   en  direction  opposée. 

f   7  en  direction  quelconque. 

_       ,  (21    venant  du  Lion. 

De  5  a  o  heures ;"  !    , 

(  O  en  direction  quelconque. 

De  6  à  6h3om 5       tous  venant  du  Lion. 

Total 75 

»  A  partir  de  6  heures,  l'éclat  du  jour  naissant,  joint  à  celui  de  la  Lune 
et  à  l'état  brumeux  du  ciel,  ne  permettait  plus  île  voir  qu'un  petit  nombre 
d'étoiles.  Beaucoup  de  bolides  ont  dû  alors  nous  échapper. 

»  La  marche  presque  régulièrement  croissante  du  nombre  total  des 
étoiles  filantes,  et  surtout  l'accroissement  régulier  du  nombre  de  celles  qui 
venaient  du  Lion,  font  voir  que  le  maximum  du  phénomène  n'était  proba- 
blement pas  atteint  à  6  heures,  et  que,  conformément  aux  prévisions,  la 
rencontre  de  l'essaim  par  la  Terre  ne  s'est  produite  qu'ultérieurement. 

»  Les  couleurs  des  étoiles  ont  été  le  blanc,  le  bleu,  le  vert  et  le  jaune. 
Quelques-unes  ont  laissé  des  traînées  d'un  vif  éclat:  mais  aucune  ne  s'est 
montrée  assez  persistante  pour  qu'il  nous  ait  été  possible  de  faire  l'analyse 
île  sa  lumière.  » 


(  «54  ) 

algèbre.  —  Résolution  graphique  des  équations  numériques  d'un  degré  quel- 
conque aune  inconnue.  Note  de  31.  E».  Lill,  présentée  par  M.  Hermite. 

«  Soit  kxm  4-  B.r'n-'  -+-  Cx'"--  +•...  +  Ma:  4-  N  =  o  une  équation  du 
degré  m,  dont  les  coefficients  A,  B,  C, . .  . ,  M,  N  sont  des  nombres  donnés. 
»   Divisons-la  successivement  par  x  et  posons  : 


—  (A.r"'-1  4-  Bx'"--  4-  C.r"'-3  -+-  . 

.  4-L.r)  =)  , 

X 

4- M, 

-  (Axm-2  4-  Ba:m~s  4-  Cx'"-'1  +  . 

.  4-K.r)  =  l'j 

=  \y< 

4-L, 

—  (A.x'"-{'  +  Bxm~'  +  Cx'"-'J  4- . 

.  4-  ]x)  =J3 

i 

4-K, 

—  (Ax!  4-  Bx) 

=  y  m-. 

=  :r,n- 

,  +  c, 

—      A.T 

==  J  m  — 

,4-B, 

-    A 

—  -.'»'- 

-1 

On  peut  regarder  chacune  des  équations  finales,  telles  que  j\  =  -N4-M, 

comme  étant,   dans  un  système  de  coordonnées  rectangulaires,   l'équation 
d'une  droite,  dont  l'ordonnée  est  yK  et   l'abscisse  N,   qui  est  inclinée  sur 

l'axe  des  X  d'un  angle  dont  la  tangente  trigonométriqne  est  l ,  et  enfin  qui 

intercepte  sur  l'axe  des  Y  un  segment  égal  à  M. 

»   L'inspection  des  équations  (i)  donne  lieu  aux  remarques  suivantes  : 
u    i°  Toutes  les  droites  qu'elles  représentent  ont  la   même  inclinaison, 

savoir  arc  tang  -•   sur  l'axe  desX  auquel  on  les  rapporte. 

»    2U  Cette  tangente,  prise  négativement,  a  pour  valeur  commune 


»  3°  Coiiséquemment  le  numérateur  et  le  dénominateur  de  chacune  de 
ces  fractions  peuvent  être  regardés  comme  étant  les  deux  côtés  tWin 
triangle  rectangle,  et  tous  les  triangles  ainsi  formés  sont  semblables. 

»  Cela  posé,  imaginons  qu'on  décrive  un  contour  polygonal  rectan- 
gulaire, dont  les  côtés  successifs  oi,  12,  23,...,  67  (le  lecteur  est  prié  de 
faire   la  figure)  aient  respectivement    des   longueurs  proportionnelles  aux 


(  855  ) 
valeurs  des  coefficients  A,  B,  C,  D,  . .  . ,   M,  N.   Si   l'on   connaissait   l'angle 
OKi  =  m,  dont  la  tangente  trigonométrique  est  égale  à  ( \-  oc  étant  une 

des  racines  de  l'équation,  on  pourrait  former  le  second  contour  poly- 
gonal oz(3y...kl-],  qui  détache,  dans  l'intérieur  du  premier,  les  triangles 
rectangles  01  y.,  oczfi,  |33y,...,  dont  il  a  été  question  ci-dessus;  ce  nouveau 
contour  aboutirait  donc  exactement  au  point  7,  qui  est  l'extrémité  du 
premier,  et  la  longueur  ia  (01  étant  pris  pour  l'unité)  serait  une  racine 
de  l'équation  proposée. 

»  La  résolution  graphique  de  cette  équation  se  réduit  donc  à  chercher, 
sur  le  côté  12  du  contour  primitif,  un  point  a  tel,  que  le  nouveau  con- 
tour rectangulaire,  dont  le  premier  côté  est  oa  et  dont  les  sommets  s'ap- 
puient consécutivement  sur  les  autres  côtés  23, 34,  etc.,  du  contour  or  23...  7, 
ait  pour  dernier  côté  une  droite  passant  par  l'extrémité  de  celui-ci.  Autant 
on  trouvera,  sur  le  côté  12  ou  sur  son  prolongement,  de  points  u  satis- 
faisant à  cette  condition,  autant  on  obtiendra  de  racines  réelles  de  l'équa- 
tion proposée. 

»  Un  instrument  très-simple,  dont  les  Nouvelles  Annales  de  Mathéma- 
tiques, t.  VI,  2e  série,  1867,  ont  donné  la  description,  permet  de  réduire  à 
quelques  minutes  le  temps  nécessaire  à  ces  tâtonnements. 

»  Le  sens,  dans  lequel  on  doit  tracer  chacun  des  côtés  successifs  du  con- 
tour primitif,  dépend  du  signe  du  coefficient  qu 'il  représente.  La  règle  à  ce 
sujet  est  fort  simple.  Supposons  qu'on  ait  adopté  les  directions  01  et  12  des 
quatre  côtés  d'un  carré  oi23  pour  représenter  les  deux  premiers  coeffi- 
cients, tous  ceux  qui  occupent  dans  l'équation  le  rang  l\n-{-\,  \n  •+-  2, 
L\n  -Y-  3,  4">  suivront  les  directions  01,  12,  23,  3o,  respectivement,  s'ils 
sont  positfs,  et  les  directions  opposées  s'ils  sont  négatifs. 

»  Si  un  coefficient  est  nul,  le  rang  des  termes  et,  par  conséquent,  le 
sens  des  côtés  qui  suivent  n'en  sont  pas  changés. 

»  D'après  ces  conventions,  qui  n'ont  rien  d'arbitraire,  à  chaque  con- 
tour ainsi  construit  il  ne  correspond  qu'une  seule  équation,  et  réciproque- 
ment ;  et  par  conséquent  on  peut  dire  qu'un  tel  contour  rectangulaire 
représente  graphiquement  une  équation  déterminée. 

»  Revenons  à  la  recherche  de  la  valeur  1  a,  et  supposons  qu'au  lieu 
d'avoir  choisi  précisément  celle  qui  convient  pour  que  le  second  contour 
se  ferme  exactement  au  point  final  7,  on  en  ait  pris  une  qui  fasse  aboutir 
son  dernier  côté  à  un  point  8  situé  sur  le  côté  67.  On  peut  dire  que  la 
distance  78  représente  l'erreur  finale  de  l'hypothèse.   Appelons-la  Q,  et 


(  856  ) 
cherchons  son  expression  analytique  :  elle  est,  comme  on  va  le  voir,  fort 
remarquable. 

»  Les  triangles  rectangles  semblables  oia,  a2|3,  j33*y,..   donnent  la  suite 

de  rapports  égaux 

01  a  2         (3  3  \ .  fi 

la         2  [i         3  7  6-7 

on,  si  l'on  fait  ia  =  X,  et  si  l'on  remplace  les  longueurs  oi ,   r?.,  -23,...  par 
leurs  valeurs  A,  B,  C,..., 

c-»(!W(î 


x   °(ÎHr)'   °g  -»(rVHr 


!.6  " 


-Œ)---arL»(rr+A(! 


6-7        Hf^_L^V  +  ...  +  cC?r'-B^V"'+A^ 


(x) 


,Ay  Va,/  Va/  Va 

d'où  l'on  conclut,  pour  la  valeur  de  Q, 

Q=7.8  =  N-6.7  =  N-M(ï)  +  L(£)'-...-HB(!)"l-A(! 

et  enfin,  en  posant  f  —  —  J  =  x', 

Q  =  Ax""  -+-  B.r""-'  h-  Cr""-2  4-  .  . .  -+-  L.r'2  +  Mf  +  N; 
c'est-à-dire  que  la  valeur  de  Q  est  précisément  celle  que  prend  le  polynôme 

donné,  quand  on  y  substitue  pour  x  la  valeur  I )  on  I —  )•  Donc,  si 

cette  valeur  de  Q  est  nulle,  c'est-à-dire  si  le  second   contour  aboutit  au 
même  point  final  7  que  le  premier,  la  quantité  ( ~\  est  une  racine  de 

l'équation  proposée. 

»  La  construction  annoncée  plus  haut  se  trouve  ainsi  démontrée.  On  voit 
en  outre,  que  la  racine  obtenue  est  négative,  si  la  longueur  trouvée  \v. 
tombe  sur  la  partie  positive  de  12,  et  vire  versa. 

»  Si  l'on  connaît  déjà  r  racines  de  l'équation  proposée,  et  qu'on  ne  puisse 
plus  obtenir  aucun  résultat  nouveau  de  la  construction  et  des  tâtonnements 
ci-dessus,  on  devra  en  conclure  que  les  m  —  r  racines  restantes  sont  imagi- 
naires. Dans  ce  cas,  le  dernier  côté  du  contour  inscrit  ne  peut  plus 
atteindre  l'extrémité  du  premier.  Son  point  de  rebroussement  sur  le  der- 
nier côté  de  celui-ci  indique  une  des  limites  des  racines  réelles  pour  le 
coefficient  N. 


(  «57  ) 

»  Il  existe  plusieurs  analogies  remarquables  entre  les  propriétés  des  con- 
tours rectangulaires  qui  viennent  de  nous  occuper  et  certains  théorèmes 
connus  de  la  théorie  générale  des  équations.  Mais  il  faut  abréger,  et  nous 
nous  bornerons  à  montrer,  sur  un  exemple,  comment  le  procédé  graphique 
que  nous  avons  décrit  permet  souvent  de  décomposer  sans  difficulté  un 
polynôme  donné  en  facteurs  du  second  degré. 

«  Soit  oi2345  (le  lecteur  est  prié  de  faire  la  figure)  le  contour  rectangu- 
laire qui  représente  l'équation  du  quatrième  degré 

AxA  h-  Bx3  +  Cr2  -+-  Doc  ■+-  E  =  o, 

et  supposons  que  les  contours  inscrits  oa'j3'y'5  et  o«"|3"y"5  correspondent 
à  deux  racines  réelles  de  cette  équation. 

»  Projetons  en  6  et  7,  8  et  9,  sur  les  côtés  12  et  23,  a3  et  34,  les  points  \). 
et  v,  où  se  coupent  les  côtés  de  même  ordre  a'|3',  «"jS",  et  |3'y',  /3"y"  de  ces 
derniers  contours. 

»  On  peut  regarderies  contours  rectangulaires  oirijji,  [J.'jSv,  vg45  comme 
représentant  des  équations  du  second  degré,  dont  les  racines  sont  res- 
pectivement ia',  ia";  7/3',  7/8";  97',  97",  01  ou  A  étant  pris  pour  unité. 
Ces  trois  trapèzes  sont  évidemment  semblables  entre  eux,  d'où  l'on  conclut 
que  le  contour  of/.v5  est  rectangulaire  en  p.  et  en  v.  Ce  contour  est  donc 
un  contour  de  résolution,  aussi  bien  par  rapport  à  oa'/3'y'5  que  par  rapport 
à  oa"|3"y"5;  donc  il  représente  le  quotient  de  la  division  du  polynôme 
donné  par  le  polynôme  du  second  degré  que  représente  l'un  ou  l'autre  des 
trois  trapèzes,  etc. 

»  La  méthode  graphique,  qu'on  vient  d'exposer,  peut  être  utile  pour 
trouver  promptement  une  première  approximation  des  valeurs  des  racines 
réelles  d'une  équation  numérique,  algébrique,  d'un  degré  quelconque.  A 
ce  titre,  elle  sera,  nous  l'espérons,  favorablement  accueillie  des  géomètres. 

»  Dans  le  cas  de  l'équation  du  second  degré,  elle  fournit  la  solution 
suivante,  qui  est  alors  rigoureuse  :  après  avoir  tracé  le  contour  rectangu- 
laire 01  a3,  qu'on  décrive  une  demi-circonférence  sur  o3  comme  diamètre, 
et  soient  a,  a'  les  deux  points  (réels  ou  imaginaires)  où  cette  circonférence 
coupe  le  côté  12;  les  longueurs  \a,  itx'  sont  les  deux  racines  de  l'équation, 
01  étant  pris  pour  unité.    » 


C.  R.,  1867,   2»  Semestre .  (T.  LXV,  N°  21.)  '  I2 


(  858  ) 

astronomie.  —    Perturbations  et  éphémérides  de  la  planète  @  Eugénie. 
Note  de  M.  Lœvy,  présentée  par  M.  Le  Verrier. 

«  Depuis  le  dernier  travail  rectificatif  de  l'orbite  d'Eugénie,  il  y  a  eu  trois 
oppositions  de  l'astre,  l'opposition  en  février  1 865,  l'opposition  en  juin  1866 
et  l'opposition  en  septembre  18G7.  Les  positions  que  j'avais  assignées  à  la 
planète  dans  le  ciel  lors  de  ces  trois  oppositions  se  trouvèrent  entièrement 
d'accord  avec  le  mouvement  réel  de  l'astre  clans  l'espace.  La  différence  est 
si  faible,  que  la  théorie  la  plus  rigoureuse  ne  pourrait  la  rendre  plus  petite. 
Une  nouvelle  correction  de  l'orbite,  ne  pouvant  donner  un  résultat  plus 
précis,  est  donc  superflue;  ainsi  les  éléments  peuvent  être  regardés  comme 
satisfaisant  d'une  manière  rigoureuse  à  l'ensemble  des  observations  de 
neuf  apparitions  de  l'astre  entre  le  mois  de  juin  1837  et  le  mois  de  sep- 
tembre 1867. 

»  Voici  la  comparaison  de  l'orbite  a  la  moyenne  des  observations  de 
neuf  apparitions. 

Différences  entre  l'orbite  adoptée  et  les   observations. 

Observation  —  Calcul 


Lieux  normaux. 

I 

)ates. 

dL 

dX 

1 

1857 

Jllill. 

'7 

—  0,3 

+  2*9 

2 

1857 

Août 

'7 

—  o,3 

■+■  3,3 

3 

1858 

Sept. 

3 

+  2.9 

—  0,1 

4 

1860 

Janv. 

6 

-  4.° 

-+-  2,2 

5 

1801 

Avril 

10 

-r-i,i 

+  1,8 

6 

1861 

Avril 

22 

■+•  0,7 

-  1,0 

7 

1862 

Août 

2 

-  3,o 

-  1,2 

8 

1863 

Nov. 

26 

-+-  2,0 

+  2,8 

9 

1865 

Fev. 

'7 

-  2,9 

+  1,8 

10 

1860 

Juin 

6 

-i-o,3 

-  2,7 

1 1 

1867 

Sept. 

22 

+  3,9 

-+-  0,0 

m  La  position  conclue  pour  le  G  janvier  1860  se  compose  du  plus  petit 
nombre  d'observations,  dont  quelques-unes  ne  possèdent  pas  une  très- 
grande  précision.  La  différence  plus  notable  entre  le  lieu  normal  et  la  théo- 
rie provient  donc  uniquement  de  l'erreur  accidentellement  plus  grande 
dont  les  observations  de  l'année  1860  se  trouvent  entachées.  Les  positions 
normales  des  années  i865,  1866  et  1867  sont  déduites  provisoirement  pour 
la  plupart  des  observations  faites  à  l'Observatoire  impérial  de  Paris. 


(  859  ) 

Eléments  d'Eugénie  se  rapportant  à  Véquinoxe  moyen  de   1870. 
Epoque  :  i85S,o  janvier.  T.  m.  de  Berlin. 

M  =  6443 '.6"8i 

w  =  a3o.    2.0, go 

Q  =  i48.i5.3o,3o 

1.  =         6 .  34 . 5 1 ,  5o 

p.  =         o.  i3 .  io,,-3i32 

?  =         4.40.59,37 

»  Les  valeurs  numériques  des  perturbations  pour  les  années  1 865,  18G6, 
1867  et  1868  sont  déterminées  au  moyen  du  précédent  système  d'éléments. 
L'éphéméride  annuelle  pour  1868  a  été  calculée  par  M.  Périgaud,  l'éphé- 
méride  de  l'opposition  par  moi. 

Suite  des  perturbations  de  Jupiter  et  Saturne  fondées  sur  les  éléments   oscillateurs  de  i85t, 
Ier  juillet,  et  se  rapportant  à  Véquinoxe  moyen  de  1870. 


Dale. 

5 

r, 

S 

1868  Janv. 

20 

+ 

76236 

— 

22o555 

-+- 

7  368 

Fév. 

'9 

+ 

98860 

— 

2o6g44 

+ 

4888 

Mars 

20 

+ 

119910 

— 

igi6i5 

-t- 

2*438 

Avril 

■7 

-r- 

i3g3oo 

— 

i747i4 

_i_ 

35 

Mai 

'9 

+ 

156953 

— 

i56378 

— 

23lO 

Juin 

18 

+ 

172790 

— 

i36733 

— 

4584 

Juill. 

18 

-t- 

186735 

— 

1 i5go2 

— 

6776 

Août 

■7 

+ 

198704 

— 

g4oo6 

— 

8879 

Sept. 

16 

+ 

208610 

— 

71170 

— 

10881 

Oct. 

16 

-f- 

2 1 635g 

— 

47526 

— 

12776 

Nov. 

i5 

-+- 

22l85l 

— 

23216 

— 

i455o 

Dec. 

i5 

4- 

224986 

-+- 

1600 

— 

1 6 1  g4 

186!)  Janv. 

■4 

4- 

225660 

+ 

26743 

— 

i76g3 

«   |,  fi  et  Ç,  exprimées  en  unités  de  la  septième  décimale,  sont  les  per- 
turbations correspondantes  aux  coordonnées  écliptiques  _r,  y  et  z. 


1 1  -i 


(  86o  ) 


(46)    ElGÉNIE. 


Éphéryp'ride  pour  l'opposition. 


12h 

Temps  moyen 
de  Berlin. 


Ascension 
droite. 


1868  Dec. 


1869  Janv 


6 

7 
8 

9 
io 
1 1 
la 

i3 

'4 
i5 
16 


'9 

20 
21 
22 
23 

24 

9.5 
26 
27 
28 
29 

3o 

3[ 
1 

9. 
3 

4 
5 
6 

7 
8 

9 
10 


G. 

6. 

6. 

6. 

6. 

6. 

5.59 

5.58 

5.57 

5.56 

5.55 

5.54 

5.53 

5.52 

5.5i 

5.5o 

5-49 
5.48 
5.48 

5.47 
5.46 
5.45 

5.44- 
5.43. 
5.42. 
5.41. 
5.40. 
5.3g. 
5.38. 
5.38. 
5-37. 
5.36. 
5.35. 
5.34. 
5.34. 
5.33. 
5.32. 


.49, 3i 

57,17 
.  4,25 
. 10.61 
. 16, 3o 
.21,39 
.25,g5 
.3o,o3 
.33,70 
.37,o3 
.40,07 
,42,88 
.45,54 
.48,12 
.50,67 
.53.27 
.55,98 
.58,86 

•  1,98 
.  5,4o 

•  9-19 
.  i3,4o 
.18,08 
.23,29 
. 29 , 09 
.35,55 
.42,70 
. 5o,6o 
.59,32 
.8,90 

•  '  9  ■  4 1 
.30,89 
.43,39 
.56.95 

1 1 ,61 
27,43 
44,44 


Différence. 

—  52, 14 

—  52,92 

—  53,64 

-  5t,3i 

-  :>4,9i 
.-  55,44 

—  55,g2 

—  56,33 

—  56,67 

—  56,g6 

—  57,19 

—  57,34 

—  57,42 

-  57,45 

—  57,4o 

-  57,29 

—  57,12 

—  56,88 

—  56,58 

—  56,2i 

-  55,79 

—  55,32 

-  54,79 

—  54,20 

-  53,54 

—  5a, 85 

—  52,io 

—  5 1,28 

—  5o , 42 

-  49,49 

-  48,52 

-  47, 5o 

-  46,44 

-  45,34 

—  44,i8 

—  42,99 


Distance 
polaire. 


Différence 


75.i6 

7.).  16 

75.l6 

7.5.16 

75. 16 

75.  16 

75. i5 

75. 1 5 

75.14 

75.14 

75.i3 

75.i3 

75. 12 

75.1, 

76.10 

75.  9 

75.   8 

75.   7 

75. 

75. 

75. 

75. 


75. 
75. 


6 

5, 

4. 

3. 

1 . 

o. 
74-58. 
74.57. 
74-55. 
74.53. 
74.52. 
74.5o. 
74-48. 
74-46. 
74-44- 
7  i-  i>- 
74-  i". 
74-38. 
74.36. 


.46,3 

.46,3 

.42,4 

.34,6 

.22,9 

7-2 

47,6 

24,1 

.56,6 

.25,2 
•49,8 
.IO,5 

.27,2 
.40,0 
-48,9 

.53,9 
.55,0 
.52,3 

•  45,8 
.35,5 
.21,3 

•  3,4 

•  4i,8 
.16,6 

■47=7 

.l5,2 

.39,2 
.59,6 
.16,6 
,  3o,  1 
.40,2 
|6,g 

5o,2 

5o ,  2 

47,° 
4o,5 
3o,g 


0 

.  O 

,0 

0 

.  3 

,9 

0 

.  7 

,8 

0 

.11 

>7 

0 

.i5 

•  7 

0 

•'9 

,6 

0 

.23 

,5 

0 

.97 

5 

0 

.3i 

.4 

0 

.35 

,4 

0 

-3g 

,3 

0 

.43 

,3 

0 

•  47 

,2 

0 

.5t 

1 

0 

.55 

0 

0 

.58 

9 

2 

/ 

6 

5 

10 

3 

14 

3 

17 

9 

21 

6 

25 

2 

28 

9 

32 

5 

36 

0 

39 

6 

43 

0 

46, 

5 

49, 

9 

53; 

3 

56, 

7 

2. 

0, 

0 

2. 

3, 

2 

2. 

6, 

5 

2. 

9, 

6 

Lo;;.  de  la  distance 

d'Eugénie 

à   la   Terre. 

0,28862 
0,287  7° 
0,28684 
0.286  04 
o,285  3i 
0,284  64 
0,284  °3 
0,283  49 
0,283  02 
0,282  62 
0,282  28 
0,282  01 
0,281  80 
0,281  67 
0,281  60 
0.281  60 
0,281  67 
0,281  81 
0,282  01 
0,282  28 
0,282  61 
0,283  01 
0,28348 
0,284  01 
0,284  61 
o,285  26 
o ,  285  99 
0,28677 
0,286  i3 
0,28852 
0,289  48 
0,290  5o 
0,291  59 
0,292  72 
0,293  91 
0,295  i5 
0,296  45 


Temps 

d'aberr. 
68,5 
5. 

5.56,5 
5.54,6 
5.52,8 
5.5i ,2 
5.49,8 
5.48,4 

5.47,3 

5.46,, 
5.45,3 
5.44,6 
5 .44.  0 
5.43,6 
5.43,3 
5.43,1 
5.43,i 
5.43,3 
5.43,6 
5.43.9 
5.44.6 
5.45,3 
5.46,2 
5.47,2 
5.48,4 

5,49.7 

5 . 5 1 , 1 

5 .  52 . 7 
5.54,/j 
5.56,3 
5.58,3 

6.  0,4 
6.  2.3 
6.  5,1 
6.  7.6 
6.10.3 
6.i 3,o 
6. 16,0 


Opposition  le 


19  liée.    10 


grandeur  1 1 ,3. 


(  86 1  ) 


(45)  Eugénie. 


Oh 

Log.  de 

a  distance 

Temps  moyen 

— 

Passage 

Arc 

de  Berlin. 

Ascension  droite. 

Déclinaison. 

à  la  Terre. 

au  Soleil. 

au  méridien. 

demi-diurne 

1868. 

h       m 

h      ni 

Janv.    o 

o.l3.29 

-  if.'aM 

0,4593 

o,4643 

5.35,0 

5.4, 

10 

0.22.21 

—   3. i5,o 

0,4802 

0,4649 

5.  4,5 

5.47 

20 

O. 32.25 

—  2.   2,8 

o,4995 

0,4654 

4.35,2 

5.53 

3o 

0.43.24 

—  0.46, 1 

0 , 5 1 70 

0,4660 

4.  6,8 

6.  0 

Févr.    g 

0.53. 10 

+  0.33,7 

o,5328 

o,4664 

3.39,2 

6.   7 

J9 

1.   7.36 

+  i.55,8 

0,5467 

0,4669 

3. 12,3 

6.14 

29 

1 . 20 . 36 

+  3.18,9 

0,5589 

0,4673 

2.46,0 

6.21 

Mars  io 

1.34.  4 

+   4-4i,8 

0 , 5692 

0,4676 

2.20, 1 

6.28 

20 

1.47-58 

+  6.   3,8 

°>5779 

0,4679 

i.54,6 

6.36 

3o 

2.   2. i3 

+  7.23.8 

o,5849 

0,4682 

1.29,5 

6.43 

Avril    9 

2. 16.45 

+  8.41,4 

0 , 590 1 

0,4684 

1-  4,7 

6.5o 

'9 

2.3i.32 

+  9-55,4 

o,5g38 

0,4686 

0 .  40 , 1 

6.57 

29 

2.46.32 

+  11.  5,4 

o,5g58 

0,4688 

0.15,7 

7.   3 

Mai       9 

3.    1.41 

+  12. 10,7 

0,5962 

0,4689 

23.47.6 

7-   9 

>9 

3 . 1 6 . 5g 

+  i3.io,7 

0,5951 

0,4689 

23.23,6 

7.. 5 

29 

3.32. 19 

+  i4-   4,9 

0,5924 

0,4689 

22.59,5 

7.20 

Juin      8 

3.47.39 

+  i4.53,o 

o,588i 

0,4689 

22.35,5 

7.25 

18 

4.  2.53 

+I5.34, 5 

0,5821 

0,4689 

22. T I , 4  ' 

7-29 

28 

4.18.   3 

+  16.   9,4 

0,5748 

0,4688 

21.47,2 

7.33 

juill.    8 

4.32.58 

+  16.37,3 

o,5658 

0,4686 

21 .22,8 

7.36 

18 

4-47-32 

+  16. 58, 2 

o,5552 

o,4685 

20.57,9 

7.38 

28 

5.    1.40 

+  17.12,3 

0,5429 

0,4682 

20 . 32 , 7 

7.37 

Août    7 

5.i5.i5 

+  i7-'9-7 

0,5290 

0,4680 

20.     7,0 

7.40 

17 

5.28.   9 

+  17.20,8 

o,5i3G 

0,4677 

I9.4o,5 

7.40 

27 

5.4o. 10 

+  i7-i5,9 

0,4961 

0,4673 

19.l3,2 

7.40 

Sept..    6 

5.5i.   8 

+  17.   5,8 

o,4773 

0 , 4669 

18.44,8 

7-39 

iG 

6.   o.52 

+  i6.5i,3 

0, 4569 

0 , 4665 

i8.i5,t 

7.37 

2G 

6.   9.   6 

+  i6.33,5 

o,435i 

0,4660 

17.44,1 

7.35 

Oct.      G 

6.15.35 

+ 1 6 . 1 3 , 3 

0,4122 

o,4655 

17.11,2 

7-33 

1G 

6.20.   3 

+  l5.52,2 

0,3887 

o,465o 

16. 36, 4 

7-3. 

2G 

6.22.1 5 

+  i5.3i,7 

o,365o 

0,4644 

i5.5g,2 

7  '-9 

Nov.     5 

6.21 .56 

+  i5.i3,i 

0,3421 

o,4638 

i5. 19,6 

7.27 

i5 

6.19.   2 

+  i4-58,o 

o,32io 

o,463i 

i4.37,4 

7.25 

25 

6. i3.39 

+  i4.47,9 

o,3o33 

0,4624 

i3.52,7 

7.25 

Dec.     5 

6.  G.   G 

+  i4-43,5 

0,2901 

o,46i; 

,3.   5,9 

7.24 

i5 

5.57.   5 

+14-45,3 

0,2827 

0,4609 

12.17,5 

7.24 

25 

5.47.33 

+14.53.9 

0,2821 

0,4617 

11.28,7 

7.25 

35 

5.38.34 

+  i5.   8,6 

0,2880 

0, 4609 

10.41 , 1 

7.27 

(  862  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Sur  les  nouveaux  nilriles  fie  la  série  grasse.  Deuxième 
Note  de  M.  Arm.  Gautier,  présentée  par  M.  Wurtz. 

«  Les  isomères  des  nitriles  de  la  série  grasse  que  j'ai  annoncé  le  pre- 
mier se  produire  quand  on  soumet  à  la  distillation  sèche  les  sels  doubles, 
analogues  à  celui  qu'observa  pour  la  première  fois  M.  E.  Meyer  en  1 855 
(Thèse  inaugurale,  Berlin;  De  Basibus  organicis  quœ  arle  gigmtnlur...),  en 
faisant  réagir  le  cyanure  d'argent  sur  l'iodure  d'éthyle,  ne  peuvent  s'obtenir 
ainsi  ni  purs,  ni  en  quantité  notable.  Il  n'est  même  possible  de  produire 
ainsi  que  des  traces  du  nouveau  cyanure  de  méthyle,  à  cause  du  boursou- 
flement et  de  l'altération  profonde  que  fait  subir  la  chaleur  à  son  sel  double. 

»  J'ai  maintenant  un  procédé  qui  permet  d'obtenir  très-approximative- 
ment  la  quantité  théorique  des  nouveaux  nitriles,  et  à  l'état  de  pureté 
parfaite. 

»  On  traite  pour  cela,  de  i3o  à  i/jo  degrés  pendant  quelques  heures  en 
vase  clos,  deux  molécules  de  cyanure  d'argent  par  une  molécule  d'iodure 
alcoolique  additionnée  des  §  de  son  volume  d'éther.  Le  sel  double  cris- 
tallin, à  peine  grisâtre,  ainsi  formé,  est  desséché  et  additionné  de  la  moitié 
de  son  poids  de  cyanure  de  potassium  pur  et  d'une  petite  quantité  d'eau. 
On  distille  le  tout  au  bain-marie;  le  nitrile  combiné  est  déplacé  par  le  cya- 
nure de  potassium  ,  qui  donne,  avec  production  de  chaleur,  le  sel  dou- 
ble CyK,  CyAg;  on  le  sépare  d'un  peu  d'eau,  on  le  sèche,  on  le  rectifie, 
et  on  s'aperçoit  alors  qu'il  est  presque  absolument  pur  et  exempt  de  divers 
corps  cristallisables,  mais  surtout  d'une  résine  noirâtre  qui  se  dépose  dans 
celui  obtenu  par  la  distillation  sèche,  malgré  de  très-nombreuses  distilla- 
tions et  même  au  bout  de  cinq  à  six  mois. 

»  J'ai  essayé  en  vain  de  remplacer  le  cyanure  d'argent  par  ceux  de  zinc 
et  de  mercure;  des  sels  doubles  se  produisent  aussi,  mais  leur  dédouble- 
ment ne  donne  lieu  qu'à  une  petite  quantité  des  nitriles  anciens. 

»  Ainsi  obtenus,  les  nouveaux  cyanures,  auxquels  on  pourrait  donner 
le  nom  de  nilriles  formyliques,  qu'a  bien  voulu  me  suggérer  M.  Berthelot, 
et  qui  indique  leur  liaison  directe  avec  les  formiales  des  aminés  alcooli- 
ques, dont  ils  sont  en  effet  les  nitriles,  les  nouveaux  cyanures  jouissent  de 
propriétés  et  de  réactions  bien  définies. 

r„3  bout  à  la  température  de  58  à 

5o,  degrés.  C'est  un  corps  incolore,  bien  fluide,  d'une  horrible  odeur,  rap- 
pelant à  la  fois  l'artichaut  et  le  phosphore,  fort  amère  à  la  gorge,  d'une  ac- 


(  863  ) 
tion  sur  l'organisme  des  plus  délétères;  il  produit  aussitôt  des  nausées,  des 
vertiges,  la  céphalalgie,  l'abattement. 

»  Il  est  un  peu  soluble  dans  l'eau  et  plus  léger  qu'elle. 

»  Obtenu,  comme  je  l'ai  dit  ci-dessus,  il  contient  un  peu  de  méthyla- 
mine,  dont  on  le  prive  aisément  par  des  lavages;  sa  réaction  au  papier  rouge 
humecté  d'eau  est  alors  très-légèrement  alcaline,  puis  la  couleur  rouge  re- 
paraît ;  sous  l'influence  de  l'eau  du  papier,  l'une  des  deux  réactions,  ou 
plutôt,  comme  j'en  dirai  tout  à  l'heure  la  raison,  les  deux  réactions  sui- 
vantes ont  sans  doute  lieu  : 


et 


€      +  2rL0-      AzIiM0. 


et  ces  réactions  donnant  lieu  à  un  sel  neutre,  l'acidité  du  papier  re- 
paraît. 

»   Le  nitrile  formo-élhylique  Azl  „!f,5  se  prépare  comme  le  précédent,  et 

jouit  des  mêmes  propriétés  organoleptiques.  Il  est  comme  lui  un  peu  alca- 
lin; il  bout  à  78-79  degrés. 

»  Les  nitriles  formyliqUes  sont  de  véritables  bases  saturant  instantané- 
ment les  acides  tant  hydrogénés  qu'oxygénés.  Les  acides  chlorbydrique, 
bromhydrique...  bien  secs,  donnent  des  chlorhydrates,  bromhydrates... 
blancs  et  cristallins.  Pour  obtenir  ces  sels  purs,  il  faut  refroidir  considé- 
rablement les  nitriles,  et  faire  arriver  le  courant  gazeux  de  l'acide  à  une 
certaine  distance  de  leur  surface. 

»  Il  est  difficile  d'obtenir  purs  les  sulfates  des  nitriles  formyliques;  la 
réaction  de  l'acide  monohydraté  est  des  plus  violentes;  elle  paraît  trans- 
former isomériquement  une  partie  des  corps  non  encore  transformée. 

»  L'eau  décompose  ces  divers  sels;  elle  produit  à  leur  contact  une  grande 
émission  de  chaleur.  Bien  plus,  il  m'a  paru  que  sa  réaction,  au  lieu  de 
donner  lieu  à  un  mélange  d'un  sel  d'une  aminé  alcoolique  et  d'acide  for- 


'& 


'1' 


mique,  comme  l'indique  la  réaction  ci-dessous, 

Azv|^s„5,     HC1  +  H20  ■  =  AzïiïT.„, ,     HCl+eH2|o, 
(  t  ri  (  tr_rl'  ri  ) 

ne  donne  qu'une  faible  quantité  d'acide  formique,  et  qu'il  se  produit  en 
même  temps  les  dérivés  du  chlorhydrate  du  nitrile  ordinaire,  c'est-à-dire  de 
l'acide  propionique  et  du  chlorure  ammonique.  En  ce  cas,  sous  l'influence 


Az(€Hw)     et     Az 


(  864  ) 
de  la  chaleur  due  à  la  vive  réaction,  les  restes  alcooliques  G  H3,  €sHb... 
quittent  l'azote  pour  s'unir  au  carbone  formyliquc  et  produire  les  nitriles 

ordinaires 

Az(G.-GH8)'",     Az(G.  GSH5)'"... 

et  leurs  dérivés;  ce  qui  confirmerait  cette  observation,  c'est  la  remarque  que 
j'ai  faite  que  ces  corps  échauffés  quelque  temps  à  180  degrés  en  tube  scellé 
tendent  à  acquérir  l'odeur  des  anciens  nitriles,  et  que,  par  des  distillations 
répétées,  le  point  d'ébullition  des  nitriles  nouveaux  semble  s'élever  et  tendre 
vers  celui  des  nitriles  ordinaires  correspondants,  qui  représenteraient  alors 
un  état  d'équilibre  plus  stable  de  la  molécule. 

»  Si  nous  connaissons  déjà  deux  cyanures  d'éthyle  et  de  méthyle,  nous 
devons  pouvoir  obtenir  aussi  deux  acides  cyanhydriques,  dont  la  constitu- 
tion serait  représentée  par  les  deux  symboles 

G 
H' 

le  second  correspondant,  du  reste,  aux  nitriles  formyliques.  J'ai  fait  réagir, 
pour  tâcher  de  l'obtenir,  l'acide  iodhydrique  sec  ou  en  solution  concentrée 
sur  le  cyanure  d'argent.  J'ai  ainsi  obtenu,  dans  les  deux  cas,  l'acide  cyanhy- 
drique  ordinaire,  auquel  on  donnerait,  d'après  cette  expérience,  la  consti- 
tution précédente,  si  l'on  ne  se  souvenait  que  j'ai  observé  que  dans  ces 
réactions  il  se  produit  toujours  un  peu  des  nitriles  ordinaires.  Je  viens  de 
dire  d'ailleurs  que  les  nouveaux  nitriles  paraissent  tendre  à  se  transformer 
dans  les  anciens.  Dans  l'expérience  que  je  rapporte,  il  reste,  en  solution 
dans  l'eau,  un  sel  d'argent  qui  se  décompose  avant  100  degrés  en  déposant 
du  cyanure  d'argent  et  dégageant  de  l'acide  cyanhydrique  et  qui  est  peut- 
être  une  combinaison  de  ces  deux  corps  correspondant  aux  cyanures  dou- 
bles alcooliques.  Toutefois,  je  n'ai  pas  réussi  à  unir  directement  l'acide  cyan- 
hydrique au  cyanure  d'argent  en  les  chauffant  ensemble  de  100  à  j  80  de- 
grés. J.,es  sels  doubles  CyAg,  CyR;  CyAg,  CyNa. . .  seraient  les  sels  de  cet 
hydracide  argen tique. 

»  Les  nouveaux  isomères  des  éthers  cyanhydriques,  dont  je  viens  de 
parler,  ne  sont  pas  les  seuls  qui  puissent  exister.  Prenons  le  cyanure  de 
propyle  pour  exemple,  dont  la  formule  brute  est  AzG'FT.  Nous  aurons 
d'abord  les  trois  isoméries  principales  suivantes  : 

A**(G*IT)  AzV|^H^  Azï  |  €'H« 

Bulyronitrile.  Nitrile  Cyanhydrate 

l'ormo-propylique.  de  propylène. 


(  865  ) 

»  Ce  sont  des  isoméries  qui  se  différencient  les  unes  des  autres  en  ce  que 
l'azote,  noyau  polyatomique  principal  de  la  molécule,  a  ses  affinités  satu- 
rées par  des  radicaux  polyatomiques  divers.  Mais,  pour  chacun  de  ces  iso- 
mères doivent  exister  des  isoméries  secondaires,  qui  se  passeront  dans  les  divers 
radicaux  eux-mêmes. 

»   Il  existe,  comme  l'indique  la  théorie,  deux  isomères  du  propyle 

(CH3,  CH2,  CH2')     et     (CH%  CH,  CH3), 

il  doit  donc  exister  deux  isomères  du  nitrile  formo-propylique  que  l'on  ob- 
tiendra en  traitant  par  le  cyanure  d'argent  l'iodure  de  propyle  ordinaire  et 
celui  d'isopropyle,  ce  dernier  étant  celui  de  M.  Morkownikow.  J'en  dirai 
autant  du  cyanhydrate  de  propylène.  J'ai  tenté  de  réaliser  la  troisième  des 
isoméries  ci-dessus  en  chauffant  ensemble  l'amylène  avec  l'acide  cyanhy- 
drique  anhydre;  mais  ces  deux  corps  agissent  difficilement  dans  ces  condi- 
tions. Je  pense  toutefois  qu'on  pourrait  obtenir  cet  isomère  par  la  réaction 
du  cyanure  d'argent  sur  l'iodhydrate  d'amylène  de  M.  Wurtz. 

CHIMIE  minérale.  —  Sur  la  production  des  cyanures.  Note  de  M.  de 
Ro.mii.i.y,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  La  production  dn  cyanure  de  potassium  se  fait  en  grand  par  la  calci- 
nation  des  matières  minérales  azotées  en  présence  de  la  potasse. 

»  Mais  il  existe  d'autres  modes  de  génération  du  cyanogène.  En  18/ji 
[Annales  de  Chimie  et  de  Physique),  M.  Langlois  fit  passer  du  gaz  ammo- 
niac sur  des  charbons  ardents  et  obtint  du  cyanure  d'ammonium.  Il  rap- 
pelle, du  reste,  que  l'idée  de  faire  passer  le  gaz  ammoniac  sur  des  charbons 
est  très-ancienne,  et  que  Liebig  l'attribue  à  Scheele.  Il  est  à  remarquer  que, 
dans  l'expérience  de  M.  Langlois,  la  dessiccation  parfaite  du  gaz  ammoniac 
est  donnée  comme  la  condition  indispensable  à  la  formation  du  cyanure. 

»   Comme  suite  à  ces  recherches,  j'ai  fait  les  expériences  suivantes  : 

»  On  fait  barbotter  le  gaz  d'éclairage  clans  de  l'eau  ammoniacale,  puis 
sortir  par  un  orifice  étroit,  où  il  est  allumé.  Le  gaz  allumé  forme  une  flamme 
qui  s'élance  avec  une  certaine  énergie.  On  fait  tomber  cette  flamme  sur  de 
l'eau  tenant  en  dissolution  de  la  potasse,  de  la  soude,  ou  sur  un  lait  de 
chaux.  Au  bout  de  quelques  minutes,  cette  eau  se  trouve  chargée  de  cya- 
nure de  potassium,  de  sodium  ou  de  calcium  que  les  sels  de  fer  révèlent. 
On   produit  donc  ainsi  immédiatement  les  cyanures,   non-seulement  de 

C.  R.  ,   1867,  Ie  Semestre.   (T.  LXV,  N°  2i.)  '  '  3 


(  866  ) 

potassium,  mais  encore  de  sodium  et  de  calcium.  Dans  cette  expérience, 
l'ammoniaque  se  trouve,  comme  dans  l'expérience  de  M.  Langlois,  portée 
à  une  haute  température  en  présence  du  carbone,  et  la  non-dessiccation 
des  gaz  ne  paraît  point  avoir  d'influence  sur  le  résultat. 

»  Si  la  flamme  est  projetée  sur  de  l'eau  potassée,  dans  laquelle  on  main- 
tient en  suspension  par  l'agitation  du  fer  en  poudre,  on  obtient  à  la  fois 
du  evanoferrure  et  une  quantité  notable  de  cyanoferride  de  potassium. 

»  L'expérience  se  fait  surtout  bien  comme  il  suit  :  on  fait  tourner  un  cy- 
lindre de  fer  dont  l'axe  est  horizontal  par  un  moyen  mécanique  quelconque, 
de  telle  sorte  que  le  bas  du  cylindre  plonge  dans  une  dissolution  de  potasse 
contenant  du  fer  en  pondre;  le  mouvement  de  rotation  entretient  toujours 
le  cylindre  mouillé  d'eau  potassée  ;  devant  ce  cylindre,  à  hauteur  du  dia- 
mètre horizontal,  on  établit  une  rampe  formée  d'un  tube  de  fer  percé  de 
trous  qui  projettent  de  petites  flammes  ammoniacales  sur  le  cylindre  en 
mouvement.  Au  bout  d'un  temps  assez  court,  on  recueille  de  notables  quan- 
tités de  cyanoferrure  et  de  cyanoferride  de  potassium. 

»  D'après  ces  expériences ,  le  contact  de  la  flamme  ammoniacale  avec 
l'eau  chargée  d'une  base  énergique  pourrait  sembler  indispensable.  L'ex- 
périence suivante  démontre  qu'il  n'en  est  pas  ainsi.  On  fait  passer  la  flamme 
ammoniacale  dans  un  long  tube,  par  une  aspiration  qui  fait  ensuite  barhotter 
les  produits  de  la  combustion  refroidis  dans  une  dissolution  alcaline  ou  un 
lait  de  chaux.  L'analyse,  après  peu  de  temps,  marque  la  présence  des  cya- 
nures tout  aussi  abondante.  Si  l'on  recueille  les  produits  de  la  combusli  mi 
dans  un  récipient  ne  contenant  que  de  l'eau  distillée,  on  a  alors  du  cyanure 
d'ammonium.  On  peut  en  tirer  cette  conclusion  que  la  combinaison  se  fait 
dans  la  flamme.  Il  se  produit  du  cyanure  d'ammonium,  dont  on  a  constaté 
la  résistance  aux  plus  hautes  températures. 

»  Cette  expérience  montre  l'extrême  importance  qu'il  y  a  de  retirer,  des 
produits  de  la  distillation,  devant  donner  le  gaz  d'éclairage,  le  gaz  ammo- 
niac qui  est  toujours  mêlé  à  ces  produits;  puisqu'il  peut  y  avoir,  dans  la 
combustion  des  deux  gaz  mêlés,  une  cause  d'intoxication. 

»  Dans  toutes  ces  expériences,  les  flammes  étaient  toujours  fuligineuses. 
Lorsqu'on  se  servait  de  la  flamme  invisible  et  parfaitement  brûlée  d'un  bec 
de  Bunsen,  on  ne  recueillait  pas  de  cyanures.  Cependant,  lors  de  la  pro- 
jection de  cette  flamme  sur  de  l'eau  potassée,  par  suite  du  rapide  refroidisse- 
ment qui  empêchait  la  combustion  complète,  une  faible  quantité  de  cya- 
nure put  être  constatée.  Or,  il  est  à  noter  que  le  gaz  d'éclairage  n'est  par- 
faitement brûlé  que  dans  certaines  conditions  d'accès  d'air.   Lors   donc 


(  867  ) 
que  ces  conditions  ne  sont  pas  réalisées,  la  flamme  fuligineuse  peut  donner 
naissance  à  du  cyanure  d'ammonium,  un  des  poisons  les  plus  énergicpies, 
si  l'on  n'a  pas  pris  soin  de  priver  absolument  le  gaz,  de  l'ammoniaque  qui 
se  produit  toujours  pendant  sa  fabrication. 

»  L'huile  et  les  autres  hydrocarbures  se  comportent  comme  le  gaz 
d'éclairage  dans  les  expériences  précédentes. 

»   On  peut,  de  ces  expériences,  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

»  i°  En  brûlant  un  mélange  de  gaz  ammoniac  et  de  gaz  d'éclairage, 
l'azote  se  combine  au  carbone  dans  la  flamme  même,  si  la  flamme  est  fuli- 
gineuse; 

«   20  L'humidité  des  gaz  n'empêche  pas  la  combinaison  d'avoir  lien  ; 

»  3°  La  combinaison  donne  naissance  à  du  cyanure  d'ammonium  qui, 
lorsque  la  flamme  rencontre  de  la  potasse,  de  la  soude  ou  de  la  chaux, 
donne  des  cyanures  de  potassium,  de  sodium  et  de  calcium.  » 

phisiologie  végétale.  —  Note  sur  la  respiration  des  plantes  aquatiques. 
Note  de  M.  Vax  Tieghem,   présentée  par  M.  Duchartre. 

«  Il  y  a  un  an,  j'avais  l'honneur  de  communiquer  à  la  Société  Botanique 
(séance  du  g  novembre  18G6)  quelques  observations  sur  la  respiration  des 
plantes  submergées;  j'ai  pu  depuis  compléter  par  quelques  faits  nouveaux 
les  résultats  alors  obtenus,  et  c'est  un  résumé  de  ces  recherches,  dont  rien 
n'a  encore  été  imprimé,  que  je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui 
présenter  aujourd'hui. 

»  On  sait  que  l'appareil  végétatif  des  phanérogames  aquatiques  est  par- 
couru dans  toute  sa  longueur  par  un  système  de  canaux  lacuneux  aérifères, 
tantôt  libres,  tantôt  fréquemment  entrecoupés  par  des  planchers  transver- 
saux percés  à  jour;  une  atmosphère  intérieure  s'étend  ainsi  sans  disconti- 
nuité d'un  bout  de  la  plante  à  l'autre,  du  sommet  des  feuilles  à  l'extrémité 
des  racines.  Et  si  l'on  remarque  que  les  feuilles  et  les  racines  adventives  de 
la  partie  inférieure  du  végétal  se  détruisent  peu  à  peu  à  mesure  qu'il  se  déve- 
loppe de  nouvelles  branches,  tandis  qu'une  foule  de  petits  animaux  se  fixent 
sur  les  jeunes  organes  dont  ils  rongent  le  tissu,  on  comprendra  que  le  sys- 
tème lacunaire  se  trouve  le  plus  souvent  ouvert  en  plusieurs  points  dans  le 
milieu  extérieur.  Or,  si  l'on  expose  au  soleil  dans  de  l'eau  chargée  d'acide 
carbonique  un  plan  ramifié  d'un  de  ces  végétaux,  YElodea  canadensis,  par 
exemple,  on  voit,  au  bout  de  quelques  instants,  s'échapper  par  chacune  de 

ces  ouvertures  accidentelles  un  courant  continu  de  bulles  gazeuses  qui  s'ac- 

[|3.. 


(  868  ) 
célère  d'abord,  puis  se  soutient  avec  une  constance  parfaite  tant  que  dure 
l'action  directe  de  la  lumière  solaire;  le  gaz  dégagé  contient  environ  -^  de 
son  volume  d'azote,  et  -fa  d'oxygène.  Aucune  bulle  n'apparaît  pendant  tout 
ce  temps  ni  sur  les  feuilles  intactes  de  la  plante,  ni  en  aucun  autre  point  non 
troué  de  la  surface;  l'exhalation  gazeuse  superficielle  y  demeure  insensible. 
C'est  donc  dans  le  système  lacunaire  que  vient  se  rendre  tout  l'oxygène  formé 
par  les  cellules  vertes  sous  l'influence  de  la  lumière;  c'est  par  les  points  où 
ce  système  s'ouvre  dans  le  milieu  ambiant  que  ce  gaz,  sous  l'action  de  la 
pression  croissante  de  l'atmosphère  intérieure,  trouve  une  issue  au  dehors; 
et  comme  ces  points,  bien  que  situés  le  plus  souvent  dans  les  régions  infé- 
rieures en  voie  de  destruction,  se  rencontrent  aussi  sur  les  jeunes  organes  de 
la  partie  supérieure  et  quelquefois  au  cœur  même  du  bourgeon  terminal, 
on  voit  que  la  direction  des  courants  internes,  loin  d'être  toujours  descen- 
dante comme  l'ont  pensé  MM.  Cloé'z  et  Gratiolet,  ne  dépend  que  de  la 
situation  des  orifices  d'échappement;  le  gaz  remonte  la  tige  si  l'ouverture 
est  au  sommet,  il  la  descend  au  contraire  si  elle  est  à  la  base.  On  ramène 
d'ailleurs  tous  ces  courants  naturels  à  un  seul  si  l'on  pratique  dans  la  tige 
une  section  vive  où  les  lacunes  largement  béantes  offrent  au  gaz  une  plus 
facile  issue;  tout  l'oxygène  formé  dans  toutes  les  cellules  vertes  de  la  plante 
vient  alors  se  dégager  en  un  seul  et  unique  point,  et  l'observation,  ainsi  con- 
centrée, de  la  vitesse  du  phénomène  respiratoire  et  des  variations  qu'elle 
subit  avec  les  conditions  extérieures  en  acquiert  une  très-grande  netteté. 

»  C'est  cette  netteté  qui  m'a  fait  choisir  ces  plantes  comme  les  plus  propres 
à  élucider  les  questions  que  je  cherchais  à  résoudre  (i). 

»  Il  est  indispensable  de  faire  remarquer  d'abord  que,  si  l'on  a  soin  de 
se  mettre  à  l'abri  des  réflexions  produites  parles  nuages,  tant  que  la  lumière 
solaire  directe  n'a  pas  frappé  les  plants  iYElodea  canadensis,  le  végétal  ne 
dégage  pas  de  courants  d'oxygène;  sa  respiration  se  borne  à  une  exhalation 
superficielle  insensible.  Si  vive  qu'elle  soit,  la  lumière  diffuse  de  l'atmo- 
sphère est  donc  impuissante  à  provoquer  chez  cette  plante  une  réduction 
sensihle  d'acide  carbonique.  Il  en  est  de  même  pour  le  Ceralophyllum  denier- 
sum,    le   Polamogelon  lucens,  le  Vallisneria  spiralis.  Ce  résultat  s'explique 

(i)  Ce  mode  de  respiration  sous  forme  de  courants  réguliers,  propre  aux  plantes  aqua- 
tiques, a  été  déjà  utilisé  par  M.  Sachs  pour  l'étude  de  l'action  des  rayons  diversement  colo- 
rés [BoUinischc  Zeitung,  i864),  et  par  M.  Von  Wolkoff  pour  la  démonstration  de  la  loi  de 
proportionnalité  qui  lie  les  variations  du  phénomène  respiratoire  avec  celles  de  l'intensité  lu- 
mineuse de  la  lumière  incidente  (  Pringsheim's  Jahrbucher,t.Y,  1866). 


(  869  ) 
d'ailleurs  par  la  constitution  même  de  la  lumière  diffuse,  que  les  expériences 
de  AI.  Roscoé  ont  montré  être  très-riche  en  radiations  très-réfrangibles,  et 
très-active  par  conséquent,  sur  les  papiers  photographiques,  mais  très- 
pauvre  au  contraire  en  radiations  jaunes  et  rouges,  les  seules  qui,  ahsorbées 
par  la  chlorophylle,  soient  transformées  par  elle  en  un  travail  chimique 
équivalent,  la  réduction  de  l'acide  carbonique. 

»  Ceci  posé,  que  se  passera-t-il  quand,  après  un  certain  temps  d'insolation, 
nous  soumettons  ces  plantes  à  l'action  de  la  lumière  diffuse  de  l'atmosphère? 

»  Le  3  février  1866,  à  8h3om  du  matin,  la  température  de  l'eau  étant  de 
18  degrés,  un  plant  ramifié  d'Elodeacanadensis  est  placé  au  soleil;  un  quart 
d'heure  après  il  dégage,  par  quatre  de  ses  points,  des  courants  rapides.  A 
1  ih3om,  la  plante,  soustraite  à  l'action  du  soleil,  est  soumise  à  la  lumière  dif- 
fuse de  l'atmosphère  à  côté  d'un  autre  flacon  contenant  des  plants  ù'Elodca 
maintenus  depuis  le  matin  à  l'abri  du  soleil.  A  2  heures  les  quatre  courants 
continuent  avec  la  même  vitesse;  à.  5  heures  leur  activité  s'est  à  peine  af- 
faiblie, les  bulles  se  succèdent  encore  en  chapelets  serrés;  vers  5h3om  le 
jour  tombe  ;  à  6  heures  les  courants  persistent,  visiblement  ralentis  ;  à  7  heures, 
ils  dégagent  encore  chacun  de  quinze  à  vingt  bulles  par  minute  ;  à  8  heures, 
trois  d'entre  eux  sont  éteints,  le  quatrième  produit  encore  çà  et  là  une 
bulle;  enfin  vers  8h3om,  tout  est  terminé.  Le  dégagement  d'oxygène  n'a 
donc  cessé  que  neuf  heures  après  la  fin  de  l'insolation.  Pendant  ce  temps 
aucune  huile  ne  s'est  montrée  dans  le  hocal  placé  comme  témoin  à  côté 
du  premier. 

»  Cette  expérience,  un  grand  nombre  de  fois  repétée,  tant  sur  la  plante 
précédente  que  sur  le  Ceralophylhim  demersum,  le  Potamogeton  lucens , 
le  Vcdlisneria  spiralis,  a  toujours  donné  des  résultats  analogues.  Il  paraît 
en  résulter  que  la  lumière  diffuse  de  l'atmosphère,  incapable  de  provo- 
quer par  elle-même  la  décomposition  de  l'acide  carbonique  dans  les 
plantes  submergées,  peut  cependant  prolonger  le  phénomène  respiratoire 
pendant  un  temps  considérable,  une  fois  qu'il  a  été  commencé  par  la 
lumière  solaire  directe. 

»  Il  devenait,  dès  lors,  intéressant,  pour  légitimer  la  conclusion  précé- 
dente, de  rechercher  si  le  dégagement  d'oxygène  continue  encore  quand  on 
met  la  plante  à  l'obscurité. 

»  Le  26  avril  1866,  la  température  de  l'eau  étant  de  18  degrés,  un  plant 
d'Elotlea  canadensis  reçoit  la  lumière  diffuse  jusqu'à  midi,  sans  qu'aucune 
huile  apparaisse  sur  la  section  de  sa  tige;  de  midi  à  3  heures  l'action  directe 
du  soleil  y  détermine  un  courant  très-actif.  On  met  la  plante  à  l'obscurité; 


(  870  ) 
le  courant  s'arrête  d'abord  brusquement,  mais  il  s'écbappe  de  nouveau 
après  quelques  secondes  et  reprend  à  peu  près  sa  vitesse  primitive;  à  4  heures 
il  ne  s'est  pas  sensiblement  ralenti;  à  5  heures  son  activité  est  fort  affaiblie, 
mais  il  ne  s'éteint  qu'à  6  heures.  Ainsi  trois  heures  après  avoir  été  soustrait 
à  l'action  directe  du  soleil  et  placé  à  l'obscurité,  VElodea  canadensis  con- 
tinue encore  à  réduire  l'acide  carbonique  et  à  en  dégager  l'oxygène. 

»  Le  1 1  juin  1867,  une  branche  de  Ceratophyllum  demersum  mise  au  soleil 
à  8  heures  du  matin  dégage  par  sa  section  un  courant  très-actif;  elle  est 
placée  à  l'obscurité  à  8h45ID;  à  g  heures  le  courant  donne  200  bulles  par 
minutes;  à  gh3om,  ia5  bulles;  à  10  heures,  75  bulles;  à  1 1  heures,  25  bulles; 
a  1  [t45m,  il  se  dégage  encore  2  à  3  bulles  par  minute;  on  remet  la  plante 
à  la  lumière  diffuse  et  le  courant  s'accélère  aussitôt.  Ici  encore,  ce  n'est 
donc  qu'après  plus  de  trois  heures  de  séjour  à  l'obscurité  que  l'effet  produit 
par  une  insolation  de  moins  d'une  heure  a  pu  être  épuisé. 

»  Cette  expérience,  répétée  un  grand  nombre  de  fois  avec  des  résultats 
analogues  (1),  démontre  qu'une  fois  excités  par  l'action  directe  du  soleil,  la 
réduction  de  l'acide  carbonique  et  le  dégagement  consécutif  d'oxygène 
peuvent  se  continuer  à  l'obscurité  pendant  un  temps  fort  long.  Mais  comme 
ce  temps  est  de  beaucoup  inférieur  à  celui  de  la  prolongation  à  la  lumière 
diffuse  de  l'atmosphère,  il  en  résulte  que  cette  lumière  possède  réellement 
par  elle-même  un  effet  continuateur,  quoiqu'elle  soit  trop  pauvre  en  radia- 
tions actives  pour  provoquer  le  phénomène. 

»  La  force  vive  de  la  lumière  solaire  peut  donc  se  fixer,  s'emmagasiner 
dans  les  plantes  vivantes  pour  agir  après  coup  dans  l'obscurité  complète,  et 
s'épuiser  peu  à  peu  en  se  transformant  en  un  travail  chimique  équivalent, 
comme  elle  se  fixe  et  s'emmagasine  dans  les  sulfures  phosphorescents  pour 
apparaître  ensuite  au  dehors  sous  forme  de  radiations  moins  réfrangibles 
([11e  les  radiations  incidentes  (expériences  de  M.  Becquerel),  et  dans  le  pa- 
pier, l'amidon  et  la  porcelaine,  pour  se  manifester  après  un  temps  qui  peut 
être  très-long  par  la  réduction  à  distance  des  sels  d'argent  (expériences  de 
M.  Niepce  de  Saint-Victor).  La  propriété  dont  se  montrent  revêtues  les  cel- 
lules vertes  des  plantes  aquatiques  n'est  donc  pas  isolée  ;  elle  n'est  qu'un 
cas  particulier  de  la  propriété  générale  que  possède  la  matière  de  fixer  dans 
sa  masse,  sous  une  forme  inconnue,  une  partie  des  vibrations  incidentes  et 

(11  .le  m'occupe  en  ce  moment  de  la  construction  d'un  appareil  enregistreur  qui  me  per- 
mettra d'obtenir  un  trace  où  toutes  les  circonstances  du  phénomène  respiratoire  seront  in- 
scrites et  lixees  par  la  plante  elle-même. 


(  87i  ) 
de  les  conserver  en  les  transformant,  pour  les  émettre  plus  tard,  soit  sous 
forme  de  radiations  moins  réfrangibles,  soit  sous  forme  de  travail  chimique 
ou  mécanique  équivalent.  Le  phénomène  que  nous  étudions  est  donc  une 
phosphorescence,  mais  une  phosphorescence  particulière,  qui  diffère  des 
autres  phénomènes  du  même  ordre,  non-seulement  par  le  mode  de  transfor- 
mation et  d'emploi,  mais  encore  par  la  qualité  des  vibrations  absorbées. 
Dans  nos  plantes  ce  sont,  en  effet,  les  radiations  lumineuses  les  moins  ré- 
frangibles, jaunes  et  rouges,  qui  sont  fixées  par  la  chlorophylle  et  qui  sont 
conservées  dans  la  cellule,  non  pas  pour  être  émises  au  dehors,  mais  pour 
être  consommées  au  dedans  et  transformées  en  un  travail  chimique  équiva- 
lent, la  réduction  de  l'acide  carbonique. 

»  Désirant  continuer  ces  recherches,  je  dois  me  borner,  pour  prendre 
date,  à  l'exposé  de  ces  premiers  résultats.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Lettre  à  M.  le  Président,  ait  sujet  d'une  éruption  qui 
a  eu  lieu  au  Vésuve,  le  i3  novembre  1867;  par  M.  P.  Pisani. 

«  Je  viens  à  l'instant  de  recevoir  la  Lettre  suivante,  au  sujet  d'une  éruption 
qui  a  eu  lieu  au  Vésuve  le  i3  novembre,  et  je  m'empresse  de  la  conunu- 
quer  à  l'Académie  : 

»  Résina,  i3  novembre  1S77. 
»  Cette  nuit,  minuit  et  demi,  à  droite  des  deux  cônes  de  l'éruption  du  Vésuve  de  l'an- 
née passée,  s'est  ouvert  un  nouveau  cratère.  A  la  moitié  du  grand  cône,  du  côté  de  Bosco 
Reale,  s'est  ouvert  également  un  autre  cratère,  d'où  est  sorti  un  courant  de  lave.  Dans  la 
même  direction,  et  précisément  dans  le  plan  de  la  lave  de  l'année  passée,  se  sont  formés 
deux  autres  petits  cratères  qui  lancent  beaucoup  de  pierres.  Le  cône  principal  est  tout  cre- 
vassé, par  suite  des  fortes  secousses  qu'il  a  reçues.  » 

M.  le  Ministre  de  la  Marine  et  des  Colonies  transmet  à  l'Académie  un 
Rapport  du  capitaine  du  navire  le  Cosla-Bica,  d'après  lequel  ce  navire,  se 
trouvant,  le  9  juin  1867,  à  7  heures  du  soir,  par  38  degrés  de  latitude  sud 
et  100  degrés  de  longitude  ouest,  a  éprouvé  une  trépidation  de  quelques 
secondes,  comme  si  le  bâtiment  avait  touché  sur  un  banc  ou  heurté  un 
corps  flottant.  Cette  partie  de  l'océan  Pacifique  étant  des  plus  sûres,  et  le 
navire  n'ayant  d'ailleurs  aucune  trace  d'abordage,  on  a  dû  attribuer  le 
phénomène  à  un  tremblement  de  terre  sous-marin. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  E.  D.  B. 


872 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  18  novembre  1 8G7,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Description  des  machines  et  procédés  pour  lesquels  des  Brevets  d  invention 
ont  été  pris  sous  le  régime  de  la  loi  du  5  juillet  1 844-.  publiée  par  les  ordres 
de  M.  le  Ministre  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics, 
t.  LVIII.  Paris,  1867;   1  vol.  in— 4°  avec  planches. 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum;  par  M.  Decaisne,  91e  livr.  Paris,  1867; 
in-4°  avec  planches. 

Zoologie  et  paléontologie  générales.  Nouvelles  recherches  sur  les  animaux 
vertébrés  dont  on  trouve  les  ossements  enfouis  dans  le  sol,  etc.;  par  M.  P.  Ger- 
vais,  ir*  série,  livr.  1  à  5.  Paris,   1867;  5  livraisons  in-/j°  avec  planches. 

Mélanges  de  chirurgie;  par  M.  le  Baron  LARREY.  Paris,  in-/j°,  relié. 

Rapport  sur  l'état  sanitaire  du  camp  de  Chàlons,  sur  le  service  de  santé  de  la 
garde  impériale  et  sur  l'hygiène  des  camps,  adressé  à  S.  Exe.  le  Maréchal 
Ministre  de  la  Guerre,  par  M.  le  Baron  LaRREY.  Paris,  1 858;  1  vol.  grand 
in-8°  relié. 

Histoire  chirurgicale  du  siège  de  la  citadelle  d'Anvers;  par  M.  le  Baron 
Larrey.  Paris,   i  833  ;  1  vol.  in-8"  relié. 

Mèlanijes  de  chirurgie;  j>ar  M.  le  Baron  Larrey.  Paris;   in-8°  relié. 

Helation  chirurgicale  des  événements  de  juillet  i83o  à  l'hôpital  militaire  du 
Gros-Caillou;  par  M.  le  Baron  Larrey.  Paris,  i83i;  in-8°  relié. 

Commission  hydrométrique  et  des  orages  de  Lyon,  18G6,  23e  année. 
Lyon,  1867;  1  vol.  grand  in-8°. 

Histoire  et  légendes  des  plantes  utiles  et  curieuses;  par  M.  J.  BajMROSSon. 
Paris,  1868;  1  vol.  grand  in-8"  avec  figures  et  planches. 

(  La  suite  du  Bulletin   au  prochain  numéro. 


ERRATA. 

(Séance  dii    11    novembre   18G7. 

Page  8o5,  ligne  10,  <ut  lieu  de  101  degrés,  lisez  1001  degrés. 
Page  806,  ligne  4,  ""  '""  <l<'  acide  hypochloreux,  lisez  acide  h\| 


îorliliii'Kllie. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


SEANCE  DU  LUNDI  25  NOVEMBRE  18G7. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMRRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Delacnay  fait  hommage  à  l'Académie  du  «  Rapport  sur  les  progrès 
de  l'Astronomie  »  qu'il  vient  de  publier,  et,  qui  fait  partie  du  Recueil  de 
Rapports  sur  les  progrès  des  Lettres  et  des  Sciences  en  France  public  sous 
les  auspices  du  Ministère  de  l'Instruction  publique. 

astronomie.  —  M.  Le  Verrier,  en  présentant  à  l'Académie  le  tome  XXII 
des  Annales  de  i Observatoire  pour  1866,  s'exprime  ainsi  : 

«  Ce  volume  comprend  des  observations  faites  au  grand  Instrument  mé- 
ridien pendant  le  jour  et  qui  portent  sur  le  Soleil,  la  Lune,  du  matin  et  du 
soir,  Vénus  et  Mercure,  et  les  étoiles  de  comparaison  nécessaires.  Dans  le 
service  du  soir,  les  positions  des  planètes  et  principalement  celles  des  pe- 
tites planètes  ont  été  observées  conjointement  avec  Greeuwich,  comme  on 
le  sait. 

»  Les  observations  intéressant  la  détermination  des  longitudes  ont  été 
continuées  à  la  Lunette  de  Gambey,  tandis  que  les  observations  pour  la 
détermination  des  latitudes  ont  été  poursuivies  au  Cercle.  L'azimut  et  la 
latitude  de  Saint-Martin-du-Tertre  ont  été  déterminés. 

C.  R.,  1S67,  1"  Semestre.  (T.  LXV,  N°  22.)  I  '4 


(«74) 

»  Les  conclusions  pour  les  positions  des  étoiles  fondamentales,  du  Soleil, 
de  la  Lune  et  des  planètes  ont  été  déduites  avec  soin. 

»  Les  observations  météorologiques  et  magnétiques  sont  rapportées  et 
discutées.  La  température  moyenne  de  l'année  18G6,  savoir  ii°,33,  est 
supérieure  de  o°,6g  à  la  température  moyenne  et  normale  déduite  de  vingt- 
deux  années  d'observations,  ce  qui  lient  à  la  prédominance  des  vents  équa- 
toriaux,  en  18G6. 

»  Les  travaux  d'observation  et  de  calcul  de  ce  volume  sont  dus  à 
MM.  Yvon  Villarceau,  Wolf,  Lœvy,  Périgaud,  Folain,  Gaillot  et  Rayet. 

»  Les  travaux  de  la  succursale  de  Marseille  ayant  commencé  au  Ier  juil- 
let de  l'année  1866,  il  a  été  entendu  avec  M.  Stepban  que  les  travaux  des 
six  derniers  mois  de  18GG  et  ceux  de  l'année  1867  paraîtront  simultané- 
ment dans  le  tome  XXIII. 

»  Le  volume  de  l'année  1866,  déjà  imprimé  depuis  deux  mois,  paraît 
dans  le  courant  de  1867,  conformément  à  nos  règlements,  auxquels  nous 
nous  conformons  toujours,  sur  tous  les  points  et  de  la  manière  la  plus 
ponctuelle. 

»  Nous  croyons  utile  de  faire  connaître  à  l'Académie  que  le  volume  pré- 
sent de  1866  est  le  dernier  qui  doive  paraître  sous  la  forme  donnée  jusqu'ici 
à  notre  publication.  Les  travaux  effectués  par  divers  astronomes  à  un  même 
instrument  étaient  publiés  en  un  seul  fascicule  et  classés  à  la  suite  les  uns 
des  autres,  suivant  l'ordre  des  dates.  Au  commencement  de  l'année  1867, 
le  nombre  des  instruments  dont  on  dispose  a  permis  d'agir  autrement.  Un 
même  travail  et  un  même  instrument  ne  sont  confiés  qu'à  une  seule  per- 
sonne, qui  seule  peut  disposer  des  appareils,  pourvoit  à  leur  entretien  et  à 
leur  amélioration,  réduit  et  publie  ses  propres  observations.  En  consé- 
quence, dans  le  volume  de  1867,  les  Chapitres  seront  classés  par  nom  d'au- 
teur. Ainsi  cbacun  est  libre,  mais  responsable  de  son  travail. 

»  On  sait  qu'il  y  a  soixante-dix  ans,  Lalande  détermina  à  l'observatoire 
de  l'École  militaire  un  très-grand  nombre  d'étoiles  du  ciel  dont  il  a  publié 
les  données  dans  Y  Histoire  céleste  française.  Ces  observations  ne  pouvaient 
point,  à  l'origine,  être  d'une  grande  utilité  aux  astronomes,  parce  qu'elles 
n'étaient  pas  calculées  et  qu'il  fallait  un  travail  considérable  pour  trouver, 
au  milieu  des  zones ,  une  étoile  donnée,  si  toutefois  elle  y  existait  :  un  cal- 
cul de  réduction  pénible  était  ensuite  nécessaire.  On  doit  à  l'Association 
britannique  anglaise  d'avoir  entrepris  le  calcul  des  observations  de  La- 
lande :  elle  en  a  déduit  et  nous  a  donné  en  1847  un  Catalogue  régulier  de 
48000  étoiles. 


(  «75  ) 

»  Il  est  nécessaire  qu'après  soixante-dix  années  les  étoiles  de  ce  Cata- 
logne soient  observées  à  nouveau.  Celle  révision  donnera  lieu  à  des  consé- 
quences importantes  à  l'égard  du  phénomène  de  la  précession.  En  outre, 
elle  fournira  chemin  faisant,  à  l'astronome  intelligent  et  zélé,  l'occasion 
de  faire  un  grand  nombre  de  remarques  sur  les  mouvements  propres 
des  étoiles,  indiquant  celles  dont  on  pourrait  soupçonner  le  voisinage  et 
sur  lesquelles,  par  conséquent,  d'importantes  recherches  -pourraient  être 
pratiquées.  Le  changement  de  grandeur  de  certaines  étoiles  pourra  mettre 
aussi  sur  la  voie  d'étoiles  changeantes;  les  étoiles  doubles  seront  no- 
tées, etc.,  etc. 

»  Nous  avons  commencé  ce  travail  depuis  plusieurs  années,  mais  sans 
pouvoir  le  conduire  avec  une  vigueur  suffisante.  Tant  que  nous  n'avons  eu 
que  la  Lunette  méridienne  et  le  Cercle  de  Gambey  à  notre  disposition,  nous 
avons  dû  surtout  les  employer  aux  observations  de  la  Lune,  du  Soleil,  des 
planètes,  et  aussi  à  fixer  la  position  des  3o6  étoiles  fondamentales  que  nous 
avons  choisies  dès  i854  pour  leur  rapporter  les  positions  des  astres 
mobiles. 

»  Plus  tard,  quand  nous  avons  disposé  de  notre  grand  Instrument  mé- 
ridien de  g  pouces  d'ouverture  pour  les  observations  régulières  du  Soleil, 
de  la  Lune,  des  grandes  et  des  petites  planètes,  les  Instruments  de  Gambey 
ont  été  encore  en  grande  partie  utilisés  aux  observations  correspondantes 
pour  la  détermination  des  longitudes  et  aussi  pour  fixer  les  positions  des 
étoiles  qui  ont  servi  de  termes  de  comparaison  dans  la  détermination  des 
longitudes  et  des  latitudes;  la  précision  absolue  à  laquelle  on  est  arrivé  a 
exigé  à  Paris  un  travail  aussi  considérable  que  dans  les  départements. 
i5ooo  étoiles  de  Lalande  environ  ont  été  cependant  observées  dans  les 
intervalles  disponibles.  Dès  qu'au  commencement  de  l'année  actuelle  les 
Instruments  de  Gambey  sont  devenus  libres,  nous  les  avons  affectés  à  ce 
service,  n'en  connaissant  pas  d'autre  plus  important,  plus  intéressant  et 
qui  réclame  plus  de  précision. 

»  Lorsqu'on  entreprend  un  tel  travail  de  longu»  haleine,  on  doit  tou- 
jours examiner  à  l'avance  les  conditions  dans  lesquelles  il  peut  être  exécuté 
sérieusement. 

»  Nous  n'avons  en  moyenne,  à  Paris,  qu'une  belle  nuit  d'observations 
sur  trois,  soit  i  20  belles  nuits  par  année.  Il  semble  possible  que  dans  cha- 
cune d'elles  un  astronome  observe  pendant  quatre  heures;  et,  dans  cette 
condition,  comme  on  peut  très-bien  se  contenter  des  deux  microscopes 
horizontaux  du  Cercle  de  Gambey,  rien  de  plus  simple  que  d'observer  en  ces 

1  r  4 . . 


(  876) 
quatre  heures  48  étoiles.  En  défalquant  8  étoiles  fondamentales  propres  à 
fixer  l'état  de  la  pendule  ou  l'erreur  de  collimation  du  Cercle,  il  reste 
4o  étoiles  du  Catalogue  qui  se  trouvent  ainsi  déterminées.  En  120  jours  on 
peut  donc  observer  4800  étoiles,  soit  au  Cercle,  soit  à  la  Lunette,  pourvu 
que  chacun  de  ces  instruments  soit  pourvu  d'un  observateur  distinct,  ce 
qui  ne  constitue  en  réalité  que  2400  déterminations  complètes  pour  chacun 
d'eux. 

»   En  dix  ans,  le  Catalogue  complet  peut  et  doit  être  achevé. 

»  En  admettant  que  nous  ayons  déjà  observé  i5ooo  étoiles  dans  les 
circonstances  irrégtilières  où  nous  nous  trouvions  placés,  les  étoiles  res- 
tantes pourraient  être  observées  en  sept  ans.  Notre  ambition  serait  de 
donner,  au  bout  de  ce  laps  de  temps  au  plus,  le  Catalogue  des  48000  étoiles 
de  Lalande,  observées  à  nouveau,  et  qui  constitueraient  un  point  de  départ 
précieux  pour  les  recherches  astronomiques. 

»  Nous  sommes  convaincu  que  l'Académie  partagera  notre  manière  de 
voir  à  cet  égard.  Et  dès  lors  elle  n'approuverait  pas  plus  que  nous  n'avons 
pu  le  faire  un  système  dans  lequel  il  faudrait  vingt  années  au  lieu  de  sept 
avant  d'en  finir.  » 

ASTRONOMIE.  —  Sur  la  parallaxe  du  Soleil;  par  M.  Deladnay. 

«  A  la  suite  de  la  communication  que  j'ai  faite  dans  la  dernière  séance 
sur  la  parallaxe  du  Soleil,  j'ai  été  amené  à  parler  dune  Lettre  que  j'ai  reçue 
de  M.  Simon  Newcomb.  D'après  le  désir  qui  en  a  été  exprimé  par  M.  Le 
Verrier,  j'ai  dû  apporter  aujourd'hui  cette  Lettre  pour  la  communiquer  à 
l'Académie.  En  voici  la  traduction,  aussi  fidèle  que  possible  : 

»  U.  S.  Naval  Observatory,  Washington,  3i  octobre  1867. 

»  Je  vous  prie  d'accepter  un  exemplaire  de  ma  brochure  Sur  la  parallaxe  du  Soleil  que  je 
vous  envoie.  J'appellerai  spécialement  votre  attention  sur  la  grande  différence  entre  la 
valeur  de  la  parallaxe  solaire  obtenue  par  M.  Le  Verrier  dans  ses  Tables  du  Soleil  et  celle 
que  j'ai  trouvée  par  la  même  méthode. 

»   De  la  valeur  conclue  de  l'inégalité  lunaire  de  la  Terre  P  =6", 52,  je  tire  7r  =  8",Sog. 

u  Si  j'avais  adopté  P  =  6", 5o,  nous  aurions  eu  7r  =  8",78;  tandis  (pie  de  P  =  6",5o 
M.  Le  Verrier  déduit  ic  =  8",q5,  valeur  qui  a  été  adoptée  par  le  Nautical  Almanac  comme 
nombre  fondamental  [as  the  Standard). 

»   Cette  différence  provient  principalement  de  deux  sources  : 

»  i°  De  l'influence  de  la  variation  sur  la  valeur  de  P.  Dans  les  Annales  de  l'Observa- 
toire, vol.  IV,  p.  47,  nous  trouvons 

3v  = -,  —,  cosi  sin  (v  —  v). 

m  ■+-  m'  tt'  ' 


(  «77  ) 

»   Soit  /   la  longitude  moyenne  du  Soleil, 

/'  »  de  la  Lune, 

T)  =  l'—l. 

En  tenant  compte  des  termes  ayant  poui'  argument  2D,  nous  trouvons 

v'  =/'-f-  237i"sin?.D, 

7r'  =  lt',  -+-  2^",6cOS2D. 

Ce  sont  les  seuls  termes  qui   affectent  sensiblement  le  coefficient  de  D  dans   le  dévelop- 
pement de  Sv.  Posant  donc  v  =  /,    7r  =  t70,  nous  avons 

in  '  G  \ 

1 —?—  C0S2D  )  sin(D  -+-  237i"sin2D). 


Mais 


sin  (D  -4-  237 1  "sin  2  D)  =  1  ,0057  sinD  -I-  0,0057  sin3D, 

27", 6 
1  ,0057  sinD  X  — —, —  C0S2D  =  —  o,oo4o  sinD  -I-  o,oo4o  sin  3D; 

§j  =  -,  coss'  —r  (1  ,0097  sinD  +  0,0017  sin  3 D). 


»  La  partie  fractionnaire  du  facteur  1  ,00^7  paraît  avoir  été  négligée  par  M.  Le  Verrier. 
Son  origine  géométrique  peut  être  exprimée  ainsi  :  En  réalité,  l'orbite  delà  Lune  est  allongée 
dans  la  direction  des  quadratures;  de  plus,  en  raison  de  l'inégalité  237i"sin2D,  elle  occupe 
une  plus  grande  proportion  de  son  temps  dans  le  voisinage  des  quadratures.  Par  suite  de 
ces  deux  causes,  la  valeur  de  P  est  systématiquement  plus  grande  que  si  la  Lune  se  mouvait 
dans  son  orbite  moyenne. 

i>  20  II  m'a  été  tout  à  fait  impossible  de  reproduire,  ou  même  de  trouver  à  peu  près  [lo 
reproduce  or  even  to  trace),  l'équation  de  M.  Le  Verrier  de  la  page  10 1  : 

q's 

log—  =8,35199. 

Je  ne  puis  trouver  autre  chose  pour  ce  logarithme  que  8,35488,  différence  qui  correspond 
au  facteur  1,0067.  Ainsi  nous  avons  le  facteur  i,oi65,  par  lequel  la  parallaxe  solaire 
semble  être  multipliée  dans  le  résultat  de  M.  Le  Verrier,  outre  l'erreur  signalée  par 
M.  Stone. 

«  Cette  erreur  «  signalée  par  M.  Stone  »  altère  le  résultat  de  o",o4. 
Pour  voir  en  quoi  elle  consiste,  on  peut  se  reporter  à  ce  que  M.  Stone  en  a 
dit  dans  les  Monthly  Notices  de  la  Société  Astronomique  de  Londres,  cahier 
du  12  avril  1867  (vol.  XXVII,  p.  a4i).  » 


(  878  ) 

ASTRONOMIE.  —  Considérations  sur  tes  progrès  de  la  théorie  du  système  solaire 
et  planétaire;  par  M.  Le  Verrier.  (Résumé  de  l'exposé  fait  par  lui  à 
l'Académie.) 

«  L'illustre  astronome  de  Kcenigsberg,  Bessel,  avait  souvent  exprimé  le 
désir  que  l'on  comparât  rigoureusement  les  théories  des  planètes  avec  les 
observations,  et  qu'on  ne  se  bornât  pas  à  dire  que  tout  marchait  parfaitement 
d'accord,  à  moins  qu'on  n'en  eût  fourni  des  preuves  positives.  La  théorie 
du  Soleil,  ajoutait  Bessel,  n'a  point  fait  les  progrès  qu'on  était  en  droit 
d'attendre  du  grand  nombre  et  de  la  bonté  des  observations. 

»  Cette  étude  du  système  planétaire,  la  comparaison  de  toutes  les  données 
fournies  par  le  calcul  et  l'observation,  ont  été  l'objet  d'études  attentives 
de  la  part  de  M.  Le  Verrier.  Sans  parler  d'Uranus  et  de  Neptune,  dont  il 
s'est  occupé,  il  croit  avoir  mis  quelque  ordre  dans  nos  connaissances  rela- 
tives au  système  des  quatre  planètes  inférieures. 

»  Le  travail  demandé  par  Bessel  a  exigé  que  pour  chacun  des  astres  on 
reprît  en  entier  la  discussion  des  observations,  l'examen  des  théories  ana- 
lytiques, et  en  troisième  lieu  la  comparaison  des  théories  avec  les  obser- 
vations. Cette  comparaison  est  la  partie  la  plus  épineuse  de  la  question, 
parce  qu'on  se  trouve  aux  prises  avec  l'incertitude  des  observations.  Elle  a 
conduit  à  des  conséquences  physiques  et  a  permis  de  rédiger  des  Tables 
astronomiques  qui  sont  partout  en  usage. 

»  Comme  les  positions  des  astres  sont,  dans  les  observations,  rapportées 
aux  étoiles,  il  importe  que  les  Catalogues  auxquels  on  emprunte  ces  points 
de  repère  soient  parfaitement  précis.  Si  l'on  avait  pu  et)  répondre,  toute 
conclusion  à  laquelle  on  serait  ultérieurement  arrivé,  et  qui  aurait  accusé 
une  divergence  entre  les  observations  et  la  théorie,  aurait  été  frappée  d'in- 
certitude. Il  a  donc  fallu  revoir  d'abord  le  Catalogue  des  ascensions  droites 
des  étoiles  fondamentales  donné,  pour  17^5,  par  Bradley  dans  ses  Funda- 
menta  astronomiœ,  et,  pour  1 845,  par  Airy.  Qu'on  nous  excuse  de  rap- 
peler que  nous  avons  reconnu  dans  le  Catalogue  des  Fundamenla  la  néces- 
sité d'un  assez  grand  nombre  de  corrections,  dont  quelques-unes  s'éle- 
vaient jusqu'à  4  secondes  d'arc.  La  vérification  des  corrections  que  nous 
avions  indiquées  a  été  donnée  au  concours  en  Allemagne.  Ce  concours  a 
fait  ressortir  l'exactitude  de  notre  travail. 

»  Avons-nous  besoin  de  dire  que  la  nécessité  de  ces  corrections,  mise  en 
évidence  par  un  examen  scrupuleux,  n'a  pu  nuire  en  quoi  que  ce  soit  à  la 


(  «79) 
puissante  autorité  des  Fundamenla  astronomice  et  à  la  réputation  de  l'illustre 
Bessel.  C'est  le  sort  de  toutes  les  grandes  œuvres  d'être  ultérieurement  rec- 
tifiées sur  des  points  de  détail,  sans  cpie  le  mérite  du  travail  original  en 
puisse  souffrir  en  quoi  que  ce  soit. 

»  Nos  Tables  du  Soleil  ont  été  données  en  1 858.  Nous  avons  été  entraîné 
par  les  difficultés  de  la  question  à  discuter  successivement  un  nombre  im- 
mense d'observations,  gooo  environ,  comprenant  des  observations  de  Bra- 
dley,  Maskelyne,  Pond,  Airy,  Bessel,  et  des  observations  de  Paris.  La  con- 
clusion a  été  inverse  de  ce  qu'on  pouvait  supposer.  Après  bien  des  essais, 
nous  avons  reconnu  que  la  théorie  suffisait  à  représenter  les  observations 
dans  les  limites  de  leur  exactitude.  Une  discussion  approfondie  a  montré 
que,  même  pour  un  seul  observateur  et  dans  le  même  observatoire,  il  se  pré- 
sente tout  à  coup  dans  les  observations  du  Soleil  des  solutions  de  conti- 
nuité de  2  secondes  d'arc  et  dont  la  cause  reste  cachée;  du  moins  est-on 
réduit  à  des  hypothèses  à  cet  égard. 

»  Le  changement  d'une  seule  constante  a  été  indiqué  par  la  discussion, 
celui  de  la  valeur  de  la  parallaxe  du  Soleil.  Le  Directeur  regretté  de  l'Ob- 
servatoire de  Berlin,  Encke,  a  discuté  toutes  les  observations  du  passage  de 
Vénus  sur  le  Soleil,  en  1769,  et  en  avait  conclu  pour  la  valeur  de  la  paral- 
laxe 8", 58.  Ce  nombre  a  été  reçu  dans  l'Astronomie,  comme  étant  la  vraie 
valeur  de  la  parallaxe  et  le  chiffre  le  plus  exact  que  l'on  pût  tirer  des  obser- 
vations des  passages  de  Vénus.  Or,  j'ai  conclu,  par  la  discussion  des  observa- 
tions du  Soleil,  que  la  parallaxe  horizontale  et  moyenne  de  cet  astre  devait 
être  plus  considérable  cpie  celle  donnée  par  Encke,  et  je  l'ai  portée  à  8",o,5. 

»  La  théorie  de  Mercure  et  sa  comparaison  avec  les  observations  est 
l'un  des  travaux  qui  m'ont  donné  le  plus  de  peine  et  de  soucis.  J'y  suis 
revenu  à  diverses  reprises  pendant  vingt  années.  Je  suis  arrivé  à  cette  con- 
clusion fondamentale  que  toutes  les  observations  pouvaient  être  représentées 
par  la  théorie  à  une  seule  condition,  qu'on  donnât  au  périhélie  de  la  pla- 
nète un  mouvement  direct  plus  rapide  que  celui  qu'on  déduit  des  actions  des 
planètes  perturbatrices,  calculées  avec  les  valeurs  des  masses  les  plus  fortes 
qu'il  soit  possible  de  leur  attribuer.  Nous  reviendrons  sur  cette  question. 

»  La  théorie  de  Vénus  refaite  en  son  entier  et  comparée  à  son  tour  avec 
les  observations  de  la  planète  discutées  à  nouveau,  a  montré  de  même  que 
les  observations  pouvaient  être  représentées  par  la  théorie  à  cette  condition 
seulement,  qu'on  accroîtrait  la  valeur  de  la  masse  de  la  Terre  des  j^  de 
celle  qu'on  lui  attribue. 

»   Mais  on  sait  qu'il  n'est  pas  possible  d'accroître  ainsi   la  masse  de  la 


(  88o  ) 
Terre  sans  donner  en  même  temps  à  la  valeur  attribuée  à  la  parallaxe  un 
accroissement  égal  au  tiers  du  précédent,  savoir  j-f^  de  la  valeur  reçue. 
Les  conclusions  tirées  de  l'étude  de  la  marche  de  Vénus  conduisent 
ainsi  à  cette  conséquence  que  la  valeur  de  la  parallaxe  solaire  doit  être 
portée  à  8",  83. 

»  La  planète  Mars  enfin  a  été  l'objet  de  la  même  discussion.  La  révision 
des  observations,  la  constitution  de  la  théorie  et  la  comparaison  de  l'en- 
semble de  ces  données  a  montré  qu'ici  encore  tout  marcherait  d'accord 
à  une  seule  condition  :  qu'on  ajoutât  quelque  chose  au  mouvement  du 
périhélie  de  Mars,  tel  qu'il  résulterait  de  l'action  des  planètes  voisines, 
calculée  avec  les  masses  qu'on  leur  attribue. 

»  En  admettant  que  cet  accroissement  du  mouvement  du  périhélie  de 
Mars  exige  un  accroissement  de  la  masse  de  la  Terre  elle-même,  il  serait 
égal  au  0,138  de  la  masse  reçue  pour  notre  planète,  et  toujours  d'après  le 
même  principe,  il  faudrait  en  conclure  que  la  parallaxe  du  Soleil  devrait 
être  portée  à  8", 96.  Mais  il  faut  remarquer  que  ceci  suppose  que  la  masse 
des  anneaux  d'étoiles  filantes  qui  rencontrent  la  Terre  ou  qui  circulent 
autre  part  dans  le  ciel,  et  qui  pourraient  avoir  une  action  sur  Mars,  soit 
très-faible.  On  peut  l'admettre  aujourd'hui  que  nous  savons  que  les  étoiles 
filantes  ne  sont  que  des  débris  de  comètes;  on  l'ignorait  à  l'époque  où 
nous  avons  donné  notre  travail. 

»  Il  faut  admettre  encore  que  l'action  de  la  masse  des  petites  planètes 
situées  entre  Mars  et  Jupiter  soit  insensible.  Plus  rigoureusement,  on  doit 
dire  que  dix  fois  la  correction  de  la  masse  de  la  Terre,  plus  trois  fois  la 
masse  de  l'ensemble  des  petites  planètes  distribuées  en  moyenne,  d'après  ce 
qu'on  en  sait  aujourd'hui,  doit  faire  une  somme  égale  à  1 ,38  ;  l'unité  étant  la 
masse  admise  pour  la  Terre  quand  on  la  déduit  de  la  parallaxe  d'Encke,  8", 58. 

»  La  question  se  trouvait  en  cet  état,  tout  indiquant  la  nécessité  d'un 
accroissement  de  la  valeur  attribuée  à  la  parallaxe,  lorsque  nous  avons  for- 
tement engagé  notre  éminent  collaborateur,  M.  Léon  Foucault,  à  presser 
l'exécution  des  travaux  qu'il  avait  entrepris  pour  la  mesure  de  la  vitesse  de 
la  lumière  à  la  surface  de  la  Terre.  On  savait  que  cette  mesure  devait  con- 
duire, combinée  avec  la  valeur  de  l'aberration,  à  une  détermination  d'une 
quantité  de  la  valeur  de  la  parallaxe  solaire.  Et  il  était  à  désirer,  disions- 
nous,  que  cette  mesure  intervint  avant  celles  qu'on  pourrait  déduire  de 
l'observation  prochaine  de  Mars  en  opposition. 

«  M.  Foucault  voulut  bien  se  rendre  à  notre  désir.  Et  aprè$  une  suite  de 
travaux,  dont  nous  avons  suivi  les  importants  résultats  à  mesure  qu'il  les 


(  88,  ) 
obtenait,  il  communiqua  à  l'Académie,  le  %-i  septembre  1862,  le  résultat  de 
ses  opérations,  dont  il  déduisait  8",  86  pour  la  parallaxe  solaire. 

»  En  ce  moment  même,  Mars  était  en  opposition,  et  il  était  l'objet  de  l'in- 
vestigation attentive  des  astronomes. 

»  C'est  avec  l'assentiment  des  astronomes  de  profession,  et  par  une  ré- 
serve indispensable,  que  l'Observatoire  de  Paris  ne  s'est  pas  mêlé  de  ces  der- 
nières observations.  L'histoire  astronomique  nous  apprend  en  effet  cpie 
lorsqu'un  observateur  éprouve  quelque  préoccupation,  les  mesures  délicates 
auxquelles  elle  se  rapporte  en  souffrent  toujours  d'une  manière  systématique. 
L'astronome  très-consciencieux  se  défend  contre  le  résultat  qu'il  croit  de- 
voir obtenir,  observe  en  quelque  sorte  à  minimâ,  et  obtient  un  nombre  en 
deçà  de  la  vérité.  L'observateur  moins  scrupuleux  se  laisse  aller  sans  s'en 
douter  au  penchant  contraire  et  passe  au  delà  de  la  vérité. 

>>  Par  la  discussion  des  observations  faites  il  Greenvvich  et  dans  l'hémi- 
sphère austral,  M.  Stone  trouva  la  parallaxe  8",  g3,  qu'il  communiqua  à  la 
Société  Astronomique  de  Londres  dans  la  séance  du  10  avril  1 863. 

»  En  même  temps,  M.  Winnecke,  par  la  discussion  des  observations  faites 
à  Poulkowa  et  dans  l'hémisphère  austral,  avait  obtenu,  et  publié  dans  les 
Asironomiche  Nachrichten  du  7  avril,  la  valeur  8", 96  de  la  parallaxe. 

»  Enfin  le  12  juin  de  la  même  année,  dans  le  n°  8  des  Monthly  Notices 
de  la  Société  Astronomique,  à  la  demande  de  M.  Stone,  l'éminent  astro- 
nome de  Gotha,  M.  Hansen,  concluait  que  la  parallaxe  du  Soleil,  qu'il 
avait  déjà  élevée  à  8",  66  en  l'adoptant  pour  base  de  ses  calculs  théoriques, 
devait  être  portée  à  8",g7. 

»  Telles  sont  les  valeurs  primitivement  publiées  et  concourant  toutes  à 
la  nécessité  d'accroître  la  valeur  de  la  parallaxe  attribuée  au  Soleil.  G  est 
en  partant  de  ces  données  que  les  Observatoires  de  Paris  et  de  Greenwich 
sont  tombés  d'accord  sur  la  convenance  d'attribuer  désormais  dans  les  cal- 
culs la  valeur  8",  94  à  la  parallaxe  solaire. 

»  Aujourd'hui  ces  déterminations  ont  été  revues.  On  a  porté  certaines 
approximations  plus  loin,  corrigé  quelques  fautes  de  calculs  ou  de  réduc- 
tions, et  on  conclut  qu'il  faudrait  attribuer  à  la  parallaxe  la  valeur  8", 85.  La 
nécessité  d'accroître  la  valeur  8",  56,  qui  était  considérée  comme  définitive, 
est  donc  reconnue,  ce  qui  est  l'important;  car  la  différence  entre  les  va- 
leurs 8", 94  et  la  valeur  8",  85,  qu'on  obtient  en  réduisant  les  déterminations 
astronomiques  et  en  particulier  celles  de  Winnecke,  Stone  et  Hansen,  est  si 
minime,  que  nous  ne  croyons  pas  qu'on  en  puisse  répondre. 

»  M.  Powalky  a  revu  de  son  côté  la  détermination  de  la  parallaxe   par 

0.  R.,  1867,   2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  22.)  '  '  ^ 


(  882  ) 
les  passages  de  Vénus,  et  au  lieu  du  nombre  8",  5G  trouvé  par  Encke,  il 

est  arrivé  précisément  au  nombre  8",  8(5  donné  par  M.  Léon  Foucault. 
Cette  coïncidence,  que  M.  Powalky  nous  permette  de  le  dire,  sans  lui 
en  faire  aucune  espèce  de  reproche,  est  trop  grande.  S'il  s'était  borné  à  re- 
prendre les  calculs  d'Encke  en  conservant  toutes  les  observations  employées 
par  l'astronome  de  Berlin,  introduisant  seulement  les  changements  reçus 
dans  les  valeurs  des  longitudes  terrestres,  et  qu'il  fût  arrivé  ainsi  au 
nombre  8",  86,  ce  résultat  aurait  assurément  une  très-haute  valeur.  Mais 
M.  Powalky  ne  s'est  point  borné  là.  Il  a  éliminé  toutes  les  observations  qui 
lui  paraissaient  douteuses.  Il  ne  nous  a  pas  paru  qu'il  fût  suffisamment  fondé 
à  cet  égard,  et  il  serait  désirable  que  M.  Powalky  pût  nous  montrer,  ce  qui 
lui  sera  sans  doute  facile,  que  son  élimination  ne  s'est  pas  ressentie  d'une 
idée  préconçue,  influence  qu'on  subit  trop  souvent  malgré  soi.  Nous  vou- 
drions que  M.  Powalky  nous  fit  connaître  le  résultat  auquel  on  arriverait 
si  l'on  conservait  toutes  les  observations  (i). 

»  Ce  n'est  pas  que  nous  n'eussions  éprouvé  une  certaine  satisfaction  à 
voir  la  parallaxe  solaire  portée  à  une  valeur  moins  élevée,  car  alors  on 
aurait  pu  arriver  à  une  certaine  connaissance  de  la  masse  totale  de  la  ma- 
tière des  petites  planètes  situées  entre  Mars  et  Jupiter,  ainsi  que  nous 
l'avons  dit  plus  haut.  Mais  malheureusemenr,  soit  qu'on  admette  la  paral- 
laxe 8", g4,  soit  qu'on  admette  la  parallaxe  8",85,  la  différence  est  si  minime, 
qu'elle  ne  laisse  entre  les  théories  et  les  observations  que  des  écarts  dont 
on  ne  peut  guère  répondre. 

»  Pourra-t-on  obtenir  une  approximation  plus  considérable  par  l'obser- 
vation du  passage  de  Vénus  sur  le  Soleil  en  1874?  Les  astronomes  feront, 
sans  aucun  doute,  tous  leurs  efforts  pour  y  parvenir,  mais  sans  être  cer- 
tains d'y  arriver,  et  il  n'y  a  à  cela  aucun  inconvénient  grave;  car,  si  l'on 
ne  peut  pas  se  prononcer  au  sujet  d'une  très-minime  différence,  c'est  qu'elle 
n'a  qu'un  effet  insensible  dans  les  observations  et  les  théories,  sans  quoi 
l'on  arriverait  à  décider  à  son  égard. 

»  Le  méridien,  pour  lequel  le  milieu  du  passage  de  Vénus  sur  le  Soleil 
en  1874  l,lll'a  l'eu  à   midi,  passe  en  Russie,  où  il  traverse  le  lac  Baïkal. 


(1)  Nous  recommanderons  à. M.  Delaunay  deux  choses  : 

i°  Si  l'on  adopte  la  parallaxe  S", 86,  l'équité  veul  qu'on  l'attribue  franchement  à  M.  Fou- 
cault et  nuii  à  M.  Powalki  ; 

2°  Il  est  à  désirei  qu'on  ne  conserve  pas  en  même  temps  l'ancienne  valeur  de  la  niasse 
de  la  Terre,  ce  qui  est  une  grosse  erreur. 


(  883  ) 
Comme  on  sera  en  décembre  et  que  la  journée  sera  très-courte,  il  ne  sera  pas 
possible,  si  l'on  vent  observer  à  la  fois  l'entrée  et  la  sortie,  de  monter  plus 
au  nord  que  le  sud  du  lac,  et,  si  l'on  s'éloigne  du  méridien  en  tirant  vers  le 
Japon,  il  faudra  descendre  en  même  temps  vers  le  sud.  Le  concours  des  as- 
tronomes russes  est  assuré  de  ce  côté.  Dans  l'hémisphère  austral,  les  obser- 
vations correspondantes  pourront  être  faites  au  sud  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande ou  à  l'ile  de  Kervéguen.  Le  concours  de  la  Marine  impériale  est 
assuré  pour  ces  travaux  scientifiques. 

»  Diverses  circonstances  ont  contraint  M.  Le  Verrier  à  exprimer  devant 
l'Académie  le  regret  qu'un  des  Membres,  M.  Delaunay,  s'arroge  ici  ou 
accepte  ailleurs  la  mission  de  contrôler  et  de  juger  les  travaux  et  les  actes 
scientifiques  de  ses  collègues.  On  ne  saurait,  à  aucun  égard,  lui  reconnaître 
le  droit  d'en  agir  ainsi. 

»  En  présence  d'immenses  travaux  scientifiques  (qu'on  excuse  cette 
épithète),  M.  Delaunay  va  chercher  de  misérables  bribes  de  calculs  et  s'ef- 
force de  faire  croire  au  public,  étranger  à  la  science, que  ce  sont  là  de  grosses 
choses,  propres,  selon  lui,  à  compromettre  un  homme;  comme  si  on  n'en 
avait  pas  trouvé  autant  et  davantage  dans  les  travaux  de  Bessel  même. 
M.  Delaunay  ressemble  à  celui  qui,  ayant  à  juger  d'un  monument,  refu- 
serait de  lever  les  yeux  et,  cherchant  à  terre  dans  quelques  assises  quelque 
pierre  écornée,  ne  voudrait  voir  qu'elle. 

»  La  situation  que  prend  M.  Delaunay, à  l'Académie  et  ailleurs,  autorise 
à  lui  dire  qu'il  échappe  trop  facilement  aux  inconvénients  qu'ont  éprouvés 
tous  ceux  qui  ont  travaillé  dans  les  diverses  parties  de  l'Astronomie.  Les 
étoiles,  les  planètes,  les  comètes,  et  surtout  toute  cette  grande  question 
des  observations,  sont  lettre  morte  pour  lui.  Il  ne  s'en  est  jamais  occupé. 
Dans  la  Lune  même,  le  seul  problème  où  il  soit  resté  cantonné,  il  n'a  point 
comparé  sa  théorie  avec  les  observations;  il  aurait  donné  un  volume  entier 
de  faux  sur  deux,  que  personne  n'en  saurait  rien  quant  à  présent. 

»  Aussi  nos  Tables  du  Soleil,  de  Mercure,  de  Vénus,  de  Mars  sont-elles 
employées  pour  la  rédaction  des  éphémérides  étrangères  et  pour  celle  de 
la  Connaissance  des  Temps  du  Bureau  des  Longitudes,  tandis  que  le  Bureau 
est  obligé  d'accepter  pour  la  Lune  les  Tables  allemandes  de  M.  Hansen. 
Et  certes  M.  Delaunay  n'accusera  pas  le  Bureau  de  partialité  contre  lui. 

«  Mais  je  suis  impartial,  nous  dit  M.  Delaunay,  à  mon  point  de  vue,  bien 
»  entendu.  »  La  vérité  lui  échappe  ici.  C'est  précisément  son  point  de  vue 
qu'il  appelle  de  l'impartialité,  et  qui  n'est  que  de  la  passion.  L'Histoire  qu'il 
présente   aujourd'hui   à    l'Académie   sera  examinée   ultérieurement.  Nous 

1 1 5 . . 


(  884  ) 
nous  bor  lerons  ici  à  montrer  par  un   souvenir  ce  que  c'est  que  l'impar- 
tialité de  M.  Delaunay. 

»  M.  Le  Verrier  a  donné,  avons-nous  dit,  une  nouvelle  théorie  de  Mer- 
cure. Comme  il  devait  y  avoir  un  passage  de  cette  planèle  sur  le  Soleil  le 
la  novembre  i8Gr,  il  en  calcula  à  l'avance  les  phases,  notamment  l'entrée 
sur  le  disque,  et  annonça  le  résultat  de  ce  calcul  à  l'Académie.  Il  y  avait 
3  minutes  de  différence  entre  l'instant  déduit  de  ses  Tables  et  celui  qui  était 
inséré  dans  la  Connaissance  des  Temps  et  conclu  des  anciennes  Tables  en 
usage.  M. Le  Verrier  attendit,  non  sans  une  certaine  émotion,  la  confirmation 
de  l'expérience,  et  lorsqu'il  reçut  de  son  collègue  de  Rome,  le  P.  Secchi, 
une  Lettre  empressée  lui  annonçant  que  Mercure  avait  paru  sur  le  discpie 
du  Soleil  à  l'heure,  à  la  minute,  à. la  seconde  même  annoncée,  il  porta  ce 
résultat  à  l'Académie  avec  la  confiance  qu'on  lui  rendrait  justice. 

»  Mais  il  avait  compté  sans  M.  Delauuay,  qui,  ne  voulant  pas  lui  laisser 
pour  un  seul  instant  le  bénéfice  de  cette  exactitude,  se  leva  pour  dire  que 
cela  ne  prouvait  rien  du  tout.  s 

»  Or,  comme  il  n'est  pas  douteux  que  si  le  phénomène  ne  tût  pas  arrivé 
à  l'heure  prévue,  M.  Delaunay  se  serait  levé  pour  le  reprocher  à  M.  Le  Ver- 
rier, quelle  preuve  veut-on  de  plus  que  M.  Delaunay  est  décidé  quand 
même  à  attaquer  son  collègue? 

»  Et  quelle  justification  encore  voudrait-on  de  plus  de  la  persistance 
que  nous  mettons  et  que  nous  mettrons  à  le  récuser  comme  appréciateur 
officiel  de  nos  actes  scientifiques? 

»  L'année  dernière,  M.  le  Ministre  avait  bien  voulu  nous  offrir  d'écrire 
nous-même  l'Histoire  scientifique  dont  il  a  ultérieurement  chargé  M.  De- 
launay,  et  que  celui-ci  vient  de  présenter  à  l'Académie.  M.  Le  Verrier 
déclina  cette  offre,  donnant  pour  motif  qu'il  lui  faudrait  juger  un  adver- 
saire, M.  Delaunay,  et  ne  serait  pas  accepté  comme  historien  impartial. 
M.  Delaunav  n'a  pas  de  ces  scrupules.  M.  Le  Verrier  préfère  son  rôle  et  s'y 
tient,  résolu,  comme  il  Ta  promis  à  l'Académie,  de.  ne  pas  attaquer,  mais 
de  se  défendre  très-énergiquement  quand  on  s'en  prendra  à  lui  avec  ini- 
quité. » 

31.  Mattf.i'cci  fait  hommage  à  l'Académie  de  la  première  Partie  du  Cours 
d'éleclro-pli)  siolocjie  qu'il  a  fait,  cet  été,  au  Musée  de  Physique  et  d'Histoire 
naturelle  de  Florence.  Cet  envoi  est  accompagné  de  la  Lettre  suivante, 
adressée  à  M.  Chevreul  : 

«   Cette  première  Partie  traite  de  l'action  de  l'électricité  sur  les  nerfs  et 


(  885  ) 
sur  les  muscles.  Dans  la  septième  Leçon  j'ai  exposé  mes  dernières  recherches 
sur  le  pouvoir  électromoteur  secondaire  des  nerfs  et  ses  applications  à 
l'électrophysiologie.  Ce  sujet,  dont  je  ne  cesse  de  m'occuper,  a  introduit 
dans  cette  partie  de  la  physicpie  physiologique  un  point  de  vue  nouveau  et 
cpii  doit  jeter  heaucoup  de  lumière  sur  l'explication  de  phénomènes  jus- 
qu'ici très-ohscurs.  Il  s'agit  de  découvrir  et  d'étudier  les  changements* 
chimiques  qui  se  produisent  dans  les  nerfs  et  dans  les  muscles  par  le  pas- 
sage de  l'électricité,  et  de  voir  les  effets  de  ces  changements  sur  les  phéno- 
mènes électro-physiologiques.  En  un  mot,  ou  doit  rattacher  l'électro-phy- 
siologie  aux  phénomènes  très-connus  de  l'électro-chimie. 

»  Dans  la  Leçon  cpie  j'ai  citée,  j'ai  exposé  quelques  expériences  diffé- 
rentes de  celles  qui  ont  été  communiquées  dernièrement  à  l'Académie,  sur 
l'électroionc  des  nerfs,  qui  est  aujourd'hui  sans  aucun  doute  un  phénomène 
de  polarité  secondaire.  Pour  le  démontrer,  il  suffit  de  prendre  deux  fils,  un 
de  platine  et  l'autre  de  zinc,  de  un  à  deux  millimètres  de  diamètre.  On  re- 
couvre d'amalgame  le  fil  de  zinc  et  on  enveloppe  les  deux  fils  d'une  couche 
de  fil  de  chanvre.  Ces  deux  fils  ainsi  préparés  sont  imbibés  à  la  surface 
d'une  solution  de  sulfate  de  zinc.  On  sait  qu'avec  des  fils  de  platine  le  pas- 
sage du  courant  électrique  développe  des  courants  secondaires  très-forts, 
tandis  qu'on  n'obtient  pas  ces  courants  en  opérant  s\ir  des  fils  de  zinc. 
On  dispose  alors  l'expérience  de  l'électrotone  en  faisant  passer  le  courant 
de  la  pile  à  une  extrémité  du  fil  et  en  posant  les  électrodes  du  galvano- 
mètre à  l'autre  extrémité.  Je  suis  allé,  pour  cette  distance  entre  le  courant 
de  la  pile  et  les  électrodes  du  galvanomètre,  jusqu'à  un  mètre,  et^  avec  le  fil 
de  platine,  j'ai  toujours  obtenu  des  signes  d'un  courant  qui  marchait  dans  le 
même  sens  que  celui  de  la  pile  et  dont  l'intensité  augmentait  considérable- 
ment en  diminuant  cette  distance.  Les  papiers  réactifs  montrent  qu'au  con- 
tact du  pôle  positif,  par  exemple,  il  y  a  une  très-forte  réaction  acide,  tandis 
que  plus  loin,  en  dehors  de  l'électrode,  le  courant  voltaïque,  qui  circule 
dans  la  couche  humide  externe  pour  entrer  dans  le  fil  central  de  platine, 
manifeste  sa  présence  par  une  réaction  alcaline.  C'est  entre  ces  deux  pro- 
duits électrolytiques  que  se  développe  le  courant  d'électrotone,  en  dehors 
des  électrodes,  c'est-à-dire  de  l'alcali  à  l'acide,  suivant  les  très-anciennes 
expériences  de  MM.  Becquerel  et  Nobili.  On  explique  de  même  le  courant 
en  dehors  de  l'étrectrode  négatif.  Il  est  toujours  très-remarquable  de  voir 
ces  produits  électrolytiques  s'étendre  si  rapidement,  à  une  si  grande  dis- 
tance des  électrodes  de  la  pile,  et  se  manifester  par  des  courants  électro- 
chimiques. Rien  de  pareil  avec  le  fil  de  zinc,  qui  ne  donne  pas  les  polarités 


(  886  ) 
secondaires  :  avec  ce  fil  et  tout  en  mettant  la  pile  et  les  électrodes  du  gal- 
vanomètre très-rapprochés,  on  n'a  pas  de  courant  d'électrotone. 

»   Je  m'occupe  dans  ce  moment  de  l'étude  des  changements  chimiques 

des  muscles  qui  ont  été  soumis  au  passage  continu  du  courant  électrique 

directet  du  courant  électrique  inverse.  J'ai  déjà  acquis  la  certitude  que  ces 

.changements  sont  hien  différents  entre  eux,   et  cela  d'une  manière  con- 

stante. 

»  J'espère  pouvoir  bientôt  communiquer  ces  résultats  à  l'Académie.   » 

MÉMOIRES  LUS 

chirurgie.  —  Note  sur  un  nouvel  appareil  propre  à  rendre  usuelle  l'occlusion 
pneumatique  dans  le  traitement  des  plaies  exposées;  par  M.  J.  Guérir. 
(Extrait  par  l'auteur,) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  Dans  nue  première  communication  que  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  à 
l'Académie,  le  5  novembre  186b,  j'ai  fait  connaître  un  système  d'appareils 
propres  à  réaliser  l'occlusion  pneumatique  à  la  surface  du  corps  humain. 

»  Inspirée  par  la  méthode  sous-cutanée  dont  elle  est  la  conséquence 
pratique  la  plus  générale,  l'occlusion  pneumatique,  considérée  dans  ses 
applications  à  la  chirurgie,  a  pour  but  de  convertir  en  plaies  sous-cutanées 
toutes  les  plaies  exposées,  c'est-à-dire  celles  qui  sont  faites  avec  une  divi- 
sion correspondante  de  la  peau. 

»  L'Académie  sait  depuis  longtemps  que  le  caractère  physiologique  des 
plaies  pratiquées  par  la  méthode  sous-cutanée  est  de  réaliser  la  cicatrisa- 
tion des  plaies  sans  inflammation  suppurative,  et  suivant  un  mécanisme 
auquel  j'ai  donné  le  nom  d'organisation  immédiate.  L'occlusion  pneumatique, 
dont  tous  les  éléments  tendent  au  même  résultat,  a  donc  pour  but  de  réa- 
liser la  cicatrisation  immédiate  des  plaies  exposées. 

»  Ce  bul,  qu'on  peut  considérer  comme  le  dernier  mot,  l'idéal  de  la  mé- 
thode, est  quelquefois  traversé  par  des  obstacles  qui  ne  permettent  de  l'at- 
teindre qu'imparfaitement,  soit  parce  que  la  plaie  a  déjà  subi  quelque 
temps  l'influence  de  l'air,  soit  parce  qu'elle  renferme  des  éléments  de  com- 
plications qui  la  rendent  fatalement  tributaire  de  l'inflammation  suppu- 
rative. Dans  ces  cas,  comme  dans  ceux  où  les  conditions  physiologiques 
sont  rigoureusement  réalisées,  l'occlusion   pneumatique  est  susceptible  de 


(  887  ) 
rendre  des  services  qui  sont  en  rapport  avec  les  moyens  dont  elle  dispose, 
moyens  qui  se  résument  dans  le  double  fait  d'une  protection  incessante  de 
la  surface  de  la  plaie,  et  d'un  appel  exercé  sur  les  gaz  et  liquides  excrétés 
par  cette  surface. 

»  Telle  est  donc  la  signification  et  en  quelque  sorte  la  formule  physiolo- 
gique et  thérapeutique  de  l'occlusion  pneumatique,  appliquée  au  traitement 
des  plaies  exposées. 

»  Je  me  propose  de  faire  connaître  dans  la  prochaine  séance,  si  l'Aca- 
démie me  le  permet,  les  principaux  résultats  pratiques  auxquels  est  arrivée 
jusqu'ici  l'occlusion  pneumatique,  entre  mes  mains  et  entre  les  mains  des 
chirurgiens  qui  l'ont  appliquée 

»  Pour  aujourd'hui,  je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  sou- 
mettre un  nouvel  appareil  qui  doit  compléter  l'arsenal  de  la  nouvelle  mé- 
thode, et  qui  est  surtout  propre  à  en  rendre  l'emploi  facile,  usuel  et  très- 
général. 

»  Dans  le  système  primitif,  l'appareil  principal  consistait  en  un  récipient 
pneumatique  d'une  capacité  assez  considérable  pour  suffire  de  lui-même, 
pendant  vingt- quatre  heures,  à  toutes  les  éventualités  et  à  toutes  les  exi- 
gences de  chaque  cas  particulier.  Imaginé  surtout  pour  les  premières  expé- 
riences, pour  celles  qui  devaient  démontrer,  avec  la  précision  scientifique, 
les  propriétés  et  l'efficacité  de  la  méthode,  il  offrait  le  double  inconvénient 
de  coûter  cher  et  d'être  d'un  entretien  compliqué.  Il  était  pour  ce  double 
motif  difficile  à  introduire  dans  la  pratique  des  hôpitaux. 

»  L'appareil  que  je  viens  soumettre  à  l'Académie  a  précisément  pour 
but  de  parer  à  ces  deux  inconvénients.  Il  consiste  dans  un  ballon  hémi- 
sphérique de  cristal,  offrant  trois  tubulures.  L'une,  centrale,  plus  con- 
sidérable, est  occupée  par  un  manomètre;  les  deux  autres  sont  destinées, 
l'une  à  mettre  le  malade  en  communication  avec  l'appareil,  et  l'autre  à 
mettre  l'appareil  lui-même  en  communication  avec  un  réservoir  central  de 
vide.  Avant  de  considérer  le  système  en  fonction,  j'appellerai  l'attention  de 
l'Académie  sur  le  manomètre  accusant  le  degré  de  vide  de  l'appareil. 

»  Ce  manomètre  consiste  en  un  tube  barométrique,  terminé  par  une 
poire  en  caoutchouc,  l'un  et  l'autre  remplis  de  mercure.  L'extrémité  supé- 
rieure du  tube  est  ouverte  à  l'air,  et  l'extrémité  inférieure  et  la  poire  qui 
la  termine  plongent  et  sont  renfermées  hermétiquement  dans  la  cloche  en 
verre.  A  mesure  que  le  vide  s'opère  dans  le  ballon,  la  boule  en  caoutchouc 
se  dilate  sous  l'influence  de  la  pression  atmosphérique,  et,  ses  parois  ayant 
une  épaisseur  uniforme  et  suffisante  pour  résister  à  une  pression  de  (rois 


(  888  ) 
quarts  d'atmosphère,  elle  laisse  descendre  la  colonne  de  mercure  le  long 
d'une  échelle  graduée  sur  le  tube  et  sur  le  côté  de  son  étui  protecteur.  On 
a  eu  soin,  avant  d'établir  la  graduation,  de  fixer  par  un  temps  d'épreuve 
suffisant  la  concordance  de  la  dilatabilité  et  de  l'élasticité  de  la  poire  en 
caoutchouc  avec  les  différents  degrés  de  la  pression  atmosphérique. 

»  Gel  appareil,  particulier  pour  chaque  malade  dans  un  hôpital,  est, 
comme  je  l'ai  dit,  en  rapport  avec  un  appareil  central,  réservoir  collectif  de 
vide;  de  telle  façon  cpie,  lorsque  le  manomètre  en  caoutchouc  accuse  une 
insuffisance  de  vide  dans  le  petit  appareil,  il  suffit  d'ouvrir  le  robinet  de 
communication  avec  l'appareil  central  pour  rétablir  le  vide  au  degré 
voulu. 

»  Une  disposition  importante  à  réaliser,  c'était,  tout  en  isolant  l'action 
pneumatique  au  degré  voulu  pour  chaque  malade,  de  pouvoir  isoler 
également  les  matières  excrétées  par  la  plaie  de  chacun  d'eux,  et  de  mon- 
trer toujours  aux  yeux  la  quantité  et  la  qualité  de  ces  matières  :  sang,  séro- 
sité ou  pus.  C'est  ce  que  réalise  mon  nouvel  appareil. 

»  On  peut  donc  par  ce  système  munir  toute  une  salle  d'hôpital  du  bé- 
néfice de  l'occlusion  pneumatique  au  moyen  d'un  appareil  central,  d'un 
tube  commun  régnant  tout  le  long  de  cette  salle  et  d'autant  de  tubes  d'em- 
branchement qu'il  y  a  de  lits  dans  la  salle. 

«  Comme  détail  économique,  j'ajouterai  que  chaque  appareil  ne  revient 
pas  à  plus  de  25  francs,  et  le  système  entier  à  5oo  francs. 

chirurgie.  —  Note  sur  la  méthode  d'aspiration  continue  et  sur  ses  avan- 
tages pour  la  cure  des  grandes  amputations  ;  par  M.  Maisonmîuve.  (Extrait 
par  l'auteur.) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  Dans  un  travail  récent  que  j'ai  eu  l'honneur  de  présentera  l'Académie, 
j'exposais  : 

»  Que  les  accidents  fébriles  si  nombreux  et  si  variés  qui  compliquent  le 
plus  grand  nombre  des  blessures,  et  qui  constituent  le  principal  danger 
des  opérations  chirurgicales,  étaient  toujours  le  résultat  d'un  empoison- 
nement. 

»  Je  faisais  voir  comment  les  liquides  exsudés  de  la  surface  des  plaies, 
mouraient  au  contact  de  l'air  extérieur;  comment  ensuite  ils  se  putréfiaient 
et  devenaient  ainsi  des  poisons  redoutables,  .le  tirais  enfin  cette  conclu- 
sion que  si  l'on  pouvait  empêcher  les  liquides  morts  de  se  putréfier  ta  la  sur- 


(  889  ) 
face  des  plaies,   les  plus  grandes  opérations  de  la  chirurgie,   telles,    par 
exemple,  que  les  amputations  des  membres,  pourraient  être  pratiquées  sans 
compromettre  la  vie  des  malades. 

»  Il  s'agissait  donc  de  trouver  un  procédé  simple  et  pratique  qui  remplît 
cette  indication,  sinon  pour  tous  les  groupes  d'opérations,  au  moins  pour 
quelques-uns  des  plus  dangereux. 

»  Ce  procédé,  je  crois  qu'il  est  trouvé  pour  le  groupe  redoutable  des 
amputations  des  membres.  Il  consiste  à  soumettre  le  moignon  du  membre 
amputé  à  une  aspiration  continue,  laquelle  entraîne  les  liquides  sécrétés 
par  la  plaie,  au  fur  et  à  mesure  qu'ils  se  produisent,  et  les  transporte  dans 
un  récipient  avant  qu'ils  aient  eu  le  temps  de  se  putréfier. 

»  Voici  comment  on  l'exécute  :  après  avoir,  comme  d'habitude,  arrêté 
l'écoulement  du  sang  au  moyen  de  la  ligature  des  vaisseaux,  on  nettoie  la 
plaie  avec  le  plus  grand  soin,  on  la  lave  avec  de  l'alcool,  on  l'essuie  avec 
un  linge  sec,  on  en  rapproche  doucement  les  bords  au  moyen  de  quelques 
bandelettes  de  diachylon  ,  mais  sans  mettre  obstacle  à  l'écoulement  des  li- 
quides; on  applique  ensuite  une  couche  de  charpie  imbibée  de  liquides 
antiputrides,  tels  que  la  teinture  d'arnica,  le  vin  aromatique  ou  toute  autre 
substance  analogue;  puis  on  maintient  le  tout  avec  quelques  bandes  de 
linge,  imbibées  des  mêmes  liquides.  C'est  seulement  après  ce  pansement 
préliminaire,  qui  n'est  guère  que  le  pansement  usuel,  que  l'on  procède  à 
l'application  de  l'appareil  aspirateur. 

»  Cet  appareil  se  compose  :  i°  d'une  sorte  de  bonnet  de  caoutchouc 
muni  d'un  tube  de  même  substance;  2°  d'un  flacon  de  trois  ou  quatre 
litres  de  capacité,  muni  d'un  bouchon  percé  de  deux  trous;  3°  d'une 
pompe  aspirante,  munie  aussi  d'un  tube  flexible. 

»  Le  moignon  d'amputation,  enveloppé  de  son  pansement,  est  d'abord 
coiffé  du  manchon  de  caoutchouc.  L'orifice  de  .celui-ci  embrasse  exacte- 
ment le  pourtour  du  membre,  tandis  que  l'extrémité  de  son  tube  est  adap- 
tée à  l'une  des  tubulures  du  flacon.  A  l'autre  tubulure,  on  adapte  le  tuyau 
de  la  pompe  aspirante,  puis  on  fait  agir  le  piston. 

»  Bientôt,  l'air  contenu  dans  le  flacon  est  en  partie  aspiré  ou  chassé.  Les 
liquides  du  pansement,  mêlés  à  ceux  qui  suintent  de  la  plaie,  sont  aspirés 
eux-mêmes  et  viennent  tomber  dans  le  flacon.  Le  manchon  de  caoutchouc, 
privé  de  l'air  qu'il  contenait,  s'affaisse  et  s'applique  exactement  sur  le  moi- 
gnon. Le  poids  de  l'atmosphère  exerce  par  son  intermédiaire  une  compres- 
sion puissante,  qui  maintient  en  contact  les  surfaces  divisées,  et  qui,  com- 

C.  R.,  1867,  ?E  Semestre.  (T.  LXV,  N»  22.)  ■  '  6" 


(  890  ) 
binée  avec  l'aspiration   continue  produite  par  la   raréfaction  de  l'air  du 
flacon,  empêche  toute  collection  de  liquides  de  se  produire,  et  favorise  ainsi 
la  prompte  cicatrisation. 

»  C'est  le  même  mécanisme  que  celui  dont  M.  Guérin  se  sert  pour  sous- 
traire les  plaies  au  contact  de  l'air;  mais  le  mode  de  pansement  préalable 
en  rend  les  résultats  complètement  différents.  Clore  la  plaie  est  le  but  de 
M.  Guérin;  extraire  les  matières  putréfiables  est  le  nôtre.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

\\\TOMlE   COMPARÉE.—    Recherches    anatomiques  sur    quelques    Coléoptères 
aveugles;  par  M..  Ch.  Lespès.  (Extrait  par  l'auteur. 1 

(Renvoi  à  la  Section  de  Zoologie.) 

«  Les  naturalistes  connaissent  un  assez  grand  nombre  d'animaux  qui 
manquent  du  sens  de  la  vue.  Beaucoup  d'insectes  sans  yeux  ont  été  décrits 
depuis  quelques  années,  et  parmi  eux  les  Coléoptères  ont  surtout  attiré 
l'attention.  Les  uns  vivent  dans  les  cavernes,  les  autres  se  trouvent  dans  la 
terre,  et  quelques  uns  sont  les  animaux  domestiques  des  Fourmis. 

»  L'absence  de  l'œil  n'est  pas  le  caractère  d'une  famille  distincte,  et 
plusieurs  genres  appartenant  à  des  familles  différentes  offrent  la  même 
anomalie.  Aucun  de  ces  insectes  n'avait  été  jusqu'ici  le  sujet  d'études  ana- 
tomiques :  j'ai  examiné  le  système  nerveux  de  cinq  espèces,  les  seules  que 
j'aie  pu  me  procurer  en  nombre  suffisant  ;  plusieurs  autres  sont  d'une  taille 
si  petite,  qu'on  ne  peut  les  disséquer.  Ces  cinq  espèces  appartiennent 
à  quatre  familles  de  Coléoptères;  trois  vivent  dans  les  cavernes,  ce 
sont:  Y  Aphœnops  Leschenaullii  (Carabique),  Y  Adelops  pyrenœus  et  le  Pho- 
lenon  Querilhuci  (Sylphales);  une  vit  avec  les  Fourmis,  c'est  le  Claviger 
Duvalii  (Psélaphien);  la  dernière  se  trouve  profondément  sous  terre,  c'est 
le  Langelandia  anophthalma  (Latridien). 

»  Chez  tous  ces  insectes,  l'œil  manque  entièrement.  L'avorlemenl  de 
l'organe  a  entraîné  la  disparition  du  nerf  optique  et  même  celle  d'une 
partie  des  centres  nerveux,  car  les  ganglions  cérébroïdes,  au  lieu  de  former 
une  sorte  de  masse  transversalement  disposée  dans  la  tète,  ont  la  forme  de 
deux  corps  ovales  allongés  placés  presque  parallèlement.  Cette  forme  rap- 
pelle les  ganglions  cérébroïdes  de  quelques  larves  qui  sont  aveugles,  tandis 
que  les  insectes  parfaits  des  mêmes  espèces  possèdent  des  yeux.  » 


(  8gi  ) 
M.  Jayet  adresse,  pour  le  concours  du  prix  de  Statistique  :  i°  trois  Rap- 
ports sur  la  situation   de  l'Instruction  primaire  dans   le   département   de 
l'Indre,  pendant  les  trois  dernières  années  scolaires;  i"  une  brochure  inti- 
tulée :  «  Des  moyens  de  déterminer  la  population  scolaire  ». 

(Renvoi  à  la  future  Commission.) 

M.  J.  Gauneau  adresse,  pour  le  concours  des  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie,  une  brochure  intitulée  :  «  Éducation  physique  et  morale  des 
nouveau-nés  »,  et  joint  à  cet  envoi  une  analyse  manuscrite  de  l'ouvrage. 

(Renvoi  à  la  future  Commission.) 

M.  Hiette  adresse,  pour  le  concours  du  prix  Bréant,  un  exemplaire 
imprimé  de  ses  «  Recherches  sur  l'importation,  la  transmission  et  la  propa- 
gation du  choléra  en  province  par  les  nourrissons  de  Paris  »,  ouvrage  dont 
le  manuscrit  a  été  précédemment  adressé  à  l'Académie. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Rréant.) 

31.  Gagnage  adresse  un  Mémoire  ayant  pour  titre  :  «  Assainissement  des 
centres  de  population  :  question  des  abattoirs  ». 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Boussingault,  Payen.) 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance  :  i°  les  «  Recherches  sur  l'anatomie  de  l'hippopotame  »,  par 
feu  M.  Gratiolet,  adressées,  au  nom  de  Mme  Gratiolet,  par  M.  Alix  auquel  a 
été  confiée  la  publication  de  ces  recherches;  2°  un  ouvrage  de  M.  H.  Ber- 
thoud,  ayant  pour  titre  :  «  Les  hôtes  du  logis  ». 

M.  S.  Laugier  et  M.  Bkoca  prient  l'Académie  de  vouloir  bien  les  com- 
prendre parmi  les  candidats  à  la  place  vacante  dans  la  Section  de  Médecine 
et  de  Chirurgie,  par  suite  du  décès  de  M.  Velpeau. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

i  ib.. 


(  >V  ) 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  De  l'électrolyse  des  acides  organiques  el  de  leurs  sels. 
Note  de  M.  E.  Bourgoin,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  D'après  les  théories  généralement  admises,  l'action  du  courant  élec- 
trique sur  les  sels  organiques  serait  bien  différente  de  celle  qu'il  exerce 
sur  les  sels  minéraux,  puisqu'il  mettrait  en  liberté  les  composés  les  plus 
divers,  tels  que  des  radicaux  qui  se  doubleraient  au  moment  de  leur  for- 
mation, des  aldéhydes,  des  carbures  d'hydrogène,  etc. 

»  J'ai  reconnu  par  expérience  que  le  courant  n'a  en  réalité  qu'une  action 
unique,  fondamentale,  sur  tous  les  acides  et  les  sels,  soit  minéraux,  soit  or- 
ganiques; il  sépare  l'élément  basique  qui  va  au  pôle  négatif,  tandis  que  les 
éléments  de  l'acide  anhydre  et  l'oxygène  qui  répond  à  l'hydrogène  basique 
ou  an  métal  se  rendent  au  pôle  positif. 

»   Telle  est  l'action  fondamentale  du  courant  électrique. 

»  Si  cette  grande  loi  qui  domine  toute  l'électrolyse  n'a  pas  été  mise  jus- 
qu'ici en  évidence  d'une  façon  aussi  nette  et  aussi  générale,  il  faut  en  cher- 
cher la  cause  dans  la  nature  même  des  acides  organiques.  En  effet,  dans  le 
cas  d'un  sel  minéral,  du  sulfate  de  potasse,  par  exemple,  il  n'y  a  pas  d'oxy- 
dation possible  au  pôle  positif,  et  l'oxygène  qui  répond  à  l'élément  basique 
se  dégage  en  liberté.  Dans  le  cas  d'un  sel  organique,  la  réaction  reste  la 
même  ;  seulement  on  conçoit  que  l'oxygène  à  l'état  naissant  puisse  donner 
lieu  à  des  phénomènes  d'oxydation  et  réagisse  soit  sur  le  carbone,  soit  sur 
l'hydrogène  de  l'acide  ou  même  sur  ces  deux  éléments  à  la  fois. 

u  Si,  d'autre  part,  on  remarque  que,  lorsque  cette  combustion  a  lieu, 
l'oxygène  se  porte  de  préférence  sur  le  carbone,  et  qu'il  se  trouve  avec  ce 
dernier  dans  un  rapport  établi  par  la  composition  même  de  l'acide  et  par 
sa  basicité,  on  voit  qu'il  pourra  en  résulter  une  réaction  nettement  définie 
et  facile  à  formuler.  Celte  oxydation  normale  constitue  ce  que  l'on  peut 
appeler  la  réaction  caractéristique  de  l'acide  organique.  Mais  il  ne  faut  pas 
oublier  que  ce  n'est  qu'une  action  secondaire,  étrangère  à  l'action  du 
courant.  En  voici  des  exemples  : 

Acide  acétique aOH'O'  +  0,  =  2C!0,  +  C  fi  (Kolb). 

Acide  succinique. . .        C8  H'O6  -+-  O2  =  2  C-Ô'  -+-  C  11  (Kekulé). 

Acide  tartrique C"H,0'°-l-0,  =  2C01  +  C'H'O'     (Bourgoin). 

»   C'est  à  cet  ordre  de  réactions  qu'il  faut  rapporter  la  plupart  des  faits 
qui  ont  été  publiés  jusqu'à  ce  jour  sur  l'électrolyse  des  sels  organiques. 
»  Indépendamment  de  cette   oxydation   normale,  l'expérience  m'a  dé- 


(  «93  ) 
montré  qu'il  se  produit  encore  d'autres  oxydations  donnant  lieu  à  de  nou- 
velles réactions  secondaires.  On  se  rendra  compte  de  ces  faits, qui  compli- 
quent quelquefois  singulièrement    les    éleclrolyses,  en    ayant    égard    aux 
considérations  suivantes. 

»  Lorsque  l'on  électrolyse  un  sel  organique  en  présence  d'un  excès 
d'alcali,  ce  dernier,  d'après  mes  expériences,  se  comporte  à  la  manière  d'un 
sel,  subit  l'action  du  courant,  et  donne  de  l'oxygène  au  pôle  positif  :  l 'oxy- 
dation des  éléments  de  l'acide  pourra  donc  être  ici  plus  profonde  que  dans 
le  cas  normal,  celui  où  le  sel  est  seul  décomposé;  et  on  conçoit  même  que 
la  combustion  de  l'acide  puisse  être  complète,  comme  cela  peut  avoir  lieu, 
par  exemple,  avec  l'acide  succinique  : 

C8IP06  +  60-  =  3C-01  +  GH)--t-2II202. 

»  Entre  cette  oxydation  profonde  et  l'oxydation  normale  se  produisent 
des  combustions  intermédiaires;  ainsi  s'explique  dans  l'élcctrolyse  précé- 
dente la  formation  de  l'acétylène,  qui  accompagne  toujours  l'éthylène: 

C8ir04H-  202  =  2C20A  +  C4H2  +  H202. 

»  3 'ajoute  que  les  trois  séries  de  phénomènes  que  je  viens  de  formuler, 
savoir  :  l'action  fondamentale  du  courant,  l'oxydation  normale  de  l'acide 
organique,  et  les  antres  réactions  secondaires  peuvent  se  produire  simulta- 
nément dans  l'électrolyse,  et  que,  suivant  les  conditions  dans  lesquelles  on 
opère,  en  peut,  en  général,  faire  prédominer  telle  ou  telle  réaction,  l'action 
du  courant  étant  bien  entendu  dans  tous  les  cas  primordiale  et  fondamen- 
tale. 

»  Le  tableau  suivant  résume  d'une  manière  simple  et  précise  la  théorie 
cpii  précède  : 


Action  fondamentale  du  courant. 
Sels  et  ackles  minéraux  et  organiques  . . 


Pôle  N.  .  .  .  Métal  ou  hydrogène  basique. 

i  Éléments  de  l'acide  anhydre 

Pôle  P et 

'  Oxygène  de  l'acide  ou  du  sel. 

Acides  et  sels  organiques.    (Réactions  secondaires.) 

»   Premier   cas.     —     Oxydation    normale  par  l'oxygène   de    l'acide    ou 
du  sel  : 


Pôle  N Métal  ou  hydrogène  basique. 

i  Eléments  de   l'acide  anhydre 
et 
Oxygène  de  l'acide  ou  du  sel. 


Acide  carbonique. 

Carbure,  aldéhyde,  acide,  etc. 


(  894  ) 
»   Deuxième  cas.  —   Oxydations  secondaires  par  l'oxygène  de  l'acide  ou 
du  sel  et  par  celui  de  l'eau  alcaline  décomposée  simultanément  : 

(    Métal  ou  hydrogène  basique, 
(  hydrogène  de  l'eau. 

i  Acide  et  oxygène  de  l'acide  ou  du  sel  ]  „     .   .  ,  . 

•  °  f    Produits  secondaires 
_....,  d  oxydation. 

Oxygène  de  I  eau. 

»  Cette  théorie,  qui  n'est  cpie  l'expression  d'un  ensemble  d'expériences 
faites  au  laboratoire  de  M.  Berthelot,  se  dégagera  de  mes  i echerches  avec 
une  évidence  telle,  qu'elle  sera,  je  l'espère,  admise  sans  difficulté  par  les 
physiciens  et  les  chimistes.  Elle  permet  de  formuler  d'une  manière  très- 
simple  et  très-générale  l'action  fondamentale  du  courant  électrique  sur  les 
acides  organiques  et  leurs  sels,  tous  les  autres  phénomènes  électrolytiques 
en  dehors  de  cette  action  n'étant  que  des  combustions  qui  n'apparaissent 
plus  dès  lors  que  comme  un  cas  particulier  de  l'oxydation  des  matières 
organiques.  » 

CHIMIE  APPLIQUÉE.  —  Expériences  sur  la  fabrication  du  chlorure  de  chaux. 
Note  de  M.  A.  ScHEintER-KESTXEn,  présentée  par  M.  Balard. 

«  Les  diverses  communications  qui  ont  été  faites  à  l'Académie  sur  ce 
sujet,  et  qui  sont  consignées  dans  les  Comptes  rendus  des  23  et  3o  septembre, 
par  MM.  Kolb  et  Riche;  du  14  octobre  par  MM.  Fordos  et  Gélis,  et  du 
ii  novembre  par  M.  Bobierre,  m'engagent  à  faire  connaître  des  expé- 
riences que  j'ai  faites  dans  le  courant  de  l'année  i865. 

»  Ces  expériences  avaient  pour  but  de  déterminer  l'élévation  de  tempé- 
rature qui  a  lieu  dans  la  masse  pendant  l'action  du  chlore  sur  l'hydrate  de 
calcium;  et  l'influence  de  cette  élévation  sur  la  richesse  chlorométrique 
du  produit  obtenu. 

»  J'ai  fait  construire  une  caisse  carne  ayant  5o  centimètres  de  côté  et 
10  centimètres  de  hauteur;  ouverte  par  le  haut  et  par  un  des  côtés,  elle 
portait  sur  une  des  parois  latérales  huit  ouvertures  dans  lesquelles  on  pou- 
vait engager  des  thermomètres.  Les  huit  thermomètres  employés  étaient 
des  instruments  à  maxima,  système  Walferdin. 

»  La  caisse  était  exactement  remplie  d'hydrate  de  calcium,  dont  la  te- 
neur en  eau  avait  été  préalablement  déterminée;  les  thermomètres  ayant 
été  introduits  dans  les  ouvertures  pratiquées  à  cet  effet,  reposaient  chacun 
dans  une  couche  différente;  ils  donnaient  par  conséquent,  après  l'expé- 


(  895  ) 
rience,  la  température  maxima  atteinte  par  chaque  couche  clans  le  courant 
de  l'opération. 

»  La  caisse  ainsi  disposée  a  été  introduite  dans  une  chambre  à  chlorure 
au  milieu  de  l'hydrate  de  calcium,  afin  que  la  couche  d'hydrate  qu'elle 
renfermait  se  trouvât  dans  les  conditions  habituelles  de  la  préparation  in- 
dustrielle du  chlorure  de  chaux. 

»  Lorsque  l'opération  était  terminée,  on  retirait  la  caisse;  l'hydrate 
qu'elle  renfermait  était  très-exactement  partagé  en  huit  tranches  horizon- 
tales correspondant  à  la  position  des  thermomètres;  et  on  déterminait  le 
degré  chlorométrique  des  différentes  couches,  ainsi  que  la  température 
indiquée  par  les  maxima  des  thermomètres. 

»   Le  tableau  suivant  a  été  construit  sur  ces  données  : 


OBSERVATIONS. 


N°l.  Surface  légère- 
ment humide. 

N°  2.  Idem 

N°3.  Surface  sèche. . 

N°4.  Idem 

N°  5.  Idem 


1865 

18  sont. 

2T       » 
26       » 

AO       » 

7  oct. 


EPAISSEUR 

totale 

de  la 

couche 


60 
100 
100 
100 


1" 

TRANCHE 


49,5 

1,0 

5,0 

30,0 
i9,5 


2  '|,0 


11C 


3e 

TRANCHE. 


-1,5 


TRANCHE. 


j9,6 

5,0 

'|0j0 


5  « 


3y,o 
i4,o 

,0,0 

(i, 5 


8e 

TRANCHE. 


,1,0 
'9,0 

37,5 


N.  B.    Dans  les  deux  premières  expériences,  l'hydrate  renfermait  un  excès  d'eau;  dans  les  trois  dernières, 
l'hydrate  était  monohydraté. 


»  La  température  maxima  atteinte  par  la  masse  est  de  55°,  1  dans  l'ex- 
périence n°  3.  Malgré  cette  élévation  considérable  de  température,  le  chlo- 
rure de  chaux  obtenu  était  de  très-bonne  qualité;  et  le  degré  chlorométrique 
de  la  tranche  qui  avait  subi  cette  élévation  de  température  est  monté 
à  11G  degrés.  J'ignore  pourquoi,  dans  certaines  opérations,  la  température 
la  plus  élevée  se  produit  dans  les  tranches  supérieures^  tandis  que,  dans 
d'autres,  elle  s'établit  surtout  dans  les  tranches  inférieures. 


(  896  ) 

»  Dans  toutes  ces  expériences  le  gaz  se  renflant  clans  les  appareils  était 
refroidi  de  manière  à  ce  que  sa  température  ne  dépassât  que  de  quelques 
degrés  la  température  de  l'atmosphère. 

»  La  chaleur  observée  est  due  à  la  combinaison  du  chlore  avec  l'hydrate 
de  calcium;  elle  est  en  raison  de  la  vitesse  avec  laquelle  arrive  le  gaz;  en 
faisant  dégager  du  chlore  dans  un  flacon  dont  le  fond  est  couvert  d'une 
couche  d'hydrate  de  calcium,  de  manière  à  ce  que  le  gaz  arrive  en  grand 
excès,  la  température  de  la  couche  calcaire  arrive  promptement  à  80  degrés 
et  même  go  degrés  centigrades;  mais  le  produit  obtenu  de  cette  manière 
est  en  voie  de  décomposition;  il  verdit  la  dissolution  arsenicale  bleuie  par 
l'indigo,  et  la  décolore  avant  que  l'oxydation  de  l'acide  arsénieux  soit 
achevée. 

»  Il  est  donc  démontré  par  ces  expériences  que  s'il  faut  éviter  un  trop 
fort  dégagement  de  chaleur,  par  l'arrivée  lente  du  gaz,  on  peut  impunément 
laisser  monter  la  température  jusque  vers  55  degrés.  Bien  plus,  d'après  les 
essais  qui  figurent  au  tableau,  le  degré  chlorométrique  maximum  n'a  été 
atteint  que  par  les  tranches  les  plus  chaudes  ;  une  certaine  élévation  de  tem- 
pérature parait  donc  favorable  à  l'absorption  du  chlore. 

»  D'un  autre  côté,  un  excès  de  chlore  abaisse  le  titre  chlorométrique  du 
produit,  une  fois  qu'il  a  atteint  son  maximum,  même  quand  il  n'y  a  pas 
surélévation  de  la  température.  C'est  ce  qui  résulte  bien  clairement  des 
essais  qui  précèdent.  Les  tranches  supérieures  du  produit,  en  contact  im- 
médiat avec  le  gaz,  et  qui  auraient  dû  être  les  plus  riches,  ont  été  constam- 
ment inférieures  en  degré  aux  tranches  placées  immédiatement  au-dessous. 
Cette  tranche  supérieure  décolore  l'indigo  comme  du  chlorure  partielle- 
ment décomposé;  et  pour  en  prendre  le  titre  exact,  il  est  nécessaire  de  ra- 
jouter delà  dissolution  d'indigo,  chaque  fois  qu'elle  a  été  décolorée,  jus- 
qu'à ce  que  la  décoloration  persiste. 

»  11  arrive  ordinairement  que  lorsque  le  chlorure  de  chaux  possède  celle 
propriété,  l'indigo  verdit  avant  la  décoloration,  ce  qui  11  a  pas  lieu  lorsqu'on 
a  allaite  à  du  chlorure  de  chaux  de  bonne  qualité.  J'ai  remarqué  aussi  qu'il 
y  a  décoloration  simple,  tandis  que  le  liquide  provenant  d'un  essai  de  chlo- 
rure de  chaux  de  qualité  ordinaire  devient  jaune  dès  que  l'oxydation  de 
l'acide  arsénieux  est  achevée. 

»  Les  essais  précédents  ont  été  faits  avec  de  l'hydrate  de  calcium  dont 
l'eau  avait  été  déterminée;  l'hydrate  des  deux  premières  expériences,  dont 
le  produit  était  légèrement  humide  à  la  surface,  renfermait  un  léger  excès 
d'eau  ;  tandis  que  pour  les  trois  suivantes  je  nie  suis  servi  d'hydrate  mono- 


(  897  ) 
hydraté.  L'observation  fie  M.  Bobierre  sur  le  déplacement  notable  de  l'eau  de 
l'hydrate  pendant  l'absorption  du  chlore,  se  trouve  donc  confirmée;  mais, 
d'après  mes  expériences,  ce  déplacement  n'a  lieu  que  lorsque  l'hydrate  est 
trop  hydraté. 

»  J'ai  fait  d'autres  observations  sur  les  degrés  chlorométriques  des  diffé- 
rentes tranches  de  la  couche  de  chlorure  de  chaux;  et  toujours  la  tranche 
supérieure  avait  un  degré  inférieur  à  celui  des  tranches  placées  immédiate- 
ment au-dessous. 

»    Voici  le  résultat  de  sept  expériences  différentes  faites  dans  ce  sens  : 

Degré  chloronii'trique. 
Numéros  ,  ,i  — 

des  essais  et  dates.  ire  tranche.       ?e  tranche. 

5  août  1 865  ,t  1 08  1 1 8 

7  »  »         2  t  i  o  1 1  a 

8  »  »         3  118  t22 

q      »  »        4  !  20  1 23 

I O        »  >.  5     I  1 4  129. 

it      »         "        6   1 1 3  1 24 

12      »  •)         7    1  1  o  1 24 

»  Il  est  évident  que  cette  diminution  de  degré  dans  la  tranche  supérieure 
peut  provenir,  en  partie,  de  l'eau  employée  en  excès  dans  la  préparation 
de  l'hydrate  des  couches  inférieures  ;  mais  elle  est  souvent  trop  considérable 
pour  pouvoir  être  attribuée  à  cette  cause  unique.  » 

GÉOLOGIE.  —   Sur  une  nouvelle   éruption  du  Vésuve;  par  M.  L.  Pai.mieri. 
(Extrait  d'une  Lettre  à  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville) 

«  Naples,  17  novembre  1867. 

»  Depuis  l'année  1861,  mémorable  par  le  désastre  deTorre  del  Greco  et 
par  les  phénomènes  singuliers  qui  l'ont  accompagné,  les  forces  éruptives 
de  notre  planète  se  sont  manifestées  à  l'Etna,  à  Santorin  et  aux  Açores,  sans 
disparaître  entièrement  du  Vésuve,  puisque,  le  10  lévrier  1864,  le  profond 
cratère  resté  après  les  éruptions  de  1 858  et  de  1 86 1  s'était  rouvert  et  avait 
donné  naissance  à  une  éruption  qui,  à  travers  des  phases  diverses,  s'est  pro- 
longée jusqu'au  mois  de  novembre  de  l'année  passée.  Les  matières  incan- 
descentes [ilfuoco)  qui  sortaient  avec  force  du  fond  de  ce  gouffre  étaient 
peu  visibles  de  Naples,  et  quand   le  cratère  fut  comblé  par  la  lave,  sur  la- 

C.  R.,  1SG7,  Ie  Semestre.  (T.   LXV,  N°  22.)  1  '  7 


(  «H»  ) 
quelle  s'élevaient  des  cônes  éphémères  à  des  niveaux  de  plus  en  plus  éle- 
vés, l'activité  du  volcan  s'éteignit  graduellement  (i). 

»  Le  12  novembre  dernier,  l'éruption  se  réveille  et  semble  continuer  les 
phénomènes  précédents.  Vers  la  fin  du  mois  d'octobre,  la  température  des 
anciennes  bouches  s'était  élevée,  et,  de  temps  à  autre,  il  en  sortait  pendant 
quelques  heures  de  notables  quantités  de  vapeur.  Dans  les  premiers  jours  de 
novembre,  les  dégagements  deviennent  continuels  et  de  plus  en  [dus  abon- 
dants :  le  sol  est  agité  par  de  petites  secousses  signalées  par  le  sismographe  de 
l'Observatoire,  et  enfin  le  feu  (ou  les  matières  incandescentes),  soulevant 
d'énormes  masses  de  lave  compacte  qui  remplissaient  l'ancien  cratère,  s'ouvre 
de  nouvelles  issues,  et  tonne  quatre  cônes  :  trois  petits,  qui,  en  peu  de  temps, 
se  rejoignent,  et  un  plus  grand,  qui,  avec  des  détonations  assez  fortes,  projette 
dans  l'air  des  fragments  de  lave  et  donne,  par  une  ouverture  inférieure, 
issue  au  courant  lui-même.  Celui-ci,  après  avoir  franchi  en  quelques  points 
les  bords  de  l'ancien  cratère,  se  répand  sur  le  plan  supérieur  du  Vésuve, 
que  traversent  plusieurs  fissures  d'où  s'échappe  la  vapeur. 

»  Quelques  fumerolles,  éloignées  d'environ  i5o  mètres  de  la  bouche  de 
l'éruption,  et  qui  donnaient  de  l'acide  carbonique  (2),  continuent  à  en 
donner,  il  semble,  en  plus  grande  abondance. 

»  Les  petites  secousses  du  sol  et  les  agitations  des  aiguilles  de  l'appareil 
de  variation  deLaniont  sont  devenues  plus  fréquentes  et  plus  intenses  depuis 
le  commencement  de  l'éruption.  Le  sismographe  indique,  en  moyenne,  dix 
secousses  par  jour. 

»  P.  S.  Au  moment  de  fermer  ma  Lettre,  les  laves  se  déversent  sur  le 
flanc  du  grand  cône,  du  côté  où  se  fait  l'ascension  et  dans  la  direction  des 
bouches  de  1 855.    » 

géologie.  —  Récit  dune  excursion  au  sommet  <lu  Vésuve,  lu  11  juin  1867; 
par  M.  A.  Mauget.  (Extrait  d'une  Lettre  à  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville.) 

«  Le  grand  cratère  est  presque  comblé  par  les  coulées  de  lave  sorties 
à  diverses  époques  du  cratère  adventif,  qui  en  occupe  à  peu  près  le  centre. 
Du  côté  de  la  punta  del  Palo,  ces  laves,  fissurées,  brisées,  renversées,  dépas- 
sent le  bord  du  grand  cratère  de  4^5  mètres;  du  côté  opposé,  au  contraire, 

(1)  ï'oiry>\m  loin  l'état  du  cratère  supérieur  du  Vésuve,  en  juin  1867,  d'après  les  obser- 
vations de  M.  Mauget.     (Ch.  S.-C.  D.) 

(a)  Ce  sont  les  fumerolles  des  petites  laves  de  rS|i  à  iN:j<)>  dont  il  va  être  question  dans 
la  Lettre  ci-dessous  de  M.  Mauget.      (Ch.  S.-C.  D.) 


{  y99  ) 
Ja  distance  du  fond  du  même  cratère  à  son  bord  le  plus  élevé  est  encore 
d'une  vingtaine  de  mètres  environ.  Le  pourtour  du  grand  cratère  actuel, 
mesuré  à  la  roulette,  a  été  reconnu  de  900  mètres,  très-exactement.  L'inté- 
rieur est  tapissé  de  chlorures,  principalement  du  côté  de  Torre  detï  Annun- 
ziata.  Le  sommet  du  cône  du  cratère  adventif  dépasse  les  bords  du  grand 
cratère  d'une  dizaine  de  mètres  à  peine;  et  sa  profondeur  (je  suis  descendu 
au  fond)  n'est  pas  de  plus  de  5  mètres.  Il  est  donc  aussi  à  peu  près 
rempli,  tout  en  conservant  cependant  la  forme  parfaite  d'un  entonnoir  à 
l'intérieur. 

»  Le  pourtour  du  cône  adventif  est  également  recouvert  de  chlorures  de 
fer,  jaunes,  rouges,  verdàtres.  On  y  observe  la  présence  de  l'acide  chlorhy- 
drique  et  de  l'acide  sulfureux,  et  une  température  d'au  moins  100  degrés. 
Les  chlorures  sont  tellement  ahondants,  que  les  paysans  des  environs  en 
font  une  exploitation  parfaitement  organisée.  Les  chlorures,  descendus  à 
dos  d'homme  dans  de  petits  sacs  jusqu'à  Pocjijio  Caualli,  sont  ensuite 
chargés  sur  des  mulets  et  transportés  à  Résina.  Là,  ils  sont  mélangés  avec 
la  fleur  de  soufre,  et  ce  mélange  frauduleux  est  vendu  aux  paysans  pour  le 
soufrage  de  leurs  vignes. 

»  Nos  essais  se  sont  portés  successivement  sur  la  fumerolle  D  (1)  et  sur 
les  fumerolles  situées  à  i3o  mètres  du  grand  cratère,  sur  une  ligne  droite 
qui,  passant  par  son  centre,  se  prolongerait  dans  la  direction  du  Campo 
Santo  de  Naples,  et  dessine  une  fissure  très-visible  au  sommet  du  "Vé- 
suve (2). 

Fumerolle  B. 
(Température,  45  degrés.) 


1. 

11. 

Gaz  (  recueilli  à 

.  l'aspirateur) . . 

19,20 

20, 10 

20, 10 

><  Ce  gaz,  en  passai)!  dans  l'eau  de  chaux,  ne  la  blanchit  pas.  Il  ne  con- 
tient donc  plus  aujourd'hui  que  de  l'air  chaud  et  de  la  vapeur  d'eau  en  très- 
grande  quantité. 

Fumerolles  des  petites  laves  de  iiS4'  "  1849. 

»   Les  émanations  ne  sont   pas  acides  et  ne  noircissent  pas   le  papier 


(1)  f'oirhi  Ggure  citée  Quinzième  Lettre  à  !\i.  Elie  de  Beaumont,  Comptes  rendus,  t.  LXIII, 

p.  149. 

(2)  Ce  sont  les  fumerolles  que  j'ai  mentionnées  bien  souvent,  clans  la  série  de  mes  éludes 
antérieures,  sous  le  nom  de  fumerolles  des  petites  laves  de  1841  à  i84ç).  (Ch.  S.-C.  D.) 

.17.. 


(  9°°  ) 
d'acétate  de  plomb  : 

(Température,  53  degrés.) 

I.  II.  III- 

Acide  carbonique 2,75  2,01  3, 18 

Oxygène «8,i3  19,60  20, o5 

Azote 79>12  78>39  76>77 

ioo, 00  100,00  100,00 

,,  Le  23  mars  1867,  une  analyse  des  gaz  de  la  même  fissure,  faite  par 
.non  ami,  M.  Diego  Franco,  aide  du  professeur  Luigi  Palmieri  à  l'Observa- 
toire du  Vésuve,  et  qui  a  bien  voulu  me  la  communiquer,  avait  donne  : 

Acide  carbonique 2  >20 

Oxygène I9'^1 

Azote 78»29 

100 ,00 

>»  Deux  autres  émanations,  situées  sur  la  même  fissure,  l'une  à  72  mè- 
tres (1),  l'autre  à  55  mètres  des  bords  du  cratère,  donnent  un  gaz  à  une 
température  de  53  degrés,  qui  blanchit  aussi  fortement  l'eau  de  chaux.  » 

M.  Ch.  Sainte-Claire  Deviixe  présente,  au  sujet  des  deux  précédentes 
communications,  les  réflexions  suivantes  : 

«  L'Académie  peut  se  rappeler  que,  dans  ma  Quinzième  Lettre  à  M.  Elie 
de  Beaumont  (2),  et  dans  la  Note  qui  lui  fait  suite,  sur  la  succession  des 
phénomènes  éruplifs  dans  le  cratère  supérieur  du  Vésuve,  après  l'éruption 
de  décembre  1861  (3),  la  discussion  de  mes  propres  observations  et  celle 
des  documents  assez  nombreux  dus  à  plusieurs  savants  (MM.  Fouqué, 
Mauget,  Guiscardi,  Vom  Rath,  de  Verneuil  et  Pignant)  m'amenaient  à 
cette  conclusion  (4),  que  le  Vésuve  était  revenu  aujourd'hui  à  cet  état 
d'activité  slrombo tienne ,  alternant  avec  la  phase  solfatarienne,  que  l'on  voit 
bien  souvent  se  reproduire  dans  son  histoire,  et  qui,  en  particulier,  en  a 
été  le  trait  caractéristique  entre  18/41  et  18/19. 

»  Les  deux  Lettres  précédentes  montrent  que  cette  phase  strombolienne, 
qui  a  été  inaugurée  le  10  février  1864,  d'après  M.  Palmieri  (5),  se  pour- 

(1)  L'orifice  de  celle-ci  était  recouvert  de  cadavres  de  Coccinelles. 

(2)  Comptes  rendus,  t.  LXIH,  p.  77  et  ifà. 

(3)  Comptes  rendus,  t.  LXIII,  p.  237. 

(4)  Comptes  rendus,  t.  LXIII,  p.  i54  et  243. 

(5)  Ce  serait  en   février  i865,  c'est-à-dire   un  au    plus  lard,  d'après  la  Lettre  de  notre 


(  9°'   ) 
suit  encore,  et  le  tait  signalé  par  M.  Palmieri  est  tout  à  fait  l'analogue  de 
celui  qui  est  survenu  le  4  février  1846,  et  qui  a  déversé,  pour  la  première 
fois,  dans  cette  série  de  petites  éruptions,  la  lave  du  sommet  sur  le  flanc 
ouest  du  cône  supérieur  (1). 

»  Je  me  propose,  au  reste,  de  continuer  l'étude  que  j'ai  commencée,  dans 
les  communications  citées  précédemment,  de  l'histoire  éruptive  du  cratère 
supérieur  du  Vésuve,  lorsque  de  nouveaux  documents,  recueillis  avec  le 
même  soin  que  ceux  que  je  viens  de  présenter  à  l'Académie,  seront  venus 
s'ajouter  à  ceux-ci.   » 

chimie  organique.  —   Sur  les  isomères  des  nitriles  de  la  série  grasse.  Note 
de  M.  Aksi.  Gautiek,  présentée  par  M.  Wurtz. 

«  Je  demande  la  permission  à  l'Académie  de  compléter  ma  Note  pré- 
sentée à  la  dernière  séance  par  les  observations  suivantes  : 

»  Je  crois  pouvoir  maintenir  mon  droit  de  priorité  à  la  découverte  des 
nitriles  formyliques.  J'ai  été  le  premier,  en  effet,  à  dire  qu'il  existe  des 
isomères  des  nitriles  gras,  et  qu'ils  se  produisent  lorsqu'on  soumet  à  la  dis- 
tillation sèche  les  sels  doubles  qu'on  obtient  avec  le  cyanure  d'argent  et 
les  iodures  alcooliques. 

»  E.  Meyer,  en  i855,  avait  produit  le  sel  double  €3rFN,  G AzAg,  et 
l'avait  même  distillé,  mais  il  prit  le  corps  qui  en  résulte  pour  du  cyanure 
d'éthyle  ordinaire  mélangé  de  diverses  impuretés.  A  cette  époque,  du  reste, 
on  admettait,  avec  Pelouze,  que  le  propionitrile  bouillait  à  82  degrés  au 
lieu  de  97  degrés  :  cette  différence  des  points  d'ébullition  était  en  grande 
partie  due  au  mélange  des  deux  cyanures  avec  l'alcool. 

»  Lors  de  la  publication  de  mon  premier  Mémoire,  M.  W.  Hofmann 
venait  de  trouver,  par  la  méthode  du  chloroforme  et  de  la  potasse,  les  nou- 
veaux cyanures  aromatiques.  J'ai  publié  aussitôt  ce  que  je  savais  de  ceux 
de  la  série  grasse,  dont  M.  Naquet  avait,  en  mon  nom,  annoncé  depuis  plus 
de  six  mois  déjà  l'existence,  la  méthode  de  production  et  les  réactions  né- 
cessaires pour  établir  clairement  leur  isomérie  avec  les  anciens  cyanures. 

»   La  citation  de  mes  travaux  qu'a  bien  voulu  faire,  dans  son  ouvrage,  à 


savant  confrère,  M.  de  Verneuil,  citée  t.  LXIII,  p.  a3g.  Mais  ce  malentendu  sera  très-facile 
à  éclaircir. 

(1)   Voir  Annales  des  Mines,  Ie  série,  t.  XVII,  p.  372,    la  traduction,  par  M.  Damour, 
de  l'excellent  Mémoire  de  M.  Scacchi. 


(  9°2  ) 
mon  insu  du  reste,  M.  Naqtiet,  est  moins  destinée  à  décrire  les  propriétés 
de  ces  corps  qu'à  donner  les  caractères  nécessaires  et  suffisants  pour  éta- 

blir  leur  isomérie.  La  formule  Az  I  ;   qui  y  est  adoptée,  indique  bien 

que  je  connaissais  déjà,  à  cette  époque,  leur  constitution  et  leurs  dédou- 
blements. 

»  D'ailleurs  l'action  complexe  des  acides  et  de  l'eau  sur  les  nitriles  nou- 
veaux ne  produit  pas  seulement,  comme  je  le  disais  dans  ma  Note  du 
18  novembre  dernier,  des  aminés  alcooliques  et  de  l'acide  formique,  mais 
elle  paraît  donner  en  même  temps  les  dérivés  des  nitriles  ordinaires,  et  la 
réaction  de  ces  acides  en  présence  de  l'eau,  indiquée  par  M.  W.  Hofmann 
comme  caractéristique,  et  qui  est  très-importante  en  effet,  ne  me  paraît 
être  qu'une  partie  de  la  vérité,  et  permet  de  différencier  moins  aisément 
ces  nouveaux  nitriles  des  anciens  que  par  leur  propriété  de  se  combiner 
directement  et  violemment  à  toits  les  acides;  or  cette  réaction  est  déjà  donnée 
dans  la  Note  de  M.  Naquet,  écrite  il  y  a  plus  d'un  an. 

»  Je  n'ai  nullement  la  prétention,  ni  surtout  le  désir,  de  voir  31.  W.  Hof- 
mann abandonner  l'étude  de  cette  série  intéressante.  La  métbode  du  chlo- 
roforme, du  reste,  lui  donne  des  droits  positifs;  mieux  que  tout  autre,  cet 
éminent  chimiste  saura  faire  fructifier  cet  intéressant  sujet.  Je  réclame 
seulement  ma  modeste  place. 

»  Je  profite  de  cette  occasion  pour  ajouter  quelques  explications  qui 
pourront  éclaircir  certains  points  que  les  limites  restreintes  dans  lesquelles 
j'ai  été  obligé  de  me  renfermer  ne  m'ont  pas  permis  de  préciser. 

»  Le  nom  de  nitriles  formyUques,  cpie  j'ai  proposé  pour  les  nouveaux 
isomères,  exprime  un  fait  très-probable,  mais  non  encore  réalisé,  celui  de 
représenter  les  dérivés  des  formiates  de  méthylamine,  d'éthylamine  par 
soustraction  de  deux  molécules  d'eau.  Il  n'indique  pas  leur  constitution, 
qui    est   mieux   exprimée,   sans  doute,    par   les   noms  de   mélhylcarbyla- 

mine  Az"  <  rvj3i  éthylcarbjrlamine  Az"" '\  r      s)  qui  ont  l'avantage  aussi  de 
/  vj  ri  (  xs -  ri 

mieux  indiquer  leurs  propriétés  basiques.  J'ai  pris,  dans  la  Note  précitée, 

iG  l  G 

^tt35  v\.zv  !  poirs!  mais  il  est  bien  entendu  que  je  n'y  in- 
dique la  penta-atomicité  de  l'azote  que  pour  exprimer  les  combinaisons  pos- 
sibles que  ces  corps  peuvent  contracter  avec  les  acides,  leur  constitution  à  l'état 

^-  G"  -~-  -G" 

libre  étant  mieux  représentée  par  les  formules  Az"'^^,j3;   Az ;'"^  niiis'  de 

mon  premier  Mémoire.  » 


(9°3  ) 

histoire  des  sciences.  —  Note  relative  à  un  papyrus  égyptien  contenant 
un  fragment  d'un  Traité  de  Géométrie  appliquée  à  l'arpentage;  par 
M.  F.  Lexormaxt. 

«  Je  pense  que  l'Académie  des  Sciences  apprendra  avec  quelque  in- 
térêt l'acquisition  que  vient  fie  faire  le  Musée  Britannique  d'un  papyrus 
égyptien  en  écriture  hyératique,  contenant  le  fragment  d'un  Traité  de 
Géométrie  appliquée  à  l'arpentage,  avec  figures.  Ce  fragment,  que  j'ai  en 
ces  jours  derniers  l'occasion  d'étudier  à  Londres,  comprend  les  méthodes 
pour  mesurer  l'aire  d'un  carré,  d'un  parallélogramme,  de  diverses  espèces 
de  triangles,  pour  mesurer  la  superficie  d'un  terrain  de  forme  irrégulière 
au  moyen  de  triangles,  et  pour  déterminer  le  volume  d'une  pyramide.  Le 
type  paléographiqne  de  l'écriture  reporte  ce  manuscrit  au  temps  de  la  XIIe 
dynastie,  c'est-à-dire  le  fait  environ  contemporain  de  Salomon  ;  de  plus, 
une  Note  qu'il  contient  dit  qu'il  est  la  copie  d'un  texte  notablement  plus 
ancien. 

»  Ce  papyrus,  si  précieux  pour  l'histoire  de  la  Science  et  qui  nous  fournit 
les  premières  données  positives  sur  l'antique  géométrie  égyptienne,  va  être 
publié  prochainement  en  fac-similé  par  les  soins  des  trustées  du  Musée 
Britannique.  » 

M.  Bourgeois,  par  une  Lettre  écrite  à  M.  Milne  Edwards,  adresse  la  Note 
suivante,  au  sujet  d'une  communication  récente  de  M.  Blondin  : 

«  M.  Blondin  a  publié,  dans  les  Comptes  rendus  du  8  juillet  dernier,  une 
Note  relative  à  un  bois  de  cerf  colossal  qui  existe  dans  l'une  des  tours  du 
château  d'Amboise.  Ces  restes  bien  conservés,  dit-il,  appartiennent  à  une 
espèce  certainement  détruite  et  beaucoup  plus  grande  que  celle  du  cerf 
à  bois  gigantesques. 

»  Je  crois  devoir  prévenir  les  paléontologistes  que  ce  bois  de  cerf,  autre- 
fois suspendu  comme  trophée  de  chasse  dans  la  chapelle  du  château  qui  est 
dédiée  à  Saint-Hubert,  est  artificiel.    » 

M.  Chapei.as-Coulvier-Gravier  adresse  quelques  remarques  au  sujet  de 
la  communication  de  M.  Wolf,  présentée  par  M.  Le  Verrier  dans  la  séance 
précédente,  sur  les  étoiles  filantes  de  novembre.  Dans  cette  communication, 
on  insistait  sur  ce  point  que  le  nombre  des  météores  avait  été  plus  grand 
vers  le  matin  qu'à  minuit  :  d'où  l'on  concluait  que,  si  le  grand  retour 
de  1 833  n'avait  pas  eu  lieu  déjà,  il  avait  dû  se  produire  dans  la  journée  du 


(  9°4  ) 
]4  novembre.  Ces  conclusions  sont  au  moins  hasardées,  suivant  M.  Cha- 
pelas  :  elles  sont  fondés  sur  de  simples  soupçons,  puisque  l'état  du  ciel  ne 
permettait  pas  de  compter  les  météores;  elles  sont,  en  outre,  en  contra- 
diction avec  la  loi  de  la  variation  horaire,  en  vertu  de  laquelle  le  nombre 
des  étoiles  filantes,  à  une  époque  quelconque  de  l'année,  va  toujours  en 
augmentant  du  soir  au  matin,  jusqu'à  3  heures  du  matin,  heure  à  laquelle 
il  atteint  son  maximum. 

A  5  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 
La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  C. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  1 8  novembre  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Recherches  sur  la  fécondation  des  floridées;  par  MM.  E.  Rornkt  et  G. 
Thuret.  Paris,  18G7;  br.  in-8°. 

Réponse  au  Rapport  de  M.   Réhic   sur  les  inondations;  par  M.   Dausse. 

Bruxelles,   1867;  in-8". 

Note  sur  le  traitement  des  arbres  affectés  ri' insectes  xylophai/cs  ;  par  M.  E. 
Robert.  Paris,  sans  date;  opuscule  in-8°. 

Note  sur  le  rôle  important  que  joue  la  configuration  du  sol  à  l 'égard  des 
engrais  naturels  ou  artificiels;  par  M.  E.  Robert.  Paris,  1867;  4  pages 
in-8°. 

Observations  sur  l'action  destructive  des  limaces  dans  les  années  très- humides  ; 
par  M.  E.  Robert.  Paris,  1867;  demi-feuille in-8°. 

Rapprochement  entre  les  bois  flottés  qui  échouent  sur  les  côtes  des  terres  arc- 
tiques et  les  iignites  de  ces  mêmes  régions  ;  par  M .  E.  Robert.  Paris,  sans  date; 
demi-feuille  in-8°. 

Silex  taillés;  pai   M.  E.  Robert.  Clichy,  sans  date;  demi-feuille  in-8°. 
Bulletin  de  la  Société  des  Sciences  naturelles  de Neuchâtel,  t.  VII,  3e  cahier, 
Neuchâtel,  1867;  in-8u  avec  tableaux. 

Procès-verbaux  des  séances  de  la  Commission  permanente  de  l'Association 


(  9°5  ) 
géodésique  tenues  à  Berlin  les  27  et  18  septembre  et  te  6  octobre  1867.  Neu- 
châtel,  18G7;  in-4°. 

Procès-verbaux:  de  la  conférence  géodésique  internationale  pour  la  mesure  îles 
degrés  en  Europe,  réunie  à  Berlin  du  3o  septembre  au  7  octobre  1867.  Neu- 
châtel,  1867;  in-4°. 

Sur  le  fer  météorique  du  Cap  de  Bonne-Espéram  c  ;  par  M.  II.  Von  Baum- 
hauer.  Sans  lieu  ni  date.  (Extrait  des  archives  néerlandaises,  1  867.)  (Présenté 
par  M.  Daubrée.) 

Transactions. . .  Transactions  et  procès-verbaux  de  la  Société  royale  Victoria, 
t.  III,  impartie.  Melbourne,  1867;  in-8°. 

Notes...  Notes  minéralogiques;  par  le  Rév.  S.  HauGHTON.  Dublin,  1866; 
br.  in-8°. 

Essay...  Essai  de  pétroloqie  comparée;  par  M .  DUROCHER,  traduit  du  fran- 
çais par  le  Rév.  S.  HauGHTON.  Dublin,    1859;  br.  in-8°. 

On  the...  Sur  la  composition  chimique  et  minéralogique  de  ta  pierre  météo- 
rique de  Dhurmsalla ;  par  le  Rév.  S.  HauGHTON.  Dublin,  1S66;  br.  in-S°. 

On  the...  Sur  le  changement  d  excentricité  de  l  orbite  terrestre  considère' 
comme  une  cause  de  changement  de  climat;  par  le  Rév.  S.  HauGHTON.  Du- 
blin, 1866;  br.  in-8°. 

Nota...  Notes  sur  la  mécanique  animale;  par  le  Rév.  S.  HauGHTON.  Sans 
lieu  ni  date,  in- 8°. 

Report  ..  Ba/port  sur  les  canaux  et  chennns  de  fer  interocéaniques,  entre  les 
océans  Atlantique  et  Pacifique;  par  le  Contre-Amiral  Davis,  Directeur  de 
l'Observatoire  naval.  Wasbington,  1867;  in-8°  relié.  (Envoyé  au  nom  de 
l'auteur.) 

Notulen...  Notices  concernant  les  assemblées  de  ta  Société  Batavienne  des 
Sciences  et  des  Arts,  t.  II,  parties  1  à  4  ;  t.  III,  parties  1  et  2  ;  t.  IV,  ire  par- 
tie. Batavia,  1864  à  1866;  5  brochures  in-8°. 

Tijdschrift...  Journal  sur  les  langues,  les  pays  et  les  populations  de  /' Inde, 
publié  par  la  Société  Batavienne  des  Sciences  et  des  Arts,  t.  XIV,  parties  5 
et  6;  t.  XV,  parties  1  à  6;  t.  XVI,  ire  partie.  Batavia,  1864  à  18G6;  6  bro- 
chures in-8°  avec  planches. 

Catalogus...  Catalogue  de  la  Bibliotlieque  batavienne  des  Sciences  et  des 
Arts,  dressé  par  M.  J.-A.  Van  der  Chus.  Batavia,  1 864 ;  in-8°. 

Verhandelingen...  Comptes  rendus  de  la  Société  Batavienne  des  Sciences  et 
des  Arts,  t.  XXXII.  Batavia,  1866;  in-4°  avec  planches. 

(..  S"..,   181.7,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  22.)  '  l8 


I  9°G  ) 
Genesi...    Genèse  de  la  courbe  circulaire  et  la  ligne  droite  découverte  par 
M.  Fr.  Malatesta  da  Martirano.  Catanzaro,  18G7;  in-3°.  (Transmis  par 
M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique.) 


L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  9.5  novembre  1867,  les  ouvrages 
dont  les  titres  suivent  : 

Recueils  de  Rapports  sur  les  progrès  des  Lettres  et  des  Sciences  en  France.  Rap- 
port sur  les  progrès  de  l'  Astronomie  ;  par  M.  Delaunay.  Publication  faite  sous 
les  auspices  du  Ministre  de  l'Instruction  publique.  Paris,  18G7;  gr.  in-8°. 

Annales  de  l'Observatoire  impérial  de  Paris,  publiées  par  M.  U.-J.  Le 
VERRIER,  Directeur  de  l'Observatoire.  Observations,  t.  XXII,  i86(i.  Paris, 
1867;  in-4°. 

Lois  de  la  nomenclature  botanique  adoptées  par  le  Congrès  international  de 
botanique,  tenu  à  Paris  en  août  1867;  par. M.  Alph.  DE  CaNDOLLE.  Genève  et 
Bâle,  1867;  br.  in-8°. 

Bulletin  de  Statistique  municipale,  publié  par  les  ordres  de  M.  le  Baron 
HAUSSMANN,  mois  d'août  et  septembre.  Paris,  1867;  2  brochures  in-/|". 

Recherches  sur  L'anatomie  de  l'hippopotame;  par  M.  L.-P.  Gratiolet;  pu- 
bliées par  les  soins  de  M.  Edm.  Alix.  Paris,  1867;  in-4°  avec  12  planches. 

Les  hôtes  du  logis;  par  S.  Henry  BerthouD.  Paris,  1868;  gr.  in-8°  avec 
dessins  de  Yan  Dargent. 

Recherches  sur  l'importation,  la  transmission  et  la  propagation  du  choléra  en 
province  par  les  nourrissons  de  Paris,  et  sur  les  moyens  propres  à  empêcher  la 
transmission;  par  M.  Huette.  Montargis,  1867;  br.  gr.  in-8°.  (Envoyé  au 
concours  Bréant,  1867.) 

Des  moyens  de  déterminer  la  population  scolaire;  par  M.  Fayet.  Paris,  1 86G; 
br.  gr.  in-8°. 

Situation  de  l'instruction  primaire  dans  le  département  de  l'Indre  en  1864- 

1 865  :  Rapport  de  M.  Fayet.  Châteauroux,  1 865 ;  br.  in-8". 

Situation  de  l'instruction  primaire  dans  le  département  de  l'Indre  en  1 865- 

1866  :  Rapport  de  M.  Fayet.  Châteauroux,  i856;  br.  in-8". 

Situation  comparée  de  l'instruction  primaire  dans  le  dép  irtemenl  île  l'Indre  : 
Rapport  de  M.  Fayet.  Châteauroux,  1867;  br.  in-80' 

(Ces  quatre  ouvrages  sont  adressés  par  l'auteur  au  concours  de  Statisti- 
que,  1868.) 


(  9°7   ; 
De  la  glycérine,  de  ses  applications  à  lu   chirurgie  el  à   la  médecine  ;  par 
M.  DemarQUAY;  3e  édition.  Paris,  1867;  i;i-8"  relié. 

Remarques  sur  les  problèmes  physico— mathématiques  de  la  physiologie  hu- 
maine; parM.  G.  PERRY.  Paris,  1867;  '"'•  'n"^°- 

De  V acclimatation  des  Cinchonas  dans  les  Indes  néerlandaises  et  britanniques  ; 
par  MM.  J.-L.  Soubeiran  et  A.  Delondre.  Paris,   1867;  br.  gr.  in-8°. 

Les  produits  végétaux  du  Brésil  considérés  au  point  de  vue  de  l'alimentation 
el  de  la  matière  médicale,-  par  MM.  J.-L.  SOUBEIRAN  et  A.  DELONDRE. 
Paris,  11867;  br.  gr.  in-8°. 

De  la  nacre  et  des  localités  qui  nous  en  approvisionnent;  par  MM.  J.-L.  Soi- 
BEiliAN  et  A.  DELONDRE. Paris,  sans  date;  br.  in-8°. 

Les  huiles  de  poisson  ;  par  MM.  J.-L.  Soubeiran  et  A.  Delondre.  Paris,  1 867; 
br.  gr.  in-8°. 

Lu  fièvre  jaune  ù  la  Havane,  sa  nature  el  son  traitement;  par  M.  Ch.  BELOT. 
Paris,  1 86"> ;  br.  in-8°.  (Envoyé  au  concours  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie, 1868.) 

Education  physique  et  morale  îles  nouveau-nés  el  de  la  nécessité  de  l'allaite- 
ment pour  la  mère;  par  M.  J.  GauNEAU.  Paris,  18G7;  in-12.  (Envoyé  au 
concours  de  Médecine  <jt  de  Chirurgie,  18G8.  " 

Notice  sur  les  titres,  services  el  travaux  scientifiques  de  M.  H.  Baron  Lahrey. 
Paris,   1867  ;  in-4°. 

Aperçu  systématique  des  combinaisons  dites  inorganiques  ;  par  M.  C.  Welt- 
zien,  édition  française  publiée  avec  le  concours  de  M.  Ed.  WiLLM.  Paris,  1867; 
in-4°.  Édition  allemande  du  même  ouvrage.  Heidelberg,  1867;  m~4°- 

Suir...  Sur  l 'électro-physiologie;  lecture  de  .' .  Matteucci.  Milan,  1867; 
br.  in-8°. 

Principii...  Principes  de  la  théorie  mécanique  de  l'électricité  et  du  magné- 
tisme; par  M.  le  professeur  Marco  FELICE.  Florence,  1867;  in-12. 

Quadratura...  Quadrature  du  cercle  découverte  par  M.  C.  Anselmi.  Pia- 
cenza,  1867;  br.  in-8°. 

Noti...  Notes  et  réflexions  concertant  la  théorie  astronomique  des  étoiles 
filantes;  par  M  G.-V.  Schiaparelli.  Florence,  1867;  in-4°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SEANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI  2  DÉCEMBRE  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 

MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

«  31.  Le  Verrier  a  présenté  antérieurement  la  seconde  et  la  troisième 
Parties  de  V Atlas  météorologique  de  l'Observatoire  impérial  concernant  les 
grêles  et  le  climat  de  la  France.  11  présente  aujourd'hui  la  première  Partie, 
relative  à  la  marche  des  orages  pendant  l'année  1 86(5.  Ce  travail  a  été 
effectué  par  MM.  Fron  et  Moureaux. 

>,  L'étude  tles  orages  est  basée,  en  18G6  comme  en  i865,  sur  les  docu- 
ments recueillis  par  les  observateurs  cantonaux.  Ces  documents,  réunis 
aux  chefs-lieux,  sont  discutés  par  les  Commissions  météorologiques  dépar- 
tementales, puis  transmis  par  MM.  les  Préfets  à  l'Observatoire  impérial, 
qui  se  charge  du  travail  d'ensemble. 

»  Vingt-huit  cartes  sont  consacrées  en  1 866  à  la  représentation  générale 
de  la  marche  des  orages  à  travers  la  France.  Une  partie  de  ces  météores  a 
été  suivie  dans  le  Luxembourg  et  jusqu'en  Hollande,  grâce  aux  documents 
adressés  par  M.  Colnet  d'Huart,  Secrétaire  de  la  Société  des  Sciences  de 
Luxembourg,  et  par  M.  Buvs-Eallot,  directeur  de  l'Institut  météorologique 
d'Utrecht. 

»   En  commençant,  suivant  l'usage,  l'année   météorologique  au  Ier  dc- 

C.  R.,  l86j,  2«  Semestre.   (  T.  LXV,  N°  25.)  '  '  9 


(  9IQ  ) 
cembre,    nous  trouvons  pour  le  nombre  des  journées  orageuses  pendant 
les  différents  mois  : 

1865  Décembre    .  .  4  jours.  1866  Juin 3o  jours. 

1866  Janvier io      u  »       Juillet 28      » 

»      Février '7      *  "       Août 26     » 

»      Mars....'..  24     »  »       Septembre...  26     » 

»      Avril 25  »       Octobre 14 

»      Mai 24  »       Novembre.  .  1      » 

En  tout  229  journées  orageuses. 

»  Indépendamment  de  ces  vingt-huit  cartes  générales,  il  a  été  inséré 
vingt  cartes  départementales  choisies  parmi  les  plus  complètes  des  Com- 
missions. 

»  Quinze  mille  de  ces  grandes  cartes  in-folio  sont  distribuées  aux  obser- 
vateurs cantonaux  pour  les  tenir  au  courant  de  la  marche  du  travail,  leur 
montrer  à  quoi  servent  leurs  observations  et  les  encourager  à  persé- 
vérer. 

»  Outre  le  Rapport  sur  l'étude  des  orages  en  1866,  rédigé  par  M.  Fron 
et  inséré  en  tète  du  travail,  nous  avons  reproduit  les  meilleures  discussions 
dues  aux  Commissions  départementales,  et  propres  à  bien  faire  connaître 
la  nature  des  tempêtes  électriques  dans  les  diverses  contrées  de  la  France. 
Ces  Rapports  sont  dus  à  MM.  Delafosse,  ingénieur  en  chef  de  l'Allier;  de 
Tastes,  professeur  au  lycée  de  Tours  (Indre-et-Loire);  Jollois,  ingénieur 
des  Ponts  et  Chaussées,  à  Blois  (Loir-et-Cher);  Sainjon,  ingénieur  des 
Ponts  et  Chaussées,  à  Orléans  (Loiret);  Poincaré,  ingénieur  des  services 
hydrauliques,  à  Bar-le-Duc  (Meuse);  Fournet,  professeur  à  la  Faculté  des 
Sciences  de  Lyon,  président  de  la  Commission  météorologique  du  départe- 
ment du  Rhône.  Nous  désirons  que  le  nombre  de  ces  documents  s'accroisse 
d'année  en  année,  et  nous  aurons  toujours  le  plus  grand  soin  de  les  mettre 
en  lumière. 

»  Dans  les  travaux  d'ensemble,  la  question  d'organisation  et  de  régularité 
est  une  condition  fondamentale  du  succès.  Les  fonds  nécessaires  pour  les 
études  des  orages  sont  donnés  avec  bienveillance  par  les  Conseils  généraux 
dans  les  départements.  Mais  il  y  a  été  mis  une  condition,  acceptée  par  nous 
avec  d'autant  plus  d'empressement  qu'elle  est  indispensable  à  la  marche 
scientifique  du  travail.  C'est  que  la  discussion  des  observations  soit  main- 
tenue à  jour,  et  que  l'Atlas  qui  en  résulte  soit  mis  chaque  année  sous  les 
yeux  des  Conseils  généraux.  Ainsi  seulement,  on  ne  se  laissera  pas  encom- 
brer sous  une  masse  de  documents  inutiles,  et  on  évitera  cet  écueil  que 


(  9"   ) 
signalait  avec  raison  M.  le  Maréchal  Vaillant.  L'Atlas  météorologique  d'une 
année  paraîtra  désormais  le  i5  août  de  l'année  suivante  au  plus  tard.  » 

M.  Le  Vekrier  entretient  l'Académie  du  service  des  avertissements  mé- 
téorologiques adressés  aux  ports. 

«  Depuis  qu'il  a  donné  connaissance,  en  1866,  de  la  dernière  forme 
attribuée  au  service  en  raison  de  l'expérience  acquise,  l'Académie  n'a  plus 
entendu  parler  de  cette  question;  il  faut  l'attribuer  sans  doute  à  ce  que 
l'organisation  du  travail  a  subi  presque  partout,  et  même  en  Angleterre, 
un  temps  d'arrêt.  Il  y  a  lieu  de  croire  qu'on  va  le  reprendre  dans  divers 
pays,  et  cela  est  vivement  à  désirer.  M.  Le  Verrier  saisit  cette  occasion  de 
faire  connaître  que  l'organisation  du  service  de  Paris  a  été  maintenue  intacte 
avec  la  plus  grande  persévérance. 

»  On  sait  que  les  premiers  arrangements  avaient,  donné  lieu  à  des  cri- 
tiques; il  n'en  pouvait  être  autrement  dans  une  matière  si  nouvelle. 
M.  le  Maréchal  Vaillant  et  M.  Matteucci  entre  autres  se  plaignaient  qu'on 
voulût  donner  chaque  jour  un  présage  pour  le  lendemain,  présage  qu'ils 
trouvaient  trop  incertain  dans  les  circonstances  où  les  conditions  de  l'atmo- 
sphère n'offraient  rien  de  tranché.  Nous  répondions  qu'il  ne  fallait  pas  être 
surpris  si  les  prévisions  se  ressentaient  des  incertitudes  d'une  atmosphère 
calme,  et  qu'il  y  avait  à  cela  peu  d'inconvénients.  Toutefois  la  marine  ne 
cessait  de  répéter  que  son  désir  était  qu'on  se  bornât,  lorsqu'aucune  tem- 
pête ne  menaçait,  à  donner  aux  divers  ports  l'état  du  ciel  et  de  la  mer  dans 
les  pays  voisins  de  chacun  d'eux,  se  réservant  d'annoncer  la  tempête  à  la 
veille  du  jour  où  elle  éclaterait. 

>>  C'est  en  tenant  compte  de  ce  qu'il  pouvait  y  avoir  de  fondé  dans  ces 
vues,  et  des  vœux  de  la  marine  qui  doivent  avant  tout  nous  guider  dans 
une  telle  question,  que  le  service  du  jour  et  du  soir  a  été  organisé  en  1866. 
D'après  les  Lettres  que  nous  avons  reçues  de  nos  collaborateurs  de  l'étran- 
ger, nous  ne  voyons  aucune  innovation  à  introduire  pour  le  moment  : 
l'utilité  du  service  et  le  succès  de  chaque  jour  dépendent  uniquement  du 
zèle  et  de  la  conscience  de  ceux  qui  sont  chargés  du  travail. 

»  Nous  ne  pensons  pas  qu'en  réduisant  les  prévisions  à  l'annonce  de 
la  tempête,  on  put  toujours  le  faire  avec  sécurité  dans  nos  climats,  vingt- 
quatre  ou  trente  heures  avant  l'arrivée  du  fléau,  qui  dans  ce  laps  de  temps 
parcourt  un  chemin  trop  considérable;  mais  avec  la  possibilité  d'un  con- 
trôle, le  soir,  la  responsabilité  ne  nous  paraît  pas  trop  grande  pour  qu'elle 
ne  puisse  pas  être  acceptée. 

119  . 


(  912  ï 

»  Samedi  3o  novembre  1867,  les  vents  soufflaient  du  snd-sud-est  sur 
les  côtes  françaises  de  la  Manche,  et  ils  n'avaient  pris  de  la  force  qu'en  un 
seul  point,  an  Havre.  La  mer  était  assez  belle.  Néanmoins  l'étude  des 
courbes  d'égales  pressions  indiquait  l'arrivée  d'une  tempête,  et  à  midi  la 
dépêche  suivante  fut  transmise  aux  ports  compris  entre  Granville,  Brest 
et  Lorient  : 

»  Les  gros  temps  abordent  la  Manche;  ce  matin,  sud  fort;  mer  grosse  à 
«  Penzance.  Depuis  hier  quinze  millimètres  de  baisse  à  Valentia  (Irlande), 
»  et  dix  à  Brest.  Le  baromètre  baisse  rapidement  à  Paris,  et  la  bourrasque 
»  va  sévir  sur  les  côtes  sud  de  l'Angleterre.  » 

«  La  tempête  était  déclarée  le  dimanche  matin,  et  toute  la  journée  elle  a 
sévi  avec  violence  sur  le  nord  de  la  France.  Dans  l'après-midi  du  2  les  mau- 
vais temps  se  sont  étendus  à  la  Méditerranée  et  à  l'Adriatique.  Ces  derniers 
ports,  prévenus  dès  le  Ier  an  matin  qu'ils  étaient  menacés  (dépêches  de 
M.  Rayet),  recevaient  en  outre  dans  la  soirée  un  télégramme  annonçant 
que  la  tempête  faisait  de  nouveaux  progrès  et  soufflait  avec  violence.    » 

ASTRONOMIE.  —  Réponse  à  la  J\ote  rie  M.  Le  Verrier  insérée  nu  dernier 
Compte  rendu  (p.  878);  par  M.  Delaunay. 

c  Mon  rôle,  en  répondant  aux  improvisations  de  M.  Le  Verrier  et  à 
la  reproduction  qu'il  en  fait  dans  nos  Comptes  rendus,  consiste  presque 
toujours  à  rétablir  la  vérité  des  faits,  qu'il  a  le  talent  de  travestir  de  la 
façon  la  plus  étrange.  Les  circonstances  actuelles  en  offrent  un  exemple 
remarquable. 

»  Le  lundi  18  novembre,  j'ai  fait  part  à  l'Académie  des  résultats  fort 
intéressants  contenus  dans  un  beau  Mémoire  de  M.  Simon  Newcomb  sur 
la  parallaxe  du  Soleil.  M.  Le  Verrier  s'est  plaint  alors,  avec  une  certaine 
vivacité,  de  ce  que,  en  faisant  cette  communication,  je  n'avais  pas  parlé  de 
la  valeur  8",g5  qu'il  avait  trouvée  lui-même  pour  la  parallaxe  solaire, 
disant  entre  autres  choses  que  lorsqu'on  faisait  l'historique  d'une  question, 
on  devait  y  mettre  plus  d'impartialité.  J'ai  répondu  à  M.  Le  Verrier  que 
je  regrettais  qu'il  prît  les  choses  de  cette  manière;  qu'en  communiquant  les 
résultats  obtenus  par  M.  Newcomb  dans  son  Mémoire,  je  ne  faisais  pas  un 
historique  de  la  question  ;  que  M.  Le  Verrier,  eu  réclamant  ainsi  pour  qu'il 
fût  fait  mention  de  sa  parallaxe  de  8", 93,  me  mettait  dans  la  nécessité  de 
dire  ce  que  je  voulais  passer  sous  silence  :  a  savoir,  que  ce  nombre  8",ç>5  de 
M.  Le  Verrier  a  été  trouvé  erroné  par  M.  Newcomb.  Cet  éminent  astro- 


(9'3) 
nome,  ai-je  dit,  m'a  écrit  à  ce  sujet  une  Lettre  où  il  montre  que  l'inexacti- 
tude du  résultat  de  M.  Le  Verrier  tient  à  deux  fautes  de  calcul  et  à  l'omis- 
sion d'une  quantité  non  négligeable.  J'ai  ajouté  que,  n'ayant  pas  l'inten- 
tion de  parler  de  cette  Lettre  ni  de  son  contenu,  je  l'avais  laissée  chez  moi, 
et  que  si  l'Académie  le  désirait,  je  la  lui  communiquerais  dans  sa  pro- 
chaine séance.  «  Certainement,  a  répliqué  aussitôt  M.  Le  Verrier,  il  faut 
»   que  ce  document  soit  produit.  » 

»  Lundi  dernier,  en  effet,  d'après  le  désir  qui  en  avait  été  exprimé  d'une 
manière  si  formelle,  j'ai  lu  à  l'Académie  la  Lettre  de  M.  Newcomb,  et  c'est 
cette  lecture  qui  a  amené,  de  la  part  de  M.  Le  Verrier,  la  longue  disserta- 
lion  que  l'Académie  a  entendue  et  qui  est  assez  fidèlement  reproduite  dans 
le  Compte  rendu. 

»  Après  avoir  ainsi  rétabli  la  vérité  dans  toute  sa  rigueur,  voyons  com- 
ment M.  Le  Verrier  a  su  la  respecter. 

«  En  présence  d'immenses  travaux  scientifiques,  dit-il,  M.  Delaunay  va 
»  chercher  de  misérables  bribes  de  calculs  et  s'efforce  de  faire  croire  au 
»  public,  étranger  à  la  science,  que  ce  sont  là  de  grosses  choses,  propres, 
»  selon  lui,  à  compromettre  un  homme;  comme,  si  on  n'en  av;iit  pas 
»  trouvé  autant  et  davantage  dans  les  travaux  de  Bessel  même.  M.  Delaunay 
»  ressemble  à  celui  qui,  ayant  à  juger  d'un  monument,  refuserait  de  lever 
»  les  yeux,  et,  cherchant  à  terre  dans  quelques  assises  quelque  pierre 
»   écornée,  ne  voudrait  voir  qu'elle.  » 

»  M.  Le  Verrier  se  garde  bien  de  dire  que,  si  je  suis  allé  chercher  ces 
misérables  bribes  de  calculs,  c'est  qu'il  m'y  a  contraint  en  se  plaignant  avec 
tant  de  vivacité  de  ce  que  je  n'en  parlais  pas.  Il  y  attachait  alors  une  im- 
portance extrême;  mais  maintenant  que  ers  calculs  sont  reconnus  fautifs, 
c'est  moi  qui  m'efforce  défaire  croire  au  public,  étranger  à  la  scient  e,  que  ce 
sont  là  de  c/rosses  choses.  J'ajouterai  que  M.  L!>  Verrier  se  trompe  quand  il 
dit  cpie,  ayant  à  juger  du  monument  scientifique  dont  on  lui  est  redevable,^ 
refuse  de  lever  les  yeux,  et  que,  cherchant  à  terre  dans  iptclques  asssises  quelque 
pierre  écornée,  jene  veux  voir  qu  elle.  Dans  mon  Rapport  sur  les  progrès  de 
l'Astronomie  en  France  depuis  vingt-cinq  ans,  dont  j'ai  offert  un  exemplaire 
à  l'Académie  dans  sa  dernière  séance,  et  cpie  je  livre  avec  confiance  à  l'ap- 
préciation de  mes  confrères,  j'ai  parcouru  dans  toutes  ses  parties  le  monu- 
ment scientifique  de  M.  Le  Verrier,  signalant  partout  ses  beautés,  et  détour- 
nant mes  regards  des  nombreuses  pierres  écornées  qu'il  m'eût  été  si  facile 
de  faire  toucher  du  doigt  au  public.  J'ai  fait  tous  mes  efforts  pour  me  placer 
au  point  de  vue  de  l'historien   qui  raconte  des  faits  passés  bien  longtemps 


(  9*4  ) 
avant  lui;  j'ai  voulu  imiter  l'œuvre  du  temps  qui  laisse  dans  l'ombre  et 
condamne  à  l'oubli  les  parties  plus  ou  moins  défectueuses  des  travaux  pu- 
bliés par  les  savants,  tandis  qu'elle  met  en  relief  les  idées  neuves,  les  dé- 
couvertes qu'ils  renferment  et  qui  servent  tôt  ou  tard  de  point  de  départ 
pour  des  découvertes  ultérieures.  En  ce  qui  concerne  la  question  actuelle, 
je  n'ai  pas  oublié  dans  mon  Rapport  de  mettre  en  lumière  le  résultat  auquel 
M.  Le  Verrier  est  parvenu  pour  la  parallaxe  solaire.  Si  mon  travail  eût  été 
publié  quelques  mois  plus  tard,  fidèle  à  la  règle  que  je  m'étais  tracée,  j'au- 
rais purement  et  simplement  supprimé  le  passage  qui  a  trait  à  ce  résultat  de 
M.  Le  Verrier;  j'aurais  fait  semblant  de  ne  pas  voir  cette  pierre,  qui  m'a- 
vait paru  saine  tout  d'abord,  et  que  nous  savons  maintenant  être  triple- 
ment écornée. 

»  M.  Le  Verrier  chercbe  ensuite  à  établir  un  contraste  frappant  entre  le 
nombre  et  la  grandeur  de  ses  travaux  astronomiques  sur  les  étoiles,  les  pla- 
nètes, les  comètes,  et  le  problème  unique,  lu  Lune,  où  je  suis  resté  cantonné. 
Pourquoi  M.  Le  Verrier  n'a-t-il  pas  ajouté  que  ce  problème  ne  présente  aucune 
difficulté?  Le  tableau  eût  été  complet.  Pour  toute  réponse  à  ce  passage  de 
sa  Note,  je  me  bornerai  à  dire  que  M.  Le  Verrier,  qui  a  touché  à  tout  en 
astronomie,  même  aux  étoiles  filantes,  n'a  jamais  osé  toucher  à  la  Lune, 
et  ce  n'était  certes  pas  faute  d'envie.  J'ajouterai  que,  malgré  l'inégalité 
apparente  qu'il  s'efforce  de  faire  ressortir  dans  cette  répartition  des  ques- 
tions d'astronomie  théorique  entre  lui  et  moi,  j'ai  de  fortes  raisons  de  penser 
que  ma  part  lui  semble  beaucoup  trop  grande  au  gré  de  ses  désirs. 

»  De  même  que  M.  Le  Verrier  avait  compté  sur  le  défaut  de  mémoire  des 
Membres  de  l'Académie  pour  ce  qui  s'est  passé  dans  la  séance  du  18  no- 
vembre dernier,  de  même  il  espère  sans  doute  qu'ils  n'auront  pas  recours 
au  Compte  rendu  du  25  novembre  1861  pour  y  lire  ce  qui  concerne  la  ques- 
tion du  passage  de  Mercure  du  12  du  même  mois.  Qu'on  se  reporte  à  la 
Note  que  j'ai  insérée  dans  ce  Compte  rendu,  et  à  laquelle  je  déclare  n'avoir 
pas  à  retrancher  ni  à  modifier  une  seule  phrase,  un  seul  mot,  et  on  verra 
quelle  singulière  interprétation  M.  Le  Verrier  en  donne  aujourd'hui.  <■  Lors- 
»  qu'il  reçut,  dit-il,  de  son  collègue  de  Rome,  le  P.  Secchi  (1),  une  Lettre 
»  empressée  lui  annonçant  que  Mercure  avait  paru  sur  le  disque  du  Soleil 
»  à  l'heure,  à  la  minute,  à  la  seconde  même  annoncée,  il  porta  ce  résultat 

1  M.  Le  Verrier  se  trompe  ici.  Ce  n'est  pas  le  P.  Secchi,  mais  bien  M.  Calandrelli  qui 
lui  a  écrit.  La  Lettre,  écrite  à  cette  occasion  par  le  P.  Secchi  a  été  adressée  à  M.  Élie  de 
Beaumont  [Comptes  rendus  de  l'Académie,  t.  LUI,  p.  943  et  suivantes). 


(  9'5  ) 
»   à  l'Académie  avec  la  confiance  qu'on  lui  rendrait  justice.  Mais  il  avait 
«   compté  sans  M.  Delaunay,  qui,  ne  voulant  pas  lui  laisser  pour  un  seid 
»   instant  le  bénéfice  de  cette  exactitude,  se  leva  pour  dire  que  cela  ne  prou- 
»  vait  rien  du  tout.  » 

»  Voici  la  vérité  sur  ce  point,  telle  qu'elle  ressort  de  ma  Note  du  a5  no- 
vembre 1861.  M,  Le  Verrier  venait  de  mettre  la  dernière  main  à  ses  Tables 
de  Mercure,  et,  pour  les  faire  accorder  convenablement  avec  les  observa- 
tions, il  avait  dû  y  introduire  une  circonstance  de  nature  empirique  (un 
mouvement  progressif  du  périhélie  de  Mercure,  de  3^  secondes  par  siècle, 
qu'aucune  considérât  ion  théorique  n'avait  indiqué).  Se  fondant  sur  ces  Tables, 
il  avait  calculé  à  l'avance  les  époques  précises  du  commencement  et  de  la 
fin  du  passage  de  la  planète  sur  le  Soleil,  qui  devait  avoir  lieu  le  12  no- 
vembre 1 86 1 .  L'observation  du  phénomène  s'accorda  aussi  bien  que  pos- 
sible avec  la  prédiction  tirée  des  Tables  de  M.  Le  Verrier.  Ai-je  nié  la  réalité 
de  cet  accord?  ai-je  nié  l'exactitude  actuelle  des  Tables  mise  en  évidence 
par  cette  confirmation?  Pas  le  moins  du  monde.  Mais  M.  Le  Verrier  ne  vou- 
lait pas  se  contenter  d'avoir  constaté  cet  accord  ;  il  voulait  en  tirer  des  con- 
séquences qui  me  paraissaient  inadmissibles.  Il  avait  donné  une  explication 
du  mouvement  séculaire  de  37  secondes  attribué  empiriquement  au  péri- 
hélie de  Mercure  :  suivant  lui  ce  mouvement  progressif  du  périhélie  était  dû 
à  l'existence  d'un  anneau  d'astéroïdes  entre  Mercure  et  le  Soleil.  De 
ce  que  l'annonce  du  passage  du  12  novembre  avait  exactement  con- 
cordé avec  l'observation,  il  en  concluait,  non-seulement  l'existence  réelle 
de  son  équation  empirique,  mais  encore  une  grande  probabilité  en  faveur 
de  l'anneau  d'astéroïdes  à  l'action  duquel  il  attribuait  cette  équation.  C'est 
là  que  j'ai  voulu  l'arrêter,  et  je  ne  puis  mieux  faire  que  de  citer  les  termes 
mêmes  dont  je  me  suis  servi  pour  cela  :  «  L'accord  complet  entre  l'an- 
»  nonce  du  dernier  passage  de  Mercure,  tirée  des  Tables  de  M.  Le  Verrier, 
»  et  l'observation  qui  en  a  été  faite  à  Rome,  ne  prouve  à  mes  yeux  qu'une 
»  seule  chose  :  c'est  que  les  calculs  effectués  pour  déterminer  numérique- 
»  ment  l'équation  empirique  dont  j'ai  parlé  ont  été  bien  faits.  Mais  on 
»  aurait  tort,  je  crois,  d'en  conclure  cpioi  que  ce  soit  en  faveur  de  l'exis- 
»  tence  d'une  cause  capable  de  produire  précisément  cette  équation.  »  Il 
y  a  loin  de  là  à  prétendre,  comme  le  dit  aujourd'hui  M.  Le  Verrier,  que 
cela  ne  prouvait  rien  du  tout. 

»  Cette  opinion  que  je  formulais  en  novembre  1861,  rien  n'est  venu 
l'ébranler  dans  mon  esprit;  je  puis  dire  d'ailleurs  que  c'est  l'opinion  de 
tous  les  astronomes    Quand  on  construit  des  Tables  du  mouvement  d'un 


(  9'6  ) 
astre,  on  fait  ce  qu'on  peut  [jour  les  faire  accorder  avec  les  observations;  si 
la  théorie  ne  suffit  pas  pour  cela,  on  y  joint  une  ou  plusieurs  équations  em- 
piriques. L'accord,  une  fois  obtenu,  se  conserve  plus  ou  moins  longtemps; 
mais  la  confirmation  qui  en  est  faite  peu  de  temps  après  la  construction  des 
Tables  ne  fournit  absolument  aucun  indice  sur  la  durée  ultérieure  de  cet 
accord,  et  par  suite  sur  l'existence  réelle  des  équations  empiriques  auxquelles 
on  a  eu  recours  pour  l'obtenir. 

«  Les  autres  allégations  contenues  dans  les  deux  pages  si  bien  remplies  que 
M.  Le  Verrier  m'a  spécialement  consacrées  [voir  ci- dessus,  p.  883  et  884), 
et  en  particulier  celle  que  renferme  le  dernier  alinéa  de  la  seconde  de  ces 
deux  pages,  pourraient  être  l'obet  de  remarques  analogues  a  celles  que  je 
viens  de  présenter;  mais  je  ne  veux  pas  insister  davantage  sur  ce  point,  de 
peur  d'abuser  des  moments  de  l'Académie.  Ce  qui  précède  montre  suffi- 
samment, ce  me  semble,  que  M.  Le  Verrier  n'a  pas  la  main  heureuse  dans 
ses  discussions  avec  moi.  Il  se  tient  toujours,  je  ne  sais  pourquoi,  plus  ou 
moins  éloigné  de  la  vérité.  C'est  un  mauvais  moyen  pour  me  déterminer  à 
profiter  des  admonestations  qu'il  m'adresse,  des  conseils  qu'il  veut  bien  me 
donner.  Il  atteindrait  bien  plus  sûrement  son  but,  s'il  ne  me  mettait  pas  ainsi 
constamment  dans  la  nécessité  de  rectifier  ses  assertions,  pour  rendre  aux 
fails  leur  signification  véritable. 

»  Venons  au  fond  île  la  question,  c'est-à-dire  à  la  valeur  de  8",g5  que 
M.  Le  Verrier  a  trouvée  en  1 858  pour  la  parallaxe  solaire.  Voici  comment 
il  en  parle  dans  sa  Note  du  dernier  Compte  rendu  :  «  Or,  j'ai  conclu,  par 
>-  la  discussion  des  observations  du  Soleil,  que  la  parallaxe  horizontale  et 
»  moyenne  de  cet  astre  devait  être  plus  considérable  que  celle  donnée  par 
»  Encke,  et  je  l'ai  portée  à  8", 95  [voir  ci-dessus,  page  879).  »  Cela  est, 
non  pas  inexact,  mais  incomplet.  M.  Le  Verrier  aurait  dû  dire  qu'il  avait 
conclu,  par  la  discussion  des  observations  du  Soleil,  que  l'équation  lunaire 
du  mouvement  de  cet  astre  devait  être  fixée  à  6",5o;  et  que  de  là  il  avait 
déduit  pour  la  parallaxe  du  Soleil  une  valeur  de  8",  90.  Or,  c'est  dans  cette 
dernière  partie  du  travail,  dans  ce  passage  du  nombre  6",5o  au  nombre 
8", 95,  que  l'on  a  reconnu  l'existence  de  trois  fautes.  Il  ne  s'agit  pas  ici 
d'une  discussion  dont  le  résultat  présente  plus  ou  moins  d'incertitude, 
mais  bien  d'un  calcul  qui  comporte  la  rigueur  des  opérations  mathémati- 
ques. M.  Le  Verrier  a  trouvé,  en  faisant  ce  calcul,  que  la  parallaxe  solaire, 
cette  quantité  dont  la  connaissance  précise  est  d'une  si  grande  importance 
en  astronomie,  et  qu'on  croyait  élre  de  8", 58  d'après  Encke,  devait  être 
portée  à  8", ç)S  :  c'était  o",'i~  d'augmentation.  Mais  au  lieu  de  8", 95,  c'est 


(  9*7  ) 
8", 78  qu'il  aurait  dû  trouver,  suivant  M.  Newcomb  ;  il  y  avait  donc  o",  17, 
près  de  moitié  de  trop  dans  cette  augmentation  indiquée  par  M.  Le 
Verrier.  Si  l'on  ne  tient  pas  compte  de  la  grandeur  de  l'augmentation  de  la 
parallaxe  solaire,  reste-t-il  au  moins  à  M.  Le  Verrier  le  mérite  d'avoir 
fait  connaître  la  nécessité  de  cette  augmentation?  Mais  en  novembre  1 854, 
c'est-à-dire  plus  de  trois  années  auparavant,  M.  Hansen  avait  dit  de  la 
manière  la  plus  explicite  que  la  valeur  adoptée  pour  la  parallaxe  du  Soleil 
était  trop  petite  (Lettre  de  M.  Hansen  à  M.  Airy,  Monlhly  Notices, 
cahier  de  novembre  1 854)-  C'est  pour  ces  motifs  que,  si  j'avais  à  faire  un 
historique  de  la  question  de  la  parallaxe  du  Soleil,  je  n'aurais  pas  un  mot 
à  dire  de  l'intervention  de  M.  Le  Verrier  dans  cette  question. 

»  Je  demande  pardon  à  l'Académie  d'avoir  interrompu  le  cours  de  ses 
travaux  par  cette  longue  réponse  qui  m'est  toute  personnelle.  Mais,  en 
présence  de  la  conduite  incroyable  de  M.  Le  Verrier  à  mon  égard,  il  ne 
m'était  pas  possible  de  garder  le  silence.  Comment!  à  l'occasion  d'une 
communication  que  je  fais  des  résultats  intéressants  obtenus  par  un  astro- 
nome étranger,  M.  Le  Verrier  vient  me  reprocher  de  ne  pas  parler  de  lui, 
et  cela  avec  une  violence  de  langage  que  personne  n'a  oubliée  ;  puis,  après 
m'avoir  forcé  à  rompre  le  silence  et  à  m 'expliquer  au  sujet  de.  son  étrange 
interpellation,  dès  qu'il  reconnaît  cpie  mes  explications  ne  lui  sont  pas 
favorables,  il  vient  prétendre  que  c'est  moi  qui  l'attaque,  et  m'accuse  d'aller 
chercher  fie  misérables  bribes  de  calculs  pour  le  compromettre  devant  le  public! 
En  vérité!  cela  dépasse  toutes  les  bornes,  et  je  ne  pouvais  faire  moins  que 
de  venir  protester  énergiquement  contre  une  pareille  conduite.    » 

ASTRONOMIE.  —  Examen  d'un  travail  présenté  à  i  Académie,  dans  la  dernière 
séance,  par  M.  Delaunay,  et  relatif  aux  Progrès  de  l'Astronomie  en  France. 
Quelques  mots  de  réponse  à  des  critiques  du  même  auteur;  par  M.  Le 
Verrier. 

«  Avant  d'entretenir  l'Académie  de  la  brochure  que  M.  Delaunay  lui  a 
offerte  dans  la  dernière  séance,  il  sera  possible  de  répondre  en  quelques 
mots  aux  critiques  qu'il  a  lues  aujourd'hui.  On  devra  toutefois  se  borner 
à  ce  qu'on  en  a  entendu,  M.  Delaunay  ayant  lu  une  partiede  sa  Note  avant 
l'arrivée  de  sou  contradicteur.  On  complétera  la  réponse  dans  la  prochaine 
séance,  s'il  y  a  lieu. 

»    M.   Delaunay   insiste  de   nouveau  sur   les  remarques  qu'il  présentait 

!..  R.,   1867,  Ie  Semestre.   (T.   LXV,   N°  25.)  '  2° 


(9*8  ) 
en  t 86 1 ,  à  l'occasion  du  passage  de  Mercure  sur  le  Soleil.  Ce  pas- 
sage étant  arrivé  à  l'heure,  à  la  minute  et  à  la  seconde  annoncées  par 
M.  Le  Verrier,  M.  Delaunay  se  leva  dans  l'Académie  pour  contester  qu'on 
en  pût  conclure  quoi  que  ce  soit  en  faveur  des  Tables  nouvelles.  Cet  acte 
étonna  le  monde  astronomique,  parce  qu'il  était  évident  que  M.  Delau- 
nay se  serait  levé  à  plus  forte  raison  pour  exprimer  un  blâme  si  le  phé- 
nomène n'était  point  arrivé  à  l'heure  dite,  et  qu'on  était  dès  lors  contraint 
à  voir  dans  sa  conduite  un  regrettable  parti  pris  de  critique  quand  même. 

»  Le  sens  des  objections  de  M.  Delaunay  à  ce  sujet  échappe  à  ceux  qui 
sont  au  courant  de  ces  matières.  Quand  un  astronome  a  tiré  des  observa- 
tions et  de  la  théorie  tout  ce  qu'elles  comportaient,  il  a  rempli  son  devoir, 
et  tonte  critique  est  dénuée  de  fondement. 

»  Les  observations  de  Mercure  n'étaient  pas  représentées  par  la  théorie 
basée  sur  les  actions  des  masses  connues  du  système  planétaire.  Mais  où 
gisait  la  difficulté?  La  théorie  était-elle  incomplète,  ou  bien  les  observa- 
tions inexactes?  Si  aucune  erreur  n'était  à  craindre  ni  d'une  part  ni  de 
l'autre,  fallait-il  admettre  que  l'incertitude  provenant  d'une  action  inconnue 
portait  sur  tous  les  éléments  employés  dans  les  calculs,  ou  bien  était-il 
possible  de  concentrer  la  difficulté  sur  un  point  déterminé?  Et  quel  était 
ce  point?La  solution  de  ces  questions  a  arrêtéM.  LeVerrier  pendant  vingt 
années.  M.  Delaunay,  qui  ne  s'est  jamais  occupé  des  observations  ni  de 
leur  comparaison  avec  la  théorie,  ne  se  fait  pas  une  juste  idée  des  embarras 
que  l'on  rencontre  dans  des  discussions  de  cette  nature,  et  combien  elles 
sont  souvent  plus  délicates  que  des  développements  purement  analytiques, 
comme  ceux  qu'il  a  seuls  considérés. 

»  La  certitude  de  la  théorie  basée  sur  les  actions  connues  ayant  été 
établie,  la  bonté  des  observations  ayant  été  mise  hors  de  doute,  M.  Le 
Verrier,  après  avoir  examiné  successivement  les  divers  éléments  de  la 
question,  est  parvenu  à  montrer  que  toutes  les  difficultés  s'évanoui- 
raient et  que  les  observations  marcheraient  d'accord  avec  la  théorie,  à 
cette  seule  condition  qu'on  ajouterait  au  mouvement  séculaire  du  péri- 
hélie 38". 

»  M.  Delaunay  conteste-t-il  cette  conséquence?...  Non.  Tout  est  donc 
inattaquable  dans  ces  recherches;  car  si  le  mouvement  séculaire  du  périhélie 
est  réellement  plus  fort  de  38"  que  celui  que  l'on  déduirait  îles  actions  des 
masses  connues,  que  peut-on  réclamer  autre  chose  du  savant  que  d'avoir 
reconnu  la  vérité?  Ce  point  étant  acquis,  M.  Le  Verrier  examine  à  quelle 
cause  l'excès  du  mouvement  du  périhélie  de  Mercure  pourrait  être  attribué, 


(  9*9  ) 
et  comme  il  navigue  alors  au  milieu  de  l'inconnu,  il  ne  peut  que  présenter 
les  diverses  considérations  qui  se  rattachent  à  la  question. 

»  Il  indique,  premièrement,  qu'on  satisferait  aux  exigences  du  problème 
en  augmentant  la  masse  de  Vénus  de  ~  environ  de  sa  valeur  reçue;  mais 
il  en  résulterait  dans  la  variation  séculaire  de  l'obliquité  de  l'écliptique 
des  difficultés  qui  répugneraient  peut-être  aux  astronomes. 

»  Pour  ceux  qui  ne  peuvent  admettre  cette  solution,  il  indique  en  ces 
termes  une  cause  plus  probable  : 

«  Une  planète,  ou  si  l'on  veut  un  groupe  de  petites  planètes,  circulant 
»  dans  les  parages  de  l'orbite  de  Mercure  serait  susceptible  de  produire  la 
»  perturbation  anormale  éprouvée  par  ce  dernier  astre.  Examinons  d'abord 
»   l'effet  d'une  masse  perturbatrice. 

»  La  masse  troublante,  si  elle  existe,  n'a  point  d'effet  sensible  sur  la 
»  Terre.  Nous  ignorons  si  elle  aurait  quelque  action  sur  Vénus,  et,  en 
»  attendant  que  ce  point  put  être  éclairci,  nous  admettrons  que  cette 
»  action  soit  insensible  ou  du  moins  plus  faible  que  sur  Mercure.  Dans 
»  cette  hypothèse,  la  masse  cherchée  devrait  se  trouver  au-dessous  de  l'or- 
"  bite  de  Mercure.  Si  de  plus  on  veut  que  son  orbite  ne  s'enchevêtre  point 
»  avec  celle  de  Mercure,  il  faudra  que  sa  distance  aphélie  n'excède  point 
»  les  -^  de  la  distance  moyenne  de  Mercure,  c'est-à-dire  les  -^  de  la  dis- 
»   tance  de  la  Terre  au  Soleil.  » 

»  Après  avoir  déterminé  la  valeur  de  la  masse  perturbatrice  suivant  la 
distance  à  laquelle  elle  peut  se  trouver  du  Soleil,  l'auteur  poursuit  ainsi  : 

«  Il  est  toutefois  indispensable  d'examiner  si  sous  le  rapport  physique 
»   toutes  les  solutions  sont  également  admissibles. 

»  A  la  distance  moyenne  0,17,  la  niasse  troublante  serait  précisément 
»  égale  à  la  masse  de  Mercure.  La  plus  grande  élongation  à  laquelle  elle 
»  pût  atteindre  serait  un  peu  inférieure  «à  io  degrés.  Doit-on  croire  qu'une 
»  planète  qui  brillerait  d'un  éclat  plus  vif  que  Mercure  aurait  nécessaire- 
»  ment  été  aperçue  après  le  coucher  ou  avantle  lever  du  Soleil,  rasant  l'ho- 
»  rizon?  Ou  bien  serait-il  possible  que  l'intensité  de  la  lumière  dispersée  du 
»   Soleil  eût  permis  à  un  tel  astre  d'échapper  à  nos  regards? 

»  Plus  loin  du  Soleil,  la  masse  troublante  est  plus  faible,  et  il  en  est  de 
»  même  de  son  volume  sans  doute;  mais  l'élongation  est  plus  grande.  Plus 
»  près  du  Soleil,  c'est  l'inverse;  et  si  l'éclat  du  corps  troublant  est  augmenté 
»  par  la  dimension  de  ce  corps  et  par  le  voisinage  du  Soleil,  l'élonga- 
»   tion  devient  si  petite,  qu'il  serait  possible  qu'un  astre  dont  la   position 

120.. 


(  92°  ) 
»   est   inconnue  n'eût  pas  été  aperçu   dans  les  circonstances  ordinaires. 

»  Mais,  dans  ce  cas  même,  comment  un  astre  qui  serait  doué  d'un  très- 
«  vif  éclat,  et  qui  se  trouverait  toujours  très-près  du  Soleil,  n'eùl-il  point 
«  été  entrevu  durant  quelqu'une  des  éclipses  totales?  Un  tel  astre  enfin  ne 
»  passerait-il  point  entre  le  disque  du  Soleil  et  de  la  Terre,  et  n'eût-on  pas 
»   dû  en  avoir  ainsi  connaissance? 

»  Telles  sont  les  objections  qu'on  peut  faire  à  l'hypothèse  de  l'existence 
»  d'une  planète  unique  comparable  à  Mercure  pour  ses  dimensions  et  cir- 
»  culant  en  dedans  de  l'orbite  de  cette  dernière  planète.  Ceux  à  qui  ces 
»  objections  paraîtront  trop  graves  seront  conduits  à  remplacer  cette  pla- 
»  nète  unique  par  une  suite  d'astéroïdes  dont  les  actions  produiront  en 
»  somme  le  même  effet  total  sur  le  périhélie  de  Mercure.  Outre  que  ces 
»  astéroïdes  ne  seront  pas  visibles  dans  les  circonstances  ordinaires,  leur 
»  répartition  autour  du  Soleil  sera  cause  qu'ils  n'introduiront  danslemou- 
»  vement  de  Mercure  aucune  inégalité  périodique  de  quelque  impor- 
»   tance. 

»  L'hypothèse  à  laquelle  nous  nous  trouvons  ainsi  amenés  n'a  plus  rien 
»  d'excessif.  Un  groupe  d'astéroïdes  se  trouve  entre  Jupiter  et  Mars,  et 
»  sans  doute  on  n'a  pu  en  signaler  que  les  principaux  individus.  Il  y  a  lieu 
»  de  croire  mêmâ  que  l'espace  planétaire  contient  de  très-petits  corps  en 
»  nombre  illimité  circulant  autour  du  Soleil.  Pour  la  région  qui  avoisine 
»   l'orbite  de  la  Terre,  cela  est  certain. 

»  La  suite  des  observations  de  Mercure  montrera  s'il  faut  définitivement 
»  admettrequede  telsgroupes  d'astéroïdesexistent  aussi  plus  près  du  Soleil. 
»  Peut-être  la  discussion  des  observations  de  Vénus  portera-t-elle,  de  son 
»  côté,  quelque  lumière  sur  le  même  sujet,  bien  que  la  petitesse  de  l'excen- 
»  tricité  de  l'orbite  de  cette  planète  ne  permette  guère  de  l'espérer.  Dans 
»  tous  les  cas,  comme  il  se  pourrait  qu'au  milieu  de  ces  astéroïdes  il  en 
»  existât  de  plus  gros  que  les  autres  et  qu'on  n'aurait  d'autre  moyen  d'en 
»  constater  l'existence  que  par  l'observation  de  leurs  passages  devant  le 
»  disque  solaire,  la  discussion  présente  devra  confirmer  les  astronomes  dans 
»  le  zèle  qu'ils  mettent  à  étudier  chaque  jour  les  apparences  de  la  surface 
»  du  Soleil.  Il  est  fort  important  que  toute  tache  régulière,  quelque  minime 
»  qu'elle  soit,  et  qui  viendrait  à  paraître  sur  le  disque  du  Soleil,  soit  suivie 
»  pendant  quelques  instants  avec  la  plus  grande  attention,  afin  de  s'assurer 
»  de  sa  nature  pat' la  connaissance  de  son  mouvement.  » 

»   11  n'y  a  rien  à  retrancher  aujourd'hui  à  ces  diverses  considérations. 


(  921  ) 
Mais  on  peut  ajouter  que  le  même  mode  de  discussion  a  montré  la  néces- 
sité d'accroître  le  mouvement  du  périhélie  de  Mars,  et  que  ce  résultat  a 
déjà  été  confirmé. 

»  Un  nouveau  passage  de  Mercure  sur  le  Soleil  aura  lieu  le  4  no- 
vembre 1 868.  A  quoi  bon  en  calculer  les  phases,  puisque,  soit  que  le  phéno- 
mène arrive  à  l'heure  dite,  soit  qu'il  s'en  écarte,  on  peut  à  l'avance  inscrire 
M.  Delaunay  pour  critiquer  le  résultat  quel  qu'il  soit! 

»  A  l'égard  de  quelques  légères  inexactitudes  de  détail  qui  ne  peuvent 
manquer  de  se  rencontrer  dans  de  grands  travaux,  étendus  à  des  sujets  longs 
et  variés  (n'en  a-ton  pas  trouvé  dans  Bessel,  et  dans  la  Mécanique  céleste 
elle-même,  parce  que  cela  tient  à  la  nature  humaine),  on  ne  comprend  pas 
l'assurance  avec  laquelle  M.  Delaunay  se  charge  de  relever  ces  points  avec 
tant  d'àpreté.  Car  si  l'on  a  dit  que  M.  Delaunay  n'avait  traité  aucune  ques- 
tion en  dehors  de  la  Lune,  a-t-U  cru  qu'on  avait  pour  cela  oublié  son  inter- 
vention dans  une  autre  affaire,  mais  uniquement  pour  y  introduire  deux 
erreurs?  C'était  dans  la  théorie  d'Uranus.  M.  Delaunay  annonçait  à  l'Aca- 
démie qu'on  avait  omis  dans  les  perturbations  de  cette  planète  des  termes 
considérables,  s'élèvant  non  pas  a  des  centièmes  de  seconde  mais  à  plus  de 
5  secondes  chacun!  Et  il  ajoutait  :  «  D'après  cela,  il  devient  nécessaire  pour 
»  la  formation  des  tables  d'Uranus  de  reprendre  complètement  la  théorie 
»  de  ses  perturbations.  Je  viens  d'entreprendre  ce  travail,  et  dès  qu'il 
»  sera  achevé  je  m'empresserai  de  le  soumettre  au  jugement  de  l'Aca- 
démie. » 

»  Mais  depuis  lors,  M.  Delaunay  a  gardé  le  silence  à  cet  égard,  et  il  a 
bien  fait;  car  sa  communication  consistait  en  deux  grosses  erreurs,  non 
point  de  calcul,  mais  de  théorie. 

»  On  ne  comprendrait  pas  que  ceux  qui  ont  de  telles  choses  sur  la  con- 
science voulussent  s'occuper  de  régenter  les  autres,  s'il  ne  devait  rester 
éternellement  vrai  qu'on  voit  la  paille  dans  l'oeil  du  voisin,  mais  non  pas 
la  poutre  qu'on  a  dans  le  sien. 

»  Venons  au  Rapport  sur  les  Progrès  de  l'Astronomie  en  France  pendant 
les  vingt-cinq  dernières  années. 

»  Il  suffirait  pour  ainsi  dire  de  montrer  à  l'Académie  cette  minime  bro- 
chure de  trente-huit  pages  pour  faire  comprendre  à  tous  que  ce  ne  peut 
pas  être  là  l'histoire  des  astronomes  français  pendant  les  vingt-cinq  der- 
nières années.  Nous  n'y  trouvons  pas  l'historique  de  nos  prédécesseurs  pen- 


(  922  ) 
dant  la  période  de  1842  à  1 854  »  nous  n'y  trouvons  pas  sérieusement  celui 
des  astronomes  de   1 854  à   1867.   L'Académie  comprendra  que  nous  ne 
pouvons  nous   dispenser   de  faire   à    cet  égard  les  revendications  néces- 
saires. 

»  Pour  aujourd'hui,  en  raison  des  travaux  qui  forcent  d'abréger  la 
séance,  nous  nous  bornerons  à  indiquer  deux  des  nombreuses  lacunes 
existant  dans  un  travail  qui  n'a  demandé  que  le  temps  de  l'écrire;  dans 
les  séances  ultérieures,  nous  lirons  à  l'Académie  les  historiques  qui  sur  di- 
vers points  doivent  de  toute  nécessité  être  substitués  aux  appréciations  tron- 
quées de  M.  Delaunay. 

»  Voici  d'abord  l'article  intitulé  Moyens  ef observation  :  il  occupe  tout 
juste  trente-quatre  lignes! 

»  Il  en  résulterait  que,  de  i852  à  1 854»  n°-s  prédécesseurs  à  l'Obser- 
vatoire de  Paris  n'auraient  rien  fait  du  tout  à  cet  égard;  c'est  une  lacune 
dont  nous  laissons  la  responsabilité  à  l'auteur  du  Rapport. 

»  Nous  disons,  nous,  que  le  Rapport  n'est  pas  sérieux;  et  nous  en  don- 
nons cette  explication  que  l'auteur,  ainsi  que  nous  l'avons  dit,  ne  s'étant 
jamais  occupé  d'observations,  non-seulement  pratiquement  mais  dans  les 
calculs,  n'était  pas  en  mesure  de  traiter  la  question.  Nous  approuverions 
cette  réserve,  si  on  avait  laissé  le  sujet  complètement  de  côté,  en  disant 
franchement  le  motif. 

>  Le  second  article  que  nous  nous  contenterons  de  signaler  aujourd'hui 
à  l'Académie  est  intitulé  Figure  de  la  Terre.  V oici  en  leur  entier  les  seize  lignes 
accordées  à  la  Géodésie  de  la  France  :  "  Le  Bureau  des  Longitudes,  ne  vou- 
»  lant  pas  rester  en  arrière  de  cet  immense  mouvement  géodésique,  a  soumis 
»  à  un  examen  approfondi  les  opérations  à  effectuer,  pour  donner  au  magni- 
»  fique  réseau  géodésique  français  toute  la  valeur  que  le  perfectionnement 
»  des  moyens  d'observation  peut  lui  permettre  d'acquérir.  Son  attention 
»  s'est  fixée  principalement  sur  la  grande  utilité  qu'il  y  aurait  à  effectuer 
■>  de  nouvelles  déterminations  Ue  la  latitude,  de  la  longitude  et  de  l'inten- 
»  site  de  la  pesanteur  aux  stations  principales  du  réseau.  Un  Rapport 
»  détaillé  sur  cette  question  a  été  adressé  au  gouvernement  pour  provoquer 
»  l'exécution  du  projet  élaboré  par  le  Bureau  des  Longitudes.  Ce  projet 

est  déjà  en  partie  exécuté.  M.  Yvon  Villarce au  a  repris  et  déterminé  stic- 
»  sivement,  pour  un  certain  nombre  de  points,  la  latitude,  la  longitude 
»    ainsi  que  l'azimut  d'un  côté  principal  du  1  éseau  ;  les  stations  où  il  a  opéré 


(  9^3  ) 
»   sont  :  Dunkerque,  Brest,  Strasbourg,  Talmay  (Côte  d'Or),  Rodez,  Car- 
»   cassonne,  Saligny-le-Vif  (Cher)  et  Lyon.  » 

»  Cet  article,  malgré  sa  nullité,  ou  à  cause  d'elle,  soulève  tant  de  motifs 
de  réclamations,  que  nous  ne  savons  par  où  les  aborder.  Mentionnons- 
les  en  partie,  comme  elles  se  présenteront  : 

»  i°  Le  Dépôt  de  la  Guerre  chargé  des  triangulations  a  fait  des  travaux, 
notamment  en  Algérie  :  pourquoi  ne  leur  accorder  aucune  mention?  Est-ce 
que  l'Algérie  n'est  pas  française?  ou  bien  est-ce  en  vertu  de  ce  principe  de 
l'auteur  qu'il  a  supprimé  tout  ce  qui  n'était  pas  bon?  Le  Dépôt  de  la  Guerre 
en  devra  être  très-flatté. 

»  20  Le  Dépôt  de  la  Guerre  et  l'Observatoire  s'étaient  entendus  pour 
entreprendre  en  France  les  déterminations  des  longitudes  des  stations  géo- 
désiques,  en  y  faisant  concourir  l'emploi  des  signaux  électriques  transmis 
par  les  lignes  télégraphiques.  Les  deux  établissements  ont  exécuté,  en 
i856,  la  détermination  de  la  longitude  de  Bourges  sur  la  méridienne  de 
France. 

»  3°  Dans  les  années  suivantes,  des  négociations  sont  suivies  pour  obte- 
nir du  Ministre  de  la  Guerre,  au  nom  des  deux  établissements,  des  me- 
sures qui  permettent  de  continuer  les  travaux.  Ces  négociations  n'abou- 
tissent pas;  et  le  Dépôt  laissant  désormais  à  l'Observatoire  le  soin  de 
marcher  seul,  la  détermination  des  longitudes  est  reprise  en  1861. 

»  4°  Le  Bureau  des  Longitudes,  que  nous  ne  critiquons  en  rien  (c'est 
l'historien  que  nous  blâmons),  fait,  en  1862,  un  Rapport  détaillé  sur  les 
questions  d'astronomie  géodésiqne.  «  Ce  projet,  ajoute  M.  Delaunay,  est 
»  déjà  en  partie  exécuté.  M.  Yvon  Villarceau  a  repris  et  déterminé  pour  un 
*   certain  nombre  de  points,  etc » 

»  Nous  faisons  nettement  ici  à  l'auteur  le  reproche  d'avoir  calculé  sa 
phrase  pour  cacher  aux  lecteurs  que  tons  ces  travaux  de  M.  Yvon  Villarceau 
sont  des  travaux  de  l'Observatoire  impérial  dont  on  ne  dit  pas  un  mot. 

»  L'Observatoire  a  construit  et  étudié  les  instruments.  Il  a  perfectionné 
les  méthodes  d'observaiion,  il  leur  a  donné  une  précision  nouvelle.  Il  a 
fallu  faire  à  l'Observatoire  des  observations  correspondantes  en  aussi  grand 
nombre  que  celles  effectuées  dans  les  départements.  Les  travaux  ont  été 
exécutés  et  publiés  par  l'Observatoire. 

»  5°  Les  opérations  faites  dans  l'ouest  de  la  France  sont  supprimées,  no- 
tamment celles  qui  ont  été  exécutées  à  Biarritz,  et  qui  ont  présenté  cette  cir- 
constance particulière  qu'on  a  déterminé  à  la  fois  deux  longitudes,  celles 
de  Paris  et  de  Madrid,  par  rapport  à  Biarritz. 


f  924  ) 

»  6°  D'ailleurs  suffisait-il  d'énoncer  le  fait  des  opérations?  N'ont-elles 
pas  été  discutées  et  n'en  a-t-il  pas  été  tiré  des  conséquences  qn'il  importe- 
rait au  lecteur  de  connaître? 

»  On  se  contentera  de  dire,  à  cet  égard,  que  le  vaste  ensemble  des  travaux 
accomplis,  auxquels  M.  Yvon  Vill.ircean  a  pris  une  part  si  brillante,  et  qui 
nous  ont  nous-mème  beaucoup  occupé,  a  été  discuté  théoriquement  par 
M.  Yvon  Villarcean  avec  une  supériorité  remarquable.  Il  est  parvenu  à  un 
théorème  qui  lui  a  servi  de  til  conducteur  pour  démêler,  au  milieu  des  diffé- 
rences qui  se  présentaient  entre  les  résultats  de  la  Géodésie  et  ceux  que 
fournissait  l'Astronomie,  de  quel  côté  pouvaient  être  les  erreurs  et  si  elles 
provenaient  d'irrégularités  dans  la  figure  de  la  Terre.  Est-ce  donc  que  ces 
résultats  scientifiques  n'importaient  pas  autant  au  lecteur  qu'un  sec  et  in- 
complet énoncé  du  nom  des  stations? 

»  Mais  ce  n'est,  pas  tout.  Il  est  résulté  de  l'ensemble  de  ces  travaux  une 
conclusion  d'une  haute  importance  et  qu'il  ne  faut  pas  oublier.  Il  est  in- 
dispensable, si  nous  voulons  maintenir  notre  rang  dans  la  géodésie,  de 
vérifier  et  de  rectifier  certaines  parties  de  notre  méridienne  deFrance,  sur- 
tout dans  le  Midi. 

»  L'Académie  sait  combien  j'ai  insisté  devant  Elle  sur  la  nécessité  de 
reprendre  les  mesures  de  quelques  parties  de  notre  réseau  de  triangles.  Il  y 
a  eu  un  moment  où  j'étais  seul  de  mon  avis,  et  où  l'on  me  reprochait  amè- 
rement de  compromettre  le  mètre  légal  :  comme  si  Delambre  lui-même  n'en 
avait  pas  fait  autant  avant  nous,  et  comme  si  ce  n'eût  pas  été  le  plus  grand 
des  malheurs  pour  le  mètre  légal  qu'on  eût  dû  arrêter  en  son  nom  le  mou- 
vement de  la  science. 

»  J'aurais  donc  été  surpris,  si  je  n'avais  été  habitué  aux  inconséquences  de 
la  critique,  en  nie  voyant  maintenant  reprocher  de  négliger  l'importante 
question  géodésique.  Il  n'en  est  rien.  Que  l'Académie  me  permette  de  ter- 
miner en  le  prouvant  péremptoirement  : 

»  Les  mesures  astronomiques  de  longitudes  et  de  latitudes  ne  condui- 
raient désormais  à  rien  de  plus  que  ce  qu'on  sait,  tant  qu'on  n'aura  pas 
repris  les  parties  défectueuses  delà  triangulation.  L'exactitude  delà  partie 
astronomique  ne  peut  trouver  d'application  en  présence  des  incertitudes 
de  certains  points  de  la  géodésie. 

»  Mais  les  opérations  géodésiques  ne  dépendent  pas  de  nous,  et  nous 
n'avons  pas  mission  pour  les  entreprendre.  Ne  nous  ;i-t-on  pas  accusés  au- 
trefois   de    nous  être    emparés  de  la  Géodésie  astronomique   sans  droit? 


(  <p5  ) 
C'était  une  erreur.  On  a  vu  plus  haut  que  nous  n'avions  pris  que  ce  qu'on 
nous  avait  abandonné  avec  bienveillance. 

»  Nous  avons  donc  dû  adresser  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique 
des  propositions,  et,  tant  qu'il  n'aura  pas  été  possible  de  statuer  à  leur 
égard,  nous  ne  pouvons  qu'attendre. 

»  Les  représentants  de  la  Géodésie  dans  divers  Etats  de  l'Europe  se  sont 
rassemblés  à  Berlin,  au  mois  d'octobre  dernier.  Les  deux  présidents  de  cette 
conférence  internationale,  M.  le  général  de  Bayer  pour  la  Prusse  et 
M.  Struve  pour  la  Russie,  avaient  bien  voulu  antérieurement  se  réunir 
avec  nous  à  l'Observatoire  impérial  de  Paris  le  1 1  août  dernier.  Là  nous 
avons  examiné,  avec  un  soin  scrupuleux,  la  situation  géodésique  en 
ce  qui  concernait  la  France,  et  nous  sommes  tombés  unanimement 
d'accord  que  la  première  contribution  qu'on  devait  demander  à  notre 
pays  était  de  revoir  certaines  parties  de  ses  triangles,  comme  nous  l'avons 
proposé. 

»  On  voit  donc  qu'il  y  a  un  complet  accord  entre  la  Conférence  de 
Berlin  et  la  France  en  tant  qu'il  dépend  de  l'Observatoire  de  Paris.  Puisse 
cette  partie  de  notre  communication  parvenir  à  rassurer  ceux  qui,  après 
avoir  soutenu  naguère  que  la  Géodésie  française  était  terminée  et  qu'il  n'y 
avait  pas  lieu  d'y  rectifier  quoi  que  ce  soit,  font  entendre  aujourd'hui  des 
doléances  parce  que  la  France  n'est  pas  allée  prendre  des  ordres  à  Berlin. 
On  s'est  entendu  à  Paris.    » 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Lettre  adressée  à  M.  Chevreul,  au  sujet  des  pièces 
relatives  à  Newton  et  à  Pascal,  pièces  considérées  comme  provenant  de  la 
collection  de  Desmaizeaux,  par  Sir  David  Brewster. 

«  Je  renferme  dans  ma  Lettre  une  autre  Lettre  sur  les  Mémoires  de 
Pascal  dont  vous  pourrez  faire  tel  usage  qu'il  vous  plaira  (i).  J'ai  offert  à 
M.  Chasles  de  faire  ce  qu'il  m'a  demandé,  c'est-à-dire  de  faire  une  recherche 
au  sujet  de  l'offre  du  «  fameux  historien  William  Bobertson  »,  d'acheter  du 
chevalier  Blondeau  Charnage  les  papiers  de  Desmaizeaux  pour  /|OOoo  francs, 
comme  il  est  dit  dans  les  Mondes  du  24  octobre,  p.  3/iH-  Tour  cela,  j'ai  de- 
mandé une  photographie  ou  les  originaux  des  Lettres  de  Robertson,  qui 
doit  avoir  été  un   de  mes  prédécesseurs  comme  principal  de  l'Université 

(1)  Cette  Lettre  est  adressée  à  l'éditeur  du  Times  et  a  paru  dans  ce  journal  le  a  1  novembre. 
C.  K.,    1867,  2e  Semestre .  (T.  LXV,  Nu  25.)  '  'A  ' 


(  9»6  ) 
d'Edimbourg.  S'il  l'a  été,  en  effet,  j'ai  plusieurs  de  ses  Lettres  qui  pourront 
être  comparées  à  celles  qui  sont  entre  les  mains  de  M.  Cliasles. 

»  Allerly-Melrose,  le  23  novembre  1867.  » 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.    —    Obseivation  relative  ù    la  Lettre   de   Sir  David 
Brewster.  —  Deux  mots  sur  une  Lettre  de  M.  Govi  (1);  par  M.  Chasles. 

«  Sir  David  Brewster  a  accueilli,  avec  beaucoup  d'obligeance,  le  désir 
que  j'avais  exprimé,  qu'il  voulût  bien  s'enquérir  s'il  existerait  encore  des 
traces  des  démarches  faites  par  le  professeur  Winthrop  et  l'historien  Ro- 
bertson  pour  obtenir  la  rétrocession  des  papiers  de  Desmaizeaux  acquis 
par  le  chevalier  Blondeau  de  Charnage.  Il  m'a  informé,  le  20  novembre, 
qu'il  ferait  ces  recherches,  me  demandant  des  copies  des  Lettres  qui  auraient 
été  écrites  à  ce  sujet.  Sir  David  a  ajouté  qu'il  présumait  que  je  parlais  du 
célèbre  historien  qui  a  été  son  prédécesseur  comme  principal  de  l'Univer- 
sité d'Edimbourg. 

»  En  envoyant  les  copies  des  deux  Lettres  de  Winthrop  et  de  Robertson, 
j'ai  eu  l'honneur  de  dire  à  Sir  David  que  je  pensais  qu'effectivement  il 
s'agissait  du  célèbre  historien,  et  que,  pour  qu'il  en  jugeât,  je  lui  enverrais 
une  photographie  de  la  Lettre  de  Robertson.  J'ai  dans  ce  moment  entre  les 
mains  la  première  épreuve  de  cette  photographie,  et  j'en  attends  d'autres 
plus  soignées,  que  j'adresserai  à  Sir  David. 

»  Je  passe  à  la  Lettre  de  M.  Govi,  et  je  vais  être  très-bref,  puisque  c'est 
la  condition  à  laquelle  M.  le  Président  me  donne  la  parole,  à  raison  de 
l'heure  avancée  et  du  Comité  secret  qui  va  avoir  lien. 

»  Je  dois  signaler  un  passage  de  cette  Lettre  qui  renferme  une  insinuation 
grave,  qu'on  s'étonnerait  de  trouver  dans  les  Comptes  rendus  sans  une  obsei- 
vation de  ma  part. 

»  M.  Govi  dit  :  «  M.  Chasles  possède,  JE  CROIS,  quelques  autographes  vé- 
»  ritables  de  Galilée,  il  doit  avoir  entre  autres,  si  je  ne  me  trompe,  une  Lettre 
»  de  ce  savant  adressée  au  prince  Cesi,  fondateur  de  l'Académie  de  Lincei; 
)-  la  comparaison  de  ces  documents  avec  les  cinq  Lettres  de  1 64  1  pourra, 
»  je  l'espère,  dissiper  tous  les  doutes.    » 

»  Je  prie  M.  Govi  de  vouloir  bien  dire  très-nettement,  très-explicitement 
ce  qu'il  entend  par  là  ;  ce  qui  l'autorise  à  croire 

»   J'ajouterai,  sans  abuser  des  moments  de  l'Académie,  qu'un  autre  pas- 

(1)   Voir  ci-après  cette  Lettre  de  M.  Govi ,  à  la  Correspondance,  page  g53. 


(  927  ) 
sage  de  la  Lettre  de  M.  Govi  renferme  une  erreur  de  fait,  également  fort 
grave,  qu'il  ne  pourra  manquer  de  reconnaître.  » 

HtiTÉROGÉNlE.  —    Examen    de  quelques   objections  qui  pourraient  être  faites 
à  mon  travail  sur  l'origine  des  Amyhbacter ;  par  M.  A.  Tréccl. 

«  Je  désire  aujourd'hui  communiquer  à  l'Académie  la  réfutation  de 
quelques  objections  qui  pourraient  être  faites  à  mon  travail  sur  l'origine 
des  Amyhbacter.  La  publication  de  ces  réflexions  devait  suivre  immédia- 
tement ma  communication  du  23  septembre;  mais  la  pensée  que  j'eus 
d'ajouter  quelques  mesures  comparatives  de  certains  éléments  de  la  dis- 
cussion îii'engagea  à  différer  la  présentation  de  cette  Note.  Les  expériences 
qui  devaient  me  fournir  ces  mesures  n'ayant  pas  réussi  à  cause  de  l'abais- 
sement de  la  température,  je  me  décide  à  faire  la  présente  publication. 

»  La  première  objection  pourrait  être  tirée  de  la  persistance  de  la  vie 
dans  la  substance  végétale,  et  des  modifications  que  celle-ci  éprouve  pen- 
dant la  putréfaction. 

»  Il  existe,  en  effet,  dans  tout  corps  vivant  une  force  qui  préside  à  son 
entretien  et  à  son  accroissement,  et  qui  aussi  s'oppose  à  toutes  les  causes 
de  destruction  qui  peuvent  venir  du  dehors.  C'est  par  cette  force  que,  dans 
beaucoup  de  végétaux,  l'écorce  reproduit,  sous  ses  parties  externes  qui 
doivent  mourir,  de  nouvelles  couches  péridenniques  destinées  à  protéger 
les  parties  internes  contre  les  agents  extérieurs.  C'est  aussi  la  même  force 
qui,  dans  quelques  autres  plantes,  engendre  des  zones  d'un  périderme 
semblable  autour  de  points  nécrosés  épars,  et  oppose  ainsi  à  l'invasion  du 
mal,  dont  elle  retarde  la  marche,  une  barrière  qu'elle  renouvelle  à  mesure 
que  celui-ci  détruit  graduellement  les  tissus  qui  lui  sont  successivement  op- 
posés. C'est  encore  cette  même  force  qui  réagit  sous  une  autre  forme  quand 
un  arbre,  après  avoir  été  abattu,  émet  des  bourgeons  et  des  feuilles,  en  uti- 
lisant les  matières  nutritives  accumulées  dans  son  sein. 

»  Pendant  la  dégénérescence  gommeuse,  les  cellules  qui  sont  en  voie  de 
transformation  grandissent  souvent  beaucoup;  mais  ici  l'on  peut  soutenir 
qu'il  y  a  une  simple  modification  chimique,  durant  laquelle  les  éléments 
constitutifs  subiraient  une  sorte  de  désagrégation  donnant  lieu  à  l'extension 
de  la  cellule.  Toutefois,  dans  les  lacunes  qui  sont  creusées  par  résorption 
dans  le  tissu  générateur  des  Amygdalées,  où  la  formation  immédiate  de  la 
gomme  est  souvent  presque  nulle  d'abord,  certaines  cellules  limitant  la  ca- 
vité s'allongent  considérablement  en  travers  des  lacunes,  se  divisent  parfois 
en  deux  ou  Irois  cellules,  tendant  ainsi  à  réparer,  à  fermer  la  plaie  faite 

121.. 


(  9^  ) 
par  la  désorganisation.    Une  telle  production  de  cellules  bien  plus  remar- 
quable encore  peut  être  observée  dans  des  lacunes  engendrées  par  la  même 
cause  à  travers  l'aubier  du  Cerisier. 

»  pendant  les  macérations  dans  l'eau,  on  trouve  des  signes  non  équivo- 
ques de  la  même  puissance  conservatrice.  La  vie,  en  possession  de  la  ma- 
tière, cherche  à  s'y  maintenir  par  des  efforts  manifestes.  La  conduite  de 
l'titriciile  protoplasmique  (dite  utricule  primordiale)  durant  la  putréfaction 
dans  l'eau  (ou  même  dans  une  faible  solution  de  sulfate  de  fer,  où  la  des- 
truction est  plus  lente)  en  donne  également  des  preuves  évidentes.  En  se 
contractant,  cette  utricule  protoplasmique  prend  un  aspect  qui  semble 
accuser  son  inertie.  Néanmoins  on  observe  fréquemment,  quelque  temps 
après,  qu'elle  se  révivifie.  Les  sinus  dus  à  la  contraction  s'arrondissent;  ils 
se  ferment  du  côté  interne  par  une  membrane  semblable  à  celle  qui  est 
produite  pendant  la  division  ordinaire  des  cellules,  et  il  en  résulte  plu- 
sieurs petites  ntricules  ou  vésicules  qui  continuent  de  vivre  plus  ou  moins 
longtemps,  réunies  entre  elles  ou  complètement  séparées.  Ce  que  je  viens 
de  décrire  s'accomplit  non-seulement  chez  des  cellules  qui  possèdent  en- 
core leur  membrane  cellulosique,  mais  aussi  chez  des  organes  qui  ont  déjà 
perdu  cette  membrane,  désorganisée  par  la  putréfaction. 

»  Les  vésicules  ou  granules  contenus  normalement  dans  les  cellules 
prennent  quelquefois  un  accroissement  considérable  pendant  la  macéra- 
tion, avant  de  disparaître.  Il  semble  souvent  y  avoir  là  quelque  chose  de 
plus  qu'une  simple  extension  par  modification  chimique.  Il  y  a  un  grand 
accroissement,  acquisition  de  nouveaux  éléments  sous  l'influence  de  la  vie 
prolongée. 

»  En  étudiant  à  l'état  normal  les  granules  contenus  dans  les  fibres  du 
liber  de  quelques  Apocynées  et  Asclépiadées,  j'ai  trouvé  quelquefois  que 
les  plus  gros  de  ces  granules  bleuissaient  par  l'iode  dans  YÀmsonia  tnti- 
folia.  Dans  d'autres  plantes,  les  plus  gros  granules  exigeaient  en  outre, 
pour  bleuir,  l'influence  de  l'acide  sulfurique.  La  putréfaction  produit  le 
même  effet  que  l'addition  de  cet  acide.  Elle  fait  même  très-souvent  beau- 
coup plus  efficacement  que  lui  bleuir  tous  les  granules  d'une  même  fibre, 
quand  ces  granules  ne  sont  pas  trop  petits  [Apocynum  venetum ,  cannabi- 
mim).  Y  a-t-il  ici  une  simple  action  chimique,  ou  la  continuation,  l'accélé- 
ration du  phénomène  vital  (i,?  J'avoue  que  j'incline  vers  la  seconde  opi- 

(i)    Cette  coloration  des  granules  après  la  macération  est   représentée  dans  mes   dessins 
de  i865. 


(  929  ) 
nion.  Ce  qui  se  passe  dans  la  production  des  Amylobacter,  surtout  à  l'in- 
térieur des  fibres  du  liber  (Apocynum,  Figuier),  tend  à  la  justifier;  car  ce 
sont  souvent  les  très-fines  granulations  préexistantes  qui  grossissent,  de- 
viennent elliptiques,  s'allongent  en  conservant  leur  diamètre  acquis,  ou 
bien  en  s'atténuant  en  un  appendice  en  forme  de  queue  amylacée  dès  le 
début,  ou  qui  le  devient  plus  tard.  Néanmoins,  je  dois  faire  remarquer 
qu'il  y  a  entre  ces  deux  faits  une  différence  importante.  Dans  le  premier 
cas,  ce  sont  des  grains  déjà  relativement  volumineux  qui,  sans  grossir,  ac- 
quièrent la  propriété  de  bleuir  par  l'iode  seul.  Dans  le  second  cas,  ce  sont 
de  fines  granulations  qui  grossissent  et  émettent  latéralement  un  appendice 
qui  fréquemment  seul  bleuit  par  l'iode,  le  corpuscule  initial  restant  inco- 
lore ou  devenant  jaune. 

»  Ici  se  présente  la  première  objection.  Si  je  n'avais  que  de  tels  phéno- 
mènes à  donner  en  exemples,  les  adversaires  de  l'hétérogénie  pourraient, 
avec  quelque  apparence  de  raison,  répliquer  qu'ils  ne  voient  dans  la  pro- 
duction de  ces  Amylobacter  qu'une  dégénérescence  des  éléments  anato- 
miques  normaux. 

»  Ils  pourraient  même  soutenir  qu'il  y  a  génération  complète  d'élé- 
ments anatomiques  monstrueux  quand  les  Amybolacler  naissent  dans  un 
liquide  cellulaire  qui  ne  contient  pas  du  tout  de  granules  en  suspension, 
par  exemple  dans  les  cellules  de  la  moelle  du  Figuier  vers  la  fin  de  l'été. 
Mais  il  ne  peut  plus  être  question  d'éléments  anatomiques  quand  les  Amy- 
lobacter se  développent  en  dehors  des  cellules.  Là,  très-souvent  adhérents  à 
la  paroi,  couchés  sur  elle,  ou  dressés  à  sa  surface,  où  ils  sont  attachés  par 
leur  extrémité  inférieure  comme  des  plantes  parasites,  on  ne  saurait,  sans 
forcer  les  analogies,  les  assimiler  aux  grains  d'amidon  ou  de  chloro- 
phylle, etc.,  toujours  renfermés  à  l'intérieur  des  cellules.  Il  ne  serait  pas 
plus  rationnel  de  vouloir  considérer  leur  évolution  comme  un  mode  de 
multiplication  utriculaire  particulier  à  ces  cellules  en  voie  de  mourir. 
Outre  que  ce  mode  serait  tout  à  fait  insolite,  ces  corpuscules  ne  rappellent 
en  rien,  par  leur  forme,  par  leur  dimension,  par  l'aspect  de  la  matière 
amylacée  amorphe  qui  y  est  incluse,  les  cellules  de  la  plante  mère  sur  les- 
quelles ils  sont  nés. 

»  Si  après  ces  réflexions  il  pouvait  subsister  encore  quelque  doute, 
celui-ci  devrait  cesser  en  voyant  de  ces  corps  bleuissant  par  l'iode  se  mou- 
voir dans  toutes  les  directions  au  milieu  du  liquide  du  porte-objet,  ou 
même  à  l'intérieur  des  cellules  quand  ils  s'y  sont  développés. 

»   Prétendrait-on    alors   qu'ils   constituent   des    éléments   anatomiques 


(93°) 
jouissant  d'un  mouvement  de  translation,  nés  de  cellules  qui  n'en  produisent 
jamais  de  semblables  à  l'état  normal,  et  qui  les  engendreraient  quand  ces 
cellules  sont  en  voie  de  désorganisation  et  sur  le  point  de  disparaître?  Cette 
hypothèse  est  inadmissible. 

»  D'un  autre  côté,  en  fait  d'organites  ou  éléments  anatomiques  mobiles, 
on  ne  connaît  en  physiologie  que  les  spermatozoaires,  les  anthérozoïdes  et 
des  sortes  de  spores  qui  comme  eux  jouent  un  rôle  dans  la  reproduction  de 
l'espèce.  Tous  ces  corps  mobiles  naissent  dans  des  conditions  physiolo- 
giques, et  à  l'intérieur  d'organes  spécialement  destinés  à  les  sécréter.  Les 
Amylobacter,  au  contraire,  sont  engendrés  pendantla  putréfaction  des  tissus 
aux  dépens  desquels  ils  se  développent.  Il  serait  impossible  de  leur  assigner 
un  but,  s'ils  ne  sont  pas  des  êtres  particuliers;  et  l'on  ne  voit  pas  pourquoi 
la  force  qui  résiste  à  la  destruction,  qui  réagit  avec  tant  de  persistance 
jusque  dans  les  dernières  molécules  vivantes  de  protoplasma,  ne  pourrait 
pas  produire  des  êtres  nouveaux  destinés  à  vivre  dans  le  milieu  où  les  cir- 
constances ont  placé  ces  dernières  molécules. 

»  Ce  qui  précède  offre  déjà  un  ensemble  de  faits  bien  favorables  à  l'ac- 
ceptation de  l'autonomie  de  nos  corpuscules,  et  par  conséquent  à  l'idée 
de  l'hétérogénèse.  Si  à  cela  l'on  ajoute  que  des  Amylobacter  cylindroco- 
niques,  qui  naissent  de  la  même  manière  que  les  précédents,  et  qui,  avec  le 
mouvement  dont  ils  jouissent  aussi  quelquefois,  dans  la  moelle  du  Ficus 
Carica  par  exemple,  possèdent  encore  la  faculté  de  se  multiplier  par  divi- 
sion, il  ne  peut  plus  guère  y  avoir  de  place  pour  le  doute,  surtout  quand 
leur  génération  s'accomplit  à  l'intérieur  de  cellules  non  poreuses.  J'ai  vu 
cette  multiplication  s'opérer  dans  des  fibres  du  liber  fortement  épaissies  du 
Figuier,  qui,  de  l'aveu  de  M.  Nylander,  peuvent  ne  pas  olfrir  de  perfora- 
tions, par  lesquelles  les  Vibrions  observés  par  ce  savant,  ou  les  Amylobacter 
que  j'ai  décrits,  auraient  pu  pénétrer.  Et  puis,  je  le  répète,  il  est  aisé  de 
trouver  le  contenu  plasmatique  ou  granuleux  de  ces  fibres  ou  d'autres  or- 
ganes cellulaires,  ainsi  que  celui  des  vaisseaux  du  latex  en  voie  de  transfor- 
mation. 

»  J'arrive  maintenant  à  un  autre  fait  que  l'on  pourrait  opposer  à  l'opi- 
nion que  je  soutiens.  Comme  il  ne  se  présente  pour  ainsi  dire  qu'à  l'état 
d'accident  dans  la  seule  plante  qui  me  l'a  montré,  et  qu'il  paraît  y  être  assez 
rare,  j'aurais  pu  garder  le  silence  à  son  égard  ;  mais  l'ayant  observé,  je  dois 
le  faire  connaître.  Au  reste,  dans  le  cas  présent,  l'argument  que  l'on  en 
voudrait  tirer  serait  de  nulle  valeur,  comme  on  en  pourra  juger,  parce  que 
les  Amylobacter  dont  il  s'agit  naissent  à  l'extérieur  des  utricules,  ou  plus 


(  931  ) 
exactement  du  plasma  des  utricules  ouvertes  par  la  section.  Je  veux  parler 
d'un  exemple  d' Arnylobacler  cpii  passent  à  travers  des  membranes  de  cel- 
lules munies  de  perforations,  et  qui  vont  se  propager  par  division  dans  les 
utricules  voisines.  Ce  phénomène  est  si  facile  à  constater  quand  il  existe,  que 
je  ne  crains  pas  que  des  observateurs  sérieux,  ne  jugeant  que  par  l'inspection 
directe  des  faits,  puissent  l'invoquer  contre  l'opinion  que  je  défends.  J'ai  dit 
dans  ma  communication  du  23  septembre  (p.  517)  que,  dans  les  cellules  mé- 
dullaires mises  à  nu  et  lésées  par  la  coupe  longitudinale  de  tronçons  de  tige 
d' Heliantfms  titberosus,  des  Arnylobacler  naissent  en  immense  quantité  sous 
la  forme  de  fines  granulations,  que  celles-ci  s'allongent  en  petits  cylindres, 
qui  grossissent  promptement,  et  finissent  par  acquérir  la  propriété  de  se 
colorer  en  bleu  par  l'eau  iodée.  Les  granulations  qui  se  changent  en  ces 
Arnylobacler,  apparaissent  à  la  surface  des  parois  utriculaires,  ou  dans  les 
résidus  plasmatiques  subsistant  encore  dans  l'intérieur  de  ces  cellules.  Or, 
ces  utricules  présentent  de  nombreuses  ponctuations,  qui  semblent  assez 
souvent  complètement  perforées,  et  pourtant  dans  presque  la  totalité  des 
cellules,  les  Arnylobacler  appliqués  en  foule  contre  la  paroi  ne  la  traver- 
sent pas.  Cependant  j'en  ai  vu  quelquefois  la  traverser.  Des  Amylobacter 
bien  développés  étaient  évidemment  engagés  dans  la  petite  ouverture,  et 
avaient  déjà  donné  lieu  à  quelques  multiplications  dans  l'utricule  adja- 
cente (1). 

C'est  en  vain,  je  le  répète,  que  les  adversaires  de  l'hétérogénie  voudraient 
soutenir  que,  si  un  tel  passage  à  travers  la  membrane  cellulaire  a  lieu  une 
fois,  il  peut  s'opérer  dans  tous  les  aatres  cas  sans  être  aperçu.  Non,  cela 
n'est  pas,  attendu  que  des  pores,  quelque  petits  qu'ils  soient,  sont  toujours 
aisément  visibles,  surtout  dans  les  fibres  du  liber  fortement  épaissies;  et 
parce  que,  je  le  redis  encore,  la  matière  contenue  dans  ces  cellules  ou  dans 
les  laticifères  peut  être  facilement  observée  en  voie  de  transformation,  et 
parce  que  aussi  les  Arnylobacler  en  naissent  le  plus  fréquemment  manifeste- 
ment isolés  les  uns  des  autres. 

(1)  Telle  n'est  pas  l'origine  des  Amylobacter  que  renferment  certaines  cellules  non  enta- 
mées par  la  section  de  la  moelle;  car  il  s'en  développe  aussi,  et  c'est  le  cas  le  plus  fréquent, 
dans  le  plasma  qu'elles  peuvent  contenir.  Toutefois  le  développement  intracellulaire  des 
Amylobacter  ne  s'effectue  guère  ici  que  dans  quelques  cellules  de  la  première,  de  la  deuxième, 
ou  tout  au  plus  de  la  troisième  rangée  au-dessous  de  la  surface  de  section. 

Des  Arnylobacler  ainsi  produits,  au  lieu  de  se  séparer  entièrement  en  se  multipliant  par 
division,  restaient  réunis  de  manière  à  représenter  des  petites  plantes  ramifiées,  dont  l'aspect 
général  rappelait  la  figure  d'un  Opuntia,  et  dont  quelques-unes,  après  un  temps  froid,  jau- 
nissaient seulement  par  l'iode.  > 


(  9^  ) 

»  Lu  naissance  des  Amylobacler  de  V Helianthus  tuberosus  à  l'intérieur  des 
cellules  médullaires  lésées  par  la  section,  ou  à  l'extérieur  de  la  cuticule,  se 
prête  singulièrement  à  l'objection  tirée  de  l'origine  atmosphérique  ou  exté- 
rieure des  germes.  En  effet,  pourquoi  ces  beaux  Amylobacler  de  Y  Helianthus, 
qui  se  développent  avec  tant  de  profusion  dans  les  places  que  je  viens  d'in- 
diquer, ne  naissent-ils  cpi'assez  peu  communément  dans  les  cellules  médul- 
laires entières  les  plus  rapprochées  de  la  surface  de  section,  et  pas  du  tout 
ou  bien  rarement  dans  celles  qui  sont  situées  plus  profondément?  J'avoue 
n'en  pas  connaître  la  raison.  C'est  peut-être  que  le  plasma  qui  les  produit  a 
besoin  de  l'influence  des  gaz  dissous  dans  l'eau  du  flacon. 

»  Au  reste,  ces  mêmes  cellules  médullaires  nous  fournissent  aussi  un  excellent 
argument  contre  la  facile  pénétration  des  prétendus  germes  venus  de  t 'extérieur, 
puisque  toutes  ces  cellules  sont  perforées,  et  que,  malgré  cela,  nos  granulations 
génératrices  riy  entrent  pas! 

»  D'autre  part,  je  suis  convaincu  que  des  myriades  de  germes,  qui  se 
développent  simultanément,  et  dans  l'espace  de  vingt-quatre  à  trente-six 
heures  en  temps  chaud,  ne  sauraient  être  apportés  par  le  liquide  employé, 
puisqu'il  n'en  présente  pas  de  trace.  On  ne  saurait  soutenir  non  plus  que  ces 
germes  ont  été  déposés  sur  la  plante  vivant  à  l'air  libre,  puisque  l'on  n'en 
découvre  aucune  indication,  quand  on  examine  la  tige  avant  de  la  mettre  en 
macéraration, et  parce  que  les  granulations  qui  constituent  ces  germes  apparais- 
sent EN  MÊME  TEMPS,  et  en  aussi  grande  quantité,  sur  les  cellules  de  la  moelle 
fendue  longitudinalemenl.  li  est  évidemment  impossible  que  ces  derniers 
germes  aient  une  autre  origine  que  la  matière  organique  de  ces  cellules  en 
contact  avec  l'eau,  puisque,  je  le  répète,  cette  eau  n'en  contient  pas. 

«  Aucun  micrographe  sérieux  n'oserait  supposer  qu'une  telle  quantité  de 
granules,  suspendus  dans  l'air  où  on  ne  les  voit  pas,  aient  pu  traverser  le 
liquide  en  aussi  peu  de  temps,  et  soient  venus  se  déposer  et  s'attacher  à 
la  surface  des  tronçons  de  tige  immergés  (i). 

»  Ces  germes,  qui  n'existaient  ni  sur  la  plante,  ni  dans  l'eau  employée, 

(i)  Quand  des  spores  de  parasites  existent  à  la  surface  des  plantes,  on  les  observe  aisé- 
ment. \1  Helianthus  tuberosus  en  fournit  un  bel  exemple.  La  partie  inférieure  de  la  tige  est 
dépourvue  de  ses  poils  originels,  et  c'est  de  cette  partie  principalement  que  je  me  servais 
dans  mes  expériences;  mais  plus  haut,  où  ces  poils  existent,  ils  protègent  souvent  les  spores 
d'un  champignon  filamenteux  que  j'ai  souvent  vus  en  germination.  Ces  spores,  relativement 
très-gros,  ne  sont  nullement  comparables  par  leur  volume  et  par  leur  végétation  avec  les 
fines  granulations  par  lesquelles  commencent  nos  Amylobacter.  —  Il  y  a  aussi  des  Monades 
fixées  par  leur  filament  à  la  surface  de  l' Helianthus. 


(  933  ) 
et  qui  n'ont  pu  venir  de  l'air  à  travers  le  liquide  du  flacon,  ont  donc  de 
toute  nécessité  été  engendrés  par  la  substance  végétale  elle-même.  Et  d'ail- 
leurs, on  peut  voir  les  fines  granulations  succéder  à  l'aspect  irrégulièrement 
et  délicatement  chagriné  de  la  substance  cnticulaire  superficielle. 

»  Il  me  reste  maintenant  à  examiner  une  dernière  question.  Les  Amyto- 
bacter  mobiles  rigides  sont-ils  des  Bactéries,  et  les  flexueux  des  Vibrions? 

»  Pour  Ehrenberg,  un  Bacterium  est  «  un  animal  de  la  famille  desVibrio- 
nides,  prenant  par  la  division  spontanée  la  forme  d'un  fil  articulé  raide.  » 
Pour  Dujardin,  un  Bacterium  est  un  corps  filiforme,  raide,  devenant  plus 
ou  moins  distinctement  articulé  par  suite  d'une  division  spontanée  impar- 
faite, et,  de  plus,  ayant  un  mouvement  vacillant  non  ondulatoire. 

»  Ce  mouvement  vacillant  de  Dujardin  n'est  pas  suffisamment  défini,  car 
il  peut  s'appliquer  au  mouvement  moléculaire  de  bascule  des  corpuscules 
allongés. 

»  Nos  corps  rigides,  bleuissant  par  l'iode,  qui  ont  un  véritable  mouve- 
ment de  translation,  ne  sont  ni  filiformes,  ni  articulés  de  la  manière  dont 
les  figure  Ehrenberg.   Ils  sont  ou  capités  ou  cylindroconiques. 

»  Les  Amylobacter  cylindracésqui,  se  multipliant  par  division,  ont  offert 
plusieurs  cellules  bout  à  bout,  n'étaient  pas  mobiles.  Quant  aux  Amylo- 
bacter  fusiformes,  je  ne  les  ai  pas  vus  se  mouvoir;  et  les  formes  en  têtard, 
mobiles  ou  non,  à  queue  rigide  ou  flexueuse,  ne  peuvent  pas  plus  se  rap- 
porter aux  Bactéries  qu'aux  Vibrions,  puisque  ces  deux  sortes  de  corps 
sont  filiformes  d'après  Ehrenberg  et  Dujardin.  D'un  autre  côté,  comme  les 
Amylobacter  cylindriques  à  mouvement  flexueux,  ne  sont  pas  articulés,  ils 
ne  peuvent  en  aucune  façon  représenter  la  chaîne  filiforme,  dont  les  Vi- 
brions rappellent  l'aspect  d'après  Ehrenberg.  11  y  a  d'ailleurs  tout  lieu  de 
penser  que,  sous  le  nom  de  Vibrion,  il  a  été  désigné  souvent  des  corps  mo- 
biles de  nature  très-diverse;  et  il  me  paraît  probable  que  ce  sont  des  Amy- 
lobacter mobiles  que  M.  Nylander  a  vus  grouiller  dans  les  fibres  du  liber  du 
Figuier,  et  qu'il  signale  comme  des  Vibrions.  J'en  ai  rencontré  de  tels  qui 
étaient  d'une  grande  ténuité.  Un  peu  renflés  vers  l'une  des  extrémités, 
très-at ténues  vers  l'autre,  ils  s'agitaient  comme  une  fourmilière  avec  une 
grande  vivacité.  La  plupart  ne  bleuissaient  pas  encore  par  l'iode.  Quelques- 
uns  seulement,  bien  rares  et  des  plus  volumineux,  bleuissaient  par  l'eau 
iodée  dans  leur  partie  atténuée,  tandis  que  l'extrémité  renflée  restait  in- 
colore. A  l'intérieur  de  nombreuses  fibres  libériennes  du  Figuier  aussi, 
tous  les  Amylobacter  bleuissaient,  étant  beaucoup  plus  volumineux;  mais  un 
petit  nombre  étaient    en   mouvement.  Ces  derniers  s'avançaient  entre  les 

C.  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  23.)  *  22 


(  9^4  ) 
autres  dans  toutes  les  directions,  semblant  s'arrêter  capricieusement  çà  et  là 
comme  de  petits  Poissons,  dont  ils  rappelaient  bien  plutôt  la  forme   que 
celle  de  Vibrions.    » 

RAPPORTS. 

HYDIiAULIQUE.  —  Rapport  sur  deux  Mémoires  présentés  par  M.  le  Général 
Didion  sous  le  titre  c/'Études  sur  le  tracé  des  roues  hydrauliques  à  aubes 
courbes  de  M.  Poncelet. 

(Commissaires  :  MM.  Poncelet,  Piobert,  Morin  rapporteur.) 

«  L'Académie  nous  a  chargés,  MM.  Poncelet,  Piobert  et  moi.  d'examiner 
deux  Mémoires  qui  lui  ont  été  présentés  par  M.  le  Général  d'artillerie 
Didion,  dans  ses  séances  du  3  juin  et  du  3o  septembre  1867,  sous  le  titre 
à'Étucles  sur  le  tracé  des  roues  hydrauliques  à  aubes  courbes  cie  M.  le  Général 
Poncelet;  nous  venons  nous  acquitter  de  celle  mission. 

»  L'Académie  sait  qu'en  1824,  à  une  époque  où  la  plupart  des  moteurs 
hydrauliques  en  usage  dans  l'industrie  étaient  encore  construits  de  la  ma- 
nière la  plus  imparfaite,  notre  illustre  confrère,  M.  Poncelet  (1),  appliquant 
<à  la  théorie  de  ces  moteurs  le  principe  des  forces  vives  suivant  la  marche 
indiquée  par  Borda,  et  y  joignant  des  considérations  nouvelles  sur  les  mou- 
vements d'introduction,  de  circulation  et  d'évacuation  du  liquide,  proposa 
de  substituer  aux  roues  à  aubes  planes  recevant  l'eau  en  dessous,  si  fré- 
quemment employées  alors,  des  roues  à  aubes  courbes,  dont  l'effet  théo- 
rique devait  être  le  double  de  celui  des  anciennes  roues.  Des  les  premières 
applications  de  ces  nouveaux  récepteurs  hydrauliques,  l'expérience  justifia 
en  très-grande  partie  les  prévisions  de  l'auteur,  et  l'Académie,  justement 
frappée  de  l'importance  des  résultats  que  ce  nouveau  mode  de  construc- 
tion devait  avoir  pour  l'industrie,  accorda,  à  cette  époque  (janvier  182  5  . 
la  plus  haute  approbation  aux  recherches  de  M.  Poncelet. 

»   Les  conséquences  des  principes  exposés  par  notre  confrère  dans  son 

(1)  Mémoire  su/-  les  roues  verticales  h  aubes  courbes,  mues  par-dessous,  suivi  d'expé- 
riences m  pi  lit  sur  les  effets  mécaniques  de  ers  /vues,  présente  par  le  Secrétaire  perpétuel, 
M.  Arago,  en  décembre  1824,  à  l'Académie  des  Sciences,  qui  ;t  décerné,  l'année  suivante,  à 
son  auteur  le  prix  de  Mécanique  institué  par  feu  M.  île  Montyon;  imprimé  en  1  8  >  ~>  dans 
les  .lunules  de  Chimie  et  de  Physique,  dans  le  Bulletin  de  In  Société  d' Encouragement,  dans 
les  Annales  des  Mines,  .1  Vienne,  etc. 

La  deuxième  édition,  accompagnée  de  considérations  pratiques,  a  été  imprimée  à  Met/,  en 
avril  1827. 


(  935  ) 
Mémoire  de  182^  et  dans  le  cours  de  machines  qu'il  professa  plus  tard  à 
l'École  de  l'Artillerie  et  du  Génie  de  Metz,  s'appliquaient  si  directement 
aux  autres  récepteurs  hydrauliques,  qu'elles  ont  depuis  servi  de  bases  à  la 
théorie  et  au  tracé  de  ces  moteurs,  et  en  particulier  pour  l'étude  et  la  con- 
struction de  ceux  qui  sont  connus  sous  !e  nom  de  turbines,  et  dans  lesquels 
le  mode  d'action  de  l'eau  circulant  sur  des  directrices  et  sur  des  aubes 
courbes,  est  soumis  à  des  conditions  analogues  à  celles  que  M.  Poncelet 
s'était  imposées  pour  sa  roue  à  aubes  courbes. 

»  Quoique  les  premiers  résultats  obtenus  par  le  tracé  qu'il  avait  indiqué 
pour  le  coursier  et  pour  les  aubes  courbes  de  ses  roues  eussent  déjà  réalisé 
un  progrès  considérable  sur  le  mode  de  construction  antérieur  des  roues 
qui  reçoivent  l'eau  en  dessous,  M.  Poncelet  cherchant  à  obtenir,  pour 
l'ensemble  des  filets  fluides  dont  se  composent  les  veines  de  om,i5  à  om,  20, 
d'épaisseur  que  la  pratique  conduit  à  employer,  les  mêmes  conditions  d'in- 
troduction sans  choc  et  de  sortie  sans  vitesse,  proposa,  dès  i838,  un  nou- 
veau tracé  dans  lequel  le  coursier,  au  lieu  d'être  formé  par  un  plan  incliné, 
avait  pour  profil,  dans  le  sens  perpendiculaire  à  l'axe  de  la  roue,  une  déve- 
loppante de  cercle  dont  il  indiquait  la  construction. 

»  Cette  modification,  qui  conduisait  à  placer  plus  haut  que  précédem- 
ment le  seuil  de  l'orifice,  outre  l'avantage  de  satisfaire  à  la  première  condi- 
tion de  l'introduction  de  l'eau  sans  choc,  avait  suhsidiairement  celui 
d'abaisser  le  point  où  l'eau  abandonne  la  roue,  comme  le  montre  le  travail 
dont  nous  rendons  compte,  ainsi  que  nous  le  dirons  tout  à  l'heure. 

»  Ce  dernier  résultat  ne  pouvait  être  mis  en  évidence  que  par  la  déter- 
mination et  le  tracé  de  la  courbe  que  suivent  les  molécules  fluides,  et,  par 
exemple  celles  du  filet  moyen  de  la  veine,  et  cette  détermination  avait  été 
l'objet  de  longues  et  difficiles  recherches  analytiques,  auxquelles  s'était  livré 
M.  Poncelet. 

»  Malheureusement,  cette  loi  du  mouvement  d'une  molécule  fluide  intro- 
duite, avec  une  vitesse  relative  donnée,  sur  une  aube  courbe  animée  d'un 
mouvement  de  transport  général  autour  d'un  axe  parallèle  à  ses  généra- 
trices, soumise  de  plus  à  l'action  de  la  gravité  et  à  celle  de  la  force  centri- 
fuge (en  faisant  même  abstraction  de  la  résistance  des  parois),  ne  peut  être 
exprimée  que  par  des  relations  algébriques  tellement  compliquées,  que  leur 
solution  a  jusqu'ici  échappé  au  pouvoir  et  aux  ressources  de  l'analyse,  même 
dans  les  mains  de  notre  savant  confrère,  qui  se  vit  arrêté  dans  cette 
recherche  par  ces  difficultés. 

»   Tel  était  l'état  de  la  question  lorsque  M.  le  Général  Didion,  que  ses 


11.. 


(  936  ) 
longues  et  savantes  études  de  balistique  et  de  physique  mécanique  ont  de- 
puis longtemps  familiarisé  avec  les  secours  que  la  géométrie  peut,  dans  de 
pareilles  questions,  prêter  à  l'analyse  en  défaut,  entreprit  de  résoudre 
celle-ci  par  des  tracés  graphiques,  et  parvint  ainsi  à  des  résultats  qui,  très- 
suffisants  pour  guider  les  constructeurs,  ont  en  même  temps  mis  en  évi- 
dence les  avantages  du  nouveau  dispositif  indiqué  par  M.  Poncelet. 

»  D'une  autre  part,  dès  l'année  i83i,  notre  savant  confrère,  s'occupant 
de  la  théorie  des  roues  à  augets  à  grande  vitesse,  alors  fort  en  usage  encore 
pour  les  forges  à  l'allemande  et  pour  les  scieries  de  montagnes,  avait  montré 
que  les  molécules  fluides  contenues  dans  les  augets,  et  emportées  dans  leur 
mouvement  de  rotation,  tendaient  à  s'établir,  sous  l'action  de  la  gravité  et 
de  la  force  centrifuge,  selon  des  surfaces  de  niveau  cylindriques  à  arêtes 
parallèles  à  l'axe  de  la  roue,  et  dont  l'axe  était,  pour  une  même  vitesse  an- 
gulaire, à  une  distance  verticale  constante  de  celui  de  la  roue  et  exprimée 

par  la  formule  très-simple  ^-  dans  laquelle  V,  est  la  vitesse  angulaire  sup- 

posée  constante  de  la  roue,  g  =  o,m,8o88. 

»  Il  n'est  pas  inutile  de  dire  que  cet  important  et  remarquable  théorème, 
combiné  avec  le  principe  de  Borda  sur  les  pertes  de  force  vive  éprouvées 
par  l'eau  à  son  entrée  dans  les  augets,  conduisit  ainsi  M.  Poncelet  à  une 
théorie  complète  des  roues  à  augets  à  grande  vitesse,  théorie  dont  l'un  de 
nous  a  pu,  en  i832,  par  des  observations  directes,  constater  le  complet 
accord  avec  l'expérience. 

»  Partant  de  ce  théorème,  qui  donne,  pour  chaque  position  de  la  molé- 
cule fluide,  la  direction  de  la  résultante  de  la  gravité  et  de  la  force  centri- 
fuge, et  connaissant  les  accélérations  qui  lui  sont  communiquées  par  ces 
deux  forces,  M.  le  Général  Didion  est  parvenu,  à  l'aide  de  constructions 
graphiques  très-simples,  à  tracer  fort  approximativement  par  points  la  tra- 
jectoire décrite  par  les  molécules  du  filet  moyen,  depuis  leur  entrée  sur 
l'aube  jusqu'au  moment  où  elles  la  quittent,  après  avoir  été  emportées  avec 
elle  dans  le  mouvement,  de  rotation  de  la  roue. 

»  On  sait  que,  dans  ces  récepteurs,  les  molécules  d'eau  introduiles  sur 
les  aubes,  vers  le  bas  de  la  roue,  se  rapprochent  d'abord  du  centre  et  delà 
circonférence  intérieure  de  la  couronne,  mais  d'une  quantité  toujours  très- 
notahlement  moindre  que  le  quart  de  la  hauteur  due  à  leur  vitesse  d'af- 
fluence  sur  la  roue,  et  que,  dans  ce  mouvement,  elles  perdent  graduelle- 
ment leur  vitesse  relative  de  glissement  sur  l'aube  ;  leur  trajectoire  doit  donc 
présenter  un  point  culminant  où  cette  vitesse  est  nulle,  et  au  delà  duquel 


(  9^7  ) 
leur  mouvement  de  descente  sur  l'aube  s'accélère  de  plus  en   plus  sous 
l'action  de  la  force  centrifuge  et  de  la  gravité  jusqu'au  moment  où  elles 
quittent  la  roue. 

»  C'est  en  recherchant  les  positions  qu'une  molécule  du  filet  moyen  oc- 
cupe lorsqu'elle  a  d'abord  perdu  successivement  des  degrés  égaux  et  peu 
différents  de  sa  vitesse  primitive,  et  celles  où  elle  a  repris  les  mêmes  degrés 
de  vitesse,  que  M.  le  Général  Didion  parvient  à  tracer  la  trajectoire  entière. 

»  La  seule  hypothèse,  évidemment  très-voisine  de  la  vérité,  qu'il  se  per- 
mette, c'est  de  substituer,  pour  chacun  de  ces  intervalles,  pour  lesquels  la 
distance  de  la  molécule  à  l'axe  de  rotation  varie  assez  peu,  la  valeur 
moyenne  de  sa  vitesse  à  ses  valeurs  variables;  ce  qui  lui  permet  de  consi- 
dérer, pour  ces  petits  intervalles,  la  force  centrifuge  comme  constante, 
et  ayant  alors  une  valeur  que  l'on  peut  calculer.  Dès  lors,  il  lui  est  facile 
de  déterminer  le  chemin  parcouru,  d'un  mouvement  moyen,  d'une  position 
à  l'autre  par  la  molécule  dans  le  sens  de  la  direction  de  la  résultante  de  la 
force  centrifuge  et  de  la  gravité.  En  composant  ensuite  ce  déplacement 
avec  celui  qui  résulte  du  mouvement  de  transport  de  l'aube  autour  de  l'axe 
de  la  roue,  il  obtient  la  position  qu'occupe  la  molécule  après  qu'elle  a 
perdu  une  portion  déterminée  de  la  vitesse  qu'elle  avait  au  commencement 
de  l'intervalle  considéré. 

»  En  passant  ainsi  de  proche  en  proche  du  point  d'introduction  du  filet 
moyen,  ou  de  tout  autre,  à  ceux  où  la  vitesse  varie  de  quantités  données  à 
l'avance,  M.  le  Général  Didion  obtient  par  points,  avec  toute  l'approxima- 
tion désirable,  la  trajectoire  entière  parcourue  par  une  molécule  quel- 
conque. 

»  La  place  qu'occupe  cette  trajectoire  sur  le  plan  du  profil  transversal 
de  la  roue  dépend  évidemment  de  la  position  de  son  origine,  qui  est  le 
point  d'introduction  de  l'eau  sur  la  roue,  lequel  est  déterminé  par  l'empla- 
cement du  seuil.  Or,  selon  que  cette  trajectoire  se  trouve  reportée  plus  ou 
moins  du  côté  d'amont  par  rapport  à  la  verticale  qui  passe  par  l'axe  de  la 
roue,  le  point  de  sortie  où  l'eau  quitte  l'aube  se  trouve  plus  haut  ou  plus 
bas,  en  même  temps  que  la  vitesse  absolue  avec  laquelle  les  molécules 
abandonnent  la  roue  se  trouve  plus  petite  ou  plus  grande;  ou,  ce  qui  re- 
vient au  même,  le  travail  moteur  perdu  par  l'élévation  inutile  de  l'eau  et 
celui  qui  correspond  à  la  force  vive  absolue  d'évacuation  se  trouvent  tous 
deux  plus  faibles  ou  plus  forts. 

»  Il  importait  donc,  pour  l'étude  des  conditions  les  plus  favorables  de  la 
construction,  de  tracer  des  trajectoires  correspondant  à  diverses  positions 


(  938  ) 
du  seuil,  les  autres  éléments  de  la  question  restant  les  mêmes.  C'est  ce  qu'a 
fait  dans  ses  deux  Mémoires  M.  le  Généra!  Didion,  d'abord  pour  le  cas 
données  suivantes   relatives  à  une  roue  établie  conformément  à  ces  prin- 
cipes à  la  poudrerie  d'Esquerdes  : 

Diamètre  de  la  roue 3m,5o 

Chute im,8o 

Vannage  incliné  à 4^° 

Angle  des  premiers  éléments  des  aubes  avec  la  circonférence. .  .  260 

Levée  de  vanne  habituelle  à.  .  . om,i6 

«  Sans  rappeler  ici  eu  détail  les  résultats  de  la  discussion  établie  par 
l'auteur  au  sujet  de  l'influence  de  l'élévation  de  ce  point  d'introduction  de 
l'eau  sur  l'effet  utile,  nous  nous  bornerons  à  indiquer  les  valeurs  des  ren- 
dements théoriques  de  la  roue  pour  différentes  hauteurs  de  ce  point  : 

Hauteur  du  point  d'admission  du  filet  moven  /     m_  m      „  m„  m  ,   ,- 

1  }  0,000  o,iC|5  o,3io  0,425 

au-dessus  du  bas  de  la  roue I 

Rendement  théorique  de  la  roue 0,662  0,770  0,838  0,872 

»  Ces  chiffres  mettent  suffisamment  en  évidence  l'influence  directe  de  la 
position  de  ce  point  d'arrivée  de  l'eau,  et,  comme  le  tracé  du  coursier 
indiqué  par  M.  Poncelet  avec  des  levées  de  vanne  de  om,i5  à  om,25,  que 
l'expérience  d'ailleurs  a  indiquées  comme  les  plus  convenables,  conduit 
précisément  à  assigner  à  ce  point  une  position  suffisamment  élevée,  les 
études  géométriques  de  M.  le  Général  Didion  ont  apporté  aux  dispositions 
nouvelles  indiquées  par  M.  Poncelet  une  confirmation  directe,  à  la  fois 
intéressante  par  la  méthode  qu'a  adoptée  l'auteur,  et  précieuse  pour  la 
pratique. 

»  Dans  son  second  Mémoire,  l'auteur  a  appliqué  la  même  méthode  à 
cinq  roues  existantes,  dont  quatre  aux  poudreries  d'Esquerdes,  deVouges, 
du  Ripault  et  d'Angoulème,  et  la  cinquième  au  moulin  des  Onze-Tournants 
delà  ville  de  Metz,  modifié  d'après  ces  conditions.  Ces  nouvelles  applica- 
tions et  des  expériences  directes  laitesau  frein  de  Prony,  sur  la  roue  d'An- 
goulème, ont  complètement  confirmé  les  avantages  du  nouveau  tracé  pro- 
posé par  M.  Poncelet  et  les  considérations  théoriques  de  M.  le  Général 
Didion. 

«  Sans  entrer  dans  de  plus  longs  développements  sur  la  discussion  de 
ces  résultats,  nous  nous  bornerons  à  indiquer  les  conséquences  qui  en  dé- 
coulent au  double  point  de  vue  de  la  théorie  el  de  la  construction  des 
roues  à  aubes  courbes. 


(  9%) 

»  Les  principales  conclusions  que  M.  Didion  tire  de  la  comparaison  des 
cinq  roues  à  aubes  courbes  d'Esquerdes,  de  Vonges,  de  Ripault,  de  Metz 
et  d'Angoulème,  peuvent  se  résumer  ainsi  qu'il  suit  : 

»  i°  Le  rendement  augmente  avec  le  rapport  de  l'élévation  du  filet 
moyen  de  la  veine  fluide  à  la  hauteur  de  la  chute; 

»  2°  Ce  rapport  doit  être  de  0,20  à  0,16,  et  alors  le  rendement  peut 
atteindre  et  dépasser  0,80; 

»  3°  Dans  le  cas  où  des  circonstances  particulières  auraient  conduit  à 
adopter  pour  la  roue  un  rayon  notablement  moindre  que  la  chute,  on  de- 
vra donner  à  la  circonférence  de  la  roue  une  vitesse  égale  seulement  à  o,5o 
tle  celle  de  l'eau  affluente  et  au  premier  élément  de  l'aube,  avec  inclinaison 
de  27  ta  28  degrés  sur  la  circonférence  :  on  évitera  ainsi  d'avoir  un  seuil  trop 
relevé  du  côté  d'amont; 

»  4°  h*e  rayon  des  aubes  doit  être  généralement  égal  au  tiers  de  la  hau- 
teur de  chute  mesurée  du  niveau  d'amont  au  point  d'admission  de  l'eau  sur 
la  roue  :  mais,  pour  qu'à  sa  rencontre  avec  la  circonférence  intérieure  l'aube 
ne  présente  pas  une  concavité  trop  prononcée,  il  sera  souvent  convenable 
de  former  la  courbure  de  cette  aube  avec  deux  rayons,  dont  le  premi  r, 
égal  au  tiers  de  la  chute,  servirait  à  tracer  un  arc  de  45  degrés,  et  dont  le 
second,  plus  grand,  serait,  choisi  de  manière  que  l'élément  correspondant 
langent  au  premier  à  son  origine  fît,  à  sa  rencontre  avec  la  circonférence 
intérieure,  un  angle  droit  avec  celle-ci  ; 

»  5°  Le  point  inférieur  delà  circonférence  de  la  roue  peut  être  habituel- 
lement placé  un  peu  au -dessous  du  niveau  moyen  des  eaux  d'aval  de  -^  à  -^ 
environ  de  la  hauteur  de  la  chute; 

»  6°  Le  vannage  devra  être  incliné  à  un  de  base  sur  un  de  hauteur,  et 
aussi  rapproché  que  possible  de  la  circonférence  de  la  roue. 

»  En  satisfaisant  à  ces  diverses  conditions  et  en  suivant  les  indications 
données  par  M.  le  Général  Poncelet  pour  le  nouveau  tracé  qu'il  a  adopté, 
l'on  pourra  obtenir  de  ces  récepteurs,  d'une  construction  simple  et  écono- 
mique, un  rendement  pratique  de  0,70  du  travail  moteur  absolu  fourni  par 
le  cours  d'eau,  c'est-à-dire  égal  à  celui  des  meilleures  turbines. 

»  En  résumé,  l'on  voit  que  M.  le  Général  Didion,  par  un  heureux  emploi 
des  tracés  géométriques,  est  parvenu  à  résoudre,  avec  toute  l'exactitude  que 
l'on  peut  désirer  dans  les  cpiestions  de  mécanique  appliquée,  le  difficile  pro- 
blème du  mouvement  absolu  des  molécules  fluides  emportées  par  des 
aubes  courbes  sur  lesquelles  elles  circulent,  problème  pour  la  solution 
duquel  les  ressources  de  l'analyse  ont  été  jusqu'ici  insuffisantes. 


(  94o  ) 

»  En  montrant  parce  nouvel  exemple  tout  le  concours  que  la  géométrie 
peut  apporter  à  l'analyse,  et  en  mettant  en  évidence  les  avantages  du  nou- 
veau mode  d'établissement  des  roues  à  aubes  courbes,  l'auteur  a  donc  fait 
une  œuvre  à  la  fois  utile  à  la  science  et  à  la  pratique. 

»  En  conséquences,  vos  Commissaires  vous  proposent  d'accorder  votre 
approbation  aux  deux  Mémoires  de  M.  le  Général  Didion,  et  d'en  ordonner 
l'impression  dans  le  Recueil  des  Mémoires  des  savants  étrangers.  » 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

CHIRURGIE.  —  Occlusion  pneumatique  par  aspiration  continue  dans  le  traite- 
ment des  plaies;  par  M.  J.  Gcérix. 

«  Dans  la  communication  qu'il  a  faite  lundi  dernier  à  l'Académie,  sur 
l'aspiration  continue  appliquée  aux  grandes  amputations,  M.  le  Dr  Maison- 
neuve  a  cru  pouvoir  établir  une  différence  entre  cette  méthode  et  l'occlu- 
sion pneumatique ,  dont  j'avais  fait  antérieurement  des  applications,  dans 
son  service  même,  à  l'Hôtel-Dieu. 

»  Les  résultats  obtenus  postérieurement  par  M.  Maisonneuve,  qui  «  dans 
»  cinq  amputations  de  cuisse,  a  vu  la  cicatrisation  se  produire  en  quel- 
»  ques  jours  sans  accidents,  et  même  sans  fièvre  traumatique  »,  sont  trop 
importants  pour  que  je  ne  m'empresse  pas  de  dissiper,  aux  yeux  de  l'Aca- 
démie, la  méprise  un  instant  commise  par  mon  savant  compétiteur. 

»  Uocclusion  pneumatique,  telle  que  je  l'ai  exposée  devant  l'Académie,  et 
telle  que  je  la  pratique  depuis  plusieurs  années,  satisfait  simultanément 
aux  deux  indications  capitales  :  l'occlusion  hermétique  et  l'aspiration  conti- 
nue :  l'une  est  inséparable  de  l'autre,  parce  que  l'une  ne  peut  être  produite 
que  par  l'autre.  Dans  les  différents  écrits  dont  la  méthode  a  été  l'objet,  j'ai 
insisté  sur  les  deux  actions  mécaniques,  comme  sur  les  deux  résultats  phy- 
siologiques qu'elle  réalise.  Enfin,  dans  les  différentes  observations  pratiques 
que  j'ai  rapportées  à  l'appui  de  mon  système,  j'ai  insisté  sur  les  deux  ordres 
de  résultats  qui  en  assurent  le  succès.  Il  ne  saurait  donc  plus  rester  le  moin- 
dre doute  sur  l'identité  des  deux  méthodes.  C'est  ce  que  l'honorable  chi- 
rurgien de  l'Hôtel-Dieu  a  explicitement  reconnu.  Apres  s'être  rendu  plus 
complètement  compte  de  l'action  de  ma  méthode,  et  après  avoir  pris  une 
plus  ample  connaissance  des  textes  où  elle  est  exposée,  il  a  bien  voulu 
m'atlresser  la  Lettre  suivante  que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie  : 


(  94'  ) 

«  Paris,  iç)  novembre  1867. 
»    Mon  cher  confrère, 

»  Dans  le  travail  que  j'ai  lu  à  l'Académie,  je  n'ai  point  contesté  les  pro- 
»  priétés  aspiratrices  de  votre  appareil  ;  j'ai  dit  au  contraire  que  cet  appa- 
»  reil  réalisait  l'aspiration  continue.  Seulement,  les  fails  dont  j'avais  été 
»  témoin  m'avaient  fait  croire  que,  dans  votre  préoccupation  de  l'occlu- 
»  sion  des  plaies,  ou  de  leur  soustraction  au  contact  de  l'air,  vous  n'aviez 
»  pas  remarqué  cetle  propriété  aspiratrice  de  voire  appareil,  ou  que,  dans 
»  tons  les  cas,  vous  ne  la  mettiez  pas  à  profit,  puisque  vous  fermiez  les 
»  plaies  avec  des  sutures  très-exactes,  avant  d'appliquer  le  manchon  en 
»   caoutchouc. 

»  Cependant,  depuis  que  j'ai  lu  votre  travail  de  1866,  il  est  évident  pour 
»  moi  que  les  propriétés  aspiratrices  de  votre  appareil  y  avaient  été  par- 
»  faitement  indiquées.  C'est  donc  à  vous  qu'appartient  l'honneur  d'avoir 
»   réalisé  /' occlusion  par  aspiration  continue. 

»  Recevez,  etc.  Signé  :  MAISONNEUVE.  » 

»  La  déclaration  de  M.  Maisonneuve,  aussi  explicite  que  loyale,  ne 
laisse  donc  aucun  prétexte  à  l'équivoque,  et  elle  assure  au  contraire  à  la 
méthode  de  Yocclusion  pneumatique  le  bénéfice  des  succès  si  remarquables 
obtenus  par  l'habile  chirurgien  de  l'Hôtel— Dieu. 

»  Permettez-moi,  Monsieur  le  Président,  de  profiter  de  cette  occasion 
pour  prier  l'Académie  de  vouloir  bien  me  comprendre  parmi  les  candidats 
à  la  place  actuellement  vacante  dans  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 
Aux  titres  que  j'ai  déjà  présentés  à  l'appui  de  ma  candidature,  je  me  pro- 
pose d'en  ajouter  de  nouveaux  que  je  soumettrai  à  l'Académie,  si  elle  me 
fait  l'honneur  de  m'accorder  la  parole  dans  une  prochaine  séance.  » 

MÉCANIQUE  MOLÉCULAIRE.  —  Note  sur  la   théorie  moléculaire  des  corps;  par 

M.   GuLDBEKG. 

(Commissaires  :  MM.  Regnaull,  Duhamel,  Combes.) 

«  Un  problème  d'une  grande  importance  est  la  détermination  des  équa- 
tions qui  ont  lieu  entre  la  pression,  le  volume  et  la  température  d'un  corps. 
Il  est  évident  que  chaque  état  d'agrégation  a  son  équation  spéciale.  Je  vais 
exposer  une  méthode  nouvelle  pour  déterminer  ces  équations  à  deux  va- 
riables indépendantes,  et  je  montrerai  comment  on  trouvera  les  équations 
à  une  seule  variable  indépendante,  dans  les  cas  spéciaux  où  le  corps  passe 

C.  K.,  1867,   2e  Semestre.  (T.  LXV,JNU25.)  l  2^ 


(  94*  ) 
d'un  état  d'agrégation  à  un  autre,  par  exemple  les  équations  des  vapeurs 
saturées. 

»  Les  résultats  de  cette  méthode  sont  assez  remarquables,  car  ou  trouve 
des  formules  générales  qui  comprennent  les  formules  proposées  par  MM.  Hirû 
et  Zeuner,  et  ces  savants  ont  démontré  que  leurs  équations  s'accordent 
avec  les  expériences. 

»   Désignons  par 

»  p  la  pression  spécifique  d'un  corps; 

»   v  le  volume  de  i  kilogramme  du  corps; 

"  ï  =  2730  -l-  t°  la  température  absolue; 

»   cp  la  capacité  calorifique  à  pression  constante; 

»   cv  la  capacité  calorifique  à  volume  constant; 

«   c  la  capacité  calorifique  réelle; 

»    l  la  chaleur  latente  interne  ou  le  travail  interne  mesuré  eu  calories; 

»   A  =  j-j  l'équivalent  mécanique  de  la  chaleur. 

»  On  démontrera  facilement  que  l'équation  d'un  corps  quelconque 
s'écrit 

(1)  pv  =  ïïï-hX, 

où  R  est  une  constante  et  X  désigne  une  fonction  de  deux  variables,  les- 
quelles peuvent  être  choisies  arbitrairement  entre  p,  v  et  T.  D'après  la 
théorie  mécanique  de  la  chaleur,  on  sait  qu'en  échauffant  1  kilogramme 
d'un  corps,  iU  aut  dépenser  une  quantité  de  chaleur  dQ  ou 

(  2  )  ciQ  =  cd  T  +  dl  -+-  kp  dv. 

»  En  introduisant  r/Q  =  cpdT  et  dQ  =  c„dT  et  en  regardant  /  comme 
une  fonction  de  v  et  de  T,  on  trouvera 


:3>  *=«+(S(h)  +  h+v(» 


(4)  c;=c+(± 

»   En  appliquant  le  procédé  de  Carnot,  on  démontrera  facilement  l'équa- 
tion suivante  : 


<5>  G=«a-v 


»   J'omets  la  démonstration  de  cette  équation  importante,  parce  qu'elle 
est  tout  à  fait  analogue  à  celle  de  l'équation  (17),  qui  est  bien  connue 


(  943  ) 
dans  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur.  Si  l'on  fait  une  hypothèse  sur  la 
fonction  /,  on  peut  la  vérifier  par  cette  équation. 

»   Toutes  ces  équations  sont  communes  à   tous  les  corps;  maintenant 
j'établis  une  relation  entre  X  et  /  : 

F(X,7,/>,e,T)  =  o, 

et  alors  on  peut  déterminer  la  fonction  inconnue  X  à  l'aide  des  équations  (  i  ) 

et  (5). 

»   Corps  gazeux  ou  vapeurs  surchauffées.  —  Pour  les  corps  gazeux,  je  pose 
(6)  dl  =  adX  +  edT, 

où  a.  est  une  constante  et  0  est  une  fonction  inconnue  de  v  et  deT;  mais 
puisque  dl  et  dX  sont  tous  deux  des  différentielles  totales,  il  s'ensuit  que 

(  -r  )  =  o;  0  dépend  seulement  de  T. 

»   Posons 

X  =f(p,  o), 

on  trouve,  en  éliminant  —  et  '-p-  à  l'aide  des  équations  (i),  (5)  et  (6), 
»  L'intégrale  générale  de  cette  équation  est 


(8)  x  =  P    V\x*"A 

où  f  désigne  une  fonction  arbitraire.  Parmi  les  intégrales  particulières,  je 
ne  citerai  que 

x=  vci^ll!, 

où  C  et  n  sont  des  nombres  quelconques,  et  s  =  i  H Une  forme  simple 

de  X  est  la  suivante  : 

(9)  X  =  j3p"r+7^-% 

où  fj  et  -/sont  des  grandeurs  constantes,  et  cette  formule  renferme  les  for- 
mules de  MM.  Hirn  et  Zeuner.  Si  l'on  regarde  X  connue  une  fonction  de  v 

19.3.. 


(  944  ) 
et  de  T.  on  trouvera  par  la  même  méthode,  en  employant  les  équations  (i), 

(5)  et  (6), 

("0  x"W(i; 

où  /désigne  une  fonction  arbitraire. 

»   En  introduisant  la  valeur  de  dl  tirée  de  l'équation  (6)  dans  l'équa- 
tion (2),  on  trouvera  en  éliminant  X  à  l'aide  de  l'équation  (1), 

(11)  dQ=  (c  —  «R  -+-  0)  dT  -+-  ad  (pv)  -h  Apdv. 

»  Dans  le  cas  spécial,  où  c  —  y.R-\-Q  =  o,  on  aura  la  loi  de  M.  Him.  En 

transformant  les  équations  (3)  et  (4),  on  trouve 

,       -  t.         rx  (x  +A)  R 

(12)  r,=  c-aR  +  e  + 


L(—) 
P  \  df   ) 

cv  =  c-».R  +  6h 


P 

aR 


»  Il  est  bien  évident  que  la  loi  de  Dulong  et  Petit  s'applique  à  la  capacité 
calorifique  réelle,  et  point  du  tout  à  cp  ou  cv  qui  sont  des  grandeurs  va- 
riables. Désignons  par  m  le  poids  d'une  molécule  d'un  corps  et  par  i  le 
nombre  des  atomes  du  corps;  je  pose 


cm 


(i4)  —  =  const. 

Quand  les  gaz  sont  assez  éloignés  de  leur  point  de  saturation,  ils  suivent 

la  loi  de  Mariotte  et  de  Gay-Lussac,  c'est-à-dire,  on  peut  négliger  X  dans 

l'équation  (1).  D'après  la  théorie  chimique  des  volumes  moléculaires,  on 

conclut 

(i5)  B-in  =  const. 

»   Cas  spécial.    —   Supposons  0  =  o  et  X  =  o.  En  donnant  des  valeurs 
préalables  aux  constantes  des  équations  (i4)  et  (i5),  on  peut  écrire 

...         2 , 4 1  i  +  2 
'  m 

Par  cette  formule,  j'ai  calculé  les  nombres  inscrits  dans  le  tableau  suivant. 

T^e  rapport  —  devient 

R  _  <>  c  +  AR 0,8299 


(945  ) 
»  Les  différences  entre  les  valeurs  de  c-t-AR  et  de  cp  (trouvées  par 
M.  Regnault)  sont  dues  à  ce  que  les  gaz  ne  suivent  pas  exactement  la  loi 
de  Mariotte  et  de  Gay-Lussac,  et  peut-être  parce  que  0  n'est  pas  zéro. 

Formules.  ni  i  c-t-A.R  <•  observ. 

H2 2  2  3,4'00  3,4090 

O2 3a  2  0,2  c  3 1  0,2175 

N< 28  2  o,3436  0,2.438 

CO 28  2  0,2436  0,2450 

co- 44  ^  0,200,8  0,2025 

NO 3o       2      0,2273      0,2.317 

N;0 44  3        0,2098        0, 22.38 

SO- 64       3     0,1442     o,i553 

HCI 36,5  2  0,1869  o,i85a 

»  Vapeurs  saturées.  —  Quand  la  vapeur  est  saturée,  sa  pression  p  et 
son  volume  v  sont  déterminés  par  la  température  ï,  que  nous  regardons 
comme  la  variable  indépendante.  De  même  pour  le  liquide  à  son  point 
d'ébullition,  sa  pression  p'  et  son  volume  u  dépendent  seulement  de  sa  tem- 
pérature T'.  Soit  pv  =  RT  -F-  X  l'équation  de  la  vapeur  surchauffée  (ou  non 
saturée),  et  soit />'«  =  ST'+ Y  l'équation  du  liquide  en  général,  on  aura 
pour  le  passage  de  l'état  liquide  à  l'état  gazeux,  les  équations  suivantes  : 

^  =  RT  +  X,     p'u  =  ST  +  Y,     p  =  p>,     T  =  T',      (g)  =  (JQ. 
En  déterminant  les  valeurs  de  \  jL)  et  de  (  — — •  | 


(16) 


»  Ce  système  d'équations  résout  complètement  le  problème;  car  on  a 
trois  équations  entre  quatre  variables,  r,  u,  p  et  T.  La  chaleur  latente  in- 
terne que  la  vapeur  absorbe  se  trouve  à  l'aide  de  l'équation  (5);  en  dési- 
gnant cette  quantité  de  la  chaleur  par  p,  on  aura 


pv  =  RT  +  X, 

pu  =  ST  -f-  Y, 

R- 

dv  T          fdX\~\        „        du 

b-m 

-m 

-m 

•1)  p=[at(±)-a, 


[v  —  «), 


formule  bien  connue  dans  la  théorie  mécanique  de  la  chaleur. 


(  946  ) 

»   Les  formules  (16)  s'appliquent  au  cas  où  un  corps  solide  passe  à  l'état 

liquide;  elles  déterminent  la  pression  p  et  le  volume  odu  liquide  à  son  point 

de  solidification  et  la  pression  p  et  le  volume  n  du  corps  solide  à  son  point 

de  fusion,  et  l'équation  (17)  donne  la  chaleur  latente  interne  de  fusion.  » 

économie  RURALE.  —  Sur  V introduction  et  l'acclimatation  des  vers  à  soie  du 
chêne;  par  M.  Guérin-Méneviixe.  (Extrait  d'une  Lettre  à  M.  Chevreul.) 

(Renvoi  à  la  Commission  de  Sériciculture,  j 

«  Comme  l'année  dernière,  les  expériences  faites  par  moi  et  par  mes  col- 
laborateurs de  divers  pays  ont  été  contrariées  par  les  perturbations  clima- 
tériquesdont  on  se  plaint  presque  partout,  et  l'on  a  observé  malheureuse- 
ment dans  ces  essais  plus  de  cas  d'insuccès  que  de  réussites. 

»  Cependant  mes  collaborateurs  sont  loin  de  se  décourager.  Ils  ont  tous 
compris  que  les  maladies  qui  ont  atteint  la  plupart  des  éducations  du 
Bombyx  Yama-maï  dépendent  de  conditions  générales  très-difficiles  à  dis- 
cerner (1),  mais  qui,  heureusement,  ne  se  sont  pas  produites  partout.  Les 
résultats  I;  vorables  qui  ont  été  obtenus,  dans  quelques  localités,  avec  les 
mêmes  œufs  dont  les  vers  avaient  péri  ai!  urs  1),  leur  ont  montré  que  l'ac- 
climatation de  celte  belle  espèce  est  possible,  et  ils  ont  résolu  de  persévérer 
dans  leurs  tentatives.  Ils  pensent,  comme  moi,  que  les  causes,  de  vérita- 
ble force  majeure,  qui  ont  fait  échouer  une  partie  notable  de  leurs  essais, 
cesseront  tôt  ou  tard,  et  que  nous  réussirons  enfin  à  donner  au  pays  et  à 
l'Europe  une  véritable  source  de  richesse,  exploitée  avantageusement  et 
depuis  des  siècles  par  les  populations  chinoises,  japonaises,  etc. 

»  J'ai  déjà  entretenu  plusieurs  fois  l'Académie  de  cette  importante  ques- 
tion, mais,  depuis,  j'ai  reçu  de  nouveaux  renseignements  prouvant  que  l'un 
des  vers  à  soie  du  chêne,  celui  qui  nous  vient  du  Japon  et  que  j'ai  fait  con- 
naître le  premier  sous  le  nom  de  Borhi  )  me  ,  est  bien  réellement 
en  voie  d'acclimatation  chez  nous.  Cette  acclimatation,  entravée  aujour- 
d'hui par  des  conditions climatériques  anormales,  n'eu  es!  pas  moins  réelle, 
comme  le  prouvent  des  faits  qui  mont  déjà  été  signalés. 

(1)  Probablement  les  mêmes  qui,  depuis  plusieurs  années,  ont  diminué  sensiblement  le 
nombre  de  beaucoup  d'espèces  d'il  lin  ■  jn <■  l'ont  remarqué  les  entomolo- 
gistes collecteurs. 

(2)  Des  faits  semblables  ont  éti  à  soie  ordinaires  du  mûrier  et, 
entre  autres,  par  M ,  le  Maréchal  \  aillant,  qui  ei  etenail  la  Société  impériale  et  centrale 
d'Agriculture  de  France,  dans  sa  séance  du  2!  aoûl  i  <S(  >- . 


M  ) 

»  Le  l'ait  le  plus  capital  de  la  campagne  de  1867  est  la  continuation  des 
succès  obtenus  en  Hongrie  par  M.  le  baron  de  Bretton.  Cet  expérimenta- 
teur est  parvenu  à  conserver  l'espèce  depuis  que  je  lui  eu  ai  envoyé  des 
œufs,  en  1 863,  et,  cette  an  re,  arrivés  à  la  cinquième  génération, 
ces  vers  Yama-rndi  ont  donné  un  résultat  des  plus  satisfaisants,  qui  se  tra- 
duit par  la  récolte  de  plus  de  quatre  mille  cotons,  qu'il  a  consacrés  tous  à 
la  reproduction,  et  "dont  les  papillons  lui  ont  donné  plus  de  trois  cent 
mille  œufs  pour  ses  expériences  de  l'année  prochaine.  Il  aurait  entrepris 
des  éducations  sur  une  plus  gi  belle  et  dans  diverses  localités  de 
l'Autriche,  s'il  n'avait  pai  él  obli;  absenter,  pour  venir  a  Paris  étudier 
l'Exposition  universelle 

»  Outre  le  Bombyx  Yama-maï,  une  autre  espèce,  celle  qui  donne,  dans 
l'Inde  anglaise,  la  soie  dite  iussah,  le  Boni  mylitla,  a  été  mise  en  expé- 

rience cet  automne.  Des  cocons  vivants,  envoyés  par  M.  Perrottet,  de  Pon- 
dichéry,  ont  donné  à  M.  Chavannes,  de  Lausanne,  des  œufs  fécondés.  Chez 
M.  Maumenet,  à  Nîmes,  l'éducati  ::i  a  parfaitement  réussi  e!  lui  a  donné 
quelques  cocons.  Chez  M.  E.  de  Sanlcy,  à  Metz,  les  chenilles  se  sont  très- 
bien  développées,  mais  ce  développement  a  été  moins  rapide  à  cause  delà 
latitude  où  se  fait  l'éducation  dans  cette  saison  avancée,  et  il  est  à  craindre 
que  la  chute  des  feuilles  n'arrive  avant  que  ces  chenilles  aient  eu  le  temps 
de  faire  leurs  cocons.    •■ 

M.  Woroxtzoff  adresse  une  Note  «  Sur  la  somme  des  produits  des 
nombres  x,  x  +  1,  x  -+-  2, . . .,  x  ■+-  p  —  1 ,  combinés  n  à  n. 

(Commissaires  :  MM.  Liouville,  Chasles,  Hermite.) 

M.  Chuakd  adresse  quelques  détails  1  de  grisou  qui  a  eu 

lieu,  il  y  a  quelques  semai'  de  Villars,  aux  environs  de 

Saint-Étienne.  Cette  explosion,  qui  s'est  produite  à  une  profondeur  de 
3oo  mètres,  a  tué  sur  le  coup  trente-huit  ouvriers,  et  renversé  les  boisages 
et  les  supports  en  pierre.  L'auteur  pense  que  le  gaz  devait  être  dans  la 
proportion  d'un  douzième  ou  un  dixième  :  il  rappelle  que  la  lampe  inventée 
par  lui,  à  peine  supérieure  en  volume  à  celle  de  1  pi     enir  les 

explosions  les  plus  violentes,  qui  ont  lieu  à  la  proportion  d'un  huitième. 

(Renvoi  à  la  Commission  des  Arts  insalubr 

M.  Mougkot  adresse   une    NoU  un   liqui  ruisselle,  au 

moment  du  dégel,  des  feuil     i   di      espèces  de    Bégonia    ie  plus  fortement 


(  948  ) 
colorées  en   rouge.  Ce  liquide,  d'un  rouge  magnifique,  d'une  odeur  faible 
et  suave,  d'une  saveur  légèrement  sucrée  et  assez  fortement  acide,  a  été,  de 
la  part  de  l'auteur,  l'objet  d'une  étude  assez  approfondie,  et  lui  a  fourni, 
avec  les  mordants  ordinaires,  de  Irès-beaux  roses  et  des  rouges  intenses. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Botanique.) 

M.  L.  Aubert  adresse  des  «  Notes  additionnelles  au  quatrième  Mémoire 
sur  les  solides  soumis  à  la  flexion  (sections  équivalentes)  ». 

(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  L.  Larroque  adresse,  de  Santiago,  une  liste  d'écbantillons  recueillis 
par  lui  au  Chili,  avec  les  numéros  des  couches  géologiques  où  ils  ont  été 
recueillis.  Il  annonce,  en  outre,  l'envoi  d'une  caisse  d'échantillons  géolo- 
giques avec  empreintes  végétales,  adressée  à  M.  Élie  de  Beaumont  :  cette 
caisse  est  aujourd'hui  parvenue  en  bon  état,  et  sera  transmise  à  la  Com- 
mission nommée  pour  examiner  l'ensemble  de  ces  observations. 

Cette  Commission  se  compose  de  la  Section  de  Minéralogie,  à  laquelle 
M.  Elie  de  Reaumont  est  prié  de  vouloir  bien  s'adjoindre. 

M.  Marco-Felice  adresse,  avec  un  ouvrage  imprimé  en  italien  et  intitulé  : 
«  Principes  de  la  théorie  mécanique  de  l'électricité  et  du  magnétisme  »,  une 
Note  manuscrite  sur  les  conséquences  cpii  découlent  de  cette  théorie. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Physique.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  à  l'Académie  une  série 
de  brochures  de  M.  Al.  Perrey,  comprenant  une  ;>  INote  sur  les  tremble- 
ments de  terre  en  i865,  avec  suppléments  pour  les  années  antérieures 
de  i843  à  1864  »  et  les  «  Observations  météorologiques  laites  a  Dijon, 
de  i858à  1866». 

L'Institut  royal  Météorologique  des  Pays-Bas  adresse  un  exemplaire 
de  «  l'Annuaire  météorologique  des  Pays-Bas  pour  1866  ». 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,    1"  une  brochure  de    M.    Monliijny    ayant    pour   litre  : 


(  949  ) 
«  Corrélation   entre   le    pouvoir    réfringent  et    le  pouvoir   calorifique    de 
diverses  substances  »  ;  i°  une  brochure  de  M.  Husson  intitulée  :  «  Origine 
de  l'espèce  humaine  dans  les  environs  de  Toul,   par  rapport  au  diluvium 
alpin  ». 

ASTRONOMIE.  —  Découverte  de  la  planète  (§),  qui  a  reçu  le  nom  rf'Arethusa; 
par  M.  Robert  Luther.   (Lettre  à  M.  le  Secrétaire  perpétuel.) 

«   Observatoire  de  Bilk-Dùsseldorf,  le  3o  novembre  1867. 
»  J'ai  l'honneur  d'annoncer  à   l'Académie  ma  découverte  de    la   pla- 
nète ®  de  io-ne  grandeur,  faite  le  i?>  novembre,  à  9  heures. 
»  Mes  premières  observations  de  cette  planète  sont  : 


Temps  moyen 

Ascension 

1867 
23  nov. .  . 

de 

Bilk-Dùsseldorf. 

h        m        5 

9.48.i5,7 

droite. 

Il      m      s 
4-1-32,00 

Déclinaison. 

0       /        n 
-+-   21  .3o.  17  , 

Comparaisons 
I  1 

a3  nov. .  . 

1 1 . 1 1 .    i,6 

4.1  28,81 

"I-           2   I.2g.   53; 

0 

IO 

Mouvement  d: 

iurne.  .  .       — 

5is 

-   7',6  ' 

»  M.  le  professeur  Galle  et  M.  le  Dr  Gùnther,  astronomes  de  l'observa- 
toire de  Breslau,  ont  donné  à  ma  nouvelle  planète  le  nom  d' Arethusa.    » 

ASTRONOMIE.    —    Observations  physiques  faites  à  A 'lalaia  (Rio-  Janeiro)   sur 
l'éclipsé  du  29  août  1867  ;  par  MM.  de  Prados  et  Emm.  Liais. 

«  Indépendamment  des  deux  contacts  de  l'éclipsé  que  nous  avons 
observés,  le  premier  à  8h9.aœ44%35  du  matin,  et  le  deuxième  à  1  ib4m58s,62 
(moyenne  de  nos  observations),  nous  avons  entrepris  de  faire  quelques 
observations  physiques  sur  le  phénomène. 

»  Nous  nous  étions  proposé  surtout  de  tâcher  de  reconnaître  si,  en 
employant  un  grossissement  plus  fort  que  celui  dont  on  a  l'usage  de  se 
servir  pour  les  observations  d'éclipsés,  nous  ne  pourrions  pas  distinguer, 
soit  dans  le  passage  de  la  Lune  devant  quelque  tache  solaire,  soit  dans  une 
déformation  des  cornes,  quelque  fait  qui  pût  servir  à  vérifier  la  question 
de  l'existence  ou  de  l'absence  d'une  atmosphère  lunaire.  Malheureusement 
le  Soleil  n'a  pas  montré  la  moindre  tache,  et  les  rides  de  sa  surface  se  dis- 
tinguaient à  peine.  La  recherche  a  donc  dû  se  réduire  à  un  examen  des 
cornes,   pour  lequel    nous   avons    employé  concurremment  l'observation 

C.  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  25.)  '  24 


(95o) 
directe  avec  un  grossissement  de  635  fois,  et  une  projection  de  l'astre  très- 
amplifiée. 

»  Or,  pendant  que  les  cornes  se  sont  montrées  aiguës,  nous  avons  cru 
remarquer,  à  diverses  reprises,  une  déformation  appréciable  se  manifestant 
par  une  incurvation  de  la  corne  à  sa  pointe  extrême,  incurvation  reportant 
cette  pointe  en  dehors.  Ce  phénomène  se  montrait  parfois  avec  persistance 
et  assez  de  netteté,  affectant  l'une  des  cornes  seulement,  sans  que  l'autre 
nous  semblât  en  montrer  de  trace.  Quoique  nous  ayons  observé  le  lait  aux 
deux  cornes,  nous  l'avons  plus  fréquemment  noté  à  la  corne  supérieure. 
D'autres  fois,  ni  l'une  ni  l'autre  des  cornes  ne  montrait  ce  phénomène, 
bien  distinct  de  celui  des  troncatures  par  les  montagnes  lunaires,  dont  nous 
avons  vu  aussi  des  traces  à  diverses  reprises.  La  grandeur  de  la  portion 
d'arc  déformée  était  trop  petite  pour  pouvoir  être  mesurée  exactement, 
d'autant  plus  que  les  ondulations  du  bord  se  seraient  opposées  à  la  mesure 
précise  d'une  si  faible  déviation.  Ce  sont  même  ces  ondulations  qui  nous 
empêchent  d'être  plus  affirmalifs  sur  l'existence  du  phénomène,  quoique 
nous  devions  dire  qu'il  nous  a  paru  assez  distinct  pour  ne  conserver 
aucun  doute  sur  sa  réalité  à  l'instant  de  son  observation.  Toutefois,  comme 
on  ne  peut  trop  se  prémunir  contre  les  illusions,  nous  citons  aujourd'hui 
ce  fait  plutôt  pour  appeler  sur  lui  l'attention  des  observateurs  lors  des 
éclipses  partielles,  que  pour  en  tirer  des  conséquences.  Il  arrive  souvent  que 
les  bords  du  Soleil  se  montrent  moins  ondulés  qu'ils  n'étaient  alors,  et, 
dans  une  telle  circonstance,  on  parviendrait  à  une  certitude  complète,  qui 
lèverait  tous  les  doutes  qui  peuvent  nous  rester. 

»  Dans  le  phénomène  dont  nous  venons  de  parler,  ce  n'est  pas  seulement 
l'existence  de  la  déviation  qui  méritera  une  attention  spéciale,  c'est  aussi 
son  défaut  de  persistance,  car  si  d'un  côté  l'existence  bien  constatée  de 
la  déviation  doit  indiquer  une  petite  réfraction  par  une  faible  atmosphère 
lunaire,  le  défaut  de  persistance  de  cette  même  déviation  montrerait  que 
cette  atmosphère  atteindrait  à  peine,  ou  du  moins  ne  dépasserait  pas  sensi- 
blement, la  hauteur  des  montagnes  de  la  Lune.  On  sait,  en  effet,  que  si  ces 
montagnes  ne  se  montrent  pas  ordinairement  plus  apparentes  sur  le  bord 
extrême  de  notre  satellite,  cela  vient  de  leur  projection  les  unes  sur  les 
autres,  de  telle  sorte,  par  exemple,  que  les  creux  entre  les  montagnes  de 
l'extrême  bord  se  trouvent  dissimulés  par  les  sommets  qui,  en  avant  ou  en 
arrière,  les  recouvrent  ou  les  remplissent.  Lors  donc  qu'une  corne  est 
formée  par  une  région  élevée  ou  montagneuse  de  la  Lune,  il  est  clair  que  la 
partie  la  plus  dense  de  l'atmosphère  n'atteint  pas  le  contact  apparent.  Lors- 


(  95'  ) 
qu'au  contraire  ce  contour  est  formé  par  une  de  ces  surfaces  assez  unies  et 
basses  qu'on  a  appelées  des  mers,  l'atmosphère,  si  elle  existe,  doit  déborder 
le  contour  apparent  et  y  produire  des  traces  de  réfraction  se  manifestant 
par  un  rejet  en  dehors  de  l'extrême  pointe  de  la  corne.  Or,  comme  dans 
une  éclipse  les  parties  du  contour  de  la  Lune  qui  forment  les  cornes  varient 
d'une  manière  incessante,  on  voit  que  dans  le  cas  d'une  petite  atmosphère 
lunaire,  la  déviation  ne  peut  être  continue. 

»  Nous  avons  cherché  à  voir  le  bord  de  la  Lune  en  dehors  du  Soleil. 
Nous  n'avons  pu  l'apercevoir  avec  le  plus  fort  grossissement;  mais  nous 
l'avons  discerné  sur  une  étendue  de  3  à  4  minutes  vers  le  maximum 
de  la  phase  en  employant  un  grossissement  de  4°  fois.  Dans  cette  obser- 
vation, il  n'y  a  rien  que  d'analogue  à  ce  qui  a  été  signalé  dans  la  plupart 
des  éclipses.  Nous  nous  contenterons  seulement  de  faire  remarquer  que 
cette  visibilité,  pour  laquelle  on  n'a  pas  donné  jusqu'ici  de  raison  satisfai- 
sante (i),  serait  facilement  explicable  dans  le  cas  d'une  petite  atmosphère 
lunaire,  qui,  lors  des  éclipses,  serait  nécessairement  éclairée  sur  le  contour 
de  la  Lune  et  dessinerait  ce  contour,  surtout  près  des  cornes. 

»  Nous  n'avons  pas  vu  sur  le  bord  de  la  Lune  en  projection  sur  le  Soleil 
de  montagnes  isolées  comme  on  en  voit  quelquefois,  et  comme  nous  en 
avons  vu  nous-mêmes  dans  des  éclipses  antérieures,  avec  des  grossissements 
moindres  que  celui  que  nous  avons  employé  le  29  août.  Mais  certaines  par- 
ties du  contour  lunaire  nous  ont  paru  finement  dentelées.  Il  est  assez  re- 
marquable de  voir  que  le  bord  de  la  Lune,  en  général  si  uni  avec  les  faibles 
grossissements,  quand  il  est  éclairé  en  face  par  le  Soleil,  se  montre  toujours 
moins  uniforme  en  projection  sur  ce  dernier  astre.  Même  avec  les  fortes 
amplifications  qui  pourtant  permettent  de  distinguer  des  dentelures  sur  le 
bord  de  la  Lune  éclairée  de  face,  ces  dentelures  sont  plus  accentuées  quand 
la  Lune  se  projette  sur  le  Soleil.  Si  c'était  l'irradiation  seule  qui  effaçât  les 
dentelures,  le  contraire  cependant  devrait  avoir  lieu,  car  la  vive  lumière  du 
Soleil  donne  plus  d'irradiation  que  celle  de  la  Lune.  Il  y  a  donc  une  autre 
cause,  et  probablement  là  encore  il  faudra  chercher  l'explication  dans  une 
petite  atmosphère  lunaire  qui  remplirait  les  creux  du  bord  d'une  quantité 
de  lumière  assez  appréciable  dans  le  cas  de  l'éclairage  de  face  ;  car,  même 
en  supposant  cette  atmosphère  trèsd)asse  et  très-peu  dense,  chaque  couche 

(1)  La  projeclion  sur  l'auréole  solaire  ne  peut  suffire,  puisque  celle-ci  est  invisible  dans 
le  cas  dont  nous  parlons,  et,  de  plus,  la  lumière  cendrée  de  la  Lune  compense  encore  par- 
tiellement la  différence  d'éclat  avec  la  région  voisine. 

I24-- 


(  9^  ) 
atmosphérique  est  toujours,  au  bord  extrême,  traversée  sur  une  grande 
épaisseur  par  le  rayon  visuel.  En  projection  sur  le  Soleil  au  contraire,  cette 
quantité  de  lumière  serait  négligeable  par  rapport  à  celle  de  ce  dernier  astre, 
et  les  montagnes  se  projetteraient  en  noir  sur  le  fond  lumineux,  comme  s'il 
n'y  avait  pas  d'atmosphère. 

»  Les  ondulations  passagères  du  bord  projeté  de  la  Lune  dues  à  notre 
atmosphère  n'empêchaient  pas  de  distinguer  les  dentelures  fines  et  persis- 
tantes de  ce  bord.  Ces  mêmes  ondulations,  qui  semblaient  courir  sur  le 
contour  des  deux  astres,  ne  pouvaient  manquer  de  nous  rappeler  ce  qu'on 
a  dit  des  ombres  mouvantes  dans  des  éclipses  plus  voisines  de  la  totalité. 
Sans  nul  doute,  elles  auraient  produit  de  telles  ombres  si  le  croissant  so- 
laire avait  été  beaucoup  plus  petit. 

»  En  approchant  du  maximum  de  la  phase,  la  coloration  générale  de 
l'atmosphère  et  des  objets  a  subi  les  modifications  déjà  constatées  dans  une 
multitude  d'éclipsés,  et  ce  fait  a  été  accompagné  d'un  phénomène  déjà 
observé  par  l'un  de  nous  lors  de  l'éclipsé  du  i5  mars  i858,  c'est-à-dire 
d'un  affaiblissement  général  des  raies  du  spectre  de  l'atmosphère  près  de 
l'horizon,  au  point  que  ces  raies,  si  visibles  avant  et  après  l'éclipsé,  étaient 
à  peine  perceptibles  au  moment  du  maximum  de  la  phase. 

»  Arago  a  expliqué  les  changements  de  teinte  pendant  les  éclipses  en  se 
fondant  sur  ce  qu'alors  la  lumière  atmosphérique  fournie  par  les  couches 
voisines  de  l'horizon  devient,  quand  une  portion  du  Soleil  est  couverte,  une 
fraction  plus  grande  de  la  lumière  directe.  Cela  a  lieu,  en  effet,  dans  une 
éclipse  centrale  -,  mais  il  n'en  est  plus  de  même  dans  le  cas  où  nous  étions, 
car  tandis  que,  du  côté  du  sud  où  l'éclipsé  finissait  par  devenir  totale,  l'at- 
mosphère était  éclairée  par  une  moindre  portion  de  la  surface  solaire  qu'à 
notre  station,  le  contraire  avait  lieu  du  côté  du  nord  où  le  Soleil  était  moins 
caché  qu'à  Rio,  de  sorte  que  la  moyenne  répondait  sensiblement  à  l'éclai- 
rage de  notre  propre  station.  A  l'explication  d' Arago,  il  faudra  donc  joindre 
d'autres  causes,  et  comme  il  est  impossible  d'attribuer  le  fait  à  une  diffé- 
rence de  coloration  du  centre  et  du  bord  du  Soleil,  qui  ne  présentent  en 
outre  aucune  différence  dans  leurs  raies  spectrales,  il  est  clair  que  l'expli- 
cation devra  en  être  recherchée  à  la  surface  de  la  Terre.  Ne  serait-ce  pas  à 
la  transformation  de  radiations  qu'il  faudrait  attribuer  ce  phénomène?  Pre- 
nons pour  exemple  celle  que  la  chlorophylle  des  plantes  fait  subir  à  la 
lumière.  Si  la  quantité  de  travail  de  la  végétation  n'est  pas  diminuée  par 
l'éclipsé  (peut-être  même  une  diminution  de  la  quantité  de  lumière  aug- 
mente-t-elle  ce  travail,  car  un  soled  trop  vif  parait  blesser  les  plantes),  la 


(  953  ) 
quantité  des  radiations  absorbées  ou  transformées  est  une  constante,  mal- 
gré la  diminution  directe  de  la  lumière  du  Soleil.  Cette  remarque,  appli- 
quée de  la  même  manière  à  la  surface  de  la  mer,  à  l'atmosphère  même 
peut-être,  suffirait  pour  faire  concevoir  le  phénomène  et  expliquer  la  dimi- 
nution d'intensité  des  raies  dans  le  spectre  solaire  réfléchi  par  l'atmosphère, 
car  des  radiations  terrestre  se  substitueraient  en  plus  grande  proportion  que 
dans  le  cas  normal  aux  radiations  manquantes  dans  la  lumière  solaire.  Nous 
ferons  remarquer,  au  reste,  que  si,  dans  l'étendue  du  spectre  lumineux 
visible,  il  y  a  peu  de  différence  entre  l'intensité  du  centre  du  Soleil  et  celle 
du  bord  ,  il  existe  une  plus  grande  différence  pour  les  radiations  extrêmes, 
comme  l'accusent  les  épreuves  photographiques  de  cet  astre  et  la  distribu- 
tion de  la  chaleur  à  la  superficie  de  son  disque.  De  là  aussi  peut-être  une 
modification  dans  les  diverses  proportions  de  radiations  transformées  à  la 
surface  de  la  Terre,  suivant  que  le  Soleil  éclaire  par  sa  surface  totale  ou  par 
un  de  ses  bords  seulement.  Mais  nous  ne  nous  arrêterons  pas  davantage  sili- 
ces explications  :  notre  but  était  surtout  de  signaler  le  phénomène. 

»  Le  baromètre  n'a  pas  été  sensiblement  modifié  dans  sa  marche  par 
l'éclipsé  ;  son  maximum  diurne  a  coïncidé  à  peu  près  avec  celui  du  phé- 
nomène ,  ce  qui  était  l'heure  normale  de  ce  maximum.  La  température,  qui 
avait  atteint  dans  la  nuit  le  minimum  de  i5°,  r,  était  montée,  à  8  heures 
10  minutes,  à  2o°,2.De  là  au  maximum  de  l'éclipsé,  à  9  heures  4o  minutes, 
elle  est  restée  presque  constante,  car  le  thermomètre  marquait  alors  20°, 7. 
A  partir  de  cet  instant,  la  température  a  monté,  et,  à  la  fin  du  phénomène, 
elle  était  de  110,  6.  A  3  heures  du  soir,  elle  avait  atteint  25°, 5.  L'humidité 
relative  est  aussi  à  peu  près  restée  constamment  égale  à  0,82  depuis  ie  com- 
mencement de  l'éclipsé  jusqu'au  maximum,  après  quoi  elle  a  diminué  ra- 
pidement. » 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Observations  concernant  les  Lettres  sicjnées  du  nom 
de  Galilée  qui  ont  été  publiées;  par  M.  Chasles.  par  M.  Gilbert  Govi. 

«  Turin,  ce  29  novembre  1867. 
»  M.  Chasles  a  publié  (Comptes  rendus,  t.  LXV,  p.  588  et  suiv.,  et 
p.  834  et  suiv.)  cinq  Lettres  signées  de  Galilée  Galilei,  adressées  a  Pascal 
et  datées  de  Florence  le  2  janvier,  le  20  mai,  le  7  juin,  le  2 septembre  et  le 
2  novembre  1641  ;  elles  sont  écrites  en  français  et  paraissent  devoir 
être  regardées  comme  autographes,  puisqu'elles  contiennent  des  passages 
tels  que  ceux-ci  :  «  Je  ne  vous  en  écris  pas  davantage,  car  je  me  sens  les 
»   yeux  bien  fatigués.  Ma  vue  s'en  va.  »  ...  «  Ma  vue  s'en  va  de   plus  en 


(  954  ) 
»   plus,  et  c'est  avec  toutes  les  peines  du  monde  que  j'écris.  »  ...  «  Je  ne  puis 
»   vous  en  dire  plus  ;  car  mes  yeux  sont  excessivement  faibles.  »...  etc.,  etc. 

>.  Or,  toute  considération  scientifique  à  part,  les  objections  soulevées  par 
M.  Grant  contre  l'authenticité  de  ces  Lettres  me  semblent  être  tout  à  fait 
concluantes. 

»  Et  d'abord,  Galilée  11  a  jamais  écrit  en  français.  La  Collection  des  ma- 
nuscrits de  ce  grand  homme,  qui  se  trouve  à  la  Bibliothèque  nationale  de 
Florence,  et  que  j'ai  eu  l'occasion  d'examiner  minutieusement  à  plusieurs 
reprises,  ne  contient  pas  une  seule  ligne  en  langue  française,  écrite  de  la 
main  de  Galilée  ;  on  y  rencontre  même  parfois  les  noms  des  savants  fran- 
çais passablement  défigurés.  Gassendi,  Peirese,  Carcavi,  Boulliau,  Beau- 
grand  employaient  eux-mêmes  la  langue  latine  ou  l'italienne  lorsqu'ils 
s'adressaient  à  Galilée,  qui  leur  faisait  réponse  dans  les  mêmes  langues.  Il 
est  vrai  que  le  comte  de  Noailles  lui  écrivait  en  français,  mais  les  Lettres  de 
Galilée  à  ce  gentilhomme  sont  en  italien.  Je  ne  connais  pas  de  correspon- 
dance entre  Galilée  et  le  Père  Mersenne,  Pascal  ou  d'autres  savants  de 
France.  On  peut  consulter  là-dessus  tout  ce  quia  été  publié  par  Galilée 
dans  la  dernière  édition  de  ses  OEuvres  et  dans  quelques  ouvrages  plus  ré- 
cents, et  l'on  verra  que  jamais  le  Mathématicien  du  grand  duc  de  Florence 
n'écrivait  autrement  qu'en  italien  ou  en  latin. 

»  Ses  biographes,  Viviani,Gberardini,  Brenna,  Nelli,  Targioni,  etc.,  etc., 
si  empressés  à  tenir  compte  de  tout  ce  qui  pouvait  accroître  la  gloire  de 
Galilée,  ne  lui  attribuent  guère  la  connaissance  de  la  longue  française.  Si 
M.  Chasles  affirme  le  contraire,  ce  n'est  que  sur  la  foi  des  documents  iné- 
dits qu'il  possède,  et  dont  l'authenticité  est  loin  d'être  démontrée. 

»  Mais  il  y  a  plus  :  les  cinq  Lettres  sont  datées  de  Florence;  or,  depuis  le 
mois  de  décembre  i633,  Galilée  vivait  près  d'Arcetri,  dans  une  villa  de  la 
famille  Martellini,  appelée  le  Giojello,  où  l'illustre  vieillard  expira  le  8  jan- 
vier 1642.  Les  Lettres  que  Galilée  écrivit  pendant  ces  huit  ans  sont  datées 
(ÏArcelri.  Je  n'en  connais  qu'une  seule,  adressée  à  Elie  Diodati,  qui  porte  la 
date  de  Florence  (le  7  août  1 638  ).  C'est  une  Lettre  dictée  pendant  un  des 
très-courts  séjours  qu'il  fit  dans  sa  maisonnette  de  la  Costa,  à  la  suite  de  la 
permission  que  la  Cour  de  Borne  lui  en  avait  octroyée  le  9  mars  i638.  J_.es 
quatre-vingt-treize  autres  Lettres  publiées  sont  écrites  (YArcetri,  et  vous 
pouvez  en  voir  deux  échantillons  authentiques,  quoique  non  autograpbes, 
aux  feuillets  99  et  10 1  du  XIXe  volume  de  la  Correspondance  de  Boulliau  à  la 
Bibliothèque  impériale.  Galilée  profita  si  peu  de  la  permission  de  se  rendre 
à  Florence,  que  la  plupart  de  ses  biographes  n'en  parlent  guère,  et  qu'on  le 


(  9*5  ) 
représente  toujours  comme  enfermé  dans  sa  villa  d' Jrçetri, depuis  son  dé- 
part de  Sienne,  en  i633,  jusqu'à  sa  mort. 

«  Quant  à  la  cécité  du  pauvre  grand  homme,  elle  n'était,  hélas!  que 
trop  vraie,  et  si  M.  Chasles  veut  bien  se  donner  la  peine  de  consulter  la 
correspondance  de  Galilée,  il  y  verra  que  dès  l'année  i632  {Opère  di 
Galileo;  edizione  compléta;  Firenze  i842-i856,  t.  VI,  p.  391)  ses  yeux 
avaient  été  frappés  d'une  altération  assez  grave  pour  lui  ôter  le  pouvoir  de 
lire  et  d'écrire  sans  souffrance.  Ce  n'était  donc  point  une  cataracte  (en 
admettant  qu'il  y  eût  cataracte)  qui  ne  datait  que  de  six  mois,  celle  dont 
parle  dans  son  Rapport  l'Inquisiteur  Jean  Muzzarelli  da  Fanano,  cité  par 
M.  Chasles  à  l'appui  de  sa  thèse.  Il  faut  d'ailleurs  beaucoup  de  bonne 
volonté  pour  reconnaître  à  ce  Rapport  une  intention  bienveillante,  et  pour 
trouver  que  les  infirmités  de  Galilée  y  sont  plutôt  amplifiées  qu'amoindries.  La 
traduction  de  M.  Trouessart,  reproduite  par  M.  Chasles,  n'en  est  pas  aussi 
exacte  qu'il  l'aurait  fallu  en  pareille  occurrence,  car  elle  dit,  par  exemple  : 
«Je  l'ai  trouvé  totalement  privé  de  la  vue»  tandis  que  le  texte  italien  (Opère  di 
Galileo,  t.  X,  p.  280)  s'exprime  ainsi  :  «  Jo  l'ho  rilrovalo  tntalmente  privo 
»  di  vista,  e  cieco  affatto.  »,  c'est-à-dire  :  «  Je  l'ai  trouvé  totalement  privé 
»  de  la  vue,  et  complètement  aveugle».  Ce  qui  revient  à  déclarer  que,  non 
seulement  Galilée  ne  pouvait  pas  reconnaître  les  objets  extérieurs,  mais 
qu'il  n'avait  même  plus  la  faculté  de  percevoir  la  lumière,  ce  qui,  d'ailleurs, 
est  confirmé  pour  un  grand  nombre  de  passages  de  ses  Lettres  authentiques, 
et  de  celles  de  ses  correspondants.  Je  passe  sur  d'autres  inexactitudes  de 
la  traduction  reproduite  dans  les  Comptes  rendus,  et  m'en  vais  citer  un  autre 
Rapport  du  même  Inquisiteur  (Opère  di  Galileo,  t.  X,  p.  3oZj)  où  se  montre 
le  passage  suivant  :  «...  ritrovandomi  egli  (Galileo)  totalmente  cieco,  e  pin 
»  con  la  testa  nella  sepoltura  che  con  l'ingegno  aglistudi  matematici  »... 
»  étant  (Galilée)  complètement  aveugle  et  la  tête  dans  le  tombeau, 
»  plutôt  que  l'esprit  aux  études  mathématiques  ».  Pourquoi  l'Inqui- 
siteur aurait-il  répété  que  Galilée  était  aveugle,  si  la  chose  n'eût  pas  été 
vraie  ? 

»  On  a  au  surplus  quelques  Lettres  de  Pierre-Baptiste  Borghi,  ami  du 
noble  vieillard,  où  il  est  question  de  sa  cécité  et  de  l'opinion  d'un  célèbre 
chirurgien  nommé  Jean  Trullio  de  Veroli  (près  de  Frosinone),  qui  demeu- 
rait à  Rome  au  service  du  cardinal  Barberini,  et  dont  l'avis  était  d'abord 
qu'on  essayât  l'opération  de  la  cataracte,  qui  suggéra  ensuite  un  traitement 
interne,  mais  qui  se  ravisa  plus  tard  lorsqu'on  lui  eut  fait  comprendre  qu'il 
ne  s'agissait  point  d'une  véritable  cataracte,  mais  bien  d'une  sorte  d'albugo 


(  956) 
ou  à'onglet,  qu'il  conseilla  alors  de  traiter  par  de  légers  détersifs  (sucre 
candi,  os  de  seiche,  tutie  (oxyde  de  zinc),  solution  de  vitriol  de  Chypre  (sulfate 
de  cuivre),  huile  de  papier,  etc.,  qui  eussent  été  tout  à  fait  inutiles  dans  le 
cas  d'une  cataracte.  Il  ne  fut  donc  fait  à  Galilée  aucune  opération  dans  le 
but  illusoire  de  lui  rendre  la  vue,  et  son  ami  Gherardini,  et  le  Viviani  de 
l'histoire  [Opère  cli  Galileo  t.  XV,  p.  36o-36i)  sont  en  cela  complètement 
en  désaccord  avec  le  Viviani  du  manuscrit  de  M.  Chasles. 

»  Galilée,  complètement  aveugle  à  la  fin  de  1637,  n'a  plus  rien  écrit  de 
sa  main,  si  ce  n'est  quelques  signatures.  J'en  connais  deux, apposées  au  bas 
de  deux  Lettres.  La  première,  du  23  janvier  i638,  adressée  à  Élie  Diodati, 
l'autre  du  i3  mars  1640,  écrite  au  prince  Léopold  de  Toscane  à  Pise.  Cette 
dernière  signature  est  telle  qu'un  aveugle  peut  la  faire;  elle  n'est  point 
parallèle  aux  lignes  de  la  Lettre,  mais  transversale  et  assez  péniblement 
tracée.  Il  faudrait  supposer  au  pauvre  vieillard  un  esprit  de  mystification, 
que  M.  Chasles  ne  voudra  certes  pas  lui  attribuer,  pour  admettre  qu'il 
s'amusât  à  jouer  à  l'aveugle,  lorsqu'il  eût  pu  encore  écrire  des  Lettres  et 
enregistrer  des  observations. 

»  Galilée  qui  n'écrivait  jamais  en  français,  Galilée  qui,  depuis  i633,  datait 
ses  Lettres  d'Arcetri,  Galilée  qui,  dès  la  fin  de  1637,  avait  entièrement  perdu 
l'usage  de  ses  yeux  et  qui  ne  le  recouvra  plus,  peut-il  avoir  écrit  les  cinq 
Lettres  produites  par  M.  Chasles  comme  authentiques  et  autographes? 
M.  Chasles  possède,  je  crois,  quelques  autographes  véritables  de  Galilée,  il 
doit  avoir  entre  autres,  si  je  ne  me  trompe,  une  Lettre  de  ce  savant  adressée 
au  prince  Cesi,  fondateur  de  l'Académie  des  Lincei;  la  comparaison  de  ces 
documents  avec  les  cinq  Lettres  de  1641  pourra,  je  l'espère,  dissiper  tous 
les  doutes. 

»  Je  n'allongerai  pas  davantage  cette  Lettre,  déjà  passablement  longue, 
parce  que  les  preuves  que  je  viens  de  donner  suffisent,  à  mon  avis,  pour 
ôter  aux  cinq  Lettres  de  Galilée  publiées  par  M.  Chasles  tout  caractère  d'au- 
thenticité. 

»  Si  toutefois  on  ne  les  trouvait  pas  assez  convaincantes,  je  demande- 
rais la  permission  à  l'Académie  de  lui  en  soumettre  d'autres,  se  rapportant 
aux  matières  scientifiques  dont  il  est  question  dans  les  prétendues  Lettres  de 
Galilée.  Les  documents  ne  nie  feront  point  défaut,  pour  démontrer  que  celui 
qui  avait  découvert  les  satellites  de  Jupiter  n'en  connut  jamais  les  éléments 
avec  assez  de  précision  ;  qu'il  n'eut  pas  la  moindre  notion  de  l'existence 
d'un  premier  satellite  de  Saturne,  dont  il  ne  soupçonna  même  pas  la  véri- 
table constitution,  quoiqu'il  l'eût  déjà  vu  en  forme  d'olive  avec  deux  taches 


(  957  ) 
noires  aux  deux  côtés  du  disque  central  ;  que  la  pesanteur  de  l'air  ne  devait 
guère  le  surprendre  en  1 64 1 5  puisqu'il  l'avait  déterminée  lui-même  avec 
une  approximation  suffisante,  plusieurs  années  auparavant;  que  Pascal  ne 
pouvait  avoir  substitué  à  cette  époque  la  pression  de  l'air  à  l'horreur  du 
vide,  puisqu'il  n'était  pas  encore  de  cet  avis  en  1647,' lorsqu'il  pi'blia  ses 
Nouvelles  expériences  louchant  le  vide,  et  n'y  songea  qu'en  16/(8,  lors  de  sa 
célèbre  expérience  du  Puy-de-Dôme  ou  de  l'équilibre  ries  liqueurs,  etc.,  etc.  » 

ANALYSE  CHIMIQUE.  —  Détermination  simultanée  du  carbone ,  de  l'hydro- 
gène et  de  l'azote  dans  l'analyse  élémentaire  des  matières  organiques.  Note 
de  M.  Tu.  Schlœsixg,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  L'analyse  élémentaire  des  matières  organiques  azotées  exige,  comme 
on  le  sait,  deux  opérations,  l'une  ayant  pour  objet  la  détermination  de 
l'hydrogène  et  du  carbone,  l'autre  affectée  spécialement  au  dosage  de 
l'azote  à  l'état  de  gaz  ou  sous  la  forme  d'ammoniaque.  Sans  vouloir  modi- 
fier, au  moins  dans  leurs  principales  dispositions,  des  méthodes  auxquelles 
d'illustres  chimistes  ont  attaché  leurs  noms,  j'ai  pensé  que  je  pourrais 
fondre  les  deux  opérations  en  une  seule,  c'est-à-dire  recueillir  l'azote  à  la 
suite  des  tubes  chargés  d'absorber  l'eau  et  l'acide  carbonique  provenant  de 
la  combustion  de  la  matière,  si  je  parvenais  à  remplir  deux  conditions 
indispensables  :  d'abord  il  fallait  proscrire  les  courants  d'air  ou  d'acide 
carbonique  en  usage  pour  balayer  les  appareils,  et  les  remplacer  exclusi- 
vement, au  début  et  à  la  fin  de  l'analyse,  par  l'oxygène  pur  et  sec  ;  ensuite, 
je  devais  trouver  un  appareil  et  un  réactif  permettant  l'élimination  rapide 
et  exacte  du  volume  considérable  de  ce  gaz,  qui  serait  forcément  recueilli 
en  même  temps  que  l'azote.  Je  vais  dire  comment  j'ai  réalisé  ces  deux 
conditions. 

»  L'oxygène  devant  être  pur  et  sec  et  produit  en  quantité  assez  grande,  je 
le  prépare  dans  une  petite  cornue  contenant  3o  à  35  grammes  de  chlorate 
de  potasse,  et  fixée  par  un  bouchon  à  l'extrémité  du  tube  à  combustion. 
L'emploi  de  l'oxygène  pour  purger  les  appareils  soulève  deux  objections  : 
i°  Quand  il  faudra  chauffer  la  colonne  de  cuivre  réduit  dans  une  atmosphère 
d'oxygène,  le  métal  porté  au  rouge  absorbera  tout  le  gaz  et  le  tube  sera 
écrasé  par  la  pression  atmosphérique.  J'évite  cet  inconvénient  en  introdui- 
sant dans  le  tube,  près  de  l'extrémité  qui  reçoit  la  petite  cornue,  une  nacelle 
de  platine  contenant  un  poids  déterminé,  4°o  à  5oo  milligrammes, de  carbo- 
nate de  plomb  pur  et  sec  ;  je  chauffe  d'abord  ce  composé,  et  à  ce  moment  je 

C.  R.,  1867,  ae  Semestre.  (T.   LXV,  N°  25.)  '  2-> 


(958  ) 
ralentis  beaucoup  le  courant  d'oxygène;  bientôt  la  production  d'acide  car- 
bonique dépasse  ce  que  le  tube  en  peut  contenir,  et  je  puis  chauffer  le  cuivre 
sans  danger  d'absorption.  2°  Quand  il  s'agira  de  chasser  les  restes  des  gaz  de 
la  combustion  hors  du  tube  et  de  conduire  l'azote  au  delà  des  appareils  d'ab- 
sorption de  l'eau  et  de  l'acide  carbonique,  l'oxygène  s'arrêtera  sur  le  cuivre, 
et  les  gaz  n'iront  pas  plus  loin.  Pour  lever  cette  autre  difficulté,  il  me  suffit 
d'éteindre  le  feu  sous  la  colonne  de  cuivre  et  à  quelques  centimètres  au 
delà,  lorsque  je  juge  aux  signes  connus  que  la  combustion  est  terminée; 
pendant  que  l'oxygène,  dont  j'accélère  alors  le  dégagement,  réoxyde  la 
planure  réduite  par  la  matière,  la  température  du  cuivre  a  le  temps  de  des- 
cendre au  dessous  du  degré  de  chaleur  auquel  l'absorption  de  l'oxvgène 
peut  se  produire. 

»  Quant  à  la  séparation  de  l'azcte  et  de  l'oxygène,  je  me  suis  arrêté, 
après  avoir  comparé  entre  eux  divers  réactifs  propres  à  absorber  ce  der- 
nier, aux  dispositions  suivantes  :  Deux  flacons  A  et  B,  de  200  à  a5o  centi- 
mètres cubes  tubulés  près  du  fond,  sont  réunis  par  leurs  tubulures  à  l'aide 
d'un  tube  de  caoutchouc  de  5o  à  60  centimètres  de  long;  A  est  surmonté 
d'un  robinet  de  verre,  et  est  exactement  rempli  de  petits  tubes  verticaux  faits 
avec  des  lames  de  cuivre  ;  B  porte  un  petit  tube  à  boules  contenant  quelques 
gouttes  d'eau  qui  forment  une  fermeture  hydraulique.  Une  solution  concen- 
trée de  chlorhydrate  d'ammoniaque,  additionnée  d'un  quart  de  son  volume 
d'ammoniaque  ordinaire,  remplit  environ  les  deux  tiers  de  la  capacité  de 
chaque  flacon.  Le  cuivre  mouillé  par  une  telle  dissolution  absorbe  rapi- 
dement l'oxygène  ;  mais  comme  du  cuivre  poli  retiendrait  peu  de  réactif  à 
sa  surface,  je  confectionne  mes  tubes  avec  le  cuivre  perforé  de  trous  ronds 
en  usage  pour  la  fabrication  des  tamis  :  quand  le  niveau  vient  à  descendre, 
les  trous  qui  émergent  demeurent  pleins  de  réactif,  et  j'ai  ainsi  une  quan- 
tité de  réservoirs  suspendus  dans  le  gaz  qui  dispensent  de  renouveler  les 
liquides  superficiels  par  l'agitation.  Les  trous  qui  se  vident  parfois  de  réac- 
tif s'en  remplissent  de  nouveau  quand  on  fait  remonter  le  niveau,  lors  du 
transvasement  de  l'azote  dans  une  cloche  graduée,  et  ne  retiennent  pas  de 
gaz. 

»  S'agit-il  d'analyser  avec  cet  appareil  un  mélange  d'oxygène  et  d'azote, 
de  l'air,  par  exemple,  mesuré  d'avance  dans  une  cloche,  sons  l'eau.  En  éle- 
vant B,  on  fait  arriver  le  liquide  en  A  jusqu'à  l'orifice  du  robinet  que  l'on 
ferme;  alors  on  adapte  à  celui-ci,  au  moyen  d'un  caoutchouc  rempli  d'eau, 
un  tube  capillaire  également  plein  d'eau  et  recourbé  comme  celui  qui  ter- 
mine la  pipette  Doyère.  L'extrémité  du  tube  étant  engagée  dans  la  cloche, 


(  959) 
on  abaisse  B,  ce  qui  produit  l'aspiration  du  gaz  en  A.  L'eau  entre  à  son  tour 
dans  le  tube  à  la  suite  du  gaz;  on  ferme  le  robinet  à  l'instant  où  elle  com- 
mence à  pénétrer  dans  le  flacon.  Le  transvasement  inverse  se  fait  sembla  - 
blement,  mais  en  élevant  le  flacon  B.  Je  citerai  deux  analyses  d'air  faites  de 
cette  manière;  la  durée  du  contact  entre  le  gaz  et  le  réactif  a  été  de  quinze 

minutes. 

I.  h. 

Air  Air 

du  laboratoire.  extérieur. 

Volume  d'air  à  zéro,  sec,  sous  la  pression  760.  ...  1  i/f,9<)  1 12,88 

Volume  après  absorption 91  ,07  89,22 

Absorption 23  ,92  23 ,66 

Taux  pour  100  d'oxygène 20,80  20,96 

»  Voyons  maintenant  comment  l'appareil  s'applique  au  dosage  de  l'azote 
d'une  substance  organique.  Je  place,  à  la  suite  du  tube  à  potasse  et  de  son 
témoin,  un  très-petit  tube  en  U  contenant  de  la  ponce  sulfurique,  afin  de 
retenir  les  vapeurs  ammoniacales  et  l'humidité  qui  pourraient  passer  du 
flacon  A  dans  le  tube  à  potasse,  lorsqu'à  la  fin  de  l'analyse  l'absorption  se 
manifeste;  puis  je  purge  à  froid  avec  l'oxygène;  j'en  fais  passer,  pendant 
une  demi-heure,  environ  -|  litre;  je  recueille  les  gaz  sur  l'eau,  simplement 
pour  m'assurer  que  ce  \  litre  a  été  effectivement  débité;  j'établis  ensuite  la 
communication  entre  le  petit  tube  à  ponce  sulfurique  et  mon  flacon  A, 
exactement  plein  de  réactif  jusqu'au  bout  du  robinet;  j'ouvre  celui-ci,  et 
l'analyse  commence  par  la  décomposition  du  carbonate  de  plomb.  Après 
ce  que  j'ai  dit,  je  n'ai  pas  besoin  d'entrer  dans  de  nouveaux  détails  sur  la 
conduite  de  l'opération  ;  il  me  suffit  d'ajouter  qu'après  la  combustion,  lors- 
que l'oxygène  a  fini  son  travail  de  réoxydation  et  que  le  courant  recom- 
mence dans  les  tubes  d'absorption,  je  maintiens  le  dégagement  pendant 
vingt  minutes,  après  lesquelles  je  ferme  le  robinet  et  je  sépare  le  flacon  A 
du  reste  de  l'appareil  à  analyse.  Je  puis  élever  et  abaisser  le  flacon  B  a  vo- 
lonté, ce  qui  me  permet  de  maintenir,  pendant  toute  la  durée  de  l'analyse, 
une  légère  pression  dans  les  appareils,  2  à  3  centimètres  d'eau.  Je  suis  donc 
assuré  de  ne  jamais  avoir  de  rentrée  d'air.  J'ai  supprimé  le  bouchon  dans 
lequel  on  engage  d'ordinaire  le  tube  à  ponce  sulfurique;  je  préfère  relier 
celui-ci  par  un  caoutchouc  au  tube  à  combustion,  qui  est  effilé  à  cet  effet; 
pour  chasser  l'eau  retenue  à  l'endroit  du  joint,  je  l'entoure,  à  la  fin  de 
l'analyse,  d'un  manchon  en  clinquant,  dans  lequel  j'injecte  de  la  vapeur 
d'eau.  Un  léger  graissage  des  extrémités  des  tubes  me  dispense  de  la  liga- 


1  2 


5.. 


(  960  ) 
ture  dos  caoutchoucs,  pourvu  que  ceux-ci  ne  présentent  à  leur  intérieur 
aucune  trace  de  leur  soudure.  Le  dégagement  de  l'oxygène  doit  être  main- 
tenu pendant  tonte  l'analyse;  de  la  sorte,  si  le  bouchon  de  la  cornue  perd, 
on  est  certain  du  moins  de  ne  perdre  que  de  l'oxygène. 

»  Au  début  de  l'analyse,  il  y  a  un  temps  d'arrêt  dans  le  dégagement  des 
gaz,  pendant  lequel  le  réactif  cuivrique  tend  à  remonter  clans  les  appareils 
à  potasse  :  j'évite  tout  accident  en  introduisant  d'avance  en  A  un  volume 
de  5o  à  60  centimètres  cubes  d'air  mesuré  dans  la  cloche  où  l'azote  sera 
transvasé  plus  tard. 

»  Il  m'a  semblé  inutile  de  faire  un  grand  nombre  d'analyses  de  corps 
azotés  bien  définis  pour  vérifier  l'exactitude  du  dosage  de  l'azote  que  je 
propose.  En  effet,  je  ne  change  rien  aux  conditions  qui  assurent  la  trans- 
formation complète  d'une  matière  organique  en  eau,  acide  carbonique  et 
azote;  quelle  que  fût  donc  la  matière,  il  me  suffisait  de  constater  que  ces 
trois  corps,  sortant  d'un  tube  à  combustion,  sont  exactement  dosés  avec 
mes  dispositions  :  c'est  ce  dont  je  me  suis  assuré  par  les  analyses  sui- 
vantes : 

«  Analyse  de  bimalate  d'ammoniaque  pilé  et  séché  vingt-quatre  heures 
sur  du  chlorure  de  calcium. 

Matière 612, 5 

Carbonate  de  plomb.  .  .  63i ,  75  =  io4  CC"  Trouvé.  Calcule. 

Eau 336,5  H..       6,10  5,96 

Acide  carbonique 818         —104=  714  CO2  C.  .  .    31,78  31,78 

Azote  (volume  corrigé).  4^", 5^  =  57'ne, 24  Az' •     9>34  9>27 

»   Analyses  de  nicotine  : 

1.  11. 

me  mg 

Matière 539,5  367 

Carbonate  de  plomb «                                   665,5  =  109,5  CO" 

Eau 427                              29J 

Acide  carbonique »  1102—109,5  =  992,5 

Azote  (volume  corrigé) 75«,53  =  94m',87       5i",54  =  64,">s,73 

d'où  1.  II.  Calcule. 

H 8,81  8,81  8,64 

C »  ;3,76  74*°8 

Az "7.58  '7,63  17,28 


(  96'   ) 

chimie  minérale.  —  Des  hydrates  slanniques.  Note  de  M.  Miscci.cs, 
présentée  par  M.  Boussingault. 

«  L'acide  stannique  forme  deux  hydrates  que  l'on  désigne  sous  les  noms 
d'acide  stannique  et  d'acide  métastanniqne.  Ces  combinaisons  présentent  un 
grand  intérêt  dans  l'histoire  de  la  Chimie,  parce  qu'elles  ont  été  le  premier 
exemple  de  deux  corps  qui  ne  possèdent  pas  les  mêmes  propriétés,  quoique 
ayant  la  même  composition.  Berzélius  remarqua  ce  fait  dès  1811  et  lui  donna 
pour  la  première  fois  le  nom  d'isomérie.  Plus  tard,  M.  Fremy  examina  par- 
ticulièrement les  combinaisons  de  ces  hydrates  avec  les  alcalis  et  reconnut 
qu'ils  n'avaient  pas  la  même  capacité  de  saturation.  Il  donna  la  formule 
SnO2  HO  à  l'acide  stannique  ordinaire,  que  l'on  obtient  en  précipitant  une 
solution  de  bichlorure  d'étain  par  un  alcali  ou  une  solution  de  stannate  de 
potasse  par  un  acide,  et  la  formule  Sn50,05[ïO  à  l'acide  qui  se  produit 
quand  on  attaque  l'était)  par  l'acide  azotique.  Ce  travail  important  a  permis 
aux  chimistes  de  soupçonner  l'existence  d'autres  hydrates  intermédiaires 
entre  Sn02HO  et  Sn50'°5HO.  La  découverte  de  ces  corps  inconnus  a  été 
le  but  de  mes  recherches. 

»  On  sait  que  l'acide  stannique  se  transforme  rapidement  en  acide  méta- 
stannique  quand  on  le  fait  bouillir  avec  de  l'eau,  plus  lentement  quand  on 
le  sèche  à  la  température  ordinaire. 

»  L'acide  stannique,  fraîchement  lavé,  est  soluble  dans  les  acides  azo- 
tique et  chlorhydrique  concentrés,  ainsi  que  dans  la  potasse  caustique,  dont 
un  grand  excès  produit  un  précipité  cristallin  (hydrate  n°  1). 

»  Si  on  conserve  cet  hydrate  dans  l'eau,  et  si  on  l'essaye  de  nouveau 
après  quelques  heures  ou  après  un  jour,  suivant  la  température  de  l'air,  on 
s'apL>rçoit  qu'il  a  changé  de  propriétés  :  il  est  devenu  insoluble  dans  l'acide 
azotique  concentré,  il  est  resté  soluble  dans  l'acide  chlorhydrique  ainsi  que 
dans  la  potasse  caustique;  mais  le  précipité  que  l'on  obtient  avec  un  excès 
de  potasse  caustique  solide  n'est  plus  cristallin  (hydrate  n°  a). 

»  Après  cinq  ou  six  jours,  l'hydrate  a  encore  changé  de  propriétés. 
Non-seulement  il  est  maintenant  insoluble  dans  l'acide  azotique,  mais  cet 
acide  le  précipite  même  de  sa  solution  dans  la  potasse  caustique.  Il  est 
également  insoluble  dans  l'acide  chlorhydrique  au  maximum  de  concen- 
tration (hydrate  n°  3). 

»  Après  cela,  les  propriétés  de  l'acide  métastannique  commencent  à  se 
manifester  (hydrate  n°  5).  Les  hydrates  nos  1  et  3  deviennent  solubles  dans 
les  acides  azotique  et  chlorhydrique  concentrés  en  présence  des  chlorures 


(  962  ) 
alcalins.  L'hydrate  métastannique  reste  insoluble  dans  ces  conditions  et  se 
distingue  ainsi  des  autres.  Cette  proprité  sert  en  même  temps  à  prouver  que 
les  hydrates  nus  i  et  3  sont  bien  des  corps  nouveaux,  et  non  des  mélanges 
d'acide  stannique  ordinaire  et  d'acide  métastannique,  car  il  suffit  de  mêler 
un  peu  de  ce  dernier  acide  dans  le  premier,  de  dissoudre  le  tout  dans  la 
potasse  caustique,  pour  obtenir  un  précipité  avec  l'acide  chlorhvdrique 
concentré,  et  mieux  encore  avec  l'acide  azotique,  après  y  avoir  versé  préa- 
lablement un  peu  d'acide  chlorhydrique,  ce  qui  n'a  pas  lieu  avec  les 
hydrates  nos  i  et  3. 

»  En  combinant  ces  hydrates  avec  la  potasse,  on  obtient  des  stannates 
qui,  pour  une  même  quantité  d'alcali,  renferment  des  quantités  d'acide 
stannique  Sn02HO  qui  sont  comme  i,  a,  3  et  5,  de  sorte  que  l'on  peut 
insérer  entre  les  deux  hydrates  connus  Sn02HO  et  Sn50'°5HO  les  termes 
Sn204aHO  et  Sn3063HO. 

»  MM.  Schiff  et  Tschermak  ont  analysé  un  stannate  d'étain  auquel  ils 
ont  donné  la  formule  Sn80,2SnO  +  3HO  ou  4HO.  MM.  Weber  et  Rose 
ont  obtenu  un  stannate  de  potasse  KOSn'O14 -h  3HO  en  versant  de  la 
potasse  caustique  dans  une  solution  chlorhydrique  d'acide  métastannique 
jusqu'à  dissolution  du  précipité,  puis  de  l'alcool.  Le  nombre  des  hydrates 
stanniques  serait  alors  de  six  et  formerait  une  série  analogue  à  celle  que 
M.Wurlz  a  construite  pour  les  acides  siliciques  dans  ses  Leçons  de  Philo- 
sophie chimique  : 

Hydrates  siliciques. 
Hydrates  stanniques. 

s"!o4     SnS|o8    Sn3io-    ^u5>a*»    Sn,ia»    Sn7|a» 

»  Eu  attaquant  l'acide  métastannique  avec  la  potasse  caustique  ou  l'acide 
chlorhydrique,  on  le  ramène  à  l'état  d'acide  stannique  ordinaire.  Si,  au  lieu 
de  faire  agir  la  potasse  caustique  en  fusion,  on  emploie  une  solution  aqueuse 
concentrée  et  bouillante,  on  constate  la  formation  des  stannates  intermé- 
diaires, qui  se  déposent  successivement,  car  ces  sels  deviennent  de  plus  en 
plus  solubles  à  mesure  que  la  molécule  se  simplifie,  et  ce  n'est  que  quand 
la  solution  est  tout  à  fait  concentrée  que  l'on  voit  apparaître  les  cristaux 
de  stannate  KOSnO2. 

»   L'acide  chlorhydrique  agit  de  la  même   manière.    En  faisant  bouillir 


(  963  ) 
l'hydrate  métastannique  avec  cet  acide  pendant  une  demi-heure  environ, 
on  obtient  un  premier  dépôt,  cpii  est  l'acide  métastannique  uni  à  de  l'acide 
chlorhydrique.  On  décante  et  on  fait  passer  dans  la  liqueur  claire  un  cou- 
rant d'acide  chlorhydrique  sec  jusqu'à  saturation;  il  se  forme  alors  un 
nouveau  précipité,  qui  ne  contient  plus  d'acide  métastannique,  mais  de 
l'hydrate  Sn3Oe3HO.  Le  liquide  acide,  décanté  de  nouveau  et  évaporé, 
fournit  une  masse  cristalline  très-déliquescente,  qui  se  dissout  en  partie 
dans  l'éther  et  dont  on  retire  un  hydrate  soluble  complètement  dans  l'acide 
chlorhydrique  au  maximum  de  concentration,  mais  en  partie  insoluble 
dans  l'acide  azotique  concentré.  C'est  donc  un  mélange  de  bichlorure 
d'étain  cristallisé  et  d'hydrate  Sn204aHO  chlorhydrique. 

»  La  potasse  caustique  et  l'acide  chlorhydrique  agissent  autrement  sur 
ces  hydrates;  ils  ne  font  plus  que  les  dissoudre  sans  produire  de  combi- 
naisons. 

»  En  effet,  d'après  Berzélius,  il  suffit  de  i  partie  de  potasse  caustique 
pour  dissoudre  16  parties  d'acide  stannique,  ce  qui  ne  fait  même  pas  i  équi- 
valent pour  10.  D'un  autre  côté  M.  Fehling  a  observé  que  l'acide  stannique, 
en  dissolution  dans  l'acide  chlorhydrique  dilué,  se  transforme  en  acide 
métastannique  comme  s'il  était  libre.  Ces  hydrates  ont  donc  très-peu  d'affi- 
nité, soit  pour  les  bases,  soit  pour  les  acides,  et  les  combinaisons  que  l'on 
obtient  n'ont  aucune  stabilité. 

»  Ainsi  tous  les  stannates  de  potasse  sont  décomposés  par  l'acide  carbo- 
nique de  l'air  et  par  une  solution  de  sulfate  de  soude  neutre;  les  stannates 
insolubles  sont  décomposés  par  l'eau.  Les  composés  chlorhydriques  perdent 
une  partie  de  leur  acide  à  l'air  et  sont  complètement  décomposés  par  l'eau, 
même  le  bichlorure  d'étain  cristallisé. 

»  Les  hydrates  stanniques  se  combinent  mieux  avec  le  protoxyde  d'étain 
pour  former  des  oxydes  salins  beaucoup  plus  stables  et  possèdent  des  cou- 
leurs variées  :  ils  sont  jaunes,  verts,  bleus,  etc.  » 

ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  un  appareil  destiné  à  démontrer  que  l'étincelle  électrique 
ne  passe  pas  dans  le  vide  abiolu  ;  par  MM.  Aivergniat  frères. 

«  On  a  longtemps  discuté  la  question  de  savoir  si  l'étincelle  électrique 
passe  dans  le  vide  absolu.  M.  Gassiot  à  réussi  dans  ces  dernières  années  à 
construire  un  appareil  dans  lequel  l'étincelle,  n'est  pas  transmise.  Il  fait 
le  vide  dans  cet  appareil  en  le  remplissant  d'acide  carbonique,  qu'il  absorbe 
lentement  au  moyen  de  la  potasse. 


(9^4  ) 

«  Nous  avons  réussi  à  construire  un  appareil  dans  lequel  le  même 
résultat  est  atteint  d'une  manière  plus  facile  et  beaucoup  plus  rapide.  Il 
suffit,  en  effet,  de  faire  le  vide  à  l'aide  de  la  machine  pneumatique  à  mer- 
cure que  nous  avons  imaginée,  et  que  tous  les  physiciens  de  Paris  connais- 
sent aujourd'hui.  A  l'aide  de  cet  appareil,  on  amène  le  vide  à  un  degré 
presque  absolu  dans  le  tube  destiné  à  l'expérience,  et  qui  est  muni  de  deux 
fds  de  platine  placés  à  2  millimètres  de  distance.  Une  demi-heure  suffit  pour 
arriver  au  degré  nécessaire.  A  ce  moment,  et  conformément  à  un  conseil 
qui  nous  a  été  donné,  il  y  a  trois  ans,  par  M.  d'Almeida,  nous  chauffons 
le  tube  jusqu'au  rouge  sombre.  Cet  échauffement  peut  être  produit,  soit  à 
l'aide  de  charbon,  soit,  et  plus  commodément,  à  la  lampe  spéciale  que 
M.  Berthelot  emploie  pour  les  analyses  organiques,  cette  lampe  permet  de 
graduer  la  chaleur  en  augmentant  la  température  très-lentement  et  réguliè- 
rement jusqu'au  rouge,  sans  risquer  de  casser  le  tube  ou  de  le  fondre. 
Quand  le  tube  est  porté  au  rouge  naissant,  nous  continuons  à  faire  le  vide, 
et  nous  faisons  passer  l'étincelle  jusqu'au  moment  où  elle  cesse  de  passer 
par  l'intérieur  du  tube.  A  ce  moment  nous  fermons  à  la  lampe  la  communi- 
cation entre  le  tube  et  la  machine. 

»  Dans  un  tube  ainsi  préparé,  et  malgré  la  faible  distance  qui  sépare  les 
deux  pointes  de  platine  (2  millimètres),  l'électricité  cesse  absolument  de 
passer. 

»  Dès  aujourd'hui  nous  tenons  ces  appareils  à  la  disposition  des  profes- 
seurs qui  voudraient  répéter  l'expérience;  ils  démontrent,  fie  la  manière  la 
plus  positive,  que  l'électricité  ne  passe  pas  dans  un  vide  parfait,  et  sont  spé- 
cialement disposés  pour  la  démonstration.   » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  formation  du  cyanure  d'ammonium; 

par  M.  Langlois. 

«  Dans  une  Note  présentée  le  18  novembre  à  l'Académie,  M.  de  Ro- 
milly  signale  le  cyanure  d'ammonium  comme  un  des  produits  de  la  com- 
bustion du  gaz  d'éclairage,  contenant  de  la  vapeur  ammoniacale.  Il  veut 
bien  rapprocher  ce  résultat  de  celui  que  j'ai  obtenu,  il  y  a  déjà  longtemps, 
en  faisant  passer  du  gaz  ammoniac  sur  des  charbons  incandescents;  mais 
il  donne  à  ma  pensée  une  interprétation  inexacte,  lorsqu'il  dit  que  j'ai 
considéré  la  dessiccation  du  gaz  ammoniac  comme  la  condition  indispen- 
sable de  la  formation  du  cyanure.  J'ai  indiqué,  en  effet,  la  nécessité  de 
remplir  cette  condition  pour  avoir  du   cyanure   d'ammonium   cristallisé, 


(965  ) 
mais  nullement  pour  en  déterminer  la  production.  Si  le  gaz  est  humide  et  si 
le  charbon  n'a  pas  été  préalablement  calciné,  on  obtient,  au  lieu  de  cris- 
taux, un  liquide  plus  ou  moins  coloré,  exhalant  l'odeur  d'acide  prus- 
sique,  et  renfermant  du  cyanure  d'ammonium  dont  il  est  facile  de  constater 
l'existence. 

»  En  présentant  ces  remarques  à  l'Académie,  j'ai  pour  unique  but  de 
maintenir  à  mes  recherches,  déjà  anciennes,  leur  caractère  particulier, 
mais  sans  vouloir  diminuer  en  rien  l'importance  des  faits  que  M.  de 
Romilly  vient  d'observer.  » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  les  phénomènes  volcnniques  observés  à  Terceira  (îles  /Icores); 

par  M.  Fouqué.    (Première    Lettre    à   M.  Ch.  Sainte- Claire    Deville.) 

(Extrait.) 

«   Angra,  20  octobre  1S67. 

»  Je  vais  quitter  Terceira,  après  un  mois  bien  employé J'ai  pu  visiter 

»   toute  la  région  centrale  de  l'île,  dans  laquelle  M.  Hartung  n'avait  pas 

»   pénétré Mais  il  est  impossible  de  poursuivre  mon  travail  pendant 

»  l'hiver,  parce  que  les  excursions  dans  les  montagnes  parles  nombreux 
»  jours  de  brunie  de  cette  saison  deviennent  très- pénibles  et  presque  inu- 
»  tiles.  Après  avoir  passé  un  mois  à  Fayal  et  à  Pico,  et  jeté  un  coup  d'oeil 
»   sur  San  Miguel,  je  reprendrai  donc  la  route  de  France. 

»  Je  n'ai  à  vous  signaler,  en  fait  de  phénomène  volcanique  nouveau, 

»  qu'un  tremblement  de  terre  très-fort,  dirigé  est-ouest,  qui  a  eu  lieu 
»  le  22  septembre,  à  3  heures  du  matin,  précisément  pendant  que  j'étais 
»  en  mer.  Ce  tremblement  de  terre  a  été  senti  clans  toute  l'île,  mais 
»   surtout  dans  la  partie  ouest.  Il  n'a  causé  aucun  dommage. 

»  Quant  aux  phénomènes  anciens,  on  en  observe  en  trois  points  situés 
»  sur  une  même  ligne  droite  dirigée  nord  65  degrés  ouest,  et  passant  à 
»  peu  de  distance  du  centre  de  l'éruption  du  2  juin,  soit  qu'on  adople 
a  sur  la  situation  du  lieu  du  phénomène  l'opinion  de  M.  Nogueira,  soit 
»   qu'on  préfère  la  mienne. 

»  Le  premier  de  ces  points  est  la  soufrière  de  Furnas  d'Enxofre,  où 
»  il  se  dégage  des  quantités  considérables  d'acide  carbonique.  Je  suis  sûr, 
»  d'après  des  essais  faits  sur  place,  que  les  tubes  que  je  rapporte  de  cette 
h  localité  contiennent  un  gaz  riche  de  plus  de  80  pour  100  en  acide  car- 
»   bonique,  avec  des  traces  seulement  d'acide  sulfhydrique. 

»   Le  second  point  est  l'ouverture  d'un  ancien  cratère  coupé  à  pic  sur 

C.  II.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  25.)  l  20" 


(  966  ) 
»  le  bord  de  la  mer,  entre  la  Punta  Serreta  et  la  Punta  Negrita,  et  qui 
»  et  qui  se  trouve  représenté  dans  la  PI,  IX,  ficj.  3,  de  l'Atlas  de  Harîung. 
»  Le  cône  en  qviestion  est  formé  de  scories  et  traversé  dans  sa  partie  cen- 
»  traie  par  un  double  dyke  de  lave  dense  noire  avec  cristaux  de  feldspath 
»  vitreux;  et,  le  long  du  dyke,  existe  une  crevasse  étroite, qui  est  le  siège  d'un 
»  dégagement  très-abondant  d'acide  carbonicjue.  Cette  crevasse  n'est  autre 
»  chose  que  la  fissure  de  l'éruption  qui  a  causé  la  production  du  cône;  on 
»  peut  y  pénétrer,  dans  l'épaisseur  de  la  falaise,  jusqu'à  une  distance  de 
»  quelques  mètres,  et  alors  on  voit  qu'elle  se  prolonge  encore  inférieure- 
»   ment  et  forme  comme  une  sorte  de  puits  irrégulier  rempli  de  gaz  délétère. 

»  L'acide  carbonique  n'est  pas  le  seul  produit  volcanique  que  l'on 
»  observe  dans  cette  fente;  car,  à  une  profondeur  de  6  mètres,  un  vase 
»  suspendu  à  l'extrémité  d'une  corde  rencontre  une  nappe  d'eau  chargée 
»  de  bicarbonate  de  soude  et  épaisse  d'environ  i  mètres.  Cette  eau  est  à 
»  une  température  très-peu  différente  de  la  température  ordinaire  du  lieu. 
»  Le  dégagement  d'acide  carbonique  paraît  varier  considérablement  dans 
«  son  degré  d'activité;  quelquefois,  il  est  tellement  abondant  qu'il  devient 
»  dangereux  d'essayer  de  puiser  de  l'eau  alcaline,  et,  il  y  a  six  ans,  trois 
»  individus  de  Serrata  sont  morts  asphyxiés  en  voulant  effectuer  cette  opé- 
»   ration  (i). 

»  Le  troisième  point  où  s'opère  encore  un  dégagement  d'acide  carbo- 
»  nique  est  un  ancien  cratère  situé  au  pied  et  un  peu  au  nord-ouest  du 
»  Pico  Nigrâo,  sur  le  territoire  de  Serreta,  très-près  du  cône  qui  a  donné 
«  naissance  à  la  grande  coulée  de  trachyte  de  Serreta,  lequel  n'est  pas  le 
»  Pico  Nigrâo,  comme  semblent  l'indiquer  la  carte  anglaise  et  aussi  la 
»  PI.  IX,  fig.  3,  de  Hartung,  mais  un  cône  très-irrégulier,  bouleversé  même 
»  par  une  éruption  postérieure,  qui  se  trouve  au-dessous  et  au  nord-est  du 
»  Pico  Nigrâo.  Le  cratère  où  s'opère  le  dégagement  d'acide  carbonique 
»  dont  je  vous  parle  est  ouvert  au  ras  du  sol;  il  n'a  fourni  que  très-peu 
»  de  scories,  entassées  principalement  vers  l'est,  et  deux  petites  coulées  de 
>•  lave  basaltique  de  25  à  3o  mètres  de  longueur  seulement.  Ce  cratère, 
»  nommé  Furnice,  a  la  forme  d'un  puits  de  io  mètres  d'ouverture  environ, 
»  et,  à  5  ou  6  mètres  de  profondeur,  il  se  rétrécit  encore.  La  profondeur 
»  totale  est  d'environ  3oo  mètres,  comme  on  peut  le  conclure  du  chiffre 
»   de  huit  secondes,  temps  que  met  une  pierre  pour  tomber  au  fond  de  ce 

(i)  Ce  gisement  est  évidemment  le  même  que  celui  que  nous  avons  mentionné,  M.  Janssen 
et  moi,  dans  notre  récente  communication.  (Séance  du  ■?. i  octobre  i<Srj-.)      Ch.  S.-C.  D. 


(  967  ) 

»  petit  gouffre.  La  pierre,  au  bout  de  sa  chute,  rencontre  une  nappe  d'eau. 
»  Ce  cratère,  si  remarquable  déjà  par  sa  forme,  l'est  aussi  par  la  présence 
»  de  l'acide  carbonique  qui  le  remplit,  car  une  lanterne  allumée  s'éteint 
»   aussitôt  qu'on  essaye  de  l'y  enfoncer.    » 

»  M.  Fouqué  entre  ensuite  dans  d'assez  longs  détails  sur  la  partie  topo- 
graphique  et  descriptive  de  son  travail,  et  sur  les  caractères  lithologiques 
des  matériaux  volcaniques  de  l'île  de  Terceira,  et  il  ajoute  : 

a  L'île  de  Terceira  n'est  pas  absolument  dénuée  de  terme  de  compa- 
»  raison  pour  apprécier  l'âge  des  éruptions  qui  en  ont  formé  le  sol ,  car 
»  dans  les  tufs  du  mont  Brazil  on  trouve  des  fossiles;  mais  ces  débris  sont 
»  rares  et  le  plus  souvent  brisés  et  profondément  altérés.  Je  n'en  possède 
»  qu'un  exemplaire  complet,  dépourvu  toutefois  de  la  partie  superficielle 
»  de  son  test;  c'est  un  murex  qui  m'a  été  donné  par  M.  Nogueira.  Les  frag- 
»  ments  que  j'ai  trouvés  moi-même  appartenaient  tous  à  des  Gastéropodes, 
»   mais  ils  étaient  indéterminables. 

»  Je  ne  puis  terminer  cette  Lettre  sans  vous  dire  un  mot  d'un  fait  géolo- 
»   gique  qui  m'a  beaucoup  intéressé,  parce  que  je  n'avais  pas  encore  eu  l'oc- 
»   casion  d'observer  rien  de  semblable,  au  moins  avec  un  tel  développe- 
'»   ment.  Je  veux  parler  de  deux  conduits  souterrains  qui  s'observent  à  la 
»   porte  de  sortie  de  la  Caldeirào,  et  qui  n'ont  pas  moins  de  3oo  à  4oo  mètres 
»   de  longueur,  avec  une  largeur  de  5  à  10  mètres  et  une  hauteur  moyenne 
»   de  8  mètres.  I^es  laves  péridotiques  vomies  par  les  cratères  situés  dans 
»   l'angle  nord-ouest  de  la  Caldeirào,  après  avoir  traversé  et  comblé  en 
»   partie  cette  vaste  enceinte,  se  sont  précipitées  sur  le  plateau  sous-jacent 
»   à  l'est,  en  franchissant  l'étroite  ouverture  que  je  viens  d'appeler  la  porte 
s   de  la  Caldeirào;  or,  cette  ouverture  est  encore  rétrécie  par  un  cône  de 
»  scories  plus  ancien  que  les  laves  en  question,  de  telle  sorte  que  celles-ci 
»   ont  coulé  de  chaque  côté,   en  offrant  en  ce   point   une  augmentation 
11   d'épaisseur.   Leur  surface  s'est  solidifiée,  et  la  matière  qui  remplissait 
»   leur  intérieur  s'étant  écoulée,  il  en  est  résulté  ces  espèces  de  gaînes 
»   creuses  que  l'on  observe  aujourd'hui  sur  cet  emplacement.  J^es  parois 
»   internes  de  ces  conduits  sont  recouvertes  d'un  enduit  ondulé  de  lave 
»   vitreuse,  leur  voûte  est  garnie  de  milliers  de  stalactites  d'origine  ignée; 
11   et,  latéralement,  on  y  voit  de  longues  bandes  rectilignes  situées  à  égale 
»   hauteur  de  chaque  côté,  d'autant  plus  saillantes  qu'elles  sont  situées  à 
»   un  niveau  plus  bas  :  ce  sont  les  indications  des  différents  niveaux  occupés 
»   successivement  par  le  liquide  igné  au  fur  et  à  mesure  de  son  écoulement. 
»   Le  sol  est  souvent  recouvert  de  scories  irrégulières;  souvent  aussi  il  est 

126.. 


(9^8) 
»  formé  par  des  petites  coulées  de  laves  qui  y  ont  circulé  en  dernier  lieu 
»  et  sont  les  restes  du  grand  courant  qui  remplissait  auparavant  toute  la 
»  cavité,  (les  galeries  servent  aujourd'hui,  pour  ainsi  dire,  de  tuyaux  de 
»  drainage  à  la  Caldeirâo;  aussi  des  filets  d'eau  y  jaillissent-ils  de  tons 
»   côtés  des  fentes  de  la  roche,  et  au  fond  coule  un  ruisseau  abondant.   » 

géologie.  —  Sur  les  phénomènes  volcaniques  observés  à  Terceira  [îles  Açores)  ; 

jjctr   M.   Fouqué.    (Deuxième   Lettre    à   M.   Ch.  Sainte-Claire   Deville.) 

(Extrait.) 

«  Fayal,  24  octobre   1867. 

»  Toute  la  première  partie  de  cette  Lettre  est  consacrée  à  une  descrip- 
tion très-intéressante  et  très-instructive  du  grand  cirque  de  Santa-Barhara, 
à  Terceira.  Cette  description,  que  les  limites  imposées  à  ces  communica- 
tions ne  nous  permettent  pas  d'insérer  ici,  trouvera  sa  place  dans  les  publi- 
cations ultérieures  et  plus  étendues  que  l'auteur  fera  des  résultats  de  son 
voyage.  Nous  donnons  seulement  la  fin  de  sa  Lettre  : 

«   Un  autre  sujet,  dont  je  veux  encore  vous  parler,  c'est  la  consti- 

»  lotion  du  mont  Brazil.  Je  vous  ai  déjà  dit  nu  mot  de  ses  fossiles,  mais  je 
«  dois  ajouter  ici  quelque  chose  de  plus  sur  l'emplacement  dans  lecpiel  on 
»  les  recueille. 

»  Le  mont  Brazil  est  un  cratère  d'éruption  entièrement  formé  de  scories 
»  et  de  cendres  le  plus  souvent  agglomérées  fortement  en  couches  par  un 
«  cimenl  que  je  me  propose  d'examiner  (je  le  crois  calcaire).  Les  laves 
»  de  l'éruption  qui  lui  ont  donné  naissance  ont  coulé,  d'une  part,  au  sud 
»  vers  la  mer,  comme  l'indiquent  les  sondages;  d'autre  part,  au  nord  vers 
»  la  ville.  Là,  elles  forment  la  base  du  sol  de  l'isthme,  qui  réunit  le  mont 
»  Brazil  à  l'île  principale,  et  elles  sont  recouvertes  par  deux  couches  de 
"  cendres  et  de  lapilli  aussi  distinctes  par  leur  composition  que  par  leur 
»  couleur.  La  couche  inférieure,  de  8  mètres  d'épaisseur  en  moyenne, 
»  est  de  couleur  jaune  ou  rougeàtre  ;  elle  ne  contient  que  des  fragments  de 
»  roche  trachytique;  il  est  très  difficile  d'y  trouver  des  morceaux  de  roche 
»  contenant  un  seul  grain  de  péridot.  La  couche  supérieure  d'épaisseur 
»  très-variable,  en  moyenne  de  5  à  6  mètres,  est  d'un  gris  foncé,  plus  fine- 
»  ment  stratifiée  que  la  précédente;  les  lapilli  qu'elle  renferme  sont  essen- 
»  tiellement  péridoliques.  On  y  trouve  une  glande  quantité  de  fragments 
»  brisés  de  la  roche  sous-jacente,  laquelle  est  remarquable  par  l'ahondance 
>.>  des  cristaux  de  pyroxène  et  de  péridot  qu'elle  renferme,  et  l'ahsence  à 
»   peu  près  complète  de  tout  feldspath  apparent. 


(  9^9  ) 

»  Sur  le  mont  Brazil  lui-même,  la  première  de  ces  deux  assises  acquiert 
»  un  très-grand  développement ,  puisqu'elle  constitue  cette  éminence 
»  presque  tout  entière,  et  y  forme  des  bancs  qui  sont  exploités  en  plu- 
»  sieurs  points.  L'une  de  ces  carrières,  située  sur  la  crête  nord-est,  a  une 
»  altitude  de  i4o  mètres;  c'est  là  que  l'on  trouve  les  fossiles  fortement 
»  engagés  dans  le  tuf.  Ces  fossiles  sont  pliocènes  ou  quaternaires,  mais  ils 
»  n'appartiennent  certainement  pas  à  l'éocène  ni  au  miocène,  dont  les  fos- 
»  siles  me  sont  mieux  connus.  Ils  doivent  provenir  du  sol  fondamental  de 
»  l'île  dont  quelques  fragments  auraient  été  arrachés  par  les  éruptions  en 
»  même  temps  que  les  débris  feldspathiquesen  contact.  L'assise  supérieure 
»  de  tuf  péridotique  se  retrouve  aussi  par  places  sur  le  mont  Brazil,  soit  sur 
»  les  pentes  extérieures,  soit  dans  l'intérieur  du  cratère;  elle  n'offre  que 
»  des  couches  mal  agglomérées,  qui  ont  dû  être  facilement  désagrégées  par 
»  les  agents  atmosphériques  lorsqu'elles  étaient  pins  épaisses.  Aussi  n'en 
»  trouve-t-on  pour  ainsi  dire  que  des  lambeaux.  Elle  ne  contient  pas  de 
»  fossiles/mais,  en  revanche,  on  y  trouve  de  gros  blocs  usés  et  roulés  de  la 
»  lave  produite  dans  l'éruption  cpii  a  donné  naissance  au  cratère.  En  ré- 
»  sumé,  l'éruption  du  mont  Brazil,  sinon  à  son  début,  au  moins  après  une 
»  émission  de  laves  périodiques  très-cristallines,  a  été  accompagnée  de  pro- 
»  jections  de  tuf  trachytique  mélangé  de  débris  de  l'ancien  sol  calcaire  ; 
»  puis  d'autres  projections  péridotiques,  c'est-à-dire  d'un  caractère  tout 
»   différent,  ont  en  dernier  lieu  succédé  à  celles-ci  et  clos  l'éruption. 

»  Après  avoir  parlé  de  l'éruption  du  mont  Brazil,  dont  la  date,  quoique 
»  relativement  récente,  est  antérieure  à  la  découverte  de  l'île  deTerceira, 
«  je  vais  vous  entretenir  brièvement  de  l'éruption  de  1761 . 

'>  Les  cônes  de  cette  éruption  sont  au  nombre  de  cinq  principaux,  diri- 
»  gés,  suivant  une  ligne  droite  inclinée  ouest  20  degrés  sud  à  est  20  degrés 
«  nord,  qui  réunirait  le  Pico-Norte  et  le  sommet  culminant  de  la  crête  de 
»  la  Caldeira  de  Sauta-Barbara.  Ces  cônes  sont  formés  de  scories  vitrifiées 
»  à  la  surface,  caverneuses  à  l'intérieur,  semblables  de  tout  point  à  celles 
»  qui  constituent  les  autres  cratères  plus  anciens  du  voisinage,  et  dont  on 
»  voit  un  type  parfait  dans  celui  qui  est  coupé  à  sa  base  par  la  route  qui  va 
»  d'Angra  à  Biscoito.  Ces  scories  sont  ce  que  les  habitants  de  Terceira  ap- 
»  pellent  de  la  bagacine;  tous  les  cônes  à  laves  péridotiques  dont  j'ai  eu 
»  l'occasion  d'observer  des  coupes  à  Terceira  sont  tous,  sans  exception, 
»  formés  de  ce  genre  de  scories.  Un  sixième  cône,  constitué  de  même  que 
»  les  précédents, est  situé  un  peu  au  sud-est,  en  dehors  delà  ligne  qui  réunit 
»   ceux-ci.  Les  laves  de  l'éruption  sont  très-riches  en  péridot;  elles  cou- 


(  97°  ) 
»  tiennent  aussi  du  pyroxène  et  même  une  assez  grande  quantité  de  feld- 
»  spath  (je  crois  que  c'est  du  labrador,  mais  je  n'oserais  l'affirmer,  n'ayant 
»  jamais  pu  voir  les  stries  caractéristiques  de  ce  système  cristallin).  Elles 
»  sont  denses,  noires.  Elles  ont  coulé  en  nappes  minces  et  étroites.  Leur 
»  épaisseur  dépasse  rarement  2  mètres  ;  leurs  surfaces  inférieure  et  supé- 
»  rieure  sont  très-scoriacées.  Généralement,  elles  forment  des  chaires 
»  étroites,  parfaitement  caractérisées.  Elles  sont  sorties  à  la  base  des  cônes 
»  et  le  plus  souvent  du  côté  sud,  de  telle  sorte  qu'elles  ont  été  obligées  de 
»  contourner  ceux-ci  pour  couler  vers  le  nord  en  suivant  la  pente  du  ter- 
»  rain.  Tant  que  ces  laves  ont  coulé  sur  le  plateau  élevé  où  elles  avaient 
■>  leurs  orifices  d'origine,  leurs  chaires  se  sont  juxtaposées  de  manière  à  ce 
»  qu'elles  forment  une  nappe  assez  large,  au  milieu  de  laquelle  quelques 
»  îlots  de  l'ancienne  surface  du  terrain  restent  à  découvert.  Arrivées  près 
»  de  la  pente,  elles  se  présentent  divisées  en  trois  bras  principaux.  Le  plus 
»  occidental  s'est  arrêté  avant  la  descente,  mais  les  deux  autres  se  sont  réu- 
»  nis  et  ont  coulé  dans  une  gorge  étroite  limitée  à  l'ouest  par  une  ancienne 
»  lave  basaltique,  et  à  l'est  par  l'épaisse  coulée  de  trachyte,  qui  de  l'autre 
»  côté  se  trouve  taillée  à  pic  dans  le  vallon  de  Chaîna.  La  pente  du  cou- 
»  rant,  le  long  de  la  descente,  ne  s'élève  guère  au  delà  de  10  degrés;  elle 
»  monte  cependant  jusqu'à  22  degrés  en  quelques  points,  sans  que  les  al- 
»   lures  de  la  coulée  soient  sensiblement  modifiées. 

»  Enfin,  après  avoir  traversé  le  village  de  Biscoito,  elle  va  se  jeter  à  la 
>•  mer,  où  elle  forme  une  sorte  de  promontoire  peu  élevé  qui  contourne  à 
»  l'est  l'ancienne  côte  de  formation  trachytique.  Ce  grand  courant  de  lave, 
»  qui  n'a  pas  moins  de  8  kilomètres  de  longueur,  est  aujourd'hui  cou- 
»  vert  de  plants  de  vigne,  de  jardins  et  de  maisons  sur  toute  sa  partie  in- 
»  clinée.  La  portion  située  sur  le  plateau  est  seule  inculte,  mais  par  des  rai- 
»  sons  d'ordre  économique  qui  n'ont  aucun  rapport  avec  la  géologie.  Cette 
»  grande  éruption  a  duré  plusieurs  mois  d'après  la  tradition,  et  l'on  raconte 
»  que,  même  sur  les  pentes  les  plus  inclinées,  la  lave  en  fusion  ne  s'avan- 
w   çait  qu'avec  lenteur,  et  que  l'on  pouvait  sans  danger  s'approcher  de  la 


»    masse  iguee  en  mouvement. 


»  Sur  le  prolongement  de  la  ligne  qui  joint  les  cinq  cônes  principaux, 
»  on  voit  encore  aujourd'hui  les  restes  d'une  petite  éruption  en  miniature 
»  contemporaine  de  la  grande.  La  colline  trachytique,  située  à  l'est,  pré- 
»  sente  une  fente  de  quelques  mètres  près  de  sa  base;  il  en  est  sorti  une 
»    petite  coulée    de  lave   d'environ  a  mètres   de  largeur  et  20  mètres  de 


longueur. 


(  971  ) 
»   Le  plus  élevé  des  cônes  de  l'éruption  de  1761  a  55  mètres  de  hauteur 
»   au-dessus  de  sa  base,  et  son  pied  est  environ  à  54o  mètres  au-dessus  du 
»    niveau  de  la  mer.  » 

M.  F.  Pel  adresse  une  Note  relative  à  un  projet  d'horloge  qui  se  remon- 
terait spontanément,  sous  l'action  des  rayons  solaires. 
Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  Delaunay. 

M.  Trémacx  adresse  une  Note  concernant  une  découverte  paléon- 
tologique  faite  à  Chagny  (Saône-et-Loire). 

A  5  heures,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

COMITÉ  SECRET. 

Au  nom  de  la  Commission  composée  de  MM.  Chevreul,  Mathieu,  Bec- 
querel père,  Longet,  Decaisne,  de  Verneuil  et  Séguier,  M.  Longet,  rappor- 
teur, présente  la  liste  suivante  de  candidats  à  la  place  d'Académicien  libre, 
vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Civiale  : 

En  première  ligne M.   le  Baron  Larrey. 

En  deuxième  ligne,  ex  aequo,  et  par  (   M.  Lartet. 
ordre  alphabétique j  M.   Sichel. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutés. 
L'élection  aura  lieu  dans  la  séance  prochaine. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  É.  D.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  2  décembre  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Notice  sur  les  calcaires  de  la  Porte  de  France  et  sur  quelques  gisements  voi- 
sins; par  M.  F.-J.  Pictet.  Genève,  1867  ;  br.  in-8°. 

Note  sur  les  tremblements  de  terre  en  1867,  avec  suppléments  pour  les  an- 
nées antérieures  de  i843  à  1864;  par  M.  Alexis  Perrey.  Bruxelles,  18G7; 
in-8°. 

Observations  météorologiques  faites  à  Dijon  pendant  les  années  1 855  à  r  858, 
1860  à  1866;  par  M.  Al.  Perrey. 


(  97a  ) 

Société  des  Sciences  médicales  de  V arrondissement  de  Gannat  [Allie?'): 
Compte  rendu  des  travaux  de  l'année  1 866- 1 867  ;  par  M.  le  Dr  LORUT,  21°  an- 
née.  Gannat,  1867;  in-8°. 

Recueil  des  actes  du  Comité  médical  des  Bouches-du-Rliùnc,  publié  sous  la 
surveillance  du  Président,  M.  le  Dr  Go-URIAN,  t,  VII,  Ier  fascicule,  janvier  à 
avril.  Marseille,  1867;  in-8°. 

L'Algérie  à  l'Exposition  universelle  de  Paris  en  1 867,  avec  la  liste  des  expo- 
sants auxquels  il  a  été  décerné  une  récompense;  par  M.  O.  Mac-Cartiiy. 
Paris,  1867  ;  in-4°- 

Corrélation  entre  le  pouvoir  réfringent  et  le  pouvoir  calorifique  des  diverses 
substances  ;  par  M.  Montigny.  Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Origine  de  l' espèce  humaine  dans  les  environs  de  Tout  par  rapport  au  dilu- 
vium  alpin;  par  M.  HUSSON.  Paris,  1867;  in-8°. 

Perte  dans  le  produit  de  la  soie  par  suite  des  défauts  des  systèmes  usuels  et 
appréciation  des  nouvelles  méthodes  cellulaires  isolatrices;  par  M.  M.  DELPR1NO. 
Acqui,  1867;  br.  in-8°. 

Résultat  du  nouveau  système  pour  V éducation  des  vers  à  soie;  jiar  M.  M. 
Delprino.  Acqui,   1867;  br.  in-8°. 

La  nouvelle  sériciculture;  par  M.  M.  DELPRINO.  Paris,  sans  date;  in-8° 
relié. 

Philosophicah..  Transactions  philosophiques  de  la  Société  Royale  de  Lon- 
dres, t.  CLVII,  ire  partie.  Londres,  1867;  in-4°  avec  planches. 

The  royal...  Société  Royale  de  Londres:  Liste  des  Membres  au  3o  no- 
vembre 1866.  Londivs,  1867;  in-4°. 

Proceedings. . .  Procès-verbaux  de  la  Socité  Royale  de  Lon</res,  t.  XV,  n°  g3  ; 
t.  XVI,  n°  94.  Londres,  1867;  2  brochures  in-8". 

Report...  Rapport  de  la  trente-sixième  réunion  de  l'Association  Britannique 
pour  l'avancement  de  la  Science,  tenue  à  Nottingham  en  août  i  866.  Lon- 
dres,  1  867  ;  in-8°  cartonné. 

Experienze...  Expériences  pour  démontrer  la  loi  des  oscillations  dans  un 
corps  élastique;  par  M.  R.  FELICI.  Pise,  1867;  in-4". 


ERRATUM. 

(Séance  du  a5  novembre   1867.) 

Page  qo3,  ligne  12,  au  lieu  de  au  temps  de  la  XIIr  dynastie,  c'est-à-dire  le  fait  environ 
contemporain  de  Salomon,  lisez  au  temps  de  la  XX!!' dynastie,  c'est-à-dire.  .    .   . 


COMPTE  RENDU 

DES  SEANCES 

DE    LACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  î)  DÉCEMBRE  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 

MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  entretient  l'Académie  de  la  perle  douloureuse  qu'elle 
vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  Flourens,  Secrétaire  perpétuel  de 
cette  Académie  et  Membre  de  l'Académie  Française,  décédé  le  5  décembre 
1867.  Ce  matin  même  ont  eu  lieu  les  obsèques.  M.  Chevreul  a  pris  la 
parole  au  nom  de  l'Académie  des  Sciences,  du  Muséum  d'Histoire  natu- 
relle, du  Collège  de  France  et  du  Journal  des  Savants;  M.  Patin,  au  nom 
de  l'Académie  Française;  M.  Élie  de  Beaumont,  en  qualité  de  collègue 
de  M.  Flourens,  comme  Secrétaire  perpétuel;  M.  le  Baron  Cli.  Poisson,  au 
nom  du  Conseil  municipal  de  la  ville  de  Paris. 

«  M.  Decaisne,  au  nom  de  M.  le  Dr  Le  Maout  et  au  sien,  fait  bommage  à 
l'Académie  d'un  exemplaire  du  Traité  général  de  Botanique  analytique  et 
descriptive  qu'ils  viennent  de  publier.  Cet  ouvrage,  résultat  de  plus  de 
trente  années  d'études,  se  compose  de  deux  parties  distinctes  :  l'une 
est  un  abrégé  d'Organographie,  d'Anatomie  et  de  Physiologie;  l'autre, 
beaucoup  plus  étendue,  est  consacrée  à  la  description  et  à  l'histoire  des  3oo 
et  quelques  familles  dans  lesquelles  le  Règne  végétal  estactuellement  divise. 

C.  R.,  1867,  2«  Semestre.  (T.  LXV,  N"  24.)  '  27 


(  974  ) 
Dans  un  travail  de  cette  nature,  des  figures  explicatives  sont  le  complément 
presque  obligé  du  texte,  aussi  les  y  avons- nous  pour  ainsi  dire  prodiguées: 
l'ouvrage  en  contient   plus  de  55oo,  toutes   originales  et  dessinées  d'après 
nature  au  Muséum.   » 

M.  Em.  Blanchard,  en  offrant  à  l'Académie  son  ouvrage  intitulé;  Méta- 
morphoses, mœurs  et  instincts  des  Insectes  (Insectes,  Myriapodes,  Arachnides 
et  Crustacés),  présente  les  remarques  suivantes  à  ce  sujet  : 

«  Ce  livre  contient  une  exposition  de  tous  les  faits  les  plus  remar- 
quables concernant  l'organisation,  les  métamorphoses,  les  habitudes  et 
les  facultés  instinctives  des  Animaux  articulés.  L'ouvrage  est  accompagné 
de  nombreuses  figures,  et  ces  figures  représentent  autre  chose  que  ce  que 
l'on  est  accoutumé  à  voir  dans  les  livres  de  sciences  naturelles.  On  s'est 
appliqué,  d'après  l'observation  constante  d'individus  vivants,  à  montrer  les 
espèces  sous  leurs  différents  états,  dans  leurs  véritables  attitudes  et  dans 
les  conditions  ordinaires  de  leur  existence.  Sous  le  rapport  de  l'exécution 
des  dessins,  dont  il  est  juste  de  faire  honneur  à  l'habileté  des  artistes  ainsi 
qu'au  bon  goût  et  aux  soins  de  l'éditeur  M.  Germer-Baillière,  il  a  été 
obtenu  un  degré  de  perfection  au  moins  égal  à  celui  qui  a  été  atteint  dans 
de  belles  publications  récentes,  le  surpassant,  si  l'on  considère  qu'ici  de 
minutieux  détails  ont  été  rendus  avec  une  extrême  précision. 

»  On  trouvera  dans  ce  livre  un  certain  nombre  d'observations  neuves, 
et,  d'autre  part,  on  verra  que  l'auteur  est  entré  dans  un  ordre  de  considé- 
rations très-négligées  jusqu'à  présent  par  les  naturalistes.  Il  s'agit  des  rela- 
tions qui  existent  chez  les  espèces  entre  leurs  habitudes  et  leur  conforma- 
tion, ou,  en  d'autres  termes,  des  adaptations  organiques  à  des  conditions 
d'existence  particulières.  Deux  ou  trois  exemples  permettront  de  donner 
une  idée  exacte  de  certains  résultats  consignés  dans  l'ouvrage  sur  les  méta- 
morphoses, les  mœurs  et  les  instincts  des  Insectes. 

»  De  tout  temps  on  a  reconnu  que  des  membres  élargis,  plus  ou  moins 
convertis  en  rames,  appartenaient  a  des  animaux  nageurs,  que  des  appen- 
dices, larges,  courts,  garnis  de  dents,  servaient  a  fouir  ;  mais,  en  réalité,  on 
n'avait  pas  poussé  bien  loin  la  recherche  des  coïncidences  entre  le  genre 
de  vie  de  l'animal  et  une  infinité  de  détails  de  conformation.  Cette  sorte 
d'étude  a  appris  qu'il  suffisait  de  l'examen,  chez  une  larve  d'Insecte,  par 
exemple,  d'une  ou  de  deux  pièces  de  sa  bouche  pour  être  en  situation  de 
déterminer  avec  certitude  non-seulement  la   nature   de  son   régime,   mais 


(975) 
encore  la  manière  dont  elle  prend  sa  nourriture.  Ainsi,  deux  chenilles 
d'espèces  voisines  dévorent  la  même  plante  :  l'une  attaque  les  feuilles  par 
leurs  bords,  l'antre  ronge  par  la  surface  le  calice  de  la  fleur  ou  de  la  graine; 
le  labre  et  les  mandibules  de  ces  deux  Insectes,  adaptés  à  un  usage  quelque 
peu  différent,  portent  des  signes  caractéristiques  très-appréciables.  L'exa- 
men d'une  patte  permet  de  reconnaître  si  l'Insecte  marche  sur  un  feuillage, 
plus  ou  moins  dur,  s'il  marche  simplement  à  la  surface  des  feuilles  ou  s'il 
grimpe  après  les  tiges.  A  cet  égard,  les  indices  les  plus  certains  sont  four- 
nis par  les  griffes  des  appendices  locomoteurs.  Pour  les  espèces  capables 
d'exécuter  des  travaux,  comme  il  y  en  a  en  si  grand  nombre  parmi  les 
Hyménoptères,  une  étude  de  leurs  instruments,  plus  minutieuse  que  celle 
qui  a  été  faite,  conduit  à  reconnaître,  avant  l'observation  directe,  la  plu- 
part des  habitudes  de  l'espèce  vue  pour  la  première  fois,  si  différente  qu'elle 
puisse  être  des  espèces  déjà  connues.  Ailleurs  des  conditions  d'existence 
sont  révélées  par  la  situation  et  par  une  foule  de  détails  de  la  conforma- 
tion des  orifices  respiratoires. 

»  Avant  nous,  on  avait  représenté  scrupuleusement  les  positions  extrê- 
mement variées  qu'offrent  les  yeux  des  Arachnides,  avec  la  seule  préoccu- 
pation de  fournir  un  moyen  de  caractériser  les  genres,  l'observation 
comparative  des  organes  de  la  vision  et  des  mœurs  des  espèces  a  permis 
de  déterminer  le  but  de  la  nature  dans  chaque  disposition  particulière. 
L'animal  est-il  chasseur,  destinéà  une  vieerrante,  sesyeux  rapprochés,  postés 
sur  une  éminence  arrondie,  lui  permettent  d'apercevoir  à  la  fois  dans  toutes 
les  directions  et  la  proie  et  l'ennemi;  doit-il  demeurer  à  découvert  et  tou- 
jours à  peu  près  à  la  même  place,  ses  yeux  sont  largement  disséminés; 
doit-il  se  tenir  à  l'affût  dans  un  tube,  ses  yeux  sont  rangés  tous  en  avant, 
sur  le  front,  et  le  nombre  en  est  amoindri;  ceux  que  l'on  trouve  placés  en 
arrière,  chez  les  espèces  qui  ne  se  tiennent  pas  presque  toujours  cachées, 
étant  devenus  inutiles,  ont  disparu. 

»  Les  Arachnides  fileuses,  les  Aranéides,  ne  construisent  pas  de  toiles 
semblables.  Pour  les  unes,  c'est  un  tissu  serré;  pour  les  autres,  un  réseau 
à  mailles  écartées;  pour  les  autres  encore,  quelques  fils  seulement  jetés  à 
peu  près  au  hasard.  Les  griffes  jouent  le  plus  grand  rôle  dans  la  confec- 
tion des  toiles;  simples  chez  les  espèces  qui  n'en  fabriquent  pas,  elles 
ressemblent  à  des  peignes  ou  à  des  cardes  chez  les  espèces  qui  font  des 
tissus  serrés,  elles  présentent  des  fourches  chez  les  espèces  qui  font  des 
réseaux  lâches.  Partout,  enfin,  il  existe  une  relation  si  précise  entre  l'in- 
strument et  le  travail,  que  le  naturaliste,  parvenu  à  l'apprécier,  arrive,  de 

f27.. 


(  976  ) 
la  connaissance  acquise  en  certains  cas,  à  faire  une  application  sûre,  là  ou 
l'observation  n'a  pu  porter  que  d'un  côté. 

»  En  constatant,  entre  des  espèces  toutes  voisines  par  l'ensemble  de  leur  or- 
ganisation, des  habitudes  assez  différentes,  rendues  inévitables  par  quelques 
particularités  de  conformation  en  apparence  d'ordre  secondaire,  il  est  im- 
possible de  ne  pas  se  convaincre  que  les  idées  émises  touchant  de  préten- 
dues transformations  indéfinies  des  espèces  ne  sont  pas  nées  d'une  étude 
approfondie.  Car  par  leur  conformation,  les  espèces  sont  en  général  con- 
damnées à  vivre  dans  des  conditions  auxquelles  elles  ne  peuvent  se  sous- 
traire sans  périr.    » 

ASTRONOMIE.  —  Nouvelle  Note  sur  la  parallaxe  du  Soleil;  par  M.  Delacnay. 

«  L'Académie  n'attend  pas  de  moi  que  je  suive  M.  Le  Verrier  dans  les 
digressions  diverses  auxquelles  il  lui  plaît  de  se  livrer,  et  que  je  vienne  dis- 
cuter avec  lui  sur  toutes  choses  à  propos  de  la  parallaxe  du  Soleil  dont  \\ 
ne  dit  plus  un  seul  mot. 

»  Et  d'ailleurs,  à  quoi  bon  discuter  avec  M.  Le  Verrier?  il  ne  se  préoc- 
cupe en  aucune  manière  des  réponses  qui  lui  sont  faites.  Ainsi  j'ai  eu  beau 
chercher  à  le  ramener  sur  le  terrain  de  la  vérité  au  sujet  du  passage  de 
Mercure  sur  le  Soleil  en  i86i,il  n'en  persiste  pas  moins  à  m'attribuer,  après 
comme  avant,  la  même  opinion  presque  diamétralement  contraire  à  celle 
cpie  j'ai  formulée,  il  y  a  six  ans,  devant  l'Académie.  Je  n'ai  rien  à  ajouter  à 
ce  que  j'ai  dit.  Les  faits  sont  là;  chacun  peut  en  juger. 

»  Je  n'entreprendrai  pas  non  plus  de  réfuter  les  critiques  que  M.  Le 
Verrier  a  déjà  présentées,  et  celles  qu'il  se  propose  de  présenter  encore,  au 
sujet  de  mon  Rapport  sur  les  Progrès  de  l'Astronomie.  Nos  points  de  vue  à 
cet  égard  sont  totalement  différents.  M.  Le  Verrier  aurait  voulu  y  trouver 
{'histoire  des  astronomes  français  pendant  les  vingt-cinq  dernières  années; 
tandis  cpie,  suivant  moi,  je  n'avais  à  parler  que  des  Progrès  </<  l'astronomie 
en  France  pendant  ce  laps  de  temps.  Malgré  tout  l'intérêt  qui  aurait  pu 
s'attacher  à  une  histoire  des  astronomes  français  depuis  vingt-cinq  ans, 
histoire  qui  n'eût  certes  pas  manqué  de  curieuses  péripéties  et  d'enseigne- 
ments utiles,  je  n'ai  pas  pu  avoir  la  pensée  de  l'écrire  dans  les  circon- 
stances où  je  me  trouvais.  Je  n'ai  pu  faire  autre  chose  que  de  me  conformer 
au  programme  qui  m'était  tracé,  et  qui  est  indiqué  sans  équivoque  par  le 
titre  même  du  travail  qu'on  me  demandait.  Ce  n'est  pas  d'ailleurs  à  des 
dissertations  de  ce  genre,  sur  le  point  de  vue  auquel  l'auteur  d'un  Rapport 


(  977  ) 
sur  les  progrès  d'une  science  aurait  pu  ou  dît  se  placer,  que  doivent  être 
consacrées  les  séances  de  notre  Académie.  Son  rôle  consiste  avant  tout 
à  s'occuper  de  la  recherche  de  la  vérité  et  de  la  discussion  des  moyens  em- 
ployés, des  efforts  tentés  pour  arriver  à  sa  découverte;  on  ne  saurait  écarter 
avec  trop  de  soin  tout  ce  qui  tend  à  la  détourner  île  ce  noble  but. 

»  Cela  dit,  je  reviens  à  la  parallaxe  du  Soleil.  Je  veux  présenter  à  l'Aca- 
démie quelques  considérations  qui  me  paraissent  utiles  pour  éclairer  la 
question. 

»  La  parallaxe  du  Soleil  est,  comme  on  sait,  un  des  éléments  les  plus 
importants  de  nos  connaissances  astronomiques.  De  sa  valeur  dépend  la 
grandeur  de  la  distance  qui  nous  sépare  du  Soleil.  Or  celle  distance  est  la 
base  dont  nous  nous  servons  pour  déterminer  les  dimensions  des  diverses 
parties  de  notre  système  planétaire.  On  comprend  par  là  tout  l'intérêt  qui 
s'attache  à  la  connaissance  précise  de  la  parallaxe  du  Soleil,  c'est-à-dire  de 
l'angle  sous  lequel,  étant  placé  au  centre  du  Soleil,  on  verrait,  de  face  un 
rayon  de  l'équateur  de  notre  Terre. 

»  Cet  angle  est  très-petit  :  il  ne  s'élève  pas  à  9  secondes  de  degré.  Il  en 
résulte  tpie,  pour  ne  pas  nous  en  tenir  à  une  trop  grossière  approximation 
relativement  à  la  distance  du  Soleil  à  la  Terre,  nous  avons  besoin  de  le  con- 
naître à  une  petite  fraction  de  seconde  près.  Chaque  centième  de  seconde 
ajouté  à  sa  valeur  diminue  notre  distance  au  Soleil  de  26  fois  le  rayon  de 
la  Terre  :  ce  n'est  donc  pas  trop  de  vouloir  arriver  à  la  connaissance  exacte, 
non-seulement  du  chiffre  des  dixièmes  de  seconde,  mais  aussi  du  chiffre 
des  centièmes;  et  les  moyens  dont  nous  disposons  pour  y  parvenir  nous 
permettent  d'espérer  que  ce  degré  d'approximation  n'est  pas  impossihle  à 
atteindre. 

»  Pour  arriver  à  i\n  pareil  résultat,  nous  ne  pouvons  pas  employer  le 
procédé  de  mesure  directe,  qui  ne  réussit  bien  que  pour  des  astres  moins 
brillants  et  aussi  moins  éloignés,  tels  que  la  Lune,  ou  les  planètes  Vénus  et 
Mars,  lors  de  leur  plus  grande  proximité  de  la  Terre.  Pour  le  Soleil,  il  nous 
faut  recourir  à  des  moyens  détournés:  nous  déterminons  par  l'observation 
la  valeur  d'un  nombre  auquel  la  parallaxe  du  Soleil  est  intimement  liée; 
puis,  de  la  connaissance  de  ce  nombre,  nous  concluons  par  le  calcul  la 
valeur  de  la  parallaxe  cherchée.  On  comprend  que  le  résultat  de  cette 
opération  complexe  sera  plus  ou  moins  précis,  suivant  que  le  nombre 
auxiliaire  dont  il  vient  d'être  question  sera  plus  ou  moins  bien  déterminé. 
Toutes  choses  égales  d'ailleurs,  plus  ce  nombre  auxiliaire  sera  grand, 
mieux  cela  vaudra  pour  l'exactitude  finale. 


(  97»  ) 

»  Comparons,  sous  ce  rapport,  les  diverses  méthodes  dont  nous  dispo- 
sons. 

»  Par  l'observation  des  passages  de  Vénus  sur  le  Soleil,  nous  faisons 
dépendre  la  valeur  de  la  parallaxe  solaire  de  la  détermination  de  la  diffé- 
rence de  durée  des  passages  observés  en  divers  lieux  de  la  Terre.  Or,  cette 
différence  de  durée  peut  aller  à  plus  de  vingt  minutes  de  temps,  nombre 
susceptible  d'être  obtenu  avec  une  très-grande  approximation  :  cette 
méthode  est  la  meilleure  de  toutes. 

»  Par  l'équation  parallactique  de  la  Lune,  nous  ramenons  la  recherche 
de  la  parallaxe  du  Soleil  à  la  détermination  de  cette  équation,  qui  est 
d'environ  126  secondes,  nombre  plus  de  quatorze  fois  plus  grand  que  la 
parallaxe  cherchée. 

»  La  mesure  directe  de  la  parallaxe  de  Mars  en  opposition  peut  conduire 
à  la  connaissance  de  la  parallaxe  du  Soleil;  dans  ce  cas  la  parallaxe  solaire 
se  déduit  d'un  nombre  qui  n'atteint  pas  trois  fois  sa  valeur. 

»  Quand  on  veut  déduire  la  parallaxe  du  Soleil  de  l'équation  lunaire  du 
mouvement  de  la  Terre,  qui  ne  s'élève  qu'à  6",  5o,  on  est  loin  des  conditions 
plus  ou  moins  favorables  que  présentent  les  trois  méthodes  précédentes;  au 
lieu  de  passer  du  grand  au  petit,  on  passe  du  petit  au  grand,  savoir  de 
6",5oà  un  nombre  qui  approche  de  9''.  De  plus,  cette  dernière  méthode, 
fondée  sur  l'emploi  de  l'équation  lunaire  de  la  Terre,  présente  une  cause 
d'incertitude  spéciale.  Le  calcul  qui  sert  à  passer  de  l'équation  lunaire  à 
la  parallaxe  du  Soleil  ne  peut  se  faire  qu'autant  qu'on  connaît  le  rapport 
de  la  masse  de  la  Lune  à  la  masse  de  la  Terre;  or,  ce  rapport,  qui  est  mal 
connu,  a  une  influence  considérable  sur  le  résultat  [voir  la  Note  de 
M.  Stone,  Monthty  Notices,  cahier  d'avril  1867).  On  comprend  par  là 
combien  cette  méthode,  basée  sur  l'emploi  de  l'équation  lunaire  de  la 
Terre,  est  inférieure  en  précision  aux  autres  méthodes  précédemment  indi- 
quées; il  n'y  a  donc  pas  lieu  d'attacher  une  grande  importance  aux 
résultats  auxquels  elle  conduit.    >■ 

«  RI.  Le  Verrier,  retenu  au  Conseil  Impérial  de  l'Instruction  publique, 
n'a  pu  venir  que  tardivement  à  la  séance.  Il  n'a  pas  entendu  la  nouvelle 
lecture  faite  par  M.  Delaunay.  Il  ignore  ce  qui  a  pu  être  répondu  au  sujet 
des  erreurs  sur  Uranns  et  sur  les  singulières  omissions  laites  dans  le  pré- 
tendu historique  des  Progrès  de  l'Astronomie.  Il  en  prendra  connaissance 
au  Compte  rendu  et  répondra,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  prochaine  séance. 

»   Dans  l'article  inséré  au  dernier  Compte  rendu,  M.  Delaunay  se   plaint 


(  979  ) 
que  M.  Le  Verrier  réponde  à  ses  lectures  par  des  improvisations,  dans  les- 
quelles il  aurait  le  talent  de  travestir  la  vérité  des  faits,  et  dont  il  insère 
la  reproduction  dans  les  Comptes  rendus. 

»  Il  est  au  contraire  fort  regrettable  que  M.  Delautiay  ne  veuille  pas 
improviser  lui-même  ses  répliques;  car  alors  toute  la  discussion  se  serait 
terminée  en  une  séance,  tandis  qu'en  prenant  chaque  fois  huit  jours  pour 
répondre  on  peut  éterniser  le  débat.  D'ailleurs,  en  improvisant,  M.  De- 
launay  se  serait  promptement  aperçu  que  nul  n'a  assez  de  talent  en  pareil 
cas  pour  travestir  .la  vérité  des  faits.  Pour  pouvoir  improviser  une  bonne 
réponse,  il  faut  deux  choses  :  d'abord  connaître  à  fond  son  sujet,  et  ensuite 
avoir  la  justice  et  la  vérité  pour  soi. 

»  A  l'égard  de  la  nécessité  d'accroître  la  valeur  de  la  parallaxe  solaire, 
il  n'est  au  pouvoir  de  personne  de  supprimer  ce  qui  suit: 

»  En  1 858,  M.  Le  Verrier  a  conclu  cette  nécessité  des  observations  du 
Soleil  ; 

»   En  t86i,  il  l'a  déduite  delà  théorie  de  Vénus; 

»  En  1862,  il  l'a  déduite  de  la  théorie  de  Mars,  avec  une  restriction  que 
commandait  la  nature  i\u  sujet; 

»  Enfin,  c'est  à  la  suite  de  ces  travaux  que  M.  Foucault  a  été  conduit  à 
hâter  sa  belle  expérience  sur  la  vitesse  de  la  lumière. 

»  Si  donc  M.  Delaunay  assure  qu'ayant  à  faire  l'historique  de  cette  ques- 
tion, il  ne  dirait  pas  un  mot  de  l'intervention  de  Ni.  Le  Verrier,  il  faudrait 
y  voir  un  développement  sans  importance  du  procédé  par  lequel  M.  De- 
launay a  supprimé  la  moitié  des  travaux  de  nos  astronomes  dans  son  pré- 
tendu historique  de  l'Astronomie  en  France.  » 

ASTRONOMIE.  —  Note  sur  les  spectres  stellaires  et  les  étoiles  filantes; 
par  te  P.  A.  Secchi. 

«  Dans  mon  Mémoire  sur  les  spectres  stellaires,  publié  dans  les  Memoric 
délia  Sociela  Italiana,  j'ai  dit  (p.  33  de  l'Extrait)  et  j'ai  également  annoncé  à 
l'Académie  des  Sciences,  que  les  trois  raies  principales  de  l'hydrogène 
coïncident  avec  les  raies  noires  des  étoiles  blanches  du  premier  type, 
comme  </.  Lyre,  Sirius,  etc. 

»  Cependant  l'identification  de  ces  raies  n'était  certaine  que  pour  celle 
du  vert-bleu,  la  raie  F,  et  très-probable  pour  celle  du  violet.  Celle  du  rouge 
Ha  n'avait  pas  encore  pu  être  bien  constatée,  à  cause  de  la  faiblesse  de  la 
lumière  dans  cette  extrémité  du  spectre.  C'était  là  une  lacune  à  remplir. 


(  9»°  ) 

»  Après  mon  retour  à  Rome,  j'ai  cherché  à  perfectionner  le  spectroscope 
à  vision  directe  simplifiée,  et  m'étant  aperçu  cjue  les  oculaires  ordinaires 
en  grossissant  dans  toutes  les  directions  du  champ  diminuent  trop  l'in- 
tensité du  ronge,  j'ai  essayé  d'un  oculaire  cylindrique.  Il  consiste  dans  une 
lentille  cylindrique  achromatique,  de  7  centimètres  environ  de  longueur 
focale,  que  j'ai  mise  à  la  place  de  l'oculaire  ordinaire,  dans  mon  spectro- 
scope simplifié. 

>>  Le  résultat  a  été  des  plus  surprenants  :  cette  lentille  conserve  une 
puissance  remarquable  aux  extrémités  du  spectre,  et  j'ai  pu  immédiatement 
constater  la  raie  noire  du  rouge  Ha  à  sa  place,  dans  les  étoiles  a  de  la 
Lyre,  a.  Pégase,  Algol,  et  dans  plusieurs  autres  étoiles  de  ile  grandeur. 

»  Comme  vérification,  j'ai  voulu  voir  y  Cassiopée,  pour  laquelle  les  raies 
brillantes  occupent  la  place  des  raies  noires,  comme  je  l'ai  montré  autre- 
fois. J'ai  pu  en  effet  voir  la  raie  rouge  brillante  se  détacher  sur  le  fond 
très-faiblement  lumineux.  Il  est  curieux  que,  avec  cet  oculaire,  on  voie 
moins  bien  la  raiejf  lumineuse,  mais  cela  s'explique  parla  grande  lumière 
de  toute  la  région  vert-bleu  sur  laquelle  cette  raie  se  projette,  et  qui, 
étant  extrêmement  renforcée,  empêche  la  raie  de  se  détacher.  Ainsi  se 
trouve  confirmée  l'observation  de  M.  Huggins  sur  cette  raie,  qui  lui-même  a 
confirmé  ma  découverte  de  la  raie  brillante  F  dans  cette  étoile  singulière. 

»  J'espère  pouvoir  étendre  ces  observations,  si  le  beau  temps  continue. 
J'ajouterai  que  0  de  la  Baleine,  qui  est  maintenant  de  3e  grandeur  à  peu 
près,  présente  un  magnifique  spectre  du  troisième  type,  comparable  en 
beauté  à  ]3  de  Pégase  et  à  x  d'Orion,  et  aussi  facile  à  résoudre.  Ce  spectre 
ayant  l'apparence  d'une  colonnade,  je  dirai  que,  en  partant  de  la  petite 
colonne  près  de  U,  dans  le  jaune,  on  trouve  trois  magnifiques  colonnes 
du  côté  du  rouge,  et  cinq  du  coté  du  violet-*  toutes  résolubles  en  lignes 
plus  fines;  en  tout,  au  moins  neuf  colonnes.  C'est  l'un  des  spectres  les  plus 
curieux  que  présente  l'observation  du  ciel.  J'ai  déjà  rémarqué  ailleurs  que 
les  étoiles  variables  (excepté  Algol)  appartiennent  à  ce  type. 

»  Les  observations  des  étoiles  litanies  ont  été  ici  assez  contrariées  par  le 
mauvais  temps,  et  aussi  par  la  Lune.  Dans  une  petite  portion  du  ciel,  qui 
était  découvert  au  sud,  le  malin  du  iZj,  un  observateur  a  compté  seize 
étoiles  de  xre  grandeur  entre  5  heures  et  6ul5m.  Cela  suppose  un  grand 
nombre  de  petites,  d'où  l'on  peut  conclure  que  l'apparition  n'a  pas 
manqué.  Pour  plus  de  détails,  je  renverrai  au  Bulletin  Méléoroloijique  du 
Collège  romain.  » 


(  9»'  ) 

«  M.  Élie  de  Beaumoxt  fait  hommage  à  l'Académie,  au  nom  rie  sir  Rode- 
rick  Murchison,  de  la  4e  édition  de  son  important  ouvrage  intitulé  Siluria. 

»  Dans  cette  publication  nouvelle  d'un  ouvrage  déjà  très-connu,  le  sa- 
vant Correspondant  de  l'Académie  a  enrichi  de  nouveaux  détails  l'exposé 
des  longs  travaux  par  lesquels,  en  établissant  le  système  silurien,  il  a  si  fort 
agrandi  le  domaine  de  la  géologie,  et  rendu  la  connaissance  des  dépôts 
sédimentaires  les  plus  anciens  et  les  plus  recouverts  presque  aussi  com- 
plète que  celle  des  terrains  les  plus  modernes  et  les  plus  accessibles. 

»  11  a  surtout  développé,  avec  une  parfaite  lucidité,  dans  le  XXe  cha- 
pitre, qui  est  le  dernier  de  l'ouvrage,  les  vues  que  son  expérience  semi- 
séculaire  l'a  conduit  à  adopter  sur  l'ensemble  des  phénomènes  géologiques 
et  paléontologiques. 

»  Il  y  précise,  d'après  l'observation,  l'ordre  dans  lequel  les  formes  or- 
ganiques se  sont  succédé  sur  notre  globe,  en  éprouvant  un  développement 
et  un  perfectionnement  graduels.  Dans  les  plus  anciennes  couches  on  ne 
trouve  aucune  trace  de  végétaux  terrestres  ni  d'animaux  vertébrés.  Des 
Poissons,  très-imparfaits  encore,  ont  laissé  quelques  restes  dans  les  assises 
supérieures  du  système  silurien.  Des  Poissons  plus  nombreux  et  moins 
imparfaits  ont  existé  pendant  la  période  dévonienne.  Dans  les  périodes 
subséquentes,  l'organisation  des  Poissons  s'est  encore  perfectionnée.  Alors 
ont  apparu  les  Reptiles,  et  enfin  les  Mammifères  qui  ne  remontent  pas  au 
delà  des  couches  supérieures  de  la  formation  du  trias,  placées  à  peu  près  au 
milieu  de  la  série  géologique. 

»  Dans  ce  même  chapitre,  sir  Roderick  Murchison  résume  avec  beau- 
coup de  rigueur  les  laits  tendant  à  établir  que  les  forces  qui  ont  occasionné 
les  phénomènes  géologiques,  quelle  qu'ait  pu  être  leur  ressemblance  avec 
celles  qui  agissent  de  nos  jours,  ont  présenté,  pendant  les  périodes  géolo- 
giques, avec  une  intensité  supérieure  à  celle  avec  laquelle  elles  agissent  pen- 
dant la  période  actuelle  (...  a  greater  intensily  qf former causation.,.).  » 

NOMINATIONS. 

L'Académie  procède,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Membre 
libre  qui  remplira  la  place  devenue  vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Civiale 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  étant  5S, 

M.  La-rrey  obtient 45  suffrages. 

M.  Sichel io        » 

M.  Lartet 3         » 

C.  R.,  1S67,  '2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  2-î.)  l  2° 


(    9^2    ) 

M.  Lakuey,  ayant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  pro- 
clamé élu. 

Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  de  l'Empereur. 

MÉMOIRES  LUS. 

MÉTÉOROLOGIE.  —  Réponse  à  la  Xole  adressée  récemment  pur  M.  Poév  (i), 
sur  les  colorations  ozonoscopiqu.es,  obtenues  à  l'aide  du  réactif  Jame  <le 
Sedan),  et  sur  l'échelle  ozonométrique  de  M.  Bérignr;  par  MM.  Bérh;\y 
et  Sallekon. 

«  La  Note  de  M.  Poè'y  traite  deux  questions  bien  distinctes  :  i°  des 
différentes  colorations  prises  par  le  papier  Jame  dans  des  conditions  atmo- 
sphériques différentes  ;  20  de  l'insuffisance  de  notre  échelle  chromatique, 
quant  aux  nuances  qui  dépassent  le  n°  11  et  le  défaut  de  ressemblance  entre 
les  gammes  livrées  par  M.  Salleron  à  plusieurs  années  d'intervalle. 

»  Quant  à  ce  qui  concerne  la  première  question,  nous  ne  pouvons  ré- 
pondre que  d'une  manière  générale  aux  passages  de  cette  Note  qui  traitent 
du  papier  ioduré  et  amidonné  préparé  par  M.  Jame;  car,  sans  vouloir 
affirmer  que  ce  réactif  soit  irréprochable,  et  sans  avoir  besoin  d'invoquer 
l'opinion  de  M.  Schcenbein,  qui,  dans  la  session  scientifique  de  Metz,  disait, 
au  mois  de  mai  dernier,  que,  jusqu'au  moment  où  un  réactif  irrécusable 
sera  découvert,  «  il  faudra  bien  se  contenter  du  papier  ioduré  et  ami- 
»  donné,  qui,  en  général,  suffira  pour  indiquer  la  plus  ou  moins  grande 
»  quantité  d'ozone  contenue  dans  l'air,  car  on  doit  admettre  avec  certi- 
<>  tude  que  le  bleuissement  est  dû  à  l'ozone  atmosphérique  et  nullement  à 
»  l'acide  hyponitrique,  <>  il  est  permis  de  supposer  qu'un  grand  nombre 
des  causes  perturbatrices  énumérées  par  M.  Poéy  peuvent  bien  provenir 
du  mode  opératoire  suivi  par  les  observations  qui  ont  été  faites  jusqu'au- 
jourd'hui. 

»  En  effet,  le  papier  réactif  étant  exposé  pendant  douze  heures  dans  une 
atmosphère  chargée  d'ozone,  il  peut  subir  des  décompositions  fort  compli- 
quées de  ses  éléments  constituants.  11  en  serait,  sans  doute,  tout  autrement, 
si  l'on  modifiait  le  moyen  expérimental  actuel  ;  peut-être,  alors,  élimine- 
rait-on ces  causes  perturbatrices.  Nous  allons  décrire  plus  loin  un  procédé 
que  nous  étudions  depuis  quelque  temps. 

(i)   Comptes  mutas,  t.  LXV,  p.  708. 


(  9«  ) 

»  Les  différentes  colorations  violettes,  bleues,  roses,  jaunâtres  prises  par 
le  papier,  lorsqu'on  le  plonge  dans  l'eau  distillée,  après  douze  heures 
d'exposition  à  l'air,  proviennent,  probablement,  de  la  décomposition  que 
l'iodure  d'amidon  peut  éprouver  après  sa  formation. 

»  Si  le  papier  réactif  est  exposé  dans  une  atmosphère  fortement  impré- 
gnée d'ozone,  l'iodure  de  potassium  est  rapidement  décomposé,  et  si  la 
bande  de  papier  n'est  plongée  dans  l'eau  que  plusieurs  heures  après,  il  est 
possible  que  l'iodure  d'amidon  soit  altéré,  et  alors  ne  donne  plus  lieu  à 
des  colorations  normales,  surtout  si  l'atmosphère  contient  beaucoup  d'hu- 
midité. Il  eût  été  facile  à  M.  Poëy  de  se  rendre  compte  de  cette  anomalie, 
en  comparant  ces  colorations  avec  l'état  hygrométrique  de  l'air,  ainsi  cpie 
nous  l'avons  fait  et  publié  nous-mêmes.  Au  reste,  cette  cause  perturbatrice 
est  inhérente,  il  faut  bien  le  reconnaître,  au  mode  d'observation  actuel. 

»  Relativement  à  la  deuxième  question  soulevée  par  M.  Poëy,  celle  qui 
concerne  les  variations  subies  par  notre  échelle  depuis  sa  création,  nous 
dirons  qu'il  y  a  dix  ans  nous  avons  essayé  de  l'établir  sur  des  bases  fixes 
qui  puissent  la  rendre  précise  et  d'une  reconstitution  toujours  facile  en 
comparant  la  couleur  ozonométrique  aux  cercles  chromatiques  de  M.  Che- 
vreul.  Nous  rapportant  à  des  cercles  chromatiques  du  commerce,  nous 
avons  estimé  que  la  teinte  que  nous  cherchions  se  trouvait  dans  la  gamme 
du  3e  bleu-violet  du  cercle  à  -^  de  noir;  mais  on  conçoit  que  la  repro- 
duction commerciale  île  gammes  aussi  délicates  ne  puisse  être  jamais  par- 
faitement identique,  à  moins  de  recourir  pour  chaque  tirage  aux  cercles 
types  des  Gobelins. 

»  Eu  égard  à  cette  difficulté  matérielle,  nous  avons  cherché  le  moyen 
de  nous  passer  de  gammes  chromatiques.  Au  lieu  de  déterminer  la  quan- 
tité d'ozone  par  la  teinte  uniforme  que  prend  une  feuille  de  papier  Jame 
exposée  durant  douze  heures  à  l'air,  il  est  préférable  de  mesurer  le  laps  de 
temps  d'exposition  nécessaire  pour  que  le  réactij  prenne  une  couleur  fixe  et  dé- 
terminée. Supposons  que  nous  choisissions  pour  type  le  ton  l\  du  ier  violet 
des  Gobelins,  et  qu'aujourd'hui  il  faille  exposer  une  bande  de  papier  pen- 
dant une  heure  pour  obtenir  ce  ton  de  couleur  :  si,  demain,  il  faut  une  ex- 
position de  deux  heures  pour  avoir  ce  même  ton,  nous  pourrons  en  con- 
clure que  la  proportion  d'ozone  contenue  dans  l'air  sera  moitié  moindre 
que  la  veille.  De  même  une  exposition  d'une  demi-heure  correspondra  a 
un  nombre  double,  de  telle  sorte  que  les  quantités  d'ozone  seront  inverse- 
ment proportionnelles  aux  durées  d'exposition  du  réactif. 

»   On  comprend   de   suite   les  avantages    de  cette    méthode   d'observa- 

ra8.. 


(  9^4  ) 
(ion,  qui  ne  laisse  plus  craindre  les  altérations  de  l'iodure  d'amidon  lorsque 
le  papier  reste  trop  longtemps  en  expérience;  puis,  les  nombres  obtenus 
ne  sont  plus  arbitraires  comme  ceux  qui  sont  donnés  par  la  gamme  chro- 
matique; ils  sont  proportionnels  entre  eux,  de  sorte  que  le  jour  où  l'on 
possédera  le  moyen  de  doser  l'ozone,  il  sera  facile  de  leur  assigner  une 
valeur  absolue. 

»  Une  seule  couleur  fixe  et  déterminée  suffit  donc  pour  les  observations 
ozonométriques;  elle  pourra  être  exactement  dénommée;  il  sera  facile 
d'en  imprimer,  d'un  seul  coup,  une  quantité  suffisante  pour  les  observa- 
tions d'un  grand  nombre  d'années,  et  des  échantillons  pourront  en  être  en- 
voyés à  tous  les  Observatoires  du  globe,  de  telle  sorte  qu'elle  ne  puisse  ja- 
mais être  perdue  ou  modifiée. 

»  Maintenant,  nous  allons  faire  connaître  l'instrument  que  nous  propo- 
sons, lequel,  par  un  moyen  simple  et  facile  d'expérimentation,  donnera  la 
détermination  du  temps  nécessaire  pour  que  le  papier  prenne  une  teinte 
fixe  sans  compliquer  le  mode  d'observation,  point  important.  Ce  moyen, 
qui  n'est  pas  absolument  nouveau,  puisque  nous  en  avons  communiqué  le 
principe,  il  y  a  deux  ans,  à  M.  Poéy  lui-même,  est  fort  simple  :  sur  l'un 
des  mobiles  d'une  petite  pendule  portative,  nous  ajoutons  deux  petits  rou- 
leaux de  laminoir  qui  ont  pour  fonction  de  faire  avancer  une  bande  de  pa- 
pier Jame  et  de  la  faire  sortir  de  la  boite  qui  enveloppe  le  mécanisme  avec 
une  vitesse  uniforme  et  déterminée. 

»  Supposons  que  la  bande  de  papier  marche  avec  une  vitesse  d'un  cen- 
timètre par  heure;  après  douze  heures  d'exposition,  nous  aurons,  en  de- 
hors de  l'appareil,  une  bande  de  réactif  de  12  centimètres  de  long,  dont 
le  premier  centimètre  aura  subi,  pendant  douze  heures,  l'action  de  l'atmo- 
sphère; le  second  n'aura  été  impressionné  que  pendant  onze  heures;  le 
troisième  pendant  dix  heures,  et  ainsi  de  suite  jusqu'au  dernier  centimètre, 
qui  n'aura  été  exposé  que  pendant  une  heure.  Si  nous  détachons  cette  bande 
et  si  nous  la  plongeons  dans  l'eau  distillée,  elle  se  colorera  d'une  couleur 
dégradée,  variant  depuis  le  blanc  jusqu'à  une  teinte  violette  plus  ou  moins 
foncée;  cherchons  quelle  est  la  partie  de  la  bande  de  papier  réactif  dont  la 
teinte  est  semblable  à  notre  couleur  type,  et  la  position  de  cette  partie,  par 
rapport  à  la  longueur  de  la  bande,  nous  fera  connaître  immédiatement  la 
durée  d'exposition  correspondante. 

»  On  voit  bien  vite,  nous  le  répétons,  que  l'emploi  de  cet  instrument, 
très-simple  et  peu  coûteux,  qu'on  pourrait  appeler  Chronozonomèlre ,  ne 
complique  pas  la  méthode  expérimentale  employée  jusqu'aujourd'hui. 


(  985  ) 

»  Il  nous  reste  à  faire  connaître  quelle  est  la  teinte  type  que  nous  adop- 
tons. Tout  d'abord  nous  avons  choisi  une  nuance  peu  colorée,  afin  qu'elle 
puisse  servir  sous  toutes  les  latitudes  et  quelle  que  soit  la  proportion 
d'ozone  contenue  dans  l'atmosphère.  Puis,  pour  qu'elle  ne  soit  jamais  ni 
modifiée  ni  perdue,  nous  avons  réclamé  île  l'honorable  bienveillance  et  de 
la  haute  autorité  de  M.  Chevreul  de  vouloir  bien  la  déterminer  au  moyen 
de  cercles  chromatiques  qu'il  a  établis  à  la  manufacture  des  Gobelins.  A  la 
suite  de  comparaisons  réitérées,  dirigées  par  M.  Chevreul  lui-même,  le 
4e  ton  du  ier  violet  a  été  adopté  comme  représentant  exactement  la  nuance 
prise  par  le  papier  ozonométrique  après  quelques  heures  d'exposition 
dans  une  atmosphère  peu  chargée  d'ozone.  Nous  joignons  à  notre  Mé- 
moire une  feuille  ainsi  colorée,  et  nous  la  déposons  dans  les  archives  de 
l'Académie. 

»  Avant  de  terminer,  nous  devons  faire  remarquer  que  le  chronozono- 
metre  permet,  à  la  rigueur,  d'observer  simultanément  suivant  la  méthode 
nouvelle  et  suivant  la  méthode  ancienne,  puisqu'on  comparant  à  notre 
échelle  la  partie  de  la  bande  de  papier  qui  a  reçu  pendant  douze  heures 
l'actiou  de  l'atmosphère,  on  obtiendra  les  nombres  inscrits  dans  les  obser- 
vations ozonométriques  qui  ont  été  faites  jusqu'aujourd'hui.  Seulement,  il 
faut  le  reconnaître,  les  nombres  jusqu'à  présent  ne  sont  que  relatifs,  tandis 
que  ceux  que  fournira  la  nouvelle  méthode  seront  absolus.  » 

M.  Piorry  donne  lecture  d'un  travail  qui  a  pour  titre  :  «  Mémoire  relatif 
à  un  instrument  nouveau,  destiné  à  porter  des  médicaments  et  des  caus- 
tiques dans  l'intérieur  du  larynx,  sur  les  parties  profondes  du  pharynx,  sur 
la  région  postérieure  des  fosses  nasales,  et  qui  peut  servir  aussi  à  la  cauté- 
risation de  divers  organes,  tels  par  exemple  que  le  rectum,  le  côlon,  la 
cavité  utérine,  l'œsophage,  etc.  » 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  J.  Lucas  adresse  un  Mémoire  concernant  «  les  radiations,  et  le  phos- 
phoroscope  de  M.  Edm.  Becquerel  ». 

•  (Renvoi  à  la  Section  de  Physique.) 

M.  Zaxtedeschi  adresse  une  nouvelle  communication  relative  au  choléra 
(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.  ) 


(  9«6) 
MM.   Estor  et   Salntpierre  adressent  une  Note  indiquant    les  parties 

qu'ils  considèrent  comme  neuves  dans  les  travaux  imprimés  qu'ils  ont 
présentés  an  concours  des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

(Renvoi  à  la  Commission.) 

M.  F.  Lefort  adresse  une  Note  relative  à  un  Mémoire  manuscrit  de  fen 
M  J.-B.  Biot,  Mémoire  qui  a  été  communiqué  par  lui  à  l'Académie  au 
mois  d'avril  1864,  et  pour  l'examen  duquel  une  Commission  a  été  désignée. 

Cette  Note  sera  transmise  à  la  Commission. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  prévient  l'Académie  qu'en  exécution  de 
l'article  3y  du  décret  du  3o  novembre  1 863,  M.  Combes  et  M.  Chastes  sont 
nommés  Membres  du  Conseil  de  perfectionnement  de  l'École  Polytechnique, 
au  titre  de  Membres  de  l'Académie  des  Sciences. 

31.   le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 

Correspondance,  un  volume  écrit  en  italien,  et  ayant  pour  titre  :  «  bref  dis- 
cours sur  l'institution  d'un  prince  et  Compendium  de  la  Science  civile; 
par  Fr.  Picrolomini;  avec  huit  Lettres  et  neuf  dessins  des  taches  solaires,  de 
Galileo  Galilei,  publiés  pour  la  première  fois  par  M.  Santé  Piernlisi  ». 

M.  le  Directeur  de  l'Observatoire  de  Palerme  adresse  les  travaux 
météorologiques  exécutés  dans  cet  Observatoire  pendant  les  années  1 865 
et  1866,  et  les  premiers  cahiers  de  1867,  qui  contiennent  la  relation  des 
phénomènes  observés  pendant  l'éclipsé  de  Soleil  du  6  mars. 

M.  Recquerei.  présente  à  l'Académie  un  volume  de  .1/.  Alfred  Becquerel, 
et  s'exprime  comme  il  suit  : 

•<  En  présentant  à  l'Académie  un  exemplaire  de  la  4e  édition  du  Traité 
élémentaire  d'hygiène  privée  el  publique,  du  l)r  Alfred  Beccpierel,  mon  fils, 
je  dois  lui  faire  observer  que  des  additions  assez  considérables  ont  été  faites 
à  cet  ouvrage,  par  M.  le  Dr  Beaugrand,  sur  les  bibliographies,  qui  ont  été 
complétées  autant  que  possible,  et  sur  le  chapitre  des  maladies  profession- 
nelles comprenant  :  l'hygiène  des  couturières  (machines  à  coudre);  celles 


(  987  ) 

du  travail  du  zinc,  de  l'arsenic,  du  phosphore,  du  soufre,  du  bichromate 
de  potasse,  du  sulfure  de  carbone,  de  la  nitro-benzine  et  de  l'aniline,  et 
enfin  celle  des  aiguilleurs.  Rien  n'a  donc  été  négligé  pour  exposer  succinc- 
tement et  avec  clarté  tout  ce  qui  intéresse  la  santé  de  l'homme,  soit 
dans  la  vie  privée,  soit  dans  les  arts  et  manufactures.  » 

HISTOIRE  des  sciences.  --  Observations  relatives  aux  Lettres  qui  sont  attri- 
buées à  Huv  gens  et  à  Boulliau,  et  qui  ont  été  publiées  par  M.  Chasles;  par 
M.  Haktixg.  (Extrait  d'une  Lettre  à  M.  Le  Verrier.) 

«   Utreclit,  ce  2g  novembre  1867. 

»  C'est  avec  une  bien  vive  surprise  que  je  viens  île  lire,  dans  les  Comptes 
rendus  du  18  novembre  dernier,  les  deux  prétendues  Lettres  de  Boulliau  à 
Huygens  et  de  Huygens  à  Boulliau,  que  M.  Chasles  a  tirées  de  son  inépui- 
sable collection. 

»  J'aurais  cru  que  le  caractère  bien  connu  de  Huygens,  lequel,  d'après 
le  témoignage  unanime  de  tous  ceux  qui  l'ont  connu,  était  celui  d'un 
homme  intègre  et  loyal,  exempt  de  toute  vanité,  l'aurait  mis  à  l'abri  d'in- 
sinuations comme  celles  qui  sont  contenues  dans  ces  deux  Lettres, 

«  Tous  les  détails  de  la  découverte  du  satellite  de  Saturne  par  Huygens 
sont  parfaitement  connus.  Il  suffirait  de  renvoyer  tout  homme  qui  désire 
connaître  la  vérité,  aux  deux  écrits  où  Huygens  a  publié  sa  découverte. 
Mais  de  plus,  ses  manuscrits  existent;  ils  sont  conservés  à  la  bibliothèque 
de  l'Université  de  Leyde.  Parmi  eux  se  trouve  mainte  Lettre  où  il  est  fait 
mention  de  ses  premiers  essais  pour  construire  des  objectifs  télescopiques. 
Feu  M.  le  professeur  Nylenbroch  en  a  fait  connaître  en  partie  le  contenu 
en  1 838  dans  les  Notes  ajoutées  à  son  Oratio  de  Chrisliano  alque  Constanlino 
Hugenio,  arlis  dioplricœ  cultoribus. 

»  D'autres  détails  sont  mentionnés  dans  un  Mémoire  de  M.  le  professeur 
F.  Kaiser,  publié  en  1846  dans  Het  Instituai,  etc.,  p.  3g6. 

»  J'ajoute  enfin  que  le  premier  objectif  construit  par  Huygens,  celui 
avec  lequel  il  a  fait  la  découverte  du  satellite  et  de  l'anneau  de  Saturne, 
vient  d'être  retrouvé  dans  le  cabinet  d'instruments  de  physique  de  l'Uni- 
versité d'Utrecbt.  Une  Note  sur  cet  objectif  a  été  publiée  par  moi,  il  y  a 
quelques  mois,  dans  le  Album  der  Natuur,  p.  237  et  343.  Sur  cet  objectif 
se  trouve  inscrit  l'anagramme  bien  connu  :  Admovere  oculis  distantia  salera 
nostris,  par  lequel  Huygens  annonça  sa  découverte,  ainsi  que  la  date  de 
son   achèvement  :    3  febr.    1  (555 . 


(  9**  ) 

»>  Cette  inscription,  dont  déjà  mention  est  faite  dans  la  Fila  Hugenii  de 
S'Gravesande,  est  de  la  main  de  Huygens,  ce  dont  je  me  suis  assuré  en  la 
confrontant  à  ses  manuscrits. 

«  Ces  renseignements  suffiront  à  ceux  qui  ne  connaissent  pas  les  écrits 
sur  Huygens  publiés  en  Hollande,  et  qui  désirent  connaître  la  vérité  dans 
cette  affaire. 

»  Je  me  bornerai  aux  deux  remarques  qui  suivent. 

»  C'était  le  25  mars,  c'est-à-dire  environ  sept  semaines  après  l'achève- 
ment de  son  premier  objectif,  que  Huygens  aperçut  pour  la  première  fois 
le  satellite;  mais  les  observations  des  jours  suivants  étaient  nécessaires 
pour  en  établir  la  véritable  nature.  D'abord  il  lui  attribua  une  révolution 
de  seize  jours  et  quatre  beures.  Ce  ne  fut  que  quelques  années  plus  tard 
qu'il  lui  assigna  un  temps  de  révolution  à  peu  près  égal  à  celui  qui  est  men- 
tionné dans  la  Lettre  que  M.  Chasles  vient  de  faire  connaître,  et  qui  cer- 
tainement est  d'un  faussaire,  et  même  d'un  faussaire  peu  habile,  puisqu'il 
puise  ses  données  numériques  dans  les  secondes  éditions. 

>■  Dans  la  dernière  moitié  de  la  même  année  1 655,  Huygens  faisait  son 
premier  voyage  en  France.  Il  avait  alors  vingt-six  ans,  et  le  but  de  ce  voyage 
était  d'être  reçu  docteur  en  droit  à  l'Université  d'Angers.  Ce  but  atteint,  il 
passa  à  Paris,  et  c'est  de  ce  temps-là  que  datent  ses  relations  avec  plusieurs 
savants  de  France,  dont  quelques-uns  devinrent,  onze  années  plus  tard,  ses 
collègues  à  l'Académie,  dont  il  fut  un  des  premiers  Membres. 

»  Il  est  certainement  douloureux  que,  plus  de  deux  siècles  plus  tard, 
un  Membre  de  cette  même  Académie  vienne  attaquer  sa  mémoire  avec  des 
armes  plus  que  suspectes. 

»  Quant  à  moi,  si  j'avais  encore  pu  entretenir  quelques  doutes  touchant 
les  autres  Lettres,  par  lesquelles  la  réputation  de  Newton  se  trouve  com- 
promise, ils  sont  maintenant  tout  à  fait  dissipés.  C'est  ici  le  cas  de  dire  : 
Qui  veut  prouver  trop,  ne  prouve  rien.  J'espère  bien  que  M.  Chasles  con- 
tinuera ses  publications,  puisqu'elles  serviront  sans  doute,  non  à  dévoiler  les 
fautes  des  grands  hommes  qui  ont  été  nos  prédécesseurs  dans  les  voies  de 
la  science,  mais  à  faire  enfin  comprendre  à  tous  les  hommes  de  bonne  foi 
qu'il  s'agit  dans  toute  cette  affaire  d'une  énorme  mystification,  dont 
M.  Chasles  a  été  la  dupe. 

»  C'est  à  vous  que  j'adresse  cette  Lettre,  Monsieur,  parce  que  vous  avez 
fail  preuve  en  cette  affaire  d'une  impartialité  et  d'une  liberté  d'espril  qui 
me  font  espérer  cpie  vous  voudrez  bien  en  communiquer  le  contenu  à 
l'Académie.  » 


(  989  ) 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Sur  certaines  des  pièces  qui  attribuent  à  Pascal  les 
découvertes  de  Newton.  Note  de  M.  Tu. -H.  Martin,  présentée  par  M.  F,e 
Verrier. 

«  J'entreprends  de  prouver,  autant  que  l'espace  nie  le  permettra  :  i°  que, 
parmi  de  nombreuses  pièces  destinées  à  flétrir  la  mémoire  de  Newton  et 
incapables  d'augmenter  la  gloire  de  Pascal,  certaines  Lettres  attribuées  à 
Pascal  et  à  Montesquieu  sont  l'œuvre  d'un  faussaire  qui  savait  mal  le  fran- 
çais; 20  que  certaines  Lettres  attribuées  à  Galilée  pour  le  même  but  sont 
l'œuvre  d'un  faussaire  cpii  connaissait  mal  la  biographie  de  Galilée;  3°qti'en 
ce  qui  concerne  l'histoire  de  l'Astronomie,  les  faits  contenus  dansées  pièces 
et  dans  d'autres  pièces  de  la  même  collection  sont  incompatibles  avec  des 
faits  incontestables. 

»  i°  Dans  une  Lettre  prétendue  de  Montesquieu,  on  lit  [Comptes  rendus 
des  séances  de  l'académie  des  Sciences,  12  août  1867,  p.  269)  :  «  Newton 
»  était  un  grand  observateur  de  tontes  choses.  Aussi  prenait-il  notes  de  tout 
»  ce  qui  lui  présentoit  quelque  intérest  pour  connaissances  humaines.  »  Dans 
cette  phrase  anglaise  en  mots  français,  le  mot  notes  est  au  pluriel,  comme 
on  aurait  dit  en  anglais  :  Took  notes  ;  dans  les  mots  pour  connaissances  hu- 
maines, l'article  manque,  parce  qu'on  dit  en  anglais  :  Forhuman  knowledge, 
sans  article.  Dans  une  autre  Lettre  prétendue  de  Montesquieu  (Comptes  ren- 
dus, p.  268),  on  lit  :  «  Ils  (Newton  et  Pascal)  entretinrent  ces  relations 
»  pendant  quelques  années,  c'est-à-dire  jusqu'enfin  de  la  vie  de  Pascal  » 
Le  rédacteur  a  supprimé  l'article,  comme  en  anglais  :  Tdl  death,  jusqu'à  la 
mort;  il  a  mis  la  préposition  en  pour  la  préposition  à,  parce  qu'il  a  sup- 
posé qu'en  français  on  devait  dire  :  jusqu'en  fin  de  la  vie  de  Pascal,  comme 
on  aurait  dit  jusqu'en  1662.  Dans  une  Lettre  delà  même  collection, l'Anglais 
Aubrey  écrit  :  «  Je  lui  demandai  (à  Newton)  de  qui  il  tenoit  les  premières 
»  notions  de  ces  sciences  et  qui  les  lui  avoit  initiées.  »  Soit  :  un  Anglais  peut 
faire  des  fautes  de  français.  Mais  le  rédacteur  prête  à  Pascal  cette  phrase 
{Comptes  rendus,  7  octobre  1867,  p.  590)  :  «  Ce  fut  Galilée  qui  le  premier 
»  m'initia  cette  idée,  etc.  »  Aubrey  et  le  faux  Pascal  avaient  sans  doute 
étudié  à  la  même  école,  et,  pour  parler  comme  eux,  je  puis  bien  dire  qu'on 
leur  avait  mal  initié  la  langue  française.  Quant  au  faux  Montesquieu,  pour 
parler  comme  lui,  je  devrais  dire  qu'il  n'est  pas  mieux  initié  DE  la  langue  fran- 
çaise ;  car  il  écrit  (Comptes  rendus,  12  août  18G7,  p.  268)  :  «  Une  idée 

»   nouvelle  touchant  la  cause  de  la  pesanteur,  dont  déjà  «'/(Newton)  avait 
»   été  initié  par  Pascal  ».  Le  faux  Pascal  n'a  pas  été  plus  heureux,  quand  il 

C.  R.,  1867, 1'  Semestre.  (  T.  LXV,  N°  24.)  «  29 


(  99°  ) 
a  voulu  se  mettre  en  frais  de  beau  style,  par  exemple  (Comptes  rendus,  i  sep- 
tembre 1867,  p.  382),  quand  il  montre  à  Newton  «  dans  le  temple  aurpisle 
»  de  l'immortalité  el  de  la  gloire,  Kepler  et  Galilée,  rangés  autour  de  l'autel 
»  de  la  vérité,  pour  raviver  et  former  en  masse  de  lumière  la  première  étincelle 
»  que  Copernic  jeta  au  milieu  des  ténèbres  »  ;  ou  bien  quand,  dans  une 
autre  Lettre  (même  page),  il  dit  à  Newton  que  «  feu  Monsieur  Descartes  a 
»  agité  le  /lambeau  du  génie  dans  l'abime  de  la  science  ».  Comment  croire  que 
ces  phrases,  plus  ampoulées  que  celles  de  Thomas  dans  les  passages  les  plus 
pompeux  de  ses  Eloges, soient  de  Pascal  dans  des  Lettres  adressées  à  Newton 
âgé  de  seize  ans  ?  Ce  n'est  pas  par  un  style  trop  brillant  que  pèchent  d'au- 
tres phrases  voisines,  par  exemple  celle-ci  (p.  382)  :  «  Je  suis  content  que 
0  les  observations  que  je  vous  ai  adressées  vous  aje  fait  plaisir.  »  Aye  au 
singulier  avec  un  sujet  au  pluriel!  Dans  une  Lettre  prétendue  de  Pascal  à 
Boyle  (Comptes  rendu!,  12  août  1867,  p.  267),  on  lit  cette  phrase  :  «  J'ay 
»  pour  le  prouver  un  bon  nombre  d'observations  de  toutes  sortes,  dont 
»  personne  n'a  encore  entendu  parler,  et  partant  eu  connoissance,  tant  sur 
»  l'attraction  el  de  ses  lois  avec  les  phénomènes.  »  Cette  fin  de  phrase  si 
baroque  se  retrouve  avec  une  petite  variante  dans  une  Note  prétendue  de 
Pascal  (Comptes  rendus,  22  juillet  1867,  p.  i3i)  :  «  A  ce  que  j'ai  dit  tou- 
»  chant  l'attraction  et  de  ses  lois  avec  les  phénomènes,  on  dira  peut-estre,  etc.  ». 
Je  m'arrête,  quoique  j'aie  sous  la  main  beaucoup  d'autres  fautes  de  fran- 
çais tirées  des  pièces  attribuées  à  Pascal  et  à  Montesquieu. 

»  20  Avant  d'examiner  les  Lettres  prétendues  de  Galilée  à  Pascal,  consta- 
tons d'abord  quelques  faitsétablis  par  des  documents  authentiques.  Galilée 
a  été  complètement  aveugle  depuis  le  commencement  de  iG38  jusqu'à  sa 
mort.  Séquestré  dans  sa  villa  d'Arcetri,  à  un  mille  de  Florence,  depuis  le 
16  décembre  i633,  il  n'était  pas  rentré  à  Florence  depuis  sa  condamnation. 
Enfin,  pour  des  raisons  urgentes  de  santé,  le  9  mars  i638,  Galilée  obtint  ce 
que  l'Inquisition  lui  avait  toujours  refusé  jusqu'alors  :  il  put  se  faire  trans- 
porter à  sa  maison  de  Florence,  où  sa  séquestration  fut  plus  rigoureuse.  Il 
revint  à  Arcetri  avant  la  fin  de  1 638,  et  depuis  lors  il  n'est  pas  allé  à  Flo- 
rence. Toutes  les  nombreuses  Lettres  qu'il  a  écrites  ou  dictées  depuis  le 
16  décembre  i633  jusqu'au  9  mars  i638  et  depuis  le  commencement 
de  1G39  juscIu'à  sa  mort  sont  datées  d'Arcetri.  En  tète  de  sa  Lettre  du 
20  janvier  164 1  à  Cassiano  dal  Pozzo  (t.  VU,  p.  35 1  des  OEuvres,  éd. 
Albéri),  on  lit  :  «  De  la  villa  d'Arcetri,  ma  prison  continuée  elmon  (lieu  d') 
»  exil  hors  de  la  ville  (de  Florence)  ».  Maintenant  examinons  les  Lettres 
prétendues  de  Gahlée  a  Pascal.  Trois  d'entre  elles  ont  été  publiées  (Comptes 


v  991  ) 
rendus,  7  octobre,  p.  588-5go)  ;  elles  sont  datées  du  1  janvier,  du  20  mai 
et  du  7  juin  1G/41  ;  la  première  ne  porte  pas  d'indication  de  lieu;  mais  les 
deux  autres  sont  datées  de  Florence,  où  Galilée  n'était  pas  et  ne  pouvait  pas 
être  en  164 1  -  Dans  la  première,  on  lit  :  «  Je  ne  vous  en  escrits  pas  davan- 
»  tage;  car^'e  me  sens  les  jeux  bien  fatigués  ».  Dans  la  seconde,  on  lit  : 
«  Ma  vue  s'en  va  de  plus  en  plus,  et  c'est  avec  toutes  les  peines  du  monde 
«  que  j'escris  ».  Depuis  trois  ans,  Galilée  était  entièrement  aveugle.  Ajou- 
tons que  des  nombreuses  Lettres  authentiques  de  Galilée  à  des  Français,  à 
des  Allemands,  à  des  Hollandais,  à  des  Espagnols,  il  n'y  en  a  pas  une  qui 
ne  soit  en  italien  ou  en  latin.  Ainsi,  ces  trois  Lettres  à  Pascal  ne  sont  pas 
plus  de  Galilée  que  les  Lettres  examinées  plus  haut  ne  sont  de  Pascal  et  de 
Montesquieu. 

»  3°  Ces  Lettres  de  Montesquieu,  de  Pascal  et  de  Galilée,  d'autres  Lettres 
de  Galilée  connues  par  une  courte  Notice  [Comptes  rendus,  p.  588-589)  et 
d'autres  pièces  de  la  même  collection  prouveraient,  si  elles  étaient  authen- 
tiques, que  Kepler  étant  mort  en  i63o,  une  partie  de  ses  manuscrits  pos- 
thumes aurait  été  cédée  par  sa  veuve  à  Descartes,  qu'une  autre  partie  au- 
rait passé  aux  mains  de  Galilée,  qui  en  aurait  envoyé  uue  partie  à  Pascal 
avec  des  manuscrits  de  Galilée  lui-même  :  Pascal  y  aurait  trouvé  des  obser- 
vations excellentes,  qui,  rapprochées  des  lois  de  Kepler,  lui  auraient  suffi 
pour  faire  toutes  les  découvertes  d'astronomie  théorique  attribuées  à 
Newton;  il  aurait  communiqué  ces  découvertes  à  Galilée  avant  164 1,  et  à 
Newton  de  i65i  à  r 6 5 4  ;  phis  tard,  Newton  les  aurait  publiées  comme 
siennes.  Mais  une  Lettre  authentique  du  fils  de  Kepler  à  Galilée  (OEuvres 
de  Galilée,  t.  X,  p.  265-269)  établit  qu'en  février  1 638  il  avait  encore  tous 
les  manuscrits  de  son  père,  dont  la  veuve  était  morte  en  i636,  et  qu'il  les 
avait  cachés  hors  de  chez  lui,  pour  les  soustraire  à  la  rapacité  du  P.  Scheiner 
et  de  l'Empereur  d'Allemagne  :  réduit  à  la  misère,  il  voulait  fuir  en  Italie 
avec  ces  manuscrits  qu'il  désirait  publier;  il  offrait  d'en  céder  quelques- 
uns  au  grand-duc  de  Toscane  pour  prix  de  son  assistance,  qu'il  implorait. 
Les  œuvres  de  Galilée  et  sa  correspondance  jusqu'à  sa  mort  prouvent  qu'il 
n'a  jamais  connu  ni  les  observations  astronomiques  que  les  pièces  apocry- 
phes lui  prêtent,  ni  en  particulier  les  satellites  de  Saturne,  ni  le  calcul  des 
masses  des  planètes  d'après  les  lois  de  l'attraction  universelle.  Si  Pascal 
avait  eu  ces  mêmes  connaissances  avant  164 1,  si  seulement  il  avait  lu  avec- 
attention  le  Dialogue  sur  les  systèmes  du  monde,  publié  par  Galilée  en  i632, 
il  n'aurait  pas  hésité  entre  les  trois  systèmes;  il  n'aurait  pas  écrit  en  1647 
(Réponse  au  P.  Noël)  que  celui  de  Ptolémée  satisfaisait  aux  phénomènes, 

129.. 


(  992  ) 
comme  ceux  de  Tycho-Rrahé  et  de  Copernic,  tandis  que  les  phases  de  Vénus 
et  les  variations  des  diamètres  apparents  de  Mars  et  de  Jupiter  le  condam- 
nent ;  il  n'aurait  pas  persisté,  en  1G57  (Provinciales),  à  douter  du  mouve- 
ment de  la  Terre,  tout  en  se  moquant  audacieusement  du  décret  de  Rome 
contre  Galilée.  En  dehors  des  Lettres  apocryphes  et  des  pièces  de  même  ori- 
gine, il  n'y  a  nulles  traces  de  relations  entre  Galilée  et  Pascal.  Un  docu- 
ment cité  [Comptes  rendus,  26  août  1867,  p.  33o)  pour  prouver  que  dans 
les  derniers  temps  de  sa  vie  Pascal  avait  beaucoup  écrit  sur  les  sciences,  dit 
au  contraire  que  Pascal  n'avait  laissé  presque  rien  d'inédit  qu'un  amas  de 
pensées  détachées  pour  un  grand  ouvrage  (sur  la  religion ),  fragments  précieux 
qui  sont  les  Pensées  de  Pascal.  Si  Newton  avait  reçu  de  Pascal,  en  i654,  des 
données  astronomiques  de  Kepler  et  de  Galilée  aussi  exactes  que  celles  de 
Cassini,  de  Pound  et  de  Bradley,  employées  par  Newton  en  1725  dans  la 
troisième  édition  de  ses  Principes,  Newton  n'aurait  pas  employé,  en  1687, 
dans  sa  première  édition,  des  données  très-inférieures,  et  surtout  il  n'aurait 
pas  été  découragé,  comme  il  le  fut  en  1666,  par  les  données  trop  inexactes 
d'après  lesquelles  il  avait  cru  trouver  en  défaut  la  loi  de  l'attraction  uni- 
verselle. 

»  Ainsi,  des  Lettres  ont  été  fabriquées  pour  déshonorer  Newton  par  une 
fable  insoutenable.  Toutes  les  pièces  qui  ont  trait  à  cette  fable  sont  donc 
convaincues  de  fausseté.  Quant  aux  autres  pièces  delà  même  collection,  leur 
origine  les  rend  suspectes;  mais,  dans  l'intérêt  de  la  fraude,  on  a  pu  joindre 
aux  pièces  fausses  beaucoup  de  pièces  vraies.  Qui  faut-il  accuser?  Sir 
Brewster  a  soupçonné  Desmaizeaux,  mort  à  Londres  en  1 7 /| 5 ,  et  de  qui  la 
collection  paraît  provenir.  Il  avait  eu  le  temps  de  désapprendre  un  peu  le 
français  aux  bords  de  la  Tamise;  mais  certaines  phrases  citées  plus  haut 
font  supposer  la  collaboration  d'un  Anglais,  et  quelques  Lettres  déclama- 
matoires  semblent  trahir  une  main  plus  récente.  En  effet,  soit  pour  le  plai- 
sir de  tromper,  soit  pour  donnera  la  collection  plus  de  valeur  vénale,  on  a 
pu  continuer  l'œuvre  des  faussaires  primitifs.  Des  fabrications  de  ce  genre 
sur  une  grande  échelle  sont  loin  d'être  sans  exemples.  Ensuite  la  collection 
a  pu  passer  en  des  mains  irréprochables  avant  d'arriver  entre  celles  d'un 
savant  éminent,  qui  s'est  passionné  avec  la  plus  honorable  bonne  foi  pour 
une  cause  qu'il  a  cru  être  celle  de  la  vérité  et  celle  de  la  gloire  légitime  de 
la  France.   « 


(993  ) 
analyse.  —  De  quelques  formules  de  probabilité;  par  M.  C.  Jordan. 

«  Considérons  les  divers  événements  qui  peuvenl  se  présenter  dans  une 
question  de  probabilités,  et  plus  spécialement  quelques-uns  d'entre  eux, 
en  nombre  p,  E,,...,  Ep. 

»  Soit  N  le  nombre  total  des  combinaisons  différentes  d'événements  que 
le  problème  comporte;  il  est  permis  d'admettre  que  chacun  des  événe- 
ments E,,...,  E/;  ne  se  présente  pas  plus  d'une  fois  dans  aucune  de  ces  com- 
binaisons; car  si  E,,  par  exemple,  se  présentait  plusieurs  fois  dans  l'une 
d'elles,  on  pourrait  considérer  les  répétitions  de  cet  événement  comme 
constituant  autant  d'événements  particuliers  distincts  les  uns  des  autres,  et 
l'on  ajouterait  au  besoin  à  la  série  E,,...,  Ep  les  nouveaux  termes  Ep+I,... 
qui  représentent  ces  événements. 

»  Cela  posé,  soit  Ar  le  nombre  de  celles  des  combinaisons  possibles 
d'événements  dont  font  partie  r  événements  de  la  suite  considérée  E,,...,  E„; 
Br  le  nombre  de  celles  de  ces  combinaisons  dont  font  partie  au  moins  r  évé- 
nements de  ladite  suite,  on  aura  évidemment 

Ar  =  Br  —  Br+, . 

»  D'autre  part,  considérons  spécialement  r  événements  déterminés,  pris 
dans  la  suite  E,,...,  E/;;  cherchons  le  nombre  X  des  combinaisons  qui  con- 
tiennent ces  événements,  puis  faisons  varier  !e  choix  de  ces  r  événements 
parmi  ceux  de  la  suite  E,,...,  E^,  et  sommons  les  valeurs  correspondantes 
de  X;  soit  Cr  la  somme  obtenue.  Les  quantités  Br  et  Cr  sont  liées  entre  elles 
par  les  relations  générales  suivantes  : 

(,)  R      -P    _ÎP  |     r(r  +  *)n  r(r  +  i)(r  +  2) 

{  I  )  &r  —  <-,    —    T   W+l    ■+-  —         ^r+2 t     2    3 W+3    + 

Considérons,  en  effet,  une  combinaison  qui  contienne  r -h  p  événements 
déterminés  pris  dans  la  suite  E,,...,  E^;  cette  combinaison  est  comptée  une 


1.2. . .p 

(r+l)...(/--t-p)  r    K+2)...(/-  +  p)  *•(/•  +  !)  (r-h3)..  .(r-hp) 


fois  dans  Br,    et  Test    évidemment IJ'  '      — £-  fois  dans  Cr  :  elle  sera 

I  . 2.  .  .p 

donc  comptée  en  tout 


1.2...  p  I  1.2.  ..(p  —  l)  1.2  1.2.  ..(p —  2) 

fois  dans  le  second  membre  et  une  fois  seulement  dans  le  premier;  mais 
l'expression  ci-dessus  se  réduit  identiquement  à  i,  car  elle  est  du  degré  p 
en  r  et  se  réduit  ;.  l'unité  pour  p  ■+-  i  valeurs  de  r,  à  savoir  pour  r  =  o, 
—  i,...,  —p. 


(  994  ) 
»   En  renversant  les  relations  (i),  on  obtient  celles-ci 


J/--t-2  ■ 


(2)  Cr  =  Br  +  -  Br+1  +■  -ij-^-i Br 
qu'on  vérifie  d'ailleurs  aisément  en  constatant  l'égalité  évidente 

(r+  i).  .  .(r-t-p)  _  r r,r-h  1).  ■  .(r  +  p  —  1)  _ 

I .2. . . p  1  1.2.  .  .  p 

»   On  a  ensuite 

(3)  Ar  =  Br  —  B,.^  =  Cr 1 —  Cr+,  -I — Cr+2. . . , 

d'où 

(4)  Cr  =  Ar  +  ^A^  +  ^p^Ar+2+.... 

»  Enfin,  le  nombre  des  combinaisons  dans  lesquelles  ne  se  présente  au- 
cun des  événements  considérés  sera  égal  à 

(5)  N-B,  =N-  C,  +  C0-C3 +-....  » 

ANALYSE.  —   Théorème  sur  une  intégrale  double  définie.  Note  de  M.  Crofton, 

présentée  par  M.  Hermite. 

«  Soit  un  contour  convexe  de  forme  quelconque,  dont  la  longueur  totale 
est  L,  et  qui  renferme  un  espace  û;  si  l'on  appelle  6  l'angle  des  deux  tan- 
gentes menées  d'un  point  extérieur  (.r,  y)  à  ce  contour,  on  aura  l'intégrale 


fi  (0  —  sinô)  dxdy 


L2-  7TÛ 


pour  toute  la  surface  du  plan,  extérieure  au  contour. 

»  L'auteur  a  été  conduit  à  ce  théorème  par  des  recherches  sur  la  théorie 
des  probabilités,  en  ce  qui  regarde  des  lignes  droites  menées  au  hasard 
dans  un  plan.  Dans  ce  calcul,  on  peut  envisager  une  infinité  de  droites  me- 
nées au  hasard  comme  composées  d'un  nombre  infini  de  système  de  pa- 
rallèles, dont  la  direction  change  depuis  zéro  jusqu'à  n,  par  une  différence 
infinitésimale  et  constante  <?y;  les  parallèles  de  chaque  système  sont  infini- 
ment rapprochées,  leur  distance  commune  et  constante  étant  dp. 

»  Sous  ce  point  de  vue,  on  peut  donner  une  démonstration  du  théorème 
ci-dessus,  sous  une  forme  purement  géométrique,  et  indépendante  de  tonte 
considération  sur  la  théorie  des  probabilités,  à  l'aide  des  théorèmes  sui- 
vants. 


(  995  ) 

»  Théorème  I.  —  En  supposant  le  plan  recouvert  d'une  infinité  de  li- 
gnes droites  disposées  comme  j'ai  dit,  le  nombre  de  celles  qui  rencontrent  le. 
contour  L  sera  proportionnel  à  L  :  nous  prendrons  donc  L  pour  mesure  de 
ce  nombre. 

»  Théorème  II.  —  Les  intersections  de  toutes  ces  lignes  qui  rencontrent  le 
contour  L  formeront  une  infinité  de  points  dont  tout  le  plan  sera  recou- 
vert :  or,  le  nombre  de  ces  intersections  qui  tombent  sur  Ici  surface  Q,  que  le 
contour  renferme,  sera  ttQ. 

»  Théorème  III.  --  La  densité  de  ces  points  sera  évidemment  uniforme 
sur  la  surface  intérieure  Lï  :  mais  pour  un  point  quelconque  extérieur,  leur  den- 
sité sera  :  9  —  sinS. 

»  Le  nombre  donc  d'intersections  extérieures  à  Q  sera  représenté  par 
l'intégrale  (d  —  sinô)  dS,  si  dS  est  l'élément  de  la  surface  :  or,  le  nom- 

bre des  lignes  étant  L,  celui  de  leurs  intersections  sera  -L2  :    on    aura   par 
conséquent  < 

l-  L2  =  rrQ  -+-  f  C{6  -  sin6)dxdj.  » 

PHYSIQUE.  —   Dialyse  des  courants  d'induction.  Note,  de  M.   E.  Iîouchotte, 
présentée  par  M.  Ed.  Becquerel. 

«  Nous  avons  indiqué  précédemment  (i)  ce  fait  remarquable  :  que  l'in- 
troduction d'un  voltamètre  à  eau  acidulée  dans  le  circuit  d'un  appareil 
magnéto-électrique  donne  lieu  à  des  phénomènes  de  polarisation  très-éner- 
giques; qu'il  suffit,  pour  obtenir  ce  résultat,  d'employer  comme  électrode 
du  fil  de  platine  suffisamment  fin;  que  l'électrode,  plongeant  de  7  à  8  mil- 
limètres dans  le  liquide,  l'autre  étant  complètement  immergé,  s'entoure 
d'une  gaine  lumineuse  et  prend  au  voltamètre  l'électricité  positive. 

»  Afin  de  régler  plus  facilement  la  surface  de  contact  du  fil  de  platine 
avec  le  liquide,  il  suffit  d'introduire,  à  glissement  doux,  l'électrode  dans  un 
tube  de  verre;  la  quantité  de  métal  en  dehors  du  tube  est  seule  soumise  à 
l'action  électrolytique.  Cette  disposition  permet  de  sonder  toutes  les  parties 
du  voltamètre  et  de  constater  que  les  effets  de  polarisation  du  courant  sont 
indépendants  de  la  position  de  l'électrode. 

»  En  continuant  ces  recherches,  nous  sommes  arrivé  aux  résultats  sui- 
vants : 


[1)  Voir  Comptes  rendus,  p.  ^5g  de  ce  volume,  séance  du  4  novembre. 


(  996  ) 

»  i°  Quand  on  introduit  dans  le  circuit  un  second  voltamètre  à  gaz,  cet 
appareil  fournit  de  l'hydrogène  et  de  l'oxygène  dans  le  rapport  de  2  à  1. 
Ce  résultat  montre  que  la  décomposition  électrolytique  s'accomplit  dans  les 
conditions  qui  caractérisent  le  travail  des  piles  ou  des  machines  magnéto- 
électriques  à  courants  redressés. 

»  Dans  un  voltamètre  à  sulfate  de  cuivre,  il  y  a  dissolution  de  métal  à 
un  pôle  et  dépôt  électro-chimique  de  cuivre  à  l'autre. 

»  20  11  n'est  pas  nécessaire  d'employer  dans  le  voltamètre  dialyseur  de 
l'eau  acidulée  pour  constater  les  faits  qui  viennent  d'être  signalés.  La  plu- 
part des  sels  que  nous  avons  employés  modifient  l'action  normale  des  cou- 
rants alternatifs;  mais  tous  jouissent  de  la  propriété  de  déterminer  les 
extra-courants  à  chaque  série. 

»  L'emploi  de  la  dissolution  de  chlorure  de  magnésium  donne  naissance 
à  une  lumière  de  la  plus  grande  beauté.  L'électrode  qui  plonge  de  quel- 
ques millimètres  dans  le  liquide  se  recouvre  de  magnésium;  celui-ci  se 
consume  immédiatement  en  répandant  un  vif  éclat.  Dans  cette  expérience, 
on  peut  remplacer  le  fil  de  platine  par  un  fil  de  fer,  qui  alors  lui-même 
brûle  lentement  en  augmentant  la  puissance  de  la  lumière;  malgré  cela,  la 
combustion  du  fer  est  assez  lente  pour  permettre,  en  l'introduisant  gra- 
duellement dans  le  liquide,  d'obtenir  un  effet  lumineux  des  plus  constants. 

»  Après  avoir  étudié  ces  propriétés  particulières  des  courants  d'induc- 
tion à  l'aide  d'un  appareil  magnéto-électrique  à  forte  tension,  il  était  néces- 
saire de  rechercher  si  l'on  mettrait  en  évidence  les  mêmes  phénomènes  en 
employant  une  source  d'électricité  douée  d'un  pouvoir  électromoteur  plus 
faible.  Dans  ce  but,  nous  avons  fait  fonctionner  une  machine  de  Nollet, 
armée  de  huit  bohines  comme  la  précédente,  mais  entourée  d'un  fil  à 
faible  résistance.  Cette  machine  possède  un  pouvoir  électromoteur  équi- 
valent à  celui  de  22  éléments  au  sulfate  de  cuivre. 

«  Avec  le  voltamètre  dialyseur  à  eau  acidulée,  le  phénomène  de  l'ab- 
sorption de  l'une  des  séries  est  également  apparu.  Mais  nous  avons  obtenu 
des  effets  de  quantité  beaucoup  plus  intenses  par  l'emploi,  comme  liquide, 
d'une  dissolution  de  bichlorure  de  mercure  dans  l'eau  salée.  On  peut,  dans 
ce  cas,  plonger  dans  le  voltamètre  une  plus  grande  quantité  du  fil  qui 
prend  l'électricité  positive;  la  résistance  diminue  par  ce  fait. 

»  Au  début  de  l'expérience,  il  y  a  formation  de  protochlorure  de  mer- 
cure qui,  un  peu  plus  tard,  se  redissout  sous  l'action  du  chlore  mis  en 
liberté.  Dès  ce  moment,  on  voit  le  mercure  se  fixer  autour  de  l'électrode, 
s'en   séparer  lorsqu'un  globule  assez  volumineux  s'est  formé,  et  le  cou- 


(  997  ) 
rant  prendre  une  intensité  dont  nous  allons  pins  bas  donner  la  mesure. 
Le  liquide  du  voltamètre  acquiert  une  température  élevée  sous  l'action  des 
courants;  si  l'on  ne  règle  pas  convenablement  la  position  de  l'électrode, 
il  arrive  un  moment  où  les  deux  courants  conservent  leurs  propriétés  nor- 
males; dès  lors  l'aiguille  du  galvanomètre  n'accuse  plus  de  déviation.  Mais 
en  donnant  à  l'électrode  qui  prend  l'électricité  positive  une  position  déter- 
minée dans  le  voltamètre,  on  réussit  facilement  à  le  maintenir  dans  un  mi- 
lieu liquide,  à  la  température  convenable. 

»  En  procédant  ainsi,  nous  sommes  arrivé  en  faisant  agir  le  système  sur 
un  bain  de  sulfate  de  cuivre  à  obtenir  un  dépôt  électro-chimique  de  7  à 
8  grammes  par  heure. 

»  Le  passage  de  courants  dans  une  bobine  de  Ruhmkorff  mérite  une 
attention  particulière. 

»  L'interrupteur  de  cette  bobine  étant  supprime,  l'appareil  deNollet 
détermine  dans  le  fil  induit  des  effets  de  tension  si  faibles,  que  l'on  obtient 
difficilement  une  étincelle  de  plus  de  \  de  millimètre  de  longueur.  Mais 
vient-on  à  introduire  dans  le  circuit  le  voltamètre  dialyseur,  l'expérience 
change  d'aspect.  On  obtient,  en  effet,  une  étincelle  de  plusieurs  centi- 
mètres ;  le  courant  induit  passe  dans  les  tubes  de  M.  Ed.  Becquerel, 
aussi  bien  que  dans  ceux  de  Geissler,  tant  que  l'une  des  séries  de  courants 
conserve  uue  action  indépendante  à  l'autre  série.  Les  pôles  dans  les  tubes 
sont  bien  caractérisés.  Mais  si  on  augmente  la  conductibilité  du  dialyseur 
tous  les  courants  passent  avec  leurs  propriétés  normales,  pour  agir  con- 
curremment sur  les  bobines. 

»  Il  semble  résulter  de  ces  faits  cpie  l'introduction  du  dialyseur  dans  le 
circuit  donne  naissance  aux  extra-courants  de  l'une  ou  l'autre  des  séries,  ou 
encore  de  toutes  deux  :  ceci  à  la  volonté  de  l'opérateur. 

»  De  toute  manière,  il  est  permis  de  dire  que  ce  dialyseur  appliqué  à  la 
bobine  de  Ruhmkorff  fonctionne  avec  la  perfection  des  meilleurs  interrup- 
teurs. Il  faut  ajouter  que  si  on  ne  tient  pas  à  absorber  l'une  des  séries  de 
courants,  tous  les  liquides  bons  conducteurs  conviennent  également. 

»  Afin  d'obtenir  une  première  évaluation  des  effets  du  voltamètre  dia- 
lyseur, nous  avons  introduit  dans  le  circuit  un  élément  de  Bunsen  qui  pou- 
vait, au  moyen  du  commutateur,  agir  tantôt  dans  le  sens  des  courants  de 
la  machine,  tantôt  par  opposition  à  ces  courants. 

»  Dans  le  premier  cas  la  boussole  de  sinus  à  indiqué  une  déviation  de 
3i  degrés,  dont  le  sinus  =  5,  !  5;  dans  le  second,  une  déviation  de  20  degrés, 

C.  R.,  1867,  1'  Semescre.  (T.  LXV,  N'°  '24. )  I  JO 


(  99»  ) 
dont  le  sinus  =  3,/|2,d'où  résulterait  pour  le  rapport  entre  la  force  électro- 
motrice  de  la  série  de  courants  et  celle  de  l'élément  de  Bunzen,  le  nombreS. 

»  Nous  avons  vu  plus  haut  que  le  pouvoir  électromoteur  de  l'appareil 
magnéto-électrique  à  gros  fils  représentait  celui  d'une  batterie  de  22  élé- 
ments à  sulfate  de  cuivre,  dont  l'effet  est  lui-même  équivalent,  d'après  les 
données  de  M.  Edmond  Becquerel  [Annales  du  Conservatoire  des  Arts  cl 
Métiers,  p.  271),  à  celui  de  i3^  éléments  de  Bunsen.  D'après  cela,  l'effet 
utile  obtenu  au  moyen  du  dialyseur  serait  les  ~  de  celui  que  l'on  peut  at- 
tendre du  redressement  des  courants. 

»  Les  nouvelles  expériences  qui  se  préparent  modifieront  peut-être  un 
peu  cette  conclusion.  Mais  il  est  permis  de  dire  que  chaque  fois  que  l'opé- 
rateur disposera  d'une  force  motrice  économique,  au  risque  de  perdre  de 
l'effet  utile  des  appareils  magnéto-électriques,  il  aura  intérêt  à  renoncer 
au  redressement  des  courants,  qui  exige  l'emploi  d'un  commutateur  dont 
l'usage  entraîne  de  nombreux  inconvénients. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Electrolyse  de  l'acide  acétique;  /jnrM.E.  Bouugoin. 

«  Dans  une  précédente  communication,  j'ai  donné  la  théorie  générale 
de  P electrolyse  des  acides  et  des  sels  organiques;  je  vais  développer  à 
l'appui  l'électrolyse  de  l'acide  acétique. 

»  L'appareil  que  j'ai  imaginé  pour  étudier  toutes  les  phases  du  phéno- 
mène se  compose  d'un  tube  percé  à  sa  partie  inférieure  d'une  petite  ouver- 
ture de  omra,4  et  fermé  à  sa  partie  supérieure  par  un  bouchon  en  caoutchouc 
traversé  par  un  petit  tube  à  dégagement,  un  siphon  presque  capillaire, 
un  fil  de  platine  terminé  intérieurement  par  une  lame  de  platine  formant 
l'un  des  électrodes;  ce  tube  est  entouré  d'un  autre  tube  dont  la  capacité 
est  telle,  que  lorsque  le  gaz  intérieur  se  dégage  sous  une  pression  de  4  centi- 
mètres, les  volumes  de  la  dissolution  saline  contenue  dans  chaque  compar- 
timent sont  égaux.  Dans  l'espace  annulaire  constituant  le  compartiment 
extérieur  plonge  le  second  électrode. 

»  Cet  appareil  permet  :  i°  de  recueillir  à  volonté  les  gaz  qui  se  dégagent 
à  chacun  des  pôles;  de  faire  des  prises  de  liquide  sans  interrompre  l'action 
du  courant. 

»   Ceci  posé,  voici  les  détails  de  l'expérience. 

»  I.  Acétate  neutre.  —  Pour  mettre  en  évidence  l'action  véritable  du 
courant  électrique  sur  les  acétates,  il  faut  soumettre  à  l'électrolyse  une 
dissolution  neutre  et  concentrée  d'acétate  de  potassium. 


'  999  ) 

c   .    ,.  ,.       (   Pôle  P 2q",5 

Solution  saline  {  „.,     _ 

(   Pôle  N 59", 5 

1  centimètre  cube  donne  SK.O*  =  o,4'cp- Acétate     0,472 

»  En  faisant  passer  le  courant  produit  par  4  éléments  ordinaires,  la 
décomposition  commence  immédiatement.  Après  six  heures  d'action,  j'ai 
puisé  près  de  chaque  pôle  5  centimètres  cubes  de  liquide  que  j'ai  soumis  à 
l'analyse. 

»   Première  prise,  après  six  heures  : 

Liquide  positif    fortement  acide). 

1  centimètre  cube  donne  SKO1  =  0,412.  .  .  .      Acétate     0,4640 
Acide  libre  dans  1  centimètre  cube 0,0101 

Liquide  négatif  [très-alcalisé  1. 

1   centimètre  cube  donne  SKO' =  o,43o. ..  .      Acétate     0,4840 
Alcali  libre  dans  1  centimètre  cube .  .      0,0093 

Or  les  nombres  o,3  et  10 1  sont  sensiblement  entre  eux  comme  les  équi- 
valents de  la  potasse  (K.H02)  et  de  l'acide  acétique;  d'où  l'on  peut  con- 
clure que  le  résultat  final  de  l'action  du  courant  est  la  séparation  de  l'acide 
qui  se  rend  au  pôle  positif,  tandis  que  le  métal  s'accumule  au  pôle  négatif 
en  réagissant  sur  l'eau  à  la  manière  ordinaire;  en  d'autres  termes,  que  la 
décomposition  de  l'acide  en  acide  carbonique  et  en  carbure  d'hydrogène  a 
été  sensiblement  nulle. 

»  Les  analyses  qui  précèdent  conduisent  à  un  résultat  fort  remarquable. 
On  sait  que  Daniell  et  Miller  ont  découvert  que  dans  l'électrolyse  miné- 
rale les  pertes  de  sel  sont  inégales  dans  chaque  compartiment,  le  pôle  né- 
gatif éprouvant  la  perte  la  plus  grande.  Ce  phénomène  a  été  étudié  par 
MM.  Pouillet,  Hittorf,  d'Alméida.  Or  un  seul  fait  en  chimie  organique  est 
connu  dans  cette  direction  :  c'est  celui  que  l'on  doit  à  M.  Hittorf,  et  qui  a 
trait  à  l'électrolyse  de  l'acétate  d'argent,  dans  laquelle  le  pôle  positif 
éprouve  la  perte  la  plus  grande;  mais  ce  résultat  n'a  pas  été  généralement 
admis. 

»  D'après  les  analyses  que  je  viens  de  rapporter,  on  voit  que  le  pôle 
positif  éprouve  la  perte  la  plus  grande,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  dans 
les  mêmes  conditions  pour  les  sels  minéraux  : 

.     (au  pôle  P.. .     0,472—   0,464  =0,008 

Perte  de  sel  dans  1  centimètre  cube  ..    „  .  ,       .„.  r.  , 

I  au  pôle  > .  .  .      0,472  —  (0,404  —  o,oibj  =  0,004 

»   Il  y  a  plus  :  à  mesure  que  l'on  prolonge   l'expérience,    la  différence 

i3o.. 


(     IOOO    ) 

devient  de  plus  en  plus  grande,  de  telle  sorte  que  la  perle  totale  a  lieu 
presque  exclusivement  aux  dépens  du  pôle  positif. 

»  La  régénération  de  l'acide  acétique  au  pôle  positif  étant  un  fait  d'une 
importance  capitale,  puisqu'il  met  en  évidence  l'action  fondamentale  du 
courant,  il  était  opportun  de  chercher  une  nouvelle  vérification,  et  j'ai 
pensé  qu'elle  me  serait  donnée  par  l'étude  des  gaz  qui  prennent  naissance 
dans  la  réaction.  Voici  la  composition  du  gaz  dégagé  au  pôle  positif  (20  cen- 
timètres cubes  environ)  : 

Oxvgène 87  ,4 

Acide  carbonique 10, 4 

2,2 

»  Le  résidu  2,2  était  trop  faible  pour  être  analysé.  Il  a  brûlé  avec  une 
flamme  bleue  indiquant  la  présence  de  l'oxyde  de  carbone. 

«  Cette  analyse  vient  à  l'appui  des  conclusions  qui  précèdent;  elle  dé- 
montre que  le  courant  a  pour  effet  de  séparer  l'élément  basique  et  d'accu- 
muler le  reste  du  sel  au  pôle  positif,  une  très-petite  quantité  seulement 
d'acide  étant  détruite  par  l'oxygène. 

»  Afin  d'étudier  la  marche  de  la  décomposition,  une  deuxième  prise  a 
été  faite  après  vingt-quatre  heures,  puis  une  troisième  après  soixante-quatre 
heures.  Les  résultats  ont  été  du  même  ordre  que  ceux  qui  précèdent. 
Voici,  pour  abréger,  les  pertes  de  sel  a  chaque  pôle  dans  1  centimètre  cube 
à  la  fin  de  l'expérience  : 

„  ,         ,   (   au   pôle  P <>,472 —    O,3o6  =0,166 

Perte  de  sel  ' 

)   au   pôle   N 0,472  —  (o,635  —  o,  171)  =  0,008 

»  II.  Acétate  et  alcali.  —  Lorsqu'on  électrolyse  une  solution  concentrée 
faite  à  équivalents  égaux  d'acétate  de  potassium  et  d'alcali,  il  ne  se  dégage 
que  de  l'oxygène  au  pôle  positif.  Le  résultat  reste  le  même  quand  on  aug- 
mente la  proportion  d'alcali. 

»  Si  maintenant  on  opère  avec  une  solution  saturée  faite  avec  2  équi- 
valents d'acétate  pour  1  seul  équivalent  d'alcali,  les  résultats  que  l'on 
obtient  sont  bien  différents.  C'est  alors  que  la  réaction  annoncée  par 
M.  Kolb  devient  le  phénomène  prépondérant,  comme  on  peut  le  voir  ci- 
après  : 


IOOI    ) 


GAZ. 

12" 

18" 

24" 

30à36" 

48" 

5G" 

GO" 

04" 

72" 

801" 

9fi" 

0"    

C'O' 

1 5  j  5 

5,3 
79. 2 

6,o 

5 ,  i 
88,9 

3.7 

fl 

4,3 
92>a 

n 
ii 

4,3 

95,5 

II 

n 

3,7 
c)6,3 

II 
II 

2,4 

97,6 

2  ,  I 

3,8 

9  1,' 

1 1  i 

3,2 

3  ,7 
9- ,° 

4,7 

,3,8 

3,6 

:*■<> 

5,o 
i7,3 

3,4 
74,3 

8,a 

■7,6 
3,o 

71  ,2 

c  0; 

C*  H" 

»  Pour  terminer  ce  qui  a  trait  à  l'électrolyse  des  acétates,  j'ajouterai  que 
M.  Kolb  émet  l'opinion  qu'il  se  forme  des  vapeurs  d'éther  acétique  et 
peut-être  aussi  une  petite  quantité  d'éther  méthylique.  Je  n'ai  observé  dans 
aucun  cas  la  formation  de  semblables  produits.  Par  contre,  l'oxyde  de 
carbone  prend  constamment  naissance,  ce  qui  explique  l'erreur  que  Fou 
trouve  reproduite  dans  tous  les  Traités,  a  savoir  :  que  le  carbure  des 
acétates  brûle  avec  une  flamme  bleuâtre.  Débarrassé  de  l'oxyde  de  carbone 
qu'il  contient,  ce  carbure  brûle  avec  une  belle  flamme,  analogue  à  celle 
de  l'étbylène,  mais  moins  éclairante  toutefois,  et  sans  donner  lieu  à  un 
dépôt  de  charbon. 

»  III.  Acide  acétique  libre.  —  L'acide  acétique  libre  est  de  tous  les  acides 
organiques  que  j'ai  examinés  jusqu'ici  celui  qui  s'électrolyse  le  plus  diffi- 
cilement. 

»  Au  maximum  de  concentration,  il  ne  paraît  susceptible  d'éprouver 
aucune  action.  Il  en  est  de  même  de  l'acide  tres-concentré. 

»  Étendu  de  son  volume  d'eau,  il  s'électrolyse,  mais  avec  difficulté.  On 
obtient  alors  au  pôle  positif  un  gaz  principalement  formé  d'oxygène  mêlé 
à  une  petite  quantité  d'acide  carbonique  : 


Oxygène  , 


Acide  carbonique. 


Après  deux  jours.  Trois  jours.  Quatre  joars. 

97,0  95,8                   92,2 

2,3  2,7                 4,7 

0,7  2,5                 3,i 


Les  résidus  2,5  et  3, 1  (ou  oco,25  et  occ,3i)  étaient  trop  faibles  pour  être 
analysés;  ils  ont  brûlé  avec  une  flamme  bleuâtre  en  produisant  une  légère 
détonation. 

a   Les  liquides  électroly tiques  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

i    Liquide  primitif o,43og 

Acide  libre  clans  1  centimètre  cube.       Liquide  positif 0,4565 

|  Liquide  négatif o,4a52 

»   Ces  dosages,  d'accord   avec  les  analyses  gazeuses  qui  précèdent,  dé- 


(    1002    ) 

montrent  que  l'électrolyse  directe  de  l'acide  acétique  est  en  principe 
identique  à  celle  de  l'acide  sulfurique  :  il  y  a  concentration  de  l'acide  an 
pôle  positif,  la  seule  différence  ayant  liait  à  la  combustion  par  l'oxygène 
d'une  très-petite  quantité  d'acide  acétique. 

»    En  résumé  : 

»    i°  Le  courant  agit  sur  l'acétate  de  potassium  comme  sur  un  minéral; 

»  2U  Dans  une  solution  modérément  alcaline,  l'oxygène  réagit  sur  les 
éléments  de  l'acide  anhydre  et  donne  lieu  à  une  oxydation  normale,  d'où 
résulte  de  l'acide  carbonique  et  de  l'hydrure  d'éthylène  : 


C8rP06  +  02  =  aC20'  +  C4H6; 

»  3°  Une  certaine  quantité  d'acide  subit  une  combustion  totale  sous 
l'influence  de  l'oxygène  provenant  soit  du  sel,  soit  de  l'eau  alcaline; 

»  4°  Ijes  deux  pôles  éprouvent  des  pertes  inégales,  la  presque  totalité 
du  sel  qui  disparaît  appartenant  au  pôle  positif; 

»  5°  Le  courant  agit  sur  l'acide  acétique  libre  de  la  même  manière  que 
sur  l'acide  sulfurique;  il  concentre  l'acide*  au  pôle  positif: 

(     S2H208   =       (S20°  +  02)-4-  H2, 


2C*H 

■HJ 

=  (C 

11 

30( 

Pôl( 

'  + 

O2 

)  4-   H2. 

Pôle  N. 

!    P. 

(S2 

O5 

+ 

O2) 

4- 

H2 

O2 

= 

S2H208 

4- 

O2 

(C8He 

0° 

■+- 

0=) 

+ 

H2 

o2 

= 

2C4H4(V 

+ 

Oa 

anatomie  comparée.  —  Recherches  sur  l'appareil  circulatoire  de  i 'étoile  de  mer 
commune  (Asteracanthion  rubens).  Note  de  M.  S.  Jourdain,  présentée 
par  M.  de  Quatrefages. 

«  J'ai  l'honneur  de  soumettre  a  l'Académie  le  résultat  de  recherches  que 
j'avais  entreprises  sur  l'appareil  circulatoire  de  l'astérie  commune  (Astera- 
canlhion  rubens,  Mùll.  et  Troscb). 

»  La  cavité  générale  du  corps  de  cette  astérie  est  complètement  close, 
ainsi  que  M.  Milne  Edwards  l'a  constaté  jadis.  Elle  renferme  un  liquide 
limpide  tenant  en  suspension  de  nombreux  globules  villeux,  d'un  diamètre 
moyen  de  ^  de  millimètre.  Ces  globules  sont  mis  en  mouvement  par  des 
cils  vibratiles,  dont  la  cavité  générale  est  tapissée  et  qui  déterminent  dans 
le  liquide  cavitaire  des  courants  dont  la  direction  a  été  exactement  indiquée 
par  Sharpey.    A   la    surface   des   téguments    on   aperçoit,    distribués    par 


(   ioo3  ) 

groupes,  une  multitude  de  coecums  à  parois  minces,  de  2  millimètres  envi- 
ron de  longueur,  qui  sont  autant  de  diverticulums  de  la  cavité  générale. 
Quand  l'animal  est  plongé  dans  l'eau,  ces  coecums  se  redressent.  Le  fluide 
cavitaire  y  pénètre,  et  y  éprouve  un  mouvement  de  cyclose  produit  par  les 
cils  vibrantes  qui  garnissent  les  parois  internes.  Si  l'astérie  est  retirée  du 
liquide,  ces  appendices  s'affaissent  et  se  vident.  Le  rôle  important  qu'ils 
paraissent  jouer  dans  l'oxygénation  du  liquide  nourricier  leur  ont  fait  don- 
ner le  nom  de  cœcums  respiratoires. 

»  Malgré  des  recherches  longtemps  poursuivies,  je  n'ai  pu,  à  ma  grande 
surprise,  retrouver  le  système  vasculaire  si  complexe  admis  par  les  anato- 
mistes  sur  la  foi  de  ïiedemann  et  de  Volkmann.  Le  prétendu  coeur  de 
l'astérie  commune  est  un  organe  de  structure  évidemment  glandulaire,  re- 
couvert par  un  repli  membraneux  de  nature  fibreuse;  les  vaisseaux  qu'on 
y  rattache  ne  sont  antre  chose  que  des  faisceaux  musculaires  ou  des  tractus 
tendineux;  enfin  l'anneau  vasculaire  dorsal  pourrait  bien  n'être  qu'une  dé- 
pendance de  l'appareil  reproducteur.  Je  n'ai  jamais  rencontré  qu'un  anneau 
vasculaire  buccal  unique,  auquel  se  rattache  un  ensemble  de  tubes  complète- 
ment distincts  et  séparés  de  la  cavité  générale.  Cet  ensemble  de  cavités  vas- 
culiformes,  que  je  désignerai  sous  le  nom  d'appareil  hydrolymphalique  am- 
bulucral,  communique  avec  l'extérieur. 

»  Cet  appareil  est  composé  de  l'anneau  buccal,  dont  je  viens  de  parler, 
lequel  est  situé  en  dehors  du  collier  nerveux  et  reçoit  cinq  canaux  qui  occu- 
pent la  ligne  médiane  inférieure  des  rayons  de  l'astérie.  Ces  canaux  radiaux 
qui  s'étendent  au-dessus  des  nerfs  du  même  nom  émettent,  au  niveau  de 
chaque  espace  interambulacraire,  une  paire  de  branches  [branches  ambula- 
craires)  qui  débouchent  dans  les  ambulacres  correspondants,  au  point  de 
jonction  de  ce  prolongement  tubuleux  avec  la  vésicule  contractile  qui  lui 
est  annexée.  Je  ne  décrirai  pas  le  jeu  bien  connu  de  cette  vésicule;  je  me 
bornerai  à  mentionner  un  repli  vasculaire,  placé  à  l'entrée  du  rameau  ambu- 
lacraire,  et  qui  a  pour  effet  de  s'opposer  au  reflux  du  liquide  dans  le  canal 
radial,  au  moment  de  la  contraction  de  la  vésicule.  I^es  différentes  cavités 
vasculiformes  que  nous  venons  d'indiquer  sont,  ainsi  que  l'intérieur  de 
l'ambulacre,  tapissées  par  un  épithélium  à  cils  vibratiles. 

»  Comment  le  système  hydrolymphalique  ambulacral  communique-t-il 
avec  l'extérieur,  autrement  dit  par  quelle  voie  l'eau  de  mer  peut-elle  péné- 
trer jusque  dans  le  canal  circumbuccal?  Des  observations  multipliées 
m'ont  démontré  que  l'introduction  du  liquide  ambiant  s'effectue  par  l'in- 
termédiaire de  la  plaque  madréporique  et  du  tube  calcaire  flexueux  qui  en 


(  ioo4  ) 
dépend.  Ce  tube,  connu  sous  le  nom  de  canal  du  sable,  mais  que  je  propose 
d' appeler  tube  hydrophore,  s;1  compose  d'une  série  d'anneaux  qui  lui  donnent 
assez  l'apparence  d'une  trachée  en  miniature,  avec  cette  différence  que 
chaque  anneau  est  lui-même  généralement  formé  de  quatre  segments.  Sur 
la  paroi  interne  du  tube  s'élève  une  lame  qui  règne  dans  toute  sa  longueur 
et  cpii  se  divise  en  deux  feuillets,  lesquels,  après  s'être  écartés  comme  les 
branches  de  la  lettre  Y,  s'enroulent  sur  eux-mêmes.  Par  son  extrémité  infé- 
rieure le  tube  hydrophore  débouche  dans  le  canal  circumbuccal;  aussi 
voit-on  une  injection,  poussée  avec  les  précautions  convenables  par  l'un  des 
canaux  radiaux,  remplir  le  tube  et  sourdre  en  fines  gouttelettes  à  la  sur- 
face externe  de  la  plaque  madréporique.  C'est  qu'en  effet  l'extrémité  supé- 
rieure du  tube  hydrophore,  celle  qui  se  soude  à  la  plaque  madréporique, 
est  percée  de  plusieurs  orifices  conduisant  dans  des  canaux  rayonnants  et 
ramifiés,  creusés  horizontalement  dans  la  table  externe  de  cette  plaque  et 
correspondant  exactement  aux  cannelures  qui  en  sillonnent  si  élégamment 
la  surface  externe.  La  voûte  de  ces  canaux  rayonnants  est,  à  son  tour,  percée 
départ  en  part  par  un  grand  nombre  de  canalicules,  dirigés  perpendicu- 
lairement à  la  plaque,  et  dont  les  embouchures  sont  parfaitement  visibles 
au  fond  dessillons  extérieurs  de  celle-ci.  Ces  canalicules,  tout  en  admettant 
l'eau  de  mer,  s'opposent  à  l'introduction  des  corps  étrangers  d'un  certain 
volume. 

»  En  définitive,  l'eau  entre  par  les  pertuis  de  la  plaque  madréporique, 
parcourt  les  canaux  rayonnants  dont  elle  est  creusée,  passe  dans  le  tube 
hydrophore,  puis  se  mélange  avec  le  liquide  contenu  dans  l'appareil  ambu- 
lacral.Ce  liquide,  qu'on  pourrait  appeler  hydrolymphe,  présente  beaucoup 
de  ressemblance  dans  sa  constitution  avec  celui  de  la  cavité  générale,  et  esl 
soumis  de  même  à  un  mouvement  de  transport  imprimé  par  des  cils  vibra- 
tiles.  Je  penche  donc  à  regarderies  ainbulacres  comme  des  organes  de  res- 
piration accessoires,  jouant  probablement  un  rôle  important  quand  l'as- 
térie est  émergée  et  ne  peut  plus  utiliser  ses  ccecums  respiratoires.  » 

chirurgie.  —  Sur  un  cas  d' extirpation  complète  de  lu  rate  hypertrophiée,  suivie 
de  guérison.  Note  de  M.  Péax,  présentée  par  M.  Robin. 

«  Le  but  de  cette  Note  est  de  faire  connaître  les  conditions  dans  les- 
quelles a  été  faite  l'ablation  d'un  kyste  splénique  avec  extirpation  com- 
plète de  la  rate  hypertrophiée,  pratiquée  par  M.  l'é.ui,  le  (>  septembre 
1867,  sur  une  jeune  femme  âgée  de  vingt  ans,  d'une  constitution  profondé- 


(  ioo5  ) 

ment  débilitée  par  la  souffrance,  chez  qui  la  maladie  datait  de  deux  ans  et 
avait  résisté  à  l'emploi  de  tous  les  moyens  médicaux. 

»  L'opération  était  aussi  complètement  indiquée  que  possible  :  le  kyste, 
qui  était  entouré  de  bosselures  semblables  à  celles  des  kystes  multilocu- 
laires,  dépendait,  d'après  toutes  les  données  de  la  symptomatologie,  de 
l'ovaire  gauche.  Il  semblait  peu  probable  que  le  kyste  eût  pris  naissance 
dans  le  mésentère  ou  dans  les  reins,  en  raison  de  la  rareté  des  kystes  volu- 
mineux développés  dans  ces  organes.  Quant  à  la  supposition  qu'il  put 
dépendre  de  la  rate,  elle  n'était  même  pas  acceptable,  puisqu'il  occupait 
dans  l'hypogastre  une  situation  complètement  semblable  à  celle  de  l'utérus 
arrivé  au  terme  de  la  gestation,  qu'il  s'était  développé  de  bas  en  haut  et 
qu'il  était  entouré,  sur  tout  son  contour  supérieur,  d'organes  sonores  à  la 
percussion.  La  ponction,  qui  d'ailleurs  n'a  pas  été  pratiquée,  n'eût  pas 
dissipé  les  doutes,  car  l'examen  des  liquides,  fait  ultérieurement  par  un 
habile  anatomiste,  M.  le  Dr  Ordoilez,  démontra  que  sa  composition  était 
analogue  à  celle  des  liquides  contenus  dans  les  kystes  de  l'ovaire. 

»  L'opérateur  incisa  la  paroi  abdominale  au  niveau  de  la  ligne  blanche, 
entre  l'ombilic  et  le  pubis,  et  ponctionna  le  kyste  à  travers  i'épiploon,  trop 
adhérent  pour  être  écarté.  Cette  ponction  donna  issue  à  3  litres  de 
liquide  visqueux,  d'un  brun  jaunâtre.  La  main,  introduite  dans  la  cavité 
pelvienne,  constata  que  la  tumeur  était  indépendante  des  ovaires,  des  reins 
et  du  mésentère.  Dans  l'impossibilité  de  reconnaître  le  siège  exact  du  kyste 
et  de  l'amener  au  dehors,  le  chirurgien  se  résolut  a  prolonger  l'incision  jus- 
qu'à 5  centimètres  au-dessus  de  l'ombilic.  Il  put  alors  se  convaincre  que 
la  tumeur  s'était  développée  dans  le  tissu  de  la  rate  hypertrophiée.  Plutôt 
que  d'abandonner  la  malade  à  une  mort  certaine,  l'opérateur  conçut  la 
pensée  de  pratiquer  l'extirpation  complète  de  l'organe  malade,  ce  qu'il  ne 
put  réaliser  qu'en  deux  temps,  à  cause  de  la  mauvaise  situation  de  la  plaie 
et  du  grand  volume  de  la  tumeur.  Se  rappelant  tpie  les  artères  ne  s'anas- 
tomosent pas  entre  elles  dans  les  différentes  portions  de  la  rate,  il  lia  celles 
qui  se  distribuaient  dans  le  kyste  et  les  veines  volumineuses  qui  rampaient 
à  la  surface  (l'une  d'elles  avait  le  volume  du  pouce)  aussi  près  que  possible 
de  la  scissure,  et  resséqua  les  deux  tiers  inférieurs  de  la  rate  sans  effusion 
de  sang.  Le  deuxième  temps  consista  à  exciser,  puis  à  détruire  par  le  fer 
ronge  le  tiers  restant,  ce  qui  fut  fait,  après  qu'eurent  été  placées  dans  I'épi- 
ploon gastro-plénique  quatre  ligatures  métalliques  intéressant  tous  les 
autres  vaisseaux,  aussi  loin  que  possible  de  la  grosse  tubérosité  de  l'estomac 

C.  R.,  i8fi7>   2°  Semestre.  (T.  LXV,N»24.)  '  3  I 


(   ioo6  ) 

el  de  la  queue  du  pancréas.  Ces  fils  furent  coupés  ras  et  laissés  clans  l'ab- 
domen après  l'opération.  La  plaie  fut  complètement  fermée.  L'opération 
avait  duré  deux  heures.  La  portion  de  rate  dans  laquelle  était  implantée  la 
tumeur  pesait  plus  de  2  kilogrammes. 

»  Aucun  accident  grave  ne  vint  entraver  la  guérison,  qui  fut  rapidement 
obtenue.  Depuis  cette  époque,  la  santé  de  l'opérée  n'a  rien  laissé  à  désirer, 
ainsi  que  l'ont  constaté  plusieurs  médecins,  et  en  particulier  M.  Nélaton. 

»  En  résumé  :  i°  cette  observation  contribue  à  montrer  de  quelles  dif- 
ficultés est  entouré  le  diagnostic  des  tumeurs  abdominales,  et  surtout  celui 
des  kystes  qui  prennent  naissance  dans  les  organes  contenus  dans  l'abdo- 
men ;  20  elle  montre  qu'en  présence  d'un  cas  imprévu  il  importe  de  prendre 
rapidement  une  détermination,  quelle  que  soit  la  gravité  de  la  situation,  en 
vue  d'assurer  les  chances  de  succès,  si  faibles  d'abord  quelles  paraissent; 
3°  elle  agrandit  le  cadre  de  la  chirurgie  et  servira  désormais  à  l'histoire  des 
moyens  de  traitement  applicables  aux  tumeurs  abdominales;  4° elle  prouve 
que  l'induction  fondée  sur  le  résultat  de  quelques  extractions  plus  ou 
moins  complètes  ou  avérées  de  rates  normales  chez  l'homme,  à  la  suite  de 
plaies  pénétrantes,  et  de  nombreuses  vivisections  qui  avaient  montré  que  la 
vie  n'était  pas  incompatible,  chez  les  animaux,  avec  l'ablation  de  la  rate, 
pouvait  logiquement  mener  à  conclure  que  la  splénotomie  était  une  opéra- 
ration  praticable  sur  l'homme,  même  dans  le  cas  de  vastes  dégénérescences; 
5°  enfin  elle  fournit  à  l'examen  des  physiologistes  un  sujet  d'études  d'au- 
tant plus  importantes  que  nous  ne  connaissons  pas  d'autres  personnes 
vivant  actuellement  dans  de  telles  conditions.  A  ce  point  de  vue,  nous  pou- 
vons affirmer  que  la  privation  de  la  rate  n'a  produit  aucun  trouble  notable 
dans  la  santé  de  l'opérée,  car  l'apparition  anticipée  des  menstrues,  qui  eut 
lieu  quelques  jours  après  l'opération,  et  qui  fut  suivie  d'un  retard  d'un 
mois,  ainsi  que  l'œdème  douloureux  qui  survint  dans  le  membre  gauche 
cinq  semaines  après  l'opération,  sont  des  phénomènes  peu  importants  et 
que  l'on  observe  fréquemment  après  l'ovariotomie.  Le  fait  le  plus  remar- 
quable, c'est  que  l'état  de  névropathie  générale  dont  la  malade  était 
atteinte  ne  fut  rappelé  que  par  l'apparition,  dix  jours  après  l'opération, 
d'une  douleur  siégeant  dans  l'orbite  gauche,  qui  réapparut  deux  fois,  à  huit 
jours  d'intervalle,  et  qui,  à  chaque  accès,  se  jugea  par  un  épistaxis.  » 

«  M.  d'Archiac  présente,  de  la  paît  de  M.  Alph.  Favre.  professeur  à 
l'Académie  de  Genève,  un  ouvrage  intitulé  :  Recherches  géologiques  dans  les 
parties  île  la  Savoie,  du  Piémont  et  de  la  Suisse  voisines  du  Mont-Blanc.  Cet 


(    loo7  ) 
ouvrage,  composé  de  trois  volumes  de  texte  etd'un  atlas  in-folio  de  32  plan- 
ches, avait  été  précédé,  en  1862,  d'une  carte  topogràphique  et  d'une  carte 
géologique  de  cette  même  région,  qui  appartient  aujourd'hui  presque  entiè- 
rement à  la  France. 

»  L'auteur,  qui  depuis  plus  de  vingt  ans  s'occupait  de  rassembler  les  ma- 
tériaux de  ce  travail,  a  d'abord  donné  la  description  détaillée  des  massifs 
montagneux  au  nombre  de  quinze,  dont  les  limites  sont  indiquées  sur  une 
réduction  de  sa  grande  carte,  placée  en  tète  de  l'atlas.  Il  commence  par  les 
environs  de  Genève,  le  Salève,  les  Voirons,  etc.,  et  termine  par  les  deux 
Saint-Bernard  et  la  Maurienne.  Le  Mont-Blanc,  le  plus  important  de  tous, 
et  dont  M.  Favre  s'est  occupé  spécialement,  est  le  onzième  de  ces  groupes 
montagneux  étudiés  ainsi  successivement  dans  tous  leurs  caractères  physi- 
ques et  géologiques. 

»  Mais  comprenant  aussi  que  cette  marche  simple,  si  utile  et  si  commode 
pour  ceux  qui  viendraient  après  lui,  pouvait  laisser  à  désirer  au  point  de 
vue  de  la  méthode  d'exposition,  de  l'ensemble  et  de  la  chronologie  géné- 
rale des  faits,  l'auteur  a  consacré  la  seconde  moitié  du  troisième  volume  à 
l'énumération  de  ces  mêmes  faits,  rangés  alors  d'après  l'ordre  de  leur  an- 
cienneté, puis  au  développement  et  à  la  discussion  des  théories  qui  s'y 
rapportent. 

»  L'atlas  de  vues  et  de  coupes,  exécutées  avec  le  plus  grand  soin,  ren- 
ferme toutes  les  preuves  graphiques  sur  lesquelles  s'était  appuyé  M.  Alph. 
Favre  pour  la  construction  de  sa  carte  géologique.  En  mettant  en  regard  les 
profils  donnés  par  divers  auteurs  des  parties  les  plus  difficiles  de  ces 
montagnes,  entre  autres  de  celles  que  domine  le  Mont-Blanc,  le  savant 
professeur  fait  aussi  juger  d'un  coup  d'œil  les  différentes  explications  qui 
ont  été  données  des  principaux  accidents  orographiques  et  stratigra- 
phiques.  Les  planches  de  fossiles  secondaires  du  mont  Salève,  décrits  par 
M.  de  Loriol,  ajoutent  encore  un  vif  intérêt  paléonlologique  à  celui  des 
autres  parties. 

»  Enfin  cette  région  des  Alpes-Occidentales,  qui,  depuis  Bénédict  de  Saus- 
sure, doit  à  la  magnificence  de  ses  paysages,  aussi  bien  qu'aux  phénomènes 
géologiques  les  plus  grandioses  dont  elle  a  été  le  théâtre,  le  rare  privilège 
d'attirer  à  la  fois  les  savants  les  plus  éminents  et  les  touristes  de  tous  les 
pays,  n'avait  pas  encore  été  l'objet  d'une  œuvre  aussi  complète.  <• 

«  M.  Edm.  Becquerel  présente  à  l'Académie,  de  la  part  de  M.  Trouvé, 
un  appareil  d'induction  électromagnétique,    destiné  à  produire  des  effets 

i3t .. 


(   ioo8  ) 

physiologiques  et  médicaux;  cet  appareil  est  très-portatif,  et,  sous  un  très- 
petit  volume,  donne  des  effets  très-énergiques.  » 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  E.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  9  décembre  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Traité  général  de  Botanique  descriptive  et  analytique.  i,e  partie  :  abrégé 
d'organographie,  d'anatomie  et  de  physiologie  ;  ae  partie  :  Iconographie,  des- 
cription des  familles;  par  MM.  Emm.  Le  Maoot  et  J.  Decaisne,  Membre  de 
l'Institut.  Paris,  1868;  1  vol.  in-4°,  contenant  55oo  figures. 

Métamorphoses,  mœurs  et  instincts  îles  insectes  (Insectes,  Myriapodes,  Arach- 
nides, Crustacés);  par  M.  Emile  Blanchard,  Membre  de  l'Institut. 
Paris,  1868;   1  vol.  grand  in-8°,  avec  200  figures  et  40  planches. 

Paléontologie  française  ou  Description  des  animaux  invertébrés  fossiles  de  la 
France.  Terrain  jurassique.  12e  livraison  :  Gastéropodes,  t.  III,  par  M.  PlETTE; 
texte,  feuilles  7  a  9;  atlas,  planches  25  à  36;  i3eet  i4eliv.,  par  M.  G.  Cot- 
TEAU;  texte,  feuilles  1  à  G;  atlas,  planches  1  à  24.  Paris,  1867;  3  liv. 
in-8".  (Présenté  par  M.  d'Archiac.) 

Mémoire  sur  la  cautérisation  clans  lu  cavité  du  larynx  et  sur  un  nouvel  in- 
strument propre  à  la  pratiquer;  par  M.  PlORRY.  Paris,   1867;  opuscule  in-8°. 

Note  sur  de  nouveaux  instruments  propres  à  l'observation  de  divers  organes 
de  l'œil  ainsi  que  la  manifestation  des  images  cutoptiques;  par  M.  Robert 
IIoudin.  Blois,  1867;  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Cloquet.) 

Eléments  de  géométrie;  par  M.  P. -F.  COMPAGNON-  Paris,  1868;  1  vol. 
in-8°. 

Abi égé  des  éléments  de  géométrie;  par  M.  P. -F.  COMPAGNON.  Paris,  1868; 
1  vol.  in-8°. 

Les  grandes  usines;  par  M.  ToRGAN  ;  7e  série.  Paris,  1867;  1  vol.  in-4° 
avec  figures. 

Les  Merveilles  de  la  Science;  par  M.  Louis  Figuier.  17e  série.  Paris,  1867; 
in-4°  avec  figures. 

Les  Poissons,  les  Reptiles  et  les  Oiseaux;  par  M.  Louis  FIGUIER.  Paris,  1868; 
1  vol.  grand  in-8°  avec  4oo  figures  et  i(\  planches.  (Présenté  par  M.  Blan- 
chard. ) 


(   IO°9  ) 

Derniers  temps  de  l'à/je  de  la  pierre  polie  dans  l'Aveyron;  parM.  P.  CAZAL1S 
de  Fondouce.  Montpellier  et  Paris,  1867;')!-.  in-8°,  avec  planches.  (Pré- 
senté par  M.  de  Quatrefages.) 

Gheel  ou  une  colonie  d'aliénés  vivant  en  famille  et  en  liberté:  Elude  par 
M.  Jules  Duval.  Paris,  1867;  in-ia.  (Présenté  par  M.  de  Quatrefages.) 

Menus  propos  sur  les  sciences;  par  M.  Félix  HÉMEINT.  Paris,  1868;  2e  édi- 
tion, in-12.  (Présenté  par  M.  de  Quatrefages.) 

Traité  élémentaire  d' hygiène  publique  et  privée;  par  M.  Alfred  BECQUEREL, 
4e  édition;  par  M.  E.  Beauregard.  Paris,  r868;  in-12  relié.  (Présenté  par 
M.  Becquerel.) 

La  vérité  sur  les  objets  de  l'âge  de  la  pierre  polie  des  cavernes  de  Tarascon, 
exposés  sous  le  nom  de  M.  Filhol  (père)  ;  par  M.  F.  Garrigou.  Paris,  1867; 
br.  in-8°. 

Sur  l'âge  du  bronze  et  du  fer  dans  les  cavernes  des  Pyrénées  ai  riégeoises  ;  par 
M.  F.  Garrigou.  Paris,  1867;  br.  in-8°. 

Lettres  sur  l' Exposition  universelle  de  1867;  par  M.  F.  Garrigou.  Paris,  1867; 
br.  in-8".  (Ces  trois  ouvrages  sont  présentés  par  M.  d'Archiac.) 

Examen  de  la  situation  de  la  caisse  des  retraites  des  employés  de  la  ville  de 
Metz:  R-pporlparM.  le  général  Didion.  Metz,  1866;  in-4°.  (Présenté  par 
M.  Bienaymé.) 

Recherches  géologiques  dans  les  parties  de  la  Savoie,  du  Piémont  et  de  la 
Suisse  voisines  du  Mont-Blanc;  par  M.  Alphonse  Favre.  Paris  et  Genève,  1  867; 
3  vol.  grand  in-8°,  avec  atlas  in-folio  contenant  32  planches.  (Présenté  par 
M.  d'Archiac.) 

Oscillations  des  quatre  grands  glaciers  de  la  vallée  de  Chamounix  ;  par  M.  V. 
Payot.  Lausanne,  1867;  opuscule  in-8°. 

Etudes  sur  F  Exposition  de  1867,  11e  fascicule,  3o  novembre  1867;  par 
M.   Eug.    Lacroix,  Paris,   1867;  grand  in-8°  avec  planches. 

Guide  pratique  de  la  culture  du  saule  et  de  son  emploi  en  agriculture,  avec 
un  appendice  sur  la  culture  du  roseau;  par  M.  J.-P.-J.  Roltz.  Paris,  1867; 
in-12. 

Les  droits  des  inventeurs  en  France  et  à  l'étranger;  par  M.  H.  DUFRENÉ. 
Paris,  1867;  in-12. 

Guide  pratique  pour  le  choix  de  la  vache  laitière;  par  M.  E.  Dubos. 
Paris,  1867;  in-12.  (Ces  trois  ouvrages  sont  offerts  par  l'éditeur  M.  E. 
Lacroix. ) 

Recherches  sur  plusieurs  molybdates  nouveaux  ou  peu  connus,  et  sur  les  prin- 
cipaux fluoxymolybdates  ;  par  M.  Marc  Delafontaine.  Genève,  1867; 
bf.  in-8°. 


(     IOIO    ) 

Siluria...  Siluria:  Histoire  des  roches  les  />lus  anciennes  dans  les  îles  Bri- 
tanniques et  antres  pays,  avec  un  coup  d'ail  sur  l'origine  et  lu  distribution  de 
/j'or  natif,  sur  la  succession  générale  des  formations  géologiques  et  sur  les  chan- 
gements siti  venus  à  lasurfact  de  la  terre;  par  M.  R.  J.Muuchison.  Londres,  1867; 
in-8°  avec  figures  et  cartes. 

Figures...  Figures  et  caractères  des  fossiles  de  la  Grande-Bretagne,  accom- 
pagnés de  remarques  descriptives;  par  M.  W.  Hellieb  Bajly.  Londres,  1867; 
in-8°; 

Athenœum,  août  et  septembre  1867;  176e  et  177e  parties.  Londres,  1867; 
in-4°. 

Catalogne...  Catalogue  du  Muséum  médical  de  l'année,  /  réparé  sous  la  di- 
rection du  chirurgien  général;  par 'M.  Alfred  WOODHULL.  Washington,  1866; 
in-4°  relié. 

Stigli...  Sur  tes  spectres  prismatiques  des  étoiles  fi.\cs,  par  le  Père  A.  Secchi, 
Florence,  [867;  in-4°. 

Sul...  Sur  les  phénomènes  observés  à  l'occasion  de  l'éclipsé  solaire  du  6  mars 
1867;  par  M.  G.  CACGIATORE.  Païenne,  1867;  in-/|". 

Bulletino...  Bulletin  météorologique  de  l'Observatoire  royal  de  l'iderme: 
ilc  année,  1 865.  Païenne,  r 865 ;  1  vol.  in-folio  cartonné. 

Bulletino...  Bulletin  météorologique  de  l'Observatoire  royal  de  Palerme : 
2e  année,  t.  II,  1866.  Palerme,  1867  ;  in-4". 

Brève...  Bref  discours  sur  l'institution  d'un  prune  et  Compendium  de  la 
science  civile;  par  Fr.  PlCCOLOMINI,  ;ivec  huit  Lettres  et  neuf  dessins  des 
(;iches  solaires  par  Galileo  Galilei  ;  le  tout  publié  pour  la  première  fois 
par  M.  Saute  Pieralisi.  Rome,  i858;  in-8°. 

Intorno...  Sur  rélectricité  induite  cl  sur  l'influencé  des  strates  aériennes 
entourant,  en  forme  d'anneau,  une  nuée  qui  se  résout  eu  jiluie,  neige  ou  grêle; 
par  le  professeur  Zantedeschi.  Venise,  [867;  opuscule  in-8°. 

Nederlandsch...  Annuaire  météorologique  néerlandais  pour  l'année  1866, 
publié  par  l'Institut  royal  météorologique  néerlandais;  ire  partie  :  Observa- 
tions météorologiques  en  Xccrlandc  ;  2e  partie  :  Variations  thermomëlriques  et 
barométriques  en  divers  points  de  l'Europe,  avec  des  obsetvations  de  la  pluieet 
des  vents.  Utrecht,  18O7;  ■?.  vol.  in-/|°  oblong  cartonnés. 

Verhandelungen...  Transactions  de  la  Société  des  Naturalistes  de  Baie  ; 
4e  partie,  4e  livraison.  Bâle,  1867;  in-8°. 

Sulla...  Note  du  D'  G.  Curiom  sur  la  carte  agronomique  des  environs  de 
Paris  et  sur  la  carte  lilholoi/ique  des  mers  de  Fr  nue  exécutée  par  M.  Delesse. 
Milan,  1867;  br.  in- 8°. 


(  ïo*î  ) 

Cenni...  Note  sur  quelques  expériences  concernant  les  surfaces  de  capilla- 
rité; par  M.  R.  FELICI.  Pise,  1866;  br.  in-8°. 

Cenni...  Note  sur  quelques  expériences  électriques  ;  par  M.  R.  Felici;  sans 
lieu  ni  date;  br.  in-8°. 

Monographie...  Monographie  du  groupe  Senna,  famille  des  Cassiacées, 
par  M.  B.  BaKNA.  Prague,  18G6;  in-8°  avec  planches. 


PUBLICATIONS    PERIODIQUES    REÇUES    PAR    l'aCADEMIE    PENDANT 
LE    MOIS    DE    NOVEMBRE     1867. 

Actes  delà  Société  d'Ethnographie  ;  octobre  1867;  in-8°. 

Annales  de  /'  Agriculture  française  ;  nos  iç)  à  21,  1867;  in-8°. 

Annales  de  la  Propagation  de  la  foi;  novembre  1867;  in- 12. 

Annales  de  la  Société  d'Hydrologie  médicale  de  Paris,  Comptes  rendus  des 
séances,  ire  livraison  ;  1867;  in-8°. 

Annales  des  Conducteurs  des  Ponts  et  Chaussées;  septembre  1867;  in-8°. 

Annuaire  de  la  Société  Météorologique  de  France;  feuilles  27  à  36.  1867; 
in- 8°. 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse.  Genève,  n°  1 19,  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique  ;  nos  g,  10,   1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société d' Anthropologie  de  Paris;  avril  à  juin  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  octobre  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  ci  Encouragement  pour  l'Industrie  nationale;  sep- 
tembre 1867;  in-4°. 

Bulletin  rie  la  Société  française  de  Photographie;  octobre  1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  industrielle  de  Mulhouse;  octobre-novembre  1867; 
in-8°. 

Bulletin  des  séances  de  laSociété  impériale  et  centrale  d' Agriculture  de  France; 
n°  1  1,  1867;  in-8°. 

Bulletin  général  de  Thérapeutique;  i5  et  3o  novembre  1867;  in-8°. 

Bulletin  hebdomadaire  du  Journal  de  l'Agriculture;  nos  45  à  48,  1867; 
in-8°. 

Catalogue  des  Brevets  d'invention;  nos  5  à  7,  1867;  in-8°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences; 
2e  semestre  18G7,  nus  17  à  22;  in-4°. 


(     IOI2    ) 

Cosmos;  nos  des  2,  9,  7,  16,  23,  3o  novembre  1867;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux  ;  nos  1 29  à  1 4 1 ,  1  867  ;  in-/(°. 

Gazelle  médicale  de  Paris;  nos  /|4,  46  à  48,  1  8G7  ;  in-4°. 

Journal  d' Agriculture  pratique;  nos45  à  48,  1867;  in-8°. 

Journal  de  Chimie  médicale,  de  Pharmacie  et  de  Toxicologie  ;  novembre 
1867;  in-8°. 

Journal  de  l'Agriculture,  n"s  3a  et  33,  1867;  in-8°. 

Journal  de  l'Eclairage  au  Gaz;  n°3  1  5  et  16,   1867;  in-4". 

Journal  de  la  Société  impériale  et  centrale  d'Horticulture;  septembre  1  867; 
in-8°. 

Journal,  de  Médecine  vétérinaire  militaire;  octobre  1867;  in-8°. 

Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie:  novembre  1867;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  e'  pharmaceutiques;  nos  3i  à  33,  1867  : 
in-8°. 

Journal  des  Fabricants  de  Sucre;  nos  3o  à  33,  1867;  in-l". 

Journal  of  (lie  Royal  qeological  Society  of  Ireland;  t.  Ie',  3e  partie. 

Kaiserlicbe...  Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne;  nos  a4  à  26, 
[867;  in-8°. 

L'Abeille  médicale;  nos  44  à  48,   1867;  in-4°. 

La  Guida  de!  Popolo ;  novembre  1867;  in-8°. 

L'Art  dentaire;  octobre  18G7;  in-8°. 

L'Ait  médical;  novembre  1867;  in-8°. 

La  Science  pour  tous;  noa  49  a  5a,   1867;  in-4u. 

Le  Gaz;  n°  9,   1867  ;  in-4°. 

Le  Moniteur  de  la  Photographie  ;nos  iGet  17,  1867;  in-40. 

Les  Mondes...,  nos  9  à  i3,  1867;  in-8°. 

L'Événement  médical;  nl,s  3G  à  l\o,  1867;  in-f°. 

L'Imprimerie;  1867;  in-/j°. 

Magasin  pittoresque;  novembre   1867;  in-4°. 

Monatsbericht...  Compte  rendu  mensuel  des  séances  de  l'Académie  royale 
des  Sciences  de  Prusse.  Berlin,  juillet  1867;  in-8°. 

Montpellier  médical...  Journal  mensuel  de  Médecine;  novembre  1867;  in  8". 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques;  novembre  1867;  in-8". 

(La  suite  du  Bulletin  ou  prochain  numéro.) 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI   16  DÉCEMBRE  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.   le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  une  ampliation  du 

Décret  impérial  qui  approuve  la  nomination  de  M.  Larrey  à  la  place  d'Aca- 
démicien libre  laissée  vacante  par  le  décès  de  M.  Civiale. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Larrey  prend  place  parmi  ses 
confrères. 

M.  Delaunay  lit  la  Note  suivante,  en  réponse  à  M.  Le  Verrier  : 

«  .La  Note  insérée  par  M.  Le  Verrier  dans  le  dernier  Compte  rendu  m'o- 
blige, à  mon  grand  regret,  à  donner  encore  quelques  explications  dont  il 
aurait  bien  dû  me  dispenser. 

»  Si  je  distingue  ses  improvisations  et  la  reproduction  qu'il  en  fait  dans 
nos  Comptes  rendus,  c'est  que  malheureusement,  ainsi  que  j'ai  eu  à  le  con- 
stater à  plusieurs  reprises,  ces   deux  choses  sont  souvent  bien  différentes. 

»  Quant  au  désir  que  M.  Le  Verrier  exprime  de  me  voir  improviser 
comme  lui  mes  réponses,  pour  ne  pas  éterniser  le  débat,  il  sait  fort  bien  que 
je  ne  puis  y  consentir.  Je  n'ai  nullement  le  désir  d'éterniser  un  débat,  quel 
qu'il  soit;  mais  je  suis  bien  décidé  à  ne  laisser  sans  réponse  aucune  des 
assertions  qui  peuvent  altérer  le  véritable  caractère  de  nos  discussions,  et 

C.  R.,  1867,  a"  Semestre.  (T.  LXV,  N°  2S.)  1  32 


(  ioi4  ) 

induire  en  erreur  les  personnes  qui  lisent  nos  Comptes  rendus  sans  avoir 
assisté  à  nos  séances.  Dès  les  premières  discussions  que  j'ai  eues  avec  M.  Le 
Verrier,  en  1860,  j'ai  pris  le  parti  de  ne  jamais  répondre  qu'aux  choses 
imprimées,  et  d'y  répondre  par  écrit;  c'est,  je  crois,  la  marche  la  plus 
sage  à  suivre,  et  je  m'en  suis  fort  bien  trouvé.  Plus  tard,  en  novembre  1861 , 
à  l'occasion  du  passage  de  Mercure,  dont  il  a  été  question  dans  les  dernières 
séances,  je  me  suis  laissé  aller  à  présenter  immédiatement  quelques  obser- 
vations à  la  suite  de  la  communication  de  M,  Le  Verrier  relative  à  ce  phé- 
nomène. Or,  mes  remarques,  que  j'ai  reproduites  aussi  fidèlement  que 
possible  dans  le  Compte  rendu  de  la  séance,  avaient  été  provoquées  par  des 
paroles  de  M.  Le  Verrier,  qu'il  s'est  bien  gardé  d'insérer  dans  ce  Compte 
rendu.  Il  avait  parlé  des  conséquences  qui  lui  semblaient  résulter  de  l'accord 
de  ses  Tables  de  Mercure  avec  l'observation,  de  la  probabilité  que  cela  lui 
paraissait  donner  à  l'existence  de  l'anneau  d'astéroïdes  auquel  il  attribuait 
le  mouvement  du  périhélie  introduit  empiriquement  dans  ses  Tables;  il 
avait  de  plus,  en  me  répliquant,  critiqué  la  qualification  d'empirique  que 
j'avais  appliquée,  suivant  le  langage  usuel  des  astronomes,  à  ce  mouvement 
du  périhélie  non  indiqué  par  la  théorie.  Or,  on  peut  s'assurer  que,  dans  la 
Note  qu'il  a  rédigée  après  la  séance  et  fait  insérer  au  Compte  tendu,  il  n'y  a 
absolument  aucune  trace  de  ces  deux  points.  De  sorte  que,  dans  mes  obser- 
vations imprimées  à  la  suile  de  sa  Note,  j'ai  l'air  de  combattre  des  fantômes. 
Si  M.  Le  Verrier  n'avait  dit  à  la  séance  que  ce  qu'il  a  mis  au  Compte  rendu, 
je  n'aurais  eu  aucune  observation  critique  à  présenter.  Le  parti  que  j'ai  pris 
de  ne  jamais  répondre  à  M.  Le  Verrier  qu'au  bout  de  huit  jours  me  semble 
suffisamment  justifié  par  ce  que  je  viens  de  dire.  Il  faut  que  les  Comptes 
rendus  de  nos  séances  donnent  à  leurs  nombreux  lecteurs  la  véritable  phy- 
sionomie des  discussions  qui  ont  lieu  dans  le  sein  de  l'Académie.  » 

«  M.  Le  Verrier  expose  qu'au  commencement  de  la  séance  notre  émi- 
nent  confrère,  M.  le  Maréchal  Vaillant,  lui  avait  demandé  si  la  discussion 
que  M.  Delaunay  vient  de  reprendre  n'était  pas  enfin  terminée.  M.  Le 
Verrier  avait  répondu  que  nul  plus  que  lui  ne  le  désirait,  qu'il  croyait  même 
qu'une  question  de  ce  genre  devrait  toujours  être  réglée  en  une  séance. 
Mais  qu'avec  le  système  de  M.  Delaunay,  de  s'y  reprendre  constamment 
au  bout  de  huit  jours  de  réflexion,  la  discussion  pourrait  s'éterniser. 
M.  Delaunay  assure  qu'il  en  agit  ainsi  pour  mettre  plus  de  précision  dans 
ses  réponses.  On  va  voir  ce  qu'il  en  faut  penser. 

«  Nous  avons  fait  remarquer  à  l'Académie,  et  il  n'est  personne  qui  n'eût 


(  ioi5  ) 
remarqué  avant  nous,  combien  est  insuffisant,  tronqué,  et  même  nul  sur 
plus  d'un  point,  l'historique  des  progrès  de  l'Astronomie  en  France  pen- 
dant les  vingt-cinq  dernières  années,  publié  par  M.  Delaunay.  Nous  avons 
examiné  en  particulier  les  articles  intitulés  :  Figure  de  la  Terre  et  Moyens 
d'observation;  pendant  ces  vingt-cinq  ans,  dont  moitié  appartiennent  à  la 
direction  de  M.  Arago  et  moitié  à  mon  administration,  l'Observatoire  n'est 
pas  même  cité!  Et  nous  avons  ajouté  que  cette  minime  brochure  de  38  pages, 
présentée  par  l'auteur,  suffisait  pour  faire  comprendre  à  tous  que  ce  ne 
pouvait  être  là  I'iustoire  des  astronomes  français  pendant  les  vingt-cinq 
dernières  années. 

>>  Eh  bien!  que  répond  à  tout  cela  M.  Delaunay?  Rien!  Les  huit  jours 
de  réflexion  ne  lui  ont  rien  suggéré  autre  chose  qu'une  équivoque  sur  le 
mot  histoire.  Il  suppose  que  j'ai  entendu  réclamer  l'histoire  personnelle 
des  astronomes,  et  répond  fièrement  qu'il  n'avait  à  s'occuper  que  des  pro- 
grès de  l'Astronomie. 

»  Personne,  pas  plus  que  l'auteur,  ne  s'est  trompé  à  ce  mot  histoire,  et 
l'ancienne  Académie  n'en  employait  pas  d'autre  au  sujet  du  compte  rendu 
de  ses  travaux.  Du  reste,  j'ai  indiqué  ce  qui  eût  dû  être  compris  dans  l'ar- 
ticle intitulé  :  Figure  de  la  Terre  [Comptes  rendus,  p.  922),  et  il  ne  se  trouve 
dans  cette  énumération  rien  autre  chose  que  des  questions  scientifiques. 

»  Nous  avouons  toutefois  que  des  équivoques  de  cette  nature  ne  s'im- 
provisent pas,  et  qu'il  faut  du  temps  pour  en  découvrir  l'emploi.  Il  est 
d'ailleurs  certain  cpi'on  ne  pourrait  répliquer  d'une  telle  façon  et  immédia- 
tement à  côté  d'un  exposé  qui  vient  d'être  fait  sans  soulever  les  réclamations 
de  l'auditoire  tout  entier.  Mais  c'est  une  raison  de  plus  pour  que  nous  insis- 
tions sur  l'utilité  et  la  convenance  de  terminer  de  suite  et  verbalement  de 
telles  discussions  quand  elles  s'élèvent. 

»  Le  point  le  plus  regrettable  en  tout  ceci,  c'est  devoir  l'Astronomie  fran- 
çaise ainsi...  amoindrie  dans  une  brochure  portant  une  attache  officielle.    « 

chimie  organique,  —  Synthèse  de  la  névrine ,  par  M.  Ad.  YVurtz. 

«  On  sait  que  M.  Oscar  Liebreich  a  retiré  du  cerveau  une  substance 
cristallisable,  définie,  renfermant  du  phosphore  et  de  l'azote  au  nombre  de 
ses  éléments,  et  à  laquelle  il  a  donné  le  nom  de  protagon  (1).  Soumis  a 
l'action  de   l'eau   de  baryte  concentrée,    ce  corps  se  dédouble  en  acide 


(  1)  Annalen  der  Ckemie  und  Pharmacie,  t.  CXXXIV,  p.  29;   1 8(55 . 

1  3a. 


(    roi6  ) 

phosphoglycérique  et  en  une  base  énergique  à  laquelle  M.  O.  Liebreicli  a 
donné  le  nom  de  névrine  (i).  M.  Ad.  Baeyer  (2)  a  démontré  récemment  que 
la  névrine  est  une  base  oxéthylénique  et  qu'elle  représente  de  l'hydrate 
d'oxéthyl-ammonium,  dans  lequel  3  atomes  d'hydrogène  seraient  rem- 
placés par  3  groupes  méthyliques  : 


H         j  CH3 

AzOH  Xr3  AzOH 

H        I  CH3 

C2H'(OH)|  C2H4(OH 

Hydrate  Hydrate 

d'oxéthyl-ammonium.  d'oxéthyl-trimélhyl-ammonium. 

»  Cette  donnée  l'a  conduit  à  supposer  qu'on  pourrait  réaliser  la  synthèse 
de  la  névrine  en  traitant  par  l'iodure  de  méthyle  l'hydrate  d'oxéthyl- 
ammoniiun  qui  se  forme,  comme  je  l'ai  démontré,  en  même  temps  que 
d'autres  bases  oxéthyléniques,  par  l'action  de  l'oxyde  d'éthylène  sur  l'am- 
moniaque. Mais  jusqu'ici  je  n'ai  réussi  qu'à  obtenir  de  petites  quantités  de 
celte  base  pure  ou  de  son  chlorure,  qu'il  est  difficile  de  séparer  du  chlo- 
rure de  dioxéthyl-ammonium.  J'ai  indiqué  pour  la  préparation  des  bases 
oxéthyléniques  un  autre  procédé  qui  consiste  à  traiter  par  l'ammoniaque  le 
glycol  monochlorhydrique.  Cette  méthode  m'a  conduit  à  une  synthèse  fort 
élégante  de  la  névrine.  Le  chlorhydrate  de  cette  base,  c'est-à-dire  le  chlo- 
rure d'oxéthyl-triméthyl-ammonium  prend  naissance  par  l'addition  directe 
des  éléments  de  la  chlorhydrine  du  glycol  (glycol  monochlorhydrique)  et 
de  la  trimélhylamine. 

CH3   \  ^H3        J 

CrW\  ^H  +   CH3      Az  =       CHj  AzCj 

monochlorhydrique.  Chlorure 

de  Irimélhyl-oxélhyl- 
ammonium. 

»  5  grammes  de  trimélhylamine  ont  été  chauffés  au  bain-marie  dans 
un  tube  fermé  avec  10  grammes  de  chlorhydrine  du  glycol.  Au  bout  de 
vingt-quatre  heures,  on  a  laissé  refroidir  et  on  a  vu  le  tube  se  remplir  de 
beaux  cristaux  prismatiques  parfaitement   incolores.  Ces  cristaux  se  dis— 


(1)  Le  mot  allemand  Neurin  doit  se  traduire  par  névrine. 

(2)  Annalen  der  Chenue  und  Pharmacie. 


(  IOI7  ) 
solvent  abondamment  dans  l'alcool  absolu  bouillant,  et  s'en  séparent  en 
partie  par  le  refroidissement  si  la  solution  est  très-concentrée.  L'éther  pré- 
cipite cette  solution;  mais  pour  peu  que  le  liquide  renferme  une  trace  d'eau, 
le  précipité  se  rassemble  au  fond  sous  la  forme  d'un  liquide  épais.  Les  cris- 
taux dont  il  s'agit,  et  qui  sont  le  chlorure  d'oxéthyl-triméthyl-animoniuni, 
sont  en  effet  très-déliquescents. 

«  Lorsqu'on  ajoute  à  la  solution  aqueuse  de  ce  chlorure  une  solution 
moyennement  concentrée  de  chlorure  d'or,  il  se  forme  immédiatement  un 
précipité  cristallin  d'un  jaune  pur.  Ce  précipité,  qui  est  caractéristique, 
comme  l'a  montré  M.  Ad.  Baeyer,  se  dissout  dans  l'eau  bouillante,  qui  le 
laisse  déposer  par  le  refroidissement  sous  forme  de  petites  aiguilles  jaunes. 
C'est  le  chlorure  double  d'or  et  d'oxétliyl-triméthyl-ammonium 

(CH3)3(C2H4OH)'AzCl  +  Au  Cl3     (i). 

»  J'ai  comparé  ce  chloroaurate  à  un  produit  que  je  dois  à  l'obligeance 
de  M.  Liebreich,  et  qui  avait  été  préparé  avec  de  la  névrine  provenant  du 
cerveau.  Les  deux  sels  ont  cristallisé  sur  le  porte-objet  du  microscope  en 
lamelles  rhomboïdales  qui  paraissaient  identiques,  sauf  la  dimension  des 
cristaux. 

»  Lorsqu'on  ajoute  à  une  solution  concentrée  de  chlorure  d'oxétliyl- 
triméthyl-ammonium  une  solution  de  chlorure  de  platine,  il  ne  se  forme 
pas  de  précipité,  et  la  liqueur  ne  laisse  déposer  des  cristaux  qu'après  con- 
centration en  consistance  sirupeuse;  mais  lorsqu'on  y  ajoute  de  l'alcool,  il 
se  forme  un  précipité  qui  a  donné  à  l'analyse  3i,8  pour  ioo  de  platine. 
La  formule 

(CH3)3  (C2H4OH)  Az,CI  -+-  Pt  Cl2 

exige  3 1,8  pour  ioo  de  platine. 

»  Lorsqu'on  décompose  le  chlorure  d'oxéthyl-triméthyl-ammoniuni  par 
l'oxyde  d'argent  humide,  on  met  en  liberté  l'hydrate  d'oxélhyl-trimélhyl- 

(i  )  Voici  les  nombres  que  ce  sel  m'a  donnés  à  l'analyse  : 

Expérience. 

Théorie.  — — ""^ — - —      '" — 

0 60  l3,54  '3,72  13,27 

H" 4  3,l6  3,22  3,28 

0 16  3,6i 

Az 1 4  3 , 1 6  3 ,  34  » 

Cl* 142         32,o8  »  » 

au 197       44, 45  44.9° 

443         100,00 


(  ioi8  ) 
ammonium,  qui  reste  après  l'évaporation  sous  forme  d'un  liquide  sirupeux. 
Celui-ci  se  décompose,   lorsqu'on  chauffe,  en  répandant  une  vive  odeur 
ammoniacale. 

»  Les  analyses  que  j'ai  citées,  ainsi  que  le  mode  déformation  de  la  base 
oxéthylénique  qui  font  l'objet  de  ce  Mémoire,  me  paraissent  lever  tous 
les  doutes  au  sujet  de  sa  composition  ,  qui  est  bien  celle  de  la  névrine.  Il 
reste  maintenant  à  faire  une  comparaison  très-attentivedes  deux  corps  pour 
décider  la  question  de  savoir  s'il  n'y  a  point  là  un  cas  d'isomérie  très-fine. 

»  Je  me  propose  d'approfondir  l'étude  de  l'hydrate  d'oxéthyl-triméthyl- 
ammonium  et  celle  des  bases  analogues  qu'on  pourra  obtenir  en  rem- 
plaçant la  triméthylamine  et  la  chlorhydrine  du  glycol  par  leurs  homo- 
logues. » 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.   —    Observations  sur  les  documents  relatifs  à  Galilée 

qui  ont  été  publiés  par  M.  Chasles.  Lettre  du  P.  Secchi  à  M.  le  Secrétaire 

perpétuel. 

«  Rome,  ce  3o  novembre  1867. 

»  Je  vois  que  la  querelle  relative  à  Newton  et  à  Pascal  a  été  transportée 
d'Angleterre  en  Italie.  Jusqu'ici  j'avais  résolu  de  garder  un  silence  absolu, 
niais  je  trouve  de  telles  erreurs  à  propos  de  l'histoire  des  sciences  en 
Italie,  qu'il  m'est  impossible  de  ne  pas  protester. 

»  Ainsi,  des  dernières  Lettres  de  M.  Chasles,  il  résulterait  que  Yiviani 
etTorricelli  aidaient  Galilée  à  faire  ses  observations  et  que  Galilée  lui-même 
les  écrivait.  Or  cela  est  impossible  :  en  effet,  il  résulte  des  faits  historiques 
que  Torricelli  n'arriva  à  Florence  qu'en  164 1 ,  au  mois  d'octobre;  il  s'adjoi- 
gnit à  Galilée,  et  l'aida  à  composer  la  cinquième  journée  de  ses  Dialogues; 
il  n'est  pas  question  d'observations.  Cela  ne  dura  que  trois  mois,  car  Ga- 
lilée mourut  le  8  janvier  1642.  Personne  ne  niera  que  Galilée  fût  com- 
plètement aveugle  pendant  cette  période  de  sa  vie.  Voici  ce  que  Galilée 
écrivait  le  dernier  mars  1640  au  prince  Léopold  de  Toscane  (voir  Venturi, 
I.  II,  p.  3o3)  : 

Prcgo  «'lie  sia  servi  ta  cl  I  accettare  la  mia  scusa  coudonando  mtto  l'indugio  alla  mia  mise- 
rabil  perdita  délia  vista,  per  il  cui  mancamento  mi  è  forza  ricorrere  ail'  aiuto  ilegli  occhi  e 
délia  penna  di  altii,  dalla  quai  nécessita  ne  seguita  un  grau  dispendio  di  tempo,  e  massime 
aggiuntovi  l'attro  mio  difetto  di  aver  per  la  grave  età  diminuita  gran  parte  délia  memoria,  si 
che  nel  far  deporre  in  carta  i  miei  concetti,  moite  e  moite  volte  mi  bisogna  far  rileggere  i 
periodi  scritti  avanti,  per  poter  soggiupgere  gli  altri  seguenti  e  schirar  di  non  ri  peter  più 
volte  le  cose  dette. 

■a   On  voit  donc  que  Galilée  à  l'époque  en  question  ne  pouvait  pas  écrire, 


(  1019  ) 
puisqu'il  ne  pouvait  pas  même  lire,  et  qu'il  faisait  tout  à  l'aide  de  secrétaires; 
c'est  à  cet  effet  qu'il  avait  appelé  Torricelli,  qui  n'arriva  que  très-tard.  D'ail- 
leurs Galilée,  avec  ce  caractère  si  ardent  pour  ses  découvertes,  n'aurait 
jamais  passé  sous  silence  une  découverte  aussi  considérable  que  celle  d'un 
satellite  de  Saturne,  découverte  qui  complétait,  si  bien  le  système  solaire, 
s'il  en  avait  en  outre  déterminé  la  période.  Toute  cette  histoire  de  la  lunette 
envoyée  à  Pascal  et  à  Huyghens  est  donc  un  roman. C'est  encore  un  roman 
que  l'entretien  de  Galilée  avec  Pascal  au  sujet  des  observations  de  Torri- 
celli sur  le  poids  de  l'atmosphère,  car  Torricelli  s'en  occupa  dans  l'an- 
née i644»  après  la  mort  de  Galilée. 

»  En  outre,  est-il  possible  d'admettre  que,  si  Galilée  avait  découvert  ce 
satellite  avec  la  fameuse  lunette  envoyée  à  Pascal,  ses  élèves  Castelli, 
Viviani,  Torricelli,  eussent  gardé  le  silence,  surtout  lorsqu'on  sait  que  Tor- 
ricelli avait  acquis  une  grande  habileté  pour  travailler  les  verres,  habileté 
dont  il  gardait  le  secret?  (Voir  la  préface  aux  Lezioni  academiclie  d'Evan- 
gelista  Torricelli;  Firenze,  1 71 5. )  Nous  connaissons  d'ailleurs  la  date  de 
la  complète  cécité  de  Galilée  :  il  perdit  complètement  son  second  œil  avant 
le  2  janvier  iG38;  Viviani  ne  fut  admis  près  de  Galilée  que  vers  le  com- 
mencement de  1639,  et  avant  lui  Galilée  s'était  servi  comme  secrétaire  du 
P.  Ambrogetti.  [Voir  p.  87  et  99  et  84  de  l'ouvrage  de  Torricelli  la  Scienza 
universelle  délie  proporzioni.  )  Nous  savons  encore  quelles  étaient  les  occu- 
pations de  Galilée,  quelles  sont  les  théories  qu'il  traitait  dans  les  dernières 
années  de  sa  vie  :  elles  n'ont  rapport  qu'à  la  mécanique  et  non  pas  aux 
attractions  célestes. 

»  Aujourd'hui  que  les  falsifications  de  toute  espèce  sont  arrivées  à  une 
telle  perfection,  on  ne  peut  plus  croire  à  une  écriture,  sans  avoir  des  docu- 
ments étrangers  qui  en  prouvent  l'authenticité.  Voici  un  fait  que  je  puis 
citer  à  ce  propos  :  je  tiens  du  bibliothécaire  de  la  Barberinienne  de  Rome 
que,  il  y  a  quelques  années,  un  inconnu  français  est  venu  copier  une  des 
Lettres  de  Galilée  conservées  dans  la  bibliothèque,  et  il  l'a  fait  avec  telle 
perfection,  qu'il  aurait  été  impossible  de  distinguer  la  copie  de  l'original! 
Fiez-vous  donc  à  des  autographes  ! 

»  J'aurais  plusieurs  autres  choses  à  dire,  mais  ce  qui  précède  suffit  pour 
démontrer  la  fausseté  de  ces  documents  présentés  à  l'Académie  :  comme 
tous  les  autres,  ils  ont  paru  après  que  la  nécessité  s'est  montrée  de  sou- 
tenir quelque  proposition  avancée. 

»  Comme  je  l'ai  dit  au  commencement,  je  ne  viens  pas  pour  continuer 
un  débat  aussi  inutile  que  déplorable,  mais  seulement  pour  protester,  en 
ma  qualité  d'astronome  italien,  contre  ces  impostures.  » 


(     I020    ) 

;iistoire  des  scien'CES.  —  Réponse  aux  communications  de  MM.  H.  Martin, 
Harting,  le  P.  Secchi  et  Gilbert  Govi  (i)  ;  par  M.  Chasles. 

I. 

«  La  communication  de  M.  H.  Martin  me  paraît  ne  renfermer  aucune 
notion  historique,  aucune  objection  qui  n'ait  été  produite  et  à  laquelle  il 
n'ait  été  répondu.  Seulement  il  récuse  l'authenticité  des  Lettres  de  Montes- 
quieu, dont  on  n'avait  encore  rien  dit;  ces  Lettres,  comme  celles  de  Pascal, 
sont  l'œuvre  d'un  faussaire  qui  savait  mal  le  français.  Les  phrases  sont  la 
traduction  de  phrases  anglaises;  dans  une  est  un  pluriel  au  lieu  d'un  sin- 
gulier; dans  une  autre,  c'est  un  article  qui  fait  défaut....  M.  H.  Martin  pa- 
raît regarder  ces  Lettres  comme  l'œuvre  d'un  Anglais.  J'avais  pensé  au 
contraire  que  ces  Lettres  de  Montesquieu  étaient  un  des  documents  les  pins 
irréfutables  à  cause  de  leur  grand  nombre,  quatre  cents  au  moins,  traitant 
de  sujets  très-variés,  et  adressées  à  des  personnages  différents,  et  aussi  parce 
qu'indépendamment  de  ces  Lettres  il  se  trouve  trois  ouvrages  manuscrits 
de  l'Auteur,  qui  sont  des  copies,  mais  portant  des  annotations  autographes 
signées,  parfaitement  conformes  à  l'écriture  des  Lettres. 

»  Ce  que  je  dis  de  l'authenticité  des  Lettres  de  Montesquieu,  je  le  dirai 
aussi  de  celles  de  Labruyère,  de  Saint-Évremond,  de  Malebranche,  de 
Maupertuis,  etc.,  qui  parlent  incidemment  des  relations  qui  ont  eu  lieu 
entre  Pascal  et  Newton. 

»  Quant  à  Pascal,  M.  IL  Martin  reproduit  cet  argument  de  M.  Faugère, 
qu'il  ne  croyait  pas  an  mouvement  de  la  Terre:  il  dit  que  le  style  de  telle 
Lettre  est  ampoulé,  qu'il  y  a  des  phrases  baroques,  un  singulier  pour  un 
pluriel,  etc.  On  voit  que  M.  H.  Martin  n'admet  pas  qu'il  puisse  se  trouver 
des  négligences  dans  les  correspondancesfamilieresduxviieetduxviiiesiècle. 

»  Cependant  des  juges  des  plus  compétents  dans  une  telle  question  recon- 
naissent dans  le  style  et  les  sujets  si  variés  de  ces  nombreuses  Lettres,  qui 
embrassent  une  période  de  plus  de  vingt-cinq  ans,  le  génie  de  Pascal.  Et 
l'aspect  général  de  l'écriture  comparée  à  celle  du  manuscrit  presque  illisible 
des  Pensées,  indépendamment  des  trois  signatures  connues  qui  s'y  trouvent, 
confirment  ce  jugement. 

»  Le  savant  critique  ne  dit  rien  des  Lettres  de  Newton.  On  se  rappelle  que 
M.  Faugère  a  reconnu  que  l'écriture  était  de  nationalité  étrangère;  de  sorte 
qu'il  y  aurait  eu  deux  faussaires,  l'un  Anglais,  qui  aurait  fait  les  Lettres  de 


(i)   Voir  la  nouvelle  Lettre  de  M.  Govi,  p.  1041. 


(     1021     ) 

Pascal  et  de  Montesquieu,  et  l'autre,  sans  doute  Français,  qui  aurait  fait 
les  Lettres  de  Newton.  M.  Martin  reconnaît  que  quelques  Lettres  décla- 
matoires semblent  trahir  une  main  plus  récente;  de  sorte  qu'il  doit  5  avoir 
eu  un  troisième  faussaire  qui  a  continué  l'œuvre  des  faussaires  primitifs. 
Sur  ce  point  M.  Faugère  a  la  priorité;  il  a  eu  recours  le  premier  à  une  as- 
sociation de  faussaires. 

»  Quant  à  Galilée,  M.  IL  Martin  dit  qu'il  va  «  constater  d'abord  quel- 
»  ques  faits  établis  par  des  documents  authentiques,  »  savoir  :  i°  que  Ga- 
lilée a  été  complètement  aveugle  depuis  le  commencement  de  i638  jusqu'à 
sa  mort;  2°  que  depuis  la  fin  de  iG38  il  n'est  pas  allé  à  Florence.  Quelles 
preuves  doune-t-il  de  ces  deux  assertions,  déjà  produites,  du  reste?  Aucune, 
conformément  à  toutes  les  objections  qui  m'ont  été  opposées. 

»  Eh  bien!  quant  à  la  première,  j'ai  montré  qu'il  faut  conclure  du  Rapport 
officie!  de  l'Inquisiteur,  qui  avait  pour  but  de  faire  obtenir  à  Galilée  la  per- 
mission de  venir  à  Florence,  et  qui  dans  cette  vue  était  biemeillant  dans 
toutes  ses  parties,  que  la  cécité  n'était  point  complète,  tellement  que  Galilée 
espérait  se  guérir. 

»  J'ajouterai  qu'il  existe,  dans  un  des  volumes  d'une  riche  collection 
d'autographes  (de  M.  Boutron)  connue  de  beaucoup  de  Membres  de  l'Aca- 
démie, une  Lettre  de  Galilée  datée  d'Areetri  du  9  mai  1637;  et  que  la 
régularité  et  la  fermeté  de  l'écriture  protestent  contre  l'idée  que  l'auteur 
aurait  été  atteint,  quelques  mois  après,  d'une  cécité  complète. 

»  Quant  à  la  seconde  assertion,  que,  depuis  la  fin  de  i638  Galilée,  n'est 
pas  allé  à  Florence,  il  me  suffira  de  citer  un  fait  :  c'est  que  les  deux  Lettres 
de  Galilée  à  Boulliau,  non  autographes  et  seulement  signées,  qui  se  trou- 
vent dans  le  tome  XIX  de  la  Correspondance  de  Boulliau,  à  la  Bibliothèque 
Impériale,  sont  datées  de  Florence,  ainsi:  Florenliœ  kal.  januar.  i638; 
Florentiœ  penullime  decembris  1639. 

»  Si  la  première  date  est  antérieure  à  la  limite  posée  par  M.  H.  Martin, 
la  seconde,  1639,  lui  est  postérieure.  Elle  prouve  donc  le  contraire  de  son 
assertion.  Avais-je  raison  de  demander  des  preuves? 

»  Comment  peut-on  admettre  que  toutes  les  circonstances  de  la  vie  de 
Galilée  se  trouvent  relatées  dans  les  biographies,  qui  la  plupart  du  temps 
se  copient  sans  ajouter  rien  de  nouveau? 

»  Au  sujet  des  écrits  de  Kepler  que  Galilée  aurait  envoyés  en  1641  à 
Pascal,  M.  IL  Martin  m'oppose  qu'une  Lettre  du  fils  de  Kepler  à  Galilée 
établit  qu'en  février  i638  il  avait  encore  tous  les  manuscrits  de  son  père; 
que,  réduit  à  la  misère,  il  voulait  fuir  en  Italie  avec  ces  manuscrits;  et  qu'il 

C.  R.,  1867,  Ie  Semestre.  (T.  LX.V,  K"  2o.)  l^^ 


(     1022    ) 

offrait  d'en  céder  quelques-uns  au  grand-duc  de  Toscane  pour  prix  de 
l'assistance  qu'il  implorait. 

»  Je  ne  puis  que  savoir  gré  à  M.  H.  Martin  de  ce  passage  :  il  vient  à 
l'appui  de  nies  Lettres  de  Galilée  qui  envoie  des  écrits  de  Kepler  à  Pascal. 
Car  de  février  j 638  à  janvier  16/11,  Galilée,  qui  était  avide  de  connaître  les 
écrits  de  Kepler,  de  même  que  ceux  de-  Copernic,  avait  eu  le  temps  de 
s'en  procurer,  d'autant  pi  us  que  le  fils  de  Kepler  les  offrait  pour  en  retirer 
quelque  soulagement  à  sa  misère.  Déjà  plusieurs  de  ces  écrits  avaient  été 
cédés  à  Descartes,  comme  je  l'ai  dit  précédemment. 

»  M.  H.  Martin  répète,  après  d'autres,  que  les  Lettres  publiées  de  Galilée 
sont  toutes  en  italien  ou  en  latin,  d'où  il  conclut  que  les  Lettres  adressées 
à  Pascal  ne  sont  pas  plus  de  Galilée  que  les  Lettres,  dont  il  a  été  question 
d'abord,  ne  sont  de  Pascal  et  de  Montesquieu. 

»  D'après  cette  manière  de  raisonner,  comme  on  n'a  publié  aucune 
Lettre  du  P.  Mersenne  à  Galilée,  non  plus  qu'aucune  réponse  de  Galilée,  on 
serait  fondé  à  dire  qu'il  n'y  a  pas  eu  de  correspondance  entre  eux. 

»  Je  possède  de  nombreuses  Lettres  de  Galilée  écrites  en  français,  non- 
seulement  au  P.  Mersenne,  mais  à  Descartes,  à  Pascal,  à  Boulliau,  à  M"e  de 
Gournay,  à  Louis  XIII,  etc.,  et  en  outre  de  nombreuses  Notes  et  réflexions 
sur  l'ouvrage  de  Copernic,  cpie  Galilée  adressait  à  Descartes. 

»  J'ajouterai  qu'après  la  condamnation  de  Galilée,  le  Roi  Louis  XIII  et 
le  cardinal  de  Ricbelieu  lui  ont  écrit  et  ont  même  envoyé  auprès  de  lui 
l'archevêque  de  Lyon,  frère  de  Richelieu  et  lui-même  cardinal,  pour  l'en- 
gager à  venir  résider  en  France.  11  s'est  excusé  sur  son  grand  âge,  ses  infir- 
mités et  ses  habitudes  trop  enracinées.  Après  sa  mort,  Viviani  a  fait  don  à 
Louis  XIV,  qui  avait  témoigné  le  désir  d'en  prendre  connaissance,  des 
Lettres  adressées  à  Galilée  par  Louis  XIII  et  le  cardinal  de  Richelieu,  ainsi 
que  par  quelques  savants  français,  Descartes,  Pascal,  Gassendi,  etc.  Je 
publierai  ces  Lettres,  que  j'ai  montrées  à  beaucoup  de  personnes. 

»  M.  IL  Martin  dit  que  sans  doute  il  se  peut  trouver  au  nombre  de  mes 
documents  plusieurs  séries  de  Lettres  authentiques,  destinées  à  faire  ad- 
mettre les  Lettres  fausses,  comme  celles  de  Pascal,  de  Galilée  et  de  Montes- 
quieu. M.  Faugere,  au  contraire,  voulait  qu'un  seule  série  de  Lettres 
entraînât  la  fausseté  de  toutes  les  autres;  de  sorte  que  sur  ce  point  la  critique 
s'adoucit. 

»  Mais  il  y  a  un  tel  accord,  un  tel  enchaînement  dans  toutes  les  Lettres 
que  j'ai  eu  à  citer,  tantôt  pour  répondre  directement  à  une  objection,  tan- 
tôt pour  corroborer  par  une  accumulation  de  preuves  un  premier  résultat, 


(     1023    ) 

que  je  crois  qu'au  contraire,  une  seule  série  de  mes  documents,  reconnue 
authentique,  bien  entendu,  suffirait  pour  rendre  indubitable  chacune  des 
deux  propositions  que  j'ai  annoncées,  savoir,  premièrement,  qu'il  a  existé 
des  relations  entre  Pascal  et  Newton;  et  secondement,  que  Pascal  a  décou- 
vert les  lois  de  l'attraction,  bases  du  système  du  Monde. 

»  Et  si,  dans  mes  nombreuses  séries  de  documents,  il  s'en  trouvait  quel- 
ques-unes qui  fussent  simplement  des  copies  d'une  écriture  naturelle  et  non 
imitée,  ce  qui  pourrait  être,  parce  que  Desmaizeaux ,  notamment,  faisait 
faire  des  copies  soit  pour  Newton,  soit  pour  ses  nombreux  correspondants 
avec  lesquels  il  faisait  de  fréquents  échanges,  ces  séries  pourraient  être  écar- 
tées sans  qu'elles  eussent  à  porter  la  moindre  atteinte  aux  autres. 

II. 

»  La  communication  de  M.  Harting  ne  renferme  rien  qui  infirme 
aucun  point  des  Lettres  de  Boulliau  et  d'Huygens  auxquelles  elle  se  rap- 
porte. 

»  M.  Harting  dit  qu'Huygens  construisait  lui-même  ses  objectifs;  et  il 
donne  la  date,  3  février  1 655,  de  l'achèvement  de  l'objectif  avec  lequel  il  a 
fait  la  découverte  du  satellite  de  Saturne. 

»  Les  Lettres  citées  ne  disent  rien  de  contraire,  puisque,  d'une  part, 
Huygens  écrit  à  Boulliau  qu'il  a  étudié  l'instrument  qu'il  lui  a  envoyé,  et 
l'a  perfectionné  au  point  de  grossir  les  objets  plus  de  cent  fois.  Et  d'autre 
part,  que  Boulliau  lui  répond  qu'avec  la  lunette  perfectionnée  il  est  parvenu 
à  apercevoir  aussi  le  satellite  qu'il  n'avait  pu  voir  avec  l'instrument  de 
Galilée;  et  que  si  Galilée  a  donné  pour  ainsi  dire  l'idée  de  cette  découverte, 
le  résultat  appartient  à  Huygens. 

»  Non-seulement  le  contenu  de  ces  Lettres  n'est  infirmé  en  rien  par  la 
communication  de  M.  Harting,  mais  on  va  voir  qu'il  est  confirmé  par  une 
Lettre  d'Huygens  sur  laquelle  ne  pourra  planer  aucun  doute,  car  elle  se 
trouve  dans  un  volume  de  la  Correspondance  de  Boulliau,  conservée  à  la 
Bibliothèque  Impériale. 

»  Le  volume  de  cette  collection  renferme  une  vingtaine  de  Lettres 
d'Huygens.  La  première  est  datée  de  la  Haye,  26  décembre  1657.  Il  devrait 
s'en  trouver  d'autres,  antérieures  à  cette  date.  Mais,  sans  parler  ici  des 
causes  de  cette  lacune,  passons  outre,  pour  dire  que  cette  Lettre  de  iôS^ 
renferme  un  passage  très-important. 

»  Après  avoir  parlé  des  horloges,  Huygens  fait  connaître  à  Boulliau 
l'aspect  sous  lequel  il  a  vu  l'anneau  de  Saturne  après  que  la  planète  a  passé 


(     I02/|    ) 

sur  le  Soleil.  Puis  il  parle  du  premier  satellite,  et  c'est  ce  passage  sur 
lequel  j'appelle  l'attention  de  l'Académie. 

Le  in  décembre,  j'ay  vu  Saturne  avec  ma  grande  lunette,  pour  la  première  fois  après 
qu'il  a  passé  le  Soleil  ;  et  me  suis  réjoui  en  le  trouvant  justement  de  la  forme  que  j'avais 
prédite  suivant  mon  hypothèse  de  l'anneau.  (Ici  Huygens  fait  connaître  par  une  figure  la 
foi  nie  de  la  planète  et  de  son  anneau,  et  ajoute  :  )  Le  satellite  ne  semble  pas  suivre  toujours 
le  plan  de  cet  anneau,  qui  est  parallèle  à  l'équateur,  mais  quelque  autre,  ainsi  qu'il  en  arrive 
de  mesme  à  noslre  Lune.  Je  m'estimerais  heureux  de  vous  avoir  encore  pour  tesmoin  de  ces 
observations,  et  espère  toujours  que  le  printemps  vous  nous  pourra  ramener.  Cependant  je 
vous  supplie  de  ne  communiquer  à  personne  ce  que  vous  sçavez  du  monde  saturnien,  nv 
mesme  de  faire  veoir  la  figure  que  je  viens  de  vous  tracer,  jusqu'à  ce  que  j'auray  publié  tout 
le  système. 

»  Il  résulte  de  là  rpie  Huygens  avait  déjà  découvert  le  satellite,  et  que 
Boulliau  avait  été  témoin  d'observations  antérieures.  11  faut  remarquer  que 
Huygens  le  supplie  de  ne  point  communiquer  ce  qu'il  sait  de  ces  obser- 
vations. 

»  Cette  recommandation  ne  peut-elle  pas  paraître  se  rapporter  à  la 
Lettre  de  Boulliau  incriminée  par  M.  Ilarting  ? 

»  On  pourra  se  demander  comment  la  Lettre  que  j'ai  citée  ne  s'est  pas 
trouvée  avec  les  Lettres  de  Huygens  réunies  dans  le  tome  IX  de  la  Corres- 
pondance de  Boulliau. 

»  C'est  là  un  épisode  de  la  sollicitude  de  Desmaizeaux  et  de  Newton  à 
l'égard  de  certains  documents  qu'ils  retiraient  des  collections  particulières, 
comme  on  l'a  déjà  vu  par  divers  exemples  (i),  auxquels  j'aurai  à  en  ajouter 
d'autres.  Pour  ne  pas  fatiguer  l'Académie  de  ces  détails,  je  les  passerai  sous 
silence  dans  ce  moment;  parce  qu'il  me  suffit  de  constater  qu'il  est  cer- 
tain qu'il  manque  dans  la  correspondance  d'Huygens  et  de  Boulliau  des 
Lettres  auxquelles  celle  du  26  décembre  1657,  dont  il  vient  d'être  ques- 
tion, faisait  suite. 

III. 

»   Je  passe  à  la  Lettre  du  P.  Secchi  dont  il  vient  d'être  donné  lecture. 

»  Le  P.  Secchi  ne  peut  pas  s'empêcher  de  protester  contre  ions  les 
égarements  et  les  faussetés  à  l'égard  de  l'histoire  des  sciences  en  Ttalie  que 
renferment  mes  communications. 

»  Torricelli  n'arriva  à  Florence  qu'en  octobre  1G41. 

«    Galilée  ne  pouvait  ni  lire  ni  écrire  à  cette  époque. 

(1)   Comptes  rendus,  t.  LXV,  p.  2- i  ;  séance  du  12  août  1867. 


(   ioa5  ) 
»   Je  sais  parfaitement  que  Torricelli  n'est  resté  que-  trois  mois  auprès  de 
Galilée;  cela  se  trouve  notamment  dans  deux  Lettres  de  Viviani  à  Pascal, 
de   1648,  que  je  n'avais   point  à  citer.   Galilée  l'avait  lui-même   écrit   ;'< 
Boulliau,  comme  on  le  voit  par  les  deux  Lettres  suivantes  : 

Boulliau   à   Pascal. 

Ce  10  octobre  1 64 1  - — Je  viens  de  recevoir  une  Lettre  de  nostre  amv  commun  M.  Galilée, 
qui  m'a  chargé  de  vous  assurer  de  son  amitié.  Par  la  mesme  occasion  j'av  anssy  reçu  une 
Lettre  de  M.  Torricelli,  qui  s'  st  rendu  de  Rome  à  Florence  auprès  du  très  illustre  astro- 
nome, où  il  compte  se  fixer  pour  l'aider  dans  ses  expériences  et  achever  différents  travaux 
que  M.  Galilée  n'aurait  pu  terminer  sans  le  secours  d'un  homme  habile.  Car  il  paroist,  si 
j'en  crois  M.  Torricelli,  que  M.  Galilée  est  devenu  bien  caduc.  La  vue  l'abandonne  de  plus 
en  plus.  Il  y  voit  encore  pour  lire  et  escrire,  mais  nullement  pour  faire  des  expériences  as- 
tronomiques. TU.  Galilée  ne  pouvoit  choisir  un  homme  plus  capable  que  M.  Torricelli  pour 
recueillir  ses  grandes  connoissances  :  et  j'espère  que  de  cette  union  de  deux  génies  aussy 
sublimes,  il  en  sortira  des  fruits  délicieux  au  progrès  des  sciences. 

Avec  sa  Lettre  M.  Torricelli  m'envoye  quelques  théoresmes  sur  les  solides,  où  il  esclaircit 
et  estend  avec  sa  facilité  naturelle  la  doctrine  d'Archimède  dans  son  Traité  de  la  sphère  et  du 

cylindre 

Pascal  à  Fermât. 

Ce  16  octobre  1641-  —  Je  viens  d'apprendre  par  l'intermédiaire  du  R.  P.  Boulliau,  des 
nouvelles  du  très  docte  Galilée  qui  lui  mande  que  M.  Torricelli  qu'il  attendoit  depuis  quel- 
que temps  est  enfin  chez  luy  en  ce  moment,  pour  l'aider  dans  ses  travaux  et  estre  le  com- 
pagnon de  ses  estudes  avec  le  jeune  Viviani.  Selon  moi,  et  à  en  juger  par  les  quelques 
Lettres  que  j'ai  déjà  reçues  de  luy  et  par  les  éloges  que  m'en  a  fait  le  P.  Castelli  dans  ses 
Lettres,  Torricelli  est  l'homme  le  plus  capable  de  recueillir  les  grandes  connaissances  et  les 
spéculations  sublimes  que  le  grand  âge  de  M.  Galilée,  la  faiblesse  de  sa  vue  el  ses  autres 
infirmités  ne  lui  permettent  plus  de  faire  luy  mesme.  Car  il  est  devenu  très  caduc,  et  il 
paroist  qu'il  ne  voit  que  très  peu  maintenant;  il  peut  encore  lire  et  escrire,  mais  non  estu- 
dicr  les  astres. 

»  Lm  seconde  assertion'du  P.  Secchi,  que  Galilée  ne  pouvait  ni  lire  ni 
écrire  en  i6/ji,  a  déjà  été  émise  par  MM.  Govi  et  H.  Martin;  j'y  ai  répondu 
suffisamment. 

»  Le  P.  Secchi  termine  sa  Lettre  par  cette  réflexion  :  Un  Français  a  fait, 
il  y  a  quelques  années,  à  la  Bibliothèque  Barberinienne,  une  copie  d'une 
Lettre  de  Galilée,  avec  une  telle  perfection  qu'il  aurait  été  impossible  de 
distinguer  la  copie  de  l'original.  Fiez-vous  donc  à  des  autographes! 

»  Il  ajoute:  Ce  qui  précède  suffit  pour  démonlrer  les  faussetés  de  ces 
documents  présentés  à  l'Académie,  qui,  comme  tous  les  autres,  ont  paru 
après  que  la  nécessité  s'est  montrée  de  soutenir  quelque  proposition  avancée. 


(     IO26    ) 

»  Ainsi,  ce  que  semble  faire  entendre  le  P.  Secchi,  c'est  que  les  pièces 
que  je  produis  pour  répondre  aux  objections  sont  fabriquées  au  furet  à 
mesure  qu'il  y  a  nécessité. 

»  Le  P.  Secchi  dit  que  «  c'est  en  sa  qualité  d'astronome  italien  qu'il  pro- 
»   teste  contre  ces  impostures.  » 

»  M.  Grant  a  parlé  en  astronome  ;  mais  non  le  P.  Secchi,  qui  se  borne  à 
rapporter  ce  qu'il  a  lu,  comme  tout  le  monde,  dans  les  biographies.  Et  je 
doute  que  personne  lui  sache  gré  du  ton,  pour  ne  pas  dire  de  la  pensée, 
qui  le  distinguera  dans  l'histoire  de  cette  polémique. 

IV. 

»  J'arrive  enfin  à  la  Lettre  de  M.  Govi,  dont  M.  le  Secrétaire  perpétuel 
a  donné  lecture,  et  que  M.  Govi  a  eu  l'obligeance  de  m'annoncer  par  une 
Lettre  particulière. 

»  La  Lettre  de  M.  Govi,  qui  donne  lieu  à  celle  de  ce  jour,  a  été  pré- 
sentée dans  notre  séance  du  2  décembre;  l'heure  avancée  et  le  Comité  secret 
qui  allait  avoir  lieu  ne  m'ayant  permis  de  prendre  la  parole  que  quelques 
instants,  j'ai  dû  me  borner  à  signaler  une  insinuation  grave,  dans  une 
phrase  que  j'ai  citée,  et  que  je  reproduis  ici  :  «  M.  Chasles  possède,  je  CROIS, 
»  quelques  autographes  véritables  de  Galilée,  il  doit  avoir  entre  autres,  si  je  ne 
»  me  trompe,  une  Lettre  de  ce  savant  adressée  au  prince  Cési  :  la  compa- 
»  raison  de  ces  documents  avec  les  cinq  Lettres  de  16.41  pourra,  je  l'espère, 
»  dissiper  tous  les  doutes.   » 

»  Cette  phrase  faisait  entendre  que  j'avais  entre  les  mains  quelques  auto- 
graphes de  Galilée,  entré  autres,  une  Lettre  adressée  au  prince  Cési,  qui 
devaient  prouver  la  fausseté  des  cinq  Lettres  de  1 64 1  que  j'avais  produites 
comme  véritables. 

»  Eh  bien,  la  vérité  est  que  je  n'avais  point  quelques  autographes,  comme 
le  disait  M.  Govi,  et  que  je  n'avais  pas  même  la  Lettre  entière  qui 
aurait  fait  partie  de  ces  quelques  autographes,  mais  seulement  le  dernier 
feuillet  d'une  Lettre  adressée  à  Velser,  sur  les  taches  du  Soleil,  compre- 
nant une  demi-page  à  peu  près.  Ce  feuillet  m'a  été  envoyé  par  un  ami 
d'Italie,  en  octobre  i85o,. 

»  C'était  pour  attirer  l'attention  de  M.  Govi,  qu'en  rapportant  la  phrase 
ci-dessus,  j'avais  mis  en  italiques  ces  mots  :  quelques  autographes  véritables, 
il  doit  avoir  entre  autres.  Ce  sont  ces  mots  qui  renfermaient  l'insinuation 
que  je  devais  signaler;  mais  M.  Govi  les  passe  sous  silence  dans  sa  Lettre 


(     1027    ) 

de  ce  jour,  car  il  dit  simplement  :  «  Comment  pouvais-je  assurer  que  la 
»  Lettre  de  Galilée  à  laquelle  je  faisais  allusion  fût  encore  entre  les  mains 
»    de  M.  Chasles.    » 

»  Quant  à  l'erreur  de  fait  que  j'ai  annoncée,  elle  est  bien  simple;  M.  Govi 
dit  que  les  cinq  Lettres  de  Galilée  cpie  j'ai  citées  sont  datées  de  Florence, 
quand,  en  réalité,  il  n'y  en  a  que  deux  qui  soient  datées  de  Florence,  la 
seconde  et  la  troisième,  et  non  les  trois  autres. 

»  Je  puis  signaler  une  autre  erreur  de  fait  plus  importante  encore.  RI.  Govi, 
après  avoir  dit  que  toutes  les  Lettres  de  Galilée  écrites  pendant  huit  ans,  de 
décembre  i633  au  8  janvier  1642,  époque  de  sa  mort,  sont  datées  d'Arcetri, 
et  qu'il  n'en  connaît  qu'une  qui  porte  la  date  de  Florence  (le  7  août  j638), 
ajoute  que  deux  Lettres  qui  se  trouvent  à  la  Bibliothèque  Impériale,  dans 
la  Correspondance  de  Boulliau,  tome  XIX,  feuillets  99  et  101,  sont  datées 
d'Arcelri.  C'est  là  où  est  l'erreur,  car  ces  deux  Lettres  sont  datées  de  Flo- 
rence, l'une  des  calendes  de  janvier  1 638,  et  l'autre  de  l'avantdernier  jour  de 
décembre  i63g,  comme  je  l'ai  dit  ci-dessus  en  répondant  à  M.  H.  Martin.  » 

MÉMOIRES  LUS. 

CHIKURGIE. —   Résumé  des  applications  faites  jusqu'à  ce  jour  de   l'occlusion 
pneumatique  au  traitement  des  plaies  exposées;  par  M.  J.  Guéiîin  (i). 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  L'Académie  sait  maintenant  en  quoi  consiste  l'occlusion  pneumatique) 
elle  connaît  son  point  de  départ,  les  principes  qui  lui  servent  de  base,  les  ap- 
pareils qu'elle  emploie,  les  résultats  physiologiques  quelle  produit;  il  ne  me 
reste  plus  qu'à  lui  faire  connaître  les  résultats  pratiques  auxquels  elle  a  donné 
lieu  jusqu'ici.  Mais,  avant  de  procéder  à  cette  exposition,  j'ai  besoin  de 
rappeler  et  de  définir  en  quelques  mots,  empruntés  au  premier  Mémoire 
que  j'ai  lu  devant  l'Académie  de  Médecine,  le  G  février  1866,  les  deux  prin- 
cipaux modes  d'action  de  la  méthode  :  l'occlusion  hermétique  et  Vaspiralion 
continue;  car  à  ces  deux  modes  se  rattachent  deux  ordres  de  résultais  dif- 
férents : 

»   Par  Yocclusion  hermétique,  «   les  plaies  sont  constamment  maintenues 

(1)  L' Académie  a  décidé  que  cette  communication,  quoique  dépassant  les  limites  régle- 
mentaires, serait  reproduite  en  entier  au  Cui/iptc  rendu. 


(  1028  ) 
»  à  l'abri  du  contact  de  l'air  :  les  altérations  des  liquides,  résultant  de 
»  l'action  des  gaz  ou  des  levains  organiques  qu'il  tient  en  suspension,  sont 
»  empêchées.  La  compression  uniforme  et  graduée  qu'elle  permet  favorise 
»  le  dégorgement  des  parties  enveloppées  et  le  rapprochement  des  parties 
»  séparées;  finalement,  elle  prévient  l'inflammation  suppurative  de  la  plaie 
»  et  provoque  d'emblée  le  travail  d'organisation  immédiate  lorsque  les  tissus 
»  lésés  ne  sont  le  siège  d'aucune  complication  pathologique  capable  de 
»   remplacer  sous  une  autre  forme  l'incitation  puogénique  de  l'air.  » 

»    Voilà  pour  l'occlusion;  voici  pour  l'aspiration  : 

«  L'aspiration  continue  du  récipient  pneumatique  favorise  l'exhalation 
»  et  les  sécrétions  cutanées;  elle  empêche  la  stagnation  de  ces  produits  et 
»  celle  des  liquides  épanchés  ;  elle  exerce  sur  la  surface  de  la  plaie  une 
»  double  et  caractéristique  influence  :  elle  favorise  la  sécrétion  plastique  ré- 
»  paratrice;  elle  prévient,  par  le  mouvement  rétrograde  qu'elle  provoque, 
»  toute  absorption  ou  résorption  des  gaz  ou  des  liquides  épanchés,  ou  des 
»   substances  toxiques,  ou  virulentes  déposées  à  leur  surface.  » 

>  Tels  sont  les  effets  de  l'aspiration  continue;  et,  pour  que  son  action  ne 
puisse  être  empêchée  ou  interrompue  par  une  application  trop  directe  de 
la  poche  imperméable,  j'ai  toujours  soin  de  placer  une  enveloppe  intermé- 
diaire perméable,  «  dont  le  rôle  est  de  favoriser  sur  toute  l'étendue  de  la 
»  partie  enveloppée  la  circulation  des  gaz  ou  des  liquides  sécrétés,  et  de 
»  maintenir  ainsi  les  surfaces  enveloppées,  en  rapport  incessant  avec  le 
»   récipient  pneumatique.  » 

»  Il  ne  peut  donc  rester  aucune  incertitude  sur  la  double  action  de 
l'occlusion  pneumatique  appliquée  au  traitement  des  plaies  exposées;  et  si, 
par  une  circonstance  imprévue,  l'une  ou  l'autre  de  ces  deux  actions  pouvait 
être  empêchée  ou  suspendue,  ce  serait  contre  le  but  delà  méthode,  et  cette 
interruption  serait  une  indication  immédiate  à  la  recherche  de  la  cause  ou 
des  causes  de  cette  interruption,  et  à  l'emploi  des  moyens  de  la  faire  cesser  : 
c'est  à  la  lumière  de  ces  principes  que  l'occlusion  pneumatique  a  été  ap- 
pliquée aux  différentes  catégories  de  plaies  exposées,  que  je  vais  faire  con- 
naître à  l'Académie. 

»   Ces  catégories  sont  jusqu'ici  au  nombre  de  quatre  : 

»  Dans  la  première,  sont  comprises  les  plaies  et  les  opérations  chirurgicales 
simples,  c'est-à-dire  qui  n'intéressent  que  la  peau  et  le  tissu  cellulaire, 
telles  que  les  grandes  coupures,  les  incisions,  les  ablations  de  cicatrices 
ou  de  tumeurs  sous-cutanées,  les  extractions  de  corps  étrangers  des  arti- 
culations. 


(  'oa9  ) 

«  Dans  la  seconde  catégorie,  sont  comprises  les  opérations  graves,  telles 
que  les  amputations  de  membres  et  les  plaies  accidentelles  de  la  même  im- 
portance. 

»  Dans  une  troisième  catégorie,  sont  les  plaies  confuses  avec  ouverture 
de  la  peau,  les  fractures  compliquées  simples,  c'est-à-dire  avec  perforation 
de  la  peau,  les  os  simplement  rompus. 

»  Dans  une  quatrième  catégorie,  sont  les  plaies  par  armes  à  feu,  avec 
dilacération  et  destruction  des  tissus,  fractures  comminutives  et  broie- 
ment des  os,  plaies  réunissant  les  plus  graves  complications  des  lésions 
traumatiques. 

»  A.  Parmi  les  faits  appartenant  à  la  première  catégorie,  je  citerai  : 

»  i°  L'extirpation  d'une  tumeur  fibreuse  extrêmement  douloureuse, 
siégeant  derrière  la  malléole  interne  d'une  dame  qui  avait  consulté  dès 
longtemps  MM.  Velpeau  et  Nélaton.  L'enlèvement  de  la  tumeur  avait  laissé 
une  excavation  incomplètement  recouverte  par  la  peau.  Après  quatre  jours 
d'occlusion  pneumatique,  l'espace  occupé  par  la  tumeur  était  comblé,  et 
au  huitième,  la  guérison  était  complète. 

»  20  L'ablation  de  quatre  brides  cicatricielles  de  la  main,  suites  de  brû- 
lures, chez  l'enfant  d'un  employé  de  la  Compagnie  de  Lyon  :  les  plaies  ré- 
sultant des  opérations  pratiquées  suivant  ma  méthode  par  déplacements  de 
cicatrices  étaient  complètement  guéries  après  onze  jours  de  traitement. 

»  3°  L'extraction  de  concrétions  hydatiformes  du  poignet,  chez  un  mar- 
chand de  vin  du  Vésinet,  lequel  avait  reçu  à  plusieurs  reprises  et  successi- 
vement les  conseils  et  les  soins  de  MM.  Velpeau,  Nélaton  et  Laugier. 

»  L'opération,  cpie  l'on  considère  généralement  comme  une  des  plus 
dangereuses  de  la  chirurgie  par  les  moyens  ordinaires,  a  été  faite  en  pré- 
sence de  MM.  les  docteurs  de  Ranse  et  Sales  Girons.  La  plaie  était  com- 
plètement cicatrisée  le  quatrième  jour.  Six  semaines  après,  la  tumeur  s'étant 
reformée,  sous  l'influence  de  quelques  granulations  restées  dans  la  tumeur, 
dût  être  réopérée.  Le  quatrième  jour,  la  nouvelle  plaie,  pratiquée  dans  un 
autre  endroit  du  poignet,  était  complètement  cicatrisée,  et  la  seconde, 
comme  la  première  opération,  n'avait  donné  lieu  à  aucun  accident,  à  au- 
cun symptôme  d'inflammation  suppurative. 

»  4°  Une  opération  semblable,  mais  pour  une  tumeur  beaucoup  plus  con- 
sidérable, siégeant  au  devant  du  poignet  et  datant  de  vingt-deux  ans,  fut 
pratiquée  par  moi  le  27  juin  18G6,  à  l'hôpital  Saint-Pierre  de  Bruxelles,  en 
présence  de  M.  le  Dr  de  Roubaix,  chirurgien  en  chef,  e!  des  autres  chirur- 

C.  R.,  1SG7,  ae  Semestre.  (  T.  LXV,  N°  23.)  x  ^4 


io3o  ) 
giens  de  cet  hôpital.  Le  troisième  jour,  la  plaie  était  cicatrisée,  et  le  cin- 
quième jour,  l'opéré  quittait  l'hôpital  sans  avoir  éprouvé  le  plus  petit  accès 
île  lièvre,  le  moindre  accident. 

»  5°  Toujours  dans  la  même  ealégorie,  je  citerai  une  dame  belge  qui 
s'était  présentée  a  la  consultation  de  M.  Maisomieuve,  à  l'Hôtel-Dien,  et 
que  j'ai  ensuite  opérée  en  présence  de  cet  habile  chirurgien  et  de  M.  Mi  Ilot, 
interne  de  l'Hôtel-Dieu.  Cette  dame  était  atteinte  depuis  plusieurs  années 
d'un  corps  étranger  du  genou,  très-douloureux,  et  qui  l'empêchait  de  mar- 
cher. L'extraction  en  fut  faite  à  l'aide  d'une  incision  directe  :  la  guérison 
était  complète  le  septième  jour. 

»  Je  ferai  remarquer  cpie  les  trois  derniers  opérés  de  cette  première  ca- 
tégorie avaient  consulté  bon  nombre  de  chirurgiens,  lesquels,  parfaitement 
convaincus  des  dangers  inhérents  aux  opérations  qu'ils  auraient  dû  prati- 
quer, avaient  engagé  les  malades  à  temporiser  et  à  recourir  à  des  traite- 
ments palliatifs. 

»  B.  Parmi  les  faits  appartenant  à  la  seconde  catégorie,  je  citerai  trois 
groupes  d'amputations;  des  amputations  articulaires  (désarticulations),  des 
amputations  de  bras  ou  de  jambe,  et  des  amputations  de  cuisse. 

»  i°  Les  désarticulations,  au  nombre  de  deux,  ont  été  pratiquées  :  une, 
la  désarticulation  du  gros  orteil,  par  M.  Michaux,  professeur  à  l'Université 
de  Louvain  ;  l'autre,  l'amputation  partielle  du  pied,  méthode  de  Chapart, 
par  M.  de  Rouhaix,  chirurgien  en  chef  de  l'hôpital  Saint-Pierre;  l'une  et 
l'autre,  traitées  par  l'occlusion  pneumatique,  ont  également  et  très-rapide- 
ment guéri,  mais  avec  quelques  particularités  étrangères  à  la  méthode,  et 
que  ]'aurai  à  mentionner  plus  tard. 

»  2°  Deux  amputations  du  liras  et  de  la  jambe,  opérées  par  M.  le  Dr  Mai- 
sonneuve  à  l'Hôtel-Dieu,  chez  lesquelles  la  cicatrisation  des  plaies  a  suivi  la 
marche  indiquée  par  la  méthode,  mais  dont  la  première,  chez  un  sujet 
mort  ensuite  du  choléra,  a  permis  de  constater,  par  la  dissection  cl 1 1  moi- 
gnon, un  résultat  curieux,  propre  a  révéler  un  nouvel  ordre  d'avantages 
inhérents  à  l'occlusion  pneumatique. 

■>  Chez  cet  opéré,  M.  le  l)r  Maisonneuve,  a  ma  demande,  et  d'après  les 
expériences  que  j'avais  faites  sur  les  animaux,  s'était  abstenu  de  faire  la 
ligature  des  deux  artères  du  membre,  la  radiale  et  la  cubitale.  Il  s'était 
borné  a  replier  sur  elles-mêmes,  avec  le  moignon  dans  lequel  elles  étaient 
comprises,  les  tU'u\  artères.  A  l'autopsie,  au  quinzième  jour  de  l'opération, 
elles  furent  trouvées  complètement  oblitérées.  Cette  méthode,  qui  m'a  été 


{  io3i  ) 
suggérée  par  le  besoin  d'écarter  des  plaies  soumises  à  l'occlusion  pneuma- 
tique Ions  corps  étrangers  comme  les  ligatures,  me  paraît  susceptible  (rein- 
appliquée  à  toutes  les  artères.  Elle  exempterait  les  amputations  d'une 
complication  opératoire  souvent  longue  et  difficile,  et  qui  n'est  pas  tou- 
jours exempte  d'inconvénients  et  même  d'accidents. 

»  3°  Dans  cette  catégorie,  je  rappellerai  une  première  et  décisive  appli- 
cation de  la  méthode,  une  amputation  de  cuisse  pratiquée  par  M.  le  Dr  De- 
marquay,  à  la  Maison  municipale  de  santé,  et  dont  l'observation  a  déjà 
figuré  dans  mon  premier  Mémoire,  lu  à  l'Académie  de  Médecine  le  6  fé- 
vrier 1866.  Chez  cet  amputé,  la  réunion  s'est  effectuée  en  sept  jours  sans 
fièvre  traumatique,  sans  inflammation  suppurative,  et  il  nous  a  été  donné 
d'observer  de  très-près  le  mécanisme  physiologique  de  sa  guérison.  An 
septième  jour,  la  réunion  des  lambeaux  était  complète,  moins  le  point 
pour  le  passage  des  ligatures.  L'appareil  fut  enlevé;  mais,  à  la  visite  du 
lendemain,  on  trouva  les  lambeaux  éraillés  dans  une  partie  de  leur  circon- 
férence; l'écartement  était  de  1  centimètre  environ.  On  pouvait  distinguer, 
entre  les  bords  écartés,  le  tissu  cicatriciel  sous  forme  de  colonnes  char- 
nues, rougeàtres,  homogènes,  et  ne  laissant  pas  exsuder  de  liquide.  Le 
moignon  fut  replacé  dans  l'appareil,  et  le  dix-huitième  jour  la  plaie  était 
complètement  guérie.  Dans  l'excellent  ouvrage  cpi'il  a  publié  postérieu- 
rement sous  le  titre  de  Traité  de  Pneumaioloqie  médicale,  M.  le  Dr  Demar- 
quay,  faisant  allusion  à  ce  fait,  l'a  donné  comme  complément  confirmatif 
de  ma  méthode  et  de  mes  principes. 

»   Les  autres  amputations  de  cuisse,  traitées  par  l'occlusion  pneuma 
tique,  ont  été  pratiquées  par  M.  Vanhouter,  chirurgien  de  l'hôpital  Saint- 
Pierre  de  Bruxelles,  et  les  dernières,  par  M.  Maisonneuve,  à  l'Hôtel-Dieu 
de  Paris. 

»  L'amputé  de  M.  Vanhouter  était  dans  l'état  de  santé  le  plus  déplo- 
rable, affecté,  depuis  quatre  années,  d'une  désorganisation  du  tibia.  L'af- 
faiblissement du  malade  était  tel,  au  rapport  de  M.  "Vanhouter,  que  le  ma- 
lade disait  lui-même  n'avoir  plus  deux  heures  à  vivre.  L'amputation,  traitée 
par  l'occlusion  pneumatique,  n'a  donné  lieu  à  aucun  accident  de  fièvre 
traumatique.  Huit  jours  après  l'opération,  la  réunion  était  complète,  à 
l'exception  du  point  pour  le  passage  des  fils,  et  au  treizième  jour  l'appa- 
reil  pouvait  être  enlevé,  et  la  réunion  était  complète  et  solide. 

»  Des  six  amputations  de  M.  Maisonneuve,  trois  ont  été  traitées  sous 
mes  yeux  et  avec  mon  concours;  les  trois  autres,  par  le  chirurgien  de 
l'Hôtel-Dieu,  seul.  Mais,  depuis  qu'il  a  eu  la  loyauté  de  reconnaître  que  ces 

i34.. 


(  io32  ) 
trois  amputés  l'ont  été  conformément  à  mes  principes  et  à  ma  méthode,  je 
puis  les  considérer  comme  une  confirmation  de  ceux  cités  plus  haut;  et  la 
question  de  priorité,  un  instant  soulevée  à  cette  occasion,  est  devenue 
une  simple  question  d'hospitalité.  Sur  ce  terrain,  je  me  plais  à  reconnaître 
que  mon  savant  confrère  a  toujours  été  de  ceux  qui  ont  rendu  justice 
à  la  méthode  sous-cutanée  et  à  toutes  les  déductions  qu'elle  a  suggérées. 

»  Je  ne  puis  me  dispenser  de  m'expliquer  ici  sur  l'insuccès  cité  par 
M.  Maisonneuve,  et  qui  aurait  été  l'occasion  de  la  méprise  un  instant  com- 
mise par  mon  savant  confrère.  Dans  le  cas  dont  il  s'agit,  les  lambeaux  de 
l'amputation  étaient  trop  longs,  ainsi  que  je  l'ai  fait  remarquer  le  jour 
même  de  l'opération.  Il  en  est  résulté  que  la  réunion,  qui  s'est  faite  immé- 
diatement à  la  circonférence,  a  laissé  au  centre  du  moignon  un  espace  creux 
où  s'est  accumulée  une  grande  quantité  de  liquides  qui  se  sont  altérés. 
C'est  la  résorption  de  ces  liquides  qui  a  occasionné  la  mort.  Lorsque  les 
lambeaux  sont  taillés  de  façon  à  ce  que  cet  espace  central  n'existe  pas,  il 
n'y  a  pas  de  vide,  pas  d'accumulation  de  liquides,  le  moignon  est  plein  et 
la  greffe  a  lieu  immédiatement  dans  toute  l'étendue  des  surfaces  de  la  plaie. 
Pour  prévenir  d'ailleurs  le  retour  de  pareils  accidents,  je  place,  dans  l'in- 
térieur du  moignon,  un  tube  aspirateur,  percé  de  trous,  de  verre  ou  autre 
matière  incompressible,  lequel  a  pour  objet  de  maintenir  en  communica- 
tion incessante  le  centre  du  moignon  avec  l'intérieur  de  l'appareil.  De  cette 
façon,  l'aspiration  s'exerce  sans  interruption  sur  les  liquides  épanchés  au 
centre  du  moignon,  quoique  l'affrontement  complet  des  surfaces  puisse 
être  retardé  par  une  trop  grande  laxité  des  lambeaux. 

»  Au  demeurant,  les  cinq  amputations  de  cuisse  pratiquées  par 
M.  Maisonneuve  ont  été,  comme  chez  les  amputés  de  MM.  Demarcpiav  et 
"Vanhouter,  cicatrisées  en  peu  de  jouis,  et  elles  n'ont  donné  lieu  à  aucun 
symptôme  de  fièvre  traumatique. 

»  C.  La  troisième  catégorie  des  plaies  guéries  par  l'occlusion  pneuma- 
tique comprend  des  cas  de  plaies  pénétrantes  des  articulations,  des  plaies 
contuses  avec  déchirures  des  chairs,  et  des  plaies  de  la  peau  résultant  de 
fractures  compliquées.  Parmi  ces  dernières,  je  citerai  le  cas  d'une  femme, 
qui,  en  se  jetant  par  la  fenêtre,  s'est  fracture  le  crâne,  la  cuisse,  et  s'est  ou- 
vert l'articulation  du  genou.  Admise  à  l'hôpital  Saint-Jean  de  Bruxelles, 
elle  y  fut  amputée  de  la  cuisse  par  M.  Rossignol,  chirurgien  en  chef,  et  sou- 
mise par  M.  le  D'  Buvs,  pour  la  plaie  pénétrante  du  genou  et  l'amputation, 
à  l'occlusion   aspiratrice.  La  malade  mourut   le  quatrième  jour  des  suites 


(  io33  ) 
de  sa  plaie  du  crâne;  niais  la  plaie  résultant  de  l'amputation,  presque  com- 
plètement réunie,  n'avait  pas  suppuré,  et  la  plaie  de  l'articulation  du  genou 
élait  fermée.  La  dissection  du  genou  fit  voir  cpie  la  plaie  articulaire  était 
tellement  bien  cicatrisée,  qu'on  en  distinguait  à  peine  des  traces. 

»  Dans  la  même  catégorie  de  faits,  j'ai  rapporté,  dans  mon  Mémoire  lu  à 
l'Académie  de  Médecine,  le  cas  d'un  enfant  atteint  d'une  fracture  compli- 
quée de  l'avant-bras  avec  issue  des  fragments  du  radius  à  travers  une  ou- 
verture de  la  peau  ;  dès  le  troisième  jour,  la  plaie  cutanée  était  complète- 
ment fermée,  et  la  consolidation  de  la  fracture  s'effectua  dans  l'espace  d'un 
mois,  comme  si  c'eût  été  une  fracture  simple. 

»  D.  Je  termine  cette  énumération  rapide  par  un  fait  considérable,  ap- 
partenant à  la  quatrième  catégorie,  c'est-à-dire  aux  plaies  par  armes  à  feu, 
avec  dilacération  et  destruction  des  tissus,  fractures  comminutives  et  broie- 
ment des  os  :  celait  montre  la  dernière  limite  des  applications  efficaces  de 
la  méthode. 

»  Le  28  août  1 865,  je  fus  mandé  par  dépèche  télégraphique  à  Reims, 
pour  un  négociant  qui  venait  d'avoir  la  paume  de  la  main  emportée  par 
l'explosion  d'une  cartouche.  La  charge,  en  se  frayant  un  passage  avait  broyé 
les  chairs,  coupé  les  artères,  dilacéré  les  nerfs  et  les  tendons,  et  produit  la 
fracture  comminutive  des  os.  La  peau,  déchirée  et  retirée  du  dos  de  la 
main,  laissait  à  découvert  les  articulations,  et  l'ensemble  de  la  main,  hor- 
rible à  voir,  ne  présentait  plus  qu'une  masse  informe  où  l'on  distinguait 
à  peine  les  doigts  gonflés  et  déchirés.  Après  les  premiers  soins  donnés 
par  MM.  les  DIS  Galliet  et  Strappart,  professeurs  à  lÉcole  de  Médecine  de 
Reims,  les  ligatures  d'artères  opérées,  la  plaie  nettoyée  et  quinze  sutures 
exécutées,  la  main  revêtue  d'un  pansement  convenable  fut  introduite  dans 
l'appareil,  celui-ci  mis  en  rapport  avec  le  récipient  pneumatique,  à  65  de- 
grés. Le  pansement  avait  duré  de  minuit  à  3  heures.  Aussitôt  terminé, 
le  blessé  s'endormit  jusqu'à  7  heures  du  matin.  A  son  réveil,  il  était 
calme,  n'avait  éprouvé  aucune  apparence  de  fièvre,  la  main  médiocrement 
sensible. 

»  L'occlusion  pneumatique  fut  régulièrement  continuée  par  MM.  Gal- 
liet et  Strappart.  Je  revis  le  malade  huit  jours  après  l'accident;  il  n'y  avait 
eu  aucune  apparence  de  fièvre,  aucun  accident  traumatique;  les  parties 
mortes,  les  liquides  excrétés  avaient  passé  dans  le  répicient  pneumatique, 
et  les  bourgeons  charnus  se  montraient.  Dès  la  quatrième  semaine,  la  plaie 
était  comblée  et  de  niveau  avec  la  surface  de  la  main.  Le  trente-cinquième 


(  io34  ) 
jour,  la  plaie,  entièrement  cicatrisée,  n'offrait  plus  d'autres  traces  que  les 
lignes  marquant  les  points  de  jonction  des  parties.  Cinq  mois  après,  le 
sujet  fut  présenté  à  l'Académie  de  Médecine,  el  tout  le  monde  a  pu  con- 
stater que  sa  main  avait  l'aspect  d'une  main  normale;  la  cicatrice,  tres- 
caractéristique  de  la  méthode  employée,  offrait  les  apparences  de  la  peau 
naturelle. 

»  Tels  sont  les  faits  qui  mettent  en  évidence  les  propriétés  physiologiques 
et  les  avantages  pratiques  de  l'occlusion  pneumatique  appliquée  au  traite- 
ment des  plaies  exposées,  et  qui  marquent  les  limites  de  son  efficacité.  Sans 
vouloir  entrer  ici  dans  beaucoup  de  détails  sous  ces  deux  rapports,  il  est 
permis  d'établir  une  grande  division  entre  les  résultats  produits  par  la  mé- 
thode, et  de  les  rapporter  à  deux  ordres  distincts. 

»  Dans  les  conditionsles  plus  normales,  l'occlusion  pneumatiqueproduil 
la  cicatrisation  des  plaies  sans  fièvre  traumatique,  sans  inflammation  sup- 
purative,  c'est-à-dire  qu'elle  réalise  Yorgnnisalion  immédiate  sans  le  préa- 
lable obligé  de  la  suppuration.  Telle  est  la  première  catégorie  des  résultats 
qui  lui  sont  propres. 

«  Dans  des  conditions  moins  favorables,  comme  lorsque  la  plaie  a  déjà 
été  quelque  temps  exposée,  ou  bien  lorsqu'elle  renferme  des  corps  étran- 
gers, ou  enfin  lorsqu'elle  est  compliquée  d'états  morbides  antérieurs,  elle  ne 
peut  prévenir  un  certain  degré  d'inflammation  suppurative;  mais,  en  vertu 
de  l'aspiration  continue  qu'elle  exerce,  elle  s'oppose  à  tout  accident  résul- 
tant delà  putréfaction  et  de  la  résorption  des  liquides  altérés;  et,  dans 
tous  les  cas,  elle  favorise  et  rend  beaucoup  plus  rapide  la  cicatrisation  ou 
organisation  consécutive  des  plaies. 

•  En  terminant  cette  communication,  que  l'Académie  me  permette  de  le 
lui  faire  remarquer  :  la  méthode  de  l'occlusion  pneumatique  est  une  suite 
de  mes  recherches  physiologiques  el  chirurgicales  commencées  sous  ses 
auspices,  il  y  a  bientôt  trente  ans  :  c'est  en  quelque  façon  la  conclusion 
finale  de  ces  recherches.  Et  pour  lui  prouver  que  ce  travail  n'est  pas  une 
éclosion  de  circonstance,  je  lui  demanderai  très  respectueusement  de  vou- 
loir bien  faire  ouvrir  un  pli  cacheté  que  j'ai  déposé  le  4  novembre  1 844-» 
et  où  elle  verra  la  véritable  date  de  l'occlusion  pneumatique  par  aspiration 
continue.  » 

M.  le  Secrétaire  perpétuel,  conformément  à  la  demande  de  M.  Gué- 
tin,  procède  à  l'ouverture  du  pli  cacheté  déposé  le  4  novembre  i  844-  E;' 


(   io35  ) 

Note  qui  y  est  contenue  a  pour  titre  «  Perfectionnement  de  la  méthode 
de  traitement  des  plaies  par  occlusion  hermétique  »,  et  est  conçue  ainsi 
qu'il  suit  : 

«  Quand  on  se  borne  à  enfermer  les  plaies  extérieures  récentes  ou  sup- 
purantes sous  une  membrane  en  baudruche,  en  caoutchouc  ou  en  peau, 
les  gaz  et  les  fluides  fournis  par  la  portion  de  peau  et  la  plaie  enfermées, 
s'altèrent  et  empêchent  la  cicatrisation  de  s'effectuer  régulièrement  et  im- 
médiatement comme  dans  les  véritables  plaies  sons-cutanées.  La  connais- 
sance de  ce  fait  m'a  conduit  à  adapter  à  mon  mode  de  pansement  un  appa- 
reil à  succion  continue,  destiné  à  aspirer  les  gaz  et  les  liquides  produits 
entre  la  peau  et  la  membrane  qui  la  recouvre  au  fur  et  à  mesure  que  leur 
exhalation  et  leur  suintement  s'effectuent.  A  l'aide  de  ce  perfectionnement, 
il  est  possible  de  ramener  le  plus  grand  nombre  des  plaies  découvertes  aux 
conditions  des  plaies  sous-cutanées,  et  d'assurer  aux  premières  les  pro- 
priétés et  avantages  dis  secondes.  » 

M.  Tue.mbi.ay  donne  lecture  d'un  nouveau  Mémoire  concernant  le  sau- 
vetage maritime. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géographie  et  Navigation,  à  laquelle  MM.  Piobert 
et  Moi  in  sont  priés  de  s'adjoindre.) 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

CHIMIE  APPLIQUÉE.   —  Sur  une  modification  à  introduire  dans  le  traitement  des 
pulpes  de  betterave.  Note  de  M.  Champonxois,  présentée  par  M.  Payen. 

(Commissaires  :  MM.  Boussingault,  Payen,  Pasteur.) 

«  Mes  anciennes  observations,  dans  ma  longue  pratique  de  l'industrie 
sucriere,  et  surtout  celles  que  j'ai  puisées  dans  les  applications  diverses  de 
mon  système  de  macération  pour  la  distillerie,  m'ont  confirmé  dans  cette 
pensée,  qu'il  était  possible,  en  appliquant  les  mêmes  principes  qui  servent 
de  base  à  la  macération  par  les  vinasses,  de  conserver  à  la  pulpe,  sinon  la 
totalité,  au  moins  la  majeure  partie  des  matières  extractives  et  azotées,  et 
même  des  sels  entraînés  ordinairement  avec  le  jus. 

»  Un  fait  qui  est  à  la  connaissance  de,  tous  les  distillateurs,  opérant  la 
macération  au  moyen  des  vinasses,  c'est  que  dans  le  travail  à  l'eau,  par 
lequel  on  commence  nécessairement  la   macération,  on  n'obtient  jamais  le 


(  io36  ) 
même  rendement  en  alcool  qu'avec  l'emploi  des  vinasses;  ce   rendement 
augmente  avec  la  densité  des  vinasses,    soit  que  cette  densité  résulte  des 
sels  contenus  dans  la  betterave,  soit  qu'elle  provienne  des  sels  ajoutés,  du 
sel  marin,  par  exemple. 

»  D'autres  analogies  viennent  aussi  confirmer  cette  plus  grande  affinité 
de  la  matière  végétale  pour  telle  substance  plutôt  que  pour  telle  autre. 

»  Dans  les  fruits  à  l'eau-de-vie,  ne  voit-on  pas  le  fruit  s'assimiler  de 
préférence  la  partie  alcoolique,  tandis  que  le  liquide  ambiant  reste  beau- 
coup plus  sucré. 

»  Voici,  d'après  ces  bases,  les  expériences  qui  ont  été  faites,  à  plusieurs 
reprises,  dans  le  laboratoire  de  MM.  Périer  et  Possoz,  et  répétées  plus  ré- 
cemment dans  le  laboratoire  dn  Conservatoire  des  Arts  et  Métiers,  sous 
les  yeux  de  M.  Payen,  par  MM.  Champion  et  Pellet,  ses  préparateur  et 
élève. 

»  La  quantité  de  betterave  mise  en  œuvre  a  toujours  été  de  Jeux  kilo- 
grammes. On  a  commencé  par  râper  ces  2  kilogrammes,  en  y  ajoutant 
3o  pour  100  d'eau  ;  la  pulpe  en  a  été  pressée  comme  à  l'ordinaire,  et  le  jus 
déféqué  par  la  double  carbonatation.  Le  jus,  filtré  au  papier,  a  été  con- 
centré, avec  addition  de  1  pour  100  de  noir  fin,  épuration  qui  est  consi- 
dérée comme  équivalente  à  une  filtration  ordinaire,  en  fabrique  sur  gros 
noir.  Ce  sirop  a  été  concentré  à  21  degrés  Baume,  filtré,  et  cuit  à  n5  de- 
grés du  thermomètre,  puis  mis  a  l'étuve  pendant  cinq  à  six  jours,  et,  après 
cristallisation,  a  été  purgé  de  son  sirop  d'égout. 

»  Pour  la  seconde  opération,  comme  pour  toutes  celles  qui  ont  suivi,  ce 
sirop  d'égout  a  été  dilué  dans  environ  60  pour  100  d'eau  du  poids  de  la 
betterave;  cette  solution  chauffée  au  bairi-marie,  et  mélangée  à  la  pulpe 
de  2  kilogrammes  de  betterave,  a  été  entretenue  pendant  dix  à  quinze 
minutes,  à  la  température  de  70  à  80  degrés.  Toute  la  masse  a  été  press  v 
et  traitée  par  les  mêmes  moyens  de  défécation,  carbonatation,  concentration 
et  cuite,  que  pour  la  première  opération. 

»  Un  caractère  bien  déterminé,  et  qui  est  aussi  un  indice  de  la  bonne 
qualité  du  travail,  c'est  que  les  sirops  d'égout  sont  francs  et  sans  saveur 
désagréable,  comme  tous  ceux  de  même  nature  qui  proviennent  du  travail 
ordinaire  et  des  meilleures  fabriques. 

»  Ce  sirop  est  très-sec,  aussi  fluide  que  le  sirop  vert  qui  s'écoule  des 
raffinés,  et  la  purgation  en  est  très-rapide.  Les  moindres  parcelles  de  ce 
sirop,  restant  adhérentes  à  la  capsule,  après  la  cuite,  cristallisent  entière- 
ment et  en  cristaux  bien  déterminés,  ainsi  que  les  sirops  les  plus  riches. 


(   ro37  ) 

»  Ne  doit-on  pas  conclure  de  ces  résnltats,  qu'il  y  a  en  fixation  des  sels 
dans  la  pidpe?  autrement  leur  accumulation,  après  sept  opérations  succes- 
sives, n'aurait-elle  pas  rendu  la  masse  cuite  presque  incristallisable,  et  le 
goût  du  sirop  n'en  eût-il  pas  été  fortement  affecté? 

»  Toutes  ces  expériences,  répétées  dans  des  conditions  diverses  :  à  la  fin 
de  la  dernière  campagne,  avec  des  betteraves  conservées;  au  milieu  de  l'été, 
avec  des  betteraves  en  pleine  végétation,  et  enfin,  récemment,  an  moment 
de  la  grande  fabrication,  ont  donné  les  mêmes  résultats.  N'est-on  pas, 
dès  lors,  fondé  à  espérer  une  réalisation  pratique,  industrielle  de  ce  mode 
de  travail  ? 

»  Avec  le  mode  actuel  de  fabrication,  le  jus  enlève,  en  albumine  et  en 
sels,  le  double  environ  de  la  quantité  retenue  par  la  pulpe;  toutes  ces  ma- 
tières sont  séparées  par  la  défécation,  ou  restent  dans  les  mélasses,  et  sont, 
par  conséquent,  perdues  comme  matière  alimentaire. 

»  Les  pulpes  obtenues  par  le  nouveau  traitement  conservent,  au  con- 
traire, toutes  ces  matières,  et  ont  un  poids  bien  plus  réduit  que  la  pulpe 
ordinaire;  elles  peuvent  donc,  en  retournant  à  la  ferme,  lui  rendre  les 
principes  alibiles,  et  notamment  les  sels,  dont  sont  rapidement  épuisées  les 
terres  qui  exploitent  des  betteraves,  même  quand  on  leur  restitue  la  quan- 
tité de  pulpes  ordinaires  proportionnelle  au  poids  des  betteraves  qu'elles 
ont  produites,  car  cette  proportion  ne  correspond  qu'au  tiers,  tout  au  plus, 
des  principes  utiles  que  renfermait  la  betterave. 

»  L'intérêt  agricole  se  trouve  donc  complètement  satisfait,  puisqu'on  ne 
laissera  à  la  fabrique  que  le  sucre,  de  même  que  par  la  distillation  on  n'y 
laisse  que  l'alcool,  toutes  matières  auxquelles  on  peut  substituer,  pour 
Falimentation,  des  substances  plus  communes  et  de  peu  de  valeur. 

»   L'intérêt  industriel  n'y  trouve  pas  une  moindre  satisfaction;  en  effet  : 

»  Par  le  recbargement  continu  des  sirops,  on  supprime  le  travail  des 
bas-produits,  lequel  entraîne  des  frais  et  un  outillage  dispendieux,  bacs  et 
citernes,  et  purgeries  très-spacieuses,  qui  exigent  un  cbauffage  continu  poul- 
ies maintenir  à  une  température  élevée. 

»  Le  seul  inconvénient  que  ce  travail  entraîne  réside  dans  la  proportion 
d'eau  qui  est  double  environ  de  celle  qu'on  emploie  ordinairement  ;  mais 
l'augmentation  de  dépense  qui  en  résulte,  se  traduit  simplement  en  une 
proportion  de  charbon  que  le  calcul  fait  ressortir  à  i  franc  de  plus  par 
i  ,000  kilogrammes  de  betteraves,  et  en  des  dimensions  un  peu  plus  grandes 
à  donner  aux  appareils  qui  reçoivent  les  jus. 

»    Ces  frais  sont  insignifiants,  en  comparaison  de  tous  les  avantages  qui 

G.  K.,  18(17,   2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  23.)  '  *5 


(  io38  ) 

ressortiraient  du  nouveau  travail,  au  point  de  vue  des  deux  intérêts  agricole 
et  industriel.   » 

MM.  Eugène  et  Auguste  Pelletier  adressent  un  Mémoire  sur  la  théorie 
de  la  fabrication  du  chocolat. 

(Commissaires  :  MM.  Boussingault,   Payen,  Peligot.) 

M.  H.  Meyer  adresse,  de  Çharleston,  la  solution  de  quelques  problèmes 
indéterminés  du  premier  degré. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Géométrie.) 

M.  Dupuls  adresse  une  Note  relative  à  un  effet  particulier  dû  aux  actions 
capillaires. 

(Commissaires  précédemment  nommés:  MM.  Fouille!,  Regnault,  Séguin 


M.  Brate  adresse  une  nouvelle  Note  relative  à  la  résolution  des  triangles 
(Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 


rectangles 


M.  Frémaux  adresse  deux  nouveaux  exemplaires,  avec  des  corrections 
manuscrites,  de  l'ouvrage  qui  a  déjà  été  adressé  par  lui  au  mois  d'avril 
dernier  pour  le  concours  du  prix  Bréant. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

M.  Sch.mitt  adresse  un  complément  à  sa  communication  du  iri  octobre 
dernier,  sur  le  traitement  du  choléra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

CORRESPOND  ANCE . 

M.  Séihllot écrit  pour  annoncer  k  l'Académie  qu'il  relire  sa  candidature 
à  la  place  laissée  vacante  dans  la  Section  de  Médecine  et  de  Cbirurgie  par 
le  décès  de  M.  Velpeau. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  pièces  imprimées  de  la 
Correspondance,  une  série  de  Cartes  géographiques  du  sud  et  du  nord  de 


(  ro39  ) 
l'empire  du  Brésil,  adressées  par  M.  le  Directeur  du  Bureau  des  Travaux 
publics  au  Ministère  de  l'Agriculture,  du  Commerce  et  des  Travaux  publics 
du  Brésil,  et  transmises  à  l'Académie  par  M.  L.-H.  Castrioto. 

«  M.  Le  Verrier  communique  une  Lettre  qu'il  a  reçue  de  M.  Gaillard, 
de  la  Pointe-à-Pitre,  en  date  du  22  novembre,  et  dans  laquelle  on  lit  ce  cpii 
suit  : 

«  Le  passage  de  la  Terre  dans  le  groupe  d'astéroïdes  a  eu  lieu  le  i4  au 
»  matin.  Depuis  la  veille,  jusqu'à  3  heures  du  matin,  pas  une  étoile  filante 
»  n'avait  été  aperçue;  des  nuages  s'étant  levés  alors,  nous  pensions  n'avoir 
»  plus  rien  à  espérer,  quand  vers  5  heures,  le  ciel  s'étant  complètement 
»  éclairci,  on  vit  des  myriades  d  étoiles  filantes  parcourant  le  ciel  en  tous 
»  sens.  Le  plus  grand  nombre,  près  du  "zénith,  paraissaient  s'enflammer 
»  dans  les  constellations  du  Cancer  et  du  Lion.  Malgré  l'éclat  de  la  Lune 
»  le  spectacle  était  magnifique',  et  le  phénomène  n'a  cessé  de  paraître  que 
»  lorsque  le  jour  a  été  complet. 

»  Le  18  de  ce  mois,  vers  3bi8m  de  l'après-midi,  nous  avons  ressenti  à  la 
»  Pointe-à-Pitre  un  faible  tremblement  de  terre;  il  a  duré  deux  minutes, 
»  au  moins.  On  a  constaté  deux  oscillations:  l'une  de  l'est  à  l'ouest,  l'autre 
»   du  nord  au  sud. 

»  En  même  temps  ce  tremblement  se  faisait  sentir  de  l'ouest  au  sud  de 
»  l'île;  la  mer  baissait  de  2  mètres  dans  certaines  localités  et  de  4  mètres 
»  dans  d'autres,  mettant  à  nu  des  fonds  jusqu'alors  constamment  recouverts. 
»  En  revenant  la  mer  a  occasionné  de  grands  dégâts.  Aux  petites  îles  des 
»  Saintes,  situées  dans  le  sud  de  la  Pointe-à-Pitre,  et  qui  ne  sont  séparées 
»  de  la  Guadeloupe  que  par  un  canal  d'environ  1  lieues  de  large,  le 
»  flot  a  pénétré  dans  le  bourg,  renversé  plusieurs  maisons,  et,  en  se  re- 
»  tirant,  a  laissé  à  sec  une  quantité  prodigieuse  de  poissons.  Le  va-et-vient 
»  de  la  mer  a  duré  plus  d'une  heure,  et  chose  curieuse,  dans  le  port  de  la 
<>  Pointe-à-Pître,  où  le  calme  de  la  mer  permet  de  reconnaître  la  moindre 
»   perturbation,  c'est  à  peine  si  un  faible  gonflement  s'est  fait  sentir. 

»  D'ici  on  voyait  la  soufrière  de  la  Guadeloupe  projetant  une  colonne  de 
».  fumée  blanche,  qui  s'élevait  perpendiculairement  à  une  grande  hauteur, 
»   car  le  temps  était  fort  calme.  » 

»  L'observation  d'un  flux  considérable  d'étoiles  filantes,  le  14  au  matin, 
a  été  faite  en  d'autres  points  de  l'Amérique,  et  notamment  à  l'Observatoire 
de  Washington.  «  L'apparition  des  météores  de  ce  matin,  dit  M.  l'Amiral 

i35.. 


(  io/jo  ) 
Davis,  a  été  la  plus  brillante  qu'on  ait  contemplée  dans  ce  pays  depuis 
la  grande  manifestation  céleste  du  commencement  de  ce  siècle —  On  a 
marqué  sur  les  cartes  ii5  météores  avant  4b3om  du  matin,  moment  où 
ils  vinrent  à  passer  en  nombre  énorme;  on  compta  1000  météores  dans 
les  vingt  et  une  minutes  qui  s'écoulèrent  entre  4hi4m  et  4h35œ.  Ensuite 
il  a  fallu  pour  compter  ioo  météores  les  temps  suivants  :  2/jo,  33o,  335, 
344»  423,  577,  63i,  1080  et  1200  secondes. 

»>  Lorsque  l'on  compta  le  premier  mille,  on  essayait  encore  de  dessiner 
leur  route  sur  la  carte,  ce  qui  en  fit  perdre  un  grand  nombre.  Il  est  pro- 
bable que  la  moitié  échappa;  on  peut  donc  estimer  qu'il  en  tomba 
deux  mille  en  1260  secondes.  Le  temps  du  maximum  est  de4h25m.  C'est 
environ  deux  heures  plus  tard  que  le  temps  indiqué  par  les  observations 
faites  en  Europe  l'an  dernier,  ce  qui  montre  que  la  position  du  courant 
a  éprouvé  une  légère  déviation.  Le  point  d'émanation  [le  radiant)  a  été 
bien  défini.  Son  ascension  droite  est  de  iohim,  et  sa  déclinaison  de 
220  3o'. 

»  L'année  prochaine  l'apparition  ne  commencera  qu'à  10  heures  du 
matin,  temps  moyen  de  Washington.  On  ne  la  verra  que  dans  l'océan 
Pacifique.  Plusieurs  météores  étaient  remarquables  par  leur  éclat,  et 
laissaient  une  traînée  brillante,  qui  généralement  s'évanouissait  au  bout 
de  quelques  secondes,  et  qui,  dans  un  ou  deux  cas,  dura  quelques  mi- 
nutes. Les  plus  brillants  et  les  plus  nombreux  venaient  de  la  constel- 
lation du  Lion,  qui  était  à  environ  60  degrés  au-dessus  de  l'horizon.  Quel- 
ques-uns venaient  de  la  constellation  du  Petit-Chien  (où  se  trouve  l'étoile 
Procyon)  et  de  la  cbevelure  de  Bérénice.  La  course  des  météores  était 
généralement  nord-est;  cependant  on  en  a  vu  quelques-uns  dispersés 
dans  d'autres  directions.  » 
»  D'après  une  Lettre  de  M  Denzade  l'Observatoire  de  Moncalieri,  on  n'a- 
vait pas  été  plus  favorisé  en  Italie  qu'à  Paris,  et  l'on  en  voit  la  raison  qui 
avait  été  prévue  avec  sagacité  par  M.  Wolf.  Dans  l'un  des  précédents 
Comptes  rendus,  nous  avons  fait  remarquer,  d'après  M.  Wolf,  que  le  nom- 
bre horaire  des  étoiles  filantes  venant  de  la  constellation  du  Lion  avait  été  en 
croissant  pendant  la  nuit  du  i3  au  i4  jusqu'à  6  heures  du  matin;  d'où 
M.  Wolf  concluait  que  la  rencontre  de  l'essaim  d'astéroïdes  par  la  Terre 
avait  pu  n'avoir  lieu  que  pendant  le  jour.  Cette  réflexion  se  trouve  pleine- 
ment, confirmée  par  les  observations  faites  à  la  Pointe-à-Pître  et  à  Washing- 
ton x\n  peu  avant  le  jour.  Il  était  alors  9  à  10  heures  du  matin  à  Paris. 
<>   A  l'égard  du  tremblement  de  terre  ressenti  le  18  novembre  et  signalé 


(  io4i  ) 

par  M.  Gaillard,  on  a  appris  que  depuis  cette  date  jusqu'à  la  fin  du  mois, 
de  nombreuses  secousses  se  sont  fait  sentir  en  plusieurs  îles  de  l'Archipel, 
et  notamment  à  Saint-Thomas.  » 

«  M.  Le  Verrier  dit  quelques  mots  sur  le  coup  de  vent  rpii  a  régné  sur 
la  Manche,  hier  matin  dimanche,  1  5  décembre,  et  qui  n'a  été  que  passager. 
Ce  coup  de  vent  a  été  produit  par  une  bourrasque  dont  le  centre  a  passé  au 
nord  des  Iles-Britanniques.  Les  ports  depuis  Dunkerque  jusqu'à  Granville 
ont  été  prévenus  le  samedi  i/j,  au  matin,  du  passage  de  cette  bourrasque.  Le 
soir  du  même  jour  une  dépèche  supplémentaire  a  confirmé  l'arrivée  du  mau- 
vais temps  (dépèches  de  M.  Rayet).  » 

HISTOIRE  DES  SCIENCES.  —  Observations  relatives  à  la  réponse  faite  par 
M.  Chasles  à  une  communication  précédente  ;  par  M.  G.  Govi. 

n   Turin,  ce   i3  décembre  1867. 

»  C'est  avec  un  sentiment  de  regret  bien  profond  que  j'ai  In,  dans  les 
Comptes  rendus  (p.  926),  les  deux  mots  de  M.  Chasles  à  mon  adresse.  Je  ne 
comprends  pas  comment  il  a  pu  découvrir  une  insinuation  grave  dans  le 
passage  de  ma  Lettre  qui  l'a  plus  particulièrement  frappé.  J'y  employais  la 
forme  dubitative  «  je  crois,  »  parce  que  je  m'en  rapportais  à  mes  souvenirs, 
et  que  la  mémoire  peut  tromper.  Et  d'ailleurs,  comment  pouvais-je  assurer 
que  la  Lettre  de  Galilée,  à  laquelle  je  faisais  allusion,  fût  encore  entre  les 
mains  de  M.  Chasles? 

»  Il  s'agissait  d'une  Lettre  authentique  de  Galilée,  dont  un  mien  ami 
m'avait  raconté  dans  le  temps  s'être  dessaisi  en  faveur  du  savant  académi- 
cien. J'ai  écrit  à  cet  ami,  et  je  viens  de  recevoir  sa  réponse.  Mes  souvenirs 
n'avaient  point  été  trompeurs,  la  Lettre  de  Galilée  avait  bien  été  donnée  à 
l'illustre  géomètre  ;  elle  était  bien  authentique,  seulement  elle  n'avait  d'au- 
tographe que  la  signature.  Cela  fait  que,  si  M.  Chasles  la  possède  encore, 
elle  ne  pourra  pas  servir  à  une  confrontation  sérieuse  avec  les  autres  docu- 
ments attribués  à  Galilée.  J'ai  même  réfléchi,  après  avoir  envoyé  ma  Lettre 
à  l'Académie,  que,  comme  il  s'agissait  d'une  pièce  datée  de  161 3,  son  écri- 
ture, fût-elle  tout  entière  de  la  main  de  Galilée  (âgé  alors  de  quarante-neuf 
ans),  ne  pourrait  guère  être  utilement  comparée  avec  celle  des  Lettres 
de  1641,  écrites  par  un  vieillard  de  soixante-dix-sept  ans,  presque  aveugle, 
comme  il  le  dit  lui-même  dans  les  documents  publiés  sous  son  nom  par 
M.  Chasles. 


(     I042    ) 

»  Il  sera  maintenant  facile  de  se  convaincre  que  je  ne  faisais  point  d'in- 
sinuation grave  en  parlant,  sous  forme  dubitative,  d'une  Lettre  de  Galilée 
que  je  croyais  être  et  qui  est  probablement  encore  entre  les  mains  de 
M.  Chasles,  et  (pie,  si  je  doutais  de  quelqu'un  et  de  quelque  chose,  c'était 
de  moi-même  et  de  la  fidélité  de  mes  souvenirs. 

»  Je  viens  d'écrire  dans  ce  sens,  mais  avec  plus  de  détails,  à  M.  Chasles, 
et  j'espère  que,  de  sa  voix  autorisée,  il  voudra  bien  certifier  l'exactitude  dé 
mes  explications,  qui  ne  sauraient  porter  d'ailleurs  aucune  atteinte,  ni  a 
son  honorabilité,  pour  laquelle  j'ai  le  respect  le  plus  profond,  ni  même  aux 
moyens  de  conviction  qu'il  pourrait  vouloir  invoquer  à  l'appui  des  ma- 
nuscrits qu'il  possède. 

»  Quant  à  l'erreur  de  fait  également  fort  (/rave  que  M.  Chasles  me  re- 
proche, sans  en  rien  dire  davantage,  j'attendrai,  pour  la  reconnaître,  qu'il 
veuille  bien  me  l'indiquer.  Si  toutefois  il  s'en  rapportait,  pour  la  prouver, 
aux  documents  inédits  qu'il  possède,  je  croirais  pouvoir  me  permettre  de 
n'accepter  ce  témoignage  que  lorsqu'il  en  aura  démontré  la  parfaite  au- 
thenticité.   » 

physique  DU  GLOBE.  —  De  la  variation  diurne  solaire  de  UaiguilL 
aimantée  près  de  l'équateur  magnétique  ci  dans  différentes  latitudes; 
par  31.  J.-A.  Broun. 

«  L'Académie  des  Sciences  s'est  occupée  autrefois  de  la  variation 
diurne  de  l'aiguille  aimantée,  et  de  la  manière  par  laquelle  cette  variation 
change  en  passant  d'un  hémisphère  à  l'autre.  Les  résultats  suivants  pour- 
raient avoir  quelque  intérêt,  étant  dérivés  de  douze  années  d'observa- 
tions faites,  sous  ma  direction,  près  de  l'équateur  magnétique  (;;,  et 
d'une  comparaison  de  mes  observations  avec  d'autres  laites,  pendant 
plusieurs  années,  dans  neuf  observatoires  différents  (dont  quatre  entre  les 
tropiques). 

»  A  Trivandéram,  dans  les  quatre  mois  de  novembre  à  février,  la  pointe 
nord  de  l'aiguille  marche  depuis  7  heures  du  matin  jusqu'à  1  heure  ou 
2  heures  du  soir  vers  l'est,  retournant  après  ces  heures-là  jusqu'à  7  heures 
du  matin  vers  l'ouest.  Ce  sont  les  mouvements  moyens  pour  chaque  mois 
qui  sont  considérés,  et  j'omets  les  oscillations  secondaires. 

»   Dans  les  six  mois  d'avril  à  septembre,  l'aiguille  marche  au  contraire 

(1)  A  Trivandéram,  observatoire  de  S.  A.  le  MaTia-Rajah  de  Travancore!  Latitude,  8°3i' 
nord;  longitude,  5h  8m  est  de  Greenwich. 


(   io43  ) 
vers  l'ouest,  depuis  7  heures  du  matin  jusqu'à  iah  3om,  retournanl  (excepté 
entre  5  heures  et  8  heures  du  soir)  à  l'est  jusqu'à  7  heures  du  matin. 

»  Le  passage  de  l'un  de  ces  mouvements  à  l'autre  a  lieu  en  mars  et 
en  octobre.  Dans  le  mois  de  mars,  l'amplitude  de  l'oscillation  moyenne  est 
un  minimum;  en  mars  1864,  elle  n'était  que  de  3  dixièmes  de  minute  (o',3). 
En  octobre,  la  diminution  de  l'amplitude  est  moins  grande  qu'en  mars, 
sa  plus  petite  valeur  ayant  été  d'une  minute  (i',o)  pour  octobre  1857. 

»  Dans  ces  faits,  on  pourrait  trouver  une  base  pour  une  approximation 
à  l'idée,  si  longuement  entretenue  par  feu  Arago,  d'une  courbe  sur  la  sur- 
face terrestre  où  l'aiguille  aimantée  resterait  à  peu  près  stationnaire  toute 
la  journée,  limitant  le  fait  à  ces  deux  époques  de  l'année  (mars  et  octobre). 
La  courbe  alors  est  probablement  l'équateur  magnétique.  Cette  approxi- 
mation est  cependant  moins  marquée  que  les  amplitudes  données  ci-dessus 
l'indiquent,  puisque  les  mouvements  considérés  sont  les  moyens  de  tous 
les  mouvements  pour  chaque  jour  du  mois,  et  ces  mouvements  prennent 
des  formes  très-variées,  surtout  dans  le  mois  de  mars,  ayant  souvent  des 
directions  opposées  dans  deux  jours  consécutifs. 

»  Les  mois  d'amplitude  maximum  sont  août  et  janvier  ou  décembre. 
Quand  on  prend  les  moyennes  des  amplitudes  pour  chaque  jour  des  mois 
de  maximum  et  de  minimum  pour  les  douze  années  (i853-64),  on  a  : 

Mois.  Amplitude  moyenne.        Rapport  à  Mars. 

Janvier 3,07  i,4g 

Mars 2,06  1,00 

Août 3,99  1,94 

Octobre 2,27  r,io 

»  Afin  de  mieux  comprendre  les  changements  delà  loi  de  variation,  en 
procédant  d'une  station  à  une  autre,  je  supposerai  les  mouvements  projetés 
en  courbes,  où  les  maximums  indiquent  les  positions  extrêmes  vers  l'orient 
et  les  minimums  vers  l'occident,  et  je  considérerai  ces  points  extrêmes  un 
à  un,  commençant  toujours  au  nord  et  passant  au  sud. 

»  Les  changements  de  la  loi  du  mouvement  paraissent  se  faire  de  trois 
manières  différentes  : 

»  i°  Dans  les  mois  de  novembre  à  février,  le  changement  a  lieu  au  nord 
de  l'équateur,  entre  35  degrés  nord  et  12  degrés  nord,  dans  un  mouvement 
qui  est  une  combinaison  des  mouvements  pour  les  hautes  latitudes  du  nord 
et  du  sud.  Ainsi,  dans  les  hautes  latitudes  du  nord,  un  minimum  secon- 
daire se  présente  entre  2  heures  et  7  heures  du  matin;  ce  minimum  devient 


(  io/,4  ) 

le  principal  près  de  3o  degrés  nord  (latitude  magnétique,  4o  degrés  nord), 
et  continue  de  l'être  jusqu'aux  plus  hautes  latitudes  sud,  arrivant  dans  l'hé- 
misphère entre  8  heures  et  9  heures  du  matin.  Le  minimum  principal  au 
nord  arrive  bientôt  après  midi  et  disparaît  assez  soudainement  vers  l'équa- 
teur magnétique  (8°3o'nord).  Entre  ces  deux  minimums,  un  maximum 
se  développe,  qui  est  le  plus  marqué  entre  les  latitudes  40  degrés  nord  et 
10  degrés  nord. 

»  Le  maximum  principal,  dans  les  hautes  latitudes  du  nord,  a  lieu  vers 
10  heures  du  soir;  la  branche  ascendante  de  la  courbe,  entre  1  heure  et 
10  heures  du  soir  s'aplatit  graduellement,  avec  quelques  inflexions,  en 
allant  vers  le  sud  jusqu'à  l'équateur,  où  le  maximum  arrive  vers  2  heures, 
et  il  arrive  entre  cette  heure-là  et  midi  dans  l'hémisphère  du  sud. 

»  20  Dans  les  mois  de  mai  à  septembre,  le  changement  est  peu  marqué 
entre  57  degrés  nord  et  [\-x  degrés  sud  ;  il  y  a  un  déplacement  du  minimum. 
Le  maximum  principal  a  heu  vers  7  heures  à  8  heures  du  matin,  depuis 
la  plus  haute  latitude  (nord)  jusqu'au  sud  du  cap  de  Bonne-Espérance;  à 
Hobarton  (43  degrés  sud),  ce  maximum  devient  secondaire.  Le  minimum 
principal  arrive  vers  1  heure  du  soir  à  la  plus  haute  latitude  du  nord,  entre 
cette  heure  et  midi  jusqu'à  l'équateur,  et  entre  midi  et  10  heures  du  matin 
dans  l'hémisphère  du  sud.  Un  maximum  secondaire  se  présente  vers 
6  heures  à  10  heures  du  soir  au  nord,  qui  devient  plus  marqué  en  allant 
au  sud,  arrivant  graduellement  plus  tôt  au  sud  de  l'équateur,  jusqu'à  ce 
qu'il  devienne  le  maximum  principal  à  Hobarton,  vers  3  heures  du  soir. 

»  Dans  ces  mois,  les  courbes  (pour  l'aiguille  librement  suspendue  dans 
la  direction  de  la  force  magnétique)  s'emboîtent  assez  régulièrement  :  il  y 
a  un  déplacement  des  époques  qui,  pour  le  maximum  principal  ,  n'est  plus 
guère  que  d'une  heure,  et  pour  le  minimum  de  trois  heures,  ce  dernier 
déplacement  ayant  lieu  principalement  au  sud  de  l'équateur.  Tout  consi- 
déré, on  ne  peut  pas  dire  que  la  loi  est  intervertie  entre  les  latitudes  de 
5y  degrés  nord  et  43  degrés  sud. 

»  Dans  les  mois  de  mars,  avril  et  octobre,  le  changement  de  loi  a  lieu 
approximativement  dans  un  passage  par  le  zéro  de  mouvement  ou  par  une 
quasi-extinction  près  de  l'équateur  magnétique.  Ainsi,  depuis  57  degrés 
nord  (Makerstoun)  jusqu'à  i3  degrés  nord  (Madras),  le  maximum  a  lieu  de 
8  heures  à  9  heures  du  matin,  et  le  minimum  vers  1  heure  du  soir,  tandis 
qu'à  Sainte-Hélène  (i5  degrés  sud)  et  au  sud,  ce  sont  les  heures  de  mini- 
mum et  de  maximum  respectivement. 

»  Dans  ce  troisième  changement  de  la  loi,  on  retrouve  l'idée  d'Arago,  et 


(  io45  ) 
dans  le  second  quelque  chose  de  la  conclusion  de  M.  de  Tessati  (i),  seu- 
lement sans  qu'une  véritable  inversion  ait  lieu. 

»  Quand  on  examine  les  courbes  représentant  les  mouvements  hori- 
zontaux moyens  pour  chaque  mois  de  l'aiguille  librement  suspendue  dans 
la  direction  de  la  force  magnétique,  on  peut  aisément  conclure  que  les  ampli- 
tudes ne  sont  pas  égales  partout  sur  le  même  méridien,  comme  M.  deTessan 
l'avait  supposé  probable  (2),  mais  que  l'amplitude  est  plus  petite  : 

En  janvier,  à  Simla,  3i  degrés  nord =  1 ,  22 

En  février,  à  Madras,  i3  degrés  nord —  0,06 

En  mars,  à  Trivandéram,  8°  3o'  nord —  0,7g 

En  avril,  à  Singapore,  o  degré —  1 , 1 3 

En  mai-août,  depuis   le  cap  de   /      , 

t>  t?  v  tt  u  34  degrés  sud  —  A3  degrés  sud.  .  .      =    1,87 

Bonne-Esperance  à  Hobarton,   j  °  t        b  >"; 

En  septembre,  à  Singapore,  o  degré    -   2 ,07 

En  octobre,  à  Trivandéram,  8°  3o'  nord —   i  ,27 

En  novembre,  à  Bombay,  19  degrés  nord. .  .    —  0,90 

En  décembre,  à  Simla,  3 1  degrés  nord    —  o ,  78 

»  Aussi  l'amplitude  est  la  plus  grande  : 

En  janvier,  à  Hobarton —  4  ,0 

En  février  et  mars,  à  Sainte-Hélène  ou  entre  Sainte-Hélène  et  le  cap  île 

Bonne-Espérance —  4  6 

En  avril-septembre,  à  Bombay  ou  à  Madras,  ou  entre  les  deux  stations.  .  —  4,1  à  5,4 

En  octobre,  à  Sainte-Hélène =  4, 1 

En  novembre  et  décembre,  à  Hobarton =  4  j  ' 

»  Ainsi,  on  peut  tracer  sur  la  surface  terrestre  deux  courbes  où  l'ampli- 
tude de  la  variation  diurne  de  Y  aiguille  libre  est  un  minimum  et  un  maxi- 
mum, deux  courbes  changeant  de  place  avec  l'époque  de  l'année  entre  les 
latitudes  de  /jo  degrés  nord  et  4o  degrés  sud  pour  le  minimum,  et  de 
4o  degrés  sud  à  20  degrés  nord  pour  le  maximum,  ces  courbes  d'oscil- 
lation minimum  et  maximum  passant  l'équateur,  l'une  allant  vers  le 
sud,  l'autre  vers  le  nord,  près  des  équinoxes;  la  courbe  de  maximum  fai- 
sant un  saut  de  Sainte-Hélène  à  Madras  ou  Bombay  (mars,  avril),  et  de 
Bombay  ou  Madras  à  Sainte-Hélène  (septembre,  octobre).   » 

(1)  Voyage  sur  la  frégate  la  Vénus.  —  Physique,  par  M.  de  Tessan,  vol.  V,  p.  <f  17  et  461  ; 
.844- 

(2)  Physique,  vol.  V,  p.  461.  —  Voyage  sur  la  frégate  la  Vénus, 

C.  R.,  1867,  'Ie  Semestre.  (T.  LX.V,  Nu  2tf.)  '  ^b 


(  io46  ) 

astronomie.  —  Taches  solaires.  Réponse  aux  dernières  remarques  de  M.  Faye, 
Note  de  M.  G.  Kirchhoff,  présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Je  regrette  d'avoir  à  revenir  encore  une  fois  sur  la  discussion  qui 
s'est  engagée  entre  M.  Faye  et  moi.  Je  suis  surpris  de  lire  dans  le  Compte 
rendu  de  la  séance  du  i\  octobre,  dont  je  viens  seulement  de  pouvoir 
prendre  connaissance,  les  conclusions  que  M.  Faye  tire  de  ma  dernière 
Lettre  (i). 

«  Je  tiens  surtout,  dit  M.  Faye,  à  constater  devant  l'Académie  que 
»  M.  Kirchhoff  abandonne  sa  propre  théorie  des  taches...  Je  m'applaudis 
»  donc  de  voir  que  M.  Kirchhoff  renonce  à  soutenir  une  théorie  à  Ia- 
»  quelle...  C'était  là  le  but  que  je  me  proposais  principalement  en  soute- 
»   nant  cette  discussion.   » 

»  C'est  sans  doute  parce  que  je  n'ai  pas  fait  dans  ma  dernière  Lettre  de 
nouvelles  réserves  au  sujet  de  ma  théorie,  que  M.  Faye  croit  pouvoir  dire 
que  j'y  renonce.  En  réalité,  dans  une  communication  présentée  à  l'Acadé- 
mie dans  la  séance  du  4  mars,  je  me  suis  exprimé  à  cet  égard  si  claire- 
ment, qu'il  semblait  superflu  d'ajouter  quelque  chose  à  ce  sujet.  Malgré  les 
déductions  que  M.  Faye  a  faites  dans  les  séances  des  4  mars  et  5  août,  je 
maintiens,  sans  aucune  restriction,  chacun  des  mots  de  ma  communication, 
et  je  suis  convaincu  que  tout  lecteur  compétent  et  dépourvu  d'idées  pré- 
conçues m'accordera  son  assentiment.  » 

CHliMlE  ORGANIQUE.  —  Sur  faction  de  Vacide  liypocliloreux  aqueux  sur 
l'essence  de  téiébenthine  et  sur  le  camphre.  Note  de  M.  C.-li.  Wheeler, 
présentée  par  M.  Wurtz. 

«  I.  Essence  de  térébenthine.  — Quand,  à  une  solution  peu  concentrée 
d'acide  hypochloreux  ,on  ajoute  de  l'essence  de  térébenthine,  celle-ci  prend 
une  coloration  jaune,  augmente  de  poids  et  vient  former  au  fond  du  vase 
un  liquide  visqueux  qui  est  probablement  un  mélange  d'essences  bi  et 
trichlorées.  L'eau  retient  en  même  temps  un  autre  produit  résultant  de  la 
réaction  et  qu'on  peut  isoler  en  agitant  la  solution  aqueuse  avec  de 
l'éther  qui  le  dissout  et  l'abandonne  ensuite  comme  résidu,  par  la  distilla- 
tion, à  l'état  d'un  corps  neutre,  sirupeux,  jaunâtre,  très-soluble  dans  l'éther 
et  dans  l'alcool,  un  peu  soluble  dans  l'eau.  L'analyse  fait  voir  que  ce  cora- 


(i)  Compte  rendu  du  14  octobre  1867. 


(  io47  ) 
posé  est  la  dichlorhydrine  de  l'essence  de  térébenthine,  C'°  H18  Cl2  O2  : 


Théorie. 

Expérience 

4g»  79 

48,93 

7.46 

7,53 

29,46 

29,00 

13,29 

» 

100,00 

G" 1 20 

H18 18 

C1J 71 

0; 3? 


»  Cette  chlorhydrine  ne  peut  être  distillée  sans  décomposition;  elle  perd 
dans  ce  cas  de  l'acide  chlorhydriqne.  L'acide  azotique  l'oxyde  en  produi- 
sant une  substance  résineuse.  Il  est  difficile,  par  les  moyens  ordinaires, 
d'enlever  tout  le  chlore  que  renferme  cette  dichlorhydrine;  je  n'ai  pu  le 
faire  qu'en  traitant  sa  solution  éthérée  par  le  sodium  pendant  plusieurs 
heures.  J'ai  obtenu  ainsi  un  acide  qui  paraît  être  le  composé  C,0H,6O3; 
mais  le  rendement  a  été  trop  faible  pour  me  permettre  d'en  faire  un  exa- 
men décisif. 

»  II.  Camphre.  —  Camphre  monochloré.  —  Lorsqu'on  ajoute  peu  à  peu 
du  camphre  à  une  solution  assez  concentrée  d'acide  hypochloreux,  il  se 
liquéfie,  tombe  au  fond  du  liquide,  et,  après  peu  de  temps,  surtout  par 
l'agitation,  il  se  prend  en  une  masse  qui  présente  l'apparence  du  camphre 
lui-même.  On  obtient  ce  produit  à  l'état  de  pureté  en  le  soumettant  à  deux 
ou  trois  cristallisations  dans  l'alcool.  C'est  le  camphre  monochloré 
C,0H15C10,  ainsi  que  le  monlre  l'analyse  : 

O" 120 

H" i5 

Cl 35,5 

O 16 

Il  se  forme  en  vertu  de  l'équation 

C'°H,6O  +  C,lHO  =  C,0rl,5ClO  +  H20. 

»  Le  camphre  monochloré  est  un  corps  blanc,  indistinctement  cristallisé, 
soluble  dans  l'éther  et  dans  l'alcool,  presque  insoluble  dans  l'eau;  il  cris- 
tallise beaucoup  mieux  dans  l'alcool  étendu  d'un  peu  d'eau  que  dans  l'al- 
cool absolu.  Il  fond  à  o,5  degrés  et  se  décompose  vers  200  degrés  en  émet- 
tant des  vapeurs  d'acide  chlorhydriqne.  Son  odeur  et  sa  saveur  rappellent 
celles  du  camphre.  L'acide  azotique,  même  bouillant,  l'attaque  difficile- 
ment. 11  est  soluble  à  la  température  ordinaire  dans  l'acide  sulfurique  con- 

i36.. 


Théorie. 

Expérience, 

64,35 

64,54 

8,07 

8,18 

i9,o3 

18,70 

8,58 

" 

100,00 

Théorie. 

Expérience. 

-1,43 

71,02 

9,5a 

9,36 

19,05 

» 

(  T048  ) 

centre'"  et  se  sépare  de  nouveau  par  addition  d'eau.  Sa  solution  alcoolique, 
traitée  à  l'ébnllition  par  l'azotate  d'argent,  donne  du  chlorure  d'argent. 
Traité  par  l'ammoniaque,  à  121  degrés,  le  camphre  monochloré  donne  du 
sel  ammoniac  et  un  dérivé  soluble  dans  l'eau. 

»  Oxycamphre.  —  Le  camphre  monochloré,  traité  par  une  solution  al- 
coolique de  potasse  vers  80  degrés  pendant  six  à  huit  heures,  fournit  des 
produits  qui  ne  contiennent  plus  de  chlore;  ces  produits  sont  au  nombre 
de  deux,  peut-être  de  trois;  mais  jusqu'à  présent,  je  n'ai  réussi  à  isoler  avec 
certitude  que  l'un  d'eux,  l'oxycamphre,  qui  se  précipite  par  l'addition  d'eau 
à  la  solution  alcoolique  ;  on  l'obtient  à  l'état  de  pureté  après  plusieurs 
cristallisations  dans  l'alcool.  Soumis  à  l'analyse,  ce  composé  a  donné  les 
résultats  suivants  : 

C10 120 

H' 16 

O1 32 

100,00 
Sa  formation  s'explique  par  l'équation 

G,0H,6ClO  +  ROII  =C,0H,6O2  4-  KC1. 

»  L'oxycamphre  cristallise  en  aiguilles  blanches  solubles  dans  l'alcool, 
insolubles  dans  l'eau,  fusihles  à  1 3y  degrés;  on  peut  le  sublimer  sans  dé- 
composition; cette  sublimation  peut  se  faire  en  le  distillant  avec  de  l'eau.  11 
possède  une  odeur  et  une  saveur  analogues  à  celles  du  camphre.  Les  cris- 
taux obtenus  par  sublimation  sont  très-beaux  et  souvent  assez  volu- 
mineux. 

»  L'oxycamphre  est  un  isomère  de  Yncide  camplùnique  que  M.  Berthelot 
a  obtenu  par  l'action  d'une  solution  alcoolique  de  potasse  sur  le  camphre 
dans  un  tube  scellé  chauffé  à  180  degrés.  Il  n'en  a  pas  donné  d'analyse, 
mais  il  rend  compte  de  sa  formation  par  l'équation  suivante  : 

2(C,0H,6O)  +  KOH  =  C,0H,8O  +  C,0H,5R02. 

Camphre.  Bornéol.  Camphinale  de 

potasse. 

»  D'après  cette,  méthode,  j'ai  obtenu,  outre  le  bornéol,  un  composé 
demi-solide  ayant  tous  les  caractères  de  l'acide  camphinique  décrit  par 
M.  Berthelot.  Sa  dessiccation  était  très-difficile;  aussi  les  analyses  ont-elles 
toujours  accusé  un  peu  trop  peu  de  carbone  : 


(  i°49  ) 

Théorie.  Expérience. 

C" 7I,43  no,5o 

H'8 9>9!  9'5a 

O- 19, o5 

Le  camphinate  de  plomb  forme  une  poudre  blanche  insoluble  qui  a  donné 
38,77  f'e  pl°I11D  »  la  formule  en  exige  38, 26  pour  100. 

»  On  voit,  par  ce  qui  précède,  que,  dans  le  cas  du  camphre,  on  obtient 
un  produit  de  substitution,  le  camphre  monochloré  C'"Hl5ClO,  tandis 
que  l'essence  de  térébenthine  donne  naissance  à  un  produit  d'addition 
directe  avec  l'acide  hypochloreux 

Cl  )  H10  )  ri2 

C,0H'6  -f-  %        O  =  C10H,8Cl2O2     ou     C'° 

H  \  W-  )02 

»  Il  est  très-probable  qu'avec  le  camphre  il  se  forme  également  un  pro- 
duit d'addition  restant  dissous  dans  l'eau,  mais  en  quantité  très-petite;  ce 
composé  se  décompose  au-dessous  de  100  degrés  en  perdant  de  l'acide 
chlorhydrique. 

»  Dans  l'action  de  l'acide  hypochloreux  Cl  HO,  les  produits  d'addition 
sont,  en  général,  les  moins  abondants;  ce  sont  les  produits  de  substitution 
qui  dominent.  M.  Cari  us  est  arrivé  à  des  résultais  analogues  avec  la  benzine  ; 
car,  en  partant  de  ce  corps,  il  a  obtenu  par  cette  action  la  chlorhydrine 
correspondante,  en  même  temps  que  beaucoup  de  benzine  monochlorée 
(Zeitschrift  fur  Cliemie,  1866,  p.  67). 

»  J'espère,  en  opérant  sur  de  plus  grandes  quantités  de  camphre  ou  en 
modifiant  le  mode  d'action,  arriver  à  obtenir  ce  produit  d'addition  en 
quantité  assez  considérable  pour  me  permettre  d'en  faire  une  étude  plus 
complète.  J'ai  également  l'intention  de  faire  agir  HClO  sur  le  camphène 
inactif  de  M.  Berthelot  isomère  du  térébenthène,  dans  l'espérance  d'obtenir 
une  dichlorhydrine  cristallisée. 

»  T^es  relations  chimiques  des  corps  dont  il  vient  d'être  question  peuvent 
être  mises  en  évidence  par  les  formules  suivantes  : 


11 


Térébenthène,  camphène C10  H'°. 

Camphre-oxycamphène C"  Hl60. 

Oxycamphre-dioxycamphène C'"HIC  O2  =  C"  ,„„>  !  O. 

Acide  camphinique Cl0H"cO°  =  (C'Hl5)CO,OH. 

Camphre  monochloré C"  H'5  CIO. 

Dichlorhydrine  du  térébenthène.  .  .  C"  H"  C1'0!. 

»   Ces  recherches  seront  continuées  au  laboratoire  de  M.  Wurtz.  » 


(  io5o  ) 

GÉOLOGIE.    —    Sur    les  phénomènes   volcaniques   observés  aux    Açores  ;    par 
M.  Fouqué.  Troisième  Lettre  à  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deviile.  (Extrait.) 

«   Horta  (île  de  Fayal),  27  novembre  1867. 

»    Pendant  le  mois  qui  vient  de  s'écouler,  j'ai  fait  une  étude  atten- 

»  tive  des  deux  îles  de  Pico  et  de  Fayal,  et  les  ai  parcourues  pas  à  pas.  J'ai 
»  commencé  par  faire  l'ascension  du  pic.  Parti  à  trois  heures  du  matin,  à 
»  pied,  du  bord  de  la  mer,  j'étais,  à  onze  heures  et  demie,  au  sommet  du 
»  cône  terminal.  Pendant  la  matinée,  le  temps  était  couvert;  mais,  peu 
»  d'instants  après  mon  arrivée  au  sommet,  il  s'est  subitement  éclairci  :  de 
»  telle  sorte  que  j'ai  pu  jouir  tout  à  mon  aise  de  la  magnifique  vue  que 
»  l'on  a  de  la  cime  du  pic.  J'ai  recueilli  le  gaz  qui  se  dégage  au  fond 
»  du  petit  cratère  terminal;  c'est  de  l'acide  carbonique,  avec  une  trace 
»  imperceptible  d'acide  sulfhydrique.  J'ai  constaté  une  température  de 
»  82  degrés.  Le  gaz  est  mélangé  d'une  proportion  considérable  de  vapeur 
»  d'eau  et  aussi  d'une  grande  quantité  d'air  ;  mais  je  crois  que  ce  mélange 
»  d'air  tient  surtout  à  ce  qu'il  est  impossible  de  recueillir  à  l'état  de  pureté 
»  le  gaz  provenant  des  entrailles  du  sol,  à  cause  des  vides  qui  existent  entre 
»  les  gros  blocs  pierreux  entassés  au  fond  du  cratère.  Malgré  tous  mes 
»  efforts  pour  obtenir  le  gaz  le  plus  pur  possible,  le  mélange  que  j'ai  re- 
»   cueilli  ne  contient  que  8  pour  100  d'acide  carbonique. 

»»  Quand  vous  êtes  monté  au  sommet  du  pic,  vous  aurez,  sans  doute,  été 
»  frappé  comme  moi  de  la  disposition  de  cette  enceinte  à  pic  qui  entoure 
»  le  cône  central,  et  aussi  de  l'aspect  singulier  des  laves  qui  en  couvrent  le 
»  fond.  Je  voulais  photographier  tout  cela;  mais  j'avais  à  peine  installé 
»  mon  appareil, que  je  me  suis  trouvé  de  nouveau  enveloppé  dans  la  brume, 
»   et  il  a  fallu  renoncer  à  l'idée  d'obtenir  une  épreuve. 

»  Ce  qui  m'a  bien  étonné  au  sommet  de  la  crête  circulaire  qui  entoure 
»  le  pic  vers  le  sud  et  l'ouest,  c'est  la  richesse  des  laves  en  cristaux  de 
»  peridot.  et  de  pyroxène  et  l'énorme  dimension  de  ces  cristaux,  dont  plu- 
»  sieurs  ont  2  et  3  centimètres  de  longueur.  Le  groupement  des  cristaux 
»  de  feldspath,  que  je  n'ai  vu  semblable  nulle  part  ailleurs,  me  paraît  aussi 
»  fort  remarquable.- Vous  aurez  sans  doute  été  frappé  comme  moi  de  ces 
»  groupements  disposés  sous  forme  d'étoiles  à  huit  rayons.  J'ai  cru  plu- 
»  sieurs  fois  voir  ces  cristaux  de  feldspath  munis  des  stries  caractéristiques 
»  du  sixième  système  cristallin;  mais  j'ai  plus  de  confiance  dans  une  ana- 
»   Use  pour  déterminer  la  nature  de  ce  feldspath,  que  dans  mes  yeux  armés 


(   ,o5.   ) 

»  de  là  meilleure  loupe.  Je  me  réserve  doue  à  plus  tard   pour  affirmer 
»   quelque  chose  à  cet  égard. 

«  Toutes  ces  laves  contournées  et  bizarrement  tordues,  qui  couvrent  les 
»  pentes  est,  sud  et  ouest  de  la  montagne,  n'y  présentent  très-probablement 
»  qu'une  faible  épaisseur;  et  voici  ce  qui  me  porte  à  adopter  cette  idée. 
»  A  la  fin  de  mon  séjour  à  Pico,  je  suis  remonté  au  sommet  du  pic  du  côté 
»  nord,  et  j'ai  été  tout  surpris  de  ne  trouver  que  des  lapilli  et  des  scories. 
»  En  arrivant  près  de  l'escarpement  à  pic  qui  termine  la  montagne  de  ce 
»  côté,  on  voit  que  cet  escarpement  seul  est  formé  par  une  couche  de  lave 
»  compacte  d'une  dizaine  de  mètres  d'épaisseur,  qui  forme  comme  le  plan- 
»  cher  de  l'enceinte  circulaire  du  plateau  du  sommet.  Les  pluies  de  l'hiver 
»  entraînent  constamment  les  lapilli  sous-jacents,  de  sorte  que  cette  lave 
»  fait  saillie  du  côté  septentrional  du  pic  comme  une  sorte  de  corniche,  et, 
»  de  temps  en  temps,  quand  la  saillie  devient  trop  prononcée,  le  poids  de 
»  la  roche  surplombante  en  amène  la  rupture,  et  les  blocs  détachés  roulent 
»  très-loin  sur  la  pente.  On  les  rencontre  à  plus  de  iooo  mètres  au-dessous 
»  de  leur  point  d'origine.  La  coupe  de  la  montagne,  que  l'on  observe  du 
»  côté  nord,  montre  donc,  de  toutes  parts,  la  lave  recouvrant  le  sol  sous 
»  une  épaisseur  relativement  fort  petite,  et  je  ne  puis  que  m'associer  à 
»  l'opinion  de  Hartung,  lorsqu'il  pense  que  le  pic  de  l'île  de  Pico  est  en 
»  grande  partie  formé  de  lapilli  et  de  déjections  plus  ou  moins  fines.  Les 
»  laves  ne  constituent  à  la  surface  qu'une  sorte  de  manteau  ouvert  du  côté 
»   nord. 

>>  J'ai  quitté  le  sommet  du  pic  à  trois  heures  de  l'après-midi,  et  à  neuf 
»   heures  du  soir,  j'étais  de  retour  à  Arealarga. 

»  Le  lendemain  matin,  j'ai  commencé  mon  excursion  autour  de  l'île. 
»  J'ai  mis  quinze  jouis  pour  faire  cette  tournée;  j'ai  non-seulement  par- 
»  couru  la  côte,  mais  traversé  plusieurs  fois  la  chaîne  centrale.  Sur  cette 
»  chaîne  ou  lombo,  comme  on  l'appelle  ici,  on  rencontre  une  série  de 
»  cônes  d'éruption,  dont  la  situation  est  assez  exactement  figurée  sur  la 
»  carte  anglaise.  Les  laves  qui  en  sont  sorties  sont  toutes,  sans  excep- 
»  tion,  très-riches  en  péridot;  mais  c'est  surtout  dans  la  partie  occiden- 
»  taie  de  l'île  et  dans  les  éruptions  modernes  que  ce  minéral  abonde. 
»  La  Caldeira  de  Santa-Barbara,  située  au  nord-est  de  la  ville  de  Lagens, 
»  me  parait  être  le  point  central  de  l'île  et  le  lieu  d'une  division  naturelle 
»  entre  les  deux  régions  de  l'est  et  de  l'ouest.  Cette  Caldeira  a  l'apparence 
»  d'un  vaste  cirque  elliptique,  ouvert  vers  le  sud-ouest.  On  y  distingue  deux 
»   parties  situées  à  deux  niveaux  différents;  c'est  pourquoi  ou  la  divise  en 


(    I052    ) 

»  haute  et  basse  Caldeira.  Une  lave  de  couleur  foncée  peu  cristalline,  dis- 
»  posée  en  bancs  horizontaux  mal  définis,  en  forme  les  parois  et  constitue, 
»  vers  le  nord-ouest,  une  chaîne  qui  se  prolonge  au  sud-ouest  jusqu'à  la 
»  mer.  Le  pic  Topo,  qui  s'élève  comme  un  coin  au  milieu  de  cette  chaîne, 
»  me  paraît  d'origine  plus  récente,  la  lave  qui  le  forme  étant  beaucoup 
»   plus  péridotique  et  riche  en  gros  cristaux  de  pyroxène.  » 

»  Après  avoir  donné  le  résultat  sommaire  de  ses  observations  sur  deux 
autres  Caldeiras  moins  importantes  et  signalé  un  grand  nombre  de  galeries 
souterraines  dans  les  laves  de  cette  île,  particulièrement  dans  la  lave  de  1 720, 
l'auteur  de  la  Lettre  ajoute  : 

«  J'aurais  beaucoup  d'autres  choses  à  vous  dire  de  Pico;  mais  ces  détails 
»  seront  mieux  placés  dans  le  travail  que  j'aurai  à  faire  sur  cette  île,  et  que 
»  je  vous  prierai  de  présenter  à  l'Académie.  Je  vais  maintenant  vous  dire 
»  quelques  mots  de  Fayal. 

»  La  Caldeira  de  Fayal  est  fort  curieuse  ;  c'est  une  grande  cavité  circu- 
»  laire  complète,  de  3oo  mètres  de  profondeur,  dont  les  parois  sont  pres- 
»  que  à  pic.  Le  diamètre  en  est  d'environ  2  kilomètres.  On  y  trouve  vers 
»  le  sud,  dans  la  composition  de  sa  paroi,  une  masse  de  trachyte  à  divi- 
»  sions  verticales,  ayant  l'apparence  d'un  amas  conique.  Tout  le  reste  de 
»  l'enceinte  est  formé  par  des  assises  peu  épaisses,  horizontales,  de  lave 
»  plus  ou  moins  cristalline  et  très-feldspathique.  Les  pentes  extérieures  sont 
»  recouvertes  d'une  épaisseur  considérable  de  lapilli  et  de  cendres,  que  les 
-  eaux  pluviales  ont  sillonnée  de  profonds  ravins,  principalement  vers  le 
»  nord,  et,  au-dessus  de  tout  cela,  s'étend  une  couche  de  pierre  ponce  d'en- 
»  viron  1  mètre  ou  2  de  puissance,  que  l'on  retrouve  à  la  surface  de  l'île 
»  tout  entière.  Cette  pierre  ponce  renferme  de  nombreux  cristaux  de  feld- 
»  spath  et  de  fins  cristaux  d'amphibole.  Je  ne  doute  pas  que,  d'après  ce  que 
»  l'on  peut  observer  aujourd'hui,  la  Caldeira  de  Fayal  n'ait  constitué  pri- 
»  mitivement  une  montagne  conique  comme  Pico,  et  que  toute  sa  partie 
»  centrale  n'ait  été  projetée  par  l'explosion  qui  a  recouvert  l'île  de  pierre 
»  ponce.  Il  existe,  dans  l'intérieur  de  sa  cavité,  un  petit  cône  muni  d'un 
»  cratère,  mais  ce  petit  cône  est  évidemment  d'une  formation  bien  posté- 
»   rieure  à  celle  de  l'enceinte  de  la  Caldeira.    » 

»  Dans  l'impossibilité  de  reproduire  ici  les  remarques  que  contient  la 
Lettre  de  M.  Fouqué  sur  la  Serra  de  Caboco,  sur  celles  de  Riùeiriitlta,  à'Es- 
palamaca,  et  sur  plusieurs  autres  chaînes  trachytiques  ou  .semi-trachyliques 
de  l'île  de  Fayal,  nous  nous  bornons  à  citer  les  passages  suivants  : 

»   La  pierre  ponce  forme  presque  partout  la  couche  la  plus  superficielle 


(  ro53  ) 
»   du  sol.  11  n'y  a  que  certaines  roches  très-péridotiques,  et  particulière- 
»    ment  celles  de  l'éruption  de  1672,  à  Capello,  qui  soient  évidemment  pos- 
»   térieures. 

»  La  partie  de  l'île  qui  forme  la  pointe  avancée  de  Capello  est  fort  cu- 
»  rieuse  à  voir  à  cause  de  la  multiplicité  et  de  l'alignement  régulier  des 
»  cônes  de  scories  qui  la  traversent  de  l'est  à  l'ouest.  11  y  a  évidemment  là 
»  une  grande  déchirure  du  sol,  qui  se  rouvre  de  temps  en  temps,  en  donnant 
»  lieu  à  des  éruptions  dont  la  dernière  et  l'une  des  plus  terribles  a  été  celle 
»  de  1672.il  y  a  eu  deux  temps  très-distincts  dans  cette  éruption  :  dans  le 
»  premier,  le  siège  principal  des  explosions  se  trouvait  être  le  cône  appelé 
»  Pico  do  Fogo,  et  les  laves  sortaient  d'une  éminence  déchirée  irréguliè- 
»  renient  à  sa  surface  et  située  immédiatement  à  la  base  de  ce  pic  vers 
»  l'ouest.  Dans  le  second  temps,  l'éruption  s'est  transportée  plus  bas,  con- 
»  fermement  à  la  loi  remarquable  de  Carlo  Gemrnellaro,  et  un  nouveau 
»  cône  s'est  formé  au  pied  oriental  d'un  ancien  cône  désigné  sur  la  carte 
»  anglaise  sous  le  nom  de  Pico  do  Fonte.  Les  laves  sorties  à  la  base  de  ce 
»  dernier  foyer  se  sont  surtout  répandues  vers  le  nord  :  elles  sont  superpo- 
»   sées  à  celles  qui  viennent  du  Pico  do  Fogo. 

»  A  la  pointe  sud-est  de  l'île,  près  de  la  ville  de  Horta,  il  existe  aussi 
»  plusieurs  cônes  de  scories.  Le  plus  à  l'est  de  tous,  le  Pico-Guia,  est  formé 
«  de  couches  de  tuf  identiques  d'aspect  à  celles  du  mont  Brazil  à  Terceira, 
»  et  je  ne  doute  pas  que  l'eau  de  la  mer  n'ait  joué  le  plus  grand  rôle  dans 
«  sa  formation.  Je  suis  surpris  qu'on  n'y  ait  pas  encore  trouvé  de  fossiles, 
»  bien  qu'il  y  ait  plusieurs  carrières  exploitées  dans  ce  tuf.  Le  mont  Guia 
»  à  Fayal  et  le  mont  Brazil  à  Terceira  sont,  à  mon  avis,  deux  cônes  formés 
»  dans  des  conditions  toutes  différentes  de  celles  qui  ont  présidé  à  la  for- 
»   mation  de  la  plupart  des  cônes  volcaniques. 

»  Je  termine  cette  Lettre  à  San-Miguel,  où  nous  arrivons  seulement  au- 
»  jourd'hui  a  décembre.  Nous  avons  eu  une  tempête  affreuse  dans  le  port 
»  même  de  Terceira,  les  navires  à  voile  y  ont  été  brisés  comme  du  verre 
»   contre  les  rochers;  il  a  fallu  nous  sauver  au  loin  à  toute  vapeur.    » 

STATISTIQUE.  —  M.  Bienaymé,  en  présentant  à  l'Académie  le  Compte  rendu 
statistique  de  V Administration  des  hôpitaux  de  la  villa  de  Rome  pour  l'an- 
née 1 865,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Le  P.Secchi,  notre  savant  Correspondant,  m'a  chargé  de  présenter  à 
l'Académie  le  «  Compte  rendu  statistique  de  l'Administration  des  hôpitaux 

C.  R.,  i8(i;,  2e  Semestre.   (T.  LXV,  P.0  28.)  '  J7 


(  io54  ) 
de  la  ville  de  Rome  pour  Tannée  1  865  (i)  ».  La  partie  principale  de  ce  vo- 
lume est  une  statistique  médicale  très-détaillée  qui  offre  par  mois,  ou  par  tri- 
mestre, tous  les  renseignements  que  l'on  exige  aujourd'hui  des  statistiques  de 
celte  espèce.  Elle  parait  ressembler  beaucoup  aux  tableaux  statistiques  que 
publie  l'Administration  de  l'Assistance  publique  de  Paris,  dont  deux  volumes 
ont  déjà  paru.  Il  serait  à  désirer  que  le  rapprochement  des  tableaux  de  ces 
deux  publications  importantes  pût  être  rendu  complet  et  facile  malgré  la 
différence  du  langage.  Ce  qui  achève  de  donner  du  prix  à  la  publication 
romaine,  c'est  un  résumé  historique  très-curieux  de  la  fondation  du  grand 
établissement  de  bienfaisance  qui  porte  le  nom  de  Santo  Spirito  in  Sassia,  et 
des  vicissitudes  plus  ou  moins  favorables  qu'il  a  subies  depuis  1204,  époque 
où  le  créa  Innocent  III.  C'est  à  cette  date  que  remonte  la  fondation  de 
l'assistance  des  enfants  exposés  en  Italie.  En  France,  l'hospice  de  Dijon 
conserve  encore  un  acte  d'un  pape,  qui  règle  le  service  des  enfants  trouvés, 
et  qui  ne  doit  pas  s'éloigner  de  la  même  date.  Le  Compte  statistique  des 
hôpitaux  de  Rome  fait  honneur  à  M.  de  Cinque  Quintili,  secrétaire  de  la 
Commission,  sous  la  direction  de  laquelle  ces  hôpitaux  ont  été  réunis  il  y  a 
peu  d'années,  et  qui  est  présidée  par  Monsignor  Ach.  M.  Ricci.  » 

M.  Hoppe  écrit  de  Bâle  pour  demander  à  l'Académie  que  l'ouvrage  pré- 
cédemment adressé  par  lui,  ouvrage  écrit  en  allemand  et  ayant  pour  titre  : 
«  La  logique  complète  »,  soit  soumis  à  l'examen  de  l'un  de  ses  Membres. 

L'ouvrage  sera  adressé  à  M.  Regnault  pour  en  faire,  s'il  y  a  lieu,  l'objet 
d'un  Rapport  verbal. 

M.  E.  Lorenz  adresse  une  Note  concernant  une  Méthode  rationnelle 
de  conservation  de  la  viande,  question  que  l'auteur  croit  avoir  été  proposée 
pour  l'un  des  prix  décernés  actuellement  par  l'Académie. 

On  fera  savoir  à  l'auteur  que  ce  sujet  n'a  pas  été  proposé  comme  question 
de  concours;  quant  au  procédé  qu'il  a  employé,  il  sera  sommis  à  l'examen 
d'une  Commission,  s'il  juge  à  propos  d'en  faire  l'objet  d'un  travail  complet 
adressé  à  l'Académie. 

M.  II.  Coun  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  ouvrage  écrit  en 
allemand  et  contenant  les  résultats  de  l'examen  des  yeux  de  10060  élèves 
d  écoles. 

Cet  ouvrage  sera  adressé  à  M.  Claude  Bernard  pour  en  faire,  s'il  \  a 
lieu,  l'objet  d'un  Rapport  verbal. 


(1)  Resoconto  statistico  per  l'anno  1 865,  degli   Ospedali  ut  Roma,  in-folio. 


(  io55  ) 

M.  Falb  adresse  une  Noie  relative  à  quelques  questions  d'astronomie. 
Cette  Note  sera  soumise  à  l'examen  de  M.  Delaunay. 

M.  Gangneux  adresse  quelques  photographies  de  fossiles  recueillis  dans 
les  environs  de  Royan. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie.  E.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance  du  1 6  décembre  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Le  Pandrnamomètre,  appareil  propre  à  déterminer  le  travail  mécanique  pro- 
duit par  un  moteur  ou  consommé  par  une  machine;  par  M.  G. -A.  Hiiiis.  Paris, 
1867;  br.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Combes.) 

Fies  des  Savants  illustres;  par  M.  Louis  FiGUIER.  La  Renaissance.  Paris,  1868; 
1  vol.  grand  in-8°,  illustré.  (Présenté  par  M.  Cloquet.) 

De  l'imperméabilité  de  l'épithélium.vésical:  Thèse  présentée  à  la  Faculté  de 
Médecine  de  Strasbourg,  par  M.  J.-J.C.  SusiNi.  Strasbourg,  1867.  1  Pré- 
senté par  M.  Ch.  Robin  pour  le  concours  des  prix  de  Médecine  et  Chi- 
rurgie, 1868.) 

L'intelligence  des  animaux ,  par  M.  E.  Menault.  Paris,  1868;  1  vol.  in-12. 
(Présenté  par  M.  Blanchard.) 

Recherches  expérimentales  et  cliniques  sur  la  cause  prochaine  de  iépilepsie; 
par  M.  V.  Poulet.  Paris,  1867;  br.  in-12. 

Indicateur  planétaire,  ou  Recueil  de  tables  calculées  dans  l'hypothèse  du 
mouvement  elliptique  cl  fournissant,  du  Ier  janvier  1 865  au  Ier  janvier  1900, 
la  dislance  angulaire  du  Soleil  aux  planètes  principales,  évaluée  en  ascension 
droite; par  M.  Ch.  Girault.  Caen,  1867;  br.  in-8". 

Du  choléra  au  point  de  vue  de  la  contagion;  par  M.  Léon  Rieux. 
Lyon,  1867;  br.  in-8°. 

Recherches  sur  les  générations  spontanées  et  sur  la  matière,  ses  propriétés 
et  ses  lois;  par  M.  M.-H.  Deschamps.  Paris,  1867;  br.  in-8°.  (Présenté  par 
M.  Cloquet.) 

Dix-sept  années  de  pratique  aux  Eaux-Bonnes;  par  M.  E.  Cazenave  de  la 
Roche.  Paris,  1867;  in-8°.  (Adressé  au  concours  des  prix  de  Médecine  et 
Chirurgie.) 


(  1"' 


Souvenirs  de  Lavoisier  dans  le  Blésois,-  par  M.  A.  DuprÉ,  bibliothécaire  de 
la  ville  de  Blois.  Blois,  1867;  br.  in- 12. 

Resoconlo...  Comptes  rendus  statistiques  pour  /'année  i865  des  Hôpitaux  de 
Rome  dépendant  de  la  Commission  instituée  par  Sa  Sainteté  N.-S.  le  Pape 
Pie  IX.  Rome,  1866;  in-folio.  (Présenté  par  M.  Bienaymé.) 

Recherches  sur  les  yeux  de  10060  écoliers,  avec  des  indications  pour  l'amé- 
lioration de  l'installation  des  écoles,  dans  ce  qu'elle  peut  avoir  de  nuisible  pour 
la  vue;  par  M.  H.  Cohn.  Leipzig,   1867;  1    vol.  in-8°  relié. 

Anatomie.  .  Anatomie  de  la  puce  de  chien,  avec  un  coup  d'œil  rétrospectif 
sur  diverses  espèces  et  différents  genres;  par  M.  L.  LâNDOIS.  Dresde,  1866; 
in-40  avec  planches.  (Adressé  au  concours  Thore,  1868.) 


PUBLICATIONS    PERIODIQUES    RECITES    PAR    l' ACADEMIE    PEXDAXT 
LE    MOIS    DE    NOVEMBRE     18G7. 

Répertoire  de  Pharmacie;  octobre  et  novembre  18G7;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  n°  22  et  a3,  1867;  in-8°. 

Revue  des  cours  scientifiques;  nos  49  à  53,  18G7  ;  in-4°. 

Revue  îles  Eaux  et  Forêts;  n°  11,  18G7;  in-8°. 

Revue  maritime  et  coloniale;  décembre  1867;  in-8°. 

Revue  médicale  de  Toulouse  ;  n°  11,   18G7  ;  in-8°. 

Société  d'Encouragement,  Résumé  des  procès-verbaux,  séance  des  23  octobre 
et  8  novembre  1867;  m-8°. 

Société  impériale  de  Médecine  de  Marseille,  Bulletin  des  travaux;  n"  4. 
octobre  1867  ;  in-8°. 

The Scieutific  Review ;  n°  20  et  21,  1867;  in-4°. 


ERRATA. 

(Séance  du   2   décembre    18G7.) 
Page  954,  ligne  1  1,  au  lieu  de  Peirese,  lisez  Peiresc. 
Page  954,  ligne  17,  au  lieu  de  par  Galilée,  lisez  de  Galilée. 
Page  954,  ligne  23,  au  lieu  de  ne  lui  attribue  guère,  lisez  ne  lui  attribue  pas. 
Page  954,  ligne  38,  au  lieu  de  n'en  parlent  guère,  lisez  n'en  (lisent  rien. 
Page  i)55,  ligne  22,  au  lieu  de  pour  un  grand  nombre,  lisez  par  un  grand  nombre 
Page  955,  ligne  a5,  au  lieu  de  montre,  lisez  rencontre. 
Page  955,  ligne  26,  au  lieu  de  ritrovandomi,  lisez  ritrovandosi. 
Page  957,  ligne  6,  au  lieu  de  n'v  songea,   //.ver  ne  s'y  rangea. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE   DES    SCIENCES 


SÉANCE  DU  LUNDI  25  DÉCEMBRE  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  LACADÉM1E. 

M.  le  Président  fait  part  à  l'Académie  de  la  perte  douloureuse  qu'elle 
vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  Poncelet,  décédé  le  9.2  décembre. 

M.  le  Président  de  l'Institut  informe  l'Académie  que  la  première 
séance  générale  trimestrielle  de  1868  aura  lien  le  mercredi  8  janvier,  et 
la  prie  de  vouloir  bien  désigner  l'un  de  ses  Membres  pour  la  représenter, 
comme  lecteur,  dans  cette  séance. 

«  M.  Balard  demande  la  parole  à  l'occasion  de  la  lecture  du  procès- 
verbal  de  la  séance  précédente;  il  regrette  qu'en  insérant  la  Lettre  du 
P.  Secchi  dans  le  Compte  rendu  on  y  ait  laissé  quelques  insinuations  qui, 
selon  lui,  n'auraient  pas  dû  y  trouver  place.  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  à 
qui  la  Lettre  était  adressée,  avait  lui-même  voulu  les  supprimer,  et  il  ne 
les  a  conservées  que  pour  satisfaire  au  désir  formel  exprimé  par  M.  Chasles, 
de  voir  la  Lettre  reproduite  dans  tout  son  entier.  M.  Balard  espère  que  son 
éminent  confrère  M.  Cbasles  lui  permettra  de  dire  que  son  désir  de  voir 
la  discussion  rester  absolument  libre  lui  a  fait  pousser  la  délicatesse  trop 
loin. 

»   M.  Balard  rend,  du  reste,  au  P.  Secchi  la  justice  de  croire  que,  dans 

C.  R.,  1867,  Ie  Semestre.  (T.   LXV,  N»  26.)  1  38 


.o58  ) 
cette  circonstance,  il  a  plutôt  répété  quelques  bruits  vagues  qui  s'étaient 
produits  autour  de  lui  qu'exprimé  une  opinion  réfléchie.  Si  quelques  per- 
sonnes qui  n'ont  jamais  vu  la  collection  de  M.  Chasles  ont  pu  dire  que 
quelques-unes  des  pièces  qu'il  a  produites  semblaient  avoir  été  faites  pour 
corroborer  les  précédentes,  cette  opinion  ne  pouvait  naître  dans  l'esprit 
du  P.  Secchi,  qui,  admis  chez  M.  Chasles,  a  pu  a  plusieurs  reprises  manier 
et  examiner  les  documents  qu'il  possède,  et  s'assurer  qu'ils  présentent  tous 
les  caractères  de  manuscrits  anciens.  Quelque  opinion  qu'on  ait  à  l'égard 
de  ces  pièces,  soit  qu'on  les  regarde  comme  vraies,  soit  qu'on  les  prenne 
comme  l'œuvre  d'un  faussaire  qui  aurait  imité  tant  d'écritures  diverses  et 
coordonné  tous  les  documents  avec  une  habileté  infernale,  il  n'en  est  pas 
moins  évident  pour  tous  ceux  qui  ont  vu  ces  Lettres  qu'elles  ne  datent  pas 
d'hier.  M.  Balard  avait  vu  déjà  dans  la  collection  de  M.  Chasles  quelques- 
unes  de  ces  pièces  avant  que  son  confrère  eût  été  amené  à  leur  donner  de 
la  publicité  par  suite  d'une  discussion,  sans  laquelle  elles  seraient  restées 
longtemps  encore  dans  les  cartons,  à  côté  de  bien  d'autres  aussi  anciennes 
qu'elles.  Plus  d'une  fois,  exprimant  à  M.  Chasles  quelques-uns  des  doutes 
que  ces  questions  soulèvent  naturellement  dans  tous  les  esprits,  il  l'a  vu 
prendre  immédiatement  dans  sa  collection  une  Lettre  qui  répondait  a  ces 
objections. 

»  L'Académie  sait  bien,  mais  il  n'y  a  peut-être  pas  de  mal  à  le  redire, 
avec  quelle  confiance  M.  Chasles  communique  ses  autographes  ;  il  ne  se  con- 
tente pas  de  les  laisser  examiner  et  étudier  chez  lui,  il  les  livre  aux  savants 
qui  veulent  les  scruter  de  plus  près  et  les  laisse  circuler  au  dehors  il  en 
envoie  à  l'étranger  à  ceux  qui  veulent  les  comparer  avec  leurs  propres 
pièces,  et  dans  le  cas  où,  l'une  d'elles  lui  paraissant  plus  précieuse,  il  ne 
voudrait  pas  l'exposer  aux  chances  de  la  voir  égarer,  il  la  multiplie  par  la 
voie  de  la  photographie,  et  la  lait  parvenir  à  tous  ceux  qu'elle  intéresse. 
Que  peut-il  faire  de  plus? 

»  \I.  Balard  espère  que  la  nécessité  de  soutenir  cette  polémique  inces- 
sante ne  détournera  pas  M.  Chasles  du  projet  de  publier  tous  ses  docu- 
ments, comme  il  l'a  promis  à  l'Académie.  Elle  attend  avec  impatience  que 
la  totalité  des  documents  qui  intéressent  la  question  soulevée  avant  été 
publiée,  on  puisse  rechercher  la  vérité  avec  l'espérance  de  la  trouver.  Or 
la  chose  n'est  pas  possible  tant  que  la  discussion  restera  limitée  dans  la 
série  de  petits  cercles  spéciaux  où  l'enferme  chacun  îles  documents  parti- 
culiers qui  viennent  à  se  produire.  Il  pense  que  l'Académie  elle-même 
devrait  mettre   fin   a  cette  discussion   qui,  ainsi  restreinte,   ne  peut  aboutir 


(  '°59  ) 
à  rien,  et  de  décider  que  dorénavant,  enregistrant  la  réception  des  pièces 
qui  lui  seront  envoyées  sur  ce  sujet,  elle  ne  les  insérera  plus  dans  les  Comptes 
rendus  jusqu'à  ce  que  la  publication  dont  s'occupe  M.ChasIes  soit. terminée. 
Les  documents  étant  connus  dans  leur  ensemble,  la  discussion  aura  alors 
une  base  solide,  et  amènera,  dans  un  sens  ou  dans  l'autre,  des  convictions 
qui  ne  peuvent  se  former  aujourd'hui.  Les  Académies  sont  instituées  pour 
rechercher  la  vérité;  mais  l'Académie  des  Sciences  ne  pourrait  être  accusée 
de  manquer  à  cette  mission  si,  pour  un  temps  limité,  elle  refusait  d'in- 
sérer dans  ses  Comptes  rendus,  dont  tant  de  pages  ont  déjà  été  consacrées 
à  ces  débals,  des  documents  qui  pourraient  aisément  trouver  ailleurs  un 
genre  analogue  de  publicité.  » 

«  M.  Le  Verrier  se  fait  un  devoir  d'adhérer  aux  remarques  de  M.  Ba- 
lard  sur  l'ensemble  des  pièces  possédées  par  leur  confrère  M.  Chastes. 
Lorsqu'il  a  présenté  des  objections  au  nom  de  M.  Grant,  ou  bien  en  son 
nom  personnel,  il  en  a  quelquefois  entretenu  M.  Chasles,  et  son  confrère 
n'a  pas  hésité  à  lui  communiquer  à  l'avance  des  pièces  dont  il  ferait  usage 
quand  cela  deviendrait  nécessaire.  Aussi  M.  Le  Verrier  est-il  convaincu 
que  le  P.  Secchi  n'a  point  eu  l'intention  de  dire  autre  chose,  sinon  que 
les  documents  n'étaient  produits  qu'à  mesure  des  besoins  de  la  discussion, 
ce  qui  ne  pouvait  être  autrement. 

»  A  l'égard  delà  discussion  elle-même,  M.  Le  Verrier  verrait  des  incon- 
vénients à  ce  que  l'Académie  y  mît  fin  'Y autorité ,  mais  il  est  tout  à  fait  d'avis 
avec  M.  Balard  qu'il  est  à  désirer  que  le  débat  se  limite.  Les  savants  qui 
veulent  bien  écrire  à  l'Académie  connaissent  nos  Comptes  rendus,  et  ils 
doivent  à  l'Académie  et  à  eux-mêmes  de  ne  pas  reproduire  des  arguments 
auxquels  M.  Chasles  a  déjà  fait  une  réponse,  que  chacun  est  libre  de  trou- 
ver bonne  ou  insuffisante.  Les  convenances  exigent  que  ceux  qui  n'auraient 
rien  de  neuf  à  nous  communiquer  veuillent  bien  s'abstenir.  » 

Un  Membre  de  l'Académie  fait  observer  que  le  P.  Secclu  étant  Corres- 
pondant de  l'Académie,  le  Secrétaire  perpétuel  ne  pouvait  réduire  sa  Lettre 
à  un  simple  extrait. 

M.  Élie  de  Beaumont  déclare  que,  comme  Secrétaire  perpétuel,  il  exé- 
cutera toujours  ponctuellement  les  décisions  de  l'Académie;  mais  il  ajoute 
que,  dans  son  opinion  personnelle,  il  serait  convenable  de  n'apporter  au- 
cune entrave  à  une  discussion  qui  se  rapporte  à  des  questions  scientifiques 

i  '^8.. 


(    io6o  ) 

importantes,  et  ne  saurait  être  mieux  placée  que  dans  le  sein  de  l'Académie 
des  Sciences. 

Après  une  discussion  à  laquelle  prennent  part  successivement  MM.  Élie 
de  Beaumont,  Combes,  Balard,  Chasles,  Faye,  Regnault,  Le  Verrier,  la 
proposition  de  M.  Balard,  mise  aux  voix  par  M.  le  Président,  n'est  pas 
adoptée  par  l'Académie. 

ASTRONOMIE.  —  De  la  nécessité  de  transporter  l'Observatoire  impérial  Iwrs  de 
Paris;  par  M.  Y  von  Villarceau  (i). 

«  Dans  la  communication  faite  par  M.  Le  Verrier  à  l'Académie , 
séance  du  1 1  novembre  1867,  notre  illustre  confrère  a  présenté  la  question 
du  déplacement  de  notre  principal  établissement  astronomique,  comme 
résultant  d'incompatibilités  entre  les  exigences  des  travaux  de  l'Observa- 
toire et  les  projets  d'embellissements  de  la  ville  de  Paris. 

»  Il  serait  assurément  regrettable  qu'une  question  de  cette  importance 
n'eût  pas  été  agitée  plus  tôt,  s'il  avait  été  possible  de  recueillir,  dans  les  pre- 
miers temps,  tous  les  éléments  d'une  bonne  solution.  Les  méthodes  d'ob- 
servation, la  construction  et  l'établissement  des  instruments,  l'influence  des 
circonstances  locales,  tels  étaient  les  principaux  éléments  à  considérer. 
Pour  ne  rien  laisser  de  douteux  dans  les  conclusions,  il  fallait  consulter 
l'expérience,  et  cela  a  nécessairement  exigé  du  temps. 

»  On  ne  s'étonnera  pas  que  la  question  du  déplacement  de  l'Observa- 
toire surgisse  seulement  à  l'heure  qu'il  est,  si  l'on  veut  bien  se  rappeler 
l'emploi  qui  a  été  fait  des  treize  dernières  années  :  les  premières  de  cette 
période  ont  été  employées  à  l'amélioration  des  anciens  instruments;  plus 
tard,  la  construction  d'instruments  nouveaux  a  provoqué  la  création  d'un 
atelier  de  construction  des  grands  appareils  astronomiques;  enfin,  pendant 
les  six  dernières  années,  des  instruments  méridiens  portatifs  ont  été  installés 
dans  des  stations  présentant  de  grandes  variétés  sous  le  rapport  de  la  con- 
figuration et  de  la  nature  du  sol,  de  l'altitude,  du  voisinage  de  la  mer  ou 
des  rivières. 

»  Je  viens  demander  à  l'Académie  la  permission  de  lui  présenter  le 
résultat  auquel  m'a  conduit  une  expérience  de  vingt-deux  ans  consacrés, 
tant  a  la  construction  et  à  l'emploi  des  instruments  astronomiques,  qu'à  leur 


(1)   L'Académie  a  décidé  que  celte  communication,  bien  que  dépassant  les  limites   régle- 
mentaires, serait  reproduite  en  entier  au  Compte  rendu. 


(   io6i  ) 

installation  dans  des  conditions  très-variées.  Je  m'efforcerai  d'écarter  toute 
question  de  l'ordre  (jurement  administratif. 

»  L'Observatoire  de  Paris  est  une  des  plus  utiles  créations  de  l'Académie. 
Pour  cette  seule  raison  faudrait-il  en  réclamer  le  maintien  dans  l'emplace- 
ment qu'il  n'a  cessé  d'occuper  depuis  sa  fondation?  Personne  assurément 
ne  voudrait  le  soutenir.  De  toutes  nos  institutions,  l'Académie  des  Sciences 
est  peut-être  celle  qui  s'est  toujours  montrée  la  plus  favorable  au  progrès 
des  connaissances  humaines  :  elle  provoque,  par  tous  les  moyens  qui  sont  en 
son  pouvoir,  le  perfectionnement  des  appareils  et  des  méthodes  scienti- 
fiques. Jusqu'à  ces  dernières  années,  elle  a  conservé  dans  ses  collections 
les  instruments  qui  ont  joué  un  rôle  important  dans  l'histoire  de  la  science; 
mais  elle  n'a,  en  aucun  cas,  prétendu  en  perpétuer  indéfiniment  l'usage, 
par  respect  de  la  mémoire  des  savants  qui  les  ont  inventés  ou  employés. 
Qu'il  me  soit  permis  ici  d'assimiler  un  observatoire  à  un  appareil  scienti- 
fique :  un  observatoire  est  effectivement  une  collection  de  tels  appareils; 
les  instruments,  les  piliers,  les  murailles,  le  sol  environnant  doivent  être 
considérés  comme  un  ensemble.  Or,  les  diverses  parties  de  cet  ensemble, 
auxquelles  il  faut  joindre  les  constructions  ou  plantations  existantes  dans 
un  certain  rayon,  exercent  des  influences  diverses  sur  les  travaux  d'obser- 
vation, les  unes  dans  un  sens  favorable,  les  autres  dans  un  sens  nuisible. 
L'Académie  ne  verra  donc,  dans  l'examen  d'un  projet  de  déplacement 
de  l'Observatoire,  qu'un  travail  rentrant  complètement  dans  les  attribu- 
tions de  ceux  de  ses  Membres  qui  s'intéressent  aux  questions  astrono- 
miques. 

»  A  diverses  reprises,  les  astronomes  qui  ont  illustré  l'Observatoire  de 
Paris  ont  fait  entendre  des  réclamations,  soit  au  sujet  des  constructions,  soit 
au  sujet  de  l'emplacement  :  ne  voulant  pas  les  reproduire  ici,  je  me  borne- 
rai à  emprunter  quelques  lignes  au  Rapport  de  la  Commission  chargée, 
en  i853,  d'examiner  les  améliorations  qui  pourraient  être  apportées  dans 
l'organisation   scientifique  et  administrative  de  l'Observatoire  de  Paris  (i). 

«  La  situation  de  l'Observatoire  au  sein  delà  capitale,  dans  une  atmo- 
»  sphère  viciée  et  sur  un  sol  agité,  est  un  inconvénient  auquel  échappent 
»  et  l'Observatoire  de  Greenwich  et  celui  de  Saint-Pétersbourg,  de- 
»   depuis  qu'on  l'a  rebâti,  il  y  a  quinze  ans,  à  quatre  lieues  de  cette  der- 

(i)  Voir  le  Moniteur  universel,  n"  du  3  février  i854- 


(  1062  ) 
»  mère  ville.  Les  trépidations  du  sol  sont  incompatibles  avec  l'emploi 
»  d'instruments  dont  la  première  condition  est  la  stabilité;  et  le  funeste 
»  effet  de  ces  ébranlements  extérieurs  se  fait  d'autant  plus  sentir,  qu'on 
»  amplifie  davantage  le  pouvoir  grossissant  des  instruments,  et  qu'on  les 
»   place  sur  des  constructions  plus  élevées. 

»  Si  la  Commission  ne  demande  pas  la  translation  de  l'Observatoire, 
»  c'est  qu'elle  espère  que  les  inconvénients  signalés  pourront  être  atténués 
»  ou  détruits  par  quelques  dispositions  bien  conçues,  prises  soit  à  l'inté- 
rieur même  de  l'établissement,  soit  dans  le  voisinage  de  son  périmètre, 
»  où  il  sera  nécessaire  de  macadamiser  les  rues.  Toutefois,  comme  rien  ne 
»  saurait  remédierai!  défaut  de  transparence  de  l'atmosphère,  elle  fait  re- 
»  marquer  que  l'abandon  du  grand  bâtiment  central,  si  improprement 
»  appelé  l' Observatoire,  ne  causerait  aucun  regret  aux  amis  de  l'astronomie. 
»  L'imagination  du  public  a  beau  y  voir  le  sanctuaire  de  la  science,  la 
»  vérité  est  qu'on  n'y  a  jamais  fait  d'observations  suivies.  Cette  masse  1110- 
»  numentale  est  même  si  complètement  impropre  à  un  tel  office,  que  son 
»  seul  emploi  a  consisté  jusqu'ici  à  servir  d'habitation  aux  astronomes,  et 
v  Dieu  sait  comment  on  est  parvenu  à  pratiquer  quelques  logements  incom- 
»  modes  et  insuffisants  dans  ce  donjon,  dont  les  épaisses  murailles  ne  se 
»  prêtent  pas  plus  aux  exigences  de  la  vie  domestique  qu'à  l'installation 
»   des  instruments  de  précision.... 

»  Enfin  ,  la  Commission  estime  que  l'état  actuel  des  logements  affectés 
»  aux  astronomes  observateurs  n'est  pas  acceptable.  Il  faut  leur  assurer, 
»  clans  le  voisinage  <le  leurs  instruments,  une  habitation  décente  et  salubre. 
»  Les  réduits  informes  qui  leur  sont  affectés  ne  remplissent  ni  l'une  ni 
»    l'autre  de  ces  conditions.   » 

»  La  Commission  espérait  que  les  inconvénients  signalés  pourraient  être 
atténués  ou  détruits  par  quelques  dispositions  bien  conçues,  prises,  soit 
dans  l'intérieur  de  l'établissement,  soit  dans  le  voisinage  de  son  périmètre. 
Toutefois,  elle  laissait  les  observateurs  aux  prises  avec  les  difficultés  prove- 
nant du  défaut  de  transparence  de  l'atmosphère  :  rien  ne  peut,  en  effet,  sup- 
pléer à  ce  défaut  de  transparence.  Quant  aux  dispositions  dont  il  s'agit  et 
qui  se  rapportent  aux  observations  faites  par  réflexion  au  moyen  d'un 
bain  de  mercure  et  intéressent  plus  particulièrement  la  détermination  si 
importante  de  la  direction  de  la  verticale,  voyons  jusqu'à  quel  point  les 
espérances  de  la  Commission  ont  pu  être  réalisées.  Les  dispositions  prises 
à  l'origine,  pour  éviter  les  vibrations  de  la  surface  du  mercure,  n'avaient 
rempli  leur  but  que  très-imparfaitement;  on  pourrait  même  dire  qu'elles 


(  jo63  ) 
étaient  des  plus  propres  a  assurer  la  propagation  des  vibrations  :  elles 
consistaient  à  isoler  le  bain  de  mercure,  du  parquet  de  la  salle  méridienne, 
en  le  faisant  porter  par  les  piliers  des  cercles  muraux.  Or,  il  a  été  reconnu 
depuis,  qu'il  suffit  de  poser  simplement  le  bain  de  mercure  sur  le  parquet 
lui-même,  pour  diminuer  considérablement  les  vibrations.  Dans  cette  cir- 
constance, le  mouvement  imprimé  au  parquet,  par  une  personne  marchant 
dans  le  voisinage  du  bain,  a  bien  pour  résultai  de  faire  osciller  les  images 
réfléchies,  mais  il  ne  les  fait  pas  disparaître.  Ainsi,  les  mouvements  vibra- 
toires ne  sont  pas  transmis  :  cela  tient  aux  nombreuses  solutions  de  conti- 
nuité que  présente  l'assemblage  des  feuilles  de  parquet.  A  cette  nouvelle 
disposition  intérieure,  complétée  par  l'emploi  des  vases  circulaires,  d'après 
les  remarques  du  colonel  Hossard,  ont  été  associées  des  dispositions  [irises 
à  l'extérieur  :  les  rues  avoisinantes  ont  été  macadamisées.  L'expérience  a 
appris,  sous  ce  rapport,  que  ce  ne  sont  pas  en  particulier  les  mouvements 
des  voitures  autour  de  l'Observatoire,  qui  gênent  le  plus,  dans  les  observa- 
tions par  réflexion,  mais  la  circulation  qui  a  lieu,  sur  une  bien  plus  grande 
échelle,  dans  les  autres  quartiers  de  Paris.  En  effet,  à  l'époque  où  la  rue 
Saint-Jacques  était  empavée,  si  l'on  observait  le  Nadir,  le  matin  de  très- 
bonne  heure,  il  était  facile  de  constater  que  chaque  cahot,  produit  par  une 
lourde  voiture  de  carrier,  déterminait  une  disparition  instantanée  de  l'image 
des  fils,  après  laquelle  l'image  reparaissait  immédiatement.  La  disparition 
de  l'image  des  fils,  pendant  un  certain  temps,  exigeait  donc  que  les  cahots  se 
succédassent,  sans  intermittence,  durant  le  même  temps.  Or,  ce  résultat  était 
réalisé,  pendant  le  jour  et  une  grande  partie  de  la  nuit,  par  la  circulation 
dans  les  autres  quartiers  de  la  ville;  car,  le  soir,  par  exemple,  la  circula- 
tion des  lourdes  voitures  cessait  dans  la  rue  Saint-Jacques,  et  le  bain  de 
mercure  était  néanmoins  agité.  C'est  donc  principalement  la  trépidation 
produite  par  les  voitures,  à  une  assez  grande  distance  de  l'Observatoire, 
qui  trouble  d'une  manière  permanente  la  surface  du  mercure.  Voici  une 
autre  preuve  de  la  propagation  des  vibrations  à  grande  distance.  Etant  à 
Ihuikerque,  installé  à  plus  de  i5oo  mètres  des  bords  de  la  mer,  j'ai  toujours 
rencontré  de  plus  grandes  difficultés  à  observer  le  Nadir,  même  aux  heures 
où  la  circulation  des  voitures  avait  cessé,  que  dans  d'autres  stations  beaucoup 
plus  éloignées  de  la  mer  :  les  jours  où  la  mer  était  forte  coïncidaient  avec  les 
vibrations  les  plus  prononcées  du  bain  de  mercure.  Aces  causes  il  faudrait 
peut-être  ajouter  les  bruits  d'une  grande  ville.  En  effet,  lorsque  j'obser- 
vais à  Brest,  sur  le  glacis  des  fortifications,  à  un  peu  moins  de  800  mètres 
de  la  cathédrale,  j'ai  constaté  que  chaque  coup  de  cloche  déterminait  une 


(  io64  ) 
disparition  instantanée  de  l'image  des  fils,  dans  l'observation  du  Nadir  . 
près  de  la  même  station  et  dans  les  fossés  des  remparts,  des  militaires  étaient 
venus  se  livrer  à  l'exercice  de  la  trompette;  or,  pendant  tout  le  temps  de 
ces  exercices,  il  était  absolument  impossible  d'observer  le  Nadir  (j'ai  dû 
recourir  à  l'intervention  du  commandant  de  place  pour  me  débarrasser  de 
ce  voisinage  incommode).  Parmi  les  bruits  de  tonte  nature  qui  se  font 
constamment  entendre  le  jour  et  de  très-loin,  dans  une  grande  ville,  n'en 
est-il  donc  pas  qui  puissent  faire  vibrer  la  surface  du  mercure  ,  comme  il 
arrive  avec  les  sons  musicaux? 

»  Quoiqu'il  en  soit,  les  observations  nadirales  sont  souvent  impossibles 
pendant  le  jour,  dans  la  salle  méridienne  de  l'Observatoire  de  Paris  :  il 
m'est  arrivé  quelquefois  d'attendre  plus  de  dix  minutes,  sans  réussir  à  dis- 
tinguer les  images  réfléchies  des  fils,  et  de  ne  les  apercevoir  qu'un  temps 
insuffisant  pour  en  effectuer  le  pointé.  Le  Nadir  ne  peut  guère  être  observé 
d'une  manière  satisfaisante  qu'à  partir  de  i  heure  du  matin. 

»  S'il  n'est  pas  absolument  certain  que  les  bruits  de  Paris  empêchent  de 
voir  les  images  produites  par  réflexion  sur  le  bain  de  mercure,  on  ne  con- 
testera pas,  du  moins, qu'ils  n'empêchent  d'entendre  les  battements  des  pen- 
dules à  certaines  dislances  dépendantes  de  la  finesse  de  l'ouïe  des  obser- 
vateurs. Parmi  ces  bruits,  il  en  est  de  fort  gênants,  ce  sont  ceux  des 
cloches.  On  lit  à  ce  sujet,  dans  les  Annales  de  l'Observatoire  de  Paris,  t.  I, 
p.  20  :  «  Les  cloches  beaucoup  trop  nombreuses  dans  le  voisinage  immé- 
»  diat  de  l'Observatoire,  troublent  aussi  les  observations,  et  notamment 
»  celles  du  Soleil,  à  midi,  en  empêchant  d'entendre  les  battements  de  la 
»  pendule.  »  J'ajouterai  que  ces  inconvénients  n'ont  fait  qu'augmenter, 
depuis  quelques  années,  avec  le  nombre  des  établissements  religieux  qui 
sont  dans  l'usage  de  sonner  des  cloches  et  qui  se  sont  fixés  autour  de 
l'Observatoire. 

»  On  ne  peut  pas  songer  à  supprimer  les  inconvénients  des  trépidations  et 
du  bruit,  en  remplaçant  l'emploi  du  bain  de  mercure  par  celui  du  niveau 
à  bulle  d'air  et  recourant  à  l'enregistrement  électrique  du  temps.  H  fau- 
drait, pour  cela,  que  les  cercles  muraux  fussent  établis  de  manière  à  rece- 
voir l'application  des  niveaux,  chose  incompatible  avec  ce  genre  d'instru- 
ments, et  l'on  se  priverait  ainsi  du  secours  d'un  précieux  appareil  :  enfin 
il  est  impossible  actuellement  de  renoncer  en  toutes  circonstances  à  l'es- 
time du  temps;  aucun  directeur  d'observatoire  n'y  voudrait  consentir. 

>»   Passons  maintenant  à  des  considérations  d'un  ordre  plus  élevé.  Dans 


(  io65  ) 

son  Rapport  sur  l'Observatoire  de  Paris,  M.  Le  Verrier  expose  «  combien  la 
»  précision  des  observations  importe  à  l'avenir  de  la  science.  »  Extrayons 
seulement  des  belles  pages  qu'il  a  écrites  sur  ce  sujet,  les  lignes  sui- 
vantes (i)  : 

«  Il  serait  certainement  peu  grave  en  soi,  que  nos  Tables  fissent  erreur 
»  d'une  demi-seconde  sur  le  temps  du  passage  d'un  astre  au  méridien,  si, 
»  au  point  de  vue  scientifique,  l'importance  de  cette  erreur  ne  résidait  dans 
»  son  degré  de  certitude,  bien  plus  que  dans  sa  grandeur.  Tout  écart 
»  décèle  une  cause  inconnue  et  peut  devenir  la  source  d'une  découverte. 
»  Si  ces  écarts  devaient  grandir  considérablement  avec  le  temps,  nous 
»  pourrions,  il  est  vrai,  attendre  leur  entier  développement,  pour  lire  avec 
»  plus  de  sûreté,  dans  leur  marche  progressive,  la  cause  qui  les  produit. 
»  Mais  nous  laisserions  ainsi  à  nos  neveux  le  soin  de  perfectionner  la 
«  science  et  l'avantage  de  connaître  de  nouvelles  vérités.  En  outre,  cer- 
»  taines  actions  étrangères  peuvent  se  manifester  par  des  effets  toujours  peu 
»   sensibles,  et  si  nous  dédaignions  ces  effets,  la  cause  dont  ils  dépendent 

»   nous  resterait  éternellement  inconnue Nous  souhaitons  vivement 

»  que,  dans  ce  champ  de  luttes  pacifiques,  la  France  se  porte  au  premier 
»  rang  et  soutienne  sa  vieille  renommée  scientifique.  Qu'on  le  sache  toute- 
»  ibis,  l'entreprise  est  grande  et  difficile,  et  mieux  vaudrait  s'abstenir, 
«  plutôt  que  de  la  tenter  avec  des  demi-moyens  qui  conduiraient  inévila- 
«  blement  à  un  échec.  » 

»  Ainsi  s'exprimait  M.  Le  Verrier  il  y  a  quatorze  ans,  et  rien,  dans  sa 
dernière  communication  ne  porte  à  supposer  qu'il  ait  changé  d'avis. 

»  Pour  faire  sentir  la  grande  importance  qui  s'attache  à  la  précision, 
prenons  un  exemple  dans  la  détermination  des  positions  des  étoiles  dites 
fondamentales.  C'est  à  ces  étoiles  que  l'on  rapporte  les  positions  des  autres 
étoiles,  des  nébuleuses,  du  Soleil,  de  la  Lune,  des  planètes  et  des  comètes  ; 
or  ces  astres  sont  loin  d'être  absolument  fixes,  comme  le  nom  d'étoiles  fixes 
semble  l'indiquer  :  il  importe  de  mesurer  avec  soin  leurs  déplacements.  Le 
mouvement  annuel  s'obtient  en  divisant  l'espace  décrit  dans  un  temps 
donné,  par  la  durée  de  ce  temps;  dès  lors,  ne  voit-on  pas  immédiatement 
que  le  temps  nécessaire  pour  obtenir  un  degré  de  précision,  dans  l'évalua- 
tion du  mouvement  annuel  d'une  étoile,  est  en  raison  inverse  du  degré  de 
précision  des  observations  employées?  S'il  est  nécessaire  aujourd'hui  d'at- 
tendre cinquante  ans  pour  obtenir  un  résultat,  il  suffira  de  vingt-cinq  ans, 

(i)  Annales  de  V Observatoire  de  Paris,  t.  I,  p.   10. 

C.  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  26.)  I  3o, 


(  io68  ) 
qoo  valeurs  de  la  latitude  obtenues  au  Cercle  de  Gambey,  pendant  six  années 
(i856  janvier  i,  à  1 86 1  décembre  3i);  les  excès  des  résidtats  mensuels  sur 
la  moyenne  générale  se  présentent  comme  il  suit  : 


Janv. 

Févr. 

Mars. 

Avril. 

Mai. 

Juin. 

—  o",a3 

-  o",o6 

—  o",o3 

—  o",o3 

+  o",io 

+  o",u; 

Juillet. 

Août. 

Sept. 

Octob. 

Novemb. 

Décemb. 

H-  o",25 

+  o",i6 

-t-o",i3 

-  o>7 

—  o",ii 

-  0",27 

»  D'après  cela,  il  existerait  une  différence  de  près  d'une  demi-seconde, 
entre  les  latitudes  observées  en  janvier  et  en  juillet!  Si  une  telle  différence 
était  réelle,  il  y  aurait  à  rechercher  les  erreurs  de  la  théorie  du  mouvement 
de  rotation  de  la  Terre,  qui  n'accuse  aucune  période  annuelle  ;  mais  la  va- 
riation observée  à  Paris  n'a  encore  été  signalée,  à  notre  connaissance,  par 
aucun  autre  observatoire.  C'est  donc  dans  les  influences  atmosphériques  et 
locales  qu'il  en  faut  rechercher  la  cause.  Malheureusement  la  grande  diffé- 
rence dé  la  constitution  de  l'atmosphère,  au  nord  et  au  sud  de  l'Observa- 
toire, ne  peut  laisser  aucun  espoir  d'éclaircir  cette  difficulté,  tant  que  l'on 
persistera  à  en  conserver  l'emplacement.  Aussi,  ai-je  pu  dire,  sans  rencon- 
trer de  contradicteur,  en  présentant  à  l'Académie  un  Mémoire  sur  la  lati- 
tude de  Saiiit-Martin-du-Tertre  (i)  :  «  Nos  propres  essais  nous  donnent  la 
»  conviction  que  l'on  n'obtiendra  la  vraie  latitude  de  Paris,  qu'en  s'instal- 
»  lant  successivement  ,  à  quelque  distance  de  la  ville,  dans  deux  ou  trois 
»  localités  où  les  constructions  et  les  arbres  n'opposeront  aucun  obstacle 
«  à  la  libre  circulation  de  l'air,  et  rattachant,  par  des  triangles,  les  positions 
»   des  stations  à  l'Observatoire  impérial.    » 

»  Si,  des  observations  méridiennes,  nous  passons  à  celles  qui  se  font  aux 
équaloriaux,  nous  rencontrerons  des  difficultés  plus  grandes  encore.  L'é- 
quatorial  de  la  Tour  de  l'Ouest,  dont  l'objectif  a  om,3o5  d'ouverture  et 
5m,25  de  foyer,  est  construit  pour  recevoir  des  grossissements  allant  jusqu'à 
goo  et  peut-être  1000  fois.  Or,  il  m'est  souvent  arrivé,  pendant  les  belles 
soirées  d'été,  de  ne  pouvoir  y  appliquer  utilement  des  grossissements  de 
200 à 3oo  fois,  tant  les  images  étaient  ondulantes;  les  ondulations  diminuaient 
graduellement  et  permettaient  d'employer,  graduellement  aussi,  des  grossis- 
sements de  3oo  à  4oo  fois,  et  finalement,  c'est-à-dire  au  lever  du  Soleil, 
5oo  fois;  jamais  je  n'ai  pu  réussir  à  utiliser  un  grossissement  de  600  fois. 
Voici  ce  qui  se  passe  dans  ces  circonstances  :  les  murs  de  la  tour,  échauffés 

(1)   Comptes  rendus,   t.  LXIV,  p.  564- 


(  Io69  ) 
par  la  chaleur  du  jour,  élèvent  la  température  de  l'air  qui  les  environne; 
l'air  ainsi  échauffé  forme  des  nappes  ascendantes,  au  travers  desquelles  se 
font  inévitablement  les  observations  :  l'effet  nuisible  de  ce  courant  ascen- 
dant diminue  évidemment  avec  l'excès  de  sa  température. 

»  Alors  que  nous  sommes  ainsi  limités  dans  nos  moyens  d'observation, 
les  astronomes  de  Russie  emploient,  à  Dorpat  et  à  Poulkowa,  des  grossisse- 
ments de  600  à  800  fois  et  exceptionnellement  de  1000,  i5oo  et  même 
2000  fois.  On  se  rappelle  une  belle  comète  qui  est  restée  visible  en  1861, 
pendant  six  mois.  Eh  bien,  cette  comète  est  restée  invisible  à  Paris,  dans  le 
dernier  mois,  tandis  qu'en  Grèce,  avec  une  lunette  beaucoup  moins  puis- 
sante que  la  nôtre,  on  continuait  encore  à  l'observer.  La  cause  principale 
de  notre  insuccès  était  évidemment  due  à  l'illumination  des  vapeurs  dissé- 
minées dans  l'atmosphère,  par  les  nombreux  becs  de  gaz  qui  brûlent  tout 
autour  de  l'Observatoire. 

»  Quand  je  suis  entré  à  l'Observatoire  en  1846,  la  partie  de  l'atmosphère 
illuminée  par  l'éclairage  de  Paris  ne  s'étendait  guère  qu'à  6o°  de  hauteur; 
je  l'ai  vue  graduellement  atteindre  et  dépasser  le  zénith  vers  1 858 ,  et  je 
prédis  alors  à  M.  Le  Verrier  que  désormais  on  ne  découvrirait  plus  aucune 
comète  télescopique  à  l'Observatoire  de  Paris  :  ma  prévision  s'est  jusqu'ici 
réalisée.  Aujourd'hui  les  chances  de  découvertes  de  ce  genre  sont  absolu- 
ment nulles,  puisque  l'horizon  entier  de  l'Observatoire  est  envahi,  tant  par 
l'éclairage  de  la  ville  et  de  ses  anciens  faubourgs,  que  par  la  fumée  des 
usines  environnantes. 

»  Les  considérations  qui  viennent  d'être  présentées,  et  qu'il  serait  inutile 
de  résumer,  prouvent  surabondamment  la  nécessité  de  rechercher  un  em- 
placement plus  favorable,  pour  y  transporter  l'Observatoire.  Dans  cette  re- 
cherche, je  pourrais  invoquer  les  notions  déjà  acquises  à  la  science;  je  pré- 
fère, pour  plus  de  brièveté,  recourir  à  ma  propre  expérience,  qui,  du-reste, 
les  confirme  pleinement.  Parmi  les  nombreuses  stations  où  j'ai  fait  des 
opérations  astronomiques  depuis  six  ans,  tant  en  France  qu'à  l'étranger, 
j'en  distingue  trois,  sous  le  rapport  de  la  précision  que  j'y  ai  obtenue  dans 
la  mesure  des  azimuts  en  particulier  :  ce  sont  les  stations  de  Brest,  de  Rodez 
et  de  Saint-Martin-du-Tertre.  Je  cite  en  particulier  les  azimuts,  parce  qu'ils 
comprennent  à  la  fois  les  observations  faites  sur  les  étoiles  et  celle  d'une 
mire  méridienne  ou  les  observations  à  l'horizon.  La  détermination  des  azi- 
muts a  présenté,  dans  ces  stations,  une  précision  tout  à  fait  exceptionnelle, 
et  telle,  que  des  écarts  de  os,02  à  o\o3  semblent  devoir  être  attribués,  plutôt 


(  1070  ) 

à  un  dérangement  dans  les  piliers  de  mire,  qu'aux  erreurs  des  observations. 
Or,  ces  stations  se  distinguent  des  antres  par  les  circonstances  suivantes  : 
leurs  altitudes  relatives  sont  prononcées,  pas  d'obstacles  à  la  libre  circula- 
tion de  l'air  dans  le  sens  des  vents  dominants,  grande  dépression  du  terrain 
entre  les  piliers  de  mire  ou  entre  la  station  et  un  signal  éloigné,  absence  de 
grands  murs  en  contre-bas  de  la  station  ou  de  grands  bois  dans  le  voisinage. 
Quant  aux  autres  stations,  où  les  azimuts  n'ont  pas  atteint  un  si  haut  de- 
gré de  précision,  la  déclivité  du  terrain  était  à  peine  sensible  vers  le  sud, 
ou  même  dirigée  dans  le  sens  opposé  (Dunkerque,  Talmay,  Carcassonne, 
Lyon,  Saligny-le-Vif).  A  Strasbourg,  le  mur  extérieur  des  fortifications 
était  en  contre-bas  de  la  station,  du  côté  sud.  En  ce  qui  concerne  la  nature 
du  sol,  j'ai  constaté,  à  Dunkerque  et  à  Saint-Martin-du-Tertre,  que  le  sable 
fin  et  homogène  que  l'on  y  rencontre  à  une  faible  profondeur,  constitue 
une  excellente  assise  pour  la  fondation  des  piliers  d'un  instrument  astro- 
nomique. 

»  De  l'exposé  de  ces  faits,  il  est  facile  de  conclure  qu'il  est  avantageux 
de  choisir  un  point  culminant,  tel  qu'un  plateau  peu  étendu,  que  l'on  puisse, 
au  besoin,  dégager  des  arbres  et  des  maisons  qui  s'y  trouveraient.  A  quel- 
ques centaines  de  mètres,  et  du  côté  sud  préférablement,  devrait  se  pré- 
senter un  autre  point  culminant  d'altitude  peu  différente  (à  défaut  de  cette 
sommité,  il  faudrait  pratiquer  une  dépression  de  quelques  mètres  de  pro- 
fondeur entre  les  piliers  des  mires  méridiennes).  Parmi  les  diverses  loca- 
lités qui  rempliraient  ces  conditions,  on  devrait  donner  la  préférence  à  celle 
dont  l'altitude  absolue  serait  la  plus  grande,  afin  d'échapper  aux  couches 
atmosphériques  inférieures  qui  sont  le  plus  chargées  de  vapeurs.  Il  faudrait 
éviter  le  voisinage  immédiat  des  villes,  des  rivières  et  des  grands  bois,  et 
celui  des  bords  de  la  mer;  accepter  ou  même  préférer  les  terrains  de  sable 
homogène,  comme  moins  susceptibles  de  propager  la  chaleur  que  les 
rocheë  et  autres  terrains  compactes. 

»  Telles  sont  les  règles  qu'il  paraît  utile  d'appliquer  dans  le  choix  d'une 
localité,  quand  la  circonscription  territoriale  à  explorer  est  donnée.  Il  reste 
à  définir  la  circonscription  à  laquelle  doit  appartenir  l'Observatoire  de 
Paris.  Le  soin  de  présenter  une  pareille  définition  peut  sembler  superflu; 
cependant  il  n'est  pas  inutile  de  prévenir  les  objections. 

»  Les  grandes  capitales  en  Europe,  aussi  bien  que  celles  d'un  assez 
grand  nombre  de  petits  États,  possèdent  des  observatoires  astronomiques. 
Depuis  longtemps  déjà,  les  plus  importants  de  ces  établissements  ont  été 
relégués  hors  des  enceintes  des  villes,  mais  à  des  distances  qui  permissent 


(  I°7I  ) 
encore  aux  astronomes  de  fréquenter  les  Académies  et  les  Facultés,  les  bi- 
bliothèques et  les  ateliers  de  construction.  Tels  sont  ceux  de  Poulkowa, 
Greenwich,  Bogenhausen,  par  rapport  à  Saint-Pétersbourg,  Londres, 
Munich.  Ainsi,  les  principaux  observatoires  d'Europe  sont  établis  dans 
les  capitales  ou  leur  voisinage  :  il  en  est  de  même  dans  les  autres  parties  du 
monde.  Cet  état  de  choses  a  sa  raison  d'être,  dans  l'abondance  des  ressources 
de  toute  nature  qu'offrent  les  capitales,  et  il  se  perpétuera  nécessairement. 
Le  sort  des  observatoires  principaux  est  inévitablement  lié  à  celui  des  cen- 
tres principaux  de  l'activité  humaine. 

»  Le  principal  observatoire  de  France  ne  peut  donc  être  établi  ailleurs 
cpie  dans  le  voisinage  de  la  capitale.  Bien  que  le  climat  de  Paris  ne  soit 
peut-être  pas  le  plus  favorable  des  différents  climats  de  la  France,  on  peut 
cependant  affirmer  qu'il  n'est  pas  inférieur  à  celui  des  principales  villes  de 
Russie,  d'Angleterre  et  d'Allemagne;  les  observations  faites  à  Saint-Martin- 
du-Tertre  prouvent  qu'il  permet  d'atteindre  une  haute  précision.  On  sait 
d'ailleurs  qu'un  seul  observatoire  ne  peut  suffire  aux  besoins  de  l'Astro- 
nomie, et  l'on  peut  prévoir  le  moment,  peut-être  très-prochain,  où  la 
France  possédera  un  certain  nombre  d'observatoires  astronomiques.  Mais 
l'Observatoire  de  Paris  sera  évidemment  la  pépinière  où  viendront  se  former 
et  se  recruter  les  astronomes  des  observatoires  de  province. 

)>  Nous  sommes  ainsi  conduits  à  rechercher,  tout  près  de  la  capitale, 
quelques  localités  remplissant  les  conditions  énoncées  plus  haut. 

»  Ici  la  considération  des  vents  dominants  restreint  notablement  le 
champ  des  explorations  :  les  venls  dominants  sont  ceux  de  l'ouest  et  du 
sud.  Pour  échapper  à  l'atmosphère  viciée  de  la  ville  de  Paris,  il  faut  donc 
éviter  de  s'établir  à  l'est  ou  au  nord  ;  on  aurait  d'ailleurs  à  l'est  le  voisinage 
de  la  Marne,  au  nord  celui  de  la  Seine  :  du  côté  de  l'ouest,  on  rencontre 
deux  fois  le  cours  de  la  Seine;  au  sud-est  on  retrouve  la  Seine  et  la  Marne. 
Ce  n'est  donc  que  dans  les  directions  comprises  entre  le  sud  et  l'ouest-sud- 
ouest,  que  l'on  peut  espérer  de  trouver  des  emplacements  convenables. 

»  En  consultant  la  Carte  du  Dépôt  de  la  Guerre  à  l'échelle  du  400i00.,  on 
remarque,  dans  l'espace  indiqué,  un  certain  nombre  de  sommités  ou  de  pla- 
teaux plus  ou  moins  étendus.  Si  l'on  exclut  ceux  qui  se  trouvent  dans  le 
voisinage  immédiat  des  grands  bois  et  des  cours  d'eau  de  quelque  impor- 
tance, on  ne  peut  guère  mentionner  que  les  suivants  : 


(   i"72  ) 


DÉSIGNATION    DE    LA    LOCALITÉ. 


A  i  kil.  au  N.-E.  de  Bouviers 

Plaine  de  Satory 

A  /|00nl  au  S.  de  Vélizy 

Tour  de  Giscy,  au  N.-IV.-O.  de  Rièvres. 

Pavé  blanc  (route de  Chatillon  à  Rièvres). 

Moulin  à  vent  de  Plessis 

Moulins  à  vent  de  Fontenay-aux-Roses. 

Plateau  de  la  ferme  des  Granges 

Butte Chauni',  au  N.-N.-0.  de  Champlan. 
Sommité  au  N.  de  Lonjumeau 

Monticule  entre  Massy  et  Vissoux 

Monticule  ii  i6oom  au  S.  de  Morangis  j 


REMARQUES. 


Sources  de  la  Bièvre. 
La  Ricvre  au  S 


La  Bièvre  à  i200m  au  S. 


L'Yvette  à  idoo1*1  au  S... 
L'Yvette  à  goom  au  S .  -  O . 
L'Yvette  à  i5oom  au  S. . . 


R 
B 

H 


mil 
'79 
'79 
>73 

169 

169 
162 
i55 
i38 

106 


L'Yvette  à  iGoom  au  S.-O.. 


et  à  2oom  du  méridien  de  Paris. 
Moulin  d'Argent-Blanc  (*) |  La  Seine  à  23oom  à  l'E.-S.-E. 


H  g0- 


km 
20,0 

18,5 

,2/, 
12,0 

9.5 

8.7 
G, 5 
i5,6 
i4,5 

■4,4 


«,3| 


16,0 


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2 

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1 

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,2 

I 

.7 

3 

,4 

2 

,6 

2 

.9 

1 

,8 

2 

,8 

STATIONS 
de  chemins  de  fer. 


Saint-Cyr. 

Saint-Cyr. 

Yiroflay. 

Palaiseau. 

Meudon. 

Fontenay-aux-Roses. 

Sceaux    et  Fontenay. 

Fou  tenay-  aux-Roses . 

Palaiseau . 

Palaiseau. 

Massy. 

Massy. 

Antony . 

Savigny-sur-Orge. 

Choisy-le-Roi. 


(*)  Cette  station  ne  devrait  pas  figurer  dans  un  tableau  qui  exclut  la  direction  S.-E.  Nous  ne  l'avons  indiquée, 
que  pour  montrer  qu'on  n'a  négligé  aucune  des  localités  recommandables  par  quelque  avantage  particulier;  elle 
figure  ici,  à  cause  de  son  altitude  relative  et  de  sa  faible  distance  à  l'Observatoire  de  Paris. 


»  Entre  ces  diverses  localités,  il  en  estime  qui  réunit,  à  l'exclusion  des 
autres,  les  principaux  avantages  relatifs  à  l'altitude,  à  l'éloignement  des 
cours  d'eau  et  des  grands  bois,  au  voisinage  de  Paris  et  à  la  facilité  des  com- 
munications; c'est  celle  des  Moulins  à  vent  de  Fontenay-aux-Roses.  Dans 
cette  localité,  le  terrain  consiste  en  un  banc  de  sable  homogène,  d'une  épais- 
seur de  cinquante  mètres,  suivant  M.  Delesse;  or  ce  terrain  est  très-favo- 
rable à  la  stabilité  des  instruments,  d'après  ce  qui  a  été  dit  plus  haut.  Avant 
de  fixer  définitivement  le  choix  de  cet  emplacement,  il  serait  nécessaire  d'y 
établir,  pendant  quelques  semaines,  un  instrument  méridien  transportable, 
pour  constater  exactement  la  stabilité  du  sol  et  s'assurer  si  les  mouvements 
vibratoires,  dus  à  la  circulation  des  voitures  dans  Paris,  se  propagent  ou  non 
jusqu'à  cette  distance. 

»  Les  solutions  admissibles  étant  ainsi  déterminées,  il  est  aisé  de  répondre 
aux  objections  concernant  l'éloignement  des  principaux  centres  de  relation 
des  hommes  de  science.  On  remarquera  tout  d'abord  que  ces  centres  sont 
distribués  dans  l'espace  compris  entre  la  rive  gauche  de  la  Seine  et  l'an- 
cienne enceinte  de  la  ville  de  Paris  :  or,  les  chemins  de  fer  qui  desservent 


(  r°73  ) 
les  localités  énûmerées  ci-dessus,  ont  précisément  leurs  gares  à  Paris,  dans 
ce  même  espace.  On  objectera  sans  doute  qu'il  sera  pénible  aux  jeunes  ob- 
servateurs de  faire  un  voyage,  pour  assister  aux  cours  des  Facultés  et  du 
Collège  de  France  :  niais,  si  l'on  remarque  que,  depuis  plusieurs  années,  la 
plupart  de  nos  professeurs  ont  fixé  leurs  habitations  dans  les  localités  voi- 
sines du  parcours  des  chemins  de  fer  d'Orsay,  de  Sceaux  et  de  Versailles 
rive  gauche,  on  ne  devra  pas  trouver  le  déplacement  dont  il  s'agit,  plus  pé- 
nible pour  les  élèves  qu'il  ne  l'est  pour  les  professeurs  :  ces  déplacements 
équivaudraient,  du  reste,  aux  voyages  que  l'on  est  obligé  de  faire  journel- 
lement dans  Paris. 

»  Il  est  un  dernier  point  dont  je  ne  puis  me  dispenser  de  dire  un  mot.  On 
a  l'habitude,  dans  nos  administrations,  de  ne  pas  prendre  au  sérieux  un 
projet  de  fondation  ou  de  déplacement  d'un  établissement  public,  quand  il 
n'est  pas  accompagné  d'un  devis  estimatif  des  dépenses  nécessaires.  Je  n'ai 
qu'une  simple  remarque  à  faire  à  ce  sujet.  Les  terrains  de  l'Observatoire 
de  Paris  sont  estimés  valoir  plusieurs  millions  (4  à  5,  dit-on);  or,  si  ces  ter- 
rains sont  vendus,  soit  à  la  ville  pour  ses  embellissements,  soit  aux  parti- 
culiers, le  prix  de  vente  couvrira  largement  celui  de  l'acquisition  de  ter- 
rains employés  à  la  culture  des  céréales  et  des  plantes  maraîchères,  ou 
pouvant  contenir  quelques  habitations  de  peu  d'importance.  Une  partie  de 
la  différence  serait  affectée  à  lacquisition  de  nouveaux  instruments,  à  la 
construction  des  bâtiments  destinés  à  les  recevoir  et  des  logements  des  ob- 
servateurs et  des  calculateurs  en  titre  ;  le  reste  pourrait  constituer  une 
fondation  destinée  aux  besoins  futurs  du  nouvel  observatoire  (personnel 
et  matériel).  Quant  aux  bâtiments  constituant  l'Observatoire  proprement 
dit,  nous  serons  d'accord  avec  tous  les  astronomes  observateurs,  en  disant 
qu'ils  doivent  se  réduire  à  de  simples  abris  suffisamment  solides,  au  lieu  de 
présenter  des  monuments  d'architecture  que  l'on  hésiterait  plus  tard  à  sa- 
crifier aux  exigences  de  la  science,  si  de  nouveaux  progrès  venaient  à  en 
réclamer  la  suppression  ou  le  déplacement.  » 

ASTRONOMIE.  —   L'Observatoire  impérial  de  Paris ,  sa  situation  et  son  avenir; 

par  M.  Le  \rEimiEK. 

«  La  fondation  et  la  vie  de  l'Observatoire  de  Paris  sont  intimement  liées 
à  l'origine  et  au  développement  de  notre  Académie  des  Sciences.  A  peine 
constituée  en  1666,  l'Académie  tourne  ses  premières  préoccupations  vers 

C.  K.,  1867,  2e  Semenre.  (T.  LXV,  N°  26.)  '  4° 


(  io74  ) 
l'Astronomie,  et,  dès  l'année  suivante,  en  1667,  elle  jette  les  fondements 
de  l'Observatoire.  Deux  siècles  se  sont  écoulés  depuis  lors  sans  que  la  di- 
rection de  l'établissement  ait  cessé  d'appartenir  aux  Membres  de  notre 
Société;  et  c'est  toujours  au  sein  de  l'Académie  que  nos  astronomes  sont 
venus  rendre  compte  de  leurs  travaux  et  chercher  l'approbation,  la  force 
et  l'autorité  dont  ils  avaient  besoin  pour  remplir  leur  mission.  Aussi  l'his- 
toire de  l'Observatoire  occupe-t-elle  une  notable  partie  des  Mémoires  de 
l'Académie.  • 

»  Rien  n'est  plus  entraînant  que  la  lecture  de  ces  grandes  pages  de 
l'histoire  de  nos  devanciers.  C'est  d'elles  qu'il  faut  dire  aux  jeunes  astro- 
nomes :  Noctttrnd  versale  manu,  vénale  diurnâ.  L'étude  des  satellites  de 
Jupiter,  la  découverte  de  la  vitesse  de  la  lumière,  celle  des  satellites  de 
Saturne,  de  leurs  mouvements  et  de  leurs  lois,  sont  l'œuvre  des  premiers 
temps.  Plus  tard  vient  l'étude  de  la  figure  de  la  Terre,  et  cette  suite  de 
grands  travaux  qui  s'y  rattachent  et  qui  ont  le  plus  honoré  l'Académie  et 
l'Observatoire  :  la  première  détermination  de  la  méridienne  de  France,  sa 
vérification  et  la  construciion  de  la  grande  carte  qui  porte  le  nom  de  Cas- 
sini.  En  l'année  1800,  Méchain  et  Bouvard  entreprennent  une  nouvelle 
étude  attentive  et  précise  du  cours  des  astres,  et  qui  depuis  lors  a  été  pour- 
suivie assidûment.  Les  travaux  de  M.  Arago  sont  l'honneur  de  nos  Mé- 
moires et  de  nos  Comptes  rendus.  L'Académie  sait  avec  quel  soin  nous  avons 
maintenu  nous-même  cette  tradition,  en  lui  rendant  un  compte  scrupuleux 
des  travaux  exécutés  sous  notre  direction. 

»  La  renommée  même  de  l'établissement  et  l'intérêt  national  qui  s'y 
attache  ont  été  cause  qu'à  diverses  reprises  on  s'est  préoccupé  de  la  situa- 
tion physique  de  l'Observatoire,  et  qu'on  s'est  demandé  à  quelles  condi- 
tions les  intérêts  de  Y  Astronomie  pourraient  être  sauvegardés  en  France. 
Dès  longtemps  on  a  fait  remarquer  que  la  niasse  du  bâtiment  offrait  des 
inconvénients,  et  nos  prédécesseurs  les  Cassini,  les  Méchain,  et  plus  tard 
Arago,  y  ont  remédié  en  faisant  construire  des  cabinets  d'observation  en 
dehors  de  l'édifice  :  nous  avons  suivi  cet  exemple.  A  un  autre  point  de 
vue,  les  progrès  de  la  ville  vers  le  sud  nous  apportent  plus  de  mouvement, 
plus  de  bruit.  Les  difficultés  qui  en  résultent  ont  dû  être  étudiées,  et  il 
importe  de  savoir  quelles  mesures  ils  ont  suggérées. 

»  L'Académie  approuvera  que  nous  continuions  aujourd'hui  devant  Elle 
l'examen  que  nous  avons  commencé  dans  la  séance  du  11  novembre  der- 
nier. Cette  question  a  d'ailleurs,  il  faut  le  dire,  donné  lieu  a  une  agitation 
qui  ne  pouvait  produire  aucun  bon  résultat  pour  la  science.  Les  avis  qui  se 


(   io75  ) 
sont  produits  ont  été  empreints  d'une  vivacité  et  d'une  passion  dans  les- 
quelles on  voyait  trop   facilement  percer  certaines  ambitions  et  certains 
intérêts  personnels.  Il  est  temps  de  les  écarter  de  la  question,  de  la  dé- 
battre et  de  la  résoudre  avec  le  calme  nécessaire. 

»  Lorsqu'en  1 854  on  dut  pourvoir  à  de  nouvelles  entreprises,  on  exa- 
mina, avant  de  rien  décider,  l'opportunité  d'une  translation  de  l'Observa- 
toire (1).  On  reconnut  que  l'établissement  se  trouvait  encore  dans  des 
conditions  propres  à  l'exécution  de  grands  et  bons  travaux,  et  qu'il  pour- 
rait être  conservé  à  la  Capitale,  pourvu  qu'on  prît  en  temps  et  lieu  les  dis- 
positions nécessaires.  Cette  conclusion,  qui  avait  été  appuyée  par  l'adminis- 
tration municipale,  fut  accueillie  avec  satisfaction.  Il  ne  faut,  pas  sans  mo- 
tifs urgents,  détruire  les  monuments  scientifiques  d'une  nation,  faire  table 
rase  de  rien  de  ce  qui  a  été  son  légitime  orgueil,  et  anéantir  ce  qui  rappelle 
au  pays  ses  gloires  pacifiques  ou  ses  gloires  militaires. 

»  Ce  n'est  pas  qu'il  faille  non  plus  sacrifier  l'intérêt  du  présent  à  celui 
des  souvenirs.  Cette  faute  n'a  pas  été  commise.  Disons  comment  il  a  été 
pourvu  à  toutes  les  nécessités,  puisque  cela  paraît  être  ignoré,  même  par 
des  astronomes  préoccupés  d'un  point  de  vue  exclusif. 

»  Tant  que  nos  instruments  restèrent  de  grandeur  modérée,  nous 
n'eûmes  point  une  occasion  définitive  de  résoudre  les  difficultés  soulevées 
par  la  situation   particulière  de  l'Observatoire.  Ce  fut  seulement  lorsque 

(i)  Cette  détermination  de  conserver  l'Observatoire  de  Paris  n'a  point  été  prise  sans 
avoir  recueilli  l'opinion  des  hommes  les  plus  prudents.  Qu'il  nous  soit  permis  de  dire  à 
cette  occasion  qu'il  en  a  toujours  été  ainsi  dans  les  affaires  considérables,  et  d'en  citer  un 
exemple. 

On  sait  que  le  grand  objectif  de  i/\  pouces,  acheté  avant  nous,  a  dû  être  mis  de  côté 
comme  impropre  au  service.  Avant  de  nous  résigner  ace  sacrifice,  nous  avons  consulté  deux 
Commissions  spéciales  :  la  première  a  eu  à  se  prononcer  sur  les  qualités  ou  plutôt  sur  les 
défauts  astronomiques  de  l'objectif;  nous  avons  entre  les  mains  un  procès-verbal  signé 
d'Elle,  et,  en  particulier,  par  le  constructeur  de  l'objectif,  et  qui   le  déclare  hors  d'usage. 

Cette  situation  lâcheuse  provenant  d'une  décomposition  qui  s'effectue  à  la  surface  du 
verre,  nous  avons  voulu  consulter,  au  point  de  vue  de  la  valeur  de  la  matière,  une  autre 
Commission  spéciale  que  notre  confrère,  M.  Dumas,  a  bien  voulu  présider,  et  a  laquelle 
notre  confrère,  M.  Peligot,  a  bien  voulu  également  donner  le  concours  de  ses  lumières. 
Cette  Commission  a  été  unanime  à  reconnaître  que  ce  serait  peine  perdue  de  chercher  à 
retravailler  un  verre  dont  la  matière  avait  commencé  à  se  décomposer;  et  c'est  seulement 
alors  que  nous  nous  sommes  décidé  à  considérer  l'objectif  comme  définitivement  et  complè- 
tement condamné. 

M.  Dumas  et  M.  Peligot,  présents  à  la  séance,  confirment  l'un  après  l'autre  le  dire  de 
M.  Le  Verrier. 

r4o.. 


(  io76  ) 
notre  éminent  confrère.  M.  Léon  Foucault,  eut  construit  des  télescopes  rie 
plus  en  plus  puissants,  qu'il  devint  nécessaire  d'aviser.  Il  se  présenta  en 
effet  telle  circonstance  où,  un  de  ces  instruments  venant  d'être  établi,  il 
fui  nécessaire  d'attendre  des  mois  entiers  avant  qu'on  en  pût  faire  usage. 
L'état  du  ciel  s'opposait  à  toute  observation  avec  des  moyens  puissants. 
Et  il  faut  le  dire,  ce  n'était  pas  l'illumination  de  l'atmosphère  qui  nous  arrê- 
tait, mais  bien  l'inconstance  de  la  situation  météorologique. 

»  Nous  décidâmes  en  conséquence,  après  de  longues  conférences  avec 
M.  Foucault,  qu'il  fallait  faire  le  sacrifice  du  plus  grand  de  nos  instruments, 
et  chercher  ailleurs  une  succursale  où  l'on  pût  en  tirer  un  bon  parti.  Et 
qu'on  veuille  bien  le  remarquer,  ce  ne  fut  pas  dans  les  environs  de  Paris, 
dans  la  vallée  de  la  Seine  que  nous  nous  avisâmes  d'aller  chercher  une 
station.  Nous  n'aurions  pas  rempli  notre  but.  Quand  on  fait  tant  que  de  se 
déplacer,  il  faut  se  diriger  vers  le  sud.  On  y  trouve  un  meilleur  ciel;  en 
outre,  les  constellations  observables  au  nord  venant  successivement  passer 
au  méridien  supérieur  ne  sont  pas  réduites  en  étendue,  tandis  que  la 
zone  sud  s'élargit  d'autant  de  degrés  qu'on  s'avance  vers  le  midi.  L'étendue 
du  ciel  observable  se  trouve  donc  ainsi  accrue. 

»  Ce  fut  en  conséquence  aux  rivages  de  la  Méditerranée  que  nous  allâmes, 
M.  Foucault  et  moi,  chercher  une  nouvelle  station,  une  succursale  de 
l'Observatoire  de  Paris  qui  permît  d'utiliser  les  plus  grands  instruments 
pour  l'observation  des  phénomènes  les  plus  délicats.  L'important  était 
d'avoir  un  ciel  plus  pur  que  celui  de  la  vallée  de  la  Seine. 

»  Sur  l'annonce  de  cette  mission,  trois  villes  offrirent  spontanément  une 
contribution  pour  obtenir  l'érection  chez  elles  de  la  nouvelle  station  astro- 
nomique :  Montpellier,  Marseille  et  Toulon.  Il  y  avait  à  considérer  non-seu- 
lement retendue  de  ces  avantages,  mais  encore  le  climat;  et  l'on  objec- 
tait que  si  les  offres  de  Marseille  étaient  les  plus  élevées,  cette  ville  était 
sujette  au  mistral  qui  ne  se  faisait  point  sentir  ailleurs.  Toutefois,  ce  vent 
étant  venu  précisément  à  souffler  pendant  notre  séjour,  nous  parcourûmes 
rapidement  la  côte  depuis  Montpellier  jusqu'à  Hyères;  nous  trouvâmes  le 
mistral  partout  et  avec  le  même  degré  d'intensité.  En  présence  de  cette 
situation,  les  offres  de  Marseille  furent  acceptées.  L'Observatoire  de  Paris 
possède  aujourd'hui  dans  la  capitale  de  la  Provence,  sur  la  hauteur  de 
Longchamp,  à  y5  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  une  succursale 
où  l'on  peut  instituer  les  observations  les  plus  délicates  (i). 

»  Cette  succursale  abrite  entre  autres  \i\)  instrument  particulier,  d'une 


(i)  La  ville  de  Marseille  nous  avait  d'abord  attribué,  pour  l'établissement  de  l'Observa- 


(  io77  ) 
construction  spéciale  pour  la  recherche  des  astres  nouveaux,  planètes  et 
comètes,  et  en  dix-huit  mois  on  a  pu  en  découvrir  trois. 

»  Le  grand  télescope  de  om,  80  de  diamètre  de  M.  Foucault  y  est  installé 
dans  d'excellentes  conditions.  Il  sert  aux  observations  des  astres  les  plus 
faibles,  et  il  a  déjà  permis  d'ajouter  aux  catalogues  certaines  nébuleuses 
que  l'extrême  faiblesse  de  leur  éclat  n'avait  point  laissé  apercevoir  ailleurs. 

>>  Cet  exposé  montre  qu'on  n'a  point  attendu  les  excitations  qui  surgissent 
aujourd'hui,  pour  donner  à  la  science  française  les  satisfactions  nécessaires, 
et  il  va  nous  guider  pour  reconnaître  ce  qu'il  convient  de.  faire  à  l'avenir. 

»  Dès  que  les  entreprises  de  la  ville  de  Paris  se  sont  avancées  vers  le 
sud,  nous  avons  demandé  des  garanties  pour  notre  établissement.  On  nous 
a  laissé  seul  soutenir  le  poids  de  ces  réclamations.  Il  nous  sera  permis  de 
répondre,  avec  l'autorité  que  nous  donne  le  passé,  à  ceux  qui  en  présence 
de  certaines  difficultés,  au  lieu  de  s'appliquer  à  les  résoudre,  veulent  tout 
détruire  et  renverser.  Nous  ne  savons  pas  traiter  ainsi  les  questions  en  bloc 
et  appliquer  à  toutes  le  même  procédé.  11  importe  d'examiner  les  différents 
genres  de  travaux  qu'on  rencontre  en  astronomie,  et  de  traiter  chacun 
d'eux  suivant  la  méthode  qui  lui  convient. 

»  Nous  diviserons  ces  travaux  en  trois  classes  :  la  première,  de  beaucoup 
la  plus  nombreuse,  comprenant  les  questions  qui  pourront  parfaitement 
bien  continuer  d'être  traitées  dans  l'établissement  actuel;  la  seconde  ren- 
fermant les  travaux  qui  réclament  pour  leur  exécution  une  station  plus 
méridionale;  la  troisième  limitée  à  deux  ou  trois  questions  spéciales  à  la 
géographie  et  à  la  physique  de  Paris. 

»  Il  n'est  pas  besoin  de  dire  que  tout  ce  qui  concerne  nos  affaires  théo- 
riques et  de  calcul  n'a  nul  besoin  d'être  déplacé.  Une  des  plus  grandes 
œuvres  actuelles  de  l'Observatoire,  c'est  de  constituer  le  catalogue  systéma- 
tique des  nombreuses  observations  insérées  dans  les  vingt-deux  volumes  que 
nous  avons  publiés.  Ce  travail  souffrirait  d'un  bouleversement.  Ne  parlons 
toutefois  que  des  observations,  et,  pour  plus  de  clarté,  prenons  un  exemple. 

»   L'étude  des    petites   planètes   a    imposé    aux   astronomes    un    travail 

toire,  un  emplacement  pris  sur  les  terrains  du  parc  du  château  Borelly.  Mais  dès  que  nous 
eûmes  reconnu  que  les  montagnes  bordant  le  sud  nous  feraient  perdre  quelques  degrés  de 
l'horizon,  et  nous  retrancheraient  une  partie  Au  ciel  austral  sur  lequel  nous  avions  compté 
en  venant  dans  le  Midi,  nous  avons  insisté  pour  changer  le  lieu  de  l'établissement,  el  (-'est 
alors  que  la  ville,  faisant  un  sacrifice  considérable,  nous  a  attribué  un  emplacement  sur  le 
plateau  de  Longchamp. 


(  'o78  ) 
d'observations  extrêmement  considérable.  Pour  en  venir  à  bout,  nous 
l'avons  réparti  également,  d'un  commun  accord,  entre  l'Observatoire  de 
Paris  et  celui  de  Greenwich;  chacun  des  établissements  faisant  alternative- 
ment le  service  pendant  quinze  jours  consécutifs.  Nous  avons  sous  les 
yeux  le  tableau  des  positions  des  petites  planètes  déterminées  à  Paris  et 
à  Greenwich  pendant  la  première  période  de  1867.  Or  nous  en  trouvons 
cent  deux  du  côté  de  Paris,  et  trente-trois  seulement  du  côté  de  Greenwicli. 

»  Hâtons-nous  de  le  dire,  si  ce  n'avait  été  qu'une  question  de  zèle,  de 
talent  et  de  science,  nos  collègues  de  Greenwich  ne  nous  auraient  pas  laissé 
une  telle  supériorité.  L'avantage  nous  vient  exclusivement  de  notre  meil- 
leure situation  physique  et  de  notre  organisation,  qui,  dès  lors,  ne  sont  pas 
si  fort  à  dédaigner  qu'on  veut  bien  le  dire.  Et  quant  à  l'exactitude  des 
observations,  elle  est  la  même  de  part  et  d'autre;  quand  une  série  de  Paris 
vient  prendre  la  suite  d'une  série  de  Greenwich,  ou  réciproquement,  on 
n'y  perçoit  aucune  différence. 

»  Mais,  dira-t-on,  les  travaux  de  la  ville  de  Paris  vont  jeter  dans 
l'atmosphère  une  illumination  plus  grande,  et  qui  modifiera  ces  résultats 
avantageux.  Il  est  très-vrai  que  nous  eussions  vivement  désiré  qu'une  cer- 
taine rue  à  ouvrir  au  sud-est  fût  reportée  vingt  mètres  plus  loin.  Si  nous 
ne  l'avons  pas  obtenu,  s'ensuit-il  qu'il  faille  jeter  le  manche  après  la  co- 
gnée, et  parce  que  quelque  opération  astronomique  qu'on  aurait  pu  con- 
server à  Paris  devra  peut-être  se  trouver  attribuée  à  la  succursale  de  Mar- 
seille, faut-il  donc  détruire  et  raser  l'établissement  actuel? 

»  Nous  avons  préféré  réfléchir  aux  moyens  de  parer  à  la  nouvelle  diffi- 
culté, et  nous  avons  trouvé  qu'on  y  parviendra  en  défilant  notre  terrasse 
d'observations  des  lumières  des  nouvelles  voies. 

»  M.  Dumas  prend  ici  la  parole,  et  veut  bien  dire  qu'il  a  été  entendu 
dans  le  Conseil  municipal,  à  l'occasion  delà  discussion  récente  du 
budget  de  la  ville  de  Paris,  que  ce  défilement,  destiné  à  garantir 
l'Observatoire  contre  la  lumière  des  rues  avoisinantes,  sera  exécuté 
avec  le  plus  grand  soin,  les  becs  de  gaz  devant  d'ailleurs  être  munis 
de  réflecteurs  destinés  à  rejeter  la  lumière  sur  le  sol. 

»  Nous  remercions,  reprend  M.  Le  Verrier,  notre  confrère,  président  du 
Conseil  municipal  de  la  ville  de  Paris,  de  cette  déclaration.  Elle  prouve  que 
ce  Conseil  et  son  illustre  président  veulent  conserver  l'Observatoire  à  la 
Capitale,  et  qu'il  en  est  de  même  de  M.  le  préfet  de  la  Seine,  qui  a  seul  pu 


(  '°79  ) 
parler  au  Conseil  de  ce  défilement  des  lumières.  Nous  ne  doutons  pas  que, 
cette  opération  étant  bien  exécutée,  l'Observatoire  se  trouvera  dans  les 
mêmes  conditions  qu'aujourd'hui.  Les  travaux  tels  que  ceux  qui  con- 
cernent l'observation  des  petites  planètes  télescopiques,  à  plus  forte  raison 
l'observation  des  grandes  planètes  et  de  la  Lune,  s'y  feront  avec  le  même 
avantage  que  par  le  passé,  et  nous  avons  prouvé  par  des  chiffres  que  cet 


avantage  est  sérieux. 


m  11  convient  de  rappeler  ici  une  mesure  indiquée  dans  un  autre  écrit  et 
qui  donnerait  des  facilités  pour  l'établissement  des  grands  instruments.  On 
doit  les  éloigner  des  rues  le  plus  possible  et  autant  que  le  permet  la  hau- 
teur du  bâtiment  qui  limite  l'horizon  an  nord.  On  gagnerait  beaucoup  à 
cet  égard  si  l'on  croyait  pouvoir  déraser  l'étage  supérieur  ainsi  que  l'avait 
proposé  Cassini  dès  i  786  ;  car,  tout  en  conservant  la  même  étendue  à  l'hori- 
zon nord  on  pourrait  rapprocher  davantage  les  instruments  du  centre  des 
terrains  et  les  soustraire  à  l'influence  du  bruit  et  des  lumières  (1). 

»  Eu  mettant  en  avant  ce  projet,  nous  n'avons  eu  d'autre  intention  que 
d'indiquer  toutes  les  voies  d'améliorations  qui  nous  paraissaient  accep- 
tables. Noiis  ne  tenons  personnellement  en  rien  à  ce  qu'on  réalise  une 
telle  proposition  et  nous  avons  même  vu  avec  plaisir  qu'elle  ait  été  combat- 
tue; car  nous  ne  doutons  pas  que  ceux  qui  ne  veulent  point  consentir  à 
une  simple  diminution  de  la  hauteur  de  l'édifice,  favorable  au  service  astro- 
nomique, ne  se  joignent  à  nous  pour  combattre  à  plus  forte  raison  la 
démolition  complète,  la  vente  des  matériaux  et  des  terrains,  en  un  mot, 
l'anéantissement  du  tout! 

»  Avons-nous  besoin  d'ajouter  que  le  grand  établissement  central  de 
météorologie,  dont  rien  n'existait  avant  nous  et  que  nous  avons  constitué 
à  i'Observaloire,  n'a  besoin  d'aucune  translation? 

»  Que  si  malgré  tout,  sans  nécessité  réelle,  on  voulait  transporter  en 
masse  l'Observatoire  de  Paris,  il  serait  absurde  de  le  conserver  dans  fa 
vallée  de  la  Seine  et  de  ne  point  profite)'  de  l'opération  pour  le  transférer 
plus  an  sud.  On  n'aurait  point  ainsi  évité  les  brumes  trop  fréquentes  de  cette 
vallée,  qui  sont  l'obstacle  le  plus  grave  aux  observations  des  phénomènes 
délicats,  et  l'on  serait  toujours  réduit  à  porter  une  partie  de  ces  dernières 
observations  dans  le  Midi.  Lorsqu'on  s'éloigne  de  Paris,  à   i5  ou  20  lieues 

(1)  Avec  les  matériaux  provenant  du  simple  dérasement  de  l'étage  supérieur,  on  pourrait 
constituer  au  nord  une  nouvelle  façade  où  l'on  leliouverait  avec  avantage  les  installations 
nécessaires. 


(  io8o  ) 
de  la  Seine,  on  jouit  souvent  dans  la  soirée  d'un  ciel  parfaitement  pur, 
on  voit  briller  les  étoiles  au  ciel,  tandis  qu'en  revenant  sur  les  bords  du 
fleuve  on  trouve  une  brume  humide.  Nous  le  répétons,  le  plus  grand  in- 
convénient de  l'Observatoire  de  Paris  pour  l'observation  de  certains  phé- 
nomènes spéciaux,  c'est  le  climat,  et  Ton  ne  gagnerait  pas  grand'cbose  à 
se  déplacer  de  quelques  kilomètres. 

»  Ainsi,  les  phénomènes  que  nous  avons  rangés  dans  la  seconde  classe, 
ceux  dont  l'observation  est  délicate,  ou  bien  parce  que  la  lumière  de  l'astre 
est  faible,  ou  bien  parce  qu'un  instrument  puissant  et  un  grossissement 
considérable  sont  nécessaires,  devront  toujours,  quoi  qu'on  fasse,  être  étu- 
diés dans  le  Sud,  où  l'on  trouvera  d'ailleurs  toutes  les  facilités  désirables. 

»  Déjà  la  recherche  des  astres  d'un  faible  éclat  et  l'observation  des  phé- 
nomènes délicats  sont,  avons-nous  dit,  installées  à  Marseille.  Cette  station 
fait  partie  de  l'Observatoire  impérial,  comme  si  elle  était  établie  dans  les 
jardins  mêmes  de  Paris.  Les  terrains  sont  concédés  à  perpétuité  à  l'État,  les 
instruments  sont  inscrits  sur  nos  catalogues,  et  les  astronomes  sont  les 
nôtres,  il  n'y  a,  pour  donner  satisfaction  à  tous  les  besoins  de  la  science, 
qu'à  développer  cette  organisation,  dont  l'initiative,  prise  par  nous  il  y  a 
plus  de  cinq  années,  montre  qu'on  a  devancé  les  réclamations  qui  viennent 
aujourd'hui  de  diverses  parts  avec  plus  de  zèle  que  de  sagesse  et  de  mesure. 

•>  En  ce  moment  même,  un  nouveau  développement  de  la  succursale  de 
Marseille  va  s'effectuer  grâce  aux  fonds  qui  nous  ont  été  votés  par  le  Corps 
législatif,  sur  la  demande  du  Ministre  de  l'Instruction  publique.  Une  nou- 
velle et  belle  lunette,  dont  l'objectif  est  déjà  en  nos  mains,  va  être  installée 
à  Longchamp.  Immédiatement  après,  un  astronome  de  plus  sera  attribué  à 
l'établissement. 

»  Mais  cela  ne  suffit-il  pas?  Un  traité  a  été  fait  avec  la  ville  de  Mont- 
pellier, dans  des  conditions  qui  permettraient  d'y  créer  un  établissement 
sérieux,  et  il  dépend  de  l'État  de  passer  à  l'exécution.  La  ville  de  Bordeaux, 
nous  en  sommes  certain,  ne  refuserait  pas  non  plus  son  concours. 

»  Enfin,  sous  les  auspices  de  M.  Arago,  M.  Petit  a  établi  sur  les  hauteurs 
de  Toulouse  un  observatoire  qui  a  coûté  fort  cher  et  dont  la  salle  méri- 
dienne est  à  peu  près  identique  à  celle  de  Paris.  Il  ne  faut  pas  douter  de 
l'excellent  accueil  qui  serait  fait  par  les  éddes  de  la  cité  toulousaine  à  un 
projet  de  mise  en  activité  de  cet  Observatoire,  qui  manque  totalement 
d'instruments. 

»   On  a  bien  souvent  exprimé  le  désir  que  des  observatoires  fussent  cou- 


(   ro8i  ) 

stitués  dans  les  départements.  On  y  arrivera  par  cette  voie,  dans  laquelle 
nous  sommes  entré  depuis  1862. 

»  Reste  donc  à  examiner  quelques  opérations  particulières  et  spéciales 
à  la  station  de  Paris  et  qui  demanderaient  à  être  traitées  dans  la  plaine. 
Nous  n'en  voyons  guère  qu'une  à  vrai  dire,  et  encore  son  utilité  n'est-elle 
pas  certaine. 

»  On  assure  que  la  latitude  de  l'Observatoire,  telle  qu'elle  a  été  dé- 
terminée par  nos  prédécesseurs  et  par  les  astronomes  actuels,  pourrait 
être  incertaine  de  quelques  dixièmes  de  seconde,  et  que  pour  s'en  assurer 
il  faudrait  aller  refaire  les  observations  dans  la  plaine  en  un  lieu  qu'on 
rattacherait  par  une  simple  opération  trigonométrique  à  la  position  de 
notre  Cercle  actuel. 

»  Admettons  si  l'on  veut  celte  incertitude  En  ce  cas  qu'y  a-t-il  à  faire? 
Il  faut  tout  simplement  s'en  aller  dès  à  présent  dans  la  plaine  avec  les  instru- 
ments nécessaires,  sans  oublier  le  bain  de  mercure,  qui  n'est  indispensable 
que  pour  cette  opération,  établir  le  tout  dans  la  cabane  destinée  à  ce  genre 
de  travail  et  exécuter  les  observations  en  usage.  Il  faut  répéter  ce  qu'on  a  fait 
à  Saint-Martin-du-Tertre  et  ailleurs.  Il  serait  d'autant  plus  absurde  de  vou- 
loir entraîner  tout  un  grand  observatoire  à  la  suite  de  cette  simple  opéra- 
tion, qu'en  le  supposant,  construit,  ce  qu'il  y  aurait  de  plus  simple  pour 
en  déterminer  la  latitude  ce  serait  de  le  laisser  de  cùté  et  de  s'installer  au 
dehors. 

»  Nous  i;e  saurions  donc  comprendre  quel  avantage  il  pouvait  y  avoir  à 
créer  autour  de  l'Observatoire  de  Paris  une  agitation  stérile,  à  laquelle  sont 
venus  se  mêler  des  hommes  incompétents,  des  opinions  intéressées  et  des 
polémiques  passionnées  dont  le  mobile  n'a  rien  de  commun  avec  la  science. 
Nous  ne  pouvons  nous  laisser  aller  à  ces  entraînements,  et  en  écrivant  ces 
lignes  dans  les  lieux  illustrés  par  ceux  qui  nous  ont  précédé  depuis  deux 
cents  ans,  il  nous  semble  que  nous  parlons  au  nom  de  tous  en  défendant 
l'un  de  nos  plus  anciens  et  de  nos  plus  grands  établissements  scientifiques. 
Au  moment  indiqué  par  les  nécessités  de  la  science,  cet  établissement 
national  a  été  complété  par  l'adjonction  d'une  succursale  dont  le  climat 
ne  laisse  rien  à  désirer.  11  n'y  a  qu'à  donner  à  cette  institution  ses  déve- 
loppements naturels  et  prévus  pour  maintenir  notre  pays  à  la  hauteur  du 
rôle  scientifique  qui  lui  convient.  » 

C.  R.,  1867,  3°  Semestre.  (T.  LX.Y ,   N"  20.)  '   '  ' 


(  io8a  ) 
M.  Delaunay  donne  lecture  de  la  Note  suivante  : 

«  Je  ne  puis  laisser  passer  sans  protester  l'accusation  que  M.  Le  Verrier 
porte  contre  moi,  d'avoir  amoindri  l'astronomie  française  dans  mon  Rap- 
port sur  les  progrès  de  cette  science.  J'ai  dit,  et  je  répète,  que  je  livre  ce 
Rapport  avec  confiance  à  l'appréciation  de  mes  confrères. 

»  Si  l'astronomie  a  été  amoindrie  en  France,  ce  n'est  pas  à  moi  qu'il 
faut  s'en  prendre.  J'ai  la  conscience  d'avoir  fait  tout  ce  qui  dépendait  de 
moi  pour  lutter  contre  cet  amoindrissement.    » 

«  M.  Le  Verrier,  en  ce  qui  concerne  les  nouvelles  remarques  faites  par 
M.  Delaunay  sur  son  histoire  des  Progrès  de  l'Astronomie,  se  borne  à  faire 
observer  que  les  défauts  et  l'insuffisance  de  cet  ouvrage  étant  trop  clairs, 
le  débat  n'offre  plus  aucun  intérêt,  et  que,  dans  cette  situation,  il  appar- 
tient au  plus  sage  de  renoncer  à  le  continuer. 

«  Mais  M.  Delaunay,  qui  tient  absolument  à  ne  pas  laisser  chômer  la  dis- 
cussion, introduit  une  nouvelle  plainte  fondée  sur  ce  que,  dans  une  récente 
occasion,  M.  Le  Verrier  n'aurait  pas  nommé  la  personne  qui,  dans  notre 
succursale  de  Marseille,  a  rencontré  ia  o,te  petite  planète.  On  a  dit  très- 
nettement,  au  sujet  de  la  89e,  qu'elle  avait  été  trouvée  par  M.  Stéphan, 
notre  savant  et  zélé  collaborateur,  placé  à  la  tête  des  travaux  de  la  succur- 
sale. C'est  par  un  parti  très-arrêté  qu'on  en  a  agi  autrement  au  sujet  de 
la  91e.  La  recherche  des  petites  planètes  et  des  comètes  a  été,  en  effet, 
organisée  à  l'Observatoire  de  Marseille  de  telle  manière  que  des  personnes 
n'ayant  aucune  connaissance  en  Astronomie  peuvent  y  être  employées. 
Ces  personnes  ont  droit  à  un  traitement  proportionné  à  leur  zèle,  et  ce 
serait  leur  rendre  un  mauvais  service  à  elles-mêmes  que  de  les  poser  en 
face  du  public  comme  étant  des  astronomes.  Il  est  de  notre  devoir  de  ne 
reconnaître  comme  tels,  que  ceux  qui  ont  une  instruction  suffisante  et 
qui  savent  marcher  seuls. 

»  Tel  était  assurément  l'honorable  M.  Goldschmidt  :  il  avait  lui-même 
établi  tous  ses  moyens  d'observations,  son  observatoire,  sa  lunette  et  ses 
cartes,  et  ne  devait  rien  à  personne.  Ce  fut  même  à  grand'peine  qu'à  une 
époque  déjà  avancée  de  sa  carrière,  nous  parvînmes  à  lui  faire  accepter 
une  pension  offerte  par  le  Ministre  d'État  M.  le  comte  Walewski.  » 

«  M.  Mathieu  présente  à  l'Académie,  de  la  part  du  Bureau  des  Longi- 
tudes, Y  Annuaire  pour  l'année  1868.  Les  Notices  scientifiques  qui  le  ter- 


(  io83  ) 
minent  renferment  le  discours  sur  la  Lune,  son  importance  en  astronomie, 
que  M.  Delaunay  a  lu  le  11  mars  1867  dans  la  séance  publique  annuelle 
de  l'Académie.  On  trouve  ensuite  des  Notes  explicatives,  sur  différents 
points  qui  ne  pouvaient  être  présentés  avec  étendue  dans  une  lecture  pu- 
blique.  » 

M.  Mathieu  fait  hommage  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  Seguin  aine, 
l'un  de  ses  Correspondants,  d'un  opuscule  intitulé  «  Réflexions  sur  l'hypo- 
thèse de  Laplace  relative  à  l'origine  et  à  la  formation  du  système  plané- 
taire qui  se  trouve  compris  dans  l'espace  qui  a  pour  limite  les  lieux  où 
l'attraction  du  Soleil  domine  celle  des  autres  étoiles  dont  il  est  envi- 
ronné ». 

31.  Bkewsteu  fait  hommage  à  l'Académie  de  deux  ouvrages  qu'il  vient 
de  publier  et  qui  ont  pour  titre  «  le  Siéréoscope,  son  histoire,  sa  théorie 
et  sa  construction  »,  et  «  ie  Kaléidoscope,  son  histoire,  sa  théorie  et  sa  con- 
struction ». 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Sur  les  ravages  produits  à  l'île  de  la  Réunion  par  des 
insectes  qui  attaquent  tes  cannes  à  sucre.  Lettre  adressée  à  M.  le  Président, 
par  M.  Éd.  Morin. 

(Commissaires  :  MM.  Paye»,  Decaisne,  Blanchard.) 

«  La  colonie  de  l'île  de  la  Réunion,  si  prospère  naguère,  grâce  à  la  fer- 
tilité de  son  sol  et  à  l'intelligente  activité  de  ses  habitants,  est,  depuis 
quelques  années,  et  particulièrement  depuis  1863-66-67,  ravagée  par  des 
fléaux  qui,  en  détruisant  le  produit  îles  cultures,  tarissent  les  sources  de  sa 
richesse. 

»  L'insectequi  est  connu  sous  le  nom  de  Borer,  et  que  l'on  croit  y  avoir 
été  importé  de  l'île  Maurice,  avec  des  cannes  que  l'on  en  avait  fait  venir,  y 
perfore  les  tiges  de  cannes,  en  altère  complètement  les  tissus  et  les  fait 
périr.  Mais  à  ses  ravages,  encore  limités,  se  joint,  depuis  deux  ans,  une 
sécheresse  tout  à  fait  exceptionnelle,  qui  favorise  le  développement  à 
l'infini  d'un  plus  petit  insecte,  vulgairement  nommé  le  Pou  à  poche  blanche, 
qui  détruit  les  feuilles  et  arrête  sa  végétation. 

»   Tous  les  moyens  essayés  jusqu'à  ce  jour  ont  été  impuissants  pour  cou- 

141.. 


(  io84  ) 
jurer  ces  fléaux,  et  quoique  l'on  puisse  espérer  que  le  retour  d'un  état 
météorologique  normal,  au  point  de  vue  des  alternatives  de  pluie  et  de 
sécheresse,  doive  contribuer  à  en  atténuer  les  effets,  j'ai  pensé  que  le  se- 
cours de  la  science,  qui  peut  nous  être  d'une  si  grande  utilité,  ne  nous  serait 
pas  refusé. 

»   Je  prends  donc  la  liberté  de  mettre  à  la  disposition  de  l'Académie  : 

»  i°  Une  collection  de  cannes  de  divers  âges  et  de  diverses  prove- 
nances, dont  quelques-unes,  encore  vivantes,  sont  susceptibles  d'être 
replantées  ; 

»  a°  Une  collection  d'échantillons  des  terres  où  les  cannes  ont  été  cul- 
tivées ; 

»   3°  Des  Borerset  des  Pous  à  poche  blanche,  conservés  dans  l'alcool. 

»  J'y  joins  quelques  renseignements  sur  les  circonstances  de  la  culture 
des  échantillons.  » 

M.  Prat  adresse  «  un  Mémoire  sur  une  méthode  générale  ayant  pour 
objet  le  dosuge  volumétrique  de  l'azote  dans  ses  diverses  combinaisons  et 
sur  un  nouveau  procédé  pour  préparer  ce  gaz  à  l'état  de  pureté  dans  les 
laboratoires  ». 

(Renvoi  à  la  Section  de  Chimie.) 

M.  Marco-Felice  adresse  une  nouvelle  Note  concernant  diverses  ques- 
tions d'Astronomie  physique. 

(  Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

M.  Gaudix  adresse  une  Note  relative  à  un  procédé  géométrique  pour 
partager  un  angle  donné  en  2,  3,  4>  5,  6,  8,  10,  12,  etc.,  parties  égales. 

(Commissaires  :  MM.  Dupin,  Morin,  Combes.) 

31.  ISekmax  adresse  une  Note  relative  à  un  remède  à  employer  contre 
le  choléra. 

(Renvoi  à  la  Commission  du  legs  Bréant.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  PUBi.iyuE  autorise  l'Académie  à  em- 
ployer pour  l'acquisition  de  nouvelles  rentes  sur  l'État,'  en  accroissement 
de  capital,  les  reliquats  en  caisse  des  fondations  Jecker,  Bordin,  Bréant  et 
Barbier. 


(   io85  ) 

La  Société  des  naturalistes  de  Modèxe  fait  hommage  à  l'Académie  des 

deux  premiers  volumes  de  son  «  Annuaire  ». 

MÉCANIQUE.  —  Noie  sur  un  théorème  de  Jacobi  énoncé  dans  les  Comptes  rendus 
de  l'Académie  en  i836;/>arM.  Bresse. 

«    Voici  d'abord  en  quoi  consiste  le  théorème  : 

»  Soit  un  système  de  points  soumis  i°  à  leurs  attractions  mutuelles,  sui- 
vant une  loi  qui  dépend  uniquement  de  la  dislance;  2°  à  l'action  de  cen- 
tres mobiles  dont  la  réunion  forme  un  système  solide  tournant  uniforme 
ment  autour  d'une  droite;  si  l'on  prend  des  axes  coordonnés  rectangulaires, 
parmi  lesquels  celui  des  z  coïncide  avec  l'axe  de  rotation  ci-dessus  men- 
tionné, on  aura  pour  le  système  de  points  dont  il  s'agit 

î2>  [(!)a + (i y+  (iyj  -  *i>  (■«  •%  -.'  s)  =u + v+ co»st-' 

en  nommant  n  la  vitesse  constante  de  la  rotation  des  centres  mobiles,  U  le 
potentiel  des  actions  réciproques  des  points  entre  eux,  V  le  potentiel  des 
actions  réciproques  des  points  et  des  centres  mobiles. 

»  Maintenant  voici  la  démonstration,  dans  laquelle  j'écarterai  comme 
inutile  l'hypothèse  de  l'invariabilité  de  n.  Soient  : 

»  C  le  moment  d'inertie  du  solide  attirant,  relativement  à  l'as  e de  rotation; 

»  N  le  moment  total,  relativement  au  même  axe,  des  forces  extérieures  qui 
sollicitent  ce  solide,  indépendamment  des  réactions  qu'il  éprouve  de  la  part 
du  système  de  points. 

»  En  appliquant  à  l'ensemble  total  formé  par  les  points  et  le  solide,  d'une 
part  le  théorème  sur  les  forces  vives  et  le  travail  des  forces,  d'autre  part  le 
théorème  sur  les  moments  des  quantités  de  mouvement  par  rapport  à  l'axe 
des  z,  on  aura  les  deux  équations 

dy 


On  multipliera  la  seconde  par  n,  et  on  la  retranchera  de  la  première;  la 
différence  étant  intégrée  donnera  immédiatement  le  théorème  de  Jacobi. 

»  Il  est  à  peine  besoin  de  remarquer  que  rien  ne  serait  changé  si  le  po- 
tentiel U  comprenait,  outre  les  actions  mutuelles  des  points,  celles  de  divers 
centres  fixes,  ou  plus  généralement  des  forces  quelconques;  mais  il  faudrait 


(   io86  ) 
toujours  que   la   somme  de  leurs  travaux  élémentaires  fût  la  différentielle 
exacte  d'une  fonction  des  coordonnées.  » 

physique.   —  Noie  sur  l'amalgamation  des  piles  électriques; 
par  M.  E.  Demaxce. 

«  M.  Colletet,  dans  une  Note  communiquée  naguère  à  l'Académie  sur 
l'amalgamation  du  zinc  des  piles,  a  proposé  un  moyen  qui  consiste  à  utiliser 
l'amalgame  de  sodium,  en  présence  d'un  dégagement  d'hydrogène. 

»  Je  crois  devoir,  à  cette  occasion,  signaler  une  méthode  plus  simple 
encore,  que  j'emploie  avec  succès  depuis  plus  de  douze  aimées. 

»  Voici  en  quoi  elle  consiste  :  je  verse  dans  le  vase  de  la  pile  qui  reçoit 
le  zinc  quelques  gouttes  de  mercure;  l'amalgamation  se  renouvelle  pres- 
que instantanément.  Le  courant  obtenu  est  alors  d'une  constance  remar- 
quable; ledégagement  extérieur  d'hydrogène  est  très-faible,  et  enfin,  comme 
j'ai  pu  m'en  assurer  par  de  nombreuses  expériences,  l'intensité  du  courant 
est  manifestement  supérieure  à  celle  d'une  pile  d'un  même  nombre  d'élé- 
ments établie  dans  les  conditions  ordinaires. 

■>  L'élément  zinc  sort  de  la  pile  recouvert  d'un  amalgame  parfaitement 
net,  uniforme  et  brillant;  il  peut  servir  pour  autant  d'opérations  ultérieures 
que  l'on  voudra,  sans  la  moindre  préparation,  jusqu'à  ce  que  le  métal  soit 
entièrement  usé;  déplus  le  cuivre  reste  intact,  ce  qui  n'a  pas  toujours  lieu 
lorsque  l'on  a  recours  à  la  méthode  par  immersion. 

»  Quand  les  zincs  sont  nouveaux,  je  me  contente  de  les  mettre  dans  le 
circuit  avec  des  éléments  anciens;  après  avoir  servi  deux  ou  trois  fois,  ces 
zincs  sont  parfaitement  amalgamés. 

»  Un  fait  à  remarquer,  c'est  que  l'amalgamation  ne  se  produit  (pie  sous 
l'influence  du  courant;  il  y  a  comme  un  phénomène  de  transport,  et  la 
surface  du  métal,  au  contact  de  l'eau  acidulée,  se  trouvant,  pour  ainsi  dire. 
à  chaque  instant,  comme  à  l'état  naissant,  l'amalgamation  se  produit  faci- 
lement. Le  mercure  étant  en  excès,  la  surface  du  zinc  reste  constamment 
brillante,  les  actions  secondaires  locales  sont  éloignées,  et  Ton  ne  trouve 
plus  en  retirant  le  zinc  celle  espèce  de  mousse  qui  en  souille  d'ordinaire  la 
surface,  et  qui  est  c\ae  en  grande  partie  aux  corps  étrangers  que  renferme  ce 
métal. 

»  Avec  mon  procédé  la  dépense  de  mercure  est  insignifiante;  une  quan- 
tité de  métal  de  3oo  à  /joo  grammes  me  sert  depuis  des  années;  j'ai  soin, 
n  vidant  les  vases,  de  jeter  le  contenu  dans  un  verre  placé  dans  une  ter- 


(   i°87  ) 
rine;  le  mercure,  relativement  plus  dense,  reste  au  fond  du  verre.  Je  le 
sépare  facilement  alors  de  l'eau  acidulée  au  moyen  d'un  entonnoir. 

»  Comme  presque  toutes  ces  remarques  ont  été  faites  sur  des  piles  de 
Bunsen,  je  me  suis  demandé  si  l'acide  azotique,  filtrant  à  travers  le  vase 
poreux  et  venant  former  de  l'azotate  de  mercure,  ne  serait  pas  l'une  des 
causes  du  phénomène,  en  se  décomposant  ultérieurement,  partie  par  l'ac- 
tion du  courant,  partie  par  la  présence  du  zinc;  j'ai  fait  de  minutieuses 
recherches  à  cet  égard,  et  je  n'ai  jamais  pu  trouver  la  moindre  trace  de  sels 
mercuriels  dans  l'eau  acidulée. 

»  Mon  but,  en  faisant  cette  communication,  est  d'épargner  aux  personnes 
qui  ont  occasion  de  se  servir  des  piles  de  Bunsen,  les  ennuis  d'une  des  plus 
désagréables  manipulations  que  je  connaisse.    » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE. — Sur  le  mouvement  des  gaz  dans  les  plantes  aquatiques. 
Note  de  M.  G.  Lechartier,  présentée  par  M.  H.  Sainte- Claire  Deville. 

«  Je  demande  à  l'Académie  la  permission  de  lui  faire  connaître  quelques 
expériences  qui  prouvent  que,  indépendamment  des  gaz  qui  peuvent  être 
puisés  dans  l'eau,  par  les  feuilles,  il  y  a  des  gaz  qui  sont  absorbés,  soit  par 
les  racines,  soit  par  la  tige,  et  qui  traversent  la  plante  pour  être  exhalés 
par  les  feuilles.  Toutes  les  expériences  citées  dans  cette  Note  ont  été  faites, 
au  mois  d'août  dernier,  sur  des  Nymphœa  végétant  en  pleine  rivière, 
fixées  au  sol  dans  leur  position  naturelle,  et  se  trouvant,  par  conséquent, 
dans  leurs  conditions  normales  de  végétation. 

»  La  tige  des  Nymphœa  rampe  sous  la  vase  et  se  termine  à  son  extré- 
mité par  un  bouquet  de  feuilles  dont  les  pétioles  plus  ou  moins  longs 
s'insèrent  tous  presque  à  la  même  hauteur  sur  la  tige.  Tantôt  les  feuilles 
sont  complètement  submergées,  et  alors  elles  sont  plissées,  tantôt  leur 
limbe  fixé  à  l'extrémité  d'un  long  pétiole  vient  s'étaler  à  la  surface  de  l'eau, 
la  face  supérieure  de  la  feuille  en  contact  avec  l'air  atmosphérique.  Des 
canaux  lacuneux  s'étendent  sans  interruption  dans  le  pétiole,  depuis  la  tige 
jusqu'à  l'intérieur  du  limbe,  à  tel  point  qu'on  peut  gonfler  la  feuille  en 
insufflant  de  l'air  dans  le  pétiole  que  l'on  a  séparé  de  la  tige. 

»  i°  Le  a3  août,  à  midi,  sur  un  pied  de  Nymphœa  complètement  immergé, 
on  enlève  une  des  feuilles  les  plus  rapprochées  de  la  surface  de  l'eau,  en 
coupant  le  pétiole  près  du  limbe,  il  se  produit  immédiatement  un  dégage- 
ment rapide  de  bulles  gazeuses,  qui  se  régularise  bientôt.  L'extrémité  du 
pétiole  est  à  1 4  centimètres  au-dessous  du  niveau  de  l'eau.    On  l'introduit 


(  io8cS  ) 
dans  un  long  tube  de  verre  gradué  et  plein  d'eau.  Le  gaz,  en  s'accumulant 
dans  Péprouvette,  arrive  jusqu'au  pétiole;  à  partir  de  ce  moment  l'ouver- 
ture béante  est  dans  le  gaz.  Le  dégagement  continue,  mais  avec  une  aug- 
mentation de  la  pression  du  gaz  à  l'intérieur  de  la  plante.  Le  dégagement, 
commencé  avec  une  force  élastique  i\u  gaz  égale  à  la  pression  atmosphé- 
rique augmentée  de  i4  centimètres  d'eau,  continue  encore  lorsque  la  force 
élastique  du  gaz  à  l'intérieur  de  la  plante  surpasse  de  26  centimètres  d'eau 
la  pression  atmosphérique. 

»  Le  dégagement  se  produit  sans  interruption,  pendant  toute  l'après- 
midi,  dans  la  lumière  diffuse,  et  ne  cesse  que  lorsque  l'obscurité  est  com- 
plète. C'est  là  le  phénomène  si  bien  analysé  par  M.  Van  Tieghem. 

»  La  force  élastique  du  gaz  reste  stationnaire  pendant  la  nuit  à  l'intérieur 
de  la  plante.  A  7  heures  du  soir,  l'extrémité  du  pétiole  est  au  milieu  du  gaz 
contenu  dans  le  tube,  et  le  niveau  du  gaz  est  à  0.1  centimètres  an-dessous 
du  niveau  de  la  rivière.  Le  lendemain,  à  C'So01  du  matin  le  niveau  est  en- 
core le  même.  Le  dégagement  recommence  vers  8b  3om  sous  l'influence 
des  rayons  solaires  pour  continuer  de  la  même  manière  que  le  jour  précé- 
dent. 

»    Voici  la  composition  du  gaz  recueilli  le  o.'\  août,  de  8b  4  5m  à  1 1  heures  : 

Oxygène I2io 

Azote S8,o 

100,0 

»  La  totalité  du  gaz  recueilli  depuis  le  23,  à  midi,  jusqu'au  soir  du  9.4, 
a  été  220  centimètres  cubes. 

»  Voilà  le  phénomène  tel  qu'on  l'observe  sur  un  pied  de  Nymphœ 
dont  on  n'a  coupé  qu'une  seule  feuille  et  qui  en  porte  plusieurs  autres. 

»  20  On  enlève  d'autres  feuilles  <\n  même  pied  en  coupant  les  pétioles  a 
une  distance  de  la  surface  de  l'eau  plus  grande»  que  pour  le  premier  pé- 
tiole. Il  ne  sort  pas  de  gaz  de  ces  nouvelles  ouvertures  faites  dans  la  plante, 
et  le  gaz  continue  à  se  dégager  du  pétiole  le  plus  élevé. 

»  On  peut  donc  enlever  toutes  les  feuilles  d'un  même  pied  et  couper 
tous  les  pélioles,  de  telle  sorte  que  le  dégagement  de  gaz  ne  se  produise 
que  par  l'un  d'eux. 

»  Ce  phénomène  s'explique  par  cette  remarque  que  le  gaz,  pour  sortir 
d  un  pétiole,  doit  avoir  une  force  élastique  suffisante  pour  vaincre  la  pres- 
sion atmosphérique  augmentée  d'une  hauteur  d'eau  égale  à  la  dislance  de 
son  extrémité  à  la  surface  du  liquide.  Le  dégagement  qui  s'est  produit  dans 


(   io89  ) 
le  pétiole  le  plus  élevé  a  déterminé  à  l'intérieur  de  la  plante  une  certaine 
force  élastique,  qui  est  trop  faible  pour  que  le  gaz  puisse  sortir  par  les  pé- 
tioles voisins  dont  les  extrémités  supportent  une  pression  plus  forte, 

»  3°  Le  21  août,  à  midi,  sur  un  pied  de  Nymphœa  portant  des  feuilles 
submergées  et  une  feuille  flottant  à  la  surface  de  l'eau  ,  on  coupe  la 
feuille  flottante  près  du  limbe,  et  on  introduit  dans  un  long  tube  plein 
d'eau  l'extrémité  béante  du  pétiole,  de  manière  à  l'élever  un  peu  au-dessus 
du  niveau  extérieur  de  l'eau.  Le  dégagement  du  gaz  se  produit;  on  coupe 
alors  toutes  les  autres  feuilles  près  du  point  d'insertion  du  pétiole  sur  la 
tige.  Rien  ne  se  dégage  par  les  nouvelles  sections  faites  dans  la  plante,  et  le 
mouvement  gazeux  primitif  n'est  pas  altéré  :  il  avait  commencé  sous  une 
pression  inférieure  à  la  pression  atmosphérique,  et  il  continue  sous  une 
pression  supérieure  de  12  centimètres  d'eau  à  la  pression  atmosphérique. 

»  De  midi  à  7  heures,  il  se  dégage  26a  centimètres  cubes  de  gaz.  A 
7  heures,  le  mouvement  s'arrête,  recommence  le  lendemain  avec  la  même 
intensité,  et  on  l'a  observé  ainsi  jusqu'au  24  août  à  7  heures  du  soir. 
Le  23,  la  force  élastique  du  gaz  est  devenue  assez  forte  pour  surpasser  de 
18  centimètres  d'eau  la  pression  atmosphérique. 

»  Le  gaz  recueilli  le  23,  de  ih5ra  à  5  heures  du  soir,   avait   pour  corn- 

position  : 

Oxygène 10,0 

Azote 90 ,  o 

100,0 

»   La  totalité  du  gaz  dégagé  a  été  de  1028  centimètres  cubes. 

»  Tous  ces  phénomènes  :  volume  du  gaz  dégagé,  variation  de  pression  à 
l'intérieur  de  la  plante,  composition  du  gaz,  régularité  dans  les  intermit- 
tences du  dégagement,  se  produisent  identiquement  de  la  même  manière, 
que  la  plante  porte  des  feuilles  ou  qu'elle  en  soit  complètement  privée. 

»  4°  J  a'  P11  analyser  séparément  le  gaz  existant  à  diverses  profondeurs 
dans  un  pied  de  iSymphœa. 

»  Le  20  août,  sur  un  pied  de  Nymphœa  dont  toutes  les  feuilles  flottent 
à  la  surface  de  l'eau  et  dont  les  pétioles  ont  environ  im, 60  de  longueur, 
on  coupe  un  pétiole  près  du  limbe.  La  face  supérieure  des  feuilles  étant  en 
contact  avec  l'atmosphère,  la  force  élastique  du  gaz  intérieur  n'est  pas  su- 
périeure à  la  pression  atmosphérique.  Si  l'on  maintient  l'ouverture  du  pé- 
tiole à  1  centimètre  au-dessous  du  niveau  de  l'eau,  il  ne  se  dégage  aucune 
bulle  gazeuse.  Mais  si  l'on  fait  pénétrer  le  pétiole  dans  nn  long  tube  plein 

C.  R.,  1867,  l«  Semestre.  (T.  I.XV,  N°  26.)  r42 


(  1090  ) 
d'eau,  de  manière  à  placer  son  extrémité  au-dessus  du  niveau  extérieur  de 
l'eau,  le  dégagement  commence,  et  si  cette  extrémité  est  portée  à  10  centi- 
mètres au-dessus  du  niveau  extérieur,  le  dégagement  se  fait  avec  une  telle 
rapidité,  que  l'on  peut,  en  quinze  minutes,  remplir  dix  tubes  contenant 
chacun  60  centimètres  cubes  de  gaz,  c'est-à-dire  recueillir  600  centimètres 
cubes.  Dans  ce  temps  se  trouve  compris  celui  qui  est  nécessaire  pour  rem- 
plir les  éprouvettes  d'eau.  La  dixième  éprouvette  se  remplit  de  gaz  aussi 
rapidement  que  la  première. 

»  A  6h  3om  du  matin,  on  fait  une  récolte  de  gaz  comme  il  vient  d'être  dit, 
et  on  analyse  le  gaz  de  la  première,  de  la  cinquième  et  de  la  dixième 
éprouvette  : 

Éprouvelte  I.  Éprouvetle  V.  Éprouvette  X. 

Acide  carbonique 1  ,0  3,o  2,5 

Oxygène 7,7  8,1  8,2 

Azote 9'>3  88,9  ^9>3 

too,o  100,0  100,0 

»  A  1  ih3om  du  matin,  récolte  de  gaz  faite  sur  le  même  pied.  Analyse  du 
gaz  contenu  dans  les  éprouvettes  I,  V  et  X  : 

Éprouvette  1.  Éprouvette  V.  Éprouvelte  X. 

Acide  carbonique 0,5                  2,5  2,4 

Oxygène 9,0                  9,7  9,7 

Azote 9°i5               87,8  ^7.') 

100,0  100,0  100,0 

»  A  sh3om,  même  récolte  sur  le  même  pied.  Analyse  du  gaz  des  éprou- 
vettes I  et  V  : 

Éprouvelte  1.  Éprouvette  V. 

Acide  carbonique o,5  2,0 

Oxygène 16,8  >o,7 

Azote 82,7  87,3 

100,0  100,0 

»  Après  chaque  expérience,  le  pétiole  qui  avait  servi  au  dégagement  du 
gaz  était  coupé  assez  bas  au-dessous  de  l'eau,  pour  que,  d'une  expérience  à 
l'autre,  il  ne  pût  pas  sortir  de  gaz  par  l'ouverture  faite  dans  la  plante.  La 
totalité  du  gaz,  sorti  de  la  plante  en  moins  de  quarante-cinq  minutes,  s'est 
élevée  à  1}  litre. 

»  De  ces  analyses  il  résulte  que  le  gaz  contenu  dans  la  tige  est  plus 
riche  en  acide  carbonique  que  le  gaz  qui  est  renfermé  dans  le  pétiole.  A  un 
même  point  de  l'intérieur  de  la  plante,  la  proportion   d'acide   carbonique 


(  '091  ) 
diminue,  et  celle  de  l'oxygène  augmente  à  mesure  que  l'action  solaire  s'est 
prolongée  plus  de  temps;  mais  la  même  différence  de  composition  s'observe 
toujours  entre  le  gaz  sorti  du  pétiole  et  celui  qui  s'est  dégagé  des  parties  les 
plus  profondes.  La  proportion  d'oxygène  est  faible,  plus  faible  même  que 
dans  l'air  atmosphérique.  Ces  analyses  montrent  donc  bien  que  les  gaz  ont 
été  puisés  dans  les  couches  profondes  et  vaseuses  de  l'eau.    » 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  In  fermentation  gallique,-  par  M.  Pu.  Van  Tieghem. 

«  Depuis  que  M.  Pelouze  a  montré  que  l'acide  gallique  résulte  de  la 
transformation  lente  du  tannin  au  contact  de  l'air,  les  opinions  les  plus 
diverses  ont  été  émises  tant  sur  la  cause  prochaine  de  cette  métamor- 
phose, que  l'on  a  tour  à  tour  attribuée  à  une  oxydation  lente  et  à  l'action 
d'un  ferment  soluble  préexistant,  que  sur  les  produits  qui  en  résultent,  et 
où  les  uns  ont  admis  et  les  autres  nié  la  formation  du  sucre. 

><  J'ai  pensé  qu'en  présence  d'opinions  aussi  divergentes,  il  y  avait  lieu 
d'entreprendre  un  examen  approfondi  de  ce  phénomène,  et  je  demande  à 
l'Académie  la  permission  de  lui  en  présenter  les  principaux  résultats. 

»   1.  Le  tannin  ne  se  transforme  pas  à  l'abri  de  l'air. 

»  Introduisons,  en  effet,  une  dissolution  aqueuse  de  tannin  ou  une  infu- 
sion filtrée  de  noix  de  galle  dans  une  série  de  flacons  que  le  liquide  rem- 
plit entièrement  ;  soumettons  ces  flacons  au  vide  pendant  vingt-quatre  heures 
pour  éliminer  l'air  dissous;  faisons-y  entrer  de  l'acide  carbonique  qui  sa- 
ture les  liqueurs,  et,  après  les  avoir  soigneusement  bouchés,  plaçons-les  à 
l'étuve,  en  ayant  soin,  quand  ils  en  auront  pris  la  température,  de  luter  les 
bouchons  à  la  cire.  Ainsi  préparés,  ces  liquides  se  conserveront  indéfini- 
ment; j'en  possède  où  le  tannin  n'a  subi,  depuis  plus  de  quatre  mois,  au- 
cune altération.  La  conversion  de  ce  corps,  quand  elle  s'opère,  n'est  donc 
pas  due  à  l'action  d'un  ferment  soluble  qui  préexisterait  dans  la  noix  de 
galle,  et  nous  pouvons  désormais,  en  toute  sécurité,  porter  nos  liquides  à 
l'ébullition. 

»  2.   Le  tannin  ne  se  transforme  pas  au  seul  contact  de  l'air. 

»  Introduisons  la  dissolution  dans  une  série  de  ballons  à  col  étiré  et 
recourbé  suivant  le  procédé  de  M.  Pasteur,  et,  après  l'avoir  fait  bouillir 
pendant  quelques  minutes,  abandonnons-la  dans  un  lieu  tranquille  à  une 
température  d'environ  i5  degrés;  le  tannin  s'y  conservera  indéfiniment.  Je 
possède  des  ballons  préparés  dans  ce  but  le  24  avril  1864,  et  où  ce  corps, 
après  un  séjour  de  trois  ans  et  huit  mois  au  libre  contact  de  l'air,  est  inal- 

142.. 


(  »og2  ) 
téré  comme  au  premier  jour.  Le  tannin   ne  se  change  donc  pas  en  acide 
galliqne  par  oxydation  lente. 

»  Mais  s'il  n'y  a  ni  action  d'un  ferment  soluble,  ni  oxydation  lente,  si 
l'oxygène  de  l'air  est  nécessaire  à  la  transformation  et  s'il  ne  suffit  pas  à  la 
produire,  quelle  en  est  donc  la  cause  prochaine? 

»  3.  Pour  que  le  tannin  se  transforme  il  faut  et  il  suffit  qu'un  mycélium 
de  mucédinée  se  développe  dans  sa  dissolution. 

»  Deux  champignons  apparaissent  naturellement  dans  les  dissolutions  de 
tannin  abandonnées  à  l'air,  toutes  les  fois  qu'il  s'y  forme  de  l'acide  gal- 
liqne; il  s'agit  d'en  semer  les  spores  et  d'en  suivre  le  développement;  ce 
sont  le  Pénicillium  glaucum,  et  un  Aspergillus  à  spores  hérissées,  voisin  par 
conséquent  de  Y  Aspergillus  glaucus,  mais  qui,  par  la  couleur  noirâtre  que 
ces  spores  conservent  dans  les  milieux  les  pins  divers,  et  par  quelques 
autres  caractères,  m'a  paru,  ainsi  qu'à  M.  le  Dr  Léveillé,  dont  je  suis  heu- 
reux de  pouvoir  invoquer  ici  la  grande  autorité,  constituer  une  espèce  dis- 
tincte et  nouvelle;  appelons-le  Aspergillus  niger. 

»  Semons  maintenant  dans  un  des  ballons  de  la  seconde  expérience  qui, 
laissés  à  eux-mêmes,  ne  s'altèrent  jamais,  quelques  spores  de  l'une  ou  de 
l'autre  de  ces  mucédinées,  et  nous  verrons,  en  même  temps  que  ces  spores 
développeront  dans  le  liquide  de  beaux  flocons  de  mycélium,  le  tannin 
subir  une  destruction  progressive,  qui  se  trahira  bientôt  par  la  formation 
de  cristaux  de  plus  en  plus  nombreux  d'acide  gallique  et  qui,  après  quelques 
jours,  sera  complète.  Comme  ce  mycélium  exige  pour  se  développer  une 
petite  quantité  d'oxygène  libre,  on  comprend  que  si  l'on  interdit  rigoureu- 
sement l'accès  de  l'air,  comme  on  le  fait  dans  la  première  expérience,  la 
dissolution  devra  se  conserver  indéfiniment,  bien  qu'on  puisse  y  avoir  dé- 
posé à  l'avance  d'innombrables  spores  des  deux  mucédinées  actives;  mais 
que  l'on  débouche  les  flacons  et  l'on  verra  ces  spores  germer,  développer 
un  mycélium  floconneux  et  provoquer  en  même  temps  la  transformation 
corrélative  du  tannin. 

»  Ainsi  l'air  tout  seul  est  inactif;  seules  les  spores  du  Pénicillium  et  de 
Y  Aspergillus  demeurent  impuissantes;  il  faut  que  la  dissolution  reçoive 
à  la  fois  une  spore  de  la  mucédinée  active  et  le  contact  d'une  quantité 
d'oxygène  suffisante  pour  faire  germer  cette  spore  et  la  développer  en 
un  abondant  mycélium.  C'est  donc  l'air  qui  apporte  au  tannin  les  deux 
principes  dont  l'action  commune  est  nécessaire  à  sa  destruction,  les  spores 
et  l'oxygène;  il  est  à  la  fois  véhicule  et  aliment. 

»   4.   Sous  l'influence  de  la  vie  et  du  développement  de  ce  mycélium,  le 


(  'oç)3  ) 
tannin  se  dédouble  en  acide  gallique  et  en  glucose,  avec  fixation  des  élé- 
ments de  l'eau  comme  dans  l'expérience  de  M.  Strecker.  On  retrouve  en 
effet,  quand  la  transformation  est  accomplie,  la  totalité  de  l'acide  gallique 
indiquée  par  l'équation,  mais  le  glucose  y  est  toujours  en  proportion  moin- 
dre et  un  peu  variable;  la  plante  s'en  est  assimilé  une  partie  pour  constituer 
ses  propres  tissus.  C'est  donc  au  sucre  du  tannin  que  le  mycélium  prend 
les  aliments  bydrocarbonés  qui  sont  nécessaires  à  sa  vie,  et  cette  circon- 
stance explique  le  mécanisme  du  dédoublement. 

«  5.  Pour  que  le  dédoublement  du  tannin  s'opère,  il  faut  que  la  plante 
vive  et  se  développe  dans  l'intérieur  de  la  dissolution;  dans  ce  cas,  le  poids 
du  mycélium  formé  est  toujours  très-faible,  -j-~  environ' du  poids  du  tannin 
transformé.  Quand,  au  contraire,  la  plante  s'étale  à  la  surface  et  qu'elle  y 
fructifie  en  y  formant  une  couche  épaisse,  son  mode  d'action  est  bien  diffé- 
rent. Elle  brûle  alors  directement  le  tannin  en  exhalant  de  grandes  quan- 
tités d'acide  carbonique;  il  ne  se  fait  de  dédoublement  que  celui  qui  cor- 
respond au  faible  développement  des  parties  plongées  du  mycélium,  et  le 
glucose  qui  en  résulte  est  brûlé,  lui  aussi,  et  plus  rapidement  que  l'acide 
gallique;  de  sorte  que  tout  ce  qu'on  retire  d'une  dissolution  concentrée  de 
tannin  après  quelques  jours  d'une  végétation  superficielle  active,  c'est  une 
faible  quantité  d'acide  gallique  et  des  traces  de  sucre;  mais  alors  le  poids  de 
la  plante  formée  est  très-considérable  et  peut  atteindre  -^  du  poids  du  tan- 
nin détruit. 

»  6.  Il  nous  reste  à  montrer  que  c'est  bien  par  le  fait  même  de  sa  vie 
et  de  son  développement  que  le  mycélium  dédouble  la  tannin  et  non  par 
l'action  de  principes  solubles  sécrétés  par  lui  et  capables  d'agir  en  dehors 
de  l'organisme. 

»  Introduisons  dans  une  dissolution  de  tannin  un  mycélium  abondant 
extrait  d'une  fermentation  en  activité,  et  traitons  ensuite  le  liquide  comme 
il  est  indiqué  dans  la  première  expérience,  nous  verrons  qu'il  demeure 
inaltéré.  Ainsi,  dans  les  circonstances  où  elle  peut  agir  chimiquement,  mais 
où  tout  développement  lui  est  interdit,  puisqu'elle  ne  possède  pas  trace 
d'oxygène,  la  plante  reste  inactive.  Elle  n'agit  donc  que  par  le  fait  même 
de  son  développement,  et  nullement  par  l'action  chimique  des  liquides 
qu'elle  renferme.  La  même  impuissance  se  révèle  si  l'on  broie  le  mycé- 
lium avec  un  peu  d'eau  et  si  l'on  ajoute  le  suc  filtré  à  une  dissolution  de 
tannin  sur  laquelle  on  fait  ensuite  le  vide.  De  notre  première  expérience 
combinée  avec  celle-ci  il  résulte  donc  qu'il  ne  saurait  être  question  ici 
de  ferment  soluble  d'aucune  sorte,  ni  préexistant   dans   la   noix  de  galle, 


(  '°94  ) 
ni  contemporain  de  la  vie  du  mycélium,  ni  postérieur  à  sa  destruction; 
c'est  la  nutrition  même  île  la  plante,  et  cette  nutrition  seule  qui  provoque 
le  dédoublement. 

»  En  résumé,  nous  voyons  que  la  transformation  du  tannin  à  la  tempé- 
rature ordinaire  est  toujours  un  dédoublement  en  acide  gallique  et  en  glu- 
cose, avec  fixation  des  éléments  de  l'eau,  et  que  ce  dédoublement  est  tou- 
jours corrélatif  de  la  vie  et  du  développement  d'un  être  organisé  végétal 
qui  a,  cette  fois,  sa  place  bien  connue  dans  nos  classifications;  c'est  le 
mycélium  du  Pénicillium  glaucum  ou  celui  de  Y  Aspercjillus  nicjer.  A  ce  titre 
ce  phénomène  rentre  sous  l'énoncé  général  des  fermentations  proprement 
dites,  telles  que  les  travaux  de  M.  Pasteur  nous  les  ont  fait  connaître; 
mais  il  se  présente  ici  une  circonstance  intéressante,  qui  caractérise  un  type 
nouveau.  Notre  plante,  en  effet,  a  besoin  pour  vivre  de  l'oxygène  de  l'air; 
dans  la  fermentation  alcoolique  et  dans  toutes  celles  qui  se  rattachent  au 
même  type,  la  levure  en  est  au  contraire  indépendante.  Les  vues  théoriques 
de  M.  Pasteur  sur  le  mode  d'action  des  ferments  n'en  subsistent  pas  moins, 
pourvu  qu'on  en  généralise  l'application.  Dans  les  fermentations  ordinaires, 
le  ferment  prend  l'oxygène  qui  lui  est  nécessaire  à  la  substance  fermentes- 
cible,  dont  l'équilibre  se  trouve  dès  lors  détruit  et  qui  se  résout  en  groupe- 
ments nouveaux;  ici,  ce  n'est  point  l'oxygène,  c'est  le  sucre  que  notre  fer- 
ment enlève  au  tannin, parce  que  lui  seul  peut  lui  fournir  l'aliment  hydro- 
carboné indispensable  à  la  constitution  de  ses  tissus,  d'où  encore  rupture 
d'équilibre  et  dédoublement.  Nous  avons  donc  maintenant,  sans  parler  des 
combustions  totales  que  M.  Pasteur  a  étudiées  le  premier,  et  dont  j'ai  donné 
plus  haut  un  nouvel  exemple,  trois  types  distincts  de  fermentations  accom- 
plies par  les  êtres  vivants  :  fermentation  acétique,  fermentation  alcoolique 
et  ses  congénères,  fermentation  gallique;  et  celle-ci  nous  introduit  pour  la 
première  fois  dans  le  domaine  de  végétaux  beaucoup  plus  élevés  en  orga- 
nisation que  les  ferments  actuellement  connus.  Je  ne  saurais,  toutefois,  ter- 
miner cet  exposé  sans  rapprocher  le  phénomène  que  nous  venons  d'étudier 
de  celui  que,  d'après  les  recherches  de  M.  Pasteur,  le  Pénicillium  glaucum 
réalise  quand  il  décompose  le  paratartrate  acide  d'ammoniaque  en  ses 
tartrates  droit  et  gauche  constituants,  pour  détruire  le  sel  droit  et  isoler 
le  sel  gauche  (i).    » 


(i)  Dans  des  expériences  encore  inédites,  M.  Pasteur  a  reconnu  :  i°  que  le  Pénicillium 
peut  détruire  à  son  tour  le  tartrate  gauche;  2"  que  les  tartrates  gauches  de  chaux  et  d'am- 
moniaque peuvent,  eux  aussi,  fermenter,  quoique  beaucoup  plus  difficilement  que  les  sels 
droits  correspondants. 


(  1095  ) 
M.  Coulvier-Gravieb  adresse  l'extrait  d'une  Lettre  d'après  laquelle  on 
n'aurait  pu  constater  à  l'île  Maurice  l'apparition  d'  étoiles  filantes  au  mois 
de  novembre  dernier  (i). 

M.  Zantedeschi  adresse  une  brochure,  imprimée  en  italien,  «  sur  l'Ac- 
tion de  la  lumière  solaire  sur  les  corps  ».  ♦ 

Ce  travail  sera  soumis  à  l'examen  de  MM.  Decgisne  et  Edm.  Becquerel. 

M.  Valat  adresse  une  <i  Note  supplémentaire  sur  le  postulatum  d'Eu- 
clide  ». 

Cette  Note  sera  renvoyée,  comme  la  précédente,  à  l'examen  de  M.  Chasles. 
M.  Gag\age  adresse  une  Note  relative  à  l'utilisation  des  engrais. 
M.  Layrle  adresse  une  Note  relative  à  diverses  questions  d'Astronomie. 
La  séance  est  levée  à  6  heures.  É.  D.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séancedu  %3  décembre  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

Le  Jardin  fruitier  du  Muséum;  par  M.  DECAISSE;  liv.  ga.  Paris,  j866; 
in-40. 

Bulletin  de  Statistique  municipale,  publié  par  les  ordres  de  M.  le  Baron 
Haussmann,  mois  d'octobre  1867.  Paris,  18G7;  in-4°. 

Mécanique  céleste.  Réflexions  sur  t' hypothèse  de  Laplace  relative  à  l'origine 
et  à  la  formation  du  système  planétaire;  par  M.  SEGUIN,  Correspondant  de 
l'Institut.  Paris,  1867;  br.  in-4°. 

Mémoires  d'agriculture  et  d'économie  rurale  et  domestique,  publiés  par  la 
Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture  de  France,  année  i8G5.  Paris, 
1867;  in-8°. 

(1)  Ce  résultat  concorde  parfaitement  avec  ceux  qui  ont  été  communiqués  h  l'Académie 
par  divers  observateurs,  si  l'on  tient  compte  de  l'heure  où  l'apparition  s'est  produite  dans 
les  points  où  elle  a  été  signalée,  et  de  la  différence  de  longitude  entre  l'île  Maurice  et  ces 
divers  points. 


(    !oç)6  ) 

Les  monstres  marins;  pur  M.  Armand  Landrin.  Paris,  1867;  in- 12, 
illustré. 

Annuaire  pour  l'an  1 8(38,  publié  par  le  Bureau  des  Longitudes.  Paris,  1 867; 
in- 12. 

Leçons  élémentaires  d'Agriculture; par  M.  F.  Mazure,  t.  II.  Paris,  1867; 
in- 12  illustré. 

Notice  sur  le  phénomène  diluvien  dans  le  bassin  de  Lavilledieu  et  dans  les 
parties  afférentes  des  vallées  de  la  Garonne,  du  Tarn  et  de  l'Ave)  ion;  j/ar 
M.  A.  Leymerie.  Toulouse,  1867  ;  br.  in-8°. 

Mémoire  sur  l'influence  que  le  sol  géologique  peut  exercer  sur  la  culture  et 
les  produits  de  la  vigne  dans  certaines  contrées  du  sud-ouest  de  la  France;  par 
M.  A.  Leymerie.  Toulouse,  1867;  br.  in-8°. 

Société  impériale  et  centrale  d'Agriculture  de  France.  Programme  général 
des  concours  1867.  Paris,  1867;  br.  in-8°. 

Exposition  universelle  de  Paris,  18G7.  Catalogue  des  produits  exposés  par  la 
Guyane  anglaise,  publié  par  le  Comité  de  correspondance  de  la  Société 
royale  d'Agriculture  et  de  Commerce.  Londres,  1867;  in-8°.  (2  exem- 
plaires.) 

The...  Le  kaléidoscope:  histoire,  théorie  et  construction  ;  par  Sir  David 
Brewster.  Londres,  i  858;  in- 12  avec  figures,  relié. 

The...  Z-e  stéréoscope  :  histoire,  théorie  et  construction  ;  par  Sir  David 
Brewster.  Londres,  i856;  in-12  avec  figures,  relié. 

Annuario...  Annuaire  de  la  Société  des  Naturalistes  de  Modem,  i,e  et 
ie  année.  Modène,  1867;  2  vol.  grand  in-8°  avec  planches. 

Anales...  Annales  du  musée  public  de  Buenos-Ayres;  par  M.  G.  Burmeis- 
ter,  4e  bvr.  Buenos-Ayres,   1867;  111-4°  avec  planches. 

Piccoli...  Courte  note  sur  le  choléra-morbus  et  sur  une  méthode  curative; 
parM.  C.  Coco.  Catane,  1867;  opuscule  in-8°.  (Envoyé  au  concours  Bréant.) 

Dell...  De  l'action  de  la  lumière  solaire  sur  les  corps;  par  M.  le  professeur 
Zantedescht.  Catane,  1867;  br.  in-/j°. 


COMPTE  RENDU 

DES  SÉANCES 

DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES 


SEANCE  DU  LUNDI  50  DÉCEMBRE  1867. 
PRÉSIDENCE  DE  M.  CHEVREUL. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'ACADÉMIE. 

M.  Pakis  fait  hommage  à  l'Académie  de  la  première  partie  d'un  ouvrage 
qu'il  publie  et  qui  a  pour  titre:  L' Art  naval  à  l' Exposition  universelle  de 
Paris  en  1867.  Description  des  derniers  perfectionnements  et  inventions 
maritimes. 

PHYSIQUE.  —  Note  sur  le  passage  des  courants  électriques  au  travers  des 
gaz  incandescents  ;  par  M.  Edm.  Becquerel. 

«  M.  E.  Bouchotte  a  observé  dernièrement  ce  fait  très-intéressant  (1) 
que  l'introduction  d'un  voltamètre  à  eau  acidulée  dans  le  circuit  d'un  ap- 
pareil magnéto-électrique  produisant  les  deux  séries  de  courants  alternati- 
vement inverses,  peut  ne  donner  lieu  qu'à  la  circulation  d'un  seul  groupe 
de  courants,  ou  du  moins  peut  ne  laisser  prédominer  que  les  courants  d'un 
même  sens.  Il  suffit,  pour  obtenir  ce  résultat,  d'employer  comme  une  des 
électrodes,  un  fd  tin  de  platine  qui  plonge  légèrement  dans  l'eau  acidulée, 
de  façon  à  s'entourer  d'une  gaine  lumineuse,  et  alors  cette  électrode  est 
positive  et  les  courants  qui  correspondent  à  cette  distribution  électrique 
sont  seuls  appréciables. 


[1     Voir  Comptes  rendus,  pages  75g  et  gy5  île  ce  volume. 

C.  R.,  i3fi?,  2e  Semestre    (  T.  LXV,  ?•  ■  27.1  I  4^ 


(  io98  ) 

»  Ayant  été  témoin  de  ces  effets,  j'ai  pensé  qu'il  était  possible  de  s'en 
rendre  compte  en  ayant  égard  à  l'inégale  conductibilité  électrique  des  va- 
peurs et  des  gaz  incandescents  suivant  la  grandeur  relative  des  électrodes 
et  suivant  le  sens  des  courants  électriques;  j'ai  montré,  en  effet,  dans  un 
travail  publié  en  1 853  (i)  qu'à  partir  de  la  température  rouge  les  gaz  de- 
viennent conducteurs  de  l'électricité,  et  qu'en  employant  comme  électrodes 
un  tube  en  platine  contenant  le  gaz  échauffé  et  un  fil  de  platine  tendu  trans- 
versalement suivant  l'axe  du  tube,  avec  l'air,  à  égalité  de  tension  électrique, 
la  conductibilité  est  plus  grande  quand  le  fil  central  est  positif  que  lorsqu'il 
est  négatif.  La  gaîne  lumineuse,  dans  les  expériences  ci-dessus,  étant 
formée  de  matières  gazeuzes  incandescentes  sert  de  conducteur,  le  liquide 
ambiant  et  le  fil  central  formant  les  deux  électrodes.  Avec  l'eau  acidulée, 
le  fil  positif  doit  donner  lieu  au  maximum  de  conductibilité,  puisqu'une 
série  de  courants  l'emporte  complètement  sur  l'autre. 

»  Si,  comme  je  le  pense,  on  peut  expliquer  ainsi  ce  phénomène,  pour 
rendre  compte  de  ce  fait  que  certains  liquides  donnent  des  courants  dans 
lesquels  le  fil  entouré  d'une  gaîne  lumineuse  devient  négatif,  ou  bien  trans- 
mettent simultanément  et  en  égale  proportion  les  deux  systèmes  de  cou- 
rants induits  inverses,  il  faut  donc  que  les  pouvoirs  conducteurs  et  les  effets 
qui  ont  lieu  au  passage  des  électrodes  et  des  matières  gazeuzes  changent 
avec  la  nature  des  matières  gazéifiées. 

»  M.  Bouchotte  a  vu  que  la  lumière  produite  quand  les  courants  passent 
ainsi  entre  un  fil  fin  de  platine  ou  de  fer  et  des  dissolutions  salines  était 
plus  ou  moins  vive;  avec  le  chlorure  de  magnésium,  principalement,  la  lu- 
mière est  très-blanche  et  indique  une  décomposition  polaire  du  sel  de 
magnésium  ainsi  que  la  présence  de  ce  composé  dans  l'étincelle. 

»  On  peut  observer  facilement  les  mêmes  effets  lumineux  avec  une  bobine 
d'induction  ordinaire,  en  faisant  éclater  une  succession  rapide  d'étincelles 
entre  un  fil  de  platine  positif  et  une  surface  liquide  contenant  un  sel  aisément 
décomposable,  comme  le  chlorure  de  sodium,  de  potassium,  de  calcium, 
de  strontium,  de  cuivre,  etc.,  et  alors  les  étincelles  se  colorent  de  façon 
à  faire  apparaître  les  nuances  caractéristiques  que  l'on  observe  avec  les 
substances  salines  volatilisées  dans  les  flammes.  Cet  effet  est  tellement  net, 
qu'en  disposant  de  petits  tubes  de  10  à  i5  millimètres  de  diamètre  conte- 
nant diverses  dissolutions  aqueuses  salines  et  en  excitant  à  l'aide  d'une 
bobine  d'induction  une  succession  très-rapide  d'étincelles  formant  comme 


i)   Annales  de  Chimie  et  de  Phjsique,   3"  série,  t.  XXXIX,  p.  3^  i  ;    i853. 


(  io99  ) 
une  espèce  d'arc  entre  la  pointe  d'un  fil  positif  en  platine  convenablement 
isolé  du  tube  de  verre  et  la  surface  du  liquide,  on  peut,  au  moyen  d'un 
spectroscope,  reconnaître  la  nature  des  substances  dissoutes. 

»  Pour  faire  l'expérience  avec  facilité,  le  tube,  fermé  par  le  bas,  est  tra- 
versé par  un  fil  de  platine  qui  fait  communiquer  le  liquide  remplissant  en- 
viron la  moitié  du  tube  avec  une  des  extrémités  du  fil  induit;  le  fil  de  pla- 
tine, qui  pénètre  par  en  haut  dans  le  tube,  passe  dans  l'intérieur  d'un  tube 
capillaire  et  ne  dépasse  le  tube  que  d'une  longueur  d'un  millimètre  environ  ; 
son  extrémité  est  placée  à  quelques  millimètres  seulement  de  la  surface  du 
liquide.  Pour  observer  ces  effets  le  fil  isolé  extérieur  doit  être  positif  et  le 
liquide  négatif,  c'est  la  position  qui  donne  le  maximum  d'action;  si  les 
étincelles  passent  en  sens  inverse,  une  fois  le  fil  décapé,  on  peut  n'observer 
aucun  effet  semblable  ou  du  moins  on  a  un  effet  plus  faible.  Il  est  pos- 
sible que  la  dissolution  subisse  une  décomposition  électro-chimique  polaire 
et  qu'à  la  surface  du  liquide  les  matières  basiques  décomposées  viennent 
colorer  les  étincelles. 

»  Ces  résultats,  donnent  un  moyen  facile  de  reconnaître  par  l'analyse 
optique,  autrement  qu'à  l'aide  des  flammes  ordinaires,  la  nature  de  cer- 
taines matières  salines  renfermées  dans  des  dissolutions  conductrices  de 
l'électricité.  » 

ASTRONOMIE.  —  Remarques  au  sujet  de  la  Note  insérée  dans  le  dernier 
Compte  rendu,  sous  le  titre  :  «  L'Observatoire  impérial  de  Paris,  sa 
situation  et  son  avenir  »;  par  M.  Y  von  Villarceau. 

«  Dans  cette  Note,  à  laquelle  je  ne  puis  me  dispenser  de  répondre,  on  a 
divisé  les  travaux  astronomiques  en  trois  classes  :  «  la  première,  de  beau- 
»  coup  la  plus  nombreuse,  comprenant  les  questions  qui  pourront  par- 
»  faitement  bien  continuer  d'être  traitées  dans  l'établissement  actuel  ;  la 
»  seconde  renfermant  les  travaux  qui  réclament  pour  leur  exécution  une 
»  station  plus  méridionale;  la  troisième  limitée  à  deux  ou  trois  questions 
»  spéciales  à  la  géographie  et  à  la  physique  de  Paris.  » 

»  Sans  nous  astreindre  à  suivre  tout  d'abord  cette  classification,  passons 
en  revue  les  divers  travaux  d'observation  qui  doivent  et  peuvent  être 
faits  dans  un  grand  établissement  astronomique,  tel  qu'il  convient  à  la 
France  d'en  posséder  un,  tel  qu'est  le  magnifique  Observatoire  de  Poul- 
kova,  établi  à  4  lieues  de  Saint-Pétersbourg.  Ces  travaux  comprennent  : 
la  détermination  directe  des  positions  des  étoiles  dites  fondamentales,  aux- 

i43.. 


(  I I oo  ) 
quelles  se  rattachent  celles  des  autres  astres,  les  observations  du  Soleil, 
des  planètes,  des  comètes  et  des  nébuleuses ,  les  mesures  micrométriques 
des  étoiles  multiples  et  des  diamètres  des  planètes,  la  recherche  si  délicate 
des  parallaxes,  la  vérification  ou  la  correction  des  constantes  de  la  réfrac- 
tion, de  l'aberration  et  de  la  natation,  les  observations  nécessaires  à  la  for- 
mation oa  à  l'extension  des  catalogaes  d'étoiles,  enfin  les  observations  non 
moins  importantes  d'astronomie  physique.  Tous  ces  travaax  s'exécutent, 
avec  un  succès  non  égalé  jusqu'ici,  dans  l'observatoire  de  Poulkova, 
et  leur  concentration  dans  le  même  établissement  a  permis  d'y  former 
complètement  à  la  pratique  des  observations  astronomiques,  une  généra- 
tion d'astronomes  qui  continuent  dignement  la  tradition  de  l'illustre  fonda- 
teur de  cet  observatoire,  W.  Struve.  A  quelle  condition  ce  résultat  a-t-il 
pu  être  obtenu?  Il  a  fallu  simplement  prendre  le  parti  de  fonder  le  nouvel 
observatoire  hors  de  l'enceinte  delà  ville  et  sur  l'une  des  collines  que  l'on 
rencontre  dans  son  voisinage. 

»  De  tous  les  travaux  qui  viennent  d'être  énumérés,  les  seuls  qui  puis- 
sent encore  continuer  à  être  exécutés  à  l'Observatoire  de  Paris  et  qui  for- 
ment la  première  classe,  se  réduisent  aux  observations  des  planètes  et  des 
comètes  douées  d'an  certain  éclat  et  des  étoiles  à  catalogaer.  L'Observa- 
toire de  Paris,  ainsi  restreint,  prend  le  rang  d'an  observatoire  de  deuxième 
ou  même  de  troisième  ordre;  car  les  localités  où  s'établissent  les  observa- 
toires du  second  ordre  sont  généralement  choisies  de  manière  à  échapper 
aux  inconvénients  multiples  que  présente  l'installation  au  sein  d'une  grande 
capitale  :  fumée  des  usines,  vapeurs  illuminées  ou  non,  bruit,  poussière, 
trépidation  du  sol,  voisinage  des  maisons,  etc. 

»  Dans  la  deuxième  classe,  où  figurent,  d'après  la  Note  sus-mentionnée, 
«  les  travaux  qui  réclameraient  pour  leur  exécution  une  station  plus  méri- 
»  dionale  »,  il  faudrait  des  lors  ranger  la  détermination  directe  des  fondamen- 
tales, les  observations  des  planètes  et  comètes  trop  faibles  pour  être  obser- 
vées à  Paris,  celles  des  nébuleuses,  les  mesures  micrométriques  des  étoiles 
doubles  et  des  diamètres  des  planètes,  la  recherche  des  parallaxes,  la  véri- 
fication ou  la  correction  des  constantes  de  la  réfraction,  de  l'aberration  et 
de  la  nutation,  les  observations  des  étoiles  faibles  et  les  travaux  d'astronomie 
physique.  Si  une  telle  concentration  s'effectuait  dans  la  succursale  actuelle 
de  l'Observatoire  de  Paris,  cette  succursale  ae  prendrait-elle  donc  pas  la 
place  de  l'établissement  principal!  On  paraît  vouloir  éviter  cet  inconvé- 
nient en  dispersant  le  matériel  astronomique  et  les  observateurs  à  Mont- 
pellier,  à  Bordeaux,  à  Toulouse,  etc.,  où  l'on  compte  voir  s'établir  des  obser- 


(     MO,     ) 

vatoires  que  l'on  parviendrait  à  annexer  à  l'Observatoire  de  Paris,  comme 
on  l'a  déjà  pratiqué  à  l'égard  de  celui  de  Marseille.  Dans  ce  système,  l'Ob- 
servatoire actuel  serait  constitué  en  une  sorte  de  Ministère  de  l'Astro- 
nomie, dont  les  bureaux  occuperaient  le  bâtiment  central  et  où  le  travail 
astronomique  le  plus  utile  se  réduirait  véritablement  à  celui  des  calculs. 

»  Je  ne  veux  pas  examiner,  pour  l'instant,  les  nombreux  inconvénients 
du  système  des  annexions  en  matière  d'observatoires  astronomiques  :  cha- 
cun saisira  aisément  les  plus  graves  d'entre  eux. 

»  La  troisième  classe  se  trouverait  «  limitée  à  deux  ou  trois  questions  spé- 
»  ciales  à  la  géographie  et  à  la  physique  de  Paris  ».  D'après  cet  énoncé,  il  est 
difficile  de  deviner  sur  quoi  peuvent  porter  ces  questions;  mais  on  trouve 
plus  loin,  que  cette  classe  ne  comprend,  «  à  vrai  dire  »,  qu'une  seule  opé- 
ration, celle  de  la  mesure  de  la  latitude,  dont  les  déterminations,  suivant 
l'auteur  de  la  Note,  «  pourraient  être  incertaines  de  quelques  dixièmes  de 
«  seconde»;  tandis  que,  selon  moi,  l'incertitude  atteint  o", 7.  Or  une  telle 
incertitude  est,  de  nos  jours,  inacceptable  quand  il  s'agit  du  principal 
observatoire  d'une  grande  nation. 

»  Je  n'éprouve  pas  le  besoin  de  répondre  au  singulier  reproche  qui 
m'est  adressé,  celui  de  vouloir  entraîner  en  plaine,  tout  un  grand  obser- 
vatoire, dans  le  seul  but  de  déterminer  plus  exactement  la  latitude  de 
Paris. 

»  Si  je  propose  la  fondation  d'un  grand  établissement  astronomique, 
c'est  qu'une  longue  expérience  et  de  nombreuses  méditations  m'ont  con- 
vaincu de  l'impossibilité  d'accomplir,  dans  l'Observatoire  actuel,  les  tra- 
vaux qui  font  la  gloire  d'un  observatoire  de  premier  ordre.  En  provoquant 
un  déplacement  de  «  quelques  kilomètres  »,  j'ai  eu  en  vue,  non  de  trouver 
un  climat  un  peu  meilleur,  mais  d'échapper  aux  difficultés  inhérentes  à 
l'établissement  actuel.  J'ai  déjà  fait  remarquer  que  le  climat  de  Paris  n'est 
pas  inférieur  à  celui  des  principales  villes  de  Russie,  d'Angleterre  et  d'Al- 
lemagne, et  qu'il  permet  d'atteindre  une  liante  précision;  je  dois  faire 
remarquer,  en  outre,  qu'en  s'élablissant  à  un  niveau  plus  élevé  de 
100  mètres  que  celui  de  l'Observatoire  de  Paris,  on  échapperait  à  l'influence 
pernicieuse  des  basses  régions  de  l'atmosphère.  Si  le  climat  de  Paris  se 
trouvait  être  le  plus  favorable  que  l'on  pût  imaginer,  il  n'en  serait  pas 
moins  nécessaire  de  provoquer  la  translation  de  l'Observatoire  hors  de 
l'enceinte  d'une  ville  si  considérable. 

»  Les  opinions  que  je  viens  d'exprimer  ne  me  sont  pas  exclusivement 
personnelles;  mes  collègues  de  l'Observatoire  les  partagent. 


(    I I 02    ) 

»  Il  me  reste  à  repousser  une  assez  grave  imputation,  celle  d'avoir  tenu 
un  trop  faible  compte  des  respects  dus  aux  souvenirs  de  nos  devanciers. 
J'avais  pensé  la  prévenir  en  invoquant  des  précédents;  il  paraît  que  je  n'y 
ai  point  réussi.  Mais  je  dois  avouer  que  j';ii  été  encouragé  dans  mes  propo- 
sitions par  la  lecture  des  phrases  suivantes,  que  l'on  trouve  dans  les  Annales 
de  l'Observatoire  impérial  :  «  Si  la  Commission  ne  demande  pas  la  translation 
»  de  l'Observatoire,  c'est  qu'elle  espère,  etc.;  elle  fait  remarquer  que 
»  I'abandon  du  grand  bâtiment  centril,  si  improprement  appelé  l'Ob- 
»   servatoire,  ne  causerait  aucun  regret  aux  amis  de  l'Astronomie.  L'ima- 

»     GINATION  DU  PULLIC  A  BEAU  TVOIR  LE  SANCTUAIRE  DE  LA  SCIENCE,  LA  VÉRITÉ 

»  est  qu'on  n'y  a  jamais  fait  d'observations  suivies  ».  On  lit  encore,  dans 
une  communication  sur  le  même  sujet,  faite  à  l'Académie,  séance  du  1 1  no- 
vembre dernier  :  «  Dominique  Cassini,  appelé  d'Italie,  dirigea  les  obser- 
»  vations  vers  les  recherches  physiques,  et  les  dispositions  du  bâtiment 
»  furent  telles,  qu'il  n'a  jamais  servi  et  ne  pourra  servir  à  abriter  un  in- 
»  strument  de  précision.  On  sait  les  véhéments  reproches  adressés  à  Cas- 
»  sini,  par  notre  illustre  confrère  M.  Biot,  qui  allait  jusqu'à  déclarer  en 
»  toute  occasion  ,  que  la  venue  de  Cassini  en  France  avait  été  une 
»  calamité  pour  l'astronomie  de  notre  pats...  ».  En  présence  d'un 
tel  jugement,  le  respect  dû  aux  souvenirs  pourrait-il  donc  remonter  au 
delà  de  quatre-vingts  ans?  On  lit  plus  loin  :  «  Cassini  proposa  de  raser 
»  l'étage  supérieur,  dont  l'élévation  est  plus  nuisible  qu'utile  ».  Enfin 
la  Note  insérée  dans  le  dernier  Compte  rendu  contient  ce  passage  :  «  On 
»  gagnerait  beaucoup  à  cet  égard,  si  l'on  croyait  pouvoir  déraser  l'étage 
»   supérieur,  ainsi  que  l'avait  proposé  Cassini  dès  1786  ». 

»  Passant  sur  toutes  les  insinuations  étrangères  à  la  partie  scientifique 
du  sujet  qui  nous  occupe,  je  vais  maintenant  demander  à  l'Académie  la 
permission  de  lui  communiquer  une  Note  faisant  suite  au  Mémoire  que 
j'ai  lu  dans  la  dernière  séance.  » 

ASTRONOMIE.  —  De  la  nécessité  de  joindre  une  succursale  à  l'Observatoire 
de  Paris;  par  M.  Yvox  YiLLAitcEAC. 

a  1 /établissement  d'une  succursale  de  l'Observatoire  de  Paris,  dans  les 
conditions  qui  vont  être  définies,  me  parait  offrir  l'occasion  de  faire  faire 
un  grand  pas  à  l'Astronomie  de  précision.  C'est  ce  qui  résultera,  je  l'espère, 
des  considérations  suivantes. 

»   Dans  mon  précédent  Mémoire,  j'ai  montré  que  de  nouvelles  tenta- 


(  no3  ) 
tives  pour  perfectionner  les  instruments  astronomiques  seraient  à  peu  près 
sans  objet,  tant  qu'on  négligera  la  considération  des  influences  locales. 
Imaginons  que  l'on  établisse  des  instruments  méridiens  les  plus  perfection- 
nés, dans  la  localité  jugée  la  plus  favorable,  et  que  des  observateurs  très- 
exercés  y  fassent  l'application  des  meilleures  métbodes  pour  la  détermina- 
tion des  positions  des  étoiles  dites  fondamentales  ;  on  peut  être  certain  à 
l'avance,  que  les  résultats  obtenus  dans  ces  conditions  seront  d'une  préci- 
sion supérieure  à  celle  que  l'on  peut  atteindre  à  l'Observatoire  de  Paris, 
cet  Observatoire  ne  possédant  pas  les  instruments  méridiens  les  plus  per- 
fectionnés et  se  trouvant  établi  dans  des  conditions  locales  défavorables. 
Une  exactitude  donnée  ne  s'y  obtiendrait  qu'au  prix  d'un  bien  plus  grand 
nombre  d'observations. 

>>  Mais,  quand  on  aura  ainsi  obtenu  la  précision  requise,  ou  même  atteint 
la  limite  de  précision  résultant  de  l'impossibilité  d'échapper  complètement 
aux  influences  atmosphériques,  sera-t-on  également  certain  d'avoir  utilisé 
toute  la  précision  des  instruments  et  des  méthodes?  Cela  est  tout  au  moins 
douteux.  En  effet,  bien  que  la  partie  accidentelle  des  erreurs  dues  aux 
influences  locales  s'élimine  de  la  moyenne  d'un  grand  nombre  d'observa- 
tions, il  faut  cependant  reconnaître  que  cette  moyenne  devra  conserver  des 
traces  des  influences  prédominantes  :  l'accord  dans  les  moyennes  partielles 
de  plusieurs  années  d'observations,  s'il  existe,  prouvera  simplement  que  la 
cause  prédominante  a  agi  avec  la  même  efficacité.  Comment  donc  s'assurer 
du  degré  de  précision  obtenu?  Je  n'aperçois  d'autre  solution  de  ce  pro- 
blème, que  celle  qui  consiste  à  faire  exécuter  le  même  genre  d'observations, 
dans  une  autre  localité  aussi  différente  que  possible  de  la  première,  au  point 
de  vue  des  circonstances  atmosphériques  et  locales.  La  précision  des  instru- 
ments, des  méthodes,  et  l'exactitude  des  observateurs  devraient  être  égales 
des  deux  côtés.  On  sent  qu'un  pareil  but  ne  saurait  être  atteint  par  la 
comparaison  des  observations  faites  dans  deux  observatoires  indépendants 
l'un  de  l'autre.  Que  de  difficultés  n'aurait-on  pas  à  vaincre  s'il  fallait  déci- 
der un  autre  observatoire  à  abandonner  le  cours  de  ses  travaux,  pour  entrer 
dans  une  nouvelle  voie  de  recherches! 

»  Si  l'on  accepte  ce  nouveau  point  de  vue,  on  trouvera  que  la  succur- 
sale créée  à  Marseille  ne  doit  pas  seulement  servir  à  l'établissement  des 
grands  appareils  astronomiques  qui  ne  pourraient- fonctionner  utilement  à 
Paris,  mais  qu'il  faut  encore  que  Paris  et  sa  succursale  soient  dotés  d'un 
système  d'instruments  méridiens  perfectionnés  et  destinés  à  fonctionner  en- 
semble, dans  les  meilleures  conditions  locales  possibles  ;  ce  qui  implique, 


(   iro4  ). 
dans  ma  conviction,  la  nécessité  du  transfert  de  l'Observatoire  hors  de 
Paris. 

»  Tel  paraît  être  le  senl  moyen  de  résoudre  les  difficultés  qui  s'opposent 
aujourd'hui  aux  progrès  de  l'Astronomie  de  précisioxi.  Que  plusieurs  cou- 
ples d'établissements  astronomiques  soient  semblablement  installés  chez 
nos  voisins,  qu'ils  soient  institués  sur  des  bases  différentes,  en  ce  qui 
concerne  les  instruments,  et  l'on  reconnaîtra  si  les  observations  conservent, 
ou  non,  quelques  traces  d'erreurs  systématiques  que  l'on  aurait  négligées. 
Alors,  sans  doute,  on  pourra  atteindre  le  degré  de  précision  que  la  condi- 
tion d'observer  au  travers  de  l'atmosphère,  et  par  des  températures  inces- 
samment variables,  ne  permettra  jamais  de  dépasser.  Tout  nous  autorise  à 
penser  qu'en  appliquant,  dès  à  présent,  les  méthodes  connues  d'investiga- 
tion, ce  résultat  serait  bien  près  d'être  obtenu.  Essayons  d'en  caractériser 
l'importance. 

»  Les  astronomes  savent  que  dans  la  plupart  des  recherches  de  méca- 
nique céleste  ou,  tout  au  moins,  d'astronomie  stellaire,  on  néglige  d'avoir 
égard  aux  observations  antérieures  à  l'époque  de  Bradley  ;  c'est  qu'en  effet, 
le  défaut  de  précision  de  ces  observations  n'est  pas  compensé  par  la  gran- 
deur du  temps  qui  nous  en  sépare.  Par  la  même  raison,  les  observations 
de  Bradley  seront  abandonnées  à  leur  tour,  dès  que  les  astronomes  seront 
en  possession  d'observations  tellement  précises,  que  l'infériorité  relative 
des  observations  de  Bradley  ne  soit  plus  rachetée  par  leur  ancienneté. 
Est-ce  à  dire  que  toutes  les  anciennes  observations  soient  successivement 
destinées  à  ne  plus  servir  de  base  aux  calculs  astronomiques?  Évidemment 
non  ;  car  dès  l'instant  où  la  limite  de  précision  sera  atteinte,  toutes  les  ob- 
servations qui  jouiront  de  cette  précision  seront  appelées  à  contribuer  indé- 
finiment aux  progrès  des  théories  astronomiques. 

»  L'époque  où  ces  importants  résultats  seront  acquis  à  la  science  est 
peut-être  encore  éloignée;  mais  l'établissement  de  succursales  telles 
que  je  viens  de  les  définir  paraît  offrir  la  voie  la  plus  rapide  de  les  réa- 
liser. » 

M.   Delaunay  ht  la  Note  suivante  : 

«  Lundi  dernier,  après  avoir  donné  lecture  d'une  Note  très-courte  [voir 
ci-dessus,  p.  1082),  j'ai  ajouté  quelques  explications  verbales,  en  décla- 
rant que  je  ne  les  insérerais  pas  au  Compte  rendu.  J'ai  parlé  notamment  de 
la  découverte  de   la  910  petite   planète.   Rappelant    la  Note  par  laquelle 


(  no5  ) 
M.  Le  Verrier  a  annoncé  cette  découverte  à  l'Académie  (séance  du  5  no- 
vembre 1866)  j'ai  dit  :  ■<  Qui  n'eût  cru,  d'après  cette  Note,  que  la  planète 
avait  élé  découverte  par  M.  Stéphan?  Et  cependant  il  n'en  est  rien;  elle  a 
été  trouvée  par  un  jeune  observateur  dont  M.  Le  Verrier  n'a  pas  voulu 
nous  faire  connaître  le  nom.  » 

»  Cette  assertion  a  causé  une  stupéfaction  générale,  et  a  été  accueillie 
par  des  marques  visibles  d'incrédulité. 

»  M.  Le  Verrier,  loin  de  démentir  le  fait,  a  eu  la  prétention  de  le  justi- 
fiera l'aide  d'une  théorie  étrange  qu'il  n'a  pas  craint  de  livrer  à  la  publi- 
cité en  ces  termes  : 

'<  M.  Delaunay,  qui  tient  absolument  à  ne  pas  laisser  chômer  la  discus- 
»  sion,  introduit  une  nouvelle  plainte  fondée  sur  ce  que,  dans  une  récente 
»  occasion,  M.  Le  Verrier  n'aurait  pas  nommé  la  personne  qui,  dans  notre 
»  succursale  de  Marseille,  a  rencontré  la  gie  petite  planète.  On  a  dit  très- 
»  nettement,  au  sujet  de  la  8c/,  qu'elle  avait  été  trouvée  par  M.  Stéphan, 
»  notre  savant  et  zélé  collaborateur,  placé  à  la  tète  des  travaux  de  la  suc- 
»  cursale.  C'est  par  un  parti  très-arrêté  qu'on  en  a  agi  autrement  au  sujet 
»  de  la  91e.  La  recherche  des  petites  planètes  et  des  comètes  a  été,  en 
»  effet,  organisée  à  l'Observatoire  de  Marseille  de  telle  manière  que  des 
»  personnes  n'ayant  aucune  connaissance  en  astronomie  peuvent  v  être 
»  employées.  Ces  personnes  ont  droit  à  un  traitement  proportionné  à  leur 
»  zèle,  et  ce  serait  leur  rendre  un  mauvais  service  à  elles-mêmes  que  de 
»  les  poser  en  lace  du  public  comme  étant  des  astronomes.  Il  est  de  notre 
»  devoir  de  ne  reconnaître  comme  tels  que  ceux  qui  ont  une  instruction 
»   suffisante  et  qui  savent  marcher  seuls.  » 

»  Ainsi  M.  Le  Verrier  nous  apprend  qu'il  emploie  à  Marseille,  pour  les 
observations,  des  jeunes  gens  n'ayant  aucune  connaissance  en  astronomie; 
que  ces  jeunes  observateurs  ne  peuvent  même  pas  aspirer  au  titre  d'astro- 
nomes. Leur  rôle,  qui  consiste  à  faire  des  découvertes  dans  le  ciel  pour  le 
compte  de  l'Observatoire,  rappelle  le  fameux  sic  vos  non  vobis  du  poète. 

«  La  doctrine  exposée  par  M.  Le  Verrier  dans  cette  circonstance  est  vé- 
ritablement une  énormité.  J'affirme  qu'on  ne  trouverait  pas  dans  le  monde 
entier  un  seul  directeur  d'observatoire  qui  consentît  à  se  compromettre  au 
point  de  lui  donner  son  approbation.  Si  j'ai  pris  la  parole  aujourd'hui,  ce 
n'est  pas  pour  perpétuer  la  discussion,  comme  paraît  le  croire  M.  Le  Ver- 
rier ,  mais  c'est  pour  qu'on  ne  s'imagine  pas  à  l'étranger  qu'il  ne  s'est  élevé 
au  sein  de  notre  Académie   aucune   protestation  contre  la   façon  dont   le 

C.  R.,  18G7,  Ie  Semestre.  (T.  LX.V,   IN"  27.)  r44 


(   no6  ) 
Directeur  de  notre  premier  établissement  astronomique  entend  faire  pro- 
spérer la  science.  » 

«  M.  Le  Verrier,  venu  d'assez  bonne  heure  à  la  séance,  regrette  qu'on 
n'ait  pas  pu  l'attendre  pour  reprendre  les  questions  en  discussion,  puis- 
qu'on jugeait  opportun  de  le  faire  (t).  Il  ne  connaît  que  la  fin  du  discours 
de  M.  Delannay,  et  ne  voit  pas  dans  l'exagération  des  mots  et  des  phrases 
une  raison  de  répondre  de  nouveau  à  des  arguments  déjà  réfutés.  On  main- 
tient le  droit,  pour  le  Directeur  d'un  observatoire,  d'appliquer  à  la  révision 
ordinaire  des  parties  du  ciel  de  simples  employés.  M.  Delaunay  donne 
d'ailleurs  l'exemple  en  appelant  à  son  secours,  pour  la  théorie  de  la  Lune, 
d'honorables  géomètres  dont  il  ne  nous  a  pas  encore  dit  les  noms. 

»  Du  reste,  le  débat  s'agrandit,  et,  d'un  autre  côté,  on  propose  de  sup- 
primer, non  plus  le  Directeur,  mais  l'Observatoire  lui-même,  de  le  raser 
et   d'en  vendre  l'emplacement  à  tant  le  mètre!  Cela  produira  des  millions! 

»  L'Académie  n'approuverait  pas  sans  doute  que  je  désertasse  cette  seconde 
partie  du  débat,  la  seule  importante,  et  que  je  fisse  défaut  à  la  défense  du 
grand  établissement  national  fondé  en  même  temps  que  l'Académie,  et  par 
Elle,  il  y  a  juste  deux  siècles.  On  m'excusera  donc  de  reprendre  la  parole 
autant  qu'il  sera  nécessaire.  Nous  regretterions  seulement  que  cette  seconde 
discussion,  entièrement  impersonnelle,  ne  conservât  pas  son  caractère  pu- 
rement scientifique.  Afin  de  le  lui  garder  autant  qu'il  est  en  nous,  nous  ne 
considérerons  que  la  nature  des  arguments  qui  pourront  venir  de  divers 
points,  et  nous  y  répondrons  sans  nous  occuper  de  leurs  auteurs.  Nous 
serions  heureux  que  nos  contradicteurs  voulussent  bien  en  user  de  même  à 
notre  égard. 

»  Nous  avons,  dans  la  séance  du  23  décembre  [Comptes  rendus,  p.  1073), 
fait  connaître  notre  opinion  au  sujet  de  la  question  soulevée.  Nous  ne 
voulons  pas  de  la  destruction  de  l'Observatoire  de  Paris;  il  est  possible  d'y 
conserver  avec  avantage  la  plus  grande  partie  de  nos  entreprises,  et  c'est 
dans  le  Midi,  dans  l'établissement  créé  à  cet  effet,  qu'il  faut  effectuer  les 
recherches  réclamant  un  ciel  pins  pur.  Nous  avons  donné  nos  raisons  avec 
un  développement  suffisant,  et  nous  n'avons  quant  à  présent  qu'à  répondre 


(1)  C'est  même  seulement  le  lendemain  de  la  séance  qu'un  confrère  a  appris  à  INI.  I.e 
Verrier  qu'on  était  aussi  revenu  sur  la  question  du  transport  de  l'Observatoire,  mais  sans 
pouvoir  lui  dire  en  quoi.  On  ne  s'étonnera  donc  pas  s'il  n'a  pu  répondre  aux  nouveaux 
points  qu'on  avait  pu  toucher,  puisqu'il  les  ignore. 


(   "°7  ) 
à  quelques  objections  que   nous   rencontrons  dans  le   mèine  numéro  26 
du  Compte  rendu. 

»  i°  On  assure  (p.  1060)  que  «  dans  la  communication  qu'il  a  faite  à 
»  l'Académie,  séance  du  11  novembre  18(37,  ^-  ^e  Verrier  a  présenté  la 
»  question  du  déplacement  de  notre  principal  établissement  astronomique, 
«  comme  résultant  d'incompatibilités  entre  les  exigences  des  travaux  de 
»  l'Observatoire  et  les  projets  de  la  ville  de  Paris.  »  Or,  comme  le  23  dé- 
cembre suivant  nous  avons  combattu  l'idée  du  transfert  de  l'Observatoire, 
on  se  donnerait  ainsi  la  satisfaction  de  nous  mettre  en  contradiction  avec 
nous-mème. 

»  L'assertion  est  inexacte  et  la  contradiction  n'existe  pas.  Il  n'y  a  pas,  en 
effet,  dans  l'article  du  1 1  novembre  un  seul  mot  qui  puisse  laisser  croire 
que  je  voulusse  du  transfert.  Loin  de  là,  je  termine  cet  article  comme  il 
suit  :  «  Nous  nous  sommes  occupé  des  moyens  de  tirer  parti  de  la  situation 
»  nouvelle,  de  manière  que  l'Astronomie  n'ait  pas  à  en  souffrir.  Nous  croyons 
»  y  être  parvenu.  »  C'eût  été,  on  en  conviendra,  un  singulier  moyen  de  tirer 
parti  d'un  établissement  que  de  le  détruire.  Au  reste,  l'auteur  de  cet  argu- 
ment inexact  et  personnel  connaissait  parfaitement  nos  intentions. 

»  i°  On  assure  qu'il  serait  impossible  de  déterminer  la  latitude  à  l'Obser- 
vatoire de  Paris,  qu'on  la  trouve  sans  doute  trop  faible  d'un  quart  de  seconde 
en  janvier  et  trop  forte  de  la  même  quantité  en  juillet.  Et  l'on  présente  à 
l'appui  de  cette  opinion  un  relevé  que  M.  Le  Verrier,  à  la  requête  de  l'au- 
teur de  l'objection,  aurait  fait  préparer  mois  par  mois  des  goo  valeurs  de  la 
latitude  obtenues  au  Cercle  de  Gambey  pendant  six  années. 

»   Il  y  a  là  plus  d'une  erreur. 

»  Le  relevé  dont  il  s'agit  a  été  fait  lorsqu'on  a  calculé  la  latitude  résultant 
des  observations  de  six  années,  et  sur  une  demande  adressée  par  le  dépôt 
de  la  Marine.  Je  voulus  savoir  si  la  saison  exerçait  une  influence  sur  la 
valeur  déterminée  pour  la  latitude.  Un  examen  préliminaire,  incomplet, 
suffit  pour  montrer  que  la  saison  n'avait  aucune  influence  sérieuse,  et  il 
fut  dès  lors  mis  de  côté. 

»  C'est  cette  pièce  qui,  plusieurs  années  après,  a  été  communiquée  à 
l'auteur  de  l'objection  sur  sa  demande,  pièce  bonne  pour  le  but  que  nous 
nous  nous  étions  proposé,  mais  insuffisante  pour  toute  autre  conclusion. 
Nous  ne  l'avons  pas  publiée,  et  nous  devons  regretter  qu'on  en  ait  fait  cet 
usage  sans  notre  assentiment,  puisqu'on  nous  a  ôté  ainsi  l'occasion  de 
prévenir  que  cette  étude  aurait  eu  besoin  d'être  complétée  avant  d'être 
présentée  à  l'Académie. 

144.. 


(    no8  ) 

»  Admettons  au  reste,  si  on  le  veut,  cette  différence  d'un  quart  de 
seconde  sur  lu  latitude  mesurée  en  janvier.  Il  faut  qu'on  sache  que  ce 
quart  de  seconde  n'est  pas,  sur  la  circonférence  du  Cercle  de  Gambev,  la 
huit-centième  partie  d'un  millimètre,  qu'il  représente  moins  de  huit  mètres 
sur  la  surface  de  la  Terre,  et  qu'à  ce  point  on  atteint  aux  dernières  limites 
d'exactitude  dont  on  puisse  répondre.  Dans  la  construction  du  Cercle,  dans 
la  variation  de  la  ligne  de  collimation  avec  la  température,  dans  la  varia- 
tion des  flexions,  dans  la  disposition  de  la  salle  méridienne,  dans  les  erreurs 
des  catalogues,  on  peut  trouver  l'explication  de  différences  aussi  minimes 
sans  avoir  à  faire  peser  cette  terrible  accusatiou  sur  la  situation  topogra- 
phique de  l'Observatoire. 

»  3°  On  ajoute,  du  reste  (p.  1068),  «  qu'on  n'obtiendra  la  vraie  latitude 
»  de  l'Observatoire  de  Paris  qu'en  s'installant  successivement  à  quelque 
»    distance  de  la  ville,  dans  deux  ou  trois  localités.    » 

»  Mais  s'il  en  était  ainsi,  il  est  bien  clair  qu'une  fois  le  nouvel  Observa- 
toire construit,  il  faudrait  encore  s'en  aller  dans  deux  ou  trois  autres  loca- 
lités pour  en  déterminer  la  latitude,  et  dès  lors  pourquoi  ne  pas  le  faire  de 
suite  pour  l'Observatoire  de  Paris  même? 

»  Nous  le  laisserons  faire  si  on  le  désire,  et  nous  déclarons  qu'on  est, 
en  ce  qui  nous  concerne,  parfaitement  libre  d'entreprendre  de  suite  cette 
opération,  afin  de  profiter  de  l'hiver  pour  en  varier  les  conditions.  Mais 
nous  ne  la  prescrirons  pas,  attendu  que  son  utilité  nous  paraît  douteuse, 
et  que  nous  ne  nous  engagerions  pas  à  substituer  le  résultat  ainsi  obtenu  à 
la  latitude  aujourd'hui  bien  déterminée. 

»  4°  Ija  comète  de  1861,  dit-on,  a  été  observée  à  Athènes  lorsque  déjà 
la  faiblesse  de  sa  lumière  ne  permettait  pas  de  la  voir  à  Paris  (p.  1069). 

»  Aucun  exemple  ne  pouvait  être  mieux  choisi  pour  montrer  tout  le 
contraire  de  ce  que  l'auteur  de  l'objection  veut  établir.  Les  observations 
de  la  comète  ont  été  interrompues  par  le  mauvais  temps  et  non  par  1  éclat 
de  l'atmosphère. 

»  La  comète  de  1861  a  été  suivie  avec  le  plus  grand  soin  depuis  le  mois 
de  juillet  jusqu'à  la  fin  de  décembre  par  M.  Lœvy  et  par  moi.  Nous  en 
avons  encore  fait  chacun  six  observations  en  décembre.  Déjà  nous  men- 
tionnons en  ce  mois  que  l'état  presque  toujours  défavorable  du  ciel  a  rendu 
l'observation  très-difficile,  et  plus  tard  il  l'a  rendue  tout  à  fait  impossible, 
comme  on  va  le  voir. 

»  L'observation  ne  pouvait  avoir  lieu,  chaque  jour,  qu'après  le  coucher 
du  Soleil,  vers  6  heures  du  soir.   Nos  observations  météorologiques  nous 


(  i'°9  ) 
font  connaître  quel  a  été  à  cette  heure,  à  partir  du  28  décembre  1  861 ,  jour 
de  la  dernière  observation  de  la  comète,  l'état  du  ciel.  Le  voici  : 


Ciel  à 

Ci  heures  du  soir. 

1801 

Dec. 

29 
3o 

3i 

Couvert. 
Très- vaporeux. 

Couvert. 

18(52 

Janv 

1 
3 

Couvert. 
Couvert. 

3 

Beau,  vapeurs. 

(A  g  heures,  le  ciel  est  très-nuageux. 

4 

Couvert. 

5 

Couvert. 

6 

Couvert. 

7 

Couvert. 

8 

Couvert. 

9 

Couvert. 

10 

Couvert. 

1 1 

Couvert. 

Etc. 

»  Ainsi  donc  l'observation  de  la  comète  a  été  abandonnée,  parce  que  le 
ciel  était  couvert  ou  vaporeux.  On  sait  qu'on  n'observe  pas  une  comète 
faible  par  un  temps  brumeux. 

»  Il  est  très-vrai  qu'on  a  revu  ultérieurement  la  comète  à  Athènes,  ville 
plus  méridionale  que  Tans,  et  où  le  ciel  est  d'une  beauté  exceptionnelle. 
Ce  fait  a  été  pour  nous  un  enseignement;  nous  avons  compris  qu'il  fallait 
faire  observer  les  comètes,  à  la  (in  de  leur  apparition,  ailleurs  qu'a  Paris. 
Mais  nous  n'aurions  pas  atteint  notre  but  en  nous  en  allant  en  villégiature  à 
Fontenay-aux-Roses. 

»  Quand  on  se  rend  a  Marseille  par  l'express,  on  voit  la  transparence  du 
ciel  s'accroître  à  mesure  qu'on  progresse  vers  le  Midi,  et  à  mesure  aussi 
augmente  l'éclat  des  étoiles.  Marseille  est  plus  méridional  que  Paris  de  6  de- 
grés, et  Athènes  est  encore  plus  méridional  que  Marseille  de  5  autres  degrés. 
Si  l'on  veut  observer  les  comètes  plus  avant  dans  les  profondeurs  du  ciel, 
c'est  dans  le  midi  de  la  France  qu'il  faut  aller.  Or,  c'est  ce  qui  a  été  réalisé 
quand  on  a  organisé  à  Marseille  un  Observatoire  où  l'on  a  établi  le  télescope 
le  plus  puissant.  Les  intérêts  de  l'Astronomie  française  ont  été  bien  sauve- 
gardés. 

»  5°  On  aurait  prédit  (p.  1069)  qu'on  ne  découvrirait  plus  de  comètes 
télescopiques  à  l'Observatoire  de  Paris,  prévision,  dit-on,  réalisée  jusqu'ici. 

»   De  telles  pi  évisions  sont  vraiment  trop  faciles  pour  celui  qui  sait  qu'on 


(   iiio  ) 
ne  cherche  pas  de  comètes  à  l'Observatoire  de  Paris,  et  qu'on  n'y  en  doit 
pas  chercher,  non  plus  qu  à  Greeiiwich. 

»  La  venue  des  comètes  est  surveillée  avec  un  très-grand  soin  dans  di- 
verses contrées, et  la  découverte  appartiendra  toujours  à  ceux  qui,  après  une 
suite  de  mauvais  jours,  auront  les  premiers  l'éclaircie  du  ciel.  Or,  cène 
sont  pas  nos  régions  de  l'ouest  qui  jouissent  de  cette  faveur,  et  voilà  pour- 
quoi les  fonctionnaires  qui  seraient  chez  nous  employés  à  la  recherche 
des  comètes  perdraient  leur  temps  à  Paris  et  le  perdraient  tout  aussi  bien 
à  Fontenay.  Nous  avons  organisé  la  recherche  des  comètes  là  où  elle  était 
possible,  c'est-à-dire  à  Marseille,  où  on  en  a  déjà  découvert  une.  Nous 
demandons  instamment  qu'on  ne  vienne  pas  mettre  le  trouble  dans  cette 
bonne  organisation  fondée  sur  la  division  du  travail,  en  raison  des  lieux  et 
des  aptitudes  individuelles. 

»  6°  Lés  terrains  de  l'Observatoire  actuel,  dit-on,  sont  estimés  valoir  4 
à  5  millions.  On  les  vendra  soit  à  la  Ville,  soit  aux  particuliers....  Avec  le 
prix  ou  construira  entre  autres  à  Fontenay  des  logements  pour  les  obser- 
vateurs et  les  calculateurs  en  titre...  (une  maison  par  personne,  tel  serait 
le  projet,  assure-t-on  d'une  autre  part). 

»  Nous  avons  protesté,  nous  protestons  de  nouveau  contre  ce  vanda- 
lisme, sans  nier  que  cet  établissement  de  petites  maisons  de  campagne  n'ait 
dû  rallier  plus  d'un  suffrage. 

»  Si  l'on  veut  bien  rapprocher  ces  réponses  de  l'article  inséré  par  nous 
dans  le  numéro  précédent,  p.  1073,  on  verra  que  nous  avons  réfuté  tous  les 
arguments  apportés  jusqu'ici.  Nous  continuerons  dans  le  prochain  numéro, 
s'il  y  a  lieu,  à  l'égard  des  arguments  de  même  nature  qui  pourraient  se  trou- 
ver dans  le  numéro  actuel,  arguments  que  nous  ne  connaissons  pas  en  ce 
moment  et  contre  lesquels  ce  qui  précède  permet  de  se  mettre  en  garde.  » 

«  M.  Yvox  Villarceait  demande  à  l'Académie  la  permission  de  remettre 
sa  réponse  à  l'époque  où  M.  Le  Verrier  aura  formulé  les  objections  que 
pourra  lui  suggérer  le  Mémoire  lu  dans  la  séance  de  ce  jour.  » 

PHYSIQUE  DU  GLOBE.    —   Sur  le  tremblement  de  terre   du  18  novembre  1807 
aux  Antilles;    par  31.  Ch.  Sainte-Claire  Deville. 

«  M.  Ch.  Sainte-Claire  Devilie  désire  ajouter  aux  renseignements  qui  ont 
été  donnés  sur  ce  phénomène  par  M.  Le  Verrier,  dans  la  séance  du  16  dé- 
cembre dernier,  quelques  détails  aux  extraits  de  pièces  imprimées  ou 
manuscrites  de  sa  correspondance. 


(  IIII  ) 

»  La  Lettre  de  M.  Gaillard,  citée  par  M.  Le  Verrier,  ne  s'appliquait 
qu'à  la  Pointe-à-Pître.  D'après  ce  document,  la  secousse,  quoique  faible, 
aurait  duré  deux  minutes  au  moins.  Cette  longueur,  relativement  considé- 
rable, du  phénomène  (le  grand  tremblement  de  terre  du  8  février  i8/j3, 
qui  a  détruit  l'a  Pointe-à-Pitre  de  fond  en  comble,  n'a  duré  que  io5  se- 
condes) ne  semble  pas  confirmée  par  les  autres  documents  venus  de  la 
Guadeloupe. 

»  Le  journal  le  Commercial,  de  la  Pointe-à-Pître,  dit  simplement  :  «  Nous 
»  avons  ressenti,  à  la  Pointe-à-Pitre,  une  ou  même,  dit-on,  deux  secousses 
»   de  tremblement  de  terre.  » 

»    Voici  l'extrait  de  deux  correspondances  de  la  Basse-Terre  : 

«  Nous  avons  eu  ici  un  phénomène  très-singulier.  Vers  3  heures  de 
»  l'après-midi,  la  mer  s'est  tout  à  coup  retirée  à  une  assez  grande  distance, 
»   et,  après  un  certain  temps,  elle  a  repris  son  niveau.  La  population  a  été 

»   très-effrayée  ;   mais  il  n'y  a  eu  aucun  mal Quelques  personnes  pré- 

»  tendent  avoir  senti  une  secousse  assez  violente.  » 

«  Un  phénomène  extraordinaire  s'est  produit  hier  sur  notre  rade.  La  mer 
»  s'est  enflée  sans  aucun  signe  extérieur  :  pas  de  lames,  pas  de  ressac.  Son 
»  niveau  s'est  élevé  environ  d'un  mètre  dans  l'espace  de  cinq  minutes,  et 
»  a  fait  flotter  plusieurs  canots  halés  sur  le  rivage.  Son  niveau  s'est  ensuite 
»  abaissé  pendant  à  peu  près  le  même  temps,  et  la  mer  s'est  retirée  de 
»  huit  à  dix  mètres  au  delà  de  sa  limite  ordinaire,  laissant  découverts  des 
»  espaces  qui  sont  toujours  submergés.  Le  même  phénomène  s'est  reproduit 
»  une  seconde  fois  dans  les  mêmes  conditions,   et  tout  a  repris  sa  place 

»  accoutumée J'ai  assisté  à  ce  spectacle,  j'en  ai  saisi  toutes  les  phases, 

»   et  j'eslime  que  la  différence  des  niveaux  extrêmes  n'a  pas  été  moindre  de 

»   deux  mètres Quelques  personnes  en  ville  assurent  avoir  ressenti  un 

»   tremblement  de  terre  à  peu  près  à  la  même  heure.  » 

»  Dans  le  port  de  la  Pointe-à-Pitre,  le  déplacement  relatif  de  la  mer  et 
de  la  côte  a  été  encore  moindre,  puisque,  d'après  M.  Gaillard,  «  c'est  à 
»  peine  si  un  faible  gonflement  s'y  est  fait  sentir.  » 

»  Il  en  a  été  tout  autrement  dans  le  nord  de  l'île.  Un  habitant  de 
Sainte-Rose  (M.  Gibault)  écrit  :  «  Aujourd'hui,  vers  3  heures  de  l'après- 
»  midi  (plus  exactement  à  31'  i8m,  d'après  M.  Gaillard),  la  mer  s'est  subi- 
»  tement  retirée  à  plus  d'une  centaine  de  mètres  du  littoral  ;  ce  retrait  fut 
»  précédé  de  légères  oscillations  de  tremblement  de  terre,  dont  la  durée 
»  peut  être  estimée  à  cinq  ou  six  secondes.  Puis,  soudain,  une  première  lame, 


(     IH2    ) 

»  d'an  moins  60  pieds  d'élévation,  se  levant  au  nord  à  3  milles  à  peu 
»  près  au  large,  a  roulé  violemment  vers  la  terre,  où  elle  est  venue  se 
«  briser,  immergeant  tout  le  littoral  et  inondant  les  maisons  qui  s'y 
«    trouvent  placées.  Embarcations  tirées  à  terre,  filets,  bois,  matériaux,  etc., 

11    tout    partit  alors  en   dérive Une  seconde   et   une   troisième  de   ces 

»  énormes  lames,  roulant  du  nord  au  sud,  suivirent,  à  de  courts  inter- 
»    valles,  la   première,  renversant  tout  sur  leur  passage.    » 

»  De  Deshaies,  placé  aussi  dans  le  nord  de  l'île,  on  écrit  :  «  Grand 
»  désastre!  La  mer  a  ravagé  et  enfoncé  presque  toutes  les  maisons  du 
»  bourg...;  il  n'est  plus  possible  d'avoir  du  pain  :  les  habitants  sont 
»    réfugiés  dans  l'église.    » 

»  Les  petites  îles  des  Saintes,  situées  au  sud  de  la  Guadeloupe,  ont 
aussi  éprouvé  avec  une  certaine  violence  ce  déplacement  de  la  mer,  ainsi 
qu'il  résulte  de  la  Lettre  de  M.  Gaillard  à  M.  Le  Verrier,  et  comme  l'at- 
teste l'extrait  suivant  d'une  correspondance.  «  Toute  la  partie  du  Fond- 
»  du-Curé  a  été  submergée;  l'eau  a  envabi  les  maisons  à  une  hauteur 
»  d'un  mètre  et  les  habitants  se  sont  enfuis  devant  cette  marée  montante.  » 
Il  n'y  est  pas  fait  mention  du  tremblement  de  terre.» 

»  Bien  que  ces  extraits,  ajoute  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville,  n'aient 
peut-être  pas  un  caractère  exclusivement  scientifique  et  présentent  quel- 
que vague,  on  en  peut  certainement  conclure  que,  dans  le  groupe  des  îles 
delà  Guadeloupe,  le  phénomène  capital  a  été,  le  18  novembre  dernier, 
le  changement  relatif  de  niveau  des  terres  et  de  la  mer,  et  que  l'ébranlement 
du  sol  a  été  très-faible.  Il  en  avait  été  tout  autrement  lors  du  tremblement 
de  terre  du  8  février  i8/|3,  qui  n'a  pas  laissé  à  la  Pointe-à-Pître  une  seule 
maison  debout.  Le  sol  avait,  pendant  io5  secondes,  subi  des  mouvements 
très-violents  d'oscillation  et  c!e  trépidation  :  mais  la  mer,  tout  en  subis- 
sant et  transmettant  la  secousse  (1),  avait  à  peine  paru  se  mouvoir  par 
rapporl  à  la  côte. 


(1)  On  me  permettra  de  citer  ici  quelques  lignes  du  Mémoire  que  j'ai  publie,  en  i<Sj  >,  .1 
la  Basse-Terre,  sous  l'impression  tonte  récente  de  l'événement  :  *  La  mer  a  subi  et  transmis 
•>  avec  assez,  de  violence  le  mouvement  imprimé  au  sol.  Les  personnes  qui  étaient  en  rade 
»  ou  à  proximité  de  terre  l'ont  toutes  ressenti  et  ont  comparé  l'impression  produite  à 
»  celle  qu'on  éprouve  lorsqu'un  navire  touche.  On  cite  même  une  goélette  qui,  se  trouvant 
»  à  peu  de  distance,  sous  le  vent  de  la  Guadeloupe,  aurait,  dit-on,  été  choquée  assez  forte- 
1.    ment  pour  avoir  fait  de  légères  avaries. 

»  Néanmoins,  le  mouvement  de  la  mer  sur  les  côtes  a  été,  eu  somme,  assez  faible,  même 
»   à  la  Pointe-à-Pitre.  L'eau  a  envahi  à  peine  de  quelques  pas  les  quais  de  la  ville,  qui  étaient 


(  »i3  ; 

»  Le  tremblement  de  terre  du  18  novembre  dernier  a,  comme  on  sait, 
été  extrêmement  violent  dans  les  îles  Sons-le- Vent,  à  partir  des  îles  Vierges, 
et  dans  tontes  les  grandes  Antilles.  Voici  un  extrait  d'une  Lettre  écrite  de 
Saint-Thomas  par  un  des  notables  négociants  de  l'île,  M.  Laferrière,  en  date 
du  21  novembre  : 

«  Le  18,  à  3  heures  de  l'après-midi,  un  violent  tremblement  de  terre 
»  menaçait  de  nous  engloutir  et  venait  achever  l'œuvre  de  destruction 
»  commencée  le 29  octobre  (jour  de  l'épouvantable  ouragan  cpii  a  fait  tant 
»  de  ruines  aux  Antilles).  Nous  n'avons  eu  que  le  temps  de  nous  jeter  sur 
»  le  warf  (quai),  où,  pour  rester  debout,  il  fallait  se  tenir  étroitement 
»  embrassés.  Notre  magasin  se  brisait  partout;  plusieurs  magasins  s'effon- 
»  draient,  presque  toutes  les  maisons  étaient  lézardées.  La  ville  présentait 
»  une  scène  de  désolation,  tout  le  monde  fuyant  sur  les  mornes  pour  se 
»  mettre  à  l'abri  des  secousses,  qui  se  répétaient  de  cinq  en  cinq  minutes 
»  pendant  les  premières  vingt-quatre  heures.  Depuis  hier,  elles  se  ralentissent 
<•  et  n'ont  plus  la  même  violence  (1)...  Ce  qui  a  contribué  à  augmenter 
>>  la  terreur,  c'est  que,  un  quart  d'heure  après  la  grande  secousse  de 
»  3  heures,  la  mer  produisit  à  l'entrée  de  la  rade  une  barre  écumanle  de 
»  plus  de  100  mètres  de  hauteur  (?),  qui  se  précipitait  sur  la  ville  comme 
»  une  avalanche,  chassant  navires,  embarcations  et  tout  sur  son  passage. 
»  Heureusement,  le  flot,  brisé  par  les  roches  blanches  cpii  sont  au  milieu 
»   de  la  passe,  s'est  amorti.    Pourtant  la  mer  sautait  par-dessus  les  quais, 

»  cependant  peu  élevés  au-dessus  de  son  niveau.  »  Il  en  avait  été  de  même  à  la  Basse-Terre, 
aux  Saintes,  à  la  Dominique,  à  Antigua,  etc. 

(1)  Les  Lettres  arrivées  depuis  lors  de  Saint-Thomas  mentionnent  la  prolongation  de  ces 
faibles  secousses.  Voici  l'extrait  d'une  Lettre  écrite  de  Saint-Thomas,  par  M.  de  Aldecoa  : 
0  Depuis  le  grand  tremblement  de  terre  du  18  novembre,  des  secousses  au  nombre  de  dix 
»  à  douze,  par  jour,  ont  eu  lieu  jusqu'au  Ier  décembre.  Alors  elles  ont  redoublé  d'intensité, 
»  et  ont  graduellement  diminué  jusqu'au  12  :  ce  jour,  trois  secousses  très-violentes  se  sont 
»  fait  sentir  et  toute  la  population  a  fui  ses  foyers.  Le  i3,  rien;  pendant  la  nuit  suivante, 
»  quelques  mouvements.  »  Un  télégramme  du  16,  arrivé,  par  voie  de  la  Havane,  à  Paris 
le  a4  décembre,  annonce  que  les  secousses  continuent,  mais  avec  moins  de  force. 

Les  mêmes  phénomènes  se  sont  produits  à  Puerto-Rico,  et  principalement  dans  les  parties 
nord  et  est  de  l'île.  A  San-Juan,  le  château  du  gouverneur  menaçant  ruines,  a  dû  être  dé- 
moli dans  sa  partie  supérieure,  comme  aussi  le  clocher  de  la  cathédrale.  A  Ponce  (côte  sud 
de  l'île),  sur  80  cheminées  de  sucreries,  70  sont  tombées.  Les  autres  sont  endommagées... 
A  Arroyo,  le  18  novembre,  la  mer  a  présenté  le  même  phénomène  qu'à  Saint-Thomas... 
L'eau  des  rivières  dans  l'île  s'est  élevée  de  trois  à  cinq  pieds. 

C.  R..  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  27.  l/|5 


(  >"4  ) 

»  entrant  dans  tous  les  magasins  à  une  hauteur  de  plusieurs  pieds,  avariant 
»  les  marchandises  et  traînant  au  milieu  de  la  grande  rue  les  chaloupes  et 
»  embarcations  de  navires.  » 

»  On  voit,  d'après  cet  extrait,  que,  dans  les  parages  des  îles  Vierges,  les 
deux  phénomènes  (agitation  du  sol  et  déplacement  relatif  du  niveau  de  la 
mer)  ont  été  concomitants  et  se  sont  fait  également  sentir. 

»  Dans  cette  courte  Note,  que  j'ai  présentée  surtout  pour  obéir  au  désir 
exprimé  par  le  Bureau  de  l'Académie,  qu'il  fût  fait  mention  de  ces  phé- 
nomènes dans  ses  Comptes  rendus,  je  ne  puis  songer  à  analyser  les  causes 
qui  influent  sur  le  développement  inégal,  dans  le  même  temps  ou  dans  le 
même  lieu,  de  ces  deux  manifestations  du  même  phénomène  :  inégalité  dont 
on  pourrait,  d'ailleurs,  citer  une  foule  d'exemples.  Je  désire  seulement  faire 
remarquer  que,  dans  cette  explication,  on  devra  tenir  compte  de  deux 
ordres  de  circonstances  possibles  :  i°  l'axe  de  propagation  du  tremblement 
de  terre  peut  tantôt  affecter  directement  les  terres  émergées,  tantôt  se  faire 
uniquement  sentirai!  sol  sous-marin  dans  leur  voisinage;  20  les  terres  ébran- 
lées peuvent  l'être  ou  par  un  simple  mouvement  d'oscillation  horizontale, 
ou  par  un  double  mouvement  d'oscillation  et  de  trépidation,  ou  menu' 
par  un  simple  mouvement  d'oscillation  dans  le  sens  vertical.  On  conçoit 
qu'une  bien  faible  secousse  dans  ce  dernier  sens,  une  secousse  à  peu  près 
imperceptible,  pourrait  amener  un  déplacement  relatif  assez  considérable 
entre  les  terres  émergées  et  l'eau  qui  les  entoure.  » 

physiologie  végétale.  —  Observations  sur  la  Note  présentée  à  l'Académie 
j>ar  M.  Van  Tieghem,  et  relative  à  la  respiration  des  plantes  aquatiques; 
par  M.  Lecoq. 

«  M.  Van  Tieghem  a  présenté,  dans  une  des  dernières  séances,  une 
Note  très-intéressante  sur  la  respiration  des  plantes  aquatiques.  Il  dit,  en 
terminant,  qu'il  désire  prendre  date  en  faisant  cette  présentation. 

»  J'ai  l'honneur  de  rappeler  à  l'Académie  que,  dans  sa  séance  du 
î>5  mai  18.57,  je  lui  ai  adressé  une  Note  sur  la  circulation  de  l'air  dans  les 
tubes aérif ères  des  plantes  aquatiques,  Note  dans  laquelle  une  partie  des  faits 
indiqués  par  M.  Van  Tieghem  ont  déjà  été  signalés  et  dans  laquelle  j'ai 
appelé  l'attention  des  physiologistes  sur  ce  curieux  phénomène.  Le  fait 
général  que  M.  Van  Tieghem  communique  à  l'Académie  sous  le  nom  de 
respiration  était  donc  connu  depuis  dix  ans  sous  le  nom  de  circulation. 

»  Mon  intention  n'est  pas  de  discuter  ici  sur  des  mots,  et  de  rechercher 


(  i"5  ) 
celui  qui  s'applique  le  mieux  aux  phénomènes  que  M.  Van  Tieghem  et 
moi  avons  observés,  mais  de  montrer  toute  l'importance  de  cette  question 
en  faisant  ressortir  les  différences  qui  existent  dans  les  détails  de  nos  expé- 
riences. Je  suis  persuadé  que  JM.  Van  Tieghem  ne  connaissait  pas  mes 
observations  sur  le  Myriophyllum  spicatum  et  sur  le  Potamogelon  crispum.  Les 
siennes  ont  eu  lieu  sur  YElodea  Cauariensis ,  sur  le  Ceralophyllum  demersum, 
sur  le  Potamocjeton  tucens,  etc. 

»  M.  Van  Tieghem  plonge  ses  plantes  dans  de  l'eau  cbargée  d'acide  carbo- 
nique, et  il  considère  le  gaz  qui  se  dégage  des  tubes  aérifères  comme  de 
l'oxygène  mêlé  d'un  peu  d'azote  (9  parties  d'oxygène,  1  partie  d'azote), 
oxygène  obtenu  sous  l'influence  des  rayons  solaires  par  la  réduction  de 
l'acide  carbonique  contenu  dans  l'eau.  Il  ajoute  que  les  effets  de  la  radia- 
tion solaire  peuvent  se  continuer  quelque  temps  après  que  la  plante  a  été 
soustraite  à  l'insolation. 

»  Il  est  regrettable  que  M.  Van  Tieghem  n'ait  pas  analysé  les  gaz  de  l'eau 
dans  laquelle  il  a  plongé  ses  plantes.  Cette  eau  pouvait  contenir  de  l'oxy- 
gène, et  il  n'est  pas  certain  que  ce  gaz,  dégagé  parles  plantes,  provienne  de 
la  décomposition  de  l'acide  carbonique.  Dans  mes  expériences,  l'eau  ne 
contenait  pas  d'acide  carbonique,  mais  de  l'air  composé  de  32,25  d'oxy- 
gène et  67,75  d'azote.  Mes  plantes  croissaient  naturellement  dans  cette 
eau,  et  les  gaz  recueillis  sortant  des  tubes  étaient  composés  de  : 

Pour  le  Potamogelon.  Pour  le  Myriophyllum. 

Oxygène 29,60  Oxygène 38,63 

Azote 70, 5o  Azote 61,37 

100,00  100,00 

»  J'ai  des  doutes  sur  la  décomposition  de  l'acide  carbonique  dans  les 
expériences  de  M.  Van  Tieghem  ,  car  j'ai  obtenu,  le  4  mai  1857,  du  Pota- 
mogelon crispum,  une  grande  quantité  de  gaz  par  un  temps  très-sombre  et 
un  ciel  très-couvert  succédant  à  la  nuit.  Il  n'y  avait  donc  pas  eu  excitation 
solaire  préalable.  Le  dégagement  de  gaz  augmenta  tout  à  coup  par  une 
pluie  d'orage  abondante  et  toujours  sans  soleil. 

»  Dans  le  Myriophyllum,  j'ai  vu  le  gaz  se  dégager  jusqu'à  minuit,  le 
5  mai  1857. 

»  Mes  observations  tendent  à  démontrer  que  le  parenchyme  des  plantes 
submergées  sépare  de  l'eau  l'air  qui  s'y  trouve  en  dissolution,  et  le  laisse 
ensuite  dégager  par  les  nervures  de  ces  mêmes  feuilles  en  quantité  consi- 
dérable. Le  dégagement  n'a  pas  lieu   aux  mêmes  heures  pour  toutes  le?. 

145.. 


(  '"6  ) 
plantes;  il  ne  dépend  pas  exclusivement  de  l'action  solaire,  et  il  y  a,  selon 
les  espèces,  une  sorte  de  sélection  dans  les  gaz  de  l'eau,  puisque  le  gaz  dé- 
gagé du  Potamogelon  contient  moins  d'oxygène  que  le  gaz  de  l'eau,  et  que 
celui  du  Myriophyllum  en  contient  plus. 

»  Mes  observations  n'infirment  en  rien  les  résultats  obtenus  par  M.  Van 
Tieghem  ;  elles  prouvent  seulement  que  cliaque  espèce  de  plante  submer- 
gée a  sa  manière  propre  de  se  comporter  avec  les  gaz  contenus  dans  l'eau, 
et  que  l'étude  de  ce  genre  de  phénomènes  est  loin  d'être  épuisée.   » 

M.  Lecoq,  en  adressant  à  l'Académie  l'ouvrage  qu'il  vient  de  publier 
sur  «  les  époques  géologiques  de  l'Auvergne  »,  joint  à  cet  envoi  la  Lettre 
suivante  : 

«  J'ai  l'honneur  d'offrir  à  l'Académie  un  travail  que  je  viens  de  termi- 
ner, et  qui  a  pour  titre  :  Les  époques  géologiques  de  l'Auvergne;  il  forme 
5  volumes  grand  in-8°,  avec  i  70  planches. 

»  Cet  ouvrage,  réuni  aux  deux  volumes  que  j'ai  publiés  sur  les  eaux  mi- 
nérales, et  à  la  grande  carte  géologique  dont  l'Académie  a  bien  voulu  aussi 
accepter  l'hommage,  complète  l'ensemble  de  mes  observations  sur  la  géo- 
logie du  plateau  central  de  la  France. 

»  La  division  par  époques,  que  j'ai  adoptée,  m'a  permis  de  décrire  suc- 
cessivement les  divers  terrains  dans  l'ordre  de  leur  superposition,  c'est-à- 
dire  dans  l'ordre  à  peu  près  général  de  leur  succession  sur  le  globe. 

»  J'ai  été  amené  ainsi  à  écrire  un  véritable  Traité  de  géologie  dans  le- 
quel tous  les  faits  et  tous  les  phénomènes  que  j'ai  pu  observer  pendant  qua- 
rante ans  ont  été  intercalés. 

»  Je  n'ai  pu  donner  à  toutes  les  époques  la  même  extension.  Les  épo- 
ques tertiaire,  quaternaire  et  volcanique,  très-développées  dans  le  centre 
delà  France,  occupent  une  grande  place  dans  cet  ouvrage.  J'ai  cherché  à 
coordonner  la  longue  série  des  éruptions  volcaniques  qui  ont  com- 
mencé avec  les  trachytes  pour  finir  avec  les  cônes  de  scories  les  plus  mo- 
dernes. 

»  J^a  partie  de  l'ouvrage  qui  traite  de  tous  ces  terrains  ignés  est  la  plus 
développée,  car,  dans  aucune  contrée,  on  ne  peut  voir  un  plus  merveilleux 
ensemble  de  tous  les  produits  évidemment  formés  par  le  feu. 

»  Je  pense  avoir  indiqué  aussi  les  roches  et  les  minéraux  si  variés  de  ce 
vaste  territoire. 

»  Je  suis   loin,    cependant,  d'avoir  la  prétention   de  ne  rien  laisser   à 


(  "<7  ) 
l'étude  de  ceux  qui  viendront  après  moi;  l'Auvergne  est  une  grande  école 
de  géologie  où  les  accidents  du  sol  sont  nombreux  et  réunis  sur  un  espace 
relativement  assez  restreint  pour  que  l'on  puisse  facilement  en  saisir  l'en- 
semble. Heureux  si  j'ai  posé  quelques  jalons  qui  puissent  guider  les  géo- 
logues futurs  dans  cette  belle  contrée. 

»  J'ai  ajouté  à  mon  livre  170  planches  ou  dessins,  la  plupart  tirés  à  plu- 
sieurs teintes,  et  que  j'ai  pris  moi-même  sur  les  lieux  les  plus  remarquables. 
On  y  reconnaîtra  l'influence  de  la  nature  des  roches  et  des  phénomènes 
volcaniques  sur  les  caractères  des  sites  et  sur  leur  originalité. 

»  Deux  tables  très-étendues  terminent  le  cinquième  volume  ;  l'une,  al- 
phabétique, indique  les  noms  des  lieux  et  la  nomenclature  des  roches  et  des 
minéraux  ;  l'autre,  géographique,  peut  être  considérée  comme  un  itiné- 
raire détaillé  pour  tous  les  cantons  du  département  du  Puy-de-Dôme.    » 

MEMOIRES  LUS. 

anatomie  PATHOLOGIQUE.  —  Recherches  sur  un  nouveau  groupe  de  tumeurs 
désigné  sous  le  nom  d'odonlômes;  pareil.  P.  Brocca.  (Extrait.) 

(Renvoi  à  la  Section  de  Médecine  et  de  Chirurgie.) 

«  Je  désigne  sous  le  nom  d'odonlômes  les  tumeurs  constituées  par  l'hy- 
pergénèse  des  tissus  dentaires  transitoires  ou  définitifs. 

»  Les  odontômes  sont  la  conséquence  d'une  hypertrophie  générale  ou 
partielle  des  organes  générateurs  des  tissus  dentaires.  Suivant  l'époque  ou 
elle  débute,  suivant  l'étendue  et  le  degré  de  gravité  des  lésions  qu'elle  dé- 
termine, la  maladie  qui  frappe  ces  organes  peut  détruire  ou  laisser  subsister 
la  propriété  qu'ils  possèdent  normalement  de  produire  les  éléments  de  la 
dentification.  Il  y  a  donc  des  odontômes  qui  restent  toujours  à  l'état  de 
tumeurs  plus  ou  moins  molles,  tandis  que  d'autres  odontômes  se  deutifient 
en  totalité  ou  en  partie,  en  constituant  des  masses  dentaires  irrégulières, 
informes,  dont  le  volume  est  quelquefois  considérable.  Cette  dentification 
ne  survient  ordinairement  que  lorsque  le  travail  hypertrophique  des  tissus 
odontogéniquesest  parvenu  à  son  terme,  et  il  en  résulte  que  l'évolution  des 
odontômes  dentifiables  présente  toujours  trois  périodes  :  i°  une  période  de 
formation  et  de  croissance,  pendant  laquelle  ce  sont  des  tumeurs  molles, 
vasculaires  dans  toute  leur  étendue  et  tendant  à  s'accroître;  20  une  période 
de  denlijkation,  où  leur  croissance  est  sinon  tout  à  fait  arrêtée,  du  moins 
notablement  ralentie,  et  où  des  tissus  dentaires  définitifs  viennent  former, 


(  r«*  ) 
au  sein  delà  masse  morbide  ou  à  sa  surface,  une  substance  éburnée  qui  se 
développe  aux  dépens  de  leur  première  trame;  3°  enfin  une  période  d'état 
où  la  dentification  est  achevée,  et  où  la  tumeur  devient  entièrement  sta - 
tionnaire  dans  sa  structure  comme  dans  son  volume. 

»  Eu  passant  de  la  première  à  la  troisième  période,  les  odontômes  den- 
tifiables  subissent  une  transformation  complète,  qui  ne  laisse  persisteraucnn 
de  leurs  caractères  primitifs.  Il  n'est  donc  pas  étonnant  que  les  observa- 
teurs aient  méconnu  jusqu'ici  l'évolution  de  ces  tumeurs,  et  qu'ils  aient 
attribué  à  une  différence  de  nature  les  différences  de  structure  qui  existent 
entre  les  odontômes  non  dentifiéset  les  odontômes  dentifiés 

»  Le  résultat  le  plus  général  de  mes  recherches  peut  se  résumer  dans  la 
proposition  suivante  :  Toute  tumeur  formée  d'un  seul  ou  de  plusieurs  tis- 
sus dentaires,  est  due  à  la  dentification  d'une  tumeur  molle  de  même 
forme  et  de  même  volume,  qui  ne  renfermait  dans  l'origine  que  des 
tissus  odontogéniques,  hypertrophiés  ;  cette  tumeur  hypertrophique  a 
joué,  par  rapport  a  la  tumeur  dentifiée,  le  rôle  que  joue  le  bulbe  dentaire 
normal  par  rapport  à  la  dent  normale.  Si  les  odontômes  cémentaires  de 
l'homme  semblent  au  premier  abord  faire  exception  à  la  règle,  c'est  parce 
que  le  cément  des  dents  humaines  n'est  pas  produit  par  un  organe  spécial  : 
mais  chez  les  herbivores  pachydermes,  qui  possèdent  un  organe  du  cément, 
l'hypertrophie  de  cet  organe  constitue  toujours  la  première  phase  de  la 
formation  des  odontômes  cémentaires. 

»  L'anatomie  pathologique  et  la  pathologie  m'ont  conduit  à  prendre 
pour  base  de  la  classification  des  odontômes  l'époque  odontogénique  ou 
débute  le  travail  d'hypergénèse  qui  leur  donne  naissance.  Pour  cela,  j'ai 
d'abord  divisé  l'évolution  normale  des  follicules  dentaires  en  quatre  pé- 
riodes, savoir  :  i°  la  période  embiyoplastique  ;  2°  la  période  odonto  plastique  ; 
3°  la  période  coronaire,  et  4°  la  période  radiculairc. 

»  i°  Pendant  la  période  embryoplastique  les  organes  générateurs  de  la 
dent,  savoir  :  l'organe  de  l'ivoire  et  l'organe  de  l'émail,  auxquels  s'ajoute, 
chez  les  herbivores,  l'organe  du  cément,  ne  possèdent  encore  que  la  struc- 
ture commune  des  tissus  embryoplastiques.  Les  odontômes  nés  pendant 
cette  période,  qui  précède  l'apparition  des  éléments  odontogéniques  pro- 
prement dits,  n'ont  aucune  tendance  à  la  dentification.  Je  les  désigne  sous 
le  nom  d'odontômes  embryoplastiques.  Ils  peuvent  rester  indéfiniment  à  l'état 
fibro-plastique,  ou  passer  à  l'éiat  fibreux.  Ils  ont  été  décrits  par  Dupuytren 
s. .us  les  noms  de  corps  fibreux  enkystés  et  de  corps  fibro-celtuieux  enkystés  des 
mâchoires. 


(  i«9  ) 

»  2°  La  période  odontoplastique  commence  au  moment  où  se  développe, 
entre  l'organe  de  l'émail  et  celui  de  l'ivoire,  la  couche  odonlogénique  con- 
stituée par  les  deux  rangées  des  cellules  de  l'émail  et  de  l'ivoire,  que  sépare 
la  membrane  amorphe  dite  préformative ;  elle  finit  au  moment  où  débute, 
dans  cette  couche,  la  formation  de  l'ivoire.  Les  odontômes  qui  se  forment 
pendant  cette  seconde  période  méritent  le  nom  d' odontômes  odontoplastiques, 
parce  que  la  couche  odontogénique  dont  ils  sont  revêtus,  conservant  en 
général  sa  propriété  de  dentification,  tend  presque  toujours  à  les  faire  den- 
tifier  lorsque  leur  croissance  est  terminée.  Cette  dentification,  toutefois,  peut 
faire  défaut  lorsque  la  tumeur  hypertrophique  exerce  sur  la  couche  odon- 
togénique une  pression  assez  forte  pour  en  déterminer  l'atrophie.  Dans  ce 
dernier  cas,  l'odontôme,  privé  des  éléments  spéciaux  de  la  dentification 
proprement  dite,  reste  à  l'état  de  tumeur  molle,  mais  il  peut  encore  deve- 
nir le  siège  d'un  dépôt,  quelquefois  très-considérable,  de  grains  denlinaires. 
Les  deux  variétés  d'odontômes  odontoplastiques  non  dentifiés,  avec  ou  sans 
grains  dentinaires,  ont  été  décrites  en  1860  par  M.  Piobin. 

»  Les  odontômes  dentifiés  diffèrent  notablement  chez  l'homme  et  chez 
les  herbivores.  Chez  l'homme,  le  follicule  dentaire,  à  cette  période,  ne  ren- 
ferme qu'un  seul  organe  vasculaire  :  c'est  le  bulbe;  il  en  résulte  que  tous 
les  odontômes  odontoplastiques  de  l'homme  sont  bulbaires  et  ne  peuvent 
renfermer,  après  dentification,  que  de  l'ivoire  et  de  l'émail.  Mais  chez  les 
herbivores,  un  second  organe  vasculaire,  l'organe  du  cément,  peut  devenir 
le  siège  d'un  travail  d'hypertrophie,  et  donner  naissance  à  des  odontômes 
cémentaires,  dont  la  dentification  est  constituée  surtout  par  le  tissu  du 
cément. 

»  Les  odontômes  odontoplastiques  peuvent  se  dentifier  en  une  si  nie 
masse  ou  en  plusieurs  masses  distinctes. 

»  3°  Dans  la  troisième  période,  ou  période  coronaire,  qui  correspond  à 
la  formation  de  la  couronne,  une  ou  plusieurs  lamelles  d'ivoire,  connues 
sous  le  nom  de  chapeaux  de  dentine,  apparaissent  sur  le  sommet  du  bulbe, 
et  ne  tardent  pas  à  constituer  une  coque  qui  se  recouvre  d'une  couche 
d'émail,  et  qui  s'étend  progressivement  à  toute  la  surface  du  bulbe, 
jusqu'à  sa  base.  La  partie  vasculaire  du  bulbe,  devenant  ainsi  bien 
distincte  de  la  partie  dentifiée,  prend  désormais  le  nom  de  pulpe  den- 
taire. Les  odontômes  coronaires,  qui  naissent  pendant  cette  troisième 
période,  sont  toujours  plus  ou  moins  dentifiés,  puisqu'ils  débutent  à  un 
moment  où  la  dentification  est  déjà  commencée.  La  partie  de  la  cou- 
ronne qui  était  déjà  formée  ne  subit  aucune  altération,  et  se  retrouve,  par- 


(   i iao  ) 

faitement  reconnaissable,  en  un  point  rie  la  surface  de  la  tumeur  Celle-ci, 
chez  l'homme,  est  constituée  par  l'hypertrophie  de  la  pulpe,  et  ne  renferme, 
après  la  dentification,  que  de  l'ivoire  et  de  l'émail.  Mais  chez  les  herbi- 
vores, la  tumeur  peut  dépendre  de  l'hypertrophie  de  l'organe  du  cément,  et 
se  transformer  ensuite  en  une  masse  de  cément.  Les  odontômes  coronaires 
peuvent  donc,  comme  les  odontômes  odontoplastiques,  se  diviser  en  deux 
groupes  secondaires,  savoir  :  les  odontômes  coronaires  cémentaires,  qui  ne 
s'observent  que  chez  les  herbivores,  et  les  odontômes  coronaires pulpaires  ou 
dentinaires,  les  seuls  qui  puissent  se  former  chez  l'homme. 

«  Les  premiers  présentent  deux  variétés,  ou  plutôt  deux  formes,  suivant 
que  l'hypertrophie  cémentaire  porte  sur  la  partie  extérieure  de  l'organe  du 
cément  (pdontôme  extra-coronaire),  ou  sur  la  partie  de  cet  organe  qui  pénètre 
dans  les  cornets  de  la  dent  [odontômes  inlra-coronaires). 

»  Les  odontômes  coronaires  dentinaires  peuvent  se  présenter  aussi  sous 
deux  formes  essentiellement  distinctes  :  la  forme  diffuse  et  la  forme  cir- 
conscrite. Ceux  qui  sont  diffus  résultent  de  l'hypertrophie  de  toute  la  pulpe. 
Ils  consistent  en  une  tumeur  relativement  assez  volumineuse,  que  sur- 
monte la  portion  de  couronne  déjà  formée  avant  leur  apparition.  Occupant 
toute  la  pulpe  jusqu'à  sa  base,  ils  opposent  un  obstacle  presque  absolu  à 
l'achèvement  de  la  couronne,  et  par  conséquent  à  la  formation  des  racines. 
Ce  caractère,  du  reste,  leur  est  commun  avec  tous  les  odontômes  dont  j'ai 
déjà  parlé. 

»  Il  n'en  est  pas  de  même  des  odontômes  coronaires  circonscrits.  Ils  ré- 
sultent d'une  hypertrophie  très-limitée,  qui  donne  lieu  seulement  à  une 
petite  végétation  latérale.  Le  développement  de  la  couronne,  perturbé  au 
niveau  de  cetle  végétation,  continue  partout  ailleurs.  La  couronne  s'étend 
peu  à  peu  jusqu'à  la  base  de  la  pulpe;  après  quoi,  la  racine  se  forme  d'une 
manière  à  peu  près  normale,  et  l'évolution  de  la  dent  s'achève  régulière- 
ment, à  cela  près  que  l'existence  d'une  petite  tumeur  latérale,  surmontant 
l'un  des  côtés  de  la  couronne,  peut  rendre  l'éruption  un  peu  plus  labo- 
rieuse. Ces  tumeurs,  décrites  sous  le  nom  de  tumeurs  verruqueuses  des  dents 
par  des  auteurs  qui  n'en  soupçonnaient  pas  la  nature,  différent  des  antres 
odontômes  par  leur  forme  aussi  bien  que  par  leur  marche;  mais  ces  carac- 
tères distinctifs  ne  sont  qu'accessoires  :  ils  dépendent  du  siège  et  non  de  la 
nature  du  travail  pathologique. 

»  4°  A  'a  quatrième  et  dernière  période,  ou  période  radiculaire,  pendant 
laquelle  se  développent  les  racines  des  dents,  correspond  le  groupe  des 
odontômes  radiculaires.  C'est  dans  cette  période,  et  dans  cette  période  seu- 


(   "-ai   ) 
lement,  que  le  cément  naît  sur  les  dents  humaines;  les  odontômes  radicu- 
laires  sont  donc  les  seuls  qui,  chez  l'homme,  puissent,  après  dentification, 
renfermer  du  cément.  En  revanche,  ils  ne  peuvent  plus  renfermer  d'émail, 
l'organe  de  l'émail  ne  dépassant  pas  le  niveau  de  la  couronne. 

»  Les  follicules  dentaires  surnuméraires  qui  se  développent  quelquefois 
chez  le  cheval  et  chez  quelques  ruminants,  dans  la  région  crânienne,  au 
niveau  ou  à  la  circonférence  de  l'os  temporal,  et  qui  ont  été  étudiés  surtout 
par  M.  Goubaux,  sont  plus  exposés  que  les  follicules  normaux  au  dévelop- 
pement des  odontômes.  Je  désigne  ces  tumeurs  singulières,  dont  l'origine 
était  jusqu'ici  indéterminée,  sous  le  nom  d'odontômes  hétérotopiques.  Au 
point  de  vue  de  leur  évolution,  ils  rentrent  aisément  dans  les  divers  groupes 
que  je  viens  d'établir. 

»  Je  désigne  enfin  sous  le  nom  d'odonlontes  composés  des  tumeurs  qui 
sont  évidemment  de  la  nature  des  odontômes,  mais  qui,  par  la  complexité 
de  leur  structure,  par  la  diversité  des  lésions  qu'elles  produisent  à  la  fois 
sur  plusieurs  follicules  adjacents,  échappent  à  toute  définition,  et  dont  la 
détermination  du  reste  est  encore  obscure.  Je  ne  connais  jusqu'ici  qu'un 
seul  cas  d'odontôme  composé;  c'est  celui  qui  a  été  décrit  en  1 859  par 
M.  Forget  et  par  M.  Robin. 

»  L'interprétation  méthodique  des  faits  nombreux  et  divers  que  je  viens 
de  passer  en  revue,  faits  inexpliqués  jusqu'ici  pour  la  plupart,  ou  rattachés 
à  des  théories  inexactes,  n'a  été  rendue  possible  que  par  les  progrès  ré- 
cents de  l'odontogénie,  et  je  me  plais  à  dire  en  terminant  que,  si  mes  re- 
cherches ont  pu  réaliser  quelques  progrès,  j'en  suis  redevable  en  grande 
partie  aux  notions  si  précises  d'odontogénie  que  MM.  Robin  et  Magitot  ont 
consignées  dans  leur  grand  Mémoire  sur  la  Genèse  et  l'évolution  des  folli- 
cules dentaires.    » 

ZOOLOGIE.  —  Mémoire  sur  un  Psillacien  fossile  de  iile  Roderigues ;  par 
M.    Alph.   MiLx\e  Edwards. 

«  A  une  époque  peu  éloignée  de  nous  il  existait,  dans  plusieurs  îles  de 
l'hémisphère  sud,  des  oiseaux  appartenant  à  des  espèces  qui,  aujourd'hui, 
paraissent  être  complètement  éteintes;  tels  sont  l'Épiornys  de  Madagascar, 
le  Dronte  de  l'île  Maurice,  et  le  Solitaire  de  l'île  de  Roderigues.  Les  décou- 
vertes récentes,  dues  à  M.  Clark,  ont  permis  aux  naturalistes  d'étudier 
d'une  manière  approfondie  l'organisation  et  les  caractères  zoologiques  du 
Dronte.  Par  l'examen  d'une  mandibule  inférieure,  trouvée  dans  le  même 

t:.  K.,  .8(17,  i«  Semestre.  (T.  LXV.  r\u  T..  *-»6 


(     1 122    ) 

gisement  que  ce  dernier  oiseau,  on  a  pu  constater  que  jadis  l'île  Maurice 
était  habitée  par  un  Psittacien  différent  de  toutes  les  espèces  de  la  même  fa- 
mille connues  actuellement,  et  les  recherches,  faites  l'année  dernière  dans  les 
cavernes  de  l'île  Roderigues,  ont  fourni  à  M.  E.  Newton,  auditeur  général 
à  Maurice,  de  nombreux  ossements  du  Solitaire  (Pezopha^s),  à  l'aide  des- 
quels ce  voyageur  et  son  frère,  M.  A.  Newton,  professeur  à  l'Université  de 
Cambridge,  nous  feront  bientôt  connaître  avec  détail  presque  toutes  les 
parties  du  squelette  de  cet  oiseau  remarquable.  Les  débris  du  Solitaire 
ne  sont  pas  les  seules  pièces  ostéologiques  que  ces  fouilles  ont  mises  au 
jour,  et  parmi  les  os  tirés  ainsi  des  terrains  meubles  de  l'île  de  Roderigues  se 
trouve  un  fragment  de  mandibule  que  le  savant  professeur  d'anatomie 
comparée  de  Cambridge  a  bien  voulu  mettre  à  ma  disposition,  et  que 
j'ai  étudié  avec  beaucoup  d'intérêt.  En  effet,  il  était  facile  de  reconnaître 
au  premier  coup  d'oeil  que  ce  débris,  de  même  que  la  mandibule  inférieure 
trouvée  à  Maurice  avec  les  ossements  du  Dronte,  appartient  à  un  Perro- 
quet, genre  d'oiseau  qui  paraît  ne  plus  exister  à  Roderigues,  et  j'étais  dési- 
reux de  savoir  s'il  me  serait  possible  de  déterminer  le  sous-genre  ou  même 
l'espèce  de  Psittacien  dont  il  provenait.  Cela  me  semblait  fort  douteux,  car 
le  fragment  unique  trouvé  par  M.  Newton  ne  consiste  que  dans  une  portion 
de  la  mandibule  supérieure,  et,  d'ailleurs,  dans  l'état  actuel  de  la  science, 
l'anatomie  comparée  ne  nous  fournit  pas  les  lumières  nécessaires  pour 
juger  de  la  valeur  des  caractères  ostéologiques  que  ce  débris  pouvait  pré- 
senter. J'ai  pensé,  néanmoins,  que  je  ne  devais  pas  négliger  l'occasion 
qui  m'était  offerte  par  M.  Newton  de  scruter  une  question  importante 
pour  l'ornithologie  ancienne,  et  je  crois  être  arrivé  à  des  résultats  satis- 
faisants. 

»  Dans  cette  investigation,  j'ai  suivi  la  marche  que  j'avais  déjà  adoptée 
pour  l'étude  de  la  mâchoire  inférieure  du  Psiltacus  Mauritianas,  c'est-à-dire 
que  j'ai  cherché  d'abord  à  me  rendre  bien  compte  des  particularités  de 
structure  que  la  partie  correspondante  de  la  tête  osseuse  offre  dans  les 
différentes  divisions  naturelles  de  la  famille  des  Psittaciens,  puis  j'ai  com- 
paré à  ces  divers  types  le  fragment  soumis  à  mon  examen  par  M.  Newton. 

»  La  portion  antérieure  et  moyenne  de  la  mandibule  supérieure  de  ces 
oiseaux  fournit  moins  de  caractères  que  ne  m'en  avait  offert  la  partie  corres- 
pondante de  leur  mâchoire  inférieure  ;  elle  peut  cependant  suffire  pour  la 
détermination  des  principaux  types.  Ainsi  j'ai  constaté  que  la  disposition 
de  l'articulation  maxillo-palatine  présente  chez  ces  divers  types  des  parti- 
cularités  fort   tranchées  et  fort  utiles  à  noter  dans  les  recherches  de  cet 


(  na3  ) 
ordre;  les  caractères  que  l'on  en  tire  ont  une  grande  fixité  et  me  semblent 
avoir  plus  d'importance  que  tout  autre. 

»  Pour  ne  pas  abuser  de  l'attention  que  l'Académie  veut  bien  m'accorder, 
je  ne  décrirai  pas  ici  les  particularités  ostéologiqnes  propres  au  genre 
Cacatoès,  Calyptorhynque  ,  Ara ,  Chrysotis,  Eclectus,  Comirus,  Nestor, 
Microglosse,  etc.  Je  me  bornerai  à  dire  que,  chez  ces  Psittaciens,  les  diffé- 
rences de  conformation  que  l'on  constate  dans  la  portion  de  la  tète  corres- 
pondant au  fragment  découvert  par  M.  Newton,  dans  une  caverne  de  l'île 
Roderigues,  sont  assez  considérables  pour  pouvoir  servir  comme  caractères 
génériques  et  même  spécifiques.  Par  conséquent,  sans  pousser  plus  loin  cel 
examen  général  de  la  famille  des  Psittaciens,  je  me  suis  appliqué  à  com- 
parer le  débris  dont  je  cherchais  la  détermination  aux  principales  espèces 
vivant  aujourd'hui  dans  la  région  géographique  qui  comprend  l'îlot  où  ce 
fossile  a  été  trouvé.  Or  il  résulte  de  cette  comparaison  que  le  Perroquet  de 
Roderigues  n'appartient  certainement  pas  au  groupe  naturel  des  Cacatoès; 
il  est  non  moins  distinct  des  Calyptorhynques,  des  Nestors  et  des  Micro- 
glosses;  par  l'ensemble  de  sescaracteresosteologiquesconnus.il  ressemble 
davantage  au  Psittacus  erythacus  de  l'Afrique  occidentale,  au  Poiocephalus 
robustus  du  cap  de  Bonne-Espérance,  au  Mascarinus,  et  au  Coracopsis  vasa 
de  Madagascar,  mais  il  s'en  distingue  nettement  par  certaines  particularités 
de  structure.  J'ai  comparé  également  le  Psittacus  Rodericanus  à  beaucoup 
d'autres  espèces,  et  par  voie  d'exclusion  j'ai  acquis  la  conviction  que  cet 
oiseau  diffère  spécifiquement  de  tous  les  membres  de  la  famille  des  Perro- 
quets connus  actuellement.  Pour  avoir  à  cet  égard  une  certitude,  il  m'aurait 
fallu  pousser  cette  comparaison  plus  loin  que  je  ne  l'ai  pu  faire  avec  les 
pièces  ostéologiqnes  dont  je  disposais;  mais  j'ai  eu  sous  les  yeux  tous  les 
principaux  types,  et  les  résultats  obtenus  de  la  sorte  rendent  extrêmement 
probable  que  le  Psittacus  Rodericanus,  de  même  que  le  Psittacus  Mauri- 
tianus  de  l'île  Maurice,  est  une  espèce  éteinte. 

»  Jje  Psittacus  Maurilianus  n'est  connu  que  par  un  fragment  de  sa 
mâchoire  inférieure,  et  on  ne  possède  du  Psittacus  Rodericanus  qu'une 
portion  de  la  mandibule  supérieure.  Ces  deux  espèces  n'ont  pu,  par  consé- 
quent, être  comparées  directement  entre  elles;  mais  l'examen  de  la  mâ- 
choire inférieure  permet  de  déterminer  approximativement  quelle  devait 
être  la  conformation  de  la  mâchoire  opposée,  et  il  me  semble  indubitable 
que  les  deux  Perroquets  dont  les  débris  ont  été  trouvés,  d'une  part,  avec  les 
■  os  du  Dronte,  d'autre  part,  avec  les  restes  du  Solitaire,  sont  des  espèces 

parfaitement  distinctes. 

146.. 


f     H24    ) 

»  Le  Psitlacus  Rodericanus  me  paraît  devoir  appartenir  au  petit  groupe 
dont  Wagler  a  formé  le  genre  Ecleclus,  ou  tout  au  moins  s'en  rapproche 
beaucoup,  et  par  conséquent  prendre  place  dans  ia  division  des  Loris;  si 
je  ne  craignais  de  dépasser  les  conclusions  légitimes  que  l'on  peut  tirer  de 
l'examen  d'un  fragment  si  minime  du  squelette,  je  serais  donc  disposé  à 
inscrire  cette  espèce  éteinte  dans  nos  catalogues  ornithologiques  sous  le 
nom  d'Eclectus  Rodericanus,  mais  provisoirement  je  crois  préférable  d'em- 
ployer une  désignation  moins  précise;  et  en  l'appelant  Psitlacus  Roderica- 
nus, j'entends  indiquer  seulement  que  le  Psitlacus  des  cavernes  de  l'île 
Roderigues  est  une  espèce  nouvelle. 

»  Roderigues,  comme  on  lésait,  est  un  petit  ilôt  perdu  pour  ainsi  dire  au 
milieu  de  l'immense  Océan  qui  sépare  Madagascar  de  l'Australie.  Il  appar- 
tient au  groupe  des  îles  Mascareignes;  mais,  situé  à  l'est  de  Maurice  et  de 
l'île  de  la  Réunion,  il  est  très-éloigné  de  toute  autre  terre.  Au  premier  abord 
on  peut  donc  s'étonner  de  voir  qu'il  ait  possédé  jadis  une  faune  ornitho- 
logique  particulière  caractérisée  déjà  par  le  Solitaire,  aussi  bien  que  par  le 
Psitlacus  Rodericanus,  et  que  cette  faune  ait  disparu. 

»  A  une  époque  très-rapprochée  de  nous,  environ  un  siècle  et  demi,  il  en 
était  de  même  pour  chacune  des  autres  îles  Mascareignes,  et  les  oiseaux 
qui  alors  habitaient  ces  points  du  globe  si  circonscrits  et  si  i=olés  diffé- 
raient spécifiquement  ou  même  génériquement  de  ceux  de  Madagascar  et 
de  toutes  les  autres  parties  du  globe.  On  ne  peut  donc  supposer  que  ces 
animaux  leur  seraient  venus  d'ailleurs;  mais  lorsqu'on  est  familiarisé  avec 
le  mode  de  distribution  des  espèces  zoologiques,  il  paraît  également  diffi- 
cile de  croire  que  des  îles  si  petites,  et  en  apparence  si  peu  favorables  à  la 
prospérité  de  leurs  faunes  respectives,  aient  été  chacune  le  berceau  pi  i- 
mitif  de  ces  espèces  si  bien  caractérisées  et  si  différentes  de  tout  ce  qui 
existe  ailleurs.  Il  me  semble  plus  probable  que  chacun  des  cônes  volcani- 
ques qui  constituent  le  noyau  de  ces  îles  éparses  clans  le  grand  Océan,  an 
lien  de  s'être  élevé  du  fond  des  eaux,  préexistait  à  l'abaissement  de  terres 
d'une  étendue  considérable,  et  ont  servi  de  dernier  refuge  à  la  population 
zoologique  de  la  région  circonvoisine  aujourd'hui  submergée.  Des  consi- 
dérations analogues,  fondées  sur  l'élude  de  la  faune  carcinologique  des 
îles  Gailapagos,  avaient  conduit  M.  Milne  Edwards  à  dire,  il  y  a  plus  de 
trente  ans,  que  ce  petit  archipel  était  probablement  les  restes  de  quelque 
continent,  et  les  observations  plus  récentes  de  M.  Darwin  et  de  M.  Dana 
sur  le  mode  de  formation  des  récifs  de  corail  semblent  indiquer  qu'effet! i-  • 
vement  la  croûte  solide  du  globe  s'est  affaissée  graduellement  dans  diverses 


(  in5  ) 
parties  de  la  région  occupée  aujourd'hui  par  l'océan  Pacifique.  Il  eu  résulte 
que  l'étude  des  débris  plus  ou  moins  modernes  de  la  faune  de  chacune 
des  îles  isolées  comme  le  sont  Roderigues,  Maurice,  la  Réunion,  les  Galla- 
pagos,  me  semble  offrir  un  intérêt  considérable  pour  le  géologue  aussi  bien 
que  pour  le  zoologiste ,  et  je  remercie  sincèrement  le  savant  professeur 
d'anatomie  de  Cambridge  d'avoir  bien  voulu  me  fournir  l'occasion  d'ajou- 
ter, à  l'histoire  de  l'une  de  ces  faunes,  un  fait  nouveau.  » 

MÉMOIRES  PRÉSENTES. 

ÉCONOMIE  RURALE.  —  Mémoire  sur  les  dommages  causés  à  l'agriculture  par 
le  hanneton  et  sa  larve  ;  mesures  à  prendre  pour  la  destruction  de  cet  insecte. 
Note  de  M.  J.  Reiset,  présentée  par  M.  Chevreul  (i). 

(Renvoi  à  la  Section  d'Économie  rurale.) 

«  Pendant  les  trois  années  qui  viennent  de  s'écouler,  le  hanneton  et  sa 
larve  ont  été  pour  les  populations  agricoles  de  notre  département  un  véri- 
table fléau. 

»  Au  printemps  de  i865,  les  hannetons,  s'abattant  par  nuées  sur  les 
chênes,  sur  les  hêtres  et  sur  les  ormes,  en  ont  dévoré  toutes  les  feuilles; 
quelques  semaines  ont  suffi  pour  accomplir  cette  oeuvre  de  dévastation,  et, 
dès  le  mois  de  juin,  les  arbres,  entièrement  dépouillés  de  leur  verdure, 
présentaient  le  triste  aspect  de  l'hiver. 

»  Après  avoir  assisté  aux  ravages  faits  par  ces  insectes,  dans  nos  bois  et 
sur  nos  arbres,  nous  avons  en  la  douleur  de  constater,  pendant  la  cam- 
pagne de  1866,  l'effroyable  destruction  que  produisait,  dans  nos  récoltes, 
le  travail  souterrain  des  larves  si  nombreuses  déposées  en  terreau  printemps 
(':<■  1 865.  Les  cultures  les  plus  soignées,  telles  que  les  cultures  maraîchères, 
étaient  attaquées  comme  les  antres;  un  grand  nombre  d'arbres  fruitiers 
périssaient,  les  mans,  ou  vers  blancs,  avaient  dévoré  leurs  racines;  le  ren- 
dement des  betteraves  était  nul  pour  certaines  contrées,  et  n'atteignait  pas 
pour  les  plus  favorisées  la  moitié  du  produit,  d'une  année  ordinaire;  le  blé, 
le  colza  et  l'avoine  avaient  grandement  souffert;  on  voyait  la  récolte  se 
flétrir  sur  pied  avant  la  maturité;  les  jeunes  trèfles  disparaissaient  ;  enfin 
les  beaux  herbages,  ordinairement  si  verdoyants,  de  la  Normandie,  ne  pré- 


(1)  L'Académie  a  décidé  que  cette  communication,  quoique  dépassant  les  limites  régle- 
mentaires, serait  reproduite  en  entier  an  Compte  rendu. 


(   i r  26  ) 
sentaient  plus  généralement  aux  bestiaux  qu'une  nourriture  sans  sève,  fa- 
née, et  déjà  presque  entièrement  détachée  du  sol. 

»  Pour  donner  une  idée  de  l'immense  dommage  que  ces  insectes  font 
éprouver  à  la  richesse  publique,  je  citerai  le  Rapport  de  M.  le  Sénateur, 
Préfet  de  la  Seine-Inférieure,  déclarant  au  Conseil  général  que  les  consta- 
tations faites  pendant  l'année  1866,  dans  cent  soixante  et  une  communes  seu- 
lement, ont  porté  à  la  somme  de  1 638  702  francs  les  pertes  occasionnées  par 
les  maris.  Ce  chiffre,  déjà  considérable,  est  certainement  très-loin  de  la  vé- 
rité, et  je  n'hésite  pas  à  déclarer  que,  si  l'on  faisait  une  expertise  pour  dé- 
terminer la  valeur  des  récoltes  dévorées  et  anéanties  par  les  larves  des  han- 
netons dans  une  année  comme  celle  que  nous  avons  traversée  en  1866,  on 
arriverait,  pour  un  département  comme  le  nôtre,  à  une  évaluation  qui 
dépasserait  25  millions. 

»  Dans  ma  seule  exploitation,  qui  comprend  une  étendue  de  too  hec- 
tares, j'ai  estimé  une  perte  de  18000  francs,  qui  porte  principalement  sur  la 
culture  des  betteraves.  La  récolte  a  été,  par  hectare,  de  7000  kilogrammes 
de  mauvaises  racines,  au  lieu  de  /joooo  kilogrammes,  qui  est  le  rendement 
ordinaire.  Les  cultivateurs  de  la  contrée  étaient  frappés  d'une  manière 
aussi  désastreuse  :  plusieurs  fermiers,  invoquant  le  cas  de  force  majeure, 
se  croyaient  en  droit  de  refuser  le  payement  de  tout  ou  partie  de  leur 
fermage. 

»  En  présence  des  plaintes  si  vives  que  faisaient  entendre  les  populations, 
le  Conseil  général  de  la  Seine-Inférieure  ne  pouvait  hésiter  à  prendre  toutes 
les  mesures  capables  d'arriver  le  plus  promptement  et  le  plus  sûrement 
possible  à  la  destruction  des  hannetons  et  des  mans.  Un  large  crédit  fut  mis 
à  la  disposition  du  Préfet,  M.  le  baron  Le  Roy,  que  l'on  trouve  toujours 
plein  de  sollicitude  pour  les  grands  intérêts  qui  lui  sont  confiés.  Par  ses 
soins,  une  Commission  spéciale  était  chargée  d'étudier  la  question  (1).  Des 
instructions,  rendues  publiques,  étaient  concertées;  une  prime  de  10  francs 
était  accordée  par  100  kilogrammes  de  mans  ramassés;  enfin  des  Commis- 
sions municipales  étaient  chargées  de  constater  la  livraison  et  la  destruction 
des  insectes.  C'est  ainsi  que,  du  4  septembre  1866  au  26  août  1867,  on  a 
distribué,  à  titre  de  primes,  une  somme  de  3^035  francs,  qui  correspond  à 
^7000  kilogrammes  de   mans.   Le   poids  d'un  seid  ver  étant  de   2SI',2  en 

(1)  Cette  Commission  était  composée  de  :  MM.  Jules  Reiset,  président;  Poucliet,  Corres- 
pondant de  l'Institut;  Corneille,  conseiller  de  préfecture;  Fauchet,  membre  de  la  Société 
centrale  d'Agriculture  de  la  Seine-Inférieure;  Métaver,  chef  de  bureau  à  la  Recette  générale, 
secrétaire. 


(   "27  ) 
moyenne,  le  nombre  des  insectes  détruits  s'élève  au  chiffre  de  168  millions. 
Ce  résultat  a  son  importance,  et  témoigne  de  l'empressement  qu'ont  mis  les 
cultivateurs  et  les  habitants  des  campagnes  à  profiter  de  l'avantage  cpii 
leur  était  offert. 

»  Pour  combattre  la  grande  levée  tle  hannetons  qui  aura  lieu,  selon  tonte 
probabilité,  l'année  prochaine,  une  prime  de  8  francs  sera  accordée  par 
100  kilogrammes  de  ces  insectes  livrés  aux  Commissions  municipales. 

»  L'intérêt  de  premier  ordre  qui  est  engagé  dans  cette  œuvre  de  pro- 
tection agricole  m'a  amené  à  entreprendre  quelques  recherches,  ayant 
pour  but  de  diriger  avec  pins  de  certitude  nos  efforts  communs. 

»  J'ose  donc  espérer  que  l'Académie  voudra  bien  accueillir,  avec  une 
bienveillante  indulgence,  cette  communication,  qui  n'a  d'autre  mérite  que 
son  utilité  pratique. 

Pour  atteindre  l'ennemi,  il  importait  surtout  de  déterminer, avec  une 
certaine  précision,  les  évolutions  et  les  métamorphoses  qu'il  effectue  au 
sein  même  de  la  terre. 

»  On  sait  que  le  mau  se  trouve  presque  à  la  surface  du  sol,  par  les  temps 
humides  et  chauds,  tandis  que,  par  instinct  de  conservation,  il  fuit  la  grande 
sécheresse  et  le  froid,  en  s'enfonçant  assez  profondément. 

»  L'histoire  naturelle  du  hanneton  et  de  sa  larve  a  été  écrite  par  de  sa- 
vants entomologistes.  Parmi  eux,  notre  confrère  M.  le  Dr  Pouchet,  plus 
particulièrement  préoccupé  des  ravages  que  cause  cet  insecte,  a  publié 
en  1 853  une  brochure  fort  intéressante  et  fort  utile  au  double  point  de  vue 
de  la  science  et  de  la  pratique  agricole.  Mais  dans  ces  différentes  monogra- 
phies, les  naturalistes  ou  les  forestiers  ne  disent  rien  de  bien  précis  sur  les 
évolutions  de  la  larve  du  hanneton  dans  le  sol,  sur  les  profondeurs  qu'elle 
peut  atteindre  pour  s'abriter  et  sur  la  température  du  milieu  où  s'accom- 
plissent ses  actes  biologiques. 

»  Afin  d'éclairer  ces  questions,  j'ai  fait  pratiquer  méthodiquement  des 
fouilles  sur  des  surfaces  connues,  à  des  profondeurs  déterminées  et  à  des 
époques  différentes,  en  tenant  un  compte  exact  de  tous  les  insectes  trouvés. 

»  Un  grand  thermomètre  à  alcool  muni  d'un  long  réservoir  fut  établi 
d'une  manière  permanente,  en  plein  champ,  à  une  profondeur  de  5o  cen- 
timètres; le  point  /.éro  affleurait  la  surface  du  sol  ;  on  pouvait  ainsi  obser- 
ver la  température  moyenne  de  la  couche  de  terre  servant  d'habitation  aux 
larves.  Un  nouveau  thermomètre,  placé  dans  l'air  ambiant,  indiquait  la 
température  atmosphérique;  la  double  observation  était  faite  chaque  matin 
à  8  heures. 


(     1128     ) 


PROFONDEUR 

de 
ta  rouille. 

M. 

en  1  ii  , 
adultes. 

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morts, 
envahis 
par  un 

byssus. 

HANNE- 
TONS 

en  vie. 

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LIDES. 

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L'année. 

OBSERVATIONS. 

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A  Ecorehebœuf,  même  bléris  dévaste. 
Superficie  :  3  mètres. 

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11 

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26    DECEMBRE    1866. 

Même  bléris. 
Superficie  :  3  mètres. 

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27    DÉCEMBRE    1866. 

Même  bléris. 
Superficie  :  3  mètres. 

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23   FÉVRIER   1867. 

Même  bléris. 

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23    FEVRIER    1867. 

Même  bléris. 
Superficie  :  3  mètres. 

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23    FEVRIER    1867. 

Même  bléris. 
Superficie  :  3  mètres. 

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(  ÏI29  ) 


MANS 

MANS 

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HANNE- 

de 

morts, 

TONS 

CHRYSA- 

jeunes 

OBSERVATIONS. 

la  fouille. 

en  vie. 

LIDES. 

de 

en  vie. 

adultes. 

par  un 

l'année. 

byssus. 

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n 

25  mars  1867. 

0,35 

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Bléris  avant  labour,  à  Écorchebceuf. 

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1 

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Superficie  :  3  mètres. 

Température  sous  sol 4-  5°  7 

Température  à  l'air -4-  8°,i 

Total. 

38 

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3 

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25  mars  1867. 

o,35 

5 

II 

11 

n 

n 

Autre  bléris  à  Écorchebceuf,  avant  labour 

o,6o 

T 

11 

n 

II 

" 

pour  betteraves. 

o,8o 

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Superficie  :  3  mètres. 

Total. 

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II 

1 

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11 

16  août  1867. 

0,30 

" 

// 

II 

n 

Vieux  trèfle  a  Écorchebceuf  (1  ). 

0,70 

II 

II 

II 

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n 

Total. 

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Superficie  :  3  mètres. 

11                      1 

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0,30 

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II 

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15    SEPTEMBRE    1866. 

0,45 

1 

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" 

// 

" 

A  Ecorchebceuf,  bléris. 

°j7° 

.> 

" 

" 

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« 

Superficie  :  5  mètres. 

0,80 

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Argile 
sans  cailloux. 

rOTAL. 

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n 

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11 

25    SEPTEMBRE    1866. 

0,35 

4 

II 

tt 

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11 

o,55 

1 

II 

n 

n 

11 

Après  abondantes  pluies,  même  bléris, 

o,75 

néant 

à  Écorchebceuf. 

l'OTAL 

Superficie  :  3  mètres. 

68 

„ 

- 

1                           // 

(1)  Cette  pièce  de 

terre  con 

enait  au  1 

lois  de  se 

itembre  1 

5C6  un  très-grand  nombre  de  vers  blancs, 

l'avoine  et  le  trèfle 

avaient  et 

3  ravagés; 

mais  vers 

la  fin  d( 

1  septembre,   on   avait  hersé  pour  semer 

iln  trèlle  incarnat;  < 

ette  sîmp 

e  opérât i 

on  a  détr 

lit  presqu 

e  toutes  les  larves  qui  se  trouvaient   en- 

coie  à  cette  époque 

à  la  surf; 

ce  de  la  1 

erre. 

C.  R.,  1867,  2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  27.) 


,47 


(  n3o  ) 


PROFONDEUR 

de 
la  fouille. 

51  a 

en  vie, 
adultes. 

NS 

morts, 
envahis 
par  un 
byssus. 

HANNE- 

CBRYSA- 

TONS 

LIDES. 

on  vie. 

MANS 

jeunes 

de 
l'année. 

OBSERVATIONS. 

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11 
n 
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11 

1-4   OCTORRE    1866. 

Même  bléris. 

Superficie  :  3  mètres. 

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'27   OCTOBRE   1866. 

Même  bléris. 

Superficie  :  3  mètres. 

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Total. 

23 

22 
néant 
néant 

// 

a 

n 

1er   OCTOBRE    1866. 

A  Gouville,  4o  kilomètres  cTÉcorehebceuf. 

Champ  d'orge  avec  trèfle. 

Terrain  pierreux. 

Superficie  :  3  mètres. 

45 

n                 n 

- 

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n 

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2 

8 

11 
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1er   OCTOBRE    1866. 

A  Gouville. 

Topinambours  dévastés. 

Superficie:  3  mètres. 

Pièce   de    terre    en    vallon. 

77 

" 

7              l0                " 

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Total. 

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11 
11 
11 

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I 

3  OCTOBRE   1866. 

A  Gouville. 

Même  vallon  des  Topinambours. 

Superficie  :  3  mètres. 

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11 
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11 

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n 

10 
n 

3   OCTOBRE   1866. 

Gouville. 

A  3  mètres  de  distance  de  la  fouille 

précédente. 

Superficie  :  3  mètres. 

73 

" 

1 

.0 

1 1 3 1   ) 


PROFONDEUR 

de 

la  fouille. 


0,12 

0,35 
0,55 


morts, 
en  vie,  envahis 
adultes,     par  un 

byssus. 


HANNE- 
TONS 


Total. 


o,  10 
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0,55 

Total. 


o,  io 

0,20 

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Total. 


o,  io 
0,20 
o,3o 
o,5o 

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Total. 


o,35 
0,70 

Total. 


MANS 

chrvsa-     jeunes 
de 
l'année. 


observations. 


16 


'I  I 
i5 


»9 


19  août  1867. 

A  Ecorchebœuf  dans  un  pâturage. 

Superficie  :  3  mètres. 


19  août  1867. 

A  Éeorchebœut'  dans  un  pâturage 

de  vieux  trèfle. 

Superficie  :  3  mètres. 


2 

20 


25  août  1867. 

A  Gouville. 

Superficie  :  3  mètres. 


l,o 


25  août   1867. 

A  Gouville. 

Superficie  :  3  mètres. 


26 
92 


13    DÉCEMBRE    1S67. 

Pâturage  à  Ecorchebœuf. 
Superlicie  :  3  mètres. 


Poids  de   10  hannetons  vivants 

Poids  de  10  mans  (ponte  de  l'année) 


SBr,700 
4sr,15o 


l/|7.. 


(    i i3a  > 

»  On  trouve  dans  ces  tableaux  d'intéressantes  indications  sur  les  méta- 
morphoses du  hanneton  et  sur  la  diffusion  de  sa  larve. 

»  En  Normandie,  l'insecte  met  trois  années  à  accomplir  les  actes  biolo- 
giques qui  rendent  son  organisation  complète. 

»  Les  hannetons  si  nombreux,  du  printemps  de  i8G5,  ont  produit  les 
larves  qui,  échappant  aux  rigueurs  d'un  premier  hiver,  ont  fait  les  grands 
ravages  constatés  dans  nos  récoltes  de  1866.  Ces  mêmes  larves  ont  passé  un 
second  hiver,  celui  de  1867,  à  une  profondeur  moyenne  deom,/jo.  Le  ther- 
momètre placé  sous  le  sol  dans  ce  milieu  n'a  jamais  atteint  le  point  zéro 
comme  minimum,  alors  que  la  température  de  l'air  est  descendue  pendant 
plusieurs  jours  à  i5  degrés  au-dessous  de  zéro.  Il  est  vrai  que  la  terre  était 
couverte  de  neige.  On  comprend  que  dans  ces  conditions  les  larves  peuvent 
résister  parfaitement  à  des  gelées  persistantes. 

»  En  mars  et  avril  1867,  la  charrue  mettait  à  découvert  les  mans  très- 
développés  qui  remontaient  déjà  à  la  surface.  Une  destruction  considérable 
a  été  faite  alors  par  les  cultivateurs  qui  prenaient  le  soin  de  faire  ramasser 
les  vers  blancs  dans  les  labours. 

»  Dès  le  mois  de  juin  18G7,  les  mans  devenus  adultes  ont  regagné  une 
profondeur  moyenne  de  35  centimètres,  pour  se  transformer  en  chrysalides  ; 
ce  changement  d  état  paraît  s'opérer  en  moins  de  deux  mois;  car  dans  une 
fouille  ouverte  le  19  août  on  ne  trouve  plus  qu'un  seul  man  adulte  pour 
m  chrysalides;  à  côté  de  cette  même  fouille,  le  i3  décembre  dernier,  nous 
avons  pu  constater  que  toutes  ces  chrysalides  étaient  déjà  transformées  en 
hannetons;  nous  avons  compté  dans  la  fouille  1 18  hannetons  parfaitement 
en  vie  et  tout  prêts  à  s'envoler. 

»  L'insecte  a  accompli  sa  dernière  métamorphose  en  octobre  et  en  no- 
vembre. Dans  les  labours  faits  au  mois  d'octobre,  nous  avions  déjà  remar- 
qué un  certain  nombre  de  hannetons  très-vivaces.  Arrivé  à  l'état  parfait,  ce 
coléoptère  reste  ainsi  sous  terre  pendant  cinq  ou  six  mois  et  attend,  avec 
une  grande  patience,  pour  prendre  son  vol,  que  l'épanouissement  delà  na- 
ture lui  fournisse  sa  nourriture. 

»  Quand  les  larves  commencent  à  opérer  leur  mouvement  de  migration 
vers  les  profondeurs  du  sol,  elles  semblent,  pour  ainsi  dire,  prévoir  que  la 
saison  approche  où  l'abaissement  de  la  température  deviendra  successif  et 
ira  chaque  jour  en  augmentant;  elles  prennent  la  précaution  de  s'abriter  en 
octobre,  alors  que  le  thermomètre  sous  sol  indique  encore  10  degrés  au- 
dessus  de  zéro;  puis  à  mesure  que  la  couche  de  terre  vient  à  se  refroidir, 
par  la  fonte  des  neiges  ou  les  pluies  glaciales,  elles  gagnent  peu  a  peu  des 
profondeurs  plus  grandes,  pour  remonter  ensuite  vers  la  surface  des  qu'elles 


(  ri 33  ) 
éprouvent  le  sentiment  d'une  élévation  continue  de  la  température.  Ce  mou- 
vement ascensionnel  est  déjà  très-accusé  le  23  février  1867,  encore  bien 
que  le  thermomètre  sous  sol  n'indique  que  -+- 70, 1.  Cette  température 
est  inférieure  à  celle  où  les  larves  ont  commencé  à  descendre  en  octobre, 
mais  elle  est  de  beaucoup  supérieure  à  la  moyenne  fournie  par  le  thermo- 
mètre sous  sol  pour  le  mois  de  janvier.  Cette  moyenne  atteint  seulement 
-+-20,  8;  on  a  compté  pendant  ce  mois  quinze  jours  de  gelée  avec  neige,  et 
huit  jours  de  pluie. 

»  Il  est  nécessaire  de  remarquer  qu'.en  quittant  la  surface  du  sol  dans  le 
courant  d'octobre,  les  mans  se  retiraient  gorgés  d'aliments,  tandis  que  leur 
empressement  à  remonter,  vers  la  fin  de  février,  peut  s'expliquer  assez  na- 
turellement par  un  besoin  de  nourriture  dont  l'insecte  vorace  a  été  privé 
depuis  cinq  mois.  Cependant,  il  me  paraît  difficile  de  nier  l'influence  de  la 
température  sur  les  évolutions  de  la  larve. 

»  Nous  avons  à  faire  ressortir  maintenant  le  côté  pratique  et  agricole  de 
ces  observations. 

»  Avant  de  commencer  les  travaux  de  la  saison,  tout  agriculteur  soucieux 
de  ses  intérêts  devra  faire  pratiquer  des  fouilles,  pour  savoir  exactement  à 
quelle  profondeur  se  trouve  l'insecte  qui  existe  dans  sa  terre.  Les  moyens  à 
employer  pour  sa  destruction  devront,  en  effet,  varier  suivant  que  le  man 
sera  plus  ou  moins  enfoncé  dans  le  sol. 

»  Supposons  le  cultivateur  occupé  à  préparer  les  terres  qui  devront  rece- 
voir le  colza  et  le  blé  en  septembre  et  en  octobre.  Nous  avons  vu  qu'à  cette 
époque  la  presque  totalité  des  mans  se  trouvait  encore  à  la  surface.  Un 
premier  labour  très-superficiel,  suivi  d'un  hersage  énergique,  peut  amener 
dans  ce  cas  une  destruction  très-complète  et  très-économique;  tandis  qu'un 
labour  profond,  pratiqué  immédiatement  dans  ces  conditions,  aurait  pont- 
résultat  de  renfouir  tous  les  insectes  et  de  les  soustraire  ainsi  aux  recherches 
qu'on  aurait  pu  faire. 

»  Les  cultures  données  à  la  terre  en  février  et  mars,  pour  les  céréales  de 
printemps  et  les  racines,  ne  peuvent  généralement  mettre  à  découvert  les 
larves  qui  ne  remontent  que  lentement  du  fond  vers  la  surface.  Une  fouille 
pratiquée  alors  peut  donc  seule  indiquer  le  nombre  des  insectes  qui  reste- 
ront au-dessous  du  labour  et,  si  ce  nombre  est  grand,  le  laboureur  intelli- 
gent n'hésitera  pas  à  attendre  quelques  semaines,  afin  d'avoir  la  possibilité 
d'atteindre  un  ennemi  qui  ne  manquerait  pas  de  choisir  le  moment  propice 
pour  ravager  la  récolte,  confiée  trop  tôt  à  la  terre.  Cette  année,  des  le 
6  avril,  nous  avons  pu  atteindre  la  couche  des  mans  avec  un  labour  de  18 


(  n34  ) 
à  20  centimètres,  et  à  la  fin  de  ce  même  mois,  le  labour  devait  être  encore 
moins  profond,  pour  mettre  à  fleur  de  terre  le  plus  grand  nombre  possible 
de  mans  à  ramasser. 

»  On  pourrait  croire  pr.  sque  superflu  d'insister  sur  la  nécessité  de  re- 
chercher les  moyens  pratiques  de  détruire  le  hanneton  et  sa  larve;  mais  on 
rencontre  d'un  coté  l'apathie  des  cultivateurs,  généralement  trop  disposés 
à  laisser  passer  le  fléau  sans  se  donner  la  peine  de  lutter,  et,  d'un  autre 
côté,  certains  esprits  forts,  qui  vont  même  jusqu'à  déclarer  inutiles  les  me- 
sures administratives  les  plus  sages;  ignorant  complètement  les  mœurs  de 
ces  insectes  et  leur  merveilleux  instinct  de  conservation,  ils  ne  craignent 
pas  d'affirmer  que  quelques  nuits  froides  ou  pluvieuses  suffisent  pour 
anéantir  des  légions  de  hannetons  ou  de  mans. 

»  Nous  persisterons  cependant  à  conseiller  de  chercher  à  détruire  les 
vers  blancs  cantonnés  dans  la  terre;  ils  sont  l'ennemi  le  plus  redoutable 
des  récoltes. 

»  J'ai  déjà  indiqué  dans  quelles  circonstances  un  hersage  énergique  peut 
amener  la  destruction  presque  complète  des  mans,  mais  c'est  le  plus  sou- 
vent dans  les  labours  qu'il  faut  rechercher  avec  soin  et  ramasser  l'insecte; 
je  dois  ajouter  que,  quand  même  le  secours  d'une  prime  ne  viendrait  pas 
stimuler  et  aider  le  cultivateur,  il  aurait  encore  un  intérêt  immédiat  à  déli- 
vrer sa  terre. 

»  Pendant  la  campagne  de  1866,  j'ai  trouvé  dans  mon  exploitation  des 
pièces  de  terre  qui  contenaient  en  moyenne  23  mans  par  mètre  superficiel 
ou  2J0  000  de  ces  rongeurs  par  hectare.  Or,  comme  dans  cette  étendue 
de  terrain  on  cultive  environ  100  000  pieds  de  betteraves,  chaque  racine 
peut  être  dévorée  par  deux  mans;  et  comme  dans  un  hectare  on  élève  en- 
viron 80000  pieds  de  colza,  chaque  plante  oléagineuse  peut  être  attaquée 
par  plus  de  deux  vers  blancs.  Ces  chiffres  montrent  combien  est  funeste 
l'incurie  de  ceux  qui  ne  croient  pas  devoir  combattre  ce  redoutable  fléau. 

»  Nous  avons  pu  constater  les  bons  résultats  obtenus  en  ramassant  avec 
soin  les  mans  dans  une  pièce  de  terre  qui  en  était  infestée;  trois  labours 
avaient  précédé  la  plantation  d'un  colza,  effectuée  dans  les  premiers  jouis 
d'octobre  1866.  Deux  femmes  suivant  la  charrue  avaient  ramassé  dans 
ihec,,4o  de  terre  : 

Au   1"  labour 170  kilog.  de  mans. 

Au  2e    labour 1 1 1  »             » 

Au  3':   labour 63  »             » 

Total 344  kilog.  (U  mans. 

»   Quinze  journées  de  femmes  employées   pour  exécuter  ce  travail  ont 


(  n35  ) 
coûté  i6fr,5o,  ce  qui  représente  une  dépense  de  iifr,8o  pour  ramasser  les 
m  an  s  dans  un  hectare  de  terre  ayant  reçu  trois  labours  successifs.  Cette 
minime  dépense  devait  assurer  la  récolte  du  colza,  dont  le  produit  a  été 
excellent,  tandis  que  plusieurs  fermiers  voisins,  qui  avaient  dédaigné  de 
prendre  les  mêmes  soins,  ont  vu  leurs  plantations  déjà  très-compromises 
avant  l'hiver  et  entièrement  perdues  au  printemps. 

»  Dans  le  plus  grand  nombre  des  cas,  pour  ramasser  les  uians,  il  suffit 
défaire  suivre  la  charrue  par  une  seule  femme,  ou  mieux  encore  par  deux 
enfants.  En  supposant  qu'il  soit  nécessaire  d'effectuer  deux  labours  à  dif- 
férentes profondeurs,  dans  la  même  pièce  de  terre,  la  dépense  atteint  à 
peine  le  chiffre  de  5  francs  par  hectare.  Le  cultivateur  ne  peut  donc  ren- 
contrer qu'une  seule  difficulté  sérieuse  pour  l'exécution  de  ce  travail,  c'est 
la  pénurie  des  bras,  qui  devient  chaque  jour,  pour  l'agriculteur,  une  entrave 
plus  alarmante. 

»  La  quantité  de  m  an  s  qu'une  seule  femme  peut  ramasser  dans  une 
journée  derrière  la  charrue  varie  nécessairement  suivant  l'abondance  de 
ces  insectes,  qui  sont  souvent  agglomérés  par  places.  Dans  ma  ferme,  j'ai 
vu  le  produit  de  la  chasse  descendu  de  a5  à  4  kilogrammes  d'un  jour  à 
l'autre;  mais  on  peut  admettre  qu'une  seule  femme  a  ramassé  en  moyenne 
10  kilogrammes  de  vers  blancs  par  journée  de  labour,  pendant  la  campa- 
gne de  1866  à  1867. 

»  Il  convenait  de  tenir  compte  de  la  valeur  que  l'on  doit  attribuer 
comme  engrais  à  cette  masse  de  matière  annualisée,  extraite  de  la  terre  à 
l'état  de  mans.  Voici  le  résultat  de  mes  analyses  quant  à  l'eau  et  quant  à 
l'azote  contenus  dans  les  larves  du  hanneton. 

»  J'ai  trouvé  que  les  mans  à  l'état  naturel  contiennent  en  centièmes  : 
eau,  86,06,  et  matières  solides  sèches,  18, 9/1.  La  matière  solide  desséchée 
à  120  degrés  donne  en  moyenne  7,06  d'azole  pour  100.  On  en  déduit  que 
100  kilogrammes  de  mans,  à  l'état  naturel,  contiennent  1  337  kilogrammes 
d'azote.  Cette  proportion  d'azote  représente  une  valeur  de  3  francs  pour 
ioo  kilogrammes  de  mans,  alors  que  le  guano,  dosant  iZj  pour  100  d'azote, 
est  payé  3i  francs  les  100  kilogrammes.  En  admettant,  comme  je  l'ai  in- 
diqué, un  produit  moyen  de  10  kilogrammes  de  vers  blancs  par  journée 
de  femme,  la  valeur  de  l'engrais  à  déduire  de  la  dépense  représente 
3o  centimes. 

»  Environ  3  000  kilogrammes  de  mans,  ramassés  dans  ma  seule  com- 
mune, pendant  la  dernière  campagne,  ont  été  mélangés  par  couches  avec 
de  la  chaux  vive  et  de  la  terre  pour  en  faire  un  composé  dont  j'attends  un 


(  ..36) 
bon  effet,  et  qui  sera  employé  au  printemps  prochain  sur  les  terres  de  ma 
ferme. 

»  On  a  préconisé,  tour  à  tour,  certains  engrais  spéciaux,  certains  pro- 
duits plus  ou  moins  chimiques,  dont  l'emploi  devait  assurer  la  destruction 
des  vers  blancs.  La  plupart  de  ces  procédés  ont  été  reconnus  ou  dangereux 
pour  la  végétation,  ou  inefficaces,  ou  impossibles  à  employer  dans  la  grande 
culture. 

»  Cependant  M.  Marsaux,  directeur  de  la  pépinière  forestière  de  Ver- 
sailles, a  publié  des  expériences  fort  intéressantes  sur  l'emploi  de  la 
naphtaline  que  livrent  en  masses  cristallisées  les  usines  à  gaz  de  Paris.  Ces 
expériences  ont  été  l'objet  de  Rapports  favorables,  présentés  à  la  Société 
d'Horticulture  de  Seine-et-Oise  (i). 

»  Le  procédé  employé  par  M.  Marsaux  consiste  à  enfouir  dans  le  sol, 
par  mètre  carré,  230  grammes  de  naphtaline  avec  un  poids  double  de  sable 
pour  obtenir  une  répartition  plus  uniforme.  Dans  ces  conditions,  M.  Mar- 
saux a  constaté  que  la  végétation  des  plantes  maraîchères  ou  agricoles 
n'était  pas  compromise  et  que  les  mans  renfermés  dans  la  couche  arable 
étaient  généralement  tués  ou  obligés  de  fuir. 

»  J'ai  pu  vérifier  l'exactitude  de  ces  faits  :  incorporée  dans  le  sol  à  la  dose 
de  4oo  grammes  par  mètre  carré,  la  naphtaline  n'a  exercé  aucune  influence 
fâcheuse  sur  la  végétation  des  plantes  maraîchères  ou  d'agrément  les  plus 
délicates,  et  de  plus  cette  substance  est  un  véritable  poison  pour  les  mans 
qui  sont  soumis  à  son  action. 

»  Voici  quelques  expériences  très-nettes  à  cet  égard.  Le  18  mai  .8GG, 
j'ai  placé  trois  gros  vers  blancs  dans  un  kilogramme  de  terre  contenant 
5  grammes  de  naphtaline.  Ces  trois  vers  ont  été  trouvés  morts  dans  les 
vingt-quatre  heures.  J'ai  obtenu  le  même  résultat  dans  un  mélange  de  terre 
qui  ne  contenait  que  ^Vû  c'e  naphtaline;  en  opérant  avec  des  doses  plus 
fortes,  le  poison  agit  en  quelques  heures.  Toutefois  il  faut  remarquer  que  la 
naphtaline  est  très- volatile  et  perd  assez  rapidement  son  effet  préservateur, 
surtout  par  de  grandes  chaleurs.  J'ai  plusieurs  fois  observé  que  peu  de 
semaines  suffisent  pour  que  le  terrain  empoisonné  soit  de  nouveau  envahi 
par  les  mans,  qui  s'attaquent  aux  racines  de  certaines  plantes  avec  plus  de 
voracité  que  jamais. 

»   Dans  tous  les  cas,  l'emploi  de   la  naphtaline  présente  quelques  avan- 


1     Jrmrinil  de  In   Société  d'Horticulture  de  Seine-ct-Oise,  novembre  et  décembre  i^ii!; 
juillet  et  août,  novembre  et  décembre  186  \'. 


(   "37  ) 
tages  clans  les  pépinières,  les  cultures  maraîchères  et  les  jardins  ,  sou  prix 
n'étant  que  de  60  francs  les  1000  kilogrammes.  Mais,  à  ce  prix  même,  la 
grande  culture  ne  peut  en  tirer  bon  parti,  la  dépense  devant  s'élever  par 
hectare  à  3oo  francs  environ,  sans  obtenir  un  résultat  complet. 

»  Plusieurs  animaux  sont  considérés  comme  d'utiles  auxiliaires  à  con- 
server pour  la  destruction  des  hannetons  et  des  mans.  Parmi  eux,  les  cor- 
beaux et  les  taupes  se  signalent  particulièrement  par  un  grand  empresse- 
ment; cependant  on  a  bien  quelques  méfaits  à  leur  reprocher  Dans  noire 
contrée,  les  corbeaux  sont  nombreux,  et  je  dois  déclarer  que  tout  en 
rendant  quelques  services,  ils  compromettent  souvent  très-gravement  les 
récoltes. 

»  L'emploi  de  poulaillers  mobiles  pour  cantonner  les  poules  et  autres 
volailles  de  la  basse-cour,  au  milieu  des  champs,  a  été  indiqué  comme  un 
moyen  économique  de  nettoyer  les  terres.  Les  volailles  recherchent  en 
effet  avec  avidité  les  vers  blancs  et  les  hannetons;  mais,  sous  l'influence  de 
cette  alimentation,  les  oeufs  prennent  une  couleur  et  une  saveur  repous- 
santes. Ce  moyen  de  destruction  est  d'ailleurs  tout  à  fait  insuffisant. 

»  Beaucoup  de  cultivateurs  attendent  encore  que  des  hivers  rigoureux 
ou  des  intempéries  exceptionnelles  les  délivrent  d'un  ennemi  si  redoutable. 
Nous  devons  espérer  qu'un  certain  nombre  d'insectes  périt  ainsi  chaque 
année.  J'ai  indiqué  dans  les  tableaux  de  mes  fouilles  une  destruction  assez 
notable  de  mans  trouvés  morts  et  envahis  par  un  byssus.  Mais  malheureu- 
sement il  est  facile  de  voir  que  des  légions  entières  de  ces  insectes  nuisibles 
résistent  aux  mauvais  jours. 

»  Je  suis  amené  ainsi  à  conclure  qu'il  faut  lutter  énergiquement  contre 
le  fléau.  Il  n'est  sans  doute  pas  au  pouvoir  de  l'homme  de  le  conjurer  en- 
tièrement; mais, on  peut  espérer  entraver  sa  marche  progressive  et  l'amoin- 
drir dans  une  proportion  importante. 

»  Ramasser  avec  persévérance  les  mans  et  les  hannetons  nous  paraît  en- 
core le  moyen  le  plus  sûr,  le  plus  économique  et  le  plus  pratique.  Mais  il 
est  nécessaire  que  le  travail  d'extermination  se  poursuive  partout  avec 
ensemble.  Nous  ne  pouvons  nous  dissimuler  que  tout  ce  qui  a  été  fait  dans 
la  Seine-Inférieure  ne  sera  pas  suffisant,  si  les  autres  départements  négligent 
d'entrer  dans  la  même  voie.  Frappés  de  cette  vérité,  beaucoup  de  bons 
esprits  avaient  pensé  qu'une  loi  devrait  intervenir  pour  rendre  le  Hannc- 
tonnocje  obligatoire.  Mais  Us  ont  ensuite  reconnu  que  ces  mesures  de  répres- 

C.  R.,  1867,    Ie  Semestre.  (T.  LXV ,  N°  27.)  '48 


(  u38  ) 
sion,  édictées  par  une  disposition  législative,  présenteraient  de  graves 
inconvénients.  On  sait,  d'ailleurs,  le  peu  d'efficacité  des  lois  sur  l'éche- 
nillage  et  l'échardonnage,  qui  sont  pour  ainsi  dire  tombées  en  désuétude. 
Il  semble  qu'en  pareille  matière  il  y  a  lieu  d'agir  plutôt  par  voie  d'encou- 
ragement et  de  persuasion  que  par  voie  de  coercition. 

»  Que  l'Administration  supérieure,  les  Conseils  généraux,  les  Communes, 
les  Comices,  les  grands  propriétaires,  réunissent  leurs  efforts  pour  encou- 
rager et  protéger  l'entreprise!  Les  intérêts  de  notre  agriculture  sont  gra- 
vement engagés.  Jamais,  d'ailleurs,  on  n'aura  donné  aux  populations 
rurales  une  assistance  plus  urgente  et  plus  essentielle.  » 

M.  Emile  Blanchard  fait,  au  sujet  de  la  présentation  du  Mémoire  de 
M.  Reiset,  les  remarques  suivantes  : 

«  Je  m'associe  pleinement  à  M.  le  Président,  dit-il,  pour  signaler  l'impor- 
tance des  recherches  de  M.  Reiset,  et  pour  déclarer  que  la  précision 
avec  laquelle  tous  les  faits  ont  été  constatés  par  le  savant  agronome  a  un 
caractère  vraiment  scientifique.  Cependant,  s'il  était  intéressant  de  noter 
scrupuleusement  à  quelle  profondeur  les  vers  blancs  se  logent  dans  la 
terre,  suivant  les  saisons  et  surtout  suivant  la  température,  il  importe  de 
ne  pas  laisser  croire  que  les  naturalistes  sont  demeurés  jusqu'ici  dans 
l'ignorance  des  habitudes  des  larves  qui  se  nourrissent  de  racines.  On  sait, 
en  effet,  que  les  larves  séjournant  dans  le  sol  à  une  faible  profondeur,  tant 
que  la  température  reste  douce,  s'enfoncent  aux  premières  atteintes  du 
froid  et  descendent  très-profondément  en  terre  dans  les  hivers  rigoureux,  de 
façon  à  toujours  échapper  à  la  gelée.  Depuis  longtemps,  dans  de  nombreux 
écrits,  on  a  cherché  à  détruire  l'idée  absolument  fausse,  répandue  parmi  les 
cultivateurs,  que  le  froid  fait  périr  les  Insectes.  Cette  remarque,  au  reste, 
n'enlève  rien  de  la  valeur  des  observations  de  M.  Reiset,  dont  j'ai  eu  con- 
naissance et  que  j'ai  citées  dans  mon  ouvrage  récent  sur  les  Métamorphoses 
des  Insectes.  M.  Reiset  est  entré  dans  une  excellente  voie,  et  si  son  exemple 
était  suivi  dans  toutes  les  parties  de  la  France,  nous  verrions  en  peu  d'an- 
nées presque  disparaître,  et  tout  au  moins,  diminuer  considérablement  les 
vers  blancs,  le  plus  grand  fléau  de  l'agriculture.  » 

M.  Ciievkecl  prend  alors  la  parole,  et  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Je  me  serais  bien  mal  exprimé  si  j'avais  donné  a  entendre  que 
*1  Reisel  avait  prétendu  que  les  naturalistes  ignoraient,  avant  lui,  les  habi- 
tudes des  larves,  de  s  enfoncer  d'autant  plus  profondément  en  terre  que  le 


(  "39) 
froid  de  l'atmosphère  a  plus  d'intensité,  et  qu'il  eût  prétendu  encore  relever 
une  erreur  du  public  savant  auquel  il  aurait  prêté  la  croyance  que  le  froid 
détruit  les  larves  du  hanneton.  Je  proteste  contre  l'assertion  de  M.  Blan- 
chard :  rien  dans  l'écrit  de  M.  Reisot,  rien  dans  le  compte  rapide  que  j'ai 
rendu  d'un  travail  suivi  par  son  auteur  avec  tant  de  persévérance,  de  talent 
et  d'utilité,  ne  peut  donner  à  penser  que  M.  Reiset  a  cru  combattre  le  pre- 
mier une  erreur,  et  que,  dupe  moi-même  de  cette  croyance,  je  suis  venu 
louer  devant  l'Académie  l'auteur  auquel  M.  Blanchard  l'attribuait.  La  vérité, 
la  voici  : 

«  La  production  agricole,  horticole  et  maraîchère  du  département  rie  la 
Seine-Inférieure  a  été  frappée  par  un  véritable  fléau  :  la  multitude  des  han- 
netons en  1 865  et  les  mans  ou  larves,  sortis  de  leurs  œufs,  ont  causé  une 
perte  qui  a  été  estimée  dépasser  25  millions.  , 

»  Pour  combattre  de  tels  ennemis,  M.  le  Préfet  Le  Roy  a  nommé  une 
Commission  sous  la  présidence  de  M.  Reiset;  l'ensemble  des  recherches 
dont  l'Académie  a  autorisé  l'impression  est  un  bel  exemple  de  la  lumière 
qu'une  SCIENCE  PRÉCISE,  fruit  de  l'expérience,  est  susceptible  de  répandre  sur 
la   PRATIQUE  AGRICOLE. 

»  M.  Reiset  a  placé  deux  thermomètres  à  alcool,  l'un  à  réservoir  allongé 
dans  le  sol,  de  manière  que  le  zéro  en  affleurât  Je  niveau;  le  second  dans 
l'air. 

»  Des  fouilles  ont  été  faites  couche  par  couche  jusqu'à  om,g  de  pro- 
fondeur sur  une  étendue  de  3  mètres  superficiels.  On  compte,  pour  cha- 
cune des  couches  que  l'on  découvre,  ce  qu'on  y  a  trouvé  :  i"  de  larves 
vivantes;  2°  de  larves  tuées  par  un  byssus;  3°  de  chrysalides  ;  4°  de  hanne- 
tons, en  ayant  égard  à  la  date  des  jours,  aux  températures  du  sol  et  de 
l'atmosphère.  Ces  expériences  ont  été  suivies  pendant  plus  d'un  an  et  dans 
diverses  localités  du  département,  comme  on  le  voit  dans  les  tableaux  du 
Mémoire.  M.  Reiset  constate  que  la  température  de  l'air  ayant  été  quelques 
jours  à  i5  degrés  au-dessous  de  zéro,  la  température  du  sol,  dans  une  pro- 
fondeur, je  crois,  de  om,5o,  n'a  pas  été  au-dessous  de  zéro;  à  la  vérité  la 
terre  était  couverte  de  neige,  et,  dans  cette  circonstance,  la  gelée  n'a  pas 
atteint  les  larves. 

»  Eh  bien!  c'est  après  i 'observation  de  tels  faits,  entrepris  dans  l'intérêt  de 
l'agriculture,  que  M.  Reiset,  en  s'adressanl  à  des  cultivateurs  de  lu  Seine- 
Inférieure  qui  se  reposent  sur  le  froid  pour  purger  leurs  terres  des  MANS.  leur 
dit  qu'ils  se  trompent,  et  que  c'est  à  eux  d  employer  des  moyens  pour  détruire  le 
fléau  qui  menace  leurs  récoltes. 

»   M.  Reiset,  en  agissant  ainsi,  a  fait  ce  qu'il  devait.  Ce  n'est  donc  pas 

i48. 


(  n4o  ) 

aux  entomologistes  de  l'Académie,  je  pense,  ce  n'est  point  à  l'honorable 
professeur  d'entomologie  du  Muséum  que  M.  Keiset  a  prétendu,  comme 
on  le  suppose,  venir  apprendre  que  le  froid  ne  tue  pas  les  larves  des 
hannetons. 

»  Voilà  des  recherches  précises.  Voyons  l'application  qu'en  a  faite 
M.  Reiset  à  la  culture. 

»   Des  ensemencements  se  font  en  automne  et  au  printemps. 

>>  En  automne,  M.  Reiset,  sachant  que  les  mans  sont  dans  la  première 
couche  du  sol,  prescrit  des  labours  légers  et  un  hersage  énergique;  deux 
femmes  ou  quatre  enfants  suivent  la  charrue  et  ramassent  dans  des  paniers 
les  mans  mis  à  découvert. 

»  D'une  pièce  de  terre  de  ihect,4°%  on  a  retiré,  au  moyen  de  trois  la- 
bours,*^ kilogrammes  de  mans,  et  le  salaire  des  femmes  a  été  de  16  fr.  5o  c, 
ce  qui  ne  fait  pas  12  francs  par  hectare.  Cette  pièce  a  donné  une  excellente 
récolte  de  colza  en  1867,  tandis  que  la  pièce  voisine,  dont  les  mans  n'avaient 
pas  été  enlevés,  a  donné  une  récolte  nulle. 

»  Pour  préparer  la  terre  au  printemps,  en  février  et  en  mars,  époque  où 
les  mans  ne  sont  plus  dans  la  première  couche  du  sol,  le  cultivateur  doit 
faire  une  fouille  afin  de  savoir  s'il  y  a  des  mans,  et  dans  ce  cas  recon- 
naître la  profondeur  où  ils  se  trouvent.  Au  lieu  de  procéder  à  un  labour 
qui  devrait  être  profond  pour  les  atteindre,  M.  Reiset  lui  conseille  d'at- 
tendre quelques  semaines  afin  que  les  mans  remontent  dans  la  première 
couche,  là  où  il  est  possible  de  les  mettre  à  découvert  par  un  léger  la- 
bour. 

»  Voilà,  certes,  des  conseils  positifs  qui  sont  le  résultat  d'expériences 
précises  sur  la  température  de  l'air  et  celle  du  sol,  et  d'observations  égale- 
ment précises  sur  les  mouvements  des  mans  de  haut  en  bas  et  de  bas  en  haut 
déterminés  par  les  relations  de  ces  mêmes  températures. 

»  M.  Reiset  a  non -seulement  évalué  par  l'expérience  la  dépense  de  faire 
ramasser  des  mans  par  des  femmes  ou  des  enfants;  mais  en  faisant  un 
examen  chimique  de  ces  mans  au  point  de  vue  de  l'engrais  des  terres,  il  a  pu 
diminuer  cette  dépense  en  en  retranchant  le  prix  du  nouvel  engrais. 

»  Je  ne  m'étendrai  pas  davantage  sur  ce  travail.  Il  suffit  de  ce  que  je 
viens  de  dire  pour  qu'on  ne  croie  pas  que  M.  Reiset  ait  jamais  eu  la  naïveté 
de  croire  qu'en  communiquant  son  travail  à  l'Académie,  il  prétendait 
apprendre  au  monde  savant  (pie  le  froid  ne,  tue  jias  les  insectes  qui  sont 
en  terre    1   .  » 

1     In   écrivant  cette  proposition  j'y  apporterai,  dans  un  prochain  Compte  rendu,  une 


(  "4i  ) 

M.  Moreau  de  Joxnès,  Membre  de  l'Institut  (Académie  des  Sciences 
morales  et  politiques),  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  admettre  au  con- 
cours du  prix  de  Statistique  (fondation  Montyon)  un  ouvrage  qu'il  vient  de 
publier  et  qui  a  pour  titre  «  Etat  économique  et  social  de  la  France  depuis 
Henri  IV  jusqu'à  Louis  XIV  ». 

(Renvoi  à  la  Commission.  ) 

31.  Zaliwski-Mikorski  adresse  une  Note  concernant  la  formation  des 
alliages.  Selon  l'auteur,  un  alliage  n'est  possible  que  si  le  métal  électro- 
positif est  le  plus  fusible. 

(Renvoi  à  la  Section  de  Chimie.) 

M.  Brate  adresse  une  nouvelle  Lettre  concernant  ses  recherches  sur  la 
construction  des  triangles. 

(  Renvoi  à  la  Commission  précédemment  nommée.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  pitblique  annonce  à  l'Académie  que, 
conformément  au  désir  exprimé  dans  la  Lettre  qu'elle  lui  a  transmise,  il 
tient  un  exemplaire  des  OEuvres  de  Lagrange  à  la  disposition  de  l'Observa- 
toire de  Washington. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique  transmet  à  l'Académie  un  plan 
météorologique,  indiquant  la  direction  suivie  par  les  vents  dans  la  vallée 
d'Anjou  au  mois  de  mai  dernier,  et  dressé  par  M.  André,  d'Arc-en-Barois. 

Ce  travail  sera  soumis  à  l'examen  de  M.  Becquerel. 

MM.  les  Curateurs  de  l'Universite  de  Leyde  adressent,  an  nom  de 
l'Université  néerlandaise  et  des  Athénées  d'Amsterdam  et  de  Deventer,  uu 
exemplaire  de  leurs  Annales  pour  1862-63. 

L'Académie  des  Sciences  d'Amsterdam  adresse  trois  nouveaux  volumes 
de  ses  publications  périodiques. 


restriction  relative  au  grave  inconvénient  de  ces  propositions   données  si  souvent  en  agri 
culture  ou  ailleurs  comme  absolues. 


(    I>42    ) 

minéralogie.  —  Sur  la  Woodwardite  du  Cornouailles.  Note  de  M.  F.Pisaxi, 
présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  Parmi  les  minéraux  nouveaux  découverts  depuis  peu  au  Cornouailles, 
M.  Ghurch  a  décrit  (Journal  oj  chemicat  Society,  IV,  p.  i3o)  une  substance 
à  laquelle  il  a  donné  le  nom  de  Woodwardite.  Ce  minéral  forme  sur  le 
ktllas  des  croûtes  amorphes,  d'un  bleu  verdâtre,  à  surface  ondulée,  ayant 
environ  5  à  8  millimètres  d'épaisseur.  Sa  composition  est  la  suivante  : 

Cu     46,87     S      i2,5o     Al      17,66     H      22,86 

»  D'après  la  formule. que  M.  Chnrch  donne  à  ce  minéral,  ce  serait  un 
sulfate  de  cuivre  associé  à  un  hydrate  de  la  même  base,  plus  un  hydrate 
d'alumine. 

»  Ayant  reçu  cette  année  dp  M.  R.  Talling,  aux  recherches  duquel  on 
doit  la  découverte  de  plusieurs  minéraux  intéressants  dans  le  Cornouailles, 
une  substance  trouvée  dans  les  mêmes  conditions  de  gisement  que  la 
Woodwardite  et  lui  ressemblant  singulièrement  quant  à  l'aspect  et  à  la 
texture,  mais  seulement  d'une  couleur  verte  assez  claire,  j'ai  pensé  qu'il 
serait  de  quelque  intérêt  d'en  faire  une  étude  comparative  avec  le  minéral 
décrit  par  M.  Church. 

»  Essayé  qualitativement,  le  nouveau  minéral  m'a  donné,  outre  les  élé- 
ments de  la  Woodwardite,  une  quantité  de  silice  assez  grande  pour  pro- 
duire une  gelée  avec  l'acide  chlorhydrique  dans  une  liqueur  concentrée; 
seulement  on  voit  par  la  couleur  de  la  solution  qu'il  contient  bien  moins 
de  cuivre. 

»  Je  pensai  dès  lors  que  la  Woodwardite  n'était  pas  un  minéral  bien 
défini,  mais  seulement  un  mélange,  à  proportions  variables,  d'un  sous- 
sulfate  de  enivre  avec  un  hydrate  d'alumine.  Néanmoins  je  recherchai  la 
présence  de  la  silice  dans  la  Woodwardite,  mais  j'en  trouvai  seulement 
une  quantité  assez  petite,  insuffisante  pour  constituer  un  silicate  avec 
l'alumine. 

»  Une  analyse  faite  sur  la  Woodwardite  m'a  donné  les  nombres 
suivants  : 

Oxygène.        Rapports. 

Oxyde  de  cuivre 4^>^  9-4  4' 

\i  ride  sulfurique '  '  >7  7  >°  3 

Alumine '3,4 

Silice , i  ,-.) 

Eau » 


(  "43  ) 

»  Les  rapports  d'oxygène  entre  l'acide  sulfurique  et  l'oxyde  de  cuivre 
sont  comme  3  :  l\.  Ce  rapport  est  le  même  que  celui  que  j'ai  donné  pour 
la  Langite. 

»  Voici  maintenant  le  résultat  de  l'analyse  du  minéral  nouveau  ressem- 
blant à  la  Woodwardite  : 

Oxygène.        Rapports. 

Oxyde  de  cuivre ....         17,4  3,52  4 

Acide  sulfurique 4,7  2,82  3 

Alumine 33,8 

Silice 6,7 

Eau 38,7 

ioo,5 

»  Dans  cette  analyse,  on  voit  que  la  quantité  d'alumine  n'est  plus  en 
rapport  avec  celle  trouvée  dans  la  Woodwardite,  tandis  que  les  quantités 
d'acide   sulfurique   et  d'oxyde   de  cuivre   sont   proportionnellement   les 

mêmes;  on  peut  donc  considérer  le  nouveau  minéral  comme  un  mélange 

o 

de  Langite  (Cu'S  H-  4 H)  avec  un  silicate  d'alumine  très-basique,  analogue 
à  la  Scarbroïte  ou  à  la  Schrotterite  (variétés  d'allophane) ,  ou  avec  un 
hydrate  d'alumine  mêlé  d'un  silicate  du  genre  allopbane  ou  halloysite. 
Quant  à  la  Woodwardite,  on  doit  la  considérer  comme  un  mélange  ana- 
logue, dans  lequel,  au  lieu  d'un  allophane  très-basique,  il  y  aurait  un 
hydrate  d'alumine  avec  un  peu  de  silice. 

»  La  Langite  qui  se  trouve  au  Cornouailles  sur  le  killas  a  donc  dû, 
dans  certaines  circonstances,  se  déposer  avec  un  hydrate  d'alumine  ou  un 
silicate  très-basique  pour  former  ces  mélanges  de  couleur  variable  qui 
constituent  la  Woodwardite  et  le  minéral  qui  lui  ressemble. 

»  On  doit  conclure  de  ces  faits  que  la  Woodwardite  ne  peut  en  aucune 
manière  constituer  une  espèce  nouvelle;  et  de  même  qu'on  voit  fréquemment 
dans  différentes  localités  des  allopbanes  colorés  par  plus  ou  moins  d'oxyde  de 
cuivre,  il  y  aurait  également  au  Cornouailles  des  allophanes  ou  des  hydrates 
d'alumine  mêlés  de  Langite,  comme  cela  a  lieu  pour  les  deux  minéraux 
dont  j'ai  fait  l'étude.  Eu  outre,  la  quantité  de  silice  continue  dans  les 
allophanes  étant  très-variable  (2^  à  10  pour  100),  rien  n'empêche  de  sup- 
poser que  les  variétés  pauvres  en  silice  contiennent  un  mélange  d'hydrate 
d'alumine  qui  serait  très-dominant  dans  la  Woodwardite,  dont  Yallophane 
aurait  un  minimum  en  silice  ;  ce  qui  complète  l'analogie  de  constitution 
entre  les  deux  minéraux  qui  font  l'objet  de  cette  Note.    » 


(  n44  ) 

chimie  organique.  —  Electrolyse  de  l'acide  tartrique.  Note  de  M.  E.Bourgoin, 
présentée  par  M.  H.  Sainte-Claire  Deville. 

«  L'action  du  courant  a  été  étudiée  sur  le  tartrate  neutre,  sur  un  mélange 
de  tartrate  et  d'alcali,  enfin  sur  l'acide  tartrique  libre. 

»  I.  Tartrate  neutre  de  potasse.  —  Pour  reconnaître  l'action  fondamentale 
du  courant  électrique  sur  l'acide  tartrique,  il  convient  d'opérer  sur  une 
dissolution  concentrée  et  neutre  de  tartrate  de  potasse.  Cette  solution  a  été 
analysée  en  la  traitant  par  un  mélange  d'acide  sulfurique  et  d'acide  azo- 
tique fumant.  L'acide  organique  est  détruit,  et  il  reste  du  sulfate  de  potasse. 
On  arrive  par  cette  méthode  à  un  dosage  rigoureux,  si  l'on  opère  avec 

précaution. 

„  .     .  ...     <   Pôle   P 2Q«,5 

Solution  saline      „.,     •  '      ,. 

{  Pôle  N 29", 5 

1  centimètre  cube  contenant  C  H'  K'O" o,683 

»  Dès  que  le  courant  passe,  la  réaction  s'établit,  et  la  solution  devient 
alcaline  au  pôle  négatif.  Il  ne  se  produit  qu'un  dégagement  médiocre  de 
gaz  aux  deux  pôles. 

»  Le  phénomène  principal,  celui  qui  met  dans  tout  son  jour  l'action 
fondamentale  du  courant,  c'est  la  formation  d'un  précipité  blanc,  qui  se 
détache  lentement,  mais  continuellement,  de  l'électrode  positif.  L'analyse 
démontre  que  ce  dépôt  est  entièrement  constitué  par  de  la  crème  de  tartre. 
La  solution  positive  reste  sensiblement  neutre  pendant  tout  le  cours  de 
l'expérience  :  elle  ne  doit  sa  légère  acidité  qu'à  la  faible  quantité  de  crème 
de  tartre  qu'elle  retient  en  dissolution. 

»  Afin  d'étudier  les  modifications  que  subit  la  dissolution,  l'expérience 
a  été  arrêtée  aptes  vingt-quatre  heures.  Voici  le  résultat  des  analyses  : 

»    i°  Gaz  positif. 

De  1  heure  à  20 heures.  Ue  20  heures  à  24  heures. 

C20! 61,2  Su, 7 

0> 7,8  7,2 

C^O' 26,3  11,6 

Az ...  2,7  0,5 

»    20  Liquides. 

Positif  [acidité  sensiblement  nulle  . 

2  centimètres  cubes  donnent.  .  .      S^K'O8  =10,424     Csll'R-Ou  =  o,563 

Négatif  (très-alcalin  . 

2  centimètres  cubes  donnent.  .  .     S-K206  =  o,58o     C"H4K'0"  =  0,753 
Alcali  libre  dans  1  centimètres  cubes o,o4' 


(   "45  ) 
On  déduit  de  là, 

Perte  de  sel  ^  a"  P0'e  P o, 683 -o, 563  =0,120 

)  au  pôle  N o, 683 —  (0,753  — o,o83)=o,oi3 

»  Ainsi,  la  presque  totalité  du  sel  décomposé  est  fournie  par  le  pôle 
positif.  On  retrouve  donc  ici  d'une  façon  très-nette  un  phénomène  ana- 
logue à  ceux  qui  ont  été  signalés  par  MM.  Daniell  et  Miller,  étudiés  par 
MM.  Pouillet  et  d'Almeida. 

»   En  résumé,  on  a  pour  l'électrolyse  du  tartrate  neutre  : 

Réaction  fondamentale C»H'K!012  =  (C'H'CT-f-  0-).  .  .  +  K», 

Réaction  secondaire C'HiO"  +  H!0I  =  C,H'0,!. 

»  L'acide  tartriqne  régénéré  au  pôle  positif  forme  avec  le  sel  neutre  de 
la  crème  de  tartre,  sauf  une  certaine  quantité  qui  est  détruite  par  l'oxygène 
avec  production  d'acide  carbonique,  d'oxyde  de  carbone  et  d'eau,  d'après 
une  réaction  analogue  à  la  suivante  : 

C8H80,2-t-302  =  aC204  +  2c202-+-3H202. 

,»  II.  Tartrate  neutre  et  alcali  (4C8H4  K.2  O12  +  KHO2).  -  Lorsqu'un 
électrolyse  une  solution  très-concentrée  et  alcaline  de  tartrate  de  potasse 
faite  dans  les  proportions  ci-dessus,  les  résultats  obtenus  sont  bien  diffé- 
rents de  ceux  qui  ont  été  signalés  dans  le  paragraphe  précédent,  bien  que 
la  réaction  fondamentale  reste  la  même.  Il  se  dégage  au  pôle  positif  un 
mélange  d'acide  carbonique,  d'oxyde  de  carbone,  d'oxygène  et  d'hydrure 
d'éthylène. 

Après  24  heures.       Après  3  jours. 

C30< 81,98  61,  i5 

C'O' 9,60  18,47 

O1 6,68  iS,i8 

C'H' 0,61                    1  ,20 

Az 1  , 1 3                  1 ,00     ni 

»  Quelle  est  l'origine  de  l'hydrure  d'éthylène?  Il  est  facile  de  répondre 
à  cette  question.  En  effet,  si  on  examine  le  liquide  contenu  dans  le  com- 
partiment positif,  on  constate  qu'il  renferme  une  grande  quantité  d'acide 
acétique,  ou  mieux  d'acétate  de  potassium.  Ce  sel,  à  mesure  qu'il  se  (orme. 

1  .l'ai  remis  à  31.  Berthelot  un  échantillon  de  ce  gaz  privé  d'oxygène  et  d'acide  carbo- 
nique. Mon  savant  maître,  dont  l'habileté  est  si  grande,  n'a  pu  déceler  dans  ce  gaz  la  pré- 
sence de  l'acétylène.  Ce  fait  est  important,  car  il  démontre  que  l'oxyde  de  carbone  dans  ces 
phénomènes  électrolvtiques  peut  prendre  naissance  indépendamment  de  l'acétylène. 

C.  R..  1R67,  1'  Semestre,  (T.  LXV,  N<>  27.)  •  '»<) 


(  i>46  ) 
s'électrolyse  en  partie,  conformément  à  la  réaction  observée  par  M.  Kolb 
pour  la  première  fois. 

»  III.  Acide  tarlrique  libre.  —  Une  solution  concentrée  et  faite  à  froid 
d'acide  tartrique  donne,  dès  le  début,  au  pôle  positif,  un  gaz  dans  lequel 
domine  l'acide  carbonique  : 


GAZ. 

]«  GAZ. 

48  HEURES. 

72    HEURES. 

4  JOURS. 

CO' 

co- 

o- 

Az 

89,2 

6,9 
2,2 

■>7 

82,0 
1 0 ,  (  > 

6,6 
°'9 

72,1 

19,1 

8,2 

0,6 

95>4 

4,1 

1) 

0,5 

La  quantité  d'oxyde  de  carbone  diminue  encore  si  on  prolonge  l'expé- 
rience, et,  après  le  cinquième  jour,  on  recueille  de  l'acide  carbonique  sen- 
siblement pur. 

»  Le  dosage  acidimétrique  indique  que  les  deux  pôles  ont  perdu  une 
certaine  quantité  d'acide;  mais  ce  dosage  ne  peut  donner  ici  la  valeur 
exacte  des  pertes  éprouvées  par  chaque  pôle.  En  effet,  sachant  déjà  par 
expérience  que  l'acide  acétique  ne  s'électrolyse  qu'avec  une  extrême  diffi- 
culté, j'ai  pensé  que  si  l'électrolyse  de  l'acide  tartrique  a  lieu  dans  le  même 
sens  que  celle  des  tartrates,  on  doit  trouver  de  l'acide  acétique  au  pôle 
positif.  Cette  prévision  a  été  confirmée  par  l'expérience  :  après  le  cinquième 
jour,  le  compartiment  positif  renfermait  une  grande  quantité  d'acide  acé- 
tique, qui  a  été  isolé  à  l'état  d'acétate  de  baryte  cristallisé. 

»  En  résumé,  l'acide  tartrique  libre  s'électrolyse  de  la  même  manière 
<pie  les  tartrates,  et  sa  décomposition  par  le  courant  doit  s'exprimer  ainsi  : 

»    i°  Réaction  fondamentale  : 

C8H60,2  _  (c8H*0'°  -+-  O2)...  -4-  H2; 

»   2"  Réaction  secondaire  : 

C8H4O,04-O2  =  2C20*-4-C*H404.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  De  la  variation  diurne  lunaire  de  l'aiguille  aimantée 
près  de  l'équateur  magnétique;  par  M.  J.-A.  Broun. 

«   On  croit  généralement  que  la   variation  diurne  due  à  la  Lune  est  si 
petite,  que  l'on  peut  bien  la  négliger,  jusqu'à  ce  que  l'on  en  sache  davantage 


(  "47  ) 
au  sujet  de  la  variation  diurne  solaire.  J'ai  trouvé  cependant  que  cette  niibon 
(bonne  ou  mauvaise)  n'existe  pas,   et  que  la  variation  diurne  lunaire  esl 
quelquefois  plus  grande  que  la  variation  diurne  solaire. 

»  Ce  fait  peut  donner  plus  d'intérêt  aux  résultats  suivants,  déduits 
de  plusieurs  années  d'observations,  et  qu'il  faut  bien  considérer  avant 
de  présenter  une  théorie  sur  les  causes  de  ces  mouvements. 

»  Selon  les  idées  généralement  reçues  jusqu'ici  (et  par  analogie  avec  la 
variation  solaire),  on  pouvait  supposer  qu'à  l'équateur  la  variation  pro- 
duite par  la  Lune  devait  changer  de  direction  quand  la  Lune  passe  d'un 
hémisphère  à  l'autre.  Il  n'en  est  rien. 

»  i°  Dans  les  mois  de  novembre  à  février,  la  déclinaison  orientale  est 
un  maximum  vers  les  heures  où  la  Lune  passe  les  méridiens  supérieurs  et 
inférieurs  ;  seulement,  selon  que  la  Lune  est  dans  l'hémisphère  nord  ou 
l'hémisphère  sud,  les  valeurs  relatives  des  maximums  et  minimums  chan- 
gent. Le  maximum  au  passage  supérieur  est  le  plus  grand  quand  la  Lune 
est  le  plus  au  nord,  et  le  plus  petit  quand  la  Lune  est  le  plus  au  sud  ;  les 
minimums  dans  les  deux  cas  sont  à  peu  près  égaux.  Quand  la  hune  passe 
l'équateur,  allant  au  sud,  le  minimum  au  couchant  de  la  Lune  esl  le  plus 
marqué;  et  quand  elle  passe  l'équateur  allant  au  nord,  c'est  le  minimum 
de  la  Lune  levant  qui  est  le  plus  fort;  les  maximums  dans  les  deux  cas  sont 
à  peu  près  égaux. 

»  20  Dans  les  mois  de  mai  à  septembre,  c'est  l'inverse  qui  a  lieu.  Les 
minimums  de  la  variation  orientale  arrivent  vers  les  passages  du  méridien, 
et  les  maximums  vers  le  levant  et  couchant. 

»  3°  Il  y  a  donc  une  inversion  de  la  loi  de  variation  des  mois  de  mars 
nu  avril  au  mois  d'octobre.  Ce  n'est  pas  quand  la  Lune  passe  d'un  hémi- 
sphère à  l'autre  que  la  variation  diurne  lunaire  est  intervertie,  mais  bien 
quand  le  Soleil  effectue  ce  passage,  exactement  comme  pour  la  variation 
diurne  solaire  (i). 

»  De  ce  fait,  publié  il  y  a  six  ans,  et  de  cette  liaison  entre  les  variations 
solaires  et  lunaires,  il  suivait  que  la  variation  diurne  lunaire  devait  être 
dans  des  directions  opposées  dans  les  hautes  latitudes  des  deux  hémi- 
sphères, et  que  l'amplitude  devait  être  plus  grande  pendant  l'été  de  chaque 
hémisphère  que  pendant  son  hiver.  Ces  deux  conclusions  ont  été  vérifiées 
depuis,  indépendamment,  par  les  recherches  d'autres  personnes. 

(i)  On  pourrait  rapporter  ces  inversions  des  lois  solaires  et  lunaires  à  la  position  de  la 
Terre  dans  son  orbite,  plutôt  qu'à  la  déclinaison  du  Soleil. 

i49.. 


(  i.i48  ) 

»  Dernièrement,  j'ai  trouvé  que  la  variation  diurne  lunaire  est  quelque- 
fois plus  grande  pendant  toute  une  lunaison  que  la  variation  diurne  solaire, 
et  que  son  amplitude  augmente  et  diminue  avec  une  grande  rapidité  d'une 
lunaison  à  une  autre.  On  trouvera  plus  de  détails  sur  les  variations  solaires 
et  lunaires  à  l'équateur  magnétique  dans  le  volume  des  Transactions  de  la 
Société  loyale  d'Edimbourg  qui  va  paraître. 

»  Me  sera-t-il  permis  de  terminer  ce  résumé  un  peu  rapide  des  faits 
résultant  de  mes  recherches  par  quelques  réflexions  qui  pourraient  peut- 
être  avoir  un  rapport  avec  ceux  qui  se  rapportent  à  la  constitution  du 
Soleil,  question  qui  occupe  beaucoup  les  esprits  dans  ce  moment. 

»  On  sait  que  les  nombres  des  taches  solaires  présentent  une  période 
qui  est  synchronique  avec  celle  des  valeurs  des  oscillations  de  l'aiguille 
aimantée,  et  que  toutes  deux  se  rattachent  aux  temps  des  révolutions  des 
planètes.  Je  ne  crois  pas  que  l'on  puisse  négliger  ces  faits  en  étudiant  la 
question  de  la  constitution  de  la  photosphère  du  Soleil  et  la  cause  des  taches. 

«  L'électricité  a  été  tellement  exploitée  comme  cause  de  tout  ce  que 
l'on  ne  peut  pas  expliquer,  qu'il  faut  quelque  hardiesse  pour  la  mettre  en 
avant  de  nouveau;  mais  il  me  paraît  peu  probable  que  les  actions  qui 
s'opèrent  dans  la  photosphère  du  Soleil,  quelque  hypothèse  que  l'on 
adopte,  ne  soient  pas  une  source  énergique  d'électricité.  J'ai  donc,  il  y  a 
dix  ans,  proposé  cette  question  (i)  :  «  Est-ce  que  les  taches  du  Soleil  ne  sont 
»  pas  dues  à  des  ruptures  des  courants  électriques  dans  l'atmosphère  du  So- 
»  leil,  dépendant  des  positions  des  planètes  relativement  au  plan  de  l'équa- 
»  teur  solaire?  »  Ces  décharges,  comme  je  les  avais  appelées,  dépendant 
aussi  de  la  tension  électrique  des  électrosphères  du  Soleil  et  des  planètes, 
devraient  produire  des  éruptions  à  travers  la  photosphère  du  Soleil  et  les 
atsmosphères  des  planètes  (comme  l'aurore  polaire),  ressemblant  à  des 
éruptions  volcaniques,  comme  M.  Chacornac  les  considère. 

»  Il  faut,  à  ce  qu'il  me  semble,  quelque  hypothèse  pareille  admettant 
une  grande  variation  d'action,  pour  expliquer  l'accroissement  que  j'ai 
trouvé  de  deux  à  quatre  fois  de  l'amplitude  de  l'oscillation  diurne  lunaire, 
d'une  lunaison  à  une  autre.  Ces  actions  mutuelles  entre  le  Soleil  et  les 
planètes,  et  entre  la  Terre  et  son  satellite,  me  paraissent  si  probables,  que 
je  désire  attirer  sur  ce  point  l'attention  des  hommes  de  science  qui  s'oc- 
cupent plus  particulièrement  de  l'électricité.  Si  de  telles  actions  existent, 
les  mouvements  d'électricité  ainsi  produits  entre  les  corps  en   question, 

i)  Philosophical  Magazine,  July  i858.  Lettre  datée  des  Indes,  21  décembre  1857. 


(  "4g) 
combinés  avec  les  rotations  des  astres,  ne  peuvent  que  produire  des  cou- 
rants  électriques   expliquant  les  mouvements  réguliers   et   irréguliers  de 
l'aiguille  aimantée.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  le  rétablissement  spontané  de  rare  voltaïque  après  une 
extinction  d'une  courte  durée.  Note  de  M.  F. -P.  Le  Roux,  présentée  par 
M.  Edm.  Becquerel. 

«  On  sait  que  dans  les  circonstances  ordinaires  l'électricité  fournie  par 
les  piles  ne  jaillit  pas  spontanément  entre  deux  conducteurs  si  rapprochés 
qu'ils  soient  ;  pour  que  le  courant  d'une  pile  puisse  franchir  l'espace,  il 
faut  que  les  conducteurs  soient  d'abord  amenés  au  contact,  et  c'est  au 
moment  où  on  écarte  ceux-ci  que  se  forme  l'arc  voltaïque.  C'est  seule- 
ment avec  une  pile  de  35oo  éléments,  isolés  avec  des  soins  particuliers,  que 
M.  Gassiot  a  réussi  à  produire  des  étincelles  pouvant  spontanément  fran- 
chir la  faible  distance  d'un  demi-millimètre. 

»  Dans  certaines  machines  magnéto-électriques,  on  utilise  les  courants 
pour  la  production  de  la  lumière  électrique,  et  cela  sans  les  redresser,  c'est» 
à-dire  sans  ramener  à  un  même  sens  ces  courants  qui  en  changent  un  grand 
nombre  de  fois  par  seconde.  Or,  le  changement  de  sens  impliquant  néces- 
sairement le  passage  par  une  valeur  nulle,  il  faut  que  pendant  un  certain 
temps  le  courant  cesse  effectivement  dépasser:  ce  temps  est  à  la  vérité  très- 
court,  et  dans  les  machines  bien  construites  il  doit  être  compris  entre  un  et 
deux  dix-millièmes  de  seconde.  D'un  autre  côté,  les  courants  d'induction 
dont  il  s'agit  ont  une  tension  supérieure  à  celle  des  piles  hydro-électriques 
employées  dans  le  même  but,  et  dont  le  nombre  d'éléments  ne  dépasse  ordi- 
nairement pas  cinquante.  On  pouvait  donc  se  rendre  compte  delà  lumière 
qu'on  observe  dans  lecas  de  l'emploi  des  courants  discontinus  des  machines 
fondées  sur  l'induction,  en  l'attribuant,  soit  à  la  tension  relativement  consi- 
dérable des  courants  employés,  soit  à  la  durée  excessivement  courte  de 
l'interruption,  qui  empêcherait  le  milieu  que  franchit  l'électricité  d'être 
modifié  d'une  manière  sensible  dans  ses  propriétés. 

»  J'ai  eu  l'idée  de  rechercher  si  le  courant  d'une  pile  ne  pourrait  pas 
se  prêter  aux  mêmes  effets  que  les  courants  d'induction  ;  l'expérience 
a  réussi,  même  au  delà  de  mon  attente.  Avec  une  pile  à  acide  azotique  de 
5o  éléments,  telle  qu'on  l'emploie  ordinairement  pour  la  production  de 
la  lumière,  on  peut  interrompre  le  courant  pendant  un  temps  qui  peut 
s'élever  jusqu'à  ■—  de  seconde  environ,  et  le  courant  jaillit  ensuite  sponta- 


(  i,5o) 
Dément  d'un   charbon  à  l'autre,   quoique  la  distance  qui  les  sépare  soit 
presque  de  3  millimètres. 

«  Ce  fait  ne  serait  peut-être  pas  sans  intérêt  au  point  de  vue  des  applica- 
tions de  la  lumière  électrique;  j'y  vois  une  solution  du  problème  infruc- 
teusement  poursuivi  jusqu'ici  du  fractionnement  de  cette  lumière.  En  atten- 
dant nous  pouvons  déduire  de  cette  expérience  quelques  conséquences  : 

»  Quand  le  courant  passe  entre  deux  conducteurs  de  manière  à  produire 
l'arc  voltaïque,  il  paraît  dès  maintenant  probable  que  la  condition  de  ce 
passage  n'est  pas  l'arc  voltaïque  lui  même,  mais  l'élévation  de  la  tempé- 
rature. La  conductibilité  du  milieu  interpolaire  n'est  peut-être  qu'une 
extension  de  celle  que  M.  Edm.  Becquerel  a  constatée  dans  les  gaz  échauffés, 
et  qui  se  trouverait  considérablement  accrue  par  suite  de  l'élévation  énorme 
de  la  température;  peut-être  aussi  le  charbon  qui  forme  les  électrodes  a-t-il 
une  tension  de  vapeur  sensible  à  cette  température,  et  cette  vapeur  vient- 
elle  accroître  la  conductibilité  du  milieu. 

»  L'expérience  peut  se  faire  en  interrompant  le  courant  simplement  à  la 
main  ;  il  vaut  mieux  employer  des  petits  charbons  que  des  gros;  sans  doute, 
parce  que  les  petits  perdent  moins  que  les  gros  tant  par  rayonnement  que 
par  conductibilité  et  qu'ils  atteignent  une  température  plus  élevée.  » 

chimie  appliquée.  —  Sur  la  présence  des  phosphates  solubles  dans  la 
fibre  du  coton,  les  graines,  etc.  Note  de  M.  F.  C.  Calvert,  présentée 
par  M.  Chevreul. 

«  Les  chimistes  savent  depuis  longtemps  que  les  phosphates  existent 
dans  les  graines,  et  qu'ils  y  sont  en  plus  grande  quantité  que  dans  toutes 
les  autres  parties  des  plantes.  On  admet  aussi  généralement  que  la  présence 
des  phosphates  ne  peut  être  mise  en  évidence  qu'en  détruisant  préalable- 
ment la  matière  organique. 

»  Les  résultats  des  expériences  que  je  vais  décrire  tendent  à  prouver 
que  la  plus  grande  partie,  sinon  la  totalité,  de  l'acide  phosphorique  ou 
des  phosphates  qui  se  trouvent  dans  les  graines  y  est  retenue  mécanique- 
ment par  les  substances  organiques  et  par  l'enveloppe  externe  de  la  graine, 
de  la  même  manière  que  le  serait  le  sel  marin  dans  une  toile  de  lin  qu'on 
en  aurait  imprégnée. 

»  J'ai  été  amené  à  ces  recherches  par  l'analyse  de  fils  de  coton,  envoyés 
à  mon  laboratoire  pour  y  être  examinés  dans  le  but  de  savoir  si  l'on  n'y 
avait  pas  ajouté  quelques  matières  étrangères  capables  d'en  augmenter  le 


(  M5i  ) 
poids.  On  laissa  tremper  pendant  plusieurs  heures  dans  l'eau  distillée  une 
quantité  déterminée  de  ces  fils,  et  dans  la  solution,  examinée  avec  beaucoup 
de  soin,  mon  préparateur,  M.  C.  Bowdler,  découvrit  une  grande  quantité 
de  magnésie. 

i)  Ma  première  impression  fut  qu'on  avait  introduit  dans  les  fils  de  coton 
du  chlorure  de  magnésium,  qui  devait  donner  plus  de  poids  en  raison  [de 
ses  propriétés  hygrométriques,  mais,  comme  je  ne  trouvais  pas  une  quan- 
tité de  chlore  ou  d'acide  sulfurique  (pour  le  cas  où  l'on  eût  employé  le  sul- 
fate de  magnésie)  proportionnelle  à  la  quantité  de  magnésie  trouvée  dans  la 
solution,  je  poursuivis  mes  recherches. 

»  Je  découvris  alors  une  forte  proportion  d'acide  phosphorique,  ce  qui 
m'amena  à  penser  que  le  coton  n'avait  pas  été  chargé  de  magnésie,  mais 
que  la  magnésie  et  l'acide  phosphorique  existaient  naturellement  dans  la 
fibre.  Quelques  essais  approximatifs  confirmèrent  cette  idée,  et  je  me  déter- 
minai à  faire  une  série  d'expériences  dont  j'ai  l'honneur  de  présenter  à 
l'Académie  la  première  partie. 

»  Afin  d'éliminer  toute  influence  de  climat  ou  de  sol,  je  me  procurai,  par 
l'entremise  d'un  des  premiers  courtiers  de  Liverpool,  sept  échantillons  de 
coton  provenant  de  diverses  parties  du  monde,  et  je  les  fis  carder  dans  une 
de  nos  filatures  de  Manchester  pour  les  débarrasser  des  graines  et  de  toutes 
les  autres  impuretés. 

»  ioo  grammes  de  chaque  échantillon  de  coton  furent  lavés  avec  de 
l'eau  distillée,  jusqu'à  ce  que  toutes  traces  de  matières  minérales  fussent 
enlevées;  les  solutions  furent  évaporées  à  siccité,  et  les  résidus  calcinés  avec 
un  peu  de  carbonate  de  soude  et  de  nitrate  de  potasse;  je  dosai  ensuite 
l'acide  phosphorique  à  l'état  de  phosphate  d'uranc,  et  j'obtins  les  résultats 
suivants  : 

ioo  grammes  de  coton  d'Egypte  m'ont  donné. .  .  .  o,o55  de  phosphate. 

*  coton  de  la  Nouvelle-Orléans. ..  .  0,049  " 

»  coton  du  Bengale o  ,o55  » 

»  coton  de  Surat..  .    0,027  " 

>.  coton  de  Carthagène o ,  o35  » 

»  coton  de  Carthagène o,o5o  •> 

»  coton  de  Chypre o  ,o5o  » 

Ces  résultats  montrent  que  l'acide  phosphorique  est  un  composant  de  la 
fibre  de  coton,  de  quelque  partie  du  monde  qu'elle  provienne;  que  la 
quantité  est  partout  à  peu  près  la  même,  puisque  sur  sept  échantillons 
examinés,  cinq  contenaient  la  même  quantité  d'acide,  soit  environ  o,o5 
pour  100. 


(   ir5a  ) 

»  Afin  de  m'assurer  si  l'acide  phosphorique  était  combiné  avec  la  ma- 
gnésie, je  fis  les  expériences  suivantes  : 

»  Je  lavai  une  certaine  quantité  de  coton  blanc  cardé  de  Chypre  à  l'eau 
distillée,  jusqu'à  ce  que  tous  les  sels  fussent  enlevés.  La  dissolution  fut  éva- 
porée et  le  résidu  dissous  dans  l'acide  nitrique  étendu,  j'ajoutai  de  l'ammo- 
niaque; le  précipité  formé  fut  redissous  dans  l'acide  acétique,  et  la  chaux 
précipitée  par  l'oxalate  d'ammoniaque.  Après  filtration,  j'ajoutai  un  excès 
d'ammoniaque;  il  se  forma  un  précipité  abondant  de  phosphate  ammo- 
niaco-magnésien,  qui  fut  pesé  comme  pyrophosphate.  Après  séparation  du 
sel  double  de  magnésie  et  d'ammoniaque,  j'ajoutai  du  phosphate  de  soude, 
j'obtins  un  nouveau  précipité,  mais  trop  faible  pour  être  estimé. 

»  J'ajouterai  qu'après  l'extraction  complète  des  sels  solubles  par  l'eau, 
les  cotons  des  diverses  provenances  furent  séchés  et  brûlés;  je  cherchai 
dans  les  cendres  la  présence  des  phosphates  et  n'en  trouvai  qu'une  trace. 

»  Quoique  ces  résultats  tendent  à  prouver  que  l'acide  phosphorique  est 
réellement  combiné  à  la  magnésie,  j'admets  cependant  qu'ils  ne  sont  pas 
complètement  concluants,  mais  j'ai  l'intention  de  continuer  mes  recherches 
et  j'espère  arriver  à  la  solution  du  problème. 

»  J'ai  aussi  déterminé  la  quantité  d'acide  phosphorique  que  l'on  peut 
enlever,  par  des  lavages  à  l'eau,  aux  graines  de  coton  concassées,  et  j'ai 
apprécié  également,  les  quantités  de  phosphates  solubles  et  insolubles  dans 
l'eau  qui  existent  dans  les  capsules  extérieures  renfermant  la  fibre  de  coton  : 
j'ai  obtenu  les  résultats  suivants  : 

»    ioo  parties  de  graines  de  coton  donnent  3,5ao  de  cendres  contenant  : 

Phosphate  de  magnésie 0,652 

de  Fe:03 o,o53 

»  alcalin o ,  387 

Autres  sels 2,428 

3,520 
Donc  les  graines  contiennent  1,092  de  phosphate. 

»  100  parties  d'enveloppe  corticale  donnent  un  total  de  o,3oo  de  phos- 
phate, dont  0,178  solubles  et  composés  de  phosphate  alcalin,  avec  traces 
de  phosphate  de  magnésie,  et  de  0,122  de  phosphates  insolubles,  presque 
entièrement  composés  de  phosphate  de  fer. 

»  La  fibre  de  coton  donne  o,o5o  d'acide  phosphorique  ou  0,086  de 
pyrophosphate  de  magnésie. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  dans  les  capsules  les  phosphates 
existants  seraient  en  partie  solubles,  en  partie  insolubles. 


(  ii 53  ) 

»  Enfin,  j'ai  encore  constaté  la  présence  de  l'acide  phosphorique  et  de 
la  magnésie  dans  l'eau  distillée  avec  laquelle  on  avait  lavé  à  chaud  des 
grains  de  froment  concassés,  des  haricots  verts  en  gousses,  ainsi  que  dans 
l'eau  où  avaient  séjourné  pendant  quarante-huit  heures  des  noix  et  des 
noisettes. 

»  J'espère  être  bientôt  à  même  de  présenter  à  l'Académie  une  Note  con- 
tenant les  quantités  d'acide  phosphorique  et  de  magnésie  contenues  dans 
les  différentes  graines,  non-seulement  à  leur  maturité,  mais  à  différentes 
époques  de  leur  développement.  » 

GÉOLOGIE.   —    Sur    tes    phénomènes   volcaniques   observés   aux   Scores;   par 
M.  Focqué.  Quatrième  Lettre  à  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville.  (Extrait.) 

«    Lisbonne,  ao  décembre  1867. 

»  J'ai  consacré  les  derniers  temps  de  mon  séjour  aux  Açores  à  l'étude 
géologique  de  l'île  de  Saint-Michel.  Après  avoir  visité  Furnas  et  les  lagoas 
de  Cougro  et  de  Fogo,  j'ai  séjourné  plusieurs  jours  à  Sete-Cidades,  ce  qui 
m'a  permis  d'étudier  avec  soin  le  vaste  cirque  volcanique  au  fond  duquel 
est  bâti  le  village  qui  porte  ce  nom,  et  de  parcourir  toute  la  côte  ouest  de 
l'île.  Près  du  village  de  Mosteiros  et  au  pied  du  pic  de  Camarinhas,  j'ai 
observé  deux  sources  abondantes  d'eau  thermale,  l'une  à  48  degrés,  l'autre 
à  52  degrés,  toutes  les  deux  non  gazeuses,  légèrement  sulfureuses,  et  eu 
relation  avec  des  laves  basaltiques,  dont  les  cratères  d'éruption  sont  situés 
tout  près  delà.  Ces  laves,  très-riches  en  péridot,  sont,  ainsi  que  les  cônes  de 
scories  dont  la  formation  a  accompagné  leur  sortie,  comme  implantés  au 
milieu  de  masses  énormes  de  trachyte. 

»  Les  relations  d'origine  et  de  gisement  de  ces  deux  genres  de  laves  seront 
pour  moi  l'objet  de  considérations  que  je  me  propose  de  soumettre  à  l'Aca- 
démie, lorsque  j'aurai  préalablement  fait  l'analyse  de  ces  roches  et  celle 
des  feldspaths  qui  entrent  dans  leur  composition. 

»  Avant  de  vous  parler  de  la  situation  probable  du  siège  de  l'éruption 
sous-marine  de  Terceire,  j'ajouterai  quelques  mots  à  ce  que  j'ai  déjà  eu 
précédemment  l'honneur  de  vous  écrire  relativement  à  l'emplacement  du 
point  où  j'ai  trouvé  un  dégagement  de  gaz  combustible. 

»  De  cet  endroit,  une  ligne  droite  menée  vers  le  Pico  Nigrào  longe  le  bord 
méridional  de  la  grande  coulée  trachylique  qui  aboutit  à  la  Punta  Negrita. 
et  passe  par  le  cratère  représenté  sur  la  carte  anglaise  au-dessous  du  Pico 
Nigrào.  Déplus,  les  deux  tangentes  menées  de  là  à  l'île  de  Terceire  font 

C.  R.,   1867,   2e  Semestre.  (T.  LXV,  N°  27.)  '  ^° 


(  rV54  ) 
entre  elles  un  angle  de  72  degrés,  et  le  point  culminant  de  la  Caldeira  de 
Sauta-Barbara  est  vu  dans  une  direction  faisant  un  angle  de  6°  l\o'  avec 
l'horizon.  Enfin,  la  plage  basse  formée  par  des  laves  modernes  qui  consti- 
tuent le  promontoire  désigné  sur  la  carte  anglaise  sous  le  nom  de  Rua- 
Longa,  près  de  Biscoito,  est  vu  faisant  légèrement  saillie  vers  le  nord  par 
rapport  au  Pico  do  Pinto.  Enfin,  les  sondages  que  j'ai  effectués  m'ont  per- 
mis de  retrouver  à  l'ouest  de  l'île  de  Terceire  la  forme  du  fond  de  la  mer 
figurée  sur  la  carte  anglaise,  et  le  dégagement  de  gaz  s'opérait  à  la  limite 
septentrionale  du  relèvement  sous-marin  qui  particularise  d'une  manière 
si  remarquable  cette  partie  voisine  de  la  côte. 

»  Toutes  ces  données  me  paraissent  plus  que  suffisantes  pour  établir 
d'une  façon  positive  l'emplacement  du  dégagement  de  gaz  entre  les  deux 
points  voisins  où  le  capitaine  Vidal  a  trouvé  fond  à  1 65  et  à  228  brasses 
(voir  les  cotes  de  la  carte  anglaise). 

»  D'après  plusieurs  autres  indications  recueillies  soit  à  Serreta,  soit  à 
Biscoito  sur  la  côte  de  Terceira,  il  me  semble  fort  probable  que  l'éruption 
a  eu  pour  siège  principal  une  ligne  parallèle  à  la  crête  de  relèvement  sous- 
marin  qui  existe  près  de  la  côte  occidentale  de  l'île  de  Terceira  et  à  la 
limite  nord  de  la  partie  septentrionale  de  cette  crête  de  relèvement.  Cette 
ligne  serait  dirigée  à  peu  près  E.  5  à  10  degrés  N.  C'est  la  direction  qui  lui 
a  été  déjà  attribuée  par  M.  Nogueira  Soarès;  seulement,  tandis  que  M.  No- 
gueira  regarde  l'éruption  comme  ayant  eu  lieu  à  une  distance  de  neuf  milles 
de  la  côte,  je  suis  porté  à  penser  que  son  centre  était  au  plus  environ  à  une 
distance  de  quatre  à  cinq  milles.    » 

«  A  la  suite  de  cette  communication,  M.  Ch.  Sainte-Claire  Devili-e  fait 
observer  qu'elle  confirme  pleinement  les  déductions  auxquelles  avait  con- 
duit M.  Janssen  et  lui  la  discussion  comparative  des  éléments  observés  par 
M.  Fouqué  sur  l'emplacement  du  dégagement  de  gaz  combustible,  et  des 
données  recueillies  par  eux,  de  la  bouche  des  témoins  oculaires,  sur  la  po- 
sition probable  du  centre  de  l'éruption.  (Voir  séance  du  21  octobre, 
p.  665.)  » 

M.  Anselmier  adresse  une  Note  concernant  une  «  Morsure  de  vipère 
chez  un  saltimbanque  algérien  en  représentation  à  Paris  ». 

Le  saltimbanque,  mordu  à  la  langue  le  2^  octobre  dernier,  a  pu  être 
traité  dix  minutes  après  l'accident  ;  quatre  à  cinq  jours  ont  suffi  pour  ame- 
ner la  guérison  complète. 


(  ii 55  ) 

«  Dans  celte  observation ,  comme  dans  quatre  autres  cas  semblables 
déjà  signalés  par  l'auteur,  deux  ordres  de  systèmes  constants  se  sont  ma- 
nifestés, savoir  : 

»    i°  La  sidération  des  fonctions  nerveuses  ; 

»  20  L'œdème  ecchymotique  diffus  et  envahissant,  ayant  la  morsure 
venimeuse  pour  point  de  départ. 

»  Ces  symptômes  ont  présenté  une  intensité  plus  ou  moins  grande,  selon 
l'espèce  de  serpent  et  la  manière  plus  ou  moins  parfaite  dont  s'étaient 
faites  l'inoculation  du  venin  et  son  absorption.  Ces  cinq  malades  ont  guéri. 
Le  traitement  a  consisté  dans  l'emploi  de  moyens  destinés  à  remplir  les  trois 
indications  suivantes  : 

«  i°  S'opposer  le  plus  possible  à  l'absorption  et  à  la  diffusion  du  venin 
en  agissant  sur  la  plaie  venimeuse  par  la  ligature  du  membre,  si  elle  est  pos- 
sible, par  la  succion  de  la  plaie,  le  débridement  des  piqûres  et  leur  cau- 
térisation ; 

«  2°  Combattre  énergiquement  la  prostration  et  la  torpeur  du  système 
nerveux,  par  les  cordiaux,  les  tisanes  chaudes  et  excitantes,  les  stimulants 
diffusibles  et  les  essences  aromatiques; 

«  3°  Restreindre  la  diffusion  du  venin  par  le  sang  altéré,  et  faciliter  son 
élimination  par  l'application  prudente  de  ventouses  scarifiées,  les  sangsues, 
les  purgatifs,  etc. 

»  Quant  à  l'emploi  de  remèdes  spécifiques,  j'en  ai  essayé  un  grand 
nombre  dans  les  recherches  expérimentales  sus-mentionnées,  et  rien  ne  m'a 
démontré  qu'il  existât  quelque  substance  méritant  ce  nom;  les  plus  cé- 
lèbres dans  les  colonies  sont  des  breuvages  stimulants,  et  comme  le  prin- 
cipal péril  vient  de  la  sidération  des  fonctions  nerveuses,  il  n'est  pas  sur- 
prenant que  leur  propriété  stimulante  soit  l'explication  de  leur  utilité 
empirique.  » 

M.  Maffre  adresse  un  «  Mémoire  sur  le  postulatum  d'Euclide.  » 
Ce  Mémoire  sera  soumis  à  l'examen  de  M.  Chasles. 

A  5  heures  et  demie,  l'Académie  se  forme  en  comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  trois  quarts.  E.  D.  H. 


5o.. 


1 1 


56  ï 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 

L'Académie  a  reçu,  dans  la  séance dn  3o  décembre  1867,  les  ouvrages  dont 
les  titres  suivent  : 

L' Art  N avril  à  l'Exposition  universelle  rie  Paris  en  1867.  Description  des 
derniers  perfectionnements  et  inventions  maritimes  ;  par  M.  le  Vice-Amiral 
Paris,  Membre  de  l'Institut  :  ire  partie,  texte  et  atlas.  Paris,  1867;  grand 
in-8°,  allas  in-folio  oblong. 

Les  époques  géologiques  de  l'Auvergne;  par  M.  Henri  Lecoq,  Correspon- 
dant de  l'Institut.  Paris,  1867;  5  volumes  grand  in-8°  avec  figures  et 
planches. 

Etude  clinique  et  expérimentale  des  Emliolies  capillaires;  par  M.  V.  Feltz. 
Paris,  i8C>8;  grand  in-8".  (Présenté  par  M.  Ch.  Robin  au  concours  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie,  1868. 

Eléments  d'Osléoloqie  descriptive  et  comparée  de  l'homme  et  des  animaux 
domestiques  ;  par  M.  Thomas  (de  Tours).  Paris,  1 865  ;  1  vol.  in-8°,  avec 
atlas  in-4°  cartonné.  (Présenté  par  M.  Ch.  Robin.) 

Mémoires  de  la  Société  Linnéenne  du  nord  de  la  France.  Amiens,  1867; 
in-8°. 

Etat  économique  et  social  de  la  France  depuis  Henri  IV  jusqu'à  Louis  XIV, 
1 589  «  1 7 1 5  ;  par  M.  A.  MOREAU  DE  Jonnès.  Paris,  1867;  1  vol.  in-8". 
(Adressé  au  Concours  de  Statistique,  1868.) 

Proceedings...  Procès-verbaux  des  réunions  scientifiques  de  la  Société  Zoo- 
logique  de  Londres  :  ireet  2e  parties,  janvier  à  mai.  Londres,  1867;  2  vol. 
iu-8°  avec  planches. 

Transactions...  Transactions  de  la  Société  Zoologique  de  Londres,  t.  \'I, 
4e  partie.  Londres,  1867;  in-4°  avec  planches. 


PUBLICATIONS    PERIODIQUES    REÇUES    PAR    l' ACADEMIE    PENDANT 
LE    MOIS    DE    DÉCEMBRE     1867. 

Annales  de  V  Agriculture  française  ;  nos  11  à  23,  1867;  in-8°. 

Annales  de  la  Société  d 'Hydrologie  médicale  de  Paris,  Comptes  rendus  des 
séances,  ie  livraison  ;  1867;  in-8". 

Annales  météorologiques  de  l'Observatoire  de  Bruxelles;  11e  livraison, 
1867;  in-4°. 


(   "57  ) 

Annales  médico-psychotoniques  ;  novembre  1867;  in-8°. 

Bibliothèque  homœopntique  ;  janvier  1868;  in-4°- 

Bibliothèque  universelle  et  Revue  suisse.  Genève,  n°  120,  1867;  in-8". 

Bulletin  de  l'Académie  impériale  de  Médecine;  nos  27  à  29,  18G7;  in-8°. 

Bulletin  de  V Académie  royale  de  Médecine  de  Belgique,  nos  8  et  9,  1867; 
in-8°. 

Bulletin  de  l'Académie  royale  des  Sciences,  des  Lettres  et  des  Beaux-Arts  de 
Belgique;  n°  11,    1867;  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d' Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  la  Snrthe;  3e  tri- 
mestre; 1897  '  bi-8°. 

Bulletin  de  la  Société  française  de.  Photographie;  novembre  1867;  in-8°. 

Bulletin  hebdomadaire  du  Journal  de  l'Agriculture;  nos  4g  à  52,  1867; 
11.-8". 

Bulletin  général  de  Thérapeutique;  i5  el  3o  décembre  1867;  in-8°. 

Butlellino  meteorologico  dell  '  Osservatorio  del  Collegio  romano ,  n°  ri; 
1867;  in-4°. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences; 
nos  23  à  27;  2e  semestre  1867;  in-4°. 

Cosmos;  nos  des  7,  i4,  ai,  28  décembre  1867;  in-8°. 

Gazette  des  Hôpitaux  ;  nos  1 43  à  i52,  1867;  in-4°. 

Gazette  médicale  de  Paris;  noS  49  à  5a,  1867;  in-4°. 

Gazette  médicale  d'Orient;  nos  7  et  8,  11e  année,  1867  ;  in-4°. 

Journal  d' Agriculture  pratique;  nos  4g  à  5i,  1867;  in-8°. 

Journal  de  l'Agriculture,  nos  34  et  35,  1867;  in-8°. 

Journal  de  l'Eclairage  au  Gaz;  nos  17  et  18,   1867;  in-/|°. 

Journal  de  Mathématiques  pures  el  appliquées;  septembre  et  octobre  1867; 
in -4". 

Journal  de  Médecine  de  l'Ouest;  11e  livraison,  1867;  in-8°. 

Journal  des  Connaissances  médicales  e<  pharmaceutiques;  nos  34  et  35, 1 867  ; 
in-8°. 

Journal  des  Fabricants  de  Sucre;  nos  34,  36,  37,  1867;  in-f°. 

Kaiserliche...  Académie  impériale  des  Sciences  de  Vienne;  nos  27,  1867; 
in-8°. 

L'Abeille  médicale;  nos  49  ;'  5a,   1867;  in-4°. 

La  Guida  del  Popolo ;  décembre  1867;  in-8°. 

L'Art  dentaire;  novembre  el  décembre  1867;  in-8°. 

L'Arl  médical;  décembre  1867;  in-8°. 

La  Science  pour  tous;  1 3e  année,  nos  1  à  l\,   1867;  in-4°. 


(  1,58  ) 

Le  Gaz;  n°  10,  il,  1867;  in-4°. 

Le  Moniteur  de  ta  Photographie ;n°s  18  et  ,9,  1867;  in-4°. 

Les  Mondes...,  nos  \\  à  17,  18G7;  in-8°. 

L'Evénement  médical;  nos  l\i  à  44?  '867;  in-f°. 

L' Hahnemannisme.  Journal  de  la  Médecine  homœopathique,  n°  ier,  1867; 
in-8°. 

L'Imprimerie,  n°  46,  18G7;  in-4°. 

Magasin  pittoresque;  décembre   1867;  in-4°. 

Monatsbericht...  Compte  rendu  mensuel  des  séances  de  l'Académie  royale 
des  Sciences  de  Prusse.  Berlin,  août  1867;  in-8°. 

Monthly...  Notices  mensuelles  de  la  Société  royale  d'Astronomie  de  Londres, 
numéro  du  8  novembre,  1867;  in-8°. 

Montpellier  médical. ..  Journal  mensuel  de  Médecine;  décembre  1867;  in  8°. 

Nachricbten...  Nouvelles  de  l'Université  de  GœUingue ;  novembre  1867; 
in-12. 

Nouvelles  Annales  de  Mathématiques;  décembre  1867;  in-8". 

Observatorio...  Publications  de  l'Observatoire  météorologique  de  l'Infant 
don  Lui:  à  l'Ecole  Polytechnique  de  Lisbonne;  septembre  et  octobre  1867; 
in-P. 

Revue  des  cours  scientifiques;  4e  année,  n°  54;  5e  année,  nos  1  à  4  ;  1867; 
in -4°. 

Revue  des  Eaitx  et  Forêts  ;  n°  12,  1867;  in-8°. 

Revue  de  Thérapeutique  médico-chirurgicale  ;  nu  il\,  1867;  in-8". 

Società  reale  di  Napoli.  Rendiconto  delV  Accademia  délie  Scienze  fisiche  e 
malemalichc.  Naples,  octobre  1867;  in-4°. 

Société  d'Encouragement,  Résumé  des  procès-verbaux,  séance  du  i3  dé- 
cembre 1867;  in-8°. 


FIN    DU    TOMK    SOIXANTE-CINQUIÈME. 


COMPTES    RENDUS 


DES    SÉANCES    DE    L'ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 


TABLES    ALPHABÉTIQUES. 


JUILLET  —  DÉCEMbKK   1867. 


TABLE  DES  MATIÈRES  DU  TOME  LXV. 


Pages. 

Acétylénique  (Série).  —  Recherches  sur 
l'isomérie  dans  la  série  acétylénique; 
par  MM.  Rcboul  et  Trachot 73 

Acide  cyanhydrique.  —  Sur  une  nouvelle 
série  d'homologues  de  l'acide  cyanhy- 

drique;  Notes  de  M.  Hofmann 

335,  38g,  448  et     484 

-  Sur  le  chlorhydrate  d'acide  cyanhydri- 

que  ;  Note  de  M.  Gautier 410 

—  Sur  unecombinaison  directe  d'aldéhyde  et 

d'acide  cyanhydrique;  Note  de  MM.  Max. 
Simpson  et  Gautier 4 1 4 

—  Sur  une  nouvelle  base  dérivée  de  l'acide 

cyanhydrique  ;  Note  de  M.  Gautier: .  . .  472 
Acide  iiypochloreux.  —  Action  qu'exerce 

sur  l'essence  de  térébenthine  et  sur  le 

camphre  l'acide  Iiypochloreux  aqueux; 

Note  de  M.  Wlieeler.   1046 

Acide  iséthionique.  —Sur  quelques  dérivés 

de  cet  acide  ;  Note  de  M.  Buchanan. .  .  417 
Acide  phé.mque.  —  Observations  de  M.  Clic- 

vreul  concernant  des    expériences    de 

M.  ternaire  sur  les  propriétés  de  l'acide 

phénique 217 

Acide  succiniqoe..  —  Sur  la  formation  de  cet 

acide  en  partant  du  chlorure  d'éthylène; 

Note  de  M.  Simpson 35i 

Acide  tartrique.—  Èlectrolyse  de  cet  acide; 

Note  de  M.  Bourgoin 1 1 44 

Acier.  —  Note  de  M.  Jullien  concernant  la 

question  de  la  trempe  et  adressée  à  l'oc- 

C.  R.,   1B67,   ame  Semestre.  (T.  LXV.) 


Pages, 
casion  d'une  communication  de  M.  C/w- 
vretd 239 

—  Lettre  de  M.  Jullien  relativement  à  cette 

Note  qu'il  croit  avoir  été  renvoyée  par 
erreur  à  l'examen  de  la  Section  de  Chi- 
mie       326 

—  Nouvelle  Lettre  sur  les  affinités  capil- 

laires considérées  par  rapporta  la  théo- 
rie de  la  trempe  ;  par  le  même 371 

Aéronautique.  —  Note  concernant  la  navi- 
gation aérienne  adressée  par  M.  Aug. 
I  aillant 44 

—  Note  de  M.    Bacaloglo  concernant  une 

«  Proposition  relative  à  la  navigation 
aérienne  » 642 

Air  chaud.  —  Note  de  M.  Burdin  ayani  pour 
titre  :  «  De  l'air  chaud  substitué  à  la  va- 
peur, sans  danger  d'explosion  » 3g2 

Aldéhydes.  —  Sur  les   monamines  dérivés 

des  aldéhydes;  Note  de  M.  H.  Scliiff. . .     320 

—  Sur    une    combinaison    directe    d'aldé- 

hyde et  d'acide  cyanhydrique;  Note  de 
MM.  Simpson  et   Gautier 4'4 

—  Sur    l'aldéhyde    méthylique  ;    Note    de 

M.  Hofmann 555 

Alliages.  —  Note  de  M.  Zalitvski-Mikorski 

relative  à  la  formation  des  alliages.  ...    1141 
Allyle.  —  Nouvelles  recherches  sur  l'iso- 
mérie du  protochlorure  d'allvle   eL  du 
propylène  monochloié;  par  M.  Oppen- 
lieim 354  et    408 

i5i 


947 


994 


io38 


(    " 

Pages. 

Alumine  (Sels  d').  —Note  de  M.  Bellamy 
sur  l'emploi  du  sous-sulfate  d'alumine 
pour  constater  la  présence  et  évaluer  la 
proportion  de  certaines  matières  orga- 
niques dans  les  eaux 799 

Analyse  mathématique.  —  Sur  une  loi  géné- 
rale de  formation  des  quantités  algébri- 
ques; Note  de  M.  Meyer 673 

—  Sur  la  somme  des  produits  des  nombres 

x,  x~\-  1 ,  x  -+■  1 . . .  x  -+-  p  —  1  combi  - 
nés  n  à  n  ;  Note  de  M.  Worontzoff. . . . 

—  Note  de  M.  Jordan  sur  quelques  formules 

de  probabilité 993 

—  Théorème  sur  une  intégrale  double  défi- 

nie ;  par  M.  Crofto/i 

—  Solutions  de  quelques  problèmes  indé- 

terminés du  premier  degré  ;   Note  de 
M.  Mcvcr 

—  Note  de  M.  Trapero  sur  les  formules  du 

troisième  et  du  quatrième  degré 61 5 

—  Note    allemande  de  M.  Schuh  sur  une 

question  d'analyse 84 

—  M.  Laurent  demande  et  obtient  l'autori- 

sation de  reprendre  un  Mémoire  précé- 
demment présenté  sur  les  séries  doubles. 
Anatomie.  —  Recherches  sur  quelques  mus- 
cles à  fibres  lisses  qui  sont  annexés  à 
l'appareil  de  la  vision  ;  Note  de  M.  Sap- 
pey 

—  Recherches  sur  les  nerfs  du  névrilème 

ou  nervi  nervorum;  par  te  même 

—  Addition  de  M.  Legros  à  son  Mémoire  sur 

les  tissus  érectiles 

—  Sur  l'anatomie  du  membre  antérieur  du 

grand  fourmilier;  Note  de  M.  Pouchet. 

—  Sur  les  anomalies  de  la  colonne  verté- 

brale chez  les  animaux  domestiques; 
Note  de  M.  Goubaux 525 

—  Recherches  anatomiques  et  physiologi- 

ques sur  V  Amphioxus  ;  Note  de  M.  Bert. 

—  Recherches  anatomiques  sur  quelques  co- 

léoptères aveugles  ;  par  M.  Lespès.  . .  . 

—  Recherches  sur  l'appareil  circulatoire  de 

l'étoile  de  mer  commune  ;  par  M.  Jour- 
dain   

Appareils  divers.  —  Sur  une  soupape  her- 
métique pour  l'air  et  pour  l'eau.  —  Sur 
un  nouveau  siphon  à  évaporation;  Notes 
de  M.  Dupuis 106  et 

—  Note  sur  un  nouveau  siphon;  par  M.  Za- 

Uwski-Mikorski 

—  Sur  des  retranchements  artificiels  desti- 

nés à  remplacer  pour  une  troupe  en 
campagne  les  abris  que  ne  lui  fournit 
point  la  configuration  des  lieux,  et  mé- 
nager ainsi  la  vie  du  soldat.  Description 
et  figures  présentées  par  M.  Lespadm. 

—  Description   d'un   instrument  destiné  à 


819 

6-5 

76. 

783 

34 


364 
890 


496 
i63 


348 


60   ) 

remplacer  le  graphomètre  et  d'un  ma 
niement  plus  facile  pour  la  mesure  des 
hauteurs   et  pour  celle  des   distances 
inaccessibles;   Note  de  M.  Maisonnier 
(écrit  par  erreur  Buaisonnier).    610  et 

—  Sur  un  nouvel  appareil  destiné  à  servir 
d'abri  aux  poissons  ;  communication  de 
M.  de  Scré 

—  Projet  d'horloge  qui  se  monterait  spon- 
tanément sous  l'action  des  rayons  so- 
laires ;  Note  de  M.  F.  Pel 

Astronomie.  —  Sur  la  nébuleuse  d'Orion; 
Note  du  P.  Secchi 

—  M.  Mathieu,  en  présentant,  au  nom  du 
Bureau  des  Longitudes,  la  «  Connais- 
sance des  Temps  »  de  l'année  186g,  an- 
nonce que  dans  les  Additions  qui  termi- 
nent ce  volume  M.  Delaunay  a  inséré 
les  expressions  numériques  des  trois 
coordonnées  de  la  Lune  qui  résultent  de 
sa  théorie 

—  Note  de  M.  Chacornac  relative  à  l'appa- 
rition d'une  grande  tache  solaire  et  à 
quelques  observations  faites  sur  l'éclipsé 
de  Lune  du  1 3  septembre 

—  Considérations  sur  la  position  topogra- 
phique de  l'Observatoire  impérial  de 
Paris  ;  Note  de  M.  Le  Verrier  lue  à  l'oc- 
casion du  deuxième  anniversaire  sécu- 
laire de  la  fondation  de  l'Observatoire 
en  1667 

—  Note  sur  la  parallaxe  du  Soleil  ;  parM.  De- 
launay  

—  M.  Delaunay  fait  hommage  d'un  exem- 
plaire de  son  Rapport  sur  les  «  Progrès 
de  l'Astronomie  »,  publication  faite  sous 
les  auspices  de  M.  le  Ministre  de  l'In- 
struction publique 

—  Sur  la  parallaxe  du  Soleil  ;  Note  de  M.  De- 
launay   

—  Note  de  M.  Le  Verrier  accompagnant  la 
présentation  du  tome  XXII  des  u  An- 
nales de  l'Observatoire  » 

—  Note  de  M.  Le  Verrier  accompagnant  la 
présentation  de  la  première  Partie  de 
l'Atlas  météorologique  de  l'Observatoire 
impérial 

—  Considérations  sur  les  progrès  de  la  théo- 
rie du  système  solaire  et  planétaire  ;  par 
M .  Le  Verrier 

—  Note  de  M.  Delaunaj  en  réponse  à  celle 
de  M.  Le  Verrier 

—  Note  de  M.  Le  Verrai  ayanl  pour  litre  : 
«  Examen  d'un  travail  présenté  à  l'Aca- 
démie dans  la  dernière  séance  (î5  no- 
vembre) et  relative  aux  progrès  de  l'As- 
tronomie en  France;  quelques  mots  de 


Pages. 

783 
806 

97' 
63 


3u 


5oi 


776 
S39 

873 

876 

873 

909 

878 
912 


réponse  à  des  critiques  du  même  au- 
teur » 

Nouvelle  Note  lue  par  M.  Delaanay  dans 
la  séance  du  9  décembre,  sur  la  paral- 
laxe du  Soleil 

Observations  de  M.  Le  Verrier  relatives  à 
la  Note  lue  par  M.  Delaunay  dans  la  pré- 
cédente séance  (9  décembre) 978 

Réponse  de  M.  Delaunay ioi3 

Réplique  de  M.  Le  renier 1014 

Remarques  de  M.  Delaunay  sur  la  ré- 
plique précédente 1082 

Nouvelle  réplique  de  M.  Le  Verrier 
(  23  décembre  ) 1082 

Réponse  de  M.  Delaunay  à  la  Note  de 
M.  Le  Verrier  insérée  dans  le  Compte 
rendu  de  la  séance  du  23  décembre.  . .    1 104 

Nouvelles  remarques  de  M.  Le  Verrier 
se  rattachant  à  la  môme  discussion. . .   1106 


(    1161    ) 
Payes. 

9'7 
976 


Pages.  • 

—  Observation  de  l'éclipsé  de  Soleil  du 
29  août  à  Rio-Janeiro  et  latitude  de 
l'observatoire  ;  Note  de  M.  Liais 792 

—  Observations  d'astronomie  physique  faites 
à.  Rio-Janeiro  sur  l'éclipsé  du  29  août 

1867;  par  MM.  de  Prados  et  Liais 949 

—  Note  de  M.  Falb  sur  quelques  questions 

d'astronomie io55 

—  Note  de  M.  Marco  Fclice  concernant  di- 

verses questions   d'Astronomie  physi- 
que    1084 

Voir  aussi  l'article  Observatoire  im- 
périal. 
Azote.  —  Méthode  générale  pour  le  dosage 
volumétrique  de  l'azote  dans  ses  diverses 
combinaisons,  et  nouveau  procédé  pour 
préparer  ce  gaz  à  l'état  de  pureté  dans 
les  laboratoires;  Mémoire  de  M.  Prat. .   1084 


B 


Balistique.  —  Sur  le  passage  des  projec- 
tiles à  travers  les  milieux  résistants; 
Note  de  M.  Melsens 564 

—  Observations  de  M.   Morin  à  l'occasion 

de  cette  communication;  rappel  d'expé- 
riences analogues,  mais  sur  une  plus 
grande  échelle,  faites  en  1 834-36  à  Metz 
par  la  Commission  du  tir  et  auxquelles 
il  a  participé  avec  MM.  Piobert  et  Di- 
ction       568 

—  A   l'occasion   de   la   part   attribuée   par 

M.  Melsens  à  l'air  entraîné  par  le  pro- 
jectile, M.  Ckevreul  rappelle  un  passage 
de  Mariotte  sur  quelques  faits  analo- 
gues      570 

—  Lettre  de  M.  Melsens  relative   aux  re- 

marques qu'avait  faites  M.  Morin  sur  sa 
précédente  Note 609 

—  Sur  la  pénétration  des  bulles  d'air  dans 

les  liquides;  Note  de  M.  Laroque  à  l'oc- 
casion de  la  communication  de  M.  Mel- 
sens      796 

Benzoï.ne.  —  Note  sur  la  benzoïne  et  ses  dé- 
rivés ;  par  M.  Zinin 64 

Bolides.  —  M.  Daubrée  communique  une 
Lettre  de  M.  de  Quatrrfagcs  concernant 
l'observation  faite  à  Arcachonle  11  sep- 


tembre d'un  bolide  très-brillant 602 

Voir  aussi  l'article  Météorites. 
Botanique.  —  Note  de  M.  de  Candolle  ac- 
compagnant la  présentation  d'un  opus- 
cule sur  les  «  Lois  de  la  nomenclature 
botanique  » 3u 

—  Sur  la  répartition  de  la  potasse  et  de  la 

soude  dans  les  végétaux;  Mémoire  de 

M.  Peligot 729 

—  Note  de  M.  Decaisne  accompagnant  la 

présentation  qu'il  fait  au  nom  de  M.  Le 
Maout,  son  collaborateur,  et  en  son  pro- 
pre nom  du  «  Traité  général  de  Bota- 
nique analytique  et  descriptive  »  qu'ils 
viennent  de  publier 973 

Brome.  —  Sur  une  méthode  simple  pour  re- 
connaître l'iode  et  le  brome  dans  une 
même  solution  ;  Note  de  M.  Phipson. . .     176 

Bromures.  —  Sur  l'action  physiologique  du 
bromure  de  potassium  ;  Note  de  M.  La- 
borde 80 

Bulletin  birliographique.  —  Voir  aux  pa- 
ges 48,  84.  117,  182,  218,  256,  3o6, 
327,  372,  425,  479,  5i2,  534,  583,  6i5, 
64g,  680,  715,  766,  814,  872,  904,  971. 
1008,  io55,  1095  et  11 56. 


Candidatures.  —  M.  Maisonneuve  prie  l'Aca- 
démie de  vouloir  bien  le  comprendre 
dans  le  nombre  des  candidats  pour  la 
place  d'Académicien  libre  vacante  par 


suite  du  décès  de  M.  Ciriale 292 

MM.  Larrcr  et  Sielicl  adressent  de  sem- 
blable demandes 85 1 

MM.Piorry,  Sédillot,  Huguier,  Vttlpian, 


loi.. 


(  n62  ) 

Pages. 
Gosselin,  Maisonneuve,  Laugier,  Brocn 
demandent  chacun  à  être  compris  dans 
le  nombre  des  candidats  pour  la  place 
vacante  dans  la  Section  de  Médecine  et 
de  Chirurgie  par  suite  du  décès  de 
VL.Velpeau.    5a6,  642.673,757, 784  et     891 

—  M.  Sédilht  prie  l'Académie  de  ne  plus  le 

considérer  comme  candidat  pour  la  place 
vacante to38 

—  M.  Dubrimfaut  et  M.  Richard,  du  Cantal, 

puent  l'Académie  de  vouloir  bien  les 
comprendre  parmi  les  candidats  pour 
la  place  vacante  dans  la  Section  d'É- 
conomie rurale  par  suite  du  décès  de 

M.  Rayer 784  et    85 1 

Capillaires  (Actions).  —  Troisième  Mé- 
moire de  M.  Becquerel  sur  les  effets 
chimiques  produits  par  les  actions  élec- 
tro-capillaires..        5i 

—  Lettre  de  M.  Jullirn  concernant  les  affi- 

nités capillaires  considérées  par  rapport 

à  la  théorie  de  la  trempe et    371 

—  Sur  un  effet  particulier  dû  aux  actions 

capillaires  ;  Note  de  M.  Dupuis io38 

Carbures  contenus  dans  le  goudron  de  houille. 
—  Note  de  M.  Brrthcht  sur  quelques- 
uns  de  ces  carbures  :  styrolène,  cimène, 
hydrure   de   naphtaline,   fluorène,   acé- 

naphtène,  anthracène 465  et    507 

Chaleur.  —  Sur  un  nouvel  ellipsoïde  qui  joue 
un  grand  rôle  dans  la  théorie  de  la  cha- 
leur; Note  de  M.  Boussinesq 104 

—  Recherches  sur  l'absorption  de  la  chaleur 

obscure  ;  par  M.  Desains 4U^ 

—  Influence  de  la  chaleur  sur  le  travail  mé- 

canique du  muscle  de  la  grenouille  :  Note 

de  M.  Chmoulevitch 358 

Chemins  de  fer.  —  Notes  de  M.  Gérard  sui- 
des perfectionnements  à  apporter  aux 
chemins  de  fer 170 

—  Sur  un  système  de  freins  pour  les  che- 

mins de  fer;  Note  de  M.  Blâmais....     85o 
Chimie.  —  Lettre  de  M.  Jullicn  relative  à 
quelques  passages  de  la  communication 
faite  par  M.  Chevreul  sur  son  enseigne- 
ment au  Muséum 239 

—  Lettre  de  M.  Jullicn  à  l'occasion  de   la 

précédente  qu'il  croit  avoir  été  renvoyée 
par  erreur  à  l'examen  d'une  Commis- 
sion, M.  Chevreul  seul  étant  en  mesure 
d'y  répondre 3î6 

—  M.  Chevreul  déclare  qu'après  avoir  pris 

lecture  de  cette  nouvelle  Lettre,  il  n'a 
pas  compris  sur  quoi  portait  la  récla- 
mation et  n'a  pas  de  réponse  à  faire.  . .  3î6 
Chimie  botanique.  —  Mémoire  sur  la  répar- 
tition de  la  potasse  et  de  la  soude  dans 
les  végétaux  :   par  M.  Peligot 729 


Pages. 

Chirurgie.  —  Sur  le  traitement  des  taches 

de  la  cornée;  Mémoire  de  M.  Cnstorani.     5s5 

—  Sur  les  tumeurs  cirsoïdes  artérielles, 
spécialement  étudiées  chez  les  adoles- 
cents et  les  adultes  ;  Mémoire  de  M.  Gos- 
selin 6o5 

—  De  l'ablation  des  malléoles  fracturées,  dans 
les  luxations  du  pied  compliquées  de 
l'issue  des  os  de  la  jambe  au  travers 
des  téguments;  Mémoire  de  M.  Sédillot.    635 

—  Note  de  M.  /.  Guérin  sur  un  nouvel  ap- 
pareil propre  à  rendre  usuelle  l'occlu- 
sion pneumatique  dans  le  traitement,  des 
plaies  exposées *>S6 

-  Sur  la  méthode  d'aspiration  continue  et 
sur  ses  avantages  pour  la  cure  des 
grandes  amputations;  Note  de  M.  Mai- 
sonneuve      888 

-  Occlusion  pneumatique  par  aspiration 
continue  dans  le  traitement  des  plaies; 
Mémoire  de  M.  /.  Guérin 940 

-  Résumé  des  applications  faites  jusqu'à  ce 
jour  de  l'occlusion  pneumatique  au  trai- 
tement des  plaies  exposées;  par  le 
même 1027 

—  Sur  la  demande  de  M.  /.  Guérin  un  pa- 
quet cacheté  déposé  par  lui  en  1844  est 
ouvert  le  16  décembre  1867,  et  se  trouve 
contenir  une  Note  sur  le  perfectionne- 
ment de  la  méthode  du  traitement  des 
plaies  par  l'occlusion  hermétique io34 

—  Sur  un  cas  d'extirpation  complète  de  la 
rate  hypertrophiée,  suivie  de  guérison  ; 
Note  de  M.  Péan 1004 

—  Recherches  sur  un  nouveau  groupe  de 
tumeurs  désigné  sous  le  nom  d'odon- 
tômes;  Mémoire  de  M.  Broca 111; 

Voir   aussi   l'article  Instruments   de 

chirurgie  et  l'article  Pathologie. 
Chloro-arsémates.  —  Sur  la  reproduction 

de  la  mimelèse  et  de  quelques  ohloro- 

arséniates;  Note  de  M.  Lechartier 172 

Chlorures.  —  Recherches  sur  le  chlorure 

de  chaux  ;  par  M.  Kolb 53o 

—  Recherches  sur  les  hypochlorites  et  sui- 
tes chlorures  décolorants  ;  Note  de 
M.  Riche 58o 

Observations  relatives  aux  deux  précé- 
dentes communications;  par  MM.  For- 
dos  et  Gélis 648 

—  Sur  la  fabrication  du  chlorure  de  chaux 
et  sur  la  chlorométrie  ;  Note  de  M.  /;>.- 
hierre 8o3 

Expériences  sur  la  fabrication  du  chlo- 
rure de  chaux  ;  par  M.  Scheurer-Kestner.     894 
Chocolat.  —  MM.  /:'.  et  A.  Pelletier  adres- 
sent un  manuscrit  portant  pour  titre  : 


(  n63 

Pages. 

«  Mémoire  sur  la  théorie  de  la  fabrica- 
tion du  chocolat  >< io38 

Ciioléra-morbus.  —  Marche  et  mode  de  pro- 
pagation du  choléra  qui  a  éclaté  à  Mar- 
seille en  1 865  ;  Études  cliniques  et  sta- 
tistiques à  Marseille  et  à  Aix  en  Pro- 
vence recueillies  sur  place  en  juin  1867  ; 
Mémoire  de  M.  Grimant/,  de  Caux....        3o, 

—  Nouvelles    observations  de    cholériques 

traités  par  l'alcoolature  d'aconit  Napel 
durant  l'épidémie  de  186G;  Mémoire  de 
de  M.  Cramoisy 2o5 

—  Sur  l'application  de  l'oxyde  de  fer  soluble 

dans  les  cas  de  choléra  ;  Mémoire  de 

M .  Wagner 5î6 

—  M.  Prister  demande  qu'un  Mémoire'  sur 

le  choléra  qu'il  a  précédemment  pré- 
senté soit  soumis  à  l'examen  d'une 
Commission.  Ce  Mémoire  a  fait  partie 
des  pièces  de  concours  pour  le  prix 
Bréanlen  1864,  et  est  tacitement  jugé 
par  le  silence  de  la  Commission  qui  a 
fait  le  Rapport 534 

—  Sur  le  choléra-morbus.  Procédé  expéri- 

mental pour  détruire  ou  affaiblir  l'in- 
fluence des  miasmes  cholériques  ;  Notes 

de  M.  Zantedesclii 85o  et    g85 

Voir  aussi  l'article  Legs  Bréant. 

Ciment  magnésien.  —  M.  Sorel  met  sous  les 
yeux  de  l'Académie  différentes  applica- 
tions de  ce  ciment  qui  est  un  oxychlo- 
rure  de  magnésium  basique  hydraté. . .     102 

Cibe  de  cochenille.  —  Sur  la  cire  qu'on 
peut  obtenir  de  la  Cochenille  du  Figuier; 
Note  de  M.  Targioni  Tozzctti 246 

Cobalt.  —  Note  sur  le  protosulfure  de  co- 
balt ;  par  M.  Hiortdahl 75 

Colobantes  (Matièbes).  —  Sur  une  liqueur 
rouge  qui  au  dégel  s'écoule  des  feuilles 
de  certaines  espèces  de  Bégonia;  Note 
de  M.  Mougeot 947 

Columbite.  —  Sur  sa  présence  dans  le  wol- 
fram ;  Note  de  M.  Phipson 419 

Comètes.  —  Sur  les  orbites  des  comètes; 

Note  de  M.  Lœvy 458 

Commission  des  comptes.  —  MM.  Mathieu 
et  Brongniart  sont  nommés  Membres 
de  la  Commission  pour  la  révision  des 
comptes  de  l'année  1866 102 

Commissions  des  prix.  —  Prix  de  Médecine 
et  Chirurgie  ( fondation  Montyon  ).  Com- 
missaires: MM.  VelpeaUjCIoquet,  Serres, 
Rayer,  Nélaton,  Andral,  Robin,  Longet, 

Bernard '63 

—  M.  Andral  est,  sur  sa  demande,  dispensé 
de  faire  partie  de  cette  Commission  et 


) 


âges. 


remplacé  par  M.  Milne  Edwards,  qui 
avait  réuni  après  les  Membres  nommés 
ci-dessus  le  plus  grand  nombre  de  suf- 
frages      200 

—  Prix  des  Arts  insalubres  (fondation  Mon- 
tyon). Commissaires  :  MM.  Chevreul, 
Combes,  Dumas,  Payen,  Balard 200 

—  Prix  de  Physiologie  expérimentale.  Com- 
missaires :  MM.  Longet,  Milne  Edwards, 
Bobin,  Bernard,  de  Quatrefages 229 

—  Prix  Bordin  (question  concernant  la 
structure  du  pistil  ).  Commissaires  : 
MM.  Decaisnc,  Brongniart,  Tulasne,  Du- 
chartre,  Trécul 283 

—  Prix  Barbier.  Commissaires  :  MM.  Vel- 
peau,  Nélaton,  Brongniart,  Robin,  An- 
dral, J.  Cloquet 283 

—  Prix  Godard.  Commissaires  :  MM.  Né- 
laton, Serres,  Coste,  Longet,  J.  Clo- 
quet      4°2 

—  Prix  Savigny.  Commissaires  :  MM.  Milne 
Edwards,  de  Quatrefages,  Blanchard, 
Coste,  Robin 4°^ 

—  Prix  Desmazières.  Commissaires  : 
MM.  Brongniart,  Decaisne,  Tulasne,  Du- 
cliartre,  Trécul 453 

—  Prix  Thore.  Commissaires  :  MM.  Blan- 
chard, Milne  Edwards,  Decaisne,  Tu- 
lasne, Trécul 453 

Commissions  modifiées.  —  M.  Coste  rem- 
place feu  M.  Fe/peau  dansh  Commission 
des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 
—  MM.  Bussy  et  Decaisne  remplacent 
MM.  Velpcau  et  Rayer  dans  la  Commis- 
sion du  prix  Barbier 521 

Commissions  spéciales.  —  Commission  char- 
gée de  préparer  une  liste  de  candidats 
pour  la  place  d'Académicien  libre  va- 
cante par  suite  du  décès  de  M.  Ciria/e  : 
Commissaires,  MM.  Mathieu  et  Becque- 
rel, Longet  et  Decaisne,  de  Verneuil  et 
Séguier,  et  M.  Chevreul  comme  Prési- 
dent en  exercice 848 

—  Cette  Commission  présente  :  en  première 
ligne  M.  Larrey;  en  seconde  ligne  ex 
œquo  MM.  Lartet,  Sichel 971 

Constructions.  —  Sur  les  travaux  de  con- 
duite d'eau  exécutés  récemment  à  Ala- 
tri,  près  de  Rome;  Note  du  P.  Secchi..     625 

Crétinisme.  —  Mémoire  sur  les  causes  du 
crétinisme  et  des  actions  vitales;  par 
M.    Trémau.v 235 

Cristaux.  —  Remarques  sur  un  cas  parti- 
culier de  formation  de  cristaux  de  gypse: 
Note  de  M.  Dronhe C78 

—  M.  D'Jre/uach'n  observer  qu'avant  d'ad- 
mettre une   formation  aussi   rapide  de 


(  n64  ) 

Pages. 


cristaux  il  serait  nécessaire  d'avoir  des 
renseignements  plus  complets  sur  les 
circonstances  flans  lesquelles  le  phéno- 
mène s'est  produit 679 


Pages. 

Cyanures.  —  Note  de  M.  de  Rnmilly  sur  la 

production  des  cyanures 865 

—  Sur  la  formation  du  cyanure  d'ammo- 
nium ;  Note  de  M.  Langlois 964 


D 


DÉCÈS  de  Membres  et  de  Correspondants  de 
V Académie .  —  M.  Chevreid  entretient 
l'Académie  de  la  perte  qu'elle  a  faite  de- 
puis sa  dernière  séance  dans  la  personne 
de  M.  Velpeau,  décédé  le  24  août. . . .     329 

—  M.    le   Président    donne   lecture    d'une 

Lettre  de  M.  Dumas  annonçant  à  l'Aca- 
démie la  perte  qu'elle  vient  de  faire  d'un 
de  ses  huit  Associés  étrangers,  M.  Fa- 
raday, décédé  le  25  août 3j3 

—  M.  le  Président  entretient  l'Académie  de 

la  perte  qu'elle  a  faite  dans  la  personne 

de  M.  Rayer,  décédé  le  10  septembre.     481 

—  M.    le  Président    entretient   l'Académie 

de  la  perte  qu'elle  vient  de  faire  dans 
la  personne  d'un  de  ses  Secrétaires  per- 
pétuels, M.  Fhurens,  décédé  le  5  dé- 
cembre      973 

—  M.    le    Président   annonce    (  séance    du 

23  décembre)  une  nouvelle  perte  que 
vient  de  faire  l'Académie  dans  la  per- 
sonne de  M.  Ponce/et,  décédé  le  22. .  . .    1057 


Décolorants  (Agents).  — Recherches  sur 
les  hypochlorites  et  sur  les  chlorures 
décolorants;  par  M.  Riche 58o 

Décrets  impériaux.  —  Décret  confirmant  la 
nomination  de  M.  Wurtz  à  la  place  va- 
cante dans  la  Section  de  Chimie  par 
suite  du  décès  de  M.  Pelouze i85 

—  Décret    confirmant    la    nomination    de 

M.  Larrey  à  la  place  d'Académicien 
libre  devenue  vacante  par  suite  du  dé- 
cès de  M.   Civiale ioi3 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  public/ne 

transmet  l'ampliation  de  deux  décrets 
impériaux  autorisant  l'Académie  à  ac- 
cepter les  legs  qui  lui  ont  été  faits  pour 
fondations  de  prix,  par  M.  Fowneyron 

et  par  M.  de  la  Fons-Melicoq 85 1 

Diamants.  —  Supplément  à  une  Note  précé- 
demment présentée  par  M.  Saix  sous  le 
titre  de  «  Mode  de  cristallisation  du 
carbone  déterminant  la  formation  du 
diamant» 3i6 


E 


Eaux  purliques.  —  Étude  comparative  des 
résultats  de  l'élimination  des  eaux  pu- 
bliques dans  les  villes  de  Paris,  Vienne, 
Londres,  Marseille  et  Venise;  Mémoire 
de  M.  Grimaud,  de  Caux 164 

—  Emploi  du  sous-sulfate   d'alumine  pour 

constater  la  présence  et  évaluer  la  pro- 
portion de  certaines  matières  organiques 
dans  les  eaux;  Note  de  M.  Bellamy. . .     799 

École  Polytechnique.  —  M.  le  Ministre  de 
la  Guerre  annonce  que  MM.  Combes  et 
Chastes  sont  nommés  Membres  du  Con- 
seil de  perfectionnement  de  l'École  Po- 
lytechnique au  titre  de  .Membres de  l'Aca- 
démie des  Sciences g8G 

Économie  rurale.  —  Sur  les  anomalies  de  la 
colonne  vertébrale  des  animaux  domes- 
tiques ;  Note  de  M.  Goubaux 525 

—  Sur  les  principales  causes  qui  favorisent 

le  développement  de  l'oïdium  et  sur  les 
moyens  par  lesquels  on  peut  en  défen- 
dre la  vigne;  Notes  de  M.  ./.  Conté. . . 
289,  3i6  et     5n 


—  Influence   fâcheuse  attribuée  au    fumier 

provenant  de  la  décomposition  d'une 
plante  sur  les  plantes  de  la  même  es- 
pèce ;  Note  de  M.  Letellier 478 

—  Sur  l'utilité  du  sel  marin  en  agriculture; 

Note  de  M.  J'elter 798 

—  Sur  l'hybridation  artificielle  dans  le  genre 

Gossypium;  Note  de  M.  Balsamo 7G3 

—  Sur  les  ravages  produits  à  l'île  de  la 

Réunion  par  des  insectes  qui  attaquent 

la  canne  à  sucre;  Note  de  M.  Ed.  Morin.  io83 

—  Sur    l'utilisation   des    engrais;    Note   de 

M.   Gagnage >og5 

—  Sur  les  dommages  causés  à  l'agriculture 

par  le  hanneton  et  sa  larve;  mesures  à 
prendre  pour  la  destruction  de  cet  in- 
secte ;  Mémoire  de  M.  Rciset 1 125 

—  Remarques  de  M.  Blanchard  §  l'occasion 

de  cette  communication 1 1 38 

—  Réponse  de  M.  Ckevreul  aux  remarques 

de  M.  Blanchard n38 

Écriture.  — M  deJouvelle  adresse  le  «  spé- 
cimen d'une  écriture  autographique  ob- 


(   u65 

Pages 


) 


tenue  au  moyen  d'un  papier  quadrillé, 
ce  qui  réduirait  la  composition  à  un 

simple  calque  » G8o 

Électricité.  —Sur  les  effets  chimiques  pro- 
duits dans  les  actions  électro-capillaires. 
—  Sur  les  actions  électro-capillaires 
produites  dans  les  corps  inorganisés  et 
les  corps  organisés  ;  Mémoires  de  M.  Bec- 
querel      5 i  et    720 

—  Sur  un  moyen  pratique  de  déterminer 

les  constantes  voltaïques  d'une  pile  quel- 
conque ;  Note  de  M.  /.  Raynaud 170 

—  Sur  la  durée  des  courants  d'induction  ; 

Note  de  M.  Blaserna 206 

—  Note  de  M.  folpicelli  ayant  pour  titre  : 

«  Corrélations  entre  les  boussoles  élec- 
tro-magnétiques et  les  deux  procédés  de 
Gauss  et  de  Lamont  pour  calculer  la 
force  horizontale  du  magnétisme  ter- 
restre » 296 

—  Sur  le  passage  de  l'électricité  au  travers 

des  gaz  incandescents  ;  Note  de  M.  Edm. 
Becquerel 1097 

—  Sur  la  portée  lumineuse  de  l'étincelle 

électrique;  Note  de  M.  Lucas 52i 

—  Sur  une  nouvelle  méthode  destinée  à  ac- 

croître les  courants  d'induction;  Note 

de  M.  Saix Gy3 

—  Dialyse  des  courants  d'induction  ;  Note 

de  M.  Boucliolte 759  et    995 

—  Sur  un  appareil  destiné  à  démontrer  que 

l'étincelle  électrique  ne  passe  pas  dans 

le  vide  absolu;  Note  de  M.  Alvergniat.     963 

—  De  l'électrolyse  des  acides  organiques  et 

de  leurs  sels.  —  Électrolyse  de  l'acide 
acétique.  —  Électrolyse  de  l'acide  tar- 

trique;  Notes  de  M.  Bourgoia 

892,  998  et  11 44 

-  Sur  le  rétablissement  spontané  de  l'arc 
vollaïque  après  une  extinction  de  courte 
durée  ;  Note  de  M.  Le  Roux 1 149 

—  Sur  la  polarisation  des  électrodes  ;  Note 

de  M.  Gaugain 462 

—  Sur  l'amalgamation  des  piles;  Note  de 

M.  Demance 1086 

—  Action  exercée  par  le  courant  d'induction 

sur  les  végétaux  ;  Note  de  M.  Blondeau.     762 

—  M.  Marco  Fe/ice    envoie,  avec   un,  ou- 

vrage imprimé  ayant  pour  titre  :  «  Théo- 
rie mécanique  do  l'électricité  et  du  ma- 
gnétisme »,  une  Note  manuscrite  sur  les 
conséquences  qui  se  déduisent  de  cette 
théorie 984  et  1084 

—  Note  de  M.  Gérard  sur  des  appareils  élec- 

tro-magnétiques construits  par  lui 170 

—  Appareil  d'induction  électro-magnétique 

destiné  à  produire  des  effets  physiologi- 


3i6 


194 


Pages. 

ques  et  médicaux,  présenté,  au  nom  de 

M.  Trouvé,  par  M.  Edm.  Becquerel 1007 

—  Note  de  M.  Zaliwski-Mikorski  avant  pour 

titre  :  «  Gravitation  et  électricité  »... 
Électro-physiologie.  —  Sur  le  pouvoir  élec- 
tromoteur secondaire  des  nerfs  et  son 
application  à  l'électro-physiologie;  Noie 
de  M.  Matteucci i5i  et 

—  Note  de  M.  Matteucci  accompagnant  l'en- 

voi et  donnant  l'analyse  de  la  première 
partie  de  son  «  Cours  d'électro-phvsio- 
logie  fait  au  Musée  de  Physique  etd;His- 
toire  naturelle  de  Florence  » 884 

—  Influence  de  l'électricité  à  courants  inter- 

mittents et  à  courants  continus  sur  les 
fibres  musculaires  de  la  vie  végétative 
et  sur  la  nutrition;  Note  de  M.  Onimus.    25o 

—  Recherches  sur  l'électricité  animale;  par 

M.  Schultz-Schultzenstein Z11 

Errata.  —  Compte  rendu  de  la  séance  du 
7  octobre  1867,  page  610,  ligne  7,  au 
lieu  de  Buaisonnier,  lisez  Maisonnier. 
—  Voir  aussi  aux  pages  i83,  259,  307, 
616,  652,  824,  872,  972,  io56.  —  Voir 
enfin,  pour  les  corrections  correspon- 
dant au  numéro  du  3o  décembre  1867, 
{'errata  placé  à  la  fin  du  premier  nu- 
méro de  18O8  (t.  LXVI,  p.  5i). 
Étain.  —  Note  de  M.  Musculus  sur  les  hy- 
drates stanniques 961 

Éthers.  —  Sur  les  dérivés  nilrés  des  éthers 

benzyliques  ;  Note  de  M.  Ed.  Grimaux,     211 

—  Sur  une  nouvelle   série  d'isomères  des 

éthers  cyanhydriques   gras;    Note   de 

M.  Gauthier 468 

Étoiles  filantes..  —  Sur  les  étoiles  filantes 

du  10  août  1867;  Note  du  P.  Secchi. .     388 

—  Sur  les  spectres  stellaires  et  sur  les  étoiles 

filantes  ;  Note  du  P.  Secchi 979 

—  Sur  les  étoiles  filantesdumoisd'aoùt  1867, 

maximum  des  9,  10  et  11;  Note  de 
MM.  Coulvier-Gravier  et  Chapelas . . . .     325 

—  Sur  l'apparition  d'étoiles  filantes  dans  la 

nuit  du  i3  au  14  novembre  18G7;  Noie 
de  MM.  Coulvier-Gravier  et  Chapelas. 

—  Observations  d'étoiles  filantes  dans  la  nilil 

du  i3  au  14  novembre  18O7;  Note  de 
M.  Il'olf. 

—  Remarques  adressées  au  sujet  de   cette 

communication  par  M.  Chapelas go3 

M.  Coulvier-Gravier  adresse  t'extrait 
d'une  Lettre  d'après  laquelle  on  n'aurait 
pu  constater  à  l'île  Maurice  l'apparition 
d'étoiles  filantes  au  mois  de  novembre 

dernier iog5 

-  Note  de  M.  Gaillard  à  M.  Le  Verrier 
concernant  les  étoiles  filanles  du  14  no- 
vembre 1867 io3q 


852 


852 


(   n66  ) 


Explosibles  (Substances).— M.  Pou/adresse 
de  nouveaux  documents  sur  les  matières 
explosibles  qu'il  a  obtenues  par  l'action 
du  chlorate  et  du  nitrate  de  potasse  sur 
la  colle  ordinaire 170  et 


Pages. 


347 


Pages. 


Explosibles  (Gaz).  —  Sur  l'explosion  de 
grisou  qui  a  eu  lieu  récemment  près  de 
Saint-Étienne,  et  sur  une  nouvelle  lampe 
de  sûreté;  Note  de  M.  C huant 947 


1091 


5n 


Fermentation.  —  Note  sur  la  fermentation 
gallique;  par  M.  Van  Tieghem 

Fluor.  —  Recherches  sur  la  constitution 
chimique  des  composés  fluorés  et  sur 
l'isolement  du  fluor;  par  M.  Prat.  — 
Lettre  de  M.  Dumas  donnant  une  idée 
de  ce  travail 345  et 

—  Remarques  de  M.  Chevreul  à  l'occasion 

de  cette  communication 347 

Fossiles  (Restes  organiques).  —  Del'ostéo- 
graphie  du  Mesotherium  et  de  ses  affini- 
tés zoologiques;  Mémoires  de  M. Serres  : 
I.  Colonne  vertébrale  du  Mesotherium. 
II  et  III.  Description  de  la  tète.  140  et 
IV  et  V.  Système  dentaire...     429  et 

VI.  Membres  antérieurs 740 

VII.  Membres  postérieurs 841 

—  Sur  une  nouvelle  collection  d'ossements 


6 
273 
593 


fossiles  de  Mammifères  recueillie  par 
M.  F.  Séguin  dans  la  Confédération  Ar- 
gentine; Note  de  M.  Gavais 279 

Sur  un  bois  de  cerf  gigantesque  conservé 
au  château  d'Amboise;  Note  de  M.  Blon- 
din 84 

Note  de  M.  Bourgeois  au  sujet  du  bois 
de  cerf  mentionné  par  M.  Blondin go3 

Sur  un  œuf  A'Epiornis  maximus  vu  ré- 
cemment à  Toulouse  ;  Note  de  M.  Joly.     422 

Observations  sur  le  gisement  des  œufs 
à'Epiornis  ;  par  M.  Grandidier 4/6 

Sur  un  Psittacien  fossile  de  l'île  Roderi- 
gues  ;  Note  de  M.  Alp.  Milne  Edwards.   1 121 

M.  Cagneux  adresse  quelques  photogra- 
phies de  fossiles  recueillis  dans  les  en- 
virons de  Royan io55 


Galvanoplastie.  —  Note  de  NL. Balsamo  ayant 
pour  titre  :  «  Moyen  d'obtenir  des  creux 
et  des  reliefs  à  dessin,  galvaniquement, 
sans  réserve  de  vernis  » 6i3 

Gaz.  —  Note  de  M.  Lechartier  sur  le  mouve- 
ment des  gaz  dans  les  plantes  aquatiques.   1087 

—  Sur  le  passage  de  l'électricité  au  travers 

de  gaz  incandescents  ;  Note  de  M.  Edm. 

Becquerel 1097 

Géographie  physique.  —  Tableau  hypsomé- 
trique  général  de  l'Inde,  de  l'Himalaya 
et  du  Thibet  occidental;  par  M.  Schla- 
ginttveit-Sakiinliïnski 286 

—  Sur  les  lois  des  deltas;  Mémoire  de  M.  de 

fïlleneuve-Flayosc 287 

—  Note  de  M.  de   Tchiliatcheff  accompa- 

gnant l'envoi  d'un  exemplaire  d'un 
Tracé  de  ses  itinéraires  en  Asie  Mineure  : 
ce  tracé  est  l'œuvre  de  M.  Kiépert.  . . .     401 

—  Détermination  de  la  latitude  de  l'obser- 

vatoire de  Rio-Janeiro;  par  M.  Liais. . .     792 
Géologie.  —  Lettre  de  M.  de  Marigny  con- 
cernant son  précédent  Mémoire  «  sur 
l'origine  et  le   mode  de  formation  des 
gîtes  métallifères  » 107 

—  Lettre  de  M.  Trigcr  concernant  son  tra- 


vail sur  la  géologie  de  l'ouest  de  la 
France 1 70 

Sur  l'action  des  anciens  glaciers  dans  la 
Sierra  Nevada  de  la  Californie,  et  sur 
l'origine  de  la  vallée  deYo-Semite;  Note 
de  M.  Blake 1 79 

M.  Triger  demande  et  obtient  l'autorisa- 
tion de  reprendre  un  travail  précédem- 
ment présenté  sur  «  Les  profils  des  che- 
mins de  fer  de  l'ouest  de  la  France  trans- 
formés en  coupes  géologiques  » 534 

M.  Dautirée  fait  hommage  à  l'Acédémie 
d'une  Notice  qu'il  vient  de  publier  sous 
le  titre  de  :  «  Classification  adoptée  pour 
la  collection  des  roches  du  Muséum 
d'Histoire  naturelle  de  Paris  » 602 

Examen  comparatif  des  alluvions  an- 
ciennes de  Toul  et  de  quelques-unes  de 
celles  du  bassin  de  la  Seine  par  rap- 
port à  l'ancienneté  de  l'homme;  Note 
de  M.  Husson 8 1 1 

Observation  faite,  à  l'occasion  de  la  pré- 
sentation de  cette  Note,  par  M.  Élic  de 
Beaumont 8 1 4 

Liste  d'échantillons  géologiques  recueillis 
au  Chili  par  M.  Laroque 948 


(  II 

Pages. 

—  Note  de  M.  Elie  de  Beaumont  accompa- 

gnant la  présentation  d'un  exemplaire 
de  la  4e  édition  de  l'ouvrage  de  Sir  R. 

Murchison  intitulé  :  Siluria 981 

-  Note  de  M.  d'Archiac  accompagnant  la 
présentation  d'un  ouvrage  de  M.  A. 
Favre  intitulé  :  «  Recherches  géologi- 
ques dans  les  parties  de  la  Savoie,  du 
Piémont  et  de  la  Suisse  voisines  du  mont 
Blanc  » 1 00G 

—  M.  Lecoq  fait  hommage  à  l'Académie  de 

son  ouvrage  «  Sur  les  Époques  géolo- 
giques de  l'Auvergne  » 1  1 1 G 

Voir  aussi   aux   articles  Paléoetlino- 
logie  et  Physique  du  glnbe. 
Géométrie.  —  Sur  les  courbes  du  quatrième 

ordre  ;  Note  de  M.  de  Hunyadv.  .....     497 

—  Sur  la  théorie  des  systèmes  de  coniques  ; 

Note  de  M.  Salvatore-Dino 4 99 

—  M.  Hilton  de  la  Goupillière  demande  et 

obtient  l'autorisation  de  retirer  un  Mé- 
moire précédemment  présenté  :  0  Sur  les 
procédés  de  transformation  en  géomé- 
trie et  en  physique  mathématique  »...     649 

—  De  la  courbure  inclinée  d'un  système  de 

lignes  coordonnées  et  du  rôle  de  cette 
courbure  dans  la  théorie  des  lignes  tra- 
cées sur  une  surface;  Note  de  M.  l'abbé 
Amist 814 

—  Résolution  graphique  des  équations  nu- 


67) 


Pages, 
mériques  d'un  degré  quelconque  à  une 
inconnue;  Note  de  M.  LUI 854 

—  Note  de  M.  Brate  sur  la  résolution  des 

triangles  rectangles io38 

—  Recherches  sur  la  construction  des  trian- 

gles ;  par  le  même 1 1 4  • 

-  Procédé   géométrique   pour   partager  un 

angle  en  2,  3,  4,  5,  6,  8,  10,  imparties 
égales;  Note  de  M.  Gandin 1084 

-  M.  Darget  adresse  de  nouvelles   rédac- 

tions de  sa  Note  concernant  le  Postula- 
tmn  d'Euclide 70,  205  et    454 

—  Notes  de  M.  Valat  concernant  la  somme 

des  trois  angles  d'un  triangle  et  le  Pos- 

tulatum  d'Euclide O48  et  iog5 

--  Mémoire  de  M.  Majfre  sur  \e  Postultitum 
d'Euclide 1 1 55 

Glycogène.  —  Nouvelles  recherches  sur  ce 

corps  ;  par  M.  Bizio 1 75 

Gravitation.  —  Note  sur  la  gravitation  uni- 
verselle et  sur  le  principe  de  la  moindre 
action;  par  M.  Villeneuve-Flayosc...     642 

Voir     aussi     l'article     Histoire     des 
Sciences. 

Guano.  —  Composition  des  guanos  de  di- 
verses origines  qui  se  sont  présentés 
dans  le  port  de  Bordeaux  depuis  une 
douzaine  d'années;  Note  de  M.  Baudri- 
mont 420 


H 


Halos.  —  Note  de  M.  Decharme  concernant 
des  halos  et  couronnes  solaires  et  lu- 
naires observées  à  Angers  du  3o  août 
i8G6  au  3o  août  1867 610 

—  M.  Chevreul  rappelle  à  cette  occasion  di- 

vers phénomènes  de  vision  et  notam- 
ment des  phénomènes  de  contraste  si- 
multanés de  couleurs 612 

Histoire  des  sciences.  —  Note  historique 
sur  l'établissement  des  Académies;  par 
M.  Chastes 49 

—  M.  Chastes,  à  la  suite  de  la  précédente 

communication  et  conformément  au  dé- 
sir exprimé  par  M.  Chevreul,  annonce 
qu'il  mettra  sous  les  yeux  de  l'Académie 
quelques  écrits  de  Pascal  et  un  en  par- 
ticulier qui  contient  l'énoncé  des  lois  de 
l'attraction 5i 

—  Note  sur  la  découverte  de  l'attraction; 

par  il.  Cliasles,  et  production  des  pièci  s 
annoncées 89 

C.  R.,  1S67,  ime  Semestre.  (T.  L\\ 


Remarques  de  M.  Duhamel  à  l'occasion 
des  pièces  mentionnées  dans  le  précé- 
dent article 121 

M.  Chastes  insiste,  à  cette  occasion,  sur 
les  éléments  que  possédaient  Pascal  et 
Newton  pour  la  solution  du  problème..      123 

Remarques  de  M.  Chevreul  sur  l'intérêt 
qu'il  y  aurait  à  rechercher  s'il  n'existe 
pas  en  Angleterre  de  pièces  relatives  à 
la  correspondance  de  Pascal  et  de  Boyle.     124 

Réponse  de  M.  Chastes  aux  remarques 
précédentes,  et  communication  de  nou- 
velles Notes  de  Pascal  relatives  à  la 
même  question 1 25 

Suite  des  communications  faites  par 
M.  Chastes  de  Notes  de  Pascal  relatives 
aux  lois  de  l'attraction 1 85 

M.  Duhamel  déclare  que  ces  nouvelles 
communications  ne  lui  paraissent  infir- 
mer aucune  des  remarques  qu'il  a  pré- 
sentées dans  la  précédente  séance 194 

l52 


(    n68  ) 


Pages. 

Histoire  des  sciences.  —  Lettre  de  M.  Fau- 
gère relative  aux  Notes  manuscrites  de 
Pascal  communiquées  par  M.  Chasles..     202 

—  Lettre  de  M.  Chastes  à  M.  Faugère  en 

réponse  à  la  précédente 202 

—  Lettre  de  M.  Bénard  relative  aux  mêmes 

communications  de  M.  Chasles 2o3 

—  Remarques  de  M.  Chasles  à  l'occasion  de 

la  Lettre  de  M.  Bénard 204 

—  Lettre  de  Sir  David  Brewster  sur  la  pré- 

tendue correspondance  entre  Pascal  et 
Newton 261 

—  Note  de  M.  Chasles  accompagnant  la  pro- 

duction de  nouvelles  pièces  concernant 
cette  correspondance 263 

—  Remarques  de  M.  Duhamel  sur  le  peu  de 

vraisemblance  que  Newton  doive  quel- 
que chose  à  Pascal 2-2 

—  M.  Chasles  déclare  que  M.  Faugère  per- 

siste à  soutenir  la  non-authenticité  des 
Lettres  attribuées  à  Pascal,  à  Mme  Pas- 
cal, à  M"e  Perrier,  dont  lui  au  contraire 
ne  saurait  douter 3og 

—  M.  Chevreul  pense,  comme  M.  Le  Ver- 

rier, que  la  Commission  qui  avait  été 
chargée  de  s'occuper  de  cette  question 
ne  peut,  en  l'absence  de  renseignements 
qu'elle  juge  nécessaires,  poursuivre  son 
enquête  plus  avant  et  doit  être  considé- 
rée comme  n'existant  plus 3io 

—  M.  Blanchard  appelle  l'attention  de  l'A- 

cadémie sur  un  passage  de  la  Préface 
mise  en  tète  d'un  «  Traité  de  l'équilibre 
des  liqueurs  »,  ouvrage  posthume  de 
Pascal  publié  très-peu  de  temps  après 
sa  mort  :  il  est  question  dans  cette  Pré- 
face de  fragments  dans  lesquels  ses  amis 
croyaient  voir  des  aperçus  très-nouveaux 
sur  des  questions  importantes 329 

—  Nouvelle  communication  de  M.  Chasles 

sur  les  Lettres  de  Pascal  et  leur  authen- 
ticité      33i 

—  MM.  Regnault,  Marin,  Balard,  Chevreul 

parlent  à  cette  occasion  des  secours 
qu'on  peut  tirer  d'une  part  des  repro- 
ductions photographiques,  de  l'autre  des 
réactions  chimiques  pour  faire  reparaître 
des  traits  effacés  et  ainsi  parfois  déjouer 
les  espérances  d'un  faussaire 334 

—  M.  Chasles  annonce  qu'jl  mettra  à  la  dis- 

position de  ses  Confrères  toutes  les 
pièces  qu'ils  voudraient  soumettre  à  ce 
genre  d'épreuves 335 

—  M.  Faugère  lit  une  Note  intitulée  :  «  Dis- 

cussion de  l'authenticité  des  pièces  pré- 
sentées récemment  à  l'Académie  comme 
provenant  de  Pascal  et  de  ses  deux 
sœurs  » 34o 


Pages. 
Réponse  de  M.    Chasles  à  la  Note   de 
M.  Faugère 375 

Nouvelles  observations  de  M.  Faugère 
concernant  les  pièces  présentées  à  l'Aca- 
démie comme  provenant  de  Pascal  et  de 
ses  deux  sœurs 455 

Réponse  de  M.  Chasles  à  la  Lettre  pré- 
cédente       437 

Lettre  de  Sir  D.  Brewster  à  M.  Chevreul 
au  sujet  des  Lettres  attribuées  à  Newton.     537 

Lettre  de  M.  Grant  à  M.  Le,  Verrier  au 
sujet  des  documents  relatifs  à  une  cor- 
respondance entre  Pascal  et  Newton ...     571 

Réponse  de  M.  Chasles  aux  deux  com- 
munications précédentes 538 

Observations  de  M.  Duhamel  relative- 
ment à  la  part  attribuée  à  Pascal  dans 
l'établissement  de  la  loi  de  la  gravitation 
universelle 554 

Observations  de  M.  Le  Verrier  relatives 
à  la  même  discussion 555 

Communication  de  M.  Chasles  faisant 
suite  à  sa  réponse  aux  Lettres  de 
M.  Grant  et  de  Sir  D.  Brewster 585 

Lettre  de  M.  Faugère  à  M.  le  Président 
au  sujet  des  écrits  attribués  à  Pascal . .     643 

Réponse  de  M.  Chasles  à  la  Lettre  de 
M.  Faugère 617 

Observations  de  M.  Morin  relatives  aux 
Lettres  écrites  par  des  Souverains 623 

Observations  de  M.  Le  Verrier  relatives 
aux  écrits  attribués  à  Pascal 623 

Nouvelle  Lettre  de  Sir  D.  Brewster  à 
M.  Chevreul  au  sujet  de  la  même  cor- 
respondance      653 

Communications  de  M.  Chastes  :  réponse 
à  la  Note  de  M.  Le  Verrier  et  à  la 
Lettre  de  Sir  D.  Brewster;  observations 
relatives  à  la  dernière  Lettre  de  M.  Fau- 
gère: production  de  documents  relatifs 
à  la  Lettre  de  Sir  D.  Brewster.     655  et     681 

Sur  l'époque  précise  de  l'établissement 
de  la  loi  d'attraction;  Note  de  M.  Ba- 
binet 661 

Nouvelle  Lettre  de  M.  Faugère  au  sujet 
des  documents  attribués  à  Pascal 702 

Nouvelle  Lettre  de  Sir  D.  Brewster  à 
M.  Chevreul  au  sujet  des  relations  qui 
auraient  existé  entre  Pascal  et  Newton.     717 

Sir  D.  Breivstcr  transmet  une  Lettre  de 
Ladv  Macclesfield ,  qui  elle-même  n'a 
trouvé,  dans  les  papiers  parmi  lesquels 
elle  avait  été  invitée  à  chercher,  la  trace 
d'aucunes  relations  entre  Newton  et 
Pascal 757 

Remarques  de  M.  Chastes  sur  la  dernière 
Lettre  de  Sir  D.  Brewster 718 

Lettre  de  Sir  D.  Brewster  à  M.  Le  Ver- 


(   n69) 


rier  au  sujet  des  relations  qui  ont  existé 

entre  Jacques  Cassini  et  Newton 

-  Lettre  de  Sir  D.  Brewster  à  M.  Chevreul 
au  sujet  des  documents  attribués  à  Pas- 
cal et  à  Newton 

■  Réponse  de  M.  Chastes  aux  deux  Lettres 

de  Sir  D.  Brewster 

•  Observations  de  M.  Balard  relativement 

à  la  continuation  de  cette  discussion. . 

■  Lettre  de  SI.  Grant  à  M.  Le  Verrier  con- 

cernant les  observations  astronomiques 
dont  Pascal  et  Newton  ont  pu  faire 
usage 

•  Lettre  de  Sir  D.  Brewster  à  M.  Chevreul 

au  sujet  de  l'authenticité  des  pièces  at- 
tribuées à  Pascal  et  à  Newton 

Communication  de  M.  Chastes  en  réponse 
à  une  Lettre  de  M.  Grant  relative  au 
même  point  de  critique  historique. . . . 

Lettre  de  Sir  D.  Brewster  à  M.  Chevreul 
au  sujet  des  pièces  relatives  à  Newton 
et  à  Pascal  :  pièces  considérées  comme 
provenant  de  la  collection  Desmaizeaux. 

Observations  de  M.  Chastes  à  l'occasion 
de  la  Lettre  de  Sir  D.  Brewster  et  d'une 
de  M.  Govi 

Remarques  sur  les  Lettres  signées  du 
nom  de  Galilée  qu'a  publiées  M.  Chasles; 
Lettres  de  M.  Govi g53  et 

Observations  relatives  aux  Lettres  pu- 
bliées par  M.  Chasles,  comme  de  Huy- 
gens  et  de  Boulliau  ;  Note  de  M.  Harting. 

Lettre  de  M.  H.  Martin  sur  certaines  des 
pièces  qui  attribuent  à  Pascal  les  dé- 
couvertes de  Newton 

Observations  du  P.  Sccchi  sur  les  docu- 
ments relatifs  à  Galilée  publiés  par 
M.  Chasles 

Réponse  de  M.  Chasles  aux  communica- 
tions de  MM.  H.  Martin,  Harting,  Secchi 
et  Govi 

M.  Bâtard  demande  à  l'Académie  rie  dé- 
cider qu'on  ne  publiera  plus  doréna- 
vant dans  les  Comptes  rendus  les  com- 
munications   relatives    aux  documents 


l'aies. 
770 


784 
8a5 
826 

g-25 
926 

1041 
9S7 
989 

1018 


Pages, 
historiques  communiqués  par  M.  Chasles 
jusqu'au  moment  où  ces  documents  au- 
ront été  publiés  complètement u>j; 

—  Remarques  de  MM.  Le  Verrier,  Étie  de 

Braumont  et  de  plusieurs  autres  Aca- 
démiciens relativement  à  la  prolongation 
de  la  discussion 1059  et  1060 

—  Remarques  de  M.  Reynaud  à  l'occasion 

d'une  publication  récente  de  M. Brewster 
sur  l'invention  des  phares  lenticulaires.     291 
-  Lettre  de  Sir  D.  Brewster  à  M.  Élie  de 
Beaumont  au   sujet   des  appareils  des 
phares 624 

—  Histoire   des  instruments    de    chirurgie 

trouvés  à  Herculanum  et  à  Pompéi  ; 
Mémoire  de  M.  Scoutetten 200 

—  Lettre  de  M.  fVolf 'au  sujet  d'une  erreur 

historique  commise  selon  lui  dans  un 
ouvrage  de  M.  Bertrand 819 

—  Lettre  de  M.  Lenormant  relative  à  un 

papyrus  égyptien  contenant  un  frag- 
ment d'un  traité  de  Géométrie  appli- 
quée à  l'arpentage 903 

Houille.  —  Anal) se  d'un  certain  nombre 
d'échantillons  de  houilles  prussiennes  ; 
par  M.  Mène 807 

Hydrauliques  (Appareils).  —  Études  sur 
les  roues  hydrauliques  à  aubes  courbes 
de  M.  le  Général  Poncelet;  par  M.  Di- 
ction (  2e  partie  ) 5yi 

—  Rapport    sur    ce    travail;     Rapporteur 

M.  Morin 934 

—  Sur  les  travaux  de  conduite  d'eau  exécu- 

tés récemment  à  Alatri,  près  de  Rome; 
Note  du  P.  Secchi 6i5 

Hydrogène.  —  Sur  le  rôle  spécial  de  l'hy- 
drogène dans  les  acides  en  général  et  en 
particulier  dans  les  acides  polybasiques; 
Note  de  M.  Gandin 3o 

Hygiène  publique.  —  Assainissement  des 
centres  de  population  :  question  des 
abattoirs;  Note  de  M.  Gagnage 891 

—  Lettre  de  M.  Colin  accompagnant  l'envoi 

d'un  ouvrage  écrit  en  allemand  sur  l'hy- 
giène de  la  vue  dans  les  écoles io54 


Infusoires.  —  Sur  la  présence  d'Infusoires 
dans  l'air  expiré  pendant  le  cours  de  la 
coqueluche;  Note  de  M.  Poulet 254 

Institut  (Séances  trimestrielles  de  l).  — 
Lettres  de  M.  le  Président  de  l'Institut 
concernant  la  quatrième  séance  trimes- 
trielle fixée  au  2  octobre  1867  et  la  pre- 
mière de  1868  qui  doit  avoir  lieu  le 
8  janvier 481  et  1057 


|  Instruments   de    chirurgie. 


Note    de 


M.  Roussel  concernant   un    instrument 

pour  la  transfusion  du  sang 85o 

-  Mémoire  rie  M.  Piorry  sur  un  instrument 
destiné  à  porter  des  médicaments  et  ries 
caustiques  dans  les  parties  profondes 

des  divers  organes g85 

Instruments  de  physique.  —  Sur  deux  in- 
struments destinés  à  constater  un  effet 

l52.. 


(  " 

Pages. 

nouveau  du  rayonnement  solaire;  Note 

de  M.  Moreau 2o5 

Instruments  de  physique.  —  Sur  un  météo- 

rographe  ancien  et  sur  la  théorie  du  ba- 
romètre statique;  Note  de  M.  Radau..     36o 

—  Sur  le  météorographe  et  ses  résultats.  — 

Sur  le  spectroscope  stellaire;  Note  du 

P.  Secchi 385  et     38g 

—  RéDexionssnr  l'histoire  du  baromètre  sta- 

tique ;  par  le  même 443 

—  Nouvelles  remarques  de  M.  Radau  sur  le 

baromètre  statique 5o2 

—  Réponse  du  P.  Secchi  aux  dernières  re- 

marques de  M.  Radau 55g 


7o  ) 


Pages. 

—  Remarques  de  M.  Radau  à  l'occasion  de 

cette  réponse 609 

—  Sur  un  nouveau  baromètre  à  mercure; 

Note  de  M.  Faa  de  Bruno 61 3 

Iode.  —  Sur  une  méthode  simple  pour  re- 
connaître l'iode  et  le  brome  dans  une 
même  solution;  Note  de  M.  Phipson.. .  176 
Isomébie.  —  Recherches  sur  l'isomérie  dans 
la  série  acétylique;  Mémoire  de  MM.  Re- 
boiil  et  Truchot j3 

—  Nouvelles  recherches  sur  l'isomérie  du 

protochlorure  d'allyle  et  du  propylène 
monochloré;  par  M.  Oppenheim.  354  et    4°8 


Legs  Bréant.—  Mémoires  et  communications 
concernant  le  choléra-morbus  ou  les 
dartres  adressés  comme  pièces  de  con- 
cours pour  ce  prix  par  MAI.  Grimaud, 
de  Caux,  Bonjean,  Kreuz,  Parker, 
Doin,  Le  Mo/van,  Thomas,  Cramoisy, 
Tarrier,  Barracano,  Berman,  Rubini, 
Schmiilt, Prier,  Arlotti,Huelte,  Schmitt. 

3g,  44,  10G,  107,  2o5, 

317,  406,  571,  701,  783,  891,   io38  et  1084 

Legs  pour  fondation-  de  nouveaux  prix  a 
décerner  par  l' Académie.  —  AI.  le  Se- 
crétaire perpétuel  donne  lecture  d'un 
article  du  testament  de  AI.  Benoit  Four- 
neyron  relatif  à  un  legs  de  5oo  francs 
de  rente  pour  la  fondation  d'un  prix 
biennal  de  Mécanique  appliquée 240 


-  Décrets  impériaux  autorisant  l'Académie 
à  accepter  ce  legs  et  un  autre  legs  fait 
par  AI.  de  la  Fons-Melicoq,  également 
pour  la  fondation  d'un  prix 85 1 

Liquides  (Spher.es).  — Lettre  de  AI.  Plateau 
accompagnant  son  nouvel  opuscule  «  Sur 
la  transformation  spontanée  d'un  cylin- 
dre  liquide  en  sphères  isolées  » 290 

Lumière.  —  Sur  une  nouvelle  action  de  la 
lumière;  sixième  Mémoire  de  M.  Niepce 
île  Saint-Victor 5o5 

—  Sur   la  partie    lumineuse  de  l'étincelle 

électrique  ;  Note  de  AI.  Lucas 5s>i 

—  Alémoire  de  M.  Lucas  concernant  «  Les 

radiations    et    le    phosphoroscope     de 

M.   Edm.  Becquerel  )> g85 


M 


Machines  à  vapeur.  —  Sur  les  appareils  de 
distribution  de  la  vapeur  à  un  seul  ti- 
roir ;  Notes  de  AI.  Deprcz 68  et     609 

—  Sur   les  machines  à  vapeur  à  trois  cy- 

lindres égaux  avec  introduction  directe 
dans  un  seul  ;  Alémoire  de  M.  Dupuy  de 
Lôme g3 

—  AI.  le  Directeur  de  la  Reçue  Maritime  et 

Coloniale  demande  et  obtient  l'autori- 
sation d'emprunter  la  planche  faite  poul- 
ie Alémoire  de  AI.  Dupuy  de  Lôme..  .  .     255 

AIagnétisme  terrestre.  —  De  la  variation 
diurne  lunaire  de  l'aiguille  aimantée 
près  de  l'équateur  magnétique  ;  Note  de 
M.  Broun 1 1 4C 

Manganèse.  —  Note  sur  de  Nouvelles  combi- 
naisons manganiques;  par  AI.  Nicklès,.      107 

Mécanique  analytique.  —  Sur  les  groupes 

de  mouvements;  Note  de  M.  Jordan. .     22g 


—  Équations  des  petits  mouvements  des  mi- 

lieux  isotropes    comprimés  ;    Note   de 

AI.  Boussinesq 167 

—  Sur  un  théorème  de  Jacobi  énoncé  dans 

les  «  Comptes  rendus  hebdomadaires  de 
l'Académie  »  (année  i836);  Note  de 
AI.    Bresse io85 

—  Sur  un  théorème  général   de  la  théorie 

de  l'élasticité  qu'on  peut  appeler  0  Théo- 
rème de  la  superposition  des  effets  des 

forces  »  ;  Mémoire  de  AI.  Phillips Gog 

-  Note  de  AI.  Phillips  relative  au  théorème 
de  la  superposition  des  effets  des  forces 
appliquées  a  un  corps  solide  élastique, 
théorème  pour  lequel  la  priorité  doit 
être  attribuée  à  AI.  de  Saint-Venant —     674 

—  Note  de  AI.  de  Villeneuve-Flayosc  sur  la 

gravitation  universelle    et  le   principe 

de  la  moindre  action 642 


(    'i7 

Pages. 

—  Sur  la  résistance  des  fers  en  double  T  ; 

Mémoire  de  M.  Aubert 10G 

—  Mémoires  sur  le  calcul  de  la  résistance 

des  solides  soumis  à  la  llexion;  par  le 
même 2o5,  406.  701  et    948 

—  Des  moyens  propres  à  annuler  les  per- 

turbations produites  dans  le  mouvement 
des  machines  par  les  pièces  de  leur  mé- 
canisme ;  Mémoire  de  M.  Àrnoux 3y 

Mécanique  céleste.  —  Sur  les  orbites  des 

comètes  ;  Note  de  M.  Lœcy 458 

MÉCANIQUE  MOLÉCULAIRE.  — Note  SUT   la  tCIl- 

sion  des  lames  liquides;  par  M.  Van  der 
Mensbrugglie 4 1 

—  M.  G.  Hinrichs  adresse  une  Note  écrite 

en  allemand  concernant  la   Mécanique 

moléculaire 106 

Météorites.  —  Classification  adoptée  pour 
la  collection  de  météorites  du  Muséum 
d'Histoire  naturelle;  Note  de  M.  Dau- 
bréc 60 

—  Contribution  à  l'anatomie  des  météorites  ; 

par  le  même 1 48 

—  Chute  d'aérolithes  dans  la  plaine  de  Tad- 

jera  (Amer  Guebala)  à  i5  kilomètres 
sud-est  de  Sétif  le  9  juin  1867;  Lettre 
de  M.   Augeraud '24° 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel,  après  avoir 

communiqué  cette  Lettre,  annonce  à 
l'Académie  que  M.  le  Maréchal  Gouver- 
neur de  l'Algérie  se  propose  de  lui  faire 
don  d'un  fragment  de  ce  bolide 242 

—  M.  /c  Gouverneur  de  l'Algérie  annonce 

l'envoi  de  ce  fragment 525 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  présente,  dans 

la  séance  du  7  octobre,  le  fragment 
adressé  par  M.  le  Gouverneur  de  l'Al- 
gérie      610 

Météorologie.  —  Aperçus  sur  les  pay  s  élec- 
triques et  leur  rôle  météorologique  ; 
par  M.  Fournet 25 

—  Note  sur   les  orages  du  sud-est;  par   le 

même 1 56 

—  Sur  le  météorographe   et   ses  résultais; 

Note  du  P.  Secchi 385 

—  Atlas  météorologique   de    l'Observatoire 

impérial.  Troisième  partie,  observations 
faites  dans  les  stations  françaises  du 
Ier  juin  1866  au  3i  mai  1867,  par 
M.  Rayet;  seconde  partie,  zones  des 
orages  à  grêle,  par  M.  .Baille.     703  et    70O 


l    ) 

Pages. 

—  Remarques  de  M.  Le  Verrier  sur  l'Atlas 

météorologique  de  l'Observatoire 707 

—  Note  de  M.  Le  berner  accompagnant  la 

présentation  de  a  l'Atlas  météorologique 
de  l'Observatoire  pour  i86(>  (première 
partie) 909 

—  Sur  le  service  des  avertissements  donnés 

aux  ports;  par  le  même qi  1 

—  M.  Le  Verrier  donne  quelques  détails  sur 

une  bourrasque   qui  s'est    produite    le 

i5  décembre  1867  dans  l,i  Manche....   1041 

—  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  publique 

transmet  un  plan  météorologique  dressé 
par  M.  André,  donnant  la  direction 
suivie  par  les  vents  dans  le  mois  de 

mai  1867  dans  la  vallée  d'Aujon 1 1 41 

Métrique  (Système).  —  Note  de  M.  Boileau 
sur  un  appareil  destiné  à  faciliter  l'en- 
seignement du  système  métrique 648 

Voir  aussi  l'article  Poids  et  Mesures. 

Mimetése,  chloro-arséniate  de  plomb,  ainsi 

appelé  à  cause  de  sa  ressemblance  avec 

le  chlorophosphate.  Note  de  M.  Lecltar- 

tier  sur  la  reproduction  artificielle  de 

quelques  chloro-arséniates 172 

Minéralogie.  —  Sur  un  sablé1  titanifère  de 
1  île  portugaise  de  Santiago,  archipel  du 

Cap-Vert  ;  Note  de  M.  Silva 207 

—  Sur   la   Woodwardite   du  Cornouailles; 

Note  de  M.  Pisani 114a 

Moléculaires  (Actions).  —  Remarques  de 
M.  Trémaux  à  l'occasion  d'une  com- 
munication récente  de  M.  Boussinesq 
sur  l'action  réciproque  de  deux  molé- 
cules        84 

Moléculaire  (Théorie).  —  Note  de  M.  Guld- 

bergsur  la  théorie  moléculaire  des  corps.     941 
Monamines. —  Note  de  M.  H.  Schiff  sur  les 

monamines  dérivés  des  aldéhydes 320 

Monnaies.  —  Nouvelle  communication  de 
M.   Léon   sur  le   système  métrique  el 

son  application  aux  monnaies 349 

Moteurs.  —  De  l'air  chaud  substitué  à  la 
vapeur    comme   moteur,    sans    danger 

d'explosion  ;  Note  de  M.  Burdin 392 

Musique.  —  Sur  le  système  harmonique  de 
Pylhagore;  Note  de  M.  Francisque  ser- 
vant de  complément  à  une  précédente 
communication 642 


N 


Navigation.— M.  l'Amiral  Paris  faithommage 
à  l'Académie  de  la  première  partie  de  son 


ouvrage  intitulé  :  u  L'Art  naval  à  l'Expo- 
sition universelle  de  Paris  en  1867  »... 


1097 


(  " 

Pages. 

Navigation.  —  Des  déviations  produites  dans 
l'aiguille  de  la  boussole  par  l'action  du 
fer  entrant  dans  la  construction  du  n 
avire  et  des  moyens  de  s'en  garantir  ; 
Note  de  M.  Ecan  Hopkins 283 

—  Appréciation  pratique  de  la  Méthode  de 

M.  Littrow  pour  trouver  en  mer  l'heure 

et  la  latitude;  Note  de  M.  Lemoine. . .     669 

—  Sur  un  nouveau  mode  de  propulsion  des 

navires  à  vapeur;  Note  de  M.  Arnoux.     402 

—  Sur  une  modification  dans  les  construc- 

tions navales  supposée  propre  à  atténuer 
les  désastres  des  naufrages  ;  Note  de 
M.  Faure 290,  406  et    571 


72   ) 


—  Lettre  de    M.    Humbert    concernant    le 

concours  pour  le  prix  sur  le  perfection- 
nement de  la  navigation  par  la  vapeur. 

Névrine  —  Note  de  M.  fVurtz  sur  la  syn- 
thèse de  la  névrine 

Nitriles.  —  Notes  de  M.  Gautier  sur  les  ni- 
triles  de  la  série  grasse  et  leurs  iso- 
mères       862  et 

Nomination  de  Membres  et  Correspondants 
de  V Académie.  —  M.  Wurtz  est  nommé 
à  la  place  vacante  dans  la  Section  de 
Chimie  par  suite  du  décès  de  M.  Pelouze. 

—  M.  Larrey  est  nommé  Académicien  libre 

en  remplacement  de  feu  M.  Civiale... 


Pages. 

181 
ioi5 

001 


0 


Observatoire  impérial.  —  Considérations 
sur  la  position  topographique  de  l'Ob- 
servatoire de  Paris;  Note  de  M.  Le 
Verrier  à  l'occasion  du  deuxième  anni- 
versaire séculaire  delà  fondation  de  cet 
Établissement 776 

—  De  la  nécessité  de   transporter  hors  de 

Paris   cet  Établissement  ;   Mémoire  de 

M.  Yvon  Villarceau 1060 

—  L'Observatoire  de  Paris,  sa  situation  et 

son  avenir;  Note  de  M.  Le  Verrier. . .    1073 

—  M.  Dumas  mentionne  à  cette  occasion 

une  décision  du  Conseil  municipal  con- 
cernant des  travaux  qui  seront  prochai- 
ment  exécutés  dans  l'intérêt  de  l'Obser- 
vatoire     1078 

—  Remarques  de  M.  Yvon  Villarceau  au  su- 

jet de  la  communication  de  M.  Le  Ver- 
rier    i°99 

—  De  la  nécessité  de  joindre  une  succursale 

à    l'Observatoire   de   Paris;    Note    de 

M.  Yvon  l 'Marceau 1 102 

—  Réponse  de  M.  Le  Verrier  à  la  commu- 

nication de  M.  Yvon  Villarceau 1106 

Voir  aussi  l'article  Météorologie. 

Orbites  planétaires.  —  Mémoire  de  M.  Tré- 
maux  ayant  pour  titre  :  «  Démonstra- 
tion des  actions  qui  donnent  l'excentri- 
cité des  orbites  et  observations  à  propos 
des  Notes  de  Pascal  » 290 

Orcine.  —  Sur  les  dérivés  méthyliques, 
éthyliques  et  amyliques  de  l'orcine; 
Note  de  MM.  de  Lianes  et  Lionet .  ...     213 

Organiques  (Substances).  —  Détermination 
simultanée  du  carbone,  de  l'hydrogène 


et  de  l'azote  dans  l'analyse  élémen- 
taire des  matières  organiques;  Note  de 
M.  Schlœsing 937 

—  Sur  une  méthode  de  conservation  de  la 

viande;  Note  de  M.  Lore/iz io54 

Organographie  végétale.  —  Des  vaisseaux 
propres  dans  les  Térébenthinées  ;  Mé- 
moire de  M.  Tréeul 17 

—  Réponse  à  trois  Notes  de  M.  Nilander  con- 

cernant la  nature  des  Amylobacter;  par 

le  même 5 1 3 

—  Note  de  M.  Tréeul  concernant  quelques 

objections  qu'on  croirait  pouvoir  faire 

à  ce  travail 927 

—  Sur  les  rapports  des  vaisseaux  laticifères 

avec  le  bois  et  avec  les  vaisseaux  spi- 
raux; Lettre  de  M.  Schultz  Schultzen- 
stein 757 

—  Note  de  M.  Tréeul  en  réponse  à  la  Lettre 

précédente 748 

—  Sur  le  Naias  major;  Note  de  M.  Gris. . .     809 
Osmose.  —   Note    de   M.   Payen  intitulée  : 

«  Osmose  dans  les  sucreries  » 692 

Ozone.  —  Remarques  de  M.  Poey  sur  les 
colorations  ozonoscopiques  obtenues  à 
l'aide  du  réactif  de  Jame,  et  sur  l'échelle 
ozonométrique  de  M.  Bérigny 708 

—  Observations  de  M.  Le  Verrier  à  l'occa- 

sion de  la  communication  précédente. .     711 

—  M.  Clierreul  annonce  l'intention  de  faire 

connaître  prochainement  la  cause  des 
difficultés  qu'a  rencontrées  M.  Poey 
dans  l'appréciation  des  couleurs  obte- 
nues dans  ces  expériences 712 

—  Note  de  MM.  Bérigny  et  Salleron  en  ré- 

ponse à  la  Note  de  M.  Poey 982 


(   "73) 


,  Pages. 

Paleoethnologie.  —  Note  de  M.  Guérin  sur 
la  découverte  faite  à  Aingeray  ( Meurthe  ) 
d'une  pointe  de  flèche  en  obsidienne 
paraissant  appartenir  à  l'âge  de  bronze,     i  iG 

—  Note  sur  des  instruments  en  silex  trouvés 

à  la  Treich,  près  Toul  ;  par  le  même..     640 

—  Examen    comparatif  des   alluvions   an- 

ciennes de  Toul  et  de  quelques-unes 
de  celles  du  bassin  de  la  Seine  par  rap- 
port à  l'ancienneté  de  l'homme;  Mé- 
moire de  M.  Husson 81 1 

—  Remarques  de  M.  le  Secrétaire  perpétuel 

à  l'occasion  de  cette  communication. .     814 

—  Note  de  M.  Ttémaux  concernant  une  dé- 

couverte paléontologique  faite  à  Chagny 

(Saône-et-Loire) g7i 

Paquets  cachetés  (Reprise  ou  ouverture 
de).  —  Sur  la  demande  de  M.  Esmen- 
jaudun  paquet  cacheté  déposé  par  lui  le 
i"  mai  1867  est  ouvert  le  icr  juillet  et 
renferme  une  Note  relative  à  une  ques- 
tion d'entomologie 44 

—  Un  paquet  cacheté  déposé  par  M.  /.  Gué- 

rin en  1844  et  ouvert  sur  sa  demande  le 
16  décembre  1867  renferme  une  Note 
sur  le  perfectionnement  de  la  méthode 
de  traitement  des  plaies  par  occlusion 
hermétique ,034 

Parasites  (Animaux).  —  Importation  du 
Tlalsahuate  du  Mexique  ;  Note  de  M.  Le- 
'»«>'■<' 2l5 

Parasites  (Végétaux).  —  Recherches  de 
M.  Wreden  sur  deux  nouvelles  espèces 
de  végétaux  parasites  de  l'homme,  l'As- 
pergillus flavescens  et  l'A.  nigricans..     368 

Paratonnerres.  —  M.  Brtltard consul  te  l'Aca- 
démie relativement  aux  dispositions 
adoptées  pour  les  paratonnerres  de  l'é- 
glise Saint-Augustin 453 

Pathologie.  —  De  l'influence  des  rétrécisse- 
ments de  l'orifice  pulmonaire  sur  la 
formation  de  tubercules  pulmonaires  ; 
Mémoire  de  M.  Lebert 77 

—  Sur   la   présence   d'infusoires  dans   l'air 

expiré  pendant  la  coqueluche;  Note  de 

M.  Poulet 254 

—  Sur  certaines  affections  de  l'oreille  résul- 

tant du  développement  de  végétaux  pa- 
rasites sur  la  membrane  du  tympan; 
Note  de  M.  Wreden 368 

—  Des   accidents  produits  par   la    chaleur 

dans  l'infanterie  en  marche  et  de  leur 
aggravation  dans  les  halles  par  la  posi- 


599 


Pages, 
lion  couchée   ou  horizontale;  Note  de 
M.    Guyon /g_ 

—  M.   Guyon  rappelle  une  communication 

qu'il  avait  faite  à  l'Académie  en  1843 
sur  la  transmission  de  la  morve  du  che- 
val à  l'homme  et  de  l'homme  .ni  che- 
val  

-  Recherches  sur  la  nature  des  miasmes 
fournis  par  le  corps  de  l'homme  en 
santé;  Note  de  M.  Lemaire 4ga 

-  «   Recherches  sur  l'ophthalmie   scrofu- 

leuse  due  à  l'action  réflexe,  née  elle- 
même  de  l'évolution  dentaire  »  ;  résumé 
d'un  Mémoire  de  M.  Tavignot G73 

—  Analyse  donnée  par  M.  Bourguet  de  son 

ouvrage  «  Sur  les  divers  modes  d'assai- 
nissement des  marais  et  des  pays  maré- 
cageux et  insalubres  » 7I5 

-  Analyse  donnée  par  M.   Guipnn  de  son 
ouvrage  intitulé  :  «  De  la  maladie  char- 
bonneuse de  l'homme  » -,55 

-  Analyse  adressée  par  MM.  Pécholier  et 

Suint  pierre  des  ouvrages  déjà  présentés 
par  eux  au  concours  pour  les  prix  de 
Médecine  et.  de  Chirurgie 757 

-  Note  adressée  par  M.  Pécholier  sur  les 

travaux  qui  lui  sont  propres  et  ont.  été 
présentés  au  même  concours 783 

—  Analyse  donnée  par  MM.  Estor  et  Saint- 

pierre  des  travaux  imprimés  qu'ils  ont 
présentés  au  concours  pour  les  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie q8G 

—  Note  de  M.  Anselmier  concernant   une 

«  Morsure  de  vipère  observée  à  Paris  sur 

un  saltimbanque  algérien  » 1 154 

Pendule.  —  Note  de  M.  Verdeil  concernant, 
les  résultats  de  quelques  expériences 
faites  sur  le  pendule 205 

Phares.  —  Lettre  de  M.  Reynaud  à  l'occa- 
sion d'un  opuscule  sur  l'invention  des 
phares  lenticulaires,  récemment  adressé 
à  l'Académie  par  Sir  D.  Brewster 29J 

-  Lettre  de  Sir  D.  Brewster  à  M.  Élie  de 

Beaumont  au  sujet  des  appareils  de 
phares  et  à  l'occasion  de  la  Lettre  de 

M.  Reynaud 624 

—  Sir  D.  Brewster  fait  hommage  à  l'Aca- 
démie de  deux  Mémoires,  dont  l'un  a 
pour  titre  :  «  Description  d'un  appareil 
holophote  double  pour  les  phares,  et 
méthode  pour  y  introduire  la  lumière 
électrique  ou  une  autre  lumière  »  . . . .     60a 


1174 


3i4 


4oG 


358 


454 


G37 


Pages. 

Phares.— Nouvelle  Lettre  de  Sir  D.  Bretvster 
à  M.  Élie  de  Beaumont  au  sujet  des  ap- 
pareils  de  phares 624 

Phosphates.  —  Sur  la  présence  des  phos- 
phates solubles  ilans  la  fibre  du  coton, 
les  graines,  etc.  ;  Note  de  M.  Cal- 
vert "5o 

Physiologie.  —  Mémoire  de  M.  Ozanam 
sur  la  reproduction  parla  photographie 
des  battements  du  eœur  et  des  artères, 
et  sur  les  services  que  peut  rendre  à  la 
physiologie  cette  méthode  d'observa- 
tion  

—  Sur  l'influence  mécanique   de  l'air  dans 

les  fonctions  de  reproduction  chez  les 
Mammifères;  —  sur  la  chaleur  animale; 
Notes  de  M.  Kaufmann 3 17  et 

—  Influence  de  la  chaleur  sur  le  travail  mé- 

canique du  muscle  de  la  Grenouille; 
Note  de  M.   Chmoulevitch 

—  Nouvelles  recherches  sur  la  physiologie 

des  muscles  et  des  nerfs;  par  M.  Her- 
mann 

—  Sur  la  nature  des  miasmes  fournis  par  le 

corps  de  l'homme  en  santé;  Note  de 
M.  Lemaire 4î)2  et 

—  Lettre  de  M.  Poggioli  concernant  son  Mé- 

moire «  Sur  le  développement  physique 

et  intellectuel  des  jeunes  sujets  » 701 

—  Mémoire  de  M.  Ed.  Robin  concernant  la 

durée  de  la  vie  et  diverses  questions  de 
physiologie  et  de  médecine 782 

—  Sur  le  rôle  physiologique  de  la  gaine  fibro- 

musculaire  de  l'orbite  ;  Note  de  MM.  Pré- 
vost et  Jolyet 

—  Note  relative  à  un   instrument  employé 

pour    la    transfusion     du    sang  ;    par 

M.  Roussel 85o 

Physiologie  comparée.  —  Sur  la  parthéno- 
genèse considérée  chez  les  Abeilles; 
Note  de  M.  Bastion 

—  Expériences    faites   à   la    ménagerie    du 

Muséum  sur  des  Batraciens  urodèles 
à  branchies  extérieures  [hxolotls  du 
Mexique  )  démontrant  que  la  vie  aqua- 
tique se  continue  sans  trouble  apparent 
après  l'ablation  des  houppes  branchiales; 
par  M.  Duméril 

—  D'un  phénomène  comparable  à  la  mue 

chez,  1rs  Poissons;  Noie  de  M.  Baudelot. 

—  Sur  la  physiologie  de  la  Seiche  [Sepia 

officinalii  <  :  Noir  de  M.  Bert 3oo 

_  Recherches  sur  la  salive  et  sur  les  or- 
ganes salivairesdu  Dolium  y/Ira:  Note 
•      de  MM.  De  LucaeX  Panceri.  .     377  et     712 
Pnvsioi.or.iE  végétale.  —  Sur   les   mouve- 


849 


84 


24"-* 


24; 


Pages, 
ments  de  la  sensitivel  Mimosa pudica    : 
Note  de  M.  P.  Bert 1 77 

—  Sur  l'irritabilité  des  végétaux;  Note  de 

M.  Ch.  Blondeau 3o4 

—  De  l'influence  des  divers  rayons  colores 

sur  la  décomposition  de  l'acide  carbo- 
nique par  les  plantes  ;  Note  de  M.  C. 
Caillctet 322 

—  Action  fâcheuse  exercée  sur  une  espèce 

de  plantes  par  un  fumier  provenant  de 
la  décomposition  de  plantes  de  cette  es- 
pèce ;  Note  de  M.  Letellier 4;8 

—  Notes  de  M.  Trécul  en  réponse  à  trois 

Notes  de  M.  Nylander  concernant  la 
nature  des  Amylobacter.  —  Examen  de 
quelques  objections  qui  pourraient  être 
faites  à  l'opinion  émise  sur  l'origine  des 

Amylobacter 5 1 3  et     927 

Action  exercée  par  le  courant  d'induc- 
tion sur  les  végétaux  ;  Note  de  M.  Blon- 
deau 762 

-  ll\  bridalion  artificielle  dans  le  genre  Gos- 

sypium  ;  par  M.  Balsamo 7(1 3 

Études  sur  les  fonctions  des  racines  des 
végétaux  ;  par  M.  Corencvinder 781 

—  Sur  la   respiration    des   plantes   aquati- 

ques ;  Note  de  M.  Van  Tieghem 8G7 

—  Note  de  M.  Lecoq  relative  à  cette  com- 

munication     11 16 

—  Note  sur  la   fermentation  gallique  ;  par 

M.  Fan  Tieghem 1091 

—  Sur    le   mouvement  des    gaz   dans    les 

plantes;  Note  de  M.  Lechartier 1087 

Physique  du  globe.  — Découverte  d'une  fon- 
taine ardente  dans  l'arrondissement  de 
Narbonne;  Note  de  M.   Tournai 1  1  5 

—  Tableau  hypsométrique  général  de  l'Inde, 

de  l'Himalaya  et  du  Thibet  occidental  : 
par  M.  H.  de  Schlaginttveint-Sakùn- 
liinski 286 

—  Sur  les  lois  des  deltas  ;  Mémoire  de  M.  de 

I  illeneuve-Flayosc 287 

—  Sur  la  température  des  eaux  courantes: 

Mémoire  de  M.   Grad 317 

-  Influence  présumée  de  la  rotation  de  la 

terre  sur  la  forme  du  tronc  des  arbres  ; 

Note  de  M.  Musset 42a  et      |g5 

Vperçus  sur  les  pays  électriques;  com- 
munication de  M.  Fournet,  faisant  suite 
a  une  communication  précédente  du 
même  auteur , G28 

—  De  la  variation  diurne  solaire  de  l'aiguille 

aimantée  près  de  l'équateur  magnétique 
et  dans  différentes  latitudes;   Note  de 

M.   Broun i"  1  ' 

Phyisque  mathématique.  —  Note  sur  l'ac- 


(  II 

Pa^es. 
tion  réciproque  de  deux  molécules  ;  par 
M.  Boussinesq 44 

—  Théorie  des  expériences  de  M.  Poiscuille 

sur  l'écoulement  des  liquides  dans  les 
tubes  capillaires;  par  le  même 46 

—  Équations  des   petits   mouvements  des 

milieux   isotropes   comprimés;    par   le 
même 1 G7 

—  Théorie  nouvelle  des  ondes  lumineuses; 

par  le  même 235 

—  Note  sur  les  vibrations  rectilignes  dans 

les  milieux  isotropes  et  sur  la  diffrac- 
tion ;  par  le  même 672 

Pisciculture.  —  Nouvelle  Note  de  M.  delà 
1  Bonninière  de  Beaumont  concernant  la 
nutrition  des  jeunes  Salmonidés  au 
moyen  de  larves  d'une  espèce  du  genre 
Diptère  qui  vivent  dans  les  eaux  cou- 
rantes        43 

Planètes.  — Découverte  de  la  94e  petite  pla- 
nète, à  Ann-Arbor  (États-Unis  d'Amé- 
rique) ;  Note  de  M.  Watson 577 

—  Perturbations  et  éphémérides  de  la  pla- 

nète Eugénie  ;  Note  de  M.  Loevy 858 

—  Découverte  de  la  95e  petite  planète  qui 


75  ) 

Pages. 
a  reçu  le  nom  à'Jret/iusa;   Lettre  de 

M.   R.  Luther g4g 

Poids  et  mesures.  —  Communication  de 
M.  Mathieu  relative  aux  Rapports  et 
Procès-verbaux  du  Comité  des  poids  et 
mesures  et  des  monnaies  de  l'Exposi- 
tion universelle  de  1867 481 

-  M.  Séguier  rappelle  à  cette  occasion  la 

proposition  qu'il  a  faite  autrefois  avec 
M.  de  In  Marinière  d'adopter  une  forme 
unique  pour  les  poids 482 

-  Remarques  de  II.  Mathieu   on    réponse 

aux  observations  de  M.  Séguier 484 

Potasse.  —  Sur  la  répartition  de  la  potasse 
et  de  la  soude  dans  les  végétaux  ;  Mé- 
moire de  M.  Peligot 729 

Propylène.— Nouvelles  recherches  de  M.  Op- 
penheim  sur  l'isomérie  du  protochlo- 
rure d'allyle  et  du  propylène  mono- 
chloré       354  et    408 

Puits  artésiens.  —  Mémoire  et  Lettre  de 
M.  Portail  concernant  les  perfection- 
nements apportés  par  lui  dans  l'outil- 
lage qui  sert  au  percement  des  puits. . . 
.  . 454  et    673 


Sauvetage.  —  Lettre  de  M.  Matabon  con- 
cernant quelques  appareils  de  sauvetage 
qu'il  désire  soumettre  au  jugement  de 
l'Académie 649 

—  Nouveau  Mémoire  de  M.  Tremblay  sui- 

tes sauvetages  maritimes io35 

Sections  de  l'Académie.  —  La  Section  de 
Chimie  présente  comme  candidats  pour 
la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Pelouze  :  i°  M.  Wurtz  ;  20  MM.  Ber- 

thelot,  Cahours 84 

Soleil.  —  «  La  cause  et  l'explication  du 
phénomène  des  taches  doivent-elles  être 
cherchées  en  dehors  de  la  surface  visible 
du  Soleil?  »  Note  de  M.  Paye 221 

—  Sur  l'intensité  de  la  radiation  solaire  ; 

Note  de  M.  Soret 526 

—  Note  sur  les  taches  solaires;  par  M.  Kir- 

c/dmff. 044 

*-  Remarques  de  M.  Paye  sur  la  Lettre  de 

M.  Kirchhoff <'>Gi 

—  Réponse  de  M.  Kirchfmff u>40 

Soies.  —  Voir  aux  articles  Teinture  et  /  en 

à  soie. 
Soude.  —  Sur  la  répartition  de  la  potasse  et 

C.  R.,  1867,  2me  Semestre.  (T.  LXV.) 


de  la  soude  dans  les  végétaux  ;  Mémoire 

de  M.  Peligot 729 

—  Sur  l'utilité  du  sel  marin  en  agriculture 

basée  sur  sa  transformation  en  carbo- 
nate de  soude,  et  ultérieurement  en  ni- 
trate de  soude;  Note  de  M.  f'elter  à 
l'occasion  du  précédent  Mémoire 798 

—  M.  Chevreul  présente  un   travail  publié 

par  lui  sur  quelques  questions  analo- 
gues      799 

Spectrale  (  Analyse  ).  —  Nouvelles  recher- 
ches sur  la  spectroscopie  stellaire;  par 
MM .  //  'olf  et  Rayet 292 

—  Le  spectroscope  stellaire  ;   Note  du  P. 

Secchi 389 

—  Note  du  P.  Secchi  accompagnant  la  pré- 

sentation d'un  exemplaire  de  son  .Mé- 
moire «  Sur  les  spectres  stellaires  »  im- 
primé dans  les  publications  de  la  So- 
ciété des  Quarante  de  Modène 502 

-  Note  du  P.  Secchi  sur  les  spectres  stel- 
laires et  sur  les  étoiles  filantes 979 

Spontanées  (Générations  dites).  —  Sur  la 
putréfaction  des  œufs  et  sur  les  pro- 
duits organisés  qui  en  résultent;  Note 
de  M.  Donné O02 

i53 


(  "76) 


Pages. 

Statistique.  —  M.  Bienaymé  en  présentant 
le  compte  rendu  statistique  de  l'Admi- 
nistration des  hôpitaux  de  Rome  pour 
i865  indique  le  caractère  de  cet  ou- 
vrage     i  o53 

—  M.  Moreau  de  Jonnès  adresse,  pour  le 
concours  du  prix  de  Statistique  un  ou- 
vrage intitulé  :  «  État  économique  de 
la  France  depuis  Henri  IV  jusqu'à 
Louis  XIV  » 1 1 4 1 

Sucres.  —  «  Sur  l'influence  de  la  tempéra- 
ture de  la  source  de  chaleur  dans  l'ébul- 


Pages. 
lition   des   liquides  sucrés  »  ;  Note  de 
M.  C.  //  bestyn 3i- 

—  L'osmose   dans  les  sucreries;   Note   de 

M.  Pare/i 692 

—  Sur  une  modification  à  introduire  clans  le 

traitement  des  pulpes   de   betteraves; 

Note  de  M.  Champonnois io35 

Sulfures. —  Sur  le  protosulfure  de  cobalt; 

Note  de  M.   Hiortdahl 7r> 

Sursaturation.  —  Deuxième  Note  de  M.  Le- 

coq  de  Boisbaudran  sur  des  expériences 

de  sursaturation 111 


Tannin  :  Sa  transformation  en  acide  gallique. 
Voir  l'article  Fermentation. 

Teinture.  —  Sur  des  expériences  relatives 
à  la  teinture  du  coton  avec  les  matières 
colorantes  dérivées  de  l'aniline;  Note 
de  M.  Relmann 43 

—  Examen  comparatif  d'une  soie  d'origine 

française  et  d'une  soie  d'origine  japo- 
naise relativement  à  leur  aptitude  à 
prendre  la  teinture  ;  communication  de 
M.  Chevreul 697 

Tératologie.  —  Sur  les  anomalies  de  la  co- 
lonne vertébrale  des  animaux  domes- 
tiques; Note  de  M.  Goubaux 525 

Thérapeutique.  —  Note  de  M.  Conté  sur 
les  végétaux  médicamenteux  de  prove- 
nances diverses  inscrits  dans  le  tableau 
annexé  au  décret  du  8  juillet  i85o. ...       43 

—  Action  physiologique  du  bromure  de  po- 

tassium établie  par  l'expérimentation  sur 

les  animaux;  Mémoire  de  M.  Laborde.       80 

—  Sur  le  traitement  de   l'infection   puru- 

lente ;  Note  de  M.  Blanchard 106 

—  Mémoire  sur  le  traitement  du  croup;  par 

M.  Abeille 1 70 

—  Note  de  M.   Turrier  sur  un  élixir  de  sa 

composition,  spécialement  employé  con- 
tre le  choléra 317 


—  Sur  le  traitement  de  la  congestion  céré- 

brale et  des  hallucinations  par  l'acide 
arsénieux;  Mémoire  de  M.  E.  Lis/e. . .     496 

—  Des   effets  de  l'acide  cyanhydrique  sur 

l'organisme  à  l'état  physiologique  et  à 
l'état  pathologique;  Note  de  M.  Poz- 
nanski 608 

—  Indications  thérapeutiques  fournies  rela- 

tivement à  la  fièvre  typhoïde,  par  le 
gargouillement  de  la  fosse  iliaque  droite; 
Note  de  M.  Netter 782 

—  Note  de  M.  Lauranin  concernant  diverses 

questions  de  thérapeutique 783 

Toluène.  —  Sur  une  synthèse  de  toluène 
diôthylé;  Note  de  MM.  Lippmann  et 

Louguinine 349 

Toxicologie.  —  Mémoire  intitulé  :  «  Le  cui- 
vre et  les  sels  de  cuivre  sont-ils  toxiques? 
Les  instruments  de  cuivre  sont-ils  dan- 
gereux? »  par  M.  Chevalier 496 

Tremblements  de  terre.  —  M.  le  Ministre 
de  la  Marine  transmet  le  Rapport  d'un 
capitaine  de  navire  concernant  un  trem- 
blement de  terre  qu'il  a  ressenti  en  mer 
le  9  juin  1867 871 

—  Sur  le  tremblement  de  terre  du  18  no- 

vembre   1867   aux  Antilles;    Note   de 

M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville 1 110 


u 

Urées.  —  Note  de  M.  Hugo  Schiff 'sur  les  urées  condensées 801 


Végétaux  (Composition  chimique  des).  — 
Sur  la  répartition  de  la  potasse  et 
de  la  soude  dans  les  végétaux:  Note  de 


M.  Peligot 

Végétaux  (Structure  des).  —  Voir  l'article 
Organographie  végétale. 


^9 


{  II 

Pages. 

Vers  a  soie.  —  Sur  la  saecharification  du 
corpuscule  vibrant  de  la  pébrine;  Note 
de  M.  Béchamp 42 

—  Lettre  de  M.  Béchamp  relative   à   ses 

communications  sur  les  vers  à  soie. ...       71 

—  Sur  un  moyen   très-simple  de  constater 

la  présence  ou  l'absence  de  corpuscules 
chez  les  papillons  des  vers  à  soie;  Note 
de  M.  Balbiani 1 14 

—  Réclamation  de  priorité  touchant  quel- 

ques résultats  obtenus  par  M.  Pasteur; 
Lettre  de  M.  Tigri 85o 

—  Observations   microscopiques   et   chimi- 

ques sur  les  feuilles  du  mûrier  blanc  : 
Note  de  M.  Grigolato 85o 

—  Sur  l'introduction  et  l'acclimatation  des 

vers  à  soie  du  chêne  ;  Note  de  M.  Guérin- 
Méneville q46 

—  Sur  un  nouveau  procédé  pour  le  filage 

des  cocons  à   l'eau    froide;   Note    de 

M.  Miergues 200 

Vision  (Théorie  de  la).  —  Note  de  M.  Jm- 
broise  sur  sa  manière  d'envisager  cette 
fonction 290 

Volcans.  —  M.  Ch.  Sainte-Claire  Deville 
annonce,  d'après  une  Lettre  imprimée 
dans  un  journal  des  Açores,  la  produc- 
tion d'une  bouche  volcanique  près  de 
Serreta 29 

—  Nouvelle  Note   de  M.  Janssen  sur  ses 

études  de  physique  terrestre  au  volcan 

de  Santorin - 1 

—  Lettre  de  M.  Janssen  concernant  quel- 

ques observations  faites  dans  son  récent 
voyage  aux  Açores 646 


77  ) 

Pages. 
-  Récit  de  l'éruption  sous-marine  qui  ;i  eu 
lieu  le  1"  juin  1SG7  entre  les  îles  de 
Terceira  et  de  Graciosa  aux  Açores; 
par  MM.  Ch.  Sainte-Claire  Deville  et 
Janssen Gl>2 

—  Remarques  faites  à  cette  occasion    par 

M.  Chevreul  concernant  les  réactions 
chimiques  qui  ont  pu  être  manifcsli  V- 
par  les  produits  de  l'éruption GG8 

—  Sur  les  gaz  qui  se  dégagent  encore  du 

lieu  de  l'éruption  du  volcan  des  Açores 

le  rrjuin  1867;  Note  de  M.  Fouquê..     G74 

—  Lettre  de  M.  Pisani  concernant  une  érup- 

tion qui  a  eu  lieu  au  Vésuve  le  1 3  no- 
vembre 1 867 871 

—  Sur  une   nouvelle  éruption  du  Vésuve; 

Note  de  M.  Pal  mie  ri 897 

—  Récit  d'une  excursion  laite  le  11  juin  1867 

au  sommet  du  Vésuve;  par  M.  Mouget.     898 

—  Remarques  de  M.  Ch.  Sainte-Claire  De- 

ville  à  l'occasion  des  deux  précédentes 
communications 900 

—  Sur  les  phénomènes  volcaniques  observés 

à  Terceira  (Açores);  Note  de  M.  Fou- 
r/né      965  et  968,  io5o  et  1 1 53 

—  Observations  de   M.   Ch.  Sainte-Claire 

Deville  relatives  à  cette  dernière  com- 
munication     1 154 

Voyages  scientifiques.  —  M.  Bouvier,  près 
de  se  rendre  aux  îles  du  Cap-Vert,  se 
met  à  la  disposition  de  l'Académie  pour 
les  investigations  qu'elle  voudrait  bien 

lui  signaler  comme  utiles 496 

Voir  aussi  l'article  Volcans. 


W 

Wolfram.  —  Sur  la  présence  du  columbite  dans  le  wolfram;  Note  de  M.  Phipson 4 '9 


Zoologie.  —  Importation  en  France  d'un  in- 
secte parasite,  le  Tlalsahuate,  amené 
probablement  A  l'état  d'oeuf  des  régions 
tempérées  du  Mexique  ;  Note  de  M.  ./. 
Lcmaire 217 

—  Recherches  sur  l'organisation  du  Crjrpto- 
procta  ferox  de  Madagascar  ;  Mémoire 
de  MM."  Alph.  Milne  Edwards  et  Jlf. 
Granilidicr 232 


Expériences  sur  les  Axolotls  du  Mexique, 
Batraciens  Urodèles  à  branchies  exté- 
rieures; chez  ces  Reptiles  la  vie  aqua- 
tique se  maintient  sans  trouble  apparent 
après  l'ablation  des  houppes  branchiales  ; 
Note  de  M.  Aug.  Duméril 242 

Recherches  anatomiques  et  physiologi- 
ques sur  X Amphioxus ;  par  M.  Bert. . .     304 

La  Société  scientifique   d'Arcachon   an- 

i53.. 


(   "78  ) 


nonce  qu'elle  mettra  à  la  disposition  des 
naturalistes  qui  auraient  à  faire  des  re- 
cherches sur  cette  partie  du  littoral  un 
aquarium  alimenté  par  de  l'eau  de  mer 
et  un  laboratoire 

Zoologie.  —  Recherches  anatomiques  sur 
quelques  Coléoptères  aveugles;  par 
M.  Lespès 

—  Note  de  M.  Blanchard  accompagnant  la 
présentation  d'un  volume  qu'il  vient  de 
publier   sous   le   titre  de    «  Métamor- 


Pages. 


Ci8 


890 


Pages. 
phoses,  mœurs  et  instincts  des  Insectes 
(Insectes,  Myriapodes,   Arachnides    et 
Crustacés)  » 974 

Mémoire  de  M.  Reiset sur  les  dommages 
causés  à  l'Agriculture  par  le  hanneton  et 
sa  larve,  et  sur  les  mesures  à  prendre 
pour  la  destruction  de  ces  Insectes. . . . 

Remarques  de  M.  Blanchard  à  l'occasion 
de  cette  communication 

Réponse  de  M.  Chevreul  aux  remarques 
de  M.  Blanchard 1 1 38 


[125 


18 


(  "79  ) 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pages. 

ABEILLE.  —  Mémoire  sur  le  traitement  mé- 
dical du  croup 170 

•  ACADÉMIE  DES  SCIENCES  D'AMSTERDAM 
(h)  a/lresse  trois  nouveaux  volumes  de 
ses  publications  périodiques 1141 

ACADÉMIE  IMPÉRIALE  DE  MÉDECINE  (  1/  ) 
adresse  la  première  partie  du  t.  XXVIII 
de  ses  Mémoires 702 

ACADÉMIE  STANISLAS  DE  NANCY  (1.) 
fait  hommage  à  l'Académie  des  Sciences 
du  volume  de  ses  Mémoires  pour  l'an- 
née 1866 496 

ALLIOT.  —  Complément  à  de  précédentes 
Notes  sur  diverses  questions  de  Méde- 
cine         71 

ALVERGNIAT.  —  Sur  un  appareil  destiné 
à  démontrer  que  l'étincelle  électrique 
ne  passe  pas  dans  le  vide  absolu 963 

AM-BROISE.  —  Note  sur  la  théorie  de  la  vi- 
sion       290 

ANDRAL  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion chargée  de  décerner  les  prix  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  de  la  fondation 
Montyon  pour  l'année  1867 i63 

—  M.  Andral  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  accepter  sa  démission  de  Membre 
de  cette  Commission 200 


MM.  Pages. 

—  M.  Andral  est  nommé  Membre  de   la 

Commission  du  prix  Barbier  (décou- 
vertes relatives  aux  sciences  médicales).     283 

ANSELMIER.  —  Note  concernant  une  mor- 
sure de  serpent  observée  chez  un  sal- 
timbanque algérien  en  représentation  à 
Paris U54 

AOUST.  —  De  la  courbure  inrlinée  d'un 
système  de  lignes  coordonnées  et  du 
rôle  de  cette  courbure  dans  la  théorie 
des  lignes  tracées  sur  une  surface 814 

ARI.OTTI.  —  Mémoire  sur  le.  choléra 783 

ARNOUX.  —  Note  sur  les  moyens  propres 
à  annuler  les  perturbations  produites 
dans  le  mouvement  des  machines  par 
les  pièces  de  leur  mécanisme 37 

—  Note  sur  un  nouveau  mode  de  propulsion 

des  navires  à  vapeur . .     402 

AUBERT  (L.).  —  Sur  le  calcul  de  la  résis- 
tance des  fers  en  double  T.  —  Sur  le  cal- 
cul de  la  résistance  des  solides  soumis 
à  la  flexion. . .  106,  2o5,  406,  701  et  948 
AUGERAUD.  —  Chute  d'aérolithes  dans  la 
plaine  de  Tadjera  (  Amer-Guebala),  à 
i5  kilomètres  sud-est  de  Sétif,  le  9  juin 
1 867,  vers  io1"  3om  du  soir 240 


B 


BABINET.  —  Note  sur  l'époque  précise  de 

l'établissement  de  la  loi  de  l'attraction.     OOi 

BACALOGLO.  —  Note  concernant  une  pro- 
position relative  à  la  locomotion  aé- 
rienne       642 

BAILLE.  —  Zones  des  orages  à  grêle.  (Atlas 
météorologique  de  l'Observatoire  impé- 
rial. )  706 

BALARD.  —  Remarques  sur  les  secours  que 
peut  fournir  la  chimie  relativement  à  des 
documents  écrits  soupçonnés  de  falsifi- 
cations. —  Doutes  sur  l'opportunité  de 


continuer  la  discussion  relative  aux  do- 
cuments attribués  à  Pascal  et  à  New- 
ton      335  et     771 

M.  Balard  propose  à  l'Académie  de  déci- 
der qu'elle  cessera  d'insérer  aux  Comptes 
rendus  les  communications  relatives  aux 
documents  historiques  produits  par 
M.  Chastes  jusqu'à  la  publication  com- 
plète de  ces  documents lui; 

M.  Balard  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  décerner  le  prix  dit 
«  des  Arts  insalubres  » 200 


(    M 

MM.  Pages. 

BALBIAXI.  —  Note  sur  un  moyen  très-sim- 
ple de  constater  la  présence  ou  l'ab- 
sence des  corpuscules  chez  les  papillons 
de  vers  à  soie 1 1 4 

BALSAMO.  —  Note  intitulé  :  a  Moyen  d'obte- 
nir des  creux  et  des  reliefs  à  dessin,  gal- 
vaniquement,  sans  réserves  de  vernis  ».     6i3 

—  Hybridation  artificielle  dans  le  genre  Gos- 

sypium 703 

BALTAKD  adresse  les  dessins  des  disposi- 
tions adoptées  pour  les  paratonnerres 
de  l'église  Saint- Augustin,  et  prie  l'Aca- 
démie de  lui  faire  savoir  si  ces  disposi- 
tions peuvent  être  considérées  comme 
suffisantes 453 

BARRACANO.  —  Pièces  relatives  à  des  ques- 
tions de  thérapeutique  et  surtout  au 
traitement  du  choléra 4o6 

BASTIAN.  —  Note  relative  à  la  parthénoge- 
nèse chez  les  abeilles 84 

BAUDELOT.  —  Note  sur  un  phénomène  com- 
parable à  la  mue  qui  s'observe  chez  les 
Poissons 247 

BAUDRIMONT.  —  Note  sur  la  composition 
des  guanos  de  diverses  origines  qui  se 
sont  présentés  dans  le  port  de  Bordeaux 
depuis  une  douzaine  d'années 420 

BÉCHAMP.  —  Sur  la  saccharification  du  cor- 
puscule vibrant  de  la  pébrine !\% 

—  Lettre  relative  à  deux  de  ses  Notes  pré- 

cédentes concernant  les  vers  à  soie.. . .       71 
BECQUEREL.  —  Mémoire  sur  les  effets  chi- 
miques produits  dans  les  actions  électro- 
capillaires      5i  et    720 

-  M.  Becquerel  présente  à  l'Académie  un 
exemplaire  de  la  quatrième  édition  du 
«  Traité  élémentaire  d'Hygiène  privée 
et  publique  »  de  M.  Alf.  Becquerel. . . .     986 

—  M.  Becquerel  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  chargée  de  présenter  une 
liste  de  candidats  pour  la  place  d'Aca- 
démicien libre  vacante  par  suite  du  dé- 
cès de  M.  Civiale 848 

BECQUEREL  (  Edm.  ).  —  Note  sur  le  passage 
des  courants  électriques  au  travers  des 
gaz  incandescents 1097 

—  M.  Ed.  Becquerel  présente,  de  la  part  de 

M.  Trouvé,  un  appareil  d'induction  élec- 
tromagnétique destiné  à  produire  des 
effets  physiologiques  et  médicaux 1007 

BELLAMY.  —  De  l'emploi  du  sous-sulfate 
d'alumine,  pour  constater  la  présence 
et  évaluer  la  proportion  de  certaines 
matières  organiques  dans  les  eaux. .  . .     799 

BÉNARD.  —  Lettre  relative  aux  Notes  ma- 
nuscrites de  Pascal  communiquées  par 
M.  Chasles 203 

BÊRIGNV.  —  Réponse  à  une  Note  de  M.  Poey, 


80   ) 

MM.  Pages, 

sur  les  colorations  ozonoscopiques  ob- 
tenues à  l'aide  du  réactif  .lame,  et  sur 
l'échelle  ozonométrique  de  M.  Bérigny. 
(En  commun  avec  M.  Salleron.) 982 

BERMAN.  —  Lettres  concernant  un  remède 

contre  le  choléra 571   et  1084 

BERNARD  (Claude)  estnomméMembredela 
Commission  des  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie i63 

-  Et  de  la  Commission  du  prix  de  Physio- 

logie expérimentale 229 

BERT  (Paul).  —  Sur  les  mouvements  de  la 

sensitive  (Mimosa  pudica,  Linn.)  ....      177 

—  Sur  la  physiologie  de  la  Seiche  (  Sepia 

officinalis,  L.  ) 3oo 

-  Recherches  anatomiques  et  physiologi- 

ques sur  X Amphio.rus 364 

BERTHELOT.  —  Sur  divers  carbures  conte- 
nus dans  le  goudron  de  houille.     465  et    507 

—  M.  Berthelot  est  présenté  par  la  Section  de 

Chimie  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Vcinuze 85 

BIARNAIS.  —  Note  concernant  un  système 
de  frein  destiné  à  arrêter  presque  subi- 
tement les  trains  de  chemins  de  fer. . .     85o 

B1ENAVMÉ  présente  à  l'Académie  le  «Compte 
rendu  statistique  de  l'Administration  des 
hôpitaux  de  Rome  pour  i865»,  et  indi- 
que le  caractère  de  cet  ouvrage io53 

BIZIO.  —  Nouvelles  recherches  sur  le  gly- 

cogène 175 

BLAKE.  —  Sur  l'action  des  anciens  glaciers 
dans  la  Sierra  Nevada  de  Californie  et 
sur  l'origine  de  la  vallée  de  Vo-Semite.     179 

BLANCHARD  (  Emile).  —Remarques  au  su- 
jet des  documents  attribués  à  Pascal. .     329 

—  Note  accompagnant  la  présentation  d'un 

exemplaire  de  son  ouvrage  intitulé  : 
«  Métamorphoses,  mœurs  et  instinctsdes 
Insectes  (Insectes,  Myriapodes,  Arach- 
nides et  Crustacés)  » 974 

—  Remarques  au  sujet  d'une  communication 

de  M.  Reiset  sur  la  destruction  du  han- 
neton et  de  sa  larve 1 1 38 

—  M.  Blanchard  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  chargée  de  décerner  le  prix 
Savigny 4°2 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  décerner 

le  prix  Thore 453 

BLANCHARD.  -  Note  relative  au  traite- 
ment de  l'infection  purulente 106 

BLASERNA.  —  Sur   la  durée  des  courants 

d'induction 206 

BLONDEAU  (Ch.).  —  Note  sur  l'irritabilité 

des  végétaux 3o4 

—  action  exercée  par  le  courant  d'induction 

sur  les  végétaux 762 


(  n8i  ) 


Pages, 


84 
8o3 

648 

44 


43 
995 


MM. 

BLONDIN.  —  Note  relative  à  un  bois  de  cerf 
gigantesque  qui  existe  clans  l'une  des 
tours  du  château  d'Amboise 

BOBIERRE.  —  Sur  la  fabrication  du  chlo- 
rure de  chaux  et  sur  la  chlorométrie. . 

BOILEAU.  —  Description  d'un  appareil  des- 
tiné à  faciliter  l'enseignement  du  sys- 
tème métrique 

BONJEAN.  —  Mémoire  sur  le  choléra 

BONNINIÈRE  DE  BEAUMONT  (de  la) 
adresse  une  nouvelle  rédaction  de  son 
Mémoire  sur  la  nutrition  des  jeunes  sal- 
monidés au  moyen  de  larves  de  Dip- 
tères vivant  dans  l'eau 

BOUCHOTTE.  —  Expériences  sur  la  dialyse 
des  courants  d'induction 759  et 

BOURGEOIS.  —  Note  relative  à  une  com- 
munication de  M.  Blondin,  sur  un  bois 
de  cerf  existant  dans  l'une  des  tours  du 
château  d'Amboise go3 

BOURGOIN.  —  Sur  l'électrolyse  des  acides 

organiques  et  de  leurs  sels 892 

—  Sur  l'électrolyse  de  l'acide  acétique 998 

—  Sur  l'électrolyse  de  l'acide  tar trique. . . .   1 14  4 
BOURGUET.  —  Analyse  manuscrite  d'un  Mé- 
moire imprimé  sur  les  «  Divers  modes 
d'assainissement  des  marais  et  des  pays 
marécageux  et  insalubres  » 71 5 

BOUSSINESQ.  —  Note  sur  l'action  réci- 
proque de  deux  molécules 44 

—  Théorie  des  expériences  de  M.  Poiseuîlte 

sur  l'écoulement  des  liquides  dans  les 
tubes  capillaires 46 

—  Note  sur  un  nouvel  ellipsoïde  qui  joue 

un  grand  rôle  dans  la  théorie  de  la  cha- 
leur      104 

—  Équations    des  petits  mouvements   des 

milieux  isotropes  comprimés 167 

—  Théorie  nouvelle  des  ondes  lumineuses..     235 

—  Note  sur  les  vibrations  rectilignes  dans 

les  milieux  isotropes,  et  sur  la  diffrac- 
tion   

BRATE.  —  Nouvelle  Note  relative  à  la  réso- 
lution des  triangles  rectangles. .  io38  et 

BRESSE.  —  Note  sur  un  théorème  de  Jacobi 
énoncé  dans  le  tome  III  des  Comptes 
rendus  de  V Académie  (année  1 836  ) .  . 

BREWSTER  (Sir  David)  fait  hommage  à 
l'Académie  de  son  «  Histoire  de  l'inven- 
tion des  phares  dioptriques  et  de  leur  in- 
troduction dans  la  Grande-Rretagne  ». 

-  M.  Brewster  fait  hommage  à  l'Académie 

de  deux  brochures  relatives  à  la  colora- 
tion des  bulles  de  savon  et  aux  figures 
d'équilibre  des  lames  liquides i63 

-  Lettre  à  M.  Elie  de  Beaumont  au  sujet 

des  appareils  de  phares 624 


672 
1141 

io85 

29 


MM.  Pages. 

—  M.  Brewster  l'ait   hommage  à  l'Académie 

de  deux  Mémoires  intitulés  :  «  Sur  les 
mouvements  et  les  couleurs  des  lames 
minces  d'alcool,  d'huiles  volatiles  et 
d'autres  fluides  »  et  «  Description  d'un 
appareil  holophote  double  pour  les  pha- 
res, et  d'une  méthode  d'introduire  la  lu- 
mière électrique  ou  d'autecs  lumières  ».     602 

—  M.  Brewster  fait  hommage  à  l'Académie 

de  deux  ouvrages  qu'il  vient  de  publier 

sur  le  stéréoscope  et  le  kaléidoscope.  . .    io83 

—  Lettre  à  M.  Chevreul  à  l'occasion  de  la 

prétendue  correspondance  entre  Pascal 

et  Newton 26 1 

—  Lettre  à  M.  Chevreul  au  sujet  des  lettres 

attribuées  à  Pascal  et  Newton 537 

—  Lettres  à  M.  Chevreul  au  sujet  des  rap- 

ports qui  auraient  existé  entre  Newton 

et  Pascal 653  et    717 

—  Lettre  à  M.  Le  Terrier  au  sujet  des  rela- 

tions qui  ont  existé  entre  Jacques  Cas- 

sini  et  Newton 769 

—  Nouvelles  Lettres  à  M.  Chevreul  au  sujet 

des  documents  attribués  à  Pascal  et  à 
Newton 770  et    825 

—  Lettre  à  M.  Chevreul  au  sujet  des  pièces 

relatives  à  Newton  et  à  Pascal,  pièces 
considérées  comme  provenant  de  la  col- 
lection de  Desmaizeaux 925 

BROCA.  —  Recherches  sur  un  nouveau 
groupe  de  tumeurs  désigné  sous  le  nom 
d'odontômes m  ; 

—  M.  Broca  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 

le  comprendre  dansle  nombre  des  candi- 
dats à  la  place  vacante  dans  la  Section 
de  Médecine  et  de  Chirurgie,   par  suite 

du  décès  de  M.  Velpeau 891 

BRONGNIART  est  nommé  Membre  de  la 
Commission  pour  la  révision  des  comptes 
de  l'année  1866 102 

—  Membre  de  la  Commission  du  prixBordin 

(question  concernant  la  structure  du 
pistil) 283 

—  De  la  Commission  du  prix  Barbier  (dé- 

couvertes relatives  aux  sciences  médi- 
cales)      a83 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  décer- 

ner le  prix  Desmazières 453 

BROUN.  —  De  la  variation  diurne  solaire  de 
l'aiguille  aimantée,  près  de  l'équateur  et 
dans  différentes  latitudes 1042 

—  De  la  variation  diurne   lunaire  de  l'ai- 

guille aimantée,  près  de  l'équateur  ma- 
gnétique     1 1 46 

BUAISONNLER.  Écrit  par  erreur  pour  Mai- 
sonnier.  Voir  à  ce  nom. 

BUCHANAN.  —    Sur   quelques    dérivés   de 

l'acide  iséthionique 4 17 


(   n8a  ) 


MM.  Pajjes. 

BURDIN.  —  De  l'air  chaud  substitué  à  la 
vapeur  comme  moteur,  sans  danger 
d'explosion 392 


MM.  Pages. 

BUSSY  est  désigné  pour  remplacer  M.  T'el- 
peau  dans  la  Commission  du  prix  Bar- 
bier       5a  1 


CAHOURS  est  présenté  par  la  Section  de 
Chimie  comme  l'un  des  candidats  pour 
la  place  vacante  par  suite  du  décès  de 
M.  Pelouze 85 

CA1LLETET  (C).  —  De  l'influence  des  di- 
vers rayons  colorés  sur  la  décomposi- 
tion de  l'acide  carbonique  par  les 
plantes 322 

CALVERT.  —  Sur  la  présence  des  phos- 
phates solubles  dans  la  fibre  du  coton, 
les  graines,  etc 1 1 5o 

CANDOLLE  (Alph.  de)  présente  un  recueil 
des  lois  de  la  nomenclature  botanique 
qu'il  a  rédigé  sur  la  demande  du  Comité 
chargé  d'organiser  le  congrès  internatio- 
nal de  botanique 3 1 1 

CASTORANI.   —  Mémoire  sur  le  traitement 

des  taches  de  la  cornée 525 

CHACORNAC.  —  Note  relative  à  l'apparition 
d'une  grande  tache  solaire  et  à  quelques 
observations  faites  sur  l'éclipsé  de  Lune 
du  i3  septembre 5oi 

CHAMl'ONNolS.  —  Sur  une  modification  à 
introduire  dans  le  traitement  des  pulpes 
de  betterave io35 

CHANCELIER  DE  LA  LÉGATION  DES  PAYS- 
BAS  (M.  le)  adresse  à  l'Académie  deux 
nouvelles  feuilles  de  la  carte  géologique 
des  Pays-Bas,  avec  un  exemplaire  de 
la  légende  traduite  en  français 674 

CHAPELAS-COULVIER- GRAVIER.  -  Sui- 
tes étoiles  filantes  du  mois  d'août  ;  maxi- 
mum des  9,  10  et  11  août  1867.  —Sur 
l'apparition  d'étoiles  filantes  qui  était 
attendue  en  novembre  18O7.  (En  com- 
mun avec  M.  Coulvier-Gravier) .    325  et     852 

—  Observations  relatives  à  une  communica- 

tion récente  de  M.  //  "//sur  les  étoiles 

filantes  de  novembre 9o3 

CHASLES.  —  Note  historique  sur  l'établis- 
sement des  Académies 4y 

—  Note  sur  la  découverte  de  l'attraction  et 

la  part  qu'il  faut  attribuer  à  Pascal  dans 
celte  découverte 89  et     1 85 

—  En    répondant    aux    observations   aux- 

quelles a  donné  lieu  sa  communication 
précédente,  M.  Chastes  présente  d'au- 
tres Notes  de  Pascal  se  rapportant  à  la 
même  question i^5 

—  Lettre  en   réponse   à  des  remarques  de 

M.  Fougère  sur  le  même  sujet 202 


—  Observations  relatives   à  une  Lettre  de 

M.  Bénard  concernant  les  Notes  manus- 
crites de  Pascal 204 

—  Présentation  de  nouvelles  pièces  relatives 

à  la  correspondance  dont  l'authenticité 
est  contestée  par  Sir  D.  Brewster  (cor- 
respondance entre  Newton  et  Pascal).     263 

—  Lettres  de  Pascal    examinées    par   une 

Commission  de  l'Académie  en  présence 
de  M.  Faugère,  qui  persiste  à  ne  les  pas 
reconnaître  pour  authentiques 3og 

-  Nouvelle  communication  sur  les  Lettres 

de  Pascal 33i 

—  M.  Chastes  offre  de  mettre  à  la  disposi- 

tion des  Membres  de  l'Académie  les 
pièces  nécessaires  pour  les  expériences 
auxquelles  on  a  proposé  de  soumettre 
certaines  Lettres  de  Pascal 335 

—  Réponses  à  des  communications  de  M. Fau- 

gère relatives  à  la  correspondance  de 
Pascal 375 

—  Réponse  à  une  Lettre  de  M.Faugère,  im- 

primée au  Compte  rendu  de  la  séance 

du  9  septembre,  p.  455 437 

-  Réponse  aux  communications  de  M.  R. 

Grant  et  de  Sir  David  Brewster.   538  et     585 

—  Réponse  à  une  nouvelle  Lettre  de  M.  Fau- 

gère       617 

—  Réponse  à  la  Note  de  M.  Le  Verrier  et  à 

la  Lettre  de  Sir  D.  Brewster;  observa- 
tions relatives  à  la  dernière  Lettre  de 
M.  Faugère 655 

—  Documents  relatifs  à  la  réponse  à  la  Lettre 

de  Sir  D.  Brewster 681 

—  Observations  relatives  à  une  Lettre  de  Sir 

D.  Brewster  sur  les  relations  qui  au- 
raient existé  entre  Pascal  et  Newton. .  .     718 

-  Réponse  à  deux  Lettresde  Sir  Z>.i?me.v/<y.     772 

—  Réponse  à  la  communication  de  M.  Grant    826 

—  Observation  relative  à  la  Lettre  de  Sir  D. 

Brewster.  Deux  mots  sur  une  Lettre  de 

M.  Govi 926 

—  Réponse  aux  communications  de  MM.  Mar- 
tin, Harting,  Secehi  et  Govi 1 020 

CHEVALIER  (A.).  -  Mémoire  destiné  au 
concours  pour  le  prix  des  Arts  insa- 
lubres, el  avant  pour  titre  :  «  Le  cuivre 
et  les  sels  de  cuivre  sont-ils  toxiques? 
Les  instruments  de  cuivre  sont-ils  dan- 
gereux? >> 496 


MM. 


(  n83  ) 

MM.  Pages. 

CHEVREUL.  —  Observations  relatives  à  une 
communication  de  M.  Lemaire  sur 
l'importation  en  France  du  Tlalsahunte .     216 

—  Observations  relatives  à  des  expériences 

de  M.  Lemaire  sur  les  propriétés  de 
l'acide  phénique 217 

—  A  propos  des  Notes  de  Pascal,  commu- 

niquées par  M.  Chastes,  M.  Chevreul 
insiste  sur  l'intérêt  qu'il  y  aurait  à  re- 
chercher si  l'Angleterre  ne  posséderait 
pas  quelques  pièces  relatives  à  la  cor- 
respondance de  Pascal  avec  Boy  le 124 

—  Remarques   à  l'occasion  des  recherches 

de  M.  Prat  sur  la  composition  chimique 
des  composés  fluorés  et  sur  l'isolement 
du  fluor 347 

—  Remarques  relatives  à  un  passage  de  Ma- 

riotte  sur  quelques  faits  analogues  à 
ceux  qui  sont  signalés  par  M,  Melsens 
dans  sa  communication  sur  le  passage 
des  projectiles  à  travers  des  milieux  ré- 
sistants      570 

—  Observations  à  propos  d'une  communi- 

cation de  M.  Dccharme,  sur  divers  phé- 
nomènes de  vision (5 12 

—  M.  Chevreul  exprime  son  intention  d'in- 

diquer prochainement  la  cause  des  diffi- 
cultés qu'a  rencontrées  M.  Poey,  lors- 
qu'il a  voulu  apprécier  les  couleurs  des 
impressions  ozonoscopiques 712 

—  M.  Chevreul  présente  quelques  observa- 

tions concernant  les  réactions  chimiques 
qui  ont  pu  être  manifestées  par  les  pro- 
duits de  l'éruption  sous-marine  qui  a 
eu  lieu  le  1e1'  juin  1867,  entre  les  îles 
de  Terceira  et  de  Graciosa,  aux  Açores.     668 

—  Examen  comparatif  d'une  soie  d'origine 

française  et  d'une  soie  d'origine  japo- 
naise, relativement  à  leur  aptitude  à 
prendre  la  teinture 697 

—  M.  Chevreul  fait  hommage  à  l'Académie 

d'un  opuscule  relatif  à  son  enseigne- 
ment du  Muséum,  et  indique  les  objets 
qu'il  a  eus  surtout  en  vue i36 

—  Remarques  à  l'occasion  d'une  Lettre  de 

M.  Italien  dans  laquelle  il  est  nommé. .     326 

—  M.  Chevreul  fait  hommage  à  l'Académie 

d'un  opuscule  concernant  les  arts  du 
tapissier  des  Gobelins  et  du  tapissier  de 
la  Savonnerie,  et  fait  quelques  remar- 
ques sur  la  nature  des  recherches  qui 
lui  sont  personnelles i39 

—  M.   Chevreul  présente  à  l'Académie  un 

Mémoire  publié  par  lui  sur  quelques 
questions  relatives  à  l'utilité  du  sel  ma- 
rin       799 

—  M.  Chevreul  présente  au  nom  de  l'au- 

teur, M.  Victor  Fouquè ',  un  ouvrage  in- 

C.  R. ,  1867,  2me  Semestre.  (T.  LXV.) 


titulé  :  «  La  vérité  sur  l'invention  de  la 
photographie  :  Nicéphore  Niepce,  sa  vie, 
ses  essais,  ses  travaux,  d'après  sa  cor- 
respondance et  autres  documents  iné- 
dits » 

—  Réponse  à  des  remarques  de  M.  Blan- 
chard sur  une  communication  de  M.  Rei- 
set  relative  à  la  destruction  du  ver 
blanc 

—  M.  Chevreul,  à  l'occasion  du  débat  sur 
une  correspondance  entre  Newton  et 
Pascal,  fait  remarquer  que  la  Commis- 
sion qui  avait  été  chargée  d'exan.iiner  la 
question,  faute  de  connaître  des  faits 
que  M.  Chasles  soutient  étrangers  à  la 
discussion,  mais  qu'elle  ne  considère 
pas  ainsi,  verrait  son  rôle  se  borner  à 
une  expertise  en  écriture  pour  laquelle, 
pour  sa  part,  il  se  déclare  tout  à  fait 
incompétent 

—  A  l'occasion  d'une  communication  de 
M.  Chasles  sur  les  Lettres  de  Pascal, 
M.  Chevreul  rappelle  une  opération 
qu'il  a  faite  autrefois,- de  concert  avec 
M.  Gar-Lussae,  à  la  demande  d'un  tri- 
bunal   

—  M.  Chevreul,  en  sa  qualité  de  Président, 
entretient  à  diverses  reprises  l'Académie 
des  pertes  douloureuses  qu'elle  a  faites 
durant  le  deuxième  semestre  de  l'année 
1867  et  qui  se  sont  succédé  dans  l'ordre 
suivant  : 

—  Décès  de  M.  Velpeau,  survenu  le  24  août 
(annoncé  dans  la  séance  du  26) 

—  Décès  de  M.  Rayer,  10  septembre  (an- 
noncé dans  la  séance  du  16) 

—  Décès  de  M.  Flourcns,  Secrétaire  perpé- 
tuel de  l'Académie,  5  décembre  (an- 
noncé dans  la  séance  du  9) 

—  Décès  de  M.  Pouce/et,  22  décembre  (an- 
noncé à  l'Académie  à  la  séance  du  len- 
demain)  

—  M.  Chevreul  est  nommé  Membre  de  la 
Commission  chargée  de  présenter  une 
liste  de  candidats  à  la  place  d'Académi- 
cien libre,  vacante  par  la  mort  de 
M.   Civiale 

—  Et  Membre  de  la  Commission  du  prix  dit 
des  Arts  insalubres 

CHMOULEVITCH.  —  Recherches  concernant 
l'influence  de  la  chaleur  sur  le  travail 
mécanique  du  muscle  de  la  Grenouille. 

C1IUARD.  —  Sur  l'explosion  de  grisou  qui 
a  eu  lieu  récemment  près  de  Saint- 
Étienne,  et  sur  une  nouvelle  lampe  de 
sûreté 

CLOQUET  (Jules)  présente,  au  nom  de  M.  A. 
Chevalier,  un  Mémoire  destiné  au  con- 

i54 


Pages. 


290 


il  38 


3IO 


335 


329 

481 

97Î 
1057 


358 


947 


(   n84  ) 


283 
Aoi 


io54 


MM.  Pages. 

cours  pour  le  prix  des  Arts  insalubres, 
et  ayant  pour  titre  :  «  Le  cuivre  et  les 
sels  de  cuivre  sont-ils  dangereux  »  ?. . .  496 
-  Au  nom  de  M.  E.  Lisle,  un  «  Mémoire 
sur  le  traitement  de  la  congestion  céré- 
brale et  des  hallucinations  par  l'acide 
arsénieux  » 496 

—  Et  au  nom  de  M.    Castorani,  un  «  Mé- 

moire sur  le  traitement  des  taches  de  la 
cornée  » 525 

—  M.  Clnquct  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie       iC3 

—  Membre  de  la  Commission  du  prix  Barbier 

(Découvertes  relatives  aux  sciences  mé- 
dicales ) 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Godard. . . 
COHN  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un 

ouvrage  écrit  en  allemand  et  relatif  à 
l'hygiène  de  la  vue  dans  les  écoles 

COMBES  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion du  prix  dit  des  Arts  insalubres.. .     200 

CONTE.  —  Note  sur  les  végétaux  médica- 
menteux de  provenances  diverses,  in- 
scrits dans  le  tableau  annexé  au  décret 
du  8  juillet  i85o 43 

—  Notes  sur  la  pathogénie  de  la  vigne  et  sur 

les  moyens  de  la  préserver  de  l'oï- 
dium      289,  3i6  et    5n 

CORENW1NDER.  -  Etudes  sur  les  fonc- 
tions des  racines  des  végétaux 781 

COSTE,  faisant  fonction  de  Secrétaire  per- 
pétuel à  la  place  de  M.  Flourens,  an- 
nonce à  l'Académie  que  le  tome  LXII 
des  Comptes  rendus  est  en  distribution 
au  Secrétariat 373 

—  M.  Coste  présente  à  l'Académie  le  frag- 

ment du  bolide  tombé  aux  environs  de 
Sétif,  qui  vient  d'être  adressé  par  M.  le 
Maréchal  gouverneur  de  l'Algérie 610 

—  M.  Coste  signale  parmi  les  pièces  impri- 

mées de  la  correspondance  les  ouvrages 
suivants  :  «  Le  tome  XXXIII  des  Nova 
Acta  de  l'Académie  des  Curieux  de  la  Na- 
ture »  ;  —  le  troisième  numéro  du  «  Jour- 
nal des  Sciences  mathématiques,  physi- 
ques et  naturelles  »,    publié   sous  les 


MM.  Pages, 

auspices  de  l'Académie  royale  des 
Sciences  de  Lisbonne  ;  —  les  Études  et 
Mémoires  lus  dans  la  séance  publique 
tenue  le  14  août  par  la  Société  des  Nuovi 
Fïlodidaci  de  Florence 454 

—  Un  ouvrage  de  M.  G.  Zeu/ier,  de  Zurich, 

ayant  pour  titre  :  «  Sur  l'état  de  la  va- 
peur d'eau  surchauffée  ou  mêlée  ......     571 

—  Deux  brochures  de  M.  d'Eicluvaîd  inti- 

tulées :  «  Complément  à  l'histoire  de  la 
Géognosie  et  de  la  Paléontologie  en 
Russie  »  et  «  Sur  les  peuples  finnois  de 
la  Russie  » Gio 

—  Quatre  nouveaux  volumes  du  «  Système 

silurien  de  la  Bohème  »,  par  M.  Bar- 
rande 702 

—  Les  «  Recherches  sur  l'anatomie  de  l'hip- 

popotame »,  par  feu  M.  Gratiolet;  —  un 
ouvrage  dé"  M.  H.  Berthoud  ayant  pour 
titre  :  «  Les  hôtes  du  logis  » 891 

—  M.  Coste  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  prix  Godard 402 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Savigny.. .     402 

—  M.    Coste  est  désigné  pour    remplacer 

feu  M.  Vclpeau  dans  la  Commission  des 

prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie 52 1 

COULV1ER-GRAVIER.  —  Sur  les  étoiles  fi- 
lantes; maximum  des  9,  10  et  11  août 
1867.— Sur  l'apparition  d'étoiles  filantes 
qui  était  attendue  en  novembre  1867. 
(En  commun  avec  M.  Chapelas-Coul- 
vier-Gravier.) 325  et     852 

—  M.  Coulvier-Gravicr  adresse   une  Lettre 

d'après  laquelle  il  semblerait  qu'on  n'a 
pu  constater  à  l'île  Maurice  l'apparition 
d'étoiles  filantes  au  mois  de  novembre 
dernier 1 095 

CRAMOISY.  —  Nouvelles  observations  de 
choléra,  recueillies  sur  des  malades  Irai- 
tés,  durant  l'épidémie  de  1866,  par  l'al- 
coolature  d'aconit  napel 2o5 

CROFTON.  —  Théorème  sur  une  intégrale 

double  définie 994 

CURATEURS  DE  L'UNIVERSITÉ  DE  LEYDE 
(MM.  les)  adressent  un  exemplaire  de 
leurs  Annales  pour  1862-63 1 141 


D 


D'ARCHIAC.  —  Remarques  au  sujet  d'une 
communication  de  M.  Dronke  sur  la  for- 
mation des  cristaux  de  gypse 

—  M.  D'Archiar  présente,  au  nom  de  M.  de 
Tchihatcheff,  un  exemplaire  d'un  ou- 
vrage de  M.  Kiepert  intitulé  :  «  Tracé 


679 


des  itinéraires  de  M.  de  Tchihatcheff  en 
Asie  Mineure,  pour  la  construction  de 
la  carte  hypsométrique  de  ce  pays  »... 
M.  D'Ardu, a-  présente,  de  la  part  de 
M.  Alph.  Faire,  un  ouvrage  intitulé  : 
«  Recherches  géologiques  dans  les  par- 


4d 


(  II 

MM.  Pages. 

ties  de  la  Savoie,  du  Piémont  et  de  la 

Suisse  voisines  du  mont  Blanc  » 1006 

DARGET.  —  Nouvelle  rédaction  de  sa  dé- 
monstration du  Postulation  d'Euclide. .  .       70 

—  Nouvelle  Lettre  concernant  sa.démons- 

tration  du  théorème  relatif  à  la  somme 

des  angles  d'un  triangle 2o5 

—  Nouvelle  Note  concernant  la  théorie  dos 

parallèles 454 

DAUBRÉE.  —  Classification  adoptée  pour  la 

collection  de  météorites  du  Muséum. . .       60 

—  Contribution  à  l'anatomie  des  météorites     148 

—  M.  Dauhrée  fait   part  à  l'Académie  de 

l'apparition  d'un  bolide  signalé  à  Arca- 
chon  par  M.  de  Quatrcfages 602 

—  M.  Daubrée  fait  hommage  à  l'Académie 

d'une  brochure  qu'il  vient  de  publier  et 
qui  a  pour  titre  :  «  Classification  adop- 
tée pour  la  collection  des  roches  du 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris.  »     602 

DAUSSE.  —  Lettre  accompagnant  l'envoi 
d'une  brochure  ayant  pour  titre  :  «  Ré- 
ponse au  Rapport  de  M.  Béhic,  sur  les 
inondations  > 85i 

DECAISNE.  —  Note  accompagnant  la  pré- 
sentation d'un  exemplaire  du  «  Traité 
général  de  Botanique  analytique  et  des- 
criptive »  qu'il  vient  de  publier  en 
collaboration  avec  M.  Le  Maout 973 

—  M.  Decaisne  est  nommé  Membre  de  la 

Commission  chargée  de  présenter  une 
liste  de  candidats  pour  la  place  d'Aca- 
démicien libre,  vacante  par  la  mort  de 
M.  Civiale 848 

—  Membre  de  la  Commission  du  prix  Bor- 

din  (question  concernant  la  structure  du 
pistil  ) 283 

—  De  la  Commission  chargée  de  décerner 

le  prix  Desmazières 453 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  décerner 

le  prix  Thore 453 

—  M.  Decaisne  est  désigné  pour  remplacer 

M.  Rayer  dans  la  Commission  du  prix 

Barbier 521 

DELAUNAY.  —    Note  sur  la  parallaxe  du 

Soleil 83g  et    876 

—  M.  Delaunay  fait  hommage  à  l'Académie 

du  «  Rapport  sur  les  progrès  de  l'Astro- 
nomie, »  qu'il  vient  de  publier  sous  les 
auspices  de  M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publique 873 

—  Réponse  à  une  Note  de  M.  Le  Verrier 

intitulée  :  «  Considérations  sur  les  pro- 
grès de  la  théorie  du  système  solaire 
et  planétaire  » 912 

—  Deuxième  Note  sur  la  parallaxe  du  Soleil      976 

—  Réponse  à  une  nouvelle  Note  de  M.  Le 

Verrier  concernant  la  même  discussion.    ioi3 


85  ) 

MM.  Page». 

—  Notes   relatives   à  cette    même    discus- 

sion      1082  et  1  km 

DE  LUCA  et  Panceri.  —  Recherches  sur  la 
salive  et  sur  les  organes  salivaires  du 
Dolium  galea 577  et     712 

DEMANGE.  —  Note  sur  l'amalgamation  des 

piles  électriques 1086 

DEPREZ.  —  Sur  les  appareils  de  distribu- 
tion à  un  seul  tiroir 68  et     60g 

DESA1NS.  —  Recherches    sur    l'absorption 

de  la  chaleur  obscure 4°6 

DIDION.  —  Études  sur  les  roues  hydrau- 
liques à  aubes  courbes  de  M.  le  général 
Poncelet 571 

—  Rapport  sur   ce  Mémoire  ;    Rapporteur 

M.  Morin 934 

DINO   (Salvatore).  —  Sur   la    théorie   des 

systèmes  de  coniques ioo 

DIRECTEUR  DE  L'OBSERVATOIRE  DE  PA- 
LERME  (M.  le)  adresse  les  travaux 
météorologiques  exécutés  par  l'Observa-" 
toire  en  i865  et  1866,  et  les  premiers 
mois  de  1 867 98G 

DIRECTEUR  DE  LA  REVUE  MARITIME 
ET  COLONIALE  (M.  le)  demande  et 
obtient  l'autorisation  d'emprunter  la 
planche  qui  a  été  faite  pour  la  Note  de 
M.  Dupuy  de  Lôme  sur  la  machine  à 
vapeur  à  trois  cylindres 255 

DOIN.   —   Mémoire   sur    le    traitement    du 

choléra  asiatique 106 

DONNÉ.  —  Note  sur  la  putréfaction  des 
œufs  et  sur  les  produits  organisés  qui 
en  résultent 602 

DRONKE.  —  Remarques  sur  la  formation 

des  cristaux  de  gypse 678 

DUBRUNFAUT  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  le  comprendre  parmi  les  candidats 
à  la  place  vacante  dans  la  Section  d'Éco- 
nomie rurale  par  suite  du  décès  de 
M.  Rayer 784 

DUCHARME.  —  Halos  et  couronnes  solaires 
et  lunaires  observés  à  Angers,  du  3o 
août  1866  au  3o  août  1867 610 

DUCHARTRE  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  prix  Boidin  (question  con- 
cernant la  structure  du  pistil.) 283 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  décerner 

le  prix  Desmazières 453 

DUHAMEL.  —  Remarques  à  l'occasion  des 
Notes  manuscrites  de  Pascal  communi- 
quées par  M.  C/iasleset  des  conséquences 
qui  en  ont  été  déduites  relativement  à 
la  découverte  des  lois  de  l'attraction. . .     121 

—  M.  Duhamel  déclare   que  les   nouvelles 

communications  faites  par  M.  Chastes, 

l54.. 


(  ri 

MM.  Pages, 

relatives  aux  écrits  de  Pascal,  n'in- 
firment aucune  des  observations  qu'il  a 
présentées  dans  la  précédente  séance. .     194 

M.  DUHAMRL.  —  Remarques  concernant  le 
peu  de  vraisemblance  à  ce  que  Newton 
doive  quelqu  chose  à  Pascal 272 

—  Observations  relatives  aux  Lettres  attri- 

buées à  Pascal  et  à  Newton 554 

DUMAS.  —  Lettre  à  M.  le  Président  pour  an- 
noncer à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M.  Faraday, 
l'un  de  ses  Associés  étrangers 373 

—  A    l'occasion    d'une    communication   de 

M.  Le  Verrier  sur  l'Observatoire  impé- 
rial de  Paris,  M.  Dumas  annonce  que 
l'Administration  municipale  de  Paris  a 
voté  des  fonds  pour  l'exécution  de  tra- 
vaux jugés  utiles  à  cet  établissement. .    1078 

—  M.  Dumas  en  présentant  un  Mémoire  de 

M.  Pnit  sur  la  constitution  chimique 
des  composés  fluorés  et  l'isolement  du 
fluor,  donne  une  idée  de  ce  travail. . . .     345 

—  M.  Dumas  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  prix  dit  des  Arts  insalubres.     200 


86  ) 

MM.  Pages. 

DUMÉRIL  (  Ai'G.).  —  Expériences  faites  à  la 
ménagerie  des  reptiles  du  Muséum  d'his- 
toire naturelle,  sur  des  Batraciens  uro- 
dèles  à  branchies  extérieures,  du  Mexi- 
que, dits  Axolotls,  et  démontrant  que 
la  vie  aquatique  se  continue  sans  trouble 
apparent  après  l'ablation  des  houppes 
branchiales 242 

DUPIN  (Ch.),  doyen  de  la  Section  de  Méca- 
nique, exprime  la  reconnaissance  des 
géomètres  français  pour  la  publication 
des  «  Œuvres  de  Lagrange  »  faite,  aux 
frais  et  par  ordre  de  l'État,  sous  la  di- 
rection de  M.  Scrret 6 

DUPUIS  soumet  au  jugement  de  l'Académie 
une  soupape  hermétique  pour  l'air  et 
pour  l'eau 106 

—  Note   relative  à  un  nouveau   a  siphon  à 

évaporation  » 4o6 

—  Note   relative  à  un  effet  particulier   dû 

aux  actions  capillaires io38 

DUPUY  DE  LOME.  —  Note  sur  les  ma- 
chines à  vapeur  à  trois  cylindres  égaux 
avec  introduction  directe  dans  un  seul.       g3 


E 


EDWARDS  (Milne)  présente  un  travail  de 

M.  J'an  der  Hneven  sur  le  Ménobranche.     348 

—  M.  Mii/ie  Edwards   informe  l'Académie 

que  M.  Bouvier,  sur  le  point  de  partir 
pour  les  îles  du  Cap-Vert,  serait  heureux  . 
qu'on  voulût  bien  lui  signaler  des  sujets 
d'investigation 496 

—  M.  Milne  Edwards  est  nommé  Membre 

de  la  Commission  du  prix  de  Physiolo- 
gie expérimentale 229 

—  Membre  de  la  Commission  du  prix  Savi- 

gny 402 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Thore 4^3 

—  M.  Milne  Edwards  est  désigné  pour  rem- 

placer M.  Andral  comme  Membre  de  la 
Commission  des  prix  de  Médecine  et  de 

Chirurgie 200 

EDWARDS  (Alimi.  Milne).  —  Recherches 
sur  l'organisation  du  Cryptoprocta  ferox 
de  Madagascar.  (  En  commun  avec 
M.  .11).  Grandidier.) 232 

—  Mémoire  sur  un  Psittacien  fossile  de  l'île 

Roderigues 1 121 

ELIE  DE  BEAUMOMT.  —  Remarques  au 
sujet  d'une  communication  de  M.  Has- 
san sur  les  alluvions  de  Toul  et  de  la 
Seine 814 

—  M.  Elie  de  Beaumont    fait  hommage  à 

l'Académie  de  la  quatrième  édition  de 


l'ouvrage  de  Sir  R.  Murchison  intitulé  : 
«  Siluria,  »  et  donne  quelques  détails 
sur  le  caractère  de  cet  ouvrage 981 

A  l'occasion  de  la  controverse  à  laquelle 
a  donné  lieu  la  production  faite  par 
M.  Cliasles  de  documents  qui  lui  parais- 
sent prouver  qu'une  part  de  l'honneur 
de  la  découverte  de  l'attraction  appar- 
tient à  Pascal,  M.  Elie  de  Beaumont 
demande  que  l'on  ne  coupe  pas  court  à 
une  discussion  qui  se  rapporte  à  un  point 
intéressant  de  l'histoire  des  sciences  et 
qui  ne  peut  mieux  être  débattu  qu'au 
sein  de  l'Académie 1059 

M.  Elie  île  Beaumont,  après  avoir  donné 
lecture  de  la  Note  de  M.  Augeraud  sur 
la  chute  d'un  aérolithe,  annonce  l'offre 
faite  à  l'Académie,  par  le  Maréchal  Gou- 
verneur de  l'Algérie,  de  lui  faire  don 
d'un  fragment  de  ce  bolide 242 

M.  Elie  de  Beaumont  communique  une 
Lettre  qui  lui  a  été  adressée  par  M.  L. 
Reynaud  à  l'occasion  d'un  opuscule  ré- 
cent de  Sir  David  Breivster  sur  l'inven- 
tion des  phares  lenticulaires 291 

M.  Elie  de  Beaumont,  en  qualité  de  Se- 
crétaire perpétuel,  donne  lecture  d'un 
article  du  testament  de  M.  Benoit  Four- 
neyron  relatif  à  un  legs  de  cinq  cents 
francs  de  rente  fait  à  l'Académie  pour 


(  I' 

MM.  Pages. 

la  fondation  d'un  prix  biennal  de  Méca- 
nique appliquée 240 

—  M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi 

les  pièces  imprimées  de  la  Correspon- 
dance, les  ouvrages  suivants  :  La  pre- 
mière partie  du  cinquième  volume  des 
«  MateriaLien  ziir  Minéralogie  Rim- 
lands  »  de  M.  de  Kokscharow 107 

—  Une   brochure    de    M.    /.    Bouclier  de 

Perthrs,  ayant  pour  titre  :  «  Exposition 
des  produits  de  l'industrie  de  l'arrondis- 
sement d'Abbeville  en  i833  »  ;  —  Un 
opuscule  de  M.  Zantedeschi  ayant  pour 
titre  :  «  Du  climat  de  Catane  » 2o5 

—  Un  nouveau  volume  de  la  publication  du 

Geological  .suive/  du  Canada  contenant 
la  description  des  Graptolites  du  groupe 
de  Québec;  —  Un  ouvrage  sur  la  trian- 
gulation de  Berlin  ;  «-  Un  Mémoire  de 
M.  Bérigny  sur  l'ozonométrie 23g 

—  Une  nouvelle  livraison  des  «  Recherches 

anatomiques  et  paléontologiques  pour 
servir  à  l'histoire  des  oiseaux  fossiles 
de  la  France  » ,  par  M.  Alph.  Milne 
Edwards 290 

—  Un  Mémoire  de  feu  M.  /.  Plana,  extrait 

des  Mémoires  de  l'Académie  de  Turin 
et  ayant  pour  titre  :  «  Sur  les  formules 
du  mouvement  circulaire  et  du  mouve- 
ment elliptique  libre,  autour  d'un  point 
excentrique  par  l'action  d'une  force  cen- 
trale ;  »  —  Un  opuscule  adressé  par 
M.  Sterrj  Huiit  «  sur  la  Chimie  de  l'âge 
primordial  ;  »  —  Une  brochure  de  M.  Bau- 
drimont  quia  pour  titre  :  «  Théorie  de 
la  formation   du  globe   terrestre  pen- 


87) 

MM.  Pages. 

dant  la  période  qui  a  précédé  l'appari- 
tion des  êtres  vivants  » 642 

—  Un     ouvrage   de   M.    Rambosson    axant 

pour  titre  :  «  Histoire  et  Légendes  des 
plantes  utiles  et  curieuses  » 85 1 

—  Une  brochure  de  M.  Montigny  ayant  pour 

titre  :  «  Corrélation  entre  le  pouvoir 
réfringent  et  le  pouvoir  calorifique  de 
diverses  substances  ;  »  —  Une  brochure 
de  M.  Husson  intitulée  :  «  Origine  de 
l'espèce  humaine  dans  les  environs  do 
Toul,  par  rapport  au  diluvium  alpin.  »     948 

—  Un  volume  ayant   pour  titre  :    «   Bref 

discours  sur  l'institution  d'un  prince  el 
Compendium  de  la  Science  civile,  par 
Fr.  Pirlomini,  avec  huit  Lettres  et  neuf 
dessins  des  taches  solaires,  de  Galileo 
Galilei,  le  tout  publié  pour  la  première 
fois  par  M.  Santé  Pieralisi  » 986 

—  Une  série  de  cartes  géographiques  du  sud 

et  du  nord  du  Brésil  adressées  par  M.  le 
Ministre  des  Travaux  publics  du  Brésil.   io38 

—  M.  Elie  de  Braumont  présente,  au  nom 

de  M.  Félix  Plateau,  un  opuscule  «  sur 
la  transformation  spontanée  d'un  cylin- 
dre liquide  en  sphères  isolées  » 290 

ESMENJ.4UD  demande  l'ouverture  d'un  pli 
cacheté  déposé  par  lui  le  icr  mai  18G7. 
Ce  pli  contient  une  Note  relative  à  une 
question  d'entomologie 44 

ESTOR.  —  Note  indiquant  les  parties  qu'il 
considère  comme  neuves  dans  les  tra- 
vaux imprimés  qu'il  a  présentés,  en 
commun  avec  M.  Saintpierre,  au  con- 
cours pour  les  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie 986 


F 


FAA  DE  BRUNO.  —  Sur  un  nouveau  baro- 
mètre à  mercure 6i3 

FALB. —  Note  relative  à  quelques  questions 

d'astronomie io55 

FAUGÈRE.  —  Lettre  relative  aux  Notes 
manuscrites  de  Pascal  communiquée  par 
M.  Chastes 202 

—  Discussion  de  l'authenticité  des  pièces 

présentées  comme  provenant  de  Pascal 

et  de  ses  deux  sœurs 34o  et    455 

—  Lettres  à  M.  le  Président  au  sujet  des 

écrits  attribués  à  Pascal 643  et    702 

FAURE.  —  Note  sur  une  modification  pro- 
posée dans  les  constructions  na- 
vales      290,  4°6  et    571 

FAYE.  —  Remarques  à  l'occasion  des  Notes 
manuscrites  de   Pascal    communiquées 


par  M.  Chastes,  sur  la  part  qu'on  peut 
faire  à  Pascal  dans  la  découverte  de  l'at- 
traction          123 

Sur  les  taches  du  Soleil  :  la  cause  et  l'ex- 
plication du  phénomène  doivent-elles 
être  cherchées  en  dehors  de  la  surface 
visible  de  l'astre? 221 

Simple  remarque  sur  la  dernière  Lettre 
de  M.  Kinhhnjf  concernant  les  taches 
du  Soleil 06 1 

En  présentant  une  Note  de  M.  Lemoine 
intitulée  :  «  Appréciation  pratique  de 
la  méthode  de  M.  de  Littrow  pour  trou- 
ver en  mer  la  latitude  et  la  longitude  », 
M.  Faye  analyse  les  résultats  obtenus 
par  l'auteur  et  donne  lecture  de  quel- 
ques passages  de  sa  Note G69 


(   n88  ) 


MM.  Pages. 

FEL1CE  (Marco).  —  Théorie  mécanique  de 

l'électricité  et  du  magnétisme 948 

—  Nouvelle  Note  concernant  diverses  ques- 
tions d'astronomie  physique 1084 

FLOURENS.  —  Sa  mort  arrivée  le  5  dé- 
cembre est  annoncée  à  l'Académie  dans 
la  séance  du  9  du  même  mois 973 

FORDOS  et  Gélis.  —  Observations  relatives 
aux  communicalions  récentes  de  M.  Koll 
et  de  M.  Riche,  concernant  les  proprié- 
tés des  chlorures  décolorants 648 

FOUQUÉ.  —  Sur  les  gaz  qui  se  dégagent  en- 
core du  lieu  de  l'éruption  qui  s'est  ma- 
nifestée aux  Açores,  le  1"  juin  1867. . .     674 


MM. 

—  Sur  les  phénomènes  volcaniques  observés 

à Terceira (îles Açores). 965,  968,  io5oet  1 1 53 
FOURNET.  —  Pays  électriques  et  aperçus 

sur  leur  rôle  météorologique.  .     '25  et    628 

—  Note  sur  les  orages  du  Sud-Est i56 

FRANCISQUE.  —  Note  complémentaire  à  de 

précédentes  communications  sur  le  sys- 
tème harmonique  de  Pythagore 642 

FRÉMAUX  adresse  deux  nouveaux  exem- 
plaires, avec  des  corrections  manu- 
scrites, de  l'ouvrage  qu'il  avait  précé- 
demment présenté  au  concours  pour  le 
prix  du  legs  Bréant io38 


GAGNAGE.  —  Mémoire  ayant  pour  titre  : 
«  Assainissement  des  centres  de  popu- 
lation :  question  des  abattoirs,  » 891 

—  Note  relative  à  l'utilisation  des  engrais.   1095 
GAILLARD.  —  Observation  faite  à  la  Gua- 
deloupe des  étoiles  filantes  de  novembre.  io3g 

GANGNEUX  adresse  quelques  photographies 
de  fossiles  recueillis  dans  les  environs 
de  Royan io55 

GAUDIN.  —  Sur  le  rôle  spécial  de  l'hydro- 
gène dans  les  acides  polybasiques 3o 

—  Note  relative  à  un  procédé  géométrique 

pour  partager  un  angle  en  2,  3,  4,  5,  6, 

8,  10,  12  parties  égales 1084 

GAUGAIN.  —  Note  sur  la  polarisation  des 

électrodes 462 

GAUNEAU  adresse,  avec  une  brochure  inti- 
tulée :  «  Éducation  physique  et  morale 
des  nouveau-nés  »,  une  analyse  manu- 
scrite de  ce  travail 891 

GAUTIER.  —  Sur  le  chlorhydrate  d'acide 

cyanhydrique 4'o 

—  Sur  une  combinaison  directe  d'aldéhyde 

et  d'acide  cyanhydrique.   (En  commun 
avec  M.  Maxwell  Simpson.) 4 '  4 

—  Sur  une  nouvelle  série  d'isomères  des 

éthers  cyanhydriques 468 

—  Sur  une  nouvelle  base  dérivée  de  l'acide 

cyanhydrique 47'2 

—  Sur    les  nouveaux   nitriles  de  la   série 

grasse 862 

—  Sur  les  isomères  des  nitriles  de  la  série 

grasse. . ." 901 

GAY  (Cl.)  fait  hommage  à  l'Académie  du 
second  volume  qu'il  vient  de  publier  de 

«  l'Agriculture  du  Chili  » 101 

GÉLIS  et  Fordos.  —  Observations  rela- 
tives aux  communications  récentes  de 
M.  Koll  et  de  M.  Riche,  concernant  les 
propriétés  des  chlorures  décolorants. .  .     C48 


GÉRARD.  —  Notes  coneernant  des  perfec- 
tionnements à  apporter  aux  chemins  de 
fer,  et  de  nouveaux  appareils  électro- 
magnétiques       170 

GERVAIS.  —  Sur  une  nouvelle  collection 
d'ossements  fossiles  de  mammifères  re- 
cueillie par  M.  Fr.  Séguin  dans  la  con- 
fédération Argentine 279 

—  M.  Gênais  offre  à  l'Académie  les  cinq 

premières  livraisons  de  l'ouvrage  dont  il 
a  commencé  la  publication  sous  le  titre 
de  «  Zoologie  et  Paléontologie  géné- 
rales » 848 

GLAIS-BIZOIN  transmet  à  l'Académie  un 
opuscule  de  M.  Le  Morvan  sur  le  cho- 
léra, et  demande  que  ce  travail  soit  admis 
au  concours  du  prix  Bréant  pour  1867.     107 

GOSSELIN.  —  Mémoires  sur  les  tumeurs 
cirsoïdes  artérielles,  spécialement  étu- 
diées chez  les  adolescents  et  les  adultes.     6o5 

—  M.  Gosselin  prie  l'Académie  de  vouloir 

bien  le  comprendre  parmi  les  candidats 
à  la  place  vacante  dans  la  Section  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  par  suite  du 
décès  de  M.   T'clpeau 757 

GOUBAUX.  —  Mémoire  sur  les  anomalies  de 
la  colonne  vertébrale  chez  les  animaux 
domestiques 525 

GOUVERNEUR  DE  L'ALGÉRIE  (M.  le  Ma- 
réchal) annonce  l'envoi  il  un  fragment 
du  bolide  tombé  aux  environs  de  Sétif.     526 

GOVI.  —  Ohservations  concernant  les  Lettres 
signées  du  nom  de  Galilée,  qui  ont  été 
publiées  par  M.  Chastes 953 

—  Observations  relatives  à  la  réponse  faite 

par  M.  Chas/es  à  la  communication  pré- 
cédente    1041 

GRAD.  --    Sur    la   température    des    eaux 

courantes 317 


(     M 

MM.  Pages. 

GRAND1DIER  (Alf.).  -  Recherches  sur 
l'organisation  du  Cryptoproctaferox  de 
Madagascar.  (En  commun  avec  M.  Alph. 
Milne  Edwards.) 232 

—  Observations  sur  le  gisement  des  œufs 

de  l'Epiornis 476 

GRANT.  —  Lettre  à  M.  Le  Verrier  an  sujet 
des  documents  relatifs  à  la  correspon- 
dance entre  Pascal  et  Newton 571 

—  Lettre  à  M.  Le  Verrier  concernant  les 

observations  astronomiques  dont  Pascal 

et  Newton  ont  pu  faire  usage 784 

GRIGOLATO.  —  Observations  microscopi- 
ques et  chimiques  sur  les  feuilles  du 
mûrier  blanc 85o 

GRIMAUD,  de  Caux.  —  Marche  et  mode 
de  propagation  du  choléra  qui  a  éclaté 
à  Marseille  en  i865.  Etudes  chimiques 
et  statistiques  à  Marseille  et  à  Aix  en 
Provence.  Conséquences  recueillies  sur 
place  en  juin  1867 39 

—  Etude  comparative  des  résultats  de  l'éli- 

mination des  eaux  publiques  dans  les 
villes  de  Paris,  Vienne,  Londres,  Mar- 
seille et  Venise 164 

GRIMAUX  (Ed.).  Sur  les  dérivés  nitrés  des 

éthers  benzyliques 211 

GRIS.  —  Sur  le  Nains  major  (  Roth.  ) 809 

GUÉRIN  (Jules).  —  Note  sur  un  nouvel  ap- 
pareil propre  à  rendre  usuelle  l'occlu- 
sion pneumatique  dans  le  traitement  des 
plaies  exposées 88G 


89   ) 

MM.  paBes. 

—  Occlusion    pneumatique    par   aspiration 

continue  dans  le  traitement  des  plaies.     940 
-  Résumé  des  applications  faites  jusqu'à  ce 
jour  de  l'occlusion  pneumatique  au  trai- 
tement des  plaies  exposées 1027 

—  Un  paquet  cacheté  déposé  par  M.  /.  Gué- 

rin  le  4  novembre  1844  et  ouvert  sur  sa 
demande  le  16  décembre  1864  renferme 
une  Note  ayant  pour  titre  :  «  Perfection- 
nement de  la  méthode  du  traitement 
des  plaies  par  occlusion  hermétique  ».  1034 
GUÉRIN  (R.).  —  Découverte  d'une  pointe  de 
flèche  en  obsidienne  et  d'un  vase  pa- 
raissant remonter  à  l'âge  de  bronze  à 
Aingeray  (Meurthe.) uç, 

—  Sur  des  instruments  de  silex  trouvés  à  la 

Treiche,  près  Toul • 6^0 

GUÉR1N-MÉNEVILLE.  -  Sur  l'introduction 

des  vers  à  soie  du  chêne 946 

GUIPON  adresse,  avec  un  ouvrage  inti- 
tulé :  «  De  la  maladie  charbonneuse  de 
l'homme  »,  une  analyse  manuscrite  de 
cette  publication 756 

GULDRERG.  —  Note  sur  la  théorie  molécu- 
laire des  corps «41 

GUYON.  —  Des  accidents  produits  par  la 
chaleur  dens  l'infanterie  en  marche,  et 
de  leur  aggravation  dans  les  haltes  par 
la  position  couchée  ou  horizontale 487 

—  Rappel  d'une  communication  faite  à  l'Aca- 

démie le  3i  juillet  1843,  «  sur  la  trans- 
mission de  la  morve  du  cheval  à  l'homme 
et  de  l'homme  au  cheval  » 599 


H 


HAIDINGER  adresse  deux  opuscules  relatifs 
aux  météorites  du  cabinet  minéralogique 
de  la  cour  de  Vienne 637 

HARTING.  —  Observations  relatives  aux 
Lettres  qui  sont  attribuées  à  Huygens 
et  à  Boulliau,  et  qui  ont  été  publiées 
par  M.  Chastes 987 

HATON  DE  LA  GOUPILLIËRE  demande  et 
obtient  l'autorisation  de  retirer  un  Mé- 
moire précédemment  présenté  par  lui, 
sur  les  procédés  de  transformation  en 
géométrie  et  en  physique  mathéma- 
tique       649 

HERMANN.  —  Nouvelles  recherches  sur  la 

physiologie  des  muscles  et  des  nerfs.. .     454 

HINRICHS  (G.).  —  Mémoire  écrit  en  alle- 
mand, concernant  la  mécanique  molécu- 
laire      106 

fflORTDAHL.  —  Sur  le  protosulfure  de  co- 
balt        75 


HOFMANN.  —  Sur  une  nouvelle  série  d'ho- 
mologues de  l'acide  cyanhydrique. . . . 
335,  389,  448  et     484 

—  Sur  l'aldéhyde  méthylique 555 

HOPKINS  (Evan).  —  Du  magnétisme  ter- 
restre dans  ses  rapports  avec  les  compas 
des  navires  en  fer 283 

HOPPE.  —  Lettre  concernant  un  ouvrage  en 
allemand  qu'il  a  fait  paraître  sous  le 
titre  de  «  Logique  complète  » io54 

HUETTE.  —  Recherches  sur  l'importation,  la 
transmission  jet  la  propagation  du  cho- 
léra en  province  par  les  nourrissons  de 
Paris 891 

HUGUIER  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
le  comprendre  parmi  les  candidats  à  la 
place  vacante  dans  la  Section  de  Méde- 
cine et  de  Chirurgie  par  suite  du  décès 
de  M.  Felpeau 673 

HUMBERT.  —  Lettre  concernant  une  décou- 


(  H9°  ) 


MM.  Pages, 

verte  qu'il  croit  de  nature  à  apporter  une 
amélioration  dans  la  navigation 181 

HUNYADY  (de).  —  Sur  les  courbes  du  qua- 
trième ordre 497 


MM.  Pages. 

HUSSON.  —  Examen  comparatif  des  allu- 
vions  anciennes  de  Toul  et  de  quelques- 
unes  du  bassin  de  la  Seine,  par  rapport 
à  l'ancienneté  de  l'homme 81 1 


INSTITUT  ROYAL  MÉTÉOROLOGIQUE  DES 
PAYS-BAS  (l')  adresse  un  exemplaire 


de  son  «  Annuaire  pour  186G  « 948 


JANSSEN.  —  Études  de  physique  terrestre 

faites  au  volcan  de  Santorin 71 

—  Note  sur  un-  voyage  fait  aux  Açores  et 

dans  la  péninsule  Ibérique C46 

—  Récit  de  l'éruption  sous-marine  qui  a  eu 

lieu,  le  Ier  juin  1867,  aux  Açores,  entre 
File  Terceira  et  l'île  Graciosa.  (En  com- 
mun avec  M.  Ch.  Sainte- Claire  De- 
ville.)  662 

JAYET  adresse  divers  documents  de  Statis- 
tique concernant  l'instruction  primaire 
dans  le  département  de  l'Indre 891 

JOLY.  —  Sur  un  œuf  A'Mpiornis  maxirmu 

vu  récemment  à  Toulouse 422 

JOLYET.  —  Note  sur  le  rôle  physiologique 
de  la  gaine  fibro-musculaire  de  l'orbite. 


(  En  commun  avec  M.  Prévost.  ) 849 

JORDAN  (C.).—  Sur  les  groupes  de  mouve- 
ments      229 

—  Sur  quelques  formules  de  probabilité..     993 
JOURDAIN.  —  Recherches  sur  l'appareil  cir- 
culatoire de  l'étoile  de  mer  commune 

(  Àsteracanthion  rubens  ) 1002 

JOUVELLE  (de)  adresse  le  spécimen  d'une 
écriture  autographique  obtenue  à  l'aide 

d'un  papier  quadrillé 680 

JULLIEN.  —Note  et  Lettres  relatives  à  quel- 
ques passages  qui,  dans  une  communi- 
tion  de  M.  Cheoreul,  peuvent  se  ratta- 
cher à  la  question  de  la  trempe  du  fer. 
239,  326  et    3- 1 


K 


KAUFMANN.  —  Mémoire  sur  l'influence  mé- 
canique de  l'air  dans   les  fonctions  de 

reproduction  chez  les  Mammifères 317 

—  Note  relative  à  la  chaleur  animale 406 

KIRCHHOFF.  —  Note  sur  les  taches  solaires.    644 


—  Nouvelle  Note  sur  les  taches  solaires  :  ré- 
ponse à  des  remarques  de  M.  Faye . . .    1046 

KOLB.  —  Recherches  sur  le  chlorure    de 

chaux 53o 

KREUZ.  —  Note  relative  au  choléra 44 


LABORDE.  — Sur  l'action  physiologique  du 
bromure  de  potassium,  établie  par  l'ex- 
périmentation sur  les  animaux 80 

LANGLOIS.  —  Sur  la  formation  du  cyanure 

d'ammonium 964 

LAROQUE.  —  Sur  la  pénétration  des  bulles 

d'air  dans  les  liquides 796 

LARREY  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le 
comprendre  parmi  les  candidats  à  la 
place  d'Académicien  libre  devenue  va- 
cante par  la  mort  de  M.  Civiale 85i 

—  M.  Larrey  est  présenté  par  la  Commis- 
sion nommée  ad  hoc  comme  l'un  des 
candidats  à  la  place  vacante 97' 


—  M.  Larrey  est  élu  Académicien  libre  en 

remplacement  de  feu  M.  Civiale 981 

-  Décret  impérial  confirmant  sa  nomination.  ioi3 

LARROQUE  adresse  une  liste  d'échantillons 

géologiques  recueillis  par  lui  au  Chili.     948 

LARTET  est  présenté  par  la  Commission 
nommée  ad  hoc  comme  l'un  des  can- 
didats à  la  place  d'Académicien  libre 
vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Civiale.     97 1 

LAUGIER  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le 
comprendre  parmi  les  candidats  à  la 
place  vacante  dans  la  Section  de  Méde- 
cine et  de  Chirurgie,  par  suite  du  décès 
de  M.  Velpeau 891 


(  >' 

MM.  Pages. 

LAURANIN.  —  Note  concernant   diverses 

questions  de  thérapeutique 783 

LAURENT  demande  et  obtient  l'autorisation 
de  reprendre  le  Mémoire  qu'il  avait  pré- 
cédemment adressé  sur  les  «  séries  dou- 
bles » 819 

LAYRLE.  —  Note  relative  à  diverses  ques- 
tions d'Astronomie 1095 

LEBERT.  —  De  l'influence  des  rétrécisse- 
ments de  l'orifice  pulmonaire  sur  la 
formation  de  tubercules  pulmonaires..       77 

LECHARTIER.  —  Sur  la  reproduction  de  la 
mimetèse  et  de  quelques  chloro-arsé- 
niates 172 

—  Sur   le    mouvement    des    gaz    dans    les 

plantes  aquatiques 1087 

LECOQ.  —  Noie  relative  à  une  communica- 
tion de  M.  Van  Tieg/iem  sur  la  respi- 
ration des  plantes  aqualiques 1 114 

—  M.  Lecoi/  fait  hommage  à  l'Académie  de 

son  ouvrage  sur  «  les  époques  géologi- 
ques de  l'Auvergne  » 1 1 16 

LECOQ  DE  BOISBAUDRAN.  -  Expériences 

de  sursaturation 1 1 1 

LEFORT.  —  Note  relalive  à  un  Mémoire  ma- 
nuscrit de  M.  J.-Ji.  Biot,  communiqué 
par  lui  à  l'Académie  au  mois  d'avril  1 8G4.     98G 

LEGROS  adresse  un  travail  complémentaire 
à  son  «  Mémoire  sur  les  tissus  érectiles 
et  leur  physiologie  » 783 

LEMAIRE  (J.).  —  Importation  en  France  du 

Tlal.salmate 2 1 5 

—  Recherches  sur  la  nature  des  miasmes 

fournis  par  le  corps  de  l'homme  en 
santé 492  et    637 

LEMOINE.  —  Appréciation  pratique  de  la 
méthode  de  M.  Littrotv  pour  trouver  en 
mer  l'heure  et  la  latitude 669 

LE  MORVAN.  —  Lettre  accompagnant  un 
opuscule  sur  le  choléra  présenté  comme 
pièce  de  concours  pour  le  prix  du  legs 
Bréant 107 

LENORMANT.  —  Note  relative  à  un  papyrus 
égyptien  contenant  un  fragment  d'un 
traité  de  Géométrie  appliquée  à  l'ar- 
pentage       903 

LÉON.  —  Sur  le  système  métrique  et  son 

application  aux  monnaies 349 

LE  ROUX.  —  Sur  le  rétablissement  spon- 
tané de  l'arc  voltaïque  après  une  extinc- 
tion d'une  courte  durée 1 149 

LESPAD1N.  —  Sur  des  retranchements  arti- 
ficiels destinés  à  remplacer  ceux  que 
n'offrent  pas  les  lieux  et  pouvant  ainsi 
ménager  la  vie  des  soldats 348 

LESPÈS.  —  Recherches    anatomiques    sur 

quelques  Coléoptères  aveugles 890 

C.  R.,  1S67,  2me  Semestre.  (T.  LXV.) 


91     ) 

MM-  Pages. 

LETELL1ER.  —  Fumier  d'une  plante  exerçant 
une  action  nuisible  sur  les  individus  de  la 
même  espèce  quoique  pouvant  être  utile 
pour  des  végétaux  appartenant  à  des 
familles  différentes 478 

LEVASSEUR.  —  Mémoire  sur  la  mort  appa- 
rente et  les  moyens  de  la  reconnaître..     783 

LE  VERRIER.  —  Observations  relatives  aux 
Lettres  attribuées  à  Pascal  et  Newton. 
555  et     Gî3 

—  M.  Le  Verrier  fait  remarquer,  à  l'occasion 

d'un  Lettre  du  P.  Secchi  où  il  est  parlé 
de  la  production  successive  de  ces  pièces, 
que  leur  possesseur  ne  doit  voir  rien  de 
blessant  dans  l'expression  employée. . .   1059 

—  Remarques  sur  la  publication  de  l'Atlas 

météorologique  de  l'Observatoire 707 

—  Observations,  à  propos  d'une  communi- 

cation de  M.  Poey,  sur  les  observations 
ozonoscopiques  faites  en  France 711 

—  M.  Le  Verrier  présente  à  l'Académie  le 

tome  XXI  des  «  Observations  faites  à 
l'Observatoire  impérial  (année  1865)  ».     769 

—  Considérations  sur  la    position   lopogra- 

phique  de  l'Observatoire  de  Paris  :  lec- 
ture faite  à  l'Académie  à  l'occasion  du 
second  anniversaire  séculaire  de  la  fon- 
dation de  1  Observatoire  en  1667 776 

—  M.  Le  Verrier  présente  à  l'Académie  le 

tome  XXII  des  «  Annales  de  l'Observa- 
toire »  et  entre  dans  quelques  détails  sur 
le  contenu  de  ce  volume  et  sur  l'état 
des  questions  qui  y  sont  traitées 873 

—  Considérations  sur  les  progrès  de  la  théo- 

rie du  système  solaire  et  planétaire. . .     878 

—  M.  Le  Verrier  présente  à  l'Académie  la 

première  partie  de* i'  «Atlas  météoro- 
logique de  l'Observatoire  pour  1866  ». .     909 

—  Sur  le  service  des  avertissements  don- 

nés aux  ports 911 

—  Examen  d'un  travail  présenté  par  M.  De- 

launay,  dans  la  séance  du  25  novem- 
bre, sur  les  progrès  de  l'Astronomio  en 
France,  et  quelques  mots  de  réponse  à 
des  critiques  du  même  auteur 917 

—  Observations  relatives  à  la  Note  de  M.  De- 

launay,  insérée   au    Compte  rendu   du 

2  décembre • .     978 

—  Réponse  à  une  nouvelle  Note  de  M.  Dc- 

launay 1014 

—  M.  Le  terrier  lit  une  Note  ayant  pour 

titre  :  «  L'Observatoire  impérial  de  Pa- 
ris, sa  situation  et  son  avenir  » 1073 

—  Réponse  à  une  Note  de  M.  Belaunay. . .   1082 

—  Réponse  aux  communications  faites,  dans 

la  séance  du  3o  décembre,  par  M.  Vil- 
/arceau  et  par  M.  Delaunay 1 10C 

—  M.  Le  Verrier  communique  une  Lettre 

1 55 


MM.  Pages. 
•    de  M.  Gaillard  relative  aux  étoiles  fi- 
lantes du  14  novembre io3g 

—  M.   Le  Verrier  donne   quelques  détails 

sur  une  bourrasque  qui   s'est   produite 

le  i5  décembre  dans  la  Manche io4i 

LIAIS.  —  Observations  de  l'éclipsé  du  Soleil 
du  29  août  à  Rio-Janeiro,  et  détermi- 
nation de  la  longitude  de  cet  observa- 
toire      792 

—  Observations   physiques  faites  à  Atalaia 

(Rio-Janeiro)  sur  l'éclipsé  du  29  août 
1867.  (  En  commun  avec  M.  dePrados.).     949 

LILL.  —  Résolution  graphique  des  équations 
numériques  d'un  degré  quelconque  à 
une  inconnue 854 

LIONET.  —  Sur  les  dérivés  métyliques,  étby- 
hques  et  amyliques  de  l'orcine.  (En 
commun  avec  M.  île  Luyiies.  ) 2 1 3 

LIPPMANN.  —  Sur  une  synthèse  du  toluène 
diéthylé.  (En  commun  avec  M.  Loit- 
guinine.  ) 349 

LISLE  (E.).  —  Mémoire  sur  le  traitement  de 
la  congestion  cérébrale  et  des  hallucina- 
tions au  moyen  de  l'acide  arsénieux.. .     496 

LŒVY.  —  Sur  les  orbites  des  comètes 458 

—  Perturbations  et  éphémérides  de  la  pla- 

nète Eugénie 858 


92    ) 
MM.  Pages. 

LONGET  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie      iG3 

—  Membre  de  la  Commission  du  prix  de 

Physiologie  expérimentale 22g 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Godard 4°2 

—  M.  Lnnset  est  nommé  Membre  de  la  Corn- 

es 

mission  chargée  de  présenter  une  liste 
de  candidats  pour  la  place  d'Académi- 
cien libre  vacante  par  la  mort  de  M.  Ci- 
vit/le 848 

LORENZ.  —  Note  sur  une  méthode  de  con- 
servation de  la  viande i°J4 

LOUGUININE.  —  Sur  une  synthèse  du  toluène 
diéthylé.  (En  commun  avec  M.  Lipp- 
miuin .  ) 349 

LUCAS.  —  Note  sur  la  portée  lumineuse  de 

l'étincelle  électrique 52 1 

—  Mémoire  concernant  les  radiations  et  le 

phosphoroscope  de  M.  Edm.  Becquerel.     985 
LUTHER  (Robert).  —  Découverte    de   la 
cj5"  petite  planète,  qui  a  reçu  le  nom 

A'Arethusa 949 

LUYNES  (de).  —  Sur  les  dérivés  méthyli- 
ques,  éthyliques  et  amyliques  de  l'or- 
cine. (En  commun  avec  M.  Lionel.).. .     2i3 


M 


MACCLESFIELD  (Lady).  —  Lettre  à  Sir 
D.  Brewster  au  sujet  des  relations  qui 
auraient  existé  entre  Pascal  et  Newton.     757 

MAC-LEAR  adresse  des  remercîments  pour 
le  prix  Lalande  qui  lui  a  été  décerné 
dans  la  dernière  séance  publique 101 

MAFFRE.   —  Mémoire  sur  le   Postulatum 

d'Euclide 1 1 55 

MAISONNEUVE  prie  l'Académie  de  vouloir 
bien  le  comprendre  dans  le  nombre  des 
candidats  à  la  place  d'Académicien  libre 
vacante  par  suite  du  décès  de  M.  Ci- 
viale 292 

—  M.  Maisonneuve  prie  l'Académie  de  vou- 

loir bien  le  comprendre  parmi  les  can- 
didats à  la  place  vacante  dans  la  Section 
de  Médecine  et  de  Chirurgie  par  suite 
du  décès  de  M.  Velpeau 784 

—  Note  sur  la  méthode  d'aspiration  continue 

et  sur  ses  avantages  pour  la  cure  des 
grandes  opérations 888 

MAISONMER.—  Notes  relatives  à  un  instru- 
ment considéré  comme  pouvant  rempla- 
cer le  graphomètre 610  et     783 

MARES  l'ait  hommage  à  l'Académie  de  son 

«  Rapport  sur  le  vinage  des  vins  »...       3o 


MARIGNY  (F.  de).  —  Lettre  concernant  son 
«  Mémoire  sur  l'origine  et  le  mode  de 
formation  des  giles  métallifères  » 107 

MARTIN  (T11.-H.).— Sur  certainesdes  pièces 
qui  attribuent  à  Pascal  les  découvertes 
de  Newton 989 

MATABON.  —  Lettre  concernant  quelques 
appareils  de  sauvetage  qu'il  désirerait 
soumettre  à  l'Académie 649 

MATHIEU.  —  Communications  relatives  aux 
Rapports  et  procès-verbaux  du  Comité 
des  poids  et  mesures  et  des  monnaies 
de  l'Exposition  universelle  de  1867. . . .     481 

—  Réponse  aux  observations  faites  à  l'occa- 

sion de  celte  communication  par  M.  Sé- 
guier 484 

—  M.  Mat/iieu   présente,  au  nom  du   Bu- 

reau des  Longitudes,  un  exemplaire  de 
la  «  Connaissance  des  temps  pour  l'an- 
née 1 869  » 3 1 1 

—  M.  Mathieu  présente  à  l'Académie,  delà 

part  du  Bureau  des  Longitudes,  l'An- 
nuaire pour  l'année  1868 1082 

—  M.  Mathieu.îùl  hommage  à  l'Académie, 

au  nom  de  M.  Seguin  aîné,  d'un  opuscule 
intitulé:  «  Réflexions  sur  l'hypothèse  de 


(  «I 

MM.  Pages. 

Laplace  relative  à  l'origine  et  à  la  for- 
mation du  système  planétaire,  etc.  .>..   io83 

—  M.  Mathieu,   est  nommé  Membre   de  la 

Commission  chargée  de  présenter  une 
liste  de  candidats  pour  la  place  d'Aca- 
démicien libre,  vacante  par  le  décès  de 
M.  Civiale 848 

—  M.    Mathieu   est  nommé  Membre  de  la 

Commission  pour  la  révision  des  comptes 

de  l'année  1 866 102 

MATTEUCCI  (Ch.).  —  Sur  le  pouvoir  élec- 
tromoteur secondaire  des  nerfs  et  son 
application  à  l'électro-physiologie.  1 5 1  et    ig4 

—  M.  Matteucci  adresse  le  IIIe  volume  qui 

vient  de  paraître  des  Mémoires  de  la 
Société  italienne  des  Sciences 492 

—  M.  Matteucci  fait  hommage  à  l'Académie 

de  la  première  partie  de  son  «  Cours 
d'électro-physiologie,  fait  au  Musée  de 
Physique  et  d'Histoire  naturelle  de  Flo- 
rence, »  et  y  joint  une  analyse  de  l'ou- 
vrage      884 

MAUGET.  —  Récit  d'une  excursion  au  som- 
met du  Vésuve,  le  11  juin  1867 898 

MAXWELL  SIMPSON.  —  Sur  la  formation 
de  l'acide  suceinique  en  partant  du 
chlorure  d'éthilidine 35i 

—  Sur  une  combinaison  directe  d'aldéhyde 

et  d'acide  cyanhydrique.  (En  commun 

avec  M.  Gautier) 4  '  4 

MELSENS.  —  Sur  le  passage  des  projectiles 

à  travers  les  milieux  résistants 564 

—  Lettre  relative  aux  observations  faites  par 

ii.Morin  au  sujetde.la  précédente  Note.    609 
MÈNE.  —  Analyse    d'un    certain    nombre 

d'échantillons  de  houilles  prussiennes.     807 
MEYER.  —  Mémoire  relatif  à  une  loi  géné- 
rale  de  formation  des  quantités  algé- 
briques       673 

—  Solution  de  quelques  problèmes  indéter- 

minés du  premier  degré io38 

MLERGUES.  —  Nouveau  procédé   pour    le 

filage  à  l'eau  froide  des  cocons 290 

MINISTRE  DE  L'AGRICULTURE,  DU  COM- 
MERCE ET  DES  TRAVAUX  PUBLICS 
(M.  le)  adresse,  pour  la  Bibliothèque 
de  l'Institut,  le  tome  LVII  des  Brevets 
d'invention  pris  sous  l'empire  de  la  loi 

de  1844 44 

—  M.  le  Ministre   adresse,  pour  la  Biblio- 

thèque de  l'Institut,  le  tome  LVIII  et  le 
n°  3  du  «  Catalogue  des  Brevets  d'in- 
vention pris  sous  l'empire  de  la  loi  de 
1844  » 57i 

—  M.  te  Ministre  adresse,  pour  la  Biblio- 

thèque de  l'Institut,  le  tome  LIX  et  le 
n°  6  du  Catalogue  des  brevets  d'inven- 
tion pris  sous  l'empire  de  la  loi  de  1 844-     85 1 


93  ) 

MM.  pa(,es. 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  (M.  le)  adresse 
à  l'Académie  le  tome  XVIII  de  la  3"  série 
des  Mémoires  de  Médecine,  de  Chirur- 
gie et  de  Pharmacie  militaires 626 

—  M.  le  Ministre  adresse,  pour   la  Biblio- 

thèque de  l'Institut,  le  XVIe  volume  du 
«  Recueil  de  Mémoires  et  Observations 
sur  l'hygiène  et  la  médecine  militaire.»    610 

—  M.  le  Ministre  annonce  à  l'Académie  que 

MM.  Cnmbes  et  Chasles  sont  nommés 
Membres  du  Conseil  de  perfectionnement 
de  l'École  Polytechnique,  au  litre  de 
Membres  de  l'Académie  des  Sciences..     986 

MINISTRE  DE  LA  MARINE  ET  DES  CO- 
LONIES (M.  le)  transmet  un  Rapport 
du  capitaine  du  navire  le  Costa-Rica, 
concernant  un  tremblement  de  terre 
sous-marin  ressenti  par  ce  navire  dans 
l'océan  Pacifique,  le  9  juin  1867 871 

MINISTRE  DE  L'INSTRUCTION  PUBLIQUE 
(M.  le)  transmet  une  ampliation  du 
Décret  impérial  qui  approuve  la  nomi- 
nation de  M.  IP'urtz  comme  Membre  de 
l'Académie  à  la  place  de  feu  M.  Pelnuzc.     i85 

—  Et  une  ampliation  du  Décret  impérial  qui 

approuve  la  nomination  de  M.  Larrey 
à  la  place  d'Académicien  libre  laissée 
vacante  par  le  décès  de  M.  Civiale.  ...    ioi3 

—  M.  le  Ministre  transmet  les  ampliations 

des  deux  Décrets  qui  autorisent  l'Aca- 
démie à  accepter  les  legs  faits  par 
M.  Fourneyron  et  par  M.  de  la  Fons- 
Melicocrj,  pour  la  fondation  de  prix  à 
décerner  conformément  aux  intentions 
des  testateurs 85i 

—  M.  le  Ministre  annonce  à  l'Académie  un 

accroissement  dans  son  budget,  pour 
l'exercice  1868.  Cet,  accroissement  est 
destiné  aux  dépenses  des  publications 

de  l'Académie 4°6 

-—  M.  le  Ministre  autorise  l'Académie  à  pré- 
lever sur  les  reliquats  disponibles  des 
fonds  Montyon,  la  somme  destinée  aux 
frais  des  observations  faites  à  la  nou- 
velle île  qui  a  surgi  près  des  Açores. .     85 1 

—  M.  le  Ministre  autorise  l'Académie  à  em- 

ployer pour  l'acquisition  de  rentes  sur 
l'État,  les  reliquats  en  caisse  des  fon- 
dations Jecker,  Bréant  et  Barbier 1084 

—  M.   le    Ministre  annonce    à   l'Académie 

qu'il  tient  un  exemplaire  des  «Œuvres 
de  Lagrange  »  à  la  disposition  de  l'Ob- 
servatoire de  Washington 1 1 4 1 

—  M.  le  Ministre  transmet  à  l'Académie  une 

série  de  brochures  de  M.  Al.  Perrey  rela- 
tives aux  tremblements  de  terre  et  aux 
observations  météorologiques  faites  à 
Dijon 948 

i55.. 


(  ' 

MM.  D 

,,    ,    ,,.    .  Pages. 

-  M.fe Ministre  transmet  à  l'Académie  un 
plan  météorologique  indiquant  la  direc- 
tion suivie  par  les  vents  dans  la  vallée 
d'Aujon  au  mois  de  mai  dernier  et 
dressé  par  M.  André,  d'Arc-en-Barois.   ii4i 

MOREAU.  —  Note  relative  à  deux  instru- 
ments destinés  à  constater  un  effet  nou- 
veau du  rayonnement  solaire...  2o5 

MOREAU  DE  JONNÈS  adresse,  pour  le  'con- 
cours du  prix  de  Statistique,  un  ouvrage 
intitulé  :  «  Etat  économique  et  social  de 
la  France  depuis  Henri  IV  jusqu'à  Louis 
XIV.  » , 

MORIN  rappelle,  à  l'occasion  d'une  commu- 
nication de  M.  Regnault,  un  cas  où 
Fimage  photographiée  d'une  peinture  à 
l'aquarelle  faisait  voir  ries  traits  qui  n'é- 
taient plus  visibles  dans  l'original 334 

—  Observations  sur  une  communication  de 
M.  Melsens,  concernant  le  passage  des 
projectiles  à  travers  les  milieux  résis- 
tants 568 


'94    ) 
MM. 

—  Observations  relatives  aux  Lettres  écrites 

par  les  Souverains  (à  l'occasion  de  Lettres 
du  Roi  Jacques  citées  dans  le  cours  de 
la  discussion  sur  des  rapports  qui  au- 
raient existé  entre  Pascal  et  Newton).. 

—  Rapport   sur   deux  Mémoires  présentés 

par  M.  le  général  Diction  sous  le  titre 
d'  «  Etudes  sur  le  tracé  des  roues 
hydrauliques  à  aubes  courbes,  de 
M.  Poncelet  » 

MORIN  (  Ed.  ).  —  Sur  les  ravages  produits  à 
l'île  de  la  Réunion  par  des  insectes  qui 
attaquent  les  cannes  à  sucre 

MOUGEOT.  —  Sur  une  matière  colorante 
extraite  des  feuilles  de  certaines  espèces 
rie  Bégonia 

MUSCULUS.  —  Recherches  sur  les  hydrates 
stanniques 

MUSSET.  —  Influence  présumée  de  la  rota- 
tion  de  la  terre  sur  la  forme  des  troncs 
d'arbres 424  et 


Pages. 
6a3 

934 
io83 

947 
961 

495 


N 


NÉLATON  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie  

—  Membre  de  la  Commission  du  prix  Barbier 

(découvertes  relatives  aux  Sciences  mé- 
dicales, chirurgicales,  pharmaceutiques, 
ou  à  la  Botanique  appliquée  à  l'art  de' 
guérir) 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Godard. 


[63 


283 

402 


NETTER.  —  Note  intitulée  :  «  Du  gargouil- 
lement de  la  fosse  iliaque  droite  dans 
la  fièvre  typhoïde,  considéré  comme 
indication  thérapeutique   » nfa 

NICKLÈS  (J.).  _  Note   sur  de   nouvelles 

combinaisons  manganiques I07 

NIEPCE  DE  SAINT-VICTOR.   -    Sur    une 

nouvelle  action  de  la  lumière 505 


0 


ON1MUS.  —  Influence  de  l'électricité  à  cou- 
rants intermittents  et  à  courants  conti- 
nus sur  les  fibres  musculaires  de  la  vie 
végétative  et  sur  la  nutrition a5o 

OPPENHEIM.  -  Nouvelles  recherches  sur 


I'isomérie  du  protochlorure   d'allyle  et 

du  propylène  monochloruré..     354  et 

OZANAM.  —  Battements  du  cœur   et  du 

pouls  reproduits  par  la  photographie.. 


4o8 


3i4 


PALMIERI.  —  Sur  une  nouvelle  éruption  du 

Vésuve 897 

PANCERI  et  De  Luca.  —  Recherches  sur  la 
salive  et  sur  les  organes  salivaires  du 
Dolium  galca 5y7    et     ?I2 

PARIS  fait  hommage  à  l'Académie  de  la 
première  partie  de  son  ouvrage  intitulé  : 
«  L'Art  naval  à  l'Exposition  universelle 
de  Paris  en  1867  » I0g7 


PARKER.  —  Note  relative  au  choléra 44 

PAYEN.  -  Note  intitulée  :  «  Osmose  dans 

les  sucreries  » r 

-  M.  Payen  est  nommé  Membre  de  la  Corn-      ^ 

mission  du  prix  dit  des  Arts  insalubres.     200 
PEAN.  -  Sur  un  cas  d'extirpation  complète 

de  la    rate   hypertrophiée,   suivie    de 

guérison , 

PÉCHOLIER.  -  Analyse  d'ouvrages 'publiés' 


757 


783 


7^9 


io38 


MM.  Pages 

en  commun  avec  M.  Saintpierre  et 
envoyés  précédemment  pour  le  concours 
des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. 

—  M.  Péchulier  adresse  une  indication  des 

points  qu'il  considère  comme  nouveaux 
dans  les  Mémoires  qu'il  a  présentés  en 
son  nom  personnel  au  même  concours. 

PEL.  —  Note  relative  à  un  projet  d'horloge 
qui  se  remonterait  spontanément,  sous 
l'action  des  rayons  solaires 971 

PELATAN. —  Lettre  concernant  un  opuscule 
qu'il  a  publié  sous  le  titre  de  «  la  Science 
en  défaut  » 3î6 

PELIGOT.  —  Sur  la  répartition  de  la  po- 
tasse et  de  la  soude  dans  les  végétaux. 

PELLETIER  (E.  et  A.  ).  —  «  Mémoire  sur  la 
théorie  delà  fabrication  du  chocolat  ». 

PHILIPEAUX.  —  Indications  des  parties  con- 
sidérées comme  neuves  dans  un  ouvrage 
adressé  au  concours  pour  les  prix  de 
Médecine  et  intitulé  :  0  Traité  de  théra- 
peutique de  la  coxalgie  » 609 

PHILLIPS.  —  Mémoire  sur  un  théorème  gé- 
néral de  la  théorie  de  l'élasticité,  qu'on 
peut  appeler  théorème  de  la  superposi- 
tion des  effets  des  forces 609 

—  Note  relative  à  ce  théorème  pour  lequel 

la  pi'iorité  doit  être  attribuée  à  M.  de 

Saint  Venant 674 

PHIPSON.  —  Note  sur  une  méthode  très- 
simple  pour  reconnaître  l'iode  et  le 
brome  dans  une  même  solution 176 

—  Note  sur  la  présence  du  columbile  dans 

le  wolfram 419 

PIORRY.  —  Sur  un  instrument  nouveau  des- 
tiné à  porter  des  médicaments  et  des 
caustiques  dans  les  parties  profondes  de 
divers  organes,  tels  que  le  rectum,  la 
cavité  utérine,  etc g85 

—  M.  Piorry  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 

le  comprendre  parmi  les  candidats  à  la 
place  vacante,  dans  la  Section  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie,    par  suite  du 

décès  de  M.  Velpeau 

PISANI.  —  Lettre  au  sujet  d'une  éruption 
qui  a  eu  lieu  au  Vésuve  le  i3  novembre 
18S7 

—  Sur  la  woodwardite  du  Cornouailles. . . . 
POEY.  —   Remarques   sur   les  colorations 

ozonoscopiques  obtenues  à  l'aide  du 
réactif  de  Jame  (de  Sedan)  et  sur  l'é- 
chelle ozonométrique  de  M.  Bérigny. . 
POGGIOLI  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
comprendre  parmi  les  pièces  de  con- 
cours pour  les  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie,  son  Mémoire  sur  le  dévelop- 


(    "95   ) 

MM. 


Pages. 


526 


871 

Il42 


1057 


347 


673 


pement  physique  et  intellectuel  des 
jeunes  sujets 

PONCELET.  —  Sa  mort  arrivée  le  22  dé- 
cembre est  annoncée  le  23  à  l'Académie. 

POOL  adresse  de  nouveaux  documents  sur 
les  matières  explosibles  qu'il  a  obtenues 
par  l'action  du  chlorate  et  du  nitrate  de 
potasse  sur  la  colle  ordinaire. .     170  et 

PORTAIL.— Mémoire  relatif  aux  perfection- 
nements apportés  par  lui  dans  l'outil- 
lage qui  sert  au  percement  des  puits.  — 
L'auteur  demande  que  ce  Mémoire  soit 
admis  au  concours  pour  le  prix  des  Arts 
insalubres  de  18O7 454  et 

POUCHET.  —  Note  sur  l'anatomio  du 
membre  antérieur  du  grand  Fourmilier 
[Myrmecophoga  jubata) 34 

POULET.  —  Note  sur  la  présence  d'infu- 
soires  dans  l'air  expiré  pendant  le  cours 
de  la  coqueluche 254 

POZNANSKI.  —  Note  sur  les  effets  de  l'acide 
cyanhydrique  sur  l'organisme  à  l'état 
physiologique  et  à  l'état  pathologique.. 

PRADOS  (de).  —  Observations  physiques 
faites  à  Atalaia  (Rio-Janeiro)  sur  l'éclipsé 
du  29  août  1867.  (En  commun  avec 
M.  liais) 

PRAT.  —  Recherches  sur  la  constitution 
chimique  des  composés  fluorés  et  sur 
l'isolement  du  fluor 345  et 

—  Mémoire  sur  une  mélhode  générale  ayant 

pour  objet  le  dosage  volumétrique  de 
l'azote  dans  ses  diverses  combinaisons 
et  sur  un  nouveau  procédé  pour  prépa- 
rer ce  gaz  à  l'état  de  pureté  dans  les 

laboratoires 

PRÉSIDENT  DE  L'INSTITUT  (M.  le)  in- 
vile l'Académie  à  désigner  un  de  ses 
Membres  pour  la  représenter,  comme 
lecteur,  dans  la  séance  publique  du 
1 5  août 8g 

—  Lettres  de  M.  le  Président  relatives  à  la 

quatrième  séance  trimestrielle  de  1867 

et  à  la  première  de  1868. ... .     481  et  1037 

PRÉSIDENT  DE  L'ACADÉMIE  (M.  le).  - 
Voir  au  nom  de  M.  Chevreul. 

PRÉVOST.  —  Note  sur  le  rôle  physiologique 
de  la  gaine  flbro-musculaire  de  l'orbite. 
(En  commun  avec  M.  Jolyet.) 849 

PR1CE.  —  Communication  relative  au  cho- 
léra      701 

PRISTER  demande  que  son  Mémoire  sur  le 
choléra  soit  soumis  à  l'examen  d'une 
Commission.  Ce  Mémoire  a  fait  partie 
des  pièces  du  concours  pour  le  prix 
Bréant  en  18G4  :  il  a  donc  déjà  été  jugé.     534 


C08 


<M 


5n 


1084 


(  "96  ) 


Q 


MM.  Pages. 

QUATREFAGES  (de)  est  nommé   Membre 
de  la  Commission  du  prix  de  Physiolo- 


MM.  Pages, 

gie  expérimentale 229 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Savigny. . .     402 


R 


RADAU.  —  Sur  un  météorographe  ancien  et 
sur  la  théorie  du  baromètre  statique. 
36o  et    5o2 

—  Note  concernant  la  réponse  faite  par  le 

P.  Secchi  à  ses  remarques  sur  le  baro- 
mètre statique 609 

RAYER  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie      i63 

—  Sa  mort,  arrivée  le    10  septembre,  est 

annoncée  à  l'Académie  dans  la  séance 

suivante 481 

RAYET. —Nouvelles  recherches  surlaspec- 
troscopie  stellaire.  (En  commun  avec 
M.  IVolf.) 292 

—  Observations  météorologiques  faites  dans 

les  stations  françaises,  du  ier  juin  1866 
au3i  mai  1867.  (Atlas  météorologique 
de  l'Observatoire  impérial.  Troisième 
partie.) 703 

RAYNAUD  (J.).  —  Sur  un  moyen  pratique 
de  déterminer  les  constantes  voltaïques 
d'une  pile  quelconque 170 

REBOUL.  —  Recherches  sur  l'isomérie  dans 
la  série  acétylénique.  (En  commun  avec 
M.  Truchut.) 73 

REGNAULT.  —  Remarques  sur  le  parti 
qu'on  peut  tirer  de  la  photographie  dans 
les  cas  où  l'on  suppose  qu'on  a  fait  dis- 
paraître frauduleusement  une  ancienne 
écriture 334 

REIMANN.   —  Expériences  sur  la  teinture 


du  coton  avec  les  matières  colorantes 
dérivées  de  l'aniline 43 

REISET.  —  Mémoire  sur  les  dommages  cau- 
sés à  l'agriculture  par  le  hanneton  et  sa 
larve;  mesures  à  prendre  pour  la  des- 
truction de  cet  insecte ii25 

REYNAUD  (L.).  —  Lettre  à  M.  Élie  de  Beau- 
mont  à  l'occasion  d'un  opuscule  récent 
sur  l'invention  des  phares  lenticulaires.     291 

RICHARD  (du  Cantal)  prie  l'Académie  de 
vouloir  bien  le  comprendre  parmi  les 
candidats  à  la  place  vacante  dans  la 
Section  d'Économie  rurale  par  suite  du 
décès  de  M.  Rayer 85i 

RICHE.  —  Recherches  sur  les  hypochloriles 

et  sur  les  chlorures  décolorants 58o 

ROBIN  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie      i63 

—  Membre  de  la  Commission  du  prix  de 

Physiologie  expérimentale 229 

—  De  la  Commission  du  prix  Barbier.  ...     283 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Savigny. . .     402 
ROBIN  (Ed.).  —  Mémoire  relatif  à  la  durée 

de  la  vie  et  à  diverses  questions  de 
physiologie  et  de  médecine 782 

ROMILLY  (de).    —    Sur  la  production  des 

cyanures 865 

ROUSSEL.  —  Note  relative  à  un  instrument 

pour  la  transfusion  du  sang 85o 

RUBINI.  —  Communication  relative  au  cho- 
léra       701 


SAINT-LAGER  (de)  adresse,  pour  le  con- 
cours des  prix  de  Médecine,  un  exem- 
plaire complet  de  ses  «  Études  sur  les 
causes  du  crétinisme  et  du  goitre  endé- 
mique » 

SAINTP1ERRE  adresse  une  analyse  des  ou- 
vrages envoyés  précédemment  par  lui 
et  par  M.  Pécliolier  pour  le  concours 
des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie. . 

—  Note  indiquant  les  parties  qu'il  considère 
comme  neuves  dans  les  travaux  impri- 
més qu'il  a  présentés,  en  commun  avec 


759 


M.  Entor,  au  concours  des  prix  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie 986 

SAINTE-CLAIRE  DEYILLE  (Ch.)  commu- 
nique un  extrait  du  journal  A.  Persaa- 
sao,  de  Saint-Michel  (Açores),  annon- 
çant la  production  d'une  bouche  volca- 
nique près  de  Serreta 29 

—  Récit  de  l'éruption  sous-marine  qui  a  eu 

lieu,  le  1"  juin  18G7,  entre  les  i les  de 
Terceira  et  de  Graciosa,  aux  Açores. 
(En  commun  avec  M.  Janssen.) 662 

—  Observations   relatives  aux  communica- 


(  11 

MM.  Pnges. 

tions  de  MM.  Palmieri  et  Matiget,  sur 

une  nouvelle  éruption  du  Vésuve 900 

—  Sur  le  tremblement  de  terre  du   18  no- 

vembre 1867  aux  Antilles 1110 

—  Observations  sur  une  Lettre  de  M.  Fou- 

quê  relative  aux  phénomènes  volcani- 
ques observés  aux  Açores 1 1 54 

SAIX.  —  Supplément  à  sa  Note  intitulée  : 
«  Mode  de  cristallisation  du  carbone  dé- 
terminant la  formation  du  diamant  »...     3 1 0 

—  Note  sur  une  méthode  destinée  à  accroître 

les  effets  des  courants  d'induction. . . .     ti;3 

SALLEROX.  —  Réponse  à  une  Note  de 
M.  Pory,  sur  les  colorations  ozono- 
scopiques  obtenues  à  l'aide  du  réactif 
James  (de  Sedan),  et  sur  l'échelle  ozo- 
nométrique  de  M.  Bérigny.  (En  commun 
avec  M.  Bérigny. ) g8'2 

SAPPEY.  —  Recherches  sur  quelques  mus- 
cles à  fibres  lisses  qui  sont  annexés  à 
l'appareil  de  la  vision 675 

--  Recherches  sur  les   nerfs  du  névrilème 

ou  nervi  nervorum 761 

SCHEURER-KESTNER.  -  Expériences  sur 

la  fabrication  du  chlorure  de  chaux...     894 

SCH1FF  (H.).  —  Sur  les  monamines  déri- 
vées des  aldéhydes 3ïo 

—  Sur  les  urées  condensées 801 

SCHLAGINTWEIT-SAKÛNLÙNSKI.  -  Ta- 
bleau hypsométrique  général  de  l'Inde 

de  l'Himalaya  et  du  Thibet  occidental.     286 
SCHLOES1NG.  —  Détermination  simultanée 
du  carbone,  de  l'hydrogène  et  de  l'azote 
dans  l'analyse  élémentaire  des  matières 

organiques 957 

SCHMIDT.  —  Communications  relatives  au 

choléra 701  et  io38 

SCHULTZ-SCHULTZENSTEIN.  -  Recher- 
ches sur  l'électricité  animale 3i2 

—  Sur  les  rapports  des  vaisseaux  laticiferes 

avec  le  bois  et  avec  les  vaisseaux  spi- 
raux ;  Lettre  à  M.  Trecul 757 

SCHULZ.  —  Note  relative  à  une  question 

d'analyse  mathématique 84 

SCOUTETTEN  (H.).  -  Histoire  des  instru- 
ments de  chirurgie  trouvés  à  Hereula- 
num  et  à  Pompéi 200 

SECCH1  (  Le  P.  ).  -  Sur  la  nébuleuse  d'Orion.      03 

—  Sur  le  météorographe  et  ses  résultais.  ..     385 

—  Sur  les  étoiles  filantes  du  10  août  18O7.     388 

—  Sur  le  spectroscope  stellaire 38g 

—  Réflexions  sur   l'histoire  du  baromètre 

statique 443 

—  Réponse    aux    nouvelles   remarques    de 

M.  Radau  sur  le  baromètre  statique..     55g 

—  Sur  les  spectres  stellaires 5&i 

—  Sur  les  travaux  de  conduite  d'eau  exécu- 


97  ) 

MM.  Pages. 

tés  récemment  à  Alain,  près  de  Rome.     Gif) 

—  Note  sur  les  spectres  stellaires   et    les 

étoiles  filantes 979 

—  Observations  sur  les  documents  relatifs 

à    Galilée    qui    ont    été    publiés    par 

M.   Chastes ioig 

SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS  (MM.  les). 
—  Voir  au  nom  de  M.  ELIE  DE  BEAU- 
MONT  et  aussi  au  nom  de  M.  COSTE. 

SÉD1LLOT.  —  De  l'ablation  des  malléoles 
fracturées  dans  les  luxations  du  pied 
compliqués  de  l'issue  des  os  de  la  jambe 
au  travers  des  téguments 635 

—  M.  Sédillot  prie   l'Académie  de   vouloir 

bien  le  comprendre  parmi  les  candidats 
à  la  place  vacante  dans  la  Section  de 
Médecine  et  de  Chirurgie  par  suite  du 
décès  de  M.  Velpeau 642 

—  M.   Sédillot   annonce   qu'il    retire,  pour 

cette  fois,  sa  candidature io38 

SÉGUIER.  — Observations  relatives  à  la  pro- 
position qu'il  a  faite  autrefois,  avec 
M.  de  la  Marinière,  d'adopter  une  forme 
unique  pour  les  divers  poids 482 

—  M.  Séguier  est   nommé  Membre  de   la 

Commission  chargée  de  présenter  une 
liste  de  candidats  pour  la  place  d'Aca- 
démicien libre  vacante  par  la  mort  de 
M.  Civiale 848 

SÉRÉ  (de).  —  Sur  un  nouvel  appareil  des- 
tiné à  servir  d'abri  aux  poissons 80G 

SERRES.  —  De  l'ostéographie  du  Mesothe- 
rium  et  de  ses  affinités  zoologiques.  — 
Colonne  vertébrale.  —  Tête.  —  Système 
dentaire.  —Membre  antérieur.  —  Mem- 
bre postérieur 

6,  140,  273,  429,  5g3,  740  et    841 

—  M.  Serres  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission des  prix  de  Médecine  et  de 
Chirurgie '63 

—  Et  de  la  Commission  chargée  de  décerner 

le  prix  Godard  pour  18G7 4°2 

SERRET  présente  à  l'Académie  le  tome  I"'  dus 
OEuvres  de  Lagrange  qu'il  publie  au 
nom  de  l'État,  conformément  à  un  arrêté 
de  M.  le  Ministre  de  l'Instruction  pu- 
blique           5 

—  M.  Serret  fait  hommage  à  l'Académie  du 

premier  volume  du  «  Cours  de  Calcul 
différentiel  et  intégral  »  qu'il   vient  de 

publier 653 

SICHEL  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le 
comprendre  parmi  les  candidats  à  la 
place  d'Académicien  libre  vacante  par 
la  mort  de  M.  Civiale 85 1 

—  M.   Sirhel  est  présenté  par  la  Commis- 

sion nommée  ad  hoc  comme   l'un  des 


(  11 

MM.  Pages, 

candidats  à  la  place  d'Académicien  libre 
vacante  par  le  décès  de  M.  Civiale...     971 

S1LVA.  —  Sur  un  sable  ti lanifère  de  l'île 
portugaise  de  Santiago,  de  l'archipel  du 
Cap-Vert 207 

SOCIÉTÉ  DES  NATURALISTES  DE  MODÈNE 
(la)  fait  hommage  à  l'Académie  des 
deux  premiers  volumes  de  son  «  An- 
nuaire » io85 

SOCIÉTÉ  DES  SCIENCES  DE  FINLANDE 
(la)  adresse  le  tome  VIII  de  ses  Mé- 
moires, et  demande  à  l'Académie  de 
vouloir  bien  faire  avec  elle  l'échange  de 
ses  publications 642 

SOCIÉTÉ  SCIENTIFIQUE  D'ARCACHON  (  la  ) 
fait  savoir  aux  personnes  qui  voudraient 


98   ) 

MM.  Pages, 

se  livrer  à  quelques  recherches  d'histoire 
naturelle  sur  cette  partie  du  littoral, 
qu'elle  tient  à  leur  disposition  son  Mu- 
sée, un  aquarium  d'eau  de  mer  et  un 
laboratoire 648 

SOREL.  —  Note  sur  un  nouveau  ciment  ma- 
gnésien      102 

SORET.   —  Sur  l'intensité  de  la  radiation 

solaire 5^6 

SUQUET  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
considérer  comme  non  avenue,  dans  le 
Mémoire  qu'il  a  présenté  au  concours 
des  prix  de  Médecine  et  de  Chirurgie, 
toute  la  partie  relative  au  rein  et  à  la 
sécrétion  urinaire  chez  les  Mammifères.     85i 


TARGIONI-TOZZETTI.  —  Sur  la  cire  qu'on 

peut  obtenir  de  la  Cochenille  du  Figuier.    146 

TAVIGNOT.  —  Résumé  de  ses  recherches 
sur  «  l'ophthalmie  scrofulcuse  due  à 
l'action  réflexe,  née  elle-même  de  l'évo- 
lution dentaire  » 673 

TCHIHATCHEFF  (P.  de).  -  Lettre  accom- 
pagnant l'envoi  d'un  tracé  de  ses  itiné- 
raires dans  l'Asie  Mineure 401 

THOMAS  (F.)  annonce  l'envoi  d'une  boîte 
contenant  un  échantillon  de  son  «  pré- 
servatif contre  le  choléra  » 107 

TIGRI  adresse  une  réclamation  de  priorité 
concernant  les  résultats  obtenus  récem- 
ment par  M.  Pasteur 85o 

TOURNAL.  —  Découverte  d'une  fontaine  ar- 
dente dans  l'arrondissement  de  Nar- 
bonne 1 1 5 

TRAPERO.  —Noie  sur  les  formules  du  troi- 
sième et  du  quatrième  degré 6i5 

TRÉCUL.  —  Des  vaisseaux  propres  dans  les 

Térébenthinées 17 

—  Réponse  à  trois  Notes  de  M.  Nylander 

concernant  la   structure    des   Amylo- 
bactcr 5 1 3 

—  Réponse  à  une  Lettre  de  M.  Schultz,  con- 

cernant les  vaisseaux  du  latex 748 

—  Note  intitulée  :  «  Examen  de  quelques  ob- 

jections qui  pourraient  être  faites  à  mon 
travail  sur  l'origine  des  Antylobactcr  ».     927 

—  M.  Trécut  est  nommé  Membre  de  la  Com- 

mission du  prix  Bordin  (question  con- 
cernant la  structure  du  pistil  ) 283 

-    Membre  de  la  Commission  du  prix  Des- 

mazieres 453 


—  Et  de  la  Commission  du  prix  Tbore 453 

TRÉMAUX.  —  Remarques   au  sujet  d'une 

communication  de  M.  Boussine.sq  sur 
l'action  réciproque  de  deux  molécules.       84 

—  Mémoiro  sur  les  causes  du  crétinisme  et 

des  actions  vitales 235 

—  Note  ayant  pour  titre  :  «  Démonstration 

des  actions  qui  donnent  l'excentricité 
des  orbites,  et  observations  à  propos 
des  Notes  de  Pascal  » 290 

—  Note  concernant  une  découverte  paléon- 

tologique   faite    à    Chagny    (  Saône-et- 

Loire) 971 

TREMBLAY'.  —  Mémoire  sur  le  sauvetage 

maritime io35 

TR1GER.  —  Lettre  concernant  son    travail 

sur  la  géologie  de  l'ouest  de  la  France. .     170 

—  M.  Triger  demande  et  obtient  l'autorisa- 

tion de  retirer  du  Secrétariat  le  travail 
qu'il  a  adressé  sur  les  profils  des  che- 
mins de  fer  de  l'ouest  de  la  France 
transformés  en  coupes  géologiques. . . .     534 

TRUCHOT.  —  Recherches  sur  l'isomérie 
dans  la  série  acétylénique.  (En  commun 
avec  M.  RebouL  ) 73 

TULASNE  est  nommé  Membre  de  la  Com- 
mission du  prix  Bordin  (question  con- 
cernant la  structure  du  pistil) 283 

—  Membre  de  la  Commission  du  prix  Des- 

mazières 453 

—  Et  de  la  Commission  du  prix  Thore 453 

TURRIER.  —  Note  sur  un  élixir  de  sa  com- 
position spécialement  employé  contre  le 
choléra 3 1 7 


(   "  99  ) 


MM.  Papes. 

VAILLANT  (Ane).  —   Note    relative  à   lu 

navigalion  aérienne 44 

VALAT.  —  Notes  relatives  à  la  somme  des 
angles  d'un  triangle  et  au  Pnsttdatum 
d'Euclide 648  et  ion5 

VAN  DER  MENSBRUGGHE.  -  Sur  la  ten- 
sion ries  lames  liquides 41 

VAN  TIEGHEM.  —  Sur  la  respiration   des 

plantes  aqualiques 867 

—  Sur  la  fermentation  gallique 1091 

VELPEAU  est  nommé  Membre  de  la  Commis- 
sion chargée  de  décerner  le  prix  de  Mé- 
decine et  de  Chirurgie  de  la  fondation 
Montyon iG3 

—  Et  de   la  Commission  du    prix    Barbier 

(découvertes  relatives  aux  sciences  mé- 
dicales, chirurgicales,  pharmaceutiques, 
et  à  la  botanique  appliquée  à  l'art  de 
guérir) 283  ; 

—  La  mortde  M.  Velpeau,  arrivée  le  24  août, 

est  annoncée  à  l'Académie,  dans  la 
séance  du  2G • . . . .     329 

VELTER.  — Utilité  du  sel  marin,  basée  sur 
sa  transformation  en  carbonate  de  soude, 
et  ultérieurement  en  nitrate  de  soude.     798  1 

VERDEIL.  —  Nouvelle  Note  relative  aux  ré- 
sultats de  quelques  expériences  faites 
sur  le  pendule 2o5  j 

VERNEUIL  (de)  est  nommé  Membre  de  la 
Commission  chargée  de  présenter  une 


MM.  Pages. 

liste  de  candidats  pour  la  place  d'Aca- 
démicien libre  vacante  par  la  mort   île 

M.  Chiale 8JS 

VILLARCEAU  (Yvon).  —  De  la  nécessité 
de  transporter  l'Observatoire  impérial 
hors  de  Paris 10G0 

—  Remarques  au  sujet  d'une  communication 

de  M.  Le  Verrier  intitulée  :  «  L'Observa- 
toire de  Paris,  sa  si  tuai  ion  et  son  avenir  » .   1 099 

—  Sur  la  nécessité  de  joindre  une  succur- 

sale à  l'Observatoire  do  Paris.  1102  et  11 10 
VILLEM1N  adresse  un  exemplaire  imprimé 
de  ses  «  Etudes  sur  la  tuberculose  », 
déjà  présentées  en  manuscrit  au  con- 
cours des  prix  de  Médecine  et  de  Chi- 
rurgie      610 

VILLENEUVE-FLAYOSC  (de).  -  Note  inti- 
tulée :  «  Lois  des  deltas  » 287 

—  Note  sur  la  gravitation  universelle  et  le 

principe  de  la  moindre  action 642 

VOLPICELLI.  —  Corrélation  entre  les  bous- 
soles électromagnétiques  et  les  deux 
procérlés  de  Gauss  et.  de  Lamont  pour 
calculer  la  force  horizontale  du  magné- 
tisme terrestre 296 

VULPIAN  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le 
comprendre  parmi  les  candidats  à  la 
place  vacante  dans  la  Section  de  Méde- 
cine et  de  Chirurgie  par  suite  du  décès 
de  M.  Velpeau 737 


W 


WAGNER.  —  Mémoire  sur  l'application  de 
l'oxyde  de  fer  soluble  dans  les  cas 
de  choléra 52ij 

WATSON.  —  Découverte  de  la  94e  petite 
planète  à  Ann-Arbor,  États-Unis  d'Amé- 
mérique 577 

WHEELER.  —  Sur  l'action  de  l'acide  hypo- 
chloreux  aqueux  sur  l'essence  de  téré- 
benthine et  le  camphre 1046 

WOESTYN  (Cornill).  —  Sur  l'influence  de 
la  température  de  la  source  de  chaleur 
dans  l'ébullition  des  liquides  sucrés. . .     317 

WOLF.  —  Nouvelles  recherches  sur  la  spec- 
troscopie  stellaire.  (En  commun  avec 
M.  Rayet.  ) 292 

—  Lettre  relative  à  une  erreur  historique 
commise,  selon  lui,  dans  un  ouvrage  de 
M.  Bertrand 819 

('..  fi.,   iSfî;,    2""=  Semestre.   (T.  LXV.) 


—  Observations   d'étoiles  filantes   dans   la 

nuit  du  i3  au  14  novembre  1867 8S2 

WORONTZOFF  adresse  une  Note  «  sur  la 
somme  des  produits  des  nombres  x, 
x  +  1,  x  +  2,.. .,  x+p  —  1,  combinés 
«à«» 94- 

YVREDEN  (R.  ).  —  Recherches  sur  deux  nou- 
velles espèces  de  végétaux  parasites  de 
l'homme,  VAspergiUusJlavescens et I'  A ■ 
pergillus  nigricans 308 

WURTZ  est  présenté  par  la  Section  de  Chi- 
mie comme  candidat  à  la  place  vacanle 
par  suite  du  décès  de  M.  Pebitzc 85 

—  M.  fVurtz   est  élu,   dans  la  Serlion   de 

Chimie,  en  remplacement  de  feu  M.  Pe- 
louze 101 

—  Décret  impérial  confirmant  sa  nomination.     i8,j 

—  Sur  la  synthèse  de  la  névrine ioi5 

1  56 


1200    ) 


Z 


MM.  Pages. 

ZALIWSKI-MIKORSKI.  -  Noie  sur  un  nou- 
veau siphon '63 

—  Noir  ayanl  pour  titre  :  »  Gravitation  el 

électi  icité ii !i6 

-  Note  relative  à  la  formation  des  alliages . 

ZANTEDESCHI.  —  Noie  relative  à  un  pro- 


1 1 _|i 


MM.  Pages. 
cède  expérimental  pour  détruire  ou  af- 
faiblir l'influence    îles  miasmes    cholé- 
riques      S5o  el     g85 

—  M.  Zantedeschi  adresse  une  brochure 
«  sur  l'action  de  la  lumière  solaire  sur 
les  corps  » 1095 


GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  [/ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Pans.  —  Rue  de  Seine-Sain t-Germain,  10,  près  l'Institut. 


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